Hydraulique Des Cours D'eau
Hydraulique Des Cours D'eau
Hydraulique Des Cours D'eau
2. REGIME PERMANENT 11
5. REGIMES TRANSITOIRES 42
6. BIBLIOGRAPHIE 51
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Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Groupe d’Hydraulique Fluviale
On oriente l’écoulement d’une rivière de l’amont vers l’aval. L’intuition attribue à la pente du
cours d’eau un rôle prépondérant dans la nature des écoulements, qui sera confirmé par la théorie.
Exprimée en mètres par mètre (m/m) et souvent notée i ou I, elle se calcule en divisant la dénivelée
altimétrique entre les points du fond de deux sections distinctes de rivière, par la distance horizontale
qui les sépare. Elle est souvent donnée en valeur absolue, bien que localement, pour un tronçon de
rivière donné, le point bas de l’amont puisse être plus bas que le point bas de l’aval. La pente de la
rivière peut être différente de la pente de la vallée, qui est calculée dans le lit majeur sans suivre
nécessairement les éventuels méandres du cours d’eau. Le repère cartésien mobile est orienté par
convention dans le sens amont - aval pour les x croissants, les altitudes z étant orientées à la verticale
depuis le bas vers le haut, et les y fermant le repère direct sur l’horizontale orthogonalement à la
direction de l’écoulement.
Dans une section en travers donnée, on appelle miroir l’interface entre l’eau et l’air, par une
évidente analogie avec la propriété de réflexion qui caractérise la surface de l’eau et qui rend possible
les effets optiques des jardins et des fontaines. Plus pragmatiquement, la largeur au miroir est la
distance entre les deux limites d’extrémité du miroir. Notée B, elle s’exprime en mètres (m). Dans les
rivières chenalisées, on appelle plafond la largeur horizontale du fond (le plat fond) lorsqu’elle existe.
La surface d’eau comprise dans le plan de coupe de la section en travers, est la surface
mouillée, notée S et exprimée en mètres carrés (m²). Elle est bornée en limite supérieure par
l’interface entre l’eau et l’air (le miroir), mais aussi par une courbe d’interface entre l’eau et le lit, dont la
longueur curviligne est appelée périmètre mouillé, noté p et exprimé en mètres (m).
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On imagine sans peine que le frottement de l’eau sur l’air est moindre que celui de l’eau sur le
lit, et donc, que le rayon hydraulique est une passerelle commode pour relier les caractéristiques
géométriques de forme de la section mouillée à sa capacité hydraulique effective d’écoulement. Sans
trop anticiper sur la suite du cours, on sent bien que la section mouillée est le siège de l’action motrice
de l’écoulement tandis que le périmètre mouillé est la zone où s’exerce l’action de ralentissement par
frottement, et donc, que le rayon hydraulique traduit, pour une géométrie donnée, le rapport de force
entre action motrice et ralentissement.
Pour une section d’écoulement S donnée, on définit le débit comme étant le volume de liquide
écoulé à travers la surface S de cette section pendant l’unité de temps. Il est noté Q, et s’exprime en
3
m /s. Si V(M) désigne la composante normale à la section considérée en un point M de celle-ci, on a :
Q = ∫∫ V ( M )dS
S
On définit la vitesse moyenne de l’écoulement, notée V et exprimée en mètre par seconde
(m/s), le rapport du débit par la section normale d’écoulement.
Bien que le niveau d’eau, noté Z et exprimé en mètres (m), accapare bien souvent toute
l’attention, il n’est que l’une des composantes d’une grandeur caractéristique plus pertinente de
l’énergie du cours d’eau : la charge hydraulique, également appelée charge de Bernoulli, noté H,
exprimée en mètres (m).
En un point M donné de la trajectoire d’une molécule de fluide, cette quantité a pour
expression :
P( M ) V ( M )²
H( M ) = Z( M ) + +
ρg 2g
Z est la cote absolue ou le niveau d’eau, exprimée en mètres (m).
P est la surpression, exprimée en pascals (Pa), au-dessus de la pression atmosphérique.
ρ est la masse volumique de l’eau (1000 kg/m ).
3
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Considérons un axe vertical dans l’écoulement, qui coupe le miroir de largeur B en un point A
et le fond en un point A’. Les lois de l’hydrostatique expriment la relation qui existe entre la profondeur
d’eau d’un point M sur cet axe et la pression en ce point.
A
A’
Z ( A) 1 1 1 V²
=
S S ∫∫ dS + ∫∫
2g S S
V ( M )² dS = ∫ Z ( A)dB + β
B miroir 2g
1 V²
H sec tion = ∫ Z ( A)dB + β
B miroir 2g
V²
H sec tion = Z ( A) +
2g
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On dit qu’un écoulement est laminaire (ou tranquille) lorsque les filets liquides qui le
composent sont parallèles et juxtaposés. Les molécules de fluide ont alors chacune une vitesse dont
le vecteur est tangent à l’axe d’écoulement, et l’écoulement a des caractéristiques parfaitement
déterminées en chaque point.
Inversement, un écoulement est dit turbulent lorsque ses molécules de fluide ont une direction
principale identifiée dans le sens de l’axe principal d’écoulement, à laquelle s’ajoute une composante
transversale. Les filets d’eau ont tendance à s’entrechoquer dans des tourbillons de distribution
aléatoire, générant une agitation interne. Les paramètres de vitesse et de direction de chaque
molécule de fluide ne peuvent être déterminés à un instant donné, même s’il est possible d’accéder
aux valeurs moyennes de ceux-ci.
Ces deux régimes, séparés par un régime de transition mêlant les deux sur une certaine
1
longueur de mélange, peuvent être mis en évidence à l’aide de l’expérience de Reynolds , qui a laissé
son nom au nombre adimensionnel permettant de caractériser le régime d’écoulement, laminaire s’il
est inférieur à 2000 et turbulent s’il est supérieur à 2300.
VD
Re = ,
ν
où ν est la viscosité cinématique (10 m²/s à 20°C), V est la vitesse moyenne dans la section
-6
(m/s) et D est le diamètre équivalent pour une conduite circulaire (m), que l’on peut rapporter au rayon
hydraulique en exprimant simplement la section et le périmètre mouillés d’une conduite circulaire de
rayon D/2, ce qui donne :
2
D
π
2 D
Rh = = ou encore, tout simplement, D = 4 Rh.
D 4
2π
2
4VRh
Le nombre de Reynolds en rivière s’écrit donc : Re = .
ν
En réalité, si cette distinction entre régime laminaire et régime turbulent s’avère essentielle
pour la compréhension, puis la modélisation des écoulements liquides, elle ne nous intéresse guère. Il
suffit de prendre quelques exemples de valeurs de V et Rh représentatives de cours d’eau pour se
rendre compte que le régime d’écoulement est toujours turbulent en rivière, sauf éventuellement lors
d’étiages très sévères qui voient presque la vitesse moyenne s’annuler.
Nous avons déjà eu l’occasion de citer précédemment le caractère « à surface libre » des
écoulements que nous considérions, étant acquis que les écoulements qui nous concernent, en cours
d’eau naturels ou canalisés, comportent un miroir, c’est-à-dire une interface entre l’eau et l’air. Cette
hypothèse nous a permis d’écrire que la pression au niveau de la surface libre était égale à la pression
atmosphérique. L’état normal d’une rivière est d’être ainsi « à ciel ouvert », « à surface libre », avec un
fil d’eau ou un miroir identifiable.
Pourtant, il arrive que tout ou partie du cours d’eau entre en charge, c’est-à-dire que
l’écoulement n’est plus en contact avec l’air, et qu’il est astreint à se cantonner dans une section
entièrement composée d’interface eau - lit dans laquelle sa pression diffère de la pression
atmosphérique. Dans la pratique, on rencontre ce cas lorsqu’une partie du cours d’eau passe en buse
dans une zone urbaine, ou encore lorsque le niveau d’eau est tel qu’un ouvrage d’art transversal de
type pont ou remblai, par exemple, est submergé.
Ce cas de figure doit rester marginal, pour des raisons évidentes de sécurité des ouvrages
d’art concernés, mais aussi d’inondations alentours, car la submersion de ces ouvrages a souvent des
1
Cf. annexe à ce sujet
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incidences sur la vulnérabilité des zones voisines. Aussi n’aborderons-nous pas dans le détail ces
écoulements radicalement différents des écoulements à surface libre.
Il faudra cependant garder en mémoire cette distinction entre « à surface libre » et « en
charge » pour la suite, car les méthodes de calcul dans le premier cas empruntent beaucoup aux
expérimentations faites dans le second cas.
Le régime permanent désigne un écoulement dont les caractéristiques ne varient pas dans le
temps. Le régime stationnaire désigne un écoulement dont les caractéristiques ne varient pas dans le
temps... sur le laps de temps considéré. Cela se traduit mathématiquement par la nullité de toutes les
dérivées partielles des grandeurs par rapport au temps.
Naturellement, le régime est dit non-permanent ou transitoire lorsque les paramètres de
l’écoulement varient dans le temps, qu’il s’agisse d’une perturbation instantanée ou plus étalée dans le
temps, comme une ouverture de vanne, une régulation de barrage, une crue lente ou rapide, une
sassée d’écluse, une rupture d’ouvrage hydraulique, un pompage, etc.
Dans la réalité, le régime permanent stricto sensu ne se rencontre quasiment jamais, mais
selon la longueur de rivière et le laps de temps considérés, il est très souvent valide de faire
l’hypothèse de permanence du régime.
De toutes les caractérisations de régime, celle-ci est sans doute l’une des plus importantes,
car elle conditionne entièrement le raisonnement hydraulique lors d’une étude. On sait, depuis notre
lointain apprentissage du français, que le mot torrent désigne un cours d’eau de montagne, tandis que
le mot fleuve désigne un cours d’eau qui se jette dans la mer. Si cette connaissance dictionnairique
nous fournit une première approche, pragmatique et simpliste, de ce que sont les régimes torrentiel et
fluvial, par les souvenirs imagés qu’elle peut susciter, elle ne nous dit pas si un torrent qui se jette
promptement dans la mer est plutôt un torrent ou un fleuve ou les deux à la fois. L’hydraulique, elle,
nous fournit la réponse.
Recourant toujours à des images simples, selon une illustration très largement employée par
les hydrauliciens, prenons l’exemple des ondes infinitésimales. Derrière ce nom barbare se cache un
phénomène expérimenté par chacun dans sa petite enfance, à savoir les petites ondes, d’amplitude
négligeable par rapport à la hauteur d’eau qui les porte, qui naissent autour d’un caillou lancé dans
l’eau. Ces petites rides se propagent à partir de ce point... de diverses façons selon le régime du milieu
liquide concerné.
Dans une étendue immobile ou presque, comme un lac ou un étang, tout un chacun sait que
les rides sont circulaires et concentriques autour du point d’entrée du caillou dans l’eau. Les ondes
s’éloignent de ce point à la vitesse (on parle plutôt de célérité) de gh , où g désigne l’accélération de
la pesanteur, et h la hauteur d’eau moyenne.
Dans les eaux lentes d’un fleuve classique, si l’on fixe précisément l’endroit où le caillou s’est
enfoncé dans l’eau, on se rend compte que les cercles des ondes infinitésimales qui ont été ainsi
générées ne sont pas concentriques, mais sont emportées par le courant vers l’aval. Si V désigne la
vitesse moyenne de courant, la composition des vitesses nous permet d’affirmer sans crainte que le
front de l’onde dévalant la rivière a une vitesse de V + gh évidemment positive, tandis que le front
de l’onde remontant le courant a une vitesse de V − gh négative, ce qui déforme le cercle initial de
la ride en une ellipse étalée de part et d’autre, vers l’aval et vers l’amont, de son point de naissance. Il
en va de même pour les ondes qui se forment autour d’un petit obstacle fixe planté dans la rivière
(comme un pieu, un bâton... ou une pile de pont) : une série de rides se forment vers l’aval, mais
également vers l’amont. On dit dans un tel cas que l’information d’une perturbation locale de
l’écoulement est remontée vers l’amont. Le régime est dit fluvial ou lent.
A l’inverse, un œil alerte et très exercé pourrait peut-être apercevoir le devenir des mêmes
ondes générées par un caillou lancé... dans un torrent de montagne ! A peine générées, les rides sont
tout simplement emportées par le fort courant. Même les rides qui se forment lors de l’introduction d’un
bâton dans le cours d’un torrent sont chassées vers l’aval sans qu’aucune ride ne « remonte » vers
l’amont. On dit que l’information de la perturbation ne remonte pas vers l’amont. Les vitesses des deux
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fronts des ondes infinitésimales V + gh et V − gh sont toutes deux positives. Le régime est dit
torrentiel ou rapide.
Cette approche simple et pratique nous fournit une clef pour la distinction entre régime fluvial
et régime torrentiel, grâce à la comparaison des quantités V et gh . Si la première est inférieure à la
seconde, le régime est fluvial, sinon, il est torrentiel. Ce que traduit parfaitement le nombre de Froude :
V
F=
gh
Si F<1, le régime est fluvial. Si F>1, le régime est torrentiel. h désigne la hauteur moyenne
dans la section, calculée à l’aide du rapport de la section mouillée par la largeur au miroir (S/B) :
BV ²
F² =
gS
Evidemment, l’histoire n’a pas encore dit ce qu’il advenait lorsque F=1.
Pour prendre la mesure de ce que recèle cette égalité d’apparence si anodine, nous
recourrons à la notion de charge spécifique, notée Hs, exprimée en mètres (m) comme la charge de
Bernoulli dont elle est extraite, puisqu’elle s’écrit :
V²
Hs = h + ,
2g
avec Z(A) = ZF + h (h la hauteur d’eau, ZF la cote de référence prise au fond de la section
d’écoulement), c’est-à-dire qu’elle dérive de la charge Hsection par soustraction de la cote du fond.
Introduisons la relation de débit Q = V S(h) pour obtenir une équation en h :
Q²
Hs = h +
2 gS (h)²
Dérivons cette quantité par rapport à la hauteur h :
1
d
dH s Q ² S (h)² Q ² dS (h)
= 1+ = 1−
dh 2g dh gS (h) 3 dh B
dS dh
Or, et c’est bien là l’une des grandes utilités de
la largeur au miroir B, on a : dS(h) = B dh, d’où : S
dH s BQ ² BV ²
= 1− 3 = 1− = 1− F²
dh gS (h) gS (h)
Le cas F = 1 correspond au minimum de charge spécifique dans une section donnée, auquel
est associé une hauteur unique appelée hauteur critique, notée hc, exprimée en mètres (m). Le régime
est alors dit critique.
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h
On visualise ce minimum sur la courbe
Q=Q(h), à charge spécifique constante, dont
l’équation est : ( H s − h).( 2 gS ( h)²) = Q ² hc
On voit également que pour une charge
spécifique donnée, il existe deux façons de faire
passer un débit Q : l’une en régime fluvial et
l’autre en régime torrentiel. Q
Si, dans le calcul, c’est le nombre adimensionnel de Froude qui permet de qualifier le régime
de fluvial, critique ou torrentiel, dans la nature, d’un point de vue pratique, c’est à la pente i ou I du
cours d’eau qu’il faut imputer tel ou tel régime correspondant, comme l’intuition et le dictionnaire le
suggèrent. A une forte pente correspond le régime torrentiel, tandis qu’à une faible pente correspond
le régime fluvial. Il suffirait de connaître une relation entre cette pente i et le nombre de Froude F pour
clore définitivement cette question. Nous ne nous en priverons pas, le moment venu.
Pour l’heure, rappelons simplement que :
BV ²
F² =
gS
• si F ou F² < 1, le régime est fluvial
• si F ou F² = 1, le régime est critique
• si F ou F² > 1, le régime est torrentiel
La hauteur critique hc correspond au minimum de charge spécifique à débit fixé.
On dit d’un régime permanent qu’il est uniforme lorsque les caractéristiques de cet écoulement
(h, V, Q) ne présentent pas de variation dans son étendue et sa durée. A la constance temporelle
s’ajoute la constance spatiale, et donc, toutes les dérivées partielles des paramètres de l’écoulement
par rapport au repère spatial sont nulles.
Dès que l’une des caractéristiques de l’écoulement en régime permanent présente une
variation dans l’étendue du tronçon étudié, le régime est dit varié. On distingue le régime
graduellement varié, pour lequel les caractéristiques de l’écoulement varient lentement dans l’espace,
du régime rapidement varié, pour lequel elles varient rapidement. Le régime étant permanent, seules
des variations spatiales, et donc liées à la géométrie du lit, sont à l’origine des variations des
caractéristiques de l’écoulement.
L’écoulement uniforme peut, à ce titre, être considéré comme une régime théorique que
l’écoulement tendrait à adopter s’il n’était contraint à la variation par la géométrie du lit. On formalise
ce concept à l’aide de la notion de régime normal, qui correspond, pour les conditions hydrauliques et
géométriques d’une section donnée, aux valeurs que prendraient les caractéristiques de l’écoulement
(h et V), pour le même débit, si le régime était uniforme. En particulier, on note hN la hauteur normale,
exprimée en mètres (m) correspondant à ce régime normal, et on la compare à la hauteur critique hc
pour déterminer si le régime varié est fluvial normal (hN > hc) ou critique normal (hN = hc) ou torrentiel
normal (hN < hc).
On aura donc compris que l’écoulement peut parfaitement se trouver localement en régime
permanent graduellement varié avec une hauteur réelle inférieure à la hauteur critique, donc en régime
torrentiel, alors que la hauteur normale correspondante peut tout à fait être supérieure à cette même
hauteur critique, le régime normal étant donc fluvial. Il faudrait considérer un tel cas, absolument pas
marginal, comme un régime normal fluvial, localement torrentiel. Cet exemple peut être généralisé
comme suit :
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Nous avons pu aborder, dans les pages qui précèdent, un grand nombre de notions
hydrauliques sans faire appel aux équations fondamentales des écoulements, pour la simple raison
que nous avons cheminé à travers le temps en raisonnant, de manière accélérée et avec le confort du
recul, comme le firent les divers découvreurs de la science hydraulique : en partant de l’observation
pour dégager les théories qui les sous tendent.
L’équation de continuité constitue la première marche entre observation et théorie. Elle traduit
simplement l’évidence physique de la conservation de la masse de fluide contenue dans un volume
fictif Λ donné. L’eau étant incompressible dans les conditions de température et de pression qui nous
concernent, on conçoit en effet sans peine que toute la masse de fluide qui entre dans ce volume fictif
doit, pour ce faire, chasser une masse équivalente pour en prendre la place.
Si Q1 désigne le débit entrant dans le volume fictif Λ, et Q2 le débit sortant de ce même volume
fictif Λ, l’équation de continuité s’écrit tout simplement : Q1 = Q2 ou encore V1S1 = V2S2.
Arrêtons-nous un instant sur l’interprétation pratique de cette équation, pour démentir une fois
pour toutes une idée reçue communément répandue, et fausse. Les seuils et barrages mobiles en
rivière constituent certes un obstacle en rivière - c’est même souvent leur raison d’être. Ils peuvent
gêner les écoulements en les freinant et en les exhaussant, c’est indéniable - et même souhaité lors
de la conception. Mais en aucun cas, dès lors que le régime est stationnaire, ces ouvrages ne
« retiennent du débit ». Le débit qui arrive à l’amont d’un tel ouvrage en régime stationnaire franchit
l’ouvrage d’une manière ou d’une autre pour se retrouver intégralement à l’aval de l’ouvrage. Par
contre, lors des phases transitoires d’élévation des ouvrages, le volume en amont se comporte comme
un réservoir que le débit entrant remplit avant d’atteindre un nouvel état stationnaire... et de sortir à
nouveau intégralement à l’aval.
En régime transitoire, on traduit l’équation de continuité par le fait que tout volume entrant qui
n’est pas évacué par le flux sortant se traduit par une augmentation de volume entre l’entrée et la
sortie :
∂Q ∂h
+B =0
∂x ∂t
V1 ² V ²
Z1 + = Z 2 + 2 + ∆H1→2
2g 2g
Avec l’équation de continuité, nous disposons donc de deux équations pour trois inconnues :
V, Z et ∆H1!2. La détermination empirique des expressions pertinentes de cette perte de charge
donnera alors accès à la connaissance, pour un état de géométrie et d’écoulement donnés, des deux
paramètres qui nous intéressent : V et Z.
On définit la perte de charge linéaire, notée j et exprimée en mètre par mètre (m/m), comme
étant l’opposé du rapport de la perte de charge dH sur la distance curviligne infinitésimale dx séparant
S(x) et S(x+dx).
2
conséquence du régime turbulent (i.e. de l’agitation interne)
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∆H1→2 dH
j = − lim =−
1→ 2 x − x dx
2 1
Pendant que Bernoulli père et fils mettaient la dernière main à leur fameux théorème, Euler
écrivait l’équation de quantité de mouvement traduisant l’équilibre global des forces vectorielles
r
agissant sur le volume Ω de fluide considéré, de surface Σ, le vecteur
r normal étant désigné par n et
les forces extérieures agissant sur le volume ayant pour résultante F.
∂ v r r r r r r
∫∫∫
Ω
∂t
( ρV )dΩ + ∫∫ ρV (V . n )dΣ = F
Σ
Navier et Stockes ont exploité le théorème de la divergence sur une surface de contrôle pour
écrire cette équation localement sous la forme vectorielle :
∂ r r → r 1 → r r r
V + V grad (V ) = − grad ( p) + g + ν∆V
∂t ρ
r
ou encore, si V a pour coordonnées dans le repère cartésien (u, v, w), sous la forme projetée :
∂u ∂u ∂u ∂u 1 ∂p
+u +v +w =− + ν∆u
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂x
∂v ∂v ∂v ∂v 1 ∂p
+u +v +w = − + ν∆v
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂y
∂w ∂w ∂w ∂w 1 ∂p
+u +v +w =− + ν∆w − g
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂z
Dans le cas de l’eau, la viscosité ν est très faible (1,006.10 m²/s), et l’on peut légitimement
3 -6
faire l’hypothèse qu’il s’agit d’un fluide parfait, de viscosité nulle, de sorte que le système d’équations
paraît se simplifier.
Hélas, ces équations de Navier-Stokes demeurent malgré cela non linéaires, et n’ont pas de
solution analytique qui nous permettrait de décrire tous les écoulements de liquides dans les trois
ème
dimensions. Elles sont demeurées pour ainsi dire hermétiques jusqu'au dernier quart du 20 siècle,
ne cédant une part de leur mystère qu’à la force des schémas numériques de résolution et de l’essor
de l’informatique.
De ces expressions indigestes, on ne retiendra que l’existence, pour ce qu’elles ne nous sont
d’aucune utilité pratique, mais sont la base des outils numériques de calcul hydraulique.
3
se reporter au chapitre : Laminaire ou turbulent (nombre de Reynolds) page 5
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2. Régime permanent
2.1.1 Propriétés
dZ F dh dZ
j=− + = − F = i.
dx dx dx
Si le régime est uniforme, la perte de charge linéaire est donc égale à la pente du cours d’eau.
Et inversement, si la perte de charge linéaire est égale à la pente du cours d’eau (j = i), alors h est
constante, et donc, à débit constant, V l’est également, et le régime est uniforme.
Le régime uniforme est donc caractérisé par une hauteur, un débit et une vitesse moyenne
constants, ou encore, ce qui équivaut à la propriété de parallélisme entre le profil en long du fil d’eau et
le profil en long du fond.
Dans les conditions du régime uniforme, faciles à obtenir en laboratoire ou en nature dans un
canal de géométrie fixée assez long pour ne pas être perturbé par les effets de bord, un pas décisif
dans la connaissance empirique de l’hydraulique a été franchi par les hydrauliciens qui ont tenté
d’établir une relation entre les paramètres géométriques du canal et la vitesse moyenne de
l’écoulement.
On doit à Chézy la première tentative retentissante, avec sa formule :
V = C Rh i ,
où V est la vitesse moyenne (m/s), Rh le rayon hydraulique (m), i la pente du fond (m/m) et C
1/2
un coefficient empirique (m /s), dit de Chézy, dépendant de la forme de la section et des parois.
Pourtant, c’est Bazin qui établit une relation plus explicite du coefficient de Chézy :
87
C= ,
γ
1+
Rh
où γ est un paramètre représentatif de la rugosité du lit, variant de 0.06 pour un lit lisse
(ciment) à 1.75 pour un lit de terre enherbée et de galets. Cette formulation donne l’impression de faire
reculer simplement un cran plus loin le moment de décider du choix apparemment arbitraire du
paramètre représentatif du lit du cours d’eau et pourtant, elle a le mérite de mettre en évidence la
faiblesse de la formule de Chézy, dans laquelle le rayon hydraulique intervient dans plusieurs facteurs,
ce qui rend malaisée l’interprétation de son influence sur la sensibilité du calcul de la vitesse moyenne.
L’hydraulicien Manning, à qui cette faiblesse n’avait pas échappé, proposa une autre
expression du coefficient de Chézy :
1 16
C = Rh ,
n
ce qui permet une décomposition plus lisible de l’expression de la vitesse moyenne :
1 23 21
V = Rh i
n ()
où le paramètre n peut être décliné en abaque de rugosité selon une typologie exhaustive des
lits de cours d’eau.
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Cette formule est également connue sous le nom de formule de Strickler, du nom de
l’hydraulicien qui proposa le coefficient dit de Strickler, K, plus maniable que son inverse n dû à
Manning, et donc, plus couramment utilisée :
3 1
()
2
V = K Rh i 2
(
Q = KS (hN ) Rh (hN ) 3 i 2
2
)( )1
Il va de soi que, si le régime est uniforme, la hauteur d’eau de l’écoulement est égale à la
hauteur normale.
D’autre part, nous avons vu qu’un écoulement donné pouvait être de régime fluvial, critique ou
torrentiel selon que le nombre de Froude était inférieur, égal ou supérieur à 1. Mais il a été dit qu’en
nature, c’est la pente du lit qui détermine le régime du cours d’eau. La formule de Strickler nous fournit
la relation qui nous manquait entre la pente du cours d’eau et la vitesse, de sorte qu’on écrire
l’expression de la pente critique :
BV ² gS
F² = = 1 ⇒ Vc ² = c
gS Bc
4
or Vc ² = K ²( Rh c 3 )ic
gS c
d’où : ic = 4
Bc K ²( Rhc ) 3
Si, pour un débit donné, la pente du cours d’eau est supérieure à cette pente critique, le
régime est torrentiel. Si elle est égale, le régime est critique, et si elle est inférieure, le régime est
fluvial. Evidemment, la pente du cours d’eau ne bougeant pas (hypothèse de fond fixe), c’est bien la
pente critique qui est à recalculer pour ces comparaisons, en fonction du débit.
La notion de vitesse moyenne, que l’on a simplement définie comme le rapport du débit par la
section mouillée, cache mal l’hétérogénéité de la distribution des vitesses dans la section. Sur une
ligne verticale, on rencontre trois types de vitesses caractéristiques qu’il suffira de relier selon une
conique (paraboloïde) pour avoir une idée du profil des vitesses sur cette ligne :
• au fond, ou au contact de l’interface eau - lit, on peut considérer (hypothèse très classique)
qu’il y a adhérence (non glissement) entre le filet liquide et le matériau constitutif du lit, d’où
lim (V ( M )) = 0
M → interface( eau − lit )
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• sur une couche d’eau voisine de l’interface eau - lit, d’épaisseur ζ, l’écoulement est turbulent
rugueux, c’est-à-dire qu’il est fortement perturbé par la proximité d’anfractuosités et dissipe localement
de l’énergie, occasionnant le gros de la perte de charge linéaire et atténuant fortement la vitesse, si
bien qu’on peut écrire
lim(V ( M )) ≈ V
z →ζ −
ζ <V
Il résulte nécessairement de ces deux considérations qu’il existe une tranche de liquide dans
laquelle les molécules d’eau ont une vitesse sensiblement supérieure à la vitesse moyenne, atteignant
un maximum noté VM. Cette tranche est appelée le filon.
• au niveau de l’interface eau - air, les frottements et les tensions superficielles réduisent la
vitesse des molécules d’eau du filet liquide de surface libre à quelques pourcents de moins que la
vitesse maximale
lim(V ( M )) ≈ V
z→ Z
η < VM
Moyennant ces appréciations grossières, on dispose du portrait robot du profil des vitesses sur
une verticale de fluide :
Filon (VM)
VM
Pour mémoire, on peut retenir les quelques ordres de grandeurs indicatifs suivants :
Vη ~ 0.95 VM
VM ~ 1.25 V
Vζ ~ 0.30 V
On estime la profondeur de submersion du filon entre 20 et 30% de la hauteur d’eau, comptée
à partir du fil d’eau, et la hauteur ζ de la couche la limite entre 1 à 3 fois le diamètre d90.
2.1.5 Rugosité
13 10/09/02
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1 26
• K= =
n d 16
90
où d90 désigne le diamètre tel que 90% en masse du matériau est de diamètre inférieur.
Evidemment, cette formule est séduisante pour le dimensionnement de canaux nouveaux dans un sol
dont on pourrait connaître la courbe granulométrique, mais elle est difficile à mettre en œuvre pour un
cours d’eau réel. De plus, on peut également trouver la même formule avec d65, défini de la même
manière que d90, selon que l’on tient compte de l’entraînement (et donc la perte) à plus ou moins long
terme des éléments fins du matériau de lit. En l’absence de toute espèce de certitude en la matière, il
est fortement recommandé de tester les deux formules pour apprécier la sensibilité de la formule dans
un cas réel. Cette formule ne considérant que la rugosité de peau du matériau, on ne s’étonnera pas
d’obtenir grâce à elle un majorant du coefficient de Strickler réel.
• On peut aussi se baser sur les fourchettes de valeurs issues des études de Pardé qui
i
établissent une typologie des cours d’eau et lui associent les valeurs de K correspondantes, ou encore
4
utiliser les tables similaires du CEMAGREF .
4
cf. annexe à ce sujet
14 10/09/02
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En réalité, si ces différentes approches fournissent des ordres de grandeur de K, voire des
fourchettes de valeur probable en les combinant, la meilleure méthode pour déterminer K reste
l’utilisation de données in situ de mesure simultanée de la hauteur d’eau et de la vitesse... mais qui
souffrent malgré tout des incertitudes liées aux techniques de métrologie.
Il faut retenir que plus le lit est rugueux, plus le coefficient de Strickler est petit, et plus le lit est
lisse, plus le coefficient de Strickler est grand, et que les incertitudes sur la « véritable » valeur de K
sont telles qu’il est absurde d’écrire ce coefficient avec une précision inférieure à l’unité !
Le lit d’écoulement des cours d’eau réels n’est pas toujours suffisamment homogène pour
considérer qu’une valeur unique du coefficient de Strickler permet d’en refléter fidèlement la rugosité.
On peut ainsi trouver légitime de segmenter le périmètre mouillé total p en n segments homogènes au
plan de la rugosité, de périmètre mouillé pi ∈{1;...;n} , affectés chacun d’un coefficient de Strickler
Ki ∈{1;...;n} .
La formule de Mülloffer-Einstein permet de déterminer le coefficient de Strickler K résultant de
la composition de ces rugosités :
p pi
3 = ∑
{ }
3
2 i ∈ 1,...,n
K Ki2
sous réserve que cette hétérogénéité ne conduit pas à des tubes de courant de vitesse
différente au sein de l’écoulement qu’ils cisailleraient, avec les pertes d’énergie que cela impliquerait.
En particulier, les écoulements débordants, qui comprennent une vitesse en lit mineur souvent très
nettement supérieure à la vitesse en lit majeur, ne rentrent pas dans le champ d’application de cette
formule. Par contre, l’influence (sur les écoulements) du remplacement d’un fruit de talus en plaques
de béton (peu rugueuses, donc de coefficient de Strickler élevé) par une berge végétalisée (plus
rugueuse, de coefficient de Strickler plus petit) peut être examinée en recourant à cette formule.
2.2.1 Propriétés
15 10/09/02
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L’équation de la ligne d’eau (fil d’eau) correspond à la fonction Z=Z(x) ou encore h=h(x) dès
lors que la cote du fond est connue. Or, Hs = H - ZF, donc :
dH s dH dZ F
= − = −j +i
dx dx dx
= (1 − F 2 )
dH s dH s dh dh
et =
dx dh dx dx
d’où l’expression des variations de la surface libre de l’eau (hors du régime critique F=1) :
dh i− j
=
dx 1 − F 2
A partir d’une section d’écoulement de hauteur connue, on peut déduire de la formule ci-
dessus les tendances d’évolution, et donc, pas à pas, les hauteurs d’eau voisines. En écrivant, pour un
débit donné, les expression de i et de j par la formule de Strickler, on a :
4
i Q ² S ² Rh 3
=
j Q ² S ² R 43
n hn
Or les fonctions S(h) et Rh(h) sont croissantes, donc i − j est du signe de h − h N . D’autre
part, 1 − F ² est du signe h − hc .
La hauteur d’eau étant donc connue dans une section d’écoulement donnée, il est possible de
connaître la variation de hauteur de proche en proche à partir de cette hauteur connue selon sa
position par rapport aux deux hauteurs de références que sont hc et hN.
L’analyse de ces courbes de remous montre qu’en régime fluvial local, à partir d’une hauteur h
donnée, on tend toujours à l’amont vers une valeur déterminée hN ou hc. On retrouve là le constat
16 10/09/02
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empirique de « remontée » des informations qui nous avait permis de qualifier le régime fluvial avec la
propagation des ondes infinitésimales : les équations sont, en régime fluvial local, « déterministes » de
l’aval vers l’amont, ou, autrement dit, il suffit de connaître la hauteur dans une section donnée pour
déterminer la hauteur dans les sections situées en amont. Et de fait, une perturbation de l’écoulement
à un endroit donné n’a de répercutions qu’en amont de celui-ci.
A l’inverse, en régime torrentiel local, à partir d’une hauteur h donnée, on tend vers une valeur
connue hN ou hc... vers l’aval : l’information se propage, comme les ondes infinitésimales, de l’amont
vers l’aval, et il suffit de connaître la hauteur d’eau dans une section donnée pour déterminer la
hauteur d’eau dans les sections situées en aval. Une perturbation apportée à l’écoulement n’aura de
répercussions qu’en aval de celui-ci.
Pour ces raisons, on dit que le régime fluvial est contrôlé par l’aval, tandis que le régime
torrentiel est contrôlé par l’amont. Les courbes de remous peuvent être assemblées comme un puzzle
dès lors que l’on respecte ce principe dans le sens de propagation de l’information.
On peut illustrer l’utilisation simple des courbes de remous en examinant les changements de
régime. Imaginons un changement de pente (plus forte dans le tronçon aval que le tronçon amont)
dans un canal de section constante, tel que dans les deux tronçons, le régime est fluvial normal, tandis
que l’écoulement est uniforme à l’aval.
On sait donc que la hauteur d’eau à l’aval est égale à la hauteur normale hN2, déterminée à
l’aide de la formule de Strickler. Sur tout le tronçon aval, jusqu’au point précis de changement de
pente, la hauteur d’eau est donc déduite de la précédente, et égale à la hauteur normale hN2. Sur le
tronçon amont, de pente moindre, donc de hauteur normale hN1 plus haute, le régime étant fluvial, on
déduit chaque hauteur d’eau à partir de l’aval, où la hauteur est égale à hN2. La courbe de remous se
déduit donc simplement :
hN1
hc
hN2
hc
De même, il est aisé de prévoir la courbe de remous d’un changement de pente faisant passer
d’un régime torrentiel à un autre moins rapide, par exemple, mais cette fois-ci, il nous faut postuler que
le régime uniforme est établi en amont de notre tronçon amont, section de contrôle en régime
torrentiel.
On a donc h = hN1 à la limite amont, puis on dévale le premier tronçon jusqu’au changement
de pente, à partir duquel, seulement, on ressent l’influence du ralentissement (hN2 > hN1). On rejoint hN2
selon la courbe de remous idoine.
17 10/09/02
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hc
hN1
hc
hN2
Sans plus de complication, on peut mener un raisonnement similaire pour établir la courbe de
remous du passage d’un régime fluvial en amont à un régime torrentiel en aval... si ce n’est que nous
nous trouvons face à une petite subtilité en ce qui concerne la section de contrôle : il faut qu’elle soit à
l’aval du tronçon fluvial, et à l’amont du tronçon aval... c’est-à-dire exactement à la jonction entre les
deux tronçons. S’agissant d’une section de contrôle unique pour deux régimes différents, il ne peut
s’agir que de la hauteur critique hc. Cette propriété intéressante se rencontre à chaque fois qu’un
régime fluvial amont jouxte un régime torrentiel aval par une section de contrôle, ce qui est bien
pratique lorsqu’on veut mesurer un débit par exemple : il suffit d’alterner une pente douce avec une
pente raide provoquant le régime torrentiel pour mesurer à coup sûr hc au droit du changement de
pente, et en déduire Q par la formule de hc, fiable dès lors que la géométrie section est judicieusement
choisie !
hN1
hc
hc
hN2
Ce dernier cas est le plus problématique des quatre, et il suffit d’appliquer le raisonnement des
sections de contrôle pour s’en apercevoir. Considérons un tronçon amont en régime torrentiel et un
tronçon aval en régime fluvial. La section de contrôle du tronçon amont est donc son extrémité amont,
puisqu’on est en régime torrentiel, où la hauteur (régime uniforme) est hN1. La section de contrôle du
tronçon aval est son extrémité aval, puisqu’on est en régime fluvial, où la hauteur (régime uniforme)
est hN2. On peut donc dévaler la courbe de remous à partir de la section amont du tronçon amont, et
remonter cette même courbe de remous depuis la section aval. Mais puisqu’on est en régime torrentiel
normal à l’amont, l’influence du changement de pente ne se fait pas sentir tant qu’on n’atteint pas
exactement cette section, et de même, en régime fluvial normal à l’aval, le changement de pente n’a
pas d’influence sur tout le tronçon aval, ce qui implique qu’en dévalant à hN1 depuis l’amont, et en
18 10/09/02
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remontant à hN2 depuis l’aval, on se trouve directement, dans la section de changement de pente, avec
une hauteur d’eau qui peut être hN1 dans la section immédiatement voisine à l’amont, et hN2 dans la
section immédiatement voisine à l’aval ! Or, hN1 et hN2 sont de part et d’autre de hc... nous voici avec
deux hauteurs possibles en une même section !
En réalité, pour assurer cette transition brutale entre le régime torrentiel et le régime fluvial, la
nature se ménage une zone de forte agitation dans laquelle le niveau de l’eau se surélève
brusquement dans un rouleau d’eau où il n’est pas possible de déterminer, à un instant donné, si la
ligne d’eau se trouve à la hauteur fluviale ou torrentielle.
hc
hN1 h2
hN2
h1
Cette zone de transition du régime torrentiel au régime fluvial s’appelle ressaut hydraulique, et
rien d’autre ne porte un tel nom.
Selon l’intensité de l’écoulement torrentiel, la masse d’eau lente du régime fluvial est
repoussée plus ou moins loin vers l’aval, allant éventuellement jusqu'à faire commencer le ressaut
après la ligne de changement de pente. Mais s’il est de faible intensité, le régime fluvial peut occuper
tout le tronçon aval et noyer une partie du tronçon amont.
On appelle hauteurs conjuguées h1 et h2 les hauteurs à l’amont et à l’aval du ressaut
hydraulique.
Le théorème d’Euler permet d’établir la relation entre h1 et h2 pour un ressaut donné. Il fait
intervenir les paramètres θ1 et θ2, qui sont les ratios de hauteur correspondant au centre de gravité y1
et y2 des sections mouillées S1 et S2 encadrant le ressaut : y1 = θ1 h1.
F1 désignant le nombre de Froude dans la section S1, on a :
S 2 h2 S
θ2 − θ1 = F1 ² 1 − 1
S1 h1 S2
19 10/09/02
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Nous avons vu qu’il existait deux catégories de pertes de charge : les pertes de charge
linéaires, liées au frottement, et les pertes de charge singulières qui affectent la charge hydraulique en
un endroit donné. Cette notion a été mise en évidence pour les écoulements en charge, où elle joue un
rôle très néfaste dans la capacité de transport des fluides en réduisant l’efficacité et le rendement des
dispositifs de mise en mouvement de ces fluides, et les capacités d’évacuation d’une conduite donnée,
impliquant donc un surdimensionnement ici de la hauteur de relevage des stations de pompage, là des
sections d’écoulement nécessaires pour évacuer les débits idoines.
Ainsi, lorsqu’une singularité se présente dans la géométrie d’une conduite en charge, elle fait
chuter la charge hydraulique dans la section immédiatement voisine, dans le sens de la propagation
des informations hydrauliques. Son influence est donc ponctuelle et durable.
Ligne de charge
Ligne piézométrique
Physiquement, cette perte de charge provient du fait que la veine liquide se décolle d’une
géométrie aux variations trop brusques, entraînant la neutralisation de la zone comprise entre la veine
liquide décollée et la veine solide de la géométrie, et l’augmentation locale de la turbulence par
resserrement des filets liquides.
L’hydraulicien Borda établit, à l’aide du théorème de quantité de mouvement, l’expression
explicite de cette perte de charge pour un élargissement brusque, qui fut adoptée pour toutes les
pertes de charges singulières en écoulement en charge, dite formule de Borda :
V ²
∆H = ξ ⋅ 1
2g
où V1 est la vitesse à l’amont de la singularité et ξ un paramètre dépendant de la forme et de la
rugosité de la singularité, et de la turbulence de l’écoulement (nombre de Reynolds), nommé
coefficient de perte de charge singulière..
L’hydraulicien russe Idel’cik dressa les tables de référence de détermination de ce coefficient
de perte de charge pour les principaux types de singularités : orifice d’entrée ou de prise d’eau,
élargissements brusques, diaphragmes, diffuseurs, coudes, branchements, grilles, vannes, clapets,
joints, saillies, entretoises, orifice de rejet d’eau et appareils hydrauliques.
Il était séduisant de transposer cette importante littérature technique pour les écoulements en
rivière, mais les singularités ne produisent pas en surface libre les mêmes perturbations que dans les
écoulements en charge.
Ainsi, la singularité génère une perte de charge singulière qui, au lieu d’abaisser brusquement
la ligne de charge, produit ses effets sur une zone d’influence étendue, répartissant la perte de charge
20 10/09/02
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singulière de part et d’autre de l’obstacle. Mais loin en amont et loin en aval, à moins d’une dissipation
d’énergie de type ressaut hydraulique, l’écoulement retrouve ses caractéristiques énergétiques comme
s’il n’y avait pas de singularité.
Pour une singularité donnée, on peut donc estimer la perte de charge singulière associée, qui
provoquera un remous en amont (en régime fluvial) ou en aval (en régime torrentiel) sur une certaine
longueur d’amortissement. Compte tenu de la difficulté de calculer précisément ces courbes de
remous dans un cas de rivière réel, on conçoit facilement les limites d’une méthode à tâtonnements
successifs pour déterminer la bonne perte de charge singulière.
Longueur d’amortissement
Aussi, faute de mieux, la pratique consiste à faire appel à une formulation de la perte de
charge singulière extrapolée de la formule de Borda :
(V1 − V2 )²
∆H = ξ
2g
en déterminant ξ par les abaques des écoulements en charge en première approximation, puis
en ajustant ce paramètre dans la mesure du possible.
La formulation de Borda pour les pertes de charge singulières en cours d’eau reste un pis-
aller, auquel il ne faut avoir recours qu’avec prudence et parcimonie, à défaut de disposer d’une
formulation mieux adaptée dans la bibliographie.
Nous présentons ci-après trois cas pour lesquels la perte de charge singulière dans un
écoulement en rivière a été déterminée.
La présence d’un ouvrage maçonné de type pile de pont ou de barrage dans le lit mineur d’un
cours d’eau prive ponctuellement la section d’écoulement d’une fraction de surface mouillée,
occasionnant un rétrécissement générateur de remous, puis, dans la foulée, un retour à la section
d’écoulement nominale par un élargissement plus ou moins brutal, générateur de perte de charge
singulière à la Borda.
21 10/09/02
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h’N
hN h’N hN
h’c h’c
hc hc
hN hN
hc hc
Cg
hN (Q)
B0
ou L B D
Cd Cg B Cd
B0 ou L
22 10/09/02
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Le coefficient de contraction (due aux culées) noté M désigne le rapport B/L ou B/B0. Le
coefficient d’obstruction (due aux piles) noté J désigne le rapport D/B. Le coefficient d’excentricité (due
aux culées) noté e désigne la valeur absolue du rapport (Cg-Cd)/max(Cg,Cd).
Pour un ouvrage biais dans l’écoulement, on rapporte toutes les largeurs caractéristiques à
leur projection sur la section orthogonale à l’axe de l’écoulement principal, pour refléter les largeurs
« apparentes » selon l’axe d’écoulement.
On dispose de deux méthodes pour calculer l’exhaussement maximal à l’amont des piles.
• Une autre formule a été proposée par Rehbock, avec le mérite de faire appel à moins de
paramètres :
V ² V ²
[ ]
∆h = µ R − σ .( µ R − 1) . (0.4.σ + σ 2 + 9σ 4 ). 1 + 2 . 2
gh N 2 g
où σ est le taux de réduction global de la section due aux culées et aux piles :
B−D B−D
σ= =
B0 L
dans le cas schématique, ou, plus généralement, le rapport entre la surface mouillée normale
avec aménagement sur la section mouillée normale avant aménagement ;
µR est un coefficient caractéristique de forme des piles, fourni par des abaques
6
Q
et V2 est la vitesse aval sous la hauteur normale V2 = .
B0 hN
Le principe de ces équations reste applicable si le régime est graduellement varié, en
assimilant hN à la hauteur de tirant d’eau avant aménagement.
Tant que l’écoulement est cantonné en lit simple, les méthodes proposées permettent d’avoir
une assez bonne idée du remous d’exhaussement lié aux piles de l’ouvrage étudié. Les choses se
compliquent nettement si l’écoulement est débordant et occupe deux lits dans le régime normal ou
avant aménagement. En effet, l’exhaussement de la ligne d’eau en amont de l’ouvrage augmente
localement la pente hydraulique dans le lit mineur et le lit majeur, ce dernier pouvant éventuellement
opposer moins de résistance à l’avancement liquide que le premier, et donc, capter une fraction plus
importante de débit. La détermination de l’équilibre de répartition des débits entre les deux lits est la
clef du calcul de remous d’exhaussement en lits composés.
On applique donc la formule de Bradley à chacun des deux lits selon le paramètre α de
transfert de débit du lit majeur vers le lit mineur (+αQmaj dans le lit mineur, -αQmaj dans le lit majeur).
On a donc, après aménagement, Q1 = Qmin + αQmaj dans le lit mineur et Q2 = (1-α) Qmaj dans le
lit majeur. Le calcul des rapports de contraction devra tenir compte de ces transferts de débits, de la
manière suivante :
5
cf. annexe à ce sujet
6
cf. annexe à ce sujet
23 10/09/02
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hN maj
Qmaj Q2 h maj
Qmin
h min Q1
hN min
Cgmin D Cdmin
Lmin Lmaj
Bmin
Lmin Lmaj
Pour en terminer avec les pertes de charge liées aux piles en rivière, on signalera simplement
la schématisation de ces formulations, qui les rend d’autant plus difficilement applicables que les
formes de lit mineur et majeur s’éloignent du bien commode rectangle ! Et quand bien même, les
incertitudes de lecture des abaques couplées aux imprécisions des formulations expérimentales
conduisent à prendre du recul par rapport aux résultats obtenus pour le remous d’exhaussement. S’ils
sont pertinents comme ordre de grandeur réaliste de ce remous, ils doivent être complétés, pour les
infrastructures traversant des vallées importantes, par des essais sur modèle réduit par exemple pour
affiner ces impacts.
Enfin, on remarquera que si les formules permettent d’estimer la perte de charge singulière, la
longueur d’amortissement du remous, elle, ne pourra généralement découler que d’une modélisation
hydraulique.
24 10/09/02
Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Groupe d’Hydraulique Fluviale
On désigne sous le nom de seuil une surélévation franche et artificielle du fond d’un cours
d’eau. Ce type de contraction de section d’écoulement peut être rencontré indifféremment en régime
fluvial ou torrentiel, avec des effets visibles sur la ligne d’eau tout à fait contraires. A titre d’illustration,
l’application des raisonnements de remous fournit quatre grands types d’influence d’un seuil en rivière,
selon que HN est supérieur ou non à H’c dans la section du seuil.
Les deux cas de régime torrentiel normal sont l’un relativement inintéressant en pratique (la
surélévation du niveau étant modeste et circonscrite strictement à la zone de l’ouvrage lui-même), et
l’autre déjà abordé dans ce cours, puisqu’il s’agit d’un ressaut hydraulique dont nous avons établi les
hauteurs conjuguées et la dissipation d’énergie. Ce dernier cas est mis en pratique dans les ouvrages
de dissipation d’énergie en aval des ouvrages générant de fortes vitesses d’écoulement nuisibles à la
sécurité des biens et des personnes.
Par contre, dans le cas du régime fluvial normal, le seuil a une influence sur toute une zone en
amont de la singularité, traduite par une surélévation du niveau d’eau, ou encore un exhaussement, ou
encore une perte de charge singulière. Nous nous concentrerons ici sur la détermination de cette perte
de charge singulière en régime fluvial normal.
Imaginons une rivière dont la charge à l’amont d’un seuil serait connue et fixée, mais dont
nous modifierions à notre guise la charge à l’aval de ce seuil. On peut imaginer que le niveau amont
est un réservoir suffisamment grand pour que le niveau reste sensiblement constant pendant la durée
de l’expérience, tandis que le niveau aval est une vidange que nous contrôlons par le niveau. Il est
facile de visualiser les différentes configurations types de cet abaissement, numérotées de 1 à 5.
La cinquième courbe traduit un 1
2
changement considérable par rapport aux 3
quatre précédentes : la lame d’eau sur le seuil, 4
dont on comprend bien qu’elle s’amenuise au 5
25 10/09/02
Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Groupe d’Hydraulique Fluviale
Ces deux contraintes n’ayant aucune variation notable si on continue d’abaisser le niveau à
l’aval, on n’a aucun mal à considérer que la nappe libre franchissant le seuil n’est pas plus influencée
par le niveau aval : on retrouve le concept de dénoyage de la singularité : le niveau aval n’influence
plus les conditions d’écoulements sur l’ouvrage.
7
De même, on a vu que le débit à rayon hydraulique fixé était une fonction croissante de la
pente hydraulique, laquelle, le niveau aval s’abaissant à niveau amont constant, tend donc à
augmenter progressivement entre les états 1 à 4. On a donc Q1 < Q2 < Q3 < Q4. Mais, considérant que
la lame d’eau s’écoule de manière similaire quel que soit le niveau aval en-dessous du cas n°5, on sait
que le débit a atteint une valeur maximum entre les cas n°4 et 5. Et comme on passe d’un régime
fluvial à un régime dénoyé au droit du seuil, on sait que la hauteur de la lame d’eau sur le seuil, pour le
cas n°5, est la hauteur critique.
On retrouve ainsi ce que
nous permettait de prédire
mathématiquement l’examen de la h
courbe Q = f (h) à Hs constant :
pour une charge spécifique amont hc
donnée, le débit évacué par une
section atteint un maximum, pour la
hauteur critique hc.
Q
On peut considérer que la charge H0 en amont du seuil comptée à partir du sommet de la
crête est égale à la charge spécifique de la lame d’eau au droit du seuil en l’absence de pente
géométrique et de perte de charge singulière de dissipation, donc Hs = H0 = Hc, donc
Vc 2 gh 3
H 0 = hc + = hc + c = hc
2g 2g 2
En régime dénoyé, pour un seuil de section rectangulaire de largeur B, on peut donc écrire :
2 3
Qdénoyé = Vc . S c = ghc . Bhc = B 2 g . H 0 2 plus familière sous la forme dite de Bazin :
3 3
3
Qdénoyé = 0.385. B. 2 g . H 02
Nous avons raisonné en fixant les hauteurs à l’amont et à l’aval pour déterminer le débit
correspondant sur le seuil. Mais la plupart du temps, on considère plutôt un débit qui doit franchir un
seuil, et on détermine la perte de charge en calculant, à l’aide des formules idoines, la hauteur amont
nécessaire pour ce faire. Fixons le débit et examinons l’influence de la hauteur aval sur la charge.
Lorsque la charge à l’aval immédiat du seuil dépasse une certaine valeur, elle influence
l’écoulement en le ralentissant, et, pour un débit donné, provoque une surélévation « supplémentaire »
de la charge à l’amont du seuil. Cet état est dit noyé.
La transition entre dénoyage et noyage du seuil est L
très importante pour la capacité d’évacuation de débit, car à
débit identique, la charge amont, et pratiquement, la hauteur
amont, peut être augmentée de manière conséquente,
engendrant une forte hausse de la perte de charge, sur une
y1
grande longueur en amont.
La frontière est instable et sensible. La démarche de
détermination des conditions d’écoulement sur un seuil doit p y2
être scrupuleusement suivie pour éviter toute erreur dont les
conséquences peuvent être sérieuses.
C
7
au paragraphe : Formules empiriques page 11
26 10/09/02
Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Groupe d’Hydraulique Fluviale
a) Niveau de référence des charges hydrauliques : les hauteurs hydrauliques (y1 et y2) les
charges hydrauliques sont comptabilisées au-dessus de la cote du sommet de la crête du seuil, de
même que la charge amont (Y1=y1+(V1²/(2g))) et la charge aval (Y2=y2+(V2²/(2g))). Le volume de fluide
devant la pelle du seuil, notée p et exprimée en mètres, ne participe pas à l’écoulement qui franchit
l’obstacle. On a donc : hi = p + yi et Hi = p + Yi.
Y1 y2
En cas d’incertitude sur le critère de noyage, il est recommandé de mener les deux calculs
(noyé et dénoyé) et de prendre les précautions idoines. Il est à noter qu’un bon dimensionnement de
seuil en rivière devrait faire en sorte que, pour les écoulements dimensionnant ou de projet, le seuil ait
un comportement hydraulique stable.
27 10/09/02
Centre d’Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales Groupe d’Hydraulique Fluviale
e) Débit dénoyé : dans la grande majorité des cas, µ sert à déterminer le débit dénoyé selon
une formule du type :
3
Qdénoyé = µ . L. 2 g .Y1 2
Pour les seuils épais rectangulaires, la formule de Bazin donne µ = 0.385. Pour un seuil mince
rectangulaire, on retiendra la valeur indicative de µ = 0.43.
ebis) Débit noyé : d’une manière générale, on retiendra de l’examen de la littérature technique
le fait que la prise en compte du noyage du seuil se fait soit par la multiplication du débit dénoyé par un
coefficient modérateur pour les seuils minces, soit par la réduction plus complexe de la charge
« motrice » amont par la charge aval « freinage » :
3
Qnoyé = K noyage . Qdénoyé = K noyage µ. L. 2 g .Y1 2 pour les seuils minces
Qnoyé = µ. L. y 2 . 2 g (Y1 − y 2 ) pour les seuils épais
Bien que l’hypothèse d’horizontalité de la ligne d’eau dans un profil en travers orthogonal à
l’axe d’écoulement principal soit généralement vérifiée, les quelques cas où elle ne l’est pas méritent
d’être signalés et examinés, afin de tordre le cou au réflexe quasi généralisé de recours à des modèles
complexes dès qu’un problème de ce type se présente.
Un écoulement qui aborde un virage voit ses lignes de courant amorcer des trajectoires
hélicoïdales plus ou moins amples selon la courbure du lit, le courant de surface tendant à rouler sous
le courant du fond et vice versa jusqu'à la sortie du virage. Le cheminement hydraulique des molécules
de fluide est donc rallongé, et par conséquent, la perte de charge par frottement également. Certains
auteurs proposent une diminution du coefficient de Strickler de 5 à 20% selon la courbure du virage,
dans tout le virage, pour tenir compte de ce ralentissement. Mais on peut également considérer une
perte de charge singulière soit dans la section amont (régime fluvial) soit dans la section aval (régime
torrentiel) bornant le virage, de sorte que les considérations de remous propagent cet exhaussement
maximal.
∆h
A
B
θ C
A
∆h
A
B C B
La formulation (classique) de cette perte de charge singulière est de type Borda, avec un
coefficient de perte de charge calculé en fonction du rayon moyen du virage, de la largeur au miroir B,
de la hauteur normale et de l’angle balayé par le virage. Pour les canaux et cours d’eau, K peut
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prendre des valeurs comprises entre 0 et 0.5-1.0. Dans ces conditions, il va de soi que seuls les
écoulements rapides peuvent subir une perte de charge de virage significative. L’analyse des
graphiques d’abaques montre que les pertes de charge dans les courbes sont négligeables pour θ<45°
et r>2B.
Les abaques fournissant les valeurs du coefficient de perte de charge singulière sont issues
de l’expérience, et si elles ne sont pas la panacée universelle, et ne se substituent pas aux études sur
modèle réduit lorsque les enjeux le justifient, elles permettent toutefois de traiter simplement les cas
de virages prononcés en rivière sans qu’une modélisation mathématique 2D ou 3D soit nécessaire.
En plus de cet exhaussement de la ligne de charge et de la surface libre moyenne dans le
virage, l'écoulement peut prendre un dévers dans son profil en travers par l’action des forces
centrifuges.
∆Z
3.4.2 Confluences
La rencontre de deux écoulements distincts dans une confluence génère une perturbation des
lignes de courant : d’une part, l’éventuel rétrécissement relatif de la section totale d’écoulement dans le
défluent par rapport à la somme des surfaces mouillées des affluents freine ces derniers ; d’autre part,
la prépondérance de l’un des affluents sur l’autre génère un « enfoncement » des lignes de courant du
plus faible et un décollement de celle du plus fort, répartissant la perte de charge globale en défaveur
de l’affluent le plus faible.
Ces pertes de charge ont fait l’objet de nombreuses recherches pour les écoulements en
charge, mais aussi pour les écoulements à surface libre, dans le cas de canaux rectangulaires.
29 10/09/02
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de perte de charge résultant étant alors... négatif (provoquant un abaissement de ligne d’eau plutôt
qu’un remous d’exhaussement, et une accélération)! D’autre part, un écoulement très faible dans l’un
des affluents ne signifie pas qu’aucune gêne n’est occasionnée à la confluence : l’élargissement
brusque, puis le rétrécissement qui lui répond quelques mètres plus loin, sont source d’une perte de
charge pour l’affluent principal. On retiendra comme ordre de grandeur un coefficient de perte de
charge singulière de l’ordre de 0.1 lorsque l’un des affluents est de débit quasi nul, et entre 0.3 et 0.7
pour les angles compris entre 30 et 80° avec des débits sensiblement distincts.
Les choses se compliquent encore lorsque la confluence déborde. Là encore, les pires
conséquences ne sont pas à attendre pour des débits sensiblement égaux en lit majeur « mitoyen »,
car les deux écoulements ont tendance à « s’épauler » et à se guider dans une même direction vers le
défluent. Par contre, il faut redouter les écoulements en lit majeur qui transfèrent des quantités parfois
importantes d’eau de l’affluent dominant le lit majeur de la confluence vers l’affluent qui subit la
confluence pour sa partie de lit majeur. Une bonne analyse de confluence dans le cas d’un
débordement en lit(s) majeur(s) se doit donc d’apprécier d’une part l’impact de crues comparables sur
les affluents, et d’autre part, les effets d’un déséquilibre de débit en faveur de l’un, puis de l’autre
affluent.
Illustration - transferts d’eau dans le confluent Aisne - Oise et impact d’un aménagement dans
cette zone, pour des crues concomitantes : à gauche, les grosses flèches indiquent les courants de
transfert entre les deux affluents au sein de la confluence ; à droite, un remblai projeté dans la
confluence (en traits discontinus) bloque ces transferts et perturbe sérieusement les champs de
vitesse (visualisés par les petites flèches colorées).
30 10/09/02
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Nous avons déjà évoqué le cas d’une pile d’ouvrage en rivière, dont la présence induit une
surélévation du niveau en amont, ou remous d’exhaussement, d’autant plus important que la section
occupée par le génie civil est grande, mais aussi, à section d’obstruction donnée, que la forme des
piles est anguleuse ou asymétrique. La matérialisation des lignes de courant nous montre l’existence
d’une zone localement plus fortement perturbée, autour de la pile, dont nous allons préciser la nature.
Les lignes de courant incidentes dont la trajectoire non perturbée tendrait à traverser la zone
occupée par l’obstacle sont contraintes de contourner cette zone en en épousant le contour, puis, à
retrouver la trajectoire non perturbée à l’aval de l’obstacle. Pour ce faire, la courbure du fluide mu par
une certaine vitesse localement accélérée du fait du rétrécissement de section mouillée, ne parvient
pas toujours à épouser le contour aval de l’obstacle : il y a alors décollement de la veine liquide qui
délimite une zone de recirculation (ou d’ombre hydraulique) et de courants secondaires dissipateurs
d’énergie.
L’obstacle est alors soumis à un gradient de pression de part et d’autre de la zone perturbée,
ainsi qu’à une force de frottement lié à la viscosité de l’eau et à la rugosité du génie civil. Cette
dernière force est souvent négligée au profit de la première, et on synthétise la résultante des forces
de traînée qui s’applique à l’obstacle dans le sens de la vitesse moyenne de l’écoulement sous la
forme :
1
F= ρ .V ². A. C x
2
où A désigne le maître couple de l’obstacle dans la direction principale de l’écoulement et Cx
désigne, selon la notation empruntée à l’aérodynamique, le coefficient de traînée intégrant la forme de
l’obstacle et la turbulence de l’écoulement, combinées dans l’analyse du sillage et de sa stabilité.
La détermination de ce coefficient est la clef de la force de traînée. Elle nécessite souvent le
recours à des essais physiques pour une bonne précision, mais on peut se contenter de quelques
valeurs typiques résultant d’essais menés par White et publiés en 1994. On y constate que le
coefficient de traînée maximum (~2) est obtenu pour une pile carrée présentant l’une de ses face
frontalement à l’écoulement. La même pile tournée de 45° pour présenter l’un de ses coins à
l’écoulement voit son coefficient de traînée réduit à 1.6, soit 20% de moins.
L’allongement de la dimension dans la direction principale de l’écoulement tend à régulariser
l’écoulement dans le sillage et à limiter le gradient de pression, de même que des formes d’obstacle
de trace quadratique respectent mieux la courbure des trajectoires de fluide et contribuent à réduire le
coefficient de traînée. On retient ainsi comme ordre de grandeur un coefficient égal à 1 environ pour
une forme anguleuse dont la longueur dans le sens de l’écoulement est de l’ordre de quatre à six fois
la largeur, tombant à 0.3 pour une forme elliptique de mêmes proportions pour les axes.
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Fa
G’ i
(
ωeau
)
V²≥ ω −1.d. 5.10−4 d
2 h
() −1/ 5
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A titre indicatif, on peut fournir quelques ordres de grandeur des vitesses moyennes
susceptibles d’entraîner du matériau selon sa nature :
Ces valeurs issues des travaux de Quidotchnik Stroitlevsk sont valables sous une hauteur
d’eau de 1 mètre. On appliquera les modificateurs suivants pour des hauteurs entre 0.50 et 3 mètres :
Mais la littérature technique fournit également des formules empiriques, telle celle de
Velikanov V²crit =g.(14d +5.8) avec d en mm. Le recours à la notion de force tractrice est également
récurrent, pour relier la vitesse moyenne à la contrainte de cisaillement du matériau au fond.
On peut remarquer, sans s’étendre sur le sujet, que la corrélation directe entre vitesse
moyenne et entraînement de matériaux explique que les conditions hydrauliques structurantes de la
morphologie des cours d’eau correspondent aux vitesses moyennes maximales en lit mineur, et donc,
au débit de plein bord. Les crues débordantes, plus rares et soumises à des dissipations d’énergie - et
des réductions de vitesse moyenne - dans les interactions entre les écoulements en lit mineur et en lit
majeur, traumatisent le lit plus qu’elles ne façonnent.
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suspension
saltation
charriage
Même dans le cas d’un charriage à l’exclusion des deux autres modes de transport, la
détermination du débit solide est compliquée par le risque de pavage, phénomène par lequel
l’agencement des matériaux de granulométrie étendue forme une structure dont la stabilité globale vis-
à-vis des forces hydrodynamiques empêche un mouvement qu’aurait dû prendre chaque élément pris
seul dans le courant.
La formule de Meyer-Peter est l’une des plus communément utilisées en première approche
du charriage :
3/ 2
V²
Qs = 20. B. ( Rh . j − 0.08. d )
3/ 2
= 20. B. 1/ 3 − 0.08. d
3
en m /s,
K ². Rh
si le terme entre parenthèse est positif.
En calculant ce débit solide en deux sections d’écoulement consécutives, on sait, par
continuité appliquée au débit solide, le volume de sédiment qui s’est déposé ou qui s’est arraché, et
les variations de hauteurs de fond à en déduire.
Enfin, si les considérations de vitesse moyenne permettent d’analyser succinctement la
mobilisation du sédiment pendant un écoulement, elles ne rendent pas compte de toutes les situations
d’érosion, et notamment, elles escamotent les problèmes de courants secondaires qui apparaissent à
proximité des obstacles en rivière et dissipent localement une énergie plus forte que l’écoulement
moyen où ils se nichent, générant des érosions parfois assez conséquentes dans des zones que
l’analyse des vitesses moyennes aurait classé comme stables.
8
4.2 Force tractrice et affouillement autour des ouvrages
Les conditions d’arrachement par l’écoulement des alluvions ou des blocs de protection placés
au droit des ouvrages (barrages mobiles, seuils, pieux ...) sont décrites en combinant une loi
d’arrachement à une loi de frottement. Ce modèle est déjà simplifié. En particulier :
♦ il suppose que l’écoulement est unidimensionnel, et ne prend pas en compte les effets
multidirectionnels (rouleaux à axe horizontal ou vertical),
♦ il considère un diamètre D unique des protections, et néglige donc les effets éventuels
d’une granulométrie étendue (pavage par exemple),
♦ il fait intervenir une grandeur h’ (épaisseur de couche limite) non évaluable directement par
le calcul.
8
intégralement extrait des Recommandations pour le calcul aux états limites des ouvrages
maritimes et fluviaux
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τ c = Ac . g .( ρs − ρ ). D
avec :
τ = ρ . g .h. J
h. J
A=
∆. D
• il y a affouillement, la profondeur atteignant une valeur telle que A diminue jusqu'à la valeur
critique,
• pour éviter l’affouillement, on met en place des enrochements dont les caractéristiques D et
∆ sont telles que A reste en deçà de la valeur critique.
K = 21. D −1/ 6
35 10/09/02
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h 1/ 6
V = k. g( ) h. J
D
avec :
La relation ci-dessus suppose que l’écoulement est entièrement régi par le frottement sur le
tronçon considéré. Le terme g .h. J est représentatif de la force motrice de gravité (poids d’une tranche
1/ 6
h
d’eau verticale de l’écoulement d’eau considéré), alors que le terme k est représentatif des
D
forces de frottement elles-mêmes liées aux conditions d’écoulement dans la couche limite.
L’équation de frottement est donc généralisée en introduisant dans la formule, d’une manière
qualitative, la notion d’épaisseur de la couche limite notée h’ (loi de frottement) :
1/ 6
h'
V = k. g h. J
D
♦ en considérant par exemple un écoulement à la sortie d’un radier lisse (en béton), la
couche limite à l’aval immédiat de l’ouvrage est peu développée. Le profil des vitesses est
plus carré, la vitesse près du fond est donc plus grande que dans l’écoulement rugueux de
même vitesse moyenne (donc la force tractrice est plus grande également). On peut tenir
compte de cette particularité en admettant h’ < h.
1/ 6
h'
Vc = k . g Ac . ∆ . D
D
♦ les propriétés des protections D et ∆ sont alors calculées de façon que la valeur de Vc reste
supérieure à V,
36 10/09/02
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Vc = n 2. g . ∆ . D
−1/ 3
h'
Ac = 0 ,03.1n 2
D
Ac = 0,060
9
4.3 Quantification des affouillements
L’étude des affouillements au voisinage des ouvrages s’inscrit dans le cadre d’une étude
locale d’un secteur limité à la proximité de l’ouvrage considéré. A l’intérieur de ce secteur, l’ouvrage
génère en général une perturbation du champ des vitesses de l’écoulement, susceptible de provoquer
des affouillements du fond de la rivière ou des berges (accélérations de l’écoulement, ressaut
hydraulique, tourbillons à axe horizontal ou vertical, etc ...).
Cette étude est indissociable de celle des protections, dont le détail est exposé dans les
fascicules Barrages mobiles, Quasi sur pieux et Digues des voies navigables. Le principe de calcul est
du ressort de la conception.
Dans tout ce qui suit, nous supposons que les études globales relatives à l’hydraulique et à la
sédimentologie de la rivière sont effectuées. Les données et informations suivantes sont donc
disponibles :
9
idem
37 10/09/02
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♦ la loi hauteur débit à l’aval, ainsi que son évolution possible dans le temps, couvrant toute la
gamme des débits représentatifs considérés ; la non prise en compte d’un abaissement
possible du lit à l’aval de l’ouvrage peut entraîner une erreur grave dans le
dimensionnement du bassin de dissipation (le ressaut hydraulique peut être chassé à l’aval
si la hauteur d’eau aval est en réalité inférieure à celle qui a été prise en compte dans les
calculs),
Dans la grande majorité des cas, il n’est pas admis d’affouillement à l’aval immédiat de
l’ouvrage, car cela conduirait à une situation non contrôlable qui pourrait mettre en cause la pérennité
de l’ouvrage. Des protections sont donc mises en place. Les règles de dimensionnement des
protections sont issues des formules générales indiquées dans le fascicule Barrages mobiles.
1/ 6
h +h
V0 = k g s 0 0 ,06 . ∆S . DS
DS
Il est recommandé d’utiliser cette formule avec beaucoup de précautions, car elle ne prend
pas en compte tous les effets tridimensionnels liés à la turbulence qui se développe à l’aval de
l’ouvrage.
La circulation transversale ainsi créée arrache les alluvions à la berge concave, en surcreusant
le pied de cette berge, et ramène les matériaux sur la berge convexe, en remblayant les fonds.
38 10/09/02
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♦ la divagation d’un bras vif venant attaquer une des berges (cas des lits « en tresse »),
♦ l'angle d’attaque de l’écoulement, défini par le tracé en plan du lit (coude plus ou moins
marqué).
d 50
he = 0 .047 ∆
I
∆ étant la densité déjaugée des alluvions et I la pente de l’écoulement pour le débit considéré.
Sur la face amont de l’obstacle apparaît un gradient de pression qui oblige le courant incident
à ralentir, et à acquérir une composante descendante. Ce courant descendant à son tour induit un
courant de fond vers l’amont, puis un décollement de ce courant de fond plus en amont. Un grand
vortex à axe horizontal est ainsi créé, appelé, à cause de sa forme caractéristique, « vortex en fer à
cheval » (horseshoe vortex). C’est au moment où le potentiel d’arrachement des vitesses de fond est
suffisamment élevé pour contrecarrer la résistance des particules au mouvement que l’érosion
commence. Un affouillement se développe alors devant l’obstacle, et le transport des matériaux en
dehors de la fosse se passe en deux temps : le matériaux est déplacé le long de la pente vers l’amont,
puis transversalement pour être emporté vers l’aval.
Au fur et à mesure que la fosse d’affouillement s’élargit, la circulation associée au vortex croît,
mais à une vitesse décroissante. La vitesse d’érosion diminue donc, jusqu'à ce qu’un équilibre soit
atteint.
39 10/09/02
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En aval de l’obstacle, des vortex « de sillage » peuvent également être générés, si l’obstacle
présente une largeur importante (ce qui est rarement le cas pour les ouvrages qui nous intéressent
ici). Ces tourbillons, qui se déplacent par convection vers l’aval, peuvent arracher des matériaux du
fond de la rivière, soulevés par « bouffées » successives.
Il n’existe aucun modèle numérique capable de prédire le champ tridimensionnel des courants
au voisinage de l’obstacle et son interaction sur les fonds. En toute rigueur, seule la technique du
modèle réduit physique est applicable. Toutefois, pour les ouvrages qui nous intéressent ici, les
méthodes empiriques présentées ci-après sont, dans la grande majorité des cas suffisantes à la
résolution du problème de l’affouillement.
♦ la profondeur hs2 est liée au méandres éventuels du ou des bras vifs vers un obstacle
implanté initialement sur une terrasse plus haute du lit de la rivière. On choisira dans ce cas
hs2 = e, e étant la hauteur de la terrasse au dessus du lit vif. Si la rivière présente un lit
unique et homogène, alors hs2 = 0.
B 6 / 7
hs3 = h − 1
B − b
• h : la hauteur d’eau,
• b : la largeur de l’obstacle.
♦ La profondeur hs4 est celle provoquée par le système de vortex qui se développe au
voisinage de l’ouvrage, décrit ci-avant. De nombreuses recherches ont été menées sur ce
sujet, notamment à partir d’essais systématiques sur modèle réduit physique. La formule la
plus couramment utilisée est la suivante :
hs4 h
= 2 tanh k 1 . k 2
b b
40 10/09/02
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V a le u rs d u co e fficie n t k 2
7.00
6.00 α
b L/b= 14
5.00 L
10
4.00
k2
6
3.00
4
2.00
2
1.00
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
A n g le a lp h a
La vitesse et les propriétés du matériau de la rivière n’interviennent pas dans ces formules. En
effet, l’instant le plus critique du point de vue de l’affouillement correspond au débit de début
d’entraînement de matériaux. Au-delà de ce débit, les matériaux charriés par la rivière comblent en
partie la fosse d’affouillement creusée autour de l’obstacle.
Dans certains cas, la composition des matériaux du fond du lit de la rivière est très
hétérogène. Il peut exister une couche superficielle de matériaux très fins (vases par exemple) qui est
en permanence mise en mouvement puis déposée à nouveau au gré des courants (dans les secteurs
soumis à l’influence maritime par exemple). Dans ce cas, la hauteur de cette couche superficielle doit
être ajoutée à la hauteur totale de l’affouillement.
41 10/09/02
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5. Régimes transitoires
Avant même de recourir aux équations complexes qui régissent l’hydraulique en régime
transitoire, on peut se familiariser avec quelques propriétés intéressantes des crues en rivière en
reprenant l’approche empirique de Seddon étudiant les propagations d’ondes de crues
(particulièrement lentes) sur le Mississippi.
Partant du principe que l’onde de crue est une onde de débit fonction de l’abscisse curviligne
sur l’axe d’écoulement principal x et du temps t (Q = Q(x,t)), il imagina un observateur qui suivrait
exactement le déplacement du maximum de l’onde, et pour qui à tout instant : dQ (x,t) = 0, soit, en
décomposant :
∂Q ∂Q
dQ = dx + dt = 0
∂x ∂t
donc la vitesse de déplacement de notre observateur (et donc, du maximum de l’onde de
crue), est :
∂Q
dx ∂t
Vobs = =−
dt ∂Q
∂x
D’autre part, l’équation de continuité s’écrit, rappelons-le :
∂Q ∂h
+B =0
∂x ∂t
∂Q
dx ∂t 1 ∂Q
d’où : Vobs = =− = à x constant,
dt ∂Q B ∂h
∂x
Si on considère un phénomène de crue assez lente, on peut considérer en un point que le
régime est stationnaire par palier de temps, et appliquer la formule de Strickler (et sa dérivée
logarithmique) :
2 1 2 1 dV 2 dh
V = KRh 3 i 2 ≈ Kh 3 i 2 ⇒ =
V 3 h
ce qui, injecté dans l’équation de la vitesse de notre observateur, donne :
dx 1 ∂Q 1 ∂ ∂V 2 5
Vobs = = = ( BhV ) = V + h =V + V = V
dt B ∂h B ∂h ∂h 3 3
Ce petit exercice nous permet d’établir que, pour les crues très lentes, la vitesse de
déplacement du maximum de la crue, autrement appelée célérité (C) du maximum de crue, est
supérieure à la vitesse moyenne de l’eau dans l’écoulement qui supporte cette crue (ici : C = 1.67 V).
Mais ce modèle simple ne convient plus pour la grande majorité des crues réelles rencontrées
sur les cours d’eau. En effet, l’approche de Seddon permet de confondre dans l’appellation de
« maximum de la crue » le maximum de débit, le maximum de hauteur d’eau et le maximum de
courant moyen de l’écoulement. En réalité, l’onde subit une diffusion qui la déforme en l’étalant de
l’amont vers l’aval. Ainsi, l’hydrogramme Q(t) qui peut être observé dans une section d’abscisse
curviligne x1 sur l’axe principal d’écoulement, ne sera pas le même que l’hydrogramme Q(t) observé
dans une section d’abscisse curviligne x2 sur ce même axe, en aval. D’expérience, en l’absence
42 10/09/02
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d’apports intermédiaires de débit, on sait que le débit de pointe en x1 sera supérieur au débit de pointe
en x2.
L’hydrogramme se déforme un peu de la même manière qu’un escabeau dont on calerait un
pied contre un mur et dont on ferait glisser l’autre pied, l’angle entre les deux jambes allant croissant.
Q Qp1
en x1 M Qp2
en x2
I
t1 t2 t
43 10/09/02
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Il est difficile d’aller plus avant dans la compréhension des phénomènes de crues sans faire
appel aux équations dynamiques filaires de Saint-Venant (réduction en 1D des équations de Navier-
Stokes) et à leur analyse.
∂V ∂V ∂h
+V = −g + g (i − j )
∂t ∂x ∂x
Le terme de gauche est le terme d’inertie de l’équation de quantité de mouvement, dont on
peut négliger l’influence dès lors que F² (le carré du nombre de Froude) est négligeable devant 1, ou
encore, F < 0.3 (ce qui est le cas de la grande majorité des rivières à régime fluvial, mais pas des
torrents de montagne). Dans de telles conditions, on a, avec l’équation de continuité en régime
transitoire, un système d’équations assez simples :
∂h ∂Q
B ∂t + ∂x = 0
(équation de continuité)
∂h = (i − j ) (équation de Saint-Venant)
∂x
En supposant que le régime transitoire considéré est une succession d’états quasi-statiques,
on peut employer la formule de Strickler pour exprimer j = j (Q,h,x). La largeur au miroir B est, elle,
fonction de h et de x. Une fois n’est pas coutume, nous allons manipuler ces équations en les dérivant
(l’équation de continuité, par rapport à l’abscisse curviligne x ; l’équation de Saint-Venant, par rapport
au temps):
∂ ² h ∂ 1 ∂Q 1 ∂ ² Q ∂Q 1 ∂B ∂B ∂h 1 ∂ ² Q 1 ∂Q ∂B ∂B
= − =− + + =− + + (i − j )
∂ x∂ t ∂ x B ∂x
B ∂x ² ∂x B ² ∂x ∂h ∂x
B ∂x ² B ² ∂x ∂x ∂h
∂ ²h ∂ ∂j ∂j ∂Q ∂j ∂h ∂j ∂Q 1 ∂Q ∂j
= = (i − j ) = − = − − =− +
∂t∂x ∂t ∂t ∂Q ∂t ∂h ∂t ∂Q ∂t B ∂x ∂h
∂ ²Q ∂Q ∂Q
σ. = c. +
∂x ² ∂x ∂t
avec les expressions littérales :
∂j ∂B ∂B
+ (i − j )
1 ∂h 1 ∂x ∂h
c=− +
B ∂j B² ∂j
∂Q ∂Q
1
σ=
∂j
B
∂Q
L’interprétation de ces termes permet de mettre en lumière l’impact prévisible d’aménagement
de rivières.
44 10/09/02
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Dans une rivière assez large, si la pente de charge j est exprimée selon la formule de Strickler,
le premier terme de l’expression de la célérité de l’onde de crue n’est autre que...
5
V = 1.67 V, expression établie par Seddon pour le Mississippi !
3
Ce premier terme de la célérité est donc directement lié à la vitesse moyenne du lit
d’écoulement de la crue : tout aménagement visant à, ou ayant pour effet d’augmenter cette vitesse
moyenne (qu’il s’agisse de curage de « restauration » voire d’augmentation nette de section
d’écoulement ou d’élimination d’encombrement rugueux du lit) impliquera une accélération de la
propagation des ondes de crue vers l’aval.
Le second terme de célérité est directement lié à la géométrie du cours d’eau.
dB / dh > 0 dB / dh < 0
(vue en travers)
On distingue :
∂B
, qui traduit, dans une section en travers donnée, le débordement vers le lit majeur
∂h
∂B
, qui traduit l’élargissement du champ d’inondation entre deux sections consécutives
∂x
∂h
i− j= , qui positionne la section considérée dans l’hystérésis (montée de crue si négatif,
∂x
l’amont étant plus « haut » que l’aval, décrue si positif, l’amont étant plus « bas » que l’aval). Quant au
dernier terme, en l’exprimant selon la loi de Strickler, on a :
∂j ∂ Q² Q 2j
= 4/3 = 2 4/3 = >0
∂Q ∂Q K ² B ²h ² Rh K ² B ²h ² Rh Q
L’interprétation des variations respectives de ces termes implique que lorsque la vallée
inondée s’élargit, la célérité augmente. Et quand, en montée de crue, la rivière déborde pour occuper
une plus grande largeur au miroir, la célérité diminue.
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On constate toute la difficulté de faire la part des influences respectives des différents termes
qui peuvent se compenser, pour dégager des lois générales d’influence des aménagements sur la
propagation des crues. Sans résolution précise à l’aide de modèles idoines, le risque est grand de se
méprendre.
Restons sur notre cas de rivière assez large pour que le rayon hydraulique soit sensiblement
égal à la hauteur d’eau dans une section donnée. Le terme d’atténuation s’écrit :
1 Q K ² Bh 10 / 3
σ= = =
∂j 2 jB 2Q
B
∂Q
On constate que plus la hauteur d’eau est grande, plus l’onde de crue s’atténue. De même,
plus grande est la largeur du lit, plus forte est l’atténuation. Une nouvelle fois, l’endiguement d’un cours
d’eau est préjudiciable en termes d’écoulement des crues, car en limitant (fortement) la largeur au
miroir, il limite de même l’atténuation de l’onde de crue, qui est restituée, après aménagement, vers
l’aval avec un débit de pointe plus fort qu’avant l’aménagement... si ce n’est qu’on peut éventuellement
voir une compensation partielle de cet effet par le fait que la hauteur d’eau endiguée peut être plus
forte après aménagement !
• qu’en retenir ?
Même en restreignant l’analyse au cas simple d’une rivière quasi rectangulaire de grande
largeur en régime fluvial, nous avons vu qu’il était difficile d’avoir des idées claires sur l’impact d’un
aménagement en général, sauf peut-être sur celui d’un endiguement pur et simple.
Lors d’une montée de crue, tout se passe comme si l’onde de crue devait d’abord pousser une
tranche d’eau devant elle pour remplir l’espace sur lequel elle va « ensuite » avancer. Plus l’espace à
« combler » préalablement est important, et plus l’onde va consacrer de volume, et sacrifier de sa
dynamique, pour permettre son avancée, qui en sera atténuée et retardée. Mais à l’échelle de la
vallée, une fois les tranches d’eau poussées devant elle, l’onde de crue éprouve d’autant moins de
freinage que la vallée est large ou s’élargit.
Les ondes de continuité telles que celle, diffusante, que l’on trouve pour les crues lentes, ne
sont pas les seuls régimes transitoires qui intéressent l’aménagement des cours d’eau. Lors de
modification non quasi statique de forme du lit actif d’une rivière, les perturbations locales de
l’écoulement peuvent se propager sur de grandes distances sous forme d’ondes de rupture.
Ainsi, lorsqu’on manoeuvre rapidement une vanne, un barrage mobile, un aqueduc
d’alimentation en eau, une sassée d’écluse, ou encore lorsqu’une petite portion de seuil se rompt,
qu’un obstacle charrié par les eaux vient bloquer une section d’écoulement rétrécie, les conditions de
débit, hauteur et vitesse sont, dans cette section, quasiment instantanément perturbées, et leurs
variations se transmettent de proche en proche jusqu'à rétablissement d’un nouveau régime
permanent dans les nouvelles conditions d’écoulement, et amortissement de l’onde de rupture.
Le principe général consiste donc à considérer des régimes stationnaires de part et d’autre de
la section perturbée.
• Ondes d’arrêt
Les ondes d’arrêt sont celles résultant d’une interruption de l’écoulement, par fermeture
brusque d’une vanne par exemple. Dans un canal rectangulaire siège d’un écoulement uniforme de
vitesse moyenne V et de hauteur d’eau h, par exemple, on ferme une extrémité. L’instant d’après,
dans la section précédant exactement la fermeture de la vanne, la vitesse est nulle, tandis qu’une
surélévation prend naissance par transfert de quantité de mouvement fluide. L’onde d’arrêt, établissant
dans chaque section balayée une vitesse nulle au lieu de la vitesse V, se propage ainsi de la section
de fermeture jusqu'à l’autre extrémité du canal, avec une célérité a (m/s).
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h + ∆h h + ∆h z=0
h a h
V=0
V
p1(z) p2(z)
z
∆F = ∫
0
p( z)dz = ∫ ρ. g. z. dz + ∫ ( ρ. g. z − ρ. g.( z − ∆h)). dz = ∫ ρ. g. z. dz + ∫ ρ. g. ∆h. dz
0 ∆h 0 ∆h
( ∆h)² ∆h
= ρ. g. + ρ. g.( ∆h). h = ρ. g. ∆h. + h
2 2
d’où, avec l’équation de continuité et l’équation de quantité de mouvement :
V . h = a. ∆h
∆h
ρ. a.(h + ∆h).V = ρ. g. ∆h h +
2
à partir de quoi on substitue V par son expression en fonction de ∆h, a et h :
∆h ∆h ∆h ( ∆h)²
a ² = g. h. 1 + . 1 − = g. h. 1 − −
2h h 2h 2h ²
Or, dans le cas qui nous intéresse, ∆h << h, en négligeant les termes quadratiques et en
ε
développant au premier ordre la racine carrée : (1 + ε ) ~ 1 + , on obtient :
2
∆h
a~ gh . 1 −
4h
Il s’agit alors d’ajuster ∆h pour que la célérité a de l’onde positive soit de même valeur selon
cette équation et selon l’équation de continuité, par itérations successives.
Lorsqu’on ouvre une vanne, ou lorsque une manoeuvre ou un incident mettent en mouvement
une masse d’eau inerte, on parle d’onde de mise en vitesse. On passe d’un état de repos (vitesse
nulle) à la hauteur h, à un état de mouvement de vitesse moyenne V et de hauteur h + ∆h.
h + ∆h h + ∆h z=0
a h h
V=0
V
p1(z) p2(z)
z
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3 ∆h
a~ gh . 1 +
4 h
Il s’agit alors d’ajuster ∆h pour que la célérité a de l’onde positive soit de même valeur selon
cette équation et selon l’équation de continuité, par itérations successives.
L’entrée d’un hydrogramme dans une retenue telle qu’un barrage réservoir d’alimentation en
eau de bief de partage, d’alimentation en eau potable, d’hydroélectricité ou encore de rétention de
crue, provoque une surélévation globale du niveau d’eau dans la retenue. L’inertie hydraulique liée à
ces variations de niveau sur une grande surface se traduit par une absence de pente hydraulique du
plan d’eau, et par un amortissement conséquent de l’hydrogramme sortant de la retenue : ce
phénomène est désigné sous le nom de laminage.
Le dimensionnement d’un évacuateur statique de débit - dont le rôle essentiel est d’éviter
l’élévation du niveau de la retenue au-dessus d’un niveau maximal de sécurité de l’ouvrage - doit tenir
compte de cet amortissement afin d’éviter une surestimation - coûteuse - du débit de pointe laminé. A
l’inverse, la consigne de manoeuvre d’un évacuateur dynamique de débit peut être optimisée en
fonction du laminage de la retenue pour atténuer, lorsque la sécurité de fonctionnement et de stabilité
de l’ouvrage n’est pas mise en péril, l’onde de crue sortant de l’ouvrage pour dévaler le cours d’eau.
La donnée classique de description de la capacité d’une retenue est la courbe de remplissage,
qui donne le volume disponible pour une hauteur donnée, à l’instant t : V=V(h(t)). Avec l’hypothèse de
platitude du plan d’eau pendant un tel laminage, en notant Qe(t) l’hydrogramme entrant et Qs(t)
l’hydrogramme sortant de la retenue, l’équation de continuité des volumes liquides incompressibles
s’écrit naturellement :
(Q ( t ) − Q ( t )) = dV
e s
dt
et, par composition, en considérant que dZ=dh :
(Q ( t ) − Q ( t )) = dV
e s
dh dV dZ
=
dh dt dZ dt
L’hydrogramme entrant est une donnée compilant les apports pluviométriques sur le bassin
versant en amont de la retenue et les processus de transformation des pluies en débits, à laquelle est
associée une fréquence de non dépassement permettant d’apprécier la probabilité d’occurrence d’un
tel événement.
L’hydrogramme de sortie dépend du dimensionnement de l’évacuateur, et lorsque des
organes mobiles existent, de leur consigne de manoeuvres. Les lois d’évacuation de débit appropriées
doivent donc être soigneusement identifiées et leurs paramètres explicités avant le calcul du laminage.
Rappelons, par exemple, que le déversement dénoyé au-dessus d’un seuil mince s’écrit :
Qs ( Z ) = µ . L. 2 g . ( Z − Z crete ) 2
3
et que l’équation de conservation des volumes se réduit donc à une équation différentielle du premier
ordre en Z(t).
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Plus l’hydrogramme entrant est pointu, plus le laminage va se faire sentir, pouvant réduire de
moitié le débit de pointe. Par contre, les lentes montées de crues sont moins spectaculairement
affectées par le laminage, leur « inertie » étant du même ordre que celle de la retenue.
(4/9)h0
La vitesse du courant pour une profondeur h d’eau s’écrit, en supposant la vitesse du courant
négligeable dans la retenue amont à la hauteur initiale h0 :
V (h) = 2. g. h0 − 2. g. h
On peut écrire de même que la célérité de l’onde (vers l’amont et l’aval) est:
Ct (h) = 2. g. h 0 − 3. g. h
Cette formule peut être facilement interprétée pour h = 0 notamment, ce qui correspond à
l’endroit du front de l’onde positive d’aval, dont la célérité est donc de
Ct (0) = 2. g. h 0 ,
et pour h = h0, ce qui correspond à la célérité de creusement de l’onde négative d’amont,
Ct (h0) = − g. h 0 .
On en déduit directement l’équation de la courbe de la surface libre de l’eau :
x (h,t) = t . Ct (h).
Le principal intérêt de cette formulation réside dans l’interprétation du phénomène au droit du
barrage rompu. Pour x = 0, on a nécessairement, à tout instant t, Ct (h) = 0, ce qui signifie que la
hauteur h (x=0) est constante au cours du temps, égale à (4/9) h0. Cette hauteur détermine donc une
section constante d’une part, dans laquelle on peut connaître la vitesse
V [h=(4/9) h0] = (2/3) g. h 0
et donc le débit stationnaire correspondant, mais aussi la hauteur maximale de l’onde positive
d’aval si la section de la rivière varie peu.
En réalité, la hauteur d’eau que l’on peut qualifier de « pivot » au droit du barrage virtuellement
escamoté est plus grande que cette valeur théorique issue de la formulation de Ritter. Stocker a
montré, dès 1957, que la présence d’une hauteur d’eau non négligeable à l’aval du barrage provoquait
une discontinuité de l’onde d’aval, dont le front se raidit sur une hauteur verticale de quelques dizaines
de pour-cent de la hauteur « pivot » de Ritter, surélevant d’autant cette hauteur « pivot », qui vaudrait
alors plutôt (9/16) h0.
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h Groupe d’Hydraulique Fluviale
0
(9/16)h0
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6. Bibliographie
LITTERATURE TECHNIQUE PUBLIQUE
• MASSON M., GARRY G. et BALLAIS J.-L. (1996) : Cartographie des zones inondables -
approche hydrogéomorphologique, METL et MATE, Editions Villes et Territoires, Paris La
Défense, France
• PREBOIS A., FELTS D. et PACAUD P. (1992-1995) : Hydraulique fluviale - module 1,
compilation de cours, Compiègne, France
• CHEE P., PREBOIS A. et ROUAS G. (1990) : Notice d’estimation des coefficients de débit
de quelques ouvrages évacuateurs, Notice STCPMVN n°90-1, Compiègne, France
• PREBOIS A., PACAUD P. (1993) : Notice d’utilisation du logiciel Remous 1.7 - calcul du
remous d’exhaussement maximal en amont d’un ouvrage de franchissement d’une vallée
fluviale, Notice STCPMVN n°93.04, Compiègne, Paris
• Collégial dont DEMMERLE (1999) : Recommandations pour le calcul aux états limites des
ouvrages maritimes et fluviaux, STCPMVN, Compiègne, France
• GOUTX D., LADREYT S. (2000) : Guide méthodologique de modélisation filaire des
écoulements à surface libre LIDO 2.0, CETMEF, Bonneuil, France
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7. Annexes
Principe : On envoie un filet liquide coloré au sein d'une masse liquide en mouvement dans un tube
de verre. On fait varier la vitesse d'écoulement dans le tube en ouvrant plus ou moins le
robinet de vidange.
On observe dans le tube : Vitesse faible : le filet coloré est parfaitement net. Le liquide est formé de
filets liquides juxtaposés et parallèles. C'est le régime LAMINAIRE ou
TRANQUILLE.
Vitesse forte : le filet coloré oscille et se rompt. La matière colorante se
répartit uniformément dans le tube. C'est le régime TURBULENT.
ΠD2
section mouillée D
Pour un canal, on cherche D équivalent par : = 4 =
périmètre mouillé ΠD 4
section mouillée 20 + ( 20 + 2 × 5) 1
En canal = ×5×
périmètre mouillé 2 5 × 1,41 + 20 + 5 × 1,41
125
= = 3, 6 0 m
3 4, 4
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Rivières naturelles K
Pour les cours d’eau à section suffisamment constante voir le tableau suivant Strickler
Petit cours d’eau de largeur inférieure à 30 m
cours d’eau de plaine
net, droit, niveau d’eau élevé, peu de variation de la section mouillée 30 à 40
idem, mais pierres et mauvaises herbes plus nombreuses 30
net, sinueux avec seuils et mouillées 25
idem, mais avec pierres et mauvaises herbes 20
idem, mais niveau bas 20
cours paresseux, mauvaises herbes, trous d’eau profonds 15
nombreuses mauvaises herbes et nombreux trous d’eau 10
pentes et fond irrégulier, nombreuses souches, arbres et buissons, arbres tombés dans 5à7
la rivière
cours d’eau de montagne
(Pas de végétation dans le lit, rives escarpées, arbres et broussailles pour les niveaux
25
élevés)
20
fond en gravier et cailloux, peu de gros galets
fond avec gros graviers
Plaines d’inondation
pâturages sous broussailles 30 à 35
zones cultivées, absences de récoltes 35
zones cultivées, récoltes sur pied 25 à 30
broussailles dispersées et mauvaises herbes ou broussailles et quelques arbres en 20
hiver 15
quelques arbres et broussailles en été; broussaille moyenne ou dense en hiver 10
broussaille moyenne ou dense en été 25
souches d’arbres sans rejet 16
souches d’arbres avec rejets durs 10
forêt de hautes futaies; peu de broussailles 8
forêt de hautes futaies; peu de broussailles avec niveau d’eau atteignant les branches
7
souches denses
Grands cours d’eau largeur maximale supérieure à 30 m
(La valeur de K est supérieure à celle des petits cours d’eau d’allure analogue car les
rives offrent moins de résistance efficace)
section régulière sans broussailles 25 à 40
section irrégulière et rugueuse 10 à 25
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• Abaque de Rehbock
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♦ il suppose que l’écoulement est unidimensionnel, et ne prend pas en compte les effets
multidirectionnels (rouleaux à axe horizontal ou vertical),
♦ il considère un diamètre D unique des protections, et néglige donc les effets éventuels
d’une granulométrie étendue (pavage par exemple),
♦ il fait intervenir une grandeur h’ (épaisseur de couche limite) non évaluable directement par
le calcul.
τ c = Ac . g . ( ρ s − ρ ) . D
avec :
La force tractrice exprime également la composante longitudinale du poids de l’eau sur le grain, elle
s’écrit donc :
τ = ρ . g .h. J
h. J
A=
∆.D
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K = 21. D −1 / 6
1/ 6
h
V = k . g . . h. J
D
La relation ci-dessus suppose que l’écoulement est entièrement régi par le frottement sur le tronçon
considéré. Le terme g . h . J est représentatif de la force motrice de gravité (poids d’une tranche
1/ 6
h
d’eau verticale de l’écoulement d’eau considéré), alors que le terme k . est représentatif des
D
forces de frottement elles-mêmes liées aux conditions d’écoulement dans la couche limite.
L’équation de frottement est donc généralisée en introduisant dans la formule, d’une manière
qualitative, la notion d’épaisseur de la couche limite notée h’ (loi de frottement) :
1/ 6
h'
V = k. g . . h. J
D
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♦ en considérant par exemple un écoulement à la sortie d’un radier lisse (en béton), la
couche limite à l’aval immédiat de l’ouvrage est peu développée. Le profil des vitesses est
plus carré, la vitesse près du fond est donc plus grande que dans l’écoulement rugueux de
même vitesse moyenne (donc la force tractrice est plus grande également). On peut tenir
compte de cette particularité en admettant h’ < h.
1/ 6
h'
Vc = k . g . . Ac . ∆ . D
D
♦ les propriétés des protections D et ∆ sont alors calculées de façon à ce que la valeur de Vc
reste supérieure à V,
Vc = n 2 . g . ∆ . D
où n est un coefficient dont la valeur dépend de la position du bloc dans le tapis d’enrochement. Les
essais d’Isbach correspondent à une situation de mise en vitesse autour du bloc considéré, donc
lorsque la hauteur de la couche limite h’ est inférieure à la hauteur de l’écoulement h.
−1 / 3
n 2 h'
Ac = .
32 D
En se plaçant dans les conditions d’essai d’Isbach, et en supposant que l’épaisseur h’ de la couche
limite est du même ordre de grandeur que le diamètre D du matériau, la valeur de n = 1,38 admise
pour un tapis continu aboutit à : Ac = 0,060
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