Термины. Тексты 1-8
Термины. Тексты 1-8
Термины. Тексты 1-8
Allégorie n.f. Figuration d’une abstraction (exemples: l’Amour, la Mort) par une image, un tableau, souvent
par un être vivant. Allitération n.f. Répétition d'une consonne ou d'un groupe de consonnes dans une phrase,
un vers: « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (J. Racine, Andromaque). Anacoluthe n.f.
Rupture dans la construction d'une phrase: Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre
aurait changé (B. Pascal). Anadiplose n.f . Procédé par lequel le dernier mot d'une proposition ou expression
est utilisé comme premier mot de la deuxième proposition, et ainsi de suite, selon le schéma : ----A, A----B,
B----C, etc.: Mourir pour des idées, l'idée est excellente (G. Brassens). Anaphore n. f. Répétition d'un mot ou
d'un groupe de mots au début de plusieurs phrases successives, pour insister sur une idée, produire un effet de
symétrie. Analepse n.f. Retour sur des événements antérieurs au moment de la narration. Antanaclase n.f.
Reprise d’un même mot avec un sens différent: «Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
(Blaise Pascal). Antéposition n.f. Position d'un élément avant un autre. Antithèse n.f. Figure de style qui
consiste à rapprocher dans une phrase ou un paragraphe deux mots qui ont des sens opposés. Cette association
à distance permet de jouer sur les contrastes et met en valeur deux idées contradictoires. Antonomase n.f.
Emploi d'un nom commun ou d'une périphrase à la place d'un nom propre ou inversement. Le père de la
tragédie française pour Corneille. Apostrophe n.f. Figure de style par laquelle on s'adresse directement aux
personnes ou aux choses personnifiées. « Ô cendres d'un époux ! ô Troyens ! ô mon père » (Racine).
Assonance n.f Répétition d'un son voyelle dans la syllabe tonique de mots qui se succèdent : « Des sanglots
longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone » (Verlaine). Asyndète n.f.
Suppression des mots de liaison entre les termes d'une même phrase ou de plusieurs phrases (conjonctions de
coordination, adverbes) qui donne au discours plus de vigueur: Femmes, enfants, parents, il a tout sur les bras.
Calembour n.m. Jeu de mots fondé sur une similitude de sons recouvrant une différence de sens. Catachrèse
n.f. Figure de style qui consiste à étendre la signification d'un mot au delà de son sens propre, sit aussi d’une
métaphore passée dans la langue courante: à cheval sur un mur, les bras d'un fauteuil. Chiasme [kjasm] n.m.
Figure de style disposant en ordre inverse les mots de deux propositions qui s'opposent: Il était très riche en
défauts, en qualités très pauvre. Chute n.f. Chute d'une période : la fin, le dernier membre d'une période :
« Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j’ai gardé la forme et l’essence
divine De mes amours décomposés »! (Baudelaire, « Une Charogne »). Comparaison n.f. Figure de style qui
consiste à établir explicitement un rapport de ressemblance entre deux réalités. Contrairement à la métaphore,
qui détourne un terme de son sens habituel, parfois même en le substituant à un autre, la comparaison met
toujours en présence deux termes, qui gardent chacun son propre sens. Digression n.f. Digression désigne
couramment un développement oral ou écrit qui s’écarte du thème principal. Ec(k)phrasis n.f. Description
littéraire d’une œuvre d’art, figure qui consiste à mettre sous les yeux du lecteur une description rappelant un
autre art que la littérature (peinture, sculpture, musique, etc). Ellipse n.f. Procédé syntaxique ou stylistique
consistant à omettre un ou plusieurs mots à l'intérieur d'une phrase, leur absence ne nuisant ni à la
compréhension ni à la syntaxe: Pierre mange des cerises, Paul des fraises. Euphémisme n.m. Figure très
connue qui consiste à remplacer une expression littérale (idée désagréable, triste) par une forme atténuée,
adoucie. Exemple canonique: «Il a vécu» pour «Il est mort». Exorde n.m.(вступление) Première partie d'un
discours. Par extension, entrée en matière. Epiphore n.f. Répétition d'un même mot à la fin de plusieurs
propositions qui se suivent pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie. La focalisation zéro: C’est
lorsque le narrateur connaît tout de l’histoire racontée, оn parle aussi de «narrateur omniscient»; la f. еxterne:
с’est lorsque le narrateur ne rapporte que les apparences extérieures de l’histoire; la f. interne: с’est lorsque le
narrateur est (ou choisit) un des personnages et raconte tout ce que voit, tout ce que sait et tout ce que pense ce
personnage. Gradation n.f. Figure de style consistant en une succession d'expressions allant par progression
croissante ou décroissante. Hyperbate n.f. (гипéрбатон) Figure de style consistant à intervertir l'ordre
habituel des mots: Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe (La Fontaine). Hyperbole n.f. Figure de
style consistant à employer des expressions exagérées pour frapper l'esprit: Verser des torrents de larmes.
Hypotypose n.f. Figure qui se fonde sur l’animation d’une description et qui est destinée généralement à faire
voir au lecteur quelque chose. L’hypotypose permet de se représenter une scène ou un objet. Image n.f. Terme
générique désignant les comparaisons et les métaphores. Inversion n.f. Modification de l'ordre habituel des
mots, désigne surtout l'échange des positions entre verbe et sujet quand il n'est pas obligé (V. hyperbate):
« Contre nous, de la tyrannie, L'étendard sanglant est levé » (La Marseillaise). Ironie n.f. Figure de style par
laquelle on dit le contraire de ce qu'on veut faire comprendre : Tu es vraiment fort ! Litote n.f. Figure de style
consistant à dire moins pour faire comprendre plus. Chimène à Rodrigue dans Le Cid :Va, je ne te hais point
(Corneille). Métaphore n.f. Figure de style qui consiste à donner à un mot un sens que l'on ne lui attribue que
par une analogie implicite: Le printemps de la vie – pour parler de la jeunesse. Métonymie n.f. Figure de
style dans laquelle un concept est dénommé au moyen d'un terme désignant un autre concept, lequel entretient
avec le premier une relation d'équivalence ou de contiguïté (la cause pour l'effet, la partie pour le tout, le
contenant pour le contenu, etc.): La salle applaudit pour les spectateurs. Onomatopée n.f. Mot qui évoque le
son produit par l'être ou la chose qu'il désigne: Coucou. Oxymoron ou oxymore n. m. Alliance de deux mots
de sens incompatibles: Cette obscure clarté (Corneille). Parallélisme n.m. Figure de style qui consiste en une
succession de constructions syntaxiques identiques ou semblables. Paradoxe n.m. Formulation d'une pensée
qui paraît illogique ou contraire aux données de l'expérience ou immorale, et qui pourtant contient une vérité
piquante et éclairante: Le soupir d'une jolie fille s'entend plus loin que le rugissement d'un lion (Proverbe
arabe). Parataxe n.f. Absence de subordination entre les propositions. Paronomase n.f. Figure qui assemble
des paronymes (paronyme: mot offrant une ressemblance de forme et de prononciation avec un autre): Qui se
ressemble s'assemble. Qui terre a guerre a. Période n.f. Phrase composée de plusieurs propositions se
succédant harmonieusement et dont la réunion forme un sens complet. Périphrase n.f. Figure consistant à dire
en plusieurs mots ce qu'on pourrait dire en un seul: L'astre du jour pour le Soleil. Personnification n.f. Figure
de style qui consiste à prêter des sentiments, des traits ou des comportements humains à une chose inanimée, à
une abstraction ou à un animal. Polysémie n.f. Propriété d'un terme qui présente plusieurs sens. Prétérition
n.f. (умолчание) Figure qui consiste à dire quelque chose en déclarant qu'on se gardera de la dire: Inutile de
vous dire que... Je n'ai pas besoin de vous présenter monsieur Untel. Prolepse n.f. (пролепсис) Figure de
rhétorique consistant à prévoir une objection et à la réfuter par avance. Prosopopée n.f. Figure qui consiste à
faire parler un mort, un animal, une chose personnifiée. Répétition, n.f. Figure de style qui consiste à
employer plusieurs fois soit le même terme, soit le même tour pour mettre en relief une idée, un sentiment.
Réticence n. f. (недоговаривание) Figure consistant à interrompre sa phrase, en laissant entendre ce qui n'est
pas dit. Syllepse n.f.: s. grammaticale: substitution de l'accord logique à l'accord grammatical: On est tombés
d'accord. s. de sens: un même mot est employé à la fois dans les deux sens : propre et figuré (v. zeugme):
« Je percerai le cœur que je n’ai pu toucher » (Racine, « Andromaque »). Symbole n.m. Représentation
littérale, numérale, pictographique ou autre d'une notion ; élément textuel dont la signification concrète est
liée par une correspondance analogique à une signification abstraite qu'il évoque ou représente. Suspension
n.f. Figure consistant à tenir l'auditeur en suspens. Synecdoque n.f. Figure consistant à prendre la partie pour
le tout, la matière pour l'objet, le contenant pour le contenu, etc. et inversement: un toit pour une maison, une
fourrure pour un manteau de fourrure, boire un verre. Zeugma ou zeugme n.m. Un terme concret et un terme
abstrait sont compléments d'un même mot: Tout jeune Napoléon était très maigre et officier d'artillerie plus
tard il devint empereur alors il prit du ventre et beaucoup de pays (J. Prévert).
1. L’ESPRIT PRÉOCCUPÉ DE D’ARTAGNAN.
Cependant les quarante pistoles du roi Louis XIII, ainsi que toutes les choses de ce monde, après avoir
eu un comencement avaient eu une fin, et depuis cette fin nos quatre compagnons étaient tombés dans la gêne.
/…/ On vit les affamés suivis de leurs laquais courir les quais et les corps de garde ramassant chez leurs amis
du dehors tous les dîners qu’ils purent trouver; car suivant l’avis d’Aramis, on devait dans la prospérité semer
des repas à droite et à gauche pour en récolter quelques-uns dans la disgrâce. Atos fut invité quatre fois et
mena chaque fois ses amis avec leurs laquais. Porthos eut six occasions /…/; Aramis en eut huit. /…/
/…/ D’Artagnan /…/ ne trouva qu’un déjeuner de chocolat chez un prêtre de son pays, et un dîner chez
un cornette des gardes. Il mena son armée chez le prêtre, auquel on dévora sa provision de deux mois, et chez
le cornette, qui fit des merveilles; mais comme le disait Planchet, on ne mange toujours qu’une fois, même
quand on mange beaucoup. D’Artagnan se trouva donc assez humilié de n’avoir eu qu’un repas et demi, car le
déjeuner chez le prêtre ne pouvait compter que pour un demi-repas à offrir à ses compagnons en échange des
festins que s’étaient procurés Athos, Porthos et Aramis. Il se croyait à charge de société /…/, et son esprit
préoccupé se mit à travailler activement.
Il réfléchit que cette coalition de quatre hommes jeunes, braves, entreprenants et actifs devait avoir un
autre but que des promenades déhanchées, des leçons d’escrime et des lazzi plus ou moins spirituels. En effet,
quatre hommes comme eux, quatre hommes dévoués les uns aux autres depuis la bourse jusqu’à la vie, quatre
hommes se soutenant toujours, ne reculant jamais, exécutant isolément ou ensemble les résolutions prises en
commun; quatre bras menaçant les quatre points cardinaux ou se tournant vers un seul point, devaient
inévitablement, soit souterrainement, soit au jour, soit par la mine, soit par la tranchée, soit par la ruse, soit par
la force, s’ouvrir un chemin vers le but qu’ils voulaient atteindre, si bien défendu ou si bien éloigné qu’il fût.
La seule chose qui étonnât d’Artagnant, c’est que ses compagnons n’eussent point songé à cela. Il y
songea, lui, et sérieusement même, se creusant la cervelle pour trouver une direction à cette force unique
quatre fois multipliée avec laquelle il ne doutait pas que, comme avec le levier que cherchait Archimède, on
ne parvint à soulever le monde-lorsqu’on frappa doucement à la porte. D’Artagnan réveilla Planchet et lui
ordonna d’aller ouvrir.
Alexandre Dumas (1802-1870). «Les trois mousquetaires».
1. La traduction complète et littéraire de ce texte.
2. Trouvez dans deux premiers alinéas trois sentences, commentez-les et donnez votre exemple d’une
sentence (d’un aphorisme) et de son interprétation.
3. Quel est le rôle de l’ironie dans ce texte? Trouvez et commentez tous les cas de l’emploi de l’ironie.
4. Que peut-on dire du personnage principal en se basant sur le texte?
5. Donnez un autre titre au texte et intitulez toutes ses 4 parties. Quel est le rôle de chaque partie dans la
composition générale?
6. Ce texte est très pittoresque et décoré. Omettez tous les détails et résumez son essentiel en une ou deux
phrases.
7. Parlez de la vie et de l’œuvre de Dumas.
8. Savez-vous qui frappe doucement à la porte du héros? Résumez brièvement le roman.
9. Analysez (traduction, emploi, expressions intéressantes ou utiles, etc): a)fois, b)même, c)chose, d)point,
aucun(-e), nul(-le), e)nom+à+infinitif (10 exemples) et la signification de cette construction.
10. Parlez des procédés stylistiques employés par l’auteur. Trouvez toutes les figures de style.
11. Donnez la caractéristique générale du texte.
12. Résumez le texte.
13. Préparez un exposé (de 2 à 3 min.) sur le thème «Les différentes façons de chercher (et de trouver) ses
idées».
2. RHINOCÉROS.
«Rhinocéros» met en scène une petite ville tranquille soudain bouleversée par l’arrivée de rhinocéros. D’abord frappés de
stupeur, les habitants s’habituent si bien à la situation qu’ils deviennent peu à peu rhinocéros eux-mêmes.(1) Seul, Bérenger qui
refuse toutes les formes de conformisme, n’est pas atteint. Au dénouement, dans la plus grande solitude, il s’interroge sur la
situation: ne serait-il plus simple de faire comme tout le monde?(2)
Acte III /fin de la pièce/.
Bérenger.
C’est moi, c’est moi. /Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un viellard, une
grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont
devenues très belles. Bérenger s’écarte pour contempler les tableaux, les jette par terre avec fureur, il va vers
la glace./ Ce sont eux qui sont beaux.(3) J’ai eu tort! Oh! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de
corne, hélas! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudra une ou deux pour rehausser mes traits tombants. Ça
viendra peut-être, et je n’aurais plus honte, je pourrais aller tous les retrouver.(4) Mais ça ne pousse pas! /Il
regarde les paumes de ses mains./ Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? /Il enlève son
veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace./ J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc! et
poilu! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité
décente, sans poils, comme la leur! /Il écoute les barrissements./ Leurs chants ont du charme, un peu âpre,
mais un charme certain! Si je pouvais faire comme eux. / Il essaie de les imiter./ Ahh, ahh,brr! Non, ça n’est
pas ça! Essayons encore plus fort! Ahh, ahh, brr! Non, non, ce n’est pas ça! Que c’est faible, comme cela
manque de vigueur! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seuleument. Les hurlements ne sont pas les barrissements!
Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant!(5)
Hélas, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrais rhinocéros, jamais, jamais!(6) Je ne peux plus
changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte!
(7) /Il tourne le dos à la glace./ Comme je suis laid!(8) Malheur à celui qui veut conserver son originalité!(9)
/Il a un brusque sursaut./ Eh bien, tant pis! Je me défendrai contre tout le monde. Ma carabine, ma carabine!
Contre tout le monde, je me défendrai! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout! Je ne capitule
pas! RIDEAU
Eugène Ionesco (1912 – 1994). «Rhinocéros».
3. Essayer de formuler autant que possible de règles de la « langue françoise » du XVII-e siècle
en se basant sur le texte.
4. Ce conte est au passé simple et à l’imparfait. Mais il y a un verbe au passé composé, un verbe
au plus-que-parfait et quelques verbes au présent. Expliquez tous ces emplois.
5. Relisez ce conte en remplaçant les formes au passé par les verbes au présent.
6. Tous les contes de Perrault oscillent entre le récit pour les enfants et le récit pour les adultes.
Divisez la Moralité en deux parties. La première s’applique très bien au conte. Expliquez et
interprétez la deuxième. À qui est adressée la première partie ? et la deuxième ? Prouvez votre
point de vue.
7. Trouvez dans la Moralité deux sentences, comparez et expliquez-les.
8. Tout ce conte est basé sur des oppositions binaires et des constructions tertiaires, montrez et
analysez cela.
9. Qu’est-ce qui est typique dans ce texte pour le genre d’un conte populaire, selon vous ?
Quelles sont les différences ?
10. Trouvez toutes les épithètes (il y en a environ 30), donnez leurs formes du masculin et du
féminin. Expliquez pourquoi presque la moitié des épithètes du texte se trouve dans la petite
Moralité.
11. Parlez du côté psychanalytique de ce conte. Il y a ici deux (au moins ! cherchez d’autres si
vous voulez) types de contradictions : entre les enfants (les vieux) et les adultes, et entre deux
sexes, parlez-en. Les dichotomies binaires sont propres aux contes populaires, montrez-le en
vous basant sur des exemples tirés des contes russes.
12. Résumez le message (la moralité) de ce conte en une phrase.
13. Préparez un exposé (de deux à trois minutes) sur le thème : « Pourquoi les enfants doivent-ils
(ne doivent-ils pas) obéir toujours à leurs parents ? »
Quel beau lieu ! Là le cèdre avec l'orme chuchote, Comme à l'académie on lui dirait son fait !
L'âne est lyrique et semble avoir vu Don Quichotte, Que nous veut la comète ? À quoi sert le bolide ?
Le tigre en cage a l'air d'un roi dans son palais, Quand on est un pédant sérieux et solide,
Les pachydermes sont effroyablement laids ; Plus on est ébloui, moins on est satisfait ;
Et puis c'est littéraire, on rêve à des idylles La férule à Batteux, le sabre à Galifet
De Viennet en voyant bâiller les crocodiles. Ne tolèrent pas Dieu sans quelque impatience ;
Là, pendant qu'au babouin la singesse se vend, Dieu trouble l'ordre ; il met sur les dents la science
Pendant que le baudet contemple le savant, ;
Et que le vautour fait au hibou bon visage, À peine a-t-on fini qu'il faut recommencer ;
Certes, c'est un emploi du temps digne d'un sage Il semble que l'on sent dans la main vous glisser
De s'en aller songer dans cette ombre, parmi On ne sait quel serpent tout écaillé d'aurore.
Ces arbres pleins de nids, où tout semble endormi Dès que vous avez dit : assez ! il dit : encore !
Et veille, où le refus consent, où l'amour lutte,
Et d'écouter le vent, ce doux joueur de flûte. Ce démagogue donne au pauvre autant de fleurs
Qu'au riche ; il ne sait pas se borner ; ses couleurs,
Apprenons, laissons faire, aimons, les cieux sont
grands ; Ses rayons, ses éclairs, c'est plus qu'on ne
Et devenons savants, et restons ignorants. souhaite.
Soyons sous l'infini des auditeurs honnêtes ; Ah ! tout cela fait mal aux yeux ! dit la chouette.
Rien n'est muet ni sourd ; voyons le plus de bêtes Et la chouette, c'est la sagesse.
Que nous pouvons ; tirons partie de leurs leçons.
Parce qu'autour de nous tout rêve, nous pensons. Il est sûr
L'ignorance est un peu semblable à la prière ; Que Dieu taille à son gré le monde en plein azur ;
L'homme est grand par devant et petit par derrière ; Il mêle l'ironie à son tonnerre épique ;
C'est, d'Euclide à Newton, de Job à Réaumur, Si l'on plane il foudroie et si l'on broute il pique.
Un indiscret qui veut voir par-dessus le mur, (Je ne m'étonne pas que Planche eût l'air piqué.)
Et la nature, au fond très moqueuse, paraphe Le vent, voix sans raison, sorte de bruit manqué,
Notre science avec le cou de la girafe. Sans jamais s'expliquer et sans jamais conclure,
Tâchez de voir, c'est bien. Épiez. Notre esprit Rabâche, et l'océan n'est pas exempt d'enflure.
Pousse notre science à guetter ; Dieu sourit, Quant à moi, je serais, j'en fais ici l'aveu,
Vieux malin. Curieux de savoir ce que diraient de Dieu,
Je l'ai dit, Dieu prête à la critique. Du monde qu'il régit, du ciel qu'il exagère,
Il n'est pas sobre. Il est débordant, frénétique, De l'infini, sinistre et confuse étagère,
Inconvenant ; ici le nain, là le géant, De tout ce que ce Dieu prodigue, des amas
Tout à la fois ; énorme ; il manque de néant. D'étoiles de tout genre et de tous les formats,
Il abuse du gouffre, il abuse du prisme. De sa façon d'emplir d'astres le télescope,
Tout, c'est trop. Son soleil va jusqu'au gongorisme ; Nonotte et Baculard dans le café Procope.
Lumière outrée. Oui, Dieu vraiment est inégal ;
Ici la Sibérie, et là le Sénégal ;
Et partout l'antithèse ! il faut qu'on s'y résigne ; Victor Hugo, 1877.
S'il fait noir le corbeau, c'est qu'il fit blanc le cygne ;
Aujourd'hui Dieu nous gèle, hier il nous chauffait.
1. Préparez une note biographique sur les personnalités mises en italique et commentez leur
apparition dans ce poème.
2. Expliquez en français les mots et termes soulignés.
3. Trouvez et expliquez tous les mots liés aux sciences de la nature.
4. Expliquez et faites les phrases avec les locutions suivantes : sembler avoir vu, faire à qn bon
visage, tirer partie de qch, prêter à la critique, dire à qn son fait, à quoi sert, mettre sur les
dents, c’est plus qu’on ne souhaite, faire mal aux yeux, tailler à son gré, ne pas être exempt de
qch.
5. Le poème Encore Dieu, mais avec des restrictions est tiré du dernier recueil poétique de
Hugo L’Art d’être grand-père (1877), de sa partie intitulée Le Poëme du Jardin des Plantes.
Analysez et commentez le lien entre ces trois titres et leur signification.
6. Dans le poème il y a au moins 24 antithèses, trouvez et expliquez-les. Trouvez les autres
figures de style.
7. Parlez de l’ironie de l’auteur, de ses formes et de ses objets.
8. Le Dieu, l’homme, la nature – comment Hugo traite-t-il ces thèmes ? Parlez-en.
9. Les formules lapidaires et brillantes de Hugo sont célèbres et ressemblent souvent aux
aphorismes ; trouvez-en quelques exemples dans ce poème et commentez-les.
10. En plusieurs poèmes de ce recueil le poète voit ses petits-enfants Georges et Jeanne en Adam
et Ève découvrant Éden, et lui-même – en Dieu aimant mais moqueur parfois. Trouvez dans
ce poème les traces de cette fraîcheur, de cet amour, de cette complaisance moqueuse.
11. « Autour de nous tout rêve, nous pensons » : expliquez et commentez cette phrase
antithétique.
12. En quoi consiste l’originalité des relations de Hugo envers et avec le Dieu ? Parlez-en.
13. Essayez de trouver une phrase, un vers, une image, un mot du poème qui le résume,
argumentez votre choix.
14. Lisez toute cette partie (Le Poëme du Jardin des Plantes) et dites quel est la place de ce texte
parmi ses dix poésises ; ensuite lisez, si c’est possible, tout le recueil et parlez du rôle de cette
partie dans le livre se composant de 18 parties.
15. Quelles « restrictions » peut (doit) avoir notre critique du monde, de Dieu, de notre propre
nature ?
16. Préparez, en vous basant sur votre expérience, un exposé sur le thème : « Les enfants se
découvrant le monde ».
8. CAVE AMANTEM.
C'était bien une Vénus, et d'une merveilleuse beauté. Elle avait le haut du corps nu, comme les
Anciens représentaient d'ordinaire les grandes divinités; la main droite, levée à la hauteur du sein,
était tournée, la paume en dedans, le pouce et les deux premiers doigts étendus, les deux autres
légèrement ployés. L'autre main, rapprochée de la hanche, soutenait la draperie qui couvrait la partie
inférieure du corps. /…//…/ il est impossible de voir quelque chose de plus parfait que le corps de
cette Vénus; rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours; rien de plus élégant et de plus
noble que sa draperie. /…/ Ce qui me frappait surtout, c'était l'exquise vérité des formes, en sorte
qu'on aurait pu les croire moulées sur nature, si la nature produisait d'aussi parfaits modèles.
La chevelure, relevée sur le front, paraissait avoir été dorée autrefois. La tête, petite comme
celle de presque toutes les statues grecques, était légèrement inclinée en avant. Quant à la figure,
jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se rapprochait de celui
d'aucune statue antique dont il me souvienne. Ce n'était point cette beauté calme et sévère des
sculpteurs grecs, qui, par système, donnaient à tous les traits une majestueuse immobilité. Ici, au
contraire, j'observais avec surprise l'intention marquée de l'artiste de rendre la malice arrivant jusqu'à
la méchanceté. Tous les traits étaient contractés légèrement: les yeux un peu obliques, la bouche
relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur ce visage
d'une incroyable beauté cependant. En vérité, plus on regardait cette admirable statue, et plus on
éprouvait le sentiment pénible qu'une si merveilleuse beauté pût s'allier à l'absence de toute
sensibilité.
«Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, et je doute que le ciel ait jamais
produit une telle femme, que je plains ses amants! Elle a dû se complaire à les faire mourir de
désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n'ai jamais vu rien de si
beau. /…/ Cette expression d'ironie infernale était augmentée peut-être par le contraste de ses yeux
incrustés d'argent et très brillants avec la patine d'un vert noirâtre que le temps avait donnée à toute la
statue. Ces yeux brillants produisaient une certaine illusion qui rappelait la réalité, la vie. Je me
souvins de ce que m'avait dit mon guide, qu'elle faisait baisser les yeux à ceux qui la regardaient.
Cela était presque vrai, et je ne pus me défendre d'un mouvement de colère contre moi-même en me
sentant un peu mal à mon aise devant cette figure de bronze.
«Maintenant que vous avez tout admiré en détail, mon cher collègue en antiquaillerie, dit mon
hôte, ouvrons, s'il vous plaît, une conférence scientifique. Que dites-vous de cette inscription, à
laquelle vous n'avez point pris garde encore?» Il me montrait le socle de la statue, et j'y lus ces mots:
CAVE AMANTEM.
«Quid dicis, doctissime? me demanda-t-il en se frottant les mains.
Voyons si nous nous rencontrerons sur le sens de ce cave amantem!
— Mais, répondis-je, il y a deux sens. On peut traduire: «Prends garde à celui qui t'aime, défie-
toi des amants.» Mais, dans ce sens, je ne sais si cave amantem serait d'une bonne latinité. En voyant
l'expression diabolique de la dame, je croirais plutôt que l'artiste a voulu mettre en garde le spectateur
contre cette terrible beauté. Je traduirais donc: «Prends garde à toi si elle t'aime.»
Prosper Mérimée (1803-1870). La Vénus d’Ille, 1847.