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A noter la présence d’un fort contingent d’étrangers à Calvi dans des emplois
classés dans le tertiaire catégorisant les militaires de la Légion étrangère. Autre
particularité, l’immigration sub-saharienne et asiatique est encore pour l’heure
anecdotique par rapport au Continent.
3
la part des chercheurs participants qu’en tenant compte de ce qui nous est apparu
comme des impératifs du terrain. En Corse, d’incontestables phénomènes
d’exclusion voisinent avec de non moins évidentes preuves d’intégration ou
d’accueil amical ; les textes à suivre en attestent. Jusqu’à présent il existe peu de
travaux traitant du phénomène migratoire récent tant dans ses aspects historiques
que statistiques. Nos effectifs limités ne nous ont pas permis de réaliser un
panorama complet de la question. Nous avons écarté les aspects les plus connus et
qui ont fait l’objet du plus grand nombre de publication. Ainsi l’immigration
italienne, qui figure parmi la plus ancienne et la plus étudiée, n’est pas abordée de
façon spécifique. La partie événementielle soulignera son importance et elle
reviendra transversalement dans les éclairages plus précis. Souhaitons que ce
travail connaisse une suite tant les thèmes non traités sont essentiels et le sujet
soumis à de constantes évolutions. Mais plutôt que de proposer une compilation
de travaux et de données déjà publiés nous avons voulu faire œuvre de recherche
en ouvrant des pistes encore peu explorées.
4
Première Partie
1
Voir par exemple Archives Départementales de la Haute-Corse (A.D.H.C.) P 53 : Corsica du 1er avril 1910,
article intitulé Les fonctionnaire français en Corse.
9
- La deuxième moitié du XIXème siècle (1848-1914).
Année 1861
Population
totale 252889
Total
étrangers 8247
Part
d'étrangers 3%
Pourcentage
d'hommes 64%
Anglais 22 0.3%
Américains 15 0.2%
Allemands 63 0.8%
Belges 2 0.02%
Hollandais 4 0.05%
Italiens 7807 95%
Suisses 47 0.6%
Russes 3 0.05%
Espagnols 18 0.2%
Polonais 15 0.2%
Grecs 7 0.08%
Autres 148 2%
Inconnus 96 1%
2
En 1935, outre le Consulat général de Bastia, il y avait le Vice-consulat d’Ajaccio et les agences consulaires de
Bonifacio, Corte, L’Isula Rossa, Porto Vecchio, Propriano, Solenzara et Vicu.
11
l’italianité première de l’île, faisant ressentir tout ce qui pouvait venir d’Outre-
Thyrénienne comme étranger, ou à tout le moins comme différent. Enfin, on ne
saurait oublier, dans ce contexte fin de siècle, que les relations internationales
entre la France et l’Italie étaient particulièrement tendues, tant dans le domaine de
la rivalité coloniale que de la diplomatie et de l’économie ; l’Italie ayant de plus
adhéré à la Triple Alliance anti-française dirigée par l’Allemagne impériale
(1882), cela aboutit entre autres à la réactivation des revendications italiennes sur
la Corse (irrédentisme). D’où l’existence d’un fort courant xénophobe et raciste
accusant le Lucchesu3 – terme péjoratif désignant les Italiens – de tous les maux
de l’île. Traités avec mépris, victimes parfois d’actes de violence – sans que cela
ne déboucha jamais sur des pogroms comme celui d’Aigues-Mortes (1896) –, ces
Lucchesi devinrent les boucs-émissaires idéaux dans ce climat de crise
généralisée. La presse insulaire elle-même ne se priva pas de mener parfois de
véritables campagnes de xénophobie et de racisme à leur égard ; non exemptes
d’un certain mimétisme intégrateur vis-à-vis de la nation française. Ainsi, L’Echo
de Bastia du 30 juillet 1898, dans un article significativement intitulé L’Invasion
n’hésitait pas à écrire qu’ Ils sont partout ! C’est par milliers qu’on les compte
[…] qui viennent à la curée, sucer les dernières gouttes de [notre] sang […].
L’italien, cependant, reste la plaie de notre pauvre pays. […] Lorsqu’il n’est pas
un espion, il est toujours un calomniateur. À quand le holà ? 4. Après 1901, et le
rapprochement diplomatique entre Rome et Paris, cette hostilité anti-italienne
décrût sans pour autant que disparaissent les comportements de rejet qui
perdurèrent jusque dans la seconde moitié du XXème siècle ; la présence italienne
se fit également moins visible : en 1911, ils ne représentaient plus que 3% de la
population. Néanmoins, cela n’empêcha pas, outre l’acquisition de la langue corse
par ces immigrés que, peu à peu, l’accroissement des mariages mixtes devint une
réalité, notamment après 1945 il est vrai, participant ainsi à leur intégration
progressive et, finalement, réussie.
Bien qu’ils fussent en situation quasi-hégémonique, les Italiens ne furent pas les
seuls immigrés présents sur le sol insulaire à la veille de la Grande Guerre ; de ci
de là, on pouvait noter la présence définitive de quelques très rares ressortissants
grecs venus en Corse afin de pratiquer la pêche aux éponges, comme ce fut le cas
à Bonifacio. De même quelques réfugiés politiques maltais, polonais ou espagnols
étaient présents dans l’île dans les années 1830-1850 sans que l’on sache si
certains purent s’établir à demeure.
3
Littéralement Lucquois, autrement dit habitant de Lucques (Lucca) en Toscane d’où provenaient, au début du
XIXème siècle, la plupart des travailleurs saisonniers.
4
Cité par Marie-Pierre Luciani, Immigrés en Corse minorité de la minorité, Paris, CIEMI L’Harmattan, 1995.
12
Année 1911
Population totale 259726
Total étrangers 8658
Part d'étrangers 3%
Pourcentage
d'hommes 60%
Anglais 83 1,00%
Autrichiens 25 0.3%
Américains du
Nord 36 0.4%
Américains du
Sud 60 0.7%
Africains 8 0.09%
Asiatiques 1 0.01%
Roumains… 1 0.01%
Allemands 62 0.7%
Belges 10 0.1%
Italiens 8198 95%
Hongrois 7 0.08%
Luxembourgeois 1 0.01%
Russes-Polonais 6 0.06%
Turcques 28 0.3%
Suisses 80 0.9%
Espagnols 38 0.4%
Grecs 4 0.04%
Inconnus 8 0.09%
5
Au sens historique du terme, c’est-à-dire les territoires correspondants aux actuels états d’Israël, de Jordanie, du
Liban, de la Palestine et de la Syrie.
6
Pour reprendre le titre de l’ouvrage de Pierre-André Taguieff (dir.), L’antisémitisme de plume. 1940-1944,
études et documents, Paris, BERG international éditeurs, 1999, 618 pages.
15
persécutés. Néanmoins, au printemps 1943, les Juifs du sud de l’île furent
assignés à résidence, alors que leurs coreligionnaires du nord furent arrêtés par les
autorités d’occupation italiennes et enfermés dans un camp de fortune, à Ascu,
prélude à leur déportation ; cette dernière n’eut finalement pas lieu. En effet, la
sortie italienne de la guerre le 8 septembre 1943 et, le lendemain, le
déclenchement de l’insurrection par la Résistance, aboutit à la Libération de l’île,
avec l’aide des troupes venus d’Alger dont de très nombreux tabors Marocains, et
des régiments italiens passés du côté des Alliés. Après 1948, et la création de
l’État d’Israël, une partie des Juifs insulaires prit la décision d’émigrer vers ce
pays, réduisant de nouveau la communauté à sa portion congrue; l’arrivée de
quelques Pieds-Noirs de confession israélite au début des années 1960 n’y
changea pas grand chose. En 2008, il ne restait en Corse que 200 Juifs environ, la
plupart très âgés.
Ultime conséquence du premier conflit mondial, le déclenchement de la
Révolution russe et de la guerre civile (1917-22) apporta également son lot
d’exilés. La débâcle des armées blanches les poussa à chercher refuge auprès des
puissances alliées ; c’est ainsi que, provenant de Crimée, une partie des troupes du
Général Wrangel et leurs familles – pratiquement 3700 personnes, russes,
ukrainiennes et cosaques pour l’essentiel – arrivèrent à Ajaccio au mois de mai
1921 ; théoriquement en transit pour le Brésil via Toulon. Il fallut dans un premier
temps, subvenir aux besoins de ces réfugiés par la création d’un comité de
secours; les autorités se montrant quelque peu dépassées ; en un mois d'activité, en
plus des dons en nature, le Comité recueillit près de 7000 francs en liquide7 ; à
l’inverse, il exista des situations de rejets et de xénophobies. Les autorités
préfectorales songèrent bientôt à employer ces réfugiés, en particulier dans
l’agriculture, afin de pallier le manque de main d’œuvre ; à cette fin, deux bureaux
de placement furent ouverts à Ajaccio. Si, au terme de nombreuses péripéties
politico-administratives, la Corse ne constitua finalement, pour ces réfugiés,
qu’une étape vers une immigration sur le Continent, en Europe ou en Amérique
du Sud, une partie non négligeable d’entre eux – soit quelque mille cinq cents
personnes environ – demeura dans un premier temps dans l’île. Néanmoins, à
compter de 1922, leur nombre ne fit que décroître ; selon les estimations de Bruno
Bagni8, trois cents personnes finalement semblent être définitivement installés en
Corse au milieu des années 1930, tant en ville (Ajaccio, Bastia et Bonifacio
notamment) que dans le monde rural où ils se dispersèrent dans quelques 80
communes, connaissant une assimilation et une corsisation très rapides ; tous, sauf
trois, obtinrent la citoyenneté française. Aucun, visiblement, ne perpétua la
religion orthodoxe, ainsi qu’en témoignait l’absence totale d’église de ce culte en
Corse. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, ils furent inquiétés quelques temps
par le gouvernement de Vichy qui les considérait comme des citoyens…
soviétiques ! Ils demeurèrent néanmoins dans l’île où leurs descendants sont
toujours présents ; certains de ces derniers devaient notamment s’illustrer après
1945, à Ajaccio, dans le domaine sportif, en tout premier lieu la boxe.
7
Bruno BAGNI, Les Russes en Corse, Études corses n°49, 1997.
8
Ibid..
16
Année 1936
Population totale 273801
Total étrangers 15594
Part d'étrangers 6%
Pourcentage
d'hommes 60%
Anglais 42 0.3%
Africains sujets
français 833 6,00%
Asiatiques 54 0.3%
Polonais 49 0.3%
Allemands 32 0.2%
Belges 44 0.3%
Italiens 13771 88%
Portugais 21 0.2%
Russes 133 1%
Turcs 35 0.2%
Roumains 18 0.1%
Tchécoslovaques 43 0.3%
Suisses 42 0.3%
Espagnols 194 1%
Américains 53 0.3%
Autres
européens 94 0.6%
Inconnus 135 1%
Autres 1 0.006%
Une quinzaine d’années plus tard, avec la fin de la guerre d’Espagne (1936-
1939) et la victoire franquiste, ce fut aux tour de plusieurs centaines de
Républicains espagnols de trouver asile dans l’île. Leur arrivée se fit en deux
temps, selon des modalités différentes. D’une part, certains rejoignirent des
parents déjà installés sur place ; quelques Espagnols, en effet et, parmi eux des
militants anarchistes, avaient trouvé asile en Corse dès 1934. D’autre part, à
l’automne 1939, au début du Second conflit mondial, suite au manque de main
d’œuvre due à la mobilisation, la Chambre d’agriculture de la Corse obtint la
venue d’un premier contingent d’une cinquantaine de réfugiés des camps du
Languedoc et du Roussillon. Ils furent avant tout répartis dans les exploitations
agricoles aux portes des grandes villes, et en premier lieu Ajaccio, dans lesquelles
ils résidèrent de préférence. Au nombre d’une centaine environ, ils contractèrent
très rapidement des mariages mixtes et s’assimilèrent totalement à la société
corse, malgré quelques rares manifestations de rejet. Au cours de la guerre et de
l’occupation italienne (1942-1943), une partie de cette population fortement
politisée, prit part à la résistance anti-fasciste.
17
Enfin, l’immigration italienne – bien qu’en net recul – ne se tarit pas mais
changea de nature. Outre les travailleurs saisonniers, de nombreux militants
antifascistes trouvèrent en Corse un asile sûr. À un moment ou à un autre
résidèrent dans l’île des personnages aussi emblématiques que Filippo Turati
(1857-1932) l’un des leaders socialistes de l’opposition antifasciste, Sandro
Pertini (1896-1990) futur président de la République italienne de 1978 à 1985, ou
encore Carlo Rosseli (1899-1937) assassiné en France par des militants français
d’extrême-droite à l’instigation des services secrets italiens. Ces fuorusciti – dont
une partie ne devait plus quitter la Corse – prirent une part active aux luttes
sociales, au moment du Front populaire en particulier, et contribuèrent
grandement à sensibiliser les Corses aux dangers du fascisme, préparant ainsi le
terrain aux résistants des années 1940-1943. Afin de contrer la propagande
culturelle fasciste en Corse, notamment celle mise en place dans le cadre du
dopolavoro, une partie des fuorusciti mis sur pied une équipe de football à Bastia,
en 1938 ; il s’agissait d’une réponse à la création, à l’instigation des autorités
consulaires italiennes, de la société sportive Roma, née l’année précédente à
Ajaccio. Néanmoins, il semblerait que, ni dans un cas ni dans l’autre, ces
créations n’aient dépassé le cadre de la simple déclaration officielle ; en effet, ces
équipes ne disputèrent, apparemment, aucune rencontre.
On remarquera en passant que, à compter de 1930 environ, des régiments de
tirailleurs tunisiens et sénégalais furent affectés en garnison dans l’île ; ils
devaient le rester pratiquement jusqu’à l’orée de l’indépendance de leurs pays
respectifs (1956 pour la Tunisie ; 1960 pour les territoires d’AOF9). Il semble
qu’aucun d’entre eux ne se soit jamais fixé en Corse.
9
Afrique Occidentale Française ; en fait, bien que désignés sous le terme générique de « Sénégalais », les
tirailleurs étaient originaires de l’ensemble des territoires formant l’AOF.
18
l’ouverture, à Ajaccio, de la Casa de Espana qui comptait approximativement 300
membres vers 1970.
Enfin, notera-t-on à partir de la fin des années 1950, la venue d’une dizaine de
Maghrébins – avant tout originaires d’Algérie – en rapport avec des activités
sportives, en l’occurence le football. Quasiment le tiers de ces joueurs Nord-
Africains arrivés en Corse entre 1957 et 1969, s’installèrent à demeure dans l’île,
à Ajaccio et Propriano notamment où ils firent souche ; pratiquement plus aucun
ne devait le faire par la suite. Il n’est d’ailleurs pas inintéressant de constater que
deux de ces joueurs figuraient au panthéon du football ajaccien, tel que le
concevait un ouvrage nostalgique paru en 199710.
La véritable rupture dans le processus migratoire touchant la Corse se
situe au moment de la guerre d’Algérie (1954-1962) et des accords d’Evian
mettant fin au conflit. La rupture ne se situait pas tant au niveau quantitatif mais
plutôt dans le fait que, pour la première fois, ces migrants n’avaient aucun lien
culturel réel avec la Corse ; certes il y avait eu les précédents des Russes ou des
Juifs, mais dans un cas comme dans l’autre, les effectifs étaient dérisoires, cela
n’allait plus être le cas à compter de la fin des années 1950 ; enfin, convient-il de
signaler que, en 1959, l’île ne comptait plus que 160 000 habitants, soit presque
moitié moins qu’en 1880.
Dès 1957, certains Français du Maroc firent l’acquisition de terres en
Corse, mais ce fut l’indépendance de l’Algérie et l’exode des Pieds-Noirs qui
bouleversèrent la donne ; entre 1957 et 1966, environ 15 000 rapatriés arrivèrent
dans l’île, dont 4 500 pour la seule année 1962 ; ils furent, à l’origine, bien
accueillis. Plus de la moitié étaient originaires d’Algérie et une partie avait une
lointaine ascendance insulaire. Près de 40% d’entre eux s’installèrent en ville
(Ajaccio, Bastia, Bonifacio, Porto Vecchio etc.…), investissant le secteur
commercial (hôtellerie, garages automobiles, entreprises du bâtiment…), y
apportant un dynamisme certain et de nouvelles pratiques commerciales, en
particulier le recours systématique au crédit. La plupart, néanmoins choisirent
l’agriculture et plus particulièrement la viticulture dans la plaine orientale; rompus
aux techniques modernes, ils révolutionnèrent totalement une agriculture insulaire
en état de déliquescence avancée. Leur influence se fit également sentir en termes
de pratiques culturelles, notamment sportives ; ils furent à l’origine de
l’implantation de nouveaux sports, tel le ball-trap, et participèrent au
développement d’autres sports jusque là quasi-essentiellement tournés vers le
tourisme, à l’image du tennis ; par contre, ils ne purent jamais mettre en place
d’équipes de football, malgré quelques tentatives, ce sport étant déjà fortement
organisé et structuré en Corse.
Malheureusement, cette arrivée des Pieds-Noirs coïncidait avec un vaste plan de
développement de la Corse qui allait s’en trouver profondément affecté11. À
compter de l’adoption, en conseil des ministres, le 30 juin 1955, du Plan d’Action
Régionale (PAR) et de ses volets agricole et touristique – confiés à deux sociétés
mixtes : la Société pour la mise en valeur agricole de la Corse (SOMIVAC) et la
10
Jacques-Jérôme Nega et Jean-Laure Leca, La belle histoire du football ajaccien, publié à compte d’auteur,
Ajaccio, 1997, pp. 140 et 143.
11
Voir à ce propos Pierre Dottelonde, Corse la métamorphose. Les évènements d’Aleria, leurs origines, leurs
conséquences, Albiana, 1987, 200 pages, auquel nous empruntons l’essentiel des lignes qui suivent.
19
Société pour l’équipement touristique de la Corse (SETCO) –, l’île allait subir de
profondes mutations tant politiques que socio-économiques. Bien accueillie à
l’origine, la politique agricole de mise en valeur de la plaine orientale prévoyait la
réalisation de dix-huit lots, d’une superficie de trente à quarante hectares chacun,
tout équipés sur une superficie totale de 800 hectares. Mais cette politique fut
rapidement détournée de ses buts initiaux. En effet, l’évolution de la situation en
Algérie amena le gouvernement à réserver, de fait, les lots déjà équipés aux
rapatriés d’Afrique du Nord. Ils furent parfois financièrement favorisés par
rapport aux agriculteurs insulaires12 ; alors que la plupart des Pieds-Noirs
arrivèrent en Corse sans rien et n’eurent pas grand chose par la suite, quelques
gros propriétaires se comportaient déjà dans la Plaine orientale comme ils
l’avaient fait dans la Mitidja.
Cette situation fut d’autant plus mal perçue que la Corse avait été le seul
département à rejoindre les putschistes d’Alger du 13 mai 1958 pour la défense de
l’Algérie française; à la dépossession, s'ajoutait donc le sentiment de la trahison.
Car l’opération fut ressentie comme une vaste tentative de spoliation, sentiment
encore renforcé par les mauvais choix en matière de politique touristique se
traduisant par un accaparement des espaces littoraux par quelques grands groupes
internationaux. Celle-ci fut perçue comme un véritable viol, que les prévisions
laissaient entrevoir massif, puisque de 360 000 touristes en 1968, on espérait
passé à 1,5 million en 1985, pour une population insulaire d'environ 230 000
personnes en 1975. De plus, certains projets dépassèrent largement le cap de la
démesure : il était prévu la réalisation d'un complexe touristique de 100 000 lits et
d'un aéroport à quelques dizaines de kilomètres de Bonifacio et du village de
Pianottoli dont les populations cumulées atteignaient péniblement les 3000
habitants. Il en résulta, entre autres, les premières actions violentes à l’encontre
des bâtiments des «colons », qui furent parfois dynamités, et la résurgence
progressive d’un sentiment national corse ; jointe à une politique pour le moins
indélicate et inique de la part de l’État, la situation devint explosive et déboucha,
le 21 août 1975, sur le drame d’Aléria suivi quelques mois plus tard par la
création du FLNC, le 5 mai 1976. Après avoir été les cibles privilégiées des
clandestins, les Pieds-Noirs quittèrent peu à peu le devant de la scène, notamment
parce que les différents gouvernements essayèrent de réparer les erreurs commises
précédemment. La très grande majorité des rapatriés qui choisirent la Corse y sont
toujours installés.
Toute différente, bien qu’intimement liée à la précédente, fut la venue
des anciens supplétifs de l’armée française désignés hâtivement sous le nom
générique de Harkis et officiellement sous le terme très colonial de Français
musulmans. Parties de chez elles dans le plus total dénuement et au péril de leur
vie, une cinquantaine de familles Harkis furent installés de manière très précaire à
Casamozza et surtout dans le hameau forestier de Zonza. Mal préparée, mal
organisée, relativement massive au vue des effectifs des populations locales, leur
présence fut très mal vécue et mal acceptée ; il devait s’en suivre de grandes
12
Ainsi, sur les 18 lots SOMIVAC, 16 furent attribués à des Rapatriés, 1 à un Français venant de Guinée et le
dernier seulement à un Corse. De plus, alors qu’un Insulaire devait fournir une mise de fonds de six millions de
francs pour un lot SOMIVAC vendu dix-sept millions, un Rapatrié pouvait bénéficier d’un prêt équivalent au
montant total de la somme remboursable en trente ans au taux dérisoire de 2,5% /an.
20
difficultés d’adaptation et des troubles identitaires pour ces déracinés; situation
qui était loin d’être spécifique à la Corse.
Les profondes mutations économiques que subit la Corse dans les années 1960-
1970, entraîna le recours à une main-d’oeuvre bon marché provenant des pays dits
du Tiers-Monde ; en cela, la Corse suivait le modèle national et plus généralement
européen. La particularité de l’île se situait ailleurs; elle tenait au fait que ces
travailleurs étaient quasi uniquement originaires de l’Afrique du Nord, en général
du Maroc et plus exactement du Rif, et qu’ils furent avant tout dirigés
massivement vers le secteur agricole et marginalement, dans un premier temps,
vers les métiers du bâtiment (manœuvres). Cette particularité tenait, à l’origine, à
la présence de nombreux Rapatriés en Corse qui firent appel à des travailleurs
réputés dociles, dont ils pensaient connaître les modes de fonctionnement et les
moyens de les diriger. On rencontrait les Maghrébins pour l’essentiel dans la
Plaine orientale, la Balagna et la région de Porto Vecchio et de Figari. Leur
nombre s’accrut de façon considérable, alors qu’ils n’apparaissaient pas dans les
statistiques avant 1962, ils représentaient près de 16 000 personnes en 1982 – pour
une population totale de 250 000 personnes – et environ 14 000 en 2008 – pour
une population totale de 280 000 personnes – ; 80% d’entre eux étant des
Marocains, Berbères pour la plupart. La petite et relativement récente
communauté tunisienne, environ 1.700 personnes concentrée majoritairement à
Ajaccio (40%); les algériens n’étant qu’un peu plus d’un milier répartis sur toute
le territoire. Les Nord-Africains représentaient ainsi plus de la moitié des 26 000
immigrés (9% de la population totale) présents en Corse en 2008. Le profil
démographique de cette population s’était transformé peu à peu ; uniquement
masculine à ses débuts, elle connaissait un incontestable réequilibrage avec la
présence de 40% de femmes et un certain regroupement familial, du moins pour
les personnes agées de moins de quarante ans. De même, leur localisation, toute
en restant largement urbaine – 30% résident à Bastia ou à Ajaccio – et en grande
partie “sudiste” – 20% de la population de la commune de Porto Vecchio – , a
connu une diffusion spatiale à l’ensemble du territoire. Parmi les personnes les
plus anciennement installées dans l’île, quelques unes pratiquaient la langue corse
en plus du français, de l’arabe et/ou du berbère ; à l’inverse, dans une partie des
jeunes générations, une certaine affirmation identitaire tendrait à redonner aux
langues arabe et berbère une réelle visibilité dans l’espace public, place qu’elles
n’avaient pas, ou plus, dans cette frange de la population ; par contre, la langue
corse était désormais quasi totalement ignorée par cette génération.
Connaissant initialement des conditions de travail pour le moins très pénibles et
des conditions de vie guère plus réjouissantes, leur situation s’améliora lentement
tant au niveau du travail – apparition de petits patrons – que des conditions de vie
; cependant celles-ci restaient généralement difficiles – logements souvent
surpeuplés, voire insalubres – malgré l’apparition d’une petite bourgeoisie,
notamment commerçante, encore très minoritaire. Dans cette bourgeoisie
naissante, on notait la présence de diplômés de l’Université, dont d’anciens
21
étudiants de l’Université de Corse. L’école, malgré ses imperfections, restait une
institution perçue positivement par les familles maghrébines qui, à l’image des
autres Corses mais peut-être plus que les autres, se caractérisaient par un fort
investissement scolaire ; y compris désormais dans des associations de parents
d’élèves. De véritables stratégies familiales de réussite concernant l’ensemble
d’une fratrie, et non un seul de ses membres, semblaient à l’œuvre, sans que l’on
puisse en dire plus, faute notamment d’études de terrain. Quelques sondages
patronymiques13, effectués à partir des listes des effectifs du lycée de Porto
Vecchio sur une vingtaine d’années (1987-2004), laissaient entrevoir certaines
évolutions. Tout en restant numériquement faible, la présence d’élèves
maghrébins dans les classes de seconde générale doublait entre les rentrées
scolaires 1987-1988 et 2002-2003, passant de pratiquement 8% des effectifs à
16% environ ; soit une proportion assez proche du pourcentage de la population
maghrébine dans la population totale de la commune (20%). Par contre, ils
restèrent très longtemps absents des filières réputées « nobles »14, confirmant la
difficulté de franchir la barrière rédhibitoire de la seconde, bref l’absence de
capital culturel tel que le perçoit l’institution. Aucun élève maghrébin ne parvint
en terminale C en 1987 ; en 1990 ou en 1992 ; alors que deux d’entre eux se
hissèrent en terminale D en 1991 ; un seul des deux élèves présents en première S
en 1994 parvint en terminale l’année suivante. Sur une dizaine d’années (1989-
1999), la proportion d’élèves maghrébins présents en première S se situait, en
moyenne, aux alentours de 4% du total. Il s’agissait dans la quasi totalité des cas
de garçons ; les filles semblaient, sur le modèle général, préférer les sections
littéraires. Dans le même temps, les jeunes maghrébins représentaient une
proportion non négligeable des effectifs des classes de CAP et de BEP. Avec
l’école, et sans tomber dans les lieux communs, il apparaissait que les clubs
sportifs, notamment ceux de football et d’athlétisme, représentaient non seulement
un lieu de contact, mais également un véritable laboratoire du vivre ensemble. Les
réussites de Mourad Amdouni, sociétaire de l’AJ Bastia, champion d’Europe du
1500 mètres au mois de juillet 2007, des footballeurs Foued Kalhaoui (GFCO
Ajaccio) ou Chaouki Ben Saad (SC Bastia), tous trois natifs de Corse, ne
représentaient que la partie émergée de l’iceberg. À côté d’eux, on rencontraient
d’assez nombreux maghrébins dans les staffs des clubs de football, tant comme
entraîneurs que comme responsables administratifs ; en 2008, plus de la moitié
des clubs de football amateurs en Corse comptait au moins un joueur Nord-
africain dans leur effectif. Par contre, l’existence éphémère et difficile de la
Jeunesse Sportive Marocaine de Bastia (2001-2007), qui évoluait dans le
championnat de Corse de Promotion d’Honneur B, indiquait clairement que le
regroupement communautaire en matière sportive n’avait pas réussi à s’imposer
comme une alternative crédible; il semble bien que le club ait avant tout attiré les
primo-arrivants et ait connu un turn over important avant de déclarer forfait à
l’orée de la saison 2007-2008.
13
Avec toute la marge d’erreurs inhérente à ce type de sondages ; ce sont les seuls à pouvoir être effectués dans
l’état actuel de la législation.
14
Autrement dit les filières scientifiques (première et terminale C ou D puis S à compter de 1993) et, dans une
moindre mesure, économique et sociale (B puis ES).
22
À l’instar des italiens d’avant 1914, les Maghrébins restaient les cibles
privilégiées des attentats et/ou menaces à caractères racistes et pour les mêmes
motifs fumeux du reste. Il n’est pas impossible non plus que le passé colonial de
la Corse – dans le sens où les Insulaires figurèrent parmi les principaux artisans de
la construction de l’empire colonial français –, ne fasse qu’envenimer la situation
en aggravant les stéréotypes véhiculés sur les populations ex-coloniales en général
et berbéro/arabo-musulmanes en particulier. Cette posture rejetant au second plan,
voire niant, les parentés culturelles relatives, fragiles mais réelles existant entre les
deux éléments de la population (Corses et Maghrébins) et qui avaient, dans les
années 1950-1960 notamment, favorisé l’acclimatation des footballeurs
maghrébins au sein des clubs insulaires. En terme de chiffre si, entre 1993 et
2000, le nombre d’actions racistes et xénophobes étaient nettement à la baisse (32
en 1993 ; 14 en 2000) malgré quelques « rechutes » passagères (27 en 1997) par
contre, entre 2001 et 2004, les violences racistes et xénophobes furent
pratiquement multipliées par 4 passant de 21 actes recensés en 2001, à 72 en 2002
pour atteindre 81 en 2004. Si ces chiffres restaient soumis à caution, dans le sens
où le caractère raciste de l’acte n’était pas toujours avéré, ils n’en représentèrent
pas moins, en deux occasions (2000 et 2004), quasiment la moitié des actes
constatés à l’échelle nationale. Un nombre indéterminé de familles15 préféra
quitter l’île afin de s’installer sur le Continent ; certaines, aux dires des autorités
consulaires marocaines de Bastia, auraient ensuite effectué le trajet en sens
inverse. La « décrue » des violences s’amorça très nettement dès 2005 (24
actions), en partie notamment grâce à une véritable mobilisation populaire et à
l’action sociale de certaines associations et administrations ; du reste, pour l’année
2006, la CNCDH16 confirmait la tendance en relevant dans son rapport que, à
l’inverse du reste du pays, la Corse enregistrait une baisse considérable des
actions violentes sur son territoire (3 actions en 2006), atteignant ainsi un
minimum historique. De manière quasi contemporaine, par l’intermédiaire
d’organisations représentatives, la voix des Marocains de Corse commençait à se
faire entendre dans le champ politique insulaire. En décembre 2007, dans un
contexte délétère, et compte tenu de la multiplication des comportements violents
des forces de police dans l’île, contre des nationalistes corses ou contre des
immigrés, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats d’Ajaccio, le Président de l’Union
des Marocains de Corse du Sud et le Secrétaire de la Cfdt Corsica ainsi que le
Délégué Corse de la Ligue des Droits de l’Homme, adressèrent une demande
d’audience urgente au préfet de Corse. En janvier 2008, les mêmes personnes
faisaient encore état de leurs préoccupations face à la détérioration du climat
politique dans l’île. Lors des élections municipales de mars 2008, quelques Corses
d’origine maghrébine furent pressentis afin de figurer sur des listes électorales,
parfois avec succès. Il y avait là un incontestable changement dans les mentalités
et les comportement des uns et des autres difficilement imaginables dix ans
auparavant.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, une seconde vague
migratoire, originaire du Portugal cette fois, toucha la Corse. Consécutivement à
15
Le chiffre de 300 qui a été avancé est à considérer avec une extrême prudence, il concerne la période 1999-
2003 ; la part des personnes fuyant réellement les violences racistes reste très difficile à établir.
16
Commission nationale consultative des droits de l’Homme ; pages 26-29.
23
la chute de la dictature à Lisbonne (avril 1974) puis, quelque temps après, dans la
perspective de l’adhésion du pays à l’Union européenne (1986), celui-ci s’ouvrit
plus généreusement encore sur l’extérieur qu’il ne l’avait fait avant la Révolution
des œillets. À cela il convient d’ajouter le rapatriement des Portugais du
Mozambique et de l’Angola au moment de l’indépendance de ces ex-colonies
(1975-76) ; certains d’entre eux se fixèrent en Corse après un crochet par leur
pays d’origine. Alors qu’ils n’étaient que 1 000 en 1975 (3% des étrangers), les
Portugais atteignaient les 3 200 personnes en 2000 (19% des étrangers). Avant
tout urbains, occupant des emplois dans le bâtiment, ils fondèrent rapidement de
nombreuses petites entreprises. À l’inverse de celle des Maghrébins,
l’immigration portugaise restait largement familiale; les conditions de vie et de
travail des Lusitaniens apparaissaient également comme assez largement
supérieures à celles de leurs prédécesseurs. Une autre différence se situait dans le
caractère parfois provisoire de leur présence ; en effet, il n’était plus rare, au début
des années 2000, de voir certains de ces migrants rentrer définitivement dans leur
pays d’origine. Culturellement très organisés, bénéficiant notamment d’un réseau
d’amicales étendu à l’ensemble de l’île, ils furent à l’origine de la création de la
première équipe communautaire de football à avoir vu le jour en Corse17; en 1997,
en effet, s’était créée, à Ajaccio, l’Association Sportive Convivio Portugues
(ASCP) qui participait, et participe encore, au championnat de promotion
d’honneur entreprise (corporatif). Il apparaît également que leur présence,
notamment par le respect et la pratique assidue des grands cycles de la vie
religieuse (baptêmes, communions, mariages, enterrements), nonobstant le suivi
de l’éducation religieuse (catéchisme), contribua à redonner, d’une certaine façon,
une une vigueur nouvelle à un catholicisme corse bien mal en point à l’ammorce
de la décennie1990. Les associations culturelles portugaises – mais aussi sardes –
trouvèrent, dans les commémorations européennes, un espace d’action
supplémentaire leur permettant d’affirmer d’une part, leur enracinement local et,
d’autre part, leur appartenance au cadre plus vaste de l’Union. C’est ainsi que, à
l’occasion de la Journée de l’Europe 2007, la Ville d’Ajaccio organisa le 11 mai,
des activités culturelles et des festivités, en partenariat avec les associations
L’Europe en Corse ; Convivio Portugues ; Su Nuraghe ; Locu Teatrale ; Coups de
Chœur ; Filu d’Amparera et avec la participation de l’École Nationale de Musique
et de Danse ainsi que l’École Saint-Paul. Le banquet, offert par la municipalité,
fut préparé par les associations Convivio Portugues et Su Nuraghe; il comportait
également une dégustation de produits corses. Bref, un parfait raccourci de
l’aspect multiculturel qui était désormais celui de la société corse.
Au début des années 1980, une poignée de ressortissants des pays de la
péninsule indochinoise, avant tout vietnamiens, fuyant le drame de leur pays (boat
people), trouva asile dans l’île ; peu y demeurèrent finalement.
Enfin, dans les années 1990-2000, les conséquences des conflits extra-européens
mais aussi yougoslaves, l’élargissement de l’Union européenne vers l’Est du
Vieux continent ainsi que la mondialisation de l’économie eurent, à leur manière,
quelques répercussions en Corse. Des citoyens croates, slovaques, slovènes,
ukrainiens et surtout roumains résidaient désormais en Corse. On notera le cas des
17
Exception faite des équipes italiennes de l’Entre-deux-guerres qui, on l’a vu, n’existèrent probablement que
sur le papier et dans un tout autre contexte.
24
ressortissants polonais présents notamment dans les métiers du bâtiment, mais qui
fournissaient également des prêtres à un clergé catholique insulaire en mal de
renouvellement. Cette nouvelle population migrante originaire du vieux
Continent apparaît comme fortement masculine. L’essentiel de ces hommes se
sont dirigés vers les métiers relevant du secteur tertiaire, à savoir en premier lieu
l’hotellerie et la restauration ainsi que dans le bâtiment et les travaux public. Si,
selon une logique classique en terme migratoire, ils succèdent aux sardes, aux
maghrébins et, dans une moindre mesure aux portugais dans l’accomplissement
des tâches les plus dures, ils n’en fournissent pas moins des équipes de travailleurs
qualifiés et recherchés dans le secteur de la construction et des finitions. Pour
autant une véritable « hiérarchie ethnique » informelle n’en est pas moins parfois
perceptible sur certains chantiers, les travailleurs issus de populations d’origine
eurpopéenne n’acceptant pas toujours facilement d’être subordonnés à leurs
homologues des pays maghrébins. Cette tendance devra faire l’objet de
confirmation par enquête. On remarquera également que des personnes originaires
de Madagascar, du Mali, du Sénégal ou du Québec venaient travailler en Corse
dans le domaine du petit commerce.
La présence de l’Université de Corte entraîna, quant à elle, la venue de jeunes
gens d’horizon divers. Même si le renouvellement de cette population restait
étroitement dépendant du déroulement du cycle des études, cela n’aboutit pas
moins à l’installation à demeure de plus d’une centaine d’étudiants chinois ; ces
derniers, à la différence des autres étudiants étrangers, s’organisèrent très vite en
association sur le modèle des migrants définitifs. Nous reviendrons plus loin sur
cette question des structures associatives.
Pour donner un éclairage plus précis sur des domaines relatifs à l’histoire et à la
mémoire il nous est apparu comme un incontournable de traiter du regard croisé
échangé entre les locaux et les étrangers. La force de travail que représente
l’immigration et les richesses qui en résultent suffisent-elles à générer un climat
de convivialité ? Quelle vision les étrangers venus améliorer leur condition de vie
en Corse ont-ils de la société qu’ils ont choisie et y trouvent-ils ce qu’ils ont
espéré ? S’agit-il d’une simple cohabitation où des échanges existent-ils
réellement ? La question de l’accueil nous a semblé découler de ces
interrogations. Elle apparaît comme cruciale dans la mesure où, au-delà des
sentiments et des mots, elle permet d’accéder aux attitudes relevant de l’action.
Elle évalue la réception qui s’organise et de quelle façon au moment de l’arrivée
des individus ou des groupes la société réagit. En outre, elle est un élément
fondamental de l’hospitalité, qualité que l’on prête aux corses et qui est souvent
évoquée. On pourrait distinguer l’accueil donné ponctuellement lors d’un
événement précis et inattendu, de la réception qui s’étale sur un temps plus long
voire continu et correspond à un flux migratoire (italiens, maghrébins par
exemple). Pour illustrer le premier cas nous aborderons l’exemple des réfugiés
russes de 1921 et pour le second nous nous appuierons sur une série d’entretiens
25
réalisés auprès de ressortissants marocains et algériens sur la région de
Ghisonaccia en mars et avril 200818.
Le Rion arrive d’Odessa après plusieurs escales dans les ports de Méditerranée
avec 3.700 réfugiés dont des soldats de l’armée de Wrangel, des cosaques et des
civils provenant de camps. L’échec en partie de l’émigration au Brésil
initialement prévue en raison de la mésentente entre les gouvernements français et
brésiliens, va maintenir en Corse une partie des effectifs. Ce sont 1.500 émigrants
qui resteront en Corse, les autres seront réembarqués pour Constantinople.
Beaucoup de réfugiés vont trouver à travailler, souvent comme ouvriers agricoles.
Malgré la mise en place de deux bureaux de placement, d’obligation de contrat de
travail, du visa du commissariat et de la Préfecture, de nombreux russes seront
embauchés en dehors des conditions usuelles voire sans salaire véritable. Ces abus
seront dénoncés par la Presse, l’accent est mis sur le risque de voir les salaires
baisser et le chômage des corses progresser. Cette question des salaires va
d’ailleurs favoriser le départ des russes vers le Continent, à la recherche de
situations plus favorables, ce au grand dam de ceux qui fondaient l’espoir de voir
se maintenir une main d’œuvre laborieuse et peu chère. Autre problème larvé
celui du comportement des réfugiés. Malgré quelques rumeurs, il semble qu’en
dehors de cas d’ivresse publique ou de mendicité les russes ont peu alimenté les
faits divers. Ceux demeurés dans la caserne Livrelli, faute de vouloir ou pouvoir
trouver un emploi dans le domaine agricole, vont devoir quitter leur hébergement
en juin 1922 en raison de la cessation des aides du gouvernement. Si l’on regarde
les effectifs on constate que les russes sont 104 au premier semestre 1922, 346 au
18
Nous exprimons notre reconnaissance aux personnes qui ont accepté de témoigner ainsi qu’aux membres de
l’association Ava Basta pour l’aide qu’ils nous ont apporté.
19
Les éléments historiques sont extraits de l’article de Bruno Bagni, « Les Russes en Corse », Etudes Corses,
Ajaccio, La Marge, n°49, 1997, pp. 123-167. Nous remercions M. Tarassenko et Maïboroda pour les
renseignements fournis concernant cet épisode historique ainsi que l’association Kalinka-Macchja.
26
second puis 143 au premier semestre 1924 et 146 au second de la même année.
Ces données sont à considérer à titre indicatif, car des doutes demeurent quant à
leur précision. De 1920 à 1939 les naturalisations seront progressives mais les
recensements successifs font de cette communauté la seconde ou la troisième
derrière les italiens et les espagnols jusqu’à la Seconde guerre mondiale.
Aux vues des témoignages, des analyses et des traces encore perceptibles il
convient de remarquer la rapidité avec laquelle cette communauté s’est
« dissoute » dans l’ensemble insulaire. La saignée de la première guerre a favorisé
les possibilités de mariage avec les jeunes filles locales les réfugiés étant très
majoritairement des hommes. La religion orthodoxe ou uniate ne s’est pas
transmise dans un contexte de catholicisme quasi exclusif. La dispersion des
réfugiés dans de nombreux villages ou sur des exploitations isolées a également
concouru à leur isolement et de ce fait à l’érosion des particularités culturelles.
Enfin, la victoire définitive des bolcheviks a dû placer les réfugiés dans un
contexte psychologique peu favorable à la volonté de pérenniser leur culture à des
fins de retour. Peu d’objets ont été conservés par les familles du fait de l’état de
misère extrême dans lesquels les passagers du Rion ont embarqué. Ceux
possédant quelques richesses ont été amené à s’en défaire, souvent à vil prix,
pour accéder à de la nourriture ou autres biens de première nécessité, épisodes
relayés par les descendants. La plupart des traces conservées étaient non
négociables sur le moment, comme des photographies familiales.
L’examen de la presse permet de discerner certains traits qui ne sont pas sans
intérêt.
L’appel à la compassion, puis à la charité active seront les mots d’ordre
relativement partagés au sein de la presse, malgré les fluctuations au gré des
événements et les sensibilités des chroniqueurs. Le dénuement, le contexte
tragique du voyage, vont susciter un appel à la solidarité qui rencontrera
d’incontestables échos auprès de la population au-delà même de la ville
d’Ajaccio. Il n’est pas anodin de remarquer que la référence à l’hospitalité et à la
générosité vis-à-vis des démunis est autant présentée comme un devoir envers une
image de marque à laquelle il convient de se montrer conforme que comme un
devoir d’humanité ou de charité chrétienne. Cette prise en compte de la réputation
et le devoir de s’y conformer pour ne point déroger à une attitude reconnue
comme élément de l’identité collective, est une donne à ne pas négliger.
Une enquête réalisée par entretiens auprès des immigrés d’origine maghrébine
résidant dans la région de Ghisonaccia tente de cerner la question de l’accueil à
partir de témoignages. Cette région n’a pas été choisie par hasard : elle regroupe
la plus ancienne concentration corse de travailleurs immigrés originaires du
Maghreb. Venue dans les années soixante pour répondre à la demande de main
d’œuvre dans le secteur agricole elle est au départ majoritairement marocaine.
Algériens et Tunisiens suivront par la suite. Souvent ouvriers agricoles ou salariés
du BTP certains ont fait venir leur famille, d’autres ont des enfants nés en Corse.
Il nous a semblé intéressant de faire témoigner des individus, hommes et femmes
autour de l’installation et du regard qu’ils portaient sur leur environnement.
Il ne faut pas sous-estimer la situation particulière qui est celle du questionnaire
enregistré -même anonyme- et de son influence sur la tonalité et la teneur des
réponses. Une réserve certaine voire une prudence est de mise de la part des
enquêtés. De façon générale, il existe une forte proportion de réponses positives :
l’accueil a été bon. Les réponses insistent sur le fait qu’ici il n’y a pas de
problèmes. La validité de cette tendance demande à être précisée quand un même
témoignage considère qu’il n’y a pas de problème mais que l’on a peur de
chercher un logement définitif en raison des plasticages. L’inquiétude intervient
sur une question relative à la comparaison entre Corse et Continent pour les
immigrés :
« je pense aller sur le Continent, quitter la Corse, pour aller au Continent pas
de suite mais un peu tard, ici j’ai peur pour le logement…quand j’ai un logement
ici j’ai peur, je prend un logement non, je prends un logement non c’est çà qu’on
a choisi…peut être un jour je prend un logement il a sauté, peut être pas…c’est çà
dont on a peur toujours…on a un logement, un crédit il va sauter peut être oui
peut-être non, alors toujours on a oui/non oui/non, alors oui/non ou dit on quitte
la Corse on va sur le Continent…parce que on a des enfants, aux enfants il faut
des maisons, des logements, les enfants ici ils disent ne prend pas de logement,
parce que déjà regarde là çà a sauté …c’est çà le problème ». (E2)
Le terme de « problème » apparaît comme générique et est employé pour
désigner très globalement un environnement hostile. Quand a-t-on des
problèmes ? « on est tranquille, enfin, tu fais rien il ne t’arrive rien quoi, voilà, il
29
ne faut pas chercher les histoires c’est tout » (E12), « les gens ils sont gentils,
nous on est gentil avec eux ils sont gentils avec nous, si on n’est pas bien eux
aussi ils ne sont pas bien » (E16). L’arrivée des problèmes est présentée comme
une conséquence d’un comportement à problèmes de la part des ressortissants
étrangers : « On entend des gens, il m’a tapé, il m’a fait çà et çà …on le crois pas,
si tu cherches pas tu trouves pas de problème…que tu cherches pas, embête les
gens, que tu voles, ou tu fais quelque chose…y a personne qui te fais rien, non
non jamais » (E3) ; « Quand on est connu qu’on est quelqu’un de réglo, on a pas
de problème » (E1) ; « s’ils sont pas bien s’ils sont pas gentils c’est difficile pour
eux…s’ils sont gentils, ils travaillent ils sont bien c’est normal qu’ils vivent
comme les autres gens…ils restent tranquilles, ils vivent bien comme eux pareil
mais si c’est quelqu’un qui veut faire n’importe quoi c’est normal … on est
tranquille, on est bien on vit bien parce qu’on a pas quelqu’un qui a des
problèmes. On sait qu’il a quelque chose les gens qui ne sont pas bien c’est pour
çà qu’il arrive des problèmes. Comme çà mais sinon s’ils sont bien s’ils sont
gentils » (E16) ; « les jeunes ils sont tranquilles, si tu marches, tu travailles il n’y
a personne qui te casse la tête, personne qui te cherche… si tu fais quelque chose
c’est sur… « (E9). Une grande réserve est de mise et l’on a des difficultés à
aborder la question de la teneur des problèmes éventuels. Des interventions
croisées lors de l’entretien entre une jeune fille marocaine et son frère permettent
de discerner une distanciation vis-à-vis des comportements et des attitudes
hostiles, renvoyant chaque communauté à ses préjugés :
Elle : « c’est les idées reçues, comme mon frère ou comme moi, on a pas eu de
problème. Mais il y des gens qui ont des problèmes. C’est surtout par rapport
aux idées reçues : ils se disent un Corse c’est méchant c’est raciste ».
Lui : « c’est comme eux ils généralisent : les Arabes, les Arabes ils
généralisent : les Corses, alors que pas tous les Corses qui sont des racistes
comme ils disent dans les média c’est pas vrai c’est comme dans les quartiers là
bas ils sont plus racistes là bas qu’ici la vérité c’est que les gens d’ici vous les
connaissez c’est des gens généreux, j’ai des cousins là bas j’en parle… »
Elle : « j’ai des cousins c’est vrai que quand on y va là-bas vous avez du mal
surtout parce qu’ils avaient fait un reportage comme quoi ici on sortait le
soir…mais ils avaient questionnés des sans papier c’est normal que les sans
papier se cachent parce que s’ils se font attraper par les gendarmes mais je pense
qu’ils auraient du poser des questions à des gens qui sont intégrés qui fréquentent
tout type de race et là je pense que voilà…mais nous on a jamais eu de
problème. »
Lui : « non c’est la vérité il y a eu des problèmes. Ici en Corse il y a eu des
problèmes il y en a partout, il y a eu des problèmes… en 2004 ou 2003 après çà
c’est arrêté depuis. »
Elle : « au contraire on dirait que çà allait exploser et çà c’est calmé juste
après, mais le problème c’est une petite île c’est petit avec tout ce qu’il y a ils
généralisent tellement… tout se sait … la France c’est un grand pays mais je
pense qu’il y a autant de racistes là bas qu’ici… même en Afrique même chez
nous comme je l’ai dit une fois même chez nous entre berbères et arabes il y a des
petites tensions, c’est partout çà a toujours existé depuis les Romains depuis la
Préhistoire…ça existera toujours il ne faut pas se voiler la face. »
30
Il est difficile de faire la part des choses car ici encore on ne peut réduire la
réalité à une version unique exempte de complexité. Il semble que les enquêtés
depuis longtemps en Corse, qui y ont trouvé du travail et un logement insistent sur
le fait d’avoir été bien accueillis et vivre « tranquilles » sur l’île. Le prix à payer
étant en plus du travail fourni de garder une certaine réserve vis-à-vis des locaux
et des événements. Ceci n’implique pas un retrait total sur sa communauté
puisque beaucoup de témoignages parlent d’amis corses, français et d’autres
nationalités du Maghreb. Par exemple : « Quand je ne travaille pas, je fréquente
les Corses, d’origine comme G., qui est là, on se fréquente depuis des années on a
même joué aux cartes ensemble. Ça fait 12 ans, 13 ans combien 15 ans ? qu’on se
connaît de temps…vous pouvez même demander au Monsieur du bar, j’ai pas de
problème. On à jamais eu de problème, même en oubliant notre portefeuille à la
maison on arrive on boit le café, j’ai oublié mon portefeuille à la maison, on boit
quand même.» (E1). La preuve de la bonne cohabitation (intégration ?) est ici le
fait de fréquenter des corses, des lieux publics (bar) avec des corses, y pratiquer
une activité commune « identitaire » (cartes), bénéficier des codes de politesse
locaux (ne pas baser le relationnel sur un rapport purement commercial). La
confiance en l’autre individualise les relations et repousse la réduction de
l’identité à la communauté. Pour d’autres la réserve porte jusque dans le
témoignage : « les amis ça ne m’intéresse pas beaucoup » (E6) ; « je ne fréquente
pas des gens, pour moi c’est mon travail et ma maison, le reste je ne m’occupe de
personne » (E4). Ici la tranquillité se gagne (et s’exprime) par un investissement
total dans les raisons qui fondent la présence en Corse à savoir le travail, quitte à
présenter une situation non seulement peu enviable mais aussi peu crédible. On
peut dire que la paix s’acquiert par l’expression d’un contentement global sur tous
les domaines de l’existence. En somme la tranquillité se gagne par une attitude
« tranquille ». Les plus jeunes, encore en précarité d’emploi et de logement,
peuvent aussi exprimer une vision différente en considérant que l’accueil n’est pas
bon, le terme de « mentalité » exprime cette déconvenue. Elle n’est pas bonne
comme sur le Continent où les gens sont plus ouverts (E10), « les gens n’aiment
pas les Arabes » (E11) confiera un témoignage traduit. Il est à noter qu’aucune
allusion n’est faite spontanément à propos des graffiti xénophobes. Pour ces
immigrés, la Corse ne représente pas la terre d’accueil espérée et ils ne pensent
pas y demeurer très longtemps.
Sur le logement les femmes expriment parfois des réserves qui traduisent des
situations tendues et des pratiques contestables. « Avant pour le logement rien du
tout, j’avais un logement, pas de douche, pas de toilettes, pas d’eau…j’étais à
Ghisonaccia gare, c’est ma voisine qui m’a donné l’eau et les toilettes, après
j’étais pas contente avec la patrone, elle a dit à la voisine pourquoi tu lui donne
l’eau il faut pas lui donner l’eau, tu vas aller à la fontaine à Ghisonaccia gare
chercher l’eau… après j’étais fâchée avec elle, c’était la bagarre…après j’étais à
Bastia mon mari avait trouvé dans le bâtiment, j’ai fait beaucoup de maisons.
Après j’ai trouvé à maison Pierragi et le travail, maintenant on est bien on est
tranquille on a une belle maison. » (E3) Malgré tout pour ceux qui cherchent à se
loger sur la région les prix pratiqués sont considérés comme exagérés. C’est ce qui
fait aussi l’unanimité concernant les prix des denrées alimentaires. La
comparaison avec le Maroc ou l’Algérie où les personnes interrogées retournent
en règle générale tous les deux ans permet de considérer la Corse comme une
région chère. Le Continent fournit également matière à comparaison soit parce
que les interviewés y ont résidé soit parce qu’ils entretiennent des relations avec
des parents. Ce n’est pourtant pas ce qui motiverait un départ pour la plupart. En
effet, le parallèle avec le Continent, conçu comme une entité, laisse apparaître une
représentation négative de celui-ci, comme étant un lieu d’insécurité :
« J’ai vu une belle différence parce que là-bas, il y a une sorte de cité, des trucs
comme ça, on est pas trop, trop à l’aise, en arrivant dans une HLM, tu trouve
toujours des jeunes avec leur cigarette, tu vois, ce truc. Donc, quand il y des sexes
femelles, des filles et tout cela, c’est un peu gênant. La personne qui rentre dans
son bâtiment se sent pas tellement à l’aise. C’est un peu différent. Par contre ici
en Corse, c’est un peu l’hospitalité, c’est un peu, le calme, le travail. D’un autre
côté, côté sécurité garantie, tu vois là comme maintenant, ma voiture est ouverte,
j’ai mon portefeuille, ma carte bleue je suis sûr et certain que personne n’y
touche. D’un autre côté, encore pour mes enfants, ils s’intègrent bien, il n’y à pas
de drogue ni rien. » (E1) ; « ici il y a le calme…c’est pas comme sur le Continent
c’est plus mouvementé » (E5) ; « Ici il y a plus de sécurité là-bas tu as la liberté
mais la liberté c’est pas bien…tu peux pas marcher libre comme ici en
Corse…une fois j’étais à Marseille, j’avais le portefeuille là, j’ai tiré le
portefeuille il y a avait un homme grand comme çà qui me regarde…une fois ils
ont coincé ma femme cinq personnes pour la voler elle avait les clés les bracelets
pour la voler…là bas tu es libre mais si tu laisses la voiture dehors le matin tu la
trouve pas, ici tu peux laisser la voiture ouverte » (E12)
Les femmes confirment cette appréhension de la vie sur le Continent :
« …Même mon mari, des fois il rentre tard, des fois une heure, deux heures du
matin il n’y a personne qui le cherche, c’est vrai rien du tout…même je reste toute
seule à la maison il n’y a personne qui tape à la porte ou m’embête…ma fille a
des copines des copains, elle connaît beaucoup de monde…on est bien » (E3) ;
« les gens y disent la Corse c’est bien c’est beau c’est calme il y a pas des gens
qui volent… là bas ma copine m’a dit on peut pas laisser la voiture si elle est
ouverte si elle est ouverte il y a la catastrophe…là bas c’est trop dangereux quand
32
elles sortent le soir ou six heures même quand il fait jour…à sept heure huit heure
le soir les gens peuvent pas sortir ils ont peur il y a des gens mélangés il y a des
arabes des français de tout ils ont peur pour sortir le soir ici même on reste à
onze heures minuit on sort il y a pas de problème. On est tranquille on est bien
mais là bas il y a beaucoup de copines qui sont partis m’ont dit comme le corse il
n’y en a pas ils se sont pas habitués là bas ils ont dit c’est pas pareil ici ils vivent
tranquille là bas toujours ils ont peur s’ils sortent le soir il y a un peu de
problème. aussi là-bas » (E16).
Le contraste appuyé entre un ici idyllique et un là-bas cauchemardesque corrige
en partie une vision où la communauté immigrée de Corse vivrait dans la terreur.
Cette expression correspondant à une réalité certaine ne doit pas nous faire oublier
les témoignages plus réservés (E2, E10, E11) de ceux qui perçoivent in situ un
climat d’insécurité (plasticages) ou des « mentalités » hostiles. Comme l’île
bénéficie d’un climat jugé plus clément, d’une nature et d’un environnement
plaisant, la balance penche en sa faveur malgré les atouts du Continent, auxquels
pourtant les jeunes sont parfois plus sensibles (infrastructure, esprit plus
ouvert…). Il demeure que la possession d’un travail stable et correctement
rémunéré, un logement décent constituent deux facteurs essentiels pour une
perception apaisée du contexte de résidence. Si la discrétion et le retrait
constituent généralement les piliers comportementaux des générations les plus
anciennes, le lien social et la participation sont en questionnement dans les
générations montantes.
Si le déclaratif et les paroles pour exprimer la pensée peuvent être recueillis par
les entretiens, d’autres expressions non verbalisées attestent d’une attitude
franchement hostile à la présence des immigrés. Ce que la bienséance et la loi
interdisent de dire de façon brutale et injurieuse d’autres moyens existent pour en
faire état. Les graffiti entrent dans la catégorie de ces moyens. L’observation du
chercheur s’avère ici indispensable sans renoncer pour autant à l’interview ou aux
sources écrites. Ces signes bombés sont souvent, concernant les immigrés et les
« arabes » en particulier, fortement teintés de xénophobie. Cette tendance trouve
une réponse dans des manifestations d’indignation et de désaveu issus de la
société civile.
Des séries de graffitique visant le clan et l’Etat français qui tirent leurs origines
de la seconde Guerre Mondiale sont largement diffusées au cours des années
1970. « IFF » est la plus célèbre d’entre elles. Les années 1980 voient se
développer deux nouvelles grandes catégories de graffiti qui vont compléter la
palette des messages du grand enforament. Il s’agit d’abord des “IAF”. Dans le
contexte français de montée de l’extrême droite, on verra comment ces slogans
rarement signés conservent sur plus de deux décennies toute leur ambivalence.
Quand il est possible d’identifier leurs auteurs, on s’aperçoit qu’ils sont à la fois le
fait de militants nationalistes corses mais également de militants de l’extrême
droite française. La seconde grande catégorie de graffiti d’ostracisme, née durant
les années 1980, vise l’usage de la toxicomanie. Le slogan “A droga fora”26 est
selon les périodes et suivant les auteurs, le reflet d’un authentique souci de
défense de la santé publique comme le moyen de promouvoir la pratique de
l’assassinat de déviants. L’analyse détaillée des grandes catégories de graffiti de
type “Fora” permet de mettre en perspective comment la mise en question de la
présence et donc l’existence même sur le territoire insulaire, de groupes sociaux
de nature et d’importance différentes, sur une période de six décennies, a participé
au discours sur la définition de l’identité corse.
L’apparition de “IAF”
22
Maoudj Danièle, "Les douaniers de l’identité", U ghjurnale di a messaghera, mars 1997, p. 29. Interrogée directement au
sujet de cette notion, Danièle Maoudj a précisé d’une part qu’elle en était l’auteur et d’autre part qu’elle n’avait pas été
utilisée dans d’autres publications.
23
Pour l’ostracisme on renvoit le lecteur à la définition présentée dans : Chamoux François, La civilisation grecque, Paris,
Arthaud, rééd. 1983, p. 256. Pour l’atimie, on prie le lecteur de se reporter à : Rachet G. et M.F., Dictionnaire de la
civilisation grecque, Paris, Larousse, réed. 1990, p. 51.
24
Lefèvre Marianne, Géopolitique de la Corse, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 35.
25
Sur le « grand enforament », on revoit le lecteur à la communication : Bertoncini Pierre, « Graffiti bombé et territoire
corse, le grand enforament ? », Colloque pluridisciplinaire et international, Espaces hérités, espaces enjeux, Appropriations,
(dé)valorisations, catégorisations, Université de Basse-Normandie, UMR Espaces géographiques et sociétés, Caen,
novembre 2007.
26
La drogue dehors !
34
posteriori par certains comme celui d’une unité nationaliste exemplaire. En 2001,
un bombeur nationaliste évoque, à un moment particulier, les “IAF”. Faisant un
tour d’horizon des graffiti non nationalistes, à la question portent sur les graffiti
d’extrême droite, a été entendu en entretien une réponse qui montre le malaise que
provoque l’ambiguïté de la nature de ce message chez des nationalistes non
racistes :
“A part des graffiti nationalistes sur la Corse est ce que vous en voyez d'autres ?
- Au niveau… des graffiti d'extrême droite, il y en a eu quand même. Par
exemple, avec des trucs racistes, avec “Arabi fora”, on en trouve quand même pas
mal, hein. Le tout est de savoir de qui ça vient. Mais, j'ai toujours, la aussi, c'est
pareil, y'a une chose que je regrette d'avoir jamais fait, hein, quand je vois même
ici à Bastia, du coté du port de Toga, il y en avait, partout, eh, des graffiti qu'on
voyait un peu trop souvent .. : " I Arabi fora ". Alors, j'avais envie de revenir
dessus et de dire... : “O sumerò, Ampara à ...” hein ? “Ampara à parlà corsu.”27
Hein.
- Ce serait “L'Arabi fora”.
- “I Arabi fora ”, déjà, à mon avis, ou c'est des types qui sont pas Corses... C'est
un peu facile de mettre des (inaudible) comme ça, mais je me suis toujours
demandé qui c'est qui faisait ça ? Si c'était des gens qui sont dans des mouvements
d'extrême droite français ou corses parce que moi je pense que de l'extrême droite
corse, il y en a, de l'extrême droite corsiste il y en a, qui peut-être font ce genre de
chose. Je me suis toujours demandé. Je me suis toujours demandé si c'est des
Français qui croient bien faire en essayant de mettre le truc en Corse ou si c'était
des Corses, mais qui en plus faisaient des fautes d'écriture comme ça, donc ...”.
Lors d’un autre entretien ont été décrits de façon unique des “IAF” datant
d’avant 1982 :
“ Le “ IAF ”, tu l’as vu apparaître quand, toi ?
- Les “ IAF ” ? Je l’ai vu apparaître pour la première fois en même temps que
" ILF ". J’ai vu " IAF ", " ILF "...
- C’est quoi " ILF " ?
- « I Lucchesi fora »28, principalement sur la région de Biguglia. Dans les années
76-77, je pense. Après Aléria, ou en fin de compte, c’était des bombages en
réaction pour essayer de faire l’amalgame entre des personnes... la revendication
nationaliste corse, essayer de la faire (inaudible), de lui coller une image
irrédentiste, et on a su par la suite que c’était principalement les réseaux Francia,
barbouzards qui … provoquaient ce genre de graffiti. Mais il y avait “IAF” aussi.
Je m’en rappelle très bien sur Biguglia. Il y a eu des “IAF” qui sont ressortis
beaucoup plus tard, bon je pense sur Bastia et sur la région du Fiumorbu ensuite,
qui étaient réellement et souvent je dirai raciste... Peut-être soutenu aussi par une
pensée nationaliste hein ? Pour dire ce qui vient de l’extérieur n’est pas bon. Ce
qui... (silence).”.
27
Apprends à parler corse !
28
Les Lucquois dehors ! Lucchesi étant le surnom générique valant pour l’ensemble des italiens.
35
Ce témoignage apporté par un seul informateur est à prendre en compte. Si la
remémoration du bombeur est exacte, cela reporte de six ans en arrière
l’apparition du “IAF”. Cependant, cela ne remet pas en cause les informations
permettant d’estimer que 1982 est une date de développement de ces messages.
Sur la question du racisme anti-arabe, Pierre Tafani laisse supposer que “IAF”
remonterait à 1982 :
“A plusieurs reprises, en effet, les leaders nationalistes radicaux ont tenu à
repousser ces accusations et, par la même, le racisme anti-maghrébin. Ils assurent
qu’ils agiraient de la même manière à l’égard de n’importe quel trafiquant. Ils
auraient contribué en 1982, à arrêter une vague d’attentats, justifiés du slogan
“Arabi Fora”, ayant entraîné la mort de deux Marocains”.29 . En novembre 1982,
quarante-cinq élèves journalistes ont enquêté en Corse. Le recueil de leurs articles
s’est intitulé L’archipel corse. De nombreuses références à la scène graffitique
d’alors apparaissent. Confirmant l’analyse évoquée, deux articles évoquent des
slogans visant les Arabes. Aucune photo n’en montre. Le climat de xénophobie
qui touche des Pieds noirs et des Maghrébins est rendu par un cliché du slogan
“La Corse aux Corses”30 : “L’extrême droite s’agite. Pour l’instant surtout sur sa
machine à écrire. Corse française libre a pris la suite de FRANCIA. L’apparition
sur les murs d’“Arabi Fora” (les Arabes dehors) porte un coup sérieux à l’IFF
nationaliste malgré les efforts de la CCN pour dénoncer l’amalgame31”. Durant ce
même mois de novembre 1982, Aimé Pietri, qui est d’ailleurs interviewé par les
élèves journalistes, évoque les “Arabi Fora !” dans l’éditorial qu’il signe pour le
mensuel Kyrn32.
Une déclaration du FLNC évoque dans le Ribombu les slogans “IFF, Arabi fora,
Taliani fora, Sardi fora”. Le terme de graffiti ou de bombage, n’apparaît pas mais
on constate, au minimum à partir de 1985, l’évocation de “Arabi fora”33. Un autre
militant nationaliste de Haute-Corse se souvient avec précision que contre des
inscriptions “I Arabi Fora”, deux bombeurs avaient été chargés à Bastia de les
barrer et de signer par “CCN”. Ce témoignage nous plonge au milieu des années
1980, date à laquelle deux Tunisiens furent assassinés par le FLNC pour d’après
certains nationalistes d’alors, séduire les voix du Front national. Le 07 février
198634, dans le Ribombu, on lisait une critique de la prise de position du collectif
antiraciste Avà basta. Cet article est le signe d’une évolution. Six ans auparavant,
les colonnes du même journal35dénonçaient les conditions de vie des immigrés :
“ils sont surexploités (...) les immigrés n’ont dans la Corse d’aujourd’hui que le
droit de se taire et de travailler”. Le témoignage de barrage graffitique aux “I
Arabi Fora” de l’ancien militant de la CCN, certes unique, confirme que les “IAF”
sont anciens. Il montre comment l’organisation publique CCN prit position à
29
Tafani Pierre, op.cit., p. 115.
30
Desjardins Yves, Journal du centre de formation des journalistes, L’Archipel corse, janvier 1983, pp. 68-69.
31
Johannes Franck, " Nuits bleus, sueurs froides ", L’Archipel Corse, journal du centre de formation des journalistes,
L’Archipel corse, janvier 1983, p. 19
32
Pietri Aimé, "Un miracle à espérer", Kyrn, n°135, novembre 1982, p. 5.
33
U Ribombu, 04 octobre 1985.
34
U Ribombu, 07 février 1986.
35
U Ribombu, mars-avril 1980.
36
moment donné. Cela s’inscrit néanmoins dans un contexte durant lequel
Emmanuel Bernabeu-Casanova note : “Toutefois, les nationalistes eurent toujours
un discours ambigu concernant le racisme”36. En 1993, faisant le bilan de dix ans
d’existence, A Fiumara évoque l’existence des “IAF”, dans les années 1980, en
indiquant que le contexte était marqué par la montée de l’extrême droite française
:37 “C’est aussi l’année ou le parti fasciste de Le Pen cessait d’être un
groupuscule. Le travail anti-fasciste et anti-raciste devenait une de nos priorités.
Notre démarche était d’autant plus nécessaire, que le mouvement national n’avait
pas de discours clair sur la question, et laissait faire, une partie non négligeable de
sa base, flirter avec un xénophobisme aux couleurs locales ; Ainsi, bons nombres
de murs voyaient fleurir les “Arabacci fora” ou autres “Lucchesi fora”.”.
Par une analyse des flux migratoires en Corse, on verra que l’attaque visant “I
Arabi” peut être comprise comme concernant, en fait, l’ensemble des immigrés
vivant dans l’île. Selon les chiffres de l’INSEE38, en 2001 en Corse, on observe
“une immigration surtout marocaine et portugaise”. Tandis que les Marocains
représentent 53, 5 % des 16 000 étrangers, (on utilise ici les acceptions officielles
des termes. Cela ne nie pas que pour une partie de l’opinion, les “continentaux”
sont des étrangers) l’ensemble des personnes provenant de pays arabes
représentent 64,2 % des étrangers. Les services de l’INSEE recensent ce
phénomène d’une majorité d’étrangers d’origine maghrébine depuis 197939, date à
laquelle leur proportion était estimée à 60%. En 1985, le pourcentage de 53% de
Maghrébins est donné40. Un article41 rédigé en 1989, bien qu’utilisant surtout le
recensement de 1989 ne conteste pas cette donnée. A la fin 1989, un article42
faisant le bilan de la montée de la xénophobie en Corse dans la décennie passée
est illustré par une carte recensant des agressions racistes entre 1985 et 1986. Ce
sont alors les Maghrébins qui sont presque exclusivement touchés par ce
phénomène.
36
Bernabeu-Casanova Emmanuel, op.cit., p. 173.
37
A Fiumara, n°2, décembre 1993, p. 5.
38
Economie corse, n°94, janvier 2001, p. 16.
39
Economie corse, n°14, mai 1979, p. 11.
40
Economie corse, avril-juin 1985, n°31, p. 34
41
Jeammet Danièle, "Immigrés, de qui parlons nous ?", Cuntrasti, avril 1989, pp. 9-16.
42
Kyrn, 29 décembre 1989-04 janvier 1990, p. 75.
37
remarques à faire. La première va ans le sens de la xénophobie dont nous avons
parlé : les Sardes dehors, comme les Français, comme les Italiens (Lucchesi fora
est aussi une inscription fréquente). Bref, tout le monde doit partir !”43.
Dix-huit ans après, la série décrite par A. Ottavi continue d’apparaître sur les
supports corses. En témoignent les graffiti évoqués dans un article de 199744 :
“Sardi, Arabi, Portuguesi fora”. En 1999, est photographié dans le port de
commerce de Bastia un usé “Italiani fora” placé sans doute pour être vu par les
Italiens en cours de débarquement. En 2000 est photographié sur un bâtiment
abandonné du col de Teghime “A sterpaccia lucchisina fora”45. Enfin, en 2003, est
recueillie indirectement la photo récente d’un graffiti atypique prise dans
l’extrême sud de l’île à Monaccia d'Aullène : " Italien : irrédentisme :
occupation ". A Ajaccio, c’est un seul ”I Neri fora” qui est recensé. Malgré la
diversité des populations visées, le graffiti xénophobe le plus courant étant “IAF”
on peut considérer qu’il vise en fait l’ensemble des étrangers.
Arabes et amalgames
Dès les années 1980, Claire Calogirou notait que : "L’association immigrés-
délinquance appartient au discours xénophobe sur l’insécurité qui, s’appuyant sur
les statistiques de la criminalité, veut imposer à l’opinion publique la
démonstration de la dangerosité des enfants des familles immigrés."47. La
déclinaison corse du phénomène, quand elle est le fait du mouvement nationaliste,
était critiquée alors dans un texte de Daniele Maoudj : « Avec l’équation
simpliste : délinquance, drogue, immigration = Arabes, l’amalgame précipité ne
pouvait que renforcer les germes du racisme latent de tout nationalisme classique,
replié sur lui-même. »48. Le discours voulant lier plus précisément le trafic de
43
Ottavi Antoine, Des Corses à part entiére, Paris, Seuil, 1979, p. 91.
44
Ghjurnale di a messaghjera, mars 1997, p. 29.
45
La sale race des ritals dehors !
46
Devereux Georges, Ethnopsychanalyse complémentariste, Paris, Flammarion, 1985, p. 205.
47
Calogirou Claire, Sauver son honneur, rapports sociaux en milieu urbain défavorisé, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 30.
48
Maoudj Daniele, « De Tizi –Ouzou à Zonza », Peuples méditerranéens, Corse, île paradoxe, n°38-39, 1987, p. 246.
38
drogue aux seuls Arabes se découvrait en 1997 à Lupinu d’une façon aussi
violente qu’irrationnelle. Les messages “Arabe = drogue, IAF, à mort les Arabes,
droga = mort = Arabe” sont là des pièces uniques. Elles portent un éclairage sur
des messages connotés de plusieurs types.
On a décrit dans l’analyse des graffiti non footbalistiques situés sur le stade de
Furiani51 la série suivante découverte en janvier 2000 :“L’Arabi fora, Pòpulu
corsu sì minuritariu, rivoltati osinnò ai da smarrici, i Frencesi fora, IFF, i tramuti
furesteri basta, a terra corsa à i Corsi”52. Le sigle “R-N-C” accompagne ces pièces
qui s’étalent en noir sur une vingtaine de mètres. Impossible de savoir s’il s’agit
49
Pour une Corse propre
50
Corse Matin, 27 août 2001, p. 2.
51
Bertoncini Pierre, « Graffiti, football et identité corse », Etudes corses, 2008. (sous presse).
52
Les Arabes dehors, peuple corse tu es minoritaire, révolte toi sinon tu vas disparaître, les Français dehors, IFF, les
immigrés çà suffit, la terre corse aux Corses.
39
de “rivoluzione naziunale corsa”. Cette série unique montre de façon plus
développée que ce qui apparaît dans le simple voisinage “IFF-IAF” que le
discours qui ne repose sur aucune donnée statistique est contre l’option “peuple
corse = communauté de destin”. Ici le peuple est présenté aux supporters du SCB
comme une ethnie en danger. C’est ce type de point de vue qui est décrit par
Emmanuel Bernabeu-Casanova comme correspondant aux “tenants de
l’ethnicité”53.
Il a été retenu que, d’après les sources disponibles, 1982 est la date d’apparition
de “IAF”. Dès ce temps-là, Aimé Pietri établissait un lien entre “IAF” et " IFF " :
“ En étendant la menaces aux Arabes et aux Italiens-et on a déjà vu d’ailleurs des
“Arabi fora!” et des “Lucchesi Fora!” c’est, grosso modo, une bonne moitié de la
population qui entre dans les perspectives de l’opération “coup de balai” que
résume, en trois lettres, le sigle “I.F.F.” ponctué à l’explosif plusieurs fois par
nuit.54”.
On a vu qu’“IAF” est un slogan qui attaque l’ensemble des étrangers vivant en
Corse. Il serait erroné de considérer qu’il s’agit d’un slogan voisin d’ " IFF ".
Apparu une dizaine d’année après celui-ci, il en est une variante possible. Cela ne
contredit pas le fait constaté précédemment que depuis 1982 des auteurs d’ "IFF"
sont idéologiquement opposés à “IAF” et que certains auteurs d’ "IAF" sont
idéologiquement opposés à "IFF". Dans cette situation confuse, il est néanmoins
possible d’affirmer que si "IFF" est souvent assumé officiellement par des
organisations politiques publiques, ce n’est jamais le cas pour les "IAF". Le
second cas de figure évoqué correspond à des "IAF" bombés par des adhérents
aux thèses de l’extrême droite française. D’après les slogans utilisés par l’OSC55,
il semble que, malgré le fait que ses tracts aient été diffusés dans un colloque
traitant à Calvi de “corsitude”, son discours soit en phase avec celui de l’extrême
droite française.
Les “IAF” suscitent des actions diverses de rejet. On présentera leur variété. Les
bombages peuvent être recouverts de peinture plus ou moins rapidement. Si c’est
dans le mois qui suivi sa pose qu’un “I Arabi fora” fut effacé sur la place Paoli
d’Ile Rousse, en novembre 2001, c’est plus de deux ans après avoir été bombé que
le “I Arabi Fora”, posé sur une façade des locaux de la voirie de la ville de Bastia,
fut recouvert de peinture par les employés municipaux !
Parfois, quand les autorités ne le font pas, des bombeurs attaquent les graffiti à
caractère xénophobe de manières diverses. On a vu comment à Ile Rousse des
“IAF” furent barrés en deux lieux en 2000-2001. Un “IAF” barré est également
observable sur l’immeuble Pouillon à Bastia. En juin 2001, est constaté que c’est
uniquement “Arabi” qui est barré dans un des nombreux “Arabi fora” découverts
à Propriano. D’autres parades sont utilisées par ceux qui craignent la diffusion
53
Bernabeu-Casanova, Emmanuel, Le nationalisme corse, génèse, succés et echec, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 172. p. 186.
54
Pietri Aimé, " Un miracle à espérer ", Kyrn, n°135, novembre 1982, p. 5.
55
En avril 2002 apparaît le groupuscule Organisation secrète corse. Ses bombages sont : « Halte à l’immigration,
Immigration avà basta, IAF, I Arabi fora »
40
d’idées d’exclusion. En juillet 1997, a été photographié un groupe de bombages
dans le centre ville de Bastia où cohabitaient les messages “Arabi fora, non au
vote des immigrés, FN Jeune, FN”. Cet ensemble est rare puisqu’on y lit un
“Arabi fora” signé du sigle FN. Des militants d’extrême gauche attaquèrent ce
groupe apparemment en deux phases non coordonnées. La première couche est
“Nazis fora !, A Fiumara”. Des croix gammées sont posées sur les bombages
d’extrême droite. La seconde couche est apparemment constituée d’un “D’accord”
signé par un “GAC” (Groupe anarchiste corse). Le bombeur libertaire va jusqu’à
barré les croix gammées que le trotskiste avait posé pour signifier le rapport
d’identité liant les thèses nazies et celle du FN.
Près de la plage de l’Arinella à Bastia, sur un mur qui porte un usé, mais encore
visible, “Arabi fora”, il y a un groupe de “Vive les Arabes, Arabi forza”. Cet
ensemble est unique. Par le retournement de situation : on passe du “Fora” au
“Forza”, il ressemble au texte d’une chanson “Proud to be black” que chantait
B.B.King en des temps de revendication de droits civiques des noirs américains.
“Forza” est un mot qui apparaît presque exclusivement accompagné de “Bastia”.
Il s’agit d’un graffiti courant des supporters du Sporting de Bastia. Bomber “Arabi
forza” semble être une affirmation d’intégration par le soutien au club qui détient
on l’a vu le statut symbolique d’équipe de Corse.
Un détournement de slogan raciste a également été vu à Ajaccio “La France aux
Arabes”. Le slogan posé souvent durant la guerre d’Algérie, “la France aux
Français” est en effet ici recomposé.
Le 28 mai 2002, est découvert sur le graft (site à forte et ancienne densité
graffitique) constitué par un immeuble à l’abandon qui voisine la mairie de
Ghisonaccia : “Vive les Portos et les Arabes. Je nique la France”. Ces messages
56
Kyrn, n°344, 8 Février 1991, pp. 10-11.
57
Vincensini Noëlle, "Préface", Cuntrasti, mai 1989, pp. 4-5.
41
répondent aux mêmes caractéristiques que les bombages bastiais de types “Vive
les Arabes”. Il est à noter que la deuxième communauté étrangère, les Portugais,
sont évoqués dans le bombage. La compréhension de ce message, pour être plus
complète, doit être accompagnée de l’évocation de certains des graffiti présents
sur ce riche site. Des graffiti racistes s’y trouvent : “I Arabi fora” à au moins deux
exemplaires. Si un graffiti anti-raciste dont rendit compte Kyrn comparait
Ghisonaccia à une situation politique africaine, on lit sur ce graft une référence à
l’Afrique dont l’auteur se situe dans ce cas dans le camp raciste : “On vous a
rendu l’Algérie, rendez nous Ghisonaccia”. La défiance envers l’Etat est exprimée
à différentes reprises dans le corpus nationaliste présent sur ce graft. Ainsi : “RF :
Statu assassinu”. On trouve également un slogan, beaucoup vu sur des
autocollants des années 1970, commentée par Georges Ravis-Giordani58, dont la
déclinaison graffitique était pour moi jusqu’à la vue de ce bombage, inédite : “Sò
corsu è ne sò fieru”. Il est impossible de ne pas comparer cette stigmatisation de
l’identité corse à celle qui concerne les identités arabe et portugaise, visible dans
“Vive les Arabes et les Portos”.
Dans la période postérieure à la découverte des deux premiers sites portant des
messages signés “ OSC ”, des graffiti que l’on peut rattacher à la catégorie des
“ IAF ” ont été recensés en divers points de l’île. Dans l’analyse des graffiti
bombés dans la période de l’élection présidentielle de 2003 a été noté comment
des “ IAF ” proches de messages favorables au Front national ont été vus sur
Propriano ou dans le Fiumorbu. A partir de décembre 2002, est apparue une
nouveauté sur la scène graffitique corse. Il s’agit du message “ Musulmans fora ”.
Dans l’après avril 2002 se sont multipliés des actions, attentats ou tractages par
exemple réalisées par trois groupuscules : l’OSC, Resistenza corsa et Corsica
cristiana.. Simultanément, des nouvelles variantes du signe IAF sigle sont
apparues. Le “ 80.000 Arabi ” est une variante qui ne semble pas très éloignée du
message d’ « IAF ». Il en est la version statistique. Au contraire, le message
“Musulmans fora” est une nouveauté dans le corpus insulaire. Il ne peut se réduire
à sa seule dimension de variante religieuse d’ « IAF ». En effet, il ne s’inscrit pas
dans le seul discours raciste et xénophobe. Il porte un message d’atteinte à la
laïcité. Il y a là une entreprise d’amalgame qui présente comme opposé un monde
58
Ravis-Giordani Georges, « L’identité », in Collectif, Encyclopédie régionale, Corse, Paris, Bonneton, 1992.
59
RCFM, 09 juillet 2001.
42
arabe et musulman et une société corse chrétienne, plus précisément catholique.
Dans le contexte international de l’après 11 septembre, l’apparition de ce discours
d’une nature inédite sur les murs de l’île n’est pas notée dans les colonnes d’un
article pourtant bien documenté de Marianne60.
Conclusion
60
Charles Benedicte, « Arabi fora », Marianne, 11-17 août 2003, pp. 50-54.
43
Si des manifestations de rejet existent, elles suscitent en retour des réactions de
la société civile. L’agression qu’elle soit physique ou réduite à un signe peut avoir
sur les familles immigrées un impact non négligeable. La prise en charge du
collectif permet de relativiser en commun les marques hostiles. Le cadre familial
assure prioritairement ce relais indispensable. Lieu de construction des individus,
il demeure un espace de transmission culturelle et d’adaptation des stratégies
sociales destinées à élaborer l’insertion dans la société. Demeurer en Corse fait-il
renoncer à tout ce qui constitue l’héritage familial et collectif du pays d’origine ?
Faut-il songer à préserver des atouts permettant de rentrer au pays d’origine mais
aussi à vivre sa particularité dans la société locale. Ce questionnement est apparu
de façon évidente lors des entretiens réalisés à Ghisonaccia : « …Depuis l’arrivée
de mes enfants, j’ai interdit tout ce qui est satellite arabe, interdit ! Alors qu’en
satellite français la 1, 2, 3…pour l’intégration, pour apprendre encore bien, bien,
la langue française » (E1) nous dit un père de famille marocain ; « Il faut
s’intégrer mais il ne faut pas oublier ses racines…on ne peut pas les nier » (E12)
déclare une jeune marocaine. La question de la transmission de la langue
familiale, de l’apprentissage du français et du corse, sont des données révélatrices
de projections dans le temps pour soi et pour les siens. Ici encore peut-on observer
d’une famille à l’autre ou d’une communauté à l’autre des différences qui feraient
du rapport aux langues un indicateur intéressant de la volonté d’intégration et de
l’apport de l’immigration à la société corse.
Au-delà des simples oppositions d’identité et clivages apparents se jouent des
mélanges subtils au sein des communautés, entre générations, dans les familles et
chez chaque individu. Les superpositions d’identités reflètent la complexité des
phénomènes à appréhender. L’abandon conscient ou non d’éléments culturels puis
leur réappropriation plus tard ou par une autre génération constitue des enjeux à
tonalité variable en fonction des époques des individus et des tensions qui les
portent. Le vestimentaire, le culinaire, le religieux, l’entre-soi manifestés
publiquement, sont parmi d’autres des données parlantes de l’attachement ou du
détachement à une ou des identités. Se composer son identité à partir d’une ou des
identités reçues et celles multiples que l’on se confectionne dans son parcours de
vie constitue un enjeu majeur pour chacun. La pratique des langues, leur
acquisition ou leur transmission constitue un aspect fondamental de la question
identitaire. La question socio-linguistique est très présente en Corse. Les travaux
déjà réalisés tentent d’éclairer et de pousser l’investigation sur un paramètre où se
croisent des questions d’identité et d’intégration. Arrivant dans un contexte de
diglossie et de bilinguisme déséquilibré, la question de l’apprentissage de la
langue corse de la part des familles immigrées puis des générations qui se
succèdent n’est pas neutre. Comment se comporter dans un climat linguistique où
cohabitent deux langues ? La transmission de la langue du pays d’origine se pose
nécessairement. Dans ces attitudes révélant des stratégies diverses saisies au
travers des pratiques et des positionnements linguistiques, on discerne une
représentation divergente entre communauté marocaine et portugaise. L’enquête
qui suit se propose de cibler les raisons de la moindre acquisition de la langue
vernaculaire par les marocains par comparaison aux portugais. Les hypothèses à
44
propos d’une proximité culturelle, religieuse, linguistique plus grande pour les
seconds ou une discrimination moins importante, demandent à être étayées.
Pratiques linguistiques
Famille marocaine a
arabe interlecte français
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1a 2a 3a 4a 5a 6a 7a 8a 9a
Famille marocaine b
arabe interlecte français
100
90
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1b 2b 3b 4b 5b 6b 7b 8b 9b
47
Famille marocaine c
arabe interlecte français
100
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Famille marocaine d
arabe interlecte français
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0
1d 2d 3d 4d 5d 6d 7d 8d 9d
48
communautés migrantes de France, le modèle assimilationniste (perte progressive
de la langue des parents au profit du français) ne peut ici complètement
s’appliquer, on note une tendance au transfert vers la langue nationale mais pas
l’abandon de la langue communautaire qui possède encore le plus haut volume
discursif. La fréquence de l’arabe comme langue première diminue certes chez les
plus jeunes mais pas les compétences qui sont très bien conservées (ce que
confirment les entretiens avec les témoins). La substitution linguistique est donc
peut-être un processus à l’œuvre mais c’est un processus très progressif qui, s’il
relègue parfois l’arabe au second plan, n’empêche pas les jeunes locuteurs de
continuer de le pratiquer sans effort. Contrairement aux études d’après lesquelles
les descendants de minorités ethnolinguistiques scolarisées dans une langue
dominante perdraient assez vite l’usage de la langue d’origine61, aucune amorce
d’obsolescence ou de précarisation de l’arabe ne marque les performances
langagières des nouvelles générations. La famille marocaine n’est pas simplement
ici le cadre d’une transmission linéaire (verticale) entre les parents et les enfants
mais bien davantage un lieu où circulent deux langues en synchronie dans un
réseau d’interlocution partagé.
Famille portugaise a
portugais interlecte français
100
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50
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0
1a 2a 3a 4a 5a 6a 7a 8a 9a
Famille portugaise b
61 « L’immigration durable pousse les sujets migrants vers l’adoption du français, langue dominante du pays
d’accueil, comme langue véhiculaire prépondérante dans les échanges oraux, tant publics que privés […]. avec la
deuxième génération, on observe que le français est très majoritairement prépondérant (même dans les usages
familiaux). De fait, la ou les “langues d’origine” subissent un inévitable processus d’érosion, qui se manifeste
surtout au niveau de l’expression mais qui semble affecter aussi parfois la compréhension. » Billiez Jacqueline et
alii. (2002) - Représentations sociales, pratiques langagières et questions identitaires chez des sujets plurilingues,
in France, pays de contacts de langues, Castelloti Véronique, De Robillard Didier éd.,Cahiers de l’Institut de
Linguistique de Louvain, n°28. 3-4, Louvain-La-Neuve, p.p.59-78.
49
portugais interlecte français
100
90
80
70
60
50
40
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0
1b 2b 3b 4b 5b 6b 7b 8b 9b
Famille portugaise c
portugais interlecte français
100
90
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10
0
1c 2c 3c 4c 5c 6c 7c 8c 9c
Ces graphiques font apparaître des usages langagiers assez différents de ceux
des familles marocaines. Même si les observations au domicile des témoins
montrent qu’il s’agit de locuteurs pour qui l’alternance et l’emprunt spontané
restent un mode de discours courant, la tendance générale est en effet à une
pratique beaucoup moins élevée de la langue d’origine et à utilisation plus
importante du français. Contrairement à l’arabe qui se maintient avec vigueur
dans l’ensemble de la parentèle maghrébine, la langue portugaise subit une
incontestable érosion au profit de la langue d’accueil. Cette usure est
particulièrement marquée chez les deuxième et troisième génération dont les
performances en portugais indiquent une coupure nette avec les témoins plus âgés,
elle touche cependant aussi la première génération qui a une fréquence du
vernaculaire toujours inférieure à celle des primo-migrants marocains. Pris dans
leur globalité ces tableaux renseignent sur la vitalité intergénérationnelle des deux
langues. Si aucune n’a disparue des pratiques intra-familiales, leur statut respectif
est cependant loin de se confondre. Ce qui frappe, c’est d’abord l’inégalité des
usages, la moindre intensité du portugais d’un côté, la prégnance plus forte de
l’arabe de l’autre. Deux typologies scindent en fait les choix langagiers de chacun
: le groupe marocain tient plus fermement le français à distance, les témoins
50
portugais laissent plus volontiers pénétrer la langue d’accueil dans la famille avec,
pour contrepartie évidente, une baisse considérable du vernaculaire. Si cette chute
existe dans la famille marocaine, notamment auprès des plus jeunes, elle n’atteint
cependant jamais les mêmes proportions que celles des jeunes couples portugais
et de leurs enfants. Entre petits-enfants portugais, l’usage de la langue des grands-
parents est tout juste résiduel et surtout symptomatique d’un transfert linguistique
en direction du français. Le partage des langues est bien différent dans la
troisième génération marocaine où le français est loin de s’imposer comme langue
de référence ou de préférence. Il est à noter qu’aucun petit-enfant marocain ne
bénéficie dans son milieu scolaire d’un enseignement de l’arabe qui aurait pu
fortifier les compétences ou agir comme balancier compensateur face la
dominance du français, seuls l’environnement familial et le groupe de pairs sont
ici les gardiens et les relais de la langue des primo-migrants. On perçoit donc
l’enjeu majeur que constituent les choix des parents dans le maintien de la langue
d’origine puisqu’ils déterminent la possibilité de donner suite à cette transmission.
La chose est nette dans les familles portugaises où la tendance à parler une langue
différente du vernaculaire à partir de la deuxième génération limite graduellement
le taux de continuité du portugais, le phénomène est tout aussi saillant dans les
familles marocaines où, la pratique dominante de l’arabe dans les couples de la
deuxième génération maintient encore solidement la dernière génération dans la
sphère arabophone.
62 Ce volet est couplé à l’enquête Famille réalisée par l’Institut National de la Statistique et des Études
Économiques (INSEE) et l’Institut National d’Études Démographique (INED) en marge du recensement national
de la population de 1999. Pour la première fois dans l’histoire de la statistique démographique française, un
échantillon de 380000 personnes de plus de dix-huit ans a été interrogé sur ses pratiques langagières, sur sa ou
ses langues d’origine et leurs transmissions aux générations ultérieures. Pour une synthèse de ces résultats cf.
Héran François, Fillon Alain, Deprez Christine (2002) – « La dynamique des langues en France au fil du XXe
siècle », Populations et sociétés, n°376 (février), p.3.
51
nécessaires pour employer le vernaculaire à toutes fins pratiques. Pour la Corse,
les constatations de l’EHF demandent donc à être clarifiées, s’il est possible de
remarquer le caractère habituel de la transmission de l’idiome d’origine63, l’étude
plus fine des pratiques langagières marocaines oblige à pondérer l’idée d’une
baisse généralisée de la transmission intergénérationnelle. L’approche micro-
sociolinguistique montre notamment que le partage entre générations n’est pas
aussi net, le français n’est pas la langue d’acculturation unique, il n’est pas non
plus le véhiculaire-relais entre les locuteurs marocains les plus vieux et les plus
jeunes qui, dans un sens comme dans l’autre, persistent à exploiter l’arabe
dialectal. Pour les quatre famille maghrébines, le changement et le transfert des
langues ne se produisent ni aussi complètement ni aussi rapidement, le groupe
assure la reproduction de la langue communautaire qui est encore parlée par les
locuteurs de troisième génération et pour lesquels le déplacement vers le français
aboutit surtout à un bilinguisme généralisé. Plus de trente ans après l’arrivée des
primo-migrants, les témoins ne font toujours pas du français la langue dominante
des échanges oraux familiaux, l’arabe demeure le vecteur majoritaire des
interactions langagières entre les différentes générations, y compris pour celles
qui sont nées ou qui ont grandi en Corse.
Les contacts de langues génèrent cependant des dynamiques différentes
selon les classes d’âge et les groupes enquêtés. En transmettant simultanément à
leurs enfants l’arabe et le français, les jeunes parents marocains font de ce dernier
un sérieux concurrent de la langue communautaire sur le plan vernaculaire. Les
moyens linguistiques mis en jeu dans par deuxième génération famille ibérique
tendent de la même façon à élever le français au rang de langue maternelle auprès
des enfants, toutefois, le peu de place laissé au portugais fait de ce processus un
processus exclusif qui écarte la langue d’origine de son rôle de vernaculaire au
profit du français. En matière d’héritage linguistique, ces observations amènent en
somme à relativiser le modèle macro-généalogique pointé par l’EHF : l’ancienne
génération parlerait encore la langue d’origine, la génération moyenne ne la
parlerait ou ne la comprendrait plus systématiquement, la nouvelle génération ne
la parlerait plus du tout. Si ce schéma, semble en cours d’accomplissement dans le
groupe portugais, il ne se réalise pas aussi distinctement dans la communauté
marocaine de Corse où opère un jeu d’attitudes langagières plus complexe, lié en
particulier à la vitalité du bilinguisme intergénérationnel.
Sur le plan socio-économique, presque tous les adultes salariés de cette enquête
sont des ouvriers, c’est le cas des primo-migrants des deux groupes et de
beaucoup de leurs fils qui se partagent entre les secteurs de l’agriculture et du
bâtiment. En dépit du caractère dominant du corse comme langue habituelle dans
ces milieux64, les relevés effectués dans les situations de travail font apparaître des
63 « La transmission des langues d’immigration dans l’enfance a plus souvent été habituelle qu’occasionnelle. »
Héran F., Fillon A., Deprez C., op. cit., 2002, p.2.
64
« (…) c’est parmi les agriculteurs et les indépendants non agricoles que le corse obtient son plus haut score, -
les agriculteurs déclarent discuter à 64,4% en corse (…) – chez les indépendants non agricoles, le corse est aussi
52
positions tranchées entre les communautés. Contrairement aux témoins marocains,
les Portugais sont plus souvent corsophones, tous les pères de la première
génération possèdent les compétences linguistiques nécessaires pour
communiquer sans trop de difficultés avec les ouvriers et les patrons corses qui
leurs reconnaissent d’assez bonnes aptitudes65. Entre ouvriers autochtones et
portugais, l’emploi du corse est prégnant même si les alternances entre le corse et
le français sont plus fréquentes de la part de ces derniers. Le choix de la langue
corse n’est toutefois pas constant chez ces migrants qui réinvestissent la sphère du
français dès qu’ils sont en présence d’autres ouvriers qui ne parlent pas le corse.
Les observations rendent en fait manifeste la triangulaire linguistique entre
laquelle se jouent les échanges langagiers dans le cadre professionnel : en
portugais évidemment avec les membres de la communauté, en corse et en
français avec les ouvriers locaux et les employeurs, en français uniquement avec
les autres travailleurs étrangers. En contrepoint, ces pratiques attestent aussi de la
fonction véhiculaire de la langue nationale, y compris dans le milieu agricole
pourtant encore très corsophone. Le français redevient en effet langue de
communication prépondérante dès que les échanges impliquent les différentes
communautés qui sont amenées à se côtoyer sur les lieux de travail. Ceci se
confirme avec les travailleurs maghrébins qui, dans leur immense majorité, restent
en production, parfois même en compréhension, presque totalement dépourvus de
compétence en langue corse. La comparaison de deux catégories de migrants
pointe à ce sujet une différence de taille : aucun primo-migrant marocain approché
dans l’enquête ne parle le corse, certains témoins possèdent une petite compétence
passive, ce qui plus de trente années après leur arrivée dans l’île est fort mince au
total. Bien qu’ayant toujours fréquenté des sphères corsophones, la langue locale
fait défaut à leur répertoire langagier. Les observations sur le terrain montrent en
fait que les témoins marocains tricotent leur intégration linguistique au seul
écheveau de la langue nationale, signe que le corse n’est pas (ou plus)
indispensable en tant que facteur d’insertion local.
Les options langagières des deux communautés ne manquent pas d’interroger la
façon dont chacune structure ses stratégies langagières et son positionnement dans
la société insulaire. Le deux sont en fait incontournables et peut-être aussi liées,
l’absence de la langue corse dans le groupe maghrébin semble surtout indiquer le
maintien de la communauté en position d’extériorité vis-à-vis de la société locale.
Evaluée à la mesure du discours sur les langues des témoins marocains, cette
absence témoigne de leur intégration sur le modèle linguistique (et culturel)
dominant (national) plutôt que régional. De façon évidente, l’acquisition plus
fréquente du corse par les migrants portugais manifeste une volonté d’insertion
active dans la société insulaire, le corse devenant le symbole d’une intégration
plus nettement vécue sur le mode régional que national. Au-delà des différents
facteurs à l’origine de ces choix, on notera que les seuls locuteurs devenus
triglossiques sont ici natifs d’un pays monolingue et monoculturel. On aurait pu
penser que la situation de plurilinguisme généralisée du Maroc aurait amené les
migrants marocains à étendre leur répertoire langagier et à s’engager plus
cité en tête, 47,7% (…) ». Georges Moracchini (2005) - Aspects sociolinguistiques de la Corse, Langage et
société, n°112. p.25.
65
C’est le cas également, de l’une des mères primo-migrantes et de deux enfants de la deuxième génération.
53
volontiers sur la voie de la corsophonie. De façon surprenante, ces derniers restent
alignés sur un axe bilingue où seul le français fonctionne comme langue
d’intégration.
Les discours épilinguistiques recueillis lors des entretiens avec les familles
permettent de saisir les déterminants qui motivent l’implication ou la non-
implication des témoins dans la sphère corsophone. Un premier faisceau de
représentations attire l’attention, il montre comment les témoins des deux
communautés valorisent différemment l’usage du corse et le bilinguisme langue
d’origine/langue corse. Les Marocains catégorisent systématiquement le corse au
regard de ses rapports diglossiques avec le français, perçu comme possédant une
meilleure valeur fonctionnelle que la langue locale, celui-ci efface complètement
le corse comme langue d’intégration. La discrimination est chez eux très nette
entre le français d’un côté, assimilé à la réussite et la modernité, et le corse de
l’autre, plus tenu comme un vernaculaire communautaire ancré dans le local, la
tradition et le monde rural.
La configuration dans laquelle se situe le corse face au français est moins
conflictuelle chez les témoins ibériques qui construisent une représentation
positive et complémentariste du bilinguisme corse/portugais. Peu marqués par ces
rapports hiérarchiques et inégalitaires, les données attitudinales des Portugais
infériorisent et dévalorisent rarement la langue régionale qui bénéficie de
jugements globalement favorables sur les plans fonctionnel et symbolique, de
sorte que son acquisition s’en trouve facilitée. Ces positions divergentes peuvent
trouver une explication dans la situation sociolinguistique des pays d’origine qui
paraît à chaque fois se dédoubler et s’amplifier sur la dynamique langagière
insulaire. Le français possède en effet au Maroc un statut élevé, il est dans l’esprit
des gens la langue de la modernité et de la promotion sociale, pourvu d’une forte
valeur économique et culturelle, il domine de manière insoluble l’arabe dialectal
sur le plan des représentations. Dans cette perspective, l’indépassable rapport
dichotomique entre corse et français maintenu par les témoins maghrébins peut
être tenu comme une transposition homologique des relations inégalitaires que
l’arabe entretient avec le français au Maroc (le contexte sociolinguistique
maghrébin filtrant en quelque sorte le contexte corse). Venus d’un pays
monolingue où les variétés régionales du portugais sont peu marquées et n’entrent
jamais dans une perception inégalitaire du contact des langues, les sujets ibériques
restent à l’écart d’une surdétermination de la situation linguistique insulaire par
celle du Portugal. Ainsi dégagée de toute interférence disqualifiante, la langue
corse peut se maintenir en tant que langue d’intégration parallèlement au français.
Les positions des deux groupes ne peuvent cependant se réduire aux seuls
aspects fonctionnels accordés ou non aux langues, d’autres facteurs plus subjectifs
interviennent, en particulier le lien étroit que tissent les langues entre les
dimensions sociales et identitaires. Les entretiens dévoilent très vite la place
centrale de la langue d’origine dans la construction de l’identité marocaine. Pour
les témoins maghrébins, les pratiques langagières en arabe et les représentations
54
que les locuteurs se font de ces pratiques sont des lieux où se manifestent les
processus différenciateurs et où se stigmatisent les différences communautaires.
La langue arabe marque les frontières du groupe qui se construit comme tel par ce
qu’il ne partage pas avec les autres communautés. Rien que de très commun en
fait dans un contexte plurilingue qui met en jeu un groupe minoritaire : l’idiome
d’origine devient dans ce système d’oppositions distinctives l’élément
différenciateur par excellence, le symbole de la culture maghrébine, l’attribut de
l’ethnicité marocaine dont il est difficile de se dessaisir. Apparaît ici un
phénomène d’identisation, processus par lequel les individus et les groupes
tendent à s’affirmer par la séparation et leur différence.
Beaucoup moins portées à faire de leur langue le pivot de leur identité, les
témoins portugais font peu jouer leur vernaculaire dans cette identité réactionnelle
et emblématique. Pour la majorité d’entre eux l’identification ethnique et le
sentiment d’appartenance à la communauté portugaise passent moins par une
pratique revendiquée et exacerbée de la langue portugaise que par un bilinguisme
plus strictement pratique, celui qui leur sera nécessaire lors des voyages au
Portugal. Cela étant, la contrepartie de cette position se paye d’un prix élevé. Peu
valorisée sur le plan symbolique, la langue portugaise se retrouve du coup dans le
cadre familial plus exposée au français, et donc, fragilisée. C’est justement le sens
de sa plus faible transmission et du transfert linguistique entrevus auprès des
jeunes des générations.
Les orientations des groupes marocain et portugais s’ouvrent ainsi à des
conséquences tranchées en matière d’acquisition des langues. En faisant de leur
différence linguistique le trait dominant de leur identité, les Maghrébins vont tout
à la fois devoir se recentrer sur leur langue d’origine mais aussi délaisser la langue
corse dans la mesure où la divergence linguistique est justement chez eux un trait
renforçateur de l’identification (du) au groupe. Au contraire, peu portés à
construire leurs frontières de groupe sur la clôture étanche des autres identités, en
ne faisant pas de leur langue la valeur centrale de leur propre identité culturelle,
les Ibériques développent des attitudes positives envers la langue régionale qui,
une nouvelle fois, facilitent son acquisition.
Le contexte intergroupe
Eléments de conclusion
66 « En 1998-1999, 83% des élèves du primaire avaient eu un contact avec la langue [corse], dont 21% dans le
cadre d’un enseignement de trois heures hebdomadaires avec continuité sur tout le cursus primaire, les autres à
raison d’une heure hebdomadaire […] ; 45% des élèves étudiaient le corse en 6e et 5e, ensuite les effectifs
baissent en raison de la concurrence des autres matières puis remontent en fin de scolarité à cause de
l’importance du baccalauréat : en 1999, 20% des élèves scolarisés en Corse ont passé l’épreuve de corse à cet
examen. » Fusina Jacques (2004) - Le corse, Description sommaire de la langue, in Réalisation et perspectives
de recherche en Identités, Environnement, N.T.I.C., Méditerranée du Centre de Recherches en Corse et
Méditerranée, Gap, C.R.C.M./B.U./ ALBIANA, p.21.
58
l’école (ne serait-ce que parce que son apprentissage ne garantit en rien son usage
en dehors du milieu scolaire), il apparaît d’ores et déjà que les informateurs les
plus jeunes sont ceux qui témoignent des meilleures aptitudes en corse (presque
tous savent décliner les deux auxiliaires, tous sont capables de désigner référents
du foyer les plus courants).
Finalement, ce travail n’aura pas permis d’étudier ce qui semble être les
prémisses de la corsisation linguistique de la troisième génération. Les débuts de
compétences entrevus chez les témoins les plus jeunes pourraient cependant
marquer une évolution de la situation linguistique des migrants marocains, en
particulier le passage d’un bilinguisme arabe/français à un trilinguisme
arabe/français/corse. La chose est en tout cas souhaitable pour au moins deux
raisons. D’abord parce que les descendants de l’immigration marocaine pourraient
obtenir par ce biais le statut d’habitants légitimes de l’espace corse, statut encore
trop souvent refusé à leurs parents. Ensuite, parce que le corse trouverait par là un
moyen d’accroître le nombre de ses usagers ce qui serait un gage supplémentaire
de son maintien. Car la survie de la langue locale ne dépend pas que de mesures
ou de soutiens politiques, si ces derniers ont été ou sont encore nécessaires à plus
d’un titre, ils ne peuvent à eux seuls garantir une conservation correcte de la
langue67. Pour que le corse soit une réalité dans la Corse de demain, il lui faudra
surtout gagner de nouveaux locuteurs. Ces locuteurs sont parmi la jeunesse
insulaire “d’origine” mais aussi parmi les membres des autres communautés
présentes sur l’île, portugaise certes, mais également parmi la plus importante
d’entre-elles, la communauté maghrébine. Viser cette communauté est ici,
clairement, un pari dont on voit bien qu’il a peu de chances d’être mené par le
domaine institutionnel ou politique. Il est cependant à tenter par les Corses eux-
mêmes qui devront (aussi) s’appuyer sur le réservoir que constitue la population
immigrée afin de permettre à leur langue de conserver des positions d’avenir.
L’assimilation linguistique des groupes étrangers résidents de longue date vers
la langue française est un processus qui s’achève généralement après deux
générations dans presque toutes les situations migratoires de France. Il serait
dommage que la dernière grande région d’immigration nationale à proposer aux
migrants une intégration en deux idiomes distincts ne puisse prolonger son
ancienne langue dans ce collectif marocain encore demeuré bilingue. D’un côté
comme de l’autre, les changements linguistiques diachroniques semblent avoir en
Corse ralenti leur marche, il est grand temps, justement, que chaque groupe mette
à profit ce sursis, les uns pour léguer ce qu’ils ont su conserver, les autres pour
apprendre et en tirer tous les bénéfices conséquents.
Références bibliographiques
67 La situation irlandaise est à ce sujet exemplaire. Paradoxalement, au fur et à mesure que s’étendait le
nationalisme politique et qu’un ensemble conséquent de mesures jouaient en faveur de la langue du pays, celle-ci
n’a pas cessé de s’étioler face à l’anglais au point de ne plus concerner aujourd’hui qu’un nombre réduit de
locuteurs.
59
Alaoui Rachid, Marie Mathieu (2003) – L’immigration marocaine en Corse :
une force de travail silencieuse, in Marocains de France et d’Europe, Hommes et
Migrations n°1242, 72-93.
60
Georges Moracchini (2005) - Aspects sociolinguistiques de la Corse, Langage
et société, n°112. p.25.
Smolicz John (1984) - Minority language and the core value of culture :
changing policies and ethnic response in Australia, Journal of Multilingual and
Multicultural Development, n°5
Parmi les objectifs figurant dans les motivations des associations figurent en
bonne place les notions de rencontre et d’échange avec la population locale. A
titre d’exemple Atlas implantée à Ajaccio participe activement à créer un climat
de convivialité entre les communautés par le biais d’ateliers cuisine ou la
fourniture de produits cuisinés. La société civile participe également par
l’intermédiaire des éducateurs spécialisés à organiser des espaces et des moments
de rencontre pour remédier à la marginalisation et au désoeuvrement. Ces
structures souvent urbaines se destinant à assurer des animations orientées
principalement vers les publics jeunes concernent également les immigrés ou issus
de l’immigration. Citons l’association Alpha située dans le quartier populaire de
Lupinu à Bastia. Les aspects socio-éducatifs sont particulièrement présents
(soutien scolaire, insertion professionnelle, soutien à la parentalité, formation)
auxquels s’ajoutent des ateliers et des actions culturelles.
Conclusion
68
Gilles Ferréol, Vie associative et démocratie locale, Les entretiens du Conseil Economique et Social Régional,
Poitou-charentes, oct. 2001, p. 83.
65
La question de l’immigration demeure un sujet sensible dans une île où une
partie des habitants considère que l’Etat instrumentalise les mouvements de
population pour noyer le peuple corse sous la masse des nouveaux arrivants. La
situation démographique de la Corse ne vient pas calmer ces craintes qui se
développent dans un contexte de crise identitaire, de marasme économique et de
précarité sociale. La quête identitaire et mémorielle, le souci de reconnaissance
politique et/ou culturel d’une partie de la population corse peut interpréter comme
concurrent un processus similaire se développant sur le même territoire. On
comprend que la prudence et la réticence à apparaître publiquement soient des
attitudes choisies par un grand nombre de ressortissants étrangers. Les
développements qui précèdent attestent pourtant d’un passé d’accueil et d’aide
aux plus démunis qui ont accosté sur ces rives en quête d’un travail ou fuyant les
conflits.
66
Le retour au pays quand bien même il a toujours semblé un horizon
incontournable durant le séjour n’est pas facile à réaliser : « mais les gens qui
vivent ici ils ne peuvent pas vivre là bas au Maroc parce que je connais beaucoup
d’hommes qui sont habitués ici, ils peuvent pas vivre là-bas même s’ils travaillent
pas beaucoup …ils travaillent un peu mais ils restent ici. Il y en a qui ne sont pas
déclarés ; ils restent ici, je ne sais pas pourquoi ils ont même pas la retraite il y
en a beaucoup des hommes âgés ; je dis : pourquoi celui là il veut pas aller là-bas
il vit avec sa famille en plus ils sont seuls ici même pas avec la famille, il dit : je
préfère rester ici même travailler une journée sur trois, il dit que je suis bien là …
si on prend l’habitude on peut pas vivre là-bas parce que c’est trop dur… mon
mari connaît des copains à lui des personnes âgées ils sont à la retraite ils sont
malades ils ont dit : non on peut pas vivre là bas on vit ici…l’habitude c’est
dangereux (rires) (E16)». La Corse offre un cadre de vie auquel nombre
d’immigrés sont sensibles ; l’intégration peut aussi se faire malgré soi en
instaurant lentement un décalage avec des manières d’être que l’on ne possède
plus et en s’accoutumant à des prestations qui deviennent indispensables. Le
souvenir de la dureté des conditions d’existence dans le pays d’origine ou les
événements tragiques qui ont présidé au départ incitent à faire la part des choses.
A un descendant des réfugiés du Rion à qui nous demandions si son père ne tenait
pas rigueur des malversations commises envers lui, l’intéressé me répondit :
« mon père disait : c’est le pays qui m’a sauvé ». Cet état d’esprit atteste de la
capacité des individus à interpréter le contexte, à ré-évaluer les situations et se
faisant à se constituer comme acteurs sociaux.
Cette faculté permet d’espérer aller plus loin que la simple reconnaissance
mutuelle découlant d’un échange : accueil contre travail. L’apport de
l’immigration ne se confine pas à être une quantité de main d’œuvre participant à
la richesse du territoire. De même la Corse n’est pas un pur décor offrant sa nature
et son climat aux espoirs de vie meilleure. La création de lieux et de moments
d’interaction nous semblent susceptibles de créer les conditions favorables à de
réels échanges. La multiplication des occasions de partage ne peut qu’influer sur
la réalité des rapports, par le biais des transmissions de savoir-faire, par le festif, la
commensalité, l’activité sportive, l’apprentissage linguistique, la création
artistique... Le mnémotropisme qui caractériserait nos sociétés et notre époque
n’est pas applicable à chaque individu qui tient compte de ses expériences autant
que de la mémoire de son groupe. Des travaux ont ainsi montré la complexité des
mémoires immigrées et leur caractère variable et reconstruit selon le contexte
migratoire, l’appartenance culturelle, sociale… 69. L’actualisation de la mémoire
des immigrés constituera un des apports d’avenir dont bénéficiera l’ensemble de
la société corse.
6. Données statistisques
(V. Marchini, M. Ambroselli, Y. Solinas)
69
David Lepoutre, Isabelle Cannoodt, Souvenirs de familles immigrées, Paris, Odile Jacob, 2005.
67
Sources :
- Insee Corse
Résidence du Cardo, rue des magnolias, BP 907, 20700 Ajaccio Cedex 9. -
www.insee.fr/corse
- Archives nationales Insee
Direction Générale, 18 boulevard Adolphe Pinard, 75675, Paris, Cedex 14.
Année 1851
Population totale 236251
Total étrangers 4245
Part d'étrangers 2%
Anglais 12 0.3%
Allemands 41 1%
Belges 6 0.2%
Italiens 3800 90%
Suisses 56 1.3%
Espagnols 17 0.5%
Polonais 12 0.3%
Autres 285 7%
Inconnus 16 0.5%
Année 1866
Population totale 257066
Total étrangers 7966
Part d'étrangers 3%
Pourcentage d'hommes 77%
Anglais 25 0.3%
Américains 24 0.3%
Allemands 46 0.6%
Belges 24 0.3%
Italiens 7786 98%
Suisses 26 0.3%
Russes 1 0.01%
Espagnols 23 0.3%
Polonais 6 0.07%
Grecs 5 0.06%
68
Les statistiques pour l’année 1861 figurent p. 11
Année 1896
Population totale 281543
Total étrangers 12266
Part d'étrangers 5%
Pourcentage d'hommes 67%
Anglais 62 0.5%
Autrichiens 14 0.1%
Américains 26 0.2%
Allemands 65 0.5%
Africains 10 0.1%
Belges 10 0.1%
Danois 9 0.1%
Italiens 11944 97%
Portugais 1 0.01%
Turcques 9 0.1%
Russes 3 0.03%
Suisses 66 0.5%
Hollandais 1 0.01%
Espagnols 38 0.3%
Hongrois 1 0.01%
Grecs 4 0.03%
Autres 3 0.03%
69
Année 1901
Population totale 278072
Total étrangers 9709
Part d'étrangers 4%
Pourcentage d'hommes 63%
Anglais 64 0.7%
Autrichiens 30 0.3%
USA 3 0.03%
Autres Américains 61 0.6%
Allemands 69 0.7%
Africains 73 0.8%
Belges 7 0.07%
Danois 1 0.01%
Italiens 9180 95%
Norvégiens 4 0.04%
Luxembourgeois 1 0.01%
Roumains 1 0.01%
Turcques 3 0.03%
Russes 11 0.1%
Suisses 43 0.4%
Hollandais 3 0.03%
Espagnols 26 0.3%
Hongrois 2 0.02%
Grecs 2 0.02%
Autres 1 0.01%
Inconnus 124 1%
Année 1906
Population totale 270258
Total étrangers 9769
Part d'étrangers 4%
Pourcentage d'hommes 60%
Anglais 75 0.8%
Autrichiens
USA 65 0.7%
Allemands 80 0.8%
Belges 14 0.1%
Italiens 9290 95%
Russes 8 0.08%
Suisses 53 0.5%
Espagnols 17 0.2%
Austro-hongrois 28 0.3%
Autres 135 1%
Inconnus 4 0.04%
70
Les statistiques pour l’année 1911 figurent p. 13
Année 1921
Population totale 248860
Total étrangers 6098
Part d'étrangers 2%
Pourcentage d'hommes 58%
Année 1926
Population totale 255865
Total étrangers 7215
Part d'étrangers 3%
Pourcentage d'hommes
Anglais 54 0.7%
Autrichiens 11 0.2%
Autres Américains du Sud 17 0.2%
Hollandais 7 0.1%
USA 19 0.2%
Autres Américains 6 0.02%
71
Argentins 1 0.01%
Africains sujets français 46 0.6%
Autres Africains 4 0.02%
Autres Asiatiques 41 0.6%
Asiatiques sujets français 4 0.02%
Brésiliens 1 0.01%
Chinois 3 0.02%
Japonais 1 0.01%
Portugais 1 0.01%
Polonais 5 0.02%
Roumains… 3 0.02%
Allemands 8 0.1%
Belges 39 0.5%
Italiens 6648 92%
Luxembourgeois 1 0.01%
Bulgares 2 0.02%
Danois 3 0.02%
Russes 87 1%
Tchécoslovaques 4 0.02%
Turques 38 0.5%
Serbes 9 0.1%
Suisses 66 1%
Espagnols 58 0.7%
Grecs 4 0.02%
Autres 8 0.02%
Inconnus 16 0.2%
Année 1931
Population totale 270921
Total étrangers 9581
Part d'étrangers 4%
Pourcentage d'hommes 68%
Anglais 76 0.8%
USA 17 0.2%
Autres Américains 35 0.4%
Africains sujets français 644 7,00%
Autres Africains 5 0.05%
Asiatiques 40 0.4%
Polonais 20 0.2%
Allemands 53 0.5%
Belges 32 0.3%
Italiens 7893 82%
Russes 142 1%
Tchéco-slovaques 38 0.4%
Suisses 65 0.7%
Espagnols 89 0.9%
72
Autres européens 165 2%
Inconnus 266 3%
Autres 1 0.01%
Année 1946
Population totale 233232
Total étrangers 8950
Part d'étrangers 1%
Pourcentage d'hommes 2.15%
Anglais 42 0.5%
Baltes 1 0.01%
Autrichiens 15 0.1%
Polonais 63 0.7%
Japonais 8 0.08%
Chinois 13 0.1%
Suédois 2 0.02%
Danois 2 0.02%
Allemands 12 0.1%
Belges 83 1%
Italiens 6938 78%
Luxembourgeois 1 0.01%
Monégasques 2 0.02%
Syriens 2 0.02%
Arméniens 17 0.02%
Egyptiens 1 0.01%
Libanais 3 0.03%
Portugais 30 0.3%
Russes 146 2%
Bulgares 8 0.08%
Irlandais 1 0.01%
Turcs 12 0.1%
Yougoslaves 34 0.4%
Roumains 4 0.04%
Tchécoslovaques 37 0.4%
Hollandais 52 0.03%
Suisses 28 0.3%
Grecs 19 0.2%
Espagnols 331 4%
Brésiliens 2 0.02%
Argentins 2 0.02%
Mexicains 7 0.07%
Canadiens 1 0.01%
73
USA 5 0.05%
Américains du centre 12 0.1%
Autres européens 2 0.02%
Autres latino-américains 6 0.06%
Autres nationalité d'Asie 7 0.07%
Inconnus 7 0.07%
Nationalité non déclarée 513 6%
Année 1954
Population totale
Total étrangers 8230
Part d'étrangers 3.3%
Pourcentage d'hommes 59%
Anglais 58 0.7%
Polonais 22 0.3%
Allemands 57 0.7%
Belges 42 0.5%
Italiens 7555 92%
Portugais 27 0.3%
Russes 66 1%
Yougoslaves 16 0.2%
Tchécoslovaques 22 0.3%
Suisses 43 0.5%
Espagnols 207 2.5%
Autres européens 46 0.6%
Autres 52 0.6%
Année 1964
Population totale 176160
Total étrangers 6600
Part d'étrangers 3.75%
Pourcentage d'hommes 2.55%
74
Année 1982
Population totale 240012
Total étrangers 25880
Part d'étrangers 10.5%
Pourcentage d'hommes
Département Haute-Corse
Année 1982
Population totale 131504
Total étrangers 14460
Part d'étrangers 11%
Pourcentage d'hommes
75
Année 1990
Population totale 250035
Total étrangers 24847
Part d'étrangers 10%
Département Haute-Corse
Année 1990
Population totale 131520
Total étrangers 12464
Part d'étrangers 9.5%
77
Population étrangère par tranche d'âge en 1999
78
Afin de donner un aperçu du recensement effectué par commune nous donnons ici l’intégralité du
recensement de 1926.
Bastelica 718
79
Penta acquatella 145 9 6% Italien 9 100% 63%
Campitello 292
Bigorno 316
Urtaca 247
80
USA 1 2%
81
Farinole 510 11 2% Italien 11 100% 55%
Quercitello 204
82
Venzolasca 1305 36 3% Italien 33 92% 66%
Russe 1 2%
Autrichien 1 2%
Chinois 1 2%
Santa Reparata di
Balagna 1322 1 0.08% Hollandais 1 100% 100%
Pigna 106
Avapessa 174
Aregno 640
Speloncato 604
Messa 274
Feliceto 419
83
Catteri 320 3 1% Italien 2 66% 66%
Portoricain 1 33%
Corscia 799
Lozzi 1009
Asco 636
Soveria 144
Popolasca 107
Pietraserena 604
Bustio 93
Campana 121
84
Carceto 108
Carpineto 142
Pied'Orezza 268
Rapaggio 114
Parata 112
Piazzole 201
Piedipartino 52
Campi 149
Isolaccio 1327
85
Saint Laurent 518 6 1% Italien 6 100% 100%
Cartecosi 418
Erone 110
Lano 86
Alando 108
Mazzola 267
Bustanico 225
Tralonca 191
Sermano 240
Felce 346
Novale 280
Ortale 184
86
USA 4 57%
Piobetta 167
Nocetta 182
Casevecchie 232
Antisanti 708
Orbellara 521
87
Viggianello 512
Foce 327
Tivolaggio 70
Giuncheto 314
Grossa 544
Granace 233
Bilia 321
Zerubia 112
Monaccia 1161
Sorbollano 514
88
Belge 1 7%
Ocana 520
Carbuccia 447
Partinello 301
Serriera 343
Osani 575
Marignana 859
Pastricciola 929
89
Salice 537 4 1% Italien 3 80% 80%
Grec 1 20%
Urbalacone 201
Petroselo 216
Frasseto 916
Cardo Torgia 42
Casaglione 406
90
Russe 1 4%
Guagno 763
Orto 267
Renno 702
Palnecca 1729
Sampolo 533
91
Russe 1 4%
Santa Reparata di
Moriani 253
Novela 257
Costa 196
92
Palasca 317 9 3% Italien 9 100% 56%
Moncale 502
Montemaggiore 523
Lughignano 147
Cassaro 329
Vallica 159
Mausoleo 116
Pioggiola 504
Altagene 300
93
Leccia 186
Zalana 832
Ampriani 88
94
Zuani 507
Saliceto 170
Riventosa 185
95
Deuxième partie
70
On ne pourra malheureusement pas se reporter à Daniel COURGEAU, Migration nette et densité: la France
de 1954 à 1990, Population, 47ème année, n°2, mars-avril 1992, pp. 462-467 ; en effet, il est précisé en note de
présentation que Nous excluons de cette analyse la Corse dont la qualité des recensements ne permet pas la
prise en compte.
96
• Victor BORGOGNO et Lise VOLLENWEIDER-ANDRESEN, Corse :
situation migratoire et insertion des immigrés, études expérimentale pour la
DATAR, 1ère partie, IDERIC, 1983, 167 pages.
• François FLORI, Bibliographie générale de la Corse, 1973-1974.
• INSEE et FASILD, Atlas des populations immigrées en Corse, Ajaccio,
2004, 23 pages.
• Les immigrés en France : l'immigration italienne en Corse de 1500 à
1960, Ajaccio, Service éducatif des Archives, 1994.
• Marie-Pierre LUCIANI, Immigrés en Corse minorité de la minorité,
Paris, CIEMI L’Harmattan, 1995, 260 pages.
• Jeannine RENUCCI, Corse traditionnelle et Corse nouvelle, Lyon,
Audin imprimeurs, 1974.
• Pierre SIMI, Atlas scolaire de la Corse, Ajaccio, CRDP de la Corse,
1992, 260 pages ; pour la population, les migrations et les étrangers voir les pages
79-110.
• Les étrangers en France, Guide des sources d’archives publiques et
privées XIXème et XXème siècle, Tome 1, Paris, Générique, Direction des
archives de France, 1999.
Niveau méso :
Niveau micro :
• Claudine ROSSI, La population de la ville d'Ajaccio, s.d.
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
Niveau macro :
• Abdelouhab ABDEDOU, Renversement migratoire, identités et tensions,
cas de la Corse et de l’Andalousie, Université d’Aix-Marseille I, doctorat de
géographie (en cours).
• André BRUNINI, Migrations et mutations en Corse depuis les années
cinquante : contribution à la compréhension du problème corse, Université de
Poitiers, mémoire de maîtrise de géographie, 1990, 155 pages.
• Marie-Pierre LUCIANI, Insertion des travailleurs immigrés dans la
région Corse, Université de Paris VII, DEA de Sociologie, 1986, 216 pages.
• Christian MILLELI, Causes et conséquences de l'évolution
démographique du département de la Corse, Mémoire de Sciences économiques,
Paris I, 1972.
• Marie PERETTI-NDIAYE, Le racisme en Corse. Contextualisation et
étude des signifiants de l’action, réflexion sur la dimension spécifique du
phénomène, EHESS, doctorat de sociologie (en cours).
• Jean-Marc PUPONNI, Du régionalisme à l'autonomisme (1962-1975),
l'évolution du discours revendicatif corse à travers l'exemple des étrangers,
mémoire de maîtrise, U.E.R. de Géographie, Histoire et Sciences sociales,
Université de Paris VII, 1983-1984, 91p.
• Dominique RICCI, L'évolution du discours nationaliste corse (1975-
1984): l'exemple des étrangers, mémoire de maîtrise, U.E.R. de Géographie,
Histoire et Sciences sociales, Université de Paris VII, 1983-1984, 91 p.
97
• Liza TERRAZZONI, Nationalisme et racisme, articulation entre
intégration et exclusion : le cas de la Corse, Université de Paris X, doctorat de
sociologie (en cours).
• Jacqueline TUFFELL, Analyse ethnique de la population corse d'après le
mouvement de l'année 1982, Université de Paris IV, thèse de médecine, 1984,
disponible à la Bibliothèque universitaire de Corte.
• Nicolas-Ignace TRANI, Les mouvements migratoires en Corse
(immigration, émigration), Paris, Thèse de droit, 1945, 2 volumes, 67 et 101
pages.
Niveau méso :
Niveau micro :
c) Les revues :
Niveau macro :
• Cuntrasti, Immigrés : de qui parlons-nous ?, n°8, avril 1989, 144 pages.
• Économie corse, Treize pour cent d'étrangers en Corse, n° 14, 1979.
• Économie corse, Population et habitat, n° 9, mai-juin 1978.
• Économie corse, Population et habitat, n°33, 4ème trimestre 1985.
• Économie corse, Une immigration surtout marocaine et portugaise,
n°94, janvier 2001.
• Économie corse, n°30, 1er trimestre 1985.
• Économie corse, n°60, 3ème trimestre 1992.
• Economie corse, La Corse et ses habitants, n°7, 1978.
• Economie corse, L’école et les immigrés, n°31, 1985.
• Economie corse, Les « nouvelles » de l’étranger, n°45, 1988.
• Économie corse, n°68, 1994.
• Économie corse, Une immigration surtout marocaine et portugaise,
n°94, janvier 2001.
• Etudes corses, L’espace social : Acteurs, enjeux, n°26, 1986, 173 pages.
• INSEE, Recensement général de la population de mai 1954. Résultats
statistiques, département de la Corse, Paris, 1961, Imprimerie nationale, PUF.
• INSEE, Recensement de 1962, population du département de la Corse,
Paris, 1962.
• INSEE, Recensement de la population de 1968, département de la Corse,
Imprimerie nationale, 1971.
• INSEE, Recensement général de la population de 1990, population,
activités, ménages, la région et ses départements, Paris, 1992.
• INSEE, Recensement général de la population de 1990, logement,
population, emploi, la région et ses départements, Paris, 1992.
• INSEE, mars 1999, Recensement de la population, tableaux, références
et analyse, volume Corse, Paris, 2001.
• Les routes de migrations en Méditerranée, Migration et Méditerranée, n°
31-32, avril-septembre 1985.
• Georges MORACCHINI, Aspects de la situation sociolinguistique de la
Corse. Les apports de l’Enquête famille, Langage et Sociétés n°112, juin 2005,
pp.9-31.
Niveau méso :
98
• Marie-José DALBERA-STEFANAGGI et Jean-Pierre LAI, Continuum
dialectal et ruptures linguistiques, « prendre les langues au vol », Langage et
Sociétés n°112, juin 2005, pp.33-56 (concerne les parlers du sud de la Corse et du
nord de la Sardaigne et leur emploi en situation de migrations).
Niveau micro :
• Strade, Bonifacio, entre traditions et modernité. Essais d’ethnologie, n°7,
juin 1999, 166 pages.
d) Les articles :
Niveau macro :
• Emmanuel BERNABEU-CASANOVA, Les conséquences
démographiques de la modernisation des sociétés corse et sarde, Strade n°11,
2003, pp.73-85.
• R. BODIN et J. SABATINI, La main-d’œuvre étrangère en Provence-
Côte-d'Azur et Corse, Marseille, ministère du Travail, échelon régional emploi,
1971.
• Victor BORGOGNO, Opposition du politique et du social dans
l’insertion des travailleurs immigrés. L’exemple corse, in Peuples méditerranéens,
n°31-32, avril-septembre 1985, pp. 29-44.
• Max CAISSON, L'hospitalité Corse comme relation d'ambivalence,
Études Corses, 1974, n° 2 .
• CALLON, Mouvement de la population de la Corse : 1820-1930, in
BSSHNC71, n° 496.
• Anne-Marie FAIDUTTI-RUDOLPH, L'immigration italienne dans le
sud-est de la France, in Etudes et travaux de Méditerranée, Revue géographique
des pays méditerranéens, 1964 ; concerne la Corse, la Provence et les Alpes.
• Dominique FOATA, L’élaboration d’un espace langagier radiophonique
méditerranéen, in Continuum dialectal et frontières linguistiques en Méditerranée
occidentale, Etudes corses n°59, décembre 2004, pp.111-127.
• GUI, La population de la Corse d'après le recensement de 1926, in
BSSHNC, n° 485-489.
• Histoire du peuplement de la Corse, in BSSHNC, 1925, n° 473-476.
• La population de la Corse de 1769 à 1968, BSSHNC, Fasc. 608-609,
Année 1973.
• LIMPERANI, Rapport sur l'immigration en Corse, présenté à la
Chambre d'Agriculture dans la séance du 7 avril 1864 in L’Observateur de la
Corse, Bastia, 15 avril 1865.
• Danièle MAOUDJ, Immigration et question corse , in Le Petit Bastiais
n° 23 du 8 juillet1988.
- L’école, phare des inégalités ? in Kyrn, septembre 1988.
- Les boucs émissaires d’une Corse malade » in Kyrn n° 342 du 25 au 31
janvier1990.
- Les douaniers de l’identité, in A Messagera n° 20, mai 1998.
71
Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse ; Bastia depuis 1880.
99
• Piero PARISELLA, La Corsica : emigrazione e immigrazione, in
Rassegna italiana di politica, letteratura e arte. Roma, 1927, pp. 624 à 700 ; article
également publié dans La Revue de la Corse, tome VIII, 1927, pp 294-295.
• Georges RAVIS-GIORDANI, La Corse, terre d’accueil et d’émigration,
XIXe-XXe siècles, in Georges RAVIS-GIORDANI (dir.), Atlas ethnohistorique de
la Corse, Paris, Éditions du CTHS, 2004, pp.68-69.
- L’immigration n’est plus ce qu’elle était,
BSSHNC n°702-703, 2003.
• H.VANUTBERGHE, La Corse, étude de géographie humaine, Annales
de géographie n°70, volume 13, 1904, pp.334-347.
• Dominique VERDONI, La Corse au carrefour d’une méditerranéité
euro-arabe. Enjeu éducatif et stratégies interculturelles, in Jacques FUSINA
(dir.), Histoire de l’École en Corse, Ajaccio, Albiana, 2003, pp.547-559.
Niveau méso :
Niveau micro :
• Pierre BIANCO, Origine et évolution de la population de Calvi jusqu’à
la fin du XVIIIème siècle, in Balagne, essais et documents. Mélanges, Strade n°8,
2000
• Corinne CASSÉ, Identité et territoires dans les quartiers sud de Bastia :
l’exemple de la cité Aurore, in Balagne, essais et documents. Mélanges, Strade
n°8, 2000.
• Corinne CASSÉ et Marie-Claude ACQUAVIVA, Etude ethnographique
de quelques quartiers ajacciens : Saint-Jean, Les cannes et les Salines. Quel vécu
et quelle perception de soi pour les habitants de cités populaires ?, Strade n°10,
2002, pp.85-93.
• Thierry VINCENTELLI, Société et immigration à Bastia à la fin du
XVIIIème siècle, Etudes corses n°44, 1995, pp.5-33.
Niveau méso :
• Direction de la Solidarité et de la Santé, Diagnostic sur les
discriminations raciales et xénophobes en Corse-du-Sud, 2004,
http://corse.sante.gouv.fr/ivad2.pdf
Niveau micro :
f) Documents audiovisuels :
• M CASALTA, Tête de Maure, Paris, Production audiovisuelle, 2006.
100
II°) SUR LES MIGRATIONS EN CORSE PAR FLUX DE
POPULATIONS:
b) Documents audiovisuels :
Niveau micro
• Dominique LANZALAVI, I Ripubblicani spagnoli d’Aiacciu, FR3
Corse, 2007, deux documentaires de 52 minutes chacun mêlant témoignages et
images d’archives.
72
Au vu de la particularité de l’implantation grecque en Corse, celle-ci ne peut être saisie qu’au niveau macro.
102
• Émile APPOLIS, Les rapports entre catholiques de rite grec et de rite
latin à Cargèse (Corse), S.l., S.d.
• Gérard BLANKEN, Introduction à une étude du dialecte grec de
Cargèse, Leyde, Sijthoff's, 1947.
- Les Grecs de Cargèse, Corse, recherches sur leur langue
et sur leur histoire, Leyde, A.W. Sijthoff, 1951, 322 pages.
• Marie-Anne COMMÈNE, Cargèse, une colonie grecque en Corse, Paris,
Les Belles Lettres, 1959, 92 pages.
• Dr. Macé, Une visite à Cargèse, colonie grecque dans le voisinage
d'Ajaccio, Chambéry, Impr. C.P. Ménard, 1893, 84 pages.
• Mémoire historique sur l'émigration de la colonie grecque de la Marée
en Corse, et titres authentiques de son établissement à Paomia par la République
de Gênes, et ensuite à la pointe de Cargèse par Louis XVI, roi de France et de
Navarre, Ajaccio, M. Marchi impr. , 1820, 32 pages.
• Élie PAPADACCI, Histoire de Cargèse, Paomia, deux cités grecques en
Corse, et de Piana, Ota, Porto, Paris, chez l’auteur, 1967, 204 pages.
• Théodora STEPHANOPOLI DE COMNEME, La Fondation de Cargèse,
Marseille, impr. Puget, 1975, 144 pages.
• Patrice STEPHANOPOLI, Histoire des Grecs en Corse.
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
• Jeannine GIUDICELLI, La diaspora grecque de Corse d’Oitylo à
Cargèse, Université de Montpellier III, doctorat d’Études grecques et néo-
helléniques (en cours).
c) Les revues :
d) Les articles :
• R. COMNEME STEPHANOPOLI, Une colonie grecque en Corse,
BSSHNC, Année 1918, n° 385 à 389 et n° 393 à 394 ; Année 1919, n° 405 à 408.
• Fernand ETTORI, Histoire de Cargèse Paomia, deux cités grecques en
Corse et de Piana, Ota, Porto d'après Elie Papadacci, BSSHNC, Année 1971,
Fasc. 600-601.
• Janine GIUDICELLI, Ile d’asile et de transit : l’aventure des Grecs du
Magne XVIIe-XIXe siècles, in Georges RAVIS-GIORDANI (dir.), Atlas
ethnohistorique de la Corse, Paris, Éditions du CTHS, 2004, pp.72-73.
• Martien MARTINI, Les rapports catholiques de rite grec et latin à
Cargèse (Corse) d'après E. Appolis, BSSHNC, Année 1966, Fasc. 578.
e) Les sites Internet :
Niveau méso :
Niveau micro :
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
Niveau macro :
• Marie-Françoise GAFFORY, L’immigration italienne en Corse de 1945
à nos jours, Université de Paris III, mémoire de maîtrise d’Italien, 1998, 82 pages.
• Nadine VENTURELLI, Caractères économiques et politiques de
l’immigration italienne en Corse 1920-1939, Université de Strasbourg III,
mémoire d’I.E.P.,1978, 159 pages.
Niveau méso :
Niveau micro :
c) Les revues :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
d) Les articles :
Niveau macro :
• Tiziano ARRIGONI, Dalla Toscana alla Corsica. Tre secoli di
emigrazione toscana in Corsica, in A viva voce, n°30, 2000.
• A. COSTA, Les prêtres italiens déportés en Corse (1811-1814),
BSSHNC, Année 1930, n° 490 à 495.
104
• La Collectività italiana in Corsica, in Boll. quindicinale immigrazione,
Milano, Anno XIV, n° 21, pp. 326 et anno XVI, n° 6, pp.85.
• Adriana DADÀ, Lavoratori dell'Appennino Toscano in Corsica nel
secolo XIX, in Altreitalie n° 12, Torino, 1994, pp.6-38.
- Migrazioni interne / migrazioni estere: Bagnone, Lunigiana, 1840-1940,
intervention au colloque sur Le grandi transizioni tra ’800 e ’900 Popolazione,
società, economia, Pavie les 28-30 septembre 2006, concerne en partie la Corse,
fourni notamment le nombre des passeports délivrés pour l’île ainsi que des
renseignements sur les métiers des émigrants ; disponible en version électronique
sur 158.110.81.142/sides/Papers_Pavia/5_Treves_Audenino/Dada.pdf
• Sylvain GREGORI, Tra Lucchese è nimicu : la représentation mentale
de l'Italien dans l'imaginaire social corse 1938-1943, Études corses n°49, 1997,
pp. 89-121.
• Corrado MASI, Migrazioni dei lavaratori fra Italia e Corsica in L’Idea
coloniale, Roma, 6 marzo 1927.
• A. OTTANELLI, Un caso di emigrazione di mestiere : Organari
pistoiesi in Corsica in Quaderni dell' emigrazione toscana n° 2, Firenze, Consulta
Regionale dei Toscani all'Estero, 1999.
• Francis POMPONI, Les Lucchesi en Corse, in Émile TÉMIME et
Teodosio VERTONE (dir.), Gli Italiani nella Francia del sud e in Corsica (1860-
1980), Milan, Franco Angeli, 1988, 238 pages.
• Didier REY, La question italienne en Corse (de 1882 à 1915), in
Antoine-Laurent SERPENTINI (dir.), Dictionnaire historique de la Corse,
Ajaccio, Albiana, 2006, p.522.
• J. TESTANIER, Rapports Corse-Sardaigne-Pouilles, BSSHNC, Année
1962, Fasc. 563.
Niveau méso :
• Émile Y. KOLODNY, Les origines géographiques de la population
italienne actuelle à Ajaccio et à Bastia, BSSHNC n°572, 1964, pp.50-55.
Niveau micro :
• Claude CAZEMAJOU-PIZZINI, Á la rencontre de mineurs et de
forgerons italiens à Ersa au XIXème siècle, in Corse industrielle 1830-1960,
catalogue de l’exposition, Corte, Musée de la Corse, 2005, pp. 117-125.
• Karine MICHEL, Les influences du système culinaire italien sur la
cuisine corse de Bastia, in De Terra Nova au Grand Bastia. Essais d’ethnologie,
Strade n°6, 1998.
Niveau méso :
• François VINOT, Les populations d’origine maghrébine dans le
département de Haute-Corse et leurs perspectives d’intégration dans la société
insulaire, 2001.
Niveau micro :
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
Niveau macro :
• Amel BENKADDOUR, Les enjeux interculturels dans la construction de
l’espace méditerranéen : femmes corses et marocaines, Université de Corse,
doctorat de Sciences de l’information et de la communication (en cours).
• Malika BOUHANNOUCH, Trajectoire migratoire et insertion des
femmes marocaines immigrées en Corse : l'exemple d'Ajaccio, EHESS, DEA
d’Anthropologie, 1988, 135 pages.
• Malika BOUHANNOUCH, Aspirations au changement des mères
marocaines migrantes et leurs incidences sur le vécu de jeunes filles : le cas des
jeunes filles en Corse dans leurs rapports familiaux, EHESS, doctorat
d’ethnologie (en cours).
Niveau méso :
Niveau micro :
c) Les revues :
Niveau macro :
• Revue Fora !, Corse et Maghreb côte à côte, n°2, hiver-printemps 2008,
128 pages.
Niveau méso :
Niveau micro :
d) Les articles :
Niveau macro :
• Rachid ALAOUI et Marie MATHIEU, L’immigration marocaine en
Corse : une force de travail silencieuse, in Marocains de France et d’Europe,
Hommes et Migrations n°1242, mars-avril 2003, pp.72-93.
• Victor BORGOGNO, Une situation migratoire. Les maghrébins en
Corse, in L’immigration maghrébine en France, Les Temps Modernes, n°452-
454, mars-mai 1984, pp. 2148-2180.
• Jean-Michel GÉA, Immigration et contacts de langues en Corse.
L’exemple de deux familles marocaines, Langage et Sociétés n°112, juin 2005,
pp.57-78.
- Marocains de Corse, entre deux pays et trois langues,
Langues et cités, Bulletin de l’observatoire des pratiques linguistiques, publication
106
de la Délégation générale à la langue Française et aux langues de France, à
paraître.
• Danielle MAOUDJ, - L’image de la France et de la Corse à travers une
famille marocaine, Faculté des Lettres et Sciences humaines de Tunis, Les cahiers
de la Tunisie n°109-110, 1979.
- Lettre de corse, enfant de deux montagnes , Hommes
et migrations n° 1092, 1986.
• E. MESTIRI, Maghrébin, « tête de Maure » en Corse, Grand Maghreb
n°38, 1985, pp.114-116.
• Didier REY, Les footballeurs originaires du Maghreb en Corse (1957-
2007), à paraître dans la revue Migrances, printemps 2008.
• Noëlle VINCENSINI, Racisme corse anti-maghrébin, in Migrations en
Europe, Multitudes n°19, 2004-05, pp. 85-94.
Niveau méso :
Niveau micro :
e) Les sites Internet :
Niveau macro :
• http://multitudes.samizdat.net/Racisme-corse-anti-maghrebin.html
(reprise de l’article paru dans Multitudes n°19.)
Niveau méso :
Niveau micro :
f) émission radio :
• Petru MARI, El kantara, RCFM.
107
Niveau méso :
Niveau micro :
Niveau méso :
Niveau micro :
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
c) Les revues :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
d) Les articles :
Niveau macro :
• Bruno BAGNI, Les Russes en Corse, Études corses n°49, 1997, pp.123-
168.
Niveau méso :
Niveau micro :
e) Les sites Internet :
Niveau macro :
• http //www.russie.net
• http//www.russomania.com
Niveau méso :
Niveau micro :
Niveau méso :
Niveau micro :
e) Les sites Internet :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
K) Autres :
a) Les livres :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
b) Les mémoires de maîtrise, DEA/master et thèses :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
c) Les revues :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
d) Les articles :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
e) Les sites Internet :
Niveau macro :
Niveau méso :
Niveau micro :
Adresses
110
Troisième Partie
Annexes
ARCHIVES.
• Périodiques
PER 37/1 : La gazette d'Ajaccio. Journal de la Colonie Etrangère. 1874-
1876.
PER 536/4 : Cyrnos. Sartène, 1898, contient un violent article anti-sémite
intitulé : Le phylloxera humain.
• Série M sous-série 1 M
1 M Administration générale du Département.
Politique générale.
1 M 152 Guerre d'Espagne : affiche, correspondance, journaux étrangers.
1 M 163 Attentat du 9 octobre 1934 contre le roi de Yougoslavie : mesures de
sûreté et recherche de suspects. 1934
Internés politiques en Corse.
1 M 180 Grecs déportés à Ajaccio : arrivées de convois, évasions, frais
d'entretien, rapatriement, correspondance. 1917-1919. Il s'agit de trente réfugiés
politiques (royalistes), accompagnés de leur famille, et de soldats faits prisonniers
par les Français à Corfou, dirigés sur Marseille puis sur la Corse. Ce dossier
contient des photographies pour les demandes de passeports de plusieurs familles,
ainsi que des fiches d'inscription aux hôtels, mentionnant l'âge, la profession, la
nationalité, le lieu de naissance.
1 M 181 Idem : dossiers individuels. 1917-1919.
111
1 M 182 Hommes de couleur de Saint-Domingue et de la Guadeloupe déportés
en Corse : correspondance ministérielle et diverse ; états nominatifs ; subsistance
et entretien, pièces de comptabilité. An X-1814. Trente-quatre hommes envoyés
de Saint-Domingue en Corse par mesure de surveillance, pour effectuer des
travaux des Ponts et Chaussées.
Partis politiques.
1 M 206 Répression du communisme : perquisitions ; recherches de militants;
expulsions de militants communistes étrangers. 1920-1939. Dossiers sur des
Italiens faisant de la propagande, indiquant : l'identification, les activités, les
mesures prises par la préfecture ; mention de deux cents réfugiés espagnols fixés
au camp d'Aqua-Perutta près de Bonifacio ; dossiers sur des communistes de
différentes nationalités (Belges, Serbes, Suisses, Italiens, Roumains); expulsion de
communistes anglais, belges, italiens ; liste d'ouvriers algériens ayant quitté les
chantiers de la Compagnie des Mines (Marseille) sans permission, indiquant leur
âge et leur profession.
Sûreté publique, haute police.
1 M 245 États des ecclésiastiques internés en Corse (1811) ; évasion de
Monseigneur d'Arezzo, évêque de Salonique, interné en Corse. 1811-1813.
Troubles politiques et de l'ordre public.
1 M 248 Débarquement à Sagone (1811) et tentatives de débarquement (1813)
des Anglais ; embaucheurs étrangers et émigrés entrés en Corse ; propagande
anglaise (1813). 1811-1813.
Sûreté nationale.
1 M 281 Question italienne : articles de presse. 1926-1932.
1 M 284 Manifestations et incidents antifascistes ou pro-Italiens. 1926-1940.
1 M 285 Sociétés régionalistes et associatives culturelles italiennes, troupes
théâtrales italiennes à Bastia. 1923- 1939.
1 M 287 Dossier sur le journal Il Telegrafo Edizione della Corsica 1928-1939.
Hebdomadaire imprimé à Livourne.
1 M 288 Interdiction du journal Il Telegrafo, saisie et incinération d'exemplaires
: procès-verbaux de gendarmerie. 1930-1931.
1 M 290 Propagande intellectuelle italienne : bourses d'études en Italie ; voyages
de vacances en Italie ; colonies de vacances italiennes et écoles italiennes en
Corse. 1922-1939.
1 M 291 et 292 Activités des consuls et agents consulaires italiens. 1924-1940.
1 M 293 Propagande et activité italiennes en Corse : rapports et correspondance.
1928-1940.
1 M 294 Rapports politiques, diplomatiques et économiques : Italie,
Sardaigne, Corse. 1922-1940. Rapports sur les activités politiques et les échanges
quotidiens entre Sardes et les habitants de Bonifacio: mention de l'arrivée de 700
Italiens en Corse ; repérage par la police d'autres Italiens travaillant dans les mines
de Farinole pour un entrepreneur bastiais ; rapports sur des clandestins italiens.
1 M 295 Surveillance des étrangers et des personnes suspectes. 1852-1854.
Expulsions pour injures ou délit de vagabondage d'Italiens et de Suisses.
1 M 296 Sûreté publique, expulsions des étrangers : instructions (1822-1875) ;
correspondance (1868-1878). Dossiers individuels d'Italiens, d'Allemands,
d'Autrichiens, d'Anglais, d'Espagnols.
112
1 M 297 Sûreté publique : étrangers recherchés. 1865-1876.
1 M 298 à 302 Individus suspects de nationalité française ou étrangère. 1925-
1939.
1 M 303 Terroristes en France : listes ; instructions ; correspondance ; dossiers
divers. 1935-1938.
1 M 306 Étrangers : déserteurs, fausses cartes d'identité, clandestins. 1920-
1935.
1 M 307 Étrangers suspects : correspondance. 1934-1938.
1 M 308 Étrangers ayant fait l'objet d'un avertissement sérieux. 1938-1940.
1 M 309 Ressortissants allemands et italiens. 1939-1940.
1 M 310 Étrangers : surveillance ; renseignements. 1930-1938.
1 M 312 Main-d’œuvre étrangère : correspondance. 1934-1939.
Embauche par la Société forestière d'Isolaccio et Serra de 209 employés italiens,
un Espagnol et un Allemand; cette entreprise ne se conformant pas aux lois qui
limitent l'emploi de la main-d’œuvre étrangère, liste des travailleurs en situation
irrégulière, propositions d'expulsion, liste des ouvriers à expulser (noms, âges)
1931. Expulsion de salariés italiens de la société FORTEF (1932) : la société
forestière d'Isolaccio et de Serra-di-Fiumorbo, "Forêts, terres et forces du
Fiumorbo", fondée en 1907, exploite des biens forestiers de l'ancien domaine de
Miggliacciaro (Compagnie corse) ; en 1932, elle devient la FORTEF jusqu'en
1936, date de sa liquidation. Grève d'ouvriers italiens travaillant au domaine
agricole de Migliacciaro (dans le Fium'orbo) pour la société FORTEF, portant sur
les conditions de travail (1936) ; mention de bergers sardes. Correspondance
d'ouvriers locaux se plaignant des embauches de travailleurs italiens. État
nominatif des ouvriers de diverses nationalités de la Société forestière d'Isolaccio :
Italiens, Tchécoslovaques, Autrichiens, Polonais, Yougoslaves. Réclamations sur
des ouvriers étrangers travaillant à la voie ferrée Solenzara-Porto-Vecchio.
Emplois "de faveur" pour les étrangers dans les services des Ponts et Chaussées
d'Ajaccio. Liste de 41 travailleurs étrangers débarqués à Bastia pour le compte de
la société FORTEF.
1 M 313 Étrangers suspects à incarcérer, à surveiller ou à libérer. 1940.
1 M 314 Guerre civile espagnole : instructions et correspondance
ministérielle.1934-1937.
1 M 315 Anarchistes et réfugiés politiques espagnols. 1934-1936.
Rapatriement gratuit en Espagne proposé aux réfugiés qui le souhaitent. Courrier
du ministère de l'Intérieur aux préfets pour rechercher des anarchistes,
mentionnant les nom, âge et situation des personnes recherchées. Liste des
réfugiés espagnols qui se sont embarqués à destination de l'U.R.S.S. (mai 1935).
• Série M sous-série 4 M
4 M POLICE.
Police des étrangers et passeports.
4 M 267 Étrangers : demandes d'admission à domicile. 1853.
4 M 268 et 269 Ouvriers étrangers arrivés dans l'arrondissement de Bastia et
ayant quitté cet arrondissement : états nominatifs de quinzaine. 1836-1840.
4 M 270 à 272 Idem : états numériques mensuels. 1841-1846.
113
4 M 273 à 275 Mouvement des étrangers : états numériques mensuels par
arrondissements. 1834-1860.
4 M 276 États nominatifs des étrangers ayant quitté le département ou leur
commune de résidence, ou bien décédés. 1889-1895.
4 M 277 États statistiques par nationalités des étrangers résidant dans le
département ou ayant quitté le département ou décédés. 1890-1895. En 1895, sur
un total de 12 518 étrangers de diverses nationalités recensées dans l'île, 12 388
sont des Italiens.
4 M 278 États nominatifs des étrangers résidant dans la commune d'Ajaccio.
1898.
4 M 279 Contrôle des étrangers : instructions ; correspondance. 1909-1915.
4 M 280 à 311 États nominatifs des déclarations, des visas et des décès
d'étrangers envoyés par les maires. 1913-1925.
4 M 312 à 315 États récapitulatifs du nombre des extraits d'immatriculations
délivrés dans les communes du département aux étrangers justifiables de la loi du
8 Août 1893. 1908-1924.
4 M 316 à 327 Situation numérique semestrielle des étrangers résidant dans le
département : états récapitulatifs (1909-1924) et états par communes (1914-1924).
1909-1924.
4 M 328 États nominatifs des sujets italiens âgés de 18 à 50 ans bénéficiant d'un
permis de séjour dans le département. 1916.
4 M 329 Étrangers : expulsions. 1852-1881.
4 M 330 et 331 Étrangers, expulsions : dossiers individuels. 1917-1935.
4 M 332 Étrangers ayant fait l'objet d'un "sévère avertissement". 1930-1937.
Mesures avant expulsion : avertissements donnés pour violence, délit de chasse,
coups et blessures, vol, port d'arme, vagabondage, défaut de carnet
anthropométrique, falsification et usage de faux contrats, pièces d'identité
périmées, "filouterie alimentaire", emploi d'ouvriers étrangers sans papiers
d'identité...
Réfugiés étrangers.
4 M 333 Réfugiés étrangers : instructions et correspondances ministérielles
(1831-1851 et 1938-1939). 1831-1939.
4 M 334 Réfugiés italiens, espagnols, polonais, allemands : instructions
spéciales. 1833-1855.
4 M 335 à 340 Réfugiés étrangers : correspondance. 1828-1872.
4 M 341 Réfugiés sardes : correspondance, états nominatifs et des secours
accordés, doubles de mandants, dossiers individuels. An XII-1810.
4 M 342 Réfugiés espagnols : correspondance, états nominatifs, interrogatoire
de deux officiers espagnols. 1812.
4 M 343 à 348 Réfugiés maltais : états nominatifs et des secours accordés,
doubles de mandats, correspondance. An XII-1820.
4 M 349 Idem : instructions ministérielles, états nominatifs (1830-1832),
mesures de contrôle pour l'allocation d'une ration de pain tirée des magasins
militaires (1836), répartition de la somme de 1200 francs accordée à ces étrangers
par le ministre de l'Intérieur (1838). 1830-1838.
4 M 350 Idem : nouveaux contrôles concernant les anciens réfugiés et les fiches
de réfugiés admis au secours journalier d'une ration de pain par jour. 1842-1849.
114
4 M 351 Idem : contrôle des réfugiés maltais admis au secours journalier d'une
ration de pain, correspondance. 1850-1863.
4 M 352 Réfugiés italiens : états des secours et de frais divers. 1831-1833.
4 M 353 Idem, à Ajaccio et à Bastia : états des subsides accordés, états
nominatifs des réfugiés traités aux hospices civils, états de frais divers. 1849-
1850.
4 M 354 Réfugiés polonais : contrôle nominatif des réfugiés polonais
subventionnés au 1er octobre 1850. Mention des nom, prénom, âge, position
civile ou militaire, profession. État des sommes dues aux réfugiés italiens : listes.
4 M 355 Réfugiés étrangers : états nominatifs. 1831-1834.
4 M 356 Idem : bulletins individuels. 1833-1834.
4 M 357 Idem : extrait du contrôle des réfugiés. 1832-1834.
4 M 358 Réfugiés étrangers subventionnés : états des mutations survenues.
1834-1865.
4 M 359 Réfugiés étrangers : états des réfugiés étrangers non subventionnés.
1838-1843.
4 M 360 Réfugiés étrangers subventionnés : comptes des recettes et des
dépenses. 1833-1862.
4 M 361 Réfugiés belges : instructions, correspondance. 1914-1915. Évacuation
de familles belges vers la Corse ; propositions de l'Amicale des instituteurs et de
familles aisées de prendre en charge des enfants réfugiés (1919). Dénombrement
des jeunes Belges demandant refuge et passeport ; recherche des hommes
mobilisables.
4 M 362 Réfugiés serbes et syriens : secours ; correspondance ; affaires
diverses. 1916-1919. Nombreuses pièces sur des réfugiés syriens, serbes,
arméniens, monténégrins, bosniaques, autrichiens.
4 M 363 États numériques des étrangers se réclamant de la qualité de réfugié
politique ou confessionnel. 1939. (16 Italiens, 3 Russes et 8 Espagnols en juillet
1939.)
Passeports.
4 M 380 Passeports des ouvriers italiens saisonniers : instructions,
correspondances. 1815-1867.
4 M 381 Instructions et correspondance sur les passeports pour certains pays
étrangers : Algérie, Argentine, Autriche, Bavière, Belgique, Espagne, Pérou,
Portugal, Russie. 1835-1854.
4 M 382 Passeports : affaires diverses. 1858-1870.
4 M 383 Instructions générales pour la délivrance des passeports à l'étranger.
1915-1919.
4 M 384 Passeports à l'intérieur : état nominatif des "individus mâles" auxquels
il a été délivré des passeports pour Marseille et Toulon. Juin-août 1822.
4 M 385 Passeports à l'étranger : demandes, talons. 1834-1835.
4 M 386 Passeports pour l'intérieur délivrés par les mairies de l'arrondissement
d'Ajaccio. 1838-1853.
4 M 387 et 388 Passeports pour l'intérieur délivrés par les mairies :
arrondissement de Bastia : états de quinzaine. 1838-1851.
4 M 389 Idem : arrondissement de Calvi. 1838-1861.
4 M 390 Idem : arrondissement de Corte. 1838-1860.
115
4 M 391 Idem : arrondissement de Sartène. 1836-1861.
4 M 392 Idem : ensemble du département. 1838-1841.
4 M 393 Passeports pour Paris délivrés par la préfecture. 1835-1858.
4 M 394 et 395 Passeports à l'étranger délivrés par la préfecture : états mensuels.
1835-1858.
4 M 396 Passeports à l'étranger : états nominatifs des passeports délivrés par le
sous-préfet de Bastia ; talons. 1842.
4 M 397 et 398 Passeports à l'étranger délivrés par les sous-préfectures : états
mensuels. 1859-1860.
4 M 399 Passeports à l'étranger : états numériques trimestriels. 1858-1860.
4 M 400 Idem : talons, pièces nécessaires à l'obtention d'un passeport. 1843.
4 M 401 à 404 Idem : demandes ; talons. 1915-1920.
4 M 405 Passeports à l'intérieur et à l'étranger : demandes ; talons. 1870-1871.
Extraditions.
4 M 406 Instructions. 1876-1927.
4 M 407 à 411 Étrangers recherchés par la justice de leur pays et réfugiés en
France : recherches ; extraditions. 1819-1930.
• Série M sous-série 5 M à 10 M.
5 M Santé Publique, Hygiène.
5 M 1820 Exercice de la médecine et de la pharmacie : médecins, chirurgiens et
pharmaciens étrangers ou titulaires d'un diplôme étranger : instructions
ministérielles ; correspondance. 1824-1833.
5 M 1920 Idem : demandes d'autorisations d'exercer en France (en Corse). 1821-
1875.
6 M Population, Économie et Statistiques.
Dénombrement de la population.
6 M 507 États récapitulatifs communaux de la population totale, arrondissement
d'Ajaccio: ménages, maisons par catégories, population selon l'origine et la
nationalité, population générale par cultes, d'après le degré d'instruction, par âge,
selon l'état civil, par professions. 1872.
6 M 509 Population générale, classée selon l'origine et la nationalité, par âge,
selon l'état civil, les infirmités, les professions (tableaux pour le département et les
communes de l'arrondissement d'Ajaccio). 1876.
6 M 510 Tableau de la population comptée à part ; classement spécial des
étrangers. 1896.
Etat civil.
6 M 520 Étrangers décédés en Corse: lettres d'envois des actes de décès au
ministère de l'Intérieur. 1855-1877.
Naturalisations.
6 M 602 Retrait de la naturalisation accordée à des sujets des puissances en
guerre avec la France : instructions, états, correspondances. 1914-1917.
6 M 603 États de mariages entre Français et étrangers. 1914 à 1918, 1919.
6 M 604 à 610 Demandes. 1819-1910.
6 M 611 à 635 Dossiers. 1870-1940.
6 M 636 à 643 Rejets. 1907-1939.
6 M 644 à 663 Demandes restées sans suite. 1870-1936.
116
7 M Agriculture.
7 M 47 Société "la Corse agricole" (Compagnie agricole de colonisation):
correspondance diverse ; autorisation de fonder une compagnie de colonisation,
demandée par Sapia "qui a prospecté en Corse et en Sardaigne". 1846-1858.
7 M 101 à 106 Main-d’œuvre agricole.
Article : 102. Commission départementale de la main-d’œuvre agricole : procès-
verbaux des séances. 1916-1918.
Article : 103. Idem : dossiers des séances. 1918. Dossiers sur des prisonniers
bosniaques, serbes et turcs.
Article : 104. Office départemental de placement, ouvriers agricoles : états
communaux des besoins en main-d’œuvre agricole. 1928.
Article : 105. Main-d’œuvre agricole italienne : instructions, correspondance.
1924-1931. Arrivées d'Italiens en Corse en 1931 (210 personnes en mai, 174 en
juin, 175 en juillet et 286 en août) ; dénonciation contre des transports
hebdomadaires de 800 à 1000 ouvriers étrangers par bateaux partant de Livourne
(1931) ; surveillance de la Compagnie de navigation Fraissinet débarquant des
passagers italiens en situation irrégulière ; demande de création d'un bureau de
l'immigration à Bastia pour régulariser les arrivées de travailleurs agricoles
italiens embauchés sur place par des cultivateurs ou munis d'un contrat de travail ;
tableau statistique des emplois occupés par des ouvriers agricoles italiens (août
1931) ; mesures pour restreindre l'arrivée en Corse de travailleurs italiens n'ayant
pas de contrats de travail ; réclamations de la Chambre syndicale agricole corse
contre ces restrictions ; tract de la C.G.T., Union locale des syndicats ouvriers de
Bastia, sur le chômage et l'emploi de travailleurs étrangers ; arrivée d'ouvriers
italiens pour l'industrie saisonnière du charbon de bois; pénurie de main-d’œuvre
due au départ des réfugiés russes ; recrutement d'ouvriers agricoles italiens,
"arrangements de 1922" entre le Secrétariat royal de l'émigration à Rome et le
bureau départemental de la M.O.A. de Corse.
7 M 310 Métayage : enquête. 1936.
7 M 353 Utilisation des prisonniers de guerre par le service des Eaux et Forêts :
instructions ministérielles. 1915.
10 M Travail, Main-d’œuvre.
10 M 63 Étrangers : cartes d'identité ; contrats de travail. 1932-1933.
10 M 64 Emploi de la main-d’œuvre étrangère dans un chantier : enquête de
police. 1937-1938.
• Série N sous-série 1 N.
Préfecture de la Corse, commissions départementales
1N223 concerne quasi essentiellement les Serbes, Croates et Bosniaques
réfugiés en Corse pendant la Guerre de 1914-18.
• Série R sous-série 9 R.
9 R Prisonniers de guerre ennemis.
Internés civils austro-allemands.
117
9 R 7 Instructions et correspondance ministérielles, rapports, états nominatifs,
pièces diverses. 1914-1919.
9 R 8 et 9 Dépôt de Corbara : rapports, états nominatifs, correspondance et
pièces diverses; contrôle nominatif des internés du dépôt ; détachements des
travailleurs volontaires. 1914-1919.
9 R 10 Dépôts de Cervione, Oletta, Luri, Morsiglia : correspondance, rapports,
états nominatifs, pièces diverses. 1915-1918.
9 R 11 Internés civils : état nominatif des internés aptes aux travaux agricoles
(1915), des internés détachés comme travailleurs volontaires (1917).
Prisonniers.
9 R 12 et 13 Détenus arabes à Calvi et Corte. 1871-1896. Algériens déportés aux
colonies après l'insurrection de 1871, internés en Corse avant leur départ.
• Série V sous-série 2 V.
2 V Organisation et police du culte catholique.
2 V 28 Rite grec de Cargèse : correspondance. 1827-1943.Colonie grecque
installée en Corse à partir de 1674. Les fidèles sont d'origine étrangère.
• Série W.
Préfecture ; Cabinet du Préfet.
1 W 15 Recensement des ressortissants italiens : instructions ministérielles;
correspondance et affaires diverses. 1940.
1 W 16 Étrangers suspects : recherches, demandes de renseignements, affaires
diverses. 1940-1942.
1 W 17 Ressortissants : soviétiques et divers ; russes et divers. 1940-1941.
1 W 18 Étrangers israélites : rapports, correspondances et affaires diverses.
1942-1943.
1 W 34 Étrangers internés au camp du Vernet (Ariège). 1942-1943.
1 W 35 et 36 Ressortissants des puissances en guerre avec l'Axe ou ayant rompu
les relations diplomatiques avec l'Axe, assignations à résidence : instructions
ministérielles, affaires diverses, arrêtés préfectoraux. 1942-1943.
1 W 38 Application de la loi du 3 octobre 1940 sur les statuts des juifs :
fonctionnaires juifs, déclarations. 1940.1 W 39 Croix-Rouge polonaise. 1941.
1 W 45 Britanniques. 1940-1942.
1 W 46 Étrangers : expulsions. 1941-1942.
2 W 4 Concours apporté par la garde mobile pour la surveillance des étrangers.
1941.
5 W 31 Statistiques des cas traités par le service de contrôle des étrangers. 1944.
5 W 32 Listes des étrangers astreints à résidence. 1943-1946.
5 W 37 Épuration, contrôle des étrangers. 1943-1945.
6 W 19 Applications et accords franco-italiens (immigration, émigration, travail,
assistance et prévoyance sociale). 1941.
6 W 20 Italiens : instructions ministérielles et correspondances. 1940-1942.
6 W 25 Incidents italiens : manifestations anti-italiennes, rixes, agressions de
ressortissants italiens. 1941-1943.
6 W 26 Internés et ressortissants italiens. 1940-1942.
6 W 31 à 50 Occupation italienne. 1943.
118
8 W 7 Journaux et tracts français et étrangers saisis ou suspendus. 1941-1942.
8 W 22 Colonies (Maroc, Algérie, Tunisie) : demandes d'emplois. 1939-1944.
8 W 101 Étrangers : refoulement des clandestins de Bonifacio, prisonniers de
guerre allemands. 1943-1946.
8 W 102 Affaires étrangères : consulats. 1944-1946.
8 W 108 Main-d’œuvre étrangère. 1941-1942.
8 W 122 et 128 Affaires italiennes, notamment communistes à Corte. 1943.
11 W 58 Liste des suspects étrangers, naturalisés français : correspondance.
1944.
104 W 2 Relations Corse-Sardaigne (1954); voyage des autorités sardes en
Corse (1956) ; trafics Corse-Sardaigne (1957).
116 W 1 Séjour du Sultan du Maroc en Corse. 1953.
123 W Journée nationale en faveur de la population hongroise (1956) ; accueil
des réfugiés hongrois (1956) ; ressortissants italiens (année 1940) ; affaires
italiennes diverses (1940-1942) ; installations des troupes italiennes (vers 1940) ;
incidents avec les autorités italiennes (vers 1940) ; commissions italiennes
d'armistice (1940); troupes italiennes; sabotages et agressions contre les troupes
italiennes (1943).
123 W 8 Égyptiens : recensement. 1956.Versement 1961 Année mondiale des
réfugiés: documentation sur le problème des réfugiés. 1959-1960.
Préfecture-Directions.
87 W 1 A 4 Dossiers des réfugiés politiques, expulsés et assignés à résidence en
Corse, qui ont accepté l'offre d'asile des pays de démocratie populaire. 1951.
137 W Bordereaux des étrangers naturalisés. 1958.
282 W 1 à 40 Naturalisations : dossiers. 1940-1954.
294 W 1 Immigration clandestine, refoulements, refus de séjour, expulsions:
instructions. 1944-1963.
294 W 2 Déchéance de la nationalité française (1947-1948) ; propositions
d'expulsion au ministre (1943-1950). 1943-1950.
294 W 3 Passeports : cas particuliers (1959-1964) ; refus (1951-1954) ;
instructions (1952-1962). 1952-1964.
294 W 4 Dénombrement des bénéficiaires du droit d'asile, instructions (1939-
1940) ; immigration italienne, instruction pour le contrôle (1953-1959) ; main-
d’œuvre étrangère, saisonniers (1953-1964). 1939-1964.
294 W 5 Sorties du territoire : télégrammes d'oppositions. 1958-1964.
294 W 6 Détenus à Casabianca. 1949-1969.
294 W 7 Passeports, instructions générales (1944-1956) ; circulation entre la
France, l'Allemagne, l'Autriche, la Sarre (1951-1958). 1944-1958.
294 W 8 Circulaires ministérielles. 1944-1959.
294 W 9 à 14 Expulsions. 1961-1970.
300 W Dossiers de naturalisation : bordereaux. 1955-1959.
347 W 8 à 16 Naturalisations : demandes classées sans suite. 1940-1948.
358 W 1 et 2 Autorisations de mariage. 1946-1959.
411 W 1 à 54 Cartes de séjour. 1927-1970.
1035W244 Equipements sportifs 1977-1979 ; contient, entre autres, une
pochette sur : Construction d’un complexe sportif à la Carbonite avec
intéressantes remarques sur les Gitans et squatters.
119
1080 W 13 à 17 Autorisations de mariage. 1956-1981.
1080 W 18 Naturalisations : renseignements fournis à d'autres départements.
1953-1965.
1093 W Étrangers : instructions et statistiques relatives à l'exercice de
professions artisanales, agricoles, industrielles et commerciales (1941-1962);
autorisations et interdictions de séjour en Algérie (1956-1962); cartes nationales
d'identité, affaires diverses (1956-1963). 1941-1963.
1093 W 1 Catégories professionnelles: statistiques. 1941-1962. À voir car peut
comporter des éléments intéressants.
1110 W 6 et 7 Assignation à résidence et cartes de séjour. 1950-1980.
1110 W 11 Relations avec les consulats; travail clandestin; 1945-1970.
1111 W 1 à 22 Naturalisations : dossiers n'ayant reçu aucune suite après
transmission au ministère. 1942-1984.
1111 W 23 à 47 Idem : dossiers ajournés ou rejetés. 1949-1980.
1116 W 1 à 76 Cartes de séjour : dossiers d'Italiens. 1945-1982.
1125 W Cartes de séjour : dossiers individuels des ressortissants étrangers ayant
quitté la Corse-du-Sud avant 1980.
1137 W 1 à 197 Cartes de séjour : dossiers d'Italiens. 1950-1981.
• France 3 Corse.
Journaux télévisés
J.T. 08.11.83. 312 : les Algériens en Corse.
J.T. 22.03.1984. 312 : alphabétisation des immigrés ; le G.R.E.T.A. lance une
campagne.
J.T. 03.03.1984. 312 : fête des Marocains.
J.T. 06.04.1984. 312 : agression contre un Marocain.
K7 803. 312 : immigrés vivant dans des caves à Sartène. Mai 1985
120
K7 1391. 312 : plasticage contre le local de l'Amicale des travailleurs marocains.
1986
J.T. Dos.18.06.1985 (fiche n° 120) : immigrés de Sartène, 7'35''.
J.T. Ret PL.01.10.1985 (fiche n° 228) : les Espagnols de Morosaglia, 1'13''.
J.T Plot.07.10.1985 (fiche n° 233) : plus d'Espagnols à Morosaglia, 2'02''.
J.T. Dos.22.11.1985 (fiche n° 271) : l'immigration, 5'58''.
J.T. Dos.09.12.1985 (fiche n° 124) : la communauté sarde, 7'38''.
J.T. Plot.27.03.1986 (fiche n° 0) : association de Tunisiens, 1'00''.
J.T.Dos.07.10.1986 (fiche n° 0) : travailleurs immigrés clandestins, 6'24''.
J.T. Ret PL.21.04.1987 (fiche n° 1178) : les Pâques grecques, 2'36''.
J.T. Mag.29.04.1987 (fiche n° 1270) : les communautés italiennes en Corse,
12'18''.
J.T. Dos.11.12.1989 (fiche n° 11850) : le travail au noir des travailleurs immigrés,
4'4''.
J.T. Mag.19.12.1989 (fiche n° 11974) : Mohamed Ouechkradi, président de
l'Association des travailleurs marocains, 23'00''.
J.T. Ouvert. 18.01.1991 (fiche n° 16182) : la guerre du Golfe et le départ des
Maghrébins, 3'20''.
J.T. Ret. PL.22.01.1991 (fiche n° 16237) : départ des Maghrébins et répercussions
sur le ramassage des ordures, 2'58''.
J.T. Dos.24.01.1991 (fiche n° 16271) : les conséquences économiques du départ
de nombreux Maghrébins, 7'08''.
J.T. Ret PL.26.01.1991 (fiche n° 17989) : élections pour les ressortissants italiens,
2'17''.
J.T. Prima. 02.01.1992 (fiche n° 20629) : destruction du bidonville de Mezzavia,
les Maghrébins relogés, 1'30''.
J.T. Prima.06.03.1992 (fiche n° 25861) : colloque sur les femmes maghrébines au
cinéma Bonaparte, 0'18''.
J.T. Ret PL.07.03.1992 (fiche n° 21606) : manifestation de l'Union des immigrés
tunisiens après la mort d'un Tunisien, 0'42''.
J.T. Ret PL.20.04.1992 (fiche n° 22308) : lundi de Pâques à Cargèse et cérémonie
de jumelage Cargèse et Itylo, 2'10''.
J.T. Prima.22.06.1992 (fiche n° 22956) : fête de la musique dans la communauté
musulmane, 0'29''.
J.T. Ret PL.01.07.1992 (fiche n° 23057) : le président de France-Plus en visite en
Corse, 1'12''.
J.T. Ret PL.15.06.1993 (fiche n° 28099) : immigration, la Corse au second rang
des régions pour le nombre d'immigrés, 1'53''.
J.T. Ret PL.19.07.1993 (fiche n° 28466) : description d'une cité de transit
insalubre, relogement progressif occupants, 1'43''.
J.T. Dos.14.01.1994 (fiche n° 30671) : la pratique de l'islamisme en corse, le
problème de la montée de l'intégrisme, 3'15''.
J.T. Ouvert.23.03.1994 (fiche n° 29999) : le Bidonville des 7 ponts, 1'45''.
J.T. Off PL.23.03.1994 (fiche n° 33061) : exposition sur l'immigration italienne
aux Archives départementales, 0'24''.
J.T. Prima.03.06.1994 (fiche n° 34668) : le vote des Italiens vivant en Corse pour
les élections européennes, 0'54''.
121
J.T. Ret PL.11.11.1994 (fiche n° 36782) : fête de la Saint-Martin pour les
Portugais, 2'08''.
• Albanais.
FL 8° 175 : M. Obedenare, Corses et Albanais, Paris, A. Hennuyer, 1877, 11 p.
• Colonie grecque de Cargese.
FL Br. 508 : Émile Appolis, Les rapports entre catholiques de rite grec et de
rite latin à Cargèse (Corse), S.l., S.d.
FL 8° 273 : Gérard Blanken, Les Grecs de Cargèse : recherches sur leur langue
et sur leur histoire, Leyde, A.W. Sijthoff's, 1951, XIX-322 p.
FL Br. 48.10 : Marie-Anne Comnène, Cargèse, une colonie grecque en Corse,
Paris, Les Belles Lettres, 1959, 92 p.
FL 12248 et FL Br. 28-18 : Dr. Macé, Une visite à Cargèse, colonie grecque
dans le voisinage d'Ajaccio, Chambéry, Impr. C.P. Ménard, 1893, 84 p.
FL 4° 43 : Mémoire historique sur l'émigration de la colonie grecque de la
Marée en Corse, et titres authentiques de son établissement à Paomia par la
République de Gênes, et ensuite à la pointe de Cargèse par Louis XVI, roi de
France et de Navarre, Ajaccio, M. Marchi impr. , 1820, 32 p.
FL 12429 : Élie Papadacci, Histoire de Cargèse-Paomia, deux cités grecques en
Corse, et de Piana-Ota-Porto, préf. de Pierre Rocca, Paris, E. Papadacci, 1967,
206 p.
FL Br. 48.4 : Théodora Stéphanopoli De Comnène, La Fondation de Cargèse,
Marseille, impr. Puget, 1975, 144 p.
• Colonie italienne.
FL 12225 : Supplica dell'emigratione italiana in Corsica al Re Vittorio
Emanuele, Bastia, Tip. Fabiani, 1860, 94 p.
• Géographie humaine.
FL 4° 140 : Antoine Albitreccia, La Corse, son évolution au XIXè siècle et au
début du XXè siècle : étude de géographie humaine et économique, Paris, PUF,
1942, 296 p.
FL 8° 162 : Nostalgia, il male del paese : prose e poesie di varii emigrati italiani
in Corsica, Bastia, 1850, 57 p.
• Immigrés.
Marie-Pierre Luciani, Immigrés en Corse : minorité de la minorité, Paris,
C.I.E.M.I./Éditions L'Harmattan, 1995, 260 p.
D.-Y. Vavayakos, Des Philhellènes corses en Grèce pendant la guerre de
l'indépendance : 1821-1828, Athènes, 1973, 18 p.
• Insurgés.
FL Br. 52.5 : Luc Tricou, Les insurgés arabes internés à Calvi, Calvi, L. Tricou,
1996, 26p.
122
III°) ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA HAUTE-CORSE
(Bastia) (ADHC) :
• Série J sous-série 2 J.
2 J Archives de l'entreprise MATTEI (1877-1970)73.
2 J 497 Correspondance échangée avec le Maroc. 1954-1957.
2 J 499 Idem, Tunisie. 1964-1966.
2 J 500 Idem, Algérie. 1954-1959.
2 J 502 Idem, Compagnie du Niger, Compagnie française d'Afrique occidentale,
et Compagnie lyonnaise de Madagascar. 1954-1962.
2 J 598 Achat, vente, transport, personnel. 1950-1954.
2 J 1116 et 1118 Comptes divers et salaires. XXème siècle.
Personnel de l'entreprise.
2 J 1281 Feuilles de paie du personnel ouvrier. 1920.
2 J 1282 à 1284 Livre de paie du personnel de la société Mattei. 6 février 1933-2
juillet 1936.
2 J 1285 Livre de paie du personnel de la Société Corse des Lièges Agglomérés.
1940-1955.
2 J 1297 Registre des entrées de personnel (1947-1955) ; registre d'inscription
de la main-d’œuvre étrangère (1948-1957); fiches d'embauche (1960-1965) ;
cahier du travail à forfait (1947-1949). 1947-1965.
• Série J sous-série 3 J à 35 J.
3 J Archives du PCF (consultation et reproduction soumise à l'autorisation des
déposants).
Archives de nonce Benielli, secrétaire du Parti communiste en Corse en
1936.
3 J 2/2 Résistance et activité du Front National (1945-1947). Délégation du
comité central du Parti communiste en Afrique du Nord.
Archives de François Vittori, conseiller de la République en 1946.
3 J 3/9 Correspondance et documentation sur la situation des républicains
espagnols déportés en Corse, onze pages dactylographiées.
5 J Collection François FLORI.
5 J 11 Je reviens de Corse où il n'existe pour les Espagnols expulsés ni
concentration, ni camps, ni mort lente, Georges Lefèvre, Le Figaro, 22-23
décembre 1950.
73
La consultation est soumise à l'autorisation de la Société Sovicap, elle doit être sollicitée par écrit pour chaque
consultation. L'entreprise Mattei (1895-1977) est une des trois plus importantes entreprises de Corse (avec les
forges de Toga et la Compagnie de navigation Valerj). Les archives de ces deux dernières ont disparu. La
Société Mattei constitue donc le seul fonds d'archives économiques portant sur plus d'un siècle d'activité avec
1300 articles et environ 70 m linéaires de documents. Sur les entreprises associées à la Société Mattei, on se
reportera au catalogue d'exposition édité par le Musée d'anthropologie de la Corse, De Louis-Napoléon
Bonaparte à François Mattei : un siècle et une entreprise corse, Corte, Musée de la Corse, 1991, 120 p. À voir,
car peuvent comporter quelques renseignements intéressants.
123
5 J 21 Quand la Corse s'éveille : touristes, immigrés, pieds noirs arrivent au
pays que ses enfants quittent, reportage de Leah Lourié in Sciences et voyages ,
juin 1962, pp. 41-45.
5 J 26 À Cargèse avec les grecs corses, Yvonne Rebeyral, Le Monde, 18 octobre
1967.
5 J 43 Monographies : Cargèse, une colonie grecque en Corse, par Marie-Anne
Commine, Lille, 1959, 90 p., imp.
6 J Divers.
6 J 10 q J.P. Lucciardi, Les prêtres romains déportés en Corse, Bastia,
Imprimerie et Librairie C. Piaggi, 1913 : Extraits pp. 261-288.
12 J Fonds D'ANGELIS.
12 J 17 Julien Tredos, commissaire de la marine à Bastia, Etat de la situation
des ouvriers, gens de mer du quartier de l'île de Corse (1819).
12 J 20 Idem : correspondance sur les passagers clandestins en provenance
d'Italie, notamment les Carbonari. 1831.
20 J Papiers LIMPERANI.
20 J 22 Rapport de Joseph Limperani sur l'immigration en Corse des ouvriers
italiens, lu à la société d'agriculture le 7 avril 1864 : manuscrit.
21 J Collection FRANCESCHI.
21 J 2 Lettre n° 21, Ajaccio, 27 mai 1813: lettre du chef d'état major (baron de
Tourny) au sous-préfet de Calvi, lui donnant les consignes pour l'internement dans
la citadelle des prêtres réfractaires romains déportés en Corse. Ces prêtres après
avoir été internés à Bastia en 1811, le furent à Calvi dans la citadelle puis au
couvent Saint-François (1813-1814).
34 J Archives de la Société Minière de L'Amiante de Canari (1940-1965).
34 J 225 Travaux, logements et cantonnements des employés. 1947-1964.
34 J 228 Construction de l'usine 6000T: redevance aux ingénieurs italiens. 1947-
1950.
34 J 248 à 271 Personnel. 248. Fiches individuelles (1949-1950) ; recrutement
des prisonniers de guerre (1944-1946) ; ouvriers italiens, transferts de fonds
(1956) ; tableaux des effectifs ouvriers (1952 et 1961).
35 J Mémoires de maîtrise, Thèses, Doctorats d'Etat, D.E.A., Travaux
divers.
35 J 5 Marie-Christine Llanas, Les marginaux en Corse au XIXème siècle,
mémoire de D.E.A., Université de Montpellier, 1982, 83 p.
35 J 7 Jean-Marc Puponni, Du régionalisme à l'autonomisme (1962-1975),
l'évolution du discours revendicatif corse à travers l'exemple des étrangers,
mémoire de maîtrise, U.E.R. de Géographie, Histoire et Sciences sociales,
Université de Paris VII, 1983-1984, 91p.
35 J 8 Dominique Ricci, L'évolution du discours nationaliste corse (1975-1984):
l'exemple des étrangers, mémoire de maîtrise, U.E.R. de Géographie, Histoire et
Sciences sociales, Université de Paris VII, 1983-1984, 91 p.
• Série W.
Préfecture.
Direction de l'administration générale et de la réglementation.
1012 W 257 Vie, travail et rémunération des détenus (1962-1970) ; étrangers,
détenus (1954-1968) ; incidents (1966-1973) et rapport d'évasion.
DDE.
1001 W Permis de construire (1946-1970).
1001 W 57 Permis de construire n° 3099 à 3122. Juin-juillet 1956 ; village-
vacances de l'Ile-Rousse, camp franco-belge de vacances de Calvi avec 5 photos.
1001 W 58 Permis de construire n° 3123 à 3140. Juillet 1956 ; camp de
vacances scandinave de Calvi.
1001 W 86 Permis de construire n° 4065 à 4083. Février 1958 ; 3 photos du
camp de vacances du village franco-britannique de Calvi.
1001 W 90 Permis de construire n° 4221 à 4236. Avril-mai 1958 ; camp de
vacances néerlandais de Calvi.
1001 W 239 Permis de construire n° 8549 à 8572. Février 1963 ; construction
d'une usine à Biguglia, avec logements ouvriers, hangars et bureaux.
Sous-préfecture de Corte (1945-1973).
1005 W Dossiers communaux.
1005 W 112 Ghisonaccia : enquêtes, cartes de séjours, naturalisations et
questions diverses concernant les travailleurs immigrés. 1960-1973.
1005 W 135 Prunelli-di-Fiumorbo, questions diverses (1949-1972): questions
intéressant les travailleurs immigrés.
Sous-Préfecture puis Préfecture de Bastia (1944-1965).
1006 W 125 Questions politiques et sociales ( notes périodiques et notes de
synthèses des services des Renseignements généraux): campagne communiste
contre la politique gouvernementale en Afrique du Nord (1955-1956) ; messages
sur les attentats commis en Algérie et surveillance des ressortissants Nord-
Africains (1954).
1006 W 130 Visites et cérémonies : séjour du sultan du Maroc en Corse (1953-
1954); affaire Raseta, ex-député malgache (1954-1956) ; journée de solidarité en
125
faveur du peuple hongrois (1956) ; chalutiers tunisiens (1957) ; visite du président
Khrouchtchev (1960) ; escale de bateaux italiens (1964). 1953-1964.
1006 W 147 Instructions pour les passeports et cartes d'identité (1956-1958) ;
instructions pour les voyages en Algérie et en Tunisie (1956-1958) ; interdictions
de séjour en Algérie (1957-1958) ; visas de séjour des étrangers (1958) ; cartes de
résidents privilégiés (1962-1963) ;1956-1963.
1016 W 121 Correspondance avec le consulat d'Italie. 1951-1955 ; contient le
texte de la convention consulaire franco-italienne du 26 juillet 1862.
1016 W 122 Visites de personnalités et manifestations : voyage du roi du Maroc
à Bastia. 1959.
1016 W 128 Économie, mine de Canari : enquêtes sur les ouvriers italiens de la
mine (1952), note de renseignements avec trois photographies (1950). 1944-1953.
Service local des transports maritimes de la Corse (1939-1948).
1017 W 18 Instructions et documents ministériels. 1934-1940. À noter :
instruction confidentielle sur la surveillance des bâtiments et aéronefs étrangers
dans les eaux françaises (1936) ; instruction secrète du gouvernement général de
l'Algérie sur le contre-espionnage et la surveillance des frontières, 159 p., impr.,
Paris, 1938.
Tribunal de Grande Instance de Corte (1940-1957).
1029 W 182 Relevés des actes de naissance établis par le greffe en vue de
l'établissement d'un répertoire d'identification des personnes nées en France et en
Algérie. 1941.
Fonds des établissements pénitentiaires.
1063 W Prison de Bastia.
1063 W 9 Enregistrement de la correspondance arrivée et départ relative aux
Malgaches. 1951-1954.
Fonds postérieurs à 1962.
Sous-préfecture de Corte.
1005 W 91 Aléria : demandes de cartes de séjour, naturalisations et propositions
de libération conditionnelle. 1962-1973.
Sous-préfecture puis préfecture de Bastia.
1011 W 19 Licenciements aux mines de Canari et Barchetta. 1965-1966.
1016 W 135 Habitat et lotissements : résorption de la cité de transit de Bastia.
1965-1969 ; avec le recensement des gitans et squatters de Bastia.
• Presse
Le Petit Bastiais.
27 et 29 mars 1882 : Les étrangers en Corse.
27 mars 1895 : Les ouvriers étrangers.
17 octobre 1895 : Immigration : la villégiature en 1895.
5 novembre 1904 : Immigration : pour la Corse par G. Vabran.
1er juin 1927 : La Corse devant l'immigration.
12 janvier 1931 : L'afflux italien et la main-d’œuvre locale.
15 janvier 1931 : À propos de l'afflux italien.
2 mars 1932 : Les Italiens en Corse.
17 août 1932 : L'immigration et la résorption corse.
26 août 1933 : Intangibilité de la population Corse.
22 novembre 1950 : Le comité national de défense des immigrés, dont le
président est Justin Godard, lance aux Corses un puissant appel à la charité et à
la solidarité humaine.
2, 3, 5, 7, 8 et 18 octobre 1961 : Du travail pour 25000 Italiens. Pourquoi
viennent-ils chez nous? Quelles sont les raisons de leur présence ?, par A. Pietri.
Le Petit Corse.
21 décembre 1882 : L'immigration italienne en Corse.
1er février 1883 : Les Italiens en Corse.
Le Drapeau.
1er mars 1893 : Les Italiens en Corse.
La République.
30 novembre 1897 : La Corse et l'immigration italienne.
Bastia Journal.
17 février 1903 : La Corse, terre d'exil pour officiers disgraciés ? par
Emmanuel Arene.
4 juin 1903 : Les étrangers en Corse.
Le Patriote.
1er avril 1904 : Problème des Italiens stationnés en Corse.
La Corse Libre.
6 septembre 1938 : La Corse juive ?, par A. Trojani.
29 décembre 1938 et 5 janvier 1939 : Le problème de la main-d’œuvre.
La Gazette de la Corse.
17 avril 1939 : Union populaire italienne. Avis aux Italiens. Immigration brutale
des Italiens à l'issue des télégrammes venant de leur pays.
75
Voir également la liste des ouvrages et des articles de presse sur l'immigration dans la Bibliographie de la
Corse de François Flori (13 Démographie) disponible à la BMB.
127
• Revue de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la
Corse (BSSHNC).
Année 1918, n° 385 à 389 et n° 393 à 394: Une colonie grecque en Corse par R.
Comnène Stephanopoli.
Année 1919,n° 405 à 408 : idem.
Année 1930, n° 490 à 495 : Les prêtres italiens déportés en Corse (1811-1814),
par A. Costa.
Année 1962, Fasc. 563 : Rapports Corse-Sardaigne-Pouilles, par J. Testanier.
Année 1964, Fasc. 572 : Les origines géographiques de la population actuelle à
Ajaccio et à Bastia, par Y. Kolny.
Année 1966, Fasc. 578 : Les rapports catholiques de rite grec et latin à Cargèse
(Corse) d'après E. Appolis, par M. Martini.
Année 1971, Fasc. 600-601 : Histoire de Cargèse Paomia, deux cités grecques
en Corse et de Piana, Ota, Porto d'après Elie Papadacci, par F. Ettori.
Année 1973, Fasc. 608-609 : La population de la Corse de 1769 à 1968.
• Revues et ouvrages.
Études Corses, 1974, n° 2 : L'hospitalité Corse comme relation d'ambivalence,
M. Caisson.
Économie Corse, 1979, n° 14 : Treize pour cent d'étrangers en Corse.
Migration et Méditerranée, avril-septembre 1985, n° 31-32 : Les routes de
migrations en Méditerranée.
Peuples méditerranéens, janvier-juin 1987, n° 38-39, numéro spécial : Corse,
l'île paradoxe.
Cuntrasti : rivista corsica méditerraneu, 1er avril 1989, n° 8 : numéro spécial
réalisé par des membres du collectif antiraciste Ava Basta.
Jeannine Renucci, Corse traditionnelle et Corse nouvelle, Lyon, Audin
imprimeurs, 1974.
• Fonds Corse.
C I FLO F. Flori, Bibliographie générale de la Corse, 1973-1974.
C II CAL Callon, Mouvement de la population de la Corse : 1821 -1930 in
Bulletin de la société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, n° 496.
C II GUI La population de la Corse d'après le recensement de 1926 in Bulletin
de la société des Sciences historiques et naturelles de la Corse , n° 485-489.
C III COM Marie-Anne Comnème, Cargèse, une colonie grecque en Corse,
Paris, éd. les Belles Lettres, 1959.
C XXIII LUC Les Prêtres romains déportés en Corse, Bastia, C. Piaggi, 1912.
C XXIV BLA Gérard Blanken, Introduction à une étude du dialecte grec de
Cargèse, Leyde, Sijthoff's, 1947.
C XXIV COM Comnène, Stefanopoli, Une colonie grecque en Corse, in
Bulletin de la société historique et naturelle de la Corse, n° 385 à 408.
128
C XXIV PAP Elie Papadacci, Histoire de Cargèse-Paomia, Paris, MP, 1967.
C XXV MIC Ersilio Michel, Esuli e cospiratori italiani in Corsica : 1815-1830,
Milano, Tyrrhenia, 1927, 4 vol.
C XXVIII QUE Quelques notes sur les noms de famille italiens en Corse,
Ajaccio, Impr. spéciale de l'île, 1935.
C XXXIV HIS Histoire du peuplement de la Corse, in Bulletin de la Société des
Sciences, 1925, n° 473-476.
C XXXV ASP Aspect de la population active en Corse en 1973, Ajaccio,
Mission Régionale, 1974.
C XXXV FAI A.M. Faidutti-Rudoph, L'immigration italienne dans le Sud-Est
de la France, Gap, Ophrys, 1964.
C XXV GLI Gli Italiani nella Francia del Sud e In Corsica : 1860-1980, Milan,
Franco Angeli, 1988 (Affari sociali internazionali).
C XXXV LUC Marie-Pierre Luciani, Immigrés en Corse : minorité de la
minorité, Paris, Jussieu, 1991.
• Mémoire et thèses.
Gérard Blanken, Les Grecs de Cargèse : recherches sur leur langue et sur leur
histoire, Leyde, 1947, 322 p..
Malika Bouhannouch, Trajectoire migratoire et insertion des femmes
marocaines immigrées en Corse : l'exemple d'Ajaccio, Mémoire de D.E.A
d’Anthropologie, Paris,1988, 135 p.
Marie-Pierre Luciani, Insertion des travailleurs immigrés dans la région Corse,
Mémoire de D.E.A. de Sociologie, Paris VII, 1986, 216 p.
Christian Milleli, Causes et conséquences de l'évolution démographique du
département de la Corse, Mémoire de Sciences économiques, Paris I, 1972.
Claudine Rossi, La population de la ville d'Ajaccio, s.d.
Jacqueline Tuffell, Analyse ethnique de la population de la région Corse d'après
le mouvement de l'année 1982, Thèse de médecine, Paris VI, 1984.
Jean-Marc Puponni, Du régionalisme à l'autonomisme (1962-1975), l'évolution
du discours revendicatif corse à travers l'exemple des étrangers, mémoire de
maîtrise, U.E.R. de Géographie, Histoire et Sciences sociales, Université de Paris
VII, 1983-1984, 91p.
Dominique Ricci, L'évolution du discours nationaliste corse (1975-1984):
l'exemple des étrangers, mémoire de maîtrise, U.E.R. de Géographie, Histoire et
Sciences sociales, Université de Paris VII, 1983-1984, 91 p.
• Ouvrages et presse.
Limperani, Rapport sur l'immigration en Corse, présenté à la Chambre
d'Agriculture dans la séance du 7 avril 1864 ; in L’Observateur de la Corse,
Bastia, 15 avril 1865.
P.E. de Leca, Della emigrazione europea ed in particulare di quella italiana,
Torino, Frat. Bocca, 1909-1910.
129
La Collectività italiana in Corsica, in Boll. quindicinale immigrazione, Milano,
Anno XIV, n° 21, pp. 326 et anno XVI, n° 6, pp.85.
Corrado Masi, Migrazioni dei lavaratori fra Italia e Corsica in L’Idea
coloniale, Roma, 6 marzo 1927.
Piero Parisella, La Corsica : emigrazione e immigrazione, in Rassegna italiana
di politica, letteratura e arte. Roma, 1927, pp. 624 à 700 ; article également publié
dans La Revue de la Corse, tome VIII, 1927, pp 294-295.
Émile Ripert, La Tunisie, les Provençaux et les Corses in Corse touristique,
Ajaccio, tome XI, 1934, pp. 144-145.
Y. Kolodny, Les origines géographiques de la population italienne actuelle à
Ajaccio et Bastia in BSSHNC, 3ème trimestre 1964, pp. 50 à 55.
R. Bodin, J. Sabatini, La main-d’œuvre étrangère en Provence-Côte-d'Azur et
Corse, Marseille, ministère du Travail, échelon régional emploi, 1971.
Victor Borgogno, Lise Vollenweider-Andersen, Corse : situation migratoire et
insertion des immigrés, Université de Nice, Institut d'études et de recherches
interethniques et interculturelles, 1983.
• FR3 Corse.
Extraits des journaux télévisés.
JT 12. Les Italiens en Corse (40'').
JT 36 (1988). Droits politiques des immigrés: Mr Siméoni (1' 33'').
JT 157. Élections au consulat d'Italie de Bastia.
JT 305 (1993). Contrôle d'immigration (1' 54'').
JT 357 (1994). Travailleurs immigrés sur un chantier du Conseil Général.
JT 368 (1994). Interview du Consul d'Italie (1')
Extraits de dossiers et magazines.
DOS 141. Les goumiers (5' 30'').
DOS 44 (1989). Attentats contre les Maghrébins à Ghisonaccia (1' 32'').
130
DOS 54 (1989-1990). Témoignage d'un étudiant marocain.
DOS 98. Icône du Père Giovanni (Sardaigne).
Mag 96 bis (1991). Un couple de Roumains.
Mag 118 (1991). Les Gitans de Bastia.
131
sito internet: www.festivalcineitalien.com
Association généralistes :
Associations algériennes :
132
CORSI ELHILLAL. Objet : aider les ressortissants algériens dans leurs
démarches administratives, en liaison avec le consulat de Nice ; développer les
échanges entre les communautés algérienne et corse, à travers le sport et la
culture. Siège social : maison des associations, rue Sant’Angelo, 20200 Bastia.
Date de la déclaration : 8 décembre 2004.
Associations marocaines :
Associations tunisiennes :
133
POUR LES AUTRES NATIONALITÉS:
ASSOCIATION CORSE-BELGIQUE
Bat A1, rue des terrasses fleuries, F 20000 Ajaccio.
134
Table des matières
- Présentation p. 2
- Première partie p. 5
-Pratiques linguistiques p. 46
Conclusion p. 66
6. Données statistiques p. 68
- Deuxième partie p. 96
Annexes p. 111
-Archives p. 111
Archives départementales de la Corse du Sud Ajaccio p. 111
Bibliothèque municipale d’Ajaccio (BMA) p. 122
Archives départementales de la Haute-Corse (Bastia) p. 123
Bibliothèque municipale de Bastia (BMB) p. 127
Bibliothèque départementale de prêt de la Haute-Corse (Corte) p. 128
Bibliothèque universitaire de Corte (BUC) p . 129
136