Ce document analyse les réseaux sociaux d'un point de vue sociologique et critique. Il discute des limites politiques et intellectuelles des réseaux sociaux, en particulier sur les questions de pouvoir et de représentation sociale.
0 évaluation0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
68 vues1 page
Ce document analyse les réseaux sociaux d'un point de vue sociologique et critique. Il discute des limites politiques et intellectuelles des réseaux sociaux, en particulier sur les questions de pouvoir et de représentation sociale.
Ce document analyse les réseaux sociaux d'un point de vue sociologique et critique. Il discute des limites politiques et intellectuelles des réseaux sociaux, en particulier sur les questions de pouvoir et de représentation sociale.
Ce document analyse les réseaux sociaux d'un point de vue sociologique et critique. Il discute des limites politiques et intellectuelles des réseaux sociaux, en particulier sur les questions de pouvoir et de représentation sociale.
Téléchargez comme DOCX, PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 1
Les réseaux sociaux: un regard critique
Éric Guichard Ens-Ulm/Enssib/CIPh
Juin 2012 L'expression «réseaux sociaux» est essentiellement utilisée par des personnes extérieures au champ de la sociologie; elle induit par ailleurs une dimension spatiale dans la lecture des échanges entre personnes, ce qui en fait une notion complexe. Les fondateurs de la sociologie (Simmel, Durkheim) avaient déjà conscience de cette difficulté et tous deux s'accordaient sur le pouvoir coercitif des faits sociaux. Pourtant, les utilisateurs de la notion de réseau social négligent autant ces déterminismes sociologique et politique que la réflexion sur le concept de territoire qui, lui aussi, articule le social et le spatial. L’expression « réseaux sociaux » est aujourd’hui banale et usitée en des cercles qui dépassent largement ceux des sociologues et des historiens. Elle dévoile sans surprise des relations sociales qui se constitueraient naturellement en réseaux, ou qui pourraient être regardées sous la perspective des réseaux 1.4 Nos limites politiques et intellectuelles 1.4.1 Lectures sociologiques Pour faire retour à cette question des faits, des normes et des idéologies, nous pouvons remarquer que la liberté relative dont nous disposons face à ces trois choses est en étroite relation avec la notion de pouvoir. Pouvoir de nommer ces règles, les rapports de force et de domination qui les sous-tendent (ou qui en résultent), même quand ils sont symboliques, comme le langage [Bourdieu, 2001]. Cette dénomination permet l'objectivation des implicites qui légitiment ces relations de domination et de pouvoir, première étape vers l'autonomie politique. Elle induit aussi une question, qui renvoie aux processus d'optimisation que peuvent rechercher les (catégories de) personnes en position dominante: quels groupes sociaux ont (ou n'ont pas) le droit et les moyens de décrire le monde à leur avantage, d'une façon qui leur est profitable 1? Cette question est celle de nombreux historiens, sociologues et philosophes. Elle gagnerait à être appropriée par toutes les personnes qui travaillent sur les réseaux sociaux: qui a avantage à publiciser ce terme, un certain type de pratiques, et en même temps à valoriser les formes de l'échange en ligne tout en minimisant l'importance de leurs contenus, voire de leur formatage? Après avoir répondu à de telles questions, il nous sera toujours loisible de moduler les propos des fondateurs de la sociologie, par exemple en nuançant le déterminisme sociologique. Certes, les normes d'un pays, les appartenances de classe et les habitus ne structurent pas de façon définitive et irrémédiable nos comportements; certes, la notion de classe sociale a une histoire, et la catégorie d'ouvrier était évidemment plus pertinente au temps des «Trente Glorieuses» qu'aujourd'hui, où se combinent désindustrialisation et recomposition du secteur tertiaire; il a aussi été montré 2 que l'étude (sociologique) des réseaux sociaux permet parfois de mettre en évidence une forme de «capital» souvent difficile à estimer, le capital social; enfin, de façon plus épistémologique, nous ne pouvons que nous réjouir de voir que la méthode reprend ses droits quand nous voulons raisonner en termes de «réseaux sociaux» 3. Nous devons donc garder en mémoire une évidence peu partagée: nous ne sommes pas tous égaux quand il s'agit d'imposer ses propres représentations sociales. Quand nous en alimentons certaines, par exemple en nous lançant en des enquêtes «à la mode», nous sommes parfois dépendants de telles représentations: parce qu'elles nous dominent - ou parce que nous trouvons un intérêt économique à les alimenter et à les diffuser. Ainsi le concept de l’identité sociale et/ou culturelle englobe certaines dimensions de la réalité sociale abordées antérieurement, par exemple au niveau de la représentation ou de l’influence sociale. Elle indique comment ces phénomènes s’incorporent à la personnalité, pour constituer le noyau dur de ce que l’individu pense, de la manière dont il se représente les autres et dont il évalue sa propre position. L’identité, c’est donc le produit des processus interactifs en œuvre entre l’individu et le champ social, et non pas seulement un élément des caractéristiques individuelles. L’identité est une dimension de la relation sociale qui s’actualise dans la représentation de soi…