These Aidouni
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Thèse N° 135/2018
Membres du jury :
Pr. Belkassem AMAMOU, Professeur d’Enseignement Supérieur à l’École Nationale de
Commerce et de Gestion à Oujda Président
RÉSUMÉ :
L’objectif de notre travail est d’expliciter la relation entre le phénomène entrepreneurial et
l’approche territoriale de développement. En effet, ce travail de recherche s’inscrit dans une
problématique nouvelle permettant de mener une réflexion aussi importante, à savoir l’effet
du territoire sur le dynamisme entrepreneurial. Notre cas pratique s’est déroulé dans le
complexe industriel Jorf Lasfar, situé à 20 Km de la province d’El-Jadida. Ce choix est
motivé par la qualité et les caractéristiques qui recèlent, d’une part, et, d’autre part, par les
résultats obtenus répondant à notre problématique.
2
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
REMERCIMENTS :
Je remercie, infiniment tous qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce travail de
recherche.
Ainsi, j’exprime ma gratitude aux membres du jury de thèse: Pr. Belkassem AMAMOU, Pr.
Yahya YAHYAOUI et Pr. Essaid EL MESKINI.
Au final, je dédie ma thèse à ma famille et surtout mes parents, mes amis, mes collègues de
travail et à tous ceux qui m’encouragé d’achever cette aventure qui je qualifie
d’exceptionnelle. Mes chers parents aucune dédicace ne saurait exprimer mon respect, mon
éternel et ma considération pour les sacrifices que vous avez consentis pour mon instruction et
mon bien-être. Je vous remercie pour tous soutiens et amour que vous me portez depuis mon
enfance et j’espère que votre bénédiction m’accompagne toujours.
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GLOSSAIRE D’ACRONYMES :
C Cognitive
S Structurale
P Praxéologie
E Entreprise
O Organisation
PhE Phénomène entrepreneurial de VERSTRAETE
GREMI Groupe de Recherche en Milieu Inoovateur
ORMVAD Office Régional de Mise en Valeur de Doukala
OCP Office chérifien de phosphate
JLEC Jorf Lasfar Energy Company (Actuellement TAQA MAROC)
SONASID Société Nationale de Sidérurgie
SEJ Société d’Entreposage Jorf
CDG Caisse de dépôt et de gestion
PAI Plan d’accélération industrielle
5
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SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 7
Section III : Traitement des données de l’échantillon et analyse des résultats ............... 256
6
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Cette introduction générale est conçue pour faciliter aux lecteurs intéressés par notre
thème de comprendre l’objectif de recherche, le cadre théorique et la méthodologie de
recherche mobilisés. Donc, elle est structurée en quatre paragraphes. D’abord, le premier
paragraphe décrit le contexte de cette recherche tout en mettant en évidence l’importance de
l’entrepreneuriat et la politique des écosystèmes menés par les autorités politiques en vue de
favoriser le dynamisme entrepreneurial et le développement territorial. Ensuite, le second
paragraphe expose la problématique centrale de notre travail de recherche ainsi que les
hypothèses qui vont remplacer la question de départ et qui sont en nombre de trois. Puis, le
troisième paragraphe affiche, la méthode de travail que nous allons utiliser, allant d’une revue
de la littérature au choix de la méthodologie de recherche. Enfin, le dernier paragraphe
annonce et décrit la structure et le plan détaillé de la thèse.
Le contexte de la recherche
D’abord, le problème d’accès au financement pour les entreprises. Malgré des efforts
entamés par les institutions financières et les banques (voir Annexe 6). La majorité des
entreprises sont mécontentes et ne peuvent accéder facilement au financement, et ce par la
complexité du système de garantie. C’est pour cela, cette problématique continue de miner le
développement du tissu entrepreneurial, ainsi qu’elle incite les différentes parties prenantes
concernées à s’incliner sur ce sujet, en vue de développer d’autres sources de financement
alternatives telles que le capital-risque, la finance islamique, les fonds d’investissements gérés
en mode de partenariat public-privé et l’accès à la bourse pour les PME.
7
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1
Le site officiel ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique au
Maroc : http://www.mcinet.gov.ma/
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2
PLAN D’ACCELARATION INDUSTRIELLE : 2014-2020.
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Dans ce cadre, nous allons proposer trois hypothèses principales de recherche qui
remplaceront la question principale de départ, ainsi qu’elles se présentent comme une
proposition aux questions de recherche. Ces réponses, provisoires et sommairement,
guideront le travail de recueil et l’analyse des données et devront cependant être testées,
corrigées et approfondies. Ces hypothèses sont présentées comme suit :
Cette hypothèse vise à montrer qu’un milieu territorial caractérisé par des logiques,
une logique d’interaction entre les acteurs du milieu et une logique d’apprentissage, par la
présence des ressources et des actifs territoriaux , par une activité industrielle pertinente et par
une économie d’externalité contribue au dynamisme entrepreneurial. De même, le milieu
facilite par des liens internes qu’externes une culture entrepreneuriale locale.
11
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Hypothèse 3 :Le projet milieu innovateur défini comme une formation socio
territorialisée participe au dynamisme entrepreneurial et au développement
territorial, notamment par l’existence des logiques et des stratégies.
Dans la présente hypothèse nous allons indiquer que le projet milieu innovateur
développé par le GREMI et P. AYDALOT (1984) peut constituer une plate-forme propice à
l’innovation, ainsi qu’il contribue au dynamisme entrepreneurial. Ainsi, le milieu innovateur
en tant qu’une formation socio-territoriale fondée sur des logiques et des stratégies contribue
au dynamisme entrepreneurial, notamment par les interactions développées entre les différents
acteurs et par le conditionnement d’une plate-forme d’innovation appropriée au soutien des
entrepreneurs et des entreprises ; l’aide accordée aux entreprises et le développement des
stratégies réactive ou proactive pour la détection des nouvelles opportunités d’affaires.
La méthode de travail
La méthode de travail a été basée sur des étapes structurées, allant d’une revue de
littérature au choix de la méthodologie de recherche. En premier lieu, nous avons commencé
par une revue de la littérature impressionnante concernant les apports disciplinaires et
théoriques relatifs à l’entrepreneuriat et au territoire. En effet, le but de cette étape est de
mieux comprendre les concepts et les notions pour tracer les contours d’un cadre théorique
enrichissant. Cela nous a permis, notamment d’avoir un chapitre relatif à l’entrepreneuriat, un
chapitre traitant l’approche territoriale de développement et un chapitre expliquant
l’interaction entre l’entrepreneuriat et le territoire à travers la notion du milieu.
.......L’épistémologie de recherche :
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D’abord, la nature de la réalité étudiée dans le paradigme positiviste est une donnée
objective indépendante du sujet de l’observateur. À cet effet, le phénomène de
l’entrepreneuriat dans le milieu complexe industriel Jorf Lasfar existe depuis longtemps et
prend plusieurs formes. Donc, nous allons chercher à observer cette réalité en vue d’expliciter
les relations existant entre les opérateurs du complexe, ainsi que de montrer l’importance des
logiques d’interactions et d’apprentissage entre les différentes parties prenantes permettant de
faciliter l’innovation et le dynamisme entrepreneurial.
13
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D’abord, selon R.K. YIN (2009), l’étude de cas « est une enquête empirique qui étudie
un phénomène contemporain dans son contexte réel quand les limites entre le phénomène et le
contexte ne sont pas claires. Son avantage est qu’elle intègre dans un contexte l’analyse de
l’objet, c’est-à-dire qu’elle l’inscrit dans son environnement temporel, spatial et social. »
Dans ce contexte, le choix de l’étude de cas du complexe industriel Jorf Lasfar est motivé
pour divers raisons, d’une part, notre proximité du complexe, et donc, la possibilité de
contacter les acteurs et les décideurs du complexe, et, d’autre part, de démontrer par les
spécificités de notre étude de cas le rôle du milieu au dynamisme entrepreneurial, soit par la
participation à la création d’entreprises ou soit par l’existence des logiques d’interaction et
d’apprentissage au sein du milieu favorisant l’innovation.
Le recours à l’approche quantitative en second lieu sera pour but de compléter ce qui a
été déjà exploré dans l’étude qualitative. Elle a pour objectif d’obtenir des réponses et de
14
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
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sein du complexe industriel Jorf Lasfar dont nous allons explorer qu’il s’agit d’un milieu
territorial caractérisé, d’une part, par l’existence des opérateurs industriels de renommés et
des institutions locales, et, d’autre part, par la présence des logiques d’interactions et
d’apprentissages. Ensuite, nous allons exposer le cadre épistémologique et méthodologique de
recherche. La méthodologie de recherche sera une combinaison de l’approche qualitative et
l’approche quantitative. Enfin, dans la dernière section, nous allons présenter nos résultats
empiriques. Ces résultats présentés seront obtenus par le recours à la méthode-test des
hypothèses, à savoir le teste de Fisher qui aura pour but de montrer l’impact d’une variable
sur une autre variable, le test de Khi-2 pour objectif d’expliquer la dépendance entre les
variables.
Au final de notre travail de recherche, nous allons essayer de résumer les principaux
apports théoriques et empiriques de la recherche, ainsi que de présenter les limites de
recherches et d’ouvrir la voie aux nouveaux chercheurs souhaitant approfondir leurs
recherches dans ce domaine.
17
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Introduction
Ce premier chapitre constitue le point de départ de notre recherche doctorale. Il
cherche à expliquer en détail le phénomène entrepreneurial considéré comme axe primordial
dans notre raisonnement. En effet, la recherche en entrepreneuriat est en train de se grandir,
mais souffre, toujours, de l’absence d’un cadre de référence spécifique à la recherche dans la
matière.
La première section vise à présenter le cadre historique et théorique de
l’entrepreneuriat. D’abord, nous commençons par l’évolution historique qui a connu
l’entrepreneuriat dans les 17ème et 18ème siècles, notamment par l’économie capitaliste et les
différentes écoles de l’économie. Ensuite, nous exposons les principales approches expliquant
l’entrepreneuriat dans la théorie économique, à savoir l’approche fonctionnelle, l’approche
sur les individus ou le courant behavioriste, axé sur les traits de l’entrepreneur et enfin
l’approche par le processus. Ces approches ont donné naissance et acception au champ de
l’entrepreneuriat. Enfin, nous repérons les efforts des grands auteurs visant à assurer une
modélisation du phénomène entrepreneurial et de construire une théorie spécifique à
l’entrepreneuriat.
La seconde section est dédiée à l’acteur de l’entrepreneuriat, celui de l’entrepreneur.
En effet, nous développons dans le premier paragraphe, les approches constituant la théorie de
l’entrepreneur en vue de mieux comprendre ce concept. Elles sont en nombre de trois
approches, à savoir l’approche de J. Schumpeter concernant l’entrepreneur et l’innovation,
l’approche de M. Casson touchant la relation entre l’entrepreneur et la coordination et enfin
l’approche de F. Knight relatif au risque et à l’incertitude. Ensuite, nous passons dans le
deuxième paragraphe à opérer une classification détaillée des typologies d’entrepreneurs,
auprès des fondateurs du champ de l’entrepreneuriat. Enfin, dans un dernier point, nous
abordons la relation éventuelle entre l’entrepreneur et le territoire.
La troisième section est réservée au cadre conceptuel relatif à l’entrepreneuriat. Dans
un premier temps, nous présentons les quatre paradigmes identifiés par les auteurs en vue de
faciliter la recherche en entrepreneuriat et d’avoir un cadre théorique et conceptuel solide.
Ensuite, nous passons à la définition du processus entrepreneurial considéré comme la pierre
angulaire de l’entrepreneuriat. En effet, le processus entrepreneurial a permis de faciliter la
démarche entrepreneuriale menant à la création d’une entreprise. Certes, il existe une
démarche classique, mais aussi des nouvelles approches du processus entrepreneurial
développé par des auteurs, comme D.B. Greenberger et D.L. Sexton basé sur l’interaction des
multitudes des facteurs.
19
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Parmi les premiers auteurs qui se sont intéressés à l’entrepreneuriat, nous citons deux :
R. CANTILLON et J-B. SAY ; ils sont considérés comme les précurseurs de l’entrepreneuriat
dans l’économie. L’entrepreneur selon eux est comme un preneur de risque, par le fait qu’il
achète des Matières premières souvent de l’agriculture et les transforme en un produit fini
vendu sur un marché en vue de réaliser un profit et de couvrir le risque supporté par cette
20
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
opération3. En fait, l’entrepreneur est l’agent principal qui assume le risque de cette
transformation.
J. B. SAY connu par sa célèbre loi de débouché qui porte sur « l’offre créée sa propre
demande » ; il a fait une différence entre l’entrepreneur et le capitaliste. Dans sa conception
les entrepreneurs sont des individus qui créent une utilité nouvelle soit par la création d’un
nouveau produit pour le marché ou bien le déplacement des ressources inexploitées ou
exploitées par une cadence lente vers un niveau de productivité supérieur4.
Ensuite, le capitalisme libéral caractérisé par une multiplication des affaires familiales
et une stimulation pour les entrepreneurs à créer leur propre entreprise de petite taille avec son
autofinancement ;
3
FILON L-J.,« Le champ de l'entrepreneuriat : historique, évolution, tendances », Revue internationale P.M.E:
Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 10, n° 2, 1997, p.132.
4
JANSSEN F., SURLEMONT B., « l’entrepreneuriat : éléments de définition ». Ouvrage collectif sous la
direction de Frank JANSSEN « Entreprendre une introduction à l’entrepreneuriat », Édition De Boeck
Université, 2009. P. 33-34.
5
JULIEN P-A., MARCHESNAY M., « L’entrepreneuriat », Édition ECONOMICA, Paris 1996. P. 20-23.
21
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ensuite, l’école autrichienne des 20 siècles, par son fondateur Carl MENGER qui
suppose que l’activité entrepreneuriale a pour but d’obtenir l’information susceptible à un
changement économique. Ainsi, l’entrepreneur doit être conscient et vigilant des situations
qui mènent au changement économique. Une autre définition importante d’ Israel KIZNER,
par laquelle introduit la notion de la vigilance dans l’activité entrepreneuriale qui suppose
que chaque entrepreneur doit être attentif et vigilant aux déséquilibres du marché afin de
chasser les nouvelles possibilités et de réaliser le profit. Selon KIZNER, la capacité
d’entreprendre est un don qui se diffère d’une personne à une autre et qui détermine la
vigilance entrepreneuriale6.
«……… La vigilance entrepreneuriale consiste, après tout, dans la capacité à noter, sans
recherches, les occasions qui ont été oubliées jusqu’ici. Il est certain qu’elle peut aussi inclure la
capacité à noter les occasions de recherches intentionnelles profitables. Mais cette occasion a été
découverte par l’entrepreneur vigilant sans recherche. ………» I. KIZNER.
6
BERKANE A., « Carl Menger et l'école autrichienne sur la question de la connaissance ». Colloque
International Carl Menger et l'École Autrichienne : "existe-t-il une "pensée -Menger ?", Nov 2007, Aix en
Provence, France. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00191164/document .
22
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
7
JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.cit. P. 51 -52.
8
FILON L-J, (1997), Op.cit. P. 135.
23
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
9
JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 54.
10
JAZIRI R., « Vision renouvelée des paradigmes de l’entrepreneuriat : Vers une reconfiguration de la recherche
en entrepreneuriat ». Acte du colloque international sur « Entrepreneuriat et Entreprise : nouveaux enjeux et
nouveau défis ». Les 3-4-5 Avril 2009, Gafsa.
11
JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 54-55.
24
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le courant behavioriste, développé dans les années 70, est fondé par les psychologues,
les psychanalyses, les sociologues et autres spécialistes du comportement humain. Il cherche à
étudier l’entrepreneur et ses caractéristiques. Ainsi que, de montrer la différence entre les
entrepreneurs et les non-entrepreneurs à partir des traits de caractère. Parmi ces précurseurs,
nous trouvons « MAX WEBER » qui identifie le système de valeurs comme fondamental
pour expliquer les entrepreneurs et C. McCLELLAND qui a donné le coup d’envoi aux
sciences du comportement au regard des entrepreneurs, par le lien existant entre la création
d’une petite entreprise et le besoin élevé d’accomplissement13. Ce courant regroupe deux
approches opposées ; une approche «internaliste» s’intéresse aux traits de l’entrepreneur
autour de la question «qui est l’entrepreneur» et une approche «externaliste» pose la question
« que fait l’entrepreneur». Ces deux approches sont explicitées somme suite :
l’entrepreneur. Pour lui, les principales caractéristiques des entrepreneurs sont un besoin élevé
d’accomplissement (need for achievement) et une forte confiance en eux14. En effet, le
tableau, ci-dessous, montre les principaux traits de la personnalité de l’entrepreneur par les
spécialités en comportement qui sont souvent indépendamment du contexte de
l’entrepreneur.15
Tableau 1: Les caractéristiques le plus souvent attribuées aux entrepreneurs par les
spécialistes en comportement
14
DEGEORGE J-M., « déclenchement du processus de création d’entreprises : Le cas des ingénieurs
Français », 431 pages. Thèse pour l’obtention du doctorat en sciences de gestion soutenue publiquement, le 26
novembre 2007, à l’université JEAN MOULIN LYON III. P. 43.
15
FILION L-J.,, Revue internationale P.M.E. : Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 10, n°
2, 1997, P. 129-172.
16
SCHMITT C., JANSSEN F., « Regard critique sur la recherche en entrepreneuriat : construction, évolution et
tendances », Communication au 11éme Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME. Octobre
2012. Disponible sur le lien : http://hdl.handle.net/2078/116003. P . 5.
26
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La limite de cette approche est que l’entrepreneuriat est un objet complexe, difficile à
aborder d’une seule vision. Ainsi, c’est un phénomène régional issu des différentes cultures,
besoin et habitudes d’une région. L’être humain est un produit de son milieu, un être sociable,
un être qui apprend en exerçant un métier joue un rôle sur les caractéristiques de
l’entrepreneur. À cet effet, les entrepreneurs sont des gens mal adaptés qui ont besoin de créer
leur propre environnement.
Cette approche, apparue dans les années 90, cherche à présenter les limites et à
remettre en cause les approches précédentes expliquant l’entrepreneuriat tel que l’approche
par les traits. En effet, les chercheurs ont posé la question, « comment naitre une entreprise»,
en se basant sur un processus qui prend davantage en compte, les actes, les activités et
l’environnement. GARTNER, le pionnier, a proposé un modèle interactionniste pour décrire
le processus de création d’une nouvelle activité à travers un modèle qui comporte quatre
dimensions, à savoir l’environnement, l’individu, le processus et l’organisation. De même, S.
VENKATARAMAN a souligné aussi l’importance d’étudier le processus d’émergence des
opportunités de création d’entreprises. À cet effet, d’après, S. SHANE et S.
VENKATARAMAN: « L’entrepreneuriat est l’étude scientifique du comment, par qui et
avec quels effets, les opportunités de création de nouveaux produits et services sont détectées,
évaluées et exploitées. »17.
En outre, le point de vue de C. BRUYAT et P-A. JULIEN qui a marqué cette approche
par le processus, vise à montrer que l’entrepreneuriat est un dialogique18 individu - création
de valeurs insistant sur le changement pour l’individu et pour l’environnement, comme
facteur favorisant le processus de création d’une entreprise19.
En effet, le tableau, ci-dessous, résume les différentes visions de l’approche par les
processus, ainsi que ses principales caractéristiques.
17
JAZIRI R., (2009), op.cit.
18
Dialogique, un concept innové par E. Morin signifie que deux logiques ou plusieurs logiques sont liées en une
unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et antagoniste) sans que la dualité se perde dans l’unité.
19
CAPRON H., « Entrepreneur et création d’entreprises : Facteurs déterminants de l’esprit d’entreprise » édition
de Boeck Université, 2009. P : 13-33.
27
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Durant les deux derniers siècles, l’entrepreneuriat renvoie à une approche fonctionnelle
utilisée surtout dans le domaine économique (What).
J. A. Schumpeter «l’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et
(1928) 21
l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de
l’entreprise […]. Cela a toujours à faire avec l’apport d’un
usage différent de ressources nationales qui sont soustraites de
leur utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles
combinaisons».
E. T. Penrose (1963) L’entrepreneuriat appréhende l’identification d’opportunité
dans le système économique.
H. Leibenstein L’entrepreneuriat renvoie aux activités nécessaires à la création
(1978,1979) d’une entreprise.
Depuis le début des années 50, l’entrepreneuriat renvoie à une approche individuelle
utilisée surtout dans le domaine psychologique, sociologique ou de psychologie cognitive (
Why and Who).
R. Ronstad (1984) L’entrepreneuriat est un processus dynamique de création
humaine incrémentale. « This wealth is created by individuals
20
Amina OMRANE et al., « Les compétences entrepreneuriales et le processus entrepreneurial : une approche
dynamique », La Revue des Sciences de Gestion 2011/5 (n° 251), p. 91-100.
21
Cité par Filion (1997), dans Fayolle (2002, p.6) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus
entrepreneurial : quelques idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32,
28
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
22
Cité par Messeghem (2006) « L’entrepreneuriat en quête de paradigme : apport de l’école Autrichienne »,
8ème congrès international francophone en Entrepreneuriat et PME, Octobre 2006, HEC, Fribourg, Suisse.
23
Cité par Verstraete (2003) « proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat », Éditions
de l’ADREG.
24
Cité par Fayolle (2002, p.10) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques
idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32,
29
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
25
Cité par Fayolle (2002, p.11) « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques
idées et pistes de recherche », CERAG n°2002-32,
30
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
26
HERNANDEZ E-M., « l’Entrepreneuriat : approche théorique », Édition l’Harmattan, 2001, P : 66-70.
31
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
qui regroupe des entreprises à fort potentiel économique possédant un métier et des savoirs
faire;
Le milieu social: Il s’agit de l’influence de la culture de l’entrepreneur sur le choix de
son avenir (accession aux professions publiques ou créations d’entreprises).
La faisabilité de l’acte : « pour créer sa propre entreprise, l’entrepreneur doit accéder
à certaines ressources. D’une part, les américains parlent des 6M de l’entreprise : Money,
Men, Machines, Matériels, Market, Management »27. D’autre part, Belley affirme que la
plupart des recherches insistent sur la nécessité de la disponibilité des ressources financières
pour la création d’entreprises, ainsi que, le capital humain, considéré comme un potentiel
d’épanouissement pour l’entreprise, est abondant, mais il souffre du problème de la
qualification.
À cet effet, le modèle d’A. SHAPERO est schématisé comme suit :
Figure 1: Le modèle de l’Entrepreneuriat selon A. SHAPERO (1975)
Évènement entrepreneurial :
Entrepreneur Potentiel :
*Création
Avec son « bagage » *Achat
*Scolarité *Intégration sur invitation,
*Expériences par succession
Avec son « bagage »
Variable de situation Variable Économique
Scolarité
Expériencesdes
Faisabilité-Accessibilité
ressources
Discontinuité ou déplacement : *Main-d’œuvre
* Négatifs : « Pushes » *Ressources financières
* Technologie
* Positifs : « Pulls » * Marchés
* Supports de l’État
Source : Émile Michel HERNANDEZ (2001, P : 67)
*Positifs : « Pulls »
27
Idem., P. 67.
32
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, Th. VERSTRAETE (2002) a fait appel à des outils méthodologiques pour
expliquer la modélisation du phénomène entrepreneurial. En premier lieu, par le recours à
l’analyse dialectique selon PAGES. En effet, cette analyse consiste à parler de dialectique dès
lors qu’on étudie un objet aux dimensions indissociables mais irréductibles les unes aux
autres d’une part. D’autre part, d’effectuer des articulations de processus relevant de
domaines différents à travers une approche interdisciplinaire induisant un questionnement
épistémologique profond. Les deux acceptions ne sont pas exclusives et constituent,
conjointement, l’analyse dialectique.29
Ensuite, le recours à une approche constructiviste et du regard du gestionnaire sur
l’entrepreneuriat. Ces chercheurs en science de gestion apportent à l’entrepreneuriat une
réalité socio-économique, qui s’exprime à deux niveaux : le créateur et l’organisation
impulsée.
Donc, ce modèle est composé de trois dimensions : une dimension cognitive,
praxéologique et structurale ; ces trois dimensions comportent elles-mêmes des dimensions
indissociables et irréductibles (voir le graphique ci-dessous).
28
VERSTRAETE Th., « un essai sur la singularité de l’entrepreneuriat comme domaine de recherche », Édition
de l’ADREG, janvier 2002. P. 13.
29
VERSTRAETE Th., « ENTREPRENEURIAT connaître l’entrepreneur, comprendre ses actes » Édition
l’Harmattan, Paris, 1999. P. 28
33
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Organisation Entrepreneuriale
Phénomène Entrepreneurial
Source : Thierry VERSTRAETE (2001, P. 9).
En effet, ces trois dimensions ont pour objectifs de soutenir l’entrepreneur dans sa
vision et sa position de création d’organisation au sein d’un environnement turbulent et
incertain. Aussi, de faire intégrer les parties prenantes dans son projet d’impulsion
d’organisation. C’est pourquoi l’entrepreneuriat relevant d’une relation symbiotique entre
l’entrepreneur et l’organisation impulsée par lui-même31. Les trois dimensions de la
modélisation du phénomène entrepreneurial sont présentées comme suit :
La dimension cognitive : Elle correspond en général à la personne entrepreneur ses
intentions et ces attitudes. Cette dimension regroupe trois concepts fondamentaux et
indissociables à savoir la vision stratégique, l’apprentissage et la réflexivité. Ces sous-
dimensions ont pour effet de rendre l’organisation plus congruente, et d’adopter une position
stratégique32.
La réflexivité : elle renvoie à la capacité de l’individu à comprendre ce qu’il fait,
pendant qu’il fait. Précisément l’acteur prend conscience à la fois de ce qu’il fait et de la
perception qu’il a de ses intentions (actions) et de ses motivations d’action, cela en référence
aux ressources qu’il mobilise au sein de la structure sociale dans laquelle évolue. À cet effet,
le créateur de l’organisation apprend dans l’action d’organisation et dans la structuration qu’il
entreprend.
30
Idem., P 32
31
VERSTRAETE Th., « Entrepreneuriat : modélisation du phénomène », Revue de l’entrepreneuriat Vol 1, n° 1,
2001. P. 8.
32
VERSTRAETE Th., « Proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat : PhE=F[
(CxSxP)c (ExO)] », Édition l’ADREG décembre 2003. P. 21- 41.
34
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
33
Idem., P. 42-75.
34
Le capital économique (liquidité, bien économique), le capital culturel (un capital culturel incorporé, un
capital culturel objectif et un capital culturel institutionnalisé), un capital social (ensemble des ressources
actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relation) et enfin un capital
symbolique (le prestige et à la répartition qui confère dans un champ).
35
VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 35-36.
35
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
cet effet, L’entrepreneur parviendra à imposer son registre conventionnel, plus sa présentation
à l’espace social qu’il investit. Ainsi, ces deux principes constituent un lien de liaison entre la
dimension subjective (la partie construite) et la dimension objective (la partie donnée), dans le
sens que le fondateur use des espèces de capital dont il dispose, de sa capacité de conviction
pour instaurer un modèle qu’ il utilisera dans le futur pour changer de position au sein de la
structure globale.
La dimension praxéologique : C’est la dernière dimension de la modélisation du
phénomène entrepreneurial. Elle constitue l’espace de la matérialisation et de la concrétisation
du phénomène. Cette concrétisation passe par une organisation renvoyant aux deux
dimensions qui sont :
L’entrepreneur se positionne vis-à-vis de multiples parties prenantes :l’entrepreneur se
positionne dans un environnement incertain, plein des concurrents et des acteurs proches de
son projet, ce qui complexifie sa réaction. En effet, il mène par son action organisée, à initier
une organisation et de considérer comme un processus d’inter-structuration. Cette action
menée vise à réguler et à gouverner les acteurs de l’organisation et les membres de
l’environnement pour les mettre d’accord et d’apporter les réponses aux contraintes
rencontrées par l’entrepreneur. L’entrepreneur est censé de mettre en place une configuration
organisationnelle sur laquelle va s’appuyer.
L’entrepreneur met en place une configuration organisationnelle : l’entrepreneur
arrive à instaurer une structure autonome, composée par des thèmes classiques tels que la
spécialisation et la répartition des tâches, la responsabilité et la coordination pour intégrer
enfin la structure globale socio-économique. En somme, ces deux composantes de la
dimension praxéologique permettent de construire et de mettre en œuvre une organisation
autonome, ouverte et possédant une entité.
Figure 3: L’interaction des dimensions du phénomène entrepreneurial d’après Th.
VERSTRAETE
Cognitive Praxéologique
Structurale
Source : Thierry VERSTRAETE (2003, P. 17)
Ces trois niveaux de dimensions (C, S, P), plus deux facteurs (l’entrepreneur et
l’organisation), cherchent à construire un programme de recherche en entrepreneuriat (Figure
36
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
PhE= {𝑪 ∗ 𝑺 ∗ 𝑷}∁[𝑬 ∗ 𝑶]
Source: Thierry VERSTRAETE (2003, P. 16)
Pour conclure, ce paragraphe, nous avons exposé quelques limites et problèmes liées
au phénomène de l’entrepreneuriat dans la littérature. D’abord, les auteurs ne sont pas arrivés
à se mettre d’accord sur une définition du terme entrepreneuriat. Ensuite, plusieurs modèles
ont été développés par des différents chercheurs, mais sans déterminer une définition précise.
Cette divergence des points de vue des chercheurs appauvrit l’ampleur et l’importance du
phénomène de l’entrepreneuriat
En effet, la section suivante sera pour but d’éclaircir davantage le phénomène
d’entrepreneuriat, notamment par l’idée de présenter l’entrepreneur considéré comme l’acteur
de l’entrepreneuriat.
Dans cette section, nous allons définir d’abord, les approches traitant le concept de
l’entrepreneur (Paragraphe 1), puis, d’expliciter une typologie d’entrepreneur par des
caractéristiques comportementales et psychologiques (Paragraphe 2), et enfin, l’implication de
l’entrepreneur dans le territoire. (Paragraphe3).
36
VERSTRAETE Th., (2003), Op.Cit. P. 13-16.
37
Idem., P. 17-20.
37
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
38
JANSSEN F., SURLEMONT B., (2009), Op.Cit. P. 53.
39
Idem., P. 53.
38
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La recherche de profit est secondaire. Un entrepreneur est celui qui aime le jeu, par le
fait, que la joie de créer son organisation ou de combiner les facteurs de production l’emporte
sur la recherche de profit entrepreneurial. Le profit apparaît comme l’expression de la valeur
de la contribution de l’entrepreneur à la production ;
40
BOUILLIER S., UZUNIDIS D., « L’entrepreneur », sous la direction de Catherine Léger-Jarniou, « Le grand
livre de l’entrepreneuriat », Édition DUNOD, 2013 P. 32-34.
41
FAYOLLE A., « Entrepreneuriat apprendre à entreprendre », 2éme Édition Dunod, 2012. P. 79.
39
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En définitive, une multitude des chercheurs vont s’inspirer des travaux de Schumpeter
et associer par la suite, le concept d’entrepreneur à l’innovation, notamment, le théoricien
Leibenstein, qui distingue deux types d’entrepreneurs : l’entrepreneur routinier qui est
assimilé au management au sens large et l’entrepreneur « new type » qui crée et développe
une entreprise dont le marché n’est pas encore défini.
….Spécialisé… : un spécialiste prend une décision non seulement pour son propre
compte mais aussi pour celui d’autres personnes, c’est pour cela la prise de décision peut être
acquise pour location. Dans une économie de marché, le processus de prise de décision agit à
42
CASSON M., « L’entrepreneur » Édition ECONOMICA, Paris, 1991. P. 22 -23.
40
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
deux niveaux ; soit le service de décision est loué par ceux qui possèdent les ressources, ou
soit les ressources sont louées à leurs propriétaires par les décideurs.
….. En prenant des décisions réfléchies… : une décision réfléchie est expliquée dans
le cadre que les individus prennent des décisions opposées dans un contexte similaire et les
mêmes objectifs fixés. Cela résulte par le fait, qu’ils n’ont pas le même type d’accès à
l’information, ou qu’ils n’ont pas interprété l’information de la même manière.
….des ressources rares : pour objectif de serrer le champ d’étude qui est
généralement considéré comme économique.
43
Idem., P. 27-28.
41
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
42
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Les marchés ont alors pour mission de sélectionner les individus les plus aptes à
prendre les bonnes décisions et les entreprises apparaissent comme l’institution chargée de
consolider et de réduire l’incertitude des affaires.
Par ailleurs, nous noterons que la distinction risque incertitude de F. KNIGHT n’est
plus acceptée aujourd’hui même si elle concerne un fort pouvoir d’attraction sur notre
institution. En particulier l’incertitude ne provient pas du caractère unique de la situation
économique mais, du fait que les opinions divergent sur ce qu’il convient de faire pour
l’améliorer.
44
LAROCHE H., NIOCHE J-P., « Repenser la stratégie : fondements et perspective », Edition Vuibert, 1998. P
282-283.
43
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
favorise les activités à croissance forte. Ainsi, ils possèdent une forte confiance, par laquelle
cherchent à exercer un certain contrôle et développer leur propre projet tant dans l’entreprise
que dans leur vie personnelle. Ces caractéristiques sont déployées par des chercheurs en vue
de procéder à une classification45.
D’abord, nous commençons notre classification par une ancienne étude sur la
typologie, celle de Norman Smith au début des années 60. Cette fameuse classification a
permis de distinguer entre l’entrepreneur artisan et l’entrepreneur opportuniste sur la base de
niveau d’éducation et la formation des entrepreneurs.
Ensuite, une autre typologie est effectuée par deux auteurs américains, Miles et Snow,
en 1975, selon laquelle ils vont réorganiser les travaux de Smith pour montrer la relation entre
l’entrepreneuriat et l’innovation, ainsi que de proposer une typologie d’entrepreneur issus de
cette relation. Ces recherches peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous 46 :
45
JULIEN P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op.cit. P. 55
46
MARCHESNAY M., MESSEGHEM K., « cas de stratégie de petites et moyennes entreprises », Édition EMS
2001. P. 20
44
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, cette classification est réalisée selon les conditions de l’innovation, allant du
prospecteur au réacteur47 :
Le suiveur : va imiter d’une façon ultérieure, les innovations qui apparaissent sur le
marché. Cette démarche constitue pour lui une source de compétitivité. En effet, les
entrepreneurs adaptateurs mettent l’accent sur l’amélioration de l’innovation (produits,
procédés) déjà existant sur les marchés et les problèmes de gestion relatifs, en vue d’abaisser
les coûts, contrairement aux innovateurs qui subissent les coûts les plus élevés.
Ainsi, une autre classification paraît importante, proposée par Jacqueline LAUFER,
suite à la réalisation d’une étude sur soixante cas de création d’entreprises, entre 1950 et
1970, en vue de déterminer les motivations dominantes à la création d’entreprises et aux
principaux buts de l’entrepreneur. En effet, J. LAUFER a pu constater que la motivation de
création d’entreprises est relative à plusieurs stimuli, par exemple, les plans du désir de
réalisation, de croissance, de pouvoir ou d’autonomie. De même, la cellule familiale joue un
rôle important dans le cas où quelqu’un de la famille (père, mère) est entrepreneur, il peut
encourager et influencer positivement l’intéressé à réaliser son affaire et créer son entreprise.
Ainsi, un autre stimulus important celui de la culture entrepreneuriale demeurant davantage
dans les familles comprenant les entrepreneurs48. Au final, J. LAUFER a distingué quatre
types d’entrepreneurs avec une distinction entre dépendances et d’autonomie. Ces types
d’entrepreneurs sont exposés comme suit49:
48
VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 78.
49
FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 78.
46
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
À partir de ces grandes aspirations, deux logiques d’action ont été émergées,
expliquant deux grands types d’entrepreneurs, à savoir 51 :
Dans ce cas, l’entrepreneur privilégie en premier lieu la pérennité de son entreprise, motivée
par l’idée d’accumulation du capital et son orientation vers l’investissement matériel. Ensuite,
il souhaite préserver l’indépendance patrimoniale vis-à-vis des capitaux étrangers et refuse
toute participation dans le capital de l’entreprise (associé, emprunts extérieurs). Enfin, la
croissance pour lui est une affaire secondaire, elle n’est choisie que si le secteur l’imposerait
et qu’il ne mette pas en cause la pérennité et l’indépendance patrimoniale. De plus, les
comportements de l’entrepreneur PIC sont analogues à ceux de l’entrepreneur artisan, ainsi,
ce type de comportement est répandu souvent dans les affaires familiales où l’entrepreneur
50
Pierre A-J et Michel Marchesnay (1996), op.cit. P. 58.
51
Idem., P. 58-59
47
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En résumé, cette double logique d’actions, les entrepreneurs de types CAP ont un goût
de défi, une envie de relever les challenges et une réalisation personnelle qui les poussent
toujours à adopter une logique de croissance et de développement. Par contre, les
entrepreneurs de type PIC sont souvent à la recherche de la pérennisation et l’indépendance
de son affaire.
52
HERNANDEZ E-M., (2001), op.cit. P. 102.
53
MARCHESNAY M., MESSEGHEM K., (2001), op.cit. P. 23.
48
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Légitimité concurrentielle
Faible Forte
Légitimité Forte Le notable (un état L’entreprenant (innovativité
territoriale d’esprit de légitimité) et prise de risque)
Faible L’isolé (état d’esprit de Le nomade (état d’esprit de
survie) professionnalisme)
Source : M. MARCHESNAY et K. MESSEGHEM (2001, P. 24).
L’isolé : il cherche en premier lieu la survie de son entreprise. Il est moins compétitif
ainsi, il est faiblement attaché au territoire.
54
Idem., P. 24
49
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le nomade : il est faiblement intégré, de plus son niveau de compétitivité est fort,
c’est un CAP par lequel, il peut se localiser dans des territoires qui présentent des
opportunités d’affaires.
55
HERNANDEZ E-M., (2001). P. 102.
50
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Après une revue de littérature sur le concept de l’entrepreneur, nous cherchons via ce
paragraphe à identifier le lien entre l’entrepreneur et le territoire en prenant l’exemple de
l’entrepreneur marshallien qui cherche à dynamiser sa localité. Donc, l’objectif principal de
ce paragraphe est de décrire l’entrepreneur marshallien, son rôle et son intervention dans la
dynamique des districts industriels.
56
RASOLONOROMALAZA, « le rôle de l’entrepreneur dans les pays en développement : les cas des zones
franches textiles malgaches», 245 p. Thése pour l’obtention du grade de docteur en aménagement de l’Espace et
Urbanisme, soutenus le 28 octobre en 2011 à l’université de la réunion. P. 42.
51
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
coordinateur des activités dans son entreprise, qui évalue les probabilités de succès de ses
décisions, qui mobilisent son personnel et qui suivent de près les inventions pour en
distinguer le plus bénéfique pour son entreprise. Cependant, contrairement aux approches
précédentes, l’action de l’entrepreneur ne peut s’expliquer que par son appartenance sociale à
un groupe plus ou moins large57.
En conclusion, nous avons mené une réflexion sur l’acteur de l’entrepreneuriat celui
de l’entrepreneur, tout en s’intéressant à une théorie de l’entrepreneur, développé par des
théoriciens comme J. Schumpeter, à une approche typologique de l’entrepreneur qui expose
une panoplie des typologies et, ensuite, de montrer le lien entre l’entrepreneur et le territoire
d’après Alfred Marshall. À cet égard, l’entrepreneur est considéré comme un acteur central de
l’entrepreneuriat. De même, l’entrepreneur comme acteur ne peut être isolé d’autres éléments
indispensables, notamment l’organisation dans laquelle il évolue. C’est pour cela, la troisième
section vise, d’une part, à lever l’ambiguïté entre l’entrepreneur et le processus de création
d’entreprises, et, d’autre part, de savoir comment les organisations peuvent être créées et se
développer avec la prise en compte de l’environnement et du facteur temps.
Dans cette section, nous allons présenter, d’une part, les paradigmes de
l’entrepreneuriat les plus dominants ainsi que ses interactions (Paragraphe1), et enfin, de
mettre en lumière le processus entrepreneurial selon la vision classique et la vision
développée par les auteurs, citant à titre d’exemple C. BRUYAT (Paragraphe 2),
57
Idem., P. 40.
52
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
58
JAZIRI R., (2009), Op.cit.
53
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
perspectives suffisamment vastes pour fournir au nouveau groupe de chercheurs toutes sortes
de problèmes à résoudre. Donc, l’adhésion à un paradigme suppose d’en intégrer les
fondements, d’en accepter les principes, la position épistémologique et les axes présupposés
du travail.
Dans le contexte de l’entrepreneuriat, les paradigmes sont considérés comme
l'ensemble des règles admises à savoir des «normes», par la communauté des chercheurs en
entrepreneuriat, à un moment donné pour délimiter et problématiser les « faits » qu'elle juge
dignes d'étude.
La multiplicité des chercheurs qui s’intéressent au domaine de l’entrepreneur et
l’absence d’un cadre unificateur fixe la recherche dans une véritable accumulation de la
connaissance, rend l’entrepreneuriat multi paradigmatique et complémentaire. Th.
VERSTRAETE et A. FAYOLLE ont présenté les quatre paradigmes dominant
l’entrepreneuriat, à savoir :
L’entrepreneuriat et la détection d’une opportunité (SHANE et Th.
VENKARTAMAN) ;
L’entrepreneuriat et la création d’une organisation (GRATNER, Th. VERSTRAETE) ;
L’entrepreneuriat et la création de valeur ( Ronstadt dans le monde anglo-saxonne et C.
BRUYAT dans le monde francophone) ;
L’entrepreneuriat et l’innovation (J. SHUMPETER).
Ces quatre paradigmes seront étudiés et développés dans les points, ci-dessous:
1.1. Le paradigme de l’opportunité d’affaire
Avant d’aborder ce paradigme, nous précisons tout d’abord la notion d’opportunité.
En effet, d’après le dictionnaire Larousse une opportunité est une qualité de ce qui est
opportun, occasion favorable (ex : temps, lieu ou circonstance). Une opportunité est
simplement une idée, qui sera exploitée par un entrepreneur (quand et comment) pour une
création d’entreprise réussie. D’où viennent les opportunités d’affaires ?59 La réponse est
multiple mais contrastée. En premier lieu, elle est liée à l’expérience de l’entrepreneur à son
vécu professionnel ; un salarié dans une entreprise a accumulé un savoir-faire et une
expérience, qui lui permet de créer son entreprise (un ouvrier boulanger, un ouvrier boucher).
En deuxième lieu, elle correspond à des circonstances diverses : rencontre avec un futur
associé, exploitation d’une licence ou d’un brevet d’exploitation, d’une franchise. Enfin, elle
59
HERNANDEZ E-M., (2001), Op.cit. P. 71.
54
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
60
FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 46.
61
VERSTRAETE Th., FAYOLLE A., Paradigmes et Entrepreneuriat Revue d’entrepreneuriat, revue de
l’entrepreneuriat, Éditions de Boeck supérieur, vol 4, n°1, 2005. P. 35-36.
55
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
interactions entre les porteurs des projets à entreprendre et leurs environnements, nous
comprend par celle-ci une opportunité créée et dimensionnée par l’entrepreneur (TIMMONS).
1.2. Le paradigme d’émergence organisationnelle
Ce paradigme considère l’entrepreneuriat comme un processus d’organisation menant
à la création d’une nouvelle organisation. Plusieurs chercheurs se sont associés à ce
paradigme, dont les travaux de Gartner et Weick. En effet, Gartner a expliqué sa vision par le
recours au processus de la création d’organisation qui détermine et crée l’organisation comme
entité et qui n’est pas synonyme de la création d’entreprise.
« I think that those who are familiar with some of my previous writings on
entrepreneurship are aware that the domain of entrepreneurship that interests me is focused
on the phenomenon of organization creation ».62
Alors, le terme d’organisation, renvoie à la jonction entre l’action d’organiser et de la
forme organisée. Cette jonction produit une structure impulsée par l’entrepreneur, qui est
l’entité économique (ex : une firme). C’est pour cela, notre analyse sur la création
d’organisation trouve son fondement notamment sur les approches dialogiques développées
par d’Edgar MORIN (1977) concernant l’ordre et le désordre. À cet effet, chaque
environnement est caractérisé par une variété des états et des systèmes, qui engendre une
complexité. Cette complexité résulte principalement de l’interaction entre les éléments du
système d’une part et de l’environnement d’autre part, d’où vient le concept de désordre. Tout
désordre de la situation avant l’organisation n’apparaît complexe que par rapport à un ordre
(organisation), dont on a des raisons de croire qu’il existe, et qu’on cherche à déchiffrer63.
Autrement dit la complexité est un ordre dont on ne connaît pas le code. L’organisation à cet
effet comme un processus d’instauration d’un ordre par l’interaction structurante d’où naît
l’ordre et le désordre. Ainsi, elle est considérée comme une dialogique entre l’ordre et le
désordre.
Figure 5: La relation entre l’ordre et le désordre d’après Edgar MORIN64
Désordre interaction
Organisation
Ordre
Source : Edgar MORIN (1977), la relation entre l’ordre et le désordre.
62
FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P. 47.
63
VERSTRAETE Th., (1999), Op.Cit. P. 172 -175
64
MORIN E., « La Méthode, 1. La nature de la nature » Édition du Seuil, 1977. P. 49
56
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La notion de valeur a fait l’objet de beaucoup des travaux économiques, tel que l’école
classique et ses précurseurs (A. Smith, D. Ricardo et J. B. Say), ainsi que la théorie marxiste
qui s’intéresse énormément à ce concept par la notion de la plus-value. À cet effet,
l’entrepreneuriat n’a commencé à s’intéresser à la notion de la valeur qu’à travers les travaux
de l’économiste anglais Gartner et l’économiste français C. Bruyat.
La vision de C. BRUYAT sur l’entrepreneuriat réside dans le faite de considérer d’une
façon dialogique la relation entre l’individu (ou une petite équipe) et la valeur que ce dernier
contribue à créer à travers une idée, une opportunité ou une innovation. Cette dialogique
s’inscrit dans une double dynamique de changement ventilée comme suit65 :
L’individu est une condition nécessaire pour la création de valeur, il en détermine les
modalités de production, l’ampleur... . Il en est l’acteur principal :
65
FAYOLLE A., (2012), op.cit. P. 48.
57
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
concerné). Ce système évolue dans un processus et sous l’effet du temps qui en est une
dimension incontournable (Bruyat et Julien, 2001).
Figure 6: Le domaine de l’entrepreneuriat selon C. BRUYAT66
Création de valeur
Importance de changement
Processus de
changement
l’individu
pour
L’individu
changement pour
l’individu
Pas de
+
Intensité de l’innovation
-
Pas de création Importance de la valeur nouvelle
De valeur nouvelle - créée +
Processus de création de valeur nouvelle
Source : C. BRUYAT (1993, P. 63)
La matrice, ci-dessus, conçue par C. BRUYAT, présente d’une part les différents
courants de recherche en entrepreneuriat et, d’autre part, les limites de ce champ. Sur l’axe
d’abscisse, nous trouvons le processus de création de valeurs, et sur l’axe d’ordonner, nous
avons l’importance du changement résultant du potentiel de création de valeurs chez
l’individu. D’après la figure, l’intensité du changement vécu par un individu et l’intensité du
changement induit par le potentiel de création de valeur nouvelle contenue dans un projet ou
une innovation, complète l’approche par la dialogique et contribue largement à en déterminer
les modalités67.
Donc, la création d’une nouvelle valeur est effectuée par les mécanismes
d’entrepreneuriat, plus ou moins le changement est intense dans l’environnement directement
concerné par ces processus, ainsi que la posture d’innovation adoptée par l’individu est
importante plus les pratiques en gestion et en management peuvent créer de la valeur.
66
BRUYAT C., Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation » 433 pages . Thèse de
doctorat en sciences de gestion, université Pierre Mendès-France Grenoble, 1993. P. 63.
67
FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P 50.
58
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, le couple individu / projet de création de valeur forme un système ouvert sur
son environnement défini en même temps par les caractéristiques de l’individu (sa famille, ses
relations) et du projet (secteur d’activité, macro-environnement). Ce système va connaître un
processus d’évolutions et de développement, à cause des interactions et des transactions qu’ils
entretiennent avec les différents composants de son environnement. Ce qu’explique le recours
à la notion de configuration adoptée par Miller pour comprendre le cheminement et la
succession des étapes de constitutions de système. Elle repose dans l’idée que les individus et
les jeunes organisations adoptent des stratégies de création, de développement de croissance
qui s’efforcent de mettre en cohérence les composantes caractéristiques du processus
entrepreneurial.
Les limites de ce paradigme résident dans le fait que certaines créations d’entreprises à
titre d’exemple la filialisation ou l’essaimage stratégique peuvent se créer sans que l’acteur
principal à savoir l’individu, considéré comme une condition de création de valeurs, peut
exister. De même, selon Fayolle (2012) des nombreuses situations qui ne disposent pas d’une
relation dialogique, condition importante pour la création de valeurs, notamment la création
d’activité et le développement de projet stratégique qui sont attachées à l’entrepreneuriat
organisationnel. Bref, si l’entrepreneuriat est défini par l’existence d’une relation dialogique,
que peut-on considérer les autres situations entrepreneuriales.
59
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
+ +
Pour conclure, entreprendre c’est innover, innover c’est entreprendre. Une entreprise
qui souhaite être compétitive sur un marché dynamique et incertain doit toujours innover, par
ces différentes formes et de s’intéresser plus à des projets technologiques. La limite que
présente ce paradigme réside dans l’idée que des auteurs refusent cette conception.
68
JULIEN P-A et MARCHESNAY M., (1996), Op.Cit. P. 34.
69
VERSTRAETE Th., FAYOLLE A., (2005), Op.Cit. P. 43.
60
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
l’entrepreneuriat. De même, d’autres chercheurs, à savoir R. JAZIRI (2009) a essayé dans ses
travaux de présenter une articulation, à la fois entre les quatre paradigmes avancés par A.
FAYOLLE et Th. VERSTRAETE et les quatre paradigmes avancés par PATUREL, à savoir
le projet, le processus entrepreneurial, les faits entrepreneuriaux et les traits individuels, afin
d’instituer sur le concept d’entrepreneuriat.
4 6 5 2
Paradigme de la création
Paradigme de l’innovation 3
de la valeur
70
Idem. P. 44-45.
61
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En outre, une autre synthèse effectuée par PATUREL (2006) citée par R. JAZIRI
(2009) dans son article, visant à proposer une lecture multi-paradigmatique du phénomène
d’entrepreneuriat. Ainsi, de montrer le lien possible entre huit paradigmes de
l’entrepreneuriat, illustré dans le schéma suivant.72
71
Idem. P. 45.
72
JAZIRI R., (2009), Op.Cit.
62
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Paradigme de projet
Paradigme de Paradigme de
l’opportunité l’impulsion d’une
organisation
Paradigme de
l’innovation Paradigme de la
création de valeur
Paradigme de
processus
entrepreneurial
Cette présentation, des huit paradigmes, est classée en trois catégories selon les liens
qui les unissent selon PATUREL (2007)73:
La première catégorie regroupe les paradigmes qui ont des liens avec tous les autres
paradigmes à savoir, le projet, la création de valeur et l’impulsion de l’organisation. Le
lien entre ces trois paradigmes paraît très logique parce que toute création d’entreprise
qu’elle soit la forme (création ex-nihilo, essaimage, intrapreneuriat) permet d’engendrer
une impulsion d’une organisation et par la suite la création d’une nouvelle valeur ;
La deuxième catégorie concerne les paradigmes les plus interpellés par les chercheurs, à
savoir le paradigme de processus, de l’opportunité d’affaire, des faits entrepreneuriaux et
de l’innovation ;
La troisième catégorie inclut le paradigme ayant le moins des liens avec les autres, celui
des traits individuels.
73
Paturel R., «Grandeurs et servitudes de l’entrepreneuriat», Revue Internationale de psychosociologie, N° 31,
automne 2007.
63
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le processus entrepreneurial classique est une démarche composée par quatre étapes,
qui permet de créer une entreprise : la première étape, c’est la recherche d’une idée, la
deuxième est l’opportunité, ensuite la vision stratégique et enfin le plan d’affaires, comme
dernière étape de concrétiser l’acte de création d’entreprises. Ces étapes sont synthétisées
dans le tableau ci-dessous.
74
FAYOLLE A., « du champ de l’entrepreneuriat à l’étude du processus entrepreneurial : quelques idées et
pistes de recherche », 6° Congrès international francophone sur la PME-Octobre 2002-HEC-Montréal. P.12-13.
75
Définition de JACQUET LAGREZE tiré de l’ouvrage ALAIN FAYOLLE ENTREPRENEURIAT.
64
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Les étapes du
processus
Description
entrepreneurial
classique
L’idée D’abord, l’entrepreneur doit se mettre en quête d’une idée qui va lui permettre de
construire et de formaliser son projet. Ensuite, il est appelé à transformer en une
structure viable à travers les compétences entrepreneuriales qu’est le chemin de
l’idée à l’opportunité, de l’opportunité à l’élaboration d’une vision stratégique
entrepreneuriale, et enfin, d’assurer le passage du projet à l’impulsion d’une
organisation76.
Parfois l’idée se trouve facilement pour les gens désirant changer leur carrière
professionnelle et les jeunes souhaitant trouver une activité.
L’opportunité L’opportunité est une construction autour d’une idée initiale, Elle émerge lorsque
l’entrepreneur met en œuvre la stratégie adéquate pour l’identifier dans son
environnement et de le développer à travers des interactions tout en incluant ses
valeurs, ses connaissances et ses motivations.
L’entrepreneur est censé de repérer les fenêtres d’opportunité afin de mieux
l’exploiter. Parmi ces fenêtres, nous trouvons les évènements, les tendances
sociologiques, les tendances démographiques, les technologies et les contextes
concurrentiels77.
Business model Timmers (1998) a défini le BM : d’abord, une structure pour les flux de
productions, services et informations incluant une description des différents
acteurs du modèle et de leurs rôles. Ensuite, une description des bénéfices
potentiels revenus de chaque acteur. Enfin, une description de source de revenus78.
Un modèle économique est la concrétisation de l’étude de marché qui doit
répondre quatre logiques, à savoir : logique client, logique d’expertise, Logique
réseau et logique génération de revenus79.
La vision La vision stratégique c’est la relation entre la vision de l’entreprise (le futur
stratégique souhaité, les objectifs et le positionnement), sa trajectoire telle que l’on peut
imaginer (Innovation et diffusion rapide) et les décisions qui doivent être prises
aux différentes étapes clés de la trajectoire (embauche, investissement, action
commerciale)80.
Le business plan C’est un document de modélisation, de communication, d’un projet porté sur des
actions à prendre dans l’avenir. Il fixe une problématique visant à répondre à un
besoin, retirer d’une situation existante ou accroitre la production dans l’avenir. Il
liste le contexte de cette problématique, fixe les moyens pour y répondre et
propose des solutions concrètes, matérielles et chiffrées.
Source : Adapté par nous-même sur des travaux de recherches.
76
E. M. HERNANDEZ, « L’entrepreneur : une approche par les compétences », EMS Édition 2010. P. 21-22.
77
SURLEMONT B., « de l’idée à l’opportunité» citée dans l’ouvrage « Entreprendre une introduction à
l’entrepreneuriat » sous la direction Frank JANSSEN, de Boeck Édition, 2009. P. 67-75.
78
ARIOTTO J., et al « le concept business model au travers de la littérature », Revue de gestion 2000, Vol 28,
N°4. P. 33-47.
79
LEGER-JARNIOU. C, KALOUSIS, G. , La boîte à outil de la création d’entreprise, Édition Dunod, 2011. P .
62-64.
80
SABONNADIERE, J-C., BLANCO S., « La création d’entreprises innovantes : l’entrepreneur innovateur »,
Édition Lavoisier, 2005. P. 27-28.
65
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
81
Amina OMRANE et al, 2011, Op.Cit, P. 91-100.
82
CSIP signifie d’après C. BRUYAT la mise en harmonie et en cohérence des aspirations de l’entrepreneur avec
sa perception de ses compétences et de ses ressources et avec sa perception des opportunités ou des possibilités
qu’offre l’environnement.
66
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Zone A : Correspond à des actions qui sont perçues par le créateur comme à la fois
souhaitables et possibles. L’individu considère qu’il a les moyens et les compétences pour
développer des projets ayant des bonnes chances à réussir.
Zone B : Correspond à des actions ou à des projets cohérents avec les aspirations de l’individu
et avec ses compétences et ses ressources, mais qui ne semblent pas devoir être acceptés par
l’environnement.
Zone C : Correspond à des actions souhaitées et possibles au regard de l’environnement.
Cependant, le créateur estime que, ne possède pas les compétences et les ressources
nécessaires, sans entrapercevoir la possibilité de se les procurer pour le moment.
Zone D : Est l'aire des possibles qui ne correspondent pas ou plus aux aspirations de
l'individu.
Au cours du temps, un projet est susceptible d’évoluer dans ces différentes zones. Un
projet ou une vision localisée dans la zone A, avec le temps peut se passer à la zone B83.
Dans cette phase l’individu est considéré comme un système ouvert et que les
contradictions sont nées de la dynamique interne de l’évolution de la CSIP de l’individu. En
effet, les dynamiques internes, notamment, des désirs d’indépendance, l’insatisfaction et
l’accomplissement de soi-même, sont enchevêtrées avec les dynamiques externes provenant
de l’extérieur comme une rencontre avec un client potentiel ou un licenciement par exemple.
C’est pourquoi l’interaction entre interne et externe pousse l’individu à dépasser sa vision
statique d’équilibre (la recherche d’un emploi stable) vers le changement de ses buts, en vue
de modifier sa CSIP.
À cet effet, nous évoquons ci-dessous, les conditions de déclenchement de ce
processus et qui sont présentées en trois points, d’après C. BRUYAT84:
83
C. BRUYAT, 1993, Op.Cit, P. 248- 250.
84
Idem, P. 301-306.
67
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Elle révèle des tensions et des contradictions importantes à souligner, comme l’insatisfaction
professionnelle ou à l’existence de projets concurrents et incompatibles dans la zone de
cohérence de la CSIP. En effet, l’individu cherche à réduire ces tensions par le fait qu’il
engendre des changements éventuels. De plus, d’autres facteurs positifs ou négatifs que sont
des facteurs « de déplacement» selon SHAPERO, ont été très souvent à l’origine de l’acte
entrepreneurial, par exemple, l’insatisfaction au travail et le chômage. Bref, d’après C.
BRUYAT, le mouvement de création ne peut se déclencher que si la CSIP du créateur est
chaude;
L’entrepreneur potentiel doit disposer du temps pour pouvoir travailler sur son projet. En
effet, pour créer une entreprise, l’entrepreneur est censé de mener des études et de chercher
des moyens financiers et techniques, ce qui explique l’importance du facteur temps à l’égard
de ces actions. De même, C. BRUYAT dans sa thèse explique que la cause principale de ne
pas créer une entreprise pour les professionnels même qu’ils possèdent les compétences et le
désir, c’est que ne dispose pas du temps nécessaire du fait de leurs activités professionnelles.
À ce stade l’énergie nécessaire à la réalisation d’un projet entrepreneurial ne peut provenir
que de l’entrepreneur lui-même.
2. Le créateur doit surmonter les résistances aux changements pour concrétiser son projet
de création. Les origines de résistances au changement sont multiples. En premier lieu, elles
85
Idem, P. 312- 317.
68
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
sont liées aux habitudes et à l’inertie dans les raisonnements et les comportements, dans le cas
où le salarié aurait passé presque sa carrière professionnelle dans une usine, sans envisager de
créer son entreprise et de prendre le risque. Par la suite, il est difficile de prendre une décision
et de changer sa situation. En second lieu, elles sont relatives à des situations d’incertitudes
liées à un projet ou à la méconnaissance des situations entrepreneuriales. Aussi, nous trouvons
parfois, une résistance liée à l’hostilité perçue de l’environnement vis-à-vis de la création
d’entreprise. Exemple : une pénurie des ressources, la complexité administrative, le taux
d’échec des nouveaux entrepreneurs et les barrières à l’entrée.
Après avoir expliqué le processus entrepreneurial selon C. Bruyat (1993) axé sur trois
phases, à savoir la phase de déclenchement du processus, la phase de l’engagement ou le
passage à l’acte et enfin la phase relative à la survie, l’échec ou le développement, nous
exposons dans le point suivant la nouvelle approche du processus entrepreneurial développé
par certains auteurs comme D. B. Greenberger et D. L. Sexton.
86
Idem, P. 346- 354
87
FAYOLLE A., (2012), Op.Cit. P 50.P. 60-61.
88
L'apprentissage conçu comme un processus d'acquisition de concepts, d'informations, d'inter-relations
nouvelles et de stratégies de résolution de problèmes.
69
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ces modèles sont tirés de l’ouvrage d’Émile Michel Hernandez (2001), qui s’inspire
de la théorie des organisations par l’utilisation des notions telles que le comportement
organisationnel et l’émergence organisationnelle, et par le recours à des auteurs marquants
dans cette discipline comme le théoricien H. Simmon, ainsi que des auteurs de la théorie des
ressources et des compétences.
Ensuite, après l’idée de création d’une entreprise, quatre facteurs importants vont
pousser l’individu de passer d’un état de non créateur à celui de créateur, à savoir : le moment
où le créateur rencontre un événement push ou pull (chômage, licenciement, opportunité
89
HERNANDEZ E-M., (2001), Op.Cit. P. 71.
90
Idem. P.
70
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
d’affaire ), le support social (le rôle de la famille dans l’instauration d’une culture
entrepreneuriale, le cas où les parents sont des entrepreneurs et les réseaux…), la perception
de soi-même (la satisfaction obtenue lors de la création d’une entreprise) et le dernier c’est de
considérer que la création d’une entreprise est un moyen satisfaisant d’obtenir et d’augmenter
le contrôle désiré.
Décision de créer
Personnalité une nouvelle
entreprise
91
HERNANDEZ E-M., « l’entrepreneuriat comme processus », revue internationale PME, Édition : presses de
l’université de Québec, 1995, vol. 8 N° 1. P. 115.
71
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
1. La propension à créer : l’idée de créer une affaire par des individus est
expliquée par la combinaison entre ses valeurs psychologiques, ses croyances, leur passé
professionnel et ses expériences ;
Environnement
Sélection
Schéma
Création
Pour conclure, nous avons exposé, dans cette section, le cadre conceptuel de
l’entrepreneuriat, notamment par une définition des paradigmes les plus répandus dans la
revue de littérature traitant l’entrepreneuriat. Ces paradigmes sont en nombre de quatre: Un
paradigme de l’opportunité d’affaire, d’émergence organisationnelle, de création de la valeur
et de l’innovation. Ainsi, les chercheurs en entrepreneuriat ont défendu le paradigme le plus
dominant, d’après eux et qui permet de présenter un cadre conceptuel cohérent et de favoriser
la recherche en entrepreneuriat.
De même, nous avons constaté, d’après une revue de littérature que l’approche
processuelle de la création d’entreprises se distingue d’un auteur à un autre. Des auteurs ont
72
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, les théoriciens en entrepreneuriat ont fait appel à des facteurs et des éléments
pour expliquer le passage de l’intention à la création d’une entreprise, notamment les traits de
la personnalité du créateur, l’expérience professionnelle, la vision stratégique, la culture
organisationnelle et les ressources et compétences. Alors que, le facteur territoire n’a pas
incité les chercheurs à l’introduire dans les modèles relatifs à la création d’entreprises.
73
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Conclusion
En résumé, nous mettons fin à ce chapitre qui a été pour objectif de présenter les
réflexions liées à la recherche en entrepreneuriat. À cet effet, à travers les trois sections
structurées visant, d’abord, à exposer un cadre historique et théorique de l’entrepreneuriat,
ensuite, de s’accentuer la recherche sur l’acteur-clé de l’entrepreneuriat, celui de
l’entrepreneur, et enfin d’achever par un cadre conceptuel, traçant les contours de
l’entrepreneuriat, notamment par une présentation des paradigmes et des processus
entrepreneuriaux. Nous constatons, d’après cette revue de la littérature, qu’il n’y a pas un
accord sur la définition du concept de l’entrepreneuriat, ainsi qu’il est encore au stade de la
pré-théorie, et ce, par l’existence d’une multitude de paradigmes et des concepts visant à
expliquer le phénomène entrepreneurial. De même, plusieurs auteurs, à titre d’exemple,
Thierry Verstraete ont fourni d’efforts pour modéliser le phénomène entrepreneurial en vue de
mieux maitriser et contrôler ainsi que de séparer du concept de l’entrepreneur.
Ainsi, nous avons constaté que le facteur territoire qui paraît comme un déterminant
pour favoriser la création d’entreprise, est marginalisé dans la majorité des modèles
processuels de création d’entreprises. C’est pourquoi nous allons chercher dans ce qui vient,
la possibilité de comprendre la dynamique entrepreneuriale par la prise en compte du
territoire. Cela nous a permis d’expliquer en quoi le milieu territorial peut constituer un
facteur primordial à la création d’entreprises, et ce, d’une part, par la qualité du milieu
territorial qui incorpore des actifs et des ressources territoriales favorisant le processus de la
création d’entreprises, et, d’autre part, par l’apport du milieu innovateur, en tant qu’une plate-
forme propice à l’innovation, au dynamisme entrepreneurial.
Bref, pour répondre à cette interrogation, nous allons structurer le chapitre II de façon
à présenter en détaille l’approche territoriale, ces concepts, ses économies, ses stratégies, sa
dynamique de proximité et son projet de développement.
74
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
75
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Introduction
Dans cette section, nous focalisons, en premier lieu, notre intérêt sur la notion de
l’espace dans la pensée économique, à travers un tri des différents théoriciens qui ont
contribué à l’enrichissement de la théorie de localisation. De même, nous essayons d’assurer
la transition d’une économie spatiale, où le territoire est considéré comme un support de
localisation à une économie territoriale, où le territoire est jugé comme acteur qui assure son
développement. Cette transition sera accompagnée, notamment, par des définitions et
d’acceptions du concept du territoire, tirées de différentes disciplines (Paragraphe 1). Ensuite,
nous dénombrons les économies des territoires, c’est-à-dire : une économie d’externalité, une
économie d’agglomération, une économie de ressource. En effet, chaque type d’économie de
territoire sera développé d’une manière détaillée, afin de faciliter l’assimilation du concept
l’organisation territoriale (Paragraphe 2). Enfin, nous essayons d’achever cette section par un
survol important sur les stratégies développées par le territoire, à savoir, une stratégie de
territorialisation et une stratégie de glocalisation. De même, de s’interroger sur la perspective
de l’organisation territoriale au développement par le moyen des réseaux territorialisés
(Paragraphe 3).
Les économistes classiques et néoclassiques ont ignoré l’espace dans leurs théories. Il
est considéré chez eux, comme un simple support contenant des hommes, écarté de leur
contenu spatial (les croyances, les valeurs socioculturelles d’un peuple, d’une région, d’une
nation) ; il ne recèle aucune valeur pour les hommes. Ensuite, les géographes ont pris
l’initiative de définir ce concept. R BRUNET est parmi les géographes qui ont présenté une
définition de l’espace géographique. Il a défini l’espace comme « une étendue terrestre
utilisée et aménagée par les sociétés humaines en vue de leur reproduction au sens large : non
77
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
seulement pour se nourrir et pour s’abriter, mais dans toute la complexité des actes
sociaux »92. De même, il a considéré l’espace géographique, comme l’ensemble des lieux et
de leurs relations.
En effet, les premières recherches sur la notion de l’espace sont démarrées par la
théorie de l’équilibre spatial qui cherche à déterminer un équilibre optimal compte tenu de ces
postulats de départ. Ces hypothèses de base sont une immobilité des facteurs de production au
niveau international et la prise en compte du coût de transport dans le coût de production et de
circulation des marchandises. Un autre courant a participé au développement de la question de
l’espace, c’est celui de l’inégalité régionale qui constate la permanence des disparités
régionales et cherche à l’expliquer. Ce courant remet en cause les hypothèses néo-classiques
débouchant sur l’idée d’inégalité dans l’espace et elle renvoie à la croissance déséquilibre et
au thème des disparités régionales. Il est subdivisé en deux familles. En premier lieu, une
théorie de la croissance déséquilibrée, dans laquelle le processus de développement se réalise
d’une manière inégale et accompagnée par des effets contradictoires : les effets de remous
(back-wash effects) et les effets de propagation ou de diffusion (spread effects). En second
lieu, la théorie de F. Perroux qui porte sur les disparités régionales et les pôles de croissance.
En effet, ces deux familles sont présentées, ci-dessous94:
92
BRUNET R., « champs et contrechamps raisons de géographe », Édition Belin, 1997. P. 193-194.
93
COURLET C., « Territoires et régions : les grands oubliés du développement économique », Édition
l’harmattan, 2001. P. 12-13.
94
Idem., P. 15-17.
78
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
les deuxièmes. Ensuite, les effets de propagation se vérifient avec un mouvement centrifuge
allant des régions développées vers les régions voisines. Lorsque les effets de propagations
sont suffisamment forts pour contrebalancer les effets de remous, il est possible d’assister à la
formation d’un nouveau centre de développement. Ainsi, un niveau de développement ne peut
s’accompagner qu’à partir d’existence d’un réseau complet d’infrastructures et d’un outillage
national propre à exploiter et à amplifier l’effet de propagation venu de l’extérieur.
Le pôle de développement suscite des effets d’entrainements dont les impacts sont en
fonction de l’aménagement des canaux de transmissions et des milieux de propagation ;
Le pôle de développement repose sur une volonté réelle et non sur des simples
automatismes.
95
BENKO G., « la science régionale », Édition PUF, 1998. P. 13-14
79
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ensuite, après un survol sur des principales théories qui ont introduit la notion de
l’espace dans leurs analyses. Une nouvelle théorie de la localisation des entreprises s’est
émergée à la fin du XXème siècle par les Européens et les Américains, par lesquels, feront de
l’espace une variable économique. L’initiateur de l’analyse spatiale est le théoricien allemand
Von Thûnen qui a introduit la notion de distance dans l’analyse économique. De même,
d’autres auteurs ont contribué à enrichir cette théorie. En effet, le tableau, ci-dessous, présente
les principaux auteurs et leurs contributions à l’économie spatiale96 :
96
Ivan Samson, un extrait de l’ouvrage collectif sous dir, l’économie contemporaine en dix leçons « leçon 4 : Un
monde de régions économiques », Édition Dalloz-Sirey, 2003.
97
Isoligne : est une ligne joignant des points d'égale valeur sur une carte. Elle sépare des zones de faible valeur
et des zones de valeurs plus élevées. Selon Von Thûnen, les cercles concentriques autour de la ville se sont en
premier degré la culture de maraichage et la production laitière à cause de leur utilisation quotidienne et son cout
de transport élevé, les deuxièmes se sont la sylviculture et enfin le céréale et l’élevage.
80
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
L’espace-distance :
Séparant deux points qui sont associés à la circulation des personnes, des biens, des
capitaux ou des informations. Il permet, soit d’engendrer une préférence pour la proximité, ou
soit au d’être recherchée comme une protection vis-à-vis de nuisances, par exemple. En effet,
la simplicité et la neutralité de l’espace dans l’analyse économique, réside dans son acception.
Il est considéré comme un support de proximité liant deux points qui facilitent la circulation.
Hotelling a développé un paradigme « espace-coût », avec une vision linéaire du marché où la
distance ou la proximité est appréhendée, par Hotelling, sous diverses manières : longueur,
cout, durée et plus généralement comme effort ou une désutilité.
98
BENKO G., (1998), Op. Cit. P. 53-63.
81
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
L’espace-lieu :
Part de l’idée que toutes les variables économiques sont associées à un lieu et à une
date. L’espace économique est composé de point où ponctiforme ; les firmes et les nations y
sont représentées par des lieux qui deviendront des lieux de concentration et d’accumulation.
Donc, l’espace devient un facteur important dans la théorie de localisation des activités
économiques (Von Thuen, Alfred Weber et Christaller). Il est organisé autour de centres qui
étendent leur influence sur l’aire régionale et des forces relient les centres entre eux.
Il présente toute l’histoire qui a été vécue, et qui s’exprime dans la culture, les
mentalités et les compétences des acteurs. Ainsi, c’est une scène vivante, où les acteurs privés
et les acteurs publics sont rencontrés avec leurs présentations et leur interaction, et par lequel,
ont développé une vision propre de l’espace économique pertinent.
En effet, l’espace a fini par laisser sa place au territoire. Ce concept construit par des
données géographiques et des projets territoriaux, ainsi qu’ils sont menés par des acteurs
effectifs. La valorisation du concept de territoire n’est commencée qu’à partir de la fin de la
deuxième guerre mondiale et aux crises des années 70. Cette période a été caractérisée par
une rupture au niveau des produits pétroliers et l’échec de la logique de la grande firme, une
force motrice de développement. C’est pourquoi les chercheurs ont commencé à inventer des
nouvelles stratégies afin de remédier aux perturbations qui ont touché les industries. Ensuite,
c’est qu’à partir des années 1980 qu’une révolution dans la science économique a été opérée
et qui a mené à la découverte de la notion du territoire. Ainsi, une panoplie des travaux de
recherche est menée conjointement par les chercheurs dans le domaine; en Italie sur les
districts (Beccattini, Bagnasco, Brusco et trigilia), en France sur les systèmes productifs
localisés (Courlet et Pecqueur) et les milieux innovateurs P. Aydalot (GREMI) et enfin aux
États-Unis par l’école californienne de géographie économique sur les métropoles (Scott-
Stopper-Walker).
82
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ensuite, le territoire, d’après B. Pecqueur, est une forme d’organisation des acteurs qui
y évoluent, et des relations qu’ils nouent entre eux à l’occasion de l’exercice de leurs activités.
Ces relations peuvent être des rapports d’intégration verticale et/ou de coopération
horizontale, des rapports marchands et/ou non marchands, des rapports formels et ou
informels, etc. En effet, le territoire est une dynamique d’apprentissage qui renvoie au rôle
essentiel des institutions formelles de formation, de la main-d’œuvre, mais, aussi des
processus de transmission des métiers et de circulation des savoir-faire, à travers, notamment
l’apprentissage familial ou au sein d’un métier et le fonctionnement du marché local du
travail.
99
NEMERY J-C., « les pôles de compétitivité dans le système français et européen : Approches sur les
partenariats institutionnels », Édition l’harmattan, 2006. 197 pages.
100
PECQUEUR B., « territoire et gouvernance : quel outil pertinent pour le développement », une
communication à l’acte du colloque international de Constantine « Gouvernance locale et développement
territorial : Le cas des pays du sud », le 25-27 février, Montpellier, France. Disponible sur l’URL :
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00277510 .
83
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Les entreprises et les firmes multinationales dont l’objectif est de saisir les
opportunités territoriales ;
Les acteurs sociaux (associations, les ONG), qui sont pour but de favoriser une
responsabilité d’information, d’encadrement, de sensibilisation, d’orientation et de
mobilisation les citoyens du territoire.
101
Moine A., « le territoire comme un système complexe : un concept opératoire pour l’aménagement et la
géographie» l’espace géographique 2006/2 Tome35, P 115-132.
84
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le territoire est porteur d’externalités spatiales spécifiques et non transférables qui lui
conférant une compétitivité particulière.102 L’externalité signifie entre autres que sur un
marché les décisions ou les actions d’un agent affectent les décisions ou les résultats des
actions d’autres agents sans qu’il n’y ait une transaction monétariste. Dans ce sens, le concept
d'externalité a été défini par Pigou, comme103 « un défaut de marché », il a illustré
l’externalité par le fait que l’utilisation d’un train est bénéfique pour les voyageurs et les
compagnies, mais il peut causer un sinistre préjudiciable aux propriétaires forestiers à cause
des escarbilles. De même, Meade a proposé une définition du concept d'externalité selon
laquelle104 « une économie (ou des économies) externe est un phénomène qui apporte un
bénéfice appréciable (ou inflige un préjudice significatif) à deux ou plusieurs personnes qui
n'ont pas été des parties prenantes et consentantes du processus de décision qui aboutit
directement ou indirectement à l'effet produit». Donc, l’externalité est expliquée par le fait
que lorsqu’une activité induit des coûts (externalité négative) ou des bénéfices (externalité
positive) pour un autre agent qui n’est pas impliqué directement.
Ainsi, Alfred Marshall, le précurseur des districts industriels a montré que les
économies d’échelles peuvent provenir des effets externes dispensés par le milieu
économique. Les firmes situées dans un milieu économique et grâce à leur proximité spatiale
développent des relations particulières permettant d’unifier leurs efforts et de réaliser des
avantages mutuels, à savoir: l’augmentation du nombre d’industries intermédiaires, le
développement d’un bassin d’emploi spécialisé, les achats groupés ou d’approvisionnement et
la création d’une structure de coordination propre au district et de ressources partagées. Ces
effets d’externalités contribuent à une minimisation des couts de production et d’améliorer la
productivité105.
102
SAMSON I., « Territoire et système économique », Revue critique économique, N°14, Automne 2004. P.
131.
103
LEVEQUE F., « Économie de la réglementation », Éditions La Découverte, « Repères », 2009, 128 pages.
Disponible sur l’URL : http://www.cairn.info/economie-de-la-reglementation--9782707142658.htm
104
Idem., P. 24-29.
105
SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 132.
86
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En conséquence, deux typologies d’externalité sont les plus répandues, c’est-à-dire, les
externalités technologiques et les externalités pécuniaires. Les premières reposent sur des
interdépendances directes qui se produisent en dehors des marchés et touchent les
consommateurs et les entreprises. Ils ont pour effet de modifier la productivité totale des
facteurs et donc de modifier potentiellement la fonction de production individuelle de chaque
firme. Alfred Marshall a expliqué cette externalité par une disponibilité d’inputs spécialisés,
d’une main-d’oeuvre plus qualifiée et plus accessible et de la diffusion de l’information, qui
peuvent affecter positivement les firmes. Les deuxièmes traduisent l’effet des structures de
marché sur le système des prix, par exemple, le cas de la sous-traitante ou les réseaux de
firmes. Donc, une externalité pécuniaire s’explique par l’habitude que les coûts d'achat ou de
vente d'un acteur sont modifiés par l'action d'un tiers. Il modifie non seulement la fonction de
production, mais, aussi la fonction de coûts. Citant l’exemple, quand une firme achète à une
autre des biens avec des normes techniques ou de qualité supérieure, souvent les externalités
autorisent des rendements croissants.
L’économie régionale donne une importance aux externalités, par le fait, qu’elle place
au centre de processus de développement, notamment par une croissance polarisée, des
intérêts communs non exploités qualifiés d’externalités latentes, des externalités dynamiques
reposant sur les mécanismes de propagation du développement par le marché ou en dehors.
Ainsi, l’espace économique est le siège de nombreuses externalités spatiales. L’espace est un
lieu d’échanges et d’interaction, il n’est plus un simple lieu d’achat et de vente entre
producteurs, mais, aussi un réseau d’échanges, de discussion, de négociation, de
compréhensions et d’apprentissages interpersonnels sans fin. Donc, cette nature
transactionnelle rend l’espace économique porteur d’externalité.
Après l’économie d’externalité, un autre concept très répandu qui constitue les
fondements de l’économie du territoire, à savoir, l’économie de l’agglomération. Ce concept
lie les économies externes à la concentration spatiale. En effet, une économie d’agglomération
réellement existe, quand les bénéfices retirés par une entreprise du fait d’être localisée proche
d’autres firmes augmentent avec le nombre de firmes localisées au même endroit106. Cette
106
Rachid SABAGHI, « Le territoire entre projets de développement et mobilisation des acteurs : une approche
par la gouvernance. Cas de la région de l’Orientale», 340 pages. Thèse pour l’obtention du doctorat en sciences
économique soutenu en 2015, à l’université Mohamed 1 er Oujda. P. 16-15.
87
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
107
SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 133.
108
C’est un phénomène assez important dans l’économie spatiale qui décrit bien les mécanismes de
l’agglomération. Une fonction de production est à rendements croissants quand l’augmentation de la production
est toujours plus que proportionnelle à celle des facteurs engagés. Le principe essentiel de ce phénomène est que
la différenciation des produits ou des facteurs de production est un facteur d’agglomération, et qu’une baisse des
coûts de transport produit une agglomération cumulative.
88
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
De même, Paul KRUGMAN (1991) a présenté un modèle sur les effets de l’économie
d’agglomération, par lequel, une entreprise s’agglomère dans une localité et avec d’autres
entreprises, cela lui permet de bénéficier d’une baisse des coûts (externalité de réseau) et une
augmentation des offres (avec une possibilité que le coût de transport payé par l’acheteur). Ce
modèle nous mène vers une réduction des prix et une augmentation des revenus réels des
travailleurs relativement à une autre région, nommée un effet aval. Et un effet amont par
l’attractivité de nouveaux producteurs, pour répondre à l’augmentation de la demande,
considérée comme un effet amont109.
Ainsi, un actif est spécifique selon Williamson, que si sa délocalisation à un autre site,
peut causer des pertes et dommages à l’actif en question. De même, la constitution et le
maintien de tels actifs peuvent être considérés comme un gage de compétitivité de long terme
du territoire. Ces actifs mobilisent des ressources propres à chaque territoire. Ainsi qu’il ne
s’agit pas de ressources naturelles, du capital social ou même des connaissances : ces
ressources sont inséparables de l’engagement des acteurs dans un projet ou une stratégie de
développement territoriale.111
109
KRUGMAN P. R., Geography and trade, Editions, MIT Press, 1991.
110
COLLETIS G., PECQUEUR B., « révélation de ressources spécifiques et coordination située », Revue
économie et institution N° 6 et 7- 1er et 2e semsestre 2005. P. 54-55.
111
SAMSON I., (2004), Op. Cit. P. 134.
89
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En ce qui concerne les ressources, elles sont généralement identifiées en deux types
sur le territoire112 :
En second lieu, les ressources spécifiques ou latentes: dont la valeur est en fonction
des conditions de leur usage (savoir-faire, les apprentissages et les qualifications
intellectuelles dans le cas de district industriel). Il s’agit de ressources non valorisées mais
susceptibles de le devenir par le jeu d’effet de proximité et par une synergie et une dynamique
cognitive synonyme d’un apprentissage interactif. D’après G. COLLETIS et B. PECQUEUR
(2005), ces ressources n’apparaissent qu’au moment des combinaisons des stratégies
d’acteurs pour résoudre un problème productif. De même, d’après eux « ces ressources
nécessitent des processus interactifs et sont alors engendrées dans leur configuration. Elles
constituent le processus cognitif qui est engagé lorsque les acteurs ayant des compétences
différentes produisent des connaissances nouvelles par la mise en commun de ces dernières et
112
COLLETIS G., PECQUEUR B., (2005) Op.Cit. P. 55.
90
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En résumé, le territoire est composé d’un certain nombre de fondements théoriques qui
lui permettent d’assurer sa compétitivité et son développement. I. SAMSON (2004) expose
quatre économies du territoire. Nous avons cité, dans ce paragraphe, trois économies et la
quatrième fera l’objet de la deuxième section. D’abord, une économie d’externalité sous
différentes formes (technologiques et pécuniaires) rend l’espace un lieu d’échanges et
d’interactions entre les firmes existantes, et devient par la suite la clé du développement
territorial. Ensuite, une économie d’agglomération a pour objective de faciliter aux firmes
regroupées géographiques des externalités et des avantages, notamment, la création d’un
marché de taille plus grande, une offre de diversité, une réduction des coûts de transaction et
par des fonctions de rendements croissants. Enfin, une économie de ressources, le territoire
est considéré comme un conteneur de ressources ( des ressources matérielles, immatérielles,
génériques et spécifiques). La mobilisation de ces ressources par l’homme et les effets de
proximité et de synergie assurent un développement territorial.
113
Idem., P. 56.
91
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
114
SAIVES A-L., « Territoire et compétitivité des entreprises », Édition, L’Harmattan Paris, 2006. P. 93.
115
LE BOULCH G, « de l’environnement territorialisé : un nouveau concept de structuration de l’environnement
dans la stratégie de l’entreprise »,5e conférence de l’Association Internationale de Management Stratégique,
Lille, 2002.
116
PECQUEUR B., (2003). Op.Cit.
92
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
commun abstrait et construit par les acteurs, d’une part, et, d’autre part, de l’espace physique
qui contribue à l’élaboration de la ressource précisant le dedans par rapport au-dehors.
Bref, ces deux approches, district et résiliaire, vont être expliqués en plus, dans la
deuxième section: les réseaux territorialisés et dynamiques de proximité, notamment par les
travaux de C. COURLET.
Pour conclure, cette section consacrée à l’organisation territoriale. Elle nous a permis
d’éclaircir et d’apporter une signification détaillée du concept de territoire. D’abord, nous
avons montré à travers l’évolution des théories de localisation, le passage de la notion de
l’espace en tant qu’un réceptacle des ressources à la notion du territoire, acteurs qui assurent
son développement. En effet, la notion de territoire a été, ensuite, définie et considérée par Le
moine, comme un système aménagé, organisé et résultant des interrelations entre les
117
KIRAT T. et SIERRA C., « Organisation territoriale, institutions et dynamique économique : repères
théoriques » sous la dir de Claude COURLET et Lahsen ABDELMALKI, « les nouvelles logiques du
développement globalisation versus localisation », Édition l’Harmattan, 1996. P. 63.
118
Idem., P. 64.
93
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
différents acteurs. Puis, nous avons cité les économies du territoire, à savoir : l’économie de
l’externalité, l’économie d’agglomération et l’économie de ressource. Ces économies sont
considérées comme les fondements théoriques du territoire. L’externalité apporte un bénéfice
pour toutes les parties prenantes existées sur le territoire, à savoir un bénéfice pécuniaire ou
technologique. L’agglomération permet d’avoir une synergie entre les firmes agglomérées et
développe des processus d’apprentissages. Les ressources sont parmi les facteurs clés de
développement territorial. Enfin, le dernier paragraphe a été pour objectif d’expliciter d’une
façon très brève les stratégies du territoire, notamment la stratégie de territorialisation et la
stratégie de glocalisation. Ainsi que, de s’intéresser à la perspective de l’organisation
territoriale. À cet effet, la perspective de l’organisation territoriale nous a conduit à poser la
problématique suivante : en quoi les dynamiques des réseaux territorialisés permettent-elles
de contribuer au développement territorial ?
Cette section a pour rôle principal de dévoiler l’économie de proximité, une notion
assez importante pour le devenir du territoire. Cette approche défend l’idée que le territoire
n’est plus un espace neutre et amorphe d’une part, et, d’autre part, un oubli de l’analyse
économique et industrielle. Cependant, elle vise à donner un sens au territoire notamment par
la présence d’une double proximité géographique et organisationnelle qui permettent de
favoriser l’interaction entre les différents acteurs et sous des différents formes ; formelles ou
informelles, marchandes ou non marchandes, agents-innovations et innovations-innovations.
Ainsi, les réseaux territorialisés, objet de cette section, seront mieux fonctionnés, et ce par
l’importance de l’économie de proximité qui permet de générer pour les entreprises et les
différents acteurs présents sur le territoire des effets externes et des externalités
technologiques et pécuniaires.
Dans cette section, nous allons définir d’abord, l’économie de proximité (Paragraphe1),
Ensuite, d’expliciter les réseaux territorialisés, (définitions, caractéristiques et spécificités) et
de montrer l’importance des dynamiques de proximité dans son fonctionnement(Paragraphe 2).
points traitant d’une façon approfondie la notion de la proximité territoriale. D’abord, nous
définissons le concept de proximité et nous proposons, ensuite, une typologie de proximité,
d’après les travaux de A. RALLET et A. TORRE (2005) et de B. PECQUEUR et J.B
ZIMMERMAN (2004). Puis, nous expliquons l’effet exploité de l’interaction entre les
différents types de proximité sur le territoire. L’articulation de ses proximités encourage les
acteurs territoriaux à échanger et à coordonner leurs actions dans des réseaux territorialisés.
L'approche en matière de proximité repose sur l'idée partagée que l'espace n'est pas
neutre et qu'il ne doit pas rester à l’écart de l'analyse économique. Il est un construit, issu des
pratiques et des représentations des acteurs économiques et institutionnels, articulé à un
contexte en évolution. « La notion de proximité s'inscrit dans une conception de la réalité
économique, comme de la réalité sociale (au sens de Bourdieu), essentiellement relationnelle.
Elle renvoie à la fois à la séparation, économique ou géographique, des acteurs (individuels
ou collectifs), détenteurs de ressources différentes et aux relations qui les rapprochent (et/ou
les éloigne) dans la résolution d'un problème économique (production d'un bien, innovation
technologique ……» (Gilly, Torre, 2000).119
119
GILLY J-P et LUNG Y., « Proximités, secteurs et territoires », Cahiers du Groupement de Recherches
Économiques et sociales, Université Montesquieu- Bordeaux 4 &Université des sciences sociales Toulouse ,
Cahier n°2005-09, Mai 2005. P. 5.
120
PECQUEUR B. et ZIMMERMAN J. B., « Les fondements d’une économie de proximité », Document de
travail n°02A26, Groupement de recherche en Économie Quantitative d’Aix Marseille- UMR- CNRS 6579,
École des Hautes Études en science sociales Universités d’Aix-Marseille II et III. Juin 2002. P. 3-5.
95
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
processus d’activation des ressources qui engendrent une spécificité de la production plus ou
moins grande, juge une mobilisation des acteurs dans des processus de coopération qui
mettent en avant le rôle de relations hors marché et les aspects de coordination qui s’attachent.
La proximité géographique:
Présentée par Pecqueur et Zimmermann (2004), comme123« la distance géographique
qui sépare différentes parties prenantes, en tenant compte des moyens de transport
(temps/coûts) et du jugement des acteurs sur la nature d’une telle distance (représentations).
La proximité géographique favorise ainsi les autres formes de proximité en raccourcissant les
temps de transaction et de production, en augmentant la fréquence relationnelle, en facilitant
indirectement les processus d’apprentissage et d’innovation, en créant les conditions de
communautés de pratiques et de valeurs culturelles. Toutefois, elle peut induire des conflits et
121
GILLY J-P. LUNG Y., (2004), Op. Cit. P. 7.
122
Le groupe « dynamique de proximité », composé d’économistes, sociologues et géographes, a entamé depuis
le début des années 1990 une réflexion collective visant à mettre en évidence des convergences et des cohérences
dans les nouvelles approches théoriques de l’espace n’est pas neutre et qu’il doit sérieusement prendre en compte
dans les analyses.
123
PECQUEUR. B et ZIMMERMANN J.B, « les fondements d’une économie de proximité », sous la dir de
Pecqueur. B et Zimmermann J.B, Économie de proximités, Édition Hermès-Lavoisier, Paris, 2004. P.
97
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
des déséconomies de coordinations par une surintensité des interactions et une surabondance
d’informations ».
- Elle s’apparente dans une large mesure à la distance coût de transport, ainsi elle est
dépendante des infrastructures et services de transports 124. Elle est appelée aussi physique ou
spatiale.
-Elle représente une forme de différenciation fondée sur le caractère spatial au sein
duquel s’inscrivent les acteurs économiques.
- Elle ne se réduit pas à une distance géographique ou spatiale, mais elle est considérée
comme un construit qui prend sa forme dans les interactions sociales marchandes et non
marchandes.
- Elle renvoie à l’observation des processus de concentration industrielle ainsi qu’à la
distribution spatiale des activités.
En effet, la proximité géographique joue un rôle important dans les réseaux
territoriaux, notamment par sa faculté à faciliter la transmission des connaissances, le
développement des mécanismes d’apprentissage entre acteurs et la facilitation des processus
d’innovation locaux. Donc, la proximité géographique est un facteur qui facilite la
coordination entre acteurs proches géographiquement. De même, B. PECQUEUR et J.B.
ZIMMERMANN (2004) a identifié quelques avantages de la proximité géographique, à
savoir125 :
124
RALLET A., « l’économie de proximité : Propos d’étape ». Études et Recherches sur les Systèmes Agraires
et le Développement à INRA, Éditions, 2002. P.11-25.
125
PECQUEUR. B et ZIMMERMANN. J. B, (2004), Op.Cit.
98
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La proximité organisationnelle:
La proximité organisationnelle est définie comme une relation de proximité induite par
l’appartenance à une organisation comme le fait de suivre des règles communes ou de
partager une même culture d’entreprise au sein d’une activité finalisée. À cet effet, l’existence
d’une proximité organisationnelle permet à un ensemble d’acteurs d’installer des systèmes de
coordination pour atteindre les objectifs, objet d’un accord entre les membres d’une
organisation ou entre les organisations.
126
Idem.
127
GILLY J.P et TORRE .A, « Dynamique de proximité » sous la direction de, GILLY J.P, TORRE A., Éditions
L’Harmattan, Paris, 2000. P. 11-13.
99
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La proximité institutionnelle:
La proximité géographique ne peut être utile que si elle est accompagnée d’une
proximité organisée. C’est la proximité organisée qui rend les interactions plus rapides et
faciles avec les acteurs de l’organisation (firmes ou réseaux) quelques soit interne ou externe.
En effet, c’est la proximité organisée qui offre aux acteurs d’une organisation (firmes ou
réseaux) une interaction dynamique et positive, ainsi qu’elle encourage des processus de
129
PECQUEUR. B et ZIMMERMANN. J. B, (2004), Op.Cit.
130
ANGEON V. et CALLOIS J–M., « Fondements théoriques du développement local : quels apports du capital
social et de l’économie de proximité ? », Revue Économie et institutions, N°6-7 ; 1er et 2e semestres 2005,
Proximité et institutions : nouveaux éclairages. 2005. P. 33.
131
Idem., P. 33.
132
RALLET A., « Choix de proximité et processus d’innovation technologique », Revue d’Économie Régionale
et Urbaine, n°3, 1993. P. 365-386.
101
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
coopération et de négociation visant à atténuer les conflits et les tensions locales provoquées
par la proximité géographique. Ensuite, pour mieux éclaircir ce qui a été déjà évoqué
concernant la jonction entre la proximité géographique et la proximité organisée. Nous nous
référons aux travaux de A. RALLET et A. TORRE (2004) sur la proximité. Pour ces auteurs,
la proximité spatiale ne peut jouer qu’un rôle négatif (tension) ou neutre, sans effet claire.
Cependant, il ne peut être positif que si elle est associée ou activée par la proximité
organisée133. Le tableau, ci-dessous, tiré des travaux de A. RALLET et A. TORRE (2004),
exprime les résultats obtenus d’un croisement entre deux formes de proximités et leur
conséquences en termes de contacts et rencontres entre entreprises au niveau local.
Tableau 14: Le croisement des deux proximités et ses résultats en termes d’interactions
La première case en haut à gauche montre que la proximité géographique toute seule
est insuffisante pour créer des interactions entre les acteurs au niveau local. Elle est vraie
qu’elle facilite l’interaction entre acteurs, mais elle n’est plus un support de coordination. De
même, ce croisement a permis d’avoir une forme d’agglomération des acteurs sans de relation
directe entre-eux, donc, c’est une agglomération passive sans liens de coordinations.
Ensuite, la case en haut à droite explique que la proximité géographique associée par
une proximité organisationnelle permet de structurer des milieux locaux à des réseaux locaux
sous formes des SPL, des Clusters et des Milieux innovateurs. Ainsi que les effets néfastes de
la proximité géographique exprimés sous des tensions entre les acteurs proches
géographiquement peuvent être atténués par la mobilisation des ressources de la proximité
organisée.
133
RALLET A. et TORRE A., « Proximité et localisation » Revue Économie rurale, Proximité et territoires.
N°280, 2004. P. 25-41.
102
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ce paragraphe sera consacré aux réseaux territorialisés localisés qui ont pour objet de
favoriser une dynamique des industries localisées et des processus de territorialisation par une
dynamique de proximité. Donc, nous allons essayer de présenter une brève distinction entre
les différents réseaux territorialisés et d’expliquer leurs fonctionnements. À cet effet, nous
commençons par les districts industriels par sa double approche ; théorique relative à Alfred
Marshall et empirique développée par Beccatini dans le territoire d’Italie. Ensuite, nous nous
intéresserons à la notion des SPL développée par l’école de Grenoble, notamment par les
travaux de C. COURLET et B. PECQUEUR. Enfin, nous abordons, d’une part, la notion de
103
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Cluster de son père fondateur Porter, et, d’autre part, le concept de pôle de compétitivité ou
cluster à la française.
Pour A. Marshall, il peut avoir deux façons d’organisation industrielle135: « d’une part,
l’organisation sous commandement unique de la division technique du travail intégré au sein
d’une grande entreprise. D’autre part, la coordination par le marché et par le face à face (la
réciprocité), d’une division sociale du travail désintégré entre des firmes plus petites
spécialisées dans de grand segment du processus productif » (BENKO et alii, 1996). Donc,
nous comprenons par ceci que les entreprises qui sont regroupées dans une aire géographique
donnée et en interdépendance avec un marché spécialisé peuvent bénéficier des économies
d’agglomération et d’externalité et par la suite obtiennent de l’efficacité. En effet, les effets
des économies externes d’agglomération sont sous formes : lutter contre les coûts de
transactions, bénéficier d’une économie d’échelle, assurer une formation de la main-d’oeuvre
et enfin favoriser la circulation de l’innovation.
Ainsi, le district marshallien peut être un regroupement des entreprises dans une aire
géographique donnée et aussi une organisation industrielle basée sur l’ancrage et la proximité
(géographique et organisée). Ces deux optiques permettent aux entreprises quelques
avantages : d’abord, une division du travail et la division des tâches bien organisées entre
entreprises spécialisées. Ensuite, bénéficier d’une rapidité au niveau d’échange des biens et
134
COURLET C., (2001), Op.Cit. P. 60-61.
135
BENKO G., DUNFORD M. et LIPIETZ A., « Les districts industriels revisités », in B. Pecqueur éd.
Dynamiques territoriales et mutations économiques, L’Harmattan, 1996. Disponible sur l’URL :
http://lipietz.net/ALPC/REG/REG_1996s.pdf .
104
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
services entre les entreprises du district tout en profitant des coûts de transport et logistique
plus bas. Enfin, le contact entre les entreprises favorise un climat propice et favorable à
l’accroissement des transactions.
136
A. MARSHALL, principes d’économie politique, (1890), livres IV, traduction française de SOUVRAINE-J-
F, (1996).
137
COURLET C., « les systèmes productifs localisés : un bilan de la littérature », Études et recherches sur les
Systèmes Agraires et le Développement, INRA Éditions, 2002, 33 : P : 27-40.
105
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Donc, nous constatons que le district industriel est un concept socio-économique basé
sur un regroupement d’entreprises dans un territoire donné, en vue de bénéficier des
avantages telles que la division du travail et une division des tâches organisées. Ainsi, il
repose sur une coordination par le marché et une réciprocité fondée sur la proximité
géographique,
La notion du système productif local développée par l’école de Grenoble s’inscrit dans
le prolongement des travaux des districts industriels d’Alfred Marshall (principes d’économie
politique) et ses successeurs principalement italiens. En effet, les premiers qui se sont
intéressés au concept du “système productif local” sont les Français, notamment C.
COURLET et B. PECQUEUR (1992) qui ont défini le SPL comme « Une configuration
d’entreprises regroupées dans un espace de proximité autour d’un métier, voire même de
plusieurs métiers industriels. Les entreprises entretiennent des relations entre elles et avec le
milieu socioculturel d’innovation. Ces relations ne sont pas seulement marchandes, elles sont
138
BECATTINI G., « Le district industriel : milieu créatif », dans Restructurations économiques et territoires,
espace et sociétés, N° 66/77, Édition l’Harmattan, P. 159.
106
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
aussi informelles et produisent des externalités positives pour l’ensemble des entreprises »139.
Cette définition explique que le SPL se distingue du district par le fait qu’au sein du
groupement, des relations peuvent tisser entre les PME et entre les grandes entreprises, ainsi
que les relations dépassent le cadre de la sous-traitante vers un cadre de coopération avec le
milieu socio-culturel d’innovation.
Puis, C. COURLET (2002) a identifié trois caractéristiques majeures pour les SPL,
pour lui l’importance, c’est l’existence sur un territoire restreint un grand nombre
d’entreprises suffisamment proches et réciproquement liées. En effet, ces caractéristiques sont
résumées comme suit141:
Ensuite, c’est un système productif local qui est le résultat des avantages tirés par le
regroupement des entreprises sur un le même territoire. À cet effet, deux variables paraissent
importantes pour apprécier les SPL. Les premiers sont relatifs à la nature des activités ; si les
entreprises du SPL ont des activités similaires, elles cherchent à développer des mécanismes
de coopération. Par contre, si les entreprises disposent des activités complémentaires telles
que, la production, le transport la formation, elles développent un approfondissement de la
139
COURLET C. et PECQUEUR B., « les systèmes industriels localisés en France : un nouveau modèle de
développement » sous dir, BENKO G. et LIPIETZ A., les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les
nouveaux paradigmes de la géographie économique, Paris, Presse Universitaire de France, 1992. P : 81-102.
140
DATAR, « Les systèmes productifs locaux », Collection Territoires en mouvement, Paris, La documentation
française, DATAR, 2002,. P. 5.
141
Courlet C., (2002), Op.Cit. P. 32-33.
107
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
division du travail pour la réalisation d’un produit unique. Les deuxièmes concernant
l’intensité des coopérations ; elle n’y a pas une seule forme de coopération dans les SPL. La
coopération peut se réaliser selon des différentes formes, à savoir : club d’entreprises, réseaux
de production conjointe et des réseaux basés sur des ressources partagées, ainsi que d’autres
formes de coopération. De plus, une autre variable aussi importante caractérisant le
fonctionnement du SPL, celle de l’environnement actif.
En outre, C. COURLET, (2006) indique que « le SPL n’est pas une formule
mathématique mais un processus organique difficile à reproduire. Il faut de la durée et il faut
aussi la réunion de condition et d’un milieu favorable à l’émergence de ce type
d’organisation ». À cet effet, le SPL n’est plus considéré comme un simple calcul
économique des agents, mais plutôt c’est l’expression d’une forme organisée de leurs
relations. Il est considéré aussi comme une forme d’organisation spécifique dans lequel le
territoire et les relations non marchandes jouent un rôle primordial. Donc, les SPL sont les
résultats d’une réforme organisée de leurs relations qui changent selon les approches, ce qui
explique le rejet de l’idée que c’est un concept.
Ainsi, C. COURLET (2001), explique que les SPL sont comme une forme généralisée
d’organisation productive territorialisée visant à réduire les coûts de transaction et plus
généralement des coûts de régulation et de coordination inter-firmes ou entre recherche et
industrie (Approche transactionnelle). De même, ils sont aussi comme des organisations
multidivisionnelles visant la complémentarité. Ces deux approches ont bien contribué au
développement du SPL. Elles sont résumées comme suit142:
142
COURLET C., (2001), Op.Cit. P : 73.
108
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
L’approchetransactionnelle L’approcherésiliaire
*Le regroupement spatial à l’instar de la firme *La notion de réseau dépasse la
permet la réduction des coûts des transactions. coordination par le marché ou la
*Un mode de gouvernance efficace que le marché hiérarchie et s’oriente vers l’analyse des
ou la hiérarchie. rapports inter firmes.
*Cette analyse conduit à supposer que *Elle conduit à décrire les SPL comme
communauté ou patrimoine culturel, marché, des organisations multidivisionnelles par
hiérarchie, sont interchangeables. Ainsi, elles ne opposition à un ensemble d’unités de
sont pas une alternative ni au marché ni à la production indépendantes.
hiérarchie, mais plutôt la condition d’existence de *Elle permet de comprendre par quelles
l’un et de l’autre. modalités les unités d’un réseau localisé
*Le SPL est caractérisé par un ensemble de règles participent à la production et à la
plus au moins institutionnalisées, plus ou moins distribution des richesses de lorsqu’elles
codifiées qui inscrivent les individus et les rentrent en interaction.
organisations dans un cadre d’action commun.
Source : Élaboré par nous-même sur les travaux de C. Courlet (2001).
Quant à I. SAMSON (2003), les SPL sont comme « des systèmes productifs localisés
reposent sur de véritables externalités territoriales, issues de l’histoire et du jeu des acteurs,
autour d’une activité principale et des activités auxiliaires et d’une main-d’œuvre locale
qualifiée permettant d’assurer la transmission du savoir-faire entre générations »143. En effet,
les SPL sont comme une forme générique qui repose sur un jeu d’acteurs réalisant la
combinaison de concurrence et de coopération entre les PME Installées. Cette combinaison
permet au SPL d’assurer une forte compétitivité territoriale.
Bref, les SPL constituent une thématique assez importante en France depuis les années
80-90. De même, ce concept n’a connu son essor qu’après les mutations économiques
entamées dans cette période. Le SPL considéré comme une agglomération des entreprises sur
le territoire et qui entretient des relations à la fois avec les PME et les grandes entreprises. Il
est vu comme un outil de développement de la firme, et aussi un moyen qui participe au
dynamisme et l’essor des territoires. Il sert à activer et à maintenir le tissu économique et
social local, par lequel un ensemble d’acteurs économiques et sociaux développe des
rationalités convergentes et des projets communs.
143
SAMSON I., (2004), Op.Cit. P. 151-152.
109
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le point suivant vise à continuer notre analyse sur les réseaux territorialisés et ce par
l’introduction de la notion des clusters développés M. Porter et la notion des pôles de
compétitivité ou les clusters à la française.
Ici nous nous attaquons aux derniers types de réseaux territorialisés, à savoir les
clusters et les clusters à la française qui sont les pôles de compétitivité.
La notion du cluster a été développée par M. PORTER, en 1990, qui s’est inspiré lui-
même des travaux d’A. Marshall sur les districts italiens au XIX éme siècle. En effet, le mot
cluster est d’origine anglais traduit en français par niche ou grappe.
Pour définir le concept de cluster, nous évoquons plusieurs définitions des auteurs
anglo-saxons, dont la plus importante de M. PORTER144. En premier lieu, la Harvard
Business School a défini le cluster comme “ une concentration géographique de groupes
d’entreprises interconnectées, d’université et d’institution associées qui résultent des
couplages ou des externalités entre entreprises”.
144
Idem., P. 131.
145
M. Porter “Clusters and the new economics of competition” Harvard Business Review, Novembre Decembre
1998, PP 77-90, Disponible sur l’URL:
http://im.univie.ac.at/fileadmin/user_upload/proj_windsperger/KFK/KfK/ClusterStrategy.pdf.
110
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
l’industrie ayant des métiers, des technologies et des savoir-faire communs. Ainsi, dans un
cluster, il y a plus les entreprises des institutions gouvernementales, à savoir les universités et
les centres de formation qui se préoccupent de fournir une formation, une éducation et un
soutien technique spécialisé. En conséquence, l’intérêt d’un cluster réside dans le fait que les
entreprises installées peuvent tirer des avantages compétitifs et de bénéficier des externalités
territoriales et d’une dynamique de proximité.
146
HAMDOUCH. A, « la dynamique d’émergence et de structuration des clusters et réseaux d’innovation :
revue critique de la littérature et l’élément de la problématisation », un acte de communication au colloque de
l’ASRDLF, Rimouski, 25-26 aout 2008.
111
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
et institutions) pour la compétition. S’agit-il des Donc le cluster dans cette approche
industries verticalement complémentaires? ou bien repose sur l'idée de réseaux
s’agit-il d’industries horizontalement différentes, d'innovateurs, de district industriel
mais localisés sur un même territoire? marshalliens, de relations
3) La troisième difficulté, ça concerne les liens entre interindustrielles, de systèmes
les firmes et les institutions au sein d’un cluster. nationaux (régionaux, locaux)
M. Porter a précisé, qu’il s’agit des liens d'innovation, de chaînes de
informels, et c’est ce qui fait l’efficience et la production, de rassemblement de
flexibilité. Mais en général les travaux récents ont firmes liées par des connaissances
montré que la collaboration formelle entre firmes communes
est devenue primordiale, surtout dans des
domaines du financement et du R&D.
4) Selon Porter, il n’y a pas de distinction entre les
clusters selon la nature du domaine d’activité
considéré, ainsi qu’il a remis en cause la
distinction entre les industries high-tech et low-
tech qui sont basées sur des R&D et d’innovation.
Source : Élaboré par nous-même à partir des travaux de A.HAMDOUCH (2008).
Après avoir défini le concept du cluster et de montrer la différence entre une forme
générique et une forme organisationnelle. Ainsi que d’opérer une distinction entre l’approche
porterienne et l’approche résiliaire qui vise à renouveler la conception classique vers une autre
conception développée du cluster d’innovation ou plus généralement de réseau d’innovation.
Nous passons ensuite, à expliquer le cluster tout en recourant à deux composantes
territoriales, à savoir la localisation des relations inter-firmes et l’organisation des relations
inter-firmes.
En effet, A. TORRE (2006) a explicité cette liaison par le schéma , ci-dessous, qui
essaie de présenter les divers types de clusters par l’interaction entre les facteurs
« l’organisation des relations inter-firmes » et « la localisation des relations inter-firmes » .
Forte Faible
D’abord, la case 1, il s’agit d’un cluster porterien, résulte à la fois des niveaux
importants de localisation et d’organisation, avec une coexistence de deux types de proximités
géographiques et organisées. Ensuite, la case 2 présente un cluster caractérisé avec un niveau
d’organisation de relation inter-firmes important, mais d’une faible concentration locale. Il est
compatible d’un cluster analysé au niveau régional ou national. Puis, la case 3 s’intéresse à un
cluster basé sur une ressource ou à une histoire locale. Ce type de cluster est caractérisé par un
niveau faible de relations locales et une forte agglomération territoriale des firmes. Cette
catégorie de cluster représente dernièrement le but des politiques d’innovation des nations
cherchant à engendrer des synergies dans leur sphère régionale et locale. Enfin, la case 4, il
s’agit des activités dispersées, qui ne contiennent aucun élément principal composant le
cluster, c’est-à-dire ni localisation et ni organisation des relations inter-firmes, et donc aucun
bénéfice à présenter147.
À partir de ce tableau, nous constatons que la case 1, seule qui répond d’une façon
objective à un cluster au vrai sens du mot. Alors que, dernièrement, nous remarquons qu’ils
s’orientent beaucoup plus vers les cases 2 et 3. C’est-à-dire, des clusters avec une organisation
des relations inter-firmes sans une localisation géographique des firmes, ou soit des firmes
localisées géographiquement, et sans une vraie organisation des relations interentreprises.
Nous abordons maintenant la notion des pôles de compétitivité qui s’inspire aussi de la
notion de cluster et de son fondateur Porter 1990.
La notion des pôles de compétitivité ou les clusters à la française sont encouragé par le
gouvernement français qui a lancé en 2004 un appel à initiative nommé « Pôle de
compétitivité » PDC visant à stimuler des pôles de croissance et d’emploi et d’assurer un effet
d’entrainements sur la globalité de l’économie nationale.
147
TORRE A., « Clusters et systèmes locaux d’innovation un retour critique sur les hypothèses naturalistes de la
transmission des connaissances à l’aide des catégories de l’économie de la proximité », Revue région et
développement, n°24, 2006. P. 15-44.
113
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, les PDC ont une vocation clairement définie, c’est de collaborer trois types
d’acteurs à savoir les entreprises (grandes entreprises et PME), les laboratoires de recherche
(publics et privés) et les institutions de formation afin de cerner les ressources sur des projets
de coopération technologiques d’envergure internationale. Cette forme territorialisée est
marquée par des spécificités qui les différencient par rapport à d’autres formes, à savoir:
Coopérer tous les acteurs sans exception autour d’un projet technologique
d’importance internationale ;
Enfin, nous citons les objectifs et les enjeux des pôles qui s’expliquent au niveau
national, régional et organisationnel. D’abord, l’objectif au niveau national est de développer
l’attractivité d’un territoire et un rempart face aux entreprises souhaitant se délocaliser. La
148
Site Internet DIACT/ex DATAR.
149
DELAPLACE M., « Pertinence et limite de la politique des pôles de compétitivité : ancrage local et diversité
des déterminants de la compétitivité » XLII ° Colloque de l’ASRDLF- XII° Colloque du GRERBAM Sfax 4,5 et
6 septembre 2006.
114
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Figure 14: Une représentation des liens entre les différentes notions151
Pôle de compétitivité
Intégration de la recherche/innovation
Source : Note orange n°2- clusters et pôles de compétitivité en Rhône-Alpes, Décembre 2004.
Pour conclure cette section, les réseaux territorialisés de proximité sont définis par S.
Ehlinger et al (2007), « comme des ensembles coordonnés d’acteurs hétérogènes,
géographiquement proches, qui coopèrent et participent collectivement à un processus de
production »152. Cette définition résume ce qui a été déjà développé, du fait que la proximité
150
BOUABDALAH K. et THOLONIAT A., « Pôle de compétitivité et réseau de proximité : l’émergence d’une
nouvelle dynamique de l’innovation » 5éme journée de la proximité à Bordeaux 30 juin 2006. Disponible sur :
<halshs-00115647> .
151
KHATTABI M-A., Muriel MAILLEFERT, « Cluster, proximité et innovation. Une revue de la littérature »,
Revue Economica , Centre de recherche de HEM. Disponible sur l’URL :
http://economia.ma/sites/default/files/recherchePJ/Clusters-Economia.pdf.
152
EHLINGER, S., PERRET, V. et CHABAUD, « Quelle gouvernance pour les réseaux territorialisés
d'organisations ? », Revue Française de Gestion, Vol.33, n°170, 2007. P. 155-171.
115
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
116
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Donc, ce paragraphe est appelé à citer les différentes approches de développement qui
ont précédé le développement territorial, notamment le développement endogène, inscrit dans
une approche territoriale de développement et le développement local ou le développement
par le bas. Et d’expliciter le passage de développement local au développement territorial.
D’après G. GAROFOLI (1992), «un modèle de développement endogène est basé sur
l’utilisation des ressources locales, la capacité de contrôle au niveau local du processus
d’accumulation, le contrôle de l’innovation, la capacité de réaction aux pressions extérieures
et de la capacité d’introduire des formes spécifiques de régulation sociale au niveau local
favorisant les éléments précédents »155.C’est un développement caractérisé par une
domination locale, toutes les actions, les réactions et les modalités de développement sont
153
AYDALOT P., « Économie régionale et urbaine », Édition Economica, Paris, 1985. P. 144.
154
Idem., P.
155
GAROFOLI G., « Les systèmes des petites entreprises : un cas paradigmatique de développement
endogène », sous dir, BENKO G., LIPIETZ A., les régions qui gagnent Districts et réseaux : les nouveaux
paradigmes de géographie économique, économie en liberté, Édition presses universitaires de France, Paris,
1992. P. 57-80.
117
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
156
FERGUENE A., HSAINI A., « Développement endogène et articulation entre globalisation et
territorialisation : éléments d’analyse à partir du cas de Ksar-Hellal (Tunisie) » Revue Région et développement,
n°7, 1998. P.106
157
Idem,. P. 107-108.
118
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
comme facteur développement et opposant une planification ascendante par le bas aux
stratégies habituelles de type descendant par le haut158.
Le développement local émerge aux années 1970 suite à des dysfonctionnements dans
les démarches de développement antérieures, planifiés par l’État central. Plusieurs auteurs en
science économiques se sont intéressés à ce concept, et ce pour son rôle à présenter des
solutions adéquates à des problèmes locaux.
Parmi ces auteurs, B. PECQUEUR (1989) qui « affirme que chaque processus de
développement découle de trois conditions : l’innovation, la capacité à s’adapter et la capacité
à réguler. C’est l’action dynamique des réseaux d’acteurs qui permet la réalisation concrète de
ces conditions »159. Il ne s’agit plus d’un modèle, d’un mode ou d’une stratégie à suivre, mais
plutôt d’une volonté dynamique à mettre en synergie et en solidarité, tous les acteurs et leurs
relations, qu’elles soient marchandes ou non, au profit d’un développement économique,
social et culturel du territoire.
De même, une définition aussi importante celle de X. GREFF (1984) qui définit le
développement local comme « un processus de diversification et d’enrichissement des
activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la
coordination de ses ressources et ses énergies »160. La mobilisation des acteurs du territoire,
notamment, les entreprises, les ménages et les pouvoirs publics locaux contribuent au
développement local, chacun de leurs positions. D’abord, les entreprises de types PME
participent à une meilleure diversification des activités sur le territoire et à une atténuation des
déséquilibres économiques (le chômage) provoqués par les grandes entreprises. Ensuite, les
ménages exercent en liaison avec les opportunités d’emplois une influence considérable sur
les grands équilibres territoriaux. Enfin, les pouvoirs publics locaux qui gèrent les
équipements au profit des dynamiques sociales et économiques.
Donc, le développement local est considéré comme une forme de gestion locale du
territoire qui prend en considération les caractéristiques géographiques, culturelles,
158
BOISVERT M., « l’analyse économique régionale : un éventail de concepts anciens et nouveaux », sous dir
PROULX M. U. , Le phénomène régional au Québec Sainte-Foy (Québec), Edition Presses de l’université du
Québec, 1996. P. 186-213.
159
PECQUEUR B., « Le développement local : mode ou modèle ? », Édition Syros / Alternatives Économiques,
Paris, 1989. P 58.
160
GREFFE X., «Territoire en France ; les enjeux économiques de la décentralisation», Édition Economica,
Paris, 1984. P. 146-147.
119
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En second lieu, un développement local communautaire centré sur une vision sociale
de développement et fondé à la fois sur les solidarités entre les acteurs et les initiatives
entamées au niveau local. À cet effet, cette approche est considérée par certains auteurs
comme un processus organisationnel conduisant vers des objectifs de développement culturel,
social et économique. Il est mené par une collectivité locale qui vise à identifier les besoins et
les objectifs, donner un ordre de priorité, accroître la confiance en elle et la volonté de
travailler, trouver les ressources internes ou externes en vue d’une répartition équitable, agir
en fonction des objectifs et enfin manifester des attitudes et des pratiques de coopération et de
collaboration. Ainsi, elle fait appel à l’être humain et à ses capacités de maitriser son propre
devenir ainsi que celui de sa communauté. Il s’agit de créer une solidarité active dans le
milieu en vue de renouveler le tissu socio-économique.162
161
TOUZRI A., « Développement local, acteurs et actions collectives», thèse présentée en vue de l’obtention du
grade de docteur en sciences sociales : développement, population et environnement , presse universitaire
louvaine 2005, p31-99.
162
PROULX M. U., « Réseaux d’information et dynamique locale ». Édition Université du Québec à
Chicoutimi, 1995. P. 88.
120
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
D’après les travaux P. Aydalot (1985) sur la construction des fondements de base
d’une théorie relative au développement territorial : « le développement impose la rupture
avec la logique fonctionnelle de l’organisation de la vie économique et propose de revenir à
une vision « territoriale » ; C’est dans le cadre local, par la mise en valeur des ressources
locale et avec la participation de la population que le développement pourra réellement
répondre aux besoins de la population »164. Ce modèle fonctionnel classique de l’économie a
contribué, depuis les années 1970, à émerger un nouveau modèle de développement territorial
qui se traduit par une révolution intellectuelle, dont l’essence un rapprochement des éléments
sociaux et politiques à l’analyse économique.
De même, P. AYDALOT a contribué à enrichir la théorie de développement
territorial, notamment par l’approche des milieux innovateurs. Elle vient de rappeler que le
développement procède, d’abord, la mobilisation des ressources internes. Elle met justement
en valeur le rôle des réseaux socio-économiques, la nécessité de construire des ressources
territoriales spécifiques face au nomadisme des firmes, la place des échanges localisés de
connaissances et le savoir-faire dans la dynamique de l’innovation »165.
163
BRUNO J., « Présentation : le développement territorial : un nouveau regard sur les régions du Québec »,
Revue recherches sociographiques, Facultés des sciences sociales, Université Laval, Vol 47, n° 3, 2006, P : 465-
474.
164
AYDALOT P., (1985), Op. Cit. P. 109.
165
RALLET A., Commentaires du texte d’Oliver CREVOISIER dans MOLLARD, Amédée et al, Territoires et
enjeux du développement régional, Versailles, Éditions Quae, 2007 p. 80-82.
121
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
166
Définition tirée de l’avis de Conseil de Wallon de l’environnement pour le développement durable, objet
d’un tableau de bord du développement territorial, publié le 3 Mars 2005 à Liége. P. 3. Disponible sur l’URL :
http://www.cwedd.be/uploads/Autres%20Avis/Avis%20non%20sollicites%20par%20le%20GW/05.25-TBDT.pdf .
167
KOOP K., PIERRE- A L. et PECQUEUR B,. « Pourquoi croire au modèle du développement territorial au
Maghreb ? une approche critique », Revue EchoGéo, N° 13/2010. P. 1-12.
122
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
territoires. C’est à partir des ressources spécifiques que les acteurs du territoire vont
rechercher une compétitivité sous ces différentes formes.
En effet, P. A. LANDEL et al (2011), dans l’article « De l’animation locale à
l’ingénierie territoriale », insiste sur deux caractéristiques importantes faisant la différence
entre le développement local et le développement territorial. D’une part, l’accès à des
nouveaux marchés à différentes échelles expliquées par le fait que, la libéralisation des
marchés imposent que les stratégies de la production locale ne visent plus nécessairement les
circuits économiques locaux. D’autre part, nous trouvons l’émergence de nouvelles formes de
gouvernance pour la réalisation de projets de territoires. À cet effet, le tableau, ci-dessous,
explicite les points de différence entre le développement territorial et le développement local,
ainsi que la figure n°14 illustre bien ce passage168.
Tableau 18: Du développement local au développement territorial
Marchés élargis
Développement
territorial
Autonomie territoriale
Dépendance du gouvernement national
Développement
Local
Marchés locaux
Source : KOOP K., LANDEL P. A. et PECQUEUR B. (2010)
168
LANDEL P A. et KOOP K., « de l’animation locale à l’ingénierie territoriale », une proposition de
communication au colloque « le développement local : Mécanismes, Stratégie et gouvernance », à Agadir,
Maroc, 29 Mars 2011. Disponible sur l’URL : halshs-00580760 .
123
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le développement territorial est expliqué dans ce point par une approche systémique
dans laquelle, les concepts territoire, système productif et société locale constituent les
noyaux de système. Ainsi qu’ils ne peuvent être traités séparément. Quatre sphères sont
regroupées et corrélées pour la réalisation d’un développement souhaitable propre au
territoire. Ces sphères sont, notamment : la sphère politique, la sphère économique, la sphère
sociale et la sphère spatiale. En effet, le schéma, ci-dessous, explique l’organisation de ces
sphères et les relations qu’ils entretiennent sous des différentes formes : d’autorité,
d’influence, de domination, de concurrence, de coopération et de négociation.
124
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
D’abord, l’enjeu de la sphère politique : C’est une sphère qui regroupe les
représentants des citoyens dans un espace local et qui sont élus par des scrutins et possédant le
pouvoir de la gestion des affaires publiques au niveau local. La mission principale de ces
acteurs réside dans la possibilité d’assurer la cohésion de la société et la cohérence de l’ordre
sociale. Toutefois l’État cherche à accroitre son autorité sur l’ensemble du territoire, par
l’outil des collectivités locales, considérées comme des relais de gestion entre l’échelon local
et l’État. En effet, la restructuration du système politique accompagné par des politiques de
décentralisation a contribué pour une nouvelle architecture de système et une redéfinition des
rôles pour l’État que pour les collectivités locales. C’est pourquoi les collectivités locales ont
désormais la capacité de gérer des secteurs stratégiques de l’action publique et de
169
El KHAZZAR A., « Gouvernance et approche territoriale : pour une nouvelle stratégie de développement »,
Acte de congrès au séminaire organisé conjointement par le Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement et l’Observatoire des Fonctions Publiques Africaines, sur la clarification
des missions de l’État, de la société civile et du secteur privé dans la gouvernance Économique et la lutte contre
la pauvreté en Afrique, à Tanger, Maroc, 24-27 Mai 2004. Disponible sur l’URL :
http://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/CAFRAD/UNPAN016614.pdf
125
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Enfin, l’enjeu de la sphère spatiale : l’espace depuis longtemps a été considéré comme
une donnée immatérielle sans aucune dimension170. Ce n’est que tardivement que l’analyse
économique a commencé d’intégrer l’espace dans la construction de l’entité territoriale. Donc,
170
Idem.,
126
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
l’enjeu spatial apparaît comme l’assemblage d’enjeux passés qui réapparaissent au présent, et
auquel les projets actuels intègrent dans leurs stratégies.
En effet, la culture est l’ensemble de ce que les gens ont reçu de leur famille, de leur
milieu et de ce qu’ils ont intériorisé, modifié et structuré à travers leurs expériences. Elle leur
offre les instruments indispensables pour vivre et agir au présent et de se projeter dans le
futur. Elle donne ainsi un sens à la vie de chacun et à l’existence collective171. La prise en
compte de la dimension culturelle dans le territoire trouve son origine dans la nouvelle
géographie qui se dessine par les approches de régionalisation et de décentralisation qui visent
à renforcer le pouvoir des acteurs locaux en matière de développement. Donc, la culture sera
considérée comme un vecteur de rayonnement à l’échelle internationale et de développement
des villes.
171
CLAVAL P., « le développement culturel : quelques réflexions sur le colloque de Nîmes », dans
Développement culturel et territoires, sous dir, Laurent Sébastien FOURNIER, Catherine BERNIE-Boissard,
Dominique CROZAT et Claude CHASTAGNER, Édition l’Harmattan, 2010. P. 27-28.
127
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La première caractéristique, consiste à produire dans la région une synergie entre les
acteurs et les institutions en vue de créer une énergie favorisant le développement du
territoire. Ainsi, de recenser les ressources locales qui participent au développement et de les
orienter vers un objectif particulier autour duquel se crée une apparence de consensus. La
culture de développement réside dans la définition de l’espace, de ces ressources et le choix
de celle que l’on mobilise en priorité ;
La culture de développement d’une région est fondamentalement une culture. Elle est
nécessairement en rapport avec l’histoire et avec les caractéristiques de la population des
institutions régionales. La culture de développement est souvent marquée par un modèle
précis qui réunit à la fois la stabilité des institutions locales et l’ouverture au changement ;
172
KAHN R., (2010), « La dimension culturelle du développement territorial », Revue d’Économie Régionale &
Urbaine 2010/4, octobre 2010. P. 625-650.
128
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
173
COLLETIS G., GILLY J-P., LEROUX I., PECQUEUR B., PERRAT J., RYCHEN F. et ZIMMERMANN J-
B., « Construction Territoriale et Dynamiques Productive », Revue sciences de la société, N° 48, Octobre, 1999.
P. 25-44.
129
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, ce processus trouve son origine dans le recours à des politiques publiques
fondées principalement sur des avantages, telles que des mesures de financement, des
incitations fiscales et une assiette foncière visant à attirer les entreprises à se localiser.
Cependant, ces politiques peuvent constituer parfois des mesures non incitatives, dans
lesquelles canalise le développement territorial vers une autre logique territoriale (un
développement par la spécialisation). À cet effet, la priorité de ce mode de développement est
de favoriser des effets externes par des actions ciblées de rapprochement des activités toujours
dans un contexte de concurrence territoriale. De plus, ces défaillances résident dans le fait
qu’il n’intéresse plus à l’évolution du tissu économique locale par un mode de coordination
établi entre les acteurs publics et privés. Ainsi que, les décisions des agents productifs sont
guidées par leur propre intérêt.
174
Idem,. P. 25-44.
130
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
deux proximités permettent un élargissement des combinaisons productives sur une base
territoriale et la résolution des problèmes productifs susceptibles d’être résolus.
175
Idem,. P. 25-44.
131
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
densité institutionnelle forte, au plan territorial, qui contribue à l’émergence des dispositifs de
coordination et de favoriser par la suite leur bon fonctionnement.
Bref, l’histoire d’un territoire peut être marquée par une succession de ces différents
processus. Ainsi que le passage d’un mode à un autre invente la notion de trajectoire du
territoire. D’abord, le passage d’agglomération à la spécialisation permet de construire le
territoire qui expose des ressources ou des actifs spécifiques afin d’attirer les entreprises
ayants des caractéristiques similaires à se localiser. Ensuite, le passage de spécialisation à la
spécification s’effectue par une diversification maitrisée des activités présentes sur le
territoire. Cette diversification naît de la volonté de redéploiement des ressources et des actifs
spécifiques de la part des acteurs et des structures de coordination adéquates à savoir le
réseau.
132
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ensuite, le terme de gouvernance a été utilisé par les sciences politiques, à la fois dans
un cadre de l’analyse du gouvernement local, et dans une perspective normative en relations
internationales et management des affaires publiques. En effet, son utilisation dans le cadre de
l’analyse du gouvernement local a pour objet ; la participation des différents acteurs à la prise
de décision concernant la gestion de leurs villes et leurs régions, ainsi qu’à la conception des
politiques publiques locales basées sur un processus de coordination et de négociation,
appropriée aux spécificités locales. Le Gales évoque le rôle de la gouvernance dans les
interactions entre l’État et la société et des modes de coordination complexes nécessaires afin
de développer l’action publique. L’introduction de la notion de gouvernance en sciences
politiques a pour mission principale de faire apparaitre un nouveau modèle politique basé sur
176
COASE R H., « The nature of the firm » ECONOMICA, New Series, Vol. 4, No. 16, November 1937. P.
386-405. Disponible sur l’URL:
http://links.jstor.org/sici?sici=00130427%28193711%292%3A4%3A16%3C386%3ATNOTF%3E2.0.CO%3B2-B
177
WILLIAMSON O.E., les institutions de l’économie, traduit de : The Economic institutions of Capitalisme
(1985), InterEditions, 1994, Paris.
178
LELOUP. F, MOYART L. et PECQUEUR B., « La gouvernance territoriale comme nouveau mode de
coordination territoriale », Revue Géographie, Économie, Société Vol 7, N° 04/2005. 2005 P. 324.
133
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Lors de la conférence organisée par le PNUD en 1997, la bonne gouvernance a été considérée
comme l’exercice de l’autorité politique, économique et administrative aux fins de gérer les
affaires d’un pays à tous les niveaux. Elle repose sur des mécanismes, des processus et des
institutions qui permettent aux citoyens et aux groupes d’exprimer des intérêts, de régler des
litiges et leurs droits juridiques, d’assurer leurs obligations et auxquels ils s’adressent en vue
de régler leurs problèmes. À cet effet, le PNUD a identifié trois paliers et pivots de la
gouvernance, à savoir :180
L’ÉTAT par son appareil législatif, juridique, et les services publics, qui visent à créer
un environnement politique favorable à la mise en place d’une bonne gouvernance.
Enfin, la société civile qui regroupe les associations, les organismes non
gouvernementaux, les groupes religieux et les citoyens pris individuellement. Leurs intérêts
sont de faciliter la régulation politique et sociale.
179
LORRAIN D. « Administrer, gouverner, réguler », Revue les annales de la recherche urbaine, N°80-81,
décembre 1998. P. 85.
180
La définition tirée du Document de politique générale du PNUD « La gouvernance en faveur du
développement humain durable », publié en Janvier 1997 par le PNUD. P. 40.
134
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
stratégies et les formes traditionnelles de la gestion des affaires publiques (le PAS pour le cas
du Maroc).
181
DUBUS N., HELLE H.,MASSON-VINCENT M., « De la gouvernance à la géogouvernance : de nouveaux
outils pour une démocratie locale renouvelée »,Revue l’Espace Politique, Vol. 10, N°1. P. 2 - 23.
182
PECQUEUR B., (2003), Op.Cit.
135
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
mettant en œuvre des dispositifs multiples reposant sur des apprentissages collectifs et en
entamant des innovations institutionnelles et organisationnelles au sein du territoire. Ceci
s’inscrit dans un but de formulation et de résolution d’un problème productif.
183
GUESNIER B., « Créativité des territoires et gouvernance » acte de communication au colloque Territoires et
action publique territoriale : nouvelles ressources pour le développement régional, XLVéme colloque de
l’ASRDLF, organisé par le Centre de recherche sur le développement territorial Université du Québec à
Rimouski 25-27 Aout 2008.
184
GILLY J-P., WALLET F.,« Enchevêtrement des espaces de régulation et gouvernance territoriale les
processus d’innovation institutionnelle dans la politique des pays en France », Revue d’Économie Régionale et
Urbaine, N°5, 2005. P. 699-722.
185
COLLETIS G., GILLY J-P., LEROUX I., PECQUEUR B., PERRAT J., RYCHEN F. et ZIMMERMANN J-
B., (1999), OP. Cit. P. 25-44.
136
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le mode de coordination entre les entreprises, et entre les entreprises et les centres de
recherche : la distinction entre les idéaux types d’espace locaux s’effectue, d’abord, par le
niveau du partenariat qui comprend l’organisation des rapports entre les différents acteurs, à
savoir : l’alliance, la collaboration, le partenariat, la sous-traitance et/ou l’externalisation.
Ensuite, par la compétition qui s’exprime par une concurrence entre les acteurs. Cette
composante accorde une place importante aux formes de coordination hors marché qui
caractérisent notamment les rapports entre science et industrie dans les processus
d’innovation technologique.
En effet, la gouvernance territoriale dans l’approche par la proximité se fonde sur une
dynamique institutionnelle qui implique une pluralité d’acteurs aussi bien publics (collectivité
territoriale, université) que privée (entreprise) ou sociaux (ONG). Ces derniers sont pourvus
de statuts différents et se coordonnent avec plus ou moins de lisibilité et plus ou moins de
résultat.
La gouvernance territoriale axée sur la proximité repose sur deux processus, à savoir
les réseaux et les flux circulants dans ce réseau. D’abord, les réseaux signifient une
186
PECQUEUR B., (2003), Op. Cit.
138
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
configuration de connexions entre les différents acteurs sur un territoire donné. Ensuite, les
flux sont considérés comme des informations induites par une stratégie commune dues à
l’existence d’une proximité institutionnelle et l’exercice d’une proximité géographique pour
effet une délimitation spatiale claire187. Nonobstant, ces flux vont établir les dimensions du
réseau adossé à la fois à la proximité géographique et à la proximité institutionnelle, afin de
contribuer à régler les affaires locales (club d’entreprises, Associations des jeunes
entrepreneurs et associations de développement). Donc, ces deux processus nous mènent,
d’une part, et préalablement, à l’identification d’un problème partagé et à la recherche de
solution par une coordination coopérative, et, d’autre part, d’avoir un mécanisme de
transformation (métamorphose) de ressources cachées, voire virtuelles, en actifs spécifiques.
187
LELOUP. F, MOYART L., PECQUEUR B., Op. Cit. P. 328.
188
BERTRAND N., MOQUAY P., « la gouvernance locale un retour à la proximité » Revue Économie Rurale
N° 280, Proximité et territoire. 2004. P. 77-95.
139
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
189
LELOUP. F, MOYART L., PECQUEUR B., Op. Cit. P. 328.
140
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La gouvernance mixte : c’est une coopération entre les acteurs privés et les institutions
publiques afin de former un acteur-clé du territoire. L’objectif de ce type réside dans la
coordination pour créer un bien ou un service collectif utilisable par tous les acteurs sans
rivalité ni exclusion d’usage.
Par rapport à cette typologie, ci-dessus, J.B GILLY et J. PERRAT, (2003) avance que
«La gouvernance n’est donc pas une configuration de coordinations strictement économiques
ou strictement sociopolitiques : elle est une combinaison de ces dimensions caractérisée par
une densité variable des interactions entre les trois catégories d’acteurs »190.
Donc, le développement territorial abordé par les trois modes à savoir :
l’agglomération, la spécialisation et la spécification s’interrogent sur l’acteur principal qui
définit le processus de coordination pour résoudre le ou les problèmes productifs inédits. Dans
ce sens chaque mode de développement territorial sera associé par un type de gouvernance.
D’abord, l’agglomération fondée sur une concentration spatiale des entreprises et des
activités économiques et avec l’aide des pouvoirs public locaux. Le développement ne peut se
réaliser qu’à travers une gouvernance publique qui visera à créer des milieux attirant les
entreprises à s’installer dans le territoire et de bénéficier des avantages multiples (foncière,
fiscale et des effets externes).
Ensuite, la spécialisation qui se traduit par l’intégration technique des entreprises sur
la base de la complémentarité de leurs activités/ compétence. Ce processus résulte d’une
volonté privée par les entreprises (une entreprise motrice ou les PME) afin de construire un
milieu entrepreneurial bien organisé et en vue de bénéficier d’un ensemble des ressources et
des actifs du territoire. Ce mode lui correspond une gouvernance essentiellement privée qui
participe à l’organisation du milieu entrepreneuriale notamment à travers la construction d’un
projet collectif.
Enfin, la spécification qui repose sur l’existence de structures, privées et/ou publiques,
possédant la capacité de prendre en compte certains effets externes pour favoriser le
190
GILLY J-P., PERRAT J., « la dynamique institutionnelle des territoires : entre gouvernance locale et
régulation globale » dans Cahiers du Groupement de Recherches Économiques et sociales, de l’UMB 4 et
l’USCT 1, N°3, Mai 2005. P. 6.
141
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
développement du tissu économique local. Ce mode fait appel à une gouvernance mixte pour
le rôle de coopération entre les divers acteurs. Cela s’explique, d’une part, par l’intervention
des pouvoirs publics pour but d’assurer une densification, et, d’autre part, les acteurs privés
notamment les entreprises sont appelées à assurer une dynamique économique et un
développement territorial.
142
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Conclusion
Bref, le développement territorial prend en considération toutes les liaisons, toutes les
interactions en œuvre dans un territoire. Il s’agit de dépasser une procédure analytique
marquée par une interaction assez faible entre les acteurs à une démarche diversifiée axée sur
la proximité et la coordination comme outil de développement territorial. Cela nous conduit
directement à s’interroger sur le lien existant entre l’entrepreneuriat et l’approche territoriale,
dans une vision de développement. Ce lien ne peut être expliqué qu’à travers le rôle du milieu
et de son ingénierie.
143
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
144
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Introduction
La troisième section est dédiée à l’analyse de la littérature portant sur la relation entre
l’innovation et le milieu, d’une part, et, d’autre part, à s’interroger sur l’apport du milieu
innovateur au dynamisme entrepreneurial. Donc, le milieu innovateur est considéré comme
une formation socio-économique territorialisée au sein de laquelle émergent de nouvelles
formes d’organisation territoriale à base de collaboration et d’interdépendances entre les
différents acteurs.
Ces trois sections constituent les hypothèses de notre recherche qui seront étudiées
tout au long de ce chapitre.
145
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans cette section, nous allons définir d’abord, le milieu entrepreneurial (Paragraphe
1), puis, se focaliser sur le rôle du milieu entrepreneurial dans le dynamisme de
l’entrepreneuriat (Paragraphe 2), et enfin, développer la relation entre le milieu
entrepreneurial et l’information (Paragraphe 3).
191
GREMI : le groupe de recherche en milieu innovateur, fondé, en 1986 par P. Aydalot, ce groupe de recherche
s'est fixé pour objectif d'étudier les phénomènes d'innovation et leur contexte de formation à travers le territoire
d'implantation ; c'est-à-dire leur milieu. Pour ce faire, plusieurs études empiriques ont été menées (programmes
d'enquêtes appelés GREMI I à V) entre 1986 et 2000 pour apporter une validation aux questions théoriques
posées. Ensuite, un autre programme (GREMI VI) s’intéresse aux "Ressources naturelles, ressources culturelles
et milieux innovateurs"
192
MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., « Réseaux d’innovation et milieux innovateurs : un pari pour le
développement régional » GREMI/ EDES, 1993, Éditions de la Division économique et sociale, Université de
Neuchâtel. P. 7.
146
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
ou durable sur les êtres vivants ». Ainsi, le milieu désigne l’environnement dans lequel un
ensemble d’agents économiques vont interagir et s’organiser pour construire de nouvelles
ressources nécessaires au processus d’innovation193.
Dans son article au sujet de « la relation entre les réseaux d’innovation et le milieu
innovateur », D. MAILLAT a présenté le milieu comme un processus de perception, de
compréhension et d’action continuelle. Ainsi, il repose sur un système relationnel de type
coopération/concurrence entre les acteurs localisés.
Ce milieu couvre un ensemble spatial, il s’agit d’un espace géographique donné, qui
présente une certaine unité et homogénéité entre les acteurs. Ces acteurs disposant d’une
autonomie dans la décision et une indépendance dans la formulation des choix stratégiques.
En outre, le milieu présente deux logiques. D’abord, une logique d’interaction entre
les différents acteurs composant le milieu. Ensuite, une logique d’apprentissage qui
s’intéresse à la capacité des acteurs à modifier leurs comportements en fonction des
transformations de leur environnement. L’enchaînement de ces deux logiques contribue à194 :
193
COPPIN O., « Le milieu innovateur : une approche par le système », Revue Innovations, 2002/2 N°16. P. 29-
50.
194
MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 7-8.
147
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Après avoir défini la notion du milieu, nous passons, vers le concept milieu
entrepreneurial qui a pour objectif de favoriser la création d’entreprises et d’assurer son
développement. En conséquence, le milieu entrepreneurial fait appel à des politiques
publiques qui ont pour mission l’accompagnement des nouveaux entrepreneurs, la facilitation
des démarches de la création de l’entreprise et la présentation des avantages en matière de
foncier et des incitations fiscales. Aussi peut-on montrer que le milieu par son potentiel
(offreur de ressources, le financement des entreprises, la proximité) peut favoriser un
dynamisme entrepreneurial ? Cela par le recours à des approches, telles que l’approche du
capital social territorial et l’approche de la proximité territoriale. Ces approches facilitent
l’échange et la coopération entre les acteurs et l’appui à la création d’entreprises.
Selon P.A. JULIEN (2005) le milieu entrepreneurial est le lieu d’instructuration, il est
connu par son rôle d’offreur de ressources, à savoir : le soutien à la création d’entreprise, le
financement de proximité, les ressources immatérielles, la réduction d’incertitude et
l’environnement socioculturel195.
195
JULIEN, P-A, « Entrepreneuriat régional et économie de connaissance : Une métaphore des romans
policiers », Édition Presse de l’université du Québec, 2005. P. 162.
196
GAROFOLI G., « Les systèmes de petite entreprise : un cas paradigmatique de développement endogène.
Dans BENKO G., et LIPIETZ A., sous dir, Les régions qui gagnent. Districts et réseaux : les nouveaux
paradigmes de la géographie économique, Édition PUF, Paris. P. 57-80.
148
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
subdivisés en deux facteurs : des facteurs endogènes et des facteurs exogènes, présentés dans
le tableau, ci-dessous:
De même, selon Pierre A. Julien, le milieu entrepreneurial est composé à la fois par
des entrepreneurs et des institutions, qui peuvent contribuer, à travers une logique
d’interaction et des conventions à la création et le développement de l’entreprise. À cet effet,
le milieu dispose de la faculté de faciliter les différents liens sociaux tellement internes
qu’externes, de permettre un esprit entrepreneurial, et de fournir les ressources de base. Par
conséquent, il est considéré comme la clef de l’entrepreneuriat dans la région, ainsi que dans
son développement socio-économique. Chaque milieu entrepreneurial regroupe un nombre
d’acteurs, c’est pour cela P. A. Julien a présenté cinq groupes d’acteurs indissociables dans un
milieu entrepreneurial, formulés comme suit198 :
Les premiers types d’acteurs sont les institutions locales publiques, parapubliques de
gouvernance, d’éducation, de R-D et de support industriel ; leurs missions principales résidant
dans la formation et le soutien apporté aux autres acteurs installés dans le milieu. Citant
l’exemple, des écoles et des universités qui génèrent des ressources informationnelles et
assurent un niveau élevé d’apprentissage, de même, les institutions régionales et locales ayant
un caractère électif (les collectivités territoriales). Ces institutions peuvent instaurer des
modes de régulations territoriales en vue de lutter contre le nomadisme des entreprises et
197
RAZAFINDRAZAKA, T., « L’entrepreneuriat comme outil de développement territorial : construction d’un
référentiel théorique », acte de communication au colloque international, la vulnérabilité des TPE et des PME
dans un environnement mondialisé, 11e journées scientifiques du réseau Entrepreneuriat, 27 au 29 Mai, 2009.
198
JULIEN, P-A, (2005), Op.Cit, P. 160-162.
149
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
d’attirer d’autres entreprises tout en jouant sur des facteurs attractifs, notamment, le facteur
foncier (le prix des terrains), le facteur fiscal (les taxes locales et autres exemptions fiscales)
et le facteur financement (des subventions de financement accordées aux entreprises) ;
Le deuxième type d’acteurs fait référence à la structure industrielle qui comprend les
relations et les liens entre les entreprises de tailles différentes (PME- ou les firmes
multinationales) d’une part et, d’autre part, la communauté. Ces liens sont développés par
l’existence d’un capital social territorial entre les entreprises exprimées sous forme un réseau
et un encastrement territorial. Par conséquent, ces liens peuvent s’exprimer entre les
fournisseurs, les clients, les distributeurs, les consultants, les syndicats, les banques. De
même, A Marshall a évoqué, en 1919, le phénomène de « l’atmosphère industrielle » qui relie
à la compétence, l’expérience professionnelle des travailleurs et la localisation des entreprises
sur un même territoire ;
Enfin, certains milieux disposent d’une forte culture entrepreneuriale, qui encourage
les entrepreneurs à prendre le risque et à chercher à obtenir les ressources pour créer et
150
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le milieu a pour rôle principal de fournir les ressources de base notamment les
infrastructures, la main-d’œuvre et une logique économique territoriale qui réunit en amont
les fournisseurs et les services d’entretien, et en aval la logistique et la distribution. Ainsi, le
milieu présente un avantage très important, à savoir la dynamique de proximité. Cet avantage
permet de créer une synergie au niveau du milieu et de produire des entrepreneurs. D’après
Freiberg, le milieu facilite à la nouvelle entreprise la possibilité d’intégrer un ou des réseaux
d’affaires, composés de différents acteurs territoriaux, afin de faire face aux entraves de la
création et de dynamisme.
Nous essayons, dans ce point, à résumer à partir des travaux de P-A. JULIEN (2005),
sur l’entrepreneuriat régional et économie de la connaissance, les principaux rôles du milieu
entrepreneuriaux dans le dynamisme entrepreneurial.
151
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans ce cadre et selon Minguzzi et Passaro, la culture entrepreneuriale est mesurée par
deux notions inter-liées, à savoir un taux et un stock. D’abord, la notion de taux correspond à
l’idée que les acteurs économiques acceptent et participent à la création d’entreprises et par
l’existence des politiques incitatives à la création d’entreprises (présence d’un guichet unique
pour éviter la lenteur administrative, des exonérations fiscales). Ainsi qu’à l’importance
dédiée à l’innovation par les entreprises existantes et à leurs attitudes positives face au
changement. D’ailleurs, il a été évoqué dans le paragraphe lié aux paradigmes
entrepreneuriaux, que l’entrepreneur peut engendrer une destruction créatrice, source du
dynamisme industriel et de la croissance à long terme. Donc, l’entrepreneur cherche à innover
et à participer à la restructuration du tissu économique d’une part et de l’autre part, de
participer au développement économique de son pays. Ensuite, le stock culturel renvoie aux
qualités personnelles des entrepreneurs futurs ou présents, et plus précisément à son degré
d’éducation et à leur expérience en affaires. Comme développé dans le paragraphe, typologie
d’entrepreneur, les entrepreneurs possèdent des caractéristiques différentes. Ceux qui
préfèrent gagner moins mais être les patrons de son entreprise et refusent toute sorte de
coopération et de coordination (une logique patrimoniale) ou ceux qui sont issus d’une famille
ayant une culture entrepreneuriale, et qui ont subi une formation académique sur
l’entrepreneuriat. Ce type met en premier degré la croissance de son entreprise, et développe
des relations de confiance avec son environnement (logique entrepreneuriale). Au final,
l’existence d’un niveau élevé de ces deux variables, le taux et le stock de la culture
entrepreneuriale, peut favoriser la création et le développement des entreprises via l’outil
l’innovation.
199
Idem., P. 162-163.
152
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
modalités de financement fondé sur le facteur proximité, ses modalités sont présentées
comme suite200 :
Ensuite, le financement amical provenant des gens de milieu qui sont relativement
fortunés et qui souhaitent investir dans des entreprises qu’ils connaissent, ou dans les mains
de jeunes entrepreneurs auxquels ils ont confiance. Ces prêteurs mènent une évaluation du
risque qui porte non seulement sur le projet mais aussi sur la réputation de celui ou de ceux
qui mènent le projet entrepreneurial, le profil de l’entrepreneur et ses capacités à innover,
ainsi sur les capacités du milieu à aider les entrepreneurs à surmonter les obstacles inhérents à
toute entreprise, et à réduire l’incertitude. Cette évaluation motive le prêteur à participer au
projet par le capital nécessaire au démarrage, et par les diverses informations, alors que
l’entrepreneur participe par sa faculté à réaliser et à faire réussir le projet.
Enfin, le financement classique provenant des institutions telles que les banques, la
bourse, les établissements de crédit et les sociétés de capital-risque qui sont très complexes en
matière de financement des nouveaux entrepreneurs. Ce type de financement rejette
l’approche de capital social territoriale et d’encastrement territorial qui développe la solidarité
et la coopération entre les acteurs et s’appuie sur des projets bien définis répondant à des
conditions précises et présentant des documents justifiants la faisabilité de leur projet
(business plan, la liasse comptable et fiscale, attestation de chiffre d’affaires). Cette démarche
compliquée facilite le financement seulement des grandes firmes ayant un potentiel de gain
particulièrement important.
Bref, ce deuxième rôle du milieu paraît très intéressant et important dans notre cas
d’étude. Le financement de proximité prend en considération à la fois les ressources
provenant de la famille et les ressources provenant des coopératives et des associations
professionnelles naissant dans le milieu et vise à satisfaire le besoin de financement exprimé
par ces nouveaux entrepreneurs locaux. En même temps, cette figure de financement procure
200
Idem., P. 162-165.
153
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
non seulement le montant de démarrage mais aussi des diverses informations et les conseils,
nécessaires pour affronter les obstacles rencontrés par les entrepreneurs.
De même, selon Frank Knight, un entrepreneur est celui qui peut faire face à une
situation de risque et d’incertitude, et ce par sa capacité à découvrir des informations
incertaines en vue d’une meilleure exploitation. Cette fonction de l’entrepreneur d’après
Frank Knight peut être appuyée par le rôle du milieu entrepreneurial qui offre l’information
nécessaire à chaque entreprise et qui facilite le contrôle et l’utilisation de l’information pour
créer ou développer une affaire.
201
Idem., P. 166.
154
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
202
Idem., P. 166-167.
203
Idem., P. 167-169.
155
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
204
Idem., P. 189.
156
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
205
JULIEN, P-A., « Entrepreneuriat, développement du territoire et appropriation de l’information », Revue
internationale PME : Économie et gestion de la petite et moyenne entreprise, vol. 9, N° 3-4, 1996. P : 162.
157
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
permettant de voir avant les autres une opportunité ou de voir plus loin et différemment pour
le besoin d’innover.206
Ainsi, les informations structurantes privatives ou partagées les plus riches sont telles
les plus récentes, les plus uniques, ou du moins celles qui permettent de se distinguer de la
concurrence tout en répondant aux besoins du marché et de réaliser un profit. À cet effet, nous
citons, ci-dessous, quelques caractéristiques de ces informations207 :
Elles sont cumulatives : l’information riche est connue par son caractère
d’accumulation et sa capacité a touché les différents éléments qui affectent la décision.
L’entrepreneur cherche toujours plus d’informations pour une décision optimale que lui
procure une valeur et plus de bénéfices. En effet, une suite d’information permet de
déclencher les réflexes de l’entrepreneur pour agir sur une opportunité d’affaire ;
Les informations doivent être reliées à la décision. Ces informations doivent fournir
leur propre mécanisme d’évaluation, soit d’abord la confiance envers l’informateur et, puis,
des indications pour effectuer des contre-vérifications. Les entrepreneurs dans une région
n’ont pas le temps et la capacité à analyser en profondeur toutes les informations existantes. À
206
JULIEN, P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op. Cit. P. 98-99.
207
JULIEN, P-A., (1996), Op. Cit. P. 164-165.
158
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
cet effet, cette limite d’incapacité à disposer d’une information riche sera comblée par la
faculté du milieu dans l’appropriation de l’information, de présenter des supports
informationnels et de leur accompagnement dans la création d’opportunité ;
Dans ce cadre, J-P JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), confirment que les régions
dynamiques, sont essentiellement celles qui sont aptes à fournir un support informationnel
respectant les caractéristiques énumérées ci-dessus, et qui favorisent l’innovation. Ce support
passe par la formation, la création d’antennes de veille, et le courtage en information208.
208
JULIEN, P-A., MARCHESNAY M., (1996), Op. Cit. P. 99-100.
159
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
160
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans cette section, nous allons commencer notre étude d’abord par, le dynamisme
entrepreneurial et capital social territorial (Paragraphe 1), puis, d’approfondir notre analyse
par le lien entre l’encastrement territorial et réseaux d’entreprises (Paragraphe 2), et enfin, par
un dernier mécanisme d’ingénierie du milieu, celui de l’ancrage territorial et processus de
création d’entreprises (Paragraphe 3).
209
JULIEN, P-A, (2005), Op.Cit, P. 170-171.
161
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La notion de capital social a été initialement utilisée par les sociologues afin d’étudier
les groupes sociaux et les institutions, dans une optique de cohésion sociale communautaire.
Les économistes ont emprunté cette notion pour les travaux de recherche, relative à la
coordination non marchande entre les acteurs et sur la prise en compte de l’environnement
institutionnel et social dans les procédures de décision des agents210.
La première est liée aux normes et valeurs (ou ensemble de règles informelles), qui
régissent les interactions entre acteurs.
Ensuite, cette conception du capital social a fait intégrer des facteurs sociaux dans les
principes d’action individuelle. D’où les travaux de J. COLEMAN (1989,1990) qui ont pour
but de formuler une théorisation de l’action rationnelle centrée sur des déterminants sociaux
et de constituer une référence incontournable sur le capital social. En effet, J. COLEMAN
(1990) définit le capital social comme une forme particulière de capital, qui rend possible
l’action sociale. Donc, il est considéré comme le fondement des relations développées entre
les acteurs. De plus, il distingue les manifestations du capital à travers les droits et les
obligations relevant d’un environnement social marqué par la confiance, la capacité de
210
VALERIE A., CALLOIS J-M., « Capital social et dynamiques de développement territorial : l’exemple de
deux territoires ruraux français », Revue espaces et sociétés, N° 124-125, 2006, pages 56.
211
WOOLCOCK M., « La place du capital social dans la compréhension des résultats sociaux et économiques »,
Revue canadienne de recherche sur les politiques publiques, ISUMA , 2001. P. 11-19.
162
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Enfin, selon Pierre Bourdieu (1990), le capital social est comme « l’ensemble des
ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de
relations plus ou moins institutionnalisées, d’intercommunications et d’interconnaissances ;
ou en d’autres mots, qui sont liés à l’appartenance à un groupe, comme ensemble d’agents qui
ne sont pas dotés de propriétés communes, mais sont aussi unis par des liaisons permanentes
et utiles».213
Alors, le concept du capital peut être défini comme l’ensemble des liens sociaux
existant entre les acteurs visant à assurer une coopération et une coordination en vue de tirer
des gains et des bénéfices. De même, il peut être le résultat d’une interaction entre les valeurs
partagées des individus, des institutions et des structures, dont ils se sont dotés pour se
rapprocher de ces valeurs et de permettre la coopération entre eux.
D’une façon générale, le capital social représente les ressources relationnelles que les
acteurs individuels peuvent mobiliser à travers leurs réseaux de relations sociales. Ces
ressources sont généralement très variées et peuvent consister en des informations, des
opportunités ou toute autre forme de soutien moral ou matériel214.
Après avoir exposé la notion du capital social, nous passons directement à son
implication dans un cadre territorial.
212
VALERIE A., CALLOIS J-M., « Fondements théoriques du développement local : quels apports du capital
social et de l’économie de proximité ? », Revue Économie et institutions, N° 6-7, 1er et 2e semeste 2005. P. 34-
35.
213
BOURDIEU P., « Le capital social : notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 31,
janvier 1980. Le capital social. P. 2-3.
214
AYDI G., « Capital social entrepreneurial, performance de l’entreprise et accès aux ressources externes »,
acte de communication au XIIéme Conférence de l’Association Internationale de Management stratégique, Les
Côtes de Carthage 3,4,5 et 6 juin 2003.
163
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le capital social développé par les intersections des comportements entre les
entreprises, dans un milieu, favorise la capacité aux entrepreneurs de se procurer des
ressources matérielles et immatérielles, existant dans le milieu, c’est-à-dire, l’information, les
valeurs (institutionnelles et symboliques) et les conventions actuelles ou potentielles, en vue
de réussir son projet de création d’entreprises. Ainsi, le capital social permet aux
entrepreneurs d’être dans l’action, de connaître les conventions, et d’avoir une certaine
confiance avec le milieu, dont il coopère.
En effet, la confiance entre les PME et les acteurs de son territoire est basée à la fois
sur la transparence et les proximités qui favorisent la communication et l’échange
d’informations. R. GULATI confirme que les liens répétés avec un même partenaire facilitent
les échanges d’informations et permettant de se familiariser avec ses comportements, ses
routines et ses procédures, la confiance se fonde donc sur l’expérience passée, la transparence,
la disponibilité et la fiabilité des partenaires.216 À cet effet, l’entrepreneur est appelé à avoir la
confiance des autres acteurs du territoire surtout les plus proches, notamment les fournisseurs,
les clients et les entreprises concurrentes afin de minimiser les coûts de transaction et de
production, ainsi que de se coopérer et de se collaborer pour faire face aux problèmes locaux
rencontrés. Citant l’exemple du problème de financement, qui a été considéré comme un
handicap dans la création d’entreprises, c’est pour cela que l’entrepreneur peut bénéficier des
réseaux sociaux et des formes de coopération, pour se procurer des fonds nécessaires à la
création d’entreprises notamment le système des tontines répandu dans les pays africains, qui
215
FONTAN J-M., KLEIN J-L., « La mobilisation du capital socio-territorial : le cas du technopôle Angus »,
Revue lien social et politiques, titre le territoire, instrument providentiel de l’État social, N° 52, Automne 2004.
P. 139-149.
216
MESCHI P-X., « Réseaux inter organisationnels et survie des alliances », Revue française de gestion, 2006/5,
N°164, Édition, Lavoisier. P. 37.
164
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
consiste à se regrouper pour partager et échanger les fonds cumulés tout en favorisant soit la
création, soit le développement de son entreprise. De plus, le problème de la formation et le
développement des savoir-faire qui constitue une entrave du développement de l’entreprise,
donc, la logique de coordination peut mutualiser les efforts des entrepreneurs et d’organiser
des séances de formation avec un minimum des charges.
La figure, ci-dessus, expose le fonctionnement du capital social, par lequel les actifs
sont inégaux dans les milieux, et ils devront se regrouper pour constituer une masse critique
qui permettra d’augmenter et de valoriser ces actifs (la confiance, les normes et les
conventions) en vue de répondre aux besoins de divers entrepreneurs et des firmes actuels ou
futurs existant dans le milieu.
217
NAN L., « Building a Network Theory of Social Capital », Connections, Vol. 22, N° 1, 1999. P. 28-51.
165
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
218
SAIVES, A-L., (2006), Op.Cit. P. 60.
219
JULIEN, P-A., (2005), Op.Cit. P. 176.
166
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
220
POLANYI K., « La grande Transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps »,
Édition française Gallimard Paris, 1983.
221
La NSE : est un courant qui remet en cause la division du travail intellectuel entre la science économique et la
sociologie dans le sens où elle s’attaque d’une manière frontale au bastion économique, à savoir l’étude de
marché, de la production, de la distribution, de la consommation, des contrats, des marchés, de l’argent, de la
banque.
167
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
sociale222. Ensuite, il a procédé à établir une typologie pour expliquer comment les sociétés
non réglées par le marché sont intégrées selon des différentes formes institutionnelles: la
réciprocité, la redistribution et l’administration domestique. Ces formes d’institution
disposent des formes d’encastrement spécifiques et différentes présentées comme suit :
Formes d’intégration
Arrangement institutionnel Encastrement de l’économie
Principes de comportement
Réciprocité Symétrie (famille, groupe de Échange à base de dons
parenté, etc)
Redistribution Centralité (tribu, noble État) Échange administré
222
PLOCINICZAK S., « Actions économiques et relations sociales : un éclairage sur la notion d’encastrement
chez Karl POLANYI et Mark GRANOVETTER », working paper, Centre d’Économie de l’université Paris
Nord, N° 2002- 07, octobre 2002.
223
LAVILLE J-L., « Encastrement et nouvelle sociologie économique : de Granovetter à Polanyi et Mauss »,
Revue Interventions économique, N° 38/ 2008. P. 2.
168
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Donc, la notion de l’encastrement territorial est indexée sur des relations sociales. Elle
est perçue à la fois comme un processus dynamique d’ancrage territorial, considéré comme
une condition obligatoire pour mener un véritable projet entrepreneurial, ainsi qu’un moyen
de mobiliser et de construire des ressources relationnelles facilitant la création d’entreprise.
En effet, le choix d’entreprendre est conditionné par l’existence des divers types de
ressources sur un milieu (les informations, les opportunités, le financement et le conseil)
issues des réseaux de relations sociales, tels que la famille, les amis et le milieu professionnel.
C’est pourquoi émergent l’importance de l’encastrement territorial et la possibilité de disposer
d’un capital social territorial, comme des facteurs importants et déterminants dans la phase de
démarrage de l’activité.
224
PLOCINICZAK S., (2002), Op.Cit.
169
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La création d’entreprises dans un milieu est motivée par des facteurs issus des relations
professionnelles, notamment, l’expérience qui garantit des compétences, une parfaite maîtrise
du secteur d’activité et des relations professionnelles construites autour de secteur d’activité.
En effet, les futurs créateurs au moment d’élaboration des projets s’orientent vers leurs
réseaux professionnels pour faciliter d’une part, de disposer d’un carnet d’adresses composées
de divers acteurs et opérateurs, c’est-à-dire, des clients, des fournisseurs, des politiciens et des
acteurs associatifs et professionnels, qui vont faciliter la création d’entreprise et son
démarrage ; et, d’autre part, d’être encadré par un patron qui au moment du démarrage de
projet apporte sa contribution par l’idée de lui concéder des contrats aidant facilement le
démarrage de l’activité, ainsi que d’alléger la pression et le stress de la création de
l’entreprise sur le créateur. En parallèle ces créateurs vont disposer d’un soutien indirect en
cas d’une surcharge de travail. Nous empruntons l’encadré suivant pour expliciter le rôle des
réseaux professionnels sur la création d’entreprise225 :
Un artisan spécialisé dans la pose de revêtements de sol a exprimé : « Mon ancien patron, c’est
quelqu’un d’intelligent avec qui j’entretiens de très bons rapports. Il se doutait que j’allais partir et
m’a donné du travail par la suite. J’ai donc commencé par faire de la sous-traitance pour lui et cela
c’est très bien passé parce que chacun y trouvait son intérêt... Et moi cela m’a permis d’avoir un fond
de roulement pour démarrer mon entreprise.»(Jean, 37 ans, BTP, 2001).
Source : Fabien Reix ( 2008, P. 33).
Parmi les ressources que les entrepreneurs tirent de leurs réseaux de relations, nous
retrouvons celles qui sont issues de leur entourage proche (famille, ami, conjoint). Ces
ressources présentent un soutien moral pour l’entrepreneur, notamment dans la période de
démarrage de l’activité.
D’abord, nous commençons par la famille qui joue un rôle important dans la réussite
entrepreneuriale en mettant à disposition des réseaux de relations qui permettent d’accéder à
l’information en vue de se procurer d’un financement et des parts de marché226. En réalité les
membres de la famille sont à l’origine des opportunités de la création d’entreprise soit en tant
qu’initiateur du projet de création, ou soit comme, un accompagnant et participant à la
225
FABIEN R., « L’ancrage territorial des créateurs d’entreprises aquitains : entre encastrement relationnel et
attachement symbolique », Revue Géographique, Économie, société, 2008/1, Vol. 10. P. 33-34.
226
Idem,. P. 34-36.
170
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le choix de la création d’une entreprise repose aussi sur un registre plus personnel
d’attachement au territoire qui dépasse le cadre des enjeux purement économiques de
l’entreprise. Ainsi, la volonté de créer une entreprise trouve sa justification dans le fait que le
créateur dispose des racines et une dépendance historique et culturelle à son territoire de
naissance mais également qu’un territoire donné qui présente un cadre de vie agréable et
171
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Donc, les créateurs d’entreprises s’appuient sur des relations qui présentent des
rapports de confiance et de solidarité afin de répondre au risque et à l’incertitude associée à la
création d’entreprise. En conséquence, un entrepreneur repose à la fois sur les liens forts
(famille, ami, conjoint) et les liens faibles (professionnels et réseaux business) au moment du
démarrage de son activité pour éviter tout échec probable de son affaire.
227
Idem,. P. 38.
228
JOHANNISSON B., RAMIREZ-PASILLAS M., KARLSONN G., « The institutionnal embeddedness of
local inter-firm networks: a leverage for business creation », Entrepreneurship and Regional Development, vol.
14, 2002. P. 297-315.
172
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
O’NEILL C., Diagnostic d’ancrage territorial de « Nouveaux Services Emplois Jeunes en Lozère », Direction
229
que les ressources seules ne peuvent attirer les firmes à se localiser dans un territoire.
Cependant, l’existence également d’un réseau fondé sur des relations de confiances et de
collaborations avec les partenaires locaux peut contribuer à un meilleur ancrage territorial des
firmes.
Dans sa thèse, J. FRAYSSIGNES (2005) propose une modélisation de l’ancrage des
activités économiques comme un processus rendant compte « d’une part de la projection sur
un espace des logiques productives et de leur participation à la construction territoriale, et,
d’autre part, de l’imprégnation de ces mêmes logiques par les caractéristiques du territoire
(économiques, politiques, identitaires…), qu’elles ont contribué à construire».230 Donc, il a
proposé une grille de lecture de l’ancrage territorial à travers des aspects liés au
développement territorial :
Le premier point de vue économique vise à mesurer l’ancrage territorial par le niveau
de construction territoriale et la mobilisation de ressources locales tellement matérielles
qu’immatérielles,
Le deuxième point de vue politique s’explique par le niveau de coordination entre les
différents acteurs du territoire, quel que soit politique (les élus locaux et les administrations
compétentes), social (Associations professionnelles, les ONG et agent de développement) et
économique (les opérateurs économiques, citant l’exemple le groupe MEDZ, appartiennent
à la CDG, l’OCP).
Le dernier point axé sur l’identité et la culture, par la valorisation de caractères du
territoire et la préservation de son identité territoriale.
230
Julien FRAYSSIGNES, « Les AOC dans le développement territorial : une analyse en termes d’ancrage
appliquées aux cas français des filières fromagères », 470 pages. Thèse pour l’obtention de titre de docteur de
l’institut national polytechnique de Toulouse, Mention Géographie, Soutenue le 12 décembre 2005. P. 96.
174
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
dialogue entre ces différents acteurs territoriaux va améliorer l’image de marque du territoire
et motive les entreprises à émerger.
Enfin, d’autres éléments à citer et qui paraissent importants dans l’ancrage d’une
entreprise à un territoire, à savoir, l’existence d’un cadre réglementaire et un arsenal juridique
qui peuvent présenter toutes les garanties aux entreprises souhaitant s’y installer, des actions
de la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’homme, et la prise en compte de
l’environnement ; sont tous des éléments qui favorisent l’ancrage des entreprises.
ZIMMERMANN J-B., « Entreprises et territoires : entre nomadisme et ancrage territorial » Revue de l’IRES,
231
La forme actuelle : dans ce contexte les territoires locaux sont jetés dans un jeu de
concurrence pour l’accueil des investissements productifs. À cet effet, les entreprises à leurs
tours tendent à devenir de plus en plus nomades, et elles cherchent des territoires qui
présentent une multitude d’avantages. Elles sont amenées à reconsidérer le bien-fondé de leur
implantation en un site donné avec la prise en compte des cycles des produits et des
technologies existantes sur place. Cela comprend des coûts des facteurs de production en un
lien donné, mais aussi et surtout de s’installer dans des organisations industrielles territoriales
qui bénéficient des effets de la proximité. Donc, cette nouvelle forme, d’ancrage territorial
trouve ses fondements dans la conjonction entre les aspects de proximité organisationnelle,
révélatrice de la dimension industrielle intra comme inter firmes et des aspects de proximité
géographique, sur lesquels se fonde la dimension territoriale232.
Après avoir défini l’ancrage territorial et présenté ses différentes formes, nous passons
directement vers le facteur incitatif de l’ancrage territorial d’entreprise à savoir la proximité.
Ensuite, une proximité organisationnelle qui concerne les interactions entre les acteurs
partageant une proximité géographique, des acteurs participant à une activité finalisée et
appartenant à un même espace de rapports. Citant l’exemple, de notre cas empirique le parc
industriel Jorf Lasfar composé du groupe l’OCP et ses filiales (IMAFOS, PACKFOS), le parc
232
Idem,. P. 24.
176
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
MEDZ filiale de CDG, la collectivité territoriale Moulay Abdellah, le port Jorf Lasfar et un
réseau d’entrepreneurs dispersé sur la localité Jorf Lasfar. En conséquence, ces acteurs
partageant un même domaine d’activité, celle de l’industrie lourde (industrie chimique et para
chimique, industrie automobile, industrie sidérurgique).
233
ZIMMERMAN J-B., « de la proximité dans les relations firmes-territoires : Nomadisme et ancrage
territorial », sous dir, GILLY J-P., TORRE A., « Dynamiques de proximité », Édition l’Harmattan, 2000. P.
229-230.
234
DUPUY C., GILLY J-P., « Les stratégies territoriales des grandes groupes », dans A. RALLET et A.
TORRE, « Économie industrielle et Économie spatiale », Édition Economica, 1995.
177
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Groupe Industrie
Unité
Territoire
Source : J-B ZIMMERMAN., (2000, P. 234)
235
ZIMMERMAN J-B., (2005), Op. Cit. P. 32-33.
178
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
externes telles que la rencontre d’un partenaire ou une société riveraine. Donc, ces facteurs
peuvent être considérés comme des éléments conditionnant l’émergence de l’idée de la
création d’entreprises chez le créateur. Cette phase correspond dans le phénomène de
l’ancrage territorial à la recherche par l’entreprise nomade d’un territoire local pertinent qui
recèle des économies des ressources et une agglomération sur place développée, afin de s’y
installer.
Ensuite, la phase du processus qui est celui de l’engagement ou le passage à l’acte
d’entreprendre, dans cette phase le porteur consacre le temps nécessaire plus les moyens
financiers, intellectuels et affectifs pour concrétiser l’acte de créer son entreprise. En
comparaison du phénomène de l’ancrage territorial, l’entreprise nomade après avoir mené un
diagnostic du territoire, elle cherche à connaître les incitations notamment la proximité, pour
s’installer et tisser de bonnes relations à la fois avec le territoire et avec les industries
opérantes sur place.
Enfin, une dernière phase du processus dont le créateur devient acteur de son activité et il
cherche à assurer la survie et le développement de son projet. En effet, cette phase
correspond, d’une part, au développement de l’entreprise installée, et, d’autre part, à l’aide
apportée aux entrepreneurs locaux par le moyen du transfert de compétences et
l’apprentissage collectif. Bref, ces logiques contribuent au développement territorial par
l’interaction des stratégies globales (ancrage territorial) et des stratégies locales (les actions
d’accompagnement des entrepreneurs locaux), en vue de favoriser la création d’emplois et
l’innovation dans le territoire. Le schéma, ci-dessous, expose les points de ressemblance entre
le processus de création d’entreprises et le phénomène d’ancrage territorial.
Figure 20: Le processus de création d’entreprises selon C. BRUYAT et phénomène
d’ancrage territorial.
179
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans cette section, nous cherchons à apporter une réponse à la dernière hypothèse
définie dans notre travail de recherche, à savoir le milieu innovateur, via l’outil de
l’innovation et de l’organisation en réseau, qui peuvent contribuer au dynamisme
entrepreneurial. En effet, le milieu innovateur selon la théorie de développement régional de
Phillip Aydalot est articulé sur trois logiques importantes ; une logique d’organisation en
réseau, une logique d’apprentissage et une logique territoriale. Ces logiques conditionnent le
fonctionnement du milieu et conduisent le territoire à innover et à se développer. De même,
nous approfondissons notre analyse en mettant l’accent sur le milieu innovateur et
l’organisation territoriale locale qui sont axés sur l’innovation et la coopération entre les
acteurs locaux favorisant le dynamisme entrepreneurial.
Donc, cette notion peut être vue comme un résultat, comme un processus ou comme
aussi une démarche236:
L’innovation comme un « résultat » : Pour Schumpeter « l’innovation correspond au
premier usage commercial d’un produit ou d’un procédé qui n’avait jamais été exploité
auparavant » (Schumpeter, 1940, Cité dans Manager l’innovation par A. GROFF, 2009). À
cet effet, nous constatons, d’après cette définition, que l’innovation est présentée comme
l’action qui produit des résultats ou qui vise à d’atteindre des objectifs.
L’innovation comme « processus » : D’après d’autres spécialistes, l’innovation n’est
rien d’autre qu’un processus. Rochet explique que, « .... des systèmes nationaux d’innovation
à l’organisation des projets, l’innovation est le produit de conditions tant macro que
microéconomiques » (cité dans Manager l’innovation par A. GROFF, 2009).
Quant à Bonnaure, il constate que « l’innovation, c’est l’art de transformer des
connaissances en richesses » (cité dans Manager, l’innovation par A. GROFF, 2009).
Pour Alain Rondeau, « l’innovation est un processus d’émulation visant la
reconfiguration du savoir existant » (cité dans Manager l’innovation par A. Groff ARNAUD,
2009).
Enfin Boquet, Marquis et Myers partagent une approche qui rassemble l’ensemble des
écrits : « l’innovation est issue d’un processus global de sous-processus inter-reliés : le
processus support, de management et de conception » (cité dans Manager l’innovation par
Groff Arnaud, 2009)237.En résumé, l’innovation est définie comme une action qui se base sur
un processus qui est le processus d’innovation.
L’innovation comme démarche : d’après les partisans de cette approche, l’innovation
correspond à une démarche, à une volonté stratégique, organisationnelle, entrepreneuriale ou
gouvernementale suivant un processus innovant, et ce pour avoir des résultats et des
réalisations si innovantes. Cette volonté est déployée dernièrement par des organismes, des
instituts ou des individus qui dynamisent et stimulent les tendances en vue d’avoir des
démarches et des stratégies favorables à l’innovation.
En effet, ces différentes définitions théoriques montrent que le concept de l’innovation
souffre d’une ambiguïté et qui n’apporte pas des éclaircissements et des significations
précises. C’est pourquoi nous faisons appel aux définitions de l’Organisation de Coopération
et de Développement Économique (OCDE) pour mieux comprendre cette notion. D’abord, la
236
GROFF A., « Manger l’innovation », Collection 100 Questions pour comprendre et agir, Édition Afnor, 2009.
P. 9.
237
Idem, P. 10.
182
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
238
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), OECD proposed guidelines for
collecting and interpreting technological innovation data, Oslo Manual, OCDE, Paris 1996. P.31.
239
OCDE, Manuel d’OSLO, 2 éme Édition, 1997. P. 9.
240
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), Gérer les systémes nationaux
d’innovation, Paris, 1999. P. 9.
183
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
une information complète du marché visé, c’est l’innovation qui impacte plus profondément
les habitudes, les usages et les routines.
Ensuite, l’innovation mineure signifie une modification non importante et progressive,
elle conduit à l’amélioration et à la transformation de la technologie maîtresse pour la rendre
adéquate et compatible aux spécificités des marchés. À l’opposition du radical, ce type
d’innovation ne provoque pas un changement brutal dans les conditions d’usages, mais une
amélioration nettement sensible. En effet, le tableau, ci-dessous, présente les particularités et
les caractéristiques de chaque type d’innovation.
Tableau 21: La Distinction entre innovation incrémentale et innovation radicale241
241www.cirano.qc.ca/réalisation/.../Pres-JBaronet-cirano-24-05-07.PPT,
184
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
D. Maillat (1993) a proposé une définition pertinente du réseau,242du fait que, cette
notion trouve son intérêt dans l’interaction et l’interdépendance développée entre les
différents acteurs, et ce pour tisser des relations et des liaisons en vue de créer des avantages
et une synergie, donc, « un réseau est un ensemble formé de liens sélectionnés et explicites
avec des partenaires préférentiels inscrits dans la perspective des relations de marché d’une
entreprise et de sa recherche de ressources complémentaires ayant comme objectif principal
la diminution d’incertitude ».
En relation avec la notion de l’innovation définie ci-dessus, l’organisation de réseau
permet à cette notion de trouver son explication et d’être stimuli par le milieu. À cet effet, elle
constitue un outil favorable à l’innovation :
- Elle favorise la réactivité par rapport aux turbulences de l’environnement nécessaire
pour l’innovation.
- Elle permet de sélectionner et de choisir les acteurs adéquats pour chaque étape du
processus d’innovation ; la relation avec les centres de recherches et les universités.
- L’interaction entre les acteurs permet de développer un savoir-faire et de favoriser
l’inventivité et la créativité.
Ensuite, J-C. PERRIN, (1990), a présenté une définition du réseau d’innovation243.
Cette définition considère ce dernier comme « une forme d’organisation des relations entre
les acteurs impliqués dans un processus d’innovation, qui par sa durée et son ouverture
(pluralité des spécialisations, diversité des compétences) met en œuvre un apprentissage
collectif dont l’effet synergétique contribue de façon déterminante à la créativité de
l’ensemble ».
Ensuite, PERRIN (1990), après sa définition du réseau d’innovation, il a abordé
l’organisation du réseau d’innovation sous l’ongle d’une double perspective : d’un côté, une
dimension fonctionnelle et, de l’autre côté, une dimension institutionnelle244.
l’aspect fonctionnel : Il énumère deux types de stratégies adoptée par le réseau vis-à-
vis à l’innovation. D’abord, une stratégie d’adaptation fondée sur la capacité de réseau à
imiter des processus et des innovations réalisées dans d’autres sites, et ce pour l’adopter par
les entreprises du réseau qui ne possèdent pas la capacité à les développer. Ensuite, une
242
MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 8.
243
PERRIN J-C., « l’environnement des entreprises innovantes : réseaux et districts », Notes de recherche-centre
d’économie régionale, N°115, Aix-En Provence, 1990.
244
Idem,.
185
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
stratégie de création, dans cette stratégie, le réseau est sur la voie de développer des
innovations de façon interne. Ici l’innovation, c’est le résultat des coopérations et
d’interactions entre les acteurs du réseau.
L’aspect institutionnel : Il analyse l’organisation du réseau d’innovation par les liens et
les relations existant entre les composants du réseau. Donc, il cherche à étudier la nature de la
relation, la particularité, le mode de coordination et la notion tu pouvoir au sein du réseau. En
général, deux formes de relations apparaissent. En premier lieu, une relation asymétrique
exprimée par des relations hiérarchiques et par la dominance d’une entreprise sur une autre
dans le réseau. En seconde lieu, une relation symétrique marquée par l’absence de la
hiérarchie et basée sur la coopération et l’échange inter-acteurs, notamment, par l’échange des
savoirs, des compétences et des ressources spécifiques.
En effet, nous pouvons résumer tout ce qui a été développé sur l’organisation du
réseau d’innovation par le schéma, ci-dessous, qui vise à montrer les stratégies innovatrices et
l’organisation en réseau. À cet effet, lorsqu’il s’agit d’un réseau hiérarchique, nous sommes
face à une stratégie d’innovation adaptative, d’une relation asymétrique entre les acteurs et
des liens territoriaux peu importants, dans ce cas, il n’y a que d’imitation d’innovation et
d’application de technologie. Nonobstant, dans un réseau fondé sur la coopération et
l’échange inter-acteurs, et d’où l’importance d’une proximité géographique qui facilite
l’interaction entre les acteurs. Le réseau d’innovation est ancré territorialement ainsi qu’il
produit de l’innovation pour les entreprises. Le schéma synthétisant ces données est comme
suit :
Figure 21: Les stratégies innovatrices et l’organisation en réseau245
Réseau interactif
Création de Ancrage territorial
technologie
Stratégie de
réseau
Réseau hiérarchique
Application de Ancrage territorial bas
technologie
AsymétrieCoopération
Gouvernance du réseau
245
CONTI S. (1996), Geografia Economica, Teoria e Metodi, UTET Liberia. 536 Pages.
186
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
246
MAILLAT D., « Globalisation, systèmes territoriaux de production et milieu innovateur », sous dir, PAUL
CARY et ANDRE JOYAL, « Penser les territoires En hommage à George Benko », Édition Presse de
l’Université du Quebec, 2011. P. 46.
247
Idem,. P. 47.
187
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Bref, nous avons constaté, selon une revue de la littérature, que le concept de
l’innovation est un concept complexe, multifonctionnel et multidimensionnel. Il peut être
traité à la fois comme un résultat, comme un processus ou comme aussi une démarche, A.
GROFF (2009). Afin que cette notion trouve son fondement et son intérêt, il est
recommandable d’être associée à une organisation sous forme de réseau. Donc, l’association
entre l’innovation et le réseau permet d’une part de générer des stratégies d’innovation, soit
d’adaptation ou soit de création, et, d’autre part, de développer le réseau en question ou de
créer de nouveau réseau. De même, le processus de l’innovation et le réseau d’innovation sont
influencés par le milieu. D’après Ph AYDALOT, le milieu joue un rôle important dans le
dynamisme des réseaux d’innovation. Dans le cadre de continuer notre analyse, le deuxième
paragraphe vise aussi à poursuivre l’explication, et ce de montrer que le milieu innovateur est
considéré comme une plateforme propice à l’innovation qui permet de favoriser le dynamisme
entrepreneurial, notamment, par la proximité et la coopération entre les différents acteurs.
248
Idem,. P. 47.
188
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Les circonstances ont été considérées comme des principaux enjeux qui ont favorisé
l’émergence de cette thèse. D’abord, le déclin des modes traditionnels de régulation
économique est caractérisé par le déclin du modèle fordiste de production-consommation de
masse d’une part et, d’autre part, la crise financière de l’État interventionniste, chose qui
pousse plusieurs analystes à chercher la formule appropriée pour un nouveau mode de
régulation socio-économique adapté aux enjeux actuels et aux nouvelles tendances d’avenir.
Ensuite, la théorie de développement par le haut qui n’a pas contribué à réduire les inégalités
territoriales entre les régions, c’est pour cela, le recours aux forces locales et au dynamisme de
la base (individus, organisations, communautés) s’avère important en vue de créer les
conditions de leur propre développement. Ainsi, ces deux facteurs expliqués et développés
nous font sentir l’intérêt important du phénomène du milieu innovateur249.
La théorie de milieu innovateur est née, au début des années 1980, suite à un ensemble
des travaux effectués par le groupe de recherches européennes sur les milieux innovateurs,
crée, en 1984, par Philippe Aydalot, professeur de l’université de Paris 1, afin d’étudier les
249
Idem,.P. 66.
250
PROULX M-U., « Milieux innovateurs : concept et application », Revue internationale P.M.E. : Économie et
gestion de la petite et moyenne entreprise, Vol.7, N° 1, 1994. P. 65.
189
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, le programme de GREMI est débuté à partir des années 1985-1986 autour de
Cinq programmes de recherches successifs, du GREMI I au GREMI V. D’abord, les GREMI
I et GREMI II ont mis en évidence ce que les entreprises ont trouvé dans la région et hors
région lors des processus d’innovation. De sorte que le GREMI I a étudié le rôle du milieu sur
les trajectoires d’innovation des entreprises, tandis que, le GREMI II a s’intéressé à l’impact
du processus d’innovation des entreprises sur les contextes locaux, notamment, le risque de
dissolution des liens locaux des entreprises lors du processus d’innovation et les risques de
destruction lui-même. Puis, le GREMI III a exploré les réseaux d’innovation et a montré le
fonctionnement spatial, local et extra-local, de ces réseaux. Il s’agit ici de comprendre
comment le milieu en tant qu’un système organisé et territorialisé a pu se transformer à un
réseau d’innovation. Ensuite, le GREMI IV est centré sur la comparaison de trajectoire de
régions actives dans des secteurs identiques. Il s’intéressa aux dynamiques longues de
développement des milieux et à l’émergence de leurs lois d’évolution. Enfin, le GREMI V, le
dernier a abordé la relation entre le milieu et la ville, où entre le processus de territorialisation
du développement économique et les dynamiques urbaines251.
Après avoir montré l’évolution des recherches sur les milieux innovateurs, par les
GREMI, nous passons à l’hypothèse de base posée par Philipe Aydalot au début des années
1980, évoqués dans le paragraphe innovation et milieu. Cette hypothèse constitue le point de
départ de la théorie de développement spatiale.
«L’entreprise innovante ne préexiste pas aux milieux locaux, elle est sécrétée par
eux. Les comportements innovateurs dépendent essentiellement de variables définies au
niveau local ou régional. En effet, le passé des territoires, leur organisation, leur capacité à
générer un projet commun, le consensus qui les structure sont à la base de l’innovation.
251
TABARIES M., « Les apports du GREMI à l’analyse territoriale de l’innovation ou 20 ans de recherche sur
les milieux innovateurs » Cahiers de la Maison des Sciences Économiques 2005. P. (Milieu innovateur : théorie
et pratique)
190
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
252
MAILLAT D., QUEVIT M., SENN L., (1993), Op. Cit. P. 9.
253
CAMAGNI R., MAILLAT D., « Milieu innovateur - Théorie et politiques », Édition Economica, Paris, 2006.
191
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
254
UZUNIDIS D., « Milieu Innovateur, Relation de proximité et entrepreneuriat. Analyse d’une Alchimie
Féconde », Revue Canadienne des sciences régionales, Vol 33, Num Spécial, 2010. P. 95.
255
CERVOISIER O., « L'approche par les milieux innovateurs : état des lieux et perspectives », Revue
d’Économie Régionale & Urbaine, N°1/2001, février. P. 155-156.
192
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le Paradigme technologique :
Le paradigme organisationnel :
Ce paradigme rend compte des facteurs qui facilitent ou empêchent la relation entre
acteurs. Une entreprise et en particulière une PME n’est plus considérée comme un simple
élément localisé dans un système de production, mais plutôt, comme une entité insérée, qui
établit des relations de coopération et de concurrence avec d’autres entreprises de son
environnement. De même, elle est envisagée comme une entité ancrée qui permet de
mobiliser des ressources spécifiques et de participer aux réseaux locaux d’innovation et de
soutien au système de production régionale.
Au-delà des capacités de coordination, le fonctionnement du milieu engendre, au cours
du temps, des interdépendances non marchandes ou un collectif qui résulte de l’instauration
progressive d’une division du travail et de modalités de coopération. En effet, la coopération
permet de former un capital relationnel dans le sens où les acteurs identifient des ressources
particulières et connaissent les modalités y donnant accès. De plus, la notion des ressources,
des valeurs telles que familiales, professionnelles ou entrepreneuriales, peuvent mener les
acteurs à innover.
Au sein d’une organisation territoriale, les relations entre entreprises se divisent. D’un
côté des relations traditionnelles de marché et, de l’autre côté, des relations «hors marché» qui
jouent un rôle déterminant dans l’apprentissage. Donc, nous intéressons de plus aux relations
hors marché qui regroupent toutes les formes d’interdépendances créatrices de synergie. À
titre d’exemple, le phénomène d’incubation à travers l’expérience professionnelle, les savoir-
193
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
faire contenus dans la culture technique offerte par les universités et les laboratoires de
recherche. Cela présente l’importance pour les acteurs de se regrouper dans des réseaux
locaux d’innovation en vue de mobiliser et de consolider ses savoir-faire et les pratiques
techniques.
Par conséquent, l’émergence d’une organisation en réseau pousse les firmes à recourir
à d’autres compétences des acteurs du milieu et de modifier le statut de l’innovation dans un
contexte marqué par la continuité de l’innovation256.
Paradigme Territorial :
Ce paradigme explicite que le territoire en tant qu’organisation engendre des
ressources (savoir-faire, compétences et capital) et des acteurs (entrepris, innovateurs,
institutions de support) nécessaires à l’innovation. Certains territoires disposent des
ressources spécifiques telles que les savoir-faire. Cette ressource n’est pas un résidu de
l’histoire, elle est générée par une activité économique et par des différentes institutions de
formation et de recherche. En général, les capacités locales de développement, comme
l’entrepreneuriat ou la bonne articulation entre le système de production et les institutions de
soutien, sont abordées comme des construits locaux, basés sur des conventions locales
particulières, qui permettent au milieu de se constituer en vue de répondre à la transformation
des marchés et des techniques257.
En effet, le territoire est entendu comme une organisation locale de production et de
régénération des ressources spécifiques locales, grâce à une proximité qui mobilise des
logiques de coopération, de concurrence, ainsi qu’une approche du capital social et relationnel
développé entre les différents acteurs du milieu. La concurrence des territoires se fait par
l’innovation sur la base de ressources spécifiques258.
Bref, l’approche des milieux innovateurs englobe simultanément ces trois paradigmes
présentés, ci-dessus. Elle dévoile qu’un milieu ne demeure innovateur que par le jeu
d’articulations entre le milieu qui recèle les ressources (savoir-faire, capital relationnel) et les
réseaux d’innovation qui en sont la mobilisation et l’articulation à travers un processus
d’innovation. Ainsi, un milieu est innovateur, s’il recueillit et intègre des informations
importantes qui lui permettent de mettre en œuvre de nouvelles formes de produits ou
d’organisations de la production. L’innovation passe par la maîtrise des relations entre le
milieu et son environnement.
256
MATTEACCIOLI A., « Philippe Aydalot pionnier de l’économie territoriale », Édition, l’Harmattan, Paris,
2004. P. 239-230.
257
CERVOISIER O., (2001), Op.Cit. P. 157.
258
MATTEACCIOLI A., (2004), Op.Cit. P. 239-240.
194
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Territoire-Mode d’organisation
Source : Dimitri Uzunidis, (2010. P. 98)
Après avoir présenté le milieu innovateur en tant qu’un ensemble territorialisé qui
associera d’une part, une logique d’interaction, liée à la capacité des acteurs à coopérer et à
accumuler du capital relationnel, en vue d’élargir et d’enrichir le milieu et, d’autre part, une
259
UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 97.
195
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, un milieu innovateur composé par un collectif d’acteurs et organisé par des
paradigmes expliqués, ci-dessus, conditionnent le fonctionnement du milieu. Il permet de
développer des interdépendances fonctionnelles entre les acteurs appartenant à un territoire et
de favoriser un processus d’apprentissage collectif par l’échange d’informations et la
réduction de l’incertitude. À cet effet, on peut regrouper ces comportements spécifiques
accroissant l’innovation du milieu et au développement des entreprises en trois points,
présentés comme suit260 :
De même, un milieu dispose d’un autre avantage autre que l’échange de l’information.
C’est sa capacité à évaluer l’information par un moindre de coûts. Cet avantage est dû à la
confiance développée entre les interlocuteurs et à la possibilité de vérifier l’information
auprès de plusieurs sources. Non seulement, ces deux avantages, le milieu permet, ainsi le
développement de diverses normes ou règles visant à maintenir la stabilité du système et à
faciliter le développement d’une cohérence socio-économique dans la répartition des tâches
entre les acteurs constituant ce système.
260
JULIEN, P-A., (1996), Op.Cit. P. 158-160.
196
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
fiscalité, les cabinets d’ingénierie en ressources humaines, les sociétés opérant dans la
logistique et l’équipement et les experts dans l’accroissement de production par le moyen
d’introduire des nouvelles méthodes et outils de travail.
Enfin, le dernier comportement spécifique est le fait que les milieux innovateurs créent
un processus d’apprentissage et d’innovation collective stimulent le changement interne et
externe. Ce processus collectif est nécessaire pour l’innovation soutenue. Ainsi, l’innovation
découle de la stimulation de l’environnement, notamment de la clientèle, des fournisseurs et
équipementiers et des centres de recherche associés.
Dans ce sens, la culture territoriale d’un milieu innovateur apparaît comme un système
structurant de processus décisionnels concernant la communauté territoriale. D’après M-U
PROULX (1994), la composante organisationnelle de la culture sur un territoire local ou
régional est associée à la capacité endogène des individus de prendre en main collectivement
leur devenir communautaire et l’organisation du milieu. De même, M-U PROULX (1994)
197
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
énumère quelques facteurs organisationnels qui se retrouvent dans la culture territoriale d’un
milieu. Ces facteurs sont présentés comme suit261 :
Donc, l’observation de ces facteurs permet de conclure que la culture construite dans
un milieu innovateur favorise aux acteurs de s’exprimer et de travailler d’une façon
communautaire. En conséquence, cette coopération a permis, d’un côté, d’assurer un
dynamisme entrepreneurial par l’apprentissage et l’innovation et, de l’autre côté, de proposer
une vision du développement territorial.
Donc, pour expliciter le rôle de la proximité dans le milieu innovateur. Nous faisons
appel à l’approche tridimensionnelle de la proximité composée d’une interaction et d’une
combinaison des différentes dimensions. Selon cette approche la proximité géographique
261
PROULX M-U., (1994), Op.Cit. P. 73.
262
UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 94.
198
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, un système de production local de type milieu innovateur est caractérisé par
une proximité géographique entre les unités de production (les entreprises, les fournisseurs de
services, les centres de recherche, les établissements de recherche) et les acteurs publics
(l’Etat, les collectivités territoriales). À cet effet, les relations entre ces unités sont d’une
intensité variable et peuvent prendre des formes très diverses, soit une relation de production
entre les entreprises (une sous-traitante ou un essaimage) ou soit une alliance entre une
entreprise et un centre de recherche, dans le dessein de développer un savoir-faire ou de
stimuler l’innovation, c’est-à-dire un nouveau produit ou une nouvelle méthode de
coordination.
263
DEPRET M-H., HAMDOUCH A., « Proximités spatiale, organisationnelle et cognitive, réseau d’innovation
et dynamique concurrentielle dans l’industrie pharmaceutique », acte de communication au Quatrième journées
de la proximité « Proximité, réseaux et coordination », Marseille, 17-18, 2004.
199
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
264
DEPRET M-H., HAMDOUCH A., « Les clusters et les réseaux comme fondements de la dynamique
d’innovation dans l’industrie biopharmaceutique. », Document de travail n° 2010-11, Bureau d’économie
théorique et appliquée, université Henri Poincaré, Avril 2010. P. 12.
200
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En outre, selon D. UZUNIDIS (2010), il existe une interaction entre les différents
types de proximité et les logiques du milieu innovateur. D’abord, l’interaction entre la
proximité organisationnelle et logique de coopération partenariale entre acteurs et
constitutions de réseaux orientés vers l’innovation. Ensuite, une interaction entre la proximité
cognitive et l’existence d’une logique de création d’apprentissage et d’acquisition de savoir-
faire orientée vers l’innovation technologique. Enfin, l’interférence entre la proximité
géographique et la capacité à créer un avantage comparatif et connexion avec des réseaux
externes en vue d’accroître la compétitivité et l’attractivité du milieu. Donc, cette interaction
permet au milieu innovateur de développer le processus d’apprentissage collectif, de favoriser
l’innovation et le processus de création d’entreprises. Pour conclure, la relation entre la
proximité et le milieu innovateur favorise le dynamisme entrepreneurial, et ce, par la capacité
à générer des entrepreneurs locaux. La figure ci-dessous synthétise cette interaction.
201
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ensuite, d’après les travaux de Dimitri Uzunidis (2010), c’est qu’à travers
l’articulation entre les dimensions de la proximité et les paradigmes du milieu innovateur en
tant qu’une organisation économique et sociale que le phénomène entrepreneurial peut
émerger et connaître un succès. En effet, la capacité à entreprendre est conditionnée par la
qualité du milieu innovateur et par ses interactions. En particulier les politiques publiques
dictées par les acteurs locaux notamment en matière d’incitation fiscale, stimulation
d’innovation et aide à la création d’entreprise, incitent l’entrepreneur à créer son entreprise,
d’assurer sa survie et de se procurer des ressources financières nécessaires. De même, la
nature de système financier et le niveau du développement du capital risque peuvent
influencer à la fois la capacité d’un individu à devenir un entrepreneur et la capacité d’une
entreprise à se développer265. Ainsi, le degré de concentration du marché, notamment, par la
présence de grandes entreprises (le cas de l’OCP dans notre cas) joue un rôle considérable
dans la création de petites entreprises par la politique de sous-traitance. Encore, la possibilité
à participer au développement des connaissances et des technologies (les grandes entreprises
consacrent un budget spécialement au R&D) qui impactent à la fois les connaissances
acquises et assemblées par l’entrepreneur et le niveau technologique de son activité.
265
UZUNIDIS D., (2001), Op.Cit. P. 100.
202
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Conclusion
En effet, ces avantages et ces stratégies, cités, permettent aux entrepreneurs de mettre
en œuvre des stratégies proactives (développé dans le cadre conceptuel de l’entrepreneuriat),
visant la création et le développement des affaires, de détecter de nouvelles opportunités de
profit et de participer au développement territorial. Les trois sections que nous avons étudiées
durant ce chapitre constituent nos hypothèses de recherche qui vont être vérifiées par des
outils statistiques dans le chapitre empirique.
203
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Chapitre IV : Le complexe
industriel Jorf Lasfar : Milieu et
dynamisme entrepreneurial
204
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Introduction
Dans cette section, nous allons définir d’abord, le tissu entrepreneurial marocain
(Paragraphe 1), puis nous s’intéresseronsau développement territorial à la province d’El-
Jadida (Paragraphe 2) et, enfin, nous concluons par un aperçu et une présentation du milieu
complexe industriel Jorf Lasfar (Paragraphe 3).
206
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Constat 1 :le Maroc apparaît comme étant un pays attractif pour la création
d’entreprises. Cela s’explique notamment par l’ensemble des politiques et des incitations
instaurées favorisant la création d’entreprises. Selon une étude réalisée par le centre des
jeunes dirigeants et le programme d’appui aux associations professionnelles en 2008/2009, il
a été constaté que le Maroc a enregistré une augmentation de 20% du nombre d’entreprises
créées entre 2003 et 2007. Le nombre de création en 2007 a atteint 57 091 entreprises 268. De
même, selon le rapport Global Entrepreneurship Monitor le phénomène entrepreneurial au
Maroc a connu une amélioration remarquable selon deux critères ; D’abord, 1 200 000
personnes sont engagées dans les deux premières phases du processus entrepreneurial,
ensuite, l’entrepreneuriat jeune a connu une évolution favorable passant de 3,1% en 2015 à
4,3% en 2016 tandis que l’entrepreneuriat naissant a gardé la même proportion de 1,3%269.
266
Rapport du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, (2011) « Le Financement des PME au Maroc »
P. 25. Disponible sur le site http://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_PMEMaroc_2011_05_12.pdf
267
FERHANE D., « Les types et les formes d’entrepreneuriat au Maroc : les facteurs favorables et/ou
défavorables au développement de la culture entrepreneuriale », sous la dir de Yvon GRASSE,
« l’entrepreneuriat francophone : évolution et perspectives », Édition Harmattan, 2009. P 108-109.
268
Source OMPIC.
269
Khalid EL OUAZZANI (2017), « La dynamique entrepreneuriale au Maroc 2016 », Global entrepreneurship
Monitor, Rapport du Maroc 2016. P. 41. Disponible sur : www.gemconsortuim.org .
207
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
quatre étapes, à savoir l’idée, l’opportunité, la vision stratégique et le plan d’affaires comme
une dernière étape pour concrétiser l’acte de création d’entreprises. Au Maroc, ce processus
entrepreneurial existe et se caractérise par l’intervention et l’appui des organismes publics et
privés. Alors qu’il est marqué par l’existence des entraves et des dysfonctionnements limitant
l’action d’entreprendre. Par exemple, l’accès au financement pour la majorité des
entrepreneurs, la complexité administrative et l’absence d’une formation pour les nouveaux
entrepreneurs.
Constat 4 :le dernier constat selon D. FERHANE (2009), repose sur les initiatives
prises en faveur de la formation à l’entrepreneuriat. Plusieurs intervenants offrent des
prestations de formation dans le processus de création d’entreprises, mais ils ne s’inscrivent
pas dans un cadre cohérent et n’obéissent pas à des pratiques pédagogiques entrepreneuriales
bien élaborées.
208
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La dualité entrepreneuriale
270
FERHANE D., (2009). Op. Cit P. 111.
271
Le Maroc dispose d’un potentiel important d’entreprises transmissibles. Plusieurs entreprises marocaines ont
été fondées au cours des années 80, ce qui pose maintenant le problème de la transmission.
209
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
D’abord, le modèle Soussi : l’une des clefs de réussite des entrepreneurs Soussi, réside
dans leur capacité à s’aventurer dans le commerce dans des nouvelles villes marocaines où ils
comptaient une clientèle marocaine à revenu fixe. Historiquement, ils ont tissé de bonnes
relations avec les Juifs, par le biais du commerce de thé272. Les familles juives étaient pendant
plusieurs années les premiers importateurs du thé britannique et les entrepreneurs Soussi ont
garanti à ces importateurs des acheteurs constants sur le territoire marocain. À cet effet, ils ont
pu développer un esprit entrepreneurial adapté à leur comportement. Ainsi, ce modèle est
caractérisé par le chevauchement entre la famille et l’entreprise par lequel tout le monde suit
le père. De même les jeunes garçons commencent leur carrière dans une affaire commerciale
avec le père. Et lorsqu’ il s’agit du repreneruiat, le fondateur relationnel (le père) choisit le fils
le plus apte à lui succéder. L’élu doit se légitimer comme garant de l’intérêt familial et par sa
capacité à faire fructifier l’esprit d’entreprise et les intérêts pécuniaires de son entourage
immédiat273.Bref, les entrepreneurs soussi sont très expéditifs à saisir les opportunités qui leur
sont présentées.
272
LABARI B., « l’ascension des chefs d’entreprises soussis», à apparaitre dans « la revue economia n°7 : Esprit
d’entreprendre, es-tu là ? », Édition, CESEM- HEM, 2009. P. 120-123.
273
LABARI B., « d’une génération à l’autre dans le souss », Édition Economia, N° 11, 2011. P. 109.
210
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans ce paragraphe, nous allons citer quelques actions et stratégies entamées par l’État
en vue d’encourager et de promouvoir l’entrepreneuriat au Maroc. D’abord, nous exposons
quelques mesures administratives phares. Ensuite, identifier les incitations fiscales au profit
des nouveaux entrepreneurs. Enfin, nous nous évertuerons à présenter quelques programmes
phares de la promotion de l’entrepreneuriat.
274
TANGEAOUI S., « les entrepreneurs marocains : Pouvoir, société et modernité », Éditions Karthala, 1993.
P. 33-70.
211
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
(2004) pour créer un climat propice et des relations saines sur les lieux du travail, la réforme
de l’enseignement supérieur visant à assurer la promotion et la sensibilisation à un esprit
d’entreprise chez les étudiants et l’adoption des plans sectoriels comme le plan d’émergence
qui deviendra, par la suite, le plan d’accélération industrielle qui a pour objectif d’encourager
les acteurs à concevoir et intégrer des écosystèmes.
275
Les CRI sont créés en 2002 conformément à la lettre Royale adressée au Premier ministre, le 09 janvier 2002.
En effet, ces CRI, implantés dans les différentes régions du Royaume, visent à inciter les promoteurs à investir
dans différents secteurs et de faciliter les procédures administratives par la création du guichet d’appui aux
investisseurs.
276
Le site Internet du centre régional d’investissement de Casablanca-Settat.
212
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
privé ont exprimé leur volonté à intervenir et à résoudre cette problématique, et ce, par la mise
en place d’une série de moyens de financement au profit des nouveaux entrepreneurs (voir
Annexe 6).
À partir de ce tableau, nous remarquons que l’activité guichet unique du CRI ne cesse
d’évoluer. Cela est expliqué, d’abord, par les personnes souhaitant créer leurs entreprises qui
214
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La promotion de l’Entrepreneuriat ;
277
www.ocpentrepreneurship.org
215
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
politiques et les programmes existants, et, d’autre part, d’assurer une adéquation à la réalité
entrepreneuriale vécue. De même, à notre sens nous insistons que le succès du phénomène
entrepreneurial dépend fortement des écosystèmes territoriaux et d’une ingénierie territoriale.
La province d’EL Jadida, située sur la côte de l’océan Atlantique, au carrefour de deux
routes principales, RN n°1 (Casablanca - Agadir), la RN n°7 (El-Jadida - Marrakech) et à
proximité de la capitale économique du Royaume. De même, elle fait partie de la région
Casablanca-Settat. Cette province qui s’étend sur une superficie de 3 869 Km², soit 2 % de la
superficie nationale du Royaume.
278
La région de Casablanca Settat est considérée comme la plus grande région du Royaume, avec 6,8 Millions
d’habitants, soit 20% de la population nationale, un taux d’urbanisation de 73,6% et un nombre élevé des
ménages qui est de 1 559 404.
216
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
insuffler une nouvelle dynamique à l’industrie des phosphates sur le site de Jorf Lasfar, à
travers l’augmentation de la production de l’acide phosphorique et des engrais agricoles
destinés à l’exportation. Ainsi, elle a développé des vocations économiques multiples qui
s’inscrivent dans le cadre d’une économie circulaire qui permet aux secteurs productifs de
fonctionner en synergie et complémentarité et être au service du développement humain et du
respect de l’environnement279.
En outre, selon les dernières statistiques effectuées, en 2014 par le Haut Commissariat
au Plan, l’effectif total de la population de la province s’élève à 786 716 habitants, dont
258 885 en milieu urbain et environ 527 831 en milieu rural280..Le tableau, ci-dessous, donne
un aperçu sur l’évolution démographique enregistrée durant la période (1982-2014) des
provinces d’EL Jadida et Sidi Bennour.
279
La Vie Eco, un hebdomadaire francophone marocain, Supplément au n°4860 du 29 juillet au 25 Aout 2016
« El-Jadida & région une grande mutation économique de la province ». Disponible sur le site, www.lavieeco.ma
280
La population légale d’après les résultats du RGPH2014 sur le Bulletin officiel N°6354
217
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Après avoir passé en revue les caractéristiques de la province d’EL Jadida. Il nous
semble important de compléter ce diagnostic par une identification des structures
économiques de la province afin d’en dévoiler les spécificités de chaque secteur et son
adéquation à la stratégie nationale de développement territorial.
L’agriculture constitue une activité importante dans la province d’El-Jadida, avec une
superficie agricole utile avoisinée (SAU) les 1 056 974 d’hectares dont 114 650 (Ha) irriguée
et parmi lesquels 96 000 en grande hydraulique et 428 576 (Ha) non irriguée281. Ce secteur est
géré par deux institutions la direction provinciale d’Agriculture et l’office régional de mise en
valeur agricole de doukkala (ORMVAD)282.
Ensuite, le secteur de la pêche maritime qui profite d’une position stratégique sur
l’atlantique et d’une surface littorale de 150 Km lui confère un atout pour le développement
de diverses activités de pêche. De plus, il bénéficie de deux ports équipés ceux d’El-Jadida et
de Jorf Lasfar.
Le secteur de tourisme est considéré comme un secteur porteur tourné vers l’avenir.
L’État a exprimé sa volonté, via le plan Azur « 2005 » visant à restructurer ce secteur et
d’améliorer son attractivité économique, notamment de présenter les capacités touristiques et
d’attirer les investisseurs à s’y installer au Maroc. En effet, la province d’El Jadida recèle
d’importants atouts naturels dont ses longues plages, d’un patrimoine culturel et historique
281
Présentation du centre régional d’investissement de Casablanca.
282
ORMVAD créé par décret Royal n 827-66 du 7 rajab 1386. Il est un établissement public doté de la
personnalité morale et l’autonomie financière et placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture, du
développement rural, des pêches maritimes et des eaux forêts.
283
www.ormvad.ma
219
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
diversifié tel que les cités historiques sur la côte (EL Jadida et Azemmour). De plus, la
province bénéficie de sa proximité géographique des pôles économiques Casablanca comme
un hub d’affaires et un pôle touristique de Marrakech284.
284
Monographie de la province d’EL Jadida 2009.
220
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
un chiffre de 8 444 085 milliers DH en valeur ajoutée ; générée principalement par le secteur
de chimie et para chimie, soit une part de 77,34%285.
En conséquence, selon les données communiquées par les institutions locales, nous
constatons que le secteur d’industrie permet à la province d’El-Jadida286:
285
Annuaire statistique du haut-commissariat au plan, Monographie régionale 2014 de la région DOUKALA-
ABDA.
286
Le site du Centre provincial d’investissements d’El-Jadida.
221
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
222
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ce complexe est considéré comme un pôle d’excellence dans les secteurs de chimie et
para chimie, de métallurgie, d’énergie et d’automobile. Il bénéficie du facteur de proximité
géographique qui permet au complexe de valoriser les ressources territoriales et de développer
des logiques d’apprentissage et de recherche. De même, d’une coordination territoriale, entre
les entreprises du complexe et les acteurs locaux.
En effet, le milieu complexe industriel Jorf Lasfar peut être présenté par la carte, ci-
dessous:
Figure 28: La carte du milieu complexe industriel Jorf Lasfar
287
Agence Nationale des Ports. Disponible sur le site, www.anp.org.ma .
223
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, le complexe industriel Jorf Lasfar vise par le biais des autorités locales et les
entreprises a contribué à favoriser l’ancrage territorial des firmes multinationales. Citant
l’exemple :
Bref, le complexe industriel incite une grande part des PME nationales à s’y localiser afin de
bénéficier de l’agglomération et de profiter de son positionnement stratégique, ainsi que de
l’effet de l’externalité des projets mis en place par le groupe de l’OCP.
Parmi les principaux acteurs du complexe industriel Jorf Lasfar, nous trouvons :
le champion mondial des phosphates et de ses dérivés, OCP est un acteur-clé sur le
marché international depuis sa création, en 1920. Il est le premier producteur et exportateur
mondial de phosphate sous toutes ses formes et l’un des plus grands producteurs d’engrais au
monde.289 Dans sa nouvelle stratégie, l’office compte tripler sa capacité de transformation des
phosphates sur le site de Jorf Lasfar. C’est pourquoi il a investi plus de 100 milliards de DH
dont la majorité de l’investissement est destinée à la chimie.
288
www.MEDZ.ma/JorfLasfar
289
www.ocpgroup.ma
290
Il S’agit d’une chaîne d’une longueur de 235 Km qui assurera le transport du phosphate sous forme de pulpe à
partir de Khouribga vers le complexe industriel Jorf Lasfar
224
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La SONASID :
Créée par l’État marocain en 1974, ayant pour mission de développer le complexe
sidérurgique complétement intégré à partir de la production de minerai de fer. En 2002, la
SONASID a décidé de construire une unité industrielle sur le complexe Jorf Lasfar pour une
enveloppe de 600 millions DH. Ce projet a concerné la mise en place d’un laminoir avec une
capacité annuelle de 400 000 tonnes, spécialisée dans les ronds à béton et les laminés
marchands. De plus, la société a exprimé son besoin d’être le leader de la sidérurgie et de
minimiser sa dépendance à l’international par la mise en place d’une aciérie électrique avec
un investissement de 950 millions de DH. En effet, SONASID a choisi le complexe Jorf
Lasfar, d’abord, par l’importance du facteur proximité géographie. Ensuite, la présence de la
centrale thermique JLEC qui satisfait son besoin en matière d’énergie. Enfin, la disponibilité
d’une ligne ferroviaire facilitant le transport des matières premières et des produits semi-
finis292.
Par conséquent, d’après résultats de l’enquète que nous avons menée dans le complexe
industriel Jorf Lasfar. Une multitude des entreprises rencontrées ont exprimé que la
SONASID a contribué vivement au dynamisme entrepreneurial. Cela se voit par les contrats
de sous-traitance et les commandes accordées aux petites et moyennes entreprises en matière
de transports, de nettoyage, de logistique et de maintenance (Exp : entreprise SITELECM
SARL).
Le complexe industriel Jorf Lasfar dispose aussi, des unités industrielles liées au
stockage du gaz et des hydrocarbures raffinés. D’abord, une société d’entreposage de Jorf
Lasfar (SEJ) opérant dans la réception, le stockage et la distribution des produits pétroliers.
Cette société a investi plus de 100 millions de DH et a conclu un accord entre le groupe
afriquia et Total du Maroc pour gérer trois réservoirs de stockage d’une capacité totale de
55 000 m³ dont 40 000 m³ pour le gasoil. Ensuite, l’unité industrielle Afriquia Gaz filiale du
291
L’économiste, N°3785, le 17/05/2012, disponible sur le site : www.léconomiste.com
292
www.sonasid.ma
225
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
groupe Akwa qui possède un terminal avec une capacité de stockage de 4 000 T pour le
propane et 20 000 T pour le butane293.
La JLEC :
Créée en 1997, Jorf Lasfar Energy Company aujourd’hui‘hui TAQA Morocco, filiale
du groupe TAQA, est un acteur majeur du secteur de l’énergie au Maroc qui couvre plus de
50% de la demande nationale et 30% de la capacité du Royaume 294. Elle dispose de six unités
de production dont deux en cours de livraison et un capital humain composé de 480
collaborateurs. La société JLEC est considérée comme la plus grande centrale thermique à
charbon indépendante de la région MENA, ainsi que le principal fournisseur de l’Office
national d’électricité et de l’eau potable (ONEE). En effet, TAQA Maroc a contribué
activement au développement territorial de la province d’El- Jadida par l’investissement et la
création d’emplois ; (135 emplois directs et 1000 indirects) durant le démarrage des unités
5&6. De même, elle a participé au dynamisme entrepreneurial par l’adjonction de deux
nouvelles unités de production électrique d’une puissance de 700 MW au niveau de la
centrale thermique JLEC. Ce projet a été réalisé par le groupe sud-coréen Daewoo
Construction Co et le groupe japonais Consortium Mitsui & CO par un investissement global
de 16 milliards de DH
Groupe MEDZ :
Est une filiale du groupe CDG, 1er investisseur institutionnel du Royaume du Maroc.
Il est aujourd’hui leader dans l’aménagement et la gestion de parc d’activités dans l’industrie,
l’offshoring et le tourisme au Maroc295. En 2007, le groupe MEDZ a décidé de mettre en
place le parc industriel Jorf Lasfar sur une superficie de 500 hectares en partenariat avec les
acteurs institutionnels ; à savoir : le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de
l’Investissement et de l’Économie Numérique, le Ministère de l’Économie et des Finances, le
Ministère de l’Équipement et du Transport et la Province d’EL Jadida. Ce projet a été dédié
aux industries de 1ère catégorie, notamment les industries lourdes dans les domaines de
l’Énergie, de la métallurgie et de chimie/parachimie et au service de supports et de logistique
industrielle (maintenance, bureau d’études, centre d’affaires).
293
www.afriquigaz.com
294
www.jlec.ma
295
www.MEDZ.ma
226
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, le groupe MEDZ a bénéficié des atouts importants facilitant la mise en place
de son parc industriel, à savoir l’emplacement géographique par rapport à la province d’El-
Jadida, seulement à 17 Km, l’emplacement stratégique au carrefour de trois grands pôles
régionaux: Casablanca, Marrakech et Agadir, la proximité à des grandes unités industrielles :
OCP, JLEC et SONASID et la présence d’un réseau portuaire riche et d’une ligne ferroviaire
performante. Ces atouts sont considérés comme des facteurs incitatifs au dynamisme
entrepreneurial.
Enfin le groupe MEDZ a réalisé son défi, par la réalisation de 26 projets qui ont
drainé un investissement de 3,2 milliards de DH. Par exemple, l’équipementier automobile
BONTAZ-CENTRE, le leader mondial dans la conception et la fabrication des sous-
ensembles principalement utilisés dans les fonctions hydrauliques, qui a investi seul un
montant de 2 milliards de DH et qui a généré plus de 400 emplois directs.
Pour conclure, les entreprises, au niveau du complexe industriel Jorf Lasfar, peuvent
bénéficier d’une stratégie territoriale réactive impliquant l’ensemble des acteurs et des
opérateurs économiques dans le dynamisme entrepreneurial et le développement territorial.
Cette stratégie vise à augmenter la compétitivité du parc en vue d’attirer les industries de
renommer à s’y installer et d’assurer un effet positif sur la province d’El Jadida. Cependant,
la limite constatée après cette présentation réside, d’une part, dans l’absence d’une
gouvernance territoriale comme mode de coordination territoriale, et, d’autre part, de
l’incapacité à activer les ressources territoriales du parc.
227
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Une politique de réseau territorial dynamisée par une proximité et régulée par une gouvernance
territoriale permet :
228
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Quel est le statut du chercheur et sa position vis-à-vis du champ étudié ? Y’a-t-il une
relation de dépendance entre le sujet et l’objet de recherche « posture épistémologique» ;
Comment le terrain a été investi ? la méthode adoptée pour aborder le volet empirique
du travail avec la prise en considération la nature de l’objet de recherche « l’outil
méthodologique».
En vue d’expliciter les choix méthodologiques retenus pour conduire notre recherche
et afin de répondre à cette série de questions. Nous allons structurer cette section en trois
paragraphes visant à expliquer la manière d’accéder au terrain de recherche. D’abord,
présenter le cadre épistémologique de recherche (Paragraphe 1), ensuite, rappeler la
problématique posée et les hypothèses de recherche formulées (Paragraphe 2), et enfin,
expliquer la méthode de recherche axée sur l’approche quantitative adoptée par rapport à
notre objet de recherche (Paragraphe 3).
229
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours qui mène des réflexions ou des
interrogations sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient forcément
après elle.
296
PERRET V., SEVILLE M., « Fondements épistémologiques de la recherche », Sous la dir THIETART R-A,
et al, « Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 13.
297
WACHEUX F., « Méthodes Qualitatives et recherches en gestion », Édition Economica, 1996. P. 38.
298
SOLER L., « Introduction à l’épistémologie », Édition Ellipses, 2000. P. 16-19.
230
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Elle est un discours critique : elle ne se limite pas de décrire les sciences sans les
juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-fondé et de la portée des propositions et
des méthodes scientifiques.
Donc, l’épistémologie vise fondamentalement à caractériser les sciences existantes, en
vue de juger de leur valeur, notamment de décider si elles peuvent prétendre se rapprocher de
l’idéal d’une connaissance certaine et authentiquement justifiée. De même, elle s’emploie
pour atteindre cet objectif : à décrire la manière dont procède telle ou telle discipline dite
scientifique pour élaborer et tester ses théories, à spécifier la physionomie de ces théories
elles-mêmes et à estimer la valeur logique et cognitive de telles théories.
En effet, la définition de l’épistémologie nous a conduit à identifier et comprendre
l’ensemble des principes sur lesquels s’appuie cette recherche. À cet effet, V. PERRET
etM.SEVILLE, (2003) distinguent trois grands paradigmes épistémologiques en science de
l’organisation permettant de répondre à ces questions, c’est-à-dire : le paradigme positiviste,
le paradigme interprétatif et le paradigme constructiviste.
Tableau 28: Les principaux paradigmes épistémologiques299
Les paradigmes
Les questions Le positivisme L’interprétativisme Le constructivisme
épistémologiques
Hypothèse réaliste Hypothèse relativiste.
Quel est le statut de
Il existe une essence L’essence de l’objet ne peut être atteinte
la connaissance ?
propre à l’objet de la (constructivisme modéré ou interprétativisme) ou
connaissance n’existe pas (constructivisme radical).
Indépendance du sujet Dépendance du sujet et l’objet
et de l’objet
La nature de la Hypothèse Hypothèse intentionnaliste
réalité déterministe
Le monde est fait de Le monde est fait de possibilités
nécessités
Comment la La découverte L’interprétation La construction
connaissance est-elle
engendrée ? Recherche formulée en Recherche formulée en Recherche formulée en
Le chemin de la termes de « pour termes de « pour quelles termes de « pour
connaissance quelles causes... ?» motivation des quelles finalités... ? »
scientifique acteurs... ? »
Statut privilégié de Statut privilégié de la Statut privilégié de la
l’explication compréhension construction
Quelle est la valeur Vérifiabilité Idéographie Adéquation
de la connaissance ? Confirmabilité Empathie (révélatrice de Enseignabilité
Les critères de Réfutabilité l’expérience vécue par
validité les acteurs)
Source : V. PERRET et M. SEVILLE (2003, P.15)
299
PERRET V., SEVILLE M., (2003), Op.Cit. P. 15.
231
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, ce courant a proposé trois critères déterminés et universels qui permettent aux
chercheurs de valider leurs connaissances produites. D’abord, il s’agit des conditions de
la vérifiabilité. « La vérifiabilité stipule qu’une proposition synthétique n’a de sens que si et
seulement si, elle est susceptible d’être vérifiée empiriquement » (Blaug). Ensuite, la
condition de la confirmabilité qui remet en cause le caractère certain de la vérité et repose sur
l’idée qu’une proposition ne peut être vraie universellement, mais qu’elle est seulement
confirmée par les expériences ou par les résultats d’autres théories (Hempel). Enfin, la
condition de réfutabilité stipule qu’on ne peut jamais affirmer qu’une théorie est vraie, mais
qu’on peut en revanche affirmer qu’une théorie n’est pas vraie, c’est-à-dire qu’elle est
réfutée302. Ces critères sont valables pour toutes les sciences, quel que soit leur champ
d’application, et par conséquent pour les sciences de gestion.
300
Idem., P. 14.
301
Idem., P. 15.
302
BEN LETAIFA S., « Compatibilité et incompatibilité des paradigmes et méthodes », Projet d’atelier
« Méthodologie » de l’AIMS, journée « Étude de Cas » ; IAE de Lille, Jeudi 22 Juin 2006. P. 5.
232
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
303
WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 43.
304
BEN LETAIFA S., (2006), Op.Cit. P. 6.
305
Idem., P. 7.
233
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, nous adoptons une approche positiviste avec une logique de déduction, et ce,
pour deux raisons : la première réside dans la nature de la réalité observée et la deuxième dans
la relation entre l’objet et le sujet de recherche (Elles vont être développés ci-dessous). En ce
qui concerne, le choix de la logique accompagnée du paradigme positiviste est la logique
déductive appelée aussi logique formelle. En effet, la logique déductive est la seule logique
qui contribue à une reproduction objective de la réalité. Par conséquent, le choix de recourir à
cette logique est motivé par la possibilité de tirer des leçons et des conséquences sur la
relation entre le milieu, l’entrepreneuriat et le développement territorial, à partir d’une théorie
et d’une observation empirique du complexe industriel Jorf Lasfar situé à la province d’El-
Jadida.
Le choix de ce paradigme est justifié par rapport à trois critères, c’est-à-dire : la nature
de la réalité étudiée, la relation entre le sujet et l’objet de recherche et enfin les critères de
validité de la connaissance.
Pour Perret et Séville (2003) la réalité dans le paradigme positiviste est une donnée
objective indépendante du sujet observateur. À cet effet, le phénomène de l’entrepreneuriat
dans le complexe industriel Jorf Lasfar existe depuis longtemps et prend plusieurs formes
(création d’entreprises, ancrages des firmes multinationales, la sous-traitance). C’est pour cela
que nous cherchons d’observer cette réalité en vue d’expliciter les relations existant entre les
opérateurs du complexe. De même, de montrer l’importance des logiques d’interactions et
d’apprentissage dans le milieu complexe industriel Jorf Lasfar entre les différentes parties
prenantes qui permettent de faciliter l’innovation et le dynamisme entrepreneurial. Ainsi, de
confirmer que le milieu par ses différentes économies et logiques assure un dynamisme
entrepreneurial qui contribue par là suite au développement territorial.
notre objet de recherche est le lien théorique entre le milieu et le phénomène entrepreneurial,
dans le complexe industriel Jorf Lasfar d’El-Jadida, dans une vision de développement
territorial. Cela permet, ensuite, d’indiquer que le dynamisme entrepreneurial est conditionné
par la qualité du milieu (ses ressources, ses acteurs et ses logiques existantes). Ainsi, de
montrer la relation entre le réseau d’entreprises, l’innovation et le milieu complexe industriel
Jorf Lasfar. En effet, le milieu innovateur qui n’est qu’un milieu entrepreneurial caractérisé
par une logique technologique favorise le développement territorial à la province d’El-Jadida.
Critères de validité de la connaissance :
La validité de la recherche pousse le chercheur à utiliser des méthodes de collecte et
d’interprétation des données appropriées aux concepts étudiés. Le courant positivisme qui est
adopté dans notre travail de recherche n’accepte que la logique déductive considérée d’après
le courant comme une logique formelle ainsi que la seule méthode qui permet d’avoir une
reproduction objective de la réalité306. À cet effet, la validité se mesure par la cohérence avec
les faits et la pertinence des résultats obtenus par l’étude.
Figure 30: Le raisonnement déductif de notre travail de recherche
À partir d’une revue de littérature, nous constatons que le milieu joue un rôle dans le
dynamisme entrepreneurial (les travaux d’A. Julien, P. Aydalot...). « Une règle »
Des résultats obtenus stipulants que le milieu par la qualité de ses ressources, ses acteurs et
ses logiques favorisent le dynamisme entrepreneurial ainsi que le milieu innovateur est un
outil de dynamisme entrepreneurial. « Conséquence »
306
V. PERRAT, M. DEVILLE (2003), Op.Cit. P. 28.
235
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
307
CHARREIRE S., F. DURIEUX F., « Construction de l‘objet de la recherche », Sous la dir THIETART R-A,
et al, « Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 64
236
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
À cet effet, nous cherchons à démontrer et à comprendre que le milieu territorial par
ses économies, ses acteurs et ses logiques contribuent au dynamisme entrepreneurial dans la
province d’El-Jadida. Ainsi, nous montrons que l’interaction entre le réseau d’entreprises, le
milieu et l’innovation favorisent la mise en place du projet milieu innovateur qui est une
formation socio territorialisée axée sur la collaboration, la technologie et l’apprentissage
(savoir-faire industriel). En effet, le projet milieu innovateur est considéré comme outil de
dynamisme entrepreneurial.
Dans ce cadre, trois hypothèses ont été formulées visant à expliquer les concepts
évoqués dans la problématique et de présenter des réponses aux questions de recherches
issues de la question générale.
237
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Cette hypothèse indique que le projet milieu innovateur développé par des travaux de
recherche de GREMI et des travaux de Philipe Aydalot peut constituer une plate-forme
propice à l’innovation ainsi qu’il contribue au dynamisme entrepreneurial. Selon P.
AYDALOT (1984), le milieu innovateur est articulé autour de trois logiques importantes, à
savoir la logique d’organisation en réseau, une logique d’apprentissage et une logique
territoriale. Ces logiques articulées de la théorie de la proximité permettent la réduction de
risque et de l’incertitude, le développement d’un processus d’apprentissage collectif est
d’assoir une politique d’innovation territoriale. Donc, nous constatons que le phénomène
entrepreneurial peut émerger et connaitre un succès, ainsi que le développement territorial
sera concrétisé.
notre étude de cas, celle du complexe industriel Jorf Lasfar, ainsi que de s’interroger sur la
possibilité à vérifier nos hypothèses. Donc, la méthode quantitative va servira à tester et
vérifier les hypothèses de recherche formulées sur des bases théoriques.
Nous commençons, d’abord, par la méthode qualitative, car c’est-elle qui va nous
aider à délimiter la question de recherche, développer des hypothèses et de comprendre les
spécificités du milieu complexe industriel Jorf Lasfar.
308
C. CURCHOD, « la méthode comparative en science de gestion : vers une approche quali-quantitative de la
réalité managériale », Revue Finance Contrôle Stratégie – Volume 6, N° 2, Juin 2003. P. 155-177.
239
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
309
COUTELLE P., « Introduction aux méthodes qualitatives en science de gestion » , séminaire d’études
qualitatives, Université de Tours, 2005. P. 2. Disponiblesur l’URL :
http://www.academia.edu/5322539/Introduction_aux_m%C3%A9thodes_qualitatives_en_Sciences_de_Gestion_
Cours_du_CEFAG_-_s%C3%A9minaire_d%C3%A9tudes_qualitatives_2005.
310
WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 181.
311
PAILLE P., MUCCHIELLI A., « l’analyse qualitative en sciences humaines et sociales », Édition, Colin,
Paris, 2008. P. 315.
240
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Donc, notre objectif, c’est de visiter le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et
d’interroger les acteurs présents sur place afin de comprendre, réellement, la composition du
milieu, les acteurs qui les constituent et les relations existants entre eux. En effet, les
entretiens menés avec les acteurs du milieu complexe industriel Jorf Lasfar ont été réalisés
sans le recours à des guides d’entretiens. La seule et l’importante condition est que l’acteur
opérant dans le complexe possède une forte connaissance des positions des entreprises, des
problèmes de milieu et des projets qui sont réalisés ou en cours de réalisation. Citant
l’exemple, des entretiens menés avec le responsable du groupe Medz, M. Akrim qui nous
éclairci sur la structure du milieu, le fonctionnement du complexe et les liens existants entre
les acteurs. Ensuite, des entretiens avec les responsables des administrations publiques,
notamment le Centre Provincial d’Investissement et la Délégation du Ministère de l’Industrie,
du Commerce de l’Investissement et de l’Économie Numérique et la Direction Provinciale
des Impôts qui nous ont communiqué la liste des entreprises inscrites et identifiés à la taxe
professionnelle dans le complexe ainsi que l’effectif des entreprises actives dans le complexe.
Puis, des entretiens avec la collectivité territoriale de Moulay Abdellah.
Ainsi, ces visites nous ont beaucoup aidé dans la conception de notre problématique de
recherche, et ce, par l’addition de nouvelles questions apportées de la réalité du terrain, à
savoir :
L’importance des liens avec les entreprises à fort potentiel économique (OCP,
SONASID, JLEC, Afriquia Gaz) dans le dynamisme entrepreneurial ;
En effet, ces questions ont été bien prises en considération dans la reformulation des
hypothèses de recherche. De même, le questionnaire (développé dans la méthode quantitative)
a été enrichi au fur et à mesure de notre compréhension du milieu complexe industriel Jorf
Lasfar, notre objet de recherche.
241
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Le paragraphe aura pour but de décrire la stratégie adoptée par la méthode qualitative
pour accéder au réel. Cette stratégie constituera l’étude de cas.
Après avoir défini l’approche qualitative et expliqué son utilité par rapport à notre
recherche. Nous passons maintenant à la présentation de la technique utilisée afin de réaliser
notre programme de recherche et d’aboutir à des résultats. L’étude de cas est une stratégie
d’accès au réel qui permet l’étude en profondeur d’un phénomène contemporain. Selon R. K.
YIN (2009), il s’agit d’une « enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans
son contexte réel quand les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas claires »312.
Son avantage est qu’elle intègre dans un contexte l’analyse de l’objet, c’est-à-dire qu’elle
l’inscrit dans son environnement temporel, spatial et social. Elle donne les moyens de
reconstruire des situations en utilisant plusieurs sources de preuves313.
En effet, notre thèse est fondée sur l’étude de cas du complexe industriel Jorf Lasfar.
Ce choix est motivé pour diverses raisons. D’abord, notre proximité du complexe, et donc une
possibilité de contacter les acteurs et les décideurs du complexe. Ensuite, l’objectif de
démontrer à travers notre étude de cas, le rôle du milieu au dynamisme entrepreneurial ; soit
par sa participation à la création d’entreprises ou soit par l’existence des logiques
d’interaction et d’apprentissage au sein du milieu qui favorise l’innovation. Nous expliquons,
aussi, que le complexe industriel Jorf Lasfar, en tant qu’un réseau d’innovation territorial,
peut contribuer au développement territorial à condition que le milieu développe, d’une part,
une logique de proximité territoriale, et, d’autre part, une ingénierie territoriale stimulant le
dynamisme entrepreneurial.
De même, R. K. YIN (2009) a proposé une typologie d’étude de cas selon quatre types
de recherche. Il les a définis à partir de deux critères : le nombre de cas (unique ou multiple)
et le nombre d’unités d’analyse (unique ou multiple)314. Selon cette typologie, notre étude de
cas est unique (un réseau), ayant des unités d’analyse multiples (les entreprises, les opérateurs
économiques et les acteurs locaux).
312
YIN R. K., « Case Study Research: design and method » (4 th Ed). Thousand Oaks, CA: Sage Publication,
2009. P. 18.
313
ARNAUD N., « Étudier, relever et analyser la communication organisationnelle en situation de gestion, ou
comment accéder à la conversation et aux textes », Revue Communication et Organisation, Éditeur Presse de
l’université de Bordeaux, 2007. P. 172.
314
YIN R. K., (2009), Op.Cit. P. 46-47.
242
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Figure 31: Les différents designs d’étude de cas selon R. K. YIN (2009)
En outre, selon R. K. YIN (2009) l’étude de cas peut être utilisée dans des situations
qui répondent à des conditions telles que :
Puis, lorsque les chercheurs ne sont pas en mesure de contrôler les évènements.
Comme déjà expliqué dans le positionnement épistémologique qu’il y a une indépendance
entre le sujet et l’objet de recherche. C’est pour cela que notre objectif est l’observation
du complexe, d’une part, et, d’autre part, la compréhension des relations existant entre les
différents acteurs exerçant une influence sur les entreprises et sur le territoire. À cet effet,
nous constatons que nous sommes très loin de contrôler ces événements.
243
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Center » ou « Daweyoo & construction Co » dans le complexe industriel Jorf Lasfar peut
constituer un facteur de dynamisme entrepreneurial et de développement territorial.
Enfin, l’étude de cas est un moyen d’enquête adapté à des situations comportant un
nombre important d’éléments à étudier : elle repose sur le recueil de multiples sources
empiriques permettant la triangulation des matériaux et est guidée par un cadre théorique qui
apporte des éléments à la réalité étudiée (R. K. YIN 2009).
À cet effet, notre étude de cas remplit toutes les conditions et les critères cités ci-
dessus. Elle est basée en premier lieu sur une observation315 du milieu complexe industriel
Jorf Lasfar afin de faciliter la rédaction du questionnaire adressé aux entreprises existant sur
le complexe (presque 40 entreprises interrogées). En second lieu, les informations collectées
par ses différents moyens vont permettre d’effectuer la triangulation des données et les
comparer afin d’avoir une image plus proche de la réalité vécue.
Afin d’expliquer comment la méthode d’étude de cas a été conduite, nous présentons
l’observation passive comme une stratégie de recueil des données. Dans l’approche
qualitative la collecte des données nécessite un effort important pour provoquer les
interactions avec les acteurs. En effet, trois sources d’évidence sont les plus utilisées dans
cette approche, à savoir : l’entretien, l’observation et l’analyse documentaire et d’archives. En
vue de comprendre le milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de collecter l’information
utile, nous se recourons à la méthode d’observation passive, et ce, par la possibilité offerte au
chercheur d’observer et de comprendre la réalité.
315
L’observation constitue le mode de collecte de données par lequel le chercheur observe de lui-même des
processus ou des comportements se déroulant dans une organisation, pendant une période de temps délimité
(Baumard et al. 1999).
316
WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 211.
244
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Elle est un détour nécessaire non seulement pour la compréhension mais aussi et surtout pour
le recueil détaillé des situations étudiées. Donc, l’observation est envisagée comme le moyen
d’accès privilégié à la réalité des relations interfirmes et, à ce titre, considérée pour l’action en
organisation317.
Donc, notre choix de collecter l’information est l’observation passive. Cette forme
selon F. WACHEUX (1996) est définie comme l’autorisation d’être présente dans
l’organisation pour regarder la réalité quotidienne, assister aux événements pour les
enregistrer et les analyser. Mais aussi saisir l’occasion d’une visite dans l’entreprise pour être
attentif à l’environnement immédiat des personnes318. À cet effet, nous adaptons cette
définition à notre cas de recherche, notamment par des visites du milieu complexe industriel
Jorf Lasfar afin de comprendre à la fois, la réalité du complexe et l’environnement d’affaire
(les logiques existantes et les liens entre acteurs). Pour mener cette opération, nous avons
suivi une démarche composée de quatre tâches incontournables319. Cette démarche est
présentée dans le tableau ci-dessous.
Tableau 30: Les tâches menées pour conduire une observation non participante au
complexe industriel Jorf Lasfar selon S. MARTINEAU (2004)
Tâches Description
Le moment où nous avons commencé à rédiger les chapitres théoriques de
thèse, nous nous sommes interrogés sur la possibilité de vérifier ce qui a été
développé dans la théorie dans le complexe industriel Jorf Lasfar. À cet
effet, l’image communiquée d’après des sites d’internet et les acteurs
territoriaux sur l’importance du complexe dans le dynamisme entrepreneurial
La présence et le développement territorial, notamment par la capacité des opérateurs
sur le terrain économiques d’octroyer des contrats de sous-traitance, m’ont incité de
dévoiler ce milieu territorial. Donc, nous avons décidé de visiter et d’être
sur place pour découvrir ce milieu complexe industriel Jorf Lasfar et de
comprendre ses logiques de fonctionnement. En effet, l’année 2016 a été
consacrée à réaliser des visites, de rencontrer des acteurs décideurs ( M.
Akrim responsable projet MEDZ) et de découvrir la structuration du milieu.
Ces visites nous ont beaucoup aidés à nous adapter à ce milieu.
L’observation du milieu complexe industriel Jorf Lasfar nous permis de
dégager tant des éléments importants facilitant la rédaction du
317
Arnaud N., (2007), Op.Cit. P. 177.
318
WACHEUX F., (1996), Op.Cit. P. 215-216.
319
Stéphane Martineau (2004), « l’observation en situation : enjeux, possibilité et limites », Actes du colloque
L’instrumentation Dans la collecte des données, UQTR, 26 Novembre 2004, Association pour la recherche
qualitative. Disponible sur l’URL :
http://www.recherchequalitative.qc.ca/documents/files/revue/hors_serie/hors_serie_v2/SMartineau%20HS2-
issn.pdf
245
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
questionnaire :
*L’absence d’un comité organisationnel qui s’occupe de la gestion du milieu
(absence des fiches signalétiques, des panneaux publicitaires) ;
*L’absence d’une assiette foncière organisée qui vise à proposer des lots de
terrains pour les entreprises souhaitant s’installer ; les entreprises sont
installées sur des terrains agricoles et dans la commune Moulay Abdelah ;
L’observation *La majorité des entreprises du complexe détient des relations avec les
opérateurs économiques, en premier l’OCP, et ensuite SONASID et JLEC,
ainsi que des relations avec l’agence nationale des ports ;
*La coordination entre les entreprises et les acteurs territoriaux est
embryonnaire. Des dirigeants des entreprises (Ama Détergeant SARL)
souffrent de problèmes de communication avec la commune Moulay
Abdellah. De même, le conflit existant entre la commune Moulay Abdellah
et l’OCP sur le réaménagement de la route menant vers El-Jadida ;
*Le milieu complexe industriel Jorf Lasfar possède des atouts importants et
intéressants, à savoir l’activité des entreprises sur le milieu (l’industrie
chimique et para chimique, la sidérurgie et l’automobile) et l’emplacement
stratégique (la proximité de Casablanca et la présence d’un port) ;
*La question de l’innovation est aussi importante chez les entreprises du
complexe (ces différentes facettes, les éléments qui contribuent et les
entraves).
Garder une Tous ces éléments issus de l’observation passive ont été notés et enregistrés
trace de ses dans des Bloc-notes en vue de l’utiliser dans la reformulation des hypothèses
observations et la rédaction du questionnaire.
À la fin de l’année 2016, nous avons pu construire une idée sur le milieu
Une relecture complexe industriel Jorf Lasfar, c’est-à-dire comprendre son
de ce qui a fonctionnement, les principaux acteurs et entreprises ainsi que les logiques
été observé existants. Ainsi, nous avons essayé de reformuler ce qui a été observé sur le
terrain en vue de tirer une interprétation objective sur la possibilité de
vérifier nos hypothèses de recherche (adaptées par la suite) par le recours à
l’approche quantitative et son outil qui est le questionnaire.
Source : réalisé par nous-même.
246
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
À cet effet, les méthodes quantitatives visent à expliquer un objet de recherche par la
collecte des données numériques, souvent par l’utilisation du questionnaire et qui sont
analysées ensuite, par des méthodes basées sur des techniques mathématiques ou statistiques.
C’est pourquoi le chercheur, par le recueil des données réelles, cherche à vérifier et à tester les
hypothèses formulées sur des bases théoriques. Dans ce cas, nous avons décidé de mener une
enquête par questionnaire321 auprès des dirigeants ou des responsables d’entreprises existantes
sur le complexe industriel Jorf Lasfar en vue d’obtenir des réponses et de comprendre
« comment » le milieu a-t-il vraiment participé au dynamisme entrepreneurial.
320
Agathe COUVREUR A., LEHUEDE F., « Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à
partir d’un exemple : le passage à l’Euro vécu par les consommateurs », Cahier de recherche N°176 Novembre
2002, Centre de recherche pour l’Étude et l’observation des conditions de vie. P. 7. Disponible sur l’URL
http://www.dphu.org/uploads/attachements/books/books_512_0.pdf.
321
Cf Questionnaires en annexe.
247
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ainsi, tout chercheur soucieux de mener un travail de recherche scientifique est appelé
à distinguer entre une méthode qualitative et une méthode quantitative. Selon BRABET, cette
distinction est, de plus, ambiguë, car elle est basée sur une multitude de critères, à savoir
l’orientation de la recherche, le caractère objectif ou subjectif des résultats obtenus et la
flexibilité de la recherche322. Ces critères faisant la différence entre les deux approches vont
être détaillés comme suit:
322
BEN LATIFA S., (2006), Op.Cit. P. 11.
323
BAUMARD P., IBERT J., « Quelles approches avec quelles données », Sous la dir de THIETART, R-A., et
al, «Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 97-98.
324
Idem., P. 99.
248
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
coup, qu’il est difficile de procéder à chercher d’autres pistes de recherche ou d’avoir des
explications rivales.
Une fois nous avons construit notre cadre méthodologique et les raisons qui nous ont
poussé à choisir les deux approches de recherche. Nous exposons l’outil adopté pour collecter
les données, soit le questionnaire. En effet, le questionnaire permet d’interroger un
échantillonnage d’individus par des questions dites « fermées ». Trois étapes importantes à
respecter dans l’utilisation d’un questionnaire, à savoir la construction du questionnaire avec
le choix des échelles de mesure, un prétest pour vérifier la validité et la fiabilité de
l’instrument des mesures et l’administration définitive326. Ainsi, construire un questionnaire
325
C. CURCHOD, (2003), Op.Cit. P. 158-157.
326
BAUMARD P., « la collecte des données et la gestion de leurs sources », Sous la dir THIETART, R-A., et al,
« Méthodes de recherche en management », Édition DUNOD, 2003. P. 226- 233.
249
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
pour une recherche quantitative, c’est construire un instrument de mesure composé des
différents types d’échelle de mesure ( nominale, ordinale, d’intervalles ou de proportion).
Il est sans nul doute que la rédaction du questionnaire est la phase la plus délicate dans
la mise en oeuvre d’une enquête. D’après J-J ROUSSEAU « l’art d’interroger n’est pas si
facile qu’on pense. C’est bien plus l’art des maîtres que des disciples ; il faut déjà avoir
appris beaucoup de choses pour savoir demander ce qu’on ne sait pas »327. Ainsi, notre
questionnaire a été construit sur la base d’une littérature et des acquis théoriques, d’une part,
et, d’autre part, sur l’étude exploratoire qui nous a permis de découvrir le milieu complexe
industriel Jorf Lasfar. De même, nous avons bénéficié aussi de notre expérience
professionnelle qui nous a permis de connaître la réalité entrepreneuriale au niveau d’El-
Jadida ainsi que les caractéristiques de l’économie territoriale de la province, notamment par
des prises de contact avec des responsables de l’administration publiques 328
et des
entrepreneurs locaux.
À cet effet, notre questionnaire est subdivisé en quatre axes et chaque axe est composé
des questions et des sous-questions dont le total est de 46 questions selon plusieurs types,
c’est-à-dire des questions fermées dichotomiques ou multichotomiques et des questions
fermées avec une échelle d’intervalle à cinq positions « l’échelle de likert », sous cette forme :
1: très satisfait 2: satisfait 3: Plutôt satisfait 4:Plutôt pas satisfait 5 : Pas satisfait
327
Une citation de Jean Jacques ROUSSEAU.
328
[Ex : M. EL KALAI, responsable de la cellule création d’entreprise au CPI d’El-Jadida]
250
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En effet, notre questionnaire est composé de quatre thèmes et chaque thème retrace un
ensemble de questions en interdépendance. Ils sont formulés suit :
Thème 1 : l’entrepreneuriat
D’abord, la question numéro 2 présente un tableau qui met en exergue le rôle des
formalités administratives relative à la création d’entreprises et d’exercice d’activité, les
mesures fiscales et les démarches de financement dans le dynamisme entrepreneurial. Ainsi,
elle a pour but de mesurer le degré de satisfaction chez les entrepreneurs.
Puis, la question numéro trois est une question fermée intéressante, car elle offre aux
répondants la possibilité de s’exprimer sur la capacité du milieu dans la réduction de
l’incertitude et du risque pour les entreprises opérant dans le complexe.
Enfin, nous avons proposé dans la question numéro cinq, des éléments intéressants au
sein du complexe industriel Jorf Lasfar qui peuvent expliciter le pourquoi du thème 2 et
d’expliquer ainsi le lien entre le milieu entrepreneurial celui du complexe industriel Jorf
Lasfar et le dynamisme entrepreneurial. Citant l’exemple de quelques variables définies et
prises en considération :
252
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
253
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
En outre, après avoir achevé la phase de la collecte des données, nous avons fait appel
à deux logiciels SPSS330 et EXCEL (2013). En effet, par le recours à ces deux logiciels nous
avons pu obtenir, d’une part, une analyse descriptive et univariée des données par l’utilisation
des tableaux croisés dynamiques, et, d’autre part, d’avoir une analyse et une interprétation des
résultats par le test de Fisher et khi 2. L’analyse des résultats sera explicitée en détail dans la
section trois de ce chapitre.
329
ROUSSEL P., « Méthodes de développement d’échelles pour questionnaires d’enquête », sous la dire
ROUSSEL P. et WACHEUX F., « Management des ressources humaines. Méthodes de recherche en sciences
humaines et sociales », Édition de Boeck Supérieur, 2005. P. 254.
330
IBM SPSS Statistics 21.
254
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
255
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Dans ce paragraphe, nous voulons montrer à travers les deux logiciels SPSS et Excel
les caractéristiques de notre échantillonnage composé des entreprises installées au milieu
complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, pour mieux structurer notre échantillon, nous
utilisons, tout d’abord, une analyse descriptive, ensuite, une analyse univariée, et enfin une
analyse croisée dynamique à double entrées. Ainsi, les résultats obtenus seront présentés sous
forme de tableaux et des représentations graphiques.
256
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Selon le tableau ci-dessous, nous constatons que le milieu « complexe industriel Jorf
Lasfar » abrite à la fois des sociétés de petite taille ayant un effectif entre 1 et 15 salariés et
des sociétés ayant un effectif supérieur à 151 salariés. Chose qui reflète l’hétérogénéité de
l’échantillon.
Tableau 32: L’effectif des salariés dans les entreprises enquêtées
257
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Ici, nous allons présenter quatre variables qui vont nous permettre de connaitre le
monde de l’entrepreneuriat et de l’innovation au sein du complexe industriel Jorf Lasfar.
Donc, il s’agit, des formalités liées à l’entrepreneuriat, de l’entrepreneuriat innovant, le choix
du milieu complexe industriel Jorf Lasfar et les freins de l’innovation.
En effet, l’analyse descriptive des tableaux, ci-dessous donne une idée générale sur la
qualité des formalités en liaison avec l’entrepreneuriat sur le milieu « complexe industriel Jorf
Lasfar ». D’abord, le premier tableau relatif aux formalités de l’exercice d’activités, 40% des
entreprises enquêtées sont satisfaits des formalités relatives à la création d’entreprises.De
même, 36,7% des entreprises enquêtées sont plutôt satisfaites. Ces résultats approuvent les
efforts déployés par l’État en vue de faciliter la création d’entreprise, notamment par la mise
en place d’un guichet unique ayant pour objet de faciliter les démarches de création des
entreprises (le centre provincial d’investissement s’engage sur un délai qui s’étale de 2 à 5
jours à partir du dépôt du dossier pour accomplir les formalités de création).
Ensuite, le deuxième tableau relatif à l’exercice d’activité expose que, 43,3% des
entreprises enquêtées sont satisfaites des formalités d’exercice d’activité. Nous comprenons
par l’exercice de l’activité, les différents organismes professionnels et étatiques, intervenant
dans le monde de l’entrepreneuriat, à titre d’exemple la relation avec les autorités du port Jorf
Lasfar et de la collectivité Moulay Abdellah.
258
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Enfin, le dernier tableau relatif aux mesures fiscales, montre que 50% des entreprises
enquêtées déclarent qu’elles sont satisfaites desdites mesure tandis que 28,7% sont plutôt
satisfaites. Ces résultats signifient, que les mesures encourageantes à la fois pour la création
d’entreprise et pour son développement ont contribué au dynamisme entrepreneurial. Citons
par exemple, l’exonération quinquennale de la taxe professionnelle, le barème progressif pour
l’impôt sur les sociétés, l’exonération de TVA pour les biens d’investissements inscrit dans un
compte d’immobilisation et ouvrant droit à déduction pendant une durée de 36 mois à
compter du début d’activité, ainsi que les actions de dématérialisation (télé déclarations,
télépaiements) qui visent à répondre d’une manière efficace aux besoins des entreprises.
Tableau 34: Les formalités relatives à la création d’entreprise
259
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Nous cherchons à travers cette variable de connaitre le nombre des entreprises qui
s’intéressent à l’innovation. À cet effet, le tableau, ci-dessous, nous montre qu’un effectif de
15 sociétés installées sur le complexe Jorf Lasfar met l’innovation au cœur de leurs stratégies,
soit un pourcentage de 50%. De même, 13 sociétés sont intéressées par l’innovation et
considérées, chez elles, comme un projet envisageable dans le futur, soit un taux de 43,3%. .
Nous pouvons conclure que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » abrite des
entreprises innovantes et encourage les entreprises à introduire l’innovation dans la stratégie
de l’entreprise. Afin de répondre aux exigences du marché et aux attentes des opérateurs
économiques.
Tableau 37: L’entrepreneuriat innovant
1.2.3. Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises
Cette variable a pour objectif de déterminer l’élément le plus incitatif stimulant les
entreprises à s’installer au sein du complexe industriel Jorf Lasfar. Ainsi, dans notre
questionnaire, nous avons proposé au répondant quatre choix, à savoir les ressources, les
activités, l’emplacement stratégique et les avantages accordés.
Tableau 38: Le choix du milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » par les entreprises
Emplacement Avantages
Ressources Activités stratégique accordés
Effectifs des entreprises 2 28 19 11 19 11 3 27
Modalité de réponse Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non
Pourcentage 6,7 93,3 63,3 36,7 63,3 36,7 10 90
Pourcentage cumulé 100 100 100 100
Source : Notre questionnaire
D’après le tableau, ci-dessus, nous constatons que le choix du milieu « complexe
industriel Jorf Lasfar» par les entreprises opérantes a été effectué sur la base de deux facteurs
importants à savoir : l’activité et l’emplacement stratégique. D’abord, le choix de l’activité est
260
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
justifié par la nature et la qualité de l’activité existante sur place, ainsi que de l’interaction
entre les entreprises autour de cette activité. En ce qui concerne, l’emplacement stratégique
est considéré comme un actif du «complexe industriel Jorf Lasfar», et ce par l’existence du
port Jorf Lasfar qui participe dans le trafic national global par une part de 27,8% et se
positionne après celui de Casablanca qui en concentre 32%.
Selon les tableaux, ci-dessus, nous constatons que parmi les entreprises installées au
milieu «complexe industriel Jorf Lasfar », 13 entreprises ont mentionné que le principal frein
de l’innovation est le manque des moyens financiers, soit un taux de 43,3% presque la moitié.
Ensuite, une dizaine, des entreprises ont signalé que le frein à l’innovation est le manque
d’informations, soit un taux de 33,3%. Donc, ces résultats peuvent être interprétés comme
suit :
261
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
mission de regrouper et de diffuser l’information, ainsi que de les partager sur des sites
d’internet, des brochures et des panneaux d’affichage, en vue de leurs exploitations.
Freins à l’innovation
Dans ce point, nous allons présenter une analyse dynamique à double entrées. Ce
traitement va nous permettre d’analyser par le croisement de deux variables choisies de notre
questionnaire. En effet, le choix de ces variables a pour but d’expliquer le lien entre le milieu
complexe industriel Jorf Lasfar et l’innovation. Donc, cinq variables ont été choisies détaillés
comme suit :
262
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
l’information offerte par les entreprises à fort potentiel économique (des partenariats avec
l’OCP, et SONASID).
En fait, comme montre la figure ci-dessous, 24 entreprises enquêtées ont avancé que la
logique organisationnelle dans le complexe industriel Jorf Lasfar, est plutôt pas importante et
pas importante. Par ailleurs, 13 entreprises expliquent que le niveau de collaboration et de
coopération dans le complexe est plutôt pas important et pas important. À cet effet, la logique
organisationnelle signifie l’existence d’un réseau territorial regroupant à la fois les entreprises
et les acteurs territoriaux et fonctionne par des normes, des règles et un système de confiance,
conditionnant le niveau de collaboration et de coopération entre les entreprises. Donc, nous
constatons que la logique organisationnelle, dans le cas où elle serait bien structurée, favorise
la coopération et la coordination entre les entreprises et par la suite l’essor du dynamisme
entrepreneurial.
263
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
1.3.3. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme un
choix pour y exister dans le complexe industriel Jorf Lasfar
Cette analyse permet de montrer que les entreprises qui ont choisi le complexe
industriel Jorf Lasfar, pour la qualité de l’activité, possèdent des liens très importants avec
les entreprises à fort potentiel économique, notamment l’OCP, SONASID et JLEC.
Tableau 41: Le lien entre les entreprises à fort potentiel économique et l’activité comme
un choix pour y exister sur « le complexe industriel Jorf Lasfar »
À cet effet, nous constatons, d’après les résultats obtenus que parmi les 19 entreprises qui ont
choisi le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » pour la nature de ses activités, 6
264
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
entreprises possèdent un lien très important avec les entreprises à fort potentiel économique et
9 entreprises disposent d’un lien important avec les entreprises à fort potentiel économique.
Par contre, 3 entreprises des 19 entreprises ne conservent pas de lien avec lesdites entreprises.
Donc, le choix de créer une entreprise au complexe industriel Jorf Lasfar est influencé, d’une
part, par les activités répandues dans le complexe, et, d’autre part, par l’existence des
entreprises à fort potentiel économique de grande importance permettant d’offrir des contrats
de sous-traitance et de partenariat.
1.3.4. Les différentes facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation
Le tableau ci-dessous montre que 28 entreprises installées au milieu complexe
industriel Jorf Lasfar ont mentionné que l’innovation soit au cœur de leur stratégie ou soit un
projet envisageable dans le futur, alors que 2 entreprises ont exprimé que l’innovation n’existe
pas dans leur stratégie et leur projet. De même, les deux principaux freins qui limitent les
entreprises en matière d’innovation, sont surtout le manque d’informations et les moyens
financiers insuffisants. Ainsi, pour celles qui ont exprimé que l’innovation est un projet
envisageable, soit un taux de 43,3%, ont déclaré que le principal frein à l’innovation est les
moyens financiers insuffisants (9 entreprises sur 13). C’est pour cela que nous remarquons
que le milieu complexe industriel Jorf Lasfar incite les entreprises à adopter l’innovation dans
leur stratégie, en vue de répondre aux exigences du marché et de minimiser les coûts de
production.
Tableau 42: Les facettes de l’innovation et le principal frein à l’innovation
Moyens Total
Manque Compétence
L’indispensabilité financiers
d'informations nécessaire
insuffisants
Au cœur de
Pensez- votre 8 2 1 4 15
vous que stratégie
l'innovation Un projet
par ces envisageable 1 2 1 9 13
différentes dans le futur
facettes ? Ça ne vous
concerne 1 1 0 0 2
pas
Total 10 5 2 13 30
Source : Notre questionnaire
265
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
1.3.5. Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations
professionnelles comme choix à la création d’entreprises
Figure 36: Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations
professionnelles comme choix à la création d’entreprises
En fait, 22 entreprises opérant sur le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » ont
choisi le choix « relation professionnelle » comme une source de motivation pour la création
de leurs entreprises. Ainsi, parmi ces 22 entreprises, 73% ont déclaré, qu’elles possèdent, un
lien entre très important et plutôt important avec les entreprises à fort potentiel économique,
tel que l’OCP, SONASID et JLEC. Au moment d’entretien, les entrepreneurs ont exprimé,
qu’ils ont été des salariés dans des entreprises opérant dans le complexe, chose qui leur a
facilité de construire un carnet d’adresses. À cet effet, nous comprenons que le milieu à
travers ces acteurs, ces structures industrielles sur place et les relations professionnelles
tissées entre acteurs ont contribué vivement au dynamisme entrepreneurial. De même, nous
constatons aussi, à travers ce croisement, l’importance du réseau territorial dans le
renforcement des relations professionnelles.
Pour conclure, ce paragraphe a eu pour objet de présenter la structure de notre
questionnaire par la méthode statistique descriptive composée de trois types d’analyses, à
savoir l’analyse descriptive, l’analyse univariée et l’analyse croisée dynamique à doubles
entrées. En effet, cette méthode nous a permis tout, d’abord, de comprendre les
266
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
caractéristiques des entreprises qui ont répondu à notre questionnaire, notamment la forme
juridique et la nature de l’activité. Ensuite, par l’analyse univariée, nous avons pu découvrir la
réalité entrepreneuriale au sein du complexe industriel Jorf Lasfar, à travers une analyse des
formalités liées à l’entrepreneuriat, l’entrepreneuriat innovant et le choix du complexe par les
entreprises, ainsi que les freins liés à l’innovation exprimés par les entreprises. Enfin,
l’analyse croisée dynamique à doubles entrées qui vise à montrer l’importance du milieu
complexe industriel Jorf Lasfar dans le dynamisme entrepreneurial, notamment par sa
capacité de réduire le risque et l’incertitude, d’offrir l’information adéquate pour les
entreprises, de favoriser la collaboration et la collaboration entre les entreprises et d’inciter les
entreprises à s’installer par l’existence des entreprises à fort potentiel économique.
Paragraphe 2 : Analyse et interprétation des résultats
Dans ce paragraphe, nous allons analyser et interpréter les données du questionnaire,
et ce par l’utilisation des tests d’hypothèse. Cette méthode considérée comme une procédure
statistique permettant d’aboutir, en fonction de certaines règles de décision, à l’acceptation
d’une hypothèse statistique de départ nommée hypothèse « nulle » et notée classiquement H0
au dépend de l’autre hypothèse « l’hypothèse alternative »331. À cet effet, en recourant à deux
tests d’hypothèses, à savoir le test de Fisher qui vise à montrer l’impact entre les deux
variables qualitatives et le test de Khi 2 ayant pour objet de mesurer la dépendance et
l’association entre les variables qualitatives.
En effet, il s’agit d’étudier conjointement deux variables qualitatives en testant la
liaison statistique qui peut éventuellement exister entre deux variables. Si la liaison existe
entre deux variables, nous essaierons de spécifier et d’évaluer son intensité.
2.1. Le test de Fisher
Nous commençons notre analyse statistique par le test de Fisher. À cet effet, nous
allons, tout d’abord, présenter le test et les mécanismes de son utilisation, ensuite, nous
formulons les hypothèses afin de calculer le Fisher calculé et le Fisher théorique, et enfin nous
interprétons les résultats obtenus.
2.1.1. Présentation du test de Fisher
Ce test est appliqué pour tester la validité globale du modèle et on émet en premier lieu les
hypothèses suivantes :
H0 : a1 = 0 (R2 = 0) pas de relation
H1 : a1 ≠ 0 (R2≠ 0) une relation existe entre les deux variables.
331
HUNAULT G., « Quelques rappels sur les Analyses Statistiques », cours d’étude présenté à l’Université
d’Angers, 2005. P. 15-26. Disponible sur l’URL : http://www.info.univ-angers.fr/pub/gh/
267
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
𝐑2 𝒏−𝒌
Ce test est construit en comparant la statistique calculée de Fisher 𝑭𝒄 = 1−𝑹2 ∗ 𝒌−1 par la
Puisque, l'application et les critères de décisions des tests statistiques évoqués ci-haut
restent valables pour l'économétrie manuelle. Nous avons décidé, dans notre analyse, à utiliser
le logiciel SPSS pour faciliter le calcul de l’indice de Fisher théorique et observé, ainsi de
rejeter l’hypothèse nulle H0.
Nous allons procéder dans le point suivant à la formulation des hypothèses et au calcul
de l’indice Fisher à l’aide d’Excel 2010
2.1.2. Le calcul du Fisher calculé et le Fisher théorique
En effet, le tableau, ci-dessous, expose la formulation des hypothèses et la
comparaison entre le Fisher calculé et le Fisher théorique :
268
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
269
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
les liens entre les acteurs), d’un savoir-faire industriel (la sidérurgie, l’automobile, l’énergie et
l’industrie chimique et para chimique) et d’une coordination et coopération entre les différents
acteurs. C’est pourquoi la qualité de l’activité, dans le complexe, a permis, d’une part, de
développer une logique territoriale fondée sur une proximité et une interaction entre les
acteurs et les entreprises, et, d’autre part, d’appréhender l’innovation par ces différentes
facettes en vue d’accompagner la technologie et l’innovation relative à l’activité.
De même, la variable l’emplacement stratégique comme choix du complexe industriel
Jorf Lasfar a un effet sur la variable ; l’activité de l’entreprise et le milieu peut réduire
l’incertitude et le risque pour les entreprises. D’abord, l’emplacement du complexe au
carrefour des routes (une heure de Casablanca, la capitale économique du Maroc, deux heures
de la ville de Marrakech et Rabat) présentent un atout important pour minimiser l’incertitude
aux entreprises opérantes dans le complexe et par la suite d’être choisi pour se localiser. De
plus, l’existence d’un actif territorial important, celui du port Jorf Lasfar a permis de valoriser
l’emplacement du complexe. Ainsi, selon les données recueillies, la majorité des entreprises
enquêtées de nature entreprise industrielle (16 entreprises industrielles et 10 entreprises de
services industriels) a choisi le complexe pour l’emplacement stratégique.
De plus, selon le tableau, ci-dessus, la variable expérience comme motivation pour la
création d’entreprises dispose d’un lien avec un ensemble des variables à savoir la relation
avec les entreprises à fort potentiel économique, les ressources et l’activité comme choix du
complexe industriel Jorf Lasfar. En effet, ce lien est expliqué par le fait que la création
d’entreprises est faite par des personnes qui ont accumulé une expérience dans un domaine
donné et qui ont tissé de bonnes relations avec les entreprises à fort potentiel économique,
notamment OCP et SONASID. Ainsi, l’entrepreneur qui dispose d’une expérience est capable
de chercher et trier l’information utile à son entreprise, d’après KIZNER. Donc,
l’entrepreneur qui crée son entreprise par motivation d’expérience possède les compétences et
les aptitudes nécessaires pour sélectionner les ressources, choisir l’activité de son entreprise et
de s’y installer dans le complexe.
En outre, nous montrons, aussi, à travers le test de Fisher, un impact entre la variable
les relations professionnelles comme motivation pour la création d’entreprises et d’autres
variables à savoir, le milieu peut réduire l’incertitude et le risque pour les entreprises, la
culture entrepreneuriale au sein du complexe, le lien avec les entreprises à fort potentiel
économique et la logique territoriale. À cet effet, ce lien est expliqué par le fait que la création
d’entreprises dans un milieu est motivée par des facteurs issus des relations professionnelles,
telles que la parfaite maîtrise d’activité et des relations professionnelles construites par
271
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
secteurs d’activité. En conséquence, ces facteurs sont pleinement exprimés dans le complexe
industriel Jorf Lasfar. D’abord, un milieu qui réduit le risque et l’incertitude (26 entreprises
ont répondu par oui, soit un taux de 86,7%). Puis, le lien avec les entreprises à fort potentiel
économique (21 entreprises ont exprimé, qu’ellesdisposent d’un lien entre très important et
important, soit un taux de 70%). Ensuite, la logique territoriale est manifestée dans le
complexe sous la forme d’une proximité territoriale et une interaction entre les différents
acteurs (MARSA MAROC, OCP, SONASID, la commune Moulay Abdellah, universités) et
entreprises (clients et fournisseurs). Cette logique peut impacter d’une manière ou d’une
autre, la création d’entreprises par un encastrement relationnel. De même, certaines
entreprises au moment de la création de son affaire, dans le complexe industriel Jorf Lasfar,
ont bénéficié de leurs réseaux professionnels qui ont offert soit des carnets d’adresses ou soit
un encadrement au démarrage. En prenant l’exemple de l’entreprise Ciment de l’Atlas, gérée
par un ancien cadre de la SONASID Jorf, ainsi que l’entreprise AMA Détergent qui a
bénéficié de son expérience en tant que salarié dans la société KAPACHIM MAROC,
entreprise étrangère soumise au droit marocain et spécialiste des produits de détergent, de plus
la société SITELECM Sarl créée par un ingénieur dans la SONASID JORF, qui lui a permis
de connaitre bien l’activité de la sidérurgie.
Enfin, le dernier lien, dont nous avons opté, à exposé selon le test de Fisher est la
relation entre le diagnostic mené par l’entrepreneur et l’intention du déménagement du
complexe industriel Jorf Lasfar. Donc, les entreprises qui ont mené un diagnostic pour
connaître et identifier les opportunités et atouts du complexe industriel Jorf Lasfar, refusent de
quitter le complexe en question (18 entreprises parmi 30 ont réalisé un diagnostic et n’ont pas
l’intention de déménager). Comme déjà évoqué, l’entrepreneur qui connaît le succès et la
réussite est celui qui cherche l’information cachée et utile, en vue de l’exploiter pour son
propre compte.
En résumé, nous mettons fin à notre analyse relative à l’impact d’une variable sur
d’autres variables selon le test d’hypothèse de Fisher. Par conséquent, nous pouvons conclure
que le milieu « complexe industriel Jorf Lasfar » participe au dynamisme entrepreneurial. Ce
dynamisme est expliqué à la fois, par la qualité du complexe à réduire le risque et
l’incertitude, acquise par une proximité territoriale et institutionnelle des différents acteurs
territoriaux. Ainsi qu’aux approches de l’ingénierie territoriale, notamment le capital social
territorial exprimé sous la forme du réseau territorial «complexe industriel Jorf Lasfar » et
l’approche de l’encastrement territorial qui met en place un climat de confiance et de
272
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
solidarité. Pour plus de viabilité et de validité des données acquises, nous avons fait appel à
un autre test statistique plus connu, à savoir le test de khi 2.
2.2. Test de khi 2
Comme d’habitude nous commençons notre analyse par la présentation du test de KHI
2 ainsi que ses mécanismes, ensuite, nous passons au calcul du Khi 2 et les coefficients
relatifs, et enfin nous interprétons les résultats obtenus.
2.1.1. Présentation du test de khi 2
Ce test est utilisé pour tester l’adéquation d’une série de données à une famille de lois
de probabilité ou de tester l’indépendance entre deux variables aléatoires. En effet, comme
dans le test précédant l’hypothèse nulle signifie l’absence d’une relation ou l’indépendance
entre deux variables catégorielles. Tandis que l’hypothèse (H1) signifie la dépendance entre
les deux variables. Ainsi, nous comprenons par l’indépendance, que la valeur d’une des deux
variables ne nous donne aucune information sur la valeur possible de l’autre variable.
H0 : les deux variables qualitatives sont indépendantes
H1 : la dépendance des deux variables
L’hypothèse nulle est rejetée lorsque P (probabilité) ≤0,05
Ensuite, en vue d’apprécier la force d’association entre les variables catégorielles,
nous nous référons à des tests complémentaires sur les mesures symétriques, notamment le
coefficient Phi, le V de Cramer ou le coefficient de contingence. Le résultat de ces tests se
situe entre 0 et 1.
Coefficient Phi : cette mesure est pertinente pour les tableaux 2x2 seulement. La valeur
s’interprète directement selon les balises de taille d’effet de la corrélation de Pearson.
V de Cramer : cette mesure d’association est valable pour tous les tableaux plus grands
que 2x2. Pour l’interprétation, il suffit de situer le V calculé sur une échelle entre 1 et 0.
Plus V est proche de 0, plus il y’a une indépendance entre les deux variables étudiées, et
vice-versa.
Le coefficient de contingence : le même rôle et la même interprétation que le V de
Cramer (sauf dans un tableau 2x2). Ce coefficient dépend de la taille de l’effectif, il ne
sert qu’à comparer des tableaux de même taille.
Dans le point suivant, nous allons procéder à sélectionner et à formuler les hypothèses
pertinentes qui peuvent renforcer notre raisonnement. Ensuite, nous calculons le Khi 2 et nous
mesurons la force de l’association par des tests complémentaires à savoir, le coefficient Phi, V
de cramer ou le coefficient de contingence, tout en prenant en compte la taille du tableau. Le
khi 2 et les tests seront calculés à l’aide du logiciel « IBM SPSS Statistics 21 ».
273
La variable X La variable Y valeur valeur de valeur valeur de Valeur de
Khi 2 rapport de Phi V de coefficient
vraisembla Cramer de
nce contingenc
e
Activité comme choix du « Emplacement stratégique comme 0,002 13,566 0 0,579 0,501
complexe industriel Jorf Lasfar choix du complexe industriel Jorf
Lasfar »
« L’organisation » comme un aspect de 0,048 9,407 0,651 0,651 0,546
l’innovation dans l’entreprise
«Création de la valeur ajoutée » comme 0,009 6,85 0 0,480 0,433
une participation au développement
« Relation professionnelle »
Khi 2 et les tests complémentaires.
Des contacts avec l’université ou les 0,042 6,235 0,460 0,460 0,418
institutions liées à la formation et à la
274
recherche dans le cadre de votre activité
2.2.2. Le calcul de khi 2 et les coefficients relatifs
« Avantages accordés » comme « Véhiculé une bonne image du 0,040 4,709 0,375 0,375 0,351
complémentaires
L’intention de déménager du
« Le capital humain » comme élément 0,020 3,913 0 0,423 0,390
complexe
qui contribue à l’innovation
Tableau 44: La validation des hypothèses d’après le test de Khi 2 et les test
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La densité des PME sur le complexe 0,000 9,151 0,681 0,681 0,563
Le tableau ci-dessous expose la formulation des hypothèses pertinentes, la valeur de
«Création de la valeur ajoutée » comme une participation au 0,030 12,853 0,816 0,577 0,632
développement territorial à la province d’El-Jadida
Partenariat avec l’université et les centres de recherche comme 0,037 9,320 0,531 0,531 0,469
élément qui contribue à l’innovation
Capital humain qualifié comme élément qui contribue à l’innovation 0,008 10,329 0,628 0,628 0,532
275
Différents types d’informations 0,017 17,814 0,907 0,524 0,672
Freins à l’innovation
Création de la valeur ajoutée comme une participation au 0,021 27,852 0,967 0,558 0,695
développement territorial à la province d’El-Jadida
«L’aide apportée aux entreprises » comme une participation au 0,035 27,313 1,005 0,580 0,709
développement territorial à la province d’El-Jadida
«Véhiculé une bonne image du territoire à l’échelle national et 0,031 26,461 1,011 0,584 0,711
international» comme une participation au développement territorial
à la province d’El-Jadida
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
La nature de l’activité « Valorisation des ressources spécifiques» comme une participation 0,006 27,289 1,233 0,611 0,774
au développement territorial à la province d’El-Jadida
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Après avoir formulé les hypothèses et procéder aux calculs des quantités de khi 2 ainsi
que les mesures symétriques. Nous allons chercher à interpréter les résultats obtenus et à
valider les hypothèses relatives à l’innovation et au développement territorial.
À cet effet, nous commençons par la relation entre la variable « activité » comme
choix du complexe industriel Jorf Lasfar et la variable « emplacement stratégique »
comme choix du complexe. La dépendance entre ces deux variables est expliquée par le fait
que le complexe possède deux facteurs attrayants et complémentaires, c’est-à-dire une activité
industrielle diversifiée et un emplacement stratégique caractérisés par la proximité du capital
économique Casablanca, du port Jorf Lasfar et des entreprises à fort potentiel économique
(OCP, JLEC). De plus, la dépendance est expliquée par le fait que 8 entreprises de 30
enquêtées ont choisi à la fois ces deux facteurs.
La variable «les relations professionnelles» comme motivation pour la création
d’entreprises.
Ensuite, à travers le test de Khi 2, nous avons constaté une dépendance entre la
variable «les relations professionnelles» comme motivation de la création d’entreprises et un
ensemble des variables, notamment, les contacts avec l’université ou les institutions liées à la
formation et à la recherche, les facettes de l’innovation, l’organisation comme aspect de
l’innovation dans l’entreprise et «création de la valeur ajoutée » comme participation au
développement territorial à la province d’El-Jadida. Pour une meilleure interprétation, nous
abordons chaque relation d’une façon indépendante.
La première relation est expliquée par le fait que l’encastrement relationnel d’un
entrepreneur dépend à la fois des relations métiers qui lui permettent de tisser des contacts et
des relations avec l’université et les instituts de recherche. Ainsi, ils contribuent au
développement et d’amélioration de son activité. À cet effet, nous constatons que le milieu
qui dispose des centres de formation et des instituts de recherche peut favoriser un dynamisme
entrepreneurial soit par des facteurs stimulants à la création d’entreprises (l’échange de
l’information) ou soit par l’attractivité des entreprises à s’y installer. Concernant l’intensité de
la relation est moyen, et ce par la constitution du complexe Jorf Lasfar.
La deuxième relation lie « les relations professionnelles » et les facettes d’innovation.
En effet, les entrepreneurs ayant créé leurs entreprises par le recours aux «relations
professionnelles» ont plus d’intérêt à innover, que les autres. D’après la typologie des
entrepreneurs de Marchesnay, l’entrepreneur qui possède une légitimité territoriale et
276
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Après avoir montré le lien entre la création d’entreprises par les stimulants « les
relations professionnelles » et les différentes facettes de l’innovation, nous passons
maintenant à expliquer en quoi les entreprises créées ont plus tendance à innover dans l’aspect
organisation que dans d’autres aspects. D’abord, 11 entreprises enquêtées, soit un taux de
36,7%, ont choisi l’aspect organisation comme aspect d’innovation dans le complexe
industriel Jorf Lasfar. Ces entrepreneurs connaissent mieux le complexe Jorf Lasfar qui est
caractérisé par une activité industrielle évolutive et des opérateurs économiques exigeant en
matière de respect des normes et des valeurs (93,3% ont déclaré que le niveau des normes et
des valeurs est important). Donc, cet état de fait pousse les entrepreneurs à s’incliner sur
l’aspect organisation en matière d’innovation. Ainsi, nous constatons que le milieu territorial
qui exige aux entrepreneurs installés, la facette d’innovation à développer.
Enfin, la relation avec « la création de la valeur ajoutée comme une participation au
développement territorial ». Cette relation est expliquée par le fait que ces entrepreneurs
disposent des processus de production performants, un capital humain compétent et des
relations professionnelles avec un ensemble des acteurs. Tous ces éléments cités permettent
au tissu entrepreneurial dans le complexe à participer au développement territorial par la
création de la valeur ajoutée. Donc, cette variable permet de se prononcer sur la variable du
277
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278
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Nature de l'activité
Industrie BTP Commerce Service Service Total
Industriel
l'intention de Oui 0 1 0 2 1 4
déménager du 16 0 1 0 9 26
complexe industriel Non
Jorf Lasfar
Total 16 1 1 2 10 30
Source : Notre questionnaire
Ensuite, une dépendance entre la variable, l’intention de se déménager du complexe et
le capital humain, comme élément qui contribue à l’innovation. En effet, cette relation est
expliquée par le fait que 4 entreprises parmi 30 souhaitant se délocaliser, dont deux ont
avancé que le capital humain est considéré comme un handicap pour l’innovation et par la
suite pour le développement territorial. Tandis que 24 entreprises de notre échantillonnage ont
préféré de continuer à exister dans le complexe industriel Jorf Lasfar, et ce pour l’importance
du capital humain et de sa contribution à l’innovation. En conséquence, nous pouvons
conclure que cette qualification du capital humain est justifiée par la qualité, d’incubateur
d’innovation, que possède le complexe industriel Jorf Lasfar d’être un incubateur
d’innovation. L’innovation est née suite aux interactions développées entre les différents
acteurs et entreprises. Le graphique ci-dessous traduit bien cette interprétation.
Figure 38: Le lien entre l’intention de se démanger du complexe industriel Jorf Lasfar et
le capital humain comme élément qui contribuent à l’innovation
Total 2 28 30
Source : Notre questionnaire
La variable de l’innovation par ces différentes facettes dans la stratégie d’entreprises :
280
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Nature de l'activité
Industrie BTP Commerce Ser Service
Total
vice industrie
l
Pensez- Au cœur de votre 9 0 0 0 6 15
vous que stratégie
l'innovati Un projet envisageable 7 1 0 2 3 13
on par ces dans le futur
différente
s facettes Ça ne vous concerne pas 0 0 1 0 1 2
Total 16 1 1 2 10 30
Source : Notre questionnaire
La deuxième relation de dépendance qui nous intéresse est la relation entre les
différentes facettes d’innovation d’une part, et, d’autre part, la création de la valeur comme
participation au développement territorial » à la province d’El-Jadida. En effet, selon le
tableau ci-dessous, nous constatons que les entreprises qui considèrent l’innovation comme
une affaire secondaire ne participent guère au développement territorial. Tandis que, la moitié
des entreprises qui mettent l’innovation au cœur de la stratégie participe au développement
territorial. Donc, 1/3 des entreprises innovantes placent « la création de la valeur » comme
participation au développement territorial entre le 1er rang et le 3ème rang. Le deuxième 1/3
envisage de mettre l’innovation dans la stratégie d’entreprise et par la suite d’avoir des effets
positifs sur la création de valeur.
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Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Au cœur de votre 3 4 5 2 1 0 15
stratégie
Pensez-vous que
l'innovation par Un projet envisageable 2 5 2 4 0 0 13
ces différentes dans le futur
facettes
Ça ne vous concerne 1 0 0 0 0 1 2
pas
Total 6 9 7 6 1 1 30
Source : Notre questionnaire
282
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Pour conclure, une dernière relation de dépendance a été évoquée. Cette relation est
exprimée à travers une série de croisements, liant les freins à l’innovation d’une part et,
d’autre part, des variables telles que, la place de l’innovation dans la stratégie de l’entreprise,
le partenariat avec l’université et les centres de recherche comme élément qui contribue à
l’innovation, les différents types d’informations et le développement territorial dans la
province d’El-Jadida. Afin de mieux comprendre cette relation, nous étudions chacune des
relations d’une manière indépendante :
D’abord, une forte relation constatée, entre les freins à l’innovation et l’innovation
dans la stratégie de l’entreprise. D’après le graphique ci-dessous, la majorité des entreprises
dans le complexe exprime que l’innovation est un moyen de réduire les coûts ainsi qu’une
façon de répondre aux exigences du marché, à hauteur de 43,3% pour chaque choix.
Cependant, l’entrave réside dans le manque de l’information et les moyens financiers alloués
pour l’innovation. En effet, dans le complexe Jorf Lasfar les entreprises sont appelées à
accompagner le dynamisme entrepreneurial et les interactions entretenues, par une stratégie
d’innovation adaptée au secteur d’activité d’entreprise.
Figure 40: Le principal frein à l’innovation et l’innovation dans la stratégie de votre
entreprise
283
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
entreprises ont exprimé que le milieu offre la possibilité de détecter une opportunité d’affaire,
mais ne possédant pas les moyens financiers pour l’exploiter. Donc, selon ces données, nous
comprenons que le milieu souffre d’un handicap majeur, celui d’offreur d’informations. Par
conséquent, cet handicap limite le développement de l’entrepreneuriat et le pouvoir de
minimiser le risque et l’incertitude d’après A. Julien.
Parmi les freins à l’innovation exprimée par les entreprises, nous constatons qu’il y a
une dépendance entre l’absence d’un contact avec l’université ou les institutions liées à la
formation et à la recherche et le manque d’information. Cette dépendance est expliquée par
l’absence d’une stratégie d’État en matière de gouvernance territoriale qui permet de créer une
synergie entre les différents acteurs territoriaux et qui limite la mise en place d’un système
d’innovation sur place.
284
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285
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Conclusion
286
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CONCLUSION GÉNÉRALE
287
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Sur le plan théorique, notre travail cherche à mener une réflexion sur les notions de
l’entrepreneuriat et le territoire. Ainsi, d’expliquer le rôle du milieu territorial dans le
dynamisme entrepreneurial à travers les variables clés. À cet effet, ces apports théoriques sont
présentés comme suit :
Pour le premier chapitre, nous avons constaté, d’après une revue de littérature, que le
concept de l’entrepreneuriat est toujours dans un cadre de pré-théorie, ainsi qu’il n’y a pas un
accord sur la définition du concept de l’entrepreneuriat. Cela est notamment approuvé par
Emile-Michel Hernandez (2001), par lequel précise que les résultats obtenus d’après de
nombreuses recherches empiriques ont permis à une meilleure connaissance du phénomène,
mais n’ont pas permis de produire et de tester des modèles explicatifs et productifs, ainsi que
de construire une véritable théorie de l’entrepreneuriat. C’est pourquoi le champ reste encore
au stade d’un chantier de recherche et d’une problématique en voie de conceptualisation qu’au
stade d’une théorie solide.
considéré comme un acteur qui assure son développement. De même, nous avons présenté
l’organisation territoriale par laquelle nous avons abordé les économies primordiales
constituant cette organisation territoriale ; à savoir l’économie d’externalité expliquée par le
fait que lorsqu’une activité induit des coûts ou des bénéfices pour un autre agent qui n’est pas
impliqué directement, l’économie d’agglomération qui est l’idée que les bénéfices retirés par
une entreprise du fait d’être localisée proche à d’autres firmes augmentent avec le nombre de
firmes localisées au même endroit et enfin l’économie des ressources qui d’après B.
PECQUEUR (2003), le territoire est un conteneur de ressources : matérielles, immatérielles,
génériques et spécifiques.
Enfin, nous avons présenté le projet de développement territorial qui est une version
de développement local basé, de plus, sur la mobilisation et la valorisation des potentialités du
milieu, en vue de résoudre les problèmes rencontrés au territoire, notamment l’exclusion,
l’instabilité et le problème d’emploi. Ce projet de développement nécessite le recours à une
stratégie territorial de coordination, d’où l’importance de la gouvernance territoriale. Selon A
TORRE (2000) la gouvernance est considérée comme un modèle de coordination qui vise à
intégrer les mécanismes productifs et institutionnels dans les dimensions locales (proximité
géographique vs proximité organisationnelle) et globales. La gouvernance territoriale apparaît
comme l’expression des tensions et des arbitrages entre différents intérêts au niveau local.
289
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Nous avons présenté, sur le plan empirique et méthodologique, les résultats d’une
approche qualitative et quantitative menées conjointement sur le complexe industriel Jorf
Lasfar afin de montrer l’importance du milieu dans le dynamisme entrepreneurial. D’abord,
l’approche qualitative exploratoire consiste par la stratégie de l’étude de cas et l’observation
passive à découvrir et comprendre la réalité et le fonctionnement du complexe industriel Jorf
Lasfar. C’est-à-dire, les principaux acteurs et entreprises ainsi que les différentes logiques
existant entre acteurs. Ensuite, l’approche quantitative, notamment par l’outil questionnaire,
nous a permis d’obtenir des réponses auprès des entreprises opérantes dans le complexe
industriel Jorf Lasfar en vue de vérifier les hypothèses posées. Ces données collectées ont été
analysées et traitées par l’utilisation de deux logiciels, à savoir SPSS 21 et EXCEL (2013).
290
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Par ailleurs, nous résumons, ci-dessous, les résultats constatés qui sont, par
conséquent, les apports empiriques de notre travail de recherche :
291
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Dans les perspectives de recherche, il serait intéressant dans le futur à compléter cette
recherche, liant entre le phénomène entrepreneurial et l’approche territoriale, notamment par
le renforcement et le développement de la notion du milieu territorial. Ainsi, de renforcer le
fonctionnement des réseaux territorialisés par des politiques industrielles pointues favorisant
le dynamisme entrepreneurial et des stratégies de gouvernance territoriale adoptées aux
spécificités territoriales.
293
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
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Tableau 1: Les caractéristiques le plus souvent attribuées aux entrepreneurs par les
spécialistes en comportement ................................................................................................... 26
Tableau 2: Les différentes visions de l’approche par les processus ......................................... 28
Tableau 3: Les approches qui sous-tendent l’évolution du concept......................................... 28
Tableau 4: L’approche de Schumpeter de l’entrepreneur ........................................................ 40
Tableau 5: La typologie d’entrepreneur proposé par Norman SMITH .................................... 44
Tableau 6: La typologie d’entrepreneur proposé par Miles et Snow ....................................... 45
Tableau 7: Les niveaux de performance de la légitimité concurrentielle ................................ 49
Tableau 8: La typologie d’entrepreneurs proposée par M. MARCHESNAY ......................... 49
Tableau 9: Les profils de l’entrepreneur selon Émile Michel HERNANDEZ ........................ 50
Tableau 10: Les étapes du processus entrepreneurial classique ............................................... 65
Tableau 11: Les principales approches de l’économie spatiale ............................................... 80
Tableau 12 : Les principales ressources génériques et ses caractéristiques ............................. 90
Tableau 13: La déclinaison des proximités dans les publications du groupe de dynamique de
proximité .................................................................................................................................. 97
Tableau 14: Le croisement des deux proximités et ses résultats en termes d’interactions .... 102
Tableau 15: L’approche transactionnelle et l’approche résiliaire du SPL selon C. Courlet .. 109
Tableau 16: Les deux approches résumant le cluster selon A. HAMDOUCH ...................... 111
Tableau 17: Où sont les clusters aujourd’hui ? ...................................................................... 112
Tableau 18: Du développement local au développement territorial ...................................... 123
Tableau 19: Les facteurs exogènes et endogènes du milieu entrepreneurial ......................... 149
Tableau 20 : Les formes d’intégration, d’arrangements institutionnels et d’encastrement
social des relations économiques ........................................................................................... 168
Tableau 21: La Distinction entre innovation incrémentale et innovation radicale ................ 184
Tableau 22: Les trois types de proximité d’après Dimitri UZUNIDIS ................................. 200
Tableau 23: Les formes d’entrepreneuriat dominantes au Maroc selon D. FERHANE (2009)
................................................................................................................................................ 209
Tableau 24: Le nombre de création d’entreprises selon la DPI d’El-Jadida ......................... 214
Tableau 25: le rôle du CRI Doukala-Abda dans la promotion de l’entrepreneuriat .............. 214
Tableau 26: l’accroissement de la population des provinces d’El-Jadida et Sidi Bennour ... 217
Tableau 27: Les économies territoriales de la province d’El-Jadida ..................................... 222
Tableau 28: Les principaux paradigmes épistémologiques ................................................... 231
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Figure 29: L’entrepreneuriat et le territoire dans le complexe industriel Jorf Lasfar ............ 228
Figure 30: Le raisonnement déductif de notre travail de recherche ...................................... 235
Figure 31: Les différents designs d’étude de cas selon R. K. YIN (2009) ............................ 243
Figure 32: L’architecture de l’épistémologie et de la méthodologie de recherche ............... 255
Figure 33: La nature de l’activité des sociétés enquêtées ...................................................... 258
Figure 34: Le principal frein à l’innovation .......................................................................... 262
Figure 35: La logique organisationnelle et le niveau de collaboration et de coopération entre
les entreprises ......................................................................................................................... 264
Figure 36: Le lien avec les entreprises à fort potentiel économique et les relations
professionnelles comme choix à la création d’entreprises ..................................................... 266
Figure 37: Le lien entre les relations professionnelles comme choix à la création d’entreprise
et les différentes facettes à l’innovation ................................................................................. 277
Figure 38: Le lien entre l’intention de se démanger du complexe industriel Jorf Lasfar et le
capital humain comme élément qui contribuent à l’innovation ............................................. 279
Figure 39: Les différentes facettes de l’innovation et la valorisation des ressources
spécifiques comme participation au développement territorial .............................................. 282
Figure 40: Le principal frein à l’innovation et l’innovation dans la stratégie de votre
entreprise ................................................................................................................................ 283
317
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Annexe 1:Le questionnaire de recherche auprès des entreprises installées dans le complexe
industriel Jorf Lasfar .............................................................................................................. 319
Annexe 2: La liste des entreprises ayant répondu à notre questionnaire ................................ 326
Annexe 3: La classification des entrepreneurs marocains selon S. Tangeoui (1993) ............ 329
Annexe 5: les incitations fiscales pour la création d’entreprises au Maroc, d’après le Code
Général des Impôts (2007) ..................................................................................................... 331
318
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Questionnaire
Le présent questionnaire, auquel vous êtes priés de répondre, est réalisé dans le cadre d’une
thèse académique en science de gestion, Laboratoire Entrepreneuriat et développement local à
l’Université Mohammed V Souissi - Sale. Il a pour but de montrer le rôle du milieu
« complexe Industriel Jorf Lasfar » dans le dynamisme entrepreneurial et au développement
territorial.
En effet, le présent travail de recherche porte principalement sur l’étude du lien entre
l’entrepreneuriat et le territoire à travers le concept du milieu qui est défini par une logique
d’interaction et d’apprentissage.
Nous vous remercions d’avance de bien vouloir consacrer quelques minutes pour remplir le
questionnaire. La confidentialité de vos réponses est garantie, ainsi que les informations
recueillies ne seront utilisées qu’à des fins scientifiques.
En vous remerciant de votre collaboration à cette recherche.
El Aidouni Anass
Laboratoire d’Entrepreneuriat et
Développement Local (LEDL)
L’Université Mohammed V Souissi - Sale.
: 06 66 10 59 61
[email protected]
319
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Entreprise : …..………………………............…..……………….....
Siège social : …..………………………............................................
Votre fonction dans l’entreprise : …..………………………............
Votre E-mail : …..………………………..........................................
Votre numéro de téléphone : .............................................................
Thème 1 : Entrepreneuriat
1. Forme Juridique :
SA SARL SNC SCA
-Si autre, Merci de préciser : ………………………....
2. Année de création : ……………....................................
3. Effectif : 0-15 15-50 51- 150 >151
4. Nature de l’activité :
L’industrie BTP Commerce Service
-Si autres, Merci de préciser : ………………………....
5. Votre local est-il sur le complexe Industriel Jorf Lasfar ?
Oui Non
-Si non, pourquoi :
Budget Absence d’une structure industrielle Manque de proximité
Sécurité environnementale
Si vous êtes un entrepreneur local (personnes physique), veuillez répondre aux
questions de 6 à 10.
320
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
Plutôt satisfait
Très satisfait
Pas satisfait
Plutôt pas
satisfait
satisfait
1 Les formalités administratives relatives à la création
d’entreprise.
2 Les formalités administratives relatives à l’exercice de
l’activité.
3 Les mesures Fiscales
3. Pensez-vous que le milieu « complexe Industriel Jorf Lasfar » peut réduire l’incertitude et le
risque pour les entreprises opérantes dans le complexe :
Oui Non
4. Cette question concerne l’information au sein du complexe industriel Jorf Lasfar.
4.1 Le complexe industriel Jorf Lasfar offre-t-il l’information adéquate pour les
entreprises existantes dans le site (une opportunité d’affaire, une nouvelle technologie,
une connaissance...):
Oui Non
4.2 Si oui, précisez le type d’informations :
Une opportunité d’affaires Une nouvelle technologie Une connaissance
Un partenariat
-Si Autres, Merci de préciser : ………………………....…………………
4.3 Comment avez-vous détecté cette information ? : (deux choix possibles)
Les journaux Les sites d’internet Les acteurs publics (CRI)
Les réseaux territorialisés Des contacts personnels privés
321
Entrepreneuriat, milieu et développement territorial Cas du complexe industriel Jorf Lasfar
5. Selon vous, comment vous appréciez les éléments suivants au sein du complexe industriel
Jorf Lasfar:
Très important
N°
Plutôt important
Pas important
Important
important
Plutôt pas
1 Niveau de coordination avec les administrations locales
(centre provincial d’investissement, la Direction provinciale des
Impôts, la commune Moulay Abdellah,...)
2 Niveau de collaboration et de coopération entre les
entreprises
3 Climat de confiance (entre les fournisseurs, les clients...)
322
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Pas importante
Importante
importante
importante
Plutôt pas
Plutôt
323
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Création d’emploi
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SOMMAIRE .............................................................................................................................. 2
INTRODUCTION GÉNÉRALE................................................................................................ 7
Le contexte de la recherche ........................................................................................................ 7
La problématique et les hypothèses de recherche ...................................................................... 9
La méthode de travail ............................................................................................................... 12
La structure et le plan détaillé de la thèse ................................................................................ 15
Chapitre I : Cadre théorique et conceptuel d’entrepreneuriat ................. 18
Introduction ...................................................................................................... 19
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Introduction ...................................................................................................... 76
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