WHO RHR 12.37 Fre
WHO RHR 12.37 Fre
WHO RHR 12.37 Fre
La violence sexuelle
La violence sexuelle couvre les actes allant du harcèlement verbal
à la pénétration forcée, ainsi que des formes de contrainte très
variées allant de la pression et de l’intimidation sociale jusqu’à la
force physique.
La violence sexuelle (Encadré 1) comprend notamment, mais pas seulement :
n le viol conjugal ou commis par un petit ami ;
n la honte ;
1
ENCADRÉ 1. DÉFINITIONS DE LA VIOLENCE SEXUELLE
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la violence sexuelle comme suit : « Tout acte sexuel, tentative
pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou
autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne
indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le
foyer et le travail » (2)
La coercition peut inclure :
• le recours à la force à divers degrés
• l’intimidation psychologique
• le chantage
• les menaces (de blessures corporelles ou de ne pas obtenir un emploi/une bonne note à un examen, etc.).
La violence sexuelle peut également survenir lorsque la personne agressée est dans l’incapacité de donner son
consentement – parce qu’elle est ivre, droguée, endormie ou atteinte d’incapacité mentale, par exemple.
La définition de l’OMS est assez large, mais il existe des définitions plus restrictives. Par exemple, aux fins de
recherche, certaines définitions de la violence sexuelle sont limitées aux actes qui font intervenir la force ou la
menace de violence physique.
L’Étude multipays de l’OMS (3) a défini la violence sexuelle comme étant des actes par lesquels une femme :
• a été physiquement forcée à avoir des rapports sexuels contre sa volonté ;
• a eu des rapports sexuels contre sa volonté parce qu’elle avait peur de ce que pourrait faire son partenaire ;
• a été contrainte à une pratique sexuelle qu’elle trouvait dégradante ou humiliante.
Bien qu’il reste encore beaucoup à faire sur le plan de la recherche, des enquêtes
en population telles que des enquêtes démographiques et sanitaires (4), des
enquêtes de santé génésique (5) et l’Étude multipays de l’OMS sur la santé des
femmes et la violence domestique à l’égard des femmes (3)1 ont permis de recueillir
des données sur différentes formes de violence sexuelle.
1
Pays concernés : Bangladesh, Brésil, Éthiopie, Japon, Namibie, Pérou, Samoa, Thaïlande,
l’ancienne Communauté étatique de Serbie-et-Monténégro, et la République unie de
Tanzanie. Plus récemment, cette étude a été reproduite à Kiribati, aux Maldives, aux Îles
Salomon, et au Vietnam.
2
FIGURE 1
Pourcentage de femmes de 15 à 49 ans ayant déjà eu un partenaire, qui ont été
confrontées à la violence sexuelle d’un partenaire intime après l’âge de 15 ans (3)
0 10 20 30 40 50 60 70
Pourcentage (%)
3
à presque 30 % en milieu rural au Bangladesh (3). Dans les études portant à la
fois sur des hommes et des femmes, la prévalence des viols et de la coercition
sexuelle déclarés était plus élevée parmi les femmes. À Lima, au Pérou, par
exemple, le nombre de jeunes femmes ayant déclaré que leur initiation sexuelle
leur avait été imposée (40 %) était quatre fois supérieur à celui des hommes
dans le même cas (11 %) (11). De plus, il faut savoir que dans les enquêtes où les
femmes sont interrogées sur leurs premiers rapports sexuels, celles qui utilisent
le terme « non désirés » obtiennent typiquement des taux de réponse qui sont
plusieurs fois supérieurs aux taux obtenus dans les enquêtes utilisant le terme
« forcés » (6).
4
la majorité des cas déclarés ont eu lieu avant l’âge de 11 ans. Les agresseurs
étaient généralement des personnes que les victimes connaissaient.
5
Quelles sont les causes profondes et les facteurs de risque de la
violence sexuelle ?
Les formes que revêt la violence sexuelle, et les contextes dans lesquels
elle s’exerce, sont multiples et variés. De ce fait, il est difficile d’apprécier
les facteurs qui sont liés à un risque accru d’exposition des femmes à la
violence sexuelle. Le modèle écologique, selon lequel la violence est le résultat
de plusieurs facteurs opérant à quatre niveaux : individuel, relationnel,
communautaire, et sociétal, est utile pour comprendre l’interaction entre les
facteurs d’un même niveau et de niveaux différents.
Les listes suivantes de facteurs, qui se retrouvent dans toutes les études et
les différents contextes, sont essentiellement tirées de la publication de 2012
Prévenir la violence exercée par des partenaires intimes et la violence sexuelle contre les
femmes : intervenir et produire des données (20) et de la publication de 2002 Rapport
mondial sur la violence et la santé (21).
6
n les normes traditionnelles en matière de rôles assignés aux deux sexes et
les normes sociales liées à la supériorité masculine (par exemple, l’idée que
les rapports sexuels entre époux sont un droit pour l’homme marié, que ce
sont les femmes et les filles qui provoquent les désirs sexuels des hommes à
distance, ou encore que le viol est un signe de masculinité) ; et
n la faiblesse des sanctions communautaires et judiciaires contre la violence.
TABLEAU 1
Exemples de conséquences de la violence et de la coercition sexuelles
sur la santé des femmes
7
Quelles sont les meilleures approches pour mettre fin
à la violence sexuelle ?
Par le passé, les approches de la violence sexuelle se sont surtout concentrées
sur le système de justice pénale ; mais un mouvement général s’opère
actuellement vers une approche axée sur la santé publique, qui reconnaît
que la violence n’est pas le résultat d’un seul facteur de risque, mais le
produit de plusieurs qui interagissent aux niveaux individuel, relationnel et
communautaire/sociétal. Par conséquent, résoudre le problème de la violence
sexuelle exige des actions concertées de secteurs très divers, notamment la
santé, l’éducation, les services sociaux et la justice pénale. L’approche de la
santé publique vise à offrir de meilleurs soins et davantage de sécurité à des
populations entières et se concentre essentiellement sur la prévention, tout en
veillant à ce que les personnes confrontées à la violence aient accès aux services
et au soutien appropriés.
8
Principes généraux de bonnes pratiques pour lutter contre la violence
sexuelle
Outre les rares données scientifiques sur les interventions efficaces, on trouve
également dans la littérature quelques principes de bonnes pratiques pour
lutter contre la violence sexuelle.
9
Bibliographie
1. Contreras J et al. Sexual violence in Latin America and the Caribbean: a desk review.
Pretoria, Sexual Violence Research Initiative, 2010.
2. World Health Organization. Violence against women – Intimate partner and sexual
violence against women. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2010.
3. Garcia-Moreno C et al. Étude multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence
domestique à l’égard des femmes : premiers résultats concernant la prévalence, les effets
sur la santé et les réactions des femmes. Genève, Organisation mondiale de la Santé,
2005.
4. Kishor S, Johnson K. Profiling domestic violence – a multi-country study. Calverton,
MD, ORC Macro, 2004.
5. CDC. International Reproductive Health Surveys. Atlanta, GA, US Centers for Disease
Control and Prevention, 2011.
6. Bott S et al. Violence against women in Latin America and the Caribbean: A comparative
analysis of population-based data from 12 countries. Washington DC, Organisation
panaméricaine de la Santé, sous presse.
7. Jewkes R et al. Gender inequitable masculinity and sexual entitlement in rape
perpetration South Africa: findings of a cross-sectional study. PLoS ONE, 2011,
6(12): e29590.
8. Watts C, Zimmerman C. Violence against women: global scope and magnitude.
Lancet, 2002, 359(9313):1232–37.
9. Heise L, Ellsberg M, Gottemoeller M. Ending violence against women. Baltimore, MD,
Johns Hopkins University School of Public Health, Center for Communications
Programs, 1999.
10. Tjaden P, Thoennes N. Full Report of the Prevalence, Incidence, and Consequences of
Violence Against Women: Findings from the National Violence Against Women Survey.
Washington, DC, National Institute of Justice, 2000.
11. Caceres C. Assessing young people’s non-consensual sexual experiences: lessons
from Peru. Dans : Jejeehboy S, Shah I, Thapa S, éds. Sex without consent: young
people in developing countries. Londres, Zed Books, 2005, 127–38.
12. Andrews G et al. Child sexual abuse. Dans : Ezzati M, Lopez AD, Rodgers A,
Murray CJ, éds. Comparative quantification of health risks: global and regional burden of
disease attributable to selected major risk factors. Genève, Organisation mondiale de
la Santé, 2004.
13. Reza A et al. Sexual violence and its health consequences for female children in
Swaziland: a cluster survey study. Lancet, 2009, 373(9679):1966–72.
14. Speizer IS et al. Dimensions of child sexual abuse before age 15 in three Central
American countries: Honduras, El Salvador, and Guatemala. Child Abuse &
Neglect, 2008, 32(4):455–62.
15. Management Systems International (MSI). 2008. Are Schools Safe Havens for
Children? Examining School-related Gender-based Violence. Washington, DC: U.S.
Agency for International Development.
16. Wellesley Centers for Research on Women, DTS (2003) Unsafe schools: a literature
review of school-related gender-based violence in developing countries. Washington, DC:
United States Agency for International Development (USAID).
17. Columbia RH, Kadzamira E, Moleni C (2007) The Safe Schools Program:
student and teacher baseline report on school-related gender-based violence in
Machinga District, Malawi. Washington DC: USAID. http://pdf.usaid.gov/pdf_
docs/PNADK758.pdf.
18. Hill C, Kearl H. Crossing the line: sexual harassment at school. Washington, DC:
American Association of University Women, 2011.
19. Commission Européenne. Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail dans l’Union
européenne. Bruxelles, Commission européenne, Direction générale de l’emploi
IRaSA, 1998.
10
20. OMS/LSHTM. Prévenir la violence exercée par des partenaires intimes et la violence
sexuelle contre les femmes : intervenir et produire des données. Genève, Organisation
mondiale de la Santé/Londres, London School of Hygiene and Tropical Medicine,
2012.
21. Krug EG, et al, éds. Rapport mondial sur la violence et la santé. Genève, Organisation
mondiale de la Santé, 2002.
22. Watkins B, Bentovim A. The sexual abuse of male children and adolescents: a
review of current research. Journal of Child Psychology & Psychiatry, 1992, 33(1):197–
248.
23. Dube SR et al. Long-term consequences of childhood sexual abuse by gender of
victim. American Journal of Preventive Medicine, 2005, 28(5):430–38.
24. Patel V, Andrew G. Gender, sexual abuse and risk behaviours in adolescents: a
cross-sectional survey in schools in Goa. National Medical Journal of India, 2001,
14(5):263–67.
25. OMS. Addressing violence against women and HIV/AIDS. What works? Report of a
consultation. Genève: Organisation mondiale de la Santé et Programme commun
des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), 2010.
26. Levenson JS, D’Amora DA. Social policies designed to prevent sexual violence.
Criminal Justice Policy Review, 2007, 18(2):168–99.
27. Violence against women Special Issue: Engaging Communities to End Sexual
Violence: Current Research on Bystander Focused Prevention. Violence against women
17(6). Juin 2011.
28. Mirsky J. Beyond victims and villains: addressing sexual violence in the education sector.
Londres : The Panos Institute, 2003.
29. Flood M, Fergus L, Heenan M. Respectful relationships education violence prevention
and respectful relationships education in Victorian secondary schools. Melbourne,
Australie : État de Victoria, Department of Education and Early Childhood
Development, 2009. http://www.eduweb.vic.gov.au/edulibrary/public/stuman/
wellbeing/respectful_relationships/respectful-relationships.pdf
30. Cooper PJ et al. Improving quality of mother-infant relationship and infant
attachment in socioeconomically deprived community in South Africa:
randomised controlled trial. British Medical Journal, 2009, 338:b974.
31. Aracena M et al. A cost-effectiveness evaluation of a home visit program for
adolescent mothers. Journal of Health Psychology, 2009, (7):878–87.
32. Olds DL et al. Effects of home visits by paraprofessionals and by nurses: age 4
follow-up results of a randomized trial. Pediatrics, 2004, 114(6):1560–68.
33. OMS. Guidelines for medico-legal care for victims of sexual violence. Genève :
Organisation mondiale de la Santé, 2003.
11
La série complète des fiches d’information « Comprendre et lutter contre la violence
à l’égard des femmes » peut être téléchargée sur le site Web du Département
Santé et recherche génésique de l’OMS à l’adresse http://www.who.int/
reproductivehealth/publications/violence/fr/index.html, et sur le site Web de
l’Organisation panaméricaine de la Santé à l’adresse www.paho.org/
Des informations supplémentaires sont disponibles dans les publications de l’OMS,
parmi lesquelles :
Prévenir la violence exercée par des partenaires intimes et la violence sexuelle contre
les femmes : intervenir et produire des données
http://www.who.int/reproductivehealth/publications/violence/9789241564007/fr/
Étude multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence domestique à l’égard
des femmes : premiers résultats concernant la prévalence, les effets sur la santé et les
réactions des femmes
http://www.who.int/publications/list/9242593516/fr/index.html
Remerciements
Cette fiche d’information a été rédigée par Claudia Garcia-Moreno, Alessandra
Guedes et Wendy Knerr et fait partie d’une série élaborée par l’OMS et l’OPS
pour passer en revue l’ensemble des données actuelles relatives aux différents
aspects de la violence à l’égard des femmes. Rachel Jewkes et Sarah Bott ont
contribué à cette fiche d’information en tant qu’examinatrices externes.
Sarah Ramsay a assuré la révision de la série.
WHO/RHR/12.37
© Organisation mondiale de la Santé 2012
Tous droits réservés. Les demandes relatives à la permission de reproduire ou de traduire des
publications de l’OMS – que ce soit pour la vente ou une diffusion non commerciale – doivent être
envoyées aux Éditions de l’OMS via le site Web de l’OMS à l’adresse http://www.who.int/about/
licensing/copyright_form/en/index.html.
Si l’OMS a pris raisonnablement toutes les précautions nécessaires pour vérifier les informations
données dans la présente publication, le document est cependant distribué sans garantie d’aucune
sorte, ni explicite ni implicite. Le lecteur est seul responsable de l’interprétation et de l’utilisation
qu’il en fait. L’Organisation mondiale de la Santé ne saurait en aucun cas être tenue responsable
d’éventuels préjudices qui pourraient résulter de son utilisation.
12