Apprentissage Artificiel - Concepts Et Algorithmes
Apprentissage Artificiel - Concepts Et Algorithmes
Apprentissage Artificiel - Concepts Et Algorithmes
Algorithmes
Apprentissage
Apprentissage artificiel
artificiel Antoine Cornuéjols - Laurent Miclet
Avec la participation d’Yves Kodratoff
artificiel
grandes écoles et en DEA. Ses telles les innombrables pages du Web…
recherches portent
notamment sur l’utilisation Pour réaliser ces tâches, ils sont dotés de modules d’apprentis-
de l’apprentissage pour sage leur permettant d’adapter leur comportement à des situa-
l’analyse de données en tions jamais rencontrées, ou d’extraire des lois à partir de bases
médecine, en génomique et de données d’exemples.
en vision artificielle.
Laurent Miclet est Ce livre présente les concepts qui sous-tendent l’apprentissage
professeur à l’ENSSAT de artificiel, les algorithmes qui en découlent et certaines de leurs
Lannion. Il est responsable applications. Son objectif est de décrire un ensemble d’algo-
du projet CORDIAL de l’INRIA
et enseigne l’apprentissage
artificiel et la
reconnaissance des formes
rithmes utiles en tentant d’établir un cadre théorique unique
pour l’ensemble des techniques regroupées sous ce terme
« d’apprentissage artificiel ».
Concepts et algorithmes
dans plusieurs grandes À qui s’adresse ce livre ?
écoles et en DEA. Ses • Aux décideurs et aux ingénieurs qui souhaitent comprendre Préface de Tom Mitchell
recherches portent en
particulier sur l’apprentissage automatique et en acquérir des connaissances
l’apprentissage pour le solides ;
dialogue homme-machine et • Aux étudiants de niveau maîtrise, DEA ou école d’ingénieurs
les technologies vocales. qui souhaitent un ouvrage de référence en intelligence
Yves Kodratoff est directeur artificielle et en reconnaissance des formes.
de recherches au CNRS et
Code éditeur : G11020 • ISBN : 2-212-11020-0
Algorithmes
Apprentissage
Apprentissage artificiel
artificiel Antoine Cornuéjols - Laurent Miclet
Avec la participation d’Yves Kodratoff
Apprentissage
Ce document est la propriété exclusive de nona nina ([email protected]) - 27 Octobre 2009 à 09:30
LRI de Paris XI à Orsay. Il pour prendre des décisions dans des environnements complexes
enseigne l’apprentissage et évolutifs (analyse de marchés financiers, diagnostics médi-
artificiel dans plusieurs caux…), de fouiller d’immenses bases de données hétérogènes,
artificiel
grandes écoles et en DEA. Ses telles les innombrables pages du Web…
recherches portent
notamment sur l’utilisation Pour réaliser ces tâches, ils sont dotés de modules d’apprentis-
de l’apprentissage pour sage leur permettant d’adapter leur comportement à des situa-
l’analyse de données en tions jamais rencontrées, ou d’extraire des lois à partir de bases
médecine, en génomique et de données d’exemples.
en vision artificielle.
Laurent Miclet est Ce livre présente les concepts qui sous-tendent l’apprentissage
professeur à l’ENSSAT de artificiel, les algorithmes qui en découlent et certaines de leurs
Lannion. Il est responsable applications. Son objectif est de décrire un ensemble d’algo-
du projet CORDIAL de l’INRIA
et enseigne l’apprentissage
artificiel et la
reconnaissance des formes
rithmes utiles en tentant d’établir un cadre théorique unique
pour l’ensemble des techniques regroupées sous ce terme
« d’apprentissage artificiel ».
Concepts et algorithmes
dans plusieurs grandes À qui s’adresse ce livre ?
écoles et en DEA. Ses • Aux décideurs et aux ingénieurs qui souhaitent comprendre Préface de Tom Mitchell
recherches portent en
particulier sur l’apprentissage automatique et en acquérir des connaissances
l’apprentissage pour le solides ;
dialogue homme-machine et • Aux étudiants de niveau maîtrise, DEA ou école d’ingénieurs
les technologies vocales. qui souhaitent un ouvrage de référence en intelligence
Yves Kodratoff est directeur artificielle et en reconnaissance des formes.
de recherches au CNRS et
dirige au LRI l’équipe Sommaire
Inférence et Apprentissage. I. Les fondements de l’apprentissage • Première approche théorique de
Il s’intéresse à toutes les
l’induction • Environnement méthodologique • II. Apprentissage par exploration •
A. Cornuéjols
L. Miclet
techniques de raisonnement
inductif, et en particulier à Induction et relation d’ordre • Programmation logique inductive • Inférence grammaticale •
leur application au data
mining. Apprentissage par évolution • III. Apprentissage par optimisation • Surfaces
séparatrices linéaires • Réseaux connexionistes • Réseaux bayésiens • Modèles de Markov
Cet ouvrage est publié cachés • IV. Apprentissage par approximation et interpolation • Classification
avec le concours de l’École
Nationale Supérieure des non supervisée • Apprentissage par renforcement • Annexes et bibliographie.
Sciences Appliquées et de
Technologie (Lannion). Collection Technique et Scientifique des Télécommunications
publiée sous l'égide de France Telecom Recherche et Développement
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Concepts et algorithmes
Apprentissage artificiel
DANS LA MÊME COLLECTION
methodes de l'apprentissage articiel sont employees pour entra^ner les logiciels. Mieux, le code
resultant depasse de beaucoup en performance les realisations les plus abouties de programma-
tion manuelle (( ligne apres ligne )). C'est ainsi que tous les meilleurs logiciels commercialises
de reconnaissance de la parole sont fondes sur l'entra^nement de leurs programmes a la recon-
naissance des dierents sons et mots. La plupart d'entre eux permettent m^eme a l'utilisateur
d'accoutumer le systeme aux caracteristiques de sa voix. D'autres exemples existent dans des
domaines tels que la vision par ordinateur, le traitement automatique du texte et la robotique.
La discipline de l'apprentissage articiel peut donc deja revendiquer des succes dans un
grand nombre de domaines d'application. Des logiciels de fouille de donnees sont utilises a
grande echelle pour decouvrir quelle prescription est la plus ecace pour quel patient, a partir
de l'analyse de chiers medicaux anterieurs. La palette des applications va de la prediction de la
demande en energie, etant connu l'historique des consommations anterieures, a l'apprentissage
de la reconnaissance de transactions frauduleuses par carte de credit, par examen des transac-
tions passees averees frauduleuses. Au moment ou nous passons des cinquante premieres annees
de l'informatique au les cinquante prochaines, il semble certain que le r^ole de l'apprentissage
articiel ne cessera de cro^tre au centre de cette science.
Pourquoi cette progression ? La reponse fondamentale est que nous possedons desormais
la comprehension de plusieurs principes calculatoires qui guident tout processus d'apprentis-
sage, qu'il soit implemente sur une machine ou sur un humain. La discipline de l'apprentissage
articiel possede desormais de riches fondements theoriques : on commence a savoir repondre
a des questions comme : (( Combien au mimimum d'exemples d'entra^nement faut-il fournir a
un programme d'apprentissage pour ^etre certain qu'il apprenne avec une ecacite donnee? ))
et (( Quelles methodes d'apprentissage sont les plus ecaces pour tel ou tel type de probleme? ))
Ces fondements proviennent de la theorie statistique de l'estimation, de la theorie de l'identi-
cation et de la commande optimale, de travaux pionniers sur la complexite de l'apprentissage
de grammaires ou plus recents sur l'inference bayesienne algorithmique.
Cet ouvrage fournit au lecteur francophone l'introduction la plus complete a ce jour a l'ap-
prentissage articiel. Il traite de la theorie et des applications de cette discipline sous un grand
nombre d'aspects, en couvrant des sujets comme l'apprentissage bayesien, l'inference gramma-
ticale ou l'apprentissage par renforcement. C'est avec plaisir que je recommande au lecteur de
decouvrir ce livre, et a travers lui les idees et les methodes de l'apprentissage articiel.
Tom M. Mitchell
Pittsburgh, Pennsylvania, USA
Le 29 Mai 2002
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iii
The idea of a learning machine may appear paradoxical to some readers.
A. M. Turing, 1950.
Remerciements
Ce livre est publie avec l'aide de l'ENSSAT. Nous remercions son directeur, Joel Crestel, d'avoir
associe cet etablissement a la publication de cet ouvrage.
Nous devons des remerciements particuliers aux personnes qui nous ont autorises a reprendre
leurs ecrits, edites ou non, ainsi qu'a toutes celles qui nous ont fait benecier de leur expertise
pour nous aider dans la redaction de cet ouvrage. Notre gratitude va aussi aux lecteurs critiques
des versions preliminaires, ce qui inclut notablement une certaine proportion de nos etudiants.
Il nous tient a cur de remercier tout specialement : Abdel Belad, Sami Bengio, Christophe
Bernard, Marc Bernard, Olivier Boeard, Michel Cartier, Christophe Choisy, Francois Coste,
Francois Denis, Pierre Dupont, Daniel Fredouille, Colin de la Higuera, Yves Kodrato, Israel-
Cesar Lerman, Stan Matwin, Engelbert Mephu Nguifo, Tom Mitchell, Jacques Nicolas, Celine
Rouveirol, Michele Sebag, Dominique Snyers, Franck Thollard, Fabien Torre, Stephane Vanden-
mersch et Jean-Daniel Zucker.
L'adresse Web : www.editions-eyrolles.com contient les gures de cet ouvrage, les trans-
parents des cours des auteurs et les errata.
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Avant-propos
e livre presente les theories, les algorithmes et les applications de l'apprentissage
C articiel. Son ambition est d'une part d'unier le cadre methodologique, et d'autre
part de decrire un ensemble d'algorithmes utiles, de maniere coherente avec ce cadre,
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que les resultats sont exprimes dans le langage de l'utilisateur et que la taille des modeles
n'est pas excessive. Des methodes speciques de visualisation sont aussi utilisees.
Classication, classement et regression.
La classication, telle qu'elle est denie en analyse de donnees, consiste a regrouper des
ensembles d'exemples non supervises en classes. Ces classes sont souvent organisees en
une structure (clustering). Si cette structure est un arbre, alors on parle de taxonomie ou
de taxinomie (taxonomy). Sous l'in
uence du mot anglais classication, on a tendance a
confondre classication et classement. Ce dernier mot designe le processus de reconnais-
sance en intension (par leur proprietes) de classes decrites en extension (par les valeurs
de leurs descripteurs). Lorsque les valeurs a predire sont des classes en petit nombre, on
parle de classication. Il s'agit par exemple de prevoir l'appartenance d'un oiseau observe
a la classe (( canard )) ou (( oie )). La regression traite des cas ou les valeurs a predire sont
numeriques, par exemple : nombre d'exemplaires de cet ouvrage qui seront vendus = 3900.
Depuis, ces domaines ont evolue et les critiques a leur adresser ont change, mais tel etait
l'etat de l'art dans les annees 1990. L'ECD est donc nee d'un quadruple eort :
permettre aux utilisateurs de fournir des donnees dans l'etat ou elles sont : ceci a donne
naissance aux techniques de nettoyage des donnees (ce point sera developpe au chapitre 3) ;
utiliser les donnees enregistrees sous forme de bases de donnees (en general relationnelles) :
ceci a provoque un large courant de recherche au sein de la communaute des BD interessee
par la creation de modeles ;
fournir aux utilisateurs des outils capables de travailler sur des donnees mixtes, numeriques
et symboliques ;
construire des outils produisant une connaissance intelligible aux utilisateurs.
C'est ainsi que l'ECD a pu trouver la large reconnaissance industrielle dont elle jouit actuelle-
ment. Elle a commence a resoudre les deux problemes industriels principaux de l'analyse des
donnees, ceux qui co^utent le plus cher : le fait que le client est souvent imprecis dans la denition
du probleme qu'il se pose et le fait que les donnees dont il dispose sont souvent de qualite dis-
cutable.
L'etude des applications industrielles de l'ECD montre qu'il existe une assez forte demande
en outils de creation de modeles, autrement dit en apprentissage articiel. Ceci se traduit par le
fait qu'environ cent cinquante compagnies se sont specialisees dans ce domaine. Certaines de ces
compagnies existent depuis plusieurs annees et d'autres se sont vendues fort cher. L'ensemble
revele bien un secteur en progression raisonnable sur plusieurs annees.
Notre estimation est que le marche de l'ECD est occupe par 60 % d'outils d'apprentissage
statistique et 40 % d'outils d'apprentissage symboliques. Ces dernieres techniques etant moins
enseignees que les premieres dans les universites, on constate un hiatus entre l'enseignement et
l'industrie. En tous cas, le present livre cherche a aller dans le sens d'un meilleur enseignement
des methodes de l'apprentissage articiel, symbolique comme statistique.
l'apprentissage 1 . L'apprentissage articiel dans sa situation actuelle est donc le produit d'une
histoire de cinquante ans de recherches et de realisations. Comme on l'a vu, un grand nombre
de t^aches d'intelligence articielle et de reconnaissance des formes s'appuient ou sont fondees
sur des modules d'apprentissage.
On verra dans cet ouvrage comment des programmes peuvent mettre en uvre un appren-
tissage par amelioration du comportement, en general gr^ace a des techniques d'optimisation.
On verra aussi qu'il est possible d'ecrire des programmes qui realisent un apprentissage par
generalisation : quand on leur donne susamment d'exemples et le type du concept a apprendre,
ils choisissent un concept qui n'est pas seulement valide sur les exemples qu'ils ont vus, mais
qui sera egalement valable pour d'autres. C'est ainsi qu'un programme de reconnaissance de la
parole ne peut pas (( entendre )) tous les sons avant d'elaborer une regle de decision. Il est ecrit
pour extraire une methode de classication de ceux qu'on lui a presentes et traiter ensuite du
mieux possible tous les sons qu'il aura a decoder.
En realite, d'un point de vue informatique, la problematique n'est pas fondamentalement
dierente dans les deux cas. Il s'agit dans le premier de faire evoluer des regles de comportement
au l des exemples et dans le second d'extraire des regles a partir d'un ensemble d'exemples
donne a priori. De m^eme que dans l'apprentissage naturel, un panachage de ces deux modes de
fonctionnement est facile a concevoir dans l'apprentissage articiel.
Il y a une autre facette de l'apprentissage que l'intelligence articielle explore. Quand un
expert extrait des connaissances d'un ensemble de donnees, il apprend une certaine facon de les
resumer. Mais le resultat de cet apprentissage ne sera operatoire que si la connaissance extraite
est intelligible, transmissible de l'expert aux utilisateurs, interpretable (( en clair )). Il en est de
m^eme pour un agent articiel : certaines t^aches d'apprentissage ne se mesurent pas seulement
par leur qualite de prediction, mais aussi par la maniere dont les resultats sont expliques. Cet
aspect est relie operationnellement a l'intelligence articielle symbolique, aux systemes experts
en particulier : mieux vaut souvent un petit nombre de regles comprehensibles qu'un fouillis de
regles sophistiquees, m^eme avec une performance objective superieure.
Avant de decrire plus en detail les motivations et l'organisation de cet ouvrage, precisons
a travers trois exemples comment s'organise l'apprentissage dans des situations concretes. Cela
nous permettra de donner une typologie des methodes et de presenter le plan de cet ouvrage.
1. A. Turing, dans son article Computing Machine and Intelligence, de la revue Mind en Octobre 1950 (Vol LIX,
No 236) avait intitule un paragraphe Learning Machines. On peut consulter un fac-simile du manuscrit sur le site
http://data.archives.ecs.soton.ac.uk/turing/ et le texte a : http://www.abelard.org/turpap/turpap.htm
x
Trois exemples d'apprentissage
Un exemple ornithologique
Imaginons un etang sur lequel nagent des oies et des cygnes (nous admettons qu'il n'y a pas
d'autres oiseaux dans cette region). Le brouillard est tombe, quand arrivent deux avimateurs
dont l'un est expert et l'autre debutant. Ils n'apercoivent en arrivant qu'une partie des animaux,
de maniere peu distincte. Pour l'expert, l'identication est cependant facile (il n'est pas expert
pour rien). Quant au debutant, il doit se contenter de mesurer ce qui lui para^t caracteristique :
le niveau de gris du plumage et la taille de la b^ete. Pour representer le probleme, il va donc
prendre ces deux mesures sur chaque animal qu'il voit et faire un graphique : il se place ainsi
dans un certain espace de representation (gure 0.1, a gauche).
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Sombre Sombre
. . o
o
.
... o
o o
Clair
. . . Clair
o o c
. o
o
. .. . c o c c
. . .. . c c c
.
. ..
c c
o
c
c c
Blanc Blanc
Fig. 0.1 { Le premier graphique de l'avimateur debutant represente les oiseaux observes places
dans son espace de representation. Le second graphique represente les m^emes oiseaux,
mais il est etiquete par l'expert. La lettre O signie que l'oiseau est une oie, C qu'il
est un cygne.
Maintenant, comment lancer une phase d'apprentissage? Il faut que le debutant se place en
situation d'apprenant vis-a-vis de l'expert, en lui demandant quelle est la decision correcte pour
chaque oiseau. Une fois que l'expert a agi comme un professeur en donnant toutes les reponses,
notre apprenant possede un graphique enrichi (gure 0.1, a droite) qui va lui permettre de
demarrer l'apprentissage proprement dit.
Le probleme d'apprentissage est maintenant bien pose. Il peut s'enoncer ainsi : comment
trouver une regle qui decide, dans l'espace de representation choisi, avec le moins d'erreurs
possibles, quel oiseau est une oie et quel oiseau est un cygne? La regle trouvee doit posseder
de bonnes proprietes de generalisation, c'est-a-dire fonctionner au mieux non seulement sur ces
exemples expertises, mais par la suite sur des oiseaux non encore observes.
Que sera une telle regle? L'apprenant peut imaginer de tracer dans le plan de representation
une ligne (courbe ou droite) qui separe les cygnes des oies. A partir des exemples connus, il aura
alors induit une loi generale : pour tout oiseau observe qui se place (( sous )) cette ligne, il sera
decide qu'il s'agit d'un cygne, d'une oie sinon. Mais on peut tracer une innite de telles lignes.
C'est ici que l'apprenant doit preciser le type des connaissances a acquerir, le type du concept
a apprendre, en l'espece quelle est la forme generale de la ligne.
Si l'apprenant impose que la ligne soit droite, le but de l'apprentissage sera de trouver la
meilleure ligne droite, en optimisant d'un critere dont il est ma^tre. On remarque d'ailleurs
qu'aucune droite ne separe parfaitement les exemples, mais c'est le prix a payer pour un concept
aussi simple. Sur la gure 0.2 est montree la regle de decision que notre debutant en ornithologie
Avant-propos xi
peut raisonnablement produire. S'il n'impose pas de restriction aussi stricte sur la forme de la
ligne, il pourra obtenir une decision comme celle de la gure 0.3.
Sombre Sombre
o o
o o
o o
o o o o
o o c o o c
Clair Clair
o o
o o
c o c c c o c c
c c c c c c
c c c c
o
c o
c
c c c c
Blanc Blanc
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Fig. 0.2 { Une regle de decision simple et une regle de decision complexe pour separer les oies
des cygnes.
Quand le brouillard se leve, d'autres oiseaux deviennent visibles. L'apprenant peut alors
verier la qualite de la regle qu'il a apprise, toujours avec l'aide de son professeur. Dans l'exemple
donne sur la gure 0.3, il est facile de constater que la droite qu'il a choisie mene a une erreur
environ une fois sur cinq 2 . Pas trop mal, pour un debutant ! Il est assez facile de transposer cet
Sombre
o
o o
oo o
o o
o
o c
Clair
o c oo o
c o o c
c o c c c
c
c c
c o
c
c
cc c
Blanc
Taille de l’oiseau
exemple a l'ecriture d'un programme d'apprentissage. Remarquons bien qu'un tel programme
n'apprend pas tout court mais apprend quelque chose, en l'occurence une regle de decision sous
la forme d'une equation de droite dans le plan. Cet exemple est caracteristique de ce que font les
programmes de reconnaissance des formes. Ce type d'apprentissage par generalisation est d'une
immense importance methodologique et pratique.
Un exemple linguistique
Maintenant, un autre exemple. Supposons que nous disposions d'un ensemble de phrases
d'une certaine langue. Est-il possible d'ecrire un programme pour en apprendre automatiquement
la grammaire? Pour une langue naturelle, le probleme est certainement complexe, ne serait-ce
que parce qu'un tres grand nombre d'exemples est necessaire. Mais on peut essayer de le resoudre
2. La ligne courbe donnerait une erreur encore plus grande, nous reviendrons sur ce phenomene au chapitres 2 et 3 .
xii
dans le cas d'un langage articiel comme ceux qui servent a interroger les bases de donnees ou
pour un sous-ensemble bien delimite de langage naturel. Le langage des echanges entre un client
et un employe d'agence de voyage en est un exemple.
Dans de tels cas, il est eectivement possible d'apprendre une grammaire. Il faut cependant
imposer au programme des restrictions sur le type de la syntaxe que l'on cherche. L'espace de
representation est ici l'ensemble de toutes les sequences de mots possibles, dont on ne conna^t
que certaines, linguistiquement correctes. Mais comment denir la grammaire a apprendre? On
verra au chapitre 7 que si on oblige cette grammaire a ^etre un automate ni, on peut demontrer
que tous les automates nis qui sont compatibles avec les exemples forment un ensemble limite et
structure par une relation d'ordre. Le programme d'apprentissage a alors pour t^ache de chercher
le meilleur automate dans cet ensemble structure, encore une fois au sens d'un critere a lui
preciser. Remarquons encore que le programme n'apprend pas tout court, mais apprend quelque
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Ces remarques sont cruciales pour la conception des algorithmes. C'est la raison pour la-
quelle nous avons choisi d'organiser le present ouvrage selon le critere suivant : nous traitons les
methodes d'apprentissage en commencant par celles pour lesquelles l'espace de representation
des concepts a apprendre est fortement structure, puis de celles pour lesquelles cette hypothese
doit ^etre aaiblie et enn de celles pour lesquelles l'information a priori sur la nature des concepts
a apprendre est tres faible ou nulle.
Partie 1 : Les fondements de l'apprentissage
Une partie de fondements methodologiques est d'abord necessaire. Nous y faisons une presen-
tation generale de la problematique de l'apprentissage et nous donnons les denitions de base
(Chapitre 1 : De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel). Le chapitre suivant
propose une introduction aux theories de l'apprentissage par generalisation (Chapitre 2 : Le
probleme de l'induction et les grands principes inductifs : une premiere approche).
Un approfondissement de ce theme sera fait au chapitre 17. Le chapitre suivant traite de la
representation des donnees et des connaissances et des types d'algorithmes qui sont mis en jeu
par la suite (Chapitre 3 : L'environnement methodologique de l'apprentissage).
Partie 2 : Apprentissage par exploration
Nous analysons dans la deuxieme partie les methodes d'apprentissage quand les represen-
tations des concepts forment des ensembles fortement structures. Nous l'avons appelee l'ap-
prentissage par exploration. On y trouve d'abord une methode tres generale (Chapitre 4 :
Induction et relation d'ordre : l'espace des versions), puis un chapitre sur l'apprentis-
sage dans la logique des predicats (Chapitre 5 : La programmation logique inductive).
Le chapitre suivant complete ce point de vue en montrant comment modier des concepts dans
des espaces structures (Chapitre 6 : La reformulation et le transfert des connaissances).
Le chapitre suivant (Chapitre 7 : L'inference grammaticale) traite de l'apprentissage des
automates et des grammaires. Enn les methodes d'apprentissage par evolution simulee, fondees
sur l'exploration par algorithmes genetiques, sont exposees (Chapitre 8 : L'apprentissage
par evolution simulee).
Partie 3 : Apprentissage par optimisation et interpolation
Dans la troisieme partie, les connaissances sur la structure des espaces sont plus faibles. Il
s'agit de l'apprentissage par optimisation. On y trouve le probleme de l'apprentissage de droites,
mentionne ci-dessus, et leur generalisation a des hyperplans (Chapitre 9 : L'apprentissage
de surfaces separatrices lineaires). Une extension desormais classique mene aux reseaux
xiv
connexionnistes multicouche (Chapitre 10 : L'apprentissage de reseaux connexionnistes).
Nous considerons dans la m^eme famille l'apprentissage des arbres de decision et les techniques
de combinaison de classicateurs dont l'optimisation est cependant de nature assez dierente
(Chapitre 11 : L'apprentissage par combinaison de decisions). Le fonctionnement et
l'apprentissage des reseaux de probabilites conditionnelles est ensuite aborde (Chapitre 12 :
L'apprentissage de reseaux bayesiens). Le chapitre suivant traite comme le chapitre 7 de
l'apprentissage de certaines machines a produire des sequences, mais sous un aspect probabiliste
(Chapitre 13 : L'apprentissage de modeles de Markov caches).
Partie 4 : Apprentissage par approximation
La derniere partie, intitulee l'apprentissage par approximation, traite des methodes les moins
informees, celles ou l'espace des concepts cherches possede le moins de proprietes. Nous decrivons
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d'abord les techniques d'apprentissage de regles de classication par des methodes statistiques
qui cherchent a approcher la regle de decision bayesienne. Ce chapitre inclut aussi certains aspects
de l'apprentissage par analogie, en particulier la methodes des plus proches voisins (Chapitre
14 : L'approximation de la regle de decision bayesienne).
Dans le chapitre suivant, on s'interesse aux donnees non etiquetees par un expert : il s'agit de
les organiser et d'y decouvrir des regularites et des associations (Chapitre 15 : La classica-
tion non supervisee et la decouverte automatique). Le chapitre suivant s'interesse aussi
a un apprentissage numerique de type (( punition )) ou (( recompense )), typiquement applicable
a l'apprentissage de son comportement par un robot (Chapitre 16 : L'apprentissage par
renforcement).
Partie 5 : Approfondissements et annexes techniques
Ce livre se termine par des approfondissements et par la presentation de certains points tech-
niques qui sont enonces sans demonstration dans les chapitres precedents, souvent a plusieurs
occasions. Nous revenons d'abord sur les theories de l'apprentissage par generalisation (Cha-
pitre 17 : Les grands principes inductifs : approfondissements). Parmi les annexes,
celles qui traitent de l'algorithme estimation-maximisation et de l'optimisation par gra-
dient sont sans doute les plus referencees dans les chapitres precedents.
Le livre se conclut par une bibliographie decoupee en deux parties : la premiere donne des
references generales recommandees pour leur qualite et leur accessibilite, essentiellement des
livres. La seconde liste donne les references des autres livres, des articles et des rapports cites
dans le texte.
Guide de lecture
Apres plus de quarante ans de recherches et de realisations en apprentissage articiel, il est
dicile pour un non initie de savoir comment aborder ce domaine et comment s'y orienter.
Nos collaborations avec des utilisateurs des techniques d'apprentissage et avec des chercheurs
d'autres disciplines, comme notre activite d'enseignement et d'encadrement avec nos etudiants,
nous ont amplement montre l'inter^et d'un ouvrage d'introduction coherent, articule autour de
grandes lignes directrices.
Il existe deja des livres d'enseignement et de recherche sur pratiquement chaque sujet aborde
dans les chapitres de ce livre et nous ne manquons pas d'y faire reference. Mais si la somme des
connaissances qui s'y trouvent est au total bien superieure a celle contenue dans notre livre, leur
lecture conduit a des contradictions dans les notations, a des approfondissements theoriques
Avant-propos xv
de niveau tres variable, a des analyses dierentes du m^eme probleme et a des presentations
redondantes voire contradictoires des m^emes sujets.
Il nous a donc paru que la discipline de l'apprentissage articiel pouvait ^etre presentee de
maniere uniee, dans un but d'abord didactique. Ce souci commande le fond comme la forme
de cet ouvrage.
Compte tenu de la variete technique des sujets abordes et de l'inter^et personnel de chaque
lecteur (autodidacte, enseignant ou etudiant), des parcours dierents peuvent ^etre suivis pour
la lecture de cet ouvrage.
Nous proposons en particulier les itineraires suivants, mais ce n'est pas exclusif :
1. Pour une vue d'ensemble sur l'apprentissage articiel, un rapide apercu des methodes
et un point de vue sur leurs applications :
chapitres 1, 2 (paragraphes 2.1 et 2.2), 3 et 4.
Ce document est la propriété exclusive de nona nina ([email protected]) - 27 Octobre 2009 à 09:30
Fig. 0.4 { L'apprentissage articiel symbolique du point de vue de l'intelligence articielle.
Les deux problemes de l'intelligibilite et du nettoyage sont presents dans les conseils que
donne la compagnie Oracle (voir les points 11 et 12 ci-dessous), bien connue pour ces systemes
de gestion de bases de donnees, et qui a developpe ces dernieres annees, le logiciel Oracle Data
Mining Suite. C'est maintenant une des ores importantes de cette compagnie. Sur son site,
cette compagnie fournit (( douze conseils pour le succes en ECD )) qui resument son experience
en ce domaine. Voici l'ensemble des conseils de la societe Oracle.
1. Extraire a partir d'encore plus de donnees
Il ne serait pas absurde que pour repondre a l'accroissement des donnees stockees sous
forme electronique, l'ECD dirige son eort en direction du developpement de methodes de
plus en plus ecaces d'echantillonnage. Sans que cette option soit negligee, il est frappant
de constater que la majorite des outils ne fassent, en quelque sorte, que se resigner a re-
courir a l'echantillonnage. En fait, les logiciels industriels se vantent de leur rapidite et de
leur capacite a traiter des masses enormes de donnees plut^ot que de l'usage d'un procede
d'echantillonnage rane. En parallele, la recherche universitaire montre une attitude as-
sez comparable. Tout se passe comme si on voulait soutenir que toutes les donnees sont
signicatives et qu'aucune ne doit ^etre negligee. Cette attitude est d'ailleurs assez raison-
nable, dans la mesure ou les methodes d'entrep^ots de donnees permettent deja d'eectuer
des operations sur les donnees (par exemple des moyennes) qui reviennent a une forme
d'echantillonnage.
2. Creer de nouvelles variables pour mieux faire parler les donnees
La creation de nouvelles variables, de nouveaux attributs, pour mieux decrire la situa-
tion est un probleme classique(chapitre 3). On l'appelle parfois (( induction constructive ))
en apprentissage automatique. Un autre probleme universitaire classique est celui dit de
(( s
election des attributs )) (chapitre 3), ou on ne cree pas de nouvelles variables, mais ou on
tente d'eliminer les attributs inutiles. Les resultats industriels et universitaires convergent :
la meilleure facon d'ameliorer a la fois precision et intelligibilite est de proposer des com-
binaisons astucieuses des variables de depart. Par exemple, sur des donnees bancaires,
au lieu de laisser separees les variables decrivant le revenu et la situation familiale d'un
client, il est bien plus interessant de creer une nouvelle variable combinant son revenu et
sa situation familiale de facon a rendre compte directement de ses revenus eectifs.
3. Utiliser une strategie (( en surface d'abord ))
Ceci n'est pas un conseil pour rester superciel, mais pour rechercher d'abord les modeles
ou les formes les plus evidents dans les donnees, avant de commencer a rechercher des
modeles profonds et complexes. De toute facon, il est bon de savoir en priorite si les
modeles simples engendres correspondent ou non aux besoins du client.
xviii
4. Construire rapidement plusieurs modeles explicatifs.
M^eme commentaire que pour 3 et voir 12 ci-dessous.
5. Oublier les pratiques traditionnelles d'hygiene en matiere de donnees
La encore, le conseil est de chercher a accelerer le processus plut^ot que d'en assurer la
validite avant la creation du modele : les procedures de validation sont mises en route a la
n du processus et non prealablement a celui-ci.
6. Enrichir les donnees de donnees exterieures
Il est en eet possible que des descripteurs signicatifs aient ete oublies dans une premiere
passe de denition du probleme. Il est important de remedier a ces eventuels oublis.
7. Segmenter d'abord les clients et construire des modeles multibuts
La segmentation, appelee classication non supervisee dans le vocabulaire universitaire
(chapitre 15), consiste a creer des classes permettant de regrouper les objets etudies les
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plus semblables. Il est probable que le probleme pose par le client n'ait aucune solution
generale (sinon, il l'aurait deja trouvee !) et que seule une decomposition du probleme en
sous-problemes permette de trouver une solution. La segmentation, et chaque essai dierent
de segmentation, est une facon particulierement ecace de creer des sous-problemes. En
eet, des formes cachees au sein des donnees et qui ne sont pas signicatives pour l'ensemble
des donnees peuvent le devenir pour une sous-classe.
Un exemple frappant de ce phenomene se rencontre en detection de fraude. L'ensemble des
sujets etudies contient generalement tres peu de fraudeurs et les formes caracteristiques
de la fraude sont noyees dans celles de la non-fraude. Une segmentation prealable permet
de distinguer les non-fraudeurs evidents des soupconnables de fraude et c'est au sein de
cette derniere classe qu'on va chercher a detecter les vrais fraudeurs.
8. Construire automatiquement les modeles
Ce conseil est equivalent a : (( utiliser des techniques inductives pour la creation de modeles,
c'est-a-dire des algorithmes d'apprentissage articiel )). Dans le contexte de l'ECD dont
c'est un des r^oles, ce conseil peut sembler evident. Dans le contexte industriel en general,
les methodes de l'apprentissage articiel sont encore considerees avec une certaine sus-
picion, en particulier du fait de leur nouveaute. La compagnie Oracle conseille pourtant
d'utiliser ces methodes dont l'etude est le sujet ce livre.
9. Varier les sources de donnees
Ce conseil est en quelque sorte symetrique du conseil 6. Celui-la venait du soupcon que
des descripteurs aient pu ^etre oublies, celui-ci vient du soupcon que des formes puissent
^etre dissimulees de facon irrecuperable dans certaines donnees, mais pas dans toutes les
donnees. Quand une forme a ete reperee comme importante pour certaines donnees, il est
toujours plus facile de verier si elle l'est aussi pour d'autres donnees.
10. Interpreter les resultats en termes du domaine d'application par une methode
de retro-ingenierie
Ce conseil est certainement un des plus signicatifs et des plus diciles a implementer.
Les utilisateurs de l'ECD reclament constamment plus d'intelligibilite des connaissances
extraites. Inversement, un souci constant des createurs d'outils est de faire des outils per-
formants et justies. Les outils de creation de modeles, en particulier les outils statistiques,
se sont developpes selon une logique qui ne poussait pas a l'intelligibilite de leurs resultats.
Les chercheurs qui veulent aujourd'hui faciliter leur usage par une plus grande intelligi-
bilite se heurtent a des problemes diciles. Au lieu de recreer des outils produisant des
resultats directement intelligibles (ce qui est d'ailleurs une t^ache convenant mieux a la re-
Avant-propos xix
cherche universitaire), Oracle conseille de developper des outils de retro-ingenierie aidant
l'utilisateur a recrire le modele obtenu dans son propre langage.
11. Completer les donnees manquantes
Ce probleme est a la fois classique et profond. Il releve du nettoyage de donnees dont
nous avons deja parle. Chaque systeme existant comporte une methode pour prendre en
compte les donnees manquantes. A notre connaissance, il n'existe pas d'outil analysant
la nature du manque et proposant une solution adaptee a ce manque. Par exemple, des
donnees peuvent ^etre manquantes parce que le champ est extr^emement dicile ou co^uteux
a mesurer. Ce cas est dierent de celui ou les donnees manquent parce que le champ a ete
mal deni (comme le champ (( cancer de la prostate )) dans une base de donnees comportant
des femmes). Le conseil d'Oracle est pragmatique. Il serait etonnant que toutes les causes
possibles de donnees manquantes se trouvent au sein des donnees d'un client particulier.
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Il est donc plus sain d'etudier ce probleme au cas par cas, et d'appliquer des solutions
particulieres.
12. Utiliser plusieurs modeles de prediction a la fois
La recherche universitaire a cree de nombreuses procedures qui utilisent plusieurs modeles
a la fois, comme les (( for^ets )) de decision (qui comportent plusieurs arbres de decision),
le bagging et le boosting (voir le chapitre 11) qui utilisent des procedures de vote pour
choisir le modele qui sera applique sur une donnee nouvelle. Le but de ces procedures
est en general d'ameliorer la precision des previsions du modele. Mais ce n'est pas ce que
signie le conseil d'Oracle. Il s'agit ici plut^ot d'ameliorer la comprehension du client en lui
presentant plusieurs modeles, chacun d'entre eux soulignant un aspect des donnees, au lieu
de presenter un seul modele melangeant, de facon peu comprehensible, plusieurs points de
vue dierents.
Nous allons maintenant etudier les outils, les methodes et les besoins du marche de l'ECD. Pour
ceci, nous allons analyser les resultats d'enqu^etes menees par G. Piatetsky-Shapiro (GPS) sur
son site dedie au marche industriel de l'ECD.
Les outils utilises par les compagnies couvrant une part appreciable du marche
Au-dela de la diversite des approches des diverses compagnies, on peut noter qu'elles ont
deux traits en commun.
Le premier est que toutes les compagnies se vantent de l'intelligibilite de leurs resultats,
quelles que soient les methodes inductives (c'est-a dire les algorithmes d'apprentissage)
utilisees. Cette constance souligne l'importance capitale de l'intelligibilite des resultats
obtenus sur le marche de l'ECD.
Le second point presente deux versants complementaires :
{ d'une part, chaque compagnie possede une methode d'induction phare qu'elle pretend
^etre superieure aux autres ;
{ d'autre part, il existe peu de compagnies qui ne proposent pas un eventail de produits
varies.
L'exemple de la societe CART est typique. Cette compagnie, dediee au depart aux arbres
de regression (le RT de CART signie regression trees), ore maintenant des arbres ou
des regles de decision (chapitre 11), des reseaux connexionnistes (chapitre 10), des reseaux
bayesiens (chapitre 12) et des reseaux de dependance, des machines a vecteurs supports
(SVM, chapitre 9), des approches utilisant la theorie des ensembles approximatifs (rough
sets) et les approches par algorithmes genetiques (chapitre 8).
xx
Science 8% 6%
Securite 2%
Telecommunications 2.5 % 11 % 8 % (++)
Autres 11 % 11 % 5%
Tab. 0.3 { Les domaines d'application.
Education 2%
Lutte contre la criminalite 1 %
Fidelisation / Attrition 8%
Tab. 0.4 { Les domaines d'application disparus depuis 1998.
est d'autant plus vrai qu'on y ajoute les analyses du contenu de la Toile qui est une forme de
fouille de textes. Ce domaine d'importance industrielle extr^eme est relativement peu etudie par
les specialistes d'ECD et la plupart des outils utilises viennent de la communaute du traitement
automatique de la langue naturelle.
Le probleme de l'intelligibilite
Comme nous l'avons deja plusieurs fois remarque, le probleme de l'intelligibilite est capital.
Les methodes d'induction ne sont en general pas (( naturellement )) intelligibles, c'est pourquoi un
eort de retro-ingenierie est toujours necessaire. Pour illustrer une facon de realiser cet eort,
prenons l'exemple du CoIL Challenge 2000. Il s'agit d'une competition ou on demandait de
prevoir et de decrire le comportement d'acheteurs de caravanes a partir d'une base de donnees.
La t^ache de prevision etait jugee selon des criteres de precision et celle de description selon des
criteres d'intelligibilite.
Le vainqueur de la t^ache de prediction a utilise un apprentissage bayesien naf (chapitre 14),
ce qui conrme le fait que cette methode est a la fois simple d'implementation et d'une grande
precision en prediction. En revanche, elle ne fournit aucune explication quand a la facon dont elle
prend des decisions. Les vainqueurs de la t^ache de description ont utilise une interessante combi-
naison de methodes statistiques et symboliques. Les auteurs utilisent des algorithmes genetiques
(chapitre 8) pour engendrer la structure d'un reseau connexionniste (chapitre 10). Ils sont moins
precis en resultats purs que le vainqueur, mais ils obtiennent au passage de precieuses informa-
tions sur les attributs les plus signicatifs pour la t^ache de classication. Pour l'intelligibilite,
c'est-a-dire la t^ache de description des consommateurs, ils combinent trois approches. D'abord,
ils essaient de creer un grand nombre d'attributs comprehensibles, comme par exemple la taille
de la famille, le caractere estime plus ou moins carrieriste des individus, le nombre de bicyclettes
dans la famille, etc. Ensuite, ils utilisent un test statistique du 2 pour mesurer l'importance
relative des descripteurs dans leur contribution a la solution. Enn, ils engendrent des regles
d'association sur les descripteurs signicativement relies a la solution pour conclure sur l'achat
d'une caravane. Avec ces restrictions, il s'avere qu'ils obtiennent seulement sept regles ayant un
support superieur a 10 %, ce qui fournit un ensemble bien comprehensible de regles decrivant
l'acheteur de caravanes.
Il est remarquable que les statistiques et les reseaux connexionnistes, deux methodes fonciere-
ment numeriques, soient utilisees ici pour ameliorer la comprehension des resultats d'apprentis-
sage de regles symboliques.
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Avant-propos xxv
Quelques termes et faux-amis anglais-francais.
Apprentissage Learning
Apprentissage articiel ou automatique Machine Learning
Apprentissage par cur Rote learning
Attribut Feature ou attribute
Attribut numerique Continuous valued attribute
Attribut arborescent Tree-structured attribute
Classication automatique Clustering
Distributions bienveillantes Benign distributions
E lagage Pruning
Escalade Hill-climbing
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P Une probabilite
p Une densite de probabilites
IN L'ensemble des entiers naturels
IRd L'espace euclidien de dimension d
IBd = f0; 1gd L'espace booleen de dimension d
O 0 1 L'ordre de grandeur maximal de complexite d'un algorithme
x 1
x = @ .. C
B . A Un vecteur
xd
xT = (x1 ; : : : ; xd ) Un vecteur transpose
jj x jj La norme du vecteur x
M ;1 La matrice inverse d'une matrice carree M
MT La matrice transposee d'une matrice M
M+ La matrice pseudo-inverse d'une matrice M .
Par denition, M + = M T (MM T );1
(x; y) La distance euclidienne entre deux vecteurs x et y de IRd
@
@x f (x; y) La derivee partielle par rapport a x
de la fonction f des deux variables x et y
rAJ (A; B) Le vecteur derive par rapport au vecteur A
de la fonctionnelle J des deux vecteurs A et B
Les elements en jeu dans l'apprentissage
X L'espace de representation des objets (des formes)
U L'espace de supervision (des sorties desirees)
S L'echantillon d'apprentissage (un ensemble ou une suite d'exemples)
S+ Les exemples positifs
S; Les exemples negatifs
A L'echantillon d'apprentissage quand on divise S en A, T et V
xxviii
T L'echantillon de test
V L'echantillon de validation
m La taille d'un echantillon d'apprentissage (le nombre d'exemples)
zi = (xi; ui) Un exemple (element d'un echantillon d'apprentissage)
xi La description d'un objet dans un espace de representation
xij La valeur de la coordonnee j de la description de l'objet xi dans IRd
Les principes de l'apprentissage inductif
ui La supervision, ou sortie desiree, d'un exemple
f :X !U La fonction cible (celle que l'on cherche a apprendre)
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Premiere partie
Les fondements de l'apprentissage
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Chapitre 1
De l'apprentissage naturel a
l'apprentissage articiel
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Il va aussi apprendre a lire. Il sait deja faire la distinction entre texte et non texte, parce qu'il
a souvent manipule des livres illustres ou il a observe l'association des images et des symboles de
l'ecriture. Il apprend d'abord par cur des mots associes a des sons et a leur signication. Plus
tard, il extrait des regles permettant de distinguer des groupements syllabiques a l'interieur des
mots et de les prononcer. Cet apprentissage est long et progressif, il demande des repetitions et
des sequences d'exercices bien choisies. Il est en partie supervise par des adultes qui preparent
les t^aches d'apprentissage, accompagnent son cheminement et sanctionnent, par recompense ou
punition, les resultats observes.
Au cours des annees qui suivent, l'enfant apprend par etapes a ma^triser des concepts et
des operations de plus en plus abstraits. Finalement, cette fois sans professeur pour l'escorter,
il decouvrira et enoncera des points de vue personnels, des theories sur les phenomenes sociaux,
sportifs, economiques, naturels et autres.
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Les modalites de l'apprentissage naturel sont donc multiples : apprentissage par cur, par
instruction, par generalisation, par decouverte, apprentissage impliquant des categorisations
voire la formation de theories, apprentissage plus ou moins supervise ou autonome, etc. Ces
diverses formes d'apprentissage auront-elles une contrepartie lorsqu'il s'agira d'apprentissage
par des machines? Et comment envisagera-t-on l'apprentissage naturel apres cette etude?
Apprentissage (( articiel )) ou apprentissage (( automatique )) ?
Au fait, comment appeler cette discipline ? Le terme academique le plus courant est ap-
prentissage automatique. Cependant, bien que consacre par l'habitude, ce terme ne nous semble
pas completement satisfaisant. Il sous-entend en particulier une sorte d'activite inconsciente
de bas-niveau, qui s'execute (( en t^ache de fond )) comme disent les informaticiens pour par-
ler d'un processus se deroulant au second plan sans perturber la t^ache principale courante. Si
certains types d'apprentissages, comme l'habituation, voire m^eme certaines formes d'associa-
tions (comme chez le fameux chien de Pavlov), peuvent correspondre a ce schema, celui-ci est
cependant beaucoup trop restrictif.
On peut aussi penser a utiliser les expressions apprentissage machine pour traduire direc-
tement l'expression americaine machine learning ou a apprentissage algorithmique pour insister
sur les aspects operationnels.
Il nous semble que la notion d'apprentissage articiel apporte quelque chose de plus profond
que la simple idee d'(( automatique )). Il est vrai que le mot articiel evoque aussi quelque chose
de factice, voire de frelate et que nous savons combien le terme d'intelligence articielle a souert
de ces connotations ; mais nous nous placons ici sous le patronage de Herbert Simon (1916-2001),
Prix Nobel d'economie et l'un des fondateurs de l'intelligence articielle, qui a bien su montrer
la marque et l'inter^et de la notion de sciences de l'articiel [Sim81].
Sciences naturelles et sciences de l'articiel
Le projet des sciences naturelles est de comprendre les phenomenes en formulant des lois
sous-jacentes, de preference simples. L'ambition fondamentale des sciences de l'articiel n'est
pas dierente mais, par le but poursuivi et les moyens utilises, elles s'en ecartent cependant
susamment pour se denir a part entiere. Ainsi, le but des sciences de l'articiel, en parti-
culier de l'apprentissage articiel, est bien de comprendre les phenomenes de la nature. Mais
cette comprehension doit passer par la construction de modeles qui (naturellement pour des
informaticiens) doivent ^etre capables de realiser des simulations.
Selon le point de vue des sciences de l'articiel, comprendre implique la capacite de fabriquer
pour reproduire. Conna^tre, dans cette optique, c'est concevoir un modele operatoire du monde
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 5
pour le soumettre a des manipulations reglees. Conna^tre, c'est donc prendre de la distance par
rapport a l'objet et se donner les moyens de l'approcher dans son comportement, d'en faire varier
des parametres et d'enoncer des conditions de realisabilite.
Les sciences de l'articiel presentent deux aspects qui les distinguent des sciences naturelles.
D'une part, elles concoivent la connaissance et la comprehension comme une capacite
de simulation, ce qui implique la possibilite d'explorer eectivement les consequences de
postulats initiaux.
D'autre part, ce sont des sciences qui cherchent des normes permettant de denir ce qu'est
un raisonnement valide, un apprentissage correct et les conditions necessaires pour qu'il
puisse avoir lieu. En ceci, les sciences de l'articiel sont aussi des sciences normatives, par
opposition a l'aspect principalement descriptif des sciences naturelles.
C'est dans ce double sens que nous desirons presenter l'apprentissage articiel dans cet ou-
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vrage. Certes, il sera bien question d'apprentissage automatisable, donc d'apprentissage automa-
tique et d'un apprentissage realisable sur des machines, donc d'apprentissage machine, mais l'un
des soucis sous-jacents sera de rechercher les conditions de realisabilite des modeles de l'appren-
tissage, c'est-a-dire les lois profondes qui reglent la possibilite d'apprendre. Ainsi, l'apprentissage
articiel est la science qui cherche et etablit des liens entre les principes generaux d'apprenabilite
et les methodes et outils permettant de realiser un apprentissage dans un contexte particulier.
La premiere partie de l'ouvrage est davantage tournee vers l'expose des principes tandis que le
reste presente des techniques justiees en particulier a la lumiere des principes fondamentaux.
Le theoricien et l'ingenieur etablissent ainsi un dialogue. Nous avons cherche a conserver cet
esprit dans l'organisation de l'ouvrage.
chaque position atteinte en fonction de certains criteres (par exemple : l'occupation du centre,
l'avantage materiel, etc.), et nalement joue le coup lui permettant de maximiser le gain que
l'adversaire est oblige de lui conceder. Dans ce cadre, l'apprentissage consiste naturellement a
apprendre cette fonction d'evaluation, car c'est elle qui determine la qualite des decisions.
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La diculte de base est que la variete des formes rencontrees est innie. Il ne peut donc ^etre
question d'apprentissage par cur. Il faut par consequent, a partir d'un echantillon d'exemples
(( bien choisis ))(comment?) ^ etre capable de generaliser. De maniere informelle, nous denissons
un exemple comme l'association d'une forme et d'une etiquette. C'est ainsi que la forme de la
gure 1.2 est associee a l'etiquette `a' (lettre de la categorie `a'). Nous avons ici aaire a ce qu'on
appelle de l'apprentissage supervise 2 .
Ici se pose la premiere question : comment coder les formes? Par une matrice binaire transcri-
vant l'eclairement des pixels de la retine de la camera? Dans cette hypothese, chaque caractere
serait deni par une matrice, disons de taille 16 32 3 . Avant de s'interesser a l'exploitation
de telles representations, il faut resoudre un probleme d'homogeneite. Les caracteres seront-ils
centres sur la retine? Seront-ils tous a la m^eme echelle? Auront-ils une orientation imposee? On
voit que m^eme dans le cas d'un codage tres primitif des formes, un pretraitement est indispen-
sable.
Système
de
décision Sortie
Alors que la description des formes comme des projections sur la retine de la camera est
immediate, une redescription adaptee a l'apprentissage implique des operations non triviales et
surtout des connaissances a priori sur le mecanisme de cet apprentissage. Il s'agit d'eliminer
les descripteurs non pertinents, par exemple la couleur de l'encre ou celle du fond de l'image,
de recoder pour tenir compte des invariances par translation ou par changement d'echelle, voire
d'introduire de nouveaux descripteurs. Certains de ces nouveaux descripteurs, non presents dans
la description brute des donnees, n'impliquent pas nessairement des attributs complexes. Ainsi,
pour distinguer un `a' d'un `b', il sut en general de considerer le rapport de leur hauteur a leur
largeur. Mais le plus souvent, il faudra ^etre capable d'inventer des descripteurs sophistiques. Une
autre technique consiste a introduire une grande collection de descripteurs dont l'apprentissage
essaiera de tirer le meilleur parti.
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La mesure de performance
Retournons maintenant au probleme de la denition du critere de performance. S'agit-il
simplement du nombre d'erreurs de classication apres apprentissage, que l'on peut ramener a
une probabilite de mauvaise classication ? S'agit-il d'une mesure de risque plus elaboree, prenant
en compte le fait qu'il vaut mieux se tromper sur une lettre que sur un chire (le code postal
est plus dicile a reconstruire que le nom de la commune) ? Ici encore, les possibilites sont
nombreuses et c'est l'application qui commande le choix a faire.
Dans tous les cas, l'evaluation de l'apprentissage devra ^etre conduite avec soin. En general, on
mesure la performance apres que l'apprentissage a eu lieu sur un certain nombre de donnees que
l'on appelle echantillon d'apprentissage. Si l'on fait varier la taille de cet echantillon, on obtient
une courbe d'apprentissage comme celle donnee sur la gure 1.3. Cependant, il faut s'assurer
que la mesure de performance s'eectue sur un echantillon de test dierent de l'echantillon
d'apprentissage. Autrement, ce ne serait pas la capacite de generalisation qui serait testee, mais
une capacite a l'apprentissage par cur, qui n'est pas pertinente dans ce contexte (mais qui
pourrait eventuellement l'^etre dans le cas de caracteres d'imprimerie).
La modelisation
Finalement, il faudra decider de la forme d'apprentissage a realiser, c'est-a-dire de ce qui
est appris en interne par le systeme apprenant. Pour donner un exemple, on peut se gurer les
caracteres comme etant decrits dans un espace de descripteurs a plusieurs dimensions. Certains
des points de cet espace correspondent a la lettre `a', d'autres a la lettre `b', etc. Le probleme
est alors d'apprendre a associer a chaque point la lettre correspondante. Ceci peut se faire de
plusieurs manieres. Le but de cet ouvrage est de les presenter et d'orir un cadre conceptuel
pour orienter les choix a faire. Pour donner deja quelques exemples, on peut imaginer une ap-
proche geometrique : apprendre des frontieres entre les regions correspondant aux dierentes
classes. Une nouvelle forme inconnue sera alors etiquetee en fonction de sa place par rapport
aux frontieres trouvees. On peut aussi adopter un point de vue probabiliste et apprendre des
probabilites conditionnelles d'appartenance des points aux classes, ou reciproquement des pro-
babilites conditionnelles des classes connaissant la description des points. On pourrait egalement
envisager d'utiliser un critere de decision par les plus proches voisins dont on conna^t l'etiquette.
Il faudra alors disposer d'un nombre susant de points etiquetes et d'une relation de voisinage
denie proprement. Et il existe encore bien d'autres possibilites...
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 9
Courbe en reconnaissance
Mesure de (sur l'échantillon d'apprentissage)
performance
Courbe en généralisation
(sur un échantillon de test)
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Taille de l'échantillon
d'apprentissage
Fig. 1.3 { Une courbe de performance classique. On suppose ici que l'apprentissage est su-
pervise : la machine peut exploiter les informations contenues dans un echantillon
d'apprentissage en vue de faire des predictions sur des observations nouvelles. En
abscisse gure l'exploitation de l'echantillon d'apprentissage, par exemple mesuree
en nombre d'examens de la base d'apprentissage. En ordonnee est portee une me-
sure de l'erreur, soit l'erreur faite par le systeme en prediction sur des exemples
vus en apprentissage (erreur de reconnaissance), soit sur des exemples non vus (er-
reur en generalisation). Normalement, la performance s'ameliore au fur et a mesure
que l'algorithme exploite davantage l'information. Elle est generalement meilleure en
reconnaissance qu'en generalisation. On observe aussi frequemment une baisse des
performances en generalisation lorsque l'apprenant exploite (( trop )) les donnees. Ce
phenomene qui peut sembler paradoxal trouvera son explication dans la suite de l'ou-
vrage.
voie a son tour a des questions que toute etude de l'apprentissage devra aborder.
Qu'est-ce qui est transforme lors de l'apprentissage ? En particulier, dans une machine
apprenante, comment represente-t-on ce qui determine le comportement du systeme et qui
subira eventuellement une modication? Le neurobiologiste evoquera immediatement le
support biologique : les neurones, leurs connexions, les neurotransmetteurs ; le psychologue
raisonnera en termes de croyances, de connaissances ; l'informaticien envisagera des reseaux
de neurones articiels, des assertions Prolog d'un systeme expert, etc.
Comment peut s'eectuer le processus de transformation?
En reponse a quel type de sollicitation? Qu'est-ce qui informe le systeme apprenant qu'il
doit se transformer? Qu'est-ce qui lui permet de mesurer son progres ou son degre d'adap-
tation?
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Le cyberneticien se preoccupe de denir une structure d'unites en interaction et d'etudier, par
simulation, ses capacites d'adaptation spontanee a toutes sortes de milieux.
Ce qui est interessant, c'est que la dimension dynamique de l'apprentissage et sa fonction
d'adaptation a un milieu sont prises en compte. En revanche, la mise en valeur trop exclusive de
simulations experimentales et de reproductions de comportements, par exemple ethologiques, a
jusqu'a present nuit a une construction theorique de l'apprentissage. Il y a plethore d'experiences
singulieres, parfois spectaculaires, et penurie de cadres theoriques.
Le cognitivisme, qui est en partie heritier de la cybernetique, ore curieusement une image
presque inversee, nous allons le voir, avec une myopie sur l'aspect dynamique de l'apprentissage
et son r^ole adaptatif, mais avec une forte construction theorique.
plines comme la biologie, maintenant entierement concue comme elucidation du code genetique,
l'ethnologie de Levi-Strauss inscrite dans le mouvement structuraliste, la psychanalyse cher-
chant le code de l'inconscient, et m^eme la physique 4, les sciences cognitives ont ete chercher du
c^ote de la philosophie analytique { essentiellement une philosophie du langage { une solution a
leur probleme. Selon cette approche, la pensee procede a partir de propositions portant sur le
monde, dotees d'une syntaxe, et manipulees suivant des regles d'inference strictes d'un langage
formel, parmi lesquelles gurent au premier plan la deduction, l'abduction, la generalisation,
etc., c'est-a-dire des regles d'inference liees a la logique.
On ne s'attardera pas ici sur les dicultes de nature philosophique rencontrees par cette
approche, touchant entre autres au probleme de la reference et de l'intentionalite (voir par
exemple l'excellent livre de Joelle Proust [Pro97]). En revanche, il est important de souligner les
consequences de ce point de vue pour l'etude de l'apprentissage.
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de convergence vers une fonction cible. Il reste sans doute maintenant a depasser ces deux
perspectives, mais pour cela il est utile de les conna^tre et d'en peser l'in
uence.
La suite de ce chapitre vise a fournir les concepts et notations de base necessaires a la
comprehension du reste de l'ouvrage. Les lecteurs interesses par un debat entre plusieurs pers-
pectives sur l'apprentissage (incluant la didactique, la psychologie et l'informatique) peuvent se
reporter par exemple a [TNC+ re].
pas le m^eme dans le cas d'une t^ache de prediction que dans celui d'une t^ache d'identication.
Dans ce dernier cas, en eet, on demande beaucoup plus a l'apprenant puisqu'on attend de lui
une hypothese explicite, donc une sorte d'explication de ses predictions (voir gure 1.4, partie
droite).
Par ailleurs, l'apprenant peut ^etre plus ou moins actif. Dans les protocoles decrits jusqu'ici,
l'apprenant recoit passivement les donnees sans avoir d'in
uence sur leur selection. Il est possible
d'envisager des scenarios dans lesquels l'apprenant a une certaine initiative dans la recherche d'in-
formations. Dans certains cas, cette initiative est limitee, par exemple lorsque l'apprenant, sans
avoir la totale ma^trise du choix de l'echantillon d'apprentissage, est simplement capable d'orien-
ter sa distribution de probabilite. Les methodes de boosting, decrites dans le chapitre 11, en sont
une illustration. Dans d'autres cas, l'apprenant peut poser des questions sur la classe d'apparte-
nance d'une observation, on parle alors d'apprentissage par requ^ete d'appartenance (membership
queries), ou m^eme organiser des experiences sur le monde, et on parle alors d'apprentissage actif.
Le jeu de MasterMind, qui consiste a deviner une conguration de pions de couleurs caches en
posant des questions suivant certaines regles, est un exemple simple d'apprentissage actif dans
lequel l'apprenant possede l'initiative des questions.
h (x )
3 3
"oui" ou "non"
Fig. 1.4 { Dierence entre un protocole d'identication (a gauche) et un protocole de prediction
(a droite). Dans le protocole d'identication, l'objectif de l'apprenant est de trouver
une hypothese h qui rende bien compte des donnees d'apprentissage. Dans le protocole
de prediction, l'apprenant doit (( seulement )) chercher a trouver la bonne reponse a
une question particuliere. Ici, on suppose qu'apres chaque prediction, l'apprenant
recoit une conrmation ou une inrmation de sa prediction.
d'une fonction cachee connue uniquement par l'intermediaire d'un echantillon de donnees.
Le probleme de l'apprentissage devient alors souvent celui de l'etude des conditions d'ap-
proximation et de convergence. Nous aurons largement l'occasion de developper ce point
de vue, actuellement dominant, dans le chapitre 2.
L'induction. Dans les annees soixante-dix et au debut des annees quatre-vingt, sous l'in-
uence du point de vue cognitiviste, une large communaute de chercheurs, particulierement
active en France, s'est penchee sur l'apprentissage en tant que probleme de generalisation.
Cette approche part de deux presupposes essentiels. D'une part, l'agent cognitif appre-
nant doit apprendre quelque chose qu'un autre agent cognitif equivalent conna^t. Il est
donc normalement capable d'atteindre parfaitement la connaissance cible. D'autre part,
les connaissances et les donnees peuvent ^etre decrites par un langage. On cherche alors
quels sont les operateurs dans ce langage qui peuvent correspondre a des operations de
generalisation ou de specialisation utiles pour l'induction, et on construit des algorithmes
les utilisant, permettant de resumer les donnees tout en evitant de les surgeneraliser et
d'en tirer des consequences illegitimes.
Les mathematiques appliquees. Finalement, l'ingenieur peut ^etre tente de voir dans l'ap-
prentissage un cas particulier de resolution de probleme inverse. Dans le cas d'un probleme
direct, on se donne une (( structure )) et on en cherche les consequences. Par exemple, tel
avion est capable de supporter telle charge dans telles conditions. Dans le cas d'un probleme
inverse, on se donne des specications sur les capacites souhaitees et on cherche a concevoir
un objet qui les verie. C'est evidemment typiquement le probleme auquel sont confrontes
les ingenieurs. Prenons deux exemples :
{ On peut dire que la theorie des probabilites est une theorie s'attachant a un probleme
direct (etant donne un modele parametre, quelles sont les probabilites associees a tel
evenement?), tandis que la theorie des statistiques s'attaque a un probleme inverse
(etant donne un echantillon de donnees, quel modele permet de l'expliquer, c'est-a-
dire peut l'avoir produit?).
{ E tant donnes deux nombres, il est facile d'en trouver le produit (probleme direct), il
est en revanche generalement impossible de trouver a partir d'un nombre ceux dont
il est le produit (probleme inverse).
Les problemes inverses sont ainsi souvent des problemes que l'on dits mal poses, c'est-
a-dire n'ayant pas de solution unique. Selon cette perspective, l'etude de l'apprentissage
peut ^etre vue comme celle des conditions permettant de resoudre un probleme mal pose,
c'est-a-dire des contraintes qu'il faudra ajouter pour que la procedure de resolution puisse
trouver une solution particuliere.
18 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Les fonctions lineaires ou non lineaires permettant de discriminer des formes appartenant
a un sous-espace ou a son complementaire.
Les arbres de decision qui permettent l'expression de classications par des hierarchies de
questions. L'arbre de decisions correspondant est souvent a la fois concis et comprehensible.
Les programmes logiques auxquels il faut songer lorsque l'on cherche a apprendre des
concepts relationnels.
Les reseaux bayesiens permettant a la fois de representer des univers structures par des
relations de causalite et de prendre en compte et d'exprimer des mesures de certitude ou
de conance.
Parfois l'apprentissage peut consister a changer de structure de donnees pour en trouver une
equivalente mais plus ecace du point de vue computationnel. C'est encore une fois, sous un
autre angle, le probleme de l'optimisation de performance.
1.4.3 L'induction vue comme une estimation de fonction
Apres avoir brievement passe en revue les facteurs et les points de vue en jeu dans l'appren-
tissage articiel, nous allons maintenant esquisser la maniere dont est envisage actuellement le
processus d'apprentissage. Nous allons considerer la t^ache de l'apprenant, ainsi que l'approche
suivie pour la mener a bien. Il s'agit ici d'un premier expose qui sera precise, de maniere plus for-
melle dans le chapitre 2 et dans son complement, le chapitre 17, et qui permettra de comprendre
le fonctionnement des algorithmes d'apprentissage decrits dans les chapitres suivants.
Revenons sur le scenario esquisse dans la section 1.4.1 et dans la gure 1.5. Nous supposons
que l'environnement, qu'il soit mesure par les senseurs d'un robot ou qu'il s'exprime sous la
forme d'une base de donnees, fournit un ensemble de formes xi denies sur l'espace des entrees
X et tirees aleatoirement suivant une distribution de probabilites notee DX (on parle de tirage
independant et identiquement distribue ou tirage i.i.d.). On peut ainsi imaginer qu'une webcam
prenne des images a intervalles reguliers d'un carrefour a New-York, et que les formes xi mesurees
correspondent aux vehicules observes. On pourra supposer que ces vehicules sont independants
les uns des autres (sauf dans le cas de corteges ociels ou mortuaires), mais que leur distribution
dependra de la ville, New-York se revelant sans doute dierent de Londres ou Nouakchott 7 sous
cet aspect.
Dans le cadre de l'apprentissage supervise, nous supposons egalement qu'un oracle etiquette
les formes xi gr^ace a une fonction inconnue de l'apprenant, que nous appellerons fonction cible,
7. Capitale de la Republique islamique de Mauritanie.
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 19
x1, x 2, ..., x m
Environnement X : "Oracle"
distribution de prob . DX
Apprenant : h(x, α)
x1, x 2, ..., x m y1, y2, ..., ym
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Fig. 1.5 { Le scenario classique de l'apprentissage par induction. L'environnement fournit des
donnees xi tirees aleatoirement suivant une distribution DX sur l'espace d'entree X .
Ces donnees sont etiquetees par un oracle qui utilise pour ce faire une fonction f 2 F .
L'apprenant recoit un echantillon d'exemples ou couples (xi ; ui ) = (xi ; f (xi )), et a
partir de cet echantillon, doit chercher a deviner f , ou au moins a en trouver une
approximation h.
d'une fonction hypothese h sous la forme d'une expression exprimant ce que co^utera le choix de
la fonction hypothese h si la vraie fonction inconnue est f . Par exemple, la performance d'un
systeme d'apprentissage de diagnostic sera mesuree par l'esperance de co^ut de la decision h(x)
lorsque la vraie pathologie est f (x). C'est ce que denote l'equation suivante :
Z
R(h) = l(h(x); f (x))dx (1.1)
x2X;DX
dans laquelle R(h) denote une fonction de risque, tandis que l designe une fonction de perte
denie pour chaque exemple. L'integrale est prise sur l'ensemble des formes x 2 X possibles
suivant la distribution donnee DX .
Par exemple, si l'apprenant se trouve a New-York, la distribution des voitures de couleur
jaune est dierente de celle trouvee a Londres. En supposant que le probleme soit d'apprendre a
reconna^tre des taxis, il faut prendre en compte la distribution des vehicules dans l'environnement
d'apprentissage. On suppose naturellement que cette distribution des formes est aussi celle qui
sera rencontree apres l'apprentissage. C'est pourquoi cette distribution appara^t dans l'expression
du risque. (Apprendre a reconna^tre des taxis dans New-York peut se reveler d'une utilite limitee
si l'on doit ensuite se debrouiller a Londres, ou plus encore en Mauritanie). Ce serait un non-
sens de fournir un echantillon de donnees non representatif de l'environnement qui sera rencontre
ensuite par l'apprenant et de lui demander d'en tirer une information qui le rende performant
dans ce nouvel environnement inconnu pour lui.
La fonction de risque (1.1) mesure donc l'esperance de perte dans un environnement donne,
specie par la distribution DX des evenements mesurables par l'apprenant.
Pour selectionner une fonction hypothese h, l'apprenant doit se fonder sur l'information ap-
portee par chaque exemple fxi ; ui g qu'il peut comparer a la prediction de la fonction d'hypothese
h(xi ).
Nous avons deni la t^ache d'apprentissage comme celui d'un probleme d'estimation de fonc-
tion a partir de l'observation d'un echantillon de donnees. Nous nous tournons maintenant vers
les principes permettant de realiser cette estimation.
1 ou par '+', et contre-exemples ou exemples negatifs les points etiquetes par 0 ou par '-'.
Il arrivera cependant dans la suite de l'ouvrage que nous parlions d'exemples pour denoter
les points etiquetes, qu'ils le soient positivement (exemples au sens propre) ou negativement
(contre-exemples). La gure 1.6 schematise la t^ache d'apprentissage de concepts.
?
- -
+ - -
-
- - + + -
+ +
+ +
+
+ - +
- - -
- -
- X
Fig. 1.6 { A partir d'un echantillon de points etiquetes, ici gures par des points '+' et des
points '-', l'apprenant cherche une partition de X permettant de discriminer les
formes x appartenant au concept de celles n'y appartenant pas.
Nous supposons maintenant, d'une part que l'echantillon d'apprentissage n'est pas bruite,
c'est-a-dire que les exemples sont correctement decrits et correctement etiquetes, d'autre part
qu'il est n'est pas incoherent, au sens ou la m^eme forme n'est pas a la fois exemple et contre-
exemple.
Dans ce cadre, l'echantillon d'apprentissage S = f(x1 ; u1 ); (x2 ; u2 ); :::; (xm ; um )g fournit une
information coherente ou encore consistante (un anglicisme qui s'est introduit dans le jargon de
l'apprentissage articiel mais que, pour notre part, nous eviterons) a l'apprenant dans la mesure
ou la partie de X qu'il cherche doit couvrir tous les exemples positifs de l'echantillon (ce que
l'on appelle la propriete de completude) et ne couvrir aucun des exemples negatifs (ce que l'on
appelle la propriete de correction).
Dans ce cadre restreint, on peut maintenent poser deux questions :
Quelle information est fournie par chaque exemple?
8. Ces deux classes sont aussi notees f+; ;g.
22 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Supposons alors que nous cherchions a determiner la classe d'un point x 2 X inconnu
connaissant la classe de tous les points d'apprentissage xi 2 X . Comment proceder?
Puisque nous manipulons des partitions de X , nous pourrions considerer toutes les partitions
coherentes avec l'echantillon d'apprentissage, puis decider alors de la classe de x en fonction de
ces partitions. Si toutes les partitions coherentes avec l'echantillon S prescrivent que x appartient
au concept, ou au contraire n'y appartient pas, cela determinera notre decision pour la classe
de x. Supposons m^eme que toutes ces partitions ne soient pas d'accord sur la classe de x, nous
pourrions encore decider que la classe de x est la classe majoritaire parmi les predictions de
toutes les partitions coherentes avec l'echantillon d'apprentissage.
Malheureusement, aucun de ces deux cas de gure ne se presente. Il se trouve que si l'on prend
toutes les partitions coherentes avec n'importe quel ensemble de points d'apprentissage S (c'est-
a-dire predisant correctement l'etiquette de chacun de ces points), et si l'on prend n'importe quel
point x 62 S , alors il existe autant de partitions predisant l'etiquette 1 pour x que de partitions
predisant l'etiquette 0. L'echantillon d'apprentissage a lui tout seul ne fournit donc pas une base
susante pour decider de la classe d'un point nouveau. L'induction, c'est-a-dire l'extrapolation
du connu a l'inconnu est impossible. Seul un apprentissage par cur est realisable.
Les deux questions soulignees dans la section precedente ont donc recu une reponse qui
jette pour le moins une ombre sur la possibilite de l'induction. Chaque exemple ne fournit
aucune information sur une forme inconnue. Toutes les partitions de l'espace X coherentes avec
l'echantillon sont egalement probables et leurs predictions s'annulent en chaque point inconnu.
L'aventure de l'apprentissage articiel tournerait-elle court?
Exemple 1 (Apprentissage de fonction boolenne (1))
Soit un ensemble X de points decrits par n attributs binaires. Chaque partition de X correspond
a un etiquetage particulier des 2n points de X . Il existe donc 22n partitions dierentes de X ou
encore 22n fonctions indicatrices denies de X sur f0,1g.
Supposons que l'echantillon d'apprentissage comporte m exemples distincts. Le nombre de
partitions de X compatibles avec ces m exemples est : 22n ;m puisque m points sur les 2n sont
xes.
Prenons le cas de n = 10 attributs binaires et de m = 512 exemples d'apprentissage. Le
cardinal de X est jXj = 210 , soit 1024 points dierents, ce qui n'est pas un espace tres grand. Il
existe 21024 manieres dierentes de les etiqueter par 1 ou 0. Apres l'observation de la moitie de
ces 1024 points, il reste 21024;512 partitions possibles, soit 2512 . On voit que ces 512 exemples
laissent un ensemble considerable de partitions possibles.
E tudions un probleme plus simple dans lequel les exemples sont decrits par trois attributs
binaires. Cela fait 23 = 8 formes possibles. Supposons que cinq exemples parmi ces huit aient
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 23
x1 x2 x3 f (x)
0 0 0 +
0 0 1 -
0 1 0 +
0 1 1 ?
1 0 0 +
1 0 1 ?
1 1 0 ?
1 1 1 -
Fig. 1.7 { Soit f une fonction binaire denie sur un espace d'entree a trois attributs. La table
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ete etiquetes par l'oracle, comme le montre la table 1.7. Pour xer completement une fonction,
il faut determiner la valeur des trois dernieres formes. Il faut donc faire un choix entre 23 = 8
fonctions. Supposons que nous voulions determiner la valeur associee a l'entree (0 1 1). Il y a
quatre fonctions parmi les huit qui sont associees a la sortie + et quatre associees a la sortie -. Il
est donc impossible d'avoir m^eme seulement une preference pour une prediction plut^ot qu'une
autre concernant l'etiquette de ce point.
Nous nous sommes places dans le cas ou l'apprenant cherche directement une partition de
l'espace d'entree X , c'est-a-dire qu'il cherche a determiner l'etiquette de chaque forme x 2 X .
C'est evidemment impossible, sauf dans le cas d'espaces X tres restreints pour lesquels un
apprentissage par cur est envisageable. En d'autres termes, il est generalement impossible
d'apprendre une partition de X en extension, c'est-a-dire en enumerant toutes les formes et leur
etiquette associee.
?
- -
+ - -
- + xh
- - + -
+ +
+ +
+
+ - +
- - -
- -
- X H
Fig. 1.8 { Introduction d'un espace d'hypotheses H. Chaque point de H, ou encore hypothese,
correspond a une partition de l'espace des entrees X .
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?
-
- - -
-
- +
+ xh
- + -
+
+ +
+
+
- -
-
- -
- - X H
Fig. 1.9 { Supposons que le langage de representation des hypotheses LH corresponde a une
restriction aux parties de X qui sont des rectangles. Dans ce cas, la donnee du point
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'+' indique par la
eche implique que tous les points inscrits dans le rectangle dont il
delimite un angle sont de classe '+'. On voit que des lors, il devient possible d'induire
la classe de points jamais observes dans l'echantillon d'apprentissage. Par exemple,
selon ce biais, le point denote par un rond noir est predit appartenir a la classe '+'.
representation correspond a un (( acte de foi )) sur le type d'hypotheses adequat pour decrire
le monde. Cet acte de foi peut ^etre errone auquel cas l'apprentissage peut donner de tres
mauvais resultats (voir gure 1.10). Il faudra arriver a detecter quand c'est le cas.
Nous verrons plus loin que la notion de biais en apprentissage se denit comme toute
restriction de l'ensemble des hypotheses potentielles, y compris des restrictions qui vont
plus loin que les restrictions portant sur le langage d'expression des hypotheses.
Vrai concept
?
- - - -
- +
- xh
-
- +
+ - +
+
+ - - +
+
-
-
- -
-
- - X H
Fig. 1.10 { Supposons que le langage de representation des hypotheses LH corresponde a une
restriction aux parties de X qui sont des rectangles et que la partition (( vraie )) de
la Nature, correspondant aux exemples positifs, soit representee par les deux (( pa-
tatodes )). Dans ce cas, il est impossible d'approximer correctement le concept cible
a l'aide d'une hypothese de H.
3. Finalement, l'espace H des hypotheses peut orir des structures permettant son explora-
tion de maniere plus ou moins systematique et plus ou moins ecace. En particulier, une
relation d'ordre sur H correlee avec la generalite de l'induction eectuee est tres utile (voir
le chapitre 4).
26 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Quel que soit le processus guidant l'exploration de H, il est necessaire que l'apprenant puisse
evaluer les hypotheses h qu'il considere a un instant t de sa recherche. Nous avons vu (sec-
tion 1.4.2.1) que cette evaluation fait intervenir une fonction de co^ut interne (par exemple un
ecart quadratique entre les sorties calculees a partir de h et les sorties desirees u fournies dans
l'echantillon d'apprentissage). C'est cette fonction de co^ut, plus, eventuellement, d'autres in-
formations fournies par l'environnement (y compris l'utilisateur par exemple), qui permet a
l'apprenant de mesurer sa performance sur l'echantillon d'apprentissage et de decider s'il doit
poursuivre sa recherche dans H ou s'il peut s'arr^eter.
Par exemple, dans le cas de l'apprentissage supervise de concept, en supposant des
descriptions non bruites des entrees, l'apprenant cherche une hypothese exprimable
dans le langage LH couvrant tous les exemples positifs de l'echantillon d'apprentis-
sage et ne couvrant aucun des exemples negatifs.
La gure 1.11 schematise la recherche d'une hypothese dans le cas d'un apprentissage hors
ligne (quand tout l'echantillon d'apprentissage est suppose d'emblee disponible). La gure 1.12
est relative a un apprentissage en ligne, dans lequel les exemples sont fournis sequentiellement.
Dans ce dernier cas, on suppose ici que l'hypothese courante ht est comparee a l'entree courante
zt+1 = (xt+1; ut+1 ) et modiee s'il y a lieu.
-
- - -
-
-
-
-
-
- +
+
+ + -
? x hi
+ x hj
+ x hk
+ +
- -
-
- -
- - X H
Fig. 1.11 { Si l'hypothese courante ht est insatisfaisante {ici elle n'exclue pas tous les exemples
negatifs connus{, alors il faut que l'apprenant cherche une nouvelle hypothese dans
H. La question est : ou doit-il chercher?
En supposant qu'a l'instant t, l'apprenant juge insatisfaisante son hypothese courante ht ,
comment peut-il en changer? C'est la que se decide l'ecacite de l'apprentissage et que joue la
structure exploitable sur l'espace H. Plus celle-ci sera riche et ne, et plus il sera envisageable
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 27
-
- - -
-
-
-
-
+
+
+ + -
? x hi
+ x hj
+ x hk
+ +
- -
-
- -
- - X H
Fig. 1.12 { Si l'hypothese courante ht est insatisfaisante (ici elle ne couvre pas le nouvel exemple
zt+1 = (xt+1 ; ut+1 )), alors il faut que l'apprenant cherche une nouvelle hypothese
dans H. Encore une fois, la question est : ou doit-il chercher?
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prendre ou, plus precisement, ce qui est necessaire pour qu'un apprentissage soit possible
en principe.
Une approche d'ingenieur concerne par la realisation de methodes d'apprentissage sous
formes d'algorithmes et de programmes informatiques.
Une approche d'utilisateur interesse par les realisations des programmes d'apprentissage
et les problemes qu'ils permettent de resoudre.
Nous avons essaye de rendre compte de ces trois points de vue tout au long de l'ouvrage,
m^eme si la progression logique impose de partir de premices plut^ot conceptuelles et theoriques
pour aller vers la conception de systemes d'apprentissage et, de la, vers les applications.
Tout ouvrage general sur l'apprentissage articiel doit aronter la diculte d'avoir a presenter
une collection de methodes et d'algorithmes parfois issus de communautes scientiques dierentes,
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pour des motivations diverses (metaphores biologiques, modeles de la physique, architecture co-
gnitive,...) et souvent decrits dans les articles scientiques a l'aide de notations non homogenes.
Chaque auteur doit alors faire un choix pour organiser, le moins arbitrairement possible, l'expo-
sition de toutes ces techniques. Parmi nos illustres predecesseurs, Tom Mitchell [Mit97] a choisi
d'equilibrer tout au long de l'ouvrage theorie et pratique, a l'image de son cours a l'univer-
site de Carnegie-Mellon (CMU), sans suivre de principe directeur particulier et en assumant les
dierences de notations entre les ecoles de pensee. Pat Langley [Lan96] a fait le pari audacieux de
structurer tout son ouvrage sur les langages de representation des hypotheses manipules par les
systemes apprenants, en imposant une notation uniforme et des exemples de t^aches d'apprentis-
sage illustrant l'ensemble des methodes. Comme nous l'avons deja dit dans l'avant-propos, nous
avons choisi de suivre un autre principe structurant.
Nous avons decide de presenter dans une premiere partie les concepts et principes fonda-
mentaux qui permettent de comprendre et de justier la plupart des methodes d'apprentissage.
En particulier nous nous sommes attaches a l'etude des conditions sous lesquelles un apprentis-
sage est possible, ou impossible, et ceci independamment d'un algorithme particulier. Ceci nous
permet de cerner les conditions necessaires a un apprentissage, ainsi que de motiver l'utilisation
de certains principes inductifs que l'on retrouve a la base de toutes les methodes d'apprentis-
sage. Le reste de l'ouvrage est dedie aux methodes et algorithmes d'apprentissage ainsi qu'aux
realisations associees. An d'en organiser l'exposition, nous avons choisi de centrer notre atten-
tion sur le probleme de la recherche d'une ou plusieurs hypothese(s) dans l'espace d'hypotheses
H. Dans la section precedente, nous avons evoque l'in
uence des connaissances prealables sur
le processus de recherche et son ecacite. Plus l'espace H se trouve dote d'une structure forte,
et plus son exploration peut ^etre guidee, conduisant en general a une plus grande ecacite.
L'ouvrage adopte cette ligne directrice en presentant les methodes d'apprentissage en fonction
de la structuration de H, partant des espaces les mieux structures, pour aller graduellement
vers l'apprentissage dans des espaces (( minimaux )) pour lesquels il n'existe m^eme plus d'es-
pace d'hypotheses a proprement parler, mais seulement une notion de voisinage dans l'espace
X des entrees et une mesure de performance. Les trois grandes parties presentant ces methodes
regroupent ainsi d'abord les methodes d'apprentissage par exploration suivant les directions de
recherche fournies par l'espace d'hypotheses, ensuite les methodes d'apprentissage par optimisa-
tion lorsque H ne dispose plus que d'une notion de voisinage et d'une mesure de performance,
et que sont donc utilisables essentiellement des techniques de gradient, nalement les methodes
d'apprentissage par interpolation qui sont les seules utilisables quand on ne conna^t plus d'espace
d'hypotheses a priori.
Plus la connaissance prealable est faible, et plus l'apprentissage requiert de donnees pour
aboutir. On ne peut pas gagner sur tous les tableaux. En contrepartie, les methodes developpees
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 29
pour les t^aches dans lesquelles on dispose de peu d'informations prealables sont aussi celles
qui sont d'usage le plus general, s'adaptant a tous les contextes. C'est pourquoi ces methodes
(par exemple les reseaux connexionnistes ou les algorithmes genetiques) sont les plus populaires,
pr^etes a ^etre essayees sans grands eorts de re
exion a priori. Nous avons voulu souligner que
ce calcul est parfois mauvais, et qu'il est souvent rentable de chercher a tirer parti de toutes
les connaissances disponibles. Par ailleurs, il nous semble aussi que les t^aches d'apprentissage
essentiellement numeriques qui ont fait
ores ces dernieres annees vont probablement bient^ot
ceder le pas a des t^aches d'apprentissage { comme la recherche de documents sur le reseau,
leur analyse automatique, etc. { requierant des espaces d'hypotheses beaucoup plus structures
et prenant en compte une enorme quantite de connaissances. C'est pourquoi nous avons reserve
une place importante a ces methodes, malgre leur usage encore modere dans les applications
actuelles.
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Perceptron
Expériences :
tortues cybernétiques
Reconnaissance des Formes :
Théorie de la décision bayésienne
(F ant
)
er
iq e
)
or anc g
m ed
ue
ire in
ish
Région d'erreur
(n Tu
P(x|C ).P(C )
at
1 1
lin isc
D
P(x|C ).P(C )
2 2
nf
x
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R R
1 2
des regles d'inference complexes comme la generalisation, l'analogie, etc. C'est alors le triomphe
de systemes impressionnants realisant des t^aches d'apprentissage speciques en simulant plus
ou moins des strategies mises en jeu dans l'apprentissage humain. On retiendra en particulier
le systeme Arch de Winston en 1970 (voir chapitre 2) qui apprend a reconna^tre des arches
dans un monde de blocs a partir d'exemples et de contre-exemples ; le systeme AM de Lenat en
1976, qui decouvre des conjectures dans le domaine de l'arithmetique par l'utilisation d'un jeu
d'heuristiques elles-m^emes apprises dans le systeme Eurisko du m^eme auteur en 1982, ou bien
encore le systeme Meta-Dendral de Mitchell qui apprend des regles dans un systeme expert
dedie a l'identication de molecules chimiques.
C'est aussi une periode durant laquelle le dialogue est facile et fecond entre les psychologues
et les praticiens de l'apprentissage articiel, les hypotheses portant dans les deux communautes
sur des concepts comme les memoires a court terme et a long terme, le type procedural ou
declaratif des connaissances, etc. D'ou aussi des systemes comme ACT de Anderson testant des
hypotheses generales sur l'apprentissage de concepts mathematiques dans l'education.
Cependant, aussi spectaculaires soient-ils, ces systemes presentent des faiblesses qui viennent
de leur complexite. La premiere, la moins determinante mais neammoins in
uente, est qu'ils sont
a la limite de ce qui est realisable dans le cadre d'un travail de these, c'est-a-dire le quantum d'ac-
tion dans l'institution scientique. La deuxieme est que leur realisation implique necessairement
un grand nombre de choix, petits et grands, souvent implicites, et qui de ce fait ne permettent
pas une replication aisee des experiences, et surtout jettent le doute sur la portee generale et
generique des principes mis en avant. C'est pourquoi les annees 1980 ont vu progressivement se
tarir les travaux portant sur de telles simulations a quelques brillantes exceptions pres comme
les systemes Act ou Soar.
De plus, ces annees ont vu une reemergence tres puissante du connexionnisme en 1985, avec
en particulier la decouverte d'un nouvel algorithme d'apprentissage par descente de gradient pour
les perceptrons multicouche (voir chapitre 10). Cela a profondement modie l'etude de l'appren-
tissage articiel en ouvrant grand la porte a tous les concepts et techniques mathematiques
portant sur l'optimisation et sur les proprietes de convergence. Parallelement a l'intrusion des
mathematiques continues, d'autres mathematiciens se sont engoures (derriere Valiant en 1984
[Val84a]) dans la breche ouverte par la notion d'espace des versions due a Mitchell (voir cha-
pitre 4) et qui en gros permet d'envisager l'apprentissage comme la recherche dans un espace
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 31
Apprentissage artificiel :
une explosion
Systèmes dédiés à une tâche : Induction supervisée
inspiration psychologique
Arbres de décision
Algorithmes génétiques
Explanation-Based Learning
Raisonnement par cas
L
RA
D
EN
A
-D 2ème connexionnisme
CH
ET
AR
M
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70s 80s
d'hypotheses deni a priori d'une hypothese coherente avec les donnees. D'un seul coup l'appren-
tissage etait vu non plus comme la recherche d'algorithmes simulant une t^ache d'apprentissage,
mais comme un processus d'elimination d'hypotheses ne satisfaisant pas un critere d'optimi-
sation. Il s'agissait alors dans ce cadre de chercher comment un echantillon de donnees tire
aleatoirement pouvait permettre d'identier une bonne hypothese dans un espace d'hypotheses
donne. C'etait extr^ement deroutant, et comme le langage utilise dans ces recherches etait assez
eloigne de celui des praticiens de l'apprentissage articiel, ceux-ci continuerent a developper
des algorithmes plus simples mais plus generaux que ceux de la decennie precedente : arbres de
decision (chapitre 11), algorithmes genetiques (chapitre 8), induction de programmes logiques
(chapitre 5), etc.
Ce n'est que dans les annees 1990, et surtout apres 1995 et la parution d'un petit livre de
Vapnik ([Vap95]), que la theorie statistique de l'apprentissage (chapitres 2 et 17) a veritablement
in
uence l'apprentissage articiel en donnant un cadre theorique solide a des interrogations et
a des constatations empiriques faites dans la pratique de l'apprentissage articiel.
Le developpement actuel de la discipline est domine a la fois par un eort theorique vigoureux
dans les directions ouvertes par Vapnik et les theoriciens de l'approche statistique, et par un
redeploiement vers la mise a l'epreuve des techniques developpees sur de grandes applications
a nalite economique, comme la fouille de donnees, ou a nalite socio-economiques, comme la
genomique. Il est indeniable que pour le moment l'apprentissage est ressenti comme necessaire
dans de tres nombreux champs et que nous vivons un ^age d'or pour cette discipline. Cela ne
doit cependant pas faire oublier les immenses territoires laisses en friche (voir chapitre 17), ni
la necessite de renouer le dialogue avec les psychologues, les didacticiens, et plus generalement
tous ceux qui travaillent sur l'apprentissage sous une forme ou une autre.
Les lecteurs interesses par des articles generaux sur l'apprentissage peuvent se reporter a
des articles parus dans des magazines scientiques, dont : plusieurs numeros hors serie de la
revue Science & Vie : Le cerveau et l'intelligence dec. 1991, A quoi sert le cerveau? juin 1996,
Le cerveau et la memoire mars 1998, Les performances de la memoire humaine sept. 2000 ; des
numeros hors serie de la revue La Recherche : L'intelligence articielle oct. 1985, La memoire
juil. 1994, L'intelligence dec. 1998, La memoire et l'oubli juil. 2001 ; un numero hors serie de la
32 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Apprentissage artificiel :
une théorisation
et une mise à l'épreuve
Nouvelles méthodes :
k
ni
Data mining
ap
- SVMs
V
de
- Boosting Text mining
rie
éo
Th
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1995
90s 00s
Voici une liste non exhaustive de revues specialisees sur l'apprentissage articiel :
Machine Learning journal
Journal of Machine Learning Research (disponible gratuitement sur
http://www.ai.mit.edu/projects/jmlr/)
Journal of Articial Intelligence Research (JAIR) accessible gratuitement sur Internet
(http://www.ai.mit.edu/projects/jmlr/)
Data Mining and Knowledge Discovery journal
Transactions on Knowledge and Data Engineering
Voici aussi une liste de conferences completement dediees a l'apprentissage articiel. Beau-
coup d'autres dans le domaine de l'intelligence articielle, de la reconnaissance des formes et de
la fouille de donnees sont aussi pertinentes :
International Conference on Machine Learning (ICML) : conference annuelle internationale
(mais dominee par les Americains).
European Conference on Machine Learning (ECML) : conference annuelle europeenne (mais
internationale).
Conference francophone d'Apprentissage (CAP) : conference annuelle francophone qui a
pris la suite des Journees Francaises d'Apprentissage (JFA) depuis 1999.
Chapitre 1 De l'apprentissage naturel a l'apprentissage articiel 33
Resume
Il existe plusieurs types ou problemes d'apprentissage qui sont denis par un certain
nombre de caracteristiques dont l'espace des donnees, l'espace des hypotheses et
le protocole regissant les interractions de l'apprenant avec son environnement. On
distingue particulierement l'apprentissage supervise pour lequel un oracle fournit les
reponses desirees, l'apprentissage non supervise et l'apprentissage par renforcement.
L'etude de l'apprentissage tourne en particulier autour de deux questions :
L'apprentissage est-il possible pour un probleme et des donnees d'apprentissage
particuliers?
L'apprentissage est-il realisable ecacement?
Les reponses a ces deux questions dependent en grande partie de l'espace des hy-
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potheses :
Pour que l'apprentissage soit possible, il est necessaire qu'il existe un biais
d'apprentissage.
L'ecacite de l'apprentissage depend de la force de ce biais et de la structu-
ration de l'espace des hypotheses.
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Chapitre 2
Premiere approche theorique de
l'induction
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1. Il s'agit d'une metaphore classique, initialement introduite par le philosophe Goodman, pour discuter de l'induc-
tion. Voir le chapitre de J.G Ganascia dans [DKBM00].
36
out le monde sait distinguer un corbeau d'un canard. La couleur, le cri, la vitesse du
T vol, la silhouette, beaucoup d'attributs les separent. Toute personne qui observe l'un
de ces deux oiseaux peut lui donner son nom pratiquement sans erreur. Pourtant, cet
observateur n'a certainement pas deja vu tous les corbeaux ni tous les canards. Mais
a partir d'observations en nombre limite, il a appris a les distinguer, c'est-a-dire a trouver des
regularites permettant leur identication. Cette forme d'apprentissage, tirant des lois generales
a partir d'observations particulieres, s'appelle induction ou generalisation.
Il y a dans le paragraphe ci-dessus un autre exemple d'induction : il est ecrit (( tout le monde
sait ... )), ce qui est une generalisation (exageree). Il faudrait d'abord xer le cadre ou cette loi
est operatoire, la temperer par des contraintes geographiques ((( En France, tout le monde... ))),
zoologiques (il y a en France beaucoup d'especes de canards et plusieurs de corbeaux), etc. Mais
m^eme dans un cadre plus precis, cette armation ne fait que generaliser des observations. Elle
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signie en realite (( presque tous les gens que j'ai observes faire cet exercice sont capables sous
certaines conditions de distinguer un corbeau d'un canard )). D'ou la formulation raccourcie, qui
enonce une loi extraite d'observations.
Induire : expliquer, predire, faire simple
Si l'on se place d'un point de vue philosophique, l'induction est liee a plusieurs notions :
La generalisation, c'est-a-dire le passage d'observations particulieres a des classes d'evene-
ments ou a des lois s'appuie souvent sur une recherche d'explications. En eet, classique-
ment, une explication scientique est denie comme une assignation causale. On parvient
a expliquer un phenomene si on l'a relie de facon univoque a des antecedents a travers
une ou plusieurs loi(s) de la nature. Ainsi un corbeau est dierent d'un canard parce que
la theorie de l'evolution des especes selon un certain schema idealement deductif dicte
que, dans nos regions temperees, en cette periode de l'evolution, peut coexister un cer-
tain nombre d'especes presentant certaines caracteristiques speciques. Cela determine
des classes d'animaux possibles, dont celles que l'on nomme corbeaux et canards. Si tout
va bien, cette theorie va expliquer pourquoi les volatiles peuvent exister dans certaines
classes de poids, presenter certaines couleurs, etc. A partir de la, il devient possible de
savoir comment distinguer des classes d'oiseaux.
Une explication, qui consiste a remonter d'un phenomene connu a ses causes inconnues,
est valide quand elle peut ^etre retournee en un outil de prediction permettant d'aller de
causes connues a des phenomenes encore inconnus. L'induction est donc egalement liee a
la capacite de prediction. Cette prediction n'est peut-^etre pas vraie a 100%, mais elle est
fondee et generalement valide. Il est extr^emement rare de rencontrer en France des canards
noirs, et cela pourrait s'expliquer par la theorie de l'evolution.
Finalement, a c^ote de leur pouvoir predictif, les descriptions et les explications sont aussi
jugees a l'aune de leur simplicite, de leur elegance et de leur fecondite par rapport a l'en-
semble des connaissances. La theorie de l'evolution est-elle bien inseree dans les connais-
sances generales? Est-elle performante dans d'autres contextes? Cette theorie permet-elle
de predire que l'on peut distinguer les canards des corbeaux a partir simplement de leur
couleur ? Est-il besoin pour les distinguer de mesurer la longueur des plumes de leurs
ailes 2 ?
L'etude de l'induction est donc liee a celle des concepts d'explication, de prediction et d'economie
de description. Nous trouverons la trace de ces liens tout au long de l'ouvrage.
2. Cet exemple n'est pas pris au hasard : mis a part leur chant, le pouillot veloce (Phylloscopus Collybita) et le
pouillot tis (Phyloscopus Trochibus) ne se distinguent pratiquement que de cette maniere.
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 37
L'induction articielle
Le point de vue decrit ci-dessus presuppose chez l'agent cognitif l'existence de tout un en-
semble de connaissances sophistiquees. Ce genre de connaissances complexes (comme la theorie
de l'evolution) ne se trouve pas encore chez les agents cognitifs articiels. Du point de vue de
l'ingenieur, le probleme est d'inferer par des moyens automatiques une bonne regle de decision a
partir d'un echantillon restreint de donnees sur le phenomene etudie. Cette regle de decision peut
avoir deux buts, non contradictoires : soit permettre uniquement la prediction sur une nouvelle
observation (l'oiseau que je vois maintenant, est-ce un canard ou un corbeau?), soit correspondre
a la decouverte d'une theorie generale du phenomene qui a la fois l'explique et permet de predire
ce qui se passera dans chaque cas particulier possible (il sut de considerer la couleur pour
savoir a quel type d'oiseau on a aaire : corbeau ou canard).
D'ou les questions fondamentales suivantes :
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(a) (b)
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(c) (d)
Fig. 2.1 { Dans un monde de blocs, le systeme Arch doit apprendre a distinguer les construc-
tions correspondant a des arches (a et c) de celles n'y correspondant pas (b et d).
arche
Partie-de
allongé a objet
a Doit-être-
A-la-propriété supporté-par
b c Ne-doit-pas-
toucher
b A-droite-de c
A-gauche-de
A-la-propriété Sorte-de
Sorte-de
debout A-la-propriété
brique
choisir entre ces deux techniques de generalisation. Il essaye d'abord le choix le moins
radical (remplacement de nud) et place l'autre choix sur une pile de possibilites en cas
de retour-arriere.
Si le nouvel exemple est negatif, une condition necessaire (representee par un lien doit)
est ajoutee au reseau semantique representant l'hypothese courante. S'il y a plusieurs
dierences entre l'exemple negatif et l'hypothese courante, l'algorithme a recours a des
regles ad hoc pour choisir une dierence a (( bl^amer )) expliquant pourquoi l'exemple est
negatif. Celle-ci est alors convertie en une condition necessaire. Les autres dierences sont
ignorees, mais mises sur une pile pour le cas de retour-arriere.
Cet algorithme suppose qu'il soit aise de comparer directement l'hypothese et les exemples
d'apprentissage. Ici, le formalisme de representation est le m^eme et l'on parle alors d'astuce
de representation unique (single-representation trick). Par ailleurs, an d'eviter l'explosion du
nombre de choix a faire par l'algorithme, on suppose que les exemples sont fournis dans un
ordre pedagogique, de telle maniere en particulier que les exemples negatifs ne presentent qu'une
seule dierence avec l'hypothese courante. Ce genre d'exemples est appele nuance critique (near-
miss). Cela necessite bien s^ur que l'enseignant connaisse l'hypothese de l'apprenant a chaque
instant. Finalement, il faut remarquer que cet algorithme d'apprentissage est representatif de
deux presupposes communs a quasiment tous les travaux en intelligence articielle et en psy-
chologie cognitive dans les annees 1970.
Le premier est que le concept cible est suppose provenir d'un professeur et peut donc ^etre
parfaitement appris par un apprenant, cense partager le m^eme appareil cognitif et la m^eme
representation des connaissances.
Le second est que la meilleure hypothese est celle qui (( colle )) parfaitement aux donnees
d'apprentissage, c'est-a-dire qui couvre correctement tous les exemples positifs et exclut
tous les exemples negatifs.
Nous aurons l'occasion de discuter en profondeur ces deux presupposes dans la suite de ce
chapitre.
Le systeme Arch est un exemple de systeme d'apprentissage inductif symbolique, c'est-a-dire
tirant parti de la representation des connaissances et des relations entre concepts, y compris de
generalite. Nous allons voir maintenant, avec le perceptron, un exemple d'apprentissage non-
symbolique ou numerique.
2.1.2 Le perceptron
Le probleme auquel s'attaque l'algorithme du perceptron developpe par Rosenblatt ([Ros62])
est le suivant : supposons que nous ayons une sequence d'observations x1 ; x2 ; : : : ; xm , chacune
40 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
x1=1
x1
1 si ∑ wi .xi > 0
y =
w0
x2 w1 i = 0,d
0 sinon
w2
wd
xd a = ∑ w .x i i
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i =0 , d
Fig. 2.3 { Le schema d'un perceptron. A gauche sont gurees les synapses, dont on suppose
que le r^ole est de ponderer l'entree correspondante. A droite le signal de sortie est
vehicule par l'axone. Le noyau cellulaire eectue un traitement sur le vecteur d'entree
x dont chaque composante xi est ponderee par le poids correspondant wi ,
Pd synaptique
par exemple en appliquant une fonction seuil sign i=0 wi xi .
d'entre elles etant aectee a une classe ! 2 f!1 ; !2 g. Par exemple, cela pourrait ^etre des des-
criptions de volatiles avec comme classe oie ou cygne. Nous voulons trouver les parametres d'un
automate tel que celui de la gure 2.3 permettant de predire la classe d'une nouvelle observation.
Cet automate est en fait l'anc^etre des reseaux connexionnistes 3. En partant de l'echantillon
d'apprentissage, il s'agit donc de trouver un vecteur de poids w et un seuil w0 tel que :
( (
wT x + w0 0 =) x 2 !1
<0 !2
soit encore :
( (
wT x 0 =) x 2 !1 (2.1)
<0 !2
en considerant le vecteur de description des observations augmente xT = (1; x1 ; x2 ; :::; xd ) et le
vecteur poids w augmente du seuil w0 : wT = (w0 ; w1 ; w2 ; :::; wd ).
Pour ce faire, une methode inductive s'appuyant sur l'echantillon d'apprentissage consiste a
chercher un vecteur w veriant les equations ci-dessus pour tous les exemples d'apprentissage,
ou au moins pour le plus grand nombre d'entre eux.
En associant a la classe !1 la valeur u=1 et a la classe !2 la valeur u=-1, on cherche un
vecteur de poids w veriant :
wT x : u > 0 8(xi; ui ) 2 S (2.2)
ou S est l'echantillon d'apprentissage.
3. Ces reseaux sont souvent egalement appeles (( reseaux de neurones )) (neural networks) dans la litterature. Ceci
parce qu'ils sont issus de modelisations de neurones faites dans les annees quarante et cinquante. Nous trouvons
cependant ce terme abusif et trompeur et nous utiliserons dans cet ouvrage le terme de (( reseaux connexionnistes ))
qui souligne egalement que les parametres du systeme sont les poids des connexions.
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 41
Comment apprendre un tel vecteur de poids? Le premier prerequis est de pouvoir mesurer
la performance d'un perceptron avec un certain vecteur poids a l'instant t : w(t). L'idee la
plus immediate est de compter le nombre d'erreurs commises sur l'echantillon d'apprentissage,
avec comme objectif de le reduire au maximum. On parle dans ce cas d'erreur de classication.
Une autre mesure de performance liee a la precedente consiste a calculer un taux d'erreur en
classication qui est une moyenne de l'erreur en classication rapportee au nombre m d'exemples
d'apprentissage. L'inconvenient de ces deux mesures est qu'elles sont discontinues, changeant
brusquement pour chaque erreur de classication en plus ou en moins. L'equation 2.2 ci-dessus
suggere une autre mesure de performance, connue sous le nom de critere du perceptron :
X
REmp(w) = ; wT xj : uj (2.3)
xj 2M
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ou M est l'ensemble des exemples d'apprentissage mal classes par le perceptron de vecteur
poids w. Cette mesure d'erreur, que nous appellerons plus tard risque empirique, est la somme
de termes positifs, est n'est egale a zero que si tous les exemples d'apprentissage sont bien
classes. Cette mesure est proportionnelle a la somme des distances des exemples mal classes a la
frontiere de decision decrite par l'equation 2.1. Il s'agit donc d'une fonction continue et lineaire
par morceaux (et donc non derivable en un nombre de points egal au nombre d'exemples mal
classes). Une fois choisie une mesure de performance, l'un des algorithmes d'apprentissage les
plus simples consiste a ajuster le vecteur de poids w par une procedure de descente de gradient
an d'optimiser la mesure de performance (2.3). On obtient alors une sequence de vecteurs poids
w(t) obeissant a l'equation :
@R (w ( t )
w(t + 1) = w(t) ; @ w(t) Emp (2.4)
w(t)
ou est un reel positif de petite valeur que l'on appelle pas d'apprentissage.
Cette procedure d'ajustement doit ^etre repetee en presentant chaque exemple plusieurs fois.
Si cette procedure de descente de gradient est appliquee au critere du perceptron, on obtient
l'equation suivante :
w(t + 1) = w(t) ; xi ui (2.5)
Celle-ci, utilisee avec un critere d'arr^et, denit un algorithme d'apprentissage tres simple :
1. Passer en revue chaque exemple dans l'echantillon d'apprentissage et tester la reponse y
produite par le perceptron par rapport a la reponse desiree u.
2. Si les deux reponses concident { l'exemple est correctement classe {, ne rien faire.
3. Sinon, si l'exemple est incorrectement classe en !1 , ajouter le vecteur x au vecteur poids
w, s'il est incorrectement classe en !2, retirer x au vecteur poids w.
Il est alors facile de montrer que l'erreur ne peut que decro^tre au sens large et m^eme qu'il
y a convergence en un nombre ni de presentations d'exemples (voir le chapitre 9 pour une
description plus complete du perceptron).
En resume, ces deux exemples de systemes tres dierents ont montre comment il etait possible
d'apprendre des regles de decision a partir d'exemples etiquetes. Nous avons vu comment un
systeme peut decider de la reponse a faire en presence d'une nouvelle observation, comment
on peut mesurer la qualite des decisions prises, quelle forme peut prendre une procedure de
42 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
x1, x 2, ..., x m
Environnement X : "Oracle"
distribution de prob . DX
Apprenant : h(x, α)
x1, x 2, ..., x m y1, y2, ..., ym
Fig. 2.4 { Le scenario fondamental de l'induction a partir d'un echantillon de donnees tire
aleatoirement suivant une distribution xe.
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tions que nous noterons fh^ gS pour souligner la dependance de chacun de ses elements sur
l'echantillon aleatoire S . La distance entre h? et l'hypothese estimee h^ , qui depend des
particularitees de S , est l'erreur d'estimation. On peut montrer formellement qu'elle est
une variance liee a la sensibilite du calcul de l'hypothese h^ en fonction de l'echantillon S .
Plus l'espace d'hypotheses H est riche et plus, en general, cette variance est importante.
Finalement, intervient le bruit sur l'etiquetage : a cause d'erreurs de transmission, l'etiquette
ui associee a xi peut ^etre inexacte vis-a-vis de f . De ce fait, l'apprenant recoit un
echantillon de donnees relatif a la fonction bruitee fb = f + bruit. Il s'agit la d'une erreur
intrinseque qui complique generalement la recherche de l'hypothese optimale h? .
Erreur d'estimation
(Variance)
H
Erreur d'approximation
{hS}S (Biais)
h×
h×*
F
Erreur totale
×
f
Erreur intrinsèque ×
fb = f + bruit
Fig. 2.5 { Les dierents types d'erreurs intervenant dans l'estimation d'une fonction cible a
partir d'un echantillon d'apprentissage. Avec un espace d'hypotheses plus restreint,
comme H0 , on peut reduire la variance, mais generalement au prix d'une plus grande
erreur d'approximation.
4. Nous reviendrons souvent sur la notion de biais en apprentissage articiel. Elle est de fait plus generale que le
biais inductif qui exprime les limites de l'espace des hypotheses a decrire le monde represente dans X .
44 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
P(femme|taille) P(homme|taille)
s Taille
Fig. 2.6 { Soient les deux courbes de probabilite des femmes et des hom mes en fonction de
la taille. On peut chercher a determiner si un individu donne appartient a l'une
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E tant donnees ces circonstances, le compromis biais-variance se denit de la facon suivante :
pour reduire le biais d^u a la mauvaise adequation de H par rapport a F , il faut accro^tre
la richesse de H. Malheureusement, cet enrichissement de H va generalement de pair avec une
augmentation de la variance, c'est-a-dire de l'erreur de la recherche de l'element optimal dans H.
De ce fait, l'erreur totale, qui est la somme de l'erreur d'approximation et de l'erreur d'estimation,
ne peut ^etre signicativement diminuee.
Le compromis biais-variance devrait donc plut^ot s'appeler compromis erreur d'approxima-
tion/erreur d'estimation. Mais l'important est qu'il s'agit bien de faire un compromis, puisqu'on
joue sur une somme de termes qui varient ensemble en sens contraire. En revanche le bruit, ou
erreur intrinseque, ne peut qu'aggraver les choses en augmentant. L'ideal serait d'avoir un bruit
nul (mais comment s'en assurer?) et d'avoir un espace d'hypotheses H restreint pour reduire
la variance, mais en m^eme temps bien informe, c'est-a-dire contenant seulement des fonctions
proches de la fonction cible, ce qui reviendrait evidemment a disposer d'une connaissance a
priori sur la Nature.
Exemple 3 (Exemple de compromis biais-variance)
A titre d'illustration, revenons sur l'exemple du paragraphe 2.1.2. L'espace H des hypotheses
possibles y est celui des hyperplans. Soit alors le probleme suivant : les (( objets )) decrits sont des
^etres humains et l'espace de representation est constitue d'un seul attribut : la taille. Le probleme
d'apprentissage consiste a discriminer les hommes des femmes. Dans ce cas, un hyperplan se
reduit a un seuil s sur le seul attribut disponible, la taille, et l'apprentissage consiste a le
determiner a partir des exemples. Pour savoir si un individu est un homme ou une femme,
on mesure sa taille et on la compare au seuil s. Le biais, ou erreur d'approximation, est ici
important puisque l'espace des fonctions choisi est pauvre et ne permet pas une discrimination
parfaite entre hommes et femmes. Cela signie que la decision prise sur le seul critere d'un seuil
s sur la taille fera de nombreuses erreurs. En revanche, la variance, ou erreur d'estimation, peut
^etre rendue pratiquement nulle : m^eme en prenant des echantillons dierents tires aleatoirement
dans une population donnee, les courbes P (femmejtaille) et P (hommejtaille) seront stables et
par consequent le seuil s calcule sera de variance faible.
Supposons maintenant qu'au lieu de mesurer seulement la taille, on prenne des dizaines de
mesures, disons cent, sur chacun des individus exemples : par exemple, leur taille, la couleur de
leur peau, la longueur de leur cheveux, etc. Le biais sera baisse, voire nul, car il est imaginable
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 45
Erreur
Variance
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"Richesse" de H
décroissante
Fig. 2.7 { Il est possible d'essayer de diminuer l'erreur totale accessible en reglant la richesse
de l'espace d'hypotheses H.
qu'il existe un hyperplan discriminant les hommes des femmes dans un espace de representation
d'une telle richesse. En revanche, il est beaucoup plus dicile d'estimer cent parametres qu'un
seul 5 : on risque donc, sur la base d'un echantillon de donnees forcement limite, de ne pas trouver
le meilleur hyperplan (erreur d'estimation). Une autre illustration du m^eme probleme est que,
pour le m^eme nombre m d'exemples, la precision des estimations sera tres douteuse. On aura
donc cette fois une forte variance sur les hypotheses produites a partir de dierents echantillons
d'apprentissage.
Le compromis biais-variance peut s'illustrer par la gure 2.7 dans laquelle l'erreur totale est
tracee comme la somme du biais 6 et de la variance. Au fur et a mesure que l'on diminue la
richesse de H le biais augmente et la variance diminue. L'erreur totale atteint en general un
minimum pour un certain reglage du biais. On voit la une indication de ce qu'il est possible
de chercher a faire pour ameliorer l'apprentissage. Nous verrons des realisations de cette idee
dans la section 2.6 decrivant les grands principes inductifs servant de base aux algorithmes
d'apprentissage.
2.2.2 Comment denir formellement le probleme de l'induction?
Apres avoir ainsi fourni les elements pour une comprehension intuitive du probleme, nous en
donnons maintenant une expression plus formelle.
Un probleme d'apprentissage est deni par les composantes suivantes :
1. D'abord un ensemble de trois acteurs :
L'environnement : il est suppose stationnaire et il engendre des formes xi tirees
independamment et de maniere identiquement distibuees (echantillon i.i.d.) suivant
une distribution DX sur l'espace d'entree X .
Un oracle ou superviseur ou professeur ou Nature, qui, pour chaque forme xi retourne
5. En reconnaissance des formes, ce probleme est connu sous le nom de la malediction de la dimensionnalite (curse
of dimensionnality)
6. En realite, pour des raisons d'homogeneite mathematique, on emploie generalement le carre du biais.
46 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
alors : Z
RReel (h) = l(ui; h(xi))dF (x; u) (2.6)
Z =XU
Il s'agit d'une mesure statistique qui est fonction de la dependance fonctionnelle F (x; u)
entre les entrees x et les sorties desirees u. Cette dependance peut ^etre exprimee par une
densite de probabilite conjointe denie sur X U qui est inconnue. En d'autres termes,
il s'agit de trouver une hypothese h proche de f au sens de la fonction de perte, et
ce particulierement dans les regions de l'espace des entrees X frequemment rencontrees.
Comme on ne conna^t pas a priori ces regions, il faut utiliser l'echantillon d'apprentissage
pour les estimer, et le probleme de l'induction est donc de chercher a minimiser le risque
reel inconnu a partir de l'observation de l'echantillon d'apprentissage S .
3. Finalement, un principe inductif qui prescrit ce que doit verier la fonction h recherchee, en
fonction a la fois de la notion de proximite evoquee ci-dessus et de l'echantillon d'appren-
tissage observe S = f(x1 ; u1 ); (x2 ; u2 ); :::; (xm ; um )g, dans le but de minimiser le risque
reel.
Le principe inductif dicte ce que doit verier la meilleure hypothese en fonction de l'echan-
tillon d'apprentissage, de la fonction de perte et, eventuellement, d'autres criteres. Il s'agit
d'un objectif ideal. Il faut le distinguer de la methode d'apprentissage (ou algorithme) qui
decrit une realisation eective du principe inductif. Pour un principe inductif donne, il y
a de nombreuses methodes d'apprentissage qui resultent de choix dierents pour regler les
problemes computationnels qui ne sont pas du ressort du principe inductif. Par exemple,
le principe inductif peut prescrire qu'il faut choisir l'hypothese la plus simple compatible
avec l'echantillon d'apprentissage. La methode d'apprentissage doit alors specier comment
chercher eectivement cette hypothese, ou une hypothese suboptimale s'il y a lieu, en
satisfaisant certaines contraintes de realisabilite comme des ressources computationnelles.
Ainsi, par exemple, la methode d'apprentissage cherchera par une methode de gradient,
sub-optimale mais facilement contr^olable, l'optimum deni par le principe inductif.
La denition donnee ci-dessus est tres generale : en particulier, elle ne depend pas de la
fonction de perte choisie (voir annexe 18.1 pour les principales fonctions de perte). Elle a le
merite de distinguer les principaux ingredients d'un probleme d'apprentissage qui sont souvent
melanges dans les descriptions de realisations pratiques.
2.2.3 Quel principe inductif adopter? Une introduction
Le principe inductif prescrit quelle hypothese on devrait choisir pour minimiser le risque reel
sur la base de l'observation d'un echantillon d'apprentissage. Or il n'y a pas de principe inductif
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 47
unique ou ideal. Comment extraire, a partir des donnees, une regularite qui ait des chances
d'avoir une pertinence pour l'avenir? Un certain nombre de reponses (( raisonnables )) ont ete
proposees. Nous en decrivons les principales de maniere qualitative ici avant de les reexaminer
plus formellement dans la suite de ce chapitre ainsi que dans le chapitre 17.
1. Le choix de l'hypothese minimisant le risque empirique (Empirical Risk Minimi-
zation en anglais ou principe ERM) . Le risque empirique est la perte moyenne mesuree
sur l'echantillon d'apprentissage S :
1 X
m
Remp(h) = m l(ui ; h(xi )) (2.7)
i=1
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L'idee sous-jacente a ce principe est que l'hypothese qui s'accorde le mieux aux donnees,
en supposant que celles-ci soient representatives, est une hypothese qui decrit correcte-
ment le monde en general. Le principe de minimisation du risque empirique a ete, souvent
implicitement, le principe utilise en intelligence articielle depuis l'origine, tant dans le
connexionnisme que dans l'apprentissage symbolique. Quoi de plus naturel en eet que de
considerer qu'une regularite observee sur les donnees connues sera encore veriee par le
phenomene qui a produit ces donnees? C'est par exemple le principe directeur de l'algo-
rithme du perceptron comme de celui du systeme Arch. Dans ces deux cas, on cherche
une hypothese coherente avec les exemples, c'est-a-dire de risque empirique nul.
Nous examinerons plus loin (chapitre 4) le cas ou il existe une relation d'ordre de generalite
entre les hypotheses. Il sera alors possible d'aner le principe de minimisation du risque
empirique en choisissant parmi les hypotheses optimales, soit l'une des plus speciques,
soit l'une des plus generales.
2. Le choix de l'hypothese la plus probable etant donne l'echantillon d'appren-
tissage. C'est le principe de decision bayesienne. L'idee est ici qu'il est possible de denir
une distribution de probabilite sur l'espace des fonctions hypothese et que la connaissance
du domaine prealable a l'apprentissage peut en particulier s'exprimer sous la forme d'une
distribution de probabilite a priori sur les hypotheses. L'echantillon d'apprentissage est
alors considere comme une information modiant la distribution de probabilite sur H (voir
la gure 2.8). On peut alors, soit choisir l'hypothese la plus probable a posteriori (principe
du maximum de vraisemblance) ou Maximum A Posteriori (MAP), soit adopter une hy-
pothese composite resultant de la moyenne des hypotheses ponderee par leur probabilite
a posteriori (vraie approche bayesienne).
Pour prendre un exemple dramatique tire de l'actualite de l'annee 2001, lorsque Rudolph
Giuliani, alors maire de New-York, s'est reveille le matin du 11 septembre 2001, la probabi-
lite d'un avion percutant accidentellement un gratte-ciel etait jugee tres faible a priori, et
plus encore celle d'un avion en percurtant un intentionnellement. C'est pourquoi, apres la
nouvelle du premier impact sur l'une des Twin Towers, le maire s'est-il demande comment
un avion avait-il pu s'egarer hors des couloirs aeriens. Il s'agissait alors de l'hypothese la
plus probable pour expliquer la collision. Apres le second impact sur l'autre tour, l'hy-
pothese d'un accident devenait negligeable devant celle d'un acte delibere. Deux exemples
susaient ici a modier de maniere considerable les probabilites a priori sur l'espace des
hypotheses.
3. Le choix d'une hypothese qui comprime au mieux les informations contenues
dans l'echantillon d'apprentissage. Nous appellerons ce precepte : principe de compres-
sion d'information. L'idee est d'eliminer les redondances presentes dans les donnees an
48 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
H
Fig. 2.8 { L'espace des hypotheses H est suppose muni d'une densite de probabilites a priori.
L'apprentissage consiste a modier cette densite en fonction des exemples d'appren-
tissage.
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des jeux. L'avantage de ce point de vue est que les garanties de performances eventuelles
seront independantes de l'environnement (le risque reel etant calcule quelle que soit la
distribution des evenements) et de l'oracle ou de la Nature (c'est-a-dire quelle que soit
la fonction cible). En revanche, les conditions identiees pour obtenir de telles garanties
seront tellement fortes qu'elles seront souvent tres eloignees des situations d'apprentissage
reelles.
2. On peut au contraire vouloir mesurer une esperance de performance. Dans ce cas, il faut
supposer qu'il existe une distribution DX sur les formes d'apprentissage, mais aussi une
distribution DF sur les fonctions cible possibles. L'analyse qui en resulte est une analyse
en cas moyen. On parle aussi de cadre bayesien. Cette analyse permet en principe une ca-
racterisation plus ne de la performance, au prix cependant de devoir faire des hypotheses
a priori sur les etats du monde. Malheureusement, il est souvent tres dicile d'obtenir
analytiquement des conditions de garanties d'apprentissage reussi, et il faut generalement
utiliser des methodes d'approximation qui enlevent une partie de l'inter^et d'une telle ap-
proche.
3. Finalement, on pourrait chercher a caracteriser le cas le plus favorable, lorsque l'environ-
nement et l'oracle sont bienveillants et veulent aider l'apprenant. Mais il est dicile de
determiner la frontiere entre la bienveillance, celle d'un professeur par exemple, et la col-
lusion qui verrait alors l'oracle agir comme un complice et coder la fonction cible dans un
code connu de l'apprenant, ce qui ne serait plus de l'apprentissage, mais une transmission
illicite. C'est pourquoi ce type d'analyse, quoique interessant, n'a pas encore de cadre bien
etabli.
Risque réel
^
hS h* H
Fig. 2.9 { La courbe continue indique le risque reel associe a chaque hypothese h 2 H place
ici en abscisse. La courbe en pointilles indique le risque empirique associe a ces hy-
potheses pour un echantillon d'apprentissage S . Le principe de minimisation du risque
empirique (ERM) dicte de choisir l'hypothese minimisant ce risque empirique. Nous
voudrions borner la probabilite que, ce faisant, le risque reel encouru soit a plus de "
du risque reel optimal.
On comprend bien que la correlation entre le risque empirique et le risque reel depend de
l'echantillon d'apprentissage S , et, puisque celui-ci est tire aleatoirement (tirage i.i.d.), de sa
taille m. Cela suggere naturellement une application de la loi des grands nombres selon laquelle,
sous des conditions tres generales, la moyenne d'une variable aleatoire (e.g. REmp(h)) converge
vers son esperance (ici RReel (h)) lorsque cro^t la taille m de l'echantillon.
La loi des grands nombres incite a vouloir assurer l'equation (2.10) en faisant cro^tre la
taille de l'echantillon d'apprentissage S vers 1 et a se demander a partir de quelle taille m
d'un echantillon d'apprentissage tire aleatoirement (tirage i.i.d. suivant une distribution DX
quelconque), l'equation (2.10) est garantie :
La courbe (2.10) illustre la convergence souhaitee du risque empirique vers le risque reel.
Denition 2.1 (Pertinence du principe ERM)
On dit que le principe ERM est pertinent 7 si le risque reel inconnu RReel (h^ S ) et le risque
empirique REmp (h^ S ) convergent vers la m^eme limite RReel (h? ) lorsque la taille m de l'echantillon
7. (( Consistance )) est le terme generalement employe, repris directement de l'anglais. Dans le cas present, ce
terme n'evoque rien en francais et fait un double emploi malheureux avec le terme d'apprenant (( consistant ))
employe parfois pour decrire un apprenant qui cherche une hypothese dont les predictions sur tous les exemples de
l'echantillon d'apprentissage sont en accord avec les reponses fournies par l'oracle. Le terme d'apprenant consistant
est aussi employe pour decrire un apprenant dont l'erreur reelle tend vers l'erreur optimale de Bayes lorque la
taille de l'echantillon m tend vers l'inni (voir [DEV96]). Nous preferons introduire un nouveau terme, celui de
pertinence qui traduit bien ce que l'on cherche : la validite du principe inductif ERM.
52 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Risque réel
m
m/2
m/3
Risque empirique m/4
(fonction de S)
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^
hS h* H
Fig. 2.10 { La courbe continue indique le risque reel associe a chaque hypothese h 2 H place
ici en abscisse. Les courbes en pointilles indiquent le risque empirique associe a ces
hypotheses pour un echantillon d'apprentissage Sm . Si le principe inductif ERM est
pertinent, alors ces courbes doivent converger vers la courbe de risque reel lorsque
la taille m de l'echantillon d'apprentissage cro^t.
RRéel(hSm)
RRéel(h*)
REmp(hSm)
Fig. 2.11 { Pertinence du principe ERM. A cause du biais ou erreur d'approximation, le risque
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reel optimal atteint pour l'hypothese h? n'est generalement pas egal a zero. Au fur
et a mesure que la taille m de l'echantillon cro^t, le risque reel associe a l'hypothese
courante selectionnee h^ Sm diminue et tend vers le risque optimal. Le risque em-
pirique est inferieur au risque reel puisque h^ Sm est selectionnee pour minimiser
le premier et non le second. Souvent, il arrive que pour de petits echantillons de
donnees, on trouve une hypothese dans H dont le risque empirique est nul. Cela
devient generalement impossible lorsque la taille m de l'echantillon cro^t.
Rien ne garantit que l'hypothese ainsi obtenue soit exactement la fonction cible : plusieurs
hypotheses peuvent en eet ^etre de risque empirique nul sur l'echantillon d'apprentissage. La
proximite de l'hypothese choisie avec la fonction cible depend donc de cet echantillon. C'est
pourquoi on a appele les travaux theoriques portant sur ce type d'apprentissage analyse PAC
[Ang88] pour apprentissage Probablement Approximativement Correct.
Nous commencons par une analyse d'un cas simple dans lequel l'espace des fonctions cibles
est ni. Nous cherchons alors a borner l'erreur commise lorsque, en accord avec le principe ERM,
on choisit une hypothese coherente avec les donnees d'apprentissage.
2.3.2.1 Le cas ou jHj est ni
Nous supposons une fonction cible f xee, ainsi que la distribution DX des exemples dans
X . Voulant evaluer le principe ERM, nous cherchons quelle est la probabilite qu'une hypothese
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de risque empirique nul sur l'echantillon d'apprentissage soit en fait de risque reel superieur ou
egal a ", avec 0 " 1.
Nous supposons ici que la fonction de perte l compte le nombre d'erreurs de classication 9.
(voir l'annexe 18.1) :
(
l(ui ; h(xi )) = 0 si ui = h(xi ) (2.13)
1 si ui 6= h(xi )
Dans ce cas, le risque reel est egal a la probabilite qu'un exemple tombe dans la zone d'erreur
entre la fonction cible f et la fonction hypothese erronee herr : herr f (le symbole denote la
dierence symetrique entre deux ensembles. Voir gure 2.12).
RReel (herr ) = PDX (herr f ) (2.14)
Posons par hypothese que l'ecart entre f et herr est superieur a une constante :
"PDX (herr f ) > "
La probabilite qu'apres l'observation d'un exemple on ne s'apercoive pas que herr est erronee
est de 1 ; ". Apres l'observation d'un echantillon i.i.d. suivant la distribution DX de m exemples,
la probabilite de (( survie )) de herr vaut donc (1 ; ")m .
En considerant maintenant l'ensemble H des hypotheses possibles, la probabilite que l'une
d'entre elles (( survive )) apres l'observation de S est bornee par : jHj(1 ; ")m (on fait ici une
sommation car on a aaire a une union d'evenements disjoints). On sait, par developpement
limite, que jHj(1 ; ")m < jHje;"m . En reprenant l'inequation 2.11, il sut donc d'avoir un
echantillon de taille m telle que :
m 1 ln jHj
" (2.15)
pour que l'erreur commise en choisissant l'hypothese h^ S minimisant le risque empirique soit
bornee par " avec une probabilite > 1 ; .
On retiendra de cette demonstration trois idees :
1. D'abord que la cardinalite de H, donc en un certain sens sa richesse, a un eet direct sur la
borne d'erreur. Il est deja apparent que le choix d'un ensemble H trop riche peut conduire
a de mauvaises inductions.
9. Attention !! M^eme si ce que nous allons dire dans cette section peut se generaliser a d'autres fonctions de perte,
le detail des demonstrations depend de cette hypothese, et ne peut donc se transposer sans precautions a d'autres
fonctions de perte.
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 55
X
herr
Zone
d'erreur
Fig. 2.12 { La zone d'erreur dans le cas de l'apprentissage d'un concept ou fonction binaire
denie sur X .
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Theoreme 2.1
Soit H un ensemble ni de fonctions indicatrices (denies de X vers f0,1g). Alors :
; ;2"2 m
P max
h2H
j RR el (h) ; REmp (h)j "
e < 2 jHj e (2.17)
pour toute distribution DX , tout " et tout entier positif m.
10. Une generalisation de cette idee a ete utilisee dans le cas d'espaces de fonctions indicatrices de cardinalite innie
avec la notion de "-reseau ("-net)[Hau92].
56 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Risque réel
ε
2ε
Risque empirique
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^
hS h* H
Fig. 2.13 { Si chaque hypothese h 2 H a un risque empirique proche de son risque reel (a moins
de "), alors minimiser le risque empirique (en application du principe inductif ERM)
minimisera approximativement aussi le risque reel (a au plus 2"), ce qui est le but
recherche et assure la pertinence du principe ERM.
Demonstration. Cela resulte du fait que la probabilite d'une union d'evenements independants est inferieure
ou egale a la somme de leurs probabilites.
Nous avons la a nouveau un exemple d'un argument de convergence uniforme : il montre que le risque
empirique converge vers le risque reel lorsque m tend vers 1, uniformement pour toutes les hypotheses
de H.
Dans ce cas, il sut d'avoir un echantillon d'apprentissage Sm de taille :
m 2 ln 2jHj
"2 (2.18)
pour borner par " avec une probabilite > 1 ; l'erreur commise en choisissant l'hypothese h^ S de risque
empirique minimal au lieu de l'hypothese optimale.
Demonstration. En eet, le theoreme 2.1 arme que :
P (Max jR R el (h) ; REmp (h)j ") < 2 jHj e
e ;2"2 m
h2H
et cela ne vaut pas plus que si :
1=2
" 21m ln 2jHj
Alors, avec une probabilite 1 ; ; 8h 2 H :
RReel (h) ; " < REmp (h) < RReel (h) + "
d'ou :
RReel (h^ S ) REmp (h^ S ) + "
REmp (h? ) + " Puisque par application du principe ERM : h^ S = ArgMin REmp (h)
h2H
< (RReel (h? ) + ") + "
= RReel (h? ) + 2 "
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 57
1=2
1=2
Donc, avec probabilite 1; : RReel (h^ S ) RReel (h? )+ m2 ln 2jHj
soit, en posant " = m2 ln 2jHj
:
m "22 ln 2 jHj
(2.19)
On remarquera que cette borne inferieure sur l'echantillon d'apprentissage est bien moins bonne que
la borne obtenue en (2.15) lorsque la fonction cible f est supposee appartenir a l'ensemble des fonctions
hypotheses H : il y a maintenant un facteur "2 au denominateur au lieu d'un facteur ". Pourquoi?
Une justication intuitive peut ^etre avancee. Dans le cas ou la fonction cible f 2 H, cela signie que
la distribution des exemples sur X f0; 1g, et la partition induite sur X , peuvent ^etre (( representees ))
par une fonction de H. Il s'agit donc d'un sous-ensemble des distributions possibles sur X f0; 1g. De
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ce fait, la variance sur les hypotheses h^ S qui minimisent le risque empirique en fonction de l'echantillon
d'apprentissage S est reduite. Or moins de donnees sont necessaires pour approcher une variable aleatoire
dont la variance est moindre. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette dierence entre le cas parfaite-
ment apprenable (erreur d'estimation nulle) et le cas apprenable par approximation. Retenons qu'il est
remarquablement plus facile de chercher une bonne hypothese dans le cas apprenable. Il est tentant dans
ces conditions de faire bon usage de cette remarque fondamentale.
Sans avoir rendu compte de l'analyse beaucoup plus complete de Vapnik (decrite dans le
chapitre 17), nous pouvons retenir a ce stade que le principe inductif de minimisation du risque
empirique ne peut ^etre applique sans precaution. Pour que la mesure du risque empirique soit
correlee avec le risque reel, il faut que l'espace d'hypotheses H dans lequel on choisit h^ ait de
bonnes proprietes. De maniere informelle, il faut que cet espace ne soit pas trop (( riche )) ou
trop (( souple )), c'est-a-dire qu'on ne puisse pas y trouver des hypothses s'accordant a n'importe
quel jeu de donnees. On retrouve naturellement une idee deja rencontree avec le compromis
biais-variance. Cela signie que le principe ERM doit ^etre modie pour que la richesse de H soit
egalement prise en compte lorsque l'on recherche la meilleure hypothese. Toutes les techniques
de contr^ole de l'espace d'hypotheses visent a regler ce compromis. Nous les examinerons plus
loin.
X
R(h) = l(hjf ) pF (f ) (2.21)
f 2F
ou pF (f ) denote la probabilite a priori que le monde soit dans l'etat f , tandis que l(hjf ) est le
co^ut ou perte encouru lorsque la decision h est prise alors que l'etat du monde est f .
On supposera ici tous les co^uts positifs ou nuls : l(hjf ) 0; 8h 2 H; 8f 2 F . En general, le
co^ut d'une decision correcte est pris comme nul et celui d'une decision de rejet comme constant :
l(rejetjf ) = r; 8f 2 F . Si tout co^ut de decision incorrecte est equivalent, on aura alors la
fonction de co^ut suivante :
8
>
<0 si h = f (decision correcte)
l(hjf ) = > 1 si h 6= f (decision incorrecte) (2.22)
:r si h = rejet (doute trop important)
Dans de nombreuses applications cependant, le co^ut de decision incorrect depend a la fois de la
decision h et de l'etat du monde f et n'est pas de surcro^t symetrique. Par exemple, le co^ut de ne
pas diagnostiquer a tort une tumeur est souvent bien plus eleve que de faire un faux diagnostic
positif.
Dans le cas de l'equation 2.21, la decision optimale h? a prendre est evidemment celle cor-
respondant au risque minimal.
Denition 2.2 (Regle de decision bayesienne)
On appelle regle de decision bayesienne la regle de choix de l'hypothese minimisant l'esperance
de risque.
h? = ArgMin R(h) = ArgMin l(hjf ) pF (f ) (2.23)
h2H h2H
En tenant compte du co^ut de la decision de rejet, cette regle de decision devient :
(
h? = ArgMinh2H l(hjf ) pF (f ) si minh2H R(h) < r (2.24)
rejet sinon
E videmment, elle ne presente guere d'inter^et en l'absence de mesures ou nouvelles donnees
dont l'agent peut disposer sur le monde (tant que je n'ai pas un texte sous les yeux et des formes
a interpreter comme etant des lettres, je dois faire le pari que j'ai aaire a des 'E', puisque c'est
60 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
la lettre la plus probable en francais). Lorsque que de nouvelles donnees S sont disponibles, il
faut utiliser la formule de Bayes de revision des probabilites pour obtenir la regle bayesienne de
decision optimale. L'esperance de risque attachee a l'hypothese h etant donnee l'observation S
est :
Z
R(hjS ) = l(hjf ) pF (f jS ) (2.25)
f 2F
ou bien :
X
R(hjS ) = l(hjf ) PF (f jS )
f 2F
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dans le cas d'un nombre ni de decisions f possibles, et la regle de decision bayesienne de risque
minimal stipule de choisir l'hypothese h qui minimise ce risque :
Z
h? = ArgMin R(hjS ) = ArgMin l(hjf )pF (f jS )
h2H h2H f 2F
Z pF (f ) pmX (Sjf ) (2.26)
= ArgMin l(hjf ) pm (S )
h2H f 2F X
Comme pX (S ) est un terme independant de l'hypothese consideree, il n'intervient que comme
un facteur de normalisation et n'in
uence pas la decision. On obtient alors :
Denition 2.3 (Regle de decision bayesienne de risque minimal)
La regle de decision bayesienne minimisant l'esperance de risque est :
Z
h? = ArgMin l(hjf ) pF (f ) pmX (Sjf ) (2.27)
h2H f 2F
X
= ArgMin pF (f ) pX (xjf ) ( car l(hjh) = 0 et l(hjhf ) = 1)
h2H hf 6=h
= ArgMin f1 ; [pF (f ) pX (xjf )]g
h2H
= ArgMax pF (f ) pX (xjf )
h2F
ω2 ω1
Cette regle revient a selectionner l'hypothese h pour laquelle l'observation x est la plus
probable, c'est-a-dire l'etat du monde qui est le plus a m^eme d'avoir produit l'evenement x. Cela
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traduit l'idee simple que l'observation x n'est pas totalement fortuite et etait m^eme fortement
probable etant donne l'etat du monde h.
2.4.3.2 Cas de deux classes : la discrimination
Nous supposons maintenant que la t^ache d'apprentissage consiste a discriminer les formes
observees x en deux classes : H = F = f!1 ; !2 g.
E tant donnee l'observation x, les esperances de risque associees a chaque decision sont res-
pectivement (en notant l(!i j!j ) = lij ) :
R(!1) = l11 p(!1 jx) + l12 p(!2 jx)
R(!2 ) = l21 p(!1 jx) + l22 p(!2 jx)
La regle de decision de Bayes stipule de choisir l'hypothese d'esperance de risque minimal. Par
exemple, il faut decider d'attribuer la forme x a la classe !1 si et seulement si :
(l21 ; l11 ) p(!1 jx) (l12 ; l22 ) p(!2 jx) (2.32)
soit encore en utilisant la formule de Bayes de revision des probabilites :
(l21 ; l11 ) p(xj!1 ) p(!1 ) (l12 ; l22 ) p(xj!2 ) p(!2 )
d'ou, en passant par le logarithme du rapport :
d(x) = log pp((xxjj!!1)) + log ((ll21 ;
;
l11 ) p(!1 ) 0 (2.33)
2 12 l22 ) p(!2 )
La regle de decision bayesienne se traduit ainsi par une fonction de decision d (ou fonction de
discrimination) decrivant une frontiere ou surface de decision dans l'espace X , avec d'un c^ote
les formes a attribuer a la classe !1 et de l'autre les formes a attribuer a la classe f2 (Voir la
gure 2.14).
Cette remarque est importante car elle suggere d'apprendre directement cette fonction de
decision, et la frontiere correspondante, plut^ot que d'apprendre les probabilites impliquees dans
la regle bayesienne de la decision (e.g. la regle (2.30)) qui sont generalement beaucoup plus
diciles a estimer. C'est la la base de toutes les methodes de classication par determination
de surfaces de decision, dont par exemple une grande partie des methodes connexionnistes.
On peut noter egalement que dans le cas particulier de la discrimination entre deux classes de
distribution normale de moyennes 1 et 2 avec des matrices de covariance egales 1 = 2 = ,
la fonction de decision d(x) est une fonction lineaire :
d(x) = (x ; 2( 1+ ) )>;1 (1 ; 2 ) + ln ((ll21 ; ; l11 ) p(f1) (2.34)
1 2 12 l22 ) p(f2 )
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 63
2.4.4 Panorama des methodes inductives dans le cadre bayesien
La theorie de la decision bayesienne fournit une prescription sur l'hypothese optimale au sens
d'un certain risque deni pour un echantillon d'apprentissage donne (a la dierence du cadre
statistique de Vapnik qui veut se preparer a faire face a tout echantillon possible). Dans ce cadre,
le calcul des probabilites a posteriori joue un r^ole central comme le montrent les equations (2.30)
et (2.31) respectivement associees aux regles de decision par Maximum a posteriori (minimisant
l'esperance de co^ut) et de Maximum de Vraisemblance (minimisant la probabilite d'erreur). Il
s'agit donc de calculer la distribution pF (f ) sur les etats du monde { ce qui dans le cas de la
classication se traduit par le calcul des probabilites de chaque classe {, et des distributions de
probabilite d'appartenance conditionnelle pX (xjf ). On peut dire qu'une fois que l'on a deni ces
regles de decision, tout le reste de la theorie de l'inference bayesienne est dedie aux methodes
d'estimation de ces probabilites a partir de donnees d'apprentissage.
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des donnees par le modele ph (x). L'estimation par maximum de vraisemblance fournit alors
l'hypothese h? 2 H maximisant la fonction de vraisemblance (log-likelihood function) :
X
m
Lm (h) = log ph(xi ) (2.35)
i=1
Une application de la loi des grands Rnombres montre que Lm (h)=m tend, quand m tend vers
l'inni, vers l'esperance de log ph (xi ) ( X p log ph dx), avec probabilite 1 (convergence presque
s^ure).
Pour de nombreuses familles de fonctions, cette expression a un maximum unique h? dont
la densite associee ph? peut ^etre dierente de la vraie valeur p puisque nous avons suppose que
p n'appartient pas necessairement a H. Il est heureusement possible de dire qu'en un sens, la
densite ph? est la plus (( proche )) de la vraie valeur p, dans la mesure ou elle minimise la distance
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aspects positifs. D'une part, elle fournit des garanties extr^emes applicables dans la pire des
situations possibles (pire fonction cible, pire choix de la meilleure hypothese selon ERM, pire
echantillon d'apprentissage). D'autre part, elle indique que pour etablir un lien entre risque
empirique et risque reel, il faut tenir compte de la richesse de l'espace des hypotheses. Cela
conduit naturellement a envisager des principes inductifs plus puissants que le principe ERM, ce
sera l'objet de la suite de ce chapitre. La contrepartie de cette analyse dans le pire cas est qu'elle
fournit des bornes de dierence entre risque empirique et risque reel souvent eloignees de ce qui
est observe. On aimerait des analyses plus nes tenant compte de cas typiques ou bien pouvant
prendre en compte la distribution des donnees d'apprentissage. Les approches actuelles sur la
classication a large marge par exemple sont un pas dans cette direction (voir le chapitre 9).
Le point de vue bayesien est quant a lui indissociable d'une analyse en cas moyen : cette fois-
ci l'hypothese a retenir est celle qui minimise l'esperance d'erreur en fonction de la probabilite
a priori des fonctions cible. L'avantage est que la decision resultante est optimale. En revanche,
cette analyse presuppose d'une part que l'on sache identier l'espace dans lequel se trouve la
fonction cible, et que, d'autre part, on soit capable de determiner une distribution de probabilite
a priori sur cet espace. Si cela est possible, alors le cadre bayesien fournit un moyen interessant
d'expression de la connaissance a priori sur le probleme. Lorsque l'espace des fonctions hypothese
est mal choisi, alors l'hypothese prescrite par la decision bayesienne est la plus proche de la
fonction cible au sens de la distance de Kullback-Leibler.
Notons avant de passer a des principes inductifs plus ns qu'il existe d'autres types d'ana-
lyses. Par exemple, une autre analyse en cas moyen est celle de la physique statistique qui etudie
les comportements les plus probables quand on peut voir le probleme d'apprentissage comme
mettant en jeu un grand nombre d'elements. D'autres analyses etudient des mesures de perfor-
mances dierentes, par exemple le nombre d'erreurs commises en cours d'apprentissage. Nous
renvoyons le lecteur interesse au chapitre 17 pour plus de details sur ces approfondissements
theoriques.
l'echantillon d'apprentissage particulier fourni (erreur d'estimation forte), ce qui interdit d'ex-
trapoler avec certitude la performance mesuree par le risque empirique au risque reel.
En d'autres termes, l'induction supervisee doit toujours faire face au risque de (( surappren-
tissage )) (over-tting). Si l'espace des hypotheses H est trop riche, il y a de fortes chances que
l'hypothese retenue, dont le risque empirique est faible, presente un risque reel eleve. Cela est
d^u au fait que plusieurs hypotheses peuvent avoir un risque empirique faible sur un echantillon
d'apprentissage, tout en ayant des risques reels tres dierents. Il n'est donc pas possible, sur la
base du seul risque empirique mesure, de distinguer les bonnes hypotheses des mauvaises. Il faut
donc restreindre autant que possible la richesse de l'espace des hypotheses, tout en cherchant a
preserver une capacite d'approximation susante.
2.6.1 L'idee generale : le reglage de la classe d'hypotheses
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Puisque l'on ne peut mesurer que le risque empirique, l'idee est donc d'essayer d'evaluer le
risque reel encouru en corrigeant le risque empirique, necessairement optimiste, par un terme
de penalisation correspondant a une mesure de la capacite de l'espace d'hypotheses H utilise.
C'est la l'essence de toutes les approches de l'induction revisant le principe de minimisation
du risque empirique (l'adaptation aux donnees) par un terme de regularisation (dependant de
la classe d'hypotheses). Cette idee fondamentale se retrouve au cur de tout un ensemble de
methodes comme la theorie de la regularisation, le principe de longueur de description minimale
(Minimum Description Length Principle : MDLP), le critere d'information d'Akaike (AIC), et
d'autres methodes basees sur des mesures de complexite (par exemple telles que discutees par
[Bar91, BC91]).
Le probleme ainsi deni est connu, au moins empiriquement, depuis longtemps, et de nom-
breuses techniques ont ete developpees pour y faire face. On peut les ranger en trois categories
principales: les methodes de selection de modeles, les techniques de regularisation, et les methodes
de moyennage.
Dans les methodes de selection de modeles, la demarche consiste a considerer un espace
d'hypotheses H et a le decomposer en une collection discrete de sous-espaces embo^tes
H1 H2 : : : Hd : : : , puis, etant donne un echantillon d'apprentissage, a essayer
d'identier le sous-espace optimal dans lequel choisir l'hypothese nale. Plusieurs methodes
ont ete proposees dans ce cadre, que l'on peut regrouper en deux types :
1. Les methodes de penalisation de la complexite, parmi lesquelles gurent le principe
de minimisation du risque structurel (SRM : Structural Risk Minimization) de Vap-
nik [Vap95], le principe de Longueur de Description Minimale (MDLp : Minimum
Description Length principle) de Rissanen [Ris78] et diverses methodes ou criteres
statistiques de selection [FG94].
2. Les methodes de validation par apprentissages multiples : validation croisee et boots-
trapping.
Les methodes de regularisation fonctionnent dans le m^eme esprit que les methodes de
selection de modeles, mis a part qu'elles n'imposent pas une decomposition discrete sur la
classe d'hypotheses. A la place, un critere de penalisation est associe a chaque hypothese,
qui, soit mesure la complexite de leur forme parametrique, soit mesure des proprietes
globales de (( regularite )), liees par exemple a la derivabilite des fonctions hypothese ou a
leur dynamique (par exemple des fonctions de haute frequence, c'est-a-dire changeant de
valeur rapidement, seront davantage penalisees que des fonctions de basse frequence).
Les methodes de moyennage ne selectionnent pas une hypothese unique dans l'espace H
des hypotheses, mais choisissent une combinaison ponderee d'hypotheses pour former une
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 67
fonction de prediction composee. Une telle combinaison ponderee peut avoir comme eet
de (( lisser )) les hypotheses erratiques (comme dans les methodes de moyennage bayesien
et le bagging), ou bien d'augmenter le pouvoir de representation de la classe d'hypotheses
si celle-ci n'est pas convexe (comme dans le boosting).
Toutes ces methodes ont generalement conduit a des ameliorations notables de performances
par rapport a des methodes (( naves )). Cependant, elles demandent d'^etre utilisees avec soin.
D'une part, en eet, elles correspondent parfois a une augmentation de la richesse de l'espace
d'hypotheses, donc a des risques accrus de surapprentissage. D'autre part, elles requierent sou-
vent de l'expertise pour ^etre appliquees, en particulier parce qu'il faut regler des parametres
supplementaires. Certains travaux recents essaient pour ces raisons de determiner automatique-
ment la complexite appropriee des hypotheses candidates pour s'adapter aux donnees d'appren-
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tissage.
2.6.2 La selection de modeles
Nous allons denir plus formellement le probleme de la selection de modeles qui est l'objectif
de toutes ces methodes.
Soit une sequence ench^assee d'espaces ou classes d'hypotheses (ou modeles) H1 H2
: : : Hd : : : ou les espaces Hd sont de capacite croissante. La fonction cible f peut ou non
^etre inclue dans l'une de ces classes. Soit h?d l'hypothese optimale dans la classe d'hypotheses
Hd, et R(d) = RReel(h?d ) le risque reel associe. Nous noterons que la sequence R(d)1d1 est
decroissante au sens large puisque les classes d'hypotheses Hd sont embo^tees, et donc que leur
capacite d'approximation de la fonction cible f ne peut que s'ameliorer.
A l'aide de ces notations, le probleme de la selection de modeles peut se denir comme suit.
Denition 2.8 (Le probleme de la selection de modele)
Le probleme de selection de modele consiste a choisir, sur la base d'un echantillon d'appren-
tissage S de longueur m, une classe d'hypotheses Hd et une hypothese hd 2 Hd telles que le
risque reel associe RReel (hd ) soit minimal.
La conjecture sous-jacente est que le risque reel associe aux hypotheses retenues hd pour
chaque classe Hd presente un minimum global pour une valeur non triviale de d (c'est-a-dire
dierente de zero et de m) correspondant a l'espace d'hypotheses Hd (( ideal )). (Voir gure 2.15).
Il s'agit donc d'une part de trouver l'espace d'hypotheses Hd ideal, et d'autre part de
selectionner la meilleure hypothese hd a l'interieur de Hd . La denition ne se prononce pas sur
ce dernier probleme. Il est generalement resolu en utilisant le principe ERM dictant de rechercher
l'hypothese de risque empirique minimal.
Pour la selection de Hd , on utilise une estimation du risque reel optimal dans chaque Hd en
selectionnant la meilleure hypothese selon le risque empirique (methode ERM) et en corrigeant
le risque empirique associe par le terme de penalisation lie aux caracteristiques de l'espace Hd .
Le probleme de selection de modele revient donc a resoudre une equation du type :
d? = ArgMin f hd 2 Hd : RREstim
eel (hd ) g
e
d (2.37)
= ArgMin f hd 2 Hd : REmp(hd ) + terme-de-penalisation g
d
L'idee generale pour implementer ces methodes de penalisation est d'avoir un algorithme d'ap-
prentissage retournant une hypothese hd candidate pour chaque classe d'hypotheses Hd (par
68 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Intervalle
de confiance
Risque
empirique
H
H1 H2 H3 H4
Fig. 2.15 { La borne sur le risque reel resulte de la somme du risque empirique et d'un in-
tervalle de conance dependant de la capacite de l'espace d'hypotheses associe. En
supposant que l'on dispose d'une sequence ench^assee d'espaces d'hypotheses indices
par d et de capacite croissante, le risque empirique optimal accessible diminue avec
les d croissants (le biais), tandis que l'intervalle de conance (correspondant a la
variance) diminue. La borne minimale sur le risque reel est atteinte pour un espace
d'hypotheses approprie Hd .
risque, et pas du tout des criteres d'intelligibilite ou de fecondite des connaissances produites.
A la re
exion, donc, on est loin d'un cadre d'analyse rendant compte de toute la diversite des
situations d'apprentissage. Pour autant, ce cadre tres epure se revele d'une grande ecacite dans
l'analyse de donnees, ce qui correspond a un vaste champ d'applications.
Ce chapitre a presente les grandes lignes de l'analyse theorique de l'induction qui permettent
d'aborder la suite de l'ouvrage. Le chapitre 17 fourni des developpements de cette theorie utiles
pour comprendre les recherches actuelles sur l'apprentissage. Ils concernent en particulier :
{ Une generalisation de l'analyse du principe ERM a des espaces d'hypotheses et a des
fonctions de perte quelconques. Il s'agit de l'analyse de Vapnik, si in
uente sur les travaux
recents.
{ Une description du principe inductif par compression d'informations non decrit dans le
present chapitre. Ce principe tres original prend en compte la quantite d'informations
dans les donnes et les hypotheses, ce qui semble naturel a la re
exion. En revanche il
ne s'appuie pas sur la distribution des exemples comme le principe ERM ou l'analyse
bayesienne.
{ Une introduction a l'analyse de l'apprentissage (( en-ligne )) (on-line learning) dans le-
quel l'apprenant doit reagir apres chaque nouvel exemple. Cette approche est interessante
parce qu'elle introduit de nouveaux criteres de performance sur l'apprentissage et permet
d'envisager des apprenants ayant une certaine initiative dans le choix des exemples fournis.
Le chapitre 17 se terminera, et terminera cet ouvrage, de maniere appropriee en discutant
la valeur relative des methodes inductives. Peut-on dire qu'il y en a de meilleures que d'autres?
D'ou provient le pouvoir inductif? Nous retrouverons la certaines des interrogations recurrentes
des philosophes de la connaissance.
simpliait considerablement les choses car, d'une part, le nombre d'hypotheses restait ni m^eme
s'il pouvait cro^tre exponentiellement avec le nombre d'attributs et, d'autre part, on pouvait
n'examiner que les hypotheses de risque empirique nul. Ce cadre incluait aussi un critere de
complexite calculatoire sur l'apprentissage, imposant que la complexite reste polynomiale en un
certain nombre de parametres. Cependant, cet aspect du modele PAC qui a permis de demontrer
de nombreux theoremes de non apprenabilite (en les ramenant a des problemes de cryptographie)
est pratiquement tombe en desuetude. Par ailleurs, an de s'aranchir de la contrainte que le
concept cible doive appartenir a l'espace d'hypotheses, un cadre generalise a ete propose, appele
apprentissage agnostique. On n'en parle plus car il a ete generalise par l'approche de Vapnik.
En eet, pendant ce temps, en URSS, Vapnik et Chervonenkis, sous l'in
uence de Kolmo-
gorov, etudiaient depuis les annees 1960 le probleme general de la convergence des moyennes
empiriques vers leur esperance. Ils prouverent ainsi que la convergence des esperances de risque
est equivalente a la convergence uniforme des frequences vers des probabilites sur un domaine
ni d'evenements. C'est ce qui est appele le theoreme cle de la theorie statistique de l'appren-
tissage. Les premieres bornes sur le risque reel en fonction du risque empirique furent prouvees
pour la premiere fois par Vapnik et Chervonenkis en 1974. L'analyse montra que la convergence
du risque empirique vers le risque reel fait intervenir une fonction de croissance de l'espace
d'hypotheses. Comme cette fonction est tres dicile a calculer, il est pratique de la caracteriser
par un nombre : la dimension de Vapnik-Chervonenkis. Les premiers travaux introduisant cette
mesure sont ceux de Vapnik et Chervonenkis en 1971, et, independamment, de Sauer (1972) et
de Shela (1972). L'introduction de la theorie de Vapnik et Chervonenkis s'est faite gr^ace a un
papier exceptionnel du (( four germans gang )) 11 [BEHW89] qui a eu un grand impact dans la
communaute de la theorie de l'apprentissage (COLT : Computational Learning Theory).
L'analyse de Vapnik, largement popularisee par son livre de 1995 ([Vap95]), a fait prendre
conscience a la communaute de l'apprentissage articiel de l'importance cruciale de la denition
et de la caracterisation de l'espace d'hypotheses. Depuis longtemps les praticiens savaient en
eet qu'il leur fallait contr^oler la complexite de leur modele d'apprentissage pour ne pas tomber
victime de surapprentissage, c'est-a-dire d'apprentissage par cur sans generalisation. Depuis
1982, ils avaient admis, sous l'in
uence du papier de Mitchell ([Mit82]), qu'il fallait que l'espace
d'hypotheses soit contraint par un biais. Cependant, c'est vraiment l'analyse de Vapnik qui
a fourni un cadre conceptuel complet permettant de comprendre au moins heuristiquement le
compromis entre risque empirique et capacite de l'espace d'hypotheses. Il faut cependant noter
l'in
uence des papiers sur le compromis biais-variance ([GBD92]).
Pour toutes ces questions, nous reportons le lecteur aux ouvrages [CM98, Hay99, Vap95,
11. Selon l'expression de Manfred Warmuth, l'un des quatre auteurs, et un theoricien eminent et inventif.
Chapitre 2 Premiere approche theorique de l'induction 71
KV94]. D'autres ouvrages sont plus techniques mais sont essentiels pour ceux qui veulent aller
plus loin dans cette etude : [AB92, AB96, DGL96, Vid97]. Un ouvrage tres interessant sur des
points de vue multiples de la theorie de l'apprentissage est [Wol95].
Resume
Ce chapitre a montre que l'induction peut-^etre formalisee par un jeu entre une
Nature produisant des exemples etiquetes selon une fonction cible, et un apprenant
cherchant a approcher cette fonction cible par une fonction hypothese de maniere
a minimiser l'esperance de risque appelee risque reel. Pour ce faire, l'apprenant
utilise un principe inductif lui dictant quelle hypothese il doit choisir etant donnes
les exemples d'apprentissage, et un algorithme de recherche eectif dans l'espace
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72
Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Chapitre 3
L'environnement methodologique de
l'apprentissage
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E listes ont accumule des connaissances sur cette question et les ont largement vulga-
risees. Essayons donc avec notre dictionnaire usuel. Voici par exemple ce qui se trouve
dans le Petit Larousse, edition 2000.
Cygne : oiseau palmipede anseriforme au long cou souple, migrateur.
Oie : oiseau palmipede massif au long cou et au bec large.
Anseriforme : oiseau, generalement palmipede, a l'allure de canard, mais dont certaines especes
sont des echassiers a bec crochu, tel que le kamichi et les anatides. Les anseriformes forment
un ordre.
Anatide : oiseau palmipede au corps massif et au bec aplati, tel que le canard, l'oie, le cygne.
Les anatides forment une famille de l'ordre des anseriformes.
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Canard : oiseau palmipede de la famille des anatides, bon voilier et migrateur a l'etat sauvage.
Le canard cancane.
Kamichi : oiseau echassier des marais et des prairies humides de Patagonie, aux ailes armees
de deux eperons. Longueur : 90 cm, genre Chauna, ordre des anseriformes, famille des
anhimides.
Anhimide ... (n'est pas une entree dans ce dictionnaire.)
Bon... a moins que l'on soit dans un marais de Patagonie face a un echassier aux ailes armees,
tout cela n'est pas tres utile pour identier un oiseau. Ces denitions circulaires masquent les
donnees et les concepts sous des niveaux d'abstraction tellement dierents qu'en pratique elles
sont inoperantes. De plus, la variete des contextes (des biais d'apprentissage) est egalement
importante : il faut au lecteur de grandes connaissances a priori, et tres bien organisees. Par
exemple la notion de migrateur est importante dans ces denitions et elle est supposee connue,
alors que ce n'est pas une evidence a l'observation d'un oiseau... et a quoi peut bien servir de
conna^tre le mot designant le cri du canard pour caracteriser cet animal?
Alors, comment ecrire un programme qui saurait apprendre a distinguer un cygne d'une
oie? La reponse est qu'il faudra ^etre plus modeste, c'est-a-dire soigneusement delimiter un cadre
operationnel par la denition de biais d'apprentissage. Rappelons l'exemple de l'avant-propos :
l'univers est reduit a un lac sur lequel on impose que seulement deux especes d'oiseaux puissent
nager. Les observations aussi sont limitees a la taille et a la couleur. On ne cherche pas a denir
la nature du cygne ou de l'oie de maniere universelle : on n'a pour ambition que d'apprendre a
les distinguer sous des conditions xees de maniere stricte.
Prenons maintenant sur un oiseau l'ensemble des attributs suivants :
la taille ;
le fait qu'il vole ou non ;
la couleur de son bec ;
son chant ;
son genre. 1
Ainsi la liste (152 cm, vole, (( couac )), bec jaune, genre Anatidae) nous indiquera, l'hi-
ver dans nos regions, un cygne chanteur (Cygnus Cygnus L.) et la liste (110 cm, ne vole
pas, (( krrr )), bec noir, genre Aptedonytes) se rapporte plut^ ot a un manchot, mais n'est
pas assez complete pour que l'on sache de quelle espece il s'agit.
Une autre question : est-il facile de denir une carte a jouer? Mais oui. Il sut de noter sa cou-
leur et son rang, qui peuvent prendre respectivement leur valeurs dans les domaines f; ~; }; |g
1. Dans la hierarchie de Linne, cette variable est au dessus de l'espece et au dessous de la famille, elle-m^eme au
dessous de l'ordre.
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 75
et fA; R; D; V; 10; 9; 8; 7; 6; 5; 4; 3; 2g. Cette denition est parfaite, puisque les cartes a jouer sont
des objets dont le sens est par nature completement decrit par ces deux caracteristiques. En
revanche, aucun oiseau ne porte le nom de son espece sur son plumage.
C'est que les noms donnes aux formes de la nature sont symboliques : ils sont une abstraction
qui regroupe des individus selon des contrastes avec d'autres individus. Ces concepts ont ete
extraits d'une multitude de descripteurs souvent numeriques, comme la taille, ou un peu plus
abstraits comme la couleur, ou tres elabores, comme le fait d'^etre migrateur ou non. Autrement
dit, les connaissances sur les individus doivent ^etre symbolisees si l'on veut en tirer prot pour
en extraire une denition operatoire.
Cette introduction n'a pour but que de rappeller que l'apprentissage articiel doit evidemment
se poser le probleme de la symbolisation ou de la representation des connaissances, qui est comme
on le sait une des questions centrales de l'intelligence articielle. Cette question est plus aisee
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a resoudre pour des donnees (( articielles )) comme les cartes a jouer que pour des donnees
naturelles, evidemment plus interessantes.
Le plan de ce chapitre
Ce chapitre est centre sur la nature de la representation des connaissances pour l'apprentis-
sage et sur la facon d'utiliser ces representations.
Il y a en pratique deux problemes qui se posent d'entree :
Comment representer les objets?
Comment representer les hypotheses faites par le programme d'apprentissage?
Ils seront traites dans les deux premieres parties de ce chapitre.
Mais les aspects methodologiques generaux de l'apprentissage ne se limitent pas a ces deux
problemes. Une fois choisies la maniere de representer les objets et celle de formuler les hy-
potheses, il se pose la question suivante :
Etant donne l'ensemble des hypotheses et un echantillon d'apprentissage, comment trouver
la meilleure hypothese?
Nous avons vu au chapitre 2 que la notion de qualite d'une hypothese pouvait ^etre abordee de
diverses manieres. Nous etudierons dans la troisieme partie par quelles techniques d'optimisation
on peut rechercher la meilleure, sans prejuger de la mesure de qualite employee.
Le dernier probleme general est celui de l'evaluation de l'hypothese trouvee. M^eme en sup-
posant l'etape precedente parfaitement realisee, comment estimer la qualite veritable de cette
hypothese? Cette question sera traitee en quatrieme partie de ce chapitre. En particulier, nous
verrons au paragraphe 3.4.4 une illustration du fait presente au chapitre precedent : si le critere
choisi est la minimisation du risque empirique (ERM ), la complexite de la classe d'hypotheses
choisie est un parametre important a ma^triser pour eviter le sur-apprentissage.
Deux autres aspects seront abordes dans ce chapitre : celui du pretraitement des donnees
d'apprentissage, qui a pour objet de mettre les algorithmes dans des conditions les meilleures pos-
sibles et celui de la selection des attributs qui traite de la reduction de l'espace de representation
des objets.
76 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
descripteurs 3 :
x = fx1 ; : : : ; xi; : : : ; xdg
Nous emploierons aussi la notion de distance sur l'ensemble des valeurs que peut prendre un
attribut. Rappelons la denition de ce terme :
Denition 3.2 (Distance)
Une distance sur un espace E E est une application de E E dans IR+ si et seulement si
elle verie les proprietes :
(x; y) = 0 () x = y
8 x; y 2 ; (x; y) = (y; x) (symetrie)
8x; y; z 2 (x; y) (x; z) + (z; y) (inegalite triangulaire)
L'inegalite triangulaire n'est pas toujours facile a denir dans les applications pratiques. Une
application de E E dans IR+ qui verie au plus les deux premiers axiomes est parfois appelee
dissemblance. Par abus de langage, le mot distance est souvent employe indieremment pour
ces deux concepts, en particulier en apprentissage. Nous serons par la suite aussi rigoureux que
possible dans l'utilisation de ces deux termes.
Nous allons maintenant passer en revue les types d'attributs auxquels nous aurons aaire
par la suite, les cas binaires et numeriques etant les plus naturels et les plus simples.
3.1.1.1 La nature des attributs
Nous nous interessons dans la suite de cet ouvrage aux attributs des types suivants :
Binaire
L'objet x est decrit par d attributs xi dont chacun vaut 1 ou 0, autrement dit V RAI ou
FAUX .
X = fx1 ; : : : ; xi; : : : ; xdg = f0; 1gd = IBd
Dans le cas ou les d attributs de X sont tous binaires, les donnees peuvent ^etre representees
par une matrice binaire (m d). Cette representation a des interpretations mathematiques
2. Le terme (( donnees )) est vague, mais fait le lien avec l'apprentissage pour la fouille de donnees. Le terme (( instance ))
est un anglicisme imprecis (souvent un objet, parfois un exemple).
3. En reconnaissance des formes, le terme (( parametre )) est parfois employe, comme mauvaise traduction de feature.
78 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
diverses : logique, algebrique (construction d'un treillis de Galois : chapitre 4, paragraphe 4.5),
topologique (notion de distance), informatique (bases de donnees, voir chapitre 15), etc.
Par exemple, pour quelques especes d'animaux :
vole a des plumes pond des ux
oie 1 1 1
ornithorynque 0 0 1
rhinolophe 1 0 0
cygne 1 1 1
Nominal (ou categoriel)
Par denition, un attribut de ce type appartient a un ensemble ni et non ordonne 4 . Par
exemple la (( couleur )) f; ~; }; |g d'une carte a jouer est un attribut nominal dans la
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plupart des cas : d'une part elle ne peut prendre que quatre valeurs et d'autre part il n'y
a pas d'ordre sur les couleurs. De m^eme, une piece au jeu d'echecs peut ^etre de six formes
dierentes, mais, grosso modo, chacune peut s'emparer de chaque autre : elles n'ont pas
d'ordre naturel de ce point de vue.
Dans certains cas, une distance ou une dissemblance peut se denir sur l'ensemble des
valeurs que peut prendre un attribut nominal. Par exemple, l'ensemble des sons (ou
phonemes) de la langue francaise est un ensemble nominal : il n'est pas ordonne, mais
on sait par exemple que le son /a/ est plus proche du son /in/ que du son /k/. Dans cet
exemple, la propriete de l'inegalite triangulaire n'est pas veriee.
Nominal arborescent
Il existe parfois une hierarchie naturelle, mais pas un ordre total, sur les valeurs que peuvent
prendre un attribut nominal. Par exemple, les groupes sanguins et facteurs rhesus sont au
nombre de huit :
fO+; O;; A+; A;; B +; B ;; AB +; AB ;g
Du point de vue de la compatibilite pour la transfusion, O+ est (( superieur )) a A+, B +
et AB +, puisque du sang O+ peut ^etre tranfuse aux trois autres groupes et pas l'inverse.
En revanche, du point de vue de cette relation d'ordre, on ne peut rien dire sur le couple
(A+, B +) ni sur le couple (A+, A;).
Un autre exemple est celui de la couleur, donne en gure 3.1. Nous l'utiliserons au chapitre
4.
Nominal totalement ordonne
Il est en realite souvent possible de trouver une relation d'ordre sur un attribut nominal.
La question est de savoir si elle est utile au probleme ou non. Par exemple, si on s'interesse
a l'attribut couleur dans un catalogue de voitures, une relation d'ordre semble dicile
a denir (le bleu sprint est-il superieur ou inferieur a l'orange calypso ?). En revanche,
en astrophysique, la couleur est caracterisee par une longueur d'onde dans un certain
intervalle : c'est un attribut numerique totalement ordonne, donc un intervalle de IR.
De m^eme, dans certains jeux de cartes, les couleurs sont rangees dans un ordre decroissant :
le l'emporte sur le ~ qui l'emporte sur le } qui l'emporte enn sur le |.
Un attribut nominal totalement ordonne est assimilable a un intervalle de IR ou de IN et
peut donc ^etre muni d'une distance.
4. Un attribut est ordinal quand il appartient a un ensemble ordonne, mais sur lequel on ne peut pas denir une
distance, comme medaille 2 for; argent; bronzeg. La confusion entre les termes (( nominal )) et (( ordinal )) est
frequente.
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 79
Couleur
Couleur-chaude Couleur-froide
Sequenciel nominal
Un texte francais est une sequence composee a partir d'un ensemble (un alphabet) d'une
centaine de caracteres : les cinquante-deux lettres minuscules et majuscules, l'intervalle
(le blanc), quelques lettres accentuees, les signes de ponctuation, parfois des abreviations
comme :-) ou ¿, etc. E videmment, l'ordre de ces elements nominaux est essentiel : la
sequence (( Le commandant Cousteau. )) et la sequence (( Tout commenca dans l'eau. ))
sont dierentes, bien que composees exactement des m^emes lettres 5 .
On sait munir l'ensemble des valeurs que peut prendre un tel attribut d'une distance,
en particulier quand l'ensemble des elements qui composent la sequence (l'alphabet) est
lui-m^eme muni d'une distance.
Sequenciel numerique
La cote boursiere de tel ou tel titre est un exemple d'attribut sequenciel numerique :
a chaque instant de temps signicatif, une valeur numerique est donnee. On peut ainsi
produire des sequences de plusieurs centaines de chires representant l'evolution d'un
cours sur une annee.
Le cas de vecteurs d'attributs arrivant en sequence est typique des problemes de traitement
du signal, comme la parole : chaque centieme de seconde est caracterise apres analyse
spectrale par un element de IRd , d valant typiquement entre 10 et 20.
3.1.1.2 Representations homogenes et representations mixtes
L'espace de representation X est souvent compose de d attributs de la m^eme nature, generale-
ment dans ce cas binaires ou numeriques. Il existe aussi des espaces de representation composes
de plusieurs attributs sequenciels nominaux : par exemple dans les problemes d'apprentissage de
traducteurs, ou l'on doit disposer de couples de phrases.
Dans les cas precedents, X est homogene : ses d attributs sont tous de m^eme nature. Beaucoup
de methodes d'apprentissage ne peuvent s'appliquer que sur des donnees decrites dans un espace
de representation homogene.
Mais le cas le plus general est celui ou l'espace de representation X = fx1 ; : : : ; xi ; : : : ; xd g
est mixte, autrement dit compose d'attributs de natures dierentes. C'est le cas de la descrip-
tion d'un oiseau donnee ci-dessus pour un cygne chanteur : (152 cm, vole, (( couac )), bec
5. Dans ce cas precis, les espaces ne sont pas comptes, les accents ou cedilles non plus et les caracteres minuscules
et majuscules ne sont pas distingues.
80 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
jaune, genre Anatidae). Le premier attribut est numerique, le second est binaire, le troisieme
sequenciel et le dernier hierarchique.
De m^eme le diagnostic sur un patient entrant dans un h^opital porte sur une representation
non homogene de son etat. Il pourra ^etre decrit par exemple par les attributs suivants :
Vaccine contre la diphterie? Et si oui, il y a combien de temps?
Temperature?
Groupe sanguin?
Description du type d'aection cutanee?
Region et type de douleur?
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:::
Peu de methodes d'apprentissage sont capables d'extraire un concept obtenu par un appren-
tissage coordonne sur des attributs de natures diverses. La plupart du temps, un concept appris
a partir d'exemples mixtes est une combinaison booleenne de proprietes binaires extraites des
attributs.
x1 x1
x2 x2 x2
x3 x3 g1(x1, x2, ..., xd)
(a) (b)
gn(x1, x2, ..., xd)
xd xd xd
Fig. 3.2 { En (a) la selection d'attributs retient les attributs les plus pertinents parmi les d
attributs de l'espace d'entrees. En (b), l'extraction d'attributs transforme les attributs
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Dans le cas de l'extraction d'attributs, le critere traduit la qualite des transformations pos-
sibles des D attributs initiaux, et l'on cherche la transformation maximisant ce critere :
J ( ) = Max
2
J ((X ))
La premiere est qu'en general on recherche une methode independante de tout algorithme,
ceci pour ne pas faire dependre la representation des connaissances des choix operationnels
qui suivront. Ce n'est pas toujours le cas : on peut parfois ^etre xe sur le choix d'un
algorithme et essayer de simplier les donnees sans nuire a ses performances. Mais en
principe on doit trouver une facon generique de mesurer la qualite d'un sous-ensemble
d'attributs par un critere J . Ce n'est pas un probleme evident. Dans le probleme de
classication, diverses mesures absolues de separabilite des classes ont ainsi ete denies
par de nombreux auteurs ([Web99]).
La seconde diculte est qu'il y a d! (DD;! d)! sous-ensembles d'attributs de dimension donnee
d et au total 2D . Il est hors de question de mesurer sur chacun un critere de separabilite ou
la mesure de performance d'un algorithme particulier. On pourrait penser que la structure
particuliere de cet espace (l'ensemble des sous-ensembles d'un ensemble ni) permet d'uti-
liser des methodes approximatives ecaces, mais il faut ^etre prudent a ce sujet, comme le
montre l'exemple qui suit.
Un exemple
Considerons le probleme d'apprentissage de regle de classication sur un ensemble de cinq
points en dimension D = 3 donne a la gure 3.3. Il est facile de voir que les deux classes
(representees par les symboles et ) sont bien separees, au moins sur cet ensemble d'ap-
prentissage. Denissons un critere J , independant de tout algorithme, pour caracteriser cette
propriete. Admettons que si deux points de classes dierentes sont tres proches, une petite region
autour d'eux va ^etre (( neutralisee )), c'est-a-dire que tous les points d'apprentissage qui y sont
situes seront ignores. Le nombre de points restants est alors la valeur de J .
Puisque la separation est parfaite en dimension 3, le critere vaut donc J = 5 au depart.
Si on choisit d = 2, les gures 3.4 montrent les projections des donnees dans les trois sous-
espaces possibles et la valeur correspondante de ce critere (les points (( neutralises )) sont entoures
d'un cercle hachure). On constate que le meilleur sous-espace est (y; z ), avec une valeur J = 5
pour le critere. Les sous-espaces (x; y) et (x; z ) ont la valeur J = 3.
Pour d = 1, les gures 3.5 montrent que le meilleur axe est x et que les deux plus mauvais
sont y et z . Par consequent, l'algorithme glouton qui consiste a choisir la coordonnee la plus
ecace seule, puis le couple le plus ecace comprenant cette coordonnee, serait en echec sur cet
exemple, puisque le couple de coordonnees le plus ecace est constitue des deux coordonnees
les moins ecaces.
Un grand nombre de techniques, qui relevent de variantes adaptees de l'optimisation com-
binatoire, ont ete proposees pour selectionner ecacement les attributs, y compris pour xer la
valeur de d comme le meilleur compromis [Web99].
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 83
y
x
z
Fig. 3.3 { A trois dimensions, le critere vaut 5.
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y z z
x y x
Fig. 3.4 { A deux dimensions, le meilleur sous-espace est (y; z ), avec une valeur 5 pour le
critere. (x; y) et (x; z ) lui donnent la valeur 3.
x
y
z
Fig. 3.5 { A une dimension, le meilleur sous-espace est l'axe x, avec une valeur 2 pour le
critere. Les axes y et z ont la valeur 1.
Si les methodes classiques de selection d'attributs sont aisees a trouver dans la litterature
portant sur la reconnaissance des formes ou sur la fouille de donnees (data mining), il est une
technique issue de l'apprentissage articiel interessante et peu connue qui s'applique dans le
cas supervise, en particulier quand les donnees sont decrites par de nombreux attributs dont la
plupart ne sont pas pertinents. Il s'agit de la methode winnow 7 dite aussi de gradient exponentiel.
Pour plus de details sur les methodes de gradient, on peut se reporter au chapitre 9. Une
autre technique peu decrite fait appel a la theorie des ensembles approximatifs (rough sets)
developpee par Pawlak en 1985 [Paw85] et [Mod93]. L'idee est de decrire d'abord les donnees
par un ensemble d'attributs binaires, puis de voir combien d'entre eux peuvent ^etre retires sans
nuire a la discernabilite des donnees.
La methode recente des (( couvertures de Markov )) (Markov blankets) ([KS96]) generalise
cette approche a des variables discretes. Pour chaque variable, on cherche l'ensemble (la (( cou-
verture ))) des variables dont la connaissance rend inutile celle de la variable en question.
7. (( Vannage )), comme par exemple dans l'expression to winnow away the cha from the grain, (( s
eparer la balle
du grain )).
84 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
cites, telles que signaler une date manquante par (( 9999 )), ou un poids manquant par la valeur
(( ;1 kg )). Sans precautions, il est facile d'obtenir des resultats errones et, ce qui est pire, sans
que personne ne s'en apercoive.
Le traitement du bruit dans les donnees n'est pas un probleme facile a resoudre, simplement
parce qu'il n'est pas facile de distinguer ce qui est le resultat d'une erreur ou d'une variation non
signicative d'une observation authentique. Les methodes usuelles reposent sur des tests statis-
tiques du niveau de pertinence. Des outils de visualisation des donnees peuvent ^etre precieux
dans la detection d'anomalies. Cependant rien ne remplace l'avis eclaire d'un expert et la ma^trise
des phenomenes a la source des donnees.
Il faut aussi noter que le bruit n'est pas toujours une mauvaise chose pour l'apprentissage.
Au contraire, il peut arriver que l'on introduise volontairement du bruit dans les donnees an de
faciliter l'apprentissage de vraies generalisations au lieu de d'apprendre par cur les donnees sans
en induire les regularites. L'introduction de bruit agit alors comme un facteur de regularisation
(voir le chapitre 17 section 17.2.2).
Les representations des connaissances en intelligence articielle ne se font pas en langage
naturel, pour des raisons evidentes. On cherche plut^ot des representations a la fois expressives
et concises, permettant d'exprimer tout ce que l'on desire de maniere succincte, non ambigue,
independante du contexte et ecace, c'est-a-dire se pr^etant naturellement aux raisonnements
desires. Plusieurs types de representations ont ete developpes pour repondre a ces exigences. Il
est interessant de les comparer du point de vue de l'apprentissage.
1. Quels types de regularites ou de connaissances veut-on representer?
Des categories ou classes ou concepts.
Des probabilites d'appartenance a une categorie.
Des ontologies, c'est-a-dire des classes organisees hierarchiquement.
Des regles d'association, des re
exes.
Des dependances causales.
Des descriptions relationnelles.
Des evolutions temporelles.
:::
2. Quelles sont les caracteristiques des entrees disponibles?
Entrees perceptives brutes ou deja pretraitees.
Entrees discretes ou continues.
Entrees bruitees ou non.
Entrees correspondant a des phenomenes deterministes ou non.
Entrees aectees d'incertitude.
Entrees aectees d'imprecision.
Entrees (( plates )), telles que des vecteurs d'attributs, ou structurees par des relations
et une organisation, comme des graphes.
3. Quel degre de transparence ou d'interpretabilite souhaite-t-on dans les hypotheses pro-
duites par le systeme?
Ce dernier aspect est tres important. Si l'on cherche seulement un systeme performant
sur une t^ache donnee, sans qu'il y ait necessite d'interaction avec un (( expert )), une
representation opaque est acceptable. C'est par exemple le cas d'un systeme de recon-
naissance de caracteres ou d'identication de locuteurs sur la base d'un signal sonore.
En revanche certaines applications exigent que l'utilisateur puisse examiner la connais-
sance produite par le systeme. C'est le cas d'un systeme de diagnostic medical et plus
encore d'un systeme charge de faire des recommandations therapeutiques. Mais cela peut
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 87
aussi ^etre utile lorsque l'expert peut aider le systeme a apprendre en lui transmettant
des connaissances a priori. Encore faut-il qu'il soit alors possible de les traduire pour la
machine. C'est generalement impossible avec une representation (( opaque )) telle que la
representation utilisee dans les reseaux connexionnistes qui consiste en une matrice de
nombres correspondant aux poids des connexions du reseau. C'est en revanche plus facile
si la representation utilise un formalisme logique.
Nous presentons maintenant les dierents espaces d'hypotheses H que nous allons rencontrer
par la suite. Ces espaces de representation seront decrits avec plus de precision au fur et a mesure
des chapitres a venir. Pour le moment, il est seulement question de faire un tour d'horizon des
representations utilisees en apprentissage articiel. Il est d'ailleurs interessant de noter que toutes
les techniques de representation des connaissances utilisees en intelligence articielle ne sont pas
citees ici : certaines d'entre elles ne se pr^etent pas (encore?) a l'apprentissage.
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La table de la page suivante presente d'abord les qualites des dierentes representations des
hypotheses en fonction des criteres cites ci-dessus.
ctio s
te
Arb s etat obabili
n
aye cepts
ices
rkov
!a
r
gles
ratr
rarc cision
con
s de ens
ctio s de p
si
Ma
e re
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Res ies de
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n
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es d
utio
xb
ons
mm
tem
trib
^ne
eau
res
cti
Cha
Gra
Fon
Fon
Sys
Hie
Dis
Concept
p p -
p p - -
p p
Classes multiples
p p -
p p - - -
p
Ontologies -
p p p
Regression -
p- p- p - - - p
E volutions temporelles -p
p p - -- -
-
p- p- -
Apprentissage non supervise
p p p p -
Donnees continues
p p p p - p- - -
Connaissances relationnelles -
p - p p- p- p-
Degre de certitude -
p- p - - p -
-
p p
Degre d'imprecision -
p p - - p -
Transparence, intelligibilite -
p p p p p -
p- p-
+ -
(a) (b)
Fig. 3.6 { Classication par fonctions separatrices. En (a) la fonction separatrice determine
deux classes suivant le signe de la sortie de la fonction. En (b), une classication
pour plus de deux classes est obtenue par la combinaison de plusieurs fonctions
separatrices.
Si en plus de son signe, on considere aussi la valeur de la sortie de la fonction de decision,
il devient possible d'interpreter cette derniere comme une mesure de conance dans la decision,
selon l'idee naturelle que plus la forme d'entree est (( eloignee )) de la frontiere, plus son appar-
tenance a la classe designee est peu susceptible d'^etre remise en cause. Nous verrons que cette
observation de bon sens est a l'origine d'un renouveau tres fort pour l'utilisation de ces fonctions
de decisions (voir les separateurs a vastes marges dans le chapitre 9).
En dehors de leur simplicite conceptuelle et pratique evidente, les fonctions separatrices per-
mettent de mettre en uvre naturellement un appariemment partiel entre entree et hypothese.
En eet, les fonctions separatrices peuvent se concevoir comme une sorte de produit scalaire
deni sur X H. Ainsi, dans le cas du perceptron, deja rencontre au cours du chapitre 2, la
fonction de decision est denie par :
( (
wT x 0 =) x 2 !1 (3.1)
<0 !2
en considerant le vecteur de description des observations augmente xT = (1; x1 ; x2 ; : : : ; xd ) et
le vecteur poids w augmente du seuil w0 : wT = (w0 ; w1 ; w2 ; : : : ; wd ).
Cette faculte d'appariemment partiel dans lequel c'est l'(( alignement )) entre l'entree et
l'hypothese qui decide de la classe de l'entree est une propriete tres interessante qui n'est pas
11. L'aectation pour ij (x) = 0 se fait en general arbitrairement.
90 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
aussi facile a mettre en uvre dans les formalismes logiques par exemple. C'est une des raisons
de la popularite des fonctions de decision.
3.2.3 La regression
La regression concerne le cas ou H est un ensemble de fonctions h a valeurs reelles. Une
generalisation, la regression multidimensionnelle, est l'apprentissage d'une hypothese h : X !
IRn . On cherche donc a apprendre une fonction a partir d'un ensemble de points et des valeurs
que prend cette fonction sur ces points. Il n'y a pas de contre-exemples dans un tel probleme
d'apprentissage 12 .
Il sera en particulier question de regression quand nous verrons l'apprentissage par renforce-
ment, au chapitre 16.
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1
0.75
0.5
5
0.25
0
0
-5
0
-5
5
Intelligence Numérique
artificielle
Type de
Langage objet
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langage
Fig. 3.8 { Un exemple d'arbre de decision. Chaque nud rectangulaire correspond a une ques-
tion. Chaque
eche correspond a une reponse possible. Ici toutes les questions sont
binaires, mais ce n'est pas necessairement le cas.
Par exemple, dans la gure 3.8, une interpretation est la suivante : << Type d'application
= intelligence artificielle & type de langage = logique >> ! Prolog)
L'ensemble des branches correspond ainsi a un ensemble de regles d'association decrivant les
classes. Le langage deni par les arbres de decision est equivalent a la logique des propositions,
chacun des tests etant une variable booleenne. Toute fonction booleenne peut ^etre exprimee par
un arbre de decision.
En revanche, un arbre de decision ne peut pas exprimer un concept relationnel comme :
9 x m^eme-couleur(x; y) & envergure(x; e1) & envergure(y; e2) & plus-petit(e1; e2)
dont la signication est : (( les oiseaux x de m^eme couleur qu'un oiseau donne y mais d'envergure
inferieure )) : ce type de concept appartient a la logique des predicats (voir le chapitre 5).
Par ailleurs, si certaines fonctions s'expriment de maniere economique a l'aide d'arbres de
decision, d'autres ne sont pas adaptees a cette representation. Par exemple la fonction parite
qui retourne 1 si et seulement sur un vecteur booleen si un nombre pair d'attributs valent 1
s'exprime par un arbre tres complexe.
Nous approfondirons cette maniere de representer les concepts au chapitre 11.
3.2.6 Les hierarchies de concepts
Les arbres de decision introduisent l'idee de hierarchie sur les attributs, mais pas sur les
concepts. Les attributs places plus pres de la racine sont en quelque sorte plus importants que
92 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
a ce sujet.
3.2.7 Les reseaux bayesiens et les modeles graphiques
De nombreux types de dependances peuvent ^etre representes a l'aide de structures probabi-
listes. Lorsque les dependances et les independances entre les variables aleatoires sont explicitees
dans un graphe, on souligne cette transparence en parlant de modeles graphiques (on trouve aussi
les termes de (( reseaux de croyance )) (belief networks), (( reseaux causaux )) (causal networks),
(( diagrammes d'in
uence )) (in
uence diagrams). La base des calculs eectu es dans ces struc-
tures est la formule de revision des probabilites de Bayes et pour cette raison ils sont egalement
appeles reseaux bayesiens.
La gure 3.9 montre un exemple d'un tel reseau. Les variables sont associees aux nuds
du reseau et les liens manquants entre les nuds indiquent une certaine independance entre
ces nuds (les denitions precises seront donnees dans le chapitre 12). Les liens entre nuds
s sont diriges, pour indiquer des dependances causales ou temporelles. Lorsque les liens sont
symetriques ou non diriges, on parle de champs de Markov aleatoires (random Markov elds).
Ici les deux variables FN et ZO jouent le r^ole de variables causales, CP pouvant decouler de
FN et/ou de ZO, tandis que SA ne depend, selon ce reseau, que de FN. Les variables FN et ZO
sont aectees de leur probabilite a priori, tandis que les variables SA et CP sont associees a des
matrices de probabilites conditionnelles indiquant leur dependance sur les variables FN et ZO.
p(ZO) = 0.7
p(FN) = ZO
0.95
FN
Intuitivement, cela peut ^etre interprete comme le fait que le futur ne depend que de l'etat
present, ou du moins que celui-ci possede susamment d'informations pour qu'il ne soit pas
utile de considerer le passe.
Le formalisme des cha^nes de Markov est particulierement adapte pour la representation de
sequences, qu'elles soient de nature temporelle, comme par exemple des cours boursiers ou un
signal acoustique, de nature spatiale, comme par exemple une cha^ne d'ADN, ou d'autres types
de dependances lineaires.
Une generalisation des cha^nes de Markov s'appelle les modeles de Markov caches (Hidden
Markov Models ou Hmm). Formellement, un modele de Markov cache (d'ordre un) est un modele
generatif de sequences deni par un ensemble d'etats, un alphabet discret de symboles, une
matrice de probabilites de transitions entre etats et une matrice de probabilite d'emissions de
chaque symbole de l'alphabet a partir de chaque etat. Le systeme evolue aleatoirement d'un etat
a l'autre suivant les probabilites de transition en emettant des symboles de l'alphabet.
Seuls les symboles emis sont observables, et non les transitions entre etats, qui sont internes
au modele. La sequence d'etats est donc une sequence de variables cachees ou latentes expliquant
les observations.
Trois types de questions au moins peuvent se poser lorsque l'on represente une sequence par
un modele de Markov : quelle est la probabilite d'observation de telle sequence etant donne tel
modele? (Question relative a la vraisemblance). Quelle est la sequence d'etats la plus probable
dans le modele de Markov sachant que telle sequence de symboles a ete observee? (Question
relative au decodage). Finalement, en supposant que les parametres de transition et d'emission
ne soient pas parfaitement connus, comment leurs valeurs devraient ^etre estimees ou revisees a
la lumiere des sequences de symboles observees? (Question relative a l'apprentissage).
Le chapitre 13 est consacre aux methodes d'apprentissage adaptees a ce formalisme des
modeles de Markov caches.
3.2.9 Les grammaires
Quand on a aaire a des sequences d'elements d'un ensemble nominal, souvent appele
un alphabet dans ce cas, le concept a apprendre doit separer l'espace de toutes les sequences
possibles en deux. C'est ce que fait une grammaire formelle : un compilateur de langage de
programmation est un programme qui repond a la question : (( est-ce que le programme que
l'on vient de me soumettre est correct du point de vue de ma syntaxe ? )). Par exemple, un
compilateur du langage C repond V RAI a la sequence :
#include <stdio.h> #include <math.h> int N;double x,res; main()
{N=0;while (N<21){fprintf(stdout, " %f %f\n",n);N = N+1;}}
94 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
14. Par exemple, un attribut continu peut ^etre transforme en attribut binaire par comparaison a un seuil.
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 95
Le langage attribut-valeur dans lequel on represente le concept appris est semblable a
celui de la logique des propositions : on y utilise aussi des conjonctions et des disjonctions,
mais sur des couples (attribut; valeur). Chaque attribut nominal ou hierarchique (par
exemple couleur, voir la gure 3.1) prend sa valeur dans un ensemble de denition ni,
eventuellement partiellement ordonne, comme frouge; vert; jaune; bleug, avec couleur ;
chaude = frouge; jauneg. Un concept tabouret appris dans le langage attribut-valeur
pourrait ^etre par exemple :
[couleur = couleur ; chaude] ^ ([forme = carree] _ [forme = hexagonale])
L'inter^et des langages par attribut-valeur est celui des langages types par rapport aux
langages non types : ils permettent un contr^ole plus facile des inferences.
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fonction de co^ut, dans un ensemble de solutions. Cependant, trouver une solution optimale est
en general irrealisable, et l'on doit se contenter d'approches locales, operant par iterations et dont
le resultat, un optimum local, depend du point initial. On distingue les methodes d'exploration
directes, dans lesquelles l'exploration se fait par evaluation eective des solutions du voisinage,
des methodes indirectes dans lesquelles l'exploration est guidee par des proprietes de la fonction
de co^ut (comme les derivees par exemple). Les methodes d'optimisation dependent du type de
solution cherchee, de la fonction de co^ut a optimiser, des contraintes eventuelles a satisfaire et
des proprietes de l'espace a explorer.
3.3.1 Caracterisation de l'espace de recherche
L'une des methodes d'optimisation les plus generales consiste a utiliser un algorithme de
recherche locale. E tant donnee la denition d'un voisinage dans l'espace des solutions, l'idee
est d'ameliorer au fur et a mesure une solution provisoire en la remplacant par une solution
meilleure et situee dans son voisinage. Cette notion de voisinage est par consequent centrale,
puisqu'elle ore la possibilite d'explorer rationnellement l'espace des hypotheses.
En ce qui concerne ces derniers, il faut distinguer les espaces discrets des espaces continus.
On rencontre les premiers principalement dans les problemes d'apprentissage impliquant des
representations symboliques des hypotheses (par exemple des grammaires). Les espaces continus
sont lies a des representations numeriques des hypotheses (par exemple des reseaux connexion-
nistes).
Dans les espaces discrets, les elements du voisinage sont denis par des operateurs de mo-
dication syntaxique. Il est possible de les enumerer et d'explorer exhaustivement le voisinage
d'une hypothese. Dans les espaces continus, les elements du voisinage sont generalement denis
par des operateurs dierentiels et les directions de recherche sont choisies a partir du calcul de
derivees de la fonction de co^ut au voisinage du point courant.
Il existe egalement des problemes d'optimisation dans lesquels les solutions ne sont denies
que pour des domaines de validite des dierentes variables en jeu. Ce sont en general les
problemes dits de (( satisfaction de contraintes )).
3.3.2 Caracterisation des fonctions de co^ut
3.3.2.1 L'optimisation d'une fonction numerique de co^ut
On dispose d'une fonction dite de co^ut c(h), denie pour chaque hypothese h. Une hypothese
depend elle-m^eme d'un ensemble de variables. Il s'agit de trouver des valeurs a ces variables telles
que la fonction co^ut soit minimale. Cette fonction est en general reelle positive, par exemple le
risque empirique si on se place dans le principe d'apprentissage ERM . Les variables sont dans ce
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 97
cas les parametres de l'hypothese a apprendre : par exemple les poids d'un reseau connexionniste.
Deux grandes familles de techniques se rencontrent :
1. L'optimisation sans contrainte. Le probleme est de trouver le minimum de la fonction
de co^ut c(h) denie sur l'ensemble complet des solutions H.
{ Si c(h) est lineaire a valeur reelle et derivable par rapport aux variables, ce sont en
particulier les techniques de la programmation lineaire qui peuvent s'appliquer.
{ Si c(h) n'est pas lineaire en fonction des variables, mais est a valeur reelle et derivable
par rapport a ces variables, alors les methodes de la programmation non lineaire
peuvent s'utiliser. Toutes les methodes d'optimisation locales par gradient rentrent
notamment dans cette categorie.
{ Il est interessant de distinguer le cas particulier ou la fonction c(h) est convexe par
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rapport aux variables qui denissent h. En eet, dans ce cas il n'y a qu'un seul
optimum de la fonction, qui est evidemment l'optimum global. On ne risque donc pas
de s'egarer dans un optimum local.
2. L'optimisation avec contraintes. Il s'agit de trouver l'optimum d'une fonction objec-
tif sous certaines contraintes portant sur les variables de decision. Ces contraintes qui
denissent le domaine de validite des variables peuvent prendre la forme d'egalites (hyper-
surfaces dans le domaine de denition des variables) ou d'inegalites (regions admissibles).
Les contraintes peuvent ^etre lineaires ou non. Le cas des contraintes lineaires sera aborde a
l'occasion de l'apprentissage de separateurs a vastes marges (SVM) au chapitre 9 mettant
en jeu la methode des multiplicateurs de Lagrange.
f (u)
wt+1 b
b
wt b vt ut b
vt+1b
vt+2
b
b
t+1
ut+2
b
u
ulocal u
Fig. 3.10 { Une illustration de la methode de descente de gradient.
l'hypothese courante est un nud du graphe (represente comme le rectangle le plus haut dans la
gure) dans lequel est dessine l'automate correspondant a trois etats. Il est relie a trois nuds
(trois rectangles en dessous) par des arcs (des
eches en gras) correspondant aux trois fusions
possibles de deux etats de l'automate du dessus.
a a
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2 b
3 a b
1,2 a 1,3 a b 1
b a b a a b a
3 a b 2 2,3 a b
Fig. 3.11 { Une toute petite partie d'un espace d'hypotheses strucure en graphe
Dans cette organisation en graphe, la recherche de la meilleure hypothese peut ^etre vue
comme la construction d'un chemin entre une ou plusieurs hypotheses de depart et celle sur
laquelle on decide de s'arr^eter. Comme les graphes dans lesquels on travaille sont en general
tres grands, il est hors de question de les mettre entierement en memoire : on procede donc par
exploration locale en utilisant des heuristiques pour essayer de trouver une solution aussi bonne
que possible, a defaut de la meilleure.
Les techniques employees sont longuement decrites dans nombre de livres d'algorithmique et
d'intelligence articielle. Presentons-en une qui est fondee sur une approximation sommaire de
la technique du gradient. On la conna^t sous le nom d'escalade (hill climbing). Dans la version
donnee dans l'algorithme 3.1, les arcs sont values par une valeur strictement positive. La longueur
d'un chemin est la somme des longueurs des arcs qui le composent.
Le recuit simule
L'idee de recuit simule introduite independamment par Kirkpatrick, Gelatt et Vecchi [KGV83]
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 101
Algorithme 3.1 L'escalade (hill-climbing)
Soit L0 une liste de nuds de depart, tries par valeur croissante du risque empirique
L L0
TEST FAUX
tant que le test d'arr^et TEST n'est pas V RAI faire
Soit n le premier nud dans L (si L est vide, ECHEC).
Enlever n de L
Mettre dans L tous les nuds que l'on peut atteindre par un arc a partir de n
Calculer le risque empirique des hypotheses correspondantes et ranger les nuds dans L en
preservant l'ordre croissant
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et par C erny [Cer85], s'inspire de la metallurgie 19 . Plus precisement, si du metal en fusion est
refroidi susamment lentement, il se solidie dans une structure d'energie minimale qui ameliore
ses caracteristiques. Une analogie avec un probleme d'optimisation combinatoire est alors envisa-
geable : aux dierents etats du systeme physique correspondent dierentes solutions du probleme
et a l'energie d'un etat correspond la performance d'une solution. On cherche dans les deux cas
une conguration d'energie minimale. La methode de recuit simule est une traduction algorith-
mique de cette analogie. Il s'agit en fait d'une variante stochastique de la technique de gradient
dans laquelle au lieu de modier systematiquement la solution courante en une solution du voisi-
nage meilleure, on accepte de temps en temps, en fonction d'un parametre de (( temperature )), de
selectionner une solution de performance moindre. Cette technique peut permettre d'echapper
aux minima locaux, sous certaines conditions portant sur l'evolution de la temperature, et donc
conduire a la solution optimale.
Dans la vaste litterature publiee sur ce sujet, nous ne pouvons que recommander la lec-
ture de [DHS01] pp.351-360 comprenant d'excellentes illustrations du processus et qui aident
grandement a sa comprehension.
Les methodes tabou
Les methodes tabou ont ete introduites par Glover [Glo86, Glo89a, Glo89b]. L'algorithme
de base examine la totalite du voisinage et choisit la solution qui ameliore le plus la mesure de
performance. Lorsqu'il n'y en a pas, la solution selectionnee est celle qui degrade le moins la
perfomance. Il est ainsi possible d'echapper aux optima locaux.
An d'eviter un retour aux m^emes solutions, une liste circulaire appelee liste tabou stocke
soit l'ensemble des s derniers mouvements eectues (s est la longueur de la liste tabou), soit
des informations representatives de ces mouvements, soit encore les s dernieres solutions ren-
contrees, ou des informations representatives de ces solutions. La liste tabou interdit un certain
nombre de mouvements, soit parce qu'ils sont tabou soit parce qu'ils conduisent a des solu-
19. D'apres le Petit Robert, le recuit est une (( operation thermique destinee a ameliorer les qualites mecaniques d'un
metal, d'un alliage )).
102 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
tions tabou. Comme il arrive cependant que certains mouvements tabou vaillent parfois la peine
d'^etre executes, il existe des criteres d'aspiration permettant d'eectuer un mouvement tabou
s'il est juge interessant. Le critere d'aspiration le plus courant est le suivant : un mouvement est
eectue malgre son caractere tabou s'il permet d'obtenir une solution meilleure que toutes celles
obtenues jusque-la.
Les algorithmes par evolution simulee
Ces algorithmes introduits en particulier par Holland [Hol75] s'inspirent des processus de la
theorie de l'evolution. Contrairement aux methodes classiques, ces algorithmes travaillent sur
une population de solutions provisoires. A chaque (( generation )), une nouvelle population est
calculee a partir de la precedente gr^ace a des (( operateurs genetiques )) tels que la mutation et
le croisement, en favorisant les descendants des meilleurs individus de la generation courante.
Dans de nombreux cas, apres plusieurs iterations, la population converge vers les regions les plus
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Sur-apprentissage
Risque empirique
Prise en compte
croissante d'information
Fig. 3.12 { Illustration du phenomene de surapprentissage. Tandis que le risque empirique conti-
nue de diminuer au fur et a mesure de la prise en compte d'information, le risque
reel qui diminuait egalement dans un premier temps, commence a reaugmenter apres
un certain stade. Il n'y a alors plus de correlation entre le risque empirique et le
risque reel.
Le risque empirique ne peut donc a lui seul servir de base a l'estimation de la performance
de l'apprentissage realise. Comment doit-on alors proceder?
Son risque reel RReel (hH ) peut se noter plus simplement RReel (H), puisque cette regle ne
depend que de H.
Cette regle est theoriquement celle que tout algorithme d'apprentissage devrait chercher a
approcher. Mais cette qu^ete est illusoire: on ne peut pas en realite savoir si on en est proche
ou pas. L'hypothese faite par la methode ERM est qu'on peut remplacer sa recherche par
celle de la regle hS ;H , decrite au paragraphe suivant.
Le risque empirique de hH sur les donnees d'apprentissage peut se noter REmp (hH ), mais
ce terme n'est en general pas mesurable puisque hH est inconnu.
2. On note hS ;H la regle qui minimise le risque empirique sur l'echantillon d'apprentissage
S:
hS ;H = ArgMin REmp (h)
h2H
Cette regle est celle que l'algorithme d'apprentissage cherche a trouver en utilisant S quand
il fonctionne selon le principe ERM . hS ;H depend de H et de S .
Cette recherche est pertinente : on a vu ci-dessus que dans la plupart des cas, il s'agit d'un
probleme d'optimisation. Comme on n'est jamais s^ur que l'algorithme choisi trouve cette
regle, on ne conna^t ni son risque empirique REmp(hS ;H ) ni son risque reel RReel (hS ;H ).
3. On note
halgo;S ;H
la regle trouvee par l'algorithme d'apprentissage. Elle depend de H, de S et de l'algo-
rithme d'apprentissage. Son risque empirique REmp (halgo;S ;H ) se mesure sur l'echantillon
d'apprentissage. Son risque reel RReel (halgo;S ;H ) peut s'estimer par des methodes que nous
verrons dans la suite de ce chapitre.
Comme on l'a dit, on suppose pour le moment que halgo;S ;H = hS ;H , c'est-a-dire que l'algorithme
est ecace de point de vue du principe ERM .
Mais en realite, on a :
REmp(halgo;S ;H ) REmp(hS ;H )
et la plupart du temps 20 :
RReel (halgo;S ;H ) RReel (hS ;H )
20. Sauf si on regle l'apprentissage avec un echantillon de validation V qui est une partie de S (voir au para-
graphe 3.4.5.1).
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 105
3.4.3 Risque empirique et risque reel
Soit un ensemble d'apprentissage S = f(xi ; ui )g de taille m et une hypothese h choisie dans
H pour approcher la fonction cible f . Rappelons la denition generale du chapitre 2.
Denition 3.3 (risque empirique)
Le risque empirique de h est donne par :
1 X
m
REmp (h) = m l(ui ; h(xi))
i=1
ou l(ui ; h(xi )) est par denition la fonction de perte qui mesure la dierence entre le resultat
de l'hypothese et la valeur de la cible sur un exemple (voir le chapitre 1).
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Une technique naturelle est, comme on l'a dit, d'appliquer le principe ERM , donc d'essayer,
par un algorithme d'apprentissage, de selectionner dans H la regle hS ;H qui minimise le taux
d'erreur empirique sur l'ensemble d'apprentissage S .
Cette approche fournit une regle biaisee de maniere optimiste :
REmp(hS ;H) RReel (hS ;H ) RReel(hH ) = RReel (H)
La facon la plus naturelle d'estimer rigoureusement RReel (hS ;H ) est d'utiliser un echantillon
de test T statistiquement independant de S pour faire cette mesure, mais il existe d'autres
methodes. On y reviendra au paragraphe 3.4.5.
3.4.4 La selection de modele en pratique
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Nous cherchons donc a approcher hS ;H . Le choix de l'espace des hypotheses que l'on explore
etant laisse libre, il serait utile de savoir a priori comparer deux espaces H et H0 . Mais on ne
dispose en general d'aucune indication sur le sujet. En revanche, une fois choisi H, il est souvent
facile de l'ordonner partiellement en fonction d'un critere. On peut souvent indexer ses elements
par l'ordre de la complexite algorithmique du programme qui realise la fonction de decision
correspondante et parametrer le programme d'apprentissage selon cet index.
Par exemple, on verra au chapitre 11 l'apprentissage de regles de classication representees
par des arbres de decision. On peut ordonner l'espace H de ces arbres en caracterisant un element
par le nombre k de ses noeuds. On verra que cette mesure est directement liee au temps moyen
de calcul que prend le programme correspondant pour classer une donnee inconnue.
Cette approche a ete evoquee sous le nom de selection de modele au chapitre 2. Nous allons
l'examiner de nouveau ici pour en donner un exemple.
On supposera donc que l'on peut denir une suite d'ensembles Hk de complexite 21 croissante
avec k parcourant N et en relation d'inclusion:
H1 : : : Hk Hk+1 : : : H1
Nous supposons egalement que la fonction cible nit par ^etre incluse dans un de ces ensembles
de taille croissante :
f 2 H1
Notons maintenant :
hS ;Hk la regle ayant le risque reel (la probabilite d'erreur) la plus faible de Hk .
hS ;Hk la regle ayant le risque empirique (le taux d'erreur apparent) le plus faible de Hk .
Rappelons que nous faisons l'hypothese simplicatrice que l'algorithme d'apprentisage em-
ploye est ideal du point de vue ERM : il est suppose capable de decouvrir pour tout ensemble
d'apprentissage la regle hS ;Hk dans Hk . Autrement dit, que les regles hS ;Hk et halgo;S ;Hk sont iden-
tiques pour tout S . Ce n'est (helas) pas le cas general, mais cela ne change pas les considerations
qui vont suivre. La gure 3.14 montre ce qui se produit en general quand cette hypothese n'est
pas respectee.
Nous supposons aussi que la valeur k represente un critere pertinent de complexite ; autre-
ment dit, une bonne procedure de classication dans Hk doit ^etre capable de decrire les donnees
d'apprentissage de maniere de plus en plus precise au fur et a mesure que k augmente.
21. Ce mot peut ^etre pris dans son sens algorithmique.
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 107
RReel (Hk )
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REmp(hS ;Hk )
k0 k
Fig. 3.13 { Le surapprentissage : variation des risques d'erreur quand la complexite k de l'es-
pace des hypotheses Hk augmente. On remarque les phenomenes suivants :
(1) Le risque empirique REmp(hS ;Hk ) de l'hypothese trouvee par l'algorithme sur
l'ensemble d'apprentissage tend vers 0.
(2) Le risque reel RReel(S ; Hk ) de la meilleure hypothese de Hk tend aussi vers 0,
mais moins vite. Aucun algorithme ne peut la trouver avec certitude.
(3) Le risque reel RReel (hS ;Hk ) de l'hypothese trouvee par l'algorithme sur l'ensemble
d'apprentissage decro^t jusqu'a k0 , puis augmente. Le probleme est donc de trouver
la region de k0 , la meilleure compte tenu de l'algorithme employe et des donnees
d'apprentissage.
On a suppose que l'algorithme d'apprentisage etait capable de trouver hHk , c'est-a-
dire qu'il fonctionne selon le principe ERM et ne commet pas d'erreur d'approxi-
mation.
Que peut-on dire des valeurs relatives des taux apparents d'erreur et des probabilites d'erreur
de hHk et de hHk pour un k donne et quand k varie?
k est constant
1. On a tout d'abord :
RReel (hS ;Hk ) RReel (hHk )
Cette inegalite traduit simplement le fait que la regle la regle hS ;Hk , supposee trouvee
par l'algorithme, n'est en general pas optimale en terme d'erreur reelle, parce que l'en-
semble d'apprentissage ne peut pas parfaitement resumer les distributions de probabilite
des classes. C'est le probleme de toute generalisation.
2. On a aussi en general :
RReel (hHk ) REmp(hS ;Hk )
Cette formule exprime le fait que la regle apprise etant reglee sur les donnees d'apprentis-
sage, elle a tendance a surestimer leurs caracteristiques au detriment d'une generalisation
exacte, dans l'approche ERM .
108 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
RReel (hHalgo
k )
RReel (hHk )
REmp(hHalgo
k )
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REmp (hHk )
k0 k
Fig. 3.14 { La cas ou l'algorithme d'apprentisage ne trouve pas hHk , mais une regle hH
algo .
k
k augmente
1. On a d'abord en general, pour tout k :
RReel (Hk ) decro^t quand k augmente
REmp(hS ;Hk ) decro^t quand k augmente
En eet, l'erreur apparente de hHk diminue quand k augmente, en general jusqu'a valoir 0
pour k assez grand : dans un espace de regles assez complexe, on peut faire l'apprentissage
par cur d'un echantillon S .
En general la valeur :
RReel (hS ;Hk ) ; REmp(hS ;H )
est positive et augmente avec k.
2. On a aussi, quand k augmente, jusqua un certain 22 k0 :
RReel(hS ;H1 ) RReel (hS ;H2 ) : : : RReel (hS ;Hk0 ;1 ) RReel(hS ;Hk0 )
Ce qui signie qu'augmenter k semble avoir un eet positif, puisque la probabilite d'erreur
de la regle apprise tend a diminuer.
3. Mais au dessus de k0 , l'inegalite s'inverse :
k k0 : RReel (hHk ) RReel (hHk+1 ) : : :
On rencontre donc une valeur k0 au-dela de laquelle compliquer la famille des regles ne
sert plus a rien, puisque la performance reelle du classicateur appris diminuera.
22. Pour simplier, on suppose qu'il existe une valeur unique ; en realite, il s'agit d'une region autour de cette valeur.
Mais cela ne change pas l'argument de fond.
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 109
Ce dernier phenomene est appele le surapprentissage (Voir la gure 3.16). Intuitivement, il signie
qu'une regle de classication de trop grande complexite represente trop exactement l'ensemble
d'apprentissage, c'est-a-dire realise en pratique un apprentissage par coeur, au detriment de sa
qualite de generalisation. Il existe par consequent une valeur k0 de compromis, sur laquelle on
ne possede a priori aucune information, qui est la meilleure pour un echantillon d'apprentissage
donne et une famille de regles de classication ordonnee selon la complexite k. La valeur k0 est
donc critique. Pour l'estimer, on peut utiliser un echantillon de validation V (voir le paragraphe
3.4.6).
Dans le cas (general en pratique) ou l'algorithme d'apprentissage n'est pas optimal du point
de vue ERM , la gure 3.14 illustre le m^eme phenomene.
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Un exemple
La gure 3.15 presente un exemple de reglage de la valeur k0 , c'est-a-dire de selection de
modele, a partir de l'exemple articiel suivant :
3 3
3
3 3
3
3 3
3
3
3
3
3
3
3 3 3
Fig. 3.15 { L'ellipse centrale est la separatrice bayesienne. On la conna^t car les donnees ont
ete fabriquees articiellement. Son erreur reelle vaut : hBayes = 5 %
L'ellipse de biais est l'hypothese de H2 qui minimise l'erreur apparente. Son erreur
reelle est legerement superieure a hB .
La droite horizontale est l'hypothese de H1 qui minimise l'erreur reelle.
La droite de biais est l'hypothese de H1 qui minimise l'erreur empirique.
La courbe en pointilles est une hypothese de H4 (une courbe de degre 4) dont l'erreur
apparente est nulle mais dont l'erreur relle est largement superieure a hBayes .
Soient deux classes de densite uniforme, l'une a l'interieur de l'ellipse centrale, l'autre entre
110 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
40
b
30
b
REmp(hS ;Hk )
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20
RReel (hS ;Hk )
b
10 b
b
R(Hk ) b
0
5 k
b
0 1 2 3 4
le rectangle exterieur et cette ellipse. La separatrice optimale est ici articiellement connue : c'est
l'ellipse centrale.
Pour rendre le probleme un peu plus dicile, nous tirons les coordonnees des points d'appren-
tissage selon les distributions uniformes, en ajoutant un bruit gaussien. La separatrice optimale
reste l'ellipse, mais les points des deux classes ne sont plus forcement tous exactement de part et
d'autre de la separatrice. Par exemple, les 40 points que l'on voit sur la gure 3.15 constituent
un ensemble d'apprentissage : ils ont ete tires independamment selon cette distribution uniforme
bruitee. On remarque que le bruitage fait que l'un des points
se trouve a l'exterieur de l'ellipse
et un point 3 a l'interieur. L'erreur RBayes n'est donc pas nulle, a cause de ce bruitage. Nous
avons xe cette erreur reelle a 5 %. Sa valeur empirique sur les donnees d'apprentissage est aussi
de 5 % (deux points mal classes sur quarante : 402 = 5 %).
Soit H1 l'ensemble des droites, H2 celui des courbes du second degre, H3 celui des courbes
du troisieme degre, etc.
Pour k = 1, la separatrice optimale hH1 est la droite horizontale au milieu de la gure 3.15.
Pour k = 2, on a par hypothese hH2 = hBayes . La meilleure surface appartient donc a H2 .
On en est certain ici seulement parce que les donnees sont articielles et que hBayes est connue.
Pour k 3, on a : hH2 = hHk = hBayes , puisqu'on peut ramener une courbe de degre
superieur a une courbe du second degre en annulant les coecients necessaires.
La meilleure droite, celle qui minimise l'erreur reelle, se note hH1 . Elle est calculable puisque
les densites de probabilite des deux classes sont articielles : c'est la droite horizontale mediane
de l'ellipse. Son erreur reelle est aussi calculable : elle vaut R(H1 ) = 35 %. Dans notre exemple,
Chapitre 3 L'environnement methodologique de l'apprentissage 111
son erreur empirique vaut 10+7 = 42:5 % puisque la matrice de confusion empirique est la
20+20
suivante :
3
10 10
3 7 13
Par exemple, le chire 7 de dans cette matrice signie que sept objets etiquetes 3 ont ete classes
comme
.
Un algorithme d'apprentissage de bonne qualite trouve dans H1 la droite hS ;H1 qui minimise
10+1 = 27:5 %, puisque sa matrice de confusion empirique est
l'erreur empirique. Celle-ci vaut 20+20
la suivante :
3
19 1
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3 10 10
Comme les distributions sont uniformes et la geometrie xee, on peut mesurer RReel (hS ;H1 ),
qui vaut 45 %.
Dans H2 , cet algorithme trouve hS ;H2 , pour laquelle on a
Comme nous allons le voir, la mesure des erreurs commises par h sur l'ensemble de test T est
une estimation du risque reel d'erreur de h. Cette estimation se note :
RbReel (h)
Examinons d'abord le cas particulier de l'apprentissage d'une regle de classication.
l'element generique donne le nombre d'exemples de l'ensemble de test T de la classe i qui ont
ete classes dans la classe j .
Dans le cas d'une classication binaire, la matrice de confusion est donc de la forme :
`+' `-'
`+' Vrais positifs Faux positifs
`-' Faux negatifs Vrais negatifs
Si toutes les erreurs sont considerees comme egalement graves, la somme des termes non
diagonaux de M , divisee par la taille t de l'ensemble de test, est une estimation RbReel (h) sur T
du risque reel de h.
RbReel (h) = i6=j Mt (i; j )
En notant terr le nombre d'objets de l'ensemble de test mal classes, on a donc :
RbReel (h) = terr
t
On a deni plus haut la matrice de confusion empirique : celle de l'ensemble d'apprentissage
sur lui-m^eme ; pour cette matrice, la somme des termes non diagonaux est proportionnelle au
risque empirique, mais n'est pas une estimation du risque reel.
ce qui signie que la probabilite que RReel (h) soit a l'interieur de cet intervalle est superieure a
95 %.
Si on avait obtenu la m^eme proportion d'erreur sur un echantillon de test de taille 1000, cet
intervalle aurait ete reduit environ de moitie : [0:225; 0:175].
L'estimation du taux d'erreur reel par une mesure sur un echantillon de test T independant de
l'echantillon d'apprentissage A, fournit une estimation non biaisee de RReel (h) avec un intervalle
de conance contr^olable, ne dependant que de la taille t de l'echantillon de test. Plus celle-ci est
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grande, plus l'intervalle de conance est reduit et par consequent plus le taux d'erreur empirique
donne une indication du taux d'erreur reel.
Malheureusement, dans la plupart des applications, le nombre d'exemples, c'est-a-dire d'ob-
servations pour lesquelles un expert a fourni une etiquette, est limite. Le plus souvent chaque
nouvel exemple est co^uteux a obtenir et il ne peut donc ^etre question d'augmenter a volonte
l'echantillon d'apprentissage et l'echantillon de test. En fait, il existe un con
it entre l'inter^et
d'avoir le plus grand echantillon possible A pour apprendre, et le plus grand echantillon possible
T pour tester le resultat de l'apprentissage. Comme il est necessaire que les deux echantillons
soient independants l'un de l'autre, ce qui est donne a l'un est retire a l'autre. C'est pourquoi
cette methode de validation est appelee hold-out method par les anglophones. Elle est envisa-
geable lorsque les donnees sont abondantes. Si en revanche les donnees sont parcimonieuses, il
faut avoir recours a d'autres methodes.
3.4.5.2 L'estimation par validation croisee
L'idee de la validation croisee (N-fold cross-validation) consiste a :
Diviser les donnees d'apprentissage S en N sous-echantillons de tailles egales.
Retenir l'un de ces echantillons, disons de numero i, pour le test et apprendre sur les N ; 1
autres.
Mesurer le taux d'erreur empirique RbRi eel (h) sur l'echantillon i.
Recommencer n fois en faisant varier l'echantillon i de 1 a N .
L'erreur estimee nale est donnee par la moyenne des erreurs mesurees :
X
N
RbReel (h) = N1 bi RReel (h)
i=1
On peut montrer que cette procedure fournit une estimation non biaisee du taux d'erreur
reel. Il est courant de prendre pour N des valeurs comprises entre 5 et 10. De cette maniere, on
peut utiliser une grande partie des exemples pour l'apprentissage tout en obtenant une mesure
precise du taux d'erreur reel. En contrepartie, il faut realiser la procedure d'apprentissage N
fois.
La question se pose cependant de savoir quelle hypothese apprise on doit nalement utiliser.
Il est en eet probable que chaque hypothese apprise depende de l'echantillon i utilise pour
l'apprentissage et que l'on obtienne donc N hypotheses dierentes.
Notons d'emblee que si les hypotheses apprises sont tres dierentes les unes des autres (en
supposant que l'on puisse mesurer cette dierence), c'est qu'il faut peut-^etre y voir une indication
114 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
de l'inadequation de l'espace des hypotheses H. Cela semble en eet montrer une grande variance
(en general associee a une grande dimension de Vapnik-Chervonenkis), et donc le risque d'un
apprentissage sans valeur. (Voir la section 2.2.1 dans le chapitre 2).
Le mieux est alors de refaire un apprentissage sur l'ensemble total S . La precision sera bonne
et l'estimation du taux d'erreur est connue par les N apprentissage faits precedemment.
Il faut noter que si l'un des inter^ets de la validation par leave-one-out est de produire des
hypotheses moins variables, on montre en revanche que l'estimation du taux d'erreur est souvent
plus variable que pour des valiations croisees avec un N plus petit.
Cette methode presente l'avantage de la simplicite et de la rapidite ; cependant, dans les cas
ou le nombre total d'exemples dont on dispose est restreint, il peut ^etre interessant de ne plus
distinguer les ensembles d'apprentissage et de test, mais d'utiliser des techniques necessitant
plusieurs passes d'apprentissage : on perdra en temps de calcul mais on gagnera en nesse d'es-
timation relativement a la quantite de donnees disponibles.
determiner celle qui semble la plus appropriee a la classe de problemes concernee. Comment
doit-il proceder?
Il faut se meer d'une approche qui semble naturelle. On pourrait en eet croire qu'il sut
de mesurer pour chaque methode la performance empirique mesuree a l'aide de l'une des tech-
niques decrites plus haut, dans la section 3.4.5, faisant appel d'une maniere ou d'une autre a un
echantillon de test. Cela serait cependant commettre la faute de faire dependre cette mesure du
reglage de la methode alors qu'elle doit en ^etre independante. En procedant de la sorte, on s'ar-
range pour minimiser le risque mesure sur l'echantillon de test et l'on regle la methode en fonction
de cet echantillon. A force de vouloir minimiser ce risque, on risque d'adapter etroitement la
methode d'apprentissage a cet echantillon de test. Cela est dangereux car il se peut que, comme
dans le cas du phenomene de surapprentissage, a tant poursuivre ce but, on s'eloigne d'une
diminution du risque reel. C'est pourquoi on prevoit, a c^ote de l'echantillon d'apprentissage et
de l'echantillon de test, un troisieme echantillon independant des deux autres : l'echantillon de
validation 25 , sur lequel on evalue la performance reelle de la methode.
La technique de separation de l'ensemble d'apprentissage de celui de test peut ^etre ranee
en mettant en uvre la selection de modele de la maniere suivante. On divise les donnees S
supervisees en trois parties : l'ensemble d'apprentissage A, l'ensemble de test T et l'ensemble de
validation V .
La separation des donnees supervisees en trois ensembles est aussi utile pour determiner a
quel moment convergent certains algorithmes d'apprentissage. On y reviendra en particulier au
chapitre 10, a propos des reseaux connexionnistes.
3.4.6.1 Estimation de risque : la courbe ROC
Jusqu'ici nous avons essentiellement decrit des methodes d'evaluation des performances ne
prenant en compte qu'un nombre : l'estimation du risque reel. Cependant, dans un contexte de
prise de decision, il peut-^etre utile d'^etre plus n dans l'evaluation des performances et de prendre
en compte non seulement un taux d'erreur, mais aussi les taux de (( faux positifs )) et de (( faux
negatifs )) (disponibles a partir de la matrice de confusion, voir au paragraphe 3.4.5.1). Souvent,
en eet, le co^ut de mauvaise classication n'est pas symetrique et l'on peut preferer avoir un
taux d'erreur un peu moins bon si cela permet de reduire le type d'erreur le plus co^uteux (par
exemple il vaut mieux operer a tort de l'appendice (faux positif), plut^ot que de na pas detecter
une appendicite (faux negatif)). La courbe ROC (de l'anglais Receiver Operating Characteristic)
25. La terminologie est ici mal xee dans la communaute : certains auteurs denissent (( echantillon de test )) et
((
echantillon de validation )) a l'inverse. Il faut donc se meer et verier que l'on utilise bien la m^eme convention
que son interlocuteur.
116 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
permet de regler ce compromis 26. Nous en detaillons la construction et l'utilisation dans ce qui
suit.
Supposons que l'on caracterise les formes d'entree (par exemple les patients) par une grandeur
qui peut resulter de la combinaison d'examens (par exemple prenant en compte l'^age du patient,
les antecedents familiaux, sa pression arterielle, etc.). On peut alors etablir un graphique pour
chaque classe donnant la probabilite d'appartenir a cette classe en fonction de la grandeur (voir
la gure 3.17).
Probabilité
de la classe
Tous de la Tous de la
classe '-' classe '+'
Critère de décision
Probabilité
de la classe
Classe '+'
Faux Vrais
négatifs positifs
(10%) (90%)
Critère de décision
Probabilité
de la classe
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Classe '-'
Vrais Faux
négatifs positifs
(50%) (50%)
Critère de décision
Fig. 3.18 { Seuil decidant pour chaque classe des (( vrais positifs )), (( faux negatifs )), (( faux
positifs )) et (( vrais negatifs )).
telephonie ou de cha^ne cablee) cherche a detecter des problemes d'attrition (voir l'avant-propos,
page xxi) : quels sont les abonnes susceptibles de le quitter? 27 . Ces abonnes fuyants sont peu
nombreux, mais tres co^uteux. On cherchera donc a essayer d'en detecter le maximum an de
tenter de les retenir, quitte a detecter aussi quelques faux. On utilisera alors un seuil (( laxiste )).
3.4.7 D'autres criteres d'appreciation
En plus des criteres numeriques, il existe un certain nombre de qualites qui permettent de
distinguer une hypothese parmi d'autres.
L'intelligibilite des resultats d'apprentissage
Dans le cas ou l'hypothese apprise est une grammaire ou un ensemble de regles logiques,
par exemple, elle peut ^etre munie d'une semantique directement interpretable dans le lan-
gage de l'ingenieur ou de l'expert. Il est important dans ce cas qu'elle soit comprehensible.
Cette faculte d'intelligibilite a deja ete evoquee dans l'avant-propos de ce livre (page ix) :
nous y avons fait remarquer que la discipline de l'extraction de connaissances dans les
donnees faisait grand cas de cette intelligibilite et que parfois l'apprentissage d'un petit
nombre de regles comprehensibles valait mieux qu'un fouillis de regles sophistiquees, m^eme
avec une performance objective superieure.
La simplicite des hypotheses produites
27. On les appelle les churners (de churn : baratte) dans le jargon du metier. On parle aussi d'attrition (voir l'avant-
propos).
118 Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
Probabilité
de la classe
Courbe ROC Classe '+'
Critère de déci-
sion
Probabilité
de la classe
Classe '-
0,6 0,6 0,6 ' 0,6
Seuil "sévère" Vrais
négatifs
Faux
positifs
Probabilité
de la classe
0,5 0,5 0,5 Classe '+' (50%) (50%)
0,5
Critère de déci-
Faux Vrais sion
négatifs positifs
Ligne de hasard
0,4 0,4 0,4 0,4
(pertinence = 0,5) Critère de déci-
sion
Probabilité
de la classe
Classe '-
'
0,3 0,3 0,3 Vrais Faux 0,3
négatifs positifs
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0 0 0 0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
Fig. 3.19 { Une courbe ROC a gauche. Deux seuils sur cette courbe a droite.
Ce critere est relie au precedent. Il releve d'un argument rhetorique classique, le rasoir
d'Occam, qui arme qu'il ne sert a rien de multiplier les (( entites )) inutiles 28, autrement
dit qu'une explication simple vaut mieux qu'une explication compliquee. Ce principe a
ete rationnalise par certains chercheurs dans le domaine de la theorie de l'apprentissage
[LV97].
Le taux de couverture
Dans le cas d'apprentissage de concept, sans contre-exemples, on utilise parfois la mesure
de qualite d'une hypothese appelee le taux de couverture. C'est la proportion d'exemples
positifs qui sont couverts par l'hypothese.
Si nous disposons d'estimateurs de ces deux risques reels, il est possible de montrer qu'un
estimateur de leur dierence s'ecrit comme la dierence des estimateurs :
bR (h1 ; h2 ) = RbReel (h1 ) ; RbReel (h2 )
En notant terr;1 le nombre d'objets de l'ensemble de test T1 mal classes par l'hypothese h1
et terr;2 le nombre d'objets de l'ensemble de test T2 mal classes par l'hypothese h2 , on a donc :
bR (h1 ; h2 ) = terr; 1 terr;2
t ; t
1 2
L'intervalle de conance a x % de cette valeur est donne par la formule 3.4 :
2 s terr; terr; ) terr; (1 ; terr; )
3
4 RbReel (h) (x) t (1 ; t
1
t
1
t 5
2 2
t1
1
+ 1
t2
2 2
(3.4)
Pour repondre positivement a la seconde question, il faut donc utiliser une technique qui
brasse aleatoirement les donnees d'apprentissage et de test, comme la validation croisee.
Un algorithme ecace est donne ci-dessous (3.2).
Algorithme 3.2 La comparaison de deux algorithmes d'apprentissage
Partitionner les donnees d'apprentissage S [ T en Q parties egales.
On les note : T1 ; Ti ; : : : ; TQ .
pour i = 1; Q faire
Si D ; Ti
Faire tourner l'algorithme A1 sur Si . Il fournit l'hypothese h1i .
Faire tourner l'algorithme A2 sur Si . Il fournit l'hypothese h2i .
i Ri1 ; Ri2 , ou Ri1 et Ri2 sont les taux d'erreur de h1i et h2i sur Ti
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n pourP
1 Q
Q i=1 i
Resume
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122
Premiere Partie : Les Fondements de l'Apprentissage
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Deuxieme partie
Apprentissage par exploration
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Chapitre 4
Induction et relation d'ordre :
l'espace des versions
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V nards et deux manchots. Les attributs suivants sont susants pour les decrire : la
forme de leur bec, leur Taille, leur Envergure et la Couleur de leur cou. Le premier
nous indique si le bec est Aplati ou non, les deux suivants se mesurent en centimetres
et le dernier peut prendre les valeurs Roux, Orange, Gris ou Noir. Ces oiseaux sont etiquetes
soit + (les canards), soit ; (les manchots) et je veux apprendre un concept coherent avec les
exemples, une formule qui explique tous les canards et rejette tous les manchots.
Je me donne un langage de representation pour les concepts : je vais les ecrire comme une
conjonction de certaines proprietes sur les attributs. Par exemple, la formule logique suivante :
[Aplati = V RAI ] ^ Taille 2 [30; 40] ^ Envergure 2 [;1; +1] ^ [Couleur = CouleurChaude]
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est un concept qui represente l'ensemble des oiseaux dont le bec est de la forme Aplati, dont la
taille est comprise entre 30 cm et 50 cm, dont l'envergure est indierente et dont la couleur du
cou est soit Roux, soit Orange. Ce qui peut s'ecrire, dans une syntaxe plus legere, comme :
(V RAI; [30; 50]; ?; CouleurChaude)
Je me trouve devant mes quatre oiseaux que je vais examiner les uns apres les autres. Ils
sont representes par le tableau suivant :
Aplati Taille Envergure Couleur Classe
e1 = V RAI 30 49 Roux + (canard)
e2 = FAUX 70 32 Gris ; (manchot)
e3 = V RAI 40 46 Orange + (canard)
e2 = FAUX 60 33 Orange ; (manchot)
Je commence par le premier exemple, un canard. Comment ecrire, dans le langage des concepts,
une hypothese de generalisation compatible pour le moment avec lui seul? Pourquoi pas juste-
ment :
(V RAI; [30; 50]; ?; CouleurChaude)
Mais si je veux ^etre prudent, je peux aussi produire le concept qui se contente de memoriser ce
premier exemple :
(V RAI; [30; 30]; [49; 49]; Roux)
J'ai egalement une solution radicalement inverse, induire le concept universel :
(V RAI _ FAUX ) ^ [;1; +1] ^ [;1; +1] ^ Couleur = ( ?; ?; ?; ?)
qui signie que j'accepte a partir de cet exemple unique de considerer comme coherents tous les
oiseaux que peut decrire mon langage des hypotheses.
Si je considere maintenant le second exemple, il est clair que cette derniere possibilite doit
^etre eliminee puisqu'elle couvre desormais un contre-exemple. Je peux la (( couper au ras )) de
ce contre-exemple 1 selon l'un des attributs. Il y a six solutions, parmi lesquelles :
v1 = ( ? ; [;1; 69]; ? ; ?)
v10 = ( ? ; ? ; ? ; CouleurChaude)
1. C'est-a-dire en excluant avec ce contre-exemple le minimum de ce que le langage des hypotheses impose d'exclure
avec lui.
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 127
Je peux aussi conserver ma politique prudente et produire:
v2 = (V RAI; [30; 30]; [49; 49]; Roux)
qui est toujours coherent vis-a-vis de mes deux exemples. J'aurais aussi pu generer, entre autres :
v3 = ( ?; [;1; 31]; ? ; ?)
v4 = (V RAI; [0; 35]; [46; +1]; Roux)
Il est intuitif de verier que le concept v1 est plus general que v4 et v2 , et que de m^eme v4 est
plus general que v2 . En revanche, bien que v3 soit apparemment un concept tres vaste, on ne
peut pas dire qu'il soit plus general que v4 : il contient par exemple l'objet [V RAI; 33; 50; Roux]
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que v4 ne contient pas. Cet exercice sera continue plus loin et la notion intuitive de concept
(( plus g
eneral )) qu'un autre sera formalisee. Pour le moment, retenons quelques principes qui
gouvernent cette facon de proceder :
Une formule du langage des concepts decrit un ensemble d'objets (ici, d'oiseaux).
Les concepts sont relies entre eux par une relation de generalite, qui re
ete l'inclusion des
ensembles d'objets qu'ils representent.
Le nombre de concepts coherents avec les exemples est tres grand (ou inni, si la taille des
objets n'est pas mesuree en nombres entiers).
Les exemples sont introduits les uns apres les autres et a chaque fois l'ensemble courant
d'hypotheses se modie pour qu'elles restent coherentes avec les exemples deja vus.
Ce chapitre a pour objet de formaliser ces notions, en particulier gr^ace a l'introduction d'une
relation d'ordre dans l'espace des concepts. Il va aussi montrer qu'il est possible de calculer, en
traitant sequentiellement les exemples, deux ensembles nis S et G de concepts a partir desquels
on peut deduire tous ceux qui acceptent les exemples et refusent les contre-exemples.
Notations utiles pour le chapitre
ration de valeurs possibles comme Couleur = fRouge; Orange; Gris; Noirg. Cet ensemble
de valeurs possibles s'appelle un domaine. Mais une hierarchie peut exister sur ces valeurs,
comme dans notre exemple d'introduction :
CouleurChaude = fRouge; Orangeg,
CouleurFroide = fGris; Noirg et
Couleur = fCouleurChaude; CouleurFroideg.
On sait dans ce cas que l'attribut est appele arborescent (voir le chapitre 3 et la gure 4.1).
Couleur
Couleur-chaude Couleur-froide
On cherche a apprendre des hypotheses, ou concepts, qui sont des elements ecrits dans LH ,
le langage des hypotheses 3 (voir le chapitre 1). LH peut ^etre deni de facons variees, mais
nous pouvons deja donner deux exemples : le premier langage est la logique des propositions sur
des selecteurs, qui est apparu informellement dans l'exemple d'introduction ; le second langage
permet de decrire des unions de deux rectangles dans le plan discret. Il sera explicite un peu
plus loin.
4.1.2 Les selecteurs
Il est frequent dans l'apprentissage par l'espace de versions que le langage LH choisi pour
representer les concepts soit, comme dans l'exemple liminaire, une partie de la logique des
2. L'espace de representation est note LI (pour Language of Instances) dans la terminologie originale de l'espace des
versions.
3. Dans le vocabulaire classique de l'espace des versions, le langage des hypotheses est souvent note LG (pour
Language of Generalizations).
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 129
propositions. Plus precisement, il s'agit souvent d'une conjonction de proprietes binaires sur les
attributs des exemples. On appelle selecteurs ces proprietes, que l'on peut denir ainsi :
Denition 4.1
Un selecteur est une application agissant sur un seul attribut de l'espace de representation des
donnees, a valeurs dans fVRAI, FAUXg.
Selon la nature des attributs, un selecteur prend des formes dierentes :
Si l'attribut est binaire, le selecteur s'ecrit (attribut = V RAI ) ou (attribut = FAUX ) ; sa
valeur V RAI ou FAUX se deduit directement de celle de l'attribut.
Si l'attribut est nominal de domaine D, le selecteur s'ecrit (attribut 2 D0 ), avec D0 D.
Il est V RAI si l'attribut prend une valeur de D0 , FAUX sinon.
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Si l'attribut est arborescent, le selecteur s'ecrit (attribut = V ), ou V est une valeur attachee
a un nud de l'arbre. Il est V RAI si la valeur de l'attribut est un nud compris au sens
large entre V et une feuille de l'arbre.
Si l'attribut est numerique, le selecteur est deni par un intervalle de IR. Il est V RAI si
la valeur est incluse dans cet intervalle, bornes comprises.
Pour revenir a notre exemple de depart, le concept :
[Aplati = V RAI ] ^ Hauteur 2 [30; 50] ^ Largeur 2 [;1; +1] ^ [Couleur = CouleurChaude]
qui s'ecrit de maniere simpliee :
(V RAI; [30; 50]; ?; CouleurChaude)
est compose d'une conjonction de quatre selecteurs, un pour chaque attribut. L'attribut Aplati
est binaire, Taille et Envergure sont numeriques et Couleur est arborescent, comme le montre
la gure 4.1. Sur l'objet :
Bec Aplati Taille Envergure Couleur du cou
V RAI 60 46 Noir
le premier selecteur est V RAI , le second est FAUX , le troisieme est V RAI et le quatrieme est
FAUX .
4.1.3 La relation de generalite entre les hypotheses
Nous avons vu dans la section 1.5, que l'induction supervisee pouvait ^etre consideree comme
un jeu entre l'espace des exemples et l'espace des hypotheses. Le processus d'apprentissage teste
les hypotheses candidates de H sur les exemples d'apprentissage dans X . Les informations ainsi
glanees servent a determiner d'autres hypotheses candidates, et ainsi de suite jusqu'au critere
d'arr^et.
Nous supposons ici que les exemples d'apprentissage sont consideres sequentiellement, donc
qu'a l'etape t l'apprenant a fabrique une hypothese candidate ht coherente avec l'echantillon
d'apprentissage partiel St . Un nouvel exemple d'apprentissage z t+1 = (xt+1 ; ut+1 ), avec ut+1 2
fV RAI; FAUX g devient alors disponible. Il y a deux possibilites : soit il est correctement classe
par l'hypothese courante ht , donc ht (xt+1 ) = ut+1 , auquel cas il n'y a pas de raison de modier
ht et l'on a simplement ht+1 = ht , soit xt+1 n'est pas correctement classe par ht . Deux cas sont
alors possibles.
L'exemple est de classe negative, c'est un contre-exemple du concept cible, et il est in-
correctement classe comme positif par ht+1 . Cela signie que la partie de X (( couverte ))
130 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
par ht+1 est trop grande, au moins en ce qui concerne le point xt+1 , (donc que le concept
courant n'est plus correct). Il faut donc la reduire, c'est-a-dire chercher une sous-partie
excluant xt+1 mais couvrant tous les exemples positifs de St .
Au contraire, xt+1 est de classe positive, et il est incorrectement classe comme negatif par
ht+1 . Dans ce cas, cela signie que la partie de X (( couverte )) par ht+1 est trop petite, au
moins en ce qui concerne le point xt+1 (donc que le concept courant n'est plus complet). Il
faut donc l'augmenter, c'est-a-dire chercher une sur-partie incluant xt+1 mais ne couvrant
aucun des exemples negatifs de St (voir la gure 4.2).
Dans les deux cas, il est patent que l'hypothese courante doit ^etre modiee en fonction des
relations d'inclusion dans X . Il faut donc trouver une relation entre les hypotheses dans H qui
respecte la relation d'inclusion dans X . On parle de relation de generalite entre les hypotheses.
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0 0
+
hm+1
0 0
hm
0 0 hm 0
+ +
+ +
+ hm+1 +
0 0
+ + + +
0 0
+ +
+ 0 + 0
0 0
X X
(a) (b)
Fig. 4.2 { Lorsqu'un nouvel exemple est mal classe par l'hypothese courante, il faut modier
celle-ci soit en la reduisant au sens de l'inclusion (a) an d'exclure le nouvel exemple
s'il est negatif, soit en l'augmentant (b) s'il est positif.
Plus formellement, nous dirons qu'une hypothese h1 est plus specique ou encore moins
generale qu'une hypothese h2 si et seulement si l'ensemble des exemples couverts par h1 est
inclus dans l'ensemble des exemples couverts par h2 .
Denition 4.2 (Couverture d'une hypothese)
La couverture d'une hypothese h 2 H, notee couverture(h), est l'ensemble des exemples de X
que decrit h. On dit que h couvre les elements de couverture(h).
4. Cette relation est a prendre au sens large : toute hypothese est plus specique qu'elle-m^eme.
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 131
0
couverture(hm)
0
0
hm
0
+ +
+
0
+ hm+1
+
0
+
0
+
couverture(hm+1)
0
X
H
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Fig. 4.3 { La relation d'inclusion dans X induit la relation de generalisation dans H. Ici,
hm+1 hm .
couverture(hm+1) 0
0 + hm+1
0
+ +
+
0 hm
+ +
0
+
0
+
couverture(hm)
0
X hm+1
Fig. 4.4 { La relation d'inclusion dans X induit la relation de generalisation dans H. Ici,
hm+1 hm .
Si l'on suppose que les exemples etiquetes sont issus d'un concept cible, un risque empi-
rique nul signie que, sur l'echantillon d'apprentissage au moins, le concept cible et l'hypothese
consideree concident.
0
0
+
0
+
+
0
+ +
0
+ h2
+
h3 0 h1
X
Fig. 4.5 { La notion de couverture des exemples (gures par des (( + ))) et des contre-exemples
(gures par des (( 0 ))) par les hypotheses. Les hypotheses sont ici gurees par le sous-
espace des exemples qu'elles couvrent dans l'espace X . Les hypotheses h1 , h2 et h3
sont respectivement complete mais incorrecte, correcte mais incomplete, et complete
et correcte, c'est-a-dire coherente.
8 b
7 a
6
4
s
3
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2 b
1 b
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fig. 4.6 { Le concept s = [3; 5] [1; +1] [ [2; 7] [2; 3] couvre les deux pointsa = (4; 8) et
b = (6; 2). Les points sur la frontiere de l'un des deux rectangles sont consideres
comme appartenant au concept.
couverture(h1)
h1
couverture(h2)
h2 h3
couverture(h3)
X
H
Fig. 4.7 { La relation d'inclusion dans X induit la relation de generalisation dans H. Il s'agit
d'une relation d'ordre partielle : ici, les hypotheses h2 et h3 sont incomparables entre
elles, mais elles sont toutes les deux plus speciques que h1 .
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 135
Une relation d'ordre partiel induit une structure de treillis sur H. Cela signie que pour tout
couple d'hypotheses hi et hj , il existe au moins une hypothese qui soit plus generale que chacune
d'entre elles et qu'il n'est pas possible de la specier sans perdre cette propriete. L'ensemble de
ces hypotheses est appele le generalise maximalement specique de hi et hj et note gms(hi ; hj ).
De m^eme, il existe un ensemble d'hypotheses plus speciques que hi et hj qu'il n'est pas possible
de generaliser sans perdre cette propriete. On appelle cet ensemble le specialise maximalement
general et on le note smg(hi ; hj ).
Par une extension facile au cas de plus de deux hypotheses, on peut denir de m^eme un
ensemble gms(hi ; hj ; hk ; : : : ) et un ensemble smg(hi ; hj ; hk ; : : : ).
Finalement, nous supposons 7 qu'il existe dans H une hypothese plus generale que toutes les
autres (ou element maximal) notee > et une hypothese plus specique que toutes les autres (ou
element minimal) notee ? (voir la gure 4.8).
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gms(hi, hj)
hi hj
smg(hi, hj)
H
Fig. 4.8 { Une vision schematique et partielle du treillis de generalisation sur H induit par la
relation d'inclusion dans X . Chaque
eche indique la relation de generalite (notee
dans le texte).
Les exemples ainsi que plusieurs gures du chapitre 1 et de ce chapitre montrent clairement
que la relation d'inclusion est fondamentale pour le probleme de l'induction. En eet, une hy-
pothese incorrecte (donc couvrant ind^ument des exemples negatifs) devra ^etre specialisee pour
que sa couverture exclut ces exemples, alors qu'une hypothese incomplete (ne couvrant pas tous
les exemples positifs connus) devra ^etre generalisee pour que ces exemples deviennent elements
de sa couverture. Il est donc naturel que le processus d'induction soit guide par ces relations
d'inclusion.
Nous avons egalement deja souligne dans le chapitre 1 que l'induction necessite une mise
a jour des hypotheses directement dans H. Comme l'espace H des hypotheses est deni par
son langage de description LH , cela signie qu'il faut trouver comment associer a la relation
d'inclusion dans X des operations syntaxiques sur LH correspondant a la relation de generalite.
Trouver des equivalences aux relations d'inclusion dans X revient donc a trouver des operateurs
7. C'est en general valide.
136 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
dans le langage LH qui permettent de modier une hypothese hm en une nouvelle hypothese
hm+1 inclue dans la premiere ou l'incluant 8, c'est-a-dire plus specique ou plus generale.
4.2.4 Quelques operateurs de specialisation et de generalisation
Le probleme de la recherche d'operateurs syntaxiques de generalisation ou de specialisation
sera egalement debattu dans le chapitre 5 portant sur la programmation logique inductive,
en particulier parce que la solution n'est pas evidente lorsque l'on utilise des representations en
logique des predicats dite aussi logique d'ordre 1. Il est en revanche facile d'exhiber des exemples
d'operateurs satisfaisants dans le cas de representations fondees sur la logique des propositions
et la representation attribut-valeur (voir le chapitre 11). A titre d'illustration, nous presentons
quelques-uns de ces operateurs de generalisation.
L'operation de generalisation est notee gen
) . Une formule du type A ^ (B = v1 ) 2 C signie
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qu'un objet couvert par le concept C est decrit par la conjonction d'un selecteur sur les attributs
A (avec A binaire) et B (avec B nominal ordonne), ce dernier valant v1 pour B . On constatera
que les generalisations proposees ne sont evidemment pas des operations logiquement valides.
Operateur de cl^oture d'intervalle
A ^ (B = v1) 2 C gen
A ^ (B = v2) 2 C ) A ^ (B 2 [v1 ; v2 ]) 2 C
Par exemple :
Bec aplati ^ (envergure = 50) 2 canard
Bec aplati ^ (envergure = 55) 2 canard
gen
) Bec aplati ^ (envergure 2 [50, 55]) 2 canard
Operateur de l'ascension dans l'arbre de hierarchie
Pour generaliser une description incluant un attribut arborescent, il sut de le remplacer
par l'un de ses ascendants dans l'arbre :
A ^ (B = n1 ) 2 C gen
A ^ (B = n2 ) 2 C ) A ^ (B = N ) 2 C
ou N est le plus petit nud ascendant commun aux nuds n1 et n2 . Par exemple :
Bec aplati ^ (couleur = Roux) 2 canard
Bec aplati ^ (couleur = Orange) 2 canard
gen
) Aplati ^ (couleur = couleur-chaude) 2 canard
Operateur d'abandon de conjonction
A ^ B 2 C gen
) A2C
Par exemple :
Bec Aplati ^ (couleur = Roux) 2 canard gen
) Bec Aplati 2 canard
8. On tire prot ici de la confusion assumee entre la notion de concept et celle de partie de X (voir l'equation 4.1)
pour parler de concept inclus dans un autre, alors que la relation d'inclusion n'a, a proprement parler, de sens
que pour les categories qui sont denies sur X .
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 137
Operateur d'ajout d'alternative
A 2 C gen
) A _ B2C
Par exemple :
Bec Aplati 2 canard gen
) Bec Aplati _ Couleur = Orange 2 canard
Operateur de changement de conjonction en disjonction
A ^ B 2 C gen
) A _ B2C
Par exemple :
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(( hypotheses )) qui n'auraient pas de sens? La deuxieme propriete est duale de la precedente :
peut-il y avoir des hypotheses dans H qui sont de fait plus generales ou plus speciques qu'une
autre hypothese de H, mais qu'on ne puisse pas obtenir a partir de celle-ci par une sequence
d'operateurs de specialisation/generalisation? Si l'une ou l'autre de ces deux proprietes s'averait
non veriee, alors l'exploration de H par l'application des operateurs pourrait conduire a des
resultats aberrants : soit des hypotheses sans signication dans X , soit au contraire la non
production d'hypotheses pertinentes de H. Heureusement, ces deux proprietes peuvent ^etre
obtenues. Plus formellement :
h3
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h2
h1
H
Fig. 4.9 { Un exemple d'ensemble non convexe pour la relation de generalite.
8 8
7 7
6 6
5 5
4 4
3 r u r 3 r u r
2 u r 2 u r
1 1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
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Fig. 4.10 { Le concept s = [3; 5] [1; +1] [ [2; 7] [2; 3] (gure de gauche) couvre tous les
points d'apprentissage, positifs (carres) comme negatifs (triangles). Il n'est donc pas
coherent avec les donnees d'apprentissage. En revanche le concept z = [3; 3] [1; 6] [
[5; 25] [1; 4] (gure de droite) est coherent avec ces donnees : il couvre tous les
exemples positifs et aucun exemple negatif.
Nous allons voir maintenant comment construire S et G a partir des exemples, et nous
verierons que tout element de l'espace des versions est plus specique qu'un certain element de
G et moins specique qu'un certain element de S .
4.3.2 L'algorithme d'elimination des candidats
L'apprentissage par l'espace des versions est associe a un algorithme de construction des
solutions, appele l'elimination des candidats (algorithme 4.1).
Il procede de maniere iterative, exemple par exemple, en mettant a jour S et G. Sa conver-
gence est assuree par un theoreme (non demontre ici) qui prouve qu'un seul examen de chaque
exemple sut et que l'ordre de presentation des exemples n'in
ue pas sur le resultat de l'algo-
rithme.
Cet algorithme gere deux procedures Generaliser(s,x,G) et Specialiser(g,x,S), qui
seront utilisees pour remplacer dans G (respescivement S ) un concept devenant trop specique
(respectivement trop general) par un ou plusieurs autres concepts permettant de respecter les
contraintes de consistance. Ces procedures se denissent gr^ace aux notions de specialisation
minimale et de generalisation minimale. La gure 4.11 illustre les dierents cas qui peuvent se
rencontrer lors de la mise a jour des bornes S et G par l'algorithme d'elimination des candidats.
Il est donc demontre que cet algorithme iteratif remplit le but xe : il permet de trouver S et
G. A partir de la il autorise la caracterisation de tous les concepts coherents avec les exemples.
4.3.3 Deux exemples
4.3.3.1 Encore les rectangles
Generalisation et specialisation minimale
Dans l'exemple des rectangles, les denitions de la specialisation minimale et de la generalisa-
tion minimale sont faciles a comprendre intuitivement :
E tant donnes une hypothese et un objet, la generalisation minimale consiste a elargir l'un
des deux rectangles en deplacant le c^ote adequat jusqu'a ce qu'il englobe juste l'objet. Le
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 141
G (b)
x
x
x
(a') x (d')
(c)
(a) x x
x (d) x
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(b')
S
Fig. 4.11 { Cette gure schematise les dierents cas possibles lors de la mise a jour des en-
sembles S et G par l'algorithme d'elimination des candidats. Les cas (a), (b), (c)
et (d) correspondent a la mise a jour de S pour tenir compte d'un exemple posi-
tif. On suppose ici qu'un element de S ne couvre pas ce nouvel exemple et doit
^etre generalise. Les
eches en pointilles illustrent le cas ou quatre directions de
generalisations seraient possibles. La direction (b) doit ^etre eliminee car elle corres-
pond a une surgeneralisation : l'hypothese produite est en eet plus generale qu'une
hypothese de G et doit donc couvrir des exemples negatifs. L'hypothese (d) doit
egalement ^etre ecartee car elle est plus generale qu'une autre hypothese de S qui est
coherente avec les exemples. Il reste donc les hypotheses (a) et (c) qui remplaceront
l'ancienne hypothese dans S . Les cas (a'), (b') et (d') illustrent des cas duaux dans
le cas de la mise a jour de l'ensemble G pour tenir compte d'un nouvel exemple
negatif.
plus simple est de voir cette operation (qui peut se faire de deux facons) sur la gure 4.12.
Il est clair que les concepts obtenus sont tous les deux plus generaux que celui dont on est
parti.
La specialisation minimale consiste a reduire l'un des deux rectangles en deplacant le c^ote
adequat jusqu'a ce l'objet se trouve juste exclu de l'hypothese. Il y a deux ou quatre facons
de s'y prendre, selon la position du point dans le concept (voir la gure 4.12).
142 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Algorithme 4.1 Algorithme d'elimination des candidats.
Initialiser G comme l'ensemble des hypotheses les plus generales de H
Initialiser S comme l'ensemble des hypotheses les moins generales de H
pour Chaque exemple x faire
si x est un exemple positif alors
Enlever de G toutes les hypotheses qui ne couvrent pas x
pour Chaque hypothese s de S qui ne couvre pas x faire
Enlever s de S
G
eneraliser(s,x,S )
c'est-a-dire : ajouter a S toutes les generalisations minimales h de s telles que :
h couvre x et
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Deroulement de l'algorithme
Reprenons l'ensemble d'apprentissage :
x1 x2 Classe
3 2 +
5 3 +
3 3 +
2 2 ;
4 3 ;
Il est represente sur la gure 4.13. Le deroulement de l'algorithme d'elimination des candidats
se fait alors comme suit :
DEBUT
Initialisation
G0 = [;1; +1] [;1; +1)
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 143
8 8 8
7 7 7
6 6 6
5 u 5 u 5 u
4 4 4
3 r 3 r 3 r
2 2 2
1 1 1
0 0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
Fig. 4.12 { A gauche, un concept qui couvre un exemple negatif et ne couvre pas un exemple
positif. Au centre, une generalisation minimale possible de ce concept par rapport a
l'exemple positif. A droite, une specialisation minimale possible du m^eme concept
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3 r u r
2 u r
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Fig. 4.13 { L'ensemble d'apprentissage. Les exemples sont representes par des carres et les
contre-exemples par des triangles.
S0 = ;
Lecture de l'exemple positif (x1 = 3; x2 = 2)
G = G0
S = f[3; 3] [2; 2]g
Lecture de l'exemple positif (x1 = 5; x2 = 3)
G = G0
S = f[3; 3] [2; 2] [ [5; 5] [3; 3]g
Lecture de l'exemple positif (x1 = 3; x2 = 3)
G est inchange.
S = f [3; 3] [2; 2] [ [3; 5] [3; 3];
[3; 3] [2; 3] [ [5; 5] [3; 3] g
Comme le langage des concepts est limite a l'union d'au plus deux rectangles, il y a ici une
generalisation : le point (x1 = 4; x2 = 3) est admis par le premier element de S .
144 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
3 r r
2 r
0
0 1 2 3 4 5 6 7
Fig. 4.14 { Apres la lecture du troisieme exemple positif, S possede deux elements : la paire de
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rectangles grisee et celle en blanc. Tous ces rectangles ont soit une largeur nulle,
soit une hauteur nulle, soit les deux. Dans ce dernier cas, ils sont reduits au point
d'apprentissage.
Fig. 4.15 { Apres la lecture du quatrieme exemple (negatif), G possede trois elements et S est
inchange.
5 5 5
4 4 4
3 r r 3 r r 3 r r
2 u r 2 u r 2 u r
1 1 1
0 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
Fig. 4.16 { Trois autres possibilites d'elements de G ont ete eliminees, car elles ne couvrent
aucun element de S.
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6 6
5 5
4 4
3 r u r 3 r u r
2 u r 2 u r
1 1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Fig. 4.17 { Apres la lecture du cinquieme exemple (negatif), S et G n'ont chacun qu'un seul
element : s et g.
7 7
6 6
5 5
4 4
3 r u r 3 r u r
2 u r 2 u r
1 1
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Pour le concept :
v4 = (V RAI; [0; 59]; [46; +1]; Roux)
et l'exemple :
(FAUX; 60; 47; Orange)
on obtient la generalisation minimale :
(?; [0; 60]; [47; +1]; CouleurChaude)
Deroulement de l'algorithme
Pour simplier cet exemple, nous allons eliminer le troisieme attribut, l'Envergure. Les
donnees d'apprentissage sont donc les suivantes :
Aplati Taille Couleur Classe
e1 = V RAI 30 Roux +
e2 = FAUX 70 Gris ;
e3 = V RAI 40 Orange +
e4 = FAUX 60 Orange ;
DEBUT
Initialisation
G = (?; ?; ?)
S=;
Z Z
OP2 : u dv = uv ; v du
La regle de l'identite :
OP3 : 1 f (x) = f (x)
L'integrale d'une somme est la somme des integrales :
Z Z Z
OP4 : [f1 (x) + f2 (x)] dx ;! r f1 (x) dx + f2 (x) dx
La primitive de la fonction sin(x) :
Z
OP5 : sin(x) dx = ; cos(x) + c
La primitive de la fonction cos(x)
Z
OP6 : cos(x) dx = sin(x) + c
La regle d'integration des fonctions puissance :
Z n+1
OP7 : xn dx = nx + 1 + c
Au debut de leur apprentissage, les eleves connaissent ces regles mais ne savent pas exacte-
ment dans quel contexte il est judicieux d'appliquer chacune d'entre elles. De ce fait, ils mettent
beaucoup de temps a resoudre les problemes car ils se perdent dans de nombreuses impasses.
Au fur et a mesure de leur entra^nement, ils apprennent a appliquer ces regles juste au moment
ou elles font progresser vers la solution. C'est ce type d'apprentissage qu'essaie de simuler le
systeme Lex.
Au debut de son apprentissage, le systeme conna^t un ensemble d'operateurs d'integration
symboliques tels que ceux donnes plus haut. Il est egalement dote d'une taxonomie sur les
concepts de fonctions mathematiques (voir gure 4.19). Le systeme suit alors un cycle qui
est schematise sur la gure 4.20. A chaque cycle, un module fournit un exercice a resoudre.
Un systeme de resolution de probleme tente alors de trouver une solution en encha^nant des
operateurs d'integration. Cela fournit un arbre de resolution qui peut aboutir a une solution
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 149
expr
+ - * / ^ ∫ der u v w x y
k prim (comb f f)
transc poly op
... -1.5 -1 0 1 2.5 5 6 7 ...
trig explog monom (+ monom poly)
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Fig. 4.19 { Une taxonomie des fonctions de base telle que celle employee par le systeme Lex.
ou a un echec (par exemple si le systeme ne trouve pas de solution avec les ressources calcul
allouees). Chaque utilisation des operateurs selon une branche ayant mene a un succes fournit
un exemple positif de l'emploi de cet operateur (en fait il faut aussi examiner si la solution est
optimale). Inversement, chaque utilisation d'un operateur le long d'une branche ayant mene a un
echec correspond a une utilisation erronee de cet operateur et fournit donc un exemple negatif
de contexte d'utilisation. Ces exemples et contre-exemples sont alors fournis a un systeme d'ap-
prentissage utilisant l'algorithme d'elimination des candidats qui calcule ainsi les bornes S et
G denissant les contextes dans lesquels il est approprie d'utiliser l'operateur considere (voir la
gure 4.21 pour un exemple de cycle).
Génération
de problèmes
Heuristiques
Exercice partiellement
apprises
Résolution
Généralisation
de problèmes
Trace détaillée de la
Exemple
tentative de résolution
d'apprentissage
de l'exercice
Critique
Génération
de problèmes Espace des versions pour l'utilisation de
l'opérateur OP2 :
Résolution
Généralisation
de problèmes
La partie la plus co^uteuse de l'algorithme est le test qui verie pour chaque couple de
generalisations de l'ensemble frontiere en construction l'absence de relation d'ordre entre les
deux elements. L'espoir est que le nombre des elements de l'ensemble frontiere reste petit par
rapport au nombre d'exemples.
Helas, la taille des ensembles frontiere peut rapidement atteindre des valeurs importantes
dans des cas reels. Il est possible de trouver un exemple simple ou la taille de l'ensemble G cro^t
exponentiellement avec le nombre de contre-exemples presentes.
Supposons que chaque exemple soit decrit par un vecteur de 2m attributs booleens xi ; i =
1; : : : ; 2m et que le langage des generalisations corresponde a l'ensemble des conjonctions qu'on
puisse former sur les attributs. On se donne la presentation suivante des exemples :
1. Un exemple positif dont tous les attributs sont a V RAI
2. m exemples negatifs dont tous les attributs sont a V RAI , sauf xj et xj +m ; j = 1; : : : ; m,
qui sont FAUX .
L'ensemble G resultant est fxi1 ^ xi2 : : : ^ xim j ik 2 fk; k + mgg et contient 2m elements.
Un cas particulier est celui ou l'ensemble H est de taille nie : on sait alors que sa VC-
dimension l'est aussi, et on peut se ramener directement au cas presente au chapitre 2.
Propriete 4.3
Soit H de taille nie et un ensemble de m exemples d'un concept-cible h. Pour :
N (log(1=) + log j H j)=
la probabilite d'avoir la propriete (( toutes les solutions de l'espace des versions construit sur les
exemples ont une probabilite d'erreur inferieure a vis-a-vis de h )) est d'au moins 1 ; .
Les deux proprietes precedentes quantient donc a la maniere PAC une approximation a
priori de la qualite de l'apprentissage par l'espace des versions en fonction du nombre d'exemples
presentes.
A titre d'illustration, en supposant qu'il s'agisse d'apprendre des k ; DNF 9 par cette tech-
nique, on peut remplacer dans la formule ci-dessus log j H j par (2d)k . Si les exemples sont
decrits par 10 attributs, que k vaut 3 et que l'on se xe et a 1=10, il faudra prendre : m 100.
L'idee de la representation par treillis de Galois est de ne pas garder les exemples sous forme
de matrice de V RAI et FAUX , ou ici de 0 et de 1, mais de les transformer en une representation
ordonnee, comme sur la gure 4.22.
;; S
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X;;
Que signie un tel diagramme? Le niveau superieur de la gure, composee d'une seule case,
correspond a l'absence d'attribut ; le niveau en dessous, compose de trois cases, exprime la
relation des exemples avec un attribut parmi les quatre ; le niveau suivant exprime la relation
des exemples avec deux attributs, etc. On devrait selon ce principe s'attendre a trouver dans le
second niveau les cinq cases de la gure 4.23.
fx3 g; fs1; s2 ; s4 gfx1 g; fs1; s3 ; s4 g fx4 g; fs2; s3 g fx2 g; fs1; s4 g fx5 g; fs2g
Fig. 4.23 { La premiere ligne complete.
Mais on ne represente que celles qui sont indispensables: comme l'ensemble fs1 ; s4 g est
strictement inclus dans l'ensemble fs1 ; s3 ; s4 g, la variable x1 rend l'ecriture de x2 inutile a ce
niveau. De m^eme, x5 est rendue inutile par x4 ou par x3 .
Pour tracer un trait representant la relation d'ordre entre les elements de niveau dierent
dans le treillis de Galois, il faut que les deux composantes representant les attributs et les
exemples soient en double relation d'inclusion stricte, mais en sens inverse. Par exemple, la
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 153
case fx1 g; fs1 ; s3 ; s4 g est en relation avec la case fx1 ; x4 g; fs3 g puisque fx1 g fx1 ; x4 g et
fs1 ; s3; s4g fs3 g.
Cette structure resume parfaitement les relations de generalite des attributs vis-a-vis des
objets et, symetriquement, celles objets vis-a-vis des attributs. Il est evidemment possible de
reconstituer le tableau des donnees d'apprentissage a partir de celle-ci. On peut aussi demontrer
que le treillis de Galois construit sur une matrice binaire est unique. Divers algorithmes, soit
prenant en compte tous les exemples a la fois, soit incrementaux, ont ete proposes pour realiser
cette construction. Il est important de remarquer que la taille du treillis peut ^etre exponentielle
en fonction du nombre d'attributs.
4.5.2 L'utilisation pour l'apprentissage
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En quoi cette relation d'ordre particuliere dans le langage des exemples peut-elle ^etre utile
a l'apprentissage? Par la structuration qu'elle degage des donnees, qui permet de les explorer
de maniere organisee. Si les donnees sont partagees en exemples positifs et negatifs et que l'on
cherche a elaborer un concept correct le plus general possible, une technique est de travailler de
maniere ascendante dans la structure du treillis.
Sur notre exemple, supposons que les objets s2 et s3 soient les exemples et s1 et s4 les contre-
exemples. La remontee dans le treillis se fait en suivant la relation d'ordre, successivement par
les cases X ; ; fx3 ; x4 ; x5 g; fs2 g fx4 g; fs2 ; s3g . Il n'est pas possible d'aller plus loin
car les objets s1 et s4 seraient couverts. Dans ce cas precis, le concept est compatible avec les
donnees et il est facile de verier que l'attribut x4 mammifere forme a lui tout seul ce concept.
Dans des cas plus complexes, le test d'un concept se fait de la m^eme facon, en contr^olant sa
coherence au fur et a mesure de la progression dans le treillis. Il est possible que celle-ci soit mise
en echec si les exemples sont bruites, par exemple si l'un est a la fois negatif et positif. Dans
ce cas, la structure permet de trouver le concept correct le plus general, le concept complet le
moins general, ou un compromis entre les deux 10.
La plupart du temps, le treillis n'est pas construit avant l'apprentissage, mais en parallele
avec la creation du concept. On ne developpe que la partie necessaire au fur et a mesure. Cette
technique permet d'eviter une explosion combinatoire, mais oblige a faire des choix sur lesquels
on ne pourra pas toujours revenir.
Nous n'avons pas precise quel espace d'hypotheses ni quelle methode d'apprentissage utiliser,
car tous les deux sont a la disposition de l'utilisateur: la structure en treillis de Galois induit une
technique coherente d'exploration des donnees quel que soit le type du concept cherche 11 et quel
que soit l'algorithme d'apprentissage proprement dit. Par exemple, les methodes d'apprentissage
par plus proches voisins (chapitre 14) sont utilisees dans ce cadre ([NN97]).
humaine sur des t^aches particulieres. Ainsi, le systeme Arch de P. Winston (1970) [Win70],
simulait l'apprentissage d'un concept (celui d'arche) a partir d'exemples positifs et negatifs
d'arches. Le systeme AM de Doug Lenat [Len78] simulait le raisonnement d'un mathematicien
en train d'aborder la theorie des nombres et de faire des conjectures dans ce domaine. Dans tous
les cas, il etait suppose que le concept cible (ou la connaissance cible) etait connaissable par un
agent humain, et donc par le systeme apprenant cense le simuler. D'une part, cela allait de pair
avec des approches theoriques de l'apprentissage portant sur l'identication exacte du concept
cible et non sur une approximation. D'autre part, cela conduisait a considerer des algorithmes
explorant l'espace des hypotheses possibles en adaptant et en modiant progressivement une hy-
pothese unique, de m^eme qu'apparemment un agent humain raisonne sur la base de la meilleure
hypothese courante et l'adapte si necessaire. Les idees contenues dans la these de Tom Mitchell
ont profondement bouleverser ce point de vue.
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D'abord, l'idee d'espace des versions, l'ensemble de toutes les hypotheses coherentes avec les
donnees d'apprentissage, met soudain a distance les systemes articiels et leurs contreparties na-
turelles. Cela autorise a etudier des algorithmes d'apprentissage nouveaux et sans necessairement
de plausibilite psychologique. L'algorithme d'elimination des candidats en est un exemple. En-
suite, il devient naturel de s'interroger sur l'espace des hypotheses m^eme et sur sa capacite a
contenir le concept cible. Cela a conduit Mitchell a souligner l'inevitabilite d'un biais pour ap-
prendre. Comme nous l'avons deja amplement discute dans les chapitres 1 et 2, la possibilite
de l'induction est completement dependante de la richesse de l'espace des hypotheses. Avant la
these de Mitchell, les chercheurs en intelligence articielle examinaient en quoi la representation
des connaissances choisie etait ou non favorable a des raisonnements pertinents pour le do-
maine considere (c'est en particulier toute l'essence des recherches de Lenat), en revanche il
n'etait pas question de s'interroger sur la possibilite, encore moins la necessite, d'avoir un espace
d'hypotheses limite. La realisation progressive de ce dernier point s'accompagne de l'essor des
travaux portant sur des theories de l'apprentissage comme techniques d'approximation et non
plus comme identication d'un concept cible. Le developpement concomittant du connexion-
nisme dans les annees quatre-vingt joue alors un r^ole de catalyseur en permettant l'intrusion des
mathematiques du continu, et donc des outils de l'analyse mathematique, comme l'optimisation
et la convergence, dans l'etude de l'apprentissage.
Pour terminer par une note philosophique, il est remarquable que la vision de l'appren-
tissage comme selection de bonnes hypotheses au sein d'un ensemble d'hypotheses possibles
donne a priori s'accorde a la vision actuelle de la biologie. La theorie de l'evolution de Dar-
win, celle de Changeux et de ses collegues (qui voient l'apprentissage comme elimination de
connexions dans le cerveau), et la theorie de Chomsky sur l'apprentissage de la langue naturelle
comme specialisation d'une grammaire universelle denissant l'enveloppe des langues possibles,
toutes ces demarches theoriques vont a l'unisson. L'approche actuelle de l'apprentissage arti-
ciel, considerant l'apprentissage comme la selection des hypotheses les plus performantes par
rapport aux observations, s'est nalement jointe a ce mouvement. L'avenir nous dira la destinee
de cet etonnant exemple multidisciplinaire de pensee unique.
Nous donnons dans ce qui suit quelques indications bibliographiques aux lecteurs interesses
par les recherches et les developpements portant sur les espaces des versions.
Les origines de l'apprentissage par generalisation et specialisation remontent au moins a
P. Winston ([Win75]) ; la formalisation et la resolution du probleme par l'espace des versions
sont une des etapes majeures de la naissance de la discipline. L'essentiel de la theorie et de
l'algorithmique a ete produit par T. Mitchell [Mit82]. La presentation qui en est faite ici et
l'exemple des rectangles sont repris du texte de Nicolas dans [Nic93]. Les concepts introduits
et l'algorithme d'elimination des candidats peuvent ^etre trouves dans presque tous les livres
Chapitre 4 Induction et relation d'ordre : l'espace des versions 155
d'intelligence articielle. Nous recommandons particulierement la presentation recente de T.
Mitchell [Mit97].
L'algorithme d'elimination des candidats a fait l'objet de l'examen critique du theoricien
David Haussler [Hau88] qui a souligne en particulier que la taille de la borne G de l'espace des
versions pouvait cro^tre exponentiellement avec le nombre d'exemples negatifs. Cette observa-
tion relativise evidemment l'avantage apporte par la consideration de ces bornes. Cependant,
l'examen de la preuve de Haussler laisse supposer que le phenomene de croissance exponentielle
ne peut se produire que pour des echantillons de donnees tres particuliers, et presentes dans un
ordre tres defavorable. Des chercheurs comme Hirsh [Hir90] ou Smith et Rosenbloom [SR90] ont
propose des heuristiques pour ameliorer l'ordre de presentation des exemples. Une limite plus
serieuse de l'approche de Tom Mitchell concerne les donnees bruitees, c'est-a-dire mal decrites
ou mal classees. L'insistance sur la stricte coherence des hypotheses de l'espace des versions avec
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les exemples condamne generalement l'algorithme original a ne pas pouvoir trouver d'hypothese
s'accordant aux donnees. Des propositions ont donc ete faites visant a rel^acher l'exigence de
stricte coherence. Hirsh [Hir90, Hir92] a ainsi presente un algorithme d'apprentissage dans le-
quel on forme un espace des versions pour chaque exemple positif, puis on en fait l'intersection.
Il montre que cette idee permet de traiter des donnees bruitees. Michele Sebag [Seb94a, Seb94b]
a pousse cette idee encore plus loin avec l'approche de disjunctive version spaces qui marie une
approche de generalisation en representation attribut-valeur avec la technique de l'espace des
versions.
L'apprentissage gr^ace a la structure en treillis de Galois a ete en particulier etudie par
[Gan93, Wil92a], [LS98]. La theorie de ces espaces est developpee dans [Bir67]. L'apprentissage
par plus proche voisins en liaison avec la construction de cette structure est en particulier etudiee
dans [NN97].
Resume
La methode de l'espace des versions vise a denir tous les concepts coherents
avec un ensemble d'exemples.
Comme le nombre de ces concepts peut ^etre inni, on s'interesse a une
denition de leur ensemble en intension.
Celle-ci est denie par deux ensembles nis S et G et une relation d'ordre sur
les concepts.
La recherche d'un concept particulier se fait, comme dans les treillis de Galois,
en exploitant la structure algebrique des solutions potentielles.
La methode de l'espace des versions est d'une grande importance historique et
methodologique. Son inter^et pratique est loin d'^etre nul.
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156
PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Chapitre 5
La programmation logique inductive
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Mais cela ne le satisfait pas, car il n'y a aucune generalisation. Il essaie donc d'utiliser la connais-
sance supplementaire fournie par l'expert et obtient ceci, apres avoir essaye un grand nombre
de formules :
env-sup(x2 ; x1 ) ^ E (x1 ) ^ E (x2 ) ^ male(x1 ) ^ fem(x2 )
^ env-sup(x4; x3) ^ P (x3) ^ P (x4) ^ male(x3 ) ^ fem(x4)
^ meme-esp(x1; x2 ) ^ meme-esp(x3; x4)
(( Bon, dit l'expert, nous y sommes presque. Nous savons tous les deux que les eperviers et
les faucons sont des rapaces, mais pas les sarcelles. Pouvez-vous utiliser cette information? ))
(( Voyons cela )), r
epond le debutant :
env-sup(x2 ; x1 ) ^ rapace(x1 ) ^ rapace(x2 ) ^ male(x1 ) ^ fem(x2 )
^ env-sup(x4 ; x3 ) ^ rapace(x3 ) ^ rapace(x4 ) ^ male(x3) ^ fem(x4)
^ meme-esp(x1; x2) ^ meme-esp(x3; x4)
160 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
((Cette fois, c'est presque bon. Je vous donne une derniere cle. Que dites-vous de la formule
suivante? ))
env-sup(X ; Y ) ^ rapace(X ) ^ rapace(Y ) ^ meme-esp(X ; Y ) ^ male(Y ) ^ fem(X )
((Elle signie que, pour toutes les especes de rapaces (et non pour les autres oiseaux), la femelle
d'une espece est d'envergure superieure au m^ale )) repond le debutant (( mais je n'aurais pas su
la trouver : je ne connaissais ni les predicats relationnels ni les expressions avec des variables )).
Notations utiles pour le chapitre
relation d'inclusion dans X . Si h1 < h2 implique que h1 est aussi generale que h2 , la relation de
subsomption est dite saine (sound) ; si h1 est aussi generale que h2 implique que h1 < h2 , alors
la relation de subsomption est dite complete (complete). Lorsque la relation de subsomption est
saine, on peut demontrer que l'espace des versions correspondant a un ensemble d'exemples est
convexe par rapport a la relation <. Gr^ace a cela, on peut alors representer l'espace des versions
par une borne inferieure : le S-set, et par une borne superieure : le G-set.
La complexite de l'induction supervisee depend donc du langage d'expression des hypotheses
H. Dans le chapitre 4, nous avons essentiellement fait reference a des langages d'hypotheses en
attributs-valeurs. Ceux-ci sont souvent insusants pour decrire des domaines dans lesquels il
est necessaire de pouvoir decrire des relations (comme dans le domaine des arches decrits dans
le chapitre 2 ou dans l'exemple introductif avec les relations de comparaison d'envergure). C'est
pourquoi on est tente d'utiliser la logique des predicats ou logique du premier ordre. Mais est-
il alors raisonnable de vouloir pratiquer de l'induction avec un tel langage d'expression des
hypotheses? Nous examinons le prix a payer dans la suite.
Dans le langage de description des hypotheses par attributs-valeurs, une expression peut
prendre la forme :
(taille = grande) _ (couleur = rouge) _ (forme = carre)
denotant le concept (( grands carres rouges )). La m^eme expression sert a la fois a denoter
un exemple (un certain (( grand carre rouge ))) et un ensemble d'exemples (tous les grands
carres rouges). La logique par attributs-valeurs n'est pas capable de faire la distinction entre les
exemples et les hypotheses. Cela revele un manque de pouvoir expressif, mais permet l'astuce
de la representation unique (single representation trick), ce qui signie en pratique que le test
de couverture d'un exemple par une hypothese est le m^eme que le test de subsomption entre
deux hypotheses. Ce test est aise dans le cas de la logique des attributs-valeurs et de la logique
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Clause1 subsume Clause2 s'il existe une substitution applicable a Clause1 et telle que
tous les litteraux dans la clause ainsi obtenue apparaissent dans Clause2.
Il est a noter que si Clause1 -subsume Clause2, alors on a aussi Clause1 j= Clause2. En
revanche, la reciproque n'est pas toujours vraie, comme le montre l'exemple suivant :
list([V|W]) :- list(W).
list([X,Y|Z]) :- list(Z).
E tant donnee la liste vide, la premiere clause construit des listes de n'importe quelle longueur,
tandis que la seconde construit des listes de longueur paire. Toutes les listes construites par la
seconde clause peuvent aussi l'^etre par la premiere, qui est donc plus generale. Pourtant, il n'y
a pas de substitution applicable a la premiere clause et permettant d'obtenir la seconde (une
telle substitution devrait appliquer W a la fois sur [Y|Z] et sur Z, ce qui est impossible). La -
subsomption est donc plus faible que l'implication. Elle a en outre des limitations redhibitoires
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si l'on veut induire des clauses recursives. Soit en eet, les clauses : p(f(f(a))) :- p(a) et
p(f(b)) :- P(b). Si l'on cherche la plus petite g eneralisation par rapport a la -subsomption,
on trouve la clause : p(f(Y)) :- p(X), tandis que la clause p(f(X)) :- p(X), plus satisfaisante,
ne peut ^etre trouvee. Le probleme est que la -subsomption ne peut prendre en compte les clauses
qui peuvent ^etre resolues avec elles-m^emes.
5.1.3.2 L'implication
On pourrait envisager d'utiliser l'implication pour denir la subsomption entre clauses :
Clause1 subsume Clause2 si Clause1 j= Clause2
Cela introduit cependant deux problemes. Le premier est qu'il s'agit d'une denition semantique
(s'appuyant sur la theorie des modeles) et qu'il reste donc a preciser la procedure eective de
preuve de subsomption ainsi que la procedure permettant de generaliser une clause. Le second
probleme est que la plus petite generalisation (lgg) n'est pas toujours unique si la subsomption
est denie comme l'implication logique. Soit par exemple les deux clauses :
list([A,B|C]) :- list(C).
list([P,Q,R|S]) :- list(S).
Selon l'implication logique, ces clauses ont deux lgg :
list([X|Y]) :- list(Y) et list([X,Y|Z]) :- list(V).
Selon la -subsomption, seule cette derniere est une lgg. Il est a noter que la premiere lgg est en
realite plus plausible.
5.1.3.3 La subsomption des theories
Jusque-la nous avons seulement considere la subsomption entre deux clauses. Dans la plu-
part des cas interessants cependant, nous devons prendre en compte des ensembles de clauses
decrivant des theories 6 sur le monde. Il faut donc denir aussi la subsomption entre theories.
Par exemple, soit la theorie :
concept5(X) :- petit(X), triangle(X).
polygon(X) :- triangle(X).
Elle est impliquee logiquement par la theorie suivante :
concept5(X) :- polygone(X).
polygon(X) :- triangle(X).
puisque tout modele de la seconde est un modele de la premiere theorie. Pourtant, la clause :
6. En programmation logique, une theorie est simplement denie comme un ensemble de clauses.
Chapitre 5 La programmation logique inductive 165
concept5(X) :- petit(X), triangle(X).
n'est pas logiquement impliquee par la clause :
concept5(X) :- polygone(X).
La subsomption entre theories ne peut donc pas ^etre reduite a la subsomption entre clauses.
5.1.3.4 La subsomption relative a une theorie
Nous devons avoir recours dans ce cas a la notion de subsomption relative a une theorie
entre deux clauses. Par denition : Clause1 subsume Clause2 relativement a la theorie T si T ^
Clause1 j= Clause2, ce que nous notons : Clause1 j=T Clause2.
Par exemple, supposons que T contienne la clause :
polygon(X) :- triangle(X).
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Ce tableau illustre une fois de plus le compromis existant entre l'expressivite d'un langage et
les raisonnements qui peuvent ^etre realises. Il est par ailleurs important de noter que l'utilisation
d'un langage causal sans symbole de fonction conduit a une structure de treillis. C'est pourquoi
la plupart des travaux en PLI se placent dans ce cadre.
Avant d'aborder les moyens eectifs d'exploration de l'espace des hypotheses, il est necessaire
de rappeller plus formellement quelques concepts de base en logique.
predicats, autrement dit quels sont les concepts que nous cherchons a apprendre. Ces concepts
sont construits a partir de symboles primitifs (les variables, les connecteurs, les quanticateurs,
les predicats, les fonctions et les parentheses), en respectant une syntaxe stricte. Cette syntaxe
permet, par l'application de certaines regles, de realiser des demonstrations dans ce systeme
formel, c'est-a-dire de deduire des theoremes a partir d'axiomes. Finalement, une semantique
doit ^etre proposee pour permettre une interpretation hors de ce systeme formel qui n'a pas de
signication en soi ([NS93, GN88, Tau94]).
5.2.1 La syntaxe de la logique des predicats
Les formules logiques sont ecrites dans un langage construit a partir des symboles primitifs
suivants :
Variables X; Y : : : Une variable prend ses valeurs sur un domaine. Des exemples de domaines
sont : l'ensemble des nombres entiers, l'ensemble des clients d'une compagnie d'assurances.
Constante a; b; : : : , jerome; laure; : : : , 1; 2; : : : , V RAI , FAUX , : : : Un ensemble de constantes
forme le domaine d'une variable. Une instanciation d'une variable est une constante de
son domaine.
Connecteur :, _, ^, ;!, !
Quanticateur 8, 9
Predicats P; Q; : : : , sont ; maries, : : :
Un predicat possede une arite a (le nombre d'arguments sur lequel il porte) qui doit
valoir au moins 1. On note, si besoin est, le predicat de maniere plus complete par : P=a.
Un predicat est une relation entre plusieurs domaines de variables, autrement dit une
application de l'ensemble de ces domaines dans fV RAI; FAUX g. Par exemple, pour le
predicat sont ; maries=2 : sont ; maries(jerome; laure) = V RAI .
Fonction f , g; : : : , age ; aine : : :
Une fonction diere d'un predicat par la nature de son resultat, qui peut appartenir a
n'importe quel domaine. Par exemple, pour la fonction age;aine/2 : age;aine(jerome; X )
a pour valeurs l'age de l'a^ine(e) de jerome (leur mere n'est pas ici precisee). Une fonction
d'arite 0 n'est autre qu'une constante.
Parentheses (, ).
5.2.1.1 Le langage de la logique des predicats
Terme Un terme est deni recursivement comme
soit une constante ;
Chapitre 5 La programmation logique inductive 167
soit une variable ;
soit une fonction appliquee a des termes, c'est-a-dire une expression de la forme :
f (t1; : : : ; tm ) ou f est une fonction d'arite m et les ti sont des termes.
Un exemple de terme : sont ; maries(pere(laure); mauricette)
Litteral Un litteral est un predicat applique a des termes, eventuellement precede du symbole
:. C'est donc une expression de la forme : p(t1 ; : : : ; tm) ou :p(t1; : : : ; tm), ou p est un
symbole de predicat et les ti sont des termes.
Un exemple de litteral : plus ; grand ; que(age(pere(X )); age(mauricette))
Atome Un litteral positif (c'est-a-dire non precede du symbole :) est appele un atome. Un
litteral qui ne contient pas de variable est dit clos ou completement instancie. Par exemple :
age(pere(jerome)) est un atome clos.
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T^ete et corps de clause denie A, le seul litteral positif d'une clause denie est appele t^ete de
la clause et la conjonction B1 ; : : : ; Bm est le corps de la clause.
Une clause unitaire est une clause denie qui n'est composee que de son unique litteral
positif A ; elle est donc notee A ;
Clause but Une clause but est une clause de Horn qui n'a aucun litteral positif ; elle est donc
notee : ; B1 ; : : : ; Bm
Programme logique deni Un programme logique deni, ou pour simplier un programme lo-
gique, est un ensemble de clauses denies.
Par exemple :
enfant(X; Y ) ; fille(X; Y )
enfant(X; Y ) ; fils(X; Y )
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fils(laurent; gaston) ;
fils(julien; laurent) ;
fille(laure; gaston) ;
fils(jerome; laure) ;
grand ; parent(gaston; julien) ;
grand ; parent(gaston; jerome) ;
grand ; parent(gaston; julien) ;
grand ; parent(gaston; jerome) ;
grand ; parent(X; Y ) ; enfant(Z; X ); enfant(Y; Z )
Programme Prolog Un programme Prolog est un programme logique deni. Une requ^ete est
une clause but. Par exemple :
; enfant(Z; T ) % une clause but
enfant(X; Y ) ; fille(X; Y ) % une clause
enfant(X; Y ) ; fils(X; Y )
fils(laurent; gaston) ; % un fait
fils(julien; laurent) ;
fille(laure; gaston) ;
fils(jerome; laure) ;
5.2.2 Systeme de preuve pour les langages de clauses
E tant donne un programme logique P , le but est de faire des raisonnements a partir de ce
programme an de savoir, par exemple, quels faits sont V RAI etant donne P .
En pratique, la preuve dans un programme Prolog se fait en utilisant la regle d'inference
logique dite de modus ponens, qui s'enonce informellement : (( Si () et ( implique ) sont
V RAI , alors ( ) est V RAI )), et se note classiquement :
^ ( ;! )
L'algorithme de resolution, formalise par Robinson [Rob65], est employe pour cette demonstra-
tion. Nous allons le presenter apres avoir introduit les notions de substitution et d'unication.
5.2.2.1 La substitution
Une substitution est une liste nie de paires Xi =ti , ou Xi est une variable et ti un terme. Si
est la substitution fX1 =t1 ; : : : Xi =ti; : : : Xn=tn g, l'ensemble des variables fX1 ; : : : Xng est note
dom().
Chapitre 5 La programmation logique inductive 169
Une substitution s'applique a une formule F en remplacant chaque occurrence des variables
de dom() par le terme correspondant, le resultat etant note F.
L'unicateur le plus general (upg) est une substitution telle que pour tout unicateur , il
existe une substitution
telle que
= .
Il est demontre que l'upg de deux clauses est unique a un renommage de variables pres.
5.2.2.4 La resolution
La resolution d'un programme logique consiste en une suite d'etapes, chacune construisant
une nouvelle clause a partir de deux. Dans le cas d'un programme Prolog, dont les clauses sont
d'une forme particuliere (clauses denies et requ^etes ne contenant que des litteraux), on peut
appliquer une methode adaptee : la SLD-resolution.
Une etape de SLD-resolution 9 est denie comme suit. Soit deux clauses Prolog :
C1 : H1 A ; a
C2 : H2 b
ou H1 , a et b sont des conjonctions (eventuellement vides) d'atomes. A est un litteral quelconque
du corps de C1 , et a est le reste du corps de C1 .
On dit que C1 peut ^etre resolue avec C2 si H2 et A s'unient avec un upg (soit, A = H2 ).
Le resultat de l'etape de resolution est la clause suivante, appelee resolvante :
Res(C1 ; C2 ): H1 b ; a
Par cette denition, on impose donc que le litteral resolu s'unie avec la t^ete de C2 et avec
un litteral du corps de C1 .
Sur la gure 5.1, on a C1 = fille(X; Y ) parent(Y; X ) et C2 = parent(claire; marie).
C2 = parent(claire,marie) C1 = fille(X,Y) parent(Y,X)
C = fille(marie,claire)
9. SLD pour : resolution lineaire avec fonction de selection pour clauses denies.
170 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Prolog est un langage concu pour fournir une partie utile et ecace de la technique de
demonstration par refutation. Precisement, Prolog est un systeme base sur un demonstrateur
de theoreme utilisant une forme particuliere de resolution : la resolution lineaire avec fonction
de selection pour clauses denies (resolution SLD). Cette strategie restreint le choix des clauses
a chaque etape de resolution, ainsi que le choix du litteral qui est utilise. Cela correspond a
une recherche en profondeur cherchant d'abord a satisfaire chaque sous-but avant de passer au
suivant. Si cette strategie de recherche est systematique et (relativement) ecace, elle ne garantit
malheureusement pas la terminaison des demonstrations. Prolog est en ce sens un demonstrateur
sans garantie de completude : des theoremes vrais peuvent ne pas ^etre demontres parce que le
demonstrateur tombe dans une branche innie.
Dans le formalisme de Prolog, la connaissance, ou theorie, est transcrite sous forme de faits
et de regles consideres comme des axiomes. Les requ^etes sont exprimees comme des theoremes
(clauses de Horn negatives) dont on demande au demonstrateur de prouver leur validite dans la
theorie.
{ t1 et t2 sont deux termes fonctionnels construits sur des symboles de fonction dierents.
Si t1 = f (c1; : : : ; cn ) et t2 = f (d1; : : : ; dn ), alors
lgg(t1 ; t2 ) = f (lgg(c1 ; d1 ); : : : ; lgg(cn ; dn ))
Pour appliquer cette regle, il faut prendre soin de verier que si 1 et 2 sont les deux
substitutions telles que lgg(t1 ; t2 )i = ti (i 2 f1; 2g), alors il ne doit pas exister deux
variables distinctes X et Y telles que X1 = Y 1 et X2 = Y 2 .
Par exemple, la generalisation la moins generale de f (a; b; a) et de f (b; a; b) est f (X; Y; X )
et non f (X; Y; Z ).
La lgg de deux litteraux construits sur le m^eme symbole de predicat est donnee par :
lgg(p(t1 ; : : : ; tn ); p(s1 ; : : : ; sn)) = p(lgg(t1 ; s1 ); : : : ; lgg(tn ; sn))
Enn, la lgg de deux clauses l0 ; l1 ; : : : ; ln et m0 ; m1; : : : ; mn est une clause qui a
pour t^ete lgg(l0 ; m0 ), et pour corps l'ensemble des lgg(li ; mi ) pour tout couple (li ; mi ) de
litteraux de m^eme signe et de m^eme predicat.
Pour illustrer la lgg, considerons les deux scenes constituees d'objets geometriques, representees
sur la gure 5.2 [MB96].
a f
b c d e
Scène S1 Scène S2
La premiere scene represente trois objets a, b, et c. L'objet a est un cercle, b est un carre et
c est un triangle. Les objets sont places de telle facon que a est au-dessus de b, et que b est situe
172 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
scene(S )
sur(S; A; B ); a gauche(S; C; D);
cercle(A); carre(C ); triangle(D):
Cette clause generalise les deux clauses precedentes et traduit le fait que dans les deux scenes,
l'objet circulaire se trouve au-dessus d'un autre objet, et que l'objet carre est a gauche de l'objet
triangulaire.
Nous illustrons le calcul de la rlgg de deux clauses en considerant l'exemple du tri rapide
(quick sort) [MF90]. La theorie du domaine, qui traduit la connaissance initiale sur le probleme
Chapitre 5 La programmation logique inductive 173
est constituee d'instances de litteraux construits sur les predicats partition=4 et append=3 :
partition(1; []; []; []) ;
partition(2; [4; 3; 1; 0]; [1; 0]; [4; 3]) ;
:::
append([]; [1]; [1]) ;
append([0; 1]; [2; 3; 4]; [0; 1; 2; 3; 4]) ;
:::
Supposons que l'on dispose d'un certain nombre d'exemples de tris realises a l'aide du predicat
qsort=2 :
qsort([]; []) ;
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La construction de la rlgg pose un certain nombre de problemes. En eet, comme nous l'avons
deja evoque, les atomes de la theorie du domaine T utilises dans le calcul de la rlgg doivent ^etre
des atomes lies. Cela impose une denition en extension de la theorie du domaine, ce qui n'est
pas concevable pour la majorite des problemes a resoudre. Pour resoudre ce probleme, [Bun88]
suggere de calculer cette denition en extension a partir du plus petit modele de Herbrand de la
connaissance initiale exprimee en intension. Cette methode n'est pas entierement satisfaisante,
puisqu'elle risque d'omettre un certain nombre d'instances de la theorie du domaine et fausser
le resultat de l'algorithme d'apprentissage. Plotkin, quant a lui, propose une methode pour
supprimer les litteraux logiquement redondants [Plo71a] [Plo71b]. Malheureusement, la detection
des litteraux redondants est co^uteuse puisqu'elle necessite la mise en place de techniques de
preuve de theoreme. De plus, les clauses debarassees de leurs litteraux redondants peuvent
encore contenir un grand nombre de litteraux.
5.3.3 Le calcul de lgg pour la resolution inverse
Plut^ot que de denir la subsomption par reference a la semantique, Muggleton a propose
de la denir a partir de la technique de preuve, qui en logique des predicats, est le principe de
resolution de Robinson utilise dans Prolog. Dans ce cadre, on dira qu'une clause subsume une
autre clause si elle permet la deduction de celle-ci par SLD-resolution. Plus formellement :
Denition 5.1 (SLD-subsomption)
Soit P un programme logique; une clause C est plus generale qu'une clause D au sens de la
SLD-subsomption relativement a P ssi C; P `SLD D.
En dehors du fait qu'elle prend en compte la theorie du domaine sous la forme du programme
P , l'un des inter^ets de cette denition est qu'elle induit, comme la -subsomption, des operations
syntaxiques sur les programmes qui sont les fondements de la technique d'apprentissage par
inversion de la resolution. Par ailleurs, la justesse de la SLD-resolution garantit que ce qui
derive d'une theorie par SLD-resolution est une consequence logique de cette theorie. En bref, si
C; P `SLD D, alors C; P j= D, ce qui fait de la SLD-subsomption un cas particulier (( constructif ))
de l'implication relative a une theorie.
On peut alors deriver analytiquement l'inversion de la resolution a partir de la regle de
resolution exprimee par l'equation 5.1. Tout d'abord, peut toujours s'ecrire sous la forme
d'une composition de substitutions 1 et 2 , avec i contenant les variables de Ci . L'equation
s'ecrit donc :
C = (C1 ; fL1 g)1 [ (C2 ; fL2 g)2 (5.1)
Chapitre 5 La programmation logique inductive 175
On restreint l'inversion de resolution a l'inference de clauses C2 qui ne contiennent aucun
litteral en commun avec C1 .
C ; (C1 ; fL1 g)1 = (C2 ; fL2g)2
or L1 1 = :L2 2 donc L2 = :L1 1 2;1 , on obtient ainsi :
C2 = (C ; (C1 ; fL1 g)1 )2;1 [ f:L1 1 2;1 g (5.2)
On note le non-determinisme de cet operateur, notamment concernant le choix de la clause
C1, et des substitutions 1 et 2 .
Dans le cadre de la PLI, S. Muggleton et W. Buntine ont donc eu l'idee d'inverser la resolution
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classique utilisee en programmation logique. Dans [Mug87], S. Muggleton introduit quatre regles
de resolution inverse. La notation BA s'interprete comme : on peut deduire A de B :
Absorbtion (operateur V)
q ; A p ; A; B
q ; A p ; q; B
Identication (operateur V)
p ; A; B p ; A; q
q ; B p ; A; q
Intra construction (operateur W)
p ; A; B p ; A; C
q ; B p ; A; q q ; C
Inter construction (operateur W)
p ; A; B q ; A; C
p ; r; B r ; A q ; r; C
Dans ces regles, les lettres minuscules representent des atomes et les lettres majuscules
des conjonctions d'atomes. Les regles d'absorbtion et d'identication inversent une etape de
resolution. La gure 5.3 montre comment l'operateur V inverse une etape de la resolution.
q A p q,B
p A,B
b1 = femme(marie) c2 = fille(marie,claire)
femme(marie),
parent(claire,marie)
b2 = parent(claire,marie) c1 = fille(marie,claire)
parent(claire,marie)
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e1 = fille(marie,claire)
q B p A,q q C
p A,B p A,C
Les operateurs d'intra construction et d'inter construction, appeles aussi operateurs W (gure
5.5) resultent de la combinaison de deux operateurs V qui representent chacun une etape inverse
de resolution.
Ces regles d'inference presentent la particularite d'introduire un nouveau predicat qui n'ap-
paraissait pas dans les preconditions des regles. Par exemple, l'operateur W de la gure 5.5
introduit le nouveau predicat q. On parle alors d'invention de predicat, utilisee par exemple
dans le systeme Cigol [MB88b]. L'invention de predicat est bien illustree par l'exemple de la
gure 5.6.
En eet, dans cet exemple, on dispose des deux clauses :
min(X,[Y|Z])
inf(X,s(X)) min(X,Z),inf(X,Y). inf(X,s(s(X)))
θ1 = {Y/s(X)} θ2 = {Y/s(s(X))}
min(X,[s(X)|Z]) min(X,[s(s(X))|Z])
min(X,Z). min(X,Z).
cherche a induire une hypothese H , composee d'un ensemble de clauses, telle que les quatre
conditions suivantes soient respectees :
Denition 5.2 (Semantique normale)
satisabilite a priori : T ^ E ; 6j= 2
satisabilite a posteriori : T ^ H ^ E ; 6j= 2
necessite a priori : T 6j= E +
condition a posteriori (completude) : T ^ H j= E +
La condition de satisabilite a priori permet de s'assurer que les exemples negatifs ne peuvent
pas ^etre deduits de la connaissance initiale.
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oncle(A,B)
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oncle(A,B) pere(A,B)
Clause la plus
spécifique
on peut elaguer toutes les clauses plus speciques que la clause oncle(A; B ) ; pere(A; B ) (zone
hachuree de la gure 5.7).
Mais l'espace de recherche n'est pas elague assez ecacement par cette propriete, qui rappelons-
le, decoule directement de la relation de subsomption entre hypotheses. Il faut donc denir des
biais supplementaires limitant davantage l'espace de recherche.
Les litteraux autorises dans les corps de clauses sont eux declares gr^ace a la directive modeb.
Par exemple, la declaration
modeh(1; plus(+int; +int; ;int))
specie que la t^ete des clauses de l'espace de recherche sera constituee du predicat plus=3 avec
trois arguments de type entier, les deux premiers arguments etant en mode entree et le dernier
en mode sortie.
Le systeme Foil 11 [Qui90] a ete developpe par J.R. Quinlan et a ensuite inspire d'autres
systemes parmi lesquels Focl [PK92], Foidl [MC95a], MFoil [Dze93], ICN et MULT ICN
[MV95]. Foil cherche a induire un programme logique qui couvre tous les exemples positifs
du concept a apprendre, et aucun exemple negatif. Chaque clause apprise est construite par
specialisation successive de la clause la plus generale par ajout d'un nouveau litteral. Le litteral
ajoute est choisi en calculant un gain d'information de facon similaire a la construction d'un arbre
de decision (voir le chapitre 11). L'utilisation de Foil impose une representation en extension
de la theorie du domaine. Foil permet de denir des biais syntaxiques (limitation du nombre
de variables apparaissant dans chaque clause, taux minimal de couverture des clauses, etc.). Il
est egalement possible de preciser les modes des arguments des predicats.
5.5.1.1 L'algorithme
Algorithme 5.2 Algorithme Foil
P ;;
Pos ; exemples positifs
tant que Pos est non vide faire
Neg ; exemples negatifs
C = q(X1 ; : : : ; Xn )
tant que Neg est non vide faire
Ajouter le litteral de meilleur gain au corps de C
Retirer de Neg les exemples negatifs non couverts par C
n tant que
Ajouter la clause apprise C a P
Retirer de Pos les exemples couverts par C
n tant que
Retourner le programme appris P
L'algorithme ci-dessus est l'algorithme de base du systeme Foil. La boucle la plus externe
permet de construire des clauses tant que tous les exemples ne sont pas couverts. La boucle
interne construit une clause en ajoutant un a un des litteraux qui ont le gain le plus eleve. Pour la
11. Le systeme Foil est accessible par ftp a l'adresse ftp.cs.su.oz.au/pub/foil6.sh
Chapitre 5 La programmation logique inductive 183
construction de chaque clause a l'etape i, Foil gere deux ensembles de tuples Ti+ et Ti; . Chaque
element de ces ensembles est une instance liee de la clause en construction correspondant a un
exemple couvert. Les tuples de Ti+ correspondent a des exemples positifs, et ceux de Ti; a des
exemples negatifs. A chaque etape, les ensembles Ti+ et Ti; sont calcules a partir des ensembles
Ti+;1 et Ti;;1 de l'etape precedente. La fonction de gain utilisee pour le choix du litteral L a
ajouter lors du passage a une nouvelle etape est calculee a partir du nombre d'elements des
dierents ensembles de tuples :
!
k T +k k Ti++1 k
kTi k + kTi; k ; log2 kTi++1 k + kTi;+1 k
gain(L) = n+i log2 + i
ou n+i est le nombre d'exemples positifs couverts par la clause en construction, et les Ti+1 sont
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oncle(P,P)
/* exemples positifs pour le predicat oncle */
remi,paul remi,franck michel,charles
;
/* exemples negatifs pour le predicat oncle */
alfred,alfred alfred,michel alfred,remi
alfred,franck alfred,charles alfred,paul
michel,alfred michel,michel michel,remi
michel,franck michel,paul remi,alfred
remi,michel remi,charles remi,remi
franck,paul franck,alfred franck,michel
franck,remi franck,franck franck,charles
charles,paul charles,alfred charles,michel
charles,remi charles,franck charles,charles
paul,paul paul,alfred paul,michel
paul,remi paul,franck paul,charles
.
*pere(P,P)
/* exemples positifs pour le predicat pere */
michel,paul alfred,michel alfred,remi
michel,franck remi,charles
184 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
;
/* exemples negatifs pour le predicat pere */
alfred,alfred alfred,franck alfred,charles
alfred,paul michel,alfred michel,michel
michel,remi michel,charles remi,alfred
remi,michel remi,remi remi,franck
remi,paul franck,alfred franck,michel
franck,remi franck,franck franck,charles
franck,paul charles,alfred charles,michel
charles,remi charles,franck charles,charles
charles,paul paul,alfred paul,michel
paul,remi paul,franck paul,charles
paul,paul
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12. Le systeme Progol est accessible par ftp a l'adresse suivante : ftp.comlab.ox.ac.uk/pub/Packages/ILP
Chapitre 5 La programmation logique inductive 185
Algorithme 5.3 Algorithme Progol
tant que il reste des exemples positifs faire
pour chaque exemple positif e faire
Construire la clause c1 la plus specique qui implique l'exemple e
Trouver une clause c2 plus generale que c1 (au sens de la -subsomption) telle que la
mesure de compression soit maximale
Retirer tous les exemples couverts par la clause c2
n pour
n tant que
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:- modeb(1,append(+ilist,[+int|+ilist],-ilist))?
% Types
ilist([]).
ilist([Head|Tail]) :- int(Head), ilist(Tail).
append([],List,List).
append([Head|Tail],List1,[Head|List2]) :- append(Tail,List1,List2).
Sur cet exemple, la strategie de parcours de l'espace de recherche par Progol est bien mise
en evidence. La clause la plus specique est d'abord calculee, puis Progol part de la clause la
plus generale et la specialise en ajoutant des litteraux. Pour chaque clause examinee, Progol
compte le nombre d'exemples positifs et negatifs couverts et fait une mesure de compression qui
lui permet de selectionner la clause a retenir.
de decoupage en elements nis. Les contraintes qui s'exercent sur la structure peuvent ^etre
exprimees par des equations dierentielles. Cependant il n'est pas possible de resoudre de telles
equations a l'aide d'un ordinateur en un temps acceptable. Pour resoudre ce probleme, les
ingenieurs decoupent la structure en un nombre ni d'elements, et utilisent des approximations
lineaires pour calculer les contraintes sur chaque partie elementaire de la structure.
Dans la pratique, il n'existe pas de methode generale permettant de realiser un maillage
acceptable pour une piece. GOLEM a ete utilise dans ce contexte en vue d'induire un modele de
la methode utilisee par les experts pour decouper les structures. Il faut noter que les experts ne
sont pas capables de modeliser leur methode de decoupage et que GOLEM est ici utilise pour
extraire cette expertise.
La densite du maillage depend des proprietes geometriques de l'objet, des forces et des
contraintes qui agissent sur l'objet, et des relations entre les dierents composants de l'objet.
Chapitre 5 La programmation logique inductive 187
Pour traiter ce probleme avec la PLI, une structure est representee par un ensemble d'ar^etes,
des proprietes sur les ar^etes, et des relations entre les ar^etes. Chaque objet est ainsi decrit en
speciant :
Le type de ses ar^etes : longue importante, importante, courte importante, pas importante,
circuit, demi-circuit : : :
Les dierentes conditions existants aux zones communes a plusieurs ar^etes : libre, xee sur
un c^ote, xee sur deux c^otes, completement xee.
Ls contraintes de charge qui s'exercent sur chaque ar^ete : pas de charge, chargee sur un
c^ote, chargee sur les deux c^otes, chargee de maniere continue.
La representation geometrique de l'objet. Les auteurs s'attachent a la notion d'ar^etes
voisines, d'ar^etes opposees et d'ar^etes identiques. On specie que les ar^etes sont opposees si
elles jouent un r^ole symetrique dans la piece. Certaines ar^etes sont non seulement opposees,
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mais elles ont de plus la m^eme forme et la m^eme longueur. On precise alors qu'elles sont
identiques.
Pour chaque ar^ete ai d'une structure s, on dispose d'un fait
mesh(ai ; n)
qui signie que cette ar^ete est decoupee en n elements nis.
Le predicat a apprendre est donc mesh(Arete; N ), ou Arete est une ar^ete et N est le nombre
de segments qui constitueront cette ar^ete. Avec des descriptions de trois objets, GOLEM induit
cinquante-six regles dierentes. Ces regles ne sont pas toutes pertinentes, mais GOLEM induit
des regles de la forme :
mesh(A, 1) :-
not_important(A),
not_loaded(A).
qui signie qu'une ar^ete A est decoupee en un element si elle n'est pas importante et n'a pas de
contrainte.
Une autre regle induite est :
mesh(A, B) :-
cont_loaded(A),
same(A,C),
cont_loaded(C),
mesh(C, B).
qui met en evidence que si deux ar^etes sont identiques et qu'elles sont contraintes de maniere
continue, leur decoupage se fait egalement en un nombre identique d'elements.
Il est interessant de noter que selon les experts du domaine, les regles fournies par le systeme
mettent en evidence des dependances qui leur etaient jusqu'alors inconnues [BM95b].
Une liste d'applications
Le reseau d'excellence europeen en PLI (ILPNet) a rassemble sur son site
http://www-ai.ijs.si/ ilpnet2/apps/index.html une liste de liens vers des descriptions
d'applications ou l'ILP est utilisee pour l'apprentissage de concepts relationnels. En voici une
liste partielle :
Sciences de la vie : structure 3-D des proteines, decouverte de neuropeptides, analyse de tests
de laboratoire, diagnostic precoce de rhumatisme, mutagenese.
188 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Les premiers travaux dans le domaine ont ete realises par J. Zelle et R. Mooney [ZM93]
[Zel95] [Moo96]. Ils se poursuivent en particulier dans les domaines cites ci-dessus.
n = 10
N = 100
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Fig. 5.9 { Une courbe tridimensionnelle de la probabilite de couverture d'un exemple tire
aleatoirement par une hypothese h en fonction de m, le nombre de litteraux dans
h et de L, le nombre d'atomes clos (ou constantes). m et N correspondent respective-
ment au nombre de variables (10 dans cette experience) et au nombre de tuples dans
les relations (100 ici). Les hypotheses les plus generales se situent a gauche sur cette
gure, correspondant a des hypotheses peu contraintes (m et L petits).
exemple. Il est donc interessant d'examiner le taux de couverture 13 des hypotheses de H. Cela
permettra en particulier d'analyser la relation entre la variation syntaxique des hypotheses dans
leur langage LH et leur taux de couverture : deux hypotheses proches dans LH ont-elles des taux
de couverture proches, et donc un risque empirique proche?
C'est ce qu'ont etudie Giordana et Saitta ([GS00]) dans le cas d'espaces d'hypotheses com-
poses de clauses de Horn. Par exemple, en faisant varier le nombre de variables, le nombre de
litteraux et le nombre d'atomes clos (et en repetant ces experiences un grand nombre de fois),
ils ont obtenus des courbes telles que celle de la gure 5.9 qui rappellent des phenomenes de
transition de phase en physique. De maniere surprenante, le taux de couverture mesure sur les
hypotheses y passe brutalement de 0 a 1 sans presque de transition lorsque l'on va progressive-
ment vers des hypotheses plus generales. Ces courbes sont etonnantes. Pourquoi?
Concretement, imaginons un algorithme d'apprentissage ascendant, operant par generalisa-
tion progressive et prudente. Lorsqu'une hypothese courante ne couvre pas tous les exemples
positifs connus, le systeme tente de la generaliser un peu an d'en couvrir davantage, tout en
essayant de ne pas couvrir les exemples negatifs. Le nombre de generalisations possibles est en
general tres grand et le systeme se guide en choisissant celles qui conduisent a des hypotheses de
meilleur risque empirique. Or que se passe-t-il selon les courbes de taux de couverture observees?
Lorsque l'on prend une hypothese trop specique, elle ne couvre pratiquement aucun exemple,
positif ou negatif, son taux de couverture est nul. Le probleme, c'est que quand on la generalise,
son taux de couverture reste nul. Le risque empirique reste donc constant et il est impossible
de se guider dans l'espace de recherche. Ce n'est que lorsque les hypotheses considerees ont
ete susamment generalisees qu'elles se trouvent dans la region de la transition de phase (la
13. C'est-a-dire le pourcentage d'exemples couverts par une hypothese. Si le taux est de 100 %, c'est que l'hypothese
couvre tous les exemples. Elle ne peut donc pas distinguer des exemples negatifs.
190 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
((falaise ))) que leur taux de couverture varie et que l'on peut enn comparer les hypotheses
entre elles. Avant, il est impossible au systeme de se guider. La recherche devient donc aleatoire.
Le m^eme phenomene se produit pour un systeme descendant qui specialise progressivement des
hypotheses intialement trop generales.
L'induction supervisee par generalisation ou specialisation progressive semble donc selon
cette analyse tres dicile, sauf pour des problemes (( jouet )). C'est d'ailleurs ce que semblent
conrmer empiriquement des experiences complementaires de Giordana et Saitta. Il y a la un
probleme fondamental qui releve encore de la recherche theorique et experimentale. Il touche
en tout cas les systemes utilisant la logique des predicats comme langage de description des
hypotheses. On ne sait pas encore dans quelle mesure il se produit sur d'autres representations
des connaissances, par exemple en inference grammaticale (voir le chapitre suivant).
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Resume
La programmation logique inductive (PLI) est essentiellement tournee vers
l'apprentissage supervise de concepts ou de theories (exprimes sous forme
de programmes logiques). L'apprentissage y est guide par une relation de
generalite dans l'espace des hypotheses en cherchant des hypotheses coherentes
avec les exemples d'apprentissage.
Contrairement a la plupart des techniques d'apprentissage qui sont concernees
par des connaissances en logique attribut-valeur, la PLI s'occupe de l'appren-
tissage de regles exprimees en logique des predicats. Cela implique des choix et
des precautions pour la denition d'une relation de generalite entre hypotheses.
Les relations principalement etudiees sont la -subsomption dont la traduc-
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Le point commun a ces types d'apprentissages est l'intervention d'une connaissance impor-
tante sur le domaine d'application, connaissance que l'on appelle (( theorie du domaine )) 2 . C'est
cette connaissance qui permet de pouvoir tirer parti de tres peu d'exemples, gr^ace a des raison-
nements enrichissant l'experience. C'est aussi cette connaissance qui peut eventuellement ^etre
modiee dans l'apprentissage.
h h(x)
h h(x) h'
x x
x x x x
Fig. 6.1 { (a) A partir d'une solution h, trouvee ou fournie, pour le probleme x, l'apprentissage
EBL cherche sous quelles conditions la solution h est applicable. (b) Ces conditions
susantes sont obtenues par un mecanisme de regression a travers la theorie T du
domaine. (c) Cela permet de trouver a la fois une generalisation de la solution initiale
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h et une region de l'espace des problemes X pour laquelle cette solution generalisee
est applicable.
sur des mesures numeriques et des proprietes de lissage. Peu d'auteurs ont examine le lien entre
les deux approches (une exception est [DF97a])
La solution generalisee peut prendre trois formes :
1. Celle d'une solution toute faite, appropriee pour une classe de problemes dans X , ou bien,
comme c'est souvent le cas, pour la reconnaissance de concept. Il s'agit alors d'apprendre
une denition operationnelle de concepts.
2. Celle de macro-operateurs, c'est-a-dire d'etapes de solution. Cela peut permettre d'accelerer
la recherche d'une solution en diminuant la profondeur de recherche necessaire.
3. Celle de regles de contr^ole ou heuristiques, permettant de guider la recherche d'une solution
dans l'arbre des possibilites.
Evidemment, ces trois types de connaissances apprises ne sont pas exclusifs l'un de l'autre, mais
dans la pratique, les concepteurs de systemes d'apprentissage par EBL ont privilegie l'une ou
l'autre de ces possibilites. Pour des ns d'illustration dans la suite de cette section, nous avons
choisi de montrer seulement comment l'apprentissage peut deboucher sur la premiere voie.
6.2.2 Une illustration de l'apprentissage EBL
Nous montrons dans cette section comment l'apprentissage EBL permet d'apprendre une
denition operationnelle et generale d'un concept a partir d'un exemple positif unique. Pour
cela nous reprenons l'exemple devenu celebre de l'apprentissage du concept d'objets empilables,
initialement expose dans [MKKC86] qui est aussi l'article fondateur de l'EBL.
Soit un monde d'objets caracterises par les attributs : couleur, volume, proprietaire, materiau,
type et densite. Il existe de plus une relation possible entre les objets : la relation sur traduisant
qu'un objet est sur un autre. La t^ache consiste a apprendre le concept d'empilement d'un objet
sur un autre. Plus precisement, il s'agit d'apprendre une denition du predicat :
empilable(Objet1,Objet2)
vrai lorsque l'on peut empiler l'Objet1 sur l'Objet2. Nous supposons que l'apprenant dispose
prealablement d'une theorie du domaine T decrite sous la forme de regles logiques que nous
decrirons ici en utilisant, comme dans le chapitre 5, la syntaxe Prolog :
(T1) : poids(X,W) :- volume(X,V), densite(X,D), W is V*D.
(T2) : poids(X,50) :- est un(X,table).
196 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
empilable(obj1, obj2)
C1
plus_léger(obj1, obj2)
T3
poids(obj1,y1) poids(obj2,y2) inf(y1,y2)
T1 T2
volume(obj1,v1) densité(obj1,d1)
est_un(obj2,table) inf(1,50)
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volume(obj1,1) densité(obj1,1)
Fig. 6.2 { Un arbre de preuve obtenu dans la theorie du domaine T montrant que l'exemple
satisfait bien le concept cible.
C1 empilable(p1, p2)
plus_léger(p1, p2)
plus_léger(x, y)
poids(p1,v1*d1) poids(p2,5)
T1 T2
{x/p1, v1*d1/y1} {y/p2, 5/y2}
Fig. 6.3 { L'arbre de preuve generalise est obtenu par regression du concept cible dans l'arbre de
preuve en calculant a chaque etape (denotee par les lignes en pointilles) les litteraux
les plus generaux permettant cette etape (indiques en gras). A la n de ce processus, la
conjonction des litteraux obtenus aux feuilles de l'arbre generalise fournit la denition
operationnelle et generalisee du concept cible.
Le second pas consiste a analyser l'arbre de preuve trouve pour identier les conditions de son
applicabilite an de decouvrir l'ensemble des situations dans lesquelles il pourrait s'appliquer.
Pour le cas decrit ici, la gure 6.2 decrit la generalisation de la preuve donnee dans la gure 6.3.
L'exemple positif initial, le seul connu pour le concept cible, a ete generalise de plusieurs
points de vue. D'abord, il etait decrit par une collection d'attributs dont beaucoup, n'interve-
nant pas dans la preuve, se revelent non pertinents et peuvent donc ^etre elimines. Ensuite, de
nombreuses constantes ont ete remplacees par des variables. Notons cependant que ce n'est pas
systematique. La constante numerique 50, par exemple, demeure dans la preuve generalisee car
elle n'a pas ete introduite par une instanciation aux feuilles de l'arbre de preuve mais par une
regle de la theorie. Finalement, la generalisation va plus loin que cette simple variabilisation
gr^ace a la procedure de regression d'une formule a travers une regle proposee par Waldinger
[Wal77]. Cette procedure calcule les conditions susantes d'une conclusion C en fonction d'une
preuve P , c'est-a-dire un ensemble d'assertions A tel que A entra^ne C gr^ace a P . Dans le cas de
la regression d'une conclusion a travers un arbre de preuve, la procedure fonctionne iterativement
a travers les etapes de la preuve, calculant a chaque fois les conditions susantes de la conclu-
sion de l'etape, en fonction de la regle de derivation employee pour cette etape. La procedure se
termine lorsqu'elle a parcouru toutes les etapes de la preuve initiale pour atteindre les feuilles
de l'arbre de preuve.
Un exemple de l'application de cette procedure est donne par la gure 6.3. En fonte nor-
male se retrouvent les elements de la preuve initiale trouvee pour l'exemple positif du concept
empilable(Obj1,Obj2). La fronti ere de chaque etape de regression est indiquee par les lignes en
198 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
pointilles, avec a chaque fois en gras les conditions susantes calculees. Par exemple, le concept
cible general est empilable(X,Y). On calcule sa regression a travers la regle empilable(X,Y)
:- plus l eger(X,Y), ce qui produit la pr econdition plus leger(X,Y). On continue alors en
calculant la regression de cette expression a travers (T3) le pas suivant de la preuve, ce qui
produit a l'ensemble de preconditions fpoids(X,Y1), inf(Y1,Y2), poids(Y,Y2)g. E tape par
etape, on atteint ainsi les feuilles de l'arbre de preuve, produisant la denition generale suivante :
empilable(X,Y) :- volume(X,VX), densit
e(X,DX),
est un(Y,table), inf(VX,DX,50).
Cette procedure a ete implantee en particulier dans l'algorithme Prolog-EBG [KCC87]. Lors-
qu'une theorie correcte et complete lui est fournie, elle produit une hypothese (ensemble de regles
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Prolog) elle-m^eme correcte et couvrant les exemples positifs connus des concepts a apprendre.
Ces regles sont des conditions susantes decrivant les concepts cible en fonction de la theorie
du domaine.
qu'on a cherche a etendre la notion de preuve a des preuves (( plausibles )) exprimees dans
des extensions de la logique (incertaines ou
oues). On a egalement cherche a compenser
l'insusance de la theorie du domaine par l'utilisation simultanee de plusieurs exemples.
S'il est interessant de savoir utiliser des exemples positifs d'un concept a l'aide d'une
theorie du domaine, il peut ^etre tout aussi tentant d'utiliser des exemples negatifs. Par
exemple, on pourrait vouloir apprendre a partir d'un echec a mater le roi adverse dans une
situation pourtant apparemment favorable. Deux approches sont envisageables dans ce cas.
La premiere consiste a traiter l'exemple negatif comme un exemple positif, le generaliser
et utiliser la negation du concept appris pour caracteriser les situations necessaires au
succes. La seconde part de l'echec d'une preuve d'un exemple negatif pour analyser com-
ment il faudrait la modier pour parvenir a un succes et ainsi caracteriser ce qui separe
les situations positives des situations negatives. L'apprentissage a partir d'echecs (learning
by failure) a ete particulierement etudie dans le contexte de l'apprentissage de connais-
sances de contr^ole puisqu'il y est crucial de savoir quand il faut eviter d'avoir recours a un
operateur.
6.2.4 L'apprentissage de connaissances de contr^ole a partir d'explications
L'apprentissage de concept a partir d'explications requiert donc une theorie du domaine
aussi correcte et complete que possible. Un domaine dans lequel il est naturel de supposer
une telle theorie est celui de la resolution de problemes. Dans ce contexte en eet, l'enjeu de
l'apprentissage est souvent de rendre ecace un resolveur de probleme capable en principe de
resoudre n'importe quel probleme, mais souvent inutilisable en pratique a cause de la complexite
de la recherche d'une solution. L'apprentissage peut alors prendre trois formes :
1. L'apprentissage des conditions dans lesquelles il est interessant d'envisager l'utilisation
d'un operateur.
2. L'apprentissage de macro-operateurs qui sont souvent utiles dans un environnement donne
et qu'il est donc interessant de conna^tre.
3. L'apprentissage d'heuristiques de contr^ole permettant de trier par ordre d'inter^et decroissant
les operateurs envisageables dans un etat donne.
Pour apprendre a partir d'explications les conditions d'application d'un operateur, il sut
de le considerer comme un concept dont on cherche a caracteriser le domaine d'application. Pour
obtenir des exemples positifs d'application d'operateurs, on examine les sequences d'operateurs
correspondant a des solutions de problemes. Cela fournit pour chaque operateur utilise un ou
des etat(s) dans le(s)quel(s) il a ete employe, et donc un ou plusieurs exemple(s) positif(s) de
son application. Un exemple de cette approche gure dans le chapitre 4 avec le systeme Lex de
200 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Mitchell. On y voyait a l'uvre un apprentissage par elimination des candidats dans l'espace
des versions, une variante appelee Lex2 a ete developpee, qui utilise un apprentissage a partir
d'explications.
La deuxieme approche consiste a chercher a ameliorer l'ecacite d'un systeme de resolution
de probleme ou de planication en denissant des macro-operateurs correspondant a des sous-
sequences generalisees de solutions. Il faut d'une part selectionner les sequences utiles : si elles
sont trop speciques, elles serviront rarement et ralentiront inutilement le processus de choix a
chaque nud de la recherche. Inversement, si elles correspondent a des sous-sequences courtes,
donc generalement d'un domaine d'application plus vaste, elles seront moins utiles car ne cor-
respondant pas a des (( grands pas )) dans la solution. Nous reviendrons sur ce probleme. D'autre
part, il faut apprendre leur domaine d'application, ce qui se fait souvent par regression comme
dans l'apprentissage de concept.
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La troisieme approche est d'apprendre des heuristiques de contr^ole guidant le systeme lors-
qu'il cherche une solution a un probleme. Un systeme operant de cette maniere tout en apprenant
aussi des macro-operateurs est le systeme Soar [LRN86]. Il utilise pour ce faire un mecanisme ap-
pele chunking qui produit des (( chunks )) (litteralement (( gros morceaux ))) ou macro-operateurs.
Soar est un systeme general de resolution de probleme operant par decomposition de problemes
en sous-problemes. Gr^ace a la nature recursive de ce procede, des hierarchies de sous-buts sont
produites. A chaque fois qu'une impasse est rencontree dans la resolution d'un probleme, un
sous-but est engendre et le systeme cherche a le resoudre par une methode de recherche faible
telle que generer et tester 3 . La solution trouvee pour sortir de l'impasse est alors vue comme une
explication de la demarche a suivre pour sortir a l'avenir d'impasses similaires. Le mecanisme de
chunking entre en jeu lorsqu'un sous-but a ete resolu. Un resume de la procedure de resolution
du sous-but est enregistre sous forme de regles de production. La partie action de chaque regle
est fondee sur les resultats du sous-but, la partie condition ou antecedent exprime les aspects
pertinents qui determinent le succes de l'emploi de la procedure. Soar a ete teste dans de tres
nombreux problemes et est propose comme modele cognitif de resolution de probleme [New90].
Prodigy [Min88, Min90] est un autre systeme interessant d'apprentissage d'heuristiques de
contr^ole. Il s'agit d'un systeme de planication fonctionnant en utilisant une theorie generale sur
la planication, une theorie du domaine et une description des operateurs a la Strips 4 avec des
listes de preconditions, d'ajouts et de retraits exprimees avec des predicats sur le monde. Comme
Soar, Prodigy utilise une resolution de problemes par decomposition en sous-problemes. Apres
avoir produit un plan d'action, le systeme analyse ses bons choix et ses impasses et cherche a
les expliquer en termes de sa theorie du domaine. Il est ainsi capable de produire des regles de
contr^ole telles que :
if (and (current-node node)
(candidate-goal node (on X Y))
(candidate-goal node (on Y Z)))
then (prefer goal (on Y Z) to (on X Y))
Ce genre de regle est obtenu apres l'analyse d'un echec lorsque le robot a essaye de placer d'abord
la sous-pile d'objets superieure avant une sous-pile inferieure. Ceci n'est evidemment qu'un petit
exemple des capacites de Prodigy.
3. Methodes consistant a engendrer les dierents possibilites a chaque point de choix puis a choisir en fonction
d'une fonction d'evaluation. La celebre methode de recherche A? en est un exemple.
4. STRIPS (Stanford, 1971)[FN71, FN72] est le grand anc^etre de la plupart des systemes de planication. Il a en
particulier xe la maniere de representer les operateurs.
Chapitre 6 Reformulation et transfert de connaissances 201
Comme Soar, Prodigy a ete teste intensivement. Il en est ressorti que l'apprentissage de
macro-operateurs et de regles de choix des operateurs n'etait pas necessairement avantageux.
En eet, chaque nouvelle regle, chaque nouvel operateur ajoute un choix a l'ensemble des choix
possibles a chaque etape de resolution. Le co^ut ainsi encouru peut depasser l'avantage retire.
C'est ce que Minton, le concepteur principal de Prodigy a appele le probleme de l'utilite. C'est
pourquoi Prodigy incorpore un module de mesure de l'utilisation de chaque regle et operateur,
de l'economie realisee et du co^ut en terme de temps de selection et d'application. Seuls les regles
et operateurs dont l'utilite mesuree est jugee assez elevee sont conserves. De cette maniere, les
gains empiriquement mesures sur un ensemble de t^aches sont de l'ordre de 20 % a 110 % avec
une moyenne autour de 40 %, ce qui sans ^etre negligeable, est toutefois etonnament faible quand
on pense que le fait d'avoir un facteur de branchement (nombre de choix disponibles a chaque
nud) reduit (gr^ace aux regles de contr^ole) devrait permettre un gain exponentiel. Il s'agit la
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simplier la resolution.
L'abstraction est souvent consideree comme un changement de granularite ou de niveau de detail
d'une representation. Cela neglige le fait qu'il n'y a pas, generalement, de hierarchie toute faite
de niveaux de details. Il s'agit de (( construire )) une description de haut niveau pertinente pour
le contexte et la t^ache. Pour cela plusieurs voies sont possibles. La plus etudiee en intelligence
articielle consiste a considerer le processus d'abstraction comme celui d'une projection d'une
representation dans une autre modulo une relation d'equivalence, de telle maniere que ne soient
distingues dans la nouvelle representation que les elements qui doivent l'^etre pour la resolution
du probleme courant. Ainsi se trouvent elimines les (( details )) super
us. Une autre approche
est de considerer l'abstraction comme un probleme pour lequel des operateurs de changement
de representation sont disponibles et dont on cherche une solution sous forme de sequence de
tels operateurs. La gure 6.4, tiree de [Zuc01] illustre ce point de vue en schematisant la t^ache
du geographe qui doit representer sur une carte les elements d'un paysage photographie par
satellite. La carte nalement produite resulte du choix de nombreux operateurs. On peut alors
envisager d'apprendre automatiquement les conditions d'application de chaque operateur, de
maniere similaire a ce qui a ete discute dans la section 6.2 sur l'EBL.
L'etude de l'abstraction est certainement etroitement liee a celle de l'apprentissage. Il s'agit
la d'un vaste champ de recherche qui reste encore largement a explorer.
Chapitre 6 Reformulation et transfert de connaissances 203
Image aérienne BD Géographique Cartes
Réduction et
symbolisation
Stéréo
plotting
Généralisation
cartographique
1/25.000 1/100.000
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Modification
géométrique ?
Focalisatio
n?
+
Arrêt du
processus ?
Fig. 6.4 { En haut est schematise le travail du cartographe : comment traduire une photo
aerienne en carte? En bas, on voit que pour traduire le trace d'une route par exemple,
il peut faire appel a plusieurs operateurs applicables en sequence. L'une des t^aches
d'apprentissage consiste a apprendre quand appliquer chacun de ces operateurs. (Tire
de [Zuc01], p.21).
les deux servir de presse-papier pour emp^echer des feuilles de s'envoler pendant que je telephone
a mon coauteur. Pour cette t^ache, ils sont similaires. Je me garderai cependant bien d'utiliser
l'un et l'autre indieremment lorsque je veux prendre des notes dans un seminaire.
Nous verrons au chapitre 15 comment se traduit la notion de proximite dans un espace decrit
par des attributs numeriques. Vapnik [Vap95] parle de transduction lorsque l'on cherche a predire
la valeur en un point x0 d'une fonction inconnue, sans chercher a determiner celle-ci directement
par induction. Il suppose cependant l'existence d'une telle fonction s'appliquant uniformement
dans X . Cette vision ne prend pas en compte la possibilite qu'il ne faut pas chercher une fonction
unique s'appliquant dans tout l'espace des situations, mais qu'il y ait pour chaque situation une
fonction denie localement, et qu'il faut (( deformer )) (minimalement) pour pouvoir l'appliquer
en un autre point 5. Lorsqu'une ou des theorie(s) de domaine permet(tent) de redecrire les
situations, la notion de similarite doit faire intervenir des proprietes des redescriptions possibles
et des theories qu'elles mettent en jeu. On parle alors vraiment d'analogies. Celles-ci presentent
certaines particularites notables.
Si l'analogie entre deux situations fait souvent intervenir la recherche de (( points com-
muns )) entre elles, elle n'est cependant pas equivalente a un processus de generalisation.
On peut plut^ot l'envisager comme la recherche du canal de transmission le plus economique
entre une description de situation et une autre. Cette recherche met en avant des primitives
ou des structures de description potentiellement interessantes parmi toutes les primitives
et structures envisageables. En ceci elle aide deja a la solution d'un probleme donne par
la focalisation sur les descriptions pertinentes.
Contrairement a une distance, la notion de proximite mise en jeu dans l'analogie n'est
pas symetrique, et corollairement ce qui est transporte d'une situation a l'autre n'est pas
forcement la m^eme chose dans un sens et dans l'autre.
Les modeles de raisonnement par analogie ont surtout ete etudies dans le cadre de recherches
sur la cognition humaine. D'autres types de raisonnements permettant le transfert de connais-
sances entre domaines ont ete egalement abordes, par exemple le blending [FT98] ou l'eet
tunnel cognitif [CTC00]. Il reste encore beaucoup a faire pour comprendre pleinement ces types
de raisonnements m^elant divers types de representations, de connaissances et de d'inferences.
Nous recommandons a ce sujet la lecture des ouvrages de Hofstadter, dont [Hof95].
5. Les mathematiciens seront tentes d'y reconna^tre la notion de covariance sur des varietes dierentielles.
Chapitre 6 Reformulation et transfert de connaissances 205
6.5 Bilan
Cet ouvrage fait une place reduite aux apprentissages mettant en uvre beaucoup de connais-
sances ou des theories du domaine. Ce n'est pas parce que les auteurs les considerent comme
negligeables. Au contraire, notre conviction est que l'apprentissage articiel ne pourra faire
l'economie de l'etude des apprentissages utilisant des connaissances. Cependant, pour des raisons
a la fois historiques (en particulier l'irruption du connexionnisme dans les annees quatre-vingt),
scientiques (il est tellement plus facile de faire des theoremes dans des espaces numeriques),
institutionnelles (le quantum d'action en science est souvent celui d'un travail de these, or les
systemes a base de connaissances demandent des developpements a beaucoup plus long terme)
et economiques (il y a deja fort a faire avec l'exploration preliminaire de bases de connaissances
(( nues )) telles que les bases de donn ees genomiques ou les bases de donnees des entreprises),
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l'etude des methodes telles que l'apprentissage a partir d'explications, l'abstraction, l'analogie,
etc. a fortement marque le pas ces dernieres annees. Il ne fait cependant nul doute que dans dix
ans un ouvrage sur l'apprentissage y consacrera une bien plus large place.
Resume
Des que l'on aborde des domaines complexes, il faut faciliter les raisonnements et
l'apprentissage :
en contr^olant l'expression de l'espace des hypotheses, par exemple en realisant
des abstractions,
en apprenant des connaissances permettant une exploration plus ecace des
hypotheses, par exemple a l'aide de macro-operateurs ou d'heuristiques de
contr^ole que rend possible l'apprentissage a partir d'explications,
en facilitant le transfert de connaissances et de solutions entre domaines, par
exemple en utilisant des raisonnements comme l'analogie.
Toutes ces techniques requierent une ou des theories du domaine fortes. C'est de la
qu'elles tirent une grande puissance en permettant l'apprentissage a partir de peu
de donnees. C'est la aussi la source des dicultes de leur application.
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206
PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Chapitre 7
L'inference grammaticale
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L transporte de sa cabane a leur cage six rations de farines animales, trois pour chacun.
Comme il a deja a s'occupper des ornithorynques et des rhinolophes, il decide de se
simplier la t^ache : plut^ot que de transporter les rations, il va essayer d'apprendre aux
cygnes a venir se servir eux-m^emes. Qui plus est, cela fera une attraction dans l'etablissement :
a une heure dite, la porte s'ouvrira et les deux animaux quitteront leur cage pour se diriger vers
leur repas. Avant de proposer le numero, il faut dresser les oiseaux. Le gardien, qui a de bonnes
lectures, decide de les conditionner de la maniere suivante. Un jour sur quatre, il laisse l'un des
oiseaux dans sa cage sans rien lui donner et emmene l'autre a sa cabane, ou ce dernier a la bonne
surprise de trouver non pas trois, mais cinq rations de p^atee. Un jour sur quatre, il fait la m^eme
chose en echangeant les oiseaux. Un jour sur quatre, il emmene les deux qui ont alors droit a
deux rations et demi chacun. Le reste du temps, il leur apporte trois rations chacun dans leur
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Chacun des cygnes a maintenant appris que s'il reste sur place, il aura peut-^etre trois rations,
peut-^etre aucune, selon ce que fera l'autre. Il sait aussi que s'il fait seul l'eort de se deplacer,
cinq rations seront peut-^etre pour lui. Cependant, si son camarade fait aussi le voyage, il n'y
en aura que deux et demi pour chacun. La diculte vient de ce qu'aucun des deux cygnes ne
sait ce que va faire l'autre. Faut-il attendre et esperer que l'autre animal a fait de m^eme pour
recevoir les trois rations? Faut-il essayer d'en avoir cinq, au risque que l'autre cherche aussi a
manger plus, ce qui penalise les deux?
Le gardien a de bonnes raisons d'^etre optimiste. Chaque jour, pense-t-il, chaque cygne va
raisonner comme suit : (( je dois me deplacer, pour deux raisons. La premiere est que cela m'assure
de manger au moins deux rations et demi. La seconde est que l'autre cygne va probablement
penser comme moi et se deplacer aussi : il ne faut donc pas que je reste dans ma cage )). C'est
en eet ce que l'on observe la plupart du temps : confrontes a des situations de ce type 1 , deux
sujets choisissent la securite. Le paradoxe apparent de la situation vient de ce que s'ils restaient
tous deux dans leur cage, chacun aurait plus a manger. Mais comme ils n'ont pas la possibilite
de se mettre d'accord, le resultat n'est pas nalement le meilleur pour eux.
Maintenant, nous allons voir comment des cygnes doues de capacites a vrai dire rares dans
cette espece peuvent mieux proter de la situation. Nous allons faire deux hypotheses. La
premiere est que CB possede une strategie qui permet chaque jour de prendre une decision
en fonction de ce qui s'est passe les jours precedents. La seconde est que CN conna^t la famille
de la strategie que CB applique, mais qu'il ne sait pas exactement laquelle. Il va donc l'ap-
prendre au l des jours. Une fois qu'il l'aura induite du comportement de son adversaire, il lui
sera facile de la dejouer et de manger plus. C'est le gardien qui va ^etre surpris.
Commencons par CB pour presenter dans quelle famille de strategies il se place. Le mieux
est de representer cela graphiquement. La gure 7.1 presente l'exemple de la strategie naturelle
qui consiste a se deplacer (sortir de la cage) chaque jour quelle que soit l'action eectuee la
1. Ce probleme est souvent presente par une autre metaphore : le dilemme des prisonniers ([Axe97, Del92, Gir00]).
Chapitre 7 L'inference grammaticale 209
veille par CN . C'est sur cette analyse que compte le gardien. Chaque jour, la decision consiste
pour CB a se souvenir de ce que CN a fait la veille et a agir en consequence. Pour cela, CB ,
qui s'est installe la veille dans un certain (( etat )) (un cercle du diagramme) emprunte au jour j
l'arc qui porte l'action faite la veille par son adversaire et se retrouve dans un nouvel (( etat )).
Comme dans cette strategie CB sort tous les jours, le diagramme n'a qu'un etat. Chaque jour,
CB s'y trouve, et quelle que soit l'action de CN la veille, CB va emprunter un des deux arcs
pour prendre sa decision : evidemment celle de sortir. Mais le cygne blanc peut aussi vraiment
CN reste
CN sort
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CB sort
Fig. 7.1 { La strategie triviale pour le cygne blanc CB : (( je sors tous les jours, quelle qu'ait ete
l'action de mon adversaire la veille )).
tenir compte de ce que son partenaire CN a fait les jours precedents. En realite, c'est la seule
information observable 2. Par exemple, il peut decider de rester tous les jours dans sa cage,
sauf si la veille CN est sorti. L'hypothese de CB est ici est que si CN est sorti un jour, il va
rester tranquille le lendemain. Cette strategie est decrite par la gure 7.2 et le tableau ci-dessous.
CN reste
CN sort
CN sort
CB reste CB sort
CN reste
Fig. 7.2 { Une strategie un peu plus complexe pour le cygne blanc CB : (( Je reste tout les jours
dans ma cage, sauf si mon adversaire est sorti hier. Dans ce cas, je pense qu'il va
rester aujourd'hui et donc je sors )).
passera dans l'etat rectangle, ce qui impose que le lendemain, le cygne blanc restera dans sa
cage.
CN sort CN reste
CN reste CN reste
CB sort CB reste CB sort
CN sort CN sort
De nombreux algorithmes d'inference ont ete proposes. Certains sont constructifs ou ca-
racterisables au sens ou ils sont capables d'identier avec certitude n'importe quel langage ap-
partenant a une classe denie (un sous-ensemble strict de langages reguliers deni de maniere
constructive). D'autres d'algorithmes sont qualies ici d'heuristiques, soit parce qu'ils n'identi-
ent pas avec certitude n'importe quel langage d'une classe denie, soit parce qu'il n'existe pas
de caracterisation de la classe de langages qu'ils peuvent identier. Ces algorithmes utilisent un
biais d'apprentissage heuristique pour guider la generalisation eectuee a partir des donnees.
Certains algorithmes d'inference reguliere n'utilisent que des echantillons positifs. La plupart
de ces algorithmes sont decrits dans les articles de synthese [BF72a, Ang82a, Mic90, Gre94a].
Nous presentons a la section 7.4 quelques algorithmes constructifs ou heuristiques qui utilisent
ce type de donnees.
Si on dispose egalement d'un echantillon negatif, l'inference peut ^etre plus precise et on
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peut en particulier chercher a construire le plus petit automate compatible (coherent) avec les
echantillons positif et negatif. Nous etudions le cadre formel de ce probleme a la section 7.5. Nous
denirons pour cela la notion d'ensemble frontiere (section 7.5.1). Nous presenterons ensuite
quelques methodes d'inference.
La section suivante traitera plus brievement du probleme de l'inference de grammaires
algebriques, un probleme encore mal ma^trise. On y verra quelques exemples d'algorithmes heu-
ristiques. La derniere section abordera certaines extensions et problemes ouverts de ce domaine,
qui est a l'heure actuelle une veritable mine theorique et pratique pour les chercheurs.
Notations utiles pour le chapitre
La grammaire denie par N = f1; 2; 3; 4g, = fa; bg et P = f(1 ;! a2); (1 ;! b3); (1 ;!
); (2 ;! a1); (2 ;! b4); (3 ;! a4); (3 ;! b1); (4 ;! a3); (4 ;! b2)g est exactement
equivalente a l'automate ni de la gure 7.4. Les phrases qu'elle accepte sont composees d'un
nombre pair de a et pair de b. Elle s'ecrit plus simplement 5 :
b
a
2
b
a
4
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1
b a
b a
3
Fig. 7.4 { Un automate ni acceptant les phrases composees d'un nombre pair de a et pair de
b.
1 ;! a2 j b3 j 2 ;! a1 j b4
3 ;! a4 j b1 4 ;! a3 j b2
Deux types de grammaires
Selon la forme de leur regles ;! , on distingue les grammaires suivantes :
Type 2 : grammaires algebriques 6 : A ;! , avec A 2 N et 2 V
Type 3 : grammaires regulieres : A ;! wB ou A ;! w, avec w 2 , A 2 N et B 2 N
Un langage pouvant ^etre engendre par une grammaire reguliere (resp : algebrique) est appele
langage regulier (resp : langage algebrique). Un resultat classique de la theorie des langages est
le suivant ([AU72]):
Theoreme 7.1
Tout langage regulier peut ^etre engendre par un automate ni. Tout automate ni engendre un
langage regulier.
Les automates nis
Comme l'assure le theoreme precedent, les automates nis sont equivalents aux grammaires
regulieres. Ils sont d'un emploi beaucoup plus facile. Nous allons maintenant les denir rigou-
reusement.
Denition 7.6
Un automate ni est un quintuplet (Q; ; ; q0 ; F ) ou Q est un ensemble ni d'etats, est un
alphabet ni, est une fonction de transition, c'est-a-dire une application de Q ! 2Q ,
5. L'axiome n'est pas note ici S , mais 1.
6. Les grammaires algebriques sont aussi appelees context-free ou hors-contexte.
Chapitre 7 L'inference grammaticale 215
Q0 2 Q est le sous-ensemble des etats initiaux et F 2 Q est le sous-ensemble des etats naux
ou d'acceptation.
Denition 7.7
Si, pour tout q de Q et tout a de , (q; a) contient au plus un element (respectivement exac-
tement un element) et si Q0 ne possede qu'un element q0 , l'automate A est dit deterministe
(respectivement complet). Par la suite, nous utiliserons l'abreviation AFD pour (( automate ni
deterministe )) et AFN pour un (( automate ni non-deterministe )).
L'automate ni de la gure 7.4 est un AFD. Un autre exemple d'automate ni est represente
a la gure 7.5. Il comporte cinq etats, Q = f0; 1; 2; 3; 4g: Il est deni sur l'alphabet a deux lettres,
= fa; bg: Les etats initiaux sont 0 et 5, Q0 = f0; 5g et les etats 3 et 4 sont naux, F = f3; 4g:
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a b
1 3
a
0
a
b
4
2 b
a
5
Il s'agit ici d'un AFN (automate non deterministe) car il y a deux arcs etiquetes a a partir
de l'etat 0 et deux etats initiaux. En d'autres termes, (0; a) = f1; 2g:
Langage accepte par un automate ni
Denition 7.8
Une acceptation d'une cha^ne u = a1 : : : al par un automate A, eventuellement non-deterministe,
denit une sequence, eventuellement non unique, de l + 1 etats (q0 ; : : : ; ql ) telle que q0 2 Q0 ,
ql 2 F et qi+1 2 (qi ; ai+1 ), pour 0 i l ; 1. Les l + 1 etats sont dits atteints pour cette
acceptation et l'etat ql est utilise comme etat d'acceptation. De facon similaire, les l transitions,
c'est-a-dire des elements de , sont dites exercees par cette acceptation.
Par exemple, la sequence des etats (0; 1; 3) correspond a une acceptation de la cha^ne aab
dans l'automate A1 .
Denition 7.9
Le langage L(A) accepte par un automate A est l'ensemble des cha^nes acceptees par A.
Theoreme 7.2
Le langage L est accepte par un automate A si et seulement si il peut ^ete engendre par une gram-
maire reguliere. De plus, un langage regulier peut ^etre represente par une expression reguliere 7
7. Nous ne denissons pas formellement ici ce terme.
216 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
[AU72].
Denition 7.10
Pour tout langage regulier L, il existe un AFD note A(L) qui engendre L et possede un nombre
minimal d'etats. A(L) est generalement appele automate deterministe minimal ou automate
canonique de L; On demontre que A(L) est unique [AU72]. Par la suite, nous parlerons in-
dieremment de l'automate canonique ou de l'automate minimal deterministe de L.
Par exemple, l'automate canonique represente a la gure 7.6 accepte le langage compose
des phrases commencant par un nombre impair de a, suivi d'un nombre impair de b 8 . Il s'agit
du langage accepte egalement par l'automate A1 de la gure 7.5. Il n'existe pas d'automate
deterministe comportant moins d'etats et acceptant ce langage.
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a b
0
a 1
b 2
b 3
Fig. 7.6 { Automate canonique du langage deni par l'expression reguliere L = a(aa) b(bb) .
Automates derives
Nous denissons maintenant une relation d'ordre partiel sur l'ensemble des automates, qui
permettra un apprentissage par generalisation dans l'esprit de la methode de l'espace des ver-
sions.
Denition 7.11
Pour tout ensemble S , une partition est un ensemble de sous-ensembles de S; non vides et
disjoints deux a deux, dont l'union est S . Si s designe un element de S , B (s; ) designe l'unique
element, ou bloc, de comprenant s. Une partition i rane, ou est plus ne que, une partition
j ssi tout bloc de j est un bloc de i ou est l'union de plusieurs blocs de i .
Denition 7.12
Si A = (Q; ; ; q0 ; F ) est un automate,
l'automate A= = (Q0 ; ; 0 ; B (q0 ; ); F 0 ) derive de A relativement a la partition de Q,
aussi appele l'automate quotient A=, est deni comme suit :
Q0 = Q= = fB (q; )jq 2 Qg,
F 0 = fB 2 Q0jB \ F 6= g,
0 : Q0 ! 2Q0 : 8B; B 0 2 Q0 ; 8a 2 ; B 0 2 0 (B; a) ssi 9q; q0 2 Q; q 2 B; q0 2 B 0 et q0 2
(q; a)
Nous dirons que les etats de Q appartenant au m^eme bloc B de la partition sont fusionnes.
Reprenons l'automate A1 , represente a la gure 7.5 et denissons la partition de son ensemble
d'etats, 2 = ff0; 1g; f2g; f3; 4gg: L'automate quotient A1 =2 , obtenu en fusionnant tous les etats
appartenant a un m^eme bloc de 2 , est represente a la gure 7.7.
8. ce qui correspond a l'expression reguliere L = a(aa)b(bb) :
Chapitre 7 L'inference grammaticale 217
a b
b 3,4 b
2
0,1
a
b
0,1,2 3,4
b
La partition 3 est moins ne que 2 , puisque ses blocs sont construits comme une union
de blocs de 2 ; on peut donc assurer que l'automate A3 reconna^t un langage qui inclut celui
reconnu par A2 . En revanche, si on construit l'automate A4 (gure 7.9) par derivation de A1
selon la partition 4 = ff0g; f1; 3g; f2; 4gg, qui n'est ni moins ne ni plus ne que 2 , on ne peut
rien dire sur l'inclusion eventuelle des langages reconnus par A4 et A2 . Par exemple, la phrase
abb est reconnue par A4 et pas par A2 , alors que la phrase b est reconnue par A2 et pas par A4 .
218 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
1,3
a
0 a b
a
2,4
Propriete 7.2
L'ensemble des automates derives d'un automate A, qui est partiellement ordonne par la re-
lation de derivation, est un treillis 9. Les automates A et UA, l'automate universel, en sont
respectivement les elements minimal et maximal. On note ce treillis Lat(A).
On retrouve donc ici la structure en treillis de l'espace des hypotheses, associee a une relation
d'ordre de generalite, comme denie au chapitre 4.
7.1.2 E chantillons d'un langage et automates associes
Denition 7.13
Nous designons 10 par I+ un sous-ensemble ni, appele echantillon positif, d'un langage L quel-
conque. Nous designons par I; un sous-ensemble ni, appele echantillon negatif, du langage
complementaire ; L. I+ et I; sont des sous-ensembles nis et disjoints de .
Completude structurelle
On denit maintenant un biais d'apprentissage : on ne cherchera a inferer que des automates
pour lesquels l'echantillon positif est d'une certaine maniere representatif (en termes techniques,
structurellement complet). Ce biais est conforme a un principe d'economie de type (( rasoir
d'Occam )) ou principe MDL : il est inutile de rechercher des automates trop complexes.
Denition 7.14
Un echantillon I+ est structurellement complet relativement a un automate A acceptant L, s'il
existe une acceptation AC (I+ ; A) de I+ telle que :
Toute transition de A soit exercee.
Tout element de F (l'ensemble des etats naux de A) soit utilise comme etat d'acceptation.
Par exemple, l'echantillon I+ = faab; ab; abbbbbg est structurellement complet relativement
a l'automate A1 :
L'automate Canonique Maximal, l'Arbre Accepteur des Prexes et l'Automate Uni-
versel
9. Cet ensemble n'est pas un treillis au sens algebrique, mais l'usage a jusqu'ici fait prevaloir ce terme.
10. En inference grammaticale, les notations I+ et I; sont classiques. Nous les employons donc dans ce chapitre a la
place de S+ et S;
Chapitre 7 L'inference grammaticale 219
On a maintenant besoin de representer l'echantillon d'apprentissage dans l'univers des concepts,
c'est-a-dire de denir des automates qui ne reconnaissent que cet echantillon.
Denition 7.15
On designe par MCA(I+ ) = (Q; ; ; q0 ; F ) l'automate maximal canonique 11 relatif a I+ [Mic80a].
Par construction, L(MCA(I+ )) = I+ et MCA(I+ ) est le plus grand automate (l'automate
ayant le plus grand nombre d'etats) pour lequel I+ est structurellement complet. MCA(I+ ) est
generalement non-deterministe.
Sa construction est facile a observer sur un exemple. L'automate represente a la gure 7.10
est l'automate maximal canonique relatif a l'echantillon I+ = fa; ab; babg:
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1
a
0
a 2
b 4
b
3
a 5
b 6
b
a 1 3
0
b
2
a 4
b 5
Fig. 7.11 { L'arbre accepteur des prexes PTA(I+ ), avec I+ = fa; ab; babg.
11. L'abreviation MCA pour Maximal Canonical Automaton provient de la terminologie anglaise. Le qualicatif
canonique se rapporte ici a un echantillon. Le MCA ne doit pas ^etre confondu avec l'automate canonique d'un
langage (voir def. 7.10).
12. L'abreviation PTA pour Prex Tree Acceptor provient de la terminologie anglaise.
220 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Denition 7.17
Nous designons par UA l'automate universel 13. Il accepte toutes les cha^nes denies sur l'alpha-
bet , c'est-a-dire L(UA) = . Il s'agit donc du plus petit automate pour lequel tout echantillon
de est structurellement complet.
L'automate universel deni sur l'alphabet = fa; bg est represente a la gure 7.12.
b
a
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20. Le critere classiquement utilise pour mesurer la taille d'un DFA est le nombre de ses etats.
224 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
existe un entier p tel que la probabilite qu'une cha^ne de longueur superieure a p soit tiree est
inferieure a
.
7.2.5.2 Comparaison de l'apprentissage PAC et de l'identication a la limite
Quelques points de comparaison entre ces deux methodes peuvent ^etre soulignes :
L'identication a la limite impose de retrouver exactement une representation du langage
cible. Le cadre PAC pour sa part se contente d'une approximation de la cible.
L'identication a la limite ne pose aucune contrainte sur la complexite calculatoire des
algorithmes alors que l'approximation PAC demande la polynomialite de l'inference en
fonction de la precision, de la tolerance imposee au resultat ainsi que de la taille de la cible
et celle de , et d'une borne sur la plus grande cha^ne.
L'identication a la limite ne garantit d'aucune maniere la vitesse de convergence alors que
l'approximation PAC impose que la precision de l'inference soit dependante de la quantite
de donnees.
Enn, le critere de Valiant amene la notion de distribution de probabilites des exemples
qui n'existait pas dans le critere de Gold. Il impose cependant que l'approximation soit
garantie quelle que soit la distribution D alors que dans le cadre de l'identication a la
limite, l'identication doit se faire pour toute presentation.
7.2.6 Resultats PAC pour les langages reguliers
Il existe nombre de resultats negatifs concernant l'identication PAC. Le resultat qui va
nous interesser principalement a ete demontre par Kearns et Valiant [KV89] : ils ont prouve
que la PAC -identication polynomiale, independamment de la representation 22 de la classe des
automates nis deterministes acycliques de taille est un probleme NP-dicile.
Pitt et Warmutt ont montre que le probleme qui consiste a retrouver un automate polyno-
mialement plus grand que le plus petit DFA compatible avec les donnees etait NP-dicile. Ils
montrent de plus que la taille du vocabulaire prend part a la diculte de l'inference :
Theoreme 7.4 ([PW93])
Le probleme suivant est NP-dicile : etant donne une constante k et des exemples positifs et
negatifs denis sur un alphabet , jj = 2, existe-t-il un DFA comportant au plus nk etats
compatible avec les donnees, avec n la taille du plus petit automate compatible.
21. Le symbole designe la dierence symetrique de deux langages et jj est la taille de l'alphabet.
22. L'apprentissage independant de la representation consiste a laisser a l'algorithme le choix de la representation :
AFN , AFD, grammaire, etc.
Chapitre 7 L'inference grammaticale 225
Si l'on considere que la taille de l'alphabet n'est pas donnee mais fait partie du probleme,
on a :
Theoreme 7.5 ([PW93])
Quelle que soit la constante > 0, il n'existe pas d'algorithme polynomial permettant de determiner
s'il existe un automate compatible avec les donnees de taille n(1;) log log n .
Les principales variations du cadre PAC portent sur des restrictions sur la classe des distri-
butions des exemples. Le principe est de donner a l'algorithme de (( bons )) exemples. Ce peut
^etre fait soit en denissant un professeur qui choisit les exemples en fonction de la cible, soit
en imposant des contraintes sur la distribution de probabilites : l'algorithme est alors presque
assure de travailler avec des donnees caracteristiques de la cible. Deux idees qui vont dans ce
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sens ont ete proposees par Denis et al. [DDG96] d'une part et par Denis et Gilleron [DG97]
d'autre part. La premiere approche se conforme au principe qui stipule que les exemples les plus
simples doivent ^etre preferes. Le deuxieme point de vue propose que l'enseignant choisisse des
exemples an de faciliter l'apprentissage. Nous allons presenter maintenant ces deux approches.
Resultats
Denis et al. [DDG96] ont montre que dans ce modele les langages k-reversibles (voir au
paragraphe 7.4.1) etaient identiables.
Par ailleurs, Parekh et Honavar [PH97] ont montre que les DFA de taille N , N connu et xe,
etaient probablement exactement identiables dans le modele PACS. Ce resultat est plus fort
que la PACS-apprenabilite au sens ou l'identication de l'automate cible peut se faire avec une
grande probabilite. Plus precisement, ils ont montre que l'echantillon caracteristique necessaire
a l'identication a la limite de l'algorithme RPNI 24 etait present avec une probabilite superieure
a 1 ; , lorsque l'on se place dans le cadre PACS ayant pour critere de conance .
La faiblesse principale de ce cadre de travail est qu'il suppose la possibilite du calcul de la
complexite de Kolmogorov (voir le chapitre 17). C'est donc un cadre purement theorique. Sa
deuxieme faiblesse est la diculte d'interdire une collusion entre oracle et apprenant, c'est-a-dire
le codage de l'hypothese dissimule dans les exemples. Conscients de ce probleme, certains des
auteurs se sont tournes vers une approche plus realiste en pratique.
23. Pour une etude de la complexite de Kolmogorov, le lecteur pourra consulter [LV97].
24. Il sera question en detail de cet algorithme au paragraphe 7.5.4.
226 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Resultats
Denis et Gilleron montrent [DG97] d'une part que la classe des DFA denis sur n, n xe
et connu, est PAC -identiable sous distributions bienveillantes.
La preuve est basee sur la propriete d'identication a la limite de l'algorithme RPNI [OG92a].
Elle consiste a construire un echantillon d'apprentissage a partir d'un enseignant et a montrer
qu'un tel ensemble d'apprentissage contient probablement l'echantillon caracteristique.
Par ces deux approches, on apprehende maintenant mieux la diculte de denir la notion
d'apprentissage d'un automate. Le probleme consiste a poser des contraintes sur les exemples
que l'on donne a l'apprenant et a travers lui, sur la distribution de probabilites sur les exemples.
Si on ne fait aucun presuppose sur la pertinence des exemples (cadre PAC classique), le cadre
est trop contraignant et des algorithmes qui inferent correctement en pratique n'apprennent pas
dans ce cadre. Si on propose de donner des exemples pertinents (cadre PACS et cadre PAC sous
distributions bienveillantes) on ne peut eviter le probleme de la collusion.
Un premier theoreme nous assure que, sous le biais de la completude structurelle, l'ensemble
des hypotheses compatibles avec l'echantillon est exactement le treillis construit sur MCA(I+ ).
Theoreme 7.6
Soit I+ un echantillon positif d'un langage quelconque regulier L et soit A n'importe quel au-
tomate acceptant exactement L. Si I+ est structurellement complet relativement a A alors A
appartient a Lat(MCA(I+ )). Reciproquement, si un automate A appartient a Lat(MCA(I+ ))
alors I+ est structurellement complet relativement a A.
Le second theoreme assure que l'on peut reduire l'espace de recherche si on cherche l'automate
canonique d'un langage.
Theoreme 7.7
Soit I+ un echantillon positif d'un quelconque langage regulier L et soit A(L) l'automate cano-
nique acceptant L. Si I+ est structurellement complet relativement a A(L) alors A(L) appartient
a Lat(PTA(I+ )).
De plus, nous pouvons enoncer une propriete d'inclusion entre ces deux treillis:
Propriete 7.5
Lat(PTA(I+)) Lat(MCA(I+ ))
Cette propriete decoule directement de la denition 7.16 du PTA(I+ ) qui est un automate
quotient du MCA(I+ ). De plus, comme le treillis Lat(PTA(I+ )) est generalement strictement
inclus dans le treillis Lat(MCA(I+ )), rechercher une solution dans Lat(PTA(I+ )) au lieu de
Lat(MCA(I+ )) permet de considerer un espace de recherche plus restreint.
0
a 1
b 2
Fig. 7.13 { Un automate pour lequel l'echantillon fabg n'est pas structurellement complet.
MCA(I+ ) et evidemment pas non plus du PTA(I+). Il n'est pas possible de denir une parti-
tion de l'ensemble des etats QMCA telle que A corresponde a MCA(I+ )= avec q1 2 FMCA= .
Au contraire, l'echantillon fab; ag est structurellement complet relativement a l'automate A qui
peut donc ^etre derive du MCA, ou du PTA associes a cet echantillon.
7.3.3 La taille de l'espace de recherche
Gr^ace aux resultats presentes a la section 7.3.2, nous savons que si nous disposons d'un
echantillon positif I+ d'un langage inconnu L, avec I+ structurellement complet relativement a
un automate inconnu A acceptant exactement L, alors nous pouvons deriver A pour une certaine
partition de l'ensemble des etats du MCA(I+ ). Nous pouvons des lors considerer l'inference
reguliere comme un probleme de recherche de la partition .
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Mais l'exploration de cet espace n'est pas un probleme facile : sa taille est le nombre de
partitions jP (N )j d'un ensemble a N elements ou N est ici le nombre d'etats de l'element nul
du treillis, c'est-a-dire PTA(I+ ) ou MCA(I+ ): Ce nombre cro^t plus qu'exponentiellement en
fonction de N . A titre d'exemple, jP (10)j = 105 , jP (20)j = 51013 , jP (30)j = 8:5 1023 ...
b b
2
b 4 4
b 2
c a a c
0
a b c 5 5
c b a 0
1
b 3 3
b 1
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b
b 2 5
0
a
1
b 4
b 7 b 2 b
a 0 b 5,7
a
1
a 3
b 4,6
3
b 6 b
a
b
2 b b
b
0 a 1,3 b
a
b
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a 3 4,5,6,7
1 0 2,4,5,6,7
b
b
Fig. 7.15 { Exemple d'execution de l'algorithme k-RI, avec I+ = fab; bb; aab; abbg.
Algorithme 7.1 Algorithme k-RI
Entree : k, l'ordre du modele, I+ , l'echantillon positif
Sortie : Ak , un automate canonique acceptant le plus petit langage k-reversible incluant I+
fN designe le nombre d'etats de PTA(I+)g
ff0g; f1g; : : : ; fN ; 1gg fUn bloc par etat du PTA(I+ )g
A PTA(I+ )
tant que :(k-reversible (A=)) faire
(B1 ; B2 ) non-reversible (A=; )
nfB1 ; B2 gU fB1 UB2 g fFusion du bloc B1 et du bloc B2 g
n tant que
A=
Rappelons qu'il est prouve que cette methode identie a la limite la classe des langages
k-reversibles pour k donne.
7.4.2 Une methode heuristique : l'algorithme ECGI
L'algorithme ECGI est une methode d'inference heuristique concue pour extraire l'informa-
tion sur la longueur de sous-cha^nes des elements de I+ et de la concatenation de ces sous-cha^nes.
Cet algorithme est incremental, c'est-a-dire qu'il mesure une (( distance )) entre un nouvel exemple
et le modele existant et adapte le modele conformement. Le langage accepte par la grammaire
inferee inclut I+ ainsi que d'autres cha^nes obtenues par concatenation de sous-cha^nes des
elements de I+ .
Nous reprenons la description de l'algorithme ECGI tel qu'il a ete formellement presente
dans [RV88, RPV89a]. La representation utilisee est celle des grammaires regulieres. Nous illus-
trons egalement son fonctionnement a l'aide de la representation equivalente en automates.
Propriete 7.6
L'algorithme ECGI produit une grammaire G = (N; ; P; S ) reguliere, non deterministe, sans
Chapitre 7 L'inference grammaticale 231
cycle 28 et qui verie la condition suivante :
8A; B; C 2 N; 8b; a 2 si (B ! aA) 2 P et (C ! bA) 2 P alors b = a.
En d'autres termes, le m^eme lettre de l'alphabet terminal est associee avec toutes les produc-
tions ayant le m^eme non-terminal en partie droite. Cela permet d'associer les terminaux aux
etats plut^ot qu'aux arcs de l'automate equivalent.
Denition 7.28
A toute production dans P , sont associes les regles d'erreur suivantes :
Insertion de a : A ! aA; 8(A ! bB ) 2 P; 8a 2
Substitution de b par a : A ! aB; 8(A ! bB ) 2 P; 8a 2
A ! a; 8(A ! b) 2 P; 8a 2
Suppression de b : A ! B; 8(A ! bB ) 2 P; 8a 2
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A ! ; 8(A ! b) 2 P; 8a 2
Denition 7.29
La grammaire etendue G0 = (N 0 ; ; P 0 ; S ) de G est la grammaire obtenue en ajoutant les regles
d'erreurs a P .
Denition 7.30
La derivation corrective optimale de 2 est la derivation de , conformement a la grammaire
G0 et qui utilise un nombre minimal de regles d'erreurs.
L'algorithme ECGI construit d'abord la grammaire canonique acceptant la premiere cha^ne
de I+ . Ensuite, pour chaque nouvel exemple , la derivation corrective optimale est calculee et la
grammaire est etendue conformement a cette derivation 29 . Elle produit la sequence optimale de
regles correctes (celles deja presentes dans la grammaire) et de regles d'erreur pour l'acceptation
de . Nous presentons a la gure 7.16 un exemple d'execution de l'algorithme ECGI prenant
en entree l'echantillon I+ = faabb; abbb; abbab; bbbg et en representant chaque grammaire par
un automate associe. Les etats et transitions en pointilles correspondent a l'extension de la
grammaire a chaque etape.
b 3 b
0
a 1 4
b 5
a a b b a b
0 1 2 3 4 2
a 2 b a 5 b
b 3 b a 5 b 4 6
b b b
a a 1
3
0 1 4 6
a b b 0
2 b
Fig. 7.16 { Exemple d'execution de l'algorithme ECGI, avec I+ = faabb; abbb; abbab; bbbg.
28. Une grammaire est sans cycle si quel que soit le non terminal A, aucune phrase engendree a partir de A n'est
de la forme xA, avec x 2 + . En pratique, cela revient a dire que l'automate correspondant ne comporte pas de
boucle et donc que le langage engendre est ni.
29. Cette derivation est obtenue par une procedure d'analyse corrective qui constitue une application de l'algorithme
de programmation dynamique (voir le chapitre 3 pour les generalites et le chapitre 13 pour une application
particuliere de la programmation dynamique: l'algorithme de Viterbi).
232 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Algorithme 7.2 Algorithme ECGI
Donnees d'entree : I+
Sortie : Une grammaire G compatible avec I+ et veriant la propriete 7.6
x I+1 ; n jxj
N fA0 ; : : : ; An;1 g ; fa1 ; : : : ; ang
P f(Ai ! aiAi); i = 1; : : : ; n ; 1g [ fAn;1 ! ang
S A0 ; G1 (N; ; P; S )
pour i = 2 a jI+j faire
G Gi;1 ; x I+i ;P 0 deriv optim (x; Gi;1 )
pour j = 1 a P 0 faire
G etendre gram (G; pj )
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n pour
Gi G
n pour
Retourner G
La fonction deriv optim (x; Gi;1 ) renvoie la derivation corrective optimale de la cha^ne x conforme-
ment a la grammaire Gi;1 . La fonction etendre gram (G; pj ) renvoie la grammaire etendue
conformement a la regle d'erreur pj .
Supposons que nous disposions desormais d'un echantillon negatif I; du langage inconnu
L. Dans ce cas, nous savons que nous pouvons, en principe, identier a la limite au moins
n'importe quel langage regulier (voir section 7.2.2). L'inference peut ^etre alors consideree comme
la decouverte d'un automate A compatible avec les echantillons positif et negatif, c'est-a-dire tel
que I+ L(A) et I; \L(A) = . Il existe un grand nombre d'automates compatibles appartenant
a Lat(MCA(I+ )). MCA(I+ ) satisfait ces conditions mais ne generalise pas l'echantillon positif.
Par consequent, nous pouvons chercher une solution plus generale sous le contr^ole de l'echantillon
negatif.
dans ce treillis, d'automate A0 , dierent de A, tel que A0 puisse ^etre derive de A et tel que
L(A0 ) \ I; = .
Denition 7.33
L'ensemble frontiere BSMCA(I+ ; I; ) est l'anticha^ne dont chaque element est a une profondeur
maximale dans Lat(MCA(I+ )).
Propriete 7.7
L'ensemble frontiere BSPTA(I+ ; I; ) contient l'automate canonique A(L) de tout langage regulier
L dont I+ est un echantillon positif et I; un echantillon negatif.
Par consequent, l'ensemble frontiere du treillis construit sur MCA(I+ ) est l'ensemble des
automates les plus generaux compatibles avec l'echantillon positif et l'echantillon negatif. D'autre
part, le probleme du plus petit AFD compatible se ramene a decouvrir le plus petit AFD
appartenant a l'ensemble frontiere du treillis construit sur PTA(I+ ).
7.5.2 Le lien avec l'espace des versions
Compte tenu de sa construction a partir de I+ puis de son elagage par I; , le treillis des solu-
tions est un cas particulier de l'espace des versions decrit au chapitre 4. On peut considerer sim-
plement que le PTA(I+ ) est l'unique generalisation la plus specique, donc que S = fPTA(I+ )g.
En revanche, il existe plusieurs solutions plus generales, qui ne sont autres que les elements de
l'ensemble frontiere : G = BSMCA(I+ ; I; ). Tout element du treillis qui peut se transformer en
element de BS par fusion d'etats est une solution. L'inference grammaticale ajoute un biais pour
trouver une des solutions de l'espace des versions : chercher un automate sur BS , donc tel que
toute fusion de deux de ses etats conduise a l'acceptation d'exemples negatifs. C'est donc une
heuristique de simplicite qui est adoptee, conformement au principe du rasoir d'Occam (voir au
chapitre 3 le paragraphe 3.4.7) et au principe MDL.
7.5.3 Les algorithmes RIG et BRIG
E tant donne des echantillons positif I+ et negatif I; , il est facile, par un algorithme nomme
RIG 30 [MdG94], de construire completement BSMCA (I+ ; I; ). Cet algorithme procede par enu-
meration des automates derives du MCA(I+ ), c'est-a-dire des partitions dans Lat(MCA(I+ )).
Il s'agit d'une enumeration en largeur a partir de l'element nul du treillis des partitions, le
30. L'abreviation RIG provient de la terminologie anglaise pour Regular Inference of Grammars.
234 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
MCA(I+ ). Cette enumeration ne conserve que les automates compatibles a chaque profondeur
dans le treillis. Par la propriete 7.1 d'inclusion des langages, nous pouvons eectuer un elagage
par heritage, qui consiste a eliminer tous les automates a la profondeur i + 1 qui derivent
d'au moins un automate non compatible a la profondeur i. Ensuite, les automates restant a la
profondeur i +1 subissent un elagage direct qui consiste a eliminer les automates non compatibles
a cette profondeur. Finalement, l'ensemble frontiere est obtenu en memorisant tous les automates
compatibles et qui ne possedent aucun derive compatible. La solution proposee par l'algorithme
RIG est, par exemple, le premier automate deterministe rencontre a la profondeur maximale
de l'ensemble frontiere, mais l'algorithme RIG peut egalement fournir comme solution tout
l'ensemble frontiere (comme le ferait l'algorithme de l'elimination des candidats dans la methode
de l'espace des versions).
La complexite de RIG etant non polynomiale 31, une version heuristique, nomme BRIG, a
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ete proposee [MdG94]. Elle consiste a ne considerer qu'une petite proportion des partitions,
generee aleatoirement. Cette selection aleatoire permet de garantir, en pratique, une complexite
polynomiale et de construire un sous-ensemble du BS . L'algorithme BRIG est clairement de
nature heuristique car il n'existe pas de caracterisation de la classe de langages qu'il identie (son
caractere aleatoire implique que dierentes executions partant des m^emes donnees ne conduisent
pas necessairement au m^eme resultat).
7.5.4 L'algorithme RPNI
7.5.4.1 Une exploration ecace du treillis
L'algorithme RPNI [OG92b] eectue une recherche en profondeur dans Lat(PTA(I+ )) et
trouve un optimum local au probleme du plus petit AFD compatible. Nous savons que l'iden-
tication d'un langage regulier L par exploration du treillis des partitions du PTA(I+ ) n'est
envisageable que si l'on suppose la completude structurelle de I+ relativement a l'automate
canonique A(L). Sous cette hypothese, l'algorithme RPNI est particulierement ecace.
Par construction du PTA(I+ ) (voir denition 7.16), chacun de ses etats correspond a un
prexe unique et les prexes peuvent ^etre tries par ordre lexicographique 32 <. Cet ordre s'ap-
plique donc egalement aux etats du PTA(I+ ): L'algorithme RPNI procede en N ; 1 etapes ou
N est le nombre d'etats du PTA(I+ ): La partition a l'etape i est obtenue en fusionnant les deux
premiers blocs, par ordre lexicographique, de la partition a l'etape i ; 1 et qui, de plus, donne
lieu a un automate quotient compatible.
L'automate quotient A=0 peut ^etre non deterministe. La fonction determ fusion (A=0 ) realise
la fusion pour determinisation en renvoyant la partition 00 obtenue en fusionnant recursivement
tous les blocs de 0 qui creent le non-determinisme 33. Si A=0 est deterministe, la partition 00
est egale a la partition 0 .
Si l'automate deterministe ainsi obtenu est correct pour I; , c'est-a-dire s'il n'en accepte
aucun echantillon, alors RPNI est relance a partir de cette solution provisoire. Pour conserver
31. Dans le pire des cas, aucun elagage par I ; n'est eectue. Dans ce cas, l'algorithme RIG explore tout le treillis des
partitions. Malgre un elagage eectif par l'echantillon negatif, il a ete observe experimentalement que la complexite
de RIG reste non polynomiale en fonction de N , le nombre d'etats du MCA(I+) [MdG94].
32. L'ordre lexicographique sur les cha^nes de , correspond a un ordre par longueur des cha^nes et, pour une
longueur donnee, a l'ordre alphabetique. Par exemple, pour l'alphabet fa; bg, les premieres cha^nes dans l'ordre
lexicographique sont : ; a; b; aa; ab; ba; bb; aaa; aab : : :
33. L'operation de fusion pour determinisation d'un AFN ne doit pas ^etre confondue avec l'algorithme classique
de determinisation d'un AFN, qui a pour objet de produire un AFD acceptant le m^eme langage [AU72].
Conformement a la propriete 7.1, l'AFD obtenu par fusion des etats d'un AFN accepte, en general, un surlangage
de l'AFN dont il provient.
Chapitre 7 L'inference grammaticale 235
Algorithme 7.3 Algorithme RPNI
Entree : I+ ; I;
Sortie : Une partition du PTA(I+ ) correspondant a un AFD compatible avec I+ etI; fN
designe le nombre d'etats de PTA(I+ )g
ff0g; f1g; : : : ; fN ; 1gg
A PTA(I+ )
pour i = 1 a N ; 1 faire
pour j = 0 a i ; 1 faire
0 nfBj ; Bi gU fBi UBj g ; fFusion du bloc Bi et du bloc Bj g
00 determ fusion (A=0 )
si A=00 correct(I; ) alors
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00 ;
n si
n pour
n pour
Retourner A A= ;
l'ordre lexicographique, quand un etat est fabrique par fusion et correspond donc a un bloc
d'etats du PTA, il prend alors le rang de l'etat du PTA de rang le plus faible dans ce bloc.
La solution proposee par l'algorithme RPNI est un automate deterministe appartenant au
BSPTA(I+ ; I;). Par la propriete 7.5.1, nous savons qu'il s'agit de l'automate canonique pour le
langage qu'il accepte. Cependant, il ne s'agit du plus petit AFD compatible que si les donnees
d'apprentissage satisfont une condition supplementaire, c'est-a-dire contiennent un echantillon
dit caracteristique, formellement deni dans [OG92b]. En d'autres termes, lorsque les donnees
d'apprentissage sont susamment representatives, la decouverte de l'automate canonique du
langage a identier est garantie. De plus, cet automate est egalement la solution du probleme
du plus petit AFD compatible, dans ce cas particulier. Les auteurs ont demontre que la taille
d'un echantillon caracteristique propre a cet algorithme est O(n2 ) ,ou n est le nombre d'etats
de l'automate cible [OG92b]. La complexite calculatoire de l'algorithme RPNI, dans sa derniere
version publiee, est O((jI+ j + jI; j) jI+ j2 ).
Il est de plus demontre [TB73b] que si l'echantillon d'apprentissage contient toutes les cha^nes
de longueur inferieures a 2k ; 1 ou k est le nombre des etats de l'automate cible alors, l'iden-
tication est garantie. Mais cette propriete est ne : si l'ensemble d'apprentissage contient toutes
les cha^nes sauf une partie inme de l'ensemble caracteristique, alors, l'identication n'est plus
garantie [Ang78b].
7.5.4.2 Un exemple
Partons des ensembles I+ = f; ab; aaa; aabaa; aaabag et I; = faa; baa; aaabg. L'automate
PTA(I+) est represente sur la gure 7.17, en haut. Il possede dix etats.
L'algorithme RPNI commence par fusionner deux etats. En l'absence d'autre indication
les etats 0 et 1 sont choisis. Ceci conduit a un indeterminisme, puisque l'etat f0; 1g mene
desormais a lui-m^eme et a l'etat 2 par une transition a. La procedure de fusion pour
determinisation est donc appellee.
{ Elle fusionne d'abord l'etat f0; 1g avec l'etat 2. Mais ceci amene deux autres indeter-
236 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
b a
a 4 6 8
a 2 b
a a a
0 1 b 5 7 9
3
b a a
{0,1,2,4} {3,5,6} {7,8} {9}
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a a a
{0,3} {1,5} {2,6,7} {4,8,9}
b b b
2. S ! a + S
engendre la phrase : x = a + a + a par l'arbre de derivation de la gure 7.18. Sous forme
! !!#!#Scc
2 !!##
regle!! cc
a +
##Scc
regle##
2 cc
a + S
regle 1
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a
Fig. 7.18 { L'arbre de derivation de la phrase a + a + a par la grammaire G.
importante (ce qui n'est qu'en partie corrige par l'usage d'un oracle) ; d'autre part, la decouverte
d'une recursion n'induit pas directement la grammaire.
Cette methode est une generalisation et une actualisation des (( anc^etres )) de l'inference gram-
maticale, l'algorithme de Chomsky et Miller [CM57a] pour les langages reguliers et son extension
aux langages algebriques par Solomono [Sol59]. Elle partage avec elles deux caracteristiques
fondamentales : la recherche des recursions comme heuristique de base et l'utilisation d'un oracle.
Une grammaire lineaire equilibree est caracterisee par des regles de la forme : A ! uBv j w
avec : u; v; w 2 ; A; B 2 N et : j u j=j v j ;
Un langage lineaire equilibre est tel qu'il existe une grammaire lineaire equilibree qui l'en-
gendre.
La famille de ces langages algebriques est strictement superieure a celle des langages reguliers.
Takada [Tak88] utilise la notion suivante :
Denition 7.36
Un langage est dit engendre par une grammaire G = (V; ; S; P ) sous le contr^ole d'un
sous-ensemble C 2 P quand toutes ses phrases se derivent de S par une suite de regles de
P formant un element de C .
Le sous-ensemble C peut ^etre vu comme un langage sur P : il peut donc ^etre regulier,
algebrique, etc.
La methode construit d'abord une certaine grammaire GL, lineairement equilibree universelle
(autrement dit telle que L(GL ) = X ), et utilise la propriete suivante :
Propriete 7.2
Pour tout langage lineaire equilibre L, il existe un unique sous- ensemble regulier C 2 P tel
que L soit engendre par GL sous le contr^ole de C.
Le probleme de l'inference d'une grammaire lineairement equilibree peut alors se ramener a
celui de la construction d'un ensemble de contr^ole eventuellement inni, mais regulier ; Takada
propose un algorithme general d'inference de ces grammaires dont la partie inductive peut ^etre
composee a partir de n'importe quel algorithme d'inference reguliere.
a [0.8] A b [0.4]
S F
a [0.2]
La probabilite d'une phrase par rapport a une grammaire se calcule comme la somme, sur
toutes les facons possibles que cette phrase a d'^etre emise par la grammaire, du produit des
probabilites des regles utilisees. Par exemple, la phrase abbb ne peut ^etre acceptee par l'automate
0 :8 0:6 0:6 0:4
de la gure 7.19 que par la succession de transitions S ;! A ;! A ;! A ;! F : il n'y a qu'une
seule facon de l'emettre. Sa probabilite est : 0:8 0:6 0:6 0:6 0:4 = 0:0069. On la notera
ici : abbb[0:0069]. De m^eme, la phrase bb, non acceptee par l'automate, a une probabilite nulle :
bb[0].
Sous certaines conditions, on peut assurer qu'une grammaire stochastique est consistante 36 ,
c'est-a-dire qu'elle denit une distribution de probabilites sur . Toujours dans notre exemple,
le langage engendre peut s'ecrire :
fa[0:2]g [ fabn[0:8 0:6n;1 0:4] j n 1g
On peut verier que la grammaire proposee est consistante.
Un echantillon d'inference stochastique est constitue d'un ensemble de phrases muni de
frequences d'apparition. On peut donc aussi le considerer comme un multiensemble de sequences.
Par exemple, le multiensemble:
fa; ab; ab; ab; abb; abb; abbbbg
peut se recrire :
fa[ 71 ]; ab[ 37 ]; abb[ 27 ]; abbbb[ 17 ]g
Pour en rester au cas regulier, l'inference consiste donc a apprendre un automate ni sto-
chastique a partir d'un tel echantillon d'inference.
36. L'emploi de ce mot est ici sans ambigute.
242 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Nous ne rentrerons pas ici dans le detail des methodes. Donnons le principe commun a
plusieurs d'entre elles ([CO94], [Car97], [JP98], [TD]), qui est une generalisation de la technique
RPNI (sans exemples negatifs) expliquee au paragraphe 7.5.4.
On construit le PTA stochastique, qui genere au maximum de vraisemblance l'echantillon
d'apprentissage stochastique.
Le processus de generalisation est la fusion d'etats.
Quand deux etats sont fusionnes, il faut recalculer les probabilites associees a ses transitions
de sortie de maniere a garantir la consistance du langage accepte.
Le choix des deux etats a fusionner se fait par exemple en cherchant a maximiser la
ressemblance entre la distribution de probabilites sur l'echantillon et celle donnee sur
par l'automate obtenu ou sur un test statistique.
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Comme il n'y a pas de contre-exemple, l'arr^et du processus doit se faire par un critere empi-
rique, qui etablit un compromis entre la complexite de l'automate infere et son adequation
avec l'echantillon.
Notons qu'il existe une extension stochastique de l'algorithme ECGI qui permet d'inferer
une grammaire reguliere stochastique par une procedure incrementale en une seule passe sur
l'echantillon positif [CM99]. En eet, les probabilites associees aux productions de la grammaire
peuvent ^etre mises a jour par comptage de la frequence d'utilisation des regles lors de l'analyse
corrective de chaque nouvelle cha^ne.
7.7.2 Le point de vue connexionniste
Terminons cette section en ouvrant un apercu sur un certain nombre de travaux qui portent
sur l'utilisation de reseaux connexionnistes en inference grammaticale, habituellement a partir
d'echantillons positif et negatif. Le principe de cet apprentissage ne correspond pas au cadre
classique de l'inference tel que nous l'avons presente. Cependant une equivalence theorique entre
certains reseaux connexionnistes et les automates nis deterministes a ete demontree.
L'idee est d'utiliser l'apprentissage par reseaux connexionnistes (voir le chapitre 10) ayant
pour entrees des sequences et non plus des vecteurs de IRd . Il faut pour cela utiliser des archi-
tectures plus complexes que celles des reseaux multicouches. Parmi les nombreuses variantes, les
reseaux connexionnistes recurrents, et les reseaux d'ordre 2 ont ete utilises pour approcher le
comportement d'automates nis. Des extensions de ces modeles ont ete proposees an d'approxi-
mer les automates a piles qui sont equivalents aux grammaires algebriques. Une bonne reference
recente sur ces sujets est [SG98].
L'analyse algebrique de l'espace de recherche a ete decrite dans [DMV94]. Les performances des
algorithmes sont detailles dans [LPP98]. Les deux articles [Sak97] et [Lee96] decrivent par-
ticulierement l'inference de grammaires algebriques, tandis que [TD99] est assez complet sur
l'inference stochastique. Une partie du texte de ce chapitre est repris de [DM98] et de [Dup96].
On trouvera dans les articles bibliographiques des references a des techniques du m^eme
type qui permettent l'apprentissage de transducteurs (des automates nis qui transforment des
sequences en d'autres sequences), a des grammaires d'arbres, a des grammaires de formes bidi-
mensionnelles, etc.
Le site internet : http://www.univ-st-etienne.fr/eurise/gi/gi.html est tres complet
sur l'inference grammaticale. Il renvoie en particulier a des bibliographies thematiques et a des
textes de presentation.
On doit aussi citer, dans un registre voisin, les travaux de D. Osherson, P. Adriaans, etc.
([OSW86]) qui s'interessent a l'apprentissage de fonctions recursives.
Resume
L'inference grammaticale apprend un concept a partir d'exemples positifs et
negatifs de sequences.
En general, ces concepts sont des automates nis : ce sont des modeles simples,
mais tres utiles.
La theorie et les algorithmes de l'inference grammaticale sont des themes riches
et actifs en apprentissage.
Des extensions existent pour les automates stochastiques, certains types de
transducteurs et des modeles grammaticaux plus complexes, comme les gram-
maires d'arbres.
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244
PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
Chapitre 8
Apprentissage par evolution simulee
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La recherche d'une bonne hypothese est generalement tres dicile car les espaces
d'hypotheses sont de taille considerable, souvent innie, et que la fonction d'evaluation
y est generalement irreguliere. C'est pourquoi il est avantageux de disposer soit d'une
structure forte sur H, comme c'est le cas lorsque l'on peut utiliser une relation de
generalite entre hypotheses, soit de connaissances a priori sur le domaine permet-
tant de contraindre la recherche. A defaut de quoi, on est condamne a recourir a
des methodes d'exploration plus faibles, telle les methodes de gradient plus ou moins
sophistiquees (comme le recuit simule).
Les algorithmes evolutionnaires occupent une place intermediaire. Le principe est de
faire une recherche dans l'espace H en utilisant une population d'hypotheses que l'on
fait evoluer selon les recettes de l'evolution naturelle : en utilisant des operateurs
genetiques de croisement et de mutation, et en selectionnant les meilleurs individus
pour engendrer la generation suivante d'hypotheses. D'un c^ote, on peut considerer
qu'il s'agit la d'une sorte de methode de gradient stochastique utilisant une popu-
lation plut^ot qu'une seule hypothese. De l'autre, on peut aussi voir ces algorithmes
comme des methodes d'exploration guidees car elles decouplent l'espace d'hypotheses
en l'espace d'hypotheses proprement dit et un espace (( genotypique )) dans lequel des
operateurs d'evolution guident la recherche de meilleures hypotheses.
C'est en raison de ces deux visages que nous avons place l'expose de ces methodes a la
charniere de la partie sur l'apprentissage par exploration (guidee) et de la partie sur
l'apprentissage par optimisation (utilisant des methodes de gradient). Cette dualite
les rend tres attrayantes et importantes a conna^tre. Elles sont d'un large emploi
dans les applications.
246
es canards ne sont pas tous sauvages. Certains sont domestiques et modies a des
L ns alimentaires ou esthetiques. Pour ce faire, les eleveurs (( creent )) des races par
des manipulations genetiques naturelles, essentiellement par des croisements visant a
ameliorer tel ou tel critere sur l'oiseau : sa qualite gustative, la quantite de sa ponte
ou certains aspects de son apparence. Voici deux exemples de ce que l'on peut lire dans une
encyclopedie recente des animaux domestiques 1 :
Canard Kaki Campbell. Cette race doit son nom a une eleveuse anglaise du Gloucestershire,
Mrs Campbell, qui la crea en 1901 a partir de canard sauvage, de Coureur indien brun
et blanc et peut-^etre d'Orpington. On attribue a une eleveuse, Mme Flamencourt, les
premieres selections francaises dans les annees 1920.(...) La cane est utilisee en croisement
avec des m^ales Pekin pour la production de canards dits Nantais.
Canard Huppe. Mutation du canard fermier. Les sujets les mieux huppes ont ete selectionnes
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1. A. Raveneau : Inventaire des animaux domestiques en France (bestiaux, volailles, animaux familiers et de rapport).
Nathan, 1993.
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 247
Notations utiles pour ce chapitre
pmut Probabilite de mutation d'un bit
pcrois Probabilite de croisement
PH (t) Population d'hypotheses dans H a l'instant t.
PG (t) Population de genomes dans G a l'instant t.
N Taille de la population PG
La fonction de performance (tness function)
t Le nombre d'individus participant a un tournoi
L La longueur des cha^ne de bits des genomes de G
n(s; t) Nombre de genomes representants le schema s dans la population PG (t)
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x
h = π(g)
- -
+ - -
- +
- - + -
+
+
+
+ H
+
+ - +
- -
-
- -
- X
x
g
G
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Fig. 8.1 { L'induction est ici realisee par un jeu entre trois espaces : d'abord l'espace des
exemples X , ensuite l'espace des hypotheses H dans lequel est cherchee une descrip-
tion adequate de X , et enn l'espace (( genotypique )) G dans lequel s'eectuent les
operations permettant l'exploration de H.
Ph(t) = π(Pg(t))
x
Ph(t-1)x
- - x
Ph(t+1)
+ - -
- +
- - + -
+
+
+
+ P(H)
+
+ - +
- -
-
- -
- x x
Pg(t-1) x Pg(t+1)
X
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Pg(t)
P(G)
Fig. 8.2 { Le processus general d'apprentissage par l'utilisation d'un espace genotypique. Nous
avons note ici P (H) et P (G ) des espaces de populations d'hypotheses et de genomes.
De ce fait, dans ce schema, il faut comprendre Ph(t) et Pg(t) respectivement comme
une population d'hypotheses a l'instant t et une population de genomes a l'instant t.
Ces populations evoluent en cours de recherche.
E tape 1 Expression : une population PG (t) 2 G est projetee dans l'espace phenotypique H
par l'application : PH (t) = (PG (t)).
Etape 2 Mesure de la performance : la population d'hypotheses est evaluee, en general par
une evaluation individuelle de chaque hypothese, gr^ace a la fonction qui utilise les
donnees d'apprentissage. Cela evalue implicitement la population PG (t).
E tape 3 Selection d'une operation de variation de PG (t) : en fonction de l'evaluation de
la population PH (t), le systeme selectionne l'operation de variation qui va transformer
la population PG (t).
E tape 4 Variation : l'operation de variation selectionnee a l'etape precedente est appliquee a
PG (t) pour obtenir la nouvelle population PG (t + 1).
Ce cycle est repete jusqu'a ce qu'une population PH (t) obtienne une evaluation jugee satisfai-
sante (par exemple la meilleure hypothese h 2 PH (t) ne change plus ou tres peu du point de vue
de sa performance), ou jusqu'a ce qu'une borne de ressources computationnelles soit atteinte.
Nous allons illustrer ce processus general en etudiant le cas des algorithmes genetiques.
Les algorithmes genetiques standards (car il y a des mutants, evidemment) utilisent une
representation dans l'espace des genotypes G , ou encore des genomes, par des cha^nes de bits
de longueur xe. Par exemple, chaque hypothese de H pourrait ^etre associee a un genome
de longueur 12 bits, permettant ainsi de representer 212 individus. Du point de vue pratique,
l'inter^et de ce type de representation est qu'il se pr^ete a des operateurs de modication simples
(voir section 8.3.4). Le theoreme des schemas (voir section 8.3.6) revendique une justication
theorique de l'emploi de representations binaires.
La question est de savoir comment choisir la representation adequate pour le probleme etudie.
Cela implique un choix delicat de la taille de la representation : plus celle-ci est grande, plus le
nombre d'hypotheses representables est eleve, mais plus aussi l'exploration de G et donc de H
peut ^etre co^uteuse. Generalement, le choix du codage par des bits est lie a celui des operateurs de
modication des genomes, dans la mesure ou il faut eviter qu'un operateur puisse, en (( cassant ))
les primitives du codage, engendrer des genomes ne corespondant a aucune hypothese valide.
algorithmes genetiques. En eet, les justications theoriques de ces algorithmes indiquent qu'il
faut des populations tres grandes (idealement innies) pour que l'algorithme fonctionne optima-
lement. Cela est aussi souhaitable pour conserver une bonne diversite a la population, permettant
ainsi d'echapper aux optima locaux. Inversement, les considerations pratiques de co^ut compu-
tationnel militent pour l'emploi de populations de taille limitee, sous peine de ne pas pouvoir
repeter susamment les etapes necessaires a l'evolution de la population.
Par ailleurs, le choix de la population initiale s'eectue souvent par un tirage aleatoire sur
chaque bit des cha^nes constituant les individus de G . Cependant, si des connaissances a priori
sont disponibles sur le probleme, il est possible de biaiser la population initiale en selectionnant
des individus representant des hypotheses prometteuses. Il faut cependant se meer de ne pas
pour autant trop amoindrir la diversite genetique necessaire a l'exploration par evolution simulee.
8.3.4 Les operateurs
Dans le cadre des algorithmes operant sur le genotype, on appelle operateurs des applications
denies sur G permettant le renouvellement de la population a chaque generation. La variete
des operateurs imaginables est innie. C'est a la fois un des charmes des travaux exploratoires
dans ce domaine, mais aussi une source d'agacement car bien souvent seul le concepteur d'un
nouvel operateur en voit clairement l'inter^et ! John Holland a propose de suivre les recettes
de l'evolution naturelle en adoptant les deux principaux operateurs connus vers le mileu du
XXe siecle 2 : la reproduction sexuee impliquant un croisement entre genomes, et la mutation par
erreur de recopie ou par alteration due a un agent exterieur (par exemple des rayons cosmiques).
8.3.4.1 Les operateurs de croisement
Un operateur de croisement est une application de : G G ! G G . Il prend donc deux
genomes et produit deux nouveaux genomes. De maniere analogue au croisement (cross-over)
de la genetique naturelle, l'idee essentielle est de combiner des caracteristiques des parents dans
l'espoir d'obtenir des descendants beneciant du meilleur des deux parents. Dans le cas d'une
representation par cha^ne de bits de longueur xe, le croisement consiste a selectionner des
sous-cha^nes de chaque genome et a les intervertir. On distingue le croisement a un point et le
croisement multipoint.
{ Dans le croisement a un point, on tire d'abord au hasard un point entre deux bits de
2. Depuis, les recherches sur la genetique ont devoile d'autres operateurs qui semblent guider l'evolution et permettre
par exemple une adaptation plus rapide quand des changements de milieu qui ont deja ete rencontres dans le
passe surviennent (voir par exemple le livre de Christopher Wills La sagesse des g^enes)et le livre de science ction
L'echelle de Darwin (Darwin's radio) de Greg Bear pour un roman base sur ces idees.
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 253
la representation par cha^ne, puis en prenant les deux genomes parents, on echange leurs
sous-cha^nes a partir de ce point. (Voir gure 8.3 (a)).
{ Dans le croisement multipoint, on tire d'abord au hasard plusieurs points entre bits
de la representation par cha^ne, puis en prenant les deux genomes parents, on echange les
sous-cha^nes correspondantes. (Voir gure 8.3 (b)).
{ Dans le cas extr^eme, les sous-cha^nes echangees sont reduites a un bit. Chaque bit a alors
une certaine probabilite, souvent proche de 0.5, d'^etre echange avec le bit correspondant
de l'autre genome. On parle alors de croisement uniforme. (Voir gure 8.3 (c)).
1 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1 1 0 1 1 (a) 1 0 0 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1
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0 0 1 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 0 0 1 0 1 1 0 1 0 0 1 1 0 1 1
1 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1 1 0 1 1 (b) 1 0 0 0 1 0 0 1 0 1 1 1 0 1 1
0 0 1 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 0 0 1 0 1 1 0 1 0 0 1 1 1 0 1
1 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1 1 0 1 1 (c) 1 0 1 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 1 1
0 0 1 0 1 0 0 1 0 1 1 1 1 0 1 0 0 0 0 1 1 0 1 0 0 1 1 0 0 1
0 0 0 0 0 0 0
pmut = 0,5
0 0 0 0 0 0 0
pmut = 0,3
0 0 0 0 0 0
pmut = 0,1
0 0 0 0 0 0 0 0
aussi certaines methodes d'apprentissage par renforcement (chapitre 16)). C'est egalement le cas
des algorithmes genetiques par l'usage des operateurs de croisement et de mutation.
La recherche en genetique laisse supposer que l'echange de materiel genetique entre indivi-
dus joue un grand r^ole dans l'evolution des organismes avances. Le principe en serait que ce
croisement permet une recombinaison de primitives deja testees (blocs d'ADN ou sequences
de bits) ouvrant la possiblite de combinaisons encore plus performantes entre ces primitives.
Par combinaisons successives de blocs de plus en plus grands, le croisement permettrait ainsi
l'evolution vers des organismes de plus en plus performants tendant a ^etre retenus par le pro-
cessus de selection naturelle. Il s'agit la d'une sorte d'exploitation des informations contenues
dans la population courante de genomes. En revanche, cet operateur, combine avec le processus
de selection qui elimine des individus, tend a appauvrir le stock de primitives disponibles. Il est
donc necessaire de disposer d'un autre operateur introduisant des nouveautes dans ce stock de
primitives. C'est le r^ole de l'operateur de mutation qui, par la modication aleatoire de bits,
conserve un taux de renouvellement, donc de diversite, des genomes. La mutation joue ainsi un
r^ole d'exploration.
La proportion de ces deux operateurs dans l'etape de modication d'une generation PG (t)
pour passer a la suivante est sujette a controverse. Pour John Holland, l'operation de croisement
est fondamentale puisqu'elle permettrait l'emergence progressive de primitives de plus en plus
interessantes dans le contexte de l'environnement courant. L'operation de mutation ne serait la
que pour conserver une source de diversite necessaire. En revanche, les promoteurs des strategies
d'evolution ont le discours inverse, minimisant le r^ole du croisement pour se concentrer sur celui
de la mutation, ce qui revient a implementer une sorte d'algorithme de gradient stochastique.
Qui a raison?
Il est utile de se reporter au no-free-lunch theorem qui sera debattu dans le chapitre 17. Ce
theoreme armant qu'aucune methode inductive n'est meilleure qu'une autre independamment
d'une classe de problemes donnee a une contrepartie pour ce qui concerne les methodes d'optimi-
sation par recherche dans un espace de solutions (voir [Wol97]). Ici aussi, aucune methode d'opti-
misation n'est meilleure en moyenne sur tous les problemes d'optimisation possibles. Il en resulte
que chaque methode est adaptee a certaines classes de problemes et inoperante pour d'autres
classes de problemes. La controverse entre partisans d'une forte proportion d'operations de croise-
ment et ceux favorisant l'usage de la mutation est donc sterile. Ce qui est interessant est d'essayer
d'identier les types de problemes pour lesquels chaque methode est la plus performante. Dans
l'etat actuel des connaissances, il semble que l'usage important de l'operation de croisement soit
interessant lorsque la fonction a optimiser est relativement continue, ne presentant pas trop de
discontinuites.
A ceux que cette caracterisation tres qualitative ne satisfait pas, nous conseillons de consulter
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 255
les travaux recents portant sur la notion de (( ruguosite )) du paysage de la fonction a optimiser
(voir par exemple [Ang98]).
Pour terminer sur ce probleme, il est a noter que les techniques les plus recentes utilisent
une adaptation dynamique de la proportion de chaque operateur en fonction des informations
glanees lors de l'exploration de l'espace de recherche. Cela facilite aussi l'adaptation dans des
environnements changeant avec le temps.
8.3.5 La selection
Les operateurs etudies dans la section precedente fonctionnent dans l'espace G des genotypes.
La selection, qui consiste a calculer la nouvelle population d'hypotheses, s'eectue dans l'espace
H sous la pression de l'environnement decrit dans l'espace des entrees X . On peut y distinguer
trois phases : une phase d'evaluation dans laquelle chaque hypothese h 2 H est evaluee (par
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exemple en mesurant son risque empirique), une phase de selection proprement dite ou l'on ne
retient qu'une partie de la population courante d'hypotheses, et une phase de remplacement qui
remplace la population courante PH (t) par une nouvelle population PH (t + 1).
Il est tentant d'evacuer rapidement la phase d'evaluation des hypotheses. Apres tout il n'y a
rien la de nouveau : il s'agit seulement d'evaluer la qualite ou la performance de chaque hypothese
dans le contexte des donnees d'apprentissage. Dans le contexte des algorithmes operant sur le
genotype, on parle de fonction d'evaluation ou de fonction de performance quand on n'adopte pas
directement le terme anglais de tness function. Nous voulons cependant souligner l'importance
de cette etape dans le contexte des algorithmes operant sur le genotype. En eet, ces algorithmes
impliquent generalement l'evolution de populations d'hypotheses, ce qui signie que le plus
souvent de tres nombreuses hypotheses doivent ^etre testees. Si l'evaluation d'une hypothese
est co^uteuse, comme c'est frequemment le cas (par exemple dans la recherche d'une structure
mecanique devant remplir un certain cahier des charges, ou dans la recherche d'un programme
de commande de robot), alors l'evaluation d'une population d'hypotheses peut ^etre, et de loin,
l'etape la plus exigeante en ressources computationnelles. Dans ce cas, on peut utiliser, si c'est
possible et avec circonspection, une approximation de la fonction d'evaluation pour accelerer le
calcul, surtout pour les premieres generations. Une fois que toutes les hypotheses de la population
courante ont ete evaluees, il faut decider quelles hypotheses meritent attention et peuvent servir
pour le calcul de la generation suivante. C'est le r^ole de l'etape de selection.
8.3.5.1 L'etape de selection
Une fois que la qualite des individus est determinee gr^ace a la fonction de performance , il
reste a decider quels individus seront selectionnes pour le calcul de la generation suivante par
l'utilisation d'operateurs genetiques, et quels individus seront conserves ou au contraire elimines.
C'est ce que realise l'etape de selection.
D'un certain c^ote, l'etape de selection joue un r^ole de methode d'exploitation puisqu'elle
utilise l'information rendue disponible par l'evaluation de la population courante des hypotheses
pour decider ou doit porter l'attention dans la generation suivante.
Conformement a la theorie darwinnienne de l'evolution, la selection doit tendre a favoriser les
meilleurs individus d'une population pour en faire les (( parents )) de la generation suivante, c'est-
a-dire ceux qui transmettront du materiel genetique. Orientant l'exploration de G , ils contr^oleront
aussi l'exploration de H, avec l'espoir de la conduire dans les regions les plus interessantes. Il faut
cependant regler avec soin la pression selective, c'est-a-dire la tendance a ne conserver que les
meilleurs individus. Si en eet celle-ci est trop elevee, le risque est grand d'une perte de diversite
dans la population d'hypotheses, ce qui conduit a une convergence prematuree. Inversement,
256 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
une pression selective insusante ne conduit pas a une convergence. Plusieurs techniques ont
ete proposees pour regler ce compromis. Nous en presentons ici trois parmi les plus classiques.
1. La selection proportionnelle a la performance mesuree. Chaque hypothese h 2 PH (t)
est evaluee par la fonction de performance (phi comme tness). La performance propor-
tionnelle de chaque hypothese est alors denie comme :
400 h 5 h 4h 3 h 4h 3 h 2
h2
h5 h1
300 h1
h6 h 10
200 h 10
h9 h6
100 h7 h9
h7 h8 h8
0
h 1 h 2 h 3 h 4 h 5 h 6 h 7 h 8 h 9 h 10
Fig. 8.5 { On considere ici une population de dix hypotheses dont la performance est guree
dans le graphique de gauche. Dans la selection par roulette (premier camembert), a
chaque individu est associe un rayon de la roulette dont l'angle est proportionnel a
sa performance absolue. Le tirage au hasard selon la roulette donne une esperance de
tirage de chaque individu proportionnelle a sa performance absolue. Dans la selection
par roulette proportionnelle au rang (second camembert), a chaque individu est associe
un rayon de la roulette dont l'angle est proportionnel a son rang dans la population, le
meilleur individu etant credite du plus grand nombre, le second de ce nombre moins
un, le dernier de un. Le tirage au hasard selon la roulette donne une esperance de
tirage de chaque individu proportionnelle a ce nombre.
2. La selection proportionnelle au rang. Un inconvenient de la selection proportion-
nelle a la performance est que si un ou plusieurs (( superindividu(s) )) apparaisse(nt), de
performance tres superieure aux autres, ils risquent de completement monopoliser le pool
genetique dont sera issu la prochaine generation. Il arrive alors frequemment que la popula-
tion stagne dans un optimum local. Pour eviter ce risque de perte de diversite prematuree,
on utilise souvent la selection proportionnelle au rang. Dans ce cas, les individus sont
ordonnes dans l'ordre de leurs performances respectives, et la probabilite de participer a
la construction de la prochaine generation est determinee par le rang et non directement
par la performance. Par exemple, on utilise une roulette dans laquelle chaque individu est
associe a une part proportionnelle a Nrang (hi )
(_ N ;1)=2 , ou N est la taille de la population. L'eet
obtenu est celui d'une pression selective adoucie lorsque la variance des performances est
grande, tandis qu'elle est au contraire accentuee si la variance est faible (voir gure 8.5).
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 257
3. La selection par tournoi. Les methodes de selection decrites ci-dessus exigent l'eva-
luation de toutes les hypotheses de la population. Une autre methode peut eviter cela, qui
de plus se pr^ete bien a une parallelisation des calculs. Supposons que l'on ait besoin de
selectionner individus pour engendrer la generation suivante, l'idee est alors d'organiser
tournois de t N individus chacun. On retient alors le meilleur individu de chaque
tournoi. La taille k de ces tournois est un parametre permettant de contr^oler la pression
selective : plus k est grand, plus celle-ci est grande. Dans la pratique, on utilise souvent
des valeurs de k comprises entre 2 et 10. Un autre atout de cette methode est qu'elle est
peu sensible aux erreurs de la fonction de performance .
Une fois que les individus les plus aptes ont ete selectionnes, ils sont utilises comme entrees
des operateurs genetiques an de calculer des individus neufs. Supposons que individus aient
ainsi ete retenus : un cas typique est d'utiliser environ =2 individus pour des croisements, =20
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pour de la mutation et le reste pour une simple recopie. Bien s^ur ces proportions peuvent varier,
et m^eme considerablement. Ainsi dans les strategies d'evolution, le croisement n'est pas employe,
tandis que les individus selectionnes sont utilises pour l'operation de mutation.
8.3.5.2 L'etape de remplacement
Apres que la selection a retenu parents et que ceux-ci ont produit descendants, il faut
decider de quels individus sera composee la population suivante, sachant qu'en general la taille
N de la population reste xe. Plusieurs variantes sont possibles suivant que des individus de la
population precedente sont admis a perdurer dans la nouvelle population ou non.
µ
λ
N N
PG(t) PG(t+1)
Fig. 8.6 { Le schema general du remplacement d'une population par la suivante. parents sont
selectionnes dans la population courante pour engendrer individus qui gureront
dans la population suivante. Le reste des individus necessaires a la completion de la
population est obtenu par des methodes variees.
Une methode extr^eme consiste a remplacer entierement la generation precedente par les
descendants calcules. On parle alors de remplacement (; ) ou les individus de la generation
suivante (ici = N ) sont les meilleurs des individus obtenus par les operateurs genetiques. L'in-
convenient de cette methode est qu'elle risque de perdre des individus excellents d'une generation
et de les remplacer par des individus plus mediocres. C'est pourquoi une autre methode est plus
souvent employee, le remplacement ( + ), qui consiste a tirer les N nouveaux individus parmi
les parents selectionnes plus les descendants calcules.
Une alternative a ces methodes impliquant le remplacement d'une generation par la suivante
est la technique de generation par remplacement local (steady-state). Le principe consiste a
selectionner une sous-population de la population totale puis de determiner par roulette ou par
tournoi un ou des parents dans cette sous-population pour engendrer les remplacants de cette
sous-population, en respectant une population totale constante. Chaque generation n'implique
258 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
de ces algorithmes, ce qui devrait permettre aussi, dans l'esprit du no-free-lunch theorem (voir
17.4.1), de mieux cerner les familles de problemes pour lesquels ils sont les plus adaptes.
Depuis quelques annees, plusieurs travaux de recherche importants ont ete dedies a l'etude
theorique du fonctionnement des algorithmes operant sur le genotype (voir par exemple [Cer95,
Kal99, Rud97, Vos99] ...). Ces travaux utilisent principalement des modelisations par cha^nes de
Markov, par martingales, ou des concepts tels que la rugosite de l'espace de recherche. Nul doute
que ces travaux defrichent un terrain qui se revelera fecond et qu'un specialiste des algorithmes
operant sur le genotype doit conna^tre. Cependant, il nous semble interessant de consacrer
l'espace limite de ce chapitre a une analyse theorique deja ancienne : le theoreme des schemas
d^u a Holland en 1975. En eet, m^eme si elle a ete depuis l'objet de nombreuses etudes critiques
et semble depassee sur certains points, elle est encore la source de profondes interrogations.
Le point de depart de cette etude theorique reside dans un resultat de la theorie de Markov,
a savoir que le nombre de tests necessaires a l'obtention d'un optimum global par une recherche
aleatoire cro^t exponentiellement avec la dimension L de l'espace de recherche quelle que soit la
fonction de performance cible. Qu'est-ce qui fait alors la dierence avec des algorithmes utilisant
le genotype? Qu'est-ce qui peut expliquer leur puissance apparente?
L'une des motivations de John Holland etait de montrer pourquoi l'operateur de croisement
est essentiel dans le fonctionnement des algorithmes genetiques. L'idee fondamentale est que les
genotypes associes a des hypotheses contiennent dans leur code des primitives de construction
(building blocks). Dans le cadre des algorithmes genetiques, une primitive peut ^etre n'importe
quelle sous-sequence de cha^ne de bits qui se presente dans la population. Mais cette notion
s'etend aussi aux algorithmes utilisant d'autres types de representations : des sous-arbres dans
le cas de la programmation genetique ou des portions d'automates dans le cas de la program-
mation evolutive. L'hypothese est que la possession dans leur code genetique de bonnes primi-
tives augmente la performance des individus qui en sont dotes (comme la possession d'un cur
augmente notablement le domaine d'action des organismes qui en sont dotes). De ce fait, ces
individus tendent a ^etre davantage selectionnes pour la reproduction de la nouvelle generation
et par consequent ces primitives tendent a se multiplier et a se repandre dans la population
(le theoreme des schemas montre que cet accroissement des bonnes primitives est exponentiel
en cours d'evolution). Le croisement permettant la combinaison de ces primitives en super-
primitives conduirait alors a l'emergence de superindividus.
Plus formellement, on recherche une hypothese optimale via l'exploration de l'espace des
genomes G , ce qui revient a chercher un genome optimal. L'hypothese fondamentale de Holland
est qu'un genome optimal est une superposition de parties de genomes qu'il appelle des schemas,
qui correspondent chacune a des proprietes particulieres des hypotheses associees. Ainsi, un
schema est une primitive de construction dans la mesure ou le trait qu'il code dans H corres-
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 259
pond a une propriete mesurable et que c'est l'addition de telles proprietes qui rend une hypothese
performante. Il est crucial de noter que cette hypothese fondamentale est nullement triviale et
correspond en fait a une contrainte tres forte sur la relation entre H et G . Cela signie en eet
que le codage des hypotheses dans G respecte une independance entre les proprietes pertinentes
(pour la performance) des hypotheses, la superposition de deux schemas etant associee a l'ad-
dition de deux proprietes mesurables dans H. Trouver un tel code n'est generalement pas une
t^ache aisee. Nous allons voir que le theoreme des schemas, qui decoule de cette hypothese fonda-
mentale, ajoute encore des contraintes sur ces schemas si l'on veut que les algorithmes operant
sur le genotype fonctionnent. La discussion qui suit s'applique aux algorithmes genetiques qui
operent sur des cha^nes de bits de longueur xe. L'extension a d'autres types de representations
a fait l'objet de travaux mais se heurte a des dicultes que nous soulignerons dans les sections
correspondantes.
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alphabets binaires, d'ou le choix de la representation pr^onee par Holland. En eet, par
exemple, la cha^ne 0101 est representative de 24 schemas dans un alphabet binaire, alors
que le nombre total de schemas est de 3L . Dans un alphabet n-aire, la cha^ne 0101 est
toujours representative de 24 schemas, tandis que leur nombre total est de n4 . On voit que
l'exporation implicite permise par une population de taille donnee est ainsi plus ecace
dans le cas d'un alphabet binaire.
L'etude decrite ci-dessus concerne des representations sequentielles de taille xe. Que se
passe-t-il dans le cas de l'utilisation de representations dont la taille peut varier et dont les
primitives peuvent ^etre rearrangees dans le genome? On a encore beaucoup de mal a l'analyser,
mais il existe plusieurs propositions tres interessantes d'algorithmes utilisant des representations
alternatives et qui ont ete largement testees sur de nombreux problemes.
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0.625 6 0.5 6 0. 20 0. 20 0. 20
0. 17 0. 16 0. 16 0. 16
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0. 16 0. 15 0. 14 0. 14 0. 14
0. 14 0. 13 0. 13 0. 12 0. 12
0. 12 0. 10 0. 10 0. 10 0. 9
0. 9 0. 9 0. 9 0. 9 0. 8
0. 8 0. 8 0. 7 0. 7 0. 7
0. 7 0. 6 0. 5 0. 5 0. 5
0. 5 0. 4 0. 4 0. 4 0. 3
0. 3 0. 2
0. 2
0. 2 0. 2
2 11 3
3 10,01 1 2 11 1
11 2
104 10,11
00 2 11 3 10 10,01
10 00 11
00
11 5 11 1 10,01
14 3 14
01,11 11 4 11
01 00 0101
00 6 16
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10
4 11 10
10
00 10
11 7 1501 01 1
0100
01 00 00 13 4 00 13 11
00 01
11 00 00 00
01,10 00
8 14 5
01 11 11 10 5
11
00 01
11 9 11 13 00 11 00
10 10 115 00 10 00
14
10 12 10 10 00
1111 6 10
00 00 6
01 9 6 7
7 00 11
11 11 01 01
2 2
3
2 3 3
11 3 2 11 11
01 01
10,01 10 10
4 11 10,01
10 11 11
00 1 00 1
10 11 10 11 10
01 01
11 1
01
4 1
00
00
5
11 01 01 4 4
01 01
00 11
15 11 01 6 6
11 11
6 10 5 6
01 01
01 01
2 2 2
2
3 3 3
11 11 11 3
01 01 01
11
10 10 10 01
10
4 4 4
01 00 01 01 4 00
2 2
2 2
3 3 3
3 11 11 11
11 01 01
01 01
10 10 10
10 00
11 6
6 11 6 11 6
11
01
01 01 01
Fig. 8.8 { Le meilleur automate toutes les dix generations de la generation 10 a la generation
200. Des la generation 70, le meilleur automate predit parfaitement la sequence. Le
reste de l'evolution conduit a une simplication du meilleur automate.
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 265
t^aches a realiser. L'idee est seduisante, elle semble cependant completement irrealisable. Tout
programmeur a deja eu l'occasion de pester contre une virgule ou un point-virgule mal place
responsable du plantage d'un programme, alors comment une exploration au hasard, ou presque,
de l'espace des expressions possibles pourrait parvenir a produire un programme valide, encore
plus d'un programme solution, et qui plus est ecace?!
Encore une fois la solution reside dans une representation adequate des programmes se
pr^etant bien a l'utilisation d'operateurs d'exploration ecaces. En intelligence articielle, dire
ceci revient evidemment a enoncer une tautologie. Personne n'a de recette pour trouver une telle
representation ni les operateurs associes. Cependant, toute une ecole de chercheurs, a la suite
de pionniers tels que Cramer [Cra85] et Koza [Koz92, Koz94, KA99], a propose une nouvelle
approche qui a ete testee de maniere prometteuse sur une grande variete de problemes. L'idee
fondamentale est de s'appuyer sur une representation des programmes par arbres et d'utiliser des
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langages de programmation dont la syntaxe est simple et telle que des manipulations syntaxiques
egalement simples produisent encore des programmes licites. Cette idee, deja largement exploitee
par Douglas Lenat dans son programme AM (Automated Mathematician [Len78]), conduit a
s'interesser a des langages de programmation tels que Lisp ou des derives comme Scheme ou
Mathematica.
8.5.1 La representation des programmes
La dierence essentielle entre les algorithmes genetiques et la programmation genetique est
que dans ces derniers les structures de programmation ne sont pas codees par des genomes
lineaires, mais par des termes ou des expressions symboliques correspondant a un langage de
programmation. Les unites objets de mutation ou de recombinaison ne sont plus des caracteres
ou des sous-sequences de cha^nes, mais des modules fonctionnels (a la Lisp) representes par
des arbres. Une telle representation conduit a une redenition des operateurs genetiques. Ainsi,
les primitives de representation sont maintenant des termes (feuilles de l'arbre) ou des sous-
termes (sous-arbres) qui peuvent ^etre soit remplaces (mutation) soit echanges entre des arbres
representant des programmes (recombinaison). En comparaison avec les algorithmes utilisant
des genomes lineaires, cela ouvre des possibilites inedites. Par exemple, la taille des genomes
n'est plus xee ni m^eme en principe limitee en taille ou en profondeur. Les adaptations possibles
des structures de programmes sont ainsi potentiellement illimitees, correspondant a de grandes
variations tant dans la semantique que dans les aspects algorithmiques des programmes. Certains
pensent m^eme que cela ouvre des perspectives radicalement nouvelles par rapport a la biologie
dont le materiel genetique est code sur des chromosomes lineaires.
8.5.1.1 L'ensemble des terminaux et des fonctions
En programmation genetique, les fonctions et les terminaux sont les primitives servant a
decrire les programmes. Qualitativement, on peut dire que les terminaux fournissent des valeurs
au programme tandis que les fonctions traitent ces valeurs. Les terminaux correspondent aux
feuilles des arbres, tandis que les fonctions correspondent aux nuds internes.
Denition 8.4 (Ensemble des terminaux)
L'ensemble des terminaux est constitue par les entrees des programmes, les constantes denies
a priori et les fonctions d'arite nulle ayant des eets de bord calcules en cours d'execution.
Les terminaux retournent une valeur numerique sans recevoir d'arguments en entree. En
general ces terminaux sont constitues des valeurs numeriques rencontrees dans l'echantillon
266 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
d'apprentissage en plus de constantes jugees utiles par le concepteur. D'autres valeurs numeriques
pourront ^etre calculees par l'usage de fonctions prenant des terminaux en argument.
Denition 8.5 (Ensemble des fonctions)
L'ensemble des fonctions est constitue des declarations, operateurs et fonctions disponibles pour
le systeme.
Exemple 8.4
Voici quelques exemples de fonctions qui peuvent ^etre utilisees en programmation genetique.
{ Fonctions boolennes. Exemples : AND, OR, NOT, XOR
{ Fonctions arithmetiques. Exemples : PLUS, MINUS, MULTIPLY, DIVIDE
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la mutation sur une representation par arbre opere en selectionnant au hasard un sous-
arbre et en le remplacant par un autre sous-arbre engendre aleatoirement, en respectant
les limites de profondeur ou de taille denies pour l'initialisation de la population. (Voir
gure 8.9).
Mult Mult
Mutation
Mult Add Mult Add
b c a c b c Div c
a 2
a c Mult b a c b c
Croisement
a 3.14
Mult Mult
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Mult b a c
b c a c
a 3.14
8.5.5 Illustrations
Nous illustrons brievement le fonctionnement de la programmation genetique sur deux prob-
lemes. Le premier est un probleme d'induction classique. Il s'agit, etant donne un echantil-
lon d'exemples et de contre-exemples decrits dans un espace numerique X = IRd , de trouver
l'equation d'une separatrice entre les deux classes d'objets. Le second probleme concerne l'in-
duction du programme de contr^ole d'un robot simule (cense modeliser une fourmi) dans un
environnement simplie dans lequel se trouve de la (( nourriture )).
8.5.5.1 Induction d'une separatrice entre deux classes
L'experience rapportee dans cette section concerne l'induction d'une surface separatrice dans
un espace d'exemples appartenant a deux classes et decrits par des descripteurs numeriques. Le
principe de l'experience est le suivant : une fonction de separation cible est choisie aleatoirement
par combinaison d'un certain nombre xe de descripteurs en utilisant un repertoire de fonctions
fourni a priori. Par exemple, en xant le nombre de descripteurs a deux et le jeu de fonctions
a : +, -, ; , il est possible de produire la separatrice : f (x) = xx11 +xx22 . Un ensemble de points
de X tires aleatoirement sont alors etiquetes par comparaison avec la fonction separatrice. Par
exemple, tous les points pour lesquels f (x) 0 sont etiquetes '+'. On obtient ainsi un ensemble
d'apprentissage qui est utilise par un algorithme d'apprentissage utilisant la programmation
genetique. Cet algorithme utilise un jeu de terminaux incluant des constantes et des variables
representant les descripteurs (qui ne font pas tous forcement partie de la fonction cible : ce
sont des descripteurs non pertinents) et un ensemble de fonctions incluant par exemple : +,
-, ; ; cos; sin; :::. La fonction de performance mesure le risque empirique, par exemple par
un critere entropique (voir les arbres de decision dans le chapitre 11), une fonction de co^ut
quadratique ou simplement le nombre d'exemples mal classes. De plus, pour favoriser l'obtention
d'expressions simples, un terme de penalite a ete introduit dans la fonction de performance,
prenant en compte le nombre de nuds dans les arbres produits. Une fois que l'algorithme a
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 269
trouve une separatrice, on evalue son risque reel en comptant le nombre d'exemples mal classes
sur un echantillon de test.
Dans les experiences realisees ([BTC96]), les parametres avaient les valeurs suivantes :
{ Taille de l'ensemble d'apprentissage : 200 exemples generes aleatoirement
{ Taille de l'ensemble de test : 10000 exemples generes aleatoirement
{ Taille de la population : 500 (i.e. 500 fonctions de decision en competition dans la popula-
tion)
{ Nombre de generations : 50 (pour chaque execution)
{ Nombre d'executions : 1000
{ Profondeur maximale des arbres : 8 p
{ Ensemble de fonctions : +; ;; ; (cos; sin; exp; log; )
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15
0 10
East
5
5
10
South
15
0
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Fig. 8.11 { Le monde du robot fourmi. Les cases en noir correspondent a des murs infranchis-
sables, celles en gris fonce a de la nourriture, celles en gris clair a des traces de
pheromones. (D'apres [Jac01], p.401).
Ces actions ou commandes sont integrees dans une expression seq correspondant a une
sequence. Chaque action ou commande, en comptant aussi les requ^etes au senseur, est comptee
comme une action. Le robot s'arr^ete s'il a trouve toutes les cases contenant de la nourriture ou
s'il a depasse le nombre maximal d'actions autorisees, ici 400.
Un programme est represente par une sequence de commandes ou d'actions qui peuvent
eventuellement correspondre a des iterations si les commandes stop et again sont incluses.
Exemple de programmes
Par exemple, le programme dont l'expression est :
ifSensor[food][seq[advance,again],seq[nop]]
correspond a une boucle permettant de suivre des cases consecutives de nourriture. La requ^ete
ifSensor sera executee aussi longtemps qu'il y a aura de la nourriture juste devant le ro-
bot declenchant alors une action advance. Sinon, la boucle est quittee et le robot continuera
d'executer les commandes suivantes s'il y en a.
La performance d'un programme de contr^ole de robot h est mesuree par le nombre n de cases
de nourriture visitees pondere par un terme prenant en compte la complexite du programme,
an de favoriser les programmes simples :
(
n+1 si dh dmax ,
(h) = dmax : n + 1 si dh > dmax .
dh
Les operateurs genetiques utilises dans les experiences decrites par Ch. Jacob incluent la
mutation et le croisement, ainsi que des deletions, des duplications, des permutations, etc. Ces
operateurs sont denis par des moules (templates) qui specient quels motifs dans un programme
peuvent ^etre remplaces et par quoi. Par ailleurs, il existe un programme de simplication des pro-
grammes obtenus qui est applique a chaque generation. Ce type de programme de simplication
est essentiel dans la programmation genetique.
Les gures 8.13 et 8.15 donnent une idee du genre de programmes qui peuvent ^etre obtenus
dans un processus d'evolution jouant sur une population d'individus de cinquante programmes.
Le meilleur individu de la cinquieme generation va droit devant avant d'^etre arr^ete par le mur. A
la generation 9 (voir la gure 8.12) le meilleur programme ne diere du meilleur de la generation
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 271
5 que par une instruction, la derniere, mais celle-ci correspond a tourner a gauche si un mur est
rencontre. La trajectoire obtenue a partir du point initial est alors une boucle. Des ameliorations
sensibles apparaissent de temps en temps lors des generations suivantes, jusqu'a l'obtention a la
generation 59 d'un programme permettant, sur le probleme pose, de passer sur toutes les cases
de nourriture (voir gures 8.14 et 8.15).
Gen.9, Ind.1, Fit.13.
30
20
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t 15
10 0 10
East
5
15 5
0 10
10 South
5 East 15
10 5 0
South 15
Fig. 8.12 { Le meilleur individu de la generation 9 correspond a un robot qui avance tout
droit sauf lorsqu'il se trouve face a un mur, auquel cas il tourne a gauche.
(D'apres [Jac01], p.401).
AntTracker
seqadvance, ifSensordustseqstop, advance,
ifSensordustseqturnLeft, again, nop,
advance,
ifSensorwall
seqturnLeft, again, advance
30
20
t 15
10 0 10
East
5
5
15 10
0 South
10 15
5 East
5 0
10
South 15
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Fig. 8.14 { Le comportement du meilleur programme de la generation 59. Toutes les cases de
nourriture sont visitees sans detours inutiles. (D'apres [Jac01], p.401).
AntTracker
seq,
ifSensorwallseqturnLeft, turnLeft, again,
seq,
ifSensorwallseqturnLeft, again, turnRight,
ifSensorwallseqturnLeft, again, advance,
ifSensordustseqturnLeft, again,
ifSensorwallseqifSensordustadvance,
seqifSensordustseqturnLeft, again,
ifSensorwallseqturnLeft, again, advance
Fig. 8.15 { Le programme du meilleur individu de la generation 59. (D'apres [Jac01], p.401).
Le theoreme des schemas est dicile a appliquer dans le cas de la programmation genetique
notamment parce que les primitives de construction peuvent migrer d'un endroit a l'autre en
cours d'evolution et aussi parce que la representation des individus est de longueur variable.
Nous reportons le lecteur interesse a [BNKF98] pp.145 et suivantes pour une discussion sur
les dierentes tentatives d'analyse formelle de la programmation genetique. Il y a la encore un
territoire a explorer.
Finalement, il est important de noter que dans le cas de la programmation genetique, les
espaces des hypotheses H et des genotypes G sont de fait confondus. C'est en eet le m^eme
espace qui sert a l'exploration (r^ole de G ) et a l'evaluation (r^ole de H). Un programme est ainsi
a la fois l'objet subissant les operateurs genetiques et l'objet s'exprimant dans l'univers pour y
produire une certaine performance.
8.6 La coevolution
Les approches mentionnees jusqu'ici cherchent a optimiser une fonction de performance
xee une fois pour toutes par l'objectif et par l'environnement connu par l'intermediaire d'un
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 273
Sorted Fitnesses History, Gen. 39
40
20
Fit.
0 Fit.
40
40 Best
-20 30 30
0 20Gen. Mean
20 10 20
Indiv. 40 10
Worst
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Gen.
20 40 60 80
Fig. 8.16 { A gauche, l'evolution des performances des cinquante programmes sur les trente-
neuf premieres generations. A droite, l'evolution des performances du meilleur
individu, de la moyenne et du pire individu, sur quatre-vingt-cinq generations.
(D'apres [Jac01], p.418).
echantillon d'apprentissage. La recherche d'une bonne hypothese s'eectue alors dans l'espace
des hypotheses H gr^ace a des manipulations dans l'espace genotypique G . On espere que la
representation choisie pour G et les operateurs de transformation selectionnes rendront la re-
cherche ecace. Cependant, il est peut-^etre possible de faire mieux encore en adaptant dyna-
miquement la fonction de performance que l'algorithme cherche a optimiser. L'idee serait de
faciliter l'exploration de l'espace d'hypotheses en cherchant d'abord des optima faciles a trou-
ver, puis en ranant progressivement le critere objectif. D'une certaine maniere, il s'agit la de
l'idee mise en uvre dans le recuit simule par exemple. Un processus de recherche de moins
en moins stochastique permettait de focaliser le systeme sur les zones les plus prometteuses
de l'espace de recherche. Dans le cas des algorithmes operant sur le genotype par evolution de
populations, il est possible de realiser cette idee d'une autre maniere inspiree par l'observation
de l'evolution dans la nature.
Le principe est de faire dependre la fonction de performance utilisee pour la selection des
meilleurs individus d'une population PG1 (t) d'une autre population PG2 (t), elle-m^eme sous la
dependance d'une fonction de performance commandee par PG1 (t). La metaphore biologique
est celle de la coevolution proie-predateur, dans laquelle au fur et a mesure que les predateurs
ameliorent leur performance contre les proies, celles-ci modient leur comportement pour dimi-
nuer leur vulnerabilite. Il s'ensuit une sorte de course aux armements qui a la fois rend plus
performants les individus des deux populations, mais aussi les rend davantage specialises face a
un environnement.
D'un point de vue pratique, plusieurs scenarios permettent de realiser une fonction de per-
formance dependant d'une autre population. Par exemple, dans certains cas, il est possible de
tester chaque individu contre tous les individus de la population adverse. On peut aussi tester
chaque individu contre le meilleur adversaire. Ou encore, on peut tester des individus pris au
hasard dans une population contre des adversaires egalement tires au hasard dans l'autre po-
pulation. De la sorte, chaque population devrait ameliorer sa performance face a la fonction de
274 PARTIE 2 : Apprentissage par exploration.
celle de cooperation plut^ot que celle de confrontation. La theorie des jeux est un guide utile en
ce domaine.
Citons pour nir les travaux sur l'evolution des operateurs genetiques eux-m^emes pendant
le processus d'optimisation.
8.6.1 Un exemple d'ecologie : les systemes de classeurs
Un interessant exemple d'ecologie d'hypotheses est fourni par le systemes de classeurs (clas-
sier systems) imagine par John Holland en 1975, bien avant que l'on parle de coevolution.
Le principe est celui d'un agent place dans un environnement dynamique, contr^ole par un
systeme expert dont les regles servent a interpreter le monde et a prendre des decisions qui sont
alors mises en uvre a l'aide d'eecteurs. Les regles appelees classeurs ont le format suivant :
if condition then action.
Comme dans un systeme expert classique, chaque regle peut ^etre declenchee par la situation
courante qui resulte a la fois de la perception et des inferences conduites par le systeme. Cette
situation est representee dans une memoire a court terme ou memoire de travail. A chaque
instant l'ensemble des regles courantes (la population) examine la memoire de travail pour voir
si ses conditions de declenchement sont realisees. Contrairement a un systeme expert classique ou
seule une regle est declenchee apres selection, ici toutes les regles declenchables sont declenchees
et contribuent ainsi a l'inference courante. Celle-ci modie alors la situation courante et le cycle
recommence (voir gure 8.17).
D'un certain c^ote, on peut concevoir ce systeme de regles comme une ecologie avec des regles
se specialisant dans certains types de t^aches et contribuant ainsi a la performance globale. Le
probleme est de faire evoluer un tel systeme ecologique. Pour ce faire, Holland a propose un
systeme de retribution de merite fonctionnant un peu comme une economie ou des entreprises
en competition pour des contrats remunerent leurs sous-traitants, devenant plus riches si le
contrat est remporte, ou s'appauvrissant dans le cas contraire. Cette redistribution des merites
est assez proche des methodes d'apprentissage par renforcement avec trace d'eligibilite (voir
chapitre 16). Le merite attribue de la sorte sert alors de mesure de performance pour chaque
regle et le fonctionnement classique d'un algorithme genetique est alors utilise pour determiner
les parents de la generation suivante.
Nous n'entrons pas davantage dans les details, reportant le lecteur interesse a [BGH89].
Malgre la seduction exercee par cette idee, elle n'a pas permis jusqu'a present d'obtenir de
resultats probants, notamment parce que la redistribution des merites est tres lente et ne permet
pas une evolution rapide de la population. Peut-^etre que les prochaines generations de machines
et des conceptions neuves sur la coevolution donneront un jour une nouvelle jeunesse a cette idee
Chapitre 8 Apprentissage par evolution simulee 275
seduisante car elle correspond a l'evolution d'une societe d'individus specialises fonctionnant sur
le mode de competition/cooperation.
Population de classeurs
Classeur-1 Condition Action
Classeur-2
. .
. .
. .
. .
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Classeur-N
(1) (2)
Description-1
Description-2
Fig. 8.17 { Schema d'un systeme de classeurs. En (1), les messages de la memoire de travail
sont compares aux regles du systeme. En (2), les regles declenchees inscrivent des
messages dans la memoire de travail, correspondant soit a des interpretations sur le
monde, soit a des decisions qui seront mises en uvre par des eecteurs.
un vif developpement dans les annees 1980 et lancerent veritablement le mouvement pour les
algorithmes evolutionnaires.
L'approche initiee par Fogel, Owens et Walsh dans les annees 1960 sur les strategies d'evolution
dans le cadre de populations d'automates a etats nis reste minoritaire dans les recherches et les
applications actuelles. Il n'est pas impossible que le developpement des applications en prediction
temporelle ne relance cette voie.
Une approche liee aux strategies d'evolution et qui etend les algorithmes genetiques de Hol-
land a des representations plus larges est celle de la programmation genetique dont Koza s'est
fait un avocat puissant [Koz92, Koz94, KA99]. Des conferences et des revues sont maintenant
entierement consacrees a cette famille d'algorithmes.
Globalement, la technique des algorithmes d'evolution articielle est devenue tres populaire,
autant que les reseaux connexionnistes. Elle le doit en particulier au fait qu'elle peut s'appliquer
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dans de tres nombreux contextes pour lesquels les techniques d'optimisation traditionnelles sont
mises en echec par manque de (( regularite )) de l'espace des fonctions cible. Les recherches
sont actives, tant pour investiguer de nouvelles variations algorithmiques que pour essayer d'en
faire une analyse theorique. Cette derniere est dicile. Elle est liee a la fois aux theories de
l'optimisation et a des theories sur les processus de diusion par exemple.
Resume
Les algorithmes evolutionnaires exploitent un decouplage de l'espace d'hypotheses
en un espace phenotypique (dans lequel les hypotheses ont une description portant
sur le monde et sont donc evaluables) et un espace genotypique (dans lequel les hy-
potheses, representees par des genomes, subissent un processus d'evolution simulee).
L'espoir est que les operateurs genetiques utilises pour faire evoluer les hypotheses, en
particulier le croisement et la mutation, fassent evoluer la population d'hypotheses
vers les regions de H ou se trouvent les hypotheses les meilleures.
L'un des inter^ets des algorithmes evolutionnaires est leur large domaine d'appli-
cations puisqu'ils permettent d'explorer des espaces d'hypotheses dans lesquels la
fonction de performance attachee aux hypotheses n'est pas derivable. C'est pour-
quoi ils sont frequemment utilises.
Plusieurs familles d'algorithmes ont ete developpees, dont principalement : les al-
gorithmes genetiques utilisant plut^ot une representation binaire des genomes, les
strategies d'evolution reposant sur une representation par automates, la program-
mation genetique travaillant dans un espace de programmes representable par des
arbres. Il existe egalement une extension appelee coevolution pour laquelle la fonc-
tion d'evaluation des hypotheses elle-m^eme resulte d'un processus evolutif dans un
jeu de competition.
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Troisieme partie
Apprentissage par optimisation
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Chapitre 9
L'apprentissage de surfaces
separatrices lineaires
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O
O O
O O
O O
O O
O
ZZ Z
O O Z Z
O OO Z
Z Z
Z Z Z Z
Z Z Z
Z Z Z Z
Pour trouver le concept geometrique qui denit la dierence entre un cygne et une oie, il
sut de tracer une droite dans cet espace de representation. Comment tirer au mieux parti
des donnees d'apprentissage? Considerons deux criteres simples. Le premier repond au principe
d'apprentissage ERM : on cherche la droite qui minimise le nombre d'erreurs dans l'ensemble
d'apprentissage. Elle est donnee en trait plein sur la gure. On remarque qu'un seul oiseau est
mal classe par l'hyperplan separateur, qui est ici la droite verticale. Ce point est indique par le
graphisme Z.
L'autre critere represente sur la gure est un peu plus elabore : il minimise une quantite
qui tient compte de tous les points d'apprentissage et repond au principe bayesien : la droite
obtenue, tracee en pointilles, bien qu'elle ait une erreur apparente de cinq elements d'appren-
tissage (indiques en gras), est plus equilibree et re
ete mieux la geometrie globale du concept a
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 281
apprendre. Nous ne serons pas plus precis pour le moment : la formalisation de ce type de critere
sera donnee dans ce chapitre. Constatons simplement que si on suppose, comme il se doit, que
les points d'apprentissage sont representatifs de la geometrie du concept cherche, cette seconde
droite semble mieux predire la repartition des observations dans l'espace choisi.
9.1 Generalites.
9.1.1 Hyperplans separateurs et discriminants dans un probleme a deux
classes.
Quand on est dans un espace de representation euclidien, on peut librement faire des hy-
potheses sur la geometrie des classes ou sur celles de leurs surfaces separatrices ; ceci permet
de mettre au point des techniques d'apprentissage non statistiquement fondees a priori, mais
peut-^etre plus faciles a appliquer. La plus simple d'entre elles est de supposer que deux classes
peuvent ^etre separees par une certaine surface, denie par une equation ; les parametres qui
regissent cette equation sont alors les variables a apprendre. Cette hypothese n'est pas au fond
tellement plus forte que de supposer que les classes sont de nature gaussienne, comme on le
fera par exemple au chapitre 14 ; elle est souvent bien s^ur fausse, mais peut mener a une pro-
babilite d'erreur raisonnable dans un bon nombre de problemes. Cette probabilite d'erreur doit
evidemment ^etre evaluee objectivement, sur un ensemble de test ou par les methodes presentees
au paragraphe 3.4.5.1.
Le nombre de parametres a calculer est minimal si l'on suppose cette surface lineaire ; aussi
est-ce l'hypothese qui prevaut dans la plupart des cas, d'autant qu'elle permet de mener des
calculs faciles et de visualiser precisement le resultat obtenu.
Dans IRd , une surface lineaire est un hyperplan A, deni par l'equation :
a0 + aT x = 0 (9.1)
282 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Cherchons a classer les hommes et les femmes sur la seule mesure de leur taille. Bien que
les hommes soient en general plus grands que les femmes, aucun echantillon d'apprentissage
representatif ne permettra de xer une valeur pertinente pour le seuil, etant donne qu'il existera
evidemment toujours certains hommes plus petits que certaines femmes. Dans ce cas, c'est
l'espace de representation qui est trop pauvre : d'autres criteres doivent ^etre mis en uvre pour
decider sans erreur du sexe d'un individu.
Supposons pour un autre exemple qu'un avimateur cherche a discriminer les eiders (Soma-
tiera mollissima) m^ales des femelles par le niveau de gris moyen de leur plumage. La encore,
un seuil sur cette mesure donnera une classication confuse ; mais, cette fois, l'espace de mesure
est susant ; c'est en revanche la denition des classes qui est trop pauvre. En eet, les femelles
sont toutes marron clair ; mais les m^ales sont soit blanc brillant quand on les observe de face,
soit noirs quand ils sont vus de dos. Il faudrait donc subdiviser cette derniere espece, ce qui
rendrait possible une bonne separation lineaire en trois classes (eider m^ale vu de face, eider m^ale
vu de dos, eider femelle) par deux seuils sur les couleurs. Il surait ensuite de regrouper les
deux classes extr^emes pour avoir resolu le probleme dans l'espace de representation initial. Cet
exemple sera detaille au debut du chapitre suivant, pour presenter les reseaux connexionnistes.
Denition 9.1 (Hyperplan separateur. Separatrice lineaire)
On appelle hyperplan separateur ou separatrice lineaire un hyperplan qui separe parfaitement les
deux classes, c'est-a-dire qui verie les equations 9.2 et 9.3 ; en particulier, il separe parfaitement
leurs points d'apprentissage.
Il n'est en general pas possible d'en trouver un. On se contentera donc de chercher un
hyperplan discriminant qui en sera une approximation, au sens d'un critere a xer.
Le probleme de l'apprentissage de surfaces lineaires n'est autre que la recherche des pa-
rametres a et a0 separant le mieux possible les points d'apprentissage de !1 et de !2 dans
l'espace IRd et pourvues de la meilleure faculte de generalisation possible.
9.1.2 Un peu de geometrie dans IRd
Un hyperplan dans IRd , ou les coordonnees sont notees x1 ; : : : ; xd , est deni par d + 1 pa-
rametres a0 ; a1 ; : : : ; ad . Il repond a l'equation :
a0 + a1 x1 + + adxd = 0 (9.4)
En notant vectoriellement aT = (a1 ; : : : ; ad ) et xT = (x1 ; : : : ; xd ), l'equation 9.4 s'ecrit de
maniere equivalente : a0 + aT x = 0.
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 283
Un hyperplan d'equation a0 P + aT x = 0 a pour vecteur normal a. Sa distance algebrique a
l'origine vaut jjaa0jj avec jj a jj2 = di=1 a2i .
La gure 9.2 montre un hyperplan a deux dimensions qui est la droite d'equation g(x) =
a0 + a1x1 + a2x2 = 0, ainsi que son vecteur normal a.
Cette gure donne aussi la distance de deux points particuliers a cet hyperplan: l'origine, a
la distance jjaa0jj , et un point y de l'autre c^ote de la droite, a la distance gjj(ayjj) . Les signes de ces
deux distances algebriques sont opposes, puisque les deux points ne sont pas du m^eme c^ote de
l'hyperplan. Le signe de la distance de l'origine a l'hyperplan est le m^eme que celui de a0 .
x2
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b y
a
g (y )
b
jjajj
a0
jjajj
b
x1
b
g(x) = a0 + a1 x1 + a2 x2 = 0
Fig. 9.2 { La geometrie d'un hyperplan.
(y; A) = jjg(ay)jj
Notons qu'il est facile de se ramener a ce cas quand c'est le contraire qui se produit, en inversant
simplement le signe de toutes les coordonnees de a. La formalisation de la separation lineaire
pour un probleme a deux classes se fait alors en plongeant le probleme dans l'espace de dimension
d + 1.
Le vecteur a et le scalaire a0 sont transformes en un vecteur A en ajoutant a0 a a comme
une coordonnee de rang 0, ce qui se note : AT = (a0 ; aT ). On impose une valeur non nulle a a0 ,
par exemple a0 = 1.
Soit S l'ensemble des donnees d'apprentissage : il est compose de m exemples (x; !) ou x est
un vecteur de IRd et ! 2 f!1 ; !2 g. Au besoin, on notera xj le j eme point de A. On transforme
ces exemples en vecteurs X de IRd+1 par :
x 2 !1 ) X T = (1; xT ) (9.5)
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On en deduit :
X
m
J (A; B ) = 2 jj 1a jj2 [(xj ; A) ; bj jj a jj]2
j =1
Pour les points de A bien classes par l'hyperplan A, le terme [(xj ; A) ; bj jj a jj]2 peut
^etre annule en choisissant bj = (jjxajjj;A) , qui est positif. Pour les points mal classes, a defaut de
pouvoir prendre bj negatif, le mieux que l'on puisse faire est d'imposer bj nul.
Minimiser J (A; B ) sous la contrainte B positif ou nul revient donc d'une certaine maniere a
se placer dans le cadre du critere des moindres carres 3 : on cherche l'hyperplan A qui minimise
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la somme des distances entre A et les points de l'ensemble d'apprentissage que A classe mal.
On a, si A et B minimisent eectivement J (A; B ) :
X
[J (A; B )] = [(x; A)]2
x2S mal classe par A
Par consequent, sous l'hypothese que les distances entre A et les points mal classes par A
sont reparties selon une distribution gaussienne, et que ceux-ci sont les seuls a compter dans
le positionnement de A, la minimisation de J (A; B ) est la recherche du meilleur hyperplan
a posteriori (au sens bayesien), c'est-a-dire le plus probable connaissant les donnees (voir le
chapitre 14, paragraphe 14.1.6).
Resolution
Les equations classiques de l'algebre lineaire fournissent la valeur du gradient de J (A; B )
par rapport a A :
rAJ (A; B ) = (AT M ; BT )M T (9.9)
Comme J (A; B ) est toujours positif ou nul, son minimum est atteint pour :
rAJ (A; B ) = 0 (9.10)
ce qui fournit quand la matrice M T M est inversible (ce qui est vrai en general) :
AT = B T M + (9.11)
avec M + = M T (MM T );1 pseudo-inverse de M .
Par consequent, si le vecteur B etait connu, la solution a notre probleme consisterait sim-
plement a calculer A par la formule :
AT = B T M + (9.12)
A defaut de conna^tre exactement B , on sait qu'il est positif quand les donnees sont separables.
On peut, conformement a ce qui a ete dit plus haut, chercher une solution qui approche ce cas
ideal en fournissant des valeurs strictement positives pour les coordonnees de B correspondant
a des points bien classes, et des valeurs nulles pour les points mal classes. Dans cette optique,
l'algorithme cherche doit realiser une minimisation de J (A; B ) sous la contrainte B positif ou
nul.
286 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
On dispose alors de deux types de methodes pour nir de resoudre le probleme : celles
reposant sur un calcul numerique global direct et celles qui procedent de maniere iterative sur
les donnees d'apprentissage (on en verra une au paragraphe suivant). La methode globale la
plus simple est la programmation lineaire : si l'on ne retient de B que sa positivite, l'equation
ci-dessus se ramene a m inequations lineaires dans l'espace de dimension d + 1. Le probleme est
donc de grande taille si le nombre d'exemples est important. Les methodes globales sont donc
peu employees ici.
9.2.2 Une methode iterative : l'algorithme de Ho et Kashyap.
Cette methode consiste a partir d'un vecteur B 0 arbitraire, puis a en deduire une suite
convergente de valeurs A(t) et B (t) de vecteurs parametres du probleme. Son principe est le sui-
vant : si l'on suppose conna^tre un certain B (t) , on sait que l'on peut calculer A(t) par l'equation
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B(t) et interdire en pratique leur convergence ; petite, elle donne une vitesse de convergence lente
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a(t+1) a(t) ; x
n si
n si
t t+1
n tant que
9.2.3.2 Convergence
Le calcul suivant montre empiriquement en quoi cette tactique est fondee : supposons que la
donnee d'apprentissage x appartienne a la classe !1 ; on sait que dans ce cas, puisqu'il est mal
classe, AT(t) x est negatif au lieu d'^etre positif.
aT(t+1) x = (a(t) + x)T x = aT(t) x + xT x = aT(t) x + jj x jj aT(t) x (9.17)
Par consequent, puisque la valeur aT x a augmente, la donnee x devrait avoir a son prochain
passage plus de chances de verier l'inegalite aT x 0 et d'^etre donc bien classee dans la classe
!1 . Le calcul est analogue dans le cas ou une donnee devant appartenir a !2 est mal classee : la
valeur aT(t+1) x devient inferieure a aT(t) x, ce qui la rapproche de la valeur negative qu'elle aurait
d^u prendre.
Cette justication est en fait rigoureusement demontree par un theoreme de convergence
qui, comme dans le cas precedent, assure que dans le cas de classes separables, un hyperplan
convenable est trouve en un nombre ni d'etapes.
9.2.3.3 La version non-stochastique et son interpretation
Reprenons cet algorithme dans sa version non stochastique, dans laquelle les donnees d'ap-
prentissage sont proposees dans l'ordre. L'iteration centrale de l'algorithme (appelee une epoque
d'apprentissage) porte sur le calcul de la modication (notee ci-dessous modif) que subit a par
le cumul des contributions de tous les exemples. La base des exemples intervient plusieurs fois.
L'algorithme 9.3 decrit le processus.
On peut voir cet algorithme dans cette version comme la minimisation du critere
X
J (A) = ; AT x
x2S mal classe par A
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 289
x2
1 + x1 ; x2 = 0 ( = 0)
1 + 0:7x1 ; 1:2x2 = 0 ( = 0:1)
2 y
x1
1 ; 2x1 ; 3x2 = 0 ( = 1)
Fig. 9.3 { Fonctionnement de l'algorithme du perceptron.
n si
n si
n pour
A(t+1) A(t) + modif
t t+1
n tant que
comme le scalaire donnant la moyenne des valeurs des projections des points de !1 sur F , et
notons de m^eme 2 pour la seconde classe. Denissons aussi :
X
s1 = (f T x ; 1 )2 (9.19)
x2!1
et s2 la dispersion de ces projections. Le critere de Fisher consiste a chercher la droite F telle
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que la valeur
J (F ) = (s12 ;+s2)2
2
(9.20)
1 2
soit maximale. Cette valeur est en eet une mesure de la separation des projections des deux
classes sur la droite F . On peut d'ailleurs l'exprimer autrement.
Denissons les valeurs :
X
S1 = (x ; 1 )(x ; 1 )T (9.21)
x2!1
et de m^eme S2 ; la valeur
SI = S1 + S2 (9.22)
est appelee la variance intraclasse totale des donnees d'apprentissage. Denissons aussi la va-
riance interclasse par :
SJ = (1 ; 2 )(1 ; 2 )T (9.23)
Il est alors possible de prouver que :
J (F ) = ff T SSJff
T
(9.24)
I
Finalement, on demontre que le critere J (F ) est maximal pour :
fb = SI;1(1 ; 2) (9.25)
L'hyperplan separateur de Fisher etant orthogonal a la droite F , il a donc pour equation :
fb x ; f0 = 0
La derniere inconnue est la valeur scalaire f0 . Puisque le probleme a ete ramene a une
dimension, il sut pour la determiner de supposer par exemple que les projections de chaque
classe sur F sont gaussiennes et de proceder comme au chapitre 14.
292 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
par les reseaux connexionnistes a couches cachees (chapitre 10) sont des hyperplans par morceaux
(en dimension 2, des \lignes brisees\). On n'a donc en general pas besoin de pousser la recherche
directe de separatrices au-dela de celle des surfaces lineaires.
9.2.6 Et pour plus de deux classes?
Dans le cas ou l'on a un ensemble d'apprentissage representatif de plus de deux classes, il
existe plusieurs facons de generaliser la discrimination lineaire. La premiere est d'apprendre pour
chaque classe un hyperplan qui la discrimine de toutes les autres, ce qui revient a considerer la
reunion de leurs exemples comme negatifs et ceux de la classe en apprentissage comme positifs.
Mais cette facon de faire conduit, comme le montre la gure 9.4, a de larges ambigutes de
classication.
Une autre solution est de chercher une surface discriminante entre chaque couple de classes (-
gure 9.5) ; elle presente l'avantage de dessiner moins de zones ambigues, mais elle a l'inconvenient
de demander le calcul de C (C ; 1)=2 jeux de parametres au lieu de C .
!1
r
!2; !3
!1
!1 ; !2
b !2
!3
!3
!1; !3 !2
Fig. 9.4 { Separation lineaire a plus de deux classes. On separe chaque classe de toutes les
autres : il y a C hyperplans. Le point en triangle est attribue a la classe !1 , le point
en carre est ambigu entre !1 et !2 , le point central est ambigu entre les trois classes.
Sur les sept zones, quatre sont ambigues.
Dans le cas de plus de trois classes, la geometrie de la separation par hyperplans devient
nettement plus complexe : l'espace IRd est en eet partage dans le cas general en n2 +2n+2 zones
convexes par n hyperplans.
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 293
!1 !2
!1
!3
!1
r
!2
b
!3
!3 !2
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Fig. 9.5 { Separation lineaire a plus de deux classes. On separe chaque classe de chaque autre :
il y a C (C ;1) hyperplans. Le point en triangle et le point en carre sont attribues a la
2
classe !2 , le point central est ambigu entre les trois classes. Sur les sept zones, une
seule est ambigue.
Les problemes d'ambigute peuvent ^etre resolus par un systeme ulterieur de decision sur
l'ensemble des classes, prenant en compte des parametres supplementaires, par exemple la dis-
tance aux hyperplans appris (qui se deduit directement des formules presentees ci-dessus) et/ou
les probabilites a priori des classes. On peut aussi regrouper provisoirement les classes par des
methodes de classication hierarchique, et realiser un processus de decision arborescent sur cette
base. Ceci n'est pas sans rapport avec les methodes des arbres de decision presentees au chapitre
11. Notons aussi que l'algorithme du perceptron, donne ici dans le cas de deux classes, possede
une generalisation naturelle a plus de deux classes qui sera presentee au chapitre 10.
Il existe des generalisations multiclasse de ces techniques, de m^eme que tout un ensemble de
travaux sur l'application de ces methodes a la t^ache de regression. Dans l'espace limite de cet
ouvrage, nous en parlerons peu. Pour la m^eme raison, nous nous tiendrons aux idees essentielles
et nous reportons les lecteurs interesses a la litterature foisonnante sur le sujet, en particulier
[CST00, Her02, SBE99, SS02, SBSE00, Vap95] et [AB96] pour une analyse theorique poussee.
Dans un premier temps, nous presentons la (( machinerie )) des separateurs a vastes marges,
sans nous preoccuper de leur justication qui sera l'objet de la deuxieme partie. Nous terminerons
en evoquant les extensions de ces methodes a la classication multiclasse et a la regression, et
en soulignant les liens avec d'autres methodes egalement tres en vogue comme les methodes a
base de fonctions noyau ou le boosting qui est presente dans le chapitre 11.
9.3.1 La recherche des separateurs lineaires a vastes marges
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Hyperplan
valide
Marge
maximale
Hyperplan
optimal
Fig. 9.6 { Separation de deux ensembles de points par des separatrices lineaires. L'hyperplan
se trouvant (( au milieu )) des deux nuages de points est appele hyperplan optimal.
La fonction h(x) correspond a l'equation d'un hyperplan dans X de vecteur normal w. La
distance d'un point x a l'hyperplan d'equation h(x) = w>x + w0 est egale a : h(x)=k w k, ou
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 295
k w k est la norme euclidienne du vecteur w. Lorsqu'il existe une separatrice lineaire entre les
points d'apprentissage, il en existe en general une innite. On peut alors chercher parmi ces
separatrices celle qui est (( au milieu )) des deux nuages de points exemples et contre-exemples.
Cet hyperplan optimal est deni par :
Argmax minfk x ; xi k : x 2 IRd ; (w>x + w0 ) = 0 ; i = 1; : : : ; mg
w;w0
c'est-a-dire l'hyperplan qui maximise la distance minimale aux exemples d'apprentissage (voir
gure 9.7). Dans ce cas, la marge vaut : 2=k w k.
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Marge
maximale
w
h( x) > 1
1
Vecteurs w
de support
h( x) = + 1
Hyperplan
optimal
h( x) < -1
h( x) = - 1 h( x) = 0
Fig. 9.7 { L'hyperplan optimal est perpendiculaire au segment de droite le plus court joignant
un exemple d'apprentissage a l'hyperplan. Ce segment a pour longueur kw1 k lorsqu'on
normalise convenablement les parametres w et w0 .
i=1
Une theoreme de Kuhn-Tucker, qui couronne des travaux commences par Fermat, puis pour-
suivis par Lagrange, demontre que le probleme primal et sa formulation duale ont la m^eme
solution qui correspond a un point-selle du lagrangien (il faut le minimiser par rapport aux
variables primaires w et w0 et le maximiser par rapport aux variables duales i ).
Au point-selle, la derivee du Lagrangien par rapport aux variables primaires doit s'annuler.
Ceci s'ecrit :
@ L(w; w ; ) = 0; @ L(w; w ; ) = 0 (9.28)
@w 0 @w0 0
et conduit a :
X
m
iui = 0 (9.29)
i=1
et a :
X
m
w = iuixi (9.30)
i=1
Par ailleurs, il est montre (conditions de Karush-Kuhn-Tucker) que seuls les points qui sont
sur les hyperplans frontiere (xi : w) + w0 = 1 jouent une r^ole. Ces points pour lesquels les
multiplicateurs de Lagrange sont non nuls sont appeles vecteurs de support par Vapnik. Nous
utiliserons aussi le terme plus image d'exemples critiques puisque ce sont eux qui determinent
l'hyperplan optimal.
Il est ainsi remarquable que le vecteur solution w? ait une expression en termes d'un sous-
ensemble des exemples d'apprentissage : les exemples critiques. C'est en m^eme temps intuitive-
ment satisfaisant puisque l'on (( voit )) bien que l'hyperplan solution est entierement determine
par ces exemples (voir gure 9.7). C'est intuitif, oui, mais c'est remarquable.
En substituant (9.29) et (9.30) dans (9.28), on elimine les variables primaires et l'on obtient
la forme duale du probleme d'optimisation :
trouver les multiplicateurs de Lagrange tels que :
8 P P
>
< i=1 i 2 i;j=1 i j i j i i
Max m ; 1 m u u ( x : x )
> (9.31)
: Pi m 0; ui ==1;0: : : ; m
i=1 i i
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 297
L'hyperplan solution correspondant peut alors ^etre ecrit :
X
m
h(x) = (w? : x) + w0? = ?i ui : (x : xi ) + w0? (9.32)
i=1
ou les ?i sont solution de (9.31) et w0 est obtenue en utilisant n'importe quel exemple critique
(xc ; uc ) dans l'equation :
i [ui : ((xi : w? ) + w0) ; 1] = 0 (9.33)
A ce point, remarquons deux choses. D'abord, que l'hyperplan solution ne requiert que le
calcul des produits scalaires hx : xi i entre des vecteurs de l'espace d'entree X . Cette observation
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Le coecient C regle le compromis entre la marge possible entre les exemples et le nombre
d'erreurs admissibles. Il doit ^etre choisi par l'utilisateur 4.
4. La description faite ici concerne la minimisation du nombre d'exemples qui ne sont pas du bon c^ote des marges.
Il existe une autre formulation qui prend en compte non le nombre d'erreurs, mais la distance euclidienne a la
marge des exemples mal positionnes. Nous renvoyons le lecteur a [CST00] pp.103-110 par exemple pour plus de
details.
298 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
> (9.38)
: Pi mi=10; i uii == 1;0: : : ; m
ou h:; :i denote le produit scalaire 5 .
L'equation de l'hyperplan separateur dans le nouvel espace devient :
X
m
h(x) = ?i ui h(x) : (xi)i + w0? (9.39)
i=1
ou les coecients ?i et w0? sont obtenus comme precedemment par resolution de (9.38).
Tout cela est tres bien, sauf que l'objection immediate du praticien concerne le produit
scalaire h(xi ) ; (xj )i qui devient rapidement impossible a calculer quand la dimension de
(X ) augmente (sans parler du cas de la dimension innie), ceci d'autant plus que l'on utilisera
des transformations non lineaires des descripteurs d'entree. Pour donner une idee, supposons que
l'on cherche a classer des images de 16 16 pixels (par exemple pour faire de la reconnaissance
d'ecriture manuscrite), et que l'on suppose necessaire pour cela de tenir compte des correlations
entre 5 pixels quelconques au plus dans les images. L'espace de redescription, qui contient toutes
les combinaisons de 5 pixels quelconques parmi 256, est alors de dimension de l'ordre de 1010 .
Calculer des produits scalaires dans un tel espace est impraticable.
Il se trouve heureusement que l'on peut dans certains cas s'arranger pour litteralement court-
circuiter le passage par les calculs dans l'espace de redescription. En eet, il existe des fonctions
5. Parfois aussi appele produit interne, de l'anglais inner product.
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 299
bilineaires symetriques positives K (x; y), appelees fonctions noyau , faciles a calculer et dont
on peut montrer qu'elles correspondent a un produit scalaire h(x) ; (y)i dans un espace de
grande dimension. Lorsqu'une telle correspondance est exploitable, le probleme d'optimisation
(9.38) est equivalent au probleme suivant :
8 P P
>
< i=1 i 2 i;j=1 i j i j i j
Max m ; 1 m u u K ( x ; x )
> (9.40)
: Pi m 0; ui ==1;0: : : ; m
i=1 i i
dont la solution est l'hyperplan separateur d'equation :
X
m
h(x) = ?i ui K (x; xi ) + w0? (9.41)
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i=1
ou les coecients ?i et w0? sont obtenus comme precedemment par resolution de (9.40).
Par exemple, il peut ^etre montre que la fonction noyau polynomiale :
K (x; y) = (x : y)n (9.42)
realise implicitement un produit scalaire dans l'espace des descripteurs correspondant a tous les
produits d'exactement n dimensions. Ainsi pour n = 2 et x; y 2 IR2 , nous avons :
p p
(x : y)2 = (x21 ; x22 ; 2x1 x2 ) (y12 ; y22 ; 2 y1 y2 )> = h(x) : (y )i
p
qui correspond au changement de description par la fonction : (x) = (x21 ; x22 ; 2x1 x2 ).
Autre exemple : la fonction noyau K (x; y) = (x : y + c)n avec c > 0 correspond a un
produit scalaire dans l'espace des descripteurs correspondant a tous les produits d'ordre n.
Les fonctions noyau decrites impliquent des calculs dans l'espace X , donc dans un espace de
dimension d. Ils sont par consequent faciles a calculer. Mais comment determiner quelle fonction
noyau aisement calculable est associee a un espace de redescription (X ) dont on pense qu'il
peut ^etre interessant pour trouver un separateur lineaire des donnees?
En fait, la demarche est inverse : on cherche des fonctions noyau dont on peut avoir la garantie
a priori qu'elles correspondent a un produit scalaire dans un certain espace qui agira comme un
espace de redescription, mais qui restera virtuel, jamais explicite. Cela signie que l'utilisateur
devra operer par essais et erreurs : essayer des fonctions noyau associees a des produits scalaires
dans des espaces de redescription et voir si elles permettent l'obtention de bonnes fonctions de
decision. Si cet aspect t^atonnant de la methode peut sembler peu satisfaisant, en revanche, le
choix de la fonction noyau devient le seul parametre a regler, contrairement a d'autres techniques
d'apprentissage.
Sous quelles conditions une fonction noyau est-elle equivalente a un produit scalaire dans un
espace 6 ?
6. Les concepts mis en jeu pour repondre a cette question impliquent une assez grande familiarite avec les
mathematiques et particulierement avec l'analyse fonctionnelle developpee par David Hilbert (1862-1943). Il
ne s'agit pas de s'etendre ici sur cette theorie, mais pas non plus de l'escamoter car il est probable que sa
comprehension profonde peut conduire a de futurs developpements en apprentissage. L'idee essentielle est
d'etudier les espaces de fonctions lorsqu'on peut les doter d'un produit scalaire et donc d'une distance, ce qui
ouvre la porte a tous les problemes d'approximation, et d'equations, sur les fonctions prises comme objets
(vecteurs d'un espace de Hilbert). Parmi ces equations, il en est qui jouent un grand r^ole en physique, ce sont
les equations integrales du type : Zb
f (x) = K (x; y) f (y) dy
a
dans lesquelles l'inconnue est la fonction f (x), et K (x; y) est le noyau de l'equation integrale.
300 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Soit donc la redescription des formes x de X par la fonction dans un espace de Hilbert
de coordonnees 1 (x); : : : ; d (x); :::. D'apres la theorie de Hilbert-Schmidt, le produit scalaire
dans l'espace de Hilbert possede une representation equivalente :
X
1
h(x) : (x0)i = i i (x)i(x0 ) = K (x; x0 ) (9.43)
i=1
avec i 0 ; 8i, si la fonction K (x; x0 ) est une fonction symetrique satisfaisant aux conditions
de Mercer enoncees dans le theoreme du m^eme nom.
Si K (:; :) est une fonction noyau continue symetrique d'un operateur integral
Zb
g(y) = A f (y) = K (x; y) f (y) dy + h(x)
a
veriant : Z
K (x; x0 ) f (x) f (x0 ) dxdx0 0
XX
pour toute fonction f 2 L2 (X ) (de carre sommable) (X etant un sous-espace compact de IRd ),
alors la fonction K (:; :) peut ^etre developpee en une serie uniformement convergente en fonction
des valeurs propres positives i et des fonctions propres i :
X
N
K (x; x0 ) = j j (x) j (x0) (9.44)
j =1
Le theoreme de Mercer donne donc les conditions pour qu'une fonction K (:; :) soit equivalente
a un produit scalaire (9.44).
Une condition equivalente a celle de Mercer est que les matrices Kij := K (xi ; xj ) soient po-
sitives semi-denies 7 pour tout echantillon d'exemples fx1 ; : : : ; xm g (ces matrices sont appelees
matrices de Gram).
On peut alors decrire la fonction de redescription des entrees comme :
p p
(x) = ( 1 1 (x); 2 2 (x); : : : ) (9.45)
Si les conditions theoriques exposees ci-dessus sont interessantes, elles ne sont pas faciles a
verier en pratique. La plupart des praticiens utilisent l'une des fonctions noyau connues (voir le
tableau ci-dessous) ou bien font usage de la propriete (9.2) pour construire de nouvelles fonctions
noyau adaptees a leur probleme.
Soient K1 et K2 deux fonctions noyau denies sur X X , X 2 IRd , a 2 IR+ , f (:) une fonction
reelle sur X , : X ! IRl , K3 une fonction noyau denie sur IRl IRl , K une matrice d d
symetrique positive et semi-denie et B une matrice diagonalisable. Alors les fonctions suivantes
sont des fonctions noyau :
1. K (x; z ) = K1 (x; z ) + K2 (x; z )
2. K (x; z ) = a K1 (x; z )
3. K (x; z ) = K1 (x; z ) : K2 (x; z )
4. K (x; z ) = f (x) : f (z )
5. K (x; z ) = K3 ((x); (z ))
6. K (x; z ) = x0 B z
Σ
Sortie :
sign(Σ αi ui K(xi, x))
α1 α4
α2 α3
Comparaison : K(xi, x)
K K K K
Vecteur d'entrée x
Fig. 9.8 { Cette gure resume le fonctionnement des separateurs a vastes marges et montre
le r^ole des fonctions noyau. Lors de l'apprentissage, ici de chires manuscrits, un
certain nombre d'exemples critiques sont retenus pour denir la fonction de decision.
Lorsqu'une nouvelle entree est presentee au systeme, elle est comparee aux exemples
critiques a l'aide des fonctions noyau qui realisent un produit scalaire dans l'espace
de redescription (X ). La sortie est calculee en faisant une somme ponderee (une
combinaison lineaire) de ces comparaisons.
probleme suivant :
Minimiser 21 x0 Hx + c0 x
8
>
<A1 x = b1
sous les contraintes >A2 x b2
:I x u
Les packages permettant de resoudre ce type de problemes incluent par exemple MINOS,
LOQO ou CPLEX (CPLEX Optimization Inc. 1994). Un package accessible est celui d'Alex
Smola PR LOQO 8 avec R qui est une version publique de S-PLUS.
En pratique, les choix de la fonction noyau et de la valeur de la constante C sont souvent
faits en utilisant une methode de validation croisee et en testant l'eet de dierents choix. Il est
recommande d'avoir recours a un ensemble de validation pour evaluer la qualite du choix nal
(voir 3.4 pour les procedures de tests et de validation en apprentissage).
9.3.2 Quelle justication pour les SVM?
La premiere partie sur les separateurs a vastes marges etait consacree a la realisabilite de la
methode : comment trouver un hyperplan separateur permettant de discriminer des formes de
deux classes. La procedure a mettre en place est nalement relativement simple mais elle repose
crucialement sur deux (( miracles )). D'une part, il est possible de transformer la formulation
8. Disponible a http://www.kernel-machines.org/. avec d'autres implantations.
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 303
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primaire du probleme d'optimisation, impossible a resoudre en pratique sauf pour des problemes
jouets, en une formulation duale accessible aux methodes connues de programmation quadratique
D'autre part, cette formulation duale permet d'envisager d'utiliser des espaces de tres grandes
dimensions dans lesquels une separation lineaire est possible, gr^ace a une redescription implicite
des donnees permise par des fonctions noyau.
Il est cependant a craindre qu'un troisieme miracle soit necessaire pour que la methode des
SVM soit utilisable.
La question est en eet celle-ci : lorsque nous utilisons un espace de tres grande dimension
dans l'espoir d'y trouver une separatrice lineaire des donnees, nous avons recours a un espace
d'hypotheses tres riche, c'est d'ailleurs pour cela que nous sommes conants de trouver une
hypothese adequate par rapport aux donnees (c'est-a-dire de risque empirique faible). Mais
alors, l'analyse faite par Vapnik et decrite dans le chapitre 2 ne nous conduit-elle pas a penser
que dans ce cas la correlation entre risque empirique et risque reel est hasardeuse, nullement
garantie ? Certes le stratageme du passage par un espace de redescription des donnees nous
aurait permis d'identier aisement une fonction separatrice des donnees, mais nous n'aurions
aucune assurance qu'elle se revele performante sur les futures observations. Cette impression
inquietante est conrmee par le fait que la dimension de Vapnik-Chervonenkis de l'espace des
fonctions separatrices lineaires dans un espace IRd est egale a d + 1, donc proportionnelle a la
dimension de l'espace de redescription (qui peut-^etre innie). Cette observation semble ruiner
tout espoir d'utilisation a bon escient des separateurs a vastes marges. Alors?
Si nous reexaminons l'analyse theorique de l'induction, nous observons qu'elle fournit une
borne superieure (en probabilite) sur le risque reel en fonction du risque empirique et de la
304 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
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Fig. 9.10 { Pour les m^emes exemples d'apprentissage que ceux de la gure 9.9, on voit l'eet
de dierents choix de fonctions noyau (polynomiale de degre 2, 5 et 8 en haut et
Gaussienne d'ecart-type 2, 5 et 10 en bas). Le nombre d'exemples critiques de chaque
classe est indique entre parentheses en-dessous des imagettes.
; ; ;
2 REmp (h) + m1 4 log 4 + 4dV C log 2dem (9.46)
VC
du moment que dV C m.
Il s'agit d'une borne superieure, mais il est possible de montrer que cette borne est asympto-
tiquement serree puisqu'il existe des distributions pour lesquelles la borne inferieure sur le risque
reel est proche de la borne superieure. Cependant, il faut noter une dierence importante entre la
borne superieure, valable pour toute distribution, et la borne inferieure, calculee pour certaines
distributions particulirement defavorables (pour lesquelles les points peuvent ^etre pulverises par
H). De fait, l'experience montre que la borne superieure est souvent tres pessimiste. Il existe
donc dans les donnees correspondant a des problemes reels des distributions favorables, que l'on
appelle aussi bienveillantes (benign distributions), permettant une correlation beaucoup plus
etroite entre le risque empirique mesure et le risque reel que ce que prevoit la theorie. Peut-^etre
la technique des separateurs a vastes marges permettrait-elle de detecter de telles situations et
donc d'avoir conance, quand c'est possible, dans la valeur de l'hypothese retournee, m^eme si
celle-ci resulte du passage dans un espace de redescription de tres grande dimension...
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 305
9.3.2.1 Une minimisation du risque structurel dependant des donnees
Rappelons que le principe de minimisation du risque structurel (voir section 17.2.1 du cha-
pitre 2) cherche a minimiser l'esperance de risque (le risque reel) en contr^olant a la fois la richesse
de l'espace d'hypotheses et le risque empirique obtenu avec la meilleure hypothese possible dans
l'espace d'hypotheses disponible. L'idee de Vapnik est alors de denir une structure hierarchique
a priori sur les espaces d'hypotheses Hi en mesurant leur dimension de Vapnik-Chervonenkis.
Plus celle-ci est importante, plus l'espace associe est riche et permet de s'adapter a des donnees
diverses.
On peut alors imaginer faire la m^eme chose dans le cas des separateurs a vastes marges.
En eet, plus la marge imposee entre les donnees est importante, et moins il existe de fonctions
separant les donnees, c'est-a-dire moins l'espace des fonctions est souple. La marge pourrait alors
jouer un r^ole analogue a la dimension de Vapnik-Chervonenkis pour caracteriser la richesse de
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l'espace d'hypotheses.
Pour realiser ce programme (dont nous gommons outrageusement la subtilite technique ici 9),
il est utile de denir une generalisation de la dimension de Vapnik-Chervonenkis pour le cas des
fonctions a valeur reelle. Il s'agit de la fat-shattering dimension (que l'on peut traduire par
(( dimension de
-pulv erisation ))).
Denition 9.2 (Fat-shattering dimension)
Soit H un ensemble de fonctions a valeur reelle. On dit qu'un ensemble de points X est
-
pulverise par H s'il existe des nombres reels rx indexes par x 2 X tels que pour tout vecteur
binaire indexe par X (une valeur bx est attachee a chaque point x), il existe une fonction hb 2 H
veriant :
(
hb(x) rx +
si bx = 1 (9.47)
rx ;
sinon
En d'autres termes, la dimension de
-pulverisation fatH de l'ensemble H est une fonction de
IR+ dans IN qui associe a une valeur de marge
la taille du plus grand ensemble de points de X
pouvant ^etre
-pulverise, s'il est ni, et la valeur innie sinon. La dimension de
-pulverisation
peut ^etre consideree comme la fonction de Vapnik-Chervonenkis des fonctions a seuil mais avec
en plus une marge imposee.
Un theoreme datant de 1998 (voir [SBE99], p.47) montre que la dimension de
-pulverisation
permet d'obtenir des bornes d'erreur en generalisation pour les separateurs a vastes marges,
similaires aux bornes d'erreur obtenues par Vapnik pour les fonctions indicatrices. On retrouve
en particulier que si l'erreur empirique est nulle, l'erreurpen generalisation converge vers 0 au
rythme de 1=m, tandis qu'elle converge au rythme de 1= m lorsqu'elle est non nulle (cas des
variables ressort : on admet des erreurs). Cette discontinuite avait deja ete observee pour l'analyse
de Vapnik.
La dimension de
-pulverisation denit ainsi une sorte de mesure dependant de l'echelle, liee
a la marge, a laquelle on veut etudier les donnees. Lorsque l'on impose que les donnees puissent
^etre discriminees avec une vaste marge, la classe des fonctions discriminantes associees peut avoir
une complexite (mesuree par la dimension de
-pulverisation) bien moindre que la complexite
mesuree par la dimension de Vapnik-Chervonenkis, et c'est ce qui explique, gr^ace aux theoremes
mentionnes, que le risque reel soit correle avec le risque empirique mesure sur les donnees. Il
faut bien voir que la marge mesuree sur l'echantillon d'apprentissage donne une indication de
9. Le lecteur exigeant est invite a se reporter a [SBE99] pp.45-48, ou a [AB96] par exemple.
306 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
la chance que l'on a avec la distribution des donnees. Si elle est grande, nous sommes tombes
sur des donnees pour lesquelles les fonctions separatrices lineaires sont bien adaptees. Si elle
est petite ou inexistante, alors il n'y a plus de correlation entre risque empirique et risque reel.
C'est donc bien seulement pour des distributions (( bienveillantes )) ou conciliantes (revelees par
l'existence d'une vaste marge) que l'induction est possible.
Dans cet esprit, il faut noter une dierence conceptuelle importante entre le principe de mi-
nimisation du risque structurel et l'analyse presentee ici. Le principe SRM prescrit en eet qu'un
ordre sur les espaces d'hypotheses Hi soit deni a priori, independamment de tout echantillon
de donnees. Au contraire, dans le cas des separateurs a vastes marges, la hierarchie sur les es-
paces d'hypotheses ne peut ^etre denie qu'a posteriori, apres que les donnees aient ete classees
et les marges possibles mesurees avec l'erreur empirique correspondante. D'un certain c^ote, les
donnees sont utilisees une premiere fois pour determiner la hierarchie des espaces d'hypotheses
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a employer :
H
= fh j h a une marge d'au moins
sur les donnees Sg
puis, une seconde fois, pour choisir la meilleure hypothese dans chacun de ces espaces. On com-
met la une faute a laquelle l'analyse theorique ne peut faire echapper que par une demarche
precautionneuse (passant par une majoration de l'erreur qui, elle, est independante de la dis-
tribution). Ce probleme justie en tout cas l'appellation de principe de minimisation du risque
struturel dependant des donnees.
9.3.2.2 Autres analyses de la methode SVM
Il existe une autre mesure que la marge permettant d'obtenir une borne sur l'erreur de
generalisation obtenue avec les SVM, il s'agit du nombre d'exemples critiques (support vectors).
Vapnik a montre en 1995 ([Vap95], p.135) que l'esperance du nombre d'exemples critiques permet
d'obtenir une borne sur l'esperance de taux d'erreur :
Em(P (erreur)) Em [nombre d'exemples
m;1
critiques]
ou l'operateur Em denote l'esperance mesuree sur un echantillon de taille m. Cette borne est
egalement independante de la dimension de l'espace : si on peut trouver un hyperplan optimal
qui separe les deux classes, deni par un petit nombre d'exemples critiques, alors il devrait avoir
une bonne performance en generalisation, quelle que soit la dimension de l'espace.
En appliquant une analyse de la performance en generalisation fondee sur la capacite a com-
primer l'expression des donnees (voir section 17.3), Littlestone et Warmuth [LW86] ont egalement
obtenu une borne sur l'erreur reelle de generalisation : l'erreur en generalisation (comptee par le
nombre d'erreurs de prediction) d'un separateur a vastes marges deni par c exemples critiques
parmi un echantillon d'apprentissage de taille m est borne avec une probabilite au moins 1 ;
par :
1 ;c log em + log m
m;c 2 c 2
La proportion d'exemples critiques est ainsi une autre mesure liee a la dimension intrinseque
des donnees et au caractere conciliant de leur distribution.
Pour terminer ce tour d'horizon sur les analyses theoriques des separateurs a vastes marges,
nous citerons les travaux tres interessants etablissant un lien entre les fonctions noyau choisies
et la theorie de la regularisation (voir section 17.2.2). Il a ainsi ete montre que certaines fonc-
tions noyau correspondaient a certains operateurs de regularisation. Cela permet a la fois de
mieux comprendre le r^ole de ces fonctions noyau, mais aussi d'envisager de nouvelles methodes
d'apprentissage generalisant l'approche des SVM (voir par exemple [SBE99], p.14).
Chapitre 9 L'apprentissage de surfaces separatrices lineaires 307
9.3.2.3 SVM et Bayes Point Machines
Recemment est apparu le concept de separateur lineaire de Bayes (Bayes Point Machines)
(voir par exemple [Her02]). L'idee est la suivante : d'apres l'approche bayesienne de l'induction
(voir section 2.4), la meilleure decision y a prendre en un point x est la moyenne ponderee par
leur probabilite a posteriori des decisions de chaque hypothese :
Z
y = BayesS (x) = pH (hjS ) h(x) dpH (9.48)
H
ou encore, si l'on considere la fonction de perte l :
Z
y = BayesS (x) = Argmin pH (hjS ) l(h(x); y) dpH (9.49)
y
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Nous avons vu que cette regle de decision minimise l'esperance de risque lorsque l'on dispose
d'une mesure de probabilite sur les hypotheses de H. Une propriete de cette regle de decision
est qu'elle peut realiser une fonction de decision qui est en dehors de l'espace des hypotheses H
(dans le cas ou celui-ci n'est pas convexe). Si cette regle de decision est optimale en moyenne,
elle est tres dicile a mettre en uvre car elle implique pour chaque exemple x de calculer
toutes les decisions possibles h(x) prises sur H ponderees par leur probabilite a posteriori. Il est
cependant possible de limiter cette diculte en considerant des espaces d'hypotheses H pour
lesquels la decision h(x) est facile a determiner. C'est particulierement le cas si l'on considere
l'espace des separateurs lineaires.
Comme l'espace des separateurs lineaires est convexe (toute combinaison lineaire de separa-
teurs lineaires est un separateur lineaire), la regle de decision bayesienne pour determiner la
reponse y en un point x revient a identier un separateur lineaire.
Tout separateur lineaire est caracterise par son vecteur de poids w. Lorsque l'on cherche un
separateur d'erreur nulle sur l'echantillon d'apprentissage (hypothese coherente avec l'echantillon),
n'importe quelle hypothese prise dans l'espace des versions est satisfaisante. Dans le cas des
separateurs a vastes marges, l'hypothese retenue est celle qui est maximalement distante des
contraintes posees par les donnees, ce qui est schematise par la croix dans la gure 9.11. Le
separateur lineaire de Bayes choisit quant a lui le separateur dont le vecteur poids wBayes est
au centre de masse de l'espace des versions (gure par un rond dans la gure 9.11).
Il peut ^etre montre que le separateur associe est asymptotiquement proche de la decision
bayesienne optimale. Il n'est cependant pas aise de trouver ce centre de masse en general, et
des techniques de parcours de rayons par billard sont actuellement a la mode pour resoudre ce
probleme, mais sans garanties theoriques.
9.3.3 La regression par fonctions noyau et exemples critiques
M^eme si la methode des separateurs a vastes marges est specique aux problemes de classi-
cation, on peut en etendre le champ au probleme de la regression, c'est-a-dire de la recherche
d'une fonction h(x) = y dans IR telle que pour tous les points d'apprentissage f(xi ; ui )g1im
f (xi ) soit le plus (( proche )) possible de ui . Vapnik propose d'utiliser la fonction de perte sui-
vante :
jy ; f (x)j" := maxf0; jy ; f (x)j ; "g (9.50)
Alors, an d'estimer la regression lineaire :
f (x) := (w x) + b (9.51)
308 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
wSVM
wBayes
x
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Fig. 9.11 { Dans l'espace des hypotheses (l'espace des vecteurs poids w), l'espace des versions
est delimite par des droites correspondant aux contraintes posees par les exemples
d'apprentissage. La methode des separateurs a vastes marges retourne le vecteur de
poids (gure par une croix) le plus eloigne de toutes les contraintes. La methode des
separateurs lineaires de Bayes retourne le vecteur de poids correspondant au centre
de masse de l'espace des versions (gure ici par un cercle).
+ε
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x ξ x x
0
x
x
−ε ξ
x x
x x
x x
−ε +ε
Fig. 9.12 { Dans la regression par SVM, au lieu d'imposer une marge entre les points des deux
classes, on impose une sorte de (( chaussette )) autour des points gr^ace au parametre
". Le compromis entre la complexite du modele (la fonction de regression) et la
delite aux points d'apprentissage est reglee par la variable ressort .
[AB89].
Ce n'est cependant qu'en 1992 que tous les ingredients des separateurs a vastes marges
furent rassembles par Vapnik et des collegues, et c'est seulement en 1995 qu'apparut le concept
de variables ressort et de marge souple et que les SVM devinrent connus dans la communaute,
gr^ace surtout au livre de Vapnik [Vap95]. L'utilisation et l'analyse subsequente des SVM a
relance l'inter^et pour toutes les approches fondees sur les fonctions noyau (kernel-based methods
[SBE99, SS02] (voir aussi le chapitre 14).
L'idee de relier le concept de marge a celui de la dimension de pulverisation (fat-shattering
dimension) est apparue implicitement dans plusieurs references, mais f^ut introduite explicite-
ment dans [KS94], tandis que [STBWA98] rendait populaire la notion de borne sur le risque
reel dependant de la distribution des donnees (d'ou le terme de luckiness choisi par les auteurs
pour souligner l'idee de proter si c'est possible d'une correlation entre l'espace d'hypotheses et
la distribution des donnees). Cela stimula de nouvelles approches divergeant de l'approche de
Vapnik, laquelle ne prend pas en compte la distribution des donnees.
Resume
Ce chapitre a montre comment on peut apprendre des fonctions de decision lineaires
dans l'espace des entrees. Dans le cas de la classication binaire, cela revient a couper
l'espace en deux par un hyperplan.
L'inter^et de ces fonctions de decision est qu'elles sont simples a apprendre (corres-
pondant souvent a un probleme d'optimisation quadratique, donc a un seul opti-
mum), et qu'il est facile de caracteriser le meilleur separateur, contrairement a des
separations non lineaires.
Les methodes classiques d'apprentissage par iteration ont ete decrites.
L'une des revolutions de ces dernieres annees en apprentissage concerne des methodes
motivees par des considerations theoriques sur l'induction et qui se traduisent par
la recherche de separateurs lineaires dans lesquels on cherche une marge maximale
avec les exemples : les separateurs a vaste marge. En utilisant des fonctions noyau qui
permettent une redescription des exemples dans un espace de plus grande dimension,
on peut etendre le champ de ces methodes bien fondees a des separatrices non
lineaires dans l'espace d'entree. Il s'agit donc la d'une approche tres prometteuse et
qui suscite beaucoup de travaux.
Chapitre 10
L'apprentissage de reseaux
connexionnistes
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L ornithologiques 1 sont pour une fois assez peremptoires : (( Le m^ale est le seul canard
qui paraisse blanc quand on le voit de face et noir quand il est vu de dos (...) Le
plumage de la femelle est brun. )) Supposons qu'une bande d'eiders vogue a quelque
distance des c^otes. Comment un avimateur peut-il distinguer un eider m^ale d'un eider femelle
uniquement sur la couleur 2 ?
Le probleme est en apparence assez simple. Il faut denir une echelle qui va du blanc au noir
et y denir trois zones. On aura une decision du type de celle de la gure 10.1.
blanc
1 2 noir
Notons x le niveau de gris d'un eider dont on cherche a determiner le sexe. Les connaissances
sont les suivantes :
Si x 1 ou x 2 alors m^ale.
Si 1 x 2 alors femelle.
Le concept (( sexe de l'animal observe )) ne peut donc pas se traduire directement par une
seule comparaison.
Les techniques des surfaces separatrices lineaires que nous avons vues au chapitre precedent
sont-elles valables ici? Non, car ce concept est impossible a decrire de cette facon. En eet, une
decision lineaire dans un espace a une seule dimension (ici, la couleur x est le seul attribut du
probleme) revient a comparer l'attribut a un seuil. Mais ici, deux seuils interviennent et non pas
un seul. Il va falloir trouver une technique de decision plus elaboree.
Nous allons decomposer le probleme en deux etages de decision lineaire. Le premier produira
deux valeurs binaires notees y1 et y2 . La premiere indique si oui ou non x est inferieur au seuil
de valeur 2, la seconde si x est superieur au seuil de valeur 1. Le deuxieme etage combinera ces
deux valeurs binaires pour decider si le concept est satisfait ou non. C'est ce que montrent le
tableau ci-dessous et la gure 10.2.
y1 est V RAI
y2 est V RAI
blanc
1 2 noir
1
-1.5
-1
x 1.
1
1.
2
1
-1
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Fig. 10.3 { Un reseau connexionniste qui distingue les eiders m^ales des eiders femelles.
Le neurone formel
L'unite de traitement elementaire dans un reseau connexionniste est capable de faire seule-
ment certaines operations simples. Ces unites sont souvent appelees neurones formels pour leur
similitude grossiere avec les neurones du cerveau. Les modeles de reseaux connexionnistes qui
nous interessent particulierement, les reseaux multicouches classent les unites selon qu'elles sont
des neurones d'entree, caches, ou de sortie.
Un neurone d'entree ou, simplement, une entree, est une unite chargee de transmettre une
composante du vecteur x des donnees (en particulier, les donnees d'apprentissage pendant
la phase d'apprentissage).
Un neurone de sortie est une unite qui fournit une hypothese d'apprentissage, par exemple
dans un probleme de classication, une decision sur la classe a laquelle est attribue x.
Enn, un neurone cache est un neurone qui n'est ni un neurone d'entree, ni un neurone de
sortie.
Il existe d'autres modeles, par exemple la machine de Boltzmann pour laquelle tous les neurones
formels, y compris d'entree et de sortie, sont connectes les uns aux autres.
L'etat d'un neurone formel
Il est commode de decrire un reseau connexionniste a un moment de son fonctionnement
par un ensemble de valeurs i , une pour chaque neurone formel i. Lorsque le neurone i est un
neurone d'entree, on a : i = xi . Dans tous les autres cas, i est l'etat du neurone i, calcule par
la regle de propagation decrite ci-dessous au paragraphe 10.2.1.
Comment fonctionne un neurone formel
Un neurone formel est caracterise par une une fonction de sortie f qui permet de calculer
pour chaque neurone i une valeur de sortie yi en fonction de son etat d'activation i :
yi = f (i ) (10.1)
On peut envisager plusieurs sortes de fonctions de sortie, mais le plus souvent on utilise soit
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 315
la fonction signe (comme dans l'exemple d'introduction), soit une fonction sigmode 3 d'equation
yi = f (i) = 1 + e1;i
La gure 10.4 montre le graphe de cette fonction pour la valeur = 1.
yi = f (i) yi = f (i)
1 1
0 i
;4 ;3 ;2 ;;11 1 2 3 i ;4 ;3 ;2 ;;11 1 2 3
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Fig. 10.4 { Deux fonctions non-lineaires de sortie utilisees dans les reseaux connexionnistes. La
premiere est la fonction seuil : elle vaut 0 quand i est negatif et 1 s'il est positif.
La seconde est la fonction sigmode d'equation yi = f (i ) = 1+e1;i . Cette fonction
est parametree par sa pente a l'origine . Pour tres grand, on retrouve la fonction
seuil. Pour tres petit, cette fonction est pratiquement lineaire dans une vaste region
autour de l'origine. La sigmode de cette gure est dessinee pour = 1.
1 dest(j)
i
w(i,j)
w(j,k)
j k
w(0,j)
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Cette regle n'est pas utilisee pour calculer l'etat d'activation des neurones d'entree, puisque
leur r^ole est simplement de transmettre les entrees. Dans leur cas, on a donc simplement j = xj .
De plus, on doit ajouter au vecteur d'entree une composante supplementaire, appelee oset 4 ,
representee par un triangle dans la gure 10.5 et dont la valeur est le plus souvent xee arbitrai-
rement a 1. Bien que ce ne soit pas necessaire, une entree du m^eme type est souvent rajoutee
a chaque couche cachee, pour des raisons d'homogeneite dans les algorithmes de reconnaissance
et d'apprentissage. Pour chaque couche, on ajoute donc un neurone formel dans lequel n'arrive
aucune connexion, dont l'activite est toujours egale a 1 et dont les transitions vers les neurones
formels j de la couche superieure sont notees w(0; j ).
L'equation de fonctionnement de chaque neurone j est nalement la suivante :
X
j = w(0; j ) + w(i; j ) yi (10.2)
i2source(j )
En resume, dans le cas d'un reseau a couches, la couche d'entree est activee par l'arrivee
d'une donnee, en recevant une composante du vecteur x sur chacune de ses unites. La premiere
couche cachee eectue le calcul ci-dessus (equation 10.2) pour chacune de ses unites, puis c'est
au tour de la seconde, etc. Finalement, l'unite de la couche de sortie ayant la valeur la plus
forte indique la classe calculee pour l'entree. Un reseau connexionniste multicouche general est
represente sur la gure 10.6.
10.2.2 Un exemple
Considerons le reseau a deux entrees x1 et x2 de la gure 10.7. Il possede une couche cachee
composee des neurones formels numerotes 3 et 4. Sa couche de sortie est composee d'un seul
neurone formel, numerote 5. Il y a une valeur d'oset xee a 1 pour le vecteur d'entree et une
autre pour la couche cachee.
4. Le mot francais serait malheureusement (( biais )), qui a un autre sens en apprentissage.
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 317
0 p
0 1
1 1
i
0 1 i
i
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1 i 1
c
i
r
i
m 0
d q
w(2,4)
x2
w(2,3) 1
w(0,5)
w(1,4) w(4,5)
x1 4 5
w(0,4) w(3,5)
w(1,3) 3
1
w(0,3)
Fig. 10.7 { Un exemple de reseau multicouche : la notation des neurones formels et des poids
des connexions.
0.4
x2
1
0.3
0.4
-0.2 -0.4
x1 4 5
0.5
-0.3
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0.1 3
1
0.2
Fig. 10.8 { Le m^eme exemple avec des valeurs numeriques pour les poids des connexions.
La propagation des calculs s'eectue alors comme indique dans la table ci-dessous :
Neurone formel j j yj
3 0:2 + 0:1 1 + 0:3 1 = 0:6 1 ' 0:65
1+e;0:6
;0:3 + ;0:2 1 + 0:4 1 = ;0:1 1+e0:1 ' 0:48
4 1
5 0:4 + 0:5 0:65 ; 0:4 0:48 = 0:53 1+e
1;0:53 ' 0:63
Fig. 10.9 { Le probleme XOR : les deux points 4 sont des exemples de la m^eme classe, les deux
points
des exemples d'une autre classe. Les deux classes ne sont pas lineairement
separables.
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 319
Le reseau connexionniste de la gure 10.10 permet de resoudre le probleme. En choisissant
yi = f (i) comme la fonction seuil, la propagation des calculs se fait comme indique dans le
tableau associe.
1.
x2
1
1.
-0.5
1. -1
x1 4 5
1
-1.5
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1.
3
1
-0.5
x1 x2 3 y3 4 y4 5 y5
0 0 -0.5 0 -1.5 0 -0.5 0
0 1 0.5 1 -0.5 0 0.5 1
1 0 0.5 1 -0.5 0 0.5 1
1 1 1.5 1 0.5 1 -0.5 0
Un interpretation est possible en logique booleenne : au lieu de considerer les valeurs 0 et 1
comme des coordonnees numeriques, prenons-les comme des valeurs logiques. Dans ce cas, on
peut interpreter les sorties intermediaires et la sortie nale comme des fonctions booleennes sur
les entrees. Le reseau realise la fonction XOR (le OU exclusif), qui vaut 0 pour les deux points
4 et 1 pour les deux points
. Ceci est rendu possible par les non-linearites du systeme de
calcul (voir la gure 10.11).
y3 = x1 _ x2
y4 = x1 ^ x2
y5 = y3 ^ :y2 = x1 XOR x2
Fig. 10.11 { Une des facons de resoudre le probleme XOR avec un reseau connexionniste a une
couche cachee. La zone aectee a la classe 4 est le (( couloir )) compris entre les
deux droites en pointille, celle aectee a la classe
est a l'exterieur. La premiere
droite repond a l'equation x1 + x2 ; 0:5 = 0 et realise un OU logique. La seconde
repond a l'equation x1 + x2 ; 0:5 = 0 et realise un ET logique. Elles sont faites
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par la premiere couche du reseau. La seconde couche combine les deux decisions
lineaires en une decision non lineaire.
5. Il existe d'autres codages dans lesquels une classe est associee a un sous-ensemble de neurones de sortie. Ceci
permet en particulier d'utiliser la technique des codes correcteurs d'erreur (voir [DB95]).
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 321
10.3.1 Retour sur le perceptron
10.3.1.1 Le perceptron pour deux classes
Fonction seuil en sortie
Le perceptron a ete deja ete etudie au chapitre 9 dans le cadre des separateurs lineaires. On
va le voir ici comme un reseau connexionniste a couches, comportant une couche de neurones
d'entrees, un neurone de sortie unique et pas de couche cachee. Les connexions sont donc faites
directement entre la couche d'entree et le neurone de sortie, ce qui se traduit dans le cas de deux
classes par une decision par seuil sur une combinaison lineaire des valeurs d'entree.
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w(0)
x1
w(1)
w(i) y
xi w(d)
xd
f () = w(0) +
Ple reseau connexionniste le plus simple. Il eectue le calcul : y =
Fig. 10.12 { Le perceptron est
d w(i)x
i=1 i
La gure 10.12 montre comment le perceptron peut ^etre represente comme un reseau connexion-
niste sans couche cachee, avec un seul neurone formel de sortie.
f est ici la fonction seuil, calculee a partir de de la maniere suivante :
0 , y = f () = 1
0 , y = f () = 0
L'apprentissage dans le perceptron se fait par la regle de modication des poids qui a ete
donnee au chapitre 9. Dans le cas de deux classes, il n'y a qu'une seule sortie, et la decision
d'appartenance a une des deux classes est prise en comparant la valeur de sortie a un seuil.
L'algorithme d'apprentissage se contente de modier le vecteur des poids en lui ajoutant ou lui
enlevant un vecteur proportionnel a l'entree x, dans le cas ou celle-ci conduit a une valeur du
mauvais c^ote du seuil ; il ne fait rien sinon.
Au chapitre 9, nous avons formalise cet apprentissage, pour deux classes !1 et !2 par l'algo-
rithme 9.2.
Recrivons-le un peu dieremment pour nous placer dans les notations de ce chapitre. Le
vecteur a du chapitre 9 correspond directement a l'ensemble des poids des connexions. Nous
notons ici w(i) le poids de la connexion menant de l'entree xi au neurone de sortie.
322 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
u, et y sont pour le moment des vecteurs ayant une seule composante. Le perceptron
eectue donc le calcul fonde sur l'equation 10.2 :
X
d !
y = f () = f w(0) + w(i)xi
i=1
En phase d'apprentissage, la modication apportee a w(i) au cours de l'apprentissage pour
le mener de sa valeur a l'instant t a celle a l'instant t + 1 par une entree x se note i ; elle peut
maintenant s'ecrire de la maniere suivante :
i = xi (u ; y) (10.3)
En eet, quand x est bien classe, le terme (u ; y), qui est un scalaire (les vecteurs u et y sont
de dimension 1), vaut 0. Quand x est mal classe, ce terme vaut +1 ou ;1 selon que x est un
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w(0,1)
1
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1 y1
x1
w(i,j) j yj
xi
xd
C yC
w(d,C)
6. On note dans ce chapitre la distance euclidienne D et non pas , pour eviter la confusion avec la notation
traditionnelle de la (( regle delta )) de l'apprentissage des reseaux connexionnistes.
324 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
i=1
et : jX=C
1
D(u; y) = D(u; ) = 2 (uj ; j )2
j =1
le calcul se fait donc ainsi :
@ @ @j
@w(i; j ) D(u; ) = @j D(u; ) @w(i; j )
= 21 ( @@ (uj ; j )2 ) @w@ j
(i; j )
j
= (j ; uj )xi
= (yj ; uj )xi
Selon la technique du gradient, w(i; j ) doit ^etre modie d'une valeur ij proportionnellement et
en sens inverse a la contribution du poids w(i; j ) a l'erreur D(u; y). D'ou la formule 10.6 donnee
ci-dessus pour la regle delta.
La regle delta est donc a la fois une generalisation de la regle d'apprentissage du perceptron
pour le cas a deux classes et une technique de minimisation par gradient de l'erreur quadratique
moyenne.
10.3.1.3 Plus de deux classes et une sigmode en sortie
Dans ce paragraphe, nous continuons a progresser en supposant que la sortie j est trans-
formee en yj = f (j ), ou f est la fonction sigmode de parametre = 1 (voir la gure 10.4) :
yj = f (j ) = 1 + 1e;j
Le calcul devient :
@ ( 1 (u ; y )2) = 1 ( @ (u ; y )2 ) @yj @j = (y ; u ) y (1 ; y ) x
@w(i; j ) 2 j j 2 @y j j @ @w(i; j )
j j
j j j j i
D'ou :
ij = (uj ; yj ) yj (1 ; yj ) xi (10.7)
En eet, comme indique dans l'annexe 18.3, la fonction f repond a l'equation dierentielle :
f 0 = f (1 ; f )
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 325
10.3.2 L'apprentissage par retropropagation du gradient de l'erreur
C'est seulement en 1986 que la generalisation de la regle delta aux reseaux a couches cachees a
ete formule. Cette generalisation, la regle de la retropropagation du gradient de l'erreur, consiste
a propager l'erreur obtenue a une unite de sortie d'un reseau a couches comportant une ou
plusieurs couches cachees a travers le reseau par descente du gradient dans le sens inverse de la
propagation des activations. La gure 10.14 montre une illustration du principe.
source(j)
1 dest(j)
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i
w(i,j)
w(j,k)
j k
n w(0,j)
Rappellons qu'un reseau a couches est compose d'un ensemble de neurones formels groupes
en sous-ensembles distincts (les couches) de telle sorte qu'il n'y ait aucune connexion entre deux
neurones d'une m^eme couche 7 .
A la n de l'apprentissage, lorsque le reseau a appris a modeliser son environnement, le
comportement souhaite du reseau est le suivant : on presente un vecteur d'entree au reseau,
celui-ci propage vers la sortie les valeurs d'activation correspondantes (en utilisant une regle de
propagation), an de generer, par l'intermediaire des neurones de sortie, un vecteur de sortie.
Celui-ci devrait correspondre a la sortie desiree, telle qu'apprise lors de la phase d'apprentissage.
La generalisation de la regle delta aux reseaux multicouches utilise une methode de descente
du gradient, permettant de calculer la modication des poids des connexions entre les couches
cachees (pour plus de details, voir l'annexe 18.3 ou la reference [RHW86]). An de pouvoir
calculer le gradient de l'erreur par rapport aux poids du reseau, la fonction de sortie d'un neurone
doit ^etre dierentiable et non lineaire (sinon, on pourrait reduire le reseau a un perceptron). La
fonction la plus souvent utilisee est, comme on l'a deja dit, la sigmode :
7. Une amelioration de la regle de retropropagation permet l'introduction de cycles entre les couches, pour obtenir
des reseaux recurrents.
326 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
w(i; j ) = j yi (10.9)
c'est-a-dire de facon proportionnelle a une mesure d'erreur j caracteristique du neurone j et
a la valeur d'entree notee ici 8 yi. Pour les connexions aboutissant aux neurones de sortie, cette
mesure d'erreur est evidemment calculee ainsi :
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j = (uj ; yj ) yj (1 ; yj ) (10.10)
Le calcul de l'erreur aux unites cachees se fait ensuite recursivement par la descente du gradient.
Soit dest(j ) l'ensemble des neurones auxquels j se connecte :
X
j = yj (1 ; yj ) k w(j; k) (10.11)
k2dest(j )
Le calcul est detaille dans l'annexe 18.3.
Lorsque l'on applique la regle delta generalisee sur le reseau de facon iterative pour un
ensemble de vecteurs d'entrees (correspondant a l'environnement), le reseau tentera de minimiser
l'erreur obtenue a la sortie, et donc de modeliser le mieux possible la fonction desiree entre les
entrees et les sorties.
10.3.3 L'organisation des calculs
Les calculs s'organisent de la facon donnee dans l'algorithme 10.2. Le point a remarquer est
que l'actualisation des poids ne se fait qu'une fois la retropropagation terminee : il ne faut en eet
pas changer trop t^ot la valeur d'un poids puisque celle-ce intervient dans le calcul concernant la
couche suivante.
10.3.4 Retour sur l'exemple
Reprenons l'exemple du paragraphe 10.7 en supposant que la sortie desiree au vecteur
d'entree xT = (1; 1) vaille u = 0. Apres modication des poids sur cet exemple, son nou-
veau passage dans le reseau doit conduire a une sortie inferieure a la valeur precedente, qui etait
de 0:63.
Pour le neurone formel de sortie, on a :
w(i; j ) = j yi
avec :
j = (uj ; yj ) yj (1 ; yj )
On prend d'abord : i = 3 et j = 5, ce qui mene a :
5 = (0: ; 0:63) 0:63 (1: ; 0:63) = ;0:147
8. C'est en eet la sortie du neurone i.
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 327
Algorithme 10.2 Apprentissage du perceptron multicouche.
tant que l'apprentissage n'a pas converge faire
tirer au hasard un point d'apprentissage
pour chaque couche, en partant de celle du haut faire
pour chaque neurone formel de cette couche faire
calculer j
pour chaque connexion w(i; j ) menant au neurone formel j faire
calculer w(i; j ) = j yi
n pour
n pour
n pour
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d'ou :
w(3; 5) = ;0:147 0:65 ' ;0:1
en xant la valeur a 1. De m^eme, pour i = 4, on obtient :
w(4; 5) = 0:48 ;0:147 ' ;0:07
w(0; 5) = ;0:147 1: = ;0:147
Pour le neurone formel cache note 4, on a d'abord, puisque dest(4) = f5g :
4 = y4 (1 ; y4) 5 w(4; 5) = 0:48 (1 ; 0:48) ;0:147 ;0:4 =' 0:015
D'ou :
w(1; 4) = 0:015 1:= 0:015
w(2; 4) = 0:015 1:= 0:015
w(0; 4) = 0:015 1:= 0:015
Dans le reseau modie, le calcul sur le vecteur d'entree devient par consequent :
Neurone formel j j yj
0:183 + 0:083 1 + 0:283 1 = 0:55 1+e0:65 ' 0:63
3 1
4 ;0:285 + ;0:185 1 + 0:415 1 = ;0:055 1+e;10:055 ' 0:51
5 0:25 + 0:4 0:63 ; 0:47 0:51 = 0:26 1+e10:205 ' 0:56
Si on compare la valeur de sortie a celle du tableau de la section 10.2.2 on constate qu'elle est
passee de 0:63 avant apprentissage a 0:56 apres : elle s'est rapprochee de la valeur desiree 0.
10.3.5 Une variante
Il est possible de transformer un reseau connexionniste multicouche en un systeme de decision
bayesien (voir les chapitres 2 et 14) en changeant la distance entre la sortie calculee et la sortie
desiree, sans modier la regle de retropropagation du gradient de l'erreur.
On desire ici une valeur du neurone de sortie yj qui vaille la probabilite que le vecteur d'entree
appartienne a la classe j . Soit X = (X1 ; : : : ; XC ) une variable aleatoire multidimensionnelle qui
represente, sous une hypothese multinomiale, la distribution des sorties desirees. La probabilite
de X s'exprime en fonction des probabilites a priori yj d'appartenir a la classe j :
Y
C PCi=1 ui;uj
P (X1 = u1 ; : : : ; XC = uC ) = yjuj (1 ; yj )
j =1
Au maximum de vraisemblance, chercher les parametres qui maximisent cette quantite est
equivalent a minimiser la fonction d'erreur entropie croisee (voir le chapitre 11):
X
C
E= ;uj Log(yj ) ; (1 ; uj ) Log(1 ; yj ) (10.12)
j =1
Il faut calculer :
@E @E @yj @j
@w(i; j ) = @yj @j @w(i; j )
Chapitre 10 L'apprentissage de reseaux connexionnistes 329
On a :
@E = ; uj + 1 ; uj = yj ; uj
@yj yj 1 ; yj yj (1 ; yj )
@yj = y (1 ; y )
@j j j
@j = y
@w(i; j ) i
Finalement :
@E = (y ; u ) y (10.13)
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@w(i; j ) j j i
Il ne reste plus qu'a appliquer la regle de retropropagation du gradient de l'erreur avec cette
valeur, au lieu de la regle delta de l'equation 10.7, qui correspond a la distance euclidienne entre
la sortie calculee et la sortie desiree.
10.3.6 Quand arr^eter l'apprentissage?
Il est dicile de trouver un critere general pour arr^eter cet algorithme. Le probleme est que
le risque empirique tend a diminuer lentement et a ne jamais se stabiliser completement, ce
qui mene a un surapprentissage. La meilleure maniere d'eviter ce phenomene est d'utiliser un
ensemble de validation (voir chapitre 3, paragraphe 3.4.5.1).
10.3.7 Le probleme des minima locaux
Comme tous les algorithmes d'optimisation bases sur la descente du gradient, l'algorithme de
la retropropagation est susceptible de s'arr^eter aux minima locaux. Par consequent, la solution
trouvee sera fortement reliee au choix des poids initiaux du reseau. Si les poids sont choisis pres
d'un minimum local sous-optimal, l'algorithme ne pourra pas trouver la solution desiree. An
de contourner ce probleme, on peut utiliser plusieurs techniques:
Relancer l'apprentissage plusieurs fois en utilisant des poids initiaux dierents, ce qui
entra^ne un temps de calcul plus eleve.
Introduire du bruit dans la recherche pour pouvoir sortir des minima locaux.
Utiliser les techniques avancees de descente de gradient : second ordre, gradient conjugue,
etc. (voir [Bis95, Hay99]).
Il est en eet interessant de conna^tre a priori les familles de fonctions auxquelles vont apparte-
nir les surfaces de decision. Plusieurs resultats montrent par exemple qu'un reseau de neurones
articiels multicouche peut approximer avec une precision arbitraire n'importe quelle transfor-
mation continue d'un espace a dimension nie vers un autre espace a dimension nie, s'il possede
susamment de neurones formels caches (voir [Hay99]). En ce sens, on dit qu'il est un approxi-
mateur universel. Certains resultats montrent m^eme qu'a l'exception de cas extr^emes, une seule
couche cachee est susante.
Il faut cependant noter que ces resultats ne fournissent aucun indice sur la methode a utiliser
pour trouver directement les poids correspondant a l'approximation d'une fonction donnee.
On ne sait les calculer que par apprentissage. Ce resultat etait connu avant la decouverte de
l'algorithme de retropropagation du gradient de l'erreur, qui a alors permis de l'utiliser en
pratique.
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10.4.2 Complexite
Les reseaux connexionnistes ayant un si grand pouvoir d'expression, il devient interessant de
conna^tre les aspects de complexite relies a ce modele (voir [Orp92] pour une revue). Ainsi, il a
ete montre le resultat suivant:
E tant donne un reseau de neurones articiels arbitraire R et une t^ache arbitraire
T devant ^etre resolue par R, le probleme consistant a decider si dans l'espace de
tous les parametres de R (ses poids, sa structure) il existe une solution qui resout
adequatement T , est NP-dicile.
Malgre cela, il est possible [Bau89] de trouver une solution (un ensemble de poids) pour T en
temps polynomial si on peut utiliser des algorithmes d'apprentissage constructifs 9 . Il existe un
certain nombre de ces algorithmes mais aucune preuve de convergence en temps polynomial
n'existe actuellement pour ces algorithmes.
D'un point de vue pratique, certaines experiences empiriques (dont [Hin89]) montrent qu'on
peut faire apprendre une t^ache complexe a un reseau; de neurones
articiels en utilisant l'algo-
rithme de la retropropagation de l'erreur en temps O W 3 ou W represente le nombre de poids
du reseau. En eet, bien qu'il faille un temps exponentiel (sur le nombre de poids) pour obte-
nir la solution optimale, on peut souvent en pratique se contenter d'une solution sous-optimale
satisfaisante obtenue en temps polynomial.
10.4.3 Reseaux connexionnistes et apprentissage PAC
Des liens profonds existent entre la capacite d'apprentissage d'un reseau connexionniste et
la theorie de l'apprentissage. Le lecteur peut se reporter par exemple a C. Bishop ([Bis95]) pour
un traitement de ce sujet.
ou bidimensionnelles: signaux et images. Les liens des reseaux connexionnistes avec la theorie
bayesienne, les theories de l'apprentissage et l'analyse (au sens mathematique du terme) ont
aussi ete eclaircis. Les travaux de modelisation biologiques et situes dans le domaine des sciences
cognitives sont egalement tres nombreux.
Le texte de ce chapitre est en partie inspire de l'introduction de la these (PhD) de Samy
Bengio, universite de Montreal, 1993.
Resume
Les reseaux connexionnistes sont des mecanismes de calcul permettant en par-
ticulier d'aecter une classe a un vecteur de donnees numeriques.
Par un processus d'apprentissage par optimisation, un reseau connexionniste
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L'une des grandes familles d'approches pour la resolution de problemes comme pour
l'apprentissage est la technique consistant a (( diviser pour regner )) (divide and
conquer). Elle se resume a identier des sous-problemes, a leur trouver une solu-
tion, puis a combiner ces solutions pour resoudre le probleme general.
C'est sur ce principe que sont fondes les algorithmes d'apprentissage par arbres de
decision. Ils apprennent a identier les sous-espaces de l'espace d'entree pour les-
quels la solution est identique. Lorsqu'un nouveau cas est soumis au systeme, celui-ci
identie le sous-espace correspondant et retourne la reponse associee.
D'autres familles d'algorithmes distribuent la t^ache entre plusieurs experts et com-
binent les solutions partielles pour obtenir la solution generale. L'apprentissage con-
siste alors a determiner les solutions partielles et a trouver une maniere ecace
pour les combiner. Lorsque la combinaison des reponses des experts ne depend pas
de l'entree, on parle de combinaison statique. Les methodes de boosting, tres etudiees
actuellement, sont l'archetype de cette approche. Lorsque la combinaison depend de
l'entree, on parle alors de structures dynamiques, dont les melanges d'experts et les
melanges hierarchiques d'experts sont les methodes les plus representatives.
334
es manuels d'ornithologie et les ((
ores )) (les livres pour l'identication des plantes
L a
eurs) ne sont en general pas organises de la m^eme maniere. Pour les premiers, on
trouve les oiseaux dans un ordre invariable, correspondant a l'enumeration savante
des ordres et des especes. Un dessin de chaque oiseau est donne, accompagne d'une
description imagee et de details permettant de contraster l'espece en question d'avec celles qui
peuvent pr^eter a confusion. Par exemple, si on observe un grand oiseau blanc sur un plan d'eau,
un rapide parcours des gures amene sans ambigute a la page des cygnes, ou seulement trois
especes sont decrites 1 . Il reste a se decider avec le texte et les details des dessins, en lisant par
exemple : (( Au repos, le cygne tubercule a l'habitude de tenir le cou recourbe )), ou : (( Le cygne
chanteur a un bec jaune ; il est migrateur hivernal et niche dans la toundra )).
En ce qui concerne les
ores, une organisation dierente est souvent adoptee. La raison
principale est qu'il y a beaucoup plus d'especes de plantes a
eurs que d'oiseaux. A l'observation
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d'une
eur, il est impossible de parcourir au hasard des milliers d'illustrations en esperant trouver
la bonne page avec une probabilite susante. C'est pourquoi le systeme de recherche est fonde
sur un questionnaire structure. Supposons avoir devant nous une certaine
eur et dans la main
une edition de la
ore Bonnier 2. Une sequence de reconnaissance (un peu raccourcie pour la
lisibilite) sera par exemple la suivante, en supposant que la
eur (( reponde )) positivement a
chaque test :
Plante ayant des
eurs, avec des etamines ou un pistil, ou les deux a la fois?
Fleurs non reunies en capitule entoure d'une collerette de bractees?
Fleurs a deux enveloppes de couleur et de consistance dierentes?
Corolle non papilionacee?
Petales libres entre eux?
Fleur ayant plus de douze etamines?
Etamines reunies entre elles?
Plante herbacee?
Fleurs a l'aisselle des feuilles?
Calicule a trois bractees libres et stigmate obtus?
Une seule
eur a l'aisselle des feuilles?
Bractees du calicule etroites ; carpelle velue?
Decision : la plante est la Malva rotundifolia L. (\Mauve a feuille rondes\)
A chaque question, qui porte sur un attribut de la
eur, la reponse est donc positive ou
negative. Si aucune erreur n'est commise dans ces reponses, l'identication est realisee.
E videmment, les premiers chapitres de la
ore Bonnier sont consacres a des notions sur
l'anatomie des plantes. Un index, comportant des mots comme (( carpelle )), (( bractee )), est
egalement fourni. La diculte est pour le lecteur de prendre une decision sans erreur pour
chaque question posee. Le probleme est d'organiser l'ensemble des questions de maniere aussi
ecace que possible, c'est-a-dire d'eviter les questions inutiles et de veiller a ce que chaque
plante, en moyenne, puisse ^etre identiee par le plus petit nombre possible de questions.
1. On parle ici de manuels concernant l'avifaune europeenne.
2. Nouvelle
ore pour la determination facile des plantes, sans mots techniques, representant toutes les especes
vasculaires des environs de Paris dans un rayon de 100 Kilometres, des departements de l'Eure, de l'Eure et
Loire, etc..., Ouvrage couronne par l'academie des sciences et par l'academie d'agriculture de France. Par G.
Bonnier, membre de l'institut et professeur a la Sorbonne, et Georges de Layens, laureat de l'academie des
sciences. Quatorzieme edition, augmentee (...); Librairie generale de L'gnseignement, 1926.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 335
11.1 Les arbres de decision
11.1.1 Principe
La technique des arbres de decision est fondee sur l'idee simple de realiser la classication
d'un objet par une suite de tests sur les attributs qui le decrivent. Ces tests sont organises de
telle facon que la reponse a l'un d'eux indique a quel prochain test auquel on doit soumettre cet
objet.
Ce type de classication est, comme on l'a vu, couramment employe en sciences naturelles
Dans ce cas, l'espace de representation est deni par l'observation des caracteristiques anato-
miques utiles de la plante (etamines, corolle, calicule, bractees, etc.) ainsi que de leur existence
conjointe, position relative, nombre, topologie, etc. Il faut conna^tre la signication et la mesure
d'une bonne centaine de tels termes (c'est la taille de l'espace de representation, le nombre d'
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attributs) pour classer toute plante repertoriee, dont le nombre d'especes possibles est ici de
1500 a 2000 (c'est le nombre de classes).
Le principe de cette regle de decision est d'organiser l'ensemble des tests possibles comme un
arbre 3 . Une feuille de cet arbre designe une des C classes (mais a chaque classe peut correspondre
plusieurs feuilles) et a chaque nud est associe un test (un selecteur) portant sur un ou plusieurs
attributs, elements de l'espace de representation ; la reponse a ce test designera le ls du nud
vers lequel on doit aller. La classication s'eectue donc en partant de la racine pour poursuivre
recursivement le processus jusqu'a ce qu'on rencontre une feuille. Une telle structure est appelee
arbre de decision. La question qui nous interesse particulierement est de realiser l'apprentissage
de telles structures de decision a partir d'exemples. Prenons une illustration dans un tout autre
univers pour approcher ce probleme.
Un exemple
Supposons que j'aie a prendre la decision suivante : vais-je sortir le chien ou non? Pour cela,
j'observe les attributs suivants :
Quel temps fait-il? C'est un attribut nominal pouvant prendre les valeurs pluvieux, enso-
leille ou couvert.
Quelle est la temperature exterieure? Cet attribut est numerique.
Est-ce que le voisin est parti en week-end avec son chat? Cet attribut est binaire.
Mon experience m'a prouve que la presence du chat du voisin rend la promenade assez
penible ; mais je sais que cet animal deteste l'humidite. D'autre part, le retour d'un chien mouille
n'est pas tres plaisant pour mon tapis. Pour nir, ajoutons que je suis plut^ot frileux. Moyennant
quoi, je peux par exemple organiser ma decision selon la hierarchie de la gure 11.1.
Cet arbre de decision se lit ainsi : j'observe d'abord le ciel. Si je remarque que le temps est
couvert je dois ensuite regarder le thermometre pour me decider. Si le temps est ensoleille, je
dois alors m'interesser a la presence de mon voisin. S'il pleut, ma decision est toute prise.
Quelques avantages
Si l'on conna^t un arbre de decision associe a un probleme de classication, on voit immediate-
ment les avantages de ce type de regle de classication :
Le nombre moyen de tests a eectuer sur une forme peut ^etre extr^emement reduit (si les
d attributs sont tous binaires, ce nombre est limite par d).
La structure de decision est globale : on n'a pas de probleme pour traiter C classes.
Le test de tous les attributs de chaque objet a chaque nud n'est pas necessaire; dans la
plupart des cas pratiques, on se limite m^eme a un seul test.
3. La botanique n'a plus rien a voir ici.
336 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Je sors le chien Je reste chez moi Je sors le chien Je reste chez moi
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E videmment, ces avantages ne valent que s'il est possible de construire un arbre de decision
a partir d'un ensemble d'apprentissage en remplissant au mieux deux conditions : celle de la
proximite du risque empirique et du risque reel et celle de la simplicite de l'arbre obtenu, comme
indique au chapitre 3.
11.1.2 La construction recursive d'un arbre de decision
11.1.2.1 Introduction
Dans l'exemple botanique propose dans l'introduction, l'expertise joue un r^ole tres impor-
tant : l'arbre de decision est construit a partir de connaissances sur la correspondance complexe
entre les caracteristiques observables d'une plante et la denition de son espece (fondee elle-
m^eme sur la possibilite de reproduction, la distribution geographique, etc.). La structure de
cet arbre de decision est donc le resultat de l'experience des botanistes. Mais pour realiser la
construction automatique d'un arbre de decision, il faut s'appuyer seulement sur un ensemble
d'apprentissage et non pas sur une expertise. Comment sous cette hypothese apprendre un arbre
de decision performant en generalisation?
Notons d'abord qu'il est hors de question d'explorer exhaustivement l'ensemble des arbres
possibles pour determiner le plus performant au sens d'un critere inductif comme l'ERM (cha-
pitre 2) ou le principe de compression maximale (chapitre 17). En eet, le nombre d'arbres
possibles est gigantesque, croissant exponentiellement avec le nombre d d'attributs et le nombre
moyen a de valeurs possibles par attributs. Un calcul simple montre en eet que ce nombre est
de :
X
d;1
(d ; i)ai
i=0
ce qui pour seulement quatre attributs a trois valeurs chacun donne deja cinq cent vingt-six
arbres possibles. Il faut donc un moyen (( intelligent )) d'explorer l'espace des hypotheses.
L'apprentissage des arbres de decision procede par une exploration du general au particulier
en commencant par un arbre a un nud racine correspondant a une partition simple de l'espace
X des exemples, puis en ranant progressivement cette partition par ajout successif de nuds
dans l'arbre, ce qui revient a subdiviser iterativement les partitions de l'espace des exemples.
L'approche, appelee induction descendante d'arbres de decision (top-down induction of de-
cision tree), procede de maniere descendante, en partant de l'echantillon des donnees d'appren-
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 337
tissage toutes classes confondues. Tant que l'echantillon courant de donnees n'est pas (( pur ))
(tous les exemples de la m^eme classe) ou qu'il reste au moins un attribut a tester, un attribut
est selectionne, selon un critere decrit plus bas, pour servir de test premettant de subdiviser
l'echantillon d'apprentissage courant en sous-echantillons distincts. A l'arr^et, on obtient donc
un arbre de tests (nuds) dont les feuilles correspondent a des echantillons d'exemples aussi
(( purs )) que possible, c'est-a-dire idealement appartenant a la m^eme classe. Ce n'est pas en
general possible, mais on garde l'idee de ramier l'arbre autant qu'il le faudra pour arriver a
une conguration ou chaque feuille represente des donnees appartenant toutes a la m^eme classe.
Cette technique, basee sur le principe ERM , produit un arbre dont chaque feuille ne couvre plus
qu'un faible nombre de donnees pures. Parce qu'il est trop dependant des donnees d'apprentis-
sage, on sait qu'il donnera vraisemblablement une mauvaise generalisation. C'est pourquoi on
essaie de contrebalancer ce (( surapprentissage )) par un mecanisme limitant la complexite de
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l'arbre (donc du modele) appris. On retrouve la le probleme de la selection de modeles (voir
chapitres 2 et 3).
Si l'on a assez de donnees d'apprentissage, la facon la plus ecace est de proceder en deux
passes : d'abord utiliser une partie A de l'ensemble d'apprentissage pour construire un arbre
Tmax dont toutes les feuilles sont aussi pures que possible ; ensuite elaguer (simplier) cet arbre
avec une autre partie V des donnees (un ensemble de validation comme deni au chapitre 3). Le
reste des donnees, sous forme d'ensemble de test T , sert enn a evaluer le risque reel de l'arbre
construit. Si les donnees sont peu nombreuses, une technique un peu plus complexe de validation
croisee est necessaire.
Au cours de la construction de Tmax , le test mis en place a chaque nud est base sur le
seul examen de la meilleure facon de separer en classes le sous-ensemble considere des points
d'apprentissage qu'il regit. Le paragraphe suivant presente comment fabriquer de tels criteres.
On montrera ensuite comment elaguer Tmax .
Pour simplier l'expose, nous commencons par le cas d'attributs binaires, mais tout ce qui
suit est immediatement generalisable au cas d'attributs multivalues.
11.1.2.2 Le cas des attributs binaires
Position du probleme
On dispose d'un ensemble d'apprentissage S de m exemples dont l'un est note (x; !). 4 Cet
exemple est decrit par d attributs fxi ; i = 1; dg et par une classe ! 2 C = f!1 ; :::; !C g. On
cherche d'abord, en applicant le principe ERM , a construire un arbre de classication dont
l'erreur apparente est nulle. On suppose pour l'instant que les attributs sont a valeur binaire,
avant de considerer plus loin le cas ou ils sont nominaux ou continus 5 .
L'algorithme de construction, decrit informellement ci-dessus, s'ecrit recursivement :
Par consequent, quand l'arbre est partiellement construit, a chaque nud correspond un
sous-ensemble des exemples d'apprentissage : ceux qui satisfont tous les tests binaires menant a
ce nud. Si ce sous-ensemble n'est pas constitue de points appartenant tous a la m^eme classe,
la construction doit se poursuivre. Il faut alors choisir le meilleur attribut a tester.
L'appel de cette procedure recursive se fait sur l'ensemble d'apprentissage S . Il est a noter
que dans certains cas, le test d'arr^et ne peut pas ^etre satisfait : il peut exister plusieurs exemples
ayant les m^emes attributs et des classes dierentes 6 . Dans ce cas, la classe est attribuee par un
4. On n'a pas besoin ici d'indicer les exemples dans l'ensemble d'apprentissage.
5. Les attributs a domaine arborescent ou sequentiels ne sont pas traites simplement par les arbres de decision.
6. Soit parce qu'il n'y a pas assez d'attributs pour les decrire et les discriminer, soit parce qu'il des erreurs de
description ou d'etiquetage des exemples.
338 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Algorithme 11.1 Construction recursive d'un arbre de decision
Procedure : Construire-arbre(X )
si Tous les points de X appartiennent a la m^eme classe alors
Creer une feuille portant le nom de cette classe
sinon
Choisir le meilleur attribut pour creer un nud
Le test associe a ce nud separe X en deux parties notees Xg et Xd
Construire-arbre(Xg)
Construire-arbre(Xd)
n si
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((vote )) des donnees concernees ou par un tirage au sort pondere par l'importance relative des
classes a cette feuille.
Une interpretation probabiliste
Placons-nous au cours de cette construction a un nud auquel sont attaches P n points de
l'echantillon d'apprentissage, repartis en C classes !j comportant chacune nj points ( j =1;C nj =
n).
Considerons un attribut binaire a, dont l'indice n'a pas besoin d'^etre precise. Il partage
chaque sous-ensemble nj en deux parties, comportant respectivement lj et rj points pour test
sur a = V RAI et test sur a = FAUX .
Notons :
X
C X
C
l= lj et r = rj avec : r + l = n (11.1)
j =1 j =1
On peut considerer que les n points d'apprentissage sont des tirages aleatoires selon deux
distributions discretes possibles: celle des C valeurs que prend la valeur ! de la classe et celle
des deux valeurs de a. On en deduit que :
lj =n et rj =n sont des estimations des probabilites P (a = V RAI; ! = !j ) et P (a =
FAUX; ! = !j ).
l=n et r=n sont des estimations de P (a = V RAI ) et de P (a = FAUX ).
nj =n est une estimation de P (! = !j ).
Une mesure pour choisir l'attribut
La theorie de l'information nous fournit une mesure naturelle de l'homogeneite entre deux
distributions de probabilites a valeurs discretes : l'information mutuelle, ou entropie croisee
([Cov91]). En notant ! la premiere variable et a la seconde, D! et Da les ensembles nis des
valeurs qu'elles peuvent prendre, l'entropie croisee de ! et de a est donnee par la formule 7:
X
I (!; a) = ; p(u; v)log pp(u(u;)pv(v)) (11.2)
u;v2D! Da
7. Dans tout ce chapitre, la base des logarithmes est prise a deux : log(a) doit se lire comme log2 (a).
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 339
I (!; a) presente un minimum a 0 quand, sur tout le domaine D! Da , on a : p(u; v) = p(u)p(v),
c'est-a-dire quand les deux distributions sont independantes 8 ; elle est en revanche maximale
quand les distributions sont completement correlees.
La variable aleatoire ! possede une entropie H (!) qui se denit par :
X
H (!) = ; p(u)log(p(u)
u2D!
De m^eme, on peut denir l'entropie de ! conditionnee par a comme :
X
H (!ja) = ; p(u; v)log(p(ujv))
u;v2D! Da
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X C
Ib(!) = ; lj log lj n n
j =1
X
C l
l j lj + r rj log rj
Hb (! j a) = ; log
j =1 n l l nr r
Et on peut verier que :
Ib(!; a) = Ib(!) ; Hb (! j a)
Pour faciliter les calculs, on note :
X
C l lj X
C r rj
J (a = V RAI ) = j
l log l et J (a = FAUX ) = j
r log r
j =1 j =1
et donc :
Hb (! j a) = nl J (x = V RAI ) + nr J (a = FAUX ) (11.3)
Pour construire un nud dans l'arbre, une idee naturelle et interpretable en terme de theorie
de l'information est donc de chercher parmi les d attributs celui qui possede la plus grande
correlation avec la repartition en classes, autrement dit celui qui a la meilleure entropie croisee
avec la distribution des points d'apprentissage sur les classes.
8. 0 log 0 est pris egal a 0.
340 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Par consequent, chercher parmi tous les attributs celui qui possede l'information mutuelle la
plus grande avec la distribution en classes des n points d'apprentissage revient a trouver celui
qui minimise la quantite Hb (! j a), ou, si l'on prefere, a rechercher l'attribut d'indice i? 2 f1; dg
tel que :
i? = ArgMin Hb (! j ai ) (11.4)
i=1;d
D'autres mesures pour choisir l'attribut
L'entropie croisee n'est pas le seul critere a pouvoir ^etre utilise : on l'a en eet interpretee
comme une mesure de distance entre deux distributions de probabilites. Pourquoi ne pas em-
ployer d'autres telles distances, en quittant le strict cadre de la theorie de l'information? Par
exemple, la metrique de Gini ([Gin38]) est tres employee en pratique. Son estimation se calcule
comme suit, dans les m^emes notations que precedemment :
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XC
Gini(! j a) = 1 (l2 ; (ll )2 + 1 (r2 ; (rr )2 )
l j j r j j (11.5)
i=1
Il existe encore d'autres distances possibles entre distributions de probabilites pouvant servir
a construire un arbre de decision : citons en particulier le critere du 2 et celui de Lerman([Ler81])
. Le premier s'estime par la formule :
XC ; (lnj =n) )2 + ( rj p; (rnj =n) )2
2 (c j a) = ( lj p (11.6)
i=1 lnj =n rnj =n
et le second par :
L(! j a) = sp; esp(s )
(11.7)
var(s )
Avec :
X
C
1
s= (lj (lj ; 1) + rj (rj ; 1))
j =1 2
esp(s) =
var(s ) = + + ; 2 2
avec :
= l(l ;p1) + r(r ; 1)
2n(n ; 1)
PC n (n ; 1)
= p j =1 j j
2n(n ; 1)
= l(l ; 1)(pl ; 2) + r(r ; 1)(r ; 2)
PC n (nn(n;;1)(1)(nn ;; 2)2)
= jp =1 j j j
2n(n ; 1)(n ; 2)
= (l(l ; 1) + r(r ; 1))
pn(;n2(;l1)(
(l ; 1)(2l ; 3) + r(r ; 1)(2r ; 3))
2
n ; 2)(n ; 3)
P C P C
( j =1 nj (nj ; 1)) ; 2 j =1 nj (nj ; 1)(2nj ; 3)
2
= pn(n ; 1)(n ; 2)(n ; 3)
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 341
11.1.2.3 Un exemple
Dans l'exemple qui suit, le probleme d'apprentissage consiste a trouver une regle de decision
binaire a partir de huit exemples sur quatre parametres binaires. Le probleme qui se pose a un en-
fant qui revient de l'ecole est le suivant : peut-il aller jouer chez son voisin ou pas ? L'experience,
qu'il a acquise par punition recompense sur les huit jours d'ecole precedents, est resumee dans
le tableau n des huit exemples d'apprentissage suivants :
mes Devoirs Maman est-elle Est-ce qu'il Mon Go^uter DE CISION
sont-ils Finis? de Bonne Humeur? Fait Beau? est-il Pris?
1 VRAI FAUX VRAI FAUX OUI
2 FAUX VRAI FAUX VRAI OUI
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VRAI FAUX
VRAI FAUX
VRAI FAUX
Fig. 11.2 { L'arbre de decision construit sur les huit exemples precedents.
d'erreur apparent, qui vaut ici exactement 0. On se trouve donc dans le cas expose au chapitre 2 :
le nombre de nuds de l'arbre de decision est un critere de complexite simple et ecace pour
lequel les courbes presentees a la gure 3.13 dans le chapitre 3sont caracteristiques. Chercher la
valeur (( optimale )) k0 du nombre de nuds revient donc a trouver une technique pour contr^oler
la taille de l'arbre. Il s'agit donc d'une methode de regularisation ou de selection de modele (voir
chapitre 2).
11.1.3.2 Une premiere solution : le preelagage
Une solution simple consiste a cesser de diviser un nud quand la purete des points qu'il
domine est non pas parfaite, mais susante. Une fois selectionne le meilleur attribut, on regarde
si la valeur du critere de la division est inferieure a un certain seuil ; en pratique, ceci revient a
admettre que, s'il existe une classe susamment majoritaire sous un nud, on peut considerer ce
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dernier comme une feuille et lui attribuer la classe en question. Selon le critere de division utilise,
diverses heuristiques ont ete proposees pour regler le seuil precedent. Sa valeur peut d'ailleurs
^etre variable selon le nud ou l'on se trouve, dependant de l'estimation de la probabilite a priori
des classes, de l'estimation empirique de la diculte a les separer, etc.
Ces methodes presentent certains inconvenients, dont le principal est qu'elles sont myopes
(puisqu'elles ne prennent en compte qu'un critere local a la feuille examinee), et peuvent de ce
fait manquer un developpement de l'arbre qui serait excellent. C'est pourquoi on leur prefere
souvent des methodes d'elagage a posteriori, une fois que l'arbre a ete entierement developpe.
11.1.3.3 Le post-elagage par un ensemble independant de validation
Une autre technique, plus valide theoriquement et plus ecace en pratique, consiste a d'abord
construire l'arbre de decision completement, puis seulement apres a chercher a le simplier en
l'elaguant progressivement en remontant des feuilles vers la racine. Pour juger quand il est bon
d'ar^eter d'elaguer l'arbre, on utilise un critere de qualite qui exprime souvent un compromis
entre l'erreur commise par l'arbre et une mesure de sa complexite.
L'erreur commise est mesuree gr^ace a un ensemble de validation (voir chapitre 3). On sup-
posera donc dans ce paragraphe que l'ensemble d'apprentissage est assez important pour ^etre
coupe en deux parties : l'une (ensemble d'apprentissage proprement dit) pour construire l'arbre
de decision Tmax , l'autre (ensemble de validation) pour choisir le meilleur parmi les elagages
proposes.
L'algorithme optimal consisterait a calculer le taux d'erreur de l'ensemble de validation sur
tous les arbres qu'il est possible d'obtenir par elagage de Tmax . Mais leur nombre cro^t tres
rapidement avec la taille de Tmax , mesuree en nombre de nuds 10. On utilise donc des solutions
sous-optimales, dont la plus classique (un algorithme glouton) consiste a construire sans retour
en arriere une sequence d'arbres par elagages successifs, en remontant des feuilles vers la racine.
Cette sequence se note S = (Tmax ; T1 ; :::; Tk ; :::Tn ). Tn est l'arbre constitue d'une seule feuille
comprenant les m points d'apprentissage. C'est donc l'arbre elague au maximum. Pour passer
de Tk a Tk+1 , il faut transformer un nud dans Tk en feuille. Pour savoir si cet elagage serait
beneque, l'idee generale est de comparer le (( co^ut )) de l'arbre elague et celui de l'arbre non
elague, et d'arr^eter l'elagage quand le co^ut du premier depasse le co^ut du second. Pour evaluer ce
co^ut, plusieurs criteres ont ete proposes qui prennent tous en compte a la fois l'erreur commise
par l'arbre et une mesure de sa complexite (voir en particulier les articles de synthese [BA97,
EMS97, Min89]).
10. Ou en nombre de feuilles, car un arbre binaire T ayant j T j nuds (feuilles comprises) possede exactement
(j T j ;1)=2 feuilles.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 345
Nous examinons ici le critere consistant a choisir le nud qui minimise sur l'ensemble des
nuds de Tk la valeur suivante :
$(Tk ; ) = MCne(lak)(:;(ntk)(;;kMC (; k)
) ; 1) (11.8)
ou :
MCela (; k) est le nombre d'exemples de l'ensemble d'apprentissage mal classes par le
nud de Tk dans l'arbre elague a .
MC (; k) est le nombre d'exemples de l'ensemble d'apprentissage mal classes sous le nud
dans l'arbre non elague
n(k) est le nombre de feuilles de Tk
nt(; k) est le nombre de feuilles du sous-arbre de Tk situe sous le nud .
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Ce critere permet donc d'elaguer un nud de Tk de facon a ce que Tk+1 , l'arbre obtenu,
possede le meilleur compromis entre taille et taux d'erreur apparent.
Finalement, la suite S = (Tmax ; T1 ; :::; Tk ; :::Tn ) possede un element Tk0 pour lequel le nombre
d'erreurs commises est minimal sur l'ensemble de validation : c'est cet arbre-la qui sera nalement
retenu par la procedure d'elagage.
Algorithme 11.2 Elagage d'un arbre de decision
Procedure : elaguer(Tmax)
k 0
Tk Tmax
tant que Tk a plus d'un nud faire
pour chaque nud de Tk faire
calculer le critere $(Tk ; ) sur l'ensemble d'apprentissage
n pour
choisir le nud m pour lequel le critere est maximum
Tk+1 se deduit de Tk en y remplacant m par une feuille
k k+1
n tant que
Dans l'ensemble des arbres fTmax ; T1 ; :::; Tk ; :::Tn g, choisir celui qui a la plus petite erreur de
classication sur l'ensemble de validation.
x2
O O
O
* *
* * O
* O
c
O
d O O
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* O
* O
b
* *
*
a x1
Fig. 11.3 { L'arbre de decision geometrique.
x1 > a ?
FAUX VRAI
x2 > c ? x2 > b ?
x2 > d ? * * O
FAUX VRAI
* O
1 ; 0 = 1=5
$(Tmax ; 3 ) = 5:(2 ; 1)
1 ; 0 = 1=5
$(Tmax ; 4 ) = 5:(2 ; 1)
Par consequent, l'arbre T1 sera le resultat de l'elagage de Tmax au nud 2 , soit celui de la gure
11.5.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 347
En travaillant desormais sur T1 , on trouve les valeurs :
$(T1 ; 1 ) = 3:9(3;;11) = 4=3
x1 > a ?
VRAI FAUX
x2 > b ? *
FAUX VRAI
* O
la gure 11.6, elle represente un test sur la premiere coordonnee et est donc parallele a l'axe
vertical. Les droites notees r et l representent les tests faits juste ensuite ; les suivants sont notes
rl et rr, lr et ll, et ainsi de suite. La notation r signie donc (( ls droit )), l (( ls gauche )).
../data/iris2OC1.app-../data/tree2
1
1 3
rrlrr
1
rrrrl
rrrr
1 1 3
1 1 rl
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1 1 1 1 3 3
rrlrrl
1 1 2
3 3
rrlr
1 1 1 2
3 3 2
rrr
1 2 3
rllrr
rllrl
rrlrlrll
Root
rllr
rrlrlrl
rrlrlr
lr rrlrlrllr rrlrlrr
rr
r
1 1 1 1 2 2 2 3 3 3 2 2
3 3 3 3 3 3
rllrrr
rrlrlrrl
lrl
1 rllrll 2 2 2 3 2
rrlrl
l 3 2 3 2 3 3 3 2 3
rrlrllr
2 3 2 3 3
rll
2 2 rrlrll 3
3 2 2 2 2 3
rrlrlll
llrl
2 2 rrl
ll
llr
1 2 2 2
2 2
Fig. 11.6 { Les cent donnees d'apprentissage sur l'arbre non elague.
On voit dans la gure 11.6 un arbre Tmax represente avec les cent donnees d'apprentissage
qui ont servi a le construire. On peut s'attendre a ce qu il separe parfaitement les trois classes ;
en realite, a cause des points de classes dierentes et de m^emes coordonnees, quelques choix
arbitraires sont faits. Le taux d'erreur apparent n'est donc pas nul, mais vaut 2 %. Le nombre
de tests maximal est de dix (il correspond au segment de droite note rrlrlrllr.
On a represente ensuite les donnees de test sur Tmax : elles produisent une estimation de
l'erreur de classication valant 32 %.
La version standard de OC1 avec elagage met de c^ote un dixieme des donnees d'appren-
tissage comme ensemble de validation. La gure 11.8 represente les quatre-vingt-dix donnees
d'apprentissage restantes separees par l'arbre elague gr^ace a ces dix donnees (a partir de l'arbre
Tmax construit sur ces m^emes quatre-vingt-dix donnees) 13 . Le taux d'erreur apparent est monte
a 25 %. L'arbre elague est de profondeur 2. Il est constitue de deux selecteurs sur la m^eme
coordonnee.
13. Cet arbre Tmax est dierent du precedent, puisqu'il est construit sur quatre-vingt-dix donnees tirees aleatoirement
et non pas cent.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 349
../data/iris2OC1.tst-../data/tree2
1
rrlrr
rrrrl
rrrr
1 3
1 1
1 1 1 rl
1 1 1 2
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rrlrrl
Root
rr
r
rrlr
1 2 3 3 3
rrr
1 1 1 3 3 2
rllrr
rllrl
rrlrlrll
rllr
rrlrlrl
rrlrlr
lr rrlrlrllr rrlrlrr
1 2 2
3 2 3
rllrrr
rrlrlrrl
lrl
rllrll
2 2 2 3
rrlrl
l 2 2 3 2 3
rrlrllr
2 2
3
rll
2 3 rrlrll
3 3
rrlrlll
ll
llr
llrl
rrl
Fig. 11.7 { Les cinquante donnees de test sur l'arbre non elague.
Pour nir, les cinquante donnees de test sont confrontees a l'arbre elague (Figure 11.9) ce
qui donne une estimation de l'erreur de classication de 26 %.
Bien que les deux dernieres estimations presentent un intervalle de conance large, elle
correspondent cependant a l'attente : le surapprentissage est bel et bien corrige par l'elagage.
Le logiciel OC1 permet egalement de construire des arbres de decision sur des donnees
numeriques par combinaison lineaire des attributs ; autrement dit, on obtient dans ce cas des
droites separatrices non paralleles aux axes.
La gure 11.10 montre comment un (( arbre oblique )) de profondeur maximale 2 permet de
separer les cinquante donnees de test. Il est construit sur quatre-vingt-dix donnees d'appren-
tissage et elague sur dix donnees de validation. L'estimation de l'erreur de classication est de
24 %.
11.1.5 Traduction des arbres de decision en logique des propositions
Dans l'optique du chapitre 3, on peut voir les arbres de decision comme la construction
imbriquee de selecteurs et de regles de generalisation en logique des propositions. Chaque branche
de l'arbre correspond a une conjonction de tests associes a une classe. L'ensemble des branches
peut donc ^etre considere comme une disjonction exhaustive et exclusive de conjonctions (tous
les exemples possibles sont couverts chacun par une regle et une seule). Nous l'illustrons sur un
exemple.
350 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
../data/iris2OC1.app-../data/tree3
1
1 3
1 1 3
1 1
1 1 1 1 3 3
1 1 2
3 3
1 1 1 2
3 3 2
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1 2 3
Root
r
1 1 1 1 2 2 2 3 3 3 2 2
3 3 3 3 3 3
1 2 2 2 3 2
3 2 3 2 3 3 3 2 3
2 3 2 3 3
2 2 3
3 2 2 2 2 3
2 2
1 2 2 2
2 2
Fig. 11.8 { Les quatre-vingt-dix donnees d'apprentissage restantes sur l'arbre elague par dix
donnees.
Supposons les donnees d'apprentissage decrites par trois variables : la premiere a valeur
continue : fievre, la seconde nominale : qualite, pouvant prendre une des trois valeurs homme,
femme, enfant et la troisi eme binaire : reaction positive ou negative au test T. La clas-
sication a eectuer porte sur le diagnostic d'un certain syndrome S. Supposons que l'algorithme
de construction ait calcule l'arbre suivant a partir des donnees d'apprentissage :
Si qualite = enfant
Alors S = FAUX
Sinon : Si reaction negative a T
Alors S = FAUX
Sinon Si qualite = femme
Alors S = VRAI
Sinon Si fievre 39
Alors S = VRAI
Sinon S = FAUX
Le concept appris, represente maintenant en logique des propositions, peut se decrire ainsi :
l'algorithme d'apprentissage a cree trois selecteurs pour denir sa nouvelle representation des
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 351
../data/iris2OC1.tst-../data/tree3
1
1 3
1 1
1 1 1
1 1 1 2
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Root
r
1 2 3 3 3
1 1 1 3 3 2
1 2 2
3 2 3
2 2 2 3
2 2 3 2 3
2 2
3
2 3
3 3
Fig. 11.9 { Les cinquante donnees de test restantes sur l'arbre elague.
connaissances :
Un seuil a 39 , qui permet de binariser l'utilisation de la variable continue fievre (re-
marquons qu'en general, plusieurs seuils peuvent appara^tre dans les variables continues).
Notons a1 le fait qu'un patient ait une evre superieure a 39 , a1 le contraire.
La transformation de la variable nominale qualite en trois variables binaires enfant,
homme, femme, que nous notons a2 , a3 et a4 . Il est a remarquer que desormais, le fait que
deux d'entre elles ne puissent pas ^etre vraies a la fois appara^tra implicitement.
La variable binaire reaction au test T, qui reste binaire : notons-la a5 .
Finalement, l'apprentissage realise par la construction de l'arbre de decision ci-dessus peut se
traduire dans la nouvelle representation des connaissances par la decouverte du concept :
D'une maniere generale, un arbre de decision est une representation de l'apprentissage d'un
concept sous la forme d'une disjonction de conjonctions.
352 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
../data/iris2OC1.tst-../data/treeobl
1
1 3
1 1
1 1 1
1 1 1 2
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ot
Ro
1 2 3 3 3
1 1 1 3 3 2
1 2 2
3 2 3
2 2 2 3
l
2 2 3 2 3
2 2
3
2 3
3 3
Fig. 11.10 { Les 50 donnees de test restantes sur l'arbre oblique elague.
discretiser par un decoupage en deux minimisant le critere de la somme des ecarts a la moyenne
dans chaque partie du decoupage. Ainsi, pour chaque attribut xk et pour chaque valeur de
decoupage djk de cet attribut, on denit deux regions separees par cette valeur et on obtient
deux valeurs du critere que nous notons Cjk G et C D .
jk
On choisit au total d'utiliser la variable xk et le decoupage djk qui minimisent la somme des
deux valeurs ci-dessus.
11.2.3 Un exemple
Voyons une etape de la construction d'un arbre de regression a deux dimensions. Les donnees
d'apprentissage sont au nombre de seize et le decoupage courant est celui donne a la gure 11.11.
11 x2
10 3
R3
9
8 R2
3
s4 2
7
3
s1 2
6
3
2 s3
5 3
4 2 s2 2s5
3 3 3 s6
2
2 R1 3
1 3 3 x1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Fig. 11.11 { Une etape de la construction d'un arbre de regression.
Quelle est la valeur du critere pour cette hypothese? Elles separe les points de R3 en deux
groupes : fs1 ; s2 ; s3 ; s4 g et fs5 ; s6 g. Le centre de gravite (la moyenne) g1 du premier groupe
est aux coordonnees (10; 5:75) et son homologue g2 pour le second groupe est aux coordonnees
(12:5; 3:5). Le critere vaut donc :
X X
C31G + C31D = 2 (si ; g1 ) + 2 (si ; g2 ) ' 11:85
i2f1;2;3;4g i2f5;6g
Il faut aussi s'interesser a x2 . Quatre valeurs de seuil sont possibles pour cet attribut : 3:5,
5, 6:5, 7:5. La droite correspondant a la seconde valeur 5 a ete tracee en pointilles. Elle separe
les points de R3 en deux groupes : fs4 ; s1 ; s3 g et fs2 ; s5 ; s6 g. Le centre de gravite h1 du premier
est aux coordonnees (10; 7) et h2 est aux coordonnees (11:3; 3:7) (ces deux points sont indiques
sur la gure par le symbole ). Le critere vaut ici :
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X X
C22G + C22D = 2 (si ; h1 ) + 2 (si ; h2 ) ' 9
i2f4;1;3g i2f2;5;6g
Le calcul complet montrerait que parmi toutes les separations possibles sur x1 et x2 , c'est
cette derniere qui est la meilleure du point de vue du critere quadratique employe. La region
R3 sera donc divisee en deux par la droite d'equation x2 = 5. Il est interessant de noter que ce
n'est pas la mediatrice entre h1 et h2 .
11.2.4 La n de la construction et l'elagage
Cette construction se poursuit jusqu'a ce que chaque point soit sur une feuille, ou lorsque
les moyennes des deux regions les meilleures a separer sont trop proches. Cette derniere facon
de faire est cependant dangereuse dans la mesure ou un attribut tres separateur peut succeder
a un qui ne l'est pas.
C'est pourquoi on a developpe pour les arbres de regression des methodes d'elagage puis-
santes. Apres avoir laisse cro^tre l'arbre jusqu'a ce que chaque feuille ne contienne qu'un petit
nombre de points, voire un seul, on elague en reunissant les feuilles selon un critere de complexite
dont Breiman [BFOS84] a montre qu'il est optimal pour un arbre donne. En d'autres termes, la
procedure d'elagage ne transforme pas un arbre sous-optimal en un arbre optimal, bien entendu,
elle se contente d'^etre capable, pour un arbre donne, de trouver l'elagage optimal pour cet arbre.
1990 montrent qu'il est possible d'atteindre une decision aussi precise que souhaitee par une
combinaison judicieuse d'experts imparfaits mais correctement entra^nes. Plusieurs algorithmes
d'apprentissage ont ete developpes a la suite de ces travaux.
Le mot boosting 15 s'applique a des methodes generales capables de produire des decisions
tres precises (au sens d'une fonction de perte) a partir d'un ensemble de regles de decision
(( faibles )), c'est-
a-dire dont la seule garantie est qu'elles soient un peu meilleures que le ha-
sard. Ces methodes s'appliquent aussi bien a l'estimation de densite qu'a la regression ou a la
classication. Pour simplier, nous nous concentrons ici sur la t^ache de classication binaire.
Dans sa version (( par sous-ensembles )), cette technique fait produire a l'algorithme trois
resultats selon la partie de l'ensemble d'apprentissage sur laquelle il apprend, puis combine les
trois apprentissages realises pour fournir une regle de classication plus ecace. Examinons
d'abord cette technique avant de voir comment la generaliser a l'aide de distributions de proba-
bilite sur les exemples.
11.3.2 Le premier algorithme de boosting
Schapire ([Sch90]) developpa le premier algorithme de boosting pour repondre a une question
de Kearns : est-il possible de rendre aussi bon que l'on veut un algorithme d'apprentissage
(( faible )), c'est-
a-dire un peu meilleur que le hasard? Shapire montra qu'un algorithme faible
peut toujours ameliorer sa performance en etant entra^ne sur trois echantillons d'apprentissage
bien choisis. Nous ne nous interessons ici qu'a des problemes de classication binaire.
L'idee est d'utiliser un algorithme d'apprentissage qui peut ^etre de natures tres diverses (un
arbre de decision, une regle bayesienne de classication, une decision dependant d'un hyperplan,
etc.) sur trois sous-ensembles d'apprentissage.
1. On obtient d'abord une premiere hypothese h1 sur un sous-echantillon S1 d'apprentissage
de taille m1 < m (m etant la taille de S l'echantillon d'apprentissage disponible).
2. On apprend alors une deuxieme hypothese h2 sur un echantillon S2 de taille m2 choisi
dans S ; S1 dont la moitie des exemples sont mal classes par h1 .
3. On apprend nalement une troisieme hypothese h3 sur m3 exemples tires dans S ;S1 ;S2
pour lesquels h1 et h2 sont en desaccord.
4. L'hypothese nale est obtenue par un vote majoritaire des trois hypotheses apprises :
H = vote majoritaire(h1 ; h2 ; h3 )
15. La traduction litterale de ce mot est (( stimulation )) ou (( amplication )) (pourquoi pas (( dopage )) ?) ; le terme
anglais est toujours employe dans le contexte de l'apprentissage.
356 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
+ + +++
+
+ + +
+ +
+
+
+ ;+ +++;; ;
;; +;;;+;;
;;; +;;
;
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; ;
++ + +++ ++ + +++
++ + +++ + ++
++;+ +++;;; ++ + +;;;
+ ;;
;; +;;; +; ;;;+
;; +;;;
; ;; ; ;;; ;;
Fig. 11.13 { A gauche : l'ensemble S ;S1 et la droite C1 apprise sur S1 . A droite : un ensemble
S2 inclus dans S ; S1 parmi les plus informatifs pour C1 (points entoures).
Idealement, les trois ensembles d'exemples extraits de S devraient le vider de tous ses
exemples, ce qui revient a dire que la somme des valeurs m1 , m2 et m3 doit approcher m.
C'est la facon de tirer un prot maximal de S . Mais on concoit que ce reglage ne soit pas
forcement facile a faire en pratique : si l'algorithme A est performant sur S , m2 pourra ^etre
pris bien inferieur a m1 , alors que la proportion pourrait ^etre inverse si A est seulement un peu
meilleur qu'un tirage de classe au hasard. En general, on regle empiriquement les proportions
des trois ensembles en faisant plusieurs essais, jusqu'a ce que tous les elements de S ou presque
participent au processus.
On peut utiliser recursivement la methode et proceder avec neuf sous-ensembles, vingt-sept
sous-ensembles, etc. Mais la meilleure generalisation est de faire glisser la notion de fonction
caracteristique (qui vaut 1 sur les points d'un sous-ensemble et 0 partout ailleurs) vers celle
de distribution de probabilite sur les points de l'ensemble d'apprentissage. Cette technique sera
egalement employee pour les fen^etres de Parzen (chapitre 14). C'est ce que realise l'algorithme
que nous presentons maintenant.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 357
++ + +
++ +
++ ++
+
++
+ ++ ++ + + ++ +++ ;
+
++ + +;;; +
++ +++ +;; ;;;
;; +++ +;;;; + ;+ ++
++;
;;; ;+;;;+;; ;;
; ;; ; ; +;; ;
;;;;;;+
; ;; ; ;;
Fig. 11.14 { A gauche : l'ensemble S2 et la droite separatrice C2 apprise sur cet ensemble.
Au centre : l'ensemble S3 = S ; S1 ; S2 et la droite separatrice C3 apprise sur
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L'examen des formules de mise a jour des poids des hypotheses dans l'algorithme 11.3 suggere
que vers la n de l'apprentissage, le poids des exemples diciles a apprendre devient largement
dominant. Si une hypothese peut ^etre trouvee qui soit performante sur ces exemples (c'est-a-
dire avec "t 0), elle sera alors dotee d'un coecient t considerable. L'une des consequences
possibles est que les exemples bruites, sur lesquels nit par se concentrer l'algorithme, perturbent
gravement l'apprentissage par boosting. C'est en eet ce qui est frequemment observe.
Algorithme 11.3 AdaBoost dans le cas d'un apprentissage de concept
S = f(x1; u1 ); : : : ; (xm; um)g, avec ui 2 f+1; ;1g; i = 1; m
pour tout i=1,m faire
p0(xi ) 1=m
n pour
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t 0
tant que t T faire
Tirer un echantillon d'apprentissage St dans S selon les probabilites pt
Apprendre une regle de classication ht sur St par l'algorithme A
Soit "t l'erreur apparente de ht sur S . Calculer t 12 ln 1;"t"t
pour i = 1; m faire
pt+1(xi ) ptZ(xt i ) e;t si ht (xi) = ui (bien classe par ht )
pt+1(xi) ptZ(xt i ) e+t si ht (xi) 6= ui (mal classe P
par ht ).
(Zt est une valeur de normalisation telle que mi=1 pt (xi ) = 1)
n pour
t t+1
n tant que ;PT h (x)
Fournir en sortie l'hypothese nale : H (x) = sign t=1 t t
A la n de cet algorithme, chaque regle de classication ht est ponderee par une valeur t
calculee en cours de route. La classication d'un nouvel exemple (ou des points de S pour obtenir
l'erreur apparente) se fait en utilisant la regle :
tX
=T !
H (x) = sign t ht (x)
t=1
En un sens, on voit que le boosting construit l'hypothese nale comme une serie additive
dans une base de fonctions, dont les elements sont les hypotheses ht . On retrouve la un theme
frequent dans les techniques d'apprentissage (par exemple les SVM, les methodes d'approxima-
tion bayesiennes, etc.).
m
ou REmp (H ) denote l'erreur empirique mesuree sur l'echantillon d'apprentissage.
Cette borne suggere que le boosting devrait tendre a surapprendre lorsque T devient grand,
puisque le deuxieme terme devient grand. Si cela arrive eectivement parfois, il a ete observe
empiriquement que souvent cela ne se produit pas. De fait, il appara^t m^eme frequemment que
le risque reel tend a diminuer m^eme lontemps apres que le risque empirique soit devenu nul.
En reponse a cette observation enigmatique, des chercheurs ont essaye d'etablir un lien entre le
boosting et les methodes a large marge (voir le chapitre 9 sur les SVM).
Denissons la marge d'un exemple (x; y) par :
P
T h (x)
marge(x; y) = y P t=1 t t
T
t=1 t
Ce nombre est compris dans l'intervalle [;1; +1] et est positif seulement si H classie cor-
rectement l'exemple. La marge peut ^etre interpretee comme une mesure de conance dans la
prediction. Il a ete prouve que l'erreur en generalisation peut alors ^etre bornee par :
r !
^ [marge(x; y) ] + O
RReel (H ) Pr dH
m2
pour tout > 0 avec forte probabilite.
On note que cette borne est maintenant independante de T , le nombre d'etapes de boosting.
De plus, il a pu ^etre montre que le boosting cherche eectivement a augmenter la marge avec les
exemples puisqu'il se concentre sur les exemples diciles a classer, c'est-a-dire sur les exemples
dont la marge est la plus faible.
Schematiquement, AdaBoost et les methodes SVM eectuent une recherche de classica-
teurs a large marge dans des espaces de grandes dimensions, ces classicateurs etant de plus des
combinaisons lineaires, mais :
les normes utilisees (L2 pour les SVM et L1 et L1 pour AdaBoost) sont dierentes, donc
les espaces explores aussi
l'optimisation sous contrainte est quadratique pour les SVM et lineaire pour le boosting
la recherche est globale pour les SVM ce qui est rendu possible par l'astuce des fonctions
noyau permettant de faire des calculs virtuels simples dans des espaces de tres grande
dimension, tandis que le boosting eectue une recherche locale gloutonne (une coordonnee
h(x) a la fois, cette coordonnee devant avoir une correlation non negligeable (meilleure
que le hasard) avec l'etiquette u).
360 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Si des liens ont ainsi pu ^etre etablis de maniere prometteuse entre le boosting et les methodes
a large marge, il reste encore a les investiguer de maniere plus complete et il y a la encore de
beaux sujets de recherche en perspective (voir par exemple [FS99] pour des references).
11.3.5 L'utilisation du boosting
Le boosting, et particulierement l'algorithme AdaBoost, a ete employe avec succes avec de
nombreux algorithmes d'apprentissage (( faibles )) (par exemple C4.5 : un systeme d'apprentis-
sage d'arbre de decision ([Qui93]) ou Ripper : un systeme d'apprentissage de regles) et sur des
domaines d'application varies. En general, l'utilisation du boosting a pour resultat d'ameliorer
souvent sensiblement les performances en apprentissage.
Les avantages du boosting et de AdaBoost en particulier sont qu'il s'agit d'une methode
facile a programmer et aisee d'emploi. Elle ne necessite pas de connaissance a priori sur l'al-
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gorithme d'apprentissage (( faible )) utilise, et elle peut s'appliquer de fait a n'importe quel
algorithme d'apprentissage faible. Les seuls parametres a regler sont la taille de l'ensemble d'ap-
prentissage m et le nombre total d'etapes T , qui peuvent ^etre xes par l'utilisation d'un ensemble
de validation (voir le chapitre 3). De plus, des garanties theoriques sur l'erreur en generalisation
permettent de contr^oler l'apprentissage. Une autre propriete interessante du boosting est qu'il
tend a detecter les exemples aberrants (outliers) puisqu'il leur donne un poids exponentiellement
grand en cours d'apprentissage. Cependant, la contrepartie de ce phenomene est que le boosting
est sensible au bruit et ses performances peuvent ^etre grandement aectees lorsque de nombreux
exemples sont bruites. Recemment des algorithmes ont ete proposes pour traiter ce probleme
(comme Gentle AdaBoost [HTF01] ou BrownBoost [Fre99]).
Il est a noter que l'adaptation aux problemes multiclasses n'est pas immediate, mais elle a
cependant fait l'objet d'etudes menant aussi a des algorithmes ecaces. De m^eme qu'il existe
des extensions a la regression.
11.3.6 Boosting et theorie PAC
Les premiers travaux sur le boosting sont issus d'une question posee par Valiant et Kearns
[KV88] dans le cadre de l'apprentissage PAC . Les algorithmes PAC au sens fort sont denis
ainsi :
pour toute distribution de probabilite DX DU sur l'espace des exemples (x; u),
8" > 0; > 0,
etant donne un nombre polynomial (fonction de 1=" et de 1=) d'exemples i.i.d. suivant
DX DU ,
l'algorithme trouve une hypothese d'erreur " avec une probabilite 1 ; .
Les algorithmes d'apprentissage dits faibles ont une denition analogue, mais on leur de-
mande seulement de trouver une hypothese d'erreur " 21 ;
, avec
strictement positif, donc
eventuellement juste un peu meilleure que le hasard, en supposant une t^ache de classication
binaire avec la m^eme proportion d'exemples positifs et negatifs.
La question posee : est-ce qu'il est possible d'utiliser un algorithme faible pour obtenir un
apprentissage de type fort?
Shapire ([FS99])a prouve que la reponse a cette question est positive et a concu le premier
algorithme de boosting par sous-ensembles. Freund [Fre99] a ensuite produit un algorithme
beaucoup plus ecace, egalement optimal, mais dicile a appliquer. En 1995, Freund et Shapire
[FS97] ont propose l'algorithme AdaBoost, ecace et pratique, qui est maintenant la technique
la plus employee pour ameliorer les performances de n'importe quel algorithme d'apprentissage
supervise.
Chapitre 11 Apprentissage par combinaison de decisions 361
Dans le m^eme temps, d'autres chercheurs ont analyse comment il est possible d'identier les
bons experts au sein d'une grande collection d'experts ou bien les bons attributs quand on a un
grand nombre d'attributs (ces deux problemes sont relies). Les algorithmes developpes, tels que
Winnow [LW94] (voir au chapitre 15) ont revele l'inter^et de la mise a jour multiplicative des
ponderation d'experts.
11.3.7 Le (( bagging ))
Le bagging est une methode qui, comme le boosting, combine des hypotheses pour obtenir
une hypothese nale. Cependant la methode est plus simple et generalement moins perfor-
mante. L'idee de base est d'entra^ner un algorithme d'apprentissage (arbre de decision, reseau
connexionniste, etc.) sur plusieurs bases d'apprentissage obtenues par tirage avec remise 17 de
m0 (avec m0 < m) exemples d'apprentissage dans l'echantillon d'apprentissage S . Pour chaque
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tirage b (pour bag), une hypothese hb est obtenue. L'hypothese nale est simplement la moyenne
des hypotheses obtenues sur B tirages au total :
X
B
H (x) = B1 hb (x)
b=1
L'une des justications de cette methode est que si les hypotheses hb calculees pour chaque
tirage b ont une variance importante (donc sont sensibles a lechantillon des m0 exemples d'ap-
prentissage), alors leur moyenne H aura une variance reduite.
Le critere de Lerman(11.6) a ete aimablement reformule par son auteur pour s'adapter a nos
notations.
Le lociciel OC1 ([MKS94]) et les donnees de Fisher (avec quatre attributs) sont disponibles
au public, comme beaucoup d'autres jeux de donnees, a partir du site Internet :
http://www.ai.univie.ac.at/oefai/ml/ml-ressources.html
L'histoire du boosting est evoquee au paragraphe 11.3.6. De remarquables developpements
theoriques ont ete eectues sur ces methodes en particulier sur la capacite de generalisation et les
liens avec les SV M (chapitre 9). Le mot anglais arcing (de adaptive reweighting and combining)
est employe pour designer toutes les methodes qui selectionnent ou reponderent les donnees pour
ameliorer la classication. Les deux methodes de boosting que nous avons vues en font partie.
Le bagging (de boostrap aggregation) en fait partie aussi (voir [HTF01] et le chapitre 3).
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Resume
Les arbres de decision permettent de classer des objets ayant des attributs de nature
discrete. Ils sont contruits recursivement par specialisation progressive sur l'espace
des exemples. La classe d'un objet est ainsi predite par la classe de la region calculee
par l'arbre de decision dans laquelle il se trouve.
A chaque nud correspond un test a n valeurs (souvent binaire) sur un attri-
but.
On classe un objet en partant de la racine et en suivant le chemin dans les
nuds donne par la reponse aux tests, jusqu'a une feuille (a laquelle est aectee
une classe).
L'apprentissage se fait recursivement, en choisissant pour racine de l'arbre l'at-
tribut le plus correle avec la distribution en classes, ce qui separe les exemples
en n parties sur lesquelles on recommence ce choix.
On arr^ete l'apprentissage lorsque les feuilles de l'arbre sont susamment
(( pures )) ou qu'aucun test n'est plus disponible.
une phase d'elagage est ensuite necessaire pour reduire l'arbre et diminuer sa
probabilite d'erreur de classication.
De par leur facilite d'utilisation et la relative transparence des hypotheses
produites, les arbres de decision sont tres largement employes.
Le boosting est une technique d'apprentissage qui vise a rendre plus performant
un systeme d'apprentissage (( faible )). Pour ce faire, le systeme d'apprentissage
est entra^ne successivement sur des echantillons d'apprentissage surponderant les
exemples diciles a apprendre. A chaque fois, une hypothese ht est produite, et
l'hypothese nale est une combinaison lineaire de ces hypotheses ponderees par des
coecients lies a leur performance. Le boosting est d'un emploi tres large et fait
l'objet de nombreux travaux et applications.
Chapitre 12
L'apprentissage de reseaux bayesiens
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e matin, il y a un cygne a bec jaune sur ma pelouse. Deux possibilites : soit il s'est
C echappe du zoo voisin, soit c'est un oiseau migrateur. Pour le savoir, je me dirige vers
le poissonnier du coin et j'observe que le prix de saumon norvegien a augmente. J'en
deduis que le cygne est sauvage.
Ce genre de (( raisonnement )) possede deux caracteristiques un peu surprenantes. La premiere
est que la decision prise n'est pas forcement la bonne : le cygne peut tres bien s'^etre echappe du
zoo et je peux aussi me tromper a propos du cours du saumon. Surtout, il n'y a pas d'implication
(de relation de cause a eet) entre le fait d'avoir un cygne sur ma pelouse et celui d'avoir a payer
le saumon plus cher. Cependant, constater le second change ma conance dans l'origine du
premier. Pourquoi? S'il fait tres froid dans le Nord de l'Europe, deux phenomenes en apparence
independants ont une probabilite forte d'arriver : la migration jusqu'a nos latitudes d'une espece
qui est en general plus septentrionale et l'augmentation du cours du poisson recolte sur place,
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Age Sexe
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Tumeur
Serum
des
Calcium
poumons
Fig. 12.1 { Les reseaux bayesiens sont une representation compacte et ecace pour les calculs
d'une distribution de probabilites gr^ace a l'exploitation des independances condition-
nelles entre variables. A chaque nud est associee une table de probabilites condi-
tionnelles.
Prises ensemble ces deux parties denissent une distribution de probabilite unique sous forme
factorisee. Par exemple, dans le cas de la gure 12.1 :
P (A; S; E; F; C; Se; T ) =
p(A) P (S ) P (E jA) P (F jA; S ) P (C jE; F ) P (SejC ) P (T jC )
Cette factorisation prend en compte les independances conditionnelles exprimees dans le
graphe. Ainsi par exemple, Serum Calciumet Tumeur des poumons sont deux variables dependantes,
mais elles deviennent independantes si l'on conna^t la valeur de la variable Cancer.
Si l'on ne tenait pas compte de ces independances, il faudrait ecrire la distribution jointe de
probabilites comme :
P (A; S; E; F; C; Se; T ) =
p(A) P (S jA) P (E jA; S ) P (F jA; S; E )
P (C jA; S; E; F ) P (SejA; S; E; F; C ) P (T jA; S; E; F; C; Se)
1. On dit souvent : un DAG, de l'anglais directed acyclic graph.
366 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
A B C
D E
F G
Fig. 12.2 { Un graphe oriente sans cycle. Les parents de F sont D et E . Les anc^etres de F
sont D, E , A, B et C . Les ls de B sont D et E . Les descendants de B sont D, E ,
F et G. Les non-descendants de A sont B , C , E et G.
qui est un des attributs du probleme. Ces attributs sont binaires, pouvant prendre (avec une
certaine probabilite) la valeur V RAI ou FAUX , ce qui signie qu'une variable aleatoire est
associee a chaque attribut. Comme a chaque nud est associee un attribut, donc une variable
aleatoire dierente, nous pouvons confondre par la suite un nud, un attribut et la variable
aleatoire associee.
Nous notons la probabilite que la variable X soit VRAI par P (X = V RAI ), ou en raccourci
P (X ). On a : P (X = FAUX ) = 1 ; P (X = V RAI ), ce que nous notons : P (:X ) = 1 ; P (X ).
12.1.2 La d-separation
Les independances conditionnelles encodees par le graphe sont calculables gr^ace a un critere
formel de theorie des graphes que l'on appelle la d-separation. Ce critere permet le calcul des
independances conditionnelles en temps polynomial en fonction du nombre de variables.
Chapitre 12 L'apprentissage de reseaux bayesiens 367
Ainsi par exemple, chaque nud X soit independant de tout autre nud qui n'est pas son
descendant, independant sachant les parents de X . Ou encore :
Dans un reseau bayesien, tout nud est conditionnellement independant de ses non-descen-
dants, sachant ses parents.
En termes plus formels, notons A(V ) n'importe quel ensemble de nuds qui ne sont pas des
descendants de V et P (V ) l'ensemble des parents de V . Ceci s'ecrit :
P (V jA(V ); P (V )) = P (V jP (V )) (12.1)
Autrement dit, l'ensemble des valeurs P (V jP (V )), avec V parcourant l'ensemble des nuds du
graphe, sut a determiner completement l'ensemble de toutes les probabilites conditionnelles
d'un reseau bayesien.
Compte tenu de la structure particuliere du graphe, on peut demontrer [Fre98] que la condi-
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p(FN) = ZO
0.95
FN
Fig. 12.3 { Le graphe du reseau bayesien qui exprime (( Il y a un cygne a bec jaune sur ma
pelouse )).
conditionnelles, puisque les nuds correspondants sont tous les deux sans anc^etres. Notons que
les variables FN et ZO sont independantes pour la m^eme raison. Il nous faut, pour le nud
SA, donner P (SA j FN ) et P (SA j :FN ) et, pour le nud CP , donner quatre valeurs :
P (CP j FN; ZO),P (CP j FN; :ZO), P (CP j :FN; ZO) et P (CP j :FN; :ZO).
Notre reseau sera donc complet si nous lui ajoutons par exemple le tableau :
P (FN ) 0.95
P (ZO) 0.7
P (SA j FN ) 0.95
P (SA j :FN ) 0.1
P (CP j FN; ZO) 0.9
P (CP j FN; :ZO) 0.05
P (CP j :FN; ZO) 0
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Le fait de conna^tre s'il existe de telles relations entre les variables va permettre d'accelerer
les calculs d'inference.
L'independance conditionnelle peut aussi se decrire dans un reseau bayesien en terme de
geometrie du graphe. Un theoreme [Pea88] enonce en eet que :
Theoreme 12.2
Deux variables X et Y sont conditionnellement independantes sachant un ensemble de variables
Z si et seulement si les nuds X et Y sont d-separables par l'ensemble Z .
Il faut maintenant denir la geometrie de d-separabilite dans un graphe.
Soient deux nuds X et Y et un ensemble de nuds Z , avec X 62 Z et X 62 Z . Nous allons
d'abord denir ce qu'est un chemin non oriente entre X et Y . Pour cela, il faut imaginer un
instant que chaque arc du graphe est double d'un autre arc, oriente dans l'autre sens. Si on peut
aller de X a Y dans ce nouveau graphe, on dit alors que X et Y sont relies par un chemin non
oriente. Si l'on prefere, cela revient a autoriser a emprunter les arcs a l'envers, en plus de leur
sens de parcours naturel.
Sur un chemin non oriente entre X et Y , on peut rencontrer quatre types de nuds : deux
sortes de nuds en serie, des nuds convergents et des nuds divergents. En eet, pour un
nud intermediaire Z , le nud le plus proche en direction de X peut ^etre soit un ls, soit un
pere ; de m^eme en direction de Y . La gure 12.4 montre ces dierents cas.
Ceci pose, nous pouvons maintenant caracteriser un chemin non oriente entre X et Y vis a vis
d'un ensemble de nuds Z du graphe tel que ni X , ni Y n'appartiennent a Z . Nous distinguons
les cas suivants :
Cas 1 Z est dans Z et Z est un nud divergent.
Cas 2 et 3 Z est dans Z et Z est un nud en serie.
Cas 4 Soit T (X; Y ) l'ensemble des nuds qui sont descendants a la fois de X et de Y , mais dont
aucun des parents ne possede la m^eme propriete. Alors, aucun des nuds T 2 T (X; Y ) ni
aucun des descendants de T n'est inclus dans Z .
On a alors la denition :
Denition 12.3
Soit Z un ensemble de nuds et X et Y deux nuds n'appartenant pas a Z . On dit que Z
d-separe X et Y si pour tous les chemins non orientes entre X et Y , il existe un nud Z dans
Z dans un des des cas 1, 2 ou 3, et si le cas 4 est vrai pour tous les nuds T 2 T (X; Y ).
Chapitre 12 L'apprentissage de reseaux bayesiens 373
X Y Y X Z
Z Z Z X Y
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Y X
Fig. 12.4 { Les dierents types de nuds sur un chemin non oriente entre X et Y : les deux
premiers sont en serie, le troisieme est convergent et le quatrieme divergent. Les
pointilles non
eches representent un sous-chemin non oriente.
X Y
Z Z X Y
Z Z
X Y Y X
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Fig. 12.5 { Les quatre congurations servant a denir la d-separation. La zone grisee represente
l'ensemble Z . Les pointilles
eches representent un sous-chemin oriente.
E B
Données + Appren- R A
E B P(A | E,B)
e b .9 .1
connaissances tissage C e b .7 .3
a priori e b .8 .2
e b .99 .01
Fig. 12.6 { Un reseau bayesien comprend a la fois une structure et des parametres associes
aux nuds de cette structure (les probabilites conditionnelles). L'apprentissage
consiste a estimer les parametres et parfois aussi la structure a partir de donnees et
eventuellement de connaissances prealables.
Y
m
L( : S ) = P (Sj) = P (z i j)
i=1
Dans le cas d'un reseau bayesien, la vraisemblance s'ecrit en prenant en compte les independances
conditionnelles des nuds nj en fonction de leurs parents Paj . On aura ainsi pour m donnees
xi, chacune etant decrite sur d attributs (soit ici d nuds du reseau) :
Y
m Y
m Y
d
L( : S ) = P (xi (1); : : : ; xi(d) : ) = P (xi(j )jPaj : j )
i=1 i=1 j =1
Yd Ym Y d
= P (xi (j )jPaj : j ) = Lj (j : S)
j =1 i=1 j =1
ou xi (j ) represente la jeme coordonnees de la donnee xi .
La vraisemblance se decompose selon la structure du reseau. De ce fait, on a aaire main-
tenant a plusieurs problemes independants d'estimation de vraisemblance : le probleme est fac-
torise. Si les parametres de chaque famille ne sont pas relies, ils peuvent ^etre estimes indepen-
damment les uns des autres.
Nous avons examine ci-dessus le probleme comme celui de l'estimation de la valeur la plus
probable du parametre : il s'agit la de l'approche du maximum de vraisemblance. Nous pour-
rions aussi envisager ce probleme comme celui de l'estimation de densite et non plus de sa
valeur la plus probable. C'est l'approche de l'estimation bayesienne. Nous n'en donnons pas le
detail dans la cas present, mais le principe general est decrit dans le chapitre 17.
Dans tous les cas, il faut avoir recours a des frequences calculees pour estimer les probabilites
conditionnelles. Nous illustrons cela ci-dessous.
Exemple 10 (Estimation de probabilites conditionnelles par frequence)
On suppose ici posseder la structure du reseau et chercher a estimer les probabilites condition-
nelles necessaires. Pour realiser cette estimation, on dispose d'un certain nombre d'observations
sur les variables, c'est-a-dire d'exemples de son comportement.
4. Des details sur le principe du maximum de vraisemblance gurent dans les chapitres 2 et 14.
376 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Reprenons l'exemple de la Figure 12.3, en supposant disposer de la table suivante des obser-
vations :
SA CP FN ZO Nombre d'exemples
V RAI V RAI V RAI V RAI 54
V RAI V RAI V RAI FAUX 1
V RAI FAUX V RAI V RAI 7
V RAI FAUX V RAI FAUX 27
FAUX V RAI V RAI V RAI 3
FAUX FAUX V RAI FAUX 2
FAUX V RAI FAUX V RAI 4
FAUX FAUX FAUX FAUX 2
100
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Prenons le nud CP du reseau, dont les parents sont FN et ZO. Nous cherchons a estimer
les huit valeurs P (CP jFN; ZO), P (CP j:FN; ZO), : : : , P (:CP j:FN; :ZO). Par exemple,
P (CP jFN; :ZO) sera estimee en comptant dans la table le nombre d'exemples pour lesquels CP
est V RAI , FN est V RAI et ZO est FAUX , divise par le nombre d'exemples pour lesquels FN
est V RAI et ZO est FAUX . Cette estimation s'ecrit donc : Pb(CP jFN; :ZO) = 1+27+2
1 = 0:033
On trouve ainsi, pour completer :
Pb(FN ) (54 + 1 + 7 + 27 + 3 + 2)=100 = 0:94
Pb(ZO) (54 + 7 + 4 + 4)=100 = 0:69
Pb(SA j FN ) (54 + 1 + 7)=(54 + 1 + 7 + 27 + 3 + 2) = 0:66
bP (SA j :FN ) 0=(4 + 2) = 0:0
bP (CP j FN; ZO) 54=(54 + 7 + 3) = 0.84
Pb(CP j FN; :ZO) 1=(1 + 27 + 2) = 0:033
bP (CP j:FN; ZO) 0=4 = 0:0
bP (CP j:FN; :ZO) 0=2 = 0:0
12.3.2 Apprentissage avec structure inconnue et donnees completes
Il se peut que nous ne disposions pas de modele des independances conditionnelles entre
variables a priori. Il faut alors apprendre a la fois le reseau bayesien encodant ces independances
et les parametres associes. L'apprentissage de la structure du reseau est interessante a plusieurs
titres :
Cela peut conduire a une meilleure generalisation a partir des donnees. En eet, le reseau
encode des independances, ce qui signie qu'il y a moins de parametres a apprendre, et
donc un espace d'hypotheses plus contraint.
Cela permet d'obtenir des proprietes structurales inaccessibles avec d'autres representa-
tions non structurees. On peut ainsi mettre a jour des independances, mais aussi des
relations de cause a eet entre variables.
Il existe deux grandes familles d'approches pour apprendre la structure d'un reseau bayesien
a partir de donnees :
1. Les approches basees sur les contraintes. Le principe en est de tester les independances
conditionnelles, et de chercher une structure de reseau coherente avec les dependances et
independances observees.
2. Les approches utilisant une fonction de score. Dans ces approches, un score est
associe a chaque reseau candidat, mesurant l'adequation des (in)dependances encodees
dans le reseau avec les donnees. On cherche alors un reseau maximisant ce score.
Chapitre 12 L'apprentissage de reseaux bayesiens 377
Ces deux familles d'approches sont bien fondees (du point de vue des statistiques), c'est-a-
dire qu'avec susamment de donnees, l'apprentissage converge vers une structure correcte dans
les deux cas. Cependant les premieres sont sensibles aux erreurs dans les tests d'independance,
tandis que pour les secondes la recherche d'une structure optimale est un probleme NP-dicile.
Les approches utilisant une fonction de score etant les plus utilisees, nous nous concentrons
sur celles-ci dans la suite.
12.3.2.1 Les fonctions de score
Le score naturel pour evaluer une structure est sa vraisemblance. Sans entrer dans les details
de sa derivation, celle-ci peut s'ecrire :
I (G : S ) = log L((G : S )
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X
d ;
=m I (x(j ) : PaG(j )) ; H (z(j ))
j =1
ou H (X ), l'entropie, mesure combien X encode d'information et ou I (X ; Y ) est l'information
mutuelle entre les variables X et Y et mesure l'information que chaque variable fournit sur
l'autre variable (I (X ; Y ) 0, I (X ; Y ) = 0 ssi X et Y sont independantes, et I (X ; Y ) = H (X )
ssi X est totalement predictible connaissant Y ).
Cette formule est seduisante car elle correspond bien a une mesure intuitive de la qualite du
reseau : elle favorise les structures dans lesquelles les variables sont maximalement dependantes
de leurs parents, ce qui est ce que l'on veut.
Malheureusement, ce score conduit a preferer les reseaux trop proches des donnees car il est
toujours meilleur d'ajouter un arc (puisque I (X ; Y ) I (X ; Y; Z )). De ce fait, il y a risque de
surapprentissage, c'est-a-dire que le reseau encode des correlations accidentelles dans les donnees,
qui ne correspondent pas a des regularites vraies. C'est pourquoi il faut utiliser des techniques
permettant de combattre ce phenomene, c'est-a-dire permettant de contr^oler l'induction (voir
les chapitres 2, 3 et 17).
Restriction de l'espace d'hypotheses. Par exemple en limitant le nombre de parents possibles
pour chaque nud ou le nombre de parametres dans les tables de probabilites condition-
nelles.
Regularisation par utilisation du principe de description minimale (MDLp). Ce principe
est decrit plus precisement dans le chapitre 17, mais il consiste essentiellement a chercher
un compromis entre l'adequation aux donnees et la complexite du modele choisi pour en
rendre compte.
Estimation bayesienne. (voir chapitre 17). Il s'agit de faire une moyenne sur toutes les
valeurs de parametres possibles.
On peut aussi verier la qualite du reseau appris en utilisant une technique de validation
par un ensemble test (voir chapitre 3).
D'autres techniques de contr^ole de l'espace d'hypotheses et de selection de modeles existent
(voir le chapitre 17). Elles sont moins utilisees pour l'apprentissage de reseaux bayesiens.
Le score le plus frequemment utilise est celui du principe de description minimale (MDLp).
Selon le MDLp, il faut choisir le reseau B tel que la somme de la longueur de description du
reseau et celle des donnees encodees a l'aide de B soit minimale. Ce principe conduit a chercher
un reseau juste assez complexe pour pouvoir raisonnablement decrire les donnees en l'utilisant.
La description d'un reseau B implique celle du graphe G et celle de l'ensemble des distributions
378 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
ou les log sont en base 2 pour obtenir une longueur en bits, et ou nk represente en notation
americaine le nombre de combinaisons de n elements pris k a k.
Pour decrire P , il faut coder les parametres de chaque table de probabilites conditionnelles
associees a chaque nud. Pour la table associee a une variable Xj , il faut coder kPa(j )k(kXj k;1)
parametres. La longueur de description de ces parametres depend du nombre de bits utilises pour
coder chaque parametre numerique. Le choix usuel est 1=2 log m (voir [M.99], p.428). D'ou :
L(Xj ; Pa(j )) = 21 kPa(j )k (kXj k ; 1) log m
Pour decrire les donnes, on utilise la mesure de probabilite denie par le reseau B pour
construire un code de Human pour les exemples dans S . Dans ce code, la longueur de chaque
mot de code depend de la probabilite assignee a cet exemple. Cette longueur de description est
ainsi approximee par :
X
m
L(SjB) = ; log PB (x)
i=1
P
que l'on peut reecrire apres calculs ([M.99], p.429)) : m j H (Xj jPa(j ))
D'ou l'expression nale de la longueur totale de description associee a un reseau B et des
donnees S :
X n 1 X
L(S ) = log n + log jPa(j )j + 2 kPa(j )k (kXj k ; 1) log m + m H (Xj jPa(j ))
j j
qui a l'avantage d'^etre decomposable et donc de se pr^eter a des methodes de recherche locale,
ou l'on cherche a ameliorer le score par des modications de chaque nud.
12.3.2.2 L'apprentissage avec une fonction de score
Une fois un score deni sur les reseaux, l'apprentissage consiste a trouver le reseau minimisant
ce score. Malheureusement, les resultats actuels suggerent qu'il s'agit la d'un probleme NP-
dicile. En eet, le nombre de graphes est plus qu'exponentiel en fonction du nombre (donne)
de variables. Il faut donc avoir recours a des techniques d'exploration heuristiques. Nous ne
discutons ici que de la plus simple : la descente de gradient.
La demarche consiste a demarrer avec un reseau (souvent le reseau vide) et a appliquer
iterativement sur le reseau candidat courant l'operateur (par exemple ajout ou retrait ou inver-
sion d'arc) conduisant au meilleur accroissement du score. Cette procedure est repetee jusqu'a
Chapitre 12 L'apprentissage de reseaux bayesiens 379
ce qu'un maximum (local) soit atteint. Les resultats experimentaux montrent que cette tech-
nique est souvent tres ecace malgre son caractere myope et glouton. L'un des problemes est
de verier que l'on conserve a chaque pas un graphe acyclique oriente. Le choix de la direction
d'un arc est egalement un probleme non trivial a resoudre.
D'autres techniques incluent la recherche tabou, le recuit simule, etc. (voir le chapitre 3).
mal connue et que des variables causales sous-jacentes sont ignorees. On parle alors de variables
latentes ou de variables cachees.
Le probleme est que l'absence de ces variables non seulement obscurcit la comprehension des
dependances propres au domaine, mais peut egalement conduire a apprendre trop de parametres
comme le montre la gure 12.7.
X1 X2 X3 X1 X2 X3
Y1 Y2 Y3 Y1 Y2 Y3
Fig. 12.7 { L'absence d'une variable peut conduire a avoir a estimer 59 parametres (a droite)
au lieu de 17 (a gauche). (D'apres un tutoriel de Nir Friedman).
La recherche de variables latentes est l'un des plus gros problemes en apprentissage de reseaux
bayesiens.
Itérer
Réseau initial (G,Pi )
Nombres estimés Nouveau réseau (G,Pi+1 )
X1 X2 X3
N(X 1) X1 X2 X3
(E-Step) N(X 2 )
H (M-Step)
N(X 3 )
H
N(H, X 1, X 1, X 3 ) Reparamétrisation
Y1 Y2 Y3 Estimation
+ N(Y 1, H)
N(Y 2 , H)
Y1 Y2 Y3
N(Y 3 , H)
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Données
d'apprentissage
Realisations industrielles
Les reseaux bayesiens possedent plusieurs proprietes qui les rendent interessants pour des
applications :
Ils s'adaptent sans probleme aux bases de donnees incompletes.
Ils sont concus pour rendre compte de relations causales.
Ils permettent d'integrer des connaissances du domaine et des donnees plus facilement que
beaucoup d'autres techniques.
5. Pour un exemple ayant K valeurs inconnues, il y a 2K;1 valeurs cachees.
6. Il y a en realite quatre probabilites conditionnelles inconnues, mais les deux autres, P (:SA; CP jFN; ZO) et
P (:SA; :CP jFN; ZO) se deduisent des deux premieres.
382 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Nombres estimés
Estimation Mesure de score &
N(X 1) Reparamétrisation
X1 X2 X3 N(X 2 )
N(X 3 ) X1 X2 X3
N(H, X 1, X 1, X 3 )
H (E-Step) (M-Step)
N(Y 1, H) H
Y2
N(Y 2 , H)
Y1 Y3
N(Y 3 , H) Y1 Y2 Y3
+
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N(X 2, X1)
N(H, X 1, X 3 )
X1 X2 X3
N(Y 1, X 2 )
Données
N(Y 2 , Y 1, H)
d'apprentissage H
Y1 Y2 Y3
Fig. 12.9 { Principe general de la methode EM -structurel. (D'apres un tutoriel de Nir Fried-
man).
Par leur parente avec les approches d'induction bayesienne, ils sont mieux armes pour
eviter les problemes de surapprentissage (voir le chapitre 3).
Si chacun de ces points peut ^etre soumis a discussion, il n'en reste pas moins que les reseaux
bayesiens sont des modeles tres seduisants.
Nous reprenons ici brievement, en particulier, quelques unes des applications que detaillent
Becker et Naim ([BN99], chapitre 9). Peu utilisent les fonctions d'apprentissage : il est certain
que, compte tenu du nombre deja grand d'applications, cet aspect ne peut qu'^etre appele a se
developper. Pour donner un ordre de grandeur, certains reseaux fonctionnent actuellement avec
plusieurs milliers de nuds 7.
La compagnie AT&T a mis en place un reseau bayesien pour la detection des mauvais
payeurs, a partir d'une base de donnees de plusieurs millions d'appels.
La NASA utilise un systeme graphique pour suivre en temps reel les parametres de contr^ole
des moteurs.
La societe Ricoh utilise des reseaux bayesiens pour le diagnostic de ses appareils de pho-
tocopie.
L'investissement de Microsoft dans les reseaux bayesien est important, tant en ce qui
concerne le developpement de logiciels que la recherche. Les applications visees sont : le
diagnostic sur les reseaux, l'aide a l'utilisateur (le (( trombone )) d'Oce en est en exemple),
la validation de gros logiciels, etc.
Et beaucoup d'applications dans le domaine de la sante, du militaire, etc.
7. Un reseau a ete mis au point a Stanford pour modeliser le fonctionnement de la cellule. Il comporte vingt-deux
millions de nuds !
Chapitre 12 L'apprentissage de reseaux bayesiens 383
Notes historiques et sources bibliographiques
Les reseaux bayesiens sont nes des travaux de J. Pearl ([Pea88]). Il est interessant de noter que dans
son dernier ouvrage ([Pea00]), il considere cette technique comme mal fondee theoriquement. Les annees
1990 ont vu le developpement des theories et des realisations, ces dernieres en tres grand nombre (voir ci-
dessous). Les concepts les plus amont regroupent les Hmm, les reseaux bayesiens et les reseaux connexion-
nistes sous le terme general de (( modeles graphiques )). Il est possible que cette vision tres generale
permette d'envisager des algorithmes d'apprentissage plus puissants, mais cette unication theorique ne
semble pas avoir encore porte de fruits, sur le plan algorithmique du moins. Les reseaux bayesiens sont
actuellement l'objet de gros projets de recherche et de developpement. Ces outils sont encore loin d'avoir
montre toutes leurs possibilites.
Le texte de ce chapitre a ete fortement inspire par l'ouvrage remarquable (et pas seulement sur ce
sujet) de N. Nilsson ([Nil98]). Le livre d'Ann Becker et Patrick Nam [BN99] est une introduction tres
recommandable aux principes et aux applications de ces outils.
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Resume
Les reseaux bayesiens sont des modeles permettant de decrire les relations de pro-
babilites conditionnelles entre des faits. Cette representation repose sur un graphe
oriente sans cycle (DAG) dans lequel chaque nud, c'est-a-dire chaque variable du
monde modelise, possede une table de probabilites conditionnelles, et ou chaque arc
represente une dependance directe entre les variables reliees. Ces reseaux representent
alors la distribution de probabilites jointes de l'ensemble des variables de maniere
compacte, en s'appuyant sur les relations d'independance conditionnelle.
Moyennant une propriete locale d'independance, il est possible d'eectuer le calcul de
la probabilite de tout groupe de faits connaissant tout autre groupe.
L'apprentissage automatique des valeurs des probabilites conditionnelles peut se faire
a partir d'un ensemble d'apprentissage, m^eme incomplet, si la structure du reseau est
donnee.
Il existe aussi des techniques pour apprendre a la fois l'architecture et les probabi-
lites conditionnelles denissant completement un reseau bayesien. On recense deux
grandes familles de methodes d'apprentissage de reseaux bayesiens: celles utilisant les
independances conditionnelles pour construire le reseau et celles denissant un score
permettant de guider la recherche d'un reseau en accord avec les donnees.
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384
PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Chapitre 13
L'apprentissage de modeles de
Markov caches
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Quand les objets sur lesquels porte l'apprentissage sont des sequences d'evenements,
le concept extrait doit re
eter a la fois la nature de ces evenements et la maniere dont
ils s'encha^nent. On a deja vu au chapitre 2 et au chapitre 3 des exemples d'objets
de structure sequencielle. On a vu aussi au chapitre 7 des methodes pour extraire
des concepts sous forme de grammaires a partir d'exemples et de contre-exemples.
Nous presentons dans ce chapitre un outil puissant pour induire un concept de nature
statistique a partir seulement de sequences d'apprentissage appartenant a ce concept :
les modeles de Markov caches, ou Hmm 1 .
Par leur nature statistique, les Hmm se situent facilement dans le cadre de la decision
bayesienne, qui a ete presente au chapitre 2. En particulier, le principe du maximum
de vraisemblance a posteriori (MAP) prescrit d'attribuer une sequence inconnue a la
classe qui a la plus grande probabilite de l'avoir engendree. L'apprentissage consiste
donc dans ce cadre a apprendre pour chaque classe de sequences le Hmm le plus vrai-
semblable. En pratique, le probleme revient a apprendre independamment un Hmm
par classe, sans tenir compte des contre-exemples.
dans le temps d'arrivee. En notant O l'arrivee d'une oie et C celle d'un cygne, et en mettant un
intervalle entre les trois phases d'arrivee, la sequence observee peut se denoter ainsi :
CCCCCCOCCCCOCCCOCCCCOCO OCCOCOOOCC
OOOOCOOOOOOOOOOOOOOCOCOOOCOOOOOOOOOOOOOOOOO
Fig. 13.1 { Comment les cygnes et les oies arrivent sur l'etang.
dans l'etat 3 est la plus forte, on y reste en moyenne plus longtemps (le calcul donne 88) et on
observe, toujours en moyenne, 80 oies et 8 cygnes.
Au total, la sequence moyenne engendree par ce modele comporte une trentaine de cygnes
et presque trois fois plus d'oies, avec une proportion d'arrivees des cygnes beaucoup plus forte
au debut qu'a la n.
Comme nous allons le voir, le concept decrit ci-dessus est un cas particulier de modele de
Markov cache (Hmm). Dans un tel modele, une sequence est donc consideree comme une suite
temporelle geree par ses etats. A chaque instant, un nouvel evenement de la sequence est analyse.
La theorie des Hmm decrit comment passer d'etat en etat a l'aide de probabilites de transitions
et comment chaque element de la sequence peut ^etre emis par un etat du Hmm, a l'aide de
probabilites d'observation par etat. Il permet aussi de calculer la probabilite qu'une sequence
donnee ait ete emise par un Hmm donne.
Les methodes Hmm sont robustes et ables gr^ace a l'existence de bons algorithmes d'appren-
tissage ; de plus, la regle de decision est rapide a appliquer.
2. Si x est la probabilite de boucler dans un etat et 1 ; x celle d'en sortir, la duree moyenne de sejour dans cet etat
vaut (1;x x) .
388 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Notations utiles pour le chapitre
Les probabilites a priori d'observer un cygne ou une oie peuvent ^etre dierentes. La construc-
tion de deux types de modeles de Markov pour modeliser les sequences sur V va nous conduire a
preciser un certain nombre d'elements relatifs a la nature des etats, a leur nombre ainsi qu'aux
probabilites de transition et d'observation. Un modele de Markov observable pour ce probleme
est represente dans la Figure 13.2.
4. Si la m^eme observation peut ^etre aectee a plusieurs etats, on peut ameliorer la capacite de representation des
modeles observables. Nous ne discutons pas cette possibilite ici.
390 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
P(Cygne)=1-p p
Fig. 13.2 { Le modele de Markov observable qui modelise la suite des observations des oies et
des cygnes.
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Il est compose de deux etats ; chacun correspond directement a une observation possible : Oie
(O) ou Cygne (C). Dans ce modele, la suite d'etats associee a une sequence observee est facile a
determiner : l'observation de O correspond a l'etat 1 et l'observation de C correspond a l'etat 2.
Si la probabilite d'observer O a l'etat 1 est p = P (Oie), alors la probabilite d'observer C a l'etat
2 est 1 ; p. La probabilite d'observer la sequence O(1 : 6) = O O C O C O se calcule facilement ;
elle vaut :
p p (1 ; p) p (1 ; p) p = p4 (1 ; p)2
Elle est par consequent independante de l'ordre d'arrivee des oiseaux et ne tient compte que de
leur nombre dans la sequence. Ce modele n'exprime que les probabilites d'apparition a priori
des observations.
La gure 13.3, accompagnee du tableau 13.1 denit un modele de Markov cache (Hmm) a
deux etats.
1 a11
a12 a21
2 a22
Etat 1 2
P(O) p1 p2
P(C) 1-p1 1-p2
Tab. 13.1 { Les probabilites d'emission du Hmm a deux etats.
Sans entrer encore dans les details, on voit qu'un Hmm est d'abord caracterise par une
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 391
probabilite aij de passer d'un etat a un autre, ensuite qu'a chaque etat est associee une probabilite
de generer O ou C. A chaque instant, il y a, non pas un, mais deux tirages aleatoires : le premier
pour tirer une lettre de l'alphabet des observations, le second pour changer d'etat. L'observation
d'une sequence de O et de C n'est donc plus directement liee a une suite unique d'etats. Par
exemple, comme on le voit sur la gure 13.3, la sequence O C C peut ^etre engendree avec une
certaine probabilite (on verra plus loin comment on la calcule) par la suite d'etats 1 2 2 ou la
suite 2 2 2. Dans le modele presente, n'importe quelle suite d'etats peut en realite engendrer
n'importe quelle suite d'observations avec une certaine probabilite.
Cette dierence peut appara^tre inutilement subtile. En realite, elle est tres importante.
Precisons l'exemple pour mesurer la dierence de puissance de modelisation entre un modele
de Markov observable et un Hmm. Rappelons que la probabilite pour le modele de Markov
observable d'engendrer une sequence de longueur 2n comportant autant de O que de C est
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13.2.3 Notations
Un Hmm est note = (A; B; ) et se denit par :
Ses etats, en nombre n, qui composent l'ensemble S = fs1 ; s2; : : : sng. L'etat ou se trouve
le Hmm a l'instant t est note qt (qt 2 S ).
M symboles observables dans chaque etat. L'ensemble des observations possibles (l'alpha-
bet) est note V = fv1 ; v2 ; : : : ; vM g. Ot 2 V est le symbole observe a l'instant t.
5. Pour ^etre completement exact, un modele observable pourrait aussi representer une telle dependance. Avec deux
etats, on peut en realite representer quatre probabilites dierentes pour chaque sequence de deux observations
(O O, O C), etc. et donc traduire une dependance d'un evenement avec l'evenement precedent. En associant cette
remarque a celle faite en note de bas de page precedemment, on voit que le pouvoir d'expression des modeles
observables peut ^etre augmente si on les sophistique : : : mais seulement sur des alphabets nis.
392 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
1 a11
a12 a21
a23 a32
3 a33
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Une matrice A de probabilites de transition entre les etats : aij represente la probabilite
que le modele evolue de l'etat i vers l'etat j :
aij = A(i; j ) = P (qt+1 = sj j qt = si) 8i; j 2 [1 : : : n] 8t 2 [1 : : : T ]
avec :
X
n
aij 0 8i; j et : aij = 1
j =1
une matrice B de probabilites d'observation des symboles dans chacun des etats du modele :
bj (k) represente la probabilite que l'on observe le symbole vk alors que le modele se trouve
dans l'etat j , soit :
bj (k) = P (Ot = vk j qt = sj ) 1 j n; 1 k M
avec :
X
M
bj (k) 0 8j; k et : bj (k ) = 1
k=1
Un vecteur de probabilites initiales : = fi gi=1;2;:::;n. Pour tout etat i, i est la proba-
bilite que l'etat de depart du Hmm soit l'etat i :
i = P (q1 = si ) 1 i n
avec :
X
n
i 0 8i et : i = 1
i=1
Un ou plusieurs etats nals. Ici, nous supposons pour simplier que le processus peut
s'arr^eter dans n'importe quel etat, autrement dit que tout etat est nal.
13.2.4 Deux types de Hmm
En pratique, on utilise deux types de modeles de Markov caches, le modele ergodique et le
modele gauche-droite.
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 393
Le modele ergodique est sans contrainte : toutes les transitions d'un etat vers un autre sont
possibles. Les exemples presentes precedemment sont de ce type.
Le modele gauche-droite est un modele contenant des contraintes resultant de la mise a zero
de certaines valeurs aij . Dans le modele le plus utilise, celui de la gure 13.5, l'etat i n'est relie
par une transition de probabilite non nulle qu'a trois etats : lui-m^eme, l'etat i + 1 et l'etat i + 2.
D'ou le nom de modele gauche-droite 6 .
1 2 3 4
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Repetons ici qu'une sequence donnee peut en general ^etre engendree de plusieurs facons
distinctes par un Hmm.
on attribuera a une sequence la classe que modelise le Hmm le plus probable etant donnee
la sequence.
La recherche du chemin le plus probable. E tant donnes la suite d'observations O et un
Hmm , comment trouver une suite d'etats Q = q1 ; q2 ; : : : qT qui maximise la probabilite
d'observation de la sequence?
L'apprentissage. Comment ajuster les parametres (A; B; ) d'un Hmm pour maximiser
Y
P (O j ) = P (O j )
O2O
a partir d'un ensemble O de sequences d'apprentissage?
Notons que la resolution du second probleme n'est pas indispensable a l'utilisation des Hmm en
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Le modele qui doit ^etre choisi par la regle bayesienne est celui qui maximise P ((k) j O) (regle
MAP : maximum a posteriori), ou si l'on suppose les classes equiprobables, celui qui maximise
P (O j (k)) (maximum de vraisemblance), comme indique au chapitre 2.
On doit donc ^etre capable de calculer cette derniere valeur pour tout i. Cela necessite un
algorithme capable d'evaluer la probabilite qu'une phrase soit emise par un Hmm. C'est le sujet
que nous allons developper au paragraphe suivant.
7. Cette simplication n'est nullement necessaire a l'application du principe MAP, mais elle est utilisee en l'absence
de connaissances qui pourraient la mettre en cause.
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 395
13.4 L'evaluation de la probabilite d'observation
L'evaluation directe
Remarquons d'abord que la probabilite de la suite d'observations O, etant donne le modele
, est egale a la somme sur tous les suites d'etats possibles Q des probabilites conjointes de O
et de Q :
X X
P (O j ) = P (O; Q j ) = P (O j Q; )P (Q j )
Q Q
Or, on a les relations :
P (Q j ) = q1 aq1 q2 aq2q3 : : : aqT ;1qT
P (O j Q; ) = bq1 (O1 )bq2 (O2 ) : : : bqT (OT )
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t t+1
n tant queP
P (O j ) n (i)
i=1 T
1 0.3
0.5
2 0.3 0.2
0.7
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3 1
Etat 1 2 3
P(a) 1 0.5 0
P(b) 0 0.5 1
Tab. 13.3 { La matrice B de ce Hmm.
00:3 0:5 0:21 01 01 00:61
A = @ 0 0:3 0:7A B = @0:5 0:5A = @0:4A
0 0 1 0 1 0
La gure 13.7 illustre le calcul de pour la suite d'observations : a a b b.
1 (1) = 1 b1 (a) = 0:6 1 = 0:6
1 (2) = 2 b2 (a) = 0:4 0:5 = 0:2
1 (3) = 3 b3 (a) = 0 0 = 0
2 (1) = (1 (1)a11 + 1 (2)a21 + 1 (3)a31 )b1 (a)
= (0:6 0:3 + 0:2 0 + 0 0) 1
= (0:18) 1 = 0:18
2 (2) = (1 (1)a12 + 1 (2)a22 + 1 (3)a32 )b2 (a)
= (0:6 0:5 + 0:2 0:3 + 0 0) 0:5
= (0:36) 0:5 = 0:18
::: :P
::
P (a a b b j ) = qi 4 (i) = 0:2228
1 1 0 0
s1 0.6 0.3
0.18
0.3 0.3
0.6 0 0
t
a a b b
Exemple [BB92]
A partir de la gure 13.8 qui illustre le calcul de , on peut calculer les quantites ; et
qcomme suit :
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 399
Algorithme 13.4 Algorithme de Viterbi
pour i = 1; n faire
1 (i) i bi (O1 )
1 (i) 0
n pour
t 2
tant que t <T faire
j 1
tant que j n faire
t (j ) 1Max [ (i)a ]b (O )
in t;1 ij j t
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:::
Finalement :
1 (1) = 0 2 (1) = 1 3 (1) = 1 4 (1) = 1
1 (2) = 0 2 (2) = 1 3 (2) = 1 4 (2) = 2
1 (3) = 0 2 (3) = 2 3 (3) = 2 4 (3) = 3;
400 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Etats
0 0 1 1
s3 0 1 1 1
0 0 0.105 0.105
1 1 0 0
s1 0.6 0.3 0.18
0.3 0.3
0.6 0 0
t
a a b b
0 (1) 1
4
q4 = max @ 4 (2) A = 3;
4 (3)
q3 = 4 (3) = 3;
q2 = 3 (3) = 2;
q1 = 2 (2) = 1:
On deduit donc de ce calcul que la meilleure suite d'etats, celle qui engendre la phrase a a b b
avec la plus forte probabilite, est : 1 2 3 3.
13.6 L'apprentissage
Principe
Supposons disposer d'un ensemble de sequences O = fO1 ; ; Om g, dont l'element courant
est note Ok . Le but de l'apprentissage est de determiner les parametres d'un Hmm d'architecture
xee : = (A; B; ), qui maximisent la probabilite P (O j ). Comme on suppose les sequences
d'apprentissages tirees independamment, on cherche donc a maximiser :
Y
m
P (O j ) = P (Ok j )
k=1
L'idee est d'utiliser une procedure de reestimation qui ane le modele petit a petit selon les
etapes suivantes :
choisir un ensemble initial 0 de parametres ;
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 401
calculer 1 a partir de 0 , puis 2 a partir de 1 , etc.
repeter ce processus jusqu'a un critere de n.
Pour chaque etape p d'apprentissage, on dispose de p et on cherche un p+1 qui doit verier :
P (O j p+1) P (O j p)
soit :
Ym Y
m
P (O j p+1) P (Ok j p)
k
k=1 k=1
p+1 doit donc ameliorer la probabilite de l'emission des observations de l'ensemble d'appren-
tissage. La technique pour calculer p+1 a partir de p consiste a utiliser l'algorithme EM .
Pour cela, on fait un comptage de l'utilisation des transitions A et des distributions B et du
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modele p quand il produit l'ensemble O. Si cet ensemble est assez important, ces frequences
fournissent de bonnes approximations a posteriori des distributions de probabilites A,B et et
sont utilisables alors comme parametres du modele p+1 pour l'iteration suivante.
La methode d'apprentissage EM consiste donc dans ce cas a regarder comment se comporte
le modele deni par p sur O, a reestimer ses parametres a partir des mesures prises sur O,
puis a recommencer cette reestimation jusqu'a obtenir une convergence. L'annexe 18.9 donne
quelques details sur cette methode.
Dans les calculs qui suivent, on verra appara^tre en indice superieur la lettre k quand il
faudra faire reference a la sequence d'apprentissage concernee. L'indice p, qui compte les passes
d'apprentissage, sera omis : on partira d'un modele note simplement et on calculera celui qui
s'en deduit.
Les formules de reestimation
On denit tk (i; j ) comme la probabilite, etant donnes une phrase Ok et un Hmm , que ce
soit l'etat si qui ait emis la lettre de rang t de Ok et l'etat sj qui ait emis celle de rang t + 1.
Donc :
tk (i; j ) = P (qt = si ; qt+1 = sj j Ok ; )
Ce qui se recrit :
tk (i; j ) = P (qt = si ;Pq(tO+1k = sj ; Ok j )
j )
Par denition des fonctions forward-backward, on en deduit :
k (i)a b (Ok ) k (j )
tk (i; j ) = t ijP (jOk tj+1) t+1
On denit aussi la quantite
tk (i) comme la probabilite que la lettre de rang t de la phrase
k
O soit emise par l'etat sj .
tk (i) = P (qt = si j Ok ; )
Soit :
Xn
P (qt = si; qt+1 = sj ; Ok j )
X
n
tk (i) = P (qt = si ; qt+1 = sj j Ok ; ) = j =1 P (Ok j )
j =1
On a la relation :
X
n k k (i)
tk (i) = t (i; j ) = Pt((Oi)kjt )
j =1
402 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
n tant que
Un exemple
En partant du Hmm 0 deni par les parametres suivants :
1
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3 0.5 0.18
0.5
2 0.82
Fig. 13.9 { le Hmm entra^ne sur une seule phrase, apres convergence. Le seul etat initial possible
est l'etat 1.
Etat 1 2 3
P(a) 1 1 0
P(b) 0 0 1
Tab. 13.4 { La matrice B de ce Hmm.
Il peut para^tre curieux que ce Hmm ne genere pas son unique phrase d'apprentissage avec
la probabilite 1 et toutes les autres sequences avec la probabilite 0. Ceci vient du fait que le
nombre des etats est trop petit pour realiser un apprentissage par coeur. Mais si l'on part d'un
Hmm initial a cinq etats, il converge en revanche vers un Hmm deni par :
Nous lui faisons subir deux apprentissages sur deux ensembles de sequences : le premier est com-
pose d'elements ayant a peu pres autant de a que de b, ces derniers etant situes en majorite dans
la seconde partie ; l'autre ensemble d'apprentissage est compose de phrases de type symetrique.
O1 = faaabb; abaabbb; aaababb; aabab; abg
O2 = fbbbaa; babbaa; bbbabaa; bbabba; bbaag
Apres convergence, on obtient deux Hmm dierents donnes sur la gure13.10.
2 0.31 2 0.40
0.69 0.60
1 1.0 1 1.0
1:0
A = 0:69 00::310 B = 0:36 0:64 = 0:0
1:0 0:0 1:0
Son unique etat de depart est l'etat 2 qui emet a avec la probabilite 1. La probabilite
d'emettre b par l'etat 1 est de 0:64.
(2) est deni par :
A = 01::60
0 0:0
0:40 B = 00::65 0:34
0 1:0 = 01::00
406 PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
Son unique etat de depart est l'etat 2 qui emet b avec la probabilite 1. La probabilite d'emettre
a par l'etat 1 est de 0:65.
Les deux Hmm appris sont dont assez semblables, quand on permute a et b. On remarque
qu'ils ne font pas jouer un r^ole symetrique a leurs etats.
Sur deux phrases n'ayant pas participe a l'apprentissage, on obtient le resultat attendu :
P (a a b a b b b j (1)) = 0:0437
P (a a b a b b b j (2)) = 0:000
P (b b a b a a a j (1)) = 0:000
P (b b a b a a a j (2)) = 0:0434
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13.7 Approfondissements
Comme on l'a dit plus haut, il est possible de denir des Hmm produisant des sequences
de valeurs continues et m^eme des sequences de vecteurs de valeurs continues. Dans ce cas, elles
ne sont evidemment plus construites sur un alphabet ni. Il faut alors remplacer la matrice
B par un ensemble de distributions eventuellement multidimensionnelles de probabilites ; les
calculs precedents restent valables, mais les formules, en particulier celles de la reestimation
pour l'apprentissage doivent porter sur des parametres caracteristiques des distributions de
probabilite en question. Generalement, on suppose celles-ci gaussiennes, ou multigaussiennes.
C'est souvent le cas en reconnaissance de la parole : prenons l'exemple de la reconnaissance
du vocabulaire des dix chires. L'echantillon d'apprentissage permet de creer dix ensembles
d'exemples, chacun supervise par un chire dierent. Pour chaque chire, on va apprendre
un Hmm. En phase de reconnaissance, un son inconnu sera classe comme le chire associe au
Hmm qui peut l'emettre avec la plus forte probabilite. Qu'est-ce qu'une sequence representant
la prononciation d'un son? Au depart, un signal echantillonne, soit 8 ou 16 K valeurs reelles par
seconde. Ce signal est transforme par des techniques de type transformation de Fourier pour
en extraire ses caracteristiques frequencielles. Au nal, on dispose en general d'un codage de
chaque centieme de seconde de parole emise par un vecteur d'une dizaine de valeurs reelles. La
prononciation d'un chire est donc une sequence dont la longueur est de l'ordre de quelques
dizaines et dont chaque element est un vecteur de IR10 .
Il est des lors impossible de denir la matrice B puisque dans chaque terme bj (k), k devrait
parcourir tous les vecteurs dierents representant un centieme de seconde de parole et donc
prendre un nombre inni de valeurs. Le plus simple est de faire une estimation parametrique
de la distribution des composantes du vecteur emis par chaque etat, comme au chapitre 14.
On supposera par exemple que ce sont des tirages aleatoires d'une gaussienne de dimension
10 : dans ce cas, pour chaque etat, il faudra estimer la moyenne et la covariance de la densite
de probabilite d'emission d'un vecteur de dimension 10. L'algorithme de Baum-Welsh s'adapte
facilement a cette situation.
Des approfondissements et des alternatives ont ete proposes : il est commun de supposer
que les vecteurs emis sont des sommes ponderees de plusieurs distributions gaussiennes multi-
dimensionnelles. L'algorithme EM permet encore de calculer les moyennes et les covariances de
chacune, ainsi que les coecients de ponderation (voir le chapitre 15). Il a ete aussi propose
d'estimer les densites d'emission par la methode non-parametrique des K plus proches voisins
qui est presente au chapitre 14 ou par des reseaux connexionnistes (chapitre 10).
Chapitre 13 L'apprentissage de modeles de Markov caches 407
13.8 Applications
Les Hmm sont actuellement les outils d'apprentissage les plus ecaces pour la classication
des sequences : ils ne reclament que peu de connaissances a priori ; a condition de disposer de
susamment de donnees d'apprentissage, ils sont tres ecaces. Un grand nombre de ranements
leur ont ete apportes, en particulier pour resoudre des problemes aussi complexes que celui de la
reconnaissance de la parole ou de l'ecriture manuscrite. A l'heure actuelle, par exemple, presque
tous les systemes de reconnaissance de la parole sont construits a base de Hmm, parfois hybrides
de reseaux connexionnistes.
Dans la plupart des cas, les informations phonetiques, lexicales, syntaxiques sont (( com-
pilees )) dans un Hmm de plusieurs centaines d'etats, dont chacun vise a posseder une signication
linguistique; l'apprentissage se fait sur des tres grandes quantites de donnees. La reconnaissance
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est eectuee en recuperant la sequence d'etats par l'algorithme de Viterbi. En eet, les etats
ont dans ce cas une signication linguistique. Ce n'est pas tant la probabilite nale qui est
interessante que le chemin par lequel passe la meilleure facon d'engendrer le signal.
Resume
les Hmm sont des modeles probabilistes d'emission de sequences, discretes ou
continues (et dans ce cas, eventuellement vectorielles)
en version de base, ils sont utilises en classication bayesienne
l'algorithme forward-backward permet de conna^tre la probabilite qu'un Hmm
ait emis une sequence
l'algorithme de Viterbi permet de conna^tre la suite des etats du Hmm qui a
la plus forte probabilite d'avoir emis une sequence
l'algorithme de Baum-Welsh permet d'ajuster les parametres d'un Hmm au
maximum de vraisemblance a partir d'un ensemble de sequences d'apprentis-
sage
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408
PARTIE 3 : Apprentissage par optimisation
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interpolation
Quatrieme partie
Apprentissage par approximation et
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Chapitre 14
L'apprentissage bayesien et son
approximation
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Nous savons depuis le chapitre 2 que l'apprentissage bayesien consiste a partir d'hy-
potheses a priori pour les reviser en fonction des donnees d'apprentissage. Cette
operation est optimale au sens probabiliste : les hypotheses a posteriori obtenues de
la sorte sont en eet les plus vraisemblables.
D'un point de vue operationnel, l'application de l'apprentissage bayesien necessite
donc, en principe, d'une part une connaissance a priori sur la vraisemblance des
hypotheses en concurrence, mais d'autre part celle la probabilite des donnees d'ap-
prentissage conditionnellement a ces hypotheses. Si ces valeurs sont connues, l'hy-
pothese la plus vraisemblable compte tenu des donnees pourra ^etre selectionnee. En
pratique, ces valeurs ne sont pas connues exactement : elles doivent ^etre estimees.
Le but de ce chapitre est donc de presenter quelques methodes permettant de realiser
ces estimations.
Il existe une litterature tres abondante sur le sujet, provenant des statistiques et de
la reconnaissance des formes ; cette derniere discipline insiste sur le c^ote algorith-
mique de l'estimation. Nous nous placons egalement de ce c^ote. Nous presentons
d'abord les bases de l'apprentissage bayesien, en particulier dans le cas de la clas-
sication, et nous decrivons rapidement les liens entre cette approche et d'autres
concepts utiles pour l'apprentissage automatique comme la regression, la comparai-
son de distributions de probabilites, le principe MDL. Nous decrivons ensuite les
methodes parametriques d'estimation, qui connaissent un regain de faveur en rai-
son de leurs liens avec les fonctions noyau, elle-m^emes liees aux separateurs a vaste
marge (chapitre 9) et aux reseaux connexionnistes (chapitre 10). Les methodes non
parametriques, ou K plus proches voisins, sont ensuite presentees, avec une insis-
tance sur l'aspect algorithmique. Pour nir, les methodes semi parametriques sont
abordees et le lien est fait avec d'autres methodes d'apprentissage, comme les arbres
de decision (chapitre 11).
412
oici l'histoire d'un etudiant en mathematiques qui decide pour se changer les idees
un peu agace, lui repond que c'est plus complique que cela : (( Il y a des cygnes sombres : les
jeunes de moins d'un an. Les adultes sont blancs. La duree de vie d'un cygne est d'environ vingt
ans, soit dit en passant. D'autre part, les oies sauvages sont sombres, mais des oies blanches de
la ferme d'a c^ote viennent parfois jusqu'ici. Je dirais qu'une oie sur dix est blanche. Est-ce que
cela vous sut? )) (( Parfaitement, merci )). Avisant un oiseau sombre, l'etudiant fait un petit
calcul puis montre le bestiau a l'expert. (( Je te prend le pari que nage ici une oie )). L'autre, a
la longue-vue, regarde, voit, s'etonne. (( Il s'agit bien d'une oie. Tu n'es point debutant ! )). (( Je
le suis. Mais chez moi la raison aide l'observation. ))
Que sait l'etudiant? Que neuf oies sur dix sont sombres, qu'un cygne sur vingt est sombre
et qu'un oiseau a trois chances sur quatre d'^etre un cygne. Que peut-il deduire rationnellement
quand il observe un oiseau sombre?
Avant toute observation, la probabilite a priori pour un oiseau d'^etre un cygne vaut 3=4 et
elle vaut 1=4 d'^etre une oie. La probabilite qu'un oiseau soit sombre sachant qu'il est un cygne
vaut 1=20, celle qu'il soit clair sachant qu'il est un cygne vaut 19=20. La probabilite qu'un oiseau
soit sombre sachant qu'il est une oie vaut 9=10, celle qu'il soit clair sachant qu'il est une oie vaut
1=10.
De maniere plus formelle :
P (oiseau = cygne) = 3=4. Notons en raccourci : P (cygne) = 3=4
P (oie) = 1=4
P (couleur = sombre j oiseau = cygne) = P (sombre j cygne) = 1=20.
P (clair j cygne) = 19=20
P (sombre j oie) = 9=10
P (clair j oie) = 1=10
Comme l'oiseau observe est sombre, il faut calculer la probabilite conditionnelle P (oie j
sombre) qu'il soit une oie sachant que sa couleur est sombre et la probabilite conditionnelle
P (cygne j sombre) qu'il soit un cygne sachant que sa couleur est sombre. Il faut ensuite comparer
ces deux probabilites conditionnelles. La plus forte des deux donnera l'hypothese (oie ou cygne)
la plus probable, c'est-a-dire la meilleure pour resumer les connaissances.
La regle de Bayes, connue de tous les etudiants en mathematiques, permet d'armer que :
la maniere dont l'expert a reussi a apprendre ces chires a partir d'exemples, de facon a ce que
cette regle de decision soit la plus ecace possible.
La politique bayesienne consiste par denition a chercher l'hypothese h la plus probable
connaissant les exemples. h est denie par :
h = ArgMax P (h j S )
h2H
La regle de Bayes nous dit que :
P (h; S ) = P (h j S )P (S ) = P (S j h)P (h)
Denition 14.1
L'hypothese h choisie par l'apprentissage bayesien est telle que :
h = ArgMax P (SPj (hS))P (h) = ArgMax P (S j h)P (h)
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h2H h2H
La valeur P (h) est appelee probabilite a priori de l'hypothese h.
Une fois les donnees d'apprentissage observees et la regle de Bayes appliquee, la probabilite
de l'hypothese h devient P (h j S ) : c'est la probabilite a posteriori de h.
La regle bayesienne d'apprentissage designe donc dans H la regle de plus forte probabilite a
posteriori. Cette regle s'appelle aussi la regle MAP (maximum a posteriori).
Quand on suppose que les exemples sont des tirages independants (i.i.d.), ce qui est une
hypothese naturelle (voir le chapitre 2), on peut ecrire :
Y
m
P (S j h) = P (h) P (z i j h)
i=1
Dans ce cas, la regle bayesienne d'apprentissage MAP consiste a choisir h comme :
Y m
h = ArgMax [P (h) P (z i j h)]
h2H i=1
ce qui peut aussi s'ecrire :
X
m
h = ArgMin [Log(P (h)) + Log(P (z i j h))]
h2H i=1
Il est courant de se placer dans un cas simplie, si c'est justie :
Denition 14.2
Si on suppose que toutes les hypotheses sont equiprobables dans H, la regle MAP se simplie et
prend le nom de regle du maximum de vraisemblance :
Y
m X
m
h = ArgMax P (z i j h) = ArgMin Log(P (z i j h))
h2H i=1 h2H i=1
Rel^achons maintenant l'hypothese peu credible selon laquelle il est possible de denir une
probabilite P (S ), mais gardons un cadre probabiliste en supposant qu'il existe une densite de
probabilite p(S ) associee a chaque echantillon S . On peut dans ce cas denir aussi p(S j h), la
densite conditionnelle de S connaissant l'hypothese h.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 415
Dans ce cas, la regle MAP s'ecrit :
h = ArgMax p(S j h)P (h)
h2H
et la regle du maximum de vraisemblance :
X
m
h = ArgMin Log(p(z i j h))
h2H i=1
Le cas ou H est inni
Dans ce cas, il n'est plus possible de denir une probabilite P (h). Neanmoins, on peut
supposer qu'il existe une distribution de probabilites sur H et donc qu'une densite de probabilite
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p(h) peut ^etre denie pout tout h. De m^eme, il existe des densites conditionnelles p(h j S ) et
p(S j h).
On cherche alors l'hypothese h telle que :
h = ArgMax p(S j h)p(h)
h2H
soit, avec la regle MAP :
X
m
h = ArgMin [Log(p(h)) + Log(p(z i j h))]
h2H i=1
14.1.2 Un petit retour en arriere
La regle bayesienne optimale a ete presentee au chapitre 2 sous une forme legerement
dierente, pour des raisons de coherence des notations dans ce chapitre :
Si on veut utiliser les donnees d'apprentissage pour attribuer avec la meilleure vraisemblance
une classe a un point x quelconque, il faut calculer la probabilite a posteriori P (!i j x) d'observer
ce point conditionellement a chaque classe ; ce calcul se fait, a partir des valeurs precedentes,
par la regle de Bayes 1 :
La decision par la regle du maximum a posteriori (MAP ) s'ecrit alors en cherchant la classe !
de plus grande probabilite a posteriori :
! = ArgMax p(x j !i )P (!i ) (14.3)
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i=1;C
Le probleme de l'apprentissage d'une regle de classication serait donc resolu si l'on connaissait
P (!i ) et p(x j !i). Comme on le verra au paragraphe 14.1.5, ce probleme se ramene essentielle-
ment a estimer chaque p(x j !i ) a partir des echantillons d'apprentissage supervises par la classe
!i .
La separation des classes peut aussi se formuler de maniere geometrique, comme presente au
chapitre 3.
Denition 14.3
On appelle surface separatrice ij entre les deux classes !i et !j le lieu des points ou la probabilite
a posteriori d'appartenir a !i et a !j est egale.
ij est denie par : P (!i j x) = P (!j j x)
14.1.4 La classication bayesienne est optimale en moyenne...
On a donc deni la regle de classication bayesienne h en attribuant au point x la classe
! qui a la plus forte probabilite conditionnellement a x parmi toutes les classes :
h attribue la classe ! = ArgMax [P (!i j x)] = ArgMax [p(x j !i)P (!i )] (14.4)
i2f1;:::;C g i2f1;:::;C g
Cette regle est optimale en moyenne : parmi toutes les regles de classication possibles, elle
est celle qui minimise la probabilite d'erreur, connaissant la probabilite a priori des classes !i .
Ce resultat nous est deja connu : on a deja traite aux chapitres 2 et 3 de cette notion de
probabilite d'erreur et on a vu que la regle de classication bayesienne minimise l'esperance (la
moyenne statistique) de mauvaise classication de l'objet x quand il parcourt X .
La valeur R(h ) est appelee erreur bayesienne de classication ; les algorithmes d'apprentis-
sage de regles de classication visent donc souvent a l'approcher. Une demonstration directe de
cette optimalite est donnee en annexe 18.8.
14.1.5 ...mais on ne peut que l'approcher.
Le probleme de l'apprentissage d'une regle de classication serait resolu, sous les hypotheses
precedentes, si l'on possedait une connaissance exacte pour chaque classe de la probabilite a
1. Cette formule melange probabilites et densites de probabilites ; il est facile de verier sa validite en partant
R de sa
forme originale P (!i j x) = P (x2PV(xj!2iV)P) (!i ) . V est un volume ni de IRd et on a l'egalite : P (x 2 V ) = V p(x)dx.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 417
priori P (!i ) et de la densite conditionnelle p(x j !i ). Mais on ne dispose en pratique que des
donnees d'apprentissage S = f(x1 ; u1 ); : : : ; (xm ; um )g.
Considerons l'une apres l'autre les deux valeurs qui interviennent dans la formule
h attribue la classe ! = ArgMax [p(x j !i)P (!i )]
i2f1;:::;C g
L'estimation de la probabilite a priori des classes
\
Pour estimer les valeurs P (!i ), les probabilites a priori des classes, on peut :
soit, en l'absence d'information particuliere, les supposer egales et donc prendre l'estima-
\
teur : P (!i ) = C1 .
soit supposer l'echantillon d'apprentissage representatif et les estimer par les frequences
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\
soit utiliser un estimateur intermediaire (formule de Laplace)
P (!i) = mm
i + M=C
+M
ou M est un nombre arbitraire. Cette formule est employee quand m est petit, donc quand
les estimations mi =m sont tres imprecises. M represente une augmentation virtuelle du
nombre d'exemples, pour lesquels on suppose les classes equiprobables.
Le premier cas s'applique par exemple a la reconnaissance des chires manuscrits sur les
cheques ; en revanche, pour les codes postaux, la seconde methode est preferable (la proportion
de chires 0 y est superieure a celle des autres).
Le second cas semble plus naturel mais il peut aussi ^etre trompeur : dans certains problemes,
les classes ne sont pas representees de la m^eme maniere dans l'ensemble d'apprentissage et
dans les exemples qu'il faudra classer. Par exemple, un diagnostic medical peut s'apprendre a
partir d'un ensemble d'apprentissage comportant un nombre equilibre d'exemples et de contre-
exemples, alors que la maladie est rare.
L'estimation des densites conditionnelles a priori
Il reste donc a estimer les densites p(x j !i ). Dans un probleme d'apprentissage de regle de
classication, on dispose d'un echantillon d'exemples supervises : le probleme se ramene donc a
estimer chaque p(x j !i) a partir des echantillons d'apprentissage supervises par la classe !i .
Independamment pour chaque classe, on se trouve donc nalement a devoir estimer une
densite de probabilite a partir d'un nombre ni d'observations. C'est un probleme tout a fait
classique en statistiques. Il faut introduire des hypotheses supplementaires pour le resoudre (un
biais, en terme d'apprentissage articiel). On a l'habitude de distinguer (voir le chapitre 2) :
Les methodes parametriques, ou l'on suppose que les p(x j !i) possedent une certaine forme
analytique ; en general, on fait l'hypothese qu'elles sont des distributions gaussiennes. Dans
ce cas, le probleme se ramene a estimer la moyenne et la covariance de chaque distribution;
la probabilite d'appartenance d'un point x a une classe se calcule alors directement a partir
des coordonnees de x. Ce sera l'objet du paragraphe 14.2.2.
Les methodes non parametriques, pour lesquelles on estime localement les densites p(x j !i)
au point x en observant l'ensemble d'apprentissage autour de ce point. Ces methodes sont
implementees par la technique des fen^etres de Parzen (paragraphe 14.3.2) ou l'algorithme
des k-plus proches voisins (paragraphe 14.3.3).
2. Rappelons que le nombre d'exemples total est note m, alors que mi designe le nombre d'exemples supervises par
la classe i.
418 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Les methodes semi parametriques, pour lesquelles nous ne connaissons pas non plus la
forme analytique des distributions de probabilites. Nous supposons cependant que ces dis-
tributions appartiennent a des familles et que les (( hyper parametres )) qui les caracterisent
a l'interieur de cette famille peuvent ^etre determines.
14.1.6 La regle bayesienne et la regression aux moindres carres
Considerons maintenant le probleme de la regression, c'est-a-dire de l'apprentissage d'une
fonction f : X ;! IR a partir d'un ensemble d'exemples S :
S = f(x1; u1); : : : ; (xi; ui); : : : ; (xm ; um )g
Nous sommes ici dans le cas ou l'espace des hypotheses et celui des echantillons possibles sont
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h2H 2
d'ou, en prenant le logarithme :
X m X m
h = ArgMin 21 2 (ui ; h(xi))2 = ArgMin (ui ; h(xi ))2 (14.5)
h2H i=1 h2H i=1
Par consequent, l'hypothese h la plus probable dans H est celle qui minimise la somme sur
tous les exemples xi du carre de la dierence entre la valeur h (xi ) au point xi et la valeur
bruitee de la fonction f (xi ), donnee par ui = f (xi ) + ei .
3. Cette hypothese est souvent realiste et en particulier tres employee dans le traitement du signal et des images.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 419
h est donc la meilleure fonction a la fois au sens de la minimisation des moindres carres et
au sens de la regle du maximum de vraisemblance, sous l'hypothese que le bruit de mesure sur
les exemples est gaussien.
Un exemple classique est celui de la regression lineaire dans un plan : la meilleure droite pour
approximer un ensemble de points du plan (si l'on suppose ces points issus d'une m^eme droite,
mais deplaces par un bruit gaussien) se calcule comme celle qui minimise la somme des distances
des points a elle-m^eme (gure 14.1).
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D'ou :
Y
m
P (S j h) = h(xi )ui (1 ; h(xi))1;ui P (xi )
i=1
La regle bayesienne d'apprentissage h s'ecrit donc :
Y
m
h = ArgMax P (S j h) = ArgMax h(xi )ui (1 ; h(xi ))1;ui P (xi ) (14.6)
h2H h2H i=1
P (xi ) peut ^etre suppose independant de h : il est raisonnable de supposer que la probabilite
d'observer telle ou telle donnee est independante de l'hypothese que l'on fait. Par consequent :
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Y
m
h = ArgMax h(xi)ui (1 ; h(xi ))1;ui (14.7)
h2H i=1
D'ou, en passant au logarithme :
X
m
h = ArgMax ui Log[h(xi)) + (1 ; ui )(1 ; h(xi )] (14.8)
h2H i=1
Le terme de droite est l'oppose de l'entropie croisee entre la distribution des exemples sur f0; 1g
et la distribution h. Par consequent, la meilleure fonction aleatoire au sens bayesien est celle
qui maximise ce terme. Rappellons que l'entropie croisee a ete utilisee pour l'apprentissage des
arbres de decision : chaque choix pendant la phase de construction est donc localement optimal
au sens bayesien (voir le chapitre 11).
14.1.8 La regle bayesienne et la longueur minimale de description
Nous anticipons sur un aspect qui sera aborde au chapitre 17 : les rapports entre le principe
MDL et l'apprentissage bayesien. On peut en eet interpreter la decision bayesienne comme un
compromis optimal entre la qualite et la complexite de la solution. Pour cela, il faut raisonner en
termes de codage. Rappelons le premier theoreme de Shannon ([Cov91]), qui assure le resultat
suivant :
Theoreme 14.1
Soit un ensemble ni d'objets fO1 ; : : : ; On g, chacun pouvant appara^tre avec la probabilite P1 ; : : : ; Pn .
Un code binaire assigne a chaque objet un message sous la forme d'une sequence de bits, de
maniere bi-univoque. Le code binaire optimal, c'est-a-dire celui qui minimise en moyenne la lon-
gueur du message transmis, necessite ;log2 Pi bits pour transmettre le message signiant que
l'objet Oi est apparu.
Nous supposons ici H de taille nie et nous notons ; le code optimal correspondant a la
distribution des hypotheses dans H. La transmission de l'hypothese hi par le code ; necessite
un nombre de bits que nous notons L; et qui vaut :
L; (hi ) = ;log2P (hi )
De m^eme, si nous voulons transmettre les donnees S en supposant que l'emetteur et le
recepteur connaissent tous les deux l'hypothese hi , il faut choisir un code optimal correspondant
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 421
a la distribution conditionnelle des evenements P (S j hi ). Notons ce code . La longueur du
message est alors :
L(S j hi ) = ;log2 P (S j hi )
Maintenant, pour transmettre a la fois les donnees et une hypothese hi , il nous faut donc au
mieux :
L(hi ; S ) = L; (hi ) + L(S j hi ) = ;log2 P (hi ) ; log2 P (S j hi )
On appelle souvent L(hi ; S ) la longueur de description de la solution hi . Elle re
ete d'une
certaine facon la qualite de hi , puisqu'elle s'interprete comme le co^ut de transmettre a la fois
une hypothese et les donnees connaissant cette hypothese. Pour expliquer ceci, prenons un
exemple.
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2
2
2
2
2 2
Fig. 14.2 { L'hypothese constituee d'un seul rectangle (en trait continu) est courte a coder, mais
sa precision n'est pas bonne : beaucoup de points sont loin de la frontiere. Celle
constituee de deux rectangles (en pointilles) est a la fois assez courte a coder et
precise : seuls deux points ne sont pas sur la frontiere. Une troisieme hypothese est
celle constituee de rectangles entourant chaque point : elle est tres precise, mais son
codage est le plus long. Un bon compromis est donc l'hypothese constituee de deux
rectangles.
Un exemple
Imaginons de disposer de donnees S qui sont des points de IR2 et supposons qu'une hypothese
h se decrive comme une union de rectangles contenant les donnees.
Il existe un code optimal ; pour calculer la longueur de description L; (h) d'une hypothese
h, que nous ne connaissons pas. Il est cependant vraisemblable que coder chaque rectangle par
les coordonnees de ses deux sommets opposes en diagonale soit une bonne approche. Le nombre
de rectangles est donc sans doute relie directement a la complexite du codage de l'hypothese.
422 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Nous pouvons mesurer la qualite de la description d'une donnee en observant si elle est
proche ou non de la frontiere d'un rectangle qui la contient. Pour cela, faisons passer une droite
horizontale et une droite verticale par ce point et mesurons a quelle distance a gauche, a droite, en
haut et en bas elle rencontre la premiere frontiere du rectangle. La plus faible de ces quatre valeurs
nous donne une idee de la qualite de la description de ce point : il est satisfaisant qu'une frontiere
de rectangle passe pres du point. Nous pouvons sommer une telle valeur sur tous les points et
en prendre l'inverse : nous disposons d'une mesure de qualite d'une hypothese connaissant les
donnees. Le codage de cette hypothese, a supposer qu'on connaisse le code optimal , prend
exactement la longueur de description L (S j h).
Regardons maintenant deux cas extr^emes :
On choisit comme hypothese un rectangle unique, couvrant juste les donnees. Son codage
L; (hi ) sera tres court, mais la valeur de Q(S ; h) est en revanche elevee. Au total, L(hi ; S ) =
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i=1
ou L(i ) est la vraisemblance du vecteur de parametres i pour l'echantillon S i .
La methode du maximum de vraisemblance consiste a prendre pour estimation ^i la valeur
du vecteur de parametres inconnu i qui maximise la vraisemblance que les donnees aient ete
produites a partir de la distribution p(xji ).
^ i = ArgMax
i 2
L(i )
Il est plus facile de minimiser l'oppose du logarithme de cette expression, d'ou :
^ i = ArgMin
i 2
f; log L(i)g
X mi (14.10)
= ArgMin ; ln p(xi ji )
i 2 i=1
Il est a noter que les estimateurs obtenus par la methode du maximum de vraisemblance sont
excellents 4 . Cependant cela n'en garantit pas la qualite pour des echantillons de taille reduite.
Pour la plupart des choix de fonctions de densite, l'optimum ^ i devra ^etre estime en utilisant
des procedures numeriques iteratives (voir par exemple le chapitre 3). Pour certaines formes
fonctionnelles, notamment pour le cas particulier des densites normales (gaussiennes), la solution
optimale peut ^etre determinee de maniere analytique, en cherchant la valeur de qui annule la
derivee de l'equation 14.10.
14.2.2 L'estimation des parametres d'une distribution gaussienne
On suppose ici que chaque classe possede une distribution de probabilite de forme pa-
rametrique. On traite en general uniquement le cas gaussien, c'est-a-dire que l'on suppose que
la distribution de probabilite de chaque classe est une loi normale, entierement denie par
l'ensemble des parametres = (; Q)> compose de son vecteur moyenne et de sa matrice de
covariance.
Faire une telle hypothese est un biais fort dont la validite peut eventuellement ^etre contr^olee
par un test statistique ; il faut garder a l'esprit que cette supposition est dependante du choix
de l'espace de representation et ne possede aucune justication theorique a priori 5 . Mais elle
4. En termes techniques, asymptotiquement sans biais et de variance minimale.
5. La loi des grands nombres est souvent invoquee a tort pour justier ce biais.
424 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
permet d'obtenir une solution analytique simple et un algorithme peu complexe d'apprentissage
inductif dans IRd .
Rappelons que la moyenne d'une densite de probabilite p dans IRd est un vecteur de
dimension d et sa covariance une matrice Q(d d). Si E [p] denote l'esperance mathematique de
la variable aleatoire p, on a :
= E [x]
Q = E [(x ; )(x ; )T ]
Une distribution de probabilite gaussienne a pour caracteristique de pouvoir entierement
^etre denie par son vecteur moyenne et sa matrice de covariance. En supposant donc la classe
!i gaussienne, sa densite de probabilite s'ecrit, dans un espace multidimensionnel:
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j Q j ;1=2 1
p(x j ! ) =
i
(2)d=2
exp ; (x ; ) Q (x ; )
2
T ;1
i i i (14.11)
ci = 1 X
mi
Q m (xj ; ci )(xj ; ci )T (14.14)
i j =1
;1=2 n o
= p(x j !j ) = j Qj d=
j exp ;1=2(x ; )T Q;1(x ; )
j j j
2 2
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 425
Apres simplication et passage au logarithme, on obtient une forme quadratique du type :
xT x + xT + = 0 (14.15)
ou la matrice , le vecteur et la constante ne dependent que de i , j , Qi et Qj . On constate
donc que faire une hypothese gaussienne sur la repartition de chaque classe revient a supposer
des surfaces de decision quadriques ; a deux dimensions, ce sont des coniques. La gure 14.3
montre un exemple de cette propriete.
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Fig. 14.3 { A deux dimensions, la surface separatrice de deux classes gaussiennes bidimension-
nelles est une conique (ici une branche d'hyperbole en pointilles) et les surfaces
d'equidensite d'une distribution gaussienne sont des ellipses. On a represente pour
chaque classe l'ellipse d'equidensite telle que la probabilite d'appartenir a la classe
soit superieure a 0:5 quand on est a l'interieur de cette ellipse.
X 4
Qc1 = 1 (x1j ; c1 )(x1j ; c1 )T
4 j =1
426 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
x22 * 4
2 4
c c
2
1 24
4
2
4 x1
; 34 *
Fig. 14.4 { Deux classes supposees gaussiennes sont representees chacune par quatre points
d'apprentissage notes par 2 et 4. L'estimation des moyennes c1 et c2 est indiquee.
La surface separatrice entre les deux classes est l'hyperbole degeneree composee des
deux droites en pointille. Par consequent, les deux points * sont classes comme ap-
partenant a la classe 2.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 427
14.2.3 Des hypotheses simplicatrices
Dans un espace de dimension d avec C classes, le nombre de parametres evalues par les
formules 14.13 et 14.14 est d pour chaque moyenne, et d(d + 1)=2 pour chaque matrice de co-
variance, qui est symetrique ; soit au total : (d2 + 3d)=2 parametres par classe et C (d2 + 3d)=2
au total. Si le nombre mi de points de la classe courante est faible, la precision de ces estima-
tions est mauvaise. On peut donc ^etre amene a faire des hypotheses plus simples ; par exemple
supposer que toutes les classes ont la m^eme matrice de covariance, ou que celle-ci est diagonale
pour chaque classe, ou m^eme les deux a la fois. Voyons les consequences de chacun de ces biais
supplementaires.
Toutes les classes sont supposees avoir la m^eme matrice de covariance
Dans ce cas, l'estimation des valeurs de la matrice de covariance par la formule 14.14 peut
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se faire une seule fois sur tous les points de l'ensemble d'apprentissage et non plus classe par
classe. Ceci conduit donc a une matrice unique que l'on note Qb ; les moyennes sont cependant
estimees separement pour chaque classe par une valeur m ci. Le nombre de parametres a estimer
vaut : Cd + (d2 + d)=2 .
La regle de decision peut ^etre interpretee de la facon suivante : pour un point inconnu x, on
mesure sa \distance de Mahalanobis\ aux vecteurs moyens de chaque classe et on lui attribue
la classe la plus proche au sens de cette distance. Celle-ci s'exprime par la formule :
DM (x; !i ) = (x ; ci )T Qb(x ; ci ) (14.16)
Cette regle de decision revient implicitement a faire une transformation lineaire des coordonnees
de chaque point et a prendre la classe dont le centre de gravite est alors le plus proche. Cette
transformation (( allonge )) chaque axe proportionnellement a la valeur propre correspondante
dans Qb.
Les surfaces separatrices sont des hyperplans : on se trouve donc ici a une intersection tres
simple des methodes bayesiennes et des methodes de surfaces separatrices lineaires decrites au
chapitre 9.
La classication bayesienne nave
On suppose ici que chaque classe possede une matrice de covariance diagonale. Cette hy-
pothese revient a dire que les attributs sont statistiquement decorreles. Ceci n'etant en general
pas vrai, on introduit la un autre type de biais. Cette hypothese mene a l'estimation de 2Cd
parametres et conduit a des separatrices quadriques de formes particulieres (mais pas des hy-
perplans). Cette hypothese est souvent appelee la methode bayesienne nave.
Dans cette simplication, la probabilite d'observer xT = (x1 ; : : : ; xd ) pour un point de n'im-
porte quelle classe !i est la probabilite d'observer x1 pour cette classe, multipliee par celle
d'observer x2 pour cette classe, etc. Donc, par hypothese :
Yd
! = ArgMax P (!i ) p(xi j !i)
i2f1;:::;C g i=1
Le probleme de trouver la classe
! = ArgMax [P (!i j x)]
i2f1;:::;C g
se ramene donc ici a estimer pour chaque classe la valeur p(x1 ; : : : ; xd j !i )P (!i ) a partir des
donnees d'apprentissage.
428 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
pratique.
Une autre cas plus interessant est celui ou l'on suppose que les classes possedent une distri-
bution de probabilite qui est la somme ponderee de M distributions gaussiennes. Il sera traite
dans le chapitre 15 dans le cadre des methodes d'apprentissage non supervise.
14.2.5 La prediction bayesienne de la distribution des parametres
Au lieu de chercher a identier une distribution sous-jacente aux donnees par estimation
d'une fonction parametree, on peut resoudre directement le probleme de la prediction de la
valeur yi correspondant a l'observation xi . Pour cela, il existe une approche conceptuellement
tres interessante et idealement optimale, m^eme si elle est dicile a mettre en pratique et necessite
de nombreuses approximations.
L'idee essentielle est la suivante. Au lieu de chercher la valeur optimale des parametres 6 en
maximisant leur vraisemblance sur les donnees, on decrit ces parametres comme des distributions
de probabilites. Celles-ci sont initialement xees sous forme d'une distribution a priori, puis
transformees en distribution a posteriori par l'utilisation du theoreme de Bayes. Au lieu de
chercher une valeur specique de , on cherche donc ici a trouver la distribution des valeurs
s'adaptant le mieux aux donnees (voir la gure 14.5). La prediction pour l'evenement x se fait
alors en ponderant les valeurs predites de par la probabilite a posteriori correspondante.
Nous avons deja rencontre cette idee de (( vote )) des hypotheses dans d'autres contextes,
comme celui du boosting d'un algorithme d'apprentissage (11).
Reprenons les notations precedentes, en remarquant que cette fois est un vecteur 7 aleatoire
de densite de probabilite p() connue.
On cherche la densite du vecteur x etant donne l'echantillon S :
Z
p(xjS ) = p(x; jS ) d()
La formule de Bayes permet d'ecrire :
p(x; jS ) = p(xj; S ) p(jS )
Le premier facteur est independant de S puisque nous supposons que la valeur de la densite de
x est entierement xee par la valeur du vecteur des parametres .
6. Dans le cas de l'hypothese d'une distribution gaussienne, ces parametres sont la moyenne et la matrice de
covariance Q.
7. L'ensemble des parametres est regroupe sous la forme d'un vecteur.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 429
p(h|S)
a posteriori
p(h)
a priori
H
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i=1
R
ce qui assure que p(jS )d = 1.
430 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
L'evaluation d'une integrale comme celle de l'equation 14.17 n'est possible de maniere ana-
lytique que pour une classe de fonctions de densite pour lesquelles la densite a posteriori p(jS )
a la m^eme forme que la densite a priori p( ). Dans ce cas particulier, on parle de densites au-
toreproductibles [DH73]. L'exemple le plus commun de telles densites est celui de la distribution
normale (gaussienne).
Illustration avec une loi normale unidimensionnelle
Supposons que les observations x soient decrites par une mesure unidimensionnelle qui suit
une loi normale de moyenne inconnue et de variance connue.
L'approche de la prediction bayesienne nous dicte de chercher la densite de probabilite de la
variable aleatoire en fonction des donnees d'apprentissage S . Nous supposons que le parametre
suit egalement une loi normale de moyenne 0 et de variance 0. Pour exprimer notre ignorance
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a priori sur la valeur de , nous prenons une grande valeur pour la variance 0 .
p0 ( ) = 1 exp ; ( ; 0 )2
(202 ) 21 202
La donnee d'une sequence d'apprentissage S permet de reviser cette densite de probabilite en
utilisant le theoreme de Bayes suivant l'equation (14.18) :
Y
p(jS ) = pp0((S)) p(xij)
m
i=1
En utilisant le fait que :
p(xj) = (212 )1=2 exp ; (x 2;2)
2
il est facile de montrer que la distribution a posteriori p(jS ) est egalement normale avec :
2 2
= mm 0 x +
m02 + 2 0 (14.19)
0 +
2 2
1 m 1
2 = 2 + 02 (14.20)
P
ou x est la moyenne : x = m1 mi=1 xi .
Ces equations montrent qu'au fur et a mesure que le nombre m de donnees augmente, la
moyenne de la distribution a posteriori approche la moyenne de l'echantillon d'apprentissage
x . De m^eme, l'ecart type decro^t vers zero.
Ainsi l'approche de la prediction bayesienne calcule une moyenne ponderee sur toutes les
valeurs de au lieu de choisir une valeur specique. Cependant si la densite a posteriori p(jS )
presente un pic etroit centre sur une valeur ^ , alors p(jS ) p(hj^ ), et nous retrouvons le
resultat donne par la methode du maximum de vraisemblance. Cela arrive generalement pour
les echantillons d'apprentissage de grande taille.
Bien que cela ne soit pas le sujet de ce chapitre, il est utile de noter des a present que le
principe du maximum de vraisemblance et l'apprentissage bayesien ne se pr^etent pas aux m^emes
methodes de calcul. Le premier se traite comme un probleme d'optimisation : il faut chercher le
minimum d'une fonction d'erreur. En revanche, dans le second, l'essentiel du calcul implique une
integration sur des espaces de grandes dimensions. Dans ce dernier cas, les methodes classiques
d'integration ne conviennent pas et il faut se tourner vers des methodes approchees, par exemple
les methodes de Monte-Carlo (voir le chapitre 3).
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 431
14.3 L'apprentissage bayesien non parametrique
14.3.1 Generalites : le probleme de l'estimation locale d'une densite
Les methodes non parametriques traitent de l'estimation d'une densite de probabilites pour
laquelle aucune regularite fonctionnelle n'est supposee a priori. Ces methodes reposent cependant
sur l'hypothese fondamentale que les distributions ou fonctions recherchees sont localement
regulieres.
Soit une densite de probabilite inconnue p(x). La probabilite Q pour qu'une forme x issue
de cette distribution soit observee dans la region R 2 X est :
Z
Q= p(u)d(u)
R
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L'annexe 18.4 explique comment on obtient une bonne estimation de Q a partir de la moyenne
des points observes dans la region R :
Q k=m: (14.21)
Par ailleurs, en faisant l'hypothese que la densite cherchee p(x) est continue et ne varie pas
signicativement dans la region R, on peut faire l'approximation :
Z
Q= p(u) du p(x) V (14.22)
R
ou V est le volume de la region R.
De (14.21) et (14.22) on deduit :
k
p(x) mV (14.23)
Application a l'apprentissage d'une regle de classication
Dans le cas ou l'on cherche a apprendre une regle de classication, la methode bayesienne
consiste a estimer en un point x donne la densite de probabilite de chaque classe an de choisir
celle qui possede la valeur la plus grande.
Nous omettons dans ce qui suit l'indice correspondant au numero de classe, puisque le
probleme est le m^eme pour chaque classe. Comme ce n'est qu'apres l'estimation separee pour
chaque classe qu'on les compare, on peut faire comme s'il n'y avait qu'une seule densite de
probabilite a estimer.
Neanmoins nous allons indexer les termes par m, la taille de l'echantillon : on verra que cette
precision est necessaire quand on etudie les proprietes de convergence.
On suppose donc ^etre en possession de m points de IRd obtenus par tirages independants
selon une densite qui caracterise la classe !. Comment estimer p(x j !) au point x a partir
d'un ensemble d'apprentissage? Le principe vient d'^etre explique : on denit autour de x une
certaine region Rm (en pratique, une hypersphere ou un hypercube) et on compte le nombre km
de points de l'echantillon d'apprentissage qui sont inclus dans ce volume (gure 14.6).
On a vu que l'estimateur de p(x j !) pour un echantillon de taille m se denit par :
pcm (x j !) = kmV=m (14.24)
m
ou Vm est le volume de la region Rm consideree.
432 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
2 2 2
2 2
2
2
2
2 2
2
A
2 2
2 2
2
22 2
2
2
B 2 2
2
2
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2 2 2
22
2 2
Fig. 14.6 { Les points 2 sont des tirages ind ependants selon une certaine distribution dans le
plan IR2 , dont la densite est plus forte au point A qu'au point B . En eet, pour le
m^eme volume autour du point A et du point B , km vaut respectivement 6 et 1 . Pour
avoir km = 6 autour du point B , il faut augmenter le volume.
On peut demontrer (voir l'annexe 18.4) que, quand m augmente, cet estimateur converge
vers la valeur cherchee p(x j !), quand les conditions suivantes sont remplies :
lim V = 0
m!1 m
lim k = 1
m!1 m
lim (k =m) = 0
m!1 m
Il y a en pratique deux solutions pour remplir ces conditions :
Soit denir Vm a partir d'une region R0 de forme et de volume V0 xes : par exemple un
hypercube de c^ote unite, mais on verra que c'est loin d'^etre le seul cas possible. On prend
alors :
Vm = V0 =f (m)
ou f est une fonction croissante de m. Ceci conduit aux methodes des fonctions noyau, en
particulier aux fen^etres de Parzen.
Soit xer le nombre km , se donner une famille de volumes parametree par une variable
(par exemple les hyperspheres centrees en x, de rayon variable) et ajuster cette variable
pour que le volume contienne exactement km points de l'ensemble d'apprentissage. Cette
technique d'estimation est connue sous le nom de methode des k-plus proches voisins.
Utilisee dans le probleme de la classication, elle se traduit par un algorithme qui ne
necessite pas l'estimation explicite de la densite de chaque classe au point a classer, mais
en permet plus simplement un choix direct.
14.3.2 Les fonctions noyau et les fen^etres de Parzen
Une fonction noyau (kernel) K est une fonction bornee sur X d'integrale egale a 1. On
suppose en general que K presente un pic centre en 0. Par consequent, K (xi ; xj ) determine
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 433
une mesure de proximite entre les points xi et xj . On impose aussi en general que cette fonction
soit symetrique : K (;x) = ;K (x). Dans cette perspective, l'estimation locale de la densite p(x)
est prise comme une somme ponderee des exemples xj ponderee par leur distance a x :
X
m
p^(x) = m1 K (x ; xj )
j =1
ce qui peut aussi ^etre interprete comme une moyenne des fonctions noyau centrees sur chaque
exemple.
Pour une classe !k donnee, on a :
P
p^(!k ) K (x ; xi )
p^(kjx) = PC p^( !k ) p
^ k (x ) = mPk C p^x(i!2i!) k
i=1 p^(!i ) p^i (x) i=1 ni K (x ; xi )
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Si les probabilites des classes sont estimees par le rapport mk =m ou mk est le nombre d'exemples
de la classe !k et m le nombre total d'exemples, on en deduit :
P K (x ; x )
p^(kjx) = Pxmi 2!kK (x ; x )i (14.25)
i=1 i
ce qui revient a prendre la proportion ponderee d'exemples autour de x de la classe !k .
Une diculte de ces methodes est le choix de la fonction K . Une autre diculte provient
de leur mediocre capacite a ^etre utilisees dans des espaces de representation X de grande di-
mension. En eet, les estimations sont fondees sur la determination d'un volume dans l'espace
des donnees. Or, dans les espaces de grande dimension, un volume qui couvre susamment de
donnees n'est plus valide pour une estimation locale, car son rayon tend a devenir grand par
rapport a l'intervalle des valeurs possibles pour les donnees.
Le paragraphe suivant explore ces methodes d'estimation par voisinage dans X . Les cas
des fonctions noyau denies comme des hypercubes ou des distributions gaussiennes y sont en
particulier traites. La methode qui en resulte s'appelle la methode des fen^etres de Parzen.
14.3.2.1 Les fen^etres de Parzen : le cas elementaire
Commencons en denissant le volume elementaire Rm comme un hypercube de cote hm
centre en x. On a dans ce cas :
Vm = hdm
La formule 14.24 denit par consequent l'estimateur de p(x j !). km est le nombre de points
d'apprentissage de la classe ! inclus dans l'hypercube centre en x de c^ote hm . En pratique, pour
estimer pm (x j !), il ne reste qu'a xer la valeur h0 : on en deduit la valeur de hm , puis celle de
pcm (x j !) par comparaison des coordonnees des points de l'ensemble d'apprentissage avec celles
de x.
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2 22 2
h0
Fig. 14.7 { Estimation de densite par la methode des fen^etres de Parzen. Il y a quatre points
d'apprentissage, dans un espace a une dimension. les hypercubes sont des segments
de largeur h0 centres sur les points d'apprentissage. La densite (en trait plein) est
calculee comme la somme des fen^etres centrees sur chaque point. Ici, cette fen^etre
est etroite (h0 est petit) : la densite resultante est peu lisse. La surface sous la courbe
en trait plein est egale a 1.
2 22 2
h0
Fig. 14.8 { La m^eme estimation pour h0 plus grand : la densite est estimee de maniere plus lisse.
Le choix de h0 in
ue sur le resultat de la facon suivante : si cette valeur est choisie petite,
la probabilite estimee que le point x ait ete engendre par le processus ! est nulle partout, sauf
au voisinage immediat des points de l'ensemble d'apprentissage; on a donc dans ce cas modelise
p(!) comme un (( peigne )). Si elle est choisie grande, p(!) est en revanche modelisee de maniere
(( lisse )) (gures 14.7 et 14.8).
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 435
14.3.2.2 Generalisation a des fonctions noyau gaussiennes
La technique precedente a l'avantage de se reduire a un algorithme simple, mais presente
l'inconvenient de la sensibilite du choix de la valeur h0 . D'autre part, des que l'on s'eloigne des
points d'apprentissage, la densite est estimee comme nulle. On peut remedier a ce probleme en
s'arrangeant pour que l'appartenance au volume elementaire Vm autour du point x ne soit plus
une fonction caracteristique (a valeur binaire) d'appartenance a un volume, mais une probabilite.
C'est ce qui a ete presente ci-dessus en introduction : la densite est estimee comme la somme
de noyaux, qui sont donc des densites elementaires centrees sur les points d'apprentissage. Sou-
vent, ces noyaux sont des distributions gaussiennes (voir la gure 14.9). Le resultat est plus ou
moins lisse selon la valeur de la variance, mais il n'y a plus de point de l'espace ou la densite soit
estimee comme nulle. Sans entrer dans les details, on peut voir intuitivement cette generalisation
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de la facon suivante : pour estimer la valeur pm (x j !), on additionne sur les m points de l'en-
semble d'apprentissage des valeurs entre 0 et 1 qui sont fonction de la distance entre x et le
point courant, avant de diviser cette somme par un coecient normalisateur. Cette fonction
n'est donc plus binaire comme dans le cas precedent, mais calculee de facon continue. On doit
evidemment la choisir (ainsi que la normalisation nale) de facon que pm (x j !) soit eecti-
vement une estimation de densite de probabilite. La gure 14.9 montre l'estimation realisee a
partir des m^emes points que dans les gures 14.8 et 14.7 pour des noyaux gaussiens.
de la densite est alors donnee par le rapport k=mV ou m est le nombre total de points dans
l'echantillon de donnees.
D'un certain c^ote, cela revient a choisir une fonction noyau simple, constante sur l'hyper-
sphere contenant les k points et nulle ailleurs. Mais cela permet de passer directement a une
regle de decision : on classe une forme inconnue x en prenant la classe qui est majoritaire dans
les k points d'apprentissage les plus proches. Cette regle est appelee regle des k-plus proches
voisins (k-nearest-neighbour classication rule) ou k est le nombre de voisins consideres.
Dans le cas ou k = 1, la regle s'appelle la regle de classication du plus proche voisin. Elle
assigne a x simplement la m^eme etiquette que le point d'apprentissage le plus proche. Dans ce
cas, les frontieres de decision dans l'espace X prennent la forme d'un pavage convexe (voir la
gure 14.12). Il est remarquable que cette regle extr^emement simple possede un comportement
asymptotique excellent vis-a-vis du risque minimal de Bayes, comme on le verra au paragraphe
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14.3.3.2.
Il est conseille de se reporter a [DH73] et [DK82] pour une etude approfondie des methodes
de plus proches voisins. Le lecteur francophone lira avec prot [CL96].
14.3.3.1 Le principe
La regle de decision par k-ppv est facile a illustrer, comme sur la gure 14.10.
3 3 3
3 3
3
3
3
3
2
2
2 2
3 2
2
2 2 2
Fig. 14.10 { Decision par 1-ppv et 3-ppv dans un ensemble d'exemples appartenant a deux
classes.
On y a represente un probleme a deux classes : les points a classer sont notes et les points
alentour sont les donnees d'apprentissage, appartennant soit a la classe notee 2, soit a celle notee
3. On cherche, au sens de la m etrique choisie pour le probleme (sur ce dessin, euclidienne), les
k-plus proches voisins des points x ; pour k = 1, dans les deux cas, c'est un des points notes 2.
On aecte donc aux deux points a classe 3. Pour k = 3, le voisinage du premier point compte
deux points 3 et un point 2 : c'est la classe 3 qui est majoritaire, et ce point est classe comme
appartenant a la classe 3. Pour l'autre point, la decision pour k = 3 conrme l'appartenence a
la classe 2.
La gure 14.11 represente la m^eme operation pour un probleme a trois classes. Pour k = 1,
les points sont classes comme 2 ; pour k = 3, la regle de decision produit une ambigute pour
le premier point : on ne peut pas se decider entre les trois classes.
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 437
L'algorithme de la methode est donne en 14.1.
3 3 3
3 3
3
3
3
3
2
2
2 2
3 2
4
44444
2
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2 2 2
4 4 4
44
44
Fig. 14.11 { Decision par 1-ppv et 3-ppv dans un ensemble d'exemples appartenant a trois
classes.
3 1 3 2 3 3
3 9 2 4
3 7 2 5
2 8 2 10 2 6
Fig. 14.12 { Un ensemble de points appartenant a deux classes et leurs zones de Vorono. La
separatrice entre les deux classes par la regle de decision 1 ; ppv est en trait plein.
d'apprentissage a ete (( compile )) par apprentissage parametrique, par exemple sous la forme de
distributions gaussiennes explicites : au plus en O(Cd2 ). En general, la comparaison n'est pas a
l'avantage de la regle des k-ppv, en tout cas des que l'on dispose d'un ensemble d'apprentissage
un peu consequent, comme il faut le souhaiter. C'est pourquoi une algorithmique particuliere
a ete developpee, visant soit a reduire l'ensemble d'apprentissage (methodes de nettoyage et de
condensation) sans changer le resultat des futures decisions par k-ppv, soit a l'organiser sous des
structures de donnees permettant d'accelerer la decision (methodes rapides de k-ppv).
Nettoyage et condensation de l'ensemble d'apprentissage
Le nettoyage d'un ensemble d'apprentissage est une technique tres generale, reliee mathema-
tiquement aux methodes de validation statistique d'un apprentissage. On la presente ici comme
une technique inseparable de l'algorithme de condensation : l'usage recommande en eet de ne
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3 1 3 2 3 3
3 12 3 13
3 14
3 16
3 18
3 9 2 411
2
2 2 15 19
3 7 2 5
2 17
2 8 2 10 2 6
Fig. 14.13 { Un ensemble d'exemples appartenant a deux classes. La surface separatrice par
la regle du 1-ppv est une ligne brisee composee de segments de mediatrices entre
couples de points de classe dierente.
3 1 3 2 3 3
3 9 2 4
3 7 2 5
2 8 2 10 2 6
Ces methodes sont valides au sens ou elles ne changent pas le resultat de la classication
par k-ppv quand le nombre m d'exemples augmente indeniment. En pratique, il a ete constate
que leur ecacite diminue considerablement quand la dimension d de l'espace de representation
442 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
3 1 3 3
3 7
2 8 2 10
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Fig. 14.15 { L'ensemble simplie apres condensation et la nouvelle surface separatrice par la
regle du 1-ppv.
3 1 3 2
3 9 2 4
3 7 2 5
2 10 2 6
Fig. 14.16 { L'ensemble simplie apres nettoyage et la nouvelle surface separatrice par la regle
du 1-ppv.
3 1
2 4
3 7
2 10
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z b v b x
1 b
y
v3 v2
Fig. 14.18 { Methode acceleree de recherche du plus proche voisin. Le ppv courant de x est y, a
la distance . Le point d'apprentissage suivant, z , n'est pas a distance inferieure a
de x. Aucun point du type v1 ou v2 ne peut plus ^etre le ppv de x. En revanche,
il faudra calculer la distance (x; v 3 ).
tissage. Si (x; z ) , on reactualise et y. Sinon, on peut armer que parmi tous les points
d'apprentissage restant a examiner, on doit denitivement eliminer deux categories :
ceux qui sont situes a l'interieur de la boule de centre z et de rayon (x; z ) ; .
ceux qui sont a l'exterieur de la boule de centre z et de rayon (x; z ) + .
En eet, pour tout point v, le triangle (x; v; z ) verie :
(x; z ) (x; v) + (v; z )
Si v est un point d'apprentissage restant appartenant a la premiere categorie, on a :
(v; z ) (x; z ) ;
soit :
(v; z ) + (x; z )
444 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
centre y2 , tangents interieurement et exterieurement au premier cercle, puis a placer les quatre
autres points de S sur cette gure. p
On calcule ensuite (x; y2 ) = 18 qui est strictement superieur a . y2 n'est donc pas le
nouveau ppv. Quels points de S peut-on d'ores etpdeja p eliminerp (marquer)?
y3 ? Oui, car (y3 ; y2) (x; y2 ) ; (puisque p1 p18 ; p2).
y4 ? Oui, car (y4 ; y2) (x; y2 ) ; (puisque 64 18 + 2).
y5 ? Non 9, car on n'a : p p p
ni (y5 ; y2 ) (x; y2) ; (puisque p25 > p18 ; p2).
ni (y5 ; y2 ) (x; y2) + (puisque 25 < 18 + 2).
On passe au point d'apprentissage suivant non marque, y5 et on constate que (x; y5 ) =
1 < . y5 est donc le ppv de x dans S .
Nous en avons vu un exemple dans la section 14.2.2 pour des distributions normales.
Cette approche ne suppose pas de forme analytique pour les distributions d'appartenance aux
classes, mais seulement pour leur rapport p(xj!1 )=p(xj!2 ), ce qui est une hypothese beaucoup
moins forte. Comme un grand nombre de distributions statistiques courantes verient cette
condition, elle est raisonnable et interessante.
Par exemple, toutes les lois de probabilite de la famille exponentielle :
p(xjk ) = exp >k x + a(x) + bk ( k )
respectent cette hypothese. Ceci inclut aussi bien des distributions de lois continues que des
distributions de lois discretes, par exemple les lois normales (avec egalite des matrices de co-
variance), la loi gamma, la loi b^eta, la loi de Poisson, la loi bin^omiale, la loi multin^omiale,
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etc.
Dans tous ces cas, la fonction de decision prend la forme de l'inequation :
d(x) = ln pp((xxjj!!1)) + ln ((ll21 ;
; l11 ) p(!1 ) 0
2 12 l22 ) p(!2 )
ou l'on attribue la forme x a la classe !1 si d(x) 0 et a la classe !2 sinon. Soit, par rappro-
chement avec l'equation (14.29) :
(
8x; > x + 0 ; ln ((ll21 ;; ll11 )) pp((!!1)) < 00 alors x est attribuee a !1; (14.30)
12 22 2 alors x est attribuee a !2
Cette regle de decision fait clairement ressortir que la fonction de decision est lineaire en x.
De plus, c'est la fonction de decision qui est parametree, et non, comme dans les approches
parametrees, les vraisemblances conditionnelles p(xj!i ).
Par ailleurs, il est aise de montrer que l'equation (14.29) est equivalente a une comparaison
de fonctions de type sigmode :
d(x)
p(!1 jx) = 1 +e ed(x)
(14.31)
1
p(!2 jx) = 1 + ed(x)
Nous avons deja rencontre des expressions de ce type appelees fonctions logistiques, dans le
cadre des reseaux conexionnistes (chapitre 10). Dans ce cadre, elles sont appelees fonctions lo-
gistiques. On voit d'apres ces deux inegalites que si l'approche bayesienne vue plus haut s'appuie
sur les distributions conditionnelles p(xj!i ), l'approche de la discrimination logistique s'appuie
en revanche sur les probabilites des classes P (!i jx).
Pour calculer les parametres 0 et , il faut utiliser un echantillon d'apprentissage S constitue
d'exemples de la classe !1 et d'exemples de la classe !2 . Anderson, dans [And82], a montre que
ces parametres peuvent ^etre obtenus par maximimisation de la vraisemblance des parametres
conditionnellement aux exemples :
Y Y
L = p(!1 jx) p(!2 jx)
x2!1 x2!2
Y ed(x) Y 1
= x d(x)
x2!1 1 + e x2!2 1 + e
d ( )
Chapitre 14 L'apprentissage bayesien et son approximation 447
Il a ete de plus montre que sous des conditions tres generales (voir [Alb78]), le maximum de L
est unique.
Cette approche se generalise facilement au cas multi classes. Il faut alors considerer les
fonctions :
log pp((xxjj!!i )) = >i x + 0i
j
14.4.2 Les melanges de distributions
Dans la section precedente, nous avons vu qu'une approche pour rendre plus souple le type
de distributions qu'il est possible d'approximer tout en conservant un moyen de contr^ole sur
l'espace d'hypotheses est d'utiliser des fonctions de discrimination parametrables, comme la
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fonction logistique. Une autre approche consiste a supposer que les distributions peuvent ^etre
decomposees en un produit de distributions plus simples. Dans les modeles de melanges de
distributions, une distribution complexe p est parametree comme une combinaison lineaire de
distributions plus simples, souvent la distribution normale, sous la forme :
X
M
p(x) = i pi(x) (14.32)
i=1
P
ou les i 0 sont appeles coecients de melange et satisfont a la condition : i i = 1.
Les distributions pi sont appelees les composantes de melange et ont leurs propres parametres
(moyenne, ecart type, etc.). Remarquons le lien avec les fonctions noyau : on peut avoir pi =
K (x ; xi ) ou xi est le centre du noyau et M = m. Il y a dans ce cas autant de composantes au
melange que de points d'apprentissage.
Quelques points sont a noter :
Les melanges de distributions ne prennent pas en compte directement l'etiquette des
exemples. Ce sont des moyens d'exprimer des densites de probabilites. Leur estimation
ressort donc des techniques d'apprentissage non supervise (voir au chapitre 15). Il est ce-
pendant possible de les utiliser pour des t^aches de classication en estimant la distribution
de probabilites pour chaque classe tour a tour :
X
M
p(xj!k ) = i pi(xj!k ) (14.33)
i=1
Une propriete importante des melanges de distributions est que pour un large choix de
fonctions de base, elles permettent d'approximer avec un degre arbitraire de precision
n'importe quelle distribution continue, du moment que le melange a un nombre susant
de composantes et que les parametres sont bien choisis [MB88a].
Un choix usuel pour les distributions composantes ou fonctions de base est de prendre
des fonctions gaussiennes representant la probabilite conditionnelle d'observer x quand la
classe est !k : p(xj!k ). La plupart des ouvrages comportant une section sur ces methodes
traitent de ce cas (par exemple [Bis95]).
L'idee des approches semi parametriques est de faire varier systematiquement le nombre
de parametres du modele en fonction de la diculte du probleme traite. Dans le cas des
melanges de distributions, ce principe se traduit par une procedure de choix du nombre
M de fonctions de base utilisees dans le melange. Malheureusement, il semble que ce choix
soit un probleme notoirement dicile [MB88a, FL94].
448 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
l=1 i=1
Malheureusement, la maximisation de cette vraisemblance est beaucoup plus complexe que
pour une distribution a une seule composante a cause de la somme dans le logarithme. Un
algorithme elegant et puissant pour realiser cette optimisation est l'algorithme EM (voir
l'annexe 18.9).
14.4.3 Le cas des reseaux connexionnistes et des arbres de decision
Les reseaux connexionnistes et les arbres de decision sont aussi des familles d'estimateurs
semi parametriques. Rappellons que les premiers peuvent servir de mecanisme (sophistique)
pour estimer une densite de probabilite (voir le chapitre 10, paragraphe 10.3.5).
Quant aux seconds, on peut considerer qu'ils realisent une estimation a valeur constante dans
chaque feuille de l'arbre. Un arbre de decision, en eet, partitionne l'espace X des observations
possibles recursivement en sous-regions jusqu'a des sous-regions susamment homogenes cor-
respondant aux feuilles de l'arbre et dont l'etiquette sert a etiqueter les formes qui s'y trouvent.
Nous n'approfondissons pas ces aspects ici mais nous conseillons de consulter la reference
[CM98].
rametres.
Les methodes d'estimation non-parametrique estiment une densite condition-
nelle en un point en examinant comment l'ensemble d'apprentissage se com-
porte au voisinage de ce point.
Les methodes des k-plus proches voisins ont l'avantage de la simplicite. Une
algorithmique ecace existe pour les rendre rapides.
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450
PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Chapitre 15
La classication non supervisee et la
decouverte automatique
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Jusqu'ici, il n'a ete question dans cet ouvrage que d'apprentissage supervise : les
exemples ont toujours ete pourvus d'une etiquette ou d'une valeur numerique fournie
par un oracle (un expert). Dans ce chapitre, nous nous placons en dehors de cette hy-
pothese, an d'aborder deux problemes particuliers d'apprentissage : la classication
non supervisee et la decouverte automatique.
La problematique de la classication automatique est simple : etant donne un cer-
tain nombre d'objets decrits par des attributs, est-il possible d'identier les familles
dans lesquelles se regroupent naturellement ces objets? Techniquement, il y a deux
manieres de l'aborder : soit organiser les donnees selon une hierarchie de classes ou
de familles, comme font par exemple les naturalistes ; soit faire l'hypothese qu'il existe
un certain nombre de classes dans les donnees et chercher a les partitionner le mieux
possible en autant de sous-ensembles disjoints.
La decouverte automatique peut se comprendre comme une technique particuliere de
regression. Il s'agit de trouver les lois les plus simples possible pour expliquer des
phenomenes naturels ou des invariants dans les bases de donnees. Idealement, un
programme de decouverte automatique pourrait par exemple retrouver la loi d'Ohm a
partir de mesures sur l'intensite du courant, la valeur de la resistance electrique et la
dierence de potentiel. Mieux, il pourrait etablir des lois inconnues ou mal connues
en fouillant des grosses bases de donnees, par exemple une relation algebrique entre
l'^age d'un client, sa situation geographique et la marque des pneus de sa voiture.
Les methodes de classication automatique et de decouverte automatique, donc l'ap-
prentissage non supervise, constituent par consequent la base des techniques de la
fouille de donnees. Le dernier paragraphe de ce chapitre s'interesse directement a la
recherche d'associations entre les attributs binaires dans une base de donnees. Ces as-
sociations peuvent ^etre ou non associees a la date d'enregistrement de l'exemple dans
la base. C'est desormais une des techniques les plus fecondes en fouille de donnees.
452
es animaux se divisent en a) appartenant a l'empereur, b) embaumes, c) apprivoises,
1. (( On sait ce qu'il y a de deconcertant dans la proximite des extr^emes ou tout bonnement le voisinage soudain
des choses sans rapport ; l'enumeration qui les entrechoque possede a elle seule un pouvoir d'enchantement. )) Les
mots et les choses. Gallimard (1966)
2. La langue analytique de John Wilkins, dans Enqu^etes, Gallimard (1957).
3. On dit parfois (( la coalescence )) ou simplement (( la classication )).
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 453
15.1 La classication hierarchique de donnees numeriques
15.1.1 Generalites
Soit un ensemble S = fx1 : : : xm g de m objets. Nous allons denir formellement une hierarchie
sur S , de deux manieres dierentes, mais nalement equivalentes. Rappelons d'abord la denition
d'une partition et celle de la relation d'ordre associee. Les deux termes sous-ensemble et partie
sont ici synonymes.
Denition 15.1 (Partition)
Soit un ensemble ni S . Une partition de S est un ensemble de parties de S , non vides et
disjointes deux a deux, dont l'union est S . Si s designe un element de S , il existe donc un unique
element, ou bloc, de comprenant s. Une partition i est plus ne qu'une partition j si et
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Par exemple, la hierarchie representee a la gure 15.1 peut ^etre vue soit comme la cha^ne de
partitions
(a; b; c; d; e; f )
(a; b; c; d); (e; f )
(a; b; c); (d); (e; f )
(a; b; c); (d); (e); (f )
(a); (b); (c); (d); (e); (f )
soit comme l'ensemble de parties de S : H = fh1 ; h2 ; h3 ; h4 ; h5 ; h6 ; h7 ; h8 ; h9 ; h10 g, avec
h1 = fag h7 = S = fa; b; c; d; e; f g
h2 = fbg h8 = fa; b; c; dg
h3 = fcg h9 = fe; f g
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h7
h8
h9
h10
a b c d e f
4.2 h7
3 h8
2.5
1.9 h9
1.1 h10
a b c d e f
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Fig. 15.2 { Une hierarchie indicee sur S = fa; b; c; d; e; f g. La coupure pour la valeur 2:5 de
l'indice produit la partition (a; b; c); (d); (e; f ).
On peut associer a toute hierarchie indicee H une mesure de dissimilarite entre ses elements
de la facon suivante : la dissimilarite (hi ; hj ) entre les parties hi et hj de H prend la valeur de
l'indice de la plus petite partie h de H qui contient hi et hj .
On peut demontrer que cette mesure de dissimilarite possede une propriete forte : elle est
une distance ultrametrique.
Denition 15.6 (Ultrametrique)
Une ultrametrique (abrege de distance ultrametrique) sur un ensemble Z est une application de
Z Z ! IR qui verie les trois conditions suivantes pour tous les zi, zj et zk de Z :
(zi ; zi ) = 0 ;
(zi ; zj ) = (zj ; zi ) ;
(zi ; zk ) Max((zi ; zj ); (zj ; zk )).
Par exemple, la hierarchie indicee de la gure 15.2 place les elements fag et fdg a la distance
ultrametrique (fag; fdg) = 3, puisque la plus petite partie de H qui contient fag et fdg est h8 .
De m^eme, (fdg; fe; f g) = 4:2 puisque la plus petite partie de H qui contient fdg et fe; f g est
h7 . On peut verier la propriete ultrametrique :
(fag; fe; f g) Max((fag; fdg); (fdg; fe; f g)) = Max(3; 4:2) = 4:2
En resume, nous sommes desormais en possession des notions suivantes :
Nous avons un ensemble d'exemples S compose de m objets.
Cet ensemble est muni d'une distance , en general la distance euclidienne.
Nous cherchons a construire une hierarchie indicee H de partitions de S .
Nous savons que construire une telle hierarchie indicee est equivalent a donner une ul-
trametrique sur les parties de S presentes dans H .
Si la hierarchie indicee construite est monotone, la hierarchie de partitions trouvee est
completement satisfaisante, puisque l'agregation de deux sous-ensembles d'une partition
produit une partition d'indice superieur.
Il nous faut donc utiliser la distance sur S pour en deduire une hierarchie indicee, si possible
monotone. Pour cela, il faut denir une autre mesure D de dissimilarite, celle-la entre tous les
456 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
couples de parties de S . La premiere etape est facile : si l'on considere les objets de S comme
des parties de S comportant un seul element, on posera naturellement :
D(fxg; fyg) = (x; y)
Il nous faut ensuite trouver comment denir la valeur de D sur n'importe quel couple de sous-
ensembles de S . Nous presentons dans les paragraphes suivants quelques indices D qui per-
mettent de construire une hierarchie sur S . Auparavant, donnons un algorithme constructif qui
utilise D et dont le resultat est une hierarchie indicee, mais pas forcement monotone.
Quand on dispose d'une mesure de similarite D entre les parties de S , la construction d'une
hierarchie indicee se fait de maniere simple par l'algorithme 15.1.
Chaque etape de cet algorithme produit un element de la cha^ne de partitions. Le nombre
maximal d'etapes est m, le nombre d'objets.
Il nous reste maintenant a presenter quelques mesures de dissimilarite ou indices D classiques
qui produisent par cet algorithme des hierarchies indicees.
Algorithme 15.1 Algorithme de classication hierarchique
Etablir la table TD des valeurs de D(x; y) pour x et y parcourant S .
tant que la table TD a plus d'une colonne faire
Choisir les deux sous-ensembles hi ; hj de S tels que D(hi ; hj ) est le plus petit nombre reel
dans la table TD
Supprimer hj de la table, remplacer hi par hi [ hj
Calculer les mesures de similarite D entre hi [ hj et les autres elements de la table.
n tant que
e 0 1.9 h3 0
f 0
D h8 = h10 [ fdg h9 D h7 = h10 [ h9
h2 0 4.2 h1 0
h3 0
On retrouve donc la hierarchie indicee des gures 15.1 et 15.2.
Cette indice est tres simple et semble naturel. Il peut donner des resultats surprenants en
raison d'un certain (( eet de cha^ne )), qui regroupe parfois des points de maniere non naturelle.
On utilise de preference pour cette raison des indices un peu plus sophistiques, comme ceux qui
sont proposes aux paragraphes suivants.
15.1.4 L'indice de la distance entre centres de gravite
Prendre pour indice D la distance euclidienne entre les centres de gravite des blocs fournit
une hierarchie non forcement monotone, ce qui n'est en general pas souhaitable.
Il est facile de la remarquer sur l'exemple suivant : soient les points fa; b; cg de IR2 de coor-
donnees a = (0; 0), b = (9; 0) et c = (4:5; 8:5). La distance la plus petite est entre a et b et vaut
9 (les deux autres valent environ 9:6). Le centre de gravite du bloc (a; b), de coordonnees (4:5; 0)
est a une distance de c qui vaut 8:5, strictement a 9.
Par consequent, il se produit ce qu'on appelle une inversion dans la construction de la
hierarchie : le resultat n'est pas une hierarchie indicee monotone.
15.1.5 L'indice de Ward
Pour tenir compte de la variance des classes et pour eviter l'eet de cha^ne dans la classi-
cation, Ward [Sim85] a propose d'utiliser l'indice suivant, donne ici sous la forme de (( formules
de reactualisation )). Il fournit une hierarchie indicee monotone.
Nous sommes a l'etape courante de l'algorithme 15.1, nous avons choisi les deux blocs les plus
proches hi et hj et nous cherchons a calculer l'indice entre le nouveau bloc hi [ hj et un autre
bloc hk . Le nombre d'elements du bloc hi (respectivement : hj , hk ) vaut mi (respectivement :
mj , mk ).
D(hi [ hj ; hk ) = n n+k n+ n+i n D(hi ; hk ) + n n+k n+ n+j n D(hj ; hk ) ; n n+i + nj D(h ; h )
i j
k i j k i j k ni + nj
458 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Combien y a-t-il reellement de classes dans les donnees? En classication hierarchique, ce
nombre semble dependre de l'observateur des donnees, puisque celui-ci doit selectionner une
valeur de coupure. Il est cependant possible de trouver des criteres permettant une determination
automatique de cette valeur.
Certaines heuristiques simples peuvent ^etre appliquees en observant uniquement la suite des
valeurs de l'indice. En general, on prefere utiliser une mesure qui tient compte de la variance
des donnees dans chaque classe. Notons ij , le symbole de Kronecker, qui vaut 1 quand i = j et
0 sinon, C le nombre de classes et j le centre de gravite de la classe j . On denit la quantite
suivante : X X j
T= 1 m j=1;C jx ; j2
i i j
i=1;m
T vaut donc 1 fois la somme sur toutes les classes de la distance de tous les points de cette
m
classe au centre de gravite de cette classe. On appelle souvent T la somme des variances intra
classes.
On peut demontrer que T diminue quand le nombre de classes C augmente, donc que cette
valeur varie en sens inverse de l'indice de la hierarchie.
Une comparaison faite entre diverses heuristiques [MC85] semble indiquer qu'une bonne
valeur de compromis pour l'indice est celle qui maximise la quantite :
1 m;C (15.1)
T C;1
Il existe aussi des criteres statistiques non parametriques, comme celui propose par Lerman
([Ler81]), et d'autres formules dans le m^eme esprit que celle proposee ci-dessus, comme celle de
Akaike et Schwarz ([JW98]).
2 4 5 B2 B61
A2 A1
1 1 2 3
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0
0 1 2 3 4 5
Fig. 15.3 { Un ensemble de points a partitionner a deux classes et le resultat de la methode des
2-moyennes en partant des points 5 et 6.
Une premiere phase va allouer les six points aux deux classes sur le critere suivant : ceux
qui sont plus pres (au sens de la distance euclidienne) du point 5 que du point 6 sont dans la
premiere classe, les autres dans la seconde. La premiere classe est donc pour le moment le bloc
(1; 2; 3; 4; 5) et la seconde le bloc (6). La seconde phase consiste a calculer le centre de gravite de
ces deux classes. Le premier, appele A1 a pour coordonnees (1:6; 2:4), le second, B1 est le point
6, aux coordonnees (5; 2).
On recommence les deux phases : les six points sont alloues aux deux classes en fonction de
A1 et de B1. On obtient les blocs (1; 2; 3; 4) et (5; 6). Les centres de gravite de ces deux blocs
sont A2 et B2 , aux coordonnees (2:25; 1:25) et (4:5; 2).
Une nouvelle passe ne change plus la partition : l'algorithme a converge.
Il est interessant de calculer une qualite globale de la classication. Generalement, on utilise
ici aussi T , la somme des variances intra classes. Les valeurs successives de ce critere sur les
partitions obtenues sont les suivantes :
(1,2,3,4,5), (6) 6.4
(1,2,3,4), (5,6) 4.0
On peut montrer que l'algorithme des k-moyennes fait en eet diminuer la valeur T , mais rien
n'assure que le mimimum global soit atteint : la convergence peut en eet mener a un minimum
local.
Si on initialise l'algorithme avec les points 2 et 5, la convergence vers la partition (1; 2; 3); (4; 5; 6)
est realisee d'entree pour la valeur T = 3:3 du critere. La premiere initialisation, avec les points
5 et 6, converge donc vers un minimum local.
L'algorithme des k-moyennes est un cas particulier des algorithmes de classication par
allocation-recentrage. La phase d'allocation est ici le calcul des classes a partir des centres de
gravite provisoires, et la phase de recentrage le calcul des nouveaux centres de gravite des classes
que l'on vient d'etablir. Cette technique peut se voir de maniere encore plus generale comme
une application particuliere de l'algorithme EM , qui sera aborde au paragraphe suivant.
Il existe une grande variete d'algorithmes du type k-moyennes, permettant en particulier de
460 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
faire na^tre et mourir des classes au cours des calculs, ce qui donne de la souplesse a la methode :
son inconvenient evident est en eet que l'utilisateur doit donner au depart le nombre de classes,
ce qui n'est pas tres realiste.
Il est aussi possible de choisir le nombre de classes en faisant plusieurs essais avec des valeurs
dierentes et en calculant pour chacune une valeur du type de celle proposee pour les methodes
hierarchiques a l'equation 15.1.
15.2.2 L'estimation d'une somme ponderee de distributions gaussiennes
On peut faire une analogie raisonnee entre la methode des k-moyennes et la technique non
parametrique du plus proche voisin (chapitre 14, paragraphe 14.3.3). De m^eme, il est possible
de faire des hypotheses parametriques sur la distribution des objets. Souvent, on considere
qu'ils sont des tirages i.i.d. d'une distribution multigaussienne, encore appelee un melange de
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gaussiennes (de lois normales) (mixture of normal distributions model), c'est-a-dire une somme
ponderee de gaussiennes de moyennes et de matrices de covariance inconnues. En pratique, cela
revient a supposer que chaque classe est une gaussienne avec ses caracteristiques particulieres
et une probabilite a priori plus ou moins forte 5 .
Nous avons donne au chapitre 14 la formule d'une distribution gaussienne dans IRd . Nous la
rappellons ici en notant p (N (; Q)) la densite de cette distribution, avec sa moyenne et Q sa
matrice de covariance.
j Q j ;1=2 1
p (N (; Q)) = exp ; (x ; ) Q (x ; )
(2)d=2
T ;
2
1 (15.2)
et de 0.43 a la seconde. Les distributions sont representees par les ellipses en pointilles, qui
correspondent aux valeurs suivantes : 0:097 ;0:005
; b
b 1 = 1:043 1:018 Q1 = ;0:005 ;0:093
T
b T2 = ;0:792 0:808 Qb2 = 00::025 0:002
002 0:019
La matrice de confusion de la classication des donnees initiales est la suivante ; elle donne une
erreur de 27 % :
classe 1 classe 2
classe 1 199 88
classe 2 19 294
1.8 1.8
1.6 1.6
1.4 1.4
1.2 1.2
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8
Sur la gure de droite, l'algorithme des 2-moyennes separe les points en deux classes. La surface
separatrice est la droite mediatrice des centres de gravite des classes trouvees (en pointille). La
462 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
matrice de confusion de la classication des donnees initiales est la suivante (ce qui donne une
erreur de 34 %):
classe 1 classe 2
classe 1 162 125
classe 2 10 308
exemple objet est un vecteur de IBd compose de d bits. Quelles mesures de distance peut-on
proposer dans une telle representation?
La distance la plus simple est celle de Hamming qui mesure le nombre de bits dierents
entre deux objets, divise par d. Sa valeur est donc toujours comprise entre 0 et 1. Mais on peut
proposer d'autres mesures qui ne verient pas forcement les proprietes de la distance 6 . Soient
deux objets x et y de IBd . Notons :
a le nombre d'attributs qui sont V RAI pour x et y ;
b le nombre de ceux qui sont V RAI pour x et FAUX pour y ;
c le nombre de ceux qui sont FAUX pour x et V RAI pour y ;
d le nombre d'attributs qui sont FAUX pour x et y.
Les mesures de dissimilarite suivantes entre x et y sont classiques :
Il est dicile d'appliquer l'algorithme non hierarchique des k-moyennes a des donnees bi-
naires, car il fait appel a la notion de centre de gravite a priori intraduisible dans IBd . Certains
auteurs ont propose des techniques empiriques pour contourner la situation. Nous en verrons
6. Rappellons la denition d'une distance, donnee en 3.2 : Une distance sur un espace E E est une application
de E E dans IR+ si et seulement si elle verie les proprietes :
(x; y) = 0 () x = y ;
8 x; y 2 ; (x; y) = (y; x) (symetrie) ;
8x; y; z 2 (x; y) (x; z) + (z; y) (inegalite triangulaire).
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 463
un exemple au paragraphe suivant (dans le cas de la representation attribut-valeur) qui peut
s'appliquer en particulier a celui de la logique des propositions.
En revanche, les algorithmes hierarchiques peuvent toujours s'appliquer, a condition de savoir
calculer un indice ultrametrique entre deux ensembles d'objets binaires. Les indices du lien
simple, de Ward et de Lerman, sont en particulier calculables, car ils ne font pas appel au centre
de gravite des ensembles. Nous verrons aussi au chapitre 17 que l'on ne peut pas mesurer la
ressemblance entre deux objets binaires avec le nombre de propositions logiques qui ne valent
par exemple V RAI sur les deux que si on limite volontairement l'ensemble des propositions
disponibles par un biais (par exemple, si on decide de n'y mettre que les conjonctions).
15.3.2 Les attributs nominaux : la representation attribut-valeur
Dans le cas ou les attributs sont categoriels (nominaux), un grand nombre de methodes
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hierarchiques ont ete proposees. Elles sont fondees sur le calcul d'une distance entre objets
categoriels, puis sur son extension a un indice ultrametrique. Prenons l'exemple suivant. Un
oiseau est deni par trois attributs :
le fait que son bec soit aplati ou non ;
sa taille qui peut prendre trois valeurs : petite, moyenne ou grande ;
la couleur de son cou qui peut prendre quatre valeurs roux, orange, gris ou noir.
Soient deux oiseaux denis par :
aplati taille couleur nom
x1 V RAI moyenne roux nette rousse
x2 FAUX moyenne noir corneille noire
On peut par exemple generaliser la distance de Hamming par le calcul suivant 7 :
(x1 ; x2 ) = 1 ; (1 + 0 + 3) = 1 ; 13 (2 12 + 3 03 + 4 41 ) = 31
Cette formule peut aussi ^etre remplacee par la suivante, qui considere que aplati = V RAI
et aplati = FAUX sont en quelque sorte deux fois moins dierents que couleur = roux et
couleur = noir, puisqu'il y a deux modalites pour la premiere variable et quatre pour la seconde :
(x1 ; x2 ) = 1 ; 31 ( 12 + 03 + 41 ) = 13 = 0:25
Cette derniere expression varie entre 0 et 13 ( 12 + 13 + 14 ) = 0:36, mais il est facile de la ramener
entre 0 et 1 si necessaire.
Il est interessant de noter qu'un certain nombre de methodes fondees sur les concepts de
l'espace des versions (voir le chapitre 4) ont ete proposees pour construire des classications non
hierarchiques. On a remarque plus haut que la methode des k-moyennes n'est pas applicable,
car la notion de centre de gravite n'existe plus. Mais il est possible de construire des algorithmes
analogues comme CLUSTER=2 ([MS83]) dont l'algorithme est schematiquement donne en 15.2.
Un certain nombre de commentaires sont necessaires pour preciser cet algorithme.
Le choix des amorces n'est fait au hasard que la premiere fois. Quand la partition trouvee
est meilleure que la meilleure partition courante, on cherche a l'ameliorer encore en choisis-
sant des objets (( au centre )) de chaque bloc. Sinon, on cherche a la corriger en choisissant
des objets (( au bord )) de chaque bloc.
7. Nous ne donnons pas la formule generale, qui n'ajoute rien a la comprehension.
464 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Algorithme 15.2 Un algorithme de classication non hierarchique pour donnees
symboliques
Fixer le nombre de classes : k.
tant que Le test de n n'est pas satisfait faire
Choisir k objets amorces.
pour chaque amorce faire
Apprendre un ensemble de concepts
discriminants vis-a-vis des autres amorces.
n pour
Modier les concepts pour en deduire
un ensemble de partitions sur les objets
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Choisir la meilleure
n tant que
La qualite d'une partition est evaluee par un melange de criteres parmi lesquels on peut
citer :
1. l'adequation d'un concept, c'est-a-dire le nombre d'objets qu'il peut couvrir par rap-
port au nombre d'objets qu'il couvre dans l'ensemble a classer ;
2. la simplicite d'un concept, que l'on peut mesurer par le nombre d'attributs qui y sont
presents ;
3. l'intersection des concepts : elle est nulle dans l'ensemble des objets a classer, mais
peut se mesurer dans l'absolu.
4. etc.
15.3.3 Les donnees logiques
Que devient l'apprentissage non supervise dans des donnees decrites par des structures sym-
boliques complexes comme les formules de la logique des predicats ou les arbres? Ce sujet est
dicile, puisque la notion de distance ou de similarite dans ces espaces de representation n'est
pas naturelle. Pourtant, il est la cle du developpement de l'ECD pour la decouverte de concepts
evolues.
Il existe un certain nombre de travaux de conceptualisation et de realisation dans ce domaine.
Il faudrait introduire de nouveaux concepts et de nouvelles denitions pour aborder le sujet,
m^eme rapidement. Nous preferons donc ici renvoyer le lecteur a l'article de synthese de G. Bisson
dans [DKBM00] sur la notion de similarite dans les domaines statistiques et symboliques. C'est
une excellente mise en lumiere des problemes et des solutions actuelles.
X1 = PR
et on le calcule sur les exemples. Dans le cas ou les deux variables varient en sens inverse,
on cree leur produit.
Creation d'un nouvel attribut X2 . Sur les trois variables P , R et X1 , on applique le m^eme
argument qu'aux deux etapes precedentes. Apres avoir verie qu'il n'existe pas de relation
lineaire entre les trois variables et constate que R et X1 varient en sens inverse, on cree la
variable :
2
X2 = RX1 = RP
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Ici intervient evidemment un elagage dans le graphe que l'on est en train de developper :
on aurait pu creer et evaluer la linearite de la variable R:P=P , mais un calcul formel simple
montre qu'il est inutile de calculer sa valeur sur les donnees, puisqu'elle est egale a P .
Creation d'un nouvel attribut X3 et conclusion. En continuant ce procede avec quatre variables,
on constate que X2 et X1 varient en sens inverse. On va donc creer :
X3 = X2 :X1 = R3 =P 2
qui prend une valeur quasiment constante (egale a c) sur l'ensemble des donnees. On peut
donc considerer avoir decouvert la loi de Kepler P 2 = c:R3 .
i X (i) Y (i) @Y @ 2 Y
@X @X 2
1 1 6
2 3 34 4
3 6 121 29 3
4 10 321 50 3
5 15 706 77 3
On a en eet par exemple, pour la troisieme ligne :
@Y ' Y (3) ; Y (2) = (121 ; 34)=(6 ; 3) = 29
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@X X (3) ; X (2)
Dans cet exemple, on constate que la derivee seconde de Y par rapport a X est constante
sur les donnees et egale a 3. On en deduit l'existence de la loi :
Y = 3X 2 + bX + c
Les valeurs des constantes b et c peuvent ^etre obtenues a partir des exemples en calculant la
variable auxiliaire :
X1 = Y ; 3X 2
puis en cherchant par regression la relation lineaire qui lie X1 a X .
15.4.3.2 Lois trigonometriques
Pour augmenter le domaine de decouverte, on peut aussi introduire les operateurs trigo-
nometriques, souvent utiles dans l'expression de lois regissant des constantes physiques.
15.4.4 Traitement des donnees bruitees
15.4.4.1 Le probleme
Tout systeme du type de BACON doit trouver un reglage entre des possibilites contradic-
toires : si on admet par hypothese que les donnees ne sont pas ou presque pas bruitees, il est
possible d'introduire un assez grand nombre d'operations elementaires de decouverte, comme
celles donnees ci-dessus. En eet, seule une petite fraction des lois qu'il est possible de calculer
en combinant ces operations satisfairont assez exactement les exemples ; en revanche, si on veut
tolerer plus de bruit, il faut laisser moins de possibilites combinatoires.
15.4.4.2 Exemple
L'exemple suivant illustre ce dilemme ; supposons avoir a notre disposition l'ensemble des
possibilites de calcul evoquees et les donnees :
X Y
0 0
2 0.3491
4 0.6981
6 1.0472
468 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Un grand nombre de lois peut ^etre decouvert si on tolere ne serait-ce que 1 % de variation sur
les valeurs de X et de Y . Par exemple la simple droite :
Y = 0:175 X
est une loi correcte de ce point de vue, car tous les exemples la verient pour des valeurs
comprises entre 99 % et 101 % de celles donnees dans la table. On pourrait ainsi trouver un
grand nombre d'exemples. Celui-ci maximise un critere de simplicite.
En revanche, si on suppose les valeurs d'apprentissage exactes a 10; 6, seules deux lois seront
decouvertes :
Y = 100 sin(X=100)
(c'est a partir de celle-ci que le tableau des donnees a ete calcule) et :
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Y = X 3 + X 2 +
X
avec : = ;0:001504, = 0:006325 et
= 0:336
On peut en eet faire passer exactement un polyn^ome de degre p par p+1 points ; d'autre part,
BACON s'arr^ete des qu'il a trouve une loi le satisfaisant et procede par puissances croissantes
dans la decouverte des polyn^omes : il ne cherchera donc pas dans ce cas dans les degres superieurs
a 4 en X .
15.4.4.3 Heuristiques
Diverses techniques peuvent ^etre employees pour traiter ce probleme. Outre des considera-
tions purement numeriques (calcul des intervalles d'erreur sur les variables intermediaires creees
par le programme, estimation de la variance du bruit dans les donnees en fonction des lois
decouvertes), BACON privilegie, selon son principe de base, la simplicite. Ainsi, a mesure d'er-
reur egale sur les exemples, une loi comportant moins de termes qu'une autre sera consideree
comme meilleure.
15.4.5 Decouverte de lois avec plus de deux variables
Nous n'avons parle juqu'ici que de la decouverte de lois liant deux variables. Comment
etendre la recherche au cas de formules plus complexes, comme pour decouvrir la loi des gaz
parfaits
PV = kN (T ; 273)
avec P la pression d'une certaine quantite de gaz, V son volume, T sa temperature en degres
Celsius et N la quantite de gaz (en moles)?
Idealement, BACON fonctionne alors comme suit : il xe N a (disons) 1, T a (disons) 10 et
examine les variations des valeurs des deux variables restantes P et V pour les donnees ou N et
T valent 1 et 10.
Supposons donc que, parmi tous ceux dont on dispose, les exemples pour lesquels on a les
contraintes N = 1 et T = 10 soient les suivants :
N T P V
1 10 1000 2.36
1 10 2000 1.18
1 10 3000 0.78
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 469
Le module elementaire de decouverte decrit plus haut produira la loi :
V ;1 = 4:25 10;4 :P
La variable intermediaire X1 est creee ; elle vaut 4:25 10;4 pour les trois exemples cites. On la
calcule sur les autres exemples de la base de donnees, ce qui permet par exemple de constater
qu'elle n'est pas constante : sa valeur restera alors pour le moment indeterminee pour ces autres
exemples.
Ensuite, N est conserve a 1, mais la valeur de T est changee a (disons) 20, ce qui permet
d'examiner d'autres exemples :
N T P V
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1 20 1000 2.44
1 20 2000 1.22
1 20 3000 0.81
Une loi lineaire est egalement decouverte, mais la valeur de X1 sera 4:1:10;4 sur les trois exemples
ci-dessus.
De m^eme, pour N = 1 et T = 30, toujours en supposant la base de donnees assez complete,
on pourra trouver des exemples permettant d'armer la loi lineaire :
V ;1 = 3:96 10;4 P
ce qui permettra de completer les valeurs de X1 .
Ceci fait, le programme va chercher une loi liant X1 et les autres variables partout ou la
premiere a ete calculee. Il trouvera la relation lineaire :
1=X1 = 8:32 T + 2271
Ceci permet de denir les variables X2 et X3 , dont les valeurs 8:32 et 2271 sont rajoutees sur
les exemples examines, et sur eux seuls.
Le programme passe ensuite a N = 2 en procedant de la m^eme maniere. Il va induire la
relation
1=X1 = 16:64 T + 4542
et stocker de m^eme a leur place les deux nouvelles valeurs de X2 et X3 ainsi trouvees. De m^eme,
pour N = 3, il ajoutera les valeurs 24:96 et 6814 aux exemples concernes.
On a alors assez calcule de donnees pour chercher une relation entre X2 , X3 et les variables
de depart. On trouve ainsi :
X2 = 8:32 N et X3 = 2271 N
Les variables X4 et X5 , valant 8:32 et 2271 sur tous les exemples examines sont alors creees. Leur
calcul sur l'ensemble des autres exemples montre cette fois que ce sont en fait des constantes.
Selon son principe general de fonctionnement, BACON remonte alors la suite des variables
intermediaires pour ecrire la loi cherchee.
En suivant ce principe, le nombre d'exemples et la taille de l'espace de recherche croissent
exponentiellement avec le nombre de variables ; de plus, l'algorithme doit eectuer des choix
sur les valeurs pertinentes des variables. Ce dernier point peut ^etre resolu soit a l'examen de
l'ensemble des exemples, soit par un \oracle\ supplementaire aux seules donnees d'apprentissage.
470 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
sociation. Le probleme que resoud l'algorithme (( A Priori )) est de trouver tous les itemsets
frequents, c'est-a-dire ceux qui ont une couverture plus grande que MinCouv.
L'inter^et d'utiliser la notion de couverture des itemsets est double.
D'une part, cela permet de prevoir tout un groupe d'associations a couverture impor-
tante. Considerons par exemple l'itemset compose de l'intersection des quatre champs
fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g. Si cette intersection est frequente, alors toutes les regles d'association as-
sociees a ce quadruplet ont une couverture frequente. Par exemple, x1 ^ x2 ) x3 ^ x4 ,
x1 ) x2 ^ x3 ^ x4, x1 ^ x2 ^ x3 ) x4 , x1 ^ x4 ) x3 ^ x2 , : : : sont toutes des regles d'asso-
ciation frequentes parce que, par denition, leur couverture est celle de fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g.
D'autre part, l'utilisation du fait que l'intersection de deux itemsets a une couverture
inferieure ou egale a celle de chacun d'eux permet la construction d'algorithmes rapides,
comme (( A Priori )), pour trouver tous les itemsets frequents.
Algorithme 15.3 Algorithme A Priori
Creer L1 , l'ensemble des 1-itemsets frequents par une consultation de la base de donnees.
tant que le test d'arr^et n'est pas satisfait faire
E tape 1 Utiliser Lk;1 pour produire Ck contenant les k-itemsets candidats.
NB. : Ceci se fait sans consulter la base de donnees.
E tape 2 Ne conserver que les itemsets de Ck qui sont frequents : ils constituent Lk .
NB. : Ceci demande une consultation de la base de donnees.
n tant que
Exemple
Soit (fx1 ; x2 ; x3 g; sx1 x2 x3 ) le 3-itemset compose des champs x1 , x2 et x3 , de couverture
sx1 x2 x3 = 0:3. A la troisieme etape du traitement de notre exemple, on a :
L3 = f (fx1 ; x2 ; x3 g; sx1 x2x3 );
(fx1 ; x2 ; x4 g; sx1 x2 x4 );
(fx1 ; x3 ; x4 g; sx1 x3 x4 );
(fx1 ; x3 ; x5 g; sx1 x3 x5 );
(fx2 ; x3 ; x4 g; sx2 x3 x4 ) g
Il faut alors en principe creer les ensembles pouvant ^etre construits a partir de L3 pour construire
C4 .
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 473
C4 = f(fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g; 0:3); (fx1 ; x3 ; x4 ; x5 g; 0:2); :::g
En realite, la construction de tous ces itemsets n'est pas necessaire : comme fx1 ; x4 ; x5 g n'est
pas dans L3 , fx1 ; x3 ; x4 ; x5 g n'a pas a ^etre examine.
Dans notre exemple, seuls les sous-ensembles de fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g sont frequents. fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g
est donc le seul candidat possible a former C4 .
On aura donc : C4 = f (fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g; sx1 x2 x3 x4 ) g.
Comme sx1 x2 x3 x4 = 3 alors L4 = f (fx1 ; x2 ; x3 ; x4 g; 3) g si MinCouv 3 sinon L4 est vide
et le processus s'arr^ete.
15.5.3 Decouverte de suites temporelles dans les donnees
15.5.3.1 Representation des connaissances et denition du probleme
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Exemple [AMS+95].
Soit la base de donnees :
e1 h(1; 5); (2); (3); (4)i
e2 h(1); (3); (4); (3; 5)i
e3 h(1); (2); (3); (4)i
e4 h(1); (3); (5)i
e5 h(4); (5)i
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 475
Posons qu'une suite est frequente si sa couverture est superieure ou egale a 2.
1-suite couv. 2-suite couv. 3-suite couv. 4-suite couv. max. suite couv.
h1i 4 h12i 2 h123i 2 h1234i 2 h1234i 2
h2i 2 h13i 4 h124i 2 h1345i 1 h135i 2
h3i 4 h14i 3 h134i 3 h45i 2
h4i 4 h15i 3 h135i 2
h5i 4 h23i 2 h145i 1
h24i 2 h234i 2
h25i 0 h235i 0
h34i 3 h245i 0
h35i 2 h345i 1
h45i 2
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Par exemple, on ne teste pas la suite h125i puisque h25i n'est pas frequente. La suite h135i
est la seule suite de longueur 3 qui soit frequente et non contenue dans h1234i.
15.5.3.3 Generalisation de la notion de suite (( contenue dans une autre suite )) en
fonction des connaissances du domaine
La notion de base est celle de l'inclusion (denition 15.7). Cette notion va ^etre generalisee
selon le type des connaissances introduites.
Suite contenue dans une autre en presence d'une taxonomie de generalite
Denition 15.9
Soit T une taxonomie de generalite 10 . Un enregistrement contient un item x si x est dans T ou
si un anc^etre de x est dans T . Un enregistrement contient un itemset y si tout item de y est
contenu dans T .
La denition de l'inclusion peut alors ^etre modiee pour prendre en compte cette nouvelle
notion de contenance :
Denition 15.10
On dira que la suite S1 = ha1 ; :::; an i est incluse dans la suite S2 = hb1 ; :::; bm i, m n, s'il existe
une suite d'entiers i1 < i2 ::: < in telle que a1 bi1 ; a2 bi2 ; :::; an bi2 , ou maintenant
signie (( contenu dans )) comme nous venons de le denir.
Exemple
Considerons les deux itemsets:
e1 = h(1); (2); (3; 4)i
e2 = h(1; 2); (5); (3)i
Cherchons les suites de couverture maximale communes aux deux enregistrements. On trouve
h(1)(3)i et h(2)(3)i.
Admettons alors que nous ayons la connaissance suivante :
A est le parent de 2, 4 et 5
B est le parent de 1 et 3.
En introduisant les relations de parente dans les itemsets, ils deviennent :
e1 = h(1; B ); (2; A); (3; B; 4; A)i,
10. Voir le chapitre 3 et le chapitre 11
476 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Suite contenue dans une autre avec une fen^etre d'identite temporelle
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Deux evenements sont consideres comme simultanes s'ils arrivent dans une fen^etre de temps
donnee, c'est-a-dire que leur distance temporelle est inferieure a un laps de temps xe d'avance.
La denition est alors presque la m^eme que la precedente, avec une nouvelle notion d'inclusion.
Denition 15.11
On dira que la suite S1 = ha1 ; :::; an i est incluse dans la suite S2 = hb1 ; :::; bm i, m n, s'il existe
une suite d'entiers i1 u1 i2 u2 ::: in un telle que pour chaque paire buj bij telle que
temps(buj ; bij ) fen^etre; aj est incluse dans l'union des bk pour k compris entre i ; j et uj .
Intuitivement, cela signie que l'on transforme la suite des enregistrements en ajoutant les
enregistrements obtenus en reunissant en un seul tous ceux qui arrivent dans la fen^etre tempo-
relle.
Exemple
Considerons les deux itemsets precedents auxquels on rajoute la connaissance temporelle en
indice (en jours) comme suit (cela revient a conserver les (( data-sequences ))) :
e1 = h(1)t=1 ; (2)t=2 ; (3; 4)t=15 i
e2 = h(1; 2)t=1 ; (5)t=20 ; (3)t=50 i
Supposons que nous mettions une fen^etre temporelle de sept jours. Alors les donnees de-
viennent :
e1 = h(1); (2); (1; 2); (3; 4)i
e2 = h(1; 2); (5); (3)i
On obtient donc les suites frequentes:
h(1)(3)i, h(2)(3)i et h(1; 2)(3)i.
8k > 1; temps(bik ; bik;1 ) max-interv par celle-ci : 8k > 1; temps(buk ; bik;1 ) max-interv.
15.5.3.4 Generation de k-suites frequentes a partir de (k ; 1)-suites frequentes
Denition: suites contigues
Considerons l'exemple de la suite S2 = h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i. La suite ha1 ; :::; an i est contigue a
la suite S2 = hb1 ; :::; bm i, n m si au moins l'une des trois conditions suivantes est veriee :
1. S1 est derivee de S2 en enlevant un item soit de b1 , soit de bm .
Par exemple, sont derivees par cette regle de S2 = h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i les suites :
h(1); (3; 4); (5); (6)i, h(2); (3; 4); (5); (6)i et h(1; 2); (3; 4); (5)i.
2. S1 est derivee de S2 en enlevant un item d'un quelconque bi , a condition que bi contienne
au moins deux items.
Par exemple, sont derivees par cette regle de S2 = h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i les suites :
h(1); (3; 4); (5); (6)i, h(2); (3; 4); (5); (6)i, h(1; 2); (3); (5); (6)i, h(1; 2); (4); (5); (6)i
En combinant les deux, on peut deriver les suites h(1); (3); (5); (6)i, h(1); (4); (5); (6)i,
h(2); (3); (5); (6)i, h(2); (4); (5); (6)i, etc.
3. S1 est contigue a S10 et S10 est contigue a S2 . Par exemple, h(3; 4); (5); (6)i est contigue a
h(1); (3; 4); (5); (6)i, laquelle est contigue a h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i. En combinant a nouveau
sur h(1); (3; 4); (5)i, on obtient h(4); (5)i qui est donc contigue a h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i.
Inversement, h(1; 2); (3; 4); (6)i ne peut ^etre obtenue qu'en eliminant un element ne conte-
nant qu'un item non place en bout de cha^ne, donc elle n'est pas contigue a h(1; 2); (3; 4); (5); (6)i.
Intuitivement, on obtient l'ensemble des sous-suites contigues d'une suite S en la (( vidant )) de
la facon suivante :
soit en enlevant un item aux elements de S qui contiennent plus d'un item,
soit en enlevant le premier ou le dernier element s'ils ne contiennent qu'un seul item.
On va donc eliminer les elements non centraux les uns apres les autres. Il y a bien s^ur de
nombreuses facons d'eectuer cette operation.
Exemple
Jointure de deux suites
Les suites S1 et S2 peuvent se joindre quand la suite obtenue en eliminant le premier element
de S1 est la m^eme que la suite obtenue en eliminant le dernier element de S2 .
Par exemple, h(1; 2); (3; 4); (5)i et h(2); (3; 4); (5; 6)i peuvent se joindre. Leur jointure est
h(1; 2); (3; 4); (5; 6)i.
Noter que la jointure de h(1; 2); (3; 4)i et h(2); (3; 4); (5)i est h(1; 2); (3; 4); (5)i.
478 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
h(2; 3)(4; 5); (7)i h(1; 2; 3)(4); (7)i h(1; 2; 3)(4; 5)i
h(5); (7)i
h(5)ih(7)i
h(5)i h(7)i
hi
Dans le cas des 1-suites, on engendre ainsi deux jointures. Par exemple, en joignant les
1-suites h(1)i et h(2)i, on doit introduire les 2-suites h(1); (2)i et h(1; 2)i qui toutes les deux
redonnent une des listes de depart en enlevant soit le premier soit le deuxieme element.
On notera que les k ; 1-suites de depart sont contigues aux k-suites d'arrivee.
On elimine alors des suites ainsi obtenues celles qui ont au moins une sous-suite contigue qui
n'a pas la couverture minimale.
Theoreme 15.1
Cette procedure (a partir des k ; 1-suites respectant la contrainte sur max-interv) engendre
un ensemble de k-suites qui contient l'ensemble de toutes les k-suites frequentes (respectant la
contrainte sur max-interv).
Ce theoreme se demontre en passant par le lemme suivant :
Theoreme 15.2
Soit D une suite indicee par le temps qui contient une sous-suite S (non indexee par le temps
mais satisfaisant la contrainte max-interv). Toutes les sous-suites contigues de S satisfont cette
m^eme contrainte.
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 479
En eet, si S satisfait la contrainte, cela signie que la distance temporelle entre chacun de
ces elements est inferieure a max-interv. Alors, si on enleve un element central a S, on peut
introduire un nouvel intervalle de temps superieur a max-interv.
Exemple sur une suite indicee.
La suite h(1)t=1 ; (2)t=10 ; (3; 4)t=15 i satisfait la contrainte max ; interv = 10, alors que la
sous-suite h(1)t=1 ; (3; 4)t=15 i ne la satisfait pas. Cette operation d'enlever un element central est
justement interdite quand on engendre des sous-suites contigues. Quand on enleve un element
en t^ete ou en queue de suite, on supprime un intervalle de temps sans modier les autres.
La suite h(1)t=1 ; (2)t=10 ; (3; 4)t=15 i satisfait la contrainte max ; interv = 10 et les sous-
suites h(2)t =t=10 ; (3; 4)t=10 i et h(1)t=1 ; (2)t=10 ; (3)t=15 i la satisfont aussi, ainsi que toutes les
sous-suites contigues: h(2)t=10 ; (3)t=15 i, h(2)t=10 ; (4)t=15 i, h(1)t=1 ; (2)t=10 i.
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Les sous-suites contenant un seul element satisfont trivialement la contrainte sur max ;
interv. Le theoreme devient alors facile a demontrer. En eet, la phase de jointure ne peut
engendrer que des sequences respectant la contrainte max ; interv.
Exemple
Quel que soit max-interv, si les suites h(1)t=1 ; (2)t=10 ; (3; 4)t=15 i et h(2)t=10 ; (3; 4)t=15 ; (6)t=25 i
satisfont a la contrainte, alors la suite jointe h(1)t=1 ; (2)t=10 ; (3; 4)t=15 ; (6)t=25 i satisfait triviale-
ment la contrainte. Du fait que la phase d'elimination ne cree que des sous-suites contigues, le
lemme montre que toutes les sous-suites ainsi creees respectent la contrainte.
Ces deux descriptions sont independantes et pourtant les mots qui composent les hyperliens
d'une page donnee sont d'une certaine facon une bonne description de cette page 12 .
Notons d'une maniere generale ces deux ensembles d'attributs independants X1 et X2 et
notons Ssup la partie supervisee de l'ensemble d'apprentissage et Snonsup la partie non supervisee.
La technique dite de coapprentissage (co-training) se deroule comme indique dans l'algorithme
15.4. Elle y est decrite pour l'apprentissage d'un concept (deux classes), mais son extension est
immediate. Le cur de la methode repose sur le choix des exemples en nombre p1 + n1 + p2 + n2
Algorithme 15.4 Algorithme de coapprentissage
tant que la convergence n'est pas realisee faire
Apprendre un classicateur A sur Ssup
Apprendre un classicateur B sur Ssup
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que l'on rajoute a chaque etape a Ssup. Il faut pour les choisir classer par A et B tout l'ensemble
Snonsup. On retient alors les p1 exemples pour lesquels A est (( le plus s^ur )) qu'ils sont positifs.
De m^eme pour les n1 negatifs : ce sont ceux pour lesquels la decision de A est la plus s^ure.
C'est egalement ainsi que p2 et n2 autres exemples sont selectionnes par B . Un algorithme de
classication peut en eet avoir une mesure naturelle de (( s^urete )) : par exemple une probabilite,
dans le cas d'une classication bayesienne, une distance a l'hyperplan appris dans le cas d'une
decision lineaire, etc.
La justication empirique de cette methode peut se faire ainsi : si le classicateur A trouve
dans les donnees non supervisees un exemple tres proche d'un des ses exemples d'apprentissage, il
a de bonnes chances de le classer correctement. Mais cela ne signie en rien que le classicateur B
l'aurait classe correctement, puisque les jeux d'attributs X1 et X2 sont independants : ^etre proches
dans le premier espace n'implique pas que l'on soit proches dans le second. Par consequent, A a
ajoute a Ssup un exemple supervise qui va apporter de l'information a B .
Les experiences montrent que cette technique est ecace 13 . Son analyse theorique dans le
cadre PAC prouve sa convergence sous certaines conditions. Cette methode possede aussi des
liens statistiques avec les methodes de reechantillonnage (voir le chapitre 11). En pratique, il
est important de noter que l'independance eective des deux jeux d'attributs est determinante
pour son succes.
15.6.2 L'utilisation de l'algorithme EM
D'une maniere generale, comment utiliser la partie supervisee Ssup des exemples pour etiqueter
Snonsup, la partie non supervisee? Nous allons decrire une procedure fondee sur l'algorithme EM ,
12. Les resultats experimentaux montrent que la classication obtenue sur ces seuls attributs sont presque equivalents
aux precedents sur la m^eme t^ache
13. Le m^eme concept appris sur un ensemble de deux cent cinquante pages etiquete par co-apprentissage (dont douze
etaient etiquetes au debut) classe un ensemble de test independant en moyenne avec 95 % de succes. Les attributs
sont maintenant l'union des ensembles X1 et X2 ([BM98]).
Chapitre 15 La classication non supervisee et la decouverte automatique 481
qui a ete instanciee sur un certain nombre d'applications diverses. Rappellons que l'algorithme
EM , dont l'annexe 18.9 donne une descrition, a deja ete presente comme utile pour l'appren-
tissage des Hmm (chapitre 13) et pour l'estimation des parametres des melanges de distribution
gaussiennes, au paragraphe 15.2.2 de ce m^eme chapitre.
Pour simplier, placons-nous dans le cas de deux classes, ce qui n'est en aucune facon limitatif
et donnons une version informelle du deroulement de cette methode.
Il faut d'abord disposer d'un algorithme d'apprentissage fonde sur l'estimation de parametres
d'un modele statistique. Typiquement, cet algorithme suppose par exemple que la distribution
a priori de chacune des classes est gaussienne : les parametres a estimer sont alors la moyenne
et la matrice de covariance de la distribution de chaque classe. Ce probleme a ete traite dans
le cas supervise au chapitre 14. Par consequent, une fois l'apprentissage par estimation des
parametres realise sur les donnees etiquetees Ssup , on peut calculer pour chacune des deux
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arbitraire et conjecturale. La raison en est fort simple : nous ne savons pas ce qu'est l'univers )).
Sur un plan operationnel, s'il ne s'agit que d'opposer les classes par leur nature gometrique
et statistique (et non pas de decouvrir leur nature cachee), les travaux remontent a Pearson
(1894). Les mesures statistiques et les algorithmes ont ete developpes en particulier dans le
cadre des sciences naturelles, mais aussi en reconnaissance de formes et en statistique appliquee.
Les besoins actuels de la fouille de donnees ont donne une nouvelle impulsion a ce domaine,
en particulier par l'introduction des techniques de decouverte des associations entre attributs
binaires, l'etude des melanges supervises et non supervises et l'invention du co apprentissage.
L'ouvrage de Jain et Dubes [JD88] est une somme theorique et pratique constamment citee en
classication automatique (( classique )). Mais les ouvrages en francais sont nombreux et re
etent
la vigueur de ce domaine en France : [Cel89], [Ler81], [Sap90], [Jam89], [Leb95].
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Resume
Il existe des methodes pour separer en classes un ensemble d'apprentissage non supervise.
Ces methodes peuvent induire une hierarchie de partitions sur l'ensemble ou une partition
avec un nombre donne de classes.
Ces methodes s'appliquent naturellement aux donnees numeriques, mais peuvent s'etendre
aux donnees binaires ou symboliques.
D'autres techniques permettent d'extraire des associations logiques entre les attributs.
Leur ranement autorise la prise en compte d'intervalles. temporels.
Il est possible d'etiqueter completement par co apprentissage des ensembles de donnees
non completement supervises.
Chapitre 16
L'apprentissage de re
exes par
renforcement
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L'un des problemes les plus fascinants en apprentissage est celui de l'adaptation en
ligne, par renforcement. Il est en eet omnipresent dans les systemes naturels, y
compris chez les plus simples organismes, et correspond a une large classe d'appli-
cations dans laquelle il n'est pas envisageable de fournir les informations detaillees
necessaires a l'apprentissage supervise. Dans sa forme la plus simple, cette situa-
tion d'apprentissage implique un systeme agissant dans le monde et soumis de ce
fait a une sequence de signaux correspondant aux etats successifs traverses par le
systeme. De temps en temps, un signal de renforcement positif ou negatif sanctionne
la sequence de decisions prises par le systeme. La t^ache du systeme est de cher-
cher une strategie de conduite, appelee (( politique )) dans ce contexte, qui maximise
l'esperance de renforcement dans les situations a venir. Cela passe generalement par
une estimation des esperances de renforcement soit en fonction des etats, soit en
fonction des actions du systeme dans le monde.
L'apprentissage par renforcement est dicile pour deux raisons principales. D'une
part, le signal de renforcement fourni en retour au systeme est tres pauvre, c'est
generalement juste un scalaire, et n'apporte donc que peu d'informations sur le monde
et sur les decisions a prendre. D'autre part, le delai qui separe le signal de renforce-
ment des decisions qui y ont conduit rend ardue l'attribution de merite ou de bl^ame
a chacune des decisions prises dans le passe.
Malgre ces dicultes, l'apprentissage par renforcement a suscite de nombreux tra-
vaux depuis plus de quarante ans en automatique et en apprentissage articiel. La
notion d'un systeme autonome interagissant directement avec l'environnement et ti-
rant de cette experience une connaissance du monde susante pour y (( survivre ))
et prosperer est en eet tres seduisante intellectuellement. Par ailleurs, elle a de
tres nombreuses applications potentielles dans les domaines du contr^ole de proces-
sus, de la navigation, de la conduite de robot, de l'apprentissage dans les jeux, de la
planication nanciere, etc.
484
n canard automatique, un programme, un robot peuvent-ils apprendre a se compor-
U ter dans un environnement inconnu, ou en tout cas dont ils ne percoivent l'existence
que par des reponses agreables ou desagreables a ses actions? On sait qu'un chien
se dresse par punition-recompense et que des animaux generalement juges moins
intelligents, comme les oies ou les corbeaux, sont capables de modier durablement leur com-
portement en fonction d'essais et de reponses du monde exterieur. Mais ce type d'apprentissage,
fondamental dans le monde animal, est-il modelisable et transposable pour des programmes?
Il semble desormais que la reponse soit positive, gr^ace aux techniques de l'apprentissage par
renforcement. Il est aujourd'hui possible d'imaginer un robot arrivant sur une planete incon-
nue ou il doit tout decouvrir : les eventuelles chausses-trappes, les endroits lui permettant de
recharger ses batteries, l'action de ses roues dans cet environnement inconnu. Son objectif est
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de survivre le mieux possible dans ce monde. Pour cela, il doit identier les dierents etats dans
lesquels il peut se trouver, apprendre a associer des eets a ses actions pour chaque etat possible
et decouvrir comment ce monde exterieur associe une reponse aux etats.
Dans cette situation d'apprentisage, l'espace des hypotheses est particulier puisqu'il s'agit
d'apprendre deux fonctions : l'une faisant passer d'etat en etat et l'autre faisant eectuer une
action a partir d'un etat, l'une et l'autre tenant compte de la recompense ou de la punition
associee par le monde exterieur. Il s'agit donc d'un probleme d'optimisation numerique, mais
dans lequel les techniques par exploration denies au chapitre 3 ne sont que de peu d'utilite.
Fig. 16.1 { Une replique realisee par Frederic Vidoni en 1998 du canard de J. de Vaucanson
(c. 1741). Musee des automates de Grenoble.
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 485
Notations utiles pour ce chapitre
E L'ensemble des etats
Z L'ensemble des actions
R L'ensemble des signaux de renforcement (souvent IR)
s Un etat
a Une action
(s; a) La probabilite que l'action a soit choisie dans l'etat s par la politique
Q (s; a) La vraie esperance de gain quand l'action a est prise dans l'etat s
rt Le signal de renforcement recu par l'agent a l'instant t
Rt Le gain cumule a partir de l'instant t
E Esperance en suivant la politique
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Environnement
Action a(t)
Perception s(t)
Récompense r(t)
Fig. 16.2 { Le schema abstrait d'un agent en interaction avec le monde suivant trois canaux :
perception, renforcement immediat et action instantanee.
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sans ^etre triviale au point de trop s'eloigner de la realite. Cette modelisation suppose que l'agent
communique avec son environnement par trois canaux distincts :
Un canal perceptif par lequel l'agent mesure l'etat dans lequel il se trouve dans l'environne-
ment. Ce canal correspond aux donnees fournies par un ensemble de capteurs, par exemple
des cameras, des capteurs de proximite a ultrasons, des centrales inertielles, etc. Les infor-
mations fournies sont souvent partielles et parfois erronees. Nous notons s(t) l'ensemble
des informations passant par ce canal a l'instant t.
Un canal specique aux signaux de renforcement renseignant l'agent sur la qualite de
l'etat courant. On suppose dans l'apprentissage par renforcement que ce canal ne trans-
met qu'un scalaire 1 . Nous notons r(t) l'information transmise par ce canal. Ce signal n'est
generalement pas disponible dans tous les etats, mais seulement pour quelques etats par-
ticuliers. Par exemple, c'est seulement a la n d'une partie d'echecs que l'on dispose de la
sanction : perte, gain ou nulle.
Un canal qui transmet a l'environnement l'action de l'agent. Nous notons a(t) l'information
ainsi transmise de l'agent vers l'environnement. Generalement, ce signal declenche une
modication de l'etat de l'environnement, comme par exemple quand un robot fait tourner
ses roues ou quand un joueur d'echecs joue un coup. Ici aussi, la modication de l'etat
peut ^etre non deterministe dans la mesure ou l'agent n'a pas une connaissance parfaite de
l'environnement.
Nous notons E l'espace des etats mesurables, R l'espace des signaux de renforcement, c'est-
a-dire un intervalle de la forme [;a; +b] avec a; b 2 IR+ , et Z l'espace des actions disponibles
pour l'agent. Dans ce cadre, nous posons donc qu'a chaque instant t, l'agent percoit le monde
comme etant dans l'etat st 2 E . Il choisit alors d'eectuer l'action at 2 Z parmi les actions
possibles dans l'etat courant. A la suite de cette action prise dans cet etat, il recoit un signal de
renforcement immediat rt 2 R.
L'agent peut donc ^etre considere comme realisant une fonction de E dans Z : st 7! at . Suivant
la terminologie en usage, nous appelons politique cette fonction de comportement, et nous notons
t la politique a l'instant t. Plus precisement, une politique est une fonction denie de E Z
dans IR, qui associe a chaque etat s et chaque action a possible dans s, la probabilite (s; a)
associee de choisir l'action a dans s. Si les probabilites sont uniformement nulles sauf pour une
action, l'agent est deterministe.
1. Dans le cas des organismes naturels, un certain prec^ablage existe pour percevoir ce type de signal comme une
douleur ou un plaisir plus ou moins forts.
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 487
L'environnement peut ^etre vu pour sa part comme implementant une fonction de E Z
dans E R : (st ; at ) 7! (st+1 ; rt ). Pour des raisons de clarte, il est utile de decomposer cette
fonction en deux fonctions. La premiere est une fonction de transition entre etats notee T .
Elle traduit la dynamique du monde ; elle est denie de E A dans E : (st ; at ) 7! st+1 . La
seconde est une fonction de renforcement immediat R de E Z dans R : (st ; at ) 7! rt . Chacune
de ces fonctions est stochastique, soumise a des aleas imprevisibles, qu'on suppose issus d'une
distribution stationnaire.
16.1.2 Les notions fondamentales
Dans cette section, nous allons formaliser les concepts introduits par la theorie actuelle de
l'apprentissage par renforcement et decrire les problemes et les grandes familles d'approches.
L'apprentissage par renforcement considere un apprenant plonge dans un environnement et
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devant essayer, par ses actions, de maximiser une mesure de gain dependant des signaux de
renforcement recus tout au long de son existence dans le monde. L'une des premieres questions
consiste donc a specier cette mesure de gain.
16.1.2.1 Les mesures de gain
Precisons d'emblee qu'il n'y a pas de mesure de gain universelle valable pour toutes les
situations. Chaque domaine d'application est susceptible d'avoir sa mesure adaptee. Ainsi, le
joueur d'echec est sans doute sensible au compte des pieces gagnees ou perdues en cours de
partie, a certains criteres tels que le contr^ole du centre, mais ce qui l'interesse avant tout est
l'issue ultime de la partie : gain, perte ou nulle. En revanche, pour un fournisseur d'energie
electrique qui essaie de reguler sa production en fonction de la demande, laquelle depend de
la meteorologie, de l'heure de la journee, de la situation economique, etc., il est important de
mesurer les gains et les co^uts tout au long du processus de production. La mesure de gain doit
donc ^etre dierente dans ce cas. En general, on s'interesse a une mesure de gain cumulee dans
le temps. Ainsi, que l'on ne tienne compte, comme aux echecs, que du du gain ultime, ou bien
que l'on moyenne les gains realises en cours d'action, ou encore que l'on tienne compte, comme
en economie, de gains ponderes par des taux d'inter^et, toutes les options sont envisageables et
dependent de l'application concernee. Cependant, trois mesures ont ete plus particulierement
distinguees dans les recherches sur l'apprentissage par renforcement.
Gain cumule avec horizon inni :
X
T
Rt = rt+1 + rt+2 + rt+3 + : : : + rT = ri (16.1)
i=t+1
Gain cumule avec inter^et et horizon inni :
X
1
Rt = rt+1 +
rt+2 +
2 rt+3 + : : : + rT =
k rt+k+1 (16.2)
k=0
ou
joue le r^ole d'un taux d'inter^et : 0
1.
Gain en moyenne :
1 XT
Rt = T ; 1 ri (16.3)
i=t+1
Il faut noter que le choix de la mesure de gain a une grosse in
uence sur le choix de la meilleure
politique par le systeme (voir la gure 16.3). Il est donc essentiel de peser soigneusement sa
denition avant de se lancer dans le processus d'apprentissage.
488 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Avec k = 4 et
= 0.9, quelle est la meilleure Pk r P1
t r P
politique? t=0 t t=0 t Limk!1 k1 kt=0 rt
+2
6 16 2
+10
0 59 10
+11
0 58.4 11
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Fig. 16.3 { Dans l'exemple ci-dessus, le choix de la meilleure strategie, parmi les trois possibles,
depend du critere de gain adopte. Avec k = 4 et
= 0:9, quelle est la meilleure
politique dans l'etat initial? Si l'on vise la premiere formule de gain, il faut choisir
la premiere politique puisqu'elle conduit au meilleur gain. Pour la deuxieme formule
de gain, il faut choisir la seconde politique. Et pour la troisieme formule, il faut
choisir la troisieme politique. D'apres un exemple d^u a [KLM96].
Bras A1 Bras A2
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Jeton 2 4
Fig. 16.4 { Une machine a sous appelee bandit a deux bras )). Chacun des bras est associe
((
a un gain aleatoire suivant une distribution normale. Par exemple, ici, le bras A1
correspond a une loi de moyenne 4 et de variance 6, alors que le bras A2 correspond
a une loi de moyenne 2 et de variance 4. Il peut bien s^ur arriver que sur un tirage
le bras A1 donne un resultat inferieur au resultat obtenu avec un tirage de A2 .
d'exploitation pure : ne plus explorer plus des qu'on possede des elements d'information mini-
maux. Bien s^ur, le risque est que les deux tirages initiaux n'aient pas reveles le meilleur bras a
cause de la variance des resultats et que le plus mauvais bras ait donc ete tire systematiquement.
Plus generalement, on appelle strategie d'exploitation toute strategie qui choisit l'action dont
l'estimation courante de gain est la plus elevee.
La strategie extr^eme inverse consiste a tirer b m2;1 c fois sur le bras gauche et b m2;1 c fois sur le
bras droit 3, puis a tirer le dernier ou les deux derniers coups sur le bras dont la moyenne observee
est la meilleure. Cela correspond a une exploration pure, dans laquelle on alloue quasiment toutes
les decisions a l'exploration de l'environnement avant de choisir la decision ultime. Celle-ci est
alors prise avec une connaissance aussi grande que possible, mais au prix de n'avoir pas cherche
a optimiser le gain durant la phase d'exploration.
On sent bien que la strategie optimale doit se situer entre ces deux types de politiques et
qu'elle correspond a la resolution d'un compromis entre exploitation et exploration. Sa resolution
analytique (voir par exemple [Hol75]) montre que, dans le cas du bandit a deux bras, la meilleure
strategie consiste, au fur et a mesure que de l'information est acquise sur les probabilites de gain
de chaque bras, a accro^tre exponentiellement le nombre de tirages du bras paraissant le meilleur
par rapport a l'autre. (On peut trouver egalement une analyse simpliee du bandit-a-deux-bras
dans [Mit96]).
Nous verrons dans la suite que la t^ache d'apprentissage par renforcement implique egalement
la resolution d'un con
it entre exploration et exploitation. Si les lecons generales du probleme
des bandits a deux bras restent valables, elles doivent ^etre anees pour chaque type d'environne-
ment. En general, il est d'ailleurs impossible de d'obtenir une solution analytique par insusance
de connaissances sur le modele sous-jacent de l'environnement.
million de parties d'essai a jouer par l'agent avant d'avoir un bon niveau de jeu. Ce qui est
tolerable pour ce type de t^ache, facile a simuler, peut l'^etre beaucoup moins lorsque l'apprentis-
sage implique un agent reel, par exemple une sonde d'exploration planetaire.
On cherche donc autant que possible a analyser les proprietes de convergence asymptotique
vers une politique optimale, ainsi que la complexite computationnelle et en nombre d'essais
(mesures en nombre d'actions ou de sequences d'actions par exemple) de cette convergence.
16.1.3 Les problemes et les grandes approches
Le probleme d'optimisation ayant ete deni, plusieurs approches sont envisageables pour le
resoudre.
La premiere consiste a chercher a apprendre directement un modele de l'environnement en
estimant d'une part la fonction de renforcement immediat associee a chaque etat, ou a chaque
couple (etat, action) R : denie de E dans R : st 7! rt , et, d'autre part, la fonction de transition
T caracterisant la dynamique de l'environnement : denie de E Z dans E : (st ; at ) 7! st+1 .
Le probleme est alors celui d'un apprentissage supervise s'appuyant sur les exemples glanes en
cours d'experience. L'inconvenient de cette approche, outre qu'elle necessite de chercher a tester
toutes les situations possibles, et cela plusieurs fois, est de ne pas tenir compte des interactions
entre les etats.
Une autre approche prend en compte ces interactions par l'introduction de fonctions d'utilite.
Il s'agit de fonctions traduisant l'esperance de gain a partir d'un etat : fonction notee V (s) et
denie sur S , ou a partir d'un couple (etat, action) : fonction notee Q(s; a) et denie sur E Z .
Ces fonctions estiment sur le long terme la qualite des etats ou des couples (etat, action). Elles
sont donc a dierencier des fonctions de renforcement immediat. Dans ce cas, l'apprentissage
consiste a agir dans le monde et a calculer pour chaque etat ou couple (etat, action) l'esperance
de gain associee. E videmment, ce type d'apprentissage, a priori plus interessant puisqu'il permet
un choix local de l'action a prendre, celle qui maximise l'utilite, introduit aussi des contraintes
particulieres.
Finalement, il est possible d'envisager de travailler directement dans l'espace des politiques
plut^ot que de passer par l'intermediaire de fonctions locales aux etats. C'est par exemple ainsi
qu'opere le mecanisme de selection darwinienne dans la nature (voir le chapitre 8). Chaque agent
correspond a une certaine politique, et en moyenne les agents de performances mediocres sont
elimines au prot d'agents superieurs. Ce type d'approche a egalement fait l'objet d'experiences
dans le cadre de modeles d'evolution simulee (voir chapitre 8). Le succes depend en grande
partie de la structuration de l'espace des politiques. Si celle-ci est faible, il faut avoir recours
aux methodes d'apprentissage de fonctions locales, c'est-a-dire aux methodes d'apprentissage
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 491
par renforcement proprement dites que nous allons desormais examiner.
action), sa valeur d'utilite. Nous etudierons deux fonctions d'utilite particulieres : la premiere
associe a chaque etat s l'esperance de gain a partir de cet etat si l'on suit la politique :
V (s) = E fRt jst = sg (16.4)
la seconde associe a chaque couple (etat, action) (s; a) l'esperance de gain en partant de l'etat
s, en eectuant l'action a, puis en suivant la politique :
Q (s; a) = E fRt jst = s; at = ag (16.5)
Dans le cas d'un gain cumule avec inter^et et horizon inni, les deux formules deviennent :
X
1
V (s) = E
k rt+k+1 j st = s
k=0
X1
Q (s; a) = E
k rt+k+1 j st = s; at = a
k=0
Nous venons de denir l'esperance de gain, donc l'utilite, en fonction d'une politique donnee.
Il se trouve que l'on peut denir une relation d'ordre partiel sur les politiques en fonction des
valeurs d'utilite associees 4 . Plus precisement :
Denition 16.1 (Ordre sur les politiques)
Une politique est dite superieure a une autre politique 0 si et seulement si l'esperance de gain
suivant est superieure ou egale a l'esp
0
erance de gain suivant 0 pour tous les etats s 2 E . En
d'autres termes, ssi V (s) V (s); 8s 2 E .
0
V (s) = E Rt j st = s
X
1
= E
k r
t+k+1 st = s
k=0
X1
= E rt+1 +
rt+k+2 st = s
k
(16.10)
X a" a #
k=0
X X
1
= (s; a) Pss0 Rss0 +
E
k rt+k+2 st+1 = s0
a s0
k=0
X X
= (s; a) Pssa 0 Rass0 +
V (s0 )
a s0
Ce resultat est remarquable car il met en valeur le fait que l'on peut ramener un calcul de
gain prenant en compte toute une trajectoire (ou un ensemble de trajectoires) a partir de s a
un calcul de gain s'appuyant sur les estimations V (s0 ) des etats s0 accessibles a partir de l'etat
courant s. Il permet d'exploiter ainsi une dependance ou correlation entre les esperances de gain
des etats. L'utilite d'un etat suivant la politique est egale a une somme ponderee suivant les
probabilites de transition aux etats successeurs des utilites de ces etats successeurs plus le signal
de renforcement recu lors de la transition de s a s0 . C'est l'equation de Bellman 5 pour V .
Il se trouve que l'on peut demontrer que la valeur V (s) est l'unique solution de l'equation
de Bellman. Par ailleurs, l'equation de Bellman peut ^etre utilisee dans une procedure d'approxi-
mation iterative :
Vk+1 (s) = E frt+1 +
Vk (st+1 ) j st = sg
X X (16.11)
= (s; a) Pssa 0 Rass0 +
Vk (s0 )
a s0
pour tout s 2 E . Il est clair que Vk = V est un point xe de cette regle iterative. Par ailleurs,
il est possible de montrer que la sequence fVk g converge vers V lorsque k ! 1 si
< 1 ou
si les gains sont calcules sur un horizon limite. Intuitivement, cette convergence se justie par
le fait que chaque mise a jour d'une valeur Vk (s) s'appuie sur d'autres estimations Vk (s0 ), mais
aussi sur le signal de renforcement observe rt+1 . Il y a donc bien un gain d'information sur
l'environnement a chaque iteration.
5. Cette equation fait intervenir le principe de Bellman, qui est a la base des methodes de programmation dynamique.
Ce principe a ete applique par exemple au chapitre 13 dans l'algorithme de Viterbi.
494 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Algorithme 16.1 Algorithme d'evaluation iterative d'une politique.
Donnee : la politique a evaluer
Initialisation: V (s) = 0, pour tous s 2 E + (les etats accessibles depuis s
O
Pour tout s 2 E :
v V (sP ) P a a
a (s; a) s0 Pss0 [Rss0 +
V (s )]
V (s) 0
max(; jv ; V (s)j)
< f(un petit nombre reel positif)g
Sortie V V
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Alors la politique 0 doit ^etre au moins aussi bonne que la politique , ce qui signie que, pour
tout etat s 2 E :
Tout ce qui precede a ete obtenu pour le cas de politiques deterministes, mais peut ^etre
etendu sans probleme au cas des politiques non deterministes. Nous reportons le lecteur interesse
a [SB98] par exemple.
16.3.3 Processus iteratif d'amelioration de politique
La section precedente a montre comment passer d'une politique decrite par sa fonction
d'utilite V a une meilleure politique. Il est facile de voir comment on peut iterer ce proces-
sus. L'idee est d'alterner les phases d'evaluation de politique (section 16.3.1) avec les phases
d'amelioration de politique (section 16.3.2). Nous pouvons alors obtenir une sequence de poli-
tiques en amelioration monotone :
E 0 A E 1 A E A E
0 ;! V ;! 1 ;! V ;! 2 ;! : : : ;! ;! V
ou ;!E denote une phase d'evaluation et ;! A une phase d'amelioration.
Cette procedure iterative converge en un nombre ni d'iterations vers la politique opti-
male si la politique est representee par un processus markovien a nombre d'etats ni 7. Par
ailleurs, la convergence observee empiriquement est generalement tres rapide. Cependant, la
phase d'evaluation de politique est tres co^uteuse puisqu'elle requiert de nombreux passages sur
chaque etat s 2 E qui peuvent ^etre tres nombreux. Mais est-il possible de faire l'economie de la
determination precise des valeurs d'utilite relative a chaque politique et 0 que semble requerir
theoreme 16.1?
Il est heureusement envisageable de ne pas attendre la convergence de la phase d'evaluation
de politique avant de lancer une nouvelle phase d'amelioration de politique. De fait, on dispose
de theoremes demontrant qu'il y aura convergence ultime sur la politique optimale m^eme si
l'alternance entre evaluation et amelioration se fait sur des granularites beaucoup plus nes que
le processus alternatif decrit plus haut. Par exemple, on peut alterner une seule iteration du
processus d'evaluation de politique entre chaque phase d'amelioration, et dans ce cas, on obtient
l'algorithme d'iteration de valeur :
Vk+1 (s) = max
E rt+1 +
Vk (st+1 ) st = s; at = a
a2Z
X a a (16.15)
= max P ss 0 Rss0 +
Vk (s0 )
a2Z s0
6. Voir le chapitre 3.
7. Dans ce cas, en eet, le nombre de politiques est ni.
496 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Cette equation de mise a jour a realiser pour tout s 2 S , est en fait une version iterative de
l'equation de Bellman (16.10) qui suppose que cette regle iterative converge vers un point xe
correspondant a la fonction d'utilite optimale V (s).
L'action choisie a chaque instant est alors l'action maximisant le gain indique par la fonction
d'utilite Vk (s) courante :
(s) = ArgMax r0 +
Vk (s0 )
a2Z
On peut aussi utiliser l'equation 16.15 non pas en l'appliquant sur l'ensemble des etats a
chaque passe, mais etat par etat, de maniere opportuniste, en fonction des situations rencontrees
par l'agent. On montre qu'en general, si tous les etats sont visites un nombre inni de fois, ce
type de procedure asynchrone converge (en d'autres termes, cela signie qu'il faut que quel
que soit l'instant t considere, chaque etat soit visite apres t). Il s'agit la d'une condition de
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convergence universelle pour les regles de mise a jour par propagation locale des informations.
Cette remarque ouvre la possibilite d'apprendre en ligne en cours d'experience, en mettant a
jour les valeurs d'utilite des etats rencontres.
phases d'evaluation et de phases d'amelioration. Decrivons tour a tour les deux phases.
16.5.1 L'evaluation suivant la methode des dierences temporelles
Nous avons vu que l'estimation de la valeur d'utilite selon la methode de Monte-Carlo repose
sur une approximation de la formule :
V (s) = E Rt st = s
qui se traduit par une operation iterative de mise a jour :
V (st )
V (st ) + Rt ; V (st)
ou Rt est le gain mesure apres l'instant t, et est un parametre constant. Cela peut se demontrer
par la serie d'egalites suivante. On suppose que l'esperance denissant la valeur de V (s) est
estimee par moyennage sur m + 1 episodes observes apres passage par l'etat s :
mX
+1
Vm+1 (s) = m 1+ 1 Ri
i=1
Xm
= m 1+ 1 Rm+1 + Ri
i=1
1 ;
= m + 1 Rm+1 + m Vm (s) + Vm (s) ; Vm (s)
;
= m 1+ 1 Rm+1 + (m + 1) Vm (s) ; Vm (s)
= Vm (s) + m 1+ 1 Rm+1 ; Vm (s)
L'inter^et de cette methode de mise a jour incrementale est qu'elle ne necessite que la memorisation
de Vm (s) et m et un calcul simple apres chaque observation d'un episode. On peut generaliser
cette procedure a la forme generale suivante :
NouvelleEstimation
AncienneEstimation + Cible ; AncienneEstimation (16.18)
dans laquelle Cible ; AncienneEstimation est une erreur sur l'estimation courante qui est
reduite en allant d'un pas vers la Cible. Cette cible indique donc la direction dans laquelle aller.
Elle peut ^etre sujette a des variations aleatoires. Le pas peut ^etre une constante ou une variable
decroissant lentement, ce qui est souvent utilise pour stabiliser la valeur estimee.
498 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Cet algorithme ore la possibilite de mettre a jour les valeurs d'utilite tout en agissant dans
le monde et en tirant parti des observations ainsi realisees. Il faut cependant pour en assurer la
convergence theorique que tous les etats soient visites inniment souvent sur un temps inni.
Les proprietes et conditions de cette convergence sont encore du domaine de la recherche. (Pour
les details, on peut se se reporter a [SB98]).
La procedure Sarsa converge avec une probabilite de 1 vers une politique optimale si toutes
les paires (etat, action) sont visitees inniment souvent sur une duree innie et si le coecient
" est bien regle (par exemple, en posant " = 1t ).
16.5.4 Le Q ; learning : Une methode d'amelioration (( hors politique ))
L'algorithme du Q-learning ([Wat89]) utilise la dependance explicite de la fonction d'utilite
Q(s; a) sur les actions, pour a la fois mettre a jour ces valeurs, donc converger vers la fonction
500 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
Algorithme 16.4 Algorithme Sarsa d'amelioration de politique
Initialiser Q(s; a) arbitrairement.
faire
pour chaque episode
Initialiser s
Choisir l'action a en utilisant une procedure "-gloutonne derivee des valeurs de Q (s; a)
faire
pour chaque etape de l'episode
Executer l'action a; recevoir le renforcement r; et mesurer letat suivant s0
Choisir l'action a0 a partir de s0 en utilisant une procedure "-gloutonne derivee des valeurs
de Q (s; a)
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optimale Q (s; a), et aussi pour determiner l'action a prendre dans la situation courante. Dans
cette technique, la mise a jour des valeurs d'utilite se fait selon l'equation suivante :
Q(st ; at )
Q(st ; at ) + rt+1 +
max Q(st+1; a) ; Q(st ; at )
(16.21)
a2Z
tandis que l'action a selectionnee dans l'etat courant s est determinee par une politique du genre
"-gloutonne assurant le compromis exploitation contre exploration. Il faut noter qu'il n'existe pas
pour le moment de methode generique pour resoudre ce compromis dans le cas du Q-learning et
que la pratique est d'utiliser des regles ad hoc determinees empiriquement pour chaque situation.
Comme pour toutes les procedures de mise a jour stochastiques dans des processus mar-
koviens, la convergence vers la valeur optimale Q (s; a) necessite que chaque etat soit visite
inniment souvent et que le parametre decroisse de maniere appropriee.
Il est interessant de noter que la convergence de la methode est assuree quelle que soit la
maniere dont les actions sont selectionnees a chaque instant, pourvu que tous les etats soient
visites inniment souvent. C'est pourquoi on parle de methode hors politique (o-policy). En
revanche, les vitesses de convergence observees sont souvent plus lentes que celles d'autres
methodes. Cela semble le prix a payer pour l'utilisation d'une methode qui a revolutionne l'ap-
prentissage par renforcement gr^ace a sa tres grande aisance d'emploi et a la facilite d'etablir des
preuves a son propos.
16.5.5 TD() : les methodes de dierences temporelles a plusieurs pas
Pour presenter les methodes TD(), le mieux est de presenter d'abord le cas particulier
TD(0). Cette methode eectue ses mises a jour des valeurs d'utilite en ne regardant qu'un seul
pas en avant. M^eme si cela sut a garantir la convergence selon les conditions deja soulignees,
celle-ci peut ^etre lente. Les methodes TD() la generalisent en eectuant des mises a jour selon
un horizon plus lointain.
L'idee est la suivante : lorsqu'une information a ete obtenue sur le renforcement rt+1 entre
l'etat courant st et le suivant st+1 atteint avec l'action at , on peut mettre a jour la valeur V (st )
mais aussi, par ricochet, les valeurs des etats anterieurement visites V (st;i ). En general, on
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 501
ne met pas a jour uniformement les valeurs des etats visites dans le passe, mais on utilise une
ponderation diminuant l'eet de la mise a jour au fur et a mesure que l'on remonte dans la
sequence des etats.
La formule generale de mise a jour s'ecrit :
V (u)
V (u) + rt+1 +
V (st+1 ) ; V (st ) e(u)
(16.22)
ou u est n'importe quel etat pour lequel e(u) 6= 0. La trace d'eligibilite e(u) determine ainsi les
etats sujets a mise a jour. Une expression habituelle de trace d'eligibilite est :
Xt (
e(s) = (
)t;k s;s k ; o
u s;sk = 1 si s = sk (16.23)
k=1 0 sinon
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methodes connexionnistes (chapitre 10), l'induction d'arbres de decision (chapitre 11) ou des
methodes par k-plus proches voisins (chapitre 14). Il est en eet facile d'obtenir de nombreux
exemples, et la fonction cible est generalement xe ou peu changeante (sauf si l'environnement
est gravement perturbe). D'autres posent plus de problemes, comme la fonction de politique
car il est dicile d'obtenir des exemples a partir desquels apprendre. Dans tous les cas, il
est souhaitable de disposer de methodes d'apprentissage qui permettent la prise en compte
incrementale des exemples au fur et a mesure que l'exploration du monde les rend disponibles
et qui ont la capacite de suivre une fonction cible changeante.
16.6.2 Generalisation par approximation de la fonction d'utilite
Nous supposons dans un premier temps que le probeme de prediction porte sur la fonction
d'utilite sur les etats : V . L'idee est d'aner une estimation de la fonction optimale V par des
iterations successives d'une estimation Vt au temps t en fonction de l'experience courante de
l'agent dans le monde. On suppose ici que les fonctions estimees Vi ne sont plus des tables de
valeurs mais font partie d'une classe de fonctions que l'on supposera parametree par un vecteur .
Cela signie que la fonction estimee Vt depend entierement de t variant d'un instant t au suivant.
L'une des nouveautes par rapport a un probleme de regression classique est que l'apprentissage
s'opere ici en ligne avec des exemples issus d'une distribution dependant de l'action de l'agent et
non d'une distribution d'exemples independamment et identiquement distribues (i.i.d.) comme
c'est le cas general en induction.
Typiquement, l'estimation Vt peut ^etre realisee par un reseau connexionniste dont les poids
sont regles en cours d'apprentissage, ou par un arbre de decision. Dans ce dernier cas, le vecteur
t decrit les branchements de l'arbre appris.
Les exemples servant a l'apprentissage dependent des methodes de prediction de gain uti-
lisees. Par exemple, il est courant de prendre l'estimation de gain calculee selon la methode des
dierences temporelles : s 7! rt+1 +
Vt (st+1 ).
L'utilisation de methodes de generalisation pose plusieurs questions :
1. L'application d'une methode de generalisation dans l'espace des etats signie que l'observa-
tion d'une situation ou d'une sequence de situations particuliere entra^ne la modication de
l'estimation de l'utilite non seulement pour la situation concernee mais aussi pour d'autres
situations. Existe-t-il des garanties que cette methode converge? Et si oui, converge-t-elle
vers la fonction d'utilite optimale, V dans le cas de la fonction d'utilite denie sur les
etats?
2. Est-ce que les methodes iteratives d'amelioration de politique entrem^elant phases d'evalua-
tion et phases d'amelioration peuvent encore s'appliquer avec des garanties de convergence
vers la politique optimale?
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 503
3. Est-ce que les techniques d'exploration "-gloutonnes continuent a ^etre ecaces pour, d'une
certaine maniere, echantillonner l'espace des exemples?
4. Quelle mesure d'erreur utiliser pour evaluer la performance de l'approximation de la fonc-
tion d'utilite ? Est-il encore approprie d'utiliser la mesure d'erreur quadratique qui est
employee pour la regression?
Au moment de la redaction de cet ouvrage, ces questions font l'objet de recherches et n'ont
pas encore de reponses denitives. Repondre aux deux premieres questions est d'autant moins
facile que l'apprentissage par renforcement implique souvent a la fois un apprentissage de type
incremental capable de prendre en compte les exemples au fur et a mesure de leur arrivee, mais
aussi un environnement qui peut evoluer au cours du temps. De plus, sans m^eme avoir aaire
a un environnement changeant, les exemples eux-m^emes evoluent du fait qu'ils correspondent
souvent a des evaluations de gain qui sont adaptatives, comme c'est le cas par exemple pour la
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l'apprentissage par renforcement vise moins a approximer correctement les fonctions d'utilite
qu'a fournir la meilleure politique. Ce qui compte n'est pas l'ecart a la fonction optimale d'utilite,
mais le fait que l'estimation d'utilite conduise bien a ce que la meilleure politique soit choisie.
Il s'agit donc de respecter l'ordre relatif des politiques an que la meilleure, , soit en t^ete.
Nous verrons dans la section 16.6.4 que cela a conduit recemment a reexaminer l'ensemble du
probleme.
E tant donnees toutes ces interrogations, les deux approches par estimation de fonction les
plus employees actuellement reposent toutes les deux sur une technique de descente de gradient
pour reduire l'ecart quadratique entre les valeurs estimees a l'instant t et la cible courante, par
exemple celle rapportee par la methode de dierences temporelles.
La premiere approche consiste a utiliser un reseau connexionniste (generalement un per-
ceptron multicouche) comme realisation d'un vecteur de parametre t en le modiant par
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une technique de retropropagation de gradient selon une formule telle que la suivante (ici
pour la fonction d'utilite V ) :
t+1 = t vt ; Vt (st ) rt Vt(st ) (16.24)
ou vt represente la cible, c'est-a-dire l'estimation courante de V (st ), et est un pas
d'apprentissage decroissant.
La seconde approche consiste a utiliser une combinaison lineaire de n fonctions de base
pour approximer la fonction cible. L'ensemble des fonctions de base (s) = f1 (s); : : : ; n (s)g
est deni sur l'espace E des etats. L'approximation de la fonction d'utilite correspond a la
formule :
X
n
Vt (s) = t > (s) = t(i) i (s) (16.25)
i=1
Dans ce cas, le gradient de la fonction Vt par rapport a t devient : rt Vt (s) = (s).
Cette regle a l'avantage d'^etre simple et de conduire a un seul optimum. Comme de plus
elle est assez ecace en termes de donnees et de calculs, elle a la faveur de nombreux
chercheurs et praticiens.
Une approche duale consiste a apprendre non pas la combinaison de fonctions de base,
mais a apprendre ces fonctions de base elles-m^emes. Souvent cela correspond a apprendre
des voisinages dans l'espace. Ces methodes font l'objet de la section suivante.
16.6.3 Methodes de generalisation par partition de l'espace
L'idee de ces methodes est de decider de la reponse en un point (par exemple l'utilite associee
a un etat, ou a un couple (etat, action)) en fonction des valeurs connues dans son voisinage.
L'apprentissage consiste dans ce cas a denir le voisinage en chaque point. Le chapitre 14 traite
ce probleme en general, nous indiquons donc ici seulement les grandes approches testees en
apprentissage par renforcement.
Techniques par couverture de voisinages uniformes. L'idee est d'associer a chaque point
dont la valeur est connue un voisinage, par exemple une boule (voir la gure 16.5). La
valeur d'un point inconnu est decidee en fonction des voisinages, par exemple des boules,
dont elle fait partie. On utilise souvent une fonction lineaire des valeurs des boules dont le
point fait partie. On peut modier la densite des boules, ou bien leur forme, ce qui revient
alors a rendre non lineeaire l'approximation.
Chapitre 16 L'apprentissage de re
exes par renforcement 505
X Y
Fig. 16.5 { La valeur cherchee au point X (par exemple V (X )) depend des valeurs des points
Y dont les voisinages incluent X (d'apres ([SB98], p.203).
Techniques par partition adaptative de l'espace. Une idee qui a fait l'objet de travaux
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recents consiste a denir adaptativement une partition de l'espace. Dans ce cas, chaque
partition est exclusive des autres, et la valeur d'un point est celle associee a la partition
a laquelle il appartient (voir gure 16.6). La granularite de la partition est d'autant plus
ne que la valeur estimee conna^t des variations importantes, dans un esprit similaire a
une decomposition en elements nis. Le lecteur est invite a se reporter par exemple a
[MA95, MM99, Rey00].
Fig. 16.6 { Sur cet exemple ou l'on suppose que l'espace des etats est bidimensionnel, la parti-
tion de l'espace est a granularite variable, d'autant plus ne que les variations de la
fonction estimees sont importantes.
Techniques par utilisation de fonctions noyau. Les fonctions noyau permettent de denir un
voisinage variable autour des points. Une fonction radiale typique est la fonction gaussienne
dont la variable est la distance entre le centre c et le point s :
ks ; c k2
i (s) = exp ; i (16.26)
2i2
Ces fonctions de voisinage presentent l'avantage d'^etre adaptatives et dierentiables, d'ou
leur emploi frequent.
Approches hierarchiques. Une approche pour essayer de faire face a la malediction de la
dimensionalite est de les traiter comme des hierarchies de problemes d'apprentissage avec
des granularites croissantes. Par exemple, l'une des methodes employees consiste a utiliser
une hierarchie sous forme de porte logique (voir gure 16.7). Chaque bo^te recoit une
description de l'environnement et prescrit un comportement, la porte choisit lequel est
eectivement applique. L'apprentissage peut alors consister a apprendre les bo^tes ou bien
le critere de selection de la porte.
En allant plus loin, il devient interessant de voir s'il est possible de decomposer un com-
portement en t^aches independantes, ou quasi independantes, et de structurer un probleme
506 PARTIE 4 : Apprentissage par approximation et interpolation
micro-
agent(1)
s micro-
agent(2)
a
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porte
micro- logique
agent(3)
ment, qui est de fait un apprentissage de re
exes, avec l'activite de planication qui implique
un raisonnement de nature beaucoup plus strategique.
Resume
L'apprentissage par renforcement concerne l'apprentissage par un agent autonome
d'une politique optimale, c'est-a-dire de l'action la mieux adaptee a chaque situation
envisageable pour le systeme decisionnel considere. La structure de son environne-
ment etant generalement supposee inconnue, l'agent doit apprendre a partir de ses
interactions avec le monde. En particulier, aucun professeur ne lui dit quelle action
est la meilleure a prendre dans une situation donnee et seul un signal de renforce-
ment assez pauvre (un scalaire) l'informe de temps en temps de sa performance liee
a ses decisions passees.
Classiquement, l'apprentissage par renforcement est base sur une fonction d'utilite.
Divers algorithmes et structures de representations de l'environnement ont ete pro-
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poses pour apprendre cette fonction d'utilite dans le cadre formel des processus
decisionnels markoviens (PDM).
Dans ces approches, l'agent cherche a apprendre l'utilite de chaque etat ou de chaque
paire (etat, action). Il selectionne alors l'action associee a l'utilite maximale. Si la
fonction d'utilite estimee est exacte, cette approche conduit a la politique opti-
male sous des conditions tres generales ([SB98, BT96]). Cependant, pour la plupart
des problemes du monde reel, il est impossible de representer les fonctions d'uti-
lite exactement, notamment avec des tables de valeurs. L'agent doit alors chercher
une bonne approximation de la fonction d'utilite au sein d'une classe restreinte de
fonctions (par exemple sous la forme d'un reseau connexionniste ou d'une classe
de fonctions noyau). La diculte est de trouver une representation compacte assu-
rant la convergence des methodes d'apprentissage pour les PDM. C'est pourquoi de
nouvelles approches d'apprentissage plus direct de la politique sont aussi explorees.
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techniques
Cinquieme partie
Approfondissements et annexes
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Chapitre 17
Approfondissement sur l'analyse de
l'induction
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Le chapitre 2 a expose les notions et les principes de base permettant d'aborder les
methodes developpees en apprentissage articiel et presentees dans cet ouvrage. Cer-
taines d'entre elles cependant se referent a une analyse theorique plus poussee, s'ap-
puyant en particulier sur les travaux de Vapnik. Ceux-ci sont presentes ici ainsi que
les approches relevant de principes de contr^ole de l'espace d'hypotheses : principe de
minimisation du risque structurel, theorie de l'estimation bayesienne, theorie de la
regularisation, principe de compression de l'information. Le lecteur trouvera ainsi
un complement d'information utile pour aller plus loin dans l'etude de ces methodes.
Par ailleurs, il est essentiel que les praticiens de l'apprentissage connaissent l'un
des theoremes fondamentaux de l'induction : le no-free-lunch theorem qui delimite le
pouvoir inductif de n'importe quelle methode d'apprentissage en montrant qu'elles ne
peuvent ^etre universelles. Une confrontation avec l'analyse de Vapnik aide a com-
prendre la portee de cette analyse et ses consequences pratiques pour l'apprentissage.
Ce chapitre se termine par un panorama non exhaustif mais evocateur de nouvelles
directions de recherche visant a depasser certaines des limitations du paradigme do-
minant en apprentissage articiel.
Il est important de les conna^tre car ils ont debouche sur des concepts de pouvoir heuristique
puissant (la dimension de Vapnik-Chervonenkis) et sur de nouveaux algorithmes generaux et
performants (les separateurs a vastes marges et leurs derives (SVM), voir le chapitre 9)
Nous allons aborder successivement le cas d'espaces d'hypotheses indicatrices de cardinal
inni, puis celui d'espaces de fonctions quelconques avec des fonctions de perte egalement quel-
conques.
17.1.1 Cas ou jHj = 1 et F H
Dans le cas ou le nombre d'hypotheses est ni, on comprend que l'on puisse borner la pro-
babilite que l'on trouve parmi elles une hypothese apparemment correcte sur l'echantillon d'ap-
prentissage et pourtant mediocre en general. Lorsque la classe d'hypotheses contient un nombre
inni d'elements, il semble que l'on ne puisse pas dire grand chose. Pourtant, intuitivement,
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on sent qu'il doit pouvoir exister des classes d'hypotheses de cardinal inni mais d'expressivite
limitee, pour lesquelles la performance sur l'echantillon d'apprentissage peut servir d'indicateur
de la performance reelle. Nous allons voir dans cette section une caracterisation possible de cette
diversite qui peut servir a etablir le lien entre risque empirique et risque reel.
L'idee generale est la m^eme que pour le cas ou H est de cardinalite nie (voir section 2.3
dans le chapitre 2). Il s'agit d'essayer de borner la probabilite d'avoir une hypothese apparem-
ment bonne, c'est-a-dire ici de risque empirique nul (hypothese consistante) sur l'echantillon
d'apprentissage, qui soit en fait de risque reel > " :
PDZ fS : 9 h 2 H : REmp(h) = 0 & RReel (h) > "g (17.1)
Une idee essentielle consiste a chercher une mesure eective de la variabilite de H en la
mettant a l'epreuve sur un ensemble de points test tires aleatoirement. Le risque reel sera alors
evalue en utilisant un autre echantillon que l'echantillon d'apprentissage, qui sera lui aussi issu
d'un tirage i.i.d. (formes tirees aleatoirement dans X suivant une m^eme distribution). Nous
le nommerons naturellement echantillon de test, note T . L'avantage est que l'on pourra alors
compter les dierents etiquetages de ces points que permet l'espace des fonctions hypotheses H,
et a partir de la caracteriser la variabilite eective de H.
On voudrait donc remplacer l'etude de l'expression (17.1) par celle de :
PDZ S : 9 h 2 H : REmp S (h) = 0 & RT (h) = 0 > " (17.2)
Emp
ou nous notons REmp S (h) (resp. RT (h)) le risque empirique de l'hypothese h mesure sur
Emp
l'echantillon S (resp. T ).
Une application des inegalites de Cherno 1 avec m > 2=", permet de borner l'expres-
sion (17.1) par une probabilite relative a l'expression (17.2). Plus precisement, si on note ST
l'echantillon constitue de la concatenation de S et de T , et REmp
ST (h) le risque empirique de h
mesure sur ST , on peut obtenir la borne :
PDX S : 9 h 2 H : REmp S (h) = 0 et RReel (h) > "
2PDX S T : 9h 2 H : REmp S (h) = 0 et RS T (h) > " (17.3)
Emp 2
Repetons que cette nouvelle borne represente un progres considerable dans la solution du
probleme initial. En eet, nous sommes maintenant ramenes a un comptage sur les etiquettes
1. Pour les details de la demonstration assez longue dont les developpements depassent le cadre de notre ouvrage, il
est suggere de se reporter a [AB92] pp.90-94 ou a [KV94] pp.59-61, ou encore a [AB96] pp.42-50. [DGL96] chap.12
ore aussi une exposition tres complete de la question.
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 515
possibles de 2m points par les fonctions de H, au lieu d'avoir a considerer l'ensemble inni des
fonctions de H.
Soit un echantillon i.i.d. suivant DX de 2m points, dont l "m=2 sont mal etiquetes par
l'hypothese h. Le nombre de cas possibles pour lesquels aucune de ces erreurs n'intervient dans
les m premiers points est : Clm =Cl2m . Or : Clm =Cl2m 1=2l , puisque :
Clm = i=Y l;1
m ; i i=Y l;1;
1 = 1
Cl2m i=0 2 m ; i i=0 2 2l
La probabilite que cela arrive pour n'importe quel echantillon de taille 2m et pour n'importe
quelle hypothese est bornee par le nombre d'etiquetages dierents de 2m points par des fonctions
de H. En d'autres termes, on evalue maintenant la richesse de l'espace d'hypotheses par le nombre
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huit dichotomies possibles de trois points du plan. Le lecteur pourra facilement verier que les
sept autres dichotomies sont egalement realisables par une hypothese de H. Nous avons donc :
GH(3) = 23 .
Nous montrons qu'il est impossible de pulveriser un ensemble de quatre points quelconques
par des separatrices lineaires en considerant les deux cas generiques (l'un ou tous les points
sont sur l'enveloppe convexe, l'autre ou seuls trois points denissent l'enveloppe convexe) (-
gure 17.2(b) et (c)) pour lesquels il n'existe pas de separatrice lineaire permettant d'induire les
dichotomies correspondantes.
Nous avons donc : GH (4) 24 2
h1
h2
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x2
x1 x3
x4
Fig. 17.1 { Un espace d'entree X de dimension 2 avec les dichotomies induites par deux fonc-
tions h1 et h2 .
Fig. 17.2 { (a) Une dichotomie et une realisation par une separatrice lineaire. (b) et (c) Di-
chotomies irrealisables par des separatrices lineaires.
Fig. 17.3 { (a) Exemple de trois points dont la dichotomie est realisable par au moins un
rectangle. (b) Un exemple de trois points ne pouvant ^etre distingues gr^ace a un
rectangle. Mais il s'agit du seul cas, correspondant a un cas degenere du cas general
a trois points (a). (c) Une dichotomie de quatre points et une realisation par un
rectangle parallele aux axes. (d) Une dichotomie irrealisable.
Il nous reste a voir en quoi la dimension de Vapnik-Chervonenkis est plus precisement reliee
a la fonction de croissance pour nous permettre de trouver les conditions de croissance subex-
ponentielle de cette derniere lesquelles, rappellons-le, sont necessaires pour garantir l'utilite du
principe inductif ERM.
17.1.3 Le lemme de Sauer : un lemme sauveur
Nous avons vu que la fonction de croissance GH(m) est bornee par 2m . Mais est-ce que
toute valeur est possible en dessous de cette limite ? (Voir gure 17.4). Le lemme demontre
518 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
independamment par Sauer (1972), Shelah (1972) et Vapnik et Chervonenkis (1971) montre que
ce n'est pas le cas si la dimension de Vapnik-Chervonenkis est nie.
log2 {GH(m)}
?
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dH m
i=0 i=0 H
en utilisant des developpements en serie limitee classiques.
Le comportement de la fonction de croissance GH(m) est donc contr^ole par la dimension
de Vapnik-Chervonenkis dH . De maniere a priori surprenante, pour m > dH , il n'y a donc pas
de fonction de croissance possible au-dessus de la borne polynomiale
p (em=dH )dH . Par exemple,
il n'est pas possible d'avoir une fonction de croissance en m. La dimension de Vapnik-
Chervonenkis correspond a une borne fondamentale de la capacite d'expression
d'un ensemble de fonctions hypotheses.
log2 {GH(m)}
Croît en 2m :
croissance exponentielle
Croît en mdH :
croissance en fonction polynomiale
dH m
veut une erreur d'approximation limitee a " = 1 % pour un seuil de conance de 95 % ( = 5 %).
Alors, il faut avoir un echantillon d'apprentissage de taille m 2425. 2
Voyons maintenant comment traduire l'equation 17.8 en une borne d'erreur pour toute hy-
pothese h consistante.
Theoreme 17.2 (Theoreme PAC pour les espaces innis de fonctions indicatrices)
Soit H un espace de fonctions indicatrices de dimension de Vapnik-Chervonenkis dH . Pour toute
distribution de probabilite D sur X f;1; 1g, avec une probabilite 1 ; sur les echantillons S
de m exemples tires aleatoirement sur Z , toute hypothese h 2 H coherente avec l'echantillon S
est d'erreur reelle bornee par :
RReel (h) m2 dH ln 2dem + ln 2 (17.10)
H
pourvu que dH m et m > 2=".
Ce theoreme montre que la taille de l'echantillon d'apprentissage requise pour assurer (en
probabilite) une bonne generalisation est une fonction lineaire de la dimension de Vapnik-
Chervonenkis de l'espace d'hypotheses quand on choisit une hypothese coherente, et ceci
face a toute distribution des exemples.
17.1.4 L'analyse de Vapnik et Chervonenkis pour des fonctions quelconques
L'analyse precedente est limitee sur un certain nombre de points. Elle ne s'applique en eet :
qu'a des fonctions indicatrices, donc a des applications d'apprentissage de fonctions de
discrimination (apprentissage de concepts) ;
qu'a des fonctions de perte comptant le nombre d'erreurs de classication (fonction de
perte pour la discrimination);
qu'au cas ou l'espace d'hypotheses H contient l'espace de fonctions cible F , ce qui permet
d'assurer l'existence d'au moins une hypothese coherente avec l'echantillon d'apprentissage.
Les travaux de Vapnik et Chervonenkis, menees avec opini^atrete sur une longue periode
(1968-1998 environ), ont permis de lever ces limitations et de fournir une approche generale du
probleme de l'induction pour des espaces innis de fonctions hypothese quelconques (ou presque)
utilisant des fonctions de pertes quelconques (ou presque), y compris dans le cas ou les espaces
H et F ne concident pas. Cette analyse sert actuellement de cadre de reference pour toute la
theorie de l'apprentissage.
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 521
Nous en donnons un rapide apercu dans ce qui suit, reportant le lecteur interesse aux nom-
breuses publications concernant ce sujet, et en particulier a [Vap95] pour un petit livre d'un
abord facile resumant l'approche, et a [Vap98] pour une description detaillee. Le lecteur motive
pourra egalement se reporter avec prot a [AB96] qui donne de nombreuses preuves. [DGL96] est
egalement une reference interessante, qui ne traite toutefois que des problemes de classication
binaire.
17.1.4.1 Le theoreme fondamental de la theorie de l'apprentissage selon Vapnik
Rappelons que selon Vapnik, le probleme central de l'induction est de chercher quelle re-
lation existe entre une hypothese selectionnee selon le principe inductif ERM, qui minimise le
risque empirique, et l'hypothese optimisant le risque reel. Il s'agit en particulier d'etudier les
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conditions de pertinence du principe ERM correspondant aux equations (2.10) et (2.12). Vapnik
et Chervonenkis [Vap82, VC91] ont montre le theoreme suivant.
Theoreme 17.3 (Theoreme fondamental de pertinence de l'ERM (Vapnik))
Pour des fonctions de perte bornees, le principe de minimisation du risque empirique (ERM)
est pertinent si et seulement si le risque empirique converge uniformement vers le risque reel au
sens suivant :
lim P sup jRReel (h^ S ) ; REmp(h^ S )j > " = 0; 8 " > 0
m!1 ^h
(17.11)
S2H
A nouveau, insistons sur ce point : ce theoreme 3 signie quelque chose de tres profond et de
tres important : la pertinence du principe de minimisation du risque empirique est determinee
par la pire des fonctions hypothese de H, c'est-a-dire celle dont l'ecart entre le risque empirique
mesure et le risque reel est le plus grand. C'est la l'essence des convergences uniformes. Nous
nous trouvons ici dans une theorie qui specie des garanties de generalisation face a n'importe
quelle distribution des exemples tires dans l'echantillon d'apprentissage (d'ou la convergence en
probabilite et le seuil de conance ) et face a la pire des fonctions hypothese possibles, au sens
ou, choisie selon le principe inductif ERM, elle se revelerait de fait la moins bonne.
Un theoreme de convergence uniforme necessite une propriete sur l'ensemble H des fonctions
hypothese. Pour assurer la pertinence du principe ERM par l'equation (17.11), il faut donc se
donner une mesure de diversite sur H. L'une de ces mesures de diversite ou de richesse de l'espace
d'hypotheses est evidemment la dimension de Vapnik-Chervonenkis. C'est elle qui a permis a
Vapnik et Chervonenkis d'enoncer une loi des grands nombres pour les espaces fonctionnels.
Theoreme 17.4 (Conditions necessaires et susantes pour la pertinence de l'ERM)
L'equation suivante fournit une condition necessaire et susante pour la pertinence du prin-
cipe ERM, ainsi qu'une garantie de convergence rapide, independamment de la distribution de
probabilite sur les echantillons S .
concernant les fonctions de perte positives bornees (correspondant aux problemes de classica-
tion). Des bornes pour d'autres fonctions de perte sont discutees notamment dans [Vap95] et
[Vap98].
Risque
RRéel(hSm)
RRéel(h*)
REmp(hSm)
m=dH est petit. Dans ce cas, une faible valeur du risque empirique ne garantit rien sur la
valeur du risque reel. Pour minimiser le risque reel, il faut aussi minimiser le terme de droite
des inegalites (17.13) et (17.15) en prenant en compte les deux termes simultanement. Or le
premier terme depend d'une fonction specique dans H, tandis que le second terme depend
de l'ensemble des fonctions H par l'intermediaire de sa dimension de Vapnik-Chervonenkis.
Pour minimiser le terme de droite de ces inegalites, il faut donc maintenant faire de dH un
parametre de contr^ole. Nous verrons cette idee a l'uvre dans un nouveau principe inductif
propose par Vapnik : le principe de minimisation du risque structurel (SRM : Structural
Risk Minimization) (Voir la section 17.2.1).
des hypotheses
17.2.1 La minimisation du risque structurel : SRM
Au terme de l'etude sur la coherence du principe de minimisation du risque empirique, c'est-
a-dire du lien entre le risque empirique minimal, le risque reel associe et le risque reel optimal,
Vapnik et ses collegues ont obtenu des bornes, valables pour toute fonction cible et pour toute
distribution des exemples, sous la forme generale (pour le cas du probleme de classication) :
RReel (h^ dS ) REmp(h^ dS ) + ( dm ) (17.16)
Hd
ou dHd , la dimension de Vapnik-Chervonenkis, mesure la capacite de l'espace d'hypotheses Hd .
h^ dS est l'hypothese de risque empirique minimal dans l'espace Hd et est une fonction de la
taille de l'echantillon d'apprentissage m et de la dimension de Vapnik-Chervonenkis qui mesure
un intervalle de conance. On a une equation generale similaire pour le cas de la regression :
^d
RReel (h^ dS ) REmp (hS )
0( m ) (17.17)
dHd
Sur cette base, Vapnik propose un nouveau principe inductif baptise principe de minimisation
du risque structurel (Structural Risk Minimization : SRM) reposant sur deux idees.
1. La capacite d'une classe d'hypotheses H va ^etre mesuree par sa dimension de Vapnik-
Chervonenkis dH . Il est alors possible de denir une structure sur les classes d'hypotheses 4
consistant en une sequence ench^assee de classes d'hypotheses Hd : H1 H2 : : : Hd
: : : telle que chaque classe Hd est de dimension de Vapnik-Chervonenkis dHd nie avec :
dH1 dH2 : : : dHd : : :
2. Le choix, par ERM, de la meilleure hypothese h^ dS , et donc du meilleur espace d'hypotheses,
se fait en selectionnant l'espace Hd qui ore la meilleure garantie de risque (selon les
equations (17.16) et (17.17), soit plus precisement les equations (17.13) et (17.15)). En
faisant l'hypothese que l'intervalle de conance donne par ces equations est serre, on peut
esperer ainsi obtenir une bonne approximation du risque reel associe aux hypotheses choi-
sies, et donc pouvoir selectionner la meilleure d'entre elles en connaissance de cause.
4. Plus precisement sur les classes de fonctions de perte associees. Mais pour ne pas surcharger les concepts generaux,
nous n'en tenons pas compte ici. Bien s^ur, dans la pratique, il faudra faire attention a ce (( detail )). (Voir par
exemple [Vap95, Vap98].)
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 525
Discussion
De nombreuses variantes et implementations de l'idee generale exposee ci-dessus ont ete pro-
posees et testees (voir par exemple [BBM96], [KMNR95] pour une excellente etude comparative
de plusieurs methodes de selection de modeles, [LZ96, Mei97, MM96, STBWA96, STBWA98,
YB98]). Le principe SRM et l'idee essentielle de penalisation ou de regularisation peuvent ^etre
appliques a de nombreuses classes de modeles (e.g. fonctions polynomiales de degre variable,
perceptrons multicouche, fonctions trigonometriques, fonctions de Fourier, etc.) ainsi qu'a des
procedures d'apprentissage elles-m^emes (e.g. le choix des conditions initiales d'un reseau de
neurones, le choix du critere d'arr^et, etc. Voir pour une bonne revue [CM98] pp.115-119).
Cela met en evidence deux points importants pour la mise en pratique de l'approche SRM.
Premierement, le choix de la classe de modeles n'est pas specie par le principe SRM et fait
partie des choix resultant de connaissances a priori sur le domaine ou de biais subjectifs de
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L'induction est un probleme mal pose dans la mesure ou la solution obtenue par minimi-
sation du risque empirique n'est en general pas unique. Par exemple, il existe une innite de
polyn^omes (de degre susamment grand) passant par un nombre xe de points, et annulant
donc le risque empirique (mesure par exemple par un ecart quadratique) (voir gure 17.7). Il
peut egalement ^etre mal pose dans le cas ou les donnees sont bruitees ou engendrees par un
mecanisme si complexe que la classe H des hypotheses ne permet pas de trouver une fonction
rendant parfaitement compte des donnees (non existence).
10
7.5
2.5
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-1 1 2 3
-2.5
-5
-7.5
Fig. 17.7 { Par plusieurs points passent une innite de polyn^omes (ici, seuls quatre ont ete
traces). Lequel doit-on choisir pour interpoler a des donnees inconnues?
La theorie de la regularisation, initiee par Tikhonov et Arsenin (1977) et developpee en
particulier par Poggio et Girosi [GJP95] dans le cadre de l'apprentissage, consiste a transformer
le probleme de l'induction en un probleme bien pose (et si possible facile a resoudre eectivement)
en utilisant des connaissances a priori pour contraindre l'espace des hypotheses.
17.2.2.1 Le principe general
La theorie de la regularisation suggere de transformer le probleme mal pose de la recherche
d'une hypothese h rendant compte des donnees d'apprentissage S en un probleme de recherche
d'une hypothese h soumise a des contraintes additionnelles, c'est-a-dire :
1. minimisant le risque empirique REmp(h),
2. et soumis a une contrainte (f ) ou est une fonctionnelle incorporant des connais-
sances a priori sur la solution recherchee et est un parametre.
Sous des conditions assez larges sur , il est possible de montrer que la solution au probleme
de minimisation ci-dessus existe, est unique et depend contin^ument des donnees.
La question est alors de savoir quelle forme de connaissance a priori, traduite par la fonc-
tionnelle , il faut imposer ?
Intuitivement, l'idee est encore une fois de contraindre l'espace des hypotheses en penalisant
la classe des hypotheses si complexes qu'elles peuvent s'accorder a n'importe quel echantillon de
donnees de taille m. Deux approches sont utilisees :
1. L'approche parametrique dans laquelle on cherche a contraindre le nombre de parametres
des hypotheses. Par exemple, on cherchera des reseaux connexionnistes a petit nombre de
connexions.
2. L'approche non parametrique qui caracterise la complexite d'une fonction hypothese h par
une mesure de sa dynamique dans le domaine frequentiel. On parle alors de la regularite
de la fonction (le terme anglais utilise est smoothness). En un sens, il s'agit de preferer
les fonctions les plus (( lisses )) parmi toutes celles qui rendent compte des donnees. (Par
exemple, dans le cas des polyn^omes, on favorisera les polyn^omes de degre plus faible).
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 527
17.2.2.2 La methode des multiplicateurs de Lagrange
La minimisation des problemes sous contrainte du type :
(
minimiser une fonctionnelle : F (h) (17.18)
sous la contrainte : G(h)
se resout en faisant appel a la methode des multiplicateurs de Lagrange.
On construit d'abord le probleme d'optimisation sous-contraint :
RP en(h) = F (h) + G(h) (17.19)
ou est un parametre portant le nom de multiplicateur de Lagrange. Le point selle de cette
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wj2
connexions j
Regle d'arr^et avant terme (early stopping rule). Cette methode est appropriee dans le
cadre de l'apprentissage par optimisation iterative du risque telle qu'elle s'eectue dans
les reseaux connexionnistes, et en particulier les perceptrons multicouche. Elle consiste a
stopper le processus d'optimisation avant qu'il y ait convergence vers l'optimum local. La
justication invoquee est que le nombre eectif de degres de liberte du reseau s'accro^trait
au fur et a mesure de l'apprentissage. En le stoppant avant terme, on eviterait l'obtention
d'un modele trop complexe.
Apprentissage avec bruit. Son principe est de bruiter les donnees d'apprentissage durant
l'apprentissage (eventuellement en les bruitant dieremment a chaque passe). Intuitive-
ment, il s'agit de rendre plus dicile l'obtention d'un modele susamment complexe
pour s'accorder aux donnees d'apprentissage. On espere ainsi que l'apprentissage resultera
dans un modele rendant compte des regularites profondes plut^ot que des details. [Bis95]
(pp.346-349) montre que l'on peut eectivement exhiber une procedure de regularisation
equivalente, ce qui justie l'approche.
17.3.1 Un exemple
Supposons que nous etudiions un phenomene caracterise par des sequences d'observations : 0
avec une etiquette `+' ou `-' fournie par un oracle. Nous decidons d'en rendre compte a l'aide d'un
automate deterministe a etats nis (DFA : Deterministic Finite state Automaton). La simplicite
(ou plut^ot sa complexite) d'un automate sera mesuree par son nombre d'etats.
Les sequences suivantes sont positives, ce qui correspond au fait qu'elles sont reconnues par
l'automate recherche : 0, 000, 00010, 000000000 ; les sequences suivantes sont negatives, donc
rejetees par l'automate : , 00, 0000, 000000.
0 0 0 0 0 0 0 0 0
s
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(a) 0
(b) 0
Fig. 17.8 { En (a) l'automate trivialement coherent avec les donnees. En (b) l'automate le plus
simple coherent avec les donnees.
Il existe une innite d'automates coherents avec ces sequences. La gure 17.8(a) montre
l'automate trivial qui code simplement ces sequences. La gure 17.8(b) montre l'automate le
plus simple permettant de rendre compte de ces donnees. Lequel des deux devont nous preferer
pour predire l'etiquette de nouvelles sequences d'observations? Notre intuition nous soue que
le second est meilleur. Avons-nous raison?
La t^ache centrale de l'inference inductive est alors de trouver une approximation de per-
mettant d'estimer la probabilite conditionnelle qu'un segment x soit suivi d'un segment y. Ceci
est dans le cas general impossible. Il faut donc trouver des moyens d'approcher de maniere
raisonnable.
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 531
17.3.3 La complexite de Kolmogorov
La complexite algorithmique, souvent appelee complexite de Kolmogorov du nom de l'un de
ses inventeurs, cherche a mesurer la complexite intrinseque d'une cha^ne de bits.
Denition 17.2 (Complexite algorithmique)
La complexite algorithmique d'une cha^ne de bits x est denie comme la longueur (mesuree
en bits) du plus court programme qui, sans donnees supplementaires, permet a une machine de
Turing universelle U d'ecrire la cha^ne x et de s'arr^eter.
Formellement, cela s'ecrit :
K (x) = Min[U (p) = x]
l(p)
(17.24)
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est tres general (em e.g. (( j'ai vu des objets volants ))), il faudra founir beaucoup d'informations
pour decrire exactement les donnees a partir de ce modele. Inversement, si le modele est tres
precis (e.g. (( j'ai vu un oiseau noir, de la taille d'un corbeau environ, de plumage noir avec
le bec jaune, et un autre oiseau : : : ))), il sera co^uteux a transmettre, ne factorisant pas les
generalites presentes dans les donnees. Le meilleur compromis consiste a trouver un modele tel
que la somme de sa description, et celle des irregularites par rapport a ce modele, soit la plus
economique possible. C'est l'essence du principe de longueur de description minimale.
Denition 17.3 (Principe de longueur minimale de description (MDLP))
La meilleure theorie, ou hypothese, ou le meilleur modele, rendant compte d'un echantillon
d'apprentissage minimise la somme de :
1. la longeur, mesuree en bits, de la description de la theorie; et de
2. la longeur, mesuree en bits, de la description des donnees lorsqu'elles sont decrites a l'aide
de la theorie.
Formellement, cela signie que l'hypothese optimale h? verie :
h? = ArgMin L(h) + L(xjh) (17.26)
h2H
ou L(h) mesure la longueur de description de h, et L(xjh) mesure la longueur de description
des donnees x en utilisant l'hypothese h pour les coder.
Avec ce principe, on retrouve l'idee essentielle des principes inductifs contr^olant la com-
plexite des hypotheses, a savoir qu'il faut faire place a un compromis entre la complexite de
l'espace d'hypotheses mis en uvre pour rendre compte des donnees et la delite aux donnees
elles-m^emes. Un modele des donnees trop precis peut ne pas avoir de bonnes performances en
generalisation, de m^eme qu'un modele trop general.
Il est facile de voir que le principe de longueur minimale de description est lie a la regle de
Bayes. En eet, d'apres cette regle :
Pr(hjx) = Pr(xPr
jh) Pr(h)
(x)
Soit, en prenant l'oppose du logarithme de chaque c^ote de l'equation :
; log Pr(hjx) = ; log Pr(xjh) ; log Pr(h) + log Pr(x)
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 533
En tenant compte du fait que le facteur Pr(x) est independant de l'hypothese mise en uvre pour
rendre compte des donnees, maximiser Pr(hjx), comme le preconise le principe du maximum
de vraisemblance, revient a minimiser le terme de droite de l'equation precedente, soit :
; log Pr(xjh) ; log Pr(h)
.
Idealement, la mesure de probabilite a utiliser serait la mesure universelle et donc celle de
la complexite algorithmique K . C'est-a-dire qu'il faudrait prendre Pr(y) comme etant egal a
2;K (y) pour une sequence arbitraire y . On choisirait alors l'hypothese h minimisant :
K (xjh) + K (h)
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.
La meilleure hypothese est, selon le principe de minimisation de longueur de description
(MDLP), le polynome (pk qui minimise cette expression. 2
Le principe MDLP a ete applique dans de nombreux autres contextes. Nous citerons par
exemple le choix d'arbres de decision (voir chapitre 11) pour lequel Quinlan et Rivest ([QR89])
ont propose une mesure de co^ut des arbres prenant en compte les nuds de l'arbre et les bran-
chements possibles, ainsi que les exceptions. Dans un contexte dierent de celui de l'induction,
[Cor96] propose d'utiliser une version du MDLP pour rendre compte du raisonnement par ana-
logie, considere comme une forme de transmission economique d'information. Si le MDLP a
permis d'obtenir des resultats dans plusieurs applications, il n'en reste pas moins une tech-
nique largement empirique, dans laquelle on a remplace la necessite de fournir des probabilites
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a priori, comme dans l'approche bayesienne, par celle de concevoir un codebook avec ses co^uts
associes. Pour le moment on ne conna^t pas de technique fondee rigoureusement pour resoudre
ce probleme. Par ailleurs, la recherche d'une description la plus courte est connue comme etant
un probleme NP-complet dans de nombreux formalismes. Il est donc necessaire d'avoir recours
a des techniques heuristiques de recherche d'hypotheses.
17.3.5 Analyse : compression et pouvoir inductif
Si intuitivement il semble satisfaisant de penser qu'un modele (( simple )) des donnees est plus
susceptible qu'un modele complexe de decrire les regularites sous-jacentes, et donc de permettre
des predictions, cela ne sut pas a garantir le lien entre compression des informations et pouvoir
inductif. Sans entrer dans les details de ce lien ici, nous mentionnerons deux etudes se rapportant
a cette question.
17.3.5.1 Un theoreme de Vapnik
Dans son livre de 1995 [Vap95] en pp.102-105, Vapnik donne une preuve justiant le principe
de longueur minimale de description pour la t^ache de classication. Il montre que le coecient
de compression obtenue, c'est-a-dire le rapport r(h) entre la taille de description comprimee des
donnees et la taille de leur description brute, est lie a la probabilite d'erreur de classication sur
des donnees futures. La preuve, sans ^etre dicile, depasse le cadre du present ouvrage, et nous
n'en donnons que le resultat. Elle repose sur un argument de convergence uniforme applique au
codebook utilisable pour decrire l'espace des fonctions de classication.
Theoreme 17.5 (MDLP et probabilite d'erreur en classication (Vapnik,95))
Si, en utilisant un codebook structure, on trouve une hypothese h permettant de comprimer l'ex-
pression de la cha^ne de bits u1 ; u2 ; : : : ; um des etiquettes des formes d'apprentissage x1 ; x2 ; : : : ; xm
d'un facteur R(h), alors, avec probabilite au moins 1 ; , la probabilite d'erreur de classication
par l'hypothese h est bornee par :
;
RReel(h) < 2 r(h) ln 2 ; lnm
Ce theoreme est interessant dans la mesure ou, par contraste avec les theoremes de pertinence
de l'ERM, il ne fait pas intervenir directement de proprietes statistiques des donnees, ni de risque
empirique (nombre d'erreurs de classication en apprentissage). Malheureusement, ce theoreme
ne dit pas comment construire un bon codebook. Nous en verrons une raison en analysant le
No-Free-Lunch theorem (17.4.1).
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 535
17.3.5.2 Les algorithmes d'Occam en apprentissage PAC
Le lien entre compression d'information et generalisation a ete egalement etudie dans le cadre
de l'apprentissage de fonctions indicatrices, c'est-a-dire de concepts. Dans ce cadre, en supposant
que les exemples x soient denis sur f0; 1gd ou sur IRd , que l'echantillon d'apprentissage S com-
porte m exemples etiquetes suivant une fonction cible f : ((x1 ; f (x1 )), (x2 ; f (x2 )); : : : ; (xm ; f (xm )),
alors un algorithme d'Occam est un algorithme qui, prenant S en entree, produit une hypothese
h 2 H coherente avec S et qui est succincte au sens ou taille(h) est une fonction croissant
susamment lentement en fonction de d, taille(f ) et m. Plus precisement :
Denition 17.4 (Algorithme d'Occam)
Soient deux constantes 0 et 0 < 1. On dit qu'un algorithme d'apprentissage est un
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algorithme d'Occam si, a partir d'un echantillon d'apprentissage etiquete par un concept cible
f , il produit une hypothese h veriant :
1. h est coherente avec S
2. taille(h) (d taille(f )) m
Il est clair que si m d, alors les m bits correspondants aux etiquettes de x1 ; x2 ; : : : ; xm
sont eectivement comprimes en une cha^ne d'au plus m bits. Sinon, il faut bien exprimer que
l'hypothese la plus courte peut dependre au moins lineairement de taille(f ).
Il existe alors un theoreme prouvant qu'un tel algorithme, si on lui fournit un echantillon de
taille 1 1 (d taille(f )) 1;1
m a log +
ou a est une constante > 0, produit une hypothese h de probabilite d'erreur de classication en
generalisation avec une probabilite 1 ; ou 1.
Un lien est donc etabli la aussi entre compression et induction, m^eme si la portee de ce
theoreme est limitee par le fait qu'il ne s'applique que pour des espaces d'hypotheses H de
cardinal ni. (Pour plus de details, se reporter par exemple a [KV94]).
17.3.5.3 Pour conclure
Doit-on conclure des resultats qui precedent qu'il faut toujours mieux choisir une hypothese
succincte pour rendre compte de donnees ? Nous allons voir dans la section suivante que la
reponse est non. Plusieurs etudes se voulant provocatrices ont d'ailleurs montre que le choix
d'une hypothese succincte pouvait se reveler moins bon que celui d'une hypothese aussi bonne
sur les donnees d'apprentissage, mais plus complexe. De fait, la preference pour la simplicite des
hypotheses s'assimile a un biais a priori, qui peut, ou non, ^etre approprie. Pourquoi alors est-ce
un biais naturel chez les ^etres humains et que l'on trouve souvent satisfaisant?
La reponse a cette question comporte au moins deux volets. Le premier est qu'a c^ote du
pouvoir predictif d'une hypothese ou d'une theorie, nous recherchons souvent son caractere
explicatif et donc comprehensible. Une hypothese s'accordant parfaitement aux donnees, mais
compliquee, est souvent moins satisfaisante qu'une hypothese moins parfaite mais intelligible.
A partir du moment ou l'on parle d'intelligibilite, il faudrait aussi faire intervenir le reste des
connaissances prealables dans lesquelles s'inscrit la nouvelle connaissance apprise. Les theoremes
de compression ne disent evidemment rien sur cet aspect des choses.
Le deuxieme volet nous ramene au sens profond des theoremes de pertinence du principe
ERM. Pourquoi en eet une hypothese simple serait meilleure en prediction qu'une hypothese
536 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
plus complexe s'accordant aussi bien aux donnees? Rien dans les theoremes de Vapnik ne permet
de l'expliquer. Rien, sauf ceci. Que la classe des hypotheses simples a exprimer dans un langage,
dans tous langage, est forcement restreinte, quel que soit le langage utilise. Si donc l'on trouve
une hypothese (( simple )) qui s'accorde bien aux donnees d'apprentissage, c'est que, dans un
espace H limite, on a trouve une bonne hypothese au sens du risque empirique. Les theoremes
de Vapnik, qui prennent en compte la richesse de l'espace des hypotheses, arment alors que
la probabilite est grande que cette hypothese se comporte bien a l'avenir. La simplicite d'une
hypothese est relative au langage utilise pour l'exprimer, mais ce qui compte vraiment c'est la
richesse de la classe des hypotheses a laquelle est appartient. Si par chance on trouve une bonne
hypothese dans une classe restreinte, alors l'espoir est grand qu'elle soit bonne en general. C'est
ce que Judea Pearl avait deja remarque dans un article de 1978 [Pea78] injustement oublie et
qui preemptait bien des travaux ulterieurs sur ce sujet.
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possibles. Une fois xe l'echantillon d'apprentissage, un certain nombre de ces fonctions sont
eliminees car ne s'accordant pas aux donnees, mais toutes les autres fonctions restent candidates,
et aucune prediction n'est possible. C'est ce que nous avons vu dans le cas de fonctions binaires
dans le chapitre 1. C'est egalement ce que montre la gure 17.7.
Si donc l'unique information dont nous disposons pour une t^ache inductive est un echantillon
d'apprentissage, alors seul un apprentissage par cur de cet echantillon est possible, et aucune
induction ne peut ^etre faite avec quelque garantie que ce soit. En d'autres termes, et exprime
de maniere peut-^etre plus brutale, il n'existe aucune correlation a priori entre un echantillon
d'apprentissage et les evenements non vus. Plus formellement, notons p(hjS ) la distribution des
hypotheses dans H apres la prise en compte de l'echantillon S , c'est-a-dire apres apprentissage.
Si l'algorithme d'apprentissage est deterministe, fournissant une seule hypothese, et toujours
la m^eme, pour un echantillon S donne, alors la distribution prend la forme d'un Dirac centre
sur l'hypothese choisie h. Si au contraire il s'agit d'un algorithme non deterministe, p(hjS )
peut avoir une certaine extension. De la m^eme maniere, nous notons p(f jS ) la distribution de
probabilite des fonctions de la Nature f etant donne l'echantillon d'apprentissage. L'expression
de l'esperance de l'(( ecart )) entre le resultat de l'apprentissage et la Nature est alors :
Z Z
E [RReel jS ] = p(x) [1 ; (f (x); h(x)] p(hjS ) p(f jS ) (17.27)
h;f x62S
ou le symbole de Kronecker denote la fonction nulle partout sauf la ou ses arguments sont
egaux, ou elle vaut 1. Nous noterons ici que la somme ne fait intervenir que les formes x non vues
en apprentissage, ce qui est dierent de l'esperance de risque i.i.d. dans laquelle le tirage aleatoire
des formes peut permettre le tirage de la m^eme forme en apprentissage et en reconnaissance.
Les deux expressions sont equivalentes dans le cas ou l'echantillon S est de mesure nulle sur
l'espace des entrees possibles X . L'equation 17.27 exprime que l'esperance de risque reel etant
donne un echantillon d'apprentissage S est liee a la somme de toutes les entrees possibles x
ponderees par leur probabilite p(x), et a un (( alignement )) entre l'algorithme d'apprentissage
caracterise par p(hjS ) et la vraie probabilite a posteriori de la Nature p(f jS ). De ce fait, en
l'absence d'information a priori sur la distribution p(f jS ), il est impossible de dire quoi que ce
soit sur la performance en generalisation de l'algorithme d'apprentissage.
Si l'armation precedente n'a pas su a plonger le lecteur dans la consternation, le corol-
laire 5 suivant devrait achever de le faire. Nous noterons :
Z
Ek [RReel jf; m] = p(x) [1 ; (f (x); h(x)] pk (h(x)jS )
x62S
5. Du latin corollarium (( petite couronne donnee comme gratication )).
538 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
0.
4. Pour tout echantillon d'apprentissage S donne, en moyenne uniforme sur toutes les dis-
tributions possibles p(f ) : E1 [RReel jS ] ; E2 [RReel jS ] = 0.
Pour une preuve de ce theoreme, nous renvoyons le lecteur a [Wol92]. De maniere qualitative,
le premier point de ce theoreme exprime que quel que soit notre choix d'un (( bon )) algorithme
d'apprentissage et d'un (( mauvais )) algorithme (par exemple un algorithme predisant au hasard,
ou bien une fonction constante sur X ), si toutes les fonctions cible f sont egalement probables,
alors le (( bon )) algorithme aura la m^eme performance en moyenne que le (( mauvais )). Cela
signie aussi qu'il existe au moins une fonction cible pour laquelle la prediction au hasard est
meilleure que n'importe quelle autre strategie de prediction.
Le deuxieme point du theoreme arme la m^eme absence de superiorite d'un algorithme
d'apprentissage sur tout autre algorithme, m^eme quand l'echantillon d'apprentissage est connu.
En d'autres termes, celui-ci n'apporte pas plus d'information a un algorithme plut^ot qu'a un
autre, f^ut-il a nouveau l'algorithme de prediction au hasard. Les points trois et quatre ne font que
renforcer ces resultats en armant l'egalite de tous les algorithmes, si l'on prend en compte des
distributions non uniformes de fonctions cible, mais que l'on moyenne sur toutes ces distributions.
Bien s^ur, pour une distribution donnee, un algorithme va ^etre meilleur que les autres, a savoir
celui qui a la m^eme distribution que p(f jS ). Mais comment le deviner a priori ?
Avant de discuter des lecons a tirer du no-free-lunch theorem, il est utile d'en illustrer la force
a nouveau sur un exemple. Nous avons la en eet une sorte de loi de conservation (comme le dit
Cullen Schaer [Sch94]). De m^eme que pour chaque classe de problemes pour laquelle un algo-
rithme d'apprentissage est meilleur qu'un algorithme de prediction au hasard il existe une classe
de problemes pour laquelle cet algorithme est moins bon (voir gure 17.9). De m^eme, pour chaque
algorithme d'apprentissage, il existe des problemes pour lesquels la courbe de performance en
generalisation est ascendante et des problemes pour lesquels cette courbe est descendante, c'est-
a-dire pour lesquels plus l'algorithme apprend et plus il est mauvais en generalisation !
Considerons l'algorithme de classication binaire majoritaire qui attribue a un nouveau point
l'etiquette de la classe la plus representee dans les exemples d'apprentissage de S . Intuitivement,
cet algorithme s'attend a ce que la classe la mieux representee sur l'echantillon d'apprentissage
soit de fait majoritaire. Est-ce que cet algorithme simple peut n'^etre qu'equivalent a un algo-
rithme tirant ses predictions au hasard? Sans en donner une preuve formelle, il est possible de
s'en convaincre intuitivement. En eet, dans les problemes pour lesquels une classe est nettement
majoritaire, on peut s'attendre a ce que dans la plupart des cas l'algorithme majoritaire detecte
correctement cette majorite dans l'echantillon d'apprentissage et soit de ce fait meilleur qu'une
prediction au hasard (de peformance 1/2) sur les formes x non vues. Qu'en est-il alors pour
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 539
-
- + - 0
0
0
Systèmes d'apprentissage -
+ - + 0
possibles
- -
-
-
+ - 0
- 0
- 0
0 0
0 0
+ 0
0 +
Systèmes d'apprentissage
impossibles
+ +
+ 0 + 0
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0 0 0 0
Fig. 17.9 { Le no-free-lunch-theorem prouve que pour chaque region de l'espace des problemes
pour laquelle un algorithme d'apprentissage a une performance superieure au hasard
(indique ici par un (( + ))), il existe une region pour laquelle la performance est moins
bonne que le hasard (indique ici par un (( - ))). Un (( 0 )) indique ici la performance
d'un algorithme au hasard, donc la performance moyenne. Les trois gures du dessus
correspondent a des situations possibles pour un algorithme d'apprentissage, tandis
que les trois gures du dessous correspondent a des situations impossibles : celles d'un
algorithme qui serait intrinsequement superieur a un algorithme au hasard quand
on le considere sur l'ensemble des problemes possibles (d'apres [Sch94]).
les autres problemes, ceux pour lesquels il n'existe pas de majorite nette, et qui d'apres la loi
binomiale sont de tres loin les plus nombreux? Est-ce que l'agorithme majoritaire n'est pas sur
ceux-la equivalent a un algorithme au hasard, contredisant ainsi le no-free-lunch theorem ? M^eme
si les deux classes sont egalement representees sur X , les variations d'echantillonnage feront que
souvent l'une d'entre elles sera prevalente dans S , entra^nant une prediction dans ce sens par
l'algorithme majoritaire alors que, sur les exemples non vus, ce sera naturellement l'autre classe
qui sera (un peu) mieux representee. L'algorithme, sur ces problemes, fera donc (un peu) moins
bien que l'algorithme de prediction au hasard. En prenant en compte tous les cas possibles, la
performance globale de cet algorithme ne sera pas meilleure que celle de l'algorithme au hasard.
Un raisonnement similaire montre que la courbe de generalisation de l'algorithme majoritaire
peut ^etre decroissante. Encore une fois, dans les cas ou une classe est clairement majoritaire,
l'algorithme majoritaire va avoir de plus en plus de chance de detecter correctement cette ma-
jorite avec des tailles d'echantillon croissantes (voir gure 17.10 (a)). Si en revanche les deux
classes sont egalement representees sur X , alors la courbe va ^etre decroissante (voir gure 17.10
(b)). En eet, pour les petites tailles d'echantillon, la performance sera seulement legerement
inferieure a 1/2, puisque lorsque l'algorithme detectera une majorite dans son echantillon, ce
sera l'autre classe qui sera de fait mieux representee sur les exemples restants, mais de tres peu.
En revanche, plus l'echantillon d'apprentissage est important, plus le choix, forcement mauvais,
de l'algorithme entra^nera un mauvais taux de prediction sur les exemples restants. A la limite,
quand tous les exemples sauf un auront ete vus par l'algorithme d'apprentissage, la prediction
sur le dernier sera forcement mauvaise (la classe prevalente sur S etant la classe opposee a celle
de ce dernier), et la performance tombera a 0.
Quelles lecons tirer de ce theoreme? Faut-il jeter ce livre par terre et se maudire d'avoir
consacre deja tant de temps a etudier une science sans avenir? Le no-free-lunch theorem n'emp^eche
540 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
Performance en Performance en
généralisation généralisation
Fig. 17.10 { Le no-free-lunch theorem prouve que pour chaque region de l'espace des problemes
pour laquelle un algorithme d'apprentissage a une courbe en generalisation crois-
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sante (a), il existe une region pour laquelle il existe une courbe en generalisation
decroissante, c'est-a-dire indiquant que plus l'algorithme apprend, moins il est per-
formant sur les formes non vues (b). (D'apres [Sch94].)
pas de travailler sur les problemes inductifs, il averti simplement que la prudence est de rigueur.
Plus precisement :
1. Un algorithme d'apprentissage est forcement biaise vers une certaine classe de problemes.
C'est toujours en fonction de certains a priori sur les problemes a resoudre qu'il faut
concevoir et utiliser un algorithme d'apprentissage.
2. Il n'est pas admissible de parler de la performance d'un algorithme sans preciser sur quelle
classe de problemes il a ete teste et pour quelle classe de problemes il a ete concu.
3. L'induction ne cree pas d'information. Elle ne fait que transformer une information a priori,
inscrite dans les biais de l'algorithme d'apprentissage, et qui est revelee par l'intermediaire
d'un echantillon d'apprentissage. Si l'information a priori est inadaptee a la situation
rencontree, le resultat sera egalement mauvais.
D'un certain c^ote, le no-free-lunch theorem est une nouvelle occasion de ne pas croire aux
miracles. Il existe d'ailleurs d'autres versions de ce theoreme pour des problemes importants
pour l'apprentissage :
1. Le theoreme du vilain petit canard [Wat85] dit qu'il n'existe pas a priori de meilleur en-
semble de descripteurs pour decrire des formes, et qu'en l'absence d'autres informations, il
n'existe pas de meilleure notion de similarite entre formes. Toute similarite est dependante
de biais qui peuvent, ou non, ^etre corrects pour l'application etudiee.
2. Le no-free-lunch theorem pour les algorithmes d'optimisation [Wol97] dit qu'en moyenne
sur tous les problemes de recherche d'un extremum d'une fonction de co^ut, il n'existe pas
d'algorithme de recherche qui soit intrinsequement meilleur que tout autre algorithme de
recherche. Cela signie en particulier que les algorithmes de recherche par gradient, ou par
recuit simule ou par evolution simulee, tout aussi sophistiques soient-ils, sont susceptibles
d'^etre pires qu'une recherche au hasard sur certaines classes de problemes.
Rendu a ce point, le lecteur peut se detendre, commencer a accepter les implications de ces
theoremes de conservation et envisager la suite avec la serenite qui sied au sage. Pourtant...
Pourtant il ne serait pas deraisonable que certains se reveillent brutalement la nuit en proie a
des palpitations et des sueurs froides. Parce que nous les avons precedes dans cette epreuve,
nous allons partager ce moment d'inquietude, violent mais salutaire.
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 541
17.4.2 Le no-free-lunch theorem et l'analyse de Vapnik : une contradiction?
Le no-free-lunch theorem arme qu'on ne peut compter sur aucune correlation entre l'echan-
tillon d'apprentissage S et les exemples non vus. L'analyse de Vapnik exprime la correlation
entre le risque empirique, mesure sur S , et le risque reel. En gros, cette analyse dit que, pour
une certaine taille m de l'echantillon d'apprentissage, et pour une certaine richesse de l'espace
d'hypothese caracterisee par exemple par la dimension de Vapnik-Chervonenkis, on peut borner,
en probabilite, l'ecart entre le risque empirique mesure et le risque reel. D'un c^ote, donc, il n'y a
pas a priori de correlation entre le passe et le futur, de l'autre, on peut avoir une certaine garantie
que la performance passee soit representative de la performance future. Les deux theoremes sont
corrects. Ou est la faille?
Reexaminons le theoreme de Vapnik. Il nous dit qu'etant donnees une fonction cible f et une
hypothese h tiree d'un espace de fonctions de richesse limitee, il y a tres peu de chances, disons
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Pour resumer :
Sans biais, c'est-a-dire sans restriction sur l'espace d'hypotheses considere, l'induction est
impossible.
Si a cause de connaissances prealables ou par chance on dispose d'un bon biais, alors il y
a de fortes chances (mesurees par les theoremes de Vapnik par exemple) qu'une hypothese
bonne sur les donnees d'apprentissage, soit bonne en esperance (risque reel).
Si on ne dispose pas d'un biais adequat (mauvaises connaissances prealables) :
1. On a de fortes chances de s'en rendre compte sur l'echantillon d'apprentissage en ne
trouvant pas d'hypotheses de risque empirique faible.
2. Si on trouve une hypothese de risque empirique faible, on ne peut pas savoir que c'est
par erreur.
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L'induction n'est vraiment pas faite pour les curs faibles ou les foies jaunes !
Fig. 17.11 { Le critere de performance habituel, mesurant une esperance, privilegie l'aproxima-
tion dans les regions de forte densite de donnees et non dans les regions de forte
dynamique. De ce fait, la fonction identiee par minimisation du risque empirique,
ici une droite, peut ^etre tres dierente de la fonction cible.
Mais d'autres criteres de performance peuvent ^etre interessants. Par exemple, la perfor-
mance d'un systeme d'apprentissage, l'ecart precedemment deni, peut eventuel-lement va-
rier en fonction d'autres parametres, comme le taux de faux positifs admis, ou la conance
du systeme dans sa prediction. Ce n'est alors plus un nombre, comme le taux d'erreur,
qui caracterise un systeme, mais une courbe, voire une surface. On parle alors d'optimi-
sation multicritere et la comparaison entre systemes d'apprentissage doit faire intervenir
l'ensemble des parametres.
On peut aussi vouloir prendre en compte la complexite computationnelle d'un apprentis-
sage an de traduire qu'il doit s'eectuer dans un temps raisonable, compatible avec les
exigences de fonctionnement dans le monde. C'est ce que tente de capturer un versant du
modele d'apprentissage PAC (voir chapitre 2) qui pose qu'un apprentissage n'est possible
que s'il est de complexite au plus polynomiale en un certain nombre de parametres 6 . Pour
le moment, cette caracterisation formelle des apprentissages realisables a surtout permis de
montrer que certains apprentissages etaient non apprenables dans ce cadre. L'accumulation
de ces resultats negatifs a lasse m^eme les theoriciens, et ce d'autant plus qu'ils se fondent
sur des bornes souvent grossieres que la realite des applications pratiques semble ignorer.
Les theoremes sur les vitesses de convergence dans l'analyse de Vapnik ont remplace ce
type d'investigations.
Cependant, les criteres de performances evoques ci-dessus privilegient le point de vue des
systemes d'apprentissages (( a un coup )), batch-learning, dans lesquels la performance n'est
mesuree qu'apres l'apprentissage. C'est evidemment tres restrictif. La plupart des orga-
nismes naturels, les organisations sociales et les institutions, mais aussi certains systemes
articiels, ne peuvent survivre que s'ils apprennent en permanence et que leur performance
tout au long de leur existence est correcte, et pas mesuree seulement une fois a la n. Il
6. Plus formellement, on dit qu'une classe de concepts F denie sur un espace d'exemples X est apprenable avec un
espace d'hypotheses H par un apprenant A ssi pour tout f 2 F , toute distribution DX sur X , un taux d'erreur "
tel que 0 < " < 1=2 et un taux de conance tel que 0 < < 1=2, et a partir d'un echantillon d'apprentissage de
taille m, l'apprenant A produit avec une probabilite au moins (1 ; ) une hypothese h 2 H telle que RReel "
(ou le risque est calcule par un taux d'erreur) en un temps polynomial en 1=", 1=, m et taille(f ).
544 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
est donc important de denir des mesures de performances qui puissent s'appliquer tout
au long de la trajectoire des etats suivie par l'apprenant.
Finalement, il faudra bien un jour envisager des mesures de performances plus sophis-
tiquees, prenant en compte a la fois l'intelligibilite des connaissances produites par l'appre-
nant, mais aussi la maniere dont elles peuvent s'inscrire dans les connaissances anterieures,
dans les connaissances de la collectivite, humaine ou non, et s'interfeconder avec elles. Ce
jour-la, l'apprentissage articiel pourra renouer un dialogue fecond avec d'autres sciences
de l'apprentissage, comme la psychologie ou la didactique. Il reste pour cela du chemin a
parcourir.
Le protocole d'apprentissage. Il regle le protocole des interactions entre l'apprenant
et son environnement, celui-ci incluant eventuellement un oracle ou professeur dans le cas
de l'apprentissage supervise. Nous avons largement examine les protocoles d'apprentis-
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sage supervise, non supervise et par renforcement. Ils n'epuisent cependant pas l'ensemble
des possibilites et d'autres types d'apprentissages sont envisages comme l'apprentissage
incremental ou en ligne (on-line learning), l'apprentissage actif ou les apprentissages col-
laboratifs.
Le type d'analyse theorique. Toutes les etudes theoriques prennent comme base l'hy-
pothese de donnees tirees aleatoirement et independamment suivant une distribution xe
(tirage i.i.d.). C'est en eet le seul cadre dans lequel on sache etablir des theoremes de
convergence uniforme sur des fonctions de distribution. Malheureusement, ou heureuse-
ment, l'environnement d'un agent obeit rarement a cette hypothese. L'agent modie les
distributions de donnees par son action, la t^ache d'apprentissage evolue, la Nature elle-
m^eme change. On retombe la sur le probeme de la denition d'autres protocoles d'ap-
prentissage et d'autres criteres de performance. L'approche theorique de l'apprentissage
va devoir regarder ailleurs que dans la theorie statistique.
Dans les sections suivantes, nous revenons brievement mais de maniere un peu plus for-
melle sur les modeles d'apprentissage denis par des criteres de performance et des protocoles
dierents. Notre but est de permettre au lecteur de situer a quoi se referent certains termes, en
lui laissant l'initiative de s'informer plus avant pour ce qui l'interesse.
17.5.1 D'autres modeles d'apprentissage
17.5.1.1 Apprentissage incremental ou en ligne
Dans l'apprentissage non incremental ou encore batch, l'echantillon de donnees d'appren-
tissage est fourni d'un seul coup a l'apprenant. Celui-ci peut alors choisir une hypothese op-
timisant sur ces donnees un certain critere objectif traduisant le principe inductif : minimi-
sation d'un risque, compression maximale de l'information ou maximisation d'une vraisem-
blance, par exemple. Dans l'apprentissage incremental en revanche, les donnees sont fournies
sequentiellement a l'apprenant et celui-ci doit prendre des decisions et mettre a jour son esti-
mation du monde apres chaque nouvelle donnee. La performance n'est donc plus mesuree apres
l'apprentissage, comme un risque ou une esperance de risque, mais traduit la qualite des decisions
prises tout au long de l'apprentissage. Generalement, on suppose qu'a chaque etape (trial), l'ap-
prenant recoit une donnee, prend une decision : par exemple predit l'etiquette de cette donnee,
puis subit un co^ut qui est fonction de sa prediction ou de son estimation de l'etat du monde, et
du veritable etat du monde (parfois aussi du changement d'estimation d'une etape a la suivante).
L'apprenant met alors a jour son estimation courante du monde et attend la prochaine etape.
Comment mesurer la performance globale du systeme alors que la sequence de donnees peut ne
pas ^etre bornee?
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 545
Principalement deux types de scenarios ont ete explores.
Le premier s'appelle apprentissage incremental avec nombre d'erreurs (mistake-bound lear-
ning model ). Il est assez naturel. On se demande combien d'erreurs peut-on ^etre amene
a faire dans le pire des cas (le pire concept cible et la sequence d'exemples la plus
desavantageuse) pour identier un concept cible. Plus formellement, a chaque etape, un
exemple x 2 X = f0; 1gd est fourni a l'algorithme qui doit predire sa classe 0 ou 1 avant de
recevoir sa vritable etiquette. L'algorithme est penalise pour chaque erreur de prediction
commise. Le but est d'avoir un apprenant faisant le moins d'erreurs possible. On suppose
generalement que la presentation des exemples est sous le contr^ole d'un adversaire. Dans
ce modele, on s'interesse particulierement aux algorithmes qui pour tout concept c dans
un espace de concepts cible C et pour toute sequence d'exemples, ne font pas plus de
poly(d; taille(c)) 7 erreurs avec un temps de calcul par etape en poly(d; taille(c)). On dit
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alors que l'algorithme apprend C dans le modele incremental avec nombre d'erreurs.
Le second est le modele d'apprentissage incremental avec perte relative (relative loss bound
model ). Il se rapporte a toute une lignee de travaux dans des domaines connexes comme
l'apprentissage de strategies mixes optimales dans les jeux iteres, le probleme du codage uni-
versel en theorie de l'information, celui des portefeuilles universels en prediction nanciere,
et plus generalement le probleme de la prediction universelle. Dans cette approche, on
s'interesse aux proprietes de la prediction d'une sequence (et non d'une population de
sequences generee par un modele probabiliste, ce qui mene a des esperances de pertes).
La mesure de performance d'un algorithme de prediction ne peut plus alors se faire dans
l'absolu et doit ^etre mesuree par comparaison avec une population F de predicteurs, que
l'on appelle aussi des experts. On cherche alors quelle est la perte ou regret maximal de
la strategie d'apprentissage par rapport au meilleur expert de F . Notons que la notion
de regret renvoie aussi a ce qui est perdu par rapport a un apprenant (expert) qui aurait
eu toutes les donnees d'un coup (apprentissage batch). Parfois, on parle d'apprentissage a
partir d'avis d'experts (using expert advices). Les resultats connus sont encore parcellaires,
mais il faut retenir que les pertes calculees dependent de certaines proprietes metriques de
la population d'experts F .
En dehors du fait que ces travaux prennent en compte le caractere generalement incremental
des apprentissages, l'un de leurs inter^ets majeurs est qu'ils peuvent renouveler l'approche theorique
de l'apprentissage dans la mesure ou l'on s'y aranchit d'hypotheses sur la distribution des
exemples et en particulier sur l'hypothese i.i.d. (distribution independante et identique). (Voir
[AW01, Blu97, CBFH+ 97, CBL01, Cov91, MF98]).
17.5.1.2 Apprentissage actif et apprentissage guide
Excepte pour le cas de l'apprentissage par renforcement, cet ouvrage a essentiellement rendu
compte de protocoles d'apprentissage dans lesquels l'apprenant est passif, recevant les donnees
que veut bien lui fournir la Nature ou l'oracle. La dierence est notable avec les agents cognitifs
naturels qui agissent sur le monde et sont en partie responsables du
ot de donnees leur parve-
nant. Pourquoi alors ne pas etudier ces apprentissages actifs, ne serait-ce que pour savoir s'ils
sont avantageux par rapport aux apprentissages passifs?
La base des modeles proposes dans ce cadre est de supposer que l'apprenant peut poser des
questions a la Nature sous des formes diverses.
Dans le protocole de requ^ete d'appartenance (membership query ), l'apprenant peut choisir
7. C'est-a-dire une fonction polynomiale de d et de la taille de description du concept c.
546 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
une forme et demander quelle est son etiquette a l'oracle. Il s'agit alors de voir en combien
de questions au minimum l'apprenant peut identier la meilleure hypothese. ([Ang88])
Dans le protocole de requ^ete d'equivalence (equivalence query ), l'apprenant peut proposer
une hypothese h, et l'oracle, soit l'informe que l'hypothese est logiquement equivalente a
la fonction cible, soit lui fournit un contre-exemple inrmant l'hypothese. ([Ang88])
Dans le protocole de requ^ete statistique (statistical query model ), l'apprenant ne peut
avoir acces directement aux exemples etiquetes, mais peut poser des questions sur les
statistiques des exemples etiquetes (par exemple 3/4 des 52 exemples sont positifs). Ce
modele est particulierement utile dans le cas de donnees dont l'etiquette peut ^etre erronee
(bruit de classication). ([KV94])
Pour chacun de ces protocoles, des resultats ont ete obtenus sur des classes de fonctions cible
apprenables ecacement dans le modele PAC et sur des equivalences entre ces modeles. S'il est
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sont obtenues pour des echantillons d'apprentissage beaucoup plus faibles que ceux predits par
la theorie (parfois m^eme pour des echantillons de taille < dH , c'est-a-dire pour lesquels aucune
borne en generalisation n'est valide en theorie). Parfois aussi, on observe des courbes d'appren-
tissage presentant de brutales transitions (voir la gure 17.12) reminiscentes des phenomenes de
transitions de phase en physique.
Risque réel
(erreur en généralisation)
Risque
Risque empirique
(erreur en apprentissage)
α
Fig. 17.12 { Un exemple de courbe d'apprentissage presentant une transition brutale vers une
erreur en generalisation nulle. On etudie donc les caracteristiques de l'esperance
de risque en fonction du rapport = m=N , m etant le nombre d'exemples dans
l'echantillon d'apprentissage et N le nombre de degres de liberte gouvernant H
(typiquement, le nombre de connexions dans un reseau de neurones, sans qu'il soit
etabli que cela constitue des degres de liberte independants).
Plusieurs explications de ces phenomenes ont ete proposees. Par exemple :
L'algorithme d'apprentissage (e.g. un reseau connexionniste) n'accederait eectivement
qu'a un sous-espace de l'espace des hypotheses H, dont la dimension de Vapnik-Chervonenkis
serait inferieure a dH . Il faudrait donc prendre en compte la dimension de Vapnik-Chervonenkis
du sous-espace reellement explore. Il y a la d'ailleurs une direction de recherche interessante
visant a prendre en compte la strategie d'exploration de l'algorithme.
La distribution des donnees serait en general beaucoup plus favorable que la distribution
la pire possible. Cela a motive des travaux dedies a l'etude de distributions particulieres.
Surtout, c'est la l'une des sources de l'excitation autour des separateurs a vastes marges
548 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
Le probleme est que le calcul de cette grandeur est en general tres dicile. Il n'est resolu que pour
des cas particuliers par l'emploi de methodes encore mal ma^trisees. Deux idees sont essentielles
pour aborder ce calcul :
1. Ce qui est important, c'est une sorte de capacite associee a chaque degre de liberte de l'es-
pace d'hypotheses. On etudie donc les caracteristiques de l'esperance de risque en fonction
du rapport = m=N , m etant le nombre d'exemples dans l'echantillon d'apprentissage et
N le nombre de degres de liberte gouvernant H (typiquement, le nombre de connexions
dans un reseau de neurones, sans qu'il soit etabli que cela constitue des degres de liberte
independants). Lorsque l'on fait tendre m ! 1 en gardant constant, on parle alors de li-
mite thermodynamique. Les courbes d'apprentissage sont etablies en examinant l'esperance
de risque en fonction du rapport .
2. On espere que, comme en physique des verres de spin, les proprietes macroscopiques
des systemes d'apprentissage (par exemple leur risque reel) presentent des proprietes
d'automoyennage. Cela signie que lorsque les contraintes (l'echantillon d'apprentissage)
sont engendrees par une m^eme distribution, les proprietes macroscopiques qui en decoulent
sont les m^emes et ne dependent donc pas de la realisation particuliere d'un echantillon
d'apprentissage. Cela signie, qu'a la limite de N ! 1, tous les echantillons d'apprentis-
sage sont equivalents et l'on peut alors obtenir facilement des proprietes generiques des
systemes d'apprentissage.
Chapitre 17 Approfondissement sur l'analyse de l'induction 549
Du fait de la diculte technique des methodes de calcul mises en jeu et de leurs domaines de
validite souvent restreints quand ils ne sont pas incertains, les resultats obtenus sont parcellaires.
Nous ne rentrerons pas dans leur details ici.
L'approche de la physique statistique qui cherche a etudier des proprietes typiques du prin-
cipe ERM plut^ot que des bornes de conance est potentiellement tres interessante, et ce d'autant
plus qu'on peut egalement obtenir par ce biais des informations sur la dynamique de l'appren-
tissage et non seulement sur ses proprietes asymptotiques. C'est pourquoi nous croyons utile de
l'evoquer dans cet ouvrage.
Cependant, cette approche qui repose sur la mise a jour de proprietes d'automoyennage dans
les systemes d'apprentissage, pose des problemes redoutables et implique la mise en uvre de
techniques diciles et dont les domaines de validite sont encore imprecisement connus. Cela
explique sans doute le petit nombre de publications la concernant. Sans ^etre exhaustifs, nous
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pouvons citer en particulier [Gar88, HKS94, HKST96, LTS89, OH91, SST92, WRB93].
17.5.2.2 Apprentissage et analyse des systemes dynamiques
Un apprenant est un systeme caracterise par un certain etat qui evolue en fonction de cet
etat et des entrees dues a l'environnement. On peut donc le caracteriser comme un systeme
dynamique. Lorsque l'apprenant est soumis a une sequence d'entrees, il suit une trajectoire le
faisant passer d'un etat d'origine e0 a un etat nal ef . On peut alors chercher ce qui caracterise
ces trajectoires. La physique des systemes dynamiques nous apprend que la trajectoire suivie
par un systeme rend extremale une quantite que l'on appelle action et qui est l'integrale le long
de la trajectoire d'une quantite appelee Lagrangien (a ne pas confondre avec les multiplicateurs
de Lagrange). Si l'on conna^t le Lagrangien d'un systeme, on peut calculer sa trajectoire pour
toute sequence d'apprentissage.
Ce qui est interessant, c'est que cette approche permet de relier la notion d'information avec
celle d'apprentissage. En eet, considerons maintenant un apprenant tel que, etant donne un
etat initial e0 , quel que soit l'ordre dans lequel est presente un echantillon d'apprentissage, il
parvienne au m^eme etat nal ef . En d'autres termes, l'apprenant est insensible a l'ordre de
presentation des donnees. Cela correspond a un invariant sur la trajectoire qui est lie a un
invariant de l'action et du Lagrangien. Cette invariance implique des relations speciques entre
information et prise en compte de cette information par l'apprenant. Notamment, le systeme
ne peut oublier n'importe comment l'information qui lui a ete fournie. On peut ainsi etablir
un lien entre information, systeme d'apprentissage et oubli. Apres tout, il est curieux que la
notion d'oubli n'apparaisse qu'ici dans un livre sur l'apprentissage. Apprentissage - oubli / oubli
- apprentissage, l'un est-il pourtant dissociable de l'autre?
Il y a encore tellement de choses a apprendre sur l'apprentissage !
par des fonctions de base, dont les fonctions a base radiale. Le cours de Girosi au MIT est a cet
egard interessant a consulter.
La theorie de l'estimation bayesienne est bien presentee dans [DHS01, Bis95, CL96] avec des
details historiques dans la premiere reference. La diculte de sa mise en uvre lui fait preferer
des versions simpliees (voir les chapitres 2 et 14).
Les liens entre induction et economie d'expression d'un modele sont tres anciens comme le
montre le principe du rasoir d'Occam. C'est Solomono [Sol64] qui le premier en 1963 exposa
une theorie de l'induction basee sur l'idee d'utilisation d'une probabilite a priori liee a la com-
plexite de Kolmogorov. Le principe de longueur de description minimale (MDL) a ete introduit
independamment par Wallace et Boulton [WB85] d'une part, et par Rissanen [Ris78] d'autre
part. De nombreux travaux de nature plut^ot empirique ont cherche a en tester le champ d'appli-
cation. Par ailleurs, les debats theoriques actuels portent sur les liens entre le MDL et la theorie
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bayesienne : celui-ci est-il premier par rapport a celle-ci? (voir les passionnants debats sur ce
sujet a NIPS-2001 (a para^tre chez MIT Press).
Le no-free-lunch theorem a des antecedents dans le (( theoreme du vilain petit canard ))
[Wat85] enonce en 1963 a propos de la non-universalite de toute mesure de distance. Sa des-
cription et sa preuve sont dues a Wolpert [Wol92] et [Wol95], de m^eme que sa version pour les
methodes d'optimisation [Wol97]. Ce theoreme a fait couler beaucoup d'encre dans les annees
1990, mais il semble maintenant accepte par la communaute. A notre connaissance, la confron-
tation avec l'analyse de Vapnik est exposee ici pour la premiere fois.
Resume
Des que l'on aborde des domaines complexes, il faut faciliter les raisonnements et
l'apprentissage :
en contr^olant l'expression de l'espace des hypotheses, par exemple en realisant
des abstractions ;
en apprenant des connaissances permettant une exploration plus ecace des
hypotheses, par exemple a l'aide de macro-operateurs ou d'heuristiques de
contr^ole que rend possible l'apprentissage a partir d'explications ;
en facilitant le transfert de connaissances et de solutions entre domaines, par
exemple en utilisant des raisonnements comme l'analogie.
Toutes ces techniques requierent une ou des theories du domaine fortes. C'est de la
qu'elles tirent une grande puissance en permettant l'apprentissage a partir de peu
de donnees. C'est la aussi la source des dicultes de leur application.
Chapitre 18
Annexes techniques
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18.1.2 La regression
La regression consiste a estimer une fonction f a valeurs reelles, connaissant un echantillon
ni de couples (x; u = f (x)) ou (x; u = f (x + bruit)).
La fonction f a estimer peut donc ^etre consideree comme la somme d'une fonction deterministe
et d'un signal d'erreur aleatoire de moyenne nulle (et le plus souvent considere comme une gaus-
sienne).
u = f (x) + (18.2)
On peut aussi decrire ce phenomene en considerant que la fonction deterministe est la moyenne
de la probabilite conditionnelle sur l'espace de sortie U .
Z
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Le risque pour le probleme de regression (sous l'hypothese de fonction de perte L2 et de bruit de moyenne
nulle) a donc une contribution exprimant la variance du bruit et une contribution exprimant la precision de
la fonction d'approximation. Comme la variance du bruit est independante de la fonction d'approximation,
la minimisation du second terme de (18.10) est equivalente a la minimisation du risque (18.5). Ainsi,
chercher a obtenir le risque de prediction optimal est equivalent chercher l'approximation la plus precise
de la fonction cible inconnue f .
18.1.3 L'estimation de densite
Un autre probleme inductif important consiste a estimer une densite de probabilite dans
l'espace d'entree X a partir d'un echantillon de donnees fxi g1im . Dans ce cas, il n'y a pas
necessite de considerer un espace de sortie, et la sortie h(x) de l'apprenant represente une densite
sur X .
La fonction de perte usuelle dans ce cas est la fonction :
l(h(x)) = ; ln h(x) (18.11)
donnant la fonctionnelle de risque :
Z
RReel (h) = ; ln h(x) p(x)dx (18.12)
Il est etabli[DHS01] que la densite optimale h? minimise cette fonctionnelle de risque. Par ailleurs,
si la densite cible f 62 H, alors on peut montrer que la solution h minimisant l'esperance de risque
ou risque reel est caracterisable : c'est celle dont la divergence de Kullback-Leibler avec la vraie
densite f est la plus faible. (Voir la denition de la divergence de Kullback-Leibler dans le
chapitre 2).
554 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
Soit une fonction reelle f (u), avec u 2 D IRd . On cherche a trouver la valeur u du vec-
teur u telle que :
f (u ) = ArgMin f (u)
u2D
Autrement dit, on cherche une valeur u pour laquelle la fonction f prend la valeur minimale
sur son domaine.
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Les methodes d'optimisation iterative consistent, d'une maniere generale, a partir d'une
valeur u0 , puis a construire une suite de valeurs un telles que :
f (un+1) f (un )
La construction d'une telle suite permettra de trouver u si F remplit des conditions que
nous allons enoncer au fur et a mesure.
Denition
Notons @u@ (un ) la valeur du gradient de f au point un . Rappelons que cette valeur est un
vecteur de IRd .
Les techniques de descente de gradient sont des methodes d'optimisation iterative pour les-
quelles on choisit :
@ (un )
un+1 = un ; n @u (18.13)
wn+1 b
b
wn b
vn un b
vn+1
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vn+2
b
b
b
un+1
un+2
0 uopt
local u 1
{ Construisons maintenant une autre suite a partir du point vn , avec une valeur superieure
pour . Cette suite converge aussi, mais il y a deux dierences avec le cas precedent :
{ la suite n'est plus strictement croissante ou decroissante, mais converge par valeurs
alternativement superieures et inferieures a la valeur nale ;
{ la valeur atteinte n'est pas le minimum cherche, mais un minimum local uopt local . Cette
esultat de l'aaiblissement des proprietes de f . Dans
(( erreur )) de convergence est le r
la pratique, ce cas se rencontre tres souvent.
{ A partir du point wn , en prenant encore plus grand, par contre la suite va diverger.
En pratique
Rappelons que dans le cas general u est un vecteur. En general, son domaine D sera convexe,
par exemple deni par un hyperrectangle :
D = fl1min x1 l1max ; : : : ; ldmin xd ldmax g
De nombreuses methodes ont ete proposees pour pallier les faiblesses presentees sur l'exemple
monodimensionnel de la gure 18.1. En ce qui concerne le reglage de la valeur de , on peut
par exemple utiliser la technique de la descente maximale, qui calcule au mieux cette valeur, ou
en prendre une approximation (en general, faire decro^tre avec n). On peut egalement faire
intervenir la derivee seconde de f .
Chapitre 18 Annexes techniques 557
Il est plus dicile d'eviter les minima locaux. On peut evidemment appliquer plusieurs fois la
methode en faisant varier les parametres de l'algorithme (reglage de , point de depart) et choisir
le minimum des minima locaux trouves. On peut aussi introduire des perturbations aleatoires
dans le calcul de la suite un , pour tenter de la faire (( sortir )) des zones ou elle converge vers un
minimum local.
[Fle80] est une bonne reference pour la theorie et la pratique des methodes d'optimisation
(en particulier par descente de gradient).
de l'erreur.
18.3.1 Notations
Nous notons j l'etat d'activation du neurone j a la presentation du vecteur d'entree x. De
la m^eme facon, nous notons yj la sortie du neurone j , w(i; j ) le poids de la connexion entre les
neurones i et j , et uj la valeur desiree du neurone de sortie j .
De plus, nous notons source(j ) l'ensemble des neurones connectes au neurone j , dest(j )
l'ensemble des neurones auxquels j se connecte, et sortie(j ) l'ensemble des neurones de sortie.
18.3.2 Fonctionnement du systeme
Rappelons tout d'abord les equations de base regissant le fonctionnement du reseau. La regle
de propagation du reseau est la suivante :
X
j = w(i; j ) yi (18.15)
i2source(j )
La fonction de sortie permet de calculer yj en fonction de j :
yj = f (j ) (18.16)
Cette fonction doit ^etre continue, croissante, bornee et derivable. On utilise souvent une fonction
sigmode denie par :
f (u) = 1 + 1e;u (18.17)
avec reel positif.
Cette fonction repond a l'equation dierentielle :
f 0 = f (1 ; f )
En eet :
f (u) = 1 + 1e;u
;(;e;u)
f 0 (u) = (1 + e;u )2
558 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
yi = f (i )
1
0 i
;4 ;3 ;2 ;;11 1 2 3
Fig. 18.2 { La fonction sigmode d'equation yi = f (i ) = 1+e1;i . Cette fonction est parametree
par sa pente a l'origine . Pour tres grand, on retrouve la fonction seuil. Pour
tres petit, cette fonction est pratiquement lineaire dans une vaste region autour de
l'origine. La sigmode de cette gure est dessinee pour = 1.
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Finalement, pour modier w(i; j ), il faut lui additionner une quantite dans la direction
opposee au gradient :
w(i; j ) = ; @w@E
(i; j ) = ; yi j
ou , compris entre 0 et 1 est le pas de deplacement, aussi appele le taux d'apprentissage.
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@ T (; ; m) = 0
@
d'ou :
X
m
xk ;
k=1 2 = 0
562 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
X
m
xk ;
;m= + 2 = 0
k=1
Finalement, la solution au probleme de l'estimation au maximum de vraisemblance est
donnee par les valeurs suivantes :
1 X
m
b = m xk
k=1
et :
X
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m
1
b = m (xk ; b)
k=1
En revenant au cas general multiclasse en dimension d, il faut estimer au maximum de vrai-
semblance pour chaque classe de numero i un vecteur moyenne i et une matrice de covariance
Qi ; on retrouverait, en developpant des calculs analogues, les formules :
1 X
mi
ci = m xk i k=1
et :
ci = 1 X
mi
Q m (xk ; ci )(xk ; ci )T
i k=1
Prenons le cas a deux classes (C = 2). Soit !1 (x) la classe que donnerait la decision
bayesienne et !2 (x) l'autre. L'erreur bayesienne vaut :
Z
err = err(!1) = p(!2(x) j x)p(x)dx (18.26)
IRd
L'erreur par la decision du 1 ; ppv, en vertu du calcul precedent, vaut pour C = 2 :
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errppv = P (!1 j x)[1 ; P (!1 j x)] + P (!2 j x)[1 ; P (!2 j x)] (18.27)
d'ou :
errppv = 2P (!2 (x) j x)[1 ; P (!2 (x) j x)] 2P (!2 (x) j x) (18.28)
D'ou la formule dans le cas de deux classes :
lim errppv 2err
m!1
(18.29)
ou Be (xj; ) = [;( + )=(;();( ))] x;1 (1 ; x);1 . Cette densite de probabilite a posteriori
fournit toute l'information qui peut ^etre tiree de l'erreur mesuree RbReel (h). On utilise cependant
generalement un resume de cette information sous la forme d'intervalles de conance autour
d'une valeur estimee.
Si les echantillons d'apprentissage et de test aleatoires sont independants alors la precision
de l'estimation ne depend que du nombre t d'exemples de l'ensemble de test et de la valeur de
RbReel (h). Une approximation susante dans le cas ou t est assez grand (au dela de la centaine)
donne l'intervalle de conance de RbReel (h) a x% par la formule :
2 st 3
t err (1 ; terr )
4 err (x) t t 5
t t
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Mais les valeurs PA (Oi ) et PB (Oi ) sont inconnues. C'est le centre de l'algorithme que de
savoir les estimer.
Maximisation
On calcule une nouvelle estimation de :
p+1 = Ep(AN j O)
Test d'arr^et
p+1 p
Pour resoudre le probleme, il faut donc determiner les valeurs PA (Oi ) et PB (Oi ). On utilise pour
cela la notion de statistique susante.
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n tant que
La recurrence de base est la suivante, en regroupant les deux phases en une seule :
p+1 = P +1 F (P p +(1pp; A + F p(1 ; pA )
p A p)pB p(1 ; pA) + (1 ; p)(1 ; pB ) )
D'ou, pour deux initialisations de :
0 0:800 0:100
1 0:730 0:109
2 0:659 0:118
3 0:593 0:127
4 0:536 0:135
5 0:488 0:144
10 0:351 0:183
20 0:273 0:228
30 0:256 0:243
40 0:252 0:248
50 0:250 0:249
60 0:250 0:250
Ce resultat est conforme a l'intuition: il faut que l'huissier ait tire en moyenne quatre fois
plus souvent la piece B que la piece A pour avoir retabli l'equilibre entre le nombre de Pile et
celui de Face.
Il se trouve que dans cet exemple tres simple, on peut en realite estimer directement car
la proportion de Pile est en eet une estimation de :
pA + (1 ; pB )
Dans notre application numerique :
1=2 = 0:2 + (1 ; ) 0:6
d'ou :
= 0:25
568 PARTIE 5 : Approfondissements et annexes techniques
avec :
tk (i; j ) la probabilite, etant donnes une phrase Ok et un Hmm , que ce soit l'etat si qui
ait emis la lettre de rang t de Ok et l'etat sj qui ait emis celle de rang t + 1
tk (i) la probabilite que la lettre de rang t de la phrase Ok ait ete emise par l'etat sj .
aij , la valeur reestimee de aij , est une composante du parametre cache = (A; B; ) qui denit
le Hmm cherche. Elle est calculee par un comptage sur la base d'apprentissage O ; ce comptage
calcule une statistique susante pour estimer la probabilite qu'est reellement aij . En eet, aij
compte la proportion des transitions empruntees entre si et sj parmi toutes celles qui quittent
si , dans l'emission de chaque phrase Ok de O.
La normalisation assure que sur leur ensemble, les aij somment a 1.
De la sorte, l'algorithme EM reestime tous les parametres caches du Hmm cherche. Comme
les formules de reestimation sont conformes aux hypotheses, la convergence vers un optimum
(eventuellement local) est assuree.
18.9.7 L'apprentissage des parametres de distributions multigaussiennes
On dispose d'une collection S = fx1 ; :::; xm g d'exemples, qui sont des vecteurs de IRd . On
fait l'hypothese que ces vecteurs sont des tirages aleatoires d'un melange de k distributions
gaussiennes N1 ,...,Nk . On cherche a estimer les parametres de chaque distribution, ainsi que la
facon dont elle sont melangees.
Le tirage d'un exemple pourrait se decrire ainsi : d'abord, choisir aleatoirement une des k
distributions. Ensuite, tirer l'exemple selon cette distribution. Par consequent, pour denir le
melange, il sut de se donner les k valeurs qui sont les probabilites que l'une des k distributions
soit tiree.
Un exemple xi doit donc se decrire de maniere plus complete par :
yi = (xi ; z i1; :::; z ik )
ou :
xi est le vecteur observe,
pour j = 1; k, zij vaut 1 si xi a ete genere par Ni. Les valeurs zij sont cachees a l'obser-
vateur.
3. On se reportera au chapitre 13 pour le detail des notations.
Chapitre 18 Annexes techniques 569
Pour simplier, nous prenons d = 1. Nous supposons aussi que les k distributions, de
moyennes 1 , ..., k , ont la m^eme variance . La methode se generalise sans trop de dicultes a
d quelconque et a des matrices de covariances dierentes pour chaque gaussienne. L'algorithme
EM s'applique comme decrit en 18.2. Il a pour resultat le vecteur h = (1 ; :::; k ) et les estima-
tions des valeurs z i1 , z ik . Ces dernieres quantites sont donc les probabilites avec lesquelles on
tire les gaussiennes Nj , pour j = 1; k.
Algorithme 18.2 Melange de k gaussiennes
Initialiser aleatoirement h = (1 ; :::; k )
tant que le processus n'a pas converge faire
Estimation
Calculer les estimations E (z i1 ) de z i1 , ... E (z ik ) de z ik en supposant que l'hypothese cou-
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systeme apprenant, 13
systemes de classeurs, 274, 275
systemes dynamiques, 551
t^ache d'apprentissage, 46
tabou (methode de recherche), 102
taux de couverture, 119
TD(), 502{503
theoreme de Mercer, 300
theoreme des schemas, 258{262
theorie de l'estimation bayesienne, 530{531
trace d'eligibilite, 502
transition de phase, 188{190
treillis, 135
utilite
fonction d', 492
probleme de l', 201
validation croisee, 114
variables duales, 296
variables latentes, 381
vecteurs de support,
seeexemples critiques296
vraisemblance, 530
weight decay, 530
Winnow, 83
wrapper methods, 84