Extrait 42594210
Extrait 42594210
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Énergies renouvelables
III
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Ressources énergétiques et stockage
(Réf. Internet ti202)
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Ressources énergétiques et stockage
(Réf. Internet ti202)
Christian NGÔ
Docteur Gérant d'EDMONIUM
Alexandre ROJEY
Enseignant IFP School, ex-Directeur du Développement durable à l'IFPEN,
Fondation Tuck, Fondateur et animateur du think tank IDées
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V
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VI
Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
SOMMAIRE
Biocarburants BE8550 17
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VII
Usines marémotrices pour le XXIe siècle BE8573 105
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Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
Q
1– Biomasse Réf. Internet page
Biocarburants BE8550 17
2– Hydroélectricité
4– Énergie solaire
5– Géothermie
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Y
Q
QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUSU
Bois énergie
Propriétés et voies de valorisation
Q
’utilisation du bois par l’homme pour se chauffer est des plus anciennes et
L se trouve souvent réduite à la combustion et à la fabrication de charbon de
bois. Au cours du dernier siècle, d’autres techniques d’utilisation ont vu le jour
comme la gazéification. Le développement de nouvelles applications énergé-
tiques du bois est souvent associé à des crises énergétiques, en particulier les
deux crises pétrolières, mais aujourd’hui l’intérêt se décale vers les problèmes
environnementaux en particulier l’épuisement des ressources énergétiques
fossiles et le réchauffement climatique.
À chaque problème, le bois énergie propose une solution : le charbon de
bois pour la conservation de l’énergie, la combustion pour maintenir un niveau
de confort thermique, la gazéification pour la propulsion des véhicules, etc.
Avoir une vision synthétique des possibilités qu’offre le bois en tant que
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPRP
QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUSU
Q
qui va nécessiter des procédés de valorisation énergétique de taille raison-
nable, pour une production d’énergie de complément.
QR
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beXUSU
Q
Charbon Gaz Charbon Gaz natu- Charbon Gaz
(minéral) naturel (minéral) rel (minéral) naturel
Bois tige récolté pour l’énergie ––– ––– +/– – ++ +
Rémanents forestiers +/– +/– + + ++ ++
Déchets d’éclaircie +/– +/– + + ++ ++
Grumes de récupération d’exploitation forestière +/– +/– + + ++ ++
Nouvelles plantations sur jachères +++ +++ +++ +++ +++ +++
Remplacement de forêts par des plantations à
– – ++ + +++ +++
courte rotation
Déchets industries du bois ou bois en fin de vie +++ +++ +++ +++ +++ +++
+/– émissions de CO2 équivalents.
– ; – – ; – – – plus d’émissions de CO2 que les combustibles fossiles.
+ ; ++ ; +++ moins d’émissions de CO2 que les combustibles fossiles.
Masse CO2
Combustible
(t/tep) (t/tep)
Temps 0 (1)
Bois 2,3
4,25 (2)
QS
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beXUSU
Tableau 3 – Bilan comparé du bois et des principales énergies fossiles par analyse de cycle de vie
Énergie fossile Énergie renouvelable Effet de serre
Combustibles (MJ éq-pétrole/ (MJ éq-pétrole/ (kg éq CO2/
MJ énergie produite) MJ énergie produite) MJ énergie produite)
Q Gaz naturel
Propane/butane
1,06
1,15
0,04
0,08
0,063
0,076
1.2 Énergies renouvelables en Europe En fonction de la finalité et/ou de la nature de l’énergie obtenue
à partir de la source (chaleur, électricité, carburant liquide, com-
bustible gazeux), on distingue actuellement neuf types d’énergies
renouvelables, à savoir :
Par rapport aux énergies fossiles (qualifiées d’énergies de
– le solaire photovoltaïque ;
stock) comme le charbon, le pétrole, le gaz et l’uranium, les
– le solaire thermique ;
énergies renouvelables (qualifiées d’énergies de flux) sont
– l’hydraulique ;
liées en principe à des sources inépuisables comme le soleil, le
– l’éolien ;
vent, la marée, l’énergie hydraulique, la géothermie, la bio-
– la géothermie ;
masse, les déchets. Leur exploitation est accompagnée d’une
– le bois énergie ;
émission minimale de déchets et de polluants contrairement au
– les biocarburants ;
cas des énergies fossiles.
– le biogaz ;
– la valorisation énergétique des déchets.
Les énergies renouvelables peuvent être réparties en cinq En Europe, la consommation d’énergie renouvelable est de
grandes familles selon l’origine de la source, à savoir : 220 Mtep en 2019 ; elle représente 38 % de la consommation
– l’énergie solaire ; d’énergie brute, 20 % au-dessous des prévisions faites en 2015
– l’énergie éolienne ; (20 % d’énergie renouvelable). Sous l’impulsion des instances
européennes, la production d’énergie par ces voies, actuellement
– l’énergie hydraulique ; de 18 %, doit augmenter à 32 % en 2030 [6]. L’évolution de la part
– l’énergie géothermique ; des énergies renouvelables dans l’Union européenne entre 2007 et
– la biomasse, comprenant l’incinération des déchets. 2017 est donnée sur la figure 3 [7].
80
d’énergie renouvelable (% de la consommation
60
d’énergie renouvelable
finale brute d’énergie)
50 18 % en 2017
40
30
20
10
0
IS
NO
SE
FI
LV
DK
AT
EE
PT
HR
LT
RO
SI
BG
IT
ES
EL
FR
DE
CZ
HU
SK
PL
IE
UK
CY
BE
MT
NL
LU
UE-28
2007 2017
Figure 3 – Évolution de la part des énergies renouvelables dans l’Union européenne entre 2007 et 2017 [7]
QT
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beXUSU
L’Europe a défini sa nouvelle politique autour du réchauffement 1.2.2 Bois dans le bilan énergétique français
climatique, l’énergie en devenant un pilier majeur mais ce faisant,
il n’existe plus d’objectifs fixés par famille d’énergie [8]. Les énergies renouvelables représentaient en France 27,5 Mtep en
2017. La part du bois énergie représentait 4,18 % de l’énergie totale
consommée par la France en 2019. Cette part modeste reste toute-
1.2.1 Bois énergie en Europe fois quasiment constante dans le temps et cache une autre réalité :
au sein des énergies renouvelables, le bois représente (figure 4) à
La biomasse solide, constituée essentiellement (~ 80 %) par du lui seul environ 36 % de la totalité de l’énergie produite par ces
Q
bois rebut, représente 94,7 Mtep, soit environ 10 % de la consom- sources avec une consommation stable de 9 Mtep/an [11]. La part
mation énergétique européenne. En rapportant l’énergie de la bio- du bois dans les énergies renouvelables tend à baisser en raison du
masse solide consommée à l’énergie totale consommée, on développement des énergies photovoltaïque et éolienne mais aussi
obtient son taux d’utilisation (tableau 4) [9] [10]. de l’amélioration du rendement des chaudières (flamme verte).
L’utilisation principale du bois énergie est la production de
chaleur (95 % de l’énergie primaire du bois) et dans une moindre
mesure de l’électricité. C’est la principale source d’énergie renou-
Tableau 4 – Pourcentage de biomasse solide velable consommée pour le chauffage domestique. La presque
utilisée dans l’énergie consommée totalité de la production de chaleur domestique est constituée par
pour les pays de l’UE (hors Royaume-Uni) [104] [105] les chauffages à bûches, filière traditionnelle, ou par les chaudières
Énergie Biomasse Taux à pellets (granulés). La figure 5 montre l’évolution du nombre
Pays totale [104] solide [105] d’utilisation d’appareils de chaque type, la chaudière à pellets prenant une
(ktep) (ktep) (%) place de plus importante en raison de sa souplesse d’utilisation. Le
bois est utilisé en quantités égales comme énergie principale ou
Allemagne 316,123723 11,700 3,7 comme énergie d’appoint pour laquelle le taux d’auto approvision-
nement est nécessaire [12].
Autriche 33,996536 4,600 13,5
Belgique 63,983482 1,200 1,9
1.3 Mobilisation du bois énergie
Bulgarie 19,027244 1,500 7,9 en France
Chypre 2,902436 0,000 0,0
Le bois en tant que source d’énergie a deux provenances
Croatie 8,698082 1,500 17,2 principales : le bois déchet issu d’une ressource industrielle ou le
bois provenant directement de la ressource forestière.
Danemark 19,046678 1,800 9,5 Pour le bois déchet, la valorisation énergétique se fait souvent
Espagne 137,599007 5,400 3,9 en centre industriel du type chaufferies [43].
Luxembourg 4,508736 0,100 2,2 ■ Bois de rebut issus des industries de seconde transfor-
mation du bois
Malte 3,044983 0,000 0,0
La production de bois déchet officiellement collectée en France
Pays-Bas 88,81697 1,300 1,5 en 2014 [13] était de 6 Mt dont 1,6 Mt a été valorisé en centre
d’incinération avec récupération de chaleur et 0,09 Mt en centre
Pologne 107,036441 6,000 5,6 sans récupération de chaleur. Une autre voie de valorisation est
l’utilisation en bois de trituration, dans les usines de pâte à papier.
Portugal 24,816602 2,700 10,9
La nomenclature sépare ces bois en deux types :
Roumanie 33,514744 3,600 10,7 – les bois issus d’emballages (en particulier les palettes) ;
– les autres bois.
Slovaquie 17,045858 0,800 4,7
Ils sont constitués de bois sains contenant très peu de produits
Slovénie 7,052824 0,500 7,1 chimiques (bois d’emballage, de déconstruction...). Leur taux
d’humidité est relativement faible (20 à 35 % en masse). La valori-
Suède 52,446005 9,200 17,5
sation du gisement disponible est rendue difficile pour plusieurs
Tchéquie 43,51988 3,100 7,1 raisons :
– un gisement diffus donc une collecte difficile et coûteuse ;
Union – la présence éventuelle de corps métalliques, plastiques ou de
1 521,25025 94,300 6,2
européenne à 27 souillures.
QU
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beXUSU
Répartition en %
TOTAL : 320 TWh
1,3 0,7 Bois-énergie
1,6 0,2
Hydraulique (hors pompages)
3,6 Éolien
3,6
Q 5
35,8
Pompes à chaleur
Biocarburants
9,6 Déchets renouvelables
Biogaz
Géothermie
Énergies marines
* IAA : industries agroalimentaires.
Figure 4 – Production primaire d’énergies renouvelables par filière en 2019 en France (doc. SDES) [11]
+3%
– 11 %
-3%
+2% 46 % du
+ 13 %
du marché
+ 28 %
(172 060 unités)
0
2016 2017 2018 2019
Les différents flux de bois déchets ont été mesurés par tion actuelle et le gisement disponible à 200 000 t, un volume qui
l’ADEME [14] (figure 6). ne peut plus, depuis juillet 2002, être envoyé en Centre de stoc-
kage de déchets ultimes.
■ Sous-produits des industries de première transformation
du bois Les sciures ont une humidité équivalente à celle du bois scié
(50 à 70 %), ce qui rend leur utilisation difficile en chaufferie car
L’industrie de première transformation produit l’essentiel des elles ont tendance à s’agglomérer lorsqu’elles sont utilisées seules.
sous-produits industriels (45 %) sous forme d’écorces ou de Propres (récupérées par aspiration au-dessus des scies avant
sciures. d’être stockées en silo), elles sont surtout utilisées en fabrication
Avec un taux d’humidité de 40 à 60 %, la principale valorisation de panneau. Leur production est estimée à 1,7 Mt/an. Selon les sta-
des écorces est la combustion en chaudière de forte capacité tistiques établies par Agreste en 2014, les sous-produits des scie-
(> 1 MW) soit en autoconsommation sur le site de production, soit ries (sciures, écorces et plaquettes) non valorisés en trituration
en alimentation de chaufferies collectives. Le CTBA (Centre tech- représentent 5,2 Mt (de l’ordre de 1 Mtep) dont seuls 1,6 Mt (envi-
nique du bois et de l’ameublement) estime à 1 Mt la consomma- ron 0,3 Mtep) est actuellement valorisé en énergie.
QV
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beXUUP
Biocarburants
par Bruno GAGNEPAIN
Ingénieur biocarburants
ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), Service bioressources,
Direction production et énergies durables, Angers
Q
Cet article est la réédition actualisée de l’article [BE 8 550] intitulé « Biocarburants » paru en
2009, rédigé par Étienne POITRAT
QW
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beXUUP
BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
Q
Elle recouvre :
Sigles, notations et symboles
– la biomasse agricole avec les cultures annuelles, produisant
Sigle Développé les éléments de base utilisés tels les sucres, l’amidon, les acides
gras et leurs coproduits (paille, rafles, cannes, fanes, coques...) ;
DME Dimethyl Ether – la biomasse lignocellulosique d’origine agricole ou fores-
tière tels le bois, les déchets de bois, les cultures pérennes (taillis à
CAS Changement d’affection des sols courte rotation TCR, taillis à très courte rotation TTCR, miscanthus,
fétuque...), les cultures annuelles (triticale, sorgho...) et les copro-
FAP Filtre à particules duits ligneux des cultures ;
ETBE Ethyl Tertiobutyl Ether – les déchets organiques avec les effluents des élevages tel le
lisier, les boues des stations d’épuration, les déchets verts ou ani-
OP Oxyde de propylène maux... et les sous-produits organiques ou fermentescibles
des activités industrielles, agroalimentaires, papetières ou de
Huile végétale hydrogénée (Hydrotreated Vegetable transformation du bois ;
HVO
Oil)
– la biomasse issue des algues marines ou aquatiques et
HVP Huile végétale pure des micro-organismes.
QX
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beXUUP
___________________________________________________________________________________________________________________ BIOCARBURANTS
AGRICULTURE Parcs et
FORÊT
jardins
Cultures
Cultures dédiées
alimentaires
Coproduits
Industries diffus (paille, Industries
agro-alimentaires BIOCARBURANTS rémanents) de transformation
et autres ; élevage de 1re génération du bois
BIOMATÉRIAUX
TRADITIONNELS
BIOPRODUITS (bois, fibres, papier,
cartons, panneaux)
BIOMATÉRIAUX
(polymères) Biocarburants Coproduits
de 2e fatals
génération
Déchets
Déchets verts
organiques
fatals
fatals
COMBUSTION,
CHAUFFAGE,
COGÉNÉRATION
PRODUCTION DE
BIOGAZ
(par fermentation)
Retour au sol :
ÉPANDAGE ET
COMPOSTAGE
QY
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beXUUP
BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
RP
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beXUUP
___________________________________________________________________________________________________________________ BIOCARBURANTS
Biohydrogène
(utilisation
Biochimie
Séparation
Production autotrophe Biohydrogène
Épuration
Lipides
Biomasse
terrestre Sucres Bioéthanol
Hydrolyse Fermentation Biobutanol
et
aquatique Lipides, hydrocarbures
Fermentation Bioéthanol
Bioalcools
Gazéification Syngaz
Fischer-Tropsch Biodiesel
et épuration Biokérosène
(haute température)
Thermochimie
Méthanol
Catalyse Éthanol
BioGNV
RQ
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beXUUP
BIOCARBURANTS __________________________________________________________________________________________________________________
55 à 62
Vapeur (kg vapeur/hL d’alcool pur) 105 35 pour les unités les plus 11
performantes
RR
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reQQP
RECHERCHE
Biocarburants de seconde
génération et bioraffinerie Q
par François BROUST
Dr, CIRAD PERSYST, Unité Biomasse Energie, Montpellier
Philippe GIRARD
Dr, CIRAD, Kasetsart University, Bangkok, Thaïlande
et Laurent VAN DE STEENE
Dr, CIRAD PERSYST, Unité Biomasse Énergie, Montpellier
Points clés
Domaine : Énergétique
Degré de diffusion de la technologie : Émergence I Croissance I Maturité
Technologies impliquées : gazéification, fermentation, hydrolyse, catalyse
Domaines d’application : carburants liquides et produits chimiques
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : TENERDIS, DERBI, AXELERA, AGRIMIP, CAPENERGIES,
IAR pour les principaux.
Centres de compétence :
GAYA (AMI ADEME) : biométhane de seconde génération
BioTFuel (AMI ADEME) : production industrielle de biodiesel et biokérosène de
seconde génération par voie thermochimique
FUTUROL (OSEO/IAR) : plateforme de bioéthanol de seconde génération par voie
biologique
Xyloforest (EQUIPEX 2010) : Plateforme d’innovation « Forêt-Bois-Fibre-Bio-
masse du Futur »
GENEPI (EQUIPEX 2012) : Équipement de gazéification pour plateforme inno-
vante dédiée aux énergies nouvelles
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQS
RS
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RECHERCHE
Q
déjà disponibles sur le marché et que les techniques de pro-
La demande mondiale en énergie est croissante et très lar- duction ont atteint un niveau de maturité technologique qui ne
gement dépendante des sources d’énergie fossiles. Il est laisse plus espérer que de faibles gains de rendement ou de
admis qu’une part significative de la progression de cette productivité. Ils n’utilisent qu’une fraction mineure de la
demande sur le court et moyen terme concernera le secteur plante : sucre et amidon pour l’éthanol, huiles végétales pour
des transports, notamment en provenance des pays émer- les esters.
gents [1]. Selon la même source, en 2030, ce secteur devrait Par opposition, les biocarburants de seconde génération
être responsable du tiers des émissions mondiales de CO2. ne sont, quant à eux, pas encore disponibles sur le marché et
Cette considération, conjuguée à l’augmentation importante et les technologies de conversion dont ils sont issus en sont
soutenue du prix du pétrole, explique l’intérêt croissant que encore au stade soit de la recherche, soit du pilote industriel.
portent tous les pays, et notamment les pays non producteurs Leur principal atout, qui justifie les programmes de recherche
de pétrole, aux biocarburants. mis en œuvre (encore bien timides au regard des enjeux),
Il existe un nombre important d’options de carburants alter- tient au fait que ces procédés doivent permettre de convertir
natifs pour les transports comme l’illustre la figure 1. Ces l’intégralité de la biomasse et notamment de ses constituants
solutions ont atteint des degrés de maturité divers et certai- lignocellulosiques. La biomasse en effet, dans sa grande majo-
nes d’entre elles font l’objet d’importantes recherches au rité, est constituée de lignine (15 à 20 %), de cellulose (35 à
50 %) et d’hémicellulose (20 à 30 %) plus ou moins intime-
niveau international comme c’est le cas des biocarburants
ment liés. La composition de quelques biomasses lignocellulo-
(aussi appelés agrocarburants dans la mesure où les biocarbu-
siques susceptibles d’être utilisées pour la production de
rants actuellement utilisés sont élaborés à partir de produits
biocarburants est donnée dans le tableau 1.
agricoles). L’objet de cet article est de dresser un rapide état
des lieux des filières technologiques de production des carbu- Si l’usage des biocarburants s’est considérablement accéléré
rants de seconde génération, dont nous préciserons plus loin ces dernières années, leur part relative au niveau de la
la définition, de présenter leurs avantages et les verrous tech- consommation mondiale reste somme toute limitée et ce, pour
nologiques existants afin de dégager les opportunités et les deux raisons essentielles, leur coût tout d’abord, mais surtout
besoins de recherches encore nécessaires pour amener ces pour ce qui constitue indiscutablement le principal inconvé-
nient des biocarburants actuels, une faible productivité rame-
technologies à maturité.
née à l’hectare cultivé. Ainsi, si le nombre de plantes
Les biocarburants sont des produits élaborés à partir de bio- oléagineuses répertoriées dans le monde est de plusieurs cen-
masse ou, plus généralement pour ceux qui sont actuellement taines, moins de dix d’entre elles sont utilisées dans la pro-
commercialisés, de produits agricoles. duction de biocarburant. Il s’agit principalement du colza, du
Figure 1 – Large gamme de carburants alternatifs aux produits pétroliers (d’après [2])
RT
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RECHERCHE
Q
Biomasses Paille (blé) Bois (epicéa) Miscanthus
Carbone (%) 46,0 51,9 47,9
Hydrogène(%) 5,5 6,16 5,5
Oxygène (%) 41,4 41,7 41,0
Azote (%) 1,65 0,12 0,54
Soufre (%) 0,1 0,03 0,11
Chlore (%) 0,15 0,02 0,18
Cellulose (%) 33 41 45
Hémicellulose (%) 23 31 30
Lignine (%) 17 27 21
Matières minérales (%) 5 (5 à 12,8) 0,1 (0,1 à 0,4) 4,8 (1,5 à 4,8)
Pouvoir calorifique (MJ/kJ) 18 400 20 200 19 100
RU
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RECHERCHE
Q Filière biocarburant
Rendement biomasse Rendement biocarburant
volumique énergétique
(t/ha)
(L/ha) (GJ/ha)
Biodiesel de tournesol 1,5 à 2,4 (gr.) 680 à 1 100 23,4 à 37,2
Biodiesel de soja 2,6 à 3,6 (gr.) 450 à 610 15,8 à 21,4
Biodiesel de colza 1,5 à 3,64 (gr.) 690 à 1 560 23,4 à 52,8
Biodiesel de graine de coton 1,3 à 1,7 (gr.) 260 à 340 9,0 à 11,8
Biodiesel de jatropha 0,8 à 2 (gr.) 240 à 600 8,2 à 20,4
1re Biodiesel de palme 7 à 15 (gr.) 3 500 à 7 500 121,8 à 261,0
Éthanol de blé 6,7 à 8,3 2 510 à 2 990 53,4 à 63,6
Éthanol de maïs 6 à 8,7 2 160 à 3 130 46,0 à 66,6
Éthanol de betterave 56,4 à 84 3 200 à 4 800 68,1 à 102,2
Éthanol de canne à sucre 50 à 85 3 500 à 6 500 74,5 à 138,3
Éthanol de sorgho 92 5 000 106,4
Éthanol de paille de blé 3,2 à 6,0 (ms) 1 200 à 2 270 25,6 à 48,3
Éthanol cultures pérennes 12,3 (ms) 4 060 86,4
2nde Biodiesel FT d’eucalyptus 20 (ms) 3 000 à 5 000 103,2 à 172,0
Méthanol d’eucalyptus 20 (ms) 9 000 à 11 000 140 à 172
DME d’eucalyptus 20 (ms) 10 000 188
gr. : graines ; ms : matières sèches par an ; pour la seconde génération, il s’agit de valeurs estimées.
2.1 Prétraitement
Encadré 1 – Pourquoi la biomasse lignocellulosique
Les procédés de prétraitement visent à séparer les consti-
Par rapport aux produits agricoles, la biomasse cellulosi- tuants intimement liés de la matière lignocellulosique de façon
que est plus abondante et moins coûteuse parce qu’elle à rendre la cellulose accessible à son hydrolyse ultérieure, en
n’entre pas directement en compétition avec les usages diminuant sa cristallinité et en augmentant la surface spécifi-
alimentaires de ces derniers. Il y a donc de nombreux que du matériau. Par action thermique et/ou chimique, la
avantages à privilégier la production de biocarburants à structure de la lignine peut également être détruite et l’hémi-
partir de la biomasse cellulosique : cellulose plus ou moins hydrolysée. On retrouve ainsi la
lignine solubilisée et les produits d’hydrolyse de l’hémicellulose
– une compétition limitée entre usage alimentaire et
dans la phase liquide et la cellulose et les résidus de lignine et
non alimentaire des produits agricoles et sur les terres à
d’hémicellulose dans la phase solide. Les principales contrain-
usage agricole ;
tes de cette étape sont d’éviter la perte ou la dégradation des
– une augmentation potentielle du revenu de l’agriculture
sucres qui conduit à une baisse du rendement et de limiter la
par une valorisation complète de la plante, à la fois sur le
formation de produits inhibiteurs de la fermentation tels que le
grain pour l’alimentaire et le résidu pour le carburant ;
furfural (aldéhyde aromatique de la fermentation C5H4O2)
– un accroissement de la productivité potentielle à l’hec-
tare (valorisation de la plante entière) et donc une amé- ainsi que les rejets comme le glycérol.
lioration du bilan économique ; Il existe de nombreuses technologies de prétraitement qui
– une amélioration du bilan environnemental lié aux présentent chacune leurs avantages et inconvénients et sont à
aspects agronomiques (recours limités aux intrants) et à différents stades de développement [5] [9] [34]. Le choix de
la valorisation complète de la plante à partir de solutions la technologie dépend en général du substrat (paille, bois)
technologiques intégrées qui permettent l’autonomie éner- mais surtout des impacts qu’elle a sur les coûts et performan-
gétique mais aussi la revente d’excédents électriques. La ces des étapes ultérieures d’hydrolyse et de fermentation.
faible maturité des technologies de seconde génération et
Le prétraitement mécanique consiste en un broyage de la
les controverses actuelles sur les méthodologies d’évalua-
matière lignocellulosique en fragments de quelques millimè-
tion ne permettent cependant pas de prendre une position
tres. Il vise essentiellement à augmenter les surfaces accessi-
tranchée à ce niveau ;
bles. Bien que dépendante de la matière première (plus ou
– une opportunité pour l’utilisation de terres marginales
moins fibreuse), l’énergie nécessaire au broyage pour rompre
ou les jachères, avec des plantes moins exigeantes
la structure de la lignocellulose est trop importante pour envi-
(encore que ce dernier point mérite discussion) ;
sager une application industrielle. Le broyage est plutôt utilisé
– une valorisation à terme de nombreux résidus et
comme préparation préalable de la charge à l’étape de prétrai-
déchets organiques tels que les ordures ménagères.
tement proprement dite.
RV
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inSPS
INNOVATION
Production de biokérosène
et de biogazole par la voie Q
thermochimique
Jean-Philippe HERAUD
Ingénieur de l’École supérieure de chimie organique et minérale (ESCOM) et de l’École
nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM)
Chef de projet Fischer-Tropsch – IFP Énergies nouvelles
et Anne-Claire PIERRON
Ingénieur de l’École nationale supérieure des industries chimiques (ENSIC)
Ingénieur de recherche en génie des procédés – IFP Énergies nouvelles
RW
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inSPS
INNOVATION
Points clés
Domaine : Transformation de la biomasse lignocellulosique en carburant de
RX
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INNOVATION
Consommation mondiale
Million de tonnes équivalent pétrole
14 000 Q
13 000
12 000
11 000
10 000
9 000
8 000
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 0
Figure 1 – Évolution de la consommation énergétique mondiale (d’après BP Statistical Review of World Energy full report, juin 2015) [1]
La directive RED 2009/28/CE définit un cadre commun d’affectation des terres, le transport et la distribution, la
pour la promotion de la production d’énergie à partir de sour- transformation et la combustion, quel que soit le lieu où ces
ces renouvelables. Elle fixe des objectifs nationaux contrai- émissions sont produites.
gnants concernant la part de l’énergie produite à partir de
Dans le cas des biocarburants, le CO2 dont le carbone est
sources renouvelables dans la consommation finale brute
d’origine végétale et produit par oxydation lors de l’utilisation
d’énergie et la part de l’énergie produite à partir de sources
dans un moteur à combustion interne n’est pas comptabilisé
renouvelables dans la consommation d’énergie pour les trans-
en tant qu’émission de gaz à effet de serre. En effet, ce car-
ports. Ces objectifs sont de 20 % d’énergie produite à partir
bone dit « biogénique » a été au préalable capté par la plante
de sources renouvelables dans la consommation finale brute
lors de sa croissance.
d’énergie et de 10 % d’énergie produite à partir de sources
renouvelables dans la consommation de toutes les formes de La directive FQD 2009/30/CE fixe, pour tous types de
transport en 2020. Par ailleurs, cette directive définit des cri- véhicules routiers ou non, un objectif pour la réduction des
tères de durabilité notamment pour les biocarburants. gaz à effet de serre émis sur l’ensemble du cycle de vie. Les
fournisseurs devraient progressivement réduire, le 31 décem-
Le principal outil pour quantifier ces critères de durabilité
bre 2020 au plus tard, les émissions de gaz à effet de serre
sont les analyses de cycles de vie des produits dont les moda-
générées sur l’ensemble du cycle de vie, au moins de 6 % par
lités sont définies dans les textes réglementaires et font régu-
rapport à la moyenne communautaire des émissions de gaz à
lièrement l’objet de révisions pour en améliorer la pertinence.
effet de serre par unité d’énergie produite à partir de combus-
Les analyses de cycle de vie permettent de quantifier tibles fossiles en 2010, et ce grâce à l’utilisation de biocarbu-
l’impact environnemental des biocarburants en particulier en rants ou de carburants de substitution. Enfin, cette directive
termes d’émission de gaz à effet de serre. D’une façon géné- fixe des cibles pour la performance environnementale des bio-
rale, sont comptabilisées toutes les émissions nettes de CO2 , carburants en les comparant aux émissions de gaz à effet de
de CH4 et de N2O qui peuvent être imputées au carburant. serre de filières de référence produisant des carburants
Cette approche inclut les composants qui y sont mélangés et (essence, kérosène, gazole) à partir de ressources fossiles. La
l’énergie nécessaire à leur production. Le cycle de vie du pro- valeur des émissions de GES attribuée aux filières de
duit recouvre toutes les étapes nécessaires à son obtention, référence à partir de ressources fossiles dépend, notamment,
depuis l’extraction ou la culture, y compris le changement de la qualité du pétrole brut utilisé ainsi que des performances
RY
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inSPS
INNOVATION
et du rendement des procédés de transformation. Établis être réalisée à l’échelle industrielle. En effet, les composés
spécifiquement sur une zone géographique donnée, par exem- issus de la matière végétale ont une teneur en oxygène éle-
ple l’Europe, ces chiffres représentent une moyenne qui doit vée. Cet oxygène devra être éliminé pour que les produits de
Q
faire l’objet de révisions pour suivre les tendances et évolu- la transformation soient incorporables dans les bases de pro-
tions des conditions de production des carburants : qualité des duits pétroliers. D’autre part, ces composés végétaux contien-
bruts traités, modifications de l’outil de raffinage, provenance nent de nombreux hétéro-éléments qui devront être aussi
et nature des produits pétroliers importés. éliminés du gaz de synthèse pour éviter l’empoisonnement du
La sévérité de ces cibles augmente progressivement dans le catalyseur utilisé pour la synthèse Fischer-Tropsch. La figure 4
temps. Cet échelonnement est également fixé dans la direc- représente un exemple d’enchaînement d’étapes de transfor-
tive. Ainsi, aujourd’hui, la réduction des émissions de gaz à mation constituant une chaîne BTL.
effet de serre résultant de l’utilisation de biocarburants est La figure 4 montre que la voie thermochimique indirecte
d’au moins 35 % par rapport à la référence fossile. À partir du comporte un grand nombre d’étapes unitaires de transforma-
1er janvier 2017, la réduction des émissions de gaz à effet de tion. La mise en œuvre à l’échelle industrielle se fera au tra-
serre résultant de l’utilisation de biocarburants devra être au vers d’une chaîne de procédés présentant des degrés de
moins de 50 % et à partir du 1er janvier 2018 de 60 %, pour complexité et de maturité très différents. En effet, tandis que
les biocarburants produits dans des installations ayant certaines étapes de cette chaîne sont maîtrisées à l’échelle
démarré après le 1er janvier 2017. industrielle sur d’autres types de charge et doivent donc être
La mise à jour de ces textes réglementaires se fait en con- simplement adaptées aux spécificités de la biomasse (gazéifi-
tinu au sein des institutions européennes afin d’encadrer au cation), d’autres étapes nécessitent le développement de
mieux un marché en pleine évolution et tenir compte des technologies (torréfaction).
avancées technologiques. Ainsi, les principaux défis technologiques de la voie thermo-
Ainsi la prise en compte du changement indirect d’affecta- chimique indirecte concernent les étapes de prétraitement de
tion des sols (iLUC indirect Land Use Change) est en cours de la biomasse, de la production de gaz de synthèse et de la
discussion. L’objectif est ici de considérer l’influence sur l’envi- purification de celui-ci.
ronnement du changement d’affectation des terres lié à la Le prétraitement a pour objectif de transformer la bio-
production de biocarburant non pas de façon locale à l’échelle masse brute de façon à permettre son injection dans l’étape
du champ (dLUC direct Land Use Change) mais de façon glo- de gazéification. Plusieurs options sont possibles, parmi elles,
bale en évaluant le déplacement des cultures d’une région les deux principales sont la voie dite « sèche » et l’autre dite
géographique à une autre. « en slurry ».
La préparation sèche de la biomasse comporte deux éta-
1.4 Performances environnementales pes, une étape de broyage et une étape de torréfaction.
L’enjeu de ce prétraitement est de produire une poudre de
La figure 2 compare les bilans gaz à effet de serre du puits particules lignocellulosiques adaptée à la fluidisation et au
à la roue des filières biocarburants de première et de transport pneumatique, tout en minimisant les pertes de
deuxième générations. matière liées au traitement thermique. Il n’existe pas, à ce
Les barres verticales positionnent les cibles réglementaires jour, de four de torréfaction industriel permettant de traiter
pour la performance environnementale des biocarburants. Par les débits de biomasse envisagés pour cette application. Cette
rapport aux carburants d’origine fossile, les émissions de CO2 technologie fait actuellement l’objet de nombreux efforts de
des biocarburants de deuxième génération du type de ceux recherche et développement.
produits par la voie thermochimique indirecte seront réduites La voie slurry implique une étape de pyrolyse produisant,
de l’ordre de 90 % selon la directive européenne 2009/30/CE en plus d’un gaz combustible, une fraction liquide et une frac-
respectant ainsi largement les objectifs réglementaires les tion solide qui sont ensuite envoyées à l’étape de gazéifica-
plus contraignants (60 % de réduction). tion. Le liquide obtenu a des propriétés (viscosité,
polymérisation, corrosivité) qui rendent sa mise en œuvre
délicate. Cette phase liquide qui contient de fines particules
2. Description de la technologie solides en suspension (slurry) se révèle particulièrement éro-
sive, entraînant une usure très rapide des conduites et des
Dans le contexte décrit précédemment de croissance de la buses d’injection dans les brûleurs. Ces difficultés représen-
demande en énergie couplée à des incitations fortes de réduc- tent autant de défis à résoudre pour une mise en œuvre
tion des émissions de gaz à effet de serre, des programmes industrielle économique et fiable. Ils font également l’objet de
de recherche sur la production de biocarburants à partir de nombreux efforts de recherche et développement.
matière renouvelable ont été initiés. Pour pallier les inconvé- Les principaux défis de l’étape de gazéification sont :
nients de la première génération (disponibilité limitée et com-
– la gazéification de la biomasse à l’aide d’oxygène pur pour
pétition avec la filière alimentaire), le développement de la
limiter la teneur en gaz inertes (notamment l’azote) dans le
deuxième génération de biocarburants est basé sur l’utilisation
gaz de synthèse et également faciliter le captage du dioxyde
de la fraction lignocellulosique de la plante. Parmi les deux
de carbone ;
principales voies de production actuellement étudiées
(figure 3), la transformation de biomasse en carburants, – l’alimentation en continu du réacteur de gazéification ;
notamment gazole, par la voie thermochimique indirecte – la réduction des goudrons formés au cours des réactions ;
(communément appelée « chaîne BTL ») se caractérise princi- – la disponibilité de l’unité pour maintenir une marche conti-
palement par la mise en œuvre d’une étape de gazéification nue de la chaîne de production de biocarburants.
puis d’une synthèse Fischer-Tropsch. La purification du gaz de synthèse est également une
Si cette voie est une réalité à l’échelle industrielle à partir étape clé de la production de biocarburants de deuxième
de charbon et de gaz naturel notamment en Afrique du Sud et génération. Les objectifs de cette étape de purification sont :
au Qatar, la mise en œuvre de biomasse nécessite néanmoins – d’éliminer les particules pour éviter le bouchage des sections
un programme de développement important avant de pouvoir situées en aval ;
SP
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INNOVATION
EMHV - Soja
EMHV - Tournesol
EMHV - Colza
ÉTHANOL - Betterave
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
gCO2eq/MJ de carburant
* Par rapport aux références fossiles essence et gazole
conventionnels pour lesquels le bilan GES est de 83,8 gCO2eq/MJ
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
* Par rapport aux références fossiles essence et gazole gCO2eq/MJ de carburant
conventionnels pour lesquels le bilan GES est de 83,8 gCO2eq/M J
Figure 2 – Bilan des gaz à effet de serre du puits à la roue des filières de biocarburants actuelles et futures
SQ
Q
SR
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Purification de biogaz
Élimination des COV et des siloxanes
Q
par Benoît BOULINGUIEZ
Docteur, Ingénieur de l’École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
Ingénieur Recherche en génie des procédés appliqués à l’environnement
et Pierre LE CLOIREC
Professeur, Directeur
École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
dernières années sur le sujet ont mis en exergue la pression exercée par les
composés organiques volatils COV, présents dans les biogaz, sur la conduite des
SS
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1. Biogaz – éléments
de contexte Tableau 1 – Comparatif et compositions
moyennes du gaz naturel et d’un biogaz type
1.1 Définition
Gaz Biogaz
Caractéristiques
naturel brut
Le biogaz est produit par la réaction dite de méthanisation
ou digestion anaérobie, d’un substrat organique (déchets CH4 ....................................... (%vol.) 81 à 97 47 à 75
ménagers ou industriels, boues de traitement des eaux, pro-
CO2 ....................................... (%vol.) 1 20 à 55
duits agricoles).
N2 ......................................... (%vol.) <1 <5
Celui-ci, constitué de protéines, lipides et glucides, est O2 ......................................... (%vol.) <3 <2
décomposé par un processus biologique segmenté en quatre
étapes réactionnelles en chaîne : NH3 ....................................... (%vol.) – <1
– l’hydrolyse ;
– l’acidogénèse ; H2S ...............................(mg · Nm–3) 5 200 à 10 000
– l’acétogénèse ;
Soufre total..................(mg · Nm–3) 30 200 à 10 000
– la méthanogénèse.
La production de méthane se déroule durant la dernière étape. COV ..............................(mg · Nm–3) < 300 1 000 à 3 000
Chacune d’entre elles fait appel à des populations microbiennes diffé-
rentes, agissant en symbiose au sein d’un consortium bactérien [1]. Indice calorifique ........ (kWh · m–3) 11,7 5à8
Nota : pour de plus amples informations sur les aspects microbiologiques et Indice de Wobbe......... (kWh · m–3) 14 6,5 à 7,5
réactionnels de la digestion anaérobie, se reporter au dossier Méthanisation de la
biomasse [BIO 5 100]. Équivalent pétrole.......... (L · Nm–3) 1,08 0,6 à 0,65
Les deux constituants largement majoritaires des biogaz sont Densité/air........................................ 0,57 0,95
le méthane CH4 (entre 45 et 75 % en volume) et le dioxyde de
carbone CO2 (entre 20 et 55 % en volume). D’autres constituants Humidité relative ...................... (%) 60 100
prennent part à la composition d’un biogaz, tels que le sulfure
d’hydrogène, la vapeur d’eau, l’ammoniac ou encore l’hydrogène. Le type de substrat organique influe sur les quantités produites de
Cependant, les biogaz contiennent également des composés composés.
ST
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beXUVP
EU(27)
FI
Q
36,7
EE
4,2
SE
DK LV
27,2
LT
UK 2,5
97,9 5 901,2
IE
NL
33,5 DE PL
174,0
1 624,2 BE 62,6
LU
78,6 CZ
10 78,5 SK
FR 2 383,1 AT 8,6 HU
139,1
1 20,2 RO
IT SI
S
309,2 11,9
BG
ES 406,2
PT GR
15,4 329,9
47,8
CY
0,2
MT
SU
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Q
appliquée.
Royaume-Uni 26 000
Luxembourg 21 000 Ce système répressif a induit une réponse prompte de la part
des fournisseurs d’énergie, qui se sont tournés vers la source et
Danemark 18 000 les installations susceptibles de fournir le plus rapidement possible
des quantités de biogaz conséquentes : les déchetteries. En 2010,
Autriche 16 800
les modifications apportées aux « Renewable Obligation
Pays-Bas 10 600 Certificates » indiquent la volonté de soutenir le développement du
biogaz à partir des sources agricoles et des stations d’épuration.
Irlande 7 800
République Tchèque 7 600 1.2.4 Situation française
Belgique 7 400 Dans les années 1980, la France suit le mouvement de dévelop-
pement du biogaz mais stoppe brutalement ses recherches après
Espagne 7 400 le contre-choc pétrolier. Dès lors, un retard conséquent s’accu-
mule, en dépit du plus grand potentiel de ressource en
Finlande 6 900
Europe [10].
Italie 6 900 En 2006, la révision à la hausse des tarifs de rachat de l’électri-
cité ne génère pas la relance espérée par les autorités. Néanmoins,
Slovénie 5 900
il apparaît que les projets de biogaz se développent à partir des
France 4 900 sources agricoles et agroalimentaires [11]. En 2008, environ 200
projets de méthanisation (en fonctionnement ou en étude) sont
Grèce 4 300 recensés en France [20]. Tous les sites ont opté pour la cogéné-
ration d’électricité et de chaleur, sauf deux unités qui envisagent
l’injection du biogaz sur le réseau de gaz naturel. L’étude appro-
fondie sur un panel de 50 sites met en avant l’influence prépondé-
Selon le Ministère de l’Environnement Allemand, en 2007, rante du prix de rachat de l’électricité sur la viabilité économique
1 143 × 106 t de CO2 ont été économisées grâce aux systèmes de des projets.
génération d’énergies à partir de biogaz, lesquels assurent une capa-
cité de 1 100 MW en 2010 [14]. Exemple : sur ces 50 sites étudiés, une augmentation de 30 % du
prix de rachat de l’électricité multiplierait par quatre le nombre de pro-
jets rentables. Le doublement de la redevance sur le traitement des
1.2.2 Modèle danois : centralisation déchets aurait la même conséquence. Pour de plus ample informa-
de la production tion, le lecteur est invité à se reporter au rapport économique complet
de l’ADEME de 2010 [20].
A contrario du modèle allemand, le modèle danois initié à la
même période est qualifié de centralisé [15]. Les producteurs agri- La filière de production de biogaz en France et en Europe est
coles s’associent et regroupent leurs rejets afin d’optimiser les res- amenée à croître dans les années futures, quelle que soit la res-
sources digestives [16]. De cette tendance va naître le principe de source ou la valorisation considérée ; la croissance actuelle n’étant
codigestion : mélange de substrats d’origines différentes. Soute- pas assez soutenue pour atteindre les objectifs du Livre Blanc de la
nus par les autorités dans les années 1980, les projets collectifs de Commission européenne fixés à 15 Mtep pour 2010 [10].
grandes dimensions se multiplient. Les économies d’échelles réali-
sées selon ce modèle contrebalancent les frais logistiques liés à la
collecte des substrats.
1.3 Flux et qualité des biogaz
La valorisation majoritairement employée ne se limite pas uni-
quement à l’électricité mais également à la chaleur produite par
cogénération. L’énergie générée sous forme de chaleur est directe-
1.3.1 Aspects théoriques sur la composition
ment distribuée dans les réseaux de chaleur municipaux, très den- d’un biogaz
ses au Danemark, 60 % des habitations individuelles y sont Selon l’équation de Buswell (1930), le rendement théorique de
connectées [17]. production de méthane peut être estimé à partir de la composition
élémentaire de base d’un substrat, en supposant la réaction totale,
sans formation de sous-produits :
1.2.3 Modèle britannique : pression et répression
Alors que les deux modèles présentés précédemment se diffé- CcHhOoNnSs + y H2O → x CH4 + z CO2 + nNH3 + s H2S
rencient par leur organisation, le développement du modèle bri-
tannique se distingue dans les années 1980 par l’utilisation x = 1/ 8 (4c + h − 2o − 3n − 2s)
massive d’une seule source de substrat : la partie organique des
déchets solides ménagers et industriels, non exploitée par les y = 1/4 (4c − h − 2o + 3n + 3s)
autres modèles à cette époque. Cette production de biogaz est
soutenue par le système des certificats verts britanniques 1
z = (4c + h − 2o − 3n − 2s)
« Renewable Obligation Certificates » [18] [19]. Ce système est 8
SV
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Dans la pratique, cette équation est rarement utilisée en Tableau 3 – Composition de biogaz
raison de la complexité à définir élémentairement et pertinem- en fonction du type de substrat
ment un substrat réel et de l’instabilité du procédé de métha-
nisation dans sa globalité (dissolution du dioxyde de carbone, Caractéristiques CSDU STEP AGRO
inhibition due au pH, mise en œuvre...).
CH4 ................................... (%vol.) 65 à 75 45 à 75 40 à 55
Q
La complexité et le nombre de réactions mises en jeu dans le CO2 ................................... (%vol.) 20 à 35 20 à 55 25 à 30
procédé biologique de production de biogaz rendent difficile une
approche globale et une modélisation des phénomènes et donc N2 ..................................... (%vol.) 0à5 0à5 10
des bioréacteurs. Cela favorise l’accumulation de données expéri-
mentales et empiriques en fonction des types de substrats utilisés O2 ..................................... (%vol.) <1 <1 1à5
et des conditions de mise en œuvre.
NH3................................... (%vol.) traces <1 traces
La maîtrise de la conduite du procédé biologique reste délicate
en raison de l’intégration des divers paramètres : type de substrat, H2S ........................... (mg · Nm–3) < 4 000 < 10 000 < 3 000
pH, température, mise en œuvre et charge organique entrante.
COV .......................... (mg · Nm–3) < 2 500 < 1 500 < 2 500
Nota : pour de plus amples informations, se reporter au dossier Méthanisation de la
biomasse [BIO 5 100]. Indice calorifique .....(kWh · m–3) 6,6 5,5 5,0
à 8,2 à 8,2 à 6,1
1.3.2 Aspects pratiques sur la composition Indice de Wobbe......(kWh · m–3) 7,3 6,8 6,7
d’un biogaz Équivalent pétrole ......(L · Nm–3) 0,6 0,6 0,6
à 0,65 à 0,65 à 0,65
Les constituants présents dans un biogaz dépendent essentiel-
lement de la composition du substrat et non du procédé de pro- Densité/air ................................... 0,9 0,9 1,1
duction appliqué [6] [21]. Dès lors, il devient pertinent afin
d’appréhender la composition des biogaz de segmenter les subs- Humidité relative ...................(%) 100 100 100
trats en fonction de leur origine.
putrescibles 33,0 44 77
Cette segmentation arbitraire est utilisée pour dégager les ten-
dances entre les biogaz provenant de ces substrats. Un comparatif papiers 11,7 68 80
de la composition des biogaz en fonction des principaux types de
substrats est présenté dans le tableau 3. La production de biogaz cartons 12,0 70 80
en fonction de cette segmentation est discutée dans les
paragraphes suivants. complexes (briques alimentaires) 8,5 70 60
textiles 4,2 74 92
1.3.2.1 Centre de stockage de déchets ultimes – CSDU
déchets verts 4,5 50 79
L’enfouissement contrôlé des déchets ménagers et industriels
Non assimilables
banaux dans des centres de stockage des déchets ultimes (CSDU)
est une des voies de production possible de biogaz. Parmi ces rési- plastiques 4,9 85 90
dus sont présents des déchets qualifiés d’assimilables : le papier,
le carton, les matières organiques d’origine animale ou végétale et combustibles divers 1,6 85 75
les déchets verts. Une caractérisation typique de la composition
des résidus déposés dans des CSDU est listée dans le verres 5,4 98 2
tableau 4 [21] [22].
métaux 3,7 90 1
SW
Q
SX
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jWPQP
SY
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jWPQP
1. Procédés de valorisation d’épuration. Dans ce dernier cas, la teneur en eau est supérieure à
90 %, voire 95 % en masse. Ainsi, dans le cadre du procédé de
thermochimique gazéification en eau supercritique, tous les types de biomasse peu-
vent être traités en théorie, il suffit de rajouter de l’eau pour obtenir
de la biomasse des concentrations en matière organique qui permettent le traite-
ment. En opposition, la gazéification classique peut nécessiter un
séchage qui a un cout énergétique important. Il serait cependant
La valorisation thermochimique de la biomasse consiste à porter hasardeux de donner une teneur en eau limite pour ségréger les
à de hautes températures une biomasse dans une atmosphère non différents procédés, même si des teneurs de 70 à 80 % sont souvent
oxydante (ou en sous stœchiométrie dans le cas d’une oxydation proposées dans la littérature. C’est en général une étude technico-
partielle). Schématiquement, trois types de procédé de valorisation économique de chaque procédé, voire plutôt de chaque filière plus
thermochimique de la biomasse sont développés à des pressions globalement, qui permet de déterminer la voie de valorisation la
proches de l’ambiante. Pour un chauffage lent, une pyrolyse lente plus intéressante. En termes d’objectifs, très souvent, la gazéifica-
est obtenue, qui conduit principalement à la formation de charbon. tion en eau supercritique vise la production d’hydrogène. Mais il est
Pour des vitesses de chauffage plus rapides, une pyrolyse rapide également possible de produire des mélanges de monoxyde de car-
est effectuée, qui conduit principalement à la formation d’une bone et d’hydrogène, ou du méthane. Cela dépend des conditions
biohuile [G1455] [BE8535]. Notons que dans tous les cas, trois pha- de pression, de température, et de la durée du traitement.
ses sont obtenues (solide, liquide et gaz), les phases solide et
liquide étant minoritaires. La pyrolyse est faite en atmosphère Cet article présente le procédé de gazéification en eau supercriti-
inerte, azote par exemple. Pour des températures plus élevées, au- que, à savoir les points clés nécessaires à la compréhension du
delà de 1 000 °C parfois, la dégradation se poursuit jusqu’à l’obten- fonctionnement de ce procédé, les différentes réactions mises en
tion de gaz. Ce procédé est une gazéification, qui peut se faire en jeu, des exemples de biomasses dont la potentialité a été testée et
présence d’un gaz oxydant doux comme le dioxyde de carbone ou les différents réacteurs en cours de développement.
la vapeur d’eau [BE8565] [BE8535] [RE110] [J5200] ou par oxyda-
tion partielle à l’oxygène [G1455].
Il est également possible de transposer ces procédés en milieux
aqueux hautes pressions, pour des températures en général infé- 2. L’eau supercritique
rieures aux procédés classiques. La limite qui est faite dans ces
procédés correspond à la température critique de l’eau pure qui
est de 374 °C. Ainsi, pour des températures inférieures à 350 °C et 2.1 Propriétés de l’eau supercritique
des pressions allant jusqu’à 20 MPa, dans de l’eau sans oxydant,
on s’intéresse à un procédé dit de liquéfaction de biomasse, qui Dans le diagramme (pression, température) d’un corps pur, la
produit principalement une biohuile et peu de solides et de gaz ligne de coexistence des phases gaz et liquide se termine par le
(principalement du CO2). Pour des températures supérieures à point critique du corps considéré. Pour des valeurs supérieures à
400 °C et des pressions de 30 à 40 MPa, on parle de procédés de cette pression et à cette température critiques, une seule phase
gazéification en eau supercritique. existe, appelée phase supercritique, pour laquelle il n’y a pas de dis-
Dans le cas de l’utilisation de l’eau supercritique, la biomasse continuité lors du passage à l’état liquide ou gazeux par variation de
cible est plutôt une biomasse humide, à distinguer de la biomasse pression ou de température. De façon générale, les fluides supercri-
sèche. Il est cependant important de nuancer la signification de ces tiques ont des propriétés particulières, communes et d’intérêt,
termes. On entend en général par biomasse sèche les divers comme une masse volumique assez élevée, parfois proche de celle
déchets et résidus de la transformation du bois, la paille, le des liquides, une faible viscosité proche des gaz et de bons coeffi-
papier… Il est couramment admis qu’une biomasse est dite sèche cients de transfert. Cela leur confère de bonnes propriétés de sol-
si elle comprend moins de 20 % en masse d’humidité. La biomasse vant et justifie l’intérêt pour la mise en œuvre de réactions
humide est définie comme une biomasse comportant au moins chimiques ou de diverses opérations unitaires. Les deux composés
50 % d’humidité, par exemple certains déchets verts, agricoles, rési- les plus utilisés dans leur domaine supercritique sont le CO2 (extrac-
dus de l’industrie agroalimentaire… Une dernière catégorie impor- tion, fractionnement, imprégnation, cristallisation…) [CHV4010] et
tante à rajouter pour cette application sont des biomasses dites l’eau (oxydation hydrothermale de déchets, synthèse matériaux…)
liquides, de type liqueurs noires de papeteries ou boues de station [J4950]. Les premières utilisations de l’eau supercritique sont décri-
TP
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tes, par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, dans des turbi-
nes pour des conditions de température et de pression de 550 °C et
25 MPa. Dans cet article, nous nous intéressons aux propriétés par-
Constante diélectrique
ticulières de l’eau supercritique en tant que solvant particulier d’une 30
réaction de gazéification de biomasse.
Dans les conditions ambiantes, l’eau est une molécule polaire 25
(moment dipolaire de 1,85 D), chaque liaison O-H formant un dipôle.
Q
La dissymétrie de la molécule conduit à une polarisation négative
des atomes d’oxygène et positive des atomes d’hydrogène. Ainsi, 20
les molécules forment entre elles des liaisons hydrogène qui font la
particularité de l’eau dans les conditions ambiantes. Elles condui- 15
sent en particulier à une très bonne solvatation des ions. Le passage
du point critique de l’eau (TC = 374 °C et PC = 22,1 MPa) change
10 22,1 MPa
drastiquement la configuration des molécules d’eau. Les liaisons 30 MPa
hydrogène diminuent de façon très importante avec la température, 40 MPa
l’eau restant confinée par augmentation de pression (ce phénomène 5
a été observé par spectroscopie Raman sur de l’eau deutérée). Cela
se traduit en particulier par une chute de la constante diélectrique de
l’eau, qui passe de 80 environ dans les conditions ambiantes à des 0
valeurs proches de l’unité dans les conditions supercritiques. Ces 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700
évolutions sont représentées sur la figure 1, qui montre également Température (°C)
que la valeur de la constante diélectrique est à peu près invariante,
quelle que soit la pression, pour des températures supérieures à
500 °C. Ainsi, la diminution du nombre et de l’intensité des liaisons Figure 1 – Variations de la constante diélectrique de l’eau en fonc-
tion de la température pour des pressions entre 22,1 et 40 MPa
hydrogène fait de l’eau supercritique un solvant très peu polaire.
Cela implique également une diminution très importante de la solu-
bilité des sels, ce qui a des conséquences en terme de conduite des
procédés. Ces variations s’observent également sur le produit ioni-
que de l’eau Ke, retranscrites sur la figure 2 par l’intermédiaire du
Produit ionique pKe
(1) 20
La figure 2 montre que le pKe augmente de façon très significative 30 MPa
au passage du point critique, indiquant une diminution de la concen- 18
tration en ions H3O+ et OH–. Au contraire de la constante diélectri-
que, la figure 2 indique également que la valeur de ce produit 40 MPa
16
dépend de façon significative des valeurs de la pression et de la
valeur de la température. Il est également intéressant de noter que
cette constante augmente, de façon identique quelle que soit la pres- 14
sion, pour des températures inférieures au point critique, avec un
maximum aux environs de 250 °C. Dans ces conditions, les concen-
12
trations en ions H3O+ et OH– sont plus importantes que dans les
conditions ambiantes. D’un point de vue procédé, une accélération
des phénomènes de corrosion au passage de ce point peut être ren- 10
contrée lors du chauffage en amont du réacteur ou lors du refroidis- 150 250 350 450 550 650
sement en aval du réacteur. Le phénomène est particulièrement Température (°C)
marqué en aval du réacteur, car l’effluent peut alors contenir par
exemple des acides à chaîne courte qui vont eux aussi contribuer Figure 2 – Variations du produit ionique de l’eau en fonction de la
aux phénomènes de corrosion. Au niveau moléculaire, le passage température pour des pressions entre 22,1 et 40 MPa
du point critique a également une influence très significative sur la
masse volumique. Les variations de celle-ci sont représentées sur la
figure 3. Une diminution de la masse volumique jusqu’à des valeurs
comprises entre 50 et 150 kg.m–3 dans les gammes de pression et de Le dernier facteur concernant les propriétés d’écoulement est la
température représentées peut être observée sur la figure 3. Notons
viscosité. Les variations de celle-ci sont représentées sur la
que cette valeur dépend assez peu de la température et un peu de la
figure 5. On observe une diminution importante de sa valeur,
pression. Même si la diminution est importante, les valeurs restent
jusqu’à 3.10–5 Pa.s–1 pour une température de 550 °C, quelle que
dans l’ordre de grandeur de la masse volumique d’un liquide et plus
soit la pression, celle-ci ayant une influence assez faible, excepté
importante que celles d’un gaz. Pour toutes ces raisons on appelle
autour de la température critique. Par contre, la valeur de la visco-
souvent l’eau supercritique un « gaz dense non polaire ».
sité augmente avec la température au delà de point critique. Les
On définit la compressibilité isotherme d’un corps pur selon viscosités dans le domaine supercritique sont ainsi de l’ordre de
l’équation (2). Ce coefficient permet de connaître la variation rela- celles des gaz (par exemple 1,85.10–5 Pa.s–1 pour l’air à 20 °C et
tive de volume sous l’effet d’une variation de pression, à tempéra- pression atmosphérique). Cette faible viscosité, combinée par
ture constante. exemple avec un bon pouvoir solvant, confère aux fluides super-
critiques en général et à l’eau en particulier de bonnes propriétés
de transport des espèces. Cela se traduit également par des
(2)
valeurs sigificatives de diffusivité, par exemple 6.10–8 m2.s–1 pour
l’eau à 30 MPa et 450 °C, contre 10–9 m2.s–1 pour l’eau à 0,1 MPa et
Les variations de ce terme sont indiquées sur la figure 4. 20 °C.
TQ
Q
TR
Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
1– Biomasse R
2– Hydroélectricité Réf. Internet page
4– Énergie solaire
5– Géothermie
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TS
R
TT
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Aménagements hydroélectriques
R
Professeur Honoraire à l’École nationale des ponts et chaussées
Président du Comité scientifique et technique de la Société hydrotechnique de France
TU
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beXUXP
R nombreuses techniques.
Dates clés pour l’histoire de l’hydroélectricité [2] [3] Dates clés pour l’histoire de l’hydroélectricité [2] [3] (suite)
Évènement marquant pour l’énergie Évènement marquant pour l’énergie
Date Date
hydraulique et l’hydroélectricité hydraulique et l’hydroélectricité
Antiquité Apparition du moulin à eau, au Proche-Orient 1890 Usines électrochimiques en Savoie : Calypso
(Ier siècle av. J.C.), suivi de son extension (1891), Chedde (1896)
parallèle en Chine et dans l’empire romain Turbines de puissance unitaire supérieure
(Ier siècle au Ve siècle) à 1 MW (1895)
Usines hydroélectriques de plus de 4 MW :
Xe-XIIIe siècles Très nombreux moulins à eau en Occident – des chutes du Niagara (1895)
comme en Orient, pour moudre le grain – Chèvres sur le Rhône pour Genève (1896)
et pour de nombreux usages industriels : – Paderno pour Milan (1898)
pilons pour la fabrication du papier, marteaux, – Champ sur Drac pour Grenoble (1898)
soufflets de forge, scieries – Cusset pour Lyon (1899)
Apparition du moulin à marée en Occident – Rheinfelden sur le Rhin (1899)
XVIIe siècle Développement des forges intégrées 1900 – Shawinigan pour Montréal (1901)
(jusqu’à 8 roues hydrauliques) – Avignonet pour Grenoble (1902)
Pompes hydrauliques (la Samaritaine, Usines électrochimiques, en Norvège (1906-1916)
au London Bridge, la Machine de Marly...) Barrage Roosevelt aux États-Unis (1909)
1910 Victor Kaplan brevette la « roue Kaplan » (1912)
XVIIIe siècle Première machine « à réaction » : Loi sur la Houille Blanche en France (1919)
la roue d’Euler (1754)
Développement de grandes minoteries 1920 Aménagement du Rhin germano-suisse
hydrauliques (1912-1933)
Filatures hydrauliques en Angleterre (1769),
aux États-Unis (1790) et en France (1791) 1930-1940 Dixence en Suisse, chute de 1748 m (1931),
puis Grande Dixence (1936-1852)
vers 1830 Grandes filatures hydrauliques à Lowell, Aménagement de Kembs sur le Rhin (1933)
États-Unis (1826-1847) Grands barrages aux États-Unis : Hoover (1935),
Benoît Fourneyron met au point la première Grand Coulee (1942)
turbine à réaction opérationnelle (1827)
Première hautes chutes (110 m) équipées 1950 Turbines Francis sur des chutes de plus de
par Fourneyron dans la Forêt Noire (1838) 400 m en Norvège (1949-1959)
France : barrages de Génissiat (1948), Tignes
(1952), Serre-Ponçon (1959)
1850 James B. Francis met au point à Lowell
Centrales avec pompage aux chutes du Niagara
la première « turbine Francis » (1855)
(1955-1961)
Moulins à papier dans les Alpes : Domène
Kariba sur le Zambèze (1959)
(1865), Rioupéroux (1869), Lancey (1869,
chute de 200 m) 1960 Aménagement du Rhin franco-allemand
(1952-1977)
1870 Lester A. Pelton brevette la « roue Pelton » Aménagement du Rhône (1949-1970)
(1878) Usine marémotrice de la Rance (1966)
1880 Naissance de l’hydroélectricité : Cragside 1970 Haut barrage d’Assouan sur le Nil (1970)
(1880) ; Niagara, Ottawa, Lausanne (1881), Chutes Churchill au Canada (1971)
Appleton, (1882)
1980 Barrages d’Itaïpu sur le Parana (1983)
Transport d’électricité hydraulique
et de Guri/Raul Leoni sur le Parana (1983)
sur 14 km de Vizille à Grenoble (1883)
Premières usines électrochimiques : 1990 Complexe de La Grande au Canada (1982-1995)
Day, Vallorbe (1889) Barrage des Trois Gorges sur le Yangzi (1993-2009)
TV
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1. Principe des aménagements En réalité, il faut déduire de cette puissance brute toutes les
pertes par frottement :
hydroélectriques – frottements dans les conduits d’amenée de l’eau aux turbines
(appelés en hydraulique : pertes de charge ), qui conduisent à ce
que l’on appelle une hauteur de chute nette H un peu inférieure à
1.1 Principe de conversion la hauteur de chute brute Hb ;
de l’énergie hydraulique – frottements dans les turbines et alternateurs, traduits par le
rendement η (< 1) de l’ensemble turbine-alternateur.
Le cycle naturel de l’évaporation et des précipitations a pour effet La puissance électrique effectivement récupérée est donc :
l’apparition d’eau à une certaine altitude ; cette ressource peut être
sous forme d’eau courante dans les torrents, les rivières ou leurs P = η ρ gQH (3)
bassins-versants, d’eau souterraine dans les nappes ; elle peut être
R
aussi sous forme de neige sur les hauts reliefs, ou de glace dans les
glaciers. Un volume d’eau V existant à une certaine altitude h 1.2 Types d’aménagements
au-dessus de la mer correspond à une énergie potentielle :
Les types d’aménagements hydroélectriques sont directement
E = ρ gV h (1) liés aux types de chutes aménagées ou à aménager [1].
Profil en long
CHEMINÉE
680 ADDUCTION
Brassac Cheminée d’équilibre DU FALCOU R.N. 662,00
Agrès
660
Centrale de Brassac 640,00
640 ADDUCTION
u
629,00
lco
DES AGRÈS
Fa
La Ricardié 580
Prise du Falcou
560
Agout 540
520
0 1 2 km
Barrage de Ponviel 500
N USINE DE BRASSAC
480
Barrage – Centrale
Distances
de La Raviège au Tarn (km)
135 140 145 150 155 160
TW
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minée d’équilibre et une conduite forcée qui amène l’eau à mobiles qui puissent être ouvertes en période de crue, de façon à
l’usine de Brassac, plus bas. « effacer » le barrage.
Dégrilleur
Portique à batardeau
11,60 140,00
23,74 Portiques roulants
137,60 (1 100 – 200 – 50 kN)
RETENUE NORMAL
Axe de l’usine
135,00
132,00
Hall de montage
131,78
128,00
0,50 10,26
123,30
133,6
Grilles
Alternateur 25 MVA
120,00
Aspirateur
∅ 540
10,00
113,31
21,40
111,48
110,34 111,00
0
Galerie de drainage
100,00
107,28 Galerie de drainage
8,03 4,00 18,00 6,00 2,10 16,00
Cotes en mètres
Figure 2 – Aménagement de basse chute au fil de l’eau : coupe au travers du barrage-usine de Gambsheim qui fait partie de la chaîne des
ouvrages du Rhin (cf. figure 6) (doc. EDF-DPIH)
TX
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Production d’électricité
par aménagements hydrauliques
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© Techniques de l’Ingénieur D 4 008 − 1
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— un coût combustible nul et une énergie nationale ;
— une excellente disponibilité sur l’année (~ 90 %) ;
— une fiabilité des réponses aux sollicitations (~ 99 %) ;
— des temps de réponse très courts (de l’arrêt à la pleine puissance en quel-
ques minutes).
L’augmentation de la consommation globale d’énergie des pays développés,
et ses conséquences sur la détérioration de l’environnement, a conduit à repen-
ser au développement des énergies renouvelables, l’hydroélectricité restant de
loin la plus importante en terme de production. Les grandes retenues d’eau
avaient principalement pour but de fournir une réserve d’électricité, elles ont de
plus en plus des buts multiples : irrigation, soutien d’étiage, écrêtement de
crues, alimentation en eau industrielle ou potable, tourisme, etc.
Les études doivent préciser les coûts d’investissement nécessaires, leur étale-
ment, les coûts d’exploitation et les actifs apportés par la production capitalisée.
Elles doivent déterminer le meilleur investissement pour utiliser le gisement
hydraulique et limiter les impacts sur l’environnement.
Un aménagement hydroélectrique comprend un barrage créant une retenue
d’eau plus ou moins importante, une prise d’eau dans cette retenue, des ouvra-
ges d’amenée, une usine de production, une restitution au cours d’eau, une
ligne d’évacuation d’énergie et des accès aux sites.
Le lecteur est invité à consulter les articles suivants :
— sur l’évaluation des risques naturels [C 3 295] ;
— sur les barrages [C 5 555] ;
— sur les aménagements hydroélectriques [B 4 405] ;
— sur les turbines hydrauliques [B 4 402] et [B 4 407] ;
— sur les alternateurs [D 3 550], [D 3 551], [D 3 552] et [D 3 775] ;
— sur les petites centrales hydrauliques [D 3 930].
k Coefficient V m3 Volume
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1. Ressources naturelles Les électriciens ont contribué à bien connaître l’hydrologie des
bassins qui est répertoriée dans des annuaires à disposition de tous
les utilisateurs de l’eau. Les valeurs des débits journaliers sont
connues de façon précise au niveau d’une centrale car le débit tur-
La puissance hydraulique utilisable est proportionnelle au débit
b
d’eau et à la hauteur de chute d’eau. L’utilisation des ressources ques de la turbine. En site vierge, les débits ont été établis par une
nécessite donc une connaissance de l’environnement du cours station de jaugeage, ou limnimétrique, au plus près des sites envisa-
d’eau. gés. En effet, les précipitations ne se transforment pas en totalité en
écoulement, une partie non négligeable retourne dans l’atmosphère
par évaporation et transpiration et une autre dans les nappes sou-
1.1 Topographie et géologie terraines par infiltration. En France, ces pertes représentent près des
deux tiers des précipitations. En montagne, le stock neigeux est utile
à connaître pour estimer l’équivalence en écoulement, les pertes
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La topographie permet de connaître précisément la surface du pouvant être importantes par sublimation (15 à 20 %).
bassin versant qui alimente la rivière, son altitude, ce qui condi- Les chroniques de débits journaliers sur la plus grande période
tionne le régime des écoulements. Le profil en long de la rivière per- connue permettent de définir les valeurs qui permettront le dimen-
met de situer le barrage et les ouvrages de dérivation pour sionnement économique des ouvrages :
optimiser le ratio entre la longueur des ouvrages de dérivation et la
hauteur de chute (L/h) (voir l’article [C 5 555] sur les barrages). — le débit moyen journalier (Qj en m3/s), moyenne des débits de
chaque jour ;
La topologie des versants permet de situer les ouvrages impor- — le module ou débit moyen interannuel (M en m3/s), moyenne
tants. Un barrage se situe au verrou roch tie d’une des 365 débits journaliers ;
cuvette, la centrale se situe dans une cuvette utilisant au mieux la — le débit de pointe de la plus grande crue connue Qc ;
chute avec des longueurs d’ouvrages d’amenée réduites. — le débit spécifique moyen annuel qm = M/S, S étant la surface
La géologie permet de préciser la faisabilité des ouvrages. La du bassin versant.
cuvette du barrage doit être étanche sans grands travaux d’étan- Le débit spécifique qm permet de comparer les bassins versants
chéité complémentaire. La géologie du verrou détermine la faisabi- et de calculer les débits moyens par interpolation entre stations de
lité du barrage et son type. Les propriétés mécaniques du verrou jaugeage. En Europe, leur valeur varie de 20 L · s−1 · km−2 en monta-
doivent permettre de reprendre les forces appliquées au barrage. gne à 6 L · s−1 · km−2 en plaine.
Les données sismologiques de la région permettent de déter- La courbe chronologique des débits moyens journaliers et, si les chro-
miner la tenue aux séismes du projet. Elles servent pour les calculs niques sont suffisantes, les courbes d’occurrence à différents pourcenta-
des structures. ges de Qj permettent de calculer les productions potentielles brutes.
Les glissements de terrain éventuels sont répertoriés et leurs évo- La courbe des débits Qj classés par ordre décroissant permet de
lutions prises en compte pour évaluer leur dangerosité par rapport définir le nombre de jours dépassant une valeur déterminée (figure 1).
à la retenue.
La courbe des débits cumulés sur une année tracée pour des années
moyennes et extrêmes permet de préciser le volume de la retenue.
1.2 Hydrologie 10
Q (m3/s)
Elle précise les apports d’eau, leur évolution selon les saisons, 9
leur régularité et les phénomènes extrêmes, mais aussi les trans-
ports solides du cours d’eau. On classe les régimes de débit de la
8
façon suivante :
— régime glaciaire avec des débits importants en été jusqu’en
août ; 7
— régime nival lors de la fonte de la neige au printemps ;
— régime pluvial océanique ou tropical selon les latitudes ; 6
— régime complexe pour les grands fleuves qui ont des bassins
versants très diversifiés ;
5
— régime particulier comme les régimes cévenols ou méditerra-
néens.
4
Rappel historique Débit moyen M : 3 m3/s
3
Depuis l’Antiquité, la force de l’eau a été utilisée pour des uti-
lisations mécaniques (moulins, forges, scieries...). Au 2
XIXe siècle, de grandes évolutions conduisent au concept des
centrales hydroélectriques d’aujourd’hui. Dès 1827, les turbines
font leur apparition, améliorant l’efficacité et la puissance cap- 1
tée par les roues à aubes. En 1869, la première conduite forcée
permet d’utiliser une chute de 200 m et 700 kW, portée à 500 m 0
et 1 800 kW en 1882. Parallèlement, la découverte des lois de J F M A M J J A S O N D
l’électromagnétisme permettant de transformer l’énergie méca-
nique en énergie électrique conduit à la mise au point de l’alter-
nateur. Enfin, les premières lignes de transport (1883) 0 100 200 300 365
Jours
permettent d’utiliser l’électricité loin des sites de production et
conduiront à la création des réseaux de transport et de distribu-
Figure 1 – Courbe des débits classés et répartition des débits
tion de l’électricité chez les consommateurs.
moyens mensuels
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1.3 Étude des crues sources et peut influer sur les glissements de terrain des versants. Et
enfin, la masse d’eau des retenues importantes peut provoquer des
microséismes locaux au premier remplissage.
L’aménagement ne doit en aucun cas aggraver les conséquences ■ Risques de rupture : un barrage stocke une énergie potentielle
des crues et si possible les atténuer. La connaissance des crues est énorme. Bien que l’amélioration des techniques de construction, la
nécessaire pour dimensionner les évacuateurs et la déviation provi- surveillance et l’auscultation des barrages, l’amélioration des
soire pendant la construction du barrage. connaissances hydrométéorologiques et géologiques, réduisent le
Dans les bassins versants de montagne, les crues sont produites risque de rupture, il ne peut être considéré comme nul. Les principa-
par la fonte rapide des neiges due en général à un vent chaud (le les causes de rupture sont l’insuffisance des évacuateurs de crues
fœhn) suivi de pluies chaudes. En plaine, elles sont surtout dues à (sur les barrages en terre ou en enrochements) et le mauvais com-
des épisodes pluvieux importants et longs. portement des fondations (en général au premier remplissage).
La connaissance des épisodes de crues enregistrés dans les chro-
R
■ Obstacle sur les transports solides : les corps flottants sont arrê-
niques et les connaissances des précipitations et du bassin permet- tés, ce qui peut constituer un moyen de nettoyer la rivière. Les trans-
tent de déterminer par des méthodes statistiques les probabilités ports solides sont stockés dans le réservoir. En se déposant dans la
d’ordre 10−n, n = 1 à 4, des crues extrêmes et leurs hydrogrammes. retenue, les limons en diminuent la capacité ; un amoncellement
Ces méthodes reconnues internationalement par la Commission trop important contre le barrage peut conduire à obstruer les vidan-
internationale des grands barrages (CIGB) sont le GRADEX (gra- ges de fond. Des chasses doivent être pratiquées lors des crues pour
dient de valeur extrême de précipitation) ou la PMP (pluie maximum diminuer cet impact.
probable). Bien que les bases de calcul soient enrichies avec chaque
épisode de crue importante, ces méthodes statistiques sont basées ■ Conséquences du stockage de l’eau : le stockage de l’eau conduit
sur des chroniques restreintes à quelques décennies. Des rensei- à une stratification thermique et chimique dans les retenues. En pro-
gnements complémentaires, administratifs ou témoignages oraux, fondeur, la température reste voisine de 4 ˚C et, en surface, l’eau
sur les phénomènes extrêmes sont à rechercher auprès des rive- subit les influences de l’air (température, vent). Le ralentissement
rains et des responsables locaux pour compléter la connaissance du du courant amène une évolution de la flore (plancton, algues). Si les
cours d’eau. sédiments sont chargés en nitrates ou phosphates, cette évolution
peut aller jusqu’à l’eutrophisation qui conduit à une réduction de
l’oxygène dissous et à la modification de la faune.
Les grandes retenues peuvent apporter des modifications locales
1.4 Qualité de l’eau de climat en augmentant l’évaporation de l’eau et en favorisant
l’apparition de brouillards. Dans les pays tropicaux, le développe-
ment des maladies parasitaires est favorisé.
L’eau des cours est toujours chargée des matières solides
d’érosion qu’elle engendre et l’aménagement modifie les dépôts
habituels de ceux-ci. En montagne, ce sont surtout des rochers, des
cailloux, des graviers ; en plaine plutôt des sables et limons. Les 2.2 Effets sur l’aval des barrages
conséquences sont :
— l’envasement des retenues qui en diminue la capacité et sur-
tout risque de gêner le fonctionnement des organes de vidange ; ■ Érosion : l’absence des limons stockés dans la retenue conduit, à
— l’envasement des canaux qui augmente les pertes de charge et l’aval, à une érosion du lit de la rivière. Il est parfois nécessaire de
diminue les gabarits sur les canaux navigables ; construire des seuils pour y remédier. Sur les grands fleuves qui irri-
— l’usure des matériels, principalement des turbines. guent des vallées alluvionnaires, le défaut de limons peut être
La grosseur des éléments solides et la vitesse de l’eau condi- néfaste à l’agriculture.
tionne le dépôt, le roulage sur le fond ou le maintien en suspension.
■ Conséquences des canalisations : les galeries d’amenée consti-
Les études théoriques confortées par des essais sur modèles dans tuent un drainage des massifs traversés si elles sont à écoulement
des laboratoires spécialisés permettent de préciser le dimensionne- libre ou, au contraire, font une mise en pression du massif si elles sont
ment des ouvrages de dégravement, des organes de chasse sur les en charge. L’hydrogéologie des versants doit donc être très étudiée
prises en rivière, et les fréquences de dragage dans les canaux. avant les travaux, en particulier les sources et glissements de terrain.
Nota : ces laboratoires spécialisés sont le Laboratoire national d’hydraulique (LNH) à
Chatou, la Société grenobloise d’études et d’applications hydrauliques (Sogreah), l’Institut ■ Suppression des crues moyennes : les grands barrages permet-
hydraulique de Grenoble, l’Institut hydraulique de Toulouse, le Laboratoire des machines tent en général d’encaisser les crues petites ou moyennes. Les
hydrauliques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne.
conséquences peuvent être néfastes à la reproduction des poissons
Les qualités chimiques des eaux, en particulier le pH et la dureté, qui profitaient des crues pour rejoindre les frayères. L’absence de
sont à connaître pour déterminer les qualités des bétons à utiliser et crues favorise aussi l’envahissement des berges par la végétation,
les protections des matériels. réduisant ainsi le passage d’une crue exceptionnelle.
En revanche, les crues exceptionnelles ne sont pas néces-
sairement atténuées par les barrages (sauf s’ils sont construits pour
cela) et leurs dégâts sont toujours possibles.
L’endiguement des rivières de plaine peut accélérer les propaga-
2. Impact environnemental tions de crues. Les consignes de gestion des crues doivent en tenir
compte.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 008 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
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(ponts, route sur le barrage). Les équipements hydroélectriques Exemple : centrales de Herdecke (1930) et Waldeck (1933) en Alle-
sont très capitalistiques et les incidences sur les taxes locales sont magne, du Lac-Noir (1939) dans les Vosges.
importantes. La création d’emplois directs d’exploitation n’est pas
très importante, mais elle se fait souvent dans des zones à faible On distingue :
densité de population. La présence de plan d’eau permet de créer un — le pompage journalier (temps de remplissage du bassin supé-
attrait touristique important (Serre-Ponçon, Vassivière). Certaines rieur < 8 h) ;
retenues ont des intérêts multiples outre la production d’électricité, — le pompage hebdomadaire (temps de remplissage < 50 h en
comme l’irrigation, la navigation, l’alimentation domestique, la fin de semaine) ;
régulation des débits (écrêtage des crues, soutien d’étiage). La navi- — le pompage saisonnier ou mixte : pompage et gravitaire.
gation est développée par l’adjonction d’écluses sur les ouvrages
(Rhin, Rhône).
Un cas particulier de pompage existe avec la centrale maré-
motrice de la Rance. Cette centrale équipée de 24 groupes bul-
R
bes réversibles peut turbiner en direct de la rivière vers la mer à
3. Aménagements marée basse, en inverse de la mer vers la rivière à marée haute,
et selon le coût de l’électricité pomper de la mer vers la rivière
pour produire plus à une heure de pointe.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 4 008 − 5
US
R
UT
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R
Ancien Directeur de filiale de petites centrales
Ancien Directeur Technique de l’Hydraulique d’EDF, Saint Denis, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article D4009 intitulé « Production d’électricité par
petites centrales hydroélectriques » paru en 2004, rédigé par Pierre Lavy.
UU
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dTPPY
R production écologique.
Dans les pays en développement, le rôle des petites centrales hydrauliques
est plus important, dans la mesure où les réseaux sont moins puissants et la
diversité des solutions hydrauliques permet des solutions locales et décentrali-
sées de production.
Le lecteur intéressé sur le sujet pourra trouver des informations complémen-
taires en particulier sur les machines dans [D 3930], [D 4008] et [B 4407].
UV
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dTPPY
Débits en m3/sec
6 6
les débits.
L’énergie produite dépendra du débit d’équipement. La puis-
5 5
sance installée P (kW) se calcule par la formule :
4
3
Débit moyen 3 m3/sec
4
3 R
2 2 avec k coefficient dépendant du rendement global de
l’installation, tenant compte des pertes de
1 1 charge le long du circuit hydraulique et des
0 0 rendements de chaque machine, turbine,
J F M A M J J A S O N D multiplicateur, alternateur, transformateur,
auxiliaire. Pour les machines importantes et en
0 100 200 300 365
première approximation, on peut prendre k = 8,
entre 6 et 8 pour les machines plus faibles,
Figure 1 – Courbe des débits classés (nombre de jours atteignant
cette valeur de débit) et débits moyens mensuels Qe débit d’équipement (m3/s),
h hauteur brute (m).
Sur certains cours d’eau, et en cas d’incertitude, il peut s’avérer Le productible théorique Wt se calcule à partir de cette puis-
nécessaire d’installer un limnigraphe près du site prévu de la prise sance et des données hydrologiques limitées au débit Qe d’équi-
d’eau. Ces appareils s’installent au plus tôt, dans un endroit pement. Pour cela on utilise la courbe des débits classés qui trace
calme, pour avoir le plus possible de mesures significatives. Il est le nombre de jours où le débit est supérieur à un débit donné
conseillé de faire installer et suivre les mesures par le cabinet qui (cf. § 1.3 de [D 4008]).
fera l’étude d’impact du projet. Ses hydrologues doivent être à La puissance des micro-ordinateurs actuels permet de calculer
même d’étalonner et d’assurer des données de qualité. la production sur la durée des chroniques de débit et de préciser
La qualité de l’eau (pH, dureté, pureté) est à mesurer à divers la production moyenne possible. Pour les installations avec réser-
moments de l’année et sera à fournir pour les consultations des voir, ces simulations de fonctionnement sont impératives.
entreprises. Les transports solides et les corps flottants seront sui- La recette annuelle théorique découlera des négociations sur les
vis dans les situations de crues et d’étiages pour estimer les tarifs avec l’acheteur sur les bases des productibles théoriques sur
risques de sédimentation et d’abrasion. les différentes périodes tarifaires.
UW
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R e
O De D (m)
2. Déroulement du projet
Figure 2 – Détermination de l’optimum économique
2.1 Démarches administratives
Elles sont liées à la réglementation du pays pour obtenir :
Le choix de la solution retenue correspondra à l’optimum entre – le titre administratif (autorisation préfectorale si la puissance
le coût de la construction et la valorisation de la quantité d’éner- est inférieure à 4 500 kW, ou concession au-delà) ;
gie produite (figure 2). – le cahier des charges ou règlement d’eau ;
Le coût du génie civil se fait à partir des « prix d’ordre » des tra- – les autorisations locales (permis de construire, de passage,
vaux majorés pour tenir compte des aléas techniques. Cette majo- contrat de vente…).
ration peut varier de 10 à 50 % par poste, en fonction des Un dossier d’impact est nécessaire pour déposer la demande de
incertitudes laissées par les études préliminaires. Le coût des titre. L’étude pour établir ce dossier pouvant demander une année
matériels se fait à partir des propositions estimatives faites par les d’observations, il faut la lancer auprès d’une société spécialisée
constructeurs. dès que la décision de réaliser est prise.
Les devis doivent tenir compte de tous les postes : La réalisation du projet peut s’effectuer selon les capacités du
– dossier d’impact et mesures compensatoires ; maître d’ouvrage, selon les modalités suivantes ou toute solution
intermédiaire :
– accès ;
– ouvrages de génie civil ; – un contrat unique est passé à un entrepreneur général, qui
prend la responsabilité de la coordination du chantier, entre sa
– matériels et équipements hydrauliques et électriques ;
propre intervention et ses sous-traitants fournisseurs de travaux
– évacuation de l’énergie ; ou matériels, qui ne sont pas de sa compétence ;
– ingénierie et intérêts intercalaires éventuels. – des contrats distincts sont confiés à des entreprises et fournis-
Le choix entre plusieurs variantes se fera par une étude écono- seurs spécialisés.
mique et financière pour déterminer la plus rentable. Dans tous les cas, les règles d’appel d’offres en vigueur sont à
respecter, et les responsabilités du maître d’ouvrage à bien cer-
ner. En général, pour les petites centrales, trois lots principaux
1.3 Avant-projet détaillé sont envisageables.
1. Le génie civil et les études d’exécution (par un bureau spé-
Il permet une mise au point du projet pour rédiger les pièces cialisé ou par l’entrepreneur) ;
définitives des appels d’offres aux différents corps de métiers.
Pour confirmer les données des études précédentes et pour éviter 2. L’électromécanique pour les groupes turbine-alternateur et
les contestations éventuelles des entreprises et fournisseurs, les les matériels du circuit hydraulique : grilles de prise, dégrilleur,
plans et les exigences techniques doivent être précisés : vannes et accessoires…
– dimensionnement des ouvrages de prise, canaux, galerie, che- 3. Équipements électriques : circuits de haute et basse tension,
minée d’équilibre, conduite forcée, canal de fuite ; transformateurs, armoires de poste, automatismes, télésurveil-
lance, services généraux.
– définition de l’agencement de la centrale avec le circuit
d’eau, l’emplacement des groupes et des matériels auxiliaires, Les spécifications des ouvrages ou matériels doivent porter
les facilités de maintenance, les circuits de ventilation, les dis- sur les fonctions principales attendues du projet et laisser le
positions d’hygiène et de sécurité du personnel. Le plan de prestataire libre de rechercher les solutions économiques et
masse précisera les charges statiques et dynamiques des fiables qui respectent les fonctions et garanties à attendre du
machines et permettra à l’architecte de proposer un projet de projet.
permis de construire ; Les garanties demandées doivent assurer l’économie du projet
– définition des groupes : type et puissance de la turbine, vitesse dans la durée du titre et la sûreté des ouvrages et de l’exploita-
nominale, type et puissance du générateur ; tion. Outre les contrôles réglementaires ou normalisés, les garan-
– implantation des groupes : axe (vertical, horizontal, oblique), ties exigées doivent pouvoir être contrôlées.
calage par rapport aux niveaux amont et aval, niveaux des plan-
chers ;
– caractéristiques des machines en marche normale et transi- 2.2 Avancement du projet
toire, inertie des parties tournantes et tenue à l’emballement,
conditions de survitesse et surpression, intensité de court-circuit et L’analyse des offres peut amener à des négociations sur des
conditions de surtension ; précisions de réalisation ou réserve du soumissionnaire, à l’exa-
UX
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dTPPY
3. Génie civil et
infrastructures
3.1 Type d’aménagement
Figure 4 – Chute avec dérivation
Un aménagement hydroélectrique est adapté au site et toutes
les fonctions hydrauliques citées au paragraphe 1 ne sont pas tou-
jours nécessaires. Le classement habituel se fait d’après la hauteur
de chute utilisée.
3.2 Ouvrages de retenue
Les basses chutes sont des chutes sur les seuils et barrages des
cours d’eau ou canaux, généralement sans longue dérivation
(figure 3). Un seuil est un barrage de faible hauteur dont la fonction est
Les chutes moyennes et hautes chutes peuvent être sans déri- de maintenir un plan d’eau pour dériver une partie du débit
vation si elles sont incluses dans un barrage, avec un ouvrage dans un canal ou dans l’admission d’une turbine.
d’amenée (galerie, canal ou conduite) et un ouvrage en charge Un barrage est un ouvrage créant une surélévation significa-
(conduite forcée), une cheminée d’équilibre peut alors s’avérer tive du plan d’eau et permettant un stockage plus ou moins
nécessaire entre ces deux derniers ouvrages (figure 4). important des débits.
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Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
1– Biomasse
2– Hydroélectricité
S
3– Éolien et énergies marines Réf. Internet page
4– Énergie solaire
5– Géothermie
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S
VR
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beXTPP
S
1. Traitement et modélisation des mesures du vent .................... BE 8 400 – 3
2. Extrapolation de la vitesse du vent à la hauteur de la nacelle — 4
3. Potentiel énergétique éolien ........................................................ — 5
4. Mesures du vent .............................................................................. — 7
4.1 Mât de mesures .................................................................................. — 7
4.2 Instruments de mesures .................................................................... — 7
4.2.1 Anémomètres et girouettes ..................................................... — 7
4.2.2 Ballon captif météorologique .................................................. — 7
4.2.3 SODAR ..................................................................................... — 7
4.2.4 LIDAR ....................................................................................... — 8
4.3 Rose des vents ................................................................................... — 8
4.4 Vents locaux ....................................................................................... — 8
5. Atlas éolien ...................................................................................... — 9
5.1 Méthode d’interpolation spatiale ...................................................... — 9
5.2 Atlas éolien à grande échelle ............................................................. — 9
5.3 Atlas microclimatiques ...................................................................... — 10
6. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. BE 8 400
’énergie éolienne est une des plus anciennes puissances naturelles domesti-
L quées sous forme mécanique, principalement pour la traction des navires et
l’entraı̂nement des meules des moulins et des pompes. Les moulins à vent ont dis-
paru. Cependant, les pompes mues par les éoliennes continuent à tourner, sans
oublier la marine à voile qui a de tout temps utilisé l’énergie cinétique du vent.
On trouve de nos jours des éoliennes pour assurer :
– le pompage de l’eau : cette utilisation se trouve surtout dans des régions
isolées ou des pays en voie de développement ; dans un passé récent, toute
l’eau utilisée pour le pâturage dans les hauts plateaux algériens provenait du
pompage mécanique éolien ;
– la production de l’électricité ; en couplant une génératrice à une éolienne, on
peut obtenir de l’électricité avec ce qu’on appelle l’aérogénérateur dont l’utilisation
s’est répandue dans le monde à des faibles, moyennes et grandes puissances ;
– le chauffage dans l’habitat ; cette idée est restée au stade expérimental pour
devenir dans l’avenir une option intéressante pour certaines contrées.
Pour toutes ces applications, l’élaboration et l’utilisation d’un atlas du poten-
tiel éolien, c’est-à-dire de l’histoire des vents de la région, depuis au moins une
décennie, est fondamentale.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQX
VS
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beXTPP
Pour avoir une idée des variations durant l’année, une étude de la répartition
du vent doit être réalisée [1].
A surface du disque m2
F force N
S Pmoy
puissance énergétique éolienne
moyenne disponible
W
Pn puissance nominale W
KA élévation du ballon m
HA hauteur de la colline m
z, z1, z2 altitude m
zo rugosité du sol m
VT
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beXTPP
V ⎛ ⎛V ⎞ 2 ⎞
f (V ) = 2 exp ⎜ − ⎜ ⎟ ⎟ (6)
⎝ ⎝C ⎠ ⎠
C 2
La puissance énergique éolienne moyenne disponible, associée à
une circulation d’une masse d’air à une vitesse Vmoy et agissant sur
une surface A du rotor d’une éolienne, s’écrit :
Toutefois, la distribution de Weibull classique (fonction de deux
paramètres) est la plus indiquée. L’utilisation de ces deux paramè-
Pmoy =
1
2
ρA V 3( )moy (1)
tres permet l’évaluation d’un nombre important de propriétés de la
distribution, d’où une meilleure caractérisation des sites.
avec r masse volumique, paramètre variant avec l’alti- Les lois de modélisation permettent la détermination des fac-
tude et la température. teurs éoliens caractérisant un site, à savoir :
L’expression précédente montre que la puissance disponible – la vitesse moyenne du vent ;
varie avec la vitesse cubique moyenne du vent. Cette dernière est – la vitesse cubique moyenne du vent ;
S
déterminée à partir d’un traitement statistique des données vent – la variance de la distribution des vitesses.
brutes et le calcul des fréquences à un seuil donné de vitesse.
Partant des mesures vent (vitesse et direction), la vitesse
De par la forme des nuages des points obtenus, les études de
moyenne pondérée s’écrit :
modélisation de la distribution des vitesses du vent ont été
orientées vers des modèles associant puissance et exponentielle. ∞
Les modèles usuels sont : Vmoy = ∫ V f (V )dV (7)
– la distribution de Weibull [3] ; 0
– la distribution hybride de Weibull [2] ;
– la distribution de Rayleigh [31].
Alors que la vitesse cubique moyenne se détermine par :
Le modèle le plus utilisé pour traduire la variation des vitesses de
vent est la loi de distribution de Weibull. Sa densité de probabilité ∞
se présente sous la forme : (V 3 )moy = ∫ V 3 f (V ) dV (8)
0
k −1 ⎛ ⎛V ⎞ k ⎞
⎛ k ⎞ ⎛V ⎞
f (V ) = ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ exp ⎜ − ⎜ ⎟ ⎟ (2)
⎝C ⎠ ⎝C ⎠ ⎝ ⎝C ⎠ ⎠ La variance est donnée par :
∞
∫ (V − Vmoy ) f (V ) dV
Elle peut être ramenée à la fréquence (ratio) de la vitesse 2
σ2 = (9)
mesurée.
0
k et C sont des paramètres appelés communément paramètres
de Weibull. Le facteur de forme k est sans dimension et caractérise
la forme de la distribution de fréquences alors que le facteur Les expressions relatives aux différents modèles sont por-
d’échelle C détermine la qualité du vent. Ce dernier a la dimension tées dans le tableau 1 [4] où la fonction statistique tabulée G est
d’une vitesse. La détermination de ces paramètres permet la donnée par :
connaissance de la distribution des vents pour un site donné.
∞
Le traitement peut se faire directement ou en passant par les fré-
quences par classes en considérant les moyennes. La fonction de Γ ( x ) = ∫ exp ( − t )t x −1dt (10)
répartition est donnée par : 0
Vx ⎛ ⎛V ⎞ k ⎞
F (V ≤ Vx ) = ∫ f (V ) dV = 1− exp ⎜⎝ − ⎜⎝ Cx ⎟⎠ ⎟ (3) avec x paramètre dépendant de k (cf. valeurs dans tableau 1).
0 ⎠
Plusieurs méthodes sont utilisées pour l’ajustement des don-
nées statistiques (détermination des coefficients k et C de Weibull).
∞ Les plus fréquemment utilisées sont la méthode des moindres car-
⎛ ⎛V ⎞ k ⎞
F (V > Vx ) = ∫ f (V ) dV = exp ⎜⎝ − ⎝⎜ Cx ⎠⎟
⎟ (4) rés et la méthode du maximum de vraisemblance [4] [5].
Vx ⎠ Ainsi, le facteur de forme k suggère la forme de la courbe.
Une valeur élevée de k implique une distribution étroite avec
La distribution hybride de Weibull est utilisée lorsque la fré- des vents concentrés autour d’une valeur, alors qu’une faible
quence des vents calmes enregistrée, sur un site donné, est supé- valeur de k implique des vents largement dispersés. L’effet du fac-
rieure ou égale à 15 %, [2]. En effet, cette proportion ne peut pas teur de forme k sur l’allure de la distribution est mis en évidence
être négligée et doit être prise en compte lors de la caractérisation à travers la figure 1. On remarque que pour k > 1, le maximum de
d’un site du point de vue éolien. Cette distribution s’écrit : la fonction s’éloigne de l’axe des fréquences, alors que pour
k = 1, la distribution prend la forme d’une loi exponentielle.
k −1 ⎛ ⎛V ⎞ k ⎞
⎛ k ⎞ ⎛V ⎞ Lorsque k = 2, on retrouve la distribution de Rayleigh, alors que
f (V ) = (1 − ff0 ) ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ exp ⎜ − ⎜ ⎟ ⎟ pour V > 0
⎝C ⎠ ⎝C ⎠ ⎝ ⎝C ⎠ ⎠ (5) pour k > 3 la fonction se rapproche d’une loi binomiale. De même
l’effet du facteur d’échelle C sur l’allure de la distribution est mis
f (V ) = ff0 pour V = 0 en évidence grâce à la figure 2. Le facteur d’échelle C indique de
la position du mode de la courbe. Sa valeur est élevée pour des
avec ffo fréquence des vents calmes. sites ventés et faibles pour les sites peu ventés.
VU
S
VV
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beXTPU
S
Centre de Développement des Énergies Renouvelables (CDER), 42415 W. Tipaza, Algérie
Enseignante associée au Département Énergies Renouvelables de l’Université de Blida 1,
Algérie
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beXTPU
z hauteur de mesure m
z0 hauteur de rugosité m
P porosité nombre
1. Contraintes z
z0
hauteur de mesure,
hauteur de rugosité.
de fonctionnement
Contraintes météorologiques. Le fonctionnement de l’éolienne
de l’éolienne doit être le moins possible perturbé par des phénomènes météo-
rologiques tels que la neige, le givre, la tempête de sable, les ora-
ges, la grêle, etc.
La turbulence affecte le rendement de l’éolienne à cause du chan- Contraintes aérologiques. Pour que le projet soit économique-
gement très fréquent de son régime. L’intensité de la turbulence ment rentable, une éolienne nécessite un vent fort et régulier.
du vent peut s’exprimer par le rapport entre l’écart type de la La vitesse du vent doit être comprise en général entre 4 et 25 m/s.
vitesse du vent et sa vitesse moyenne sur un intervalle de temps Pour des vitesses inférieures à 4 m/s, les vents sont insuffisants
donné [20] : pour faire démarrer l’éolienne. Ceux qui atteignent des vitesses
supérieures à 25 m/s sont trop violents et peuvent causer des
I = σu /um (1) dégâts à l’installation. À noter que certains constructeurs indiquent
que la puissance nominale d’une éolienne correspond à une vitesse
Cette intensité peut aussi être exprimée par la hauteur caractéris- aux environs de 15 m/s.
tique de la mesure de la vitesse du vent et la hauteur de rugosité Contraintes physiques. La composition de l’atmosphère, qui est
caractéristique du terrain [3] influencée par la pollution, la brume, le brouillard et, d’une façon
générale, tout ce qui peut faire varier la densité de l’air, affecte le
u* rendement de l’éolienne.
I= où k = 0, 4
z (2) Contraintes liées à la corrosion due à la concentration de sel ou
k ln de sable. Les problèmes de corrosion sont bien connus de tous
z0
ceux qui vivent à proximité de la mer ou dans les zones sableuses.
À proximité de la mer, une combinaison d’humidité élevée, de
avec I intensité de la turbulence, haute température, de teneur élevée en sel et de pluies peu fré-
su écart type de la vitesse du vent, quentes produit des conditions propices à la corrosion qui peuvent
détruire une structure métallique en quelques mois s’il n’y a pas eu
um vitesse moyenne du vent,
de protection préventive [4]. Sans maintenance, les performances
u* vitesse de frottement (en m/s), de l’installation sont rapidement réduites.
VX
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beXUXT
S
1.1 Puissance maximale récupérable. Loi de Betz ....................................... — 2
2. Physique des pales................................................................................ — 3
2.1 Définition des forces agissant sur les pales............................................ — 3
2.2 Cas de la pale en mouvement.................................................................. — 4
2.3 Condition d’équilibre ................................................................................ — 5
2.4 Rendement maximal de pale ................................................................... — 5
2.5 Rendement de production........................................................................ — 6
2.6 Forme optimale des pales ........................................................................ — 6
3. Éolienne.................................................................................................... — 6
3.1 De la pale à l’éolienne............................................................................... — 6
3.2 Choix des caractéristiques d’une éolienne ............................................. — 7
3.3 Puissances instantanée, nominale et moyenne ..................................... — 8
3.4 De la puissance du vent à la puissance électrique ................................. — 9
3.4.1 Couplage du rotor ............................................................................ — 9
3.4.2 Génératrices asynchrones............................................................... — 9
4. Parc d’éoliennes .................................................................................... — 9
4.1 Disposition des éoliennes ........................................................................ — 10
4.2 Localisation du parc .................................................................................. — 10
5. Gestion des parcs d’éoliennes ........................................................... — 10
5.1 Distributions des vitesses de vent ........................................................... — 10
5.2 Distribution des puissances ..................................................................... — 12
6. Problème de l’intermittence .............................................................. — 13
6.1 Caractéristiques exigées du stockage ..................................................... — 14
6.2 Stockage par batterie ................................................................................ — 14
6.3 Stockage par station de transfert d’énergie par pompage (STEP) ....... — 15
7. Conclusion............................................................................................... — 16
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQT@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPQX
VY
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beXUXT
comment une pale isolée réagit aux forces exercées par le vent sur sa surface .
Mais il est difficile de trouver comment réconcilier ces deux approches apparem-
ment contradictoires [2] [3]. Bien plus étonnant, si les forces du vent sont
correctement traitées, celles dues à la résistance de l’air ne le sont pas. C’est
l’ambition de cet article de donner une présentation unifiée et analytique de
l’ensemble de phénomènes intervenant dans la transformation de l’énergie du
vent en électricité. La dérivation de la loi de Betz donne une valeur maximale du
rendement d’une éolienne. La présentation classique de l’interaction entre le
vent et une pale d’éolienne [2] [3] permet de définir les forces de traînée et de
portance, ainsi que les coefficients correspondants. Cette approche permet
d’optimiser l’angle d’attaque mais reste statique et ne permet pas de calculer le
rendement de l’éolienne, ni sa vitesse de rotation. Il faut donc, dans une pre-
mière étape, traiter des effets de la résistance de l’air qui conduit à une vitesse
limite de rotation dépendant essentiellement de l’angle d’attaque du vent. Dans
la deuxième étape, il y a lieu d’introduire le freinage induit par le couplage à la
S
génératrice électrique. La force de ce couplage est elle-même optimisée par
rapport à la puissance électrique produite. Ajoutons qu’il est utile d’optimiser la
forme des pales en faisant varier l’angle d’attaque selon la position radiale de
l’action du vent, ce qui explique leurs formes complexes.
En tournant, les pales créent un sillage. Pour qu’une approche globale à la
« Betz » ait un sens, il faut que la vitesse de rotation de la pale soit supérieure
à une valeur limite qu’on trouve égale à environ 1 tr/min, ce qui est pratique-
ment toujours le cas.
La vitesse de rotation maximale des éoliennes est déterminée par la vitesse
en bout de pale au-delà de laquelle des turbulences de l’air apparaissent.
Les éoliennes sont généralement regroupées en parc. Chaque éolienne
extrayant une part de l’énergie du vent, la géométrie du parc doit être telle que
la présence d’une éolienne ne réduise pas significativement la puissance du
vent incident sur ses voisines. Cette condition commande la densité
d’éoliennes du parc. L’emplacement des parcs doit également être optimisé eu
égard au régime des vents.
Enfin, il existe des possibilités de pallier au moins partiellement l’intermit-
tence de l’électricité éolienne soit par un effet de foisonnement, soit par des
dispositifs de stockage de l’électricité.
1 Vent
P0 = S ρV 3 V1
2 V2
WP
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beXUXT
et vaut :
S
Figure 2 – Distribution des lignes de courant pour un obstacle
16 perpendiculaire à la direction du vent
Pmax = P0 (2)
27
Cette relation a été démontrée par Albert BETZ [1] dès 1919,
16
d’où son nom. La valeur ≈ 0,6 est une limite maximale du z
27
rendement des éoliennes qui est, en général, loin d’être atteinte.
ρ
R =k S sin(i )V 2
2 Figure 4 – Définition de la portance et de la traînée
WQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUXT
Cz/Cx
Cz
0,5 5
0,4
4
0,3
3
0,2
0,1 2
0,0
1
– 0,1
0
– 0,2
0 5 10 15 20 25 30
S
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 i(°)
Cx
C x = k x (t 0 + sin2 (i ))
(4)
C z = k z sin(i )cos(i )
→
Vréel →
En principe, kz et kx varient lentement avec i. La figure 5 montre Vrel
comment Cz varie en fonction de Cx pour des angles d’incidence
compris entre – 8 et 20o, dans le cas où kz = kx = 1. Pour les
incidences négatives la portance ramène la pale vers le bas. Pour
l’incidence nulle la portance s’annule. Elle s’annule aussi pour →
l’incidence normale. Vapp
WR
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beXUXU
développement dans les pays riches a été rendu possible par l’obligation faite
aux distributeurs d’électricité d’acheter l’électricité éolienne à des prix rémuné-
WS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUXU
rateurs pour les développeurs, très supérieurs aux prix moyens constatés sur
les marchés. Le différentiel entre le prix d’achat aux développeurs et le prix
moyen du marché est au final supporté par le consommateur.
Depuis quelques années, les prémisses d‘une crise climatique conséquence
de la diffusion des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, gaz produits en
partie par la génération d’électricité à partir de combustibles fossiles, ont
majoré l’intérêt pour l’électricité éolienne, électricité décarbonée.
De plus, la baisse du coût de l’énergie éolienne a conduit au décollage de
cette technologie dans les pays du Sud, où les coûts de production d’électricité
sont souvent élevés.
La puissance éolienne installée dans le monde est passée de 10 GW en 1998
à 432 GW, dont 12 GW offshore fin 2015. Depuis plusieurs années, la techno-
logie éolienne est celle qui connaît la plus forte croissance dans le monde,
talonnée par le solaire. 43,7 % des capacités installées en Europe en 2014 sont
S
éoliennes (source EWEA).
Ce développement foudroyant a totalement occulté le maintien d’activités
annexes dans le domaine du pompage éolien mécanique ou dans le domaine
des alimentations électriques éoliennes autonomes (maisons isolées, bateaux).
Le présent article ne traite que de la mise en œuvre actuelle de l’électricité
éolienne pour son injection dans les réseaux de distribution.
Il ne s’agit donc pas d’un examen exhaustif des applications et des technolo-
gies de l’énergie éolienne, mais d’une analyse centrée sur les technologies
mises en œuvre pour :
– construire les aérogénérateurs fournissant de l’électricité aux réseaux ;
– préparer l’installation de ces aérogénérateurs en centrales éoliennes ;
– rendre compatible la fourniture discontinue et très variable de l’électricité
éolienne avec le fonctionnement normal des réseaux.
1. Contexte actuel Il est difficile de fixer une limite technique à la taille des
éoliennes. Les contraintes logistiques, mais aussi l’impact
visuel dans les pays riches, sont les principaux freins à l’aug-
L’énergie éolienne s’est développée d’abord au Danemark dans
mentation de la taille des éoliennes, mais de nouvelles solu-
les années 1980, puis aux États-Unis, en Allemagne et en Inde
tions permettront probablement de repousser les limites
dans les années 1990. L’Europe et dans une moindre mesure les
actuelles.
États-Unis ont dominé longtemps l’industrie éolienne, mais la
Chine est aujourd’hui le pays qui compte les premiers construc-
teurs d’éoliennes et la plus forte capacité éolienne installée avec
145 GW fin 2015. Le développement contrasté de l’énergie éolienne est bien
entendu lié à une répartition inégale du gisement éolien. Mais
En Europe, l’énergie éolienne fournit 10 % de la consommation
2015 montre aussi l’impact négatif d’un cadre réglementaire et
électrique.
politique fluctuant : le développement de l’énergie éolienne s’est
Un phénomène marquant est l’augmentation très nette du effondré au Danemark, en Espagne et en Italie, qui représentaient
nombre de pays qui ont mis en place des politiques permettant le de grands marchés pour cette forme d’énergie.
développement de l’énergie éolienne. Alors qu’en 2000, il n’y avait
encore que 5 pays qui possédaient plus de 500 MW d’éolien, ils Le marché offshore a mis du temps à démarrer à cause de prix
étaient 35 en 2014. élevés. La capacité éolienne offshore mondiale a augmenté de
Cette croissance très forte s’est accompagnée d’une augmenta- 1,5 GW/an environ depuis 2012, exclusivement en Europe et en
tion rapide du diamètre des rotors d’éolienne, passé en moyenne Chine. Quelques prototypes d’éolienne offshore flottante ont été
de 30 m (pour 0,3 MW) au début des années 1990, à 80 m (pour installés, en particulier au Japon, mais les prix de cette technologie
1,5 MW) en 2000, et 110 m (pour 3 MW) actuellement (2016). Les sont encore beaucoup trop élevés pour un développement à
constructeurs travaillent sur des prototypes de 8 à 10 MW, 170 m, grande échelle.
pour le marché offshore.
À noter également que le marché du repowering, qui consiste à
Exemples remplacer d’anciens aérogénérateurs par de nouveaux sur le
même site, prend une place significative dans les pays pionniers.
L’éolienne E126 d’Enercon a un rotor de 127 m pour une puissance
de 7,58 MW.
L’éolienne offshore V164-8 de MHI-Vestas a un rotor de 164 m Exemple
pour une puissance de 8 MW. L’agence danoise de l’énergie prévoit le remplacement de 1,3 GW
L’éolienne AD8-180 a un rotor de 180 m pour une puissance de d’éoliennes d’ici 2020. En Allemagne en 2014, plus de 500 aérogéné-
8 MW. rateurs ont été remplacés par 1,1 GW de capacité nouvelle.
WT
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2. Ressource : gisements
éoliens
S
Le vent est la conséquence du déplacement de l’air depuis les
zones de haute pression vers les zones de basse pression.
En un point donné de l’atmosphère, le vent est caractérisé à un
instant donné par sa vitesse mesurée en m/s et sa direction, mesu-
rée en degrés par rapport au Nord géographique.
Dans les stations météorologiques synoptiques, compte La rose des vents la plus simple consiste à noter les occur-
tenu de la complexité du spectre des vitesses de vent, la rences de direction du vent dans un diagramme circulaire, en
vitesse et la direction notées lors des observations sont les nombre par direction azimutale, par exemple de 0 à 360°, par
moyennes de ces grandeurs sur 600 s enregistrées toutes les secteurs de 10°.
10 min.
Les stations météorologiques synoptiques sont des stations
du réseau mondial météorologique pour mesurer les condi- Exemples de roses des vents (figure 3)
tions locales et les intégrer dans le système de prévision.
Il est clair que dans le cas de la figure 3b, on peut installer les aéro-
générateurs de la centrale éolienne selon une ligne 50 à 230°, perpen-
Les vitesses moyennes annuelles de vent observées dans le diculaire à la direction dominante, sans craindre les interactions entre
monde à 10 m de hauteur au-dessus du sol, hauteur de référence sillages.
des stations météorologiques standard, occupent la plage de 1 à Il faut effectuer une étude plus poussée dans un cas analogue à
11 m/s. celui de Longvic-les-Dijon.
La centrale éolienne de la Motelle, équipée de V112, en pleine
production est donnée sur la figure 1. 2.1.3 Puissance éolienne et exploitation
WU
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beXUXU
2 000
1 500
Site [B] Vitesse moyenne annuelle Va = 8 m/s
Distribution (h/an)
Facteur de forme, k = 4
Paramètre d'échelle, A = 8,826 m/s
1 000
500
Site [A] Vitesse moyenne annuelle Va = 8 m/s
Facteur de forme, k = 2
S
Paramètre d’échelle, A = 9,027 m/s
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Figure 2 – Distribution annuelle des vitesses de vent pour deux sites théoriques de même vitesse moyenne annuelle du type alizé (site B)
et du type Côte Atlantique Ouest (site A)
320
Par exemple, dans la direction Sud, « ROSE DES VENTS »
il y a : Données observées à la base aérienne de Longvic
≈ 6 % de vent à 2-4 m/s ;
≈ 1 % de vent à 5-8 m/s ;
≈ 0,1 % de vent > 8 m/s.
La fréquence moyenne d’une Vitesses maximales remarquées 4 jours/an
direction est le pourcentage du en moyenne pour des vents de 80 km/h et
temps annuel pendant lequel le vent 1 jour/an pour des vents de 100 km/lh
vient de cette direction.
360 40
280 80
2-4 m/s 11,9
5-8 m/s Vitesse des vents
expl. 1 m/s = 3,6 km/h 240 120
160
> 8 m/s Vitesses des vents : 200
Cercle central : V ⭐ 1,5 m/s
0% 10 % Fréquence moyenne des Bleu : 2 < V ⭐ 4 m/s
directions du vent en % Vert : 5 < V ⭐ 8 m/s
Orange : 8 m/s < V
a aérodrome de Longvic les Dijon. Directions b direction des vents quasiment monotone.
dominantes N-NW et S-SW Dominance des vents du 320°
WV
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450
250
Site [A] Vitesse moyenne annuelle Va = 8 m/s
200
Facteur de forme, k = 2
Paramètre d’échelle, A = 9,027 m/s
150
Énergie annuelle ∑E = 3 170 kWh/m2
100
50
S
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Vitesse du vent Vi (moyennes sur 10 min) (m/s)
Il vient que la différence de facteurs de forme se traduit par une capacité énergétique théorique
de 50 % plus élevée pour le site de type atlantique.
Figure 4 – Distribution annuelle des énergies surfaciques du vent pour les deux sites théoriques de la figure 2 du type alizé et du type Côte
Atlantique Ouest
Le potentiel éolien des projets onshore est souvent de 5 à 2.2.2 Gradient vertical de la vitesse du vent
7,5 m/s, alors qu’il est facilement de 8 à 10 m/s pour les projets
offshore à 100 m asl (above sea level ), ce qui permet d’absorber L’expression la plus usitée pour calculer la variation de la vitesse
en partie les surcoûts de l’offshore. moyenne du vent avec la hauteur au-dessus du sol, le gradient ver-
tical de la vitesse du vent, est une loi exponentielle qui s’exprime
de la façon suivante :
2.2 Variations locales
(3)
Le vent est un fluide qui s’écoule à la surface d’un solide, la avec α coefficient de rugosité sélectionné dans le tableau 1,
terre, et son écoulement est modifié à proximité de cette surface,
le sol. Vx vitesse du vent à la hauteur hx ,
Vref vitesse du vent à la hauteur de référence href .
2.2.1 Rugosité météorologique Le graphique de la figure 5 représente, en fonction du coefficient
de rugosité, la vitesse du vent entre 0 et 250 m au-dessus du sol
L’écoulement du vent à proximité du sol (ou de la mer) terrestre
pour une vitesse de vent géostrophique (1 000 m de hauteur) de
est influencé et modifié par les caractéristiques locales de celui-ci,
20 m/s. Ce graphique souligne l’aberration de vouloir installer des
caractéristiques que l’on décrit sous le vocable de rugosité
machines éoliennes dans les villes, ainsi que l’intérêt de monter
météorologique.
l’axe du rotor suffisamment haut (80 à 100 m) (figure 6). En mer, la
Plus cette rugosité est élevée, plus la vitesse moyenne du vent rugosité est faible, et il n’est pas utile de monter au-dessus de
est ralentie au voisinage du sol. Le tableau 1 présente le classe- 100 m.
ment des paysages terrestres en fonction de leur rugosité.
Cette rugosité peut s’exprimer au moins de deux façons :
2.2.3 Effets du relief
– un coefficient de rugosité, de 1 à 5, utilisé dans les premières
applications du code de calcul WAsP ; Dans un paysage de collines, encore plus dans un paysage de
– un coefficient de rugosité α utilisé dans l’équation du gradient montagnes, le relief entraîne de fortes modulations du gisement
vertical de vitesse de vent. éolien.
WW
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250
200 α = 0,07
Surfaces de sable lisses
Hauteur au-dessus du sol (m)
α = 0,15
Plaine agricole, Beauce
α = 0,22
150 Terrain agricole ouvert
α = 0,30
Haies denses
α = 0,40
100 Forêts, villes
S 50
0
0 5 10 15 20
Figure 5 – Vitesses du vent entre 0 et 250 m de hauteur en fonction de la rugosité météorologique de l’environnement
WX
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Éolien offshore
Techniques de base
par Jacques RUER
Ingénieur ECP
Directeur adjoint – développement des technologies, Saipem SA
1.
1.1
Particularités de l’éolien offshore .............................................
Conditions atmosphériques........................................................................
BE 8 571 - 2
— 2 S
2. Conditions de site .................................................................................... — 4
2.1 Marée – niveaux de la surface .................................................................... — 4
2.2 Vagues .......................................................................................................... — 4
2.3 Conditions de sol ......................................................................................... — 6
2.4 Salissures marines....................................................................................... — 6
3. Conception des équipements et infrastructures ............................ — 6
3.1 Fermes éoliennes offshore.......................................................................... — 6
3.2 Conception des éoliennes ........................................................................... — 7
3.3 Structures support et fondations des éoliennes offshore ........................ — 7
3.4 Équipement électrique ................................................................................ — 13
4. Construction en mer ............................................................................... — 15
4.1 Moyens navals pour la construction .......................................................... — 15
4.2 Installation des structures support et fondations ..................................... — 16
4.3 Installation des éoliennes............................................................................ — 18
4.4 Installation des câbles ................................................................................. — 19
4.5 Installation de la plate-forme ...................................................................... — 19
5. Maintenance .............................................................................................. — 20
5.1 Généralités ................................................................................................... — 20
5.2 Fiabilité des équipements ........................................................................... — 20
5.3 Télésurveillance ........................................................................................... — 20
5.4 Maintenabilité des équipements ................................................................ — 20
5.5 Maintenance préventive, conditionnelle, corrective................................. — 20
5.6 Accès aux éoliennes offshore ..................................................................... — 20
5.7 Aléas météorologiques ............................................................................... — 21
6. Éoliennes flottantes ................................................................................ — 21
6.1 Généralités ................................................................................................... — 21
6.2 Principales configurations d’éoliennes flottantes ..................................... — 21
6.3 Nouvelles éoliennes flottantes ................................................................... — 22
7. Impacts environnementaux et sociétaux .......................................... — 22
7.1 Impact biologique de la présence de la ferme .......................................... — 23
7.2 Impacts durant la construction ................................................................... — 23
7.3 Impacts pour les autres usagers de la mer................................................ — 23
7.4 Impact sur le paysage.................................................................................. — 23
8. Conclusion ................................................................................................. — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 571
WY
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S
– la puissance de la ferme éolienne doit être aussi grande que possible,
limitée physiquement seulement par la capacité du réseau électrique à évacuer
l’énergie ou l’espace accessible. On vise des puissances de plusieurs centaines
de mégawatts ;
– en utilisant des machines de grande taille, le coût consenti pour les struc-
tures support devient relativement moins important (pour une profondeur
d’eau donnée) ;
– pour une ferme de puissance donnée, plus les éoliennes sont puissantes,
plus le nombre de machines à installer et à maintenir est réduit ;
– plus la taille des projets est grande, plus les investissements spécifiques,
tels que les navires d’installation, sont justifiés.
On comprend ainsi que les projets éoliens offshore sont des projets indus-
triels majeurs qui représentent chacun des investissements et des risques
financiers de plusieurs centaines de millions d’euros.
Il convient d’ajouter que la maintenance des éoliennes en mer est beaucoup
plus difficile qu’à terre, ne serait-ce que par les difficultés d’accéder aux
machines et de réaliser la manutention des équipements de rechange.
Il faut enfin souligner que les problèmes de sécurité sont particulièrement
aigus, puisque l’on conjugue les problèmes de travail en hauteur, de manuten-
tion de charges lourdes aux aspects de travail en mer qui doivent tenir compte
des limitations imposées par la météo et l’état de la mer.
Cet article ne prétend pas traiter l’ensemble du sujet de façon exhaustive.
L’état de l’art évolue très rapidement dans ce domaine et toute description de
ce qui a été réalisé récemment serait vite obsolète. C’est pourquoi, on se
contente de présenter les principales notions nécessaires au lecteur qui
s’éveille au sujet. Les notions abordées sont très variées, si bien que le lecteur
doit se reporter à des ouvrages spécifiques pour approfondir les points qui
l’intéressent plus particulièrement.
1. Particularités de l’éolien Le vent étant plus fréquent et plus fort qu’à terre, la ressource
d’énergie éolienne est meilleure en offshore [1]. La figure 1 montre
offshore la carte de la puissance éolienne au large de la Bretagne [2]. On
constate que la puissance moyenne augmente au large, avec une
différence entre la côte nord et la côte sud de la péninsule.
1.1 Conditions atmosphériques L’abondance de la ressource est favorable à l’exploitation. Alors
que le taux de fonctionnement des éoliennes terrestres est de
1.1.1 Vent en mer l’ordre de 20 % à 25 %, on peut atteindre en mer des taux voisins
de 40 %.
Au-dessus d’une surface terrestre, la rugosité du terrain
engendre un gradient de vitesse en fonction de l’alti- D’un autre côté, le vent atteint des vitesses considérables lors
tude [BM 4 640]. A contrario, les étendues marines sont dépour- des tempêtes. Les éoliennes offshore sont construites pour résister
vues d’obstacles et présentent une faible rugosité. La vitesse à des rafales de 50 m/s [3] [4] [5].
moyenne du vent en mer est nettement plus forte qu’à terre. Comme il n’y a pas d’obstacles capables de dévier le vent, il n’y
En plus du vent créé par les mouvements des masses d’air, les a guère de tourbillons, le vent est peu turbulent, ce qui diminue
phénomènes de brise apportent un vent supplémentaire. une des sources de fatigue des pales des éoliennes.
XP
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Puissance
kW/m2
0,8
0,5
0,2
12 milles
S
24 milles
XQ
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2. Conditions de site
Les conditions environnementales varient considérablement
d’un site à l’autre.
– Profondeur d’eau : les fermes offshore s’étendant sur de larges
superficies, la bathymétrie varie d’un point à l’autre d’une même
ferme. Souvent, il est nécessaire d’adapter les fondations pour
chaque éolienne.
– Marée : l’amplitude moyenne de la marée dépend du site. Elle
est faible en Méditerranée, atteint 5 m sur la façade Atlantique et
dépasse 10 m devant Saint-Malo.
– Vagues : le climat local de vagues est foncièrement différent
entre une zone abritée par des terres émergées et la mer ouverte.
Les vagues provoquent des efforts hydrodynamiques
considérables, qui dictent le dimensionnement des structures.
S
– Courants : les courants induits par la marée renforcent les
Figure 3 – Bouée de mesure météorologique par LIDAR efforts hydrodynamiques sur les structures.
(doc. 3E & Geosea)
– Sol : tous les efforts subis par l’éolienne sont repris par le sol.
Celui-ci présente donc une importance considérable lors du déve-
Toutes ces données sont nécessaires pour finaliser le dessin des loppement d’un projet. Il constitue même le principal risque tech-
structures support. Elles sont aussi utiles pour prédire les nique qui peut gréver le budget prévu initialement de manière
conditions de mer qui seront probablement rencontrées lors de la rédhibitoire. Les types de fondation utilisables sur un sol vaseux,
construction ou lors des futures opérations de maintenance. un sol sableux ou un fond rocheux sont différents et les caractéris-
Les mesures sur site sont confrontées aux mesures de stations tiques mécaniques à mesurer dans le sol ne sont pas les mêmes.
météorologiques terrestres voisines pour lesquelles on dispose
d’enregistrements historiques sur une longue période. Cela permet
d’extrapoler les mesures réalisées durant une année aux
2.1 Marée – niveaux de la surface
conditions qui prévaudront durant toute la vie de la ferme éolienne On distingue [2] [3] :
(typiquement une vingtaine d’années).
– le niveau moyen de l’eau sur le site MSL (Mean Sea Level) qui
L’implantation d’un mât de mesure constitue déjà un projet correspond au zéro des cartes terrestres ;
compliqué : – le niveau des plus basses marées astronomiques LAT (Lowest
– les autorisations nécessaires doivent être obtenues ; Astronomical Tide) ;
– les caractéristiques mécaniques du sol doivent être – le niveau des plus basses mers possible qui correspond au
déterminées ; zéro des cartes marines (Chart Datum) et est souvent confondu
– l’implantation en mer fait appel à des navires spécialisés. avec le niveau précédent ;
– le niveau des plus hautes marées astronomiques HAT (Highest
Astronomical Tide) ;
1.1.2.2 Bouée LIDAR
– le niveau de l’eau résultant d’une baisse de la pression atmos-
Une alternative intéressante proposée par certaines compagnies phérique lors d’une tempête HSWL (Highest Still Water Level). La
est d’utiliser une bouée de mesure (figure 3). Cette bouée porte un hauteur supplémentaire par rapport à HAT est dénommée surélé-
système de mesure de la vitesse du vent en altitude par LIDAR vation de tempête (Positive Storm Surge).
Light Detection And Ranging) [E 4 311] [6]. Les vagues créent des fluctuations de part et d’autre de ces
La bouée comporte plusieurs faisceaux laser dirigés vers le haut niveaux (figure 4 et § 2.2).
qui permettent de connaître la vitesse et la direction instantanée
du vent à plusieurs altitudes. Les mouvements de la bouée qui
pourraient fausser les mesures sont détectés par une centrale iner- 2.2 Vagues
tielle pour apporter les corrections nécessaires. Cette technique
Les vagues exercent sur les structures des efforts
simplifie grandement la réalisation des mesures sur site. Elle sera
considérables [1].
de plus en plus acceptée par les financiers qui ont besoin de l’éva-
luation de la ressource. Les vagues résultent de l’action du vent [7]. Le vent qui souffle
localement donne des vagues qui sont irrégulières avec une
1.1.2.3 Modélisation période relativement faible. La force des vagues augmente avec
celle du vent, la durée de celui-ci et la distance sur laquelle le vent
Une technique complémentaire d’évaluation de la ressource agit sur la mer (fetch). Elles peuvent provenir d’une autre zone par-
éolienne consiste à construire un modèle numérique de la circu- fois fort lointaine, auquel cas on observe une houle assez régulière
lation atmosphérique locale. Un maillage fin (par exemple 3 km de de grande période.
côté) permet de tenir compte de l’influence des conditions géogra- Sur une zone marine, le spectre de vagues peut inclure des
phiques du site et de la proximité de la côte. Le modèle est couplé composantes ayant plusieurs origines avec des hauteurs, des
à d’autres modèles représentant (avec un maillage moins dense, périodes et des directions variées.
par exemple 6 à 18 km de côté) la circulation atmosphérique d’une
zone beaucoup plus large (par exemple, l’Atlantique Nord-Est). La Lorsque l’on observe l’état de la mer durant une période donnée
carte présentée sur la figure 1 a été obtenue avec un modèle de ce (généralement 3 h), on constate que les vagues ne sont pas
genre. Cet outil numérique autorisera durant toute la vie de la régulières ; leur hauteur varie constamment, ainsi que l’intervalle
ferme une prédiction convenable du vent local plusieurs heures à de temps entre deux vagues successives. On caractérise alors cet
l’avance, ce qui est un outil précieux pour l’exploitant. Le modèle état de mer par trois valeurs :
est mis au point en comparant ses prédictions aux mesures sur – la hauteur significative des vagues Hs, égale à la hauteur
site. dépassée par le tiers des vagues les plus grandes ;
XR
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Surélévation
Vagues
de tempête
Niveau
Marées
moyen Partie de structure
de la jamais immergée
Hmax
mer
Hs
HSWL
Partie de structure
HAT parfois immergée
(Splash Zone)
MSL
LAT
Partie de structure
S
toujours immergée
La partie jamais immergée peut être soumise à des aspersions d’eau et aux embruns.
6
Déferlement
5
d’occurence (%)
Hauteur de
vague
Fréquence
4 Profondeur
d’eau
3
2
1
2,5 Les efforts hydrodynamiques sur les structures support du site peuvent
Hauteur 15 16 17 18 être maximaux lorsque la profondeur d’eau diminue (par exemple avec
4,5 12 13 14 la marée) si un déferlement intervient.
des vagues 9 10 11
4 5 6 7 8
(m) 1 2 3
Période des vagues (s) Figure 6 – Schéma montrant l’incidence du déferlement
On remarque la superposition de vagues courtes dues au vent local, et
de houle longue de provenance lointaine – Il n’y a pas de grosses
vagues avec une courte période, car elle sont instables et déferlent comparant ses prévisions aux observations durant une campagne
suffisamment longue (typiquement une année).
Comme on recherche la hauteur maximale des crêtes des
Figure 5 – Corrélogramme Hs-T0 calculé par modélisation
pour un point en Baie de St-Brieuc (2o37,92’W – 48o47,82’N – vagues, on doit tenir compte des points suivants :
profondeur d’eau : 28,80 m) pour la période hivernale [8] – la hauteur maximale d’une vague (Hmax) est statistiquement
proche de 1,8 fois la hauteur Hs ;
– lorsque la hauteur des vagues est faible, la hauteur de la crête
– la période moyenne de passage par zéro T0 ; au-dessus du niveau moyen est voisine de la profondeur du creux.
– la direction de la provenance des vagues. Par contre, lorsque les vagues sont fortes, la hauteur de la crête est
Pour un site donné, les statistiques donnent généralement les plus forte que le creux. À la limite du déferlement, la hauteur de la
fréquences d’occurrence des couples de valeurs (Hs, T0) crête peut être 3 fois plus grande que le creux de la vague. La déter-
(figure 5) [8]. mination de la valeur extrême de Hmax doit ainsi tenir compte de la
cambrure des vagues, qui est influencée par la forme du fond.
Le site internet ANEMOC donne des exemples issus de modéli-
sation. Lorsque les vagues arrivent à proximité d’une côte et que la
hauteur des vagues dépasse environ 0,78 fois la profondeur d’eau,
Dans le cas du dimensionnement des structures d’éoliennes elles se cambrent, deviennent instables, se brisent et déferlent [4].
offshore, la difficulté vient du fait qu’on a besoin des valeurs Un fond en pente favorise le phénomène.
extrêmes susceptibles d’être rencontrées tous les 50 ans. Ce sont
des événements rares, quasiment jamais observés lors des Les vagues déferlent également si leur hauteur est trop impor-
campagnes de mesure. Il convient alors d’extrapoler les valeurs tante compte tenu de leur période (figure 6).
obtenues pour évaluer les valeurs extrêmes. La modélisation cou- Le déferlement accélère vers l’avant de grandes masses d’eau,
plée aux mesures est un outil précieux [8]. Le modèle est calé en et si le déferlement se produit juste au niveau d’une structure fixe,
XS
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XT
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mtYRXV
S
1. Systèmes de production d’énergie éolienne............................................ MT 9 286 - 2
1.1 Description d’une éolienne ........................................................................ — 3
1.2 Surveillance de défauts des éoliennes à partir de données SCADA ...... — 4
1.3 Défauts des éoliennes : nature et criticité ................................................. — 4
1.4 Aide à la maintenance des éoliennes........................................................ — 5
2. Diagnostic de défauts des éoliennes ........................................................ — 5
2.1 Principe général des méthodes de diagnostic des éoliennes ................. — 6
2.2 Classification générale des méthodes de diagnostic des éoliennes ...... — 6
3. Méthodes de diagnostic de défauts des éoliennes ................................. — 7
3.1 Diagnostic à partir de la surveillance/analyse de la puissance ............... — 8
3.2 Diagnostic à partir de la surveillance/analyse de la température ........... — 9
3.3 Diagnostic à partir de la surveillance/analyse de la vibration................. — 10
4. Bilan des méthodes présentées et discussion ......................................... — 11
5. Conclusion ................................................................................................... — 12
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. MT 9 286
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SYSTÈMES DE SURVEILLANCE DE DÉFAUTS POUR LA MAINTENANCE PRÉVISIONNELLE DE PARCS DE TURBINES ÉOLIENNES ____________________________
L’énergie éolienne est l’énergie en provenance du vent captée par À titre d’exemple, une éolienne en mer de 5 MW de puissance
des éoliennes et transformée en énergie électrique. La production maximale peut fournir 5*8760 heures = 15 GigaWattsheure (GWh/an)
d’énergie éolienne se développe rapidement grâce aux progrès tech- par an. L’énergie effectivement produite par an (8760 h) est égale à
nologiques et aux réglementations incitant à réduire les émissions 6 GWh/an avec un rendement effectif de 6/15 = 40 %. Cela signifie
de gaz à effet de serre et l’utilisation des sources d’énergie fossile. que la puissance moyenne de cette éolienne est égale à 6 000 MWh/
Les éoliennes sont le plus souvent rassemblées dans un « parc 8760 h ≈ 0,7 MW.
éolien » ou une « ferme éolienne » terrestre (onshore) ou en mer
Il y a deux mesures qui sont utilisées pour évaluer le retour
(offshore). L’éolienne terrestre est fixée dans le sol tandis que
d’investissement d’un parc éolien ; ces mesures sont les coûts
l’éolienne en mer est ancrée au fond de la mer dans des zones où la
d’investissement (CAPEX : Capital Expenditure) et les coûts opéra-
profondeur ne dépasse pas 40 m. Cependant, les éoliennes en mer tionnels (OPEX : Operational Expenditure).
peuvent être installées loin des côtes (farshore) sur des bases flot-
tantes. Ces éoliennes flottantes sont encore en phase de développe-
ment. Elles peuvent avoir deux modes d’exploitation : mode Les coûts d’investissement (CAPEX) sont les investissements
d’exploitation industrielle et mode d’exploitation domestique. Le (charges, immobilisations) nécessaires pour la mise au point
mode d’exploitation industrielle correspond à l’utilisation des (installation) d’un parc éolien.
éoliennes de puissance importante (supérieure à 2 MW pour Les coûts opérationnels (OPEX) sont les charges, ou
l’éolienne terrestre et supérieure à 5 MW pour l’éolienne en mer) et dépenses, courantes nécessaires pour faire fonctionner un parc
de grande hauteur de mât (supérieure à 120 m) reliée au réseau éolien.
électrique. Le mode d’exploitation domestique, quant à lui, corres-
pond à l’utilisation des éoliennes de faible puissance (jusqu’à 50 kW)
et hauteur du mât inférieure à 35 m. Les éoliennes domestiques (ins- Les CAPEX moyens pour les parcs éoliens français en 2016 se
tallées sur les toits d’immeubles) peuvent alimenter des bâtiments situent autour de 1,4 €/MW installés. Ces coûts correspondent princi-
isolés non reliés au réseau afin de diminuer la dépendance des palement à l’achat et au montage des éoliennes, le génie civil et les
autres infrastructures, et le raccordement au réseau électrique. Les
consommateurs à ce réseau ou bien être raccordées au réseau afin
OPEX moyens pour un parc éolien français en 2016 se situent autour
de revendre la production.
de 21 €/MWh. Ces coûts couvrent la maintenance des éoliennes, les
Les éoliennes en mer se développent beaucoup plus vite que assurances et les frais de gestion.
les éoliennes terrestres parce qu’elles permettent d’obtenir une
production plus régulière et plus importante. Cela est dû au fait Afin d’augmenter la part de l’électricité produite par les fermes
que les vents sont beaucoup plus puissants au large des côtes éoliennes, il faut, d’une part, diminuer les CAPEX et les OPEX, et
que sur les côtes. C’est pourquoi le rendement effectif des parcs d’autre part, améliorer la pénétration de l’énergie éolienne dans la
en mer est bien supérieur (environ deux fois supérieur) à celui des production électrique. La dernière est définie comme la fraction de
parcs terrestres. l’énergie produite par les éoliennes par rapport à l’énergie électrique
XV
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____________________________ SYSTÈMES DE SURVEILLANCE DE DÉFAUTS POUR LA MAINTENANCE PRÉVISIONNELLE DE PARCS DE TURBINES ÉOLIENNES
totale produite par an. La production éolienne est fortement variable à tion. L’arbre principal tourne à des vitesses lentes, de l’ordre de 10 à
cause de la variation du vent. Cette variabilité affecte la pénétration de 20 tr/min. La vitesse de rotation de l’arbre principal ou lent est adap-
l’énergie électrique dans la production/consommation électrique. Afin tée aux vitesses de fonctionnement des génératrices par l’intermé-
de diminuer l’effet négatif de cette variabilité, il faut avoir recours à diaire de la boîte de vitesses à engrenages appelée multiplicatrice
des moyens de stockage (par exemple, l’air comprimé, le stockage (Figure 1). La boîte de vitesses augmente la vitesse de rotation d’un
thermique, stockage hydraulique, etc.) de cette énergie afin de la stoc- facteur proche de 100. La génératrice produit de l’électricité triphasée
ker quand la production est importante et la demande est faible, et qui est ensuite envoyée dans le transformateur pour l’adapter au
l’utiliser quand la production est faible et la demande est forte. Cela réseau inter-éolien puis au réseau électrique. La nacelle peut pivoter
permettrait d’améliorer l’équilibre ou l’ajustement production/ sur elle-même pour suivre la direction du vent. La direction, la vitesse
consommation et par conséquent d’améliorer la stabilité du réseau
du vent et la température extérieure sont mesurées par la station
électrique en cas de forte demande ou de coupure (outages). Dimi-
météorologique installée à l’arrière de la nacelle.
nuer les CAPEX et les OPEX nécessite d’une part d’améliorer la tech-
nologie des éoliennes (la durée de vie, le rendement et l’efficacité des Une éolienne est caractérisée par la relation qui lie la vitesse du
composants éoliens comme la génératrice, la boîte de vitesse ou les vent et la puissance délivrée. La courbe qui représente cette rela-
pales, leur prix, etc.) et de réduire les couts de maintenance. Cet tion est appelée la courbe de puissance (Figure 2). Une vitesse
article se concentre sur les méthodes de diagnostic de défauts per- minimale est nécessaire pour produire de l’énergie. Une fois cette
mettant de réduire les coûts de maintenance des éoliennes par une valeur atteinte, la production d’énergie augmente avec la vitesse
détection précoce et fiable de défauts et une isolation précise de ses
S
de vent, jusqu’à atteindre une puissance maximale qui sera main-
sources. tenue si la vitesse du vent reste dans une certaine gamme. Si le
vent devient trop fort, la machine est arrêtée pour des raisons de
Le meilleur taux de pénétration de l’énergie éolienne en 2015 est sécurité afin qu’elle ne soit pas endommagée. En se basant sur
attribué au Danemark avec 39,1 % [1]. Cela signifie que parmi les cette courbe de puissance, le fonctionnement d’une éolienne est
8 760 heures de l’année 2015, l’énergie éolienne a été utilisée pour représenté par quatre modes principaux (Figure 2) :
répondre à la demande de consommation électrique pendant
1 460 heures. • mode 1 (vitesse de vent inférieure à une certaine valeur,
généralement 5 m/s) ; dans ce mode, la machine est en
attente d’une vitesse de vent suffisante pour démarrer ; les
1.1 Description d’une éolienne pales de l’éolienne ont une prise au vent maximale, et le rotor
tourne de manière libre ;
La forme la plus courante d’éolienne, surtout terrestre, est • mode 2 ; une fois la vitesse minimale atteinte, la génératrice
l’éolienne à axe horizontal (Figure 1). Elle se compose généralement est couplée au réseau et commence à produire ; la puissance
de 3 pales orientables en matière d’angle (pitch angle) de 0° à 90°. produite augmente en fonction de la vitesse de vent ; dans
L’angle de chaque pale peut varier en fonction de la vitesse et l’orien- cette phase, l’angle des pales est constant ;
tation du vent afin de maximiser la production d’énergie et assurer sa
sécurité. L’angle de chaque pale est changé par un moteur de pivote- • mode 3 ; la puissance produite est à sa valeur maximale tandis
ment. Les pales sont liées à un rotor fixé sur une nacelle qui abrite que la vitesse de vent augmente mais reste en dessous de sa
une génératrice électrique. Les pales entraînent le retour en rotation valeur maximale autorisée (généralement autour de 25 m/s) ;
qui va à son tour entraîner l’arbre principal de la génératrice en rota- afin de conserver la puissance produite à sa valeur maximale,
Station météorologique
Réseau
Boîte de vitesse
Vent Arbre rapide électrique
ou multiplicatrice Génératrice Transformateur
triphasée
Rotor
Pales
Nacelle
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Éoliennes
Évolution, principes de base et potentiel
de conversion
S
Délégué général
CEVEO Cluster (Centre Expertise et Valorisation de l’ÉOlien), Énergies Normandie, France
et Philippe LECONTE
Chef du service Bureaux d’Études Centraux
Direction des Grands moyens techniques de l’Onera, The French Aerospace Lab, Châtillon,
France
Note de l’éditeur : Cet article est la réédition actualisée de l’article [BM 4 640] intitulé
« Éoliennes » paru en 2009 et rédigé par Marc RAPIN et Philippe LECONTE
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ÉOLIENNES ________________________________________________________________________________________________________________________
Cet article permet de donner une vision globale des aspects liés à l’éolien,
d’appréhender, sans être exhaustif, les thématiques impliquées et ses spécifi-
cités. Il s’attache en particulier à décrire le potentiel de conversion d’énergie
que l’on peut obtenir grâce au rotor d’une éolienne, dont les principes s’appa-
rentent ou sont issus de ceux des hélices et rotors d’hélicoptère.
1. Contexte actuel
Du moulin à l’éolien
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________________________________________________________________________________________________________________________ ÉOLIENNES
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ÉOLIENNES ________________________________________________________________________________________________________________________
2. Caractérisation
des différents types
d’éoliennes et de leurs
utilisations
On peut aisément classer les éoliennes en deux grandes
familles : celles à axe vertical et celles à axe horizontal.
D’autres configurations plus anecdotiques (profils oscillants, aubes
mobiles, profils en translation) ont vu le jour, mais n’ont jamais
débouché sur une quelconque industrialisation.
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________________________________________________________________________________________________________________________ ÉOLIENNES
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ÉOLIENNES ________________________________________________________________________________________________________________________
Force (0,34)
2.2 Machines à axe vertical
■ Principes Axe vertical
Vent
Les principes de ces machines à axe vertical, regroupées sous la
terminologie VAWT (Vertical Axis Wind Turbine), sont connus
depuis très longtemps, puisque utilisés sur les premières formes Force (1,33)
de moulin connues. Leur principal avantage est de fonctionner
quelle que soit la direction du vent, et donc de s’affranchir d’un
dispositif d’orientation. Cependant, si ce n’est la production de
plus de 500 unités de 300 kW par l’entreprise américaine FloWind
pendant le « rush californien », la plupart des développements ne
sont jamais arrivés à un stade industriel important du fait d’un ren- Rotation
S
dement faible (§ 2.4) et des nombreux problèmes de fonctionne- Forces en valeurs relatives
ment rencontrés.
En effet, si la plupart ont l’avantage d’avoir leur dispositif de
génération électrique au sol, le fait qu’une éolienne soit érigée Figure 9 – Effet du vent sur un corps creux
près du sol signifie que le capteur d’énergie se situe dans une zone
peu favorable (gradient de vent, turbulence due aux accidents du
terrain ou aux bâtiments en amont de la machine), ce qui réduit
significativement leur efficacité. En offshore, cette problématique
est moindre et la possibilité de pouvoir abaisser le centre de gra-
vité a conduit à de nouveaux projets de machine, tels que le
concept français Vertiwind, porté par la PME Nenuphar.
Par ailleurs, toutes ces machines utilisent l’un (ou parfois une
combinaison) des deux principes caractéristiques des VAWT : la
traînée différentielle ou la variation cyclique d’incidence.
Leur principe même de fonctionnement, basé sur des variations
incessantes de charge aérodynamique sur les pales, fait que ces
éoliennes sont très sujettes aux problèmes d’aéroélasticité. En par- Vent
ticulier, tout problème de vibration de ce système en rotation peut
conduire à la rupture de pale ou se reporte sur le mât vertical et
provoque une fatigue du palier au sol.
■ Traînée différentielle
La mise en mouvement est identique à celle d’un anémomètre.
Les efforts exercés par le vent sur chacune des faces d’un corps
creux sont d’intensités différentes (figure 9) : il en résulte ainsi un
couple moteur.
L’illustration la plus courante de ce type d’éolienne est le rotor
de Savonius (figure 10), du nom de son inventeur, un ingénieur
finlandais qui l’a breveté au début des années 1920. Le fonctionne-
ment est ici amélioré par rapport à l’anémomètre par la circulation
de l’air rendue possible entre les deux demi-cylindres, ce qui aug-
mente le couple moteur. On peut aisément imaginer que, lors du
démarrage de ce type de machine (phase d’établissement du vent),
les cylindres soient orientés par rapport au vent de telle manière
que le couple résultant soit nul. L’éolienne ne pourra donc pas
démarrer spontanément. La superposition de plusieurs rotors iden-
tiques, mais décalés d’un certain angle l’un par rapport à l’autre,
permet de remédier à ce problème, rendant ainsi la machine tota-
lement autonome (figure 11).
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Récupération de l’énergie
des vagues
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Puissance
des vagues (kW/m)
<5
5 -- 10
10 -- 15
15 -- 20
20 -- 30
30 -- 40
40 -- 60
> 60
Figure 1 – Répartition mondiale de la ressource « énergie des vagues » en moyenne annuelle (doc. WorldWaves data/OCEANOR/ECMWF)
1. Ressource
Latitude (°)
51
Supposons que 10 % de cette ressource soit effectivement Figure 2 – Carte de la ressource « énergie des vagues »
convertie en électricité (on se limite à 10 % afin de prendre en sur le littoral atlantique en France métropolitaine (doc. ANEMOC)
compte qu’il n’est ni souhaitable ni possible de couvrir la façade
atlantique de convertisseurs d’énergie des vagues, et que le
Là encore, on voit que l’énergie des vagues n’est pas La solution
rendement de ces technologies n’est pas de 100 %). La
d’approvisionnement énergétique renouvelable. Elle peut cependant
contribution de l’énergie des vagues à la production électrique
représenter une contribution non négligeable. En terme de marché,
française serait alors de l’ordre de 4 GW. C’est l’équivalent de
en supposant un prix de vente de l’électricité de 0,15 c€/kWh, le chif-
4 réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR (en se basant
fre d’affaires annuel serait de l’ordre de 5 250 M€.
sur les 1 650 MW de puissance installée à Flamanville et en suppo-
sant un facteur de charge de 75 %). C’est également 7,1 % de la Nota : 0,15 c€/kWh est le tarif de rachat actuel de l’électricité produite à partir de
consommation électrique de l’année 2010 (488 TWh). l’énergie des vagues en France métropolitaine.
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Il serait fastidieux de détailler toutes ces technologies. Heureu- Cette classification recouvre l’immense majorité des systèmes
sement, elles reposent, dans leur immense majorité, sur l’un des houlomoteurs qui ont été proposés jusqu’alors. Notons cependant
trois principes de fonctionnement suivants : qu’elle n’est pas complètement exhaustive (quelques systèmes de
turbine à houle, basés sur l’utilisation de profils portants, ont ainsi
– les systèmes à déferlement (overtopping devices) ; été imaginés au Danemark, Pays-bas et aux États-Unis).
S
Isolé : Pico, LIMPET
Fixe
Fixe
YW
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Déferlement
Trappe d’accès à la turbine
Figure 4 – Principe de fonctionnement des systèmes à déferlement Figure 6 – Projet SSG (Norvège) : intégration d’une centrale
à déferlement dans une digue
Flux d’air
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1. Notions sur l’énergie des marées ........................................................ BE 8 572 - 3
2. Contraintes pour la sélection des sites marémoteurs potentiels — 4
2.1 Contraintes hydrauliques et géographiques ............................................. — 4
2.2 Contraintes environnementales.................................................................. — 5
3. Sites potentiels d’exploitation de l’énergie marémotrice
dans le Monde ........................................................................................... — 5
4. Usine marémotrice de la Rance ........................................................... — 5
4.1 Histoire de la construction .......................................................................... — 6
4.2 Aspects énergétiques .................................................................................. — 10
4.3 Aspects environnementaux et sociaux-économiques .............................. — 10
4.4 Conclusions sur la Rance ............................................................................ — 10
5. Projets des îles Chausey ........................................................................ — 13
5.1 Projet EDF de 1958 ....................................................................................... — 13
5.2 Trois projets d’Albert Caquot : 1972, 1975 et 1976.................................... — 17
5.3 Perspectives.................................................................................................. — 17
6. Énergie hydrolienne en France ............................................................. — 18
6.1 Potentiel de l’énergie hydrolienne.............................................................. — 18
6.2 Caractéristiques des hydroliennes ............................................................. — 19
6.3 Parc hydrolien de Paimpol-Bréhat .............................................................. — 19
6.4 Perspectives sur les hydroliennes .............................................................. — 19
7. Commentaires sur les différentes sources d’énergie
en France .................................................................................................... — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 572
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S
les « éoliennes », comme devrait le faire le projet d’hydroliennes de l’Île de
Bréhat [20]. L’avantage par rapport aux éoliennes est que les courants de
marées sont par nature « déterministes », tandis que les vitesses du vent sont
« aléatoires ».
La production de l’énergie d’origine marémotrice peut être programmée,
sans aléas atmosphériques et climatiques, puisque le rythme des marées peut
être connu à l’échelle des temps géologiques. Les seuls aléas sont d’origine
sismique, très faibles en Bretagne, et terroristes. Ajoutons qu’à l’époque du
développement de l’énergie marémotrice en France, la Bretagne était mal ali-
mentée en énergie électrique et que le nucléaire n’en était qu’à ses prémisses.
Nous exposons les deux procédés cités ci-dessus ; celui utilisant les hauteurs
des marées est le plus ancien ; celui utilisant les courants des marées est le
plus récent. Dans cet article, nous décrivons les développements en France de
ces énergies dites renouvelables. Un deuxième article est consacré à leurs
développements dans le reste du Monde.
Aperçu historique
Robert Gibrat (1904-1980) racontait qu’il découvrit au Ministère Ces machines permirent d’envisager le développement des usines
de l’Industrie, le Traité sur l’énergie des marées de l’Abbé Bernard marémotrices.
Forest de Bélidor (1698-1761) sur « l’Architecture hydraulique ou Dès 1943, un groupe d’industriels français créa la Société d’étu-
l’Art de conduire, élever et aménager les eaux pour les différents des pour l’utilisation des marées (SEUM), reprise par Électricité de
besoins de la vie » (1737), décrivant l’art de concevoir et utiliser les France (EDF) après la nationalisation le 3 avril 1946, sous la forme
moulins à marée. Il s’agissait de remplir à pleine mer un bassin d’un service, le SEUM.
séparé de la mer par un barrage, et d’utiliser la différence de niveau
entre la haute et la basse mer, pour entraîner une roue à aubes à Rappelons que d’après la loi de nationalisation, EDF avait pour
axe horizontal classique de moulin au fil de l’eau [1]. Intéressé par mission de développer toutes les formes d’énergie susceptibles de
le sujet, Robert Gibrat publia en 1953 [2] un premier ouvrage sur produire de l’électricité.
l’énergie des marées, dont il reprit l’essentiel dans sa conférence Le SEUM, dirigé par Louis Vantroys, fut chargé de dégager les
du 20 avril 1955 [3]. lignes principales des problèmes de génie civil et des machines,
La notion d’usine marémotrice était au départ très simple. Il en vue de la réalisation de l’Usine de la Rance, cela en liaison avec
s’agissait de transformer l’énergie potentielle des variations du la Région d’Équipement Hydraulique no 8 désignée pour la réalisa-
niveau de la mer au cours des marées, en énergie mécanique, puis tion des travaux. L’estuaire de la Rance paru d’abord le plus inté-
électrique. Pour cela, il suffisait d’accumuler de l’eau de mer à ressant parmi les autres sites potentiels, tel que l’estuaire de
marée montante dans un bassin de retenue, pour obtenir à marée l’Aber Wrac’h [15].
descendante une hauteur de chute pour turbiner dans le sens bas- Fermer par un barrage la baie du Mont-Saint-Michel au fond du
sin-mer. On utilisait alors des turbines classiques à axe vertical, ce Golfe de Saint-Malo, où les marnages sont très importants,
qui exigeait d’avoir des hauteurs de chute assez importantes. Heu- jusqu’à 13 m en grande vive-eau, et où un bassin de retenue
reusement pour les marémotrices, les ensembles turbine-alterna- de grande surface est à un état d’étude très avancé.
teurs à axe horizontal furent mis au point par le réseau électrifié du
Chemin de fer du Midi, pour utiliser les chutes d’eau de faibles
hauteurs des Pyrénées.
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1. Notions sur l’énergie Le Soleil attire aussi l’eau des océans, avec une période d’une
demi-rotation de 12 h. Du fait de la grande distance entre la Terre
des marées et le Soleil, son attraction est moins forte que celle de la Lune. Les
deux attractions de la Lune et du Soleil sur l’eau des océans
s’ajoutent directement lors de la pleine et de la nouvelle Lune,
Notre but n’est pas de reprendre la théorie des marées, ni créant les fortes marées dites de vive-eau. Les marées sont plus
d’expliquer leur extrême variété. Pour cela, nous conseillons de petites lorsque ces deux attractions de la Lune et du Soleil
lire la conférence sur l’énergie des marées de Robert Gibrat agissent dans des directions différentes, lors du premier et du
prononcée à la Société astronomique de France le 20 avril 1955 [3] dernier quartier de la Lune ; leur résultante est alors plus faible
dont nous reprenons ci-après les conclusions. que lors des pleines et nouvelles lunes ; ce sont les marées dites
On sait que la marée est due aux attractions de la Lune et du de morte-eau.
Soleil sur la masse fluide des océans. Ce qui est moins évident,
c’est la raison de la grande diversité des marées le long de côtes Cela n’est valable que pour les grands océans, principalement
du Monde. La Lune, plus proche de la Terre que le Soleil, exerce l’océan Antarctique Sud qui est le seul à faire le tour de la Terre, et
une attraction prépondérante. Quand la Lune passe au zénith d’un donc auquel s’appliquent directement les phénomènes physiques
lieu, elle attire l’eau de la partie des océans face à la Lune. Or, la exposés ci-dessus. L’océan Atlantique n’est qu’un canal tortueux
Terre est un corps solide sur lequel l’attraction lunaire est où se propage une onde-marée, issue de l’océan Antarctique sud.
appliquée à son centre de gravité. Si la Terre ne tournait pas, il
S
Cette onde-marée met environ un jour et demi pour atteindre
résulterait de ces deux attractions une élévation de la mer par Saint-Malo. La longueur de l’onde-marée, c’est-à-dire la distance
rapport au sol de seulement quelques décimètres à marée haute ; qui sépare deux pleine-mers successives, s’exprime en milliers de
Henri Poincaré l’appela « la marée du baccalauréat ». kilomètres dans les océans ; elle se réduit à des centaines de kilo-
En même temps, aux antipodes de ce lieu, le même phénomène mètres dans les mers littorales moins profondes, où la célérité de
se produit en sens inverse. L’attraction de la Lune sur le centre de l’onde-marée est réduite.
gravité de la Terre est plus forte que celle exercée par la Lune sur
l’eau des océans aux antipodes, plus éloignée de la Lune que le À l’approche des plateaux continentaux, l’onde-marée se
centre de la Terre. Tout se passe alors, comme si les eaux des propage dans des profondeurs plus petites. La conservation de
océans aux antipodes étaient moins attirées vers le ciel par rapport l’énergie de la marée conduit alors à augmenter le « marnage »,
à la Terre. Il en résulte que, l’attraction vers le ciel d’un astre sur c’est-à-dire l’amplitude de la marée entre les cotes des pleines
l’eau des océans, se manifeste deux fois pendant la période de mers et des basses mers. Le marnage augmente aussi dans les
rotation apparente de l’astre autour de la Terre. Si la Lune agissait mers littorales peu profondes. La figure 1 indique les sites où les
seule, la principale période de la marée serait celle d’une marnages sont importants et où il peut être envisagé de construire
demi-rotation lunaire, soit environ 12,5 h. des usines marémotrices.
Cook Gulf of
Inlec Mezeh
Lumbov Bay
Solway Firth.
Cambay
Secure
Bay
San José
QPQ
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La figure 2 représente les lignes d’égal marnage et les lignes Les sites où le marnage est assez important pour justifier
cotidales, le long desquelles la pleine mer a lieu à la même heure, l’exploitation de l’énergie marémotrice, sont plutôt rares. Pour
indiquées en chiffres romains. La Manche est un canal pas assez que la construction d’une installation marémotrice soit économi-
large, pour qu’il existe un réel point amphidromique ; néanmoins quement viable, le site doit offrir des amplitudes d’au moins 5 m,
on le devine, quand on observe les différences de marnage entre comporter un bassin naturel (golfes, baies, estuaires, etc.) pou-
les côtes anglaises et françaises. De même, lorsque l’onde-marée vant retenir une quantité importante d’eau à marée haute, ou
les forts courants de marées tels que ceux observés au fond du Pour choisir un site marémoteur, un grand marnage n’est pas un
golfe de Saint-Malo. Ce phénomène a lieu dans beaucoup d’autres critère suffisant. Car les grands marnages sont souvent associés à
sites du globe terrestre, les rendant propices à l’utilisation de des courants de marée faibles, lorsqu’ils se produisent au fond des
l’énergie marémotrice. golfes. L’énergie marémotrice disponible d’un bassin maritime est
l’énergie naturelle du site, dont l’ordre de grandeur est donné par la
relation :
E (GWh/an) = 2S (km2 ) A2 (m)
avec S surface du bassin de retenue à la cote de la mi-marée,
A marnage moyen.
Pour démontrer cette relation, considérons un bassin maritime
de surface S, rempli à chaque marée. Quelle énergie peut-on tirer
XII de ce volume d’eau en le vidant de la hauteur A, représentant le
marnage entre les côtes de la pleine et la basse mer de la marée.
I
Supposons que le déplacement de ce volume d’eau de hauteur
II
A et de surface S quelconque, soit transformé en énergie. En
vidant ce volume d’eau, de masse volumique ρ, son centre de
III
0,5
gravité chute de A ; son poids est ρgSA. Lorsqu’il se déplace
III 1 verticalement de A, l’énergie potentielle libérée à chaque vidange
IV 2 A II de cette eau est :
V IV
VI 4
3 I E = ρ gS A2
XI
X V XII
2 Soit, pour chacune des 700 marées annuelles de marnage
3 2
4 5 VI XI moyen A, avec g = 10 m/s2, ρ = 1 000 kg/m3 :
1 X 3
6 7
VII VIII IX 4
VII E (J/marée) = 7 000 000 S (m2 ) A2 (m)
65
V
A VI E (GWh/marée) = 7S (km2 ) A2 (m)
V
2 3 VIII
4
VIII
IX IV
VII X 1 Mer Désignons par H2 la somme des carrés des 700 marnages
III
XI
Manche VI 3 2II du Nord annuels A :
4 I
et mer
5 5 10 A 5
6 7 XII H 2 = ∑ A2
d’Irlande 2 1
3 XI 7 8
9
4 Comme 1 kWh = 3 600 000 J, l’énergie annuelle récupérable en
VI 5 VII 6
V 6 vidant le volume d’eau considéré, est :
7
IV 8
9 1012
13 E (GWh/an) ≈ 2S (km2 )H 2 (m)
Mais cette formule n’a qu’une valeur indicative, elle n’est valable
que dans le cas des bassins de faible surface et à condition que la
Figure 2 – Lignes cotidales, lignes d’égal marnage et points
amphidromiques de la marée de vive-eau moyenne en Manche marée ne soit pas modifiée par le fonctionnement de l’usine, ce
et mer d’Irlande qu’on appelle le remous extérieur de l’usine.
QPR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUWR
Exemple : 25 GWh sont consommés, au cours d’une marée, par Modifier ce transfert naturel d’énergie, en installant une usine
les frottements sur les fonds marins à l’Est de la ligne Bréhat-Guerne- marémotrice, conduit à une nouvelle répartition de l’énergie
sey-Aurigny-Cap de la Hague. Cela ne serait pas modifié de façon transmise par la marée, ce qui se traduit par une modification des
sensible par le supplément d’énergie de la marée absorbée par la marnages et des courants de marée.
Rance, soit 0,77 GWh par marée. En revanche, la marée serait bien
modifiée dans le cas du projet des îles Chausey qui absorberait Exemple : dans le cas du projet de l’usine marémotrice des îles
12 GWh par marée. Chausey, une puissance extraite de 10 GW réduirait déjà le marnage
utilisable d’environ 1 m. Augmenter cette puissance, en voulant la
L’installation marémotrice doit se situer de telle façon que son doubler par exemple, n’aurait pas d’intérêt du fait de la réduction
fonctionnement ne modifie pas trop les conditions géographiques importante du marnage local qui en résulterait.
favorables à la naissance des résonances des ondes-marées [2]. Il
faut aussi une configuration géographique qui permette soit de
fermer un grand bassin de retenue par une digue de faible 2.2 Contraintes environnementales
longueur, soit de créer de forts courants de marée [3].
Les contraintes environnementales sont les mêmes que pour les
La nécessité d’importants travaux maritimes et l’utilisation de
installations hydroélectriques. Les usines marémotrices modifient
matériaux résistant à la corrosion marine renchérissent le coût des
les variations du niveau de l’eau le long des côtes marines ou des
investissements marémoteurs. Cependant, la faisabilité technique
S
estuaires, lesquelles sont beaucoup plus fréquentées par les
et économique des usines marémotrices a été prouvée, notam-
touristes que les rives des cours d’eau ou des barrages en
ment par l’aménagement de l’estuaire de la Rance. Mais, l’exis-
montagne. En revanche, les variations des niveaux de la mer dans
tence d’un grand marnage, résultant d’une réflexion locale de
les retenues des usines marémotrices sont programmables, en
l’onde-marée sur une côte, peut être un critère trompeur. Il ne faut
tenant éventuellement compte des intérêts touristiques.
pas que l’énergie active prise à l’onde-marée, pour la transformer
en énergie électrique ou mécanique à usage des humains soit trop
importante [4].
Jersey
10 St Germain – l’estuaire de la Mersey (700 MW, 1,4 TWh/an).
Ces projets ont été abandonnés pour des raisons économi-
ques [22].
27
24
Cap Fréhel 18 1
4. Usine marémotrice
Port Mer
St Malo de la Rance
Un exemple de réalisation industrielle d’envergure est l’usine
marémotrice de la Rance (Ille-et-Vilaine, France). Depuis plus de 40
ans, cette installation d’EDF produit chaque année l’équivalent de la
507 Énergie transmise en GWh consommation en électricité d’une ville comme Rennes. Elle repré-
7
Énergie consommée en GWh sente 90 % de l’électricité produite en Bretagne, et 3,5 % de l’électri-
cité consommée dans les quatre départements de la région [5].
Figure 3 – Circulation de l’énergie d’une marée moyenne En dehors de quelques petits abers bretons, la France dispose
dans le golfe de Saint-Malo [4] de deux sites marémoteurs potentiels dans le golfe de Saint-Malo :
QPS
S
QPT
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beXUWS
Usines marémotrices
pour le XXIe siècle
S
1. Besoins et potentiel ................................................................................. BE 8 573 - 2
2. Usines marémotrices : disposition des bassins
et modes de fonctionnement ................................................................ — 2
2.1 Bassin simple ............................................................................................... — 3
2.2 Bassins associés électriquement ................................................................ — 3
2.3 Bassins associés hydrauliquement ............................................................ — 3
2.4 Choix de la solution ..................................................................................... — 4
3. Turbines ...................................................................................................... — 4
4. Génie civil des usines.............................................................................. — 4
5. Digues .......................................................................................................... — 5
6. Éléments de coûts et délais .................................................................. — 5
7. Impacts ........................................................................................................ — 5
7.1 Impact psychologique ................................................................................. — 6
7.2 Impact sur l’environnement ........................................................................ — 6
7.3 Impact socio-économique ........................................................................... — 6
8. Aménagements en France ..................................................................... — 7
8.1 Aménagement de Chausey ......................................................................... — 7
8.2 Aménagement de Saint-Brieuc ................................................................... — 8
8.3 Aménagement de la Baie de Somme......................................................... — 8
8.4 Stockage d’énergie ...................................................................................... — 9
8.5 Évaluation de coût ....................................................................................... — 9
9. Aménagements de première phase ..................................................... — 9
10. Potentiel mondial ..................................................................................... — 10
11. Hydroliennes .............................................................................................. — 10
12. Conclusion.................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 573
QPU
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beXUWS
Il est surprenant que la France, leader autrefois avec la Rance, ait négligé
ensuite totalement cette option et se trouve maintenant dépassée en études et
recherches par la Russie et en réalisations par la Corée.
S
mondiale de biens aura triplé ; l’efficacité énergétique sera
meilleure et l’énergie utilisée doublera seulement mais avec une – les modes d’exploitation sont très différents.
part beaucoup plus importante sous forme électrique : la
consommation électrique devrait environ tripler et approcher
probablement 80 000 TWh/an vers le milieu du siècle à un coût
voisin de 100 €/MWh avec dans la plupart des pays une grande
part d’énergies renouvelables. 2. Usines marémotrices :
L’avenir de l’énergie marémotrice est donc lié à un coût de
l’ordre de 100 €/MWh. Une part importante du potentiel maré-
disposition des bassins
moteur est éloignée des points de consommation, mais le coût du
transport électrique à longue distance peut être réduit à 10 €/MWh
et modes
pour 1 000 km et on peut donc aussi envisager l’équipement de
grands sites excentrés.
de fonctionnement
Comme l’éolien et le photovoltaïque qui seront probablement
les énergies renouvelables principales après 2050, l’énergie maré- Les sites envisageables et présentés dans cet article
motrice a besoin de stockage ; il est à l’échelle d’une demi-marée correspondent le plus souvent à des marées d’amplitude moyenne
mais on doit tenir compte aussi d’une production journalière très H comprise entre 5 et 8 m, avec les marées successives d’ampli-
réduite pendant deux ou trois jours de morte eau par quinzaine. tude voisine et d’une durée de 12 h 15. Le potentiel théorique par
demi-marée pour une surface de bassin S de 1 km2 est l’énergie
d’un volume S H sous une charge moyenne 0,5 H, soit en kWh :
L’énergie marémotrice a un double avantage de réglage de
fréquence et de production régulière sur l’année. Elle est plus 106 H 0, 5H g
prévisible que l’énergie éolienne. Les impacts environnemen- ≅ 1 375H 2
taux et économiques peuvent être meilleurs que ceux des 3 600
autres énergies renouvelables. L’énergie marémotrice peut
donc être compétitive avec beaucoup de solutions à coût de et le potentiel théorique annuel pour 706 marées est proche, en
production voisin si on évite ou réduit les impacts négatifs. GWh/km2, de :
1 375 2
Le potentiel théorique mondial d’énergie marémotrice est supé- 2 × 706 H ≅ 2H 2
106
rieur à 20 000 TWh/an mais en beaucoup d’endroits avec une
amplitude moyenne de marée inférieure à 4 ou 5 m, trop faible
pour une production compétitive. Par ailleurs, on ne peut exploiter En pratique, une usine ne produit que 25 à 40 % de cette
sur un site qu’une part minoritaire de l’énergie potentielle énergie.
théorique de la zone. Et l’examen des sites mondiaux potentiels
semble d’ailleurs limiter à 1 000 TWh/an le total des sites rentables
pour des usines marémotrices. Le potentiel des hydroliennes Pour H moyen entre 5 et 8 m et suivant la solution et l’équi-
semble nettement plus faible. L’étude ci-dessous est donc essen- pement, la production annuelle par km2 de bassin est
tiellement consacrée aux usines marémotrices. comprise entre 15 et 50 GWh, du même ordre que par km2 de
Deux caractéristiques importantes des zones favorables aux ferme éolienne et supérieure à la production hydroélectrique
usines marémotrices, c’est-à-dire avec une amplitude moyenne de moyenne par km2 de lac qui est voisine de 10 GWh.
marée supérieure à 5 m doivent être soulignées : la profondeur est
généralement assez faible, 10 à 25 m sous les basses mers, et le
terrain est généralement rocheux ou sablo-graveleux. Les Les rendements et le coût au kWh peuvent varier beaucoup
conditions de fondation sont donc favorables et souvent similaires suivant le type de turbine et le mode d’exploitation. Et le choix
et les projets mondiaux sont beaucoup plus standardisés que ceux entre les solutions n’est pas lié seulement à la production
de l’hydroélectricité classique. d’énergie et au coût au kWh mais aussi à la qualité du courant
fourni (garantie de production, flexibilité, sécurité du réseau,
Enfin, les problèmes techniques et les solutions diffèrent de
réglage de fréquence) et à l’impact sur l’environnement.
ceux de l’hydroélectricité classique :
– le génie civil est totalement différent en conception et en De nombreux modes d’exploitation sont envisageables en trois
exécution, le problème des vagues remplaçant les problèmes de conceptions différentes : bassins simples, bassins associés électri-
rivière ; quement, bassins associés hydrauliquement.
QPV
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beXUWS
Niveau
Niveau
12 h 15
12,25 h
Niveau Niveau
Bassin haut
de la mer du bassin
h Pompage
Production
de courant
Temps Mer Production
H de courant
Production du courant
S
Niveau
Niveau 12 h 15 Temps
de la mer
QPW
S
QPX
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reQWX
RECHERCHE
Utilisation innovante
des hydroliennes : les maréliennes
Abstract : The principle of in-stream turbine is interesting but few world places have
the water speed and conditions necessary for cost efficiency. It is possible to create
along shore very large basins storing tidal flows. Their closing dyke is open locally to
sea by wide channels 1 or 2 km long in which are placed 10 or 20 in-stream turbines
lines. This solution may be cost effective for 10 % of world electric needs and 20% of
French needs. These basins, paid for by electric supply, may have a key role for
protecting shore against harmful high water levels or against high waves or typhoons.
A part of the basin area may be used for very important energy storage (PSP).
Keywords : Renewable energies, Tidal plants, Tidal energy, Energy storage, PSP, STEP
Points clés
Domaine : Production et stockage d’énergie
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : hydroliennes, turbines, bassin marémoteur
Domaines d’application : énergie électrique renouvelable, stockage d’énergie
électrique
Principaux acteurs français :
Pôles de compétitivité : Énergie
Centres de compétence : HYDROCOOP
Industriels : EDF – Alstom
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQT
QPY
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reQWX
RECHERCHE
S
– on peut utiliser des turbines de l’hydroélectricité, ou des
hydroliennes, d’un coût de fabrication par kW voisin de celui digues et les usines reliant les réservoirs à la mer.
des éoliennes terrestres ;
– à énergie égale, les impacts sur l’environnement peuvent 3.1 Réservoirs (ou bassins)
être beaucoup plus favorables que ceux de l’hydroélectricité
ou d’autres énergies renouvelables ; Diverses solutions associant hydrauliquement deux
– il n’y a aucun déplacement de population ; réservoirs à niveaux différents ont été étudiées, améliorant la
– les productions mensuelles et annuelles sont constantes et production des turbines. Mais ces solutions modifient
prévisibles. fortement le régime et les niveaux des marées à la côte et
Mais l’analyse des spécificités de l’énergie des marées peut sont généralement refusées à cause de cette modification
expliquer l’échec des solutions utilisées jusqu’à maintenant et importante de l’environnement.
conduit à une solution mieux adaptée non seulement à la Les réservoirs que l’on peut envisager sont donc essentiel-
production mais aussi au stockage de l’énergie électrique. lement des réservoirs simples. Ils peuvent être créés :
– en barrant un estuaire (usine de la Rance en France :
1965). On économise les digues mais les problèmes d’environ-
2. Spécificités de l’énergie nement sont plus difficiles (notamment par variation de
marémotrice salinité) et il existe peu de sites mondiaux importants limités
aux estuaires et très peu en France ;
Le potentiel disponible le long des côtes mondiales est très – en créant des îles, ce qui évite les impacts à la côte mais
variable, l’amplitude moyenne de la marée (marnage) le coût de digues très longues ne permet guère de sites
pouvant varier de quelques décimètres à 8 m. Les projets rentables ;
étudiés s’appliquaient en général à des marnages de plus de – en créant des bassins adossés à la côte, de préférence sur
6 m mais le potentiel total correspondant est assez faible et la un golfe ou avec une topographie réduisant la longueur de
majorité du potentiel mondial correspond à des marées de 3 à digue. On peut aussi envisager de grands bassins le long
5 m ; il est réparti sur 20 000 km de littoral. d’une côte rectiligne en recherchant trois conditions :
Les marées les plus courantes mondialement servent de • une surface de plus de 50 à 100 km2 pour réduire le
base à notre analyse : ce sont des marées semi-diurnes, coût des digues par kW,
d’une durée un peu supérieure à 12 h. L’amplitude est voisine • une profondeur modérée jusqu’à 10 ou 20 km de la côte,
pour les deux marées d’une même journée, mais cette ampli-
tude (la hauteur de marnage H ) varie beaucoup en 14 j : pen- • un mode d’exploitation qui ne modifie pas dans le bassin
dant quelques jours de vives eaux, le marnage dépasse de le régime et l’amplitude des marées.
30 % (et parfois de 50 %) le marnage moyen Hm et pendant Ces trois conditions peuvent être remplies mondialement
quelques jours de morte-eau le marnage est inférieur à Hm de sur plus de 100 000 km2 et pour des milliers de TWh/an.
35 % (parfois 50 %).
Les courants de marée peuvent atteindre localement 4 à
5 m/s mais sont le plus souvent de l’ordre de 1 m/s. 3.2 Usines
Pendant une demi-marée, le niveau dans un bassin est
3.2.1 Groupes bulbes
généralement très voisin pendant quelque temps du niveau de
la mer ; il est donc difficile de produire beaucoup pendant une Une turbine à axe horizontal dont l’alternateur est
heure ou deux sur six. immergé, le groupe bulbe, a été mise au point en 1960
Les problèmes liés aux vagues peuvent être très importants. pour l’usine de la Rance. Elle a depuis été utilisée avec succès
pour de nombreux barrages en rivière, sous une chute de 5 à
À charge égale, la hauteur d’une usine marémotrice est très 10 m. Les turbines de la Rance, qui peuvent turbiner et
supérieure à celle d’une usine en rivière car on doit ajouter au pomper dans les deux sens, produisent à pleine puissance
niveau minimal d’exploitation la hauteur des vagues et la sous une chute de 5 à 6 m mais ne produisent que 30 % de la
hauteur du marnage de vives eaux. Le coût au kW du génie puissance installée sous une chute de 3 m, et très peu sous
civil est donc beaucoup plus important. une chute de 2 m. On utilise donc à la Rance un mode de
Les impacts sur l’environnement sont très différents de ceux gestion permettant d’obtenir une chute de l’ordre de 5 m. Le
des barrages hydroélectriques : ils peuvent être beaucoup même objectif est recherché à l’usine coréenne de Shiwah,
plus favorables. mise en service en 2012, d’une puissance de 250 MW un peu
Deux principes d’exploitation ont été utilisés : supérieure à celle de la Rance.
– le principe de base de l’hydroélectricité : créer des L’utilisation d’un bassin peut se faire dans les deux sens ou
réservoirs par des barrages ou des digues et utiliser la un seul sens :
QQP
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RECHERCHE
Niveau
12 h 15
Mer
Bassin
2h
S
a opération dans les 2 sens
Niveau
12 h 15
Mer Bassin
Temps
Production du courant
QQQ
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reQWX
RECHERCHE
puissance installée. La production est très faible une semaine Les chenaux d’hydroliennes ont le grand avantage d’être
sur deux. très efficaces avec des hauteurs de chutes de 1 à 3 m,
c’est-à-dire dans les meilleures conditions d’utilisation des
Le potentiel serait comparable à celui des éoliennes
bassins à double sens dans toutes les zones de marées
terrestres avec des vents favorables uniquement sur des
naturelles de plus de 2 à 3 m de marnage.
reliefs à plus de 3 000 m.
Il est possible économiquement d’opérer huit heures sur
Les hydroliennes sur des sites naturels ont donc un potentiel douze et de conserver le long de la côte le régime et les
théorique important mais le potentiel mondial utilisable à un niveaux naturels des marées (figure 1a).
coût acceptable n’est probablement que de l’ordre de
100 TWh/an.
Exemple : une hydrolienne de 16 m de diamètre (surface
de 200 m2), placée dans un courant de 4 m/s, produit
0,2 × 200 × 43 # 2 500 kW consommant une énergie un peu
Chenaux
Mer
Poste de commande
Mer Digue et sous-station Bassin
500 m
Bassin Hydroliennes
Digue latérale du
chenal
Mer
Bassin
Digue d’encloture
du bassin
Littoral
QQR
Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
1– Biomasse
2– Hydroélectricité
5– Géothermie
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QQT
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beXUWX
Électricité photovoltaïque
Principes
QQU
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beXUWX
Abréviations
CIS Chalcogénures
Cz Tirage Czochralski
HIT Hétérostructure
T
p-n Structure à jonction plane Le soleil a une température de surface estimée à 5 760 K.
Le flux énergétique, en provenance de cet astre, intercepté dans
RCC Cellule à contacts arrières
l’angle solide représenté par la terre vaut :
Sc-Si Silicium monocristallin
solaire
1.2 Rayonnement perçu au sol :
Pour plus de détails sur l’intensité et l’énergie transmise par le rôle de l’atmosphère
soleil (considéré comme un corps noir), hors atmosphère et au
niveau du sol, se référer au dossier [BE 8 210] Rayonnement ther- Pour la fabrication de cellules photovoltaïques à usage terrestre, il
mique des matériaux opaques, ainsi qu’à l’ouvrage d’Alain est nécessaire de connaître le spectre du rayonnement solaire
Ricaud [1]. reçu au niveau du sol (figure 2). L’atmosphère terrestre modifie le
spectre énergétique du rayonnement solaire par l’action de trois
mécanismes principaux :
1.1 Rayonnement du corps noir : soleil – l’absorption par les gaz : chaque gaz possède des raies
hors atmosphère, constante solaire caractéristiques. Les plus marquantes sont, dans l’ordre des lon-
gueurs d’ondes croissantes : l’ozone (O3), l’oxygène (O2), toute une
On peut considérer, en première approximation, que l’énergie du série de raies d’absorption, dues à la vapeur d’eau (H2O), et dans
rayonnement du soleil hors de l’atmosphère suit la loi du rayonne- l’infrarouge lointain au gaz carbonique CO2 ;
ment du corps noir (figure 1). En effet, pour de grandes longueurs – la diffusion moléculaire de Rayleigh est causée par les
d’ondes, c’est-à-dire pour des photons peu énergétiques, la loi don- molécules d’air, dont la taille est très inférieure à la longueur
nant l’énergie moyenne rayonnée [E (λ, T )] par unité de volume des d’onde de la lumière. La diffusion de Rayleigh varie en λ–4 et
photons dans un intervalle de longueur d’onde dλ se réduit à la loi explique la couleur bleue du ciel clair et le passage de la couleur
classique de Rayleigh-Jeans (1) : du soleil à l’orange et au rouge lorsqu’il est bas sur l’horizon
(lorsque le soleil est bas, le trajet optique augmente et contribue à
l’atténuation des UV et des longueurs d’onde du bleu) ;
(1)
– la diffusion par les aérosols (de taille semblable à la lon-
avec k constante de Boltzmann. gueur d’onde de la lumière), par les poussières et les fumées
(dont la taille des particules varie de 0,5 à 10 µm) provoque égale-
Ainsi, plus le corps noir émet à une température élevée, plus son ment une variation spectrale en λ–n, avec n compris entre 0 et 4.
rayonnement est énergétique, et la longueur d’onde du maximum Par contre, pour les gouttelettes d’eau des nuages, dont la taille est
énergétique diminue : c’est la loi de déplacement de Wien. Le rayon- nettement supérieure à la longueur d’onde, la diffusion est sans
nement devient visible par l’œil humain pour des couleurs allant du variation de spectre. Elle provient de l’ensemble des phénomènes
rouge au violet. de réflexion, réfraction et de diffraction.
En intégrant la densité moyenne d’énergie totale par unité de Le rayonnement diffus des jours à forte nébulosité peut représen-
volume des photons sur toutes les fréquences (ou longueurs d’onde ter 10 à 15 % du rayonnement solaire arrivant au sol en provenance
λ), nous obtenons la célèbre loi de Stefan-Boltzmann : de toute la voûte céleste. Il est sans orientation particulière, et il est
donc impossible de le concentrer au moyen de lentilles optiques.
(2) Ainsi le rayonnement qui arrive au sol possède au moins deux
composantes : une composante diffuse D et la composante
avec E (W/m2) flux énergétique par unité de surface, directe I qui peut être collectée par des systèmes optiques à
σ constante de Stefan (σ = 5,7 × 10–8 W · m–2 · K–4). concentration. Le tout forme le rayonnement global G qui est le
QQV
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beXUWX
O3
H2O
O2, H2O
Composante diffuse (légère brume)
H2O
H2O
H2O Composante diffuse (ciel clair)
H2O
H2O, CO2
H2O, CO2
H2O, CO2
T
2. Physique du composant
photovoltaïque
L’objectif de cette section est de présenter en termes simples
quelques éléments du modèle physique du schéma de bandes dans
les semi-conducteurs cristallins et de donner les formules de base
Module
qui régissent la répartition des électrons à l’équilibre thermodyna-
photovoltaïque
mique et les mécanismes de la conduction électrique. Pour plus de
détails sur cette partie, qui relève de la physique quantique des
Albédo solides, on se référera à l’ouvrage d’Alain Ricaud [1] Photopiles
solaires, ainsi que l’ouvrage Physique de l’état solide de Kittel [2].
Figure 3 – Trois composantes du rayonnement solaire global
On a un soleil sous AM1,5 lorsque le soleil fait un angle α avec La bande permise pour les électrons d’énergie E est appelée
l’horizon, tel que l’épaisseur d’atmosphère effectivement traversée bande de conduction Ec avec des minimums d’énergie permise.
est égale à une fois et demie l’épaisseur pour un soleil au zénith. La bande inférieure est appelée bande de valence Ev (figure 4)
QQW
T
QQX
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beXUWY
Électricité photovoltaïque
Matériaux et marchés
Cet article est la version actualisée de l’article [BE 8 579v3] intitulé « Électricité – photovol-
taïque Matériaux et marchés » rédigé par Abdelilah SLAOUI et paru en 2016.
1.
2.
Options et perspectives......................................................................
Filières technologiques.......................................................................
BE 8 579v4 - 2
— 3
T
2.1 Première génération : filière silicium en plaquettes ............................. — 3
2.1.1 Matière première de silicium ......................................................... — 3
2.1.2 Silicium monocristallin (mono c-Si) .............................................. — 4
2.1.3 Silicium multicristallin (mc-Si) ....................................................... — 4
2.1.4 Silicium en ruban (ribbon) autosupporté...................................... — 5
2.2 Deuxième génération : filière silicium en couches minces .................. — 6
2.2.1 Silicium amorphe et nanocristallin................................................ — 6
2.2.2 Mariage de l’amorphe et du cristallin............................................ — 7
2.3 Autres filières en couches minces .......................................................... — 8
2.3.1 Cellules à base de tellurure de cadmium CdTe ............................ — 8
2.3.2 Matériaux à base de séléniure de cuivre indium gallium............ — 8
2.4 Autres filières en émergence .................................................................. — 8
2.4.1 Cellules à colorants ......................................................................... — 8
2.4.2 Cellules organiques ........................................................................ — 9
2.4.3 Cellules pérovskites ........................................................................ — 9
2.4.4 Cellules à très haut rendement ...................................................... — 10
3. Marché du photovoltaïque................................................................. — 11
3.1 Types de marché photovoltaïque ........................................................... — 11
3.2 Évolution de la puissance cumulée ........................................................ — 13
3.3 Coût de l’énergie photovoltaïque ........................................................... — 13
4. Perspectives d’avenir du photovoltaïque ...................................... — 14
5. Conclusion.............................................................................................. — 15
6. Glossaire ................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. BE 8 579v4
QQY
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beXUWY
T
Figure 1 – Corrélation entre le rendement de conversion et le coût
FZ tirage par zone flottante du module photovoltaïque pour les trois générations de technologie
QRP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
beXUWY
30,0
26,1 %
25,0
23,3 %
22,9 %
22,1 %
20,0
Rendement de conversion (%)
Silicium
cristallin
Perovskites
15,0 14,0 %
13,4 %
12,6 %
12,6 %
11,9 %
T
10,0 CdTe CZTS
CIGS DSSC
5,0 Cellules
Silicium organiques
amorphe Plots
quantiques
0,0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020
Figure 2 – Progression des rendements record (cellules) en laboratoire de l’ensemble des filières photovoltaïques (données NREL, 2018)
a-Si
2. Filières technologiques
2.1 Première génération : filière silicium
en plaquettes
Figure 3 – Prépondérance des matériaux à base de silicium cristallin
Près de 90 % des cellules sont à base de silicium cristallin, mono dans la production de cellules en 2014 (doc. Paula Mints)
et multi (figure 3).
Le silicium est l’un des éléments les plus abondants sur terre,
parfaitement stable thermiquement et chimiquement, en plus de 2.1.1 Matière première de silicium
ne pas être toxique. À l’avenir d’autres matériaux contribueront à
l’augmentation de la gamme des produits photovoltaïque dispo- À la base de toute l’industrie électronique moderne, le silicium est
nibles et stimuleront ce marché très prometteur. Aujourd’hui, plu- obtenu par réduction de la silice dans un four électrique à arc à plus
sieurs sont au stade préindustriel, au niveau de la recherche ou de 200 °C. On obtient ainsi un matériau dit « métallurgique », dont la
encore à la validation du concept. pureté est d’environ 98 %. Ce produit est purifié par chlorination à
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purification. De plus, la moitié du cristal part en poussière au cours
de la découpe en tranches de 250 à 300 µm d’épaisseur. Le silicium Cependant, le matériau Si multicristallin est d’une part contraint
le plus produit est de type p, c’est-à-dire dopé avec du bore, par et disloqué, et d’autre part contaminé par des impuretés rési-
apport de poudre contenant le bore. La concentration de bore dans duelles de la matière première de silicium. Cette dernière est en
le silicium est comprise entre 1016 et 1017 atomes · cm–3, de façon partie constituée par des rebuts de l’industrie de la microélectro-
à présenter une résistivité de l’ordre de 0,1 à 1 Ω · cm. Ce choix nique, c’est-à-dire du silicium monocristallin Cz ou FZ. La présence
résulte d’un compromis entre une résistivité la plus faible possible de joints de grains, associés à d’éventuelles contaminations par
et un dopage modéré afin d’éviter la réduction de la longueur de des impuretés métalliques, du carbone et de l’oxygène, introduit
diffusion des porteurs photogénérés. des défauts importants qui pénalisent le rendement (< 19 %).
Par la suite, on crée une barrière de potentiel nécessaire à la col- Par ailleurs, des recherches importantes sont menées sur les
lecte des charges, c’est-à-dire la structure émettrice des cellules procédés de purification du silicium à partir du silicium
photovoltaïques. Cette étape est détaillée dans la figure 6 métallurgique, obtenu par carboréduction de la silice et dont la
de [BE 8 578]. pureté de 99 % est incompatible avec l’obtention de propriétés
Il existe une seconde méthode pour produire du silicium de qua- électroniques suffisantes. Il faut pour cela réduire la concentration
lité électronique : on chauffe jusqu’à la fusion une zone que l’on des impuretés, métalliques en particulier, à quelques parties par
déplace le long d’un lingot. Du fait de la ségrégation des impuretés million (ppm), par distillation et condensation par l’intermédiaire
métalliques dans les zones fondues, on récupère un lingot de sili- de chlorosilane dans le cas de l’électronique et de la filière mono-
cium purifié (mais plus cher), que l’on nomme FZ (zone flot- cristalline (exemple du procédé Siemens). Dans le cas de la
tante). filière mc-Si, on part d’un silicium moins pur que pour le mono c-
Si, déchets de silicium électronique et silicium métallurgique, que
Avec les matériaux Cz et FZ, dits de la microélectronique, il est l’on fond dans un creuset en quartz recouvert d’une couche de
possible d’obtenir un rendement de conversion record en nitrure de silicium (pour faciliter le démoulage). Ensuite, grâce à
laboratoire : 24,7 % (Université de New South Walles, Australie) et un gradient de température contrôlé entre le haut et le bas du
récemment à 26,1 %, soit supérieur de 5 à 7 points à ceux de creuset, le silicium liquide se solidifie donnant naissance à un lin-
l’industrie. got avec des grains de silicium de plusieurs centimètres.
L’architecture de la cellule à homojonction la plus performante Les rendements de conversion industriels des cellules à
au monde est représentée sur la figure 4. base de mc-Si, qui étaient de l’ordre de 8 à 10 % avant 1980, sont
actuellement supérieurs à 18 % pour de grandes plaquettes de
2.1.3 Silicium multicristallin (mc-Si) 15,6 × 15,6 cm2. Ces progrès s’expliquent par l’amélioration
constante de la qualité des matériaux et par l’accroissement des
La figure 3 montre que la majorité des modules photovoltaïques connaissances de neutralisation des défauts et des impuretés rési-
sont à base de silicium polycristallin (poly c-Si), plus souvent duelles.
appelé en Europe silicium multicristallin (mc-Si). L’intérêt du Actuellement, on sait parfaitement passiver les effets néfastes de
silicium multicristallin provient de coûts de production plus faibles, la plupart des défauts cristallographiques.
du fait de l’utilisation de procédés de coulage des lingots en
blocs, beaucoup plus rapides et moins coûteux en énergie que
dans le cas de la synthèse de monocristaux Cz ou FZ (24 à 48 h Exemple : le dépôt par plasma d’une couche de 70 nm de nitrure
contre quelques semaines pour ces derniers). de silicium très riche en hydrogène (SiN:H) neutralise les défauts de
surface de silicium et de volume par l’hydrogène et en même temps
Une variante de la technologie de croissance par coulage de mc- assure une diminution des pertes par réflexion (effet antireflet). Les
Si, le procédé Polix de EDF-PW, est représentée figures 5 et 6. atomes d’hydrogène se fixent sur les liaisons pendantes (ou brisées)
Des blocs de plus de 450 kg sont ainsi obtenus par refroidissement du silicium et jouent le rôle de ponts assurant en quelque sorte la
contrôlé du silicium en fusion dans un moule de nature appropriée continuité électronique.
(souvent en quartz).
Afin de diminuer le bilan énergétique de la croissance de lingots On peut également débarrasser partiellement les plaquettes de
de silicium, des matériaux mc-Si produits par coulée continue silicium de leurs impuretés métalliques résiduelles lors d’un
en creuset électromagnétique (EMG) ont été développés au traitement thermique à haute température. En effet, par un effet de
Japon et en France (société EMIX). migration assuré par la température, le temps et des catalyseurs,
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étudiés.
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Aperçu historique
1.2 Modules silicium de type N
En 2005, l’entreprise américaine Sunpower a été confrontée pour
1839 – En plongeant une électrode dans une solution la première fois à ce problème. Cette société développe des cel-
conductrice exposée à la lumière, Antoine Becquerel et son lules solaires de type N à contact arrière, composées d’une couche
fils Edmond découvrent l’effet photovoltaïque [1]. de passivation en dioxyde de silicium. Des modules composés de
1921 – Albert Einstein reçoit le Prix Nobel de Physique pour ces cellules sont testés en extérieur avec un onduleur sans trans-
avoir été le premier à expliquer en 1905, l’effet photoélec- formateur. Étant donné qu’un onduleur sans transformateur n’est
trique. pas mis à la terre, une partie des modules se trouve en potentiel
1923 – Robert Andrews Millikan reçoit également le Prix positif par rapport à la terre. La puissance de sortie des modules se
Nobel de Physique pour avoir confirmé par ses travaux les trouvant dans la portion en tension positive était jusqu’à 30 % infé-
prédictions d’Albert Einstein. rieure à la puissance initiale. Dans le semi-conducteur, les charges
1977 – La puissance photovoltaïque installée dans le négatives du courant de fuite s’accumulent dans la couche de
monde atteint 500 kilowatts (kW). nitrure de silicium, puisque la couche de dioxyde de silicium située
sous le nitrure de silicium a une très haute résistivité. Ces charges
1978 – Le JPL, un centre de recherche spatial de la NASA négatives accumulées attirent des charges positives, formées de
en Californie, publie l’effet d’une tension cadre-cellule sur les trous produits par la lumière. Cette recombinaison provoque une
performances de cellules photovoltaïques, première publica- perte de rendement [5].
tion de l’effet PID [2].
1999 – La puissance photovoltaïque installée dépasse
1 Gigawatt (GW). La dégradation induite par le potentiel dans le cas d’une cel-
2010 – L’ancien fabricant allemand de modules Solon intro- lule de type N est schématisée sur la figure 1.
T
duit le terme de Potential-Induced Degradation [3].
2013 – D’après l’ISE Fraunhofer, seuls 4 grands fabricants
de modules parmi les 23 existants sont considérés comme 1.3 Modules silicium de type P
non affectés par le PID.
2018 – La puissance photovoltaïque mondiale installée Actuellement, le terme PID est largement utilisé dans
passe la barre des 500 GW. l’industrie photovoltaïque pour désigner l’effet de dégradation
2020 – Le phénomène n’est pas encore pris compte dans la des cellules solaires en silicium cristallin de type P standard,
liste de procédures de test de la norme IEC 61215-1. puisque ce sont les plus courantes.
technologiques, plusieurs
La diffusion d’ions sodium présents dans le verre vers
PID ? l’encapsulant et les cellules, causée par le champ électrique,
constitue la principale explication du phénomène. Ces ions
sodium libérés depuis le verre s’accumulent sur les couches
Un module photovoltaïque (PV) fonctionne comme un géné- antireflet et génèrent des shunts locaux dans la jonction PN [5].
rateur électrique qui convertit la lumière en électricité. Depuis la
découverte de l’effet photovoltaïque, différentes filières technolo-
giques ont été et continuent d’être développées dans ce domaine. L’effet PID peut être repéré à trois niveaux d’échelles : système,
Aujourd’hui, certaines filières sont encore au stade de la recherche module et cellule.
et développement, en particulier pour les filières à base de maté-
riaux organiques ou hybrides. Parmi les nouvelles filières en déve-
loppement, beaucoup progressent rapidement : par exemple, des
modules sont déjà réalisés à base de pérovskites ; quant à
d’autres, telles que celles qui mettent en œuvre les matériaux
2. Différents niveaux
nanostructurés, elles en sont encore au stade des recherches fon- d’échelle pour le PID
damentales.
Dans cet article, on s’intéresse à la dégradation induite par le
potentiel dans les filières historiques, mais il faudra prendre en 2.1 Au niveau du système
compte ce mécanisme de dégradation dans les prochaines généra-
tions de cellules photovoltaïques. Le facteur le plus important pour le PID est la différence de
potentiel entre la cellule et le cadre. La tension du système dépend
En 2020, plus de 90 % de la puissance photovoltaïque installée du nombre de modules connectés en série, ainsi que de la tempé-
dans le monde est produite par des panneaux solaires à base de rature et l’irradiation.
silicium cristallin.
Cette différence de potentiel est liée à la position des modules
connectés en série dans la chaîne et au type de mise à la terre.
Trois configurations sont possibles : mise à la terre de la polarité
1.1 Modules couches minces positive, mise à la terre de la polarité négative, et aucune mise à la
terre. Le potentiel d’une chaîne a la même polarité avec une mise à
Selon la littérature, les filières à base de silicium amorphe, de la terre positive et une mise à la terre négative, comme le montre
séléniure de cuivre indium-gallium et de tellurure de cadmium la figure 2 [3]. Lorsque le système n’a pas de mise à la terre, une
sont également impactées par le PID. Le mécanisme de dégrada- première partie des modules sont à un potentiel positif et la
tion se manifeste par un courant de fuite, principalement attribué à seconde partie d’entre eux à un potentiel négatif ; c’est ce qu’on
la migration d’ions sodium et aggravé par l’humidité [4]. appelle le potentiel flottant. Le potentiel flottant s’observe
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T
du transistor
N+
P+
EVA
6) … au lieu d’être collectée à
la jonction positive
Figure 1 – Dégradation induite par le potentiel PID dans le cas d’une cellule de type N
400
Le problème de la dégradation induite par le potentiel PID
concerne bien plus les grandes centrales européennes que les
200 centrales des États-Unis, puisque la tension limite légale d’une
centrale photovoltaïque outre Atlantique est seulement de
0 600 V, tandis qu’elle est de 1 000 V dans l’Union européenne.
1 6 11 16 21
– 200
Le phénomène peut être mis en évidence par la prise d’images
d’électroluminescence (EL) et de mesures du courant en fonction
– 400
de la tension (I-V). Comme le montre l’image EL de la figure 4, la
dégradation s’arrête lorsque le potentiel passe de négatif à positif
– 600
dans le potentiel flottant. Habituellement, la dégradation induite
par le potentiel peut être empêchée en mettant à la terre le pôle
– 800 négatif de la chaîne si le potentiel est fixe, ce qui signifie qu’une
Position du module dans la chaîne telle option est inapplicable dans le cas d’un potentiel flottant.
Cependant, même si le potentiel est fixe et correctement relié à la
Flottant (standard) terre, plusieurs extrémités des modules qui présentent un potentiel
Polarité positive à la terre positif élevé (figure 3) [3] pourraient subir un autre mécanisme de
défaillance, comme la corrosion électrochimique attribuée à un
Polarité négative à la terre potentiel positif très élevé sur le long terme.
La sensibilité au PID d’une centrale photovoltaïque est influencée
par l’environnement. En effet, une forte humidité, une température
Figure 2 – Écarts de potentiel entre les modules en fonction de la élevée et une atmosphère saline sont autant de facteurs aggra-
position du module dans la chaîne [3] vants. Pour une même architecture d’un système photovoltaïque, la
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+ 1 000 V
Potentiel positif des modules
par rapport à la terre
+ 500 V
– 500 V
Onduleur AVEC
transformateur
– 1 000 V
Terre
Modules photovoltaïques
a avec transformateur
PID
T
+ 1 000 V
– 500 V
Onduleur SANS
transformateur
– 1 000 V
Terre
Modules photovoltaïques
b sans transformateur
PV– PV+
L’effet PID est plus important sur les modules soumis à un potentiel négatif plus élevé
présence d’au moins un de ces facteurs environnementaux facilite 2.2 Au niveau du module
la présence de l’effet PID. La présence de poussières ou d’aérosols
peut également favoriser le phénomène. Une différence de potentiel élevée entre la cellule et le cadre
provoque un courant de fuite, qui est composé de porteurs de
charge (ions). Le courant de fuite entre la cellule et le cadre dans
Les conditions climatiques des régions proches du littoral ou
un module photovoltaïque dépend principalement de l’humidité et
insulaires (exemple de la Corse) et/ou tropicales (Réunion,
de la température. Le courant de fuite augmente à mesure que la
Guyane, Guadeloupe, Martinique, Nouvelle Calédonie, Polyné-
température et l’humidité augmentent. L’interaction du verre, de
sie, Mayotte) réunissent plus fréquemment des conditions favo-
l’encapsulant, de la feuille arrière et du cadre métallique donne
rables à la dégradation induite par le potentiel. Le PID
lieu à de multiples trajectoires du courant de fuite, comme le
apparaîtra certainement plus tôt dans ces régions pour une
montre la figure 5. Il a été constaté que le courant de fuite circule à
même configuration de centrale photovoltaïque, mais de telles
la surface du verre et à travers sa masse vers la cellule dans des
conditions climatiques ne justifient pas à elles seules l’appari-
conditions d’humidité élevée, mais à une humidité plus faible, le
tion du phénomène.
courant de fuite s’écoule à travers l’interface verre-encapsulant
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Joint d’étanchéité
IPID Verre
10–5
Cellule
Courant (A)
Cadre
métallique
10–6
Encapsulant
Support arrière
10–7
Figure 5 – Courants de fuite entre le cadre métallique et la cellule 6 7 8 9 10
encapsulée [8]
Temps (h)
T
dans des conditions d’humidité très élevée, le chemin suivi par le rH : taux d’humidité
courant de fuite va du cadre au verre à travers l’encapsulant
jusqu’à la cellule, représenté par une flèche en trait plein dans la
Figure 6 – Courant de fuite de deux modules photovoltaïques
figure 5. Les autres chemins suivis indiqués par des tiretés sur la ayant un encapsulant différent dans les mêmes conditions
figure 5 ont moins d’impact [8]. environnementales [3]
Par conséquent, le point clé pour aborder le PID au niveau du
module est de contrôler le courant de fuite, qui est régi par les pro-
priétés du matériau (encapsulant ou verre), les processus de pro- Tableau 1 – Quatre échantillons d’EVA différents
duction et la disposition du module. avec leur puissance avant et après un test PID à
Un facteur important dans la prévention du PID au niveau du 85 ºC, 85 % d’humidité, pendant 24 h [9]
module est la résistivité du matériau encapsulant [3]. La résis-
tivité de l’encapsulant varie selon le matériau. Par exemple, le cou- Pmax Pmax ∆Pmax
Type de initiale après PID
rant de fuite dans le cas du matériau encapsulant X (faible matériau
résistivité) est plus élevé que dans le cas du matériau Y (haute (W) (W) (%)
résistivité) dans les mêmes conditions environnementales, comme
le montre la figure 6 [3]. Le PID pourrait être évité en utilisant un EVA 1 0,67 0,37 – 45,45
encapsulant à haute résistivité dans le module photovoltaïque. EVA 2 0,67 0,08 – 88,75
Aujourd’hui, l’éthylène acétate de vinyle EVA est largement
utilisé comme matériau encapsulant de modules photovoltaïques EVA 3 0,67 0,07 – 89,77
en silicium cristallin. Toutefois, on sait que l’EVA est généralement
sensible au PID, bien que la sensibilité au PID varie également d’un EVA 4 0,67 0,56 – 16,84
fabricant à l’autre, comme le montre le tableau 1 [9]. Par consé-
quent, divers matériaux d’encapsulant résistants aux PID ont été
proposés pour résoudre le problème du PID. L’élastomère de (figure 1). Ensuite, ces charges accumulées sur le devant des cel-
silicium thermoplastique (TPSE) et les ionomères ont montré lules provoquent une dégradation de la bonne passivation de sur-
une grande résistance au PID [9]. Même si l’EVA est sensible au face, qui finit par provoquer une dégradation de puissance. Les cas
PID, il présente de nombreux avantages, parmi lesquels la stabilité de dégradation induite par le potentiel des cellules et modules
à long terme, le coût, la manipulation et la disponibilité. Par consé- photovoltaïques de type P au niveau de la cellule sont similaires à
quent, il est préférable de résoudre le problème de la dégradation ceux rapportés par Sunpower, mais le mécanisme spécifique cau-
induite par le potentiel au niveau de la cellule. sant la dégradation est différent puisque l’on a affaire à un type de
cellule différent. Il a été rapporté que le PID dépend des propriétés
Les mesures I-V (courant-tension) et les clichés par électrolu-
cellulaires, telles que la résistivité de base, la résistance de la
minescence sont également des méthodes de caractérisation de
feuille d’émission et le revêtement antireflet [3].
base au niveau du module pour repérer le phénomène. L’électrolu-
minescence permet de visualiser clairement les cellules affectées Les détails de l’effet PID, sa caractérisation et le mécanisme au
par le PID dans les modules. Comme le montre la figure 7 [3], niveau de la cellule sont présentés dans les paragraphes 2.3.1 et
toutes les cellules apparaissaient en bon état avant le test PID, 2.3.2.
mais après le test PID, l’apparition de cellules sombres par électro-
luminescence met en évidence la dégradation.
2.3.1 Effet PID sur la courbe courant-tension
2.3 Au niveau de la cellule Les mesures I-V permettent également de caractériser la dégra-
dation induite par le potentiel. La figure 8 [3] nous montre les
Sunpower a constaté que le courant de fuite, qui est causé par courbes I-V d’une cellule photovoltaïque dégradée par le phéno-
une différence de potentiel élevée, dans des conditions de tempé- mène. Au fur et à mesure que le temps passe, le PID s’amplifie et
rature et d’humidité élevées, à travers le verre avant et l’encapsula- s’observe par une baisse du courant en court-circuit et de la ten-
tion conduit à l’accumulation d’une charge négative piégée (charge sion en circuit ouvert, ce qui est dû à une diminution de la résis-
positive pour les cellules de base de type P standard) sur la surface tance shunt.
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Figure 7 – Cliché d’électroluminescence d’un module photovoltaïque à – 1 000 V pendant 100 h [3]
T
Les conditions de tests standard STC correspondent à
8 l’application d’une irradiation de 1 000 W/m2, pour une tempé-
rature de cellule de 25 °C, et une répartition du rayonnement
6
de type solaire AM = 1,5. Par AM on désigne l’indice de
masse d’air (AM) traversée par les rayons lumineux. Lorsque
Courant (A)
initial 40 h 80 h 100 h
Figure 9 – Clichés d’électroluminescence d’une cellule PV pendant un test PID à – 1 000 V [3]
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Fours solaires
es fours solaires sont des outils uniques de recherche dans le domaine des
L hautes températures (matériaux et procédés).
Ce dossier présente les éléments d’optique définissant les caractéristiques
du flux solaire concentré au foyer d’un four solaire. Il définit aussi la probléma-
tique de la mesure des températures, en présence de perturbations liées au
rayonnement réfléchi. Y seront ensuite détaillées les caractéristiques des fours
solaires européens.
La dernière partie est consacrée à une revue de leurs applications dans les
divers domaines scientifiques et technologiques, allant de l’élaboration des
matériaux à la production d’hydrogène.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPX
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T
suivi du soleil et le facteur de concentration :
r distance dans le plan focal m
– un axe pour le cylindro-parabolique (concentration inférieure à
R facteur de réflexion du parabo- 100) ;
loïde – deux axes pour le concentrateur paraboloïdal (concentration
pouvant dépasser 10 000).
α rapport de températures • Les centrales à tour et les fours solaires constituent la
deuxième famille. Une centrale à tour est un système à simple
β angle entre les directions obser- réflexion constitué d’un champ d’héliostats et d’une tour en haut
vateur/centre du soleil et obser- de laquelle est placé le récepteur solaire.
vateur/point sur le disque solaire
(β0, diamètre apparent du soleil) Les héliostats sont mobiles autour de deux axes de rotation de
manière à renvoyer constamment le rayonnement solaire dans
ε facteur d’émission une direction fixe, celle du récepteur. Ils sont, généralement, légè-
rement focalisants afin d’assurer un meilleure concentration (assu-
γ rapport dans l’égalité (17) rée par le facteur de concentration individuel des héliostats et la
superposition de leurs images, elle peut atteindre un facteur de
η efficacité ou rendement 3 000 environ).
• Les fours solaires reposent sur le principe de la double réflexion
λ longueur d’onde µm (voir figure 1). Ils se composent d’un ou plusieurs héliostats plans
qui renvoient le rayonnement dans une direction commune, celle de
θ angle entre l’axe focal et la rad l’axe du système de concentration. Celui-ci est fixe et assure la foca-
direction définie par un point du lisation en une zone appelée « foyer ». Le concentrateur est générale-
concentrateur et le foyer ment constitué d’un ensemble de facettes réflectrices disposées sur
un paraboloïde de révolution, ou une sphère.
ρ facteur de réflexion d’un corps
placé au foyer du concentrateur
1.2 Facteurs de concentration
σ constante de Stefan-Boltzmann 5,67 · 10−8 W·m−2 ·K−4
On peut définir le facteur de concentration géométrique et le
τ facteur de transmission facteur de concentration local.
Ω angle solide sr ■ Le facteur de concentration géométrique (ou concentration
moyenne) Cg d’un système collecteur d’énergie solaire est défini
[1] comme le rapport de la surface d’entrée S du système à une
surface image S ′, située dans le plan focal, et satisfaisant à la con-
1. Principe et technologies dition suivante : S ′ contient tous les rayons solaires collectés par
la surface S et réfléchis par le système.
De nombreux éléments de ce paragraphe sont empruntés à la Il vient :
référence [31]. Cg = S / S ′ (1)
Dans le cas d’un instrument d’optique, le diamètre apparent du
soleil n’étant pas nul, S ′ est au moins égale à la surface de l’image
1.1 Systèmes à concentration de Gauss et Cg ne peut donc pas devenir infini.
La concentration du rayonnement solaire peut être réalisée par ■ Le facteur de concentration local (ou ponctuel) CM est défini
réfraction (lentille), ou par réflexion (miroir). Les fours solaires comme le rapport de l’éclairement solaire, concentré en un point
appartiennent à cette dernière catégorie. M de foyer noté EM à l’éclairement solaire direct, ou constante
Un système à concentration permet d’augmenter la densité de solaire E0. E0 est l’éclairement énergétique reçu par une surface
flux arrivant sur un dispositif chargé d’absorber le rayonnement et normale aux rayons solaires en provenance exclusive du disque
dénommé « récepteur ». solaire.
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avec dω
dEM = Ls cosθ dω
angle solide sous lequel est vue la couronne du
(3) d’indice de réfraction n et n ′ respectivement [1] :
Cmax = (n ′ / nβ0 )
2
(8)
T
point M et dω = 2π sinθ dθ.
En intégrant sur θ entre 0 et θm, il vient : La valeur limite de 46 200 correspond à une température du
corps noir égale à celle du soleil, valeur irréaliste pour plusieurs
EM = πLs sin2 θm (4)
raisons : l’absorption atmosphérique, les pertes par réflexion, les
La relation (4) indique que le rayonnement uniforme est reçu de masques inévitables entre réflecteurs (héliostat et concentrateur)
toutes les directions contenues dans le cône d’angle au sommet et récepteur, les imperfections des surfaces réfléchissantes ; sans
θm. Le paraboloïde de révolution satisfait cette condition, c’est pour- évoquer le coût.
quoi la majorité des fours solaires existants utilisent un concentra-
Trombe [2] a proposé des limites de concentration idéales prati-
teur parabolique.
ques pour les systèmes à double réflexion :
Le même raisonnement que précédemment appliqué, sans – jusqu’à 10 000, facile à obtenir ;
concentrateur, au disque solaire permet d’écrire : – 10 000 - 20 000, technologie très soignée ;
– 20 000 - 30 000, difficile (figure 3).
E0 = πLs sin2 β0 ≈ πLsβ20
(5) Dans le cas d’un paraboloïde de révolution (système optique
non aplanétique) [3], on montre qu’il est théoriquement possible
Compte tenu de la relation (2), la concentration en M s’écrit :
d’obtenir, sur tous les points appartenant à l’image de Gauss, le
CM = sin2 θm / β20 (6) même éclairement qu’au foyer. En effet les rayons solaires
réfléchis en tout point P du paraboloïde forment, dans le plan
La valeur de θm étant limitée à π/2 (pour la valeur π/2, le rayon focal, des ellipses qui, toutes, contiennent l’image de Gauss. En
est tangent au plan foyer, en conséquence sa contribution énergé- conséquence un point M′ de cette image est éclairé par toute la
tique dans le plan s’annule), Cmax est définie par :
surface du miroir.
Cmax = 1 / β20 ≈ 46 200 (7)
La conclusion pratique de ces considérations est qu’un bon
système concentrateur d’énergie solaire n’est pas nécessairement
un bon système optique, et réciproquement.
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T
QSR
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1.2.2 Concentrateur à tour........................................................................... – 5
1.2.3 Concentrateur cylindro-parabolique ................................................. – 6
1.2.4 Conclusion........................................................................................... – 7
1.3 Composants pour la production de chaleur et la conversion
en électricité ................................................................................................. – 7
1.3.1 Récepteur solaire ................................................................................ – 7
1.3.2 Fluide de transfert............................................................................... – 9
1.4 Stockage et hybridation .............................................................................. – 11
2. État de l’art des centrales solaires thermodynamiques................ – 12
2.1 Centrales solaires de première génération et travaux exploratoires ...... – 12
2.2 Centrales solaires de deuxième génération : des prototypes
précommerciaux .......................................................................................... – 15
2.3 Tours solaires............................................................................................... – 17
3. Perspectives .............................................................................................. – 17
3.1 Stratégie de pénétration du marché .......................................................... – 17
3.2 Centrales du futur et efforts de recherche ................................................. – 17
4. Conclusion ................................................................................................. – 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 903
QSS
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Trec K température du récepteur solaire hcv W.m−2.K−1 coefficient d’échange par conduction
et convection
Tamb K température ambiante
Tfl K température du fluide caloporteur Putile W puissance utile, ou puissance
transférée au fluide caloporteur
σ W.m−2.K−4 constante de Stefan-Boltzmann
ηopt efficacité optique d’un concentrateur
Smir m2 surface du collecteur, ou surface
de miroirs ηrec rendement du récepteur (rapport de la
Sabs m2 surface de l’absorbeur puissance utile sur la puissance reçue)
QST
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beXYPS
1. Technologies solaires 1
Rendement
à concentration 0,9
0,8
0,6
Le flux solaire intercepté par le disque terrestre considéré
comme un corps noir est d’environ 1 350 W/m 2 en dehors de 0,5
Con
l’atmosphère (constante solaire). Le rayonnement solaire subit une
0,4
atténuation lors de la traversée de l’atmosphère, par absorption et
cen
diffusion. Le flux solaire incident à la surface de la Terre dans les 0,3
trat
régions désertiques est d’environ 1 000 W/m2.
i
on
0,2
La concentration du rayonnement solaire permet d’élever la
10 0
1 50
50
température de l’absorbeur de plusieurs centaines de degrés par 0,1
80 0
10 0
00
00
10
0
rapport à la température d’équilibre obtenue sans concentration. 0
En supposant que le récepteur solaire se comporte idéalement 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000
comme un corps noir et qu’il n’échange que par rayonnement avec
Température de récepteur (K)
l’extérieur, le rendement du récepteur solaire porté à la tempéra-
ture Trec est exprimée en fonction de la concentration géométrique Figure 1 – Rendement de conversion d’un système concentrateur
Cg du système et de l’ensoleillement instantané Isol par :
2 000
Température (K) T
σTrec
4
η rec = 1 − (1) 1 800
Cg Isol
1 600
avec σ (W.m−2.K−4) constante de Stefan-Boltzmann. 1 400
Le rendement de Carnot de la transformation de l’énergie dispo- 1 200
nible à la température Trec est donné par : 1 000
T 800
ηCarnot = 1 − amb (2)
Trec 600
400
Le rendement de conversion idéal d’un système solaire à concen-
tration est donc le produit des deux rendements précédents, soit : 1 10 100 1 000 10 000 100 000
Concentration
⎛ σTrec
4 ⎞
⎛ Tamb ⎞
η ex = ⎜1 − ⎟ ⎜1 − (3) Figure 2 – Rendement de conversion maximal d’un système solaire
⎝ Cg Isol ⎠ ⎝ Trec ⎟⎠ à concentration
Les courbes de la figure 1 présentent les variations de ce rende- Les dispositifs concentrateurs associés sont schématisés sur la
ment avec la température pour plusieurs niveaux de concentration. figure 3. Ces dispositifs se distinguent par leurs dimensions élé-
On observe que le rendement s’annule aux températures supérieu- mentaires, donc leur puissance, leurs performances optiques et
res à la température d’équilibre du corps noir, et qu’il présente un thermiques et leur coût. Ces caractéristiques principales sont indi-
maximum prononcé à une température inférieure. On observe quées dans le tableau 1.
aussi que pour une température récepteur donnée, le rendement
augmente avec la concentration. 1.2.1 Concentrateur parabolique
La température correspondant au rendement maximal est expri-
Le concentrateur parabolique met en œuvre la surface
mée sur la figure 2 en fonction de la concentration Cg. Cette
réfléchissante idéale pour concentrer au mieux les rayons lumineux,
courbe permet par exemple de situer le niveau optimal de concen-
à savoir la parabole de révolution. La contrainte est d’orienter en per-
tration pour produire la chaleur solaire à une température voulue.
manence l’axe de la parabole dans la direction du soleil. Les rayons
On constate qu’une concentration de l’ordre de 100 est optimale solaires réfléchis par la parabole convergent alors vers une zone de
pour une température de récepteur de 700 K, tandis qu’une concen- concentration maximale, le foyer. La nécessité de mobiliser la para-
tration voisine de 1 000 permet de produire la chaleur à 1 100 K avec bole selon deux axes de rotation pour assurer la poursuite de la
la meilleure performance. course diurne du soleil entraîne une limitation de la dimension uni-
taire de ce type d’installation. Le plus grand prototype réalisé à ce
jour atteint 400 m2. La plupart des paraboles mobiles se situe dans la
1.2 Systèmes concentrateurs fourchette 50 à 100 m2. Outre le système de déplacement, qui doit
Parmi les très nombreux dispositifs optiques permettant de être à la fois précis et robuste, une difficulté majeure au plan techno-
dévier les rayons du soleil pour les concentrer, nous ne considé- logique est de fabriquer un miroir parabolique. Des miroirs paraboli-
rons ici que ceux qui se prêtent à une mise en œuvre industrielle ques unitaires en verre poli et argenté sont utilisés pour des
pour des puissances moyennes ou fortes et qui conduisent à la diamètres inférieurs à 2 m. Pour de plus grands diamètres, d’autres
production de chaleur à une température supérieure à 250 ˚C. Ces solutions sont adoptées, moins coûteuses et surtout plus légères. Un
dispositifs optiques mettent en œuvre des surfaces réfléchissantes film métallique tendu sur un tambour dans lequel est maintenu un
constituées de miroirs. La nature géométrique des surfaces mises vide partiel prend une forme concave proche de la parabole. Cette
en œuvres et la complexité des structures supportant les miroirs solution a été testée, mais abandonnée en raison de sa trop grande
définissent les systèmes concentrateurs. fragilité et de sa médiocre longévité. On lui préfère aujourd’hui la
solution de la coque en matière plastique ou en matériau composite
On distingue trois familles de centrales solaires à concentration : de type fibres de verre et résine polymère, sur laquelle sont collés
– les centrales à collecteurs cylindro-paraboliques ; des miroirs élémentaires déformables en verre mince, d’épaisseur
– les centrales à tour à récepteur central ; inférieure au millimètre. La coque peut fort bien être constituée de
– les systèmes parabole-moteurs. plusieurs segments identiques assemblés à la façon d’une corolle.
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Récepteur
Récepteur
Concentrateur Héliostats
Récepteur
Concentrateur
Prix du champ solaire (2) 210 à 250 €/m2 (3) 140 à 220 €/m2 ≈ 150 €/m2
(1) Ce rendement est la fraction de l’énergie solaire incidente disponible en sortie de récepteur sous forme d’énergie thermique, au régime nominal
de fonctionnement.
(2) Source : Solar Thermal Power Plants, EUREC-Agency, 2000.
(3) Ce prix comprend le coût du récepteur tubulaire.
Le facteur de concentration moyen obtenu au foyer d’une para- américain SES (Stirling Energy Systems)), ce qui est excellent. Le
bole dépasse le millier, ce qui permet de produire de la chaleur à coût spécifique d’investissement encore élevé (14 €/W pour le
très haute température, typiquement 700 ˚C et plus (voir figure 2). module Eurodish) sera réduit au moins de moitié lorsqu’un mar-
La conversion en électricité est réalisée par un cycle thermodyna- ché existera pour ce type d’installation et qu’une fabrication de
mique à très haut rendement du fait de la température élevée de la série pourra être lancée. Ces machines subissent de nombreux
source chaude. Dans la gamme de puissance concernée, c’est le cycles de démarrage/arrêt et les composants du récepteur sont
cycle Stirling, qui recueille les faveurs des concepteurs des systè- soumis à des chocs thermiques violents. Le coût d’exploitation et
mes parabole-moteur. Le gaz de travail du cycle est aussi le fluide de maintenance est élevé. Les systèmes parabole-moteur sont des-
de transfert qui collecte les calories dans le récepteur solaire. On tinés en premier lieu à la production décentralisée d’électricité. La
utilise couramment de l’hélium ou de l’hydrogène. Ce dernier est recherche de solutions hybrides dans lesquelles une source de
plus performant au plan thermique mais plus délicat à mettre en chaleur non intermittente (fossile ou biomasse, par exemple)
œuvre en raison de sa propension à fuir et du niveau de risque lié prend le relais de la source solaire lorsque l’ensoleillement dispa-
à son utilisation. Le moteur est placé au foyer de la parabole, de raît est un enjeu capital pour conquérir des parts de marché. La
même que la génératrice électrique. Un circuit d’eau refroidit le cogénération décentralisée électricité/chaleur ou froid, tout à fait
cycle et évacue vers l’air ambiant les calories à basse température envisageable avec ce type de machine, ouvre également des pers-
au moyen d’un radiateur-convecteur. Le module parabole-moteur pectives de pénétration de marché ciblé. Toutefois, la production
ainsi constitué est un convertisseur énergie solaire-électricité qui centralisée d’électricité n’est pas totalement exclue du champ
d’application. La modularité de ces systèmes permet d’envisager
opère au fil du soleil. Le seuil minimal d’ensoleillement exploitable
une montée en puissance progressive de la capacité installée sur
est d’environ 300 W/m2 pour le module Eurodish de 10 kW du
un même site, en étalant les investissements sur une longue durée
constructeur allemand SBP-SOLO.
ce qui facilite le financement.
La société Schlaich Bergermann und Partner (SBP) est associée au
Ce point de vue semble partagé par le constructeur américain SES,
constructeur de moteurs Stirling SOLO pour produire le module
qui a annoncé en 2006 des projets très audacieux d’installation de
Eurodish.
milliers de modules de 25 kW pour réaliser en Californie des centrales
On tient là une solution séduisante et très efficace : le rende- solaires de 300 MW et plus.
ment instantané de conversion énergie solaire-électricité est supé- Concernant le cycle de Stirling, le lecteur se reportera au dossier [BE 8 051] Convertis-
rieur à 22 % (29 % pour le module de 25 kW du constructeur seurs thermomécaniques, cycles moteurs à gaz : Stirling et Joule.
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beXYPS
T
l’ensemble des causes de pertes. Les pertes optiques sont dues 0
aux effets d’ombre et de blocage, à l’effet cosinus et, bien entendu, – 600 – 400 – 200 0 200 400 600
à la réflectivité des miroirs. Il faut y ajouter la perte liée à la dispo- (m)
nibilité des héliostats, à l’absorption atmosphérique, et enfin au
débordement de la tache focale à l’entrée du récepteur. L’efficacité a configuration latérale (Nord)
optique d’un champ d’héliostats dépend de la position au soleil. En
pratique, les valeurs extrêmes varient de 40 % aux grands angles à
800
plus de 80 % aux équinoxes à midi. On peut situer une valeur
moyenne représentative des installations actuelles autour de 70 %. (m)
Les pertes thermiques du récepteur sont issues de la réflexion du 600
rayonnement solaire, du rayonnement émis par la surface chaude
de l’absorbeur à Trec et des pertes par conduction et convection vers
l’air libre. On exprime sous forme simple le bilan de puissance par : 400
(
αsol Smir ηopt Isol = Putile + Sabs εσ Trec
4 −T 4
)
amb + hcv Sabs (Trec − Tamb )
(4)
200
avec αsol absorptivité solaire,
Smir (m2) surface de miroirs,
0
ηopt efficacité optique d’un concentrateur,
Sabs (m2) surface de l’absorbeur,
ε émissivité totale hémisphérique, – 200
hcv (W.m−2.K−1) coefficient d’échange par conduction et
convection. – 400
La puissance transférée au fluide caloporteur, ou puissance utile
Putile, est proportionnelle à la surface de l’absorbeur Sabs, au coef-
ficient d’échange avec le fluide hxc, et à l’écart de température – 600
entre le récepteur à Trec et le fluide à Tfl :
Putile = hxcSabs(Trec − Tfl) (5) – 800
Exemple d’application : – 800 – 600 – 400 – 200 0 200 400 600 800
αsol = 0,92 ηopt = 0,75 (m)
ε = 0,40 Isol = 950 W.m−2 b configuration circulaire
hxc = 800 W.m−2.K−1 Tamb = 20 ˚C
Smir = 75 000 m2 Tfl = 500 ˚C La tour est placée à l’origine des repères (position 0, 0)
On néglige les pertes par conduction et convection. Les courbes de
la figure 5 illustrent dans ce cas l’influence de la surface de l’absor-
beur sur les performances du récepteur. Dans la gamme de concen-
tration inférieure à 500, correspondant ici à une surface d’absorbeur Figure 4 – Exemples de configurations de champ d’héliostat
supérieure à 150 m2, le rendement du récepteur varie très peu autour pour les concentrateurs à tour
de son maximum. Pour des concentrations supérieures, le rendement
chute rapidement. La température du récepteur augmente avec la La technologie de l’absorbeur, la nature et l’écoulement du
concentration. Dans la pratique, on choisit la surface d’absorbeur qui fluide caloporteur utilisé conditionnent le coefficient d’échange à la
permet de ne pas dépasser la température critique admissible pour le paroi hxc. Un coefficient plus élevé permet de réduire la surface de
récepteur, et qui demeure assez bon marché. Cette limite de tempéra- l’absorbeur.
ture dépend en premier lieu de la nature des matériaux utilisés.
Les bonnes performances des centrales à tour dans une gamme
Dans les conditions illustrées ici et dans le cas d’un récepteur de puissance élevée les destinent à la production centralisée
métallique limité à 750 ˚C, on dimensionne l’absorbeur à 250 m2. d’électricité.
QSW
T
QSX
Énergies renouvelables
(Réf. Internet 42594)
1– Biomasse
2– Hydroélectricité
4– Énergie solaire
U
5– Géothermie Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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Géothermie
QTQ
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GÉOTHERMIE ______________________________________________________________________________________________________________________
1. La Terre, source de chaleur sances acquises reposent surtout sur l’étude des phénomènes de
propagation (réfraction et réflexion) des ondes sismiques natu-
relles issues des tremblements de terre, ou provoquées lors des
L’histoire de la géothermie est étroitement liée à celle de la explorations géophysiques.
création du globe terrestre, puis de ses changements progressifs.
On distingue généralement trois « enveloppes » principales
Notre planète a ainsi connu d’extraordinaires métamorphoses,
constitutives de la structure du globe terrestre (figure 1) : au cen-
surtout dans la première partie de sa formation. C’est à cette
tre, le noyau qui forme 17 % du volume terrestre et qui se divise
période que la Terre s’est structurée progressivement en dif-
en un noyau interne solide et en un noyau externe liquide ;
férentes couches sphériques concentriques.
entouré d’un manteau qui constitue 81 % du volume terrestre ;
enfin à la surface, la croûte ou écorce, solide, et qui compte pour
2 % du volume.
1.1 Structure du globe
Le noyau a un rayon de l’ordre de 3 470 km et sa température
Les observations directes de la structure interne du globe ter- dépasse 4 000 oC. Autour du noyau, sur une épaisseur de 2 900 km,
restre ne concernent que les premiers kilomètres. Les connais- le manteau a une température qui varie de 1 000 à 3 000 oC.
QTR
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_______________________________________________________________________________________________________________________ GÉOTHERMIE
Manteau
étaient connues de nos lointains ancêtres et les premières
km
100
formes d’utilisation de la géothermie se perdent dans la nuit des
Asthénosphère
temps : sources chaudes pour leurs vertus curatives, cuisson et 200
séchage des aliments grâce aux fumerolles, extraction minière
de sources thermales pour récupérer l’acide borique et extrac-
tion du soufre et du sel.
Cependant, toutes ces applications restèrent à une échelle
extrêmement modeste et il faut attendre le début du XXe siècle
pour que la géothermie passe du stade artisanal au stade
industriel.
La géothermie a deux grands domaines d’application : la pro-
duction d’électricité et les usages thermiques. Noyau interne
(alliage fer nickel)
Les premiers développements de la géothermie comme
source de production d’électricité ont été réalisés en Italie, à Lar-
Noyau externe
derello en Toscane, au début du XXe siècle. Tout commence en
1904 lorsque des essais furent entrepris avec succès pour éclai-
rer cinq lampes de quelques dizaines de w atts à l’aide d’une Écorce
dynamo actionnée par un moteur alternatif alimenté par de la
vapeur géothermale. L’année suivante, une première centrale
expérimentale de 20 kW était construite sur le site pour fournir
en électricité les habitations du village de Larderello à l’aide d’un Manteau
(silicates riches en fer
petit réseau de distribution. En 1913, entrait en service la pre- et magnésium)
mière vraie centrale géothermique avec un premier groupe à
U
turbine d’une puissance électrique de 250 kW. En 1944, la puis-
sance électrique installée sur le site d’exploitation atteignait Figure 1 – S
chéma de la structure interne du globe terrestre
127 MW.
Ce n’est qu’à partir de 1960 que la production d’électricité
d’origine géothérmale commencera à prendre son essor au plan L’écorce (ou croûte) est l’enveloppe la plus superficielle. Son
mondial. Elle devient alors une véritable industrie dont le déve- épaisseur et sa densité varient selon qu’il s’agit de zones
loppement s’accélère surtout après le premier choc pétrolier de continentales ou océaniques :
1973. Aujourd’hui, on dénombre plusieurs centaines d’installa- – zone continentale : densité moyenne 2,7 et épaisseur de 30
tions dans le monde : les puissances électriques unitaires instal- à 70 km ;
lées varient de quelques mégawatts à plusieurs dizaines de
mégawatts. Ces unités se répartissent dans une vingtaine de – zone océanique : densité moyenne 3,3 et épaisseur de 5 à 20 km.
pays (États-Unis, Japon, Italie, Islande, Nouvelle-Zélande, Indo- L’écorce est la seule partie qui a pu être explorée directement
nésie, Philippines, Mexique...), dont un tiers de pays en émer- par forage ; toutefois, les plus profonds n’excèdent pas 12 km.
gence pour lesquels la contribution de la géothermie peut
atteindre 30 % de la production nationale d’électricité. En 2005,
la puissance électrique mondiale installée était de l’ordre de
8 900 MW et la production annuelle d’électricité par géothermie, 1.2 Modèle géodynamique
d’environ 57 TWh – soit 0,4 % de la production mondiale. La et tec
tonique des plaques
géothermie se situait au quatrième rang des sources de produc-
tion d’électricité par énergie renouvelable après l’hydraulique L’écorce et la partie supérieure du manteau constituent la lithos-
(2 630 TWh), la biomasse (220 TWh) et l’éolien (~ 62 TWh). phère (figure 1). Cet ensemble rigide repose sur une couche plus
La géothermie, source de production de chaleur, a d’abord fluide située entre les parties supérieures et inférieures du man-
été utilisée pour le chauffage d’habitations. Après le très ancien teau appelée asthénosphère, et dotée de mouvements de
et rudimentaire réseau de chaleur de Chaudes-Aigues (Auver- convection lents et réguliers. La lithosphère solide est fragmentée
gne), construit au XIVe siècle, et alimenté par une source d’eau en plusieurs plaques mobilisées par les mouvements au sein de
chaude à 82 oC, des expériences ponctuelles eurent lieu aux l’asthénosphère. Des dégagements importants de chaleur se pro-
États-Unis à Boise (Idaho) et Klamath Falls (Oregon) dès la fin
du XIXe siècle.
duisent aux frontières de ces plaques. Ils se manifestent par une
activité volcanique importante et des intrusions magmatiques. Cer-
Le premier vrai réseau de chauffage urbain alimenté grâce à taines plaques s’éloignent les unes des autres dans des zones
la géothermie a été celui de Reykjavik (Islande) ; il date de 1930
dites d’accrétion. Lorsqu’une plaque s’enfonce sous une autre, on
et permettait de chauffer une centaine d’habitations, deux pisci-
nes, un hôpital et une école. Il chauffe aujourd’hui la quasi-tota- parle de zone de subduction.
lité de la capitale islandaise. Des réseaux de chaleur urbains L’une des régions les plus caractéristiques de ces phénomènes
importants utilisant l’énergie géothermale se développeront de tectonique de plaques est la zone qui circonscrit l’océan
plus tard en France, Italie, Roumanie, Russie, Turquie, Géorgie, Pacifique, et appelée « Ceinture de feu » (figure 2). Cette zone se
Chine, États-Unis, etc. caractérise par une activité volcanique importante présente en Nou-
Avec environ 27 800 MW installés et 72,6 TWh produits velle-Zélande, en Indonésie, aux Philippines, au Japon, au Kamtcha-
annuellement, la géothermie des usages thermiques est tka, dans l’arc des îles Aléoutiennes, en Alaska, en Californie, au
exploitée dans plus d’une soixantaine de pays (Japon, Chine, Mexique, en Amérique centrale et enfin dans la cordillère des
Russie, États-Unis, France, Islande...). Elle constitue, grâce à la Andes. D’autres zones existent, comme l’arc des Petites Antilles ou
variété de ses usages (chauffage d’habitations, production de la dorsale Nord Atlantique avec l’Islande et les Açores ou l’arc médi-
froid, chauffage de serres, de bassins de pisciculture, balnéo- terranéen avec les pays du Maghreb, l’Italie, l’ex-Y ougoslavie, la
logie...), la deuxième source de chaleur renouvelable exploitée Grèce, la Turquie et son prolongement vers l’Asie, visible notam-
au niveau mondial après la biomasse. ment en Arménie et au Nord de l’Inde, ou encore le grand rift afri-
cain avec Djibouti, le Kenya, la Tanzanie, etc.
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GÉOTHERMIE ______________________________________________________________________________________________________________________
Plaque Plaque
nord-américaine
nord-amé
nord-américaine Eurasie
Plaque
Farallon Plaque
Caraïbes
Plaque Plaque
Plaque arabe
Cocos philippine
Plaque
Plaque Pacifique
Plaque africaine
Pacifique
Plaque
Nazca Plaque
sud-américaine
Plaque
indo-australienne
Plaque
Plaque Scotia
Antarctique Plaque
U
Antarctique
volcan
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_______________________________________________________________________________________________________________________ GÉOTHERMIE
G = 10 K/100 m
Si l'on considère que la température moyenne en surface est de 15 °C être capté au moyen de forages. On véhicule ainsi la chaleur
(288 K), la température à 1 600 m de profondeur sera respectivement emmagasinée des profondeurs vers la surface pour ensuite
de 63 °C (336 K) (15 °C +16 × 3 °C) si le gradient géothermal moyen l’exploiter. C’est la raison pour laquelle on parle de ressources
est de 3 K/100 m et de 175 °C (448 K) si le gradient est de 10 K/100 m géothermales ou de gisement géothermal.
U
À ce gradient correspond, pour l’ensemble de la planète (océans – une source de chaleur ;
compris), une densité de flux de chaleur terrestre moyenne de – une roche réservoir ;
0,060 W · m–2. En France, la densité de flux de chaleur terrestre – un fluide.
varie de 0,040 W · m–2 à 0,140 W · m–2 avec une moyenne proche
de 0,100 W · m–2, valeur supérieure à la moyenne européenne qui La source de chaleur peut être soit simplement le flux thermique
est de 0,062 W · m–2. terrestre local, soit une intrusion magmatique à très haute
température (> 600 oC), relativement proche de la surface (quelques
Dans les régions géologiquement actives, telles que les frontières kilomètres seulement).
de plaques, les roches en fusion se rapprochent ou atteignent la
surface. Le transfert d’énergie s’effectue alors par convection et les Le réservoir est une formation rocheuse perméable, appelée
quantités de chaleur mises en jeu sont très importantes, ce qui se aussi aquifère, et dans laquelle doit circuler un fluide. La per-
traduit localement par des valeurs de gradient géothermal et de méabilité est soit :
densité de flux de chaleur terrestre bien plus élevées que celles – une perméabilité de pores (le fluide géothermal imprègne les
rencontrées dans des zones géologiquement stables. Ainsi, dans les pores de la roche dans lesquels il circule : cas du calcaire, du
zones volcaniques, le gradient maximal observé est de l’ordre de grès...) ;
50 K par 100 m et la densité de flux de chaleur terrestre peut – une perméabilité de fractures ou de fissures (le fluide géo-
atteindre des valeurs de 0,5 à 1 W · m–2. thermal circule dans la roche fracturée ou fissurée : cas du granite
Malgré ces valeurs parfois atteintes, on peut noter toutefois, à par exemple).
titre de comparaison, que la densité moyenne du flux de chaleur Le fluide se présente, selon la température et la pression dans le
terrestre est 7 000 fois moins importante que celle du flux de réservoir, soit sous forme de vapeur, soit sous forme de liquide ou
chaleur due au rayonnement solaire. soit sous la forme d’un mélange des deux. Les fluides géothermaux
Le potentiel géothermique théoriquement exploitable (figure 4) sont le plus souvent des eaux « météoriques » (eau de pluie, géné-
reste néanmoins considérable. À titre d’image, une colonne de ralement) qui ont pénétré et circulé dans la croûte terrestre parfois
1 km2 de section et d’une profondeur de 10 km libère 7 TWh de cha- pendant des milliers d’années et se sont réchauffées au contact des
leur (soit l’équivalent de 0,6 Mtep – million de tonnes équivalent roches. Ils contiennent des éléments chimiques dissous (sels
pétrole) par degré de refroidissement. Le refroidissement de 20 oC minéraux, gaz) acquis au cours de la circulation du fluide au contact
de cette masse rocheuse libérerait donc 12 Mtep, soit l’équivalent de la roche réservoir.
de la production annuelle de chaleur par énergie renouvelable en
France en 2007.
2.2 Types de gisements géothermaux
Nota : la tep (tonne d’équivalent pétrole) est l’unité d’énergie utilisée dans cet article.
Rappelons que 1 tep = 4,186 · 1010 J. Les gisements géothermaux peuvent être classés selon leur typo-
logie géologique, leur niveau de température, l’utilisation du fluide
géothermal en surface. Cependant, température et utilisation sont
très liées car le niveau de température du fluide extractible d’un
2. Gisements et ressources gisement géothermal conditionne le type d’utilisation possible.
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GÉOTHERMIE ______________________________________________________________________________________________________________________
La densité de flux thermique est en général faible (0,060 W · m–2) En l’absence de fluide naturel, deux voies restent toutefois
et la température du fluide géothermal peut être comprise entre 50 possibles pour permettre cette extraction :
et 100 oC pour des profondeurs de l’ordre de 1 000 à 2 000 m. Ces – installer dans le sol à faible profondeur des capteurs enterrés
gisements sont de grande extension. Ils offrent généralement une (réseaux de tubes) dans lequel va circuler, en circuit fermé, un
grande continuité horizontale, ce qui permet d’extrapoler les fluide caloporteur. La chaleur captée est alors transférée par le
données connues en un site à d’autres sites voisins. Leur exploi- biais d’une pompe à chaleur au milieu à chauffer. C’est le domaine
tation est essentiellement à usages thermiques (chauffage d’habi- de la géothermie de surface ou de la géothermie des pompes à
tations, de serres agricoles, pisciculture, utilisation dans des chaleur dites « à capteurs enterrés » ;
processus industriels...) ; on parle alors de géothermie basse
énergie ou basse enthalpie. – recréer les conditions d’existence de réservoirs géothermiques
naturels (par fracturation hydraulique de formations rocheuses
L’exemple type est l’aquifère du Dogger dans le Bassin parisien. peu perméables, afin d’en augmenter la perméabilité) dans
Situé entre 1 500 et 2 000 m de profondeur, cet aquifère renferme lesquels serait injectée depuis la surface de l’eau qui serait ensuite
une eau chargée en minéraux, d’une température moyenne de récupérée chaude après son passage dans le réservoir créé. C’est
70 oC. Son exploitation permet d’alimenter en chaleur des réseaux le domaine de la géothermie profonde des roches fracturées.
de chauffage. Les débits exploités peuvent atteindre jusqu’à
300 m3/h par puits. En théorie, ce concept est assez simple à mettre en œuvre. Il s’agit
dans un premier temps d’accroître la perméabilité de formations
■ Plus près de la surface, des nappes aquifères peu profondes (de rocheuses peu ou pas perméables – situées à une profondeur suf-
quelques mètres à moins d’une centaine de mètres de profondeur) fisante pour obtenir des températures intéressantes – en fracturant
dont la température est comprise entre 10 et 20 oC peuvent être la roche par injection d’eau sous très forte pression, dans un ou
également exploitées au moyen de pompes à chaleur, géné- plusieurs forages. Un réseau de fractures suffisamment dense et
ralement pour le chauffage et/ou la climatisation d’immeubles. étendu étant ainsi créé, il suffit alors dans un second temps d’y faire
C’est le domaine de la géothermie très basse énergie. circuler de l’eau depuis la surface pour qu’elle se réchauffe au
contact des roches et de récupérer ensuite cette eau réchauffée pour
l’utiliser à des fins de production d’électricité ou de chauffage.
Les gisements de basse et très basse énergie sont largement
répandus à la surface du globe terrestre. C’est ce type de La faisabilité technique d’un tel concept (EGS : enhanced geo-
gisements que l’on trouve majoritairement en France. thermal system, système géothermique assisté) n’est pas encore
U
acquise. Plusieurs programmes de recherche sont en cours de par
le monde. Le plus avancé est celui conduit au niveau européen sur
2.2.2 Gisements en zones géologiquement actives le site de Soultz-sous-Forêts en Alsace (encadré 1).
QTV
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Géothermie de surface
Présentation et pompes à chaleur
U
2. Pompes à chaleur ..................................................................................... — 3
2.1 Principe ......................................................................................................... — 3
2.2 Description et fonctionnement ................................................................... — 3
2.3 Performances ............................................................................................... — 4
3. Conclusion.................................................................................................. — 4
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 591
QTW
U
QTX
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Géothermie de surface
Puits canadiens, capteurs enterrés
et géostructures
par Philippe LAPLAIGE
Docteur en énergétique
Ingénieur expert en charge des programmes de géothermie
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME),
Département Énergies renouvelables
et Jean LEMALE
Ingénieur de l’École nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM)
Ancien expert à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME)
U
1.2 Paramètres à prendre en compte ............................................................... — 2
1.3 Conseils de mise en œuvre ......................................................................... — 4
2. Géothermie des pompes à chaleur à capteurs enterrés ............ — 4
2.1 Techniques avec capteurs horizontaux ...................................................... — 5
2.2 Techniques avec capteurs verticaux .......................................................... — 7
2.3 Champs de sondes géothermiques ............................................................ — 8
3. Géostructures ou fondations thermoactives ................................... — 10
3.1 Description.................................................................................................... — 10
3.2 Intégration des fondations thermoactives dans le bâtiment.................... — 11
3.3 Chauffage et refroidissement du bâtiment ................................................ — 13
3.4 Limites d’utilisation des fondations thermoactives et mesures
préventives à prendre en compte ............................................................... — 14
3.5 Exemple de réalisation : immeuble de la société PAGO Sa à Grabs
(Suisse) ......................................................................................................... — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 591
QTY
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U thermoactives. En France, quelques projets ont été initiés au début des années 2000.
QUP
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Entrée d’air
Distribution
Filtre dans la maison
Entrée d'air
By-pass
Sol naturel
Cave
Regard de visite
Clapet
2,2 m
1,6 m φ 200 m
Pente 2 % à 5 %
φ 100 mm
70 m Ventilateur
Pente > 2 %
Évacuation
des condensats
U
VMC ventilation mécanique contrôlée
Figure 1 – Schéma de principe d’un puits canadien en maison individuelle (doc. Site spécialisé pour la maison climatique et le puits canadien)
20
Sortie canalisation
15
Température (oC)
10
Entrée puits
–5
–10
06.01.2006 19.01.2006 31.01.2006 13.02.2006 25.02.2006 10.03.2006 22.03.2006 04.04.2006
Figure 2 – Préchauffage de l’air de renouvellement d’un bâtiment de la résidence ARPAD à PRESLES (Val d’Oise)
(doc. Site Climatisation par puits canadiens)
longueur de puits comprise entre 25 et 40 m. Si le linéaire de mètre optimal. En règle générale, pour les débits utilisés, cet opti-
conduits doit être plus important, alors il convient de réaliser un mum conduit à un diamètre de l’ordre d’une vingtaine de
réseau en augmentant le nombre de conduits. centimètres.
■ Diamètre des canalisations Exemple
Une augmentation du diamètre des tubes entraîne une augmen- Indications de longueur totale pour un débit d’air de 100 m3/h
tation de la surface d’échange, mais n’augmente pas nécessaire- (source Minergie : Aération dans l’habitat) :
ment l’échange thermique du fait d’une diminution de la vitesse – ∅ 160 mm : longueur totale de 25 m à 80 m ;
pour un débit donné. Au-delà d’une certaine valeur optimale, – ∅ 200 mm : longueur totale de 20 m à 60 m.
dépendant de la vitesse d’écoulement, le coefficient d’échange
convectif chute. Cela est dû au fait que l’augmentation de la vitesse ■ Distance entre canalisations
d’écoulement diminue l’épaisseur de la couche limite où va être Il est important d’assurer une distance suffisante entre deux
échangée la chaleur. L’air circulant au cœur de la canalisation ne va canalisations pour éviter des interférences thermiques et per-
plus être en contact avec le tube et sa température est peu influen- mettre le bon échange de chaque canalisation avec le sol. On
cée par la température du sol. Cet optimum est indépendant de la recommande de les espacer d’une distance d’environ cinq fois leur
longueur du tube, d’où une relation directe entre débit d’air et dia- diamètre.
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U
d’un puits qui chercherait à utiliser le déphasage journalier (la fonc- ■ Conduits
tion rafraîchissement est alors recherchée), une profondeur de
40 cm est a priori suffisante. Pour un déphasage saisonnier (on pri- Le dispositif est généralement constitué d’une nappe de tubes
vilégie dans ce cas la fonction préchauffage), une profondeur mini- placés parallèlement et regroupés en entrée et en sortie par des
male de 1,50 m est requise. Au-delà, l’efficacité du puits augmente collecteurs. Les coudes et les bifurcations induisent des pertes de
encore, mais des contraintes réglementaires et économiques ne charge supplémentaires qu’il faut éviter. Par ailleurs, les conduits
permettent pas généralement d’installer le puits à de telles profon- doivent être résistants à la pression de la terre, étanches à l’air et à
deurs. En effet, l’augmentation de la profondeur et les obligations l’eau. Pour l’étanchéité, on recommande de privilégier les joints à
de sécurisation des travaux font croître les coûts de réalisation bien lèvre au niveau des raccordements.
plus vite que l’économie d’énergie réalisée grâce au puits.
■ Qualité du sol et taux d’humidité
La capacité calorifique et la conductivité du terrain ont un impact
important sur l’efficacité du procédé. Ces caractéristiques
2. Géothermie des pompes
dépendent de la composition du sol, de son degré d’humidité et
des circulations d’eau l’affectant. L’eau possédant une capacité
à chaleur à capteurs
thermique plus grande que celle des autres constituants du sol, enterrés
plus le sol est humide, mieux il garde sa fraîcheur ou sa chaleur et
meilleur est l’échange thermique avec les canalisations du puits.
On donne dans le tableau 1 les caractéristiques thermiques de Les capteurs enterrés peuvent être verticaux (on parle alors de
l’eau, de l’air et de quelques matériaux constituant le sol. sondes géothermiques) ou horizontaux (figure 3).
Radiateurs Rad
diateurs
Générateur Géné
érateur
Plancher chauffant
Radiateurs
Capteur Plancher cchauffant
vertical
Sonde géothermique
Capteur enterré
Figure 3 – Pompe à chaleur sur capteurs enterrés avec captage vertical et captage horizontal [3]
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Géothermie de surface
Aquifères superficiels
et stockage thermique souterrain
U
1.1 Présentation de la filière .............................................................................. — 2
1.2 Principe de fonctionnement d’une opération ............................................ — 2
1.3 Volet « sous-sol » d’une opération de pompe à chaleur
sur eau de nappe.......................................................................................... — 3
1.4 Dimensionnement d'une installation ......................................................... — 9
1.5 Exploitation – maintenance ......................................................................... — 11
1.6 Aspects réglementaires ............................................................................... — 11
1.7 Champs d’application .................................................................................. — 11
2. Stockage thermique souterrain ........................................................... — 12
2.1 Types de stockage classés selon leur niveau de température ................. — 12
2.2 Différents systèmes de stockage thermique souterrain ........................... — 13
2.3 Application particulière : concept de serre fermée ................................... — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. BE 8 591
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peut retenir comme exemple celui d’une usine d’incinération d’ordures ména-
gères raccordée à un réseau de chaleur desservant des bâtiments. L’été, la
chaleur produite est inutilisée faute de besoins à satisfaire. Injectée et stockée
dans le sous-sol, cette chaleur peut être utilisée plus tard dans l’année en
période de chauffage, limitant ainsi le recours à une énergie d’appoint à base
de combustibles fossiles. Le domaine d’application le plus courant du stockage
thermique souterrain est celui du chauffage des bâtiments, mais d’autres
applications existent comme celle du chauffage des serres maraîchères ou hor-
ticoles. Dans les années 1980, de nombreux travaux de recherche et des
expériences tout à fait intéressantes ont été menés, notamment en France.
Mais c’est surtout dans des pays, comme la Suisse, les Pays-Bas, la Suède ou
l’Allemagne, que les travaux se sont poursuivis depuis. Aujourd’hui, les
retours d’expérience sont nombreux et prometteurs. Les enseignements tirés
devraient faciliter une diffusion plus large des techniques mises en œuvre qui
s’inscrivent bien dans une démarche plus globale de réduction des besoins
énergétiques, de limitation de l’usage des énergies fossiles et de valorisation
des énergies renouvelables ou fatales et donc de réduction des émissions de
gaz à effet de serre.
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Échangeur Circulateur
de chaleur
Circuit de
distribution
Circulateur
Filtre
Pompe à chaleur
Pompe
Figure 2 – Schéma de principe d’une pompe à chaleur fonctionnant sur nappe phréatique. Principaux circuits
U
Remarque : certaines pompes à chaleur sont conçues pour
être réversibles et fonctionner en « mode froid », en cas de Aire d’alimentation
besoin d’eau froide dans le circuit de distribution. Dans ce cas, (affleurement)
Surface piézométrique
l’énergie est « pompée » dans l’eau du circuit de distribution
(qui sera ainsi refroidie) et transférée dans l’eau de la nappe, virtuelle réelle
qui sera ainsi réchauffée avant d’être rejetée.
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Les nappes souterraines sont présentes dans la plus grande La nature des terrains conditionne les caractéristiques des aqui-
partie du territoire français et sont, par conséquent, dispo- fères (porosité, perméabilité, transmissivité, pression).
nibles pour de nombreuses applications. Toutefois, leur diver- ■ Porosité
sité est très grande d’un point à un autre, ce qui peut
constituer une limitation quant à leur exploitation. Suivant le type de porosité des formations rocheuses qui
constituent l’aquifère, on distingue classiquement :
Il existe par exemple : – les aquifères à porosité d’interstices. Dans ces formations
– les nappes peu profondes et puissantes des alluvions des (sables, grès, calcaires, craie), l’eau circule principalement entre les
grands fleuves dans les parties bien alimentées : Rhin, Rhône, grains (sables, certains grès), mais aussi dans les fissures qui ont
Seine, etc. ; pu se développer dans la « masse ». La porosité correspond à la
proportion de vide présent entre les grains qui forment la roche et
– les nappes alluviales des vallées, aux productions ponc- contenant de l’eau. Elle est très variable : de 1 à 50 % (tableau 1) ;
tuelles très variables selon la nature des alluvions (argiles, – les aquifères fissurés/fracturés. Les roches qui les constituent
limons, sables ou graviers) ; (granites, roches métamorphiques) sont très peu poreuses mais le
– les nappes des petits bassins tertiaires des massifs pri- réseau de fractures parfois bien développé qui les affecte peut en
maires (massif armoricain), très localisées et de débits très faire des aquifères intéressants.
variables ;
■ Perméabilité
– etc. La perméabilité est une notion dynamique qui implique la
présence d’eau. Elle représente l’aptitude que possède un milieu à
U Calais
Lille
Amiens
Le Havre
Rouen
Reims
Metz
Paris
Nancy Strasbourg
Brest
Rennes
Le Mans
Orléans Mulhouse
Angers
Tours Dijon
Nantes Besançon
Bourges
Types de masses d’eau
Poitiers
alluvial
dominante sédimentaire
e
Limoges Clermont-Ferrand Lyon
imperméable localemen
nt aquifère Saint-Étienne
socle Grenoble
Bordeaux
édifice volcanique
Nimes Nice
Toulouse Montpellier Aix-en-Provence
Pau Marseille
Toulon
Perpignan
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2.2
Écoulements instationnaires d’un puits dans l’aquifère
en mouvement .........................................................................................
Évolution du rayon de drainage hydraulique du puits
— 5 U
dans le contre-courant de l’aquifère....................................................... — 6
2.3 Évolution du rayon de drainage hydraulique du puits
dans le courant de l’aquifère................................................................... — 6
2.4 Évolution globale de la zone de drainage hydraulique au puits.......... — 6
2.5 Impacts hydrauliques du doublet de forages ........................................ — 8
3. Effets thermiques dans l’aquifère au puits injecteur ................ — 8
3.1 Transmission thermique dans l’aquifère ............................................... — 8
3.2 Fronts hydrauliques et thermiques au puits injecteur .......................... — 10
3.3 Impacts hydrauliques et thermiques dans l’aquifère............................ — 10
4. Conclusion.............................................................................................. — 11
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. BE 8 594
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U Symbole
A, B
Unité
m/s, m2/s
Description
Constantes d’intégration des
Symbole Unité Description
Vitesse de pores d’entraînement
équations différentielles U m/s de l’eau de l’aquifère en
mouvement
C J · kg–1 · K–1 Capacité thermique massique
Vitesse de Darcy de l’écoulement
Énergie thermique injectée dans vd m/s
E J hydraulique dans l’aquifère
l’aquifère au puits injecteur
Vitesse de pores de l’eau
vp m/s
Hauteur d’eau locale dans la souterraine
h m
couche aquifère souterraine
Vitesse de convection thermique
vt m/s
Hauteur totale d’eau dans dans l’aquifère
H m
l’aquifère au repos
Volume aquifère de la zone de
V m3
Pente de l’écoulement général de drainage hydraulique du puits
i %
l’aquifère (gradient hydraulique) Volume aquifère de la zone
Vt m3
Perméabilité hydraulique du milieu d’influence thermique à l’injecteur
K m/s
poreux Dimensions de la zone de drainage
xa , xb , yc m hydraulique autour du puits et
Puissance thermique injectée dans
W dans l’aquifère
l’aquifère au puits injecteur
Différence de température de l’eau
Q m3/s Débit d’eau dans l’aquifère K
∆T
au puits géothermique injecteur
Rayon de drainage hydraulique du φe – Porosité efficace du milieu aquifère
r m
puits en pompage
φ – Porosité totale du milieu aquifère
Coefficient d’emmagasinement de
Saq – Conductivité thermique moyenne
l’aquifère λ W · m–1 · K–1
du milieu aquifère
Surface élémentaire du milieu
S m2 Masse volumique moyenne de
aquifère ρ kg/m3
l’aquifère
Temps de pompage ou d’injection
t s Capacité thermique volumique de
au puits dans l’aquifère ρC J · m–3 · K–1
l’aquifère
Transmissivité hydraulique de la Capacité thermique volumique de
Taq m2/s ρCaq J · m–3 · K–1
zone aquifère l’aquifère dans son ensemble
Température moyenne dans le Capacité thermique volumique de
T K ρCeau J · m–3 · K–1
milieu aquifère (eau + roche) l’eau dans l’aquifère
Vitesse de pores locale de l’eau Capacité thermique volumique de
upts m/s ρCroc J · m–3 · K–1
induite par le puits dans l’aquifère la roche aquifère
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