CAO Modélisation Géométrique
CAO Modélisation Géométrique
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a conception assistée par ordinateur (CAO) est aujourd’hui d’un usage cou-
L rant et certains sont tentés d’affirmer que cette technologie a atteint sa matu-
rité. Pourtant, il est facile de se convaincre qu’il n’en est rien et que les évolutions
en cours vont bouleverser considérablement la CAO et, par voie de consé-
quence, son utilisation. Pour montrer cette évolution, nous présentons dans ce
premier article les aspects les mieux maîtrisés dans les systèmes actuels. Ils
concernent essentiellement la partie géométrique des modèles utilisés en CAO.
Pour situer le domaine de l’article, nous commençons par les définitions indis-
pensables et un historique illustrant l’influence des choix effectués sur la techno-
logie actuelle. Pour montrer la quintessence et les implications sur les systèmes
du marché des modèles utilisés en CAO, nous en donnons les éléments essen-
tiels, aussi bien sur l’architecture générale (notions de modèle et de multimo-
dèle), que sur les principes fondamentaux (modèles géométriques solides,
surfaciques et paramétriques).
Dans un second article [H 3 752], nous montrerons que, bien qu’encore en
pleine mutation, de nouvelles méthodes apparaissent et conduisent vers des
systèmes prenant de mieux en mieux en compte les aspects fonctionnels.
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Historique
L’histoire de la CAO est intéressante car sa connaissance permet de De nombreuses sociétés ont également contribué au développement de la
comprendre un certain nombre d’évolutions. Les quelques éléments qui sui- CFAO. Ne cherchant pas à être exhaustif et pour ne pas être en situation
vent n’ont d’autre but que de montrer que les techniques utilisées aujourd’hui d’oublier des acteurs prestigieux, nous conseillons pour plus de détails
et les stratégies de certains fournisseurs ne sont pas sans rapport avec une l’ouvrage de Poitou [1]. Citons cependant quelques exemples significatifs.
histoire courte, mais riche et mouvementée. Il est d’ailleurs évident que,
Un certain nombre d’éléments développés chez Citroën ou Peugeot ont été
contrairement à certaines affirmations, cette évolution est loin d’avoir atteint
intégrés au début des années 1980 à CADDS de Computervision. Cet apport a
son terme ; au contraire, on ne peut qu’encourager les acteurs de ce domaine
été non négligeable dans la mesure où les fondements des modèles utilisés (en
à redoubler d’efforts.
particulier sur les aspects mathématiques et algorithmiques) sont toujours
Même si l’interface homme-machine n’est pas l’objet de cet article, on peut d’actualité.
noter l’influence déterminante des travaux de Sutherland (Sketchpad, 1963)
et de l’apparition des premiers terminaux graphiques (en particulier d’IBM, Des sociétés de taille moins importante ont participé directement ou indi-
avec le DAC au début des années 1960 et le 2250 dans la seconde moitié de la rectement au développement de la CAO : Merlin Gérin, à travers MECAN, a
même décennie). facilité le développement de GRI2D, à la base des systèmes de ESIA (CADGRI,
MICROPROTOL).
L’un des aspects les plus fondamentaux dans l’avènement de la CAO est
sans doute le fait que des approches très différentes aient vu le jour pour Quelques remarques issues de cet historique peuvent éclairer l’utilisateur
représenter les surfaces d’une part et les solides d’autre part. La prise en de la CAO aujourd’hui.
compte des surfaces gauches s’est surtout faite chez de grands utilisateurs Les travaux sur les surfaces se sont longtemps développés de manière tota-
(automobile, aéronautique), en particulier pour des contraintes de com- lement indépendante de ceux sur les solides. En réalité, ces deux approches
mande numérique. Les travaux dans le domaine de l’automobile par Coons répondaient à deux grandes catégories de problèmes et ont fait appel à des
(Ford), Bézier (Renault), De Casteljau (Citroën) et d’autres sont encore à la méthodes de résolution très différentes (mathématique pour les surfaces,
base des systèmes d’aujourd’hui. Des développements, à l’Aérospatiale ou structure de données pour les solides). Ces divergences dans les approches
chez Dassault, allaient conduire à des systèmes commercialisés par la suite solide et surface ne sont pas sans conséquence sur les difficultés rencontrées
(STRIM, CATIA, etc.). Tous ces travaux se sont développés sur des bases à les intégrer dans un modèle unique.
mathématiques globalement semblables.
Des systèmes, dont la vocation « pragmatique » (au sens où ces systèmes
Les premières tentatives pour représenter des solides sont consécutives à
étaient directement utilisables en bureaux d’études, sans remettre en cause
des problèmes qui n’étaient pas directement liés à la CAO (ce terme n’était
les méthodes de travail) était évidente, ont été développés à la fin des années
pratiquement pas employé à l’époque), mais à des contraintes spécifiques.
1970. Plus particulièrement orientés vers le 2D (ou le 2D-1/2), ces projets ont
Parmi les premiers systèmes basés sur la modélisation des solides, on peut
conduit à des systèmes tels que CADAM (Lockheed).
citer, dès le milieu des années 1970, EUCLID en France (CNRS) et EUKLID en
Suisse. La motivation de concepteurs d’EUCLID se trouvait dans la nécessité Certaines approches ont privilégié des modeleurs spécifiques à un système
de disposer d’une maquette virtuelle pour traiter des problèmes de soufflerie. (c’est le cas du modeleur de CATIA par exemple) alors que d’autres se sont
La prise en compte de ces modèles a été relativement expérimentale sans dis- orientées vers des modeleurs génériques (par exemple, ROMULUS, puis
poser d’une base mathématique importante. Parasolid et Acis).
Aux États-Unis ont été lancées un certain nombre d’études, alors même que Des méthodes, aujourd’hui très à la mode (conception paramétrique, géo-
les systèmes, dits « clés en main », qui en provenaient ont conservé très long- métrie variationnelle), étaient déjà présentées dans plusieurs travaux dès le
temps (y compris au début des années 1980) une approche « fil de fer ». début des années 1980 et sont intégrées maintenant à la plupart des systèmes
Commercialement, ont émergé quelques sociétés fournissant des systèmes commercialisés. Il faut du temps entre l’émergence des idées et leur intégra-
clés en main, comme Computervision ou Applicon. Le principal projet universi- tion réelle dans des produits commercialisés (l’évolution de la puissance et de
taire était connu sous le terme de PADL, et il reste indiscutablement l’approche la convivialité des matériels a également son importance). Les travaux actuels
la plus formalisée de la modélisation des solides par leur historique de sur la prise en compte des fonctions ou des approches différentes du dialogue
construction. Il a conduit à des systèmes industriels, parmi lesquels GMSOLID homme-machine seront sans doute implantés dans les systèmes commer-
(General Motors). D’autres développements, bien que moins avancés du point ciaux dans quelques années.
de vue de la formalisation, ont conduit à des implantations dans de nombreux
systèmes industriels. Le Japon a vu se développer, essentiellement dans le Il faut se souvenir qu’au début des années 1990 , les systèmes de CFAO
cadre universitaire, des modèles de solides, comme GEOMAP ou TIPS. Enfin, étaient implantés sur de « mini » ou de « gros » ordinateurs et des terminaux
des projets autour de la modélisation des solides, comme COMPAC ou ROMU- connectés à des vitesses de quelques milliers de bauds, à de rares exceptions
LUS, se sont affirmés très tôt en Europe. près. La puissance partagée était trop faible pour un fonctionnement correct,
dès que des opérations un peu coûteuses en calcul étaient demandées. Les
L’influence française sur l’histoire, et par voie de conséquence sur les sys- connexions en asynchrone imposaient une interactivité de bas niveau.
tèmes actuels, est non négligeable, aussi bien en modélisation des surfaces
avec les travaux de De Casteljau chez Citroën, de Bézier chez Renault (débou- À la fin des années 1990, la CFAO est largement répandue, à travers les sta-
chant sur UNISURF, puis intégré à EUCLID-IS), de Massabo à la SNIAS un peu tions de travail ou les micro-ordinateurs. Elle reste cependant essentiellement
plus tard (SDS, puis SYSTRID, puis STRIM) ou des travaux aux avions Marcel basée sur la géométrie. À partir de cette décennie, apparaissent quelques élé-
Dassault (Bernard, Neuve-Église), qui à partir de DRAPO aboutiront à CATIA, ments nouveaux : l’industrialisation des approches paramétriques et la prise
qu’en modélisation des solides, avec EUCLID. On constate des approches dif- en compte d’éléments de sémantique un peu plus élevée, tentant de repré-
férentes selon la culture des entreprises : les premières études menées chez senter une information ayant une signification pour l’utilisateur (par exemple,
Citroën (sur le capot de la 2 CV !) cherchaient essentiellement à mieux utiliser un trou est défini en tant que tel et non plus comme une différence boo-
les machines à CN. À l’opposé, Dassault a mis en place une stratégie ambi- léenne). Ces notions d’éléments caractéristiques, ou entités (features),
tieuse qui consistait à modéliser entièrement un avion : le système réalisé au demeurent cependant très proches de la géométrie. Enfin, apparaît, à la fin
début en utilisant des composants du marché (CADAM par exemple) s’est des années 1990, la nécessité de prendre en compte non seulement le
peu à peu développé pour aboutir au système CATIA et à la création d’une modèle du produit, mais également le process qui permettra de le fabriquer
filiale dédiée (Dassault Systèmes). et de le maintenir.
La représentation informatique nécessite un certain nombre de Soit une représentation informatique E, composée d’un ensemble
structures algorithmiques ou de données. Pour connaître leurs pro- de représentations syntaxiquement correctes. On définit une rela-
priétés, la meilleure solution est de disposer d’un modèle mathéma- tion s de M (espace mathématique) dans E. Le domaine de s est
tique, représentant de manière abstraite des classes d’objets et les noté D et l’image de D par s est notée I.
opérations qui leur sont applicables. À supposer que l’on sache On a :
déterminer un modèle mathématique, il reste à effectuer le passage D ⊂ M : tous les objets ne sont pas modélisables dans la représen-
du modèle mathématique au modèle informatique. tation mathématique définie ;
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I ⊂ E : toutes les représentations syntaxiquement correctes dans E Les réels sont représentés en machine avec un certain nombre de
ne sont pas forcément valides. chiffres significatifs, ce qui induit une erreur qui peut devenir non
On définit les qualités du modèle informatique : négligeable en fonction des calculs effectués.
— une représentation r de I est non ambiguë si elle correspond à Exemple : si on utilise des réels codés sur trois chiffres (ce qui est
un seul objet ; bien entendu éloigné de la réalité, mais qui ne retire rien à la généralité
— une représentation r de I est unique si l’objet correspondant tout en simplifiant la présentation), on peut effectuer les opérations
n’admet pas d’autre représentation que r, c’est-à-dire s ( s –1( r ) ) = r . suivantes :
Le modèle I est unique si tous ses éléments sont uniques ;
A = 2, 05
— une représentation est valide si elle appartient à I. La solution
la plus simple pour assurer la validité est que toutes les représenta- B = A ⁄ 2 = 1, 02 (approximation sur trois chiffres)
tions syntaxiquement correctes soient valides ( I = E ) . C = 2 B = 2, 04
On devrait bien entendu retrouver A. On voit d’ailleurs bien dans cet
De nombreux modèles informatiques sont possibles. Se pose
exemple très simple l’intérêt de l’utilisation de systèmes de calcul for-
alors le problème de la cohérence entre ces modèles. On dira que
mel, permettant de travailler le plus longtemps possible en symbolique.
deux relations de représentations s et s’ sont équivalentes si chaque
image par s possède un équivalent r’ par s’, et r et r’ sont équivalents Certaines propriétés mathématiques peuvent ne plus être vérifiées.
s’ils représentent le même ensemble d’objets dans M.
Deux relations de représentation non ambiguës sont équivalentes Exemple : considérons un codage des nombres compris entre
si et seulement si elles ont le même domaine. – 38 38
10 et 10 et l’expression suivante :
Deux représentations r et r’ sont cohérentes s’il existe au moins
D = A ( B + 1 ⁄ A – B ) en supposant que le compilateur ne fait pas
un objet m de M tel que s ( m ) = r et s′ ( m ) = r′ . Si les modèles ne
sont pas uniques, m peut avoir plusieurs images dans E et E’. Si les d’optimisation, c’est-à-dire aucun calcul formel éliminant le terme B.
40
modèles sont ambigus, d’autres éléments de M peuvent avoir pour Donnons à A la valeur 10 et a B la valeur 1. Comme 1 ⁄ A est très
images r et r’.
petit, B + 1 ⁄ A donnera B et l’expression sera égale à 0 alors qu’elle
Considérons, par exemple, un modèle ambigu, qui représenterait devrait être égale à 1 !
un solide par des vues de face et de dessus. Il est fondamental
d’assurer la cohérence entre ces vues. Ces deux représentations ne Les problèmes liés à l’approximation sont de toute évidence sour-
doivent cependant pas être équivalentes, ce qui tendrait à affirmer ces d’inconvénients très importants dans les systèmes de CAO. Bien
que deux objets ayant la même vue de dessus sont identiques. que de nombreux travaux tentent de les prendre en compte, il suffit
En admettant que l’on soit capable de définir les relations propo- pour la suite de cet article de savoir qu’il n’existe pas de solution uni-
sées précédemment, il faut tenir compte, également, d’un certain verselle et que les retombées de cet inconvénient dans les modèles
nombre de qualités que l’on peut exiger d’un modèle informatique. et les opérations intégrés dans les systèmes actuels demeurent
importantes. Nous en citerons quelques exemples au fur et à mesure
■ Concision : cette notion, difficile à définir de manière précise, est de la présentation des différentes approches.
mesurée par la quantité d’informations nécessaire pour représenter On peut, pour conclure sur les liaisons entre modèle mathématique
un objet. Elle n’est cependant pas totalement indépendante des trai- et modèle informatique, considérer les cas suivants :
tements que l’on appliquera sur les modèles : une certaine redon-
dance des informations sera ainsi souvent utile pour l’efficacité, voire — il n’existe pas de modèle mathématique complet : le modèle
l’applicabilité, de certains algorithmes. On verra que l’on peut ainsi informatique répond à un certain nombre de recettes ou
conserver dans un modèle B-Rep (§ 4.2) les relations topologiques d’approximations ;
face(arête) et arête(sommet), plutôt que simplement face(sommet), — il existe un modèle mathématique inapplicable du point de vue
dans la mesure où cette dernière ne donne pas directement les de l’informatique : on revient au cas précédent ;
arêtes, pourtant souvent utilisées, par exemple, dans une visualisa- — il existe un modèle mathématique que l’on peut transporter en
tion de type filaire. De même, dans des modèles plus complets, on informatique : les avantages et les inconvénients du modèle infor-
manipule souvent des informations de type arête(face), donnant les matique sont ceux du modèle mathématique et ceux liés à l’informa-
faces adjacentes à une arête donnée (avec des informations complé- tique en général (en particulier, ceux liés à la tolérance informatique
mentaires, permettant de connaître le degré de continuité en cette illlustrée précédemment).
arête, c’est-à-dire la continuité en tangence des deux faces). Quels que soient les choix effectués, il demeure que tout modèle
ne sera qu’une approximation de la réalité et que tout utilisateur de
■ Facilité de mise en œuvre d’algorithmes : cette qualité est liée CAO doit avoir un minimum de connaissance sur les concepts et les
aux algorithmes que l’on souhaite mettre en œuvre. Il est évident modèles utilisés sous peine de connaître des désagréments.
que certains modèles facilitent la réalisation de certaines opérations
et d’autres non. Par exemple, les opérations booléennes sont assez
compliquées à implémenter sur un modèle B-Rep (§ 4.2), alors que
leur application à un modèle par boîtes (§ 4.1) est triviale. Le résultat 2.2 Multimodélisation
n’a cependant pas les mêmes propriétés dans les deux cas, et on ne
peut donc pas choisir la facilité, sans tenir compte des propriétés
des modèles obtenus. Il est illusoire de croire que les systèmes de CAO peuvent être
basés sur un modèle central qui contiendrait les informations défi-
■ Ouverture : cette qualité n’a pas d’influence réelle sur le passage nissant sans ambiguïté les objets. En effet, on s’aperçoit rapidement
du modèle mathématique au modèle informatique. Bien qu’elle soit que l’on se heurte au problème classique (bien connu dans les sys-
spécifique au modèle informatique, son importance est fondamen- tèmes de gestion de bases de données) de vues multiples adaptées
tale. Elle est complémentaire des facilités de mise en œuvre d’algo- à chaque utilisateur, être humain ou programme.
rithmes. Ainsi, par exemple, au sein de la même entreprise, le P.-D.G., le
La mise en œuvre des modèles n’est pas toujours obtenue direc- concepteur, le responsable des achats et le responsable de la fabrica-
tement par passage d’un modèle mathématique à un modèle infor- tion n’ont pas la même façon d’appréhender les objets. Dans des
matique. Même lorsqu’un modèle mathématique existe, un certain entreprises différentes (donneur d’ordre/sous-traitant, par exemple),
nombre de caractéristiques liées à l’informatique impliquent des les cultures peuvent encore amplifier les différences. Lorsque l’on
limitations importantes dans ce passage. La caractéristique essen- observe le fonctionnement d’un système de CAO (ou d’IAO), on note
tielle qu’il faut retenir est la notion de tolérance informatique. très rapidement des concepts et des méthodes variant fortement d’un
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logiciel à un autre : par exemple, le logiciel de CAO est fondé sur un 3.2 Bases des modèles de solides
modèle mathématique pour les surfaces, alors que le modèle de cal-
cul utilise une approximation par des triangles.
Ces contraintes conduisent à un ensemble de modèles (multimo- Un solide respecte les conditions suivantes :
délisation) dont les objectifs et les domaines d’application peuvent — rigidité : un solide a une forme invariante, quelles que soient sa
être fonction du domaine pris en compte, de l’utilisateur (opérateur position et son orientation (les distances et les angles algébriques
ou programme), voire même être spécialement définis pour amélio- sont conservés) ;
rer les performances. Cet aspect est encore amplifié lorsque l’on — finitude : un solide occupe une portion finie de l’espace ;
considère toutes les activités de l’entreprise. En effet, la cohérence — homogénéité : un solide a un intérieur, considéré comme
de l’ensemble et l’assurance que toutes les modifications ou toutes homogène ;
les évolutions sont correctement propagées devient un problème — un point de l’espace ne peut appartenir qu’à un solide au plus.
extrêmement complexe à résoudre.
Un modèle de solides, qu’il soit mathématique ou informatique,
doit également respecter des conditions sur les classes représentables
et les opérations applicables, en particulier :
3. Modélisation géométrique — validité : tout modèle constructible doit correspondre à un
solide ;
— puissance : tout objet doit être représentable.
3.1 Familles de modèles D’après [2], les modèles de solides sont des classes de congru-
3
Le modèle géométrique est au cœur du système de CFAO. C’est ence de sous-ensembles de E , bornés, fermés, réguliers et semi-
lui qui contient l’ensemble des informations géométriques sur les analytiques. Une classe de congruence est la collection de sous-
objets. La puissance d’un système de CFAO est en grande partie liée 3
ensembles de E qui peuvent être obtenus l’un de l’autre par des
à la qualité (ou aux qualités) de son modèle géométrique. Bien que
ce modèle soit encore insuffisant, il est indispensable de bien séquences de rotations et de translations.
appréhender les avantages et les inconvénients de chaque famille. Les solides étant caractérisés, un modèle doit respecter les condi-
tions de validité exprimées dans les caractéristiques générales des
■ Modèles bidimensionnels (2D) modèles. Toute opération sur des solides doit être une loi de compo-
Ils ont une connaissance des objets limitée à des vues planes, sans sition interne dans l’ensemble des solides mathématiques. Ainsi, par
relation, sauf outils particuliers, entre elles. Ils sont bien adaptés au exemple, les opérations booléennes « classiques » ne respectent pas
dessin industriel. Certains outils (de type trait de rappel) peuvent facili- cette condition. En effet, il est facile de montrer [3] que la propriété
ter des relations partielles entre vues. Ils peuvent être enrichis par des « régulier » (fermeture de l’intérieur différente de l’ensemble vide)
outils de construction « simples » d’objets 3D, comme l’extrusion ou la n’est pas respectée. La figure 2 montre que le résultat qui pourrait
révolution (certains parlent alors de 2D-1/2). Ils ne demeurent impor- être obtenu par l’opération booléenne intersection entre deux objets
tants aujourd’hui que parce qu’ils sont utiles pour la construction tangents par une face pourrait être non vide (portion de face). Le
d’objets 3D et parce qu’ils servent de base à une partie de la cotation. résultat n’est plus un solide (l’opération n’est pas interne).
■ Modèles tridimensionnels (3D) Il est donc nécessaire de définir des opérations booléennes dites
régularisées, définies par :
● Modèles fil de fer (wireframe)
A et B étant deux solides,
Un objet est connu par ses sommets et les arêtes qui les joignent.
Ces modèles sont maintenant abandonnés et ne méritent pas que
l’on s’y attarde. ( A ∪ *B ) = r ( A ∪ B )
Nota : il ne faut pas confondre modèle fil de fer avec vue en « filaire » ou « au trait », qui ( A ∩ *B ) = r ( A ∩ B )
est la représentation de n’importe quel type de modèle avec des traits (par opposition à des
images de synthèse). ( A –* B ) = r ( A – B )
● Modèles surfaciques
3
Les surfaces d’un objet sont connues, mais pas la matière. Ces où r désigne l’application qui, à un sous-ensemble de E , associe
modèles sont essentiellement basés sur des équations paramétriques. l’adhérence de son intérieur.
Leurs fondements restent très importants dans la mesure où ils sont
Malheureusement, le passage de ce modèle mathématique à un
toujours utilisés pour modéliser des objets possédant des surfaces
modèle informatique ne se fait qu’au prix de nombreux raccourcis.
gauches.
Nous présentons dans un premier temps le modèle qui s’approche
● Modèles de solides le plus du modèle mathématique (les boîtes), bien qu’il ne soit que
Les objets sont parfaitement connus, au moins en théorie. On relativement peu utilisé en CAO, puis les modèles les plus répandus
considère deux grandes familles de modèles : ceux qui conservent en CAO (B-Rep, CSG, paramétrique).
le résultat des opérations effectuées par l’opérateur (donc unique- Les modèles de solides peuvent être caractérisés par une repré-
ment des éléments sur la forme) et ceux qui gèrent des informations sentation soit explicite, soit implicite de la forme.
sur le mode de construction.
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P ( u)
u0 u1
a courbe
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existe : par exemple, si l’on conserve les relations « F(S) : une face (un
contour en réalité) est composée de sommets dans un ordre défini », 4 3
il est a priori inutile de conserver la relation « A(S) : une arête est défi-
nie par deux sommets », puisqu’il est possible de retrouver les arêtes
en parcourant les faces. Cependant, on constate qu’en parcourant les
faces, on se heurte à des problèmes de performance (et que l’on
trouve chaque arête deux fois). Pour des raisons de facilité de mise en
œuvre de certaines opérations, on préfère souvent conserver une cer-
taine redondance qui doit être prise en compte par le modeleur. 1 2
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■ FAS
Figure 12 – Vérification de la formule d’Euler
Assurer la validité d’une représentation peut être un problème
très complexe. La validité au sens topologique est actuellement bien
prise en compte. Elle peut être assurée de deux façons :
— soit par l’utilisation d’algorithmes de construction assurant la Lorsqu’un modeleur respecte en permanence la relation d’Euler, il
validité topologique ; est dit « eulérien » (manifold). S’il peut respecter cette relation pour
les solides, mais peut admettre également d’autres types d’objets
— soit en définissant des opérateurs d’accès au modèle prenant la (traits d’axes, plans de référence, etc.), il est dit « non eulérien »
responsabilité de la validité topologique. En effet, la formule d’Euler (non manifold). Cette dernière catégorie est de toute évidence la
(figure 12) définit les conditions entre les différents éléments : plus intéressante, dans la mesure où la construction de modèles
nécessite l’utilisation d’objets (plans de référence, surface, etc.) qui
F – A + S = 2(C – H) + R ne sont pas des solides. Il reste toutefois intéressant que le mode-
leur respecte la relation d’Euler lorsqu’il construit un solide. La vali-
avec S nombre de sommets, dité géométrique n’est pas du tout prise en compte par les
opérateurs d’Euler.
A nombre d’arêtes,
L’implantation informatique est faite sous la forme d’un graphe
F nombre de faces,
FAS (face, arête, sommet, en réalité face, contour, arête, sommet),
C nombre de composantes connexes, quelle que soit la structure réelle employée.
H nombre d’anses, La validité topologique et/ou géométrique peut être assurée :
R nombre de trous (anneaux) dans les faces. — soit à la construction : les algorithmes mis en œuvre lors de la
On peut alors considérer la relation d’Euler comme l’équation constitution du modèle doivent donc assurer cette validité ;
d’un hyperplan h dans un espace de dimension 6, dont les axes sont — soit a posteriori : il s’agit d’un contrôle de validité.
〈 S, A, F, C, H, R 〉 . Par définition, un opérateur d’Euler est un vecteur Le modèle « arête ailée » est l’un des plus connus et nous en faisons
non nul dans cet hyperplan. Un tel sextuplet ne caractérise pas de une présentation succincte, qui permet de compléter les modèles
manière unique un solide. simples déjà montrés.
Cinq opérateurs suffisent pour réaliser toutes les opérations :
— mvsf crée un solide initial composé d’un sommet et d’une face ■ Modèle arête ailée
(créer sommet, composante connexe, face, make vertex, shell, face) ; Le modèle winged edge (WE ou arête ailée), sans trou, est basé sur
— mev crée une arête à partir d’un sommet existant et d’un nou- trois objets :
veau sommet (make edge, vertex) ; — l’objet face contient uniquement le nom (un pointeur) d’une arête
— mef éclate un face existante avec une nouvelle arête entre deux quelconque de la face ;
sommets existants, et crée une nouvelle face (make edge, face) ; — l’objet arête contient les informations suivantes :
• noms (pointeurs) des faces directes (fdir) et indirectes (find),
— kemr éclate une face existante en deux composants en suppri-
• noms des sommets origine et extrémité ( s 1, s 2 ) ,
mant une arête (kill edge, make ring) ;
• noms des arêtes suivantes (asdir) et précédentes (apdir) dans la
— kfmrh compose deux faces de telle sorte que la frontière de l’une face directe,
devienne un trou (anneau) dans l’autre (kill face, make ring, hole). • noms des arêtes suivantes (asind) et précédentes (apind) dans la
Pour une utilisation plus facile, on implante un plus grand nombre face indirecte ;
d’opérateurs. — l’objet sommet contient le nom (pointeur) d’une arête quel-
Les principaux intérêts de la construction d’un modèle par des conque incidente au sommet et un pointeur vers la géométrie du som-
opérateurs d’Euler sont : met (x, y, z).
— toute représentation d’un objet par les frontières (valide) peut La détermination d’un certain nombre de relations est immédiate,
être construite par des opérateurs d’Euler ; dans la mesure où l’information apparaît explicitement dans la
— toute représentation construite par les opérateurs d’Euler structure : par exemple AF (dans l’objet arête), AA ou AS. D’autres
satisfait toutes les conditions de validité topologique. sont simples à déterminer, par exemple FA :
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P ∈ Solide ?
O O O O O O O O N
O N O O N N O N O
N O O N O N N O N
N N N N N N N N N
Les cercles se coupent, pas les polygones d'approximation.
a cercles sécants
X P X P
A–B
Figure 16 – Ambiguïté dans le calcul de la propriété : Figure 17 – Problèmes dus aux approximations
P appartient au résultat d’une opération booléenne de la « polygonalisation »
Pour traiter ces ambiguïtés, on introduit la notion de voisinage le modeleur stocke soit les faces, arêtes et sommets pour le B-Rep, soit
qu’il est inutile de détailler ici. Ces notions de voisinage sont en réa- l’arbre de construction, représenté par un arbre ou par une phrase,
lité relativement difficiles à gérer en CAO. En effet, elles rejoignent pour le CSG. Pour assurer les fonctions de dialogue et d’affichage, le
le problème fondamental des tolérances informatiques lié à l’utilisa- modeleur CSG conserve également une instance B-Rep.
tion de l’ordinateur. On parle également de modèles hybrides CSG/B-Rep. Un modèle
Les approximations qui sont faites peuvent également entacher hybride correspond à une tentative d’intégration au sein d’une même
l’ensemble des résultats d’erreurs grossières dans le cas de modèles structure des avantages du B-Rep et du CSG, en considérant en parti-
B-Rep. culier des opérateurs autres que booléens. Ils tentent de cumuler les
Sur la figure 17a les deux cercles se coupent. Pourtant, s’ils sont avantages des modèles B-Rep et CSG, en élargissant le champ
approchés par des polygones (grossiers pour l’explication), on risque d’application du CSG (en considérant d’autres opérations que les
de trouver qu’ils sont disjoints. opérations booléennes), et en mémorisant des informations sur les
faces pour, par exemple, permettre la cotation. Ces nouveaux mode-
Sur la figure 17b, on constate que si l’on pose un cercle sur un leurs peuvent prendre en compte des objets non solides (non mani-
cercle de même centre et de même rayon, le résultat peut être faux fold geometry ou géométrie non eulérienne). Les modeleurs hybrides
à cause de la polygonalisation. Dans le cas où cette opération est sont étendus au sein de la famille des modeleurs paramétriques.
faite pour boucher un trou (par exemple, par une union), le résultat
ne pourra être correct que si le cercle polygonalisé (le trou que l’on
veut boucher) n’a pas subi de rotation. Sinon, les deux polygones ne
coïncideront pas. Même s’ils coïncident, on se place dans une situa- 4.4 Modèles paramétriques
tion où les cas particuliers redoutés se produiront (tous les seg-
ments sont confondus deux à deux). Un objet peut être défini par ses paramètres, en particulier quelques
Dans la plupart des cas, lorsque l’on utilise un modeleur CSG, le dimensions. Ainsi, un cube est défini par la valeur de son côté et son
système créé entretient un modèle B-Rep pour servir de base aux opé- positionnement dans l’espace. Un certain nombre de propriétés intrin-
rations d’affichage et de dialogue. La figure 18 montre ce qui se passe sèques peuvent donc servir de base à la construction d’un élément
dans un modeleur B-Rep et dans un modeleur CSG. On constate que d’une famille, qui pourra être inséré dans un modèle plus complet.
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■ Création interactive
Utilisateur
● Avantage :
crée un
Utilisateur parallélépipède — apprentissage facile (pratiquement transparent par rapport à
crée un l’apprentissage du système de CAO). Cet avantage est, bien
parallélépipède B-Rep entendu, très important face aux inconvénients. On notera cepen-
O1 (6 faces) dant que cela demande à l’opérateur une véritable discipline de
B-Rep O2 (6 faces) construction, puisque, en quelque sorte, il se comporte comme un
O1 (6 faces) programmeur sans le savoir.
CSG
● Inconvénients :
CSG P1 (s,h,I,L)
a P1 (s,h,I,L) b P2 (s,h',I',L') — tout n’est pas possible ;
— les caractéristiques dépendent du modèle de paramétrage uti-
lisé (§ 4.4.1) ;
Utilisateur
— il est difficile de maîtriser toutes les décisions du modeleur en
Utilisateur
union des deux crée un
cas de construction complexe.
parallélépipèdes cylindre
CSG
Un objet est représenté par un n-uplets, figurant la famille à
e laquelle il appartient et la liste de paramètres le décrivant. Une telle
P1 U P2 – C1
représentation peut se comparer à l’arbre de construction, en consi-
dérant que l’on se contente de modéliser les caractéristiques de
Figure 18 – Comparaison des modèles B-Rep et CSG
l’objet. Dans la mesure où les familles sont connues et les domaines
de validité des paramètres précisés, elle est valide et non ambiguë.
Cependant, l’évaluation doit être mise en œuvre pour effectuer des
opérations telles qu’opérations booléennes (sauf à les intégrer dans
La définition d’une famille peut se faire soit par langage, soit inter- un arbre de construction dont les feuilles peuvent être des objets
activement. Le langage peut être soit spécifique, soit basé sur un lan- paramétrés quelconques), visualisation, calculs, etc.
gage de haut niveau comme C++. Nous ne détaillerons pas cette La figure 19 donne des exemples de pièces paramétrées. Le pre-
dernière possibilité, qui permet de définir des applications complètes mier exemple (figure 19a) illustre une rondelle trouée, dont les
et qui sera plus particulièrement illustrée au paragraphe 7. En réalité, paramètres sont les diamètres (rondelle et trous) et le nombre de
une mise en œuvre par langage dédié (supposé accessible à des non- trous. Les trous sont définis à partir d’une répétition circulaire dont
informaticiens) ou une utilisation par un dialogue homme-machine l’angle est défini à partir d’une équation (360° divisé par le nombre
basée sur le dessin sont dans la plupart des cas très liées, dans la de trous). Ces différents cas peuvent être intégrés dans les systèmes
mesure où langage et dialogue sont duaux (§ 4.4.2). Nous illustrons modernes directement dans un tableur, par exemple Excel sous
cette dualité par un exemple, après avoir distingué les notions de Windows. Le deuxième exemple (figure 19b) montre une roue den-
géométrie paramétrique et de géométrie variationnelle. tée et illustre une impossibilité dans la reconstruction (paramètres
Les avantages et les inconvénients des différentes méthodes sont non cohérents entre eux). Le troisième exemple (figure 19c) repré-
assez simples à appréhender. sente un tube et montre que sa construction est naturellement (par
construction) paramétrée.
■ Langages dédiés Pour évaluer ces objets, on pourra, comme dans l’arbre de
● Avantages : construction, soit déterminer une représentation par les limites et
— simples d’emploi (proches de langages de CN comme APT) ; lui appliquer tout algorithme valide, soit mettre en œuvre un algo-
— permettent de construire rapidement des pièces simples. rithme par classe d’opération.
● Inconvénients : Dans une conception paramétrique, l’opérateur construit un
— limités (bibliothèques de calcul, faible puissance du langage, modèle en utilisant un certain nombre de contraintes (tangences, dis-
etc.) ; tances, etc.). À partir de cette construction, le système définit un
— remplacés maintenant par la création interactive qui est duale modèle intégrant l’ensemble des contraintes, par exemple, sous
du langage. forme d’un graphe. Lorsque l’opérateur modifie l’une des valeurs de
cote, le système cherche à valider le graphe avec la nouvelle valeur, en
■ Langages de haut niveau répercutant les modifications les unes après les autres, par mise en
● Avantage : œuvre de procédures de résolution. Chaque valeur dépend explicite-
ment de valeurs définies auparavant. Le système de résolution suit
— très puissants (puissance intrinsèque du langage, bibliothè-
ainsi une logique qu’il est difficile de contourner. Les dépendances
ques de calcul, liaisons à d’autres programmes, etc.).
peuvent ne fonctionner que dans un sens. Par exemple, si l’opérateur
● Inconvénient : a défini que le rayon d’un cercle est égal à deux fois la longueur d’un
— réservés à des programmeurs avertis. segment :
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ce système que s’il a prévu ce cas particulier, ce qui, d’une part, est
peu probable, et qui, d’autre part, devrait être fait pour tous les cou-
plages possibles !
■ Considérons ce qui pourrait être fait dans un système de géomé- 30
trie variationnelle dans les mêmes situations. Le système gère un
système d’équations définissant les objets et les contraintes entre
objets. Nous en donnons une version possible (redondante) ci- 75
après, sans qu’elle fasse référence à un système implanté dans tel
ou tel logiciel.
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Par MENU :
Création d’une nouvelle pièce Crée une instance de pièce dans le modeleur (I1)
Par MENU :
Création d’un point
À la SOURIS :
Donnée du point Crée ce point dans le modèle (I2)
Par MENU :
Création d’un cercle centre-rayon
À la SOURIS :
Désignation du point déjà créé
Au CLAVIER :
Valeur du rayon Crée un cercle (I3)
Par MENU :
Création d’un point à distance horizontale d’un autre
À la SOURIS :
Désignation du premier point Crée un point (I4)
Par MENU :
Création d’un cercle centre-rayon
À la SOURIS :
Désignation du deuxième point créé
Au CLAVIER :
Valeur du rayon Crée un cercle (I5)
Par MENU :
Création d’un segment tangent à deux cercles
À la SOURIS :
Désignation de deux points approximatifs au-dessus des deux cercles Crée un segment tangent à C1 et à C2, au-dessus de C1 et de C2 (I6)
Par MENU :
Création d’un segment tangent à deux cercles
À la SOURIS :
Désignation de deux points approximatifs au-dessous des deux cercles Crée un segment tangent à C1 et à C2, au-dessous de C1 et de C2 (I7)
On constate que :
R2
— la notion de nom est utilisée pour construire des objets
R1
s’appuyant sur d’autres objets (par exemple, C1 est construit à partir
de P1) ;
— certaines notions très faciles à définir interactivement sont
plus délicates. Il en est ainsi par exemple des tangentes aux deux
P1 cercles. Les notions dessous ou dessus peuvent être délicates à trai-
ter lorsque les deux cercles sont à la verticale l’un de l’autre
(d’autres formulations sont bien entendu possibles) ;
D
— ce programme fait appel à des calculs qui peuvent être relati-
La forme est définie par le point P1 (qui donne une position à la vement complexes (tangences, etc.).
pièce), les rayons R1 et R2 et la distance entre les centres D. Elle
est créée horizontalement et les segments doivent rester En considérant toujours le même programme, cette fois sans para-
tangents aux deux cercles. mètre, et en supposant que l’appel à une fonction demande les ren-
seignements qui lui manquent à l’opérateur, il est facile de montrer
Figure 22 – Forme simple en 2D la dualité des approches par programme et par dialogue (encadré 1).
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et N i, k ( u ) = ( u – a i ) ⋅ N i, k – 1 ( u ) ⁄ ( a i + k – 1 – a i )
+ ( a i + k – u ) ⋅ N i + 1, k – 1 ( u ) ⁄ ( a i + k – a i + 1 ) Figure 24 – Courbes B-splines en fonction du degré
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■ Assemblage de faces ou d’objets Dans le cas des surfaces définies par produit tensoriel, il est
Il s’agit de décrire un solide comme un assemblage cohérent de possible de déterminer une forme implicite de toute forme ration-
faces et/ou de définir des solides complexes par des assemblages nelle. On aboutit malheureusement à des degrés très élevés, qui
cohérents de solides. limitent l’intérêt de cette approche. Il s’agit d’exprimer une condi-
tion nécessaire et suffisante pour assurer qu’un système d’équa-
Les faces de type surface gauche peuvent être prises en compte tions algébriques a les mêmes racines que les racines à l’infini d’un
dans la structure B-Rep, en considérant des solides constitués par polynome, appelé le résultant. Cette approche, bien que porteuse de
des faces gauches s’assemblant. La topologie face, arête, sommet quelques solutions, n’est à ce jour pas utilisée dans la pratique dans
pourra être maintenue, en gérant les correspondances : les systèmes de CAO. Des systèmes tels que celui développé à Mon-
— face = surface gauche ; tréal (SGDL) implémentent des approches de ce type dans l’espace
— arête = courbe ; homogène.
— sommet = point.
Une face gauche est considérée de la même façon qu’une face
analytique. Elle est limitée par des courbes (avec éventuellement des
Conclusion
courbes internes). La mise en œuvre d’un tel modèle, en se conten- De nombreux efforts ont été faits pour développer d’une part
tant d’assembler des faces jointives, ne pose pas de problème insur- les modèles de solides, d’autre part les modèles de surfaces.
montable. Cependant, dès que l’on souhaite traiter des opérations Aujourd’hui, des tentatives sont faites pour ne plus se contenter
complexes (booléennes, par exemple), il est nécessaire de définir d’une approximation des surfaces gauches, par exemple, par des
formellement la notion de carreau restreint. Un solide est défini par facettes planes comme seule solution d’intégration de surfaces
une collection de faces. Ces faces sont définies paramétriquement gauches dans les modèles de solides.
comme des carreaux restreints. Il est parfois difficile de maintenir la De nombreux obstacles limitent encore cette intégration. Le
cohérence topologique et des erreurs peuvent se traduire par l’appa- fait que les modèles de surfaces soient définis par un produit
rition de « petites » faces qui ne devraient pas exister ou par des tensoriel implique qu’une arête n’appartienne pas exactement
« trous » (fissures) dans le modèle. aux deux faces qui la définissent, sauf cas particuliers. Nous
avons montré les voies qui paraissent les plus prometteuses,
sans fournir de solution idéale.
6.2 Approche CSG Cependant, il faut bien garder à l’esprit que certaines approxi-
mations, même si elles ne sont pas totalement satisfaisantes
Il pourrait paraître assez facile sur un plan théorique d’intégrer les d’un point de vue théorique, peuvent s’avérer tout à fait suffi-
surfaces gauches à un modèle CSG : en effet, il « suffirait » de consi- santes en fonction de l’application et de la précision des résul-
dérer un modèle dont les feuilles seraient des demi-espaces définis tats que l’on peut obtenir ou que l’on considère comme
par une frontière de type surface gauche. Malheureusement, un suffisante.
obstacle incontournable ne permet pas cette approche : une surface
paramétrique (que ce soit une surface de Bézier, une B-spline ou une
NURBS) ne définit pas des demi-espaces ! En effet, on ne dispose
pas d’une formulation du type f ( x, y, z ) , qui permettrait de définir
un côté « positif » et un côté « négatif ». Une telle approche peut
donc s’effectuer selon deux méthodes :
— une première méthode consiste à conserver la formulation
7. Utilisation des modeleurs
paramétrique des surfaces, mais en considérant des objets de base
qui sont, non pas des demi-espaces, mais des objets primitifs solides,
dont la topologie s’appuie sur des surfaces gauches déformables ; Les modeleurs géométriques présentés ci-avant sont bien entendu
— une seconde méthode consiste à abandonner la formulation utilisés de manière interactive et sont intégrés dans des modèles pro-
paramétrique des surfaces et à définir des demi-espaces à partir de duits. Leur mise en œuvre ou leur intégration peut également se faire
formes implicites ( f ( x, y, z ) ) . à travers une interface de programmation (API : Application Program-
ming Interface). Dans les modèles les plus récents, cette API se pré-
■ Objets de base définis par des surfaces gauches
sente sous forme de classes d’objets utilisables dans des langages
On considère un arbre CSG, dont les feuilles sont des objets primi- orientés objet comme C++. Bien entendu, cette API peut être étendue
tifs, parfaitement définis du point de vue de leur topologie. Les faces aux objets non géométriques, mais si l’on en reste à la géométrie, elle
de ces objets sont définies par des réseaux de points de contrôle et permet de créer, détruire et modifier des objets dans le modeleur en
une définition paramétrique. Le choix de la définition paramétrique utilisant un certain nombre de méthodes. Certains modeleurs
est a priori quelconque. Cependant, l’une des représentations (comme Acis ou Parasolid) se présentent ainsi comme des noyaux de
(NURBS) paraît la mieux adaptée dans la mesure où elle permet de développement en donnant accès à une interface assez complète.
représenter exactement les quadriques : ainsi, les cylindres, les
Nous en donnons ci-après deux illustrations, à partir d’un mode-
sphères, etc., seront représentés dans la formulation NURBS adé-
leur assez simple et avec une syntaxe proche de celle utilisée dans
quate.
Parasolid.
L’opérateur pourra donc appeler et placer un objet primitif (par
exemple, un cube), modifier sa forme, puisque les faces seront
représentées par des équations paramétriques, composer ces objets
par des opérations booléennes. On pourra étendre cette classe 7.1 Procédures de création et de lecture
d’objets à des objets dont on maîtrise les méthodes de construction,
comme des objets par extrusion ou des objets de type B-Rep. dans un modeleur
■ Formes implicites
Il est bien entendu possible de manipuler des objets de base sous Ces accès sont simplifiés (sans retour d’erreur). Le modeleur rend
leur forme canonique, sans les facettiser. Les surfaces peuvent être un nom (sous forme d’un entier) à chaque fois qu’il crée un objet, ce
des quadriques et les intersections peuvent être calculées sur ce qui permet à l’application de le réutiliser si besoin. La forme des pro-
modèle. Là encore, l’évaluation du modèle doit être faite pour un cédures données dans l’encadré 5 n’est pas obligatoirement la
certain nombre d’opérations et pourra se faire soit par traversée de meilleure, mais elle permet de simplifier la présentation sans discu-
l’arbre, soit par évaluation d’un modèle B-Rep. ter la cohérence et le traitement des erreurs [5].
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a pièce à construire
étape 1
a première stratégie
étape 3
étape 2
étape 4
étape 1
étape 2
b deuxième stratégie
étape 2
étape 1
c troisième stratégie
Références bibliographiques
[1] POITOU (J.P.). – 30 ans de CAO en France. Édi- [3] GARDAN (Y.). – Systèmes de CFAO. Éditions [5] GARDAN (Y.). – Introduction à l’algorithmique
tions Hermès (1989). Hermès (1983). de base en graphique et en CAO. Éditions
Hermès, à paraître en 2002.
[2] REQUICHA (A.). – Mathematical models of
rigid solid objects. Tech. memo 28, Produc- [4] GARDAN (Y.). – La CFAO : introduction, tech-
tion Automation Project, université de niques et mise en œuvre. Éditions Hermès
Rochester (1977). (1991).
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