MDS Ii - Chapitre Ii

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OUVRAGES ET MURS DE SOUTENEMENT 2015

CHAPITRE II: OUVRAGES ET MURS DE SOUTENEMENT

1- Rôle des ouvrages de soutènement

On rencontre en génie civile de nombreux ouvrages créant une discontinuité dans le


profil du terrain naturel et retenant des massifs de terre derrière leur parement amont.
Ces ouvrages sont appelés ouvrages de soutènement, parmi lesquels on distingue les
murs de soutènement, les murs en terre armée, les rideaux de palplanches, et les parois
moulées dans le sol.

Ces ouvrages sont, dans la plupart du temps, destinées à réduire les longueurs de pente
de talus (remblais et déblais de routes et de vois ferrées). Mais on en rencontre
également en tant qu’éléments de structures (culées de ponts, voiles de sous-sol en
bâtiment, parois de réservoirs enterrés,…).

2- Murs de soutènement: définition et classification

Un mur de soutènement est constitué de deux parties essentielles: un fût, composé d’une
paroi résistante destinée à retenir les terres situées en arrière et une semelle de
fondation dans laquelle s’encastre le fût et qui assure la stabilité de l’ouvrage (fig. 1).

Fig. 1: Murs de soutènement

On classe les murs de soutènement en deux grandes catégories:

- Les murs gravitaires ou les murs poids: ouvrages résistant par leur poids propre
à la majeure partie de la poussée des terres. Ces murs sont massifs et réalisées en

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béton non armé ou en maçonnerie des pierres. Leur parement arrière peut
présenter éventuellement des redans.
- Les murs voiles, appelés aussi quelques fois murs-chaises ou murs cantilever: ce
sont des ouvrages utilisant comme élément de stabilisation, le poids des terres
soutenues par l’intermédiaire de leur semelle de fondation.
De tels murs sont réalisés en voiles minces de béton armé (d’où leur nom) et
peuvent avoir des formes plus ou moins compliques. Les semelles de tels murs
comportent un patin ou bec et un talon avec parfois une bêche à l’arrière. Leur fût
comporte parfois une chaise de lestage. On rencontre également des murs voiles
à contreforts.
Dans tous les cas, le fut doit présenter des barbacanes perces dans le fut et
permettant l’écoulement des eaux d’infiltration, d’un diamètre suffisant (15 cm)
pour éviter leur obstruction. La pente du parement d’un mur est appelée fruit.

3- Calcul d’un mur de soutènement

Projeter un mur de soutènement est une opération complexe, plus longue et délicate
qu’une simple vérification de stabilité, car il s’agit de choisir le type d’ouvrages qui
convient le mieux en tenant compte de condition particulières du site et des incidences
économiques. Le choix étant arrêté et on procède aux différentes étapes suivantes:

- Dimensionner l’ouvrage a priori: pré-dimensionnement.


- Examiner s’il y a ou non possibilité de déplacement du mur.
- Reconnaissance du sol en vue de calculer les forces de poussée et de butée.
- Vérifier la sécurité au glissement a la base du mur.
- Vérifier la stabilité du mur au renversement.
- Vérifier la stabilité du mur en tant que fondation.

3.1 Pré-dimensionnement

Un des points importants du projet d’un mur de soutènement est le pré-


dimensionnement de l’ouvrage. C’est l’expérience qui guide le projet. Nous donnons
toutefois les dimensions usuelles des murs gravitaires et des murs voiles. On choisira les
dimensions de l’ouvrage à projeter dans les fourchettes indiquées, compte tenu des

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sujétions particulières imposées à l’ouvrage. La stabilité sera alors vérifiée come il vient
d’être indiqué et le dimensionnement optimisé par calcul successives (fig. 2).

3.2 Déplacement du mur

Il convient en premier lieu de s’assurer que le mur a la possibilité de se déplacer


suffisamment sous l’action des efforts qui lui sont appliqués. En effet, il faut pour
mobiliser la poussée sur le parement arrière du mur un déplacement de ce dernier de
l’ordre H/1000 à 5H/1000.

De même en ce qui concerne la butée, mais ici le déplacement est de l’ordre H’/20 à
H’/10 avec H’ la hauteur du parement sur lequel s’exerce la butée.

Si le mur ne peut pas se déplacer, les contraintes exercées par le sol correspondent à la
pression latérale des terres en repos el le coefficient à utiliser est K0.

En pratique, tous les murs de soutènement qui ne sont pas soutenues rigidement en tête,
se déplacent suffisamment pour mobiliser la poussée. En revanche, il faut être prudent
en ce qui concerne la butée qui nécessite un déplacement relative plus important. C’est
pour cela que la plupart du temps la butée sur la façade du mur est négligée par sécurité,
d’autant plus qu’ultérieurement peuvent toujours être exécutés des travaux en tranchée
(pores de canalisation par exemple).

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3.3 Calcul des forces agissantes

3.3.1 Cas d’un sol homogène non chargé

A la profondeur Z on a (fig. 3):

σ γ. Z ⇒ σ K . γ. Z ⇒ P K . γ. Z. dZ
v h 0 0

Alors l’action des terres serait:

1
P K . γ. H²
2 0

3.3.2 Cas d’un sol homogène avec une surcharge q uniformément repartie

Action des terres: P1 K0. γ. H²

Action de la surcharge: P2 K0. q. H

Alors:

1
P K . γ. H² K . q. H
2 0 0

3.3.3 Cas d’un sol homogène chargé en présence d’une nappe phréatique

Action des terres sur la couche 1:

1
P1 K . γ. H1²
2 0
Action de la surcharge sur la couche 1:

P2 K0. q. H1

Action des terres déjaugées sur la couche 2:

1
P3 K . γ . H2²
2 0

Action de l’eau: P4 γw. H2²

Action de la surcharge sur les couches 1 et 2: P5 K0. q γ. H1 . H2

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Alors:

P Pi

3.3.4 Cas d’un sol hétérogène chargé

Action des terres sur la couche 1:

1
P1 K .γ .H ²
2 01 1 1
Action de la surcharge sur la couche 1:

P2 K01. q. H1

Action des terres sur la couche 2:

1
P3 K .γ .H ²
2 02 2 2
Action de la surcharge sur les couches 1 et 2: P4 K02. q γ1. H1 . H2

Alors:

P Pi

3.4 Reconnaissance du sol et calcul des forces de poussée et de butée

Pour une bonne détermination des forces agissantes sur un mur de soutènement, il faut
une investigation géotechnique correcte du sol sous le mur et à l’arrière du mur pour
estimer les paramètres de base du sol. Notamment, le poids volumique , l’angle de
frottement et la cohésion C.

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Les sondages devront atteindre au moins une profondeur égale à 2 fois la largeur de la
semelle, de préférence 3 fois (fig. 7).

3.4.1 Calcul des poussées et de butées

La détermination des efforts développés dans le sol a été l’objet de plusieurs recherches
menées par différentes auteurs. A la suite desquelles ont été élaborées plusieurs
théories. Parmi ces théories, on se limite à la théorie de Rankine et celle de Boussinesq.
Mais avant de détailler les deux théories, on définira les notions de poussée et de butée
des terres.

A rappeler que le coefficient des terres au repos K0 varie en fonction de la nature du sol.
Il pourra avoir les valeurs suivantes:

 Argile molle, vase: K0 = 1


 Argile sur consolidée: K0 variable.
 Dans le cas des sables, on peut appliquer la formule empirique de JACKY, donnant
une relation entre K0 et l’angle de frottement interne tel que: K0 1 sin φ

3.4.1.1 Définition de la poussée et de la butée des terres

Considérons la force exercée par le sol sur un écran vertical, maintenu fixe derrière
lequel il y a eu remblaiement. Tout mouvement étant interdit, la force exercée par le sol
est F0. Si nous permettons un déplacement horizontal du sommet de l’écran, la force F
varie comme l’indique la figure 8 suivant le sens du déplacement, la valeur de F diminue
jusqu’à un minimum ou croit jusqu’à un maximum. Les deux valeurs extrêmes de la force
F, qui correspond à la rupture du sol derrière l’écran, sont appelées:

- Force de poussée: Fa (minimum)


- Force de butée: Fp (maximum)

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La poussée et la butée sont donc deux états de rupture d’un sol. Elles ne peuvent être
mobilisées que lorsque les déformations ont atteint une valeur suffisante.

Figure 8: Etat de rupture d’un sol

3.4.1.2 Théorie de RANKINE

La théorie de Rankine traite de la pression des terres dans les conditions suivantes:

- Le sol se trouve à l’état d’équilibre limite de rupture de Mohr-Coulumb. Le


déplacement de l’écran s’est donc produit de manière suffisante pour que la
déformation du sol lui permette d’atteindre cet état. La valeur minimale de la
déformation correspondant à la poussée est appelée coefficient de poussée et
notée Ka, de même la valeur maximale est appelée coefficient de butée et notée
Kp.
- L’état de déformation est plan.
- Aucun frottement n’existe entre le sol et l’intrados de l’ouvrage (δ = angle de
frottement sur le mur = 0, Ca = adhérence entre le sol et le mur = 0).
- Le parement amont de l’écran est vertical et rectiligne.
- La surface du sol derrière l’écran est plane.

Soit respectivement σactive et σpassive les contraintes horizontales de poussée et de butée.


Ils ont pour expressions:

σactive Ka γ . γ . H Ka q . q K a c. C γw . Hw

σpassive Kpγ. γ . H Kpq. q Kpc. C γw . Hw

Avec:

- H: hauteur de la couche du sol (en m),


- Hw: hauteur de l’eau (en m),
- ’: densité déjaugé du sol (en kN/m³),
- w: densité de l’eau (en kN/m³),

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- q: surcharge (en kN/m²),


- C: cohésion du sol (en kN/m²),

Les expressions des coefficients K , Kq et Kc sont donnés par le tableau suivant avec:

- : angle de frottement interne du sol,


- : angle d’inclinaison du plan du sol,
- : inclinaison du mur du côté du sol,

coefficients Poussée Butée


cos β cos β cos φ cos β cos β cos φ
K cos β cos β
cos β cos β cos φ cos β cos β cos φ
Ka γ Kpγ
Kq
cos β λ cos β λ
Kc 2. Kaγ 2. Kpγ

Remarque: dans le cas d’un sol sec on enlève le terme relatif à la poussée de l’eau et on
utilise la densité humide du sol au lieu de la densité déjaugé ’.

3.4.1.3 Théorie de BOUSSINESQ

La théorie de Boussinesq tient compte de la rugosité de l’écran et respecte la courbure


des lignes de glissement observées expérimentalement au voisinage de l’écran. En
pratique on utilise des abaques ou des tables (Caquot et Kérisel, Absi) pour trouver les
coefficients de poussée et de butée.

Soit respectivement σactive et σpassive les contraintes horizontales de poussée et de butée.


Ils ont pour expressions:

σactive Ka γ . γ . H Ka q . q K a c. C γw . Hw

σpassive Kpγ. γ . H Kpq. q Kpc. C γw . Hw

Les expressions des coefficients K , Kq et Kc sont donnée par le tableau suivant avec:

- : angle de frottement interne du sol,


- : angle d’inclinaison du plan du sol,
- : inclinaison du mur du côté du sol,
- δ: inclinaison de la force de poussée
par rapport à la droite perpendiculaire
à la paroi.

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coefficients Poussée Butée


K Caquot – Kerisel Caquot – Kerisel
Ka γ Kpγ
Kq
cos β λ cos β λ
1 1
Kc cot φ. Ka q cot φ. Kpq
cos δ cos δ

3.4.1.4 Détermination des coefficients de poussée et de butée

Vue l’hétérogénéité du sol à excaver, différents valeurs de coefficients de poussée et de


butée, Ka et Kp, et du coefficient au repos K0 sont à déterminer pour chaque couche.

- Inclinaison du sol = 0⇒

1 1 cos φ 1 sin φ
Ka γ
1 1 cos φ 1 sin φ

1 1 cos φ 1 sin φ
KPγ
1 1 cos φ 1 sin φ

- Inclinaison du mur = 0 ⇒

Ka γ
Ka q
cos 0
Kpγ
Kpq
cos 0

- Ka c 2. Kaγ
- Kpc 2. Kpγ
- D’après la formule de JACKY: K0 1 sin φ

3.5 Sécurité au renversement

On définit la sécurité au renversement comme le rapport


entre le moment stabilisant et le moment renversant. Le
facteur de sécurité doit être de 1,5 au minimum. Dans le cas
d’un mur voile, la poussée des terres et la pression latérale
due aux surcharges (FH) tendent à faire basculer le mur par
rotation autour du patin (point A). Le poids du mur et celui
du terrain au-dessus de la semelle (W), créent un moment
stabilisant qui s’oppose au moment de renversement crée
par la force de poussée FH.

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Règle du tiers central:

Cette règle, très ancienne, consiste à dire que la sécurité au renversement est assurée si
la résultante des forces appliquée passe par le tiers central de la semelle e B/6.
Cependant, dans le cas de rocher, on peut donner comme limite e B/4, et dans le cas
de sol très compressibles se rapprocher au minimum de e 0.

3.6 Sécurité au glissement et au poinçonnement

La méthode à suivre consiste à considérer la base du mur comme une fondation (semelle
filante) soumise à une force excentrée et inclinée.

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