CK Ps
CK Ps
CK Ps
THEORIE SPECTRALE
MT404
Annee 2001-2002
Version longue
Sommaire
L'Analyse Fon
tionnelle est nee au debut du 20eme sie
le pour fournir un
adre
abstrait et general a un
ertain nombre de problemes, dont beau
oup sont issus de
la physique, et ou la question posee est la re
her
he d'une fon
tion veriant
ertaines
proprietes, par exemple une equation aux derivees partielles. La theorie moderne de
l'integration (Lebesgue, un peu apres 1900) et la theorie des espa
es de Hilbert se sont
rejointes pour
reer l'un des objets les plus importants, l'espa
e L2 des fon
tions de
arre
sommable, qui a permis en parti
ulier de pla
er la theorie des series de Fourier dans un
adre
on
eptuellement beau
oup plus
lair et plus simple que
elui qui etait en vigueur
a la n du 19eme sie
le.
Donnons i
i un seul exemple, hyper-
lassique,
elui du probleme de Diri
hlet. Etant
donne un ouvert borne
du plan, et etant donnee une fon
tion
ontinue f sur la frontiere
, on veut trouver une fon
tion u denie sur le
ompa
t
, de
lasse C2 dans
et qui
verie
(D)
u = 0 dans
;
u = f sur la frontiere
:
L'expression u designe le lapla
ien de u,
2 2
u = xu2 + yu2 .
On savait depuis longtemps que si u0 est solution du probleme (D), la fon
tion u0 mini-
mise une
ertaine fon
tionnelle d'energie I, qui asso
ie a
haque fon
tion u la quantite
Z
I(u) = jru(x; y)j2 dxdy;
le minimum etant
al
ule sur l'ensemble des fon
tions u qui
on
ident ave
f au bord ;
l'expression ru designe le gradient de u, fon
tion ve
torielle denie sur
dont les
om-
posantes sont les deux derivees partielles premieres de u, et jruj2 est la fon
tion egale
en
haque point (x; y) 2
au
arre de la norme eu
lidienne du gradient de u au point
(x; y). L'une des methodes de l'Analyse Fon
tionnelle
onsiste a introduire un espa
e de
fon
tions X adapte (i
i : l'espa
e de Sobolev H1 (
) ;
'est un espa
e de Hilbert), et de
developper des theoremes abstraits d'existen
e de minimum pour des
lasses de fon
tions
denies sur X (analogue, disons, au theoreme qui dit que toute fon
tion reelle
ontinue
denie sur un
ompa
t atteint son minimum). Le probleme est que l'espa
e des fon
tions
ontinues sur
et C2 a l'interieur n'est justement pas adapte a
ette appro
he ; les bons
espa
es ne sont pas formes de fon
tions vraiment derivables. La deuxieme partie de
ette
appro
he, qui ne sera pas du tout evoquee dans
e
ours,
onsiste a montrer que sous
ertaines hypotheses, la solution trouvee dans l'espa
e generalise X est bien une solution
au sens
lassique.
La premiere partie du poly
ontient les elements de base de l'Analyse Fon
tionnelle :
espa
es normes et espa
es de Bana
h, appli
ations lineaires
ontinues, dualite, topologies
faibles, espa
es de Hilbert.
{1{
La se
onde partie
on
erne la theorie spe
trale. En tres gros, il s'agit de la genera-
lisation au
adre inni-dimensionnel de la theorie de la diagonalisation. La notion fon-
damentale est la notion de spe
tre d'une appli
ation lineaire
ontinue d'un espa
e de
Bana
h dans lui-m^eme. Le
al
ul fon
tionnel sera l'o
asion de mettre en a
tion nombre
d'objets vus en li
en
e.
Ce poly
opie provient en grande partie du poly
opie de Georges Skandalis pour
l'edition 1998-1999 du m^eme enseignement. Je le remer
ie vivement de m'avoir transmis
ses
hiers,
e qui m'a
onsiderablement allege la t^a
he. J'en
ourage tres vivement les
etudiants a lire de vrais et bons livres d'Analyse Fon
tionnelle, par exemple
eux de
Brezis, Reed et Simon, Rudin, qui sont indiques dans la bro
hure de la ma^trise.
Quelques notations : si X est un ensemble, on note IdX l'appli
ation identite de X,
'est a dire l'appli
ation de X dans
X telle que IdX (x) = x pour tout x 2 X. Si A est
un sous-ensemble de X, on notera A le
omplementaire de A. On notera 1A la
fon
tion
indi
atri
e de A, qui est egale a 1 en tout point de A et a 0 en tout point de A . Si f est
une fon
tion reelle denie sur l'ensemble X, il est parfois rapide et agreable d'utiliser la
notation des probabilistes ff > tg = fx 2 X : f (x) > tg. De temps en temps on notera
0X le ve
teur nul d'un espa
e ve
toriel X, quand il semblera que
ette notation lourde leve
toute ambigute. La plupart des points du
ours sont numerotes, par
hapitre-se
tion-
type, par exemple le \theoreme 2.3.4" serait le quatrieme enon
e (theoreme, proposition,
lemme,
orollaire) de la se
tion 3 du
hapitre 2 ; a l'interieur de
ette se
tion, le theoreme
sera appele \theoreme 4", ailleurs dans le
hapitre 2 il sera designe par \theoreme 3.4"
et dans un autre
hapitre \theoreme 2.3.4". Les passages e
rits en petits
ara
teres
ontiennent des informations qui peuvent ^etre omises en premiere le
ture. Le poly se
termine par un index terminologique et un index des notations.
Depuis deux ans, j'ai fait une tentative pour utiliser les \nouvelles te
hnologies" en
pla
ant un
ertain nombre d'informations sur un site Web,
http://www.math.jussieu.fr/~ maurey/ths.html
en parti
ulier le texte de
e poly, des resumes de
ours, et
: : : Je suis toujours
ontent
de re
evoir des suggestions
onstru
tives pour ameliorer l'eÆ
a
ite de
et outil.
B. Maurey
{2{
Chapitre 1. Espa
es normes et appli
ations lineaires
ontinues
Corollaire 1.1.3. Pour que la fon
tion p 0 soit une semi-norme sur l'espa
e ve
toriel
X, il faut et il suÆt que p(x) = jj p(x) pour tout s
alaire 2 K et pour tout ve
teur
x 2 X et que l'ensemble fx 2 X : p(x) 1g soit
onvexe.
Exemple 1.1.2. Pour 1 r < +1, soit Lr = Lr ([0; 1℄) l'espa
eR ve
toriel des fon
tions
f
omplexes denies sur [0; 1℄ telles que f soit mesurable et 01 jf (s)jr ds < +1 ; la
quantite Z 1 1=r
p(f ) = jf (s)jr ds
0
est une semi-norme sur Lr ;
pour le verier, on voit d'abord que p(f ) = jj p(f ) (fa
ile), puis on montre que
l'ensemble ff 2 Lr : rp(f ) 1g est
onvexe. Cela provient de la
onvexite sur [0; +1[
de la fon
tion u ! u ; on a alors si f , g sont deux elements de Lr tels que p(f ) 1,
p(g ) 1 et si 0 t 1,
j(1 t)f (s) + tg(s)jr (1 t)jf (s)j + tjg(s)j r (1 t)jf (s)jr + tjg(s)jr
pour tout s 2 [0; 1℄, don
Z 1 Z 1 Z 1
(1 t)f (s) + tg (s)r ds (1 t) jf (s)j ds + t jg(s)jr ds (1 t) + t = 1:
r
0 0 0
On appelle espa
e norme un espa
e ve
toriel X muni d'une norme p. Si (X; p) est un
espa
e norme, nous en ferons un espa
e metrique en denissant la distan
e d sur X par
d(x; y ) = p(x y ), et nous munirons X de la topologie asso
iee a
ette metrique, que
nous appellerons topologie de la norme. Soient x 2 X et r > 0 ; on appelle boule ouverte
de
entre x et de rayon r le sous-ensemble Bp (x; r) = fy 2 X : p(y x) < rg de X. Quand
il n'y aura pas d'ambigute sur la norme
onsideree, on notera
es boules simplement
B(x; r). Rappelons que dans la topologie de la norme sur X, les parties ouvertes sont les
{4{
reunions de boules ouvertes ; une partie U de X est un voisinage de x 2 X si et seulement
s'il existe r > 0 tel que B(x; r) U. Dans un espa
e ve
toriel norme, la boule fermee
de
entre x et de rayon r > 0, qui est l'ensemble fy 2 X : p(y x) rg, est bien egale
a l'adheren
e de la boule ouverte Bp (x; r) (
a n'est pas toujours vrai dans un espa
e
metrique general) ; on pourra don
la noter Bp (x; r). Par
onvention, la boule unite d'un
espa
e norme X sera la boule fermee de
entre 0X et de rayon 1 ; on la notera BX.
Proposition 1.1.4. Soit (X; p) un espa
e norme ; l'appli
ation p : X ! R + est
ontinue
pour la topologie de la norme.
Cela resulte immediatement du lemme 1. En eet, si la suite (xn ) X tend vers y,
on aura
jp(xn ) p(y)j p(xn y) = d(xn ; y) ! 0:
En general, nous noterons kxk la norme d'un ve
teur x d'un espa
e norme X, ou bien
kxkX s'il y a un risque de
onfusion ; parfois il sera en
ore
ommode de designer la
fon
tion norme par un symbole litteral,
omme dans la notation (X; p) utilisee jusqu'i
i.
La topologie et la stru
ture d'espa
e ve
toriel d'un espa
e norme sont
ompatibles,
autrement dit, un espa
e norme est un espa
e ve
toriel topologique au sens suivant :
Denition 1.1.3. Un espa
e ve
toriel topologique est un espa
e ve
toriel X sur K muni
d'une topologie pour laquelle les deux appli
ations (x; y) ! x + y de X X dans X et
(; x) ! x de K X dans X sont
ontinues.
Proposition 1.1.5. Un espa
e norme, muni de la topologie de la norme, est un espa
e
ve
toriel topologique.
Exer
i
e 1.1.4. Si C est un sous-ensemble
onvexe d'un espa
e norme X, montrer que
son adheren
e est
onvexe. Montrer que l'adheren
e d'un sous-espa
e ve
toriel est un
sous-espa
e ve
toriel.
Si C est
onvexe, si x 2 C et si y est dans l'interieur (topologique) de C, montrer
que le segment semi-ouvert ℄x; y℄ est
ontenu dans l'interieur de C.
{5{
Denition 1.1.5. Un espa
e de Bana
h est un espa
e ve
toriel norme,
omplet pour la
distan
e asso
iee a la norme.
Si F est un sous-espa
e ve
toriel ferme d'un espa
e de Bana
h E, il est lui aussi
omplet pour la norme induite par
elle de E, don
F est un espa
e de Bana
h.
Exemples 1.1.6.
1. L'espa
e C([0; 1℄) (reel ou
omplexe) des fon
tions s
alaires
ontinues sur [0; 1℄,
muni de la norme uniforme,
kf k1 = tmax
2[0;1℄
jf (t)j;
est un espa
e de Bana
h. Le fait qu'il soit
omplet est une tradu
tion du theoreme selon
lequel une limite uniforme d'une suite de fon
tions
ontinues est une fon
tion
ontinue.
2. Pour 1 p < +1, l'espa
e Lp =R Lp ([0; 1℄) des
lasses de fon
tions f
omplexes
sur [0; 1℄ telles que f soit mesurable et 01 jf (s)jp ds < +1 est norme par
Z 1 1=p
kf kp = jf (s)jp ds :
0
On a deja vu que f ! kf kp est uneRsemi-norme.
1
Si kf kp = 0 et si f1 2 Lp est un
representant quel
onque de f , on a 0 jf1(s)jp ds = 0. Comme la fon
tion jf1jp est
0,
ela entra^ne que f1 = 0 presque partout, don
f est la
lasse nulle,
'est a dire
que f = 0L . On a ainsi montre que f ! kf kp est une norme sur Lp .
p
{6{
Il faut bien
omprendre que la notion de somme de la serie n'a au
un sens si on ne
mentionne pas la topologie qui a ete utilisePe pour denir laPnotion de limite.
Un
as parti
ulier est
elui des series uk telles que kuk k < +1, que l'on peut
appeler absolument
onvergentes ou bien normalement
onvergentes.
Sous la
ondition P kuk k < +1, le resteXde la serie des normes
rn = kuk k
k>n
est une suite numerique qui tend vers 0 quand n ! +1, et on peut e
rire pour tous
`; m n, en supposant ` < m pour xer les idees
Um U` = u`+1 + + uX m;
kUm U` k ku`+1 k + + kum k kuk k = rn ;
k>n
e qui montre que la suite (Un ) est alors de Cau
hy.
P
Quand X est P
omplet, la
ondition kuk k < +1 garantit don
la
onvergen
e dans X
de la serie uk . En fait, on a
Proposition 1.1.6. Soit P X un espa
e norm e ; pour que X soit
P
omplet, il faut et il suÆt
que : pour
P toute se rie uk de ve
teurs de X , la
ondition kuk k < +1 entra^ne que
la serie uk est
onvergente dans X.
Demonstration. On a deja vu que si X est
omplet, les series absolument
onvergentes
sont
onvergentes dans X ; montrons la re
iproque : soit (xn ) une suite de Cau
hy
de ve
teurs de Xk ; pour tout entier k 0, on peut trouver un entier Nk tel que
kxm xn k < 2 pour tous entiers m; n Nk , et on peut supposer que Nk+1 > Nk .
Posons alors u0 = xN et
uk+1 = xN
0
k+1 xN k
pour Ptout k 0. Par
onstru
tion, on a kuk+1 k < 2 k , don
P kuk k < +1, et la
serie uk
onverge dans X d'apres l'hypothese. Mais les sommes partielles (Uk ) de
ette serie sont egales aux ve
teursP(xN ), don
la sous-suite (xN )
onverge vers le
ve
teur U 2 X somme de la serie uk . Puisque la suite (xn ) est de Cau
hy, on en
k k
deduit fa
ilement que la suite entiere (xn )
onverge vers U, don
X est
omplet.
//
{7{
Remarque 1.1.8.
Certains espa
es importants tels que l'espa
e C1(R ) des fon
tions de
lasse C1 sur R ,
ou bien l'espa
e produit R N , n'admettent pas de norme satisfaisante,
'est a dire de norme
qui denisse la topologie que l'on estime ^etre la bonne sur l'espa
e
onsidere (la topologie
produit, dans le
as de R N ). Dans les bons
as, on peut tout de m^eme denir sur un espa
e
ve
toriel X une distan
e qui garde
ertaines des bonnes proprietes des distan
es deduites
d'une norme, a savoir :
(i) pour tous x; y; v 2 X, on a d(x + v; y + v) = d(x; y) (invarian
e par translation) ;
(ii) pour tout x 2 X, on a d(x; 0) d(x; 0) si jj 1 ;
(iii) pour
haque ve
teur x 2 X, on a lim!0 d(x; 0) = 0
(et bien entendu on garde les proprietes usuelles des distan
es, en parti
ulier l'inegalite
triangulaire). Muni de la topologie asso
iee a une telle distan
e, l'espa
e reste un espa
e
ve
toriel topologique (exer
i
e).
C'est le
as pour l'espa
e Cn1 . Pour tout entier n 1, on peut
onsiderer la semi-norme
pn qui
ontr^ole le
ara
tere C de la fon
tion f sur l'intervalle [ n; n℄,
pn (f ) = maxfjf (k) (s)j : 0 k n; jsj ng:
On pose ensuite
+1
X
d(f; g) = min(pn (f g); 2 n ):
n=0
L'espa
e C1 est alors
omplet pour
ette distan
e. On dit que
'est un espa
e de Fre
het.
De m^eme, on pourra denir sur R N la distan
e
+1
X
d(x; y) = min(jxn yn j; 2 n )
n=0
ou x = (xn )n0 et y = (yn )n0 sont deux elements quel
onques de R N .
Un autre exemple est l'espa
e L0 des (
lasses) de fon
tions mesurables. Supposons que
(
) = 1 pour simplier. On peut denir une distan
e pour la
onvergen
e en mesure en
posant par exemple Z
d(f; g) = min(1; jf (s) g(s)j) d(s):
Demonstration. Il est
lair que (i) ) (ii). Si T est
ontinue en 0, il existe un nombre
Æ > 0 tel que pour tout u 2 X, la
ondition dX (u; 0) Æ implique dY (T(u); T(0))
1 ; autrement dit, kukX Æ implique kT(u)kY 1. Etant donne un ve
teur x non
nul quel
onque dans X, le ve
teur u = Æ1kxkX1 x verie kukX Æ, don
kT(u)kY 1,
e qui revient a dire que kT(x)kY Æ kxkX. On a ainsi montre que (iii) est vraie,
{8{
ave
M = Æ 1 . Enn, supposons (iii) veriee ; si une suite (xn ) de X tend vers un
ve
teur x 2 X, on aura
d(T(xn ); T(x)) = kT(xn ) T(x)kY = kT(xn x)kY M kxn xkX ! 0;
e qui montre que T est
ontinue au point x, et
e
i pour tout x 2 X.
//
Corollaire 1.2.2. Deux normes p et q sur un espa
e ve
toriel X denissent la m^eme
topologie si et seulement si elles sont equivalentes.
Demonstration. Verions que T ! kTk est une norme. Il est d'abord evident que
kTk = 0 implique que kT(x)k = 0 pour tout x 2 X,
'est a dire T(x) = 0Y pour
tout x 2 X puisque Y est norme, don
T est l'appli
ation nulle. Montrons ensuite
que T ! kTk est une semi-norme ; il est fa
ile de verier que kTk = jj kTk pour
tout 2 K ; ensuite, pour tout x 2 X,
k(S + T)(x)k = kS(x) + T(x)k kS(x)k + kT(x)k kSk + kTk kxk;
d'ou l'inegalite kS + Tk kSk + kTk.
//
Exemples 1.2.1.
1. Si X est un espa
e norme non nul, on a toujours k IdX k = 1.
2. Soit f 2 C([0; 1℄) xee ; on denit un endomorphisme Mf de C([0; 1℄), l'appli
ation
de multipli
ation par f , en posant Mf (g) = fg pour toute g 2 C([0; 1℄). On montre que
kMf k = kf k1.
Il est
lair que kfgk1 kf k1 kgk1 pour toute fon
tion g, don
kMf k kf k1.
Inversement,
onsiderons la fon
tion
onstante g0 = 1. On a kg0k1 = 1 et Mf (g0) =
f , don
kf k1 = kMf (g0)k1 kMf k kg0k1 = kMf k
d'ou kMf k = kf k1.
Il est en general tres diÆ
ile de
al
uler exa
tement la norme d'une appli
ation lineaire
ontinue. A titre d'ane
dote, on sait depuis environ 1920 que la transformee de Fourier
denit un operateur borne Tp de Lp (R ) dans Lq (R ) lorsque 1 < p < 2 et 1=p + 1=q = 1,
mais la valeur exa
te de la norme n'a ete determinee que 50 ans plus tard !
{ 10 {
Proposition 1.2.5. Soient X et Y deux espa
es normes ; si Y est un espa
e de Bana
h,
l'espa
e L(X; Y) est un espa
e de Bana
h.
Demonstration. Supposons que Y soit un espa
e de Bana
h. P Soit P uk une serie
normalement
onvergente dans L(X; Y),
'est a dire que P kuk k < +1 ; pour tout
ve
teur x 2 X, on a kuk (x)k kuk k kxk, don
la serie uk (x) est normalement
onvergente dans Y. Puisque Y est
omplet,
ette serie
onverge dans Y et on peut
poser pour tout x 2 X
+1
X
U(x) = uk (x) 2 Y:
k=0
Il est fa
ile de verier que l'appli
ation UPainsi denie de X dans Y est lineaire, et
1 ku (x)k P+1 ku k kxk,
e qui
de plus pour tout x 2 X on a kU(x)k +k=0 k k=0 k
montre que U est
ontinue et
+1
X
() kUk kuk k:
k=0
Il reste a voir que U est la limite dans L(X; Y) de la suite (Un ) des sommes partielles.
On a +1
X X
(U Un )(x) = uj (x) = vk (x)
j>n k=0
o
P
u on a pose vk = un+k+1 pour P+1
tout k 0 ;Pen appliquant l'inegalite () a la serie
vk on obtient kU Un k k=0 kvk k = k>n kuk k, et
ette quantite tend vers
0 lorsque n ! +1.
//
P
Image d'une serie
onvergente. Soit
uk une serie
onvergente de ve
teurs dans l'espa
e
norme X et soit T : X ! Y une appli
ation lineaire
ontinue ; alors la serie P T(uk )
onverge dans Y et +1 X +1
X
T uk = T(uk ):
k=0 k=0
Pn
Demonstration. La suite des sommes partielles U n = k=0 uk
onverge dans X vers
la somme U de la serie, on a T(Un ) = Pnk=0 T(uk ) par linearite de T, et T(Un ) tend
vers l'image T(U) de U, par la
ontinuite de T.
//
{ 11 {
Remarquons que la norme N de
rite dans la demonstration
i-dessus n'est pas l'unique
norme denissant la topologie produit : n'importe quelle norme equivalente
onvient.
Plusieurs normes equivalentes sont tout aussi naturelles que N. Par exemple la norme
(x; y) ! max(kxk; kyk) ou la norme (x; y) ! (kxkr + kykr )1=r , pour r > 1. On dit qu'un
espa
e ve
toriel topologique X est normable s'il existe une norme sur X qui denisse la
topologie de X ; l'enon
e raisonnable pour
e qui pre
ede est que X Y est normable
quand X et Y sont normables.
Remarque 1.3.1. On verie sans peine que X Y est un espa
e de Bana
h si et
seulement si X et Y sont des espa
es de Bana
h.
Soient X un espa
e ve
toriel et Y un sous-espa
e de X ; rappelons que X=Y est le
quotient de X pour la relation d'equivalen
e RY telle que x RY y () y x 2 Y. Le
quotient X=Y est muni de l'unique stru
ture d'espa
e ve
toriel pour laquelle l'appli
ation
quotient X ! X=Y est lineaire. La
lasse de 0X est egale a Y, et
'est le ve
teur nul de
l'espa
e quotient X=Y ; les autres
lasses sont les translates de Y (
e sont les sous-espa
es
aÆnes Y + x, paralleles a Y).
Proposition 1.3.2. Soient X un espa
e norme et Y un sous-espa
e ve
toriel ferme de
X ; notons : X ! X=Y l'appli
ation quotient. La fon
tion q : X=Y ! R + denie par
8 2 X=Y; q( ) = inf fkxk : x 2 X; (x) = g
est une norme sur X=Y.
Notons que la distan
e d(; ) de deux
lasses de X=Y est simplement la distan
e naturelle
des sous-ensembles et de X,
'est a dire l'inf de d(x; y), lorsque x varie dans et y
dans . Notons aussi que la proje
tion verie kk 1 ; on a m^eme en general kk = 1,
sauf si X=Y = f0g,
'est a dire si Y = X (on suppose toujours Y ferme). Notons en
ore
que l'image par de la boule unite ouverte BX (0; 1) de X est exa
tement la boule unite
ouverte du quotient X=Y (l'enon
e
orrespondant pour la boule unite fermee n'est pas
vrai en general).
{ 12 {
Proposition 1.3.3. Soient X, Z deux espa
es normes, Y un sous-espa
e ferme de X et
g 2 L(X; Z) nulle sur Y ; il existe une unique h 2 L(X=Y; Z) telle que g = h Æ (ou
: X ! X=Y est l'appli
ation quotient) ; on a khk = kg k.
Demonstration. Soit 2 X=Y ; on va verier que tous les ve
teurs x de la
lasse
ont la m^eme image z dans Z,
e qui permettra de poser h( ) = z = g(x) : si x; x 2 X
0
sont dans la
lasse , alors x x0 2 Y ker , don
g(x x0) = 0, soit g(x) = g(x0).
Don
g(x) ne depend pas du
hoix du representant x de la
lasse ; notons le h( ).
Il est
lair que h est lineaire, et par
onstru
tion on a g = h Æ . Comme est
surje
tive, il est
lair que h est unique.
Notons q la norme quotient de X=Y. Pour 2 X=Y et pour tout x tel que
(x) = , on a
kh( )k = kg(x)k kgk kxk:
Cela etant vrai pour tout x dans la
lasse , on a kh( )k kgk q( ). Don
h est
ontinue et khk kgk. Enn, kgk = kh Æ k khk kk khk, puisque kk 1, et
on a bien khk = kgk.
//
C'est par
e pro
ede que l'on denit par exemple la transformee de Fourier sur
X = F = L2 (R ), a partir de sa denition integrale sur le sous-espa
e dense X0 = L1 \ L2 .
Demonstration. Soient x 2 X et n 0 ; d'apres la densite de X0 dans X, l'ensemble
An = fy 2 X0 : ky xk < 2 n g
est non vide ; si y; y0 2 An , on a ky0 yk ky0 xk+ky xk 2 n+1 , don
le diametre
de An tend vers 0 (l'ensemble An devrait s'appeler An (x), mais
e serait vraiment
trop lourd). Puisque T est lineaire bornee, la suite (T(An)) est une suite de
roissante
de sous-ensembles non vides de F, de diametres tendant vers 0. Pre
isement, on
deduit de
e qui pre
ede que si v; w 2 T(An ), on a kv wk kTk 2 n+1 . Puisque
{ 13 {
F est
omplet, on sait que Tn T(An)
ontient exa
tement un point. Appelons S(x)
et unique point.
Soit (yk )k X0 une suite quel
onque telle que yk ! x, etn +1soit n0 quel
onque ;
on aura yk 2 An pour tout k k0 , don
kT(yk ) S(x)k 2 0 kTk pour k k0 ;
e
i montre que S(x) = limk T(yk ) pour toute suite (yk ) X0 telle que x = limk yk .
0
Il est fa
ile de verier que x !0 S(x0) est lineaire de X dans F, a partir de
ette
remarque (prendre yk ! x et yk ! x ). On a aussi
kS(x)k = lim
k
kT(yk )k kTk lim k
kyk k = kTk kxk;
e qui montre que S est
ontinue et kSk kTk. Si x 2 X0 , il est
lair que T(x) est
l'unique point
ommun aux ensembles T(An), don
S(x) = T(x) dans
e
as,
e qui
montre que S prolonge T ; il en resulte que kTk kSk, don
kTk = kSk. Si S1 est une
autre appli
ation
ontinue qui prolonge T, on aura S1 (x) = limk S1 (yk ) par
ontinuite
de S1 , mais S1 (yk ) = T(yk ) par hypothese, don
S1 (x) = limk T(yk ) = S(x) pour
tout x 2 X,
e qui montre l'uni
ite de S. Il nous suÆt pour nir de prendre Te = S.
//
Demonstration. Puisque F est
omplet, il suÆt de montrer que (Tn (x)) est de Cau
hy
pour tout x 2 X ; soit x 2 X, et soit " > 0 donne ; on peut d'abord trouver x0 2 X0
tel que kx x0 k < "=(3M) ; par hypothese, la suite (Tn (x0 )) est
onvergente, don
il existe N tel que pour tous m; n N on ait kTm (x0) Tn (x0 )k < "=3 ; pour nir,
on a kTk (x) Tk (x0)k M kx x0 k < "=3 pour tout entier k. On peut e
rire pour
nir, pour tous m; n N que kTm(x) Tn (x)k est majore par
kTm (x) Tm(x0 )k + kTm (x0) Tn (x0)k + kTn (x0 ) Tn (x)k < ":
//
{ 14 {
Demonstration. La somme de deux suites de Cau
hy x = (xn ) de ve
teurs de X est une
suite de Cau
hy, et si on multiplie une suite de Cau
hy par un s
alaire on obtient une suite
de Cau
hy. Don
les suites de Cau
hy forment un espa
e ve
toriel, qui sera note Y. De
plus, les suites de Cau
hy sont des suites bornees. Pour tout element x = (xn ) de Y on
peut don
poser
kxk1 = sup kxn k:
n
On verie sans peine que
ette quantite denit une norme sur Y. Posons
Z = fz = (zn ) 2 Y : lim kzn k = 0g;
on verie que Z, muni de la norme kxk1 , est un sous-espa
e ve
toriel ferme de Y ; notons
Xb = Y=Z le quotient de Y par Z et : Y ! Xb l'appli
ation quotient ; munissons Xb de la
norme quotient, notee k:k. Le point
ru
ial est que Xb est
omplet, m^eme si X n'etait pas
omplet. Il est
ommode de demontrer d'abord les autres proprietes voulues.
Pour x 2 X, notons U(x) 2 Y la suite
onstante egale a x ; posons u = Æ U. Si
y = (yn ) est un representant quel
onque de u(x), on a par denition y U(x) 2 Z,
'est a dire limn kyn xk = 0 ; il en resulte que kyk1 = supn kyn k limn kyn k = kxk,
don
ku(x)k kxk, mais le
hoix du representant y = U(x) donne kyk1 = kxk, don
ku(x)k = kxk pour tout x 2 X.
Verions que u(X) est dense dans Xb . Soient 2 Xb et " > 0 ; il existe une suite de Cau
hy
y = (yn ) telle que = (y). Il existe un entier n 0 tel que, pour tout k n on ait
kyk yn k ". Considerons l'element y0 de Y deni par yj0 = yj si j < n et yj0 = yn si
j n. Ce que nous avons dit se traduit par ky y0 k1 ", don
k(y) (y0 )k ", mais
y0 est un representant de U(yn ), don
k(y) u(yn )k ",
e qui montre la densite voulue.
Pour nir la demonstration, il nous reste a demontrer que Xb est un espa
e de Bana
h.
Soit (n ) une suite de Cau
hy dans Xb ;
omme u(X) est dense, pour tout entier n 0, il
existe xn 2 X tel que kn u(xn )k 2 n . La suite (u(xn ))n0 est alors de Cau
hy et,
omme u est isometrique, la suite x = (xn )n0 est de Cau
hy dans X ; on verie alors que
(x) est la limite de la suite de Cau
hy (n ) : Comme
i-dessus, on voit que la suite (u(xn ))
onverge vers (x) ;
omme la suite (n u(xn))
onverge vers 0, la suite (n )
onverge vers
(x), d'ou le resultat.
La fon
tion p est une semi-norme sur X = Lp , et l'espa
e Z est l'espa
e ve
toriel des
fon
tions negligeables. Le quotient X=Z est l'espa
e Lp des
lasses de fon
tions de puissan
e
pieme integrable. On prend rapidement l'habitude de laisser tomber le mot \
lasse", mais
il faut rester vigilant : si f 2 Lp et si t0 est un point xe de l'espa
e mesure, l'expression
f (t0 ) n'a pas de sens !
{ 16 {
On peut aussi se trouver dans la situation ou X est un espa
e ve
toriel
omplexe, mais
muni d'une norme q d'espa
e ve
toriel reel : autrement dit, on a q(x) = jj q(x) pour
tout x 2 X et 2 R , mais on n'a pas ne
essairement
ette egalite ave
omplexe. Si la
multipli
ation par i,
'est a dire l'appli
ation ' : x ! ix, est
ontinue sur (X; q), on peut
rempla
er q par une norme p equivalente a q qui verie de plus p(x) = jj p(x) pour tout
x 2 X et tout 2 C , en posant pour tout x 2 X
p(x) = supfq(x) : 2 C ; jj = 1g:
C'est exa
tement
e qu'on a fait au paragraphe pre
edent : on a
ommen
e par denir sur
XC la norme q(x + iy) = max(kxk; kyk), mais
ette norme n'est pas une norme
omplexe.
On l'a alors rempla
ee par p, denie
omme dans
e paragraphe.
Denition 1.7.1. On dit qu'un espa
e topologique Z est separable s'il existe une partie
denombrable D Z qui soit dense dans Z.
{ 1. Les espa
es R et C sont separables (par exemple, Q est un sous-ensemble de-
nombrable dense dans R ). Plus generalement, tout ferme de C est separable (exer
i
e).
{ 2. Tout espa
e norme de dimension nie est separable : si F est un espa
e ve
toriel
de dimension
Pn nie sur R et si (x1 ; : : : ; xn) est une base de F, l'ensemble denombrable
D = f i=1 i xi : i 2 Q g est dense dans F.
{ 18 {
Proposition 1.7.1. Pour que X norme soit separable, il faut et il suÆtSqu'il existe une
suite
roissante (Fn ) de sous-espa
es de dimension nie de X telle que n Fn soit dense
dans X. Si X est un espa
e norme separable de dimension innie, on peut trouver une
suite
roissante (Fn ) de sous-espa
es
S ve
toriels de X telle que dimFn = n pour tout
n 0 et telle que la reunion F = n Fn soit dense dans X.
En eet, si DS = fd0 ; d1; : : : ; dn; : : :g est dense et si Fn = Ve
t(d0; : : : ; dn 1), il est
evident que n Fn est dense dans X puisque
et ensemble
ontient D. Inversement
si Fn est dense, on
hoisit Dn denombrable dense dans Fn , et D = Sn Dn sera
S
Exemples 1.7.2.
1. Les espa
es `p et les espa
es Lp ([0; 1℄) sont separables pour 1 p < 1.
Pour tout n 0, designons par en le nieme ve
teur de la suite
anonique denie a
l'exemple 1.7. Le sous-espa
e Fn = Ve
t(e0; : : : ; en 1) est forme des ve
teurs y de
`p dont les
oordonnees yj , j n sont nulles. Il est fa
ile de voir que tout x 2 `p est
limite d'une suite de tels ve
teurs y.
2. En revan
he, `1 et L1 ([0; 1℄) ne sont pas separables.
Pour t 2 [0; 1℄, soit ft la fon
tion indi
atri
e de [0; t℄ ; alors kfs ft k1 = 1 si s 6= t, et
la famille (ft ) est non-denombrable ; si (xn ) etait dense dans L1 , il existerait pour
tout t 2 [0; 1℄ un indi
e unique n tel que kft xn k1 < 1=4,
e qui donnerait une
inje
tion de [0; 1℄ dans N .
Soient X un espa
e norme et D un sous-ensemble de X ; on dit que D est total dans X si
le sous-espa
e ve
toriel L (algebrique) engendre par D est dense dans X (
e sous-espa
e
L est l'ensemble des
ombinaisons lineaires de ve
teurs de D).
Par exemple, la suite
anonique (en )n0 est totale dans `p pour tout p < 1. Elle n'est pas
totale dans `1 , mais elle est totale dans
0.
Proposition 1.7.2. Pour qu'un espa
e norme X soit separable, il faut et il suÆt qu'il
admette une partie denombrable totale.
Demonstration. Soit X un espa
e norme tel qu'il existe une suite (xn ) d'elements
totale dans X ; l'espa
e ve
toriel L engendre par la suite est dense dans X, et il
est egal a la reunion
roissante des sous-espa
es Ln de dimension nieSdenis par
Ln = Ve
t(x0 ; : : : ; xn 1). On sait alors que X est separable puisque n0 Ln est
dense dans X (appliquer la proposition 1). Dans l'autre dire
tion
'est trivial.
//
{ 19 {
2. Espa
es de Hilbert
En parti
ulier, pour
onna^tre une forme sesquilineaire ou une forme bilineaire symetrique
B sur X, il suÆt de
onna^tre B(x; x) pour tout x 2 X.
Corollaire 2.1.2. Soient X un espa
e ve
toriel
omplexe et B une forme sesquilineaire
sur X ; les
onditions suivantes sont equivalentes :
(i) pour tous x; y 2 X on a B(y; x) = B(x; y) ;
(ii) pour tout x 2 X, on a B(x; x) 2 R .
Demonstration. Posons S(x; y ) = B(x; y ) B(y; x) ;
'est une forme sesquilineaire.
Par la proposition 1, S est nulle si et seulement si, pour tout x 2 X, on a S(x; x) = 0,
e qui est bien le
as.
//
{ 21 {
Soit X un espa
e ve
toriel
omplexe ; on appelle forme hermitienne sur X une forme
sesquilineaire veriant les
onditions equivalentes du
orollaire 2. On peut resumer
es
onditions ainsi : la forme ' sur X X est hermitienne si elle verie les deux
onditions
suivantes :
{ pour tout y 2 X, l'appli
ation x ! '(x; y) est C -lineaire sur X ;
{ pour tous x; y 2 X, on a '(y; x) = '(x; y).
Une forme hermitienne B sur un espa
e ve
toriel
omplexe X est dite positive si,
pour tout x 2 X, le nombre B(x; x) est reel 0. Rappelons qu'une forme bilineaire
symetrique B sur un espa
e ve
toriel reel X est dite positive si, pour tout x 2 X, on a
B(x; x) 0.
Convenons d'appeler produit s
alaire une forme symetrique positive sur un espa
e
reel ou une forme hermitienne positive sur un espa
e
omplexe. Le plus souvent, nous
noterons les produits s
alaires (x; y) ! hx; yi.
Proposition 2.1.3 : inegalite de Cau
hy-S
hwarz. Soit X un espa
e ve
toriel muni d'un
produit s
alaire ; pour tous x; y 2 X on a
jhx; yij2 hx; xi hy; yi:
Corollaire 2.1.4. Soit X un espa
e ve
toriel muni d'un produit s
alaire ; l'appli
ation
x ! hx; xi1=2 est une semi-norme sur X.
{ 22 {
2.2. Espa
es de Hilbert, orthogonalite, bases
Un produit s
alaire sur un espa
e ve
toriel reel ou
omplexe X est don
une appli-
ation (x; y) ! hx; yi de X X dans K telle que
x 2 X ! hx; y i est K -lineaire pour tout y 2 X xe,
hy; xi = hx; yi pour tous x; y 2 X,
hx; xi 0 pour tout x 2 X.
Certains auteurs exigent qu'unp produit s
alaire v erie hx; xi > 0 pour tout x 6= 0X. Dans
e
as la semi-norme x ! hx; xi du
orollaire pre
edent est une norme sur l'espa
e X.
On appelle espa
e prehilbertien un espa
epve
toriel X (reel ou
omplexe) muni d'un
produit s
alaire tel que la semi-norme p(x) = hx; xi soit une norme sur X. Tout espa
e
prehilbertien sera
onsidere
omme espa
e norme, muni de la norme
i-dessus, qui sera
notee simplement kxk desormais.
Proposition 2.2.1. Soit X un espa
e prehilbertien ; pour tout ve
teur y 2 X la forme
lineaire `y : x ! hx; y i est
ontinue de X dans K . L'appli
ation y ! `y est antilineaire
et isometrique de X dans X .
Soit (X; p) un espa
e norme ; on dira que la norme p est issue d'un produit s
alaire s'il
existe un produit s
alaire h ; i sur X tel que, pour tout x 2 X on ait p(x) = hx; xi1=2. Si un
tel produit s
alaire existe, il est unique, par la proposition 1.1. On dira que (X; p) est un
espa
e prehilbertien si p est issue d'un produit s
alaire ; on dira que (X; p) est un espa
e
hilbertien s'il est prehilbertien
omplet.
Proposition 2.2.2. Soit X un espa
e prehilbertien ; le
omplete de X est un espa
e hilber-
tien.
Demonstration. Notons H le
omplete de X et
onsiderons pour simplier que X est un
sous-espa
e ve
toriel de H. Si h; k sont deux elements de H, on peut trouver deux suites
(xn ) et (yn ) dans X, telles que h = limn xn et k = lim yn . On remarque que la suite s
alaire
(hxn ; yn i) est de Cau
hy :
jhxn ; yn i hxm ; ym ij jhxn xm ; yn ij + jhxm ; yn ym ij
kxn xm k kyn k + kxm k kyn ym k
qui tend vers 0 lorsque n; m ! +1 par
e que les deux suites sont de Cau
hy, don
bornees.
De plus, on peut voir que la limite limn hxn ; yn i ne depend que de h et k,
e qui permet de
poser
hh; ki = limn
hxn ; yn i:
En passant a la limite, on verie que
ette formule denit une forme hermitienne sur H H.
Lorsque h = k, on aura
hh; hi = lim
n
hxn ; xn i = lim
n
kxn k2 = khk2
e qui montre que le produit s
alaire deni sur H donne la norme de H.
//
{ 23 {
Denition 2.2.1. On appelle espa
e de Hilbert un espa
e ve
toriel H (rp eel ou
omplexe)
muni d'un produit s
alaire (x; y) ! hx; yi tel que la semi-norme x ! hx; xi soit une
norme sur H, qui rende
et espa
e
omplet. p
Si H est un espa
e de Hilbert, on notera kxk = hx; xi pour tout x 2 H. L'inegalite
de Cau
hy-S
hwarz s'e
rit alors jhx; yij kxk kyk.
Exemple 2.2.2. L'espa
e L2 (
; ) est Zun espa
e de Hilbert pour le produit s
alaire
hf; gi = f (s) g(s) d(s):
L'espa
e de Sobolev H1([a; b℄) est aussi un espa
e de Hilbert pour le nouveau produit
s
alaire Z b Z b
hf; giH = f (s) g(s) ds + f 0 (s) g0(s) ds:
1
a a
Le
as de R n , n 2 ou d'un ouvert de R n (qui est le
as serieux pour les appli
ations
aux EDP) ne sera pas traite i
i.
Denition 2.2.3. Soit H un espa
e de Hilbert ; on dit que les ve
teurs x et y de H
sont orthogonaux si hx; yi = 0. Soit (xn)n0 une suite innie de ve
teurs de H ou bien
(x1 ; : : : ; xN) une suite nie ; on dit que la suite est orthogonale si les xn sont deux a
deux orthogonaux,
'est a dire si hxm; xn i = 0 lorsque m 6= n ; on dit que
'est une suite
orthonormee si de plus, pour tout n, on a kxn k = 1.
Si x est orthogonal a y1; : : : ; yn, alors x est orthogonal a toutes les
ombinaisons
lineaires de y1; : : : ; yn d'apres la linearite du produit s
alaire par rapport a sa premiere
variable. Le ve
teur x est don
orthogonal au sous-espa
e ve
toriel engendre
F = Ve
t(y1; : : : ; yn):
Si x est orthogonal a tous les ve
teurs d'un ensemble A, alors x est aussi orthogonal a
l'adheren
e de A (par
e que l'appli
ation a ! ha; xi est
ontinue).
Lemme 2.2.3. Soient (u1 ; : : : ; un ) des ve
teurs deux a deux orthogonaux d'un espa
e
de Hilbert H ; on a
X n
2 Xn
uk = kuk k2 :
k=1 k=1
En parti
ulier, des ve
teurs orthogonaux non nuls sont lineairement independants.
P P
Demonstration. Fa
ile, en developpant le
arre s
alaire h nk=1 uk ; nk=1 uk i.
//
{ 24 {
Lemme 2.2.4. Soit (e1 ; : : : ; en ) une suite orthonormee nie dans un espa
e de Hilbert
H ; posons F = Ve
t(e1 ; : : : ; en ) ; pour tout ve
teur x 2 H, le ve
teur
n
X
y= hx; eii ei
i=1
est la proje
tion orthogonale de x sur F,
'est a dire que y 2 F et que le ve
teur x y
est orthogonal a F.
Demonstration. Il est evident que y 2 F, et il est
lair que hy; ej i = hx; ej i pour tout
j = 1; : : : ; n, don
x y est orthogonal a tous les (ej ),
e qui implique que x y est
orthogonal a F.
//
{ 25 {
Lemme 2.2.7. Soit (en )n0 une suite orthonormee dans H et soit F le sous-espa
e
ve
toriel ferme engendre par la suite (en )n0 ; pour tout ve
teur y 2 F, on a
+1
X
y= hy; ek i ek :
k=0
Denition 2.2.4. On appelle base hilbertienne d'un espa
e de Hilbert separable H de
dimension innie une suite orthonormee (en )n0 qui est de plus totale dans H. On dit
aussi base orthonormee de H.
Proposition 2.2.8. Supposons que (en )n0 soit une base orthonormee de l'espa
e de
Hilbert separable H de dimension innie. Pour tout ve
teur x de H, on a
+1
X +1
X
x = hx; ek i ek et kxk = 2 jhx; ek ij2:
k=0 k=0
On voit qu'une base hilbertienne (en )n0 de H est une suite orthonormee qui verie
pour tout x 2 H la premiere propriete indiquee dans la proposition pre
edente. En eet,
ette propriete implique
lairement que la suite (en )n0 doit ^etre totale dans H.
Demonstration. Par denition d'une base orthonormee, la suite (en )n0 est totale
dans H,
e qui signie que le sous-espa
e ve
toriel ferme F engendre par
ette suite
est egal a H. Il suÆt d'appliquer le lemme 7 pour obtenir la premiere partie de la
on
lusion, et le lemme 6 pour la se
onde.
//
{ 26 {
Theoreme 2.2.9. Pour tout espa
e de Hilbert separable H de dimension innie, il existe
une base orthonormee (en )n0 .
Si H est de dimension nie, l'existen
e de base orthonormee (bien entendu nie ) a ete
vue en DEUG. Le
as des espa
es de Hilbert non separables sera examine au
hapitre 6.
Demonstration. Soit H un espa
e de Hilbert separable de dimension innie ; on peut
trouver une suite
roissante (En )n0 de sous-espa
es de dimension nie de H, telle
que dimEn = n pour tout n 0 et telle que Sn En soit dense dans H (propo-
sition 1.7.1). On
onstruit la suite orthonormee par re
urren
e de fa
on que pour
tout n 1, la suite (e1 ; : : : ; en ) soit une base orthonormee de En . On
ommen
e en
prenant pour e1 un ve
teur de norme un dans E1. Supposons e1 ; : : : ; en denis, de
fa
on que (e1 ; : : : ; en ) soit une base orthonormee de En . Puisque En+1 6= En , on peut
hoisir un ve
teur xn+1 2 En+1 qui n'est pas dans En . Soit y la proje
tion orthogo-
nale de xn+1 sur En . On a xn+1 6= y puisque xn+1 2= En . Le ve
teur z = xn+1 y
est non nul et orthogonal a En . On prend pour en+1 un multiple de norme un du
ve
teur z. Par
onstru
tion (e1; : : : ; en; en+1 ) est une suite orthonormee dans En+1 ,
don
une base de En+1 (puisque dimEn+1 = n + 1).
La suite (en )nS0 est totale dans H puisque l'espa
e ve
toriel qu'elle engendre
ontient la reunion n0 En qui est dense dans H.
//
Exemples 2.2.5.
1. La suite
anonique (en )n0 de l'espa
e `2 est evidemment une base orthonormee
de `2 .
2. Considerons l'espa
e de Hilbert L2 (0; 2) des fon
tions
omplexes de
arre som-
mable pour la mesure dx=2. Pour
haque entier relatif n 2 Z, soit fn la fon
tion denie
par
fn (s) = eins
pour tout s 2 [0; 2℄. Il est fa
ile de verier que les fon
tions (fn )n2Z forment une suite
orthonormee dans L2 (0; 2). En revan
he, il faut une petite demonstration pour voir
que
e systeme est total (voir la se
tion 3.6). Il s'agit don
d'une base orthonormee de
L2 (0; 2).
3. Autre base orthonormee : le systeme de Haar.
Posons h(t) = 1 si 0 t < 1=2, h(t) = 1 si 1=2 t < 1, et h(t) = 0 sinon. A partir de
ette fon
tion de base, on
onstruit par translation et
hangement d'e
helle une famille de
fon
tions, pour tous n; j 2 Z :
8t 2 R ; hn;j (t) = 2n=2 h(2n t j ):
On a h0;0 = h. Celles des fon
tions qui sont a support dans [0; 1℄ forment une suite or-
thonormee dans L2 (0; 1). Elles
orrespondent aux indi
es n 0 et 0 j < 2n . Pour des
raisons de
ardinalite on voit que la fon
tion h0 = 1 et les fon
tions Pn pr e
edentes hm;j , pour
m = 0; : : : ; n 1 et j = 0; : : : ; 2m 1 , qui sont au nombre de 1 + m 1 2m = 2n engendrent
=0
toutes les fon
tions en es
alier sur la partition de [0; 1[ en intervalles [k2 n ; (k + 1)2 n [,
k = 0; : : : ; 2n 1. Il en resulte que la famille formee de la fon
tion 1 et des hn;j pour n 0
et 0 j < 2n est totale dans L2(0; 1), don
'est une base orthonormee de L2 (0; 1), appelee
base de Haar.
{ 27 {
Si on travaille sur R on peut
hoisir de translater la base pre
edente sur
haque intervalle
entier, ou bien abandonner h0 et
onsiderer toutes les fon
tions hn;j , pour n; j 2 Z.
Le systeme de Haar est un exemple de base d'ondelettes avant l'heure.
4. Considerons sur K = f1; 1gN la suite des fon
tions
oordonnees ("j )j0, denies pour
tout jQ 0 par "j (t) = tj si t = (ti )i0 2 K. Pour tout ensemble ni A N on posera
wA = j2A "j . On obtient une base orthonormee de L2 (K). C'est le systeme de Walsh.
{ 28 {
Un
as parti
ulier important est
elui ou C est un sous-espa
e ve
toriel ferme F de H.
Dans
e
as on a hx y0 ; zi = 0 pour tout ve
teur z 2 F,
'est a dire que x y0 ? F.
Pour le voir,
hoisissons un s
alaire u 2 K de module 1 tel que hx y0; u zi =
jhx y0; zij, puis
onsiderons le ve
teur y = u z + y0 2 F pour lequel y y0 = u z ;
la relation Rehx y0 ; y y0 i 0 donne le resultat.
Dans le
as de la proje
tion sur un sous-espa
e ve
toriel ferme F, la proje
tion y0 de x
sur F est entierement
ara
terisee par les deux
onditions suivantes
{ le ve
teur y0 appartient a F ;
{ le ve
teur x y0 est orthogonal a F.
En eet, si
es
onditions sont veriees et si y est un element quel
onque de F, on
aura
() kx yk2 = k(x y0 ) + (y0 y)k2 = kx y0 k2 + ky0 yk2
par
e que2 y0 y 2 F est orthogonal a x y0 . Cette relation montre que kx yk2
kx y0 k pour tout y 2 F,
'est a dire que y0 est bien le point de F le plus pro
he
du point x.
On notera PF (x) = y0 la proje
tion orthogonale de x sur F. La
ara
terisation
i-dessus
montre que PF (x)+ 0 PF (x0 ) est la proje
tion de x + 0 x0 , autrement dit l'appli
ation
PF est une appli
ation lineaire. L'egalite ()
i-dessus donne aussi kx yk kPF (x) yk
pour tout y 2 F, don
kxk kPF (x)k en prenant y = 0 ; on a don
kPF k 1.
Si F est un sous-espa
e ve
toriel ferme d'un espa
e hilbertien H on appelle proje
teur
orthogonal sur F l'operateur borne PF : H ! H qui asso
ie a tout ve
teur x 2 H sa
proje
tion sur F.
Exemple 2.3.1. Esperan
e
onditionnelle. Si (
; A; ) est un espa
e de probabilite et si
F est une sous-tribu de A, on peut
onsiderer le sous-espa
e ve
toriel F de L2 forme de
toutes les fon
tions qui sont F -mesurables. Le sous-espa
e F est ferme, et la proje
tion2
orthogonale de L2 sur F s'appelle l'esperan
e
onditionnelle. Par exemple, si
= [0; 1℄
est muni de sa tribu borelienne et de la mesure de Lebesgue, si F est la sous-tribu forme
de tous les ensembles de la forme A [0; 1℄, ou A varie parmi les boreliens de [0; 1℄, le
sous-espa
e F est forme des fon
tions qui ne dependent que de la premiere variable et la
proje
tion PF f = E(f jF ) d'une fon
tion f 2 L2 est donnee par
Z 1
E(f jF )(x; y) = f (x; u) du:
0
{ 29 {
Denition 2.3.2. On dit que des parties A et B d'un espa
e de Hilbert H sont ortho-
gonales si tout element de A est orthogonal a tout element de B. Soit A une partie de
H ; on appelle orthogonal de A l'ensemble A? des elements de H orthogonaux a A.
Il est
lair que A? est un sous-espa
e ve
toriel ferme de H.
Proposition 2.3.3. Soient H un espa
e de Hilbert et F un sous-espa
e ve
toriel ferme
de H ; on a PF + PF? = IdH . Il en resulte que F F? = H et F?? = F.
Demonstration. Commen
ons par une eviden
e : par denition, tout ve
teur de F
est orthogonal a F?, don
F F??. Soit maintenant x 2 H quel
onque et e
rivons
x = PF (x) + (x PF (x)) ; d'apres les proprietes de la proje
tion orthogonale sur
le sous-espa
e ve
toriel F, on a bien que x PF (?x) 2 F? , et de plus la dieren
e
x (x PF (x)) = PF (x) 2 F est orthogonale a F ;
ela montre que x PF (x) est
la proje
tion orthogonale de x sur F? ,
'est a dire que PF? = IdH PF?. La relation
IdH = PF + PF? implique evidemment que H ?est la somme de F et F . On verie
ensuite que la somme est dire
te : si x??2 F \ F alors hx; xi = 0 don
x = 0H .
Pour nir, si on a un ve
teur x 2 F ? , il est orthogonal a F? par denition, don
0H est sa proje
tion orthogonale sur F et la relation PF (x) = (IdH PF? )(x) = x
montre que x 2 F.
//
A tout ve
teur y 2 H on a asso
ie la forme lineaire
ontinue `y denie par
() 8x 2 H; `y (x) = hx; yi
et on a vu que k`y k = kyk (proposition 2.1).
Proposition 2.3.5. Soit H un espa
e de Hilbert ; l'appli
ation isometrique antilineaire
y ! `y de l'equation () est une bije
tion de H sur le dual H . En d'autres termes, pour
toute forme lineaire
ontinue ` sur H, il existe un ve
teur y` 2 H unique qui represente
la forme lineaire ` au sens suivant :
8x 2 H; `(x) = hx; y`i:
{ 30 {
Demonstration. Soit ` 2 H ; si ` = 0 il suÆt de (et il faut) prendre y` = 0H . Si
` 6= 0, notons F son noyau (ferme). Puisque F 6= H, on peut
hoisir un ve
teur z
orthogonal a F et tel que `(z) = 1. Tout ve
teur x 2 H peut s'e
rire
x = (x `(x) z ) + `(x) z = x0 + `(x) z
ave
x0 = x `(x) z qui est dans F puisque `(x0 ) = `(x) `(x)`(z ) = 0. On a pour
tout x 2 H, puisque x0 ? z
hx; zi = h`(x) z; zi = hz; zi `(x)
e qui montre que ` = kzk 2 `z . Il suÆt de prendre y` = kzk 2 z pour obtenir le
resultat voulu.
//
Une appli
ation tres utile est le \petit" theoreme de Radon-Nikodym. Si ; sont deux
mesures positives sur un espa
e mesurable (
; A), ave
nie et -nie, et si (A) (A)
pour tout A 2 A, il existe une fon
tion mesurable bornee f telle que
Z Z
(A) = f (s) d(s) = 1A (s)f (s) d(s)
A
pour tout ensemble A 2 A,
'est a dire que la mesure peut se representer
omme la
mesure de densite f par rapport a . R R
La demonstration fon
tionne ainsi : il resulte de l'hypothese que h d h d pour
toute fon
tion mesurable positive h, et
e
i implique que kgkL2 () kgkL2 () pour toute
R g 2 L2 (),
e qui montre que L2 () L2 ( ). Comme est nie, la forme lineaire
fon
tion
g ! g d est denie et
ontinue sur L2 ( ), don
sur L2 (). On peut don
la representer
par une fon
tion f 2 L2(),
'est a dire que
Z Z
g d = gf d
pour toute fon
tion g 2 L2(). En appliquant ave
g = 1A on obtient le resultat annon
e.
il est evident que y 2 F1 + F2, don
F1 + F2 est le noyau de l'appli
ation lineaire
1 2
{ 31 {
Supposons donnee dans un espa
e de Hilbert H une suite (Fn )n0 de sous-espa
es ve
-
toriels fermes, deux a deux orthogonaux. On sait P que2 pour toute famille P (xn )n0 de
ve
teurs telle que xn 2 P Fn+pour
1
tout n 0 et kxk k P < +1, la serie xk
onverge
dans H ; le ve
teur x = k=0 xk , qui est limite de yN = Nk=0 xk , appartient a l'espa
e
ve
toriel ferme F engendre par la famille (Fn )n0 : en eet, le sous-espa
e F
ontient
haque yN puisqu'il
ontient F0 ; : : : ; FN et il
ontient la limite x puisqu'il est ferme.
Inversement
Proposition 2.3.7. Le sous-espa
e ve
toriel ferme F engendre par une famille (Fn )n0
de sous-espa
es ve
toriels fermes de H deux a deux orthogonaux
on
ide ave
+1
X X
fx = xk : 8n 0; xn 2 Fn et kxk k2 < +1g:
k=0
{ 32 {
3. Les espa
es de Bana
h
lassiques
Voi
i un exemple d'appli
ation de la notion de partition de l'unite. On dit qu'un espa
e
topologique X est metrisable lorsqu'il existe une distan
e d sur X qui denit la topologie
de X.
Theoreme. Quand K est un
ompa
t metrisable, l'espa
e de Bana
h C(K) est separable.
En realite, la re
iproque est vraie : si K est un espa
e topologique
ompa
t et si C(K) est
separable, on peut denir la topologie de K par une distan
e.
Demontrons le theoreme. On se donne un
ompa
t metrique (K; d). Pour toute fon
tion
ontinue f sur K, on introduit le module de
ontinuite de f , qui est une fon
tion notee !f ,
denie pour tout Æ > 0 par
!f (Æ) = supfjf (s) f (t)j : s; t 2 K; d(s; t) Æg:
{ 33 {
Dire que f est uniformement
ontinue sur K revient a dire que limÆ!0 !f (Æ) = 0. Fixons
Æ > 0 et
onsiderons un re
ouvrement ni de K par des boules ouvertes (B(sj ; Æ))j=1;:::;N
(existen
e par Borel-Lebesgue). Soit '1; : : : ; 'N une partition de l'unite asso
iee au re
ou-
vrement de K par les ouverts !j = B(sj ; Æ) ; soit FÆ le sous-espa
e de dimension nie de
C(K) engendre par '1 ; : : : ; 'N .
Pour toute fon
tion
ontinue f sur K, on a dist(f; FÆ ) !f (Æ).
P
On pose g = Nj=1 f (sj ) 'j 2 FÆ ; on voit que pour tout s 2 K,
N
X
f (s) g(s) = 'j (s)(f (s) f (sj )):
j =1
6 0 pour un
ertain indi
e j , on a 'j (s) 6= 0, don
s 2 B(sj ; Æ), don
Si 'j (s)(f (s) f (sj )) =
jf (s) f (sj )j !f (Æ), don
pour tout j = 1; : : : ; N on a
'j (s)jf (s) f (sj )j !f (Æ) 'j (s) ;
en sommant en j on obtient l'inegalite jf (s) g(s)j !f (Æ) pour tout s 2 K,
'est a dire
(P) dist(f; FÆ ) !f (Æ):
Si on prend Æ = 2 n pour n = 0; 1; : : : et si (Fn ) sont des sous-espa
es de dimension nie
orrespondants, on aura pour toute fon
tion
ontinue f
dist(f; Fn ) !f (2 n ) ! 0:
S
Il en resulte que n Fn est dense dans C(K), don
C(K) est separable d'apres la proposi-
tion 1.7.1.
Beau
oup d'exemples d'espa
es de Bana
h proviennent de la theorie de l'integration.
Un espa
e mesurable (
; A) est la donnee d'un ensemble
et d'une tribu A de parties
de l'ensemble
. Nous supposerons donne un espa
e (
; A; ), ou (
; A) est un espa
e
mesurable et une mesure positive sur (
; A). Rappelons que est une appli
ation de
A dans [0; +1℄ telle que (;) = 0 et
[ +1
X
An = (An )
n0 n=0
haque fois que les ensembles (An )n0 de la tribu A sont deux a deux disjoints (ave
des
onventions evidentes pour les series dont les termes peuvent prendre la valeur +1).
Cette denition a le merite d'^etre simple, mais elle n'e
arte pas des objets horribles tels que
elui-
i : denissons hor sur la tribu borelienne de R en disant que hor (A) = 0 si A est
Lebesgue-negligeable et hor(A) = +1 sinon. Cet objet est malheureusement une mesure
au sens pre
edent ; on pourrait qualier une mesure de raisonnable si tout A 2 A tel que
(A) = +1
ontient des B 2 A tels que 0 < (B) < +1.
Pour eviter
ertains desagrements nous supposerons que la mesure est -nie,
e qui
veut dire qu'il existe une partition (
n ) de
en une suite de parties
n 2 A telles que
(
n ) < +1. Un exemple typique est fourni par la mesure de Lebesgue sur R d (muni
de la tribu borelienne), ou bien par la mesure de
omptage sur N , qui asso
ie a tout
A N le nombre (A) (ni ou +1) de ses elements.
Pour 1 p < +1, l'espa
e Lp = Lp (
; A; R ) des (
lasses de) fon
tions f reelles ou
omplexes sur
telles que f soit mesurable et
jf jp d < +1 est norme par
Z 1=p
kf kp = jf (s)jp d(s) :
{ 34 {
On a vu dans l'exemple 1.1.2 que la quantite
i-dessus denit une semi-norme sur Lp ,
puis dans l'exemple 1.1.6 que l'on obtient une norme sur Lp en passant au quotient.
Cet espa
e Lp est de plus
omplet : on peut utiliser le
ritere des series normalement
onvergentes de la proposition 1.1.6 et quelques arguments d'integration pour retrouver
e theoreme du
ours d'Integration (appele souvent theoreme de Fisher-Riesz).
P
IndiquonsP les grandes lignes de la demonstration. Soit uk une serie d'elements de Lp telle
que M = +k=0 1 kuk kp < +1 ; nous devons montrer que la serie
onverge dans Lp . Posons
P R
vkP= juk j, gn = ( nk=0 vk )p , remarquons que kvk kp = kuk kp pour obtenir 01 gn (s) ds =
k nk=0 vk kpp Mp . La suite (gn) est une suite
roissante de fon
tions mesurables 0,
elle
onverge versPune fon
tion mesurable g (valeur +1 admise) dont la valeurR en
haque
pointRest g(s) = ( +k=01 ju (s)j)p (valeur +1 admise a nouveau) ; on sait que 1 g(s) ds =
k 0 P
1
limn 0 gn (s) ds M . La fon
tion g est don
nie presque partout, don
la serie uk (s)
p
onverge absolument pour presque tout s. On pose alors pour presque tout s
+1
X
U(s) = uk (s)
k=0
et on remarque que jU(s) Un (s)jp g(s) pour presque tout s, et que jU(s) Un (s)jp
tend vers 0 lorsque n ! +1 pour presque tout s. Comme g est integrable, le theoreme de
onvergen
e dominee de Lebesgue permet de
on
lure.
On a vu dans l'exemple 1.1.6 l'espa
e `p , qui est l'espa
e des suites s
alaires x = (xn )
telles que P jxn jp < +1. Pour unier les arguments, on peut dire que `p est l'espa
e
Lp (
; ) pour la mesure de
omptage sur
= N . L'espa
e `1 est l'espa
e de Bana
h
des suites s
alaires bornees. Il existe un analogue de `1 en theorie de l'integration :
'est l'espa
e L1 (
; ) des
lasses de fon
tions mesurables bornees sur
(
'est a dire
des
lasses qui
ontiennent un representant borne). La norme kf k1 est la plus petite
onstante M telle que l'on ait jf (s)j M pour -presque tout s 2
. L'espa
e L1 est
omplet pour
ette norme.
On a deni l'espa
e de Sobolev H1 dans le
as d'un intervalle borne [a; b℄ de R . Il
s'agit de l'espa
e H [a; b℄ des fon
tions f sur [a; b℄ qui admettent une derivee generalisee
1
g 2 L2 [a; b℄,
'est a dire que
Z u
f (u) f (t) = g (s) ds
t
pour tous t; u 2 [a; b℄.
3.2. Resultats de densite
On utilise tres souvent le resultat suivant : les fon
tions
ontinues et a support
ompa
t sont denses dans l'espa
e L1 (R ). Nous allons rappeler une des voies qui
onduit
a
e resultat. Nous supposons que L1 (R ) a ete introduit a partir de la theorie de la mesure,
en
ommen
ant ave
les fon
tions etagees et en
onstruisant l'integrale de Lebesgue.
Commen
ons par une remarque simple. Soit f 2 Lp (R ), ave
1 p < +1 ; pour
haque entier n 1, designons par fn la fon
tion 1[ n;n℄ f , egale a f sur l'intervalle
[ n; n℄ et nulle en dehors. Il est
lair que fn tend simplement vers f sur R , et de plus
jf (t) fn (t)j jf (t)j pour tout t 2 R ; on a don
onvergen
e simple vers 0 de la suite
p p
{ 35 {
(jf fn jp ),
onvergen
e dominee par la fon
tion integrable xe jf jp. D'apres le theoreme
de
onvergen
e dominee de Lebesgue,
Z
jf (t) fn (t)jp dt ! 0
R
Corollaire 3.2.2. Lorsque (K; d) est un espa
e metrique
ompa
t et 1 p < +1,
l'espa
e Lp (K; B; ) est separable.
Demonstration. Il suÆt de verier qu'on peut appro
her, en norme Lp , toute fon
tion
ontinue a support
ompa
t f sur R par des fon
tions en es
alier a support borne.
C'est tres fa
ile en utilisant la
ontinuite uniforme de f .
//
Demonstration. On e
rira la demonstration dans le
as des fon
tions, ouR les notations
sont
R plus agr
e ables. Pour alleger un peu plus, on e
rira simplement f au lieu de
f (s) d(s)
haque fois que possible. Si p = 1, alors q = 1 ; la fon
tion f est
{ 37 {
(presque-s^urement) bornee par M = kf k1 et g est integrable ; le produit fg est
mesurable et jfgj MZjgj, don
Zfg est integrable
Z
et
fg
jfgj M jgj = kf k1 kgk1:
Supposons maintenant 1 < p < +1. Pour tous nombres reels t; u 0, on a la
relation 1 1
tu tp + uq
p q
(pour le voir, on pourra maximiser la fon
tion t ! tu tp =p). Il en resulte que pour
tout s 2
L'inegalite
her
hee est positivement homogene par rapport a f et a g, don
il suÆt
de la demontrer lorsque kf kp = kgkRq = 1. Mais dans
e
as, R jf jp = 1 et R jgjq = 1,
don
l'inegalite pre
edente donne j fgj 1=p +1=q = 1,
e qui est le resultat voulu.
//
Corollaire 3.3.2. Soient p; q 2 [1; +1℄ tels que 1=p + 1=q = 1 et x = (xn ) 2 `p ; on a
X+1
kxkp = supf xn yn : y = (yn ) 2 `q ; kykq 1g:
n=0
Si f 2 Lp (
; ), Z
kf kp = supf
fg d : kgkq 1g:
le probleme est de montrer l'autre dire
tion. On va voir qu'en fait le maximum est
atteint pour une
ertaine fon
tion g 2 Lq , kgkq 1, lorsque 1 p < +1. Si
f = 0, le resultat est evident, on supposera don
f 6= 0, et par homogeneite on peut
se ramener a kf kp = 1. Soit fe une \vraie" fon
tion mesurable de la
lasse f , et
denissons une fon
tion mesurable g sur l'ensemble
en posant g(s) = jfe(s)jp=fe(s)
sur l'ensemble pmesurable A = fs 2
: fe(s) 6= 0g, et g(s)q= 0 lorsque s 2R= A. Alors
jg(s)j = jf (s)j pour tout s 2 A ; pour p > 1, on a jgj = jf j , don
jgjq = 1,
1 p
soit en
ore kgkq = 1 ; pour p = 1, g(s) est de module 1 quand s 2 A don
kgk1 = 1.
D'autre part Z Z Z
fg d = jf (s)j d(s) = jf jp d = 1 = kf kp :
p
A
Corollaire 3.3.3. Soient p; q; r 2 ℄0; +1℄ tels que 1=p + 1=q = 1=r et f 2 Lp (
; ),
g 2 Lq (
; ) ; alors
Z 1=r Z 1=p Z 1=q
jfgjr d jf j d
p jgjq d :
De m^eme, si x 2 `p et y 2 `q ,
X+1 +1
X +1
1=p X 1=q
r 1=r
jxn yn j jxn jp jyn jq :
n=0 n=0 n=0
Soit v = (vn ) 2 `q , ou q est l'exposant
onjugue de p 2 [1; +1℄. D'apres
e qui pre
ede,
on peut denir une forme lineaire
ontinue fv sur `p en posant
+1
X
8u 2 `p ; fv (u) = un vn :
n=0
De plus, kfv k` = kvkq . On a ainsi deni une isometrie lineaire Jq de `q dans le dual de
`p . On va maintenant voir que
ette isometrie est surje
tive lorsque p < +1.
p
Notons (en )n0 la suite
anonique (voir l'exemple P 1.1.7). Si x = (xn ) est un element
de `p , onPva
+ 1
v
e rier que la s
e rie de ve
teurs xk ek
onverge dans
Pn p
` , et que sa
somme k=0 xk ek est le ve
teur x. La somme partielle Un p= Pk=0 xk ekp est le
ve
teur Un = (x0 ; x1; : : : ; xn; 0; : : :) ; on voit don
que kx Un kp = k>n jxk j , reste
d'ordre n de la serie numerique
onvergente P juk jp ; il en resulte P+1
que kx Un kp
tend vers 0 quand n ! +1,
e qui signie pre
isement que x = k=0 xk ek .
Soit f une forme lineaire
ontinue sur `p, et posons vk = f (ek ) pour tout k 0 ;
on sait que l'image lineaire
ontinue d'une serie
onvergente est la serie
onvergente
des images,
+1
X +1
X
f (x) = f (xk ek ) = xk vk ;
k=0 k=0
et jf (x)j kf k kxkp. Si on
hoisitq
omme ve
teur x = x(n) parti
ulier
elui dont
les
oordonnees verient xk = jvk j =vk si vk 6= 0, 0 k n et xk = 0 sinon, on
obtiendra X n Xn 1=p
jvk j = f (x ) kf k kx kp = kf k
q (n ) (n ) jvk jq ;
k=0 k=0
1 jv jq 1=q
e qui montre que k=0 Pn
jvk jq 1 1=p
kf k pour tout n, don
P+k=0 k
kf k. La suite v = (vn ) est don
dans P`q , et f = fv . Le raisonnement est similaire
pour
0 ; on montre d'abord que x = +k=0 1 x e (au sens de
) pour tout x 2
.
k k 0 0
La suite de la demonstration est la m^eme que pour l'espa
e `p.
En d'autres termes,
{ 39 {
Theoreme 3.3.4. Si 1 p < +1 le dual de `p s'identie a `q : l'appli
ation Jq qui
asso
ie a
haque v 2 `q la forme lineaire fv 2 (`p ) denit une bije
tion isometrique de
`q sur le dual de `p ; de plus, J1 denit une bije
tion isometrique de `1 sur le dual de
0 .
Dans le
as des espa
es Lp , l'inegalite de Holder et son
orollaire donnent aussi une
isometrie jq de Lq dans le dual de Lp ; nous allons montrer qu'elle est bije
tive dans
ertains
as. Pour
ette etude, nous aurons besoin du theoreme de Radon-Nikodym.
3.4. Theoreme de Radon-Nikodym et dual de Lp
Une mesure reelle sur un espa
e mesurable (
; A) est une appli
ationS+:1A ! R
(pas
P+1
de valeur innie i
i !) qui est -additive,
'est a dire que (;) = 0 et ( n=0 An ) =
n=0 (An ) pour toute suite (An ) d'elements deux a deux disjoints de A. Une mesure
omplexe est une appli
ation -additive A ! C . Dans
e
as A 2 A ! Re (A)
est une mesure reelle, don
une mesure
omplexe est tout simplement de la forme
= 1 + i2 , ou 1 et 2 sont deux mesures reelles. Un resultat moins evident, le
theoreme de de
omposition de Hahn, dit qu'une mesure reelle est la dieren
e de deux
mesures positives bornees.
Par des manipulations simples on voit que la denition implique la propriete sui-
vante : si (Bn) est une suite de
roissante d'elements de la tribu A, alors (Bn )
onverge
vers (STn Bn) ; si (Bn ) est une suite
roissante d'elements de A, alors (Bn )
onverge
vers ( n Bn) (dans le
as de
roissant, on
onsidere les ensembles deux a deux disjoints
An = Bn 1 n Bn pour tout n 1).
Si est une mesure reelle ou
omplexe, elle est bornee sur A.
Posons pour tout A 2 A
m(A) = supfj(A0 )j : A0 A; A0 2 Ag:
Nous voulons montrer que m(
) < +1. On va montrer qu'etant donnes b > 0 et un
ensemble A tel que m(A) = +1, on peut trouver B A tel que m(B) = +1 et j(B)j b.
Puisque m(A) = +1, on peut trouver A0 A tel que j(A0)j j(A)j + b0 b ; par
l'additivite de la mesure et l'inegalite triangulaire il en resulte que j(A n A )j b. Si
on avait m(A0 ) < +1 et m(A n A0 ) < +10 , on deduirait m(A)0 < +1,
ontrairement
a l'hypothese ; on peut don
hoisir B = A ou bien B = A n A et avoir m(B) = +1,
j(B)j b.
En pro
edant par re
urren
e on voit que l'hypothese m(
) = +1 permettrait de
ons-
truire une suite de
roissante (Bk ) d'ensembles tels que j(Bk )j 2k ,
e qui est impossible
par
e qui pre
ede.
Soit une mesure reelle ou
omplexe sur (
; A) ; on denit une nouvelle fon
tion jj sur
A en posant pour tout A 2 A
X
jj(A) = sup j(Ak )j : (Ak ) disjoints et A :
On dit que jj est la variation totale de . On peut montrer (exer
i
e) que jj est une
mesure sur (
; A), evidemment positive, et de plus
ette mesure est nie.
Dans le
as reel, soit (Ak ) une famille d'ensembles disjoints dans
; designons par B la
reunion
P des Ak tels que (Ak ) 0 et par C la reunion des Ak tels que (Ak ) < 0. On
a j(Ak)j = (B) (C) et on en deduit que jj(
) 2 m(
) < +1. Dans le
as
omplexe, de
omposer la mesure en partie reelle et partie imaginaire.
Le lemme suivant est un preliminaire aux theoremes de type Radon-Nikodym.
{ 40 {
LemmeR 3.4.1. Si est une mesure positive sur (
; A), f une fon
tion r
eelle -integrable
et si A f d 0 pour tout A 2 A, la fon
tion f est 0 -presque partout.
Demonstration. Soient
> 0 et ZA
= ff
g ; on aura
0 f d
(A
) 0
A
e qui implique (A
) = 0. En prenant la reunion des ensembles negligeables A
sur
les valeurs
= 2 k , k entier 0 on en deduit que ff < 0g = 0.
//
{ 41 {
Theoreme 3.4.3 : theoreme de de
omposition de Hahn. Soit une mesure reelle sur un
espa
e mesurable (
; A) ; il existe un ensemble B+ 2 A tel qu'en posant B =
n B+ on
ait :
pour tout A 2 A, (A \ B+ ) 0 et (A \ B ) 0.
On deduit immediatement de l'enon
+
e une de
omposition de
omme dieren
e +
de deux mesures positives nies et , qui sont denies par
8A 2 A; +(A) = (A \ B+ ); (A) = (A \ B ):
Il en resulte fa
ilement que + et peuvent ^etre denies par des formules qui ne men-
tionnent pas l'ensemble B , +
8A 2 A; +(A) = supf(A0) : A0 A; A0 2 Ag
et de m^eme (A) = supf (A0) : A0 A; A0 2 Ag.
Demonstration. On applique la proposition 2 aux mesures et = j j ; on obtient ainsi
une fon
tion reelle f , et on pose B+ = ff > 0g.
//
le theoreme de Radon-Nikodym dans le
as ni, on sait qu'il existe une fon
tion
mesurable fn 0 telle que Z Z
8A 2 A; n (A) = n (A \ Bn ) = fn dn = 1B fn d n
A\B n A
e qui montre que 1B fn
onvient aussi
omme densite de n par rapport a .
Maintenant, en utilisant les axiomes des mesures, Beppo-Levi et en posant f =
n
P+1
n=0 1 Bn f n , on a pour tout A 2 A
+1
X +1 Z
X Z +1
X
Z
(A) = (A \ Bn ) = 1A 1Bn fn d = 1A 1Bn fn d = f d;
n=0 n=0 n=0 A
{ 42 {
e qui montre que f est la densite
her
hee.
Montrons don
Radon-Nikodym ave
l'hypothese supplementaire que et sont
nies. La mesure positive est plus petite que la mesure nie = + ; d'apres la
proposition 2 appliquee a et , il existe
Z
une fon
tion
Z
born
Z
ee f telle que
8A 2 A; (A) = f d = f d + f d
A A A
et 0 f 1 -presque partout ; quitte a modier f sans
hanger les integrales (en
et en ) on supposera 0 f 1 partout. On a pour tout A 2 A
Z Z
(1 f ) d = f d
A A
et en passant par fon
tions etag
Z
ees et suites
roissantes
Z
on obtient
(1 f )g d = fg d
pour toute fon
tion mesurable positive g. L'ensemble B = ff = 1g est -negligeable
puisque Z Z
(1 f )1B d = 0 = f1B d = (B)
don
il est aussi -negligeable d'apres l'hypothese d'absolue
ontinuite. Si on prend
g0 = 1=(1 f ) hors de B on aura pour tout A 2 A
Z Z
f
(A) = (1 f )g0 d = d;
A A1 f
e qui donne le resultat.
//
Le theoreme est faux si n'est pas -nie : prendre pour la mesure de
omptage sur [0; 1℄
et pour la mesure de Lebesgue. Il est faux aussi si n'est pas -nie : prendre pour la
mesure de Lebesgue et pour la mesure hor de la se
tion 3.1. Cependant, si est -nie,
si << et si est \raisonnable", alors est -nie aussi et le theoreme s'applique.
Le dual de Lp (
; )
Commen
ons par le
as le plus simple,
elui du dual de L1 (0; 1). On montre d'abord
que toute fon
tion g 2 L1 (0; 1) permet de denir une forme lineaire
ontinue `g sur
L1 (0; 1) en posant Z 1
`g (f ) = f (t)g (t) dt:
0
On sait que k`g kL = kgk1 ; on rappelle que la norme de g dans L1 (0; 1) est la plus
petite
onstante M telle que l'on ait jgj M presque-partout.
1
Inversement, si ` est une forme lineaire
ontinue sur L1 (0; 1), on obtient par res-
tri
tion a L2 (0; 1) L1 (0; 1) une forme lineaire
ontinue è sur L2 , qui peut don
se
representer au moyen d'une fon
tion g1 2 L2 . On a don
en posant g = g1 ,
Z 1 Z 1
8f 2 L2 (0; 1); ( ) = `(f ) =
è f f (t)g1(t) dt = f (t)g (t) dt
0 0
{ 43 {
mais on sait que j`(f )j k`k kf kL par
e que ` est
ontinue sur L1 . Cela donne pour
tout A 2 A, en appliquant a f = 1A
1
Z Z
g (t) dt k`k
dt
A A
et implique que jgj k`k presque partout d'apres le lemme 1 applique a k`k g et k`k + g.
On a alors deux formes lineaires
ontinues sur L1 , la forme ` et la forme `g , qui
on
ident sur le sous-ensemble dense L2 de L1 . Il en resulte que ` = `g .
Proposition. L'appli
ation g ! `g est une isometrie lineaire surje
tive de L1 (0; 1) sur
le dual de L1 (0; 1).
Soit q le nombre tel que 1=q + 1=p = 1 ; d'apres l'inegalite de Holder, on a pour
toutes fon
tions f 2 Lp , g 2 Lq
Z
fg d kf kp kg kq :
Ce
i signie que si g est xee dans Lq , on peut denir une forme lineaire
ontinue `g sur
Lp par la formule Z
`g (f ) = fg d:
De plus on a vu que
k`g kL = kgkq : p
{ 44 {
pour toute f mesurable borneRe. De plus d'apres la proposition 2 il existe une fon
tion g0
de module 1 telle que
(A) = A g0 dj
j pour tout A 2 A. Finalement
Z
x (1A\C ) = g0 g1 d
A
pour tout A 2 A. On passe par linearite aux fon
tions etagees positives f ,
Z
x (1C f ) = f g0 g1 d
puis par limite
roissante (qu'il faut justier du
^ote de x ) aux fon
tions f mesurables 0
et bornees.
En re
ollant les mor
eaux sur les dierents ensembles C = Bn dont la reunion
roissante
est egale a
, on obtient une fon
tion mesurable g 0 sur
telle que
Z
x (f ) = f g d
pour toute fon
tion
R mesurable bornee f telle que f = 1Bn f pour un
ertain n. On montre
maintenant que jgjq < +1. Posons An = Bn \ fjgj ng et soit fn = 1An jgjq 1 sign(g).
On verie que jfnjp = fn g = 1An jgjq est une fon
tion mesurable bornee, nulle en dehors
de Bn , don
fn 2 Lp et on obtient
Z Z Z
jgn jq d = fn g d = x (fn ) = jx (fn )j kx k kfn kp = kx k ( jgnjq d)1=p ;
An An
R
e qui donne ( An jgjq d)1=q
kx k. Il ne reste plus qu'a observer que (An ) tend en
R
roissant vers
pour obtenir que ( jgjRq d)1=q kx k. On sait maintenant que la forme
lineaire `g denie sur Lp par `g (f ) = fg d existe, est
ontinue, et elle
on
ide ave
x sur le sous-espa
e ve
toriel F forme des fon
tions mesurables bornees nulles en dehors
d'un
ertain Bn ;
omme F est dense dans Lp , on en deduit que x = `g , et de plus
kx k = k`g k = kgkLq par Holder.
//
En revan
he, le dual de L1 est en general \plus grand" que L1 ,
'est a dire qu'il existe
des formes lineaires
ontinues sur L1 qui ne peuvent pas ^etre representees sous la forme
`f , f 2 L1 ;
ependant, on ne peut pas vraiment de
rire expli
itement une telle forme
lineaire : leur existen
e de
oulera de l'axiome du
hoix (ou du lemme de Zorn), voir la
se
tion sur le theoreme de Hahn-Bana
h.
3.5. Dual de C(K)
Pour de
rire le dual de C(K) il faut utiliser les mesures reelles ou
omplexes in-
troduites dans la se
tion pre
edente. On
onsiderera i
i le
as d'un espa
e metrique
ompa
t (K; d). Rappelons que la tribu borelienne B de K est la tribu de parties de K
engendree par les ouverts de K.
Premier exemple : mesure de Dira
. Fixons un point t0 de K et denissons une forme
lineaire
ontinue ` sur C(K) (reel ou
omplexe) par
8f 2 C(K); `(f ) = f (t0):
Cette forme lineaire est l'evaluation au point t0 . On a j`(f )j maxt2K jf (t)j = kf kC(K),
don
` est
ontinue et k`kC(K) 1. En fait k`k = 1 (
onsiderer la fon
tion
onstante
f = 1). On peut de
rire
ette forme lineaire `
omme integrale par rapport a une mesure
{ 45 {
bien parti
uliere, la mesure de Dira
du point t0 , notee Æt . Cette mesure sur (K; B) est
denie pour tout A 2 B par
0
Æt (A) = 1 si t0 2 A; Æt (A) = 0 si t0 2= A:
0 0
Denir la mesure Æt
onsiste a pla
er une masse 1 au point t0. La theorie de l'integration
par rapport a
ette mesure est un peu bizarre, mais le le
teur pourra se
onvain
re, en
0
passant rapidement en revue les etapes de la denition de l'integrale par rapport a une
mesure positive, que Z
f (s) dÆt (s) = f (t0 ) = `(f )
0
K
pour toute fon
tion
ontinue f . On peut don
representer la forme lineaire ` au moyen
d'une mesure sur K, Z
8f 2 C(K); `(f ) = f dÆt : 0
Z n
X Z
`(g ) = g d =
i (Ai ) = gf djj:
i=1
On a j R gdj R jgf j djj R jgj djj = kgkL
e qui permet de prolonger la denition
pre
edente pre
edente de `(g) aux fon
tions g 2 L1 (jj), et en parti
ulier a g 2 C(K).
1
Dans
e
as on e
rira j R gdj R jgf j djj kgk1 R djj = kgk1 kk. On a don
asso
ie
une forme lineaire
ontinue ` = ` sur C(K) a la mesure reelle ou
omplexe sur (K; B).
On vient de voir que la norme de dual est majoree par la norme de . En realite, la
norme de dual de C(K) est egale a la norme de mesure denie plus haut.
{ 46 {
Pour montrer l'inegalite dans l'autre dire
tion il faut savoir que C(K) est dense dans L1 (jj)
et que jf j = 1 presque partout ; on
hoisit une fon
tion
ontinue g telle que kg f k1 < " ;
on peut supposer que kgk1 1, par
e que la fon
tion
ontinue egale a g quand jgj < 1 et
a g=jgj quand jgj 1 fournit une meilleure approximation de f ; on e
rit alors
Z Z
jkk `(g)j = (1 gf ) djj jf gj djj < ":
Les formes lineaires sur C(K) s'identient aux mesures reelles sur (K; B) dans le
as reel,
aux mesures
omplexes dans le
as
omplexe. Nous venons d'expliquer une dire
tion.
Dans l'autre dire
tion, il faut montrer que toute forme lineaire
ontinue sur C(K) provient
d'une mesure sur (K; B). Ce theoreme est assez long a demontrer (voir Rudin, Analyse
reelle et
omplexe, par exemple). On indiquera seulement le premier pas, qui
onsiste en
general a trouver d'abord la mesure positive jj : on suppose donnee une forme lineaire
ontinue ` sur C(K) ; on
ommen
e par denir la jj-mesure d'un ouvert ! de K en
posant
jj(!) = supfj`(f )j : jf j 1! g:
Enon
ons le resultat.
Theoreme 3.5.1. Soit K un espa
e metrique
ompa
t ; toute forme lineaire
ontinue `
sur C(K) provient d'une mesure sur (K; B), et de plus
k`k = kk = jj(K):
{ 47 {
Il resulte aussi de
ette identite que pour toute f 2 L2, les
oeÆ
ients de Fourier
n (f )
tendent vers 0 quand n ! +1. Ce resultat peut s'etendre a L1 ; pour
al
uler les
oeÆ
ients
de Fourier, il suÆt que f soit integrable (mais nous ne savons pas que f 2 L1 est la somme,
au sens de L1, de sa serie de Fourier ;
'est d'ailleurs faux en general sous
ette forme) ; on
peut montrer que
Pour toute f 2 L1 , les
oeÆ
ients de Fourier
n (f ) tendent vers 0 quand jnj ! +1
et
e resultat porte le nom de lemme de Riemann-Lebesgue.
Quand on travaille ave
des fon
tions reelles, on prefere parfois e
rire le developpe-
ment en utilisant les fon
tions reelles t !
os(nt), pour n = 0; 1; : : : et t ! sin(nt),
pour n = 1; 2; : : : (pour n = 0, le
osinus donne la fon
tion
onstante 1). On denit
lassiquement les
oeÆ
ients de Fourier reels de la fa
on suivante :
a =
1 Z 2
f (t)
os(nt) dt ; b =
1 Z 2
f (t) sin(nt) dt;
n n
0 0
et la serie de Fourier de f prend la forme
+1
a0 X
+
2 k=1 ak
os(kt) + bk sin(kt) :
La bizarrerie du traitement de a0 vient du fait que la fon
tion
onstante 1 n'a pas la
m^eme norme que les fon
tions t !
os(nt) pour n 1.
On e
rit souvent le developpement de Fourier d'une fon
tion f 2 L2 sous la forme
X
f (s) =
n (f ) eins ;
n2Z
mais
ette e
riture est a priori in
orre
te,
ar rien ne nous dit que la serie numerique
i-dessus
onverge vers f (s) :
e que nous savons est que f est la somme de la serie de
fon
tions au sens de L2 . En fait, un theoreme tres diÆ
ile demontre vers 1960 par le
mathemati
ien suedois L. Carleson justie l'e
riture pre
edente : pour presque tout s,
la serie de Fourier
onverge au point s et sa somme est egale a f (s). La
onvergen
e
pon
tuelle est assez fa
ile a obtenir lorsque f est de
lasse C1 , et dans
e
as elle est
valable pour tout s. On va obtenir un tout petit peu mieux ; rappelons qu'on dit qu'une
fon
tion f est lips
hitzienne s'il existe une
onstante M telle que jf (t) f (s)j M jt sj
pour tous s; t 2 R .
Theoreme 3.6.1. Soit f une fon
tion 2 -periodique et lips
hitzienne ; pour tout s 2 R ,
on a X
f (s) =
n (f ) eins :
n2Z
Demonstration. Posons
N N
Z 2 X
X dt .
fN (s) = SN (f )(s) =
n (f ) eins = ein(s t) f (t)
2
n= N 0 n= N
Posons N
KN (t) =
X
eint = KN ( t) = e i Nt 1 ei(2N+1)t .
n= N 1 eit
{ 48 {
Comme R02 KN (t) (dt=2) = 1, on aura, pour s = 0
Z 2
fN (0) f (0) = KN (t) (f (t) f (0)) 2dt =
0
= (e iNt ei(N+1)t ) f (t1) efit(0) 2dt .
Z 2
0
Posons g(t) = (f (t) f (0))=(1 eit ). Comme f est Lips
hitz et j1 eit j 2jtj=
lorsque jtj , la fon
tion g est bornee, don
g 2 L2 ,
e qui entra^ne que les
oeÆ
ients de Fourier de g tendent vers 0. Or nous avions
fN (0) f (0) =
N (g )
N 1 (g )
qui tend don
vers 0 quand N ! +1. Le raisonnement est identique pour montrer
que fN (s) ! f (s), pour tout s 2 R .
//
Si on utilise le lemme de Riemann-Lebesgue pour les fon
tions de L1, on pourra etendre
la demonstration pre
edente aux fon
tions f telles que jf (t) f (s)j M jt sj pour un
> 0. En eet, la fon
tion g de la demonstration pre
edente sera en
ore integrable dans
e
as.
Le resultat pre
edent redemontre le fait que la suite exponentielle est totale dans L2 .
Oublions le pour un instant. Le theoreme pre
edent s'applique a toute fon
tion
ontinue f
periodique lineaire par mor
eaux : les sommes de Fourier SN (f ) = fN tendent simplement
vers la fon
tion
P f ; mais par ailleurs, elles tendent pour la norme L2 vers la somme F de
la serie n2Z
n (f ) en, don
d'apres un theoreme d'integration une
ertaine sous-suite
tend presque partout vers F. Puisque SN (f ) tend simplement vers f , on a ne
essairement
F = f presque partout,
e qui implique que f est la limite en norme L2 des sommes
de Fourier SN (f ). Ces sommes appartiennent au sous-espa
e ve
toriel L engendre par
les exponentielles, et le raisonnement pre
edent montre que l'adheren
e de L dans L2
ontient toutes les fon
tions lineaires par mor
eaux, qui sont denses dans C(R =2Z),
don
aussi denses dans L2 . Finalement L est dense dans L2 et on a montre la totalite de
la suite (en )n2Z dire
tement, sans utiliser Stone-Weierstrass.
3.7. Transformation de Fourier
Pour toute fon
tion f 2 L1 (R ) on denit la transformee de Fourier fb par
Z
8t 2 R ; ( )=
fb t f (x) e ixt dx:
R
On denit ainsi une fon
tion fb sur R ; il est
lair que fb est bornee (jfb(t)j kf k1) et il est
fa
ile de voir que fb est
ontinue sur R (employer le theoreme de
onvergen
e dominee).
On va voir
omment
ette transformation se
omporte quand on modie f au moyen
de
ertaines operations elementaires. Si a 2 R et si on rempla
e f par la fon
tion trans-
latee fa denie par fa (x) = f (x a) pour tout x 2 R , un
hangement de variable
immediat donne
(T) 8t 2 R ; fba (t) = e iat fb(t):
{ 49 {
Si on rempla
e f par la dilatee f[℄ denie pour > 0 par f[℄(x) = f (x), on obtient
par un autre
hangement de variable evident
(D) d 1
8t 2 R ; f[℄(t) = f .
b
t
(I) 1 Z
8x 2 R ; f (x) = 2 fb(t) eixt dt:
R
Demonstration. On verie fa
ilement que si une fon
tion f verie la formule (I), alors les
translatees de f , les dilatees de f et les
ombinaisons lineaires de translatees ou dilatees
de f verient en
ore la formule (I). Pour demontrer le lemme, on peut d'abord se ramener
a a = 1 par dilatation. Pour
haque j 2 Z soit fj la fon
tion
ontinue nulle hors de
[j 1; j + 1℄, egale a 1 au point j et lineaire sur les deux intervalles [j 1; j ℄ et [j; j + 1℄
(on a don
fj (x) = 1 jj xj sur [j 1; j + 1℄). On observe que toute fon
tion f
ontinue
a support
ompa
t sur R , lineaire sur
haque intervalle [j 1; j ℄ est
ombinaison lineaire
des fon
tions fj ; par linearite et translation il suÆt nalement de montrer le lemme pour
f0 . Un
al
ul elementaire (ave
integration par parties) montre que
Z 1
f (t) = 2 (1 x)
os(xt) dx = 4
b sin2(t=2) .
0 t2
0
On voit que bf0 est integrable sur R , et la m^eme
hose sera vraie pour toutes les
ombinaisons
lineaires de translatees ou dilatees, d'apres les formules (T) et (D). On verie ensuite, par
des
al
uls de residus, ou bien par des
al
uls trigonometriques un peu penibles, que
Z 2
4 sin (t=2) eixt dt = 2f (x)
t2 0
R
pour tout x 2 R.
//
On deduit du lemme, sous la m^eme hypothese sur f , en appliquant Fubini, justie par
l'integrabilite sur R de la fon
tion (x; t) ! f (x) fb(t) :
2
Z
1 Z
1 Z
f (x)f (x) dx =
2 R f (t) e f (x) dxdt = 2 R f (t)f (t) dt
b ixt b b
R
p
'est a dire que pour une telle fon
tion f , on a kfbk2 = 2 kf k2.
L'espa
e ve
toriel X L2 (R ) forme des fon
tions
ontinues a support
ompa
t et
lineaires par mor
eaux est dense dans L2 (R ), et l'appli
ation f ! fb est
ontinue de X,
muni de la norme L2 , a valeurs dans L2 . Il existe don
un1=2prolongement lineaire
ontinu
F a L2 (R ) ; en fait d'apres
e qui pre
ede U = (2) F est une isometrie pour la
norme L2 .
{ 50 {
Il reste un petit point idiot a verier : si f 2 L1 \ L2, la
lasse de la fon
tion
ontinue
bornee bf
on
ide bien ave
la
lasse F (f ) denie par prolongement a partir de X ; en eet,
si f 2 L1 \ L2, on peut trouver une suite (fn ) X telle que fn tende vers f pour la norme
L1 et pour la norme L2 (on pourra repeter les etapes de la se
tion 3.2) ; alors bfn
onverge
uniformement vers bf et en norme L2 vers F (f ), d'ou le resultat.
La formule inverse de Fourier du lemme pre
edent donne fa
ilement que toute fon
tion
de X est une transformee de Fourier, don
U est une isometrie a image dense, don
une isometrie surje
tive de L2 (R ) sur lui-m^eme. De plus, le lemme d'inversion montre
que, sur1 le sous-espa
e dense F (X), l'inverse de la transformation de Fourier est donnee
par F (f )(x) = (2) 1F (f )( x). Il en resulte que
ette relation est vraie pour toute
f 2 L2 (R ) : designons par l'isometrie de L2 (R ) denie par (h)(x) = h( x) pour toute
h 2 L2 ; on aura
8f 2 L2 (R ); F 1(f ) = 21 Æ F (f ):
La transformee de Fourier d'une fon
tion f de L2 (R ) ne peut pas en general s'e
rire
dire
tement par la formule integrale de Fourier (l'integrale n'est peut-^etre pas absolument
onvergente), mais on peut toujours dire que f est la limite dans L2 (R ) de la suite
fn = 1[ n;n℄ f , don
F (f ) est la limite dans L2 des fon
tions
Z n
t! f (x) e ixt dx:
n
Arrive a
e point, on peut ameliorer l'enon
e de notre Fourier inverse. Cela demande
un travail supplementaire que nous ne ferons pas i
i.
Proposition 3.7.2. Si f et fb sont dans L1 (R ), la fon
tion f \est"
ontinue et on a
1 Z
8x 2 R ; f (x) = 2 fb(t) eixt dt:
R
Demonstration. On fera la veri
ation en admettant que la fon
tion f de l'enon
e est aussi
dans L2(R ). Puisque f 2 L1(R ), la fon
tion bf est bornee sur R par M = kf k1. Si bf est dans
L1, elle est aussi dans L2 puisque jbf j2 M jbf j. Les deux fon
tions f et bf sont don
dans
L1 \ L2 , et on aura au sens des
lasses,
ompte tenu de tout
e qui a ete vu, en designant
par l'isometrie de L2(R ) denie par (h)(x) = h( x)
f = F 1 F (f ) = F 1 (bf ) = (2) 1 F (bf ) = (2) 1 Æ bbf
et
ette derniere fon
tion est bien donnee par la formule
Z
1 ixt
h(x) =
2 R f (t) e dt:
b
On a don
f = h presque partout, mais h est aussi une fon
tion
ontinue, denie partout.
Il y a don
une fon
tion
ontinue dans la
lasse de f ,
e que nous avons traduit par la
phrase : f \est"
ontinue.
//
{ 51 {
Fourier d'une derivee : on
ommen
e par f de
lasse C1 a support
ompa
t,
Z
F (f )(t) = f 0 (x) e ixt dx =
0
Z
f (x) e ixt +1 f (x)( it e ixt ) dx = it F (f )(t):
x= 1
On peut prolonger
ette relation F (f 0)(t) = it F (f )(t) a l'espa
e de Sobolev H1(R ) (voir
hapitre 11) et montrer que H1(R ) est egal au sous-espa
e de L2 (R ) forme des fon
tions
g telles que Z
(1 + t2 )jgb(t)j2 dt < +1:
R
On peut donner une demonstration dire
te et instru
tive de 2la formule d'inversion de
Fourier, mais qui ne s'appliquera qu'aux fon
tions f de
lasse C sur R , a support dans un
intervalle
ompa
t [ a; a℄.
Fixons x 2 R ; soit N un entier quel
onque tel que N > max(a; jxj) ; on va appliquer a la
restri
tion de f a l'intervalle [ N ; N℄ la theorie des series de Fourier, moyennant un petit
hangement de normalisation. Dans l'espa
e L2([ N ; N ℄; N), ou N est la probabilite
dx=(2N) sur l'intervalle [ N ; N ℄, on
onsidere la suite orthonormee (en )n2Z denie par
en (x) = einx=N pour tout n 2 Z et jxj N . Les
oordonnees (
n )n2Z de f dans
ette base
sont donnees par
Z N Z
n = f (y)en (y) dy = 1 f (y) e iny=N dy = 1 bf (n=N):
N 2N 2N R 2N
D'apres le theoreme 6.1, on sait que
n en (x) = 1
X X
f (x) = f (n=N) einx=N :
b
n2Z
2N n2Z
Pour
on
lure, il nous reste a voir que
Z
lim 1 X bf (n=N) einx=N = 1 f (t) eixt
b dt:
N 2N 2
n2Z R
Il reste a voir que g(t) = bf (t) eixt verie les hypotheses du lemme. On sait d'abord que g
est
ontinue sur R , et bornee par kf kL1(R ) . Ensuite, deux integrations par parties donnent
f
00 (t) = t2 bf (t), de sorte que jg(t)j = jbf (t)j t 2 kf 00 kL1 (R ) . Il en resulte que jg(t)j
C min(1; t 2) pour tout t 2 R , ave
C = max(kf kL1 (R ) ; kf 00kL1 (R ) ).
{ 52 {
4. Les theoremes fondamentaux
Demonstration. Soit (Un )n0 une suite d'ouverts denses de X ; soit V une partie
ouverte non vide de X ; on doit montrer que Tn0 Un ren
ontre V. Comme U0 est
dense, U0 ren
ontre V et on peut
hoisir un point x0 2 V \ U0. Comme V \ U0 est
ouvert, il existe un nombre r0 > 0, que l'on peut
hoisir 1, tel que la boule ouverte
B(x0; 2r0) de
entre x0 et de rayon 2r0 soit
ontenue dans V \ U0 .
Par re
urren
e sur n 0 on
onstruit une suite (xn ) d'elements de X et une suite
(rn ) de nombres reels stri
tement positifs tels que rn 2 n et tels que, pour tout
n 1, la boule ouverte B(xn ; 2rn ) de
entre xn et de rayon 2rn soit
ontenue dans
Un \ B(xn 1; rn 1) : en eet, supposons xn et rn
onstruits ;
omme Un+1 est dense,
il existe xn+1 2 Un+1 \ B(xn ; rn). Comme Un+1 \ B(xn; rn ) est ouvert, il existe un
nombre rn+1 tel que 0 < rn+1 2 n 1 et tel que la boule ouverte B(xn+1; 2rn+1)
soit
ontenue dans Un+1 \ B(xn ; rn) (on notera bien le petit jeu entre rn et 2rn+1 ).
Notons maintenant Bn la boule fermee de
entre xn et de rayon rn . On a
Bn+1 B(xn+1; 2rn+1) B(xn; rn ) Bn :
Comme l'espa
e X est
omplet, que les ensembles T Bn sont ferm es, de
roissants, non
vides
T
et que leur
T
diame tre tend vers 0, on a n0 nB =
6 ; ; or, par
onstru
tion,
n0 Bn V \ n0 Un ,
e qui montre que
ette derniere interse
tion est non vide.
//
Corollaire 4.1.2. Soient X un espa
e S metrique
omplet non vide et (Fn )n0 une suite
de parties fermees de X telle que n0 Fn = X ; alors l'un des fermes Fn a un interieur
non vide ; en realite, on peut m^eme dire que n0
S
Fn est dense dans X.
Demonstration. Soit V un ouvert non vide de X ; dans l'espa
e meStrique
omplet
Y = V,
onsid erons les ouverts (relatifs) Un = V n Fn . Puisque n0 Fn = X,
l'interse
tion Tn0 Un est vide,
e qui entra^ne par le theoreme 1 applique a Y que
l'un au moins des ouverts Un n'est pas dense dans Y. Il existe don
n0 et un ouvert
non vide U de Y qui soit disjoint de Un . Cet ouvert U doit ren
ontrer V ; on peut
don
trouver x 2 V \ U et r > 0 tels que B(x; r) V ne ren
ontre pas Un ,
'est a
0
{ 53 {
dire B(x; r) Fn et en parti
ulier x 2 Fn . On a ainsi montre que la reunion des
interieurs des (Fn ) ren
ontre tout ouvert non vide V donne.
0 0
//
Les resultats obtenus sur l'espa
e metrique
omplet X sont de nature purement topologique ;
l'hypothese devrait ^etre formulee ainsi : si la topologie de l'espa
e topologique X peut ^etre
denie par une distan
e d qui rend (X; d)
omplet, alors le theoreme de Baire est valable.
Par exemple, on peut montrer fa
ilement que tout ouvert U d'un espa
e metrique
omplet
(X; d) peut ^etre muni d'une nouvelle metrique Æ qui ne
hange pas la topologie, et qui fait
de (U; Æ) un espa
e metrique
omplet (exer
i
e) ; le theoreme de Baire est don
valable pour
tout ouvert d'un espa
e metrique
omplet,
e que l'on voit aussi fa
ilement en adaptant la
demonstration du theoreme 1.
On dit qu'un espa
e topologique X est un espa
e de Baire s'il verie le theoreme de
Baire : toute interse
tion d'une suite d'ouverts denses dans X est dense dans X.
Exer
i
e 4.1.1. Montrer qu'il n'existe pas de norme sur l'espa
e ve
toriel R [X℄ des
polyn^omes qui rende
et espa
e
omplet.
Theoreme 4.1.3 : theoreme des isomorphismes. Soient E et F deux espa
es de Bana
h ;
toute appli
ation lineaire
ontinue bije
tive de E sur F est un isomorphisme.
Demonstration. Soit f une bije
tion lineaire
ontinue de E sur F ; notons BE la boule
unite de E. La premiere etape
onsiste a montrer que l'adheren
e de f (BE)
ontient
une boule ouverte
entree en 0F ,
() 9r > 0; BF (0; r) f (BE):
On a Sn1 nBE = E don
Sn1 nf (BE) = f (E) = F, don
Sn1 nf (BE) = F.
Par le
orollaire 2, il existe un entier n 1 tel que l'ensemble ferme nf (BE) soit
d'interieur non vide. Comme la multipli
ation par n 1 est un homeomorphisme,
on en deduit que l'interieur de f (BE) n'est pas vide. Il reste seulement a voir que 0F
est dans
et interieur :
ela provient de la
onvexite et de la symetrie de l'ensemble
C = f (BE) : si y0 est interieur a C, il existe r > 0 tel que B(y0; r) C ; par symetrie
on a aussi B( y0 ; r) C, et par
onvexite B(0; r) C. Detaillons un peu : soit
v 2 F tel que kv k < r et soit " > 0 quel
onque ; puisque y0 + v 2 B(y0; r) f (BE ),
il existe un ve
teur u1 2 BE tel que kf (u1) (y10 + v)k < ", et de m^eme il existe
u2 2 BE tel que kf (u2 ) (y0 v )k < ". Alors u = 2 (u1 u2 ) 2 BE et kf (u) v k < ".
On a bien montre que B(0; r) f (BE).
La deuxieme etape
onsiste a montrer que la propriete () entra^ne en fait lorsque
E est
omplet que
() BF(0; r) f (BE):
Le prin
ipe qui suit est interessant et se ren
ontre a de multiples o
asions ;
'est une
variante du pro
ede des approximations su
essives. Si A1 et A2 sont deux sous-ensembles
non vides de F, la notation A1 + A2 designe l'ensemble de toutes les sommes a1 + a2 ,
lorsque a1 varie dans A1 et a2 dans A2 . On dit que A1 + A2 est la somme de Minkowski
des ensembles A1 et A2.
{ 54 {
Lemme 4.1.4. On suppose que E est
omplet, f : E ! F lineaire
ontinue, et que A
est un sous-ensemble borne de F tel que A f (BE) + "A, ave
0 < " < 1. Alors
A 1 1 " f (BE):
Soit a0 2 A ; d'apres l'hypothese, il existe un ve
teur u0 2 BE et un ve
teur a1 2 A
tels que a0 = f (u0) + "a1 . En re
ommen
ant ave
a1 , on trouve u1 2 BE et a2 2 A
tels que a1 = f (u1) + "a2 ,
e qui donne
a0 = f (u0 + "u1 ) + "2 a2 :
En
ontinuant ainsi on
onstruit des ve
teurs u0 ; u1; : : : ; un ; : : : dans la boule unite
de E et a1; : : : ; an ; : : : dans A tels que pour tout entier k 0 on ait
(1) a0 = f (u0 + "u1 + + "k uk ) + "k+1 ak+1 :
La serie P "k uk est normalement P+1 k
onvergente, don
onvergente dans E puisque E
est
omplet ; sa somme x0 = k=0 " uk 2 E est telle que f (x0) = limk f (u0 + "u1 +
+ "k uk ) et d'apres la relation (1), on a f (x0) = a0 puisque A est borne. Par
ailleurs +1
kx0 k "k kuk k 1 1 " .
X
k=0
Finissons de montrer que () entra^ne () lorsque E est
omplet. Si y 2 F est 1tel
que kyk < r, on pourra
hoisir " > 0 de fa
on que le ve
teur y0 = r (1 ") y
verie en
ore ky0 k < r ; puisque BF (0; r) est
ontenu dans l'adheren
e de f (BE), on
a BF (0; r) f (BE) + "BF (0; r) pour tout " > 0 : posons A = B(0F; r) ; si x 2 A on
peut trouver y 2 f (BE) tel que kx yk < " r puisque x est adherent a f (B), don
x y 2 "A et x = y + (x y ) 2 f (BE) + "A. D'apres le lemme pre
edent, on a
BF (0; r) = A (1 ") 1 f (BE). Il existe don
x0 2 E tel que kx0 k < (1 ") 1 et
f (x0 ) = y0 ; en revenant a y , on aura trouve x 2 E tel que kxk < 1 et f (x) = y . On
a ainsi montre que BF (0; r) f (BE).
Il est
lair maintenant que l'appli
ation re
iproque f 1 est
ontinue : 1en eet,
l'in
lusion pre
edente se traduit par f (BF (0; r)) BE,
e qui implique f (BF )
1
r 1 BE par homogeneite et passage a l'adheren
e ;
e
i montre que kf 1 k 1=r.
Remarque 4.1.2. Le theoreme pre
edent a peu de
hose a voir ave
les normes. Il reste
vrai si E et F sont deux espa
es ve
toriels munis de metriques veriant les proprietes (i), (ii)
et (iii) de la remarque 1.1.8, et si E et F sont
omplets pour
es metriques. En parti
ulier
le theoreme des isomorphismes, et ses
onsequen
es immediates que nous allons enon
er
dans
e qui suit, sont valables pour les espa
es de Fre
het.
On dit qu'une appli
ation f : X ! Y est ouverte lorsque l'image de tout ouvert de X
est ouverte dans Y ;
ela revient exa
tement a dire que pour tout point x 2 X et tout
voisinage V de x, l'image f (V) est un voisinage de f (x) dans Y.
Pour qu'une appli
ation lineaire f d'un espa
e norme X dans un autre Y soit ouverte,
il suÆt de savoir que l'image de toute boule ouverte BX (0; r) est ouverte dans Y,
e qui
se ramene a savoir que l'image de la boule unite ouverte BX(0; 1) de X est ouverte dans
Y. C'est le
as par exemple pour la proje
tion
anonique d'un espa
e norme X sur un
quotient X=Y par un sous-espa
e ferme Y ; en eet, l'image de BX (0; 1) est exa
tement
{ 55 {
la boule unite ouverte du quotient, don
est ouverte. Notons aussi qu'un isomorphisme
entre deux espa
es de Bana
h est une appli
ation ouverte, et que la
omposition de deux
appli
ations ouvertes est une appli
ation ouverte.
Theoreme 4.1.5 : theoreme de l'appli
ation ouverte. Soient E et F deux espa
es de
Bana
h ; toute appli
ation lineaire,
ontinue, surje
tive f de E sur F est ouverte.
Le graphe d'une appli
ation
ontinue d'un espa
e topologique dans un espa
e topolo-
gique separe est toujours ferme. La re
iproque n'est en general pas vraie. Cependant, on
a:
Theoreme 4.1.6 : theoreme du graphe ferme. Soient E et F deux espa
es de Bana
h ;
toute appli
ation lineaire de E dans F dont le graphe est ferme dans E F est
ontinue.
Corollaire 4.1.9. Soient E un espa
e de Bana
h (ou bien un espa
e ve
toriel (E; d)
omplet
omme dans la proposition 7), Y un espa
e norme et (fn ) une suite d'appli
ations
lineaires
ontinues de E dans Y ; on suppose que, pour tout x 2 E, la suite (fn (x))
onverge dans Y ; notons f (x) sa limite. Alors f est lineaire et
ontinue.
Demonstration. D'abord, il est evident que la limite f est lineaire. Soit x 2 E ;
omme
la suite ( ( )) est
onvergente, elle est bornee ; par le theoreme 8, la suite (kfnk)
fn x
est alors bornee. Il existe alors un nombre M 0 tel que, pour tout x 2 E et tout
entier n 0 on ait kfn(x)k M kxk. Passant a la limite on trouve kf (x)k M kxk,
pour tout x 2 E.
//
Corollaire 4.1.10. Soient E un espa
e de Bana
h (ou bien un (E; d)
omplet
omme
dans la proposition 7), Y un espa
e norme et (uk ) une suite d'appli
ations
P lineaires
ontinues de E dans Y ; on suppose que, pour tout x 2 E, la serie k uk (x)
onverge
dans Y ; notons T(x) sa somme. Alors T est lineaire et
ontinue.
{ 57 {
Commentaire. Ceux qui feront des distributions verront ressortir
e prin
ipe a propos des
series de distributions : les distributions temperees sont les formes lineaires
ontinues
P sur
un espa
e de fon
tions S qui est un (E; d) du bon type. Pour verier qu'une serie Tk de
distributions tempeP rees denit une nouvelle distribution temperee, il suÆt de verier que
la serie numerique k Tk (')
onverge pour toute fon
tion ' 2 S .
Attention ! Dans le
orollaire 9, ou on prouve la
ontinuite de la limite simple f d'une
suite (fn), on n'a en general pas que kfn f k ! 0.
{ 58 {
Lemme 4.2.2. Soient Z un sous-espa
e ve
toriel de X et g une forme lineaire denie sur
Z, telle que g(z) q(z) pour tout z 2 Z ; soit x 2 X tel que x 2= Z ; il existe une forme
lineaire ge sur Z + R x telle que ge prolonge g et ge q sur Z + R x.
Demonstration du lemme. Bien entendu, prolonger g a Z + R x demande seulement
de denir
= eg(x). Pour que le prolongement soit
onvenable, il faut (et il suÆt)
que g(z)+ t ge(x) = ge(z + tx) q(z + tx) pour tout nombre reel t et tout z 2 Z. C'est
automatique si t = 0, et nous allons de
ouper la propriete voulue en deux, selon le
signe de t 6= 0 :
g (z ) +
q (z + x); g (z 0 )
q (z 0 x)
pour tous z; z0 2 Z et ; > 0. En utilisant l'homogeneit e de q (et
elle de g, qui
est lineaire) on peut faire entrer les fa
teurs positifs 1 et 1 a l'interieur des
expressions, et on obtient ainsi les
onditions equivalentes
g (z1 ) +
q (z1 + x); g (z2 )
q (z2 x)
pour tous z1 ; z2 2 Z (z1 rempla
e 1 z et z2 rempla
e 1 z0 ). Le nombre
doit
don
verier les deux inegalites
supfg(z2) q(z2 x) : z2 2 Zg = S
I = inf fq(z1 + x) g(z1) : z1 2 Zg:
Notons que I n'est pas +1, par
e que l'inf porte sur un ensemble non vide de valeurs
nies, et de m^eme S n'est pas 1. Pour que le
hoix de
soit possible, il faut et il
suÆt que S I,
e qui garantira que I et S sont nis, et il suÆra de prendre pour
n'importe quel nombre reel
ompris entre le sup et l'inf (bien s^ur, si S = I on n'a
pas le
hoix : il faut prendre pour
la valeur
ommune). Il reste don
a verier que
g (z2 ) q (z2 x) q (z1 + x) g (z1 )
pour tous z1 ; z2 2 Z. On ree
rit la propriete voulue sous la forme
g (z1 + z2 ) = g (z1) + g (z2 ) q (z1 + x) + q (z2 x)
et il est alors
lair que
ette propriete est vraie :
g (z1 + z2 ) q (z1 + z2 ) = q (z1 + x) + (z2 x) q (z1 + x) + q (z2 x):
Le lemme est don
etabli.
Le lemme de Zorn
Le lemme de Zorn est assez dire
tement equivalent a un axiome de la theorie des
ensembles, l'axiome du
hoix. Il permet de valider
ertains types de raisonnements ou
on
her
he a garantir l'existen
e d'objets maximaux.
Soit I un ensemble ordonne dans lequel tout sous-ensemble totalement ordonne T
possede des majorants ; l'ensemble I admet alors des elements maximaux.
Un element maximal i 2 I est un element tel que (j i) ) j = i pour tout j 2 I. Le
lemme de Zorn n'a d'inter^et que pour les ensembles ordonnes qui ne sont pas totalement
ordonnes. On dit qu'un ensemble ordonne est indu
tif lorsqu'il verie l'hypothese du
lemme de Zorn.
Venons-en a l'appli
ation du lemme de Zorn pour terminer la demonstration du
theoreme. On designe par I l'ensemble des
ouples (Z; g) ou Z est un sous-espa
e
ve
toriel de X tel que Y Z, et g une forme lineaire sur Z qui prolonge `, et telle
que g(z) q(z) pour tout z 2 Z.
{ 59 {
On denit l'ordre sur l'ensemble I par (Z ; g ) (Z0 ; g 0) si Z Z0 et si g 0 est un
prolongement de g a Z0 . Le lemme preliminaire 2 dit que si (Z; g) est un element
maximal de I,0 alors Z0 = X : sinon, si Z 6= X, on peut
hoisir x 2= Z et
onsiderer
l'extension (Z ; g ) a Z = Z + R x donnee par le lemme 2, qui est un majorant stri
t
0
de (Z; g). Cela signie que l'existen
e d'elements maximaux dans I implique qu'on a
reussi a prolonger ` a l'espa
e X tout entier, ave
une extension lineaire m qui verie
m q sur X.
Il reste a verier que l'ensemble I verie l'hypothese du lemme de S Zorn : si
(Zi ; gi) est une famille totalement ordonnee dans I, on verra que Z = i Zi est un
sous-espa
e ve
toriel et qu'il y a une fa
on naturelle de denir g sur Z, qui prolonge
toutes les gi . Ainsi l'ensemble (Zi; gi)i admet le majorant (Z; g) dans I.
On peut preferer un enon
e plus \aÆne" pour le theoreme pre
edent : si f est une
fon
tion
onvexe (partout nie) denie sur X, si Y est un sous-espa
e aÆne de X et a
une fon
tion aÆne denie sur Y et telle que a(y) f (y) pour tout y 2 Y, il existe un
prolongement ea de a en fon
tion aÆne sur X et telle que ea f sur X. Le le
teur pourra
adapter la demonstration pre
edente pour obtenir
e nouvel enon
e.
Dans le
as norme separable, on peut donner une demonstration de Hahn-Bana
h qui
n'utilise pas l'axiome du
hoix. Supposons X norme reel separable de dimension innie. On
suppose y donnee sur le sous-espa
e ve
toriel Y, majoree par une fon
tion sous-lineaire
ontinue q. On remarque d'abord qu'on peut prolonger y par
ontinuite a l'adheren
e Y0
de Y, en gardant y0 q sur Y0 pour le prolongement y0 . Soit (xn )n0 une suite dense
dans X ; si Y0 = X,
'est ni. Sinon, soit k0 le plus petit entier k 0 tel que xk 2= Y0 (s'il
n'en existait pas, Y0 ferme
ontiendrait la suite dense (xn ) toute entiere, don
on aurait
Y0 = X,
e qui a ete ex
lu i
i) ; on pose Y 1 = Y0 + R xk0 et on prolonge y 0 de Y0 a une
forme y1 sur Y1, veriant toujours y1 q sur Y1, en utilisant le lemme 2. On remarque
que Y1
ontient tous les ve
teurs xk pour 0 k k0. Si Y1 = X
'est ni. Sinon, soit k1
le plus petit entier k > k0 tel que xk 2= Y1 (s'il n'en existait pas, on aurait Y1 = X qui est
ex
lu i
i). On pose Y2 = Y1 + R xk1 et on prolonge y1 en y2 sur Y2 , veriant y2 q sur
Y2 . On remarque que Y2
ontient tous les ve
teurs xk pour 0 k k1 .
On
ontinue ainsi, et on
onstruit une suite
roissante (Yn ) de sous-espa
es
ve
toriels de
X (ou alors il existe N tel que X = Y N ) ave
sur Y n+1 une forme lineaire yn+1 qui prolonge
yn et qui verie yn +1 q. On
onstruit aussi une suite stri
tement
roissante (kn ) telle que
Yn+1
ontienneStous les xk pour 0 k kn . Comme la suite d'espa
es est
roissante, la
reunion Y1 = n Yn est un sous-espa
e ve
toriel, et
omme les formes (yn ) se prolongent
les unes les autres, on peut denir y1 sur Y1 qui les prolonge toutes, et y1 q. Enn,
Y1 est dense dans X par
e qu'il
ontient toute la suite (x ). Pour terminer, il suÆt de
en une forme lineaire
ontinue xn sur l'espa
e X.
prolonger par
ontinuite y1
Theoreme 4.2.3 : theoreme de separation de Hahn-Bana
h. Soient X un espa
e norme
reel, A un
onvexe ouvert non vide et B un
onvexe non vide tels que A et B soient
disjoints. Il existe alors une forme lineaire
ontinue f sur X telle que
f (a) < inf f (B)
pour tout a 2 A. Autrement dit, il existe un nombre
tel que f (a) <
pour tout a 2 A
et
f (b) pour tout b 2 B.
Une fa
on de voir le resultat est de dire que la forme lineaire f separe l'espa
e X en
deux demi-espa
es aÆnes H = ff <
g et H+ = ff
g, dont la frontiere
ommune
est l'hyperplan aÆne H = ff =
g. L'enon
e nous dit que A H et B H+ .
Demonstration. On
ommen
e par le
as ou B est reduit a un seul point b0 6= 0.
Par translation on peut se ramener au
as ou le
onvexe ouvert A
ontient 0X. La
{ 60 {
jauge jA est alors une fon
tion sous-lineaire sur X, et jA (b0) 1 puisque b0 2= A.
On denit ` sur la droite Y = R b0 en posant `(b0) = pour tout 2 R . On
verie que ` p = jA sur Y. Si m est un prolongement de ` majore par p, on aura
m(a) jA (a) < 1 pour tout a 2 A, alors que m(b0 ) = `(b0) = 1. Par ailleurs, m est
une forme lineaire
ontinue puisqu'elle est majoree par 1 sur le voisinage A de 0X,
don
minoree par 1 sur A et bornee par 1 sur le voisinage A \ ( A).
Passons au
as general. Si A est un
onvexe ouvert non vide disjoint du
onvexe
non vide B, on introduit le
onvexe ouvert
C = A B = fa b : a 2 A; b 2 Bg:
Puisque A et B sont disjoints,
e
onvexe est disjoint de D = f0Xg. D'apres l'etape
preliminaire, on peut trouver une forme lineaire
ontinue m sur X telle que m(
) <
m(d0 ) pour tout
2 C, ou d0 = 0X est l'unique element de D. Cela signie que
m(a b) < m(d0 ) = 0 pour tous a 2 A, b 2 B, soit en
ore m(a) < m(b) pour tous
a 2 A, b 2 B, don
m(a) inf m(B). Puisque m n'est pas nulle, on peut
hoisir
u 2 X tel que m(u) > 0, puis " > 0 tel que a + "u 2 A puisque A est ouvert ; on
termine en e
rivant m(a) < m(a + "u) inf m(B), et en prenant f = m.
//
Demonstration. Soit C un
onvexe ferme non vide d'un espa
e norme reel X. On
va montrer que pour tout x 2= C, il existe un demi-espa
e aÆne ferme Dx tel que
C Dx et x 2= Dx . Il suÆra ensuite d'observer que C = Tx=2C Dx .
Pour tout x 2= C, on peut trouver une boule ouverte A = B(x; r) disjointe de
C ; d'apr
e s le th
e or
e me de s
e paration il existe une forme line aire
ontinue x telle
que x(a) < inf x (C) pour tout a 2 A, et en parti
ulier x (x) < inf x (C). On voit
don
que si on pose d = inf x (C) et
Dx = fy 2 X : x (y) dg
on aura C Dx mais x 2= Dx .
//
{ 61 {
Theoreme 4.2.5 : theoreme de Hahn-Bana
h. Soient X un espa
e norme (reel ou
om-
plexe) et Y un sous-espa
e ve
toriel de X ; pour tout ` 2 Y , il existe m 2 X dont la
restri
tion a Y soit ` et telle que kmk = k`k.
Il en resulte que si X estTun espa
e norme et Y un sous-espa
e ferme, il existe une partie
A de X telle que Y = x 2A ker(x).
Corollaire 4.2.7. Soient X un espa
e norme et x 2 X ; il existe x 2 X telle que
x (x) = kxk et kx k 1.
{ 62 {
Remarque 4.2.3. Le dual de X=Y est identiable isometriquement au sous-espa
e de
X forme des x dont la restri
tion a Y est nulle.
Notons la proje
tion de X sur X=Y ; az 2 (X=Y) on asso
ie x = z Æ 2 X, qui
est nulle sur Y. Inversement, si x 2 X est nulle sur Y, on peut l'e
rire x = z Æ
d'apres la proposition 1.3.3, et kz k = kx k.
Proposition 4.2.8. Soit X un espa
e norme ;
(i) pour que X soit de dimension nie il faut et il suÆt que son dual soit de dimension
nie ; dans
e
as, la dimension de X est egale a
elle de X ;
(ii) soient X et Y des espa
es normes et T 2 L(X; Y) ; l'appli
ation T est de rang
ni si et seulement si sa transposee tT est de rang ni ; dans
e
as, le rang de T
on
ide
ave
elui de sa transposee.
Demonstration. Si X est de dimension nie, toute forme lineaire sur X est
ontinue,
don
le dual topologique est egal au dual algebrique pour lequel on
onna^t l'egalite
des dimensions. Si X est de dimension nie, X est de dimension nie par
e qui
pre
ede, don
X est de dimension nie par la proposition 3.1.
Passons au point (ii) ; notons Y1 l'image de T, T1 2 L(X; Y1) l'appli
ation qui
a x 2 X asso
ie T(x)
onsidere
omme element de Y1 et u 2 L(Y1;t Y) l'appli
ation
y ! y . On a T = u Æ T1 don
T = T1 Æ u ; on voit don
que T se fa
torise a
t t t
travers l'espa
e ve
toriel Y1 ; si T est de rang ni,
e
i implique rang tT dimY1 =
dimY1 = rang T. Inversement soient Z un sous-espa
e de dimension nie n de Y1 et
(z1 ; : : : ; zn ) une base de Z ; on peut trouver des ve
teurs (x1; : : : ; xn ) dans X tels que
zi = T(xi ) et des formes lineaires (z1 ; : : : ; zn ) sur Z telles que zj (zi ) = Æi;j (symbole
de Krone
ker ; les (zj ) forment la base duale de la base (zi )), puis on peut etendre
par Hahn-Bana
h
es formes lineaires (zj ) en (y1; : : : ; yn ) dans Y . On aura alors
tT(y )(x ) = y (T(x )) = z (z ) = Æ ;
j i j i j i i;j
e qui montre que T(y1 ); : : : ; T(yn) sont lineairement independants dans l'image de
t t
tT, qui est don
de dimension n. Si tT est de rang ni m, on aura ne
essairement
n m,
e qui montre que la dimension de Y1 est m : on ne peut pas trouver dans
Y1 un sous-espa
e Z de dimension n > m. On vient de voir que rang T rang tT.
//
e qui est
ontradi
toire ave
xn (xn ) kxn k=2 3=8 > 1=4.
0 0 0 0 0 0
0 0 0
//
{ 63 {
Hahn-Bana
h et transposition
On a deja montre que la transposee tT d'une appli
ation lineaire
ontinue T a une
norme inferieure ou egale a
elle de T. Gr^a
e au theoreme de Hahn-Bana
h on peut
ompleter
e resultat.
Proposition 4.2.10. Soient X et Y deux espa
es normes ; pour tout T 2 L(X; Y), on a
ktTk = kTk.
Demonstration. On sait deja que ktTk kTk par la proposition 1.6.2, nous allons
montrer l'egalite. Pour tout " > 0, on peut trouver un ve
teur x 2 X tel que kxk 1
et tel que kT(x)k > kTk ", puis une forme lineaire y 2 F telle que kyk 1 et
y (T(x)) = kT(x)k. Alors
ktTk ktT(y)k jtT(y)(x)j = y(T(x)) = kT(x)k > kTk ":
//
Lemme 4.2.11. Soient X, Y deux espa
es normes et T 2 L(X; Y) ; l'appli
ation tT est
inje
tive si et seulement si im(T) est dense dans Y. De plus, si im(tT) est dense dans
X , l'appli
ation T est inje
tive.
Demonstration. Si im(T) n'est pas dense, son adheren
e Z est un sous-espa
e ve
to-
riel ferme de Y, distin
t de Y. D'apres le
orollaire 6, il existe une forme lineaire y
non nulle sur Y, mais dont la restri
tion a Z est nulle ; en parti
ulier, y (T(x)) = 0
pour tout x 2 X puisque Z
ontient l'image de T. On a don
T(y )(x) = 0 pour
t
tout x 2 X,
e qui signie que tT(y) = 0, don
tT n'est pas inje
tive.
Si tT n'est pas inje
tive, il existe y 2 Y non nulle telle que tT(y) = 0,
e
qui signie que y (T(x)) = 0 pour tout x 2 X. On voit alors que l'image de T est
ontenue dans le noyau de y, qui est un sous-espa
e ferme de Y, distin
t de Y. Il
en resulte que im(T) n'est pas dense dans Y.
Si T(x) = 0, on a tT(y)( x) =t y(T( x)) = 0 pour tout y 2 Y ,
e qui montre
que x (x) = 0 pour tout x = T( y ) 2 im(tT) ; si im(tT) est dense dans X ,
on en deduit par
ontinuite que x (x) = 0 pour tout x 2 X , don
x = 0 par
Hahn-Bana
h ; il en resulte que T est inje
tive.
//
{ 64 {
4.3. Bidual d'un espa
e norme. Espa
es de Bana
h re
exifs
Soit X un espa
e norme ; le dual du dual X de X s'appelle le bidual de X et se note
X . Pour x 2 X notons JX (x) : X ! K la forme lineaire sur X qui a x 2 X asso
ie
x (x),
8x 2 X ; JX (x) = x(x):
Pour tout x 2 X , on a jJX (x)(x)j = jx (x)j kx k kxk, don
JX (x) 2 X et
kJX (x)k kxk. On dit que JX 2 L(X; X) est l'appli
ation
anonique de X dans son
bidual.
Exemple 4.3.1. L'inje
tion de
0 dans `1
orrespond a l'inje
tion J
de
0 dans son
bidual, modulo les identi
ations habituelles entre duaux et espa
es de suites.
0
Remarque. Puisque X est toujours
omplet et que l'espa
e norme X s'inje
te isometri-
quement dans X , on obtient une des
ription d'un
omplete de l'espa
e X en
onsiderant
Xb = JX (X) : l'adheren
e de l'image de X dans l'espa
e
omplet X est
omplete.
Si X est un espa
e norme l'appli
ation JX est inje
tive par la proposition 1. Remarquons
que si JX est bije
tive alors JX est une isometrie de X sur un espa
e de Bana
h (par
la proposition 1.2.5). Il s'ensuit que si JX est bije
tive, alors ne
essairement X est un
espa
e de Bana
h. Ce
i explique que nous restreindrons la denition qui suit aux espa
es
de Bana
h.
Denition 4.3.2. Un espa
e de Bana
h E est dit re
exif si l'appli
ation
anonique
JE : E ! E est bije
tive.
Autrement dit, un espa
e de Bana
h E est re
exif lorsque toute forme lineaire x
ontinue sur le dual E provient d'un ve
teur x de E de la fa
on expliquee pre
edemment,
8x 2 E ; x (x) = x (x):
Proposition 4.3.2. Tout espa
e de Hilbert est re
exif.
Demonstration. Soient H un espa
e de Hilbert et x 2 H ; pour tout ve
teur
y2 H soit `y 2 H la forme lineaire sur H denie par `y (x) = hx; yi ; l'appli
ation
y ! x `y( ) est une forme lineaire et
ontinue sur H. Par la proposition 2.3.5, il existe
x 2 H tel que, pour tout y 2 H on ait x (`y ) = hy; xi. D'apres la proposition 2.3.5,
toute f 2 H est de la forme f = `y pour un
ertain y 2 H, don
on a x (f ) =
x (`y ) = hx; y i = f (x),
'est a dire que x est l'image de x par l'appli
ation
anonique de H dans H , qui est don
surje
tive.
//
{ 65 {
Exemple 4.3.3. Les espa
es `p , Lp (
; ), sont re
exifs lorsque 1 < p < +1 ; on pourrait
dire un peu vite : le dual de Lp est Lq , et
elui de Lq est Lp , don
a mar
he ;
'est un
peu trop rapide, par
e que le dual de Lp n'est pas Lq , mais s'identie a Lq au moyen
d'une
ertaine bije
tion. Il faut don
prendre la peine, au moins une fois, de verier que
tout
olle bien.
Expliquonsle
as de X = Lp ; soit jq l'appli
ation isom e trique de Lq sur le dual X
de Lp . Si x est une forme lineaire
ontinue sur X = (Lp ) , la
omposee x Æ jq
est une forme lineaire
ontinue sur Lq ; il existe don
une fon
tion f 2 Lp = X telle
que Z
8g 2 Lq ; x (jq (g)) = fg d:
Proposition 4.3.5. Si X est re
exif, tout sous-espa
e ferme Y de X est re
exif.
Demonstration. Soit l'appli
ation de restri
tion denie de X sur Y (surje
tive
par le theoreme de Hahn-Bana
h). Soit y une forme lineaire
ontinue sur Y .
Alors x = y Æ est
une forme lineaire
ontinue sur X , don
il existe x 2 X
tel que x (x ) = x (x) pour tout x in X . Il suÆt de voir que x 2 Y pour
pouvoir
on
lure assez fa
ilement ; si on avait x 2= Y, on pourrait trouver d'apres
le
orollaire 2.6 une forme lineaire x 2 X telle que x (x) = 1 mais x (y ) = 0
pour tout y2 Y. On aurait alors (x ) = 0, don
x (x) = y((x)) = 0,
e qui
ontredit x (x ) = x (x) = 1.
//
Corollaire 4.3.6. Si E est un espa
e de Bana
h et si E est re
exif, alors E est re
exif.
En eet E est alors re
exif et E est isomorphe a un sous-espa
e ferme de E .
Pourquoi s'interesser aux espa
es re
exifs ?
Les espa
es re
exifs ont une sorte de
ompa
ite : on verra que si (Cn ) est une suite
d
Te
roissante de
onvexes ferm es bornes non vides d'un espa
e re
exif E, l'interse
tion
C
n n est non vide. On en d
e duit que si f est une fon
tion
onvexe
ontinue sur un
onvexe ferme borne non vide C d'un espa
e re
exif E, alors f atteint son minimum sur
C. Cela permet de montrer que
ertains problemes de minimisation ont une solution,
quand on travaille ave
un espa
e re
exif.
{ 67 {
4.4. Theoreme de Riesz
Lemme 4.4.1. Soit Z un espa
e norme de dimension n ; pour tout " 2 ℄0; 1[, on peut
trouver dans la boule unite de Z une famille A d'au moins " points dont les distan
es
n
mutuelles sont " : si x; y 2 A et x 6= y , alors kx y k ", et
ard A " n .
Theoreme 4.4.2. Si la boule unite d'un espa
e norme X est
ompa
te, alors X est de
dimension nie.
Une autre demonstration est fondee sur le resultat suivant : si F et G sont deux sous-espa
es
fermes d'un espa
e de Bana
h E, et si on a BG F + "BG pour un
ertain " < 1, alors
G = F. On demontre
e resultat par iteration,
omme dans le lemme 1.4. Pour l'appli
ation
au theoreme de Riesz, on pro
ede de la fa
on suivante : si la boule unite de E etait
ompa
te,
on pourrait la re
ouvrir par une famille nie de boules de rayon 1=4,
entrees en des points
x1 ; : : : ; xN . Appliquons le resultat pre
edent ave
G = E et en prenant pour F le sous-
espa
e de dimension nie engendre par x1 ; : : : ; xN . On aura bien que BG F + 14 BG ,
e
qui entra^ne que E = G = F est de dimension nie.
On dit qu'un operateur borne T d'un espa
e de Bana
h E dans un espa
e de Bana
h F
est
ompa
t si l'adheren
e dans F de l'image de la boule unite de E est
ompa
te dans
l'espa
e F.
Corollaire 4.4.3. Soit E un espa
e de Bana
h, reel ou
omplexe ; si T 2 L(E) est
ompa
t et si 6= 0, le sous-espa
e F = ker(T IdE ) = fy 2 E : T(y ) = y g est de
dimension nie.
{ 69 {
5. Topologies faibles
Une fa
on
ourante de denir une topologie sur un ensemble X est de partir d'une famille
C de parties elementaires, dont on veut imposer qu'elles soient des ouverts de la topologie
T a
onstruire. Supposons que
ette famille C verie
| tout point x 2 X est
ontenu dans au moins une partie C 2 C ;
| pour tous C1 ; C2 2 C et tout x 2 C1 \ C2, il existe un ensemble C 2 C tel que
x 2 C C1 \ C2 .
Si
es deux
onditions sont veriees, on peut denir une topologie T sur X en disant
que
est un ouvert de T si pour tout x 2
, il existe C 2 C tel que x 2 C
. Cela
revient exa
tement a dire que les ouverts de la topologie T sont les reunions quel
onques
de familles d'elements de C (y
ompris la famille vide dont la reunion est l'ensemble vide).
C'est
e que l'on fait pour les espa
es metriques, en partant de la famille C de toutes
les boules ouvertes B(x; r), x 2 X et r > 0. Mais la deuxieme
ondition
i-dessus, qui est
veriee pour les espa
es metriques, est en general peu naturelle. On prefere souvent partir
d'une famille B de parties de X veriant une propriete plus forte
| tout point x 2 X est
ontenu dans au moins une partie B 2 B ;
| pour tous B1 ; B2 2 B, l'interse
tion B1 \ B2 est un ensemble de B.
La deuxieme
ondition dit que B est stable par interse
tion nie. On denit a nouveau une
topologie T sur X dont les ouverts sont les reunions quel
onques de familles d'ensembles de
B. Un
as important est le suivant : donnons-nous une famille (Yi )i2I d'espa
es topologiques
et, pour tout i 2 I, une appli
ation fi : X ! Yi . On veut
onstruire une topologie T sur X
qui rende
ontinue toutes les fi, mais en y mettant le moins possible d'ouverts.
Proposition 5.1.1. Donnons-nous deux ensembles I et X, une famille (Yi )i2I d'espa
es
topologiques et, pour tout i 2 I, une appli
ation fi : X ! Yi . Il existe une topologie O
sur X
ara
terisee par la propriete suivante :
pour qu'une appli
ation g d'un espa
e topologique Z dans X muni de la
(P) topologie O soit
ontinue il faut et il suÆt que les appli
ations fi Æ g soient
ontinues pour tout i 2 I.
La topologie sur X possedant la propriete (P) de la proposition 1 s'appelle topologie
initiale asso
ieea la famille fi . C'est la topologie sur X la moins ne rendant
ontinues
les appli
ations fi : X ! Yi .
La topologie initiale n'est en general pas une topologie asso
iee a une distan
e { et
les suites ne jouent don
pas un r^ole aussi important que dans le
as metrique. Indiquons
ependant qu'une suite (xn ) de points de X tend vers x 2 X si et seulement si : pour
{ 71 {
tout i 2 I la suite fi (xn )
onverge vers fi (x) (appliquer la proposition a l'appli
ation g
de Z = N dans X denie par g(n) = xn pour tout n 2 N et g(1) = x).
Si x0 est un point de X, i0 un element de I et Vi0 un ouvert de Yi0
ontenant fi0 (x0 ), alors
l'ensemble
W(i0; Vi0 ) = fi0 1(Vi0 ) = fx 2 X : fi0 (x) 2 Vi0 g
est par denition ouvert dans la topologie initiale, et il
ontient x0 par notre hypothese,
don
'est un voisinage de x0 ; par
onsequent, etant donne un ensemble ni quel
onque
J = fi1; : : : ; in g
ontenu dans I et une famille VJ = (Vj )j2J ou Vj est un ouvert de Yj
ontenant fj (x0) pour
haque j 2 J, l'interse
tion \j2J W(j; Vj ), egale a
W(J; VJ ) = fx 2 X : 8j 2 J; fj (x) 2 Vj g
sera un voisinage de x0 pour la topologie initiale. Le fait que
ette topologie soit la plus
faible rendant
ontinues les (fi) se traduit par une sorte de re
iproque : pour qu'un ensemble
W X soit un voisinage de x0 , il faut (et on a vu qu'il suÆt) qu'il existe un ensemble ni
J I et une famille VJ
omme
i-dessus tels que x0 2 W(J; VJ ) W.
Autrement dit,
ette topologie initiale est la topologie sur X obtenue a partir de la famille
B, stable par interse
tion nie, formee de tous les ensembles W(J; VJ ),
\
W(J; VJ ) = fj 1(Vj )
j 2J
ou J est un sous-ensemble ni quel
onque de I et VJ = (Vj )j2J une famille telle que pour
haque j 2 J, Vj soit un ouvert quel
onque de Yj . Puisque fi 1(Vi ) est dans B pour
tout i 2 I et tout ouvert Vi de Yi , tous
es ensembles sont des ouverts de X et il en
resulte que toutes les (fi) sont
ontinues ; si g est
ontinue de Z dans X, toutes les fi Æ g
sont don
ontinues. Mais inversement, si fi Æ g est
ontinue pour tout i, g 1(fi 1(Vi )) =
(fi Æ g) 11(Vi ) est ouvert dans Z pour tout i et tout ouvert Vi de Yi , don
par interse
tion
nie g (W(J; VJ )) est ouvert dans Z pour tout ensemble ni J I et toute famille VJ , et
enn g 1(U) est ouvert pour tout U ouvert de X, puisqu'un tel ouvert U est reunion d'une
famille d'ensembles W(J; VJ ).
Soient X un espa
e ve
toriel, I un ensemble et (pi )i2I une famille de semi-normes sur
X ; pour i 2 I, notons Xi l'espa
e X muni de la topologie asso
iee a pi et fi : X ! Xi
l'identite de X. On appelle topologie asso
iee a la famille de semi-normes (pi )i2I la
topologie initiale asso
iee aux appli
ations fi . Muni de
ette topologie, X est d'apres la
proposition pre
edente, un espa
e ve
toriel topologique.
{ 72 {
Soit X un espa
e ve
toriel ; donnons-nous un ensemble I et, pour
haque i 2 I, un
espa
e semi-norme (Yi; qi ) et une appli
ation lineaire gi : X ! Yi . On verie sans peine
que la topologie initiale asso
iee aux gi
on
ide ave
la topologie asso
iee a la famille de
semi-normes (qi Æ gi )i2I.
Exemple 5.1.1. Soient X; Y des espa
es ve
toriels et B : X Y ! K une forme
bilineaire ; pour y 2 Y notons py : X ! R + l'appli
ation x ! jB(x; y)j. C'est une
semi-norme sur X. La topologie sur X asso
iee a la famille des semi-normes py s'appelle
la topologie faible asso
iee a B, ou a Y s'il n'y a pas d'ambigute sur la forme B ;
ette
topologie se note (X; Y). Cette topologie est la topologie initiale asso
iee aux appli
a-
tions fy : X ! K , ou, pour y 2 Y on a note fy l'appli
ation x ! B(x; y). En d'autres
termes, la topologie faible est la topologie la plus faible pour laquelle les appli
ations fy
sont
ontinues.
Une suite (xn ) dans X
onverge vers x 2 X pour la topologie (X; Y), si et seulement
si, pour tout y 2 Y, la suite (B(xn; y))n2N
onverge vers B(x; y).
On demontre que les seules formes lineaires
ontinues sur X pour la topologie (X; Y) sont
les fy (on utilise a
et eet un lemme d'algebre lineaire : si `1; : : : ; `n et ` sont des formes
lineaires sur X, et si pour tout x 2 X les
onditions `1 (x) = `2(x) = = `n (x) = 0
entra^nent `(x) = 0, alors ` est
ombinaison lineaire de `1 ; : : : ; `n ).
Terminons
e paragraphe par une denition.
Denition 5.1.2. Soient X et Y deux espa
es normes ;
haque element x de X denit
une semi-norme Nx sur L(X; Y) donnee par Nx(f ) = kf (x)k. On appelle topologie forte
sur L(X; Y) la topologie asso
iee a la famille de semi-normes (Nx)x2X .
Cette topologie est la topologie initiale asso
iee aux appli
ations 'x : L(X; Y) ! Y,
ou, pour x 2 X on a note 'x l'appli
ation f ! f (x). En d'autres termes, la topologie
forte sur L(X; Y) est la topologie la plus faible pour laquelle les appli
ations 'x sont
ontinues. Elle est plus faible que la topologie de la norme sur L(X; Y).
Une suite (fn ) dans L(X; Y)
onverge vers f 2 L(X; Y) pour la topologie forte si et
seulement si, pour tout x 2 X, la suite (fn (x))n2N
onverge vers f (x) pour la topologie
de la norme sur Y.
5.2. Topologie faible sur un espa
e norme
Soit X un espa
e ve
toriel norme ;
onsiderons la forme bilineaire (x; x) ! x (x) sur
X X. Cette forme bilineaire denit des topologies faibles (X; X) sur X et (X; X)
sur X ,
omme indique dans l'exemple du paragraphe pre
edent.
La topologie (X; X) sur X s'appelle aussi la topologie faible sur X. C'est la topolo-
gie la moins ne rendant
ontinues toutes les appli
ations x 2 X ! x(x), ou x de
rit
l'ensemble de toutes les formes lineaires
ontinues (en norme) sur X ; bien entendu la
topologie de la norme rend deja
ontinues toutes
es appli
ations, don
la topologie
faible (X; X) est plus faible que la topologie de la norme. D'apres le theoreme de
Hahn-Bana
h, la topologie faible est separee : si x1 6= x2, on peut trouver x 2 X telle
que x (x1 x2) 6= 0.
{ 73 {
On voit dire
tement que la topologie faible est moins ne que la topologie de la norme en
de
rivant un systeme fondamental de voisinages pour la topologie faible : pour que W X
soit un voisinage faible du point x0 2 X, il faut et il suÆt qu'il existe un nombre ni de
formes lineaires
ontinues x1 ; : : : ; xn 2 X et un nombre " > 0 tels que
x0 2 fx 2 X : 8j = 1; : : : ; n; jxj (x) xj (x0 )j < "g W:
C'est une simple adaptation de la des
ription des voisinages fondamentaux donnees dans
la se
tion pre
edente. Il en resulte que si X est de dimension innie, un voisinage faible de
x0 n'est jamais borne, et la topologie faible est stri
tement plus faible que la topologie de
la norme : en eet, on pourra trouver dans
e
as un ve
teur y 2 X tel que x1 (y) = =
xn (y) = 0, et la droite aÆne x0 + K y sera alors
ontenue dans le voisinage faible W.
On peut aussi
onsiderer la boule unite fermee B(X) de X, et la munir de la topologie
induite par la topologie faible ; m^eme dans
e
adre, la topologie de (B(X); (X; X )) est
stri
tement plus faible en general que
elle de B(X) munie de la topologie de la norme : soit
X = `2 , l'espa
e hilbertien des suites de
arre sommable ; notons (en ) sa base hilbertienne
anonique. On verie que la suite (en ) tend faiblement vers 0 (voir lemme 3.1.b). Cependant
la suite (en) ne peut
onverger en norme, vu que ken em k2 = 2 (pour m 6= n). En fait, pour
tout espa
e norme de dimension innie la topologie de (B(X); (X; X )) est stri
tement plus
faible que la topologie de la norme, pour la raison evoqu ee plus haut : si X est de dimension
innie, un voisinage faible de 0X dans (B(X); (X; X ))
ontient toujours des points de la
sphere unite de X.
En revan
he, la topologie induite sur la sphere unite SX par la topologie faible peut
on
ider ave
la topologie de la norme sur SX :
'est le
as pour X = `2 (exer
i
e).
Demonstration. Une appli
ation f d'un espa
e topologique Z dans l'espa
e Y muni
de (Y; Y) est
ontinue si et seulement si, pour tout y 2 Y , y Æ f est
ontinue
de Z dans K ; i
i, Z est l'espa
e topologique (X; (X; X)) et f = T. Or, pour tout
y 2 Y , on a y Æ T 2 X , don
y Æ T est
ontinue pour (X; X) par denition de
la topologie faible.
//
{ 74 {
Soit X un espa
e ve
toriel norme ; on va maintenant s'interesser a une topologie faible
sur le dual X , la topologie (X; X) ou topologie -faible sur X. C'est la topologie
la moins ne sur X rendant
ontinues toutes les appli
ations x 2 X ! x (x), ou x
de
rit X ; bien entendu, puisque la topologie de la norme de X rend
ontinues toutes
es appli
ations, la topologie -faible est plus faible que la topologie de la norme sur
X . La topologie -faible est la topologie de la
onvergen
e simple sur X, topologie sur
l'ensemble d'appli
ations X, appli
ations de X dans K .
Pour que W X soit un voisinage -faible du point x0 2 X , il faut et il suÆt qu'il existe
un nombre ni de ve
teurs x1 ; : : : ; xn 2 X et un nombre " > 0 tels que
x0 2 fx 2 X : 8j = 1; : : : ; n; jx (xj ) x0 (xj )j < "g W:
Il en resulte que si X est de dimension innie, un voisinage -faible de x0 n'est jamais
borne. On peut aussi
onsiderer la boule unite fermee B(X ) de X , et la munir de la
topologie induite par la topologie -faible ; pour tout espa
e norme de dimension innie
la topologie de (B(X ); (X ; X)) est stri
tement plus faible que la topologie de la norme,
toujours pour les m^emes raisons : si X est de dimension innie, un voisinage faible de 0X
dans (B(X ); (X ; X))
ontient toujours des points de la sphere unite de X . On verra
aussi une autre raison ave
le theoreme qui suit : l'espa
e topologique (B(X ); (X ; X))
est toujours
ompa
t, alors que B(X ) n'est jamais
ompa
te en norme si la dimension est
innie (theoreme 4.4.2).
Theoreme 5.2.3. Muni de la topologie (X ; X) la boule unite de X est
ompa
te.
Ce theoreme est un
orollaire du theoreme de Tykhonov que nous admettrons pour
l'instant (voir derniere se
tion).
Theoreme 5.2.4 : theoreme de Tykhonov. Tout produit d'espa
es
ompa
ts (muni de
la topologie produit) est
ompa
t.
Q
Rappelons que la topologie produit sur i2I Xi est la topologie la moins ne qui
rende
ontinues toutes les proje
tions Qi2I Xi ! Xj , j 2 I.
Demonstration du theoreme 3. Remarquons que X est un sous-ensemble de l'ensem-
ble K X de toutes les appli
ations de X dans K , et que la topologie (X ; X) est, par
denition, la topologie induite surX par la topologie produit sur K . Remarquons
X
ensuite que la boule unite B de X est l'interse
tion de deux ensembles fermes dans
K ,X
F1 = ff 2 K X : 8x 2 X; jf (x)j kxkg;
F2 = ff 2 K X : 8(x; y; ; ) 2 X X K K ; f (x + y) = f (x) + f (y)g:
Toutes
es
onditions denissent des fermes, don
B = Q F1 \ F2 est un ferme de K X .
Pour r 0, posons Dr = f 2 K : jj rg. On a B x2X Dkxk , qui est
ompa
t
par le theoreme 4 ; etant ferme dans un
ompa
t, B est
ompa
t.
//
Corollaire 5.2.5. Si E est re
exif, les
onvexes fermes bornes de E sont faiblement
ompa
ts.
{ 75 {
5.3. Suites faiblement
onvergentes
Il est interessant de revoir
ertaines de
es proprietes de
ompa
ite \a la main", et
ave
des suites. Rappelons qu'une suite (xn ) X est -faiblement
onvergente vers un
ve
teur x si limn xn (x) = x(x) pour tout x 2 X ; une suite (xn ) X est faiblement
onvergente vers x 2 X si x(x) = limn x (xn) pour tout x 2 X .
Exemples 5.3.1.
1. Lorsque H est un espa
e de Hilbert, toute forme lineaire
ontinue sur H est de
la forme x ! hx; yi pour un
ertain ve
teur y 2 H ; il en resulte qu'une suite (xn ) H
onverge faiblement vers x 2 H si et seulement si
8y 2 H; hx; yi = limn
hxn ; yi:
2. Soit (en )n0 une suite orthonormee dans un espa
e de Hilbert ; alors en
onverge
faiblement vers 0.
En eet, si E est un Hilbert et (en ) une suite orthonormee dans E, on a
X
jhen ; xij2 kxk2
n0
pour tout x 2 E (inegalite de Bessel - theoreme 6.3.2) ; la suite (hen ; xi) est de
arre
sommable don
tend vers 0.
3. La suite
anonique (en )n0 tend faiblement vers 0 dans
0 , et dans l'espa
e `p si
1 < p < +1, mais pas dans `1 ou `1 .
Lemme 5.3.1. Dans un espa
e norme toute suite faiblement
onvergente est bornee. Si
X est
omplet, toute suite -faiblement
onvergente dans X est bornee.
Demonstration. Soit (xn) une suite faiblement
onvergente ; en plongeant isome-
triquement X dans X on peut
onsiderer (xn )
omme une suite d'appli
ations
lineaires de l'espa
e de Bana
h X dans K qui
onverge en tout point x 2 X ; il
resulte alors du theoreme de Bana
h-Steinhaus (
orollaire 4.1.9) que fkxn k : n 0g
est borne. Le deuxieme
as est une appli
ation dire
te du m^eme
orollaire 4.1.9 : si
la suite d'appli
ations (xn )
onverge en tout point de l'espa
e de Bana
h X, elle est
bornee en norme.
//
Proposition 5.3.2. Si f est une fon
tion reelle
onvexe denie sur un
onvexe ferme
C d'un espa
e norme X, et si (xn ) C
onverge faiblement vers x, on a f (x)
lim inf n f (xn ).
Demonstration. Posons ` = lim inf n f (xn). Si ` = +1 l'inegalite a demontrer est
evidente. Sinon, soit m > `. Considerons l'ensemble Dm = fy 2 C : f (y) mg.
C'est un
onvexe ferme, don
faiblement ferme, et puisque lim inf n f (xn ) < m il
existe une sous-suite (xn )k0
ontenue dans Dm , don
sa limite faible x reste dans
Dm . On a don
f (x) m pour tout m > `,
e qui montre que f (x) lim inf n f (xn ).
k
//
{ 76 {
Lemme 5.3.3. Soit (xn ) une suite bornee dans le dual d'un espa
e norme X ; pour que
ette suite soit -faiblement
onvergente vers x , il suÆt que x (d) = limn xn (d) pour
tout d d'un ensemble D total dans X. Pour que
ette suite soit -faiblement
onvergente
vers une limite dans X , il suÆt que limn xn (d) existe pour tout d d'un ensemble D total
dans X.
Exemples 5.3.2.
1. La suite
anonique (ek )k0 est totale dans X = `p , 1 p < 1. Soit q 2 ℄1; +1℄ le
onjugue de p ; pour qu'une suite (y(n) ), bornee dans X ' `q soit -faiblement
onvergente
(vers un
ertain y 2 `q ) il suÆt que limn yk(n) existe pour tout k : pour une suite bornee,
la
onvergen
e -faible est identique a la
onvergen
e pour la topologie produit de K N
(
onvergen
e simple,
oordonnee par
oordonnee). En parti
ulier, la suite
anonique (ek )
tend -faiblement vers 0 dans `q ,
onsidere
omme dual de `p , pour tout q 2 ℄1; +1℄ ; elle
tend aussi -faiblement vers 0 dans `1 ,
onsidere
omme dual de
0 .
2. Denissons une suite (fn) de fon
tions dans L1 (0; 1) par fn(t) = ( 1)[nt℄ (partie
entiere). Cette suite est formee de fon
tions de module un, don
de norme un dans L1.
Elle tend vers 0 dans (L1; L1) :
prenons T = C([0; 1℄), qui est dense dans X = L1. On aura pour g
ontinue
Z 1 n 1
X Z (k+1)=n
() (fn; g) = fn (t)g(t) dt = ( 1)k g(t) dt:
0 k=0 k=n
{ 77 {
Proposition 5.3.4. Si X est un espa
e norme separable, toute suite bornee de X admet
des sous-suites -faiblement
onvergentes.
entier n 0. La suite de s
alaires (xn (y0)) est bornee, don
elle admet une sous-suite
onvergente (xn(y0 ))n2M . La suite (xn (y1))n2M est en
ore bornee, don
on peut
trouver un nouvel ensemble inni M1 M0 tel que la sous-suite (xn (y1 ))n2M soit
0 0
Exemple 5.3.3. Si (n ) est une suite de probabilites sur R le
ompa
tR [0; 1℄, il existe une
sous-suite (nj ) et une probabilite sur [0; 1℄ telles que f d = limj f dnj pour toute
fon
tion
ontinue f sur [0; 1℄ ; on dit que la sous-suite (nj )
onverge vaguement vers . Le
resultat provient du fait que l'espa
e des mesures sur [0; 1℄ est le dual de l'espa
e separable
C([0; 1℄).
Attention ! Une suite (xn ) dans un dual n'a pas toujours de sous-suite -faiblement
onver-
gente. Ainsi la suite des fon
tions t ! eint ,
onsideree dans le dual de l'espa
e X = M(0; 2)
des mesures bornees sur [0; 2℄, n'a pas de sous-suite -faiblement
onvergente. En eet,
une telle sous-suite serait en parti
ulier simplement
onvergente vers une limite (tester la
onvergen
e- sur les mesures de Dira
) ;
ela n'est pas possible (utiliser le theoreme de
onvergen
e dominee, et le fait que la suite est orthonormee).
Theoreme 5.3.5. Si X est re
exif, toute suite bornee dans X admet des sous-suites
faiblement
onvergentes.
Demonstration. Soit (xn ) une suite bornee dans X ; le sous-espa
e ferme Y engendre
par la suite (xn ) est un espa
e re
exif separable, don
son dual Y est separable et
re
exif. On peut don
appliquer le theoreme pre
edent a Y ' Y ; en
onsiderant
(xn )
omme une suite bornee dans Y , on peut trouver une sous-suite (xn ) qui
soit -faiblement
onvergente dans Y vers un element y,
'est a dire telle que
j
Puisque Y est re
exif, il existeun ve
teur y 2 Y tel que y = JY (y), et la relation
i-
dessus nous dit que y (y) = y (y ) = limj y (xn ) pour tout y 2 Y ,
e qui signie
que la sous-suite (xn )
onverge faiblement vers y dans Y. Si x est une forme lin eaire
j
ontinue sur X, elle n'agira sur les (xn ) et sur y 2 Y que par sa restri
tion y 2 Y
j
{ 78 {
Theoreme 5.3.6. Si C est un
onvexe ferme borne non vide d'un espa
e re
exif et si f
est une fon
tion
onvexe
ontinue sur C, elle atteint son minimum sur C.
Demonstration. On peut trouver une suite (xn ) C telle que (f (xn ))
onverge
en de
roissant vers inf f (C) (peut-^etre 1) ; la suite (xn ) est bornee puisque C
est borne ; quitte a passer a une sous-suite on peut supposer que (xn )
onverge
faiblement vers x 2 E ;
omme C est faiblement ferme, on sait que x 2 C. Fixons
momentanement un entier m 0 et
onsiderons l'ensemble Dm = fy 2 C : f (y)
f (xm )g. C'est un
onvexe ferme, don
faiblement ferme, et la suite (xn )nm est
ontenue dans Dm, don
sa limite faible x reste dans Dm . On a don
f (x) f (xm)
pour tout m,
e qui montre que f atteint son minimum au point x.
//
Corollaire 5.3.7. Si C est un
onvexe ferme borne non vide d'un espa
e re
exif reel E
et si x 2 E , la forme lineaire x atteint son maximum sur C.
Ce resultat donne un moyen indire
t de
onstater que
ertains espa
es ne sont pas re
exifs :
il suÆt de trouver une forme lineaire
ontinue qui n'atteint pas son maximum sur la boule
unite fermee.
Exer
i
e.
A. Montrer que la forme lineaire
ontinue ` sur L1(0; 1), denie par
Z 1
8f 2 L1(0; 1); `(f ) = tf (t) dt
0
n'atteint pas son sup sur la boule unite de L1(0; 1).
B. Sur E = C([0; 1℄), on
onsidere la forme lineaire
ontinue
Z 1=2 Z 1
`(f ) = f (t) dt f (t) dt:
0 1=2
Montrer que ` n'atteint pas son sup sur la boule unite fermee de C([0; 1℄).
Corollaire 5.3.8. Si f est
onvexe
ontinue sur un
onvexe ferme non vide d'un espa
e
re
exif E et si f (x) tend vers +1 lorsque kxk ! +1, la fon
tion f atteint son minimum
sur E.
Remarque 5.3.4. C'est
e type de resultat qui permet de minimiser les fon
tionnelles
telles que
elle qui a ete evoquee dans l'introdu
tion.
{ 79 {
5.4. Appendi
e : demonstration du Theoreme de Tykhonov
On dit qu'une famille F P (X) de parties d'un ensemble X possede la propriete
d'interse
tion nie lorsque toute sous-famille nie fF1 ; : : : ; Fn g F a une interse
tion
F1 \ : : : \ Fn non vide. Lorsque X est un espa
e topologique
ompa
t, toute famille de
fermes F possedant la propriete d'interse
tion nie a une interse
tion non vide, et
ette
propriete d'interse
tion nie est en fait equivalente a la denition de la
ompa
ite de X.
Soit don
(Xi)i2I une famille Q d'espa
es topologiques
ompa
ts, et soit F une famille
de fermes du produit XI = i2I Xi possedant la propriete d'interse
tion nie. Nous de-
vons montrer que son interse
tion est non vide. La demonstration utilise un ultra-pro
ede
d'extra
tion ne
essitant le lemme de Zorn (
e qui n'est pas trop surprenant, puisque dire que
XI est non vide lorsque
haque Xi est non vide, pour tout ensemble I, est une formulation
de l'axiome du
hoix).
Soit don
U une famille maximale (pour l'in
lusion des familles de parties de X)
ontenant
F et possedant la propriete d'interse
tion nie. Son existen
e resulte fa
ilement du lemme
de Zorn. La maximalite signie qu'au
un sous-ensemble Y 2= U ne peut ^etre ajoute a la
famille U sans perdre la propriete d'interse
tion nie : il existe une famille nie U1 ; : : : ; Un
d'elements de U 0telle que Y \ U1 \ : : : \ Un = ;. Si U et U0 sont deux elements de U ,
l'ensemble U \ U ren
ontre toutes les interse
tions nies U1 \ : : : \ Un d'elements de U
par la propriete d'interse
tion nie de U , don
U \ U0 2 U par la maximalite : en fait, les
interse
tions nies d'elements de U sont deja dans U ; on peut don
dire que si Y 2= U , il
existe un element U 2 U tel que Y \ U = ;. Q
Pour tout sous-ensemble ni J I, notons XJ = j2J Xj . Cet espa
e est
ompa
t.
Designons par J la proje
tion naturelle de XI sur XJ , qui
onsiste a \oublier" toutes les
oordonnees de x = (xi )i2I qui ne sont pas dans J. Il est fa
ile de verier que la famille
UJ = fJ (U) : U 2 Ug
possede la propriete d'interse
tion nie, don
son interse
tion FJ est non vide par
ompa
ite.
Mais en fait,
ette interse
tion est reduite a un seul point par maximalite ; en eet, si y1
et y2 etaient deux points distin
ts de FJ , on pourrait trouver deux voisinages V1 et V2 de
es deux points qui soient disjoints. Puisque y1 est adherent a
haque J (U), U 2 U , le
voisinage V1 ren
ontre J (U), don
J 1(V1 ) ren
ontre U, pour tout U 2 U . La maximalite
nous dit alors que J 1(V1) 2 U ; mais le m^eme raisonnement donnerait J 1 (V2) 2 U ,
e
qui est impossible puisque
es deux ensembles J 1(V1 ) et J 1(V20 ) sont disjoints.
On a don
FJ = f(x(J) 0 (J ) (J)
j )j 2J g. Si J
ontient J, on montre que xj = xj pour tout j 2 J.
Il en resulte que x(J)j ne depend pas de l'ensemble ni J qui
ontient j 2 I : si J1 et J2
ontiennent j ,
onsiderons J = J1 [ J2 et appliquons la remarque qui pre
ede. On peut
don
poser xj = x(J) j , ou J est n'importe quel sous-ensemble ni de I qui
ontient j , et
e
i
pour tout j 2 I.
Pour terminer, il reste a voir que le point x = (xi)i2I 2 XI ainsi deni appartient a
l'interse
tion de tous les elements de la famille initiale F . Sinon, il existerait un ensemble
F 2 F tel que x 2= F, don
il existerait un voisinage W elementaire de x dans XI , disjoint
de F. Mais un tel voisinage elementaire est de la forme J 1(V), pour un
ertain ensemble
ni J I et un ouvert V de XJ
ontenant xJ = J (x) = (x(J) j )j 2J . Mais alors J (F) serait
disjoint de V, don
on aurait xJ 2= J (F),
e qui
ontredit la
onstru
tion initiale.
Remarque 5.4.1. On a vu que la famille maximale U est stable par interse
tion nie ; on
voit aussi par maximalite que si U 2 U et U Y, alors Y 2 U . Il en resulte que pour tout
Y X, ou bien Y 2 U , ou bien Y 2= U . Une telle famille U de parties de X est appelee
ultraltre sur X.
{ 80 {
6. Operateurs bornes sur les espa
es de Hilbert
On a deja revu l'essentiel des proprietes des espa
es de Hilbert dans le
hapitre 3, en
parti
ulier l'existen
e de base orthonormee pour tout espa
e de Hilbert separable. Dans
e
hapitre, on va generaliser la notion de base hilbertienne au
as non separable ; l'outil
essentiel pour
ette extension est la notion de famille sommable de ve
teurs d'un espa
e
norme. On introduira aussi dans
e
hapitre les prin
ipales
lasses d'operateurs bornes
entre espa
es de Hilbert.
6.1. Appli
ations lineaires
ontinues entre espa
es de Hilbert
On
ommen
e ave
la notion essentielle d'appli
ation lineaire adjointe asso
iee a
une appli
ation lineaire
ontinue T entre deux espa
es de Hilbert ; plusieurs des
lasses
parti
ulieres d'operateurs bornes sur les espa
es de Hilbert seront ensuite denies au
moyen de
ette notion.
Proposition 6.1.1. Soient E et F deux espa
es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; il existe un
unique T 2 L(F; E) tel que pour tout x 2 E et tout y 2 F on ait
hT(x); yi = hx; T(y)i:
On a de plus kT k = kTk.
Rapport ave
tT. Designons par hE l'isomorphisme antilineaire d'un espa
e de Hilbert E
sur son dual E . Si E et F sont deux espa
es de Hilbert et si T 2 L(E; F), la transposee est
lineaire de F dans E et elle est reliee a l'adjoint T par la formule
T = hE 1 (tT) hF :
Exemples 6.1.2.
1. Operateur diagonal dans une base orthonormee (hn ) de H : soit = (n ) une
suite bornee de s
alaires et denissons sur H par
+1
X +1
X
8
= (
n ) 2 `2;
n hn = n
n hn :
n=0 n=0
On voit que est
ontinu et que kk = kk1 . On verie que l'adjoint est donne par
l'operateur diagonal asso
ie a la suite
omplexe
onjuguee, = .
Si f est une fon
tion
omplexe, mesurable bornee sur (
; ), on denit l'operateur
de multipli
ation Mf par Mf (g) = fg pour toute g 2 L2 (
; ). On verie que Mf est
borne sur L2 (
; ), et Mf = Mf .
2. Shift S sur H = `2 (Z) ou bien H = `2(N ). Pour tout ve
teur x 2 H on denit un
nouveau ve
teur Sx obtenu par de
alage a droite, deni par (Sx)n = xn 1 pour tout n
dans le
as Z et dans le
as N , on pose (Sx)n = xn 1 pour tout n 1, et (Sx)0 = 0 ; dans
le
as de `2(Z), on trouve (S y)n = yn+1 pour tout n 2 Z, on verie que S S = SS = Id.
Dans le
as `2(N ), on a aussi (Sy)n = yn+1 , mais pour n 0 ; dans
e
as S n'est plus
l'inverse de S, mais on a en
ore S S = Id.
Proposition 6.1.3. Soient E et F deux espa
es de Hilbert et soit T 2 L(E; F) ; alors
ker T = (T(E))? et l'adheren
e de T (F) est (ker T)?.
Demonstration. Si y 2 F, on voit que y 2 ker T si et seulement si pour tout x 2 E, on
a 0 = hT (y); xi = hy; T(x)i ;
lairement,
e
i equivaut a dire que y 2 (T(E))?, d'ou
la premiere assertion. Il en resulte (par la proposition 2.3.4) que T(E) = (ker T)?,
d'ou la deuxieme assertion en rempla
ant T par son adjoint.
//
Denition 6.1.3. Soient E et F deux espa
es de Hilbert ; un element U 2 L(E; F) est
appele unitaire siU Æ U = IdE et U Æ U = IdF . Un element T 2 L(E) est appele normal
si T Æ T = T Æ T , hermitien ou autoadjoint si T = T et positif s'il est hermitien et si
hT(x); xi est reel 0 pour tout x 2 E.
{ 82 {
Exemples 6.1.4.
1. Soient H un espa
e de Hilbert, P 2 L(H) un proje
teur orthogonal ; notons F son
image. Pour x; x0 2 F et y; y0 2 F? on a hP(x + y); x0 + y0 i = hx; x0i = hx + y; P(x0 + y0 )i,
don
P = P . De plus, hP(x + y); x + yi = hx; xi est reel 0, don
P est positif.
2. Les operateurs diagonaux de l'exemple 2 sont normaux
ar on voit fa
ilement
que
= = = = :
Pour la m^eme raison les operateurs de multipli
ation Mf sont normaux.
3. On dit que U 2 L(E; F) est isometrique si kU(x)k = kxk pour tout x 2 E.
On verie fa
ilement que U est isometrique si2 et seulement si U U =IdE . En eet, 2si
U ÆU = IdE, alors pour tout x 2 E on a kU(x)k = hU(x); U(x)i = hx; U (U(x))i = kxk .
La re
iproque utilise la formule de polarisation (voir la demonstration
i-dessous). Le shift
de l'exemple 2 est isometrique ; dans le
as de `2(Z) il est aussi unitaire.
4. Pour tout operateur borne T 2 L(E; F) entre deux Hilbert, T T est hermitien : en
eet, (TT) = T T = T T ; de 2plus T T est positif, puisque hTT(x); xi = kT(x)k2
pour tout x 2 E. En parti
ulier, A est positif pour tout hermitien A 2 L(E).
Proposition 6.1.4. Soient E et F deux espa
es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; les
onditions
suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est unitaire ;
(ii) l'operateur T est surje
tif et T Æ T = IdE ;
(iii) l'operateur T est une isometrie de E sur F.
Demonstration. Si T est unitaire,
omme T Æ T = IdF , l'operateur 2T est surje
tif,
don
(i) ) (ii). Si T Æ T = IdE , alors pour tout x 2 E on a kT(x)k = kxk2, don
(ii) ) (iii). Enn, supposons que T soit une isometrie de E sur F,
'est a dire que
pour tout x 2 E on ait hx; xi = hT(x); T(x)i ;
omme
(x; y) ! hx; T(T(y))i = hTx; Tyi
est un produit s
alaire sur E, il resulte de la proposition 2.1.1 que, pour tous x; y 2 E,
on a hx; T(T(y))i = hx; yi,
e qui implique T (T(y)) = y,
'est adire que1 T Æ T =
IdE . Comme par l'hypothese (iii) l'appli
ation T est bije
tive, T = T , d'ou (i).
//
{ 83 {
6.2. Familles sommables dans un espa
e de Bana
h
Denition 6.2.1. Soient X un espa
e norme, I un ensemble et (xi )i2I une famille
d'elementsPde X ; on dit que la famille (xi )i2I est sommable de somme S 2 X et on
e
rit S = i2I xi si, pour tout " > 0, il
existe une partie
nie J de I telle que, pour toute
P
partie nie K de I
ontenant J on ait
S i2K xi
< ".
La somme S est unique : remarquons que si S et S0 sont deux elements de0 E veriant
es
onditions, alors pour tout " > 0, il existe des parties nies
J etPJ de I
telles
que, pour
toute partie
nie K de I
ontenant J (resp. J0 ) on ait
S i2K xi
< "
(resp.
S0 Pi2K xi
< "). Prenant K = J [ J0 on trouve kS S0 k < 2". Cela etant
vrai pour tout " > 0, on en deduit S = S0 .
Il est fa
ile de verier que si (xi )i2I et (yi )i2I sont deux familles sommables, la famille
(xi + yi )i2I est elle aussi sommable, ave
une somme egale a la somme des deux sommes.
Considerons pour
ommen
er le
as des familles sommables de nombres reels, et d'abord
de reels 0.
Proposition 6.2.1. Une famille de nombres reels a termes positifs est sommable si et
seulement si les sommes nies sont majorees ; sa somme est alors la borne superieure
de l'ensemble des sommes nies. Une famille (xi )i2I a termes reels est sommable si et
seulement si elle est absolument sommable,
'est a dire si la famille (jxi j)i2I est sommable.
Demonstration. Si (xi )i2I est sommable, et xi 0 pour tout i 2 I, on aura, en
prenant
P " = 1 dans la denition, l'existen
e d'un ensemble ni J0 I tel que
jS i2K xi j 1 pour tout ensemble ni K
ontenant J0 . Pour tout L I ni on
aura alors X X
xi xi S + 1;
i 2L i 2L[J
0
e qui montre que l'ensemble des sommes nies est majore. Re
iproquement,
lorsque l'ensemble est majore, il est assez fa
ile de montrer que la somme de la
famille est egale a la borne superieure de l'ensemble .
Supposons maintenant que (xi )i2I est sommable a termes reels quel
onques, et
hoisissons J+0
omme
i-dessus. Soit I+ l'ensemble des indi
es i 2 I tels que xi > 0,
et soit L I un ensemble
X
ni, disjoint
de
X
J0 . OnXaura
S xi = S xi " = 1;
xi
i2L[J0 i 2L i2J0
e qui implique que les sommes nies dans I n J0 sont
+ majorees par la quantite
jSj + j Pi2J xi j + 1. Il en resulte par la premiere partie que la famille (xi )i2I est
+
Plus generalement, siPE est de dimension nie, la famille (xn )n0 est sommable si et
seulement si la serie xn est normalement
onvergente (exer
i
e). En revan
he, dans
un espa
e de Bana
h de dimension innie, il existe toujours des familles sommables de
ve
teurs qui ne sont pas sommables en norme (exer
i
e infaisable).
La proposition suivante est laissee en exer
i
e :
{ 84 {
Proposition 6.2.2. Soient X et Y deux espa
es normes, T 2 L(X; Y) et (xi )i2I une
famille
P sommable d'
e l
e
P ments de X ; alors la famille (T(xi ))i2I est sommable dans Y et
on a i2I T(xi ) = T( i2I xi ).
Soient X un espa
e norme et (xi )i2I une famille d'elements de X ; on dit que la
famille (xi )i2I verie le
ritere de sommabilite de Cau
hy si, pour tout " > 0, il existe
une
P partie
nie J de I telle que, pour toute partie nie L de I disjointe de J, on ait
i2L xi
< ".
Proposition 6.2.3.
(i) Toute famille sommable d'un espa
e norme verie le
ritere de sommabilite de
Cau
hy.
(ii) Dans un espa
e de Bana
h, toute famille veriant le
ritere de sommabilite de
Cau
hy est sommable.
Demonstration. Soit (xi)i2I une famille sommable d'elements d'un espa
e norme X,
et notons S sa somme ; soient " > 0 et
J une
P
partie
nie de I telle que, pour toute
partie nie K de I
ontenant J on ait
S i2K xi
< "=2 ; si L est une partie nie
de I disjointe de J,
on a
X
X X
xi
=
S xi S xi
< ";
i 2L i 2J i 2L[J
e qui montre que le
ritere de Cau
hy est verie. Soient E un espa
e de Bana
h et
(xi )i2I une famille d'elements de E veriant le
ritere de sommabilite de Cau
hy ; il
existe une suite (Jn ) de parties nies de I
P telles que,
pour tout entier n S0 et toute
partiePnie J de I disjointe de Jn , on ait
i2J xi
< 2 n . Posons Kn = nk=0 Jk et
Remarque 6.2.2. Soient X un espa
e norme, (xi )i2I une famille d'elements de X, " > 0
et
PJ une
partie nie de I telle que, pour toute partie nie L de I disjointe de J, on ait
i2L xi
< ". En
onsid erant des parties L a un seul element, on voit que, pour tout
i 2 I n J, kxi k < ". Don
, si (xi )i2I verie le
ritere de sommabilite de Cau
hy, pour tout
entier n 1, il n'y a qu'un nombre ni d'indi
es i tels que xi soit de norme 1=n ; don
il y a un nombre denombrable de xi non nuls. En d'autres termes, on peut toujours se
ramener au
as I = N .
{ 85 {
Soit (xn )n0 une famille sommable, et notons S sa somme ; soient "
> 0 etPJ N
une
partie nie telle que, pour toute partie nie K de N
ontenant J on ait
S i2K xi
<
"
; soit m 2
N un majorant de J ; pour tout n m,
omme J f0; 1; : : :; ng on a
Pn
S i=0 xi
< ". Don
la serie de terme general (xn ) est
onvergente et sa somme est
P
egale a S. La notation n2N xn n'est don
pas en
on
it ave
la notation des series.
Corollaire 6.2.4. Soient E un espa
e de Bana
h et (xi )i2I une famille d'elements de E ;
(i) soit (ti )i2I une famille de nombres reels ; si pour tout i 2 I, on a kxi k ti et si
la famille (ti )i2I est sommable, alors la famille (xi )i2I est sommable. En parti
ulier, si la
famille (kxi k)i2I est sommable, alors la famille (xi )i2I est sommable ;
(ii) si la famille (xi )i2I est sommable, pour toute partie J I, la famille (xi)i2J est
sommable.
Remarque 6.2.3. On peut plus generalement denir les familles sommables dans un espa
e
ve
toriel topologique separe X : une famille (xi)i2I est dite sommable de somme S 2 X, si,
pour tout voisinage V de S dans X, P il existe une partie nie J de I telle que, pour toute
partie nie K de I
ontenant J on ait i2K xi 2 V. Dans
e
ontexte ve
toriel topologique,
il peut arriver qu'une famille sommable ait une innite non denombrable d'elements non
nuls.
Dans un espa
e de Hilbert, on dispose d'un outil tres simple pour tester la sommabilite
d'une famille de ve
teurs deux a deux orthogonaux, appelee aussi systeme orthogonal.
Lemme 6.2.5. Soit (xi )i2I un systeme orthogonal dans un espa
e de Hilbert ; la famille
(xi ) est sommable si et seulement si la famille (kxi k2) est sommable ; dans
e
as, on a
X
2 X
xi
= kxi k2 :
i 2I i 2I
{ 86 {
6.3. Bases hilbertiennes
Disons quelques mots sur les espa
es de Hilbert non separables, qui demandent
une generalisation de la notion de suite orthonormee. Soit I un ensemble d'indi
es non
denombrable, et soit H l'espa
e des familles x = (xi )i2I de s
alaires telles Pque l'ensemble
des i 2 I tels que xi 6= 0 soit un ensemble denombrable J(x), et telles que i2J(x) jxi j2 <
+1. Si x et y sont de telles familles, le1 produit xi yi est nul sauf pour au plus un ensemble
denombrable d'indi
es J, et jxiyi j 2 (xi + yi ),
e qui permet de poser
2 2
X
hx; yi = xi yi ;
i 2J
le resultat ne dependant pas de l'ensemble denombrable J qui
ontient tous les indi
es
i tels que xi yi 6= 0. On obtient ainsi un exemple d'espa
e de Hilbert non separable, qui
sera traite plus en detail a la se
tion 6.4.
On a vu au
hapitre 3 que l'espa
e L2 (
; ) est un espa
e de Hilbert pour le produit
s
alaire hf; gi = R
f (s) g(s) d(s). Il est possible que
et espa
e soit non separable, m^eme
si la mesure est une probabilite.
Denition 6.3.1. Soient E un espa
e de Hilbert et (xi )i2I un systeme de ve
teurs de
E ; on dit que le systeme (xi)i2I est orthogonal si les xi sont deux a deux orthogonaux ;
on dit que
'est un systeme orthonormal si de plus, pour tout i 2 I, on a kxi k = 1 ; on
appelle base hilbertienne de E un systeme orthonormal total dans E.
Un sous-ensemble B de E denit un systeme (b)b2B. On dira que le sous-ensemble
B est orthogonal, orthonormal, ou que
'est une base hilbertienne si le systeme (b)b2B
est orthogonal, orthonormal, ou est une base hilbertienne. Ce pro
ede d'auto-indexation
simplie l'e
riture de la demonstration qui suit.
Theoreme 6.3.1. Tout espa
e de Hilbert admet une base hilbertienne.
{ 87 {
Theoreme 6.3.2 : inegalite de Bessel. Soient E un espa
e de Hilbert et (ei )i2I un
systeme orthonormal dans E ; pour tout x 2 E la famille (jhx; eiij2)i2I est sommable et
X
j hx; eiij2 hx; xi:
i 2I
Demonstration. Par la proposition 2.1, il suÆt de montrer que, pour toute partie
nie J de I, on a Pi2J jhx; eiij2 hx; xi. Ce resultat a ete vu au lemme 2.2.5.
//
Proposition 6.3.3. Le
ardinal de tout systeme orthonormal d'un espa
e de Hilbert est
inferieur ou egal a
elui de tout systeme total.
Demonstration. Soient (ei )i2I un systeme orthonormal et (xj )j2J un systeme total
dans E hilbertien ; si J est ni, l'espa
e E est de dimension nie puisque (xj )j2J est
un systeme generateur ni pour E. Comme le systeme (ei )i2I est libre, on trouve
que le
ardinal de I est inferieur ou egal a
elui de J.
Supposons J inni. Posons X = f(i; j ) 2 I J : hei ; xj i 6= 0g. Pour i 2 I,
omme
(xj )j2J est total, ei n'est pas orthogonal a tous les xj . Don
l'appli
ation (i; j ) ! i
est surje
tive de X sur I. 2Don
le
ardinal de I est majore par le
ardinal de X. Pour
j 2 J, la famille (jhei ; xj ij )i2I est sommable (par le theoreme 2), don
fi : (i; j ) 2 Xg
est denombrable. On en deduit qu'il existe une inje
tion de X dans J N . Don
le
ardinal de X est inferieur ou egal a
elui de J.
//
Corollaire 6.3.4. Deux bases hilbertiennes d'un espa
e de Hilbert E ont le m^eme
ar-
dinal.
Denition 6.3.3. On appelle dimension hilbertienne d'un espa
e de Hilbert E le
ardinal
d'une base hilbertienne quel
onque de E.
Theoreme 6.3.5 : identite de Parseval. Soient E un espa
e de Hilbert, (ei )i2I une base
hilbertienne de E et x 2 E ; la famille de nombres reels (jhx; ei ij2 )i2I est sommable, la
famille de ve
teurs (hx; ei i ei )i2I est sommable dans E et
X X
x = hx; ei i ei ; kxk2 = jhx; eiij2:
i 2I i 2I
{ 88 {
Corollaire 6.3.6. Soient H un espa
e de Hilbert, F un sous-espa
e ve
toriel ferme de H,
et (ei )i2I une base hilbertienne du sous-espa
e F ; pour tout ve
teur x 2 H, la proje
tion
orthogonale de x sur F est donnee par
X
PF (x) = hx; eii ei :
i 2I
Soit F le plus petit sous-espa
e ve
toriel ferme de E
ontenant les (ei ). Soit x 2 E ;
e
rivons x = y +Pz ou y = PF (x) 2 F et z 2 F?. Comme (ei ) est2 unePbase hilbertienne
de F, on a y = i2I hx; eii ei (
orollaire pre
edent), don
kyk = i2I jhx; eiij2. De
plus kxk2 = kyk2 + kzk2 ; don
X
kxk2 = kzk2 + jhx; eiij2:
i 2I
P
En
on
lusion, kxPk2 = i2I jhx; eiij2 si et seulement si z = 0,
'est a dire si et
seulement si x = i2Ihx; ei i ei .
6.4. L'espa
e hilbertien `2 (I)
Soit I un ensemble ; notons `2 (I) l'ensemble des familles de s
alaires (xi )i2I telles que
la famille de nombres reels positifs jxi j2 soit sommable.
Si = (yi )i2I est un autre element
de ` (I), la relation jxi + yi j 2 jxij + jyi j montre que + est en
ore dans `2(I), et
2 2 2 2
on en deduit fa
ilement que `2(I) est un espa
e ve
toriel. Pour tout = (xi )i2I 2 `2(I)
on pose X 1=2
k k2 = jxi j2 :
i 2I
On voit que
ette quantite denit une norme sur l'espa
e ve
toriel `2(I) ; en fait la relation
2jxi yi j jxij2 + jyi j2 montre que la famille (xi yi )i2I est sommable, et si on pose
X
h; i = xi yi
i 2I
on denit sur `2(I) un produit s
alaire pour lequel h; i = k k2.
Pour j 2 I, notons j 2 `2(I) la famille (xi)i2I telle que xj = 1 et xi = 0 si i 2 I nfj g.
{ 89 {
Proposition 6.4.1. Muni du produit s
alaire pre
edent, l'espa
e ve
toriel `2 (I) est un
espa
e de Hilbert. La famille (i )i2I est une base hilbertienne de `2 (I).
Demonstration. Il est
lair que (i )i22I estPun syste2me orthonormal. Pour = (xi )i2I
et i 2 I on a h; ii = xi , don
k k2 = i jh; iij . Par la remarque 3.4, (i )i2I est
une base hilbertienne de `22(I).
Montrons enn que ` (I) est
omplet. Notons u : `2(I) ! H l'appli
ation
isometrique de ` (I) dans son
omplete. Il suÆt de montrer que u est surje
tive.
2
Soit x 2 H ; posons = (hx; u(i )i)i2I ; par le theoreme 3.2, on sait que 2 `2(I).
Pour tout i 2 I, on a 2h; ii = hx; u(i)i, don
x u( ) est orthogonal a u(i ). Or
(i )i2I est total dans ` (I) ;
omme l'image de u est dense dans H, (u(i ))i2I est total
dans H ; on en deduit que x = u( ). Il s'ensuit que u est isometrique et bije
tive.
Alors `2(I) est isometrique a H, don
est
omplet.
//
Theoreme 6.4.2. Soient H un espa
e de Hilbert et B = (ei )i2I une base hilbertienne de
H ; l'appli
ation U : x ! (hx; eii) est une bije
tion lineaire isometrique de H sur `2 (I).
Demonstration. Il est
lair que U est une appli
ation lin
e aire de H dans K I . Par
le theoreme 3.5, U est isometrique de H dans `2(I). Soit (i )i2I 2P`2 (I) ; par le
lemme 2.5, la famille (i ei )i2I est sommable dans H ; posons x = i i ei . Pour
tout j 2 P I, appliquant la proposition 2.2 a la forme lineaire z ! hz; ej i, on trouve
hx; ej i = i2I i hei ; ej i = j . Don
U(x) = (i )i2I, don
U est surje
tive.
//
Il est
lair que, pour tout i 2 I, on a U(ei ) = i , ou (i )i2I designe la base hilbertienne
anonique de `2(I).
Corollaire 6.4.3. Soient E et F deux espa
es de Hilbert, (ei )i2I une base hilbertienne de
E, (fj )j2J une base hilbertienne de F et une bije
tion de I sur J ; il existe une bije
tion
lineaire isometrique U de E sur F telle que, pour tout i 2 I, on ait U(ei ) = f(i) .
Demonstration. Remarquons que (f(i) )i2I est une base hilbertienne de F. Notons
u : E ! ` (I) l'appli
ation x ! (hx; ei i)i2I et v : F ! `2 (I) l'appli
ation y !
2
(hy; f(i)i)i2I. Ce sont des bije
tions isometriques par le theoreme 2. La bije
tion
isometrique U = v 1 Æ u
onvient.
//
En d'autres termes, deux espa
es hilbertiens ayant m^eme dimension hilbertienne sont
isomorphes.
{ 90 {
7. Algebres de Bana
h et theorie spe
trale
Un
ertain nombre de resultats de
e
hapitre et des suivants n'a de sens que pour
les espa
es de Bana
h
omplexes, mais quelques enon
es seront valables aussi dans le
as
reel. Quand nous dirons simplement \espa
e de Bana
h" ou \algebre de Bana
h"
ela
signiera que le resultat est valable aussi bien dans le
as reel que
omplexe.
7.1. Algebres de Bana
h, spe
tre et resolvante
Une algebre de Bana
h unitaire est un espa
e de Bana
h A muni d'un produit
(a; b) 2 A A ! ab 2 A, bilineaire et asso
iatif, tel qu'il existe dans A un element
neutre 1A pour la multipli
ation (1Aa = a1A = a pour tout a 2 A) et que de plus
k1Ak = 1 ; kabk kak kbk
pour tous a; b 2 A. On en deduit immediatement que l'appli
ation (a; b) ! ab est
ontinue de A A dans A, et il en resulte que les appli
ations b ! ab et b ! ba sont
ontinues de A dans A.
On remarquera que notre denition ex
lut A = f0g, puisqu'on ne pourrait pas y trouver
un element 1A de norme 1 !
Pour a 2 A et n entier 0, on denit an par re
urren
e en posant a0 = 1A et
an+1 = aan = an a pour tout entier n 0.
Exemples 7.1.1.
1. L'exemple de loin le plus important sera A = L(E), ou E est un espa
e de Bana
h ;
si E 6= f0g, il s'agit bien d'une algebre de Bana
h unitaire. Le produit est la
omposition
des appli
ations lineaires, la norme de A est la norme d'appli
ation lineaire et 1A = IdE
est l'element neutre du produit ; il est de norme 1 quand E 6= f0g.
Si E, F et G sont des espa
es normes, S 2 L(E; F) et T 2 L(F; G), nous noterons
TS la
omposee T Æ S de
es appli
ations.
2. Soit K un espa
e
ompa
t non vide ;
onsiderons l'espa
e de Bana
h A = C(K) des
fon
tions
ontinues sur K a valeurs
omplexes, muni du produit usuel et de la norme de
onvergen
e uniforme (exemples 1.1.6) ;
'est une algebre de Bana
h unitaire. L'element
1A est la fon
tion
onstante egale a 1. Cet exemple donne une algebre
ommutative.
3. L'espa
e L1 ([0; 1℄; dx) donne un autre exemple d'algebre de Bana
h
ommutative.
Si (
; A) est un espa
e mesurable, l'espa
e L1 (
; A) des fon
tions A-mesurables bornees
est une algebre de Bana
h pour la norme du sup.
Denition 7.1.2. Soient A une algebre de Bana
h unitaire, et a 2 A ; on dit que a est
inversible dans A s'il existe b 2 A tel que ab = ba = 1A .
Exemples 7.1.3.
1. Soit E un espa
e de Bana
h et
onsiderons A = L(E) ; une appli
ation lineaire
ontinue T 2 A est inversible dans A s'il existe S 2 L(E) telle que ST = IdE = 1A et TS =
IdE. Cela signie que l'appli
ation T est bije
tive et que T 1 est
ontinue, et
orrespond
bien a la denition usuelle de l'inversibilite d'une appli
ation lineaire
ontinue.
{ 91 {
Remarquons que par le theoreme des isomorphismes, si T est bije
tive et
ontinue, T 1 est
automatiquement
ontinue. En d'autres termes, T est inversible si et seulement si elle est
bije
tive et
ontinue.
2. Soit f 2 A = C(K) ; si f est inversible il existe une fon
tion
ontinue g telle
que f (s)g(s) = 1 pour tout s 2 K, don
f (s) 6= 0 pour tout s 2 K. Inversement, si
f ne s'annule pas sur K, la fon
tion s ! 1=f (s) est denie et
ontinue sur K, et elle
est l'inverse de f dans A = C(K). On voit don
que f est inversible dans C(K) si et
seulement si elle ne s'annule pas sur K.
Exer
i
e. Exprimer l'inversibilite dans L1 de f 2 L1 .
LemmeP7.1.1. Soient A une algebre de Bana
h unitaire et a 2 A tel que kak < 1 ; alors,
la serie k ak est
onvergente dans A et sa somme est l'inverse de 1A a,
+1
X
(1A a) 1 = ak :
k=0
On a de plus l'estimation
(1A
a) 1
1 .
1 kak
Demonstration.
P+1
Comme kak k kakk pour tout entier k 0 et que kak < 1, la serie
k=0 a est normalement
onvergente, don
onvergente dans l'espa
e
omplet A.
k
Notons S sa somme. On verie fa
ilement que
+1
X
Sa = aS = ak+1 = S 1A
k=0
e qui implique que S(1A a) = (1A a)S = 1A . En majorant la norme de la serie
1 kakk = (1 kak) 1 .
par la serie des normes, on obtient k(1A a) 1 k P+k=0
//
Soit
Demonstration. u 2 A inversible et soit b 2 A tel que kbk < ku 1 k 1 ; on e
rit
u+b = u(1A +u 1 b), et si on pose a = u 1 b on aura kak = ku 1 bk ku 1 k kbk < 1,
{ 92 {
e qui implique que 1 A a = 1A + u 1 b est inversible dans A, don
u + b aussi, et
(u + b) 1 = (1A a) 1u 1 .
En utilisant le developpement enPs+e1rie obtenu
1 au lemme 1, on obtient que lorsque
kbk < ku k , on a (u + b) = k=0 a u ,
e qui peut s'e
rire
1 1 1 k
(u + b ) 1 = u 1 u 1 b u 1 + u 1 b u 1 b u 1
Considerons que u est xe, b variable et petit, et gardons en eviden
e les deux
premiers termes du developpement, sous la forme
() (u + b) 1 = u 1 u 1 b u 1 + V(b)
ou V(b) = P+k=2 1 ak u 1 . Comme dans la remarque 5, on obtient la majoration de
norme kV(b)k kak2 (1 kak1) 1 k1u 1 k, qui montre que kV(b)k = O(kbk2) lorsque
b ! 0A . Puisque : b ! u b u est une appli
ation lineaire
ontinue de A dans
elle-m^eme, la relation () montre que l'appli
ation v 2 U ! v 1 est dierentiable
au point u (don
ontinue au point u) et que sa dierentielle au point u est .
//
Si jj > kak, on peut e
rire a 1A = (1A a=), et ka=k < 1,
e qui montre
que a 1A est inversible dans
e
as. On voit don
que Sp(a) est
ontenu dans le disque
ferme du plan
omplexe
entre en 0 et de rayon kak. De plus, d'apres le lemme 1
(R) si jj > kak; kR (a)k jj 1 kak .
{ 93 {
Exemples 7.1.8.
a . Munissons C n d'une norme (
omplexe) quel
onque et
onsiderons Mn (C )
omme
l'algebre de Bana
h A = L(C ) ; le spe
tre d'une matri
e M 2 A est l'ensemble des
n
valeurs propres de la matri
e.
b . Soit K un espa
e
ompa
t non vide ;
onsiderons l'espa
e de Bana
h A = C(K) ;
on a vu que f est inversible si et seulement si f ne s'annule pas, don
si et
seulement si 2= f (K) ; par
onsequent, on a Sp(f ) = f (K).
On dit qu'une appli
ation f d'un ouvert U de C dans un espa
e de Bana
h
omplexe
F est C -derivable au point (ou bien derivable au sens
omplexe ), de derivee f 0(), si
f 0 () = lim
1 f ( + z) f ():
z2C ;z!0 z
On dit qu'une appli
ation f d'un ouvert U de C dans un espa
e de Bana
h
omplexe F,
derivable au sens
omplexe en tout point de l'ouvert U, est une fon
tion holomorphe de
U dans F.
Theoreme 7.1.4.
Soient A une algebre de Bana
h unitaire
omplexe et a 2 A ; le spe
tre de a est
une partie
ompa
te non vide de C , l'appli
ation R(a) : ! (a 1A ) 1 = R (a) est
holomorphe sur C n Sp(a), ave
R(a)0 () = (R (a))2:
(et la derivee est don
ontinue).
Demonstration. Si n'est pas dans Sp(a), l'element a 1A est inversible ; d'apres
la proposition 2, a 0 1A sera en
ore inversible pour tout 0 dans un voisinage de
,
e qui montre que le
omplementaire du spe
tre est ouvert dans C , don
Sp(a)
est ferme dans C ; on a vu
i-dessus que Sp(a) est
ontenu dans le disque de rayon
kak, don
le spe
tre est borne.
Soit 2 C n Sp(a) ; posons u = a 1A ; alors u est inversible, u 1 = R (a) et
on sait que pour z assez petit, a ( + z)1A = u z1A est inversible et
R+z (a) = u 1 + zu 2 + z2 u 3 + z3 u 4 +
En e
rivant
omme2pre
edemment R+z (a) = R (a) + z(R (a))2 + V(z) on montre
que kV(z)k = O(jzj ) lorsque z ! 0,
e qui entra^ ne que l'appli
ation resolvante est
derivable (
omplexe) au point , ave
(R (a)) pour derivee en
e point.
2
Il reste a montrer que Sp(a) 6= ;. Choisissons 0 hors du spe
tre; alors R (a)
est non nul puisqu'inversible et on peut trouver une forme lineaire x
ontinue sur
0
A telle que x (R (a)) 6= 0 (
orollaire 4.2.7) ; l'appli
ation g : ! x(R (a)) est
une fon
tion holomorphe s
alaire denie sur C n Sp(a), telle que g(0) 6= 0. Si Sp(a)
0
etait vide,
ette fon
tion serait entiere (holomorphe sur C tout entier) ; or d'apres
la relation (R) on voit que g() = x (R (a)) tend vers 0 quand ! 1. Par le
theoreme de Liouville on aurait g() = 0 pour tout 2 C ,
e qui n'est pas vrai,
don
Sp(a) 6= ;.
//
{ 94 {
Exemples 7.1.9.
1. Soit K un espa
e
ompa
t ;
onsiderons l'espa
e de Bana
h E = C(K) des fon
-
tions
ontinues sur K a valeurs
omplexes, muni de la norme de
onvergen
e uniforme
(exemples 1.1.6). Soit f 2 E ; l'appli
ation Mf : g ! fg est lineaire de E dans E
et
ontinue puisque pour tout g 2 E, on a kfgk1 kf k1 kgk1. De plus la relation
kMf (f )k1 = kf k21 implique kMf k kf k1 , don
kMf k = kf k1 . Soit 2 C ;
{ si pour tout s 2 K, on a f (s) 6= , alors la fon
tion h : s ! (f (s) ) 1 est
ontinue
de K dans C . On voit alors que Mf IdE est inversible et que son inverse R (Mf ) est
l'appli
ation Mh : g ! hg ;
{ s'il existe s 2 K tel que f (s) = , alors pour tout g 2 E, la fon
tion fg g s'annule
au point s, don
im(Mf IdE) fg 2 E : g(s) = 0g, qui est un sous-espa
e ferme
de E, distin
t de E. On en deduit que l'image de Mf IdE n'est pas dense, don
Mf IdE n'est pas inversible puisqu'il n'est pas surje
tif. En resume, le spe
tre de Mf
est l'ensemble Sp(Mf ) = f (K) = ff (s) : s 2 Kg des valeurs de f . C'est aussi le spe
tre
de f dans l'algebre C(K). On verra plus loin que
a n'est pas un hasard !
2. Soit p un nombre reel tel que 1 p < +1, et soit S 2 L(`p ) l'appli
ation qui a
une suite (xn )n0 asso
ie la suite (yn )n0 denie par y0 = 0 et yn = xn 1 pour n 1
(on de
ale d'un
ran vers la droite, en introduisant un 0 a la pla
e 0 ; en bon fran
ais,
et operateur s'appelle operateur de de
alage (a droite), ou operateur de shift en langage
mathematique usuel) ; l'appli
ation S est
lairement isometrique. Comme kSk = 1, on a
Sp(S) f 2 C : jj 1g.
Si y est un element de `q (exposant
onjugue de p) et si x 2 `p on notera l'a
tion de
dualite de `q sur `p par
+1
X
(y; x) = jq (y)(x) = yn xn :
n=0
Ave
ette notation on va
her
her a exprimer la transposee de S,
onsideree
omme en-
domorphisme de `q . Soit T l'operation de de
alage a gau
he, denie par T((yn )n0) =
(yn+1 )n0. On
onstate sans peine que (T(y); x) = (y; S(x)) pour tous x 2 `p , y 2 `q .
L'appli
ation T \est" don
la transposee de S, et de plus T Id`q est pour tout la
transposee de S Id`p . Quand un operateur V sur `p est inversible, il est
lair que sa
transposee est inversiblen dans L(`q ),
e qui entra^ne que Sp(tS) t Sp(S). Soit 2 C ; si
jj < 1, posons y = ( )n0 ;
'est un element non nul de `q et S(y) = y. Il en resulte
que tS Id`q n'est pas inversible, don
le spe
tre de tS
ontient le disque unite ouvert,
et il est
ontenu dans Sp(S) qui est
ontenu dans le disque unite ferme ; puisque le spe
tre
est ferme,
Sp(S) = Sp(tS) = f 2 C : jj 1g:
Demonstration. On demontre d'abord que (a) lim supn kan k1=n ; remarquons tout
de suite quekank1=n kak pour tout n 1, don
e que nous devons demontrer est
un raÆnement de l'estimation (a) kak que nous avons deja vue ; on obtiendra
e raÆnement en reprenant les arguments deja employes ; si b 2 A est telnque =
lim supn kbn k1=n < 1,
hoisissons t reel tel queP < t < 1 ; on aura alors kb k1=n < t
pour n grand, don
kbn k < tn , don
la serie k bk sera normalement
onvergente,
don
onvergente dans le Bana
h A, et la demonstration deja vue pour le lemme 1.1
nous dira que 1A b est inversible ; si on e
rit
omme avant a 1An =1=n (1A a=),
et element sera inversible dens 1que b = a= veriera lim supn kb k < 1,
e qui
se produit quand lim supn nka1=nk =n < jj. Ce
i signie qu'au
un nombre
omplexe
tel que jj > lim supn ka k ne peut ^etre dans le spe
tre de a,
'est a dire que
(a) lim supn kan k1=n .
La demonstration de l'inegalite inverse demande de se rappeler le
ours de fon
-
tions holomorphes ; si g(z) : B(0; R) ! C est holomorphe (valeur R = +1 admise),
1
z k dans
e disque ouvert B(0; R) ;
alors elle est developpable en serie entiere P+k=0 k
pour tout r tel que 0 < r < R la formule de Cau
hy appliquee au
er
le
r de rayon
r donne pour tout n 0
r
n = r
n n 1 Z
g (z )
dz =
Z 2
d
g (r ei ) e in ,
2i z
r n +1 0 2
e qui fournit les inegalites de Cau
hy
j
n jrn M(r; g) = maxfjg(z)j : jzj = rg:
Considerons la fon
tion ve
torielle f (z) = (1A za) 1 ; elle est denie pour tout
omplexe z1 tel que 1=z ne soit pas dans le spe
tre de a,
e qui est le
as lorsque jzj <
R = (a) ; de plus z ! f (z) estPholomorphe
+1
de B(0; R) dans A. ParPailleurs, pour
z assez petit on sait que f (z ) = k=0 z a (lemme 1.1), don
g (z ) = k z k x (ak ) ;
k k
par l'uni
ite des
oeÆ
ients de Taylor il resulte que
n = x (an ) pour tout n.
Puisque kx k 1, on a jg(z)j kf (z)k,
e qui entra^ ne que M(r; gn) M0 (r) ;
les inegalites de Cau
hy, appliquees a g, donnent jx (a )j M0 (r)=r pour tout
n
n et toute x 2 A telle que kx k = 1 ; pour
haque n 1 donne on peut
hoisir
par Hahn-Bana
h (
orollaire 4.2.7) une forme lin
e aire x telle que kx k = 1 et
x (an ) = kan k ; on obtient ainsi kan k M0 (r)=rn pour tout n 1,
e qui implique
lim supn kank1=n 1=r, d'ou lim supn kan k1=n (a) en faisant tendre r vers R =
1=(a).
La
onvergen
e de la suite (kank1=n ) pr+eqsulte imm ediatement du lemme qui suit
et du fait que pour tous p; q 1, on a ka k = kap aq k kapk kaq k.
//
{ 96 {
Lemme 7.2.2. Soit (un ) une suite de nombres reels positifs ou nuls telle que, pour tous
entiers p; q 1 on ait (up+q )p+q upp uqq ; alors la suite (un )
onverge vers inf n1 un .
Demonstration. Montrons d'abord que pour tous entiers p; k 1, on a upk uk ,
par re
urren
e sur p 1 ;
'est
lair pour p = 1 ; si on
onna^t
ette inegalite pour
un
ertain p 1, alors
(u(p+1)k )(p+1)k ukp (p+1)k :
kp uk uk uk = uk
k kp k
Notons m = inf n1 un ; s'il existe un entier k 1 tel que uk = 0, alors m = 0 et,
pour tout p 1, on a uk+p = 0, don
(un )
onverge vers m. Supposons desormais
que l'on ait uk 6= 0 pour tout k > 0. Soit " > 0 ; par denition de m, il existe un
entier k 1 tel que uk <kpm + ". Soit n 1 et e
rivons n = kp + r ave
p; r entiers
0, r < k ; alors un ukp ur uk u1 d'apres notre premiere etape, don
n r kp r
r=n (k 1)=n
u1 u
un uk u1 = uk
kp=n r=n
uk 1 :
uk uk
Comme la suite n ! uk (u1 =uk )(k 1)=n
onverge vers uk < m + ", on aura un < m + "
pour n assez grand, mais aussi m un , d'ou la
onvergen
e vers m de la suite (un ).
//
Remarque 7.2.1. Ce n'est pas vraiment le lieu i
i de developper les theories de l'integra-
tion et des fon
tions holomorphes pour les fon
tions a valeurs dans un espa
e de Bana
h.
Disons
ependant que la theorie de Cau
hy se generalise sans peine aux fon
tions holo-
morphes a valeurs dans un espa
e de Bana
h (
omplexe, bien s^ur) : soient D C un
disque ouvert, F un espa
e de Bana
h
omplexe et f : D ! F une appli
ation
ontinue,
holomorphe sur D ; alors, pour tout 2Z D on a
f ( ) =
1 (z ) 1 f (z) dz;
2i D
l'integrale etant prise sur le bord D deZD. De plus, on a en fait
an =
1 2 e int f (reit ) dt:
2rn 0
Cependant, on n'a pas explique le sens de
es integrales...
Ces integrales sont des integrales de fon
tions
ontinues denies sur un intervalle [a; b℄,
a valeurs dans un espa
e de Bana
h F. Il ne serait pas bien diÆ
ile de denir l'integrale
de Riemann dans
e
adre. Si f est
ontinue de [a; b℄ dans F, elle est uniformement
on-
tinue puisque P [a; b℄ est
ompa
t, et on en deduit fa
ilement que les sommes de Riemann
(ve
torielles) mi=1(xi+1 xi )f (i)
onvergent dans F lorsque le pas de la subdivision
= (a = x0 < x1 < : : : < xm = b) de [a; b℄ tend vers 0 (on
ommen
e par montrer
que si (n) est une suite de subdivisions dont le pas tend vers 0, les sommes de Riemann
orrespondantes forment une suite de Cau
hy, don
onvergente puisque F est
omplet ;
on montre ensuite queR la limite ne depend pas de la suite (n )
hoisie). Il est tout a fait
raisonnable d'appeler ab f (t) dt
ette limite.
Remarque. Dans le
as ou E = C n muni d'une
ertaine norme, et ou A = L(E) est en
fait l'algebre Mn (C ) des matri
es n n a
oeÆ
ients
omplexes, le theoreme pre
edent 1
peut se demontrer un peu plus dire
tement, mais la demonstration pre
edente n'est pas
ridi
ulement
ompliquee dans
e
as. Le rnesultat est le suivant : pour toute norme sur les
matri
es qui provient d'une norme sur C , le maximum des modules des valeurs propres
d'une matri
e M est egal a limn kMn k1=n .
{ 97 {
Proposition 7.2.3. Soit H un espa
e de Hilbert
omplexe ; le rayon spe
tral de tout
element normal T de L(H) est egal a sa norme, (T) = kTk.
don
(A) = kA k. nSoit maintenant T un element normal de L(H) ; par re
urren
e
sur n, on a (T T) = (T ) T don
n n k(T T) k = kT k et (T T) = (T)2. Or
n n 2
A = T T est hermitien, don
(T) = (TT) = kT Tk = kTk2 .
2
//
Le fait
ru
ial dans la demonstration pre
edente est la relation ka ak = kak2 ; on appelle
C -algebre une algebre de Bana
h unitaire
omplexe A muni d'une involution antilineaire
a 2 A ! a 2 A telle que ka ak = kak2 pour tout a 2 A et (ab) = b a . Dans
e
adre, on
denit les elements hermitiens (a = a), les elements normaux (a a = aa ), et le resultat
pre
edent subsiste.
Exemple 7.2.2.R Posons H = L2 ([0; 1℄) ; pour toute fon
tion f 2 H et s 2 [0; 1℄, on
pose V(f )(s) = 0 f (t) dt. Puisque L2 ([0; 1℄) L1([0; 1℄), la fon
tion f est integrable
s
et on en deduit que V(f ) est
ontinue (appliquer par exemple le theoreme de Lebesgue
a une suite de la forme (1[0;sn℄ f ) pour une suite (sn) tendant
p vers s). En appliquant
Cau
hy-S
hwarz au produit 1[0;s℄ f on voit que jV(f )(s)j s kf k2,
e qui implique que
kV(f )k22 kf k22
Z 1 1 kf k2;
s ds =
0 2 2
don
V denit une appli
ation lineaire
ontinue notee V2 de L2 ([0p; 1℄) dans lui-m^eme.
Soit f 2 H telle que kf k2 1 ; on a montre queR s jV(f )(s)j s kf k2 1 pour tout
reel s 2 [0; 1℄ ; on en deduit que jV(V(f ))(s)j = j 0 V(f )(t) dtj s, puis, par re
urren
e
sur n, que jVn+1 (f )(s)j sn =n! don
1
kV (f )k2 (n!)2 s2n ds (n1!)2 ,
Z 1
n +1 2
0
e qui donne kV2n+1 k (n!) 1. Comme limn (n!) 1=n = 0, il s'ensuit que le rayon spe
tral
de V2 est nul, don
Sp(V2) = f0g.
Exer
i
e. Retrouver le spe
tre de V en trouvant expli
itement la resolvante R (V) pour
tout 6= 0 (exer
i
e d'equations dierentielles !).
Changement d'algebre, homomorphismes
Denition 7.2.3. Un homomorphisme d'algebres de Bana
h unitaires est une appli
a-
tion lineaire
ontinue ' : A ! B entre deux algebres de Bana
h unitaires A et B, telle
que '(ab) = '(a)'(b) pour tous a; b 2 A et que '(1A) = 1B.
Si a est inversible dans A, son image est inversible dans B et l'inverse de l'image est
l'image de l'inverse. De plus '(a 1A ) = '(a) 1B. Il en resulte que
Sp('(a)) Sp(a):
{ 98 {
On dira qu'on a un plongement isometrique de A dans B si ' est de plus isometrique. On
e
rira parfois A B dans
e
as. M^eme dans
e
as de plongement, il est possible qu'un
element non inversible dans A devienne inversible dans B.
Exemple-exer
i
e. Soit A la sous-algebre de B = C(T) engendree par les fon
tions (zn )n0 ;
montrer que la fon
tion z n'est pas inversible dans A (alors qu'elle le devient dans B ;
indi
ation : utiliser la norme L2 et la base de Fourier).
Il y a
ependant un
as ou un element a non inversible dans A ne peut jamais avoir une
image inversible '(a), par un plongement isometrique ' de A dans B : disons que a est
un diviseur de zero appro
he (a gau
he) dans A s'il existe une suite (un ) dans A telle que
kun k = 1 pour tout n, mais a un ! 0 (on peut aussi
onsiderer la propriete analogue a
droite). Il est
lair qu'un d.z.a. ne peut pas ^etre inversible, et que l'image d'un d.z.a. par
une isometrie est en
ore un d.z.a.
Dans l'algebre C(K), il est fa
ile de voir que les non-inversibles sont exa
tement les d.z.a.
Il en resulte que pour tout homomorphisme isometrique ' de C(K) dans une algebre de
Bana
h B, on a Sp('(f )) = Sp(f ).
{ 99 {
Lemme 7.3.2. Soient E et F deux espa
es de Bana
h ; un operateur T 2 L(E; F) est
inversible si et seulement s'il verie A et B.
Demonstration. On a deja vu une des dire
tions : si T est inversible, il verie les deux
onditions. Inversement, supposons que A et B soient vraies ; on sait alors que T(E)0
est ferme par la proposition 1, et dense d'apres B, don
T(E) = F. Si T(x) = T(x )
on aura x = x0 puisque 0 = kT(x x0 )k
kx x0k d'apres A. Cela permet de
denir une appli
ation (lineaire) S de F = T(E) sur E en posant S(y) = x 21E si
et seulement si y 2 F et T(x) = y. En traduisant A, on obtient kS(y)k
kyk
pour tout y 2 F,
e qui montre que S est
ontinue. Pour nir il est
lair que S est
l'inverse de T.
//
On en deduit immediatement :
Corollaire 7.3.4. Soient E un espa
e de Bana
h
omplexe et T 2 L(E) ; on a
Sp(tT) = Sp(T):
Dans le
as hilbertien, on prefere le plus souvent exprimer le resultat pre
edent en uti-
lisant l'adjoint T 2 L(H) plut^ot que la transposee tT 2 L(H). Le seul petit piege a
eviter est que (T IdH) = T IdH (il y a une barre de
onjugaison !).
{ 100 {
Corollaire 7.3.5. Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T 2 L(H) ; le spe
tre de
l'adjoint T est forme des
omplexes
onjugues des elements du spe
tre de T,
Sp(T ) = f : 2 Sp(T)g:
Dans le
as hilbertien, on a :
Proposition 7.3.7. Soient H un espa
e hilbertien
omplexe et T 2 L(H) un operateur
borne ; on a Sp(T ) = f : 2 Sp(T)g et Spr (T) = f 2 C n Spp (T) : 2 Spp (T )g.
Lemme 7.3.8. Si un operateur normal T 2 L(H) est inje
tif, il est a image dense. Si
l'operateur normal T verie A, il est inversible.
Proposition 7.3.9. Le spe
tre residuel d'un operateur normal est vide.
Demonstration. Soit T 2 L(H) un operateur normal ; pour tout s
alaire 2 C ,
T = T IdH est normal ; si est dans le spe
tre, ou bien T n'est pas inje
tif et
2 Spp (T), ou bien T est inje
tif, don
a image dense et 2 Sp
(T).
//
Exemples 7.3.2.
a . Soient K un espa
e
ompa
t metrique, E = C(K) et soit f 2 E ; on a vu dans
l'exemple 2.2 que l'appli
ation T = Mf de multipli
ation par f verie Sp(T) = f (K) ;
on a vu aussi que s'il existe s 2 K tel que f (s) = , l'image de T IdE n'est pas dense,
don
2 Spp (T) [ Spr (T). Remarquons que est une valeur propre de T si et seulement
s'il existe g 2 E non nulle telle que T(g) = g,
'est a dire (f )g = 0. L'ensemble des
s 2 K tels que g (s) 6= 0 est alors un ouvert non vide U de K et f est egale a sur U.
Supposons inversement qu'il existe un ouvert non vide U de K tel que f soit egale a
sur U ; notons g 2 E la fon
tion qui a s 2 K asso
ie sa distan
e au
omplementaire de
U. On a (T IdE)(g) = 0.
En resume, le spe
tre de T est l'ensemble Sp(T) = ff (s) : s 2 Kg, le spe
tre pon
tuel
de T est l'ensemble des 2 C tels que l'interieur de f 1 (fg) soit non vide, le spe
tre
ontinu de T est vide et le spe
tre residuel de T est Sp(T) n Spp (T).
b . Soit S 2 L(`2 ) l'appli
ation de de
alage a droite ; on a vu que Sp(S) est le disque
unite ferme f 2 C : jj 1g. Soient = (xn )n0 2 `2 et 2 C tels que S( ) = ;
{ 102 {
on trouve alors x0 = 0 et, pour tout n 1, xn = xn 1 ; si 6= 0, on trouve alors par
re
urren
e sur n que xn = 0 pour tout n 0 ; si = 0, on trouve, pour tout n 1,
xn 1 = 0. Dans les deux
as, = 0. Don
Spp (S) = ;.
On a vu que tout tel que jj < 1 est valeur propre de tS. Supposons que jj = 1
et soit = (xn )n0 2 `2 tel que tS() = ; alors, pour tout n 0, on a xn+1 = xn ; il
s'ensuit alors que xn = x0 ;
omme la suite (n )n0 n'est pas dans `2 (vu que jj = 1),
n
on a ne
essairement x0 = 0, et enn, = 0 ; don
Spp (tS) = f 2 C : jj < 1g. Il resulte
alors de la proposition 7 que Spr (S) = f 2 C : jj < 1g ; on a alors pour terminer
Sp
(S) = f 2 C : jj = 1g.
. Posons
R s H = L2 ([0; 1℄) et reprenons l'op
erateur V = V2 de l'exemple 2.2, deni par
V(f )(s) = 0 f (t) dt pour f 2 H et s 2 [0; 1℄. On a montre que le rayon spe
tral de V est
nul, don
Sp(V) = f0g. Remarquons que l'appli
ation qui a une fon
tion
ontinue asso
ie
sa
lasse dans L2 ([0; 1℄) est inje
tive ; don
si V(f ) = 0, alors V(f )(s) = 0 pour tout
s 2 [0; 1℄,
e qui signie que f est orthogonale a toutes les fon
tions 1[0;s℄, don
a toutes
les fon
tions en es
alier. Comme
elles-
i forment un sous-espa
e dense dans L2 ([0; 1℄) il
s'ensuit que V est inje
tive. Il est
lair que l'image de V
ontient l'ensemble des fon
tions
ontinues, lineaires par mor
eaux nulles en 0. Or
elles-
i forment un sous-espa
e dense
de L2 ([0; 1℄). On a montre que Spp (V) = Spr (V) = ; et Sp
(V) = Sp(V) = f0g.
Valeurs propres appro
hees
Lemme 7.3.10. Soient E un espa
e de Bana
h
omplexe, T 2 L(E) et soit 2 Sp(T)
(la frontiere du spe
tre de T). Il existe une suite (xn ) E de ve
teurs de norme 1 telle
que (T IdE )(xn ) tende vers 0.
Exemple 7.3.3. Exemple de valeurs propres appro
hees : soit S le shift a droite sur `2 (N ) ;
on sait que le spe
tre de S est egal au disque unite ferme, sa frontiere est don
le
er
le
unite T. Soit de module 1 un point quel
onque de Sp(S) ; on
onsidere pour tout n 1
le ve
teur de norme 1 de `2
xn = n 1=2 (1; 1 ; 2 ; : : : ; n+1 ; 0; : : :)
et on note que kS(xn ) xn k 2n 1=2 ! 0,
e qui donne des presque ve
teurs propres
pour la valeur 2 T.
{ 103 {
Remarque 7.3.4. Voi
i une methode plus orthodoxe pour traiter le
as hilbertien. Soient
E un espa
e de Hilbert, T un operateur normal et 2 Sp(T) ; alors S = T IdE est
normal non inversible, don
S ne verie pas A (lemme 8) : toutes les valeurs spe
trales
d'un operateur normal sont valeurs propres appro
hees.
Proposition 7.3.11. Soit H un espa
e de Hilbert
omplexe ; le spe
tre de tout element
hermitien de L(H) est reel ; si de plus T est un operateur positif, son spe
tre est
ontenu
dans [0; +1[. Le spe
tre de tout element unitaire de L(H) est
ontenu dans le
er
le
unite.
Le resultat sur les isometries bije
tives est valable pour tout espa
e de Bana
h. Par ailleurs,
on peut aussi le demontrer tres simplement en remarquant que le spe
tre de U 1 est forme
des inverses des elements de Sp(U), et qu'il est lui aussi
ontenu dans le disque unite puisque
kU 1k = 1.
{ 104 {
8. Quelques
lasses d'operateurs
Demonstration. Si A est
ompa
te dans X, il existe pour tout " > 0 un ensemble ni
x1 ; : : : ; xN de points de A tel que A soit re
ouvert par les boules B(xi ; "), 1 i N :
sinon, onSpourrait pour tout entier n 1 trouver un point xn+1 de A qui ne soit
pas dans 1in B(xi; "),
'est a dire que d(xn+1; xi ) " pour tout i = 1; : : : ; n ; on
aurait ainsi en poursuivant
e pro
essus jusqu'a l'inni une suite (xn )n1 de points
de A telle que d(xm; xn ) " pour tous m 6= n ; mais une telle suite n'a evidemment
pas de sous-suite de Cau
hy, don
pas de sous-suite
onvergente,
e qui
ontredit la
ompa
ite de A.
Inversement supposons A pre
ompa
t et soit (xn ) une suite de points de A. On
va trouver une sous-suite (xn ) de Cau
hy, don
onvergente puisque X est
omplet.
On
onstruit a
et eet unek suite de
roissante (Mk ) de sous-ensembles innis de
k
Notons une
onsequen
e fa
ile : pour qu'une partie A d'un espa
e metrique
omplet X
soit relativement
ompa
te, il suÆt que pour tout " > 0, il existe une partie
ompa
te
K" de X telle que tout point de A soit a une distan
e < " de l'ensemble K" :
8x 2 A; d(x; K") < ":
Dans le
as d'un sous-ensemble A d'un espa
e de Bana
h E, il est agreable de retenir
un
ritere qui utilise le
ara
tere ve
toriel de l'espa
e ambiant : pour que l'adheren
e de
{ 105 {
A soit
ompa
te dans l'espa
e de Bana
h E, il faut et il suÆt que A verie les deux
onditions suivantes :
a . l'ensemble A est borne ;
b . pour tout " > 0, il existe un sous-espa
e ve
toriel L" E de dimension nie tel
que tout point de A soit a une distan
e < " de L" :
8x 2 A; dist(x; L") < ":
Si l'adheren
e de A est
ompa
te il est fa
ile de verier que le
ritere est satisfait :
en eet A est borne par
e que
ompa
t (la fon
tion
ontinue x ! kxk atteint son
maximum sur le
ompa
t A) et la deuxieme
ondition est evidemment impliquee par
la pre
ompa
ite : il suÆt de prendre l'espa
e ve
toriel L" engendre par un ensemble
ni F" qui appro
he A a moins de ".
Dans l'autre dire
tion, supposons les deux
onditions du
ritere veriees, et
montrons que A est appro
hable arbitrairement bien par des
ompa
ts de E ; soit
M une borne pour les normes des elements de A ; soient " > 0 et L" un sous-espa
e
ve
toriel de dimension nie qui appro
he A a moins de ". Designons par K" le
ompa
t de E forme par les points de L" de norme M + ". Si x 2 A, il existe
y 2 L" tel que kx y k " ; puisque kxk M, on aura ky k M + ", d'ou y 2 K" ,
et le resultat est demontre.
Proposition 8.1.2. Si K1 et K2 sont
ompa
ts dans l'espa
e de Bana
h E, l'ensemble
K1 + K2 est
ompa
t ; si A1 et A2 sont relativement
ompa
ts dans l'espa
e de Bana
h
E, l'ensemble A1 + A2 est relativement
ompa
t dans E.
Demonstration. Il est
lair que K1 +K2 est borne. Si Lj , j = 1; 2, est un sous-espa
e
ve
toriel de dimension nie qui appro
he Kj a moins de "=2, il est fa
ile de verier
que le sous-espa
e de dimension nie L1 + L2 appro
he K1 + K2 a moins de ". De
plus K1 + K2 est ferme, don
ompa
t,
omme image du
ompa
t K1 K2 par
l'appli
ation
ontinue (x; y) ! x + y. La deuxieme aÆrmation resulte fa
ilement de
la premiere,
ar l'adheren
e de la somme A1 + A2 est
ontenue dans A1 + A2 .
//
{ 106 {
Theoreme 8.1.3. Soient (K; d) un espa
e metrique
ompa
t et A un sous-ensemble
de C(K) ; l'ensemble A est relativement
ompa
t dans C(K) si et seulement si les deux
onditions suivantes sont veriees :
1. l'ensemble A est borne (pour la norme de C(K)) ;
2. l'ensemble A est uniformement equi
ontinu.
Demonstration. On va montrer la partie la plus interessante,
elle qui dit que les
onditions
1 + 2 entra^nent que A est relativement
ompa
t. On doit montrer pour l'ensemble A
les
onditions (a) et (b) du
ritere de
ompa
ite ;
omme (a) est identique a 1, il suÆt de
montrer que 2 entra^ne (b). On se donne don
" > 0 et on
her
he un sous-espa
e ve
toriel
L" de dimension nie dans C(K), tel que toute fon
tion de A soit a distan
e (uniforme)
< " d'un point de L" . A
ette valeur de "
orrespond par la propriete 2 une valeur de
Æ > 0 telle que jf (s) f (t)j < " pour toute f 2 A et tous s; t 2 K tels que d(s; t) < Æ.
Cette propriete de A signie que pour toute fon
tion f 2 A, le module de
ontinuite !f
verie !f (Æ) ". Par
ompa
ite, on peut trouver un re
ouvrement ouvert ni de K par des
boules Ui = B(ti ; Æ), i = 1; : : : ; N. On a vu a la se
tion 3.1, relation (P), que si L" designe
l'espa
e de dimension nie engendre par les fon
tions '1; : : : ; 'N d'une partition de l'unite
subordonnee au re
ouvrement (Ui), on a
d(f; L" ) !f (Æ)
pour toute f 2 C(K), don
d(f; L" ) !f (Æ) " pour toute fon
tion f 2 A, et la
ondition
(b) est veriee.
//
Exemples 8.2.2.
1. Il est
lair que tout operateur T de rang ni est
ompa
t : en eet, l'ensemble
T(BE) est alors un ensemble borne d'un espa
e ve
toriel de dimension nie. D'apres le
resultat pre
edent, toute limite T en norme d'operateur d'une suite (Tn ) d'operateurs
de rang ni est
ompa
te. C'est une methode assez eÆ
a
e pour verier que
ertains
operateurs sont
ompa
ts ; on montre par exemple que si
n ! 0, l'operateur
de `p
dans `p deni par
((xn )) = (
n xn ) est
ompa
t :
on
ommen
e par remarquer que la norme de
dans L(`p) est majoree par k
k1
(elle est en fait egale a k
k1 ). Ensuite, pour tout entier N on
onsidere la suite
(N)
telle que
(N) (N)
n =
n si n N et
n = 0 sinon ; l'operateur TN =
est de rang(N)
Remarque 8.2.3. Si tT est
ompa
te, il en resulte que T est
ompa
te, don
le resultat
pre
edent
est en fait une equivalen
e ;
e
i provient du fait que t(tT) est
ompa
te de E
dans F , et des rapports entre la bitransposee et les inje
tions
anoniques dans les biduaux.
Rappelons que la topologie faible sur un espa
e de Bana
h E est la topologie (E; E).
Proposition 8.2.3. Soient E et F deux espa
es de Bana
h et T 2 L(E; F) ; notons BE
la boule unite fermee de E.
(i) Supposons T
ompa
t ; alors T est
ontinu de BE, munie de la topologie faible,
dans F muni de la topologie de la norme ; en
onsequen
e, pour toute suite (xn ) de points
de E
onvergeant faiblement vers 0 la suite (T(xn ))
onverge en norme vers 0.
(ii) Supposons E re
exif ; alors T est
ompa
t si et seulement si : pour toute suite
(xn ) de points de E
onvergeant faiblement vers 0, la suite (T(xn))
onverge en norme
vers 0 ; de plus, l'ensemble T(BE ) est
ompa
t (en norme) dans F lorsque T est
ompa
t.
0 d'apres l'hypothese ; on a ainsi montre que pour toute suite (xn ) BE , il existe
k k
Pour tout espa
e de Bana
h E et tout T 2 L(E; F), le fait que T soit
ontinu de BE munie
de la topologie faible dans F muni de la norme implique que T est
ompa
t ; en revan
he la
propriete des suites n'est pas suÆsante en general (l'appli
ation identique de `1 la verie).
Supposons T
ontinu de BE faible dans F norme, et utilisons seulement la
ontinuite en 0 :
pour tout " > 0, il existe un voisinage faible W de 0 dans BE tel que T(W) B(0F ; ") ; on
peut
hoisir W de la forme
W = fx 2 BE : 8j = 1; : : : ; n; jxj (x)j < Æg
{ 109 {
pour nun
ertain Æ > 0 et x1 ; : : : ; xn 2 E . Le le
teur utilisera la pre
ompa
ite des bornes
de K pour montrer que
ette
ondition permet de re
ouvrir T(BE) par un nombre ni de
boules de rayon ".
Dans le
as ou l'espa
e de depart est hilbertien, on peut donner des
ara
terisations plus
pre
ises de la
ompa
ite.
Theoreme 8.2.4. Soient E un espa
e de Hilbert, F un espa
e de Bana
h et T 2 L(E; F) ;
notons BE la boule unite fermee de E. Les proprietes suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est
ompa
t de E dans F ;
(ii) l'ensemble T(BE) est
ompa
t (en norme) dans F ;
(iii) l'operateur T est
ontinu de BE, munie de la topologie faible, dans F muni de la
topologie de la norme ;
(iv) pour toute suite (xn ) de points de E
onvergeant faiblement vers 0, la suite
(T(xn ))
onverge en norme vers 0 ;
(v) l'operateur T est adherent (en norme d'operateur) a l'espa
e des appli
ations
lineaires
ontinues de rang ni ;
(vi) pour tout systeme orthonormal (en )n0 dans E on a limn kT(en )k = 0.
Demonstration. Puisque E est re
exif, on sait que (i), (ii), (iii) et (iv ) sont equiva-
lents. De plus, (v) ) (i) en general, et on sait que (iv) ) (vi) par
e que les suites
orthonormees tendent faiblement vers 0 (exemples 5.3.1).
Supposons que (v) ne soit pas veriee. Il existe alors " > 0 tel que pour toute
appli
ation lineaire
ontinue de rang ni R on ait kT Rk > ". Construisons alors
par re
urren
e sur n un systeme orthonormal (en )n0 tel que kT(en )k > " pour tout
n 0 :
omme kTk > ", il existe e0 2 E tel que ke0 k = 1 et kT(e0 )k > " ; supposons
ek
onstruit pour k < n et soit P le proje
teur orthogonal sur le sous-espa
e de E
engendre par fek : k < ng ; alors TP est de rang ni don
kT TPk > " ; il existe
don
yn 2 E tel que kT(IdE P)(yn1)k > " kyn k " k(IdE P)(yn )k ; 1on pose alors
zn = (IdE P)(yn ), puis en = kzn k zn . On a alors kT(en )k = kzn k kT(zn )k > ",
don
(vi) n'est pas veriee. On a ainsi montre que (vi) ) (v).
//
Remarque 8.2.4. Il existe des espa
es de Bana
h tels que l'adheren
e des operateurs de
rang ni soit stri
tement plus petite que l'espa
e des operateurs
ompa
ts (P. En
o, 1972).
Demonstration. Soit (e1; : : : ; en) une base de L et soit (e1 ; : : : ; en ) la base duale
pour le dual L ; par le theoreme de Hahn-Bana
h, on peut prolonger
haque forme
lineaire ej en une forme lineaire
ontinue xj 2 E . Il suÆt alors de poser
n
X
8x 2 E; P(x) = xj (x) ej ;
j =1
et de poser pour nir F = ker(P).
//
{ 112 {
Corollaire 8.3.7. Soit K 2 L(E) un operateur
ompa
t, et posons T = IdE K ; si T
est surje
tif, alors ker(T) = f0g ; si T est inje
tif, alors im(T) = E.
On peut obtenir une demonstration plus
ourte, si on utilise un lemme plus puissant.
Lemme. Si F; G X, ave
F; G sous-espa
es ve
toriels de dimension nie de X norme, et
dim F < dim G, il existe pour tout " > 0 un ve
teur y 2 G tel que kyk = 1 et d(y; F) > 1 ".
Par
ompa
ite de la sphere unite de G on en deduit immediatement l'existen
e d'un
ve
teur y 2 G tel que kyk = 1 et d(y; F) = 1. Contrairement au lemme 4, on ne suppose
plus F G ; la demonstration habituelle de
e lemme, dans le
as general, fait appel au
theoreme antipodal de Borsuk : si ' est une appli
ation
ontinue de la sphere unite Sd de
R d+1 dans R d , telle que '( x) = '(x) pour tout x 2 Sd , alors il existe x0 2 Sd tel que
'(x0 ) = 0.
A l'aide de
e lemme on obtient un ra
our
i notable pour montrer que si K 2 K(E) et
T = IdE K, alors T surje
tif implique T inje
tif : puisque K(B1E ) est relativement
ompa
t,
on peut trouver F de dimension nie tel que K(BE ) F + 2 BE . Soit y1 ; y2 ; : : : ; yN une
base de F ; puisque T est surje
tif, il existe xj 2 E tel que T(xj ) = yj pour j = 1; : : : ; N.
Si on avait x0 6= 0E tel que T(x0) = 0E , on aurait que x0 ; x1 ; : : : ; xN est un systeme
libre, dont toutes les images par T sont dans F. Posons G = Ve
t(x0 ; x1 ; : : : ; xN). On a
dim G = N + 1 > dim F et T(G) F. D'apres le lemme, on peut trouver x 2 G tel que
kxk = 1 et d(x; F) > 3=4. Mais T(x) 2 F, et T(x) = x K(x), ave
K(x) 2 K(BE) ; on peut
e
rire K(x) = y + 12 u, y 2 F et kuk 1, et nalement x = T(x) + K(x) = T(x) + y + 21 u,
e qui montre que d(x; F) 1=2 (par
e que T(x) + y 2 F), et donne une
ontradi
tion.
Si F est un sous-espa
e ve
toriel ferme de E, on appelle
odimension de F la dimension
du quotient E=F (nie ou +1). Si F est de
odimension nie n, on peut trouver un
sous-espa
e ve
toriel G de dimension n tel que E = F G, et pour tout sous-espa
e G0
tel que dim(G0 ) > n, on a F \ G0 6= f0g.
Theoreme 8.3.8 : Alternative de Fredholm. Soient E un espa
e de Bana
h et T 2 L(E)
un operateur borne de la forme T = IdE K, ave
K
ompa
t ; l'image de T est fermee
et de
odimension nie et l'on a
odimim(T) = dimker(T):
Pour un operateur T a image fermee et a noyau de dimension nie, la dieren
e
dimker(T)
odimim(T) s'appelle l'indi
e de l'operateur T et se note ind(T). Le theo-
reme dit que IdE K est d'indi
e nul pour tout operateur
ompa
t K.
Demonstration. On a vu que ker(T) est de dimension nie et im(T) fermee. On doit
montrer de plus que dimker(T) =
odimT(E),
'est a dire que l'indi
e de T est
nul. On va pro
eder par re
urren
e sur la dimension de ker(T). Si dimker(T) = 0,
{ 113 {
on sait que T est surje
tif d'apres le
orollaire 7, don
l'indi
e est nul dans
e
as ;
on0 suppose don
que n est un entier > 0 et que ind(T0 ) = 0 pour tout operateur
T = IdE K0 , ou K0 est
ompa
t et dimker(T0) < n. Soit T = IdE K ave
K
ompa
t et dimker(T) = n > 0 ; d'apres le
orollaire 7, on a im(T) 6= E ; soit don
y0 2= im(T) ; on note que K y0 T(E) est une somme dire
te. On va
onstruire T0
de la forme IdE K0 tel que ind(T0 ) = ind(T)0 et dimker(T0) < dimker(T) ; d'apres
l'hypothese de re
urren
e, on aura 0 = ind(T ) = ind(T),
e qui donnera le resultat.
On e
rit E = ker(T) E1 en utilisant le lemme 1 ; soit x1 ; : : : ; xn une base de
ker(T). On denit un operateur T 2 L(E) en posant pour tout x 2 E, represente
0
sous la forme x = 1 x1 + + n xn + y, ave
y 2 E1
T0 (1x1 + + n xn + y) = 1 y0 + T(y):
Si T0 (x) = 0, il en resulte que T(y) = 0E et 1 y0 = 0E, don
y 2 ker(T) \ E1 entra^ne
y = 0E ; d'autre part 1 y0 = 0E entra^ne 1 = 0 puisque le ve
teur y0 est non nul.
Il en resulte que ker(T 0 ) = Ve
t(x2 ; : : : ; xn ) est de dimension n 1. Par ailleurs,
l'operateur R = T0 T est de rang un : en eet (T0 T)(x) = 1 y0 pour tout x, don
l'image0 de R est
ontenue dans K y0 ; on peut
e
rire par
ons
e quent T 0 = IdE K0
ave
K = K R
ompa
t, et on a alors ind(T0 ) = 0 d'apres l'hypoth0ese de re
urren
e,
e qui montre deja que
odimim(T ) est nie. Il est
lair que im(T ) = K y0 T(E)
0 a
exa
tement une dimension de plus que T(E), don
odimim(T) =
odimim(T 0 )+1,
et ind(T) = ind(T0 ) = 0.
//
On peut donner une demonstration
ourte mais un peu arti
ielle du theoreme pre
edent.
Si (n )n0 etait une suite de valeurs propres de K distin
tes de et qui
onverge vers
6= 0, on aurait pour tout n 0 un ve
teur xn de norme un tel que K(xn ) = n xn . Soit F
le sous-espa
e ferme engendre par la suite (xn )n0 ; il est
lair que F est K-invariant,
e qui
permet de
onsiderer la restri
tion0 K0 de K a F.0 Alors xn = ( n) 1( IdF K0)(xn ) pour
tout n 0,
e qui montre que T = IdF K a une image dense dans F (l'image
ontient
tous les ve
teurs (xn )n0 ), don
egale a F. Il en resulte que T0 est un isomorphisme, don
2= Sp(K0 ),
e qui est impossible puisque Sp(K0 ) est ferme et
ontient les (n ).
Theoreme 8.3.10. Pour toute appli
ation lineaire
ompa
te normale T d'un espa
e de
Hilbert
omplexe H dans lui-m^eme, l'espa
e H est somme dire
te hilbertienne (ortho-
gonale) de la famille des sous-espa
es propres de T. Il en resulte que H admet une base
hilbertienne formee de ve
teurs propres de T.
Demonstration. Commen
ons par une remarque : si E est un Hilbert
omplexe non
nul et si S est normal
ompa
t sur E, il existe x 6= 0 dans E et 2 C tels que Sx = x.
En eet, on peut appliquer la formule du rayon spe
tral a l'algebre unitaire L(E)
(par
e que E 6= f0g) : il existe une valeur spe
trale de S telle que jj = (S) = kSk
(proposition 7.2.3). Si = 0, on a S = 0 et tout ve
teur x 2 E non nul repond a la
question. Si 6= 0, on sait que est valeur propre d'apres le theoreme 9.
Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T 2 L(H) une appli
ation lineaire
ompa
te normale ; soit K son spe
tre ;
'est un ensemble ni ou denombrable. Pour
2 K notons E = ker(T IdH ) l'espa
e propre de T asso
ie. On va demontrer
que les E , 2 K, sont deux a deux orthogonaux, et que le sous-espa
e engendre par
les E , 2 K, est dense dans H. On pourra alors
onsiderer la somme hilbertienne F
des sous-espa
es deux a deux orthogonaux (E), et on aura F = H d'apres la densite
de la somme des (E ).
On rappelle que ker S = ker S quand S est normal ;
omme S = T Id est
normal et S = T Id, on voit que E = ker(T Id) = ker(T Id) ; il
en resulte que
haque E est stable par T et par T . Si x 2 E et y 2 E alors
{ 115 {
hT(x); yi = hx; yi = hx; Tyi = hx; yi
e qui montre que hx; yi = 0 si 6= : les
sous-espa
es propres de T sont don
deux a deux orthogonaux.
Notons F le sous-espa
e ferme de H engendre par les E , pour valeur propre de
T (
es espa
es sont de dimension nie si 6= 0 ; le sous-espa
e E0 = ker T peut ^etre
reduit a f0g, ou bien de dimension nie, ou innie). Puisque?
haque E est stable par
T et T , on a T(F)? F et T (F) F. Il s'ensuit que T(F ) F et T (F ) ?F?.
? ?
Notons T1 2 L(F ) la restri
tion de T a l'orthogonal de F. Si on avait E = F 6=
f0g, T1 serait un operateur normal
ompa
t sur? E, qui aurait, d'apres la remarque
preliminaire, au moins un ve
teur propre x 2 F , x 6= 0 et T1 (x) = T(x) = x pour
un
ertain 2 C ; mais alors on devrait avoir x 2 F, puisque F
ontient tous les
ve
teurs propres de T ; on a don
x 2 F \ F
e qui implique x = 0H ,
ontradi
tion.
?
On a don
bien F = H. Pour obtenir une base orthonormee de H formee de ve
teurs
propres de T, on rassemble des bases orthonormees de
haque espa
e E , 6= 0, qui
sont des bases nies, et s'il y a lieu, une base orthonormee du noyau E0.
//
Remarque 8.3.1. Il s'agit i
i d'un theoreme qui demande que le
orps de base soit C ;
deja en dimension reelle deux, une matri
e normale 2 2 n'est pas for
ement diagona-
lisable sur R (prendre tout simplement une rotation d'angle dierent de k) ; on peut
ependant de
omposer l'espa
e reel en sous-espa
es invariants de dimension 2. Si H
est un espa
e de Hilbert reel et T 2 L(H) un operateur autoadjoint
ompa
t, il existe
une base orthonormee de H formee de ve
teurs propres de T. Une fa
on d'obtenir
e
resultat est de se ramener au
as
omplexe par
omplexi
ation de la situation.
Il est fa
ile de modier legerement la demonstration pre
edente pour qu'elle n'utilise plus
rien de la theorie generale de Riesz. Pour
ommen
er, il est evident dans le
as hilbertien que
les sous-espa
es propres d'un operateur
ompa
t T sont de dimension nie quand 6= 0 :
dans le
as
ontraire, prendre une base orthonormee (en)n0 de E , et
onstater que la
suite T(en) = en,
ontenue dans T(BH), n'a pas de sous-suite
onvergente en norme ;
une fois vu que les sous-espa
es propres sont deux a deux orthogonaux, il est
lair, par
une legere modi
ation de l'argument qui pre
ede, qu'il n'y a qu'un nombre ni de valeurs
propres telles que jj " > 0.
{ 116 {
Pour T 2 L(E; F) on pose kTk2 = Pb2B kT(b)k21=2 ou B est une base hilbertienne
quel
onque de E. Posons L2 (E; F) = fT 2 L(E; F) : kTk2 < +1g. D'apres le point (vi)
du theoreme 2.4, tout T 2 L2 (E; F) est
ompa
t.
Theoreme 8.4.2. Soient E et F deux espa
es de Hilbert ;
(i) l'ensemble L2(E; F) est un sous-espa
e ve
toriel de L(E; F) ;
(ii) pour tous operateurs S; T 2 L2 (E; F) et toute base
P hilbertienne B de E, la famille
(hS(b); T(b)i)b2B est sommable ; l'appli
ation (S; T) ! b2B hS(b); T(b)i est un produit
s
alaire sur L2 (E; F), independant de la base B.
On note (S; T) ! (S; T)2
e produit s
alaire ;
(iii) muni de
e produit s
alaire, L2 (E; F) est un espa
e de Hilbert ;
(iv) on a L2 (E; F) K(E; F) ;
(v) soit T 2 K(E; F) ; notons (n )n0 les valeurs propres de jTPj (qui est
ompa
t par
1 2
la proposition 2.5)
omptees ave
leur multipli
ite. Alors kTk2 = +
2
n=0 n .
Demonstration. Le point (i) est evident. Soient S; T 2 L(E; F) et B une base hilber-
tienne de E ; pour b 2 B on a
jhS(b); T(b)ij kS(b)k kT(b)k 12 (kS(b)k2 + kT(b)k2):
On en deduit que la famille (hS(b); T(b)i)b2B est sommable. Il est
lair que l'appli
a-
tion (S; T) ! Pb2BhS(b); T(b)i est un produit s
alaire, independant de la base
d'apres le lemme pre
edent et l'identite de polarisation de la proposition 2.1.1.
Remarquons que, pour tout T 2 L2(E; F) et tout x 2 E de norme 1, prenant
une base hilbertienne
ontenant x, on a kTk2 kT(x)k ;
e
i ayant lieu pour tout x
il en resulte que kT2k2 kTk, don
k k2 est une norme sur L2(E; F). Du point (ii) il
resulte alors que L (E; F) est un espa
e prehilbertien ; on doit montrer qu'il est de
plus
omplet. Soit (Tn ) une suite de Cau
hy dans L2 (E; F) ;
omme k k k k2, la
suite (Tn ) est de Cau
hy dans L(E; F) qui est
omplet, don
la suite (Tn )
onverge
en norme vers un operateur T. Pour tout ensemble ni I B on aura
X X
kT(b)k2 = lim
n
kTn (b)k2 sup kTn k22 = M;
b2I b2I n
P
don
b2B kT(b)k2 M < +1 et T 2 L2 (E; F). Comme (Tn ) est de Cau
hy dans
L2(E; F), il existe un entier N tel que pour tout n N on ait kTn TN k2 ".
L'argument pre
edent applique a la suite (Tn TN)nN , qui
onverge vers T TN
montre que kT TNk2 supnN kTn TN k2 ", d'ou le resultat.
Soient T 2 L2 (E; F) et (en ) un2 systeme orthonormal ; soit B une base
ontenant
les ve
teurs en ; la famille (kT(b)k ) est sommable, don
la suite kT(en )k tend vers
0. Don
T est
ompa
t par la
ara
terisation (vi) du theoreme 2.4. Le point (iv) est
lair si on
hoisit une base B formee de ve
teurs propres pour jTj.
//
2. Soient (X; ) et (Y; ) deux espa
es mesures -nis et K(s; t) une fon
tion de
arre integrable sur X Y. On denit un operateur TK par
Z
(TK f )(s) = K(s; t)f (t) d (t):
Y
On montre que TK est bien deni, et agit
ontin^ument de L2 (Y; ) dans L2 (X; ) :
ave
Cau
hy-S
hwarz,Z
on a Z Z
2
j(TKf )(s)j jK(s; t)j jf (t)j d (t) jK(s; t)j d (t)
2 2 jf (t)j2 d (t)
Y Y Y
e qui donne
Z
en reintegrant Z Z
j(TKf )(s)j d(s)
2 jK(s; t)j d(s) d (t)
2 jf (t)j2 d (t) :
X XY Y
On trouve a posteriori que l'integrale qui denit TK est absolument
onvergente pour
-presque tout s, et on voit que kTK k kKk2 .
Si (fn )n0 est une base hilbertienne de L2 (X; ) et (gn)n0 une base hilbertienne
de L2 (Y; ), il en resulte que les fon
tions (s; t) ! fm(s)gn(t) (ou m; n prennent toutes
les valeurs entieres 0)PNdonnent une base orthonormee de l'espa
e L2 (X Y;
).
Si KN est de la forme m;n=0 am;nfm (s)gn(t), on voit fa
ilement que TK est de rang
ni (l'image est
ontenue dans Ve
t(f0; : : : ; fN)). Si Kn tend vers K en norme L2 , il en
N
si on e
rit +1
X
K(s; t) =
m;n fm (s)gn (t);
m;n=0
on
onstate que TK (gp) = m
m;p fm, don
kTK (gp)k2 = Pm j
m;pj2, et ensuite
P
X X
kTK (gp)k2 = j
m;pj2 = kKk22 < +1:
p m;p
{ 118 {
On a don
verie que la norme Hilbert-S
hmidt de TK est egale a la norme L2 du noyau
K dans l'espa
e L2(X Y;
). En parti
ulier, l'appli
ation K ! TK est inje
tive : si
l'operateur TK est l'operateur nul, le noyau K est nul
-presque partout sur X Y.
Exer
i
e 8.4.3. Montrer que la
omposition de deux operateurs TK1 et TK2 de la forme
pre
edente est un operateur TK, ave
Z
K(s; t) = K1(s; u)K2(u; t)du:
On peut verier que l'adjoint de TK est l'operateur de noyau K (t; s) = K(s; t). Sup-
posons que X = Y, 2= et que K soit un noyau hermitien,
'est a dire que K(t; s) = K(s; t)
pour tous (s; t) 2 X ; il existe alors une base orthonormee (fn ) de L2(X; ) formee de
ve
teurs propres de l'operateur hermitien
ompa
t TK,
'est a dire telle que TK(fn ) =
n fn pour tout n 0. Si on exprime le noyau K dans la base orthonormee de l'espa
e
L2(X2 ;
P) formee des fon
tions hm;n (s; t) = fm (s)fn(t), on obtient une expression
K(s; t) = m;n
m;n fm (s)fn(t), et on voit que
X Z X
TK(fp )(s) =
m;n fm (s)fn (t)fp (t) dt =
m;p fm (s) = p fp (s);
m;n m
e qui montre que
p;p = p , et les autres
oeÆ
ients
m;p , pour m 6= p sont nuls. On voit
don
que tout noyau hermitien K sur X2 se represente sous la forme
+1
X
K(s; t) = n fn (s)fn (t)
n=0
ou les n sont reels, et (fn) une base orthonormee. La serie
onverge au sens de L2.
{ 119 {
8.5. Operateurs nu
leaires
Proposition 8.5.1. Soit E un espa
e de Hilbert ;
P
(i) soit T 2 L(E)+ ; la quantite (nie ou egale a +1) Tr(T) = b2B hT(b); bi ne
depend pas de la base hilbertienne B de l'espa
e E ;
(ii) pour tous S; T 2 L(E)+ et tout 0 on a Tr(S + T) = Tr(S) + Tr(T) et Tr(S) =
Tr(S) ;
(iii) soient F un espa
e de Hilbert, U 2 L(E; F) un operateur unitaire et T 2 L(E)+ ;
alors Tr(U T U ) = Tr(T) ;
(iv) si T 2 L(E)+ est
ompa
t, Tr(T) est la somme des valeurs propres de T
omptees
ave
leur multipli
ite.
Demonstration. E
rivons T = S S alors Tr(T) = kSk22 ne depend pas de la base, d'o u (i). Le
point (ii) estP
lair. Soit B une base hilbertienne
P de E ; alors U(B) est une base hilbertienne
de F. On a b2U(B)hUTU (b); bi = b2BhT(b); bi, d'ou (iii). Enn, (iv) est
lair si on
hoisit une base B formee de ve
teurs propres pour T.
//
{ 120 {
Theoreme 8.5.3. Soient E, F et H deux espa
es de Hilbert ;
(i) l'ensemble L1 (E; F) est un sous-espa
e ve
toriel de L(E; F) ;
(ii) l'appli
ation T ! kTk1 est une norme sur L1 (E; F) pour laquelle L1 (E; F) est
omplet :
(iii) pour tout T 2 L(E; F) on a kTk1 = kT k1 ;
(iv) pour tout S 2 L(E; F) et tout T 2 L(F; H) on a kTSk1 kSk1kTk et aussi kTSk1
kSk kTk1.
Demonstration. Soient S; T 2 L(E; F) ; pour tous R1 2 L2 (E) et R2 2 L2 (E; F) tels que
kR1k kR2k 1, on a j((S + T)R1; R2 )2j j(SR1; R2)2 j + j(TR1; R2 )2j. Par le lemme 2,
kS + Tk1 kSk1 + kTk1 ; on en deduit immediatement que L1 (E; F) est un sous-espa
e
ve
toriel de L(E; F) et que k k1 est une semi-norme. Par le lemme 2, kTk1 = kjTj1=2k22
kjTj1=2k2 = kTk (proposition 6.1.2). En parti
ulier, k k1 est une norme.
Par le lemme 2 l'appli
ation T ! Tr(jTj) est semi-
ontinue inferieurement et on en
deduit
omme dans le theoreme 4.2 que L1 (E), muni de
ette norme, est
omplet. On a
jTj = u jTj u = (jTj1=2u ) (jTj1=2u ). Don
kT k1 = kjTj1=2u k22 kjTj1=2k22 = kTk1 ;
rempla
ant T par T , on en deduit (iii). Soient R1 2 L2 (E) et R2 2 L2 (E; H) ; on a
(TSR1; R2)2 = (SR1; T R2)2 . Il resulte alors du lemme 2 que kTSk1 kSk1 kTk ; rem-
pla
ant S et T par leurs adjoints il resulte de (iii) que kTSk1 kSk kTk1 .
//
{ 121 {
9. Cal
ul fon
tionnel
ontinu
L'un des obje
tifs du
hapitre est de
onstruire un homomorphisme isometrique 'T
de C(Sp(T)) dans L(H) lorsque T est un operateur hermitien (borne) sur un espa
e de
Hilbert H. Cet homomorphisme sera diÆ
ile a visualiser dans le
as le plus general, mais
il est peut-^etre utile de montrer le
as le plus evident,
elui d'un espa
e de Hilbert de
dimension nie. Si H = C ,
onsiderons un endomorphisme hermitien T,
'est a dire
3
qui peut se de
rire par une matri
e M = U U, ou U est une matri
e unitaire, une
matri
e diagonale dont les
oeÆ
ients diagonaux 1 ; 2; 3 sont reels, disons distin
ts
pour xer les idees. Alors K = Sp(T) = f1 ; 2; 3g. Pour toute fon
tion f (
ontinue !)
sur K on
onsiderera la matri
e
0 1
f ( 1 ) 0 0
'M (f ) = U 0 f ( 2 ) 0 A U:
0 0 f (3)
Il est
lair que 'M est un homomorphisme d'algebres unitaires de C(K) dans M3 (C ).
9.1. Cal
ul fon
tionnel polynomial
Cette se
tion est de nature purement algebrique. On
onsidere d'abord une algebre
unitaire A sur K = R ou C (quand on en viendra aux questions de spe
tre, on imposera
K = C
omme d'habitude). Soient
P =
0 +
1 X + +
n Xn
un polyn^ome de K [X℄ et a 2 A ; on pose
'a (P) = P(a) =
0 1A +
1 a + +
n an 2 A:
Il est evident que (P+Q)(a) = P(a)+Q(a) et (P)(a) = P(a) ; l'appli
ation 'a est don
lineaire ; si Q = Xk on verie que (PQ)(a) = P(a)Q(a) et on en deduit le
as general en
de
omposant Q en
ombinaison lineaire de mon^omes. On a obtenu :
Proposition 9.1.1. Soient A une algebre de Bana
h unitaire et a 2 A ; il existe un
unique homomorphisme d'algebres unitaires 'a de K [X℄ dans A tel que 'a (X) = a ;
et
homomorphisme est donne par 'a (P) = P(a).
Remarque. Si P et Q sont deux polyn^omes, on a P(a)Q(a) = (PQ)(a) = (QP)(a) =
Q(a)P(a) : tous les elements de la forme P(a)
ommutent (pour a xe). Si ab = ba, on
en deduit que P(a)b = bP(a).
Lemme 9.1.2. Si a1 a2 = a2 a1 est inversible dans A, alors a1 est inversible dans A.
Demonstration. Il existe un element
tel que
(a1 a2 ) = 1A = (a1 a2 )
; on voit que
a1 est inversible a gau
he et a droite : 1A = a1 (a2
) et 1A =
(a1 a2 ) = (
a2 )a1 ; il
en resulte que a2
=
a2 est l'inverse de a1 :
a2
= (a2
)(a1 a2
) = a2 (
a1 a2 )
= a2
:
//
{ 123 {
Corollaire 9.1.3. Si
; 1 ; : : : ; k 2 K et si l'element
(a 1 1A ) : : : (a k 1A ) est
inversible dans A, alors
haque a j 1A est inversible, pour j = 1; : : : ; k.
Theoreme 9.1.4 : Petit theoreme spe
tral. Soit A une algebre de Bana
h unitaire
omplexe ; pour tout a 2 A, on a
Sp(P(a)) = P(Sp(a)):
Demonstration. Posons K = Sp(a), et supposons P non
onstant (
e
as parti
ulier
est evident). Puisqu'on est sur C , on peut fa
toriser le polyn^ome P sous la forme
k
Y
P =
(X i )
i=1
ave
6= 0 et k = deg P 1. Supposons d'abord que 2= P(K). Pour
haque ra
ine
i de P on a P(i) = ; puisque 2= P(K),
ha
un Q des i est en dehors de K,
don
haque a i 1A est inversible, don
P(a) 1A =
i (a i 1A ) est inversible
et 2= Sp(P(a)).
Si 2 P(Sp(a)), il existe z 2 Sp(a) tel que P(z) = ; le polyn^ome P s'annule
en z, don
z est l'une des ra
ines (j ), par exemple z = 1 ; puisque
Qk
1 = z 2 Sp(a),
l'element a 1 1A est non inversible. Alors P(a) 1A =
i=1 (a i 1A) est non
inversible d'apres le
orollaire qui pre
ede, et 2 Sp(P(a)).
//
Exemples 9.1.1.
1. S'il existe une base orthonormee (ei )i2I d'un Hilbert H reel ou
omplexe et un
operateur borne T 2 L(H) tel que T(ei ) = i ei pour tout i 2 I (l'operateur T est diagonal
dans la base (ei )), il est fa
ile de voir que pour tout polyn^ome P 2 K [X℄ l'operateur P(T)
est l'operateur diagonal dont les
oeÆ
ients diagonaux sont les P(i ).
2. Si on
onsidere sur H = L2 (0; 1) l'operateur Mf de multipli
ation par f 2 L1 (0; 1),
on voit que P(Mf ) est l'operateur de multipli
ation par la fon
tion t 2 [0; 1℄ ! P(f (t)),
'est a dire la multipli
ation par la fon
tion P Æ f .
Remarque 9.1.2. On peut aussi denir un
al
ul fon
tionnel pour les fra
tions ra-
tionnelles. C'est tres fa
ile a partir du
as polynomial. Si Q 2 C [X℄ ne s'annule pas
sur Sp(a), l'element Q(a) est inversible. Si F = P=Q est une fra
tion rationnelle, il est
raisonnable de denir F(a) = P(a)Q(a) 1 = Q(a) 1P(a) (on a vu que1 P(a) et Q(a)
ommutent ; il en resulte immediatement que P(a)
ommute ave
Q(a) ). On montre
fa
ilement que le resultat ne depend pas de la representation parti
uliere de
ette fra
tion
rationnelle F.
{ 124 {
9.2. Cal
ul fon
tionnel
ontinu pour les operateurs hermitiens
Polyn^omes et adjoints
Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T 2 L(H) ; il resulte des proprietes des
adjoints que (Tk ) = (T)k pour tout entier k 0. Si P = Pnj=0
j Xj est un polyn^ome
a
oeÆ
ients
omplexes, on peut
onsiderer le polyn^ome dontP les
oeÆ
ients sont les
omplexes
onjugues des
oeÆ
ients de P. On notera Pe = nj=0
j Xj
e polyn^ome ;
alors X X
(P(T)) =
k Tk =
k (T)k = P(T e )
e qui montre que l'adjoint de P(T) est P(T e ). On notera que la fon
tion polynomiale
z 2 C ! P( e z ) n'est pas la fon
tion
omplexe
onjugu ee de la fon
tion z ! P(z) (on a
e z ) = P(z ).
en fait P(
Si T est normal, P(T) est normal : en eet, T
ommute ave
P(T) puisque T
ommute ave
T, puis P(Te )
ommute ave
P(T) pour la m^ eme raison. Si T est hermitien
et si P est un polyn^ome a
oeÆ
ients reels, alors P(T) est hermitien. Le resultat essentiel
pour la suite est le suivant :
Lemme 9.2.1. Si H est un espa
e de Hilbert
omplexe et si T 2 L(H) est normal, on a
kP(T)k = kPkC(Sp(T)) = maxfjP()j : 2 Sp(T)g:
pour tout polyn^ome P 2 C [X℄.
Remarque 9.2.1. Le resultat pre
edent est a peu pres evident lorsque T est normal et
ompa
t. Dans
e
as, il existe une base orthonormee (ei)i2I de H telle que T(ei) = iei
pour tout i, et de plus pour tout " > 0 il n'existe qu'un nombre ni d'indi
es i 2 I tels
que jij ". Supposons I inni denombrable pour xer les idees. L'operateur P(T) est
l'operateur diagonal dont les
oeÆ
ients diagonaux sont les P(i), la norme de P(T) est
don
le sup des jP(i)j, qui est majore par le sup de jPj sur le spe
tre K de T puisque
haque i est dans le spe
tre. Inversement, si est dans le spe
tre de T, ou bien est
valeur propre de T, et est l'un des i, don
kP(T)k kP(T)(ei)k = jP(i)j = jP()j, ou
bien = 0 est limite d'une suite de i,
e qui
onduit au m^eme resultat puisque P denit
une fon
tion
ontinue sur K. On a don
bien kP(T)k = kPkC(K).
{ 125 {
Lemme 9.2.2. Soient K un
ompa
t non vide et ' un homomorphisme isometrique de
C(K) dans une algebre de Bana
h unitaire B ; alors f 2 C(K) est inversible dans C(K)
si et seulement si '(f ) est inversible dans B.
Nous avons utilise une distan
e pour
onstruire une fon
tion
ontinue non identiquement
nulle, mais nulle en dehors d'un ouvert non vide donne :
e resultat est vrai pour tout
ompa
t non vide.
Corollaire 9.2.3. Pour tout homomorphisme isometrique ' de C(K) (
omplexe) dans
une algebre de Bana
h unitaire
omplexe B, on a
Sp('(f )) = Sp(f ) = f (K)
pour toute f 2 C(K).
Demonstration. On sait deja que Sp('(f )) Sp(f ). Inversement, si 2 Sp(f ) =
f (K) la fon
tion f est non inversible dans C(K), don
son image '(f ) 1B est
non inversible dans B, don
2 Sp('(f )).
//
Dans notre exemple matri
iel a l'introdu
tion du
hapitre, on avait bien
Sp('M (f )) = f (K) = ff (1); f (2); f (3)g:
Passons au theoreme sur le
al
ul fon
tionnel
ontinu. Si K est un
ompa
t de C ,
on notera iK la fon
tion z 2 K ! z 2 C .
Theoreme 9.2.4. Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T 2 L(H) hermitien ;
posons K = Sp(T). Il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana
h unitaires
omplexes 'T : C(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T.
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a f (T) = f (T)
et f (T)
ommute ave
tout operateur S qui
ommute ave
T (don
f (T) est normal),
pour toute fon
tion f
ontinue sur K. On a de plus
Sp(f (T)) = Sp(f ) = f (Sp(T)):
Si f est reelle
ontinue sur K et g
ontinue sur f (K), on a (g Æ f )(T) = g (f (T)).
{ 126 {
Demonstration. On a vu que K = Sp(T) est
ontenu dans R . Designons par A
l'ensemble des fon
tions
ontinues f sur K de la forme f : s ! P(s) pour un
P 2 C [X℄ (fon
tions polynomiales). D'apres le theoreme de Weierstrass, les fon
-
tions polynomiales a
oeÆ
ients
omplexes sont uniformement denses dans l'espa
e
C([ a; a℄) des fon
tions
omplexes
ontinues sur [ a; a℄, pour tout a > 0 ; il en
resulte que l'ensemble A est dense dans C(K), puisque K [ a; a℄ lorsque par
exemple a = kTk.
Montrons d'abord l'uni
ite de 'T . Si ' est un homomorphisme d'algebres uni-
taires de C(K) dans L(H) tel que '(iK ) = T, on aura ne
essairement par les pro-
prietes d'homomorphisme0 que l'image de la fon
tion t 2 K ! P(t) est egale a P(T) :
par denition,k on a '(iK ) = '(1) = IdH = T k, et '(ikK ) = Tk pour tout k 1
0
(la fon
tion iK est la fon
tion mon^ome s ! s ) ; il en resulte puisque ' est de
plus lineaire que pour toute fon
tion polynomiale f : s ! P(s), l'image '(f ) est
P(T) = 'T (f ). Par
onsequent, ' est uniquement determine sur A. Comme un ho-
momorphisme d'algebres de Bana
h est
ontinu par denition, et que A est dense
dans C(K), il en resulte que ', s'il existe, est uniquement deni sur C(K) : si (Pn )
tend uniformement vers f sur K, on aura '(f ) = limn '(Pn ) = limn Pn (T).
Montrons maintenant l'existen
e, en
ommen
ant par la denition d'un homo-
morphisme sur A : pour toute f 2 A l'element (f ) peut ^etre deni de fa
on
unique puisque si f = P1 = P2 sur K,
kP1(T) P2 (T)k = kP1 P2 kC(K) = 0
d'apres le lemme 1 (si le spe
tre K est un ensemble inni, la veri
ation pre
e-
dente est inutile, puisque le polyn^ome formel P1 P2 sera nul s'il a une innite de
ra
ines ; mais le spe
tre de T pourrait ^etre ni). On posera don
(f ) = P(T), ou
P est n'importe quel polyn^ome qui represente la fon
tion f sur K. De plus, on a
k (f )k = kf k1.
L'ensemble A est dense dans C(K), et on a un homomorphisme isometrique
de A dans L(H) ; d'apres le lemme 1.4.1, il existe un prolongement unique 'T de
en appli
ation lineaire
ontinue de C(K) dans L(H). Posons f (T) = 'T (f ) pour
toute f 2 C(K). Pour toute suite (Pn ) de polyn^omes qui
onverge uniformement sur
K vers la fon
tion f , la suite (Pn (T)) tend en norme dans L(H) vers f (T), puisque
'T est
ontinu. Il en resulte par
ontinuite de la norme que
kf (T)k = lim
n
kPn (T)k = lim
n
kPn kC(K) = kf kC(K) ;
e qui montre que l'appli
ation 'T : f 2 C(K) ! f (T) 2 L(H) est isometrique.
Par
onstru
tion on a 'T (iK ) = T puisque la fon
tion iK
orrespond au mon^ome
X dont l'image est T en
al
ul polynomial. Il reste a voir que 'T est un homo-
morphisme. Si (Pn )
onverge uniformement vers f sur K et (Qn )
onverge uni-
formement vers g sur K, alors f (T)g(T) = lim(Pn Qn )(T) = (fg)(T) (utiliser la
ontinuite du produit par rapport au
ouple de variables), don
'T est un homo-
morphisme d'algebres de Bana
h unitaires
omplexes, isometrique. Il en resulte que
Sp f (T) = f (K), d'apres un prin
ipe general sur C(K) (
orollaire 3).
Si ST = TS, on en deduit que SPn (T) = Pn (T)S pour tout n, don
Sf (T) =
f (T)S par
ontinuite du produit par S, a droite et a gau
he. Ainsi f (T)
ommute
ave
tout operateur borne S qui
ommute ave
T.
Posons '1 (f ) = f (T) pour toute f 2 C(K). On verie que '1 est un homo-
morphisme d'algebres de Bana
h unitaires de C(K) dans L(H), et '1(iK ) = iK (T)
(par
e que K R , on a iK = iK ) don
'1 (iK ) = T = T par
e que T est hermitien.
D'apres l'uni
ite, on deduit '1 = 'T ,
e qui signie que f (T) = f (T) pour toute
{ 127 {
f 2 C(K). Il en resulte que f (T) f (T) = (ff )(T) = (ff )(T) = f (T)f (T) don
f (T) est normal.
Supposons que f soit une fon
tion reelle
ontinue sur K = Sp(T). Alors f (T) est
hermitien puisque f (T) = f (T) = f (T),
e qui permet d'appliquer a f (T) le
al
ul
fon
tionnel deni pre
edemment. L'ensemble L = f (K) R est
ompa
t, et
'est
le spe
tre de f (T). L'appli
ation g 2 C(L) ! g Æ f 2 C(K) est un homomorphisme
d'algebres de C(L) dans C(K), qui transforme iL en f (T) ; d'apres l'uni
ite, la
omposition 'T Æ est egale a l'homomorphisme 'f (T) asso
ie a l'operateur hermitien
f (T). On a don
(g Æ f )(T) = g (f (T)) pour toute fon
tion
ontinue g sur L.
//
Exemples 9.2.2.
1. Supposons que T soit diagonal dans une base orthonormee, ave
oeÆ
ients dia-
gonaux (n ) reels ; l'operateur T est alors hermitien. Pour toute fon
tion
ontinue f
denie sur R , l'operateur f (T) est l'operateur diagonal de
oeÆ
ients (f (n)) ; demons-
tration : passer a la limite a partir du
as polynomial.
2. Supposons que T soit l'operateur M' : L2 (0; 1) ! L2 (0; 1) de multipli
ation par
une fon
tion ' reelle
ontinue. On voit que pour tout polyn^ome P l'operateur P(M' ) est
l'operateur de multipli
ation par la fon
tion s 2 [0; 1℄ ! P('(t)), don
a la limite f (M' )
est l'operateur de multipli
ation par s ! f ('(s)),
'est a dire que f (M' ) = Mf Æ' . On
peut aussi raisonner en disant que f ! Mf Æ' est bien l'unique homomorphisme de
rit
dans le theoreme 4.
Le
as hermitien sur un espa
e reel. Complexi
ation
Soit H un espa
e de Hilbert reel, dont le produit s
alaire sera note x : y pour eviter
les
onfusions ave
le produit s
alaire dans le
omplexie ; le
omplexie de H est l'espa
e
HC = H + iH de tous les ve
teurs z = x + iy ou x; y 2 H ;
ette e
riture est simplement
une e
riture symbolique
ommode pour un
ouple (x; y) 2 H H. Si = a + ib 2 C , on
pose z = (ax by) + i(by + ax). On veriera les axiomes d'espa
e ve
toriel
omplexe.
On denit le produit s
alaire (
omplexe) sur HC en posant
hx + iy; x0 + iy0 i = (x + iy) : (x0 iy0) = (x : x0 + y : y0) + i(y : x0 x : y0):
Lorsque z = x + iy, on voit que hz; zi = x : x + y : y = kxk2 + kyk2,
e qui donne un produit
s
alaire sur HC dont la norme asso
iee est kzk = kxk2 + kyk2 1=2 . Si z = x + i0, on a
{ 128 {
kzk = kxk. A tout operateur T 2 L(H) on asso
ie l'appli
ation TC de HC dans lui-m^eme
denie par TC (x + iy) = T(x) + iT(y) ; on verie fa
ilement que TC est C -lineaire. On
peut montrer que :
l'appli
ation T ! TC est un homomorphisme isometrique de R -algebres de Bana
h
unitaires. De plus, (T )C = (TC ) et TC est inversible si et seulement si T est inversible.
Il est
lair que l'appli
ation T ! TC est R -lineaire, que (ST)C = SC TC , (IdH )C =
IdHC ; si z = x + iy,
kTC (z)k2 = kT(x)k2 + kT(y)k2 kTk2 kxk2 + kyk2 = kTk2 kzk2 ;
don
kTC k kTk ; l'inegalite inverse est
laire en regardant les ve
teurs z = x + i0.
Pour l'adjoint,
hT(x) + iT(y); x0 + iy0 i = (T(x) + iT(y)) : (x0 iy0 ) ;
En developpant,
haque produit s
alaire T(u) : v0, ave
u = x; y et v0 = x0 ; y0 sera
transforme en u : T (v ) et il n'y a plus qu'a remonter les mor
eaux.
0
Verions que le
omplexie TC est inversible dans L(HC ) si et seulement si T est
inversible dans L(H). S'il existe S 2 L(H) tel que ST = TS = IdH il en resulte que
SC TC = TC SC = IdHC , don
TC est inversible. Inversement, supposons TC inversible ;
alors T est inje
tif : si T(x) = 0H , alors TC (x + i0H ) = 0HC , don
x +0 i0 =0 0, don
x = 0H ; de plus T est surje
tif : pour tout x 2 H il existe z = x + iy tel que
TC (z0 ) = x + i0,
e qui donne T(x0 ) = x ; on en deduit que l'inverse est
ontinu, soit
par le theoreme des isomorphismes, soit en utilisant la norme de (TC ) 1 .
Si P 2 R [X℄, il resulte de la propriete d'homomorphisme unitaire que (P(T))C = P(TC ).
Il en resulte aussi que pour tout 2 R , l'operateur T IdH est inversible si et seulement
si TC IdHC est inversible. Si on introduit le spe
tre reel de T en posant
SpR(T) = f 2 R : T IdH non inversible g
on voit que SpR(T) = R \ Sp(TC ). Cette notion de spe
tre reel n'est pas tres interessante
en general,
ar il est possible que SpR(T) soit vide et ne donne au
une information. Mais
dans le
as ou T est hermitien, on sait que TC est hermitien aussi, don
son spe
tre est
reel et SpR(T) = Sp(TC ) dans
e
as.
Passons au
al
ul fon
tionnel
ontinu pour les hermitiens reels. Si P est un polyn^ome
reel et si T 2 L(H) est hermitien, on a TC hermitien, P(TC ) hermitien, don
kP(T)k = k(P(T))C k = kP(TC )k = kPkC(Sp(TC )) :
Si on pose K = Sp(TC ) = SpR(T) et si f est une fon
tion reelle
ontinue sur K, on
a dit qu'il existe un polyn^ome P 2 C [X℄ tel que jf (s) P(s)j < " pour tout s 2 K.
Comme s est reel, il est
lair que si Q 2 R [X℄ est le polyn^ome obtenu a partir de P en
prenant
omme
oeÆ
ients les parties reelles des
oeÆ
ients de P, alors Q(s) = Re P(s),
don
jf (s) Q(s)j = j Re(f (s) P(s))j jf (s) P(s)j < ". On voit don
que l'algebre
AR des fon
tions polynomiales a
oeÆ
ients reels est dense dans CR(K). On
ontinue la
demonstration
omme avant. On obtient don
{ 129 {
Corollaire 9.2.6. Soient H un espa
e de Hilbert reel et T 2 L(H) hermitien ; designons
par K le spe
tre de T. Il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana
h
unitaires reelles 'T : CR(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T.
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a que f (T) =
f (T) est hermitien pour toute f (for
ement reelle dans
e
ontexte)
ontinue sur K et
f (T)
ommute ave
tout operateur S qui
ommute ave
T. On a
SpR(f (T)) = f (SpR(T)):
Si f est
ontinue sur K et g
ontinue sur f (K), on a (g Æ f )(T) = g (f (T)).
Lemme 9.2.7. Soit T un operateur hermitien sur un espa
e de Hilbert H ; pour tout
2 Sp(T) et tout " > 0, il existe un sous-espa
e ferme F 6= f0g de H, stable par tout
operateur S qui
ommute ave
T, et tel que
8x 2 F; kT(x) xk " kxk:
Demonstration. Soit g une fon
tion reelle
ontinue sur R telle que g() = 1 et g = 0
en dehors de l'intervalle [ "; + "℄. On a 0 6= g() 2 g(Sp(T)) = Sp(g(T)),
e qui
montre que g(T) 6= 0. On peut don
trouver un ve
teur x0 = g(T)(y) non nul.
Soit ensuite f une fon
tion reelle
ontinue sur R , qui soit egale a sur l'intervalle
[ "; + "℄ et telle que jf (t) tj " pour tout t 2 R (par exemple, f (t) = t "
quand t > + " et f (t) = t + " quand t < "). On a (f ) g = 0, don
fg =
g et en utilisant l'homomorphisme 'T on voit que f (T)(x0 ) = f (T)(g (T)(y )) =
g (T)(y ) = x0 , don
x0 est ve
teur propre de f (T) pour la valeur propre . Posons
F = ker(f (T) IdH ). L'espa
e F est 6= f0g, et puisque tout operateur S qui
ommute ave
T
ommute ave
f (T), le sous-espa
e propre F de f (T) est stable par
S. Finalement, on a kf (T) Tk " puisque kf iSp(T) k1 ". Pour tout x 2 F,
on aura f (T)(x) = x et kf (T)(x) T(x)k " kxk, et
'est ni.
//
Demonstration. Supposons que hT(x); xi soit reel pour tout x 2 H. L'appli
ation
(x; y) ! hT(x); yi est sesquilineaire. Par le
orollaire 2.1.2, on a hT(y); xi = hT(x); yi,
pour tous x; y 2 H, don
T est hermitien.
//
Si H est un espa
e de Hilbert reel, la
ondition hT(x); xi reel n'implique evidemment pas
que T soit hermitien ; m^eme si on a hT(x); xi 0 pour tout x 2 H,
ela n'entra^ne pas que
T soit hermitien.
{ 130 {
Theoreme 9.3.2. Soient H un espa
e de Hilbert (reel ou
omplexe) et T 2 L(H) ; les
onditions suivantes sont equivalentes :
(i) l'operateur T est hermitien et hT(x); xi est reel 0 pour tout x 2 H ;
(ii) il existe S 2 L(H) tel que T = S S ;
(iii) il existe S 2 L(H) tel que S = S et T = S2 ;
(iv) l'operateur T est hermitien et Sp(T) [0; +1[.
Demonstration. Supposons (ii) veriee ; alors l'operateur T = S S est hermitien et
on a hS S(x); xi = hS(x); S(x)i 0 pour tout x 2 H, don
(ii) ) (i). L'impli
ation
(iii) ) (ii) est evidente. Supposons ensuite que T soit hermitien et que son spe
tre
K = Sp(T) soit
ontenu dans [0; +1[ ; notons f 2 C(K)l'appli
ation2t ! pt ; par
le theoreme 2.4 ou le
orollaire 2.6, on a f (T) = f (T) ; de plus f = iK , don
f (T)2 = T, don
(iv ) ) (iii). Enn, par la proposition 7.3.11, on sait que (i)
implique que Sp(T) [0; +1[.
//
Bien entendu il n'y appas uni
ite si on ne demande pas que la ra
ine soit positive : il
suÆt de
onsiderer T pour avoir une autre ra
ine hermitienne.
De
omposition polaire
Soient E et F deux espa
es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; on appelle module p de T et
on note jTj l'unique S 2 L(E)+ tel que S2 = TT,
'est a dire que jTj = TT.
Proposition 9.3.4. Soient E et F deux espa
es de Hilbert et T 2 L(E; F) ; il existe un
et un seul u 2 L(E; F), nul sur ker(T) tel que T = u jTj.
Demonstration. Pour x 2 E on a
kT(x)k2 = hTT(x); xi = hjTj2(x); xi =
jTj (x)
2 ;
en parti
ulier, ker(T) = ker(jTj) ; par la proposition 6.1.6, l'adheren
e G de l'image
de jTj est l'orthogonal de ker(T), et on a E = G ker(T), somme dire
te orthogonale.
{ 131 {
On va expliquer la
onstru
tion de u0 , restrition de u au mor
eau G. Tout d'abord, si
y = jTj(x) 2 im(jTj), nous devons ne
essairement poser u0 (y ) = T(x) pour realiser
la fa
torisation voulue. Notons que si y = jTj(x0 ) est une autre representation de
y , on aura x0 x 2 ker(jTj) = ker(T), don
T(x0 ) = T(x). Cela montre que l'on
peut legitimement poser u0(y) = T(x), pour tout y dans l'image de jTj, ou x est
n'importe quel ve
teur tel que jTj(x) = y.
On remarque ensuite que ku0 (y)k = kT(x)k = k jTj(x) k = kyk,
'est a dire que
u0 est une isometrie de im(jTj) dans E. Puisque E est
omplet,
ette isometrie se
prolonge en isometrie u0 de l'adheren
e G, a valeurs dans E. Posons pour nir, si
x = y + z , ave
y 2 G et z 2 ker(T)
u(x) = u0 (y )
'est a dire u = u0 Æ PG . On verie que u ÆjTj = T, u nulle sur ker(T) et que kuk 1.
//
{ 132 {
Remarque 9.3.2. On deduit aisement des
al
uls
i-dessus les identites suivantes :
T = ujTj = jTju = uTu; jTj = u T = T u = ujT ju;
T = ujT j = jTju = u Tu ; jTj = ujTju = Tu = uT :
En parti
ulier T et jTj ont m^eme image et u est un isomorphisme de l'image de T sur
elle de T.
9.4. Le
as general : operateurs normaux
Il n'y a pas de raison de s'arr^eter aux operateurs hermitiens pour le
al
ul fon
tionnel
ontinu. Ce n'est qu'un
as parti
ulier des operateurs normaux, et la theorie du
al
ul
fon
tionnel
ontinu se generalise dans son bon
adre a
es operateurs. Il y a
ependant
des diÆ
ultes supplementaires.
Dans deux
as parti
uliers de
al
ul fon
tionnel, l'operateur adjoint T est dire
te-
ment une fon
tion de T : trivialement dans le
as hermitien, puisqu'alors T = T, mais
aussi dans le
as unitaire ou T = T 1 . Notons
omme d'habitude K = Sp(T) ; on voit
lairement de quelle fon
tion de C(K) l'operateur1 T doit ^etre l'image par 'T dans
es
deux
as :
'est iK = iK dans le
as hermitien et iK = iK dans le
as unitaire. Cela ne sera
plus si
lair dans le
as general d'un operateur normal, et on demandera expli
itement
que l'homomorphisme 'T envoie la fon
tion iK sur T .
Il faut aussi generaliser nos polyn^omes : si la fon
tion iK est envoyee sur T et la
fon
tion iK sur T , alors l'image de iK iK doit ^etre TT ; dans2le
as hermitien ou unitaire,
la fon
tion iK iK s'exprime a partir d'un polyn^ome en iK (iK dans le
as hermitien et 1
dans le
as unitaire) ;
e
i n'est plus vrai maintenant, et la fon
tion iK iK est une nouvelle
fon
tion qui doit ^etre gardee dans notre algebrep de q\polyn^omes" ; bien s^ur le probleme
ne s'arr^ete pas la, et nous devons
onsiderer iK iK pour tous entiers p; q 0. Nous
allons don
onsiderer l'algebre C [X; Y℄ des polyn^omes en deux variables, puis prendre
l'ensemble des fon
tions sur K = Sp(T) obtenues en rempla
ant X par iK et Y par iK .
Notre algebre de base A qui rempla
era l'algebre des polyn^omes sera l'algebre de toutes
les fon
tions f sur K de la forme
N
X
8z 2 K; f (z) =
p;q z p z q
p;q=0
mais on n'est pas en
ore s^ur que l'operateur ainsi e
rit ne depend que de la fon
tion f
sur K. La strategie de demonstration sera toujours la m^eme : l'algebre A
onsideree est
dense dans C(K) par Stone-Weierstrass (fa
ile), et l'appli
ation que nous avons en t^ete
sera isometrique.
{ 133 {
Theoreme 9.4.1. Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T 2 L(H) normal ; posons
K = Sp(T) ; il existe un et un seul homomorphisme d'algebres de Bana
h unitaires
omplexes 'T : C(K) ! L(H) tel que 'T (iK ) = T et 'T (iK ) = T .
L'homomorphisme 'T est isometrique. Si on note f (T) = 'T (f ), on a f (T) = f (T)
(don
f (T) est normal) et f (T)
ommute ave
tout operateur S qui
ommute ave
T et
ave
T . On a
Sp(f (T)) = Sp(f ) = f (Sp(T)):
Pour toute fon
tion
ontinue f sur K et toute fon
tion
ontinue g sur f (K), on a
g (f (T)) = (g Æ f )(T).
Comme dans le
as hermitien, le point
le est de montrer que
kP(T; T)kL(H) = maxfjP(; ) : 2 Kg
pour tout polyn^ome de deux variables P. Ce point deli
at sera presente plus loin. Ce
point etabli, la demonstration est tres semblable a
elle du
as hermitien. On applique
tout d'abord le theoreme de Stone-Weierstrass pour dire que la nouvelle algebre A
est dense dans C(K),
e qui permet d'etendre la
orrespondan
e de A a C(K), et
on verie
omme avant la propriete d'homomorphisme. Expliquons la formule de
omposition. Posons L = f (K) C ; on a un homomorphisme d'algebres de Bana
h
de C(L) dans C(K) deni par (g) = g Æ f pour toute g 2 C(L). Considerons
l'homomorphisme ' = Æ 'T , et
her
hons les images de iL et iL . On voit que
(iL )(t) = iL (f (t)) = f (t) pour tout t 2 K, don
(iL ) = f , et (iL )(t) = f (t), don
(iL ) = f . On a don
'(iL ) = f (T) et '(iL ) = f (T) = (f (T)) ; d'apres l'uni
ite,
on en deduit que ' = 'f (T). On obtient don
g(f (T)) = (g Æ f )(T).
Considerons maintenant un operateur normal T et
N
X N
X
f (z ) =
p;q zp zq ; V=
p;q Tp (T )q :
p;q=0 p;q=0
Posons K = Sp(T) C ; nous voulons montrer que la norme de V2 est egale a la norme de
f dans C(K). On sait que V V est hermitien positif et r = kVk = kV Vk 2 Sp(V V) ;
d'apres le lemme 2.7, il existe un sous-espa
e ferme F non nul, stable par tout operateur qui
V r IdH ; puisque T est normal, T et T
ommutent
ommute ave
V V, sur lequel V
ave
V V, par
onsequent F est stable par T et T ;
e
i permet de
onsid erer la restri
tion
T1 de T a F, et de voir que son adjoint T1 est la restri
tion de T . Il en resulte que
T1 est un operateur normal sur F. Soit une valeur spe
trale de T1 ; on sait d'apres la
remarque 7.3.4 qu'on peut trouver un ve
teur x 2 F de norme un tel que T1(x) = T(x)
x (
e
i P nous dit en qpassant que 2 Sp(T) = K), et T (x) x. Il en resulte que
V(x) ( p;q
p;q p ) x = f () x, don
kV(x)k jf ()j, mais par ailleurs kV(x)k2 =
hV Vx; xi r hx; xi = kVk2 . On en deduit que kVk kf kC(K).
A partir de la nous avons deja une justi
ation du fait que l'operateur V ne depend que
de la fon
tion f sur K,
e qui permet de poser V = f (T), et de plus nous pouvons etendre
par
ontinuite la denition donnee sur l'algebre A. Mais en fait il y a en
ore isometrie de
A (munie de la norme de C(K)) dans L(H) : soit en eet 2 K ; d'apres la remarque 7.3.4
il existe x de norme un tel que T(x) x et T (x) x, don
f (T)(x) f ()x par le
m^eme argument que pre
edemment, don
kf (T)k jf ()j, pour tout 2 K,
e qui donne
kf (T)k kf kC(K) et termine notre programme.
{ 134 {
Corollaire 9.4.2. Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe, T 2 L(H) un operateur
normal et f une fon
tion
ontinue sur Sp(T) ; alors, si f (Sp(T)) R , f (T) est hermitien ;
si de plus f (Sp(T)) R + , f (T) est hermitien positif ; si f (Sp(T)) T , alors f (T) est
unitaire.
Exemples 9.4.1.
1. Supposons que U soit un operateur unitaire sur H tel que 1 2= Sp(U). La fon
tion
f (z ) = i(z 1)=(z + 1) est alors denie et
ontinue sur Sp(U), et a valeurs reelles. Il en
resulte que f (U) est hermitien. L'operateur f (U) est egal a i(U IdH )(U + IdH ) 1 .
Inversement, si T est hermitien, on peut
onsiderer la fon
tion g(t) = (i + t)=(i t)
qui envoie R dans le
er
le unite de C . L'operateur g(T) = (i + T)(i T) 1 est unitaire.
2. Pour tout s 2 R
onsiderons la fon
tion fs denie sur R par fs(t) = eist. Si T
est hermitien, on peut
onsiderer pour tout s l'operateur Us = fs (T) = eisT . C'est un
operateur unitaire puisque fs est a valeurs dans T . De plus fs fs = fs +s pour tous
s1 ; s2 , don
Us Us = Us +s . On dit qu'on a un groupe d'operateurs unitaires. On verra
1 2 1 2
plus loin dans le
ours (derniere page du poly, theoreme de Stone) une re
iproque de
e
1 2 1 2
fait, mais elle demandera de
onsiderer des operateurs autoadjoints non bornes.
3. Soient T un operateur normal sur H et F un sous-espa
e ferme de H, stable par
T et par T ; alors la proje
tion orthogonale PF
ommute ave
T et T , don
ave
tout
operateur f (T). Si S designe la restri
tion de T a F, alors S est un operateur normal sur
F, et Sp(S) Sp(T) ; pour toute fon
tion
ontinue f sur le spe
tre de T l'operateur f (S)
est la restri
tion de f (T) a F.
4. Soit T un operateur normal sur H ; supposons que le spe
tre de T puisse ^etre
de
oupe en deux
ompa
ts de C disjoints, disons Sp(T) = K1 [ K2 . Dans
e
as, la
fon
tion f1 qui est egale a 1 sur K1 et a 0 sur K2 est une fon
tion reelle
ontinue sur
Sp(T). Il en resulte que P1 = f1(T) est hermitien, et P21 = P1 puisque f12 = f1, don
P1
est un proje
teur orthogonal, qui
ommute ave
T et ave
T. On peut de
omposer H
en somme dire
te orthogonale H1 H2 , ou H1 = P1(H) ; la restri
tion de T1 a H1 est un
operateur normal T1 sur H1 dont le spe
tre est egal a K1 :
si 2= K1 , la fon
tion g denie par g(z) = z en tout point z 2 K1 et g(z) = 1
pour tout z 2 K2 est une fon
tion de C(Sp(T)), inversible dans
ette algebre, don
son image est un operateur inversible dans L(H). L'image est l'operateur egal a
T1 IdH sur H1 et a IdH sur H2 . Il en resulte que T1 IdH est inversible pour
tout 2= K1 . On a don
Sp(T1) K1 et de la m^eme fa
on Sp(T2 ) K2 . Inversement
1 2 1
si 2 K1 , on sait que T2 IdH est inversible ; alors T1 IdH ne peut pas ^etre
inversible, sinon T IdH le serait aussi.
2 1
{ 135 {
10. De
omposition spe
trale des operateurs normaux
dans le theoreme 9.4.1 ; pour toute fon
tion
ontinue f sur K, on a don
la relation
1
{ 137 {
10.2. Operateurs de multipli
ation et spe
tre
Soient (
; A; ) un espa
e mesure et f 2 L1 (
; A; ) (pour abreger nous noterons
simplement (
; ) dans la suite, lorsque la mention de la tribu A ne sera pas utile) ; on
rappelle que la norme kf k1 de f dans l'espa
e de Bana
h L1 est donnee par le sup
essentiel de la
lasse de fon
tions f ,
'est a dire le plus petit nombre reel M 0 tel que
l'on ait jf (s)j M pour -presque tout s 2
. Si g est une fon
tion de L2 (
; ), il est
lair que le produit fg est bien deni en tant que
lasse de fon
tions et que fg est de
arre integrable, ave
kfgk2 kf k1 kgk2. Notons Mf l'appli
ation qui a g 2 L2 asso
ie
la fon
tion fg. On voit que Mf 2 L(L2 (
; )) et kMf k kf k1 . Si f1 et f2 sont deux
fon
tions mesurables bornees, il est
lair que Mf Mf = Mf f . Pour g1; g2 2 L2 (
; ),
on a
1 2 1 2
Z
hfg1; g2i = f (s)g1(s)g2(s) d(s) = hg1; fg2i;
Proposition 10.2.1. Le spe
tre de Mf est l'ensemble des 2 C tels que, pour tout
" > 0 l'ensemble fs 2
: jf (s) j < "g ne soit pas -negligeable.
//
{ 138 {
10.3. Theoreme de representation. De
omposition spe
trale
Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe et T un operateur normal sur H ; etant
donne un ve
teur non nul x, on va s'interesser au plus petit sous-espa
e ve
toriel ferme
Fx de H
ontenant x et qui soit stable par T et par T . Il est
lair que
e sous-espa
e
Fx doit
ontenir tous les ve
teurs de la forme Tk (T)` (x), ave
k; ` 0. Inversement,
le sous-espa
e ferme engendre par tous
es ve
teurs est stable par T et T (gr^a
e a
la
ommutation TT = T T). L'espa
e Fx est don
egal a l'adheren
e du sous-espa
e
ve
toriel Ve
tfTk (T)` (x) : k; ` 0g. Il est stable par tout operateur de la forme f (T)
obtenu par
al
ul fon
tionnel
ontinu.
Convenons de dire (entre nous) que T est monogene s'il existe un ve
teur x0 2 H
tel que H = Fx . Dans
e
as parti
ulier, le theoreme de representation prend une forme
bien sympathique.
0
est reelle positive, on sait par le
al
ul fon
tionnel (
orollaire 9.4.2) que f (T) est
hermitien positif, don
hf (T)(x0); x0i 0. On voit ainsi que ` est une forme lineaire
positive sur C(K) ; don
il existe une uniqueRmesure positive sur K telle R que,
pour toute fon
tion f 2 C(K), on ait `(f ) = K f (t) d(t) ; on a (K) = 1 d =
h1(T)(x0); x0i = kx0k2 = 1, don
est une probabilite. Si y est un ve
teur de Fx
de la forme y = f (T)(x0), ave
f 2 C(K), on a
0
Z
kyk = hf (T)(x0); f (T)(x0)i = hf (T)f (T)(x0); x0i = jf (t)j2 d(t) ;
2
K
la relation pre
edente montre que y ne depend que de la
lasse fb de f dans L2 (K; ),
et que l'appli
ation u0 : fb ! f (T)(x0), denie sur l'image Y de C(K) dans L2 (K; ),
est isometrique, de Y muni de la norme de L2 (K; ) vers la norme de H ; par ailleurs,
le sous-espa
e Y est dense dans L2 (K; ) par un resultat general d'integration. On
peut don
prolonger u0 en une isometrie u de L2 (K; ) dans H. Pour tous k; ` 0,
le ve
teur ky = T` (T )` (x0 ) est dans l'image de u, puisqu'il provient de la fon
tion
k
ontinue iK (iK ) ; l'image de u est don
dense puisque T est monogene, et u est
unitaire de L2 (K; ) dans H. Si y = u(f ) ave
f
ontinue, on a y = f (T)(x0), don
T(u(f )) = Tf (T)(x0) = (iK f )(T)(x0) = u(Mi (f )):
K
Remarque 10.3.1. Puisque Mi est unitairement equivalente a T, son spe
tre est K
tout entier. D'apres la proposition 2.1, on voit que (U) > 0 pour tout ouvert non vide
K
de K. On dit que le support de la mesure est egal a K. Il en resulte que l'appli
ation
naturelle de C(K) dans L2 (K; ) est inje
tive.
{ 139 {
Si on donne un operateur normal T 2 L(H) et un ve
teur x 2 H non nul, on
peut
onsiderer la restri
tion S de T au sous-espa
e Fx ; puisque Fx est aussi stable
par T , on voit fa
ilement que S 2 L(Fx ) est la restri
tion de T a Fx , et que S
est normal. De plus, S est evidemment monogene, en tant qu'operateur de l'espa
e de
Hilbert Fx . On voit ainsi qu'on a des tas de bouts de l'operateur T qui peuvent ^etre
representes au moyen de la proposition pre
edente. Le resultat general (theoreme 3)
onsistera simplement a de
omposer H en somme dire
te orthogonale de tels mor
eaux,
et a exprimer le re
ollement des mor
eaux.
Donnons une illustration de la proposition pre
edente dans un
as simple. Supposons que
T soit un operateur autoadjoint
ompa
t sur H ; il existe alors une suite (n)n0 de valeurs
propres de T, tendant vers 0 ; supposons
es valeurs propres deux a deux distin
tes et non
nulles ; le spe
tre K de T est l'adheren
e de l'ensemble des points de la suite (n),
'est a
dire que
K = f0g [ fn : n 0g:
Par ailleurs, on peut trouver une base orthonormee (en)n0 de H formee de ve
teurs propres
de T, qui verient don
T(en) = n en pour tout n 0. Choisissons un ve
teur x0 =
P +1
e tel que
6= 0 pour tout n 0 et
onsiderons l'espa
e F ; on va voir que
n=0 n n n x0
Fx0 = H. Pour toute fon
tion f
ontinue sur K, l'operateur f (T) est l'operateur qui verie
f (T)(en) = f (n )en pour tout n 0. Pour tout n xe, la fon
tion fn sur K qui vaut 1 au
point n et 0 ailleurs est une fon
tion
ontinue sur K, et fn (T)(x0) = en d'apres la formule
pre
edente. Puisque Fx0 est stable par fn (T), on voit que en 2 Fx0 pour tout n 0, don
H = Fx0 dans le
as present. On est don
dans le
as monogene et
+1
X Z
hf (T)(x0); x0 i = f (n )j
n j2 = f () d();
n=0 K
P
1 j
n j2 Æ . De
rivons
e qui montre que la mesure est la mesure sur K donnee par = +n=0 n
l'isomorphisme u :
haque fon
tion g 2 L2(KP ; ) se reduit a la donnee de ses valeurs aux
points n , disonsPg(n ) = dn , qui verient +n=0 1 jdn j2 j
n j2 = kgk2 < 1. L'operateur u
2
+ 1
agit par u(g) = n=0 dn
n en . On voit que u est surje
tif sous les hypotheses que nous
avons faites.
PMais
e n'est pas toujours le
as : nous aurions pu prendre b^etement un ve
teur x =
+1
e tel que
= 0. Dans
e
as, le ve
teur de base e ne serait pas dans F , don
n n n0 n0 x
pasn=0
dans l'image de l'appli
ation u
onstruite dans la proposition pre
edente ; une diÆ
ulte
plus subtile vient de la possible multipli
ite des valeurs propres ; dans
e
as l'ensemble K
des valeurs propres ne traduit pas
ette multipli
ite ; soit don
(n) la suite des valeurs
propres, repetees selon leur multipli
ite eventuelle ; supposons que 6= 0 est une valeur
propre
orrespondant a un sous-espa
e propre P E1 de dimension deux exa
tement, disons
n1 = n2 = ave
n1 6= n2 , et posons x = +n=0
n en
omme avant (
'est a dire
n 6= 0
pour tout n). On peut verier que le ve
teur
n2 en1
n1 en2 2 E est orthogonal a Fx , et
la
onstru
tion de la proposition pre
edente ne donne rien pour
e ve
teur. Cette longue
expli
ation est
ensee e
lairer
e qui se passe reellement dans le lemme 2
i-dessous.
Lemme 10.3.2. Soient H un espa
e de Hilbert et T un operateur normal sur H ; il existe
une partie D de la sphere unite de H telle que les Fx pour x 2 D soient deux a deux
orthogonaux et que la somme des Fx pour P x 2 D soit dense dans H. Tout ve
teur z 2 H
admet don
une representation unique z = x2D zx , ou
haque zx 2 Fx est la proje
tion
orthogonale de z sur Fx .
Demonstration. Si y 2 F?x , alors y est orthogonal a tout ve
teur de la forme
T (T ) ( ),
e qui donne pour tous m; n; p; q 0
k ` x
hTm(T )n y; Tp(T )q (x)i = hy; Tn+p(T )m+q (x)i = 0
{ 140 {
et montre que tous les ve
teurs de Fy sont orthogonaux a Fx . Notons D l'ensemble
des parties D de la sphere unite de H telles que, pour tout x; y 2 D, les espa
es
Fx et Fy soient orthogonaux. Muni de l'ordre de l'in
lusion, S D est indu
tif : soit
fDi : i 2 Ig une partie totalement ordonnee de D ; si x; y 2 i2I Di , tels que x 6= y,
il existe
S i 2 I tel que x; y 2 Di don
les espa
es Fx et Fy sont orthogonaux ; il s'ensuit
que i2I Di est un element de D majorant l'ensemble fDi : i 2 Ig.
Soit D un element maximal de D et soit F l'adheren
e de la somme des (Fx )x2D ;
si on avait F 6= H, on pourrait trouver y 2 H de norme un orthogonal aux (Fx )x2D ;
lairement, on a y 2= D. Par le premier point, Fy est orthogonal aux espa
es Fx ,
pour tout x 2 D. Alors D [fyg 2 D,
e qui
ontredit la maximalite de D. On a ainsi
montre que F = H.
Soit z 2 H et designons par zx la proje
tion orthogonale de z sur le sous-espa
e
ferm
P e Fx , pour tout x 2 D. Pour tout sous-ensemble ni J D, P on verie que
Px2J x 2
z est la proje
tion orthogonale P de z sur le sous-espa
e ferme x2J P Fx , don
x2J kzx k kz k . Il en resulte que x2D kzx k < +1, don
la famille x2D zx
2 2
est sommable. Sa somme y est telle que z y est orthogonal a
haque espa
e Fx ,
don
z y = 0 puisque la somme des Fx est dense dans H.
//
{ 141 {
pour tout A 2 A. Si g est une fon
tion sur X, pour tout n 0 on note gn la fon
tion
s ! g (s; n) sur K. On voit alors que si g 2 L2 (X; ),
haque fon
tion gn , n 0 est
dans L2 (K; n ) et Z XZ
jgj d =
2 jgn(s)j2 dn (s):
X n0 K
On designe par En le sous-espa
e de L2 (X; ) forme des fon
tions h nulles hors de
Xn ,
'est a dire telles que h(s; m) = 0 pour tout m 6= n ; on a une isometrie jn de
L2 (K; n ) sur En qui asso
ie a f 2 L2 (K; n ) la fon
tion jn (f )(s; m) = f (s) si m = n
et jn (f )(s; m) = 0 si m 6= n. On voit que L2 (X; ) est l'adheren
e de la somme des
sous-espa
es deux a deux orthogonaux (En )n0 ; si g 2 En , on a g = jn (gn).
Pour
haque n 0 soit vn l'appli
ation qui asso
ie a g 2 En le ve
teur un (gn) 2
Fn . Il est fa
ile de verier que vn est une isometrie de En sur Fn . Si on denit u de
L2 (X; ) dans H en posant X
u(g ) = un (gn )
n0
pour toute fon
tion g dans L2 (X; ), on aura
X X Z
ku(g)k2 = kun (gn )k2 = jgn(s)j2 dn (s) = kgk22;
n0 n0 K
e qui montre que u est isometrique de L2 (X; ) dans H. Montrons que u est sur-
je
tive. Si z est un ve
teur de H, on peut e
rire z = Pn0 zn ave
zn 2 Fn ; pour
haque n 0 on peut trouver une fon
tion gn 2 L2 (K; n) telle que zn = un (gn ) ;
denissons une fon
tion mesurable g sur X en posantP g(s; n) = gn (s) pour tout
(s; n) 2 K N . On verie que g 2 L2 (X; ) et u(g) = n0 un (gn ) = z, don
u est
surje
tive.
Notons f : X ! C l'appli
ation (s; n) ! s 2 K C . Si g 2 L2 (X; ), on aura
(fg)n = iK gn pour tout n 0, don
egalement (fg)n(T) = Tgn (T). On en deduit :
X
u(Mf (g )) = u(fg ) = (fg )n(T)(y ) = T u(g ) ;
n0
Cela donne uMf = Tu, don
T = T u u = u Mf u .
//
Soient H un espa
e de Hilbert, T 2 L(H) normal et f une fon
tion borelienne sur Sp(T) ;
l'element (f ) deni dans le theoreme 4 se note en
ore f (T).
Remarque 10.3.2. Soit M l'operateur sur L2 (T; d=2) deni par Mg = iT g pour tout
g 2 L2 ,
'est a dire (Mg)(z ) = zg(z ) pour tout z 2 T . Son spe
tre est K = T. Pour toute
fon
tion borelienne bornee f sur T, on pose f (M)(g) = (f Æ iT )g = fg. Supposons par
exemple que f soit la fon
tion indi
atri
e de l'intervalle J = fei : =2 < =2g. On
peut trouver une suite de fon
tions
ontinues (fn) sur T qui tende simplement vers f = 1J
en tout point de T, et telle que 0 fn 1 sur T. Il faut bien faire attention a
e
i : la
suite (fn (T)) n'est pas de Cau
hy pour la norme de L(H). En eet, si on xe m on aura
kfm f k1 1=2 par
e que fm est
ontinue et que f saute brusquement de 0 a 1 au point
=2 ; si on prend un point t tel que jfm (t) f (t)j > 1=2 ", on aura jfm (t) fn(t)j > 1=2 "
pour n grand d'apres la
onvergen
e simple, don
kfm fn k > 1=2 " ; puisque le
al
ul
fon
tionnel
ontinu est isometrique, il en resulte que pour tout m,
sup kfm (M) fn (M)kL(H) 1=2;
nm
e qui montre que fn (M) ne tend pas en norme vers f (M).
Si l'intervalle J est reduit a un point 2 K = T, on veriera que l'operateur 1fg (M)
est nul ; le
al
ul borelien n'est don
pas une isometrie de L1 (K; B), muni de la norme du
sup, dans L(H).
{ 143 {
Remarque 10.3.3. On a demontre une espe
e de theoreme de representation de Riesz :
quand on a une appli
ation lineaire
ontinue de C(K) dans C , on en deduit une mesure
sur K qui donne une appli
ation lineaire
ontinue de L1 (K; B), l'espa
e des fon
tions
boreliennes bornees sur K, a valeurs dans C . On a realise le m^eme programme en partant
de l'appli
ation lineaire
ontinue f ! f (T) de C(K) dans L(H) : l'extension opere de
L1 (K; B) dans L(H).
Remarque 10.3.4. Dans le
as d'un espa
e de Hilbert reel H, le theoreme 4 s'applique
en
ore aux operateurs hermitiens, mais il ne s'applique plus aux normaux reels. On peut
deduire le resultat reel hermitien en utilisant une
omplexi
ation de l'espa
e reel H,
omme on l'a deja fait pour le
al
ul fon
tionnel, ou bien en re
opiant la demonstration
de la proposition 1, mais dans un
ontexte reel.
Exemple 10.3.5. Soit T un operateur normal sur un espa
e de Hilbert
omplexe (resp :
un operateur hermitien sur un Hilbert reel ou
omplexe) ; si f = 1A est l'indi
atri
e
d'un borelien de C (resp : de R )
ontenu dans le spe
tre de T, et si P = f (T), on aura
P = P par
e que f est reelle, et P2 = P par
e que f 2 = f . L'operateur P est don
un
proje
teur orthogonal. On dit que P est un proje
teur spe
tral. Puisque P est obtenu
par
al
ul fon
tionnel, il
ommute ave
T et T , don
l'image P(H) est stable par T et
T ,
e qui permet de
onsiderer la restri
tion S de T a F = P(H), qui est un operateur
normal (resp : hermitien) sur le sous-espa
e F. On peut voir que si F n'est pas nul, le
spe
tre de S est
ontenu dans l'adheren
e de l'ensemble A.
Si A = fg est un singleton, on peut voir qu'il est possible que le proje
teur 1A (T)
soit nul, alors que la fon
tion 1A n'est pas nulle. L'homomorphisme du theoreme 4 n'est
pas isometrique de L1 (K; B) dans L(H) ; pour obtenir une isometrie, il faudrait travailler
ave
une norme L1 ( ) et une mesure provenant du theoreme de representation 3. Si
T est monogene et si est la probabilite sur Sp(T) obtenue a la proposition 1, la norme
de f (T), quand f 2 L1 (Sp(T); B), est exa
tement la norme de f dans L1 (Sp(T); ).
Exer
i
e 10.3.6. Montrer que 1fg (T) est le proje
teur orthogonal sur ker(T IdH ).
Il est don
nul
haque fois que est dans le spe
tre de T sans ^etre valeur propre de T.
{ 144 {
11. Operateurs autoadjoints non bornes
Preliminaires algebriques
Dans
ette sous-se
tion il ne sera question que d'algebre lineaire : pas un poil de
topologie. Soient X et Y deux espa
es ve
toriels sur K = R ou C ; une appli
ation lineaire
partiellement denie (un peu plus loin, on dira un operateur ) T de X dans Y est donnee
par un sous-espa
e ve
toriel dom(T) de X appele domaine de T et par une appli
ation
lineaire (usuelle) LT de dom(T) dans Y.
Autrement dit, la donnee T est
elle de (X; Y; dom(T); LT). Le graphe de T est le
sous-espa
e ve
toriel du produit X Y egal a Gr(T) = f(x; LT(x)) : x 2 dom(T)g. On
va voir que T est
ompletement determine par Gr(T), qui est un sous-espa
e ve
toriel G
de X Y, ave
la propriete (0X; y) 2 G ) (y = 0Y ).
Dans la suite, pour tout x 2 dom(T) on posera T(x) = LT (x) et on ne fera plus
la distin
tion entre LT (x) et T(x). On laissera don
tomber
ompletement LT . Si T est
une appli
ation lineaire partiellement denie, le graphe de T est don
le sous-espa
e
ve
toriel du produit X Y egal a Gr(T) = f(x; T(x)) : x 2 dom(T)g. La restri
tion a
Gr(T) de la premiere proje
tion est inje
tive. Re
iproquement, appelons graphe partiel
tout sous-espa
e ve
toriel G de X Y tel que la restri
tion de la premiere proje
tion a
G soit inje
tive. Autrement dit, si (x; y) 2 G et (x; y0) 2 G, alors y = y0 ; ou en
ore :
si (0; y) 2 G, alors y = 0. On voit que tout graphe partiel est le graphe d'une unique
appli
ation lineaire partiellement denie T. La
orrespondan
e qui a T asso
ie son graphe
est une
orrespondan
e bije
tive entre appli
ations lineaires partiellement denies et
graphes partiels :
soit G X Y un graphe partiel. Notons p1 : G ! X et p2 : G ! Y les proje
tions
et denissons un operateur T en posant dom(T) = p1 (G) et T(p1(z)) = p2(z) pour
tout z 2 G. Il est
lair que Gr(T) = G. Comme le noyau de la premiere proje
tion de
X Y dans X est le sous-espa
e f0g Y de X Y, la
orrespondan
e entre operateur
et graphe partiel est bije
tive.
Desormais on dira operateur au lieu d'appli
ation lineaire partiellement denie. On ap-
pelle noyau de T le sous-espa
e ker(T) = fx 2 dom(T) : T(x) = 0g de X et image de
T le sous-espa
e im(T) = T(dom(T)) de Y. On appelle extension d'un operateur T tout
operateur S tel que Gr(T) Gr(S). On e
rit alors T S.
Soient T un operateur et D un sous-espa
e ve
toriel de dom(T) ; on note TjD
l'operateur tel que TjD T et dom(TjD) = D.
Soient S et T deux operateurs de X dans Y ; on denit l'operateur S + T en posant
dom(S + T) = dom(S) \ dom(T) et en posant (S + T)(x) = S(x) + T(x) pour tout
ve
teur x 2 dom(S + T). Si R, S et T sont des operateurs de X dans Y, on a
lairement
R + S = S + R et (R + S) + T = R + (S + T).
Si S est une appli
ation lineaire usuelle de X dans Y, elle denit un operateur de
la fa
on la plus evidente : on pose dom(S) = X et S(x) 2 Y aura le sens habituel pour
tout x 2 X ; si T est un operateur de X dans Y, le domaine de S + T sera egal a
elui de
{ 145 {
l'operateur T. Cette remarque sera utilisee lorsque X = Y et S = IdX , pour introduire
l'operateur T IdX , de m^eme domaine que T.
Soient X, Y et Z des espa
es ve
toriels, T un operateur de X dans Y et S un operateur
de Y dans Z ; on denit la
omposition ST de
es deux operateurs en posant d'abord
dom(ST) = fx 2 dom(T) : T(x) 2 dom(S)g et en posant (ST)(x) = S(T(x)) pour tout
x 2 dom(ST). Si R est un operateur de Z dans un quatrieme espa
e ve
toriel H, on
a (RS)T = R(ST). De plus, si T est un operateur de X dans Y et si R et S sont des
operateurs de Y dans Z, on a (R + S)T = RT + ST. Cependant, si R et S sont des
operateurs de X dans Y et T est un operateur de Y dans Z, on a TR + TS T(R + S)
sans avoir en general l'egalite.
L'attitude habituelle quand on travaille ave
les operateurs bornes
ontinus est d'essayer de
les prolonger le plus vite possible a l'espa
e
omplet
onvenable (penser a la transformation
de Fourier, qui est denie sur L1(R ) par la formule integrale usuelle ; on appelle aussi
transformation de Fourier son extension par
ontinuite a l'espa
e L2(R )). Pour
omprendre
les denitions de
e paragraphe, il faut se dire qu'on adopte l'attitude radi
alement opposee :
i
i, on ne prend au
une initiative de prolongement ; si T1 est deni sur D1 et T2 sur D2 , la
seule
hose que nous sommes obliges d'admettre est que les deux sont denis sur D1 \ D2 .
On ne
her
he surtout pas a aller plus loin.
Exemples 11.1.1.
A. On prend X = Y = L2 (R ), dom(T) est l'espa
e des fon
tions C1 a support
ompa
t et on pose T(f ) = f 0 pour f 2 dom(T).
B. Cet exemple se de
line en trois variantes.
{ B1 : on prend X = Y = L2([0; 1℄), dom(T1 ) est l'espa
e des fon
tions C1 sur [0; 1℄
et T1(f ) = f 0 pour f 2 dom(T1).
{ B2 : on prend X = Y = L2 ([0; 1℄), dom(T2) est l'espa
e des fon
tions f qui sont
C sur [0; 1℄ et telles que f (0) = f (1) = 0, et T2(f ) = f 0 pour f 2 dom(T2).
1
{ B3 : on prend X = Y = L2 ([0; 1℄), dom(T3) est l'espa
e des fon
tions f qui sont
C sur [0; 1℄ et telles que f (0) = f (1), et T3 (f ) = f 0 pour f 2 dom(T3).
1
Ca a l'air de pinaillages ridi
ules, mais on verra plus loin a propos des adjoints qu'il y a
des dieren
es importantes dans les proprietes de T1 , T2 et T3 .
Un operateur T de X dans Y est dit inje
tif si l'appli
ation T : dom(T) ! Y est
inje
tive. Soit T un operateur inje
tif de X dans Y ; le sous-ensemble de Y X egal a
f(y; x) 2 Y X : (x; y) 2 Gr(T)g est le graphe d'un operateur T 1 (de domaine im(T))
appele inverse de T. Clairement T 1 est inje
tif et (T 1) 1 = T. Si T : X ! Y et
S : Y ! G sont inje
tifs, alors ST est inje
tif et (ST) 1 = T 1 S 1 .
Exemple 11.1.2. Consid Rt
erons X = Y = L2 (0; 1) ; soit V l'operateur borne de \primitive
nulle en 0", (Vf )(t) = 0 f (s) ds, et posons D = im(V). On a vu que V est inje
tif
(exemples 7.3.2). On peut don
denir l'operateur T = V 1 de domaine D en posant
pour tout g 2 D
(Tg = f ) , (Vf = g):
Cet operateur T est don
inje
tif lui-aussi.
{ 146 {
La topologie revient
Soient E et F deux espa
es de Bana
h ; un operateur T de E dans F est dit densement
deni si son domaine dom(T) est dense dans E.
Denition 11.1.3. Soient E et F deux espa
es de Bana
h ; un operateur de E dans F
est dit ferme si son graphe est un sous-espa
e ferme de E F. Un operateur de E dans
F est dit fermable s'il admet une extension fermee.
Exemple 11.1.4. Reprenons l'operateur borne V de L2 ([0; 1℄) dans lui-m^eme et son
inverse non borne V 1 de l'exemple 2 ; le domaine de V 1 est im(V) ; on a vu que im(V)
est dense (exemples 7.3.2), don
V 1 est densement deni. Puisque V est
ontinu, son
graphe est ferme, don
V 1 est ferme puisque son graphe s'obtient a partir de
elui de
V par l'homeomorphisme (x; y) ! (y; x) de L2 L2 sur lui-m^eme.
Soit S une extension fermee de l'operateur T ; alors Gr(S)
ontient Gr(T), don
son
adheren
e Gr(T). Il s'ensuit qu'un operateur T est fermable si et seulement si Gr(T) est
le graphe d'un operateur. On appellera fermeture de l'operateur T l'operateur T tel que
Gr(T) = Gr(T). En parti
ulier, pour que l'operateur T soit fermable il faut et il suÆt
que l'on ait Gr(T) \ (f0g F) = f(0; 0)g. On en deduit immediatement :
Proposition 11.1.1. Soient E et F deux espa
es de Bana
h et T un operateur de E
dans F ; pour que l'operateur T soit fermable il faut et il suÆt que pour toute suite
(xn ) de dom(T) qui
onverge vers 0 dans E et telle que T(xn )
onverge dans F vers un
ve
teur y , on ait y = 0.
Exemple 11.1.5. Fermetures des operateurs T, T1 , T2 et T3 de l'exemple 1. Com-
men
ons par l'operateur T de l'exemple A, deni sur L2 (R ). On va montrer que T est
fermable et isoler un
andidat pour la fermeture.
Supposons que (f; g) soit dans0 l'adheren
e de Gr(T) ; il existe une suite (fn ) C1
omp
telle que fn ! f dans L2 et fn ! g dans L2 . Quitte a passer a une sous-suite on peut
supposer qu'il existe E R tel que R n E soit negligeable et tel que fn (t)
onverge
vers f (t) pour tout t 2 E. En parti
ulier, E est non vide, et il est m^eme dense dans
R . Fixons a 2 E, et soit t 2 E ; pour tout n on a
Z t
fn (t) = fn (a) + fn0 (s) ds;
a
et la
onvergen
e dans L2 implique la
onvergen
e des integrales sur les segments
bornes, don
ompte tenu de tout
Z t
f (t) = f (a) + g (s) ds:
a
Rt
Mais la fon
tion G(t) = a g(s) ds est
ontinue pour tout t, Ret on peut redenir f
sur l'ensemble negligeable R n E par la formule f (t) = f (a)+ at g(s) ds. Il en resulte
que f est
ontinue, et qu'il existe une fon
tion gZ2 L2 telle que
u
8t < u; f (u) = f (t) + g(s) ds:
t
On introduit l'ensemble Z u
GA = f(f; g) 2 L2 (R ) L2 (R ) : 8t < u; f (u) = f (t) + g(s) dsg
t
{ 147 {
(pour ^etre vraiment
orre
t, on devrait dire : l'ensemble des
ouples (f; g) tels que la
lasse f admette un representant f~ pour lequel, pour tous t < u, on ait f~(u) =: : : ).
On vient de montrer que l'adheren
e de Gr(T) est
ontenue dans GA ; pour savoir
que T est fermable, il suÆt de voir queR uGA est un graphe :
'est
lairement un espa
e
ve
toriel, et si (0; g) 2 GA , on aura t g = 0 pour tous t < u,
e qui signie que g
est orthogonale a toutes les fon
tions en es
alier, qui sont denses dans L2 (R ), don
g = 0,
e qu'il fallait demontrer.
Exer
i
e 11.1.6. Montrer que l'adheren
e du graphe de T est egale a GA .
On appelle H1 (R ) (espa
e de Sobolev) l'espa
e des fon
tions f 2 L2 (R ) telles qu'il
existe g 2 L2 (R ) telle que (f; g) 2 GA . On dit que g est la derivee generalisee de f , et
on note simplement g = f 0 . La fermeture de T de l'exemple 1, A est don
l'operateur T
de L2 (R ) dans lui-m^eme dont le domaine est H1 (R ) et qui est deni par T(f ) = f 0 pour
f 2 H1 (R ).
On denit de m^eme l'espa
e H1 ([0; 1℄) des fon
tions f 2 L2 ([0; 1℄) (en fait f sera
ontinue)
Rt
pour lesquelles existe une fon
tion g 2 L2 ([0; 1℄) telle que f (t) = f (0) +
0 g (s) ds, pour tout t 2 [0; 1℄. Si on se rappelle l'operateur-exemple V de L2 ([0; 1℄) dans
lui-m^eme qui asso
ie a
haque g 2 L2 ([0; 1℄) sa \primitive" nulle en zero, on voit que
H1 ([0; 1℄) est egal a im(V) + K 1. On peut verier que les fermetures des variantes B1,
B2, B3 sont denies sur les domaines
{ 1 : f 2 H1([0; 1℄)
{ 2 : f 2 H1([0; 1℄) et f (0) = f (1) = 0
{ 3 : f 2 H1([0; 1℄) et f (0) = f (1).
Dans les trois
as j = 1; 2; 3 la valeur de l'extension Tj (f ) est egale a f 0 , la derivee
generalisee de f , quand f est dans le domaine de Tj .
Revenons 1sur la notion de derivee generalisee. Ave
Fubini on montre que si f 2 H1(R ) et
si ' est C a support
ompa
t, on a
Z Z
(D) f'0 = f 0 ':
R R
Rx 0
Supposons en eet que [a; b℄
ontienne le support de ' ; on a f (x) = f (a) + a f (t) dt,
don
Z Z b Z b Z bZ b
f'0 = f (x)'0 (x) = f (a) '0 (x) dx + 1a<t<x<b f 0 (t)'0 (x) dtdx =
R a a a a
Z b Z b Z b Z
1a<t<x<b f 0 (t)'0 (x) dx dt = f 0 (t)('(b) '(t)) dt = f 0 ':
a a a R
En modiant tres legerement
e qui pre
ede, on obtient la formule d'integration par
parties dans H1 ([a; b℄) : si f; g 2 H1([a; b℄), on a
Z b h ib Z b
f (t)g0 (t) dt = f (t)g(t) f 0 (t)g(t) dt:
a a a
C'est la propriete (D) pre
edente qui permet d'e1tendre la denition de H1 au
as de
2 2
plusieurs dimensions. Par exemple, on dit que f 2 H (R ) si f 2 L2(R ) et s'il existe deux
fon
tions g1 ; g2 2 L2(R 2 ) qui seront les derivees partielles faibles de f ,
e qui signie que
Z Z
f (x) ' (x) dx = gj (x)'(x) dx
R2 xj R2
{ 148 {
pour j = 1; 21et pour
2
toute fon
tion ' qui soit C1 a support
ompa
t sur R 2. Les fon
tions de
et espa
e H (R ) ne sont plus ne
essairement
ontinues, ni m^eme bornees sur les
ompa
ts
de R 2 .
Proposition 11.1.2. L'inverse d'un operateur inje tif ferme est ferme.
Exemple 11.1.7. L'operateur V 1 de l'exemple 2 est ferme et densement deni. Les
operateurs fermes et densement denis forment la
lasse la plus interessante dans
ette
theorie.
Proposition 11.1.3. Soient E, F et G des espa
es de Bana
h ;
(i) soient S : E ! F une appli
ation lineaire
ontinue et T un operateur de E dans
F ; pour que S+T soit ferme il faut et il suÆt que T le soit ; pour que S+T soit fermable
il faut et il suÆt que T le soit et, dans
e
as S + T = S + T ;
(ii) soient S : E ! F une appli
ation lineaire
ontinue et T un operateur ferme (resp.
fermable) de F dans G ; l'operateur TS est ferme (resp. fermable) ;
(iii) soient S un operateur ferme (resp. fermable) de E dans F et T : G ! F une
appli
ation lineaire
ontinue inje
tive ; l'operateur T 1 S est ferme (resp. fermable).
{ 149 {
11.2. Spe
tre des operateurs fermes
Denition 11.2.1. Soient T un operateur d'un espa
e de Bana
h
omplexe E dans lui
m^eme et 2 C ; on dit que est une valeur reguliere de T si T IdE est une appli
ation
lineaire bije
tive de dom(T) sur E et si l'appli
ation lineaire re
iproque denit une appli-
ation lineaire
ontinue de E dans lui m^eme. On appelle spe
tre de T le
omplementaire
Sp(T) dans C de l'ensemble des valeurs regulieres de T.
Soit T un operateur sur un espa
e de Bana
h
omplexe E ; designons par
T
l'ensemble des 2 C qui sont valeur reguliere de T ; pour 2
T , on pose
R (T) = (T ) 1 2 L(E)
et on appelle R (T) la resolvante de T.
Seuls les operateurs fermes sont interessants pour la theorie spe
trale : en eet, si
T admet une valeur reguliere , l'operateur (T IdE) 1 est
ontinu don
a graphe
ferme ; on en deduit que son inverse T IdE est ferme, et il en resulte fa
ilement que
T lui-m^eme est ferme. Autrement dit : si T n'est pas ferme, T n'admet au
une valeur
reguliere, don
on a toujours Sp(T) = C .
Soit T un operateur ferme d'un espa
e de Bana
h E dans lui-m^eme ; remarquons que
pour tout 2 C , l'operateur T IdE est ferme (par la proposition 1.3). Si T IdE
est bije
tif de dom(T) sur E, alors est une valeur reguliere
ar (T IdE ) 1 est ferme
(proposition 1.2), don
ontinu par le theoreme du graphe ferme (theoreme 4.1.6).
Exemples 11.2.2.
1. Soit une mesure sur C , positive et non nulle, donnant une mesure nie a tout
ompa
t ; on
onsidere dans L2 () = L2 (C ; ) l'appli
ation de multipli
ation par z,
denie sur le domaine
Z
D = ff 2 L2 () : jzj2 jf (z)j2 d(z) < +1g;
C
e qui donne un operateur, en general non borne, qu'on notera M, qui agit sur f 2 D
par (Mf )(z) = zf (z), et Mf 2 L2 (). On peut de
rire l'appartenan
e de f au domaine
D en une seule formule,
Z
(1 + jzj2 ) jf (z)j2 d(z) < +1:
C
On suppose d'abord que 2 C est tel que pour tout " > 0, on ait que B = B(; ") verie
(B) > 0. On peut
onsiderer la fon
tion f = 1B , qui est dans le domaine D, et qui n'est
pas dans la
lasse nulle de L2 () puisque (B) > 0. On a j(M )f j = jz j 1B " 1B .
Ce
i montre que k(M )f k2 " kf k2 ; si l'inverse R (M) de M Id existait, il
devrait verier kR (M)k 1=", pour tout " > 0,
e qui est impossible. Il en resulte que
2 Sp(T).
Remarquons en passant : si est la mesure de Lebesgue de C , toutes les boules
ouvertes sont de mesure > 0, don
le spe
tre de M est C tout entier dans
e
as (on a
dit qu'on obtient aussi que Sp(T) = C dans le
as degenere ou T n'est pas ferme).
On suppose inversement que 2 C est tel qu'il existe "0 > 0 tel que (B(1 ; "0)) = 0.
Considerons la fon
tion mesurable bornee g denie sur C par g(z) = (z ) si jz j
{ 150 {
"0 et g (z ) = 0 sinon. La multipli
ation Mg est bornee sur L2 () puisque g est bornee, et on
va voir que Mg = R (M). Si f 2 dom(M), on voit que Mg (M(f ) f ) = g(z )f est egale
a f en dehors de B, et a 0 dans B ; mais puisque (B) = 0, on a bien Mg (M(f ) f ) = f
en tant que
lasse. Inversement, si h 2 L2 (), on verie que Mg (h) 2 dom(M) (en eet,
Z Z Z
jzj2 j(Mg h)(z)j2 d(z) = jzj2 jg(z)h(z)j2 d(z) = jzg(z)j2 jh(z)j2 d(z) < +1
C C C
par
e que zg(z) est bornee sur C ) et ensuite (M Id)(Mg (h)) = h. On a bien montre
que Mg = R (M).
En bref, le spe
tre de M est exa
tement l'ensemble des 2 C de
rit pre
edemment,
'est a dire Ples dont tout voisinage a une -mesure > 0.
Si = +n=0 1 2 n Æ , ou (z ) est une suite quel
onque de points de C , on deduit de
z n
e qui pre
ede que le spe
tre de M est l'adheren
e F de l'ensemble des points de la suite.
n
Cela nous permet de dire que tout ferme non vide de C est le spe
tre d'un operateur.
C'est vrai aussi pour l'ensemble vide,
omme on le verra ave
l'exemple qui suit.
2. Nous allons don
montrer maintenant que le spe
tre de l'operateur T = V 1 de
l'exemple 1.2 est vide :
evidemment, 0 est valeur reguliere de T et R0 (T) = V. Pour 6= 0,
her
hons a
resoudre l'equation Tx x = y, pour y 2 E donne (on
her
he x 2 D). Puisque T
est surje
tif, on peut e
rire 1y = Tz, ave
z = V(y ) 2 D. En appliquant V on trouve
x Vx = z , soit Vx x = 1 z . On sait que 1 n'est pas dans le spe
tre
de V (qui est reduit a f0g) don
on peut resoudre,
x = R (V)( 1 z ) = 1 R (V) (Vy ):
1 1
tout nombre
omplexe est valeur reguliere de T, don
le spe
tre de T = V est
vide.
Le spe
tre d'un operateur T est reunion des trois ensembles disjoints suivants :
{ le spe
tre pon
tuel Spp (T) de T est l'ensemble de ses valeurs propres ;
{ le spe
tre residuel Spr (T) de T forme des 2 C qui ne sont pas valeur propre de
l'operateur T et tels que l'image de T IdE ne soit pas dense dans E ;
{ le
omplementaire Sp
(T) dans Sp(T) de la reunion de
es deux ensembles appele
spe
tre
ontinu de T.
Remarque 11.2.3. Pour 2 Sp
(T), l'operateur T IdE est inje
tif d'image dense,
mais (T IdE ) 1 n'est pas
ontinu.
Lemme 11.2.1. Soient T un operateur inje
tif ferme d'un espa
e de Bana
h E dans lui
m^eme et une valeur reguliere de T non nulle ; alors 1 est une valeur reguliere de
T 1 et on a
R (T 1) = T R (T) = IdE 2 R (T):
1
Il reste a expliquer pourquoi l'operateur T R (T) est borne. Cela provient de l'egalite
(T Id)R (T) = Id, qui donne T R (T) = R (T) + Id, qui est bien
ontinu.
//
Proposition 11.2.2. Le spe
tre d'un operateur ferme T d'un espa
e de Bana
h
omplexe
E dans lui m^eme est une partie fermee de C , et l'appli
ation ! R (T) est
ontinue et
holomorphe du
omplementaire du spe
tre dans L(E).
Exemple 11.2.4. Operateur diagonal. Pour toute suite s
alaire (n )n0 , on denit un
operateur (en general non borne) sur `2 (N ) dont le domaine est
X
D = fx 2 `2 : jn xn j2 < +1g
et qui est deni pour x 2 D par (Tx)n = n xn . Le spe
tre de T est l'adheren
e dans C
de l'ensemble des valeurs (n )n0 . Comme toute partie fermee non vide F de C admet
une suite dense, on retrouve le fait que pour toute partie fermee non vide F de C , on
peut
onstruire un operateur T d'un espa
e de Hilbert H dont le spe
tre Sp(T) soit egal
a F. L'operateur T = V 1 de l'exemple 7.2.2 fournit un
as ou Sp(T) = ;.
{ 152 {
11.3. Transposes et adjoints
Soient E et F deux espa
es de Bana
h et T un operateur densement deni de E
dans F ; on denit le transpose de T, qui est un operateur de F dans E, de la fa
on
suivante : le domaine de tT est l'ensemble des y 2 F telles que la forme lineaire
x 2 dom(T) ! y (T(x)) soit
ontinue (en ayant muni l'espa
e ve
toriel dom(T) de la
norme induite par
elle de E). Dans le
as ou y 2 dom(tT),
ette forme lineaire
ontinue,
denie sur le sous-espa
e dense dom(T) E, se prolonge de fa
on unique en une forme
lineaire x 2 E
ontinue sur E. On pose alors tT(y) = x . On a don
(tT)(y)(x) = y(T(x))
pour tous x 2 dom(T) et y 2 dom(tT).
Lorsque E et F sont deux espa
es de Hilbert et T un operateur densement deni
de E dans F, on denit un operateur T de F dans E de la fa
on suivante : on denit
T (y) = x si la forme lineaire `y asso
iee a y 2 H est dans dom(tT), et si `x = x =
tT(`y ). Le ve
teur y est don
dans le domaine de T si et seulement si la forme lineaire
` : u 2 dom(T) ! hT(u); y i est
ontinue sur dom(T) (muni de la norme de E), et le
ouple (y; x) 2 F E est dans le graphe de T si et seulement si
() hT(u); yi = hu; xi
pour tout u 2 dom(T),
e qui signie que x represente la forme lineaire ` (et son pro-
longement
ontinu a E). On a don
Gr(T) = f(y; x) 2 F E : 8z 2 dom(T); hx; zi = hy; T(z)ig:
En eet, la forme lineaire u ! hT(u); yi est alors
ontinue puisqu'elle est egale a u !
hu; xi et dans
e
as on a x = T (y) par denition de l'adjoint. Il est
lair que la
ondition
() denit un ensemble ferme de
ouples (y; x),
e qui montre que T est toujours un
operateur ferme.
On dit que T (densement deni sur un Hilbert) est symetrique si
hx; T(y)i = hT(x); yi
pour tous x; y 2 dom(T). Cela revient a dire que T T . Un operateur T de E dans
lui m^eme est dit autoadjoint si T = T . Tout autoadjoint est symetrique mais l'inverse
n'est pas vrai.
Exemple 11.3.1. Donnons un R exemple simple d'operateur autoadjoint. On
onsidere
H = L2 (R ), D = ff 2 L2 (R ) : R x jf (x)j dx < +1g et on denit Mf pour toute f 2 D
2 2
par
8x 2 R ; (Mf )(x) = xf (x):
On va verier que l'operateur M est autoadjoint. On voit fa
ilement que D est dense
dans L2 (R ) (par
e que D
ontient toutes les fon
tions de L2 (R ) a support borne). Il est
a peu pres evident que M est symetrique,
Z Z
hMf; gi = xf (x) g(x) dx = f (x) xg(x) dx = hf; Mgi:
R R
telles que fg soit -negligeable. Il
on
ide ave
elui de Mfh. Par la proposition 10.2.1,
le spe
tre de Mf est l'ensemble des 2 C tels que, pour tout " > 0 l'ensemble fs 2
:
jf (s) j < "g ne soit pas -negligeable.
Remarquons que Mf est inje
tif si et seulement1 si l'ensemble fs 2
: f (s) = 0g est
-negligeable ; dans
e
as im(Mf ) est dense et Mf = Mf . 1
{ 157 {
Exer
i
e 11.4.2. On
onsidere l'operateur autoadjoint S sur L2 (0; 1) dont le domaine est
dom(S) = H1 (0; 1) \ ff : f (0) = f (1)g, et qui est deni par Sf = if 0 pour f 2 dom(S).
Pour tout n 2 Z on denit la fon
tion en par en (t) = e2int ; montrer que pour tout
n 2 Z, la fon
tion en est dans le domaine de S et verie S(en ) = 2n en . Verier ensuite
que le spe
tre de S est exa
tement egal a 2Z, en
al
ulant la resolvante R (S) pour
tout 2= 2Z.
Produit de resolvantes
Proposition 11.4.2. Soient H un espa
e de Hilbert
omplexe, T un operateur ferme
sur H et ; 2= Sp(T) ; posons r = R (T), r = R (T) ; l'image r r (H) est egale au
domaine de T2 , et r r = r r .
{ 158 {
Demonstration. On va se servir de l'operateur normal S = (T i IdH ) 1 et de sa
representation obtenue au
hapitre 9. Il existe un espa
e mesure -ni (
; A; ), un
unitaire U de H1 = H sur H2 = L2 (
; ), une fon
tion h 2 L1 (
; ) tels que
S = U Mh U;
ou Mh designe l'operateur borne sur L2 (
; ) deni par la multipli
ation par h,
8g 2 L2 (
; ); Mh (g) = hg:
Puisque S est inje
tif, il en resulte que Mh est inje
tif aussi ;
ela implique que
l'ensemble A = fh = 0g est -negligeable (sinon on pourrait trouver, puisque
est -nie, un B A tel que 0 < (B) < +1, et alors 1B 2 L2 (
; ) verierait
Mh (1B ) = 0 et k1B k > 0,
e qui n'est pas possible).
Si on
omprend la tradu
tion de S sur L2 (
; ), il n'est pas bien diÆ
ile de
omprendre
elle de (T i) puis
elle de T. L'operateur (T i), qui est l'inverse
de S = Ri (T), se traduit sur L2 (
; ) par l'inverse de la tradu
tion de S :
'est
l'operateur M2 de multipli
ation par la fon
tion 1=h (fon
tion qui est -presque
partout denie). Le domaine D2 de M2 est l'image de Mh , l'ensemble des fon
tions
g de la forme g = hk pour une k 2 L2 . Comme h 6= 0 presque partout,
ela revient
a dire que Z
D2 = fg 2 L2 : jg=hj2 d < +1g:
on1 obtient par une integration par parties fa
ile que pour f a support
ompa
t de
lasse
C , on a F ( if 0 )(t) = t F (f )(t). Par ailleurs on sait montrer que U = (2) 1=2 F se
prolonge en operateur unitaire de L2 (R ), et on a alors la representation
T = U Æ M Æ U:
Remarque 11.4.4. Si H est un espa
e de Hilbert separable et T un operateur autoadjoint
de H dans H, l'operateur U = (T i IdH )(T + i IdH ) 1 est un element unitaire de L(H).
Cette transformation, appelee transformation de Cayley, permet de relier les autoadjoints
non bornes aux unitaires.
Soient H un espa
e de Hilbert et T un operateur densement deni autoadjoint de H
dans H ; on peut,
omme dans le
as borne, denir un
al
ul fon
tionnel borelien pour
{ 159 {
T : e
rivons T = u Mf u . Si g est une fon
tion borelienne bornee sur Sp(T), on pose
g (T) = u MgÆf u . Si l'unitaire U = (T i IdH )(T+i IdH ) 1 s'e
rit u Mh u , on a f = 'Æh,
ou ' : t ! i(t + 1)(t 1) 1 ; pour toute fon
tion borelienne bornee g sur R on a don
g (T) = u MgÆf u = u MgÆ'Æh u = g Æ '(U):
On en deduit que g(T) ne depend pas de l'e
riture T = u Mf u .
11.5. Le theoreme de Stone
Soit H un espa
e de Hilbert ; on appelle groupe a un parametre d'unitaires une
famille (vt )t2R d'elements unitaires de L(H) telle que :
(i) pour tous s; t 2 R on a vs+t = vs vt ;
(ii) pour tout x 2 H l'appli
ation t ! vt (x) est
ontinue.
Lemme 11.5.1. Soient H un espa
e de Hilbert, (vt )t2R un groupe a un parametre
d'unitaires, D un sous-ensemble dense de H tel que pour tout z 2 D et tout t 2 R on
ait vt (z ) 2 D ; soient x; y 2 H tels que, pour tout z 2 D, l'appli
ation t ! hvt (x); z i soit
derivable en 0 de derivee ihy; z i ; alors t ! vt (x) est
ontin^ument derivable de R dans H
et sa derivee en t est ivt (y ).
Demonstration.
R
L'appli
ation t ! vt (y) est
ontinue de R dans H. Pour t 2 R ,
posons = +
xt x 0t ivs (y) ds. L'appli
ation t ! xt est
ontin^ument derivable et sa
derivee en est ( ). Soit z 2 D ; posons '(t) = hxt; zi et (t) = hvt (x); zi. La
t ivt y
fon
tion ' est
ontin^ument derivable et sa derivee en t est hivt (y); zi. Soient t; s 2 R ;
on a (t + s) = hvt vs (x); vtv t (z)i = hvs (x); v t(z)i ; par hypothese,
ette fon
tion
de s est derivable en 0 et0 sa d0erivee est ihy; v t(z)i = ihvt (y); zi. On a montre que
est derivable en t et = ' . Comme '(0) = (0), on trouve ' = ; don
, pour
tout z 2 D et tout t 2 R , on a h(xt vt (x)); zi = 0. Alors xt vt (x) 2 D? ; don
vt (x) = xt , d'ou le resultat.
//
2 L2 (X; ) la suite de fon
tions gt
onverge partout vers gt , son module est
onstant egal a j j ; par le theoreme de
onvergen
e dominee, gt
onverge vers gt
n
dans L2 . Il en resulte que t ! vt est fortement
ontinu ;
'est don
un groupe a
n
{ 161 {
Index
iv
Index des notations