Modélisation Processus
Modélisation Processus
Modélisation Processus
Jean-Loup Chappelet
Olivier Glassey
Jean-Loup Chappelet
Abstract
In this work we want to compare three process modelling techniques in order to find their
common concepts and to identify their important differences, if there are any. We chose the
following techniques: ADONIS, a software tool for operational process modelling that has its
proprietary modelling technique; OSSAD, an open and standard method for information system
and organization modelling; UML, the well-known standardized graphical notation language. We
studied in detail the concepts and the application fields of each of these techniques and we
established a comparison that can be summarized in three questions: what are the objectives of
the organization? what are the structure and the human resources of the organization? how
does the organization work? Although the answers to the latter question (how?) are very similar
in the three cases, it is very clear that the main differences between these techniques appear at
the level of modelling concerned by the first two questions (what and who?).
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML
1. Introduction 1
1.1 ADONIS 1
1.2 OSSAD 2
1.3 UML 3
2. Types de modèles et notation graphique 4
2.1 ADONIS 4
2.1.1 Carte de processus 4
2.1.2 Modèle d’environnement de travail 5
2.1.3 Modèle de processus opérationnel 7
2.2 OSSAD 11
2.2.1 Modèle abstrait 11
2.2.2 Modèle de rôles 12
2.2.3 Modèle de procédures 14
2.2.4 Modèle d’opérations 16
2.2.5 Matrice activités-rôles 17
2.2.6 Modèle d’unités organisationnelles 18
2.3 UML 20
2.3.1 Diagramme de cas d’utilisation 20
2.3.2 Diagramme de séquence 22
2.3.3 Diagramme de collaboration 23
2.3.4 Diagramme d’activité 24
3. Comparaison ADONIS-OSSAD-UML 26
3.1 Fonctionnement de l’organisation 26
3.2 Structure et ressources de l’organisation 27
3.3 Objectifs de l’organisation 28
3.4 Concepts de modélisation 28
4. Conclusion 29
5. Bibliographie 30
Liste des Working paper de l'IDHEAP déjà parus 31
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 1
1. Introduction
Tant dans le monde de l’entreprise que dans le milieu académique il existe de nombreuses
techniques de modélisation de processus, qu’il s’agisse de méthodes, de langages de
modélisation ou d’outils informatiques intégrés. Certaines d’entre elles sont ouvertes et
gratuites, d’autres sont propriétaires et payantes. Devant ce large choix, nous avons décidé de
comparer trois de ces techniques, que nous estimons représentatives de différentes «écoles»
de la modélisation de processus. Cependant nous n’effectuons pas ce travail pour établir
quelle est la «meilleure» d’entre elles, nous cherchons plutôt à déterminer quels en sont les
concepts communs et à découvrir s’il en existe qui sont fortement différenciés (et si oui, pour
quelles raisons). Nous nous intéressons également aux différents types de modèles offerts par
ces méthodes et aux niveaux d’abstraction proposés. Ce travail est réalisé dans le cadre du
projet européen eGOV1 qui vise, entre autres, à préciser une méthode de réorganisation de
processus dans les administrations publiques.
Aux paragraphes suivants nous présentons brièvement ces trois techniques, avant de les
étudier individuellement et dans le détail au chapitre 2. Nous verrons en effet les différents
types de modèles que chacune propose, en étudiant de près leurs notations graphiques
respectives et en les illustrant par des exemples. Comme ces techniques ont des champs
d’application relativement divers, nous nous concentrerons uniquement sur la modélisation de
processus. En outre, nous ne parlerons pas des outils qui les supportent et des fonctionnalités
que ces derniers offrent, notamment en terme d’analyse, de simulation, d’implémentation
d’applications ou de génération de documentation. Au chapitre 3 nous passerons ensuite à la
comparaison à proprement parler des concepts proposés par Adonis, OSSAD et UML.
1.1 ADONIS
Contrairement à OSSAD et UML2 qui sont des techniques ouvertes et standardisées, Adonis
est une méthode propriétaire totalement intégrée avec l’outil du même nom. Ce dernier a été
développé par l'entreprise Business Objects Consulting (BOC)3, une société spécialisée dans
1
Voir www.egovproject.org
2
Voir points 1.2 et 1.3
3
Voir www.boc-eu.com
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 2
Pour ce travail nous avions à disposition une version standard d’Adonis, avec un module
supplémentaire permettant de créer des modèles de classes, des diagrammes de cas
d’utilisation et des diagrammes de séquence UML. Nous n’avons toutefois pas utilisé ce
dernier, car il n’est pas très performant en comparaison avec d’autres outils UML.
1.2 OSSAD
OSSAD résulte d’un projet de recherche européen mené de 1985 à 1989 dans le cadre du
programme ESPRIT1. Cette méthode ouverte et non-propriétaire a pour but de gérer les
problèmes organisationnels amenés par l’arrivée massive de la technologie dans les bureaux
(bureautique). Elle fonctionne à deux niveaux :
- Le modèle abstrait permet d’exprimer les objectifs d’une organisation et la représente en
termes de fonctions (par exemple marketing, finance, production) et de paquets
d’information qui circulent entre ces fonctions (par exemple statistiques, contrats). Les
fonctions peuvent se décomposer en autant de sous-fonctions que nécessaire pour
représenter une organisation, et les fonctions non décomposées sont appelées activités.
- Le modèle descriptif décrit les moyens humains et les ressources technologiques d’une
organisation. Il la représente en terme de procédures (manière de réaliser une activité) et
des différentes opérations nécessaires à leur accomplissement, ainsi qu’en termes de rôles
(qui participe à quelle activité), d’outils et de ressources. Il se compose de trois types de
formalismes graphiques : les matrices activités-rôles, les graphes de circulation des
1
European Strategic Program for Research in Information Technology (Ancêtre des programmes cadres ICT).
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 3
Pour ce comparatif nous avons utilisé l’outil OSS@D Process Design développé par la société
C-Log International1. Cet outil respecte parfaitement la méthode OSSAD et offre des
fonctionnalités de création et de validation de modèles. Il propose également des outils de
simulation pour évaluer l’exécution des opérations d’une procédure. Seuls quelques termes
OSSAD ont été changés, ainsi les fonctions du modèle abstrait deviennent des processus ou
les graphes deviennent des modèles.
1.3 UML
UML est un langage de notation orienté objet qui a été développé et standardisé par Rational
Software2 et Object Management Group3. Il a vu le jour en 1997 et est très rapidement devenu
un standard de l’industrie pour spécifier, visualiser, développer et documenter des logiciels.
Unified Modeling Language est né, comme son nom l’indique, du regroupement de trois
techniques de modélisation objet, la méthode Booch, Object Modeling Technique (OMT) et
Objectory (OOSE) Process, respectivement développées par Grady Booch, James Rumbaugh
et Ivar Jacobson. Ces trois chercheurs travaillent actuellement chez Rational Software.
UML couvre les différentes phases d’un développement objet (analyse, conception et
implémentation) en offrant neuf types de diagrammes :
- Le diagramme de cas d’utilisation représente les comportements d’un système du point de
vue de l’utilisateur.
- Le diagramme de classes représente la structure statique d’un système sous la forme de
classes et de relations et ne contient pas d’informations temporelles. Une classe est une
représentation abstraite d’un ensemble d’éléments similaires.
- Le diagramme d’objets représente les objets et leurs relations, un objet étant un élément
particulier d’une classe.
- Le diagramme de séquence représente les objets et leurs interactions selon une ligne
temporelle.
- Le diagramme de collaboration représente les objets, leurs liens et leurs interactions de
manière structurelle. Les diagrammes de séquence et de collaboration sont isomorphes4.
- Le diagramme de transition d’états exprime le comportement dynamique d’un objet en
termes d’états, d’activités, de transitions et d’événements.
- Le diagramme d’activités décrit les flux entre activités au sein d’un système. Cela permet
de représenter le déroulement d’une procédure ou d’une fonction.
- Le diagramme de composants montre l’implémentation physique d’un système, en termes
de composants logiciels.
- Le diagramme de déploiement décrit la configuration des éléments de traitement à
l’exécution et les composants qui leur sont rattachés.
Dans ce comparatif nous nous en tiendrons aux diagrammes de cas d’utilisation, de séquence,
de collaboration et d’activités car ils sont les seuls à couvrir la modélisation de processus à
proprement parler. Nous avons utilisé UMLStudio, un outil qui supporte tous les diagrammes
UML ainsi que d’autres méthodes de modélisation et qui permet à ses utilisateurs de
1
www.c-log.com
2
www.rational.com
3
www.omg.org
4
Cela signifie qu’il est possible de prendre un type de diagramme et de le transformer en un autre.
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 4
développer leurs propres stéréotypes. Il intègre en outre des outils de génération de code,
notamment pour Java ou C++.
2.1 ADONIS
2.1.1 Carte de processus
La carte de processus est un modèle Adonis qui offre une vue d’ensemble des processus
opérationnels effectués dans une entreprise ou une organisation. Un processus peut être
découpé en sous-processus qui figurent sur la même carte ou il peut faire référence à un autre
modèle (soit une nouvelle carte des processus, soit un modèle de processus opérationnel). Les
concepts utilisés dans ce type de modèle sont brièvement présentés ci-dessous.
A l’image de l’exemple ci-dessus, les cartes de processus donnent à notre avis une image trop
générale d’une entreprise, d’une organisation ou d’un de leurs sous-ensembles pour être
réellement utiles à la modélisation. La décomposition en processus et sous-processus peut
certes être utile à la compréhension d’une organisation, mais ces décompositions
fonctionnelles (donc hiérarchiques) sont limitées car elles ne montrent pas facilement les liens
fonctionnels entre niveaux. Elles n’apportent en effet que peu d’informations même si ce type
de modèle se situe à un niveau d’abstraction élevé. Elles sont cependant utiles pour la
navigation entre différents modèles au sein de l’environnement Adonis car elles constituent
un point d’entrée permettant ensuite de zoomer sur les différents niveaux de représentation
d’une organisation.
La figure 2 montre de manière générale les différentes parties impliquées dans la création
d’une nouvelle entreprise, sous la forme d’un environnement de travail comprenant des unités
organisationnelles, des responsables et des rôles. Une première unité organisationnelle est
constituée par l’entreprise sur le point d’être créée et celle-ci comprend au moins un employé
1
Les différentes classes de ressources sont définies au point 2.1.3
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 7
qui est responsable d’inscrire l’entreprise auprès du registre du commerce. A noter qu’il peut
s’agir d’une seule et même personne qui décide de créer sa propre entreprise, représentée
selon plusieurs points de vue. Cette différentiation est fort utile dans le cas de grandes
organisations où plusieurs personnes peuvent tenir un rôle et où plusieurs rôles peuvent être
joués par la même personne. Une étude de notaire forme la deuxième unité organisationnelle
où un notaire aura le rôle d’officialiser la création d’une société commerciale par le biais d’un
acte notarié. La nouvelle entreprise devra ensuite être enregistrée auprès du registre du
commerce où un employé effectuera la transaction.
1
Voir point 2.1.2
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 10
2.2 OSSAD
2.2.1 Modèle abstrait
Le modèle abstrait d’OSSAD s’intéresse aux objectifs d’une organisation, indépendamment
des moyens et des ressources mis en œuvre pour les réaliser. Il offre plusieurs niveaux de
visualisation en permettant de décomposer un processus en sous-processus et en activités
grâce au « zoomage ». Il est donc relativement invariant et permet de représenter à un niveau
conceptuel les processus d’une organisation, son environnement et les paquets d’information
qui circulent. Les concepts utilisés pour créer un modèle abstrait sont présentés ci-après.
1
Voir figures 4 et 5
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 12
La figure 5 montre de manière plus détaillée quelles sont les activités que l’entrepreneur doit
mener à bien pour créer son entreprise: choix d’une forme juridique et constitution éventuelle
d’une société, obtention d’un numéro de TVA et inscription au registre du commerce si
nécessaire. Elle fait de plus intervenir des entités externes plus détaillées que le modèle
présenté à la figure 4 qui montrait «l’administration» de manière très abstraite.
1
Voir figure 6
2
Voir point 2.2.3
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 14
La figure 7 montre les rôles qui entrent en ligne de compte lors de l’inscription d’une
entreprise au registre du commerce. Un employé de l’administration qui a le rôle de gérer le
registre reçoit une demande d’inscription ainsi que des documents reprenant la raison sociale
exacte et la forme de l’entreprise à enregistrer. Ces documents ont été produits sous la
responsabilité de l’entrepreneur qui doit également demander un acte notarié s’il désire
enregistrer certains types de sociétés. L’employé du registre du commerce effectue ensuite
l’inscription (ou la refuse si elle n’est pas possible) et retourne notification d’inscription (ou
de refus).
Le modèle de rôles, en parallèle avec le modèle de procédures qui regroupe les mêmes
ressources en information et qui fait le lien avec le niveau abstrait2, constitue le cœur du
modèle descriptif. Il montre les ressources qui circulent entre rôles et constitue une vision plus
détaillée que celle du modèle abstrait car à un paquet correspondent en général plusieurs
ressources en information. Mais le lien entre descriptif et abstrait est véritablement fait par le
modèle de procédures.
1
Voir point 2.2.6
2
Voir point 2.2.3
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 15
La figure 8 montre les différentes procédures liées à l’inscription d’une entreprise au registre
du commerce et les ressources en information nécessaires pour l’accomplissement de cette
activité. Elle montre ainsi qu’il est nécessaire de préparer un dossier d’inscription,
d’officialiser la société par un acte notarié et de procéder à l’inscription à proprement parler
qui débouchera sur une notification d’inscription, positive ou négative. Elle n’intègre
cependant pas de notion de temps et ne spécifie par exemple pas qu’il faut préparer le dossier
avant de soumettre l’inscription.
1
Le début et la fin d’une procédure sont en général définis implicitement dans OSSAD, mais dans certains cas il
peut être utile de les marquer de façon explicite.
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 17
modèle descriptif. Une croix placée dans une cellule montre la correspondance formelle entre
un rôle et une activité et constitue une tâche, c’est-à-dire l’ensemble des opérations effectuées
par un rôle. La matrice activités-rôles permet de lier le niveau abstrait et le niveau descriptif
en montrant qui fait quoi.
L’exemple de la figure 10 montre que l’entrepreneur et le notaire sont impliqués dans le choix
et la formalisation d’une forme juridique pour la nouvelle entreprise, que l’entrepreneur
effectue toutes les opérations liées à la création de l’entreprise et qu’il collaborera avec un
employé du registre du commerce pour effectuer l’inscription de sa société.
Cette matrice constitue une représentation de la réalité fort originale qui ne se retrouve que
dans la méthode OSSAD. Elle offre un point de vue croisé sur les activités et les rôles qui en
sont responsables, ce qui permet de mettre en correspondance les différents modèles
descriptifs et le modèle abstrait et qui empêche justement que les différents niveaux de
modélisation soient déconnectés.
1
Voir figure 12
2
Voir figure 6
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 20
2.3 UML
UML est une méthode très vaste. Nous nous limitons à la présentation de trois types de
modèles sur les neuf qu’elle possède : ceux les plus utiles à la modélisation de processus.
La figure 13 montre les acteurs intervenant dans la création d’une entreprise, à un niveau
d’abstraction élevé. Il est intéressant de voir que les cas d’utilisation correspondent bien aux
processus définis dans le modèle abstrait d’OSSAD, mais que là où OSSAD représentait des
paquets d’information circulant entre processus, UML montre les interactions entre les acteurs
et les cas d’utilisation.
Au même titre qu’il peut y avoir plusieurs modèles imbriqués au niveau abstrait d’OSSAD,
les cas d’utilisation peuvent se décomposer en plusieurs degrés de représentation. La figure 14
précise le cas d’utilisation Choix de la forme juridique et montre que dans certains cas il est
nécessaire d’utiliser les services d’un notaire pour créer une société commerciale.
Les cas d’utilisation permettent avant tout de spécifier et de valider les besoins des utilisateurs
d’un système donné et ils reposent sur une notation très simple. Contrairement au modèle
abstrait d’OSSAD, ils ne sont pas destinés à modéliser une organisation et les flux
d’information qui y circulent. Cependant ils constituent selon nous un outil efficace pour
modéliser des processus.
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 22
La figure 16 montre la circulation des informations et de leur support entre les différents
acteurs impliqués dans l’enregistrement d’une entreprise au registre du commerce. Les
aspects chronologiques de ce diagramme sont définis par l’ordre de numérotation des
messages.
Bien que les diagrammes de collaboration d’UML soient destinés à modéliser un système
informatique, nous pensons qu’ils sont clairement le pendant des modèles de rôles d’OSSAD.
En effet ils décrivent également la circulation de l’information entre les acteurs d’un système,
même s’ils sont légèrement différents car ils ne font pas une distinction claire entre acteurs et
rôles et qu’ils permettent d’ajouter un aspect dynamique grâce à l’ordonnancement des
messages. Il n’en demeure pas moins que les diagrammes de collaboration jouent un rôle très
important dans le travail de modélisation car ils sont le pivot entre le niveau abstrait des cas
d’utilisation et le niveau détaillé décrit par les diagrammes d’activités présentés au point
suivant.
3. Comparaison ADONIS-OSSAD-UML
Comme nous l’avons vu au chapitre 2, les modèles d’Adonis, d’OSSAD et d’UML couvrent
des champs d’application qui ne sont pas toujours similaires. Ces trois techniques reposent
toutefois sur l’idée de représenter la réalité avec des points de vue et des niveaux différents,
intégrant pour cela des modèles présentés en cascade et des possibilités de zoom. Afin de
pouvoir les comparer, nous proposons un découpage en trois niveaux de modélisation que
nous résumons en trois interrogations :
- Quoi ? Quels sont les objectifs de l’organisation ?
- Qui et avec quoi ? Quelle est la structure de l’organisation et quelles sont les ressources
disponibles ?
- Comment ? Quel est le fonctionnement procédural de l’organisation ?
La table 13 montre la répartition que nous proposons, à savoir quels modèles répondent à
quelle question. Nous expliquerons cette répartition et nous étudierons chaque niveau dans le
détail aux points suivants.
La description des flux de contrôle et des flux d’information est selon nous clairement
identique dans Adonis, OSSAD et UML. En effet, elle repose sur des concepts communs,
même si la notation est parfois différente :
- Des activités ou des opérations élémentaires qui doivent être effectuées et qui sont
ordonnées de manière chronologique
- Des swimlanes qui permettent de montrer quels acteurs ou quels rôles sont responsables
de ces activités ou opérations
- Des conditions et des opérations parallèles permettant de contrôler le déroulement ou la
séquence de ces activités ou opérations
- Des ressources en information et des outils qui sont liés aux activités ou opérations.
Ces techniques présentent toutefois quelques différences, relativement minimes à notre avis :
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 27
Cette correspondance directe entre les modèles opérationnels proposés par les trois techniques
n’a rien de surprenant, dans la mesure où la représentation d’une séquence d’opérations ou
d’activités est d’un faible niveau d’abstraction et doit coller à la réalité. Ces modèles sont
directement inspirés des ordinogrammes et autres flowcharts communs à beaucoup de
méthodes.
C’est à ce niveau de représentation qu’Adonis, OSSAD et UML présentent les plus grandes
différences. Ces dernières proviennent selon nous de la conception initiale de ces techniques
et des champs d’application pour lesquels elles ont été prévues :
- UML est une méthode de conception de systèmes informatiques et elle ne s’intéresse de
ce fait pas à la hiérarchie ou à la structure d’une organisation. Elle n’intègre donc pas
directement de possibilités de modéliser de manière clairement différenciée les acteurs
physiques et les rôles qu’ils ont à tenir au sein d’une organisation.
- Adonis et OSSAD sont des méthodes directement conçues pour la modélisation de
processus et elles permettent de modéliser la structure d’une organisation.
Nous pensons toutefois qu’il est possible de mettre en correspondance des modèles provenant
de ces trois techniques :
- Les modèles d’environnement de travail d’Adonis et les modèles d’unités
organisationnelles d’OSSAD permettent de représenter les mêmes informations. UML
n’offre rien de tel, mais il serait possible de contourner cette lacune grâce au concept de
classes (d’acteurs collaborateurs d’une unité organisationnelle) et de généralisation.
Adonis et OSSAD permettent par ailleurs d’attribuer formellement des rôles à des acteurs
physiques, ce qui n’est pas prévu dans UML.
- Il n’existe aucun modèle Adonis permettant de voir la circulation d’informations entre les
rôles ou les acteurs, alors qu’OSSAD et UML présentent une certaine similitude entre leur
modèle de rôles et de collaboration. En effet, le premier montre la circulation de
ressources d’information entre des rôles et le second les échanges de messages entre des
acteurs. A noter toutefois qu’UML permet d’ajouter facultativement une numérotation
correspondant à la chronologie des messages, alors que le modèle de rôles d’OSSAD ne
contient pas d’information temporelle.
- Adonis n’offre pas non plus de modèle permettant de mettre en correspondance le niveau
abstrait et le niveau descriptif. Là encore, nous pensons qu’OSSAD et UML ont des
modèles qui présentent une certaine similitude. En effet, le modèle de procédures
d’OSSAD est lié au modèle abstrait car chaque procédure représente une activité du
modèle abstrait, alors que dans UML un diagramme de séquence repose sur le scénario
défini pour le cas d’utilisation correspondant. Il est intéressant de constater que cette
double symétrie existe également au niveau de la conception des méthodes OSSAD et
UML : les modèles de rôles et de procédures OSSAD sont liés car ils sont tous deux
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 28
définis comme des modèles de circulation de l’information, alors que les modèles de
collaboration et de séquence UML sont symétriques et portent le nom général de
diagrammes d’interaction. Par ailleurs, la différence soulevée au point précédent est
valable ici également, le diagramme de séquence UML contient une chronologie alors que
le modèle de procédures n’en a pas.
- OSSAD est la seule méthode à formaliser la correspondance entre les trois niveaux que
nous avons définis grâce à la matrice activités-rôles : elle permet de définir les rôles qui
sont responsables d’activités données, et à une activité du niveau abstrait correspond une
procédure définie au niveau opérationnel. Dans Adonis il est toutefois possible de
visualiser les modèles de processus opérationnel de manière tabulaire, ce qui permet de
voir quels rôles sont responsables de quelles activités (au sens Adonis, ce qui correspond
donc à une opération OSSAD). Dans UML, les acteurs sont directement intégrés aux
modèles, et ce déjà au niveau abstrait, contrairement à Adonis et OSSAD.
Les cartes de processus Adonis, les modèles abstraits d’OSSAD et les cas d’utilisation ont un
but commun, celui de modéliser les objectifs d’une organisation. Ils sont cependant conçus de
manière différente et ne présentent pas la même information :
- Les cartes de processus Adonis montrent uniquement des processus de manière très
générale et ne contiennent guère d’informations.
- OSSAD reprend l’idée de processus, mais y ajoute le concept de paquet d’information et
montre la circulation de paquets entre processus. Cette méthode intègre de plus l’idée de
processus externe afin de représenter la circulation de l’information non seulement à
l’intérieur d’une organisation, mais aussi entre cette dernière et son environnement.
- Les cas d’utilisation d’UML peuvent être mis directement en correspondance avec les
processus d’Adonis ou d’OSSAD. Le concept d’acteurs dans UML est de plus
relativement similaire à celui de processus ou d’entité externe dans OSSAD. Jusque là,
nous pouvons dire qu’OSSAD et UML sont proches, mais la grande différence se situe au
niveau des relations qui unissent ces processus ou cas d’utilisation. Là où OSSAD
s’intéresse en premier lieu à circulation de l’information entre processus, UML spécifie de
simples associations entre acteurs et cas d’utilisation et ne donne aucune précision sur le
type d’informations qui circule entre eux.
Comme nous l’avons mentionné au long de ce travail, Adonis, OSSAD et UML intègre un
certain nombre de concepts communs, même s’ils portent parfois des noms différents. Pour
faciliter la mise en correspondance des ces concepts, nous les avons regroupé dans la table 14.
4. Conclusion
Dans les chapitres précédents, nous avons vu qu’au niveau opérationnel, les concepts étaient
très similaires dans Adonis, OSSAD et UML. Nous pouvons donc dire qu’à ce niveau, les
trois techniques peuvent être utilisées indifféremment pour modéliser un processus et que le
passage d’une technique à l’autre peut se faire facilement.
Au niveau abstrait, nous relevons que le concept de processus est présent partout, mais qu’une
des techniques l’utilise tel quel (Adonis), que l’autre lui ajoute des paquets d’information
(OSSAD) et que la dernière y intègre des acteurs (UML). Après notre comparaison, nous
pensons le niveau abstrait d’Adonis est trop général pour être réellement utile, alors qu’UML
et OSSAD sont plus riches au niveau de la représentation. Nous pouvons même dire
qu’OSSAD est la méthode la plus détaillée, car le concept d’entité externe permet de
reprendre les acteurs définis dans UML et qu’elle est la seule à s’intéresser à la circulation de
l’information.
En ce qui concerne la description structurelle d’une organisation, nous avons constaté une
différence importante entre la paire Adonis et OSSAD, les méthodes de modélisation de
processus à proprement parler, et UML qui est plutôt destiné à modéliser des systèmes
d’information. Ainsi le choix d’une méthode dépendra du champ d’application du travail de
modélisation de processus, afin de pouvoir utiliser au mieux les fonctionnalités respectives de
ces trois techniques de modélisation. Nous jugeons toutefois qu’OSSAD est la méthode qui
assure le mieux la liaison entre les modèles structurels et le niveau abstrait grâce à la matrice
activités-rôles.
Comme annoncé en introduction, nous n’avons pas réalisé ce travail pour déterminer quelle
est la meilleure technique de modélisation ou quelle est la moins bonne. Nous terminons
néanmoins par quelques lignes d’appréciation sur chacune d’entre elles :
- Adonis ne couvre pas très bien la modélisation du niveau abstrait car elle n’offre pas
suffisamment de concepts de description. Au niveau de la structure et des ressources, ainsi
qu’au niveau opérationnel, elle est tout à fait satisfaisante, parfois même trop complète
pour faciliter une vue d’ensemble susceptible de faciliter une réorganisation.
- OSSAD permet de couvrir tous les aspects de la modélisation de processus et ses
différents niveaux de modèles sont fort bien articulés entre eux. Des extensions
Comparatif ADONIS-OSSAD-UML 30
5. Bibliographie
Il ne s’agit pas ici d’une bibliographie traditionnelle au sens où des publications citées dans le
texte seraient reprises ci-dessous. Ces titres sont plutôt donnés à titre de référence générale sur
les méthodes et outils utilisés dans ce travail.
BOC (2002). Formation de base à Adonis. Classeur de formation reçu lors d’un cours donné
pour l’IDHEAP en février 2002.
BOC (2000). Fichiers d’aide de l’outil Adonis. Ce logiciel est bien documenté, notamment en
tout ce qui concerne les bibliothèques de classes, et cela nous a été très utile pour la
description de la notation Adonis.
Booch, G., Rumbaugh, J. & Jacobson, I. (1999) The Unified Modeling Language User Guide.
Addison-Wesley.
Chappelet, J.-L. & Snella, J.-J. (1997) Un langage pour l’organisation : l’approche OSSAD.
Presses Polytechniques et Universitaires Romandes.
C-Log (2001) Tutorial OSS@D Process Design. Document fourni avec le logiciel OSS@D
Process Design, qui n’offre pas de fichiers d’aide contextuelle.
Declercq, T. (2000) OSSAD et UML : représentation des concepts OSSAD dans le langage de
modélisation unifié. Document interne IDHEAP.