Exponentielle de Matrices
Exponentielle de Matrices
Exponentielle de Matrices
Tristan Vaccon
septembre 2012
2 Calcul de l’exponentielle 3
2.1 Cas où l’on peut reconnaître des séries entières . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Cas nilpotent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.3 Cas diagonalisable, si l’on connaît les valeurs propres . . . . . . . . 3
3 Dunford et exponentielles 4
3.1 Calcul et diagonalisabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3.2 une première démonstration de surjectivité de l’exponentielle . . . . 5
4 De la surjectivité de l’exponentielle 5
4.1 Groupes topologiques et exponentielle complexe . . . . . . . . . . . 5
4.2 Le cas réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4.3 Autre application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
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Références
[1] Serre, Denis Les matrices
[2] Mneimé & Testard Introduction à la théorie des groupes de Lie classiques
[3] Gourdon, Xavier Les Maths en tête
[4] Beck, Peyré, Malick Objectif Agreg
[5] Rouvière Calcul différentiel
[6] Demailly Analyse numérique et équations différentielles
[7] Nourdin Épreuve orale, etc...
Alors,
N +∞
X 1 X 1
kAn k 6 kAkn 6 exp(kAk).
n=0
n! n=0
n!
On en déduit que l’application exponentielle est C 0 sur Mn (C) car cette série converge
normalement sur tout compact.
Proposition 1.1. Soit A ∈ Mn (C), alors ∃P ∈ C[X] tel que exp(A) = P (A).
Démonstration. C[A] est un sous-espace vectoriel de Mn (C), et est donc complet (ou
fermé...), comme nous sommes en dimension finie. Ainsi,
N
X 1
∀N ∈ N, An ∈ C[A]
n=0
n!
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Corollaire 1.3. exp est à valeur dans GLn (C) : M et −M commutent, M + (−M ) = 0,
exp(0) = In .
Proposition 1.5.
exp(T r(A)) = det(exp(A)).
exp(Sp(A)) = Sp(exp(A)).
2 Calcul de l’exponentielle
La référence est un document sur la page de Richard Leroy. Il y a quelques cas où
l’on peut calculer explicitement l’exponentielle d’une matrice donnée.
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Soit A une matrice diagonalisable sur C, et soit λ1 , . . . , λn ses valeurs propres (com-
plexes, non nécessairement distinctes).
Alors :
Cela se fait très bien par interpolation de Lagrange : Q = ni=1 eλi Pi avec Pi =
P
Q X−λj
j=1,...,n, j6=i λi −λj .
Au final, Q(A) = P −1 Q(D)P = P −1 exp(D)P = exp(A), ce que l’on souhaitait.
Exemple. On reprend l’exemple précédent.
On trouve Spec(A) = {it, −it}.
sin(t)
Alors, on calcule comme polynôme
"
interpolateur
#
Q(X) = t X + cos(t). On en
cos(t) −sin(t)
déduit alors directement : eAt = .
sin(t) cos(t)
3 Dunford et exponentielles
3.1 Calcul et diagonalisabilité
La décomposition de Dunford est bien adaptée à l’étude de l’exponentielle d’une
matrice : on peut ramener certains problèmes à l’étude du cas diagonale et du cas
nilpotent. C’est le cas pour le calcul ici.
Si A ∈ Mn (C) et A = D + N sa décomposition de Dunford, alors exp(A) =
exp(D) exp(N ). On est ramené au cas précédent.
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Soit a l’indice de nilpotence de N . Son polynôme minimal est X a , mais alors, si
1
a > 1, on a eN = In qui peut s’écrire In + N + · · · + a−1 N a−1 + 0 = In et alors
1
N + · · · + a−1 N a−1 = 0 ce qui contredit la définition du polynôme minimal (a − 1 < a...).
D’où a = 1 et N = 0 et le résultat est montré.
4 De la surjectivité de l’exponentielle
4.1 Groupes topologiques et exponentielle complexe
Théorème 4.1. Soit A GLn (C), alors il existe P ∈ C[X] tel que A = exp(P (A)).
Définition 4.2. Un groupe topologique est une triplet (G, ., T ) où (G, .) est un groupe,
(G, T ) est un espace topologique, et ces deux notions sont compatibles : les applications
(g, h) 7→ gh et g 7→ g −1 sont continues.
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Démonstration. Montrons que H est ouvert. Par définition, on peut prendre V voisinage
ouvert de e dans G qui est inclus dans H. Mais alors, si h ∈ H, on a h ∈ hV ⊂ H ⊂ G,
et ainsi, hV est un voisinage ouvert de h inclus dans H (on utilise la continuité du
morphisme de translation par multiplication à gauche par h...). On en déduit que H est
un voisinage de chacun de ses points, donc est ouvert.
Montrons maintenant que H est fermé. On remarque que H c = g∈H
S
/ gV et que si
g∈/ H, gV ⊂ H c . Comme gV est ouvert pour tout g, H c est ouvert, et le résultat est
montré.
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4.2 Le cas réel
On n’a pas cette fois-ci de surjectivité de exp : Mn (R) → GLn (R). En effet, exp est
continue et GLn (R) a deux composantes connexes (cf la décomposition polaire et [2])
tandis que Mn (R) est connexe.
Cela dit, une application amusante du résultat complexe permet de donner une ca-
ractérisation :
Proposition 4.5. Soit A une matrice de GLn (R), montrer qu’il existe une matrice réelle
M telle que A = eM si et seulement si il existe une matrice réelle B telle que A = B 2 .
Démonstration. On montre qu’il existe un voisinage V de In dans GLn (C) tel que le
seul sous-groupe contenu dans V soit {In }.
Soit V un voisinage de In dans GLn (C) et U un voisinage de 0 dans Mn (C) tel que
exp réalise un difféomorphisme de U sur V .
On pose U 0 = U2 et V 0 = exp(U ).
V 0 est ouvert, c’est un voisinage de In .
Soit M ∈ V 0 . On va montrer qu’il existe k ∈ N tel que M k ∈ / V 0 , ce qui permettra
de conclure.
On peut écrire M = exp(A) avec A ∈ U 0 . Il existe alors k ∈ N tel que kA ∈ U \U 0 . On
a alors exp(kA) = M k ∈ V \ V 0 et donc M k ∈ / V 0 , ce que l’on souhaitait démontrer.