Chapitre 5: Diagnostic Par Nature Du Prélèvement
Chapitre 5: Diagnostic Par Nature Du Prélèvement
Chapitre 5: Diagnostic Par Nature Du Prélèvement
et la nécessité d’objectiver des caractères morpho- existent. Pour les autres techniques citées ci-après,
logiques précis pour l’identification de l’espèce il sera donc indispensable d’utiliser des témoins
parasitaire requièrent le plus souvent de réaliser positifs qui auront un double objectif : valider
un frottis sanguin en couche mince coloré par la réalisation de la technique et mettre en place
le MGG ou par des colorations similaires (voir un processus d’habilitation et de maintien des
chapitre 1, « Techniques de coloration »). compétences du personnel (pour les éléments ci-
L’observation microscopique se réalise à l’objectif dessous, voir au chapitre 1, « Techniques de
×10, ×40 ou ×100 selon la taille du parasite concentration du sang »).
recherché. De nombreux programmes d’EEQ
existent pour évaluer la qualité de la recherche de Goutte épaisse
parasites par frottis sanguin. Le dépôt de quelques microlitres de sang per-
met, contrairement au frottis sanguin en couche
mince, d’observer un volume de sang important
Techniques de concentration en quelques champs microscopiques (20 à 50
La goutte épaisse est la seule technique de concen- fois plus) [3] et donc un nombre plus important
tration pour laquelle des programmes d’EEQ de parasites, ou de sensibiliser la recherche en
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 97
cas de faibles charges parasitaires. C’est une tech- parasites sanguicoles, mais celui-ci devra toujours
nique largement utilisée pour la détection des être confirmé par la lecture d’un frottis sanguin
parasites sanguicoles qu’ils soient intra- (Plasmo pour l’identification de l’espèce parasitaire et sa
dium spp., Babesia spp.) ou extra-érythrocytaires quantification.
(microfilaires, Trypanosoma spp.). Sa sensibilité
est très élevée (limite de détection de 10 à Leucoconcentration
20 parasites/µL pour Plasmodium spp.), mais Fondée sur une hémolyse des échantillons san-
cette technique nécessite une bonne expérience guins, la leucoconcentration repose sur l’obser-
de la lecture microscopique. L’identification de vation à l’objectif ×10 au microscope optique
l’espèce peut également s’avérer difficile par du culot de l’hémolysat entre lame et lamelle ou
l’altération possible de la morphologie parasi- après confection d’un frottis coloré au MGG.
taire liée à l’hémolyse lors de la coloration au Cette technique est exclusivement utilisée pour la
Giemsa sans fixation et au séchage de la goutte recherche des formes parasitaires circulantes exo-
épaisse après coloration. La technique de la érythrocytaires (Leishmania spp., microfilaires,
goutte épaisse doit davantage être considérée formes trypomastigotes de Trypanosoma spp.).
comme une technique qualitative de détection Cette technique simple et peu onéreuse per-
(présence/absence) qu’une technique quantita- met une quantification des formes parasitaires en
tive. Néanmoins, une quantification parasitaire parasites/µL de sang total. La morphologie des
est possible, estimée en nombre de parasites leucocytes et celle des formes parasitaires peuvent
pour 1000 leucocytes suite à l’hémolyse (para- être altérées suite à l’hémolyse. Ainsi, la lecture
sites intra-érythrocytaires) ou en formes parasi- d’une leucoconcentration devra de préférence
taires/µL de sang total (en cas de prise d’essai être associée à une deuxième technique pour le
calibrée de sang). diagnostic formel de l’espèce parasitaire.
La recherche des formes parasitaires circulantes
Quantitative buffy coat (QBC) exo-érythrocytaires (Trypanosoma spp. et micro-
La détection des formes circulantes des para- filaires) et intracellulaires (formes amastigotes de
sites sanguicoles intra- et extra-érythrocytaires Leishmania spp. et tachyzoïtes de Toxoplasma
(excepté Leishmania spp.) est ici fondée sur la gondii) peut également s’effectuer par une leu-
fluorescence des formes parasitaires en vert (ADN cocytoconcentration après cytocentrifugation du
nucléaire) et rouge (ARN cytosolique) après culot de l’hémolysat. Le spot obtenu sur lame est
incorporation d’Acridine Orange, s’intercalant coloré au MGG ou coloration équivalente pour
dans les acides nucléiques. Cette technique rapide être observé à l’objectif ×100 à l’immersion.
à réaliser possède des caractéristiques similaires à
la goutte épaisse avec une sensibilité de détec- Filtration sur colonne échangeuse
tion des hématozoaires de 10 parasites/µL et d’ions DEAE (mini anion exchange
une valeur prédictive positive proche de 100 % centrifugation technique [mAECT])
[1]. Cependant, le QBC est une technique de Cette technique de concentration est fondée sur
concentration onéreuse nécessitant un matériel les différences de propriétés physicochimiques
spécifique pour la préparation (centrifugeuse à entre les globules rouges et les formes parasitaires
capillaire) et la lecture (microscope à fluores- circulantes. Le sang périphérique de patients est
cence) [2, 4]. De plus, comme pour la goutte filtré sur une colonne échangeuse d’ions DEAE
épaisse, l’identification d’espèce est difficile et la équilibrée par du PBS permettant l’élution des
quantification des formes parasitaires impossible. formes parasitaires et la rétention des globules
La reconnaissance des formes parasitaires circu- rouges chargés plus négativement que les para-
lantes et leur distinction avec des artéfacts fluores- sites sanguicoles. La centrifugation de l’éluat et
cents nécessitent une expertise importante [3]. l’observation du culot à l’objectif ×10 en micro-
Cette méthode représente un bon test diagnos- scopie optique entre lame et lamelle permettent
tique de première intention pour la recherche de l’identification des formes parasitaires à l’état
98 Méthodes
frais. Cette technique mAECT est onéreuse et très « Techniques de fixation-conservation »). Le délai
sélective, spécifiquement utilisée pour la recherche de viabilité des formes végétatives de protozoaires
des formes trypomastigotes de Trypanosoma spp. dépend de la nature, du stade du parasite et des
avec une limite de détection inférieure à 100 para- modalités de conservation de la selle. On préco-
sites/mL. Elle est désormais peu utilisée. nisera donc une conservation des selles non fixées :
• à température ambiante si l’examen est pratiqué
dans les 12 heures suivant l’émission (délai
Examen parasitologique optimal d’acheminement ≤ 4 heures). On
des selles pourra ainsi repérer certaines formes mobiles
d’amibes et de flagellés et effectuer, selon
les renseignements cliniques, une recherche
Indications
spécifique d’anguillules. Néanmoins, les tro-
La Nomenclature des actes de biologie médicale phozoïtes d’amibes et de Dientamoeba fragilis
(NABM) encadre de façon précise la conduite de s’immobilisent et se lysent rapidement ;
l’examen parasitologique des selles (EPS). L’exa- • réfrigérée si l’examen est pratiqué au-delà de
men pourra être effectué selon deux modalités 12 heures pour éviter la pullulation micro-
(donc deux cotations différentes) selon que les bienne et fongique. Néanmoins, il est impor-
selles sont émises ou non au laboratoire. Dans tant de noter que cela entraînera une lyse
les deux cas, on effectuera : des formes végétatives de protozoaires et des
• sur le prélèvement, à réception : un examen larves de strongyloïdes en l’absence de fixation.
macroscopique et microscopique direct pour Lorsqu’une partie des selles a été fixée, per-
rechercher et identifier les helminthes (adultes, mettant un examen direct dans les conditions
larves et œufs) et les protozoaires (formes optimales, la concentration peut être réalisée
végétatives et kystes) ; sur les selles non fixées conservées pendant
• après concentration : une recherche micro- 4 jours au maximum, de +2 à +8 °C.
scopique des œufs, larves et kystes, selon une Le prélèvement de selles étant aisé à réaliser,
ou deux techniques au choix du directeur de il sera judicieux de refaire le prélèvement si
laboratoire. les conditions de conservation/acheminement
Le laboratoire devra donc élaborer une stratégie optimales ne sont pas garanties pour la bonne
pour combiner les différentes techniques néces- exécution des analyses requises.
saires à la réalisation de l’EPS. La figure 5.1 Les échantillons doivent être accompagnés de
présente un exemple de démarche fonction des renseignements cliniques précisant :
données clinico-épidémiologiques disponibles. • les séjours éventuels en zones chaudes et
humides, la durée du séjour et la date du
retour ;
Mise en œuvre • les signes cliniques et biologiques (éosinophi-
lie) ;
Prélèvement • le statut immunitaire du patient ;
L’examen sera réalisé sur des selles fraîches et • les traitements préalables au prélèvement ;
en quantité suffisante (≥ 40 g). L’ingestion de • les modalités de conservation des échantillons
laxatifs ou de médicaments opaques (charbon) est entre émission et arrivée au laboratoire (impor-
à éviter les jours précédant le recueil des selles. De tance de préciser l’heure du prélèvement).
même, un régime pauvre en fibres végétales dans Le compte-rendu de résultat du laboratoire
les jours précédant l’examen est recommandé. devra rappeler la nécessité d’effectuer au moins 3
Lorsque les selles ne sont pas émises au labora- EPS sur une période d’une dizaine de jours. Cette
toire, il sera préférable d’en fixer une partie dès répétition de l’EPS devrait également être réalisée
l’émission dans un fixateur (voir au chapitre 1, lors du contrôle après traitement antiparasitaire.
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 99
Figure 5.1. Exemple de logigramme pour la réalisation d’un examen parasitologique des selles.
100 Méthodes
La dilution au 1/3 permet en règle générale même principe que la technique de Bailenger,
d’obtenir des préparations minces permettant une mais utilisant comme phase aqueuse le MIF.
observation de qualité. Idéalement, le laboratoire Cette technique préserve mieux les helminthes
devra disposer d’un microscope à platine chauf- que la technique de Bailenger, mais a l’inconvé-
fante afin de conserver en particulier la mobilité nient de produire des culots plus importants. Elle
des trophozoïtes de Dientamoeba fragilis ou des est en revanche particulièrement recommandée
amibes. pour la recherche des œufs de schistosomes.
Ces techniques sont les plus universelles car elles
Examen microscopique concentrent bien les kystes de protozoaires, les
après fixation-coloration larves et la plupart des œufs. On notera cepen-
dant que les œufs d’oxyure ou d’autres œufs
La préparation et les modalités d’observation
lourds s’enrichissent mal par ces techniques,
sont identiques à celle de l’examen direct sur
d’autant plus que la couche de débris est impor-
selles fraîches. En France, la coloration au MIF
tante (séquestration des œufs à l’interface des
ou équivalent est probablement la plus utilisée
deux phases). Par ailleurs, les culots des concen-
(voir chapitre 1, « Techniques de coloration »).
trations diphasiques sont souvent importants
Elle permet de visualiser notamment l’aspect et
avec certaines selles riches en cellulose et fibres
le nombre de noyaux des kystes amibiens. Les
musculaires.
selles fixées se conservent plusieurs mois, voire
plusieurs années entre 2 et 30 °C. L’examen peut Techniques de flottation
alors être différé. Les selles ainsi fixées pourront
Ces techniques consistent à diluer l’échantillon
constituer une parasitothèque destinée à la for-
fécal dans un liquide de densité supérieure à celle
mation du personnel et à la fabrication d’échan-
des éléments parasitaires qui seront récupérés pas-
tillons de CIQ.
sivement ou après centrifugation. Les techniques
utilisant des solutions de sulfate de zinc (type
Techniques de concentration
Faust) enrichissent bien les œufs, les kystes de
de routine
protozoaires et les larves. La technique de Willis
Ces techniques, dites « standard », sont choisies utilisant une solution saturée de NaCl ne peut
par le biologiste pour leur capacité à concen- être utilisée que pour la concentration des œufs.
trer le maximum d’espèces parasitaires. Une ou De plus, la formation de cristaux de NaCl sur la
deux techniques seront réalisées au choix du lamelle peut gêner l’observation si elle ne se fait
laboratoire. Les modalités des techniques de pas rapidement après la flottation.
concentration sont exposées dans le chapitre 1 En pratique, la densité des solutions classi-
(« Techniques de concentration des selles ») quement utilisées de 1,18 à 1,20 (techniques
Actuellement, les groupes de techniques suivants de Faust et Willis) entraîne l’impossibilité pour
sont utilisés. ces techniques de concentrer les œufs lourds
(embryophores de taenia, ascaris non fécondés,
Techniques diphasiques douves, bothriocéphale). Ces œufs nécessitent
Ces techniques associent une concentration par des solutions de flottation avec des densités supé-
centrifugation et une action dissolvante de sol- rieures.
vants organiques comme l’éther ou l’acétate
d’éthyle. Ces techniques ont l’avantage de don- Techniques par filtration
ner des culots de faible volume, donc un nombre Ce sont des techniques commerciales utilisant
réduit de lamelles à observer, car on rappellera les phases aqueuses des techniques diphasiques
qu’il est indispensable d’observer la totalité des (liquide de Bailenger, MIF ou iodésine) mais
culots de centrifugation. La technique du MIF n’utilisant pas de solvants. La concentration est
concentration est une technique diphasique de fondée sur le passage de la dilution fécale à travers
102 Méthodes
un filtre pendant la centrifugation. Ces techniques 37 °C pendant 24 à 48 heures. Cette technique
ont l’inconvénient majeur de produire des culots est très peu utilisée.
importants qui devront être observés en totalité.
Après dilution au 1/3 du culot, on obtient en Techniques de coloration permanente
général entre 10 à 30 lamelles à observer. Avec Afin d’améliorer la détection ou l’identification
certaines selles, les débris peuvent colmater les des trophozoïtes, des techniques de coloration sur
pores du filtre et empêcher le passage des gros frottis peuvent être réalisées. Bien que longues et
œufs (schistosomes). En revanche, contrairement parfois de réalisation délicate, ces colorations per-
aux techniques diphasiques, ces kits ont l’avan mettent de mieux apprécier les structures internes
tage de préserver les formes végétatives de proto des protozoaires.
zoaires.
Recherche de coccidies par microscopie
Techniques de concentration combinées Cette recherche permet la mise en évidence ciblée
Il s’agit par exemple de la méthode de Junod. des cryptosporidies, Cystoisospora belli, Cyclos
Dans le but de réduire la durée d’observation pour pora cayetanensis et Sarcocystis hominis. Cette
la recherche d’œufs ou de larves peu abondants, recherche est indiquée chez tous les patients
il est possible de réaliser une technique combinée immunodéprimés et peut faire partie du bilan
qui a pour principe d’effectuer une flottation sur étiologique en cas de diarrhées chez des patients
plusieurs culots de techniques diphasiques. Cette immunocompétents du fait de l’incidence de la
technique permet d’obtenir pour les œufs et cryptosporidiose dans nos régions [6, 7] et dans
larves d’helminthes des facteurs de concentration les zones chaudes et humides [9].
de l’ordre de 50 à 100 fois (contre 10 à 20 fois Les deux obstacles à une recherche systéma-
avec les techniques de routine). tique sont :
• la nomenclature qui impose une prescription
Technique de Kato et Miura spécifique ;
• la longueur de réalisation des techniques de
Cette technique est adaptée à la détection des œufs coloration de type Ziehl-Neelsen.
d’helminthes. Elle peut être utilisée pour le suivi La technique en contraste de phase décrite
quantitatif de l’excrétion des œufs d’helminthes dans le chapitre 1 (« Techniques de coloration »)
(ascaris notamment) au cours d’un traitement. est une alternative intéressante car de réalisation
rapide et lue en 1 à 2 minutes. Le couplage à la
Techniques spécifiques technique de Bailenger permet d’augmenter la
sensibilité d’un facteur 10 à 20.
Leur mise en œuvre se fera soit sur prescription
spécifique, soit à l’initiative du biologiste sur Recherche de microsporidies
des arguments cliniques et/ou épidémiologiques.
La recherche des microsporidies devrait être sys-
Les modalités techniques de ces techniques sont
tématique chez tous les patients immunodépri-
rapportées dans le chapitre 1 (« Culture et inocula-
més et peut faire partie du bilan étiologique
tions à l’animal » et « Techniques de coloration»).
des diarrhées de voyageurs immunocompétents.
Leur recherche s’effectue classiquement par la
Recherche et identification
coloration de Weber (de lecture délicate et peu
de protozoaires
adaptée au « coup par coup ») ou par la mise en
Culture évidence de leur chitine par le Calcofluor White
La détection des amibes, flagellés, ciliés, de Dienta ou l’Uvitex® 2B [5]. Des approches moléculaires
moeba fragilis ou encore de Blastocystis sp. pourra sont également disponibles et tendent progres-
être améliorée par la réalisation de cultures courtes sivement à supplanter la microscopie.
xéniques de selles fraîches non fixées sur milieux En complément des méthodes précédemment
diphasiques (type Dobell et Laidlaw) incubées à décrites, des approches par tests de diagnostic
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 103
rapide ou par biologie moléculaire sont disponibles des larves d’anguillules par la réalisation du cycle
pour certains parasites et seront évoquées dans les externe. Plusieurs protocoles sont disponibles.
chapitres correspondants.
Test à la cellophane adhésive de Graham
Recherche d’helminthes C’est la technique de choix pour la recherche des
Technique de Baermann œufs d’oxyure. Le point d’appel est la présence
Cette technique (non réalisable sur selles liquides) d’un prurit anal. Cette recherche est particuliè-
permet notamment la recherche des larves rement conseillée chez l’enfant porteur ou non
d’anguillules. Des selles fraîches et non fixées d’une éosinophilie en cas de présence de cristaux
seront nécessaires. La mise en œuvre de cette tech- de Charcot-Leyden dans les selles lorsqu’aucun
nique nécessite une incubation de 3 à 24 heures autre parasite n’a été mis en évidence. À effectuer
d’attente avant lecture. La réalisation technique de préférence au laboratoire sans toilette locale et
impose un nettoyage soigneux du matériel souillé. avant les premières selles du matin.
Coproculture d’helminthes
Des selles fraîches et non fixées seront néces- Contrôles de qualité (tableau 5.2)
saires. Cette technique est réalisable sur des selles
Contrôles internes de qualité (CIQ)
liquides (par adjonction de charbon). Elle permet
l’identification des ankylostomidés à partir des Des suspensions de selles sont utilisables pour
larves obtenues en culture et l’enrichissement l’étape d’identification, réalisées à partir des
Interprétation
Mise en œuvre
La recherche directe de parasites dans les prélè-
La recherche de parasites peut être effectuée dans vements respiratoires est une méthode facile à
le LBA, les expectorations ou le liquide pleu- mettre en œuvre mais qui manque de sensibilité.
ral (tableau 5.3). Le prélèvement sera observé Elle doit être complétée par d’autres recherches
macroscopiquement à la recherche de parasites parasitologiques directes (par exemple dans les
(ver adulte d’Ascaris par exemple). Le LBA ou selles, le sang, ou la peau, en fonction des para-
le liquide pleural est ensuite centrifugé directe- sitoses suspectées) et des méthodes sérologiques
ment sur une lame de verre, sous forme de spot indirectes à la recherche d’anticorps spécifiques, à
(cytocentrifugation, 500 g pendant 5 minutes) adapter selon la phase de la parasitose et le cycle
ou dans un tube stérile conique à 1000 g pendant parasitaire (tableau 5.4). Pour certains parasites,
5 minutes. L’expectoration est déposée directe- des méthodes moléculaires par PCR en temps réel
ment sur une lame, sans prétraitement. Un exa- dont certaines commercialisées sont disponibles
men microscopique direct à l’état frais du culot (par exemple Toxoplasma gondii).
Tableau 5.3. Récapitulatif qualité pour la recherche des parasites dans les prélèvements respiratoires.
Nature du prélèvement LBA, expectorations, liquide pleural dans un récipient propre non obligatoirement stérile
Recommandations Aucune
pour la qualité
du prélèvement
Critères d’acceptabilité LBA, liquide pleural : volume >1mL
Conditions d’acheminement, Acheminement dans les 4 heures à température ambiante, +2 à +8 °C au-delà de 4 heures
milieux de transport
Mode de conservation +4°C après examen extemporané
Principe méthodologique L’analyse microscopique effectuée après centrifugation (LBA, liquide pleural) ou directement
(expectorations) inclura selon le contexte :
1. un examen direct du culot de centrifugation à l’état frais : visualisation des formes végétatives
des protozoaires (trichomonoses, amoebose) ou des crochets d’Echinococcus granulosus
(autofluorescence sous lumière UV), larves rhabditoïdes de Strongyloides stercoralis, œufs
de Paragonimus
2. un examen après coloration du spot de centrifugation :
– une coloration panoptique (Giemsa, MGG ou équivalent : visualisation des protozoaires dont
Toxoplasma gondii)
– une coloration de Ziehl-Neelsen : visualisation des oocystes de Cryptosporidium
3. à compléter par une recherche en PCR selon le contexte (suspicion de toxoplasmose, cryptosporidiose,
etc.)
Performances du test Sensibilité de l’examen direct microscopique variable en fonction des parasites
Cause d’erreur, limites du test Formation de l’opérateur pour l’identification des parasites, passage pulmonaire transitoire, intermittent
de certains parasites lors de leur cycle
Attention à ne pas confondre les cellules bronchiques ciliées avec les formes végétatives de protozoaires
flagellés (dont Trichomonas tenax)
Tableau 5.4. Éléments du diagnostic des principales parasitoses pulmonaires.
106
Parasite Morphologie Mobilité Observation Éléments d’orientation Diagnostic
des formes retrouvées à l’état frais microscopique parasitologique
Répartition Biocliniques,
dans les prélèvements complémentaire
géographique, radiologiques
Méthodes
facteurs de risque
Parasites Ascaris lumbricoides Larves, adultes vers rosés Oui NA Cosmopolite, risque Syndrome de Löffler EPS, sérologie
macroscopiques (mâle : 12-17 cm extrémité plus élevé en zone Hyperéosinophilie
(expectorations en crosse ; femelle : 20-25 cm) tropicale
ou assimilés)
Anisakis spp. Larves L3 de couleur Oui NA Cosmopolite, ingestion Signes Sérologie
blanche à jaunâtre, 1,4-3 cm de poissons crus immuno-allergiques
de longueur sur 0,5 mm ou peu cuits
de diamètre
Dirofilaria spp. Ver filiforme 8-12 × 0,1 cm Oui NA Cosmopolite Radiologie en « pièce NA
de monnaie »
Parasitoses Toxoplasma gondii Tachyzoïtes : piriformes, arqués Non Coloration panoptique Cosmopolite, Radiologie : infiltrats Sérologie, PCR
autochtones (figure 5.3a) 6-8 × 3–4 µm, intracellulaires (Giemsa, MGG, etc.), ×100 recherche bilatéraux
dans les macrophages d’immunodépression
Echinococcus Crochets (19–46 µm), sable Non État frais, ×40 Cosmopolite Aspect radiologique Sérologie, PCR
granulosus hydatique (protoscolex 150– Examen en UV en « boulet de canon »
200 µm), vomique hydatique (autofluorescence)
Trichomonas spp. Forme amœboïde 7–10 µm Oui État frais, coloration Cosmopolite, recherche Co-infection avec PCR
(figure 5.3b) panoptique (Giemsa, d’une pathologie Pneumocystis jirovecii
MGG, etc.), ×100 sous-jacente (cancer,
pathologie respiratoire
chronique, etc.)
Cryptosporidium spp. Oocystes 5–8 µm Non Coloration Ziehl-Neelsen, Cosmopolite, Association fréquente PCR
(figure 5.3c) ×100 recherche avec d’autres
d’immunodépression micro-organismes
(VIH) (CMV, Pneumocystis,
mycobactéries, etc.)
Capillaria aerophila Œufs ovales 20 × 40 µm Non État frais ×40 Cosmopolite Hyperéosinophilie EPS
à paroi striée présentant
2 bouchons polaires,
à différencier de l’œuf
de Trichuris trichiura
Parasite Morphologie Mobilité Observation Éléments d’orientation Diagnostic
des formes retrouvées à l’état frais microscopique parasitologique
Répartition Biocliniques,
dans les prélèvements complémentaire
géographique, radiologiques
facteurs de risque
Parasitoses Paragonimus spp. Œufs ovoïdes, operculés, bruns, Non État frais ×40 Asie Hyperéosinophilie EPS
tropicales 80–100 µm de long Afrique
Schistosoma spp. Œufs avec éperon 50–160 µm Mobilité du État frais avec Lugol, ×40 Zone intertropicale, Hyperéosinophilie Sérologie, EPS, EPU
×40–80 µm miracidium Baignade en eau
douce
Strongyloides Larves strongyloïdes (migration) Oui État frais, coloration Zones tropicales et Syndrome de Löffler, Sérologie, EPS par
stercoralis 500–600 µm × 15 µm, panoptique (Giemsa, subtropicales, Europe hyperéosinophilie méthode de Baermann
queue discrètement bifide, MGG, etc.), ×40 du sud fluctuante (larves rhabditoïdes)
œsophage rectiligne, ou larves Immunodépression ou coproculture
rhabditoïdes (anguillulose (anguillulose maligne)
maligne)
Ancylostoma Larves strongyloïdes 500 µm Oui État frais, coloration Zones tropicales Hyperéosino- EPS, coproculture
duodenale, Necator panoptique (Giemsa, et subtropicales, zone philie, « catarrhe des
Figure 5.4. Filtration des urines pour la recherche d’œufs de Schistosoma haematobium.
a) Mise en place du filtre en polycarbonate de porosité 12 à 20µm (face brillante dessus) dans le porte filtre. b) Filtration
des urines. c) Récupération du filtre et dépôt sur une lame porte-objet, avec une goutte d’eau physiologique et lamelle
pour observation microscopique. L’eau physiologique peut être remplacée par une goutte de Lugol dilué pour colorer
les œufs en orangé.
(Source : collection ANOFEL, CHU de Limoges.)
Mise en œuvre
Examen direct à l’état frais
S’il s’agit d’urine, la totalité du premier jet mic-
tionnel est centrifugée (environ 1000 g pendant Figure 5.5. a) Œuf viable de S. haematobium
5 minutes) afin d’examiner le culot. dans les urines avec un miracidium bien visible
à l’intérieur. Noter l’éperon terminal, caractéristique
En cas d’écouvillonnage vaginal ou urétral, de cette espèce. b) Éclosion du miracidium.
l’écouvillon est immédiatement déchargé dans (Source : eANOFEL.)
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 111
Tableau 5.5. Récapitulatif qualité pour la recherche d’œufs de schistosomes dans les urines.
Nature du prélèvement Urines
Recommandations pour Urines de 24 heures ou totalité d’une miction de milieu de journée (au mieux après effort) recueillies
la qualité du prélèvement dans un récipient stérile
Conditions d’acheminement, Transport < 24 heures, pas de milieu de transport
milieux de transport Température ambiante
Mode de conservation Si analyse différée au lendemain, ajouter éventuellement du formol (1 mL de solution de formaldéhyde
37 % pour 100 mL d’urine)
Principe méthodologique Observation microscopique par examen direct. Recherche et identification morphologique
dans un culot d’urines après centrifugation ou sur un filtrat d’urines
Performances du test Technique de filtration plus rapide et plus sensible que la recherche après centrifugation [19]
Cause d’erreur, limites Perte de sensibilité par altération ou éclosion des œufs (centrifugation >500–560 g ou analyse
du test différée en l’absence de conservateur)
Amas de cellules gênant la lecture
Compétence du personnel pour l’identification morphologique microscopique
une goutte d’eau physiologique ou du milieu de Chez l’homme, la sensibilité de l’examen direct
transport (milieu de Stuart, Amies ou Roiron). est faible.
L’utilisation de milieu de transport permet de
conserver la viabilité du Trichomonas au moins Colorations
24 heures à température ambiante [20]. En cas d’impossibilité d’examen à l’état frais, des
L’observation à l’état frais au microscope colorations de frottis vaginaux ou d’écouvillonnage
(×10 ou ×20) doit être faite le plus rapidement urétral peuvent être réalisées. L’examen de frottis
possible. Elle permet de repérer aisément les colorés est toutefois moins sensible que l’examen à
Trichomonas par leur mobilité (figure 5.6). La l’état frais fait dans de bonnes conditions.
sensibilité est d’environ 60 % dans les prélève- Parmi les colorations, celle de Papanicolau pré-
ments vaginaux, mais diminue rapidement si cédée d’une fixation à l’éthanol préserve mieux
l’observation microscopique est retardée [15]. les structures flagellaires et la membrane ondu-
lante. Cette coloration est plus souvent réalisée
dans les laboratoires effectuant des cytologies de
prélèvements vaginaux. La coloration de Giemsa
avec fixation préalable de 5 minutes au méthanol
permet de repérer aisément le noyau en amande
et l’axostyle de T. vaginalis. La visualisation des
flagelles est plus délicate. La coloration de Gram
est la moins performante [18].
Biologie moléculaire
Les prélèvements urinaires ou génitaux seront
conservés en milieu de transport à +4 °C pour une
éventuelle extraction d’ADN avant analyse molé-
Figure 5.6. Trichomonas vaginalis à l’état frais
dans un prélèvement vaginal.
culaire. Pour T. vaginalis, il existe actuellement
Contraste de phase, objectif ×40. plusieurs kits commercialisés (voir chapitre 23)
(Source : eANOFEL.) (tableau 5.6).
112 Méthodes
monté entre lame et lamelle (observation à faible trypanosomes qui donnent des images peu
grossissement ×20 puis ×40 dans les 15 minutes). contrastées). L’utilisation du Calcofluor White
Pour faciliter la lecture et éviter les diffractions, on permet de faciliter la visualisation des amibes libres.
introduit de l’eau dans l’espace libre entre lame
et lamelle, sinon les trypanosomes perdent leur Modalités de lecture
motilité et deviennent difficiles à observer. Il a été À l’état frais, l’œil est attiré par l’éventuelle
récemment décrit une technique de simple centri- motilité des parasites. La lecture des états frais et
fugation qui, en utilisant des tubes à fond conique des lames colorées est réalisée au microscope en
modifié, permet d’obtenir la qualité de la double utilisant un objectif adapté au parasite recherché
centrifugation en une seule opération [22]. (l’utilisation du contraste de phase est une aide
À noter que le surnageant issu d’une cen- appréciable) : objectif ×10 pour les larves rhab-
trifugation simple peut servir à la recherche de ditoïdes d’anguillules, ×20 à ×50 voire ×100
marqueurs biochimiques, sérologiques ou antigé- à l’immersion pour les lames colorées pour les
niques et une partie du culot à la mise en œuvre protozoaires.
de techniques de biologie moléculaire.
Cultures
Après coloration
Le LCR peut être mis en culture pour la recherche
Une prise d’essai de culot de centrifugation (ou
et l’identification d’amibes libres (exemple de
de LCR natif, en cas de faible quantité de prélève-
milieu : gélose à 2 % d’Agar enrichie d’une sus-
ment) peut être étalée sur lame pour entreprendre
pension d’Escherichia coli incubée à 35 ±2 °C, voir
diverses colorations (voir chapitre 1, « Techniques
chapitre 24).
de coloration »). Des étalements de bonne qualité
peuvent être réalisés par cytocentrifugation (noter
Biologie moléculaire
que, dans ce cas, il n’est pas possible de récupérer
le surnageant et une partie du culot pour d’autres Les techniques de PCR seront mises en œuvre
analyses). pour la recherche de toxoplasmes ou d’amibes
La coloration unanimement utilisée est le libres. Elles peuvent également participer au diag-
MGG (attention aux colorations rapides pour les nostic de neurocysticercose.
114 Méthodes
Examen parasitologique
Recommandations au laboratoire
d’autres prélèvements
• La lame sera lue au microscope après coloration
de Gram (réalisée en priorité) ou coloration de Dans ce chapitre seront regroupés des prélève-
Giemsa, MGG ou Trichrome (si les quantités ments cutanés, digestifs, des prélèvements pero-
d’échantillon le permettent). pératoires et biopsies diverses dans lesquels est
• Le tube contenant le tampon où ont été demandée une recherche de parasites. Il s’agit en
déchargées les cellules de la cornée se conserve général de prélèvements précieux. Par ailleurs, la
à +4 °C en attendant l’extraction d’ADN. nature du parasite recherché n’est pas toujours
Si l’échantillon n’a pas été préalablement précisée. Pour optimiser les recherches parasi-
déchargé, l’éponge est déchargée au laboratoire tologiques, il conviendra de respecter certaines
dans 200 µL de PBS par agitation automatique règles :
pendant 5 minutes. • vérifier les informations transmises, complé-
• La boîte de Pétri contenant l’eau gélosée (agar ter si nécessaire en prenant contact avec le
à 2 %) est enrichie au laboratoire en suspension prescripteur : origine géographique, voyages,
d’E. coli vivants ou tués puis incubée à tempé caractère aigu/chronique, statut immunitaire,
rature ambiante ou à 30 ±2 °C. Si le prélèvement données cliniques et biologiques (anomalies
n’a pas été ensemencé auprès du patient, la de la numération formule sanguine [NFS], du
mousse imbibée de sérum physiologique est bilan inflammatoire, du bilan hépatique, etc.) ;
ensemencée au laboratoire. • contacter les anatomopathologistes et les
• L’ensemencement de l’écouvillon ou de microbiologistes (bactériologie, mycologie)
l’éponge sur la boîte de Pétri contenant un afin de vérifier qu’ils disposent de prélèvements
milieu Sabouraud se fait idéalement à l’arrivée à leur intention et d’optimiser la prise en charge
au laboratoire. Il peut être différé en conservant de ces prélèvements précieux ;
l’échantillon à température ambiante. • examen macroscopique : description de l’échan-
tillon adressé (parasite macroscopique, pièce
Conditions d’acheminement, opératoire, etc.) : forme, consistance. Un exa-
milieux de transport men à la loupe binoculaire peut affiner l’obser-
Tous les échantillons prélevés doivent parvenir vation. Une photographie est recommandée ;
au laboratoire au mieux dans l’heure qui suit les • examen microscopique systématique (fonction
prélèvements et au maximum en 24 heures. Ils du prélèvement adressé) : examen direct, frottis
sont transportés et se conservent à température (liquide) ou apposition sur lame (tissu) et colo-
ambiante. Le microtube de 1,5 mL destiné à la ration par MGG, autres colorations en fonction
PCR est conservé à +4 °C mais peut être trans- du type de parasite recherché ;
porté à température ambiante. • éventuellement, techniques complémentaires,
telles qu’une mise en culture du prélèvement
ou une recherche du parasite par biologie molé-
Contrôle de la qualité du prélèvement culaire (PCR).
La qualité du prélèvement cornéen (quantité La conservation d’un fragment par congéla-
suffisante et absence d’inhibiteurs) peut être tion (pour biologie moléculaire ultérieure) est
116 Méthodes
Technique
Après avoir, le cas échéant, éliminé le sang avec
un papier filtre, chaque biopsie est placée dans
environ 50 à 100 µL de sérum physiologique
dans un verre de montre ou dans le puits d’une
plaque à microtitration. Le couvercle de la plaque
sera scellé avec un film plastique. Des lectures
seront effectuées au microscope à faible gros-
sissement ou à la loupe binoculaire à partir de
30 minutes, puis après 4 heures et régulière-
ment jusqu’à 24, heures après le prélèvement
afin de détecter la présence de microfilaires
vivantes qui s’agitent dans le sérum physiolo- Figure 5.8. Émergence d’une microfilaire d’Onchocerca
gique (figures 5.7 et 5.8). Longues de 300 µm, volvulus à partir d’une biopsie cutanée exsangue.
(Source : eANOFEL.)
celles-ci sont faiblement mobiles, se pliant et
se dépliant en leur milieu. À 24 heures, le
liquide sera pipeté et placé sur une lame pour
examen direct au microscope à l’objectif ×5 ou sonde par la bouche ou par le nez dans le
×10 ; les microfilaires mortes et donc immobiles tube digestif haut pour prélever les sécrétions
apparaissent comme des parenthèses translucides duodénales à fin d’analyses biologiques. En para-
avec une queue caractéristique effilée et recour- sitologie, cette pratique peut être utilisée pour le
bée. Des colorations au MGG permettront de diagnostic de giardiose.
différencier Onchocerca volvulus de Mansonella L’examen déplaisant mais non douloureux
streptocerca. s’effectue sans anesthésie. Il ne se pratique ni sur
les enfants insuffisamment coopérants, ni sur les
personnes réticentes.
Prélèvements digestifs Le liquide ainsi prélevé est versé dans un tube
stérile. Il doit être acheminé au laboratoire et
Liquide duodénal examiné au microscope dans l’heure qui suit le
prélèvement pour ne pas altérer les résultats.
Ce prélèvement est obtenu lors d’un tubage Les formes végétatives de Giardia intestinalis,
duodénal. Celui-ci nécessite l’introduction d’une mobiles dans le milieu, sont facilement repérables.
118 Méthodes
Mise en œuvre
Au cours d’une rectoscopie ou sigmoïdoscopie,
ou d’une cystoscopie (suspicion de schistosomose
urinaire), l’opérateur prélève avec une pince à
biopsie un fragment de tissus de muqueuse et
sous-muqueuse dans des zones suspectes (polypes,
érosions, etc.). Pour la recherche de schisto-
somes, en l’absence de lésions visibles au cours
de la rectoscopie, il est recommandé de réaliser
les biopsies au niveau de la valvule de Houston Figure 5.9. Œufs de S. mansoni et S. haematobium
et à environ 10 cm au-dessus de celle-ci. Plu- dans une biopsie de muqueuse rectale.
sieurs biopsies de fragments tissulaires sont ainsi Les œufs noirs sont calcifiés ou morts. Objectif ×40.
(Source : eANOFEL.)
réalisées sous endoscopie. Pour chaque niveau,
un fragment sera destiné à l’anatomopathologie
(flacon contenant du formol ou du liquide de
Bouin), et un autre pour la parasitologie déposé
dans un flacon sec ou contenant quelques gouttes
de sérum physiologique et acheminé rapidement
au laboratoire, et un dernier sera conservé en vue
de techniques moléculaires éventuelles.
Technique
Pour la recherche d’œufs de schistosomes
Le fragment frais sera déposé entre deux lames de
verre porte-objet puis écrasé et immédiatement
examiné au microscope sans coloration au préa- Figure 5.10. Œufs de S. haematobium
dans une biopsie vésicale.
lable (faible grossissement). Pour faciliter la Objectif ×40.
détection des œufs dans des fragments épais, il (Source : eANOFEL.)
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 119
ment adressé en anatomopathologie et un autre L’examen direct sans coloration du fluide hyda-
pourra être destiné à la détection d’E. histolytica tique contenu dans un kyste permet de visua-
par PCR. liser potentiellement des protoscolex, à défaut
des crochets et/ou des débris cellulaires (sable
hydatique). L’observation des scolex et crochets
Test de Graham ou test peut être facilitée par centrifugation préalable du
à la cellophane adhésive liquide, par coloration de Baxby (modifiée selon
Clavel) [25] ou par observation de l’autofluores-
Indications
cence des crochets au microscope à épifluores-
Recherche d’œufs d’oxyures et d’embryophores cence (excitation à 330 à 365 nm ou 410 nm).
de Taenia saginata. L’ajout d’éosine à 0,1-0,2 % permet d’évaluer la
viabilité des protoscolex (les protoscolex morts se
Mise en œuvre colorent, les vivants rejettent l’éosine).
Le test doit de préférence se réaliser le matin pour
la recherche d’œufs d’oxyure, avant toute toilette
locale ou défécation ; pour la recherche d’œufs ou
Ponction d’abcès amibien
embryophores de Taenia, l’heure du prélèvement Une ponction de l’abcès hépatique à visée diag-
n’a pas d’importance. Le patient est positionné nostique est exceptionnellement réalisée, surtout
penché en avant, fesses écartées pour bien déplier dans les cas d’importation. Elle est réservée aux
les plis anaux et périanaux. cas diagnostiques difficiles (sérologie négative).
La ponction à visée thérapeutique est réservée
Technique aux abcès volumineux, avec risque de rupture,
Appliquer pendant 1 à 2 secondes le fragment de ou d’évolution thérapeutique défavorable sous
ruban adhésif transparent replié en U sur le fond métronidazole.
d’un tube à essais, au niveau des plis radiés de La ponction guidée (sous scanner, à défaut
l’anus, puis le retirer et ensuite apposer la partie échographie) permet de collecter classiquement
collante sur une lame porte-objet sans laisser un pus couleur chocolat. La recherche microsco-
trop de bulles d’air (causes d’erreur diagnos- pique de trophozoïtes d’E. histolytica est possible
tique). L’observation microscopique au faible mais de faible sensibilité (< 20 %), les amibes étant
grossissement (objectif ×10 ou ×20) peut se faire préférentiellement situées au niveau des parois du
directement ; les œufs transparents, ovalaires et kyste. Le diagnostic de référence est la détection
asymétriques sont de reconnaissance aisée. On d’ADN d’E. histolytica par PCR sur ce pus.
peut aussi déposer sur la lame 1 à 2 gouttes
d’huile à immersion ou de bleu coton pour
faciliter l’observation après avoir décollé le ruban Autres biopsies d’un tissu mou
adhésif.
Des biopsies de divers tissus peuvent être ache-
Ponction de kyste hydatique minées au laboratoire pour recherches parasito-
logiques. La connaissance de la localisation des
La ponction d’un kyste supposé être une lésion parasites dans l’organisme permettra de mettre en
d’échinococcose kystique est contre-indiquée en rai œuvre les techniques adaptées à leur recherche.
son du risque de dissémination et/ou de choc ana Plus encore que pour tout autre prélèvement bio-
phylactique. En revanche, les kystes peuvent être logique, un dialogue bioclinique est nécessaire pour
retirés par voie chirurgicale ou lors de ponction orienter les recherches. Le tableau 5.8 récapitule les
aspiration injection réaspiration (PAIR) et envoyés principaux parasites à rechercher en fonction de la
au laboratoire pour confirmation du diagnostic. nature des tissus et les méthodes à mettre en œuvre.
120 Méthodes
Tableau 5.9. Récapitulatif qualité pour les prélèvements d’infections fongiques superficielles.
Nature du prélèvement – Peau (squames), phanères (ongle, poils, cheveux ou muqueuse
– Muqueuses : 2 écouvillons secs ou avec milieu de transport
Recommandations Il sera pratiqué par une personne compétente diplômée [28].
pour la qualité Matériel de prélèvement : pinces, curette, écouvillons stériles, etc. ; recueil en boîte stérile fermée
du prélèvement hermétiquement
Conditions d’acheminement, Température ambiante
milieux de transport
Mode de conservation Plusieurs semaines à température ambiante
Principe méthodologique Mise en culture sur milieux spécifiques Sabouraud ± additionné d’antibiotiques (pour la peau et phanères,
le cycloheximide inhibe les bactéries et les moisissures) et identification des colonies fongiques
CIQ Souche de dermatophyte de référence pour tester le milieu avec cycloheximide
Performances du test Préleveur et opérateur-dépendant
Cause d’erreur, limites du test Champignon non viable, durée d’incubation trop courte, traitement antifongique préalable
122 Méthodes
l’électrostaticité), lampe de Wood. Il existe des invasive (voir chapitre 46). Cette stratégie, dont
écouvillons avec milieu de transport, mais dont l’intérêt reste à l’heure actuelle discuté, repose
l’utilisation reste à valider pour les dermatophytes, classiquement sur la réalisation des prélèvements
même si quelques essais ont été très concluants. multisites, notamment pluri-orificiels (bouche,
Il est conseillé de ne pas se limiter à la seule nez, anus, aisselles, etc.). Ces prélèvements seront
localisation pour laquelle le patient consulte, mais pris en charge de la même manière que les autres
de toujours rechercher d’autres localisations éven- prélèvements superficiels, même si l’examen direct
tuelles. Le prélèvement est donc guidé par la est moins intéressant dans ce cas précis.
clinique (figure 5.11).
Dans certaines populations de patients (notam-
Prélèvement de la peau glabre
ment en réanimation), ces prélèvements super-
ficiels seront réalisés en l’absence de signes La peau glabre est représentée par toute surface
locaux de mycoses pour rechercher/apprécier cutanée considérée comme dénuée de poils. On
une éventuelle colonisation fongique permettant peut considérer plusieurs types de lésions sur ce
théoriquement d’évaluer le risque de candidose revêtement cutané.
Figure 5.11. Orientation de la technique de prélèvement d’une infection mycosique superficielle en fonction de
l’aspect clinique.
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 123
• Les dermatophytoses « circinées » décrivent des Le prélèvement sera alors réalisé en périphérie
lésions annulaires avec une périphérie nette- de la lésion par grattage. Dans le cas des plis axil-
ment marquée par un bourrelet inflammatoire laires ou inguinaux, une coloration rouge-corail
parfois additionné de vésicules, et un centre des lésions à la lampe de Wood permet de faire
cicatriciel (croissance centrifuge). Dans certains le diagnostic d’érythrasma (corynébactéries).
cas, ces lésions peuvent confluer et la périphérie • En cas de lésions discrètes ou peu squameuses, le
est inflammatoire. Le prélèvement se réalise par prélèvement s’effectue préférentiellement par
grattage au vaccinostyle ou à la curette en péri- grattage. Cependant, devant un faible rende-
phérie des lésions, zone au niveau de laquelle ment des squames, il peut être judicieux de
le champignon est le plus actif (figure 5.12). compléter le prélèvement par l’apposition d’un
Les squames sont recueillies dans un récipient morceau de cellophane adhésive transparente
stérile. sur les lésions afin de réaliser un examen direct.
• Les intertrigos ou lésions des plis (sous-mam- Un écouvillon préalablement humidifié sera
maires, inguinaux, axillaires, interfessier, inter- ensuite utilisé pour réaliser la culture mycolo-
orteils et interdigitaux) sont prélevés de manière gique. Ce dernier doit être rapidement ense-
différente en fonction du type de lésion et donc mencé sur les milieux de culture afin d’éviter
du champignon suspecté. Une lésion bilatérale, tout développement bactérien.
mal délimitée, avec un enduit blanchâtre dans le • En cas de lésions suintantes, deux écouvillons
fond du pli, fera plutôt suspecter une candidose seront appliqués sur les lésions. Le premier
et orientera vers un écouvillonnage dans le permettra la réalisation de l’examen direct, le
fond du pli. A minima, deux écouvillons seront second de la culture.
utilisés afin de réaliser en parallèle l’examen • Pour le cas particulier de la recherche de levures
direct et la culture mycologique. A contrario, du genre Malassezia, l’examen direct suffit habi-
une lésion unilatérale bien délimitée par une tuellement au diagnostic. Dans le cas du pity-
bordure inflammatoire périphérique fera, quant riasis versicolor, le prélèvement sera réalisé au
à elle, plutôt suspecter une dermatophytose. niveau des lésions caractéristiques par grattage
Formes cliniques Dermatophytes les plus souvent impliqués Levures les plus souvent Autres
impliqués (pseudodermatophytes
et moisissures)
Mycoses des muqueuses
Mycoses génitales Candida albicans (++),
C. glabrata (+), C.
parapsilosis, C. tropicalis
Mycoses de la cavité buccale Candida albicans (++),
C. glabrata, C. parapsilosis,
C. tropicalis, Geotrichum
spp.
Candidose cutanéomuqueuse Candida albicans
chronique
Otite externe Aspergillus spp.
(Aspergillus niger +)
++ : très fréquent, + : fréquent.
canadensis. Les levures du genre Candida sont pathogènes, saprophytes du sol, qui colonisent
uniquement responsables d’infections cutanées au temporairement la peau, n’est pas rare et ceux-ci
niveau des plis. Les intertrigos à Candida spp., ne font habituellement pas l’objet d’un traite-
favorisés par la macération et l’humidité, sont ment (Trichophyton terrestre, Trichophyton ajelloi,
mal limités, touchent les grands plis et les petits Microsporum cookei). Par ailleurs, les pseudoder-
plis (interdigito-palmaires plus souvent qu’inter- matophytes (espèces kératinophiles donnant des
digito-plantaires, contrairement aux dermato- lésions simulant une dermatophytose) apparte-
phytes). Ils sont dus essentiellement à Candida nant au genre Neoscytalidium (N. dimidiatum
albicans, qui n’est jamais isolé sur la peau saine et N. dimidiatum var. hyalinum) et Onychocola
contrairement aux autres espèces de Candida canadensis peuvent être responsables, en plus des
dont C. parapsilosis, levure commensale de la onyxis, d’intertrigos interdigito-plantaires. Neos
peau. Les levures du genre Malassezia, petites cytalidium spp. peut également donner des inter-
levures lipophiles commensales de la peau, sont trigos interdigito-palmaires et une kératodermie
responsables de mycoses cutanées spécifiques : farineuse des plantes des pieds et des paumes,
le pityriasis versicolor sur la peau glabre, le pity- notamment en milieu tropical (Antilles, etc.).
riasis capitis sur le cuir chevelu et la dermite Onychocola canadensis se rencontre plutôt en zone
séborrhéique, essentiellement sur le visage. Les tempérée, préférentiellement chez les femmes
dermatophytes sont responsables sur la peau très âgées présentant des troubles trophiques des
glabre d’épidermophyties (ou dermatophytoses) membres inférieurs.
circinées, d’intertrigos bien limités des grands plis
et des petits plis, et d’atteintes érythémato-squa- Devant un prélèvement de cheveux ou de poils
meuses des plantes des pieds. Les dermatophytes Les champignons à rechercher sont les dermato-
sont également responsables de kératodermie phytes, et les levures du genre Malassezia pour les
plantaire et/ou palmaire, affectant souvent une folliculites. Les pseudodermatophytes n’attaquent
seule main et les deux pieds (le one hand, two feet ni les cheveux ni les poils. Il existe différentes
des Anglo-Saxons). Il est donc toujours néces- formes cliniques d’atteintes fongiques du cuir che-
saire de préciser l’espèce dermatophytique en velu ou des poils : les teignes tondantes à grandes
cause car l’isolement des dermatophytes non ou à petites plaques, les teignes inflammatoires
128 Méthodes
Tableau 5.11. Récapitulatif du processus qualité pour la recherche de P. jirovecii dans les LBA et expectorations
(d’après [36]).
Nature du prélèvement Lavage bronchiolo-alvéolaire (LBA), expectoration induite (EI), expectoration spontanée (ES)
Recommandations LBA : instillation de sérum physiologique stérile à température ambiante dans un territoire alvéolaire, puis
pour la qualité recueil entre chaque lavage et analyse des fractions du lavage
du prélèvement EI : expectoration de sécrétions bronchiques à l’aide d’un kinésithérapeute, après stimulation de la toux,
induite par nébulisation d’un aérosol hypertonique de NaCl à 3 % pendant 20 minutes
ES : après rinçage buccodentaire à l’eau stérile
Conditions d’acheminement, Flacons stériles
milieux de transport Acheminement dans les 4 heures à température ambiante, sinon conservation entre +2° et +8°C
<48 heures
Mode de conservation +5°C (± 3°C) pour les prélèvements primaires jusqu’à prise en charge
Idéalement, –20°C (± 5°C) pour l’aliquote destinée à la PCR jusqu’à l’extraction
–20°C à –80°C pour les extraits d’ADN
Principe méthodologique Examen microscopique
Détection du génome
Prétraitement de l’échantillon : centrifugation vitesse et temps
Type de méthode Colorations
Biologie moléculaire
Type de mesure Microscopique
PCR
CIQ Microscopie
– Commerciaux : lames de contrôle positives pour l’immunofluorescence ou colorations spécifiques
– Maison : lames préparées à partir d’un échantillon de LBA positif en microscopie
PCR
– Commerciaux : témoins positifs et négatifs inclus dans les coffrets, contrôles d’extraction et d’inhibition
– Maison : témoins positifs obtenus à partir d’un échantillon de LBA positif
EEQ Microscopie : College of American Pathologists, contrôles interlaboratoires
PCR : fournisseurs d’EEQ, contrôles interlaboratoires
Performances du test Microscopie : sensibilité variable selon la nature de l’échantillon, la technique et le terrain du patient
PCR : excellentes sensibilité et valeur prédictive négative (VPN) sur un échantillon de bonne qualité
cellulaire
Cause d’erreur, limites du test Patient sous traitement anti-Pneumocystis
Microscopie
– LBA : prélèvement non représentatif en cas de mauvaise cellularité, c’est-à-dire absence de cellules
macrophagiques, présence de cellules bronchiques, voire de cellules de l’épithélium oropharyngé
– EI : excès de mucus dans les échantillons pouvant perturber la coloration (mais recommandé d’ajouter
un agent mucolytique dans les expectorations)
– LBA et EI : présence de C. albicans dans les échantillons pouvant réagir avec l’anticorps anti-souris
conjugué à l’isothiocyanate de fluorescéine, conduisant à un résultat faussement positif en
immunofluorescence
– ES : microscopie non contributive
– PCR : absence de standardisation de l’échantillon primaire ; échantillon de mauvaise qualité cellulaire
coloration au MGG. Les techniques de détection invasifs que les LBA (tels que les expectorations
microscopique sont détaillées dans le tableau 5.12 spontanées ou induites, les rinçages oropharyngés
[35, 37]. Il est nécessaire de lire la totalité du spot ou les aspirations bronchiques), même si l’inter-
et de disposer de contrôles. prétation d’un résultat positif sur ces prélèvements
peut parfois s’avérer difficile.
PCR en temps réel
Des coffrets commerciaux ou des PCR dites Interprétation et validation
« maison » sont utilisables. Ces PCR permettent
de rendre des résultats qualitatifs ou quantitatifs. Microscopie
L’utilisation d’une technique amplifiant un gène Au total, un résultat est rendu positif dès lors que
multicopies tels que le MSG (major surface glyco des formes trophiques et/ou des asques sont visualisés
protein) ou le mtLSU rRNA (mitochondrial large à l’examen direct, quelle que soit la technique uti
subunit ribosomal RNA) permet d’augmenter la lisée. Compte tenu de la relative faible sensibilité
sensibilité de la détection. Les techniques de de l’examen microscopique (en particulier chez le
PCR en temps réel ont l’avantage de pouvoir être sujet non infecté par le VIH), toute positivité doit
réalisées à partir d’échantillons respiratoires moins être interprétée comme le témoin d’une infection
132 Méthodes
Figure 5.18. Échantillon de LBA de mauvaise qualité Figure 5.21. Asques de Pneumocystis jirovecii colorés
cellulaire coloré au MGG. en violet sur fond bleu (coloration de Chalvardjian
Présence de cellules de l’épithélium oropharyngé (flèches). ou au bleu de toluidine).
(Source : collection ANOFEL, CHU de Brest et Amiens.) (Source : eANOFEL.)
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 133
Figure 5.22. Asques de Pneumocystis jirovecii colorés Figure 5.23. Amas d’asques de Pneumocystis jirovecii
en bleu-violet, avec un aspect en « grain de café » colorés en vert (immunofluorescence indirecte, anticorps
(Calcofluor White). anti-asques).
(Source : eANOFEL.) (Source : eANOFEL.)
Le diagnostic de PPC doit reposer sur un fais- PCR négative sur un LBA de bonne qualité
ceau d’arguments cliniques, radiologiques et bio- (défini sur la présence de cellules macrophagiques
logiques. En effet, en raison de la sensibilité élevée et de pneumocytes) permet a priori d’éliminer le
de la PCR, un résultat de PCR positif ne suffit pas diagnostic d’infection par P. jirovecii.
à affirmer le diagnostic de PPC, de faibles charges
fongiques pouvant être détectées par PCR chez Recherche d’agents fongiques
des patients ne présentant pas de pneumocystose autres que P. jirovecii
(colonisation plus ou moins transitoire). Les PCR
quantitatives permettent d’établir des seuils afin
et pathogénicité
d’aider les cliniciens pour le diagnostic différentiel des champignons isolés
de la PPC et de la colonisation [37]. Ces seuils Recherche de champignons
doivent être validés dans chaque centre et selon la filamenteux
technique utilisée. Il n’y a pas à ce jour de seuil ni
de conduite à tenir qui fasse l’objet d’un consensus. Indications
A contrario, compte tenu de l’excellente sensibilité La recherche de champignons filamenteux dans
de la PCR pour la détection de P. jirovecii, une le tractus respiratoire, chez les patients non
134 Méthodes
Tableau 5.13. Prélèvements respiratoires, quantité et modalités préanalytiques à la mise en culture pour recherche
d’agents fongiques.
Conservation et transport après Prétraitement avant culture
prélèvement
Prélèvement Volume minimal
Délai (h) Température (°C) Homogénéisation (pipette stérile et/ou vortex
et/ou agent mucolytique)
Expectoration ≥ 1 mL 1à4 Ambiante Ensemencer les zones muqueuses si présentes
AT, AB 24 à 48 +2 à +8
LBA ≥ 1 mL 4 Ambiante Si le surnageant est nécessaire pour d’autres
24 à 48 +2 à +8 analyses :
– centrifugation à 1200 g 10 minutes
– conserver 200–500 µl de surnageant
pour suspendre le culot
PDP Autant que possible dilué 1à4 Ambiante Aucun
dans 1 mL de sérum 24 à 48 +2 à +8
physiologique stérile
AB : aspiration bronchique ; AT : aspiration trachéale ; PDP : prélèvement distal protégé.
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 135
Elle n’est demandée que dans un contexte Les propositions d’interprétation s’appuient sur
d’immunodépression, notamment pour la l’état actuel des connaissances, pour l’essentiel
recherche d’une cryptococcose pulmonaire. Les sur les données d’isolement en culture. Dans
levures du genre Candida retrouvées dans le les années à venir, celui-ci est amené à évoluer,
tractus respiratoire sont un cas fréquent et ne notamment grâce aux nouvelles technologies
témoignent généralement pas d’une infection comme la PCR/Electro Spray Ionisation-Mass
invasive, mais cela peut éventuellement s’intégrer Spectrometry ou le séquençage à haut débit.
dans l’évaluation de la colonisation fongique, ou De façon simplifiée, sont proposées les inter-
témoigner d’une infection de la cavité oropha- prétations suivantes :
ryngée. La pneumonie à Candida est une entité • cavité buccale : l’isolement de levures ou
rare avec une prévalence inférieure à 1 % chez de pseudomycélium, en présence de signes
des patients à risque de candidose systémique cliniques évocateurs de candidose buccale,
[42] et dont le diagnostic de certitude repose témoigne d’une infection ;
sur l’examen anatomopathologique d’une biopsie • expectoration, aspiration bronchique et LBA :
tissulaire. l’isolement de Candida sp. est en faveur d’une
contamination probable à partir du carrefour
Mise en œuvre oropharyngé ou d’une colonisation ;
Les méthodes de culture mises en œuvre pour • prélèvement distal protégé : colonisation pro-
la recherche de champignons filamenteux seront bable.
habituellement complétées par un ensemence- Deux cas particuliers sont à noter :
ment de milieu chromogène en vue de l’isolement • les prélèvements respiratoires du nouveau-né de
et de l’identification des levures. moins de 15 jours où il s’agit de colonisation,
les flores commensales étant en cours d’acquisi-
Interprétation tion ;
L’interprétation de l’isolement d’une levure à • l’isolement de C. neoformans, C. grubii, ou
partir d’un prélèvement respiratoire est complexe C. gattii, qui devra faire conclure à une crypto-
car elle doit prendre en compte : coccose pulmonaire jusqu’à preuve du contraire.
• le site anatomique en distinguant les prélève-
ments : Prise en charge spécifique
– des voies respiratoires supérieures (fosses pour certaines catégories
nasales, pharynx, larynx et trachée), telle de patients
l’expectoration qui reflète l’étage supraglot-
tique, pour l’essentiel la zone oropharyngée ; Patients immunodéprimés
– des voies respiratoires inférieures (bronches,
Indications et contexte
bronchioles, alvéoles) comme l’aspiration
bronchique et le LBA qui peuvent être conta- Certaines catégories de patients (allogreffés de
minés par la flore buccale et le prélèvement cellules souches hématopoïétiques, transplanta-
distal protégé (PDP) qui, par définition, n’est tions d’organes, corticothérapies au long cours,
pas contaminé par la flore des voies aériennes etc.), pour lesquelles il existe un risque élevé de
supérieures. développer une infection fongique pulmonaire
• le contexte clinique : communautaire ou hos- invasive, nécessitent une prise en charge particu-
pitalisation ; lière des prélèvements respiratoires [33, 39].
• le caractère commensal (constituant durable
Mise en œuvre (figure 5.17)
ou transitoire de la flore) de la levure selon
le site anatomique, s’il est prouvé ou admis Prélèvement
(tableau 5.14) ; Privilégier tout prélèvement du tractus respira-
• le résultat de l’examen direct, notamment la toire bas, en particulier le LBA, réalisé au niveau
présence ou non de pseudomycélium. du territoire atteint.
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 137
Tableau 5.14. Principaux genres et espèces de levures isolées du tractus respiratoire, leurs caractère commensal
et sources.
Genres/espèces Commensalisme Source/réservoir
Candida sp.
C. albicans Commensal du tractus digestif Homme, animaux
C. dubliniensis
C. glabrata (complexe d’espèces) : Commensal du tractus digestif et urogénital Homme, bovins
C. glabrata, C. bracarensis, C. nivariensis (mal connue pour C. bracarensis, C. nivariensis)
C. parapsilosis (complexe d’espèce) : Commensal de la peau et des muqueuses Homme
C. parapsilosis, C. metapsilosis,
C. orthopsilosis
C. tropicalis Commensal de la peau et des muqueuses Homme, aliments, eaux marines, sol
C. krusei (syn. Issatchenkia orientalis, Pichia Commensal du tractus digestif et de la peau Homme, mammifères, oiseaux
kudriavzevii) Aliments
C. kefyr (syn. Kluyveromyces marxianus) Commensal du pharynx et des voies Homme, aliments
respiratoires
C. guilliermondii (syn. Meyerozyma Commensal de la peau Homme, animaux, aliments
guilliermondii)*
C. famata (syn. Debaryomyces hansenii)* Commensal de la peau Homme, animaux, aliments, environnement
C. inconspicua/Pichia cactophila§ Commensal du tractus digestif Homme, produits laitiers
C. norvegensis§ Commensal du tractus digestif et des voies Homme, produits laitiers
respiratoires
C. lusitaniae (syn. Clavispora lusitaniae) Commensal de la peau Homme
Cryptococcus sp. Pathogène Homme, animaux, environnement
C. neoformans, C. grubii, C. gattii
Malassezia sp. Commensal de la peau et des muqueuses Environnement
Rhodotorula sp. Commensal de la peau Environnement, aliments
Trichosporon sp. Commensal de la peau et des muqueuses Environnement
Saccharomyces sp. Commensal au moins transitoire du tractus Aliments, probiotiques (préparation
Saccharomyces cerevisiae digestif pharmaceutique contenant S.cerevisiae
var. boulardii)
Les levures des complexes d’espèces et celles identifiées par * ou § sont des espèces de phénotypes très proches ou non différenciables, dont l’identification
formelle peut être obtenue par biologie moléculaire ou par spectrométrie de MALDI-TOF.
Mise en œuvre
L’examen mycologique des selles fait appel aux
différentes techniques de base évoquées dans
cet ouvrage : examen microscopique direct,
mise en culture, quantification, identification
d’espèce ± antifongigramme (selon contexte).
L’examen microscopique direct n’est pas indis-
pensable, car souvent peu informatif.
Processus qualité
Urines : modalités
(Voir tableau 5.16.) d’ensemencement,
quantification
Interprétation
Indications
Les levures du genre Candida spp. sont les plus
fréquemment retrouvées. Elles témoignent d’une L’examen mycologique des urines est recom-
colonisation digestive (flore commensale) et donc mandé :
pas nécessairement d’une infection invasive, même • lors de l’évaluation et du suivi du niveau de
si leur présence, notamment dans le cas d’un colonisation candidosique des patients à risque
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 141
candidurie (quantification) et les signes cliniques. L’implication des levures du genre Candida
De ce fait, l’interprétation d’une candidurie spp. dans une infection urinaire nécessite en
nécessite la prise en compte d’éléments épidémio- général une candidurie élevée (≥ 105 UFC/mL),
logiques, biologiques et cliniques : conditions et la positivité d’au moins deux prélèvements et la
qualité du recueil de l’urine, contexte épidémio- présence de critères cliniques ou d’inflammation
logique (communautaire ou nosocomial), symp- (leucocyturie ≥ 104/mL en l’absence de sonde
tômes, facteurs de risque, leucocyturie, nature et ou cathéter (à noter que la leucocyturie peut
intensité de la candidurie [48]. être absente en cas d’infection, en particulier lors
De nombreux facteurs de risque de candidurie d’un prélèvement précoce ou chez les patients
ont été décrits : diabète, présence de sonde neutropéniques) [46, 48]. Chez les patients de
ou cathéter urinaire, antibiothérapie, anomalies réanimation, le seuil de 104 UFC/mL apparaît le
fonctionnelles ou anatomiques de l’appareil uri- plus discriminant : toute candidurie supérieure à
naire, stase urinaire, immunosuppression, acte ce seuil peut traduire ou exposer à un risque de
chirurgical urologique ou endoscopique, poly- candidose disséminée [45]. En cas de prostatite,
traumatisme, brûlures étendues, sexe féminin, un seuil de significativité de 103 UFC/mL est
grossesse, irritation locale, etc. [46, 48, 49]. généralement admis. De même, une augmenta-
Les candiduries communautaires sont rares tion du nombre de levures détectées dans l’urine
(0,2-6 % de la population générale) et traduisent avant et après massage prostatique est évocatrice
le plus souvent une colonisation de l’arbre uri- d’une prostatite [46, 47].
naire chez des patients avec facteurs de risque. Un examen mycologique de contrôle est
En revanche, les candiduries sont fréquentes en recommandé en cas de discordance entre la cli-
milieu hospitalier (8-26 %), en particulier chez nique et la biologie et pour affirmer une candidu-
les patients de réanimation. Les espèces les plus rie véritable [48].
fréquemment isolées sont C. albicans (60 %),
C. glabrata (14-22 %) et C. tropicalis (8 %) [47, 48].
La plupart des candiduries sont asymptomatiques
ou non spécifiques, de présentation clinique simi- Examen mycologique
laire aux infections bactériennes (à type de cystite, d’un liquide de
prostatite ou de pyélonéphrite). Une complica- conservation d’organes
tion possible de l’atteinte du parenchyme rénal est
la formation d’agrégats fongiques ou bézoards, Indications
encore appelés fungus balls, au niveau du bassinet,
des uretères ou de la vessie, visibles à l’imagerie La contamination des liquides de conservation
[46–48]. d’organe (LCO) par des micro-organismes peut
La seule quantification des levures dans les être responsable de complications gravissimes
urines ne permet pas de distinguer formellement pouvant entraîner la perte du greffon (avec néces-
colonisation et infection [48]. Toutefois, diffé- sité de l’enlever en urgence), voire le décès du
rents seuils de significativité sont proposés dans receveur [55]. Ces contaminations sont souvent
la littérature, à titre indicatif, en fonction du provoquées par une brèche digestive lors du pré-
mode de recueil et du contexte clinique. Toute lèvement d’organes. L’analyse microbiologique
candidurie supérieure au seuil de détection doit des LCO est donc essentielle afin de prévenir ces
être prise en compte si l’urine a été prélevée par complications. La fréquence de la contamination
une méthode invasive (par exemple ponction par des agents fongiques varie de 0,4 à 4 %
sus-pubienne) [46]. Dans les autres cas, une can- selon les études et la nature de l’organe trans-
didurie < 103 UFC/mL chez un patient asymp- planté. Candida est le principal agent fongique
tomatique évoque plutôt une contamination du en cause avec une répartition des espèces qui suit
prélèvement ou une colonisation. celle de la flore digestive : Candida albicans en
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 145
Mise en œuvre
Recueil de l’échantillon
En salle d’opération, avant la transplantation et
dès l’ouverture du conteneur interne, 50 mL
de LCO sont prélevés à l’aide d’une seringue
stérile et répartis dans deux flacons stériles pour
les analyses bactériologiques et mycologiques.
Ils seront identifiés et transmis avec un bon
d’acheminement mentionnant le numéro Cristal
(numéro anonyme attribué au donneur) et la
nature du prélèvement (LCO rein, foie, cœur,
poumons, etc.), le service clinique, la date et
l’heure du prélèvement, les noms du prescripteur
et du préleveur. Le LCO doit être acheminé
rapidement au laboratoire et conservé à +4 °C Figure 5.27. Logigramme de prise en charge
s’il ne peut pas être traité pendant la période de d’un liquide de conservation d’organe au laboratoire
permanence des soins. de mycologie.
filamenteux étant extrêmement rare, ces dossiers (au-delà de 48 heures il sera congelé à –20 °C).
devront être discutés au cas par cas pour distin- Dans cette situation, un broyage du prélèvement
guer la « vraie » contamination du LCO (et donc n’est pas recommandé car il diminue les perfor-
de l’organe), de la contamination accidentelle de mances des cultures mycologiques.
laboratoire, ou lors de l’échantillonnage au bloc
opératoire. Liquide céphalorachidien (LCR)
La ponction lombaire est réalisée par l’intro-
duction d’une aiguille dans l’espace sous-arach-
Examen mycologique noïdien entre les 4e et 5e apophyses épineuses
pour infections profondes lombaires (soit 4e et 5e vertèbres). Elle per-
met de prélever du LCR recueilli dans un tube
Indications stérile. Les 4 à 5 premières gouttes du LCR
(pouvant contenir un peu de sang ou quelques
En cas d’infection invasive disséminée, de nom- cellules cartilagineuses) sont recueillies dans le
breux organes peuvent être atteints et pourront premier tube, le reste (une vingtaine de gouttes)
éventuellement faire l’objet d’un prélèvement dans les tubes suivants, servant respectivement
en vue de documenter le processus infectieux. aux examens biochimique, microbiologique et
Il est important que le prélèvement soit en cytologique. L’acheminement du LCR se fait
quantité suffisante pour pouvoir associer un sans délai (moins de 30 minutes) en raison de
ou plusieurs examens microscopiques avec une la lyse rapide des polynucléaires et à l’abri du
mise en culture, assurant ainsi une sensibilité froid en raison de la fragilité de certains micro-
de détection maximale, et que le laboratoire organismes. L’examen microbiologique standard
soit prévenu de l’arrivée de ces prélèvements du LCR ne comprend pas de mycologie. En cas
précieux. Au cas par cas, l’intérêt du diagnos- de suspicion de cryptococcose neuroméningée, le
tic moléculaire pourra être discuté (approche degré d’immunodépression, les pathologies sous-
panfongique ou approche spécifique d’espèce), jacentes et les signes cliniques doivent accompa-
en plus des approches traditionnelles (examen gner la demande afin de réaliser des examens
direct et cultures). spécifiques (examen direct à l’encre de Chine,
recherche de l’antigène capsulaire glucuronoxy-
lomannane de C. neoformans) et permettre un
Mise en œuvre diagnostic rapide (voir chapitre 47).
Biopsies
Collections purulentes
Il s’agit essentiellement de prélèvements réali-
et liquides d’épanchements
sés lors des actes chirurgicaux, notamment de
biopsies pulmonaires, ganglionnaires, hépatiques, Les liquides purulents provenant des abcès, de
de nodules sous-cutanés, etc. Ces prélèvements même que les liquides d’épanchement au niveau
précieux sont déposés dans des tubes ou des pots des séreuses (péritoine, plèvre, péricarde, syno-
stériles en ajoutant quelques gouttes de sérum vial) sont aspirés à l’aide d’une aiguille montée
physiologique pour éviter la dessiccation, mais sur une seringue. En cas d’effraction cutanée
sans adjonction de conservateur ou de fixateur qui nécessaire, la zone cutanée traversée doit être soi-
empêcheraient la culture et qui peuvent altérer gneusement désinfectée afin d’éviter les contami-
les performances des PCR. Le prélèvement doit nations par la flore commensale. L’acheminement
être acheminé au plus vite et dans les 4 heures au au laboratoire doit se faire rapidement (dans les
laboratoire. S’il ne peut pas être pris en charge 4 heures) directement dans la seringue ou dans
immédiatement, il sera conservé au réfrigérateur un pot stérile.
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 147
redons ou de drains. L’interprétation sera plus dif- premières catégories. En revanche, aucun n’appar-
ficile et prendra en compte le contexte (péritonite tient à la catégorie de risque 4.
communautaire ou nosocomiale), l’existence de En France, la liste d’agents biologiques patho-
signes de gravité, les données de l’examen direct gènes classe 3 [57] recense les champignons dimor-
et la présence ou non d’une flore bactérienne phiques Blastomyces dermatitidis, Histoplasma
associée. En pratique, la présence de levures à capsulatum var. capsulatum, Histoplasma capsu
l’examen direct sera prise en considération en latum var. duboisii, Paracoccidioides brasiliensis,
cas de péritonite secondaire liée aux soins (ou Coccidioides immitis et le phaeohyphomycète
communautaires en présence de signes de gravité Cladophialophora bantiana. Deux autres cham-
ou chez l’immunodéprimé), témoignant d’une pignons filamenteux (non mentionnés dans la
prolifération fongique importante et pouvant législation française) sont également classés par la
témoigner d’un processus infectieux [56]. communauté internationale comme organismes
de type 3. Il s’agit du phaeohyphomycète
Rhinocladiella mackenziei, responsable d’infec-
Examen mycologique tions sévères du système nerveux central, et
des agents L3 du champignon dimorphique thermodépendant
Talaromyces marneffei, responsable d’infections
respiratoires souvent mortelles en l’absence
Classification de traitement. Concernant les parasites, seule
La classification des agents biologiques patho- l’amibe libre Naegleria fowleri rentre dans cette
gènes (fixée par le décret n° 94-352 du 4 mai catégorie, avec risque de transmission par voie
1994) [60] positionne ces agents en quatre aérienne.
groupes en fonction de l’importance du risque
d’infection qu’ils représentent pour l’homme ou
de leurs effets allergisants et/ou toxiques. Recommandations
• Le groupe 1 inclut les agents non susceptibles pour le laboratoire
de provoquer une maladie chez l’homme.
• Les agents biologiques du groupe 2 provoquent Lors de la manipulation de ces agents pathogènes,
une maladie chez l’homme et sont un danger les laboratoires doivent établir des recomman-
pour les travailleurs ; leur propagation dans la dations liées à la sécurité et à la sûreté biolo-
collectivité est peu probable et il existe générale- gique, développées dans le but de surveiller et
ment une prophylaxie ou un traitement efficaces. prévenir des maladies. Les mesures de sécurité
• Le groupe 3 englobe les organismes capables de comprennent les bonnes pratiques de maîtrise
provoquer une maladie grave chez l’homme et des risques visant principalement la prévention
constituant un danger sérieux pour les travail- des risques d’exposition accidentelle aux agents
leurs. De la même manière que les organismes pathogènes ou toxines afin d’éviter la contami-
du groupe 2, leur propagation dans la collecti- nation des personnels et de l’environnement. La
vité est possible, mais il existe généralement une sûreté biologique consiste en la mise en place des
prophylaxie ou un traitement efficace. mesures d’ordre administratif et organisationnel
• Les agents biologiques du groupe 4 provoquent ainsi qu’en la gestion du personnel en vue de
des maladies graves chez l’homme et consti- protéger et contrôler l’utilisation d’agents ou des
tuent un danger sérieux pour les travailleurs ; toxines. Ces pratiques ont pour but de prévenir
le risque de propagation dans la collectivité est les risques liés à la perte, au vol ou au mésusage
élevé et il n’existe généralement ni prophylaxie, d’agents pathogènes [58, 62].
ni traitement efficaces. Chaque laboratoire manipulant des champi-
Les parasites et les champignons (levures et gnons appartenant aux groupes de risque 3 devra
filamenteux) peuvent être classés dans les trois établir des mesures de confinement qui incluent
Chapitre 5. Diagnostic par nature du prélèvement 149
• prélèvements de poussière : deux modalités PCR quantitative, avec des panels de systèmes
principales existent : soit par aspiration via un d’amorces et sondes visant à amplifier de façon
filtre collecteur mis en bout d’aspirateur, soit spécifique un certain nombre d’espèces d’intérêt.
par l’usage de lingettes électrostatiques.
Quels champignons rechercher
Modalités de détection et quels seuils critiques ?
Outre la numération de la flore fongique totale,
Les conditions de culture recommandées sont
il faut identifier les principales espèces de champi-
d’utiliser un milieu de culture adapté aux cham-
gnons potentiellement pathogènes et responsables
pignons tels que le milieu Malt Agar ou de
d’infections fongiques invasives, notamment celles
Sabouraud, voire le milieu Dichlorane-glycérol
du genre Aspergillus (en particulier A. fumigatus)
(DG18) plus volontiers utilisé dans les analyses
et plus rarement des genres Fusarium, Scedo
environnementales domiciliaires.
sporium ou les Mucorales.
Les cultures sont incubées à 30 °C ± 2 °C (ou
Il est difficile de donner des valeurs critiques
mieux si les échantillons peuvent être dupliqués,
pour chacun des environnements, sachant que
un échantillon à 25 à 30 °C ± 2 °C et un échan-
la présence de moisissures est habituelle dans
tillon à 35 °C ± 2 °C) pendant au moins 5 jours.
un environnement non traité et que plusieurs
Une première observation des cultures sera effec-
situations doivent être distinguées (tableau 5.19).
tuée à J2 pour pouvoir décompter le nombre de
colonies. À J5, l’identification sera effectuée soit
par méthode classique microscopique, soit en uti- Mesure de la contamination
lisant des méthodes plus précises d’identification microbiologique des logements
telles que la spectrométrie de masse ou la biologie
moléculaire. La mesure de l’exposition environnementale au
La détection sur un prélèvement d’air ou de domicile est proposée pour améliorer la prise
poussière peut également se faire directement par en charge des patients présentant des maladies
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