DPI Partie 3
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DPI Partie 3
3. Œuvres diverses..................................................................................................................................................................................................................................................p. 4
2. Interviews.............................................................................................................................................................................................................................................................p. 5
2. Arts de l’image.................................................................................................................................................................................................................................................... p. 6
a) La photographie.................................................................................................................................................................................................................................................p. 7
b) L’œuvre audiovisuelle........................................................................................................................................................................................................................................p. 8
a) La mise en scène............................................................................................................................................................................................................................................p. 10
2. Le multimédia.................................................................................................................................................................................................................................................... p. 17
a) Définition.......................................................................................................................................................................................................................................................... p. 17
b) Régime juridique..............................................................................................................................................................................................................................................p. 17
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§ 1. Les éléments individualisables des œuvres...............................................................................................................................p. 19
A. Les titres..................................................................................................................................................................................................................... p. 19
1. Protection par le droit d’auteur......................................................................................................................................................................................................................... p. 19
a) Le risque de confusion....................................................................................................................................................................................................................................p. 20
B. Les personnages........................................................................................................................................................................................................ p. 21
1. Les noms des personnages..............................................................................................................................................................................................................................p. 21
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La propriété littéraire et artistique subit une inflation caractéristique : la malléabilité du concept d'originalité (v.
leçon 2) a permis à la matière d'être accueillante,
Exemple
puisqu’on est même allé jusqu’à admettre la protection d’une coiffure par le droit d’auteur (Aix, 11 juin 1987,
Mod's Hair : CDA 1988, n° 1, p. 23 ; RDPI 1987, n° 13, p. 151). Une Cour d'appel s’était même refusée
ouvertement à considérer le droit d'auteur comme « bonne à tout faire » en rappelant qu'il « existe des limites
à la protection d'une création par le Code de la propriété intellectuelle » (Douai, 7 octobre 1996 : RIDA 1997,
n° 172, p. 286 ; D. 1997, som. p. 92, obs. C. Colombet).
C'est ce que confirme une typologie des œuvres protégées que nous dresserons avant d'envisager quelques
cas particuliers.
a) Brochures, plaquettes …
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Exemple
La jurisprudence a reconnu des œuvres dans un imprimé de tombola (Trib. com. de Tourcoing, 5 août 1983 :
PIBD 1983, III, p. 248), un catalogue (Paris, 8 juin 1983 : D. 1983, IR p. 511), un guide (Paris, 6 mai 1987 :
RIDA 1987, n° 134, p. 204 ; D. 1988, som. p. 202, obs. C. Colombet), un manuel d'utilisation de logiciel (Paris,
er
1 juin 1994 : D. 1995, som. p. 286, obs. C. Colombet), une plaquette de séminaire (Paris, 18 février 1988 :
PIBD 1988, III, p. 409), et même dans l'annuaire officiel des Maires de France (TGI de Paris, 24 septembre
1976 : RIDA 1977, n° LXXXXIII, p. 155) !
3. Œuvres diverses
Exemple
Les lettres missives sont des œuvres et la propriété intellectuelle de la lettre appartient à son auteur (Paris,
10 décembre 1850, Benjamin Constant : S. 1950, 2, p. 625 ; DP 1851, 2, p. 1 – Cass. Req. 8 avril 1869 : S.
1969, 1, p. 523 – Trib. civ. de Seine, 11 mars 1897, G. Sand-Musset : DP 1898, 2, p. 358 – Cass. Req. 23
mars 1900 : S. 1901, 1, p. 89 – Paris, 15 juin 1901, Mérimée : DP 1903, 2, p. 273).
Un arrêt a également décidé qu'un directeur de collection peut être un auteur (Paris, Pôle 6 - Chambre 6, 17
sept. 2014, 11/07677, Thierry X. c/ Éditions du Seuil : Petites Affiches 2015, obs. X. Daverat) : le directeur
donne à la collection un esprit, un profil, qui sont le témoignage de son apport personnel.
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Exemple
ainsi, s’est vu refuser la qualité d’œuvre de l’esprit un cours oral de droit pénal « qui s’est inspiré d’ouvrages
antérieurs de droit pénal et qui reprend, outre des textes de lois et des références de jurisprudence, un
cheminement classique ainsi que des expressions couramment utilisées » (Cass. crim., 18 octobre 2011 :
Comm. com. électr. 2011, comm. n° 28, note C. Caron).
2. Interviews
Exemple
L'entretien accordé à un journaliste peut être protégé par le droit d'auteur (Bordeaux, 24 mai 1984 : D. 1986,
IR p. 181, obs. C. Colombet). Il est possible que la qualité d'auteur soit refusée à l'interviewé et accordée à
l'intervieweur (Trib. civ. de Seine, 5 février 1954, Arletty : Gaz. Pal. 1954, 1, p. 182), accordée à l'interviewé
et refusée à l'intervieweur (Paris, 18 juin 2003 : D. 2003, somm. p. 2757, obs. P. Sirinelli), ou accordée aux
deux qui deviennent coauteurs de l'interview (TGI de Paris, 24 mars 1982, Cohen : JCP 1982, II, 19901, obs.
Bonet ; RTDCom. 1983, p. 433, obs. A. Françon ; Gaz. Pal. 1992, 1, som. p. 99) : tout dépend de l’originalité.
La Cour de cassation a considéré que des œuvres reproduites sur plaques de zinc pour réaliser des
lithographies n’étaient pas des œuvres distinctes et autonomes par rapport au dessin d’origine ; en l’absence
d’œuvre de l’esprit, il n’y a, dès lors pas d’atteinte au droit de divulgation si ces plaques font l’objet d’une
vente. Mais, un des motifs semble bien suspect : quand la Cour indique que « le passage du dessin effectué
par l’artiste sur papier report, par transfert, sur la plaque de zinc et son impression, constituait un travail
purement technique qui mettait en jeu le savoir-faire et l’habileté de l’imprimeur », ce sur quoi on ne peut que
ère
lui donner raison, elle s’attache au support intermédiaire en oubliant l’œuvre qui y est fixée (Cass. civ. 1 ,
er
1 décembre 2011, Giacometti : Comm. com. électr. 2012, comm. n° 62, note C. Caron ; Gaz. Pal. 2012, n
° 46, p. 14, note L. Marino).
Une question particulière a été soulevée à propos des moulages. Un décret du 30 mars 1981 a admis
qu'on pouvait entendre par œuvre originale les épreuves sorties du moule dans la limite de huit exemplaires
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numérotés (Décret n° 81-255 du 3 mars 1981 sur la répression des fraudes en matière de transmissions
d’œuvres d’art et d’objets de collection : JO 20 mars 1981, p. 825). La jurisprudence voit dès lors les épreuves
ère
comme des œuvres originales (Cass. civ. 1 , 18 mars 1986 : JCP 1987, II, 20723, concl. Gulphe ; RTDCom.
1987, p. 56, obs. A. Françon), à condition que le moule soit effectivement de la main du créateur (Orléans, 8
février 1990 : RIDA 1991, n° 147, p. 333, note D. Gaudel).
Exemple
Dans un contentieux concernant l’œuvre de Camille Claudel, La Vague, le surmoulage effectué après la mort
ère
de l’artiste et numéroté a été considéré comme exemplaire original par la Cour de renvoi (Paris, pôle 5, 1
ch., 27 octobre 2010 : JCP 2011, 107, note A. Lucas-Schloetter), après un long contentieux (Paris, 27 octobre
ère
2004 : D. 2005, p. 493, note P. Allaeys – Cass. civ. 1 , 5 décembre 2006, n° 05-10.844 : JurisData n°
2006-036363), mais cette décision a été cassée : le bronze réalisé par surmoulage n’est pas un exemplaire
ère
original s’il n’a pas été réalisé à partir d’un modèle réalisé par le sculpteur personnellement (Cass. civ. 1 ,
4 mai 2012, Comm. com. électr. 2012, com. 90, note C. Caron ; Petites Affiches 2013, note X. Daverat ; JCP
2012, 790, note A. Lucas-Schloetter).
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2. Arts de l’image
a) La photographie
Dans la mesure où les photographies n'existent que par un appareil de prises de vues interposé, une
jurisprudence ancienne leur refusait toute protection par le droit d'auteur (Toulouse, 17 juillet 1911 : D. 1912,
2, p. 191, note Potu). Progressivement, celles qui démontraient des qualités artistiques ont été admises à la
protection (Orléans, 4 février 1925 : DH 1926, p. 336), sur des critères proches des solutions contemporaines
(ainsi la personnalité dans le choix du sujet, de l'éclairage, de l'angle de la prise de vue : Trib. civ. de Seine, 31
mai 1944 : D. 1946, 2, p. 117, note H. Desbois). La loi du 11 mars 1957 entendait protéger les photographies
« de caractère artistique et documentaire ». Ce double critère créait la confusion, notamment quand il fallait
prendre en considération l'intérêt historique, le but d'information (Trib. corr. de Paris, 12 juillet 1977 : RIDA
ère
1979, n° LXXXXIX, p. 187) ou les circonstances entourant le cliché (Cass. civ. 1 , 8 janvier 1975 : RIDA 1975,
n° LXXXV, p. 177), pour distinguer le caractère documentaire de la simple illustration (Cass. crim., 7 décembre
1961 : D. 1962. 2, p. 550, note H. Desbois. – Sur renvoi : Amiens, 21 février 1963 : RTDCom. 1963, p. 786,
obs. H. Desbois). La loi du 3 juillet 1985 a modifié la liste des œuvres de l'esprit, citant simplement dans l'art.
L. 112-2 :« les œuvres photographiques et celles réalisées à l'aide de techniques analogues à la photographie
».Cette nouvelle définition n'exclut pas la condition générale d'originalité :
Exemple
« Une photographie (…) est une œuvre de l'esprit dès lors qu'elle est originale et porte l'empreinte de la
personnalité de son auteur » (Paris, 14 mai 1987, Jonvelle : CDA 1988, n° 1, p. 20 – Dans un même sens :
ère
Cass. civ. 1 , 24 mars 1993, Areo c/ Syndicat de Villeneuve Loubet : RIDA 1993, n° 156, p. 200).
En matière de photographies, la directive du 29 octobre 1993 relative à l’harmonisation et à la durée de
protection du droit d’auteur et de certains droits voisins (depuis lors codifiée) s’avère – une fois n’est pas
coutume – très précise à cet égard. L’art. 6 protège en effet :« les photographies qui sont originales en ce sens
qu’elles sont une création intellectuelle propre à leur auteur », en ajoutant cette précision selon laquelle « aucun
autre critère ne s’applique pour déterminer si elles peuvent bénéficier de la protection ».La jurisprudence a fait
application de cette disposition (CJCE, 16 juillet 2009, C-5/08, Infopaq : Comm. com. électr. 2009, comm. n° 97,
note C. Caron ; Propr. intell. 2009, p. 185, obs. V.-L. Benabou ; JCP 2009, 272, note L. Marino), en précisant par
la suite que l’originalité s’entendait de « choix libres et créatifs » (CJUE, 4 octobre 2011, C-403/08 & C-429/08,
Football association Premier League : JCP 2011, 1296, note F. Buy & J.-C. Roda ; Comm. com. électr. 2011,
er
comm. n° 110, note C. Caron ; Europe 2011, comm. n° 468, note L. Idot – CJUE, 1 décembre 2011, C-145/10,
Painer c/ Axel Springer AG & a. : Légipresse 2012, n° 292, p. 161, note J. Antippas ; Comm. com. électr. 2012,
comm. n° 26, note C. Caron ; Propr. intell. 2012, n° 42, p. 30, note A. Lucas ; RIDA 2012, n° 232, p. 479, note
er
P. Sirinelli ; D. 2012, p. 2836, obs. P. Sirinelli) l’arrêt du 1 décembre 2011 détaillant des critères habituels :
choix de mise en scène, de pose, d’éclairage, de cadrage, de techniques (de développement ou de logiciel).
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Exemple
ère
La Cour de cassation a tantôt refusé la protection des travaux d'un photographe de plateau (Cass. civ. 1 ,
er ère
1 mars 1988 : RIDA 1988, n° 133, p. 103), tantôt admis l'originalité de ce type de photos (Cass. civ. 1 ,
12 janvier 1994 EDI 7 c/ Schwartz : RIDA 1994, n° 162, p. 427 ; confirmation de : Versailles, 15 mars 1991 :
RIDA 1992, n° 151, p. 308). La Cour d’appel de Paris (en des formations distinctes) a rendu le même jour
deux décisions contradictoires, ne voyant dans l'activité du photographe que celle du « simple exécutant d'un
travail exclusif de choix artistique », ou y décelant un rôle créatif eu égard au cadrage, à l'angle de vue, à
l'objectif ou l'exposition utilisés (Paris, 4 novembre 1993, arrêts inédits cités par A. Kéréver, Chronique de
jurisprudence, RIDA 1994, n° 161, pp. 195-197) !
Les juges du fond apprécient au cas d’espèce :
Exemple
en refusant, par exemple, d’admettre l’originalité, au motif que la disposition des personnages, les angles de
prise de vue, le choix des décors et des éclairages sont imposés par le réalisateur et les techniciens travaillant
sur le film (TGI de Paris, 14 novembre 2001, H. Castelli c/Société Euro RSCG France : Petites Affiches 2003,
n° 10, p. 6, obs. X. Daverat). Il n’en va pas de même pour les photos de tournage qui, prises en extérieur,
ère
confèrent plus de liberté au photographe (Cass. civ. 1 , 3 juin 1997, Le Corniaud : D. 1998, 2, p. 166, note
X. Daverat). Des photos de paparazzis n'ont pas été jugé originales du fait de l'emploi dun appareil préréglé
dans un angle de prise de vue dicté par les circonstances (Paris, 5 déc. 2007, n° 06/15937, SA Sipa Press
c/ SARL Eliot press et Sté Prisma Press : JurisData n° 2007-350003 ; D. 2008, p. 461, note J.-M. Bruguière ;
Propr. intell. 2008, n° 27, p. 206, obs. J.-M. Bruguière ; Comm. com. électr. 2008, comm. 17, note C. Caron ;
Légipresse 2008, n° 251, III, p. 83, note A. Maffre-Baugé ; RTDCom. 2008, p. 300, obs. F. Pollaud-Dulian ;
RIDA 2008, n° 216, p. 499 et p. 335, obs. P. Sirinelli).
Il convient toutefois d'être précis.
Exemple
Quand une Cour d'appel nie l'originalité de photos de footballeurs faites par un photographe salarié, avec
une « prise en rafale qui fonctionne sans véritable choix du photographe », alors « que le choix de la mise
en scène et de l'éclairage n'existe pas puisque l'attitude et le comportement des joueurs photographiés ainsi
que les lumières naturelles et artificielles ne sont pas décidés » et « que le cadrage et le choix de l'angle
de vue sont en partie le fruit du hasard », l'arrêt encourt quand même la cassation faute de « procéder à un
examen distinct des photographies entre elles et sans apprécier leur originalité respective, en les regroupant,
ère
au besoin, en fonction de leurs caractéristiques communes » (Cass. civ. 1 , 11 mai 2017, n° 15-29.374,
Colinet c/ Sté Hugo et Sté La Provence : JurisData n° 2017-009097 ; Comm. com. électr. 2017, comm. 59,
note C. Caron).
b) L’œuvre audiovisuelle
L’art. L. 112-2, 6° définit les œuvres audiovisuelles comme
« œuvres cinématographiques et autres œuvres consistant dans des séquences animées d'images,
sonorisées ou non ».
La notion d'œuvre audiovisuelle recouvre donc le domaine du cinéma et de toute l’image animée non
cinématographique :
Exemple
un vidéo-clip est une œuvre audiovisuelle (Paris, 6 juin 1991, Breillat, inédit), tout comme un film de montage à
partir de documents d'archives (Paris, 12 décembre 1995, Média RATP : D. 1997, 2, p. 237, obs. B. Edelman ;
Petites Affiches 1997, n° 90, p. 13, obs. L. Bernard) ; en revanche, on a refusé la qualité d’auteur à celui qui
effectue un travail de restauration de film (Paris, 5 octobre 1994, Champreux c/ Gaumont Cinémathèque :
Petites Affiches 1996, n° 69, p. 9, note C. Caron ; D. 1996, 2, p. 53, note B. Edelman ; RIDA 1995, n° 166,
p. 302).
Comme pour la photographie, il arrive que l'on nie l'originalité quand il s'agit de capter seulement un
événement :
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Exemple
comme cela a été jugé pour des images "prises sur le vif" à propos d'un record du monde en chute libre (TGI
de Paris, 11 octobre 2012, Le Grand Saut : CCE 2013, chr. 6, § 1, obs. B. Montels) et d'images d'un cheval
dans Paris (Paris, 6 juin 2012 : JurisData n° 2012-016964 ; CCE 2013, chr. 6, § 1, obs. B. Montels).
1. Œuvres musicales
La loi cite au titre des œuvres « les œuvres musicales avec ou sans paroles », qui sont protégeables sous
ère er
condition d’originalité (Cass. civ., 1 juillet 1970 : D. 1970, p. 734. – Paris, 1 juillet 1968 : D. 1968, p.
719. – Paris, 30 novembre 1979 : RIDA 1981, n° 107, p. 150) ; par ailleurs, les textes citent les œuvres «
dramatico-musicales », c’est-à-dire avec argument ou livret et musique : opéra, opérette, comédie musicale…
La protection s’entend quelle que soit la forme ou l’objet d’une composition :
Exemple
partition (TGI de Paris, 26 mai 1993, Doniol-Valcroze c/ Arioso : RIDA 1994, n° 159, p. 374 – TGI de Toulouse,
11 mai 2000 : RIDA 2001, n° 188, p. 379), vidéo-musique (T. Com. de Nanterre, 25 juin 1985, Les Tambours du
Bronx : D. 1998, som. p. 127), thème musical d’une publicité (TGI de Nanterre, 16 mars 1994, Ed. Metropolitan
c/ Shehan : RIDA 1994, n° 159, p. 374). La jurisprudence peut détailler les éléments qui caractérisent la
composition musicale, par exemple, en jugeant qu’une œuvre « ne présente aucune originalité harmonique
», mais qu’elle possède une originalité mélodique et rythmique caractérisée par « de courtes séquences de
silence interrompant une phrase mélodique composée de motifs brefs et heurtés qui déterminent les facteurs
ère
mélodiques et rythmiques » (Cass. civ., 1 , 11 octobre 1989, Bretonnière : RIDA 1990, n° 145, p. 325).
Les décisions assurent la protection contre :
Exemple
une utilisation globale de l’œuvre musicale ou d'un fragment de celle-ci (quatre mesures de Mignon reprises
dans un indicatif radiophonique : CE, 5 mai 1939 : D. 1939, p. 63, note P. L. ; Gaz. Pal. 1939, 2, p. 231 – Quatre
notes de début de refrain : Paris, 13 novembre 1969 : RIDA 1970, n° LXIV, p. 145), ou de caractéristiques
harmoniques (TGI de Paris, 9 janvier 1970 : D. 1970, 2, p. 679 – Paris, 29 septembre 1995, Véronique
Sanson : RIDA 1996, n° 168, p. 300).
Parfois, les éléments se cumulent :
Exemple
reprises de mélodie et d’harmonisation : TGI de Paris, 10 février 1971, Les feuilles mortes : RIDA 1971, n°
LXVIII, p. 240 - TGI de Paris, 15 mai 1987 : CDA 1988, n° 2, p. 28). Naturellement, les paroles sont également
protégées (TGI de Paris, 6 juin 1986, La danse des canards : RIDA 1986, n° 130, p. 161 – Paris, 11 mai
1993, Sebdo Faizant c/ Ed. Enoch : RIDA 1993, n° 157, p. 340). La jurisprudence peut aussi considérer que
la musique lounge (d'ambiance), très formatée, est suffisamment originale (CA de Paris, pôle 5, ch. 1, 15
mars 2016, n° 14/17749, Éric Fontaine c/ Stés JTC & Marc Dorcel : Propr. intell. 2016, n° 60, p. 320, obs.
J.-M. Bruguière ; Comm. com. électr. 2017, chr. 4, § 1, obs. X. Daverat ; Comm. com. électr. 2016, chron.
11, n° 2, obs. P. Tafforeau – Infirmation de TGI de Paris, 3 juill. 2014, n° 12/05374 : Propr. intell. 2015, n°
55, p. 193, obs. J.-M. Bruguière).
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Les œuvres radiophoniques, enfin, sont évoquées par l'art. L. 113-8, sans être définies : il s'agit de celles qui
sont créées à l'usage de la radiodiffusion, dans une réalisation uniquement sonore. Les contentieux sont peu
nombreux et anciens. Il a été admis qu’un radioreportage pouvait être protégé (T. corr. de Seine, 21 mai 1954 :
RIDA juillet 1954, p. 115 ; D. 1954, p. 624 ; Gaz. Pal. 1954, 2, p. 208) et que l’adaptation radiophonique d’un
film était une œuvre, certes dérivée, mais objet de protection distinct, dans lequel on doit rechercher s’il y a
inspiration commune des auteurs (Paris, 7 juillet 1956 : RIDA octobre 1956, p. 166), ce type d’œuvre étant
de collaboration (v. leçon 5).
Les décisions sont assez rares pour que soit remarquée celle du 13 mars 2018 qui fait une distinction entre
des chorégraphies selon que les juges les considèrent ou non comme originales en s'attachant à la gestuelle
humoristique et grotesque, aux formes modales culturelles et artistiques, au choix des pas et enchaînements
(CA de Paris, pôle 5-1, 13 mars 2018, n° 17/10025, Propr. intell. 2018, n° 68, p. 50, obs. C. Bernault ; Comm.
com . électr. 2019, cher. 4, § 2, obs. X. Daverat)...
Les pantomimes sont protégeables,
Exemple
comme il a été jugé par deux fois pour des créations du mime Marceau (TGI de Paris, 11 décembre 1968 :
RIDA 1969, n° LXI, p. 106 – Versailles, 9 juillet 1992 : RIDA 1993, n° 158, p. 208).
Les numéros et tours ne se limitent pas au cirque comme le disent les textes,
Exemple
mais s’ouvrent au spectacle de music-hall (Trib. cor. de Seine, 9 février 1957 : JCP 1957, II, 10031) ou de
cabaret (TGI de Paris, 10 avril 1976 : RIDA 1976, n° LXXXII, p. 187 – Paris, 21 mai 1987 : CDA 1988, n
° 1, p. 18).
De même qu'une séquence d'homme volant du fait de la mise en scène réalisée par un illusionniste
(indépendamment des techniques utilisées et des effets d'illusion).
a) La mise en scène
Bien qu'elle ne soit pas visée par la loi, une mise en scène est une œuvre de l'esprit (Paris, 3 mars 1958 :
er
D. 1958, som. p. 159) dès lors qu’elle est originale (Paris, 1 avril 1963 : Ann. 1964, p. 208 ; RIDA 1965, n°
LXXXXVI, p. 201 ; Gaz. Pal. 1964, 1, p. 52 – TGI de Seine, 2 novembre 1965, Carmen : JCP 1966, II, 14577,
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obs. Boursigot – TGI de Paris, 12 juillet 1973 : RIDA 1973, n° LXXVIII, p. 216) et fixée par écrit ou autrement
(Paris, 5 février 1958 : JCP 1958, II, 10475 ; RIDA 1958, n° XX, p. 94 ; Gaz. Pal. 1958, 1, p. 312 ; D. 1958, 2,
p. 213 ; Ann. 1958, p. 210). Cette solution ouvre droit à rémunération du metteur en scène en cas d'utilisation
de sa mise en scène, et celui-ci peut donner mandat à une société de gestion d'obtenir le paiement des droits
(TGI de Paris, 20 décembre 1996, D. Copperfield : RIDA 1997, n° 173, p. 351). Un usage veut que le metteur
en scène soit rémunéré au cachet lors de chaque représentation avec sa mise en scène.
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Exemple
Saisie d’une question relative aux exclusivités territoriales, à propos des licences exclusives de diffusion
des rencontres de football concédées par la Football Association Premier League (CJUE, gr. Ch., 4 octobre
2011, aff. C-403/08 & C-429/08, Football Association Premier League Ltd. & a. a. c/ QC Leisure & a. ; K.
Murphy c/ Media Protection Services Ltd : JCP 2011, 1296, note F. Buy & J.-C. Roda ; Comm. com. élecr.
2011, comm. 110, obs. C. Caron ; Comm. com. électr. 2012, chr. 10, n° 10, obs. F. Rizzo ; JCP E 2011,
1810, note P. Wilhelm & V. Lévy. – Pour la suite de l’affaire, sur le terrain du droit communautaire, et la
sanction des restrictions territoriales (High court of Justice, 3 & 24 février 2012) : A. Entraygues, « Que reste-
t-il des droits des radiodiffuseurs après l'arrêt Premier League ? », Légipresse 2012, n° 293, p. 247), elle
a notamment rejeté l’argument selon lequel cette exclusivité pouvait être fondée sur un droit de propriété
littéraire et artistique. La Cour admet que certains éléments liés aux retransmissions pourraient être protégés :
séquence d’ouverture des rencontres, hymne, graphismes… Mais la FAPL « ne peut faire valoir un droit
d’auteur sur les rencontres de Premier League elles-mêmes, celles-ci n’étant pas qualifiables d’œuvres ».
Un match de football découle de règles du jeu qui ne ménagent « pas de place pour une liberté créative au
sens du droit d’auteur ». Toutefois, la Cour précise qu’une législation nationale peut accorder une protection
spécifique du fait du caractère unique de la manifestation.
Pourtant, une affaire a abouti à une solution inverse.
Exemple
La Cour de Paris a d'abord laissé entendre qu’une manifestation sportive peut constituer une œuvre
protégeable. Suite à la demande d'Olivier de Kersauson, qui revendiquait un droit sur la course à la voile
baptisée "Route du Rhum", l’arrêt énonce : « S’il n’est pas contesté que la course La Route du Rhum doit être
regardée comme une œuvre de l’esprit protégeable au titre du droit d’auteur, il appartient à M. de Kersauson,
qui revendique les droits d’auteur sur cette œuvre, de prouver qu’il l’a créée, en d’autres termes qu’il l’a conçue
et en a assuré la réalisation, même inachevée » (Paris, 21 septembre 2011 : Propr. intell. 2012, n° 42, p. 18,
obs. J.-M. Bruguière ; Comm. com. électr. 2012, chr. 10, n° 1, obs. C.-A. Maetz ; la chambre commerciale
a rejeté le pourvoi introduit contre cet arrêt (Cass. com., 8 octobre 2013 : Comm. com. électr. 2013, comm.
121, note C. Caron). A l'issue de ce contentieux, a été reconnue comme protégeable par le droit d'auteur «
la mise en œuvre originale de la dite compétition, en tant qu'activité sportive œuvre de spectacle vivant ».
On peut néanmoins se poser la question de la protection par le droit d'auteur dans le cas où des disciplines
sportives ont une part artistique affirmée. Le patinage artistique et la natation synchronisée reposent, par
exemple, sur des chorégraphies, tandis que les mouvement de certains gymnastes pourraient revêtir une
originalité suffisante.
Exemple
La jurisprudence a même pu être très libérale, protégeant un mouvement de plongeon et culbutes sur un
trampoline (Paris, 9 novembre 1984 : Ann. 1984, p. 147). Il n'est pas forcément impensable de considérer
que, lors d'une corrida, la prestation d'un torero puisse être considérée comme une œuvre (X. Daverat, «
Tauromachie et immatériel », étude 3, Comm. com. électr. 2014, § 46 & s.).
12
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Exemple
Dans cette catégorie, entrent tous les types de construction, de l'immobilier traditionnel (Paris, 19 juin 1979 :
Ann. 1981, p. 164 ; D. 1981, IR p. 83, obs. C. Colombet) à l'abri d'autobus (Paris, 4 octobre 1978 : Ann. 1980,
p. 36), en passant par d'autres formes d'architecture (Limoges, 3 janvier 1966 : Ann. 1966, p. 292), comme les
aménagements réalisés par des architectes d'intérieur (décor de restaurant : TGI de Paris, 19 juin 1986 : PIBD
1987, III, p. 38 – Aménagement d'un fast food : Paris, 25 février 1988 : CDA 1988, n° 6, p. 17). On peut y ajouter
les aménagements d’espaces urbains ou le dessin de parcs et jardins (TGI de Paris, 10 mai 2002, Duchêne
c./ Société Mauboussin : Petites Affiches 2003, n° 105, p. 6, obs. X. Daverat). Naturellement, la réalisation
architecturale ne sera pas protégée quand l’originalité fait défaut (TGI de Paris, 2 juin 1983 : PIBD 1983, III,
p. 262) ; au contraire, une conception d'ensemble peut porter la marque de la personnalité du créateur si le
travail de l'architecte « relève de choix esthétiques spécifiques » (Paris, 20 novembre 1996 : RIDA 1997 p.
321). A par exemple été sanctionnée la reproduction d'une œuvre d'architecture, sans autorisation, par des
photographies (Paris, pôle 5, ch 2. 12 juin 2015, n° 13/21380, Michel Georges Emile X. c/ Sté. Arcellor Mittal :
RLDI 2015, n° 117, obs. L. C.).
Comme il est de tradition, ces exemples ont leur revers, et, pour défaut d'originalité, la protection a été refusée
à une croix de première communion (Cass. com., 23 novembre 1965 : Bull. n° 641), des bouchons (Cass.
er
com., 4 novembre 1987 : CDA 1988, n° 9, p. 25 – Cass. com., 1 décembre 1987 : D. 1988, som. p. 394,
obs. J.-J. Burst), un écailleur de poissons (Cass. crim., 8 mars 1962 : D. 1962, 2, p. 502, note P. Greffe),
des planches à voile (Paris, 28 février 1979 : D. 1980, 2, p. 528, note P. Greffe - Versailles, 8 avril 1987 :
D. 1988, som. p. 202, obs. C. Colombet)…
Il est à remarquer que la Directive n° 98/71/CE du Parlement européen et du Conseil du 13 octobre 1998 sur
la protection juridique des dessins ou modèles prévoit une protection d'un dessin ou d'un modèle :« présentant
un caractère individuel, c'est-à-dire si l'impression globale qu'il produit sur l'utilisateur averti diffère de celle que
produit sur un tel utilisateur tout dessin ou modèle qui a été divulgué au public avant la date de présentation de la
demande d'enregistrement ou la date de priorité, si une priorité est revendiquée. »En outre, il est précisé que :«
pour apprécier le caractère individuel, il est tenu compte du degré de liberté du créateur dans l'élaboration du
dessin ou modèle. » (art. 5).On pourrait comparer avec le critère d'originalité appliqué en droit d'auteur.
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c) Les créations de mode
Les « créations des industries saisonnières de l'habillement et de la parure » ont été, jusqu'à la création du Code
de la propriété intellectuelle, protégées par les dispositions spéciales d’une loi du 12 mars 1952. La codification
a fait disparaître ces textes, mais a conservé l’article qui définissait ces créations, en les incluant dans la
liste de l'art. L. 112-2 (14°) pour qu’elles deviennent purement et simplement des œuvres de l’esprit :« Sont
réputées industries saisonnières de l'habillement et de la parure les industries qui, en raison des exigences de
la mode, renouvellent fréquemment la forme de leurs produits et notamment la couture, la fourrure, la lingerie,
la broderie, la mode, la chaussure, la ganterie, la maroquinerie, la fabrique de tissus de haute nouveauté ou
spéciaux à la haute couture et les productions des paruriers et des bottiers. Sont assimilées aux industries
saisonnières de l'habillement les fabriques de tissus d'ameublement. »Le passage à la protection par le droit
d'auteur n’a pas été difficile, du fait de la proximité des domaines. D'ailleurs, la jurisprudence avait depuis
longtemps admis un cumul possible des protections par la loi de 1952 et celle de 1957 relative au droit d'auteur
(Cass. com., 13 novembre 1978 : D. 1979, 2, p. 183, note X. Larrère).
A. Le logiciel
On pourrait épiloguer longtemps sur les raisons qui ont poussé à protéger le logiciel par le droit d’auteur, et
à écarter le recours au droit des brevets (v. les contributions sur cette question citées dans la bibliographie
générale de la leçon). Un logiciel, aussi sophistiqué soit-il, est bel et bien un outil, constitué d’un ensemble
d'instructions destinées à utiliser un matériel informatique :
Exemple
une décision relève en ce sens que des logiciels contiennent « environ 600 instructions » et sont « écrits en
langage assembleur » (TGI de Paris, 21 septembre 1983 : D. 1984, 2, p. 77, note Le Stanc ; Rev. jur. comm.
1984, p. 59, note Le Tourneau ; RIDA 1984, n° 120, p. 156 ; RTDCom. 1984, p. 92, obs. A. Françon).
14
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option, et une loi du 10 mai 1994 est intervenue pour mettre en conformité notre législation avec la directive
et modifier sensiblement le régime applicable au logiciel.
- Les programmes eux-mêmes. L'art. L. 112-2 protège comme œuvres de l'esprit les logiciels, optant pour
ce mot tandis que la directive parle de « programmes d'ordinateur ». En fait, logiciels et programmes ne sont
pas entièrement synonymes : le logiciel contient généralement des programmes et des sous-programmes.
On pourrait classer aussi les logiciels en fonction de leur accessibilité. Certains sont dans le domaine public.
D’autres sont gratuits bien que n’étant pas dans le domaine public.
Exemple
Certains logiciels sont dits résidents, c’est-à-dire localisés sur une carte informatique (Trib. comm. de Paris,
16 octobre 1986, Hell : Expertises n° 89, p. 291) ou une mémoire morte (Grenoble, 19 septembre 1989,
Isermatic : Expertises n° 139, p. 192).
Des logiciels sont également fournis avec un service : ainsi les fournisseurs d’accès à Internet permettent-
ils la connexion grâce à un logiciel freeware. Des logiciels peuvent également être mis à disposition pour un
temps limité, à titre d’essai (shareware). Une importante catégorie est constituée par les logiciels libres ou
open source, accessibles selon les termes de licences d’exploitation très libérales (que nous retrouverons dans
l’étude des contrats d’exploitation).
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le logiciel (volumes de présentation, guides de fonctionnement, etc.), mais les travaux parlementaires ont
donné des précisions à cet égard : la documentation n'est protégée qu'au travers des règles générales du
droit d'auteur.
Un logiciel a comme objet de réaliser des opérations précises. On parle à cet égard de fonctionnalité du logiciel :
Exemple
« une fonctionnalité est la mise en œuvre de la capacité d'un logiciel à effectuer une tâche précise ou d'obtenir
un résultat déterminé » (Versailles, 9 octobre 2003, Microsoft c/ Synx Relief : Comm. com. électr. 2004, n° 25,
note C. Caron) ; cet aspect utilitaire n'est pas l'objet du droit d'auteur (Paris, 16 juin 2004, Sté. Electronique
ère
c/ Sté. Honeywell : PIBD 2005, III, p. 126 – Cass. civ. 1 , 13 décembre 2005 : Comm. com. électr. 2006,
ème
2 espèce, n° 18, note C. Caron).
D'une part, les fonctionnalités du logiciel ne sont pas protégées (Versailles, 9 octobre 2003, précité – Cass.
ère
civ. 1 , 13 décembre 2005 : Comm. com. électr. 206, comm. 18, note C. Caron). La CJUE est allée dans
le même sens (CJUE, gr. ch., 2 mai 2012, aff. C-406/10, précité), ce qui coïncide avec les dispositions de la
directive du 14 mai 1991, selon lesquelles « toute forme d’expression d’un programme d’ordinateur » (art. 1.2).
D'autre part, on a refusé la protection des algorithmes (Paris, 23 janvier 1995 : Petites Affiches 1996, n° 48,
p. 4, obs. X. Daverat).
Une décision confirme à la fois que les algorithmes et les fonctionnalités d'un logiciel ne peuvent entrer dans
ème ème
le camp de la protection par le droit d'auteur (TGI de Paris, 3 ch., 2 sect., 18 nov. 2016, n ° 13/ 11351,
Xaga Network c/ Ewalia, PIBD 2017. 1066. III. 114 ; D. 2017, chr. 2391, obs. C. Le Stanc).
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Exemple
Saisie à propos d'un calendrier de matches de football, la CJUE a eu l'occasion de préciser la notion
d'originalité : celle-ci « a pour objet la structure de la base de données, et non son contenu », et s'exprime «
à travers le choix ou la disposition des données qu'elle contient », lesquels sont « des choix libres et créatifs
ème er
» (CJUE, 3 ch., 1 mars 2012, C-604 : Cah. dr. sport 2012, n° 28, p. 126, note N. Bronzo ; Comm. com.
électr. 2012, n° 47, note C. Caron ; RLDI mai 2012, 82, n° 2733, obs. C. Castets-Renard ; Comm. com. électr.
2012, chr. 10, n° 9, obs. J.-M. Marmayou).
Mais, la jurisprudence peut être laxiste :
Exemple
comme le montre une décision admettant la protection d’un recueil de notices biographiques des évêques de
France sans motivation réelle sur l’originalité de la collecte opérée (Paris, 11 janvier 2002, Sté. Golias c./ Ed.
du Cerf : Petites Affiches 2003, n° 105, p. 4, obs. X. Daverat).
On notera, au travers de sa définition, que la base de données n’est pas forcément informatique (un listing
sur papier peut être une base de données), mais que c’est évidemment dans le domaine informatique qu’elle
prospère.
La directive, en plus d’un droit exclusif pour l'auteur de la base, a introduit un droit sui generis au profit de son
producteur, qui finit par s’avérer plus simple d’utilisation que le droit d’auteur (v. leçon 10).
2. Le multimédia
La question des œuvres multimédia débute par un problème de définition.
a) Définition
En l’absence d’une définition légale de l’œuvre multimédia, on s’accorde au moins sur trois constantes pour
parvenir à cette qualification :
la multiplicité des formes de contribution, à laquelle on doit le nom de multi-média (image, texte, son…), le
traitement audiovisuel de l'accession au public (un écran), et l'interactivité au moyen d'un logiciel.
On doit aussi distinguer deux variantes, selon que l'œuvre ne permet qu'une simple lecture ou un dialogue (actif/
passif ; CDI/CD ROM). Certains y ajoutent un caractère original propre, d’ensemble à la réalisation multimédia.
b) Régime juridique
Les tribunaux ont généralement fait la distinction entre l’œuvre et le logiciel qui la fait fonctionner (TGI Nanterre,
26 novembre 1997, Vincent : JCP E 1998, p. 805, obs. M. Vivant C. Le Stanc ; PIBD1998, III, p. 212), même
s’il est confirmé que la création est, par nature, interactive. On s’est demandé si, dans la mesure où elles se
manifestent de manière audiovisuelle, les œuvres multimédia constituées d’images animées pouvaient être
tenues pour des œuvres audiovisuelles ;
Exemple
mais cette qualification a été rejetée par les juges du fond (Versailles, 18 novembre 1999 : Expertises 2000,
n° 234, p. 30, obs. A.-M. Le Lorier V. Vanel ; Dalloz, Cahier dr. des aff. 2000, n° 20, p. 203, obs. T. Hassler
V. Lapp ; Comm. com. électr. 2000, n° 2, p. 13, obs. C. Caron ; RIDA 2000, n° 185, p. 407), puis par la Cour
de cassation : l'œuvre multimédia ne peut être une œuvre audiovisuelle, puisqu'elle « ne présente pas un
défilement linéaire des séquences en ce que l'utilisateur peut intervenir et modifier l'ordre des séquences » ;
la création multimédia est « une succession non pas de séquences animées d'images mais de séquences
fixes qui peuvent contenir des images animées » ; c’est en ce sens que la première chambre civile s’est
ère
prononcée en rejetant le pourvoi introduit contre cet arrêt (Cass. civ. 1 , 28 janvier 2003, Casaril c/ Société
Havas Interactive : Petites Affiches 2004, n° 163, p. 6, obs. X. Daverat ; pourvoi rejeté c/ Paris, 28 avril 2000,
Société Havas Interactive c/ Casaril : Petites Affiches 2001, n° 7, p. 10, obs. X. Daverat).
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3. Les jeux vidéo
Les jeux vidéo sont protégés par le droit d’auteur sous couvert d’originalité. Au demeurant, on peut considérer
qu’il s’agit d’œuvres multimédia spécifiques, puisqu’ils mobilisent bien diverses formes d’expression sur écran
et sont interactifs. Du fait de la généralité de l'allusion aux « séquences animées d'images », on a pensé
pouvoir inclure les jeux vidéo dans la catégorie des œuvres audiovisuelles. Or, s’est dessinée une tendance
jurisprudentielle visant à protéger le jeu vidéo au titre des dispositions relatives au logiciel.
Exemple
La chambre criminelle a fait sienne cette conception, en considérant, à propos du jeu Mortal Kombat, que,
« la programmation informatique d’un jeu électronique étant indissociable de la combinaison des sons et
des images formant les différentes phases du jeu, l’appréciation de ces éléments permet de déterminer le
caractère original du logiciel contrefait » (Cass. crim., 21 juin 2000, Pierre Tel c/ Société Midway Manufactoring
Company APP. : Comm. com. électr. 2001, n° 9, p. 17, note C. Caron ; D. 2009. 1819, obs. J. Daleau ; Petites
Affiches 2001, n° 161, p. 3, obs. X. Daverat ; RTD com. 2010. 319, chron. P. Gaudrat ; RTD com. 2009. 710,
obs. F. Pollaud-Dulian ; Gaz. Pal. 15-19 avril 2001, p. 41, note B. De Roquefeuil ; Expertises 2000, n° 242,
p. 352, obs. J. Drack ; D. 2001, som. p. 2552, obs. P. Sirinelli ; Petites Affiches 2001, n° 127, p. 15, note
E. Treppoz ; JCP Entr. 2001, p. 843, obs. M. Vivant, J.-M. Bruguière & N. Mallet-Poujol, PIBD 2001, III, p.
254). C’est ensuite la première chambre civile qui s’est ralliée à cette qualification « unitaire » reposant sur le
ère
caractère indissociable des deux éléments (Cass. civ. 1 , 27 avril 2004, Société DPM c/ Nintendo : Petites
Affiches 2005, n° 11, p. 11, obs. X. Daverat). Mais, un revirement jurisprudentiel est intervenu lorsque la Cour
de cassation a considéré que « chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable
ère
en fonction de sa nature », faisant du jeu vidéo une œuvre complexe (Cass. civ. 1 , 25 juin 2009, SESAM
c/ SELAFA MJA : Légipresse 2009, n° 267, II, p. 169, n° 16, obs. C. Alleaume ; Comm. com. électr. 2009,
comm. 76, note C. Caron ; Petites Affiches 2009, n° 233, p. 12, obs. X. Daverat ; Légipresse 2009, n° 265,
III, p. 195, note N. Quoy, I. Boubekeur et E.-V. Vermynck ; JCP 2009, comm. 328, note E. Treppoz).
Les décisions sont rares en la matière, mais un jugement de première instance mérite d'être signalé.
Exemple
La qualification complexe a été retenue pour le jeu Alone in the dark ; mais, si cette solution ne surprend pas,
il est intéressant de voir que le concepteur du logiciel 3D, auteur de celui-ci, est également reconnu auteur du
ème
gameplay (TGI de Lyon, 3 ch., 8 septembre 2016, n° 05/08070 : Dalloz IP/IT 2017 p. 651, obs. J. Groffe).
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Section 2. Cas particuliers
Deux séries de cas particuliers retiennent l’attention. D’un côté, certains éléments des œuvres de l’esprit sont
protégeables indépendamment des œuvres elles-mêmes ; d’un autre côté, des œuvres qui réutilisent des
œuvres préexistantes peuvent être originales au sens du droit d’auteur.
A. Les titres
L'art. L. 112-4 protège les titres des œuvres indépendamment de celles-ci et prévoit une autre protection sur
la base de la responsabilité délictuelle.
De même, un titre de périodique tel que Le Chardon est protégé, dans la mesure où cette « locution qui
fait d'ordinaire référence à une plante à feuilles et bractées épineuses » est originale en ce qu'elle « n'est,
appliquée à un journal, ni descriptive, ni générique » (Paris, 25 septembre 1989 : RIDA 1990, n° 144, p. 207).
La traduction d'un titre, même, peut être originale : transformer Wuthering Heights en Les Hauts de Hurlevent
constitue « une invention originale dont le traducteur peut se prévaloir comme une œuvre personnelle et
dont il peut revendiquer la propriété car ce titre n'est pas la traduction littérale du titre anglais, le mot anglais
Wuthering n'ayant pas d'équivalent direct dans la langue française » (Trib. com. de Seine, 26 juin 1952 :
Ann. 1952, p. 60).
Le pouvoir d’appréciation des juges laisse perplexe qui veut distinguer entre des titres considérés comme
originaux et d’autres qui ne le sont pas …
19
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Exemple
Ainsi, la protection a pu être accordée à Tarzan (Trib. civ. de Seine, 14 janvier 1949, S. 1949, 2, p. 137,
note M. G.), Des poissons et des hommes (TGI Seine, 15 février 1960 : RIDA 1960, n° XXIV, p. 130 ; RTD
com. 1960, p. 844, obs. H. Desbois), Challenge One (Paris, 23 juin 1976 : Ann. 1977, p. 55), Clochemerle
(Lyon, 5 juillet 1979 : Ann. 1981, p. 136 ; RIDA 1979, n° 102, p. 147 ; JCP 1981, II, 19590, obs. R. Plaisant ;
er
RIDA 1979, n° 102, p. 147), La cage aux folles (Paris, 1 mars 1984 : D. 1986, IR p. 184, obs. C. Colombet)
ou Val-Infos (Paris, 24 octobre 1994 : RDPI 1995, n° 59, p. 47). Elle a, à l’inverse, été refusée à Gueule
d'amour (Cass. civ., 2 février 1937: D. 1938, 1, p. 97, note H. Desbois), J'aime les filles (TGI de Seine, 31 mai
1968 : RIDA 1968, n° LVIII, p. 250 ; Gaz. Pal. 1968, 2, p. 267), Jeu de massacre (TGI de Paris, 14 décembre
1970 : RIDA 1971, n° LXIX, p. 93 ; Gaz. Pal. 1971, 1, p. 238), Doucement les basses (TGI de Paris, 15 juin
1972 : RIDA 1973, n° LXXV, p. 157), La bande à Bonnot (Paris, 24 avril 1976 : RIDA 1976, n° LXXXX, p.
170 ; RTD com. 1977, p. 122, obs. H. Desbois), ou Ces chers disparus (Paris, 2 octobre 1996 : RIDA 1997,
n° 172, p. 280) ; il n’a pas été fait droit non plus à la demande d’interdiction visant un film consacré intitulé
Coluche, l’histoire d’un mec, au motif que celui-ci reprenait une expression utilisée dans le titre d’un sketch
de l’humoriste, Histoire d’un mec sur le Pont de l’Alma (TGI de Paris, réf. Paris, 14° ch. A, 14 octobre 2008 :
Petites Affiches 2009, n° 233, obs. X. Daverat – Adde. : A. Bourlon B. Khalvadjian, « L'histoire d'un mec dans
les frontières de l'évidence et de l'urgence », Légipresse, décembre 2008, n° 257, p. 226).
L’empreinte d’une personnalité est douteuse lorsqu’un titre est constitué d’un seul prénom, ce qui peut conduire
à des solutions jurisprudentielles antagonistes.
Exemple
Par exemple, autour d’Angélique, personnage dont le prénom servait de titre aux œuvres (refusant
l’originalité : Paris, 20 juin 2000 Versailles, 11 janvier 2001, Comm. com. électr. 2001, n° 10, p. 14, note. C.
Caron ; la reconnaissant : Versailles, 11 janvier 2001, S.A.R.L. Colmax c/ S.A.R.L. Archange International :
Petites Affiches 2002, n° 57, obs. X. Daverat). Tout cela est encore fort subjectif : pour signaler un exemple
caractéristique, le titre de l'œuvre d'Auguste Le Breton, utilisant le mot « rififi » a été jugé protégeable par le
droit d'auteur, puis non protégeable parce que banal par la même juridiction, il est vrai à dix-huit ans d'intervalle
(Paris, 24 janvier 1970 : RIDA 1970, n° LXV, p. 131 ; RTD com. 1971, p. 94, obs. H. Desbois - Paris, 3 février
1988 : RIDA 1988, n° 138, p. 303 ; D. 1989, som. p. 43, obs. C. Colombet).
Quand un titre est protégé par le droit d’auteur, cela permet, par exemple, d’intervenir contre un dépôt de
marque intervenu en fraude des droits de l’auteur (TGI de Paris, réf., 30 septembre 1992, Charlie Hebdo :
RIDA 1993, n° 155, p. 218 – Paris, 20 septembre 1994, Hors ligne publishing c/ Air France : RIDA 1995, n°
164, p. 362 ; D. 1995, som. p. 284, obs. C. Colombet). Mais, il a quand même été jugé qu'un titre non original
pouvait constituer une antériorité si la marque déposée risquait d'entraîner une confusion avec l'œuvre qu'il
désigne (TGI de Paris, 7 mai 1987, Paris pas cher : PIBD 1987, III, p. 452).
a) Le risque de confusion
Il s'agit d'éviter un risque de confusion, c’est-à-dire le fait que le titre « expose une œuvre à être prise pour une
autre, soit qu'il crée une confusion portant sur la provenance de l'œuvre » (Paris, 8 juillet 1986, La Bible de
Jérusalem : D. 1987, som. p. 152, obs. C. Colombet). La preuve du risque de confusion n'est pas à la charge
du demandeur, mais se déduit seulement de l'examen des titres (Trib. com. de Paris, 10 janvier 1972 : RIDA
1972, n° LXXIII, p. 238).
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Exemple
Ainsi, la jurisprudence a pu admettre le risque de confusion entre les titres Montmartre en Folie et Montmartre
en Délire car « les deux premiers mots des deux expressions sont identiques et le dernier évoque la même
idée de fête paroxystique » (Paris, 21 mai 1987 : CDA 1988, n° 1, p. 18). En revanche, dès que le risque
de confusion n'est pas relevé, le titre redevient libre d'utilisation : ce fut le cas, par exemple, pour le film La
horde sauvage, au motif que la première œuvre pareillement intitulée était quasiment oubliée (Paris, 4 janvier
1972 : JCP 1972, II, 17103, obs. Crissenoy ; RTDCom. 1973, p. 550, obs. H. Desbois).
B. Les personnages
Les personnages sont protégés, à condition qu’ils soient individualisés, par l'allure physique, la silhouette, leurs
vêtements habituels, les traits de leurs caractères ou de leurs comportements.
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Exemple
Tels ceux de quelques agents secrets (Cass. com., 27 octobre 1970, James Bond 007 :JCP 1971, II, 16669,
obs. A. Chavanne – TGI de Paris, 8 mars 1985, OSS 117 : RDPI 1985, n° 1, p. 154) ou celui d'Astérix (TGI
de Paris, 17 janvier 1989, Astérix : PIBD 1989, III, p. 333).
Comme l'indique le Tribunal de grande instance de Paris, à propos du dépôt du nom de Tarzan, « le
dépôt comme marque d'un nom tiré de la littérature et du cinéma est parfaitement licite (…). La marque
nominale ainsi déposée doit être protégée contre l'utilisation commerciale, pour des produits similaires, d'une
dénomination identique ou semblable » (TGI de Paris, 3 janvier 1978, Tarzan : RIDA 1978, p. 119).
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1. Les traductions
Les traductions sont des œuvres de l'esprit citées dans l'art. L. 112-3. L'auteur de l'œuvre d'origine décide
naturellement d'autoriser ou non la traduction de son œuvre, tant que celle-ci n'est pas tombée dans le domaine
public. Il conserve aussi tous les attributs du droit moral sur son œuvre et il a été jugé qu'une mauvaise
traduction peut porter atteinte à l'œuvre (TGI de Paris, 6 décembre 1976 : RIDA 1978, n° LXXXXV, p. 160) et
le droit moral, imprescriptible (v. leçon 5), peut toujours être invoqué pour une traduction d'œuvre tombée dans
le domaine public (TGI de Lyon, 16 février 1961 : Gaz. Pal. 1961, 1, p. 284 ; RIDA 1961, n° XXXII, p. 124).
Exemple
Puisque les traductions sont des œuvres de l'esprit, le traducteur est considéré comme auteur de sa traduction
à condition que cette dernière soit originale (Paris, 3 novembre 1933 : Ann. 1939, p. 286. – Lyon, 21 février
ère
1952 : Ann. 1953, p. 293 – Trib. com. de Seine, 26 juin 1952 : Ann. 1952, p. 60 – Cass. civ. 1 , 11 février
er
1970 : D. 1970, p. 227 – Contra, pour la traduction d'un évangile apocryphe : Grenoble, 1 décembre 1981 :
Gaz. Pal. 1982, 1, som. p. 100). Mais, il a été jugé qu'une traduction mot à mot n'excluait pas par principe
l'originalité de celle-ci, le choix du mot exact prouvant déjà une démarche intellectuelle personnalisée (TGI
de Paris, réf., 13 octobre 1992, Jovanovic, inédit)… L’auteur de la traduction jouit à son tour d'un droit moral,
et peut, par exemple, agir lorsque celle-ci est soumise à correction sans que les modifications soient portées
à sa connaissance (Paris, 8 décembre 1988 : D. 1990, som. p. 1953, obs. C. Colombet).
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