La Mutation

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 4

II.

Les facteurs de la variation des fréquences alléliques

INTRODUCTION

Les populations naturelles s'écartent toujours des conditions théoriques idéales. Les effectifs

de ces populations sont limités, fluctuent au cours du temps et les différents génotypes se

distinguent par des capacités reproductives différentes. De plus, les populations ne sont jamais

génétiquement closes, car elles subissent l'apport de nouveaux allèles soit par migration soit

par mutation. Ces facteurs ont pour conséquence une variation de la fréquence des allèles au

cours des générations successives.

Ces changements micro évolutifs (ou microévolution), modifient la structure génétique de la

population qui peut ou non évoluer vers une meilleure adaptation à son environnement.

L'emploi de modèles mathématiques ou de simulations est nécessaire pour l'analyse des

conséquences génétiques de ces différents facteurs. Ces modèles permettent de déterminer

comment et sous quels facteurs les fréquences alléliques varient au cours du temps. On

recherche généralement les conditions pour lesquelles un équilibre peut être atteint, c'est-à-dire

où les fréquences alléliques ne varient plus, bien que les populations restent sous l'action de

ces différents facteurs (mutations, migrations, sélections). Ce sont donc les conditions qui

permettent un maintien de la variabilité génétique qui sont étudiées.

A. La mutation

Les mutations créent de nouveaux allèles et constituent la source première de toute variabilité

génétique. Tout nouvel individu a une chance non négligeable de porter, au moins à l’un de ses

loci, un gène venant d’apparaître par mutation.


On appelle mutation une modification spontanée ou induite de l'information encodée dans le

matériel génétique d'une cellule. On distingue des mutations ponctuelles, des mutations par

remaniement chromosomique. Quand le chromosome se réplique, de nombreux types d'erreurs

peuvent se produire : substitution, insertion, délétion ou transposition de nucléotides de l'ADN.

La mutation est la source ultime de variation génétique, bien que la plupart des nouvelles

mutations, lorsqu'elles deviennent homozygotes (la situation se présente lorsque chaque parent

apporte des allèles identiques, c'est-à-dire, des formes appariées d'un gène qui occupent le

même locus d'un chromosome) soient nuisibles dans des environnements normaux. Un

équilibre entre mutation récurrente et perte par sélection contribue à garder l'allèle nuisible à

une fréquence très faible. Les radiations ou les agents chimiques mutagènes qui augmentent

les taux de mutation peuvent, à long terme, avoir des conséquences graves pour une population.

La variabilité génétique est le résultat des mutations qui font apparaître de nouveaux allèles

auxquelles il faut ajouter les phénomènes de recombinaison. Les mutations peuvent affecter

une portion plus ou moins grande d’ADN. Elles peuvent, selon leur localisation dans le

génome, avoir des effets phénotypiques. Tous les intermédiaires existent entre mutations non

exprimée et mutations létales.

Dans une population, tout nouvel individu a une chance considérable de porter, au moins à l’un

de ses loci, un gène venant d’apparaître par mutation.

Les taux de mutations spontanées sont variables selon les espèces, mais restent très faibles (de

l’ordre de 10-5 par locus et par génération).

Envisageons des mutations se produisant à des vitesses u et v.


A (fréquence initiale po) mute en a à la vitesse u

a mute en A à la vitesse v

Après une génération, la nouvelle fréquence de A est po – upo et le changement de cette

fréquence est –upo.

Il y aussi un gain de ‘a’ égal à upo due à la mutation dans une direction, et une perte égale à

vqo due à la mutation en sens inverse. En général, les taux de mutations directes et inverses ne

sont pas équivalents. Sous l’effet des pressions différentielles de mutation en une génération,

la fréquence de l’allèle a par exemple changera de ;

∆q = upo – vqo

Le déséquilibre initial des fréquences alléliques diminuera ensuite progressivement de

génération en génération, jusqu’à l’équilibre avec ∆q = 0.

Les fréquences d’équilibre sont : q’ = u/u + v p’= v/u + v.

L’impact immédiat des mutations sur les fréquences alléliques reste très faible (10-6)
Exemple de taux de mutation pour différentes espèces et caractères

Caractères - maladies taux de mutation


Espèce Auteurs
(pays) mutation réverse

Homme Achondroplasie (Dk) 1 10-5 - Morch

Achondroplasie (D) 7 10-6 - Schiemann

Hémophilie A (ls) (D) 5,7 10-5 - Bitter et al.

Hémophilie B (ls) (D) 3 10-6 - Bitter et al.

Myopathie de Duchène
10,5 10-5 - Gardner-Medwin
(GB)

Myopathie de Duchène
4,6 10-5 - Prot
(Pol)

Schlager & Dickie


Sourie non agouti 4,5 10-5 4,2 10-6
71

Schlager & Dickie


albinos 3,3 10-5 -
71

La mutation seule n'a pas d'effet important sur la structure génétique des populations car la

variation des fréquences alléliques qu'elle induit est extrêmement faible voir indétectable à

l'échelle de quelques dizaines voire quelques centaines de générations.

Il faut noter que la fréquence avec laquelle les allèles d’un locus donné subissent une mutation

à une génération donnée s’appelle ‘taux de mutation’.

Vous aimerez peut-être aussi