1996 SIM Optimisation Broyage
1996 SIM Optimisation Broyage
1996 SIM Optimisation Broyage
février 1996
SOMMAIRE
Contribution BRGM
Participants :
Jean Claude Guillaneau Géologie & Mine International
Jacques Villeneuve Direction de la Recherche
7.1 - Généralités
L'enjeu de l'optimisation des installations de broyage est clair : 3 % de l'énergie consommée
dans le monde et même jusqu'à 5 % en Scandinavie. Si l'on prend en compte en plus la
consommation d'acier à travers des revêtements et des corps broyants, tout gain, même
minime, sur ces circuits est sensible pour l'ensemble de la production.
De nombreux facteurs interviennent (gestion de la maintenance, type d'entrainement du
broyeur, forme et dimensions des corps broyants, etc.) mais les deux approches qui apportent
les gains les plus substantiels sont le contrôle (cf. § 7.3) et l'analyse par simulation parfois
appelée simulation pré-contrôle.
Ces deux approches sont classiquement utilisés dans les industries chimique ou
pétrochimique mais beaucoup moins dans l'industrie du traitement des matières minérales.
Les spécificités du traitement des matières minérales proviennent :
Ceci conduit à une approche souvent largement empirique qui repose sur des essais réalisés
parfois à l'échelle du laboratoire mais souvent à l'échelle pilote ou industrielle. Ces essais
conduisent à la formulation de modèles construits à partir de concepts énergétiques (modèle
de Bond) ou issus du génie chimique (distribution des temps de séjour, modèles à bilans de
populations) qui sont "étalonnés" à partir des données expérimentales disponibles.
La mise en oeuvre d'une approche basée sur la simulation suit la même méthodologie qu'un
audit d'installation, le simulateur étant un outil supplémentaire dans les mains de l'ingénieur
de procédés pour générer des informations manquantes, valider des alternatives de
modifications et conduire à une prise de décision quantifiée et clairement étayée
techniquement et économiquement [Morizot et al., 1995].
1. Acquisition des données sur le site (analyse de documents, des bilans de production,
échantillonnage des flux pas ou mal connus),
2. Traitement des données brutes (formalisation du flowsheet réellement utilisé, traitement
statistique par bilan matière, etc.) pour obtenir une "photo" instantanée de l'installation,
3. Création d'un simulateur de l'installation en ajustant les modèles mathématiques
sélectionnés aux données validées issues de l'étape précédente,
4. Utilisation du simulateur pour tester toute idée d'amélioration du circuit (flowsheet,
réglages, changements d'appareils, etc.) et rechercher les conditions optimales de
fonctionnement.
La démarche décrite ci-dessus est générale et peut s'appliquer tout aussi bien à un circuit
d'adsorption d'or qu'à un circuit de broyage. La mise en oeuvre pratique demandera toutefois
deux niveaux d'expertise : celui de l'ingénieur de procédé qui présélectionnera les hypothèses
et analysera les résultats et celui contenu dans les modèles mathématiques qui doivent prédire
le fonctionnement de l'unité étudiée.
Quelques définitions sont nécessaires avant de décrire les modèles les plus employés. Le
"jargon" employé en simulation statique utilise des termes classiques mais parfois avec une
acception particulière. Trois niveaux doivent être précisés, les descriptions granulométriques,
la notion de modèle et celle de simulateur.
Différentes lois sont utilisées pour caractériser, d'une manière continue, la répartition par taille
des particules appelée distribution granulométrique. La loi de Rosin-Rammler est la plus
classique (utilisée notamment dans le modèle dit "de Bond" pour les broyeurs à boulets et à
barres), celle de Gaudin-Schuhmann ainsi que la formulation Log-normale correspondent à
des usages "culturels", principalement nord-américains.
où :
Y est le passant à la maille considérée (en fraction),
d le diamètre des particules de la classe considérée,
d * le d63.2 et
s la pente.
La loi de Gaudin-Schuhmann est :
n
d
Y = *
d
où :
Y est le passant à la maille considérée (en fraction),
d le diamètre des particules de la classe considérée,
d * le diamètre maximum et
n la pente.
La loi Log-Normale est :
d d
ln * ln *
d
Y = erf =
d 1
∫ e − x dx
2
σ
σ π −∞
où :
Y est le passant à la maille considérée (en fraction),
d est le diamètre des particules de la classe considérée,
d * est le diamètre moyen (d50) et
σ est la dispersion.
Un autre concept de représentation est utilisé pour l'étude et la caractérisation des circuits de
broyage, c'est la courbe de partage.
Une courbe de partage donne la fraction de l'alimentation passant dans le flux grossier pour
chaque tranche granulométrique. Ce qui se formalise par :
Qc ( X )
Y (X ) =
Qc ( X ) + Q f ( X )
où:
Y ( X ) est le partage dans la tranche granulométrique de taille moyenne X ,
Qc ( X ) est le débit partiel de la tranche considérée dans le flux grossier
Q f ( X ) est le débit partiel équivalent dans le flux fin.
la consommation d'énergie,
l'influence des conditions opératoires sur les performances,
la résistance mécanique des pièces d'usure,
la conception de l'appareil, etc.
concevoir un appareil,
concevoir une installation,
étudier une adaptation de la production au marché,
Un modèle qui prendrait en compte tous ces points de vue et tous ces objectifs serait universel
mais très probablement impossible à utiliser car prenant en compte trop de paramètres
délicats à déterminer. Ainsi de larges simplifications sont elles réalisées pour rendre
opérationnels les modèles proposés comme :
la prise en compte globale des caractéristiques d'un minerai au travers d'un indice comme
le Hardgrove ou de l'indice énergétique de Bond [Bond, 1952] : le Work Index,
la prise en compte de la géométrie d'un broyeur au travers de sa longueur et de son
diamètre (sans prendre en compte explicitement les revêtement, les goulottes
d'alimentation et de décharge, etc.).
Une fois les objectifs et donc les variables clefs déterminées, il faut trouver les relations entre
les informations fournies au modèle (caractéristiques et débit du matériau, géométrie de
l'appareil et conditions opératoires) et les variables que l'on souhaite déterminer
(granulométrie du produit, puissance consommée). Ces relations peuvent être :
Alimenter les procédés amonts (flottation, cyanuration, etc.) avec une granulométrie et un
degré de libération définis comme dans le cas des minerais, ou générer directement des
produits finis ou semi-finis comme dans le cas des minéraux industriels demande des
installations d'une grande souplesse au niveau de la définition du schéma de traitement et des
réglages des appareils comme tenu de la variabilité de la matière première.
7.2.1.3 - Simulation.
Un simulateur statique est un logiciel capable de prédire le fonctionnement stable d'une usine
en fonction des caractéristiques de son alimentation et de ses équipements.
On appelle simulation directe la prédiction des flux de minerai et d'eau d'une usine
fonctionnant en régime stationnaire sous des conditions données; on appelle simulation
inverse, l'utilisation d'un simulateur pour déterminer des paramètres de configuration de
l'usine (comme par exemple la dimension d'un appareil) dans le but d'obtenir un
fonctionnement prédéterminé d'une usine.
CONFIGURATION DE L'USINE
- Flowsheet
- Principaux appareils
* Dimensions
* Réglages
La simulation statique est une approche très efficace en dimensionnement d'installations car
elle permet :
d'évaluer un grand nombre d'hypothèses pour le flowsheet, le choix des appareils, etc.,
de dimensionner certains équipements de traitement et de manutention du minerai,
d'obtenir en très peu de temps une configuration quasi-optimisée de l'installation
industrielle.
Elle est aussi utilisée comme aide aux décisions industrielles dans des usines existantes. Par
exemple, elle permet :
Les simulateurs statiques pourraient aussi potentiellement être inclus dans des systèmes de
contrôle de procédé avancés pour faciliter l'analyse en ligne et le diagnostic du procédé. Ils
devraient aussi pouvoir apporter une aide conséquente pour la formation du personnel des
usines.
Les changements provoqués par l'arrivée des simulateurs dans l'industrie de traitement des
matières minérales sont très profonds : le temps est venu où le rôle de l'expérimentation doit
être reconsidéré. Traditionnellement, l'expérimentation avait pour but principal de reproduire
à petite échelle toutes les configurations du procédé prévues pour l'unité industrielle. Dans un
futur proche, elle aura pour but d'aider à sélectionner des modèles d'opérations unitaires et de
générer les données nécessaires au calibrage des modèles et à la validation des résultats de
simulation.
La simulation guidée par objectifs est un outil hybride, une combinaison des simulations
directes et inverses. Pour exécuter une simulation guidée par objectifs, l'utilisateur doit entrer
trois types de données :
les objectifs
les objectifs décrivent les performances souhaitées de l'usine. Ils peuvent être
la distribution granulométrique sur certains flux, les débits et/ou la composition
minéralogique sur d'autres flux. Les valeurs des d80, d95 ou d50 de
distributions granulométriques, les teneurs du concentré ou la récupération, les
charges circulantes sont des objectifs typiques.
La simulation guidée par objectifs utilise les données prédéterminées et optimise les valeurs
des paramètres indéterminés pour se rapprocher le plus possible des objectifs. Elle prédit
aussi le fonctionnement de l'ensemble du procédé avec les meilleures valeurs trouvées pour
les paramètres initialement indéterminés. Le résultat pratique est que chaque simulation
représente mieux le fonctionnement réel d'une installation et que les paramètres de
l'installation et sa configuration peuvent être optimisés plus rapidement. La Figure 5
schématise le fonctionnement d'un simulateur guidé par objectifs.
OBJECTIF
Figure 5 - Fonctions générales d'un simulateur statique guidé par des objectifs
Un simulateur guidé par objectifs peut bien sûr être utilisé comme un simulateur direct
traditionnel si aucun paramètre n'est indéterminé et il présente aussi toutes les capacités d'un
simulateur inverse.
Les deux aspects fondamentaux de la modélisation des appareils de broyage sont contenus
dans l'énoncé des objectifs de la simulation statique : dimensionnement et optimisation.
Les modèles doivent être capables de fournir à la fois la distribution granulométrique des
produits et la puissance consommée en fonction des dimensions des appareils et des
conditions opératoires.
Nous retrouverons ainsi dans la plupart des modèles deux composantes :
• une formule de calcul de puissance consommée en fonction des dimensions et des
conditions opératoires,
• une représentation de la réduction granulométrique en fonction de la puissance disponible.
En 1941, Brown pose la première équation de bilan des classes granulométriques. En 1947,
Epstein invente une formulation probabiliste du broyage, et une séparation des concepts de
"vitesse de broyage" et de "distribution des produits broyés". Une des première formulation
"opérationnelle" en ce sens qu'elle permet une interprétation d'un broyage industriel est celle
de Broadbent et Callcott (1956), qui introduisent une notion d'étages au sein d'une formulation
matricielle. Enfin, en 1962, Gardner et Austin démontrent l'applicabilité des concepts en
réalisant des expertises.
Si ces théories "cinétiques" sont à même de décrire les distributions granulométriques, elles
n'ont pas intrinsèquement vocation à décrire leurs évolutions en fonction des dimensions et
conditions opératoires du broyeur.
Le lien entre cette description "cinétique" et la prédiction "énergétique" se retrouve
principalement sous la forme d'une proportionnalité entre la "vitesse de broyage" et l'énergie
consommée.
Ainsi, la plupart des modèles de broyeurs sont composés d'un élément qui permet le
dimensionnement et l'extrapolation (voir figure 6) : la fonction de calcul de puissance, et d'un
élément descriptif de la réduction granulométrique.
Sans vouloir présenter un panorama complet des différents modèles utilisés aujourd'hui avec
profit, il nous semble intéressant de montrer comment l'utilisation combinée de ces deux
approches permet, pour des appareils dans lesquels les phénomènes sont complexes
(broyeur autogène) comme pour des appareils récents où les phénomènes ne sont pas tous
quantifiés, de produire des modèles pratiques.
40
30
20
10
SAM 7.5
SAM 30
SAM 75
0
0 10 20 30 40 50
Measured power (kW )
Figure 6 - Relation entre la puissance simulée et mesurée d'un broyeur - cas du broyeur
vertical SAM
Le modèle présenté ici combine une approche "cinétique du premier ordre" pour les particules
inférieures à la taille de la grille de décharge, une fonction d'usure pour les rocs et une fonction
de classification pour l'extraction des pebbles.
Les termes employés pour caractériser les différents fragments de l'alimentation sont
représentés sur la figure suivante.
Diamètre maximum
des pebbles extraits
Pebbles
extraits
Alimentation
Diamètre minimum
des pebbles extraits
Particules
Taille de la grille de
décharge :
- dessous = particules
- dessus = rocs
L'usure des rocs est considérée analogue à celle des boulets étudiée par Austin [Austin et al.,
1987].
Formule de base.
dm
= ρ. 4π.r 2+ ∆ . V 0 (1)
dt
avec :
r : rayon du roc (unité de longueur),
∆ : peut aller de 0 pour une abrasion proportionnelle à la surface à 0.999 pour une
usure proportionnelle au volume,
V0 : constante d'abrasion dont l'unité dépend de ∆ ((unité de r)/s si ∆=0),
ρ : densité du matériau.
Cette expression signifie que la masse produite par abrasion par unité de temps est
proportionnelle à la masse du roc si ∆ est presque égal à 1, et proportionnelle à sa surface si
∆=0. Le coefficient ∆ vaut généralement environ 0.6.
L'abrasion d'un roc génère des fines (dont la taille est inférieure à l'ouverture de la grille de
décharge) et un autre roc qui se retrouve dans le classe granulométrique juste inférieure.
Le bilan masse sur une classe granulométrique de roc quand le broyeur fonctionne en régime
permanent est exprimé par :
Variation de masse par unité de temps = débit d'alimentation + débit de production de la classe
juste au dessus - débit de disparition par abrasion - débit d'extraction.
pour ∆≠1 :
3
mi - 1. ri
ri − 1 −
0 = Qfi + (1 - ∆ ) V.
mi
− Qexti (2)
(ri − 1) − (ri ) (ri ) − (ri + 1)1−∆
1− ∆ 1− ∆ 1− ∆
avec :
Qfi : débit d'alimentation (kg/s),
Qexti : débit d'extraction (kg/s),
V : vitesse d'abrasion (unité de r1-∆/s),
m : masse de rocs (kg),
r : rayon d'un roc (unité de longueur),
i : index de la classe granulométrique (la plus grosse classe est la n°1).
avec :
V0 : vitesse d'abrasion,
D : diamètre interne du broyeur.
Les rocs dont le diamètre est compris dans un intervalle à spécifier suivant les minerais sont
considérés comme "critiques". Ils peuvent être extraits grâce aux grilles qui agissent comme
des cribles. Les fonctions de classification qui permettent de représenter ces grilles sont :
1
ci = α
si xi < x50
x50
1+ (4)
xi
ci = 1 si xi ≥ x50
avec :
ci : proportion de l'alimentation qui se retrouve dans les gros,
α : imperfection de la classification,
x50 : taille à laquelle 50% de l'alimentation se retrouve dans les gros,
xi : diamètre (moyenne géométrique des bornes) des rocs dans la classe i.
La grille qui sert au retour des fines extraites dans le broyeur est considérée comme parfaite.
Dans ce cas, ci = 0 si xi < x50.
Le débit des pebbles extraits est considéré comme proportionnel à leur masse dans le broyeur.
L'expression finale est :
avec :
Cmax : classification par la grille d'extraction,
Cmin : classification par la grille de retour,
effi : efficacité d'extraction.
Dpebmax
effi = aeffi. (6)
L
avec :
aeffi : paramètre d'ajustement,
Dpebmax : diamètre maximum des rocs dans le broyeur,
L : longueur du broyeur.
Calcul de puissance.
ρs ρs * 0.1
PW = 10.6.D 2.5 .L.(1 - 1.03.Premp) (1 − ε ). .Premp + 0.6.Premb. ρb - .N .1 − (9−10N* ) (7)
csol csol 2
avec :
PW : Puissance calculée (kW),
ε : porosité de la charge, typiquement 0.3,
ρb : densité des boulets (ton/m3),
ρs : densité moyenne des rocs (ton/m3),
csol : pourcentage de solides dans la charge,
Premp : proportion du volume occupé par la charge,
Premb : proportion du volume occupé par les boulets,
N* : fraction de la vitesse critique.
Broyage du minerai.
Les fines produites par l'abrasion des rocs sont distribuées dans les classes granulométriques
des "particules" selon une fonction inspirée de la forme générale des fonctions de broyage.
γj βj
Bsupi Bsupi
Bi, j = ϕj. + (1 − ϕj). (8)
Drefab Drefab
avec :
Bi,j : fraction de fines produites par abrasion qui se retrouve dans la classe i,
drefab : taille de référence.
Le minerai est broyé selon la description cinétique du broyage, assortie d'une hypothèse de
compensation :
Pu d d
2
S i = S1 . .exp z1 .ln i + z 2 ln i
E
(11)
Hpart d iref d iref
avec :
d : diamètre moyen des particules dans la classe i,
i
Hpart : charge de particules dans le broyeur,
H - Hcrit - Hball
Pu = PW. (12)
H - Hball
avec :
H : charge totale dans le broyeur,
Hcrit : charge de rocs dans la taille critique (pebbles),
Hball : charge en boulets.
Les paramètres de la fonction de sélection sont déterminés par ajustement à partir de données
issues de tests pilotes ou industriels.
Après la présentation de ce modèle parmi les plus complexes qu'on puisse trouver aujourd'hui
qui garde un caractère opérationnel et utilisable, il semble opportun de rappeler les bases des
modèles énergétiques éprouvés depuis de nombreuses années : voici les modèles basés sur
la théorie énergétique de Bond.
La puissance consommée par le broyeur à barres par tonne métrique de barres est donnée
par la formule du constructeur Allis-Chalmers :
1
Wst = 1,752. D 3 . (6,3 − 5,4.Tc).Vr
avec:
Wst : puissance consommée par tonne de barres (kW)
D : diamètre interne du broyeur (m)
Vr : vitesse de rotation exprimée en fraction de la vitesse critique
Tc : fraction du volume interne du broyeur occupée par la charge de barres.
EF6 = 1 +
( Rr − Rro)
2
(14)
150
avec :
5L
Rro = 8 + (15)
D
avec :
L : longueur des barres.
Ce modèle est aussi basé sur la théorie énergétique du broyage, et en particulier sur la loi de
Bond alliée à la méthode de Allis Chalmers pour dimensionner les broyeurs. [Rowland et al.,
1978].
0,1
Wst = 4,879. D 0.3 (3,2 − 3.Tc).Vr.
9 −10.Vr )
(16)
2(
avec :
Wst : puissance consommée par tonne métrique de boulets (kW)
D : diamètre interne du broyeur (m)
Tc : fraction du volume occupé par la charge en boulets
Vr : vitesse de rotation exprimée en fraction de la vitesse critique.
10WI 10WI
E= − (17)
d80P d80F
avec :
E : énergie consommée pour broyer (kWh/short ton),
WI : Work Index du minerai (kWh/short ton),
d80P : d80 de la sortie,
d80F : d80 de l'alimentation, avec
d80 : dimension du crible à laquelle 80% des particules passent (µm).
La méthode Allis Chalmers pour dimensionner les broyeurs emploie aussi des facteurs de
correction de la puissance disponible pour le broyage avant d'appliquer la formule Bond. Ces
facteurs de correction sont :
EF4 : alimentation grossière : quand la taille des particules de l'alimentation est plus grande
que la taille optimale, ce facteur vaut :
Rr + (WI − 7)
(d80F − d80r)
EF4 = d80r (19)
Rr
avec :
Rr : rapport de réduction = d80F/d80P
13
d80r : d80 optimal de l'alimentation, donné par : d80r = 4000.
Wi
EF5 : produit fin : ce facteur s'applique quand d80P est inférieur à 75 microns :
EF5 =
(d80P + 10,3) (20)
(1,145.d80P)
EF6 : concerne les broyeurs à barres.
EF7 : faible rapport de réduction : ce facteur s'applique quand le rapport de réduction Rr
est inférieur à 6.
2( Rr − 1,35) + 0,26
EF7 = (21)
2( Rr − 1,35)
Il est donc nécessaire de formuler des hypothèses sur la forme de cette distribution. Le modèle
suppose que la distribution granulométrique de la décharge suit une droite de Rosin-Rammler:
x m
R( x) = exp− (21)
x0
avec :
R(x) : proportion massique de particules plus grandes que x,
m : 'pente' de la droite de Rosin-Rammler,
xo : taille à laquelle 36,79% des particules sont refusées.
On considère en général que si l'alimentation est une droite de Rosin-Rammler, la sortie est
aussi une droite de Rosin-Rammler de même pente.
Le modèle ci-dessous est un modèle de Sala Agitated Mill (SAM). Il est un exemple
d'adaptation des théories éprouvées pour élaborer un modèle opérationnel d'un appareil
relativement nouveau. Il est bâti sur une solution simplifiée de l'approche cinétique. La vitesse
de broyage est modifiée en fonction de la puissance, et permet de prédire la distribution
granulométrique des produits en fonction des conditions de broyage et de la taille du broyeur.
La puissance du broyeur est estimée par une fonction qui repose sur l'hypothèse que la
consommation énergétique est due à la friction entre les corps broyants, en l'occurence des
petits boulets. L'efficacité de broyage en fonction de la taille des boulets et du pourcentage
solide de la pulpe est aussi décrite par une fonction expérimentale.
Description du broyeur.
Le Sala Agitated Mill consiste en une chambre de broyage remplie de corps broyants. Ces
corps broyants sont agités par un rotor équipé de doigts d'agitation, entraîné par un moteur de
7.5 kW pour l'appareil pilote, et jusqu'à 75 kW pour des broyeurs industriels.
En broyage humide, la pulpe est alimentée par le bas de l'appareil et déborde, alors qu'en
broyage à sec, le broyeur est alimenté par le haut et déchargé par le bas (voir figure suivante).
Le diamètre des corps broyants a une grande influence sur les résultats du broyage. Pour une
meilleure efficacité de broyage, on considère qu'un ratio de 20 à 40 entre la taille des corps
broyants et les plus grosses particules à broyer doit être respecté.
Moteur
Réducteur de vitesse
Rotor
Décharge
Baffles
Pointes de Tungstène
Alimentation
Figure 8 - Description sommaire du broyeur SAM (Sala Agitated Mill) dans sa configuration
en voie humide
Théorie.
L'équation (1) représente le bilan masse sur une classe granulométrique dans le cas
discontinu :
i −1
dwi
= − Si wi (t ) + ∑ bi , j S j w j (t )
dt j =1
i >1
(1)
avec :
Si: vitesse de broyage des particules de la classe i,
wi: masse de particules dans la charge,
bi,j: distribution des produits du broyage de la classe j.
Pour représenter un broyage en continu, cette équation connue sous le nom de "batch-plug
flow equation" doit être intégrée selon une distribution des temps de séjour des particules dans
le broyeur.
Une formule communément utilisée pour représenter une distribution de temps (DTS) de
séjour est :
− m− t
m−1
m m.t .e τ
h(t ) = .
t (m − 1) ! (2)
avec :
τ: temps de séjour moyen,
m: nombre de mélangeurs parfaits identiques en série.
Une solution simplifiée de l'équation (1), en représentant la distribution des temps de séjour
par m mélangeurs parfaits en séries donne :
P( xi ) = 1 − ( 1 − F ( xi ) / ( 1 + Si −1τ / m )m ) (3)
avec :
F(xi) : distribution granulométrique de l'alimentation.
Calcul de puissance.
r1
h
r2
hf
rr
rs
rm
Efficacité de broyage.
Une formule empirique permet de tenir compte des effets de la rhéologie de la pulpe
(pourcentage de solides) sur l'efficacité de broyage. Cette formule diminue la puissance
disponible calculée ci-dessus si le pourcentage de solides en alimentation s'éloigne d'un
pourcentage optimal.
Dans le cas général, la simulation est utilisée pour concevoir ou optimiser non pas un appareil
mais une installation. Le chapitre 4 détaille les relations fortes qui existent entre le broyage et
la classification. D'autres opérations unitaires peuvent aussi être présentes dans le circuit de
broyage :
Il ne sera pas question dans ce chapitre de ces circuits hétérogènes mais il est important de
considérer une approche globale (systémique) des circuits de broyage au moins sur la partie
comminution et classification.
la capacité
la distribution granulométrique du produit final (selon la maille de libération pour les
minerais),
la charge circulante,
le type et le nombre d’appareils selon des contraintes de coûts, de place ou de culture
technique locale, etc.
1 Water regulation
To further processing
8
2 4 Rod mill
3
2 5 Hydrocyclone
3 7
6
4
5
12
Ball mill 11 9
10
6
7
Enfin, les objectifs globaux sur le circuits doivent être déclinés en objectifs locaux pour
chacune des opérations unitaires.
Cette étape utilise le simulateur pour définir chacun des flux de l’installation à partir de la
description de l’alimentation et des objectifs locaux comme le montre la figure 12 pour le
broyeur à boulets.
A ce niveau, les modèles utilisés sont simples (modèles de “flowsheeting” ou de niveau 0 dans
USIM PAC). Ils permettent de prédire le contenu de chacun des flux du circuit (comme le
montre la figure 13) sans faire intervenir les dimensions des appareils.
Ces résultats doivent être validés en analysant les distributions granulométriques, la charge
circulante et en vérifiant que les objectifs sont atteints.
L’usine idéale étant décrite, il reste à trouver les dimensions des appareils qui vont pouvoir
réaliser cet objectif. L’utilisation de la simulation inverse et de modèles plus sophistiqués
(modèles de niveaux 1 ou 2 dans USIM PAC) permettent de déterminer la taille optimale de
chacune des unités.
80
60
(%)
40
Simulation "idéale"
20
Simulation après dimensionnement
Conclusion
Cette utilisation d’un simulateur de procédés est illustrée par la monographie présentée par
LKAB (Suède) et Control International SA (France) dans cet ouvrage. Une autre illustration
[Guillaneau et al., 1994] présente l’optimisation d’un circuit de concassage, broyage et
classification dans le cas d’une mine d’or.
Références bibliographiques
Brochot, S., Durance, M.V., Fourniguet, G., Guillaneau, J.-C., Villeneuve, J., "Approche objet
en simulation - application à la simulation des procédés de traitements des matières
minérales.", 1995, XVIIème Conférence Internationale des Industries de Procédés,
Interchimie 95, Paris.
Guillaneau, J.-C., Villeneuve, J., Brochot, S., Durance, M.-V., Fourniguet, G., "The Supervisor
of Simulation: a step further to meet the Process Engineer Needs.", 1995, Proceedings of
the XIX International Mineral Processing Congress, San Francisco, USA, October 22-27.
Guillaneau, J.-C., Olofsson, O., Durance, M.-V., Villeneuve, J., “Modelling the Sala Agitated
Mill (SAM) using BRGM Pilot Plant Data.”, 1995, Proceedings of the APCOM XXV 1995
Conference, July, Brisbane, Australia, pp. 325-331.
Villeneuve, J., Guillaneau, J.-C., Durance, M.-V., "Flotation modelling: a wide range of
solutions for solving industrial problems.", 1995, Minerals Engineering, Vol. 8, n°4/5,
April/May 1995, pp. 409-420, Elsevier Science Ltd.
Morizot, G., Guillaneau, J.-C., "Role of Modelling and Simulation in the development of new
Processes.", 1995, International Minerals and Metals Technology 1995, pp. 144-149.
Guillaneau, J.-C., Villeneuve, J., Durance, M. V., Brochot, S., Fourniguet, G., "Modélisation du
concassage.", 1994, Revue de l'Industrie Minérale, Les techniques, Vol. 76, supplément à
décembre 1994, pp. 67-73.
Guillaneau, J.-C., Villeneuve, J., Durance, M. V., Brochot, S., Fourniguet, G., "Optimisation
des installations de concassage : simulation des procédés.", 1994, Revue de l'Industrie
Minérale, Les techniques, Vol. 76, supplément à décembre 1994, pp. 114-118.
Guillaneau, J.-C., Durance, M. V., Libaude, J., "Exemple d'optimisation par simulation :
concassage secondaire d'un minerai d'or.", 1994, Revue de l'Industrie Minérale, Les
techniques, Vol. 76, supplément à décembre 1994, pp. 127-130.
Durance, M.-V., Guillaneau, J.-C., Libaude, J., 1993, "Optimisation d'une usine de traitement
de minerai par simulation du fonctionnement et des caractéristiques des flux : exemple de
la mine d'or de Shila (Pérou)", communication présentée au congrès annuel de la SIM,
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