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Limnologie du fleuve Bandama, Côte d'Ivoire

Christian Lévêque, Claude Dejoux & André Iltis


O.R.S.T.O.M., Hydrobiologie, 24 rue Bayard, 75008 Paris, France

Keywords: tropical river, hydrology, water chemistry, communities, phytoplankton, epiphytes, insects,
shrimps, fish, ecology, human impact, pesticides

Abstract

In recent years, the Bandama river and its catchment area have been subjected to intense limnological
research, in the framework of a program of ecological monitoring of aquatic environment, treated with
anti-Simulium insecticides (W.H.O. project for Onchocerciasis control in West-Africa).
The present contribution summarizes the information collected on this tropical river. After a brief
description of the basin and its geological setting, climate and hydrology, results of studies on the water
chemistry, biology and ecology of its animal and plant communities (plankton, periphyton, insects, decapod
crustaceans, fish) are presented. The human impact on the system (dam-building, use of pesticides) is also
discussed.

Le bassin du fleuve Bandama, entièrement situé cose. D'abord limités au Bandama lui-même et au
en Côte d'Ivoire, occupe une superficie de N'Zi au nord de la latitude de Bouaké, ces épan-
97 500 km2 entre 3" 50 et 7" W e t 5" et 10" 20 N. En dages ont progressivement englobé le Marahoué
raison de son orientation Nord-Sud, il recouvre puis se sont étendus au sud du bassin, jusqu'à Ti-
donc des zones différentes sur le plan climatique et assalé.
biogéographique. Dès 1974, le laboratoire d'Hydrobiologie de
Depuis une quinzaine d'années, le Bandama a l'Orstom à Bouaké a mis en place un programme
fait l'objet d'études partielles ou limitées: hydro- de surveillance écologique des milieux aquatiques
logie (Camus 1972); hydrogéologie (Lenoir 1972); régulièrement traités aux insecticides, qui a fait
ichtyologie (Daget et al. 1973). Durant cette l'objet d'une convention avec l'O.M.S. Ce pro-
période, l'impact humain s'est également accru de gramme avait un double objectif: déterminer
manière très impo$tante, avec la construction de l'impact des insecticides utilisés sur la faune aqua-
deux grands barrages à usage hydroélectrique tique non-cible et améliorer nos connaissances sur
(Kossou en 1972; Taabo en 1980) et de nombreux la structure et le fonctionnement des écosystèmes
autres petits barrages B usage hydroagricole dans lotiques concernés. Une grande partie des travaux
la partie amont. En outre, le développement de a été réalisée dans le bassin du Bandama et nous
cultures intensives dans' le bassin versant a en- en donnons ici les principaux résultats.
traîné un accroissement pès important des ap- Nous rapellerons également qu'il existe très peu
ports en fertilisants et en, pesticides, et depuis de travaux généraux sur les rivières tropicales
1974, des épandages hebdomadaires d'insecticides africaines, et que l'ensemble des recherches sur le
antisimulidiens sont réalisés par l'O.M.S., dans le bassin du Bandama constitue l'une des rares ap-
cadre du programme de lutte contre l'onchocer- proches multidisciplinaires dans ce domaine.
\ '

Hydrobiologia 100, 113-141 (1983). \


Q Dr W. Junk Publishers, The Hague. Printed in The Netherlands.
114
Y '
1. Caracteristiques générales du bassin versant reçoit successivement le Solomogou et le Bou (af-
fluents de rive droite), le Badenou et le Lokpoho 1
1.1. Réseau hydrographique et profil en long (affluents de rive gauche) (Fig. 1).
'
I .

Le Marahoué, principal affluent de rive droite


Long de 1050 km, le Bandama prend sa source (550 km de long; bassin versant de 24.300 km2) est
dans le nord du pays, entre Korhogo et Boundiali, alimenté principalement par le Yani (200 km), et
à une altitude de 480 m. I1 coule d'abord d'ouest se jette dans le Bandama, juste en amont de l'ac-
en est pendant près de 200 km, en décrivant un tuel lac de barrage de Kossou.
arc de cercle autour de Korhogo, puis prend une Le N'Zi est l'affluent de rive gauche le plus im-
direction nord sud et son cours présente alors de portant (725 km; bassin versant de 35.500 km2). I1
nombreux méandres. Dans la partie amont, il prend sa source à 400 m d'altitude à l'est de Fer-

Fig. 1. Le bassin du Bandama.


115

Altitude

500 I
400

300

200

1O 0

L o n g u e u r d u cours (km)

Fig. 2. Profil en long du Bandama et de ses principaux affluents (d'après Camus 1972).

késsédougou et conflue avec le Bandama un peu La couverture du socle ancien est réduite à des
en amont de Tiassalé. formations sédimentaires localisées sur une étroite
Dans le cours inférieur du Bandama, les effets bande littorale.
de la marée sont sensibles. La pente moyenne est Dans la partie amont du bassin, les granites cons-
de 0,46% pour le Bandama, 0,53% pour le'N'Zi et tituent de grands massifs de direction N.N.E. à
0,6596 pour le Marahoué. La pente n'est donc pas S.S.W. correspondant aux interfleuves des grands
très importante, mais le profil présente quelques axes de drainage: Haut Bandama et N'Zi. Les
irrégularités (Fig. 2). Le Bandama se jette dans la roches métamorphiques schisteuses constituent le
lagune de Grand Lahou. panneau sud-est du bassin dans le cours inférieur du
N'Zi et se retrouvent dans la zone comprise entre
1.2. Géologie et géomorphoinogie Haut Bandama-Haut Marahoué et Haut Bandama-
Haut N'Zi. Les 'roches vertes', qui forment le relief
La Côte d'Ivoire correspond à une plate-forme du paysage, constituées par des roches basiques
ancienne héritée de deux mégacycles: libérien venant du métamorphisme d'anciennes roches é-
(2579-2750 millions d'années) et éburnéen (1830- ruptives, sont localisées dans le Haut Bandama.
2090 millions d'années) (Tagini 1965, 1971). Les De manière générale, le bassin est donc une an-
formations archéennes du libérien comprennent cienne pénéplaine constituée par un socle qui des-
surtout des gneiss, des amphibolo-pyroxénites, cend en pente douce vers le sud. Le modelé ondulé
des quartzites ferrugineux, des migmatites et sont et monotone est caractérisé par une succession de
localisées dans la région Centre-Ouest du pays. collines plus ou moins subaplanies qui sont le résul-
Au mégacycle éburnéen correspondent les forma- tat d'une reprise d'érosion d'anciennes surfaces plus
tions du protérozoïque inférieur et moyen compre- ou moins planes et indurées qui ont laissé des re-
nant des complexes volcano-sédimentaires (laves, liques, telles que les buttes témoins de la région
schistes, quartzites), des clastiques de comblement septentrionale du bassin. On peut distinguer
(conglomérats, flyschs, grès, schistes) e t des grani- quelques grandes unités (Avenard 1971): la région
tortes très largement répandus sur le bassin versant de Boundiali au N.W. est formée de plateaux acci-
du Bandama. dentés (500 m); plus au sud, l'unité Mankono-Se-
.116

guéla, correspond à un ensemble assez homogène


de plateaux (3 8400 m); la région septentrionale est
très aplanie (400 à 500 m) avec quelques reliefs
. isolés; l'interfleuve Bandama-N'Zi appelé com-
munément 'V Baoulé' est en pente douce vers le sud
(de 400 m au nord à moins de 100 m au sud).
Les sols ferallitiques sont très largement répan-
dus sur le bassin du Bandama (Dabin et al. 1960;
Perraud 1971).
Dans le N.E. du bassin et dans le couloir du N'Zi,
une évolution de type ferrugineux se surimpose au
matériau ferallitique initial. Des sols hydromorphes
ne sont observés que dans le Bas Bandama.

1.3. Climat et végétation

Le bassin du Bandama est situé dans la zone de


balancement du Front Intertropical (FIT) qui sé-
pare les masses d'air humide d'origine océanique,
de secteur sud-ouest (mousson) et les masses d'air
sec d'origine continentale et de secteur nord-est
(harmattan). Les déplacements en latitude du FIT
entraînent des alternances de saisons sèches et \ ,,"ombrophile
humides décrites en détail par Eldin (1971). Cet
auteur, sur la base d'un bilan entre la pluviomé-
trie (P) et l'évapotranspiration potentielle (E.T.P.),
D = E.T.P.-P., définit la saison sèche comme la Fig. 3. Climat et végétation du bassin du Bandama.
suite de périodes consécutives présentant un déficit
hydrique climatique (D > O). En cumulant les défi-
cits hydriques mensuels, on aboutit au déficit hy- 8 mois de saison sèche et un régime d'harmattan de
drique climatique cumulé pendant toute la saison 3 à 5 mois.
sèche, qui intègre la plupart des facteurs clima- Le domaine soudanais est couvert par les forêts
tiques du milieu. Ce paramètre, ainsi que la durée claires et les savanes qui en dérivent. Selon le peu-
de la grande saison sèche, sert de base B une classifi- plement forestier, la savane évolue vers un type
cation climatique en liaison avec la végétation boisé, arboré, arbustif ou herbeux sur les sols
(Fig. 3): drainés. Le groupement le plus abondant est celuià
_ -
Panicum phragmitoïdes. Les boisements denses
Domaine soudanais forment des îlots forestiers et des forêts galeries.
I1 est situé au nord de la ligne d'isodéficit hy-
drique cumulé de 600 mm, voisine du parallèle 8". I1 Domaine guinéen
y a une seule saison des pluies et les précipitations Au sud du 8è parallèle, il se caractérise par l'exi-
annuelles, comprises entre 1100 et 1700 mm, sont stence du quatre saisons: deux saisons de pluies
concentrées en une saison, de juillet à septembre entrecoupées de saisons sèches. I1 se subdivise en
essentiellement. deux secteurs:
On distingue le secteur soudanais au nord avec le secteur mésophile entre le 6è et le 8è parallèle
un déficit hydrique cumulé supérieur à 850 mm, avec un déficit hydrique cumulé compris entri 250
8 mois de saison sèche et un régime d'harmattan et 600 mm. Les quatre saisons sont mieux marquées
durant 5 à 6 mois par an. Plus au sud, le secteur dans la zone sud où la pluviosité est comprise entre
subsoudanais dont le déficit hydrique cumulé est 1200 et 1800 mm, répartie sur deux saisons de plu-
compris entre 600 et 850 mm, est caractérisé par 7 à ies, de mars à juin, et de septembre à octobre.
117

Sur le plan de la végétation, le secteur mésophile 1400


correspond à une zone de savane pré-forestière au
nord qui oppose à une zone forestière à savanes
incluses au sud.
La zone pré-forestière occupe la partie centrale
du bassin. Le long des cours d'eau, se développent
des forêts galeries. La zone forestière est formée par
des forêts denses humides, semi-décidues, et par la
forêt marécageuse qui se développe sur les sols hy-
dromorphes périodiquement inondés du Bas-Ban-
dama.
Le secteur ombrophile se définit par un déficit
hydrique cumulé compris entre 150 et 250 mm.
Au sud du 6è parallèle, il s'étend jusqu'à proximi-
té de la côte atlantique. Les quatre saisons sont
bien différenciées: la grande saison sèche est réduite
àtrois ou quatre mois avec un harmattan très court,
et la pluviosité varie entre 1600 et 2500 mm par an.
La première saison des pluies, d'avril àjuillet, est
nettement plus marquée que la seconde, de septem-
bre à novembre.
La végétation est constituée par une forêt denseà
plusieurs strates, la plus élevée pouvant dépasser
quarante mètres.

1.4. Régime hydrologique

Ainsi que nous l'avons vu précédemment, le bas-


sin du Bandama est soumis à divers régimes clima- Fig. 4. Répartition de la pluviométrie sur le bassin du Bandama.
tiques auxquels correspondent trois régimes hydro-
logiques (Touchebeuf de Lussigny & Girard 1962;
Girard & Sircoulon 1968; Girard et al. 1971). Les deux saisons des pluies entraînent deux crues
en juin-juillet et en septembre-octobre, qui sont
Régime tropical de transition d'inégale importance, suivant la prédominance de
Caractérisé par une crue unique, d'août à octo- l'une ou l'autre saison des pluies.
bre, il se rencontre dans la partie septentrionale du
bassin (régions de Korhogo et Ferkessédougou). A Régime équatorial de transition
une décrue rapide, de novembre à décembre, suc- I1 concerne la portion méridionale du bassin. Les
cède une longue période d'étiage, de janvier à mai, deux saisons des pluies entraînent deux périodes de
i durant laquelle l'alimentation est en grande partie hautes eaux, l'une en juin-juillet, l'autre moins
assurée par les nappes alluviales. Ce régime con- marquée en octobre-novembre. L'étiage est le plus
cerne les parties amont du Bandama, du Marahoué prononcé de décembre à mars.
ú et du N'Zi. I1 y a donc évolution du régime hydrologique vers
une situation de plus en plus complexe de l'amont
Régime équatorial de transition atténuée vers l'aval du bassin (Fig. 5).
La partie centrale du bassin (cours moyen du Comme pour la majorité des fleuves tropicaux,
Bandama et N'Zi), comprise entre les lignes Korho- l'hydrologie est un facteur très important dans le
go-Ferkessédougou au nord et Kotobi-Toumodi- Bandama du point de vue de l'écologie et de la
Oumé, au sud, est soumise à ce régime comportant biologie des espèces. En période d'étiage, le débit est
une période de moyennes et hautes eaux, de juin à faible et il peut même y avoir arrêt complet de
novembre.
118

100

300LA
I M98' \

yu 1 5 912

Fig. 5. Hydrologie du Bandama. Débits moyens mensuels mesurés dans différentes stations(en m3 s-I). M est le module moyen annuel en
m3 s-1 (données provenant de Camus 1972).

l'écoulement en amont. I1 ne subsiste alors qu'une des conséquences importantes sur la dynamique de
série de grandes vasques stagnantes séparées par certaines espèces de poissons.
Y
des seuils rocheux, où les espèces rhéophiles ont
beaucoup de mal à subsister. La crue intervient
souvent brutalement entraînant des variations im- 2. Caracteristiques physicochimiques des eaux
portantes du niveau de l'eau, et l'inondation tempo-
raire du lit majeur et des zones plates adjacentes. Les caractéristiques physicochimiques des riviè-
A l'échelle interannuelle, il peut également y avoir res ivoiriennes ont fait l'objet d'une mise au point
des variations importantes de débit (Fig. 6 ) qui ont récente (Iltis & Lévêque 1982) et nous donnons ici
Il9

sont atteintes pendant l'étiage (février à avril) et les


valeurs minimales durant la crue (septembre à no-
vembre).

Températures (Fig. 8)
Elles varient en moyenne entre 24-25 O C (décem-
bre et janvier) et 31-32OC (avril-mai), avec une
moyenne annuelle voisine de 28O C. L'amplitude
I N I ¡ Dlmbokro
des variations est donc assez faible.

PH
Ils sont légèrement alcalins dans le bassin du
Bandama oÙ ils varient entre 7,O et 7,5 au cours de
l'année dans le N'Zi, à hauteur de Fétékro, et 7,O et
7,4 à 70 km en amont.
Dans le Bandama à Bada, les extrêmes sont 7 et
7,9 (moyenne des mesures 7,3), ce qui correspond
aux observations faites par Lenoir (1972) avant la
fermeture du barrage de Kossou.
Dans le Marahoué vers Bouaflé, la moyenne est
de 7,3 (7,l à 7,6) au cours de l'année.
En période d'étiage, le pH peut s'élever locale-
ment aux environs de 8 en raison de l'abondance de
1974 1975 1976 1977 1978
phytoplancton et de l'activité photosynthétique.
C'est ce qui a également été observé par Biswas
Fig. 6. Variations interannuelles des débits (1974-1978) dans le (1967) dans la Volta.
Bandama et ses principaux affluents.
Conductibilité èlectrique ir 2.5' C (Fig. 9)
Dans le Bandama à Bada et le Marahoué vers
les traits essentiels concernant le bassin du Banda- Bouaflésn observe un'mäximum en avril (respec-
ma. tivement 80 et 92 p S cm-l) mais les variations sont

Tranmarence (Fig. 7)
Elle a été mesurée- en 1976-1977 dans trois sta-
tions: le N'Zi à Fétékro, le Bandama à Bada, le
Marahoué vers Bouaflé. Les vdeurs maximales

O N D J F M A M J J A S C

O , , , i . I . ' " " * '

O N D J F M A M I J A S Fig. 8. Variations saisonnières de la température des eaux en


1976-1977; A: Bandama à Bada; AI: température moyenne; A 2
Fig. 7. Variations saisonnières de la transparence des eaux en température mesurée entre 9 et 10 h; B: Marahoué vers Bouaflé;
1976-1977. 1: Bandama à Bada; 2: Marahoué vers Bouaflé; 3: B 1: température moyenne; B 2: température mesurée entre 11
N'Zi à Fétékro. h30 et 14 h.
120

C~NDUCTIVITE

200

100

BO

40

BO

10

40
O N D J F M A M J J A S O N

Fig. 9. Variations saisonnières d t la conductivité électrique à


2 5 O C experimée en gS cm-1, en 1976-1977. 1: N'Zi à Fétékro;
2: N'Zi à hauteur de Katiola; 3: Marahoué vers Bouaflt; 4: Ban-
dama à Bada. Fig. 10. Représentation graphique de la composition des eaux
établie d'après les pourcentages des ions exprimés en me I-'. En
haut, le Bandama à Bada; en bas, le N'Zi à Fétékro. A gauche
composition moyenne sur une année; au centre, composition des
faibles à l'échelle annuelle (moyenne 59 pS pour le eaux de crues; à droite, composition des eaux d'étiage.
Bandama et 71 pour le Marahoué). Dans le N'Zi, la
conductibilité est variable au cours de l'année, en
raison de l'irrégularité des débits, et les valeurs maxi- 3. Peuplements végétaux
males sont plus importantes (219 et 259 pS). Elle
augmente sensiblement d'amont en aval dans le 3.1. Phytoplancton et periphyton
N'Zi: en février 1970, elle était de 65 pS à quelques
dizaines de kilomètres de la source, et 96,5 à Dim- La composition et les variations saisonnières du
bokro (Lenoir 1972). En décembre 1976, elle était phytoplancton ont été étudiées sur deux stations du
de 47 pS à hauteur de Katiola, 53 à hauteur de N'Zi et du Bandama et sur une station du Mara-
Bouaké, et 66 à Dimbokro. houé durant un peu plus d'un an, en 1976-1977.
Egborge (1971) a observé dans la rivière Oshun Celles du périphyton ont été suivies sur une station
(Nigéria) des valeurs du même ordre que dans le du Bandama et du Marahoué en utilisant des sup-
bassin du Bandama. ports de faïence suspendus à un flotteur (Iltis 1981,
1982).
Composition ionique des eaux (Fig. 10)
Les bicarbonates constituent en moyenne 73 à 3. I . 1. Phytoplancton
8 X d e s ions,<ais ce pourcentage peut descëndie à
65% dans le Bandama et même 45% dans le &Zi Composition qualitative
durant la crue, et atteindre 85 à 93% durant l'étiage. 163 taxons ont été inventoriés dans le N'Zi à
Dans le N'Zi, le pourcentage des chlorures est plus hauteur de Katiola et Bouaké, 232 dans le Bandama
élevé que dans les autres rivières et celui des ions en amont de la retenue de Kossou et 118 dans le
Na+ est parfois égal et même supérieur à celui de Marahoué vers Bouaflé; ces valeurs n'incluent pas
Ca++. les Diatomées qui n'ont pas été déterminées. Selon
La teneur moyenne en silice dissoute varie entre les stations, les Chlorophycées représentent 44 à
16 et 20 mg 1-' dans les différents points de mesure. 66% du nombre de taxons présents, les Cyanophy-
De manière générale, la composition chimique cées 16 à 18%, et les Euglénophycées 13 à 31%. Les
des eaux du bassin du Bandama est proche ¿EÏá autres groupes (Pyrrhophytes, Chrysophycées,
composition moyenne des eaux courantes afri- Xanthophycées) représentent 5 à 7%.
caines (Meybeck 1979). Les Desmidiacées constituent la moitié des tax-
121

ons des Chlorophycées. Par rapport aux études vient ensuite fin février, suivi par un maximum en
faites sur les systèmes soudano-sahéliens (Bourrelly avril-mai-juin. Juillet correspond à un minimum
1957; Compère 1974, 1977; Couté & Rousselin dû à la première crue annuelle. En août, la densité
1975), la flore algale du Bandama se distingue par des algues s’accroît à nouveau avant l’arrivée de la
une dominance moins nette des Chlorophycées et crue principale (Fig. 11).
un pourcentage plus élevé des Euglénophycées. Du point de vue de la composition des biovo-
lumes (Fig. 12), on assiste durant la période de crue,
Analyse quantitative de septembre à fin novembre, à la dominance des
Exprimées en biovolume d’algues vivantes par Diatomées appartenant principalement aux genres
litre, les quantités moyennes observées durant une Melosira, Tabellaria, Synedra et Navicula. En dé-
année dans le N’Zi et le Bandama sont de l’ordre de cembre et janvier, Euglknophytes, Pyrrhophytes
800 à 900 millions de pm3 par litre. Elles sont plus (Cryptomonas et Peridinium principalement) et
élevées dans le N’Zi vers Katiola (2900 millions de Chlorophytes se multiplient et cbnstituent l’essen-
pm3.1-*) et dansJe Marahoué (1966 millions de tiel de la biomasse jusqu’en août, sauf en avril où les
pm3.l-’) en raison des fortes quantités d’algues qui se Cyanophycées dominent durant une courte période
développent en saison sèche dans ces portions de avec les genres Anabaena et Microcystis.
cours d’eau dont l’écoulement est alors interrompu. En bref, les caractéristiques les plus marquantes
Exprimées en terme de teneurs en chlorophylle a, du phytoplancton des cours d’eau qui constituent le
les quantités moyennes observées au cours de l‘an- bassin du Bandama sont la dominance des Diato-
née sont de 4,5 mg.m-3 dans le N’Zi, les valeurs mées durant la crue prinuipale, la très courte péri-
maximales dépassant 13 mg.m-3. Dans le Bandama ode de développement des Cyanophycées (avril en
à Bada, la moyenne s’établit à 5 m g . ~ n -avec
~ des général) et en dehors de cks deux époques, les pro-
valeurs maximales dépassant 15 mg.m-3. Ces te- portions notables d’Euglénophytes et de Pyrrho-
neurs sont évidemment plus basses que celles signa- phytes.
lées (Traoré 1979; Pagès et al. 1979) dans les milieux
stagnants voisins (10 à 35 mg.m-2 dans le barrage de
Kossou et plus de 35 mg.m-3 dans la partie ouest de , pl I-’ ,,-I

la lagune Ebrié).
En nombre moyen d’organismes par millilitre, on
a obtenu des valeurs moyennes annuelles de 138 1
pour le N’Zi à hauteur de Bouaké, 216 pour le
Bandama en amont de la retenue de Kossou et 352
dans le Marahoué vers Bouaflé. Les maximums o, 1
observés sont respectivement de 965, 1692 et 1175.
Ces densités d’organismes concordent avec les va-
leurs observées par Biswas (1968) dans la Volta
0,Ol
avant la création du lac de barrage d‘Akosombo; 1
elles sont nettement plus élevées que celles obtenues
par Egborge (1974) dans la rivière Oshun au Nigé-
ria.
0,l

Variations saisonnières.
Dans l’ensemble du nord du bassin du Bandama,
la période de la grande crue annuelle (septem- 0-01

bre-octobre) correspond à un minimum très net


dans la richesse phytoplanctonique des cours d‘eau. 0,0021 , , , ,
O N D J ’ F M ’ A ’ M ‘ J ’ J ‘ A ’ S ’ O ’ N ‘
Après les hautes eaux, le biovolume algal s’accroît
rapidement en janvier-février, en général avec le Fig. II. Variations du biovolume algal du phytoplancton.
développement des Chlorophycées (Eudorina et 1: Bandama à hauteur de Niakaramandougou; 2 Bandama à
Pandorina principalement). Un minimum inter- Bada; 3: Marahoué en aval de Bouaflé.
I22

-
I

1976 L
r
d
.
1977
CYANOPHYCEES FI"" %
-
i -

PYRRHOPHYCEES

CHLOROPHYCEES

EUGLENOPHYCEES

DIATOMEES

CYANOPHYCEES

PYRRHOPHYCEES

CHLOROPHYCEES

EUGLENOPHYCEES

DIATOMEES

-
S O ' N D ' J ' F M ' A ' M ' J . J A ' S ' 0 . N '

Fig. Z2. Variations saisonnières (exprimées en pourcentages) des différents groupes d'algues constituant le biovolume algal du
phytoplancton dans le Bandama A Bada (en haut) et dans le Marahoué en aval de Bouaflé (en bas).

Diversité spécifique des peuplements durant les périodes de crue et les


La diversité estimée d'après les valeurs de l'indice Cyanophycées des pourcentages élevés de décem-
de Shannon, calculée d'après les biovolumes spéci- bre à avril. Les Rhodophycées sont pratiquement
fiques, est en moyenne au cours de l'année de 1,7 présentes toute l'année (Fig. 14).
bit dans le N'Zi à hauteur de Katiola, 1,9 à hauteur
de Bouaké, de 2,O dans le Bandama à hauteur de Analyse quantitative
Niakaramandougou et Bada, et 1.,8 dans le Mara- Le périphyton du Bandama vers Bada apparaît le
houé vers Bouaflé. Les valeurs les plus basses plus riche avec des quantités moyennes de 38 mil-
(moins de 1 bit) se situent durant la grande crue, les lions de pm3 d'algues par cm2 sur des carreaux de
valeurs les plus élevées (de l'ordre de 3 bits) se faïence remplacés chaque mois et 10 millions sur
situant en général en mai-juin (Fig. 13). des carreaux permanents. Dans le Marahoué vers
Bouaflé, ces moyennes sont plus basses (9 et 3 mil-
3.1.2. ,Périphyton lions). Au cours de l'année, janvier et février sont
marqués par un net accroissement du volume du
Composition qualitative périphyton, le maximum de l'ordre de 300 millions
Les groupes d'algues les mieux représentés sur les de ~ m ~ . c métant
- ~ atteint en mars (fin d'étiage). U
substrats artificiels mis en place dans le Bandama et Ensuite, survient une période de déclin aboutissant
le Marahoué sont les Diatomées, les Cyanophycées à un minimum en mai et début juin, puis les bio-
et les Rhodophycées. Chlorophycées et Euglé- masses croissent de nouveau jusqu'à un second
nophycées sont aussi présentes, mais rarement en maximum, début août, moins important qu'en
proportions importantes. mars. En septembre et octobre, durant la crue prin-
Dans les deux cours d'eau, les Diatomées con- cipale, le biovolume du périphyton devient très fai-
stituent en biovolumes un pourcentage important ble et atteint son minimum annuel. Après la crue, le
123

Fig. 13. Variations saisonnières pour le phytoplancton de l'indice de diversité spécifique (trait plein) et du nombre d'espèces représentant
plus de0,001% du biovolume algal de l'échantillon (tireté). A N'Zi LLI hauteur de BouaflB; B: Bandama LLI hauteur de Niakaramandougou;
C Bandama A Bada; D: Marahoué en aval de Bouaflé.

développement des algues reprend rapidement en Signalons qu'une étude a été menée à la même
novembre-décembre. latitude sur le périphyton présent dans la retenue du
barrage d'Akosombo au Ghana par Obeng-Asa-
Diversité spécifi:que moa er al. (1980) et John et al. (1980).
La diversité estimée d'après l'indice de Shannon
calculé sur des biovolumes spécifiques est en géné- 3.1.3. Conclusions
ral faible; les moyennes annuelles se situent entre
1,4 et 2 bits. Des valeurs élevées sont observées en Les différents cours d'eau de la Côte d'Ivoire
février-mars et en juin-juillet, des valeurs faibles en centrale qui constituent le bassin du Bandama
avril-mai et surtout en septembre-octobre durant (N'Zi, Bandama Blanc et Marahoué) sont des mi-
la grande crue annuelle. lieux à faible inertie hydrologique sous la dépend-
ance directe des conditions climatiques. Leurs peu-
plements d'algues, surtout ceux du rhéoplancton,
I , r100% sont continuellement modifiés en dehors des deux à

I:"
RHODOPHYCEES
trois mois d'étiage, par les apports dûs aux pluies et
aux ruissellements. Aux deux périodes de crue, en
juin et surtout en septembre-octobre, correspond
un bouleversement complet du plancton et du péri-
phyton.
CYANOPHYCEES A partir des biovolumes d'algues estimés à cha-
cune des stations et des débits hydrologiques cor-
respondants, il est possible d'estimer la biomasse
__-- CHLOROPHYCEES
phytoplanctonique dérivant dans le cours d'eau à
ces stations. La dérive planctonique algale annuelle
--- EUGLENOPHYCEES est ainsi en 1976-1977 de 70 tonnes dans le N'Zi à
l , , , , . , , , , hauteur de Bouaké, 176 tonnes (poids frais) dans le
N D F M A M J J A S
Marahoué en aval de Bouaflé et dans le Bandama à
Bada, à quelques kilomètres en amont de la retenue
Fig. 14. Variations saisonnières relatives des différents groupes
d'algues constituant le périphyton dans le Bandama à Bada. En du barrage de Kossou (on a ainsi une estimation des
trait plein, sur des supports renouvelés chaque mois; en tireté, apports annuels de plancton algal dans cette re-
sur des supports non renouvelés. tenue). Les stations étudiées étant situées dans la
124

partie moyenne du cours, il apparaît difficile de du rôle qu’ils jouent dans les écosystèmes lotiques,
déduire des valeurs obtenues les apports phyto- ont été bien étudiés dans le bassin du Bandama. Ils
planctoniques globaux du Bandama au système la- sont en effet sensibles aux épandages d‘insecticides
gunaire côtier et à la zone marine côtière. De plus, réalisés dans le cadre du programme de lutte contre
l’évolution du phytoplancton dans la retenue du l’onchocercose, et des observations régulières ont
barrage de Kossou n’est pas sans modifier le schéma donc été effectuées de 1975 à 1981, pour évaluer
des variations saisonnières observées dans le cours l’impact de ces épandages sur la composition et la
du Bandama Blanc. I1 serait donc nécessaire de faire structure des peuplements entomologiques.
des estimations de dérive en un point beaucoup plus L‘identification des espèces récoltées est souvent
proche du débouché du Bandama dans la lagune. un problème difficile qui ne peut se résoudre ra-
pidement en milieu tropical. C‘est pourquoi un ca-
3.2. Végétaux supérieurs talogue iconographique des insectes aquatiques de
Côte d‘Ivoire a été préparé (Dejoux et al. 1981). Les
Aucune étude phytogéographique n’a été réalisée différentes espèces observées y sont figurées et co-
sur les peuplements de végétaux aquatiques du bas- dées, qu’elles soient identifiées ou non, permettant
sin du Bandama. Toutefois, les observations aé- ainsi d’entamer des études écologiques ou biolo-
riennes effectuées à plusieurs reprises sur la majeure giques, tout en attendant de compléter les détermi-
partie du Bassin permettent quelques remarques. nations.
La flore aquatique est en général peu abondante
en dehors des retenues d’eau de petite dimension. 4.1.1. Structure des peuplements
Cependant, dans les zones de rapides, les blocs
rocheux sont souvent recouverts d‘un petit phané- La plupart des grands groupes d‘insectes aqua-
rogame: Tristicha trifaria (Podostémacées). Ce tiques sont représentés dans la majeure partie du
dernier se développe surtout durant l’étiage, de dé- bassin. Les espèces rhéophiles sont, bien entendu,
cembre à juin, et constitue un milieu extrêmement largement représentées, mais durant les périodes
favorable à l’établissement d’une faune dense d‘in- d’étiage qui durent parfois plusieurs mois il y a,
vertébrés. surtout dans le nord du bassin, formation de mi-
Dans les zones calmes des cours d’eau, quelques lieux stagnants temporaires qui favorisent le déve-
espèces se développent de manière clairsemée: Pis- loppement d’espèces peu exigeantes vis-à-vis de
tia stratiotes, Ceratophyllum demersum (Haut et l’oxygène. C‘est aussi dans ce type de milieu que se
Bas Bandama, Bas N’Zi), Vallisneria sp. (Bas Ban- développent de nombreux vecteurs d’endémies: in-
dama) et quelques Potamogeton (haut bassin du sectes Culex spp, Mansonia spp, et mollusques Bi-
Bandama et de ses affluents). Les petites retenues omphalaria et Bulinus.
sont souvent envahies par Pistia stratiotes, en asso- Des études détaillées portant sur la structure des
ciation avec de vastes peuplements de Nymphaea peuplements ont été effectuées sur le Marahoué à
micrantha auxquelles se substituent les Ipomoea une quinzaine de kilomètres avant son confluent
aqÙatica en bordure des rivages. Dans les zones avec le Bandama, ainsi que sur le N’Zi à la latitude
inondées en zone forestière, les Lemnacées et les de Katiola (Dejoux et al. 1981). En fonction de la
Alismatacées se développent en abondance. vitesse du courant et du substrat, on peut distinguer
Dans les grandes retenues enfin, on observe des trois grands ensembles de peuplements ou synusies
peuplements importants de Pistia stratiotes sou- (Fig. 15).
vent localisés près de rivages. Eichhornia crassipes
n’a jamais été observé jusqu’ici dans le bassin du 4.1.1.1, Les synusies des courantforts (>50 cm s-l).
Bandama. , Synusie des dalles et rochers nus. Ces biotopes
situés dans les zones de rapides, sont peu propices à
l’établissement de peuplements diversifiés. En
-
4 X ë s peuplements d’invertébrés courant très violent (0,5 9‘2 m SI), Simulium dam-
nosum (S.d.) est l’espèce dominante. Lorsque cette
4.1. Insectes aquatiques espèce est éliminée par les traitements insecticides,
elle peut être remplacée localement par S. schou-
Les insectes aquatiques, du fait de leur variété et tedeni (S.C.) ou S. adersi (Sa.). Les chironomides
125

des courants lents et


courants forts c o u r a n t s moyens eaux stagnantes.

Fig. 15. Représentation schématique des principales synusies d'invertébrés caractéristiques du bassin du Bandama. La signification des
codes et abbréviations est donnée dans le texte.

Polypedilunz deletum (CC5) et Orthocladius sp. Les rochers en zone de courant sont très souvent
(C06) sont également Caractéristiques de ces bio- recouverts de ce petit phanérogame qui peut attein-
topes, ainsi que deux Baetidae, Centropilum sp. dre 8 à 10 cm de haut, et forme un tapis plus ou
(E23) et Centroptiloides sp. (E36) quand le courant moins dense, très favorable au développement des
ne dépasse pas 90 cm s-l. Au niveau des cascades, il invertébrés. Les espèces caractéristiques sont les
se crée un biotope semi-aquatique entre le rocher et Trichoptères Cheumatopsyche falcifera (Tl) et
la chute d'eau oh l'on rencontre fréquemment en Cheumatopsyche digitata (TIO), les Ephéméroptè-
abondance un Elmidae, Potamodytes marshalli res Pseudocloeon spp. (E21 et E29) et Centroptilum
(C4). sp. (E3 l), les Diptères S. adersi(S.a.)et Cricotopus
Synusie des supports flottants (surtout végéta- quadrifasciatus (C02). Tipulidae et larves de Pyra-
tion semi-aquatique ou terrestre des bordures). lidae sont également abondants dans ce biotope qui
C'est le biotope par excellence des Simulidae, se rencontre aussi en zone de courant moyen (20 à
avec S. dainnosuin (S.d.) dans les grands cours 50 cm.s-l).
d'eau, et S. hargreavesi (S.h.) dans les petits afflu-
ents. Simulium adersi (S.a.), S. schoutedeni (S.S.) 4.1.1.2. Synusies de courant moyen (20 à 50 cm s-I).
ainsi que le Chironomide Polypediluin deletunz y Synusie des dessous de pierres.
sont également très fréquents et on trouvera parfois La face inférieure des blocs et des pierres con-
en abondance un Trichoptère Cheumatopsychefal- stitue un biotope particulier (obscurité, courant at-
cifera (TI) ainsi que deux Ephéméroptères: Trico- ténué, etc.) qui favorise le développement de cer-
rythus sp. (El) et Pseudocloeon sp. (E29) ce dernier tains taxons dont les Trichoptères Orthotrichia sp.
étant présent seulement dans les zones non traitées (T14), Ceraclea sp. (T23) et Leptocerus sp. (T19)
aux insecticides. qui vivent dans les fourreaux et sont généralement
Synusie des rochers couverts de Tristicha trifaria. peu mobiles. On y trouve également le petit Lamelli-
126
_ I

branche Byssanodonta (Bys) qui vit fixé aux demersum, et de quelques Pistia stratiotes (surtout
rochers, et les Ephéméroptères Adenophlebiodes en aval des retenues artificielles). Cette végétation
sp. (E9), Centroptilum sp. (E37) et Dicercomyzon est par contre plus abondante dans les retenues, et ~ I

sp. (E4). elle héberge alors une faune dense comprenant sur-
Synusie des graviers et sables grossiers. tout des Hemiptères: Diplonychus sp. (H2), Ma-
Ces biotopes se rencontrent à l'aval des radiers, crocoris sp. (H12), des larves d'odonates, Puntala
dans les zones à courant tourbillonnaire. On y ren- flavescens (021) et Pseudagrion wellani (023) et
contre généralement le Plécoptère Neoperla spio quelques chironomides: Tanypus lacustris (CTP6)
(NEO), le Trichoptère Chimarr~petri(T16)~ l'Eph6 et Ablabesmyia pictipes (CTP1). Les Culicides du
méroptère Choroterpes sp. (E7) et le Coléoptère genre Mansonia sont abondants dans les Pistia où
Elmidae (C12). ils puisent dans les racines l'oxygène nécessaire à
Synusie des accumulations de feuilles. leur respiration. On trouve également de nombreux
Les feuilles mortes dérivantes peuvent s'accu- mollusques gastéropodes dans ces végétaux, dont
muler derrière les obstacles naturels dans les zones Biomphalaria (B10) et Bulinus (BUL).
rapides. Elles constituent des biotopes particuliers Synusie des fonds meubles.
hébergeant une faune dense. Neoperla spio (NEO) Les espèces caractéristiques de ce type de milieu
et Chimarra petri (T16) sont caractéristiques de ces varient selon la granulométrie et la nature du fond.
milieux ainsi que les Ephéméroptères Baetis sp. Sur les fonds sableux à grains moyens à fins, on
(E24) et Centroptilum sp. (E21). Dans les zones rencontre l'Odonate Paragomphus hageni (02), le
calmes où les feuilles accumulées se décomposent Chironomide Tanytarsus sp. (CTTl) et un Coléop-
lentement, le peuplement est différent et comprend tère Elmidae (C6). Sur les fonds sablo-limoneux, ce
diverses espèces de mollusques: Byssanodonta sont l'Ephéméroptère Caenomedea sp. (E154) et
(BYS), Gyraulus (GYR) et Biomphalaria (BIO) le mollusque Caelatura sp. (CAE). Enfin, sur fond
ainsi que l'Ephéméroptère Traulus sp. (Es) et un vaseux, ce sont le Trichoptère Dipseudopsis capen-
petit Trichoptère du genre Parasetodes (T12). sis (T13) et le Chinonomidae Polypedilum fusci-
penne (CC40).
4.1.1.3. Synusies de courant lent et des eaux stag- Les différents biotopes définis ci-dessus sont les
nantes plus fréquents et ne constitent pas bien entendu une
Synusie des bois morts. liste exhaustive de ceux que l'on est susceptible de
Ce biotope, qui peut être rencontré également rencontrer dans l'ensemble du bassin.
dans les zones de courant plus fort, présente tou-
jours une faune typique. 4.1.2. Zonation kcologique du Bandama
En zone d'eau courante, on rencontre deux espè-
ces caractéristiques: l'Ephéméroptère Elassoneuria Autant que nos connaissances actuelles concer-
sp. (E18) et la larve d'un Coléoptère Elmidae, Po- nant la systématique des invertébrés tropicaux le
tamodytes marshalli (C4). Dans les eaux stagnantes permettent, il ne semble pas y avoir d'invertébrés
des milieux lacustres, l'espèce caractéristique est endémiques du bassin du Bandama et l'on y retrou-
l'Ephéméroptère Povilla adusta (E17) alors que ve une dominante d'organismes ubiquistes à vaste
deux autres espèces sont rencontrées communé- répartition éthiopienne.
ment dans les eaux stagnantes fluviales: Adeno- Comme dans le cas de l'ichtyofaune, l'absence de
phlebiodes sp. (E9) et Notonurus sp. (E12). relief tout au long des cours des différentes rivières
Synusie de surface des eaux. du bassin et la localisation des sources en zones
C'est le domaine exclusif des Gyrinidae et des semi-marécageuses non montagneuses, réduit for- U
Hemiptères amphibicoryses: Limnogonus chopar- tement le nombre de zones écologiquement bien
di (H5), Eurymetra sp. (H11) et Rhagovelia reitteri individualisées (Fig. 16).
(H3). On distingue schématiquement trois zones:
Synusie des végétaux aquatiques. la première est constituée par les hauts cours des
Les végétaux aquatiques immergés sont rares trois principales rivières (Bandama, Nzi et Mara-
dans la partie fluviale du bassin du Bandama, à houé) ainsi que par leurs petits affluents. Ce sont
l'exception de quelques herbiers à Ceratophyllum des biefs intermittents qui, dans la moitié nord du
127

bassin, s'assèchent de janvier à mai-juin; ils ne pré- cie, couvre la majorité du bassinjusqu'à la latitude
sentent, durant cette période, que quelques mares de Tiassalé vers l'aval. Elle regroupe cette mosaïque
résiduelles, vite occupées par une faune d'eau stag- de biotopes pour lesquels nous avons caractérisé les
nante (Coléoptères, Odonates, Hémiptères, Culici- différentes synusies décrites ci-dessus. La faune y
dae. . .). Les mollusques pulmonés du genre Pota- présente un caractère rhéophile dominant et on
doma sont un Clément constant deS.peuplements de peut la qualifier de zone à Hydropsychidae.
cette zone, tant à l'étiage que durant la crue. La troisième zone enfin, située en aval de Tias-
La seconde zone, la plus importante en superfi- salé, subit légèrement l'influence marine, mais nous

R E P A R T I T I O N DES GRAMlS TYPES DE BIOTOPES


D U R A M L iE T I A G E

Fig. 16. Invertébrés: distribution schématique des grandes zones écologiques du bassin du Bandama et de la répartition des milieux
lotiques, semi-stagnants et lacustres.
128

ne possédons que très peu d’informations précises Quatre groupes d‘insectes (Ephéméroptères, Tri-
sur la faune qui est, d’une manière générale, moins choptères, Chironomidae et Simulidae) constituent
riche que dans les biefs supérieurs. Dans sa partie la l’essentiel des peuplements entomologiques dans les
plus au sud, l’influence maritime se caractérise par biotopes d’eau courante. Les proportions relatives
la présence d’abondants peuplements de Pachyme- de ces différents groupes sont cependant très varia-
lania (mollusque gastéropode). bles d‘une année sur l’autre dans un même site et
pour des. conditions
._
hydrologiques sensiblement
- -
4.1.3. Evolution saisonnière et interannuelle des identiques (Fig. 17) que ces rivières soient traitées
peuplements ou non aux insecticides. Les densités les plus fortes

loof+

2.-o -
75-
L
F
z
.-
v) K
Q,
CI
v)
Q) C: 1-1979
(8940)

50-

A B C
L, 111
A B C A B C

loo+-

E!
v)
A:V -1975
(1200)
al
L ~:V-1976
(25575)

‘ A B C A B C A B C A B C
A B C

Fig. 17. Variations interannuelles des densités d’invertébrés peuplant la synusie des rochers dans le courant sur un site du Bandama (1) et
sur un site du N’Zi (2). Les densités sont indiquées entre parenthèses; en abcisse: pourcentages relatifs des principaux groupes.
129

I 4 -7m

1' -
14 1975 I 1976 I 1977

I
F~ i ò n N'
I ~ M ; ; ~ ~ ö , N D ; ~ M A M ; ; ~ D ;

Fig. 18. Evolution saisonnière des densités d'invertébrés peuplant les rochers couverts de Tristicha trifaria sur un site du Marahout,
comparée au profil moyen des hauteurs d'eau de cette rivière.

sont observées durant l'étiage dans les biotopes ro- donc concentration très nette des invertébrés que
cheux recouverts de Tristicha trifaria. Là, les peu- l'on peut opposerà la grande dispersion existant en
plements de 20 O00 à 40 O00 individus ne sont pas saison des pluies quand l'oxygénation du milieu est
rares, avec des maximums de plus de 200 O00 quand plus homogène et la distribution de la nourriture
les jeunes stades sont abondants. C'est durant la plus régulière.
crue (et seulement au début de la crue) que l'on
rencontre les densités les plus faibles (Fig. 18) ne 4.1.4. Biologie des espèces et dynamique des peu-
dépassant pas quelques centaines d'individus par plements
mètre carré appartenant aux espèces pionnières de
petite taille (Simulidae, Chironomidae . . .). La dynamique de quatre espèces de Trichoptères
Quelques observations ont été faites également Hydropsychidae a été étudite dans le N'ZL Cheuma-
sur les biefs d'eau semi-stagnante du N'Zi et du Ban- topsyche falcipera, C. opiosa. C. digitata et Etha-
dama, durant l'étiage (Dejoux, non publié). Des loptera dispar (Statzner 1981, 1982). Les densités
valeurs comprises entre 10 et 50 individus par mètre observées dans une zone de rapides sont fonction de
; carré ont été observées à la surface de rochers plus l'hydrologie et varient a,vec le débit. Lorsque ce
ou moins recouverts d'une mince couche de limon. dernier décroît, les individus se rassemblent dans les
Dans les vases ou sables limoneux profonds, les zones présentant un courant suffisant. Pendant la
2 densités semblent légèrement plus élevées avec des période d'étiage, des Cheumatopsyche sont capa-
extremes de l'ordre de 30 a 300 individus m-* (Chiro- bles de survivre à l'état larvaire, probablement dans
nomides dominants). C'est seulement dans les sa- les mares stagnantes. Ce n'est pas le cas pour
bles de bordure, à faible profondeur, que des den- A . dispar qui recolonise vraisemblablement les mi-
sités de 2 à 3 O00 individus ont été trouvées, avec lieux temporairement assèchés à partir des popula-
une dominance d'oligochètes, Ceratopogonidae et tions ayant subsisté dans le sud du bassin.
larves d'Elmidae. De manière générale, dans les On observe une période de reproduction accrue
zones de courant moyen àfort durant l'étiage, il y a en début et en fin de crue chez les Cheumatopsyche
130
i ”
pour lesquels il n’y a probablement que 2 à 3 généra- Tricorythidae et des Leptophlebiidae sont par con-
tions par an. La production annuelle de ces quatre tre seulement capturées à l’aube.
espèces a été estimée à 20 g m-2 a-’ (poids sec) dans m *

un bief du N’Zi, ce qui n’est pas particulièrement 4.2. Crustacés décapodes


élevé si on la compare à celle observée en milieu
tempéré (Statzner 1978, 1982). Les pêches à l’électricité ont permis de capturer
Divers travaux ont porté également sur les stades des crevettes d‘eau douce en diverses localités du
larvaires de Simuliidae (Elouard 1978), ainsi que bassin du Bandama. Les collections ainsi réalisées
sur les périodes d‘émergence de quelques espèces ont fait l’objet d’une étude préliminaire (Corredor
d’Ephéméroptères (Elouard & Forge 1978). Pour 1979) dont nous tirons quelques conclusions géné-
ces derniers, l’émergence (mise en évidence par la rales concernant la répartition des espèces (Fig. 19).
capture de sub-imagos) intervient généralement en Les gros Atyidés (Atya africana et A. gabonensis)
début de nuit et les adultes qui ont une activité de n’ont été récoltés que dans le cours inférieur sous
vol très brève, ne sont capturés au piège lumineux influence estuarienne. C‘est également dans cette
que durant un laps de temps très court. Quelques zone qu’a été récoltée une série d’individus rappor-
espèces appartenant aux familles des Caenidae, des tée à Macrobrachium chevalieri.

/
I
,
\
l
I !

0 M. vollenhovenii
t
5 0 km
A
A t y a gabonensis
e t A. a f r i c a n a

Fig. 19. Répartition des principales espèces de crevettes d‘eau douce dans le bassin du Bandama.
131
- -
Macrobrachium vollenhovenii se rencontre à la 5.1. Zonation ichtyologique du Bandama (Fig. 20)
. fois dans le cours inférieur et dans le cours moyen
' d
des fleuves. Des mâles ont été observés très en L'étude de la composition des peuplements ich-
amont dans le N'Zi et le Marahoué, mais les cap- tyologiques du Bandama (de Mérona 1981) a
tures de femelles ovigères sont plutôt localisées vers montré qu' une grande partie du cours présentait un
l'aval des fleuves. peuplement relativement homogène caractérisé par
Cette espèce est réputée effectuer des migrations la dominance de trois espèces d'Alestes ( A . bare-
de reproduction en eau saumâtre. Une preuve pour- moze, A . nurse, A . macrolepidotus) dans les bio-
rait en être donnée par le fait qu'elle est complète- topes profonds, et par celle de Labeo parvus dans
ment absente dans le Bandama en amont du bar- les radiers. En amont de cette zone encore appelée
rage de Kossou où elle existait autrefois, d'après les cours moyen, on distingue un cours supérieur ca-
renseignements obtenus auprès des pêcheurs. Des ractérisé notamment par la présence d'Alestes lon-
témoins oculaires nous ont également affirmé que gipinnis, Hepsetus odoe et Schilbe inystus et une
peu après la fermeture du barrage en 1971, il y a eu zone de sources qui correspond en fait à des ruis-
une importante concentration de M. vollenhovenii, seaux étroits, parfois temporaires, peuplés essen-
juste en amont du barrage qui a donné lieu à une tiellement de petites espèces (Barbzis, Cyprinodon-
pêche intense. Par la suite, cette espèce a disparu. tidae, petits Characidae). En aval, le cours inférieur
Macrobrachium felicinum paraît avoir la même qui s'étend de l'embouchure jusqu'au confluent
répartition que M. vollenhovenii. Cette espèce est avec le N'Zi, correspond à la zone sous influence
également absente dans le nord Bandama en amont marine où l'on rencontre des espèces estuariennes.
de Kossou et pourrait avoir le même comportement Le même schéma de zonation a été observé dans
reproducteur que la précédente. les affluents principaux (N'Zi, Marahoué), alors
Macrobrachium raridens n'a été capturé que que les affluents secondaires possèdent générale-
dans le cours supérieur des rivières, ainsi que dans ment des peuplements comparables à ceux du cours
les petits affluents. L'espèce n'a jamais été observée supérieur ou de la zone des sources.
dans le cours moyen. I1 en est de même pour Caridi- L'existence d'un cours moyen très important pré-
na africana (Atyidae). sentant un peuplement homogène a également été
I1 est particulièrement intéressant de noter que la signalée dans la rivière Ogun, Nigéria, (Sydenham
répartition des crevettes d'eau douce dans le bassin 1978). Cette situation résulte probablement du fait
du Bandama suit très sensiblement le schéma de que ces rivières ont une pente faible sur la majeure
zonation proposé pour les poissons. I1 est donc partie de leur cours et que ce facteur ne joue pas un
vraisemblable que chacune des zones correspond à rôle aussi important que dans d'autres régions oÙ
un type de biotope particulier. des zonations beaucoup plus nettes ont été consta-
tées. C'est le cas pour l'Afrique d'une rivière du
bassin du Zaïre (Malaisse 1976), du Zambèze (Ba-
5. Peuplements ichtyologiques lon 1976), des rivières d'Afrique du Sud (Harrisson
1965).
Plus de 80 espèces de poissons ont été récoltées Les observations de terrain nous ont permis de
dans le bassin du Bandama (Albaret et al. 1978; constater que certaines espèces n'étaient récoltées
3
Daget & Iltis 1965; Lévêque et al. 1977; de Mérona que dans le cours supérieur et dans le cours infé-
et al. 1978; Paugy & Lévêque 1977). La capacité rieur. C'est le cas pour A. longipinnis qui disparaît
0 théorique pour l'ensemble du bassin avait été esti- dans le cours moyen où il est remplacé par trois
,
! mée par Daget et Iltis (1961) à 88 espèces, dont autres espèces d'Alestes, et pour Hepsetus odoe,
69 seuldment avaient été identifiées à cette époque. remplacé par Hydrocynus forskalii. Synodontis
Sur le plan biogéographique, la faune ichtyolo- schall est présent sur toute la longueur du cours
gique du Bandama peut être considérée comme une mais paraît plus abondant également dans les cours
faune de transition entre la faune soudanienne (bas- supérieur et inférieur.
sins du Niger, du Sénégal, du Tchad) et la faune A cette zonation des peuplements correspondent
guinéenne des zones forestières bordant la côte plus ou moins également des modifications dans la
Atlantique. composition spécifique. L'indice soudano-guinéen
ZONATION MILIEU ESPECES CARACTERISTIQUES

I ruisseaux P e t i t 5 BARBUS
I Zone d e
ou mares CHARACIDAE nains
1 sources CYPRINODONTIDAE
I NEOLEBIAS SP
I

Cours petites ALESTES LONGlPlNNlS


vasques HEPSETUS ODOE
supérieur SCHILBE MYSTUS
SYNODONTIS SCHALL

eaux p r o f o n d e s
ALESTES BAREYOZE
ALESTES NURSE
Cours ALESTES MACROLEPIDOTUS
HYDROCYNUS FORSKALII
alternance EU TROPIUS MENTAL IS

moyen eaux peu profondes


de vasques
L A B E 0 PARVUS
Y A S T A C E Y B E L U S NIGROYARGINATUS
NANNOCHARAX s p
I t de radiers
ALESTES IYBERI
TILAPIA SPP

e s p è c e s continentales

grandes ALES T E S L ONGIPINNIS


Cours vasques HEPSETUS ODOE
SCHILBE Y Y S T U S
SYNODONTIS SCHALL

inférieur
e s p è c e s estuariennes
gradient d e
salinit6 ELOPS LACERTA
GOBIUS GUINEENSIS

Fig. 20. Schéma de la zonation longitudinale des poissons dans le bassin du Bandama (d'après de Mérona, 1981).

défini par Daget et Iltis (1965) comme le rapport du 5.2. Evolution saisonnière et interannuelle despeu-
nombre d'espèces soudaniennes sur le nombre d'es- plements
pèces guinéennes, est en effet supérieur à I dans le i
cours supérieur du Bandama, compris entre 1 et Quatre stations ont été échantillonées rkguliè-
0,5 dans le cours moyen, et proche de O dans le rement au filet maillant dans le bassin du Bandama,
cours inférieur (Fig. 21), (de Mérona 1981). Cet dans le cadre du programme de surveillance des
indice permet de distinguer trois régions biogéo- milieux aquatiques soumis à des épandages d'insec-
graphiques: la région soudanienne, la région guine- ticides: une sur le N'Zi (Dabakala), une sur le Ma-
enne occidentale (secteur éburneo-ghanéen) et la rahoué (Mankono) et deux sur le Bandama en
région sublittorale
-- (Daget et Iltis, 1965). amont de Kossou (Niakaramandougou et Maraba-
133

18: kg 100 m-2nuit-1

I
2 I'
I
3 1
I

I
5l \ - Marabadiassa Niakaramandougou

I
I
I
L
II li'"
I
O
I e
I

1975 1976 1977

- Dabakala .... . Mankono


1978 1979

I
I
I ,
e
.
- /-'
I
i 500 '
(km)
1000
>
1976 1977 1978 1979
Fig. 2Z. Evolutionde l'indice soudano-guinéen en fonction de la
distance à l'embouchure dans le Bandama (d'après de Mérona, Fig. 22. Prise par unité d'effort (en poids) dans différentes sta-
1981). tions du bassin du Bandama entre 1974 et 1979. (p.u.e. moyenne
pour l'ensemble de la batterie de filets maillants utilisée).

diassa). L'objectif était de suivre l'évolution des


captures expérimentales, du point de vue des prises (1,4 à 1,7), Tomine (1,3), Koumba (1,5), Kolenté
par unité d'effort et de la composition spécifique. (3,5).
Une batterie standard de filets maillants multifila- En ce qui concerne les variations interannuelles,
ments a été utilisée pour l'échantillonnage (mailles on note une diminution importante des captures
de 12,5/15117,5/20/22,5/25/30 et 40 mm). totales dans le N'Zi à Dabakala (fin 1976 et début
1977), et dans une moindre mesure à Niakaraman-
Captures totales (Fig. 22) dougou, fin 1976, qui pourrait être la conséquence
Les captures expérimentales suivent une évolu- des crues déficitaires sur l'ensemble du bassin en
tion saisonnière, avec un minimum durant la crue. 1976 (Fig. 6). En effet, beaucoup d'espèces se re-
I1 s'agit là en fait d'un phénomène lié à l'utilisation produisent durant la crue, l'inondation du lit ma-
des F.M. En effet, l'échantillonnage ne s'effectue jeur étant alors favorable à la survie des alevins qui
pas dans les mêmes conditions durant l'étiage au peuvent y trouver des abris vis-à-vis des prédateurs.
cours duquel les filets peuvent alors être posés dans En outre, l'ensemble du peuplement ichtyologique
le lit du fleuve, que pendant la crue, lorsque la dispose également d'une nourriture plus abondante
vitesse du courant charriant des débris (branches, dans les zones inondées.
feuilles mortes) limite l'utilisation des filets aux Lors des années hydrologiquement déficitaires,
zones plus calmes et aux bordures. les conditions de survie sont plus sévères et le re-
)I Dans l'ensemble des stations échantillonnées sur crutement des jeunes est moins important. Ce phé-
2 le Bandama, l'ordre de grandeur des captures to- nomène a été également observé par Dansoko et al.
tales avec la batterie standard utilisée est de 2 kg (1976), qui ont pu montrer que la diminution des-
100 m-2 nuit-'. Ces résultats peuvent être comparés captures d'Hydrocynus brevis et H. forskalii dans le
à ceux que nous avons obtenus avec les mêmes Delta Central du Niger en 1972 et 1973 était le
moyens d'échantillonnage dans d'autres rivières de résultat des crues déficitaires.
Côte d'Ivoire et d'Afrique de l'ouest (données non
publiées) Sassandra (0,8), Cavally (0,5 à 1,5), Ni- Captures spgcijiques (Fig. 23)
poué (1,2 à 2,4), Gambie (entre 2 et 3)' Haut Niger Elles sont également susceptibles de varier au
134

nb ind. loom-huit-' au long de la période d'observation (Alestes bare-


5004
moze, Petrocephalus bovei, par exemple) avec par-
,,i \ A.baremoze
fois cependant des périodes de plus grande abon-
30 dance (cas d'Eutropius mentalis en 1977).

5 . 3 . Biologie des espèces (Tableau 1)

Planquette et Lemasson (1975) ont effectué une


étude générale sur la biologie des poissons sur le site
de l'actuel lac de barrage de Kossou, avant sa ferme-
ture. Depuis, plusieurs espèces ont fait l'objet d'é-
30
A.nurse tudes plus précises: Alestes baremoze (Paugy 1978),
Alestes nurse (Paugy 1980), Alestes imberi (Paugy
10 1980),Alestesmacrolepidotus(Paugy 1982),Alestes
longipinnis (Paugy 1982), Petrocephalus bovei (De
Memna 1980), Schilbe mystus (Lévêque & Her-
binet 1980), Eutropius mentalis (Lévêque & Her-
binet 1982). En outre, une étude plus détaillée sur la
fécondité des principales espèces a été publiée par
Albaret (1982).
151 P.bovei Parmi les espèces de grande taille susceptibles
d'être capturées au filet maillant, beaucoup ont une
période de reproduction limitée à quelque mois
durant la crue, plusieurs d'entre elles effectuent al-
€.mentalis ors des migrations anadromes de reproduction
(Alestes baremoze et Eutropius mentalis notam-
ment). Quelques espèces se reproduisent par contre
. . durant toute l'année (Alestes imberi, Alestes ma-
' crolepidotus, certains Cichlidae).
74 75 76 77 78 ' 79
La fécondité est élevée (plus de 150 O00 oeufs par
kg de femelle) chez les Characidae, les Cyprinidae et
Fig. 23. Evolution de prises par unité d'effort (p.u.e.) de 1974 à
1979 pour les principales espèces capturées dans le Bandama les Schilbeidae qui constituent l'essentiel des cap-
(nombre d'individus, moyenne pour l'ensemble de la batterie de tures au filet maillant. Les oeufs, de petit diamètre,
filets maillants utilisée). sont en général libérés massivement dans le milieu
aquatique. Chez d'autres espèces (Mastacembelus
nigromarginatus, Polypterus endlicheri, Papyro-
cours d'un cycle saisonnier pour deux raisons prin- cranus afer), les oeufs sont au contraire très gros et
cipales: utilisation différente des engins d'échantil- peu nombreux. I1 est admis généralement que ces
lonnage durant la crue (cf. plus haut); migrations espèces apportent plus de soin que les précédentesà
anadromes de reproduction de certaines espèces. leurs pontes.
Mais les observations portant sur plusieurs années Les régimes alimentaires ont été étudiés par
ont montré également qu'il pouvait y avoir des Planquette et Lemasson (1975), Vidy (1976) et de
variations interannuelles importantes liées proba- Mérona (non publié). Dans les radiers, Labeopar-
blement en partie, elles aussi, à l'hydrologie. Ainsi vus, qui est souvent l'espèce la plus abondante, est
les Alestes imberi et les Alestes nurse, abondants en un brouteur (épiphytes ou dépôt de fond). Les au-
1975-1976 à Marabadiassa, se raréfient en tres espèces se nourrissent surtout d'invertébrés
1977-1978. Inversement, Hydrocynusforskalii, peu benthiques (larves d'insectes essentiellement).
abondant en 1975-1976 à Niakaramandougou, se Dans les milieux plus profonds, les régimes sont
développe à partir de 1977. Certaines espèces pa- plus diversifiés. On y recontre des prédateurs ich-
raissent avoir des stocks relativement stables tout tyophages (Lates, Hydrocynus, Clariidae, Hepse-
-

135
L.
Tableau 1. Eléments de la biologie des principals espèces de poissons observées dans le bassin du Bandama.

-* Espèces
-
PériodeTe reproduction Fécondité relative: Régime alimentaire
d

crue
- Nombre d’oeufs
J F M A M J J A S O N D Kgde

Petrocephalus bovei 91 O00 larves d’insectes aquatiques


Marcusenius bruyerei 52 O00 invertébrés aquatiques (larves de
chironomides)
Marcusenius funcidens 39 O00 invertébrés aquatiques (larves de
chironomides)
Hepsetus odoe 18 O00 ichtyophage
Hydrocynus forskalii 127 O00 poissons - crevettes
Alestes macrolepidotus 182 O00 invertébrés aquatiques et
terrestres-végétaux
Alestes baremoze 224 O00 invertébrés aquatiques et terrestres
Alestes imberi 251 O00 invertébrés aquatiques (larves
d‘insectes)
Alestes nurse 339 O00 invertéb&s terrestres et aquatiques
Labeo senegalensis 182 O00 epiphytes - dept de fond
Labeo coubie 122 O00 epiphytes - dept de fond
Labeo parvus 347 O00 epiphytes - dept de fond
Chrysichthys velifer 20 O00 invertébrés aquatiques (larves
d’insectes)
Schilbe mystus 228 O00 insectes terrestres et aquatiques
Eutropius mentalis 217 O00 invertébrés terrestres et
aquatiques-végétaux
Synodontis schall 157 O00 invertébrés aquatiques (larves
d’insectes)
Hemichromis fasciatus 30 O00
Pelmatochromis guentheri
Tilapia zillii
Polypterus endlicheri - 8 O00
39 O00
15 O00
végétaux

tus), des mangeurs de végétaux (Tilapia, Labeo, élevée (177 kg ha-’ en mai). A Kossou, 43% de la
Distichodus, Citharinus), et des benthophages biomasse était représentée par trois espèces: A. ma-
(Synodontis, Chrysichthys). Les espèces qui con- crolepidotus (19%), Labeo coubie (16%)’ Polvpte-
stituent l’essentiel des captures au filet maillant rus endlicheri (8%), alors que Labeo coubie (49%)
(Alestes spp., Schilbe, Eutropius) se nourrissent était largement dominant à Lamto.
presque exclusivement d’insectes aquatiques ou ter- Daget et al. (1973) ont également constaté qu’une
restres. La part de ces derniers est loin d’être nég- partie des poissons émigre en saison sèche dans les
ligeable dans les régimes alimentaires. bras secondaires oÙ les conditions de vie seraient
i moins précaires. Les biomasses sont en effet esti-
5.4. Biomasses mées à 305 kg ha-‘ en mai dans ces biotopes (44% de
8
Tilapia zillii, 15% d’A. macrolepidotus et 6% de
Deux séries de pêches aux ichtyotoxiques ont été Labeo coubie).
réalisées de part et d’autre du site du barrage de Un autre échantillonnage réalisé dans le N’Zi à
Kossou, juste avant le remplissage de la retenue hauteur de Dabakala en saison sèche (Lèvêque, non
(Daget et al. 1973). En amont (Kossou), la biomasse publié) a permis d’estimer la biomasse à 102 kg ha-’
estiméeà 125 kg ha-’ en janvier, diminue pendant la (32% de Labeo spp., 13% de Mormyridae, 12% de
période d’étiage pour atteindre 60 kg ha-‘ en mai. Cichlidae, 11% de Characidae).
En aval (Lamto), la biomasse était un peu plus Daget et Iltis (1965) signalent par ailleurs qu’une
136
r,
portion de cours de 650 m a été mise à sec sur le provoqué la disparition dans la partie amont de
Marahoué en 1962 aux environs de la route Macrobrachium vollenhovenii et de Macrobrachi-
Bouaké-Séguéla. Ici aussi, la biomasse estimée était um felicinum, et l'on peut par conséquent prévoir ~ ~

de l'ordre de 100 kg ha-', dont 30% d'Alestes spp., que ces crustacés disparaîtront également du Ma-
27% de Labeo spp., 16% de Mormyridae, et 5% de rahoué, avec la fermeture du barrage de Taabo.
prédateurs ichtyophages. L'évolution des peuplements ichtyologiques du
lac de Kossou a suivi le schéma habituellement
5.5. Activités de pêche observé pour les lacs de barrage africains (Kouassi
1979) avec la disparition de certaines espèces appar-
La pêche est pratiquée surtout par des pêcheurs -
tenant aux familles des Bagridae, Citharinidae,
occasionnels (habitants des villages proches du Mochokidae et Mormyridae, et l'expansion au con-
fleuve) et par des pêcheurs professionnels itiné- traire d'autres espèces appartenant aux Characidae
rants. Les engins les plus fréquemment utilisés sont et Centropomidae. On a vu notamment Labeo cou-
l'épervier, le filet maillant et les lignes. Dans cer- bie disparaître de la plus grande partie du lac
tains cas, des pêches au poison sont pratiquées avec (Kouassi 1974), alors que les Alestes baremoze se
la plante ichtyotoxique Tephrosia vogeli (Elouard sont bien développés (Kouassi 1978). Cette dernière
et al. 1982). I1 est donc difficile d'estimer l'effort de espèce effectue des migrations de reproduction vers
pêche et la quantité de poissons capturée, étant l'amont durant la crue, et l'impact de son dévelop-
donné la très grande dispersion des activités de pement n'a probablement pas été négligeable sur les
pêche. Planquette et Lemasson (1975) ont cepen- peuplements du système fluvial, au nord de Kossou.
dant estimé le rendement entre 5 et 10 kg ha-' dans un On rappellera également que Sarotherodon nilo-
bief du Bandama avant la fermeture du barrage de ticus et Heterotis niloticus qui n'existaient pas dans
Kossou. le bassin du Bandama ont été introduits dans le lac
de Kossou ainsi que dans le barrage du Kan près de
Bouaké.
6. Impact des activités humaines Ces deux espèces se sont bien développées dans les
milieux lacustres et commencent à être observées
Le bassin du Bandama est une zone oh les activi- sporadiquement dans le système fluvial.
tés humaines ont un impact croissant sur le milieu La construction de ces réservoirs est sans aucun
naturel. Ces activités peuvent être regroupées dans doute bénéfique pour la pêche et les activités agri-
deux grands thèmes: aménagements hydrauliques coles. Cependant, ce sont également des milieux
et pollutions par pesticides. d'élection pour les mollusques, hôtes intermédiaires
de la bilharziose, et cette parasitose est actuellement
6.1. Aménagements hydrauliques en train de se répandre rapidement parmi les popu-
lations riveraines (Boppe 1979).
Au cours des dix dernières années, de nombreux
réservoirs ont été construits sur le cours du Banda- 6.2. Pollutions par insecticides
ma, modifiant assez profondément l'hydrologie du
système. Dans le sud, le barrage de Kossou De grandes quantités d'insecticides d'origines di-
(800 km2), fermé en 1971, et le barrage de Taabo, verses sont utilisées chaque année sur l'ensemble du .'
fermé en 1981, sont essentiellement a usage hydroé- bassin du Bandama. On ne connaît pas l'impact des
'lectrique. Dans le nord et plus particulièrement sur pesticides employés en agriculture, qui atteignent
les petits affluents du Bandama de la région de les cours d'eau par lessivage et ruissellement, mais il 'i
Korhogo, de nombreux petits barrages ont été con- n'est probablement pas négligeable compte tenu du
*
struits pour l'irrigation (riziculture) en saison sèche. développement des activités agricoles industrielles
Seul le lac de Kossou a fait l'objet d'études limno- dans le bassin et de leur diversité (canne à sucre,
logiques: Traoré( 1979), Kouassi(1974,1978,1979). ananas, banane, palmier à huile, etc.).
L'impact de ces barrages sur les peuplements al- Des études approfondies ont, par contre, été me-
gaux et d'invertébrés du fleuve n'est guère connu. nées sur l'impact des insecticides utilisés pour la
On sait par contre que la fermeture de Kossou a campagne de lutte contre l'onchocercose effectuée
137

par l'organisation Mondiale de la Santé. Des dé- 24 heures, la mortalité est faible et les conditions
versements hebdomadaires d'Abate ou téméphos sont redevenues normales 48 heures après le pas-
(organophosphoré) ont été réalisés de 1974 à 1979 sage de l'insecticide (Dejoux 1977).
dans le Bandama en aval de KOSSOU,ainsi que dans A long terme, après six ans d'observations, on a
le N'Zi en amont de Fétékro. De mars 1979 àjanvier pu constater que le téméphos avait effectivement
1981, les traitements durent être étendus à l'ensem- une action sur les peuplements d'invertébrés, mais
ble du Marahoué ainsi qu'au sud du bassin du que cette action restait limitée et ne mettait pas en
Bandama jusqu'à la hauteur de Tiassalé, afin de danger l'équilibre écologique du système (Dejoux
contrôler les populations larvaires de Simulium et al. 1980).
dainnosum (vecteur de l'onchocercose humaine) Le chlorphoxim est plus toxique que le témé-
dont les adultes étaient à l'origine d'une forte réin- phos, à la fois dans ses effets immédiats et à long
vasion de la partie sud-ouest de la zone traitée. terme. I1 affecte plus particulièrement les Trichoptè-
Enfin, depuis mai 1981 et pour combattre une res Hydropsychidae au niveau des rapides (Dejoux
résistance au téméphos apparue chez deux cyto- et al. 1981, 1982). Le B.T H14 est, quant àlui, plus
types de S. daninosum (soubrense et sanctipauli), sélectif, et ne parait affecter fortement que les Simu-
deux insecticides sont employés alternativement: le lidae (Gibon et al. 1980). Si l'on néglige une légère
chlorphoxim durant la saison des pluies et le Bacil- toxicité vis-à-vis des larves de Chironomides, il se-
lus thuringiensis israelensis, sérotype H 14, durant rait donc peu toxique pour la faune non-cible (De-
la saison sèche. joux 1979; Yameogo 1980).
Les insecticides utilisés en campagne de traite- En ce qui concerne les peuplements icthyolo-
ment ont fait l'objet d'études préliminaires pour giques, aucun effet du téméphos n'a pu être mis en
évaluer leurimpact sur la faune non cible. Des tests évidence dans les rivières traitées après six ans d'ob-
ont été réalisés expérimentalement et utilisant un servations (Lévêque et al. 1983). De même, il n'ap-
dispositif de gouttières in situ (Troubat 1981), ou paraît pas d'effet toxique notable à court terme du
sur des biefs limités de rivières. chlorphoxim. Depuis le début des traitements, on
En outre, un programme de surveillance des mi- n'a pas non plus observé de modification impor-
lieux aquatiques a été mis sur pied afin de détermi- tante dans les contenus stomacaux de poissons (Vidy
ner l'impact à long terme des épandages. Plusieurs 1976; Dejoux et al. 1982). En réalité, de nombreuses
sites du bassin du Bandama ont donc fait l'objet espèces entomophages sont assez opportunistes et
d'observations régulières depuis 1975, qui se pour- consomment en abondance des proies d'origine ter-
suivent actuellement. restres.
Le téméphos provoque une très forte augmenta- Les épandages d'insecticides réalisés actuellement
tion de la dérive des invertébrés peu après le passage dans le cadre du programme OMS de lutte contre
de l'insecticide. L'effet toxique s'atténue ensuite ra- l'onchocercose ont donc un effet limité sur la faune
pidement et devient négligeable après 24 h (Dejoux non cible dans le bassin du Bandama. En particulier,
& Elouard 1977). Certains groupes sont plus sensi- ces insecticides ne paraissent pas compromettre
bles que d'autres: Ephéméroptères (Baetidae et l'équilibre de l'écosystème ni affecter ses ressources
Caenidae en particulier), Trichoptères du genre piscicoles. Un certain nombre d'autres sources de
Macronenla et chironomides. Sur les milieux pollution existent. Les unes sont permanentes mais
vierges, les premiers traitements sont assez toxiques paraissent avoir peu d'incidences (effluents de bras-
et peuvent entraîner une mortalité de 50% des inver- serie, industrie textile, etc.) ou ont un impact limité
tébrés (Dejoux 1978; Elouard & Troubat 1979). En géographiquement. D'autres sont plus sporadiques
revanche, dans les milieux traités régulièrement, mais ont des conséquences plus importantes, heu-
l'insecticide 'ne provoque qu'un faible décroche- reusement localisées jusqu'ici (campagnes expéri-
ment de la faune non-cible. On peut considérer que mentales de traitement insecticide contre les glos-
100% de la faune dérivant pendant les cinq premib sines utilisant soit de d'endosulfan, soit des pyré-
res heures suivant un traitement est morte ou meurt thrinoïdes).
rapidement. Pendant les cinq heures suivantes, 20 à
25% des organismes ont quelques chances de survi-
vre s'ils rencontrent un milieu favorable. Après
138

Résumé correspond aux hauts cours et aux petits affluents;


la seconde, la plus importante, correspond au cours
Le fleuve Bandama (Côte d'Ivoire) est long de moyen; la troisième assez restreinte est la zone es-
1 050 km et son bassin occupe 97 500 km2. I1 coule tuarienne où l'influence marine se fait sentir.
du nord vers le sud et sa pente moyenne est assez En ce qui concerne les poissons, des pêches régu-
faible (de l'ordre de 0,596). lières effectuées au filet maillant durant cinq ans ont
La partie amont du bassin est soumise à un climat permis de suivre l'évolution des captures totales et
de type soudanais, alors qu'il est de type guinéen spécifiques. Parallèlement, la biologie des princi-
vers l'aval. I1 en résulte que le régime hydrologique pales espèces (fécondité, reproductibn, régime ali-
de type tropical de transition vers le nord (une seule mentaire) a été étudiée; les biomasses sont de l'ordre
crue annuelle bien marquée d'aoûtà octobre) évolue de 100 kg ha-'.
progressivement vers un régime équatorial de tran- L'impact humain croît très rapidement dans le
sition dans le sud (deux crues annuelles). I1 peut y bassin du Bandama avec la construction de bar-
avoir des variations importantes de débit à l'échelle rages à usage électrique ou agricole qui modifient
interannuelle. l'hydrologie du système. Les pollutions par insecti-
La température moyenne des eaux est voisine de cides sont diverses, mais les traitements anti-simu-
28°C. Les eaux sont bicarbonatées et le pH est lidiens réalisés avec le téméphos n'ont eu que des
légèrement alcalin. La conductivité ne dépasse conséquences limitées sur les peuplements aqua-
généralement pas 100 pS cm-1. tiques.
La composition et les variations saisonnières du
phytoplancton et du périphyton ont été étudiées
durant plus d'un an. Sur le plan qualitatif, les Chlo- Références
rophycées (44 à 66% du nombre des taxons) sont
dominantes dans le phytoplancton. Le biovolume Albaret, J. J., sous presse. Reproduction et fécondité des pois-
moyen de 800 à 900 millions de pm3 1-' dans le sons d'eau douce de Côte d'Ivoire. Revue Hydrobiol. trop.
Bandama est un peu plus élevé dans le N'Zi Albaret, J. J., Mérona, B. de, Bigorne, R. & Herbinet, P.,1978.
(2 900 millions de pm3 1-l) et le Marahoué (2 O00 mil-
loins de pm3 1-l). Le nombre moyen d'organismes est
- Observations sur la faune ichtyologique de la Marahoué
avant son traitement B l'Abate. Rapp. ORSTOM, Bouaké
20: 118 pp. multigr.
compris entre 138 et 352 ind. ml-l. La densité est Avenard, J . M., 1971. Aspects de la géomorphologie. In le mi-
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influence of ecosystem changes on fish distribution in Lake
cées (début d'étiage) constituent un pourcentage
Kariba, a man-made tropical ecosystem in Central Africa. In
important du biovolume du périphyton. Celui-ci est - l
E. K. Balon and A. G . Coche. Lake Kariba, Junk, The
plus riche dans le Bandama que dans le Marahoué. Hague, Monographia biologicae, 767 pp.
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nuelle estimée à 20 g m-*. dophycées, Euglénophycées, Cryptophycées, Dinophycées,
J Chrysophycées, Xanthophycées. Cah. ORSTOM, sér. Hy-
I1 existe dam le Bandama, une zonation longitudi- '- drobiol. 9: 167-192.
nale des peuplements d'insectes, de crevettes et de Compère, P.,1975. Algues de la région du lac Tchad. 5 et 6 . (lère
poissons. On peut schématiquement distinguer trois et Zèmeparties). Cah. ORSTOM, sér. Hydrobiol. 10: 77-1 18
zones pour l'ensemble de ces groupes: la première et 10: 135-164.
139
L B
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