Rancic 2
Rancic 2
Rancic 2
2012-ENAM-0058
Doctorat ParisTech
THÈSE
pour obtenir le grade de docteur délivré par
Mickael Rancic
le 21 décembre 2012
Jury
M. Joël RECH, Professeur des Universités, LTDS, ENISE Président T
Mme Elisabeth AEBY-GAUTIER, Directeur de Recherche CNRS, Institut Jean LAMOUR Rapporteur
M. René BILLARDON, Professeur des Universités, Université Paris 6, LMT-Cachan Rapporteur H
M. Gérard MAEDER, Vice-président de l’Association Française de Mécanique Examinateur
M. Gérard POULACHON, Professeur des Universités, LaBoMaP, Arts et Métiers ParisTech Examinateur È
M. Jean-Philippe COSTES, Maître de Conférences, LaBoMaP, Arts et Métiers ParisTech Examinateur
M. Christophe COLIN, Attaché de recherche, ARMINES, Mines ParisTech Examinateur S
M. Jean-François CHABOT, Responsable du Département Matériaux et Procédés, SNECMA Invité
E
Arts et Métiers ParisTech - Centre de Cluny
Laboratoire Bourguignon des Matériaux et Procédés
Sommaire
Introduction générale…………………….………………………………….1
Chapitre 1 : Contexte…………………………………………................7
1. Environnement de l’étude ........................................................................................ 10
1.1 Définition des pièces aéronautiques à haute criticité .................................................... 10
1.2 Causes des incidents sur pièces critiques ...................................................................... 12
1.3 Genèse du projet ACCENT ............................................................................................ 13
2. Le Ti-6Al-4V.............................................................................................................. 37
2.1 Présentation................................................................................................................ 37
2.2 Traitement thermique depuis le domaine .................................................................. 39
2.2.1 Influence de la vitesse de trempe ................................................................................................... 39
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Sommaire
2.6 Structures.................................................................................................................... 56
2.6.1 Propriétés mécaniques.................................................................................................................... 56
2.6.2 Mise en œuvre ................................................................................................................................ 57
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Sommaire
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Sommaire
4 Conclusion ..............................................................................................................180
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Sommaire
3.2 Présentation des cartographies des paramètres microstructuraux obtenus par analyse
d’images................................................................................................................................ 199
3.3 Etude de la microstructure selon les directions de coupe et d’avance en fonction de la
longueur usinée ..................................................................................................................... 201
3.3.1 Direction de coupe ........................................................................................................................ 201
3.3.2 Direction d’avance ........................................................................................................................ 205
3.3.3 Bilan ............................................................................................................................................... 207
3.4 Evolution de la couche affectée lors de conditions de coupe extrêmes ......................... 208
3.5 Evolution de la microstructure lors de l’usinage........................................................... 210
3.6 Bilan........................................................................................................................... 216
4.4 Bilan et comparaison avec l’état métallurgique des BCA .............................................. 236
7 Corrélations entre les signaux des moyens de surveillance et les anomalies .............257
7.1 Etude qualitative ........................................................................................................ 257
7.1.1 Anomalies en sous-couche et défauts géométrique et de surface ............................................... 257
7.1.2 Corrélations entre signaux de surveillance et anomalies .............................................................. 258
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Sommaire
Conclusions générales…………………….…………….……………….263
Perspectives…………………….…………….…………………..………….267
Annexes………………………………………….…………….……………….271
Bibliographie………………………………….…………….….…………….325
Sommaire
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
Page 1
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
Ces gains de production ont été obtenus par l’apparition de nouvelles technologies dans le
domaine de l’usinage permettant :
Ces différents facteurs ont permis d’augmenter les durées de vie d’outil et diminuer les
temps de production.
A partir des années 70, un nouveau critère d’évaluation de la conformité des pièces est
apparu dans le secteur de l’aéronautique en complément des critères tournant autour de la qualité
dimensionnelle et du coût de production. Il s’agit de l’intégrité matière dont le but est de vérifier que
les pièces produites n’ont pas été affectées par des contraintes thermomécaniques trop importantes.
Sous la notion d’intégrité matière, on sous-entend la santé métallurgique de l’extrême surface et de
la sous-couche d’une pièce, lesquelles peuvent être le siège de phénomènes physico-chimiques,
mécaniques (contraintes résiduelles) et topographiques importants affectant la tenue en service des
pièces.
Cependant, l’évolution croissante des conditions de coupe par une meilleure tenue à l’usure
des outils dans un contexte d’éco-conception du procédé a amené la matière usinée à subir des
contraintes thermomécaniques toujours plus importantes. L’exemple typique est l’usinage grande
vitesse à sec. Aussi, le risque de détériorer la santé matière de la pièce et ainsi de réduire sa durée de
vie en fonctionnement est devenu de plus en plus important. Les matériaux tels que les bases titane
ou les bases nickel utilisées dans les moteurs d’avions sont très sensibles à cette problématique.
Page 2
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
de certification ainsi que l’Union Européenne ont financé des consortiums européens dont celui du
projet ACCENT (Adaptative Control of manufaCturing processes for a new gEneration of jet engiNe
componenTs) regroupant des universitaires et des industriels. L’objectif principal de ce projet était
de démonter la faisabilité d’utiliser des moyens de surveillance lors de l’usinage afin de détecter
voire d’anticiper la formation d’anomalies dans la matière et, par ce biais, de simplifier le processus
de validation des pièces critiques.
Ces travaux de thèse s’inscrivent donc dans le cadre du projet ACCENT. Ils ont pour objectifs
principaux de développer une méthodologie expérimentale permettant d’établir une fenêtre en
conditions de coupe garantissant une intégrité matière acceptable de la pièce usinée en s’appuyant
sur l’utilisation des signaux de moyens de surveillance. Les investigations sur cette thématique sont
réalisées en collaboration entre le Centre de Compétence Industriel en Usinage (CCIU) de chez
SNECMA Corbeil et le Laboratoire Bourguignon des Matériaux et Procédés (LaBoMaP) des Arts et
Métiers Paristech de Cluny.
Les résultats du projet européen précédent ManHIRP (Integrating process controls with
Manufacturing to produce High Integrity Rotating Parts for modern gaz turbines) devaient contribuer
à définir, en relation avec les conditions de coupe, les anomalies matière dans l’Inconel 718 et le
Ti-6Al-4V engendrées par l’usinage et, parmi celles-ci, d’en déduire celles qui sont acceptables vis-à-
vis du chargement moteur. Ce n’est qu’après un essai de durée de vie sur pièce usinée que l’intégrité
matière prend tout son sens indépendamment du type de procédé de fabrication concerné. La
Figure 1 synthétise la démarche globale de la validation d’un procédé de tournage (démarche
applicable pour l’ensemble des procédés d’usinage) vis-à-vis de ce critère d’intégrité matière en
montrant les différents domaines abordés dans les projets ACCENT et ManHIRP et la position des
chapitres 4, 5 et 6 de ce présent mémoire.
Néanmoins, les résultats du projet ManHIRP au niveau du tournage du Ti-6Al-4V n’ont pu fournir des
éléments pertinents pour les raisons suivantes :
L’impact des anomalies sur la tenue en fatigue des pièces usinées a été évalué à partir
d’anomalies simulées et non obtenues directement par usinage.
Les anomalies produites par tournage n’ont pas été caractérisées mécaniquement et
métallurgiquement avec autant de soins et de rigueur qu’il aurait fallu (mesures de dureté,
de contraintes résiduelles,…).
Ne pouvant s’appuyer sur ces analyses, les travaux de cette thèse se sont au départ attachés
à caractériser finement de vraies anomalies produites lors du tournage et de les classer en fonction
des conditions de coupe. Ces travaux ont été effectués en collaboration avec le Centre des Matériaux
(CdM) de Mines Paristech. Concernant l’impact de ces anomalies sur la tenue en fatigue, il n’a pas pu
être évalué durant cette thèse pour des raisons de temps et de coût.
Page 3
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
4 Usure : (outil)
Endommagement outil
Suivi du critère d’usure
Essais fatigue
– fluage …
5 Phénomènes de coupe
5 6
Moyens de surveillance Matière (Pièce)
Approches qualitatives Caractérisation de la
4 et quantitatives des surface usinée et de la
signaux sous-couche (rugosité,
dureté, contraintes
résiduelles,….)
6 Corrélation intégrité
matière signaux des
ACCENT moyens de surveillance
Figure 1 : Synoptique complet de validation d’un procédé de tournage vis-à-vis de l’intégrité matière
– Mise en superposition des frontières du projet ManHIRP et du projet ACCENT
Les usures et dégradations subies par l’outil peuvent induire des anomalies matière dans le
matériau fraîchement usiné. Afin de mieux appréhender ces anomalies matière, des modèles d’usure
sont définis dans ce mémoire. Certains critères d’usure sont suivis tout au long de l’usinage et plus
particulièrement, l’usure en dépouille (VB) qui est un paramètre majeur vis-à-vis de l’intégrité
matière. Il est donc important de connaître sa valeur et de suivre son évolution en temps réel afin de
faire correspondre la genèse d’une anomalie à une valeur d’usure en dépouille de l’outil. A ce titre,
une thématique sur l’endommagement des outils a été réalisée dans ce mémoire afin d’une part
acquérir une connaissance sur la dégradation du WC-Co et d’autre part expliciter l’usure en dépouille
en fonction des paramètres de coupe (Vc et f) pour le couple outil/matière étudié. Ces résultats
obtenus en partie au CdM et au LaBoMaP contribueront en particulier à mieux expliquer les
phénomènes liés à la coupe et à donner un ordre d’idée des températures atteintes au niveau du
contact outil/matière. L’objet principal de cette thèse étant une meilleure définition de l’intégrité du
Ti-6Al-4V après tournage et la mise en place de moyens de surveillance lors de l’usinage, la partie
traitant de l’endommagement des outils WC-Co a été mis en annexe afin d’alléger le manuscrit.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
motoristes à s’intéresser à l’intégrité matière. Une description du projet européen ACCENT et de ses
principaux objectifs seront également décrites.
Le troisième chapitre est une revue bibliographique concernant la formation des anomalies
matière en usinage. Après une brève description des contraintes thermomécaniques engendrées lors
de la coupe et des difficultés relatives à l’usinage des alliages de titane, une synthèse des travaux est
décrite sur les anomalies géométriques et métallurgiques générées en surface et en sous-couche lors
de l’usinage et sur leur impact vis-à-vis de la tenue en fatigue.
Le quatrième chapitre décrit la démarche expérimentale de la thèse ainsi que les résultats
d’essais concernant les endommagements des plaquettes et les signaux des moyens de surveillance
servant à la détection des anomalies. Une évolution de ces deux données en fonction de la vitesse de
coupe et de l’avance sera donnée sous la forme de cartographies. Une analyse plus précise des
signaux des moyens de surveillance permettra de fournir des données de base concernant les
phénomènes liés à la coupe. Dans ce chapitre figurent également des essais de Couple Outil Matière
(COM) qui permettront de définir le domaine COM minimisant l’effort spécifique de coupe sur l’outil
lors du tournage et ainsi maximisant la durée de vie de l’outil.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Introduction générale
moyens de surveillance mis en place lors de l’usinage et les profondeurs de couches affectées dans le
Ti-6Al-4V.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
GE General Electric -
RR Rolls Royce -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
TM TurboMeca -
VB Usure en dépouille mm
WP Work-Packages -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
1. Environnement de l’étude
Une étude statistique réalisée en 1997 exposée sur la Figure 1-1 présente les perspectives de
l’évolution grandissante du trafic aérien (courbe bleue) et par conséquent du nombre d’avions en
service d’ici 2015. Ces chiffres sont encore aujourd’hui d’actualité. La courbe verte présente le
nombre d’incidents par million de vols prévu en décroissance sur la même période. Cette baisse de la
probabilité d’incidents provient d’une fiabilisation des avions modernes par rapport à ceux du début
des années 60. Néanmoins, la croissance exponentielle du nombre de vols (doublement de la flotte
mondiale entre 1996 et 2015) implique, une occurrence plus importante des incidents malgré une
probabilité plus faible. Les statistiques présentées sur la Figure 1-1 prévoient un incident par semaine
si rien n’est entrepris afin de réduire cette probabilité.
Figure 1-1 : Etude statistique sur l’évolution du trafic aérien et du nombre d’incidents [MAN01]
Les sources de ces incidents aériens sont multiples. Néanmoins, les investigations réalisées
afin de définir leurs causes principales montrent que le facteur humain et le principal contributeur. Il
vient ensuite des raisons météorologiques et en troisième lieu, la défaillance des pièces
aéronautiques à haute criticité. Les constructeurs aéronautiques et plus particulièrement les
motoristes se sont penchés sur les causes provenant de la rupture prématurée de ces pièces critiques
afin de minimiser leur risque de défaillance.
Les turboréacteurs sont des systèmes de propulsions dont l’utilisation est essentiellement
l’aéronautique. La Figure 1-2 montre les différents étages composant cet ensemble mécanique. Leur
fonction est de générer une poussée suffisante afin de propulser des aéronefs.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
compresseur. Du kérosène est ensuite injecté dans l’air comprimé puis enflammé au niveau de la
chambre de combustion. Les gaz fortement dilatés s’échappent alors du turboréacteur par une
tuyère en passant par une turbine permettant d’entraîner le compresseur.
Figure 1-2 : Illustration des différents étages composant le moteur CFM56 -7 (source SNECMA)
Ainsi, le niveau de la poussée va être influencé par le taux de compression produit par les
étages de compression et la température de flamme atteinte dans la chambre de combustion. Les
contraintes thermomécaniques induites dans les turboréacteurs sont importantes et nécessitent des
matériaux conservant de bonnes propriétés mécaniques à chaud pour un poids le plus faible
possible. La Figure 1-3 présente les différents matériaux et leur domaine de température en
fonctionnement.
En règle générale, les parties dites froides du moteur (disque Fan et partie froide du
compresseur) sont composées en grande partie de pièces en alliage de titane. Ces alliages sont
utilisés pour des températures inférieures à 550°C car au-delà, leurs caractéristiques mécaniques
chutent rapidement et leur résistance à l’oxydation décroît. Pour les parties les plus chaudes du
moteur (partie chaude du compresseur et disque de turbine), les superalliages à base nickel sont
utilisés.
Les fortes contraintes peuvent conduire à un endommagement accéléré des pièces par
cyclage thermomécanique. Dans les scénarii les plus graves, certains éléments peuvent être rompus.
Dans le cas d’une pièce vitale pour le bon fonctionnement du moteur les conséquences peuvent être
très graves. Ces pièces vitales très fortement sollicitées thermomécaniquement lors du
fonctionnement du moteur et dont les défaillances conduisent à un disfonctionnement irréversible
du moteur sont appelés pièces critiques. Cette famille de pièces correspond principalement aux
pièces tournantes comme les disques de turbine ou du compresseur.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
Des expertises réalisées à la suite de défaillances sur des pièces de turboréacteurs depuis le
début des années 70 ont permis d’établir les principales causes de leurs avaries répertoriées sur la
Figure 1-4a. Les problèmes liés à la fabrication (forgeage [forging], usinage [Production], fonderie
[Melt/Conv.] …), à la mauvaise estimation de la durée de vie ou à la maintenance des pièces sont les
principaux contributeurs des incidents sur les disques tournants. Plus particulièrement, l’usinage est
non seulement identifié comme la principale cause d’avaries sur les pièces critiques mais est aussi en
progression constante. L’enquête réalisée par la FAA (Federal Aviation Administration), qui est
l’agence de certification américaine pour l’aéronautique, montre que le perçage et le tournage qui
sont les opérations majoritairement utilisées pour la fabrication de pièces tournantes sont à l’origine
de plus de la moitié des incidents liés à l’usinage (Figure 1-4b).
Figure 1-4 : (a.) Origine des incidents sur les disques tournants (Source ManHIRP – 2001)
(b.) Origine des incidents liés à l’usinage par opération (Source FAA – 1997)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
C’est pourquoi une attention toute particulière sur l’impact des procédés de fabrication et
plus particulièrement de l’usinage vis-à-vis de l’intégrité matière de la pièce a été apportée par les
motoristes ces dernières années. Des incidents survenus dans les années 90 vont pousser les
autorités aéronautiques européennes et américaines à financer des projets dans ce sens.
Le projet européen ACCENT est issu d’une succession de projets mondiaux et européens
regroupant les motoristes aéronautiques concernant la thématique de l’intégrité matière. Cette
problématique est considérée depuis les années 70 comme un des critères de conformité d’une
pièce critique. Cependant, suite à des accidents graves survenus dans les années 90, l’intégrité
matière est devenu un axe majeur d’études afin d’éviter les risques de défaillance d’une pièce
critique en fonctionnement.
Le point de départ de cette prise de conscience est l’accident de Sioux City (USA) intervenu le
19 Juillet 1989. Cet évènement a impliqué un avion DC10-10, équipé d’un moteur GE CF6-6D causant
un lourd bilan sur le plan humain. En plein vol, un disque a éclaté endommageant les circuits
hydrauliques et obligeant le pilote à effectuer un atterrissage d’urgence. L’origine de cette avarie est
due à une inclusion de « hard » sur un disque en Ti-6Al-4V survenue lors du procédé d’élaboration.
Suite à cet accident, la FAA a lancé en 1992 le projet RISC (Rotor Integrity Sub-Commitee)
regroupant les plus grands motoristes mondiaux : GE, PW, PWC, Honeywell, Hamilton, RR, SNECMA
et MTU). L’objectif de ce consortium a été de définir un document amenant les motoristes à prendre
en compte les défauts de type « hard » dans les alliages de titane, les défauts de surface pendant
l’usinage de tous types de matériaux et les défauts dans les alliages de nickel.
Le 6 Juillet 1996, un deuxième accident s’est produit sur un moteur PW JT8D à Pensacola lors
du décollage. La Figure 1-5 présente le disque défaillant et les dégâts engendrés sur l’avion. Cet
incident a été produit par un défaut de perçage dans un disque Fan en Ti-6Al-4V. L’anomalie a été
générée lors d’un perçage profond à la suite de la rupture d’un outil due à une absence de
lubrification amenant à des conditions de coupe dégradées et à des échauffements importants. Une
zone affectée thermiquement (ZAT) a alors été produite et a contribué à la rupture.
Figure 1-5 : Incident de Pensacola causé par l’éclatement d’un disque lors du décollage
d’un avion MD-88 de Delta Air Lines
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
En 1998, la FAA a lancé le projet RoMan (Rotor Manufacturing), composé des mêmes
partenaires que le projet RISC. L’objectif de ce groupe de motoristes est d’émettre des
recommandations sur les meilleures pratiques de fabrication à appliquer afin qu’elles deviennent
obligatoires. Ces exigences conduisent chaque motoriste à définir la sensibilité des pièces critiques
en fonction des opérations d’usinage, jugées potentiellement critiques en termes de tolérance aux
dommages et de mettre en place des spécifications internes de fabrication à suivre afin de garantir
leur conformité.
A la suite du projet ManHIRP, un nouveau projet européen a découlé des résultats de cette
étude : le projet ACCENT.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
2.1 Objectifs
La Figure 1-6 présente l’intégration du projet européen ACCENT dans la boucle des processus
de fabrication. Ce projet s’inscrit dans le contrôle de la méthode de fabrication afin de rendre le
procédé robuste, plus fiable et moins onéreux.
Le premier objectif du projet ACCENT est de montrer l’utilité d’utiliser des moyens de
surveillance lors de l’usinage afin de sécuriser l’opération vis-à-vis de l’intégrité matière. Ces moyens
de surveillance pourraient être utilisés comme contrôles non destructifs (CND) permettant de
détecter, quantifier voire anticiper les endommagements de la matière lors de l’usinage. En
exploitant les résultats du projet européen ManHIRP exprimant la sévérité des anomalies par rapport
à la durée de vie d’une pièce en fonctionnement, l’utilisation de moyens de surveillance en tant que
moyen CND devraient garantir les propriétés des pièces critiques et leur durabilité. Ainsi, il serait
possible de concevoir au plus juste les formes et les dimensions des pièces.
Le second objectif de l’utilisation des moyens de surveillance est d’être capable d’adapter le
procédé d’usinage aux variations du processus de fabrication (conditions de coupe, usure de
l’outil,…) en validant des domaines d’utilisation et non plus en se concentrant sur une procédure
figée. Les bénéfices attendus seraient importants et concerneraient la réduction du temps d’usinage,
l’optimisation de la durée de vie des outils et l’élimination des coûts de revalidation liés aux
changements mineurs du process de fabrication.
2.2 Démarche
La Figure 1-7 présente la procédure standard ACCENT définissant l’utilisation des moyens de
surveillance afin de garantir l’intégrité matière de la pièce tout en augmentant la productivité de
l’usinage.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
Figure 1-7 : Procédure standard globale en trois étapes du projet ACCENT [ACC08]
Il peut être précisé ici les différentes étapes de la démarche globale suivie par le projet
ACCENT car elles sont en lien direct avec la thèse :
Définir une procédure standard permettant de définir une fenêtre de paramètres de coupe
optimaux
Définir une procédure standard de contrôle adaptatif à l’aide de moyens de surveillance lors
de l’usinage afin d’assurer la qualité de l’intégrité matière de la pièce usinée même en cas
d’une usure d’outil marquée. Cette étape s’appuie sur les résultats du projet ManHIRP.
Permettre l’optimisation de la conception et de la fabrication des pièces critiques vis-à-vis du
respect de l’intégrité matière et des exigences dimensionnelles et géométriques.
2.3 Organisation
Le projet ACCENT est composé de quatorze partenaires européens dont huit sont des
motoristes et sept sont des laboratoires universitaires comme l’illustre la Table 1-1.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
La Table 1-2 présente la matrice des couples procédé/matériau en charge par les différents
partenaires. Les procédés d’usinage étudiés (brochage, fraisage, perçage et tournage) sont ceux
conventionnellement les plus utilisés dans la fabrication de pièces tournantes. Les alliages étudiés
sont les bases titane (TA6V [Ti-6Al-4V]) et les bases nickel (Inconel 718 et Udimet 720). Chaque
motoriste est associé à un partenaire universitaire afin de mettre en place les démarches
scientifiques et expérimentales vis-à-vis des problématiques industrielles.
Dans le projet ACCENT, le tournage du Ti-6Al-4V et le fraisage de l’Inconel 718 sont pris en
charge conjointement par la SNECMA et la SERAM. Les travaux de thèse consistent plus
particulièrement à étudier le couple Ti-6Al-4V/tournage. Les essais d’usinage équipés de moyens de
surveillance sont réalisés au Laboratoire Bourguignon des Matériaux et Procédés (LaBoMaP) des Arts
et Métiers ParisTech de Cluny. Les analyses métallurgiques permettant de définir l’intégrité matière
du Ti-6Al-4V et la dégradation des outils en carbure cémenté sont effectuées au Centre des
Matériaux (CdM) de l’Ecole des Mines ParisTech à Evry.
Les paragraphes précédents ont établi que les contributions du projet européen ManHiRP
étaient requises pour mener à bien le projet européen ACCENT. A la lecture des livrables finaux du
projet ManHIRP relatifs au couple tournage/Ti-6Al-4V, il ressortait que les défauts testés en fatigue
avaient été produits artificiellement, c'est-à-dire hors usinage. Par exemple, des carbures ont été
incrustés dans des éprouvettes à l’aide d’une presse. De plus, les anomalies produites n’ont pas été
décrites assez finement pour pouvoir qualifier leur état métallurgique et ainsi vérifier la parfaite
concordance entre un défaut artificiel et un défaut réel.
Page 17
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 1 : Contexte
Partant de ce constat, la thèse axée au départ sur les thématiques du projet ACCENT a été
enrichie d’un second axe en relation avec les thématiques du projet ManHIRP. Ainsi, une partie du
travail de thèse a consisté à réaliser des essais de tournage sur Ti-6Al-4V afin d’identifier l’ensemble
des anomalies qui pouvaient être produites. Aussi, la partie corrélation entre les anomalies générées
dans la matière et les signaux des moyens de surveillance qui était le cœur du projet ACCENT a été
moins approfondie que prévue.
Une autre partie du projet ACCENT était d’étudier l’usure de l’outil et son impact sur la
matière usinée. Ainsi, la deuxième grande partie de la thèse s’est attachée à mieux comprendre
l’endommagement de l’outil en cours d’usinage, amenant à la dégradation de la coupe. Ces travaux
ont été annexés au corps principal de la thèse afin d’alléger le manuscrit. Les quelques résultats
importants de cette étude sur l’usure de l’outil ont été rappelés dans le cas où ils apportent un
éclaircissement sur les propres résultats du corps principal de la thèse.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
2. Le Ti-6Al-4V.............................................................................................................. 37
2.1 Présentation................................................................................................................ 37
2.2 Traitement thermique depuis le domaine .................................................................. 39
2.2.1 Influence de la vitesse de trempe ................................................................................................... 39
2.2.2 Influence du temps et de la température de remise en solution sur la taille de la microstructure 43
2.2.3 Influence de la vitesse de chauffe et de refroidissement sur la taille de la microstructure ........... 44
2.6 Structures.................................................................................................................... 56
2.6.1 Propriétés mécaniques.................................................................................................................... 56
2.6.2 Mise en œuvre ................................................................................................................................ 57
Page 19
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Page 20
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Phase (hP2) -
m Phase métastable -
r Phase résiduelle -
S Phase stable -
t Phase transformée -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Déformation vraie - ou %
Déformation en cisaillement - ou %
Coefficient de Poisson -
Page 22
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
c Paramètre de maille
Page 23
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
E0 (TTH) Module d’Young extrapolé pour une valeur nulle de [O] GPa
IS Intervalle de Solidification °C
Page 24
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Rc Dureté Rockwell Rc
TS Température de solidus °C
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
1.1.1 Classification
Les éléments d’addition dans le titane pur ont pour principal effet de faire varier la
température de transition (transus) entre la phase etselon Lampman [LAM90] : certains
éléments stabilisent la phase en augmentant cette température ou inversement stabilisent la
phase en la diminuant L’ajout d’autres éléments d’alliages dans des proportions suffisantes
conduit à la création d’un domaine biphasé +Les éléments d’addition influencent :
Des auteurs comme Seraphin [SERA65], Barra Rosa et Lehr [BAR79] ou encore Lampman
[LAM90] ont défini quatre catégories afin de classer les différents types d’éléments d’addition : les
éléments alphagènes, bêtagènes isomorphes, bêtagènes eutectoïdes et neutres.
Les éléments alphagènes étendent le domaine de stabilité de la phase dans les alliages de
titaneIls peuvent se trouver en substitution comme le gallium, le germanium et l’aluminium.
L’aluminium est très utilisé car il permet un durcissement structural par solution solide de la phase
et un allègement de l’alliage. L’oxygène, le carbone, le bore et l’azote sont des éléments faisant
également partie de cette famille mais se trouvent en insertion dans la maille du titane.
Les éléments bêtagènes isomorphes stabilisent la phase . Ils sont miscibles en toute
proportion à haute température dans le titane car ils possèdent un rayon atomique proche de celui
du titane . Ils donnent naissance à une solution solide continue en phase . Les principaux éléments
bêtagènes sont le molybdène, le vanadium, le tantale et le niobium.
Les éléments bêtagènes eutectoïdes stabilisent aussi la phase . Par contre, contrairement à
la catégorie précédente (Figure 2-1) l’ajout de ces éléments dans le titane conduit à la formation d’un
eutectoïde. La température de cet eutectoïde se trouve en général vers 335°C ce qui est en dessous
de la température de transformation allotropique du titane pur ou des éléments bêtagènes
eutectoïdes comme le manganèse, le fer, le chrome, le tungstène, le silicium, le cobalt, le nickel ou le
cuivre. De ce fait, à température ambiante, ces éléments entraînent la formation de composés
intermétalliques.
Les éléments neutres ont une influence très restreinte sur l’évolution des domaines de
stabilité des différentes phases. Cependant, ils possèdent une très forte solubilité dans la phase .
C’est pourquoi, ils sont très utilisés afin d’augmenter les propriétés mécaniques des alliages de titane
grâce à un durcissement par solution solide. Les éléments couramment supposés neutres sont le
zirconium et l’étain.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
La Figure 2-1 donne une classification des éléments d’alliage appartenant à ces quatre
catégories ainsi qu’une représentation simple de l’impact sur un pseudo-diagramme binaire
Ti-élément d’alliage.
L’aluminium durcit la phase et accroît le rapport c/a quand il se trouve en solution solide
dans la maille de titane L’ajout de cet élément augmente la résistance mécanique à chaud de la
phase , la résistance au fluage, la valeur du module élastique et abaisse la ductilité de l’alliage. La
teneur ne doit pas dépasser 6 wt.% au risque qu’elle conduise à la formation de l’intermétallique
Ti3Al ou 2 qui est connu pour être une phase fragile. La quantité d’aluminium autorisée dans les
alliages commerciaux est limitée à 7 wt.% [COM99].
Le vanadium est fortement soluble dans la phase Une teneur en vanadium de 15 wt.%
permet la stabilisation complète de la phase métastable par trempe qui peut être durcie par
revenu. Le vanadium a par contre une solubilité très limitée dans la phase : le maximum de
solubilité est d’environ 3 at.% à 675°C [MAS90]. Cet élément en solution dans la phase réduit le
rapport c/a et contrebalance son augmentation induit par l’apport d’aluminium alphagène comme
par exemple dans le cas du Ti-6Al-4V. Sachant que pour une structure hexagonale compacte, et plus
particulièrement dans le cadre du titane, ce rapport c/a influence la plasticité du matériau. Le
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
vanadium a donc pour rôle d’améliorer la ductilité des alliages de titane. Néanmoins, l’ajout de cet
élément abaisse la tenue à l’oxydation, obligeant à ce que sa teneur reste limitée à 20 wt.% dans les
alliages de titane.
Le fer est, comme le molybdène, un élément bêtagène qui améliore le compromis résistance-
ductilité-fluage à moyenne température. De plus, il abaisse considérablement la température de
transus et permet de travailler à plus basse température.
L’hydrogène est un élément dont la limite de solubilité dans la phase du titane est
d’environ 0.15 wt.% à 300°C selon Brooks [BRO82]. Signalons que l’hydrogène est moins soluble dans
la phase ppm dans le T40) que dans la phase (800 à 1000 ppm dans le TA6V). Tant que
l’hydrogène reste en solution solide, il a peu d’influence sur les propriétés mécaniques des alliages
de titane. Cependant, dès que cette limite de solubilité est dépassée des hydrures se forment. Ces
précipités réduisent la ductilité du matériau et le fragilisent.
L’oxygène, l’azote et le carbone sont des éléments alphagènes se trouvant en insertion dans
la phase Leur incorporation dans le matériau conduit à la déformation de la maille de titane
principalement selon l’axe c d’après Holmberg [HOL62] et Vlceck [VLC06] .Selon Brooks [BRO82],
l’augmentation de la teneur en oxygène et en hydrogène induit la réduction du nombre de systèmes
de glissement et de maclage selon des mécanismes qui n’ont pas été encore clairement identifiés. Ce
phénomène conduit à une résistance mécanique à la rupture accrue, un abaissement de la ténacité
et de la ductilité et une dureté plus grande de l’alliage le rendant par conséquent plus fragile. Cette
fragilisation intervient pour des teneurs inférieures à la limite de solubilité soulignant que le
durcissement s’effectue par solution solide. Un très léger durcissement autre que par solution solide
est possible dans le cas du carbone dès l’instant où sa teneur dans l’alliage dépasse la limite de
solubilité et que du TiC se forme. Ces trois éléments alphagènes sont considérés comme indésirables
et sont limités à 0.2 wt.% pour l’oxygène, 0.1 wt.% pour l’azote et 0.1 wt.% pour le carbone. Une
forte teneur en oxygène favorise l’apparition de la phase fragilisante 2 dans les alliages de titane
(solubilité alors limitée de l’aluminium dans la phase ).
Les alliages de titane sont répertoriés en trois classes selon la proportion des phases
présentes à température ambiante. Il existe les alliages alpha, alpha + bêta et bêta. Cette distinction
provient de l’aptitude que possèdent les matériaux à stabiliser à température ambiante certaines
phases comme le montre la Figure 2-2. Cette figure représente également l’évolution des
températures de début (Ms) et de fin (Mf) de transformation martensitique sur un diagramme
pseudo-binaire en fonction de la proportion en éléments bêtagènes. Cette schématisation permet de
mieux visualiser les différentes phases susceptibles d’être formées après trempe à partir de
différentes températures en fonction des différentes classes d’alliages.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Figure 2-2 : Les alliages de titane et ses phases potentielles obtenues après trempe à différentes
températures à partir d’un diagramme température-teneur en éléments bêtagènes [MAI08]
Les alliages alpha sont constitués à 100% de phase hexagonale (hP2) compacteà basse
température (T < 800°C). Le matériau type de cette classe d’alliages est le Ti-5Al-2.5Sn. Ces alliages
monophasés sont soudables, stables sous contrainte à chaud jusque vers 500-600°C, résistants et
tenaces dans le domaine des températures cryogéniques et sont plus résistants à l’oxydation que les
autres classes d’alliages (ou). La phase ne pouvant être retenue à température ambiante, il
est difficile de faire évoluer les propriétés mécaniques de ces alliages alpha par traitement
thermique. De plus, cette classe constitue la famille des alliages de titane qui tient au fluage (faible
allongement jusque vers 650°C) et est utilisée à l’état recuit. L’amélioration des caractéristiques
mécaniques de ces alliages est réalisée de trois manières comme l’indique Brooks [BRO82] : le
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
corroyage à froid qui est délicat, le corroyage à froid suivi d’un recuit et par l’ajout d’éléments
d’addition.
Les alliages bêta sont composés à 100% de phase cubique centrée (cI2). La quantité
d’éléments bêtagènes est telle que la phase est thermodynamiquement stable à température
ambiante, c'est-à-dire que la transformation → est impossible quelle que soit le traitement
thermomécanique appliqué. Cette classe d’alliages est soudable, résistante à chaud sur de courtes
durées et possède une bonne formabilité aux basses températures et une ténacité importante par
rapport aux autres classes d’alliages de titane. Néanmoins, leur résistance mécanique est faible pour
des températures supérieures à 350°C et ils deviennent fragiles en dessous de -50/-70°C.
Les alliages alpha + bêta sont des alliages constitués de phases et en différentes
proportions selon le type et la quantité d’éléments alphagènes et bêtagènes introduits.
Généralement, le pourcentage de phase présent dans ces alliages peut atteindre jusqu’à 50% en
volume à température ambiante selon Maisonneuve [MAI08]. Barra Rosa et Lehr [BAR79] indique
que cette classe de matériau possède des propriétés intermédiaires entre les deux classes alpha et
bêta qui ont été décrites précédemment : les alliages possèdent une bonne réponse aux
traitements thermiques, conservent de bonnes propriétés mécaniques jusqu’à 500 – 600°C, sont
cependant moins résistants au fluage que les alliages alpha mais ont une plus grande aptitude à être
mise en forme à chaud. Les microstructures obtenues sont diverses allant de l’équiaxe à l’aciculaire
en passant par des structures « duplex ». Bien que les structures aciculaires sont plus dures et plus
résistantes, elles sont moins ductiles et moins tenaces que les structures équiaxes.
Cette classe est divisée en trois catégories selon la proportion volumique de phase
présente selon Combres [COM10] : les quasi alpha (f < 5 vol.%), les alpha + bêta proprement dits (5
vol.% <f < 20 vol.%) et les quasi bêta (f > 20 vol.%)
La famille des quasi alpha contient une forte proportion d’éléments alphagènes conduisant à
une forte stabilisation de la phase . Une trempe énergique réalisée à une température subtransus
permet de retenir qu’une très faible quantité de phase résiduelle (Figure 2-2) Ainsi, la fraction
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
volumique de la phase présente à température ambiante est inférieure à 5%. Par contre, une
trempe énergique réalisée à une température au dessus du transus implique la formation d’une
structure 100% martensitique ’ comme dans le cas des alliages alpha.
La famille des alpha + bêta est constituée d’éléments alphagènes et bêtagènes afin de
posséder un domaine biphasé à température ambiante. Comme le montre la Figure 2-2, une trempe
rapide au-dessus du transus conduit à la formation de phases ’ et résiduelle. De plus, pour ce
type d’alliage, un refroidissement beaucoup moins rapide à partir d’une température au-dessus du
transus permet la décomposition de la phase en deux phases et .
La famille des quasi bêta possède une quantité importante d’éléments bêtagènes conduisant
à l’abaissement de la température T mais aussi de la température Ms qui devient inférieure à la
température ambiante. De plus, la présence d’une grande proportion d’éléments bêtagènes ralentit
la cinétique de germination et de croissance de la phase
Il existe dans cette famille deux sous-familles selon Combres [COM97]. La première est la
famille « riche » dont les alliages sont capables de retenir à température ambiante une phase
métastable (' ou métastable) par refroidissement rapide. Ces phases métastables peuvent être
transformées en structure + après traitements thermiques avec in fine des teneurs de phase à
l’équilibre voisines de 20 à 25 vol.%. La seconde, évoquée aussi par Séraphin [SERA65], est la famille
« métastable ». Dans ces alliages, il est possible de retenir la phase métastable par trempe à des
vitesses de refroidissement modérées. Pareillement à la famille « riche », une transformation de
cette phase bêta métastable en structure+ contenant 25 à 35 vol.% de bêta, est possiblesuite à
un traitement thermique. De plus, Séraphin explique que dans cette famille, il existe des alliages
mécaniquement stables et instables. Pour ces derniers, la phase métastable obtenue lors de la
trempe se transforme en phase ' sous l’effet d’une déformation plastique à température ambiante.
Dans le cas des alliages mécaniquement stables, la proportion plus importante d’éléments bêtagènes
empêche l’apparition de la phase ' sous l’effet d’une contrainte mécanique à froid. Les alliages
métastables sont également susceptibles de former la phase fragilisante (hP3) lors d’un revenu.
Ces éléments Al et Mo ont été pris comme éléments de référence car ils sont respectivement
fortement alphagènes et bêtagènes. Ainsi, les équations Eq. 2-1 et Eq. 2-2 définissent ces deux
paramètres :
(Eq. 2-1)
(Eq. 2-2a)
(Eq. 2-2b)
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
En fonction de ces variables, Combres [COM97] donnent les relations permettant de définir
les frontières entre les différentes classes d’alliages par l’intermédiaire des équations Eq. 2-3, Eq. 2-4,
Eq. 2-5, Eq. 2-6 et Eq. 2-7 :
Une manière communément utilisée pour représenter la position d’un alliage par rapport à
un autre est de tracer un diagramme avec en abscisse [Mo]éq et en ordonnée [Al]éq comme le montre
la Figure 2-3. De plus, les équations Eq. 2-4, Eq. 2-5 et Eq. 2-6 permettent de tracer les frontières
entre les différentes classes d’alliages.
2 10 18
La Figure 2-4 synthétise l’ensemble des propriétés d’emploi des différentes familles citées
précédemment ainsi que la schématisation de leur microstructure et la position des alliages de titane
les plus utilisés industriellement.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Figure 2-4 : Synthèse des propriétés d’emploi, des microstructures et des alliages les plus utilisés
industriellement pour chacune des classes d’alliage [COM95]
Il a été observé dans le paragraphe précédent que selon la teneur en éléments alphagènes et
bêtagènes dans les alliages de titane et selon les traitements thermiques et thermomécaniques, de
nouvelles phases apparaissent comme l’indique la Figure 2-2. Ces phases modifient les propriétés
mécaniques des matériaux mais aussi l’évolution microstructurale. La description des diverses phases
susceptibles d’apparaître dans les alliages est importante afin de clarifier les termes qui seront
employés par la suite. C’est pourquoi, une description sommaire des diverses phases va être
effectuée en s’appuyant principalement sur les écrits de Lampman [LAM90], Combres [COM95],
Robert [ROB07] et Maisonneuve [MAI08].
La phase résiduelle (r) est formée lors d’un refroidissement hors équilibre d’un alliage
dont la composition nominale coupe la ligne Ms mais pas celle de Mf.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Eléments Mo V Nb Ta Mn Fe Cr Co W Ni Cu
wt.% min
10 15 36 45 6.4 3.5 6.3 7 22.5 ~9 13
pour m
La phase stable (s) provient de la phase retenue à l’ambiante de la même façon que la
phase m. Cette phase est stabilisée par une forte teneur en élément bêtagène empêchant sa
transformation par traitements thermiques et thermomécaniques contrairement à la phase
métastable. Par exemple, une teneur en vanadium supérieure à 25-30 wt.% stabilise entièrement
la phase selon Hocheid et al. [HOC70] alors que les équations Eq. 2-2 et Eq. 2-7 indiquent une
teneur d’environ 40 wt.% en vanadium. Ce résultat va donc à l’encontre des domaines définis par les
équations Eq. 2-2 et Eq. 2-7 où l’alliage Ti-40wt.%V serait composé de la phase s.
La phase transformée désignée par t décrit les phases produites par la décomposition de
la phase bêta haute température par refroidissement lent ou par vieillissement. Il peut s’agir de la
structure lamellaire ou de la structure aciculaire ’.
La phase dite primaire notée est une phase présente à l’état d’équilibre à haute
température pendant un traitement thermique ou thermomécanique.
La phase est la phase hexagonale compacte dont le rapport c/a est inférieur
à 1.633 et dont les caractéristiques sont évoquées dans la description de la transformation
allotropique du titane pur (Annexe 1). Sa morphologie peut être aciculaire, lamellaire ou globulaire.
La phase alpha primaire notée correspond à la phase présente au début d’un traitement
thermique qui est retenue à haute température dans le domaine . Sa morphologie et sa taille
sont influencées par l’histoire thermomécanique de l’alliage de titane. Sa proportion à température
ambiante dépend des traitements thermomécaniques effectués et influence la précipitation de la
phase issue d’un traitement ultérieur.
La phase alpha secondaire dite aciculaire appelée (ou lamellaire selon l’importance de son
épaisseur) est produite au refroidissement au cours de traitements thermiques (ou
thermomécaniques). Elle germe et croît le long de plans cristallographiques préférentiels dans la
phase m out. Cette phase très fine forme une structure en vannerie ou de Widmanstätten lors
de refroidissements très lents.
La phase alpha massive notée m est une phase de structure hexagonale et se présente sous
forme de lattes. Elle provient d’une transformation massive sans diffusion dans le volume à basse
température à partir de la phase pour une trempe réalisée à moyenne vitesse.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
La phase alpha prime (’) est une phase de structure hexagonale martensitique (a’ = 2.92
et c’ < 4.67 ) sursaturée et hors d’équilibre qui se présente sous une forme aciculaire voire
aiguillée. Elle provient de la transformation du premier ordre sans diffusion de la phase par trempe
énergique mais aussi par un mécanisme de cisaillement avec germination athermique. Sa
composition chimique est donc celle de la phase mère dont elle est issue. Cette phase martensitique
ne peut être obtenue que pour des concentrations en éléments bêtagènes inférieures à une
concentration critique C* correspondant à une température Ms égale à l’ambiante de sorte que lors
d’un refroidissement rapide, la température de début de transformation martensitique puisse être
atteinte.
Selon Koul et Breedis [KOU70], la phase ’ peut être obtenue par chargement mécanique à
température ambiante dans les alliages métastables pour des teneurs en éléments bêtagènes non
négligeables (13 wt.% Molybdène et 15 wt.% Vanadium). Kaufman [KAU59] a trouvé des valeurs
voisines par une approche thermodynamique : entre 12 et 15 wt.% en molybdène et entre 15 et 18
wt.% en vanadium.
Il est très difficile de distinguer les phases et ’ car leurs microstructures aciculaires sont
très proches même si les contours de la phase ’ sont mieux définis et plus incurvés. Toutefois,
l’épaisseur des aiguilles de phase ’ sont plus fines que celles de la phase . De plus, la valeur de
leurs paramètres de maille est voisine et seul le paramètre c permet quelque peu de les différencier
(paramètre c plus petit dans le cas de la phase ’). Ainsi, il est très compliqué de les distinguer même
en utilisant des techniques fines comme la diffraction par rayons X.
La phase alpha seconde notée ’’ est aciculaire, sursaturée et hors d’équilibre. Sa structure
cristallographique a été définie comme orthorhombique (oC4) par Williams et Blackburn [WIL67]
dont les paramètres de maille sont les suivants : a’’ = 3.03 , b’’ = 4.92 et C’’ = 4.66 . La dureté
de cette phase est souvent considérée comme la moins importante des phases de type ce qui
permet de la distinguer de la phase ’ comme l’ont observés Boyer et al. [BOY94] et Vilaro et al
[VIL11].
Cette phase peut être produite dans les alliages de titane de différentes manières :
Par trempe à l’eau d’un alliage Ti-6Al-4V dans le domaine + à des températures
intermédiaires ( 800°C) pour lequel la phase présente 10 wt.% de vanadium, selon
Lee et Welsch [LEE90].
A la suite d’une décomposition complète de la phase ’ d’un alliage Ti-6Al-4V recuit à
800°C pendant deux heures et refroidi suffisamment rapidement sous air selon Vilaro
et al. [VIL11].
Par décomposition spinodale de la phase m lors d’un revenu d’un alliage Ti-6Al-4V
pour des températures en-dessous du transus entre 600 et 700°C (m→’’),
selon Boyer et al. [BOY94] et Zeng et Bieler [ZENG05].
Sous l’effet d’une déformation plastique à température ambiante de la phase m
obtenue par trempe d’un alliage et plus particulièrement d’un alliage quasi
bêta mécaniquement instable, selon Combres [COM95].
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
En règle générale, la phase ’’ (aussi bien que la phase ’) apparaît dans les alliages de titane
contenant une teneur en éléments bêtagènes faibles. Néanmoins, la phase ’’ apparaît pour des
alliages dont les concentrations en éléments bêtagènes sont plus importantes que celles des alliages
faisant apparaître la phase ’ comme l’ont indiqués Davis et al. [DAV79] concernant l’étude des
alliages Ti-Mo après trempe à l’eau depuis le domaine : la martensite obtenue après trempe passe
de la structure ’ à ’’ lorsque la teneur massique en molybdène est supérieure à 4%.
La phase oméga notée est une phase hors équilibre, de taille inférieure au micromètre et
fragile dont la structure cristallographique (hP3) a été définie par Silcock et al. [SIL56] puis Brammer
et Rodhes [BRA67]. Elle se rapproche d’une structure hexagonale dont les paramètres de maille sont
a= 0.282 nm, c= 0.460 nm et c/a = 1.631. Elle est considérée comme une phase de transition entre
la phase (cI2) et (hP2). La phase oméga apparaît la plupart du temps dans les alliages
métastables. Elle se forme lors de revenus (ou vieillissements) effectués entre 200 et 500°C à partir
de la phase m, lors de trempe à partir du domaine ou sous l’effet de fortes pressions isostatiques
selon Lampman [LAM90] et Combres [COM95]. Aussi, la phase précipite de façon homogène dans
la phase contenant plus de 15 wt.% de vanadium entre 200 et 350°C soit lors d’un refroidissement
rapide de m (athermique), soit au cours d’un traitement thermique (isotherme).
La phase alpha-2 notée (ou Ti3Al)de structure hexagonale (hP8 ou DO19) est un composé
intermétallique fragile provenant d’une transformation ordre-désordre dans les alliages de titane
contenant de l’aluminium. Selon Tarral [TAR00], c’est un composé stable sur un large domaine de
composition à température ambiante : de 22 à 36 at.%Al lequel s’élargit de 22 à 39 at.%Al avec la
température. Ainsi, le paramètre de maille varie entre 5.640 et 5.783 et entre 4.619 et
4.760 . La phase 2-Ti3Al correspond en fait à une sur-structure ordonnée du réseau hexagonal
compact de la phase –Ti dont les paramètres de maille sont liés entre eux par les relations
suivantes : et . La formation de ce composé intermétallique Ti3AI intervient dès le
moment où la teneur massique en aluminium est supérieure à 6% dans un alliage binaire Ti-Al. De
plus, cette phase peut être créée lors d’un maintien prolongé dans un domaine de température
allant de 350°C à 700°C. L’agrandissement de son domaine de stabilité est favorisé par l’apport
d’éléments en insertion comme l’oxygène mais aussi par d’autres éléments comme l’étain, le
zirconium ou le molybdène.
La phase gamma ( est un composé intermétallique de type TiAl. Selon Tarral [TAR00], le
composé -TiAl présente une structure cristalline tétragonale à faces centrées (tP4) qui reste
ordonnée jusqu’aux alentours de 1450°C. Il est composé d’un arrangement d’atomes de Ti et
d’atomes de Al en alternance sur les plans (002) d’un cubique à faces centrées. Il présente aussi un
assez grand domaine d’existence à température ambiante : de 49 à 57 at.%Al, lequel s’élargit de 48 à
69.5 at.%Al avec la température. Les paramètres de maille varient donc en conséquence : de
3.957 à 4.015 pour aet de 4.062 à 4.097 pour c
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
2. Le Ti-6Al-4V
2.1 Présentation
Cet alliage offre un bon compromis entre résistance mécanique et ténacité ainsi qu’une très
bonne résistance à la corrosion. De plus, il présente un bon rapport entre résistance mécanique et
densité (jusqu’à 1225 MPa à l’état écroui selon Lampman [LAM90] pour une densité de 4.42 à
l’ambiante) soit une résistance spécifique supérieure à bien des matériaux aéronautiques. Toutes ces
propriétés font que cet alliage de titane est celui le plus usité dans l’industrie (environ 50% des
ventes). Plus particulièrement, il trouve un grand nombre d’applications dans l’aéronautique en tant
qu’éléments de structure et parties froides du moteur (disque et aubes de compression..) très
fortement sollicitées mécaniquement mais aussi dans les implants chirurgicaux pour sa
biocompatibilité.
(Eq. 2-8)
Pour une température supérieure au transus compris entre 980 et 1000°C, la fraction
volumique de la phase atteint la valeur de 1. La température de fin de transformation =>
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Propriétés Valeurs
Teb Température d’ébullition 3285°C
TS Température de solidus 1640°C
TL Température du liquidus 1660°C
IS Intervalle de solidification 20°C
T Transus 980 – 1000°C
4420 – 4430 kg.m-3 à 20°C
Masse volumique
4200 kg.m-3 à TL
440 – 543 – 610 J.kg-1.K-1 à 20°C
Cps Capacité calorifique massique
645 J.kg-1.K-1 à 800°C
Cpl Capacité calorifique massique (à TL) 986 J.kg-1.K-1
8-9 10-6 K-1 à 20°C
D Coefficient de dilatation linéaire
11 10-6 K-1 à 800°C
5.8 – 6.8 – 7.1 W.m-1.K-1 à 20°C
Conductivité thermique
16 W.m-1.K-1 à 800°C
0.32 à 20°C
Coefficient de Poisson 0.36 à 600°C
0.38 à 950°C
100 – 130 GPa à 20°C
90 – 105 GPa à 300°C
E Module d’Young
75 – 86 GPa à 600°C
62 – 67 GPa 950°C
990 – 1050 MPa à 20°C
Rp0.2% Limite d’élasticité à 0.2% de déformation plastique 300 MPa à 600°C
100 MPa à 900°C
1050 – 1140 MPa à 20°C
Rm Résistance maximale à la traction 550 MPa à 600°C
150 MPa à 900°C
15% à 20°C
A% Allongement à la rupture 20% à 400°C
100% à 800°C
HV30 Dureté 350 kgf/mm2
D Limite d’endurance en traction à 107 cycles en %Rm 49%
V / V Changement de volume au passage de → -1.4%
Table 2-3 : Synthèse des propriétés thermomécaniques du Ti-6Al-4V issues des mémoires de Malcor
[MALC83], Robert [ROB07], Maisonneuve [MAI08] et Longuet [LON10]
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
T (°C)
830
Ahmed et Rack [AHM98] ont étudié l’influence de la vitesse de trempe après remise en
solution (RMS) dans le domaine (température de traitement au dessus du transus) sur la
microstructure obtenue à température ambiante et plus spécifiquement sur les transformations de
phases.
Pour des vitesses de trempe (VTR) comprises entre 410°C/s et 525°C/s, les auteurs ont
observé la formation de la phase hexagonale ’ sous forme aciculaire comme le montre la Figure
2-6a. Les aiguilles de martensite issues de la phase sont orientées à 90° les unes par rapport aux
autres. Elles contiennent des dislocations et des fautes d’empilements conduisant à la formation de
macles comme l’indique la Figure 2-6d. Ces défauts induits par la transformation →’ génèrent de
la déformation qui est accommodée par la phase martensitique.
Pour des vitesses de trempe comprises entre 20°C/s et 410°C/s, Ahmed et Rack [AHM98]
observent l’apparition d’une phase hexagonale massive notéem comme le montre la Figure 2-6b.
Pour les vitesses de refroidissement les plus grandes (410°C/s), m se forme préférentiellement au
niveau des ex-joints de grains . Au fur et à mesure que la vitesse de trempe diminue, la précipitation
de cette phase aux ex-joints de grains diminue et d’autres sites de germination de cette phase
hexagonale apparaissent progressivement : tout d’abord, elle germe au niveau des lattes de
martensite ’ adjacentes aux ex-joints de grains puis de façon intragranulaire entre les lattes de
martensite comme l’indique la Figure 2-6e. Les études cristallographiques au MET montrent que la
structure hexagonale et la composition chimique de la phase m sont identiques à celles de la phase
’ observée à des vitesses de trempe plus élevées. D’après ce résultat et en se référant aux travaux
effectués entre autres dans les alliages de titane par Plichta et al. [PLI77], [PLI78] et [PLI80], il a été
déduit que m provient d’une transformation massive → m sans diffusion. De plus, il est suggéré
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
par les auteurs que la fraction volumique de cette phase m tend à augmenter comme sa
température d’apparition avec l’abaissement de la vitesse de trempe.
VVTRTR==525°C/s
525°C/s a. VTR = 175°C/s b. VTR = 1.5°C/s c.
e
VTR = 525°C/s d. VTR = 175°C/s e.
Figure 2-6 : (a.) et (d.) Micrographie optique et MET de la phase ’ formée dans le Ti-6Al-4V pour une
vitesse de trempe de 525°C/s à partir du domaine [AHM98]
(b.) et (e.) Micrographie optique et MET montrant la formation de la phase m dans le Ti-6Al-4V
pour une vitesse de trempe de 175°C/s à partir du domaine [AHM98]
(c.) Micrographie optique de la structure de Widmanstätten (ou en vannerie) dans le Ti-6Al-4V pour
une vitesse de trempe de 1.5°C/s à partir du domaine [AHM98]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
La Figure 2-8 montre les microstructures obtenues par Le Maître [MAI70] pour des vitesses
de refroidissement contrôlées allant de 100°C/h à 1800°C/h (refroidissement au four) après une
remise en solution d’une éprouvette de Ti-6Al-4V dans le domaine .
Pour des vitesses de trempe très lentes, la microstructure obtenue est en faisceau puis pour
des vitesses de trempe plus grandes, il est obtenu successivement une structure cellulaire à grains
fins et une structure en vannerie dite de Widmanstätten à gros grains puis à grains moyens. De plus,
il est noté que le type de microstructure évolue tout au long du refroidissement pour des vitesses de
trempe faibles.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
1800 °C/h
Les Figures 2-8 et 2-9 schématisent l’influence de la vitesse de trempe depuis le domaine et
les différentes phases formées.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Gil et al. [GIL95] ont étudié l’évolution de la taille de grains du titane pur en fonction du
temps de remise en solution dans les domaines et, c’est à direpour des températures allant de
700 à 1100°C. Afin d’évaluer les évolutions microstructurales, les auteurs utilisent les relations
établies par Beck et al. [BEC48] reliant la taille de grains Dg à la taille de grains initiale Do en fonction
du temps de traitement isotherme t par la relation Eq. 2-9 suivante :
(Eq. 2-10)
avec Ea l’énergie d’activation, R la constante des gaz parfaits, T la température et KO une constante
pré-exponentielle.
Les auteurs ont observé que l’énergie d’activation lors du grossissement de grains dans la
phase et cinq fois plus importante que celle pour la phase Ce résultat souligne que le
grossissement des grains est nettement plus rapide que celui des grains Ainsi, pour une remise
en solution d’une heure dans le domaine à 1050°C (T > T), la taille de grains est multiplié par six
alors que pour un traitement de deux heures à 700°C (T < T) dans le domaine , l’augmentation de
la taille de grains n’est que de 20%.
Cas du Ti-6Al-4V
Un résultat similaire a été observé préalablement par Gil et Planell [GIL91] dans le Ti-6Al-4V
lors d’un traitement de remise en solution dans le domaine pour des températures allant de 1050 à
1200°C comme le montre la Figure 2-10aLes auteurs notent que l’énergie d’activation liée au
grossissement des grains est faible comparée à celle observée dans d’autres matériaux. Ainsi, dans
le Ti-6Al-4V, la taille de grains augmente rapidement lors des 15-20 premières minutes de traitement
thermique puis la vitesse de croissance des grains diminue jusqu’à devenir nulle comme le montre la
Figure 2-10a. Cet arrêt de l’évolution de la dimension des grains tient au fait que lorsque la taille des
grains augmente, le nombre de joints de grains diminue impliquant un abaissement de la force
motrice servant à la croissance des grains comme expliqué par Gil et al. [GIL01].
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Au vue des relations Eq. 2-9 et Eq. 2-10, le temps et la température contribuent au
grossissement des grains. Par ailleurs, Ivasishin et Sawakin [IVA02] et Semiatin et al. [SEM01] ont
noté que plus la vitesse de chauffe diminue et la température de remise en solution est élevée et
plus le grossissement des grains dans le domaine est important. Suivant le même principe, Gil et
al. [GIL01] ont identifié qu’une réduction progressive de la vitesse de trempe à partir du domaine
conduit à l’obtention de lattes plus épaisses dans la structure de Widmanstätten du Ti-6Al-4V
comme le montre la Figure 2-10b.
a. b.
Dans le cas d’une trempe énergique à l’eau du Ti-6Al-4V, Williams et Blackburn [WIL67]
observent que la phase ’ (Figure 2-12a) et la phase ’’ (Figure 2-12b) se produisent sous une forme
aciculaire à partir de la phase pour des températures de maintien se trouvant entre 800°C et T
comme l’indique la Figure 2-11a. Des résultats similaires ont été répertoriés par Brooks [BRO82] et
par Lee et Welsch [LEE90] comme le montre la Figure 2-11b. La phase possède sa structure (hP2)
de base.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
1100
6 wt.%Al
‘ +
Température (°C)
1000
T
‘ + ‘’ +
primaire
900
‘’
+ ‘’+
800
2 4 6 8 10 12 14
a. Teneur en Vanadium (wt.%) b.
Comme déjà expliqué dans le paragraphe 1.3.3, la phase orthorhombique ’’ (de paramètres
de maille a’’ = 3.030 , b’’ = 4.920 et c’’ = 4.66 dans le Ti-6Al-4V) est formée lors d’une trempe
énergique dès lors que la phase possède une teneur en éléments bêtagènes au dessus d’un certain
seuil. En dessous de cette teneur, c’est la phase ’ qui apparaît. Lee et Welsch [LEE90] ont défini
dans le Ti-6Al-4V, que lorsque la phase comportait 10 wt.% de vanadium, il est possible de former
une phase martensitique (’’ ou ’) à une température dite Md supérieure ou égale à 800°C. En se
basant sur la Figure 2-5, une concentration de 10 wt.% de vanadium correspond à une température
de 830°C ce qui est proche de la température déterminée par Williams et Blackburn [WIL67]. Pour
Hocheid et al. [HOC70], Md, la température de remise en solution à partir de laquelle la phase du
Ti-6Al-4V est retenue à l’ambiante après une trempe à l’eau, c’est à dire ne se décompose plus en
phase martensitique ’, est égale à 720°C.
a. b.
Figure 2-12 : (a.) Micrographie réalisée au MET présentant des lattes de martensite ’, obtenue dans
un Ti-6Al-4V après une trempe à 1200°C [WIL67]
(b.) Micrographie réalisée au MET présentant des lattes de martensite ’’ maclée obtenue dans un
Ti-6Al-4V après une trempe à 870°C [WIL67]
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b. c.
Md
Ti V
Figure 2-13 : (a.) Isoplète à 6wt.% d’aluminium dans le système ternaire Ti-Al-V
(b.) Valeur de Ms en fonction de la température de trempe et de la concentration en vanadium de la
phase
(c.) Proportion volumique des phases ,’ et rà l’ambiante en fonction de la température de trempe
[BRO82]
Jovanovic et al. [JOV06] ont observé les phases formées dans le Ti-6Al-4V après une trempe à
l’eau, à l’air et après un refroidissement au four à partir de températures allant de 850°C à 1100°C.
Un récapitulatif des phases formées avec leur fraction volumique selon le traitement thermique
effectué est donné dans la Table 2-4. Les phases obtenues à température ambiante sont de type ,
’ (regroupant ’’) et . Lors de la trempe à l’air, la structure des phases formées était de type
aciculaire notée AC. Contrairement à Castro et Séraphin [CAS66], aucune phase n'a été observée.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Refroidissement au
Température de
Trempe à l’eau Trempe à l’air four (proche de
maintien (°C)
l’équilibre)
% % % ’ % % + AC % %
1100 - 1.3 98.7 14.7 85.3 95 5
1050 - 5 95 34.5 65.5 97 3
1000 - 7.8 92.2 50.9 49.1 90 10
950 42.2 8 50 – 57.8 72 28 95 5
900 63.1 10 26.9 81.3 18.7 95 5
850 80 10 10 84.5 15.5 95 5
Table 2-4 : Fraction volumique des phases obtenues après un traitement thermique dans les
domainesou suivi d’une trempe à l'eau, à l'air ou d'un refroidissement au four
sur un Ti-6Al-4V [JOV06]
Les transformations métallurgiques ainsi que les microstructures obtenues après trempe
possèdent parfois des propriétés thermomécaniques limitées. Les traitements thermiques réalisés
dans le domaine + par l’intermédiaire de revenus, recuits ou vieillissements permettent
d’améliorer les caractéristiques mécaniques par déstabilisation de phases métastables (souvent de
type martensitique) ou précipitation de nouvelles phases plus stables.
De nombreux auteurs ont travaillé sur la décomposition des phases ‘ et ‘’ et la formation
des phases etdans le Ti-6Al-4V après une trempe énergique suivie d’un recuit donnant lieu à
des microstructures comme celles définies dans le paragraphe 2.3.1. La liste des travaux, des
traitements thermiques et des phases martensitiques étudiées est répertoriée dans la Table 2-5.
Table 2-5 : Synthèse des travaux réalisés sur les transformations métallurgiques du Ti-6Al-4V en
fonction des traitements thermiques étudiés
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Dans certains cas, la déstabilisation de ’ n’est pas totale. Gil Mur et al. [GIL96] indique que
la transformation de la phase ’ est incomplète pour des températures de revenu inférieures à 600°C
(observée préalablement par Williams et Blackburn), et devient complète pour des températures de
revenu supérieures à 800°C. Par contre, lors de vieillissement à des températures de 350°C et 550°C,
Welsch et al. [WELS77] ont constaté que la dissolution de la phase martensitique formée à partir
d’une trempe à 810°C était complète et que les microstructures obtenues étaient respectivement
constituées de fines lamelles et de larges précipités formés dans . Une des hypothèses
invoquées pour la transformation ’ → lors du vieillissement à 350°C, est la grande quantité
d’énergie élastique emmagasinée lors de la transformation martensitique → ’ ajoutée à l’énergie
amenée par le traitement thermique permettant ainsi d’atteindre l’énergie d’activation requise pour
la diffusion du vanadium. De plus, Fopiano et al. [FOP69] ont observé que la décomposition de la
martensite ’ est accélérée par la température du traitement thermique.
Williams et Blackburn [WIL67] et Lee et Welsch [LEE90] ont réalisé des travaux concernant
l’évolution de la phase ‘’ obtenue après trempe du Ti-6Al-4V (microstructure définie dans le
paragraphe 2.3.1) suivie d’un vieillissement. Ces auteurs ont noté que la phase ‘’ se déstabilise lors
de vieillissements à des températures supérieures à 400°C afin de former une structure +
lamellaire comme dans le cas de la phase ‘. Cependant, la cinétique de déstabilisation de la phase
‘’ est plus rapide que celle de ’. La décomposition des lattes de ‘’ dans la matrice suit un
mécanisme en deux étapes : retour de la phase ‘’ en et précipitation de la phase sous forme de
lattes au niveau des ex-joints de grains ‘’. Davis et Flowers [DAV79] notent que durant le
vieillissement, le mécanisme de transformation de ‘’ en + n’est pas le même que celui cité par
Williams et Blackburn. En effet, d’après leur travaux, cette transformation se fait par l’intermédiaire
d’une décomposition spinodale de la phase ‘’ en une phase riche en vanadium‘’ Vriche et une
phase pauvre en vanadium ‘’ Vpauvre tel que ’’ → ’’ Vpauvre + ’’ Vriche → +
Les observations expérimentales réalisées par Zeng et Bieler [ZENG05] montrent que la
phase ‘’ peut aussi être issue de ’ durant le revenu du Ti-6Al-4V trempé dans le domaine .
Toutefois, la transformation ’ → ‘’ + est thermodynamiquement défavorable. L’origine de
l’apparition de la phase ‘’ à partir de la phase ’ a été expliquée par Boyer et Welsch [BOY94]. Elle
provient de la décomposition spinodale de la phase m durant le revenu en une phase bêta riche en
vanadiumVriche et une phase bêta pauvre en vanadium Vpauvre de telle sorte que
’ → + m→ + Vpauvre + Vriche → ‘’ + Vriche
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Les premières suspicions concernant la formation de la phase 2 ont été suggérées par les
travaux de Fopiano et al. [FOP69] lors d’une trempe suivie d’un vieillissement. Les travaux réalisés
par Welsch et al. [WELS77], montrent la formation de la phase 2 (Ti3Al) lors d’un traitement de
vieillissement à 550°C après une trempe à 810°C au sein de la phase primaire. Cette transformation
est pilotée par la diffusion de l’aluminium dans .
Les auteurs expliquent que cette transformation (→2 est assurée pendant le
traitement thermique de trempe. En effet, selon Castro et Seraphin [CAS66], pour un maintien en
température à 800°C, la teneur en aluminium de la phase est quasiment maximale et atteint 7,25
wt.% pour seulement 1,6 wt.% de vanadium. Il est alors supposé que la redistribution par diffusion
des atomes d’aluminium présents dans les différentes phases lors du revenu à 550°C est
suffisamment efficace pour engendrer la phase 2. Welsch et al. [WELS77] remarquent que cette
transformation n’a pas lieu pour une température de revenu aussi faible que 350°C. Ils justifient ce
résultat en se basant sur les travaux de Conrad [CON73] qui démontre l’existence d’une température
critique égale à 520°C au dessus de laquelle, la diffusion des atomes d’aluminium ou de titane est
possible sur de courtes distances.
Koul et Breedis [KOU70] ont observé l’apparition de la phase lors d’un vieillissement de
300 heures à 350°C après une trempe d’alliages quasi composés d’une teneur importante en
éléments bêtagènes isomorphes (V, Mo et Nb) facilitant sa formation. Une micrographie montrant la
formation de dans est donnée en Figure 2-14b. Les études concernant la formation de la phase
dans le Ti-6Al-4V sont en revanche très rares : la teneur en éléments alphagènes (Al et O) dans la
phase du Ti-6Al-4V empêche a priori sa formation comme l’ont indiqués Williams et al. [WIL67] et
[WIL71]. Cependant, les études réalisées par Fan [FAN94] démontrent que la phase peut être
produite lors d’un vieillissement à température ambiante précédé d’une trempe. Sa formationest la
conséquence d’une décomposition spinodale de la phase du Ti-6Al-4V en une phase riche en
éléments bêtagènes riche et une phase pauvre en éléments bêtagènes pauvre : c’est la réaction
pauvre → qui donne naissance à la phase On aurait pu s'attendre à ce que ce soit la phase riche
qui se transforme en , car cette phase fragilisante apparaît le plus souvent lors de recuits à basse
température pour des alliages de titane métastable contenant plus de 15wt.% de vanadium (soit
[Mo]eq > 10%).
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b.
Figure 2-14 : (a.) Micrographie réalisée au MET présentant des précipités nanométriques de phase
2 répartis de façon homogène dans avec la figure de diffraction de la phase 2 dans le cas
d’un Ti-6Al-4V traité thermiquement [LEE08]
(b.) Micrographie réalisée au MET présentant la phase dans la matrice d’un alliage
Ti-16wt.%V après une trempe suivie d’un vieillissement de 300h à 350°C [KOU70]
L’oxygène possède une très grande affinité avec le titane et peut se dissoudre en grande
quantité car c’est un élément venant facilement en insertion dans le titane. L’oxygène étant
considéré comme une impureté pouvant fragiliser le matériau par formation de phases fragilisantes
(comme tous les éléments en insertion), sa teneur est limitée pour les applications aéronautiques et
est généralement comprise entre 0.16 et 0.20 wt.% [EYL90].
avec [O] la concentration massique d’oxygène (%).La température de transus peut alors varier de
995°C pour 0.09 wt.% d’oxygène dissous à 1180°C pour 1 wt.% d’oxygène dissous.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Selon Welsch et Bunk [WELS82], Kahveci et Welsch [KAH86] et Pitt et Ramulu [PIT04], une
teneur plus importante d’oxygène dans le Ti-6Al-4V induit une augmentation de la dureté et de la
résistance mécanique à la traction ainsi qu’une diminution de la ductilité et de la ténacité. Le
durcissement du Ti-6Al-4V obtenu par apport d’oxygène est plus performant que celui produit par
durcissement structural en précipitant la phase Ti3Al dans la phase . Kahveci et Welsch [KAH86]
montrent que la dureté augmente lorsque la concentration massique en oxygène dans le Ti-6Al-4V
croît et ce aussi bien après que l’alliage ait été trempé depuis le domaine + (fraction de = 50%)
ou depuis le domaine fraction de = 100%) comme le montre la Figure 2-15b. De plus, Welsch et
Bunk [WELS82] montrent qu’une forte concentration en oxygène facilite la formation de Ti3Al dans la
phase après un vieillissement à 550°C du Ti-6Al-4V, contribuant au durcissement du matériau.
Selon Lee et Welsch [LEE90], le module d’Young (E) et la dureté Rockwell (Rc) varient
respectivement de façon linéaire et parabolique avec la proportion en oxygène dissous selon les
équations Eq. 2-12 et Eq. 2-13 :
avec [O] la concentration atomique en oxygène dissous et Eo(TTH) le module d’Young extrapolé pour
une concentration atomique nulle, qui est fonction du traitement thermique appliqué.
a. b.
Figure 2-15 : (a.) Effet de la teneur massique en oxygène sur la valeur du transus du Ti-6Al-4V
(b.) Evolution de la dureté Rockwell du Ti-6Al-4V en fonction de la concentration massique en
oxygène après une trempe dans le domaine et [LEE90]
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Ivasishin et Flowers [IVA86] ont observé, dans un alliage de titane désigné par VT23
(Ti – 5.3wt.%Al – 2.3wt.%Mo – 4wt.%V – 1wt.%Fe – 1wt.%Cr), que la vitesse de chauffe a un impact
sur les températures Ms et T comme l’indique la Figure 2-16a.
Après un maintien isotherme de trente minutes, il est observé que la valeur de Ms augmente
avec l’évolution croissante de la température de trempe jusqu’à atteindre un seuil pour des
températures de trempe supérieures ou égales à T. Cette stabilisation de Ms se produit après que la
composition de la phase soit stable et égale à celle de l’alliage de départ. Dans le cas de
traitements anisothermes pour une vitesse de chauffe de 100°C/s, la valeur de Ms augmente avec la
température atteinte lors de la chauffe puis chute après que le transus bêta ait été atteint se
déplaçant ainsi vers les hautes températures comparé à celui obtenu en maintien isotherme. Pour
des températures de trempe plus élevées que le transus anisotherme, la valeur de Ms diminue et
devient égale à celle obtenue pour un maintien isotherme correspondant à une température de
traitement anisotherme voisine de 1220°C. Aussi, Tissu d’un traitement isotherme est inférieur à
celui d’un traitement anisotherme.
Les auteurs expliquent que pour les vitesses de montée en température rapides, la phase
n’a pas le temps d’avoir une composition homogène en éléments bêtagènes comme dans le cas d’un
traitement isotherme. De ce fait, il apparaît des zones bêta appauvries en éléments bêtagènes d’où
une valeur de Ms importante. Après l’homogénéisation de la teneuren éléments bêtagènes de la
phase , la valeur de Ms se réduit jusqu’à atteindre la valeur de Ms isotherme.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
-1
T à 100 °C.s
T isotherme T anisotherme T à 1.5°C.s
-1
a. b.
Figure 2-16 : (a.) Influence de la température de trempe sur la valeur de Ms d’un alliage VT23 lors
de traitements thermiques isotherme et anisotherme [IVA86]
(b.) Influence de la vitesse de chauffe sur la proportion de la phase alpha primaire et sur la
température de transus bêta après trempe [RHA02]
a. b.
Figure 2-17 : (a.) Concentration aux interfaces calculé pour = -1000°C.s-1
(b.) Concentration aux interfaces calculé pour = -1°C.s -1 [LON10]
Vitesse de
CV[LON10] CV[AHM98] T[LON10]
refroidissement
-1 °C.s-1 2.24 wt.% - 980°C
-20 °C.s-1 2.25 wt.% 2.7 wt.% 980°C
-175 °C.s-1 3.20 wt.% 3.1 wt.% 862°C
-275 °C.s-1 3.34 wt.% 3.2 wt.% 859°C
-1000 °C.s-1 4.00 wt.% - 850°C
Table 2-6 : Comparaison entre les valeurs de concentration massique en vanadium de la phase
calculées par le modèle de Longuet [LON10] et celles mesurées par Ahmed et Rack [AHM98] en
fonction de la vitesse de refroidissement
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Lors d’un chargement mécanique, le Ti-6Al-4V est assujetti de la même façon à ces
mécanismes de formation de la martensite induite par un chargement mécanique.
Williams et Blackburn [WIL67] ont observé au MET dans un Ti-6Al-4V trempé à 820°C que
l’application d’une contrainte mécanique induit la formation d’une phase de type orthorhombique
’’. La phase martensitique ’’ est générée localement dans la phase résiduelle enrichie en
vanadium comme le montre la Figure 2-18a. Les auteurs observent que la phase ’’ sous forme de
lattes induites par contrainte mécanique est identique à celle formée par trempe depuis le haut du
domaine . Des résultats similaires ont été trouvés par Lee et Welsch [LEE90] sur un Ti-6Al-4V
trempé à 800°C puis déformé plastiquement en tension à 0.2% et 3% à température ambiante. De
plus, les auteurs indiquent que la microstructure obtenue contient un grand nombre de dislocations
et de fines lattes de martensite. Par contre, Leguey et al. [LEG02] ont identifié que pour un Ti-6Al-4V
trempé à 730°C dans le bas du domaine , la transformation martensitique induite par une
contrainte mécanique conduit à la formation d’une structure hexagonale ’ dans r.
Dans les alliages de type métastable, la teneur en éléments bêtagènes est très importante
et permet d’obtenir une valeur de Ms en dessous de la température ambiante. Ainsi, lors d’un
traitement thermique ou thermomécanique, il est possible de retenir de la phase bêta avec sa
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
composition chimique à haute température. Au-dessus d’un certain pourcentage critique d’éléments
bêtagènes, la phase bêta devient stable mécaniquement. En dessous de cette valeur critique, les
contraintes mécaniques appliquées à ces alliages provoquent une transformation martensitique dont
la structure peut être hexagonale (’) ou orthorhombique (’’), selon Ishiyama et al. [ISH93].
Pour Koul et Breeds [KOU70], les contraintes mécaniques appliquées sur des alliages bêta
métastables Ti-13wt.%Mo et Ti-16wt.%V conduisent à la formation de la phase ’. La structure
interne des lattes de martensite comporte une haute densité de dislocations arrangées de façon
aléatoire comme indiqué par les Figures 2-18b-c. Grosdidier et al. [GRO97] montrent par une étude
en diffraction par rayons X que la phase martensitique formée lors d’une forte déformation au
laminage à froid du -Cez est la phase ’’ alors qu’une déformation encore plus importante induit
l’apparition de la phase ’. Les auteurs supposent alors qu’une transformation ’’ → ’, induite par
la contrainte, se produit dans le -Cez, en se référant aux travaux de Nwobu et al. [NWO82] sur les
alliages de titane Ti34 et Ti29. En particulier, Nwobu et al. ont identifié dans le Ti29 que les phases
bêta résiduelle et martensite orthorhombique obtenues après trempe se transforment lors d’un
essai de traction tels que : ’’ → ’ et r → ’’.
a.
’’
’
b.
’
c.
Figure 2-18 : (a.) Aiguilles de martensite ’’ formées lors d’un chargement mécanique
dans un Ti-6Al-4V trempé à 820°C [WIL67]
(b.) et (c.) Lattes de martensite ’ induites dans une matrice lors d’un chargement mécanique
respectivement dans des alliages Ti-13wt.%Mo et Ti-16wt.%V [KOU70]
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
lesquelles se trouve l’échantillon comme l’indique la Figure 2-19. Afin de solliciter l’éprouvette, un
impacteur est lancé à très haute vitesse (Vi) sur l’extrémité libre de la barre d’entrée créant une onde
élastique incidente qui va se propager jusqu’à l’interface entre cette barre et l’échantillon. A cette
interface, une partie de l’onde va être réfléchie et l’autre transmise à l’échantillon. De même au
niveau de l’interface entre l’échantillon et la barre de sortie, une partie de cette onde transmise va
être réfléchie (et traverse l’échantillon dans le sens inverse) mais aussi transmis à la barre de sortie.
La propagation de cette onde permet de solliciter l’éprouvette. Les jauges de déformation
positionnées sur les barres d’entrée et de sortie permettent de déterminer la déformation, la vitesse
de déformation de l’échantillon et la force appliquée par la mesure des déformations provenant des
ondes incidente, transmise et réfléchie.
2.6 Structures
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
L’augmentation de la taille des grains de phases a un effet non négligeable sur les
propriétés du Ti-6Al-4V. Selon Combres [COM99], ce phénomène de grossissement microstructural a
les conséquences suivantes quelle que soit la morphologie et la structure cristalline des phases :
La résistance mécanique diminue (comme dans tous les matériaux selon la relation
de Hall-Petch)
La ductilité croît
La ténacité et la durée de vie en fatigue sont réduites en grande partie à cause de la
diminution du nombre d’interfaces /et /, ces dernières ralentissant la
propagation des fissures.
La résistance au fluage augmente, cette propriété étant généralement associée à des
tailles de grains faibles (inférieures à 10 µm)
En règle générale, la taille des grains de la structure équiaxe sont de dimensions plus faibles
que ceux de la structure lamellaire. Cette caractéristique provient des traitements
thermomécaniques réalisés à plus basse température (dans le domaine + afin d’obtenir la
structure équiaxe alors que la structure lamellaire demande un traitement à haute température dans
le domaine . Ainsi, de façon naturelle, la structure équiaxe à petits grains présente une résistance
mécanique et une ductilité plus importante que les deux autres structures du Ti- 6Al-4V. Ces moyens
de mise en œuvre sont décrits sommairement dans ce qui suit.
Dans le cas des travaux de cette thèse, le Ti-6Al-4V utilisé pour les essais se présente sous la
forme d’une barre possédant une microstructure « duplex » (ou bimodale) composée par des grains
globulaires et lamellaires. Le procédé de mise en œuvre classiquement utilisé afin d’obtenir
ce résultat est schématisé sur la Figure 2-20.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Température Refroidissement
Opération de
corroyage à chaud contrôlé
T
IV Temps
Homogénéisation Déformation Recristallisation Vieillissement
Figure 2-20 : Schématisation du procédé d’obtention d’une structure « duplex » constituée de grains
globulaires et lamellaires dans le cas des alliages par précipitation de la phase 2[LUT07]
Une autre méthode permet cependant d’obtenir une microstructure « duplex » et une
amélioration des propriétés mécaniques pour les alliages et plus particulièrement pour le
Ti-6Al-4V. La différence entre les deux procédés de mise en œuvre se situe aux étapes et IV. En
effet, la Figure 2-21 montre schématiquement l’autre traitement thermique qui peut être appliqué.
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Température
T
IV Temps
Recristallisation Recuit de décomposition
et trempe martensitique
Figure 2-21 : Schématisation des étapes III et IV d’un second procédé d’obtention d’une structure
« duplex » composée de grains globulaires et lamellaires dans le cas des alliages par
décomposition de la phase martensitique
Il est noté qu’à la fin du maintien en température en dessous du transus bêta permettant la
recristallisation des phases pré-déformées, le matériau est trempé à l’eau afin de former des phases
martensitiques. Ainsi, l’étape IV consiste à réaliser une décomposition de la phase martensitique à
des températures élevées dans le domaine comme étudié au paragraphe 2.3.2.
Les barres (ou lopins) de Ti-6Al-4V utilisées lors des essais pour cette thèse ont subi le
traitement thermique suivant : maintien en température à 955°C pendant une heure suivi d’une
trempe à l’eau (étape ) et d’un recuit réalisé à 700°C pendant deux heures suivi d’une trempe à
l’air (étape IV). Cette dernière opération conduit à la formation une phase riche en vanadium
comme montré en Figure 2-5.
Lors de la coupe, les contraintes et les températures engendrées, les déformations et les
vitesses de déformation atteintes dans les trois zones de cisaillement qui seront présentées en
Figure 3-1 sont très importantes pour comprendre la microstructure des anomalies métallurgiques
du matériau usiné et du copeau. Les valeurs des contraintes ou déformations thermomécaniques
peuvent ici atteindre des valeurs proches de celles obtenues lors d’essais balistiques et de celles
données par le modèle de la coupe orthogonale issu de la théorie de Merchant (Annexe 14). Il peut
être alors généré dans la matière usinée des instabilités d’écoulement qui se traduisent par la
formation de bandes de cisaillement adiabatique. Le matériau subit alors des transformations
microstructurales et ses propriétés thermomécaniques évoluent afin d’absorber l’énergie produite
lors de la coupe.
Les bandes de cisaillement adiabatiques (BCA) sont visibles très facilement dans la zone de
cisaillement primaire et secondaire du copeau lorsque l’usinage se déroule de façon correcte.
Néanmoins, si les conditions utilisées lors de la coupe sont sévères, il est possible de former dans la
zone de cisaillement tertiaire des « couches blanches » dont l’aspect visuel est proche de celui des
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
BCA. De façon générale, ces anomalies générées dans la matière sont proscrites car elles peuvent
engendrer des abattements en fatigue importants.
Sachant qu’il existe très peu d’informations dans l’usinage concernant la provenance, les
conditions d’apparition et l’état métallurgique des bandes de cisaillement adiabatique, ces BCA
seront principalement étudiées dans le cadre d’essais balistiques et d’essais mécaniques à haute
déformation par l’intermédiaire de barres de Kolsky. Ce paragraphe bibliographique permettra de
mieux appréhender la notion de bandes de cisaillement adiabatique et de « couches blanches ».
Le cisaillement adiabatique est un phénomène local dû à une déformation intense dans une
fine bande de matière et générée lors d’un chargement dynamique imposant une forte vitesse de
déformation. Ce cisaillement localisé est un mode de déformation prépondérant lors de procédés de
fabrication tels que la friction stir welding, la friction inertielle, la mise en forme dynamique, la
compaction dynamique, la découpe adiabatique, l’usinage ou la rectification. La Figure 2-22a montre
une image correspondant à une bande de cisaillement adiabatique observée de façon
macroscopique
Les premières observations de ces bandes ont été réalisées par Tresca au 18ème siècle.
Néanmoins, les premières investigations expérimentales et les premières explications scientifiques
concernant la forme des bandes de cisaillement adiabatique ont été données par Zener et Hollomon
[ZEN44]. Ces auteurs montrent lors d’essais de traction sur des aciers à diverses vitesses de
déformation, que l’augmentation de change la cinétique à laquelle les phénomènes métallurgiques
interviennent. Les conditions de déformation de la matière passent ainsi d’isothermes à
adiabatiques.
De plus, la relation entre contrainte et déformation change dans le domaine plastique selon
les différentes conditions de déformation : lorsque l’essai de traction est réalisé à faible vitesse de
déformation, la courbe de comportement est croissante. Il s’agit du phénomène classique
d’écrouissage de la matière. Lorsque est élevé, la pente d/d (ou taux d’écrouissage) est
décroissante au début du domaine plastique puis évolue faiblement de façon positive voire négative
comme le montre la Figure 2-22b. Dans ce cas, selon Zener et Hollomon [ZEN44], une pente
d’écrouissage d/d négative induit une instabilité intrinsèque où la déformation n’est pas
homogène correspondant à l’apparition de bandes de cisaillement.
Les auteurs expliquent que pour une faible vitesse de déformation, la chaleur générée par la
déformation plastique de la matière est peu importante et le flux thermique permettant de l’évacuer
est suffisant pour que la température du matériau n’augmente pas dans la zone déformée.
L’écoulement plastique est alors uniquement piloté par l’écrouissage du matériau. Pour de fortes
vitesses de déformation, le flux thermique est trop faible et la chaleur ne peut être dissipée par
conduction. La température augmente localement et, au fur et à mesure, le matériau perd ses
propriétés mécaniques. Lorsque cet adoucissement thermique devient prépondérant devant le
phénomène d’écrouissage, il est énergétiquement plus favorable que la déformation se concentre
dans une bande de faible épaisseur. Cette dernière va alors continuer à se déformer de façon plus
importante que le matériau avoisinant donnant naissance à une bande de cisaillement adiabatique.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b.
Selon Timothy [TIM87], la bande de cisaillement transformée dans le Ti-6Al-4V est constituée
de deux zones comme le montre la Figure 2-23b :
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b.
Figure 2-23 : (a.) Bande de cisaillement dite déformée dans l’alliage d’aluminium 7039 [TIM87]
(b.) Bande de cisaillement dite transformée dans le Ti-6Al-4V [TIM85]
Cette distinction entre ces deux types de bandes a été établie dans les années 70 par
Backman et Finnegan [BACK73] et Rogers [ROG79] après observations de différents matériaux et plus
particulièrement dans le cas des aciers. Par la suite, des investigations MET des microstructures au
sein de ces bandes dans le Ti-6Al-4V par différents auteurs vont montrer que des transformations
métallurgiques peuvent avoir lieu dans des bandes déformées et que les bandes transformées
peuvent être uniquement constituées de grains déformés. Ces résultats qui vont à l’encontre des
définitions données précédemment seront décrits dans la suite du paragraphe 2.7. Néanmoins, la
distinction morphologique entre ces deux types de bandes définie par Backman et Finnegan
[BACK73] et Rogers [ROG79] est vérifiée et admise dans le Ti-6Al-4V.
Afin d’observer ces différentes bandes de cisaillement, les auteurs réalisent généralement
des essais balistiques. Ces tests consistent à tirer un projectile généralement en acier à une vitesse
de plusieurs centaines de mètre par seconde sur une plaque de faible épaisseur (au maximum de
l’ordre de quelques centimètres) appelée cible. Le matériau composant la cible est celui dont on veut
étudier le comportement mécanique à forte vitesse de déformation. La Figure 2-24a illustre
schématiquement cet essai. Lors de l’impact, selon la vitesse du projectile, la cible se déforme très
fortement et parfois le projectile la traverse comme le montre la Figure 2-24b. Le matériau impacté
va alors générer des bandes de cisaillement adiabatique et se fissurer.
Les cibles choisies par Me-bar et Shechtman [MEB83] sont composées de Ti-6Al-4V
d’épaisseur 10 mm ayant subis différents traitements thermiques afin de disposer d’une structure
équiaxe et d’une structure lamellaire. Le projectile est tiré à une vitesse de 600 m.s-1 engendrant des
vitesses de déformation estimées à 3.105 s-1. Quelle que soit la structure du Ti-6Al-4V, les auteurs
observent deux types de bandes de cisaillement après attaque chimique : la première constituée de
grains extrêmement déformés avec la présence de phase au niveau des joints de grains (bande
déformée) comme illustré par la Figure 2-25a et la seconde où plus aucune trace de la phase bêta
originelle n’est observée (bande transformée) comme le montre la Figure 2-25b. La valeur de
l’épaisseur de ces bandes est comprise entre 3 et 40 µm. Les plus larges se trouvent à proximité de
l’interface projectile-cible.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
b.
a.
Figure 2-24 : (a.) Schématisation de l’essai balistique et du cratère formé par le projectile dans la
cible (b.) Image d’une cible perforée par le projectile lors d’un essai balistique [MAR07]
Xu et al. [XU00] ont réalisé des essais de compression dynamique à l’aide de barres de Kolsky
sur du Ti-4Al-2Zr-1Mo-0.8Nd-0.25Sn à l’état forgé et recuit. Les auteurs notent que deux types de
bandes se sont formées : des bandes déformées et des « bandes blanches » appelées « white etching
bands » qualifiées de bandes de cisaillement adiabatique. Ces dernières sont en général assimilées
aux bandes transformées. Néanmoins, les observations métallurgiques fines réalisées au MET dans
ces bandes ne mettent pas en évidence la présence de transformations métallurgiques et en
particulier la transformation martensitique (→’). Ces résultats ne sont pas uniques. En effet, des
études ont montré dans les aciers et dans le fer pur qu’un grand nombre de phénomènes
microstructuraux pouvait être généré dans les « bandes blanches » : Li et al. [LI00] et Meyers et al.
[MEY03] observent des phénomènes de recristallisation, Lee et al. [LEE00] des transformations de
phases et Meyers et al. [MEY03] identifient plutôt des zones amorphes. Les deux premiers
phénomènes microstructuraux seront étudiés dans les alliages de titane respectivement dans les
paragraphes 2.7.3 et 2.7.4.
Bande
déformée
Bande
transformée
a. b.
Figure 2-25 : (a.) Bande de cisaillement dite déformée et (b.) bande de cisaillement dite transformée
générées dans le Ti-6Al-4V lors d’un essai balistique [MEB83]
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Les travaux de Xu et al. [XU00] montrent qu’il existe une certaine chronologie dans la
formation des bandes. En effet, pour une vitesse de déformation de 1.75 103 s-1, les bandes
déformées apparaissent. Selon ces auteurs, au fur et à mesure que la déformation augmente,
l’épaisseur de ces bandes devient plus faible. Toutefois, cela va à l’encontre de la relation Eq. 2-16
qui sera définie au paragraphe 2.7.5. Lorsque la vitesse de déformation est de 2 103 s-1, des « bandes
blanches » apparaissent aux endroits des bandes préalablement déformées. Cette évolution de la
formation de ces bandes est identique à celle supposée par Giovanola [GIO88] dans les aciers. De
même, d’après les observations de Xu et al. [XU00], il existe une déformation critique, comme celle
supposée par Recht [REC64] permettant le passage d’une bande déformée à une « bande blanche »
ou transformée. Cette déformation critique se situe entre 16 et 20% pour l’alliage de titane Ti-4Al-
2Zr-1Mo-0.8Nd-0.25Sn.
Li et al. [LI05] notent de la même façon lors d’essais balistiques sur du Ti-6Al-4V à 1500 m.s-1
( estimé à 106 s-1) que les bandes déformées sont les premières à apparaître. Contrairement à Xu et
al. [XU00], leur épaisseur augmente avec la déformation en cisaillement et dès qu’elle est supérieure
à 6 (soit 600%), les « bandes blanches » apparaissent au droit de celles déformées. Néanmoins, il
existe encore des divergences d’opinion concernant l’évolution de la formation de ces bandes. En
effet, Murr et al. [MUR09] lors de tests balistiques sur du Ti-6Al-4V entre 633 et 1027 m.s-1
(correspondant à une vitesse de déformation en cisaillement calculée au maximum de 105 s-1),
constatent que, les bandes déformées ne sont pas nécessairement les signes précurseurs des
« bandes blanches ».
Winter [WIN75] a étudié les microstructures obtenues dans un titane pur après un impact à
330 m.s-1 lors d’un essai balistique. L’auteur souligne la formation de bandes localisées et très
déformées dans le matériau. Il y est observé une fine structure de grains permettant de facilement
différencier cette zone de la matière adjacente bien plus faiblement déformée. Des mesures de
microdureté dans ces deux zones donnent respectivement des valeurs moyennes de 7 GPa contre 3
GPa. Ces duretés sont bien plus élevées que celle du matériau de base non déformé égale à 2.2 GPa.
A partir de ces résultats, l’auteur suppose qu’une forte température proche de Tf a été atteinte dans
la bande fortement déformée et qu’un processus de recristallisation a pu avoir lieu (effet de Hall-
Petch).
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
diffraction similaire a été observé par Grebe et al. [GRE85] dans le titane pur : les paramètres de
maille correspondant à la figure de diffraction sont ceux de la phase De plus, une micrographie
obtenue par champ sombre permet de révéler des tailles de grains d’environ 300 nm. Ces résultats
valident les suppositions de Me-bar et Shechtman [MEB83] faites à l’égard du Ti-6Al-4V. Des travaux
récents de Li et al. [LI05] et de Xu et al. [XU06] sur le Ti-6Al-4V indiquent l’existence de cet anneau
quasiment continu sur chacune des figures de diffraction effectuées dans les BCA. La continuité
(densité ou intensité) de cet anneau est corrélée avec la formation de grains fins comme l’indiquent
les Figures 2-26b-c.
Une analyse métallurgique permettant de caractériser les BCA est la mesure de la dureté à
l’intérieur de ces bandes fortement déformées plastiquement. En effet, les microduretés effectuées
par Me-bar et Shechtman [MEB83] à l’intérieur et en dehors de ces bandes confirment les résultats
trouvés par Winter [WIN75] : la dureté dans ces régions fortement déformées est bien plus
importante que celle obtenue à leur périphérie ou dans le matériau de base. Ce résultat s’explique
par la recristallisation dynamique du matériau qui se révèle par l’apparition de grains fins. Cette
différence de dureté entre zones déformée et non déformée a aussi été obtenue par différents
auteurs dans le Ti-6Al-4V, comme Grebe et al. [GRE85], Timothy et Hutchings [TIM85] ou Martinez et
al. [MAR07].
a. b.
c.
Figure 2-26 : Micrographies MET d’un Ti-6Al-4V montrant (a.) la microstructure au sein d’une bande de
cisaillement présentant des lamelles de phase très allongées [MEB83], (b.) des grains équiaxes
recristallisés dont le diamètre approximatif est de 50 nm (c.) la figure de diffraction sous la forme
d’un anneau continu (réalisée dans la zone à grains fins) [LI05]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b.
c.
Figure 2-27 : (a.) Image MET montrant la microstructure d’un Ti-6Al-4V dans les phases [A] et
[B] à la périphérie d’une BCA [GRE85]
(b.) et (c.) Images MET montrant la formation de nombreuses macles et une forte densité de
dislocations à l’intérieur ainsi qu’en dehors des macles [XU06]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
augmentation de la densité de dislocations. Selon Murr et al. [MUR02], ces grains recristallisés sont
désorientés entre eux expliquant la figure de diffraction en forme d’anneau. De plus, l’aspect blanc
caractéristique des BCA après attaque chimique provient de l’impossibilité de révéler des
nanostructures de l’ordre de quelques dizaines à quelques centaines de nanomètre.
Grain
Dislocation
De plus, ce processus par lequel se déforme le matériau dans les BCA a été identifié et décrit
par différents auteurs. Murr et al. [MUR02], [MUR09], Xu et al. [XU06] et Martinez et al. [MAR07]
expliquent que les déformations extrêmes atteintes dans ces BCA sont dues dans un premier temps à
la recristallisation puis dans un second temps à un comportement comparable à celui superplastique
de ces bandes de cisaillement. Le phénomène de superplasticité sera décrit dans le paragraphe 2.8
de ce chapitre. Deux caractéristiques sont favorables à la superplasticité dans les matériaux
polycristallins possédant un facteur de sensibilité à vitesse de déformation non négligeable comme
dans le cas des alliages de titane. Il s’agit de :
la fine taille des grains équiaxes recristallisés qui est inférieure à 0.1 µm,
des températures entre 0.4 et 0.5 Tf auxquelles la recristallisation intervient.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
augmente et les frontières deviennent plus nettes ce qui induit que les cellules commencent à
devenir des grains. Tout proche de la rupture soit au cœur de la BCA, des grains de taille
nanométrique avec une forte densité de dislocations sont apparus au sein d’une zone riche en
cellules de dislocations. L’illustration de cette évolution par des images MET de régions éloignées et
proches de la rupture (zone centrale de la BCA) est donnée en Figure 2-29.
a. b.
c.
Figure 2-29 : (a.) Image MET et figure de diffraction associée, représentatives d’une région éloignée
du plan de rupture d’une BCA et composée de cellules de dislocations désorientées
(b.) Image MET et figure de diffraction associée, représentatives d’une région à proximité du plan de
rupture d’une BCA contenant un fort taux de dislocations et des nanograins recristallisés
(c.) Représentation schématique de l’évolution de la microstructure en fonction de la distance du
plan de la rupture de la bande de cisaillement [LAN10]
La Table 2-7 récapitule l’ensemble des microstructures observées sur Ti-6Al-4V par les
différents auteurs à l’intérieur des bandes de cisaillement adiabatique où dans la matière avoisinante
avec la vitesse de déformation et la déformation estimées.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Me-bar et Shechtman [MEB83] observent des hachures dans une bande déformée d’un
Ti-6Al-4V composé de grains équiaxes comme illustré par la Figure 2-30a. Des microstrucutres
similaires ont été observées par Woodward [WOO79] et Greebe et al [GRE85]. Les travaux de Greebe
et al. [GRE85], concernant des tirs balistiques sur des cibles en titane pur et en Ti-6Al-4V pour des
vitesses d’impact entre 578 et 846 m.s-1, montrent que ce phénomène de hachures n’est pas visible
dans le titane pur. Des investigations au MET réalisées par Murr et al. [MUR09] dans des bandes
déformées et hachurées d’un Ti-6Al-4V indiquent qu’il s’agit de lattes de martensite perpendiculaires
à la bande déformée comme le montre la Figure 2-30. La figure de diffraction indique que cette
martensite est de type ’. De plus, la distance entre ces dernières se réduit lorsque la vitesse
d’impact augmente. Selon les auteurs, la réduction de la distance inter-lattes induit une dureté plus
grande dans les bandes déformées.
20 µm
’
a. b.
Figure 2-30 : (a.) Micrographie d’une bande de cisaillement adiabatique montrant une bande
déformée composée de lattes de martensite ’ dans l’alliage Ti-6Al-4V [MUR09]
(b.) Image MET et figure de diffraction associée de la bande déformée montrant la présence de
martensite hexagonale ’ dans l’alliage Ti-6Al-4V [MUR09]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Des transformations métallurgiques ont été observées aussi bien dans la phase que dans la
phase . Xu et al. [XU06] notent l’apparition de la phase 2 par observation en champ sombre à l’aide
du MET comme le montre les Figures 2-31a-b. Après analyse par diffraction aux rayons X, il est conclu
que la phase 2 est issue de la phase et a été induite par une importante vitesse de déformation.
Landau et al. [LAN10] ont noté la formation de martensite de type ’ et ’’ dans la phase induite
par la déformation plastique importante comme indiqué en Figure 2-31c. La proportion de
martensite orthorhombique est plus importante que celle de martensite hexagonale loin du cœur de
la BCA puis la tendance s’inverse au fur et à mesure de la proximité de cette « bande blanche ». De
plus, la densité de ces phases croît graduellement au fur et à mesure de la proximité de la bande de
cisaillement adiabatique comme l’indique la Figure 2-31c. Néanmoins, aucune trace de martensite
n’a été détectée par Landau et al. [LAN10] dans les zones recristallisées ou composées de cellules de
dislocations possédant une forte densité de dislocations.
a. b. c.
Figure 2-31 : Phase 2 (Ti3 Al) générée à partir de la phase observée au MET par imagerie en
champ clair (a.) et en champ sombre (b.) dans un Ti-6Al-4V sollicité à forte vitesse de déformation
[XU06]
(c.) Image MET d’aiguilles de martensite de type ’ formées à l’intérieur de la phase dans une bande
déformée distante de 10 à 20 µm du centre de la BCA après un essai dynamique à = 3000 s -1 [LAN10]
Une étude récente de Wan et al. [WAN12] a montré que des transformations métallurgiques
se déroulaient dans les bandes de cisaillement apparaissant dans le copeau lors de l’usinage d’un
Ti-6Al-4V de structure lamellaire recuit à 780°C. La Figure 2-32 présente une image MET et la
figure de diffraction au sein d’une BCA. Les auteurs identifient des grains recristallisés de taille
nanométrique et la présence de phase et ’’ démontrant que la transformation →’’ s’est bien
déroulée.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a.
b.
Figure 2-32 : (a.) Bande de cisaillement adiabatique observée au MEB dans le copeau de Ti-6Al-4V
(b.) Image MET et figure de diffraction réalisées au sein d’une BCA montrant
des grains recristallisés et la présence des phases et ’’
Il est noté qu’aucune trace de transformations métallurgiques au sein des BCA n’a été
clairement identifiée par les différents auteurs lors d’essais sollicitant le Ti-6Al-4V à haute vitesse de
déformation contrairement à l’usinage où la transformation →’’ s’est déroulée [WAN12].
Dans les bandes de cisaillement, la mesure de la déformation subie par la matière est
facilement calculable par l’observation de l’élongation des grains. Par contre, la température et la
vitesse de déformation sont très compliquées à mesurer. En effet, il s’agit d’effets induits durant un
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
temps très court de l’ordre de la microseconde. C’est pourquoi, différents auteurs ont choisi de
calculer ces paramètres.
Selon Dodd et Bai [DOD89], la demi-largeur de la bande de cisaillement est définie par la
relation Eq. 2-14 suivante :
(Eq. 2-14)
(Eq. 2-15)
(Eq. 2-16)
Xu et al. [XU06] utilisent les propriétés thermophysiques de la phase -Ti majoritaire dans le
Ti-6Al-4V à l’ambiante (= 4500 kg.m-3, cp = 473 J.kg-1.K-1 et = 14.63 W.m-1.K-1) et l’équation
Eq. 2-16 afin de déterminer les grandeurs suivantes : = 5.8 µs et = 9.105 s-1 correspondant à
une valeur de mesurée de 6 µm, soit une largeur de bande de 12 µm et à une valeur de mesurée
de 5.2 (soit 520%). Selon les auteurs, la vitesse de déformation en cisaillement est cent à mille fois
supérieure à celle requise pour la formation d’une bande de cisaillement adiabatique définie entre
103 s-1 à 2.103 s-1 par Xu et al. [XU00]. Ce résultat démontre que la formation de BCA s’accompagne
d’une augmentation locale de la vitesse de déformation en cisaillement. Des résultats similaires ont
été trouvés par Murr et al. [MUR09] en utilisant des expressions identiques à celles de Xu et al.
[XU06]
Les travaux de Xue et al. [XUE02] ont pour objectif de relier la déformation et la vitesse de
déformation à la température. Ainsi, la relation Eq. 2-15 transposée à une sollicitation en cisaillement
est utilisée sous sa forme intégrale Eq. 2-17 :
(Eq. 2-17)
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Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
(Eq. 2-18)
(Eq. 2-19)
avec C0, B0, Cn, B, , , et des constantes dont les valeurs sont répertoriées dans la Table 2-9 :
En supposant que la bande de cisaillement est obtenue pour des conditions parfaitement
adiabatiques (int = 1) et en utilisant la relation Eq. 2-20 déterminée par Culver et al. [CUL73] reliant
la déformation vraie à la déformation en cisaillement , Xue et al. [XUE02] parviennent à relier la
déformation en cisaillement à la température T de la bande de cisaillement pour = 104 s-1 comme le
montre la Figure 2-33.
(Eq. 2-20)
T0
Par cette étude, il est trouvé que pour une déformation en cisaillement de 3 (soit = 300%),
la recristallisation du Ti-6Al-4V et la formation d’une BCA se produisent car une température Tf/2
peut être atteinte. En s’appuyant sur des considérations expérimentales et des équations identiques
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
à celles de Xue et al. [XUE02] et Xu et al. [XU06], Li et al [LI05] trouvent que la déformation en
cisaillement pour former une BCA est entre 6 et 8 pour = 106 s-1. Les résultats de ces deux travaux
sont différents du fait que les vitesses de déformation ne sont pas identiques dans les deux cas.
Néanmoins, ces résultats montrent que plus la vitesse de déformation est grande et plus la
déformation en cisaillement nécessaire pour former une BCA doit être importante.
(Eq. 2-21)
avec dif= 1.2 10-6 m2 s-1 la diffusivité thermique, Tmax la température au centre de la BCA et
T 0.5 Tmax en combinant les relations Eq. 2-16 et Eq. 2-21. Pour une bande de cisaillement
adiabatique d’épaisseur 20 µm (soit d = 10 µm) et une température atteinte supérieure à celle du
transus (T = 950°C), Me-Bar et Shechtman calculent que la vitesse de refroidissement R est de
l’ordre de 107 °C.s-1. Ainsi, en se référant à la bibliographie du paragraphe 2.2, il peut être affirmé que
si le transus est dépassé au cours de la génération de la BCA, la transformation martensitique
→’ a lieu au refroidissement.
Une synthèse des conditions de formation des bandes de cisaillement adiabatique dans le
Ti-6Al-4V est donnée dans la Table 2-10 suivante :
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
2.8.1 Généralités
(Eq. 2-23)
soit encore ln = m ln + ln Kx avec Kx une constante dépendant du matériau qui définit le seuil de
la contrainte d’écoulement à très faible vitesse de déformation. Plus la valeur de m est grande et plus
la capacité de déformation par superplasticité du matériau est importante observé sur la
Figure 2-34b.
Lg m
a. Lg b. Lg
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
Dans le cas du Ti-6Al-4V, les travaux réalisés par Meier et al. [MEI91] montrent que pour
activer ce phénomène de superplasticité dans le volume du matériau, la vitesse de déformation doit
être comprise entre 5.10-4 et 5.10-2 s-1 selon les températures étudiées, comme illustré en
Figure 2-35. Le domaine de est donné à titre indicatif car les valeurs limites du domaine de
plasticité varient selon la taille de grains et leur distribution, leur forme et la densité des blocs de
grains, d’après Paton et Hamilton [PATO79].
Domaine superplastique
Vanderhasten [VAN07] a étudié le comportement mécanique d’un Ti-6Al-4V forgé recuit lors
d’essais de traction à = 5. 10-4 s-1 et en faisant varier la température de l’ambiante (RT) à 1050°C.
Les courbes contrainte-déformation obtenues sont données en Figures 2-36a-b-c.
L’auteur note que pour des températures inférieures à 650°C, le comportement mécanique
du matériau est classique car il est piloté par le phénomène d’écrouissage. Par contre, quand elles
sont supérieures à 750°C, le Ti-6Al-4V se déforme de façon plus intense jusqu’à 950°C. Il est aussi
montré que plus la température augmente, et moins les contraintes mécaniques appliquées sur le
Ti-6Al-4V à déformation constante sont grandes. A partir de 950°C et au fur et à mesure de
l’élévation progressive de la température d’essai, les propriétés de superplasticité du Ti-6Al-4V
disparaissent.
La Figure 2-36d présente les courbes contrainte-déformation obtenues par Vanderhasten [VAN07]
lors d’essais de traction à 800°C pour des vitesses de déformation allant de 5.10-2 à 5.10-4 s-1.
pour ces conditions d’essai, la déformation à la rupture est très grande et les contraintes appliquées
sont faibles. L’explication de la forme de ces courbes est liée aux phénomènes métallurgiques
mis en jeu correspondant à une évolution bien spécifique de la microstructure.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
a. b.
c. d.
Figure 2-36 : (a.)(b.)(c.) Courbes obtenues à différentes températures lors d’un essai de traction
à = 5.10 -4 s-1 avec un Ti-6Al-4V forgé recuit
(d.) Courbes obtenues à différentes vitesses de déformation lors d’un essai de traction à
T = 800°C avec un Ti-6Al-4V forgé recuit [VAN07]
Meier et al. [MEI91] explique l’évolution de la superplasticité du Ti-6Al-4V par une dépendance de
l’allongement avec la proportion de la phase . Pour des températures comprises entre 775 et 825°C,
la proportion de phase bêta reste faible (bien inférieure à 40% en volume). La phase ,majoritaire et
contigüe, pilote alors la déformation plastique. La phase alpha étant de structure hexagonale et
comportant un nombre restreint de plans de glissement, la déformation du Ti-6Al-4V est alors
réduite. Néanmoins, le Ti-6Al-4V se déforme de façon superplastique à ces températures. Arieli et
Rosen [ARI77] expliquent que cet écoulement intense du matériau est lié à un mécanisme de
glissement aux joints de grains facilité par le mouvement de dislocations le long de ces joints plutôt
que par un phénomène de diffusion ou de migration. Ce résultat a été confirmé par Mc Darmaid et
al. [DAR85], Meier et al. [MEI91] et Vanderhasten et al. [VAN08]. Ce glissement aux joints de grains a
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 2 : Présentation du titane et de ses alliages
lieu de façon préférentielle à l’interface entre les grains qui sont alors majoritaires tant que la
température d’essai reste inférieure à 825°C.
a. b.
Figure 2-37 : (a.) Variation de l’élongation à rupture en fonction de la température à = 2.33.10 -4 s-1
(b.) Variation de l’élongation à rupture en fonction de la proportion volumique de phase à
= 2.33.10 -4 s-1 [COP91]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
0 Angle de dépouille °
0 Angle de taillant °
Déformation plastique - ou %
Flux thermique W
0 Angle de coupe °
D Diamètre à usiner mm
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Fc Effort de coupe N
Fr Effort radial N
hc Epaisseur du copeau mm
(épaisseur de la partie déformée du copeau)
IM Intégrité Matière -
MO Microscope Optique -
NA Non Acceptable -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Ra Rugosité arithmétique µm
(moyenne arithmétique des écarts du profil de rugosité)
RoMan Rotor Manufacturing -
TiO2 Rutile -
Tf Température de fusion °C
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
L’usinage par enlèvement de matière consiste à réaliser un contact entre un outil et une
matière provoquant un cisaillement du matériau et la formation d’un copeau sur la face de coupe. Il
peut être ainsi défini différentes zones de déformation de la matière au contact de l’outil
représentées sur la Figure 3-1.
La zone de cisaillement primaire (ZCP) s’étend de l’arête de coupe jusqu’à la surface libre du
copeau. A cet endroit, d’importantes températures et de très fortes déformations conduisent à
créer un plan de cisaillement selon un angle de cisaillement qui va permettre l’apparition du
copeau. Cet angle et l’épaisseur du copeau vont dépendre de l’avance, de la profondeur de passe, du
matériau usiné et de la géométrie de l’outil. La coupe réalisée dans la zone de cisaillement primaire
est facilitée car la matière subit un adoucissement mécanique dû à l’échauffement thermique. La
limite de rupture en cisaillement devient alors moins importante.
La zone de cisaillement secondaire (ZCS) se trouve à l’interface outil-copeau. Elle est le siège
de frottements intenses impliquant des contraintes thermomécaniques très importantes. Ce
phénomène amène à la création d’une usure sur la face de coupe de l’outil appelée usure en cratère.
La zone de cisaillement tertiaire (ZCT) est localisée entre la face de dépouille de l’outil et la
surface de la matière fraîchement usinée à proximité de l’arête de coupe. A cet endroit, la matière
usinée subit un retour élastique et vient frotter de façon intense sur la face de dépouille. Ce
phénomène est à l’origine de l’usure sur la face de dépouille de l’outil appelée usure en dépouille.
Le tournage est une opération d’usinage par enlèvement de matière où l’outil est animé d’un
mouvement de translation unidirectionnel parallèle ou perpendiculaire à l’axe de la pièce en
rotation. L’outil vient donc réaliser soit le chariotage d’une surface cylindrique, soit le dressage d’une
surface plane. Il est alors important de définir les paramètres de coupe dans le cadre du tournage.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Pour une pièce de diamètre D (mm) et une vitesse de rotation (rad/min), la vitesse de
coupe Vc (m/min) est définie par l’équation Eq. 3-1 suivante :
(Eq. 3-1)
(Eq. 3-2)
L’avance par tour notée f (mm/tr) représente le déplacement réalisé par l’outil selon l’axe
d’avance de l’outil à chaque tour de la pièce. En notant la vitesse d’avance Vf (mm/min), l’avance
s’écrit selon la relation Eq. 3-3. Il peut être ainsi défini le temps d’usinage tusi (s) en fonction de Vf et
de la longueur usinée selon la direction d’avance Lu (mm) par l’équation Eq. 3-4.
(Eq. 3-3)
(Eq. 3-4)
(Eq. 3-5)
Lors de l’usinage, l’outil subit des efforts identifiés dans trois directions principales : l’effort
de coupe (Fc) parallèle à la vitesse de coupe, l’effort axial (Fa) parallèle à la direction d’avance et
l’effort radial (Fr) perpendiculaire aux deux autres efforts. En tournage, la puissance de coupe Pc (W)
développée lors de la coupe est égale à la somme des produits des efforts par les vitesses. Sachant
que la vitesse selon l’effort radial (Vr) est nulle, que Vc est très supérieur à Vf et que les efforts de
coupe et d’avance sont du même ordre de grandeur, la puissance de coupe est sensiblement égale
au produit de l’effort de coupe par la vitesse de coupe (Eq. 3-6).
(Eq. 3-6)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
(Eq. 3-7)
(Eq. 3-8)
L’outil de coupe est constitué de trois angles (Figure 3-2) : l’angle de coupe (0), l’angle de
dépouille (0) et l’angle de taillant (0). L’angle de coupe se trouve entre la face de coupe de l’outil
est un plan perpendiculaire à l’axe de rotation de la pièce. Cet angle peut être positif, négatif ou nul
selon l’application désirée. L’angle de dépouille est défini entre la surface de la pièce fraîchement
usinée et la face de dépouille de l’outil. Cet angle est obligatoirement positif pour que la matière ne
frotte pas sur la face de dépouille de l’outil. L’angle de taillant est l’angle se trouvant entre la face de
coupe et la face de dépouille de l’outil.
0 + 0 + 0 = 90°
Plan de référence (P) Face de
0 dépouille
Face de coupe Outil 0 0
0
r
0
0 positif 0 négatif
Dans le cas d’une arête circulaire, l’angle r et a fortiori la valeur de l’épaisseur copeau sont
variables tout au long de l’arête en prise avec la matière lors de l’usinage. Ainsi, l’épaisseur copeau
maximale hcmax (mm) s’exprime en fonction du diamètre de l’outil Dout (mm), de la profondeur de
passe et de l’avance selon l’équation Eq. 3-10. Lorsque la profondeur de passe est égale au rayon de
l’outil, l’épaisseur copeau maximale est égale à l’avance.
(Eq. 3-9)
(Eq. 3-10)
Si ap << Dout,
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Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Vitesse de coupe
Vitesse de coupe f
Ps Dout
hc f
r
AD ap hc ap
Pf
f AD
a. b.
Figure 3-3 : Schéma montrant la section coupée AD et l’épaisseur copeau h c lors d’une opération de
chariotage avec un outil possédant un r de 45°C (a.) et avec un outil rond (b.)
L’état de surface de la pièce usinée dépend de la géométrie de l’outil ainsi que des conditions
de coupe et de la stratégie d’usinage utilisée. La Figure 3-4 présente un modèle mathématique de la
surface usinée et de la rugosité obtenue en prenant en compte uniquement la géométrie de l’outil.
La rugosité totale théorique Rtheo de la surface usinée dépend alors du rayon de bec de l’outil ret de
l’avance selon la relation Eq. 3-11.
(Eq. 3-11)
f
r
Rtheo
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Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
dépouille, la distance entre le front d’usure à l’arête de coupe avant l’usinage est notée VB. L’usure
en dépouille conduit à l’apparition d’un recul de l’arête de coupe E (mm) défini par la relation
Eq. 3-12.
(Eq. 3-12)
0 mm 1
Face de
KT coupe
C
C-C
Arête de C Arête de
coupe Usure en coupe
cratère
KM Face de
dépouille
Face de
VB tan
coupe
VB
Figure 3-5 : (a.) Vue de l’usure en cratère sur la face de coupe de l’outil
(b.) Paramètres caractéristiques des usures en cratère K T et K M,
de l’usure en dépouille V B et du recul d’arête E
Les contraintes thermomécaniques subies par le matériau lors de la coupe sont très
compliquées à mesurer ou à calculer tant les phénomènes qu’elles engendrent sont rapides et
complexes. En effet, les procédés d’usinage par enlèvement de matière sont placés dans la catégorie
des procédés engendrant des températures élevées, de fortes contraintes mécaniques et de grandes
déformations pendant une durée très courte. Cela induit des vitesses de déformation importantes
(entre 102 et 105 s-1) comparées à d’autres procédés de mise en forme comme les opérations de
laminage ou de forgeage à chaud montrées en Figure 3-6a. Les résultats obtenus par Gilormini
[GIL82] concernant le calcul des vitesses de déformation par la méthode des éléments finis montrent
qu’elles ne sont pas uniformes dans le copeau lors de l’usinage d’un acier XC10 comme l’illustre la
Figure 3-6b. La vitesse de déformation peut dépasser 104 s-1 dans les trois zones de cisaillement à
proximité de l’arête de coupe lors de l’usinage d’un acier AISI P20 avec un outil carbure comme le
suggère la simulation en éléments finis d’Özel et Altan [OZE00] en Figure 3-7a. Les vitesses de
déformation calculées dans les trois zones de cisaillement par le modèle de Merchant [MER44] et
de Gilormini [GIL82] pour différentes conditions de coupe (Vc, f), angles de cisaillement et
coefficients de frottement entre le copeau ou la matière fraîchement usinée et l’outil peuvent
atteindre 106 s-1 pour des rapports de vitesse de coupe sur avance très importants (Annexe 14). Ces
valeurs de obtenues par calcul analytique ou par simulation sont proches de celles observées lors
des essais balistiques présentés au paragraphe 2.7
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Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Copeau Outil
Face de
coupe
ZCS
ZCP ZCT
Face de
dépouille
a. (s-1) b.
Plan de cisaillement
Figure 3-6 : (a.) Procédés de mise en forme et vitesses de déformation associées [BRAH10]
(b.) Iso-vitesses de déformation (en s -1) dans le copeau lors de l’usinage du XC10 [GIL82]
De même, les déformations plastiques dans les zones de cisaillement secondaire et tertiaire
peuvent être de l’ordre de 8 (soit 800%) lors de l’usinage d’un acier AISI 1045 avec un outil carbure
(Vc = 300 m/min, f = 0.3 mm/tr et ap = 3 mm) comme l’indique la simulation en éléments finis
effectuée par Davim et Maranhao [DAVI09] en Figure 3-7b. Ces fortes déformations coïncident avec
les zones de frottement intense entre le copeau ou la matière fraîchement usinée avec l’outil de
coupe. La valeur de déformation dans la zone de cisaillement primaire ne dépasse pas 4 (soit 400%)
et est atteinte à proximité de l’arête de coupe. Les déformations calculées dans les zones de
cisaillement primaire et secondaire par le modèle de Merchant [MER44] pour différentes conditions
de coupe (Vc, f), angles de cisaillement et coefficients de frottement entre le copeau ou la
matière fraîchement usinée et l’outil sont plus faibles, allant de 66 à 115% comme répertoriées en
Annexe 14. Ces valeurs de obtenues par calcul analytique ou par simulation sont proches de celles
observéess lors des essais balistiques présentés au paragraphe 2.7, conduisant à la formation de BCA.
ZCS
ZCP
ZCT
Tertiary
zone
a. b.
Figure 3-7 : (a.) Iso-vitesses de déformation (en s -1) dans les trois zones de cisaillement lors de
l’usinage d’un acier AISI P20 avec un outil carbure [OZE00]
(b.) Iso-déformations dans les trois zones de cisaillement lors de l’usinage d’un acier AISI 1045 avec
un outil carbure [DAVI09]
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Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
La Figure 3-8 montre la distribution des températures atteintes dans le copeau et la matière
fraîchement usinée lors de la coupe orthogonale du Ti-6Al-4V obtenue par simulation en éléments
finis, effectuée par Calamaz et al. [CAL09]. Les températures les plus hautes sont atteintes à
l’interface entre le copeau et la face de coupe de l’outil où les frottements sont les plus intenses et
dans une moindre mesure dans la bande de cisaillement primaire. Les auteurs ont aussi montré que
les températures générées lors de la coupe augmentent avec la vitesse de coupe.
a. b.
Vc Vc
Figure 3-8 : Distribution des températures dans le copeau et dans la matière fraîchement usinée lors
de la coupe orthogonale du Ti-6Al-4V à Vc = 60 m/min (a.) et 180 m/min (b.) [CAL09]
La Figure 3-9 présente l’évolution des températures à l’interface entre le copeau et la face de
coupe (Figure 3-9a) et à l’interface entre la matière fraîchement usinée et la face de dépouille
(Figure 3-9b) mesurée par Le Calvez [CALV95] avec une caméra thermique lors de l’usinage d’un acier
32CDV13 avec un outil cermet. Les températures atteintes au niveau de la face de coupe peuvent
atteindre environ 1000°C à proximité de l’arête de coupe. Cette température est dix fois supérieure à
celle atteinte au niveau du plan de cisaillement primaire par la matière fraîchement usinée culminant
à environ 90°C.
1000 100
Vc = 300 m/min Vc = 300 m/min
Plan de cisaillement primaire
32CDV13
Décollement du copeau
Température (°C)
32CDV13
600
60
400
40
200
0 20
-0.1 -0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 -0.07 -0.04 -0.01 0.02 0.05 0.08
Temps (ms) par rapport à l’instant de passage du Temps (ms) par rapport à l’instant de passage du
plan de cisaillement primaire
a. plan de cisaillement primaire
b.
Figure 3-9 : Evolutions de la température d’un point situé sur la face frottante du copeau après
usinage (a.) et d’un point situé sur la surface de la matière fraîchement usinée (b.)
déterminées à l’aide d’une caméra thermique [CALV95]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Ces résultats montrent que les températures atteintes à l’interface entre le copeau et la face
de coupe sont nettement supérieures à celles atteintes à l’interface entre la matière fraîchement
usinée et la face de dépouille
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Les propriétés thermomécaniques intrinsèques au titane impliquent que ce matériau est très
difficile à usiner et va générer de fortes températures lors de la coupe. Cela va donc avoir des
conséquences sur la dégradation des outils et sur la qualité de la pièce usinée. Voici dans ce qui suit
différentes raisons avancées pour expliquer la mauvaise usinabilité du titane par rapport à un acier
possédant une bonne usinabilité.
Ainsi, il faut atteindre des températures importantes pour abaisser les propriétés
mécaniques du Ti-6Al-4V et l’usiner correctement. Par contre, ces importantes températures
contribuent aussi à abaisser les caractéristiques mécaniques du matériau usinant ce qui a pour effet
de diminuer sensiblement la durée de vie de l’outil.
35NiCrMo4
NiCr19FeNb (Inconel718)
Ti6Al4V
Si3N4
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Lors de l’usinage du titane, l’angle de cisaillement est important [KIR76]. Ainsi, la surface
de contact outil/copeau va être très faible. Cela implique que l’outil va subir des contraintes
thermomécaniques très importantes aux conséquences multiples :
L’angle de cisaillement important lors de l’usinage des alliages de titane explique en partie
les faibles durées de vie d’outil pendant l’usinage. Ce problème peut être en partie minimisé par le
choix de valeurs de profondeur de passe et d’avance adaptées.
Rappelons que le titane est un matériau à très faible conductivité thermique. Lors de
l’usinage, la matière ne va donc pas pouvoir recevoir un flux thermique (W) important car les
calories ne pourront pas diffuser profondément dans le matériau. Pour ces mêmes raisons, le copeau
ne pourra pas emmagasiner une importante quantité de chaleur. Le flux va alors être principalement
emmagasiné par l’outil : la Figure 3-11 compare, entre autres, la proportion de chaleur emmagasinée
par le copeau et par l’outil lors de l’usinage d’un acier et d’un Ti-6Al-4V avec un outil carbure (K10,
K20), selon les travaux de Koning [KON79]. Dans le cas de l’alliage de titane, seul 20% de la chaleur
est évacué par le copeau contre 50% dans l’acier Ck45.
Figure 3-11 : Répartition de la chaleur dissipée par l’outil et le copeau lors de l’usinage
du Ti-6Al-4V et de l’acier Ck45 pour différentes natures d’outil [KON79]
Lors du tournage à sec d’un alliage de titane Ti-6Al-6V-2Sn avec une plaquette carbure (K10),
les températures à la pointe de l’outil peuvent atteindre voire dépasser 1000°C selon les paramètres
de coupe utilisés, comme le présente la Figure 3-12 établie par Kitagawa et al. [KIT97]. Il n’est donc
pas surprenant que les dégradations subies par la matière et par l’outil puissent être importantes.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Cette réduction de la durée de vie de l’outil devient encore plus drastique pour de hauts
débits de copeaux. Aussi, de faibles vitesses d’avance Vf associées à de grandes profondeurs de passe
ap, sont communément utilisées pour l’usinage des alliages de titane. Cette profondeur de coupe
élevée est utilisée pour d’une part compenser la faible vitesse d’avance et d’autre part avoir la
certitude qu’à chaque coupe successive, la couche écrouie est retirée.
La dernière caractéristique du titane préjudiciable pour l’usinage est la faible valeur de son
module d’Young, E. Lors de l’usinage, la matière qui vient juste d’être usinée subit un retour
élastique qui est d’autant plus fort que le module d’Young est faible et que la limite d’élasticité,
y0.2%, est grande.
Etant donné que le module d’Young du TA6V est bien plus faible que celui d’un acier, le
retour élastique des alliages de titane à contrainte mécanique équivalente est plus important et leur
frottement sur la face de dépouille de l’outil s’en trouve exacerbé. Cela implique une usure en
dépouille de l’outil plus rapide lors de l’usinage du TA6V que lors de celui de l’acier.
Le titane est un matériau très avide en oxygène, azote ou encore carbone contenus dans l’air.
Cependant, la diffusion de ces éléments est limitée aux basses températures. Le titane commence à
avoir une forte réactivité avec ces éléments chimiques aux températures élevées, selon Sorby et al.
[SOR03]. En règle générale, la diffusion intervient à partir de Tf /2. Au-delà de cette température, le
titane va pouvoir alors former des couches dures (TiO2, TiC, TiN) comme lors des opérations de
forgeage à chaud.
De plus, lors de l’usinage, le titane réagit avec les carbures cémentés et leurs revêtements.
Cette forte réactivité du Ti-6Al-4V avec les carbures cémentés se matérialise sous la forme de collage
de matière et de dissolution du WC-Co dans les zones de cisaillement à la surface de l’outil. Ces
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
2.3 Bilan
C’est parmi ces propriétés du matériau qu’il faudra chercher lorsque des explications
(phénomènes physiques) devront être avancées concernant les interactions entre l’outil et la
matière.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
3.1 Définition
La notion d’intégrité matière est bien souvent compliquée à définir. Dans le milieu industriel,
le matériau de base avant toute opération de mise en forme (usinage compris) est considéré comme
intègre après que ses caractéristiques thermomécaniques à réception aient démontré que, sous
certaines conditions, le matériau livré convenait à l’application voulue.
La matière usinée devient alors non intègre lorsque ses caractéristiques thermomécaniques
varient et ne conviennent plus à l’application souhaitée. La notion d’intégrité matière est donc une
notion binaire : soit le matériau usiné convient pour l’application désirée et l’intégrité matière est
acceptable, soit il n’est pas utilisable en l’état et l’intégrité matière est non acceptable.
Selon Perrin [PER07], dans le cadre du projet européen ManHIRP, l’intégrité d’une surface
usinée est définie en partie à travers des écarts vis-à-vis :
L’intégrité de la matière usinée comprend donc des variations métallurgiques par rapport au
matériau de base convenant à l’application voulue. Ces changements microstructuraux, au même
titre que la dégradation de la qualité géométrique de la surface, vont être appelés anomalies ou
défauts.
Il est possible de détecter, de classer, de qualifier et de quantifier les anomalies comme signalé par
Perrin [PER07] dans le cadre du perçage de l’Inconel 718. L’intégrité matière prendra tout son sens
après que chaque classe d’anomalie ait été testée mécaniquement. L’abattement des propriétés
mécaniques observé par rapport à une courbe de référence définira si l’intégrité matière est
acceptable ou non.
Dans le cadre de cette thèse, il conviendrait de comparer les courbes de fatigue obtenues
pour chaque classe d’anomalies avec la courbe de fatigue du matériau sain. Ceci revient à comparer
les courbes de fatigue du matériau usiné avec les courbes de fatigue permettant au Bureau d’Etudes
de la Snecma de dimensionner leurs pièces.
Pour résumer, l’intégrité matière d’une pièce sera dite acceptable si les défauts générés lors de
l’usinage n’ont pas amené la durée de vie de ce matériau à être inférieure à celle du matériau utilisé
par la Snecma pour le dimensionnement de leurs pièces.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Le rapport écrit par Fox [FOX02] dans le cadre du projet européen ManHIRP présente une
liste d’anomalies pour certains matériaux aéronautiques conduisant à un possible abattement en
fatigue. Celui-ci regroupe les anomalies dites géométriques concernant les défauts liés à la surface
usinée et les anomalies métallurgiques produites dans les sous-couches du matériau.
Anomalies géométriques
Anomalies métallurgiques
Ces anomalies non géométriques vont être classées en deux catégories selon que le
changement métallurgique est lié aux seules conditions thermomécaniques induites par la coupe ou
à la diffusion d’éléments extérieurs (huile de coupe, atmosphère ambiante,…).
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
La phase la plus longue en nombre de cycles lors d’un essai de fatigue est la phase
d’amorçage. C’est pourquoi, un abattement en fatigue important implique nécessairement une
réduction conséquente de cette phase d’amorçage par la présence d’une anomalie en surface du
matériau.
Novovic [NOV04] explique que des défauts de type géométrique, concernant la rugosité de la
surface usinée était à l’origine de l’amorce de rupture. En effet, dès les années 20, Thomas [THO23],
Noll [NOL48] puis Fluck [FLU51] annoncent que l’abattement en fatigue dans les aciers alliés et non
alliés dépend en grande partie de la rugosité définie par Ra.
Siebel et Gaier [SIE57], trouvent que le paramètre le plus pertinent pour caractériser la durée
de vie en fatigue des aciers est la hauteur de strie la plus grande de la surface usinée mesurée par Rt.
Selon le type de matériau, il existe une valeur de Rt au delà de laquelle, la limite d’endurance en
fatigue décroît fortement comme l’indique la Figure 3-13a. De plus, Siebel et Gaier [SIE57] affirment
que l’influence de cette rugosité sur la tenue en fatigue de différents aciers peut être annihilée par
des traitements thermiques ou mécaniques produisant des contraintes résiduelles de compression
ou conduisant à leur complète relaxation (contraintes résiduelles nulles).
El-Helieby et al. [ELH80] donnent une explication et un sens au terme « altération » utilisé
par Koster et Field. El-Elieby explique que la température atteinte lors de l’opération de rectification
d’aciers induit des contraintes résiduelles de traction dans la matière. Ces pièces rectifiées ont donc
des durées de vie en fatigue moins importantes que ces mêmes pièces usinées par un autre moyen
de finition malgré un meilleur état de surface obtenu par rectification.
Mantle et Aspinwall [MAN97] et Sharman et al. [SHA01] arrivent aux mêmes conclusions que
El-Elieby sur le Ti-45Al comme le montrent respectivement la Figure 3-14 et la Figure 3-15. En effet,
ils remarquent que la durée de vie en fatigue est beaucoup plus importante pour des éprouvettes
obtenues par le procédé de tournage avec différentes conditions de coupe classiques que par celles
obtenues par polissage, usinage électrochimique (ECM) et texturation par électroérosion à faible et
forte énergie (respectivement EDT-L et EDT-H) qui conduisent pourtant à des meilleurs états de
surface. Un tel résultat s’explique par le fait que le tournage induit des contraintes résiduelles de
compression lors de l’usinage du Ti-45Al alors que les autres opérations induisent des contraintes
résiduelles nulles voire de traction.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
a. b.
Figure 3-13 : (a.) Limite d’endurance de fatigue (en contrainte) en fonction de la profondeur
maximale de la rugosité pour différents aciers [SIE57]
(b.) Limite d’endurance en fatigue du TA6V selon la sévérité (normale ou extrême) des conditions
de coupe pour les procédés de rectification, de polissage à la main et de fraisage en bout et en
roulant [KOS73]
Figure 3-15 : Courbes SN (R = 0,1) réalisées avec des éprouvettes en Ti-45Al obtenues par
tournage, usinage électrochimique (ECM) et électroérosion
à faible et forte énergie (EDT-L et EDT-H) [SHA01]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Lors du projet RoMan Snecma, Dessoly [DES06] identifie à la suite des essais de fatigue sur
éprouvettes en TA6V tournées pour des conditions de coupe classiques sous lubrification haute
pression (Vc = 80 et 180 m/min, f = 0.05 et 0.5 mm/tr et ap = 0.7 mm), que l’amorce de rupture
n’apparaît pas forcément en surface mais parfois en sous-couche quel que soit l’état de surface de
l’éprouvette.
La Figure 3-16 présente les résultats des travaux réalisés par Wagner [WAG99], lors d’une
étude sur le grenaillage d’éprouvettes en alliage de titane montrant que l’amorce est interne et
provient des contraintes résiduelles de traction en sous-couche. En effet, puisque tout matériau doit
être en équilibre mécanique, si la matière subit des contraintes de compression en surface, des
contraintes de traction apparaissent en sous-couche sur une certaine profondeur. Si les sous-couches
sont trop fortement en traction, une amorce de rupture interne peut être observée. Le tournage du
TA6V est reconnu pour induire de fortes contraintes résiduelles de compression. Ainsi, une amorce
de rupture interne durant l’essai de fatigue peut se produire comme pour le grenaillage.
Figure 3-16 : Amorce de rupture interne dans un alliage de titane grenaillé [WAG99]
Brunet [BRU91] montre que quelles que soient l’intensité et la profondeur des contraintes
résiduelles de compression engendrées lors du tournage du TA6V, il n’existe pas de corrélation
apparente entre les contraintes résiduelles et la durée de vie.
Les travaux réalisés par Feist [FEI05] dans le cadre du projet européen ManHIRP sur le
tournage du Ti-6Al-4V ont concerné l’abattement en fatigue d’éprouvettes de flexion 4 points sur
lesquelles des défauts avaient été essentiellement simulés. La Figure 3-17a montre le dispositif
expérimental afin de simuler un bris d’outil par enfoncement mécanique de grains de carbure
cémenté WC-Co à la surface d’éprouvettes parallélépipédiques entraînant la formation de bandes de
cisaillement adiabatique dans le Ti-6Al-4V. Le défaut de recouvrement ou de tartinage de matière a
été, quant à lui, produit en faisant talonner la face de dépouille d’un outil sur la surface
préalablement usinée de l’éprouvette : la matière est alors arrachée, redéposée et tartinée sur la
surface usinée. Les résultats des essais de fatigue présentés en Figure 3-17b et 3-17c montrent que
ces deux types d’anomalie induisent des tenues en fatigue plus faibles d’une décade par rapport à
des éprouvettes sans défaut dites de référence.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Matériau sans
anomalie
/max
Bris outil
entraînant la
formation de
BCA
Nombre de cycles
Matériau sans
anomalie
Recouvrement
/max
matière sur la
surface usinée
Nombre de cycles
Figure 3-17 : (a.) Méthode de simulation d’un bris d’outil dans la matière (b.) Courbes SN réalisées
avec des éprouvettes en TA6V sans défaut et avec des défauts simulés de bris d’outil
(c.) Courbes SN réalisées avec des éprouvettes en TA6V sans défaut
et avec des défauts simulés de recouvrement de matière à la surface usinée [FEI05]
Les anomalies non géométriques sont par définition des anomalies qui sont aussi bien
générées en surface qu’en sous-couche mais pour lesquelles l’effet thermomécanique engendré lors
d’un procédé de fabrication s’accompagne d’un changement métallurgique et/ou d’un changement
de composition (contamination,….)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Figure 3-18 : Vitesse de propagation d’une fissure en fonction de l’amplitude du facteur d’intensité
des contraintes pour des éprouvettes pré-fissurées en Ti-6Al-4V
et artificiellement contaminées en oxygène [BIA05]
Lors du projet européen ManHIRP, concernant l’étude sur le tournage du TA6V [FEI05], la
combinaison de défauts simulés la plus préjudiciable vis-à-vis de l’intégrité matière est présentée sur
la Figure 3-19a. Cette anomalie a été obtenue en faisant frotter la face de dépouille d’un outil sur des
copeaux placés sur la surface préalablement usinée de l’éprouvette : les copeaux se soudent alors et
se mélangent à la surface à la suite de la pression exercée par l’outil. Il en résulte des défauts non
géométriques caractérisés par une couche à grains déformés dans les sous-couches adjacentes à une
« couche blanche ». De même, des défauts géométriques de type fissuration ont été générés (Figure
3-19b). L’abattement en fatigue généré par cette association de défauts est d’environ de deux
décades par rapport au matériau sans anomalie comme illustré en Figure 3-19c.
Perrin [PER07] montre que lors du perçage de l’Inconel 718, le copeau enfoncé et isolé (CCI)
dans la matière, présenté sur la Figure 3-20a, est le défaut le plus pénalisant pour la tenue en fatigue
d’une pièce. En effet, cet enfoncement s’est produit suite à des sollicitations thermomécaniques lors
de la coupe, donnant naissance à des défauts de type bande de matière cisaillée (BMC) et/ou zone
affectée thermomécaniquement (ZATM), rendant les sous-couches beaucoup moins dures que le
copeau. La Figure 3-20b permet de noter que l’abattement en fatigue d’une combinaison de défauts
(Trou CCI + BMC et Trou CCI + BMC + ZATM) est très important par rapport à un trou de référence
sans anomalie particulière (Trou de type COM) dès le moment où l’amorçage a lieu à partir du défaut
géométrique (CCI). Ainsi, une combinaison d’anomalies peut amener à un abattement en fatigue
important.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Couches grains
déformés
« Couche
blanche »
100 µm
20 µm b. Fissures
a.
Après réusinage
des couches à
grains déformés
et de la « couche
blanche »
c. Nombre de cycles
Figure 3-19 : (a.) Association de défauts de type couches à grains déformées et « couches blanches »
dans les sous-couches de la surface frottée (b.) Défauts de type fissuration sur la surface de
l’éprouvette en Ti-6Al-4V (c.) Courbes SN réalisées avec des éprouvettes en Ti-6Al-4V sans défaut et
avec une association de défauts constitués de couches à grains déformés et « couches blanches »
[FEI05]
a. b.
Figure 3-20 : (a.) Défauts de type « copeaux enfoncés » dans les sous-couches d’un Inconel 718 dont
la dureté a été réduite par les contraintes thermomécaniques générés lors de la coupe
(b.) Courbe SN réalisée avec des éprouvettes Inconel 718 sans défaut particulier ( trou de type COM),
avec des combinaisons de défauts de type CCI, CCI + BMC et CCI + BMC + ZATM [PER07]
Page 102
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
4.3 Bilan
L’étude entre anomalies géométriques et durée de vie en fatigue a permis de montrer que
l’état de surface est considéré comme un critère pertinent dès l’instant où les contraintes résiduelles
sont négligeables. L’état de contraintes résiduelles semble être le facteur le plus pertinent vis-à-vis
de la tenue en fatigue des pièces. L’amorçage de la rupture a alors lieu dans la zone de traction en
surface ou en sous-couche selon le type de procédé d’usinage utilisé. Il a été toutefois démontré qu’il
n’y a pas de corrélation simple entre les contraintes résiduelles et la durée de vie en fatigue. Enfin, le
bris d’outil reste un défaut géométrique fort pénalisant pour la durée de vie en fatigue.
L’étude entre anomalies non géométriques et durée de vie en fatigue, a permis de mettre en
évidence que certains défauts ou combinaisons de défauts sont très pénalisants vis-à-vis de la tenue
en fatigue de pièces. Maintenant qu’il a été souligné que certaines anomalies ou combinaisons
d’anomalies pouvaient conduire à des abattements en fatigue significatifs, il faut pouvoir détecter les
défauts générés lors de l’usinage du Ti-6Al-4V.
Page 103
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Le tournage étant un procédé d’usinage de type continu tout comme le perçage, il semble
tout aussi pertinent d’étudier dans le paragraphe qui suit les anomalies générées en perçage dans le
Ti-6Al-4V.
Ezugwu [EZU07] s’est intéressé aux défauts générés sur des surfaces tournées en Ti-6Al-4V
avec un outil diamant sous lubrification conventionnelle (débit de 2.7 l/min) et haute pression (débit
de 18.5 l/min, pression de 110 bars) et (débit de 24 l/min et pression de 203 bars). Ces défauts sont
présentés sur la Figure 3-21.
a. b.
c.
Figure 3-21 : (a.) Matage de la surface fraîchement usinée par la face de dépouille de l’outil pour une
vitesse de coupe de 175 m/min et une pression de 203 bars après 115.5 minutes d’usinage
(b.) Micro-cavités sur la surface usinée pour une vitesse de coupe de 200 m/min et une pression de
110 bars après 37.4 minutes d’usinage
(c.) Copeaux collés isolés (CCI) sur la surface usinée pour une vitesse de coupe de 175 m/min et une
pression de 110 bars après 63.8 minutes d’usinage [EZU07]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Selon l’auteur, les principales anomalies observées sur les surfaces usinées sont :
Des marques laissées par la face de dépouille de l’outil sur la matière (Figure 3-21a)
attribuées à la déformation plastique par matage de la matière lors de la coupe.
Des micro-cavités (Figure 3-21b)
Des copeaux collés isolés et adhérents (Figure 3-21c) à la surface de la pièce.
Dans le cadre des anomalies non géométriques, deux cas de figure ont été distingués : les
essais d’usinage réalisés avec des conditions de coupe classiques et avec des conditions de coupe
sévères (sur-vitesse de coupe, sur-avance, usure importante de l’outil et usinage sans lubrification).
Les conditions de coupe dites conventionnelles sont celles dont les paramètres d’usinage
sont utilisés de façon usuelle afin d’obtenir des durées de vie d’outil les plus importantes possibles.
Tous les essais qui vont être décrits dans cette partie ont été réalisés avec des outils neufs sur des
temps très courts. Ceci implique que les usures d’outils peuvent être considérées comme faibles.
Grosbois [GRO07] a réalisé des essais de tournage sur du Ti-6Al-4V sous lubrification
conventionnelle avec deux nuances d’outils PCD. Deux conditions de coupe conventionnelles ont été
testées pour chaque outil : Vc = 150 m/min, f = 0.3 mm/tr et ap = 0.3 mm ou 0.5 mm. La principale
anomalie obtenue lors de ces usinages est une faible déformation plastique de la sous-couche sur
une profondeur inférieure à 2 µm (Figure 3-22a). Ezugwu [EZU07] a testé, lors du tournage du
Ti-6Al-4V sous lubrification conventionnelle ou haute pression avec un outil PCD, les conditions de
coupe plus sévères suivantes : f = 0.15 mm/tr, ap = 0.5 mm et Vc = 175, 200, 230 et 250 m/min. Il
observe comme Grosbois [GRO07] que les sous-couches les plus proches de la surface usinée
subissent un faible écrouissage pour les conditions de coupe les moins sévères quel que soit le type
de lubrification (Figure 3-22b).
Pour des essais dans des conditions de coupe classiques avec peu d’usure d’outil de type PCD, il n’y a
pas de défauts graves introduits dans la matière amenant à des abattements en fatigue importants.
Regardons maintenant ce qu’il en est pour des conditions de coupe un peu plus sévères.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
a. b.
Figure 3-22 : (a.) Déformation plastique en sous-couche (profondeur < 2µm) après tournage du
Ti-6Al-4V avec un outil PCD sous lubrification conventionnelle pour Vc = 15 0 m/min, f = 0.3 mm/tr
et ap = 0.5 mm [GRO07]
(b.) Déformation plastique en sous-couche après tournage du Ti-6Al-4V avec un outil PCD sous
lubrification haute pression (110 bars) pour Vc = 175 m/min, f = 0.15 mm/tr et ap = 0.5 mm
[EZU07]
Les conditions de coupe dites sévères sont celles dont les paramètres d’usinage sont en
dehors des plages communément utilisées. Il sera aussi considéré comme sévères des usinages pour
lesquels les conditions de coupe sont classiques mais avec des usures d’outil conséquentes.
Che-Haron [CHE05] a réalisé des essais de tournage à sec sur du Ti-6Al-4V avec des outils
carbure pour les conditions de coupe suivantes : ap = 2 mm, f = 0.25 et 0.35 mm/tr et Vc = 45, 60 , 75
et 100 m/min.
Pour les conditions de coupe les plus sévères, dès le début de l’usinage, l’auteur a identifié
dans les sous-couches proches de la surface usinée l’apparition d’une faible zone affectée
thermomécaniquement d’une profondeur de quelques microns puis, en fin d’usinage, une zone
fortement déformée plastiquement sur une profondeur d’une dizaine de microns (Figure 3-23a). En
fin de vie de l’outil, des anomalies similaires à celles décrites précédemment sont observées quelles
que soient les conditions de coupe testées. Seule la profondeur de la zone fortement déformée
plastiquement en sous-couche augmente avec l’usure de l’outil (Figure 3-23b).
Pasquet [PAS99] a réalisé un essai de perçage lubrifié dans le Ti-6Al-4V pour une condition de
coupe dite sévère (Vc = 30 m/min, fz = 0.12 mm/tr et D foret = 11 mm) avec un outil en carbure
monobloc K15 à deux dents. Les investigations menées dans les sous-couches des surfaces usinées
montrent la formation d’une « couche blanche » d’environ 50 µm d’épaisseur proche de la surface,
un changement de proportion des phases du Ti-6Al-4V jusqu’à 300 µm de profondeur et une très
forte déformation plastique des grains (Figure 3-24a).
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
a. b.
Figure 3-23 : (a.) Anomalies générées après tournage à sec du Ti-6Al-4V avec un outil carbure pour
Vc = 100 m/min, f = 0.25 mm/tr et ap = 2 mm au bout de 10 secondes d’usinage
(b.) Anomalies générées après tournage à sec du Ti-6Al-4V avec un outil carbure usé (rebut de
l’outil) pour Vc = 100 m/min, f = 0.35 mm/tr et ap = 2mm au bout de 2 minutes d’usinage [CHE05]
Ce type de transformations métallurgiques a été retrouvé par Cantero [CAN05] lors d’essais
de durée de vie sans lubrification en perçage avec une usure de l’outil très importante. La condition
de coupe utilisée était de Vc = 50 m/min et fz = 0.07 mm/tr pour un diamètre de trou percé de 6 mm
et de profondeur 8 mm. L’outil était en carbure revêtu de TiN. Dans cette étude, il est distingué deux
zones métallurgiques (zones A et B) où la microstructure a été modifiée (Figure 3-24b).
a. b.
Figure 3-24 : (a.) « Couche blanche », suivi d’un changement de la proportion des phases et d’une
forte déformation plastique des grains en sous-couche d’un Ti-6Al-4V lors d’un perçage lubrifié avec
un foret en carbure monobloc à deux dents [PAS99]
(b.) Etat métallurgique en sous-couche du Ti-6Al-4V affecté lors d’un perçage à sec
après une usure conséquente d’un outil carbure K40 revêtu TiN [CAN05]
L’auteur estime que la zone A, proche de la surface fraîchement usinée, correspond à une
zone composée très majoritairement de phase alpha stabilisée par une contamination en oxygène et
en azote qui sont des éléments alphagènes présents dans l’environnement ambiant. Il y a alors
création d’une phase appelée « Alpha Case ». Cette supposée contamination a été possible par une
élévation importante de la température et son maintien pendant une durée suffisante lors de
Page 107
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
l’usinage qui a favorisé la diffusion des éléments oxygène et azote dans le matériau. Cantero justifie
cette hypothèse par l’obtention d’une dureté de la zone A beaucoup plus importante par rapport à
celle du matériau de base, ce qui est l’une des caractéristiques de la phase « Alpha Case »
(Figure 3-25). Cependant, aucune mesure de concentration en oxygène dans la zone A n’a été
effectuée par l’auteur pour corroborer ses propos. La zone B n’a pas subi de transformation
métallurgique : la structure est toujours composée des phases alpha et bêta. La microstructure a été
simplement déformée plastiquement dans le sens de l’avance du foret. Cette déformation ou
écoulement de la matière de la zone B a été la plus importante pour la partie la plus proche du trou.
Ceci est la conséquence de l’abaissement de la température du matériau au fur et à mesure de
l’éloignement de la surface usinée. De plus, Cantero observe que les zones A et B sont plus étendues
en fin de perçage. La raison en est que la température générée en fin de perçage est plus importante
qu’au début.
a.
b.
Figure 3-25 : (a.) Empreintes de microdureté réalisées dans les zones A et B affectées par le perçage
à sec du Ti-6Al-4V (b.) Profils de microdureté réalisés à travers les zones affectées A et B par le
perçage à mi-profondeur (soit 4 mm avant la fin du trou) et à 2 mm avant la fin du trou [CAN05]
Cette contamination en perçage par l’environnement a aussi été observée par Reissig [REI04]
et [REI05] lors d’une étude sur la quantification de la concentration en oxygène des surfaces usinées
lors de perçages profonds (100 mm) du Ti-6Al-4V. L’auteur montre que la concentration en oxygène
de la surface usinée, mesurée par la méthode de fusion réductrice, croît de façon linéaire en fonction
de la profondeur percée (Figure 3-26a). Cette évolution est corrélée avec l’augmentation linéaire de
la pseudo-température calculée à partir de la concentration en vanadium dans la phase bêta
(Figure 3-26b) par la relation Eq. 3-13. Cette relation est basée sur la diffusion du vanadium aux joints
de grain de la phase :
(Eq. 3-13)
Afin de déterminer les coefficients de cette relation, des éprouvettes fines de Ti-6Al-4V de
100 µm d’épaisseur ont été maintenues en température à 473, 873, 1073 et 1273 K pendant deux
minutes sous air puis trempées énergiquement à l’eau. La concentration maximum de vanadium
dans les grains à température ambiante avant ces traitements thermiques cmax (RT) et après
traitements thermiques cmax (T) ont été mesurées afin de déterminer la valeur de l’énergie
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
d’activation Q égale à 16.1 kJ/mol et la valeur de c* = 81.3 wt.%. Ces résultats viennent corroborer
l’hypothèse de Cantero concernant la diffusion d’éléments alphagènes à la surface du matériau qui
est d’autant plus grande que la profondeur de la zone affectée dans la pièce est importante à cause
d’une augmentation de la température.
a. b.
Figure 3-26 : (a.) Evolution de la concentration en oxygène de la surface usinée en fonction de la
profondeur percée [REI05] (b.) Evolution de la pseudo-température de la surface usinée
en fonction de la profondeur percée [REI04]
a. b.
Figure 3-27 : (a.) Microstructure d’une section transversale d’une surface usinée en tournage à sec à
Vc = 260 m/min (b.) Evolution de la profondeur de la couche affectée thermomécaniquement
(Zone B + C) en fonction de la vitesse de coupe lors du tournage
à sec du TA6V avec un outil diamant [VEL07]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
5.3 Bilan
Concernant les anomalies géométriques générées lors de l’usinage du TA6V dans des
conditions de coupe peu sévères (usinage à l’outil diamant avec lubrification haute pression),
l’unique publication citée [EZU07] montre que les défauts récurrents sur la surface sont : le collage
de copeaux isolés, le matage des crêtes laissées par la face de dépouille et les micro-cavités à la suite
d’arrachements de matière. Aucune information n’a été trouvée concernant les replis, les bavures ou
l’insertion de matériaux étrangers dans le TA6V.
Pour les anomalies non géométriques, l’apparition de défauts importants dans la matière se
produit dès le moment où les conditions de coupe deviennent sévères. Que ce soit en perçage ou en
tournage, il s’est avéré que l’apparition des défauts dépend des phénomènes mécaniques et
thermiques engendrés pendant la coupe.
Pour une plus grande sévérité des conditions de coupe, la thermique prend le pas sur la
mécanique. La sous-couche la plus proche de la surface usinée est alors fortement affectée. Ainsi, les
défauts générés dans la matière sont ceux qui ont été déjà jugés comme très préjudiciables vis-à-vis
de la tenue en fatigue des pièces : il s’agit de la contamination en oxygène [REI05], [CAN05] obtenue
en perçage et des changements métallurgiques associés (couche monophasée alpha, parfois appelée
« alpha case »).
Cependant, les micrographies des sous-couches proches de la surface usinée pour Cantero et
Velasquez montrent une différence de la microstructure. Pour Cantero [CAN05], il s’agit en grande
partie d’une zone contaminée en oxygène et en azote conduisant à la formation d’une « couche
monophasée blanche » de plusieurs dizaines de micromètres d’épaisseur. Quand à Velasquez
[VEL07], il s’agit d’une zone où la phase bêta est fortement étirée, conduisant à une microstructure
fine.
Les principaux outils qui ont permis d’arriver à ces conclusions sont d’une part les observations
métallurgiques au moyen de microscope optique (MO) et de microscope électronique à balayage
(MEB) et d’autre part des profils de dureté Vickers et des analyses chimiques par fusion réductrice.
Ces moyens d’observation restent néanmoins insuffisants et il convient de caractériser plus finement
ces anomalies par MET afin de pouvoir les classer, les qualifier et les quantifier. Ces investigations
permettront de mieux comprendre la genèse des défauts, leur développement et leur
transformation durant l’usinage et de mieux cerner leur nocivité sur la tenue en fatigue.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Dans le cadre de cette thèse, il a été choisi de ne regarder que l’influence des conditions de
coupe sur la génération et la sévérité métallurgique des anomalies. La lubrification, l’outil, les
attachements ou encore le type de machine ne seront pas étudiés.
La vitesse de coupe est connue pour engendrer un effet thermomécanique très important
lors de la coupe. En effet, plus la vitesse de coupe augmente et plus la vitesse de déformation et la
quantité de chaleur engendrée deviennent importantes. La température étant l’une des principales
causes de génération des défauts, il semble important d’étudier ce paramètre.
Chou [CHO98], Perrin [PER07] (Figure 3-28) et Veslasquez [VEL07] montrent respectivement
pour le tournage dur des aciers, le perçage de l’Inconel 718 et le tournage du TA6V que
l’augmentation de la vitesse de coupe amène à l’apparition et à l’amplification d’une zone affectée
dans la pièce.
Rech [RECH03] montre que l’augmentation de la vitesse de coupe pour le tournage de l’acier
allié 27MnCr5 avec un outil CBN induit une diminution significative des contraintes résiduelles
circonférentielles de compression (selon la direction de coupe), mesurées en surface de la pièce
usinée (Figure 3-29a).
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
Perrin [PER07] montre que dans le perçage de l’Inconel 718, à vitesse de coupe constante, les
anomalies deviennent de plus en plus nocives vis-à-vis du respect du critère d’intégrité matière au
fur et à mesure que l’avance diminue (Figure 3-28).
Chou [CHO98] arrive aux mêmes conclusions pour le tournage dur des aciers : l’avance a une
influence sur la formation et la profondeur de la « couche blanche » dans la matière usinée.
L’impact de la profondeur de passe sur l’intégrité matière a été très peu étudié et peu de
travaux ont été publiés à ce sujet. Chou [CHO98] montre que dans le tournage dur des aciers,
l’évolution de la profondeur de passe n’est pas un paramètre influençant la formation et l’épaisseur
de la « couche blanche ».
a. b.
Figure 3-29 : (a.) Evolution des contraintes résiduelles circonférentielles en surface en fonction de la
vitesse de coupe et de l’avance pour le tournage de l’acier 27MnCr5 [RECH03]
(b.) Evolution des anomalies générées en fonction du nombre de tro us percés dans l’Inconel 718
[PER07]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 3 : Usinage et intégrité matière
La lubrification a pour rôle entre autres de diminuer le frottement du copeau sur la face de
coupe de l’outil et de la matière fraîchement usinée sur sa face de dépouille ainsi que d’évacuer les
calories engendrées par la coupe. En l’absence de lubrification ou si le fluide de coupe n’arrive pas à
évacuer suffisamment les calories, les températures engendrées peuvent conduire à endommager le
matériau usiné. Perrin [PER07] a réalisé des cartographies (Vc – f) des anomalies générées lors du
perçage de l’Inconel 718 sous lubrification (Figure 3-28) et sans lubrification (Figure 3-30). Dans le cas
de la seconde cartographie, aucun domaine sans anomalie n’a été trouvé, contrairement à la
cartographie réalisée sous lubrification. De même, le domaine des anomalies les plus graves (CCI +
BMC + ZATM) est plus étendu et apparaît pour des vitesses de coupe plus faibles dans le cas des
perçages sans lubrification.
Cette investigation montre que l’utilisation de lubrifiant a une influence sur la formation des
anomalies lors du perçage. Dans le cadre de cette thèse, l’impact de la lubrification sur l’intégrité
matière de la pièce usinée en tournage ne sera pas étudié.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de
coupe instrumentés
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
0 Angle de dépouille °
0 Angle de coupe °
CF Courant de Foucault -
D Diamètre du lopin mm
Fa Effort d’avance N
Fc Effort de coupe N
Fr Effort radial N
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Id Courant magnétisant A
Iq Courant de broche A
MO Microscope Optique -
PM Process Monitoring -
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
t1, t2, t3, t4 Temps associés aux paramètres J1, J2, J3, J4 s
Vcmin Vitesse de coupe minimale définie par les essais COM m.min-1
Vcmax Vitesse de coupe maximale définie par les essais COM m.min-1
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Etablir un domaine en condition de coupe où aucune anomalie n’a été générée dans la
matière fraîchement usinée
Qualifier et quantifier si possible les anomalies obtenues
Corréler l’apparition de ces anomalies avec les signaux des moyens de surveillance
enregistrés lors de l’usinage
Afin d’atteindre ces trois objectifs, les paramètres de coupe pertinents vis-à-vis de la
génération d’anomalies et les stratégies d’essais et d’analyses métallurgiques vont être définis dans
les paragraphes suivants.
Afin de répondre aux objectifs, il a été choisi d’étudier les paramètres de coupe pouvant
générer les anomalies les plus graves. Selon le dernier paragraphe du Chapitre 3, la vitesse de coupe
et l’avance sont les facteurs prépondérants menant à la formation de défauts. Ces deux seuls
paramètres de coupe seront utilisés lors des essais. La profondeur de passe n’influençant que très
peu la génération d’anomalies, elle sera constante pour tous les essais de tournage réalisés dans
cette thèse. Sa valeur sera définie lors des essais de Couple Outil Matière (COM). L’usure en
dépouille est un facteur à prendre en compte car les variations de la géométrie locale de l’outil
conduisent à une modification des zones de frottement et de ce fait peuvent induire des anomalies
comme signalé dans le Chapitre 3. Néanmoins, il est très compliqué de suivre l’usure en dépouille de
l’outil lors de l’usinage car il dépend des conditions de coupe. Ce facteur ne sera donc pas pris en
compte directement : la quantification de la valeur de l’usure en VB ainsi que la qualification des
endommagements sur la surface de l’outil seront réalisés après chaque essai d’usinage.
La Figure 4-1 présente les quatre grandes étapes permettant de réaliser l’étude des défauts
générés lors du tournage du Ti-6Al-4V.
La première étape consiste à réaliser des inspections visuelles afin de détecter les anomalies
sur la surface et en sous-couche du matériau usiné. Ces analyses sont effectuées à l’aide de moyens
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
optiques (microscope optique, binoculaire,…) et avec des moyens plus fins comme le microscope
électronique à balayage (MEB) si les défauts sont de très petites dimensions.
La deuxième étape a pour but de différencier les anomalies trouvées lors de la première
étape et de les classifier en fonction des conditions de coupe utilisées. A la fin de cette étape, des
cartographies d’anomalies en fonction des conditions de coupe seront construites. Elles permettront
d’établir des corrélations qualitatives entre les signaux des moyens de surveillance et la génération
d’anomalies lors de l’usinage.
La troisième étape concerne la qualification des anomalies générées. Les objectifs de cette
étape sont :
La quatrième étape consiste à quantifier l’anomalie selon trois critères : ses dimensions, son
occurrence (ou fréquence d’apparition) et sa sévérité métallurgique. La quantification de l’impact du
défaut sur l’intégrité matière au moyen d’essais de fatigue n’ont pas pu être menés dans cette thèse.
Des données bibliographiques rassemblées dans le Chapitre 3 permettront néanmoins de définir une
tendance de l’impact des anomalies générées lors des essais d’usinage sur l’abattement en fatigue.
Avant la détermination de l’abattement en fatigue des anomalies, il faut impérativement s’assurer de
la répétabilité de ces anomalies demandant la réalisation de plusieurs essais.
La définition d’un domaine sans anomalie en fonction des conditions de coupe en tournage
n’est pas immédiate. Outre le choix approprié des conditions de coupe, le choix de l’outil (neuf ou
usé), de l’environnement d’usinage (lubrification, rigidité machine, attachement,…) et de la stratégie
d’usinage peuvent faire varier de façon importante les bornes de ce domaine. C’est pourquoi, une
démarche globale a été investiguée en s’inspirant des travaux de Perrin [PER07] sur l’étude de
l’intégrité matière de l’Inconel 718 lors de l’opération de perçage avec outil neuf et usé. Elle est
composée des étapes représentées sur la Figure 4-2. Perrin [PER07] a notamment montré que les
anomalies générées étaient du même type lors d’essais d’usure dans des conditions de coupe du
domaine COM et légèrement en dehors, démontrant ainsi une certaine continuité dans les défauts
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
engendrés. Ceci a été illustré par la Figure 3-29 du paragraphe précédent. Qui plus est, dans le
domaine avec anomalie(s), Perrin a mis en évidence la notion de combinaison d’anomalies au fur et à
mesure que les conditions de coupe deviennent de plus en plus sévères.
Kc Vc Domaine COM
Vcmax
Vcmin
fmin fmax
Vcmin, Vcmax, Vc, f
Essais domaine COM
fmin, apmin fmax, apmax f, ap Essais hors domaine COM
Essais d’usinage :
Essais Couple Outil Matière Analyses
cartographie Vc - f
métallurgiques
Essais d’usure :
cartographie Vc – f – VB Cartographie 2D des anomalies
2D
Vc Vc
f f
Essais usure Domaine COM
Figure 4-2 : Démarche expérimentale et essais d’usinage à réaliser pour la définition du domaine
COM, d’un domaine sans anomalie et d’un domaine avec anomalie(s)
L’hypothèse de base de la démarche proposée provient des résultats des travaux de thèse de
Perrin [PER07] laquelle a été confirmée par ceux de Dutilh [DUT11] sur l’intégrité matière de
l’Udimet 720 lors de l’opération de perçage. Cette hypothèse, vérifiée expérimentalement, concerne
une certaine similitude entre le domaine restreint défini par les essais COM et celui plus vaste du
domaine sans anomalie pour des usures en dépouille (à l’issue de chaque essai d’usinage) très
inférieures au critère de réforme (VBmax < 0.3 mm). La première étape consiste donc à réaliser des
essais Couple Outil Matière afin de créer un premier domaine supposé sans anomalie. La deuxième
étape conduit à réaliser des usinages dont les conditions de coupe se trouvent à l’intérieur et à
l’extérieur du domaine COM puis de réaliser des investigations métallurgiques afin de générer une
cartographie 2D des anomalies en fonction de l’avance et de la vitesse de coupe. Cette investigation
conduira à distinguer les domaines avec et sans anomalie. En prenant en compte l’usure en dépouille
de l’outil, une troisième étape a consisté à réaliser des essais de durée de vie de l’outil avec des
conditions de coupe n’induisant aucun défaut selon la cartographie Vc – f des anomalies. Le but ici
était de vérifier si l’usure en VB était ou non source d’endommagement de la matière. Cette dernière
étape ne sera pas abordée dans cette partie du mémoire mais dans un document annexe de cette
thèse.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Le choix de l’outil coupant a été motivé par le projet européen ACCENT : la plaquette choisie
devait être représentative d’une opération de finition sur pièce tournante communément utilisée
chez Snecma. Ainsi, une plaquette ronde de diamètre Dout égal à 5 mm non revêtue fabriquée par la
société SECO dont la désignation est LCGR1705MO-0500-RP883 présentée sur les Figures 4-3a-b a
été reteue. Elle est principalement utilisée pour l’usinage des tambours par une opération de
contournage. Les angles de coupe et de dépouille sont d’environ six degrés chacun.
La plaquette en carbure cémenté WC-Co est montée puis fixée sur le porte-outil par
l’intermédiaire d’une presse frontale et d’une surface cannelée formant l’embase de la plaquette. Le
porte-outil utilisé pour ces tests est un CFMR2525M05. Il présente un bec long de 25 mm comme
montré en Figures 4-3c-d. Il est communément utilisé pour réaliser des gorges mais aussi pour des
opérations où l’accessibilité à la surface à usiner est difficile. Le choix d’un porte-outil à droite plutôt
que neutre ou à gauche a permis de faciliter la mise en place de l’instrumentation lors des essais
d’usinage.
a. c.
b. d.
Figure 4-3 : (a.) et (b.) Photographies montrant une vue de dessus et la base cannelée de la plaquette
(c.) (d.) Photographies montrant le porte-outil sans et avec la plaquette
La préparation d’arête réalisée par SECO se compose d’un rayon de faible dimension comme
l’illustre la coupe micrographique donnée en Figure 4-4a. Sa valeur est comprise entre 20 et 25 µm.
La nuance de carbure de cette plaquette est 883 (soit K20 en équivalent ISO) ce qui correspond à une
composition en liant cobalt de 6 wt.%. Sa dureté est de 1630±21 HV1. La plaquette est composée
d’une large distribution de taille de grains WC comme le montre une coupe micrographique à cœur
d’un outil après polissage et attaque chimique au Murakami présentée en Figure 4-4b. La majeure
partie des grains WC sont submicrométriques (0.5 à 0.8 µm) alors que le restant est de taille
moyenne (1.3 à 2.5 µm) voire grossière (2.5 à 6 µm).
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Face de coupe a. b.
Préparation
d’arête
Face de
dépouille
Rayon préparation
Dout Revêtement Nuance %Co Dureté HV1
d’arête
6° 6° 5 mm Absence ISO K20 6 wt.% 1630±21 HV1 1,5 µm 20 à 25 µm
La matière usinée est du Ti-6Al-4V dont le nom commercial est le TA6V. Elle se présente sous
la forme de barres obtenues par filage. Sa composition chimique nominale est donnée par TIMET
dans la Table 4-2 :
Table 4-2 : Composition massique de l’alliage Ti-6Al-4V utilisé lors de cette thèse [TIM08]
La microstructure « duplex » de cet alliage présentée en Figure 4-5a après attaque au réactif
de Kroll a été obtenue après le traitement thermique présenté en Figure 4-5b. Ce traitement
thermique post-filage comprend :
un maintien en température à 955°C dans le haut du domaine pendant une heure suivi
d’une trempe à l’eau,
un recuit réalisé à 700°C pendant deux heures suivi d’une trempe à l’air.
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
La microstructure du matériau étudié présente des grains et de forme équiaxe dont
la diagonale la plus grande est de l’ordre de 20 µm. Les grains sont constitués de primaire sous
forme globulaire et les autres grains de phases + sous forme lamellaire. A température ambiante,
la proportion volumique de phase est de 96% et celle de de 4%. Le matériau en l’état comprend
une fraction surfacique de près de 43% de grains globulaires (mesurée par analyse d’images dans la
suite du mémoire). Les grains lamellaires sont alors composés de 7% en volume de et 93% en
volume de . Les grains globulaires forment bien souvent des amas de grains (agglomérats ou
blocs de grains) constituant des points durs lors de l’écoulement du Ti-6Al-4V. Les essais de
macrodureté effectués à cœur du lopin donnent une valeur moyenne de 315.5 HV20 avec un écart
type de 5.5 HV20. Les analyses de conformité matière effectuées par TIMET indiquent un transus bêta
compris entre 980 et 1010°C (Annexe 10).
955°C
700°C
a. b.
Figure 4-5 : (a.) Microstructure « duplex » du Ti-6Al-4V obtenue après polissage et attaque chimique
au réactif de Kroll
(b.) Traitement thermique effectué sur le Ti-6Al-4V post-filé
L’ensemble des essais sont réalisés sur un tour SOMAB T400. Des lopins en Ti-6Al-4V sont
positionnés sur ce tour par l’intermédiaire d’un mandrin par trois mors et une contre pointe. Le
porte-outil est positionné sur un support VDI monté sur une tourelle. La Figure 4-6 présente le
montage réalisé en l’absence de l’outil et du porte-outil dont le montage sera décrit par la suite.
Le lubrifiant choisi pour ces essais est une huile soluble de marque Blaser BlasoCut 2000CF
concentrée à 10% en volume. Le choix d’une l’huile soluble est motivé par sa capacité à évacuer les
calories lors de l’opération de tournage. L’utilisation de ce type de lubrification pour l’usinage en
coupe continue des alliages de titane est classique. Le jet de lubrifiant est dirigé sur la face de coupe
de l’outil et sort à la pression conventionnelle de 6 bars.
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Lopin Ti-6Al-4V
Mors
Tourelle
attachement VDI
Figure 4-6 : Mise en place du lopin de Ti-6Al-4V sur le tour SOMAB T400
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
3 Moyens de surveillance
Les moyens de surveillance sont des capteurs ayant pour objectif de mesurer des grandeurs
physiques lors la coupe afin de contrôler le bon déroulement de l’usinage. Cette instrumentation
permet de mesurer de façon directe ou indirecte les efforts et les puissances développés sur l’outil
ou sur la broche, les déplacements, les températures ou encore les vibrations.
Figure 4-7 : Champs d’utilisation des différents capteurs comme moyens de surveillance
des procédés d’usinage [BYR95]
D’un point de vue universitaire, ces moyens de surveillance sont plutôt utilisés pour :
déterminer des données d’entrée afin d’implémenter des modèles empiriques, analytiques
ou numériques permettant de simuler/modéliser des problématiques liées à la coupe,
amener des éléments de compréhension des phénomènes opérant lors de l’usinage.
Afin de corréler les défauts générés avec les signaux obtenus par les moyens de surveillance
deux systèmes ont été utilisés lors des essais de coupe et d’usure, à savoir : une platine de tournage
Kistler 9121 pour mesurer les efforts de coupe dans les trois directions et des capteurs à courant de
Foucault S1 de marque µ-Epsilon pour déterminer les déplacements au niveau du porte-outil.
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
La platine Kistler 9121 est un moyen de surveillance mesurant les trois composantes d’efforts
orthogonales (efforts de coupe [Fc], axial [Fa] et radial [Fr]) appliquées sur l’outil lors d’une opération
de tournage. La Figure 4-8a présente ce système de mesure d’efforts monté sur un support VDI. Le
porte-outil est solidaire à la platine par l’intermédiaire d’une bride de serrage.
La valeur des efforts est obtenue par l’intermédiaire de quatre capteurs piézoélectriques
précontraints et montés dans la platine Kistler. Ils sont constitués de trois paires de plaquettes en
quartz comme illustré en Figure 4-8b. Deux de ces paires sont sensibles aux contraintes mécaniques
appliquées selon les axes x et y alors que la troisième est sensible aux contraintes exercées selon
l’axe z. Les déformations induites sur les piézoélectriques provoquent une différence de potentiel
proportionnelle à l’effort qui peut être ainsi déterminé.
Bride de Support
serrage VDI
Attachement Fx b.
VDI Fy
Fz
Platine
Kistler
a.
Figure 4-8 : (a.) Platine de mesure d’effort Kistler 9121 montée sur un support VDI
et surmontée par la bride de serrage du porte-outil
(b.) Capteurs piézoélectriques composés de plaquettes en quartz [KIS]
Les valeurs de l’effort de coupe sont déterminées à l’aide des puissances consommées Pc lors
de la coupe en branchant un wattmètre sur le variateur de broche ou le sectionneur du tour (Eq. 4-1)
ou en mesurant le courant de broche Iq en ampère (Eq. 4-2).
(Eq. 4-1)
(Eq. 4-2)
Cependant, l’effort de coupe calculé de cette manière n’est pas aussi sensible, précis et
reproductible que celui obtenu par la platine Kistler. De plus, seule la platine Kistler permet d’obtenir
les deux autres signaux d’efforts axiaux et radiaux.
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Pour ces raisons, la platine Kistler a été choisie comme moyen de surveillance afin
d’enregistrer les signaux des trois efforts lors de l’usinage malgré l’impossibilité de l’utiliser dans un
cadre industriel. En effet, ses grandes dimensions augmentent le risque de collision avec la pièce
rendant impossible l’usinage de certaine forme et son coût est trop important pour équiper
l’ensemble des machines d’un site de production.
Les capteurs à Courant de Foucault (CF) sont aussi appelés capteurs à inductance variable.
Leur principe de fonctionnement est le suivant : Ils sont composés d’une bobine traversée par un
courant fixe qui génère un champ magnétique. Ce dernier va interférer avec une cible mobile, ici le
porte-outil. Tout déplacement du porte-outil est interprété par le conditionneur du capteur CF qui
produit alors un signal électrique dont l’intensité dépend de la distance à laquelle il se trouve. Si la
position du porte-outil varie, son déplacement est mesuré par simple soustraction entre les positions
initiale et actuelle. Ainsi, dans la suite du mémoire, les capteurs à courant de Foucault seront appelés
de façon galvaudée capteurs de déplacement par soucis de simplicité.
L’inconvénient principal de ces capteurs est que le diamètre de la cible doit être supérieur
entre 1.5 et 3 fois le diamètre de la tête de mesure selon qu’ils sont blindés ou non. Les capteurs à
courant de Foucault utilisés dans cette thèse possèdent une tête de mesure de 4 mm et sont blindés.
La Figure 4-9 présente ce capteur ainsi que la cible mesurée selon qu’il soit ou non blindé.
Tête du
Capteur Cible
a. b.
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Le montage des capteurs permettant de mesurer les efforts exercés sur l’outil et le
déplacement au niveau du porte-outil est présenté sur la Figure 4-10a. La platine Kistler est montée
directement dans la tourelle par l’intermédiaire du support VDI. Le porte-outil étant positionné
directement sur la platine, les efforts sont mesurés dans le repère outil.
Les déplacements du porte-outil sont mesurés selon les directions de coupe et d’avance. La
position la plus pertinente des capteurs CF pour une acquisition correcte est celle qui est la plus
proche de l’outil où l’intensité des déplacements est la plus grande et la moins perturbée.
Néanmoins, la technologie des capteurs CF nécessite une cible assez grande avec très peu de
discontinuités afin d’obtenir des signaux corrects. Les mesures ne peuvent donc pas être effectuées
au niveau du bec de l’outil car sa largeur est trop faible selon la direction d’avance. Il a donc été
choisi d’acquérir les déplacements au-dessus du bec de l’outil sur la partie parallélépipédique du
porte-outil.
La Figure 4-10b montre la zone de coupe ainsi que les positions auxquelles sont mesurées les
déplacements et les efforts.
Platine
Kistler
Capteurs CF
Da
Support
Fc
VDI
Dc Fa
Pièce montage
Capteur CF
a. capteurs CF b. Fr
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Dans le cadre de ces essais, l’ensemble des bornes du domaine COM n’ont pas été
recherchées : seules les valeurs fmin, apmin, Vcmin et Vcmax ont été déterminées. Ce choix est motivé
par le fait que de faibles profondeurs de passe sont utilisées lors d’une opération de finition et que
de fortes avances ne sont jamais utilisées pour garantir une faible rugosité. Par contre, la plage de
vitesse de coupe du point de vue du COM ne souffre d’aucune limitation. Le point de
fonctionnement choisi pour les essais COM est le triplet suivant :
= (100, 0.3, 0.25). Le temps d’usinage pour chaque test est égal à deux
secondes afin de minimiser l’usure de la plaquette. Ainsi, le risque de dérive de la valeur de l’effort
spécifique de coupe Kc à la suite de la dégradation de l’outil est réduit. Les courbes présentées sur la
Figure 4-11 rendent compte des résultats des trois séries d’essais réalisées ainsi que des valeurs des
bornes de la plage COM.
2300 4000
f = 0.3 mm/tr f = 0.3 mm/tr
ap = 0.3 mm 3600 ap = 0.3 mm
2250
Kc (N/mm2)
Kc (N/mm2)
3200
2200
2800
2150
2400
2100 2000
40 75 110 145 180 215 250 90 140 190 240 290 340 390
Vcmax = 285
A. Vcmin = 105 Vc (m/min) B. Vc (m/min)
3000 3100
Vc = 100 m/min Vc = 120 m/min
ap = 0.3 mm 2900
2700 f = 0.3 mm/tr
2700
Kc (N/mm2 )
Kc (N/mm2)
2400 2500
2300
2100
2100
1800
1900
1500 1700
0 0,2 0,4 0,6 0,8 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
Figure 4-11 : (A.) – (B.) Evolution de Kc en fonction de la vitesse de coupe et détermination de Vc min
et Vc max (C.) Evolution de K c en fonction de l’avance et détermination de f min
(D) Evolution de Kc en fonction de la profondeur de passe et détermination de ap min
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
L’avance minimum est de 0.18 mm/tr et la profondeur de passe minimum est de 0.11 mm.
En prenant les paramètres de coupe pour la première et la troisième série, il est calculé que
l’épaisseur de copeau minimum (hcmin) se trouve entre 85 et 88 µm. Ces valeurs de fmin, apmin et hcmin
sont semblables à celles usuellement utilisées. Par contre, la vitesse de coupe garantissant une durée
de vie optimale de l’outil lors du tournage du Ti-6Al-4V est de 60 m/min. La différence entre cette
valeur et celle du Vcmin déterminée (soit 105 m/min) sera expliquée dans un document annexe
traitant des endommagements des outils. De même, la valeur Vcmax (soit 285 m/min) est trop grande
et ne peut correspondre à une vitesse de coupe garantissant une durée de vie de l’outil optimale. Au
contraire, dans ce cas, elle représente une limite au-delà de laquelle l’usure en dépouille de l’outil
devient importante pour une longueur usinée donnée entraînant l’augmentation de la valeur de Kc.
Cette borne a ainsi été recherchée afin de déterminer la vitesse de coupe à partir de laquelle
l’usinage se déroule dans de mauvaises conditions conduisant à la formation d’anomalies de
dimensions conséquentes.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
La Figure 4-12a présente le dispositif d’essai. Le montage est identique à celui présenté sur la
Figure 4-6. Seule la préparation du lopin est différente. En effet, la pièce d’essai possède des gorges
séparant dix zones qui seront par la suite usinées avec différentes conditions de coupe. La largeur de
ces pistes d’usinage (Lu) est constante et égale à Lu = 10.2 mm. De ce fait, il pourra être comparé
l’impact des paramètres de coupe sur l’intégrité matière à volume de matière usinée équivalent.
L’ensemble des cinq lopins utilisés de diamètre (D) égal à 204 mm ont été préparés de façon
identique. Afin d’être rigoureusement dans les mêmes conditions d’un essai à l’autre, une plaquette
neuve est utilisée à chaque début d’essai d’usinage.
Le second objectif de ces essais est d’acquérir des données provenant des moyens de
surveillance afin de les utiliser par la suite pour les corréler aux défauts générés. Ces essais sont donc
instrumentés avec la platine Kistler et les courants de Foucault de façon à enregistrer les signaux
d’efforts et de déplacements.
Le choix des conditions de coupe est primordial afin de bien limiter les domaines avec et sans
anomalie. En émettant l’hypothèse que le domaine défini par le COM est proche de celui sans
anomalie, les essais de coupe testées se trouvent dans et hors du domaine COM et donc très
certainement dans des domaines avec et sans anomalie. La Figure 4-12b présente l’ensemble des
essais réalisés ainsi que les iso-temps d’usinage (en pointillé bleu), comme dans l’approche de
Perrin [PER07].
20 s 10 s 5s 3.5 s 2.5 s 2s
Domaine
COM
60 s
a. b.
Figure 4-12 : (a.) Lopin préparé pour les essais de cartographie Vc - f montrant les pistes à usiner
(b.) Conditions de coupe testées à l’intérieur et à l’extérieur du domaine COM et courbes
d’iso-temps d’usinage en pointillé bleu
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Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Cinquante essais de coupe comportant dix niveaux de vitesses de coupe et cinq niveaux
d’avance constituent le plan d’essais. La Table 4-3 récapitule les valeurs des paramètres de coupe
utilisées.
Table 4-3 : Valeurs des paramètres de coupe utilisées pour les essais de cartographie Vc - f
Le temps d’usinage (tusi) calculé pour chacun des essais de coupe est inscrit dans la
Table 4-4 suivante :
Table 4-4 : Synthèses des durées d’usinage lors des essais de cartographie Vc – f en fonction de la
vitesse de coupe et de l’avance
Les conditions de coupe les plus fortes paraissent abusives pour le tournage du Ti-6Al-4V.
Cependant, elles ont été choisies pour générer de sévères anomalies aux dimensions importantes et
ainsi, pouvoir facilement les détecter et les qualifier. Cela permettra d’élargir la diversité des
anomalies et facilitera la distinction entre les domaines d’anomalies.
Les cinquante plaquettes d’outil utilisées lors des essais de coupe ont été inspectées à l’aide
d’une binoculaire. Dans un premier temps, la morphologie globale des usures en dépouille et en
coupe a été observée.
La Figure 4-13 présente les deux détériorations types représentatives de l’ensemble des
plaquettes.
Les usures sur les faces de coupe et de dépouille présentées sur la Figure 4-13a montrent des
endommagements conventionnels de la plaquette :
La face de coupe présente des traces d’usure provoquées par le frottement du copeau. Il
s’en suit la présence de la matière collée de façon prépondérante à une certaine distance de
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
l’arête. Ce collage de matière tend à s’éloigner du bord de l’arête au fur et à mesure que la
profondeur de l’outil en contact avec la matière usinée est grande.
La face de dépouille a subi une usure de largeur constante sur toute la zone en contact avec
la matière usinée.
Ces morphologies d’usure ont été obtenues principalement pour des conditions de coupe
appartenant au domaine COM ou pour des vitesses de coupe et des avances plus faibles que les
limites basses de ce domaine comme le montre la Figure 4-14a.
La Figure 4-13b illustre des usures sévères. Contrairement à la plaquette précédente, en plus
du collage de matière sur la face de coupe, l’endommagement principal observé est l’effondrement
d’arête. Cette détérioration est aussi visible sur la face de dépouille. De plus, une grande quantité de
matière collée sur la face de dépouille est visible à proximité de l’arête. Les parties usées les plus
éloignées de l’arête ne comportent pas de Ti-6Al-4V adhérent. Ces usures sévères ont été produites
lors d’usinages dans des conditions de coupe importantes généralement hors COM comme le
présente la Figure 4-14a.
Augmentation
de la Bris
profondeur de arête
l’outil en prise Collage
matière
Stries de
rectification
Collage matière
a. b.
Figure 4-13 : Photos des faces de coupe et de dépouille d’une plaquette ayant subi des
endommagements conventionnels [Vc = 165 m/min et f = 0.25 mm/tr] (a.)
et des endommagements sévères [Vc = 300 m/min et f = 0.25 mm/tr] (b.)
Les valeurs des usures en dépouille obtenues pour les essais de cartographie Vc - f sont
répertoriées dans la Table 4-5. Ces mesures ont été obtenues par l’intermédiaire d’une binoculaire
dont la résolution est de 0.005 mm. Il est noté que l’usure en dépouille croît avec la vitesse de coupe.
Qui plus est, elle croît avec l’avance aux faibles vitesses de coupe (Vc ≤ 200 m/min) et présente un
maximum pour f = 0.15 mm/tr aux fortes vitesses (Vc > 200 m/min).
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Table 4-5 : Synthèse des usures en dépouille produites lors des essais de cartographie Vc – f
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
Il est noté enfin que l’usure en dépouille augmente de façon brusque entre 200 m/min et 250
m/min comme montré en Figure 4-14b. Sachant que le rebut de l’outil est effectif pour un VB de
0.3 mm (critère de réforme d’un outil en vigueur chez SNECMA), les plaquettes ayant usinée à des
vitesses de coupe supérieures à Vc = 200 m/min et des avances plus grandes que f= 0.05 mm/tr
seraient rebutées.
0,5
0,45
0,4
0,35
+ +
f (mm/rev)
0,3
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
+
0
0 100 200 300 400 500
Vc (m/min)
a. Endommagements classiques (VB
Endommagements sévères (VB
(Vb << 0.3
(Vb ≥> 0.3
0.3mm)
0.3mm)
mm)
mm)
b. Vitesse de coupe (m/min)
Figure 4-14 : (a.) Cartographie Vc – f des usures en dépouille acceptables (V B < 0.3 mm)
et non acceptables (V B ≥ 0.3 mm)
(b.) Evolution de l’usure en dépouille produite lors des essais de cartographie Vc – f en fonction de
la vitesse de coupe et de l’avance
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
L’étude des signaux de surveillance a pour but dans un premier temps de retenir les signaux
les plus pertinents vis-à-vis des défauts générés. Ensuite, de ces signaux, des critères quantitatifs
seront recherchés afin de les corréler avec l’intégrité matière. In fine, cette étude devrait pouvoir
fournir des éléments de réponse afin de mieux comprendre les phénomènes qui se seront déroulés
lors de la coupe.
175
J1 = J2 = J3 = J4 200 J2 = J4 = J3
175
150
150
J1
125
125
100
100
75
75
50
50
25
Morphologie A 25
Morphologie B
0 0
00 0
:02
:0 00 0
:02
e f fo r t p e n e tra t o
:0
i n
00 0
:04
:0
t1 00 0
:10
:0 00 0
:12
:0 00 0
:14
:0
t2 00 0
:20
:0
hm
: n
i :s e f fo r t p e n e tra t o
i n t1 00 0
:04
:0
t2 hm
: n
i :s
1650
J4 175
1320
J2 150
J3
125
J1
990
100
J2= J4
75
660
J3 50
330 J1 25
0
Morphologie C 0
Morphologie D
e f fo r t p e n e tra t o
i n t1 t3 t4 t2
00 0
:04
:0
hm
: n
i :s
00 0
:10
e f fo r t p e n e tra t o
:0
i n t1 t3 00 0
:12
:0
t4 t2 hm
: n
i :s
Figure 4-15 : Différentes morphologies de signaux rencontrés lors des essais de coupe Vc – f
avec leurs paramètres J1, J2 , J3 et J4 associés (exemple de l’effort radial)
Quatre paramètres notés J1, J2, J3 et J4 associés à des temps d’usinage t1, t2, t3 et t4 ressortent
de ces signaux et permettent de les caractériser. Leur signification est la suivante :
J1 représente la valeur moyenne du signal dès que l’arête de l’outil est rentrée entièrement
dans la matière à usiner.
J2 est la valeur moyenne du signal dès le moment où l’arête de l’outil commence à sortir de la
matière usinée.
J3 correspond à la valeur moyenne du signal au niveau du premier point d’inflexion.
J4 est la valeur moyenne correspondant au maximum ou au minimum du signal après que le
premier point d’inflexion J3 ait été rencontré.
Page 136
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Pour chaque critère, la valeur moyenne du signal est mesurée sur une durée équivalente à
deux rotations effectuées par le lopin.
L’ensemble des morphologies de signaux peuvent être différenciées par ces quatre
paramètres aux travers des relations répertoriées dans la Table 4-6 :
En pratique, la morphologie A n’existe pas même dans le domaine COM. En effet, il est très
compliqué d’obtenir un signal constant lors de l’usinage pour des raisons liées à la coupe (usure
d’outil, évènements aléatoires,…..) ou au moyen de surveillance (dérive du signal). Ainsi, le
paramètre J1 n’est jamais strictement égal à J2. Toutefois, pour pouvoir différencier les morphologies
A et B et après une étude qualitative de l’ensemble des signaux, les paramètres J1 et J2 seront
considérés identiques si la valeur de J2 est comprise entre 0.98 et 1.02 J1 pour les efforts. Concernant
les déplacements, la dérive des capteurs est forte pour des longs temps d’acquisition. De plus, des
sauts brusques du signal apparaissent dont la cause n’est pas clairement établie. Il est donc
compliqué de repérer des signaux de morphologie A pour les conditions de coupe les plus faibles où
l’usinage est le plus long. Ce type de morphologie ne sera donc finalement pas pris en compte dans le
cas des signaux de déplacements.
La Figure 4-16 présente les cartographies des morphologies des signaux en fonction de la
vitesse de coupe et de l’avance. L’acquisition des signaux n’ayant pas pu être réalisée lors de
l’usinage à Vc = 450 m/min et f = 0.25 mm/tr, aucune information n’est donnée pour cette condition
de coupe. De même, les signaux de déplacements selon la direction d’avance n’ont pas pu être
exploités pour Vc= 200 m/min, f = 0.05 mm/tr et Vc= 200 m/min, f = 0.15 mm/tr.
La comparaison de ces cartographies souligne que celles associées aux efforts radiaux et axiaux sont
quasiment semblables, mis à part pour la condition de coupe Vc = 200 m/min et f = 0.375 mm/tr.
Sachant que la plaquette est ronde, le comportement de la coupe est identique dans les deux
directions perpendiculaires à la coupe ce qui explique ce résultat.
L’évolution des signaux d’efforts est généralement stable (morphologie A) pour des vitesses
de coupe et des avances aussi faibles que les limites basses du domaine défini par la méthode COM.
De plus, une vitesse de coupe limite Vclim comprise entre 200 et 250 m/min et une avance limite flim
entre 0.05 et 0.15 mm peuvent être identifiées à partir de ces cartographies. Au-delà de ces valeurs,
il existe un domaine où les morphologies des signaux sont de type C ou D, soient très différentes des
types A ou B précédents. Les morphologies sont de type C pour les trois efforts et le déplacement
selon la direction de coupe et de type D pour le déplacement selon la direction d’avance. Les
morphologies des signaux du domaine COM ont tendance à être de type B pour les vitesses de coupe
les plus faibles et de type C ou D pour les plus fortes.
Page 137
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
Vclim Vclim
flim flim
Figure 4-16 : Cartographies des morphologies types des différents signaux de surveillance
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
La Figure 4-17a présente les signaux d’efforts obtenus pour la condition de coupe
Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr faisant partie de la limite basse en vitesse de coupe du domaine
COM. Ces signaux sont représentatifs de ceux enregistrés pour une vitesse de coupe inférieure à
Vclim. Les Figures 4-17b et 4-17c montrent les signaux de ces mêmes efforts obtenus pour
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr, soit la limite haute en vitesse de coupe du domaine COM.
L’évolution de ces signaux est représentative de la morphologie de type C.
Dans le premier cas (Figure 4-17a), les signaux sont pratiquement stables. L’effort
prépondérant est en règle générale celui de coupe. La différence entre l’effort de coupe et l’effort
radial (Fc – Fr) tend à se minimiser lorsque l’avance diminue à vitesse de coupe identique.
Pour des vitesses de coupe supérieures à Vclim (Figure 4-17b), l’évolution des efforts axiaux
et radiaux possède des similitudes liées à la forme ronde de la plaquette. Au début de l’usinage,
l’effort de coupe est légèrement plus important que les deux autres efforts. Néanmoins, au cours de
l’usinage, la valeur de l’effort axial et surtout celle de l’effort radial augmentent brusquement.
L’effort radial devient alors prépondérant et atteint des valeurs nettement supérieures aux deux
autres efforts.
Afin de bien mettre en évidence ces différences, la Figure 4-17d illustre la variation de la
valeur du paramètre J4 en fonction de la vitesse de coupe pour une avance de 0.375 mm/tr. Des
résultats proches ont été obtenus pour les avances de 0.15, 0.25 et 0.5 mm/tr tant que les
morphologies des efforts sont de type A, B et C. Il s’ensuit que pour des vitesses de coupe inférieures
à Vcmin = 105m/min, J4 est stable. Pour Vcmin < Vc < Vclim, la valeur maximale atteinte par les efforts
axiaux et radiaux augmente de façon linéaire avec l’élévation de la vitesse de coupe alors que l’effort
Page 138
de coupe reste stable. Pour Vc > Vclim, une forte augmentation de J4 est notée pour l’effort radial.
Cette tendance est observée dans une moindre mesure pour l’effort axial et pour l’effort de coupe.
Effort (N)
350
300
300
200
200
Fr 2500
Vcmin
150
f = 0.375 mm/tr
100
100
Fa
105 m/min
50
2000
0
e f fo r t p e n e tra t o
i n E f fo r t a v a n c e E f fo r t c o u p e
Temps (s) 00 0
:04
:0
hm
: n
i :s
Fr
1500
1500
Effort (N)
1250
Fr b. 1500
Effort (N)
1000
1000
750
Fa 1000
500
500
250
Fc
0
Fc
e f fo r t p e n e tra t o
i n E f fo r t a v a n c e E f fo r t c o u p e Temps (s) hm
: n
i :s 500
500
500
Fa
Effort (N) Fa
450
400
c.
350
0
300
Fc 0 100 200 300 400 500
250
250
e f fo r t p e n e tra t o
i n E f fo r t a v a n c e E f fo r t c o u p e Temps (s) hm
: n
i :s
Figure 4-17 : Signaux d’efforts obtenus lors des essais de coupe réalisés respectivement à Vc = 125
m/min, f = 0.25 mm/tr, tusi = 12.4 s (a.) et Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr, tusi = 6.22 s (b.) et (c.)
Evolution de la valeur maximum atteinte par les efforts (J4) en fonction de la vitesse de coupe
pour f = 0.375 mm/tr (d.)
La Figure 4-18a présente les signaux enregistrés par les capteurs de déplacement selon les
directions de coupe (Dc) et d’avance (Da), lors de l’essai à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr. Les
lignes pointillées en violet représentent le début et la fin de l’usinage. Le déplacement moyen du
porte-outil est de quelques micromètres selon la direction de coupe et se rapproche du capteur dans
le sens de l’effort appliqué sur l’outil. Aucune constatation ne peut être faite concernant le signal
enregistré suivant la direction d’avance car son intensité est très faible (inférieure au micromètre) et
est noyé dans le bruit de fond.
La Figure 4-18b montre l’évolution des déplacements mesurés pour une vitesse de coupe
égale à 250 m/min et pour une avance de 0.25 mm/tr. La morphologie des signaux de déplacements
sont de type C selon la direction de coupe et de type D selon la direction d’avance. Au début de
l’usinage, le déplacement Dc du porte-outil varie dans le même sens que l’effort de coupe appliqué.
Puis, la tendance s’inverse et le déplacement s’effectue dans le sens opposé de l’effort de coupe
jusqu’à atteindre un maximum et se stabiliser. La toute dernière décroissance finale correspond au
désengagement de l’outil. Ce résultat atypique sera expliqué dans la suite du mémoire. Le
déplacement selon Da du porte-outil s’effectue dans le sens de l’effort d’avance appliqué sur la
plaquette tout au long de l’usinage jusqu’au désengagement de l’outil en fin d’usinage. La valeur
Page 139
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
maximale du déplacement dépasse 10 µm dans certains cas. Ainsi, Da est prépondérant devant Dc,
contrairement au cas montré en Figure 4-18a. Ces résultats sont généralement représentatifs des
signaux acquis pour des vitesses de coupe supérieures à Vclim et pour des avances plus grandes que
flim.
Position (µm)
603
603
602
601
600
f = 0.15 mm/tr
599
598
597
Dc
596
595
Vclim
594
594
256
255
255
254
253
252
251
250
Da
249
c.
249
00 0
:02
:0
a.
e f fo r t p e n e tra t o
i n Dep a
l c em e n tC o u p eD e p a
l c em e n t a v a n c e
temps (s)
00 0
:04
:0
hm
: n
i :s
607
607 5
,
Dc
0
Déplacement (µm)
605 0
,
-2 0 100 200 300 400 500
602 5
,
-4
600 0
,
-6
597 5
,
Engagement -8
Vclim
595
595 0
,
200 0
,
200
197 5
,
outil -10
195 0
, Désengagement outil
192 5
,
-12
190 0
,
187 5
,
185 0
,
182 5
,
Da -14
f = 0.15 mm/tr
180 0
, -16
180
177 5
,
b.
,
e f fo r t p e n e tra t o
i n Dep a
l c em e n tC o u p eD e p a
l c em e n t a v a n c e temps (s) hm
: n
i :s
d. J1_Da J4_Da
Figure 4-18 : (a.) et (b.) Signaux de déplacement obtenus lors des essais de coupe réalisés à
Vc = 125 m/min, f = 0.25 mm/tr, tusi = 12.4 s et Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr, t usi = 6.22 s
(c.) et (d) Evolution du déplacement selon les directions de coupe (Dc) et d’avance (Da) du porte -
outil en début d’usinage (J 1 ) et de la valeur maximale ou minimale atteinte (J4) en fonction de la
vitesse de coupe pour f = 0.15 mm/tr
La Figure 4-19a présente les signaux d’effort et de déplacement selon la direction de coupe
pour Vc = 125 m/min et f = 0.375 mm/tr proche de la limite basse en vitesse de coupe du domaine
COM. Il est constaté que leur évolution est similaire : le porte-outil se déplace selon la direction de
l’effort de coupe appliqué sur l’outil. Ce résultat est cohérent : en effet, en supposant que le système
{outil + porte-outil} présente une raideur k et que le porte-outil ne se déforme pas, il peut être admis
que Fc = k Dc pour de faibles déplacements. Cette relation est observée sur les signaux des essais
dont les vitesses de coupe sont inférieures à Vclim.
Page 140
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
La Figure 4-19b présente les signaux d’effort et de déplacement selon la direction de coupe
pour Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr. Cette figure montre que la corrélation entre les deux signaux
se vérifie uniquement au début de l’essai. Par la suite, le déplacement du porte-outil continue à
s’amplifier alors que l’effort de coupe se stabilise. Par contre, pour cette même condition de coupe,
la Figure 4-19c démontre que les signaux de l’effort radial et du déplacement selon la direction de
coupe suivent la même évolution tout au long de l’usinage. Ainsi, l’évolution de Dc n’est pas
seulement causée par l’effort de coupe mais principalement par l’effort radial. Cette corrélation est
observée dans le domaine défini par des conditions de coupe supérieures à Vclim et flim. Ce résultat
sera expliqué dans la suite de ce mémoire lors de la discussion finale du Chapitre 5.
De même, d’autres corrélations ont pu être faites pour les signaux d’effort et de
déplacement acquis suivant la direction d’avance. Par exemple, pour des vitesses de coupe
supérieures à Vclim, les signaux de déplacement et d’effort selon la direction d’avance sont
semblables mais de signe opposé. Ils sont présentés en Figure 4-19d et correspondent à un usinage
réalisé à Vc = 350 m/min et f = 0.25 mm/tr. Pour toute augmentation ou diminution de l’effort
d’avance, le porte-outil tend respectivement à se rapprocher ou s’éloigner du capteur CF. Ce
phénomène implique l’existence d’une corrélation qualitative entre le déplacement et l’effort selon
la direction d’avance.
602 5
, 650
Dc Dc
648
600 0
,
646
597 5
,
644
595 0
,
642
592 5
,
640
Fc
Fc
590 0
, 638
a. W _F p W _F a Ec Fc
00 0
:04
:0 00 0
:04
:0
hm
: n
i :s b.Dc Fc hm
: n
i :s
3000 550
Dc 500 Da
2500
450
400
2000
350
300
1500
250
1000
Fr 200
150
100
500
50 Fa
c.
0 0
00 0
:04
:0
Dc Fc E f fo r t c o u p e
00 0
:04
:0
hm
: n
i :s d. Da Fa hm
: n
i :s
Figure 4-19 : Signaux de déplacements et d’efforts obtenus lors des essais réalisés à
Vc = 125 m/min, f = 0.375 mm/tr, t usi = 8.29 s (a.) ; Vc = 350 m/min, f = 0.15 mm/tr, t usi = 7.40 s (b.) ;
Vc = 350 m/min, f = 0.15 mm/tr, t usi = 7.40 s (c.) et Vc = 350 m/min, f = 0.25 mm/tr, t usi = 4.44 s (d.)
Page 141
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
L’étude des usures en VB d’outil et des signaux des moyens de surveillance ont permis
d’identifier les trois domaines de conditions de coupe suivants :
Le domaine 1 regroupe les conditions de coupe dont la vitesse de coupe est inférieure à Vclim
Le domaine 2 constitué des trois vitesses de coupe Vc = 250, 300 et 350 m/min et une même
avance f = 0.05 mm/tr
Le domaine 3 composé des conditions de coupe dont la vitesse de coupe et l’avance sont
respectivement supérieures à Vclim et flim auxquelles les conditions de coupe Vc = 400, et
450 m/min pour f = 0.05 mm/tr sont rajoutées.
Les caractéristiques de ces domaines sont répertoriées dans la Table 4-7.
- Fc et Dc - Fr et Dc
Corrélations Non traité
- Fa et Da - Fa et Da
Table 4-7 : Synthèse des résultats concernant les usures d’outil en dépouille et
les signaux des moyens de surveillance
Le domaine 1 correspond à des usinages dont les conditions de coupe ont une vitesse de
coupe inférieure à Vclim. Après l’essai de coupe, les plaquettes observées ont des endommagements
conventionnels (aucun bris d’outil, aucune fissuration,…) et les valeurs des usures en dépouille sont
inférieures au critère de rebut VB = 0.3 mm en vigueur chez Snecma. Les signaux d’efforts sont
linéaires ce qui correspond à une évolution normale. De plus, les corrélations entre efforts et
déplacements sont clairement avérées. Ce résultat démontre qu’une flexion du porte-outil
proportionnelle à l’effort appliqué intervient selon les directions de coupe et d’avance. Ce
phénomène est conforme aux attentes et est le signe que la coupe se déroule correctement. Le
domaine 2 ne possède pas de singularités majeures par rapport au domaine 1. Seules les
morphologies de certains signaux changent, les valeurs atteintes par les paramètres Ji restent par
contre du même ordre de grandeur que ceux identifiés dans le domaine 1.
Page 142
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 4 : Démarche expérimentale et essais de coupe instrumentés
En revanche, le domaine 3 est très différent des deux premiers : les usures générées sont
sévères et l’évolution des signaux ainsi que les valeurs d’efforts et de déplacements sont bien
supérieures à celles des domaines 1 et 2. Il peut donc être affirmé que l’usinage se déroule dans des
conditions fortement dégradées et que la probabilité de produire des anomalies matière sont très
grandes. C’est pourquoi, une attention particulière sera apportée aux conditions de coupe de ce
domaine afin de comprendre les singularités d’évolution des efforts et des déplacements dans le
chapitre suivant. Plus particulièrement, une compréhension des phénomènes de coupe du Ti-6Al-4V
va être proposée par l’observation des anomalies géométriques générées à la surface de la pièce
usinée.
Page 143
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Page 144
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques
et de surface
4 Conclusion ..............................................................................................................180
Page 145
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
ce Profondeur de l’entaille mm ou µm
DS Déviation de Surface mm
Fr Effort radial N
J4_Fr, J4_Dc, 4_Da Valeurs associées aux paramètres J4 des signaux d’effort radial, N, µm, µm
du déplacement selon la direction de coupe et du déplacement
selon la direction d’avance
Ra Rugosité arithmétique µm
(moyenne arithmétique des écarts du profil de rugosité)
Re Rayon à fond d’entaille mm ou µm
Page 146
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
SE Secondary Electrons -
Page 147
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Introduction
Ce paragraphe traite des défauts géométriques et de surface produits sur les lopins de
Ti-6Al-4V pendant les essais de cartographie Vc - f. Ces anomalies matière représentent l’ensemble
des défauts pouvant être observés et mesurés sur la surface de la matière usinée. Les analyses
réalisées sont donc non destructives.
Pour des raisons de commodité, sachant que les dimensions des lopins utilisés pour les essais
sont importantes, des prélèvements d’échantillons ont été réalisés pour pouvoir observer plus
facilement les défauts. Qui plus est, afin de facilement les illustrer et les caractériser, des coupes
micrographiques ont été effectuées. Néanmoins, la plupart des anomalies qui vont être décrites
auraient pu être détectées et caractérisées par des moyens non destructifs.
L’étude se divise donc en deux parties. La première consiste dans l’investigation des défauts
macroscopiques. Il s’agit des défauts géométriques de dimensions importantes (du dixième de
millimètre au millimètre). Ces derniers sont détectables par inspection visuelle ou par microscope
optique et sont mesurables à l’aide d’un profilomètre. La seconde partie consiste dans l’observation
des défauts microscopiques dont les dimensions sont de l'ordre du micromètre à la dizaine de
micromètre. On entend par défaut de surface un défaut géométrique de taille microscopique
uniquement observable au microscope électronique à balayage (MEB).
Page 148
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
En tournage, le défaut dit de déviation de surface se caractérise par une surface usinée dont
la génératrice n’est pas parallèle à l’axe du lopin. Il peut provenir des phénomènes liés à la coupe, du
recul de l’arête provoqué par l’usure de l’outil ou d’un défaut de parallélisme du tour. En règle
générale, l’amplitude de cette déviation de surface est très faible lorsque l’usinage se déroule
correctement.
Les profils des surfaces usinées lors des essais de cartographie Vc - f ont été mesurés selon la
direction d’avance à l’aide d’un profilomètre (précision de l’ordre du dixième de micromètre). Ces
profils ont été effectués directement sur le lopin et non sur des éprouvettes prélevées afin d’éviter
l’introduction d’un défaut de battement simple causé par la découpe.
La Figure 5-1a présente le profil obtenu après un usinage dans le domaine COM pour
Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr. La déviation de la surface usinée est constituée de deux zones : la
première consiste en une augmentation linéaire du diamètre du lopin puis la seconde en sa
stabilisation. Cette évolution est probablement la conséquence du rodage de la plaquette suivi de la
stabilisation de la géométrie locale de l’arête. Le défaut de déviation de surface est de l’ordre de
quelques micromètres et s’accompagne de ressauts comme celui repéré sur la Figure 5-1a. La coupe
micrographique réalisée selon la direction d’avance montre clairement l’évolution du profil.
Un travail identique a été mené pour une surface usinée dans une condition de coupe sévère
à Vc = 350 m/min et f = 0.25 mm/tr. Le profil présenté sur la Figure 5-1b montre une phase
d’augmentation du diamètre usiné en deux temps suivi d’une brusque décroissance en fin d’usinage.
Ce profil est caractéristique de conditions de coupe sévères appartenant au domaine 3 défini dans la
Table 4-6. Contrairement au profil précédent (Figure 5-1a), la déviation de surface peut atteindre
350 µm comparé aux 10 µm du profil précédent. Ainsi, la profondeur de passe réellement prise par
l’outil n’est plus que de 0.15 mm alors que la valeur programmée est de 0.5 mm. Ce résultat est
confirmé par la coupe micrographique présentée en Figure 5-1b. La première phase du profil est très
certainement liée en grande partie au recul de l’arête de l’outil lié à l’usure en dépouille alors que la
décroissance brutale du profil en fin d’usinage est la conséquence de l’effondrement de la matière à
proximité de la gorge. Toutefois, la contribution du recul d’arête (E) à cette déviation de surface
n’est que de 114 µm soit 1/3 de la différence de hauteur maximale. Aussi, un autre phénomène que
celui du recul d’arête doit pouvoir expliquer cette déviation de surface. Un troisième type de profil
dont l’évolution est constamment décroissante est repéré (Figure 5-1c). Ces profils sont
généralement associés à des épaisseurs copeaux et à des vitesses de coupe en dessous des bornes
inférieures du domaine COM, soient pour des conditions de coupe en sous-avance et sous-vitesse.
Page 149
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
a. Profil échantillon (Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr) b. Profil échantillon (Vc = 350 m/min et f = 0.25 mm/tr)
10 400
9
Vb = 0.09 mm Vb = 1.08 mm
350
8
E ≈ 10 µm E ≈ 114 µm
300
7
Hauteur (µm)
Hauteur (µm)
250
6
5 200
4 150
Différence
3
Ressaut 100 hauteur
2
50 maximum
1
0
0
0 2 4 6 8 10
0 2 4 6 8 10
Longueur usinée selon la direction d'avance (mm) Longueur usinée selon la direction d'avance (mm)
Nickelage
Surface usinée Nickelage
Différence Surface usinée
hauteur
maximum
c. Profil échantillon (Vc = 350 m/min et f = 0.05 mm/tr) Profil échantillon (Vc = 35 m/min et f = 0.05 mm/tr)
20 16
18
14
16
12
14
Hauteur (µm)
Hauteur (µm)
10
12
10 8
8 6
6
4 Ressaut
4
2
2 Ressaut
0 0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Longueur usinée selon la direction d'avance (mm) Longueur usinée selon la direction d'avance (mm)
Figure 5-1 : (a.) Profil de la surface usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
(b.) Profil de la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.25 mm/tr
(c.) Profils des surfaces usinées à Vc = 35 et 350 m/min et f = 0.05 mm/tr
Le critère choisi afin de quantifier ce défaut est la valeur maximum de la déviation de surface
(DS) représentant la différence de hauteur maximum entre deux points de la surface usinée. La
Figure 5-2a présente l’évolution de ce critère en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance. Il est
noté qu’une augmentation de DS intervient pour des vitesses de coupe supérieures à Vclim et pour
des avances supérieures à flim exceptées pour Vc = 400 et 450 m/min (non visibles sur ce graphique).
A partir de Vc = 300 m/min, DS stagne comme les paramètres J4_Fr, J4_Dc et J4_Da et atteint son
maximum pour Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr. Pour cette condition de coupe, la déviation de
surface maximum est de 379 µm. Ce résultat est surprenant car on aurait pu penser que DS atteigne
un maximum pour les conditions de coupe les plus sévères (Vc = 450 m/min, f = 0.15 et 0.25 mm/tr),
correspondant aux usures en dépouille les plus importantes. Aucune justification n’a pu expliquer ce
résultat.
Page 150
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
a. Déviation de surface b.
DS (µm) 0,5
0,4 +
f (mm/tr)
0,3 ~ 9 µm + ~ 367 µm
0,2
~ 379 µm
0,1 ~ 14 µm flim
+
0 ~ 18 µm
0 100 200
Vclim 300 400 500
Vc (m/min)
Vc (m/min)
f (mm/tr) Faible Importante
Figure 5-2 : (a.) Déviation maximum de la surface usinée (DS) en fonction de la vitesse de coupe et
de l’avance (b.) Cartographie du défaut de déviation de surface en fonction de la vitesse de coupe et
de l’avance
Table 5-1 : Synthèse des déviations de surface produites lors des essais de cartographie Vc – f
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
1.2 Bavure
La bavure est un défaut rencontré dans un grand nombre de procédé d’usinage par
enlèvement de matière. Elle est constituée de matière déformée par l’outil en sortie de pièce à la fin
de l’usinage (tournage ou perçage) ou en sortie de dent de la matière (fraisage). La bavure induit
une perte de la qualité géométrique et est une zone très coupante. Sachant que par définition,
l’usinage par outil coupant est un procédé qui utilise la déformation plastique du matériau, ce défaut
est systématiquement présent mais reste négligeable tant que l’usure de l’outil est faible. Les
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
La photographie présentée sur la Figure 5-3a montre une vue du profil usiné à
Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr où la bavure n’a pas pu être identifiée par simple inspection
visuelle. Une détection à l’aide d’un profilomètre ou d’un microscope optique permet de la
quantifier. La Figure 5-3b présente un profil usiné à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr à partir duquel
une bavure massive a été détectée visuellement. Il peut être observé sur cette photographie un
profil similaire à celui observé sur la Figure 5-1b.
Surface usinée
Surface usinée
Bavure
Au terme de ces investigations, deux catégories de bavure ont été identifiées : la première
dite « classique » correspond aux bavures de faibles dimensions non visibles par inspection visuelle
sans l’aide d’un appareil optique et la seconde dite « non classique », correspondant à celles
détectables à l’oeil. La Figure 5-4a présente une cartographie de ces deux catégories de bavure en
fonction de la vitesse de coupe et de l’avance. Les bavures importantes dites « non classiques » sont
produites pour des vitesses de coupe supérieures à Vclim et des avances plus grandes que flim. Leurs
apparitions s’expliquent en partie par un niveau important de contraintes thermomécaniques lié à de
grandes vitesses de coupe. Une bavure importante a été également repérée pour l’usinage réalisé à
Vc = 35 m/min et f = 0.05 mm/tr. Une condition de coupe en sous-avance par rapport au domaine
COM combinée à une faible vitesse de coupe amplifie le refus de coupe qui se caractérise par un
bruit important lors de l’usinage. Le cumul de ces deux paramètres opératoires induit que la matière
n’est plus correctement coupée mais plutôt matée. L’usinage s’assimile alors plus à de l’extrusion de
matière car l’épaisseur de copeau est trop petite. Ce phénomène conduit à la formation d’une
bavure de longueur importante sur une faible profondeur comme le montre la Figure 5-5. En règle
générale, pour les sous-avances, les bavures sont classiques (faibles longueur et profondeur).
Afin de quantifier les bavures, deux paramètres ont été définis : la longueur et la profondeur
de la bavure. La Figure 5-4b présente ces deux paramètres à partir d’une coupe micrographique
selon la direction d’avance de la bavure produite à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Afin d’obtenir
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
des valeurs plus précises, les profondeurs et les longueurs ont été obtenues par mesures directes sur
les coupes micrographiques. La profondeur est en général une valeur constante tout au long de la
circonférence usinée. Par contre, la longueur est variable car elle peut être affectée par la
préparation de la coupe micrographique. Sa valeur doit être considérée comme indicative et non
comme une donnée exacte. Les flèches vertes indiquent les tendances d’évolution des dimensions de
la bavure en fonction des conditions de coupe.
Vclim Longueur
0,5
0,4
+ +
+
f (mm/tr)
0,3
0,2
Profondeur
0,1 + flim
Nickelage
0
0 100 200 300 400 500 Direction
Vc (m/min) avance
a. Bavure "classique" Bavure "non classique" b.
Figure 5-4 : (a.) Cartographie en avance et en vitesse de coupe stipulant le type de bavure
(classique/non classique) (b.) Définition des paramètres quantitatifs (profondeur, longueur)
décrivant les bavures [Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
f (mm/tr) Vc (m/min)
a. Vc (m/min) b. f (mm/tr)
Figure 5-5 : (a.) Longueur et (b.) Profondeur de bavure produite lors des essais de cartographie
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
Table 5-2 : Synthèse des longueurs de bavures produites lors des essais de cartographie Vc – f
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
Table 5-3 : Synthèse des profondeurs de bavures produites lors des essais de cartographie Vc – f
en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance
1.3 Repli
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
responsable de ce phénomène. Cette anomalie peut être observée en Figure 5-7a sur une
micrographie effectuée la direction d’avance lors d’une opération de brochage sur un alliage base
nickel. Cette image provient d’un rapport établi dans le cas du projet ACCENT [ACC09]. Dans le cas du
tournage, ce défaut se présente sous une forme différente car la face de dépouille ne frotte pas
selon la direction d’avance mais selon la direction de coupe. De plus, contrairement au fraisage,
l’outil ne peut pas passer une nouvelle fois sur la zone fraîchement usinée.
Les Figures 5-6a et 5-6b présentent des micrographies de la surface usinée réalisées selon la
direction d’avance obtenues respectivement pour les conditions de coupe suivantes : Vc = 125
m/min et Vc = 450 m/min pour une avance de 0.25 mm/tr. Sur la première image, pour des
conditions de coupe peu sévères, la génératrice de la surface usinée du lopin est régulière. Les stries
d’usinage ne sont pas ici distinguables. Par contre, sur la Figure 5-6b, les stries d’usinage sont visibles
sous la forme de replis et sont distants de l’avance. De plus, au sommet de ces stries apparaît de la
matière fortement déformée.
La déformation plastique produite dans ce repli sera discutée dans le Chapitre 6. On entend
par défaut dit de repli un défaut géométrique correspondant à la forme entière d’une strie d’usinage
dont la longueur est égale à l’avance f et pas seulement le sommet de la strie dont la matière est
déformée.
Nickelage
0.25 mm = f Nickelage
Surface usinée
Replis
Surface usinée
Direction Direction
a. avance b. avance
Figure 5-6 : Micrographie (Gx200) selon la direction d’avance de la surface usinée à (a.) Vc = 125
m/min, f = 0.25 mm/tr sans repli et à (b.) Vc = 450 m/min, f = 0.25 mm/tr présentant des replis
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Vclim
0,5
Direction d’avance
0,4
Avance (mm/tr)
0,3
0,2
0,1 flim
0
0 100 200 300 400 500
Vitesse de coupe (m/min)
a. b. Absence Présence
Figure 5-7 : (a.) Replis obtenus lors d’une opération de brochage sur la surface usinée
(base nickel) [ACC09]
(b.) Cartographie des replis produits sur la surface usinée en fonction de la vitesse de coupe et de
l’avance
La Figure 5-8 présente la surface usinée à Vc = 400 m/min et f = 0.25 mm/tr obtenue à l’aide
d’un profilomètre optique. Cette image montre que la forme et la dimension des replis ne sont pas
identiques tout au long de l’usinage. Dans ce mémoire, la quantification de ce défaut n’a pas été
réalisée. Ce travail aurait très certainement nécessité la mesure de la rugosité totale Rt, c'est-à-dire
la hauteur entre le pic le plus haut et la vallée la plus profonde du profil de la surface usinée qui
pourrait s’apparenter à un facteur de concentration de contraintes dont la valeur théorique est
Rthéo = f2 / 8.r où r est le rayon de bec de l’outil.
Replis
Direction avance
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
La Table 5-4 présente une synthèse des principaux résultats de l’étude des défauts
géométriques en fonction des domaines définis à la suite des investigations sur les signaux des
moyens de surveillance et sur l’usure de l’outil (Table 4-6).
Table 5-4 : Synthèse des résultats obtenus concernant les défauts géométriques
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
La longueur usinée selon la direction d’avance est de Lu = 10.2 mm. Les défauts étant de
taille négligeable vis-à-vis de cette longueur, il est très compliqué d’observer la totalité des surfaces
usinées lors des essais de cartographies Vc - f. De même, la quantification de l’occurrence de ces
défauts est impossible. Ainsi la stratégie d’étude consiste dans un premier temps à détecter et
classer l’ensemble des anomalies trouvées. Une bibliothèque d’anomalies microscopiques sera
établie et une explication partielle de leur genèse sera donnée. Afin de pouvoir les comparer entre
elles, les micrographies de ces défauts sont réalisées à un même grossissement de Gx1200. Dans un
second temps, une observation de ces défauts et leur évolution selon les conditions de coupe (Vc – f)
et selon la longueur usinée (Lu) seront effectuées. Ces investigations permettront de donner des
indices qui contribueront à expliquer les phénomènes de coupe décrits au Chapitre 6.
La Figure 5-9a présente une image obtenue au MEB d’une surface usinée à Vc = 125 m/min
et f = 0.25 mm/tr. Des rayures apparaissent à l’intérieur des stries d’usinage espacées de
f = 0.25 mm, soit la longueur d’avance. Un grossissement de cette région est donné sur la
Figure 5-9b. Une alternance de creux appelés « sillons » et de bosses appelées « crêtes » parallèles à
la direction de coupe a été observée. La largeur de ces sillons et de ces crêtes selon la direction
d’avance est variable le long d’une même strie et entre le début et la fin de l’usinage. L’observation
de cette partie de surface usinée, illustrée sur la Figure 5-9a, montre que ce motif est pratiquement
répétable d’une strie à une autre.
Cet état de surface est lié au phénomène de retour élastique de la matière fraîchement
usinée lors de la coupe. La pièce étant en mouvement par rapport à l’outil, elle vient frotter sur la
face de dépouille de l’outil. Cet outil carbure étant bien plus dur que le Ti-6Al-4V et ce même après
une élévation de la température, l’alliage de titane épouse alors parfaitement la topographie de la
plaquette rectifiée sur laquelle il frotte. En effet, afin de garantir les caractéristiques dimensionnelles
et géométriques souhaitées sur l’outil, sa face de dépouille est rectifiée avec une meule diamant.
Cette opération laisse des stries de rectification relativement profondes sur la face de l’outil comme
le montre la Figure 4-13. Ainsi, l’empreinte de ces stries de rectification se superpose aux stries
d’usinage espacées de l’avance (f).
Ce phénomène apparaît dès le début de l’usinage quelles que soient les conditions de coupe
utilisées car le retour élastique est inhérent à l’usinage. Cet état de surface peut être considéré
comme une référence d’intégrité matière. Toute déviation par rapport à ce référentiel sera
considérée comme une anomalie dont la sévérité reste à définir.
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
a. Direction b. Direction
de coupe de coupe
f = 250 µm
Sillons
Direction Direction
d’avance d’avance
Crêtes
100 µm 2 µm
Figure 5-9 : Images à faible grandissement (Gx132) (a.) et à fort grandissement (Gx2600) (b.) de
l’état de surface de la matière usinée avec les conditions de coupe Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
au début de l’usinage
La Figure 5-10a présente une image MEB de la même surface usinée que précédemment à
Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr en fin d’usinage. Au niveau des crêtes, il apparaît une bande de
quelques microns de large au bord irrégulier. Ce défaut appelé « matage de crêtes » provient d’un
écrasement de la matière provoqué par son retour élastique sur la face de dépouille de l’outil. Le
frottement outil/matière qui s’ensuit conduit localement à mater le Ti-6Al-4V fraîchement usiné. Plus
le retour élastique de la matière sera grand, plus le frottement sera élevé et plus le matage de crêtes
sera important. Toute dégradation de la géométrie de l’outil conduit à l’augmentation des
contraintes appliquées et, par conséquent à l’accentuation de ce retour élastique.
La Figure 5-10b montre une image MEB d’une surface usinée à Vc = 200 m/min et
f = 0.5 mm/tr. Un recouvrement de la matière plus ou moins complet a lieu à l’intérieur des sillons.
Ce défaut de largeur variable tout au long de la surface usinée est le résultat d’un laminage des
crêtes. La matière provenant du matage de crêtes vient remplir l’intérieur des sillons formant des
vallons de plus faibles profondeurs qu’en début d’usinage. Les sillons qui ne se trouvent pas
parfaitement remplis par la matière des crêtes crées encore des discontinuités comme il peut être
observé sur la Figure 5-10b. Les paramètres sur lesquels repose la caractérisation du recouvrement
sont la largeur selon la direction d’avance, la longueur des discontinuités de matière de
recouvrement parallèle à la direction de coupe, leur occurrence et la rugosité (Ra et Rt) le long de la
direction d’avance. En effet, le phénomène de recouvrement lié au matage des crêtes tend à réduire
la rugosité de la surface usinée.
Le matage des crêtes et le recouvrement des sillons sont des défauts qui coexistent
ensemble, le second étant la conséquence du premier. Les sillons laissés sur la surface du
matériau usiné sont d’autant moins marqués que le laminage de crêtes intervient, s’accompagnant
d’un recouvrement de matière des sillons les rendant de ce fait moins profonds et moins larges.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
a. Direction
b. Direction
Direction de coupe
de coupe
d’avance
Laminage Recouvrement
crêtes sillon
Direction
d’avance
Recouvrement
incomplet
10 µm 10 µm
Figure 5-10 : Images à fort grossissement (Gx1200) de la surface de la matière usinée montrant
(a.) un matage des crêtes en fin d’usinage pour une condition de coupe Vc = 125 m/min et
f = 0.25 mm/tr et (b.) du recouvrement partiel et total des sillons pour une condition de coupe
Vc = 200 m/min et f = 0.5 mm/tr
La Figure 5-11a présente une image MEB d’une surface usinée à Vc = 450 m/min et
f = 0.5 mm/tr. Un défaut caractérisé par une superposition de couches de matière tartinée sur la
surface usinée se produit, laissant des vides aux contours irréguliers. Cette anomalie s’apparentant à
un défaut de type « finger » (dans le cadre du forgeage) provient d’un frottement important entre la
face de dépouille de l’outil et la matière de la pièce qui s’accompagne d’une déformation plastique
de cette dernière. Cependant, cette déformation n’est pas assez intense pour réaliser une surface
tartinée de façon homogène. Il en résulte la formation de défauts de tartinage dont la longueur et la
largeur peut atteindre plusieurs micromètres. L’étalement de la matière est en générale de faible
épaisseur et orientée parallèlement à la direction de coupe. Si l’étalement de cette matière est total
et recouvre complètement la surface, le défaut généré est de type tartinage sans apport extérieur de
matière.
La Figure 5-11b présente une image MEB d’une même surface usinée que précédemment à
Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr mais plutôt en fin d’usinage qu’au début. De la matière tartinée
selon une direction inclinée par rapport à la direction de coupe est ici observée. Par rapport au
défaut de type « finger » observé au début de l’usinage, l’épaisseur de la matière tartinée est plus
importante. Même si ces deux défauts sont de nature identique, la cause amenant à ce défaut de
tartinage de plus forte épaisseur n’est pas le même. En effet, la quantité de matière nécessaire pour
atteindre l’épaisseur observée est trop grande pour qu’elle provienne uniquement de la surface de la
pièce usinée. De plus, ce défaut ponctuel se superpose aux autres et se développe selon une
direction singulière. Ainsi, le Ti-6Al-4V tartiné provient d’un apport extérieur de matière. Il peut s’agir
de morceaux de copeaux ou de la matière collée sur l’outil qui s’est alors décrochée puis étalée.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
a. Direction
b.
Direction
de coupe
Tartinage
de coupe
inclinée par
rapport à la
Direction
direction de Direction
d’avance
coupe d’avance
La Figure 5-12 présente une image MEB d’une surface usinée à Vc = 125 m/min et
f = 0.25 mm/tr. Elle montre de la matière rapportée localement sur la surface usinée. Ce morceau de
Ti-6Al-4V adhérent sur la surface de la pièce correspond à un défaut dit de « copeau collé isolé »
(CCI). Cette anomalie provient du soudage d’une partie d’un copeau chaud sur la surface usinée. La
taille de cette anomalie ne dépasse pas la dizaine de micromètres. Dans le cas du tournage, ce défaut
est peu fréquent car le copeau s’évacue très facilement, contrairement au perçage où la coupe est
confinée.
Direction
de coupe Copeau collé isolé
Direction
d’avance
10 µm
Figure 5-12 : Images à fort grossissement (Gx1200) de la surface de la matière usinée montrant un
collage de copeau isolé (CCI) pour une condition de coupe Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
La Figure 5-13a montre une image MEB d’une surface usinée à Vc = 450 m/min et
f = 0.5 mm/tr lors d’essais préliminaires à ceux de la cartographie Vc - f. Sur cette micrographie,
l’aspect de la surface apparaît granuleux. Ces grains de formes ogivales sont des grains de carbure de
tungstène provenant de l’outil car ils ressortent blanc en mode BSE par rapport à la matrice Ti-6Al-4V
constituée d’atomes plus légers comme observé en Figure 5-13b. Aussi, il peut être jugé que les
conditions de coupe ci-avant sont sévères car elles entraînent une dégradation rapide de l’outil. Des
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
grains durs de WC se détachent et viennent s’enfoncer dans le Ti-6Al-4V ductile. Cette anomalie doit
être considérée comme préoccupante car l’enfoncement de ces grains WC peut induire des sites
d’amorçage initiant prématurément la phase de propagation des fissures lors des essais de fatigue
sur pièces.
Les analyses de surface réalisées lors des essais de cartographie Vc – f n’ont pas permis de
retrouver ce défaut même pour une usure sévère de l’outil, soulignant que ce défaut reste aléatoire
et peu fréquent.
Direction
10 µm de coupe 10 µm
Figure 5-13 : Images à fort grossissement (Gx1200) en mode SE (a.) et BSE (b.) de la surface de la
matière usinée montrant l’incrustation d’un amas de grains de carbure de tungstène (WC) pour une
condition de coupe Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr
Dans chacun de ces cinq domaines, une surface usinée représentative a été choisie et
observée. Les conditions de coupe associées sont indiquées par des points rouge et vert sur la Figure
5-14. Les conditions de coupe en rouge ont générées des surfaces présentant des défauts de même
type tout au long de l’usinage. Par contre, la condition de coupe représentée par le point vert montre
une surface dont les anomalies évoluent en fonction de la longueur usinée. Elle sera donc traitée
différemment des quatre autres.
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Vclim
0,5
0,4
Domaine
f (mm/tr)
0,3
COM
0.25
0,2
0.15
flim
0,1
0.05
0
0 100 200 250 300 400 500
125 Vc (m/min) 350
Figure 5-14 : Conditions de coupe dont la surface usinée a été étudiée et domaines
supposés possédant des défauts de surface identiques
La Figure 5-15 présente les micrographies obtenues au MEB à même grossissement (Gx500)
lesquelles sont représentatives des surfaces usinées selon les conditions de coupe signalées par un
point rouge. La Figure 5-16 présente des images MEB de ces mêmes surfaces à un grossissement
supérieur (Gx1500).
Les Figures 5-15a et 5-16a montrent la surface usinée pour une condition de coupe de Vc =
125 m/min et f = 0.25 mm/tr appartenant au domaine COM. Sur ces images, les sillons et les crêtes
sont très marqués. Cela souligne que la surface de la pièce frotte sur la face de dépouille de l’outil et
est déformée par les stries de rectification de l’outil lors du retour élastique de la matière usinée. Des
défauts de type matage de crêtes sont repérés dans certaines régions de la surface usinée. Toutefois,
le matage est très léger et explique pourquoi le recouvrement des sillons n’est que très rarement
observé. Ces investigations démontrent que la déformation plastique de la matière fraîchement
usinée n’est pas très importante. Cette surface représente une surface classique dite « sans
anomalie » lorsque l’usinage se déroule dans de bonnes conditions. La rugosité arithmétique (Ra) de
cette surface est de 0.28 µm et la rugosité totale (Rt) est de 1.78 µm.
Les Figures 5-15b et 5-16b illustrent la surface usinée pour une vitesse de coupe supérieure à
Vclim. La condition de coupe utilisée est Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr et se trouve dans la partie
haute en vitesse de coupe du domaine COM. Des sillons et des crêtes sont toujours observés mais
sont moins marqués que dans le cas précédent où l’usinage se déroulait à une vitesse de coupe deux
fois moins grande mais avec une avance identique. Par contre, des fingers sont générés
régulièrement et leur largueur est supérieure à 50 µm selon la direction d’avance. Ces indices
soulignent que la matière fraîchement usinée a subi des contraintes thermomécaniques non
négligeables conduisant à son étalement. Ce recouvrement de matière des crêtes à l’intérieur des
sillons selon la direction de coupe est important ce qui permet d’aplanir localement la topographie
de la surface usinée. Toutefois, la formation de fingers contribue à une topographie accidentée de la
surface usinée. Ces observations sont confirmées par les valeurs de rugosité mesurées égales à
Ra = 0.77 µm et Rt = 3.76 µm qui sont deux à trois fois supérieures à celles mesurées sur la surface
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr présentant principalement des sillons peu recouverts et
des crêtes.
Les Figures 5-15c et 5-16c permettent d’observer la surface usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.05
mm/tr. L’avance choisie est ici inférieure à flim par rapport au premier cas étudié. La matière
fraîchement usinée comporte une concentration conséquente de copeaux collés isolés dont les
dimensions sont parfois supérieures à 10 µm. Un grossissement d’un des copeaux montre qu’il n’est
pas très enfoncé à la surface de la pièce et possède des rayures laissées par l’outil. Ce résultat
implique que ce petit morceau de copeau est venu sous la face de dépouille de l’outil lors de
l’usinage. Les sillons ont des faibles profondeurs et la surface usinée semble lisse. Un léger tartinage
visible sur certaines régions de la surface usinée montre qu’un apport extérieur de matière a
amoindri les rayures laissées par la face de dépouille.
Les Figures 5-15d et 5-16d montrent la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.05 mm/tr. Il
s’agit d’une condition de coupe en sur vitesse de coupe et en sous avance par rapport au domaine
COM. Comparé au précédent usinage réalisé avec la même avance mais pour une vitesse de coupe
près de trois plus faible, la concentration de copeaux collés isolés est bien moindre. Par contre,
l’épaisseur de matière tartinée est bien plus grande. A la suite de ce tartinage de copeaux, le
recouvrement des sillons par la face de dépouille de l’outil est bien plus important et la surface
usinée possède un aspect plus lisse.
Fingers
10 µm 10 µm
Copeaux
collés isolés
10 µm 10 µm
Figure 5-15 : Images obtenues au MEB (Gx500) de surfaces usinées à (a.) Vc = 125 m/min, f = 0.25
mm/tr (b.) Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr (c.) Vc = 125 m/min, f = 0.05 mm/tr
(d.) Vc = 350 m/min, f = 0.05 mm/tr
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Les observations réalisées montrent que les différents domaines définis sont cohérents. En
effet, les micrographies des surfaces représentatives de chacune d’entre eux possèdent des défauts
qui leurs sont propres. Néanmoins, pour certaines conditions de coupe à proximité des frontières de
ces domaines, cette distinction est plus difficile à faire : des défauts de surface appartenant à deux
domaines peuvent être identifiés. Les limites des domaines définis sur la Figure 5-14 doivent être
considérés comme indicatives. Cela sous-entend aussi qu’il y a une certaine continuité dans
l’évolution des anomalies entre deux domaines contigus.
a. Direction b. Direction
de coupe de coupe
Recouvrement
sillons
10 µm 10 µm
c. Tartinage d.
matière
Tartinage
matière
Direction Direction
de coupe de coupe
10 µm 10 µm
Figure 5-16 : Images obtenues au MEB (Gx1500) de surfaces usinées à (a.) Vc = 125 m/min, f = 0.25
mm/tr (b.) Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr (c.) Vc = 125 m/min, f = 0.05 mm/tr
(d.) Vc = 350 m/min, f = 0.05 mm/tr
La Figure 5-17 présente une image MEB à faible grandissement de la surface usinée à
Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr. A partir de cette représentation macroscopique, il est noté que
l’état de surface évolue en fonction de la longueur usinée. Dans les zones d’aspect plus clair, les
stries d’usinage espacées de l’avance f = 150 µm sont clairement visibles, contrairement aux zones
les plus sombres situées en début d’usinage. Les marques laissées à la surface de la pièce usinée ne
sont pas toujours identiques d’une zone à l’autre. Cette surface ne peut donc pas être traitée comme
les quatre précédentes car les défauts changent en fonction de la longueur usinée. Quatre zones
notées 1, 2, 3 et 4 à l’intérieur desquelles l’état de surface est différent et deux zones de transition
appelées 12 et 23 d’apparence proche ont été définies sur la Figure 5-17. Des investigations à
plus fort grossissement (Gx1000) ont été réalisées dans chacune de ces zones afin d’en déterminer
les défauts caractéristiques.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Direction Direction
coupe Fingers
de coupe
Direction
coupe f
Arrachement
3
matière
Direction
Tartinage
coupe
matière
Copeaux
collés
isolés
f
2→3
Direction
Direction coupe
coupe 2
Matage de Copeaux
crêtes collés
Tartinage
isolés
matière
1→2
Fingers
1
f Direction
Recouvrement
coupe
sillons
Début usinage
(0 mm)
Figure 5-17 : Micrographies obtenues au MEB montrant une vue globale de la surface usinée à
Vc = 350 m/min, f = 0.15 mm/tr et des défauts représentatifs des régions définies de cette surface
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Cette étude a permis d’observer les défauts microscopiques générés sur la pièce usinée dans
une grande gamme de vitesse de coupe et d’avance. Après avoir défini les différentes anomalies
observées sur la surface usinée et avoir évoqué la façon par laquelle elles apparaissent, des
conditions de coupe particulières ont été examinées. Les Figures 5-18a et 5-18b récapitulent ces
résultats et permettent de dégager une tendance concernant l’évolution des anomalies en fonction
des conditions de coupe.
Pour une avance inférieure à flim, la concentration de copeaux collés isolés est importante. Ce
résultat s’explique par le fait que la coupe se déroule dans de mauvaises conditions car l’épaisseur de
copeau est trop faible. L’augmentation de la vitesse de coupe pour cette même sous-avance induit
une diminution de CCI et en contre partie, favorise la présence de couches de matière étalée de plus
en plus épaisses. Ce Ti-6Al-4V tartinée sur la surface usinée provient probablement en partie des CCI.
Cette évolution des anomalies se vérifie tant que les vitesses de coupe restent inférieures à
400 m/min et l’avance égale à 0.05 mm/tr.
Pour une avance supérieure à flim et pour une vitesse de coupe inférieure à Vcmax, les sillons
laissés par la face de dépouille restent encore visibles malgré un matage de crêtes qui constitue le
défaut le plus souvent rencontré. Il n’est donc pas surprenant que du recouvrement de sillons ait été
identifié. Ces investigations montrent que les contraintes appliquées par la face de dépouille sur la
surface de la pièce restent modérées. Au fur et à mesure de l’augmentation de la vitesse de coupe,
des défauts de type « fingers » sont rencontrés. Cette anomalie est le signe d’une déformation
plastique conséquente de la matière aidée par une augmentation de la température à l’interface
outil/pièce.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Longueur usinée
Arrachement
f (mm/rev)
0,3 Matage
crêtes
Fingers / Domaine 3 23 – Matage crêtes
tartinage
0,2 2 – CCI / tartinage
CCI
Tartinage avec
flim 0,1 12 – Matage crêtes
apport extérieur
Domaine 4 Domaine 2
1 – Recouvrement
0
0 100 200 300 400 sillons / Fingers
a. Vc (m/min) c.
Vcmin Vclim Vcmax
0,5
Domaine 1
0,4
Recouvrement Domaine 3
sillons
f (mm/rev)
0,3 Matage
crêtes Arrachement
matière
0,2 Incrustation
bris outil
flim 0,1
Domaine 4 Domaine 2
0
0 100 200 300 400
b. Vc (m/min)
Figure 5-18 : (a.) et (b.) Tendance d’évolution des anomalies de surface en fonction de la vitesse de
coupe et de l’avance (c.) Evolution des anomalies de surface en fonction de la longueur usinée à
Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr
Quelle que soit l’avance, l’évolution du type d’anomalie générée au fur et à mesure de
l’augmentation de la vitesse de coupe montre que les contraintes appliquées sur la surface de la
pièce sont de plus en plus sévères. Cette tendance est aussi remarquée en fonction de la longueur
usinée pour la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr comme indiqué en Figure 5-18c. Au
début de l’usinage, des défauts de type « fingers » et du recouvrement de sillons ont été identifiés
comme sur la surface tournée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Au fur et à mesure que progresse
l’usinage, des CCI apparaissent et la couche de Ti-6Al-4V étalée devient de plus en plus épaisse. De
plus, dans la zone 3, des arrachements de matière au sommet des stries d’usinage causés par un
contact collant entre l’outil et la pièce montrent que les températures deviennent élevées. En
parallèle, du tartinage de CCI apparaît, signe d’une coupe se déroulant dans de mauvaises conditions.
La taille et la concentration de CCI se réduisent et leur déformation augmente au fur et à mesure de
la longueur usinée jusqu’à se confondre avec la matière tartinée. Cependant, la zone 4 et les zones
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
de transitions 12 et 23 ne suivent pas l’évolution logique des contraintes appliquées sur la
surface usinée. Ceci peut très certainement trouver son origine dans le profil de la surface usinée
semblable à celui présenté en Figure 5-8, où la déviation de surface et les replis sont les défauts
caractéristiques.
Cette synthèse montre que les différents types d’anomalies de surface peuvent être classés
dans les mêmes domaines que ceux établis lors de l’étude des signaux de surveillance et de l’usure,
mis à part le domaine de production des CCI (vitesses de coupe et avances inférieures
respectivement à Vclim et flim). Ce domaine sera appelé Domaine 4 au vu des anomalies produites afin
de ne pas le confondre avec les autres domaines en correspondance avec les signaux de surveillance.
Par contre, les phénomènes de coupe associés à ce domaine sont considérés comme identiques à
ceux apparaissant dans le domaine 2.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Une liste non exhaustive de l’ensemble des anomalies géométriques et de surface produites
par plusieurs procédés de fabrication par enlèvement de copeaux issue du projet européen ManHIRP
[FOX02] a été donnée dans le Chapitre 3. Cette liste prend en compte les procédés de tournage,
fraisage, perçage et brochage sur les alliages base titane et nickel. Les travaux d’Ezugwu et al.
[EZU07], détaillés dans ce même chapitre, ont montré que des défauts comme les copeaux collés
isolés, le matage de crêtes et la formation de micro-cavités pouvaient apparaître lors du tournage du
Ti-6Al-4V sous lubrification haute pression.
La comparaison entre les résultats du projet ManHIRP, ceux d’Ezugwu, et ceux obtenus lors
des essais de cartographie Vc – f montrent des anomalies communes. Seuls trois types de défauts
n’ont pas été repérés lors des essais de cartographie : l’insertion de matériaux étrangers (défaut
observé lors d’essais préliminaires), la formation en surface de fissures ou de microcavités et la
coloration localisée ou homogène de la surface usinée. Par contre, le défaut géométrique de
déviation de surface n’avait pas été identifié dans les travaux ManHIRP [FOX02] ou ceux d’Ezugwu et
al. [EZU07].
De plus, le terme générique « couche écrouie » a été mieux explicité lors de nos travaux sur
le tournage du Ti-6Al-4V, contrairement à la définition donnée dans le rapport ManHIRP. Ce défaut
est défini soit par le matage de crêtes conduisant au recouvrement partiel ou total de sillons et
s’accompagnant à terme de la formation de « fingers » voire un tartinage de la matière en surface. La
sévérité métallurgique de cette succession de défauts n’étant pas la même, il est important de les
distinguer, de les quantifier au moyen de paramètres appropriés.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Dès que la déviation de surface s’accroît de façon conséquente, les défauts de type repli
commencent à apparaître comme le montre les Figures 5-1 et 5-6b. Ce phénomène est couplé à
l’apparition de « fingers » sur la surface fraîchement usinée (Figure 5-17). Au fur et à mesure de
l’augmentation de la déviation de surface, la quantité de matière tartinée devient conséquente
comme noté en Figures 5-17 et 5-18b. L’épaisseur et la quantité maximum de matière étalée sur la
surface usinée est atteinte lorsque la déviation de surface se stabilise et atteint un « plateau »
comme le montre la Figure 5-19. Il est constaté que la profondeur des replis diminue dans cette zone
à l’identique du profil présenté en Figure 5-8. Après ce plateau, ces anomalies géométriques (replis)
retrouvent peu à peu des dimensions proches de celles formées avant d’avoir atteint ce plateau.
Plateau
Plateau
Profil
surface
L’impact des combinaisons de défauts sur le possible abattement en fatigue d’une pièce est
compliqué à évaluer. La sévérité métallurgique des défauts est le plus souvent évaluée séparément,
c'est-à-dire un défaut après l’autre, la difficulté étant de l’isoler et de pouvoir le reproduire sur
chaque éprouvette testée en fatigue. Dans le cas d’une combinaison de défauts, l’impact de
l’interaction entre ces défauts n’a que très peu été étudié dans la littérature.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
(Eq. 5-1)
avec ce la profondeur de l’entaille et Re le rayon à fond d’entaille. Le défaut de repli pouvant être
assimilé à une entaille de plus grande profondeur qu’une strie classique d’usinage pour un rayon à
fond d’entaille équivalent, ces replis peuvent être considérés comme des défauts impactant la tenue
en fatigue des pièces. Dans le cas d’une succession de replis, le facteur de concentration de
contraintes peut être calculé par la relation Eq. 5-2 établie par Andrews et Sehitoglu [AND00] dont
les paramètres sont définis sur la Figure 5-20.
Kt (Eq. 5-2)
ae be
Re
ce
L’impact en fatigue des défauts de type recouvrement ou tartinage de matière a été étudié
dans le projet ManHIRP. Les résultats rapportés dans le Chapitre 3 montrent que des couches de
matière tartinée par frottement d’un outil sur une éprouvette en Ti-6Al-4V a induit un abattement
conséquent en fatigue d’une décade par rapport à une éprouvette tournée dans des conditions de
coupe classique (Figure 3-17c).
Lors du perçage de l’Inconel 718, Perrin [PER08] a trouvé des résultats similaires concernant
l’incorporation de copeaux collés isolés et enfoncés dans la matière déformée et étalée. L’auteur a
pu montrer que les défauts de tartinage et de copeaux collés isolés pris séparément présentaient un
abattement en fatigue comparé à la durée de vie d’une éprouvette percée d’un même trou mais
usinée dans des conditions COM. Cependant, dans le cas d’un trou comportant à la fois ces deux
mêmes défauts, les défauts de surface n’ont pas contribué seuls à l’abattement en fatigue des
éprouvettes : l’interaction entre ces derniers et les défauts générés en sous-couche a facilité une
amorce de rupture en fatigue. Sachant que pour des matériaux métalliques sans zone d’amorçage
(entaille, fissure, crique…), la phase d’initiation constitue près de 90% du cycle menant à la rupture
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
en fatigue. La durée de vie de l’éprouvette possédant la combinaison d’anomalies citée ci-avant (CCI
+ BMC + ZATM) a été fortement écourtée.
Concernant les défauts de type déviation de surface et bavure, aucun élément dans la
littérature n’a permis de définir leur impact sur la tenue en fatigue.
La bibliographie réalisée dans le Chapitre 3 a montré que l’aspect géométrique des défauts
est important mais ne peut pas être considéré comme le seul élément influençant la tenue en fatigue
d’une pièce usinée. Dans le cas où aucune anomalie notable en sous-couche induisant des
changements métallurgiques n’a été générée, les contraintes résiduelles de surface par l’usinage
sont un des facteurs prédominants pour accroître la tenue en fatigue. Toutefois, ce cas correspond à
des usinages réalisés pour des conditions de coupe n’ayant pas engendré de défauts microscopiques
graves. Dans le cas des essais de cartographie Vc – f, elles coïncident avec les vitesses de coupe
inférieures à Vclim et les avances supérieures à flim. Pour des vitesses de coupe supérieures à Vclim, le
tartinage et les déformations plastiques observés à la surface de la pièce sont le signe que les sous-
couches ont été sollicitées thermomécaniquement. Il est ainsi suggéré que des anomalies matière
ont été produites en extrême surface. Il est impossible par ces simples observations visuelles en
surface de connaître la nature de ces défauts et surtout la profondeur de la couche affectée. Afin
d’accéder à ces informations, des coupes micrographiques et une étude précise de l’état
métallurgique de la matière vont être effectuées dans le Chapitre 6. En particulier, l’étude des
interactions entre défauts de surface et défauts en sous-couches sera investiguée.
Les études des signaux des moyens de surveillance, de l’usure de l’outil ainsi que les
investigations sur les anomalies géométriques et de surface ont suggéré l’existence de domaines de
conditions de coupe où les phénomènes liés à la coupe sont différents.
Compte tenu de ces résultats, il est possible de remonter à l’évolution des défauts
géométriques et de surface. Seuls les défauts intervenant selon le plan parallèle à la direction de
coupe ont été considérés. Cette approche a été choisie afin de faciliter la discussion. Il est supposé
que les phénomènes décrits sont identiques en tout point de l’arête en prise dans la matière de
façon à ce que le problème devienne plan.
La Figure 5-21 présente le cas où l’usinage se déroule correctement. Les conditions de coupe
associées sont celles appartenant au domaine 1. Le frottement du Ti-6Al-4V sur la face de dépouille
dû au retour élastique et l’usure en dépouille correspondant sont symbolisés par un trait rouge. Pour
des raisons de commodité, le recul d’arête lié à cette usure en dépouille n’est pas ici représenté.
Dans ce domaine 1, les défauts de surface générés sont constitués par du matage de crêtes voire du
recouvrement de sillons si l’usure en dépouille de l’outil devient importante.
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Retour
Face de dépouille
élastique
Face de
Diamètre
coupe
Outil usiné
Hauteur de
pointe
Direction
Lopin Ti-6Al-4V
de coupe
En effet, la faible épaisseur de copeau (inférieure à hcmin pour la profondeur de passe utilisée)
conduit à la formation d’une arête rapportée positionnée principalement sur la face de coupe et
dans une moindre mesure sur celle de dépouille. Cette situation est partiellement représentée dans
l’étape 1 sur la Figure 5-22 (matière rapportée non schématisée sur la face de dépouille). L’arête
rapportée grandit au fur et à mesure de l’usinage par soudage de la matière du lopin. Néanmoins, en
fonction des contraintes appliquées et de la forme de l’outil, cette arête se brise partiellement et de
façon apériodique. De même, la matière venant du lopin peut être arrachée et ne pas être soudée
directement sur l’arête rapportée (étape 2). Dans ces deux cas, les morceaux de Ti-6Al-4V sont soit
évacués par le copeau ou soit, déplacés au niveau de l’arête de l’outil et sont passés sous la face de
dépouille (étape 3). Les CCI observés présentent des stries de rectification de l’outil, il peut être alors
supposé que ces derniers sont passés sous la face de dépouille. De plus, l’augmentation de la vitesse
de coupe et de l’usure induisent des vitesses de déformation et une zone de frottement plus grande.
Ces facteurs facilitent l’étalement des CCI amenant à l’apparition de fines couches de matière étalée
pour Vc > Vclim (étape 4).
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
CCI ou matière
Ti-6Al-4V évacué
étalée
par le copeau
Etape B :
Pour des conditions de coupe appartenant au domaine 3, l’usure devient très vite
importante. Ainsi, il a été noté que l’usure en dépouille dépasse facilement 0.5 mm en fin d’usinage.
L’usinage classique représenté par l’étape A ne dure que peu de temps et l’endommagement des
plaquettes par déformation plastique de l’arête (étape B) apparaît rapidement. La Figure 5-24a
présente la surface usée en dépouille d’une plaquette après l’avoir usinée à Vc = 200 m/min et
f = 0.5 mm/tr et atteint une usure en dépouille VBmax égale à 0.36 mm (test hors essais cartographie
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Vc – f). Cette image MEB montre une zone d’usure en dépouille recouverte de Ti-6Al-4V adhérent et
une autre, proche du front d’usure, qui est fraîchement obtenue car dépourvue de matière collée.
Arête
rapportée
Le trait rouge sur l’image de la Figure 5-24a représente la position à laquelle la coupe
transversale présentée sur la Figure 5-24b a été réalisée. Sur cette micrographie, le trait jaune
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
correspond à la droite tangente au front d’usure. Dans un cas d’usure modérée, cette tangente suit
la génératrice de la surface en dépouille. Dans cet exemple, le Ti-6Al-4V adhérent à proximité de
l’arête de coupe n’est pas tangent au front d’usure en dépouille montrant qu’une conséquente
déformation plastique de l’arête a eu lieu. Il peut donc être supposé que dans la zone entourée en
vert, la matière non coupée par l’arête subit une déformation plastique intense au contact de l’outil.
Le frottement sur la face de dépouille ainsi que la chaleur dégagée par la déformation plastique
induit un collage de matière important dans cette zone de cisaillement tertiaire. L’observation de la
matière adhérente sur l’outil (Figure 5-24a) confirme cette hypothèse en présentant une direction
privilégiée d’étalement du Ti-6Al-4V.
De plus, l’aptitude au frottement des alliages de titane est très mauvaise et conduit
rapidement à dégrader sa surface par tartinage. Ainsi, la matière fraîchement usinée subit des
frottements conséquents qui conduisent à de l’étalement de matière. Il apparaît alors du matage de
matière à la surface puis des défauts de types « fingers » après que l’outil se soit assez bien déformé.
a. Usure sans
Face de dépouille b. Face de
Face de
collage coupe
Front d’usure dépouille Ti-6Al-4V
adhérent
Arête de Zone déformation
Ti-6Al-4V matière intense
coupe
adhérent
10 µm Droite tangente au
front d’usure
Figure 5-24 : (a.) Image MEB montrant l’usure en dépouille d’une plaquette après avoir usiné à
Vc = 200 m/min et f = 0.5 mm/tr et atteint V Bmax = 0.36 mm
(b.) Micrographie d’une coupe transversale d’une plaquette après avoir usiné à
Vc = 200 m/min et f = 0.5 mm/tr et atteint V Bmax = 0.36 mm
Etape C :
La contrainte mécanique appliquée par la matière sur la face de dépouille est importante. Ce
phénomène, s’apparentant à du talonnage, contribue au phénomène schématisé dans l’étape C. En
effet, la Figure 5-25a présente l’évolution des signaux d’effort radial (Fr) et de déplacement selon la
direction de coupe (Dc) pour un usinage réalisé à Vc = 250 m/min et f = 0.15 mm/tr. Cette condition
de coupe correspond à la transition entre un usinage « classique » du domaine 1 et un usinage
dégradé du domaine 3. Une corrélation entre les deux signaux est notée. Sur la Figure 5-25a sont
représentés les paramètres J1, J2, J3 et J4 définis dans le Chapitre 4. La comparaison de la forme de ces
signaux avec celui du profil usiné montre qu’il existe une corrélation comme le montre la
Figure 5-25b. Il peut donc être supposé que la déformation plastique de l’arête qui intervient après le
point J3 contribue dans un premier temps à l’augmentation de l’effort radial. Cet effort Fr est induit
par le phénomène de talonnage et par la zone de déformation intense de la matière non encore
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Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
usinée sous la face de dépouille. Dans un second temps, cet effort radial induit l’éloignement du
système {outil + porte outil} par rapport au capteur de déplacement et contribue à génèrer ainsi le
défaut de déviation de surface. Il est donc supposé que le système {outil + porte outil} subit une
rotation amenant à un talonnage de plus en plus important (augmentation de Fr) mais aussi à une
déformation plastique de plus en plus grande de la plaquette à proximité de l’arête. La déviation de
surface ne provient pas uniquement du talonnage mais aussi probablement du recul d’arête et du
fait que cette dernière ne soit plus à la hauteur de pointe. Le bris d’outil au niveau de l’arête (Figure
4-13b) contribue également à la formation de ce défaut.
610 0
,0
160
Dc 140
Déviation de
607 0
,0
120
surface
Hauteur (µm)
100
604 0
,0
80
60
601 0
,0
40
J1 J3 J4 J2
Fr 20
598 0
,0
J1 J3 J4 J2 0
00 0
:04
:0
a.
Dc Fc hm
: n
i :s b. 0 2 4 6 8
Longueur usinée selon la direction d'avance (mm)
10
Figure 5-25 : (a.) Signaux d’effort radial (Fr) et de déplacement selon la direction de coupe (Dc)
lors d’un usinage réalisé à Vc = 250 m/min et f = 0.15 mm/tr
(b.) Profil de la surface usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.15 mm/tr
Dans le même temps, l’angle de dépouille se réduit en cours d’usinage. Cela a pour
conséquence :
Un frottement de la matière usinée sur une surface plus grande au niveau de la face de
dépouille.
Un front d’usure augmentant rapidement de telle sorte que la zone frottante de l’outil est
constamment renouvelée.
Ces deux raisons expliquent la formation de sillons de profondeur importante lors des phases
de transition (12 et 23) observées sur la surface usinée et présentées en Figure 5-17.
Etape D :
Le profil de la surface usinée fait apparaître des plateaux. Ces derniers sont causés par la
stabilisation de la géométrie de l’outil et de la coupe comme indiquée par l’étape D. Les raisons de
cette stabilisation ne sont pas clairement identifiées. Néanmoins, les hypothèses suivantes peuvent
être évoquées :
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
Au vu des endommagements des plaquettes lors d’usinages dans le domaine 3, il est supposé
que ce défaut est existant.
Quelles que soient les raisons, cette stabilisation de l’outil implique que la matière adhère
dans la zone de déformation intense au droit de l’arête dégradée (Figure 5-24b). Il en résulte alors
une surface de frottement beaucoup plus grande que celle formée à l’étape B. La déformation de la
matière à la surface usinée est plus importante et les fingers laissent place à du Ti-6Al-4V tartinée.
Etape E :
L’outil étant rond, les épaisseurs de copeaux ne sont pas identiques tout au long de l’arête.
Avec la réduction de la profondeur de passe (dont la conséquence est la déviation de surface),
certaines zones de l’arête peuvent usiner sous l’épaisseur minimum hcmin. Il en découle la formation
d’une arête rapportée. Si la profondeur de passe devient vraiment trop faible, la coupe se déroule de
façon dégradée. Une partie des anomalies produites sont proches de celles définies lors d’un usinage
dans le domaine 2. Des CCI et des couches épaisses de matière étalée se forment sur les plateaux
présentés en Figure 5-17 comme schématisé à l’étape E.
Etape F :
Ainsi, les défauts de surface générés sont majoritairement de type « fingers » (voire du
tartinage de matière) et les sillons sont peu profonds voire inexistants.
Problématique du repli :
Les raisons de l’apparition du défaut de type repli n’a pas été complètement compris.
L’indice le plus pertinent permettant d’expliquer cette anomalie est qu’elle est générée dès que la
déviation de surface apparaît et est donc liée à la déformation plastique de la plaquette. Sachant que
la déformation tout au long de l’arête n’est pas la même, certaines zones sont plus déformées que
d’autres et ont ainsi une position différente vis-à-vis de la hauteur de pointe. Chaque partie de
l’arête usine à une profondeur de passe supérieure ou inférieure aux autres. De même, les bris
d’outil localisés sur l’arête sont un facteur à prendre en considération.
De plus, les signaux de déplacement selon la direction d’avance démontrent que le système
{outil + porte outil} se déplace lors de la coupe. Ce phénomène couplé avec ces endommagements
sont probablement les acteurs majeurs de la formation des replis.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
4 Conclusion
Dans ce chapitre, les défauts géométriques macroscopiques et microscopiques ont été
étudiés à la surface usinée d’un lopin Ti-6Al-4V.
L’ensemble des défauts observés dans ce travail ont été comparés à ceux trouvés dans la
littérature et plus particulièrement avec ceux de la liste donnée à la suite du projet européen
ManHIRP [FOX02]. Dans le cas du tournage du Ti-6Al-4V, les défauts rencontrés ont été listés dans
ManHIRP mis à part le défaut géométrique de déviation de surface. De plus, le défaut dit de couche
écrouie a été explicité en distinguant la plus ou moins grande quantité de matière déformée à la
surface usinée : elle est faible dans le cas du matage de crêtes et du recouvrement des sillons et forte
dans le cas de fingers ou du tartinage de matière.
Les anomalies de surface peuvent être classées dans des domaines équivalents à ceux définis
par la morphologie des signaux de surveillance, mis à part celui où les vitesses de coupe et les
avances sont respectivement inférieures à Vclim et flim. Ce résultat indique que les critères (J1, J2, J3 et
J4) permettant de qualifier les morphologies des signaux ne sont pas totalement pertinents pour
qualifier l’état de la surface usinée. Par contre, ces critères ont permis de corréler des domaines
définis par les signaux de surveillance avec ceux définis pour les défauts géométriques (ou encore
dits macroscopiques).
Les investigations réalisées sur les défauts de surface ont permis d’établir une suite logique
concernant leur formation en fonction des conditions de coupe :
Les usinages réalisés pour de faibles avances produisent des copeaux dont l’épaisseur est
inférieure à hcmin amenant à la production d’une concentration importante de CCI sur la
surface du lopin.
L’utilisation de vitesses de coupe au-delà de Vclim (avec f > flim) conduit à une déformation
plastique de la surface fraîchement usinée de plus en plus forte ce qui génère du tartinage de
matière incomplet « fingers » ou complet avec parfois un apport de matière extérieur
provenant de copeaux ou d’une arête rapportée. Ces couches étalées deviennent de plus en
plus épaisses avec l’augmentation de la vitesse de coupe.
De même, l’usinage au-delà de Vclim (avec f > flim) induit systématiquement la production de
défauts macroscopiques comme la déviation de surface, le repli ou la bavure.
Il a aussi été souligné que les défauts ne se produisent pas seuls, c'est-à-dire séparément les
uns des autres. En effet, les défauts macroscopiques et microscopiques de surface sont en générale
produits en même temps ce qui implique la présence d’une combinaison d’anomalies. La sévérité de
certaines de ces anomalies vis-à-vis de la tenue en fatigue a pu être appréciée en s’appuyant sur la
littérature existante. Des travaux précédents ont montré que certains défauts pris individuellement
peuvent réduire la durée de vie en fatigue de la pièce usinée. Cependant, il est compliqué de statuer
sur l’impact d’une combinaison d’anomalies vis-à-vis de la tenue en fatigue puisqu’elle a fait l’objet
ici d’aucune étude et que cette problématique n’a été que rarement abordée dans la littérature.
Les investigations menées sur les anomalies couplées à celles sur les signaux des moyens de
surveillance et des endommagements des plaquettes ont contribué à faire des hypothèses sur les
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 5 : Etude des défauts géométriques et de surface
phénomènes opérant lors de l’usinage. Ces hypothèses n’ont pas pu être vérifiées par des essais
complémentaires qui seront évoqués dans les perspectives.
Les conclusions de ces études sur les défauts macroscopiques et microscopiques de surface
ont donné des premières tendances concernant l’impact du procédé de tournage sur l’intégrité
matière du Ti-6Al-4V. Ce type de défauts de surface est peu regardé dans la littérature contrairement
aux défauts en sous-couche qui sont en général plus communément étudiés. Par l’intermédiaire de
ces résultats, il est déjà possible d’avoir une idée pertinente de la sévérité des contraintes
thermomécaniques générées en sous-couche sans connaître ni le type de défaut, ni sa profondeur
affectée. De plus, les phénomènes pouvant induire ces défauts et la façon de les repérer à l’aide des
signaux de surveillance ont été mieux compris. Ce résultat s’avérera important pour d’une part les
corrélations qualitatives entre intégrité matière et moyens de surveillance et d’autre part éviter les
phénomènes pouvant impacter la tenue en fatigue des pièces.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : Etude des anomalies en sous-couche
3.4 Evolution de la couche affectée lors de conditions de coupe extrêmes ......................... 208
3.5 Evolution de la microstructure lors de l’usinage........................................................... 210
3.6 Bilan........................................................................................................................... 216
4.4 Bilan et comparaison avec l’état métallurgique des BCA .............................................. 236
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
7 Corrélations entre les signaux des moyens de surveillance et les anomalies .............257
7.1 Etude qualitative ........................................................................................................ 257
7.1.1 Anomalies en sous-couche et défauts géométrique et de surface ............................................... 257
7.1.2 Corrélations entre signaux de surveillance et anomalies .............................................................. 258
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Phase (hP2) -
Phase (cI2) -
m Phase métastable -
Déformation plastique - ou %
Déformation en cisaillement - ou %
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Fc Effort de coupe N
Fr Effort radial N
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
MO Microscope Optique -
PA Profondeur Affectée µm
Tf Température de fusion °C
T Transus °C
Vcmax Vitesse de coupe maximale définie par les essais COM m.min-1
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Introduction
Les études précédentes ont permis de déterminer les phénomènes de coupe entraînant la
formation des anomalies sur la surface usinée. Les frottements intenses sur la face de dépouille entre
l’outil et la matière fraîchement usinée pour des conditions de coupe sévères induisent de fortes
contraintes thermomécaniques dans la matière. Plus particulièrement, ces phénomènes génèrent de
forts cisaillements dans les sous-couches conduisant à la modification de la macrostructure du
Ti-6Al-4V ainsi que des transformations métallurgiques importantes en extrême surface. Des
structures à grains déformés ainsi que des « couches dites blanches » sont alors générées.
Les investigations réalisées tout au long de ce chapitre vont tenter de mieux définir ces deux
anomalies (couche à grains déformés et couche blanche). Après une présentation de la morphologie
des deux anomalies, il sera établi pour chacune d’entre elles une cartographie d’apparition de ces
anomalies en fonction de la vitesse de coupe et de l’avance. En règle générale, la littérature
scientifique concernant l’impact de l’usinage sur le Ti-6Al-4V ne fait que rapporter la présence de ces
anomalies et le cas échéant évalue l’abattement en fatigue causé par ces dernières. En aucun cas,
l’anomalie dite « couche blanche » n’a été complètement décrite, aussi bien les transformations
métallurgiques que les mécanismes de déformation à l’origine de cette anomalie dans le cadre de
l’usinage du Ti-6Al-4V.
Aussi, pour chacune des anomalies traitées, des analyses métallurgiques fines vont être
effectuées afin de les caractériser au mieux. Des techniques comme le traitement de la microstructure
par analyse d’images ou des mesures de dureté perpendiculairement à la surface usinée ont été
effectuées afin de décrire ces défauts. Concernant les « couches blanches » des études réalisées à
l’aide d’une microsonde de Castaing et des observations au MET à partir de lames minces prélevées
en extrême surface vont permettre de préciser la nature de ces couches mais également les
transformations métallurgiques contigües à la surface usinée.
Avant d’effectuer l’ensemble de ces études, le plan de prélèvement des échantillons sur le
lopin usiné et leur préparation vont être décrits. En effet, la préparation des échantillons est
spécifique pour analyser au mieux les anomalies générées.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Une couche de nickel électrolytique est ensuite déposée sur la surface de chaque échantillon.
Pour ce faire, l’éprouvette en Ti-6Al-4V est immergée dans un bain de nickelage chauffé à 50°C. Ce
dépôt qui sera appelé nickelage dans le reste du mémoire renforce et protège les bords de
l’échantillon. Sa couleur est proche de celle des « couches blanches » dont il est question ici. Il ne
faudra donc pas les confondre sur les micrographies qui seront présentées dans la suite de cette
thèse. Cette couche de nickel empêche l’effondrement des bords de l’échantillon lors du polissage et
permet l’observation d’anomalies dont l’épaisseur est parfois de l’ordre du micromètre en extrême
surface de l’échantillon. Après l’enrobage et le polissage, la préparation finale de l’échantillon
consiste à réaliser une attaque au réactif de Kroll pour révéler la microstructure du Ti-6Al-4V.
L’ensemble des échantillons ont suivi une procédure de préparation identique lors des
observations micrographiques.
5 mm
10.2 mm
Arc de
10.2 mm 180 mm 40 mm
Piste
usinage
Trajectoire du fil lors de la
découpe par électroérosion
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La microstructure du lopin de Ti-6Al-4V usiné lors des essais de coupe est « duplex »
composée de grains équiaxes dont certains sont globulaires et les autres + lamellaires. Les
grains globulaires sont les premières à montrer des signes de plasticité dans le Ti-6Al-4V. Puis, dans
les grains + lamellaires, la phase se déforme en premier car la phase de structure cubique
comporte plus de plans de glissement que la phase de structure hexagonale. Pour une contrainte
relativement importante, les lamelles alpha adjacentes accommodent la déformation des lamelles
bêta. La déformation de ces grains lamellaires va faciliter la déformation des grains globulaires. Ainsi,
les grains globulaires s’allongent suivant une direction préférentielle identique à celle que l’on peut
observer lors d’une opération de forgeage ou de filage. Ainsi, l’apparition d’une microstructure à
orientation préférentielle des grains globulaires en sous-couche du matériau usiné sera considérée
comme une anomalie appelée « couche à grains déformés ».
Dans la pratique, les grains sont déformés en extrême surface du matériau usiné par la
contrainte mécanique appliquée dans la zone de cisaillement primaire mais aussi par le retour
élastique de la matière sur la face de dépouille de l’outil (zone de cisaillement tertiaire). Néanmoins,
les profondeurs affectées peuvent être faibles et nécessitent des moyens d’observation très fins
comme le MEB. Sachant que cinquante essais de coupe ont été réalisés, l’étude serait très longue si
l’ensemble des échantillons devait être observé au MEB. Aussi, dans le reste du mémoire, il sera
considéré qu’un échantillon présentera une « couche à grains déformés » à partir du moment où une
couche de globules alpha sera déformée en extrême surface. Ainsi, la profondeur minimale de
matière déformée sera égale à la dimension d’une des diagonales d’une phase globulaire, soit
environ 20 µm. C’est pourquoi, l’étude consistant à détecter cette anomalie sera réalisée à l’aide
d’un microscope optique avec des grossissements entre 100 (Gx100) et 500 (Gx500), suffisants pour
détecter cet endommagement.
La Figure 6-2a présente la microstructure du matériau à cœur (non déformé) après attaque
au réactif de Kroll. Les grains ne sont pas étirés et ne possèdent pas d’orientation morphologique
préférentielle. La Figure 6-2b montre une micrographie (Gx200) réalisée dans la direction de coupe
d’une sous-couche dont la surface a été usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Une « couche à
grains déformés » a été générée par la coupe lors de l’usinage : leur orientation est dans le sens de la
direction de coupe et est de 45° par rapport à la surface usinée. Ce résultat montre clairement
qu’une contrainte de cisaillement non négligeable a été appliquée sur la matière.
Les « couches à grains déformés » dans la direction d’avance sont produites sur des
profondeurs bien plus faibles que selon la direction de coupe. Ce résultat s’explique par le fait que les
contraintes thermomécaniques engendrées par l’outil dans les sous-couches sont plus élevées dans
la direction de la coupe que dans la direction d’avance. L’observation de l’ensemble des échantillons
montre que des grains déformés apparaissent systématiquement en fin d’usinage dans les bavures
conséquentes (et dans les sous-couches proches). Cette anomalie est aussi observée pour certaines
conditions de coupe au niveau du plateau du profil usiné (identique à celui défini en Figure 5-19)
correspondant à la stabilisation de la déviation de surface. Un exemple de chacun de ces cas est
donné respectivement en Figures 6-3a et 6-3b. Contrairement aux « couches à grains déformés »
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
dans la direction de coupe, l’orientation préférentielle des grains est parallèle à la surface usinée
selon la direction d’avance. La profondeur de cette couche affectée ainsi que la déformation des
grains selon la direction d’avance n’est pas uniforme. Ces paramètres évoluent tout au long de
l’usinage et atteignent un maximum dans la bavure. La profondeur de couche affectée peut alors
atteindre plusieurs centaines de microns en fin d’usinage, pour les conditions de coupe les plus
sévères.
Nickelage
Surface usinée
Couche à grains
45° déformés (50 µm)
Matériau de base
Direction de
a. b. coupe
Figure 6-2 : (a.) Micrographie à cœur du matériau de base après attaque au réactif de Kroll
(b.) Micrographie montrant la formation d’une « couche à grains déformés » dans la direction de
coupe sous la surface usinée à Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr et Lu = 8.5 mm (Gx200)
f Surface usinée
Surface usinée Nickelage
Couche à grains
déformés (100 µm)
Nickelage
Matériau de base
Direction Direction
d’avance d’avance
a. b.
Figure 6-3 : Micrographies réalisées selon la direction d’avance montrant des « couches à grains
déformés » dans une bavure (a.) et en sous-couche au niveau du plateau du profil (b.) de la surface
usinée à Vc = 350 m/min, f = 0.15 mm/tr et Lu compris entre 5 et 5.4 mm (Gx200)
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
des conditions de coupe appartenant au domaine 3, défini dans le Chapitre 4. Dans ce domaine,
l’observation de la microstructure pour les essais de coupe à Vc = 250 m/min et f > flim montre que
cette anomalie a été produite uniquement dans la bavure, contrairement aux autres conditions de
coupe du domaine 3.
Afin de réduire le nombre d’analyses métallurgiques, il a été choisi des conditions de coupe
représentatives du domaine 3 (entourées en noir sur la Figure 6-4) pour vérifier la présence de
« couches à grains déformés » selon la direction de coupe. Dans chacun de ces deux cas, cette
anomalie est clairement observée. Plus particulièrement, pour Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr, la
couche affectée a été observée avant la formation de la bavure. La profondeur de cette « couche à
grains déformés » est parfois de l’ordre de la centaine de micromètre comme l’indique par exemple
la Figure 6-2b. A partir de ces résultats, il a été supposé que des « couches à grains déformés »
avaient été aussi produites selon la direction de coupe dans le domaine 3.
Des coupes micrographiques complémentaires selon la direction de coupe ont été réalisées
pour des vitesses de coupe inférieures à Vclim. Les investigations réalisées pour Vc = 200 m/min et
f = 0.25, 0.375 et 0.5 mm/tr montrent que des « couches à grains déformés » ont été générées. En
règle générale, pour ces conditions de coupe, elles apparaissent en fin d’usinage, à l’endroit où
l’usure en dépouille est la plus grande. Aucune « couche à grains déformés » n’a été observée sur les
éprouvettes usinées pour des vitesses de coupe strictement inférieures à 200 m/min.
0,50
Vcmin Vcmax
0,40
Avance (mm/tr)
0,30 Domaine 3
0,20
flim 0,10
0,00
0 100 Vclim 300
200 400 500
Vitesse de coupe (m/min)
Absence
Présence selon direction de coupe en fin d'usinage
Présence dans bavure selon direction de coupe et d'avance
Présence selon direction de coupe et d'avance
Cette cartographie montre que les « couches à grains déformés » apparaissent dans un
premier temps selon la direction de coupe puis selon la direction d’avance. Il peut donc être supposé
que l’observation de grains déformés selon la direction d’avance est une conséquence de l’intense
déformation selon la direction de coupe à la suite de fortes vitesses de coupe et d’une usure
conséquente de l’outil. C’est pourquoi, l’observation de ce défaut est plus facile à détecter selon la
direction de coupe.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Sachant que les défauts observés selon l’avance sont difficilement détectables en utilisant
uniquement les moyens de caractérisation optique, d’autres techniques métallographiques plus
quantitatives ont été mises en œuvre. Ainsi, afin d’étudier l’évolution de la profondeur affectée, une
étude complémentaire d’analyse d’images va être menée en s’appuyant sur les principes de la
morphologie mathématique. Cette démarche permettra d’identifier qualitativement l’état de la
microstructure au cours de l’usinage, selon les directions de coupe et d’avance.
Les « couches dites blanches » sont appelées ainsi car elles apparaissent de cette couleur
après attaque chimique. Elles sont en général produites en sous-couche à proximité de la surface
usinée. Contrairement à l’anomalie précédente (couches à grains déformés), les « couches
blanches » n’apparaissent pas selon une direction privilégiée et sont loin d’être continues : elles
peuvent être aisément observées sur des micrographies réalisées aussi bien selon des plans
parallèles à la direction de coupe que selon des plans parallèles à la direction d’avance.
L’épaisseur des couches affectées par cette anomalie est en général très faible. Elle peut
être, dans certains cas, inférieure au micromètre ce qui rend leur détection et analyse délicates. Dans
cette étude, il a été choisi de détecter les « couches blanches » aux dimensions importantes à l’aide
d’un microscope optique avec un grossissement de Gx1000 au maximum.
La Figure 6-5 présente deux micrographies (Gx200 [a.] et Gx1000 [b.]) réalisées sur une
surface usinée à Vc = 450 m/min et f = 0.25 mm/tr selon un plan parallèle à la direction de coupe
après attaque chimique au réactif de Kroll.
Couche à
grains déformés
Direction de Direction de
coupe
a. coupe b.
Figure 6-5 : Micrographies réalisées selon la direction de coupe montrant des « couches blanches »
en sous-couche d’une surface usinée à Vc = 450 m/min et f = 0.25 mm/tr
pour des grossissements Gx200 (a.) et Gx1000 (b.)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Une couche blanche apparaît en extrême surface de l’échantillon sous la surface usinée. La
Figure 6-5a montre que cette couche est d’épaisseur quasiment constante et continue selon la
direction de coupe. La Figure 6-5b qui est prise à plus fort grossissement montre qu’aucun grain et
microstructure multiphasée ne sont décelés dans cette « couche blanche ». Sur les deux
micrographies, la formation de ce défaut s’accompagne d’une couche contigüe à grains déformés.
Avance (f)
Direction
a. d’avance
Figure 6-6 : Micrographies réalisées selon la direction d’avance pour un grossissement Gx200
montrant (a.) la variation de l’épaisseur de la « couche blanche » entre deux crêtes d’une strie
d’usinage (Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr) et (b.) la présence de grains globulaires au sein de la
« couche blanche » (Vc = 450 m/min et f = 0.25 mm/tr)
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La profondeur affectée par cette anomalie est le plus souvent très faible et des conditions de
coupe sévères (Vc > Vclim et f > flim) sont nécessaires afin de produire des « couches blanches »
facilement détectables au microscope optique. Ces investigations montrent que cette anomalie est
difficile à produire et demande des contraintes thermomécaniques importantes. De plus, la
profondeur de ce défaut s’accroît avec l’augmentation de la vitesse de coupe et de l’avance.
0,50
0,40
Avance (mm/tr)
0,30
0,20
flim 0,10
0,00
Vclim
0 100 200 300 400 500
Vitesse de coupe (m/min)
Présence Absence
Figure 6-7 : Cartographie des «couches blanches » générées en sous-couche en fonction de la vitesse
de coupe et de l’avance
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
2.4 Bilan
Les résultats qui viennent d’être exposés ont permis de détecter par l’intermédiaire de
moyens optiques les différents types d’anomalies produits en sous-couche à l’aide de micrographies
réalisées dans des plans parallèles à la direction de coupe et d’avance. Deux types d’anomalies ont
été repérés : les « couches à grains déformés » et les « couches blanches » qui apparaissent dans les
sous-couches adjacentes à la surface usinée. Des cartographies en vitesse de coupe et en avance ont
permis de classer et d’identifier les conditions de coupe à l’origine de ces anomalies dans les sous-
couches de la surface usinée. Par l’intermédiaire de ces cartographies et des observations
micrographiques, il a été clairement montré que ces deux anomalies apparaissaient conjointement
pour certaines conditions de coupe, en l’occurrence celles dont le produit Vc.f est important. Dans ce
cas, les « couches blanches » apparaissent dans la sous-couche immédiatement adjacente à la
surface usinée et les « couches à grains déformés » sont observées dans la sous-couche inférieure.
Pour des conditions de coupe moins sévères, seules les « couches à grains déformés » apparaissent
et ce tant que Vc et f restent suffisamment importantes. Par ailleurs, c’est suivant la direction de
coupe et non d’avance que les grains globulaires se trouvent les plus déformés et désorientés.
C’est essentiellement dans la bavure, selon la direction d’avance, que ces grains déformés sont
détectés. A partir d’une certaine longueur usinée, la « couche blanche » présente une épaisseur
uniforme et continue selon la direction de coupe alors que selon la direction d’avance, il n’est pas
rare d’observer une « couche blanche » qu’au droit des crêtes des stries d’usinage.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Selon Serra [SER00], l’analyse d’images peut se diviser en trois grands types de problème :
L’une des démarches utilisée en analyse d’images est de s’appuyer sur la théorie de la
morphologie mathématique essentiellement non linéaire. Cette science mathématique étudie les
objets en fonction de leur forme, de leur taille, des relations avec leur voisinage, de leurs niveaux de
gris ou de leur texture. Par les transformations qu’elle induit, elle se situe à différentes phases du
traitement d’images (l’acquisition, la segmentation ou encore l’extraction de caractéristiques) et
fournit par cet intermédiaire des outils pour la reconnaissance des formes.
Dans le cadre de cette étude, l’analyse d’images consiste à extraire les caractéristiques de la
microstructure provenant de micrographies réalisées selon les directions de coupe et d’avance. Afin
d’avoir une résolution spatiale adéquate permettant de distinguer clairement les contours des grains,
les images ont été réalisées avec un grossissement Gx200. Ceci représente une image de la
microstructure sur une hauteur de 0.695 mm et une largeur de 0.565 mm. Ce résultat est insuffisant
pour qualifier l’évolution de la microstructure selon la direction d’avance pour laquelle la longueur
usinée est de 10.2 mm. Une image globale de la longueur usinée a été reconstituée à partir de
plusieurs images prises à grossissement Gx200. C’est cette micrographie reconstituée qui sera traitée
par l’analyse d’images.
Comme il a été évoqué au début de ce chapitre, les grains globulaires composés de phase
et lamellaires n’ont pas le même comportement lors de la déformation du matériau. En
conséquence, il a été choisi de se baser sur l’observation de la phase globulaire afin d’identifier les
couches à grains déformés et désorientés. Ce choix permet aussi de minimiser le temps de
traitement : il aurait été très lourd et compliqué de réaliser cette étude sur les grains lamellaires car
les lamelles sont de faibles largeurs et l’attaque au réactif de Kroll rend difficile leur observation
(attaque non homogène). Aussi, des acquisitions d’images au MEB à très fort grossissement auraient
été incontournables mais auraient obligé à traiter une quantité déraisonnable d’informations.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Figure 6-8 présente une comparaison entre une image avant et après traitement par
analyse d’images. Plusieurs étapes ont permis d’arriver à ce résultat. La première à consister à
séparer les grains globulaires des autres grains de la microstructure, la couche de nickelage (dont
la couleur est proche de la phase ) et la résine d’enrobage. Ces différents éléments ont pu être
distingués par l’utilisation de gradient de forme, de couleur et de taille. La deuxième étape a conduit
à segmenter les phases . En considérant que les grains globulaires se présentent sous une forme
elliptique, il est possible de les identifier et de leur attribuer un centre d’inertie. C’est aux
coordonnées de ce point que seront attribuées toutes les caractéristiques extraites de ces grains lors
du dépouillement.
Nickelage
Nickelage
a. b.
Figure 6-8 : Images (Gx200) présentant une sous-couche avant traitement (a.) et après traitement
par analyse d’images (b.) permettant l’identification puis la segmentation des grains globulaires
La morphologie des grains globulaires a été définie par les quatre caractéristiques
microstructurales suivantes : l’aire et l’élongation du grain, l’angle dièdre entre deux grains contigus
et la distance intergrains entre plus proches voisins, équivalent au libre parcours moyen. Une
schématisation de ces caractéristiques est donnée en Figure 6-9. L’allongement du grain globulaire
est calculé par le ratio entre la grande et la petite diagonale de l’ellipse. L’angle dièdre est formé par
les tangentes au point de contact entre deux grains globulaires. Deux angles dièdres 1 et 2 sont
calculés comme indiqué en Figure 6-9. L’angle 1 est attribué au centre d’inertie d’un des deux grains
et l’angle 2 au centre d’inertie du second. La distance intergrains est calculée en faisant la moyenne
des distances entre un grain globulaire et ses voisins les plus proches en chaque point de sa
périphérie. Ces distances sont prises perpendiculairement à la périphérie du grain étudié.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Distance intergrains
Aire Elongation Angle dièdre
(plus proches voisins)
Centre
Aire d’inertie Dmini
1
Dmaxi Di1 Di2 Din
Grain 2
globulaire
La Figure 6-10 présente les résultats obtenus en sous-couche d’une surface usinée à Vc = 125
m/min et f = 0.25 mm/tr. Deux cartographies selon la direction d’avance sont présentées : la
première montre la cartographie des aires des grains globulaires et la seconde représente les
centres d’inertie des grains étudiés. La SER a une largeur de 1040 µm et une hauteur de 25 µm. Le
matériau à cœur présente des grains globulaires dont l’aire moyenne est égale à 200±29 µm2.
Cette valeur moyenne et son écart-type sont utilisés afin de définir la borne supérieure de l’échelle
de la cartographie. En effet, la sous-couche contigüe à la surface usinée ayant une aire de grains
plus faible que le matériau à cœur, la borne supérieure de la cartographie est choisie égale à l’aire
moyenne moins l’écart type (soit 171 µm2) afin de correspondre statistiquement à la valeur de l’aire
la plus faible d’un grain globulaire avant usinage. Par conséquent, chaque partie de la sous-couche
possédant une aire plus faible peut être considérée comme affectée.
La cartographie de l’aire des grains montre sur les 25 premiers micromètres que la sous-
couche la plus proche de la surface usinée possède des grains dont l’aire est plus faible jusqu’à la
longueur usinée Lu égale à 8 mm. Ce résultat n’est pas surprenant puisque des grains adjacents à la
surface usinée sont parfois coupés lors de l’usinage. De ce fait, leur aire est automatiquement plus
faible. Par ailleurs, sachant que la dimension d’un grain est d’environ 20 µm, il est difficile de
statuer sur ce résultat. Une inspection complémentaire confirmera ou infirmera les résultats donnés
par l’analyse d’images.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Les observations visuelles en sous-couche de la surface usinée pour cette condition de coupe
n’ont pas montré l’apparition de « couches à grains déformés » tout au long de la longueur usinée de
0 à 10.2 mm. La cartographie présentée sur la Figure 6-10 relative à l’aire des grains est ainsi
considéré comme la référence d’un matériau dont la surface usinée n’est pas déformée.
Profondeur 155
200
150
140
-200
Profondeur 135
130
-400
125
Cartographie : centre d’inertie des grains
-600 120
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000
Longueur usinée (µm)
Figure 6-10 : Cartographie selon la direction d’avance de l’aire des grains globulaires en
sous-couche de la surface usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
Cartographie : élongation des grains (sans unité) Cartographie : angle dièdre entre grains (°)
400 2 400 120
300 300
1.95 119
200 200
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
1.9 118
100 100
0 0
1.85 117
-100 -100
1.8 116
-200 -200
Direction
-300
d’avance 1.75 -300 115
-400 -400
1.7 114
0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000
Longueur usinée (µm) Longueur usinée (µm)
Cartographie : distance intergrains (µm) Cartographie : fraction surfacique des grains (%)
400 300 43.5
300 200 43
4.3
200 100
42.5
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
100
0
4.25
42
0
-100
41.5
-100 4.2
-200
-200 41
-300
4.15
-300
40.5
-400
-400
4.1 -500 40
0 2000 4000 6000 8000 10000 0 2000 4000 6000 8000 10000
Longueur usinée (µm) Longueur usinée (µm)
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Figure 6-11 montre les cartographies, selon la direction d’avance, des autres
caractéristiques microstructurales pour la même condition de coupe. Signalons que les grains
globulaires du matériau non déformé ont une élongation moyenne de 1.63±0.08, un angle dièdre
moyen de 110±3.8°, une distance intergrains moyenne de 3.91±0.21 µm et une fraction surfacique
moyenne de 45.2±1.8 %. Ces valeurs moyennes et leurs écarts-types ont été utilisés comme pour la
cartographie de l’aire des grains afin de définir les bornes inférieures ou supérieures des échelles
de chaque cartographie selon le paramètre microstructural étudié : borne supérieure pour la fraction
surfacique et borne inférieure pour l’élongation, l’angle dièdre et la distance intergrains. L’analyse de
ces cartographies conduit à une conclusion identique à celle précédente : aucune couche affectée
n’est notée.
Six coupes micrographiques selon la direction de coupe ont été effectuées sur l’éprouvette
aux longueurs usinées Lu suivantes : 0.6 mm, 2.65 mm, 3.9 mm, 5.05 mm, 8.5 mm et 9.95 mm. La
position de ces coupes a été choisie afin de caractériser la microstructure aux différentes phases
d’évolution du profil de la surface usinée (début d’usinage, phase de stabilisation du profil,
effondrement de la matière,…). La Figure 6-12 illustre l’évolution microstructurale des sous-couches
à proximité de la surface usinée en fonction de Lu. Il est noté que pour Lu ≤ 3.9 mm, les couches à
grains déformés sont inexistantes ou de faibles profondeurs (Figure 6-14). L’apparition de couches
affectées sur des profondeurs significatives intervient pour Lu > 3.9 mm. Il est noté que pour
Lu = 9.95 mm, les grains globulaires sont affectés sur une profondeur plus faible que ceux observés
pour Lu = 8.5 mm et qu’en grande majorité, ces grains sont déconnectés les uns des autres
(connectivité plus faible).
Direction
de coupe
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
L’aire des grains globulaires est plus faible qu’à cœur sur 200 µm de profondeur. Les
valeurs les plus basses sont observées en extrême surface et sont de l’ordre de 124 µm 2 ce qui est
inférieure d’environ 20% par rapport à celles à cœur. L’aire des grains tend à diminuer graduellement
au fur et mesure que l’on se rapproche de la surface usinée. Une évolution similaire est fort
logiquement trouvée pour la fraction surfacique de ces mêmes grains. La diminution de la valeur de
cette caractéristique microstructurale en extrême surface (42.3%) est d’environ 10% par rapport au
cœur du lopin. La cartographie d’élongation des grains montre que les grains sont plus allongés sur
une distance de 125 µm. Sur cette profondeur de couche affectée, un gradient d’élongation des
grains est observé dont le maximum (1.99) est atteint à proximité de la surface usinée (soit une
élongation 19% plus grande que l’élongation moyenne des couches non affectées). Une évolution
similaire est notée pour les angles dièdres et les distances intergrains sur une profondeur légèrement
supérieure est égale à environ 150 µm.
Les cartographies étudiées selon la direction de coupe pour chaque longueur usinée Lu,
présentent des tendances similaires à celles décrites sur la Figure 6-13. Seule l’intensité des
paramètres microstructuraux et la profondeur de la couche affectée varient. La Figure 6-14 illustre
l’évolution de la profondeur de la couche affectée en fonction de Lu pour les différentes
caractéristiques microstructurales. Ces courbes montrent que très tôt au cours de l’usinage, des
couches affectées apparaissent car certaines caractéristiques microstructurales évoluent. Il s’agit de
l’aire et de l’élongation des grains pour lesquelles il est noté un changement dès Lu = 0.6 mm pour
l’élongation et dès Lu = 2.65 mm pour l’aire. Une réduction de l’aire et un accroissement de
l’élongation des grains jusqu’à la longueur usinée Lu = 3.9 mm sont observés. Pour Lu > 3.9 mm, les
couches affectées sont repérables à la suite d’une variation de la distance intergrains et de la fraction
surfacique des grains globulaires en plus de celle de l’aire et de l’élongation. La distance intergrains
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
est maximale à proximité de la surface usinée alors que la fraction surfacique des grains est
minimale. La profondeur des couches affectées va croître jusqu’à la fin de l’usinage pour chacun des
paramètres microstructuraux. Par ailleurs, l’évolution de la distance intergrains et celle de
l’élongation des grains sont assez bien corrélées tout comme celle de la fraction surfacique avec celle
de l’aire des grains (Figure 6-14). Pour Lu > 5.05 mm, la profondeur de la couche affectée relative à
une augmentation de l’angle dièdre commence à croître jusqu’à la fin de l’usinage.
Cartographie : aire des grains (µm2) Cartographie : élongation des grains (sans unité)
600 145 600 2
Profondeur (µm)
200 135 200 1.9
0 130 0 1.85
Surface usinée
-200 125 -200 1.8
Direction
-400 120 -400 1.75
de coupe
-600 115 -600 1.7
2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500
Longueur(µm) Longueur (µm)
Cartographie : angle dièdre entre grains (°) Cartographie : distance intergrains (µm)
600 115 600 3.45
Profondeur (µm)
0 113.5 0
45.5
400
45
Profondeur (µm)
200
44.5
0 44
43.5
-200
43
-400
42.5
-600 42
2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500
Longueur (µm)
Figure 6-13 : Cartographies selon la direction de coupe de l’aire, de l’élongation , de l’angle dièdre, de
la distance intergrains et de la fraction surfacique des grains globulaires , en sous-couche de la
surface usinée à Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr et Lu = 9.95 mm
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
250 250
Profondeur de la couche affectée (µm)
150 150
100 100
50 50
0 0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Longueur usinée Lu (mm) Longueur usinée Lu (mm)
Elongation des grains Distance intergrains Aire des grains Angle dièdre Fraction surfacique des grains
Figure 6-14 : Evolution de la profondeur de la couche affectée pour les différentes caractéristiques
microstructurales obtenues à partir de coupes micrographiques selon la direction de coupe en
fonction de la longueur usinée Lu (Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr)
La variation de l’élongation des grains observée sur la Figure 6-15 montre une augmentation
permanente de leur étirement en extrême surface au cours de l’usinage. L’évolution de ce paramètre
est la plus forte entre Lu = 5.05 et 8.5 mm. Au-delà de cette longueur usinée, une légère décroissance
de l’élongation est observée. La variation de cette caractéristique microstructurale est en adéquation
avec celle de la profondeur affectée observée sur la Figure 6-14a mais c’est un pur hasard.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
155 2,2
Aire à cœur
150 2,1
Elongation moyenne
Aire moyenne (µm 2)
145 2
140 1,9
130 1,7
125 1,6
0 2 4 6 8 10
Longueur usinée Lu (mm)
Aire des grains Allongement des grains
Figure 6-15 : Evolution de la valeur moyenne de l’aire et de l’élongation des grains globulaires
dans les 30 premiers micromètres en fonction de la longueur usinée Lu
(Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr)
Les résultats présentés sur les Figures 6-14 et 6-15 peuvent être confrontés aux
micrographies exposées sur la Figure 6-12. En particulier, l’élongation et l’aire des grains globulaires
sont faciles à observer qualitativement à partir de microstructures.
Pour Lu ≤ 3.9 mm, la profondeur affectée par une élongation des grains est inférieure à 50
µm (échelle des images). Par contre, pour Lu ≥ 5.05 mm, les grains globulaires sont bien plus étirés.
Les micrographies montrent que l’augmentation de cette élongation des grains s’accompagne d’une
profondeur de couche affectée plus importante.
La profondeur affectée par la diminution de l’aire des grains ne cesse d’augmenter au fur
et à mesure que la longueur usinée croît. Néanmoins, il est compliqué d’identifier l’évolution de la
valeur moyenne de l’aire des grains aux abords de la surface usinée à partir des micrographies de
la Figure 6-12. Pour Lu = 5.05 mm et surtout Lu = 9.95 mm, il est facilement observé que l’aire des
grains en extrême surface de l’échantillon est plus faible que pour les autres micrographies. Par
contre, la légère augmentation de l’aire des grains pour Lu = 8.5 mm est difficilement appréciable.
Néanmoins, par comparaison, il est noté que l’aire des grains globulaires pour Lu = 8.5 mm est plus
faible que pour Lu = 0.6 ou 2.65 mm.
L’ensemble des observations menées sur la série de micrographies présentées en Figure 6-12
est en accord avec les résultats présentés en Figures 6-14 et 6-15. Ainsi, l’analyse d’images donne des
résultats quantitatifs fiables.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
L’image globale ayant permis de construire ces cartographies est donnée en Annexe 8. La largeur de
la SER est identique et égale à 1040 µm. La hauteur de la SER diffère selon la caractéristique
microstructurale mesurée : 25 µm pour l’aire et l’élongation, 40 µm pour la distance intergrains et 50
µm pour la fraction surfacique.
Cartographie : aire des grains (µm2) Cartographie : élongation des grains (sans unité)
600 170 600 1.9
165 1.88
400 400
160 1.86
155 1.84
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
200 200
150 1.82
0 145 0 1.8
Couches affectées
140
Couches affectées 1.78
-200 -200
135 1.76
Cartographie : distance intergrains (µm) Cartographie : fraction surfacique des grains (%)
600 4.2 600 43.5
43
4.15
400 400
42.5
4.1
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
200 200 42
4.05
41.5
0 0
4 41
40
-400 -400
3.9
39.5
La cartographie de l’aire des grains montre deux zones à proximité de la surface usinée où
l’aire des grains est plus faible qu’à cœur pour Lu ≤ 3.1 mm et Lu ≥ 5.2 mm Ces deux zones sont
entourées de pointillés blancs. Dans la première de ces deux zones, la profondeur de la couche
affectée est au maximum de 50 µm. Dans la seconde, une brusque augmentation de la profondeur
affectée est notée aux environs de Lu ≥ 6.2 mm. Elle passe d’environ 75 µm à pratiquement 200 µm.
L’observation de la cartographie de la distance intergrains et de celle de la fraction surfacique
permettent de nouveau de repérer approximativement ces deux zones. Ces dernières se
caractérisent respectivement par une augmentation de la distance intergrains et par une diminution
de la fraction surfacique. Une troisième zone est identifiée dont l’aire des grains est plus faible. Elle
est entourée de traits discontinus blancs et se trouve sous la deuxième zone vers la fin de l’usinage.
Au vue de sa profondeur et de sa localisation, il peut être supposé que cette zone à la microstructure
modifiée est certainement liée à la formation de la bavure. Comme pour les zones précédentes, cette
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
zone est également repérée sur la cartographie de la distance intergrains et sur celle de la fraction
surfacique. La microstructure de cette troisième zone est alors définie par une diminution de la
fraction surfacique des grains en plus de celle de l’aire et inversement par une augmentation de la
distance intergrains.
La cartographie de l’élongation des grains globulaires montre qu’une couche de grains plus
déformée qu’à cœur est détectée pour Lu > 4.1 mm. La profondeur affectée est d’environ 25 µm.
Une augmentation continuelle de l’élongation des grains est observée dont la valeur maximale est
atteinte en fin d’usinage.
3.3.3 Bilan
Les micrographies réalisées selon la direction de coupe et d’avance ont permis, à la suite d’un
traitement d’images approprié, de noter l’apparition de couches affectées par une évolution de la
valeur de certaines caractéristiques microstructurales qui parfois se corrèlent au niveau de leur
évolution de la profondeur affectée :
Il est noté que ces corrélations sont repérées dès le moment où l’évolution des paramètres
microstructuraux est importante. Quelle que soit la direction d’étude, ces corrélations sont
identifiées à partir d’une longueur usinée supérieure à 4.1 mm. Les profondeurs affectées maximales
sont atteintes pour une longueur usinée comprise entre 7 et 10 mm, selon les paramètres
microstructuraux étudiés.
La synthèse de ces résultats montre que la profondeur de la couche à grains déformés selon
la direction de coupe ne peut pas être corrélée à celle définie selon la direction d’avance. Rappelons
qu’elle est plus facilement mise en évidence à partir de coupes effectuées suivant la direction de
coupe que suivant la direction d’avance. La Figure 6-17a permet de souligner que l’évolution de la
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
profondeur de la couche affectée par l’aire des grains selon la direction d’avance suit en partie celle
de la profondeur de la couche affectée par l’élongation des grains selon la direction de coupe pour la
condition de coupe Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. La Figure 6-17b montre que les évolutions de
l’aire des grains globulaires selon les directions de coupe et d’avance pour Vc = 250 m/min et
f = 0.25 mm/tr ne sont pas corrélées.
250 250
Profondeur de la couche affectée (µm)
150 150
100 100
50 50
0 0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Longueur usinée Lu (mm) Longueur usinée Lu (mm)
Aire des grains selon la direction d'avance Aire des grains selon la direction d'avance
a. Elongation des grains selon la direction de coupe b. Aire des grains selon la direction de coupe
Figure 6-17 : (a.) Evolution de la profondeur affectée par une variation de l’aire des grains selon la
direction d’avance et par une variation de l’élongation des grains selon la direction de coupe en
fonction de la longueur usinée (Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr)
(b.) Evolution de la profondeur affectée par une variation de l’aire des grains selon la direction
d’avance ou de coupe en fonction de la longueur usinée (Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr)
Les sous-couches de la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr ont été traitées par
analyse d’images. Cette condition de coupe a été étudiée car les défauts géométrique et de surface
engendrés (paragraphe 2.2 du chapitre 5) montraient que les contraintes thermomécaniques
appliquées au matériau étaient plus importantes que celles produites sur la surface usinée à
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Il est donc raisonnablement supposé que cette condition de coupe
est à l’origine de changements microstructuraux plus sévères dans les sous-couches du matériau.
La Figure 6-18 présente les cartographies obtenues à partir d’une coupe micrographique
effectuée selon la direction d’avance. La largeur du SER est de 780 µm et sa hauteur est de 50 µm
pour l’aire, l’élongation et la distance intergrains. En revanche, les dimensions de la SER et de 780 µm
par 100 µm pour la fraction surfacique des grains . Pareillement à l’étude précédente, il est
remarqué que les évolutions de l’aire, de la distance intergrains et de la fraction surfacique des grains
globulaires en fonction de la longueur usinée sont corrélées : trois zones notées Z1 (Lu = 0 à 2.7
mm), Z2 (Lu = 2.7 à 6.6 mm) et Z3 (Lu = 6.2 à 9.7 mm) sont distinguées sur 3 des 4 cartographies
présentées ci-après.
Cartographie : aire des grains (µm2) Cartographie : élongation des grains (sans unité)
800 155 800 1.9
1.86
400 400
145
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
1.84
200 200
140
1.82
0 0
135 1.8
-200 -200
1.78
130
-400 -400 Direction 1.76
-600 Z1 Z2 Z3 125
-600 d’avance 1.74
600 600
4.15
41
400 400
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
4.1
200 200
40.5
0 4.05 0
40
-200 -200
4
-400 -400
39.5
3.95
-600 -600
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
A partir de la zone Z2, la profondeur affectée par des grains dont l’aire est plus faible
augmente de 200 à environ 600 µm. Contre toute attente, la distance intergrains diminue fortement
en extrême surface par rapport à la valeur définie à cœur. La fraction surfacique des grains en
extrême surface est plus faible qu’à cœur. Dans la zone Z3, le phénomène inverse se déroule : l’aire
des grains tend vers une valeur proche de celle à cœur sauf dans les cents premiers microns alors
que la distance intergrains augmente très rapidement en extrême surface affectant une profondeur
de couche de près de 400 µm. La profondeur de la couche affectée par la fraction surfacique des
grains diminue progressivement jusqu’à la fin de l’usinage.
Cette condition de coupe sévère (Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr) a permis d’identifier des
évolutions microstructurales plus intenses engendrées par des contraintes thermomécaniques plus
importantes dans les zones Z2 et Z3 par rapport à celles observées en sous-couche de la surface
usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Ces informations supplémentaires vont contribuer à
mieux préciser les modes de déformation de la microstructure du Ti-6Al-4V lors de sollicitations
thermomécaniques importantes engendrées par la coupe. Ces phénomènes de déformation de la
matière vont être explicités dans le paragraphe suivant.
L’étude des couches à grains déformés produites lors de l’usinage a été réalisée à l’aide
d’inspections au microscope optique couplées à de l’analyse d’images quantitative. Ces résultats
permettent de définir l’évolution de la microstructure des sous-couches au fur et à mesure que
l’usinage progresse mais aussi à une longueur usinée bien précise.
Afin d’établir les étapes menant à ces transformations microstructurales, les hypothèses
suivantes sont émises :
La Figure 6-19 présente les différentes étapes de l’évolution de la microstructure selon les
directions de coupe et d’avance. Ces microstructures représentent l’état du matériau à proximité de
la surface usinée.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Etape 1 :
Etape 2 :
L’étape 2 est représentative des phénomènes observés lors de l’usinage à Vc = 250 m/min et
f = 0.25 mm/tr pour Lu ≤ 3.9 mm. L’analyse d’images montre l’apparition de couches à grains
déformés (grainsglobulaires plus allongés à la suite d’une élongation plus importante qu’à cœur)
selon la direction de coupe. Qui plus est, les grains globulaires de ces couches ont une aire plus
faible sans que leur fraction surfacique diminue et la distance intergrains augmente selon cette
même direction. Ces résultats montrent alors que cette diminution de l’aire des grains ne provient
pas d’une dissolution des phases globulaire mais d’une déformation de la matière hors du plan de
coupe. Aux faibles usures d’outil, représentatives du début de l’usinage, la déformation du matériau
en extrême surface ne conduit donc pas à des échauffements thermiques important. Cette
déformation reste limitée et ne s’accompagne d’aucun endommagement visible. Les grains se
déformant sans discontinuité (absence de cavités), la distance intergrains reste globalement
conservée malgré l’augmentation de l’élongation et la réduction de l’aire des grains . En l’absence
de toute dissolution et endommagement, la déformation des grains doit se faire à iso-volume, et il
en est de même pour les grains lamellaires
De nouveau, au début de l’usinage, une diminution de l’aire des grains sans élongation est
notée selon la direction d’avance sur des profondeurs équivalentes aux couches à grains déformés
selon la direction de coupe. Ce résultat (qui est par ailleurs observable tout au long de l’usinage
comme montré en Figure 6-17a) provient très certainement de la diminution du plus petit axe des
grains globulaire . Ainsi, la coupe micrographique selon la direction d’avance, coupant le grain
d’élongation inchangée induit nécessairement une aire de grain plus faible. La variation négative de
la fraction surfacique des grains et la variation positive de la distance intergrains (Figure 6-16),
laissent supposer un écoulement conséquent de la phase dans la direction d’avance. Il s’agit
des prémices de la formation progressive de la déviation de surface et de la bavure observée en fin
d’usinage, défauts largement observés au Chapitre 5.
Etape 3 :
La microstructure présentée dans l’étape 3 est caractéristique de celle produite dans les
sous-couches de la surface usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr pour 3.9 mm < Lu ≤ 5.05 mm.
Concernant les couches à grains déformés selon la direction de coupe, il est noté dans cette phase
d’usinage :
une augmentation de la profondeur des couches affectées par les grains déformés,
une progression continue de l’élongation toujours plus importante des grains en extrême
surface.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
De plus, ces sous-couches à grains déformés présentent une distance intergrains plus grande
et une fraction surfacique des grains inférieure à celle observée à cœur. Par ailleurs, les
profondeurs respectives de ces sous-couches affectées par l’ensemble des paramètres
microstructuraux sont proches (50 à 75 µm). L’ensemble de ces résultats prouve qu’une dissolution
de la phase a opéré, soulignant que l’effet thermique devient importante au même titre que la
l’effet mécanique. Néanmoins, la Figure 6-15 montre que l’aire des grains en extrême surface ne
varie pas malgré cette dissolution. Ce résultat peut s’expliquer par une déformation et une
réorientation des grains selon la direction de coupe qui conduit à maintenir une aire constante.
Etape 4 :
L’étape 4 est représentative des phénomènes observés lors de l’usinage à Vc = 250 m/min et
f = 0.25 mm/tr pour Lu > 5.05 mm. Cette étape a été divisée en deux sous-étapes (étape 4a et étape
4b) par soucis de représentation. Les phénomènes intervenant lors de ces deux sous-étapes se
déroulent en même temps.
L’étape 4a consiste dans l’orientation progressive des grains déformés avec un angle de
45° par rapport à la surface usinée selon la direction de coupe comme le montre la Figure 6-2b et la
Figure 6-12 pour Lu = 8.5 mm et 9.95 mm.
L’évolution de la microstructure selon la direction de coupe lors de l’étape 4b suit celle initiée
lors de l’étape 3 : la profondeur des couches affectées par la diminution de la fraction surfacique et
l’augmentation de la distance intergrains continue à progresser comme illustré par la Figure 6-14. De
plus, la profondeur des couches à grains déformés augmente fortement ainsi que leur élongation.
Quant à l’aire des grains, elle reste constante avant de chuter fortement à partir de Lu = 8.5 mm. La
Figure 6-15 montre que l’intensité de ces phénomènes s’accroît rapidement dans les sous-couches à
proximité de la surface usinée jusqu’à la fin de l’usinage. Les progressions subites de ces quatre
paramètres microstructuraux s’accompagnent d’une variation positive des angles dièdres entre
grains et sur des profondeurs affectées toujours plus grandes. Cela suggère que la déformation
plastique du matériau est très forte en fin d’usinage.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Selon la Selon la
direction de coupe direction d’avance
Etape 1
Etat initial du matériau ou lors
d’un usinage n’induisant
aucun défaut
Etape 2
Déformation des phases
globulaires (étirement dans la
direction de coupe et
rétrécissement dans la direction
d’avance)
Etape 3
Déformation, réorientation et +
dissolution des phases
globulaires et augmentation de
la distance intergrains
Etape 4a
45°
Déformation des grains et
orientation préférentielle à 45°
selon la direction de coupe
Etape 4b +
Dissolution des grains et +
augmentation de leurs angles +
dièdres provenant de la
déformation intense de la phase
+ +
qui tend à séparer les grains
et à les déformer +
Etape 5
Déformation intense en
cisaillement de la phase , - -
dissolution des grains et
diminution de la distance
intergrains : réorganisation de la
microstructure représentatif d’un
effondrement de la surface usinée
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
L’observation des résultats de l’analyse d’images selon la direction d’avance indique une
profondeur toujours plus importante des couches affectées par les mêmes paramètres
microstructuraux que pour l’étape 3 (diminution de l’aire et de la fraction surfacique des grains et
augmentation de leur élongation). Il apparaît de même que la distance intergrains est plus grande
dans les sous-couches du matériau affecté.
les couches à grains déformés ont une profondeur et une élongation plus faible malgré le fait
que la matière s’effondre en fin d’usinage,
l’aire des grains et la fraction surfacique diminuent fortement à proximité de la surface
usinée,
les couches affectées possèdent une distance intergrains et des angles dièdres beaucoup
plus importants que les couches usinées précédentes.
De plus, les élongations des grains selon la direction d’avance et la dissolution des phases
globulaires (diminution de l’aire et de la fraction surfacique) conduisent à la séparation partielle
(augmentation de la distance intergrains) des grains déformés entre eux en fin d’usinage. Cette
conclusion est illustrée par la Figure 6-20 présentant les sous-couches à proximité et dans la bavure
d’une surface usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr.
Ces investigations permettent d’observer que dans les directions de coupe et d’avance,
l’évolution de certaines caractéristiques métallurgiques telle que la distance intergrains, la fraction
surfacique et l’aire des grains, soulignant une dissolution de la phase globulaire , est le signe d’une
déformation importante de la matière et en l’occurrence de la phase en fin d’usinage.
Surface usinée
Nickelage
Direction
d’avance Bavure
Figure 6-20 : Illustration des sous-couches à grains déformés avec des grains globulaires séparés
ou en cours de séparation à proximité de la bavure obtenue lors de l’usinage réalisé à
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Etape 5 :
L’étape 5 est représentative des phénomènes observés lors de l’usinage à Vc = 350 m/min et
f = 0.15 mm/tr pour Lu compris entre 2 et 7 mm correspondant à la zone Z2 définie sur la
Figure 6-18. L’analyse d’images montre que dans cette zone, des couches affectées présentant une
aire et une fraction surfacique des grains plus faibles ainsi qu’une distance intergrains plus petite et
une élongation plus grande qu’à cœur selon la direction d’avance sont apparues. Concernant la
direction de coupe, aucune micrographie n’a été réalisée. Néanmoins, une coupe micrographique
d’un échantillon usiné à Vc = 350 m/min et f = 0.375 mm/tr est présentée sur la Figure 6-21 pour une
longueur usinée identique. En supposant que la microstructure obtenue est proche de celle produite
selon les conditions précédentes (Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr), il peut être considéré que les
grains sont fortement déformés et orientés à 45° par rapport à la surface usinée selon la direction de
coupe. De plus, il peut être observé que l’étirement conjoint et homogène des grains globulaires
et lamellaires a induit une distance intergrains plus faible.
Direction de
coupe
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
lamellaires , et tend à séparer les grains globulaires rendant cette phase discontinue. Le Ti-6Al-
4V se comporte alors comme un composite possédant une matrice molle (phase ) dans laquelle
sont isolées des phases plus dures (phase ). Ainsi, la phase contrôle la déformation plastique
permettant une déformation optimale du matériau et une réorientation des grains . Cette situation
correspond aux étapes 3, 4b et potentiellement 5 présentées en Figure 6-19. Ce cas de figure est
surtout visible dans la bavure.
3.6 Bilan
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
direction de coupe et une dernière (Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr) en produisant selon les
directions de coupe et d’avance.
Cette étude basée sur les grains globulaires et sur les principes de morphologie
mathématique a permis de définir des paramètres microstructuraux pertinents (comme l’élongation,
l’aire, la fraction surfacique des grains , la distance intergrains et, dans une moindre mesure, la
valeur de l’angle dièdre) afin de comprendre l’évolution de la microstructure soumise aux efforts de
coupe. D’autres paramètres microstructuraux ont été suivis comme la contigüité et la connectivité
dont les cartographies ne sont pas présentées dans ce mémoire car ils n’ont pas donné de résultats
probants.
Les cartographies des paramètres microstructuraux établies selon la direction d’avance pour
les trois conditions de coupe retenues ont été comparées. Il a été montré que plus la condition de
coupe est forte et plus la profondeur affectée est importante. Cette évolution de la profondeur
affectée dépend aussi de la longueur usinée Lu. En effet, plus la longueur usinée est importante et
plus la profondeur affectée est grande pour une même condition de coupe. Des corrélations entre les
évolutions de l’aire, de la distance intergrains et de la fraction surfacique des grains globulaires ont
été identifiées pour les surfaces usinées à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr puis à Vc = 350 m/min
et f = 0.15 mm/tr. De même, une évolution continue des paramètres microstructuraux de la couche à
grains déformés en fonction de la condition de coupe et de la longueur usinée a été observée. Ces
investigations ont donc contribué à comprendre macroscopiquement les modes de déformation de
la structure « duplex » du Ti-6Al-4V sous les contraintes thermomécaniques engendrées lors de
l’usinage.
L’étude réalisée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr dans les directions de coupe et d’avance
a particulièrement contribué à mieux comprendre l’évolution de la microstructure. Plus
spécialement, la profondeur de la couche à grains déformés produite selon la direction de coupe
(définie par la variation de l’élongation des grains globulaires est assez bien corrélée à celle définie
par la variation de l’aire de ces mêmes grains selon la direction d’avance. Cela n’est pas surprenant
au regard des équations aux dérivées partielles de ces paramètres microstructuraux établies en
Annexe 12. Ainsi, une coupe micrographique selon la direction d’avance donne une bonne
approximation de la profondeur affectée selon la direction de coupe, associée à une longueur usinée
donnée. Ce résultat conduit à réduire le nombre de coupes micrographiques à effectuer selon la
direction de coupe et permet de faciliter le choix des longueurs usinées à laquelle ces coupes seront
effectuées.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Les résultats de ces investigations fourniront les premiers indices concernant l’état
métallurgique de cette couche blanche mais ne permettront pas de conclure. Aussi, une lame mince,
prélevée dans une couche blanche sera étudiée au microscope électronique à transmission (MET). De
même, des observations au MET sur les sous-couches adjacentes à ce défaut seront réalisées.
La Figure 6-22a présente une image MEB prise à très fort grossissement (Gx10000) de la
microstructure à cœur du lopin après polissage et attaque au réactif de Kroll. Les grains globulaires
et lamellaires peuvent être distingués sur cette micrographie. Quelles que soient leurs
structures, les phases apparaissent de couleur plus sombre que les phases . L’épaisseur des
lamelles de phase alpha (en général inférieure au micromètre) est supérieure à celle de bêta. La
Figure 6-22b montre la microstructure au même grossissement au sein de la couche blanche en
extrême surface du même échantillon usiné à Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr. Par comparaison
avec la Figure 6-22a, aucune trace des ex-grains composant la microstructure d’origine n’est
observée. Par contre, une microstructure très fine s’apparentant à des aiguilles orientées
aléatoirement est observée à l’intérieur de cette couche blanche.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Grain a. b.
Surface
globulaire usinée
Couche
Microstructure blanche
aiguillée
Grain lamellaire
Figure 6-22 : Images MEB à cœur (a.) et en extrême surface (b.) du lopin usiné
à Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr
La Figure 6-23a expose une micrographie d’une surface usinée à Vc = 450 m/min et f = 0.5
mm/tr réalisée dans un plan parallèle à l’avance et présentant une couche blanche. Cette anomalie
sous forme de bourrelet a été obtenue lors d’un essai d’usinage préliminaire aux essais de
cartographie. L’étendue de la couche blanche étant importante, il a été choisi d’effectuer les
analyses métallurgiques sur cette surface usinée.
Les Figures 6-23b, 6-23c et 6-23d sont les cartographies X représentant respectivement la
répartition des éléments titane, aluminium et vanadium dans les sous-couches du matériau. Le fer se
trouvant en faible quantité dans le matériau, la cartographie de cet élément n’a pas été présentée.
Ces résultats indiquent que la répartition du titane est homogène aussi bien dans la couche
blanche que dans les sous-couches adjacentes et plus profondes. Ce résultat provient d’une faible
différence de la proportion de cet élément entre ces deux régions aussi bien qu’au choix de l’échelle.
Par contre, la cartographie X de l’aluminium permet de distinguer très clairement la phase
globulaire de la phase lamellaire. En effet, l’aluminium étant alphagène, la proportion de cet
élément est plus importante dans les grains globulaires. De même, les phases des grains
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
lamellaires plus riches en aluminium que les phases de ces mêmes grains peuvent être repérées.
Réciproquement, le vanadium étant bêtagène, la cartographie de cet élément permet d’identifier les
phases lamellaires.
Les cartographies X présentées sur les Figures 6-23c et 6-23d montrent que la composition
chimique en aluminium et en vanadium dans la couche blanche est quasiment homogène. Seules,
des traces de grains globulaires très étirés sont identifiées dans les zones où la couche blanche est
la moins épaisse. Dans la partie où la couche blanche est la plus homogène, la proportion en
aluminium est plus faible que dans les phases (lamellaires et globulaires) et la proportion en
vanadium y est plus faible que dans les phases Cette répartition des éléments chimiques dans la
couche blanche ne correspond donc pas directement à celle des phases en présence dans la
microstructure du matériau de base.
Titane
Image MO
c. d. Couche blanche
Couche blanche
Grain
lamellaire
Grain
Aluminium globulaire Vanadium
Figure 6-23 : (a.) Images MO présentant la zone analysée à la microsonde [Vc = 450 m/min et
f = 0.5 mm/tr] (b.), (c.) et (d.) Cartographies X présentant respectivement la répartition du titane, de
l’aluminium et du vanadium au sein de la couche blanche et des sous -couches adjacentes
Ces premières investigations démontrent que la couche blanche est quasiment homogène au
niveau de sa composition chimique. Ceci implique que le Ti-6Al-4V a subi une transformation
métallurgique conduisant à l’apparition d’une phase majoritaire (voire unique) dont la proportion en
aluminium et en vanadium est différente de celles présentes à cœur. Dans l’objectif de définir au
mieux cette anomalie, le terme « couche blanche » sera remplacé par « couche monophasée » dans
la suite du mémoire.
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10 Couche monophasée
60
8
6 40
4
20
2
0 Grain globulaire 0
0 25 50 75 100 125
Déplacement (µm)
Figure 6-24 : (a.) Image MEB présentant la trace du profil réalisé à la microsonde à travers la couche
monophasée et les sous-couches adjacentes
(b.) Proportion massique en titane, aluminium et vanadium en fonction du déplacement de la
microsonde le long du profil
La Table 6-1 présente une synthèse des résultats obtenus. Un ordre de grandeur de la
composition chimique des phases lamellaires et a été calculé en se basant respectivement sur les
pics donnant une proportion de vanadium ou d’aluminium importante dans les grains De
même, le bouclage n’étant pas toujours respecté, la somme des proportions massiques des éléments
présentés dans le tableau ci-après n’est pas toujours égale à 100%.
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Elément Phases
chimique
globulaire lamellaire lamellaire Couche monophasée
(wt.%)
Ti 91.2 +/- 0.24 83.4 +/- 1.97 91.2 +/- 0.28 89.7 +/- 0.59
Al 7.28 +/- 0.04 3.85 +/- 0.15 6.51 +/- 0.16 6.40 +/- 0.26
V 1.87 +/- 0.07 12.2 +/- 0.85 2.87 +/- 0.13 3.86 +/- 0.67
Fe 0.01 +/- 0.02 0.86 +/- 0.23 0.03 +/- 0.02 0.14 +/- 0.06
Les investigations WDS confirment les conclusions de l’étude concernant les cartographies de
composition chimique : la composition chimique au sein de la couche monophasée est quasiment
constante et est différente de celle des phases initialement présentes. Cette dernière est de 6.4 wt.%
en aluminium et 3.9 wt.% en vanadium ce qui est proche de la composition nominale de l’alliage
inscrite sur la fiche de conformité matière fournie en Annexe 10 (Al : 6.44 – 6.47 wt.% et
V : 4.14 – 4.17 wt.%). Ce résultat indique que dans la couche « monophasée » les phases
initialement présentes dans la microstructure ont été remises en solution.
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ces mêmes auteurs. Ainsi, il peut être conclu que les deux seules phases ’ et m peuvent être
produites au sein de la couche monophasée.
La lame prélevée afin d’étudier l’état métallurgique du matériau à cœur a été préparée par
amincissement ionique. Cette technique de préparation consiste à réduire l’épaisseur d’un
échantillon par polissages successifs jusqu’à une centaine de micromètre puis de réaliser un trou au
milieu de l’échantillon par bombardement d’un faisceau d’ions (argon). Les bords de ce trou sont de
faibles épaisseurs permettant l’observation en transmission de ces zones.
La Figure 6-25a présente une zone de la lame à proximité du trou. Cette image a été obtenue
par détection annulaire en champ sombre à grand angle ou HAADF (High Angle Annular Dark Field).
Ce mode d’observation permet d’établir des contrastes chimiques entre les différents constituants
du matériau en fonction de leur masse atomique moyenne et selon une échelle en niveaux de gris
tels que les éléments les plus lourds (vanadium) sont représentés en blanc. Selon ce principe, la
Figure 6-25a met en évidence deux structures lamellaires : les plus épaisses (phases sombres)
correspondent à la phase lamellaire et les autres (phases claires), à la phase lamellaire comme
déjà observé sur la Figure 6-22. La composition chimique de ces deux phases est différente, la phase
lamellaire étant plus lourde que la phase lamellaire . Ce résultat sera expliqué par la suite sur la
Figure 6-27.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Une image MET de ces deux phases est exposée sur la Figure 6-25b montrant l’état
microstructural du matériau et en particulier l’agencement des lamelles entre elles. Les lamelles de
bêta apparaissent peu fautées contrairement à celles d’alpha où des réseaux de dislocations sont
visibles. Ces réseaux de dislocations sont principalement observés à l’interface entre les deux phases.
De plus, les grains contenant ces lamelles ne possèdent pas de sous-structures telles que des cellules
de dislocations, des grains recristallisés ou des macles.
a. Phase lamellaire b.
Phase lamellaire
Phase lamellaire
Phase lamellaire
Image HAADF
Figure 6-25 : (a.) Image MET en mode HAADF permettant de distinguer les phases lamellaire et
lamellaire par l’intermédiaire de leurs masses atomiques moyennes
(b.) Image MET montrant l’état microstructural des phases lamellaires et
La Figure 6-26a montre une image MET obtenue par détection en haute résolution ou
HRTEM (High Resolution Transmission Electron Microscopy) donnant une représentation de
l’empilement des atomes dans les phases lamellaires. Le traitement de cette image par une
transformée de Fourier permet de définir l’organisation des atomes au sein de la structure
cristallographique de ces deux phases comme observé sur les Figures 6-26b et 6-26c. Ces dernières
permettent de confirmer la structure cristallographique des phases en présence : cubique pour la
phase et hexagonale pour la phase
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
1-10
Phase lamellaire
b.
[01-11] P63/mmc structure hexagonale
1-101
Phase lamellaire
0-112
Interface
-1011
5 n m
c.
Figure 6-26 : (a.) Image MET en mode HRTEM représentant l’empilement des atomes dans la
structure cristalline des phases lamellaire et lamellaire
(b.) et (c.) Image représentant l’organisation de la structure cristallographique au sein des cristaux
des phases lamellaire et lamellaire.
Phase lamellaire
Direction profil
Phase lamellaire
Phase lamellaire
a. b.
Figure 6-27 : (a.) Image MET montrant le profil EDS réalisé à travers les phases lamellaires
(b.) Evolution de la composition chimique en masse des phases traversées du Ti-6Al-4V à cœur
Il est observé que dans la phase lamellaire la proportion en aluminium (élément alphagène)
est de 7.14 wt.% ce qui est plus importante que la composition nominale du matériau. Elle est du
même ordre de grandeur que celle de la phase globulaire déterminée à la microsonde de Castaing
(Table 6-3). Il en est de même pour les éléments titane, vanadium et fer. Toutefois, on note un écart
de 1 wt.% en vanadium entre la phase lamellaire et globulaire. Par contre, la phase lamellaire est très riche
en vanadium (élément bêtagène) dont la proportion massique est d’environ 27%. Elle contient une
quantité de titane et d’aluminium bien inférieure aux phases alpha globulaire et lamellaire et une
très grande quantité de fer connu pour être un élément bêtagène.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Elément Phases
chimique (wt.%) lamellaire lamellaire
Ti 89.9 +/- 0.68 67.84 +/- 0.8
Al 7.14 +/- 0.24 3.85 +/- 0.11
V 2.89 +/- 0.64 27.67 +/- 1.31
Fe 0.07 +/- 0.11 1.63 +/- 0.33
Cette forte proportion massique de vanadium dans les phases bêta provient du mode
d’élaboration utilisé afin de produire la structure « duplex »des barres de Ti-6Al-4V qui ont servies à
cette étude. En effet, comme expliqué dans le Chapitre 2 (paragraphe 2.6.2), la dernière étape du
processus d’élaboration de la microstructure consiste à réaliser un recuit à 700°C suivi d’une trempe
à l’air. Ce refroidissement rapide après deux heures de maintien à cette température fige à
température ambiante la composition chimique des différentes phases qu’elles avaient à haute
température, soit leur composition à l’équilibre à 700°C. En se référant à la Figure 2-5 relative au
diagramme à l’équilibre du Ti-6Al-4V déterminé à l’aide du logiciel Thermocalc par Appolaire
[APP08], on peut noter qu’à 700°C la proportion de vanadium dans la phase est proche des 23 wt.%
et celle de la phase est inférieure à 3.5 wt.%. Ces fractions massiques sont du même ordre de
grandeur que celles qui ont été déterminées par l’analyse EDS au MET.
Les différentes analyses métallurgiques effectuées au MET ont permis d’identifier l’état
métallurgique du Ti-6Al-4V à cœur, au niveau des grains lamellaires. Ces investigations n’ont pu être
menées au niveau des grains globulaires. Néanmoins, il sera supposé, de façon similaire aux phases
lamellaires que les phases globulaires ne comportent pas de sous-structures. Ces résultats vont être
comparés aux phases rencontrées dans les couches monophasées (et dans les sous-couches
adjacentes) afin de mieux comprendre l’évolution métallurgique du Ti-6Al-4V lors de l’usinage.
La préparation d’une lame mince par la méthode d’amincissement ionique sur la surface
usinée présente des difficultés par rapport à celle réalisée à cœur. En effet, la topographie de la
surface usinée nécessite un polissage important afin de rendre cette surface plane. Sachant que les
couches monophasées sont de faibles épaisseurs, l’opération de polissage pourrait alors les éliminer.
Ainsi, la préparation de la lame a été effectuée par la méthode du FIB (Faisceau d’Ions Focalisés).
Cette méthode consiste à creuser, à l’aide d’un faisceau d’ions de gallium, deux tranchées de part et
d’autre de la zone de l’échantillon que l’on désire prélever. Le mur résultant constitue la lame mince
à faces parallèles. Préalablement à cette opération, un dépôt de tungstène a été déposé sur la
surface afin de la protéger. La Figure 6-28a montre la surface après prélèvement des deux lames
minces. Elles sont ensuite déposées sur une grille afin de les rigidifier comme montré en Figure
6-28b. Leur surface est d’environ 10 µm de hauteur pour 30 µm de largeur. Contrairement aux lames
minces obtenues par amincissement ionique, ces lames ont une épaisseur constante ce qui permet
d’observer la totalité de leur surface.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
10 µm
30 µm
Figure 6-28 : (a.) Image MEB de la surface usinée à Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr après le
prélèvement de deux lames minces par la méthode du FIB
(b.) Image MEB d’une lame mince prélevée de la surface usinée
La Figure 6-29 présente une image réalisée en mode HAADF au MET montrant la lame mince
prélevée sur toute sa hauteur. Trois grands types de zone comportant des microstructures
différentes peuvent être identifiés :
Une première région est observée en extrême surface de l’échantillon usiné. Une partie de
cette zone est illustrée par un rectangle noir. A cet endroit, la matière est d’aspect
homogène et l’épaisseur de cette zone est constante. Elle correspond à l’anomalie dite de
couche monophasée.
Un second type de microstructure dont la composition est homogène est repérée par un
rectangle blanc. Sa morphologie est celle d’un grain équiaxe étiré dont l’épaisseur est bien
plus faible que celle du même grain observé à cœur. Cette microstructure correspond à un
grain globulaire alpha partiellement dissous et adjacent voire à l’intérieur de la couche
monophasée comme illustré sur la Figure 6-6b.
La dernière zone repérée par un rectangle jaune est composée de deux structures lamellaires
de masse atomique moyenne différente. Au vue de leur faible épaisseur et des investigations
réalisées à cœur, il peut être supposé que ce type de microstructure lamellaire est semblable
à celle d’un grain composé de lamelles de phases alpha et bêta.
A partir de l’observation de l’image HAADF d’une lame mince prélevée dans les sous-couches
proches de la surface usinée, trois zones ont donc été repérées dont l’une correspond à l’anomalie
matière dite de couche monophasée et les deux autres à deux régions sensiblement comparables à la
microstructure du matériau à cœur. Les analyses qui suivent vont permettre de qualifier de façon
plus fine ces trois zones. Elles vont montrer que des transformations métallurgiques et structurales
se sont déroulées aussi bien dans la couche monophasée que dans la microstructure identifiée
comme identique à celle de base.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Image HAADF
lamellaire
+ lamellaire
10 µm
globulaire
Couche
monophasée
Figure 6-29 : Image MET en mode HAADF de la lame mince prélevée sur la surface usinée à
Vc = 450 m/min et f = 0.5 mm/tr permettant d’identifier trois zones (rectangles)
où la microstructure est singulière
La Figure 6-30a montre une image MET au sein de la couche monophasée. La microstructure
comporte une densité de dislocations importante. De même, il est noté qu’une structure sous forme
de lattes apparaît à l‘intérieur de cette anomalie. L’image HRTEM présentée sur la Figure 6-30b
illustre l’agencement de ces lattes. Elles peuvent être parfois disposées en forme de macle dont le
joint de macle est aisément reconnaissable à leur tracé rectiligne. Des lattes similaires ont été
observées par MET lors des travaux de Williams et Blackburn [WIL67] et Ahmed et Rack [AHM98]
comme l’illustrent respectivement les Figures 2-6d et 2-12. Dans les deux cas, ces structures
correspondaient à la formation de phases martensitiques ’ ou ’’ et en aucun cas à la phase m.
Ces investigations confirment celles réalisées au MEB où des aiguilles (à l’échelle microscopique)
avaient été repérées dans la couche monophasée.
Afin d’identifier la structure cristallographique des phases constitutives de ces lattes, une
transformée de Fourier a été effectuée à partir d’une image HRTEM visible à la Figure 6-31. Le
résultat démontre que la structure cristallographique de cette phase est hexagonale ce qui peut
correspondre, pour un Ti-6Al-4V, à une phase , ’, m ou 2. Une analyse EDS a été réalisée dans
une zone de lattes de la couche monophasée. La position de la zone d’analyse est représentée par un
carré rouge sur la Figure 6-31. Lors de cette étude, le titane, l’aluminium, le vanadium, le fer et
l’oxygène ont été pris en compte. Ce dernier élément a été choisi afin d’identifier si les températures
importantes engendrées dans le Ti-6Al-4V à proximité de sa surface usinée ont conduit à sa
contamination en oxygène. Cette supposition fait suite aux travaux réalisés par Reissig et al. [REI04],
montrant que la quantité d’oxygène à la surface d’un trou augmente significativement par rapport à
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
celle à cœur ou encore suite aux hypothèses émises par Cantero et al. [CAN05] pour de nouveau le
perçage du Ti-6Al-4V.
Image HRTEM
lattes
Lattes
maclées
Dépôt W a. b.
Figure 6-30 : (a.) Image MET montrant des structures sous forme de lattes et (b.) Image MET en
mode HRTEM mettant en évidence des lattes maclées au sein de la couche monophasée
0001
c.
100 nm a. 5 nm
b. Hexagonal P63/mmc
1 0 0 n m
Dépôt W 5 n m
Figure 6-31 : (a.) Image MET montrant la position de la zone d’analyse EDS, (b.) image MET en mode
HRTEM et (c.) transformée de Fourier associée montrant la structure hexagonale des lattes.
Les résultats de l’analyse EDS sont répertoriés dans la Table 6-4. Il est noté qu’aucune trace
d’oxygène n’a été décelée dans la couche monophasée. La composition chimique de cette couche
montre des proportions massiques proches de celles de la composition nominale du matériau de
base. Ce résultat confirme bien que la phase en présence dans ce Ti-6Al-4V transformé est de type
massive ou martensitique. Au vue des conclusions concernant la structure cristallographique et la
morphologie des lattes, il peut être déduit qu’il s’agit de la phase ’ plutôt que de m, bien que cette
dernière phase ne soit pas à exclure complètement. Ces dernières analyses confirment de façon
définitive les conclusions des études effectuées au MEB et à la microsonde.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Elément Couche
chimique (wt.%) monophasée
Ti 89.9 +/- 0.37
Al 6.07 +/- 0.09
V 3.88 +/- 0.30
Fe 0.15 +/- 0.03
O 0
La Figure 6-32a montre une image globale de la couche monophasée obtenue au MET. La
microstructure observée présente des grains recristallisés comme ceux observés par Li et al. [LI05] ou
Landau et al . [LAN10] dans des bandes de cisaillement adiabatique, respectivement sur les Figures
2-26b et 2-29b. Ces grains de forme équiaxe ont une taille moyenne d’environ 250 à 300 nm et
contiennent une densité de dislocations très forte et des lattes de martensite. Afin de confirmer la
formation de ces nanograins, une figure de diffraction visible sur la Figure 6-32c a été effectuée à
l’intérieur de la zone décrite par un carré rouge. Cette figure de diffraction indique que plusieurs
grains dont la structure est hexagonale ont diffracté selon les mêmes plans et dont l’orientation est
différente. Ce résultat prouve que des grains recristallisés et désorientés entre eux ont été produits
lors de l’usinage dans la couche monophasée.
Grains recristallisés
Surface usinée
a.
Figure de diffraction
10-13
11-20
10-12
10-11
0002
10-10
c.
b. Hexagonal P63/mmc
Dépôt
Image W
HRTEM
Figure 6-32 : (a.) et (b.) Images MET de la couche monophasée montrant l’apparition de grains
recristallisés (c.) Figure de diffraction réalisée dans la couche monophasée
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
L’étude des couches monophasées a permis d’identifier de façon définitive que cette
anomalie est composée de lattes de martensite ’ comme il avait été supposé après les études au
MEB et à la microsonde de Castaing. Une expertise plus fine de la microstructure par MET a montré
que des grains recristallisés d’environ 250 à 300 nm possédant un taux de dislocations important et
composés de lattes ’ constituent la structure de cette couche monophasée.
La Figure 6-33a présente une image obtenue au MET illustrant la microstructure au sein
d’une phase globulaire déformée et partiellement dissoute, initialement présentée sur la Figure
6-29. Un grossissement de cette zone est montré sur la Figure 6-33b. Sur cette image, des grains
recristallisés équiaxes contenant une densité de dislocations importante sont clairement repérés.
Leur dimension est en moyenne d’une centaine de nanomètre. La figure de diffraction visible sur la
Figure 6-33c a été réalisée dans la zone entourée par un cercle rouge au niveau des grains
recristallisés de la phase globulaire. Cette figure de diffraction montre un anneau continu au
niveau des premiers plans de diffraction correspondant à une phase hexagonale. Ce résultat est
similaire à ceux exposés par Li et al. [LI05] (Figure 2-26c) et Xu et al. [XU06] dans les bandes de
cisaillement adiabatique dans un Ti-6Al-4V. La continuité de ces anneaux prouve que ces grains sont
légèrement désorientés les uns par rapport aux autres.
a. Hexagonal P63/mmc
c. Figure de diffraction
Grains recristallisés
b.
Figure 6-33 : (a.) et (b.) Images MET obtenues à deux grossissements illustrant la structure d’une
phase globulaire déformée à proximité de la surface usinée
(c.) Figure de diffraction réalisée à l’intérieur de la phase globulaire déformée à proximité de la
surface usinée
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Figure 6-34 présente un grossissement de la zone encadrée par un carré jaune sur l’image
HAADF exposée sur la Figure 6-29. Il ressort que cette région était un grain + lamellaire par
comparaison aux images MET exposées précédemment (Figure 6-25). De plus, l’épaisseur des
lamelles permet de différencier les deux phases en présence, la phase alpha étant plus épaisse que la
phase bêta. Néanmoins, la proximité de cette zone vis-à-vis de la surface usinée a engendré des
transformations « métallurgiques » dans ces phases de faibles dimensions. Ainsi, sur la Figure 6-34
les lamelles correspondant aux phases et d’origine seront volontairement appelées
respectivement phase 1 et phase 2.
Contrairement à cette première phase, la seconde (phase 2) est moins fautée : elle contient
une densité de dislocations très faible ce qui permet clairement de la distinguer. Ce résultat est
surprenant s’il est confirmé que la phase 2 est de type bêta. En effet, au vue du plus grand nombre
de plans de glissement de la structure cubique, la phase 2 devrait être constituée d’une densité de
dislocations importante (ou être maclée) ce qui n’est pas le cas ici. Cette phase n’est donc sûrement
pas de type bêta comme à son origine.
Phase 1
Plan réticulaire de
type (10-11)
Phase 2
Figure 6-34 : Image MET présentant la microstructure à l’intérieur d’un ex-grain + lamellaire
à proximité de la surface usinée
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Image HRTEM
Transformée de Fourier
Phase 2 10-10
10-10
10-11
1-101
0-111
-1010
-1010
0-111
Structure hexagonale
Phase 1
5 n m
Figure 6-35 : Image MET en mode HRTEM à l’interface entre les phases 1 et 2 et transformée de
Fourier correspondante
Un profil de composition chimique traversant cette phase 2 encadrée par une phase 1 a été
réalisée selon la Figure 6-36a. Les résultats de l’analyse EDS réalisée au MET sont représentés
graphiquement sur la Figure 6-36b et sont synthétisés dans la Table 6-5.
Phase
Phase 1
Direction profil
Phase Phase
Phase 2
Phase 1
a. b.
Figure 6-36 : :(a.) Image MET montrant le profil EDS réalisé à travers les phases 1 et 2
(b.) Evolution de la composition chimique en masse d’un empilement de lattes
phase 1 / phase 2 / phase 1 à proximité de la surface usinée
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Elément
Phase 1 Phase 2
chimique (wt.%)
Ti 89.5 +/- 0.64 68.1+/- 0.89
Al 7.68 +/- 0.44 2.82 +/- 0.22
V 2.64 +/- 0.63 27.50 +/- 0.91
Fe 0.17 +/- 0.13 1.54 +/- 0.24
Table 6-5 : Composition chimique des phases 1 et 2 lamellaires proches de la couche monophasée et
obtenue à partir d’une analyse EDS au MET
Dans le cas de la transformation des grains lamellaires, il n’y pas eu de remise en solution
complète, ni même partielle puisque la composition chimique des lamelles et n’a que très peu
été modifiée. En supposant que cette transformation ait été induite par une sollicitation thermique,
elle a très certainement exposé les grains lamellaires à une élévation modérée de la température et
une trempe suffisamment rapide car :
les temps d’usinage sont très faibles et donc la montée en température rapide
la couche monophasée ayant subi une trempe rapide, les grains lamellaires adjacents
subissent très certainement une trempe suffisamment rapide s’ils sont portés à une haute
température (T > Tf/2)
la conductivité thermique du matériau étant faible, son élévation de température reste
certainement modeste (T voisine de T) au-delà de la couche monophasée.
Dans ces conditions, que la température du transus bêta ait été dépassée ou non, les travaux
menés par Williams et Blackburn [WIL67], Lee et Welsh [LEE90] Ahmed et Rack [AHM98] et Jovanovic
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
[JOV06] qui sont exposés au Chapitre 2 (paragraphes 2.2 et 2.3) démontrent qu’au cours d’une
sollicitation uniquement thermique :
les phases ’ et ne peuvent pas apparaître sans une présence de m pour une exposition
des grains lamellaires à une température en dessous de T
la phase ne peut être présente dans de fortes proportions pour une exposition des grains
lamellaires à une température au dessus de Tsuivi d’une trempe rapide
Il peut donc être conclu que la transformation des grains lamellaires amenant à la
formation de la phase ’ n’a pu être générée par un traitement thermique. Cette conclusion s’appuie
également sur les résultats de composition chimique des phases lamellaires en extrême surface
proche de celle définie à cœur.
La caractérisation chimique des lamelles de phase à cœur a montré qu’elles étaient riches
en vanadium. Cette caractéristique provient du traitement thermique de recuit finalisé par un
refroidissement à l’air. Ainsi, selon sa composition et les équations données au Chapitre 2
(paragraphe 1.2.4), cette phase lamellairepeut être considérée comme métastable. Les équations
permettant de classer la nature des alliages en fonction de leurs compositions ([Mo]eq et [Al]eq)
définies par Combres sont répertoriées dans la Table 6-6.
lamellaire proche de la
lamellaire à coeur
couche monophasée
Classes d’alliages Critères [Mo]eq a + b [Al]eq [Mo]eq a + b [Al]eq
Alliage et quasi [Mo]eq < 1 + 0.125 [Al]eq 22.7 % 1.3 % 23.1 % 1.5 %
Alliage [Mo]eq > 1 + 0.125 [Al]eq 22.7 % 1.3 % 23.1 % 1.5 %
Alliage riche [Mo]eq > 6 + 0.5 [Al]eq 22.7 % 7.4 % 23.1 % 7.9 %
Alliage métastable [Mo]eq > 10 + [Al]eq 22.7 % 12.8 % 23.1 % 13.8 %
Alliage stable [Mo]eq > 27 + [Al]eq 22.7 % 29.8 % 23.1 % 30.8 %
Table 6-6 : Identification de la classe d’alliage de titane représentative de la phase lamelliare à cœur
et à proximité de la couche monophasée
Après que ces calculs aient montré que la phase lamellaire à cœur peut être considérée comme
un alliage métastable, il faut encore pouvoir définir le mécanisme à l’origine de ce changement
microstructural. Ainsi selon la Figure 2-2 construite par Maisonneuve [MAI08] dans le Chapitre 2
(paragraphe 1.2), la proportion d’éléments bêtagènes au sein de la phase bêta lamellaire conduit à
une température Ms bien en dessous de la température ambiante. Ainsi, la transformation
martensitique observée dans les grains lamellaires n’a pu être obtenue par un chargement
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
thermique. Par contre, d’après cette même Figure 2-2, ce type de phase m est susceptible d’être
mécaniquement instable et de produire une phase martensitique ’ riche en éléments bêtagènes
sous l’effet d’un seul chargement mécanique. Des travaux réalisés par Koul et Breeds [KOU70] sur
des alliages bêta métastables Ti-13wt.%Mo et Ti-16wt.%V ont montré des résultats similaires. Il peut
donc être supposé que lors de l’usinage, les contraintes mécaniques induites par la coupe dans les
sous-couches faiblement affectées par la température ont conduit à la transformation des phases
lamellaire en phases ’ riches en vanadium. L’observation des phases alpha adjacentes dans les grains
lamellaires et globulaires fortement déformés et peu affectés par la température (présence de
macles et/ou d’une forte densité de dislocations et parfois d’une recristallisation) confirme qu’une
forte sollicitation mécanique a été induite dans le matériau à l’origine de la transformation
structurale de la phase lamellaire.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
transus et pour des vitesses de déformation bien inférieures à 10 s-1. Il est donc possible de générer
des BCA lors de l’usinage. De plus, selon les travaux des différents auteurs comme Me-bar et
Shechtman [MEB83], Timothy et Hutchgins [TIM85], Li et al. [LI05] ou encore Xu et al. [XU06] cités
dans le Chapitre 2 (paragraphe 2.7.3), une bande de cisaillement adiabatique est principalement
caractérisée par une microstructure recristallisée et un matériau sous forme de couche blanche
après attaque chimique. Ainsi, la couche monophasée observée dans cette thèse correspond à des
BCA ou à des bandes transformées. Les couches adjacentes (grains globulaire et lamellaire déformés)
moins affectées par la température, constituent des bandes dites déformées.
Les microstructures observées dans le cas de l’usinage du Ti-6Al-4V peuvent être comparées
à celles trouvées lors d’essais balistiques ou lors d’essais dynamiques à l’aide d’une barre de Kolsky
et sont répertoriées dans la Table 2-7. La Table 6-7 présente cette comparaison :
Table 6-7 : Synthèse des évolutions microstructurales du Ti-6Al-4V obtenues lors de l’usinage et lors
d’essais balistiques ou dynamiques à la périphérie et à l’intérieur des BCA
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Cette comparaison montre des points communs entre les transformations microstructurales
engendrées lors de l’usinage et lors d’essais balistiques ou dynamiques au moyen de barres de
Kolsky tels que :
à la périphérie des BCA : la présence des grains recristallisés (en particulier dans la phase ),
de macles et d’une densité de dislocations plus ou moins forte.
à l’intérieur des BCA : formation de grains recristallisés
La différence majeure est la présence de macles observées par différents auteurs à l’intérieur
des BCA alors que, dans les couches monophasées, seules les lattes de martensite se trouvent parfois
maclées.
De même, une comparaison entre les transformations métallurgiques (ou encore de phases)
à l’intérieur et à la périphérie des BCA peut être établie en utilisant les résultats répertoriés dans la
Table 2-8. La Table 6-8 présente cette comparaison :
Table 6-8 : Synthèse des transformations métallurgiques du Ti-6Al-4V obtenues lors de l’usinage et
lors d’essais balistiques ou dynamiques à la périphérie et à l’intérieur des BCA
Des transformations métallurgiques ont été observées au sein des couches monophasées
conduisant à l’apparition de phases ’ aiguillées. Au vue de la bibliographie réalisée, l’apparition de
nouvelles phases au sein d’une BCA n’avait jamais été décelée. Cette singularité provient
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Concernant les grains globulaires, les étapes 1 et 4 définissent leur état métallurgique
respectivement à cœur du matériau et à proximité de la surface usinée. Les étapes 2 et 3 montrent la
recristallisation dynamique à l’intérieur de ces grains, et s’inspirent des travaux menés par Murr et al.
[MUR09] concernant l’évolution de la microstructure lors de l’apparition d’une bande de cisaillement
présentée en Figure 2-28. Il est ainsi supposé que l’évolution de la microstructure dans les grains
globulaires est similaire à la vision de Murr et al. [MUR09]. La formation de ces petits grains d’une
centaine de nanomètre conduit à l’augmentation de la dureté du matériau comme définie par la loi
de Hall-Petch. L’évolution de ces grains globulaires est liée à l’énergie et à la densité des dislocations
introduites par le chargement mécanique. Les durées d’incubation et de transformation sont
d’autant plus réduites que le matériau est écroui et que la température est élevée. Rappelons que la
recristallisation n’est pas observable en dessous d’un certain écrouissage critique. Par ailleurs, la
taille des grains obtenue après recristallisation est d’autant plus faible que les germes sont
nombreux.
Concernant les grains lamellaires, les étapes I et IV présentent leur état métallurgique
observé respectivement à cœur et à proximité de la surface usinée. Il peut être supposé que les
déformations plastiques introduites par la coupe dans le matériau sont telles que des dislocations
apparaissent dans les phases et . Les contraintes mécaniques associées à ces déformations ont
conduit au maclage de la phase en raison d’un taux de maclage très faible pour le système
hexagonal compact et à la création d’une forte densité de dislocations au sein des deux phases
lamellaires. Cet état métallurgique du grain lamellaire correspond à l’étape II.
La transition entre l’état métallurgique de l’étape II et celui de l’étape IV n’est pas directe
selon certains auteurs. En effet, les travaux d’Ishiyama et al. [ISH93] dans les alliages de titane
métastables ou Landau et al. [LAN10] dans les phases globulaire d’un Ti-6Al-4V (structure et
globulaire) ont montré que des phases martensitiques ’ et ’’ pouvaient être induites par une
sollicitation mécanique. De plus, Nwobu et al. [NWO82] et Grosdidier et al. [GRO97] ont identifié une
chronologie des transformations martensitiques en fonction de l’intensité croissante de la
déformation plastique tel que ’’ ’. L’étape III de transition entre les étapes II et IV
consisterait alors en la formation de la phase ’’ avant la phase ’. Lors des investigations réalisées
au MET, la transformation ’’ n’a pas été repérée. La probable raison est que la déformation
plastique en extrême surface était déjà trop importante pour pouvoir observer cette transformation
de phase. Ainsi, en s’inspirant des travaux de Landau et al. [LAN10], une lame mince prélevée à une
distance de 20 à 50 µm de la surface usinée pourrait vérifier si cette transformation de phase a
vraiment lieu. Cette étape III serait donc à confirmer.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Grains globulaires
Etape 3 Etape 4
Etape 2
Recristallisation Apparition de
Etape 1 Apparition de
dynamique en l’absence dislocations à
Etat du matériau dislocations
de dislocations à la suite l’intérieur des grains
initial (déformation
d’une germination de recristallisés sans qu’ils
plastique homogène)
nouveaux grains croissent exagérément
pauvre en
vanadium
: Grain : Dislocation
’’ ’
p
a
pauvre
u en vanadium
: riche
vr en vanadium
e : Grain : Dislocation : Macle
e
Figure
n 6-37 : Evolution microstructurale dans les grains globulaires et lamellaires au cours de
l’usinage dans une zone du matériau Ti-6Al-4V plus affectée mécaniquement que thermiquement
V
Des investigations réalisées par Xu et al. [XU00] ou Li et al. [LI05] ont permis d’identifier que
les bandes déformées sont précurseurs de l’apparition des bandes transformées ou BCA. Sachant
que l’état métallurgique des grains globulaires et lamellaires représentés respectivement dans les
étapes 4 et IV, est celui d’une bande déformée, il peut être supposé qu’il s’agit des étapes de
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
transition conduisant à la formation des couches monophasées. Partant de cette hypothèse, la Figure
6-38 présente les différentes évolutions de l’état métallurgique des grains globulaire et lamellaire
jusqu’à la génération de cette anomalie dite de couche monophasée.
Couches monophasées
Etape B
Etape A Dissolution complète des grains lamellaires et
Etat métallurgique des grains globulaires et partielle des grains globulaires en une phase
lamellaires défini par les étapes 4 et IV et recristallisation complète des parties
dissoutes de ces grains
’
Etape C Etape D
Remise en solution complète et Transformation métallurgique ’ par
grossissement des grains recristallisés trempe rapide
'
Figure 6-38 : Evolution microstructurale des couches déformées en des couches monophasées au
cours de l’usinage dans une zone du matériau Ti-6Al-4V plus affectée thermiquement que
mécaniquement
L’étape A présente la situation d’une couche la plus fortement déformée du Ti-6Al-4V lors
des investigations MET. L’étape B concerne la dissolution et la déstabilisation complète des phases ’
et présentes dans les grains lamellaires et une dissolution partielle des grains globulaires
recristallisés. Signalons que les phénomènes de recristallisation se déroulent bien souvent entre 0.4
et 0.5 Tf (500 à 685°C), c'est-à-dire en dessous de T. En supposant que cette chronologie soit
respectée, il peut être considéré que le phénomène de dissolution des phases globulaires a pu
opérer avant et au cours de l’étape A dans des proportions très faibles.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
atteint avant trempe. Les différentes évolutions des grains amenant au passage de l’étape A à l’étape
B n’a pas été identifié lors des observations MO, MEB comme MET.
La Figure 6-39a présente une micrographie réalisée selon la direction de coupe de la surface
usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.375 mm/tr pour Lu = 7.8 mm. Elle montre l’apparition d’une couche
monophasée de quelques micromètres d’épaisseur et d’une couche à grains déformés de plus de
200 µm d’épaisseur. L’élongation maximale des grains globulaires dans la couche déformée est de
2.7 pour une élongation moyenne à cœur de 1.7 (Figure 6-39b). Cette élongation maximale est
atteinte dans la sous-couche adjacente à la couche monophasée comportant des grains globulaires
partiellement dissous. Les Figures 6-40a et 6-40b présentent respectivement les cartographies de la
longueur (c) de la plus grande diagonale des grains équiaxes et de leur allongement (c/c0) dans
cette direction de coupe pour les mêmes conditions de coupe que celle de la Figure 6-39b. La
profondeur de couche affectée par l’augmentation de la plus grande diagonale et de l’allongement
des grains est identique à celle de l’élongation des grains. Il peut être alors défini un allongement
critique permettant le passage d’une bande déformée à une bande de cisaillement adiabatique. Cet
allongement critique est égal voire supérieur à 0.142, soit une déformation vraie (1) de 0.13 (13%)
conformément à l’Annexe 13 en supposant que la longueur du grain dans la direction
perpendiculaire à la surface usinée reste constante (p = p0). En utilisant la relation Eq. 2-20, la
déformation critique en cisaillement (1) est de 0.27 (27%). Cette valeur est très inférieure à celles
trouvées par Xue et al. [XUE02] et Li et al. [LI05] qui sont respectivement de 3 (300%) et de 6 (600%)
à 8 (800%).
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
2.5
600
2.4
400
Couche à grains
Profondeur (µm)
2.3
déformés 200
2.2
0
2.1
-200
2
-400
1.9
-600 1.8
Direction
de coupe -800
800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400
1.7
Figure 6-39 : (a.) Micrographie (Gx200) montrant une couche monophasée continue et d’épaisseur
uniforme suivie d’une couche à grains déformés selon la direction de coupe et (b.) Cartographie de
l’élongation des grains globulaires en sous-couche de la surface usinée
à Vc=350 m/min, f = 0.375 mm/tr et Lu = 7.8 mm
Cartographie : longueur de la plus grande diagonale des grains (µm) Cartographie : allongement (sans unité)
800 800 0.14
0.13
600 19.2 600
0.12
400 19 400
0.11
Profondeur (µm)
Profondeur (µm)
0 18.6 0 0.09
0.08
-200 18.4 -200
0.07
-400 18.2 -400
0.06
-600 18 -600
0.05
Figure 6-40 : Cartographie de la longueur de la plus grande diagonale des grains globulaires (a.)
et de leur allongement (b.) en sous-couche de la surface usinée
à Vc=350 m/min, f = 0.375 mm/tr et Lu = 7.8 mm, selon la direction de coupe
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Table 6-9 présente les valeurs du transus bêta du Ti-6Al-4V en fonction des vitesses de
chauffe selon les travaux expérimentaux d’Ivashishin et al. [IVA99] et [IVA02], Rhaipu [RHA02] et
Markovsky [MAR11] et les travaux de simulation de Robert [ROB08].
Table 6-9 : Synthèse des valeurs de transus bêta (T ) selon la vitesse de chauffe (
La Figure 6-41 représente ces valeurs de transus bêta en fonction du logarithme en base 10
de la vitesse de chauffe ( ). Il est observé qu’une corrélation linéaire existe entre ces deux
paramètres. En utilisant la relation Eq. A-58 établie en Annexe 15, l’énergie d’activation Ea est entre
865 et 989 kJ.mol-1. En prenant en compte que le temps de montée en température dans la couche
monophasée est d’environ 0.36 µs et que la température Test estimée dans un premier temps à
1200°C, la vitesse de chauffe calculée est d’environ 0.33 108 °C.s-1.
En supposant que les corrélations linéaires indiquées sur la Figure 6-41 se vérifient pour des
vitesses de chauffe supérieures à 104 °C.s-1, la température atteinte dans la couche monophasée est
comprise entre 1231 et 1241°C. L’utilisation de ces températures de transus afin de déterminer la
vitesse de chauffe ( ) n’induit pas une variation importante de cette valeur. Ainsi, en prenant en
compte des résultats expérimentaux obtenus par ailleurs par d’autres auteurs, il peut être déduit que
localement, la température atteinte au niveau de la surface usinée est bien supérieure à ces valeurs
de transus bêta calculées.
Cette température du transus bêta paraît élevée. Néanmoins, aucune étude expérimentale
dans la littérature n’a permis de confronter cette valeur de transus bêta calculée à une valeur
expérimentale pour la vitesse de chauffe considérée. Des essais de vitesse de chauffe rapide
d’éprouvettes en Ti-6Al-4V effectués à l’aide d’une machine de type Gleeble, complétés par des ATD
(Analyse Thermique Différentielle) à vitesses variables permettraient de vérifier la véracité de ces
résultats.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
1120
T = 1241°C à
8 -1
1100 y = 33.2 x + 991 = 0.33 10 °C.s
2
1060
1040 T = 1231°C à
8 -1
1020 = 0.33 10 °C.s
L’influence des couches à grains déformés produites lors de l’usinage du Ti-6Al-4V a été
étudiée par des partenaires du consortium ACCENT [ACC10]. Il a été démontré qu’une épaisseur de
couche à grains déformés supérieure à 50 µm induit un abattement conséquent de la durée de vie en
fatigue de la pièce, laquelle pièce est alors rebutée.
Concernant les couches monophasées produites lors de l’usinage du Ti-6Al-4V, des travaux
effectués par ces mêmes partenaires du projet ACCENT [ACC10], démontrent que la formation de
cette anomalie sur la surface usinée est à proscrire quelle que soit son épaisseur. En effet, cette
anomalie conduit à un abattement en fatigue très important, bien plus conséquent que celui observé
dans le cas de la couche à grains déformés.
La combinaison de ces deux anomalies a été évaluée lors du projet ManHIRP [FEI05] dans le
cas du tournage du Ti-6Al-4V. Il a été en effet démontré qu’un défaut associant couche blanche et
couche à grains déformés était l’anomalie la plus préjudiciable vis-à-vis de la tenue en fatigue. Au vue
de ces premiers résultats concernant l’abattement en fatigue toute combinaison d’anomalies avec
une couche blanche induit une intégrité matière non acceptable. Lors de l’incident de Pensacola en
1996, ce type de combinaison d’anomalies obtenu lors d’un perçage a contribué à l’éclatement
prématuré du disque FAN.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
uniquement les anomalies métallurgiques. Les épaisseurs de couches à grains déformés générées à
Vc = 200 m/min et f = 0.25, 0.375 et 0.5 mm/tr étant inférieures à 50 µm, la matière usinée n’induit
pas un abattement en fatigue qui conduirait à un rebut de la pièce.
Vclim
0,5
0,4
Avance (mm/tr)
0,3
0,2
0,1
flim
0
0 100 200 300 400 500
Vitesse de coupe (m/min)
Intégrité matière acceptable
Intégrité matière non acceptable
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Une autre difficulté inhérente aux alliages de titane rend compliquée l’observation d’un
gradient de dureté (HV/Z) : un écrouissage important ou des transformations de phase du
Ti-6Al-4V ne contribue pas à générer des variations importantes de dureté. Ainsi, une empreinte de
50 µm est déjà trop grande car elle va moyenner la dureté du matériau.
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Nickelage
Dureté moyenne +
écart type
Direction
filiation
Dureté moyenne -
écart type
Direction
avance
a. b.
Les résultats montrent que les variations de dureté sur une profondeur de 750 µm sont
importantes et désordonnées empêchant toute détermination d’un gradient de dureté et
l’identification d’une variation de dureté par rapport à l’écart type mesuré. Cette méthode de
mesure de la dureté n’est donc pas appropriée aux anomalies que l’on souhaite caractériser par
cette technique expérimentale.
Dans l’objectif de contourner ce problème, les mesures de dureté seront effectuées sur la
surface usinée à au moins trois diagonales du bord libre de la coupe métallographique comme le
montre la Figure 6-44.
Les filiations de dureté sont effectuées sur toute la longueur usinée selon la direction
d’avance. A chaque profondeur dans la direction de la profondeur de passe, la surface de
l’échantillon est repolie sur quelques micromètres puis attaquée chimiquement au réactif de Kroll.
Par l’intermédiaire de ce polissage successif de la surface usinée jusqu’à des profondeurs définies,
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
une cartographie des duretés dans les sous-couches est établie. Les avantages de cette méthode par
rapport à la méthode conventionnelle sont les suivants :
réalisation des duretés directement dans les sous-couches parallèles à la surface usinée avec
une profondeur de l’empreinte dirigée dans la direction de la profondeur de passe,
caractérisation très fine des sous-couches testées car la profondeur de pénétration d’une
empreinte Vickers est égale à environ 1/5ème de la diagonale soit environ 10 µm pour une
charge de 500 g associée à une diagonale de 50 µm,
réalisation de plusieurs filiations sur la longueur usinée dans la direction de coupe pour une
même profondeur testée permettant le calcul d’une dureté moyenne et de son écart type en
un point donné défini par (Lu, Profi).
Les échantillons analysés par la méthode non conventionnelle sont les suivants :
Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr (proche de la limite basse en vitesse de coupe du domaine COM),
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr et Vc = 350 m/min et f = 0.375 mm/tr représentatifs
respectivement d’aucune anomalie en sous-couches, de couches à grains déformés et d’une
combinaison d’anomalies (couche monophasée et couche à grains déformés).
Des profils de contraintes résiduelles sont réalisés par la méthode de la diffraction des
rayons X (DRX et méthodes des ) selon les directions de coupe et d’avance. Les conditions
opératoires de cette analyse DRX sont données en Annexe 11. Les zones étudiées sur les trois
échantillons correspondent à la position de défauts spécifiques :
Dans le cas de l’analyse des contraintes résiduelles, les erreurs de mesure n’étant pas
connues (non fournies par Snecma), il est très compliqué de comparer quantitativement ces
mesures. Seule, une étude qualitative de l’évolution de ces contraintes résiduelles sera menée.
La Figure 6-45 présente une filiation de dureté (HV0.5) effectuée selon la direction d’avance
par la méthode non conventionnelle sur la surface usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
(proche de la limite basse en vitesse de coupe du domaine COM). Ce graphe montre que la majorité
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
des valeurs de dureté se trouve entre les deux lignes noires horizontales représentatives de celles
atteintes à cœur (HV0.5 = 350+/-12 kgf/mm2). La courbe « des moindres carrés » de forme
polynomiale passant au mieux par l’ensemble des points est centrée sur la valeur moyenne de
355.5 HV+/-10 kgf/mm2.
375
370
365
360
355
HV0.5
350
345
340
335
330
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Longueur usinée Lu (mm)
Figure 6-45 : Filiation de microdureté (HV 0.5) réalisée selon la direction d’avance par la méthode
non conventionnelle sur la surface usinée à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr
Des profils de contraintes résiduelles selon les directions de coupe et d’avance ont été
réalisés sur la surface au centre (Lu = 5.1 mm) d’un échantillon usiné avec la même condition de
coupe que précédemment. Les résultats sont présentés sur la Figure 6-46.
Les contraintes résiduelles mesurées sont en compression dans les deux directions
d’investigation. L’évolution des deux profils est identique. Cependant, le profil réalisé selon la
direction de coupe présente des valeurs de contraintes résiduelles en compression plus importantes
que celui réalisé selon la direction d’avance. La première mesure des contraintes résiduelles est
réalisée à 3 µm du bord après dissolution chimique de la surface usinée. La valeur initiale des
contraintes résiduelles est de -370 MPa selon la direction de coupe et – 270 MPa selon la direction
d’avance. Une valeur maximale (en valeur absolue) est atteinte à 8 µm du bord de la surface usinée
(-415 MPa pour la direction de coupe et -350 MPa pour la direction d’avance). La profondeur de la
couche en compression est entre 60 et 80 µm.
La mesure de la largeur du pic de diffraction montre qu’une asymptote est atteinte à partir
de 40 µm de la surface usinée. Sachant que la surface du matériau est en compression, il peut être
supposé que la matière a été écrouie sur une quarantaine de micromètres lors de l’usinage.
Néanmoins, cet écrouissage n’a pas été repéré par la mesure de dureté.
La Figure 6-47 présente des mesures de contraintes résiduelles effectuées par Snecma
[PAS05] sur deux échantillons en Ti-6Al-4V tournés à Vc = 60 m/min, f = 0.2 mm/tr et ap = 1.5 mm
pour l’un et Vc = 150 m/min, f = 0.2 mm/tr et ap = 1.5 mm pour l’autre sous lubrification
conventionnelle (4-5 bars) à l’huile soluble. Ces usinages ont été réalisés avec un outil carbure non
revêtu de nuance K20. Cette nuance est identique à celle utilisée lors de nos propres essais de
tournage. La géométrie de l’outil n’est pas indiquée. Ces conditions opératoires sont alors proches de
celles utilisées dans cette thèse mis à part une profondeur de passe trois fois plus importante.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Figure 6-47 montre des profils proches de ceux présentés sur la Figure 6-46. Les
contraintes de compression sont maximales (-300 à -400 MPa) entre 10 et 20 µm de la surface usinée
et les profondeurs en compression sont entre 60 et 100 µm. La seule différence notable concerne la
valeur des contraintes résiduelles aux abords de la surface usinée qui sont légèrement plus faibles
que dans notre cas.
0 3,1
0 20 40 60 80
-50
Contraintes résiduelles (MPa)
2,9
-100
Largeur de pic
2,7
-150
-200 2,5
-250
2,3
-300
2,1
-350
-400 1,9
0 20 40 60 80
-450
Profondeur (µm) Profondeur (µm)
a. Direction coupe Direction avance b. Direction coupe Direction avance
Figure 6-46 : (a.) Profil de contraintes résiduelles et (b.) profil de la largeur du pic de diffraction
dans la sous-couche de la surface usinée à Vc = 125 m/min, f = 0.25 mm/tr et ap = 0.5 mm
selon les directions de coupe et d’avance
Profil de contraintes résiduelles
RX962
Tournage du TA6V
Condition de coupe 1 : Vc = 150 m/min, f = 0.2 mm/tr et ap = 1.5 mm
Condition de coupe 2 : Vc = 60 m/min, f = 0.2 mm/tr et ap = 1.5 mm Profondeur (µm)
0
-50 0 20 40 60 80 100
-100
Contraintes (MPa)
-150
-200
-250
-300
-350
Direction
Point coupe (condition
4 Contraintes de coupe 1)
circonférentielles
-400 Direction
Point avance (condition
4 Contraintes axialesde coupe 1)
-450 Direction
Point coupe (condition
1 Contraintes de coupe 2)
circonférentielles
-500 Direction
Point avance (condition
1 Contraintes axialesde coupe 2)
Figure 6-47 : Profil de contraintes résiduelles dans les sous-couches du Ti-6Al-4V tourné selon deux
conditions de coupe différentes avec un outil carbure de nuance K20 non revêtu [PAS05]
Nos profils de contraintes résiduelles déterminés pour Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr sont
donc cohérents avec les résultats antérieurs de Snecma malgré une profondeur de passe plus
importante. Sachant qu’aucune anomalie n’a été repérée dans les sous-couches de la surface usinée
à Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr, le profil de contraintes résiduelles présenté sur la Figure 6-46
peut être considéré comme un référentiel. Toute déviation importante par rapport à ce profil type
sera alors considérée comme anormale et on supposera qu’une anomalie a été générée.
Des filiations de dureté (HV0.5) ont été réalisées selon la direction d’avance par la méthode
non conventionnelle sur la surface usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Dix profondeurs ont
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
été réalisées. La Figure 6-48 expose six des dix profils de dureté. Par soucis de lisibilité, les écarts
types des différentes mesures de dureté n’ont pas été représentés. Sachant qu’à partir de
Lu = 8.5 mm, la surface s’est effondrée en fin d’usinage, les premières profondeurs atteintes ne
permettent pas de réaliser des essais de dureté sur toute la longueur usinée.
420
410
400
390
380
HV0.5
370
360
350
340
330
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Longueur usinée Lu (mm)
X1 = 40 µm X2 = 70 µm X3 = 120 µm X4 = 165 µm X7 = 260 µm X10 = 425 µm
Figure 6-48 : Filiation de micro-dureté réalisée selon la direction d’avance par la méthode non
conventionnelle sur la surface usinée à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr
pour différentes profondeurs X i
Une cartographie présentant ces duretés est présentée sur la Figure 6-49. Il est noté que dès
le début de l’usinage, la sous-couche à proximité de la surface usinée possède une dureté
légèrement supérieure à 362 HV0.5, c’est-à-dire supérieure à la dureté à cœur. La profondeur de cette
couche affectée est d’environ 40 µm. A partir d’une longueur usinée de 3.5 mm, la profondeur
affectée augmente progressivement au cours de l’usinage jusqu’à atteindre 350 µm en fin d’usinage.
La ligne rouge sur la cartographie de dureté définit la séparation entre les sous-couches affectées par
l’usinage et celles qui ne le sont pas. La dureté mesurée en extrême surface de l’échantillon
augmente au fur et à mesure de l’usinage jusqu’à atteindre un maximum de 420 HV0.5 en fin
d’usinage, ce qui pour le Ti-6Al-4V est une augmentation marquée de la dureté par rapport à
350 HV0.5 au cœur du lopin.
La Figure 6-50 expose les résultats des mesures de contraintes résiduelles effectuées sur
l’échantillon usiné à Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr pour Lu compris entre 7 et 8.5 mm. Les
investigations montrent que les contraintes résiduelles sont de compression sur plus de 500 µm de
profondeur ce qui est 150 µm supérieurs aux sous-couches affectées par la dureté. La valeur initiale
des contraintes résiduelles est de -370 MPa selon la direction de coupe et de – 680 MPa selon la
direction d’avance. Contrairement à la condition de coupe au sein du domaine COM, les contraintes
résiduelles de compression mesurées selon la direction de coupe sont moins importantes que celles
mesurées selon la direction d’avance. Il se pourrait que le polissage électrochimique sur une
profondeur de quelques microns suffise pour supprimer les fortes contraintes de traction en extrême
surface où sont générées les couches monophasées.
La mesure de la largeur du pic de diffraction montre qu’une asymptote est atteinte à partir
de 300 à 350 µm de la surface usinée. Sachant que les sous-couches présentent des contraintes
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
résiduelles de compression, il peut être supposé que la matière a été écrouie sur près de 350 µm vers
la fin de l’usinage.
Les profondeurs affectées définies par analyse d’images (Figure 6-16), par la dureté (Figure
6-49) et par les contraintes résiduelles (Figure 6-50) sont équivalentes.
HV0.5
HV0.5
Profondeur (µm)
Matériau
de base
Figure 6-49 : Cartographie de dureté des sous-couches de la surface usinée à Vc = 250 m/min
et f = 0.25 mm/tr construite à partir des résultats illustrés sur la Figure 6-48
a. b.
Figure 6-50 : (a.) Profil de contraintes résiduelles et (b.) profil de la largeur du pic de diffraction
dans la sous-couche de la surface usinée à Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr et ap = 0.5 mm selon les
directions de coupe et d’avance
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
mécaniquement. Dans les couches plus profondes, mis à part cette recristallisation des grains
globulaires, la transformation de lamelles en ’, sous l’effet mécanique, peut contribuer à
l’élévation de la dureté. Les fortes contraintes résiduelles de compression atteintes à proximité de la
surface usinée attestent que de fortes sollicitations mécaniques ont été induites dans les sous-
couches du matériau et que l’effet thermique y est bien moins présent. Par contre, la limite
correspondant aux grains globulaires recristallisés et celle des grains lamellaires transformés n’ont pu
être identifiées par les observations au MEB.
HV0.5
Profondeur (µm)
Matériau
de base
La Figure 6-52 expose les résultats des mesures de contraintes résiduelles effectuées sur
l’échantillon usiné à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr pour Lu compris entre 5 et 7 mm. Les
contraintes résiduelles sont en quasi-totalité de compression sur plus de 1000 µm de profondeur ce
qui est de 200 µm supérieurs à celle affectée par la dureté. Il est à noter que la valeur initiale des
contraintes résiduelles dans la direction de coupe, après une dissolution chimique de 3 µm est
légèrement en traction. Jusqu’à une profondeur de 40 µm, les contraintes résiduelles dans la
direction de coupe sont faiblement de traction, suggérant que la fine couche monophasée est bien
en traction. L’épaisseur de cette couche est bien trop fine pour confirmer ce résultat.
La mesure de la largeur du pic de diffraction montre qu’une asymptote est atteinte à partir
de 800 µm de la surface usinée, correspondant à la profondeur affectée par la dureté. Sachant que
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
les sous-couches présentent des contraintes résiduelles de compression, il peut être supposé que la
matière a été écrouie sur 800 µm pour Lu compris entre 5 et 7 mm.
200
4,4
0
Contraintes résiduelles (MPa)
Largeur de pic
3,4
-400
-600 2,9
-800 2,4
-1000
1,9
0 200 400 600 800 1000 1200
-1200
Profondeur (µm) Profondeur (µm)
Figure 6-52 : (a.) Profil de contraintes résiduelles et (b.) profil de la largeur du pic de diffraction
dans la sous-couche de la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr et ap = 0.5 mm
selon les directions de coupe et d’avance
grossissement en extrême surface des grains recristallisés dans les globules comme
observé lors de l’étude des couches monophasées dans le paragraphe 4.3.3 de ce chapitre,
formation de la phase ’’ issue de la transformation martensitique de la phase des grains
lamellaires par un chargement mécanique comme supposé dans le paragraphe 6.5.1.
Rappelons que cette phase ’’ est réputée moins dure que la phase ’ et la phase .
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Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Les relations entre les anomalies métallurgiques en sous-couche et les défauts géométrique
et de surface.
Les corrélations qualitatives entre les morphologies des signaux de surveillance et les
anomalies à l’aide des cartographies établies dans les chapitres précédents.
Dans un second temps, une étude quantitative contribuera à définir les relations entre des
paramètres microstructuraux de certaines anomalies, en particulier la profondeur de couche affectée
et les signaux de surveillance.
Les investigations réalisées dans les chapitres précédents ont montré que les anomalies
géométrique, de surface ou métallurgique en sous-couche n’apparaissent pas de façon indépendante
mais sont interdépendantes, justifiant la notion de combinaison ou de succession d’anomalies. En
effet, l’analyse des couches à grains déformés montre que pour la condition de coupe
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr, la profondeur affectée par des modifications microstructurales,
augmente brusquement pour Lu ≥ 4 mm comme observé sur les Figures 6-14 et 6-15. Ces évolutions
microstructurales coïncident avec l’apparition du défaut de déviation de surface (Figure 5-25). De
plus, le défaut majoritairement observé sur la surface usinée est de type « finger », produit par le
phénomène de tartinage.
Ce même constat est fait sur la surface usinée à Vc = 350 m/min et f = 0.15 mm/tr dans la
zone Z1 dont l’évolution des paramètres microstructuraux est présentée sur la Figure 6-18. De plus, il
est noté que la profondeur de la couche affectée augmente jusqu’à se stabiliser après que le profil de
la surface usinée ait atteint un plateau. Dans cette région, un tartinage de matière important se
produit sur la surface comme montré en Figure 5-17 et des couches monophasées apparaissent en
continue atteignant leur épaisseur maximale un peu avant l’effondrement de la matière comme
indiqué sur la coupe micrographique en Annexe 9.
Ces résultats montrent que les « fingers » sur la surface usinée sont révélateurs en sous-
couche de la formation de couches à grains déformés alors qu’un recouvrement de matière
important sur la surface usinée est caractéristique en sous-couche d’une association d’anomalies :
couche monophasée et couche à grains déformés. L’apparition du défaut de déviation de surface
coïncide, quant à lui, avec la formation de sous-couches affectées. Ainsi, il est possible d’identifier
qualitativement la formation d’anomalies en sous-couche par l’intermédiaire de défauts
géométrique ou de surface qui sont repérables par observation à la binoculaire ou par contrôle non
destructif.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Un bilan des cartographies d’anomalies et de morphologies des signaux est présenté sur la
Figure 6-53.
Il est noté que pour l’ensemble des cartographies d’anomalies, la majorité des défauts
d’ampleur et de sévérité conséquentes est obtenue dans un domaine de conditions de coupe
délimité par Vclim et flim complété par les conditions de coupe Vc = 400 et 450 m/min, f = 0.05 mm/tr.
Les bavures étant de la matière déformée en fin d’usinage, elles peuvent être traitées
comme des couches à grains déformés sans formation de couches monophasées. L’observation de la
cartographie de cette anomalie montre qu’une corrélation forte existe avec la morphologie de type C
de l’effort de coupe (Fc) et du déplacement (Dc) et partiellement avec l’effort radial (Fr). Ce constat
va dans le sens des conclusions précédentes où le phénomène de talonnage (et par conséquent
l ‘effort radial) favorise la production de couches à grains déformés sur des distances de plus en plus
grandes. Pour des contraintes thermomécaniques toujours plus importantes, les couches
monophasées étant l’anomalie qui succède aux couches à grains déformés, sa cartographie ne
permet pas de réaliser des corrélations simples avec les cartographies des signaux de surveillance.
Sachant que les couches monophasées sont générées plus particulièrement dès que les profils usinés
atteignent un plateau et que la variation de l’effort radial suit ce profil, il peut être conclu qu’il existe
une corrélation indirecte entre le signal de l’effort radial et les couches monophasées.
Concernant les replis, les raisons de leur formation n’ayant pas été identifiées précisément,
aucune corrélation entre ce défaut et les signaux de surveillance ne peut être effectuée.
L’étude qualitative de ces cartographies a conduit à identifier que le signal de l’effort radial
est corrélé directement ou indirectement avec les anomalies géométriques, de surface ou en sous-
couche. Le prochain paragraphe consiste à déterminer les corrélations quantitatives entre les signaux
de surveillance et les anomalies à l’aide de l’effort radial.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
Vclim
Figure 6-53 : Bilan des cartographies d’anomalies et de morphologies des signaux de surveillance
L’étude quantitative a été réalisée à partir des anomalies en sous-couche de type couches à
grains déformés ou association de couches monophasées avec des couches à grains déformés.
Afin de définir la profondeur de la couche affectée (PA), les cartographies de dureté ont été
utilisées pour les conditions de coupe Vc = 200 m/min, f = 0.375 mm/tr (Figure 6-55) et
Vc = 250 m/min, f = 0.25 mm/tr (Figure 6-49). Dans le deuxième cas, les profondeurs de couches à
grains déformés déterminés par analyse d’images ont été extrapolées à partir de la Figure 6-16.
Il a été supposé que les anomalies générées dans les sous-couches étaient réalisées au
niveau de la pointe de l’outil avec la profondeur de passe maximale (ap = 0.5 mm). Ainsi, comme
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
indiqué sur la Figure 6-53, les corrélations entre l’effort radial et la profondeur des couches affectées
sont effectuées entre les points B et C afin d’avoir l’outil entièrement en prise dans la matière lors de
l’usinage. Sachant que la plaquette ronde a un diamètre de 5 mm et que la profondeur de passe est
de 0.5 mm, la distance entre l’entrée de l’outil et son entrée totale dans la matière est de 1.5 mm.
Ainsi, seuls les 8.7 premiers millimètres de la surface usinée pourront être exploités.
A D
Direction d’avance
1.5 mm
Temps Couches
Matière
Plaquette affectées
usinée
55 PA = 0.28 Fr – 43
50
PA : Profondeur affectée (µm)
45
Profondeur (µm)
Matériau 40
de base
35
30
25
20
200 250 300 350
Fr : Effort radial (N)
a. b.
Figure 6-54 : (a.) Cartographie de dureté des sous-couches de la surface usinée à Vc = 200 m/min et
f = 0.375 mm/tr (b.) Graphique présentant la corrélation linéaire entre la profondeur des couches
affectées et l’effort radial [Vc = 200 m/min et f = 0.375 mm/tr]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Chapitre 6 : étude des anomalies en sous-couche
La Figure 6-55 présente une étude similaire à la précédente pour la surface usinée à
Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr. Des corrélations linéaires ont aussi été déterminées que les
profondeurs affectées soient déduites de la cartographie de dureté (PA = 0.26 Fr – 98) ou de celle
issue de l’analyse d’images (PA = 0.23 Fr -172). Néanmoins, dans les deux cas, les profondeurs
affectées les plus faibles ne suivent pas les modélisations.
Les deux corrélations linéaires ont des coefficients directeurs proches. La différence entre ces
deux modélisations provient de la minimisation de la profondeur des couches affectées par analyse
d’images. En effet, cette technique permet uniquement de détecter des grains déformés
plastiquement et non la totalité de la matière écrouie, contrairement à l’essai de dureté.
350
PA = 0.26 Fr – 98
300
PA : profondeur affectée (µm)
250
200
Résultats non
150
utilisés
100
50 PA = 0.23 Fr – 172
0
0 500 1000 1500 2000
Fr : effort radial (N)
Dureté Analyse d'images
Figure 6-55 : Graphique présentant la corrélation linéaire entre la profondeur des couches affectées
et l’effort radial en prenant comme référence la cartographie de dureté (Figure 6-49) et celle des
paramètres microstructuraux obtenue par analyse d’images (Figure 6-16)
[Vc = 250 m/min et f = 0.25 mm/tr]
La comparaison des résultats obtenus pour les deux conditions de coupe montrent que la
valeur des coefficients directeurs des corrélations linéaires est proche. Seule la valeur des ordonnées
à l’origine change. Aussi, ces modélisations ne permettent pas de rendre compte de l’existence d’un
effort radial critique au-delà de laquelle, la couche de matière usinée est affectée car dans un cas, on
obtient 154 N (Vc = 200 m/min et f = 0.375 mm/tr) et dans l’autre 748 N (Vc = 250 m/min et
f = 0.25 mm/tr). Ainsi, afin de générer un modèle global, la modélisation doit probablement tenir
compte des conditions de coupe. Dans ce mémoire, cette étude n’a pu être effectuée car le nombre
de cartographies de dureté réalisées est trop faible et les dépouillements par analyse d’images de
l’ensemble des sous-couches n’ont pas été entièrement exploités. Ces analyses complémentaires
restent à réaliser.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Conclusions générales
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Conclusions générales
Foucault) ont été réalisés afin d’établir une cartographie des morphologies des signaux rencontrés.
La détermination des paramètres Ji, associés aux temps d’usinage ti, a permis de bien décrire et de
distinguer la morphologie des différents signaux de surveillance. Il a ainsi été établi trois domaines de
conditions de coupe, correspondant à des morphologies de signaux biens distinctes et qui
concorderont par la suite avec des anomalies bien spécifiques. De même, la dégradation de l’outil et
la valeur associée de l’usure en dépouille après chaque essai de coupe ont été étudiées. Ces premiers
résultats ont permis d’établir une valeur de vitesse de coupe limite Vclim et d’avance limite flim au-delà
desquelles l’outil subit des dégradations sévères (effondrement d’arête, bris d’outil…)
La seconde partie expérimentale de cette thèse s’est intéressée aux défauts géométriques
(aspect macroscopique) et à ceux de surface non visibles à l’œil ou à la binoculaire (aspect
microscopique) engendrées lors de l’usinage. Cette étude a permis d’identifier les défauts produits
dans le cas spécifique du tournage du Ti-6Al-4V et de les comparer par rapport à la liste issue du
projet ManHIRP. Ainsi, il a été identifié le défaut macroscopique de « déviation de surface » qui
n’avait pas été répertorié auparavant. Qui plus est, le défaut microscopique de « surface écrouie » a
été mieux explicité et différencié du défaut de « recouvrement ». Il a aussi été observé que les
différents types de défauts de surface survenaient le plus souvent successivement et de façon
cohérente en fonction des conditions de coupe utilisées. Plus particulièrement, les fortes vitesses de
coupe contribuent à l’étalement de la matière (tartinage et matage) sur la surface usinée avec ou
sans apport de matière provenant de la pièce ou de l’outil. Par contre, les faibles avances induisent la
formation de copeaux collés isolés, c'est-à-dire favorisent l’apport de matière extérieure.
L’observation combinée des défauts macroscopiques et microscopiques de la surface usinée et les
investigations concernant la dégradation de l’outil et la morphologie des signaux de surveillance en
fonction des paramètres de coupe ont permis de comprendre les phénomènes de coupe conduisant
à la génération de ces anomalies. Aussi, pour des conditions de coupe sévères (Vc > Vclim et f > flim),
la déformation plastique de l’outil a contribué à changer localement et considérablement la
géométrie de l’outil amenant à une supposée rotation du système {outil + porte-outil}. Ce
phénomène a conduit à ce que le bec de l’outil ne soit plus à la hauteur de pointe, générant ainsi le
défaut de « déviation de surface ». Qui plus est, cette importante dégradation de l’outil conduit à un
fort étalement de la matière sur la surface usinée.
La troisième partie expérimentale de l’étude a consisté à caractériser les défauts non plus à
la surface mais dans les sous-couches du matériau usiné et plus particulièrement, la couche à grains
déformés. Dans un premier temps, une cartographie de cette anomalie en fonction de la vitesse de
coupe et de l’avance a été établie. Dans un second temps, une étude de cette anomalie par analyse
d’images a été réalisée à partir de micrographies prises selon les directions de coupe et d’avance. La
morphologie mathématique appliquée aux grains globulaires a permis de suivre tout au long de
l’usinage des paramètres microstructuraux du matériau de base tels que l’aire des grains globulaires
, leur élongation, leur fraction surfacique, l’angle dièdre et la distance intergrains. Ces investigations
ont contribué à comprendre la façon dont les bandes de déformation (ou couches à grains déformés)
se forment dans le Ti-6Al-4V lors de l’usinage. Ainsi, les déformations intenses du matériau et en
l’occurrence celles de la phase lamellaire combinées à la dissolution et à la séparation des
grains globulaires semblent correspondre à des mécanismes de déformation proches de ceux de la
superplasticité et de la mise en forme à faible et moyenne vitesse de déformation par forgeage et
étirage à chaud. Les mécanismes de déformation dans la couche déformée lors de l’usinage
montrent des similitudes vis-à-vis de ceux opérant dans la couche déformée à proximité des bandes
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Conclusions générales
de cisaillement adiabatique (BCA) avancées par différents auteurs dans le cadre d’essais balistiques
ou mécaniques à hautes vitesses de déformation (barres de Kolsky).
Des investigations au MET ont été réalisées dans la couche contigüe à la couche
monophasée au sein des phasesglobulaires . La taille des grains dans les morphologies
globulaires partiellement dissoutes a été modifiée avec l’apparition de grains recristallisés d’environ
100 nm sous l’effet d’un chargement mécanique et thermique important (recristallisation
dynamique). Ces grains comportent une densité de dislocations et sont désorientés dans les phases
globulaires de la couche à grains déformés. Des investigations au MET ont été également réalisées
au sein des phases lamellaires de la couche à grains déformés, contigüe à la couche
monophasée. Des transformations cristallographiques sans diffusion de la phase lamellaire de structure
cubique, très riche en élément vanadium, en une phase martensitique ’ de structure hexagonale et
peu fautée ont été induites sous l’effet de contraintes mécaniques et dans une zone peu affectée par
la température. Quant aux phases lamellaire, elles sont le siège de la formation de macles permettant
d’accommoder la déformation induite à basse température sous l’effet de contraintes mécaniques.
L’ensemble de ces observations ainsi que la bibliographie réalisée au début de cette thèse a
permis de proposer différents mécanismes de déformation et de transformations métallurgiques des
grains globulaires α et lamellaires α+β jusqu’à l’apparition d’une couche monophasée en passant par
une couche à grains déformés au cours de l’usinage du Ti-6Al-4V de microstructure « duplex ». De
même, la bibliographie et en particulier la relation entre le transus (T) et la vitesse de chauffe ( )
ainsi que les résultats d’analyse d’images concernant l’élongation des grains globulaires ont
contribué à exprimer déformations, vitesses de déformation et cycles temps-température subis par
le matériau usiné lors de la formation de couches monophasées.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Conclusions générales
Une autre étude a consisté à caractériser mécaniquement les anomalies dans la profondeur
de la matière affectée par des profils de contraintes résiduelles et des cartographies de dureté sur
toute la longueur usinée. Les duretés réalisées à partir de la surface usinée de l’échantillon à des
profondeurs successives ont contribué à obtenir un profil de dureté avec une meilleure précision et
résolution par rapport à la technique conventionnelle de mesure de la dureté à partir d’une coupe
transversale. Ces investigations ont indiqué que les profils de contraintes résiduelles et de dureté
étaient associés à chaque type d’anomalies ou combinaison d’anomalies en sous-couche de la
surface usinée.
Les couches à grains déformés sont associées à une augmentation notable de la dureté en
extrême surface par rapport à celle à cœur (probablement causée par l’écrouissage et la petite taille
des globues après recristallisation dynamique). De fortes contraintes résiduelles de compression
sont atteintes à proximité de la surface usinée et attestent que de fortes sollicitations mécaniques
ont été induites dans les sous-couches du matériau au sein des couches à grains déformés et que
l’effet thermique y est bien moins présent que l’effet mécanique, contrairement à la couche
monophasée. La combinaison des couches monophasées et des couches à grains déformés est
associée à une légère baisse de la dureté en extrême surface (50 à 100 µm) de ces dernières couches
par rapport à la dureté des seules couches à grains déformés, tout en étant bien plus importante que
la dureté à cœur du matériau de base. Deux hypothèses peuvent expliquer ces variations de dureté
dans la couche déformée selon qu’elle s’accompagne ou non d’une couche monophasée : le
grossissement en extrême surface des grains recristallisés dans les globules ou la formation par
chargement mécanique de la phase ’’ issue de la transformation martensitique de la phase lamellaire
riche en vanadium peut rendre compte de cette baisse de dureté de la couche à grains déformés en
présence d’une couche monophasée. L’observation de très faibles contraintes résiduelles de
compression voire légèrement de traction en extrême surface selon la direction de coupe peut
s’expliquer : soit par la formation de la phase ’ de structure hexagonale dans la couche
monophasée et dans les phases β des grains lamellaires en sous-couches ou soit par l’effet
prépondérant de la thermique par rapport à l’effet mécanique en extrême surface amenant à la
formation de couches monophasées ’.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Perspectives
Les phénomènes liés à la coupe du Ti-6Al-4V ont été déterminés à partir de l’observation des
défauts géométriques macroscopiques et microscopiques sur la surface usinée et à partir de
l’observation des signaux de surveillance. En particulier, il a été supposé qu’une légère rotation du
système {outil + porte outil} participait à la génération de certains défauts géométriques. Afin de
confirmer cette hypothèse, l’objectif serait d’identifier les mouvements du système {outil + porte-
outil} lors de la coupe par l’utilisation d’une caméra rapide. L’utilisation de méthodes comme la
corrélation d’images par l’intermédiaire d’un mouchetis déposé sur le porte outil permettrait de
suivre en ligne l’évolution du mouvement de ce système. Cette technique imposerait de protéger des
copeaux la partie mouchetée du porte-outil afin de ne pas rayer la peinture et de ne pas perturber
l’acquisition des images. Pour ces mêmes raisons, l’utilisation d’une lubrification par huile de coupe
lors de l’usinage est à proscrire. Néanmoins, l’emploi de fluide de lubrification telle que l’azote
liquide préviendrait des risques de « feu titane » lors de l’usinage avec des conditions de coupe
sévères ou pour une usure en dépouille importante.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Perspectives
corrélations quantitatives entre la profondeur affectée dans le matériau par l’usinage et l’effort
radial (Fr) ont été établies. Par la suite, l’objectif est de continuer ces investigations afin d’établir un
modèle prenant en compte un plus grand nombre de conditions de coupe et un plus grand nombre
d’anomalies. Pour ce faire, il faudra dans un premier temps définir la profondeur affectée sur
éprouvettes usinées avec d’autres conditions de coupe que celles présentées dans cette thèse. A cet
effet, les mesures de dureté par la méthode de polissages successifs à partir de la surface usinée et la
méthode par analyse d’images peuvent permettre de déterminer cette profondeur de couche
affectée. On privilégiera la mesure de dureté pour des conditions de coupe générant une faible
profondeur de couche affectée car cette technique permet d’avoir une bonne résolution de mesure
alors que pour des conditions de coupe générant une forte profondeur de couche affectée, l’analyse
d’images permettra d’obtenir des résultats plus rapidement.
L’ensemble des essais réalisés ont été effectués avec des moyens de laboratoire qui ne sont
pas industrialisables ou trop onéreux pour pouvoir être montés sur un grand nombre de machine
outil. Dans ce cadre, une étude sur des moyens de surveillance industrialisables pourrait être réalisée
afin de pouvoir les utiliser en production. En particulier, des systèmes de mesure de type ARTIS ou
WattPilote pourraient être testés afin de vérifier si les signaux obtenus lors de l’usinage sont
comparables à ceux obtenus lors des essais de cette thèse. Dans un second temps, des essais
d’usinage réalisés avec des porte-outils instrumentés de jauges de déformation seraient à envisager
même si ce moyen de surveillance est peu industrialisable.
D’autres moyens de surveillance pourraient être testés afin de réaliser des corrélations avec
la genèse des anomalies voire avec leur profondeur affectée. En particulier, certains auteurs ont
montré que la surveillance par émission acoustique permettait de détecter l’apparition des couches
blanches dans les aciers. De même, la mesure des vibrations par des accéléromètres pourrait
contribuer à détecter plus finement les phénomènes de talonnage conduisant à la génération des
anomalies les plus sévères observées dans cette thèse. Des résultats obtenus par des partenaires du
projet ACCENT laissent présager de l’utilité des accéléromètres quant à la détection des anomalies au
cours de l’usinage.
Etude des anomalies par analyse d’images et par une approche numérique
Lors des investigations des couches à grains déformés par analyses d’images, la principale
difficulté a été de définir la surface équivalente représentative (SER) de la microstructure. Des études
complémentaires seraient donc nécessaires afin de définir une méthodologie de type covariance
donnant accès à ce paramètre. De même, l’exploitation des valeurs brutes des paramètres
microstructuraux n’est pas optimale : certaines singularités comme des agglomérats de grains
globulaires peuvent partiellement influencer les résultats donnés par analyse d’images. Un
traitement statistique des paramètres microstructuraux au sein d’une SER déterminée par une
méthodologie adéquate permettrait d’obtenir des cartographies de paramètres microstructuraux
avec des résolutions bien meilleures.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Perspectives
Le défaut de repli pouvant être assimilé à une entaille de plus grande profondeur qu’une
strie classique d’usinage pour un rayon à fond d’entaille équivalent, il peut être considéré comme un
défaut impactant fortement la tenue en fatigue des pièces. Dans le cas d’une succession de replis, le
facteur de concentration de contraintes aurait pu être calculé à partir de modèles comme celui
d’Andrews et Sehitoglu. Une étude numérique des surfaces usinées obtenues par profilomètrie
optique aurait pu permettre un calcul des différents paramètres du modèle d’Andrews et Sehitoglu
(rayon moyen à fond d’entaille, largeur moyenne de l’entaille et distance moyenne entre deux fonds
d’entaille) afin de déterminer le facteur de concentration de contraintes.
Les études au MET réalisées en extrême surface de la matière usinée a montré qu’une
transformation métallurgique des phases lamellaires en ’ induite par une sollicitation mécanique
s’est produite dans la couche à grains déformés. Il est néanmoins suspecté que la phase ’’ apparaît
préalablement à la phase ’ au cours de l’usinage. Afin de vérifier cette hypothèse, le prélèvement
d’une lame MET dans la sous-couche proche de la couche monophasée et distante de 50 µm de la
surface usinée permettrait de vérifier si la phase ’’ apparaît bien avant que ne se forme la phase ’.
Cette observation de la phase douce ’’ pourrait alors expliquer la diminution de la dureté du
matériau.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Perspectives
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Annexe 13 : Analyse des déformations de la phase globulaire : cas d’un effet mécanique
prépondérant devant l’effet thermique (dissolution négligeable des phases ) ...............317
Annexe 14 : Analyse des déformations et des vitesses de déformation dans les trois zones
de cisaillement de la matière .........................................................................................319
Annexe 15 : Calcul de l’énergie d’activation dans le cas d’une transformation anisotherme
......................................................................................................................................323
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Annexe 1 :
Phase (hP2) -
Phase cI2) -
FeTiO3 Ilménite -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Tf Température de fusion °C
T Transus °C
Annexe 2 :
Phase (hP2) -
Phase (cI2) -
Annexe 3 :
Déformation - ou %
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Annexes
T Température °C
Annexe 6 :
futil Avance utilisée lors des essais COM pour définir Vcmin, Vcmax, mm.tr-1
apmin et apmax
hc Epaisseur du copeau mm
(épaisseur de la partie déformée du copeau)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Vcmin Vitesse de coupe minimale définie par les essais COM m.min-1
Vcmax Vitesse de coupe maximale définie par les essais COM m.min-1
Vcutil Vitesse de coupe utilisée lors des essais COM pour définir m.min-1
apmin et apmax
Annexe 12 :
Abréviations Dénominations Unités
Phase (hP2) -
Ac Aire des grains lamellaires dans le plan de coupe µm2
Af Aire des grains lamellaires dans le plan de l’avance µm2
Ap Aire des grains globulaires dans le plan de la surface usinée µm2
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Annexe 13 :
Abréviations Dénominations Unités
Phase (hP2) -
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Annexe 14 :
Abréviations Dénominations Unités
α Angle de dépouille °
Angle de coupe °
ap Profondeur de passe mm
Fn Effort normal N
hc Epaisseur du copeau mm
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Annexe 15 :
Abréviations Dénominations Unités
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Le titane est le quatrième matériau le plus abondant sur terre après l’aluminium, le fer et le
magnésium. Il se trouve à l’état naturel sous forme minérale dans l’ilmenite (FeTiO 3) et dans le rutile
(TiO2). Selon l’United States Geological Survey (USGS), 91% de la production mondiale de titane
provient de l’exploitation de l’ilmenite. L’Australie, l’Afrique du Sud, le Canada et la Chine sont les
principaux producteurs de ce minerai couvrant plus de 60% des besoins mondiaux comme le montre
la Figure A-1 [USG11]. Les principaux producteurs d’éponge de titane sont les Etats Unis, la Chine, le
Japon, le Kazakhstan, la Russie et l’Ukraine.
Vietnam Australie
7% 19%
Inde
7%
Chine Canada
10% 12%
Figure A-1 : Répartition mondiale de l’extraction d’ilmenite (FeTiO3) par pays [USG11]
Gregor en 1791 et Klaproth par la suite sont les premiers à suspecter la présence de titane
respectivement dans l’ilmenite et le rutile. Des tentatives d’obtention directe de titane pur par
l’intermédiaire de ces minerais ou en passant par la formation de tétrachlorure de titane (TiCl4) ont
été menées sans succès pendant des décennies. En effet, la réduction du TiCl4 par du sodium ou du
magnésium a conduit à la production d’un métal très fragile. Ceci provient du fait que le titane
possède une très forte réactivité avec l’oxygène et l’hydrogène lors des différentes étapes de sa
production. Il faut attendre le vingtième siècle et les travaux de Kroll entre 1937 et 1940 pour obtenir
un titane très pur propice à l’utilisation industrielle. Les études réalisées par Kroll et d’autres
chercheurs ont continué lors des années 1940 et ont conduit à la connaissance des propriétés
mécanique et physique du titane. Ainsi, au début des années 1950, l’ajout d’aluminium pour
améliorer la résistance mécanique du titane et d’étain pour l’utilisation à chaud a permis la
production d’un alliage quasi , le Ti-5Al-2.5Sn. Ce matériau est le premier alliage commercial de
titane créé. L’ajout de molybdène ou de vanadium comme stabilisateur de la phase afin de générer
des alliages + , amène à la production en 1954 du Ti-7Al-4Mo et du Ti-6Al-4V. Ce dernier est
aujourd’hui l’alliage de titane le plus utilisé.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
caractéristiques mécaniques restent élevées pour des températures allant du domaine cryogénique
jusqu’à 550°C. De plus, sa résistance à la corrosion est forte : la formation d’une couche de
passivation formée à sa surface permet son utilisation dans de nombreux milieux chimiques. De plus,
il est considéré comme un métal noble au sens du potentiel galvanique.
Les secteurs aéronautique et aérospatial sont les principaux utilisateurs des alliages de
titane. Dès les années 50, ces matériaux ont été utilisés dans les éléments de structure des avions en
raison de leur faible rapport densité / résistance mécanique par rapport aux aciers mais aussi pour
leurs bonnes propriétés en fatigue, au fluage et leur bonne ténacité. C’est pourquoi, ils sont
également utilisés dans les parties froides des moteurs d’avions (T < 500°C). Par exemple, les disques
fan, les aubes de turbines ou encore les tambours sont réalisés avec ces alliages. Dans le domaine de
l’aérospatiale, ils sont employés pour la fabrication de certaines pièces du moteur Vulcain équipant
Ariane 5 pour leur bon comportement aux températures cryogéniques. Le secteur de l’automobile
sportif utilise les alliages de titane pour fabriquer des pièces fortement sollicitées
thermomécaniquement. Le choix de ces matériaux contribue à l’allégement de la voiture.
Néanmoins, le coût important de la production de ces alliages empêchent leur emploi à grande
échelle dans le cadre des véhicules grand public.
L’extraction du titane à partir du rutile et de l’ilmenite pour la création des éponges de titane
sont réalisées par l’intermédiaire de plusieurs opérations décrites par Lütjering et Williams [LUT07].
Le premier procédé utilisé est la carbochloration de ces minerais afin de produire du TiCl4.
Une schématisation de ce procédé est donnée sur la Figure A-2.
Le procédé consiste à incorporer du bichlorure gazeux (Cl2) dans une cuve où se trouve du
rutile (TiO2) et du carbone sous forme de coke. Dans le cas de l’exploitation de l’ilmenite (FeTiO3),
une opération d’électrofusion préalable permet de séparer les éléments composés de fer et de
titane : un sous-produit issu de cette opération est le rutile (TiO2) qui peut alors être exploité lors du
procédé de carbochloration.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Les deux principales réactions (Eq. A-1 et Eq. A-2) opérant lors du procédé de carbochloration
sont les suivantes :
Cette opération étant réalisée à chaud, le TiCl4 dont le point de fusion est à 136°C apparaît
sous forme gazeuse. De la même façon, la présence d’impuretés entraîne la formation de chlorures
métalliques comme le SiCl4 ou le SnCl4. Ces produits gazeux sont appelés MClx sur la Figure A-2. Ces
gaz sont évacués puis distillés lors d’une seconde opération afin de séparer les MClx du TiCl4.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Figure A-3 : Schématisation de l’opération de VDP (Vacuum Distillation Process) couplé avec le
procédé Kroll permettant l’obtention de titane métallique de très haute pureté [LUT07]
Les dimensions des éponges de titane obtenues sont de l’ordre de 3 à 5 cm. La dernière
étape précédant celle de fonderie consiste en la réduction de la taille des granulés par une opération
de broyage et calibrage. Le grade désiré pour l’utilisation du titane pur et de ses alliages dans le
cadre d’applications générales est de 2.5 cm. Cependant, pour le domaine de l’aéronautique, le
grade demandé est de 1 cm au maximum. Cette contrainte provient du fait qu’une dimension
importante des éponges augmente le risque d’apparition d’un défaut de type 1 (« Hard Alpha ») aussi
appelé High Interstitial Defect (HID) lors de l’opération de fonderie. Ces anomalies proviennent de la
ségrégation d’éléments interstitiels comme l’oxygène, le carbone et surtout l’azote amenant à la
formation d’éléments fragiles come le TiN. La génération de ces nitrures conduit à des initiations de
fissures précoces dans le titane et ses alliages lors de chargements thermomécaniques répétés et
une réduction de la durée de vie de la pièce en fonctionnement.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Propriétés Valeurs
Teb Température d’ébullition 3260 – 3285 – 3313 °C
Tf Température de fusion 1670°C
T Transus 882°C
4.51 g.cm-3 à 20°C
Masse volumique
4.11 g.cm-3 à Tf
Cps Capacité calorifique massique (à 20°C) 518-522-528 J.kg-1.K-1
Cpl Capacité calorifique massique (à Tf) 700 – 786 J.kg-1.K-1
d Coefficient de dilatation linéaire (à 20°C) 8.3 – 8.9 10-6 K-1
Capacité Coefficient de
Conductivité
Densité Température calorifique dilatation
Matériaux thermique à Tamb
(g.cm-3) de fusion (°C) massique à Tamb linéaire à Tamb
(W.m-1.K-1)
(J.kg-1.K-1) (10-6 K-1)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Le titane subit une transformation allotropique aux alentours de 882°C. Cette température
est appelée transus T. Le matériau passe d’une structure cristallographique hexagonale
compacte à basse température (phase ) à une structure cubique centrée à haute température
comme montré en Figure A-4a. Ces deux phases ont été décrites par de nombreux auteurs comme
Seraphin [SER65] et Combres [COM95].
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Figure A-4 : (a.) Structures cristallographiques du titane pur en fonction de la température [COM95]
(b.) Transformation allotropique (de type martensitique) dans un titane pur [SER65]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Selon Combres [COM95], il existe trois grands types de précipitation pour les alliages de
titane : celle de la phase , celle de la phase et celle des composés intermétalliques Ti-Al et en
l’occurrence 2–Ti3Al. La précipitation de la phase est complexe et peu fréquente dans le cas du
Ti-6Al-4V.
Fopiano et al. [FOP69] ou Iman et Gilmore [IMA83] ont noté que la dureté du Ti-6Al-4V
augmentait après une trempe à partir d’une température de maintien comprise entre 800°C et
1100°C, quelle que soit la vitesse de refroidissement. Jovanovic et al. [JOV06] ont observé que la
vitesse de refroidissement et la température de trempe (température de recuit à partir de laquelle
on refroidit rapidement) influencent la dureté du Ti-6Al-4V. Ainsi, plus la vitesse de refroidissement
est rapide et la trempe est effectuée à haute température et plus la dureté du matériau après
traitements thermiques est importante comme observé en Figure A-5. Toutefois, Jovanovic et al.
[JOV06] notent que pour des températures de trempe supérieures à 1050°C (dans le domaine ), la
dureté du matériau après traitements thermiques n’augmente plus.
L’explication de ces différences de dureté est complexe car la dureté après traitements
thermiques peut tout aussi bien varier avec la proportion volumique des phases qu’avec la nature et
la structure cristallographique de ces phases. Il est couramment admis que la dureté intrinsèque de
la phase martensitique orthorhombique ’’ est plus faible que les phases et ’ qui sont toutes les
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
deux hexagonales compactes. Ceci est confirmé par les résultats trouvés par Vilaro et al. [VIL11] et
Imam et Gilmore [IMA83] qui, pour des trempes dans un domaine de température intermédiaire (de
800 à 927°C), montrent que la dureté du Ti-6Al-4V est moins importante que celle du Ti-6Al-4V
refroidi dans des conditions proches de l’équilibre. Concernant la phase ’, les avis divergent entre
les auteurs : Castro et Seraphin [CAS66] ou Desalos [DES03] indiquent que la phase ’ est moins dure
que la phase alors que Hadj Sassi [HAD77] affirme le contraire.
1000°C
950°C
Dureté Rockwell, C
Dureté Rockwell, C
900°C
850°C
800°C
750°C
Temps
Temps (min)
a. b.
Figure A-6 : (a.) Courbes schématiques de l’évolution de la dureté en fonction du temps et des
transformations métallurgiques associées (cas d’une trempe d’un alliage Ti-6Al-4V à 850°C suivi
d’un vieillissement à 538°C) (b.) Dureté en fonction de la durée du vieillissement à 538°C après une
trempe réalisée à une température comprise entre 750°C et 1000°C [FOP69]
Les résultats obtenus par Gil Mur et al. [GIL06] concernant la dureté après une trempe à
1050°C suivi d’un recuit à différentes températures démontrent que ce dernier traitement influence
la dureté finale du Ti-6Al-4V comme montré en Figure A-7a. Ces différences proviennent de la
variation de la fraction volumique de phase ’ décomposée en phase . Si la fraction volumique de
phase ’ est égale à 1 après la trempe, la dureté du Ti-6Al-4V est minimale. Sa dureté augmente au
fur et à mesure de la décomposition de la phase ’ en pendant le recuit qui est d’autant plus
grande que la température et le temps sont importants. Ainsi, Gil Mur et al. ont établi une
cartographie d’iso-duretés en fonction du temps et de la température de recuit présentée en Figure
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
A-7b. Selon les auteurs, la dureté maximale du Ti-6Al-4V après retour à l’ambiante est obtenue après
un recuit à 800°C correspondant à la décomposition complète de la phase ’.
HV
800°C
700°C
600°C
400°C
t (min)
a. b.
Figure A-7 : (a.) Evolution de la dureté en fonction du temps et de la température de recuit pour un
Ti-6Al-4V trempé à 1050°C (b.) Cartographie des iso-duretés en fonction du temps et de la
température de recuit pour un Ti-6Al-4V trempé à 1050°C [GIL06]
Lee et al. [LEE90] ont observé les variations du module d’Young du Ti-6Al-4V en fonction de la
température de trempe comme indiqué en Figure A-8a. Le module d’Young du Ti-6Al-4V après retour
à température ambiante est minimum pour la température de trempe de 800°C. Selon les auteurs,
cette singularité vis-à-vis du module d’Young provient de la microstructure ’’ + générée après
trempe. En effet, ce module d’Young de 108 GPa est inférieur à celui de la phase ’ ou (113 GPa)
qui sont présentes après une trempe aux basses températures (550°C) ou aux hautes températures
(1200°C). Un recuit dès les basses températures (200°C) permet d’augmenter la valeur du module
d’Young. La Figure A-8b permet de noter l’augmentation de la valeur du module d’Young en fonction
du temps de vieillissement à 200°C pour les trois températures de trempe (800, 1000 et 1200°C)
démontrant une déstabilisation de la phase ’’ comme ’ en une phase à une température de
recuit aussi basse. Lee et al. [LEE90] soulignent également qu’un vieillissement à 550°C accélère
l’accroissement du module d’Young en fonction du temps.
Figure A-8 : Evolution du module d’Young du Ti-6Al-4V en fonction de la température de trempe (a.)
ainsi que du temps de vieillissement à 200°C (b.) [LEE90]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
L’effet de la température d’un recuit d’une heure suivi d’un refroidissement à l’eau sur la
limite d’élasticité, l’allongement à la rupture, la striction et la résistance mécanique du Ti-6Al-4V a
été étudié par Sherman et Kessler [SHE56]. La Figure A-9 montre que la résistance mécanique croît si
le recuit est effectué dans le domaine + puis stagne si il est effectué dans le domaine La limite
d’élasticité présente un minimum vers 825°C, c'est-à-dire qu’elle décroît pour des températures
comprises entre 700°C et 825°C et croît entre 825°C et 900°C. Entre 900°C et 1000°C, la limite
d’élasticité reste constante. Quant à la striction, elle varie peu entre 700°C et le transus puis décroît
fortement au-delà du transus. Par contre, l’allongement à la rupture augmente légèrement de 700°C
à 850°C puis décroît sensiblement au-delà de 850°C.
200.000
Tensile
strength
100.000
60
Reduction in area
40
20
Elongation
0
700 800 900 1000 1050
Annealing temperature, °C transus
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Méthodologie
Le fondement de cette méthode est basé sur la modélisation développée par Wellstead
[WEL79] définissant un système comme étant un transformateur d’énergie. Dans un système
matériau – procédé, le matériau sous contrainte mécanique peut être considéré comme un
dissipateur d’énergie soit en produisant de la température soit en l’emmagasinant de façon à
réorganiser voire transformer sa microstructure. Dans le cas d’un chargement mécanique à
température donnée, les équations décrivant ces phénomènes de dissipation d’énergie relient la
contrainte mécanique à la température et à la vitesse de déformation. En effet, la Figure A-10a
montre une représentation schématique de l’évolution de la contrainte d’écoulement en fonction
de la vitesse de déformation , à une déformation et une température T données.
Contrainte Contrainte
d’écoulement J d’écoulement Jmax
m=1
G
G écoulement
visqueux
Vitesse de Vitesse de
a. déformation b. déformation
Figure A-10 : (a.) Représentation schématique des termes G et J pour un matériau dont l’équation
constitutive est définie par (b.) Représentation schématique des termes G et J pour un
matériau dissipateur d’énergie parfait (m = 1) [PRA84]
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Il peut être ainsi établi les relations Eq. A-4 puis Eq. A-5 concernant la puissance P absorbée
par le matériau durant la déformation plastique :
(Eq. A-5)
avec G, le terme représentant la puissance dissipée dans le matériau par le travail plastique dont la
majeure partie est dissipée en chaleur et J le terme relatif à la puissance utilisée pour les
transformations métallurgiques lors d’un chargement mécanique. En utilisant m le coefficient
correspondant à la sensibilité à la vitesse de déformation donnée par l’équation Eq. A-6, J s’écrit
(Eq. A-7) :
(Eq. A-6)
J= = (Eq. A-7)
M = = (Eq. A-8)
Selon Krishna et al. [KRI97] citant les travaux de Kumar [KUM87] et Prasad [PRA90], un
critère de continuité de la matière exprimant l’instabilité de l’écoulement de la matière lors de
la déformation à chaud est superposé à cette première cartographie des isovaleurs de M. Selon
Prasad et Seshacharyulu [PRA98], les principales manifestations de ces instabilités au niveau de la
microstructure sont la formation de bandes de cisaillement adiabatique, des déformations localisées,
le vieillissement dynamique par déformation ou maclage. Ce critère d’instabilité est défini par
l’équation Eq. A-9.
(Eq. A-9)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
D’autres critères d’instabilité ont été proposés par Malas et Seetharaman [MAL92] prenant
en compte, comme Prasad [PRA90], la vitesse de déformation (Eq. A-10 et Eq. A-11) mais aussi la
température (Eq. A-12 et Eq. A-13) comme paramètres variables.
(Eq. A-14)
L’ensemble de ces critères vont être utilisés par la suite afin de définir les différentes zones
d’instabilités selon les différents chargements thermomécaniques effectués sur les alliages de titane.
Cartographies du procédé
De nombreux auteurs ont établi des cartographies T - dans les alliages de titane comme
Prasad et al. [PRA84] dans le Ti-6242 ou comme Krishna et al. [KRI97] dans le quasi alpha IMI685
(Ti-6Al-5Zr-0.5Mo-0.2Si). Les cartographies qui vont être présentées ont été réalisées sur le Ti-6Al-4V
dont la structure est équiaxe
Prasad et Seshacharyulu [PRA98] ont tracé les isovaleurs du facteur de dissipation d’énergie
M sur la cartographie T - présentée en Figure A-11a pour le Ti-6Al-4V mis en forme à chaud. Pour
les faibles vitesses de déformation ( < 10-2 s-1), deux domaines à forte dissipation d’énergie ont été
distingués. Le premier entre 750°C et 950° C est celui où se trouve le pic de dissipation d’énergie
correspondant à M = 60% avec m = 0.45 pour T = 800°C et = 0.001 s-1. En règle générale, les valeurs
de m se trouvant entre 0.4 et 0.5 sont typiques du domaine dans lequel le matériau est
superplastique. Le second domaine se trouve au dessus de 1050°C et possède des valeurs de
dissipation d’énergie importantes mais bien moindres par rapport au premier domaine. Le maximum
atteint par est égal à 46% soit m = 0.3 pour T = 1100°C et = 10-3 s-1. En se référant aux résultats
présentés dans le Chapitre 2 concernant la superplasticité du Ti-6Al-4V, ce second domaine est celui
où le grossissement et la recristallisation dynamique de la phase se déroulent.
Une étude similaire a été effectuée par Seshacharyulu et al. [SES00] dont la cartographie T -
du Ti-6Al-4V est donnée en Figure A-11b pour une déformation de 0.5. Les résultats obtenus
corroborent ceux de Prasad et Seshacharyulu [PRA98] concernant les domaines de superplasticité et
de recristallisation de la phase mais avec toutefois des coefficients de dissipation d’énergie M un
peu plus faibles.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
a. b.
Figure A-11 : (a.) Cartographie T - du facteur de dissipation d’énergie M(en %) d’un Ti-6Al-4V de
structure équiaxe contenant 1000 ppm d’oxygène [PRA98]
(b.) Cartographie T - du facteur de dissipation d’énergie M(en %) d’un Ti-6Al-4V de structure
équiaxe pour une déformation de 0.5 [SES00]
Certains auteurs [PRA00] ont réalisé une étude sur l’instabilité de l’écoulement en utilisant le
critère définie par la relation Eq. A-9. La Figure A-12a montre la cartographie T - des isovaleurs du
paramètre pour une déformation de 0.5. Pour une température de 750°C, des instabilités de
l’écoulement ( ) apparaissent pour une vitesse de déformation supérieure à 10-2 s-1. Au fur
et à mesure que la température augmente, la valeur limite de la vitesse de déformation doit être
supérieure avant d’atteindre cette instabilité. Néanmoins, pour > 10 s-1, ce régime instable est
atteint quelle que soit la température comprise entre 750 et 1100°C. Lors de ces essais, les
instabilités correspondent à une localisation de la déformation dans des bandes de cisaillement
adiabatique. De plus, l’augmentation conjointe de la température et de la vitesse de déformation
tend à réduire la valeur du facteur d’instabilité d’écoulement conduisant à un risque accru de la
formation de bandes de cisaillement adiabatique.
Une étude réalisée par Prasad et al. [PRA01] synthétise l’ensemble de ces résultats en
représentant une cartographie des différents mécanismes opérant en fonction de la température et
de la vitesse de déformation comme présenté en Figure A-12b. Dans cette étude, il est identifié que
le mécanisme opérant entre le domaine superplastique et celui privilégiant la formation de bandes
de cisaillement adiabatique est la restauration dynamique. Ce mécanisme est parfois appelé
polygonisation où les dislocations opposées s’annihilent et les dislocations identiques se rassemblent
en parois ou en sous-joints.
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Annexes
a. b.
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Annexes
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Annexes
Grains
Arrachées
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Annexes
Total dissolution
of ’ and ’’
High
recrystallization Partial dissolution of ’
and ’’
High recrystallization
Low recrystallization
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Annexes
Le Couple Outil Matière appelé aussi COM est une méthodologie permettant de déterminer
les conditions de coupe optimales pour l’usinage d’un matériau donné avec un outil donné
(géométrie, revêtement, nuance,…) et pour un environnement donné. Cette étude se divise en deux
parties. La première consiste à trouver des plages de conditions de coupe dans lesquelles l’usinage se
déroule correctement. Le domaine ainsi déterminé est dit de fonctionnement. La seconde partie
comporte des essais de durée de vie de l’outil dans ce domaine de fonctionnement. Seule, la
première partie de la méthodologie du COM est abordée ici.
(Eq. A-15)
(Eq. A-16)
avec la section coupée (mm2), Q le débit de copeaux (cm3/min), la puissance de coupe (W), ap
la profondeur de passe (mm), Kc (N.mm-2), Wc (W/cm3.min-1), Vc la vitesse de coupe (m/min) et f
l’avance par tour (mm/tr).
Afin de définir des plages d’utilisation pour chacun des paramètres de coupe, des droites
moyennes sont tracées : la première dans la zone décroissante en Kc pour les faibles conditions de
coupe, la seconde sur le plateau de Kc et la troisième dans la zone croissante. Les intersections entre
ces droites donnent des points d’inflexion limitant verticalement les différentes zones comme
montré sur la Figure A-13. Les abscisses de ces points donnent des valeurs minimale Pmin et maximale
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Pmax des paramètres de coupe (avec P représentant soit Vc, f ou ap dans le cas du tournage) du
domaine COM.
Kc (N/mm2)
Point
d’inflexion
Point
d’inflexion
Dans le cadre d’un outil rond comme celui utilisé dans l’étude, f et ap permettent de
définir l’épaisseur maximale de copeau hcmax par l’équation suivante (Eq. A-17) :
(Eq. A-17)
avec Dout le diamètre de l’outil rond. De façon globale, il est généralement défini hcmin l’épaisseur de
copeau minimum en dessous de laquelle le risque d’arête rapportée est important. Cette valeur hcmin
dépend en grande partie de la géométrie de l’outil de coupe. Par contre, les valeurs de Vcmin et Vcmax
varient principalement en fonction du couple matériaux usiné-usinant et de l’environnement de
coupe.
Protocole expérimental
Avant de déterminer les différentes plages du domaine COM, la première étape consiste à
trouver un point de fonctionnement connu où la coupe se déroule correctement. Dans le cas du
tournage, le triplet, vitesse de coupe, avance et profondeur de passe, relatif au point de
fonctionnement est noté .
Ensuite, il est réalisé une première série d’essais d’usinage en faisant varier l’avance f et en
figeant la vitesse de coupe et la profondeur de passe respectivement à et . Lors de
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Annexes
chaque essai, l’effort de coupe est mesuré et l’effort spécifique de coupe est calculée par la relation
Eq. A-15. A la fin de la série d’essais, une courbe similaire à celle de la Figure A-13 est obtenue et
permet de déterminer les valeurs minimale fmin et maximale fmax de la plage COM.
Une deuxième série d’essais est réalisée de la même manière en faisant varier uniquement
la vitesse de coupe. Les paramètres fixés ont pour valeur ap = apfonc et f = futil > 1.15 * fmin. Le choix de
la valeur de cette avance est réalisé pour éviter de dégrader l’outil en choisissant des conditions de
coupe dans la zone COM. De la même façon que pour la première série, les valeurs de vitesse de
coupe minimale Vcmin et maximale Vcmax sont ainsi définies. Afin de déterminer apmin et apmax, une
troisième série d’essais où seule ap varie est effectuée en prenant f = futil et Vc = Vcutil > 1.15 * Vcmin.
Table A-3 : Récapitulatif des séries d’essais à réaliser selon la méthodologie COM
et détermination des limites du domaine COM obtenues pour chacune de ces séries
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Annexes
1 2
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3 4
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1 2
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1 2
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3 4
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Annexes
p c p f
Les élongations des globules dans les plans de coupe, d’avance et dans celui de la surface
usinée sont respectivement notées : ec, efet ep. Les aires des grains globulaires dans les plans de
coupe, d’avance et dans celui de la surface usinée sont respectivement notées AcAfet Ap. Dans
ces notations, les lettres c, f et p indiquent les directions de coupe, d’avance et celle perpendiculaire
aux deux autres. Les élongations et les aires sont définies par les relations Eq. A-18 et Eq. A-19
suivantes :
, et (Eq. A-18)
, f . p et (Eq. A-19)
Dans un premier temps, il convient de formuler une équation liant les élongations entre elles
(Eq. A-20), c'est-à-dire les élongations des grains globulaires dans les trois plans orthogonaux.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
(Eq. A-20)
(Eq. A-21)
L’élongation des globules dans un plan donné peut s’exprimer comme le rapport de l’aire
de ces mêmes globules dans les deux autres plans orthogonaux (Eq. A-22) :
(Eq. A-22)
(Eq. A-23)
(Eq. A-24)
(Eq. A-25)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Soit, en dérivant l’équation précédente, la variation relative du volume des globules est
définie par la relation Eq. A-26 :
(Eq. A-26)
Signalons que dans le cas où seule la déformation plastique des globules intervient sans
endommagement (la température n’étant pas suffisamment élevée pour que le phénomène de
dissolution ait lieu), dV
(Eq. A-33)
où A désigne l’aire des grains globulaires et A désigne l’aire des grains lamellaires
indépendamment du plan.
De même, la fraction surfacique des grains lamellaires s’écrit selon l’équation Eq. A-34 :
(Eq. A-34)
avec fS + fS = 1 dans la mesure où le matériau ne présente pas d’endommagement (absence de
cavités). En dérivant la relation Eq. A-33 et après simplification, on obtient :
(Eq. A-35)
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Annexes
Cette dernière équation (Eq. A-35) permet de discuter la sensibilité ou variation relative des deux
paramètres microstructuraux A et A Les relations Eq. A-36, Eq. A-37 et Eq. A-38 décrivent
l’évolution relative de la fraction surfacique des globules en fonction de celle de l’aire des grains
selon les plans de coupe, d’avance et celui de la surface usinée :
(Eq. A-36)
(Eq. A-37)
(Eq. A-38)
Deux autres paramètres microstructuraux ont été considérés dans cette étude. Il s’agit de
l’angle dièdre et de la moyenne des distances intergrains entre les plus proches grains
globulaires ou encore le libre parcours moyen noté dans la matrice , c'est-à-dire, la
distance à travers les grains lamellaires entre deux grains globulaires . Cette distance
intergrains est exprimée à partir de l’aire des grains globulaires et celle des grains lamellaires
telle que :
(Eq. A-39)
La dérivée de cette équation doit permettre de rendre compte de la sensibilité des différents
paramètres microstructuraux, à savoir : Ac, ec, fS et c. Tout calcul fait, la variation relative de la
distance intergrains est donnée par la relation (Eq. A-40).
(Eq. A-40)
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Donnée Donnée
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dAc, dec
Dissolution de et dfS
la phase
globulaire
Effet dfS
sans
Etude de l’évolution des paramètres microstructuraux
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des grains
(dV
dfS
2C dAc dAc dec -------- --------
Déformation de
dAc dAc dfS dec -------- -------- --------
la phase
Combinaison globulaire
des effets avec sa
mécanique et dissolution et
dAc dAc dfS dec -------- -------- --------
thermique déformation de
Annexes
la phase
en parallèle
def dep Commentaires
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Dissolution de décrite à la Figure 6-19
la phase
globulaire
Dissolution préférentielle de la phase globulaire (dV < 0)
Effet thermique sans
2B -------- -------- selon la direction perpendiculaire à celle d’avance et de coupe.
déformation
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Augmentation du volume de la phase matrice (dV
des grains
(dV
Dissolution préférentielle de la phase globulaire (dV < 0)
2C -------- -------- selon la direction de coupe. Augmentation du volume de la
phase matrice (dV
la phase
en parallèle
Annexes
(Eq. A-41)
(Eq. A-42)
(Eq. A-43)
soit
A partir des relations précédentes, la condition dV = 0 peut encore s’écrire comme suit :
(Eq. A-44)
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
(Eq. A-45)
(Eq. A-46)
(Eq. A-47)
(Eq. A-48)
(Eq. A-49)
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Annexes
(Eq. A-50)
(Eq. A-51)
(Eq. A-52)
(Eq. A-53)
Copeau
Outil
ap
hC
Vc
hZCS
Vf
hZCP
Zone de cisaillement
secondaire
f hZCT
Zone de Matière
Zone de cisaillement usinée
cisaillement
primaire
tertiaire
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Annexes
(Eq. A-54)
La comparaison de cette relation avec celle de Merchant (Eq. A-53) revient à écrire que :
.
où avec Sc = rap qui est la surface de contact outil/matière usinée dans la zone de
dépouille de l’outil en fonction de la profondeur de passe, ap, du rayon de courbure de l’arête de
l’outil, r, et de l’angle de contact outil/matière usinée. VZCT est le volume de la ZCT définie par :
VZCT = Sc f où f est l’avance et est un facteur de proportionnalité. La loi de Coulomb s’écrivant
comme suit : PZCT = µ Vc Fn, la vitesse de déformation dans la zone de cisaillement tertiaire s’écrit
alors selon la relation Eq. A-55.
(Eq. A-55)
En posant arbitrairement = 0°, = 30, 45 et 60°, = 0.2 et µ = 0.15 et 0.25 [BON10],
les déformations et les vitesses de déformation dans les trois zones de cisaillement ont été calculées
et répertoriées dans la Table A-4.
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
Table A-4 : Déformations et vitesses de déformation dans les zones de cisaillement primaire,
secondaire et tertiaire en fonction de la vitesse de coupe, de l’avance, de l’angle de cisaillement et du
coefficient de frottement entre la matière et l’outil
90
(s(s)
(%)
60000
80
40000
70
60 20000
50
0
40 20 30 40 50 60 70
20 30 40 50 60 70
(°)
(°) EZCP[COM]
(COM) EZCS[COM]
(COM)
EZCP
ZCP
EZCS
ZCS
EZCP(Gil)[COM,
(Gil) COM µµ=
= 0.15]
0.15 EZCP(Gil)[COM,
(Gil) COMµµ==0.25]
0.15
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CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
c. 60000
Vc = 35 m/min d. 2,0E+06 Vc = 450 m/min
50000 f = 0.5 mm/tr f = 0.05 mm/tr
1,5E+06
40000
-1)
(s(s)
(s)
-1)
(s
30000 1,0E+06
20000
5,0E+05
10000
0 0,0E+00
20 30 40 50 60 70 20 30 40 50 60 70
(°) (°)
EZCP (COM) EZCS (COM) EZCP (COM) EZCS (COM)
(Gil) [µCOM
EZCP(Gil) = 0.15]
µ = 0.15 (Gil) [µ = 0.25]
Série3 EZCP(Gil)
(Gil)[µCOM
= 0.15]µ = 0.15 (Gil) [µ = 0.25]
Série3
Figure A-16 : (a.) Evolution des déformations dans les zones de cisaillement primaire et secondaire
en fonction de l’angle de cisaillement
(b.) Evolution des vitesses de déformation dans les zones de cisaillement primaire et secondaire en
fonction de l’angle de cisaillement (Vc = 125 m/min et f = 0.25 mm/tr)
(c.) Evolution des vitesses de déformation dans les zones de cisaillement primaire et secondaire en
fonction de l’angle de cisaillement (Vc = 35 m/min et f = 0.5 mm/tr)
(d.) Evolution des vitesses de déformation dans les zones de cisaillement primaire et secondaire en
fonction de l’angle de cisaillement (Vc = 450 m/min et f = 0.05 mm/tr)
5
log ZCT) (s-1)
3
.
2
0
µ = 0.15 µ = 0.25
Figure A-17 : Evolution des vitesses de déformation dans la zone de cisaillement tertiaire en
fonction des conditions de coupe et du coefficient de frottement
Page 322
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
et
Après simplification, la relation Eq. A-56 reliant les différents paramètres prend la forme suivante :
(Eq. A-56)
En prenant t2 = 1 s :
Cette relation est semblable à celle qui prévaut dans le cas de l’austénitisation de l’acier qui
consiste à le porter à une température T1 et une durée t1 telles que le matériau devient
complètement austénitique caractérisé par la phase de structure CFC. L’état austénitisé à la fin du
cycle (T1, t1) est caractérisé entre autre par la taille du grain austénitique Ga. Le grossissement du
grain austénitique est un phénomène thermiquement activé, lié au paramètre d’équivalence temps-
température d’austénitisation, Pa défini par : . Dans le domaine du
grossissement du grain des cycles différents (T2, t2) d’austénitisation conduisent à des valeurs
identiques de Ga.
Pour un traitement anisotherme, le temps équivalent (te) pour une température maximale
(Tm) fixée a été établi par Colin et repris par Goussery [GOU04] en prenant en compte la vitesse de
chauffe jusqu’à TM suivant la relation Eq. A-57.
Page 323
CONFIDENTIEL INDUSTRIE
Annexes
(Eq. A-58)
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Etude des mécanismes de déformation et de transformations métallurgiques en sous-
couche et sur la surface usinée lors du tournage du Ti-6Al-4V avec un outil en carbure
cémenté WC-Co non revêtu. Corrélation de l’intégrité matière par la surveillance de
l’opération et la compréhension des mécanismes d’endommagement de l’outil.
RESUME : Ces travaux de thèse s’inscrivent dans le cadre du projet européen ACCENT qui fait suite au
projet européen ManHIRP (2001-2005). Ces travaux ont pour objectifs principaux de développer une
méthodologie expérimentale permettant d’établir une fenêtre de conditions de coupe garantissant une
intégrité matière acceptable de la pièce en Ti-6Al-4V usinée, en s’appuyant sur la mesure des signaux des
moyens de surveillance en cours d’usinage. Une attention particulière s’est portée sur l’identification et la
classification des anomalies géométriques et de celles produites sur la surface usinée en fonction de la
vitesse de coupe et de l’avance. Parallèlement aux investigations sur les anomalies géométriques et de
surface, une étude du mode d’endommagement de l’outil en carbure cémenté WC-Co non revêtu et de
celle de l’évolution des signaux de surveillance ont conduit à une bien meilleure compréhension des
phénomènes liés à la coupe. Les anomalies générées en sous-couche de la surface usinée, telles que les
couches à grains déformés et les « couches blanches » ont été étudiées par l’intermédiaire d’analyses
métallurgiques fines comme la microsonde de Castaing et par des observations et des analyses au
microscope électronique à transmission (MET). Des mesures de microdureté et de contraintes résiduelles
ont complété ces analyses chimiques et microstructurales. Aussi, la connaissance de l’état métallurgique
et mécanique de ces anomalies a permis de déduire leur genèse et les mécanismes de déformation et de
transformations métallurgiques (phases et taille de grains) qui ont opéré en sous-couche du Ti-6Al-4V. Le
suivi par la technique de l’analyse d’images des paramètres microstructuraux attachés aux grains
globulaires a conduit à mieux comprendre l’écoulement de la matière selon les directions de coupe et
d’avance ainsi que les mécanismes de dissolution de ces phases globulaires lorsque l’effet thermique
prend le pas sur l’effet mécanique pendant l’usinage. A l’issue de ces caractérisations métallurgiques, des
corrélations ont été entreprises entre les anomalies générées et les signaux des moyens de surveillance.
Mots clés : Ti-6Al-4V, tournage, intégrité matière, moyens de surveillance, anomalies géométrique,
couches blanches, couches à grains déformés, endommagement outil de coupe
ABSTRACT : The scientific works presented in this thesis is taken place within the framework of an
European project ACCENT which is the continuity of the ManHIRP European project (2001-2005). The
main aim of these studies is the development of an experimental approach allowing of the determination of
an acceptable surface integrity within the validity domain according to the cutting parameters by using the
recorded monitoring signals during turning operation. The identification and the classification of the
geometrical anomalies generated on the machined surface versus the cutting speed and feed rate were
especially investigated. At the same time, damage on uncoated cemented carbide tool and evolution on
process monitoring signals have conducted to a better understanding of cutting phenomena. The
anomalies generated within the machined sub-surface such as the highly worked layers and “white layers”
were studied with fine metallurgical analysis like the use of Castaing microprobe and transmission electron
microscopy (TEM). In addition, micro-hardness and residual stresses measurements have completed the
previous analysis. The knowledge of the metallurgical and mechanical states within the sub-layer have
enabled to deduce the causes of their formation and to define the deformation mechanisms and the
metallurgical transformations (phases and grains size) which have occurred during the machining
operation. The tracking of the microstructural features related to globular grains by the investigations of
the images analysis have led to a better understanding of material flow according to the cutting and feed
directions. Also, the dissolution phenomena of globular grains occurring when the thermal loading
becomes preponderant before the mechanical one has been highlighted. After these metallurgical
analyses, correlations between the surface integrity and the process monitoring signals have been found.
Keywords : Ti-6Al-4V, turning, surface integrity, process monitoring, geometrical anomalies, white layers,
highly worked layers, damage on tool