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ANALYSE FONCTIONNELLE ET


THEORIE SPECTRALE

MT404

Annee 2001-2002

Version longue
Sommaire

Chapitre 0. Introdu tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1


Chapitre 1. Espa es normes et appli ations lineaires ontinues . . . . . 3
1.1. Normes, semi-normes ; espa es de Bana h . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2. Appli ations lineaires ontinues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3. Produits et quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4. Prin ipe de prolongement. Complete d'un espa e norme . . . . . . . . 13
1.5. Complexi e d'un espa e norme reel . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.6. Dual d'un espa e norme, appli ation transposee . . . . . . . . . . . 17
1.7. Parties totales. Separabilite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Chapitre 2. Espa es de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1. Produits s alaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2. Espa es de Hilbert, orthogonalite, bases . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3. Theoreme de proje tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Chapitre 3. Les espa es de Bana h lassiques . . . . . . . . . . . . . . 33
3.1. Espa es de fon tions ontinues ou integrables . . . . . . . . . . . . . 33
3.2. Resultats de densite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.3. Holder et dualite des espa es `p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.4. Theoreme de Radon-Nikodym et dual de Lp . . . . . . . . . . . . . 40
3.5. Dual de C(K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.6. Series de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.7. Transformation de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Chapitre 4. Les theoremes fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.1. Le theoreme de Baire et ses onsequen es . . . . . . . . . . . . . . 53
4.2. Theoreme de Hahn-Bana h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.3. Bidual d'un espa e norme. Espa es de Bana h re exifs . . . . . . . . 65
4.4. Theoreme de Riesz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Chapitre 5. Topologies faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.1. Topologies initiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.2. Topologie faible sur un espa e norme . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.3. Suites faiblement onvergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Chapitre 6. Operateurs bornes sur les espa es de Hilbert . . . . . . . . 81
6.1. Appli ations lineaires ontinues entre espa es de Hilbert . . . . . . . . 81
6.2. Familles sommables dans un espa e de Bana h . . . . . . . . . . . . 84
6.3. Bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
6.4. L'espa e hilbertien `2 (I) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Chapitre 7. Algebres de Bana h et theorie spe trale . . . . . . . . . . 91
7.1. Algebres de Bana h, spe tre et resolvante . . . . . . . . . . . . . . 91
7.2. Rayon spe tral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
7.3. De omposition du spe tre d'un operateur borne . . . . . . . . . . . 99
Chapitre 8. Quelques lasses d'operateurs . . . . . . . . . . . . . . . 105
8.1. Compa ite dans un espa e de Bana h . . . . . . . . . . . . . . . 105
8.2. Appli ations lineaires ompa tes . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
8.3. Theorie spe trale des operateurs ompa ts . . . . . . . . . . . . . 111
8.4. Operateurs de Hilbert-S hmidt . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
8.5. Operateurs nu leaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Chapitre 9. Cal ul fon tionnel ontinu . . . . . . . . . . . . . . . . 123
9.1. Cal ul fon tionnel polynomial . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
9.2. Cal ul fon tionnel ontinu pour les operateurs hermitiens . . . . . . 125
9.3. Appli ation aux hermitiens positifs. La ra ine arree . . . . . . . . 130
9.4. Le as general : operateurs normaux . . . . . . . . . . . . . . . 133
Chapitre 10. De omposition spe trale des operateurs normaux . . . . 137
10.1. Operateurs unitairement equivalents . . . . . . . . . . . . . . . 137
10.2. Operateurs de multipli ation et spe tre . . . . . . . . . . . . . . 138
10.3. Theoreme de representation. De omposition spe trale . . . . . . . 139
Chapitre 11. Operateurs autoadjoints non bornes . . . . . . . . . . . 145
11.1. Operateurs non bornes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
11.2. Spe tre des operateurs fermes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
11.3. Transposes et adjoints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
11.4. Theoreme de representation. De omposition spe trale . . . . . . . 156
11.5. Le theoreme de Stone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
0. Introdu tion

L'Analyse Fon tionnelle est nee au debut du 20eme sie le pour fournir un adre
abstrait et general a un ertain nombre de problemes, dont beau oup sont issus de
la physique, et ou la question posee est la re her he d'une fon tion veri ant ertaines
proprietes, par exemple une equation aux derivees partielles. La theorie moderne de
l'integration (Lebesgue, un peu apres 1900) et la theorie des espa es de Hilbert se sont
rejointes pour reer l'un des objets les plus importants, l'espa e L2 des fon tions de arre
sommable, qui a permis en parti ulier de pla er la theorie des series de Fourier dans un
adre on eptuellement beau oup plus lair et plus simple que elui qui etait en vigueur
a la n du 19eme sie le.
Donnons i i un seul exemple, hyper- lassique, elui du probleme de Diri hlet. Etant
donne un ouvert borne
du plan, et etant donnee une fon tion ontinue f sur la frontiere

, on veut trouver une fon tion u de nie sur le ompa t
, de lasse C2 dans
et qui
veri e
(D)

u = 0 dans
;
u = f sur la frontiere 
:
L'expression u designe le lapla ien de u,
2 2
u = xu2 + yu2 .
On savait depuis longtemps que si u0 est solution du probleme (D), la fon tion u0 mini-
mise une ertaine fon tionnelle d'energie I, qui asso ie a haque fon tion u la quantite
Z
I(u) = jru(x; y)j2 dxdy;

le minimum etant al ule sur l'ensemble des fon tions u qui on ident ave f au bord ;
l'expression ru designe le gradient de u, fon tion ve torielle de nie sur
dont les om-
posantes sont les deux derivees partielles premieres de u, et jruj2 est la fon tion egale
en haque point (x; y) 2
au arre de la norme eu lidienne du gradient de u au point
(x; y). L'une des methodes de l'Analyse Fon tionnelle onsiste a introduire un espa e de
fon tions X adapte (i i : l'espa e de Sobolev H1 (
) ; 'est un espa e de Hilbert), et de
developper des theoremes abstraits d'existen e de minimum pour des lasses de fon tions
de nies sur X (analogue, disons, au theoreme qui dit que toute fon tion reelle ontinue
de nie sur un ompa t atteint son minimum). Le probleme est que l'espa e des fon tions
ontinues sur
et C2 a l'interieur n'est justement pas adapte a ette appro he ; les bons
espa es ne sont pas formes de fon tions vraiment derivables. La deuxieme partie de ette
appro he, qui ne sera pas du tout evoquee dans e ours, onsiste a montrer que sous
ertaines hypotheses, la solution trouvee dans l'espa e generalise X est bien une solution
au sens lassique.
La premiere partie du poly ontient les elements de base de l'Analyse Fon tionnelle :
espa es normes et espa es de Bana h, appli ations lineaires ontinues, dualite, topologies
faibles, espa es de Hilbert.
{1{
La se onde partie on erne la theorie spe trale. En tres gros, il s'agit de la genera-
lisation au adre in ni-dimensionnel de la theorie de la diagonalisation. La notion fon-
damentale est la notion de spe tre d'une appli ation lineaire ontinue d'un espa e de
Bana h dans lui-m^eme. Le al ul fon tionnel sera l'o asion de mettre en a tion nombre
d'objets vus en li en e.
Ce poly opie provient en grande partie du poly opie de Georges Skandalis pour
l'edition 1998-1999 du m^eme enseignement. Je le remer ie vivement de m'avoir transmis
ses hiers, e qui m'a onsiderablement allege la t^a he. J'en ourage tres vivement les
etudiants a lire de vrais et bons livres d'Analyse Fon tionnelle, par exemple eux de
Brezis, Reed et Simon, Rudin, qui sont indiques dans la bro hure de la ma^trise.
Quelques notations : si X est un ensemble, on note IdX l'appli ation identite de X,
'est a dire l'appli ation de X dans X telle que IdX (x) = x pour tout x 2 X. Si A est
un sous-ensemble de X, on notera A le omplementaire de A. On notera 1A la fon tion
indi atri e de A, qui est egale a 1 en tout point de A et a 0 en tout point de A . Si f est
une fon tion reelle de nie sur l'ensemble X, il est parfois rapide et agreable d'utiliser la
notation des probabilistes ff > tg = fx 2 X : f (x) > tg. De temps en temps on notera
0X le ve teur nul d'un espa e ve toriel X, quand il semblera que ette notation lourde leve
toute ambigute. La plupart des points du ours sont numerotes, par hapitre-se tion-
type, par exemple le \theoreme 2.3.4" serait le quatrieme enon e (theoreme, proposition,
lemme, orollaire) de la se tion 3 du hapitre 2 ; a l'interieur de ette se tion, le theoreme
sera appele \theoreme 4", ailleurs dans le hapitre 2 il sera designe par \theoreme 3.4"
et dans un autre hapitre \theoreme 2.3.4". Les passages e rits en petits ara teres
ontiennent des informations qui peuvent ^etre omises en premiere le ture. Le poly se
termine par un index terminologique et un index des notations.
Depuis deux ans, j'ai fait une tentative pour utiliser les \nouvelles te hnologies" en
pla ant un ertain nombre d'informations sur un site Web,
http://www.math.jussieu.fr/~ maurey/ths.html
en parti ulier le texte de e poly, des resumes de ours, et : : : Je suis toujours ontent
de re evoir des suggestions onstru tives pour ameliorer l'eÆ a ite de et outil.

B. Maurey

{2{
Chapitre 1. Espa es normes et appli ations lineaires ontinues

1.1. Normes, semi-normes ; espa es de Bana h


On note K le orps R ou C . Les espa es ve toriels onsideres dans e ours seront
toujours des espa es ve toriels reels ou omplexes.
De nition 1.1.1. Soit X un espa e ve toriel sur K ; on appelle semi-norme sur X une
appli ation p : X ! R + veri ant les proprietes suivantes :
(i) pour tout x 2 X et tout  2 K , on a p(x) = jj p(x) ;
(ii) pour tous x; y 2 X, on a p(x + y)  p(x) + p(y).
Si pour tout ve teur x non nul de X on a p(x) > 0, on dit que p est une norme sur X.
La propriete p(x + y)  p(x) + p(y) s'appelle l'inegalite triangulaire pour la semi-
norme p. De l'inegalitetriangulaire i-dessus, on peut deduire une deuxieme forme : on
a p(x) = p (x y) + y  p(x y) + p(y), don p(x) p(y)  p(x y) ; en e hangeant
les r^oles de x et y et en utilisant p(x y) = p(y x) on trouve :
Lemme 1.1.1. Si p est une semi-norme sur X, on a jp(x) p(y )j  p(x y ) pour tous
ve teurs x; y 2 X.
Il est fa ile de veri er que ette deuxieme forme de l'inegalite triangulaire implique
la premiere forme (ii).
Rappelons qu'un sous-ensemble C d'un espa e ve toriel X est dit onvexe si pour
tout ouple (x; y) d'elements de C, le segment [x; y℄ est tout entier ontenu dans C ; le
segment [x; y℄ est forme des ombinaisons onvexes des deux points x et y, 'est a dire
tous les points de la forme z = (1 t)x + ty, ou t varie dans [0; 1℄. Plus generalement,
une ombinaison P onvexe d' elements d'un sous-ensemble A  X est un ve teur P z de
la forme z =  x , ou la somme est nie,   0 pour haque et  = 1.
L'ensemble de toutes les ombinaisons onvexes d'elements de A est un ensemble onvexe
appele l'enveloppe onvexe de A, note o(A). C'est aussi le plus petit ensemble onvexe
ontenant A, 'est a dire l'interse tion de tous les ensembles onvexes qui ontiennent A.
Une fon tion reelle f de nie sur un sous-ensemble onvexe C de X est dite fon tion
onvexe sur C si
f ((1 t)x + ty )  (1 t) f (x) + t f (y )
pour tous x; y 2 C et tout t 2 [0; 1℄. On dira qu'une fon tion reelle q sur X est
positivement homogene si elle veri e que q (x) =  q (x) pour tout x 2 X et tout
nombre reel   0. Si q est positivement homogene et sous-additive, 'est a dire que
q (x + y )  q (x) + q (y ) pour tous x; y 2 X, alors q est une fon tion onvexe sur X,
puisqu'on aura alors
q ((1 t)x + ty )  q ((1 t)x) + q (ty ) = (1 t)q (x) + tq (y ):
En parti ulier, les semi-normes sur X sont des fon tions onvexes. Lorsque f est une
fon tion onvexe de nie sur un ensemble onvexe C  X, les ensembles de la forme
Ct = fx 2 C : f (x)  tg sont des ensembles onvexes, pour tout t reel (la re iproque
n'est pas vraie).
{3{
Lemme 1.1.2. Soient X un espa e ve toriel sur K et q une fon tion a valeurs  0 et
positivement homogene sur X ; pour que q soit sous-additive sur X, il faut et il suÆt que
l'ensemble
Cq = fx 2 X : q(x)  1g
soit onvexe.

Demonstration. Si q est positivement homogene et sous-additive, on a vu que q est


une fon tion onvexe, e qui implique que Cq est onvexe. Inversement, supposons
que Cq soit onvexe, et deduisons la sous-additivite de q ; soient x et y deux ve teurs
de X, et supposons que a > q(x) et b > q(y) ; onsiderons les deux ve teurs de Cq
de nis par x1 = a 1 x et y1 = b 1y, puis formons la ombinaison onvexe
a b
z= x1 + y;
a+b a+b 1
qui est dans Cq d'apres l'hypothese de onvexit e, 'est a dire que q(z)  1. Mais on
veri e immediatement que z = (a + b) 1(x + y), et l'homogeneite de q transforme
alors l'inegalite q(z)  1 en q(x + y)  a + b. En faisant tendre a vers q(x) et b vers
q (y ) on obtient q (x + y )  q (x) + q (y ).
//

Corollaire 1.1.3. Pour que la fon tion p  0 soit une semi-norme sur l'espa e ve toriel
X, il faut et il suÆt que p(x) = jj p(x) pour tout s alaire  2 K et pour tout ve teur
x 2 X et que l'ensemble fx 2 X : p(x)  1g soit onvexe.
Exemple 1.1.2. Pour 1  r < +1, soit Lr = Lr ([0; 1℄) l'espa eR ve toriel des fon tions
f omplexes de nies sur [0; 1℄ telles que f soit mesurable et 01 jf (s)jr ds < +1 ; la
quantite Z 1 1=r
p(f ) = jf (s)jr ds
0
est une semi-norme sur Lr ;
pour le veri er, on voit d'abord que p(f ) = jj p(f ) (fa ile), puis on montre que
l'ensemble ff 2 Lr : rp(f )  1g est onvexe. Cela provient de la onvexite sur [0; +1[
de la fon tion u ! u ; on a alors si f , g sont deux elements de Lr tels que p(f )  1,
p(g )  1 et si 0  t  1,

j(1 t)f (s) + tg(s)jr  (1 t)jf (s)j + tjg(s)j r  (1 t)jf (s)jr + tjg(s)jr
pour tout s 2 [0; 1℄, don
Z 1 Z 1 Z 1

(1 t)f (s) + tg (s) r ds  (1 t) jf (s)j ds + t jg(s)jr ds  (1 t) + t = 1:
r
0 0 0
On appelle espa e norme un espa e ve toriel X muni d'une norme p. Si (X; p) est un
espa e norme, nous en ferons un espa e metrique en de nissant la distan e d sur X par
d(x; y ) = p(x y ), et nous munirons X de la topologie asso iee a ette metrique, que
nous appellerons topologie de la norme. Soient x 2 X et r > 0 ; on appelle boule ouverte
de entre x et de rayon r le sous-ensemble Bp (x; r) = fy 2 X : p(y x) < rg de X. Quand
il n'y aura pas d'ambigute sur la norme onsideree, on notera es boules simplement
B(x; r). Rappelons que dans la topologie de la norme sur X, les parties ouvertes sont les
{4{
reunions de boules ouvertes ; une partie U de X est un voisinage de x 2 X si et seulement
s'il existe r > 0 tel que B(x; r)  U. Dans un espa e ve toriel norme, la boule fermee
de entre x et de rayon r > 0, qui est l'ensemble fy 2 X : p(y x)  rg, est bien egale
a l'adheren e de la boule ouverte Bp (x; r) ( a n'est pas toujours vrai dans un espa e
metrique general) ; on pourra don la noter Bp (x; r). Par onvention, la boule unite d'un
espa e norme X sera la boule fermee de entre 0X et de rayon 1 ; on la notera BX.
Proposition 1.1.4. Soit (X; p) un espa e norme ; l'appli ation p : X ! R + est ontinue
pour la topologie de la norme.
Cela resulte immediatement du lemme 1. En e et, si la suite (xn )  X tend vers y,
on aura
jp(xn ) p(y)j  p(xn y) = d(xn ; y) ! 0:
En general, nous noterons kxk la norme d'un ve teur x d'un espa e norme X, ou bien
kxkX s'il y a un risque de onfusion ; parfois il sera en ore ommode de designer la
fon tion norme par un symbole litteral, omme dans la notation (X; p) utilisee jusqu'i i.
La topologie et la stru ture d'espa e ve toriel d'un espa e norme sont ompatibles,
autrement dit, un espa e norme est un espa e ve toriel topologique au sens suivant :
De nition 1.1.3. Un espa e ve toriel topologique est un espa e ve toriel X sur K muni
d'une topologie pour laquelle les deux appli ations (x; y) ! x + y de X  X dans X et
(; x) ! x de K  X dans X sont ontinues.
Proposition 1.1.5. Un espa e norme, muni de la topologie de la norme, est un espa e
ve toriel topologique.

Demonstration. Soit X un espa e norme ; demontrons la ontinuite de l'appli ation


(x; y) ! x + y. Puisque la topologie provient d'une metrique, nous pouvons utiliser
des suites onvergentes. Soient don (xn ) une suite qui onverge vers x et (yn) une
suite qui onverge vers y ; on aura
d(xn + yn ; x + y ) = kxn + yn x y k  kxn xk + kyn y k
qui tend bien vers 0. La ontinuite de l'appli ation (; x) !  x se demontre de fa on
analogue : si (n ) onverge vers  2 K et si (xn ) onverge vers x 2 X, on e rira
d(n xn ;  x)  d(n xn ; n x) + d(n x;  x) = jn j kxn xk + jn j kxk
qui tend vers 0 (noter que la suite (n ) est bornee puisqu'elle est onvergente).
//

Exer i e 1.1.4. Si C est un sous-ensemble onvexe d'un espa e norme X, montrer que
son adheren e est onvexe. Montrer que l'adheren e d'un sous-espa e ve toriel est un
sous-espa e ve toriel.
Si C est onvexe, si x 2 C et si y est dans l'interieur (topologique) de C, montrer
que le segment semi-ouvert ℄x; y℄ est ontenu dans l'interieur de C.

{5{
De nition 1.1.5. Un espa e de Bana h est un espa e ve toriel norme, omplet pour la
distan e asso iee a la norme.
Si F est un sous-espa e ve toriel ferme d'un espa e de Bana h E, il est lui aussi
omplet pour la norme induite par elle de E, don F est un espa e de Bana h.
Exemples 1.1.6.
1. L'espa e C([0; 1℄) (reel ou omplexe) des fon tions s alaires ontinues sur [0; 1℄,
muni de la norme uniforme,
kf k1 = tmax
2[0;1℄
jf (t)j;
est un espa e de Bana h. Le fait qu'il soit omplet est une tradu tion du theoreme selon
lequel une limite uniforme d'une suite de fon tions ontinues est une fon tion ontinue.
2. Pour 1  p < +1, l'espa e Lp =R Lp ([0; 1℄) des lasses de fon tions f omplexes
sur [0; 1℄ telles que f soit mesurable et 01 jf (s)jp ds < +1 est norme par
Z 1 1=p
kf kp = jf (s)jp ds :
0
On a deja vu que f ! kf kp est uneRsemi-norme.
1
Si kf kp = 0 et si f1 2 Lp est un
representant quel onque de f , on a 0 jf1(s)jp ds = 0. Comme la fon tion jf1jp est
 0, ela entra^ne que f1 = 0 presque partout, don f est la lasse nulle, 'est a dire
que f = 0L . On a ainsi montre que f ! kf kp est une norme sur Lp .
p

Cet espa e Lp est de plus omplet (voir le hapitre 3).


3. De fa on analogue,
P on d esigne par `p = `p (N ) l'espa e ve toriel des suites s alaires
x = (xn )n2N telles que jxn j < +1. C'est un espa e de Bana h pour la norme
p
+1
X 1=p
kxkp = jxnjp :
n=0
L'espa e `1 est l'espa e des suites s alaires x = (xn) bornees, norme par
kxk1 = sup jxn j:
n
L'espa e `1 est omplet pour ette norme. L'espa e 0 est l'espa e des suites s alaires
(xn ) telles que lim xn = 0. C'est un sous-espa e ferme de `1 , don un espa e de Bana h.
Series de ve teurs
Une serie de ve teurs P uk dans un espa e norme X est dite onvergente dans X si
la suite des sommes partielles (Un ) est onvergente dans X, ou la somme partielle Un est
de nie pour tout n  0 par n
X
Un = uk 2 X:
k=0
Si la serie onverge dans X, la somme de la serie est un ve teur de X, qui est la limite
de la suite (Un), et on note
+1
X
uk = lim U 2 X:
n n
k=0

{6{
Il faut bien omprendre que la notion de somme de la serie n'a au un sens si on ne
mentionne pas la topologie qui a ete utilisePe pour de nir laPnotion de limite.
Un as parti ulier est elui des series uk telles que kuk k < +1, que l'on peut
appeler absolument onvergentes ou bien normalement onvergentes.
Sous la ondition P kuk k < +1, le resteXde la serie des normes
rn = kuk k
k>n
est une suite numerique qui tend vers 0 quand n ! +1, et on peut e rire pour tous
`; m  n, en supposant ` < m pour xer les idees
Um U` = u`+1 +    + uX m;
kUm U` k  ku`+1 k +    + kum k  kuk k = rn ;
k>n
e qui montre que la suite (Un ) est alors de Cau hy.
P
Quand X est P omplet, la ondition kuk k < +1 garantit don la onvergen e dans X
de la serie uk . En fait, on a
Proposition 1.1.6. Soit P X un espa e norm e ; pour que X soit
P omplet, il faut et il suÆt
que : pour
P toute se rie uk de ve teurs de X , la ondition kuk k < +1 entra^ne que
la serie uk est onvergente dans X.
Demonstration. On a deja vu que si X est omplet, les series absolument onvergentes
sont onvergentes dans X ; montrons la re iproque : soit (xn ) une suite de Cau hy
de ve teurs de Xk ; pour tout entier k  0, on peut trouver un entier Nk tel que
kxm xn k < 2 pour tous entiers m; n  Nk , et on peut supposer que Nk+1 > Nk .
Posons alors u0 = xN et
uk+1 = xN
0

k+1 xN k
pour Ptout k  0. Par onstru tion, on a kuk+1 k < 2 k , don P kuk k < +1, et la
serie uk onverge dans X d'apres l'hypothese. Mais les sommes partielles (Uk ) de
ette serie sont egales aux ve teursP(xN ), don la sous-suite (xN ) onverge vers le
ve teur U 2 X somme de la serie uk . Puisque la suite (xn ) est de Cau hy, on en
k k

deduit fa ilement que la suite entiere (xn ) onverge vers U, don X est omplet.
//

Notons que lorsque la serie P uk onverge dans X, on a l'inegalite


X+1 +1
X

uk  kuk k;
k=0 k=0
en onvenant que la somme de la serie des normes vaut +1 lorsqu'elle est divergente.
Cette
Pn in egalitePestn obtenue en passant a la limite dans la suite des inegalites triangulaires
k k=0 uk k  k=0 kuk k.
Exemple 1.1.7. Pour tout n  0, designons par en le ve teur de `p , ou de 0 , dont les
oordonnees sont en;i = 0 si i 6= n et en;n = 1. On appellera (en )n0 la suite anonique.
Soit x =P(x+n1) un element de 0 ; le ve teur x est la somme (dans l'espa e norme 0 ) de
la serie k=0 xk ek (petit exer i e pour le le teur ; le m^eme resultat vaut pour tous les
espa es `p ave p < +1).

{7{
Remarque 1.1.8.
Certains espa es importants tels que l'espa e C1(R ) des fon tions de lasse C1 sur R ,
ou bien l'espa e produit R N , n'admettent pas de norme satisfaisante, 'est a dire de norme
qui de nisse la topologie que l'on estime ^etre la bonne sur l'espa e onsidere (la topologie
produit, dans le as de R N ). Dans les bons as, on peut tout de m^eme de nir sur un espa e
ve toriel X une distan e qui garde ertaines des bonnes proprietes des distan es deduites
d'une norme, a savoir :
(i) pour tous x; y; v 2 X, on a d(x + v; y + v) = d(x; y) (invarian e par translation) ;
(ii) pour tout x 2 X, on a d(x; 0)  d(x; 0) si jj  1 ;
(iii) pour haque ve teur x 2 X, on a lim!0 d(x; 0) = 0
(et bien entendu on garde les proprietes usuelles des distan es, en parti ulier l'inegalite
triangulaire). Muni de la topologie asso iee a une telle distan e, l'espa e reste un espa e
ve toriel topologique (exer i e).
C'est le as pour l'espa e Cn1 . Pour tout entier n  1, on peut onsiderer la semi-norme
pn qui ontr^ole le ara tere C de la fon tion f sur l'intervalle [ n; n℄,
pn (f ) = maxfjf (k) (s)j : 0  k  n; jsj  ng:
On pose ensuite
+1
X
d(f; g) = min(pn (f g); 2 n ):
n=0
L'espa e C1 est alors omplet pour ette distan e. On dit que 'est un espa e de Fre het.
De m^eme, on pourra de nir sur R N la distan e
+1
X
d(x; y) = min(jxn yn j; 2 n )
n=0
ou x = (xn )n0 et y = (yn )n0 sont deux elements quel onques de R N .
Un autre exemple est l'espa e L0 des ( lasses) de fon tions mesurables. Supposons que
(
) = 1 pour simpli er. On peut de nir une distan e pour la onvergen e en mesure en
posant par exemple Z
d(f; g) = min(1; jf (s) g(s)j) d(s):

L'espa e L0 est omplet pour ette distan e.

1.2. Appli ations lineaires ontinues


Theoreme 1.2.1. Soient X et Y deux espa es normes et T : X ! Y une appli ation
lineaire ; les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) l'appli ation T est ontinue sur X ;
(ii) l'appli ation T est ontinue au point 0X ;
(iii) il existe un nombre M  0 tel que, pour tout x 2 X on ait
kT(x)kY  M kxkX :

Demonstration. Il est lair que (i) ) (ii). Si T est ontinue en 0, il existe un nombre
Æ > 0 tel que pour tout u 2 X, la ondition dX (u; 0)  Æ implique dY (T(u); T(0)) 
1 ; autrement dit, kukX  Æ implique kT(u)kY  1. Etant donne un ve teur x non
nul quel onque dans X, le ve teur u = Æ1kxkX1 x veri e kukX  Æ, don kT(u)kY  1,
e qui revient a dire que kT(x)kY  Æ kxkX. On a ainsi montre que (iii) est vraie,
{8{
ave M = Æ 1 . En n, supposons (iii) veri ee ; si une suite (xn ) de X tend vers un
ve teur x 2 X, on aura
d(T(xn ); T(x)) = kT(xn ) T(x)kY = kT(xn x)kY  M kxn xkX ! 0;
e qui montre que T est ontinue au point x, et e i pour tout x 2 X.
//

Soient p et q deux semi-normes sur un espa e ve toriel X ; on dit que p et q sont


equivalentes s'il existe deux nombres reels m > 0 et M  0 tels que m p  q  M p.

Corollaire 1.2.2. Deux normes p et q sur un espa e ve toriel X de nissent la m^eme
topologie si et seulement si elles sont equivalentes.

Demonstration. On utilise l'equivalen e (i) () (iii) du theoreme 1, appliquee


a l'identite de X vue omme appli ation de (X; p) dans (X; q), puis de (X; q) dans
(X; p).
//

Soient X et Y deux espa es normes et S, T deux appli ations lineaires ontinues de X


dans Y ; on sait que l'appli ation S+T, qui asso ie a tout x 2 X l'image S(x)+T(x) 2 Y,
est lineaire. Veri ons rapidement sa ontinuite en 0 : si (xn ) tend vers 0 dans X, alors
(S(xn )) et (T(xn )) tendent vers 0 dans Y don (S + T)(xn ) = S(xn ) + T(xn ) tend vers
0 par la propriete d'espa e ve toriel topologique.
L'ensemble des appli ations lineaires ontinues de X dans Y est don un sous-espa e
ve toriel, note L(X; Y), de l'espa e des appli ations lineaires de X dans Y. On appelle
aussi operateur borne une appli ation lineaire ontinue entre deux espa es normes. Dans
le as ou Y = X, on note simplement L(X) l'espa e des endomorphismes ontinus de X.
Soit T : X ! Y une appli ation lineaire ontinue ; d'apres le theoreme 1, il existe
une onstante M telle que kT(x)kY  M pour tout ve teur x de X tel que kxkX  1. On
peut don onsiderer la quantite ( nie)
kTk = kTkL(X;Y) = supfkT(x)kY : kxkX  1g
qui s'appelle la norme de l'appli ation lineaire T.
Si x est un ve teur non nul de X, le ve teur1 z = kxkX1 x veri e kzkX  1, don
kT(z)kY  kTk, d'ou par homogeneite kxk kT(x)k  kTk, ou en ore
kT(x)kY  kTk kxkX;
si x est le ve teur nul, la relation i-dessus est en ore vraie, elle est don vraie pour
tout ve teur x 2 X.
Resumons e qui vient d'^etre dit.
Proposition 1.2.3. Soient X et Y deux espa es normes et T : X ! Y une appli ation
lineaire ontinue ; on pose
kTkL(X;Y) = supfkT(x)kY : kxkX  1g:
Pour tout x 2 X, on a
kT(x)kY  kTkL(X;Y) kxkX :
{9{
La onstante kTkL(X;Y) est le plus petit nombre M tel que l'inegalite kT(x)kY  M kxkX
soit vraie pour tout x 2 X. L'appli ation T ! kTkL(X;Y) est une norme sur L(X; Y).

Demonstration. Veri ons que T ! kTk est une norme. Il est d'abord evident que
kTk = 0 implique que kT(x)k = 0 pour tout x 2 X, 'est a dire T(x) = 0Y pour
tout x 2 X puisque Y est norme, don T est l'appli ation nulle. Montrons ensuite
que T ! kTk est une semi-norme ; il est fa ile de veri er que kTk = jj kTk pour
tout  2 K ; ensuite, pour tout x 2 X,

k(S + T)(x)k = kS(x) + T(x)k  kS(x)k + kT(x)k  kSk + kTk kxk;
d'ou l'inegalite kS + Tk  kSk + kTk.
//

Exemples 1.2.1.
1. Si X est un espa e norme non nul, on a toujours k IdX k = 1.
2. Soit f 2 C([0; 1℄) xee ; on de nit un endomorphisme Mf de C([0; 1℄), l'appli ation
de multipli ation par f , en posant Mf (g) = fg pour toute g 2 C([0; 1℄). On montre que
kMf k = kf k1.
Il est lair que kfgk1  kf k1 kgk1 pour toute fon tion g, don kMf k  kf k1.
Inversement, onsiderons la fon tion onstante g0 = 1. On a kg0k1 = 1 et Mf (g0) =
f , don
kf k1 = kMf (g0)k1  kMf k kg0k1 = kMf k
d'ou kMf k = kf k1.
Il est en general tres diÆ ile de al uler exa tement la norme d'une appli ation lineaire
ontinue. A titre d'ane dote, on sait depuis environ 1920 que la transformee de Fourier
de nit un operateur borne Tp de Lp (R ) dans Lq (R ) lorsque 1 < p < 2 et 1=p + 1=q = 1,
mais la valeur exa te de la norme n'a ete determinee que 50 ans plus tard !

La proposition suivante est fa ile mais importante.


Proposition 1.2.4. Soient X, Y et Z des espa es normes, S : X ! Y et T : Y ! Z des
appli ations lineaires ontinues ; on a
kT Æ Sk  kSk kTk:

Demonstration. Soit x un ve teur de X ; on peut e rire


k(T Æ S)(x)kZ = kT(S(x))kZ  kTk kS(x)kY  kTk kSk kxkX;
e qui entra^ne l'inegalite voulue.
//

{ 10 {
Proposition 1.2.5. Soient X et Y deux espa es normes ; si Y est un espa e de Bana h,
l'espa e L(X; Y) est un espa e de Bana h.
Demonstration. Supposons que Y soit un espa e de Bana h. P Soit P uk une serie
normalement onvergente dans L(X; Y), 'est a dire que P kuk k < +1 ; pour tout
ve teur x 2 X, on a kuk (x)k  kuk k kxk, don la serie uk (x) est normalement
onvergente dans Y. Puisque Y est omplet, ette serie onverge dans Y et on peut
poser pour tout x 2 X
+1
X
U(x) = uk (x) 2 Y:
k=0
Il est fa ile de veri er que l'appli ation UPainsi de nie de X dans Y est lineaire, et
1 ku (x)k  P+1 ku k kxk, e qui
de plus pour tout x 2 X on a kU(x)k  +k=0 k k=0 k
montre que U est ontinue et
+1
X
() kUk  kuk k:
k=0
Il reste a voir que U est la limite dans L(X; Y) de la suite (Un ) des sommes partielles.
On a +1
X X
(U Un )(x) = uj (x) = vk (x)
j>n k=0
o
P
u on a pose vk = un+k+1 pour P+1
tout k  0 ;Pen appliquant l'inegalite () a la serie
vk on obtient kU Un k  k=0 kvk k = k>n kuk k, et ette quantite tend vers
0 lorsque n ! +1.
//
P
Image d'une serie onvergente. Soit
uk une serie onvergente de ve teurs dans l'espa e
norme X et soit T : X ! Y une appli ation lineaire ontinue ; alors la serie P T(uk )
onverge dans Y et +1  X +1
X
T uk = T(uk ):
k=0 k=0
Pn
Demonstration. La suite des sommes partielles U n = k=0 uk onverge dans X vers
la somme U de la serie, on a T(Un ) = Pnk=0 T(uk ) par linearite de T, et T(Un ) tend
vers l'image T(U) de U, par la ontinuite de T.
//

1.3. Produits et quotients


Proposition 1.3.1. Soient X et Y deux espa es normes ; il existe une norme sur XY
qui de nit la topologie produit.
Demonstration. Notons N : X  Y ! R l'appli ation (x; y) ! kxkX + kykY . Il est
lair que N est une norme, et que pour toute suite (xn ; yn) dans X  Y, la quantite
N(xn ; yn) tend vers 0 si et seulement si kxn k ! 0 et kyn k ! 0, 'est a dire si et
seulement si (xn ) tend vers 0 dans X et (yn ) tend vers 0 dans Y, e qui equivaut a
dire que (xn ; yn) tend vers (0; 0) pour la topologie produit.
//

{ 11 {
Remarquons que la norme N de rite dans la demonstration i-dessus n'est pas l'unique
norme de nissant la topologie produit : n'importe quelle norme equivalente onvient.
Plusieurs normes equivalentes sont tout aussi naturelles que N. Par exemple la norme
(x; y) ! max(kxk; kyk) ou la norme (x; y) ! (kxkr + kykr )1=r , pour r > 1. On dit qu'un
espa e ve toriel topologique X est normable s'il existe une norme sur X qui de nisse la
topologie de X ; l'enon e raisonnable pour e qui pre ede est que X  Y est normable
quand X et Y sont normables.
Remarque 1.3.1. On veri e sans peine que X  Y est un espa e de Bana h si et
seulement si X et Y sont des espa es de Bana h.
Soient X un espa e ve toriel et Y un sous-espa e de X ; rappelons que X=Y est le
quotient de X pour la relation d'equivalen e RY telle que x RY y () y x 2 Y. Le
quotient X=Y est muni de l'unique stru ture d'espa e ve toriel pour laquelle l'appli ation
quotient X ! X=Y est lineaire. La lasse de 0X est egale a Y, et 'est le ve teur nul de
l'espa e quotient X=Y ; les autres lasses sont les translates de Y ( e sont les sous-espa es
aÆnes Y + x, paralleles a Y).
Proposition 1.3.2. Soient X un espa e norme et Y un sous-espa e ve toriel ferme de
X ; notons  : X ! X=Y l'appli ation quotient. La fon tion q : X=Y ! R + de nie par
8 2 X=Y; q( ) = inf fkxk : x 2 X; (x) =  g
est une norme sur X=Y.

Demonstration. Supposons que q( ) = 0 et montrons que  est la lasse nulle


dans X=Y, 'est a dire la lasse d'equivalen e egale au sous-espa e Y ; 'est i i que
l'hypothese Y ferme est ru iale : dire que q( ) = 0 signi e qu'il existe des ve teurs
xn tels que  (xn ) =  et tels que kxn k ! 0. Si y 2  , la suite (y xn ) est dans la
lasse de 0, 'est a dire dans Y, et onverge vers y ; il en resulte que y 2 Y puisque
Y est ferme, don   Y e qui implique en fait  = Y = 0X=Y .
Montrons que q est une semi-norme. Il est lair que q( ) = jj q( ) pour tout
 2 K et tout  2 X=Y. Soient ;  0 2 X=Y et " > 0 ; on peut trouver x; x0 2 X tels
que (x) =  , (x0) =  0 et kxk  q( ) + ", kx0 k  q( 0) + " ; on a
q ( +  0 )  kx + x0 k  kxk + kx0 k  q ( ) + q ( 0 ) + 2";
d'ou q( +  0)  q( ) + q( 0) en faisant tendre " vers 0.
//

Notons que la distan e d(; ) de deux lasses de X=Y est simplement la distan e naturelle
des sous-ensembles  et  de X, 'est a dire l'inf de d(x; y), lorsque x varie dans  et y
dans . Notons aussi que la proje tion  veri e kk  1 ; on a m^eme en general kk = 1,
sauf si X=Y = f0g, 'est a dire si Y = X (on suppose toujours Y ferme). Notons en ore
que l'image par  de la boule unite ouverte BX (0; 1) de X est exa tement la boule unite
ouverte du quotient X=Y (l'enon e orrespondant pour la boule unite fermee n'est pas
vrai en general).

{ 12 {
Proposition 1.3.3. Soient X, Z deux espa es normes, Y un sous-espa e ferme de X et
g 2 L(X; Z) nulle sur Y ; il existe une unique h 2 L(X=Y; Z) telle que g = h Æ  (ou
 : X ! X=Y est l'appli ation quotient) ; on a khk = kg k.
Demonstration. Soit  2 X=Y ; on va veri er que tous les ve teurs x de la lasse 
ont la m^eme image z dans Z, e qui permettra de poser h( ) = z = g(x) : si x; x 2 X
0
sont dans la lasse  , alors x x0 2 Y  ker , don g(x x0) = 0, soit g(x) = g(x0).
Don g(x) ne depend pas du hoix du representant x de la lasse  ; notons le h( ).
Il est lair que h est lineaire, et par onstru tion on a g = h Æ . Comme  est
surje tive, il est lair que h est unique.
Notons q la norme quotient de X=Y. Pour  2 X=Y et pour tout x tel que
 (x) =  , on a
kh( )k = kg(x)k  kgk kxk:
Cela etant vrai pour tout x dans la lasse  , on a kh( )k  kgk q( ). Don h est
ontinue et khk  kgk. En n, kgk = kh Æ k  khk kk  khk, puisque kk  1, et
on a bien khk = kgk.
//

Proposition 1.3.4. Soient X un espa e de Bana h et Y un sous-espa e ferme ; alors


X=Y est un espa e de Bana h.
Demonstration. On va utiliser le ritere de la proposition 1.6. Soit P k une serie
normalement onvergente dans le quotient ; pour toutPentier k  0 on peut trouver un
representant uk 2 k tel que kuk k  2 kk k ; la serie uk est elle aussi normalement
onvergente,
P don onvergente dans X puisque X est omplet. Finalement,Pla serie
k , image par l'appli ation lineaire ontinue  de la serie onvergente uk , est
onvergente dans X=Y, e qui termine la demonstration.
//

1.4. Prin ipe de prolongement. Complete d'un espa e norme


Commen ons par un lemme de prolongement, fa ile mais tres important.
Lemme 1.4.1. Soient X un espa e norme, X0 un sous-espa e ve toriel de X, dense dans
X et F un espa e de Bana h ; toute appli ation lineaire ontinue T : X0 ! F se prolonge
de fa on unique en appli ation lineaire ontinue T e : X ! F, et kTe k = kTk.

C'est par e pro ede que l'on de nit par exemple la transformee de Fourier sur
X = F = L2 (R ), a partir de sa de nition integrale sur le sous-espa e dense X0 = L1 \ L2 .
Demonstration. Soient x 2 X et n  0 ; d'apres la densite de X0 dans X, l'ensemble
An = fy 2 X0 : ky xk < 2 n g
est non vide ; si y; y0 2 An , on a ky0 yk  ky0 xk+ky xk  2 n+1 , don le diametre
de An tend vers 0 (l'ensemble An devrait s'appeler An (x), mais e serait vraiment
trop lourd). Puisque T est lineaire bornee, la suite (T(An)) est une suite de roissante
de sous-ensembles non vides de F, de diametres tendant vers 0. Pre isement, on
deduit de e qui pre ede que si v; w 2 T(An ), on a kv wk  kTk 2 n+1 . Puisque
{ 13 {
F est omplet, on sait que Tn T(An) ontient exa tement un point. Appelons S(x)
et unique point.
Soit (yk )k  X0 une suite quel onque telle que yk ! x, etn +1soit n0 quel onque ;
on aura yk 2 An pour tout k  k0 , don kT(yk ) S(x)k  2 0 kTk pour k  k0 ;
e i montre que S(x) = limk T(yk ) pour toute suite (yk )  X0 telle que x = limk yk .
0

Il est fa ile de veri er que x !0 S(x0) est lineaire de X dans F, a partir de ette
remarque (prendre yk ! x et yk ! x ). On a aussi
kS(x)k = lim
k
kT(yk )k  kTk lim k
kyk k = kTk kxk;
e qui montre que S est ontinue et kSk  kTk. Si x 2 X0 , il est lair que T(x) est
l'unique point ommun aux ensembles T(An), don S(x) = T(x) dans e as, e qui
montre que S prolonge T ; il en resulte que kTk  kSk, don kTk = kSk. Si S1 est une
autre appli ation ontinue qui prolonge T, on aura S1 (x) = limk S1 (yk ) par ontinuite
de S1 , mais S1 (yk ) = T(yk ) par hypothese, don S1 (x) = limk T(yk ) = S(x) pour
tout x 2 X, e qui montre l'uni ite de S. Il nous suÆt pour nir de prendre Te = S.
//

Lemme 1.4.2. Soient X un espa e norme, X0 un sous-espa e ve toriel de X, dense dans


X et F un espa e de Bana h ; si (Tn ) est une suite d'appli ations lineaires de X dans F,
telle que M = supn kTn k < +1 et telle que limn Tn (x) existe dans F pour tout x 2 X0 ,
alors T(x) = limn Tn (x) existe dans F pour tout x 2 X, et l'appli ation T est lineaire
ontinue de X dans F, ave kTk  M.

Demonstration. Puisque F est omplet, il suÆt de montrer que (Tn (x)) est de Cau hy
pour tout x 2 X ; soit x 2 X, et soit " > 0 donne ; on peut d'abord trouver x0 2 X0
tel que kx x0 k < "=(3M) ; par hypothese, la suite (Tn (x0 )) est onvergente, don
il existe N tel que pour tous m; n  N on ait kTm (x0) Tn (x0 )k < "=3 ; pour nir,
on a kTk (x) Tk (x0)k  M kx x0 k < "=3 pour tout entier k. On peut e rire pour
nir, pour tous m; n  N que kTm(x) Tn (x)k est majore par
kTm (x) Tm(x0 )k + kTm (x0) Tn (x0)k + kTn (x0 ) Tn (x)k < ":
//

Corollaire 1.4.3. Soient X, Y deux espa es normes, F un espa e de Bana h, u 2 L(X; Y)


une appli ation lineaire isometrique d'image dense ; pour toute f 2 L(X; F), il existe une
unique g 2 L(Y; F) telle que f = g Æ u. On a kf k = kg k.

Demonstration. Il suÆt de onside1rer le sous-espa e Y0 = u(X), dense dans Y, et de


prolonger a Y l'appli ation f Æ u qui est de nie de Y0 dans F.
//

Theoreme 1.4.4. Soit X un espa e norme ; il existe un ouple (X


b ; u) o
uXb est un espa e
de Bana h et u : X ! X est une appli ation lineaire isometrique d'image dense.
b

{ 14 {
Demonstration. La somme de deux suites de Cau hy x = (xn ) de ve teurs de X est une
suite de Cau hy, et si on multiplie une suite de Cau hy par un s alaire on obtient une suite
de Cau hy. Don les suites de Cau hy forment un espa e ve toriel, qui sera note Y. De
plus, les suites de Cau hy sont des suites bornees. Pour tout element x = (xn ) de Y on
peut don poser
kxk1 = sup kxn k:
n
On veri e sans peine que ette quantite de nit une norme sur Y. Posons
Z = fz = (zn ) 2 Y : lim kzn k = 0g;
on veri e que Z, muni de la norme kxk1 , est un sous-espa e ve toriel ferme de Y ; notons
Xb = Y=Z le quotient de Y par Z et  : Y ! Xb l'appli ation quotient ; munissons Xb de la
norme quotient, notee k:k. Le point ru ial est que Xb est omplet, m^eme si X n'etait pas
omplet. Il est ommode de demontrer d'abord les autres proprietes voulues.
Pour x 2 X, notons U(x) 2 Y la suite onstante egale a x ; posons u =  Æ U. Si
y = (yn ) est un representant quel onque de u(x), on a par de nition y U(x) 2 Z,
'est a dire limn kyn xk = 0 ; il en resulte que kyk1 = supn kyn k  limn kyn k = kxk,
don ku(x)k  kxk, mais le hoix du representant y = U(x) donne kyk1 = kxk, don
ku(x)k = kxk pour tout x 2 X.
Veri ons que u(X) est dense dans Xb . Soient  2 Xb et " > 0 ; il existe une suite de Cau hy
y = (yn ) telle que  = (y). Il existe un entier n  0 tel que, pour tout k  n on ait
kyk yn k  ". Considerons l'element y0 de Y de ni par yj0 = yj si j < n et yj0 = yn si
j  n. Ce que nous avons dit se traduit par ky y0 k1  ", don k(y) (y0 )k  ", mais
y0 est un representant de U(yn ), don k(y) u(yn )k  ", e qui montre la densite voulue.
Pour nir la demonstration, il nous reste a demontrer que Xb est un espa e de Bana h.
Soit (n ) une suite de Cau hy dans Xb ; omme u(X) est dense, pour tout entier n  0, il
existe xn 2 X tel que kn u(xn )k  2 n . La suite (u(xn ))n0 est alors de Cau hy et,
omme u est isometrique, la suite x = (xn )n0 est de Cau hy dans X ; on veri e alors que
(x) est la limite de la suite de Cau hy (n ) : Comme i-dessus, on voit que la suite (u(xn ))
onverge vers (x) ; omme la suite (n u(xn)) onverge vers 0, la suite (n ) onverge vers
(x), d'ou le resultat.

On appelle omplete de X un ouple (Xb ; u) ou Xb est un espa e de Bana h et u : X ! Xb


est une appli ation lineaire isometrique d'image dense. Le plus souvent, on ne mentionne
pas l'appli ation u : on dit alors que Xb est un omplete de X (ou le omplete de X, ar
on montre fa ilement que le omplete est unique a isometrie pres).
Separe omplete
Si X est un espa e ve toriel muni d'une semi-norme p qui n'est pas une norme, on peut
lui asso ier de fa on naturelle un espa e norme ; on voit que
Z = fz 2 X : p(z) = 0g
est un sous-espa e ve toriel de X. On peut don onsiderer le quotient (algebrique) X=Z.
Si  est un element de X=Z et x un representant0 quel onque de , on voit que la quantite
p(x) ne depend pas du representant hoisi (si x est un autre representant de  , on aura
x x0 2 Z et jp(x) p(x0 )j  p(x x0 ) = 0). On peut don poser q( ) = p(x) ou x est
un representant quel onque de la lasse . Il est fa ile de veri er que q est une semi-norme
sur X=Z, mais 'est en fait une norme : si q() = 0, ela signi e que p(x) = 0 pour tout
representant x de , 'est a dire que x 2 Z, don  est la lasse Z qui est la lasse nulle du
quotient, don  = 0X=Z .
Ce quotient X=Z s'appelle le separe de X.
{ 15 {
C'est exa tement l'operation que l'on fait en Integration, si on de nit d'abord l'espa e
Lp des \vraies" fon tions mesurables f telles que
Z 1=p
p(f ) = jf jp d < +1:

La fon tion p est une semi-norme sur X = Lp , et l'espa e Z est l'espa e ve toriel des
fon tions negligeables. Le quotient X=Z est l'espa e Lp des lasses de fon tions de puissan e
pieme integrable. On prend rapidement l'habitude de laisser tomber le mot \ lasse", mais
il faut rester vigilant : si f 2 Lp et si t0 est un point xe de l'espa e mesure, l'expression
f (t0 ) n'a pas de sens !

1.5. Complexi e d'un espa e norme reel


Si X est un espa e ve toriel reel, on peut lui asso ier un espa e ve toriel omplexe XC
d'une maniere qui rappelle le passage de R a C : l'espa e XC sera l'espa e des \ve teurs
omplexes" de la forme z = x + iy, ou x et y sont deux \ve teurs reels", 'est a dire que
x; y 2 X, et ou il faut prendre pour l'instant iy omme une notation formelle ; on de nira
la somme de deux ve teurs omplexes z et z0 par (x + iy)+(x0 + iy0 ) = (x + x0 )+ i(y + y0),
et la multipli ation du ve teur z par un nombre omplexe  = a + ib sera de nie par
z = (a + ib)(x + iy ) = (ax by ) + i(bx + ay ):
Pour rendre les hoses plus \ arrees", on va dire que XC est l'ensemble X  X (mais on
pensera au ouple (x; y) 2 X  X omme etant le ve teur omplexe z = x + iy). L'addition
de l'espa e ve toriel XC est l'addition naturelle (x; y) + (x0; y0) = (x + x0 ; y + y0 ) (qui
orrespond a e qui a ete dit un peu plus haut) et la multipli ation par les s alaires
omplexes est de nie par la formule
(a + ib)(x; y) = (ax by; bx + ay):
Resumons :
De nition 1.5.1. Soit X un espa e ve toriel reel ; on appelle omplexi e de X l'espa e
ve toriel omplexe XC obtenu en munissant l'espa e ve toriel reel X  X de la stru ture
d'espa e ve toriel omplexe donnee par (a + ib)(x; y) = (ax by; ay + bx) (pour a; b 2 R
et x; y 2 X). On plonge X dans XC par l'appli ation u : x ! (x; 0), de sorte que (x; y)
peut s'e rire u(x) + iu(y).
Si l'espa e ve toriel reel X est de plus norme, on a envie de de nir sur XC une norme
p qui soit une norme d'espa e ve toriel omplexe, 'est a dire telle que p(z ) = jj p(z ) si
 est un nombre omplexe quel onque, mais si possible de fa on que les \ve teurs reels"
z = (x; 0) gardent la m^eme norme, 'est a dire que p(x; 0) = kxkX . On doit en parti ulier
garantir que p(z) = jj p(z) si  est un nombre omplexe tel que jj = 1. Il y a de
nombreuses fa ons de pro eder ; en voi i une qui est assez simple : si z = x + iy, on dira
que x = Re z, et on posera p(z) = maxfk Re(z)kX :  2 C ; jj = 1g, e qui s'e rit aussi
p(x + iy ) = maxfk os() x sin() y kX :  2 [0; 2 ℄g:

{ 16 {
On peut aussi se trouver dans la situation ou X est un espa e ve toriel omplexe, mais
muni d'une norme q d'espa e ve toriel reel : autrement dit, on a q(x) = jj q(x) pour
tout x 2 X et  2 R , mais on n'a pas ne essairement ette egalite ave  omplexe. Si la
multipli ation par i, 'est a dire l'appli ation ' : x ! ix, est ontinue sur (X; q), on peut
rempla er q par une norme p equivalente a q qui veri e de plus p(x) = jj p(x) pour tout
x 2 X et tout  2 C , en posant pour tout x 2 X
p(x) = supfq(x) :  2 C ; jj = 1g:
C'est exa tement e qu'on a fait au paragraphe pre edent : on a ommen e par de nir sur
XC la norme q(x + iy) = max(kxk; kyk), mais ette norme n'est pas une norme omplexe.
On l'a alors rempla ee par p, de nie omme dans e paragraphe.

1.6. Dual d'un espa e norme, appli ation transposee


Rappelons que K designe le orps R ou C . Soit X un espa e norme sur K ; on appelle
dual (topologique) de X et on note X l'espa e de Bana h X = L(X; K ). Cet espa e est
omplet par la proposition 2.5.
Exemple 1.6.1. Si x = (xn ) est un element de `1 , on lui asso ie une forme lineaire
ontinue fx sur 0 en posant
+1
X
8y = (yn ) 2 0 ; fx (y) = xk yk :
k=0
De plus, la norme de fx dans le dual de 0 est egale a la norme de x dans `1 .
On a en e et jfx (y)j  kyk1 P+k=0 1 jx j = kxk ky k (en utilisant la majoration
k 1 1
jyk j  kyk1), pour tout y 2 0, qui montre que kfx k  kxk1.
Pour tout n  0 posons xn = rn ei , ave rin = jxn j reel  0 et n reel ; xons
n

N et de nissons y = (yP n ) 2 0 en posant


P1 n
y =e n si 0  n  N et yn = 0 si n > N.
N
On aura kyk1 = 1 et k=0 jxk j = k=0 xk yk = fx (y)  kfx k. En faisant tendre N
vers l'in ni on obtient kfx k = kxk1.
L'appli ation x ! fx est don une appli ation lineaire isometrique de `1 dans ( 0 ). Elle
est aussi surje tive, don bije tive. D'une ertaine fa on, le dual de 0 \est" egal a `1.
On a dit que si y = (yn) 2 0 , on a y = P+k=0 1 y e , serie onvergente dans . Si f
k k 0
est lineaire et ontinue sur 0, l'image de la somme y de la serie est la somme de la
serie des images, +1 +1
X X
f (y ) = f (yk ek ) = f (ek ) yk :
k=0 k=0
Posons xk = f (ek ) pour tout k  0 ; pour haque entier N on de nit un ve teur
y omme i-dessus, de fa on que ky k1  1 et xk yk = P jxk j pour 0  k  N ; en
utilisant Pl'inegalite jf (y)j  kf k kyk1  kf k, on obtient Nk=0 jxk j  kf k pour tout
N, don +k=0 1 jx j < +1 ; le ve teur x = (x )
k n n0 est dans `1 et f = fx , e qu'il
fallait demontrer.
Soit X un espa e norme omplexe ; 'est, en parti ulier, un espa e norme reel. Il y a deux
notions distin tes de dual pour X : le dual en tant qu'espa e reel XR = LR(X; R ) et le
dual en tant qu'espa e omplexe XC = LC (X; C ). En fait, on peut identi er es deux
espa es. Notons Re : C ! R l'appli ation R -lineaire qui a un nombre omplexe a + ib
asso ie sa partie reelle a (pour a; b 2 R ).
{ 17 {
Proposition 1.6.1. L'appli ation g ! Re Æg est une bije tion isometrique de XC sur
l'espa e XR .

Demonstration. Soit g 2 XC ; alors x ! Re g(x) est R -lineaire, et j Re g(x)j  jg(x)j


pour tout x 2 X, don k Re Ægk  kgk. Par ailleurs, pour tout x dans la boule unite
de X, il existe  2 C tel que jj = 1 et g(x) = jg(x)j, don
jg(x)j = g(x) = g(x) = (Re Æg)(x)  k Re Ægk;
par onsequent kgk = k Re Ægk. Par ailleurs, soit ` 2 XR , notons g : x ! `(x) i`(ix) ;
on veri e sans peine que g est C -lineaire, et Re g = `. On a don prouve que g !
Re Æg est surje tive ; omme elle est isometrique, elle est inje tive don bije tive.
//

De nition 1.6.2. Soient X et Y deux espa es normes et T 2t L(X ; Y) ; on appelle


transposee topologique de T (ou juste transposee) l'appli ation T : y ! y Æ T de Y
dans X .
Regroupons dans la proposition suivante des proprietes elementaires de la transpo-
sition :
Proposition 1.6.2. Soient X, Y et Z des espa es normes ;
(i) pour tout T 2 L(X; Y), l'appli ation tT est lineaire et ontinue et ktTk  kTk ;
(ii) l'appli ation T ! tT est lineaire de L(X; Y) dans L(Y; X) ;
(iii) pour tout S 2 L(X; Y) et tout T 2 L(Y; Z), on a t (T Æ S) = tS Æ tT (bien noter
l'interversion de S et T).
Veri ons que ktTk  kTk. Soit y 2 Y tel que kyk  1. Pour tout ve teur x 2 X
tel que kxk  1 on a
jtT(y)(x)j = jy(T(x))j  kyk kT(x)k  kyk kTk kxk  kTk;
d'ou il resultet que ktT(y)k  kTk en prenant le sup sur x dans la boule unite
de X, puis k Tk  kTk en prenant le sup sur y dans la boule unite de Y . La
demonstration des autres points est laissee en exer i e.
1.7. Parties totales. Separabilite

De nition 1.7.1. On dit qu'un espa e topologique Z est separable s'il existe une partie
denombrable D  Z qui soit dense dans Z.
{ 1. Les espa es R et C sont separables (par exemple, Q est un sous-ensemble de-
nombrable dense dans R ). Plus generalement, tout ferme de C est separable (exer i e).
{ 2. Tout espa e norme de dimension nie est separable : si F est un espa e ve toriel
de dimension
Pn nie sur R et si (x1 ; : : : ; xn) est une base de F, l'ensemble denombrable
D = f i=1 i xi : i 2 Q g est dense dans F.

{ 18 {
Proposition 1.7.1. Pour que X norme soit separable, il faut et il suÆtSqu'il existe une
suite roissante (Fn ) de sous-espa es de dimension nie de X telle que n Fn soit dense
dans X. Si X est un espa e norme separable de dimension in nie, on peut trouver une
suite roissante (Fn ) de sous-espa es
S ve toriels de X telle que dimFn = n pour tout
n  0 et telle que la reunion F = n Fn soit dense dans X.
En e et, si DS = fd0 ; d1; : : : ; dn; : : :g est dense et si Fn = Ve t(d0; : : : ; dn 1), il est
evident que n Fn est dense dans X puisque et ensemble ontient D. Inversement
si Fn est dense, on hoisit Dn denombrable dense dans Fn , et D = Sn Dn sera
S

denombrable et dense dans X.


Pour etablir la deuxieme partie il suÆt de modi er legerement l'argument i-
dessus, en ne prenant le ve teur dn+1 que s'il n'est pas deja dans Ve t(d0; : : : ; dn) :
on pose F0 = f0g et pour tout n  0, en supposant Fn deja de ni, de dimension
n, on designe par kn le plus petit indi e m tel que dm 2= Fn (s'il n'y avait pas de
tel indi e m, tous les ve teurs (dm) seraient dans Fn , don on aurait X = Fn de
dimension nie, ontradi tion). OnSpose Fn+1 = Ve t(Fn ; dk ). On veri e que Fn+1
ontient d0; : : : ; dk , don a la n n Fn ontient l'ensemble dense D.
n
n

Exemples 1.7.2.
1. Les espa es `p et les espa es Lp ([0; 1℄) sont separables pour 1  p < 1.
Pour tout n  0, designons par en le nieme ve teur de la suite anonique de nie a
l'exemple 1.7. Le sous-espa e Fn = Ve t(e0; : : : ; en 1) est forme des ve teurs y de
`p dont les oordonnees yj , j  n sont nulles. Il est fa ile de voir que tout x 2 `p est
limite d'une suite de tels ve teurs y.
2. En revan he, `1 et L1 ([0; 1℄) ne sont pas separables.
Pour t 2 [0; 1℄, soit ft la fon tion indi atri e de [0; t℄ ; alors kfs ft k1 = 1 si s 6= t, et
la famille (ft ) est non-denombrable ; si (xn ) etait dense dans L1 , il existerait pour
tout t 2 [0; 1℄ un indi e unique n tel que kft xn k1 < 1=4, e qui donnerait une
inje tion de [0; 1℄ dans N .
Soient X un espa e norme et D un sous-ensemble de X ; on dit que D est total dans X si
le sous-espa e ve toriel L (algebrique) engendre par D est dense dans X ( e sous-espa e
L est l'ensemble des ombinaisons lineaires de ve teurs de D).
Par exemple, la suite anonique (en )n0 est totale dans `p pour tout p < 1. Elle n'est pas
totale dans `1 , mais elle est totale dans 0.

Proposition 1.7.2. Pour qu'un espa e norme X soit separable, il faut et il suÆt qu'il
admette une partie denombrable totale.

Demonstration. Soit X un espa e norme tel qu'il existe une suite (xn ) d'elements
totale dans X ; l'espa e ve toriel L engendre par la suite est dense dans X, et il
est egal a la reunion roissante des sous-espa es Ln de dimension nieSde nis par
Ln = Ve t(x0 ; : : : ; xn 1). On sait alors que X est separable puisque n0 Ln est
dense dans X (appliquer la proposition 1). Dans l'autre dire tion 'est trivial.
//

{ 19 {
2. Espa es de Hilbert

2.1. Produits s alaires


De nition 2.1.1. Soient X et Y deux espa es ve toriels omplexes ; une appli ation
f : X ! Y est dite antilineaire si, pour tous x; y 2 X et tout  2 C on a f (x + y ) =
f (x) + f (y ) et f (x) = f (x).
On notera que la omposition de deux (ou d'un nombre pair) d'appli ations antilineaires
est une appli ation lineaire ; de plus, la omposition d'une lineaire et d'une antilineaire est
antilineaire.
De nition 2.1.2. Soit X un espa e ve toriel omplexe ; on appelle forme sesquilineaire
sur X une appli ation B : X  X ! C telle que, pour tout y 2 X, l'appli ation x ! B(x; y)
soit lineaire et telle que pour tout x 2 X, l'appli ation y ! B(x; y) soit antilineaire (de
X dans C ).
Rappelons qu'une forme bilineaire B sur un espa e ve toriel reel X est dite syme-
trique si, pour tous x; y 2 X, on a B(y; x) = B(x; y ).
Proposition 2.1.1 : identite de polarisation.
(i) Soient X un espa e ve toriel omplexe et B une forme sesquilineaire sur X ; pour
tous x; y 2 X on a
4 B(x; y) = B(x + y; x + y) B(x y; x y) + iB(x + iy; x + iy) iB(x iy; x iy):
(ii) Soient X un espa e ve toriel reel et B une forme bilineaire symetrique sur X ;
pour tous x; y 2 X on a
4 B(x; y) = B(x + y; x + y) B(x y; x y):
Demonstration. On a B(x + y; x + y ) B(x y; x y ) = 2(B(x; y ) + B(y; x)).
Rempla ant y par iy, on trouve : B(x + iy; x + iy) B(x iy; x iy) = 2(B(x; iy)+
B(iy; x)) = 2i( B(x; y) + B(y; x)) ; le point (i) en resulte ; le point (ii) est laisse en
exer i e. //

En parti ulier, pour onna^tre une forme sesquilineaire ou une forme bilineaire symetrique
B sur X, il suÆt de onna^tre B(x; x) pour tout x 2 X.
Corollaire 2.1.2. Soient X un espa e ve toriel omplexe et B une forme sesquilineaire
sur X ; les onditions suivantes sont equivalentes :
(i) pour tous x; y 2 X on a B(y; x) = B(x; y) ;
(ii) pour tout x 2 X, on a B(x; x) 2 R .
Demonstration. Posons S(x; y ) = B(x; y ) B(y; x) ; 'est une forme sesquilineaire.
Par la proposition 1, S est nulle si et seulement si, pour tout x 2 X, on a S(x; x) = 0,
e qui est bien le as.
//

{ 21 {
Soit X un espa e ve toriel omplexe ; on appelle forme hermitienne sur X une forme
sesquilineaire veri ant les onditions equivalentes du orollaire 2. On peut resumer es
onditions ainsi : la forme ' sur X  X est hermitienne si elle veri e les deux onditions
suivantes :
{ pour tout y 2 X, l'appli ation x ! '(x; y) est C -lineaire sur X ;
{ pour tous x; y 2 X, on a '(y; x) = '(x; y).
Une forme hermitienne B sur un espa e ve toriel omplexe X est dite positive si,
pour tout x 2 X, le nombre B(x; x) est reel  0. Rappelons qu'une forme bilineaire
symetrique B sur un espa e ve toriel reel X est dite positive si, pour tout x 2 X, on a
B(x; x)  0.
Convenons d'appeler produit s alaire une forme symetrique positive sur un espa e
reel ou une forme hermitienne positive sur un espa e omplexe. Le plus souvent, nous
noterons les produits s alaires (x; y) ! hx; yi.
Proposition 2.1.3 : inegalite de Cau hy-S hwarz. Soit X un espa e ve toriel muni d'un
produit s alaire ; pour tous x; y 2 X on a
jhx; yij2  hx; xi hy; yi:

Demonstration. Soit u 2 K de module 1 tel que u hx; yi = jhx; yij ; pour t 2 R , le


produit s alaire hux + ty; ux + tyi est positif. Or
hux + ty; ux + tyi = hux; uxi + 2t Rehux; yi + t2 hy; yi = hx; xi + 2tjhx; yij + t2 hy; yi:
Ce polyn^ome du deuxieme degre en t est positif pour tout t 2 R , don son dis ri-
minant est negatif ou nul. Cela donne jhx; yij hx; xi hy; yi  0.
2
//

Corollaire 2.1.4. Soit X un espa e ve toriel muni d'un produit s alaire ; l'appli ation
x ! hx; xi1=2 est une semi-norme sur X.

Demonstration. Pour tous x; y 2 X, on a


hx + y; x + yi = hx; xi + hy; yi + hx; yi + hx; yi
 hx; xi + hy; yi + 2jhx; yij  (hx; xi1=2 + hy; yi1=2)2
par la proposition 3.
//

Notons en ore une relation utile, appelee la relation du parallelogramme,



hx + y; x + yi + hx y; x yi = 2 hx; xi + hy; yi :

{ 22 {
2.2. Espa es de Hilbert, orthogonalite, bases
Un produit s alaire sur un espa e ve toriel reel ou omplexe X est don une appli-
ation (x; y) ! hx; yi de X  X dans K telle que
x 2 X ! hx; y i est K -lineaire pour tout y 2 X xe,
hy; xi = hx; yi pour tous x; y 2 X,
hx; xi  0 pour tout x 2 X.
Certains auteurs exigent qu'unp produit s alaire v eri e hx; xi > 0 pour tout x 6= 0X. Dans
e as la semi-norme x ! hx; xi du orollaire pre edent est une norme sur l'espa e X.
On appelle espa e prehilbertien un espa epve toriel X (reel ou omplexe) muni d'un
produit s alaire tel que la semi-norme p(x) = hx; xi soit une norme sur X. Tout espa e
prehilbertien sera onsidere omme espa e norme, muni de la norme i-dessus, qui sera
notee simplement kxk desormais.
Proposition 2.2.1. Soit X un espa e prehilbertien ; pour tout ve teur y 2 X la forme
lineaire `y : x ! hx; y i est ontinue de X dans K . L'appli ation y ! `y est antilineaire
et isometrique de X dans X .

Demonstration. Pour x 2 X on a j`y (x)j  kxk ky k par la proposition 1.3, don


l'appli ation lineaire `y est ontinue et k`y k  kyk. Or kyk2 = `y (y)  k`y k kyk,
d'ou l'on deduit que kyk = k`y k. On veri e sans peine que l'appli ation y ! `y est
antilineaire.
//

Soit (X; p) un espa e norme ; on dira que la norme p est issue d'un produit s alaire s'il
existe un produit s alaire h ; i sur X tel que, pour tout x 2 X on ait p(x) = hx; xi1=2. Si un
tel produit s alaire existe, il est unique, par la proposition 1.1. On dira que (X; p) est un
espa e prehilbertien si p est issue d'un produit s alaire ; on dira que (X; p) est un espa e
hilbertien s'il est prehilbertien omplet.
Proposition 2.2.2. Soit X un espa e prehilbertien ; le omplete de X est un espa e hilber-
tien.
Demonstration. Notons H le omplete de X et onsiderons pour simpli er que X est un
sous-espa e ve toriel de H. Si h; k sont deux elements de H, on peut trouver deux suites
(xn ) et (yn ) dans X, telles que h = limn xn et k = lim yn . On remarque que la suite s alaire
(hxn ; yn i) est de Cau hy :
jhxn ; yn i hxm ; ym ij  jhxn xm ; yn ij + jhxm ; yn ym ij
 kxn xm k kyn k + kxm k kyn ym k
qui tend vers 0 lorsque n; m ! +1 par e que les deux suites sont de Cau hy, don bornees.
De plus, on peut voir que la limite limn hxn ; yn i ne depend que de h et k, e qui permet de
poser
hh; ki = limn
hxn ; yn i:
En passant a la limite, on veri e que ette formule de nit une forme hermitienne sur H  H.
Lorsque h = k, on aura
hh; hi = lim
n
hxn ; xn i = lim
n
kxn k2 = khk2
e qui montre que le produit s alaire de ni sur H donne la norme de H.
//

{ 23 {
De nition 2.2.1. On appelle espa e de Hilbert un espa e ve toriel H (rp eel ou omplexe)
muni d'un produit s alaire (x; y) ! hx; yi tel que la semi-norme x ! hx; xi soit une
norme sur H, qui rende et espa e omplet. p
Si H est un espa e de Hilbert, on notera kxk = hx; xi pour tout x 2 H. L'inegalite
de Cau hy-S hwarz s'e rit alors jhx; yij  kxk kyk.
Exemple 2.2.2. L'espa e L2 (
; ) est Zun espa e de Hilbert pour le produit s alaire
hf; gi = f (s) g(s) d(s):

L'espa e `2 est un as parti ulier, obtenu lorsque


= N est muni de la mesure de
omptage (de nie par (fng) = 1 pour tout n 2 N ).
L'espa e de Sobolev H1 est fa ile a de nir dans le as d'un intervalle borne [a; b℄ de
R . Il s'agit de l'espa e H1 [a; b℄ des fon tions f sur [a; b℄ telles qu'il existe une fon tion
g 2 L2 [a; b℄ pour laquelle Z u
f (u) f (t) = g (s) ds
t
pour tous t; u 2 [a; b℄. On dit que g est la derivee generalisee de f , et on la note souvent
simplement f 0. La norme est alors
kf kH = kf k22 + kf 0k22 1=2:

1

L'espa e de Sobolev H1([a; b℄) est aussi un espa e de Hilbert pour le nouveau produit
s alaire Z b Z b
hf; giH = f (s) g(s) ds + f 0 (s) g0(s) ds:
1
a a
Le as de R n , n  2 ou d'un ouvert de R n (qui est le as serieux pour les appli ations
aux EDP) ne sera pas traite i i.
De nition 2.2.3. Soit H un espa e de Hilbert ; on dit que les ve teurs x et y de H
sont orthogonaux si hx; yi = 0. Soit (xn)n0 une suite in nie de ve teurs de H ou bien
(x1 ; : : : ; xN) une suite nie ; on dit que la suite est orthogonale si les xn sont deux a
deux orthogonaux, 'est a dire si hxm; xn i = 0 lorsque m 6= n ; on dit que 'est une suite
orthonormee si de plus, pour tout n, on a kxn k = 1.
Si x est orthogonal a y1; : : : ; yn, alors x est orthogonal a toutes les ombinaisons
lineaires de y1; : : : ; yn d'apres la linearite du produit s alaire par rapport a sa premiere
variable. Le ve teur x est don orthogonal au sous-espa e ve toriel engendre
F = Ve t(y1; : : : ; yn):
Si x est orthogonal a tous les ve teurs d'un ensemble A, alors x est aussi orthogonal a
l'adheren e de A (par e que l'appli ation a ! ha; xi est ontinue).
Lemme 2.2.3. Soient (u1 ; : : : ; un ) des ve teurs deux a deux orthogonaux d'un espa e
de Hilbert H ; on a
X n 2 Xn
uk = kuk k2 :

k=1 k=1
En parti ulier, des ve teurs orthogonaux non nuls sont lineairement independants.
P P
Demonstration. Fa ile, en developpant le arre s alaire h nk=1 uk ; nk=1 uk i.
//

{ 24 {
Lemme 2.2.4. Soit (e1 ; : : : ; en ) une suite orthonormee nie dans un espa e de Hilbert
H ; posons F = Ve t(e1 ; : : : ; en ) ; pour tout ve teur x 2 H, le ve teur
n
X
y= hx; eii ei
i=1
est la proje tion orthogonale de x sur F, 'est a dire que y 2 F et que le ve teur x y
est orthogonal a F.

Demonstration. Il est evident que y 2 F, et il est lair que hy; ej i = hx; ej i pour tout
j = 1; : : : ; n, don x y est orthogonal a tous les (ej ), e qui implique que x y est
orthogonal a F.
//

Lemme 2.2.5 : inegalite de Bessel. Soient H un espa e de P


Hilbert et (en )n0 une suite
orthonormee dans H ; pour tout x 2 H la serie numerique k jhx; ek ij2 est onvergente
et X
jhx; ek ij2  kxk2 :
k0

Demonstration. Il suÆt de montrer le resultat pour une suite nie e1 ; : : : ; en . On


a vu que si on pose y = Pni=1 hx; ei i ei , le ve teur x y est orthogonal au sous-
espa e F = Ve t(e1; : : : ; en ), don x y est orthogonal a y 2 F. On aura puisque
x = y + (x y )
Xn
kxk = kyk + kx yk  kyk = jhx; eiij2
2 2 2 2
i=1
d'ou le resultat.
//

P Soit (un )n0 une suite orthogonale dans


Lemme 2.2.6. Pun espa e de Hilbert H ; la s
erie
de ve teurs k uk onverge dans H si et seulement si kuk k2 < +1, et dans e as
X+1 +1
2 X
uk = kuk k2 :

k=0 k=0
P
Si (en )n0 est une suite orthonormee, la serie de ve teurs k k ek onverge si et seule-
P P 1 2 P+1
ment si j k j2 < +1, et dans e as on a + k=0 k ek =
k=0 j k j .
2

Demonstration. Posons Un = Pni=0 ui . Si m < n on a par orthogonalite


Xn
kUn Umk2 = kuk k2:
k=m+1
A partir de la, il estP lair que2 la suite (Un ) est de Cau hy dans H si et seulement si
la serie numerique k kuk k veri e le ritere de onvergen e de Cau hy. La norme
de la somme de la serie s'obtient en passant a la limite dans l'egalite du lemme 3.
//

{ 25 {
Lemme 2.2.7. Soit (en )n0 une suite orthonormee dans H et soit F le sous-espa e
ve toriel ferme engendre par la suite (en )n0 ; pour tout ve teur y 2 F, on a
+1
X
y= hy; ek i ek :
k=0

Demonstration. Posons j = hy; ej i pour tout j  0, et z = P+k=0 1 e . Cette serie


k k
onverge d'apres le lemme 5 et le lemme pre edent, et z 2 F. Pour tout j  0, on
voit en passant a la limite gr^a e a la ontinuite de l'appli ation x ! hx; ej i
n
X
hz; ej i = lim
n
h i ei ; ej i = j = hy; ej i
i=0
e qui montre que y z est orthogonal a ha un des ve teurs ej , don y z est
orthogonal a F. Puisque y z 2 F, il en resulte que y z = 0H, d'ou le resultat.
//

De nition 2.2.4. On appelle base hilbertienne d'un espa e de Hilbert separable H de
dimension in nie une suite orthonormee (en )n0 qui est de plus totale dans H. On dit
aussi base orthonormee de H.

Certaines bases hilbertiennes sont naturellement indexees par un ensemble denombrable


spe i que, par exemple I = Z, plut^ot que par l'ensemble N . Du point de vue theorique, il
n'y a pas de di eren e et nous e rirons les preuves ave I = N .

Proposition 2.2.8. Supposons que (en )n0 soit une base orthonormee de l'espa e de
Hilbert separable H de dimension in nie. Pour tout ve teur x de H, on a
+1
X +1
X
x = hx; ek i ek et kxk = 2 jhx; ek ij2:
k=0 k=0

On voit qu'une base hilbertienne (en )n0 de H est une suite orthonormee qui veri e
pour tout x 2 H la premiere propriete indiquee dans la proposition pre edente. En e et,
ette propriete implique lairement que la suite (en )n0 doit ^etre totale dans H.
Demonstration. Par de nition d'une base orthonormee, la suite (en )n0 est totale
dans H, e qui signi e que le sous-espa e ve toriel ferme F engendre par ette suite
est egal a H. Il suÆt d'appliquer le lemme 7 pour obtenir la premiere partie de la
on lusion, et le lemme 6 pour la se onde.
//

{ 26 {
Theoreme 2.2.9. Pour tout espa e de Hilbert separable H de dimension in nie, il existe
une base orthonormee (en )n0 .
Si H est de dimension nie, l'existen e de base orthonormee (bien entendu nie ) a ete
vue en DEUG. Le as des espa es de Hilbert non separables sera examine au hapitre 6.
Demonstration. Soit H un espa e de Hilbert separable de dimension in nie ; on peut
trouver une suite roissante (En )n0 de sous-espa es de dimension nie de H, telle
que dimEn = n pour tout n  0 et telle que Sn En soit dense dans H (propo-
sition 1.7.1). On onstruit la suite orthonormee par re urren e de fa on que pour
tout n  1, la suite (e1 ; : : : ; en ) soit une base orthonormee de En . On ommen e en
prenant pour e1 un ve teur de norme un dans E1. Supposons e1 ; : : : ; en de nis, de
fa on que (e1 ; : : : ; en ) soit une base orthonormee de En . Puisque En+1 6= En , on peut
hoisir un ve teur xn+1 2 En+1 qui n'est pas dans En . Soit y la proje tion orthogo-
nale de xn+1 sur En . On a xn+1 6= y puisque xn+1 2= En . Le ve teur z = xn+1 y
est non nul et orthogonal a En . On prend pour en+1 un multiple de norme un du
ve teur z. Par onstru tion (e1; : : : ; en; en+1 ) est une suite orthonormee dans En+1 ,
don une base de En+1 (puisque dimEn+1 = n + 1).
La suite (en )nS0 est totale dans H puisque l'espa e ve toriel qu'elle engendre
ontient la reunion n0 En qui est dense dans H.
//

Exemples 2.2.5.
1. La suite anonique (en )n0 de l'espa e `2 est evidemment une base orthonormee
de `2 .
2. Considerons l'espa e de Hilbert L2 (0; 2) des fon tions omplexes de arre som-
mable pour la mesure dx=2. Pour haque entier relatif n 2 Z, soit fn la fon tion de nie
par
fn (s) = eins
pour tout s 2 [0; 2℄. Il est fa ile de veri er que les fon tions (fn )n2Z forment une suite
orthonormee dans L2 (0; 2). En revan he, il faut une petite demonstration pour voir
que e systeme est total (voir la se tion 3.6). Il s'agit don d'une base orthonormee de
L2 (0; 2).
3. Autre base orthonormee : le systeme de Haar.
Posons h(t) = 1 si 0  t < 1=2, h(t) = 1 si 1=2  t < 1, et h(t) = 0 sinon. A partir de
ette fon tion de base, on onstruit par translation et hangement d'e helle une famille de
fon tions, pour tous n; j 2 Z :
8t 2 R ; hn;j (t) = 2n=2 h(2n t j ):
On a h0;0 = h. Celles des fon tions qui sont a support dans [0; 1℄ forment une suite or-
thonormee dans L2 (0; 1). Elles orrespondent aux indi es n  0 et 0  j < 2n . Pour des
raisons de ardinalite on voit que la fon tion h0 = 1 et les fon tions Pn pr e edentes hm;j , pour
m = 0; : : : ; n 1 et j = 0; : : : ; 2m 1 , qui sont au nombre de 1 + m 1 2m = 2n engendrent
=0
toutes les fon tions en es alier sur la partition de [0; 1[ en intervalles [k2 n ; (k + 1)2 n [,
k = 0; : : : ; 2n 1. Il en resulte que la famille formee de la fon tion 1 et des hn;j pour n  0
et 0  j < 2n est totale dans L2(0; 1), don 'est une base orthonormee de L2 (0; 1), appelee
base de Haar.

{ 27 {
Si on travaille sur R on peut hoisir de translater la base pre edente sur haque intervalle
entier, ou bien abandonner h0 et onsiderer toutes les fon tions hn;j , pour n; j 2 Z.
Le systeme de Haar est un exemple de base d'ondelettes avant l'heure.
4. Considerons sur K = f1; 1gN la suite des fon tions oordonnees ("j )j0, de nies pour
tout jQ 0 par "j (t) = tj si t = (ti )i0 2 K. Pour tout ensemble ni A  N on posera
wA = j2A "j . On obtient une base orthonormee de L2 (K). C'est le systeme de Walsh.

2.3. Theoreme de proje tion

Theoreme 2.3.1 : theoreme de proje tion. Soient H un espa e de Hilbert et C une


partie onvexe fermee non vide de H ; pour tout x 2 H, il existe un et un seul point y0
de C en lequel la fon tion y ! ky xk atteint son minimum sur C. On a de plus
8y 2 C; Re hx y0 ; y y0 i  0:

Demonstration. En translatant le onvexe C, on peut se ramener au as ou x = 0H.


Notons alors
d = inf fd(y; 0H) : y 2 Cg = inf fky k : y 2 Cg
la distan e de 0H a C. Si y et z sont deux points de C, on a (y + z)=2 2 C puisque
C est onvexe, don k(y + z)=2k  d ; de plus la relation du parallelogramme
k(y + z)=2k2 + k(y z)=2k2 = (kyk2 + kzk2 )=2
implique pour tous y; z 2 C
() 0  k(y z)=2k2  (kyk2 + kzk2 )=2 d2:
Pour tout entier n  1, posons
Cn = fy 2 C : kyk2  d2 + 1=ng:
L'ensemble Cn est une partie fermee non vide de H ; d'apres la relation (), on a
k(y z)=2k2p 1=n pour tous y; z 2 Cn . Le diametre de Cn est don inferieur
ou egal a 2= n, et il tend par onsequent vers 0. Comme l'espa e H est omplet,
l'interse tion des fermes embo^tes Cn qui est egale a fy 2 C : kyk = dg, ontient un
et un seul point, qui est le point y0 her he.
Compte tenu de notre translation simpli atri e, la relation a demontrer ensuite
devient Re(h y0 ; y y0i)  0 pour tout y 2 C ; pour t 2 [0; 1℄, on a y0 + t(y y0 ) 2 C,
don ky0 + t(y y0 )k  ky0k, e qui donne en developpant le arre de la norme
2t Re(hy0; y y0i) + t2 ky y0 k2  0
pour 0  t  1 ; pour nir on divise par t > 0 que l'on fait ensuite tendre vers 0, et
on obtient Re(hy0; y y0i)  0.
//

{ 28 {
Un as parti ulier important est elui ou C est un sous-espa e ve toriel ferme F de H.
Dans e as on a hx y0 ; zi = 0 pour tout ve teur z 2 F, 'est a dire que x y0 ? F.
Pour le voir, hoisissons un s alaire u 2 K de module 1 tel que hx y0; u zi =
jhx y0; zij, puis onsiderons le ve teur y = u z + y0 2 F pour lequel y y0 = u z ;
la relation Rehx y0 ; y y0 i  0 donne le resultat.
Dans le as de la proje tion sur un sous-espa e ve toriel ferme F, la proje tion y0 de x
sur F est entierement ara terisee par les deux onditions suivantes
{ le ve teur y0 appartient a F ;
{ le ve teur x y0 est orthogonal a F.
En e et, si es onditions sont veri ees et si y est un element quel onque de F, on
aura
() kx yk2 = k(x y0 ) + (y0 y)k2 = kx y0 k2 + ky0 yk2
par e que2 y0 y 2 F est orthogonal a x y0 . Cette relation montre que kx yk2 
kx y0 k pour tout y 2 F, 'est a dire que y0 est bien le point de F le plus pro he
du point x.
On notera PF (x) = y0 la proje tion orthogonale de x sur F. La ara terisation i-dessus
montre que PF (x)+ 0 PF (x0 ) est la proje tion de x + 0 x0 , autrement dit l'appli ation
PF est une appli ation lineaire. L'egalite () i-dessus donne aussi kx yk  kPF (x) yk
pour tout y 2 F, don kxk  kPF (x)k en prenant y = 0 ; on a don kPF k  1.
Si F est un sous-espa e ve toriel ferme d'un espa e hilbertien H on appelle proje teur
orthogonal sur F l'operateur borne PF : H ! H qui asso ie a tout ve teur x 2 H sa
proje tion sur F.
Exemple 2.3.1. Esperan e onditionnelle. Si (
; A; ) est un espa e de probabilite et si
F est une sous-tribu de A, on peut onsiderer le sous-espa e ve toriel F de L2 forme de
toutes les fon tions qui sont F -mesurables. Le sous-espa e F est ferme, et la proje tion2
orthogonale de L2 sur F s'appelle l'esperan e onditionnelle. Par exemple, si
= [0; 1℄
est muni de sa tribu borelienne et de la mesure de Lebesgue, si F est la sous-tribu forme
de tous les ensembles de la forme A  [0; 1℄, ou A varie parmi les boreliens de [0; 1℄, le
sous-espa e F est forme des fon tions qui ne dependent que de la premiere variable et la
proje tion PF f = E(f jF ) d'une fon tion f 2 L2 est donnee par
Z 1
E(f jF )(x; y) = f (x; u) du:
0

Corollaire 2.3.2. Soient H un espa e de Hilbert, F un sous-espa e ve toriel ferme


separable de H, et (en )n0 une base hilbertienne du sous-espa e F. Pour tout ve teur
x 2 H, la proje tion orthogonale de x sur F est donnee par
+1
X
PF (x) = hx; ek i ek :
k=0

Demonstration. Posons y = PF (x) ; puisque le ve teur x y est orthogonal a F, on a


hx y; ej i = 0 pour tout j  0,Pdon
1
hx; ej i = hy;Pej i. D'apres le lemme 2.7, applique
1 hx; e i e :
a F et a y, on a PF (x) = y = k=0 hy; ek i ek = +k=0
+
k k
//

{ 29 {
De nition 2.3.2. On dit que des parties A et B d'un espa e de Hilbert H sont ortho-
gonales si tout element de A est orthogonal a tout element de B. Soit A une partie de
H ; on appelle orthogonal de A l'ensemble A? des elements de H orthogonaux a A.
Il est lair que A? est un sous-espa e ve toriel ferme de H.
Proposition 2.3.3. Soient H un espa e de Hilbert et F un sous-espa e ve toriel ferme
de H ; on a PF + PF? = IdH . Il en resulte que F  F? = H et F?? = F.

Demonstration. Commen ons par une eviden e : par de nition, tout ve teur de F
est orthogonal a F?, don F  F??. Soit maintenant x 2 H quel onque et e rivons
x = PF (x) + (x PF (x)) ; d'apres les proprietes de la proje tion orthogonale sur
le sous-espa e ve toriel F, on a bien que x PF (?x) 2 F? , et de plus la di eren e
x (x PF (x)) = PF (x) 2 F est orthogonale a F ; ela montre que x PF (x) est
la proje tion orthogonale de x sur F? , 'est a dire que PF? = IdH PF?. La relation
IdH = PF + PF? implique evidemment que H ?est la somme de F et F . On veri e
ensuite que la somme est dire te : si x??2 F \ F alors hx; xi = 0 don x = 0H .
Pour nir, si on a un ve teur x 2 F ? , il est orthogonal a F? par de nition, don
0H est sa proje tion orthogonale sur F et la relation PF (x) = (IdH PF? )(x) = x
montre que x 2 F.
//

Corollaire 2.3.4. Soit H un espa e de Hilbert ;


(i) pour toute partie A de H, l'ensemble (A?)? est le plus petit sous-espa e ve toriel
ferme de H ontenant A ;
(ii) si Y est un sous-espa e ve toriel de H, on a (Y?)? = Y.
Demonstration. Montrons le point (i). Soit F le plus petit sous-espa e ve toriel
ferme de H ontenant A ; on sait que tout ve teur y orthogonal a A est aussi or-
thogonal a l'espa e ve toriel Y engendre par A (par linearite du produit s alaire),
puis a l'adheren e F = Y de e sous-espa e (par ontinuite du produit s alaire).
Inversement tout ve teur orthogonal a F est evidemment orthogonal a A. On a don
A = F , don (A ) = F = F.
? ? ? ? ??
Le point (ii) de oule de (i), puisque le plus petit sous-espa e ferme de H on-
tenant Y est l'adheren e Y.
//

A tout ve teur y 2 H on a asso ie la forme lineaire ontinue `y de nie par
() 8x 2 H; `y (x) = hx; yi
et on a vu que k`y k = kyk (proposition 2.1).
Proposition 2.3.5. Soit H un espa e de Hilbert ; l'appli ation isometrique antilineaire
y ! `y de l'equation () est une bije tion de H sur le dual H . En d'autres termes, pour
toute forme lineaire ontinue ` sur H, il existe un ve teur y` 2 H unique qui represente
la forme lineaire ` au sens suivant :
8x 2 H; `(x) = hx; y`i:
{ 30 {
Demonstration. Soit ` 2 H ; si ` = 0 il suÆt de (et il faut) prendre y` = 0H . Si
` 6= 0, notons F son noyau (ferme). Puisque F 6= H, on peut hoisir un ve teur z
orthogonal a F et tel que `(z) = 1. Tout ve teur x 2 H peut s'e rire
x = (x `(x) z ) + `(x) z = x0 + `(x) z
ave x0 = x `(x) z qui est dans F puisque `(x0 ) = `(x) `(x)`(z ) = 0. On a pour
tout x 2 H, puisque x0 ? z
hx; zi = h`(x) z; zi = hz; zi `(x)
e qui montre que ` = kzk 2 `z . Il suÆt de prendre y` = kzk 2 z pour obtenir le
resultat voulu.
//

Exemple 2.3.3. Pour toute forme lineaire ontinue ` sur L2 (


; ), il existe une fon tion
g 2 L2 telle que Z
8f 2 L2 ; `(f ) = f (s) g(s) d(s):

Une appli ation tres utile est le \petit" theoreme de Radon-Nikodym. Si ;  sont deux
mesures positives sur un espa e mesurable (
; A), ave  nie et  - nie, et si  (A)  (A)
pour tout A 2 A, il existe une fon tion mesurable bornee f telle que
Z Z
 (A) = f (s) d(s) = 1A (s)f (s) d(s)
A

pour tout ensemble A 2 A, 'est a dire que la mesure  peut se representer omme la
mesure de densite f par rapport a . R R
La demonstration fon tionne ainsi : il resulte de l'hypothese que h d  h d pour
toute fon tion mesurable positive h, et e i implique que kgkL2 ()  kgkL2 () pour toute
R g 2 L2 (), e qui montre que L2 ()  L2 ( ). Comme  est nie, la forme lineaire
fon tion
g ! g d est de nie et ontinue sur L2 ( ), don sur L2 (). On peut don la representer
par une fon tion f 2 L2(), 'est a dire que
Z Z
g d = gf d
pour toute fon tion g 2 L2(). En appliquant ave g = 1A on obtient le resultat annon e.

Somme hilbertienne de sous-espa es orthogonaux


Proposition 2.3.6. Si F1 et F2 sont deux sous-espa es ve toriels fermes orthogonaux de
l'espa e de Hilbert H, le sous-espa e F = F1 + F2 est ferme et la proje tion orthogonale
de H sur F est donnee par PF = PF1 + PF2 .

Demonstration. Si yi 2 Fi alors PF yi = 0H quand i 6= j puisque Fi ? Fj ; posons


T = PF + PF ; on a don Ty = y pour tout y 2 F1 + F2 . Inversement, si y = Ty
j

il est evident que y 2 F1 + F2, don F1 + F2 est le noyau de l'appli ation lineaire
1 2

ontinue IdH T, don il est ferme. L'autre aÆrmation est fa ile.


//

{ 31 {
Supposons donnee dans un espa e de Hilbert H une suite (Fn )n0 de sous-espa es ve -
toriels fermes, deux a deux orthogonaux. On sait P que2 pour toute famille P (xn )n0 de
ve teurs telle que xn 2 P Fn+pour
1
tout n  0 et kxk k P < +1, la serie xk onverge
dans H ; le ve teur x = k=0 xk , qui est limite de yN = Nk=0 xk , appartient a l'espa e
ve toriel ferme F engendre par la famille (Fn )n0 : en e et, le sous-espa e F ontient
haque yN puisqu'il ontient F0 ; : : : ; FN et il ontient la limite x puisqu'il est ferme.
Inversement
Proposition 2.3.7. Le sous-espa e ve toriel ferme F engendre par une famille (Fn )n0
de sous-espa es ve toriels fermes de H deux a deux orthogonaux on ide ave
+1
X X
fx = xk : 8n  0; xn 2 Fn et kxk k2 < +1g:
k=0

Demonstration. Designons par G l'ensemble i-dessus ; on a deja explique que l'espa e


ferme F engendre par les (Fn ) doit ontenir G. Inversement, soit x 2 F et designons par
xn , pour tout entier n  0, la proje tion orthogonale de x sur Fn ; on veri e fa ilement que
sn = x0 +    + xn est la proje tion orthogonale de x sur le sous-espa e
P ferme F0 +    +Fn .
Il en resulte quePksn k  kxk pour tout n, e qui implique que kxk k2  kxk et permet
de de nir x0 = +k=0 1 x 2 G = limn sn . On va montrer que x0 = x ; puisque x appartient
k
au sous-espa e ferme engendre par les Fn , on peut trouver pour tout " > 0 un entier N et
un ve teur y 2 F0 +    + FN tels que kx yk < ". Mais par de nition de la0 proje tion
orthogonale, on a kx sN k  kx yk, e qui montre que limn sn = x et x = x .
//

{ 32 {
3. Les espa es de Bana h lassiques

3.1. Espa es de fon tions ontinues ou integrables


Soit K un espa e topologique ompa t ; l'espa e C(K) (reel ou omplexe) est l'espa e
ve toriel des fon tions s alaires ontinues sur K. On sait que toute fon tion reelle f
ontinue sur K est bornee (et atteint ses bornes), e qui permet de de nir la norme
uniforme de la fon tion f en posant
kf k1 = maxt2K
jf (t)j:
Muni de ette norme, C(K) est un espa e de Bana h. Le fait qu'il soit omplet est
une tradu tion du theoreme selon lequel une limite uniforme d'une suite de fon tions
ontinues est une fon tion ontinue.
Lorsque K est metrique ompa t, ave une distan e d, on dispose pour pas her de
beau oup de fon tions reelles ontinues sur K, fabriquees ave les fon tions s ! d(s; t),
ou t est un point xe de K. Par exemple, la fon tion f de nie sur K par la formule
f (t) = max(0; " d(t; t0 )) est non nulle dans un petit voisinage de t0 2 K, et seulement
dans e petit voisinage.
Si U est un ouvert quel onque de K, la fon tion f de nie par f (s) = d(s; U ) =
inf fd(s; t) : t 2= Ug est une fon tion reelle ontinue sur K qui est non nulle exa tement
sur U. Si (Ui) est un re ouvrement ouvert ni de K, on peut don trouver des fon tions
ontinues i telles que i soit nulle en dehors de Ui et i > 0 sur Ui ; alors = Pj j
est ontinue > 0 sur K (don minoree par un Æ > 0). Les fon tions ontinues 'i = i =
r
Pealisent une partition de l'unite, subordonnee au re ouvrement (Ui), e qui signi e que
j 'j = 1 sur K, 'j = 0 hors de Uj et 0  'j  1 pour haque j . C'est un outil tres
ommode pour beau oup de questions.
Pour un ompa t quel onque K, on peut en ore trouver pour tout point t0 2 K une fon tion
reelle ontinue, non nulle en t0 et nulle en dehors d'un voisinage donne de t0 , mais 'est
plus diÆ ile. En revan he etant donne un ouvert U d'un ompa t K non metrisable, on ne
peut pas toujours trouver une fon tion reelle ontinue f sur K telle que U = ff 6= 0g. Un
exemple de ompa t non metrisable est l'espa e produit f 1; 1gR (pour bien dire qu'on ne
verra pas  a tous les jours : 'est un produit non denombrable ).

Voi i un exemple d'appli ation de la notion de partition de l'unite. On dit qu'un espa e
topologique X est metrisable lorsqu'il existe une distan e d sur X qui de nit la topologie
de X.
Theoreme. Quand K est un ompa t metrisable, l'espa e de Bana h C(K) est separable.
En realite, la re iproque est vraie : si K est un espa e topologique ompa t et si C(K) est
separable, on peut de nir la topologie de K par une distan e.
Demontrons le theoreme. On se donne un ompa t metrique (K; d). Pour toute fon tion
ontinue f sur K, on introduit le module de ontinuite de f , qui est une fon tion notee !f ,
de nie pour tout Æ > 0 par
!f (Æ) = supfjf (s) f (t)j : s; t 2 K; d(s; t)  Æg:

{ 33 {
Dire que f est uniformement ontinue sur K revient a dire que limÆ!0 !f (Æ) = 0. Fixons
Æ > 0 et onsiderons un re ouvrement ni de K par des boules ouvertes (B(sj ; Æ))j=1;:::;N
(existen e par Borel-Lebesgue). Soit '1; : : : ; 'N une partition de l'unite asso iee au re ou-
vrement de K par les ouverts !j = B(sj ; Æ) ; soit FÆ le sous-espa e de dimension nie de
C(K) engendre par '1 ; : : : ; 'N .
Pour toute fon tion ontinue f sur K, on a dist(f; FÆ )  !f (Æ).
P
On pose g = Nj=1 f (sj ) 'j 2 FÆ ; on voit que pour tout s 2 K,
N
X
f (s) g(s) = 'j (s)(f (s) f (sj )):
j =1
6 0 pour un ertain indi e j , on a 'j (s) 6= 0, don s 2 B(sj ; Æ), don
Si 'j (s)(f (s) f (sj )) =
jf (s) f (sj )j  !f (Æ), don pour tout j = 1; : : : ; N on a
'j (s)jf (s) f (sj )j  !f (Æ) 'j (s) ;
en sommant en j on obtient l'inegalite jf (s) g(s)j  !f (Æ) pour tout s 2 K, 'est a dire
(P) dist(f; FÆ )  !f (Æ):
Si on prend Æ = 2 n pour n = 0; 1; : : : et si (Fn ) sont des sous-espa es de dimension nie
orrespondants, on aura pour toute fon tion ontinue f
dist(f; Fn )  !f (2 n ) ! 0:
S
Il en resulte que n Fn est dense dans C(K), don C(K) est separable d'apres la proposi-
tion 1.7.1.
Beau oup d'exemples d'espa es de Bana h proviennent de la theorie de l'integration.
Un espa e mesurable (
; A) est la donnee d'un ensemble
et d'une tribu A de parties
de l'ensemble
. Nous supposerons donne un espa e (
; A; ), ou (
; A) est un espa e
mesurable et  une mesure positive sur (
; A). Rappelons que  est une appli ation de
A dans [0; +1℄ telle que (;) = 0 et
[  +1
X
 An = (An )
n0 n=0
haque fois que les ensembles (An )n0 de la tribu A sont deux a deux disjoints (ave des
onventions evidentes pour les series dont les termes peuvent prendre la valeur +1).
Cette de nition a le merite d'^etre simple, mais elle n'e arte pas des objets horribles tels que
elui- i : de nissons hor sur la tribu borelienne de R en disant que hor (A) = 0 si A est
Lebesgue-negligeable et hor(A) = +1 sinon. Cet objet est malheureusement une mesure
au sens pre edent ; on pourrait quali er une mesure  de raisonnable si tout A 2 A tel que
(A) = +1 ontient des B 2 A tels que 0 < (B) < +1.
Pour eviter ertains desagrements nous supposerons que la mesure est - nie, e qui
veut dire qu'il existe une partition (
n ) de
en une suite de parties
n 2 A telles que
(
n ) < +1. Un exemple typique est fourni par la mesure de Lebesgue sur R d (muni
de la tribu borelienne), ou bien par la mesure de omptage  sur N , qui asso ie a tout
A  N le nombre (A) ( ni ou +1) de ses elements.
Pour 1  p < +1, l'espa e Lp = Lp (
; A; R ) des ( lasses de) fon tions f reelles ou
omplexes sur
telles que f soit mesurable et
jf jp d < +1 est norme par
Z 1=p
kf kp = jf (s)jp d(s) :

{ 34 {
On a vu dans l'exemple 1.1.2 que la quantite i-dessus de nit une semi-norme sur Lp ,
puis dans l'exemple 1.1.6 que l'on obtient une norme sur Lp en passant au quotient.
Cet espa e Lp est de plus omplet : on peut utiliser le ritere des series normalement
onvergentes de la proposition 1.1.6 et quelques arguments d'integration pour retrouver
e theoreme du ours d'Integration (appele souvent theoreme de Fisher-Riesz).
P
IndiquonsP les grandes lignes de la demonstration. Soit uk une serie d'elements de Lp telle
que M = +k=0 1 kuk kp < +1 ; nous devons montrer que la serie onverge dans Lp . Posons
P R
vkP= juk j, gn = ( nk=0 vk )p , remarquons que kvk kp = kuk kp pour obtenir 01 gn (s) ds =
k nk=0 vk kpp  Mp . La suite (gn) est une suite roissante de fon tions mesurables  0,
elle onverge versPune fon tion mesurable g (valeur +1 admise) dont la valeurR en haque
pointRest g(s) = ( +k=01 ju (s)j)p (valeur +1 admise a nouveau) ; on sait que 1 g(s) ds =
k 0 P
1
limn 0 gn (s) ds  M . La fon tion g est don nie presque partout, don la serie uk (s)
p
onverge absolument pour presque tout s. On pose alors pour presque tout s
+1
X
U(s) = uk (s)
k=0
et on remarque que jU(s) Un (s)jp  g(s) pour presque tout s, et que jU(s) Un (s)jp
tend vers 0 lorsque n ! +1 pour presque tout s. Comme g est integrable, le theoreme de
onvergen e dominee de Lebesgue permet de on lure.
On a vu dans l'exemple 1.1.6 l'espa e `p , qui est l'espa e des suites s alaires x = (xn )
telles que P jxn jp < +1. Pour uni er les arguments, on peut dire que `p est l'espa e
Lp (
; ) pour la mesure de omptage  sur
= N . L'espa e `1 est l'espa e de Bana h
des suites s alaires bornees. Il existe un analogue de `1 en theorie de l'integration :
'est l'espa e L1 (
; ) des lasses de fon tions mesurables bornees sur
( 'est a dire
des lasses qui ontiennent un representant borne). La norme kf k1 est la plus petite
onstante M telle que l'on ait jf (s)j  M pour -presque tout s 2
. L'espa e L1 est
omplet pour ette norme.
On a de ni l'espa e de Sobolev H1 dans le as d'un intervalle borne [a; b℄ de R . Il
s'agit de l'espa e H [a; b℄ des fon tions f sur [a; b℄ qui admettent une derivee generalisee
1
g 2 L2 [a; b℄, 'est a dire que
Z u
f (u) f (t) = g (s) ds
t
pour tous t; u 2 [a; b℄.
3.2. Resultats de densite
On utilise tres souvent le resultat suivant : les fon tions ontinues et a support
ompa t sont denses dans l'espa e L1 (R ). Nous allons rappeler une des voies qui onduit
a e resultat. Nous supposons que L1 (R ) a ete introduit a partir de la theorie de la mesure,
en ommen ant ave les fon tions etagees et en onstruisant l'integrale de Lebesgue.
Commen ons par une remarque simple. Soit f 2 Lp (R ), ave 1  p < +1 ; pour
haque entier n  1, designons par fn la fon tion 1[ n;n℄ f , egale a f sur l'intervalle
[ n; n℄ et nulle en dehors. Il est lair que fn tend simplement vers f sur R , et de plus
jf (t) fn (t)j  jf (t)j pour tout t 2 R ; on a don onvergen e simple vers 0 de la suite
p p

{ 35 {
(jf fn jp ), onvergen e dominee par la fon tion integrable xe jf jp. D'apres le theoreme
de onvergen e dominee de Lebesgue,
Z
jf (t) fn (t)jp dt ! 0
R

e qui signi e que kfn f kp ! 0. On obtient ainsi


Pour tout p 2 [1; +1[, le sous-espa e ve toriel de Lp (R ) forme des fon tions g nulles
en dehors d'un ompa t (dependant de g ) est dense dans Lp (R ).
Soient maintenant K un espa e metrique ompa t, B sa tribu borelienne et  une
mesure  0 nie sur l'espa e mesurable (K; B).
Theoreme 3.2.1. L'espa e C(K) est dense dans Lp (K; B; ), lorsque 1  p < +1.
Demonstration. On montre que les ensembles A 2 B tels que 1A soit limite dans Lp d'une
suite (fn) de fon tions ontinues sur K telles que 0  fn  1, forment une tribu A de
parties de K.
Si A 2 A et 1A = lim fn, alors 1A = 1 1A = lim(1 fn ) montre que A 2 A ; on a
K 2 A puisque 1K = 1 est ontinue sur K. Si A 2 A et 1A = lim fn, B 2 A et 1B = lim gn ,
alors la suite des produits (fn gn ) tend vers 1A\B = 1A 1B dans Lp (petit exer i e ; utiliser
le fait que les fon tions sont toutes bornees par 1 sur K). Si (An ) est une suite roissante
d'elements de A et si A designe sa reunion, la fon tion 1A est limite simple de la suite
des (1An ) et la onvergen e de j1A 1An jp vers 0 est dominee par la fon tion integrable
xe 1A , don 1An tend vers 1A dans Lp ; par hypothese, haque fon tion 1An peut ^etre
appro hee par une fon tion ontinue fn, de fa on que k1An fn kp < 2 n par exemple. On
a alors 1A = lim fn dans Lp , don A 2 A.
On veri e ensuite que ette tribu A ontient les ouverts de K : si U est un ouvert de K,
on de nit fn en posant fn (t) = minf1; n d(t; U )g pour tout t 2 K ; ette suite de fon tions
ontinues tend simplement vers 1U , et on montre que 1U = lim fn dans Lp par onvergen e
dominee. Puisque A est une tribu ontenant les ouverts de K, on a B  A, don A = B.
Pour tout borelien B 2 B, on sait maintenant que B 2 A, don il existe une suite de
fon tions ontinues qui tend vers 1B en norme Lp ; par linearite, il en resulte que toute
fon tion B-etagee est limite de fon tions ontinues pour la norme Lp , d'ou le resultat par e
que les fon tions etagees sont denses dans Lp (par la onstru tion usuelle de l'integrale).
//

Corollaire 3.2.2. Lorsque (K; d) est un espa e metrique ompa t et 1  p < +1,
l'espa e Lp (K; B; ) est separable.

Un bon nombre de questions d'integration se traitent au moyen d'un lemme te hnique, le


lemme des lasses monotones. On dit que M est une lasse monotone si M est stable par
reunion denombrable roissante et interse tion denombrable de roissante. Notons (A) la
tribu (ou -algebre ) engendree par une famille de parties d'un ensemble
.
Si A est une algebre de parties de
, ontenue dans une lasse monotone M, alors (A)  M.
On va0 montrer qu'etant donnee une algebre B  M, il existe une algebre B0 telle que
B  B  M, et qui ontient toutes les reunions roissantes d'elements de B. Posons B0 = B,
puis designons par B2n+1 l'ensemble des parties de
qui sont reunion d'une suite roissante
d'elements de B2n , et designons par B2n+2 l'ensemble des parties de
qui sont interse tion
d'une suite de roissante d'elements de B2n+1. En onsiderant les suites onstantes de parties
S
on onstate que Bn  Bn+1 pour tout n  0. On veri e assez fa ilement que B0 = n Bn
est une algebre, et B0  M. Ave le lemme de Zorn on pourra0 on lure ainsi : si A1 est
une algebre maximale veri ant A  A1  M, on aura (A1 ) = A1 par maximalite (en
{ 36 {
appliquant e qui pre ede a B = A1 ), e qui signi e que A1 est une algebre stable par
union denombrable, don A1 est une tribu qui ontient A. On aura don (A)  A1  M.
Revenons maintenant a Lp (R ), 1  p < +1. Si f 2 Lp (R ), on peut deja trouver a > 0,
une fon tion g1 nulle en dehors de [ a; a℄ et telle que kf g1kp < " ; en appliquant
le theoreme qui pre ede au ompa t [ a; a℄ et a la mesure de Lebesgue, on trouve une
fon tion g2 sur R , ontinue sur [ a; a℄, nulle en dehors et telle que kg1 g2kp < ". Si
g2 ( a) = g2 (a) = 0, la fon tion g2 est ontinue sur R et on a atteint notre obje tif.
Sinon, il faut en ore une petite approximation pour obtenir g3 , ontinue sur R , nulle en
dehors de [ a 1; a + 1℄ et telle que kg3 g2kp < ".
Theoreme 3.2.3. L'espa e ve toriel des fon tions ontinues et a support ompa t sur
R est dense dans Lp (R ) lorsque 1  p < +1. Le m^ eme resultat est vrai pour R d , pour
tout d  1.
Nous appelons fon tion en es alier une fon tion f sur R (ou sur un intervalle de R )
qui est ombinaison lineaire de fon tions indi atri es d'intervalles. On dira que f est a
support borne si elle est nulle en dehors d'un intervalle borne.
Corollaire 3.2.4. L'espa e ve toriel des fon tions en es alier a support borne sur R est
dense dans Lp (R ) lorsque 1  p < +1.

Demonstration. Il suÆt de veri er qu'on peut appro her, en norme Lp , toute fon tion
ontinue a support ompa t f sur R par des fon tions en es alier a support borne.
C'est tres fa ile en utilisant la ontinuite uniforme de f .
//

3.3. Holder et dualite des espa es `p


Pour p 2 [1; +1℄, on appelle exposant onjugue de p le nombre q 2 [1; +1℄ tel que
1=p +1=q = 1. Cette relation est symetrique ; on dit que (p; q) est un ouple d'exposants
onjugues. On notera que si 1 < p < +1, ela implique que q (p 1) = p et de fa on
symetrique, p(q 1) = q ; on pourra aussi noter que (p 1)(q 1) = 1.
Theoreme 3.3.1 : inegalite de Holder. Soient p; q 2 [1; +1℄ tels que 1=p + 1=q = 1 ; si
x = (xn ) 2 `p et y = (yn ) 2 `q , alors (xn yn ) 2 `1 et
X+1
xn yn  kxkp ky kq :
n=0
Si f 2 Lp (
; ) et g 2 Lq (
; ), la fon tion produit fg est integrable et
Z

fg d  kf kp kg kq :

Demonstration. On e rira la demonstration dans le as des fon tions, ouR les notations
sont
R plus agr
e ables. Pour alleger un peu plus, on e rira simplement f au lieu de

f (s) d(s) haque fois que possible. Si p = 1, alors q = 1 ; la fon tion f est
{ 37 {
(presque-s^urement) bornee par M = kf k1 et g est integrable ; le produit fg est
mesurable et jfgj  MZjgj, don Zfg est integrable
Z
et

fg 

jfgj  M jgj = kf k1 kgk1:
Supposons maintenant 1 < p < +1. Pour tous nombres reels t; u  0, on a la
relation 1 1
tu  tp + uq
p q
(pour le voir, on pourra maximiser la fon tion t ! tu tp =p). Il en resulte que pour
tout s 2

jf (s)g(s)j  p1 jf (s)jp + 1q jg(s)jq ;


e qui montre que fg est integrable, et que
Z



fg
1 Z
1 Z
 p jf j + q jg jq :
p

L'inegalite her hee est positivement homogene par rapport a f et a g, don il suÆt
de la demontrer lorsque kf kp = kgkRq = 1. Mais dans e as, R jf jp = 1 et R jgjq = 1,
don l'inegalite pre edente donne j fgj  1=p +1=q = 1, e qui est le resultat voulu.
//

Corollaire 3.3.2. Soient p; q 2 [1; +1℄ tels que 1=p + 1=q = 1 et x = (xn ) 2 `p ; on a
X+1
kxkp = supf xn yn : y = (yn ) 2 `q ; kykq  1g:

n=0
Si f 2 Lp (
; ), Z
kf kp = supf
fg d : kgkq  1g:

Demonstration. L'inegalite de Holder Znous dit deja que



kf kp  supf fg d : kgkq  1g;

le probleme est de montrer l'autre dire tion. On va voir qu'en fait le maximum est
atteint pour une ertaine fon tion g 2 Lq , kgkq  1, lorsque 1  p < +1. Si
f = 0, le resultat est evident, on supposera don f 6= 0, et par homogeneite on peut
se ramener a kf kp = 1. Soit fe une \vraie" fon tion mesurable de la lasse f , et
de nissons une fon tion mesurable g sur l'ensemble
en posant g(s) = jfe(s)jp=fe(s)
sur l'ensemble pmesurable A = fs 2
: fe(s) 6= 0g, et g(s)q= 0 lorsque s 2R= A. Alors
jg(s)j = jf (s)j pour tout s 2 A ; pour p > 1, on a jgj = jf j , don jgjq = 1,
1 p
soit en ore kgkq = 1 ; pour p = 1, g(s) est de module 1 quand s 2 A don kgk1 = 1.
D'autre part Z Z Z
fg d = jf (s)j d(s) = jf jp d = 1 = kf kp :
p

A

Dans le as p = +1, le maximum n'est pas ne essairement atteint ; ependant, si


kf k1 = 1, l'ensemble mesurable B = B" = fs 2
: jf (s)j > 1 "g est de mesure
{ 38 {
> 0 pour tout " > 0. On hoisira " < 1 etR on prendra g (s) = ((B)) 1 jf (s)j=f (s) si
s 2 B, g (s) = 0 sinon. Alors kg k1 = 1 et
fg d > 1 ".
//

Corollaire 3.3.3. Soient p; q; r 2 ℄0; +1℄ tels que 1=p + 1=q = 1=r et f 2 Lp (
; ),
g 2 Lq (
; ) ; alors
Z 1=r Z 1=p Z 1=q
jfgjr d  jf j d
p jgjq d :


De m^eme, si x 2 `p et y 2 `q ,
X+1  +1
X +1
1=p  X 1=q
r 1=r
jxn yn j  jxn jp jyn jq :
n=0 n=0 n=0

Demonstration. Il suÆt de poser P = p=r, Q = q=r. Alors 1=rP + 1=Q =r 1 et on


applique l'inegalite de Holder pre edente aux fon tions F = jf j et G = jgj .
//

Soit v = (vn ) 2 `q , ou q est l'exposant onjugue de p 2 [1; +1℄. D'apres e qui pre ede,
on peut de nir une forme lineaire ontinue fv sur `p en posant
+1
X
8u 2 `p ; fv (u) = un vn :
n=0
De plus, kfv k` = kvkq . On a ainsi de ni une isometrie lineaire Jq de `q dans le dual de

`p . On va maintenant voir que ette isometrie est surje tive lorsque p < +1.
p

Notons (en )n0 la suite anonique (voir l'exemple P 1.1.7). Si x = (xn ) est un element
de `p , onPva
+ 1
v
e ri er que la s
e rie de ve teurs xk ek onverge dans
Pn p
` , et que sa
somme k=0 xk ek est le ve teur x. La somme partielle Un p= Pk=0 xk ekp est le
ve teur Un = (x0 ; x1; : : : ; xn; 0; : : :) ; on voit don que kx Un kp = k>n jxk j , reste
d'ordre n de la serie numerique onvergente P juk jp ; il en resulte P+1
que kx Un kp
tend vers 0 quand n ! +1, e qui signi e pre isement que x = k=0 xk ek .
Soit f une forme lineaire ontinue sur `p, et posons vk = f (ek ) pour tout k  0 ;
on sait que l'image lineaire ontinue d'une serie onvergente est la serie onvergente
des images,
+1
X +1
X
f (x) = f (xk ek ) = xk vk ;
k=0 k=0
et jf (x)j  kf k kxkp. Si on hoisitq omme ve teur x = x(n) parti ulier elui dont
les oordonnees veri ent xk = jvk j =vk si vk 6= 0, 0  k  n et xk = 0 sinon, on
obtiendra X n Xn 1=p
jvk j = f (x )  kf k kx kp = kf k
q (n ) (n ) jvk jq ;
k=0 k=0
 1 jv jq 1=q 
e qui montre que k=0 Pn
jvk jq 1 1=p
 kf k pour tout n, don P+k=0 k
kf k. La suite v = (vn ) est don dans P`q , et f = fv . Le raisonnement est similaire
pour 0 ; on montre d'abord que x = +k=0 1 x e (au sens de ) pour tout x 2 .
k k 0 0
La suite de la demonstration est la m^eme que pour l'espa e `p.
En d'autres termes,
{ 39 {
Theoreme 3.3.4. Si 1  p < +1 le dual de `p s'identi e a `q : l'appli ation Jq qui
asso ie a haque v 2 `q la forme lineaire fv 2 (`p ) de nit une bije tion isometrique de
`q sur le dual de `p ; de plus, J1 de nit une bije tion isometrique de `1 sur le dual de 0 .
Dans le as des espa es Lp , l'inegalite de Holder et son orollaire donnent aussi une
isometrie jq de Lq dans le dual de Lp ; nous allons montrer qu'elle est bije tive dans
ertains as. Pour ette etude, nous aurons besoin du theoreme de Radon-Nikodym.
3.4. Theoreme de Radon-Nikodym et dual de Lp
Une mesure reelle sur un espa e mesurable (
; A) est une appli ationS+:1A ! R
(pas
P+1
de valeur in nie i i !) qui est -additive, 'est a dire que (;) = 0 et ( n=0 An ) =
n=0 (An ) pour toute suite (An ) d'elements deux a deux disjoints de A. Une mesure
omplexe  est une appli ation  -additive A ! C . Dans e as A 2 A ! Re (A)
est une mesure reelle, don une mesure omplexe  est tout simplement de la forme
 = 1 + i2 , ou 1 et 2 sont deux mesures reelles. Un resultat moins evident, le
theoreme de de omposition de Hahn, dit qu'une mesure reelle est la di eren e de deux
mesures positives bornees.
Par des manipulations simples on voit que la de nition implique la propriete sui-
vante : si (Bn) est une suite de roissante d'elements de la tribu A, alors (Bn ) onverge
vers (STn Bn) ; si (Bn ) est une suite roissante d'elements de A, alors (Bn ) onverge
vers ( n Bn) (dans le as de roissant, on onsidere les ensembles deux a deux disjoints
An = Bn 1 n Bn pour tout n  1).
Si  est une mesure reelle ou omplexe, elle est bornee sur A.
Posons pour tout A 2 A
m(A) = supfj(A0 )j : A0  A; A0 2 Ag:
Nous voulons montrer que m(
) < +1. On va montrer qu'etant donnes b > 0 et un
ensemble A tel que m(A) = +1, on peut trouver B  A tel que m(B) = +1 et j(B)j  b.
Puisque m(A) = +1, on peut trouver A0  A tel que j(A0)j  j(A)j + b0  b ; par
l'additivite de la mesure et l'inegalite triangulaire il en resulte que j(A n A )j  b. Si
on avait m(A0 ) < +1 et m(A n A0 ) < +10 , on deduirait m(A)0 < +1, ontrairement
a l'hypothese ; on peut don hoisir B = A ou bien B = A n A et avoir m(B) = +1,
j(B)j  b.
En pro edant par re urren e on voit que l'hypothese m(
) = +1 permettrait de ons-
truire une suite de roissante (Bk ) d'ensembles tels que j(Bk )j  2k , e qui est impossible
par e qui pre ede.
Soit  une mesure reelle ou omplexe sur (
; A) ; on de nit une nouvelle fon tion jj sur
A en posant pour tout A 2 A
X
jj(A) = sup j(Ak )j : (Ak ) disjoints et  A :
On dit que jj est la variation totale de . On peut montrer (exer i e) que jj est une
mesure sur (
; A), evidemment positive, et de plus ette mesure est nie.
Dans le as reel, soit (Ak ) une famille d'ensembles disjoints dans
; designons par B la
reunion
P des Ak tels que (Ak )  0 et par C la reunion des Ak tels que (Ak ) < 0. On
a j(Ak)j = (B) (C) et on en deduit que jj(
)  2 m(
) < +1. Dans le as
omplexe, de omposer la mesure en partie reelle et partie imaginaire.
Le lemme suivant est un preliminaire aux theoremes de type Radon-Nikodym.
{ 40 {
LemmeR 3.4.1. Si  est une mesure positive sur (
; A), f une fon tion r
eelle -integrable
et si A f d  0 pour tout A 2 A, la fon tion f est  0 -presque partout.
Demonstration. Soient > 0 et ZA = ff  g ; on aura
0  f d  (A )  0
A
e qui implique (A ) = 0. En prenant la reunion des ensembles negligeables A sur
les valeurs = 2 k , k entier  0 on en deduit que  ff < 0g = 0.
//

Proposition 3.4.2. Si  est une mesure reelle ou omplexe sur (


; A) et si  est une
mesure positive nie sur (
; A) telle que
8A 2 A; j (A)j  (A);
il existe une fon tion f mesurable bornee, reelle ou omplexe, telle que
Z
8A 2 A;  (A) = f d:
A
On a jf j  1 -presque partout ; si  est une mesure reelle, f est reelle -presque partout ;
si  est reelle positive, on a 0  f  1 -presque partout.
Demonstration.
Pn Pour toute fon tion A-etagee g = Pni=1 i 1A on veri e que l'expres-
sion (A ) ne depend pas de la representation de g (petit exer i e fastidieux) ;
i
i=1 i  i
on pose alors n
X
`(g ) = i  (Ai ):
i=1
On veri e que ` est une forme lineaire sur le sous-espa e ve toriel E des fon tions A-
etagees, et en supposant qu'on avait utilise une representation de g par des ensembles
(Ai ) disjoints, on aura
Xn Xn Z p
j`(g)j  j i j j (Ai)j  j i j (Ai) = jgj d  (
) kgkL () : 2
i=1 i=1
Cette forme lineaire ontinue sur le sous-espa e dense E R L2 () se prolonge a L2 (),
don il existe une fon tion f1 2 L2 () telle que  (A) = 1A f 1 Rd pour tout A 2 A.
Posons f = f 1 : on a bien la representation annon ee,  (A) = A f d.
Pour tout nombre omplexe u de module 1, la fon tion reelle fu = Re(u f )
veri e pour tout AZ 2 A
Z 
1A fu d = Re f d = Re( (A))  (A) ;
A
Il en resulte que fu  1 -presque partout par le lemme 1 applique a 1 fu ; en
prenant le sup sur une famille denombrable (u ) dense dans R le er le unite on deduit
que jf j  1 -presque-partout. Si  est reelle on aura A Im f d = Im( (A)) = 0
pour tout A 2 A e qui donne Im f = 0 -presque partout, R par le m^eme lemme
applique a Im f et Im f ; si  est positive on aura de plus A f d =  (A)  0 pour
tout A 2 A, d'ou le resultat.
//

{ 41 {
Theoreme 3.4.3 : theoreme de de omposition de Hahn. Soit  une mesure reelle sur un
espa e mesurable (
; A) ; il existe un ensemble B+ 2 A tel qu'en posant B =
n B+ on
ait :
pour tout A 2 A, (A \ B+ )  0 et (A \ B )  0.
On deduit immediatement de l'enon 
+
e une de omposition de  omme di eren e + 
de deux mesures positives nies  et  , qui sont de nies par
8A 2 A; +(A) = (A \ B+ );  (A) = (A \ B ):
Il en resulte fa ilement que + et  peuvent ^etre de nies par des formules qui ne men-
tionnent pas l'ensemble B , +
8A 2 A; +(A) = supf(A0) : A0  A; A0 2 Ag
et de m^eme  (A) = supf (A0) : A0  A; A0 2 Ag.
Demonstration. On applique la proposition 2 aux mesures  et  = j j ; on obtient ainsi
une fon tion reelle f , et on pose B+ = ff > 0g.
//

Si ;  sont deux mesures positives sur (


; A), on dit que  est absolument ontinue par
rapport a , et on note  << , si pour tout A 2 A la ondition (A) = 0 implique
 (A) = 0.
Par exemple, la probabilite Æ (Dira de zero) n'est pas absolument ontinue par
rapport a la mesure de Lebesgue  sur R puisque si A = f0g, on a (A) = 0 mais
Æ (A) = 1. Si d (x) = f (x) dx ou f est Lebesgue-integrable sur R , la mesure nie  sur
(R ; B) est absolument ontinue par rapport a . Le theoreme suivant donne la re iproque.
Theoreme 3.4.4 : theoreme de Radon-Nikodym. Si ;  sont deux mesures positives
 - nies sur (
; A), et si  << , il existe une fon tion mesurable f  0 sur
telle que
Z
8A 2 A;  (A) = f d:
A

On dit que f est la densite de Radon-Nikodym de  par rapport a .


Demonstration. Il suÆt de demontrer e resultat quand  et  sont nies : si  et 
sont - nies, on peut trouver une partition de
en ensembles (Bn )n0 de la tribu
A tels que  (Bn ) < 1 et (Bn ) < 1. Si on pose n = 1B  et n = 1B  , on
a en ore n << n pour tout n  0, et les mesures sont nies. Si on a demontre
n n

le theoreme de Radon-Nikodym dans le as ni, on sait qu'il existe une fon tion
mesurable fn  0 telle que Z Z
8A 2 A; n (A) = n (A \ Bn ) = fn dn = 1B fn d n
A\B n A
e qui montre que 1B fn onvient aussi omme densite de n par rapport a .
Maintenant, en utilisant les axiomes des mesures, Beppo-Levi et en posant f =
n
P+1
n=0 1 Bn f n , on a pour tout A 2 A
+1
X +1 Z
X Z +1
X 
Z
 (A) =  (A \ Bn ) = 1A 1Bn fn d = 1A 1Bn fn d = f d;
n=0 n=0 n=0 A

{ 42 {
e qui montre que f est la densite her hee.
Montrons don Radon-Nikodym ave l'hypothese supplementaire que  et  sont
nies. La mesure positive  est plus petite que la mesure nie  =  +  ; d'apres la
proposition 2 appliquee a  et  , il existe
Z
une fon tion
Z
born
Z
ee f telle que
8A 2 A;  (A) = f d = f d + f d
A A A
et 0  f  1  -presque partout ; quitte a modi er f sans hanger les integrales (en
 et en ) on supposera 0  f  1 partout. On a pour tout A 2 A
Z Z
(1 f ) d = f d
A A
et en passant par fon tions etag
Z
ees et suites roissantes
Z
on obtient
(1 f )g d = fg d
pour toute fon tion mesurable positive g. L'ensemble B = ff = 1g est -negligeable
puisque Z Z
(1 f )1B d = 0 = f1B d = (B)
don il est aussi  -negligeable d'apres l'hypothese d'absolue ontinuite. Si on prend
g0 = 1=(1 f ) hors de B on aura pour tout A 2 A
Z Z
f
 (A) = (1 f )g0 d = d;
A A1 f
e qui donne le resultat.
//

Le theoreme est faux si  n'est pas - nie : prendre pour  la mesure de omptage sur [0; 1℄
et pour  la mesure de Lebesgue. Il est faux aussi si  n'est pas - nie : prendre pour  la
mesure de Lebesgue et pour  la mesure hor de la se tion 3.1. Cependant, si  est - nie,
si  <<  et si  est \raisonnable", alors  est - nie aussi et le theoreme s'applique.

Le dual de Lp (
; )
Commen ons par le as le plus simple, elui du dual de L1 (0; 1). On montre d'abord
que toute fon tion g 2 L1 (0; 1) permet de de nir une forme lineaire ontinue `g sur
L1 (0; 1) en posant Z 1
`g (f ) = f (t)g (t) dt:
0
On sait que k`g kL = kgk1 ; on rappelle que la norme de g dans L1 (0; 1) est la plus
petite onstante M telle que l'on ait jgj  M presque-partout.
1

Inversement, si ` est une forme lineaire ontinue sur L1 (0; 1), on obtient par res-
tri tion a L2 (0; 1)  L1 (0; 1) une forme lineaire ontinue è sur L2 , qui peut don se
representer au moyen d'une fon tion g1 2 L2 . On a don en posant g = g1 ,
Z 1 Z 1
8f 2 L2 (0; 1); ( ) = `(f ) =
è f f (t)g1(t) dt = f (t)g (t) dt
0 0
{ 43 {
mais on sait que j`(f )j  k`k kf kL par e que ` est ontinue sur L1 . Cela donne pour
tout A 2 A, en appliquant a f = 1A
1

Z Z
g (t) dt  k`k

dt
A A
et implique que jgj  k`k presque partout d'apres le lemme 1 applique a k`k g et k`k + g.
On a alors deux formes lineaires ontinues sur L1 , la forme ` et la forme `g , qui
on ident sur le sous-ensemble dense L2 de L1 . Il en resulte que ` = `g .
Proposition. L'appli ation g ! `g est une isometrie lineaire surje tive de L1 (0; 1) sur
le dual de L1 (0; 1).
Soit q le nombre tel que 1=q + 1=p = 1 ; d'apres l'inegalite de Holder, on a pour
toutes fon tions f 2 Lp , g 2 Lq
Z

fg d  kf kp kg kq :

Ce i signi e que si g est xee dans Lq , on peut de nir une forme lineaire ontinue `g sur
Lp par la formule Z
`g (f ) = fg d:

De plus on a vu que
k`g kL = kgkq : p

On a don une isometrie jq : Lq ! (Lp ) . On a en fait le resultat suivant.


Theoreme 3.4.5. Lorsque 1  p < +1 et que  est  - nie, l'appli ation jq est une
isometrie surje tive de Lq (
; A; ) sur le dual de Lp (
; A; ).

Demonstration. On suppose que (


; A; ) est un espa e mesure - ni et que x est une
forme lineaire ontinue sur Lp = Lp (
; A; ). Puisque  est - nie, on peut trouver une
suite roissante d'ensembles Bn 2 A tels que (Bn ) < 1 ; on va xer l'un de es ensembles,
disons C = Bn0 et on va de nir une mesure reelle ou omplexe par
8A 2 A; (A) = x (1A\C)
(petit exer i e : veri er que veri e les axiomes d'une mesure omplexe). On va montrer
que la variation totale j j est absolument ontinue par rapport a . Si les (Ak ) sont des
sous-ensembles de B 2 A, deux a deux disjoints, on e rira
X X X
j (Ak )j = uk (Ak ) = x ( uk 1Ak )
k k k
P
ou les uk sont des omplexes de module 1 onvenablement hoisis ; la fon tion k uk 1Ak
est don plus petite en module que 1B , et il en resulte que
X X
j (Ak )j = x ( uk 1Ak )  kx k k1B kLp ():
k k
On en deduit j j(B)  kx k (B)1=p , pour tout B 2 A, e qui implique l'absolue ontinuite.
Il existe don une fon tion -integrable g1  0 telle que
Z Z
f dj j = fg1 d

{ 44 {
pour toute f mesurable borneRe. De plus d'apres la proposition 2 il existe une fon tion g0
de module 1 telle que (A) = A g0 dj j pour tout A 2 A. Finalement
Z
x (1A\C ) = g0 g1 d
A
pour tout A 2 A. On passe par linearite aux fon tions etagees positives f ,
Z
x (1C f ) = f g0 g1 d
puis par limite roissante (qu'il faut justi er du ^ote de x ) aux fon tions f mesurables  0
et bornees.
En re ollant les mor eaux sur les di erents ensembles C = Bn dont la reunion roissante
est egale a
, on obtient une fon tion mesurable g  0 sur
telle que
Z
x (f ) = f g d
pour toute fon tion
R mesurable bornee f telle que f = 1Bn f pour un ertain n. On montre
maintenant que jgjq < +1. Posons An = Bn \ fjgj  ng et soit fn = 1An jgjq 1 sign(g).
On veri e que jfnjp = fn g = 1An jgjq est une fon tion mesurable bornee, nulle en dehors
de Bn , don fn 2 Lp et on obtient
Z Z Z
jgn jq d = fn g d = x (fn ) = jx (fn )j  kx k kfn kp = kx k ( jgnjq d)1=p ;
An An
R
e qui donne ( An jgjq d)1=q
 kx k. Il ne reste plus qu'a observer que (An ) tend en
R
roissant vers
pour obtenir que ( jgjRq d)1=q  kx k. On sait maintenant que la forme
lineaire `g de nie sur Lp par `g (f ) = fg d existe, est ontinue, et elle on ide ave
x sur le sous-espa e ve toriel F forme des fon tions mesurables bornees nulles en dehors
d'un

ertain Bn ; omme F est dense dans Lp , on en deduit que x = `g , et de plus
kx k = k`g k = kgkLq par Holder.
//

En revan he, le dual de L1 est en general \plus grand" que L1 , 'est a dire qu'il existe
des formes lineaires ontinues sur L1 qui ne peuvent pas ^etre representees sous la forme
`f , f 2 L1 ; ependant, on ne peut pas vraiment de rire expli itement une telle forme
lineaire : leur existen e de oulera de l'axiome du hoix (ou du lemme de Zorn), voir la
se tion sur le theoreme de Hahn-Bana h.
3.5. Dual de C(K)
Pour de rire le dual de C(K) il faut utiliser les mesures reelles ou omplexes in-
troduites dans la se tion pre edente. On onsiderera i i le as d'un espa e metrique
ompa t (K; d). Rappelons que la tribu borelienne B de K est la tribu de parties de K
engendree par les ouverts de K.
Premier exemple : mesure de Dira . Fixons un point t0 de K et de nissons une forme
lineaire ontinue ` sur C(K) (reel ou omplexe) par
8f 2 C(K); `(f ) = f (t0):
Cette forme lineaire est l'evaluation au point t0 . On a j`(f )j  maxt2K jf (t)j = kf kC(K),
don ` est ontinue et k`kC(K)  1. En fait k`k = 1 ( onsiderer la fon tion onstante
f = 1). On peut de rire ette forme lineaire ` omme integrale par rapport a une mesure
{ 45 {
bien parti uliere, la mesure de Dira du point t0 , notee Æt . Cette mesure sur (K; B) est
de nie pour tout A 2 B par
0

Æt (A) = 1 si t0 2 A; Æt (A) = 0 si t0 2= A:
0 0

De nir la mesure Æt onsiste a pla er une masse 1 au point t0. La theorie de l'integration
par rapport a ette mesure est un peu bizarre, mais le le teur pourra se onvain re, en
0

passant rapidement en revue les etapes de la de nition de l'integrale par rapport a une
mesure positive, que Z
f (s) dÆt (s) = f (t0 ) = `(f )
0
K
pour toute fon tion ontinue f . On peut don representer la forme lineaire ` au moyen
d'une mesure sur K, Z
8f 2 C(K); `(f ) = f dÆt : 0

On verra un peu plus loin que 'est un resultat general.


A haque mesure reelle ou omplexe  sur un espa e (
; A) on a asso ie sa variation
totale, ou valeur absolue jj qui est une mesure positive nie. On posera kk = jj(
).
Cette expression de nit une norme sur l'espa e ve toriel M(
; A) des mesures reelles ou
omplexes sur (
; A).
Soit  une mesure reelle ou omplexe sur (K; B) ; on a vu qu'il existe une fon tion
f bornee par 1 en module telle que
Z
8A 2 B; (A) = f djj:
A

En fait i i on a jf j = 1 presque partout ; si 0 < < 1 et B = fjf j  g on aura pour toute


famille d'ensembles disjoints Ak  B
Z
j(Ak )j = 1Ak f djj  jj(Ak );
B
P
don j(Ak)j  jj(B ) en sommant, puis jj(B )  jj(B ) en passant au sup sur les
familles (Ak ), e qui donne jj(B ) = 0.
Si g est une fon tion etagee Pni=1 i 1A on pourra poser
i

Z n
X Z
`(g ) = g d = i (Ai ) = gf djj:
i=1
On a j R gdj  R jgf j djj  R jgj djj = kgkL e qui permet de prolonger la de nition
pre edente pre edente de `(g) aux fon tions g 2 L1 (jj), et en parti ulier a g 2 C(K).
1

Dans e as on e rira j R gdj  R jgf j djj  kgk1 R djj = kgk1 kk. On a don asso ie
une forme lineaire ontinue ` = ` sur C(K) a la mesure reelle ou omplexe  sur (K; B).
On vient de voir que la norme de dual est majoree par la norme de . En realite, la
norme de dual de C(K) est egale a la norme de mesure de nie plus haut.

{ 46 {
Pour montrer l'inegalite dans l'autre dire tion il faut savoir que C(K) est dense dans L1 (jj)
et que jf j = 1 presque partout ; on hoisit une fon tion ontinue g telle que kg f k1 < " ;
on peut supposer que kgk1  1, par e que la fon tion ontinue egale a g quand jgj < 1 et
a g=jgj quand jgj  1 fournit une meilleure approximation de f ; on e rit alors
Z Z
jkk `(g)j = (1 gf ) djj  jf gj djj < ":

Les formes lineaires sur C(K) s'identi ent aux mesures reelles sur (K; B) dans le as reel,
aux mesures omplexes dans le as omplexe. Nous venons d'expliquer une dire tion.
Dans l'autre dire tion, il faut montrer que toute forme lineaire ontinue sur C(K) provient
d'une mesure  sur (K; B). Ce theoreme est assez long a demontrer (voir Rudin, Analyse
reelle et omplexe, par exemple). On indiquera seulement le premier pas, qui onsiste en
general a trouver d'abord la mesure positive jj : on suppose donnee une forme lineaire
ontinue ` sur C(K) ; on ommen e par de nir la jj-mesure d'un ouvert ! de K en
posant
jj(!) = supfj`(f )j : jf j  1! g:
Enon ons le resultat.
Theoreme 3.5.1. Soit K un espa e metrique ompa t ; toute forme lineaire ontinue `
sur C(K) provient d'une mesure  sur (K; B), et de plus
k`k = kk = jj(K):

3.6. Series de Fourier


Considerons l'espa e de Hilbert L2 (0; 2) des fon tions omplexes de arre sommable
pour la mesure dx=2. Pour haque entier relatif n 2 Z, designons par en la fon tion
de nie par
en (s) = eins
pour tout s 2 [0; 2℄. Il est fa ile de veri er que les fon tions (en )n2Z forment une suite
orthonormee dans L2 (0; 2). En revan he, il faut une petite demonstration pour voir que
e systeme est total. Il s'agit don d'une base orthonormee de L2 (0; 2).
Pour voir que la suite exponentielle est totale, on peut employer le marteau-pilon
Stone-Weierstrass : l'espa e ve toriel omplexe L engendre se trouve ^etre une algebre,
invariante par onjugaison omplexe et qui separe les points du ompa t R =2Z. Il
en resulte que L est dense, pour la norme uniforme, dans l'espa e des fon tions
ontinues 2-periodiques, e qui implique la densite dans L2 (0; 2).
Pour toute fon tion f 2 L2 (0; 2), les oeÆ ients du developpement de f dans ette base
sont les oeÆ ients de Fourier omplexes
Z 2
ds
n (f ) = hf; en i = f (s) e ins .
0 2
D'apres Parseval, on a kf k22 = R02 jf (s)j2 ds=2 = Pn2Z j n (f )j2. Cette identite est
la sour e d'une multitude d'exer i es al ulatoires, tels que par exemple le al ul de la
somme de la serie numerique Pn1 1=n2.

{ 47 {
Il resulte aussi de ette identite que pour toute f 2 L2, les oeÆ ients de Fourier n (f )
tendent vers 0 quand n ! +1. Ce resultat peut s'etendre a L1 ; pour al uler les oeÆ ients
de Fourier, il suÆt que f soit integrable (mais nous ne savons pas que f 2 L1 est la somme,
au sens de L1, de sa serie de Fourier ; 'est d'ailleurs faux en general sous ette forme) ; on
peut montrer que
Pour toute f 2 L1 , les oeÆ ients de Fourier n (f ) tendent vers 0 quand jnj ! +1
et e resultat porte le nom de lemme de Riemann-Lebesgue.
Quand on travaille ave des fon tions reelles, on prefere parfois e rire le developpe-
ment en utilisant les fon tions reelles t ! os(nt), pour n = 0; 1; : : : et t ! sin(nt),
pour n = 1; 2; : : : (pour n = 0, le osinus donne la fon tion onstante 1). On de nit
lassiquement les oeÆ ients de Fourier reels de la fa on suivante :
a =
1 Z 2
f (t) os(nt) dt ; b =
1 Z 2
f (t) sin(nt) dt;
n n
 0  0
et la serie de Fourier de f prend la forme
+1
a0 X 
+
2 k=1 ak os(kt) + bk sin(kt) :

La bizarrerie du traitement de a0 vient du fait que la fon tion onstante 1 n'a pas la
m^eme norme que les fon tions t ! os(nt) pour n  1.
On e rit souvent le developpement de Fourier d'une fon tion f 2 L2 sous la forme
X
f (s) = n (f ) eins ;
n2Z
mais ette e riture est a priori in orre te, ar rien ne nous dit que la serie numerique
i-dessus onverge vers f (s) : e que nous savons est que f est la somme de la serie de
fon tions au sens de L2 . En fait, un theoreme tres diÆ ile demontre vers 1960 par le
mathemati ien suedois L. Carleson justi e l'e riture pre edente : pour presque tout s,
la serie de Fourier onverge au point s et sa somme est egale a f (s). La onvergen e
pon tuelle est assez fa ile a obtenir lorsque f est de lasse C1 , et dans e as elle est
valable pour tout s. On va obtenir un tout petit peu mieux ; rappelons qu'on dit qu'une
fon tion f est lips hitzienne s'il existe une onstante M telle que jf (t) f (s)j  M jt sj
pour tous s; t 2 R .
Theoreme 3.6.1. Soit f une fon tion 2 -periodique et lips hitzienne ; pour tout s 2 R ,
on a X
f (s) = n (f ) eins :
n2Z

Demonstration. Posons
N N
Z 2 X
X dt .
fN (s) = SN (f )(s) = n (f ) eins = ein(s t) f (t)
2
n= N 0 n= N
Posons N
KN (t) =
X
eint = KN ( t) = e i Nt 1 ei(2N+1)t .
n= N 1 eit
{ 48 {
Comme R02 KN (t) (dt=2) = 1, on aura, pour s = 0
Z 2
fN (0) f (0) = KN (t) (f (t) f (0)) 2dt =
0
= (e iNt ei(N+1)t ) f (t1) efit(0) 2dt .
Z 2

0
Posons g(t) = (f (t) f (0))=(1 eit ). Comme f est Lips hitz et j1 eit j  2jtj=
lorsque jtj  , la fon tion g est bornee, don g 2 L2 , e qui entra^ne que les
oeÆ ients de Fourier de g tendent vers 0. Or nous avions
fN (0) f (0) = N (g ) N 1 (g )
qui tend don vers 0 quand N ! +1. Le raisonnement est identique pour montrer
que fN (s) ! f (s), pour tout s 2 R .
//

Si on utilise le lemme de Riemann-Lebesgue pour les fon tions de L1, on pourra etendre
la demonstration pre edente aux fon tions f telles que jf (t) f (s)j  M jt sj pour un
> 0. En e et, la fon tion g de la demonstration pre edente sera en ore integrable dans
e as.
Le resultat pre edent redemontre le fait que la suite exponentielle est totale dans L2 .
Oublions le pour un instant. Le theoreme pre edent s'applique a toute fon tion ontinue f
periodique lineaire par mor eaux : les sommes de Fourier SN (f ) = fN tendent simplement
vers la fon tion
P f ; mais par ailleurs, elles tendent pour la norme L2 vers la somme F de
la serie n2Z n (f ) en, don d'apres un theoreme d'integration une ertaine sous-suite
tend presque partout vers F. Puisque SN (f ) tend simplement vers f , on a ne essairement
F = f presque partout, e qui implique que f est la limite en norme L2 des sommes
de Fourier SN (f ). Ces sommes appartiennent au sous-espa e ve toriel L engendre par
les exponentielles, et le raisonnement pre edent montre que l'adheren e de L dans L2
ontient toutes les fon tions lineaires par mor eaux, qui sont denses dans C(R =2Z),
don aussi denses dans L2 . Finalement L est dense dans L2 et on a montre la totalite de
la suite (en )n2Z dire tement, sans utiliser Stone-Weierstrass.
3.7. Transformation de Fourier
Pour toute fon tion f 2 L1 (R ) on de nit la transformee de Fourier fb par
Z
8t 2 R ; ( )=
fb t f (x) e ixt dx:
R

On de nit ainsi une fon tion fb sur R ; il est lair que fb est bornee (jfb(t)j  kf k1) et il est
fa ile de voir que fb est ontinue sur R (employer le theoreme de onvergen e dominee).
On va voir omment ette transformation se omporte quand on modi e f au moyen
de ertaines operations elementaires. Si a 2 R et si on rempla e f par la fon tion trans-
latee fa de nie par fa (x) = f (x a) pour tout x 2 R , un hangement de variable
immediat donne
(T) 8t 2 R ; fba (t) = e iat fb(t):
{ 49 {
Si on rempla e f par la dilatee f[℄ de nie pour  > 0 par f[℄(x) = f (x), on obtient
par un autre hangement de variable evident
(D) d 1
8t 2 R ; f[℄(t) =  f  .
b
t

Ces operations de dilatation s'appellent aussi hangement d'e helle.


On a le resultat suivant (preliminaire a la formule d'inversion de Fourier) :
Lemme 3.7.1. Si a > 0, si f est ontinue a support ompa t sur R , et si f est lineaire
sur ha un des intervalles [(j 1)a; ja℄ pour j 2 Z, alors fb est integrable sur R et on a

(I) 1 Z
8x 2 R ; f (x) = 2 fb(t) eixt dt:
R

Demonstration. On veri e fa ilement que si une fon tion f veri e la formule (I), alors les
translatees de f , les dilatees de f et les ombinaisons lineaires de translatees ou dilatees
de f veri ent en ore la formule (I). Pour demontrer le lemme, on peut d'abord se ramener
a a = 1 par dilatation. Pour haque j 2 Z soit fj la fon tion ontinue nulle hors de
[j 1; j + 1℄, egale a 1 au point j et lineaire sur les deux intervalles [j 1; j ℄ et [j; j + 1℄
(on a don fj (x) = 1 jj xj sur [j 1; j + 1℄). On observe que toute fon tion f ontinue
a support ompa t sur R , lineaire sur haque intervalle [j 1; j ℄ est ombinaison lineaire
des fon tions fj ; par linearite et translation il suÆt nalement de montrer le lemme pour
f0 . Un al ul elementaire (ave integration par parties) montre que
Z 1
f (t) = 2 (1 x) os(xt) dx = 4
b sin2(t=2) .
0 t2
0
On voit que bf0 est integrable sur R , et la m^eme hose sera vraie pour toutes les ombinaisons
lineaires de translatees ou dilatees, d'apres les formules (T) et (D). On veri e ensuite, par
des al uls de residus, ou bien par des al uls trigonometriques un peu penibles, que
Z 2
4 sin (t=2) eixt dt = 2f (x)
t2 0
R

pour tout x 2 R.
//

On deduit du lemme, sous la m^eme hypothese sur f , en appliquant Fubini, justi e par
l'integrabilite sur R de la fon tion (x; t) ! f (x) fb(t) :
2
Z
1 Z
1 Z
f (x)f (x) dx =
2 R f (t) e f (x) dxdt = 2 R f (t)f (t) dt
b ixt b b
R
p
'est a dire que pour une telle fon tion f , on a kfbk2 = 2 kf k2.
L'espa e ve toriel X  L2 (R ) forme des fon tions ontinues a support ompa t et
lineaires par mor eaux est dense dans L2 (R ), et l'appli ation f ! fb est ontinue de X,
muni de la norme L2 , a valeurs dans L2 . Il existe don un1=2prolongement lineaire ontinu
F a L2 (R ) ; en fait d'apres e qui pre ede U = (2) F est une isometrie pour la
norme L2 .

{ 50 {
Il reste un petit point idiot a veri er : si f 2 L1 \ L2, la lasse de la fon tion ontinue
bornee bf on ide bien ave la lasse F (f ) de nie par prolongement a partir de X ; en e et,
si f 2 L1 \ L2, on peut trouver une suite (fn )  X telle que fn tende vers f pour la norme
L1 et pour la norme L2 (on pourra repeter les etapes de la se tion 3.2) ; alors bfn onverge
uniformement vers bf et en norme L2 vers F (f ), d'ou le resultat.
La formule inverse de Fourier du lemme pre edent donne fa ilement que toute fon tion
de X est une transformee de Fourier, don U est une isometrie a image dense, don
une isometrie surje tive de L2 (R ) sur lui-m^eme. De plus, le lemme d'inversion montre
que, sur1 le sous-espa e dense F (X), l'inverse de la transformation de Fourier est donnee
par F (f )(x) = (2) 1F (f )( x). Il en resulte que ette relation est vraie pour toute
f 2 L2 (R ) : designons par  l'isometrie de L2 (R ) de nie par (h)(x) = h( x) pour toute
h 2 L2 ; on aura
8f 2 L2 (R ); F 1(f ) = 21  Æ F (f ):
La transformee de Fourier d'une fon tion f de L2 (R ) ne peut pas en general s'e rire
dire tement par la formule integrale de Fourier (l'integrale n'est peut-^etre pas absolument
onvergente), mais on peut toujours dire que f est la limite dans L2 (R ) de la suite
fn = 1[ n;n℄ f , don F (f ) est la limite dans L2 des fon tions
Z n
t! f (x) e ixt dx:
n

Arrive a e point, on peut ameliorer l'enon e de notre Fourier inverse. Cela demande
un travail supplementaire que nous ne ferons pas i i.
Proposition 3.7.2. Si f et fb sont dans L1 (R ), la fon tion f \est" ontinue et on a
1 Z
8x 2 R ; f (x) = 2 fb(t) eixt dt:
R

Demonstration. On fera la veri ation en admettant que la fon tion f de l'enon e est aussi
dans L2(R ). Puisque f 2 L1(R ), la fon tion bf est bornee sur R par M = kf k1. Si bf est dans
L1, elle est aussi dans L2 puisque jbf j2  M jbf j. Les deux fon tions f et bf sont don dans
L1 \ L2 , et on aura au sens des lasses, ompte tenu de tout e qui a ete vu, en designant
par  l'isometrie de L2(R ) de nie par (h)(x) = h( x)
f = F 1 F (f ) = F 1 (bf ) = (2) 1 F (bf ) = (2) 1  Æ bbf
et ette derniere fon tion est bien donnee par la formule
Z
1 ixt
h(x) =
2 R f (t) e dt:
b

On a don f = h presque partout, mais h est aussi une fon tion ontinue, de nie partout.
Il y a don une fon tion ontinue dans la lasse de f , e que nous avons traduit par la
phrase : f \est" ontinue.
//

{ 51 {
Fourier d'une derivee : on ommen e par f de lasse C1 a support ompa t,
Z
F (f )(t) = f 0 (x) e ixt dx =
0
Z

f (x) e ixt +1 f (x)( it e ixt ) dx = it F (f )(t):
x= 1
On peut prolonger ette relation F (f 0)(t) = it F (f )(t) a l'espa e de Sobolev H1(R ) (voir
hapitre 11) et montrer que H1(R ) est egal au sous-espa e de L2 (R ) forme des fon tions
g telles que Z
(1 + t2 )jgb(t)j2 dt < +1:
R

On peut donner une demonstration dire te et instru tive de 2la formule d'inversion de
Fourier, mais qui ne s'appliquera qu'aux fon tions f de lasse C sur R , a support dans un
intervalle ompa t [ a; a℄.
Fixons x 2 R ; soit N un entier quel onque tel que N  > max(a; jxj) ; on va appliquer a la
restri tion de f a l'intervalle [ N ; N℄ la theorie des series de Fourier, moyennant un petit
hangement de normalisation. Dans l'espa e L2([ N ; N ℄; N), ou N est la probabilite
dx=(2N) sur l'intervalle [ N ; N ℄, on onsidere la suite orthonormee (en )n2Z de nie par
en (x) = einx=N pour tout n 2 Z et jxj  N . Les oordonnees ( n )n2Z de f dans ette base
sont donnees par
Z N Z
n = f (y)en (y) dy = 1 f (y) e iny=N dy = 1 bf (n=N):
N 2N 2N R 2N
D'apres le theoreme 6.1, on sait que
n en (x) = 1
X X
f (x) = f (n=N) einx=N :
b
n2Z
2N n2Z
Pour on lure, il nous reste a voir que
Z
lim 1 X bf (n=N) einx=N = 1 f (t) eixt
b dt:
N 2N 2
n2Z R

Si la somme en n s'etendait de NT a NT pour un entier T xe, ette onvergen e serait


le resultat lassique de onvergen e des sommes de Riemann pour une fon tion ontinue
sur un intervalle ompa t [ T; T℄. Pour traiter le as present, il nous faut un petit lemme,
dont la demonstration est laissee en exer i e pour le le teur.
Lemme. Si g est ontinue sur R et si jg(t)j  min(1; t 2 ) pour tout t 2 R , on a
Z
g(t) dt = lim 1
X
g(n=N):
N N
R n2Z

Il reste a voir que g(t) = bf (t) eixt veri e les hypotheses du lemme. On sait d'abord que g
est ontinue sur R , et bornee par kf kL1(R ) . Ensuite, deux integrations par parties donnent
f 00 (t) = t2 bf (t), de sorte que jg(t)j = jbf (t)j  t 2 kf 00 kL1 (R ) . Il en resulte que jg(t)j 
C min(1; t 2) pour tout t 2 R , ave C = max(kf kL1 (R ) ; kf 00kL1 (R ) ).

{ 52 {
4. Les theoremes fondamentaux

4.1. Le theoreme de Baire et ses onsequen es


Soit X un espa e topologique ; un ouvert U de X est dense dans X si et seulement si
le ferme omplementaire U est d'interieur vide. Si on a un nombre ni d'ouverts denses,
on veri e fa ilement de pro he en pro he que U1 \ : : : \ Un est en ore un ouvert dense.
Le theoreme de Baire donne un as ou ette propriete triviale d'interse tion nie peut
s'etendre aux suites d'ouverts denses.
Theoreme 4.1.1 : theoreme de Baire. Soit X un espa e metriqueT omplet ; si (Un )n0
est une suite de parties ouvertes et denses dans X, l'interse tion n0 Un est dense dans
l'espa e X.

Demonstration. Soit (Un )n0 une suite d'ouverts denses de X ; soit V une partie
ouverte non vide de X ; on doit montrer que Tn0 Un ren ontre V. Comme U0 est
dense, U0 ren ontre V et on peut hoisir un point x0 2 V \ U0. Comme V \ U0 est
ouvert, il existe un nombre r0 > 0, que l'on peut hoisir  1, tel que la boule ouverte
B(x0; 2r0) de entre x0 et de rayon 2r0 soit ontenue dans V \ U0 .
Par re urren e sur n  0 on onstruit une suite (xn ) d'elements de X et une suite
(rn ) de nombres reels stri tement positifs tels que rn  2 n et tels que, pour tout
n  1, la boule ouverte B(xn ; 2rn ) de entre xn et de rayon 2rn soit ontenue dans
Un \ B(xn 1; rn 1) : en e et, supposons xn et rn onstruits ; omme Un+1 est dense,
il existe xn+1 2 Un+1 \ B(xn ; rn). Comme Un+1 \ B(xn; rn ) est ouvert, il existe un
nombre rn+1 tel que 0 < rn+1  2 n 1 et tel que la boule ouverte B(xn+1; 2rn+1)
soit ontenue dans Un+1 \ B(xn ; rn) (on notera bien le petit jeu entre rn et 2rn+1 ).
Notons maintenant Bn la boule fermee de entre xn et de rayon rn . On a
Bn+1  B(xn+1; 2rn+1)  B(xn; rn )  Bn :
Comme l'espa e X est omplet, que les ensembles T Bn sont ferm es, de roissants, non
vides
T
et que leur
T
diame tre tend vers 0, on a n0 nB =
6 ; ; or, par onstru tion,
n0 Bn  V \ n0 Un , e qui montre que ette derniere interse tion est non vide.
//

Corollaire 4.1.2. Soient X un espa e S metrique omplet non vide et (Fn )n0 une suite
de parties fermees de X telle que n0 Fn = X ; alors l'un des fermes Fn a un interieur
non vide ; en realite, on peut m^eme dire que n0 
S
Fn est dense dans X.
Demonstration. Soit V un ouvert non vide de X ; dans l'espa e meStrique omplet
Y = V, onsid erons les ouverts (relatifs) Un = V n Fn . Puisque n0 Fn = X,
l'interse tion Tn0 Un est vide, e qui entra^ne par le theoreme 1 applique a Y que
l'un au moins des ouverts Un n'est pas dense dans Y. Il existe don n0 et un ouvert
non vide U de Y qui soit disjoint de Un . Cet ouvert U doit ren ontrer V ; on peut
don trouver x 2 V \ U et r > 0 tels que B(x; r)  V ne ren ontre pas Un , 'est a
0

{ 53 {
dire B(x; r)  Fn et en parti ulier x 2 Fn . On a ainsi montre que la reunion des
interieurs des (Fn ) ren ontre tout ouvert non vide V donne.
0 0

//

Les resultats obtenus sur l'espa e metrique omplet X sont de nature purement topologique ;
l'hypothese devrait ^etre formulee ainsi : si la topologie de l'espa e topologique X peut ^etre
de nie par une distan e d qui rend (X; d) omplet, alors le theoreme de Baire est valable.
Par exemple, on peut montrer fa ilement que tout ouvert U d'un espa e metrique omplet
(X; d) peut ^etre muni d'une nouvelle metrique Æ qui ne hange pas la topologie, et qui fait
de (U; Æ) un espa e metrique omplet (exer i e) ; le theoreme de Baire est don valable pour
tout ouvert d'un espa e metrique omplet, e que l'on voit aussi fa ilement en adaptant la
demonstration du theoreme 1.
On dit qu'un espa e topologique X est un espa e de Baire s'il veri e le theoreme de
Baire : toute interse tion d'une suite d'ouverts denses dans X est dense dans X.

Exer i e 4.1.1. Montrer qu'il n'existe pas de norme sur l'espa e ve toriel R [X℄ des
polyn^omes qui rende et espa e omplet.
Theoreme 4.1.3 : theoreme des isomorphismes. Soient E et F deux espa es de Bana h ;
toute appli ation lineaire ontinue bije tive de E sur F est un isomorphisme.
Demonstration. Soit f une bije tion lineaire ontinue de E sur F ; notons BE la boule
unite de E. La premiere etape onsiste a montrer que l'adheren e de f (BE) ontient
une boule ouverte entree en 0F ,
() 9r > 0; BF (0; r)  f (BE):
On a Sn1 nBE = E don Sn1 nf (BE) = f (E) = F, don Sn1 nf (BE) = F.
Par le orollaire 2, il existe un entier n  1 tel que l'ensemble ferme nf (BE) soit
d'interieur non vide. Comme la multipli ation par n  1 est un homeomorphisme,
on en deduit que l'interieur de f (BE) n'est pas vide. Il reste seulement a voir que 0F
est dans et interieur : ela provient de la onvexite et de la symetrie de l'ensemble
C = f (BE) : si y0 est interieur a C, il existe r > 0 tel que B(y0; r)  C ; par symetrie
on a aussi B( y0 ; r)  C, et par onvexite B(0; r)  C. Detaillons un peu : soit
v 2 F tel que kv k < r et soit " > 0 quel onque ; puisque y0 + v 2 B(y0; r)  f (BE ),
il existe un ve teur u1 2 BE tel que kf (u1) (y10 + v)k < ", et de m^eme il existe
u2 2 BE tel que kf (u2 ) (y0 v )k < ". Alors u = 2 (u1 u2 ) 2 BE et kf (u) v k < ".
On a bien montre que B(0; r)  f (BE).
La deuxieme etape onsiste a montrer que la propriete () entra^ne en fait lorsque
E est omplet que
() BF(0; r)  f (BE):
Le prin ipe qui suit est interessant et se ren ontre a de multiples o asions ; 'est une
variante du pro ede des approximations su essives. Si A1 et A2 sont deux sous-ensembles
non vides de F, la notation A1 + A2 designe l'ensemble de toutes les sommes a1 + a2 ,
lorsque a1 varie dans A1 et a2 dans A2 . On dit que A1 + A2 est la somme de Minkowski
des ensembles A1 et A2.
{ 54 {
Lemme 4.1.4. On suppose que E est omplet, f : E ! F lineaire ontinue, et que A
est un sous-ensemble borne de F tel que A  f (BE) + "A, ave 0 < " < 1. Alors

A  1 1 " f (BE):
Soit a0 2 A ; d'apres l'hypothese, il existe un ve teur u0 2 BE et un ve teur a1 2 A
tels que a0 = f (u0) + "a1 . En re ommen ant ave a1 , on trouve u1 2 BE et a2 2 A
tels que a1 = f (u1) + "a2 , e qui donne
a0 = f (u0 + "u1 ) + "2 a2 :
En ontinuant ainsi on onstruit des ve teurs u0 ; u1; : : : ; un ; : : : dans la boule unite
de E et a1; : : : ; an ; : : : dans A tels que pour tout entier k  0 on ait
(1) a0 = f (u0 + "u1 +    + "k uk ) + "k+1 ak+1 :
La serie P "k uk est normalement P+1 k
onvergente, don onvergente dans E puisque E
est omplet ; sa somme x0 = k=0 " uk 2 E est telle que f (x0) = limk f (u0 + "u1 +
   + "k uk ) et d'apres la relation (1), on a f (x0) = a0 puisque A est borne. Par
ailleurs +1
kx0 k  "k kuk k  1 1 " .
X

k=0
Finissons de montrer que () entra^ne () lorsque E est omplet. Si y 2 F est 1tel
que kyk < r, on pourra hoisir " > 0 de fa on que le ve teur y0 = r (1 ") y
veri e en ore ky0 k < r ; puisque BF (0; r) est ontenu dans l'adheren e de f (BE), on
a BF (0; r)  f (BE) + "BF (0; r) pour tout " > 0 : posons A = B(0F; r) ; si x 2 A on
peut trouver y 2 f (BE) tel que kx yk < " r puisque x est adherent a f (B), don
x y 2 "A et x = y + (x y ) 2 f (BE) + "A. D'apres le lemme pre edent, on a
BF (0; r) = A  (1 ") 1 f (BE). Il existe don x0 2 E tel que kx0 k < (1 ") 1 et
f (x0 ) = y0 ; en revenant a y , on aura trouve x 2 E tel que kxk < 1 et f (x) = y . On
a ainsi montre que BF (0; r)  f (BE).
Il est lair maintenant que l'appli ation re iproque f 1 est ontinue : 1en e et,
l'in lusion pre edente se traduit par f (BF (0; r))  BE, e qui implique f (BF ) 
1
r 1 BE par homogeneite et passage a l'adheren e ; e i montre que kf 1 k  1=r.

Remarque 4.1.2. Le theoreme pre edent a peu de hose a voir ave les normes. Il reste
vrai si E et F sont deux espa es ve toriels munis de metriques veri ant les proprietes (i), (ii)
et (iii) de la remarque 1.1.8, et si E et F sont omplets pour es metriques. En parti ulier
le theoreme des isomorphismes, et ses onsequen es immediates que nous allons enon er
dans e qui suit, sont valables pour les espa es de Fre het.
On dit qu'une appli ation f : X ! Y est ouverte lorsque l'image de tout ouvert de X
est ouverte dans Y ; ela revient exa tement a dire que pour tout point x 2 X et tout
voisinage V de x, l'image f (V) est un voisinage de f (x) dans Y.
Pour qu'une appli ation lineaire f d'un espa e norme X dans un autre Y soit ouverte,
il suÆt de savoir que l'image de toute boule ouverte BX (0; r) est ouverte dans Y, e qui
se ramene a savoir que l'image de la boule unite ouverte BX(0; 1) de X est ouverte dans
Y. C'est le as par exemple pour la proje tion anonique  d'un espa e norme X sur un
quotient X=Y par un sous-espa e ferme Y ; en e et, l'image de BX (0; 1) est exa tement
{ 55 {
la boule unite ouverte du quotient, don  est ouverte. Notons aussi qu'un isomorphisme
entre deux espa es de Bana h est une appli ation ouverte, et que la omposition de deux
appli ations ouvertes est une appli ation ouverte.
Theoreme 4.1.5 : theoreme de l'appli ation ouverte. Soient E et F deux espa es de
Bana h ; toute appli ation lineaire, ontinue, surje tive f de E sur F est ouverte.

Demonstration. On onsidere la fa torisation f = g Æ 


E ! E= ker f g! F
donnee par la proposition 1.3.3 ; la premiere e he  est la proje tion anonique de
E sur le quotient par le noyau de f . Par des arguments algebriques, la deuxieme
e he g est bije tive, et elle est ontinue d'apres la proposition 1.3.3. C'est don un
isomorphisme, et il en resulte que f est ouverte par e que  et g sont ouvertes.
//

Le graphe d'une appli ation ontinue d'un espa e topologique dans un espa e topolo-
gique separe est toujours ferme. La re iproque n'est en general pas vraie. Cependant, on
a:
Theoreme 4.1.6 : theoreme du graphe ferme. Soient E et F deux espa es de Bana h ;
toute appli ation lineaire de E dans F dont le graphe est ferme dans E  F est ontinue.

Demonstration. Soit f une appli ation lineaire de E dans F dont le graphe G  E  F


est ferme ; alors G est un espa e de Bana h. Tout point z du graphe G est de la forme
z = (x; f (x)) pour un ertain x 2 E unique ; notons p : G ! E l'appli ation de nie
par p(z) = p(x; f (x)) = x 2 E. Il est lair que p est lineaire, ontinue et bije tive
(l'inverse {algebrique{ etant l'appli ation x ! (x; f (x)) de E dans G). D'apres le
theoreme des isomorphismes, et inverse x ! (x; f (x)) est ontinu de E dans G ; il
en resulte que x ! f (x) est ontinue de E dans F.
//

Remarquons qu'inversement, le theoreme du graphe ferme implique immediatement le


theoreme des isomorphismes : si f est bije tive, le graphe de f 1 est tout simplement
le symetrique dans F  E du graphe de f . Si f est ontinue, le graphe de f est ferme dans
E  F, don elui de f 1 est ferme aussi, don f 1 est ontinue d'apres le theoreme du
graphe ferme.
Nous passons maintenant a une autre onsequen e du theoreme de Baire, le theoreme
de Bana h-Steinhaus ; e theoreme admet plusieurs variantes ; en voi i une premiere, qui
sort un peu de notre adre habituel d'espa es normes.
Proposition 4.1.7. Soit E un espa e ve toriel muni d'une distan e d, telle que (E; d)
soit omplet, et telle que les operations (x; y ) ! x + y et (; x) ! x soient ontinues de
E  E dans E et K  E dans E respe tivement ; soient d'autre part Y un espa e norme
et A une famille d'appli ations lineaires ontinues de E dans Y. Si pour tout x 2 E la
famille fT(x) : T 2 Ag est bornee dans Y, il existe un voisinage W de 0E tel que
8T 2 A; 8x 2 W; kT(x)k  1:
{ 56 {
Demonstration. Remarquons d'abord que pour tout x0 2 E la translation y ! x0 + y
est un homeomorphisme de E ; de m^eme, pour tout  6= 0 l'homothetie y ! y est
un homeomorphisme. Il resulte du premier point que tout voisinage W de x0 est de
la forme x0 + V, ou V est un voisinage de 0E, et du se ond point que V est aussi
un voisinage de 0E .
Pour tout entier n  1, posons Cn = fx 2 E : 8T 2 A; kT(x)k  ng. Comme
Cn est l'interse tion des ensembles fermes CT;n = fx 2 E : kT(x)k  ng (lorsque T
varie dans A), 'est un ferme de E. La reunion des Cn est egale a E : e i n'est que
la tradu tion de l'hypothese supT2A kT(x)k < +1 pour tout x 2 E.
Puisque (E; d) est metrique omplet, il existe par le orollaire 2 un entier n0  1
tel que Cn soit d'interieur non vide. On peut don trouver un point x0 2 Cn et
un voisinage V de 0E tels que x0 + V  Cn . Posons M = supT2A kT(x0)kY . Soient
0 0

v 2 V et T 2 A quel onques ; puisque x0 + v 2 Cn , on a kT(x0 ) + T(v )kY  n0 ,


0

e qui donne kT(v)kY  n0 + kT(x0)kY  n0 + 1M par l'inegalite triangulaire. Pour


0

terminer, on prend le voisinage W = (n0 + M) V.


//

Theoreme 4.1.8 : theoreme de Bana h-Steinhaus. Soient E un espa e de Bana h, Y


un espa e norme et A une partie de L(E; Y) telle que supfkT(x)k : T 2 Ag < +1 pour
tout x 2 E ; alors on a aussi supfkTk : T 2 Ag < +1.

Demonstration. On peut appliquer la proposition pre edente. Il existe un voisinage


W de 0E tel que kT(x)k  1 pour tout x 2 W et tout T 2 A. Il existe r > 0
tel que B(0; r)  W. Par homogeneite, pour tout x 2 B(0; 1) et tout T 2 A, on a
kT(x)k  1=r ; on a don montre que pour tout T 2 A, on a kTk  1=r.
//

Corollaire 4.1.9. Soient E un espa e de Bana h (ou bien un espa e ve toriel (E; d)
omplet omme dans la proposition 7), Y un espa e norme et (fn ) une suite d'appli ations
lineaires ontinues de E dans Y ; on suppose que, pour tout x 2 E, la suite (fn (x))
onverge dans Y ; notons f (x) sa limite. Alors f est lineaire et ontinue.

Demonstration. D'abord, il est evident que la limite f est lineaire. Soit x 2 E ; omme
la suite ( ( )) est onvergente, elle est bornee ; par le theoreme 8, la suite (kfnk)
fn x
est alors bornee. Il existe alors un nombre M  0 tel que, pour tout x 2 E et tout
entier n  0 on ait kfn(x)k  M kxk. Passant a la limite on trouve kf (x)k  M kxk,
pour tout x 2 E.
//

Corollaire 4.1.10. Soient E un espa e de Bana h (ou bien un (E; d) omplet omme
dans la proposition 7), Y un espa e norme et (uk ) une suite d'appli ations
P lineaires
ontinues de E dans Y ; on suppose que, pour tout x 2 E, la serie k uk (x) onverge
dans Y ; notons T(x) sa somme. Alors T est lineaire et ontinue.

{ 57 {
Commentaire. Ceux qui feront des distributions verront ressortir e prin ipe a propos des
series de distributions : les distributions temperees sont les formes lineaires ontinues
P sur
un espa e de fon tions S qui est un (E; d) du bon type. Pour veri er qu'une serie Tk de
distributions tempeP rees de nit une nouvelle distribution temperee, il suÆt de veri er que
la serie numerique k Tk (') onverge pour toute fon tion ' 2 S .
Attention ! Dans le orollaire 9, ou on prouve la ontinuite de la limite simple f d'une
suite (fn), on n'a en general pas que kfn f k ! 0.

4.2. Theoreme de Hahn-Bana h


Le premier resultat que nous allons enon er est purement algebrique, et ne fait pas
referen e a une topologie sur l'espa e ve toriel (reel) X. On dit que q : X ! R est
sous-lineaire si elle est positivement homogene et sous-additive, 'est a dire qu'elle veri e

(i) pour tout x 2 X, on a q(x) = q(x) pour tout   0


(ii) pour tous x; y 2 X, on a q(x + y)  q(x) + q(y).
Exemples 4.2.1. Les semi-normes sont des fon tions sous-lineaires. Une forme lineaire
(reelle) est une fon tion sous-lineaire. Une fon tion sous-lineaire sur R est lineaire par
mor eaux : elle vaut q(t) = at pour t < 0 et q(t) = bt pour t  0, ave a  b (en e et,
on doit avoir a + b = q( 1) + q(1)  q(0) = 0).
Un autre exemple important de fon tion sous-lineaire est donne par la jauge d'un
ensemble onvexe C ontenant 0X omme point interne, e qui signi e que pour tout
x 2 X il existe " > 0 tel que le segment [ " x; " x℄ soit ontenu dans C. On pose alors
jC (x) = inf f :  > 0 et  1 x 2 Cg:
On note que jC(x) est un nombre ni  0. Il est possible que jC(x) = 0, dans le as ou
la demi-droite de dire tion x est ontenue dans C. On a les in lusions
fx 2 X : jC(x) < 1g  C  fx 2 X : jC (x)  1g:
Dans le as ou X est norme et ou C est un onvexe ouvert de X ontenant 0X , le point
0X est interne a C et C = fx 2 X : jC (x) < 1g. De plus, la fon tion jC est alors ontinue.
Theoreme 4.2.1 : theoreme de prolongement de Hahn-Bana h. Soient X un espa e
ve toriel reel, Y un sous-espa e ve toriel de X et q une fon tion sous-lineaire sur X ; pour
toute forme lineaire ` sur Y, telle que `(y )  q (y ) pour tout y 2 Y, il existe une forme
lineaire m sur X qui prolonge `, 'est a dire telle que m(y ) = `(y ) pour tout y 2 Y et
telle que m(x)  q (x) pour tout x 2 X.
Petite remarque evidente avant de ommen er la demonstration : dans le as X = R
et Y = f0g, on a vu a quoi ressemble le graphe des fon tions sous-lineaires sur R et on
voit bien pourquoi le resultat est vrai : on sait que q(t) = a t pour t < 0, q(t) = b t pour
t  0 et de plus a  b ; il suÆt de prendre n'importe quelle fon tion lineaire m(t) = t
ave a   b.
Demonstration. Le point ru ial est de montrer qu'on peut prolonger a une dimension
de plus : si m est lineaire, de nie sur un sous-espa e ve toriel Z de X, de fa on que
m  q et si x 2= Z, on peut etendre m en m e de nie sur Z + R x en gardant me  q ;
le reste n'est que formalite \zornique".

{ 58 {
Lemme 4.2.2. Soient Z un sous-espa e ve toriel de X et g une forme lineaire de nie sur
Z, telle que g(z)  q(z) pour tout z 2 Z ; soit x 2 X tel que x 2= Z ; il existe une forme
lineaire ge sur Z + R x telle que ge prolonge g et ge  q sur Z + R x.
Demonstration du lemme. Bien entendu, prolonger g a Z + R x demande seulement
de de nir = eg(x). Pour que le prolongement soit onvenable, il faut (et il suÆt)
que g(z)+ t ge(x) = ge(z + tx)  q(z + tx) pour tout nombre reel t et tout z 2 Z. C'est
automatique si t = 0, et nous allons de ouper la propriete voulue en deux, selon le
signe de t 6= 0 :
g (z ) +   q (z + x); g (z 0 )   q (z 0 x)
pour tous z; z0 2 Z et ;  > 0. En utilisant l'homogeneit e de q (et elle de g, qui
est lineaire) on peut faire entrer les fa teurs positifs  1 et  1 a l'interieur des
expressions, et on obtient ainsi les onditions equivalentes
g (z1 ) +  q (z1 + x); g (z2 )  q (z2 x)
pour tous z1 ; z2 2 Z (z1 rempla e  1 z et z2 rempla e  1 z0 ). Le nombre doit
don veri er les deux inegalites
supfg(z2) q(z2 x) : z2 2 Zg = S   I = inf fq(z1 + x) g(z1) : z1 2 Zg:
Notons que I n'est pas +1, par e que l'inf porte sur un ensemble non vide de valeurs
nies, et de m^eme S n'est pas 1. Pour que le hoix de soit possible, il faut et il
suÆt que S  I, e qui garantira que I et S sont nis, et il suÆra de prendre pour
n'importe quel nombre reel ompris entre le sup et l'inf (bien s^ur, si S = I on n'a
pas le hoix : il faut prendre pour la valeur ommune). Il reste don a veri er que
g (z2 ) q (z2 x)  q (z1 + x) g (z1 )
pour tous z1 ; z2 2 Z. On ree rit la propriete voulue sous la forme
g (z1 + z2 ) = g (z1) + g (z2 )  q (z1 + x) + q (z2 x)
et il est alors lair que ette propriete est vraie : 
g (z1 + z2 )  q (z1 + z2 ) = q (z1 + x) + (z2 x)  q (z1 + x) + q (z2 x):
Le lemme est don etabli.
Le lemme de Zorn
Le lemme de Zorn est assez dire tement equivalent a un axiome de la theorie des
ensembles, l'axiome du hoix. Il permet de valider ertains types de raisonnements ou
on her he a garantir l'existen e d'objets maximaux.
Soit I un ensemble ordonne dans lequel tout sous-ensemble totalement ordonne T
possede des majorants ; l'ensemble I admet alors des elements maximaux.
Un element maximal i 2 I est un element tel que (j  i) ) j = i pour tout j 2 I. Le
lemme de Zorn n'a d'inter^et que pour les ensembles ordonnes qui ne sont pas totalement
ordonnes. On dit qu'un ensemble ordonne est indu tif lorsqu'il veri e l'hypothese du
lemme de Zorn.
Venons-en a l'appli ation du lemme de Zorn pour terminer la demonstration du
theoreme. On designe par I l'ensemble des ouples (Z; g) ou Z est un sous-espa e
ve toriel de X tel que Y  Z, et g une forme lineaire sur Z qui prolonge `, et telle
que g(z)  q(z) pour tout z 2 Z.
{ 59 {
On de nit l'ordre sur l'ensemble I par (Z ; g )  (Z0 ; g 0) si Z  Z0 et si g 0 est un
prolongement de g a Z0 . Le lemme preliminaire 2 dit que si (Z; g) est un element
maximal de I,0 alors Z0 = X : sinon, si Z 6= X, on peut hoisir x 2= Z et onsiderer
l'extension (Z ; g ) a Z = Z + R x donnee par le lemme 2, qui est un majorant stri t
0
de (Z; g). Cela signi e que l'existen e d'elements maximaux dans I implique qu'on a
reussi a prolonger ` a l'espa e X tout entier, ave une extension lineaire m qui veri e
m  q sur X.
Il reste a veri er que l'ensemble I veri e l'hypothese du lemme de S Zorn : si
(Zi ; gi) est une famille totalement ordonnee dans I, on verra que Z = i Zi est un
sous-espa e ve toriel et qu'il y a une fa on naturelle de de nir g sur Z, qui prolonge
toutes les gi . Ainsi l'ensemble (Zi; gi)i admet le majorant (Z; g) dans I.
On peut preferer un enon e plus \aÆne" pour le theoreme pre edent : si f est une
fon tion onvexe (partout nie) de nie sur X, si Y est un sous-espa e aÆne de X et a
une fon tion aÆne de nie sur Y et telle que a(y)  f (y) pour tout y 2 Y, il existe un
prolongement ea de a en fon tion aÆne sur X et telle que ea  f sur X. Le le teur pourra
adapter la demonstration pre edente pour obtenir e nouvel enon e.
Dans le as norme separable, on peut donner une demonstration de Hahn-Bana h qui
n'utilise pas l'axiome du hoix. Supposons X norme reel separable de dimension in nie. On
suppose y donnee sur le sous-espa e ve toriel Y, majoree par une fon tion sous-lineaire
ontinue q. On remarque d'abord qu'on peut prolonger y par ontinuite a l'adheren e Y0
de Y, en gardant y0  q sur Y0 pour le prolongement y0 . Soit (xn )n0 une suite dense
dans X ; si Y0 = X, 'est ni. Sinon, soit k0 le plus petit entier k  0 tel que xk 2= Y0 (s'il
n'en existait pas, Y0 ferme ontiendrait la suite dense (xn ) toute entiere, don 
on aurait
Y0 = X, e qui a ete ex lu i i) ; on pose Y 1 = Y0 + R xk0 et on prolonge y 0 de Y0 a une
forme y1 sur Y1, veri ant toujours y1  q sur Y1, en utilisant le lemme 2. On remarque
que Y1 ontient tous les ve teurs xk pour 0  k  k0. Si Y1 = X 'est ni. Sinon, soit k1
le plus petit entier k > k0 tel que xk 2= Y1 (s'il n'en existait pas, on aurait Y1 = X qui est
ex lu i i). On pose Y2 = Y1 + R xk1 et on prolonge y1 en y2 sur Y2 , veri ant y2  q sur
Y2 . On remarque que Y2 ontient tous les ve teurs xk pour 0  k  k1 .
On ontinue ainsi, et on onstruit une suite roissante (Yn ) de sous-espa es 
ve toriels de
X (ou alors il existe N tel que X = Y N ) ave sur Y n+1 une forme lineaire yn+1 qui prolonge
yn et qui veri e yn +1  q. On onstruit aussi une suite stri tement roissante (kn ) telle que
Yn+1 ontienneStous les xk pour 0  k  kn . Comme la suite d'espa es est roissante, la
reunion Y1 = n Yn est un sous-espa e ve toriel, et omme les formes (yn ) se prolongent
les unes les autres, on peut de nir y1  sur Y1 qui les prolonge toutes, et y1   q. En n,
Y1 est dense dans X par e qu'il ontient toute la suite (x ). Pour terminer, il suÆt de
 en une forme lineaire ontinue xn sur l'espa e X.
prolonger par ontinuite y1
Theoreme 4.2.3 : theoreme de separation de Hahn-Bana h. Soient X un espa e norme
reel, A un onvexe ouvert non vide et B un onvexe non vide tels que A et B soient
disjoints. Il existe alors une forme lineaire ontinue f sur X telle que
f (a) < inf f (B)
pour tout a 2 A. Autrement dit, il existe un nombre tel que f (a) < pour tout a 2 A
et  f (b) pour tout b 2 B.
Une fa on de voir le resultat est de dire que la forme lineaire f separe l'espa e X en
deux demi-espa es aÆnes H = ff < g et H+ = ff  g, dont la frontiere ommune
est l'hyperplan aÆne H = ff = g. L'enon e nous dit que A  H et B  H+ .
Demonstration. On ommen e par le as ou B est reduit a un seul point b0 6= 0.
Par translation on peut se ramener au as ou le onvexe ouvert A ontient 0X. La
{ 60 {
jauge jA est alors une fon tion sous-lineaire sur X, et jA (b0)  1 puisque b0 2= A.
On de nit ` sur la droite Y = R b0 en posant `(b0) =  pour tout  2 R . On
veri e que `  p = jA sur Y. Si m est un prolongement de ` majore par p, on aura
m(a)  jA (a) < 1 pour tout a 2 A, alors que m(b0 ) = `(b0) = 1. Par ailleurs, m est
une forme lineaire ontinue puisqu'elle est majoree par 1 sur le voisinage A de 0X,
don minoree par 1 sur A et bornee par 1 sur le voisinage A \ ( A).
Passons au as general. Si A est un onvexe ouvert non vide disjoint du onvexe
non vide B, on introduit le onvexe ouvert
C = A B = fa b : a 2 A; b 2 Bg:
Puisque A et B sont disjoints, e onvexe est disjoint de D = f0Xg. D'apres l'etape
preliminaire, on peut trouver une forme lineaire ontinue m sur X telle que m( ) <
m(d0 ) pour tout 2 C, ou d0 = 0X est l'unique element de D. Cela signi e que
m(a b) < m(d0 ) = 0 pour tous a 2 A, b 2 B, soit en ore m(a) < m(b) pour tous
a 2 A, b 2 B, don m(a)  inf m(B). Puisque m n'est pas nulle, on peut hoisir
u 2 X tel que m(u) > 0, puis " > 0 tel que a + "u 2 A puisque A est ouvert ; on
termine en e rivant m(a) < m(a + "u)  inf m(B), et en prenant f = m.
//

Rappelons que X designe le dual topologique d'un espa e norme X.


Exer i es 4.2.2.
Si C est ferme, K ompa t, C et K onvexes non vides et disjoints d'un espa e
norme X, montrer qu'il existe une forme lineaire ontinue x 2 X telle que sup x (C) <

min x (K).
Soient X un espa e norme et q une fon tion sous-lineaire sur X ; montrer que q est
ontinue sur X si et seulement s'il existe une onstante M telle que jq(x)j  M kxk pour
tout x 2 X.
Corollaire 4.2.4. Si C est un sous-ensemble onvexe ferme non vide d'un espa e norme
reel X, alors C est l'interse tion de demi-espa es aÆnes fermes.

Demonstration. Soit C un onvexe ferme non vide d'un espa e norme reel X. On
va montrer que pour tout x 2= C, il existe un demi-espa e aÆne ferme Dx tel que
C  Dx et x 2= Dx . Il suÆra ensuite d'observer que C = Tx=2C Dx .
Pour tout x 2= C, on peut trouver une boule ouverte A = B(x; r) disjointe de
C ; d'apr
e s le th
e or
e me de s
e paration il existe une forme line aire ontinue x telle
que x(a) < inf x (C) pour tout a 2 A, et en parti ulier x (x) < inf x (C). On voit
don que si on pose d = inf x (C) et

Dx = fy 2 X : x (y)  dg
on aura C  Dx mais x 2= Dx .
//

{ 61 {
Theoreme 4.2.5 : theoreme de Hahn-Bana h. Soient X un espa e norme (reel ou om-
plexe) et Y un sous-espa e ve toriel de X ; pour tout ` 2 Y , il existe m 2 X dont la
restri tion a Y soit ` et telle que kmk = k`k.

Demonstration. Considerons d'abord le as reel. I i la fon tion sous-lineaire q de


l'enon e du theoreme 1 sera un multiple onvenable de la norme N de X. Par
de nition de la norme de la forme lineaire `, on a `  k`k N = q sur le sous-
espa e ve toriel Y. On peut don trouver un prolongement m tel que m  q sur X,
e qui donne le resultat : on a en e et m(x)  k`k kxk pour tout x 2 X, d'ou aussi
jm(x)j  k`k kxk en appliquant a x et x ; tout e i montre que m est ontinue et
kmk  k`k, mais k`k  kmk puisque m prolonge `.
Si X est un espa e ve toriel omplexe, on ommen e par le onsiderer omme
un espa e ve toriel reel, et on onsidere sur Y la forme lineaire reelle `1 = Re `.
On trouve alors une forme lineaire reelle m1 sur X telle que m1 prolonge la forme
lineaire reelle `1 et km1 k = k`1 k. Par la proposition 1.6.1, on sait que m1 est la partie
reelle d'une forme lineaire omplexe m sur X, et de plus kmk = km1 k  k`1k = k`k ;
d'autre part m prolonge ` (i i Y est un sous-espa e ve toriel omplexe ; si y 2 Y
on a aussi iy 2 Y e qui permet d'e rire m(y) = m1 (y) im1 (iy), et alors m(y) =
`1 (y ) i`1 (iy ) = `(y )).
//

Corollaire 4.2.6. Soient X un espa e norme et Y un sous-espa e ve toriel ferme ; soient


x 2= Y et r = dist(x; Y) > 0 ; il existe une forme lineaire ontinue x 2 X telle que : x
est nulle sur Y, kx k = 1 et x (x) = r.

Demonstration. On a ky xk  r pour tout y 2 Y, e qui donne par homogeneite


ky + xk  jj r pour tous  2 K , y 2 Y. De nissons une forme lineaire ` sur
Y1 = Y  K x en posant `(y + x) =  r pour tous  2 K , y 2 Y. L'inegalite qui
pre ede montre que j`(z)j  kzk pour tout z 2 Y1, don k`k  1. En appliquant
le theoreme 5a ` et Y1 , on trouve une forme lineaire ontinue x sur X telle que
kx k  1 et x (x) = `(x) = r ; de plus x (y) = `(y + 0 x) = 0 pour tout y 2 Y. En
hoisissant y 2 Y tel que ky xk < r + " on aura r = jx (y x)j  kx k ky xk 
kx k (r + "), e qui montre que ne essairement kx k = 1.
//

Il en resulte que si X estTun espa e norme et Y un sous-espa e ferme, il existe une partie
A de X telle que Y = x 2A ker(x).
Corollaire 4.2.7. Soient X un espa e norme et x 2 X ; il existe x 2 X telle que
x (x) = kxk et kx k  1.

Demonstration. Si x = 0X on prendra tout simplement x = 0 ; sinon, on applique


le orollaire pre edent ave Y = f0X g. Bien entendu, on a en fait kx k = 1 lorsque
x 6= 0X , mais le orollaire tel qu'il est enon e a l'avantage de ouvrir tous les as.
//

{ 62 {
Remarque 4.2.3. Le dual de X=Y est identi able isometriquement au sous-espa e de
X forme des x dont la restri tion a Y est nulle.
Notons  la proje tion de X sur X=Y ; az 2 (X=Y) on asso ie x = z Æ  2 X, qui
est nulle sur Y. Inversement, si x  2 X est nulle sur Y, on peut l'e rire x = z Æ 
d'apres la proposition 1.3.3, et kz k = kx k.
Proposition 4.2.8. Soit X un espa e norme ;
(i) pour que X soit de dimension nie il faut et il suÆt que son dual soit de dimension
nie ; dans e as, la dimension de X est egale a elle de X ;

(ii) soient X et Y des espa es normes et T 2 L(X; Y) ; l'appli ation T est de rang
ni si et seulement si sa transposee tT est de rang ni ; dans e as, le rang de T on ide
ave elui de sa transposee.
Demonstration. Si X est de dimension nie, toute forme lineaire sur X est ontinue,
don le dual topologique est egal au dual algebrique pour lequel on onna^t l'egalite
des dimensions. Si X est de dimension nie, X est de dimension nie par e qui
pre ede, don X est de dimension nie par la proposition 3.1.
Passons au point (ii) ; notons Y1 l'image de T, T1 2 L(X; Y1) l'appli ation qui
a x 2 X asso ie T(x) onsidere omme element de Y1 et u 2 L(Y1;t Y) l'appli ation
y ! y . On a T = u Æ T1 don T = T1 Æ u ; on voit don que T se fa torise a
t t t
travers l'espa e ve toriel Y1 ; si T est de rang ni, e i implique rang tT  dimY1 =
dimY1 = rang T. Inversement soient Z un sous-espa e de dimension nie n de Y1 et
(z1 ; : : : ; zn ) une base de Z ; on peut trouver des ve teurs (x1; : : : ; xn ) dans X tels que
zi = T(xi ) et des formes lineaires (z1 ; : : : ; zn ) sur Z telles que zj (zi ) = Æi;j (symbole
de Krone ker ; les (zj ) forment la base duale de la base (zi )), puis on peut etendre
par Hahn-Bana h es formes lineaires (zj ) en (y1; : : : ; yn ) dans Y . On aura alors
tT(y  )(x ) = y  (T(x )) = z  (z ) = Æ ;
j i j i j i i;j
e qui montre que T(y1 ); : : : ; T(yn) sont lineairement independants dans l'image de
t  t 
tT, qui est don de dimension  n. Si tT est de rang ni m, on aura ne essairement
n  m, e qui montre que la dimension de Y1 est  m : on ne peut pas trouver dans
Y1 un sous-espa e Z de dimension n > m. On vient de voir que rang T  rang tT.
//

Le theoreme de Hahn-Bana h donne des outils pour etudier la separabilite. Il fournit en


parti ulier le ritere suivant : pour qu'un sous-ensemble D  X soit total dans X, il faut
et il suÆt que toute forme lineaire x 2 X, nulle sur D, soit identiquement nulle.
Proposition 4.2.9. Soit X un espa e norme ; si le dual X est separable, alors X est
separable.
Demonstration. Soit (xn ) une suite dense dans X ; pour haque entier n  0, on peut
trouver un ve teur xn 2 X tel que kxn k  1 et xn (xn)  kxn k=2. On va montrer que

la suite (xn) est totale dans X : sinon, il existerait une forme lineaire ontinue x non
nulle sur X telle que x (xn ) = 0 pour tout entier n  0 ; on peut supposer kx k = 1.
D'apres la densite de la suite (xn ), il existe un indi e n0 tel que kx xn k < 1=4. On
 
aurait alors xn (xn ) = (xn x)(xn ) < 1=4, mais kxn k  kx k kxn x k  3=4,0

e qui est ontradi toire ave xn (xn )  kxn k=2  3=8 > 1=4.
0 0 0 0 0 0

0 0 0
//

{ 63 {
Hahn-Bana h et transposition
On a deja montre que la transposee tT d'une appli ation lineaire ontinue T a une
norme inferieure ou egale a elle de T. Gr^a e au theoreme de Hahn-Bana h on peut
ompleter e resultat.
Proposition 4.2.10. Soient X et Y deux espa es normes ; pour tout T 2 L(X; Y), on a
ktTk = kTk.
Demonstration. On sait deja que ktTk  kTk par la proposition 1.6.2, nous allons
montrer l'egalite. Pour tout " > 0, on peut trouver un ve teur x 2 X tel que kxk  1
et tel que kT(x)k > kTk ", puis une forme lineaire y 2 F telle que kyk  1 et
y (T(x)) = kT(x)k. Alors
ktTk  ktT(y)k  jtT(y)(x)j = y(T(x)) = kT(x)k > kTk ":
//

Exemple 4.2.4. La transposee de l'inje tion de Y  X dans X est l'appli ation de


restri tion de X sur Y (surje tive par Hahn-Bana h). Ces deux appli ations sont de
norme 1 lorsque Y 6= f0g.
Pour T 2 L(X; Y) on notera im(T) le sous-espa e de Y image de l'appli ation T,
note aussi T(X),
im(T) = T(X) = fy 2 Y : 9x 2 X; y = T(x)g:

Lemme 4.2.11. Soient X, Y deux espa es normes et T 2 L(X; Y) ; l'appli ation tT est
inje tive si et seulement si im(T) est dense dans Y. De plus, si im(tT) est dense dans
X , l'appli ation T est inje tive.
Demonstration. Si im(T) n'est pas dense, son adheren e Z est un sous-espa e ve to-
riel ferme de Y, distin t de Y. D'apres le orollaire 6, il existe une forme lineaire y
non nulle sur Y, mais dont la restri tion a Z est nulle ; en parti ulier, y (T(x)) = 0
pour tout x 2 X puisque Z ontient l'image de T. On a don T(y )(x) = 0 pour
t 
tout x 2 X, e qui signi e que tT(y) = 0, don tT n'est pas inje tive.
Si tT n'est pas inje tive, il existe y 2 Y non nulle telle que tT(y) = 0, e
qui signi e que y (T(x)) = 0 pour tout x 2 X. On voit alors que l'image de T est

ontenue dans le noyau de y, qui est un sous-espa e ferme de Y, distin t de Y. Il
en resulte que im(T) n'est pas dense dans Y.
Si T(x) = 0, on a tT(y)( x) =t y(T( x)) = 0 pour tout y  2 Y , e qui montre
que x (x) = 0 pour tout x = T( y  ) 2 im(tT) ; si im(tT) est dense dans X ,
on en deduit par ontinuite que x (x) = 0 pour tout x 2 X , don x = 0 par

Hahn-Bana h ; il en resulte que T est inje tive.
//

{ 64 {
4.3. Bidual d'un espa e norme. Espa es de Bana h re exifs
Soit X un espa e norme ; le dual du dual X de X s'appelle le bidual de X et se note
X . Pour x 2 X notons JX (x) : X ! K la forme lineaire sur X qui a x 2 X asso ie

x (x),
8x 2 X ; JX (x) = x(x):
Pour tout x 2 X , on a jJX (x)(x)j = jx (x)j  kx k kxk, don JX (x) 2 X et
kJX (x)k  kxk. On dit que JX 2 L(X; X) est l'appli ation anonique de X dans son
bidual.
Exemple 4.3.1. L'inje tion de 0 dans `1 orrespond a l'inje tion J de 0 dans son
bidual, modulo les identi ations habituelles entre duaux et espa es de suites.
0

Proposition 4.3.1. L'appli ation anonique JX : X ! X est isometrique.


Demonstration. Soit x 2 X ; par le orollaire 2.7, il existe x 2 X tel que kx k  1
et x (x) = kxk. Alors
kxk = jx (x)j = jJX(x)(x)j  kx k kJX(x)k  kJX (x)k;
vu que kxk  1 ; don kJX (x)k = kxk.
//

Remarque. Puisque X est toujours omplet et que l'espa e norme X s'inje te isometri-
quement dans X , on obtient une des ription d'un omplete de l'espa e X en onsiderant
Xb = JX (X) : l'adheren e de l'image de X dans l'espa e omplet X est omplete.
Si X est un espa e norme l'appli ation JX est inje tive par la proposition 1. Remarquons
que si JX est bije tive alors JX est une isometrie de X sur un espa e de Bana h (par
la proposition 1.2.5). Il s'ensuit que si JX est bije tive, alors ne essairement X est un
espa e de Bana h. Ce i explique que nous restreindrons la de nition qui suit aux espa es
de Bana h.
De nition 4.3.2. Un espa e de Bana h E est dit re exif si l'appli ation anonique
JE : E ! E est bije tive.
Autrement dit, un espa e de Bana h E est re exif lorsque toute forme lineaire x
ontinue sur le dual E provient d'un ve teur x de E de la fa on expliquee pre edemment,
8x 2 E ; x (x) = x (x):
Proposition 4.3.2. Tout espa e de Hilbert est re exif.
Demonstration. Soient H un espa e de Hilbert et x 2 H ; pour tout ve teur
y2 H soit `y 2 H la forme lineaire sur H de nie par `y (x) = hx; yi ; l'appli ation

y ! x `y( ) est une forme lineaire et ontinue sur H. Par la proposition 2.3.5, il existe
x 2 H tel que, pour tout y 2 H on ait x (`y ) = hy; xi. D'apres la proposition 2.3.5,
toute f 2 H est de la forme f = `y pour un ertain y 2 H, don on a x (f ) =
x (`y ) = hx; y i = f (x), 'est a dire que x est l'image de x par l'appli ation

anonique de H dans H , qui est don surje tive.
//

{ 65 {
Exemple 4.3.3. Les espa es `p , Lp (
; ), sont re exifs lorsque 1 < p < +1 ; on pourrait
dire un peu vite : le dual de Lp est Lq , et elui de Lq est Lp , don  a mar he ; 'est un
peu trop rapide, par e que le dual de Lp n'est pas Lq , mais s'identi e a Lq au moyen
d'une ertaine bije tion. Il faut don prendre la peine, au moins une fois, de veri er que
tout olle bien.
Expliquonsle as de X = Lp ; soit jq l'appli ation isom e trique de Lq sur le dual X
de Lp . Si x est une forme lineaire ontinue sur X = (Lp ) , la omposee x Æ jq
est une forme lineaire ontinue sur Lq ; il existe don une fon tion f 2 Lp = X telle
que Z

8g 2 Lq ; x (jq (g)) = fg d:

Soit x 2 X ; il existe g 2 Lq tel que x = jq (g), et alors x(f ) = R


fg d. La ligne
  
pre edente signi e don bien que l'on a trouve un ve teur f 2 X = Lp tel que
8x 2 X = (Lp ) ; x(x ) = x (f ):
En revan he, les espa es 0, `1 et `1 sont des espa es de Bana h non re exifs, omme
on va le voir. D'apres les resultats generaux qui suivent, il suÆt de voir que `1 n'est pas
re exif.
Designons par le sous-espa e ve toriel de `1 forme des suites s alaires x = (xn )
onvergentes ; sur e sous-espa e est de nie la forme lineaire naturelle
`(x) = n!lim
+1 n
x :
Il est lair que j`(x)j  supn jxn j = kxk1 , don ` est ontinue. Par le theoreme
de Hahn-Bana h il existe un prolongement x 2 (`1) . On va voir que ette forme

lineaire ne peut pas provenir d'un element de `1 , e qui montrera que `1 n'est pas
re exif. Soit don u 2 `1, qui de nit une forme lineaire fu sur `1 par fu (x) =
P+1 (N)
n=0 un xn ; onsiderons un ve teur x 2 dont les omposantes sont xj = 0 si
(N)
0  j  N et x(N)j = 1 si j > N ; alors x (x ) = `(x ) = 1 mais
 (N) (N)
X
fu (x(N) ) = uk
k>N
tend vers 0 lorsque N ! +1, e qui montre que fu ne peut pas ^etre egale a x .
Si le le teur re e hit un peu, il aura du mal a trouver un pro ede \ al ulatoire" pour
de nir ette forme lineaire x qui doit a e ter un resultat a toute suite bornee x 2 `1 , de
fa on que le resultat soit lineaire et egal a la limite de la suite x quand elle est onvergente.
Le lemme de Zorn est intimement lie au theoreme de Hahn-Bana h pour un espa e tel que
l'espa e `1 (ou L1 ).

Espa es normes isomorphes


On dit que deux espa es normes X et Y sont isomorphes (en tant qu'espa es normes)
s'il existe une appli ation lineaire ontinue T : X ! Y bije tive telle que T 1 soit ontinue
de Y dans X (si X et Y sont omplets, ette derniere ondition est automatique par le
theoreme des isomorphismes).
Si X et Y sont isomorphes, on dispose d'un di tionnaire qui permet de transporter
toutes les notions topologi o-algebriques de X a Y et inversement : au ve teur x 2 X on
{ 66 {
asso ie y = T(x) 2 Y, et alors x = T 1(y) ; a une forme lineaire x 2 X on asso ie
y  = x Æ T 1 = t (T 1 )(x ) 2 Y , et inversement x = y  Æ T = tT(y  ). Il n'est alors
pas surprenant que :
Lemme 4.3.3. Si X est re exif et si Y est isomorphe a X, alors Y est re exif.
Demonstration. Soit y  une forme lineaire ontinue sur Y ; alors x = y  Æ t (T 1 )
est dans X ; puisque X est re exif il existe x 2 X tel que x(x) = x (x) pour tout
x 2 X . On pose y = T(x) et on veri e que y represente y : soit y quel onque
dans Y et e rivons y = t (T 1 )(x) ; on a
y  (y  ) = y  Æ t (T 1 )(x ) = x (x ) = x (x) = tT(y  )(x) = y  (T(x)) = y  (y );
e qu'il fallait demontrer.
//

Proposition 4.3.4. Si X est re exif, alors X est re exif.


Demonstration. Posons Z = X . Si z  = x est une forme lineaire sur le dual
Z = X de Z = X , elle de nit une forme lineaire ontinue z = x = x Æ JX sur
X. Il reste seulement a veri er que z de nit la forme z , au sens pre edent. Soit
z 2 Z = X ; puisque X est re exif il existe x 2 X tel que z = JX (x). Alors
 
z  (z  ) = x (JX (x)) = x (x) = JX (x)(x ) = z  (z );
e qui montre bien que z provient du ve teur z 2 Z.
//

Proposition 4.3.5. Si X est re exif, tout sous-espa e ferme Y de X est re exif.
Demonstration. Soit  l'appli ation de restri tion de nie de X sur Y (surje tive
par le theoreme de Hahn-Bana h). Soit y une forme lineaire ontinue sur Y .
Alors x = y Æ  est
 une forme lineaire ontinue sur X , don il existe x 2 X
tel que x (x ) = x (x) pour tout x in X . Il suÆt de voir que x 2 Y pour
 
pouvoir on lure assez fa ilement ; si on avait x 2= Y, on pourrait trouver d'apres
le orollaire 2.6 une forme lineaire x 2 X telle que x (x) = 1 mais x (y ) = 0
pour tout y2 Y. On aurait alors (x ) = 0, don x (x) = y((x)) = 0, e qui
ontredit x (x ) = x (x) = 1.
//

Corollaire 4.3.6. Si E est un espa e de Bana h et si E est re exif, alors E est re exif.
En e et E est alors re exif et E est isomorphe a un sous-espa e ferme de E .
Pourquoi s'interesser aux espa es re exifs ?
Les espa es re exifs ont une sorte de ompa ite : on verra que si (Cn ) est une suite
d
Te roissante de onvexes ferm es bornes non vides d'un espa e re exif E, l'interse tion
C
n n est non vide. On en d
e duit que si f est une fon tion onvexe ontinue sur un
onvexe ferme borne non vide C d'un espa e re exif E, alors f atteint son minimum sur
C. Cela permet de montrer que ertains problemes de minimisation ont une solution,
quand on travaille ave un espa e re exif.

{ 67 {
4.4. Theoreme de Riesz
Lemme 4.4.1. Soit Z un espa e norme de dimension n ; pour tout " 2 ℄0; 1[, on peut
trouver dans la boule unite de Z une famille A d'au moins " points dont les distan es
n
mutuelles sont  " : si x; y 2 A et x 6= y , alors kx y k  ", et ard A  " n .

Demonstration. Soit A une famille maximale de points de la boule unite BZ de Z


dont les distan es mutuelles soient  " ; alors les boules de rayon " entrees aux
points de A re ouvrent BZ : en e et, si x 2 BZ et x 2= A, on ne peut pas, d'apres la
maximalit e de A, ajouter le point x a la famille A pour former une nouvelle famille
A de points a distan es mutuelles  " ; ela signi e qu'il existe un point y 2 A tel
0
que d(y; x) < ", don x est bien ontenu dans une boule de rayon " entree en un
point y de A. Soit V le volume de BZ ; puisque Z est de dimension n, les boules de
rayon " ont un volume egal a " V (dans le as des s alaires reels), et puisque
n les
boules de e rayon entrees aux points de A re ouvrent BZ , on a ( ardA) "n V  V,
d'ou le resultat.
//

Theoreme 4.4.2. Si la boule unite d'un espa e norme X est ompa te, alors X est de
dimension nie.

Demonstration. Si la boule unite de X est ompa te, on peut la re ouvrir par un


nombre ni N de boules B de rayon < 1=4. Si X etait de dimension in nie, on
pourrait hoisir un sous-espa e Z  X d'une dimension nie n tellen que 2n > N ; il
existerait alors dans la boule unite de Z une famille d'au moins 2 points tels que
kzi zj k  1=2. Mais alors ha une des boules B ontiendrait au plus un des points
(zi ), don N  2 , ontradi tion.
n
//

Une autre demonstration est fondee sur le resultat suivant : si F et G sont deux sous-espa es
fermes d'un espa e de Bana h E, et si on a BG  F + "BG pour un ertain " < 1, alors
G = F. On demontre e resultat par iteration, omme dans le lemme 1.4. Pour l'appli ation
au theoreme de Riesz, on pro ede de la fa on suivante : si la boule unite de E etait ompa te,
on pourrait la re ouvrir par une famille nie de boules de rayon 1=4, entrees en des points
x1 ; : : : ; xN . Appliquons le resultat pre edent ave G = E et en prenant pour F le sous-
espa e de dimension nie engendre par x1 ; : : : ; xN . On aura bien que BG  F + 14 BG , e
qui entra^ne que E = G = F est de dimension nie.
On dit qu'un operateur borne T d'un espa e de Bana h E dans un espa e de Bana h F
est ompa t si l'adheren e dans F de l'image de la boule unite de E est ompa te dans
l'espa e F.
Corollaire 4.4.3. Soit E un espa e de Bana h, reel ou omplexe ; si T 2 L(E) est
ompa t et si  6= 0, le sous-espa e F = ker(T  IdE ) = fy 2 E : T(y ) = y g est de
dimension nie.

Demonstration. Designons par K le ompa t de E egal a l'adheren e de T(BE). Pour


montrer que le sous-espa e F = F est de dimension nie, il suÆt de montrer que la
{ 68 {
boule unite de F est ompa te, et pour ela il suÆt de voir que BF  jj 1K. Soit
y 2 BF ; on a
1
y = T(y ) 2 T( 1 BE ) = jj 1 T(BE)  jj 1 K:

//

{ 69 {
5. Topologies faibles

Dans e hapitre on introduira la notion de suite faiblement onvergente, et on verra


deux resultats importants :
{ si E est un espa e de Bana h re exif, toute suite bornee (xn )  E admet des
sous-suites faiblement onvergentes ;
{ si f est une fon tion onvexe ontinue sur un espa e norme X et si (xn )  X
onverge faiblement vers x 2 X, alors f (x)  lim inf n f (xn ).
Ces deux resultats permettent de minimiser ertaines fon tions onvexes de nies sur
des espa es re exifs.
5.1. Topologies initiales

Une fa on ourante de de nir une topologie sur un ensemble X est de partir d'une famille
C de parties elementaires, dont on veut imposer qu'elles soient des ouverts de la topologie
T a onstruire. Supposons que ette famille C veri e
| tout point x 2 X est ontenu dans au moins une partie C 2 C ;
| pour tous C1 ; C2 2 C et tout x 2 C1 \ C2, il existe un ensemble C 2 C tel que
x 2 C  C1 \ C2 .
Si es deux onditions sont veri ees, on peut de nir une topologie T sur X en disant
que
est un ouvert de T si pour tout x 2
, il existe C 2 C tel que x 2 C 
. Cela
revient exa tement a dire que les ouverts de la topologie T sont les reunions quel onques
de familles d'elements de C (y ompris la famille vide dont la reunion est l'ensemble vide).
C'est e que l'on fait pour les espa es metriques, en partant de la famille C de toutes
les boules ouvertes B(x; r), x 2 X et r > 0. Mais la deuxieme ondition i-dessus, qui est
veri ee pour les espa es metriques, est en general peu naturelle. On prefere souvent partir
d'une famille B de parties de X veri ant une propriete plus forte
| tout point x 2 X est ontenu dans au moins une partie B 2 B ;
| pour tous B1 ; B2 2 B, l'interse tion B1 \ B2 est un ensemble de B.
La deuxieme ondition dit que B est stable par interse tion nie. On de nit a nouveau une
topologie T sur X dont les ouverts sont les reunions quel onques de familles d'ensembles de
B. Un as important est le suivant : donnons-nous une famille (Yi )i2I d'espa es topologiques
et, pour tout i 2 I, une appli ation fi : X ! Yi . On veut onstruire une topologie T sur X
qui rende ontinue toutes les fi, mais en y mettant le moins possible d'ouverts.

Proposition 5.1.1. Donnons-nous deux ensembles I et X, une famille (Yi )i2I d'espa es
topologiques et, pour tout i 2 I, une appli ation fi : X ! Yi . Il existe une topologie O
sur X ara terisee par la propriete suivante :
pour qu'une appli ation g d'un espa e topologique Z dans X muni de la
(P) topologie O soit ontinue il faut et il suÆt que les appli ations fi Æ g soient
ontinues pour tout i 2 I.
La topologie sur X possedant la propriete (P) de la proposition 1 s'appelle topologie
initiale asso ieea la famille fi . C'est la topologie sur X la moins ne rendant ontinues
les appli ations fi : X ! Yi .
La topologie initiale n'est en general pas une topologie asso iee a une distan e { et
les suites ne jouent don pas un r^ole aussi important que dans le as metrique. Indiquons
ependant qu'une suite (xn ) de points de X tend vers x 2 X si et seulement si : pour
{ 71 {
tout i 2 I la suite fi (xn ) onverge vers fi (x) (appliquer la proposition a l'appli ation g
de Z = N dans X de nie par g(n) = xn pour tout n 2 N et g(1) = x).
Si x0 est un point de X, i0 un element de I et Vi0 un ouvert de Yi0 ontenant fi0 (x0 ), alors
l'ensemble
W(i0; Vi0 ) = fi0 1(Vi0 ) = fx 2 X : fi0 (x) 2 Vi0 g
est par de nition ouvert dans la topologie initiale, et il ontient x0 par notre hypothese,
don 'est un voisinage de x0 ; par onsequent, etant donne un ensemble ni quel onque
J = fi1; : : : ; in g ontenu dans I et une famille VJ = (Vj )j2J ou Vj est un ouvert de Yj
ontenant fj (x0) pour haque j 2 J, l'interse tion \j2J W(j; Vj ), egale a
W(J; VJ ) = fx 2 X : 8j 2 J; fj (x) 2 Vj g
sera un voisinage de x0 pour la topologie initiale. Le fait que ette topologie soit la plus
faible rendant ontinues les (fi) se traduit par une sorte de re iproque : pour qu'un ensemble
W  X soit un voisinage de x0 , il faut (et on a vu qu'il suÆt) qu'il existe un ensemble ni
J  I et une famille VJ omme i-dessus tels que x0 2 W(J; VJ )  W.
Autrement dit, ette topologie initiale est la topologie sur X obtenue a partir de la famille
B, stable par interse tion nie, formee de tous les ensembles W(J; VJ ),
\
W(J; VJ ) = fj 1(Vj )
j 2J
ou J est un sous-ensemble ni quel onque de I et VJ = (Vj )j2J une famille telle que pour
haque j 2 J, Vj soit un ouvert quel onque de Yj . Puisque fi 1(Vi ) est dans B pour
tout i 2 I et tout ouvert Vi de Yi , tous es ensembles sont des ouverts de X et il en
resulte que toutes les (fi) sont ontinues ; si g est ontinue de Z dans X, toutes les fi Æ g
sont don ontinues. Mais inversement, si fi Æ g est ontinue pour tout i, g 1(fi 1(Vi )) =
(fi Æ g) 11(Vi ) est ouvert dans Z pour tout i et tout ouvert Vi de Yi , don par interse tion
nie g (W(J; VJ )) est ouvert dans Z pour tout ensemble ni J  I et toute famille VJ , et
en n g 1(U) est ouvert pour tout U ouvert de X, puisqu'un tel ouvert U est reunion d'une
famille d'ensembles W(J; VJ ).

Proposition 5.1.2. Donnons-nous un ensemble I, un espa e ve toriel X, une famille


(Yi )i2I d'espa es ve toriels topologiques ( f. de nition 1.1.3) et, pour tout i 2 I, une
appli ation lineaire fi : X ! Yi . Muni de la topologie initiale asso iee aux appli ations
fi , l'espa e X est un espa e ve toriel topologique.
Demonstration. C'est une demonstration quasi-me anique. Notons ' : X  X ! X
et : Y Y Yi (pour i 2 I) les appli ations (x; y) ! x + y ; de m^eme, notons
'i i  i !
: K  X ! X et i : K  Yi ! Yi (pour i 2 I) les appli ations (; y) ! y. Pour
tout i 2 I, l'appli ation fi  fi : X  X ! Yi  Yi est ontinue, don l'appli ation
fi Æ' = 'i Æ(fi fi ) est ontinue. Par la de nition de la topologie initiale, l'appli ation
' est ontinue. De m^eme, pour tout i 2 I, l'appli ation IdK fi : K  X ! K  Yi
est ontinue, don l'appli ation fi Æ = i Æ (IdK fi ) est ontinue. Par la de nition
de la topologie initiale, l'appli ation est ontinue.
//

Soient X un espa e ve toriel, I un ensemble et (pi )i2I une famille de semi-normes sur
X ; pour i 2 I, notons Xi l'espa e X muni de la topologie asso iee a pi et fi : X ! Xi
l'identite de X. On appelle topologie asso iee a la famille de semi-normes (pi )i2I la
topologie initiale asso iee aux appli ations fi . Muni de ette topologie, X est d'apres la
proposition pre edente, un espa e ve toriel topologique.
{ 72 {
Soit X un espa e ve toriel ; donnons-nous un ensemble I et, pour haque i 2 I, un
espa e semi-norme (Yi; qi ) et une appli ation lineaire gi : X ! Yi . On veri e sans peine
que la topologie initiale asso iee aux gi on ide ave la topologie asso iee a la famille de
semi-normes (qi Æ gi )i2I.
Exemple 5.1.1. Soient X; Y des espa es ve toriels et B : X  Y ! K une forme
bilineaire ; pour y 2 Y notons py : X ! R + l'appli ation x ! jB(x; y)j. C'est une
semi-norme sur X. La topologie sur X asso iee a la famille des semi-normes py s'appelle
la topologie faible asso iee a B, ou a Y s'il n'y a pas d'ambigute sur la forme B ; ette
topologie se note (X; Y). Cette topologie est la topologie initiale asso iee aux appli a-
tions fy : X ! K , ou, pour y 2 Y on a note fy l'appli ation x ! B(x; y). En d'autres
termes, la topologie faible est la topologie la plus faible pour laquelle les appli ations fy
sont ontinues.
Une suite (xn ) dans X onverge vers x 2 X pour la topologie (X; Y), si et seulement
si, pour tout y 2 Y, la suite (B(xn; y))n2N onverge vers B(x; y).
On demontre que les seules formes lineaires ontinues sur X pour la topologie (X; Y) sont
les fy (on utilise a et e et un lemme d'algebre lineaire : si `1; : : : ; `n et ` sont des formes
lineaires sur X, et si pour tout x 2 X les onditions `1 (x) = `2(x) =    = `n (x) = 0
entra^nent `(x) = 0, alors ` est ombinaison lineaire de `1 ; : : : ; `n ).
Terminons e paragraphe par une de nition.
De nition 5.1.2. Soient X et Y deux espa es normes ; haque element x de X de nit
une semi-norme Nx sur L(X; Y) donnee par Nx(f ) = kf (x)k. On appelle topologie forte
sur L(X; Y) la topologie asso iee a la famille de semi-normes (Nx)x2X .
Cette topologie est la topologie initiale asso iee aux appli ations 'x : L(X; Y) ! Y,
ou, pour x 2 X on a note 'x l'appli ation f ! f (x). En d'autres termes, la topologie
forte sur L(X; Y) est la topologie la plus faible pour laquelle les appli ations 'x sont
ontinues. Elle est plus faible que la topologie de la norme sur L(X; Y).
Une suite (fn ) dans L(X; Y) onverge vers f 2 L(X; Y) pour la topologie forte si et
seulement si, pour tout x 2 X, la suite (fn (x))n2N onverge vers f (x) pour la topologie
de la norme sur Y.
5.2. Topologie faible sur un espa e norme
Soit X un espa e ve toriel norme ; onsiderons la forme bilineaire (x; x) ! x (x) sur
X  X. Cette forme bilineaire de nit des topologies faibles (X; X) sur X et (X; X)
sur X , omme indique dans l'exemple du paragraphe pre edent.
La topologie (X; X) sur X s'appelle aussi la topologie faible sur X. C'est la topolo-
gie la moins ne rendant ontinues toutes les appli ations x 2 X ! x(x), ou x de rit
l'ensemble de toutes les formes lineaires ontinues (en norme) sur X ; bien entendu la
topologie de la norme rend deja ontinues toutes es appli ations, don la topologie
faible (X; X) est plus faible que la topologie de la norme. D'apres le theoreme de
Hahn-Bana h, la topologie faible est separee : si x1 6= x2, on peut trouver x 2 X telle
que x (x1 x2) 6= 0.

{ 73 {
On voit dire tement que la topologie faible est moins ne que la topologie de la norme en
de rivant un systeme fondamental de voisinages pour la topologie faible : pour que W  X
soit un voisinage faible du point x0 2 X, il faut et il suÆt qu'il existe un nombre ni de
formes lineaires ontinues x1 ; : : : ; xn 2 X et un nombre " > 0 tels que
x0 2 fx 2 X : 8j = 1; : : : ; n; jxj (x) xj (x0 )j < "g  W:
C'est une simple adaptation de la des ription des voisinages fondamentaux donnees dans
la se tion pre edente. Il en resulte que si X est de dimension in nie, un voisinage faible de
x0 n'est jamais borne, et la topologie faible est stri tement plus faible que la topologie de
la norme : en e et, on pourra trouver dans e as un ve teur y 2 X tel que x1 (y) =    =
xn (y) = 0, et la droite aÆne x0 + K y sera alors ontenue dans le voisinage faible W.
On peut aussi onsiderer la boule unite fermee B(X) de X, et la munir de la topologie
induite par la topologie faible ; m^eme dans e adre, la topologie de (B(X); (X; X )) est
stri tement plus faible en general que elle de B(X) munie de la topologie de la norme : soit
X = `2 , l'espa e hilbertien des suites de arre sommable ; notons (en ) sa base hilbertienne
anonique. On veri e que la suite (en ) tend faiblement vers 0 (voir lemme 3.1.b). Cependant
la suite (en) ne peut onverger en norme, vu que ken em k2 = 2 (pour m 6= n). En fait, pour
tout espa e norme de dimension in nie la topologie de (B(X); (X; X )) est stri tement plus
faible que la topologie de la norme, pour la raison evoqu ee plus haut : si X est de dimension
in nie, un voisinage faible de 0X dans (B(X); (X; X )) ontient toujours des points de la
sphere unite de X.
En revan he, la topologie induite sur la sphere unite SX par la topologie faible peut
on ider ave la topologie de la norme sur SX : 'est le as pour X = `2 (exer i e).

Proposition 5.2.1. Soient X et Y deux espa es normes et T 2 L(X; Y) ; alors T est


ontinue de X muni de la topologie  (X; X) dans Y muni de la topologie  (Y; Y ).

Demonstration. Une appli ation f d'un espa e topologique Z dans l'espa e Y muni
de (Y; Y) est ontinue si et seulement si, pour tout y 2 Y , y Æ f est ontinue
  
de Z dans K ; i i, Z est l'espa e topologique (X;  (X; X)) et f = T. Or, pour tout
y 2 Y , on a y  Æ T 2 X , don y  Æ T est ontinue pour  (X; X) par de nition de
la topologie faible.
//

Theoreme 5.2.2. Soient X un espa e norme et C un sous-ensemble onvexe de X ;


l'ensemble C est ferme en norme si et seulement s'il est faiblement ferme.
Le resultat s'applique en parti ulier quand Y un sous-espa e ve toriel de X ; alors
Y est ferme pour la topologie de la norme si et seulement s'il est ferme pour (X; X).
Demonstration. Comme la topologie de la norme est plus ne que la topologie faible,
toute partie fermee pour la topologie faible est fermee pour la topologie de la norme.
Demontrons l'inverse ; si X est reel, les demi-espa es aÆnes fermes de la forme
fx 2 X : x (x)  g, ou x 2 X , sont faiblement fermes puisque x est faible-
ment ontinue ; dans le as omplexe la forme R -lineaire Re x est une appli ation
faiblement ontinue de X dans R ; il resulte de es onsiderations et du orollaire 4.2.4
que tout onvexe ferme est faiblement ferme.
//

{ 74 {
Soit X un espa e ve toriel norme ; on va maintenant s'interesser a une topologie faible
sur le dual X , la topologie (X; X) ou topologie -faible sur X. C'est la topologie
la moins ne sur X rendant ontinues toutes les appli ations x 2 X ! x (x), ou x
de rit X ; bien entendu, puisque la topologie de la norme de X rend ontinues toutes
es appli ations, la topologie -faible est plus faible que la topologie de la norme sur
X . La topologie -faible est la topologie de la onvergen e simple sur X, topologie sur
l'ensemble d'appli ations X, appli ations de X dans K .
Pour que W  X soit un voisinage -faible du point x0 2 X , il faut et il suÆt qu'il existe
un nombre ni de ve teurs x1 ; : : : ; xn 2 X et un nombre " > 0 tels que
x0 2 fx 2 X : 8j = 1; : : : ; n; jx (xj ) x0 (xj )j < "g  W:
Il en resulte que si X est de dimension in nie, un voisinage -faible de x0 n'est jamais
borne. On peut aussi onsiderer la boule unite fermee B(X ) de X , et la munir de la
topologie induite par la topologie -faible ; pour tout espa e norme de dimension in nie
la topologie de (B(X ); (X ; X)) est stri tement plus faible que la topologie de la norme,
toujours pour les m^emes raisons : si X est de dimension in nie, un voisinage faible de 0X
dans (B(X ); (X ; X)) ontient toujours des points de la sphere unite de X . On verra
aussi une autre raison ave le theoreme qui suit : l'espa e topologique (B(X ); (X ; X))
est toujours ompa t, alors que B(X ) n'est jamais ompa te en norme si la dimension est
in nie (theoreme 4.4.2).

Theoreme 5.2.3. Muni de la topologie  (X ; X) la boule unite de X est ompa te.
Ce theoreme est un orollaire du theoreme de Tykhonov que nous admettrons pour
l'instant (voir derniere se tion).
Theoreme 5.2.4 : theoreme de Tykhonov. Tout produit d'espa es ompa ts (muni de
la topologie produit) est ompa t.
Q
Rappelons que la topologie produit sur i2I Xi est la topologie la moins ne qui
rende ontinues toutes les proje tions Qi2I Xi ! Xj , j 2 I.
Demonstration du theoreme 3. Remarquons que X  est un sous-ensemble de l'ensem-
ble K X de toutes les appli ations de X dans K , et que la topologie (X  ; X) est, par
de nition, la topologie induite surX par la topologie produit sur K . Remarquons
X
ensuite que la boule unite B de X est l'interse tion de deux ensembles fermes dans
K ,X
F1 = ff 2 K X : 8x 2 X; jf (x)j  kxkg;
F2 = ff 2 K X : 8(x; y; ; ) 2 X  X  K  K ; f (x + y) = f (x) + f (y)g:
Toutes es onditions de nissent des fermes, don B = Q F1 \ F2 est un ferme de K X .
Pour r  0, posons Dr = f 2 K : jj  rg. On a B  x2X Dkxk , qui est ompa t
par le theoreme 4 ; etant ferme dans un ompa t, B est ompa t.
//

Corollaire 5.2.5. Si E est re exif, les onvexes fermes bornes de E sont faiblement
ompa ts.

{ 75 {
5.3. Suites faiblement onvergentes
Il est interessant de revoir ertaines de es proprietes de ompa ite \a la main", et
ave des suites. Rappelons qu'une suite (xn )  X est -faiblement onvergente vers un
ve teur x si limn xn (x) = x(x) pour tout x 2 X ; une suite (xn )  X est faiblement
onvergente vers x 2 X si x(x) = limn x (xn) pour tout x 2 X .
Exemples 5.3.1.
1. Lorsque H est un espa e de Hilbert, toute forme lineaire ontinue sur H est de
la forme x ! hx; yi pour un ertain ve teur y 2 H ; il en resulte qu'une suite (xn )  H
onverge faiblement vers x 2 H si et seulement si
8y 2 H; hx; yi = limn
hxn ; yi:
2. Soit (en )n0 une suite orthonormee dans un espa e de Hilbert ; alors en onverge
faiblement vers 0.
En e et, si E est un Hilbert et (en ) une suite orthonormee dans E, on a
X
jhen ; xij2  kxk2
n0
pour tout x 2 E (inegalite de Bessel - theoreme 6.3.2) ; la suite (hen ; xi) est de arre
sommable don tend vers 0.
3. La suite anonique (en )n0 tend faiblement vers 0 dans 0 , et dans l'espa e `p si
1 < p < +1, mais pas dans `1 ou `1 .
Lemme 5.3.1. Dans un espa e norme toute suite faiblement onvergente est bornee. Si
X est omplet, toute suite -faiblement onvergente dans X est bornee.
Demonstration. Soit (xn) une suite faiblement onvergente ; en plongeant isome-
triquement X dans X on peut  onsiderer (xn ) omme une suite d'appli ations
lineaires de l'espa e de Bana h X dans K qui onverge en tout point x 2 X ; il
resulte alors du theoreme de Bana h-Steinhaus ( orollaire 4.1.9) que fkxn k : n  0g
est borne. Le deuxieme as est une appli ation dire te du m^eme orollaire 4.1.9 : si
la suite d'appli ations (xn ) onverge en tout point de l'espa e de Bana h X, elle est

bornee en norme.
//

Proposition 5.3.2. Si f est une fon tion reelle onvexe de nie sur un onvexe ferme
C d'un espa e norme X, et si (xn )  C onverge faiblement vers x, on a f (x) 
lim inf n f (xn ).
Demonstration. Posons ` = lim inf n f (xn). Si ` = +1 l'inegalite a demontrer est
evidente. Sinon, soit m > `. Considerons l'ensemble Dm = fy 2 C : f (y)  mg.
C'est un onvexe ferme, don faiblement ferme, et puisque lim inf n f (xn ) < m il
existe une sous-suite (xn )k0 ontenue dans Dm , don sa limite faible x reste dans
Dm . On a don f (x)  m pour tout m > `, e qui montre que f (x)  lim inf n f (xn ).
k

//

{ 76 {
Lemme 5.3.3. Soit (xn ) une suite bornee dans le dual d'un espa e norme X ; pour que
ette suite soit -faiblement onvergente vers x , il suÆt que x (d) = limn xn (d) pour
tout d d'un ensemble D total dans X. Pour que ette suite soit -faiblement onvergente
vers une limite dans X , il suÆt que limn xn (d) existe pour tout d d'un ensemble D total
dans X.

Demonstration. Montrons la deuxieme variante de l'enon e. Supposons kxn k  1


pour tout n  0. Si la limite existe pour tout d d'un ensemble total T, elle existe
aussi, par linearite, pour tout d de l'ensemble dense D = Ve t(T). Montrons que
(xn (x))n0 onverge pour tout x 2 X. Il suÆt de montrer que ette suite de s alaires
est de Cau hy. Choisissons " > 0 et d 2 D tels que kx dk < "=3. Pour tout entier
n, on a jxn (x) xn (d)j < "=3, et la suite (xn (d))n0 onverge vers une limite ` ; il
en resulte que pour n assez grand, on aura jxn (x)  `j < "=2, et si n; m sont assez
grands, on aura jxn(x) xm (x)j < ". La suite (xn(x)) est don de Cau hy, don
onvergente. Il est alors lair que la formule
x (x) = n!lim x (x)
+1 n
de nit une forme lin eaire ontinue telle que kx k  1, et la suite (xn )n0 onverge
-faiblement vers x . 
//

Exemples 5.3.2.
1. La suite anonique (ek )k0 est totale dans X = `p , 1  p < 1. Soit q 2 ℄1; +1℄ le
onjugue de p ; pour qu'une suite (y(n) ), bornee dans X ' `q soit -faiblement onvergente
(vers un ertain y 2 `q ) il suÆt que limn yk(n) existe pour tout k : pour une suite bornee,
la onvergen e -faible est identique a la onvergen e pour la topologie produit de K N
( onvergen e simple, oordonnee par oordonnee). En parti ulier, la suite anonique (ek )
tend -faiblement vers 0 dans `q , onsidere omme dual de `p , pour tout q 2 ℄1; +1℄ ; elle
tend aussi -faiblement vers 0 dans `1 , onsidere omme dual de 0 .
2. De nissons une suite (fn) de fon tions dans L1 (0; 1) par fn(t) = ( 1)[nt℄ (partie
entiere). Cette suite est formee de fon tions de module un, don de norme un dans L1.
Elle tend vers 0 dans (L1; L1) :
prenons T = C([0; 1℄), qui est dense dans X = L1. On aura pour g ontinue
Z 1 n 1
X Z (k+1)=n
() (fn; g) = fn (t)g(t) dt = ( 1)k g(t) dt:
0 k=0 k=n

e " > 0, il existe Æ > 0 tel que jg(t) g(s)j <


Utilisons la ontinuite uniforme de g. Etant donn
" si jt sj < Æ. On prend n0 tel que n0 > Æ 1 . On voit que si n  n0
Z (k+1)=n Z (k+2)=n

g(t) dt g(t) dt  "
k=n (k+1)=n n
et on en deduit en regroupant dans () les mor eaux d'integrale deux par deux que
j(fn; g)j  " + kgk1 =n.

{ 77 {
Proposition 5.3.4. Si X est un espa e norme separable, toute suite bornee de X admet
des sous-suites -faiblement onvergentes.

Demonstration. Pour exprimer la demonstration, il est utile d'introduire une petite


onvention de notation. Si M = fn0 < : : : < nj < : : :g est un sous-ensemble in ni de
N , onvenons de noter la sous-suite (xn ) par (xn )n2M . Soit don (yk ) une suite dense
dans X, et (xn ) une suite bornee dans X  , telle que par exemple kxn k  1 pour tout
j

entier n  0. La suite de s alaires (xn (y0)) est bornee, don elle admet une sous-suite
onvergente (xn(y0 ))n2M . La suite (xn (y1))n2M est en ore bornee, don on peut
trouver un nouvel ensemble in ni M1  M0 tel que la sous-suite (xn (y1 ))n2M soit
0 0

onvergente. En ontinuant ainsi, on onstruit une suite de roissante M0  M1 


1

: : :  Mj  : : : telle que (xn (yj ))n2M soit onvergente pour tout j  0.


C'est i i qu'intervient le pro ede de la suite diagonale. Construisons un ensemble
j

in ni M forme du premier element n0 de M0 , puis du premier element n1 de M1 qui


soit > n0, et : : : On onstate que pour tout entier k  0, la sous-suite (xn (yk ))n2M
est onvergente : en e et, l'ensemble M est ontenu dans Mk a un ensemble ni pres,
pour tout k  0.
//

Exemple 5.3.3. Si (n ) est une suite de probabilites sur R le ompa tR [0; 1℄, il existe une
sous-suite (nj ) et une probabilite  sur [0; 1℄ telles que f d = limj f dnj pour toute
fon tion ontinue f sur [0; 1℄ ; on dit que la sous-suite (nj ) onverge vaguement vers . Le
resultat provient du fait que l'espa e des mesures sur [0; 1℄ est le dual de l'espa e separable
C([0; 1℄).
Attention ! Une suite (xn ) dans un dual n'a pas toujours de sous-suite -faiblement onver-
gente. Ainsi la suite des fon tions t ! eint , onsideree dans le dual de l'espa e X = M(0; 2)
des mesures bornees sur [0; 2℄, n'a pas de sous-suite -faiblement onvergente. En e et,
une telle sous-suite serait en parti ulier simplement onvergente vers une limite (tester la
onvergen e- sur les mesures de Dira ) ; ela n'est pas possible (utiliser le theoreme de
onvergen e dominee, et le fait que la suite est orthonormee).

Theoreme 5.3.5. Si X est re exif, toute suite bornee dans X admet des sous-suites
faiblement onvergentes.

Demonstration. Soit (xn ) une suite bornee dans X ; le sous-espa e ferme Y engendre
par la suite (xn ) est un espa e re exif separable, don son dual Y  est separable et
re exif. On peut don appliquer le theoreme pre edent a Y ' Y ; en onsiderant
(xn ) omme une suite bornee dans Y , on peut trouver une sous-suite (xn ) qui
soit -faiblement onvergente dans Y vers un element y, 'est a dire telle que
j

8y 2 Y ; y(y) = lim J (x )(y) = lim


j Y n j
j
y  (x n ):
j

Puisque Y est re exif, il existeun ve teur y 2 Y tel que y = JY (y), et la relation i-
dessus nous dit que y (y) = y (y ) = limj y (xn ) pour tout y 2 Y , e qui signi e
que la sous-suite (xn ) onverge faiblement vers y dans Y. Si x est une forme lin eaire
j

ontinue sur X, elle n'agira sur les (xn ) et sur y 2 Y que par sa restri tion y 2 Y 
j

a l'espa e Y, et on aura en ore x(y) = y (y) = limj y(xn ) = limj x (xn ). On a


don montre que la sous-suite (xn ) onverge faiblement dans X vers le ve teur y.
j j
j
//

{ 78 {
Theoreme 5.3.6. Si C est un onvexe ferme borne non vide d'un espa e re exif et si f
est une fon tion onvexe ontinue sur C, elle atteint son minimum sur C.

Demonstration. On peut trouver une suite (xn )  C telle que (f (xn )) onverge
en de roissant vers inf f (C) (peut-^etre 1) ; la suite (xn ) est bornee puisque C
est borne ; quitte a passer a une sous-suite on peut supposer que (xn ) onverge
faiblement vers x 2 E ; omme C est faiblement ferme, on sait que x 2 C. Fixons
momentanement un entier m  0 et onsiderons l'ensemble Dm = fy 2 C : f (y) 
f (xm )g. C'est un onvexe ferme, don faiblement ferme, et la suite (xn )nm est
ontenue dans Dm, don sa limite faible x reste dans Dm . On a don f (x)  f (xm)
pour tout m, e qui montre que f atteint son minimum au point x.
//

Corollaire 5.3.7. Si C est un onvexe ferme borne non vide d'un espa e re exif reel E
et si x 2 E , la forme lineaire x atteint son maximum sur C.

Ce resultat donne un moyen indire t de onstater que ertains espa es ne sont pas re exifs :
il suÆt de trouver une forme lineaire ontinue qui n'atteint pas son maximum sur la boule
unite fermee.
Exer i e.
A. Montrer que la forme lineaire ontinue ` sur L1(0; 1), de nie par
Z 1
8f 2 L1(0; 1); `(f ) = tf (t) dt
0
n'atteint pas son sup sur la boule unite de L1(0; 1).
B. Sur E = C([0; 1℄), on onsidere la forme lineaire ontinue
Z 1=2 Z 1
`(f ) = f (t) dt f (t) dt:
0 1=2
Montrer que ` n'atteint pas son sup sur la boule unite fermee de C([0; 1℄).

Corollaire 5.3.8. Si f est onvexe ontinue sur un onvexe ferme non vide d'un espa e
re exif E et si f (x) tend vers +1 lorsque kxk ! +1, la fon tion f atteint son minimum
sur E.

Demonstration. Soit x0 un point de C, et soit C0 = fx 2 C : f (x)  f (x0)g ;


l'ensemble C0 est onvexe ferme, non vide, et il est borne par e que f (x) ! +1
lorsque kxk ! +1. La fon tion f atteint don son minimum sur C0 , et il est fa ile
de voir que e minimum est aussi le minimum sur C tout entier.
//

Remarque 5.3.4. C'est e type de resultat qui permet de minimiser les fon tionnelles
telles que elle qui a ete evoquee dans l'introdu tion.

{ 79 {
5.4. Appendi e : demonstration du Theoreme de Tykhonov
On dit qu'une famille F  P (X) de parties d'un ensemble X possede la propriete
d'interse tion nie lorsque toute sous-famille nie fF1 ; : : : ; Fn g  F a une interse tion
F1 \ : : : \ Fn non vide. Lorsque X est un espa e topologique ompa t, toute famille de
fermes F possedant la propriete d'interse tion nie a une interse tion non vide, et ette
propriete d'interse tion nie est en fait equivalente a la de nition de la ompa ite de X.
Soit don (Xi)i2I une famille Q d'espa es topologiques ompa ts, et soit F une famille
de fermes du produit XI = i2I Xi possedant la propriete d'interse tion nie. Nous de-
vons montrer que son interse tion est non vide. La demonstration utilise un ultra-pro ede
d'extra tion ne essitant le lemme de Zorn ( e qui n'est pas trop surprenant, puisque dire que
XI est non vide lorsque haque Xi est non vide, pour tout ensemble I, est une formulation
de l'axiome du hoix).
Soit don U une famille maximale (pour l'in lusion des familles de parties de X) ontenant
F et possedant la propriete d'interse tion nie. Son existen e resulte fa ilement du lemme
de Zorn. La maximalite signi e qu'au un sous-ensemble Y 2= U ne peut ^etre ajoute a la
famille U sans perdre la propriete d'interse tion nie : il existe une famille nie U1 ; : : : ; Un
d'elements de U 0telle que Y \ U1 \ : : : \ Un = ;. Si U et U0 sont deux elements de U ,
l'ensemble U \ U ren ontre toutes les interse tions nies U1 \ : : : \ Un d'elements de U
par la propriete d'interse tion nie de U , don U \ U0 2 U par la maximalite : en fait, les
interse tions nies d'elements de U sont deja dans U ; on peut don dire que si Y 2= U , il
existe un element U 2 U tel que Y \ U = ;. Q
Pour tout sous-ensemble ni J  I, notons XJ = j2J Xj . Cet espa e est ompa t.
Designons par J la proje tion naturelle de XI sur XJ , qui onsiste a \oublier" toutes les
oordonnees de x = (xi )i2I qui ne sont pas dans J. Il est fa ile de veri er que la famille
UJ = fJ (U) : U 2 Ug
possede la propriete d'interse tion nie, don son interse tion FJ est non vide par ompa ite.
Mais en fait, ette interse tion est reduite a un seul point par maximalite ; en e et, si y1
et y2 etaient deux points distin ts de FJ , on pourrait trouver deux voisinages V1 et V2 de
es deux points qui soient disjoints. Puisque y1 est adherent a haque J (U), U 2 U , le
voisinage V1 ren ontre J (U), don J 1(V1 ) ren ontre U, pour tout U 2 U . La maximalite
nous dit alors que J 1(V1) 2 U ; mais le m^eme raisonnement donnerait J 1 (V2) 2 U , e
qui est impossible puisque es deux ensembles J 1(V1 ) et J 1(V20 ) sont disjoints.
On a don FJ = f(x(J) 0 (J ) (J)
j )j 2J g. Si J ontient J, on montre que xj = xj pour tout j 2 J.
Il en resulte que x(J)j ne depend pas de l'ensemble ni J qui ontient j 2 I : si J1 et J2
ontiennent j , onsiderons J = J1 [ J2 et appliquons la remarque qui pre ede. On peut
don poser xj = x(J) j , ou J est n'importe quel sous-ensemble ni de I qui ontient j , et e i
pour tout j 2 I.
Pour terminer, il reste a voir que le point x = (xi)i2I 2 XI ainsi de ni appartient a
l'interse tion de tous les elements de la famille initiale F . Sinon, il existerait un ensemble
F 2 F tel que x 2= F, don il existerait un voisinage W elementaire de x dans XI , disjoint
de F. Mais un tel voisinage elementaire est de la forme J 1(V), pour un ertain ensemble
ni J  I et un ouvert V de XJ ontenant xJ = J (x) = (x(J) j )j 2J . Mais alors J (F) serait
disjoint de V, don on aurait xJ 2= J (F), e qui ontredit la onstru tion initiale.
Remarque 5.4.1. On a vu que la famille maximale U est stable par interse tion nie ; on
voit aussi par maximalite que si U 2 U et U  Y, alors Y 2 U . Il en resulte que pour tout
Y  X, ou bien Y 2 U , ou bien Y 2= U . Une telle famille U de parties de X est appelee
ultra ltre sur X.

{ 80 {
6. Operateurs bornes sur les espa es de Hilbert

On a deja revu l'essentiel des proprietes des espa es de Hilbert dans le hapitre 3, en
parti ulier l'existen e de base orthonormee pour tout espa e de Hilbert separable. Dans
e hapitre, on va generaliser la notion de base hilbertienne au as non separable ; l'outil
essentiel pour ette extension est la notion de famille sommable de ve teurs d'un espa e
norme. On introduira aussi dans e hapitre les prin ipales lasses d'operateurs bornes
entre espa es de Hilbert.
6.1. Appli ations lineaires ontinues entre espa es de Hilbert
On ommen e ave la notion essentielle d'appli ation lineaire adjointe asso iee a
une appli ation lineaire ontinue T entre deux espa es de Hilbert ; plusieurs des lasses
parti ulieres d'operateurs bornes sur les espa es de Hilbert seront ensuite de nies au
moyen de ette notion.
Proposition 6.1.1. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; il existe un
unique T 2 L(F; E) tel que pour tout x 2 E et tout y 2 F on ait
hT(x); yi = hx; T(y)i:
On a de plus kT k = kTk.

Demonstration. Pour tout y 2 F, l'appli ation x ! hT(x); y i est lineaire et on-


tinue. Il existe don un unique element T(y) 2 E tel que pour tout x 2 E on ait
hT(x); yi = hx; T (y)i. On veri e fa ilement que T (y) + T(z) veri e la propriete

ara teristique de T (y + z), pour tous y; z 2 F et  2 K , d'ou l'on deduit que T
est lineaire. On a, par de nition de kTk et par la proposition 2.2.1
kT k = supfkT(y)k : y 2 BF g = supfhx; T(y)i : x 2 BE ; y 2 BF g
= supfhT(x); yi : x 2 BE; y 2 BF g = kTk:
//

Rapport ave tT. Designons par hE l'isomorphisme antilineaire d'un espa e de Hilbert E
sur son dual E . Si E et F sont deux espa es de Hilbert et si T 2 L(E; F), la transposee est
lineaire de F dans E et elle est reliee a l'adjoint T par la formule
T = hE 1 (tT) hF :

De nition 6.1.1. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; l'unique


appli ation lineaire T 2 L(F; E) tel que pour tout x 2 E et tout y 2 F on ait hT(x); yi =
hx; T(y)i est appelee adjointe de T.
Regroupons dans la proposition suivante quelques proprietes des adjoints.
{ 81 {
Proposition 6.1.2. Soient E et F deux espa es de Hilbert ; l'appli ation T ! T est
antilineaire et isometrique de L(E; F) sur L(F; E) ; pour tout T 2 L(E; F) on a (T ) = T
et kT Æ Tk = kTk2 . Pour tout espa e de Hilbert H, tout S 2 L(E; F) et tout T 2 L(F; H)
on a (T Æ S) = S Æ T .

Demonstration. Montrons que kT Æ Tk = kTk2. On a kT Æ Tk  kTk kTk = kTk2.


De plus, pour tout x 2 E tel que kxk  1 on a
kT(x)k2 = hT(x); T(x)i = hx; T Æ T(x)i  kT Æ Tk
gr^a e a l'inegalite de Cau hy-S hwarz, d'ou resulte kTk2  kT Æ Tk et l'egalite
her hee. Les autres proprietes sont laissees en exer i e.
//

Exemples 6.1.2.
1. Operateur diagonal dans une base orthonormee (hn ) de H : soit = ( n ) une
suite bornee de s alaires et de nissons  sur H par
+1
X  +1
X
8 = ( n ) 2 `2;  n hn = n n hn :
n=0 n=0
On voit que  est ontinu et que k k = k k1 . On veri e que l'adjoint est donne par
l'operateur diagonal asso ie a la suite omplexe onjuguee,  =  .
Si f est une fon tion omplexe, mesurable bornee sur (
; ), on de nit l'operateur
de multipli ation Mf par Mf (g) = fg pour toute g 2 L2 (
; ). On veri e que Mf est
borne sur L2 (
; ), et Mf = Mf .
2. Shift S sur H = `2 (Z) ou bien H = `2(N ). Pour tout ve teur x 2 H on de nit un
nouveau ve teur Sx obtenu par de alage a droite, de ni par (Sx)n = xn 1 pour tout n
dans le as Z et dans le as N , on pose (Sx)n = xn 1 pour tout n  1, et (Sx)0 = 0 ; dans
le as de `2(Z), on trouve (S y)n = yn+1 pour tout n 2 Z, on veri e que S S = SS = Id.
Dans le as `2(N ), on a aussi (Sy)n = yn+1 , mais pour n  0 ; dans e as S n'est plus
l'inverse de S, mais on a en ore S S = Id.
Proposition 6.1.3. Soient E et F deux espa es de Hilbert et soit T 2 L(E; F) ; alors
ker T = (T(E))? et l'adheren e de T (F) est (ker T)?.
Demonstration. Si y 2 F, on voit que y 2 ker T si et seulement si pour tout x 2 E, on
a 0 = hT (y); xi = hy; T(x)i ; lairement, e i equivaut a dire que y 2 (T(E))?, d'ou
la premiere assertion. Il en resulte (par la proposition 2.3.4) que T(E) = (ker T)?,
d'ou la deuxieme assertion en rempla ant T par son adjoint.
//

De nition 6.1.3. Soient E et F deux espa es de Hilbert ; un element U 2 L(E; F) est
appele unitaire siU Æ U = IdE et U Æ U = IdF . Un element T 2 L(E) est appele normal
si T Æ T = T Æ T , hermitien ou autoadjoint si T = T et positif s'il est hermitien et si

hT(x); xi est reel  0 pour tout x 2 E.

{ 82 {
Exemples 6.1.4.
1. Soient H un espa e de Hilbert, P 2 L(H) un proje teur orthogonal ; notons F son
image. Pour x; x0 2 F et y; y0 2 F? on a hP(x + y); x0 + y0 i = hx; x0i = hx + y; P(x0 + y0 )i,
don P = P . De plus, hP(x + y); x + yi = hx; xi est reel  0, don P est positif.
2. Les operateurs diagonaux  de l'exemple 2 sont normaux ar on voit fa ilement
que
  =   =  =   =   :
Pour la m^eme raison les operateurs de multipli ation Mf sont normaux.
3. On dit que U 2 L(E; F) est isometrique si kU(x)k = kxk pour tout x 2 E.
On veri e fa ilement que U est isometrique si2 et seulement si U U =IdE . En e et, 2si
U ÆU = IdE, alors pour tout x 2 E on a kU(x)k = hU(x); U(x)i = hx; U (U(x))i = kxk .
La re iproque utilise la formule de polarisation (voir la demonstration i-dessous). Le shift
de l'exemple 2 est isometrique ; dans le as de `2(Z) il est aussi unitaire.
4. Pour tout operateur borne T 2 L(E; F) entre deux Hilbert, T T est hermitien : en
e et, (TT) = T T = T T ; de 2plus T T est positif, puisque hTT(x); xi = kT(x)k2
pour tout x 2 E. En parti ulier, A est positif pour tout hermitien A 2 L(E).
Proposition 6.1.4. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; les onditions
suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est unitaire ;
(ii) l'operateur T est surje tif et T Æ T = IdE ;
(iii) l'operateur T est une isometrie de E sur F.
Demonstration. Si T est unitaire, omme T Æ T = IdF , l'operateur 2T est surje tif,
don (i) ) (ii). Si T Æ T = IdE , alors pour tout x 2 E on a kT(x)k = kxk2, don
(ii) ) (iii). En n, supposons que T soit une isometrie de E sur F, 'est a dire que
pour tout x 2 E on ait hx; xi = hT(x); T(x)i ; omme
(x; y) ! hx; T(T(y))i = hTx; Tyi
est un produit s alaire sur E, il resulte de la proposition 2.1.1 que, pour tous x; y 2 E,
on a hx; T(T(y))i = hx; yi, e qui implique T (T(y)) = y, 'est adire que1 T Æ T =
IdE . Comme par l'hypothese (iii) l'appli ation T est bije tive, T = T , d'ou (i).
//

Lemme 6.1.5. Si T 2 L(H) est normal, on a kerT = ker T .


Demonstration. Si T est normal on a pour tout x 2 H
kTxk2 = hTx; Txi = hTTx; xi = hTT x; xi = kT (x)k2:
//

Proposition 6.1.6. Si T 2 L(H) est normal, on a H = ker(T)  im(T), et la somme est


une somme orthogonale.
Demonstration. On sait que ker(T)? = im(T) = im(T), don
H = ker(T )  ker(T)? = ker(T)  im(T):
//

{ 83 {
6.2. Familles sommables dans un espa e de Bana h
De nition 6.2.1. Soient X un espa e norme, I un ensemble et (xi )i2I une famille
d'elementsPde X ; on dit que la famille (xi )i2I est sommable de somme S 2 X et on
e rit S = i2I xi si, pour tout " > 0, il existe une partie nie J de I telle que, pour toute
P
partie nie K de I ontenant J on ait S i2K xi < ".

La somme S est unique : remarquons que si S et S0 sont deux elements de0 E veri ant
es onditions, alors pour tout " > 0, il existe des parties nies J etPJ de I telles
que, pour

toute partie nie K de I ontenant J (resp. J0 ) on ait S i2K xi < "
(resp. S0 Pi2K xi < "). Prenant K = J [ J0 on trouve kS S0 k < 2". Cela etant
vrai pour tout " > 0, on en deduit S = S0 .
Il est fa ile de veri er que si (xi )i2I et (yi )i2I sont deux familles sommables, la famille
(xi + yi )i2I est elle aussi sommable, ave une somme egale a la somme des deux sommes.
Considerons pour ommen er le as des familles sommables de nombres reels, et d'abord
de reels  0.
Proposition 6.2.1. Une famille de nombres reels a termes positifs est sommable si et
seulement si les sommes nies sont majorees ; sa somme est alors la borne superieure
de l'ensemble des sommes nies. Une famille (xi )i2I a termes reels est sommable si et
seulement si elle est absolument sommable, 'est a dire si la famille (jxi j)i2I est sommable.
Demonstration. Si (xi )i2I est sommable, et xi  0 pour tout i 2 I, on aura, en
prenant
P " = 1 dans la de nition, l'existen e d'un ensemble ni J0  I tel que
jS i2K xi j  1 pour tout ensemble ni K ontenant J0 . Pour tout L  I ni on
aura alors X X
xi  xi  S + 1;
i 2L i 2L[J
0

e qui montre que l'ensemble  des sommes nies est majore. Re iproquement,
lorsque l'ensemble  est majore, il est assez fa ile de montrer que la somme de la
famille est egale a la borne superieure de l'ensemble .
Supposons maintenant que (xi )i2I est sommable a termes reels quel onques, et
hoisissons J+0 omme i-dessus. Soit I+ l'ensemble des indi es i 2 I tels que xi > 0,
et soit L  I un ensemble
X
ni, disjoint

de
X
J0 . OnXaura
S xi = S xi  " = 1;

xi
i2L[J0 i 2L i2J0
e qui implique que les sommes nies dans I n J0 sont
+ majorees par la quantite
jSj + j Pi2J xi j + 1. Il en resulte par la premiere partie que la famille (xi )i2I est
+

sommable, et le m^eme raisonnement s'applique aux termes < 0 de la famille. Il en


0

resulte que la famille (jxij)i2I est sommable.


//

Plus generalement, siPE est de dimension nie, la famille (xn )n0 est sommable si et
seulement si la serie xn est normalement onvergente (exer i e). En revan he, dans
un espa e de Bana h de dimension in nie, il existe toujours des familles sommables de
ve teurs qui ne sont pas sommables en norme (exer i e infaisable).
La proposition suivante est laissee en exer i e :
{ 84 {
Proposition 6.2.2. Soient X et Y deux espa es normes, T 2 L(X; Y) et (xi )i2I une
famille
P sommable d'
e l
e
P ments de X ; alors la famille (T(xi ))i2I est sommable dans Y et
on a i2I T(xi ) = T( i2I xi ).
Soient X un espa e norme et (xi )i2I une famille d'elements de X ; on dit que la
famille (xi )i2I veri e le ritere de sommabilite de Cau hy si, pour tout " > 0, il existe
une
P partie nie J de I telle que, pour toute partie nie L de I disjointe de J, on ait
i2L xi < ".

Proposition 6.2.3.
(i) Toute famille sommable d'un espa e norme veri e le ritere de sommabilite de
Cau hy.
(ii) Dans un espa e de Bana h, toute famille veri ant le ritere de sommabilite de
Cau hy est sommable.

Demonstration. Soit (xi)i2I une famille sommable d'elements d'un espa e norme X,
et notons S sa somme ; soient " > 0 et J une
P
partie nie de I telle que, pour toute
partie nie K de I ontenant J on ait S i2K xi < "=2 ; si L est une partie nie

de I disjointe de J, on a 
X X   X 
xi = S xi S xi < ";
i 2L i 2J i 2L[J
e qui montre que le ritere de Cau hy est veri e. Soient E un espa e de Bana h et
(xi )i2I une famille d'elements de E veri ant le ritere de sommabilite de Cau hy ; il
existe une suite (Jn ) de parties nies de I P telles que,
pour tout entier n S0 et toute
partieP nie J de I disjointe de Jn , on ait i2J xi < 2 n . Posons Kn = nk=0 Jk et

Sn = i2K xi ; pour n; m entiers, ave n  m, on a


n
X
kSm Sn k = xi  2 n ;
i2Km nKn
vu que Km n Kn est disjoint de Jn . La suite (Sn )netant de Cau hy, elle onverge. Soit
S sa limite ; pour m  n on a kSm Sn k  2 . Faisant tendre m vers l'in ni, on
en de duit que kS S n k  2 n . SiJ est une partie

nie ontenant
X
K n , on a alors
X X
S xi = (S Sn ) + Sn xi  2 n + xi  2 n+1

i 2J i 2J i2JnKn
vu que J n Kn est disjoint de Jn . On a montre que la famille (xi)i2I est sommable
de somme S.
//

Remarque 6.2.2. Soient X un espa e norme, (xi )i2I une famille d'elements de X, " > 0
et PJ une partie nie de I telle que, pour toute partie nie L de I disjointe de J, on ait
i2L xi < ". En onsid erant des parties L a un seul element, on voit que, pour tout

i 2 I n J, kxi k < ". Don , si (xi )i2I veri e le ritere de sommabilite de Cau hy, pour tout
entier n  1, il n'y a qu'un nombre ni d'indi es i tels que xi soit de norme  1=n ; don
il y a un nombre denombrable de xi non nuls. En d'autres termes, on peut toujours se
ramener au as I = N .
{ 85 {
Soit (xn )n0 une famille sommable, et notons S sa somme ; soient " > 0 etPJ  N une
partie nie telle que, pour toute partie nie K de N ontenant J on ait S i2K xi <
" ; soit m 2 N un majorant de J ; pour tout n  m, omme J  f0; 1; : : :; ng on a
Pn
S i=0 xi < ". Don la serie de terme general (xn ) est onvergente et sa somme est

P
egale a S. La notation n2N xn n'est don pas en on it ave la notation des series.
Corollaire 6.2.4. Soient E un espa e de Bana h et (xi )i2I une famille d'elements de E ;
(i) soit (ti )i2I une famille de nombres reels ; si pour tout i 2 I, on a kxi k  ti et si
la famille (ti )i2I est sommable, alors la famille (xi )i2I est sommable. En parti ulier, si la
famille (kxi k)i2I est sommable, alors la famille (xi )i2I est sommable ;
(ii) si la famille (xi )i2I est sommable, pour toute partie J  I, la famille (xi)i2J est
sommable.

Demonstration. Si la famille de reels (ti)i2I veri e le ritere de sommabilite de


Cau hy, il en va lairement de m^eme pour la famille de ve teurs (xi )i2I (inegalite
triangulaire), et e i montre le point (i). Si (xi )i2I veri e le ritere de sommabilite
de Cau hy, il en va lairement de m^eme pour la sous-famille (xi )i2J.
//

Remarque 6.2.3. On peut plus generalement de nir les familles sommables dans un espa e
ve toriel topologique separe X : une famille (xi)i2I est dite sommable de somme S 2 X, si,
pour tout voisinage V de S dans X, P il existe une partie nie J de I telle que, pour toute
partie nie K de I ontenant J on ait i2K xi 2 V. Dans e ontexte ve toriel topologique,
il peut arriver qu'une famille sommable ait une in nite non denombrable d'elements non
nuls.
Dans un espa e de Hilbert, on dispose d'un outil tres simple pour tester la sommabilite
d'une famille de ve teurs deux a deux orthogonaux, appelee aussi systeme orthogonal.
Lemme 6.2.5. Soit (xi )i2I un systeme orthogonal dans un espa e de Hilbert ; la famille
(xi ) est sommable si et seulement si la famille (kxi k2) est sommable ; dans e as, on a
X 2 X
xi = kxi k2 :
i 2I i 2I

Demonstration. Pour toute partie nie J de I, on a k Pi2J xi k2 = Pi2J kxi k2. On en


deduit que la famille (xi ) veri e le ritere de Cau hy de sommabilite si et seulement
si la famille (kxi k2 ) veri e le ritere de Cau hy de sommabilit Pe. Dans e as, il existe
une suite
P
roissantePJn de parties nies de I telles P
que S = i2I xi soit la limite de
Sn = i2J xi et i2I kxi k soit la limite de i2J kxi k2. Mais alors
n
2
n

kSk2 = lim k S n k 2 = X kxi k2 :


n
i 2I
//

{ 86 {
6.3. Bases hilbertiennes
Disons quelques mots sur les espa es de Hilbert non separables, qui demandent
une generalisation de la notion de suite orthonormee. Soit I un ensemble d'indi es non
denombrable, et soit H l'espa e des familles x = (xi )i2I de s alaires telles Pque l'ensemble
des i 2 I tels que xi 6= 0 soit un ensemble denombrable J(x), et telles que i2J(x) jxi j2 <
+1. Si x et y sont de telles familles, le1 produit xi yi est nul sauf pour au plus un ensemble
denombrable d'indi es J, et jxiyi j  2 (xi + yi ), e qui permet de poser
2 2
X
hx; yi = xi yi ;
i 2J
le resultat ne dependant pas de l'ensemble denombrable J qui ontient tous les indi es
i tels que xi yi 6= 0. On obtient ainsi un exemple d'espa e de Hilbert non separable, qui
sera traite plus en detail a la se tion 6.4.
On a vu au hapitre 3 que l'espa e L2 (
; ) est un espa e de Hilbert pour le produit
s alaire hf; gi = R
f (s) g(s) d(s). Il est possible que et espa e soit non separable, m^eme
si la mesure  est une probabilite.
De nition 6.3.1. Soient E un espa e de Hilbert et (xi )i2I un systeme de ve teurs de
E ; on dit que le systeme (xi)i2I est orthogonal si les xi sont deux a deux orthogonaux ;
on dit que 'est un systeme orthonormal si de plus, pour tout i 2 I, on a kxi k = 1 ; on
appelle base hilbertienne de E un systeme orthonormal total dans E.
Un sous-ensemble B de E de nit un systeme (b)b2B. On dira que le sous-ensemble
B est orthogonal, orthonormal, ou que 'est une base hilbertienne si le systeme (b)b2B
est orthogonal, orthonormal, ou est une base hilbertienne. Ce pro ede d'auto-indexation
simpli e l'e riture de la demonstration qui suit.
Theoreme 6.3.1. Tout espa e de Hilbert admet une base hilbertienne.

Demonstration. Soit H un espa e de Hilbert ; notons U  P (H) l'ensemble des


parties orthonormales. Montrons que, muni de l'ordre de l'in lusion,S U est indu tif :
soit fBi : i 2 Ig une partie totalement ordonnee de U ; si x; y 2 i2I Bi , il existe un
indi e j 2 I tel que x; y 2 Bj don hx; xi = 1 et si x 6= y alors hx; yi = 0 ; il s'ensuit
que Si2I Bi est un element de U majorant fBi : i 2 Ig.
Soit B un ele?ment maximal de U ; on veut montrer que B est total, et pour ela,
on montre que B = f0g ; sinon, il existerait un ve teur x non nul et orthogonal a
B (en parti ulier x 2= B), et quitte a multiplier x par un s alaire onvenable on peut
supposer kxk = 1 ; alors B [ fxg 2 ?U,? e qui ontredirait la maximalite de B. Don
B = f0g, e qui entra^ne que (B ) = H. Par la proposition 2.3.4, B est total.
?
C'est don une base hilbertienne.
//

Remarque 6.3.2. Dans le as separable, on a donne une demonstration plus on rete


de e theoreme dans le hapitre 3.

{ 87 {
Theoreme 6.3.2 : inegalite de Bessel. Soient E un espa e de Hilbert et (ei )i2I un
systeme orthonormal dans E ; pour tout x 2 E la famille (jhx; eiij2)i2I est sommable et
X
j hx; eiij2  hx; xi:
i 2I

Demonstration. Par la proposition 2.1, il suÆt de montrer que, pour toute partie
nie J de I, on a Pi2J jhx; eiij2  hx; xi. Ce resultat a ete vu au lemme 2.2.5.
//

Proposition 6.3.3. Le ardinal de tout systeme orthonormal d'un espa e de Hilbert est
inferieur ou egal a elui de tout systeme total.

Demonstration. Soient (ei )i2I un systeme orthonormal et (xj )j2J un systeme total
dans E hilbertien ; si J est ni, l'espa e E est de dimension nie puisque (xj )j2J est
un systeme generateur ni pour E. Comme le systeme (ei )i2I est libre, on trouve
que le ardinal de I est inferieur ou egal a elui de J.
Supposons J in ni. Posons X = f(i; j ) 2 I  J : hei ; xj i 6= 0g. Pour i 2 I, omme
(xj )j2J est total, ei n'est pas orthogonal a tous les xj . Don l'appli ation (i; j ) ! i
est surje tive de X sur I. 2Don le ardinal de I est majore par le ardinal de X. Pour
j 2 J, la famille (jhei ; xj ij )i2I est sommable (par le theoreme 2), don fi : (i; j ) 2 Xg
est denombrable. On en deduit qu'il existe une inje tion de X dans J  N . Don le
ardinal de X est inferieur ou egal a elui de J.
//

Corollaire 6.3.4. Deux bases hilbertiennes d'un espa e de Hilbert E ont le m^eme ar-
dinal.
De nition 6.3.3. On appelle dimension hilbertienne d'un espa e de Hilbert E le ardinal
d'une base hilbertienne quel onque de E.
Theoreme 6.3.5 : identite de Parseval. Soient E un espa e de Hilbert, (ei )i2I une base
hilbertienne de E et x 2 E ; la famille de nombres reels (jhx; ei ij2 )i2I est sommable, la
famille de ve teurs (hx; ei i ei )i2I est sommable dans E et
X X
x = hx; ei i ei ; kxk2 = jhx; eiij2:
i 2I i 2I

Demonstration. Comme (ei )i2I est2 un systeme orthonormal, il resulte du theoreme 2


que la famille de reels (jhx; eiij )i2I est sommable. Par le lemme 2.5, la famille
(hx; eii ei )i2I est sommable dans E et, si on note y sa somme, on a Pi2I jhx; ei ij2 =
hy; yi. Pour tout j 2PI, appliquant la proposition 2.2 a la forme lineaire z ! hz; ej i,
on trouve hy; ej i = i2Ihx; ei ihei ; ej i = hx; ej i. Don x y est orthogonal aux ei ,
don a l'espa e ve toriel engendre par les (ei ) ; omme le systeme ei est total, x = y.
//

{ 88 {
Corollaire 6.3.6. Soient H un espa e de Hilbert, F un sous-espa e ve toriel ferme de H,
et (ei )i2I une base hilbertienne du sous-espa e F ; pour tout ve teur x 2 H, la proje tion
orthogonale de x sur F est donnee par
X
PF (x) = hx; eii ei :
i 2I

Demonstration. Posons y = PF (x) ; puisque x y est orthogonal a F, on a hx y; eii =


0 pour tout i 2 I, don hx; eii = hy; eii. D'apres le theoreme pre edent, applique a
F et a y, on a X X
y = hy; ei i ei = hx; ei i ei :
i 2I i 2I
//

Remarque 6.3.4. Soient E un espa e P de Hilbert2 et (ei )i2I un syst


eme orthonormal de
ve teurs de E ; on a l'egalite kxk = i2I jhx; eiij si et seulement si
2
X
x = hx; ei i ei :
i 2I

Soit F le plus petit sous-espa e ve toriel ferme de E ontenant les (ei ). Soit x 2 E ;
e rivons x = y +Pz ou y = PF (x) 2 F et z 2 F?. Comme (ei ) est2 unePbase hilbertienne
de F, on a y = i2I hx; eii ei ( orollaire pre edent), don kyk = i2I jhx; eiij2. De
plus kxk2 = kyk2 + kzk2 ; don
X
kxk2 = kzk2 + jhx; eiij2:
i 2I
P
En on lusion, kxPk2 = i2I jhx; eiij2 si et seulement si z = 0, 'est a dire si et
seulement si x = i2Ihx; ei i ei .
6.4. L'espa e hilbertien `2 (I)
Soit I un ensemble ; notons `2 (I) l'ensemble des familles de s alaires (xi )i2I telles que
la famille de nombres reels positifs jxi j2 soit sommable.
 Si  = (yi )i2I est un autre element
de ` (I), la relation jxi + yi j  2 jxij + jyi j montre que  +  est en ore dans `2(I), et
2 2 2 2
on en deduit fa ilement que `2(I) est un espa e ve toriel. Pour tout  = (xi )i2I 2 `2(I)
on pose X 1=2
k k2 = jxi j2 :
i 2I
On voit que ette quantite de nit une norme sur l'espa e ve toriel `2(I) ; en fait la relation
2jxi yi j  jxij2 + jyi j2 montre que la famille (xi yi )i2I est sommable, et si on pose
X
h; i = xi yi
i 2I
on de nit sur `2(I) un produit s alaire pour lequel h;  i = k k2.
Pour j 2 I, notons j 2 `2(I) la famille (xi)i2I telle que xj = 1 et xi = 0 si i 2 I nfj g.
{ 89 {
Proposition 6.4.1. Muni du produit s alaire pre edent, l'espa e ve toriel `2 (I) est un
espa e de Hilbert. La famille (i )i2I est une base hilbertienne de `2 (I).

Demonstration. Il est lair que (i )i22I estPun syste2me orthonormal. Pour  = (xi )i2I
et i 2 I on a h; ii = xi , don k k2 = i jh; iij . Par la remarque 3.4, (i )i2I est
une base hilbertienne de `22(I).
Montrons en n que ` (I) est omplet. Notons u : `2(I) ! H l'appli ation
isometrique de ` (I) dans son omplete. Il suÆt de montrer que u est surje tive.
2
Soit x 2 H ; posons  = (hx; u(i )i)i2I ; par le theoreme 3.2, on sait que  2 `2(I).
Pour tout i 2 I, on a 2h; ii = hx; u(i)i, don x u( ) est orthogonal a u(i ). Or
(i )i2I est total dans ` (I) ; omme l'image de u est dense dans H, (u(i ))i2I est total
dans H ; on en deduit que x = u( ). Il s'ensuit que u est isometrique et bije tive.
Alors `2(I) est isometrique a H, don est omplet.
//

Theoreme 6.4.2. Soient H un espa e de Hilbert et B = (ei )i2I une base hilbertienne de
H ; l'appli ation U : x ! (hx; eii) est une bije tion lineaire isometrique de H sur `2 (I).
Demonstration. Il est lair que U est une appli ation lin
e aire de H dans K I . Par
le theoreme 3.5, U est isometrique de H dans `2(I). Soit (i )i2I 2P`2 (I) ; par le
lemme 2.5, la famille (i ei )i2I est sommable dans H ; posons x = i i ei . Pour
tout j 2 P I, appliquant la proposition 2.2 a la forme lineaire z ! hz; ej i, on trouve
hx; ej i = i2I i hei ; ej i = j . Don U(x) = (i )i2I, don U est surje tive.
//

Il est lair que, pour tout i 2 I, on a U(ei ) = i , ou (i )i2I designe la base hilbertienne
anonique de `2(I).
Corollaire 6.4.3. Soient E et F deux espa es de Hilbert, (ei )i2I une base hilbertienne de
E, (fj )j2J une base hilbertienne de F et  une bije tion de I sur J ; il existe une bije tion
lineaire isometrique U de E sur F telle que, pour tout i 2 I, on ait U(ei ) = f(i) .

Demonstration. Remarquons que (f(i) )i2I est une base hilbertienne de F. Notons
u : E ! ` (I) l'appli ation x ! (hx; ei i)i2I et v : F ! `2 (I) l'appli ation y !
2
(hy; f(i)i)i2I. Ce sont des bije tions isometriques par le theoreme 2. La bije tion
isometrique U = v 1 Æ u onvient.
//

En d'autres termes, deux espa es hilbertiens ayant m^eme dimension hilbertienne sont
isomorphes.

{ 90 {
7. Algebres de Bana h et theorie spe trale

Un ertain nombre de resultats de e hapitre et des suivants n'a de sens que pour
les espa es de Bana h omplexes, mais quelques enon es seront valables aussi dans le as
reel. Quand nous dirons simplement \espa e de Bana h" ou \algebre de Bana h" ela
signi era que le resultat est valable aussi bien dans le as reel que omplexe.
7.1. Algebres de Bana h, spe tre et resolvante
Une algebre de Bana h unitaire est un espa e de Bana h A muni d'un produit
(a; b) 2 A  A ! ab 2 A, bilineaire et asso iatif, tel qu'il existe dans A un element
neutre 1A pour la multipli ation (1Aa = a1A = a pour tout a 2 A) et que de plus
k1Ak = 1 ; kabk  kak kbk
pour tous a; b 2 A. On en deduit immediatement que l'appli ation (a; b) ! ab est
ontinue de A  A dans A, et il en resulte que les appli ations b ! ab et b ! ba sont
ontinues de A dans A.
On remarquera que notre de nition ex lut A = f0g, puisqu'on ne pourrait pas y trouver
un element 1A de norme 1 !
Pour a 2 A et n entier  0, on de nit an par re urren e en posant a0 = 1A et
an+1 = aan = an a pour tout entier n  0.
Exemples 7.1.1.
1. L'exemple de loin le plus important sera A = L(E), ou E est un espa e de Bana h ;
si E 6= f0g, il s'agit bien d'une algebre de Bana h unitaire. Le produit est la omposition
des appli ations lineaires, la norme de A est la norme d'appli ation lineaire et 1A = IdE
est l'element neutre du produit ; il est de norme 1 quand E 6= f0g.
Si E, F et G sont des espa es normes, S 2 L(E; F) et T 2 L(F; G), nous noterons
TS la omposee T Æ S de es appli ations.
2. Soit K un espa e ompa t non vide ; onsiderons l'espa e de Bana h A = C(K) des
fon tions ontinues sur K a valeurs omplexes, muni du produit usuel et de la norme de
onvergen e uniforme (exemples 1.1.6) ; 'est une algebre de Bana h unitaire. L'element
1A est la fon tion onstante egale a 1. Cet exemple donne une algebre ommutative.
3. L'espa e L1 ([0; 1℄; dx) donne un autre exemple d'algebre de Bana h ommutative.
Si (
; A) est un espa e mesurable, l'espa e L1 (
; A) des fon tions A-mesurables bornees
est une algebre de Bana h pour la norme du sup.
De nition 7.1.2. Soient A une algebre de Bana h unitaire, et a 2 A ; on dit que a est
inversible dans A s'il existe b 2 A tel que ab = ba = 1A .
Exemples 7.1.3.
1. Soit E un espa e de Bana h et onsiderons A = L(E) ; une appli ation lineaire
ontinue T 2 A est inversible dans A s'il existe S 2 L(E) telle que ST = IdE = 1A et TS =
IdE. Cela signi e que l'appli ation T est bije tive et que T 1 est ontinue, et orrespond
bien a la de nition usuelle de l'inversibilite d'une appli ation lineaire ontinue.

{ 91 {
Remarquons que par le theoreme des isomorphismes, si T est bije tive et ontinue, T 1 est
automatiquement ontinue. En d'autres termes, T est inversible si et seulement si elle est
bije tive et ontinue.
2. Soit f 2 A = C(K) ; si f est inversible il existe une fon tion ontinue g telle
que f (s)g(s) = 1 pour tout s 2 K, don f (s) 6= 0 pour tout s 2 K. Inversement, si
f ne s'annule pas sur K, la fon tion s ! 1=f (s) est de nie et ontinue sur K, et elle
est l'inverse de f dans A = C(K). On voit don que f est inversible dans C(K) si et
seulement si elle ne s'annule pas sur K.
Exer i e. Exprimer l'inversibilite dans L1 de f 2 L1 .
LemmeP7.1.1. Soient A une algebre de Bana h unitaire et a 2 A tel que kak < 1 ; alors,
la serie k ak est onvergente dans A et sa somme est l'inverse de 1A a,
+1
X
(1A a) 1 = ak :
k=0
On a de plus l'estimation

(1A

a) 1 
1 .
1 kak
Demonstration.
P+1
Comme kak k  kakk pour tout entier k  0 et que kak < 1, la serie
k=0 a est normalement onvergente, don onvergente dans l'espa e omplet A.
k
Notons S sa somme. On veri e fa ilement que
+1
X
Sa = aS = ak+1 = S 1A
k=0
e qui implique que S(1A a) = (1A a)S = 1A . En majorant la norme de la serie
1 kakk = (1 kak) 1 .
par la serie des normes, on obtient k(1A a) 1 k  P+k=0
//

P k 7.1.4. Le raisonnement pr


Remarque eP edent
+1
prouve e i : si on sait simplement que la
serie a onverge dans A, sa somme k=0 ak sera l'inverse de 1A a.
Remarque 7.1.5. Soient en ore A une algebre de Bana h et a 2 A tel que kak < 1 ; en
enlevant le premier terme de la serie geometrique P ak , on a obtenu i-dessus l'egalite
(1A a) 1 1A = a (1A a) 1 ; de m^eme, en enlevant les deux premiers termes on
obtient la relation (1A a) 1 1A a = a2 (1A a) 1 . On en deduit les inegalites :
k(1A a) 1 1Ak  kak (1 kak) 1 ; k(1A a) 1 1A ak  kak2 (1 kak) 1:
Proposition 7.1.2. Soit A une algebre de Bana h ; l'ensemble des elements inversibles
dans A est un ouvert non vide U de A. L'appli ation ' : u ! u 1 est ontinue et
di erentiable de U dans A ; sa di erentielle en u 2 U est (d')u : b ! u 1 b u 1 .

Soit
Demonstration. u 2 A inversible et soit b 2 A tel que kbk < ku 1 k 1 ; on e rit
u+b = u(1A +u 1 b), et si on pose a = u 1 b on aura kak = ku 1 bk  ku 1 k kbk < 1,
{ 92 {
e qui implique que 1 A a = 1A + u 1 b est inversible dans A, don u + b aussi, et
(u + b) 1 = (1A a) 1u 1 .
En utilisant le developpement enPs+e1rie obtenu
 1 au lemme 1, on obtient que lorsque
kbk < ku k , on a (u + b) = k=0 a u , e qui peut s'e rire
1 1 1 k

(u + b ) 1 = u 1 u 1 b u 1 + u 1 b u 1 b u 1   
Considerons que u est xe, b variable et petit, et gardons en eviden e les deux
premiers termes du developpement, sous la forme
() (u + b) 1 = u 1 u 1 b u 1 + V(b)
ou V(b) = P+k=2 1 ak  u 1 . Comme dans la remarque 5, on obtient la majoration de
norme kV(b)k  kak2 (1 kak1) 1 k1u 1 k, qui montre que kV(b)k = O(kbk2) lorsque
b ! 0A . Puisque : b ! u b u est une appli ation lineaire ontinue de A dans
elle-m^eme, la relation () montre que l'appli ation v 2 U ! v 1 est di erentiable
au point u (don ontinue au point u) et que sa di erentielle au point u est .
//

Remarque 7.1.6. Dans le as omplexe, la di erentiabilite d'une fon tion f au point a


signi e que dfa est C -lineaire ; ette di eren e anodine a en fait des onsequen es on-
siderables (penser aux fon tions holomorphes, qui ne sont rien d'autre que des fon tions
C -di erentiables).
Dans le as d'appli ations lineaires, on peut etendre legerement le resultat au as d'ap-
pli ations entre deux espa es de Bana h distin ts. La demonstration est identique.
Corollaire 7.1.3. Soient E, F deux espa es de Bana h ; l'ensemble U  L(E; F) des
appli ations lineaires ontinues inversibles est ouvert dans l'espa e L(E; F). L'appli ation
' : A ! A 1 est ontinue et di erentiable de U dans L(F; E) ; sa di erentielle en T 2 U
est (d')T : S ! T 1 ST 1 .
Ce qui a ete dit jusqu'i i est valable aussi bien dans le as reel que omplexe. En
revan he, la theorie du spe tre n'est vraiment satisfaisante que dans le as K = C . Nous
prendrons don des algebres de Bana h sur C .
De nition 7.1.7. Soient A une algebre de Bana h unitaire omplexe et a 2 A ; on
appelle spe tre de a et on note Sp(a) l'ensemble des  2 C tels que a 1A ne soit pas
inversible. On appelle resolvante de a l'appli ation qui a  2 C n Sp(a) asso ie l'inverse
(a 1A) 1 , et on note quand  2= Sp(T)
R (a) = (a 1A ) 1 :

Si jj > kak, on peut e rire a 1A = (1A a=), et ka=k < 1, e qui montre
que a 1A est inversible dans e as. On voit don que Sp(a) est ontenu dans le disque
ferme du plan omplexe entre en 0 et de rayon kak. De plus, d'apres le lemme 1
(R) si jj > kak; kR (a)k  jj 1 kak .

{ 93 {
Exemples 7.1.8.
a . Munissons C n d'une norme ( omplexe) quel onque et onsiderons Mn (C ) omme
l'algebre de Bana h A = L(C ) ; le spe tre d'une matri e M 2 A est l'ensemble des
n
valeurs propres de la matri e.
b . Soit K un espa e ompa t non vide ; onsiderons l'espa e de Bana h A = C(K) ;
on a vu que f  est inversible si et seulement si f  ne s'annule pas, don si et
seulement si  2= f (K) ; par onsequent, on a Sp(f ) = f (K).
On dit qu'une appli ation f d'un ouvert U de C dans un espa e de Bana h omplexe
F est C -derivable au point  (ou bien derivable au sens omplexe ), de derivee f 0(), si
f 0 () = lim
1 f ( + z) f ():
z2C ;z!0 z
On dit qu'une appli ation f d'un ouvert U de C dans un espa e de Bana h omplexe F,
derivable au sens omplexe en tout point de l'ouvert U, est une fon tion holomorphe de
U dans F.
Theoreme 7.1.4.
Soient A une algebre de Bana h unitaire omplexe et a 2 A ; le spe tre de a est
une partie ompa te non vide de C , l'appli ation R(a) :  ! (a 1A ) 1 = R (a) est
holomorphe sur C n Sp(a), ave
R(a)0 () = (R (a))2:
(et la derivee est don ontinue).

Demonstration. Si  n'est pas dans Sp(a), l'element a 1A est inversible ; d'apres
la proposition 2, a 0 1A sera en ore inversible pour tout 0 dans un voisinage de
, e qui montre que le omplementaire du spe tre est ouvert dans C , don Sp(a)
est ferme dans C ; on a vu i-dessus que Sp(a) est ontenu dans le disque de rayon
kak, don le spe tre est borne.
Soit  2 C n Sp(a) ; posons u = a 1A ; alors u est inversible, u 1 = R (a) et
on sait que pour z assez petit, a ( + z)1A = u z1A est inversible et
R+z (a) = u 1 + zu 2 + z2 u 3 + z3 u 4 +   
En e rivant omme2pre edemment R+z (a) = R (a) + z(R (a))2 + V(z) on montre
que kV(z)k = O(jzj ) lorsque z ! 0, e qui entra^ ne que l'appli ation resolvante est
derivable ( omplexe) au point , ave (R (a)) pour derivee en e point.
2
Il reste a montrer que Sp(a) 6= ;. Choisissons 0 hors du spe tre; alors R (a)
est non nul puisqu'inversible et on peut trouver une forme lineaire x ontinue sur
0

A telle que x (R (a)) 6= 0 ( orollaire 4.2.7) ; l'appli ation g :  ! x(R (a)) est
une fon tion holomorphe s alaire de nie sur C n Sp(a), telle que g(0) 6= 0. Si Sp(a)
0

etait vide, ette fon tion serait entiere (holomorphe sur C tout entier) ; or d'apres
la relation (R) on voit que g() = x (R (a)) tend vers 0 quand  ! 1. Par le
theoreme de Liouville on aurait g() = 0 pour tout  2 C , e qui n'est pas vrai,
don Sp(a) 6= ;.
//

{ 94 {
Exemples 7.1.9.
1. Soit K un espa e ompa t ; onsiderons l'espa e de Bana h E = C(K) des fon -
tions ontinues sur K a valeurs omplexes, muni de la norme de onvergen e uniforme
(exemples 1.1.6). Soit f 2 E ; l'appli ation Mf : g ! fg est lineaire de E dans E
et ontinue puisque pour tout g 2 E, on a kfgk1  kf k1 kgk1. De plus la relation
kMf (f )k1 = kf k21 implique kMf k  kf k1 , don kMf k = kf k1 . Soit  2 C ;
{ si pour tout s 2 K, on a f (s) 6= , alors la fon tion h : s ! (f (s) ) 1 est ontinue
de K dans C . On voit alors que Mf  IdE est inversible et que son inverse R (Mf ) est
l'appli ation Mh : g ! hg ;
{ s'il existe s 2 K tel que f (s) = , alors pour tout g 2 E, la fon tion fg g s'annule
au point s, don im(Mf  IdE)  fg 2 E : g(s) = 0g, qui est un sous-espa e ferme
de E, distin t de E. On en deduit que l'image de Mf  IdE n'est pas dense, don
Mf  IdE n'est pas inversible puisqu'il n'est pas surje tif. En resume, le spe tre de Mf
est l'ensemble Sp(Mf ) = f (K) = ff (s) : s 2 Kg des valeurs de f . C'est aussi le spe tre
de f dans l'algebre C(K). On verra plus loin que  a n'est pas un hasard !
2. Soit p un nombre reel tel que 1  p < +1, et soit S 2 L(`p ) l'appli ation qui a
une suite (xn )n0 asso ie la suite (yn )n0 de nie par y0 = 0 et yn = xn 1 pour n  1
(on de ale d'un ran vers la droite, en introduisant un 0 a la pla e 0 ; en bon fran ais,
et operateur s'appelle operateur de de alage (a droite), ou operateur de shift en langage
mathematique usuel) ; l'appli ation S est lairement isometrique. Comme kSk = 1, on a
Sp(S)  f 2 C : jj  1g.
Si y est un element de `q (exposant onjugue de p) et si x 2 `p on notera l'a tion de
dualite de `q sur `p par
+1
X
(y; x) = jq (y)(x) = yn xn :
n=0
Ave ette notation on va her her a exprimer la transposee de S, onsideree omme en-
domorphisme de `q . Soit T l'operation de de alage a gau he, de nie par T((yn )n0) =
(yn+1 )n0. On onstate sans peine que (T(y); x) = (y; S(x)) pour tous x 2 `p , y 2 `q .
L'appli ation T \est" don la transposee de S, et de plus T  Id`q est pour tout  la
transposee de S  Id`p . Quand un operateur V sur `p est inversible, il est lair que sa
transposee est inversiblen dans L(`q ), e qui entra^ne que Sp(tS) t Sp(S). Soit  2 C ; si
jj < 1, posons y = ( )n0 ; 'est un element non nul de `q et S(y) = y. Il en resulte
que tS  Id`q n'est pas inversible, don le spe tre de tS ontient le disque unite ouvert,
et il est ontenu dans Sp(S) qui est ontenu dans le disque unite ferme ; puisque le spe tre
est ferme,
Sp(S) = Sp(tS) = f 2 C : jj  1g:

7.2. Rayon spe tral


Soit A une algebre de Bana h unitaire omplexe ; la quantite
(a) = maxfjj :  2 Sp(a)g
s'appelle le rayon spe tral de a 2 A. On a deja remarque que le spe tre de a est ontenu
dans le disque de C entre en 0 et de rayon kak, don
(a)  kak:
On va obtenir au theoreme 1 une formule importante qui pre ise ette remarque simple
et qui permet d'estimer, sinon de al uler, e rayon spe tral.
{ 95 {
Theoreme 7.2.1. Soient A une algebre de Bana h unitaire omplexe et a 2 A ; la suite
(kan k1=n) est onvergente et on a
(a) = nlim n 1=n
!1 ka k :

Demonstration. On demontre d'abord que (a)  lim supn kan k1=n ; remarquons tout
de suite quekank1=n  kak pour tout n  1, don e que nous devons demontrer est
un raÆnement de l'estimation (a)  kak que nous avons deja vue ; on obtiendra
e raÆnement en reprenant les arguments deja employes ; si b 2 A est telnque =
lim supn kbn k1=n < 1, hoisissons t reel tel queP < t < 1 ; on aura alors kb k1=n < t
pour n grand, don kbn k < tn , don la serie k bk sera normalement onvergente,
don onvergente dans le Bana h A, et la demonstration deja vue pour le lemme 1.1
nous dira que 1A b est inversible ; si on e rit omme avant a 1An =1=n (1A a=),
et element sera inversible dens 1que b = a= veri era lim supn kb k < 1, e qui
se produit quand lim supn nka1=nk =n < jj. Ce i signi e qu'au un nombre omplexe
 tel que jj > lim supn ka k ne peut ^etre dans le spe tre de a, 'est a dire que
(a)  lim supn kan k1=n .
La demonstration de l'inegalite inverse demande de se rappeler le ours de fon -
tions holomorphes ; si g(z) : B(0; R) ! C est holomorphe (valeur R = +1 admise),
1 z k dans e disque ouvert B(0; R) ;
alors elle est developpable en serie entiere P+k=0 k
pour tout r tel que 0 < r < R la formule de Cau hy appliquee au er le r de rayon
r donne pour tout n  0
r n = r
n n 1 Z
g (z )
dz =
Z 2
d
g (r ei ) e in ,
2i z r n +1 0 2
e qui fournit les inegalites de Cau hy
j n jrn  M(r; g) = maxfjg(z)j : jzj = rg:
Considerons la fon tion ve torielle f (z) = (1A za) 1 ; elle est de nie pour tout
omplexe z1 tel que 1=z ne soit pas dans le spe tre de a, e qui est le as lorsque jzj <
R = (a) ; de plus z ! f (z) estPholomorphe
+1
de B(0; R) dans A. ParPailleurs, pour
z assez petit on sait que f (z ) = k=0 z a (lemme 1.1), don g (z ) = k z k x (ak ) ;
k k
par l'uni ite des oeÆ ients de Taylor il resulte que n = x (an ) pour tout n.
Puisque kx k  1, on a jg(z)j  kf (z)k, e qui entra^ ne que M(r; gn)  M0 (r) ;
les inegalites de Cau hy, appliquees a g, donnent jx (a )j  M0 (r)=r pour tout
 n
n et toute x 2 A telle que kx k = 1 ; pour haque n  1 donne on peut hoisir
par Hahn-Bana h ( orollaire 4.2.7) une forme lin
e aire x telle que kx k = 1 et
x (an ) = kan k ; on obtient ainsi kan k  M0 (r)=rn pour tout n  1, e qui implique
lim supn kank1=n  1=r, d'ou lim supn kan k1=n  (a) en faisant tendre r vers R =
1=(a).
La onvergen e de la suite (kank1=n ) pr+eqsulte imm ediatement du lemme qui suit
et du fait que pour tous p; q  1, on a ka k = kap aq k  kapk kaq k.
//

{ 96 {
Lemme 7.2.2. Soit (un ) une suite de nombres reels positifs ou nuls telle que, pour tous
entiers p; q  1 on ait (up+q )p+q  upp uqq ; alors la suite (un ) onverge vers inf n1 un .
Demonstration. Montrons d'abord que pour tous entiers p; k  1, on a upk  uk ,
par re urren e sur p  1 ; 'est lair pour p = 1 ; si on onna^t ette inegalite pour
un ertain p  1, alors
(u(p+1)k )(p+1)k  ukp (p+1)k :
kp uk  uk uk = uk
k kp k
Notons m = inf n1 un ; s'il existe un entier k  1 tel que uk = 0, alors m = 0 et,
pour tout p  1, on a uk+p = 0, don (un ) onverge vers m. Supposons desormais
que l'on ait uk 6= 0 pour tout k > 0. Soit " > 0 ; par de nition de m, il existe un
entier k  1 tel que uk <kpm + ". Soit n  1 et e rivons n = kp + r ave p; r entiers
 0, r < k ; alors un  ukp ur  uk u1 d'apres notre premiere etape, don
n r kp r
 r=n  (k 1)=n
u1 u
un  uk u1 = uk
kp=n r=n
 uk 1 :
uk uk
Comme la suite n ! uk (u1 =uk )(k 1)=n onverge vers uk < m + ", on aura un < m + "
pour n assez grand, mais aussi m  un , d'ou la onvergen e vers m de la suite (un ).
//

Remarque 7.2.1. Ce n'est pas vraiment le lieu i i de developper les theories de l'integra-
tion et des fon tions holomorphes pour les fon tions a valeurs dans un espa e de Bana h.
Disons ependant que la theorie de Cau hy se generalise sans peine aux fon tions holo-
morphes a valeurs dans un espa e de Bana h ( omplexe, bien s^ur) : soient D  C un
disque ouvert, F un espa e de Bana h omplexe et f : D ! F une appli ation ontinue,
holomorphe sur D ; alors, pour tout  2Z D on a
f ( ) =
1 (z ) 1 f (z) dz;
2i D
l'integrale etant prise sur le bord  D deZD. De plus, on a en fait
an =
1 2 e int f (reit ) dt:
2rn 0
Cependant, on n'a pas explique le sens de es integrales...
Ces integrales sont des integrales de fon tions ontinues de nies sur un intervalle [a; b℄,
a valeurs dans un espa e de Bana h F. Il ne serait pas bien diÆ ile de de nir l'integrale
de Riemann dans e adre. Si f est ontinue de [a; b℄ dans F, elle est uniformement on-
tinue puisque P [a; b℄ est ompa t, et on en deduit fa ilement que les sommes de Riemann
(ve torielles) mi=1(xi+1 xi )f (i) onvergent dans F lorsque le pas de la subdivision
 = (a = x0 < x1 < : : : < xm = b) de [a; b℄ tend vers 0 (on ommen e par montrer
que si (n) est une suite de subdivisions dont le pas tend vers 0, les sommes de Riemann
orrespondantes forment une suite de Cau hy, don onvergente puisque F est omplet ;
on montre ensuite queR la limite ne depend pas de la suite (n ) hoisie). Il est tout a fait
raisonnable d'appeler ab f (t) dt ette limite.
Remarque. Dans le as ou E = C n muni d'une ertaine norme, et ou A = L(E) est en
fait l'algebre Mn (C ) des matri es n  n a oeÆ ients omplexes, le theoreme pre edent 1
peut se demontrer un peu plus dire tement, mais la demonstration pre edente n'est pas
ridi ulement ompliquee dans e as. Le rnesultat est le suivant : pour toute norme sur les
matri es qui provient d'une norme sur C , le maximum des modules des valeurs propres
d'une matri e M est egal a limn kMn k1=n .

{ 97 {
Proposition 7.2.3. Soit H un espa e de Hilbert omplexe ; le rayon spe tral de tout
element normal T de L(H) est egal a sa norme, (T) = kTk.

Demonstration. Soit d'abord A un element hermitien ;2on a kA2k2 = kAAk = kAk2


(proposition 6.1.2) ; on en deduit par re urren e que kA k = kAk pour tout n  0,
n n

don (A) = kA k. nSoit maintenant T un element normal de L(H) ; par re urren e
sur n, on a (T T) = (T ) T don
 n n k(T T) k = kT k et (T T) = (T)2. Or
n n 2
A = T T est hermitien, don (T) = (TT) = kT Tk = kTk2 .
2
//

Le fait ru ial dans la demonstration pre edente est la relation ka ak = kak2 ; on appelle
C -algebre une algebre de Bana h unitaire omplexe A muni d'une involution antilineaire
a 2 A ! a 2 A telle que ka ak = kak2 pour tout a 2 A et (ab) = b a . Dans e adre, on
de nit les elements hermitiens (a = a), les elements normaux (a a = aa ), et le resultat
pre edent subsiste.

Exemple 7.2.2.R Posons H = L2 ([0; 1℄) ; pour toute fon tion f 2 H et s 2 [0; 1℄, on
pose V(f )(s) = 0 f (t) dt. Puisque L2 ([0; 1℄)  L1([0; 1℄), la fon tion f est integrable
s
et on en deduit que V(f ) est ontinue (appliquer par exemple le theoreme de Lebesgue
a une suite de la forme (1[0;sn℄ f ) pour une suite (sn) tendant
p vers s). En appliquant
Cau hy-S hwarz au produit 1[0;s℄ f on voit que jV(f )(s)j  s kf k2, e qui implique que
kV(f )k22  kf k22
Z 1 1 kf k2;
s ds =
0 2 2
don V de nit une appli ation lineaire ontinue notee V2 de L2 ([0p; 1℄) dans lui-m^eme.
Soit f 2 H telle que kf k2  1 ; on a montre queR s jV(f )(s)j  s kf k2  1 pour tout
reel s 2 [0; 1℄ ; on en deduit que jV(V(f ))(s)j = j 0 V(f )(t) dtj  s, puis, par re urren e
sur n, que jVn+1 (f )(s)j  sn =n! don
1
kV (f )k2  (n!)2 s2n ds  (n1!)2 ,
Z 1
n +1 2
0
e qui donne kV2n+1 k  (n!) 1. Comme limn (n!) 1=n = 0, il s'ensuit que le rayon spe tral
de V2 est nul, don Sp(V2) = f0g.
Exer i e. Retrouver le spe tre de V en trouvant expli itement la resolvante R (V) pour
tout  6= 0 (exer i e d'equations di erentielles !).
Changement d'algebre, homomorphismes
De nition 7.2.3. Un homomorphisme d'algebres de Bana h unitaires est une appli a-
tion lineaire ontinue ' : A ! B entre deux algebres de Bana h unitaires A et B, telle
que '(ab) = '(a)'(b) pour tous a; b 2 A et que '(1A) = 1B.
Si a est inversible dans A, son image est inversible dans B et l'inverse de l'image est
l'image de l'inverse. De plus '(a 1A ) = '(a) 1B. Il en resulte que
Sp('(a))  Sp(a):

{ 98 {
On dira qu'on a un plongement isometrique de A dans B si ' est de plus isometrique. On
e rira parfois A  B dans e as. M^eme dans e as de plongement, il est possible qu'un
element non inversible dans A devienne inversible dans B.
Exemple-exer i e. Soit A la sous-algebre de B = C(T) engendree par les fon tions (zn )n0 ;
montrer que la fon tion z n'est pas inversible dans A (alors qu'elle le devient dans B ;
indi ation : utiliser la norme L2 et la base de Fourier).
Il y a ependant un as ou un element a non inversible dans A ne peut jamais avoir une
image inversible '(a), par un plongement isometrique ' de A dans B : disons que a est
un diviseur de zero appro he (a gau he) dans A s'il existe une suite (un ) dans A telle que
kun k = 1 pour tout n, mais a un ! 0 (on peut aussi onsiderer la propriete analogue a
droite). Il est lair qu'un d.z.a. ne peut pas ^etre inversible, et que l'image d'un d.z.a. par
une isometrie est en ore un d.z.a.
Dans l'algebre C(K), il est fa ile de voir que les non-inversibles sont exa tement les d.z.a.
Il en resulte que pour tout homomorphisme isometrique ' de C(K) dans une algebre de
Bana h B, on a Sp('(f )) = Sp(f ).

7.3. De omposition du spe tre d'un operateur borne


Proposition 7.3.1. Soient E et F deux espa es de Bana h et soit T 2 L(E; F) ; les
onditions suivantes sont equivalentes :
(i) l'appli ation T est inje tive d'image fermee ;
(ii) il existe un nombre > 0 tel que pour tout x 2 E on ait kT(x)k  kxk ;
(iii) il n'existe pas de suite (xn ) dans E telle que kxn k = 1 et limn kT(xn)k = 0.
Demonstration. Si (i) est satisfaite, T determine une appli ation ontinue bije -
tive T1 de E sur l'espa e de Bana h im(T). Par le theoreme des isomorphismes
(theoreme 4.1.3), T1 est un isomorphisme : on obtient (ii) ave = kT1 1 k 1 . Il est
evident que (ii) implique (iii) ; montrons que (iii) ) (ii) : si (ii) 1n'est pas satisfaite,
il existe pour tout entier n  1 un ve teur yn 2 E tel que n kyn k > kT(yn )k ;
si on pose xn = kyn k 1 yn , on a kxn k = 1 et kT(xn)k < 1=n, don (iii) n'est pas
satisfaite.
Si (ii) est satisfaite, il est lair que T est inje tive ; si (yn ) est une suite dans
im(T) qui onverge vers y 2 F, e rivons yn = T(xn ) ave xn 2 E ; on a kxn xm k 
kyn ym k, don la suite (xn ) est de Cau hy, don onvergente vers x 2 E puisque
1
E est omplet ; alors la suite yn = T(xn ) onverge vers T(x), don y = T(x) est dans
im(T), qui est don fermee dans l'espa e F.
//

Si un operateur borne T de E dans F est inversible, il possede les deux proprietes


suivantes :
A. Il existe une onstante > 0 telle que kTxk  kxk pour tout x 2 E.
B. On a T(E) = F.
La deuxieme propriete est une forme faible de surje tivite : l'image de T est dense dans
F ; 'est evidemment vrai quand T est inversible, puisqu'alors T est surje tif. De plus,
lorsque T est inversible, la propriete A est vraie ave = kT 1 k 1 > 0 : en e et, on a
pour tout x 2 E, lorsque T 1 existe dans L(F; E)
kxk = kT 1(T(x))k  kT 1 k kT(x)k:

{ 99 {
Lemme 7.3.2. Soient E et F deux espa es de Bana h ; un operateur T 2 L(E; F) est
inversible si et seulement s'il veri e A et B.

Demonstration. On a deja vu une des dire tions : si T est inversible, il veri e les deux
onditions. Inversement, supposons que A et B soient vraies ; on sait alors que T(E)0
est ferme par la proposition 1, et dense d'apres B, don T(E) = F. Si T(x) = T(x )
on aura x = x0 puisque 0 = kT(x x0 )k  kx x0k d'apres A. Cela permet de
de nir une appli ation (lineaire) S de F = T(E) sur E en posant S(y) = x 21E si
et seulement si y 2 F et T(x) = y. En traduisant A, on obtient kS(y)k  kyk
pour tout y 2 F, e qui montre que S est ontinue. Pour nir il est lair que S est
l'inverse de T.
//

Spe tre et transposition dans L(E)


On va maintenant s'interesser au rapport entre le spe tre d'un operateur borne
T 2 L(E) et elui de son transpose tT 2 L(E). Ce rapport sera tres simple : les deux
spe tres sont egaux.
Proposition 7.3.3. Soient E, F deux espa es de Bana h et soit T 2 L(E; F) ; l'operateur
transpose tT 2 L(F ; E ) est inversible si et seulement T est inversible.

Demonstration. Si T est inversible, omme T 1 T = IdE et TT 1 = IdF , on trouve


tT t (T 1 ) = IdE et t (T 1 ) tT = IdF , don tT est inversible et (tT) 1 = t (T 1 ).
Supposons inversement que T ne soit pas inversible. On sait que, ou bien T ne veri e
pas la ondition B, ou bien il ne veri e pas A.
Si T ne veri e pas B, l'image T(E) n'est pas dense, don tT n'est pas inje tive
par le lemme 4.2.11, e qui implique que tT n'est pas inversible. Si T ne veri e pas
A, il existe d'apres la proposition 1 une suite (xn )  E de ve teurs de norme un
telle que T(xn ) ! 0. Considerons pour tout entier n l'operateur Rn de K dans E,
de ni par Rnt() =txn . Sa norme est egale at kxn k = 1, et T Æ Rn tend vers 0. En
transposant, Rn Æ Tt tend vers 0, alors que k Rn k = kRn k = 1 pour tout n, e qui
entra^ne en ore que T ne peut ^etre inversible.
//

On en deduit immediatement :
Corollaire 7.3.4. Soient E un espa e de Bana h omplexe et T 2 L(E) ; on a
Sp(tT) = Sp(T):

Il suÆt de remarquer que t (T


Demonstration.  IdE ) = tT  IdE pour tout
nombre omplexe .
//

Dans le as hilbertien, on prefere le plus souvent exprimer le resultat pre edent en uti-
lisant l'adjoint T 2 L(H) plut^ot que la transposee tT 2 L(H). Le seul petit piege a
eviter est que (T  IdH) = T  IdH (il y a une barre de onjugaison !).
{ 100 {
Corollaire 7.3.5. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) ; le spe tre de
l'adjoint T est forme des omplexes onjugues des elements du spe tre de T,
Sp(T ) = f :  2 Sp(T)g:

On va maintenant distinguer plusieurs sous-ensembles interessants du spe tre d'un


operateur borne, orrespondant a plusieurs fa ons pour T  IdE de ne pas ^etre inversible.
Soient E un espa e de Bana h omplexe, T 2 L(E) et  2 Sp(T) ; nous distinguerons
plusieurs as pour l'operateur T = T  IdE, orrespondant au valeurs vrai-faux des
trois riteres suivants : propriete A, propriete d'inje tivite et propriete B. On remarque
que A implique inje tif, et que si  est dans le spe tre on ne peut pas avoir a la fois A
et B pour T . Quand  2 Sp(T), il reste don les as suivants :
{ T n'est pas inje tif ;
{ T est inje tif mais B n'est pas vraie
{ T est inje tif et B est vraie (don A est fausse).
Ces trois as orrespondent aux as suivants.
1. Le s alaire  est une valeur propre de T ; e i equivaut a dire que T  IdE n'est pas
inje tif.
2. Le s alaire  est une valeur propre du transpose tT, mais n'est pas une valeur propre
de T ; autrement dit T  IdE est inje tif et t (T  IdE) n'est pas inje tif ; d'apres le
lemme 4.2.11, ela se produit si et seulement si T  IdE est inje tif mais n'a pas une
image dense dans E.
3. Le s alaire  n'est une valeur propre ni de T, ni de tT, mais  est quand m^eme dans
le spe tre de T. Alors, T  IdE est inje tif, son image est dense mais n'est pas fermee.
De nition 7.3.1. Soient E un espa e de Bana h omplexe et T 2 L(E) ; on appelle
spe tre pon tuel de T l'ensemble Spp (T) des  2 C tels que T  IdE ne soit pas inje tif
( 'est l'ensemble des valeurs propres de T). On appelle spe tre residuel de T l'ensemble
Spr (T) des  2 C tels que T  IdE soit inje tif, mais son image ne soit pas dense. On
appelle spe tre ontinu de T l'ensemble Sp (T) des  2 C tels que T  IdE soit inje tif,
a image dense mais pas fermee.
On voit que l'on a  2 Sp (T) si et seulement si :  2 Sp(T) et T  IdE est inje tif
a image dense ; en e et, l'image de T  IdE n'est alors pas fermee : si elle etait fermee,
elle serait egale a E, l'operateur T  IdE serait un isomorphisme et  ne serait pas dans
le spe tre de T.
Proposition 7.3.6. Soient E un espa e de Bana h omplexe et T 2 L(E) ; on a
Spr (T) = Spp (tT) n Spp (T) et Sp (tT)  Sp (T):
Si E est re exif, on a l'egalite Sp (tT) = Sp (T).

Demonstration. On a vu que  est dans le spe tre residuel de T si et seulement


si  est une valeur propre de tT,t mais n'est pas tune valeur propre de T, d'ou la
premiere assertion. Si  2 Sp ( T), on sait que T  IdE est inje tif a image
dense,t don Tt  IdE est inje tif a image dense par le lemme 4.2.11, et puisque
Sp ( T)  Sp( T) = Sp(T), on a  2 Sp(T), par onsequent  2 Sp (T).
{ 101 {
Dans le as ou E estt re exif, T \s'identi e" a la transposee de1 tT,t tet il en
resulte que Sp (T)  Sp ( T). Plus pre isement, on veri e que T = JE Æ ( T) Æ JE,
ou JE designe l'isomorphisme de E sur E (on devra remarquer que si U est un
isomorphisme de E sur F et si T 2 L(F), toutes les notions de spe tre introduites
sont les m^emes pour les deux operateurs T et U 1 TU 2 L(E)).
//

Dans le as hilbertien, on a :
Proposition 7.3.7. Soient H un espa e hilbertien omplexe et T 2 L(H) un operateur
borne ; on a Sp(T ) = f :  2 Sp(T)g et Spr (T) = f 2 C n Spp (T) :  2 Spp (T )g.

Demonstration. La premiere assertion est un rappel. Par la proposition 6.1.3, l'image


de T  IdH est dense si et seulement si T  IdH est inje tif. La deuxieme assertion
en resulte.
//

Lemme 7.3.8. Si un operateur normal T 2 L(H) est inje tif, il est a image dense. Si
l'operateur normal T veri e A, il est inversible.

Demonstration. Si T est normal et inje tif, on a T(H) = H d'apres la proposi-


tion 6.1.6, 'est a dire que l'image est dense. Si T veri e la propriete A, il est
inje tif, don on a A et B, par onsequent T est inversible.
//

Proposition 7.3.9. Le spe tre residuel d'un operateur normal est vide.
Demonstration. Soit T 2 L(H) un operateur normal ; pour tout s alaire  2 C ,
T = T  IdH est normal ; si  est dans le spe tre, ou bien T n'est pas inje tif et
 2 Spp (T), ou bien T est inje tif, don a image dense et  2 Sp (T).
//

Exemples 7.3.2.
a . Soient K un espa e ompa t metrique, E = C(K) et soit f 2 E ; on a vu dans
l'exemple 2.2 que l'appli ation T = Mf de multipli ation par f veri e Sp(T) = f (K) ;
on a vu aussi que s'il existe s 2 K tel que f (s) = , l'image de T  IdE n'est pas dense,
don  2 Spp (T) [ Spr (T). Remarquons que  est une valeur propre de T si et seulement
s'il existe g 2 E non nulle telle que T(g) = g, 'est a dire (f )g = 0. L'ensemble des
s 2 K tels que g (s) 6= 0 est alors un ouvert non vide U de K et f est egale a  sur U.
Supposons inversement qu'il existe un ouvert non vide U de K tel que f soit egale a 
sur U ; notons g 2 E la fon tion qui a s 2 K asso ie sa distan e au omplementaire de
U. On a (T  IdE)(g) = 0.
En resume, le spe tre de T est l'ensemble Sp(T) = ff (s) : s 2 Kg, le spe tre pon tuel
de T est l'ensemble des  2 C tels que l'interieur de f 1 (fg) soit non vide, le spe tre
ontinu de T est vide et le spe tre residuel de T est Sp(T) n Spp (T).
b . Soit S 2 L(`2 ) l'appli ation de de alage a droite ; on a vu que Sp(S) est le disque
unite ferme f 2 C : jj  1g. Soient  = (xn )n0 2 `2 et  2 C tels que S( ) =  ;
{ 102 {
on trouve alors x0 = 0 et, pour tout n  1, xn = xn 1 ; si  6= 0, on trouve alors par
re urren e sur n que xn = 0 pour tout n  0 ; si  = 0, on trouve, pour tout n  1,
xn 1 = 0. Dans les deux as,  = 0. Don Spp (S) = ;.
On a vu que tout  tel que jj < 1 est valeur propre de tS. Supposons que jj = 1
et soit  = (xn )n0 2 `2 tel que tS() =  ; alors, pour tout n  0, on a xn+1 = xn ; il
s'ensuit alors que xn =  x0 ; omme la suite (n )n0 n'est pas dans `2 (vu que jj = 1),
n
on a ne essairement x0 = 0, et en n,  = 0 ; don Spp (tS) = f 2 C : jj < 1g. Il resulte
alors de la proposition 7 que Spr (S) = f 2 C : jj < 1g ; on a alors pour terminer
Sp (S) = f 2 C : jj = 1g.
. Posons
R s H = L2 ([0; 1℄) et reprenons l'op
erateur V = V2 de l'exemple 2.2, de ni par
V(f )(s) = 0 f (t) dt pour f 2 H et s 2 [0; 1℄. On a montre que le rayon spe tral de V est
nul, don Sp(V) = f0g. Remarquons que l'appli ation qui a une fon tion ontinue asso ie
sa lasse dans L2 ([0; 1℄) est inje tive ; don si V(f ) = 0, alors V(f )(s) = 0 pour tout
s 2 [0; 1℄, e qui signi e que f est orthogonale a toutes les fon tions 1[0;s℄, don a toutes
les fon tions en es alier. Comme elles- i forment un sous-espa e dense dans L2 ([0; 1℄) il
s'ensuit que V est inje tive. Il est lair que l'image de V ontient l'ensemble des fon tions
ontinues, lineaires par mor eaux nulles en 0. Or elles- i forment un sous-espa e dense
de L2 ([0; 1℄). On a montre que Spp (V) = Spr (V) = ; et Sp (V) = Sp(V) = f0g.
Valeurs propres appro hees
Lemme 7.3.10. Soient E un espa e de Bana h omplexe, T 2 L(E) et soit  2  Sp(T)
(la frontiere du spe tre de T). Il existe une suite (xn )  E de ve teurs de norme 1 telle
que (T  IdE )(xn ) tende vers 0.

Demonstration. En posant S = T  IdE , on se ramene a montrer que si 0 2  Sp(S),


il existe une suite (xn )  E de ve teurs de norme 1 telle que S(xn ) tende vers 0.
Puisque Sp(S) est ferme, sa frontiere est ontenue dans Sp(S), don 0 2 Sp(S) et S
n'est pas inversible. Si on ne pouvait pas trouver la suite (xn ), on aurait kS(x)k 
kxk pour un > 0 et tout x 2 E (proposition 1), don S(E) serait ferme, et S(E) 6= E
puisque S n'est pas inversible. On pourrait alors trouver y 2= S(E) ; puisque 0 est a
la frontiere du spe tre de S, il existe une suite (n ) hors du spe tre et qui tend vers
0 ; alors S n IdE est inversible pour tout n. Il existe don un ve teur zn 2 E tel
que (S n IdE )(zn ) = y. Si (zn ) etait bornee, on aurait n zn ! 0 et y serait limite
de la suite (S(zn ))  S(E), e qui est impossible puisque S(E) est suppose ferme et
y 2= S(E). Il existe don une sous-suite (zn0 ) telle que kzn0 k tende vers +1 ; en posant
xn = kzn0 k 1 zn0 , on voit que S(xn ) n xn = kzn0 k 1 y tend vers 0, don S(xn ) ! 0.
//

Exemple 7.3.3. Exemple de valeurs propres appro hees : soit S le shift a droite sur `2 (N ) ;
on sait que le spe tre de S est egal au disque unite ferme, sa frontiere est don le er le
unite T. Soit  de module 1 un point quel onque de  Sp(S) ; on onsidere pour tout n  1
le ve teur de norme 1 de `2
xn = n 1=2 (1;  1 ;  2 ; : : : ;  n+1 ; 0; : : :)
et on note que kS(xn ) xn k  2n 1=2 ! 0, e qui donne des presque ve teurs propres
pour la valeur  2 T.

{ 103 {
Remarque 7.3.4. Voi i une methode plus orthodoxe pour traiter le as hilbertien. Soient
E un espa e de Hilbert, T un operateur normal et  2 Sp(T) ; alors S = T  IdE est
normal non inversible, don S ne veri e pas A (lemme 8) : toutes les valeurs spe trales
d'un operateur normal sont valeurs propres appro hees.
Proposition 7.3.11. Soit H un espa e de Hilbert omplexe ; le spe tre de tout element
hermitien de L(H) est reel ; si de plus T est un operateur positif, son spe tre est ontenu
dans [0; +1[. Le spe tre de tout element unitaire de L(H) est ontenu dans le er le
unite.

Demonstration. Soit le max de jbj pour a + ib =  dans le spe tre de T hermitien,


et soit  = a + ib 2 Sp(T) tel que jbj = . Alors  est point frontiere du spe tre,
don il existe une suite (xn ) de ve teurs de norme un telle que T(xn ) xn tende
vers 0. On voit don que
hT(xn ) xn ; xni = hT(xn); xn i hxn ; xn i = hT(xn ); xni 
tend vers 0, et hT(xn ); xni = hxn ; T(xn)i est reel, don  est reel, b = = 0 et tout
le spe tre de T est reel. Si T est positif, son spe tre est ontenu dans R , don tous
les points  de Sp(T) sont points frontiere et sont don limite de suites de la forme
(hT(xn); xni) omme on l'a vu i-dessus. Mais quand T est positif, tous es nombres
sont  0, don   0.
Si U 2 L(H) est unitaire, onsiderons de m^eme  , le min de jrj pour  = r ei
dans le ispe tre de U. Par ompa ite, on peut trouver un point du spe tre de la forme
 =  e ; puisque U est inversible, 0 2= Sp(U) don  > 0. Comme pre edemment, 
est un point frontiere et on peut trouver une suite (xn ) de ve teurs de norme un telle
que Uxn xn ! 0. Comme U est isometrique, il en resulte que jj = 1. Le spe tre
de U ne ontient don au un point du disque unite ouvert. Par ailleurs, Sp(U) est
ontenu dans le disque unite puisque kUk = 1. Le resultat annon e en de oule.
//

Le resultat sur les isometries bije tives est valable pour tout espa e de Bana h. Par ailleurs,
on peut aussi le demontrer tres simplement en remarquant que le spe tre de U 1 est forme
des inverses des elements de Sp(U), et qu'il est lui aussi ontenu dans le disque unite puisque
kU 1k = 1.

{ 104 {
8. Quelques lasses d'operateurs

8.1. Compa ite dans un espa e de Bana h


Rappelons qu'une partie A d'un espa e topologique separe X est dite relativement
ompa te dans X si son adheren e A dans X est ompa te. Une partie A d'un espa e
metrique (X; d) est dite pre ompa te si pour tout " > 0, il existe un re ouvrement ni
de A par des parties de diametre  ". Cela revient a dire que pour tout " > 0, on peut
trouver un entier N et des points x1 ; : : : ; xN 2 X tels que A soit ontenu dans la reunion
des boules B(xi ; "), i = 1; : : : ; N. En hangeant la valeur de " on peut si on veut supposer
que les entres xi des boules sont des points de A (sauf si A est vide).
Theoreme 8.1.1. Dans un espa e metrique omplet (X; d), une partie A est relativement
ompa te si et seulement si elle est pre ompa te. En parti ulier, un espa e metrique est
ompa t si et seulement s'il est pre ompa t et omplet.

Demonstration. Si A est ompa te dans X, il existe pour tout " > 0 un ensemble ni
x1 ; : : : ; xN de points de A tel que A soit re ouvert par les boules B(xi ; "), 1  i  N :
sinon, onSpourrait pour tout entier n  1 trouver un point xn+1 de A qui ne soit
pas dans 1in B(xi; "), 'est a dire que d(xn+1; xi )  " pour tout i = 1; : : : ; n ; on
aurait ainsi en poursuivant e pro essus jusqu'a l'in ni une suite (xn )n1 de points
de A telle que d(xm; xn )  " pour tous m 6= n ; mais une telle suite n'a evidemment
pas de sous-suite de Cau hy, don pas de sous-suite onvergente, e qui ontredit la
ompa ite de A.
Inversement supposons A pre ompa t et soit (xn ) une suite de points de A. On
va trouver une sous-suite (xn ) de Cau hy, don onvergente puisque X est omplet.
On onstruit a et e et unek suite de roissante (Mk ) de sous-ensembles in nis de
k

N tels que d(xm ; xn )  2 pour tous m; n 2 Mk ; il suÆt ensuite d'appliquer le


pro ede de la sous-suite diagonale pour obtenir une sous-suite de Cau hy.
Supposons don Mk hoisi ; puisque A est pre ompa t,k il2 existe un ensemble
ni B  X tel que tout point x de A veri e d(x; y) < 2 pour au moins un
point y 2 B. Il en resultek que A est ontenu dans la r
e union nie de boules fermees
fx 2 X : d(x; y)  2 g, pour y 2 B ; en parti ulier l'ensemble in ni Mkk 2est
2
re ouvert par la famille nie des ensembles Ny = fm 2 Mk : d(xm; y)  2 g,
indexee par les points y 2 B ; il existe don au moins un y0 2 B tel que l'ensemble
Mk+1 = Ny  Mk soit in ni. Si m; n 2 Mk+1 , on aura
0

d(xm ; xn )  d(xm ; y0 ) + d(y0 ; xn )  2 : 2 k 2:


//

Notons une onsequen e fa ile : pour qu'une partie A d'un espa e metrique omplet X
soit relativement ompa te, il suÆt que pour tout " > 0, il existe une partie ompa te
K" de X telle que tout point de A soit a une distan e < " de l'ensemble K" :
8x 2 A; d(x; K") < ":
Dans le as d'un sous-ensemble A d'un espa e de Bana h E, il est agreable de retenir
un ritere qui utilise le ara tere ve toriel de l'espa e ambiant : pour que l'adheren e de
{ 105 {
A soit ompa te dans l'espa e de Bana h E, il faut et il suÆt que A veri e les deux
onditions suivantes :
a . l'ensemble A est borne ;
b . pour tout " > 0, il existe un sous-espa e ve toriel L"  E de dimension nie tel
que tout point de A soit a une distan e < " de L" :
8x 2 A; dist(x; L") < ":

Si l'adheren e de A est ompa te il est fa ile de veri er que le ritere est satisfait :
en e et A est borne par e que ompa t (la fon tion ontinue x ! kxk atteint son
maximum sur le ompa t A) et la deuxieme ondition est evidemment impliquee par
la pre ompa ite : il suÆt de prendre l'espa e ve toriel L" engendre par un ensemble
ni F" qui appro he A a moins de ".
Dans l'autre dire tion, supposons les deux onditions du ritere veri ees, et
montrons que A est appro hable arbitrairement bien par des ompa ts de E ; soit
M une borne pour les normes des elements de A ; soient " > 0 et L" un sous-espa e
ve toriel de dimension nie qui appro he A a moins de ". Designons par K" le
ompa t de E forme par les points de L" de norme  M + ". Si x 2 A, il existe
y 2 L" tel que kx y k  " ; puisque kxk  M, on aura ky k  M + ", d'ou y 2 K" ,
et le resultat est demontre.
Proposition 8.1.2. Si K1 et K2 sont ompa ts dans l'espa e de Bana h E, l'ensemble
K1 + K2 est ompa t ; si A1 et A2 sont relativement ompa ts dans l'espa e de Bana h
E, l'ensemble A1 + A2 est relativement ompa t dans E.
Demonstration. Il est lair que K1 +K2 est borne. Si Lj , j = 1; 2, est un sous-espa e
ve toriel de dimension nie qui appro he Kj a moins de "=2, il est fa ile de veri er
que le sous-espa e de dimension nie L1 + L2 appro he K1 + K2 a moins de ". De
plus K1 + K2 est ferme, don ompa t, omme image du ompa t K1  K2 par
l'appli ation ontinue (x; y) ! x + y. La deuxieme aÆrmation resulte fa ilement de
la premiere, ar l'adheren e de la somme A1 + A2 est ontenue dans A1 + A2 .
//

Theoreme d'As oli


Un ensemble A de fon tions s alaires sur un espa e topologique X est dit equi ontinu
au point t 2 X si pour tout " > 0, il existe un voisinage V de t dans lequel toutes les
fon tions de A sont pro hes a " pres de leur valeur au point t,
8f 2 A; 8s 2 V; jf (s) f (t)j < ":
Lorsque X est un espa e metrique ompa t (K; d), on montre que si A est equi ontinu
en tout point t de K, alors A est uniformement equi ontinu, 'est a dire que pour tout
" > 0, il existe Æ > 0 tel que pour toute fon tion f 2 A et tous s; t 2 K,

d(s; t) < Æ ) jf (s) f (t)j < ":

{ 106 {
Theoreme 8.1.3. Soient (K; d) un espa e metrique ompa t et A un sous-ensemble
de C(K) ; l'ensemble A est relativement ompa t dans C(K) si et seulement si les deux
onditions suivantes sont veri ees :
1. l'ensemble A est borne (pour la norme de C(K)) ;
2. l'ensemble A est uniformement equi ontinu.
Demonstration. On va montrer la partie la plus interessante, elle qui dit que les onditions
1 + 2 entra^nent que A est relativement ompa t. On doit montrer pour l'ensemble A
les onditions (a) et (b) du ritere de ompa ite ; omme (a) est identique a 1, il suÆt de
montrer que 2 entra^ne (b). On se donne don " > 0 et on her he un sous-espa e ve toriel
L" de dimension nie dans C(K), tel que toute fon tion de A soit a distan e (uniforme)
< " d'un point de L" . A ette valeur de " orrespond par la propriete 2 une valeur de
Æ > 0 telle que jf (s) f (t)j < " pour toute f 2 A et tous s; t 2 K tels que d(s; t) < Æ.
Cette propriete de A signi e que pour toute fon tion f 2 A, le module de ontinuite !f
veri e !f (Æ)  ". Par ompa ite, on peut trouver un re ouvrement ouvert ni de K par des
boules Ui = B(ti ; Æ), i = 1; : : : ; N. On a vu a la se tion 3.1, relation (P), que si L" designe
l'espa e de dimension nie engendre par les fon tions '1; : : : ; 'N d'une partition de l'unite
subordonnee au re ouvrement (Ui), on a
d(f; L" )  !f (Æ)
pour toute f 2 C(K), don d(f; L" )  !f (Æ)  " pour toute fon tion f 2 A, et la ondition
(b) est veri ee.
//

8.2. Appli ations lineaires ompa tes


De nition 8.2.1. Soient E et F deux espa es de Bana h ; une appli ation lineaire on-
tinue T 2 L(E; F) est dite ompa te si l'image T(BE) par l'appli ation T de la boule unite
fermee BE de l'espa e E est relativement ompa te (en norme) dans F. On note K(E; F)
l'ensemble des appli ations lineaires ompa tes de E dans F. On pose K(E) = K(E; E).
Proposition 8.2.1. Soient E et F deux espa es de Bana h ; l'ensemble K(E; F) est un
sous-espa e ve toriel ferme de L(E; F).
Soient E, F et G des espa es de Bana h, S 2 L(E; F) et T 2 L(F; G) ; si S ou T est
ompa te alors TS est ompa te. En parti ulier, K(E) est un ideal bilatere de L(E).

Demonstration. Il est lair que si T 2 K(E; F) et  2 K , alors T 2 K(E; F).


Soient maintenant T1 et T2 deux appli ations lineaires ompa tes de E dans F, et
onsiderons les ensembles A1 = T1 (BE), A2 = T2 (BE) et A = (T1 + T2)(BE) ; il est
lair que A est ontenu dans A1 + A2, don il est relativement ompa t d'apres la
proposition 1.2. Ce i montre que K(E; F) est un sous-espa e ve toriel de L(E; F).
Supposons que T 2 L(E; F) soit adherent a K(E; F). Pour tout " > 0 donne,
on peut trouver S ompa te telle que kT Sk < " ; il en resulte que tout point de
T(BE) est appro he a " pres par un point du ompa t K" = S(BE), don T(BE) est
ompa t.
Montrons pour nir les proprietes de omposition. Supposons S 2 L(E; F) om-
pa te ; si K  F est ompa t et ontient l'image S(BE), alors T(K) est ompa t et
ontient l'image TS(BE), don TS est ompa te. Pour l'autre as, remarquons que
l'image S(BE) est ontenue dans la boule de F de entre 0 et de rayon r = kSk ; si
{ 107 {
K  G est ompa t et ontient l'image par T de la boule unite de F, alors r K est
ompa t et ontient l'image par TS de BE .
//

Exemples 8.2.2.
1. Il est lair que tout operateur T de rang ni est ompa t : en e et, l'ensemble
T(BE) est alors un ensemble borne d'un espa e ve toriel de dimension nie. D'apres le
resultat pre edent, toute limite T en norme d'operateur d'une suite (Tn ) d'operateurs
de rang ni est ompa te. C'est une methode assez eÆ a e pour veri er que ertains
operateurs sont ompa ts ; on montre par exemple que si n ! 0, l'operateur  de `p
dans `p de ni par  ((xn )) = ( n xn ) est ompa t :
on ommen e par remarquer que la norme de  dans L(`p) est majoree par k k1
(elle est en fait egale a k k1 ). Ensuite, pour tout entier N on onsidere la suite (N)
telle que (N) (N)
n = n si n  N et n = 0 sinon ; l'operateur TN =  est de rang(N)

ni, et k TNk = k k est majore par k (N) k1 = supn>N j n j qui tend


(N)

vers 0 par e que la suite ( n ) tend vers 0.


2. Pour toute fon tion f integrable sur [0; 1℄ de nissons la fon tion ontinue V(f )
omme dans l'exemple 7.2.2,
Z t
(Vf )(t) = f (s) ds ;
0
pour tout p tel que 1  p  +1, designons par Vp l'operateur de Lp = Lp (0; 1) dans
C([0; 1℄) qui asso ie a f 2 Lp la fon tion ontinue V(f ) ; alors Vp est ompa t lorsque
p>1:
on voit en e et en appliquant Holder que jV(f )(s) V(f )(t)j  js tj1=q pour
toute f 2 BL (ou 1=p + 1=q = 1), don A = Vp (BL ) est borne dans C([0; 1℄) et
p p
equi ontinu (i i q < +1, don 1=q > 0 et la fon tion Æ(t) = t1=q tend vers 0 ave t),
don A est relativement ompa t dans C([0; 1℄) par As oli.
On peut voir que V1 n'est pas ompa t de L1 dans C([0; 1℄).
Proposition 8.2.2. Soient E et F deux espa es de Bana h ; si T 2 L(E; F) est ompa te,
sa transposee tT est ompa te de F dans E .
Demonstration. Soit K  F un ompa t qui ontienne T(BE ) ; on munit K de la distan e
induite par F, 'est a dire d(y1; y2 ) = ky1 y2 kF . Considerons l'appli ation lineaire V :
F ! C(K) qui asso ie a haque y 2 F la fon tion V(y ): y 2 K ! y (y). Si M est le
maximum de kyk lorsque y varie dans K, on voit que kV(y )kC(K)  M ky k, don V est
bornee. Par ailleurs si x 2 BE , on a T(x) 2 K, don
j(tT(y ))(x)j = jy (T(x))j = jV(y )(T(x))j  kV(y )kC(K)
e qui montre en prenant le sup sur x 2 BE que ktT(y )k  kV(y )kC(K). Soit G  C(K)
l'ensemble V(BF ), forme de toutes les fon tions sur K de la forme V(y ), ou y varie
dans la boule unite de F . Cet ensemble G est uniformement borne et forme de fon tions
uniformement lips hitziennes sur (K; d) : on a en e et pour toute fon tion f = V(y ) 2 G ,
et y1 ; y2 2 K
jf (y1) f (y2)j = jy (y1 ) y (y2 )j = jy (y1 y2 )j  d(y1 ; y2):
{ 108 {
esulte du theoreme d'As oli que G est relativement ompa t dans C(K). Soit maintenant
Il r
(yn ) une suite dans BF , et montrons que la suite (tT(yn ))  E admet une sous-suite de
Cau hy (en norme) dans E ; d'apres e qui pre ede, il existe une sous-suite (V(yn k )) qui
onverge uniformement dans C(K), don qui est de Cau hy dans C(K). Mais on a vu que
ktT(yn k) tT(yn l )k  kV(yn k ) V(yn l )kC(K), e qui implique que (tT(ynk )) est de Cau hy
dans E .
//

Remarque 8.2.3. Si tT est ompa te, il en resulte que T est ompa te, don le resultat
pre edent

est en fait une equivalen e ; e i provient du fait que t(tT) est ompa te de E
dans F , et des rapports entre la bitransposee et les inje tions anoniques dans les biduaux.
Rappelons que la topologie faible sur un espa e de Bana h E est la topologie (E; E).
Proposition 8.2.3. Soient E et F deux espa es de Bana h et T 2 L(E; F) ; notons BE
la boule unite fermee de E.
(i) Supposons T ompa t ; alors T est ontinu de BE, munie de la topologie faible,
dans F muni de la topologie de la norme ; en onsequen e, pour toute suite (xn ) de points
de E onvergeant faiblement vers 0 la suite (T(xn )) onverge en norme vers 0.
(ii) Supposons E re exif ; alors T est ompa t si et seulement si : pour toute suite
(xn ) de points de E onvergeant faiblement vers 0, la suite (T(xn)) onverge en norme
vers 0 ; de plus, l'ensemble T(BE ) est ompa t (en norme) dans F lorsque T est ompa t.

Demonstration. Supposons T ompa t, et soit K un ompa t de F ontenant T(BE) ;


l'identite, de K muni de la topologie de la norme, dans K muni de la topologie
faible est ontinue ; omme K est ompa t, 'est un homeomorphisme. Comme T est
ontinu de BE muni de la topologie faible dans K muni de la topologie faible, il en
resulte que T est ontinu de BE faible dans F muni de la norme. Si (xn ) est une
suite qui onverge faiblement vers 0 dans E, elle est bornee dans E (lemme 5.3.1),
don (T(xn )) tend vers 0 en norme par e qui pre ede.
Lorsque E est re exif, la boule BE est faiblement ompa te, don son ima-
ge T(BE) est faiblement ompa te dans F, don faiblement fermee, don fermee ;
puisque T(BE) est relativement ompa te, elle est en fait ompa te. Supposons en-
ore E re exif et que (T(xn )) onverge vers 0 en norme dans F pour toute suite (xn )
qui tend faiblement vers 0E ; soit (xn ) une suite dans BE ; d'apres le theoreme 5.3.5,
il existe une sous-suite (xn ) qui onverge faiblement vers un point x 2 BE ; alors
(xn x) onverge faiblement vers 0, don T(xn ) T(x) onverge en norme vers
k

0 d'apres l'hypothese ; on a ainsi montre que pour toute suite (xn )  BE , il existe
k k

une sous-suite (T(xn )) qui onverge en norme, don T est ompa t.


k
//

Pour tout espa e de Bana h E et tout T 2 L(E; F), le fait que T soit ontinu de BE munie
de la topologie faible dans F muni de la norme implique que T est ompa t ; en revan he la
propriete des suites n'est pas suÆsante en general (l'appli ation identique de `1 la veri e).
Supposons T ontinu de BE faible dans F norme, et utilisons seulement la ontinuite en 0 :
pour tout " > 0, il existe un voisinage faible W de 0 dans BE tel que T(W)  B(0F ; ") ; on
peut hoisir W de la forme
W = fx 2 BE : 8j = 1; : : : ; n; jxj (x)j < Æg
{ 109 {
pour nun ertain Æ > 0 et x1 ; : : : ; xn 2 E . Le le teur utilisera la pre ompa ite des bornes
de K pour montrer que ette ondition permet de re ouvrir T(BE) par un nombre ni de
boules de rayon ".
Dans le as ou l'espa e de depart est hilbertien, on peut donner des ara terisations plus
pre ises de la ompa ite.
Theoreme 8.2.4. Soient E un espa e de Hilbert, F un espa e de Bana h et T 2 L(E; F) ;
notons BE la boule unite fermee de E. Les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est ompa t de E dans F ;
(ii) l'ensemble T(BE) est ompa t (en norme) dans F ;
(iii) l'operateur T est ontinu de BE, munie de la topologie faible, dans F muni de la
topologie de la norme ;
(iv) pour toute suite (xn ) de points de E onvergeant faiblement vers 0, la suite
(T(xn )) onverge en norme vers 0 ;
(v) l'operateur T est adherent (en norme d'operateur) a l'espa e des appli ations
lineaires ontinues de rang ni ;
(vi) pour tout systeme orthonormal (en )n0 dans E on a limn kT(en )k = 0.
Demonstration. Puisque E est re exif, on sait que (i), (ii), (iii) et (iv ) sont equiva-
lents. De plus, (v) ) (i) en general, et on sait que (iv) ) (vi) par e que les suites
orthonormees tendent faiblement vers 0 (exemples 5.3.1).
Supposons que (v) ne soit pas veri ee. Il existe alors " > 0 tel que pour toute
appli ation lineaire ontinue de rang ni R on ait kT Rk > ". Construisons alors
par re urren e sur n un systeme orthonormal (en )n0 tel que kT(en )k > " pour tout
n  0 : omme kTk > ", il existe e0 2 E tel que ke0 k = 1 et kT(e0 )k > " ; supposons
ek onstruit pour k < n et soit P le proje teur orthogonal sur le sous-espa e de E
engendre par fek : k < ng ; alors TP est de rang ni don kT TPk > " ; il existe
don yn 2 E tel que kT(IdE P)(yn1)k > " kyn k  " k(IdE P)(yn )k ; 1on pose alors
zn = (IdE P)(yn ), puis en = kzn k zn . On a alors kT(en )k = kzn k kT(zn )k > ",
don (vi) n'est pas veri ee. On a ainsi montre que (vi) ) (v).
//

Remarque 8.2.4. Il existe des espa es de Bana h tels que l'adheren e des operateurs de
rang ni soit stri tement plus petite que l'espa e des operateurs ompa ts (P. En o, 1972).

Proposition 8.2.5. Soient E, F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; on a equivalen e


entre
(i) l'appli ation T est ompa te ;
(ii) l'appli ation T est ompa te ;
(iii) l'appli ation T T est ompa te ;
(iv) l'appli ation jTj est ompa te.
L'appli ation jTj i-dessus est l'unique operateur hermitien positif borne tel que
jTj = T T. Son existen e sera prouvee au hapitre 9, se tion 9.3.
2 

Demonstration. L'impli ation (ii) ) (iii) resulte de la proposition 1 ; ensuite, pour


tout systeme orthonormal (en )n0 dans l'espa e de Hilbert E on a kT(en )k2 =
{ 110 {
hTT(en ); eni  kT T(en )k don si lim kT T(en )k = 0, alors limn kT(en )k = 0 ; il
en resulte que (iii) ) (i), en appliquant la propriete equivalente (vi) du theoreme 4.
On vient de montrer que (ii) ) (i) : appliquant ela a T, on en deduit que (i) ) (ii).
Appliquant (i) () (iii) a jTj, on trouve que jTj est ompa t si et seulement
si jTj2 est ompa t, e qui donne l'equivalen e (iv) () (iii).
//

8.3. Theorie spe trale des operateurs ompa ts


Cette theorie est pour l'essentiel la reation du mathemati ien hongrois F. Riesz,
aux alentours de 1910. Le theoreme 4.4.2 (ave son orollaire) est l'un des points- les de
ette theorie.
Lemme 8.3.1. Soit E un espa e de Bana h ; pour tout sous-espa e ve toriel L de di-
mension nie de E, il existe un proje teur ontinu P de E sur L, 'est a dire qu'il existe
un sous-espa e ferme F tel que E = L  F.

Demonstration. Soit (e1; : : : ; en) une base de L et soit (e1 ; : : : ; en ) la base duale
pour le dual L ; par le theoreme de Hahn-Bana h, on peut prolonger haque forme

lineaire ej en une forme lineaire ontinue xj 2 E . Il suÆt alors de poser
n
X
8x 2 E; P(x) = xj (x) ej ;
j =1
et de poser pour nir F = ker(P).
//

Lemme 8.3.2. Soit K 2 L(E) un operateur ompa t, et posons T = IdE K ; si F est un


sous-espa e ferme de E tel que T soit inje tif de F dans E, il existe une onstante > 0
telle que kT(x)k  kxk pour tout x 2 F ; il en resulte que l'image T(F) est fermee.

Demonstration. En as ontraire, on pourrait trouver une suite (xn )  F de ve teurs


de norme 1 telle que T(xn ) ! 0. Puisque K est ompa t, on peut trouver une sous-
suite (xn ) telle que K(xn ) onverge ; mais T(xn ) = xn K(xn ) tend vers 0,
don xn onverge vers un ve teur x 2 F (puisque F est ferme) tel que kxk = 1, et
k k k k k

a la limite T(x) = 0, e qui ontredit l'hypothese T inje tif sur F.


k

Designons par T1 la restri tion de T a F ; on a vu dans la proposition 7.3.1


que la minoration kT1 (x)k  kxk (pour tout x 2 F, et ave > 0) implique que
im(T1) = T(F) est fermee.
//

Proposition 8.3.3. Soit K 2 L(E) un operateur ompa t, et posons T = IdE K ; le


noyau de T est de dimension nie et l'image T(E) est fermee.
On remarquera, en utilisant la formule du bin^ome et la propriete d'ideal de K(E),
que Tn = (IdE K)n est de la forme IdE Kn , ave Kn ompa t, don les images de Tn
sont fermees pour tout n  0 (et leurs noyaux sont de dimension nie).
{ 111 {
Demonstration. Le noyau de T est le sous-espa e propre de l'operateur ompa t
K pour la valeur propre 1, il est don de dimension nie d'apres le theoreme de
Riesz ( orollaire du theoreme 4.4.2). Soit F un sous-espa e ferme de E tel que E =
ker(T)  F ; alors T est inje tif sur F, don T(E) = T(F) est ferme.
//

Lemme 8.3.4. Si F et G sont deux sous-espa es ve toriels de E, ave F ferme et F  G,


F 6= G, on peut trouver pour tout " > 0 un ve teur y 2 G tel que kyk = 1 et d(y; F) >
1 ".
Demonstration. Puisque F 6= G, on peut trouver un premier ve teur y0 2 G n F.
Puisque F est ferme et y0 2= F, on a Æ = d(y10; F) > 0. On peut trouver x0 2 F tel
que = ky0 x0 k < Æ=(1 "). Alors y = (y0 x0 ) 2 G onvient.
//

Lemme 8.3.5. Soit K 2 L(E) un operateur ompa t, et posons T = IdE K ; il n'existe


pas de ha^ne in nie (Fn )n0 (resp : (Fn )n0 ) de sous-espa es ve toriels fermes de E
telle que
Fn  Fn+1 ; Fn 6= Fn+1 et T(Fn+1 )  Fn
pour tout n  0 (resp : n < 0).

Demonstration. Traitons le as n  0, le as n < 0 est identique. Supposons


au ontraire que Fn 6= Fn+1 pour tout n  0 ; d'apres le lemme pre edent, on
peut trouver pour tout n  0 un ve teur xn+1 2 Fn+1 tel que kxn+1 k = 1 et
dist(xn+1 ; Fn) > 1 ". Puisque T(Fn+1 )  Fn  Fn+1 et K = IdE T, on a
K(Fn+1 )  Fn+1 . Soient alors k; ` deux entiers tels que 0 < k < ` ; le ve teur
T(x` ) est dans F` 1 et K(xk ) 2 Fk  F` 1 , don T(x` ) + K(xk ) 2 F` 1 , don
kx` (T(x` ) + K(xk ))k  dist(x` ; F` 1 ) > 1 ". Mais ette quantite est egale a
kK(x` ) K(xk )k. L'image K(BE ) ontiendrait don une suite in nie de points dont
les distan es mutuelles seraient  1 ", e qui ontredirait la ompa ite de K.
//

Corollaire 8.3.6. Soit K 2 L(E) un operateur ompa t, et posons T = IdE K ; la suite


roissante des noyaux (ker(Tn ))n0 est stationnaire. La suite de roissante des images
(im(Tn ))n0 est stationnaire.
Demonstration. Posons Fn = ker(Tn ). On a bien Fn ferme, Fn  Fn+1 et de plus
T(F ) F pour tout n  0 ; si la suite n'etait pas stationnaire, elle
n+1  n ontredirait
le lemme pre edent. Pour le as des images on posera F n = im(T ) pour n  0 ;
n
on a vu a la proposition 3 que toutes es images sont fermees.
//

{ 112 {
Corollaire 8.3.7. Soit K 2 L(E) un operateur ompa t, et posons T = IdE K ; si T
est surje tif, alors ker(T) = f0g ; si T est inje tif, alors im(T) = E.

Demonstration. Si l'operateur T est surje tif et si ker(T) 6= f0g, on montre par


re urren e que ker(Tn)n 6= ker(Tn+1) pour tout n  1 : si x 2 ker(Tn+1 ) n ker(Tn ),
on a T (x) = 0 et T (x) 6= 0. Puisque T est surje tif, il existe y tel que T(y) = x.
n +1
Il en resulte que Tn+2 (y) = Tn+1 (x) = 0 mais Tn+1 (y) = Tn (x) 6= 0. Ce i est
impossible quand T = IdE K, ave K ompa t, par le orollaire pre endent.
Si T est inje tif et T(E) 6= E, on veri e que im(T ) 6= im(T ) pour tout
n +1
n  0, e qui est a nouveau impossible quand T = IdE K, ave K ompa t.
//

On peut obtenir une demonstration plus ourte, si on utilise un lemme plus puissant.
Lemme. Si F; G  X, ave F; G sous-espa es ve toriels de dimension nie de X norme, et
dim F < dim G, il existe pour tout " > 0 un ve teur y 2 G tel que kyk = 1 et d(y; F) > 1 ".
Par ompa ite de la sphere unite de G on en deduit immediatement l'existen e d'un
ve teur y 2 G tel que kyk = 1 et d(y; F) = 1. Contrairement au lemme 4, on ne suppose
plus F  G ; la demonstration habituelle de e lemme, dans le as general, fait appel au
theoreme antipodal de Borsuk : si ' est une appli ation ontinue de la sphere unite Sd de
R d+1 dans R d , telle que '( x) = '(x) pour tout x 2 Sd , alors il existe x0 2 Sd tel que
'(x0 ) = 0.
A l'aide de e lemme on obtient un ra our i notable pour montrer que si K 2 K(E) et
T = IdE K, alors T surje tif implique T inje tif : puisque K(B1E ) est relativement ompa t,
on peut trouver F de dimension nie tel que K(BE )  F + 2 BE . Soit y1 ; y2 ; : : : ; yN une
base de F ; puisque T est surje tif, il existe xj 2 E tel que T(xj ) = yj pour j = 1; : : : ; N.
Si on avait x0 6= 0E tel que T(x0) = 0E , on aurait que x0 ; x1 ; : : : ; xN est un systeme
libre, dont toutes les images par T sont dans F. Posons G = Ve t(x0 ; x1 ; : : : ; xN). On a
dim G = N + 1 > dim F et T(G)  F. D'apres le lemme, on peut trouver x 2 G tel que
kxk = 1 et d(x; F) > 3=4. Mais T(x) 2 F, et T(x) = x K(x), ave K(x) 2 K(BE) ; on peut
e rire K(x) = y + 12 u, y 2 F et kuk  1, et nalement x = T(x) + K(x) = T(x) + y + 21 u,
e qui montre que d(x; F)  1=2 (par e que T(x) + y 2 F), et donne une ontradi tion.
Si F est un sous-espa e ve toriel ferme de E, on appelle odimension de F la dimension
du quotient E=F ( nie ou +1). Si F est de odimension nie n, on peut trouver un
sous-espa e ve toriel G de dimension n tel que E = F  G, et pour tout sous-espa e G0
tel que dim(G0 ) > n, on a F \ G0 6= f0g.
Theoreme 8.3.8 : Alternative de Fredholm. Soient E un espa e de Bana h et T 2 L(E)
un operateur borne de la forme T = IdE K, ave K ompa t ; l'image de T est fermee
et de odimension nie et l'on a
odimim(T) = dimker(T):
Pour un operateur T a image fermee et a noyau de dimension nie, la di eren e
dimker(T) odimim(T) s'appelle l'indi e de l'operateur T et se note ind(T). Le theo-
reme dit que IdE K est d'indi e nul pour tout operateur ompa t K.
Demonstration. On a vu que ker(T) est de dimension nie et im(T) fermee. On doit
montrer de plus que dimker(T) = odimT(E), 'est a dire que l'indi e de T est
nul. On va pro eder par re urren e sur la dimension de ker(T). Si dimker(T) = 0,
{ 113 {
on sait que T est surje tif d'apres le orollaire 7, don l'indi e est nul dans e as ;
on0 suppose don que n est un entier > 0 et que ind(T0 ) = 0 pour tout operateur
T = IdE K0 , ou K0 est ompa t et dimker(T0) < n. Soit T = IdE K ave K
ompa t et dimker(T) = n > 0 ; d'apres le orollaire 7, on a im(T) 6= E ; soit don
y0 2= im(T) ; on note que K y0  T(E) est une somme dire te. On va onstruire T0
de la forme IdE K0 tel que ind(T0 ) = ind(T)0 et dimker(T0) < dimker(T) ; d'apres
l'hypothese de re urren e, on aura 0 = ind(T ) = ind(T), e qui donnera le resultat.
On e rit E = ker(T)  E1 en utilisant le lemme 1 ; soit x1 ; : : : ; xn une base de
ker(T). On de nit un operateur T 2 L(E) en posant pour tout x 2 E, represente
0
sous la forme x = 1 x1 +    + n xn + y, ave y 2 E1
T0 (1x1 +    + n xn + y) = 1 y0 + T(y):
Si T0 (x) = 0, il en resulte que T(y) = 0E et 1 y0 = 0E, don y 2 ker(T) \ E1 entra^ne
y = 0E ; d'autre part 1 y0 = 0E entra^ne 1 = 0 puisque le ve teur y0 est non nul.
Il en resulte que ker(T 0 ) = Ve t(x2 ; : : : ; xn ) est de dimension n 1. Par ailleurs,
l'operateur R = T0 T est de rang un : en e et (T0 T)(x) = 1 y0 pour tout x, don
l'image0 de R est ontenue dans K y0 ; on peut 
e rire par ons
e quent T 0 = IdE K0
ave K = K R ompa t, et on a alors ind(T0 ) = 0 d'apres l'hypoth0ese de re urren e,
e qui montre deja que odimim(T ) est nie. Il est lair que im(T ) = K y0  T(E)
0 a
exa tement une dimension de plus que T(E), don odimim(T) = odimim(T 0 )+1,
et ind(T) = ind(T0 ) = 0.
//

Formulation lassique de l'alternative de Fredholm. A l'epoque de l'arti le de Fredholm


(1903), il n'y avait pas plus d'espa es de Bana h que de theorie de Riesz des operateurs
ompa ts. Cependant, quelques annees apres, sous l'in uen e de F. Riesz, on est arrive
a peu de hose pres a la formulation \ lassique" suivante : soit K un operateur ompa t
de E. On rappelle que tK est ompa te de E dans E. On a l'alternative suivante :
{ ou bien les deux equations x K(x) = y, x tK(x ) = y admettent pour tous
se onds membres y 2 E, y 2 E une solution unique x 2 E, x 2 E .
{ ou bien les equations homogenes x K(x) = 0, x tK(x ) = 0 admettent un
m^eme nombre ni k > 0 de solutions independantes, x1 ; : : : ; xk et x1 ; : : : ; xk . Dans e
as, pour que l'equation x K(x) = y admette une solution x 2 E, il faut et il suÆt que
x1 (y ) = x2 (y ) =    = xk (y ) = 0, et pour que l'equation x tK(x ) = y  admette une
solution x 2 E, il faut et il suÆt que y (x1) = y (x2) =    = y(xk ) = 0.
Pour e point de vue lassique, on pourra onsulter le livre de F. Riesz (Le ons
d'Analyse Fon tionnelle).
Theoreme 8.3.9. Soient E un espa e de Bana h omplexe et K 2 K(E) un operateur
ompa t ; le spe tre de K est ni ou forme d'une suite tendant vers 0. Chaque valeur
 6= 0 dans Sp(K) est une valeur propre de K, de multipli ite nie.

Demonstration. On va montrer que si  6= 0 est dans le spe tre de K, alors  1est


valeur propre de K et  est isole dans le spe tre de K. En rempla ant K par  K
on se ramene a traiter  = 1. Posons T = IdE K ; si 1 n'est pas valeur propre de
K, l'operateur T est inje tif, don surje tif d'apres le orollaire 7, don IdE K est
inversible et 1 n'est pas dans le spe tre de K. Supposons que 1 2 Sp(K), don 1
est valeur propre ; remarquons que Tn = (IdE K)n = IdEn Kn ave Kn ompa t
(utiliser la formule du bin^ome), don on sait que dimker(T ) = odimim(Tn) pour
{ 114 {
tout nk  0 (pourkn+1= 0, 'est une eviden e). On a vu qu'il existe un entier k tel que
ker(T ) = ker(T ), et on peut prendre pour k le plus petit entier veri ant ette
propriete ; onk a k  1 puisque 1 est valeur propre de K ; alors ker(T) \ im(Tk ) = f0g,
sinon ker(T ) 6= ker(Tk+1) ; on a a fortiori ker(Tk ) \ im(Tk ) = f0g, et d'apres
l'egalite dimension- odimension il en resulte que
E = ker(Tk )  im(Tk ):
L'espa e E se trouve de ompos e en deux sous-espa es fermes T-invariants. La res-
tri tion T2 de T a im(Tk ) est inje tive, don 'est un isomorphisme de im(Tk ) sur
im(Tk ) d'apres le theoreme 8. La restri tion T1 de T a ker(Tk ) est un endomorphisme
en dimension nie, dont la seule valeur propre est 0 ; pour tout  6= 0, T1  est
don bije tive de ker(Tk ) sur ker(Tk ), et pour  assez petit, T2  est en ore un
isomorphisme ; il en resulte que T  est un isomorphisme pour  6= 0 et assez
petit, e qui signi e que 0 est isole dans le spe tre de T, ou en ore que 1 est isole
dans le spe tre de K. On en deduit que pour tout " > 0 il y a un nombre ni de
valeurs spe trales telles que jj  ", e qui permet de ranger les valeurs spe trales
non nulles de K dans une suite qui tend vers 0, a moins que le spe tre ne soit ni.
//

On peut donner une demonstration ourte mais un peu arti ielle du theoreme pre edent.
Si (n )n0 etait une suite de valeurs propres de K distin tes de  et qui onverge vers
 6= 0, on aurait pour tout n  0 un ve teur xn de norme un tel que K(xn ) = n xn . Soit F
le sous-espa e ferme engendre par la suite (xn )n0 ; il est lair que F est K-invariant, e qui
permet de onsiderer la restri tion0 K0 de K a F.0 Alors xn = ( n) 1( IdF K0)(xn ) pour
tout n  0, e qui montre que T =  IdF K a une image dense dans F (l'image ontient
tous les ve teurs (xn )n0 ), don egale a F. Il en resulte que T0 est un isomorphisme, don
 2= Sp(K0 ), e qui est impossible puisque Sp(K0 ) est ferme et ontient les (n ).

Theoreme 8.3.10. Pour toute appli ation lineaire ompa te normale T d'un espa e de
Hilbert omplexe H dans lui-m^eme, l'espa e H est somme dire te hilbertienne (ortho-
gonale) de la famille des sous-espa es propres de T. Il en resulte que H admet une base
hilbertienne formee de ve teurs propres de T.

Demonstration. Commen ons par une remarque : si E est un Hilbert omplexe non
nul et si S est normal ompa t sur E, il existe x 6= 0 dans E et  2 C tels que Sx = x.
En e et, on peut appliquer la formule du rayon spe tral a l'algebre unitaire L(E)
(par e que E 6= f0g) : il existe une valeur spe trale  de S telle que jj = (S) = kSk
(proposition 7.2.3). Si  = 0, on a S = 0 et tout ve teur x 2 E non nul repond a la
question. Si  6= 0, on sait que  est valeur propre d'apres le theoreme 9.
Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) une appli ation lineaire
ompa te normale ; soit K son spe tre ; 'est un ensemble ni ou denombrable. Pour
 2 K notons E = ker(T  IdH ) l'espa e propre de T asso ie. On va demontrer
que les E ,  2 K, sont deux a deux orthogonaux, et que le sous-espa e engendre par
les E ,  2 K, est dense dans H. On pourra alors onsiderer la somme hilbertienne F
des sous-espa es deux a deux orthogonaux (E), et on aura F = H d'apres la densite
de la somme des (E ).
On rappelle que ker S = ker S quand S est normal ; omme S = T  Id est
normal et S = T  Id, on voit que E = ker(T  Id) = ker(T  Id) ; il

en resulte que haque E est stable par T et par T . Si x 2 E et y 2 E alors
{ 115 {
hT(x); yi = hx; yi = hx; Tyi = hx; yi e qui montre que hx; yi = 0 si  6=  : les
sous-espa es propres de T sont don deux a deux orthogonaux.
Notons F le sous-espa e ferme de H engendre par les E , pour  valeur propre de
T ( es espa es sont de dimension nie si  6= 0 ; le sous-espa e E0 = ker T peut ^etre
reduit a f0g, ou bien de dimension nie, ou in nie). Puisque? haque E est stable par
T et T , on a T(F)?  F et T (F)  F. Il s'ensuit que T(F )  F et T (F )  ?F?.
 ?  ?
Notons T1 2 L(F ) la restri tion de T a l'orthogonal de F. Si on avait E = F 6=
f0g, T1 serait un operateur normal ompa t sur? E, qui aurait, d'apres la remarque
preliminaire, au moins un ve teur propre x 2 F , x 6= 0 et T1 (x) = T(x) =  x pour
un ertain  2 C ; mais alors on devrait avoir x 2 F, puisque F ontient tous les
ve teurs propres de T ; on a don x 2 F \ F e qui implique x = 0H , ontradi tion.
?
On a don bien F = H. Pour obtenir une base orthonormee de H formee de ve teurs
propres de T, on rassemble des bases orthonormees de haque espa e E ,  6= 0, qui
sont des bases nies, et s'il y a lieu, une base orthonormee du noyau E0.
//

Remarque 8.3.1. Il s'agit i i d'un theoreme qui demande que le orps de base soit C ;
deja en dimension reelle deux, une matri e normale 2  2 n'est pas for ement diagona-
lisable sur R (prendre tout simplement une rotation d'angle di erent de k) ; on peut
ependant de omposer l'espa e reel en sous-espa es invariants de dimension  2. Si H
est un espa e de Hilbert reel et T 2 L(H) un operateur autoadjoint ompa t, il existe
une base orthonormee de H formee de ve teurs propres de T. Une fa on d'obtenir e
resultat est de se ramener au as omplexe par omplexi ation de la situation.
Il est fa ile de modi er legerement la demonstration pre edente pour qu'elle n'utilise plus
rien de la theorie generale de Riesz. Pour ommen er, il est evident dans le as hilbertien que
les sous-espa es propres d'un operateur ompa t T sont de dimension nie quand  6= 0 :
dans le as ontraire, prendre une base orthonormee (en)n0 de E , et onstater que la
suite T(en) = en, ontenue dans T(BH), n'a pas de sous-suite onvergente en norme ;
une fois vu que les sous-espa es propres sont deux a deux orthogonaux, il est lair, par
une legere modi ation de l'argument qui pre ede, qu'il n'y a qu'un nombre ni de valeurs
propres telles que jj  " > 0.

8.4. Operateurs de Hilbert-S hmidt


Lemme 8.4.1. Soient E et F deux espa es de Hilbert, B une base hilbertienne de E et
B0 une base hilbertienne de F ; pour tout T 2 L(E; F) on a :
X X X
jhb0; T(b)ij2 = kT(b)k2 = kT(b0 )k2
b2B;b0 2B0 b2B b0 2B0
(valeur nie  0 ou bien +1). Cette quantite ne depend pas des bases B et B0 hoisies.
Demonstration. Pour x 2 E X
et y 2 F on a X
kxk2 = jhx; bij2; kyk2 = jhb0; yij2;
b2B b0 2B0
P
d'o
P
u la premiere assertion. Il est lair que b2B kT(b)k2 ne depend pas de B0 et que
b0 2B0 kT (b )k ne depend pas de B, d'o u la deuxieme assertion.
 0 2
//

{ 116 {
Pour T 2 L(E; F) on pose kTk2 = Pb2B kT(b)k21=2 ou B est une base hilbertienne
quel onque de E. Posons L2 (E; F) = fT 2 L(E; F) : kTk2 < +1g. D'apres le point (vi)
du theoreme 2.4, tout T 2 L2 (E; F) est ompa t.
Theoreme 8.4.2. Soient E et F deux espa es de Hilbert ;
(i) l'ensemble L2(E; F) est un sous-espa e ve toriel de L(E; F) ;
(ii) pour tous operateurs S; T 2 L2 (E; F) et toute base
P hilbertienne B de E, la famille
(hS(b); T(b)i)b2B est sommable ; l'appli ation (S; T) ! b2B hS(b); T(b)i est un produit
s alaire sur L2 (E; F), independant de la base B.
On note (S; T) ! (S; T)2 e produit s alaire ;
(iii) muni de e produit s alaire, L2 (E; F) est un espa e de Hilbert ;
(iv) on a L2 (E; F)  K(E; F) ;
(v) soit T 2 K(E; F) ; notons (n )n0 les valeurs propres de jTPj (qui est ompa t par
1 2
la proposition 2.5) omptees ave leur multipli ite. Alors kTk2 = +
2
n=0 n .

Demonstration. Le point (i) est evident. Soient S; T 2 L(E; F) et B une base hilber-
tienne de E ; pour b 2 B on a
jhS(b); T(b)ij  kS(b)k kT(b)k  12 (kS(b)k2 + kT(b)k2):
On en deduit que la famille (hS(b); T(b)i)b2B est sommable. Il est lair que l'appli a-
tion (S; T) ! Pb2BhS(b); T(b)i est un produit s alaire, independant de la base
d'apres le lemme pre edent et l'identite de polarisation de la proposition 2.1.1.
Remarquons que, pour tout T 2 L2(E; F) et tout x 2 E de norme 1, prenant
une base hilbertienne ontenant x, on a kTk2  kT(x)k ; e i ayant lieu pour tout x
il en resulte que kT2k2  kTk, don k k2 est une norme sur L2(E; F). Du point (ii) il
resulte alors que L (E; F) est un espa e prehilbertien ; on doit montrer qu'il est de
plus omplet. Soit (Tn ) une suite de Cau hy dans L2 (E; F) ; omme k k  k k2, la
suite (Tn ) est de Cau hy dans L(E; F) qui est omplet, don la suite (Tn ) onverge
en norme vers un operateur T. Pour tout ensemble ni I  B on aura
X X
kT(b)k2 = lim
n
kTn (b)k2  sup kTn k22 = M;
b2I b2I n
P
don b2B kT(b)k2  M < +1 et T 2 L2 (E; F). Comme (Tn ) est de Cau hy dans
L2(E; F), il existe un entier N tel que pour tout n  N on ait kTn TN k2  ".
L'argument pre edent applique a la suite (Tn TN)nN , qui onverge vers T TN
montre que kT TNk2  supnN kTn TN k2  ", d'ou le resultat.
Soient T 2 L2 (E; F) et (en ) un2 systeme orthonormal ; soit B une base ontenant
les ve teurs en ; la famille (kT(b)k ) est sommable, don la suite kT(en )k tend vers
0. Don T est ompa t par la ara terisation (vi) du theoreme 2.4. Le point (iv) est
lair si on hoisit une base B formee de ve teurs propres pour jTj.
//

De nition 8.4.1. Soient E et F deux espa es de Hilbert ; un operateur T 2 L2 (E; F)


est dit de Hilbert-S hmidt.
{ 117 {
Exemples 8.4.2.
1. Prenons d'abord E = F = C n . Un operateur T est represente par une matri e
Pn (ai;j )
dans la base anonique ; si (ej ) designe la base anonique, on a kT(ej )k = i=1 jai;j j2 ,
2
don la norme Hilbert-S hmidt de T est egale a
n
X 1=2
kTk2 = jai;j j2 :
i;j =1
Si E = F = `2, un operateur T peut se representer par une matri e in nie (ai;j ), et on
voit de m^eme que la norme Hilbert-S hmidt est egale a
+1
X 1=2
kTk2 = jai;j j2 :
i;j =0

2. Soient (X; ) et (Y;  ) deux espa es mesures - nis et K(s; t) une fon tion de
arre integrable sur X  Y. On de nit un operateur TK par
Z
(TK f )(s) = K(s; t)f (t) d (t):
Y
On montre que TK est bien de ni, et agit ontin^ument de L2 (Y;  ) dans L2 (X; ) :
ave Cau hy-S hwarz,Z
on a Z Z
2  
j(TKf )(s)j  jK(s; t)j jf (t)j d (t)  jK(s; t)j d (t)
2 2 jf (t)j2 d (t)
Y Y Y
e qui donne
Z
en reintegrant Z Z
 
j(TKf )(s)j d(s) 
2 jK(s; t)j d(s) d (t)
2 jf (t)j2 d (t) :
X XY Y
On trouve a posteriori que l'integrale qui de nit TK est absolument onvergente pour
-presque tout s, et on voit que kTK k  kKk2 .
Si (fn )n0 est une base hilbertienne de L2 (X; ) et (gn)n0 une base hilbertienne
de L2 (Y;  ), il en resulte que les fon tions (s; t) ! fm(s)gn(t) (ou m; n prennent toutes
les valeurs entieres  0)PNdonnent une base orthonormee de l'espa e L2 (X  Y; 
 ).
Si KN est de la forme m;n=0 am;nfm (s)gn(t), on voit fa ilement que TK est de rang
ni (l'image est ontenue dans Ve t(f0; : : : ; fN)). Si Kn tend vers K en norme L2 , il en
N

resulte que les operateurs de rang ni TK onvergent en norme d'operateur vers TK ,


qui est don ompa t. En fait, l'operateur TK est de Hilbert-S hmidt :
n

si on e rit +1
X
K(s; t) = m;n fm (s)gn (t);
m;n=0
on onstate que TK (gp) = m m;p fm, don kTK (gp)k2 = Pm j m;pj2, et ensuite
P
X X
kTK (gp)k2 = j m;pj2 = kKk22 < +1:
p m;p

{ 118 {
On a don veri e que la norme Hilbert-S hmidt de TK est egale a la norme L2 du noyau
K dans l'espa e L2(X  Y; 
 ). En parti ulier, l'appli ation K ! TK est inje tive : si
l'operateur TK est l'operateur nul, le noyau K est nul 
 -presque partout sur X  Y.
Exer i e 8.4.3. Montrer que la omposition de deux operateurs TK1 et TK2 de la forme
pre edente est un operateur TK, ave
Z
K(s; t) = K1(s; u)K2(u; t)du:

On peut veri er que l'adjoint de TK est l'operateur de noyau K (t; s) = K(s; t). Sup-
posons que X = Y,  2=  et que K soit un noyau hermitien, 'est a dire que K(t; s) = K(s; t)
pour tous (s; t) 2 X ; il existe alors une base orthonormee (fn ) de L2(X; ) formee de
ve teurs propres de l'operateur hermitien ompa t TK, 'est a dire telle que TK(fn ) =
n fn pour tout n  0. Si on exprime le noyau K dans la base orthonormee de l'espa e
L2(X2 ; 
P) formee des fon tions hm;n (s; t) = fm (s)fn(t), on obtient une expression
K(s; t) = m;n m;n fm (s)fn(t), et on voit que
X Z X
TK(fp )(s) = m;n fm (s)fn (t)fp (t) dt = m;p fm (s) = p fp (s);
m;n m
e qui montre que p;p = p , et les autres oeÆ ients m;p , pour m 6= p sont nuls. On voit
don que tout noyau hermitien K sur X2 se represente sous la forme
+1
X
K(s; t) = n fn (s)fn (t)
n=0
ou les n sont reels, et (fn) une base orthonormee. La serie onverge au sens de L2.

Exer i e 8.4.4. Re iproquement, soit T un operateur de Hilbert-S hmidt de L2 (Y;  )


dans L2 (X; ), et soit (gn) une base hilbertienne de L2 (Y;  ). Soit Fn = T(gn). Montrer
que +1
X
K(s; t) = Fn (s)gn(t)
n=0
de nit une fon tion de L2 (X  Y), et que T = TK .
Proposition 8.4.3. Soient E, F et H des espa es de Hilbert ; pour tout S 2 L(E; F) et
T 2 L(F; H) on a :
(i) kSk2 = kS k2 ;
(ii) kTSk2  kTk kSk2 et kTSk2  kTk2kSk ;
(iii) si S ou T est un operateur de Hilbert-S hmidt alors il en va de m^eme pour TS.
Demonstration. Le point (i) resulte de la de nition de kSk2 (lemme 1). Pour le
point (ii), soit B une base hilbertienne de E ; pour tout b 2 B on a kTS(b)k 
kTk kS(b)k don kTSk22 = Pb2B kTS(b)k2  kTk2 Pb2B kS(b)k2 = kTk kSk2. La
deuxieme assertion en resulte en rempla ant S et T par leurs adjoints. Le point (iii)
resulte aussit^ot de (ii).
//

En parti ulier l'espa e L2(E) = L2 (E; E) est un ideal bilatere de L(E).

{ 119 {
8.5. Operateurs nu leaires
Proposition 8.5.1. Soit E un espa e de Hilbert ;
P
(i) soit T 2 L(E)+ ; la quantite ( nie ou egale a +1) Tr(T) = b2B hT(b); bi ne
depend pas de la base hilbertienne B de l'espa e E ;
(ii) pour tous S; T 2 L(E)+ et tout   0 on a Tr(S + T) = Tr(S) + Tr(T) et Tr(S) =
 Tr(S) ;
(iii) soient F un espa e de Hilbert, U 2 L(E; F) un operateur unitaire et T 2 L(E)+ ;
alors Tr(U T U ) = Tr(T) ;
(iv) si T 2 L(E)+ est ompa t, Tr(T) est la somme des valeurs propres de T omptees
ave leur multipli ite.

Demonstration. E rivons T = S S alors Tr(T) = kSk22 ne depend pas de la base, d'o u (i). Le
point (ii) estP lair. Soit B une base hilbertienne
P de E ; alors U(B) est une base hilbertienne
de F. On a b2U(B)hUTU (b); bi = b2BhT(b); bi, d'ou (iii). En n, (iv) est lair si on
hoisit une base B formee de ve teurs propres pour T.
//

Soient E, F deux espa es de Hilbert ; pour T 2 L(E; F) posons kTk1 = Tr(jTj) et


L1 (E; F) = fT 2 L(E; F) : kTk1 < +1g. On verra au hapitre 9, se tion 9.3, que tout
operateur hermitien positif borne A admet une ra ine arree hermitienne positive A1=2 ; en
parti ulier, l'operateur jTj, ra ine arree de T T, admet une ra ine jTj1=2. On a pour tout
ve teur b 2 E
hjTj(b); bi = hjTj1=2(b); jTj1=2(b)i = k jTj1=2(b) k2 :
On en deduit immediatement que Tr(jTj) = k jTj1=2 k22 ; si T 2 L1 (E) on en deduit que
jTj1=2 est Hilbert-S hmidt, don ompa t, don jTj est ompa t et T egalement.
Lemme 8.5.2. Soit T 2 L(E; F) ;
(i) soient H un espa e de Hilbert et S 2 L(E; H) tels que jTj = S S ; on a alors l'egalite
kTk1 = kSk2 ;2
(ii) on a kTk1 = supfj(TR; S)2 j : R 2 L2 (E); S 2 L2 (E; F); kRk kSk  1g.
Demonstration. Le point (i) est lair. Si T 2 L1 (E; F), alors jTj1=2 2 L2 (E) ; soient R 2
L2 (E) et S 2 P L (E; F) tels que kSk kRk  1 ; soit B une base hilbertienne de E ; on
2
a (TR; S)2 = B hTR(b); S(b)i = (jTj1=2R; jTj1=2u S)2 ou u est la phase de T (on a
T = u jTj, voir se tion 9.3, ave kuk  1). On en deduit que
j(TR; S)2 j  kjTj1=2Rk2 kjTj1=2u Sk2  ku Sk kRk kjTj1=2k22  k jTj1=2k22 = kTk1:
Don fj(TR; S)2j : R 2 L2 (E); S 2 L2 (E; F); kRk kSk  1g est majore par kTk1 . Soient B
une base hilbertienne de E et I une partie nie de B ; notons P le proje teur orthogonal
sur le sous-espa e de E engendre par I ; alors
X X
hjTj(b); bi = hu T(b); bi = (TP; uP)2 
b2I b2I

 supfj(TR; S)2j : R 2 L2 (E); S 2 L2 (E; F); kRk kSk  1g:


Prenant le sup sur les parties nies de B on trouve
kTk1  supfj(TR; S)2j : R 2 L2 (E); S 2 L2 (E; F); kRk kSk  1g:
//

{ 120 {
Theoreme 8.5.3. Soient E, F et H deux espa es de Hilbert ;
(i) l'ensemble L1 (E; F) est un sous-espa e ve toriel de L(E; F) ;
(ii) l'appli ation T ! kTk1 est une norme sur L1 (E; F) pour laquelle L1 (E; F) est
omplet :
(iii) pour tout T 2 L(E; F) on a kTk1 = kT k1 ;
(iv) pour tout S 2 L(E; F) et tout T 2 L(F; H) on a kTSk1  kSk1kTk et aussi kTSk1 
kSk kTk1.
Demonstration. Soient S; T 2 L(E; F) ; pour tous R1 2 L2 (E) et R2 2 L2 (E; F) tels que
kR1k kR2k  1, on a j((S + T)R1; R2 )2j  j(SR1; R2)2 j + j(TR1; R2 )2j. Par le lemme 2,
kS + Tk1  kSk1 + kTk1 ; on en deduit immediatement que L1 (E; F) est un sous-espa e
ve toriel de L(E; F) et que k k1 est une semi-norme. Par le lemme 2, kTk1 = kjTj1=2k22 
kjTj1=2k2 = kTk (proposition 6.1.2). En parti ulier, k k1 est une norme.
Par le lemme 2 l'appli ation T ! Tr(jTj) est semi- ontinue inferieurement et on en
deduit omme dans le theoreme 4.2 que L1 (E), muni de ette norme, est omplet. On a
jTj = u jTj u = (jTj1=2u ) (jTj1=2u ). Don
kT k1 = kjTj1=2u k22  kjTj1=2k22 = kTk1 ;
rempla ant T par T , on en deduit (iii). Soient R1 2 L2 (E) et R2 2 L2 (E; H) ; on a
(TSR1; R2)2 = (SR1; T R2)2 . Il resulte alors du lemme 2 que kTSk1  kSk1 kTk ; rem-
pla ant S et T par leurs adjoints il resulte de (iii) que kTSk1  kSk kTk1 .
//

Theoreme 8.5.4. Soient E, F deux espa es de Hilbert ;


(i) pour tout operateur T 2 L1 (E) et pour toute
P base hilbertienne B de E la famille
(hT(b); bi)b2B est sommable et la quantite Tr(T) = b2B hT(b); bi ne depend pas de la base
hilbertienne B ;
(ii) on a j Tr(T)j  Tr(jTj) ;
(iii) pour tous S 2 L(E; F), T 2 L(F; E) si S 2 L1 (E; F) ou si S et T sont de Hilbert-
S hmidt, alors Tr(TS) = Tr(ST).

Demonstration. On a hT(b); bi = hjTj1=2(b); jTj1=2 u (b)i. Comme les operateurs jTj1=2 et


jTj1=2u sont dans L2 (E), (i) resulte du theoreme 4.2. De plus
j Tr(T)j = j(jTj1=2; jTj1=2u )2 j  kjTj1=2k2 kjTj1=2u k2  kTk1;
d'ou (ii). L'appli ation S ! S est 
une isometrie antilineaire de L2 (E; F) dans L2 (F; E) ;
2
pour S 2 L (E; F), on a alors Tr(S S) = Tr(SS ). Par l'identite de polarisation on en deduit
que, pour S; S1 2 L2 (E; F), on a Tr(S1 S) = Tr(SS1 ). Soit T 2 L2 (F; E) ; posant S1 = T,
on en deduit Tr(TS) = Tr(ST).
En n, soient T 2 L(F; E) et S 2 L1 (E; F) ; donnons nous S1 2 L2 (E; F), S2 2 L2 (E) tels
que S = S1S2 ; on a Tr(ST) = Tr(S1S2 T) = Tr(S2 TS1) = Tr(TS).
//

De nition 8.5.1. Un operateur T 2 L1 (E) est appele nu leaire ou a tra e.


Il est lair que L1 (E; F)  L2 (E; F). Tout operateur de rang ni est nu leaire.

{ 121 {
9. Cal ul fon tionnel ontinu

L'un des obje tifs du hapitre est de onstruire un homomorphisme isometrique 'T
de C(Sp(T)) dans L(H) lorsque T est un operateur hermitien (borne) sur un espa e de
Hilbert H. Cet homomorphisme sera diÆ ile a visualiser dans le as le plus general, mais
il est peut-^etre utile de montrer le as le plus evident, elui d'un espa e de Hilbert de
dimension nie. Si H = C , onsiderons un endomorphisme hermitien T, 'est a dire
3
qui peut se de rire par une matri e M = U U, ou U est une matri e unitaire,  une
matri e diagonale dont les oeÆ ients diagonaux 1 ; 2; 3 sont reels, disons distin ts
pour xer les idees. Alors K = Sp(T) = f1 ; 2; 3g. Pour toute fon tion f ( ontinue !)
sur K on onsiderera la matri e
0 1
f ( 1 ) 0 0
'M (f ) = U  0 f ( 2 ) 0 A U:
0 0 f (3)
Il est lair que 'M est un homomorphisme d'algebres unitaires de C(K) dans M3 (C ).
9.1. Cal ul fon tionnel polynomial
Cette se tion est de nature purement algebrique. On onsidere d'abord une algebre
unitaire A sur K = R ou C (quand on en viendra aux questions de spe tre, on imposera
K = C omme d'habitude). Soient

P = 0 + 1 X +    + n Xn
un polyn^ome de K [X℄ et a 2 A ; on pose
'a (P) = P(a) = 0 1A + 1 a +    + n an 2 A:
Il est evident que (P+Q)(a) = P(a)+Q(a) et (P)(a) = P(a) ; l'appli ation 'a est don
lineaire ; si Q = Xk on veri e que (PQ)(a) = P(a)Q(a) et on en deduit le as general en
de omposant Q en ombinaison lineaire de mon^omes. On a obtenu :
Proposition 9.1.1. Soient A une algebre de Bana h unitaire et a 2 A ; il existe un
unique homomorphisme d'algebres unitaires 'a de K [X℄ dans A tel que 'a (X) = a ; et
homomorphisme est donne par 'a (P) = P(a).
Remarque. Si P et Q sont deux polyn^omes, on a P(a)Q(a) = (PQ)(a) = (QP)(a) =
Q(a)P(a) : tous les elements de la forme P(a) ommutent (pour a xe). Si ab = ba, on
en deduit que P(a)b = bP(a).
Lemme 9.1.2. Si a1 a2 = a2 a1 est inversible dans A, alors a1 est inversible dans A.
Demonstration. Il existe un element tel que (a1 a2 ) = 1A = (a1 a2 ) ; on voit que
a1 est inversible a gau he et a droite : 1A = a1 (a2 ) et 1A = (a1 a2 ) = ( a2 )a1 ; il
en resulte que a2 = a2 est l'inverse de a1 :
a2 = (a2 )(a1 a2 ) = a2 ( a1 a2 ) = a2 :
//

{ 123 {
Corollaire 9.1.3. Si ; 1 ; : : : ; k 2 K et si l'element (a 1 1A ) : : : (a k 1A ) est
inversible dans A, alors haque a j 1A est inversible, pour j = 1; : : : ; k.

Demonstration. Montrons le pour a 1 1A par exemple ; onsiderons le produit


a2 = (a 2 1A ) : : : (a k 1A ) ; alors a1 = a 1 1A et a2 ommutent, et a1 a2 est
inversible, don a1 est inversible.
//

Theoreme 9.1.4 : Petit theoreme spe tral. Soit A une algebre de Bana h unitaire
omplexe ; pour tout a 2 A, on a
Sp(P(a)) = P(Sp(a)):
Demonstration. Posons K = Sp(a), et supposons P non onstant ( e as parti ulier
est evident). Puisqu'on est sur C , on peut fa toriser le polyn^ome P  sous la forme
k
Y
P = (X i )
i=1
ave 6= 0 et k = deg P  1. Supposons d'abord que  2= P(K). Pour haque ra ine
i de P  on a P(i) =  ; puisque  2= P(K), ha un Q des i est en dehors de K,
don haque a i 1A est inversible, don P(a) 1A = i (a i 1A ) est inversible
et  2= Sp(P(a)).
Si  2 P(Sp(a)), il existe z 2 Sp(a) tel que P(z) =  ; le polyn^ome P  s'annule
en z, don z est l'une des ra ines (j ), par exemple z = 1 ; puisque
Qk
1 = z 2 Sp(a),
l'element a 1 1A est non inversible. Alors P(a) 1A = i=1 (a i 1A) est non
inversible d'apres le orollaire qui pre ede, et  2 Sp(P(a)).
//

Exemples 9.1.1.
1. S'il existe une base orthonormee (ei )i2I d'un Hilbert H reel ou omplexe et un
operateur borne T 2 L(H) tel que T(ei ) = i ei pour tout i 2 I (l'operateur T est diagonal
dans la base (ei )), il est fa ile de voir que pour tout polyn^ome P 2 K [X℄ l'operateur P(T)
est l'operateur diagonal dont les oeÆ ients diagonaux sont les P(i ).
2. Si on onsidere sur H = L2 (0; 1) l'operateur Mf de multipli ation par f 2 L1 (0; 1),
on voit que P(Mf ) est l'operateur de multipli ation par la fon tion t 2 [0; 1℄ ! P(f (t)),
'est a dire la multipli ation par la fon tion P Æ f .
Remarque 9.1.2. On peut aussi de nir un al ul fon tionnel pour les fra tions ra-
tionnelles. C'est tres fa ile a partir du as polynomial. Si Q 2 C [X℄ ne s'annule pas
sur Sp(a), l'element Q(a) est inversible. Si F = P=Q est une fra tion rationnelle, il est
raisonnable de de nir F(a) = P(a)Q(a) 1 = Q(a) 1P(a) (on a vu que1 P(a) et Q(a)
ommutent ; il en resulte immediatement que P(a) ommute ave Q(a) ). On montre
fa ilement que le resultat ne depend pas de la representation parti uliere de ette fra tion
rationnelle F.

{ 124 {
9.2. Cal ul fon tionnel ontinu pour les operateurs hermitiens

Polyn^omes et adjoints
Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) ; il resulte des proprietes des
adjoints que (Tk ) = (T)k pour tout entier k  0. Si P = Pnj=0 j Xj est un polyn^ome
a oeÆ ients omplexes, on peut onsiderer le polyn^ome dontP les oeÆ ients sont les
omplexes onjugues des oeÆ ients de P. On notera Pe = nj=0 j Xj e polyn^ome ;
alors X X
(P(T)) = k Tk  = k (T)k = P(T e )

e qui montre que l'adjoint de P(T) est P(T e  ). On notera que la fon tion polynomiale
z 2 C ! P( e z ) n'est pas la fon tion omplexe onjugu ee de la fon tion z ! P(z) (on a
e z ) = P(z ).
en fait P(
Si T est normal, P(T) est normal : en e et, T ommute ave P(T) puisque T
ommute ave T, puis P(Te  ) ommute ave P(T) pour la m^ eme raison. Si T est hermitien
et si P est un polyn^ome a oeÆ ients reels, alors P(T) est hermitien. Le resultat essentiel
pour la suite est le suivant :
Lemme 9.2.1. Si H est un espa e de Hilbert omplexe et si T 2 L(H) est normal, on a
kP(T)k = kPkC(Sp(T)) = maxfjP()j :  2 Sp(T)g:
pour tout polyn^ome P 2 C [X℄.

Demonstration. Soit K = Sp(T) ; on a vu dans le theoreme 1.4 que le spe tre de


P(T) est P(K). Par ailleurs P(T) est normal, don
kP(T)k = (P(T)) = maxfjzj : z 2 Sp(P(T))g = maxfjP()j :  2 Kg
d'apres la proposition 7.2.3.
//

Remarque 9.2.1. Le resultat pre edent est a peu pres evident lorsque T est normal et
ompa t. Dans e as, il existe une base orthonormee (ei)i2I de H telle que T(ei) = iei
pour tout i, et de plus pour tout " > 0 il n'existe qu'un nombre ni d'indi es i 2 I tels
que jij  ". Supposons I in ni denombrable pour xer les idees. L'operateur P(T) est
l'operateur diagonal dont les oeÆ ients diagonaux sont les P(i), la norme de P(T) est
don le sup des jP(i)j, qui est majore par le sup de jPj sur le spe tre K de T puisque
haque i est dans le spe tre. Inversement, si  est dans le spe tre de T, ou bien  est
valeur propre de T, et  est l'un des i, don kP(T)k  kP(T)(ei)k = jP(i)j = jP()j, ou
bien  = 0 est limite d'une suite de i, e qui onduit au m^eme resultat puisque P de nit
une fon tion ontinue sur K. On a don bien kP(T)k = kPkC(K).

{ 125 {
Lemme 9.2.2. Soient K un ompa t non vide et ' un homomorphisme isometrique de
C(K) dans une algebre de Bana h unitaire B ; alors f 2 C(K) est inversible dans C(K)
si et seulement si '(f ) est inversible dans B.

Demonstration. On la donnera dans le as ompa t metrique. On a deja dit que si


f est inversible, alors '(f ) est inversible. Supposons maintenant f non inversible
dans C(K) ;n on a vu qu'il existe s0 2 K tel que f (s0) = 0 ; posons Un = fs 2 K :
jf (s)j < 2 g ; 'est un ouvert qui ontient s0 ; soit hn la fon tion ontinue de nie
sur K par hn (s) = dist(1 s; U n) ; ette fon tion est non nulle, mais nulle en dehors
de Un ; si gn = khnn k hn , on a une fon tion de norme 1 nulle en dehors de Un .
Alors kfgnk  2 ; posons b = '(f ) et xn = '(gn) ; on a kxn kB = kgnkC(K) = 1
puisque ' est isometrique, et kb xn k  2 n ; il est impossible que b soit inversible : si
b 1 existait dans B, la multipli ation par b 1 serait ontinue, don b 1 (b xn ) = xn
tendrait vers 0, e qui n'est pas le as puisque kxn k = 1 pour tout n.
//

Nous avons utilise une distan e pour onstruire une fon tion ontinue non identiquement
nulle, mais nulle en dehors d'un ouvert non vide donne : e resultat est vrai pour tout
ompa t non vide.

Corollaire 9.2.3. Pour tout homomorphisme isometrique ' de C(K) ( omplexe) dans
une algebre de Bana h unitaire omplexe B, on a
Sp('(f )) = Sp(f ) = f (K)
pour toute f 2 C(K).
Demonstration. On sait deja que Sp('(f ))  Sp(f ). Inversement, si  2 Sp(f ) =
f (K) la fon tion f  est non inversible dans C(K), don son image '(f ) 1B est
non inversible dans B, don  2 Sp('(f )).
//

Dans notre exemple matri iel a l'introdu tion du hapitre, on avait bien
Sp('M (f )) = f (K) = ff (1); f (2); f (3)g:
Passons au theoreme sur le al ul fon tionnel ontinu. Si K est un ompa t de C ,
on notera iK la fon tion z 2 K ! z 2 C .
Theoreme 9.2.4. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) hermitien ;
posons K = Sp(T). Il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana h unitaires
omplexes 'T : C(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T.
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a f (T) = f (T)
et f (T) ommute ave tout operateur S qui ommute ave T (don f (T) est normal),
pour toute fon tion f ontinue sur K. On a de plus
Sp(f (T)) = Sp(f ) = f (Sp(T)):
Si f est reelle ontinue sur K et g ontinue sur f (K), on a (g Æ f )(T) = g (f (T)).

{ 126 {
Demonstration. On a vu que K = Sp(T) est ontenu dans R . Designons par A
l'ensemble des fon tions ontinues f sur K de la forme f : s ! P(s) pour un
P 2 C [X℄ (fon tions polynomiales). D'apres le theoreme de Weierstrass, les fon -
tions polynomiales a oeÆ ients omplexes sont uniformement denses dans l'espa e
C([ a; a℄) des fon tions omplexes ontinues sur [ a; a℄, pour tout a > 0 ; il en
resulte que l'ensemble A est dense dans C(K), puisque K  [ a; a℄ lorsque par
exemple a = kTk.
Montrons d'abord l'uni ite de 'T . Si ' est un homomorphisme d'algebres uni-
taires de C(K) dans L(H) tel que '(iK ) = T, on aura ne essairement par les pro-
prietes d'homomorphisme0 que l'image de la fon tion t 2 K ! P(t) est egale a P(T) :
par de nition,k on a '(iK ) = '(1) = IdH = T k, et '(ikK ) = Tk pour tout k  1
0
(la fon tion iK est la fon tion mon^ome s ! s ) ; il en resulte puisque ' est de
plus lineaire que pour toute fon tion polynomiale f : s ! P(s), l'image '(f ) est
P(T) = 'T (f ). Par onsequent, ' est uniquement determine sur A. Comme un ho-
momorphisme d'algebres de Bana h est ontinu par de nition, et que A est dense
dans C(K), il en resulte que ', s'il existe, est uniquement de ni sur C(K) : si (Pn )
tend uniformement vers f sur K, on aura '(f ) = limn '(Pn ) = limn Pn (T).
Montrons maintenant l'existen e, en ommen ant par la de nition d'un homo-
morphisme sur A : pour toute f 2 A l'element (f ) peut ^etre de ni de fa on
unique puisque si f = P1 = P2 sur K,
kP1(T) P2 (T)k = kP1 P2 kC(K) = 0
d'apres le lemme 1 (si le spe tre K est un ensemble in ni, la veri ation pre e-
dente est inutile, puisque le polyn^ome formel P1 P2 sera nul s'il a une in nite de
ra ines ; mais le spe tre de T pourrait ^etre ni). On posera don (f ) = P(T), ou
P est n'importe quel polyn^ome qui represente la fon tion f sur K. De plus, on a
k (f )k = kf k1.
L'ensemble A est dense dans C(K), et on a un homomorphisme isometrique
de A dans L(H) ; d'apres le lemme 1.4.1, il existe un prolongement unique 'T de
en appli ation lineaire ontinue de C(K) dans L(H). Posons f (T) = 'T (f ) pour
toute f 2 C(K). Pour toute suite (Pn ) de polyn^omes qui onverge uniformement sur
K vers la fon tion f , la suite (Pn (T)) tend en norme dans L(H) vers f (T), puisque
'T est ontinu. Il en resulte par ontinuite de la norme que
kf (T)k = lim
n
kPn (T)k = lim
n
kPn kC(K) = kf kC(K) ;
e qui montre que l'appli ation 'T : f 2 C(K) ! f (T) 2 L(H) est isometrique.
Par onstru tion on a 'T (iK ) = T puisque la fon tion iK orrespond au mon^ome
X dont l'image est T en al ul polynomial. Il reste a voir que 'T est un homo-
morphisme. Si (Pn ) onverge uniformement vers f sur K et (Qn ) onverge uni-
formement vers g sur K, alors f (T)g(T) = lim(Pn Qn )(T) = (fg)(T) (utiliser la
ontinuite du produit par rapport au ouple de variables), don 'T est un homo-
morphisme d'algebres de Bana h unitaires omplexes, isometrique. Il en resulte que
Sp f (T) = f (K), d'apres un prin ipe general sur C(K) ( orollaire 3).
Si ST = TS, on en deduit que SPn (T) = Pn (T)S pour tout n, don Sf (T) =
f (T)S par ontinuite du produit par S, a droite et a gau he. Ainsi f (T) ommute
ave tout operateur borne S qui ommute ave T.
Posons '1 (f ) = f (T) pour toute f 2 C(K). On veri e que '1 est un homo-
morphisme d'algebres de Bana h unitaires de C(K) dans L(H), et '1(iK ) = iK (T)
(par e que K  R , on a iK = iK ) don '1 (iK ) = T = T par e que T est hermitien.
D'apres l'uni ite, on deduit '1 = 'T , e qui signi e que f (T) = f (T) pour toute
{ 127 {
f 2 C(K). Il en resulte que f (T) f (T) = (ff )(T) = (ff )(T) = f (T)f (T) don
f (T) est normal.
Supposons que f soit une fon tion reelle ontinue sur K = Sp(T). Alors f (T) est
hermitien puisque f (T) = f (T) = f (T), e qui permet d'appliquer a f (T) le al ul
fon tionnel de ni pre edemment. L'ensemble L = f (K)  R est ompa t, et 'est
le spe tre de f (T). L'appli ation g 2 C(L) ! g Æ f 2 C(K) est un homomorphisme
 d'algebres de C(L) dans C(K), qui transforme iL en f (T) ; d'apres l'uni ite, la
omposition 'T Æ est egale a l'homomorphisme 'f (T) asso ie a l'operateur hermitien
f (T). On a don (g Æ f )(T) = g (f (T)) pour toute fon tion ontinue g sur L.
//

Corollaire 9.2.5. Soient H un espa e de Hilbert omplexe, T 2 L(H) hermitien et f


une fon tion ontinue sur K = Sp(T) ; si f est reelle sur K, alors f (T) est hermitien ; si
f est reelle et positive sur K, alors f (T) est hermitien positif. Si jf j = 1 sur K, f (T)
est unitaire.

Demonstration. On a deja vu le premier point : quand f est reelle, on peut


p  e rire
f (T) = f (T) = f (T). Si de plus f  0 sur K, on peut onsiderer g (s) = f (s) qui
est une fon tion reelle ontinue sur K. Alors g(T) est hermitien et f (T) = (g(T))2
est hermitien positif. Pour nir, supposons que jf j = 1 sur K et posons U = f (T) ; on
a U U = f (T)f (T) = (ff )(T) = 'T (1) = IdH , et le m^eme al ul donne UU = IdH ,
don U est unitaire.
//

Exemples 9.2.2.
1. Supposons que T soit diagonal dans une base orthonormee, ave oeÆ ients dia-
gonaux (n ) reels ; l'operateur T est alors hermitien. Pour toute fon tion ontinue f
de nie sur R , l'operateur f (T) est l'operateur diagonal de oeÆ ients (f (n)) ; demons-
tration : passer a la limite a partir du as polynomial.
2. Supposons que T soit l'operateur M' : L2 (0; 1) ! L2 (0; 1) de multipli ation par
une fon tion ' reelle ontinue. On voit que pour tout polyn^ome P l'operateur P(M' ) est
l'operateur de multipli ation par la fon tion s 2 [0; 1℄ ! P('(t)), don a la limite f (M' )
est l'operateur de multipli ation par s ! f ('(s)), 'est a dire que f (M' ) = Mf Æ' . On
peut aussi raisonner en disant que f ! Mf Æ' est bien l'unique homomorphisme de rit
dans le theoreme 4.
Le as hermitien sur un espa e reel. Complexi ation
Soit H un espa e de Hilbert reel, dont le produit s alaire sera note x : y pour eviter
les onfusions ave le produit s alaire dans le omplexi e ; le omplexi e de H est l'espa e
HC = H + iH de tous les ve teurs z = x + iy ou x; y 2 H ; ette e riture est simplement
une e riture symbolique ommode pour un ouple (x; y) 2 H  H. Si  = a + ib 2 C , on
pose z = (ax by) + i(by + ax). On veri era les axiomes d'espa e ve toriel omplexe.
On de nit le produit s alaire ( omplexe) sur HC en posant
hx + iy; x0 + iy0 i = (x + iy) : (x0 iy0) = (x : x0 + y : y0) + i(y : x0 x : y0):
Lorsque z = x + iy, on voit que hz; zi = x : x + y : y = kxk2 + kyk2, e qui donne un produit
s alaire sur HC dont la norme asso iee est kzk = kxk2 + kyk2 1=2 . Si z = x + i0, on a
{ 128 {
kzk = kxk. A tout operateur T 2 L(H) on asso ie l'appli ation TC de HC dans lui-m^eme
de nie par TC (x + iy) = T(x) + iT(y) ; on veri e fa ilement que TC est C -lineaire. On
peut montrer que :
l'appli ation T ! TC est un homomorphisme isometrique de R -algebres de Bana h
unitaires. De plus, (T )C = (TC ) et TC est inversible si et seulement si T est inversible.
Il est lair que l'appli ation T ! TC est R -lineaire, que (ST)C = SC TC , (IdH )C =
IdHC ; si z = x + iy,

kTC (z)k2 = kT(x)k2 + kT(y)k2  kTk2 kxk2 + kyk2 = kTk2 kzk2 ;
don kTC k  kTk ; l'inegalite inverse est laire en regardant les ve teurs z = x + i0.
Pour l'adjoint,
hT(x) + iT(y); x0 + iy0 i = (T(x) + iT(y)) : (x0 iy0 ) ;
En developpant, haque produit s alaire T(u) : v0, ave u = x; y et v0 = x0 ; y0 sera
transforme en u : T (v ) et il n'y a plus qu'a remonter les mor eaux.
 0
Veri ons que le omplexi e TC est inversible dans L(HC ) si et seulement si T est
inversible dans L(H). S'il existe S 2 L(H) tel que ST = TS = IdH il en resulte que
SC TC = TC SC = IdHC , don TC est inversible. Inversement, supposons TC inversible ;
alors T est inje tif : si T(x) = 0H , alors TC (x + i0H ) = 0HC , don x +0 i0 =0 0, don
x = 0H ; de plus T est surje tif : pour tout x 2 H il existe z = x + iy tel que
TC (z0 ) = x + i0, e qui donne T(x0 ) = x ; on en deduit que l'inverse est ontinu, soit
par le theoreme des isomorphismes, soit en utilisant la norme de (TC ) 1 .
Si P 2 R [X℄, il resulte de la propriete d'homomorphisme unitaire que (P(T))C = P(TC ).
Il en resulte aussi que pour tout  2 R , l'operateur T  IdH est inversible si et seulement
si TC  IdHC est inversible. Si on introduit le spe tre reel de T en posant
SpR(T) = f 2 R : T  IdH non inversible g
on voit que SpR(T) = R \ Sp(TC ). Cette notion de spe tre reel n'est pas tres interessante
en general, ar il est possible que SpR(T) soit vide et ne donne au une information. Mais
dans le as ou T est hermitien, on sait que TC est hermitien aussi, don son spe tre est
reel et SpR(T) = Sp(TC ) dans e as.
Passons au al ul fon tionnel ontinu pour les hermitiens reels. Si P est un polyn^ome
reel et si T 2 L(H) est hermitien, on a TC hermitien, P(TC ) hermitien, don
kP(T)k = k(P(T))C k = kP(TC )k = kPkC(Sp(TC )) :
Si on pose K = Sp(TC ) = SpR(T) et si f est une fon tion reelle ontinue sur K, on
a dit qu'il existe un polyn^ome P 2 C [X℄ tel que jf (s) P(s)j < " pour tout s 2 K.
Comme s est reel, il est lair que si Q 2 R [X℄ est le polyn^ome obtenu a partir de P en
prenant omme oeÆ ients les parties reelles des oeÆ ients de P, alors Q(s) = Re P(s),
don jf (s) Q(s)j = j Re(f (s) P(s))j  jf (s) P(s)j < ". On voit don que l'algebre
AR des fon tions polynomiales a oeÆ ients reels est dense dans CR(K). On ontinue la
demonstration omme avant. On obtient don
{ 129 {
Corollaire 9.2.6. Soient H un espa e de Hilbert reel et T 2 L(H) hermitien ; designons
par K le spe tre de T. Il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana h
unitaires reelles 'T : CR(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T.
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a que f (T) =
f (T) est hermitien pour toute f (for ement reelle dans e ontexte) ontinue sur K et
f (T) ommute ave tout operateur S qui ommute ave T. On a
SpR(f (T)) = f (SpR(T)):
Si f est ontinue sur K et g ontinue sur f (K), on a (g Æ f )(T) = g (f (T)).
Lemme 9.2.7. Soit T un operateur hermitien sur un espa e de Hilbert H ; pour tout
 2 Sp(T) et tout " > 0, il existe un sous-espa e ferme F 6= f0g de H, stable par tout
operateur S qui ommute ave T, et tel que
8x 2 F; kT(x) xk  " kxk:

Demonstration. Soit g une fon tion reelle ontinue sur R telle que g() = 1 et g = 0
en dehors de l'intervalle [ ";  + "℄. On a 0 6= g() 2 g(Sp(T)) = Sp(g(T)), e qui
montre que g(T) 6= 0. On peut don trouver un ve teur x0 = g(T)(y) non nul.
Soit ensuite f une fon tion reelle ontinue sur R , qui soit egale a  sur l'intervalle
[ ";  + "℄ et telle que jf (t) tj  " pour tout t 2 R (par exemple, f (t) = t "
quand t >  + " et f (t) = t + " quand t <  "). On a (f ) g = 0, don fg =
g et en utilisant l'homomorphisme 'T on voit que f (T)(x0 ) = f (T)(g (T)(y )) =
g (T)(y ) = x0 , don x0 est ve teur propre de f (T) pour la valeur propre . Posons
F = ker(f (T)  IdH ). L'espa e F est 6= f0g, et puisque tout operateur S qui
ommute ave T ommute ave f (T), le sous-espa e propre F de f (T) est stable par
S. Finalement, on a kf (T) Tk  " puisque kf iSp(T) k1  ". Pour tout x 2 F,
on aura f (T)(x) = x et kf (T)(x) T(x)k  " kxk, et 'est ni.
//

9.3. Appli ation aux hermitiens positifs. La ra ine arree

Lemme 9.3.1. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) ; si pour tout


x 2 H, le s alaire hT(x); xi est reel, il en resulte que T est hermitien.

Demonstration. Supposons que hT(x); xi soit reel pour tout x 2 H. L'appli ation
(x; y) ! hT(x); yi est sesquilineaire. Par le orollaire 2.1.2, on a hT(y); xi = hT(x); yi,
pour tous x; y 2 H, don T est hermitien.
//

Si H est un espa e de Hilbert reel, la ondition hT(x); xi reel n'implique evidemment pas
que T soit hermitien ; m^eme si on a hT(x); xi  0 pour tout x 2 H, ela n'entra^ne pas que
T soit hermitien.

{ 130 {
Theoreme 9.3.2. Soient H un espa e de Hilbert (reel ou omplexe) et T 2 L(H) ; les
onditions suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est hermitien et hT(x); xi est reel  0 pour tout x 2 H ;
(ii) il existe S 2 L(H) tel que T = S S ;
(iii) il existe S 2 L(H) tel que S = S et T = S2 ;
(iv) l'operateur T est hermitien et Sp(T)  [0; +1[.
Demonstration. Supposons (ii) veri ee ; alors l'operateur T = S S est hermitien et
on a hS S(x); xi = hS(x); S(x)i  0 pour tout x 2 H, don (ii) ) (i). L'impli ation

(iii) ) (ii) est evidente. Supposons ensuite que T soit hermitien et que son spe tre
K = Sp(T) soit ontenu dans [0; +1[ ; notons f 2 C(K)l'appli ation2t ! pt ; par
le theoreme 2.4 ou le orollaire 2.6, on a f (T) = f (T) ; de plus f = iK , don
f (T)2 = T, don (iv ) ) (iii). En n, par la proposition 7.3.11, on sait que (i)
implique que Sp(T)  [0; +1[.
//

Un element hermitien de L(H) satisfaisant aux onditions equivalentes du theoreme 2


est appele positif (de nition 6.1.3). On note L(H)+ l'ensemble des elements positifs de
L(H). Pour T 2 L(H)+ et > 0, on pose T = f (T), ou f 2 CR(Sp(T)) est l'appli ation
t ! t . Pour ; > 0 on a T + = T T et, par la derniere partie du theoreme 2.4 (ou
du orollaire 2.6), on a (T ) = T .
Proposition 9.3.3. Pour T 2 L(H)+ , il existe un et seul S 2 L(H)+ tel que S2 = T.
Demonstration. On a deja vu i-dessus l'existen e d'une ra ine hermitienne positive,
passons maintenant a la demonstration de l'uni ite. Soit S un operateur hermitien
positif tel que S2 = T ; onsiderons le spe tre K = Sp(S)  [0; +1[, et onsiderons
sur K la fon tion f : s ! s2, puis sur L = f (K) p [0; +1[ la fon tion g(t) = pt.
Du fait que K  [0; +1[, on veri e que g(f (s)) = s2 = s pour tout s 2 K, don le
resultat de omposition nous donne, puisque g Æ f = iK
p
S = (g Æ f )(S) = g(f (S)) = g(S2) = g(T) = T:
//

Bien entendu il n'y appas uni ite si on ne demande pas que la ra ine soit positive : il
suÆt de onsiderer T pour avoir une autre ra ine hermitienne.
De omposition polaire
Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; on appelle module p de T et
on note jTj l'unique S 2 L(E)+ tel que S2 = TT, 'est a dire que jTj = TT.
Proposition 9.3.4. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; il existe un
et un seul u 2 L(E; F), nul sur ker(T) tel que T = u jTj.

Demonstration. Pour x 2 E on a

kT(x)k2 = hTT(x); xi = hjTj2(x); xi = jTj (x) 2 ;
en parti ulier, ker(T) = ker(jTj) ; par la proposition 6.1.6, l'adheren e G de l'image
de jTj est l'orthogonal de ker(T), et on a E = G  ker(T), somme dire te orthogonale.
{ 131 {
On va expliquer la onstru tion de u0 , restrition de u au mor eau G. Tout d'abord, si
y = jTj(x) 2 im(jTj), nous devons ne essairement poser u0 (y ) = T(x) pour realiser
la fa torisation voulue. Notons que si y = jTj(x0 ) est une autre representation de
y , on aura x0 x 2 ker(jTj) = ker(T), don T(x0 ) = T(x). Cela montre que l'on
peut legitimement poser u0(y) = T(x), pour tout y dans l'image de jTj, ou x est
n'importe quel ve teur tel que jTj(x) = y.
On remarque ensuite que ku0 (y)k = kT(x)k = k jTj(x) k = kyk, 'est a dire que
u0 est une isometrie de im(jTj) dans E. Puisque E est omplet, ette isometrie se
prolonge en isometrie u0 de l'adheren e G, a valeurs dans E. Posons pour nir, si
x = y + z , ave y 2 G et z 2 ker(T)
u(x) = u0 (y )
'est a dire u = u0 Æ PG . On veri e que u ÆjTj = T, u nulle sur ker(T) et que kuk  1.
//

Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; on appelle phase de T l'unique


u 2 L(E; F) nul sur ker(T) tel que T = u jTj. La de omposition T = u jTj s'appelle
de omposition polaire de T.
Remarque 9.3.1. Si T est inje tif, u est isometrique. Si T est inje tif a image dense, u
est unitaire.
En e et, G est egal a E lorsque ker(jTj) = ker(T) = f0g, don u = u0 dans e as.
De plus, l'image de u ontient l'image de T d'apres la fa torisation ; si T est inje tif a
image dense, u est une isometrie a image dense, don surje tive, don unitaire.
Proposition 9.3.5. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; notons
T = u jTj sa de omposition polaire.
(i) On a u T = jTj ; de plus, u u et uu sont les proje teurs orthogonaux sur
l'orthogonal du noyau de T et sur l'adheren e de l'image de T respe tivement.
(ii) Le module de T est u jTj u = u T = T u ; sa phase est u.
Demonstration. Puisque uest nul sur ker(T), on en deduit que im(u ) est orthogonale
a ker(T), 'est a dire im(u )  G, ou Gest l'adheren e de2 im(jTj). On a vu que u est
isometrique sur G ; il en resulte que hu u(y); yi = ku(y)k = hy; yi pour tout y 2 G ;
par polarisation, on obtient hu u(y1); y2i = hy1; y2i pour tous y1; y2 2 G, et omme
u u(y1 ) 2 G on en deduit que u ujG = IdG ; puisque u u est nul sur l'orthogonal de
G, on en deduit que uu = G .
On a en parti ulier u ujTj = jTj, don u T = jTj et
TT = ujTj jTju = (ujTju)(ujTju):
L'operateur ujTju esthermitien positif et son arr
e est TT : il est don egal a jT j.
De plus, la relation u jT j = u ujTju = jTju = T montre que u est la phase
   
de T . En appliquant a T e qu'on a vu pour T, on voit que uu est la proje tion

orthogonale sur l'orthogonal du noyau de T , 'est a dire la proje tion orthogonale
sur l'adheren e de l'image de T.
//

{ 132 {
Remarque 9.3.2. On deduit aisement des al uls i-dessus les identites suivantes :
T = ujTj = jTju = uTu; jTj = u T = T u = ujT ju;
T = ujT j = jTju = u Tu ; jTj = ujTju = Tu = uT :
En parti ulier T et jTj ont m^eme image et u est un isomorphisme de l'image de T sur
elle de T.
9.4. Le as general : operateurs normaux
Il n'y a pas de raison de s'arr^eter aux operateurs hermitiens pour le al ul fon tionnel
ontinu. Ce n'est qu'un as parti ulier des operateurs normaux, et la theorie du al ul
fon tionnel ontinu se generalise dans son bon adre a es operateurs. Il y a ependant
des diÆ ultes supplementaires.
Dans deux as parti uliers de al ul fon tionnel, l'operateur adjoint T est dire te-
ment une fon tion de T : trivialement dans le as hermitien, puisqu'alors T = T, mais
aussi dans le as unitaire ou T = T 1 . Notons omme d'habitude K = Sp(T) ; on voit
lairement de quelle fon tion de C(K) l'operateur1 T doit ^etre l'image par 'T dans es
deux as : 'est iK = iK dans le as hermitien et iK = iK dans le as unitaire. Cela ne sera
plus si lair dans le as general d'un operateur normal, et on demandera expli itement
que l'homomorphisme 'T envoie la fon tion iK sur T . 
Il faut aussi generaliser nos polyn^omes : si la fon tion iK est envoyee sur T et la
fon tion iK sur T , alors l'image de iK iK doit ^etre TT ; dans2le as hermitien ou unitaire,
la fon tion iK iK s'exprime a partir d'un polyn^ome en iK (iK dans le as hermitien et 1
dans le as unitaire) ; e i n'est plus vrai maintenant, et la fon tion iK iK est une nouvelle
fon tion qui doit ^etre gardee dans notre algebrep de q\polyn^omes" ; bien s^ur le probleme
ne s'arr^ete pas la, et nous devons onsiderer iK iK pour tous entiers p; q  0. Nous
allons don onsiderer l'algebre C [X; Y℄ des polyn^omes en deux variables, puis prendre
l'ensemble des fon tions sur K = Sp(T) obtenues en rempla ant X par iK et Y par iK .
Notre algebre de base A qui rempla era l'algebre des polyn^omes sera l'algebre de toutes
les fon tions f sur K de la forme
N
X
8z 2 K; f (z) = p;q z p z q
p;q=0

ave p;q 2 C , et ou N varie dans N . On a envie de poser ensuite


N
X
f (T) = p;q Tp (T )q ;
p;q=0

mais on n'est pas en ore s^ur que l'operateur ainsi e rit ne depend que de la fon tion f
sur K. La strategie de demonstration sera toujours la m^eme : l'algebre A onsideree est
dense dans C(K) par Stone-Weierstrass (fa ile), et l'appli ation que nous avons en t^ete
sera isometrique.

{ 133 {
Theoreme 9.4.1. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T 2 L(H) normal ; posons
K = Sp(T) ; il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana h unitaires
omplexes 'T : C(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T et 'T (iK ) = T .
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a f (T) = f (T)
(don f (T) est normal) et f (T) ommute ave tout operateur S qui ommute ave T et
ave T . On a
Sp(f (T)) = Sp(f ) = f (Sp(T)):
Pour toute fon tion ontinue f sur K et toute fon tion ontinue g sur f (K), on a
g (f (T)) = (g Æ f )(T).
Comme dans le as hermitien, le point le est de montrer que
kP(T; T)kL(H) = maxfjP(; ) :  2 Kg
pour tout polyn^ome de deux variables P. Ce point deli at sera presente plus loin. Ce
point etabli, la demonstration est tres semblable a elle du as hermitien. On applique
tout d'abord le theoreme de Stone-Weierstrass pour dire que la nouvelle algebre A
est dense dans C(K), e qui permet d'etendre la orrespondan e de A a C(K), et
on veri e omme avant la propriete d'homomorphisme. Expliquons la formule de
omposition. Posons L = f (K)  C ; on a un homomorphisme d'algebres de Bana h
de C(L) dans C(K) de ni par (g) = g Æ f pour toute g 2 C(L). Considerons
l'homomorphisme ' = Æ 'T , et her hons les images de iL et iL . On voit que
(iL )(t) = iL (f (t)) = f (t) pour tout t 2 K, don (iL ) = f , et (iL )(t) = f (t), don
(iL ) = f . On a don '(iL ) = f (T) et '(iL ) = f (T) = (f (T)) ; d'apres l'uni ite,
on en deduit que ' = 'f (T). On obtient don g(f (T)) = (g Æ f )(T).
Considerons maintenant un operateur normal T et
N
X N
X
f (z ) = p;q zp zq ; V= p;q Tp (T )q :
p;q=0 p;q=0
Posons K = Sp(T)  C ; nous voulons montrer que la norme de V2 est egale a la norme de
f dans C(K). On sait que V V est hermitien positif et r = kVk = kV Vk 2 Sp(V V) ;
d'apres le lemme 2.7, il existe un sous-espa e ferme F non nul, stable par tout operateur qui
 V  r IdH ; puisque T est normal, T et T ommutent
ommute ave V V, sur lequel V
ave V V, par onsequent F est stable par T et T ; e i permet de onsid erer la restri tion
T1 de T a F, et de voir que son adjoint T1 est la restri tion de T . Il en resulte que
T1 est un operateur normal sur F. Soit  une valeur spe trale de T1 ; on sait d'apres la
remarque 7.3.4 qu'on peut trouver un ve teur x 2 F de norme un tel que T1(x) = T(x) 
 x ( e i P nous dit en qpassant que  2 Sp(T) = K), et T (x)   x. Il en resulte que
V(x)  ( p;q p;q p  ) x = f () x, don kV(x)k  jf ()j, mais par ailleurs kV(x)k2 =
hV Vx; xi  r hx; xi = kVk2 . On en deduit que kVk  kf kC(K).
A partir de la nous avons deja une justi ation du fait que l'operateur V ne depend que
de la fon tion f sur K, e qui permet de poser V = f (T), et de plus nous pouvons etendre
par ontinuite la de nition donnee sur l'algebre A. Mais en fait il y a en ore isometrie de
A (munie de la norme de C(K)) dans L(H) : soit en e et  2 K ; d'apres la remarque 7.3.4
il existe x de norme un tel que T(x)  x et T (x)  x, don f (T)(x)  f ()x par le
m^eme argument que pre edemment, don kf (T)k  jf ()j, pour tout  2 K, e qui donne
kf (T)k  kf kC(K) et termine notre programme.

{ 134 {
Corollaire 9.4.2. Soient H un espa e de Hilbert omplexe, T 2 L(H) un operateur
normal et f une fon tion ontinue sur Sp(T) ; alors, si f (Sp(T))  R , f (T) est hermitien ;
si de plus f (Sp(T))  R + , f (T) est hermitien positif ; si f (Sp(T))  T , alors f (T) est
unitaire.

Demonstration. Si f = f (sur Sp(T))


p alors f (T) = f (T) = f (T) ; si f est reelle  0
sur Sp(T), on peut introduire g = f , et e rire f (T) omme le arre d'un hermitien ;
si f (Sp(T))  T , alors ff = 1, don f (T)f (T) = f (T)f (T) = (ff )(T) = IdH ,
don l'operateur f (T) est unitaire.
//

Exemples 9.4.1.
1. Supposons que U soit un operateur unitaire sur H tel que 1 2= Sp(U). La fon tion
f (z ) = i(z 1)=(z + 1) est alors de nie et ontinue sur Sp(U), et a valeurs reelles. Il en
resulte que f (U) est hermitien. L'operateur f (U) est egal a i(U IdH )(U + IdH ) 1 .
Inversement, si T est hermitien, on peut onsiderer la fon tion g(t) = (i + t)=(i t)
qui envoie R dans le er le unite de C . L'operateur g(T) = (i + T)(i T) 1 est unitaire.
2. Pour tout s 2 R onsiderons la fon tion fs de nie sur R par fs(t) = eist. Si T
est hermitien, on peut onsiderer pour tout s l'operateur Us = fs (T) = eisT . C'est un
operateur unitaire puisque fs est a valeurs dans T . De plus fs fs = fs +s pour tous
s1 ; s2 , don Us Us = Us +s . On dit qu'on a un groupe d'operateurs unitaires. On verra
1 2 1 2

plus loin dans le ours (derniere page du poly, theoreme de Stone) une re iproque de e
1 2 1 2

fait, mais elle demandera de onsiderer des operateurs autoadjoints non bornes.
3. Soient T un operateur normal sur H et F un sous-espa e ferme de H, stable par
T et par T ; alors la proje tion orthogonale PF ommute ave T et T , don ave tout
operateur f (T). Si S designe la restri tion de T a F, alors S est un operateur normal sur
F, et Sp(S)  Sp(T) ; pour toute fon tion ontinue f sur le spe tre de T l'operateur f (S)
est la restri tion de f (T) a F.
4. Soit T un operateur normal sur H ; supposons que le spe tre de T puisse ^etre
de oupe en deux ompa ts de C disjoints, disons Sp(T) = K1 [ K2 . Dans e as, la
fon tion f1 qui est egale a 1 sur K1 et a 0 sur K2 est une fon tion reelle ontinue sur
Sp(T). Il en resulte que P1 = f1(T) est hermitien, et P21 = P1 puisque f12 = f1, don P1
est un proje teur orthogonal, qui ommute ave T et ave T. On peut de omposer H
en somme dire te orthogonale H1  H2 , ou H1 = P1(H) ; la restri tion de T1 a H1 est un
operateur normal T1 sur H1 dont le spe tre est egal a K1 :
si  2= K1 , la fon tion g de nie par g(z) = z  en tout point z 2 K1 et g(z) = 1
pour tout z 2 K2 est une fon tion de C(Sp(T)), inversible dans ette algebre, don
son image est un operateur inversible dans L(H). L'image est l'operateur egal a
T1  IdH sur H1 et a IdH sur H2 . Il en resulte que T1  IdH est inversible pour
tout  2= K1 . On a don Sp(T1)  K1 et de la m^eme fa on Sp(T2 )  K2 . Inversement
1 2 1

si  2 K1 , on sait que T2  IdH est inversible ; alors T1  IdH ne peut pas ^etre
inversible, sinon T  IdH le serait aussi.
2 1

{ 135 {
10. De omposition spe trale des operateurs normaux

Dans e hapitre, tous les espa es onsideres sont omplexes.


10.1. Operateurs unitairement equivalents
De nition 10.1.1. Soient H1 et H2 deux espa es de Hilbert, et T1 2 L(H1 ), T2 2 L(H2 ) ;
on dit que T1 et T2 sont unitairement equivalents s'il existe un operateur unitaire U :
H1 ! H2 tel que T1 = U Æ T2 Æ U.
Soient H1 et H2 deux espa es de Hilbert, et U : H1 ! H2 un operateur unitaire ;
a tout operateur S2 2 L(H2) asso ions l'operateur S1 = US2 U 2 L(H1). On veri e
que S2 ! S1 est un homomorphisme d'algebres de Bana h unitaires de L(H2) dans
L(H1), et de plus Sp(S2) = Sp(S1 ) (par e que S1  IdH = U(S2  IdH )U pour tout
 2 C ). Si T2 2 L(H2 ) est normal, si on pose K = Sp(T2 ) = Sp(T1 ), et si on onsidere
1 2

' = Æ 'T , on obtient un homomorphisme ' d'algebres de Bana h unitaires omplexes


de C(K) dans L(H1) tel que '(iK ) = T1 . Il en resulte que ' = 'T d'apres l'uni ite
2

dans le theoreme 9.4.1 ; pour toute fon tion ontinue f sur K, on a don la relation
1

f (T1 ) = (f (T2)), 'est a dire


(E) f (T1 ) = U f (T2 )U:
Exemple 10.1.2. Le shift bilateral sur `2 (Z). A toute suite x = (xn )n2Z dans `2 (Z) on
asso ie S(x) 2 `2 (Z) de nie par S(x)n = xn 1 (de alage d'un ran vers la droite). On a
vu que S est unitaire, que son inverse S est le de alage a gau he, et le spe tre de S est
le er le unite entier. Pour tout  2 T , onsiderons un ve teur xn ayant n oordonnees
su essives non nulles epgales a n 1=2 (1;  1; : : : ; n 1). On voit fa ilement que kxn k = 1
et kS(xn ) xn k = 2= n ! 0, don S  IdH n'est pas inversible. On va montrer un
autre modele pour l'operateur S, qui rend son al ul fon tionnel fa ile a omprendre.
Considerons l'espa e H2 = L2 ([0; 2℄) muni de la mesure dt=2 et de la base (hn )n2Z
ou hn est la fon tion de nie par hn (t) = eint (base de Fourier). Considerons sur H2
l'operateur T2 de multipli ation par la fon tion g de nie par g(t) = eit . Par ailleurs on
onsidere l'espa e H1 = `2(Z), ave sa base naturelle (en )n2Z. Considerons l'isometrie
surje tive U de H1 sur H2 de nie par U(en ) = hn pour tout n 2 Z, puis l'operateur
U T2 U. On voit que et operateur envoie en sur en+1 pour tout n : 'est le shift a droite
S. On voit don que le shift S sur `2 (Z) est unitairement equivalent a l'operateur de
multipli ation par la fon tion t ! eit sur H2.
On a vu que le al ul fon tionnel des operateurs de multipli ation est simple : si f
est une fon tion ontinue sur T , l'operateur f (T2) est l'operateur de multipli ation par
la fon tion t ! f (eit ).
Les onsiderations de e paragraphe sont un prelude au ontenu de e hapitre : on
y verra que les longs developpements du hapitre 9, un peu prolonges, permettent de
dire que tout operateur normal est unitairement equivalent a un modele anonique : la
multipli ation par une fon tion mesurable bornee sur un espa e L2 (
; ), pour lequel
on a dit que le al ul fon tionnel etait simple ! Autrement dit : on verra que tout etait
simple, mais 'etait diÆ ile de s'en aper evoir.

{ 137 {
10.2. Operateurs de multipli ation et spe tre
Soient (
; A; ) un espa e mesure et f 2 L1 (
; A; ) (pour abreger nous noterons
simplement (
; ) dans la suite, lorsque la mention de la tribu A ne sera pas utile) ; on
rappelle que la norme kf k1 de f dans l'espa e de Bana h L1 est donnee par le sup
essentiel de la lasse de fon tions f , 'est a dire le plus petit nombre reel M  0 tel que
l'on ait jf (s)j  M pour -presque tout s 2
. Si g est une fon tion de L2 (
; ), il est
lair que le produit fg est bien de ni en tant que lasse de fon tions et que fg est de
arre integrable, ave kfgk2  kf k1 kgk2. Notons Mf l'appli ation qui a g 2 L2 asso ie
la fon tion fg. On voit que Mf 2 L(L2 (
; )) et kMf k  kf k1 . Si f1 et f2 sont deux
fon tions mesurables bornees, il est lair que Mf Mf = Mf f . Pour g1; g2 2 L2 (
; ),
on a
1 2 1 2

Z
hfg1; g2i = f (s)g1(s)g2(s) d(s) = hg1; fg2i;

don (Mf ) = Mf . On en deduit immediatement que Mf est normal. Remarquons que


si f est reelle, alors Mf est hermitien, et que si jf (s)j = 1 pour -presque tout s 2
,
alors (Mf ) Mf = Mjf j = IdL (
;) , 'est a dire que Mf est unitaire.
2
2

Proposition 10.2.1. Le spe tre de Mf est l'ensemble des  2 C tels que, pour tout
" > 0 l'ensemble fs 2
: jf (s) j < "g ne soit pas -negligeable.

Demonstration. Pour lire plus fa ilement la demonstration on pourra penser que


f est une vraie fon tion mesurable bornee ( 'est a dire qu'on pourrait hoisir un
representant de la lasse, et : : : ). Soit  2 C ; s'il existe " > 0 tel que l'ensemble
fs 2
: jf (s) j1 < "g soit -negligeable, notons h la fon tion de nie sur
par
h(s) = (f (s) ) si f (s) 6=  et h(s) = 0 sinon. Alors pour -presque tout s 2

on a jh(s)j  " 1 et h(s)(f (s) ) = 1. On en deduit que h 2 L1 (


; ) et
Mh (Mf  IdL (
;) ) = (Mf  IdL (
;) ) Mh = IdL (
;) :
2 2 2

Inversement supposons que pour tout " > 0 l'ensemble A" = fs 2


: jf (s) j < "g
soit tel que (A" ) > 0 ; soit g une fon tion de L2 (
; ) nulle hors de A" et telle que
kgk2 = 1 (par exemple un multiple onvenable de la fon tion indi atri e de l'ensemble
A") ; on voit alors que j(Mf  IdL (
;) )(g)j  " jgj, don k(Mf  IdL (
;) )(g)k 
" ; il est lair que Mf  IdL (
;) n'est pas inversible (son inverse devrait avoir une
2 2

norme  " 1 , pour tout " > 0).


2

//

Proposition 10.2.2. Pour toute fon tion g 2 C(Sp(Mf )) on a g (Mf ) = MgÆf .

Demonstration. L'appli ation g ! MgÆf est un homomorphisme d'algebres de Ba-


na h unitaires qui envoie iK sur Mf , d'ou le resultat par l'uni ite dans le theore-
me 9.4.1.
//

{ 138 {
10.3. Theoreme de representation. De omposition spe trale
Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T un operateur normal sur H ; etant
donne un ve teur non nul x, on va s'interesser au plus petit sous-espa e ve toriel ferme
Fx de H ontenant x et qui soit stable par T et par T . Il est lair que e sous-espa e

Fx doit ontenir tous les ve teurs de la forme Tk (T)` (x), ave k; `  0. Inversement,
le sous-espa e ferme engendre par tous es ve teurs est stable par T et T (gr^a e a
la ommutation TT = T T). L'espa e Fx est don egal a l'adheren e du sous-espa e
ve toriel Ve tfTk (T)` (x) : k; `  0g. Il est stable par tout operateur de la forme f (T)
obtenu par al ul fon tionnel ontinu.
Convenons de dire (entre nous) que T est monogene s'il existe un ve teur x0 2 H
tel que H = Fx . Dans e as parti ulier, le theoreme de representation prend une forme
bien sympathique.
0

Proposition 10.3.1. Soient H un espa e de Hilbert, T 2 L(H) un operateur normal


monogene et K = Sp(T) ; il existe une probabilite  sur K telle que T soit unitairement
equivalent a l'operateur Mi 2 L(L2 (K; )) de multipli ation par la fon tion iK .
K

Demonstration. Soit x0 un ve teur tel que Fx = H ; on peut hoisir kx0 k = 1 si on


veut. Considerons la forme lineaire ` : f ! hf (T)(x0); x0i sur C(K) ; si f 2 C(K)
0

est reelle positive, on sait par le al ul fon tionnel ( orollaire 9.4.2) que f (T) est
hermitien positif, don hf (T)(x0); x0i  0. On voit ainsi que ` est une forme lineaire
positive sur C(K) ; don il existe une uniqueRmesure positive  sur K telle R que,
pour toute fon tion f 2 C(K), on ait `(f ) = K f (t) d(t) ; on a (K) = 1 d =
h1(T)(x0); x0i = kx0k2 = 1, don  est une probabilite. Si y est un ve teur de Fx
de la forme y = f (T)(x0), ave f 2 C(K), on a
0

Z
kyk = hf (T)(x0); f (T)(x0)i = hf (T)f (T)(x0); x0i = jf (t)j2 d(t) ;
2
K
la relation pre edente montre que y ne depend que de la lasse fb de f dans L2 (K; ),
et que l'appli ation u0 : fb ! f (T)(x0), de nie sur l'image Y de C(K) dans L2 (K; ),
est isometrique, de Y muni de la norme de L2 (K; ) vers la norme de H ; par ailleurs,
le sous-espa e Y est dense dans L2 (K; ) par un resultat general d'integration. On
peut don prolonger u0 en une isometrie u de L2 (K; ) dans H. Pour tous k; `  0,
le ve teur ky = T` (T )` (x0 ) est dans l'image de u, puisqu'il provient de la fon tion
k 
ontinue iK (iK ) ; l'image de u est don dense puisque T est monogene, et u est
unitaire de L2 (K; ) dans H. Si y = u(f ) ave f ontinue, on a y = f (T)(x0), don
T(u(f )) = Tf (T)(x0) = (iK f )(T)(x0) = u(Mi (f )):
K

Cette relation T Æ u = u Æ Mi , vraie sur le sous-espa e dense Y de L2 (K; ), se


prolonge a L2 (K; ) tout entier et dit que T et la multipli ation par iK sont onjugues
K

par l'operateur unitaire u, don unitairement equivalents.


//

Remarque 10.3.1. Puisque Mi est unitairement equivalente a T, son spe tre est K
tout entier. D'apres la proposition 2.1, on voit que (U) > 0 pour tout ouvert non vide
K

de K. On dit que le support de la mesure  est egal a K. Il en resulte que l'appli ation
naturelle de C(K) dans L2 (K; ) est inje tive.
{ 139 {
Si on donne un operateur normal T 2 L(H) et un ve teur x 2 H non nul, on
peut onsiderer la restri tion S de T au sous-espa e Fx ; puisque Fx est aussi stable
par T , on voit fa ilement que S 2 L(Fx ) est la restri tion de T a Fx , et que S
est normal. De plus, S est evidemment monogene, en tant qu'operateur de l'espa e de
Hilbert Fx . On voit ainsi qu'on a des tas de bouts de l'operateur T qui peuvent ^etre
representes au moyen de la proposition pre edente. Le resultat general (theoreme 3)
onsistera simplement a de omposer H en somme dire te orthogonale de tels mor eaux,
et a exprimer le re ollement des mor eaux.
Donnons une illustration de la proposition pre edente dans un as simple. Supposons que
T soit un operateur autoadjoint ompa t sur H ; il existe alors une suite (n)n0 de valeurs
propres de T, tendant vers 0 ; supposons es valeurs propres deux a deux distin tes et non
nulles ; le spe tre K de T est l'adheren e de l'ensemble des points de la suite (n), 'est a
dire que
K = f0g [ fn : n  0g:
Par ailleurs, on peut trouver une base orthonormee (en)n0 de H formee de ve teurs propres
de T, qui veri ent don T(en) = n en pour tout n  0. Choisissons un ve teur x0 =
P +1 e tel que 6= 0 pour tout n  0 et onsiderons l'espa e F ; on va voir que
n=0 n n n x0
Fx0 = H. Pour toute fon tion f ontinue sur K, l'operateur f (T) est l'operateur qui veri e
f (T)(en) = f (n )en pour tout n  0. Pour tout n xe, la fon tion fn sur K qui vaut 1 au
point n et 0 ailleurs est une fon tion ontinue sur K, et fn (T)(x0) = en d'apres la formule
pre edente. Puisque Fx0 est stable par fn (T), on voit que en 2 Fx0 pour tout n  0, don
H = Fx0 dans le as present. On est don dans le as monogene et
+1
X Z
hf (T)(x0); x0 i = f (n )j n j2 = f () d();
n=0 K
P
1 j n j2 Æ . De rivons
e qui montre que la mesure  est la mesure sur K donnee par  = +n=0 n
l'isomorphisme u : haque fon tion g 2 L2(KP ; ) se reduit a la donnee de ses valeurs aux
points n , disonsPg(n ) = dn , qui veri ent +n=0 1 jdn j2 j n j2 = kgk2 < 1. L'operateur u
2
+ 1
agit par u(g) = n=0 dn n en . On voit que u est surje tif sous les hypotheses que nous
avons faites.
PMais e n'est pas toujours le as : nous aurions pu prendre b^etement un ve teur x =
+1 e tel que = 0. Dans e as, le ve teur de base e ne serait pas dans F , don
n n n0 n0 x
pasn=0
dans l'image de l'appli ation u onstruite dans la proposition pre edente ; une diÆ ulte
plus subtile vient de la possible multipli ite des valeurs propres ; dans e as l'ensemble K
des valeurs propres ne traduit pas ette multipli ite ; soit don (n) la suite des valeurs
propres, repetees selon leur multipli ite eventuelle ; supposons que  6= 0 est une valeur
propre orrespondant a un sous-espa e propre P E1  de dimension deux exa tement, disons
n1 = n2 =  ave n1 6= n2 , et posons x = +n=0 n en omme avant ( 'est a dire n 6= 0
pour tout n). On peut veri er que le ve teur n2 en1 n1 en2 2 E est orthogonal a Fx , et
la onstru tion de la proposition pre edente ne donne rien pour e ve teur. Cette longue
expli ation est ensee e lairer e qui se passe reellement dans le lemme 2 i-dessous.
Lemme 10.3.2. Soient H un espa e de Hilbert et T un operateur normal sur H ; il existe
une partie D de la sphere unite de H telle que les Fx pour x 2 D soient deux a deux
orthogonaux et que la somme des Fx pour P x 2 D soit dense dans H. Tout ve teur z 2 H
admet don une representation unique z = x2D zx , ou haque zx 2 Fx est la proje tion
orthogonale de z sur Fx .
Demonstration. Si y 2 F?x , alors y est orthogonal a tout ve teur de la forme
T (T ) ( ), e qui donne pour tous m; n; p; q  0
k  ` x
hTm(T )n y; Tp(T )q (x)i = hy; Tn+p(T )m+q (x)i = 0
{ 140 {
et montre que tous les ve teurs de Fy sont orthogonaux a Fx . Notons D l'ensemble
des parties D de la sphere unite de H telles que, pour tout x; y 2 D, les espa es
Fx et Fy soient orthogonaux. Muni de l'ordre de l'in lusion, S D est indu tif : soit
fDi : i 2 Ig une partie totalement ordonnee de D ; si x; y 2 i2I Di , tels que x 6= y,
il existe
S i 2 I tel que x; y 2 Di don les espa es Fx et Fy sont orthogonaux ; il s'ensuit
que i2I Di est un element de D majorant l'ensemble fDi : i 2 Ig.
Soit D un element maximal de D et soit F l'adheren e de la somme des (Fx )x2D ;
si on avait F 6= H, on pourrait trouver y 2 H de norme un orthogonal aux (Fx )x2D ;
lairement, on a y 2= D. Par le premier point, Fy est orthogonal aux espa es Fx ,
pour tout x 2 D. Alors D [fyg 2 D, e qui ontredit la maximalite de D. On a ainsi
montre que F = H.
Soit z 2 H et designons par zx la proje tion orthogonale de z sur le sous-espa e
ferm
P e Fx , pour tout x 2 D. Pour tout sous-ensemble ni J  D, P on veri e que
Px2J x 2
z est la proje tion orthogonale P de z sur le sous-espa e ferme x2J P Fx , don
x2J kzx k  kz k . Il en resulte que x2D kzx k < +1, don la famille x2D zx
2 2
est sommable. Sa somme y est telle que z y est orthogonal a haque espa e Fx ,
don z y = 0 puisque la somme des Fx est dense dans H.
//

Theoreme 10.3.3. Soient H un espa e de Hilbert separable et T 2 L(H) un operateur


normal ; il existe un espa e mesure (X; ), une fon tion f 2 L1 (X; ) et un isomorphisme
unitaire u : L2 (X; ) ! H tels que T = u Mf u .
Demonstration. Soit D omme dans le lemme 2 ; il resulte de e lemme que le systeme
D est orthogonal ; omme H est separable, D est ( ni ou) denombrable. Pour haque
y 2 D, la restri tion Ty de T a Fy est un operateur normal dont le spe tre est
lairement ontenu dans elui de T ; notons y la mesure sur Ky = Sp(Ty )  K =
Sp(T) et uy : L2 (K; y ) ! Fy l'isometrie de rite dans la proposition 1, qui onjugue
Ty et la multipli ation par iK dans L2 (Ky ; y ). La strategie de la demonstration
est essentiellement triviale : notons (yn)n0 la famille des elements de D et posons
y

Fn = Fy , Tn = Ty 2 L(Fn ) pour tout n  0. Chaque Tn est unitairement


equivalent a une multipli ation Mn sur un ompa t Kn muni d'une probabilite n .
n n

On va fabriquer un espa e X qui sera la reunion de opies des Kn , mais disjointes, et


une mesure  sur X telle que L2 (X; ) soit la somme dire te orthogonale d'espa es
En ' L2 (Kn ; n ). Puisque de l'autre ^ote H est somme dire te orthogonale des Fn ,
et que pour haque n on a une isometrie surje tive un de En sur Fn , on onstruira
fa ilement une isometrie u de L2 (K; ) sur H, qui onjuguera l'operateur M sur
L2 (X; ), egal sur haque En a la multipli ation Mn , ave l'operateur T. Mais M est
une multipli ation sur X, puisque sur ha un des mor eaux disjoints qui ompose X
l'operateur Mn etait une multipli ation.
Pour simpli er la des ription on peut onsiderer que les mesures n sont des
mesures sur K (qui ontient tous les Kn ). Posons X = K  N ; l'ensemble X est la
reunion denombrable des ensembles disjoints Xn = K  fng, qui sont des \ opies"
du ompa t K, indexees par n  0. Considerons la tribu A de parties de X formee
des ensembles A  X dont l'interse tion An ave haque sous-ensemble Xn , n  0,
est un borelien du ompa t Xn ; l'ensemble An est de la forme An = Bn  fng, ou
Bn est un borelien de K. On de nit alors Xune mesure  (- nie) sur (X; A) en posant
(A) = n (Bn )
n0

{ 141 {
pour tout A 2 A. Si g est une fon tion sur X, pour tout n  0 on note gn la fon tion
s ! g (s; n) sur K. On voit alors que si g 2 L2 (X; ), haque fon tion gn , n  0 est
dans L2 (K; n ) et Z XZ
jgj d =
2 jgn(s)j2 dn (s):
X n0 K
On designe par En le sous-espa e de L2 (X; ) forme des fon tions h nulles hors de
Xn , 'est a dire telles que h(s; m) = 0 pour tout m 6= n ; on a une isometrie jn de
L2 (K; n ) sur En qui asso ie a f 2 L2 (K; n ) la fon tion jn (f )(s; m) = f (s) si m = n
et jn (f )(s; m) = 0 si m 6= n. On voit que L2 (X; ) est l'adheren e de la somme des
sous-espa es deux a deux orthogonaux (En )n0 ; si g 2 En , on a g = jn (gn).
Pour haque n  0 soit vn l'appli ation qui asso ie a g 2 En le ve teur un (gn) 2
Fn . Il est fa ile de veri er que vn est une isometrie de En sur Fn . Si on de nit u de
L2 (X; ) dans H en posant X
u(g ) = un (gn )
n0
pour toute fon tion g dans L2 (X; ), on aura
X X Z
ku(g)k2 = kun (gn )k2 = jgn(s)j2 dn (s) = kgk22;
n0 n0 K
e qui montre que u est isometrique de L2 (X; ) dans H. Montrons que u est sur-
je tive. Si z est un ve teur de H, on peut e rire z = Pn0 zn ave zn 2 Fn ; pour
haque n  0 on peut trouver une fon tion gn 2 L2 (K; n) telle que zn = un (gn ) ;
de nissons une fon tion mesurable g sur X en posantP g(s; n) = gn (s) pour tout
(s; n) 2 K  N . On veri e que g 2 L2 (X; ) et u(g) = n0 un (gn ) = z, don u est
surje tive.
Notons f : X ! C l'appli ation (s; n) ! s 2 K  C . Si g 2 L2 (X; ), on aura
(fg)n = iK gn pour tout n  0, don egalement (fg)n(T) = Tgn (T). On en deduit :
X
u(Mf (g )) = u(fg ) = (fg )n(T)(y ) = T u(g ) ;
n0
Cela donne uMf = Tu, don T = T u u = u Mf u .
//

Soient H un espa e de Hilbert separable et T 2 L(H) un operateur normal ; e rivons


T = u Mf u . L'appli ation g ! u MgÆf u est un morphisme ontinu d'algebres de
C(Sp(T)) dans L(H) ; par l'uni ite dans le theoreme 9.4.1, pour toute fon tion ontinue
g 2 C(Sp(T)), on a g (T) = u MgÆf u .
Theoreme 10.3.4. Soient H un espa e de Hilbert separable et T 2 L(H) un operateur
normal ; notons K = Sp(T) et L1 (K; B) l'espa e ve toriel des fon tions boreliennes
bornees sur K. Il existe un unique homomorphisme d'algebres unitaires  : L1 (K; B) !
L(H) satisfaisant (iK ) = T, (iK ) = T, et tel que pour toute suite bornee (gn ) dans
L1 (K; B) onvergeant simplement vers g 2 L1 (K; B) la suite (gn ) onverge fortement
vers (g ). Si g 2 C(K) on a (g ) = g (T).

Demonstration.Montrons l'existen e ; soient (X; ) un espa e mesure, f une fon tion


de L1 (X; ) et soit u : L2 (X; ) ! H un isomorphisme tels que T = u Mf u
{ 142 {
(theoreme 3) ; notons  : L1 (K; B) ! L(H) l'appli ation g ! u MgÆf u ; l'appli a-
tion  est lairement un homomorphisme d'algebres unitaires satisfaisant (iK ) = T
et (iK ) = T. Soit gn 2 L1 (K; B) une suite bornee par un reel M  0 et onvergeant
simplement vers g 2 L1 (K; B) ; alors, pour tout x 2 H, la suite (gn Æ f )u(x) est une
suite dans L2 (X; ) dominee par Mu (x) et onvergeant partout vers (g Æf )u (x).Par

le theoreme de onvergen e dominee, la suite (gn Æ f )u (x) onverge vers (g Æ f )u (x)
dans L2 , don (gn)(x) = u(gn Æ f )u (x) onverge (en norme) vers u(g Æ f )u(x) =
(g)(x). Remarquons que si g 2 C(K) on a (g) = g(T), d'apres la relation (E) du
debut de e hapitre.
Montrons l'uni ite. Soient 1 et 2 deux appli ations veri ant les onditions
i-dessus ; posons A = fg 2 L1 (K; B) : 1 (g) = 2 (g)g. On doit montrer que
l'ensemble A est egal a L1 (K; B). Par hypothese, A est un sous-espa e ve toriel
de L1 (K; B) et pour toute suite bornee (gn)  A onvergeant simplement vers
g 2 L1 (K; B), on a g 2 A ; de plus, par l'uni ite dans le theoreme 9.4.1, A ontient
toutes les fon tions ontinues sur K. Toute fon tion borelienne bornee est limite
uniforme de fon tions boreliennes prenant un nombre ni de valeurs ; elles- i sont
ombinaisons lineaires de fon tions ara teristiques de sous-ensembles boreliens. Il
suÆt don de prouver que A ontient toutes les fon tions ara teristiques. Notons C
l'ensemble des boreliens de K dont la fon tion ara teristique est dans A. Comme A
est un sous-anneau, C est stable par interse tion nie ; omme A est stable par limite
de suites bornees, C est stable par interse tion denombrable. De plus, si g 2 A, on a
aussi 1 g 2 A, don C est stable par passage au omplementaire. Don C est une
tribu. Pour savoir que C ontient tous les boreliens, il suÆt de montrer que C ontient
tous les fermes. Soit F un ferme non vide de K ; notons h0 : K ! R la fon tion qui
a x 2 K asso ie sa distan e a F. Posons g = sup(1 h0 ; 0) et gn = gn. Pour tout n
on a gn 2 C(K)  A ; de plus la suite (gn) est bornee et onverge simplement vers
la fon tion ara teristique de F. On a montre que K 2 C .
//

Soient H un espa e de Hilbert, T 2 L(H) normal et f une fon tion borelienne sur Sp(T) ;
l'element (f ) de ni dans le theoreme 4 se note en ore f (T).
Remarque 10.3.2. Soit M l'operateur sur L2 (T; d=2) de ni par Mg = iT g pour tout
g 2 L2 , 'est a dire (Mg)(z ) = zg(z ) pour tout z 2 T . Son spe tre est K = T. Pour toute
fon tion borelienne bornee f sur T, on pose f (M)(g) = (f Æ iT )g = fg. Supposons par
exemple que f soit la fon tion indi atri e de l'intervalle J = fei : =2 <   =2g. On
peut trouver une suite de fon tions ontinues (fn) sur T qui tende simplement vers f = 1J
en tout point de T, et telle que 0  fn  1 sur T. Il faut bien faire attention a e i : la
suite (fn (T)) n'est pas de Cau hy pour la norme de L(H). En e et, si on xe m on aura
kfm f k1  1=2 par e que fm est ontinue et que f saute brusquement de 0 a 1 au point
=2 ; si on prend un point t tel que jfm (t) f (t)j > 1=2 ", on aura jfm (t) fn(t)j > 1=2 "
pour n grand d'apres la onvergen e simple, don kfm fn k > 1=2 " ; puisque le al ul
fon tionnel ontinu est isometrique, il en resulte que pour tout m,
sup kfm (M) fn (M)kL(H)  1=2;
nm
e qui montre que fn (M) ne tend pas en norme vers f (M).
Si l'intervalle J est reduit a un point  2 K = T, on veri era que l'operateur 1fg (M)
est nul ; le al ul borelien n'est don pas une isometrie de L1 (K; B), muni de la norme du
sup, dans L(H).

{ 143 {
Remarque 10.3.3. On a demontre une espe e de theoreme de representation de Riesz :
quand on a une appli ation lineaire ontinue de C(K) dans C , on en deduit une mesure
 sur K qui donne une appli ation lineaire ontinue de L1 (K; B), l'espa e des fon tions
boreliennes bornees sur K, a valeurs dans C . On a realise le m^eme programme en partant
de l'appli ation lineaire ontinue f ! f (T) de C(K) dans L(H) : l'extension opere de
L1 (K; B) dans L(H).
Remarque 10.3.4. Dans le as d'un espa e de Hilbert reel H, le theoreme 4 s'applique
en ore aux operateurs hermitiens, mais il ne s'applique plus aux normaux reels. On peut
deduire le resultat reel hermitien en utilisant une omplexi ation de l'espa e reel H,
omme on l'a deja fait pour le al ul fon tionnel, ou bien en re opiant la demonstration
de la proposition 1, mais dans un ontexte reel.
Exemple 10.3.5. Soit T un operateur normal sur un espa e de Hilbert omplexe (resp :
un operateur hermitien sur un Hilbert reel ou omplexe) ; si f = 1A est l'indi atri e
d'un borelien de C (resp : de R ) ontenu dans le spe tre de T, et si P = f (T), on aura
P = P par e que f est reelle, et P2 = P par e que f 2 = f . L'operateur P est don un
proje teur orthogonal. On dit que P est un proje teur spe tral. Puisque P est obtenu
par al ul fon tionnel, il ommute ave T et T , don l'image P(H) est stable par T et
T , e qui permet de onsiderer la restri tion S de T a F = P(H), qui est un operateur
normal (resp : hermitien) sur le sous-espa e F. On peut voir que si F n'est pas nul, le
spe tre de S est ontenu dans l'adheren e de l'ensemble A.
Si A = fg est un singleton, on peut voir qu'il est possible que le proje teur 1A (T)
soit nul, alors que la fon tion 1A n'est pas nulle. L'homomorphisme du theoreme 4 n'est
pas isometrique de L1 (K; B) dans L(H) ; pour obtenir une isometrie, il faudrait travailler
ave une norme L1 ( ) et une mesure  provenant du theoreme de representation 3. Si
T est monogene et si  est la probabilite sur Sp(T) obtenue a la proposition 1, la norme
de f (T), quand f 2 L1 (Sp(T); B), est exa tement la norme de f dans L1 (Sp(T); ).
Exer i e 10.3.6. Montrer que 1fg (T) est le proje teur orthogonal sur ker(T  IdH ).
Il est don nul haque fois que  est dans le spe tre de T sans ^etre valeur propre de T.

{ 144 {
11. Operateurs autoadjoints non bornes

11.1. Operateurs non bornes

Preliminaires algebriques
Dans ette sous-se tion il ne sera question que d'algebre lineaire : pas un poil de
topologie. Soient X et Y deux espa es ve toriels sur K = R ou C ; une appli ation lineaire
partiellement de nie (un peu plus loin, on dira un operateur ) T de X dans Y est donnee
par un sous-espa e ve toriel dom(T) de X appele domaine de T et par une appli ation
lineaire (usuelle) LT de dom(T) dans Y.
Autrement dit, la donnee T est elle de (X; Y; dom(T); LT). Le graphe de T est le
sous-espa e ve toriel du produit X  Y egal a Gr(T) = f(x; LT(x)) : x 2 dom(T)g. On
va voir que T est ompletement determine par Gr(T), qui est un sous-espa e ve toriel G
de X  Y, ave la propriete (0X; y) 2 G ) (y = 0Y ).
Dans la suite, pour tout x 2 dom(T) on posera T(x) = LT (x) et on ne fera plus
la distin tion entre LT (x) et T(x). On laissera don tomber ompletement LT . Si T est
une appli ation lineaire partiellement de nie, le graphe de T est don le sous-espa e
ve toriel du produit X  Y egal a Gr(T) = f(x; T(x)) : x 2 dom(T)g. La restri tion a
Gr(T) de la premiere proje tion est inje tive. Re iproquement, appelons graphe partiel
tout sous-espa e ve toriel G de X  Y tel que la restri tion de la premiere proje tion a
G soit inje tive. Autrement dit, si (x; y) 2 G et (x; y0) 2 G, alors y = y0 ; ou en ore :
si (0; y) 2 G, alors y = 0. On voit que tout graphe partiel est le graphe d'une unique
appli ation lineaire partiellement de nie T. La orrespondan e qui a T asso ie son graphe
est une orrespondan e bije tive entre appli ations lineaires partiellement de nies et
graphes partiels :
soit G  X  Y un graphe partiel. Notons p1 : G ! X et p2 : G ! Y les proje tions
et de nissons un operateur T en posant dom(T) = p1 (G) et T(p1(z)) = p2(z) pour
tout z 2 G. Il est lair que Gr(T) = G. Comme le noyau de la premiere proje tion de
X  Y dans X est le sous-espa e f0g Y de X  Y, la orrespondan e entre operateur
et graphe partiel est bije tive.
Desormais on dira operateur au lieu d'appli ation lineaire partiellement de nie. On ap-
pelle noyau de T le sous-espa e ker(T) = fx 2 dom(T) : T(x) = 0g de X et image de
T le sous-espa e im(T) = T(dom(T)) de Y. On appelle extension d'un operateur T tout
operateur S tel que Gr(T)  Gr(S). On e rit alors T  S.
Soient T un operateur et D un sous-espa e ve toriel de dom(T) ; on note TjD
l'operateur tel que TjD  T et dom(TjD) = D.
Soient S et T deux operateurs de X dans Y ; on de nit l'operateur S + T en posant
dom(S + T) = dom(S) \ dom(T) et en posant (S + T)(x) = S(x) + T(x) pour tout
ve teur x 2 dom(S + T). Si R, S et T sont des operateurs de X dans Y, on a lairement
R + S = S + R et (R + S) + T = R + (S + T).
Si S est une appli ation lineaire usuelle de X dans Y, elle de nit un operateur de
la fa on la plus evidente : on pose dom(S) = X et S(x) 2 Y aura le sens habituel pour
tout x 2 X ; si T est un operateur de X dans Y, le domaine de S + T sera egal a elui de
{ 145 {
l'operateur T. Cette remarque sera utilisee lorsque X = Y et S =  IdX , pour introduire
l'operateur T  IdX , de m^eme domaine que T.
Soient X, Y et Z des espa es ve toriels, T un operateur de X dans Y et S un operateur
de Y dans Z ; on de nit la omposition ST de es deux operateurs en posant d'abord
dom(ST) = fx 2 dom(T) : T(x) 2 dom(S)g et en posant (ST)(x) = S(T(x)) pour tout
x 2 dom(ST). Si R est un operateur de Z dans un quatrieme espa e ve toriel H, on
a (RS)T = R(ST). De plus, si T est un operateur de X dans Y et si R et S sont des
operateurs de Y dans Z, on a (R + S)T = RT + ST. Cependant, si R et S sont des
operateurs de X dans Y et T est un operateur de Y dans Z, on a TR + TS  T(R + S)
sans avoir en general l'egalite.
L'attitude habituelle quand on travaille ave les operateurs bornes ontinus est d'essayer de
les prolonger le plus vite possible a l'espa e omplet onvenable (penser a la transformation
de Fourier, qui est de nie sur L1(R ) par la formule integrale usuelle ; on appelle aussi
transformation de Fourier son extension par ontinuite a l'espa e L2(R )). Pour omprendre
les de nitions de e paragraphe, il faut se dire qu'on adopte l'attitude radi alement opposee :
i i, on ne prend au une initiative de prolongement ; si T1 est de ni sur D1 et T2 sur D2 , la
seule hose que nous sommes obliges d'admettre est que les deux sont de nis sur D1 \ D2 .
On ne her he surtout pas a aller plus loin.

Exemples 11.1.1.
A. On prend X = Y = L2 (R ), dom(T) est l'espa e des fon tions C1 a support
ompa t et on pose T(f ) = f 0 pour f 2 dom(T).
B. Cet exemple se de line en trois variantes.
{ B1 : on prend X = Y = L2([0; 1℄), dom(T1 ) est l'espa e des fon tions C1 sur [0; 1℄
et T1(f ) = f 0 pour f 2 dom(T1).
{ B2 : on prend X = Y = L2 ([0; 1℄), dom(T2) est l'espa e des fon tions f qui sont
C sur [0; 1℄ et telles que f (0) = f (1) = 0, et T2(f ) = f 0 pour f 2 dom(T2).
1
{ B3 : on prend X = Y = L2 ([0; 1℄), dom(T3) est l'espa e des fon tions f qui sont
C sur [0; 1℄ et telles que f (0) = f (1), et T3 (f ) = f 0 pour f 2 dom(T3).
1
Ca a l'air de pinaillages ridi ules, mais on verra plus loin a propos des adjoints qu'il y a
des di eren es importantes dans les proprietes de T1 , T2 et T3 .
Un operateur T de X dans Y est dit inje tif si l'appli ation T : dom(T) ! Y est
inje tive. Soit T un operateur inje tif de X dans Y ; le sous-ensemble de Y  X egal a
f(y; x) 2 Y  X : (x; y) 2 Gr(T)g est le graphe d'un operateur T 1 (de domaine im(T))
appele inverse de T. Clairement T 1 est inje tif et (T 1) 1 = T. Si T : X ! Y et
S : Y ! G sont inje tifs, alors ST est inje tif et (ST) 1 = T 1 S 1 .
Exemple 11.1.2. Consid Rt
erons X = Y = L2 (0; 1) ; soit V l'operateur borne de \primitive
nulle en 0", (Vf )(t) = 0 f (s) ds, et posons D = im(V). On a vu que V est inje tif
(exemples 7.3.2). On peut don de nir l'operateur T = V 1 de domaine D en posant
pour tout g 2 D
(Tg = f ) , (Vf = g):
Cet operateur T est don inje tif lui-aussi.

{ 146 {
La topologie revient
Soient E et F deux espa es de Bana h ; un operateur T de E dans F est dit densement
de ni si son domaine dom(T) est dense dans E.
De nition 11.1.3. Soient E et F deux espa es de Bana h ; un operateur de E dans F
est dit ferme si son graphe est un sous-espa e ferme de E  F. Un operateur de E dans
F est dit fermable s'il admet une extension fermee.
Exemple 11.1.4. Reprenons l'operateur borne V de L2 ([0; 1℄) dans lui-m^eme et son
inverse non borne V 1 de l'exemple 2 ; le domaine de V 1 est im(V) ; on a vu que im(V)
est dense (exemples 7.3.2), don V 1 est densement de ni. Puisque V est ontinu, son
graphe est ferme, don V 1 est ferme puisque son graphe s'obtient a partir de elui de
V par l'homeomorphisme (x; y) ! (y; x) de L2  L2 sur lui-m^eme.
Soit S une extension fermee de l'operateur T ; alors Gr(S) ontient Gr(T), don son
adheren e Gr(T). Il s'ensuit qu'un operateur T est fermable si et seulement si Gr(T) est
le graphe d'un operateur. On appellera fermeture de l'operateur T l'operateur T tel que
Gr(T) = Gr(T). En parti ulier, pour que l'operateur T soit fermable il faut et il suÆt
que l'on ait Gr(T) \ (f0g  F) = f(0; 0)g. On en deduit immediatement :
Proposition 11.1.1. Soient E et F deux espa es de Bana h et T un operateur de E
dans F ; pour que l'operateur T soit fermable il faut et il suÆt que pour toute suite
(xn ) de dom(T) qui onverge vers 0 dans E et telle que T(xn ) onverge dans F vers un
ve teur y , on ait y = 0.
Exemple 11.1.5. Fermetures des operateurs T, T1 , T2 et T3 de l'exemple 1. Com-
men ons par l'operateur T de l'exemple A, de ni sur L2 (R ). On va montrer que T est
fermable et isoler un andidat pour la fermeture.
Supposons que (f; g) soit dans0 l'adheren e de Gr(T) ; il existe une suite (fn )  C1 omp
telle que fn ! f dans L2 et fn ! g dans L2 . Quitte a passer a une sous-suite on peut
supposer qu'il existe E  R tel que R n E soit negligeable et tel que fn (t) onverge
vers f (t) pour tout t 2 E. En parti ulier, E est non vide, et il est m^eme dense dans
R . Fixons a 2 E, et soit t 2 E ; pour tout n on a
Z t
fn (t) = fn (a) + fn0 (s) ds;
a
et la onvergen e dans L2 implique la onvergen e des integrales sur les segments
bornes, don ompte tenu de tout
Z t
f (t) = f (a) + g (s) ds:
a
Rt
Mais la fon tion G(t) = a g(s) ds est ontinue pour tout t, Ret on peut rede nir f
sur l'ensemble negligeable R n E par la formule f (t) = f (a)+ at g(s) ds. Il en resulte
que f est ontinue, et qu'il existe une fon tion gZ2 L2 telle que
u
8t < u; f (u) = f (t) + g(s) ds:
t
On introduit l'ensemble Z u
GA = f(f; g) 2 L2 (R )  L2 (R ) : 8t < u; f (u) = f (t) + g(s) dsg
t
{ 147 {
(pour ^etre vraiment orre t, on devrait dire : l'ensemble des ouples (f; g) tels que la
lasse f admette un representant f~ pour lequel, pour tous t < u, on ait f~(u) =: : : ).
On vient de montrer que l'adheren e de Gr(T) est ontenue dans GA ; pour savoir
que T est fermable, il suÆt de voir queR uGA est un graphe : 'est lairement un espa e
ve toriel, et si (0; g) 2 GA , on aura t g = 0 pour tous t < u, e qui signi e que g
est orthogonale a toutes les fon tions en es alier, qui sont denses dans L2 (R ), don
g = 0, e qu'il fallait demontrer.
Exer i e 11.1.6. Montrer que l'adheren e du graphe de T est egale a GA .
On appelle H1 (R ) (espa e de Sobolev) l'espa e des fon tions f 2 L2 (R ) telles qu'il
existe g 2 L2 (R ) telle que (f; g) 2 GA . On dit que g est la derivee generalisee de f , et
on note simplement g = f 0 . La fermeture de T de l'exemple 1, A est don l'operateur T
de L2 (R ) dans lui-m^eme dont le domaine est H1 (R ) et qui est de ni par T(f ) = f 0 pour
f 2 H1 (R ).
On de nit de m^eme l'espa e H1 ([0; 1℄) des fon tions f 2 L2 ([0; 1℄) (en fait f sera
ontinue)
Rt
pour lesquelles existe une fon tion g 2 L2 ([0; 1℄) telle que f (t) = f (0) +
0 g (s) ds, pour tout t 2 [0; 1℄. Si on se rappelle l'operateur-exemple V de L2 ([0; 1℄) dans
lui-m^eme qui asso ie a haque g 2 L2 ([0; 1℄) sa \primitive" nulle en zero, on voit que
H1 ([0; 1℄) est egal a im(V) + K 1. On peut veri er que les fermetures des variantes B1,
B2, B3 sont de nies sur les domaines
{ 1 : f 2 H1([0; 1℄)
{ 2 : f 2 H1([0; 1℄) et f (0) = f (1) = 0
{ 3 : f 2 H1([0; 1℄) et f (0) = f (1).
Dans les trois as j = 1; 2; 3 la valeur de l'extension Tj (f ) est egale a f 0 , la derivee
generalisee de f , quand f est dans le domaine de Tj .
Revenons 1sur la notion de derivee generalisee. Ave Fubini on montre que si f 2 H1(R ) et
si ' est C a support ompa t, on a
Z Z
(D) f'0 = f 0 ':
R R
Rx 0
Supposons en e et que [a; b℄ ontienne le support de ' ; on a f (x) = f (a) + a f (t) dt,
don
Z Z b Z b Z bZ b
f'0 = f (x)'0 (x) = f (a) '0 (x) dx + 1a<t<x<b f 0 (t)'0 (x) dtdx =
R a a a a
Z b Z b  Z b Z
1a<t<x<b f 0 (t)'0 (x) dx dt = f 0 (t)('(b) '(t)) dt = f 0 ':
a a a R

En modi ant tres legerement e qui pre ede, on obtient la formule d'integration par
parties dans H1 ([a; b℄) : si f; g 2 H1([a; b℄), on a
Z b h ib Z b
f (t)g0 (t) dt = f (t)g(t) f 0 (t)g(t) dt:
a a a
C'est la propriete (D) pre edente qui permet d'e1tendre la de nition de H1 au as de
2 2
plusieurs dimensions. Par exemple, on dit que f 2 H (R ) si f 2 L2(R ) et s'il existe deux
fon tions g1 ; g2 2 L2(R 2 ) qui seront les derivees partielles faibles de f , e qui signi e que
Z Z
f (x) ' (x) dx = gj (x)'(x) dx
R2 xj R2

{ 148 {
pour j = 1; 21et pour
2
toute fon tion ' qui soit C1 a support ompa t sur R 2. Les fon tions de
et espa e H (R ) ne sont plus ne essairement ontinues, ni m^eme bornees sur les ompa ts
de R 2 .

Proposition 11.1.2. L'inverse d'un operateur inje tif ferme est ferme.

Demonstration. Soient 1E et F deux espa es de Bana h et T un operateur ferme de


E dans F ; on a Gr(T ) = (Gr(T)) ou  : E  F ! F  E est l'homeomorphisme
(x; y) ! (y; x), don Gr(T 1 ) est ferme.
//

Exemple 11.1.7. L'operateur V 1 de l'exemple 2 est ferme et densement de ni. Les
operateurs fermes et densement de nis forment la lasse la plus interessante dans ette
theorie.
Proposition 11.1.3. Soient E, F et G des espa es de Bana h ;
(i) soient S : E ! F une appli ation lineaire ontinue et T un operateur de E dans
F ; pour que S+T soit ferme il faut et il suÆt que T le soit ; pour que S+T soit fermable
il faut et il suÆt que T le soit et, dans e as S + T = S + T ;
(ii) soient S : E ! F une appli ation lineaire ontinue et T un operateur ferme (resp.
fermable) de F dans G ; l'operateur TS est ferme (resp. fermable) ;
(iii) soient S un operateur ferme (resp. fermable) de E dans F et T : G ! F une
appli ation lineaire ontinue inje tive ; l'operateur T 1 S est ferme (resp. fermable).

Demonstration. Le graphe de S + T est f(x; y ) 2 E  F : (x; y S(x)) 2 Gr(T)g ;


si T est ferme, et ensemble est ferme. Si T est fermable, S + T admet l'extension
S + T qui est fermee par e qui pre ede ; il en resulte que S + T est fermable et
S + T  S + T.
Rempla ant T par T + S et S par S on trouve que si T + S est ferme ou
fermable il en va de m^eme pour T et que, dans e as T  S + T S ; don S + T 
S + S + T S = S + T.
Si T est ferme, le graphe de TS est f(x; y) 2 E  G : (S(x); y) 2 Gr(T)g, don
est ferme. Si T est fermable, alors TS admet l'extension fermee TS.
Si S est ferme, le graphe de T S est f(x; y) 2 E  G : (x; T(y)) 2 Gr(S)g, don
1
est ferme. Si S est fermable, alors T 1 S admet l'extension fermee T 1 S.
//

Soient E et F deux espa es de Bana h et soit T un operateur de E dans F ; on ap-


pelle topologie du graphe asso iee a l'operateur T, la topologie sur dom(T) induite par
l'inje tion x ! (x; T(x)) de dom(T) dans E  F. Cette topologie est plus ne que elle
induite par E et fait de dom(T) un espa e omplet si T est ferme.
Soient E et F deux espa es de Bana h et T un operateur fermable de E dans F ; un
sous-espa e D du domaine de T est appele un domaine essentiel pour T si les operateurs
T et TjD ont m^eme fermeture. Cela revient a dire que D est dense dans dom(T) pour la
topologie du graphe.

{ 149 {
11.2. Spe tre des operateurs fermes
De nition 11.2.1. Soient T un operateur d'un espa e de Bana h omplexe E dans lui
m^eme et  2 C ; on dit que  est une valeur reguliere de T si T  IdE est une appli ation
lineaire bije tive de dom(T) sur E et si l'appli ation lineaire re iproque de nit une appli-
ation lineaire ontinue de E dans lui m^eme. On appelle spe tre de T le omplementaire
Sp(T) dans C de l'ensemble des valeurs regulieres de T.
Soit T un operateur sur un espa e de Bana h omplexe E ; designons par
T
l'ensemble des  2 C qui sont valeur reguliere de T ; pour  2
T , on pose
R (T) = (T ) 1 2 L(E)
et on appelle R (T) la resolvante de T.
Seuls les operateurs fermes sont interessants pour la theorie spe trale : en e et, si
T admet une valeur reguliere , l'operateur (T  IdE) 1 est ontinu don a graphe
ferme ; on en deduit que son inverse T  IdE est ferme, et il en resulte fa ilement que
T lui-m^eme est ferme. Autrement dit : si T n'est pas ferme, T n'admet au une valeur
reguliere, don on a toujours Sp(T) = C .
Soit T un operateur ferme d'un espa e de Bana h E dans lui-m^eme ; remarquons que
pour tout  2 C , l'operateur T  IdE est ferme (par la proposition 1.3). Si T  IdE
est bije tif de dom(T) sur E, alors  est une valeur reguliere ar (T  IdE ) 1 est ferme
(proposition 1.2), don ontinu par le theoreme du graphe ferme (theoreme 4.1.6).
Exemples 11.2.2.
1. Soit  une mesure sur C , positive et non nulle, donnant une mesure nie a tout
ompa t ; on onsidere dans L2 () = L2 (C ; ) l'appli ation de multipli ation par z,
de nie sur le domaine
Z
D = ff 2 L2 () : jzj2 jf (z)j2 d(z) < +1g;
C

e qui donne un operateur, en general non borne, qu'on notera M, qui agit sur f 2 D
par (Mf )(z) = zf (z), et Mf 2 L2 (). On peut de rire l'appartenan e de f au domaine
D en une seule formule,
Z
(1 + jzj2 ) jf (z)j2 d(z) < +1:
C

On suppose d'abord que  2 C est tel que pour tout " > 0, on ait que B = B(; ") veri e
(B) > 0. On peut onsiderer la fon tion f = 1B , qui est dans le domaine D, et qui n'est
pas dans la lasse nulle de L2 () puisque (B) > 0. On a j(M )f j = jz j 1B  " 1B .
Ce i montre que k(M )f k2  " kf k2 ; si l'inverse R (M) de M  Id existait, il
devrait veri er kR (M)k  1=", pour tout " > 0, e qui est impossible. Il en resulte que
 2 Sp(T).
Remarquons en passant : si  est la mesure de Lebesgue de C , toutes les boules
ouvertes sont de mesure > 0, don le spe tre de M est C tout entier dans e as (on a
dit qu'on obtient aussi que Sp(T) = C dans le as degenere ou T n'est pas ferme).
On suppose inversement que  2 C est tel qu'il existe "0 > 0 tel que (B(1 ; "0)) = 0.
Considerons la fon tion mesurable bornee g de nie sur C par g(z) = (z ) si jz j 
{ 150 {
"0 et g (z ) = 0 sinon. La multipli ation Mg est bornee sur L2 () puisque g est bornee, et on
va voir que Mg = R (M). Si f 2 dom(M), on voit que Mg (M(f ) f ) = g(z )f est egale
a f en dehors de B, et a 0 dans B ; mais puisque (B) = 0, on a bien Mg (M(f ) f ) = f
en tant que lasse. Inversement, si h 2 L2 (), on veri e que Mg (h) 2 dom(M) (en e et,
Z Z Z
jzj2 j(Mg h)(z)j2 d(z) = jzj2 jg(z)h(z)j2 d(z) = jzg(z)j2 jh(z)j2 d(z) < +1
C C C
par e que zg(z) est bornee sur C ) et ensuite (M  Id)(Mg (h)) = h. On a bien montre
que Mg = R (M).
En bref, le spe tre de M est exa tement l'ensemble des  2 C de rit pre edemment,
'est a dire Ples  dont tout voisinage a une -mesure > 0.
Si  = +n=0 1 2 n Æ , ou (z ) est une suite quel onque de points de C , on deduit de
z n
e qui pre ede que le spe tre de M est l'adheren e F de l'ensemble des points de la suite.
n

Cela nous permet de dire que tout ferme non vide de C est le spe tre d'un operateur.
C'est vrai aussi pour l'ensemble vide, omme on le verra ave l'exemple qui suit.
2. Nous allons don montrer maintenant que le spe tre de l'operateur T = V 1 de
l'exemple 1.2 est vide :
evidemment, 0 est valeur reguliere de T et R0 (T) = V. Pour  6= 0, her hons a
resoudre l'equation Tx x = y, pour y 2 E donne (on her he x 2 D). Puisque T
est surje tif, on peut e rire 1y = Tz, ave z = V(y ) 2 D. En appliquant V on trouve
x Vx = z , soit Vx  x =  1 z . On sait que  1 n'est pas dans le spe tre
de V (qui est reduit a f0g) don on peut resoudre,
x = R (V)(  1 z ) =  1 R (V) (Vy ):
1 1

On vient don d'identi er R (T) =  1 R (V) V. Finalement, on onstate1 que


1

tout nombre omplexe est valeur reguliere de T, don le spe tre de T = V est
vide.
Le spe tre d'un operateur T est reunion des trois ensembles disjoints suivants :
{ le spe tre pon tuel Spp (T) de T est l'ensemble de ses valeurs propres ;
{ le spe tre residuel Spr (T) de T forme des  2 C qui ne sont pas valeur propre de
l'operateur T et tels que l'image de T  IdE ne soit pas dense dans E ;
{ le omplementaire Sp (T) dans Sp(T) de la reunion de es deux ensembles appele
spe tre ontinu de T.
Remarque 11.2.3. Pour  2 Sp (T), l'operateur T  IdE est inje tif d'image dense,
mais (T  IdE ) 1 n'est pas ontinu.
Lemme 11.2.1. Soient T un operateur inje tif ferme d'un espa e de Bana h E dans lui
m^eme et  une valeur reguliere de T non nulle ; alors  1 est une valeur reguliere de
T 1 et on a
R (T 1) = T R (T) =  IdE 2 R (T):
1

Demonstration. On veut 1resoudre pour tout y 2 E l'equation (T 1  1 IdE )(x) = y


(on her he x 2 dom(T ) = im(T)). Puisque  est reguliere pour T, on peut e rire
y = (T  Id)(z ), ave z = R (T)(y ). On sait alors que z 2 dom(T) = im(T 1 ),
don il existe u 2 im(T) tel que z = T 1(u). L'equation proposee est don
T 1 (x)  1 x = (T  Id)(T 1 (u)) = u T 1 (u) = T 1 ( u)  1 ( u):
{ 151 {
Il en resulte que x0 = u onvient. Par ailleurs, T 1  1 Id est inje tif (don
la solution x0 est unique) : si x 2 dom(T 1 ) et T 1 (x)  1 x = 0, alors x =
T (x) 2 dom(T) et T(x) = x implique x = 0 puisque  est reguliere pour T. Si
1
R (T 1 ) existe, on a don
1

x = R (T 1 )(y ) = u = T(z ) = T R (T)(y ):


1

Il reste a expliquer pourquoi l'operateur T R (T) est borne. Cela provient de l'egalite
(T  Id)R (T) = Id, qui donne T R (T) = R (T) + Id, qui est bien ontinu.
//

Proposition 11.2.2. Le spe tre d'un operateur ferme T d'un espa e de Bana h omplexe
E dans lui m^eme est une partie fermee de C , et l'appli ation  ! R (T) est ontinue et
holomorphe du omplementaire du spe tre dans L(E).

Demonstration. Designons par


T l'ensemble des valeurs regulieres pour T, et mon-
trons que et ensemble est ouvert. Si
T est vide, il est ouvert ; sinon, supposons
que 0 2
T , et montrons que les valeurs voisines de 0 sont elles aussi regulieres et
 ! R (T) ontinue dans e voisinage. En rempla ant T par T0 = T 0 IdE on se
ramene a 0 = 0. On supposera don que T = T 0 IdE est une bije tion de dom(T)
sur E, d'inverse S = R0 (T) ontinu ; on veut alors montrer qu'il existe " > 0 tel que
 soit valeur reguliere de T quand jj < ".
Etant donne y 2 E quel onque, on veut resoudre en x 2 dom(T), et ave solution
unique, l'equation
T(x) x = y:
Posons z = T(x), e qui equivaut a x = S(z). L'equation pre edente devient alors
z S(z ) = y , ou en ore (S  1 IdE )(z ) =  1 y . Lorsque jj < (S) 1 , on sait
que S  1 IdE est inversible, don z est uniquement de ni par
z = R (S)(  1 y );
1

et puisque x = S(z) e i montre que1 R1  (T) =  1 S R (S) existe et est borne,


1

pour tout  2 C tel que jj < (T ) . Si on ree rit


R (T) =  1 S R (S) = S(IdE S) 1
1

on voit que  ! R (T) est ontinue et holomorphe au voisinage de 0 = 0 ; mais 0


est en fait un point quel onque de
T .
//

Exemple 11.2.4. Operateur diagonal. Pour toute suite s alaire (n )n0 , on de nit un
operateur (en general non borne) sur `2 (N ) dont le domaine est
X
D = fx 2 `2 : jn xn j2 < +1g
et qui est de ni pour x 2 D par (Tx)n = n xn . Le spe tre de T est l'adheren e dans C
de l'ensemble des valeurs (n )n0 . Comme toute partie fermee non vide F de C admet
une suite dense, on retrouve le fait que pour toute partie fermee non vide F de C , on
peut onstruire un operateur T d'un espa e de Hilbert H dont le spe tre Sp(T) soit egal
a F. L'operateur T = V 1 de l'exemple 7.2.2 fournit un as ou Sp(T) = ;.

{ 152 {
11.3. Transposes et adjoints
Soient E et F deux espa es de Bana h et T un operateur densement de ni de E
dans F ; on de nit le transpose de T, qui est un operateur de F dans E, de la fa on
suivante : le domaine de tT est l'ensemble des y 2 F telles que la forme lineaire
x 2 dom(T) ! y  (T(x)) soit ontinue (en ayant muni l'espa e ve toriel dom(T) de la
norme induite par elle de E). Dans le as ou y 2 dom(tT), ette forme lineaire ontinue,
de nie sur le sous-espa e dense dom(T)  E, se prolonge de fa on unique en une forme
lineaire x 2 E ontinue sur E. On pose alors tT(y) = x . On a don
(tT)(y)(x) = y(T(x))
pour tous x 2 dom(T) et y 2 dom(tT).
Lorsque E et F sont deux espa es de Hilbert et T un operateur densement de ni
de E dans F, on de nit un operateur T de F dans E de la fa on suivante : on de nit
T (y) = x si la forme lineaire `y asso iee a y 2 H est dans dom(tT), et si `x = x =
tT(`y ). Le ve teur y est don dans le domaine de T si et seulement si la forme lineaire
` : u 2 dom(T) ! hT(u); y i est ontinue sur dom(T) (muni de la norme de E), et le
ouple (y; x) 2 F  E est dans le graphe de T si et seulement si
() hT(u); yi = hu; xi
pour tout u 2 dom(T), e qui signi e que x represente la forme lineaire ` (et son pro-
longement ontinu a E). On a don
Gr(T) = f(y; x) 2 F  E : 8z 2 dom(T); hx; zi = hy; T(z)ig:
En e et, la forme lineaire u ! hT(u); yi est alors ontinue puisqu'elle est egale a u !
hu; xi et dans e as on a x = T (y) par de nition de l'adjoint. Il est lair que la ondition
() de nit un ensemble ferme de ouples (y; x), e qui montre que T est toujours un
operateur ferme.
On dit que T (densement de ni sur un Hilbert) est symetrique si
hx; T(y)i = hT(x); yi
pour tous x; y 2 dom(T). Cela revient a dire que T  T . Un operateur T de E dans
lui m^eme est dit autoadjoint si T = T . Tout autoadjoint est symetrique mais l'inverse
n'est pas vrai.
Exemple 11.3.1. Donnons un R exemple simple d'operateur autoadjoint. On onsidere
H = L2 (R ), D = ff 2 L2 (R ) : R x jf (x)j dx < +1g et on de nit Mf pour toute f 2 D
2 2
par
8x 2 R ; (Mf )(x) = xf (x):
On va veri er que l'operateur M est autoadjoint. On voit fa ilement que D est dense
dans L2 (R ) (par e que D ontient toutes les fon tions de L2 (R ) a support borne). Il est
a peu pres evident que M est symetrique,
Z Z

hMf; gi = xf (x) g(x) dx = f (x) xg(x) dx = hf; Mgi:
R R

On en deduit dom(M)  dom(M ). Inversement, supposons que g 2 dom(M ), et on-


siderons pour tout n  0 la fon tion fn 2 dom(M) de nie par fn (x) = x1[ n;n℄ (x)g(x) ;
{ 153 {
puisque g 2 dom(M ), il existe une onstante C telle que pour tout n  0, on ait
jhMfn ; gij  C kfnk2 , e qui donne
Z n Z n 1=2
x2 jg (x)j2 dx  C x jg (x)j dx
2 2
n n
R
d'ou resulte que R x2 jg (x)j2 dx  C2 < +1, soit g 2 dom(T). La veri ation est nie.
Exer i e 11.3.2. Adjoints des fermetures des exemples B1, B2, B3 de 1.1. Posons
E = L2 ([0; 1℄). La fermeture de l'exemple B3 est l'operateur T dont le domaine est
D = ff 2 H1([0; 1℄) : f (0) = f (1)g
et qui est de ni par T (f ) = f 0 pour toute f 2 D ; on va montrer que S = iT est
autoadjoint.
Avant tout on veri e que D est dense dans E : les fon tions aÆnes par mor eaux,
nulles en 0 et 1, sont dans D , et elles sont denses dans L2 (0; 1) ; en e et, la fon tion
indi atri e de tout intervalle ℄a; b[ ontenu dans [0; 1℄ peut ^etre obtenue omme limite
roissante d'une suite (fn ) de fon tions aÆnes par mor eaux, nulles en 0 et 1, et telles
que 0  fn  1 pour tout n. Ensuite, les fon tions indi atri es d'intervalles forment
une partie totale de L2 (0; 1).
On montre maintenant que S est symetrique, 'est a dire que hf1; S (f2)i =
hS (f1); f2i pour toutes f1 ; f2 2 D . On a en e et en utilisant l'integration par
parties dans H1 ([0; 1℄)
Z 1 Z 1 Z 1
 1
hf1; S (f2)i = f1 (if2 ) = f1 (if2) 0
0 f1 (if2 ) = (if10 ) f 2 = hS (f1 ); f2 i
0
0 0 0
 1
(le terme : 0 est nul par e que toutes les fon tions ont la m^eme valeur en 0 et en 1
par de nition de D ). On montrerait de la m^eme fa on que l'exemple Sb orrespon-
dant a B2, de ni sur Db = ff 2 H ([0; 1℄) : f (0) = f (1) = 0g est symetrique : 'est
1
evident puisque Sb  S .
On sait don deja que D  dom(S ), et que S (f ) = S (f ) = if 0 pour f 2 D .
Il reste a voir que dom(S )  D . Dire que (g; h)est dans le graphe de S signi e
que g 2 E est dans le domaine de S et que h = S (g) 2 E veri e

hf; hi = hS (f ); gi
pour toute fon tion f 2 D . On a si (g; h) 2 Gr(S )
Z 1 Z 1
f h = (if 0 ) g
0 0
Rt
pour toute f 2 D . Posons H(t) = 0 h(s) ds. On obtient par integration par parties
Z 1 Z 1 Z 1
 1 0
fh= fH 0 f H = f (1) H(1) f 0 H;
0 0 0
e qui donne Z 1 Z 1 Z 1
f (1) H(1) 0
f H = (if ) g = 0 f 0 (ig )
0 0 0
R1 0
ou en ore f (1) H(1) = 0 f (H ig0 ) pour toute f 2 D . Puisque la fon tion f0 = 1
est dans D , on obtient puisque f0 = 0 que H(1) = 0. On remarque que l'ensemble
{ 154 {
des f 0, lorsque f 2 D , est exa tement l'ensemble de toutes les fon tions k de E = L2
qui sont d'integrale nulle sur [0; 1℄. Cet ensemble des fon tions d'integrale nulle est
egal a (C 1)?, et l'equation pr
e 
e dente indique que H ig est orthogonale a (C 1)? ,
don H ig 2 (C 1)?? = C 1. On obtient que H ig est une fon tion onstante,
don g = iH + Cte ; omme H(0) = H(1) et que H est une fon tion de H1 ([0; 1℄),
il en resulte que g 2 D . On a deja vu que D  dom(S ), et on a maintenant
dom(S )  D , don dom(S ) = D et pour g 2 dom(S ) on a S (g) = ig0 = S (g),
e qui montre que S est autoadjoint.
En suivant la m^0eme methode, on veri e que l'adjoint de Sa , de ni sur Da = H1 ([0; 1℄)
par Sa (f ) = if , est l'operateur Sb de ni sur Db = ff 2 Da : f (0) = f (1) = 0g par
Sb (f ) = if 0 . L'adjoint de Sb est Sa . Il en resulte que Sb est un exemple d'operateur
symetrique qui n'est pas autoadjoint.
Proposition 11.3.1. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T un operateur densement
de ni de E dans F ; alors T est ferme. Pour que T soit fermable, il faut et il suÆt que
T soit densement de ni. Dans e as, on a T = (T ).
Demonstration. Sur l'espa e E  F on introduit le produit s alaire
h(x; y); (x0; y0)i = hx; x0i + hy; y0i
et on pro ede de m^eme sur F  E. Soit U0 2 L(F E; E  F) l'operateur unitaire
qui a (y; x) 2 F  E asso ie (x; y) ; le graphe Gr(T ) de T est l'orthogonal dans
l'espa e de Hilbert F  E de U0 (Gr(T)), don Gr(T ) est ferme.
Supposons T fermable. Pour montrer que T est densement de ni, on va montrer
que y = 0F est le seul ve teur de F orthogonal a dom(T ). Dans e as le ouple

(y; 0E) est orthogonal a Gr(T ), don il est dans U0 (Gr(T))?? ; mais puisque T
est fermable, Gr(T))?? = Gr(T) est le graphe d'un operateur T, et on obtient
(y; 0E) 2U0 (Gr(T)), 'est a dire (0E; y) 2 Gr(T),
 d'ou y = T(0E) = 0F .
Si T est densement de ni, alors T  (T ) don T est fermable. Dans e as,
 
Gr(T) = Gr(T) = Gr(T)?? = Gr((T) ). Soient y 2 dom(T)? et (x; z) 2 Gr(T)? ;
alors z 2 dom(T ) don h0; xi + hy; zi = 0, don (0; y) 2 Gr(T)?? = Gr(T).
//

Proposition 11.3.2. Soit T un operateur densement de ni d'un espa e de Hilbert E


dans un espa e de Hilbert F ; alors ker(T ) = im(T)? .

Demonstration.Soit y 2 F ; on a y 2 ker(T ) si et seulement si, pour? tout x 2


dom(T), on a h0; xi = hy; T(x)i ; ela a lieu si et seulement si y 2 im(T) .
//

Proposition 11.3.3. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T un operateur densement


de ni, ferme de E dans F ;
(i) pour tout S 2 L(E; F) on a (S + T) = S + T ;
(ii) si R est une extension de T, alors R  T ;
(iii) si T est inje tif et d'image dense, alors (T 1 ) = (T ) 1 .
{ 155 {
Demonstration. Pour x 2 dom(T), y 2 dom(T ), on a
h(S + T)(x); yi = hS(x); yi + hT(x); yi = hx; (S + T )(y)i;
don S + T  (S + T) . Pour x 2 dom(T), y 2 dom(S + T), on a
hT(x); yi = h(S + T)(x); yi hS(x); yi = hx; (S + T) (y)i hx; S(y)i;
don y 2 dom(T ) et T (y) = (S + T) (y) S (y), don (S + T) = S + T ,
e qui termine le point (i). Si Gr(T)  Gr(R), alors Gr(R)?  Gr(T)?1, d'ou le
deuxieme point (ii). En n, pour (x; y) 2 E  F on a (x; y) 2 Gr((T ) ) si et
seulement si (y; x) 2 Gr(T ) , e qui equivaut a ( x; y) 2 Gr(T) ou en ore a
1 ? ?
(y; x) 2 Gr(T ).
//

Proposition 11.3.4. Soient E et F deux espa es de Hilbert et T un operateur ferme


densement de ni de E dans F ; l'operateur (IdE +T T) est inje tif, son image est egale
a E et (IdE +T T) 1 est un element positif de L(E). L'operateur T T est autoadjoint
et son spe tre est ontenu dans [0; +1[.

Demonstration. Soit x 2 E ; omme U0 (G(T )) est l'orthogonal de Gr(T), il existe


deux ve teurs  2 Gr(T) et  2 Gr(T ) tels que (x; 0) =  + U0 () ; en d'autres
termes, il existe z 2 dom(T) et y 2 dom(T ) tels que (x;0) = (z; T(z))+(T (y); y).
Alors y = T(z) don z 2 dom(T T) = dom(IdE +T T) et x = (IdE +T T)(z).

Don (IdE +T T) est surje tif. Soit z 2 dom(IdE +T T) ; omme z 2 dom(T) et
T(z) 2 dom(T ), on a
hT(T(z)); zi = hT(z); T(z)i:
On a h(IdE +T T)(z); zi = hz + T T(z); zi = kzk2 + kT(z)k2 . Alors
kzk2  kzk2 + kT(z)k2 = h(IdE +T T)(z); zi  kzk k(IdE +T T)(z)k ;
don kzk  k1(IdE +T T)(z)k, il en resulte que IdE1 +T T est inje tif, que l'inverse
(IdE +T T) 1 est ontinue et que k(IdE +T T) k  1. En n, onsiderons z =
(IdE +T T) (x) ave x 2 E ; on a
hx; (IdE +T T) 1 (x)i = h(IdE +T T)(z); zi = kzk2 + kT(z)k2  0:
Don (IdE +T T) 1 est un element positif de L(E). Comme (IdE +T T) 1 est inje -
tif et autoadjoint, son image est dense (d'apres la proposition 6.1.3). Par la propo-
sition 3, l'operateurIdE +T T est autoadjoint, don T  T est autoadjoint. Comme
l'operateur (IdE +T T) 1 est positif de norme  1, on a Sp(IdE +TT) 1  [0; 1℄ ;
il en resulte que Sp(IdE +T T)  [1; +1[ (par le lemme 2.1) et Sp(T T)  [0; +1[.

//

11.4. Theoreme de representation. De omposition spe trale


Exemple 11.4.1. Soit (
; ) un espa e mesure et soit L0 (
; ) l'ensemble des lasses
d'equivalen e de fon tions mesurables omplexes pour la relation d'egalite -presque
partout ; si f; g 2 L0 (
; ), on voit fa ilement que la lasse de fege ne depend pas des
representants fe, ge des deux lasses, e qui permet de parler du produit pon tuel de
deux lasses. On peut alors de nir un operateur Mf dont le domaine est l'ensemble des
g 2 L2 (
; ) telles que fg 2 L2 (
; ) et tel que Mf (g ) = fg pour tout g 2 dom(Mf ).
{ 156 {
Pour tout g 2 L2 (
; ) et tout n > 0, la fon tion gn = n=(n + jf j) g est dans le
domaine de Mf ; de plus la suite (gn) onverge partout vers g et est dominee par jgj. Il
resulte alors du theoreme de onvergen e dominee que le domaine de Mf est dense dans
L2 . Soient ;  2 L2 (
; ) tels queZf 2 L2 (
; ) et f 2 L2 (
; ) ; on a
hf; i = f (t) (t)(t) d(t) = h; fi:
On en deduit que Mf  Mf . En n, soient ;  2 L2 (
; ) ; posons 1 = ( +f)(1+jf j2) 1
et 1 = ( f )(1 + jf j2) 1 ; lairement f1 2 L2(
; ), f1 2 L2 (
; ) et on voit que
(; ) = (1; f1) + ( f1 ; 1). On en deduit que
L2 (
; )  L2 (
; ) = Gr(Mf ) + f( z; y) : (y; z) 2 Gr(Mf )g:
Comme f( z; y) : (y; z) 2 Gr(Mf )g  Gr(Mf )?, on en deduit l'egalite de es deux
sous-espa es ; il en resulte que Mf et Mf sont fermes et adjoint l'un de l'autre.
Posons h = (1 + jf j) 1. Remarquons que Mh 2 L(L2 (
; )) est inje tive, que le
domaine de Mf est l'image de Mh et que Mf Mh = Mfh. On en deduit que Mf  IdL (
;)
et Mfh h ont m^eme image. Le noyau de Mf est l'ensemble des fon tions g 2 L2 (
; )
2

telles que fg soit -negligeable. Il on ide ave elui de Mfh. Par la proposition 10.2.1,
le spe tre de Mf est l'ensemble des  2 C tels que, pour tout " > 0 l'ensemble fs 2
:
jf (s) j < "g ne soit pas -negligeable.
Remarquons que Mf est inje tif si et seulement1 si l'ensemble fs 2
: f (s) = 0g est
-negligeable ; dans e as im(Mf ) est dense et Mf = Mf . 1

Theoreme 11.4.1. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T un operateur auto-


adjoint sur H ; le spe tre de T est reel : Sp(T)  R .
Demonstration. Soit  2 C n R ; notons b sa partie imaginaire, non nulle. Pour tout
x 2 dom(T), on a hT(x); xi = hx; T(x)i don hT(x); xi 2 R ; la partie imaginaire de
h(T  IdH )(x); xi est don bkxk2. On en deduit que
jbj kxk2  jh(T  IdH )(x); xij  k(T  IdH )(x)k kxk;
don k(T  IdH)(x)k  jbj kxk, pour tout x 2 dom(T). Il en resulte que l'image
(T  IdH)(dom(T)) est fermee dans H : supposons en e et que (xn )  dom(T) et
que (Txn xn ) onverge vers y 2 H ; d'apres e qui pre ede,
kxn xm k  jbj 1k(Txn xn ) (Txm xm)k ! 0
don (xn ) est de Cau hy, don onverge vers un x 2 H ; par onsequent, Txn onverge
vers y +x ; puisque T est ferme (par e qu'il est autoadjoint) et puisque (xn ; T(xn)) 2
Gr(T), on en deduit que (x; y + x) 2 Gr(T), don x 2 dom(T) et y = (T  IdH )(x).
Pour nir, on va voir que l'image (T  IdH )(dom(T)) est dense dans H, en
veri ant que y = 0H est le seul ve teur de H orthogonal a ette image ; si y est
orthogonal a l'image, on aura
hTx x; yi = 0
pour tout x 2 dom(T), e qui montre que la forme lineaire x 2 dom(T) ! hTx; yi est
ontinue, puisqu'elle est egale a x 2 dom(T) ! hx; yi = hx; yi ; on en deduit que
y 2 dom(T ) = dom(T) et T(y ) = T (y ) = y ; mais hT(y ); y i = hy; T(y )i = hy; y i
doit ^etre reel, e qui n'est possible que si y = 0H .
Il resulte de tout e qui pre ede que T  IdH est bije tive de dom(T) sur H,
et que l'inverse est ontinue, de norme  1=jbj.
//

{ 157 {
Exer i e 11.4.2. On onsidere l'operateur autoadjoint S sur L2 (0; 1) dont le domaine est
dom(S) = H1 (0; 1) \ ff : f (0) = f (1)g, et qui est de ni par Sf = if 0 pour f 2 dom(S).
Pour tout n 2 Z on de nit la fon tion en par en (t) = e2int ; montrer que pour tout
n 2 Z, la fon tion en est dans le domaine de S et veri e S(en ) = 2n en . Veri er ensuite
que le spe tre de S est exa tement egal a 2Z, en al ulant la resolvante R (S) pour
tout  2= 2Z.
Produit de resolvantes
Proposition 11.4.2. Soient H un espa e de Hilbert omplexe, T un operateur ferme
sur H et ;  2= Sp(T) ; posons r = R (T), r = R (T) ; l'image r r (H) est egale au
domaine de T2 , et r r = r r .

Demonstration. Rappelons que


dom(T2) = fx 2 dom(T) : Tx 2 dom(T)g:
Considerons x = r (r (y)), pour un y 2 H quel onque. Par de nition, on a r (H) =
dom(T) don x 2 dom(T) et Tx x = r (y) 2 dom(T) ; par linearite, Tx 2 dom(T)
don x 2 dom(T2).
Inversement supposons x 2 dom(T2) ; alors x 2 dom(T) et x1 = Tx x 2
dom(T), e qui permet de al uler y = Tx1 x1 ; on aura alors r y = x1 , puis
r r y = x.
Si x 2 dom(T2), on veri e immediatement en developpant que
(T )(T )x = T2 (x) T(x) T(x) + x = (T )(T )x:
En prenant l'inverse de ette relation sur l'image ommune dom(T2 ) = r r (H) =
r r (H) on obtient r r = r r .
//

Proposition 11.4.3. Soient H un espa e de Hilbert omplexe et T un operateur auto-


adjoint sur H ; alors Ri (T) = (T i IdH ) 1 est un operateur borne normal, et son adjoint
est egal a R i (T).

Demonstration. D'apres le theoreme 1, les operateurs Ri (T) et R i (T) existent et


sont bornes. D'apres la proposition pre edente il suÆt de savoir que R i (T) est
l'adjoint de Ri (T). Soient y; v deux ve teurs quel onques dans H et posons x =
Ri (T)(y) et u = R i (T)(v). On a
hRi (T)(y); vi = hx; (T + i)(u)i = hTx ix; ui = hy; R i(T)(v)i:
//

Theoreme 11.4.4. Soient H un espa e de Hilbert separable et T un operateur auto-


adjoint de H dans H ; il existe un espa e mesure (
; ), une fon tion f :
! R mesurable
et un isomorphisme u : L2 (
; ) ! H d'espa es de Hilbert tels que T = u Mf u .
On donne a l'operateur Mf son domaine naturel (de l'exemple 1) ; la relation i-
dessus sous-entend que u et son inverse u e hangent les domaines de T et de Mf , 'est a
dire qu'on a l'egalite u(dom(Mf )) = dom(T) (et inversement, u (dom(T)) = dom(Mf )).


{ 158 {
Demonstration. On va se servir de l'operateur normal S = (T i IdH ) 1 et de sa
representation obtenue au hapitre 9. Il existe un espa e mesure - ni (
; A; ), un
unitaire U de H1 = H sur H2 = L2 (
; ), une fon tion h 2 L1 (
; ) tels que
S = U Mh U;
ou Mh designe l'operateur borne sur L2 (
; ) de ni par la multipli ation par h,
8g 2 L2 (
; ); Mh (g) = hg:
Puisque S est inje tif, il en resulte que Mh est inje tif aussi ; ela implique que
l'ensemble A = fh = 0g est -negligeable (sinon on pourrait trouver, puisque 
est - nie, un B  A tel que 0 < (B) < +1, et alors 1B 2 L2 (
; ) veri erait
Mh (1B ) = 0 et k1B k > 0, e qui n'est pas possible).
Si on omprend la tradu tion de S sur L2 (
; ), il n'est pas bien diÆ ile de
omprendre elle de (T i) puis elle de T. L'operateur (T i), qui est l'inverse
de S = Ri (T), se traduit sur L2 (
; ) par l'inverse de la tradu tion de S : 'est
l'operateur M2 de multipli ation par la fon tion 1=h (fon tion qui est -presque
partout de nie). Le domaine D2 de M2 est l'image de Mh , l'ensemble des fon tions
g de la forme g = hk pour une k 2 L2 . Comme h 6= 0 presque partout, ela revient
a dire que Z
D2 = fg 2 L2 : jg=hj2 d < +1g:

Pour nir on de nit l'operateur non borne T2 sur L2 (


; ) par son domaine D2 et
la formule
8g 2 D2 ; T2(g) = g=h + ig:
Autrement dit, si on pose f = i + 1=h et u = U , on obtient bien la representation
voulue : l'operateur de multipli ation Mf = T2 veri e T = u Mf u .
//

Exemple 11.4.3. Soit H = L2 (R ) et de nissons T sur H par dom(T) = H1 (R ) et


Tf = if 0 pour toute f 2 H1 (R ). On veri e que T est autoadjoint. Sa representation
par une multipli ation est obtenue au moyen de la transformation de Fourier sur L2(R ).
On va obtenir ainsi que T est onjugue a l'operateur M de multipli ation par t ! t sur
L2 (R ). Si on pose pour f 2 L1 (R )
Z
8t 2 R ; (F f )(t) = e ixt f (x) dx
R

on1 obtient par une integration par parties fa ile que pour f a support ompa t de lasse
C , on a F ( if 0 )(t) = t F (f )(t). Par ailleurs on sait montrer que U = (2) 1=2 F se
prolonge en operateur unitaire de L2 (R ), et on a alors la representation
T = U Æ M Æ U:
Remarque 11.4.4. Si H est un espa e de Hilbert separable et T un operateur autoadjoint
de H dans H, l'operateur U = (T i IdH )(T + i IdH ) 1 est un element unitaire de L(H).
Cette transformation, appelee transformation de Cayley, permet de relier les autoadjoints
non bornes aux unitaires.
Soient H un espa e de Hilbert et T un operateur densement de ni autoadjoint de H
dans H ; on peut, omme dans le as borne, de nir un al ul fon tionnel borelien pour
{ 159 {
T : e rivons T = u Mf u . Si g est une fon tion borelienne bornee sur Sp(T), on pose
g (T) = u MgÆf u . Si l'unitaire U = (T i IdH )(T+i IdH ) 1 s'e rit u Mh u , on a f = 'Æh,
ou ' : t ! i(t + 1)(t 1) 1 ; pour toute fon tion borelienne bornee g sur R on a don
g (T) = u MgÆf u = u MgÆ'Æh u = g Æ '(U):
On en deduit que g(T) ne depend pas de l'e riture T = u Mf u .
11.5. Le theoreme de Stone
Soit H un espa e de Hilbert ; on appelle groupe a un parametre d'unitaires une
famille (vt )t2R d'elements unitaires de L(H) telle que :
(i) pour tous s; t 2 R on a vs+t = vs vt ;
(ii) pour tout x 2 H l'appli ation t ! vt (x) est ontinue.
Lemme 11.5.1. Soient H un espa e de Hilbert, (vt )t2R un groupe a un parametre
d'unitaires, D un sous-ensemble dense de H tel que pour tout z 2 D et tout t 2 R on
ait vt (z ) 2 D ; soient x; y 2 H tels que, pour tout z 2 D, l'appli ation t ! hvt (x); z i soit
derivable en 0 de derivee ihy; z i ; alors t ! vt (x) est ontin^ument derivable de R dans H
et sa derivee en t est ivt (y ).

Demonstration.
R
L'appli ation t ! vt (y) est ontinue de R dans H. Pour t 2 R ,
posons = +
xt x 0t ivs (y) ds. L'appli ation t ! xt est ontin^ument derivable et sa
derivee en est ( ). Soit z 2 D ; posons '(t) = hxt; zi et (t) = hvt (x); zi. La
t ivt y
fon tion ' est ontin^ument derivable et sa derivee en t est hivt (y); zi. Soient t; s 2 R ;
on a (t + s) = hvt vs (x); vtv t (z)i = hvs (x); v t(z)i ; par hypothese, ette fon tion
de s est derivable en 0 et0 sa d0erivee est ihy; v t(z)i = ihvt (y); zi. On a montre que
est derivable en t et = ' . Comme '(0) = (0), on trouve ' = ; don , pour
tout z 2 D et tout t 2 R , on a h(xt vt (x)); zi = 0. Alors xt vt (x) 2 D? ; don
vt (x) = xt , d'ou le resultat.
//

Theoreme 11.5.2 : Theoreme de Stone. Soit H un espa e de Hilbert separable ;


(i) soit (vt )t2R un groupe a un parametre d'operateurs d'unitaires. Il existe un
operateur autoadjoint T sur H dont le graphe est l'ensemble des ouples (x; y ) 2 H  H
tels que la fon tion t ! vt (x) soit derivable en 0, de derivee iy . Pour x 2 dom(T) et t
reel, on a vt (x) 2 dom(T) et T(vt (x)) = vt (T(x)).
On dit que T est le generateur in nitesimal de (vt )t2R ;
(ii) tout operateur autoadjoint T est le generateur in nitesimal d'un unique groupe
a un parametre d'unitaires (vt )t2R.

Demonstration. Montrons1 que le domaine de T est dense. Soient


R x 2 H et f : R ! R
une fon tion de lasse C a support ompa t ; posons xf = f (t)vt(x) dt. On a
Z Z
vt (xf ) = f (s)vt vs (x) ds = f (s t)vt (x) ds:
Don (vt (xf ) xf )R=t =0 R t 1 [f (s t) f (s)℄vs(x) ds. Quand t tend vers 0, (vt (xf )
xf )=t tend vers f (s)vs (x) ds. On en deduit que xf 2 dom(T). Soit fn une suite
{ 160 {
de fon tions positives de lasse C1 telles queRR fn (t) dt = 1 et telles que fn soit
nulle en dehors de ℄ 1=n; 1=n[ ; posons yn = fn (t)vt (x) dt ; on a yn 2 dom(T) et
lim yn = x. Don dom(T) est dense.
Si x 2 dom(T), pour tout z 2 H la fon tion t ! hvt (x); zi est derivable en 0. Par
le lemme 1, t ! vt (x) est de lasse C1. En parti ulier, pour tout t 2 R , l'appli ation
s ! vs (vt (x)) est derivable en 0 ; don vt (x) 2 dom(T).
Soient x; y 2 dom(T) ; on a hvt (x); yi = hx; v t(y)i = hv t (y); xi. La derivee en 0
de t ! hv t (y); xi est ihT(y); xi. On a don ihT(x); yi = ihT(y); xi = ihx; T(y)i.
On en deduit que T  T . 
En n, soit x 2 dom(T ) ; pour tout z 2 dom(T), on a hvt (x); zi =hx; v t(z)i ;
don t ! hvt (x); zi est derivable en 0 et sa derivee est ihx; T(z)i = ihT (x); zi. Par
le lemme 1, x 2 dom(T) et T(x) = T (x).
Passons au deuxieme point. Soient (X; ) un espa e mesure, f : X ! R une
fon tion mesurable et u : L2(X; ) ! H un isomorphisme d'espa es de Hilbert
tels que l'on ait T = u Mf u (theoreme 4.4) ; pour t 2 R , notons gt : X ! C
l'appli ation exp(itf ) ; posons vt = u Mg u . Comme jgtj = 1, Mg est unitaire,

don vt est unitaire ; omme gsgt = gs+t, on a vs vt = vs+t . Si tn ! t, pour tout
t t

 2 L2 (X; ) la suite de fon tions gt  onverge partout vers gt  , son module est
onstant egal a j j ; par le theoreme de onvergen e dominee, gt  onverge vers gt 
n

dans L2 . Il en resulte que t ! vt est fortement ontinu ; 'est don un groupe a
n

un parametre d'unitaires. Notons S son generateur in nitesimal. Pour tout t 2 R ,


on a jgt 1j  jtf j1; si  2 dom(Mf ), pour toute suite (tn ) tendant vers 0, la
suite de fon tions tn (gt   ) onverge partout vers1 if , son module est majore
par jf j ; par le theoreme de onvergen e dominee, tn (gt   ) onverge vers if
n

dans L2 . Don t ! gt  est derivable en 0 et sa derivee est if. On en deduit que


n

u 2 dom(S) et iS(u ) = u(if ). On a montre que T = u Mf u  S. On en deduit


que S = S  T = T. Don T = S.
En n, soit (vt )t2R et (wt )t2R deux groupes a un parametre d'unitaires ayant
m^eme generateur in nitesimal T ; pour x 2 dom(T) et t 2 R , on a vt (x) 2 dom(T),
T(vt (x)) = vt (T( x)), et wt (x) 2 dom(T), T(wt (x)) = wt (T(x)). Posons '(t) =
kvt (x) wt (x)k pour tout t reel ; on a
2
'(t) = kvt (x)k2 + kwt (x)k2 2 Rehvt (x); wt (x)i = 2(kxk2 Rehvt (x); wt (x)i) ;
La fon tion ' est alors derivable en tout t 2 R et l'on a
'0 (t) = 2 Re(hvt (x); iT(wt (x))i + hiT(vt (x)); wt(x)i):
Comme T = T , on a hT(vt (x)); wt(x)i = hvt (x); T(wt(x))i, don '0 = 0. Comme
'(0) = 0, on trouve '(t) = 0. Don vt (x) = wt (x). Comme dom(T) est dense, on en
deduit vt = wt .
//

On a en fait montre que, si T est le generateur in nitesimal d'un groupe a un parametre


d'unitaires (vt )t2R, alors vt = exp(itT).

{ 161 {
Index

Adjoint (operateur borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81


Adjoint (operateur non borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Algebre de Bana h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Antilineaire (appli ation) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Appli ation identique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Appli ation lineaire ompa te . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Appli ation lineaire inversible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Appli ation ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Appli ation transposee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Appli ation lineaire ontinue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Autoadjoint (operateur borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Autoadjoint (operateur non borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Axiome du hoix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Base de Haar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Base hilbertienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26, 87
Bessel (inegalite de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 88
Bidual . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Boule ouverte, fermee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Boule unite d'un espa e norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Cau hy-S hwarz (inegalite de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Changement d'e helle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Classe monotone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Codimension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Combinaison onvexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Compa t (ensemble faiblement) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Compa t (operateur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68, 107
Complet (espa e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Complete . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 15, 65
Complexi e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Conjugue (exposant) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Convergen e vague . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
Convexe (ensemble, fon tion) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Critere de sommabilite de Cau hy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
C -algebre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
De omposition polaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Densite de Radon-Nikodym . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Derivee generalisee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 148
Dimension hilbertienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Domaine d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Domaine essentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Dual . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17, 61
Dual de C(K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Dual de `p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Dual topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Element inversible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Ensemble onvexe, enveloppe onvexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Equi ontinu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Equivalen e de semi-normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Espa e de Baire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Espa e de Bana h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Espa e de Fre het . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Espa e de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Espa e `p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
i
Espa e Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 34
Espa e mesurable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Espa e norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Espa e prehilbertien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Espa e re exif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Espa e separable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18, 63
Espa e ve toriel topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Esperan e onditionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Exposant onjugue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Extension d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Faible (topologie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Faiblement ompa t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Famille sommable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Fermeture d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Fon tion onvexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Fon tion en es alier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Fon tion holomorphe (ve torielle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Fon tion indi atri e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Fon tion sous-lineaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Forme bilineaire symetrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Forme hermitienne, hermitienne positive . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Forme sesquilineaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Generateur in nitesimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Graphe d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Groupe a un parametre d'unitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Hermitien (operateur borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Hermitienne (forme) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Hilbert (espa e de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Homomorphisme d'algebres de Bana h . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Image d'un operateur (non borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Indi e d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Indu tif (ensemble ordonne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Inegalite de Bessel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 88
Inegalite de Cau hy-S hwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Inegalite de Holder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Inegalite triangulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Initiale (topologie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Inje tion isometrique dans le bidual . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Inverse d'un operateur non borne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Inversible (element) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Isometrique (operateur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Isomorphes (espa es) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Jauge d'un ensemble onvexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Lemme de Zorn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Mesure omplexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 46
Mesure de omptage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Mesure de Dira . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Mesure reelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40, 46
Metrisable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Minimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Module d'un operateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Module de ontinuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Nombre onjugue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Normal (operateur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Norme d'une appli ation lineaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
ii
Norme uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 33
Normes equivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Noyau d'un operateur non borne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Operateur a tra e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Operateur adjoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Operateur autoadjoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Operateur ompa t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68, 107
Operateur de Hilbert-S hmidt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Operateur de shift . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95, 102, 137
Operateur densement de ni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Operateur fermable, operateur ferme . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Operateur hermitien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Operateur isometrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Operateur lineaire borne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Operateur non borne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Operateur normal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Operateur nu leaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Operateur positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Operateur unitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Operateurs unitairement equivalents . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Orthogonal (proje teur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Orthogonales (parties) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Orthogonalite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 30
Orthonormal (systeme de ve teurs) . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 87
Parallelogramme (relation du) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Partie totale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19, 63
Partition de l'unite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Point interne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Positif (operateur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Positive (forme hermitienne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Positivement homogene . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Pre ompa t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Prehilbertien (espa e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Probleme de Diri hlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Produit s alaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Produits et quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Proje teur orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Proje tion orthogonale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25, 89
Prolongement d'une appli ation lineaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Propriete d'interse tion nie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Quotient (espa e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Radon-Nikodym . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31, 42
Rang ni (operateur de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Rayon spe tral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Re exif (espa e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Relation du parallelogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Relativement ompa t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Resolvante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Resolvante ( as non borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Riemann-Lebesgue (lemme de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Riesz (theoreme de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
 -alg
ebre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Semi-norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Semi-normes equivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
iii
Separable (espa e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Separe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Serie de ve teurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Serie de ve teurs normalement onvergente . . . . . . . . . . . . . . . 7
Series de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Sesquilineaire (forme) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Sobolev (espa e de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 148
Somme d'une serie de ve teurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Somme de deux operateurs non bornes . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Somme de Minkowski de deux ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Sous-additive (fon tion) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Sous-lineaire (fon tion) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Spe tre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Spe tre (operateur non borne) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Spe tre ontinu, pon tuel, residuel . . . . . . . . . . . . . . . . 101, 151
Suite diagonale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
Suites faiblement onvergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Support d'une mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Symetrique (forme bilineaire) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Systeme de ve teurs orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 87
Systeme de Walsh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Theoreme de Baire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Theoreme de Bana h-Steinhaus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Theoreme de de omposition de Hahn . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Theoreme de Fisher-Riesz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Theoreme de Hahn-Bana h . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58{62
Theoreme de l'appli ation ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Theoreme de proje tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Theoreme de Radon-Nikodym . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Theoreme de Riesz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Theoreme de Tykhonov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Theoreme des isomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Theoreme du graphe ferme .  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Topologie -faible sur le dual X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Topologie asso iee a une famille de semi-normes . . . . . . . . . . . . . 72
Topologie de la norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Topologie du graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Topologie faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71{73, 109
Topologie faible sur un espa e norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Topologie forte sur L(X; Y) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Topologie initiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Topologie (X ; X) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Totale (partie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Transformation de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Transposee d'une appli ation lineaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Tribu borelienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36, 45
Ultra ltre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Uniformement equi ontinu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Unitaire (operateur) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Unitairement equivalents (operateurs) . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Valeur reguliere . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Variation totale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Zorn (lemme de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

iv
Index des notations

0X : ve teur nul de l'espa e ve toriel X . . . . . . . . . . . . . . . . . 2


1A : fon tion indi atri e du sous-ensemble A . . . . . . . . . . . . . . . 2
1A? : unite de l'algebre A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
A : orthogonal de A (sous-ensemble d'un Hilbert) . . . . . . . . . . . . 30
A : omplementaire du sous-ensemble A . . . . . . . . . . . . . . . . 2
A1 + A2 : somme de Minkowski de deux ensembles . . . . . . . . . . . . 54
B(x; r) : boule ouverte de entre x, rayon r . . . . . . . . . . . . . . . 4
BX : boule unite de l'espa e norme X . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
C(K) : espa e des fon tions ontinues sur K . . . . . . . . . . . . . . . 6
o(A) : enveloppe onvexe de l'ensemble A . . . . . . . . . . . . . . . . 3
0 : espa e des suites qui tendent vers 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
 : operateur diagonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Æt : mesure de Dira au point t0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
kf kp , kf k1 : norme de f dans Lp , dans L1 . . . . . . . . . . . . . 34, 35
0

Gr(T) : graphe de l'operateur T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145


IdX : appli ation identique sur X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
im(T) : image de l'operateur T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
ind(T) : indi e de l'operateur T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
iK : fon tion z ! z sur K  C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
jC (x) : jauge de l'ensemble onvexe C . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Jq : isometrie de `q dans le dual de `p . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
jq : isom etrie de Lq dans le dual de Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
JX : appli ation anonique de X dans son bidual . . . . . . . . . . . . . 65
K(E), K(E; F) : espa e des operateurs ompa ts de E, ou de E dans F . . . 107
`1 : espa e des suites born ees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 35
`p : espa e des suites de puissan e pi eme sommable . . . . . . . . . . . . 6
L(H)+ : operateurs positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
L(X), L(X; Y) : espa e des appli ations lineaires ontinues . . . . . . . . . 9
L1 (E), L1 (E; F) : operateurs nu leaires . . . . . . . . . . . . . . . . 120
L2 (E; F) : operateurs de Hilbert-S hmidt de E dans F . . . . . . . . . . 117
L1 (
; ) : fon tions mesurables bornees . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Lp : espa e de fon tions de puissan e pieme integrable . . . . . . . . . . 4
Lp , Lp (
; ) : espa e de lasses de fon tions de puissan e pieme integrable . 6, 34
Mf : appli ation de multipli ation par f . . . . . . . . . . . . . . 10, 138
PF : proje teur orthogonal sur F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
(a) : rayon spe tral de a 2 A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
R (a) : resolvante de a 2 A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
 (X; Y) : topologie faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
 (X; X ),  (X ; X) : topologie faible sur X, -faible sur X . . . . . . 73, 75
Sp(a) : spe tre de l'element a 2 A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Sp (T), Spp (T), Spr (T) : spe tre ontinu, pon tuel, residuel de T . . . . 101
kTkL(X;Y) : norme de l'appli ation lineaire T . . . . . . . . . . . . . . 9
jTj : module de l'operateur T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Tr(T) : tra e de l'operateur nu leaire T . . . . . . . . . . . . . . . . 120
t T : transposee de l'appli ation lineaire T . . . . . . . . . . . . . . . . 18
T : adjoint de l'appli ation lineaire T . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Ve t(y1; : : : ; yn) : sous-espa e ve toriel engendre . . . . . . . . . . . . . 19
kxk, kxkX : norme du ve teur x 2 X . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
hx; y i : produit s alaire de x et y . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
X : dual de l'espa e norme X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
X : bidual de l'espa e norme X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
kxkp , kxk1 : norme de x dans `p , dans `1 . . . . . . . . . . . . . . . 6

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