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Département Fédéral des Affaires Étrangères DFAE

Direction du Développement et de la Coopération DDC


Bureau de la Coopération Suisse au Tchad

RÉHABILITATION DE PISTES RURALES ET


LUTTE CONTRE L’ÉROSION

Bilan de 16 ans d’intervention de la DDC


à l’Est du Tchad

Bureau de la coopération Suisse au Tchad Direction du Développement et de la Coopération


B.P. 1102 Division Afrique orientale et australe
N’Djamena Freiburgstrasse 130, CH-3003 Berne
Tchad Suisse
Courrier électronique: [email protected] Courrier électronique: [email protected]
Internet: www.swiss-cooperation.admin.ch/tchad Internet: www.deza.admin.ch
Dans de nombreux pays en développement, les
infrastructures de transport rural sont en mauvais
état pendant toute ou partie de l’année et les ser-
vices de transport guère adéquats ou abordables
pour la population. Cette situation freine le déve-
loppement socio-économique de ces pays et con-
tribue à la pauvreté de leurs habitants. Une mobili-
té accrue des citoyens peut pourtant faciliter leur
accès aux services (éducation, santé, finances) et
aux marchés, aux activités génératrices de reve-
nus ainsi qu’aux activités sociales, politiques et
communautaires.
Ce constat est également valable pour le Tchad,
5ème pays le plus vaste d’Afrique et fortement en-
clavé, et a constitué il y a 16 ans le point de départ
de l’intervention de la Coopération Suisse dans le
secteur du transport rural tchadien. Ce document
tente de retracer les fondements et l’historique de
cette intervention, de restituer les principes
d’action et les approches promues, et de tirer un
bilan des résultats des programmes "Réhabilita-
tion de pistes et lutte contre l’érosion" et "Renfor-
cement des capacités dans le domaine des infras-
tructures", tous deux financés par la Suisse à
l’Est du Tchad de 1996 à 2009.

Carte du Tchad avec zone d’intervention concernée


DU CONTEXTE ET DES DEBUTS DE L’ACTION lement 6'200 km sont classés comme prioritaires et
Doté de grandes réserves en terres arables et de bénéficient donc d’un entretien occasionnel. Les prin-
pâturages ainsi que de ressources hydriques considé- cipales causes du délaissement du réseau routier
rables, le Tchad dispose d’un grand potentiel agro- rural semblent être le mode de peuplement (habitat
pastoral. Sa position centrale lui offre d’intéressantes dispersé) et les facteurs naturels (sols à faible por-
opportunités commerciales et de transit entre l’Afrique tance, ouadis, côtes) entraînant d’importants coûts de
du nord et l’Afrique tropicale et entre l’ouest et l’est du réhabilitation et d’entretien, tout comme une prise en
continent. L’enclavement du territoire tchadien tant à compte insuffisante du transport rural dans les poli-
l’intérieur du pays que vers l’extérieur inhibe cepen- tiques sectorielles. Aussi le cadre légal, institutionnel
dant la mise en valeur de ces importants potentiels et fiscal en place n’habilite pas et ne fournit pas aux
productifs et commerciaux. Des régions entières sont collectivités locales les ressources suffisantes pour
isolées pendant la saison des pluies et même en sai- l’entretien de leurs routes et de leurs pistes. Il s’en
son sèche, la plupart du réseau routier est en mau- suit que la circulation des personnes et des biens
vais état par manque d’entretien. pose problème, ce qui constitue parmi d’autres fac-
teurs un frein à l’évolution socioéconomique et au
développement du secteur rural, qui pourtant repré-
sente la base de vie de 76% de la population et 87%
des pauvres du pays.
L’Est du Tchad
Les régions du Wadi-Fira, de l’Ennedi et de l’Ouaddaï
sont fortement concernées par la problématique: les
larges ouadis et les zones montagneuses constituent
des obstacles au transport, d’autant plus que le ter-
rain accidenté favorise l’érosion par les eaux de ruis-
sellement, emportant d’importants volumes de terres
arables et détériorant les sols, les voies de communi-
cation et la végétation. Des localités et de vastes
Tronçon de piste entre Arada et Kalaït
zones de production sont enclavées toute l’année,
isolées et dépourvues d’infrastructures économiques
Sur les 1'284'000 km2 du territoire tchadien, environ et de services sociaux de base. Les excédents de la
1'200 km de routes interurbaines seulement sont bi- production agro-pastorale n’atteignent que difficile-
tumées; en ce qui concerne le reste du réseau (envi- ment les marchés rémunérateurs des grands centres.
ron 40'000 km de routes et pistes carrossables), seu- Les recettes de la production restent modestes, en-
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courageant les hommes à l’âge actif à migrer vers  Réhabiliter un certain nombre de pistes clés et de
d’autres régions ou vers les pays avoisinants au lieu construire les ouvrages antiérosifs indiqués;
de mettre en valeur leurs propres terres et de les pro-  Renforcer les capacités professionnelles et institu-
téger contre l’érosion. Rendre carrossable pendant tionnelles en techniques de construction ainsi que
toute l’année les principales voies de communication pour la gestion durable des infrastructures;
à l’intérieur de ces régions et vers l’extérieur s’avère  Assister les institutions nationales dans la prise en
donc indispensable pour rompre le cercle vicieux en- compte des expériences faites au niveau de la for-
clavement/érosion → maigres recettes agropastorales mulation de la stratégie nationale des transports.
→ migration/stagnation  de ces régions.
Ainsi une stratégie holistique, intégrant les aspects
environnementaux, les matériaux locaux et les tech-
niques de construction durables et simples, l’exécu-
tion des travaux en haute-intensité de main d’œuvre
et l’appui aux institutions décentralisées pour la ges-
tion de l’entretien courant des infrastructures, a alors
été développée et mise en œuvre avec succès.
PRINCIPES D’INTERVENTION
Prise en compte des aspects environnementaux: dans
une approche systémique, il s’agit d’intégrer les pistes de
manière optimale dans leur environnement et sa dynamique
en tenant compte de l’ensemble des bassins versants con-
cernés afin de: i) protéger la piste des eaux de ruissellement
en freinant l’érosion pluviale; ii) contribuer à la protection
des sols et à la recharge des nappes par l’infiltration des
Erosion menaçant la piste et les champs eaux de ruissellement; et iii) protéger la végétation naturelle
Les communautés prennent le devant et créer les conditions pour sa régénération.
Acculée par cette situation et sous l’impulsion des Priorisation des matériaux locaux et des techniques de
autorités locales et des chefs traditionnels, la popula- construction durables et simples: il s’agit d’utiliser au
tion a d’elle-même entrepris des efforts pour réhabili- maximum les matériaux locaux de construction et d’atteindre
une qualité optimale des œuvres afin de: i) réduire les coûts
ter certains tronçons essentiels des pistes et le pro-
d’entretien en minimisant les dégâts et le recours aux maté-
gramme de "Réhabilitation de pistes et de lutte contre riaux importés; et ii) baser les travaux sur des matériaux et
l’érosion" de la DDC a ainsi commencé en 1996 à techniques de construction accessibles et reproductibles à
soutenir ces actions spontanées des villageois rive- faible coût en vue de l’entretien à long-terme des ouvrages.
rains des pistes et des producteurs de la zone de Exécution des travaux autant que possible en haute
Biltine. L’intervention étant au centre des priorités de intensité de main d'œuvre (HIMO): il s’agit d’impliquer les
la population et au vu de son approche convaincante, habitants dans la conception et l’exécution des travaux afin
des résultats ont été obtenus rapidement, encoura- de: i) favoriser leur appropriation car l’entretien à long-terme
geant alors l’extension progressive du programme sur des pistes et des ouvrages repose sur eux; ii) fixer dans les
toute la région du Wadi-Fira, de l’Ennedi et de l’Ouad- régions un maximum de connaissances en techniques
daï, s’engageant dans la réhabilitation d’un certain adaptées de réhabilitation et de construction afin de créer
nombre d’axes importants pour désenclaver les zones des capacités et des compétences locales en mesure
de production. Dès 2001, le programme complémen- d’assurer la planification, l’organisation et l’exécution de
l’entretien; et iii) créer des emplois et des revenus tempo-
taire de "Renforcement des capacités dans le do-
raires dans le cadre des travaux et favoriser l’émergence de
maine des infrastructures rurales" est venu se greffer
micro-entrepreneurs qualifiés et performants dans le secteur
dessus. de la construction et de l’entretien routier.
Appui aux institutions décentralisées pour la gestion de
l’entretien courant des pistes et des ouvrages: il s’agit
LES FONDEMENTS DE L’INTERVENTION de favoriser l’émergence et le bon fonctionnement des insti-
Les programmes de la DDC visaient à concourir à la tutions locales représentatives, capables d’assurer
stimulation de l’économie locale et à la protection des l’entretien durable des pistes et des ouvrages mis en place
ressources naturelles dans la zone orientale du pays. afin de pérenniser et de rentabiliser les investissements et
Ils recherchaient d’une part l'amélioration des condi- de rompre le cercle vicieux de réhabilitation – dégradation –
réhabilitation. Le financement de l'entretien courant étant
tions de vie des populations par le désenclavement
assuré à travers des ressources locales (péages, cotisa-
des régions à fortes potentialités agropastorales en tions), nationales (trésor public) et subsidiairement (de ma-
facilitant la circulation des biens et des personnes, nière dégressive) par la coopération internationale.
l'accès aux services de base, la diversification des
sources de revenus et la protection des bassins ver- Un large éventail d’acteurs mobilisés
sants. D’autre part ils ambitionnaient l’apparition d’un Si pendant les six premières années, l’intervention a
réseau durable de pistes rurales soutenues par un été mise en œuvre en régie directe par la DDC, dès
tissu local de compétences et une politique nationale 2002 l’exécution des travaux fut mandatée à ECAT
cohérente qui en assure la gestion et l’entretien. Il SARL (créé en 2002 par une partie des collaborateurs
s’agissait ainsi de: techniques de la DDC) sous la maîtrise d’œuvre de
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l’Unité de Contrôle (UC, structure de projet de la
DDC). A part sa fonction de maître d’œuvre (études,
supervision, suivi-contrôle des travaux) - une tâche
accomplie en collaboration avec la Délégation Régio-
nale des Infrastructures d’Abéché et avec le Labora-
toire des Bâtiments et des Travaux Publics – l’UC
était aussi responsable du renforcement des capaci-
tés locales et de cogérer avec l’État le fonds d’entre-
tien mis en place. Par ailleurs l’intervention a mobilisé
de multiples acteurs partenaires directs, notamment:
 Les communautés bénéficiaires qui ont été organi-
sées en Groupements de Gestion de l’Entretien
des Pistes et des Ouvrages Antiérosifs (GERPO)
pour la gestion des infrastructures (collecte des
fonds locaux, gestion des barrières de pluies, pla-
nification des travaux d’entretien) et la définition Séance de travail d’un GERPO
des axes à réhabiliter;
 Les Programmes de Développement Régional
Wadi-Fira et Ennedi de la DDC – aujourd’hui ONG LES APPROCHES PROMUES
PDR Wadi-Fira et ONG APIDEL – pour l’organisa- Approche technique adaptée à l’environnement
tion des communautés en GERPO et leur forma- Les problèmes techniques pour les infrastructures de
tion en matière d’organisation, de gestion et de transport rural en zones semi-arides au Tchad (et en
programmation des travaux d’entretien; Afrique Subsaharienne en général) sont dominés par
 Des Groupements d’Intérêts Economiques (GIE) la présence de sols sableux-limoneux très sensibles à
formés sur les chantiers par ECAT pour la réalisa- l’érosion. L’état de dégradation de la végétation, cou-
tion des travaux manuels en HIMO et appuyés par verture naturelle protectrice des terres, entraîne une
l’UC dans leur professionnalisation ainsi que pour augmentation de la fragilité des sols à ce phénomène.
les aspects organisationnels et logistiques; Les pistes rurales subissant en général un trafic
faible, les dégâts sont en grande partie liés à l’érosion
 L’État tchadien, à travers le Ministère des Infras-
et dans une moindre mesure à la faible portance des
tructures, qui a contribué au financement des tra-
sols. Elles sont avant tout liées au contexte environ-
vaux d’entretien (pistes et ouvrages) et qui a parti-
nemental, et pour les aspects socioéconomiques, à
cipé, par l’intermédiaire de sa délégation régionale
l’agriculture, la sylviculture et l’élevage. Une des diffi-
d’Abéché, au suivi-contrôle des travaux et à la co-
cultés est l’absence de normes spécifiques pour les
gestion du fonds d’entretien aux côtés de l’UC;
pistes et la pratique de simplifier celles pour les routes
 La DDC qui a financé la réhabilitation des pistes et a souvent mené à des situations insatisfaisantes.
la construction des ouvrages antiérosifs et qui a Aussi pour l’aménagement de bas-fonds, les recom-
cofinancé l’entretien des pistes réhabilitées. mandations disponibles se sont relevées inadéquates.
Aperçu des rôles et responsabilités des acteurs clés dans l’intervention

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La finalité de l’action était la praticabilité des pistes ment durable. La pièce maîtresse de cette création de
pendant toute l’année. Les aménagements ont été compétences dans le cadre de l’intervention était la
conçus de façon à optimiser les coûts de réalisation et formation sur le tas en chantiers-écoles. Un autre outil
à minimiser les coûts d’entretien. Ils ont été réalisés important de création de compétences était l’évalua-
en combinant la méthode HIMO et le travail mécani- tion technique des réalisations, c.à.d. l’analyse du
sé. L’approche technique s’articulait alors autour d’un comportement des ouvrages et des mesures antiéro-
ensemble de processus interdépendants comme suit: sives lors d’évènements pluvieux comme moyen
 Analyse systémique de l’environnement (diagnos- d’apprentissage et d’élimination des faiblesses de
tic des bassins versants appréciant sols, érosion conception et de réalisation technique.
pluviale et dégradation liée aux activités hu- L’organisation traditionnelle des communautés villa-
maines), où tous les éléments (pistes, ouvrages, geoises n’étant en général pas adaptée aux travaux
eau, végétation) sont en interaction dynamique; de construction des pistes et des ouvrages, l’organi-
 Choix des techniques, avec simplification des con- sation des chantiers était un élément essentiel pour
cepts, basés sur des études appliquant les critères une bonne performance des travaux en HIMO. La
de conception et d’exécution présentés en annexe; hiérarchie sur les chantiers s’est développée selon les
 Evaluation des ressources locales en termes de compétences techniques, organisationnelles et so-
main d’œuvre et en termes de matériaux de cons- ciales des ouvriers villageois. L’organisation sur le
truction (latérite, pierres, sable, etc.); chantier était classique dans le sens d’équipes avec
un chef partageant son équipe en sous-groupes selon
 Choix de l’action, c.à.d. différenciation des travaux
les travaux et un chef de chantier surveillant le travail
exécutés en HIMO (maçonnerie, ouvrages antié-
de plusieurs chefs d’équipes. Les maçons travaillaient
rosifs, enrochements, rechargements légers, trai-
également en équipes avec leur personnel d’appui. Si
tements de surface) et des travaux mécanisés (re-
jusqu’en 1998, l’approche retenue était le recrutement
chargements lourds et décapages importants).
individuel (rémunération journalière) –> formation
technique –> responsabilisation/délégation, dès 1999
les ouvriers étaient regroupés pour créer des micro-
entreprises (GIE), recevant des formations techniques
et de gestion, auxquelles des sous-traitances (rému-
nération à la tâche) ont été attribuées.
APPRÉCIATION DU MÉCANISME DE MISE EN OEUVRE
Selon divers témoignages, les pistes réhabilitées et les
ouvrages construits "étaient de bonne qualité dans la me-
sure où ils se dégradaient moins rapidement que ceux mis
en œuvre par d’autres acteurs". Sur les 36 seuils
d’épandage construits, seulement un serait irrémédiable-
Construction d’un seuil-radier ment endommagé après 15 ans. L’approche technique
Mise en œuvre sensible au contexte socioculturel aurait permis d’éviter 80% de la dégradation due à l’érosion.
Par rapport à une approche classique, elle aurait permis
La création de nouvelles compétences est un élé- d’éliminer 40% des travaux techniques grâce à l’adaptation
ment-clé de l’approche HIMO afin qu’elle soit effecti- des études et de la conception des pistes au contexte ainsi
vement maîtrisée dans ses aspects techniques et qu’à l’organisation efficiente des travaux. Pour le reste, 20%
pratiques, qu’elle soit compétitive avec des approches seulement des travaux techniques ont fait intervenir du
mécanisées et qu’elle contribue au renforcement des personnel formé en écoles techniques et 40% des travaux
capacités de la population en vue d’un développe- techniques (études, gestion de chantier, contrôles) ont été

Critères de conception et d’exécution des pistes et des ouvrages

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Équipe casse-pierres en action Enrochement d’un ouvrage
délégués aux cadres villageois. Aussi l’approche combinée tures/sous-préfectures), nationales (trésor public) et
de formation sur chantiers-écoles et l’évaluation technique subsidiairement (de manière dégressive) par la coo-
des réalisations lors et pendant des événements pluvieux pération internationale. Le diagramme ci-dessous
s’est avérée très efficace en ce qui concerne la formation retrace le mécanisme d’entretien initié.
des responsables de l’entretien où il s’agit d’analyser les
causes des dégâts et d’y remédier. La répartition des contributions annuelles à l’entretien
Le choix de la méthode HIMO était justifié de par la disponi- courant (en FCFA) était initialement fixée à 60 millions
bilité de la main d’œuvre locale, le niveau du salaire mini- pour l’Etat, 50 millions pour la DDC et 10 millions pour
mum local, le niveau économique des régions et le volume la communauté, tandis qu’en 2007, le Ministère des
approprié de terre à travailler à la main. L’action a utilisé un Infrastructures a doublé sa contribution. En anticipa-
mélange optimal de main-d'œuvre, de petits outillages et tion de la mise en place d’un tel fonds régional
d’équipements afin de produire à un coût réduit des infras- d’entretien, l’entretien des pistes a été assuré par:
tructures de bonne qualité. Tous les travaux d’ouvrages en
maçonnerie et des mesures antiérosives sont de par leur  Une mise en œuvre directe par les structures de
nature des travaux manuels. Face à la limitation de la main projet de la contrepartie DDC pour 2002-04;
d’œuvre locale disponible dans le nord (faible densité de  Un virement en 2005 à l’ECAT des fonds éta-
population et faible engagement dû à une nécessité ré- tiques décaissés pour 2002-05 couvrant une par-
duite), de la main d’œuvre a du être transférée à partir de tie des coûts d’entretien pour l’année;
l’est. De même, dû à l’éloignement des carrières (latérite,
moellons) dans le nord, les coûts de transport ont monté et  Un compte spécial ouvert à Abéché, cogéré et
les rendements ont baissé dans cette région. Finalement, exécuté par la DRI et l’UC, recevant en 2008 les
dans les grands ouadis et les zones montagneuses, les contributions pour 2006-2007;
travaux manuels ont été confronté à leurs limites et ont été  Les communautés qui gèrent les cotisations lo-
favorablement complétés par du travail mécanisé. cales et les péages, utilisés essentiellement pour
Mécanisme d’entretien décentralisé initié construire les cases des gardes barrières et pour
payer les collecteurs. Les fonds servaient égale-
Les travaux de réhabilitation et de construction ont
ment aux réparations de certains dégâts et par-
permis de développer des capacités locales maîtri-
fois à la réhabilitation de certaines bretelles.
sant alors toutes les techniques
d’entretien courant des pistes et des Mécanisme d’entretien décentralisé proposé
ouvrages antiérosifs réalisés. Ces
capacités ont été instaurées au sein
des 10 GIE créés lors de travaux et
des 12 GERPO mis en place.
L’appui fourni aux institutions dé-
centralisées pour la gestion de
l’entretien courant des pistes et des
ouvrages visait alors la mise en
place d’une structure régionale
comprenant la fédération des
GERPO, la Délégation Régionale
des Infrastructures (DRI) et les
autorités régionales pour gérer et
répartir les fonds sur les axes rou-
tiers à entretenir à travers les GIE et
entreprises. Le financement devait
être assuré par des ressources
locales (cotisations, contributions et
péages), départementales (préfec-
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APPRÉCIATION DU MÉCANISME D’ENTRETIEN INITIÉ
Par suite de l’arrêt net (et sans phase transitoire) de l’inter-
vention de la DDC en 2009, le mécanisme d’entretien dé-
centralisé initié est seulement resté à un stade intermédiaire
et la fédération des GERPO n’a finalement pas vu le jour.
L’entretien par des GIE et par l’entreprise, cofinancé par
l’État et la DDC, géré et facilité directement par
l’intervention, a par contre bien fonctionné, mais a cessé à
la clôture de l’intervention. Ainsi l’État a pris en charge
l’entretien des pistes réhabilitées à hauteur de 75%. Au
niveau local, l’action des GERPO a été inhibée suite à
l’utilisation abusive des pistes par les convois humanitaires
circulant avec des charges supérieures aux spécifications
(provoquant une dégradation accélérée des pistes, surtout
en saison pluvieuse) et refusant le paiement des péages.
Par la suite, les autres usagers ont été découragés et ont
refusé également de payer les droits de passage, de res-
pecter les barrières de pluies et de payer les cotisations. Piste protégée par des diguettes
Les activités des GERPO sont actuellement à l’arrêt.
La dégradation progressive des pistes met en danger la En ce qui concerne l’entretien des pistes réhabilitées
durabilité des investissements de l’intervention et leurs ef- et des ouvrages construits, un aperçu sommaire peut
fets positifs (du point de vue mobilité) s’estompent. Cepen- être dressé sur la base de la documentation. Ainsi, la
dant, la quasi totalité des grands axes routiers (en excluant mise en œuvre directe par l’intervention de la contre-
donc les bretelles) traités par l’intervention, soit 865 km des partie DDC pour la période 2002-04 a mené à un
1'063 km réhabilités (ou 81%), sont actuellement intégrés au entretien de 343 km de pistes par des GIE. Aussi, en
réseau national de l’Etat (pistes prioritaires) et commencent 2005 les fonds étatiques pour 2002-05 ont couvert
à être réhabilités et entretenus par ce dernier. Ces interven- une partie des travaux d’entretien de l’année, dont
tions assurées dorénavant par l’Etat ne prennent cependant des travaux mécanisés sur 438 km et des travaux
pas en compte le système de lutte antiérosive mis en place
manuels sur 343 km. Et finalement le compte spécial
et en recourent ni aux services des GIE, ni aux capacités
ouvert à Abéché a permis d’entretenir (campagne
des GERPO mis en place et formés pour ces tâches.
2007/08) 45 km de pistes (axe Biltine – Amzoer) par
trois GIE.
UNE TENTATIVE DE BILAN DES RÉSULTATS Un large pool de villageois formés sur les tech-
Un nombre impressionnant de pistes réhabilitées niques de construction appropriées
et d’ouvrages antiérosifs construits Répondant à son objectif de renforcement des capaci-
Sur toute sa durée, l’intervention de la DDC a permis, tés professionnelles locales, l’intervention a permis
d’une part, la réhabilitation de 1'103 km de pistes (soit entre 1996 et 2001 de former un grand nombre de
1'063 km d’axes principaux et 40 km de bretelles), ressortissants villageois des régions de l’Est et du
totalisant 21'300 mètres de radiers (ouvrages de fran- Nord selon les spécificités décrites dans l’encadré ci-
chissement) et comptant plus de 25'000 km de digues dessous. Ces chiffres ont évolué légèrement jusqu’à
et de diguettes (1’700 ouvrages antiérosifs). D’autre la fin de l’intervention en 2009, mais la plupart des
part, 36 ouvrages d’aménagement de bas-fonds ont personnes formées jusqu’en 2001 (et constituées en
été réalisés ayant permis la récupération et la mise en GIE, essentiellement les maçons) ont été réengagées
valeur de plus de 250 hectares de terres. dans les phases suivantes.
DETAIL ET LOCALISATION DES RÉALISATIONS NOMBRE ET QUALIFICATION DES INDIVIDUS FORMÉS
Axes principales (avec ouvrages d’art / antiérosifs) –  3’500 manœuvres formés à la mise en œuvre des tra-
1’063 km: vaux
 Abéché – Goz-Beïda (200 km)  100 ouvriers qualifiés (chefs d'équipe) formés à l’organi-
 Abéché – Mata – Doukour (60 km) sation des équipes de construction, la gestion et l’entre-
 Mata – Amzoer – Guéréda – Koulbouss (173 km) tien des outils du matériel
 Guéréda – Amnabak – Iriba (100 km)  15 ouvriers très qualifiés formés aux techniques de con-
 Amnabak – Tiné (45 km) trôle de qualité des matériaux de construction
 Amzoer – Biltine (65 km)  7 ouvriers spécialisés formés aux techniques de surveil-
 Biltine – Arada – Kalaït – Fada – Kiké (420 km) lance et au contrôle des travaux
 Kalaït – Faya (1 radier)  5 ouvriers très spécialisés formés à la supervision de
Bretelles (avec ouvrages d’art / antiérosifs) – 40 km: chantiers et au contrôle de qualité des travaux
 Kornoï – Amine (16 km)  100 maçons formés à la construction de radiers simples
 Hamia – Damboul – Barkala (15 km)  25 maçons formés à la construction d'ouvrages com-
 Zone Kiké (9 km) plexes (seuils, radiers, mini-barrages, etc.)
Aménagement de bas-fonds - 36 ouvrages:  37 pointeurs formés à la tenue d'un journal de chantier /
 Fama (1x), Chibi-Chine (2x), Doukour (16x), Biltine (17x) pointage
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 CINATRA (Centrale d’Ingénierie, d’Assistance
Technique et de Recherche Appliquée, Abéché) a
été créée en 2010 par deux cadres de l’UC. Par la
suite elle a fourni des prestations de services à la
GIZ (70% du chiffre d’affaires) et à d’autres inter-
venants de la région (y compris la DDC). Malgré
sa jeunesse et son profil encore peu développé, la
situation actuelle et les perspectives de marchés
permettent d’affirmer que CINATRA est économi-
quement viable et pérenne.
 TADJA Contrôle a été créé en 2010 en tant que
bureau d’ingénieur-conseil à Abéché. L’équipe
professionnelle était initialement constituée des
Maçons réalisant un ouvrage en maçonnerie de pierres deux autres cadres de l’UC. Suite au décès d’un
des associés, l’autre a fonctionné comme consul-
Une série de structures créées et autonomisées
tant indépendant travaillant sur divers petits man-
En ancrant les compétences et capacités créées dans dats confiés par les entreprises locales. Avec en
le tissu local et national, l’intervention a donné nais- perspective des marchés du projet seuil
sance à un éventail de structures de mise en œuvre d’épandages (DDC) et des interventions de la GIZ,
indépendantes dans le domaine des infrastructures il vise à se réassocier et à réanimer le bureau.
du transport rural. Sur toute sa durée, l’intervention a
mis en place, renforcé et autonomisé notamment: Les GIE, issus des personnes formées sur les chan-
tiers de réhabilitation de pistes et de construction
 1 entreprise dans le domaine des routes (ECAT);
d’ouvrages antiérosifs, sont des petites entreprises
 2 bureaux d’études (CINATRA / TADJA Contrôle); locales composées de chefs d’équipes, de maçons et
 10 Groupements d’Intérêts Économiques (GIE); d'ouvriers qualifiés (15-40 personnes), capables de
 12 Groupements de Gestion de l’Entretien des construire différents types d'ouvrages (digues, seuils,
Pistes et Ouvrages Antiérosifs (GERPO). radiers, etc.) en maçonnerie à travers des travaux
manuels et un équipement minimum. Les GIE ont
ECAT SARL (Études-Conseil Assistance Technique), reçu des appuis en matière de sensibilisation, de mo-
entreprise créée en 2002, est l'émanation de l’équipe bilisation, d’établissement de devis et de gestion de
technique de la DDC ayant mis en œuvre l’action leur entreprises afin d’être capables de répondre aux
"Réhabilitation des pistes et lutte contre l’érosion, appels d’offre des marchés publics et privés de la
1996-2001". Compte tenu de son expertise unique et région. Ces GIE ont aujourd’hui des compétences en
de sa maîtrise de l'approche HIMO, la DDC a alors gestion de la main d’œuvre locale. Certains GIE ont
mandaté ECAT pour l’exécution des phases succes- élargi leurs compétences et exécutent des travaux
sives (2002-2009) de cette même action. Depuis, dans les domaines du bâtiment, de l’aménagement
ECAT a diversifié ses champs d’action, ses clients et des bas-fonds et de la construction de micro-
ses partenariats professionnels et emploie dorénavant barrages. Les GIE se sont donc affirmés, sont opéra-
35 employés professionnels (par rapport à 10 il y a dix tionnels et continuent de rendre des prestations de
ans). C’est une entreprise pleinement reconnue et services bien au-delà de la clôture de l’intervention.
sans concurrence au niveau national dans l'exécution
des travaux HIMO et est évaluée à la 4e position des
entrepreneurs Tchadiens dans le domaine des routes.
Vu son évolution, son positionnement, ses domaines
de compétences et les perspectives du marché en
question, il est possible d’affirmer que ECAT est dé-
sormais une société stable, compétitive et pérenne.
CINATRA SARL et TADJA Contrôle sont des entités
issues de l'Unité de Contrôle (UC) qui avait pour mis-
sion principale d’assurer la maîtrise d’œuvre de l'en-
semble des travaux au compte de la DDC dans le
cadre du "Projet de réhabilitation de pistes et lutte
contre l'érosion, 2002-2009". L'UC comptait quatre
ingénieurs/techniciens et s’était spécialisée dans la
GERPO et GIE en formation à Doukour
mise en œuvre de la méthode HIMO et le suivi-
contrôle. Son autonomisation avait démarré en 2005 Les GERPO, composés des différentes couches so-
avec l’objectif que l’équipe soit constitué en bureau cioprofessionnelles bénéficiaires des pistes réhabili-
d’études privé fin 2009 et collabore par la suite tées (producteurs, commerçants, transporteurs, auto-
jusqu’en 2012 avec la DDC sur la base d’une conven- rités traditionnelles, autorités locales, etc.) et organi-
tion (qui n’a cependant pas vu le jour), tout en four- sés pour une gestion participative de leurs axes rou-
nissant des prestations de service à d’autres acteurs: tiers, ont acquis des connaissances dans le domaine
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de la gestion et de l’administration de leurs entités. Ils  L’évacuation des malades est devenue plus rapide et
sont en mesure de tenir une comptabilité simple, améliorée avec les pistes réhabilitées. Par le passé, les
d’estimer les travaux d’entretien de leurs tronçons et femmes enceintes présentant des difficultés pour
de mandater les GIE pour l’exécution de ces travaux. l’accouchement étaient évacuées à dos d’âne avec un
risque important de décès en cours de route;
Reconnus officiellement par l’administration, ils
étaient impliqués dans l’entretien des pistes et des  L’écoulement plus rapide des produits dû au trafic plus
ouvrages, dans la construction et la prise en charge élevé car certains véhicules vont jusqu’aux jardins des
producteurs pour chercher les produits tels que
des barrières de pluie et des points de péage. La taille
mangues et oignons;
des GERPO varie d’une localité à l’autre entre 10 et
40 personnes. Les difficultés rencontrées dans la  La création d’emplois au niveau des chantiers en cours
d’exécution - les marchés et apprendre un métier don-
collecte des fonds locaux étaient principalement liées
nait une opportunité de travailler;
aux camions humanitaires refusant de payer le péage
et de contribuer aux frais d’entretien et de réparation  La sécurisation des régions par la diminution du phéno-
mène des coupeurs de routes, car les forces de l’ordre
des pistes, minant ainsi la volonté de paiement des
et les sous-préfets peuvent intervenir rapidement même
autres usagers. Ainsi les GERPO ont été dépassés hors zone ou dans les coins les plus reculés;
par les événements et sont actuellement à l’arrêt.
 La diminution de l’exode rural surtout au moment des
travaux, car beaucoup de jeunes peuvent trouver du tra-
vail avec le système de rotation et l’argent perçu permet
UNE APPRÉCIATION DES EFFETS DE L’ACTION de satisfaire leurs besoins urgents;
Les effets de l’action conjointe en matière de réhabili-  Les producteurs augmentent la production et la diversi-
tation de pistes, de lutte antiérosive et de renforce- fient parce que tout ce qui arrive au marché est vendu,
ment des capacités locales ont eu un impact indé- alors qu’avant la réhabilitation des pistes les cas de mé-
niable sur les conditions socioéconomiques et envi- ventes et de perte des produits était fréquent;
ronnementales dans les régions concernées: les dé-  Les ouvrages antiérosifs ont opéré l’extension des sur-
clarations des membres GIE/GERPO, des chefs de faces cultivées, la rétention des bonnes terres, le colma-
cantons, des usagers et des producteurs rencontrés tage des ravins et la régénération du couvert végétal;
en témoignent. Il va de soi que ces impacts ont été  Le statut de certains villages a changé sur le plan orga-
renforcés, voir somme toute rendus possibles, par la nisationnel et importance. P.ex., Mata est devenu sous-
complémentarité des interventions dans les même préfecture grâce aux pistes réhabilitées, le marché s’est
régions, telles que les "Programmes de Développe- agrandi (plus de 100 commerçants) avec la création par
ment Régionaux de Wadi-Fira et de l’Ennedi (DDC)" les femmes d’un marché de nuit, chose qui n’existait pas
avant. À cela s’ajoute l’avènement des boutiques;
et celles des autres acteurs comme le "Programme de
Développement d’Assongha, Biltine-Ouaddaï (GIZ)".  D’une manière générale l’accroissement des activités
commerciales est visible et sans distinction de sexe -
Effets principaux des trois actions conjointes homme ou femme, à chacun et chacune sa chance;
 Facilité accrue d’approvisionnement en nourriture, médi-
caments, natron, habits et autres pour les nomades;
 Le renforcement des marchés du bétail car les clients
viennent de tous les côtés et parfois des pays voisins;
 Femmes et hommes ont bien bénéficié des retombées
des pistes et ouvrages antiérosifs, mais de manière spé-
cifique: les hommes sont plus présents aux chantiers
pour effectuer des travaux difficiles et les femmes pour
les cultures maraichères et les petits commerces.

À TITRE DE CONCLUSIONS
Des points forts et des points faibles
Basé sur les appréciations faites en amont, on peut
conclure que les éléments décisifs pour la réussite de
l’intervention et la diffusion de ses approches ont été
TÉMOIGNAGES LOCAUX SUR L’EFFET DES ACTIONS d’une part la mobilisation effective des ressources
 La circulation des biens et des personnes a été facilitée locales en termes de connaissances, de savoir-faire,
en termes de temps de voyages plus court, c'est-à-dire de main d'œuvre et de matériaux de construction, et
quelques heures au lieu de 2 à 3 jours avant le projet d’autre part l’effet synergétique favorable des actions
pistes. L’augmentation du flux de véhicules (surtout en conjointes de réhabilitation des pistes et de lutte an-
saison des pluies) a été très importante (facteur 10); tiérosive sur le transport rural et sur l’environnement.
 Une diminution des coûts de transport a été constatée Finalement, les synergies avec les autres interven-
suite au bon état des pistes attirant plus de véhicules; tions de la DDC en cours depuis 1993 dans la région
 L’accès à l’éducation a également été facilité, car beau- sous forme de programmes de développement régio-
coup d’écoles spontanées se sont créées parce que les naux visant à favoriser l’émergence de l’économie
enseignants acceptent d’aller là où il y a une piste; rurale, de systèmes éducatifs décentralisés et d’une
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couverture sanitaire optimisée, étaient un garant pour
ancrer de manière pertinente les effets de l’inter-
vention "pistes" et pour booster ses impacts. En ce
qui concerne l’intervention dans son ensemble, on
peut affirmer qu’elle était en ligne avec la stratégie
national et les priorités du Gouvernement en la ma-
tière, notamment avec la SNRP qui préconise la réali-
sation d’infrastructures comme levier de croissance et
promeut la création d’emploi, de PME tout comme le
recours aux méthodes HIMO. L’intervention a répon-
du effectivement à un réel besoin (exprimé) de dé-
senclavement de la zone et a généré des emplois
temporaires (ouvriers) et durables (GIE).
L’appropriation et la bonne gestion des pistes et ou- Seuil-radier dégradé entre Kalaït et Arada
vrages mis en place sont restées limitées cependant tation des pistes rurales dans un contexte similaire,
du fait que toutes les parties prenantes étaient décou- peuvent être résumées de la manière suivante:
ragées du retrait brusque des activités pistes dans les  La durée de vie des pistes est prolongée de ma-
zones respectives, et suite à l’utilisation abusive des nière considérable si les d’infrastructures de trans-
pistes par les gros porteurs des organisations huma- port réalisées sont intégrées de manière optimale
nitaires. L’intervention a donc eu des effets et impacts dans leur environnement et sécurisées par des ac-
positifs très importants, mais qui s’estompent pro- tions conjointes de protection contre l’érosion (di-
gressivement avec la dégradation inéluctable des guettes, digues filtrantes, seuils d’épandage, etc.);
pistes par manque de gestion et d’entretien adéquats.
 L’emploi judicieux de l’approche HIMO génère des
Des leçons importantes apprises de l’intervention apports socioéconomiques considérables dans les
Les leçons les plus importantes tirées des 16 ans régions concernées, de par la création d’emplois
d’intervention de la DDC en matière de transport rural temporaire locaux (injection de masse salariale) et
à l’Est du Tchad, et devant servir dans l’élaboration l’avènement de nouvelles compétences locales
d’autres programmes de construction et/ou de réhabili pérennisables au sein de petites entreprises (GIE)

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et bureaux d’études pouvant rendre des services vernement de réhabiliter celles intégrées dans le ré-
dans un cadre plus large d’actions de développe- seau prioritaire1 et ensuite de garantir leur entretien à
ment (secteur productive et éducatif); travers les Délégations Régionales des Infrastruc-
 Le recours aux matériaux de construction locaux tures, il est primordial d’œuvrer de manière concertée
est primordial pour aboutir à un équilibre optimal pour la sécurisation des investissements réalisés.
entre le niveau de réalisations et les besoins Cette sécurisation devrait s’appuyer sur les structures
d’entretien qui en découlent, ainsi que pour en ga- et mécanismes en place, c.à.d.
rantir une accessibilité et reproductibilité effective  Relancer et compléter la mise en place du méca-
et à faible coût en vue de l’entretien à long-terme; nisme décentralisé initié d’entretien des pistes et
 Un partenariat efficace avec l’État à l’orée d’une des ouvrages;
intervention est crucial, d’une part pour mobiliser  Recycler les GERPO en place (tout en veillant à la
des contributions gouvernementales à l’entretien réduction des membres et à la simplification de
des pistes et ouvrages réalisés, et d’autre part afin leur organisation) et appuyer leur fédération;
d’aboutir à une intégration des pistes dans le ré-  Appuyer la constitution de fonds d’entretien régio-
seau prioritaire et à un recours aux compétences naux pistes et ouvrages et l’opérationnalisation de
locales en place (GERPO, GIE) lors de l’entretien ses organes de gestion et de mise en œuvre;
étatique dont ces pistes vont bénéficier.
 Faire le plaidoyer pour intégrer les mesures envi-
Des pistes à poursuivre pour une sécurisation des ronnementales dans l’entretien étatique des axes
investissements et des futures actions routiers réhabilités par l’intervention.
Au vu de la mise en place du programme "Fonds lo-  Prendre en compte, dans la mise en pratique de la
caux de développement" de la DDC (avec des priori- stratégie nationale des pistes rurales, les ap-
sations d’actions en matière de pistes très probables), proches de l’intervention, notamment le concept
du processus de décentralisation en cours (plans de HIMO, le recours aux capacités/structures locales
développement locaux abordant inévitablement les et l’intégration des aspects environnementaux.
aspects de transport rural) voir de futures actions
spécifiques pistes rurales de l’État tchadien et de ses Finalement, au vu de futures actions spécifiques
partenaires, une capitalisation renforcée des expé- "Pistes rurales et ouvrages antiérosifs" ou similaires
riences de l’intervention de la DDC de 1996 à 2009 au Tchad, il est recommandé aux acteurs de:
s’impose. Ce travail de valorisation devrait inclure  Focaliser les efforts sur des bretelles (i.e. pistes
l’établissement d’un paquet de documentation étendu entre villages, pistes désenclavant les zones de
sur l’intervention, notamment sur les approches (tech- production, raccordements aux grands axes) selon
nique / HIMO / lutte antiérosive), les mécanismes de la notion de développement de réseau;
mise en œuvre, d’entretien, et de renforcement des  Élargir la portée des interventions vers la mobilité
capacités, tout comme une analyse approfondie des en considérant aussi les moyens (intermédiaires)
résultats obtenus et des coûts impliqués. Une étude de transport;
rigoureuse des effets et des impacts socioécono-  Promouvoir et étendre la pratique de lutte antiéro-
miques de l’intervention permettrait de démontrer de sive (diguettes) dans les champs par l’information,
manière plus explicite sa pertinence et ses bénéfices et l’encadrement des producteurs;
et ainsi de faciliter les actions de plaidoyer.
 Lier les interventions en matière d’aménagements
Face à la dégradation progressive des pistes réhabili- de bas-fonds (seuils d’épandage) avec les aspects
tées par l’intervention, et au vu de la volonté du Gou pistes et celui du transport rural en général.
______________________________________________

1
Les axes intégrés sont Abéché-Gozbeida (depuis 2008) et nouvellement Abéché – Amzoer, Biltine – Amzoer – Guéréda –
Iriba, et Biltine – Arada – Kalaït – Fada – Kiké.

Ce document est issu d’une consultance externe mandatée pour la réalisation d’une capitalisation des programmes de "Ré-
habilitation de pistes et lutte contre l’érosion" et de "Renforcement des capacités dans le domaine d’infrastructures" financés
par la DDC au Tchad dans les régions de l’Ouadaï, du Wadi-Fira et de l’Ennedi de 1996 à 2009. Les consultants Roger
Schmid (Skat Consulting SA, St. Gallen, Suisse) et Mahamat Hamdane Djimai (Ndjamena, Tchad) avaient la tâche de réali-
ser une revue des expériences de cette intervention au niveau du processus et des résultats atteints en vue d’appréhender
et valoriser le travail réalisé et l’approche promue pour les partager par la suite au sein de l’organisation, avec d’autres par-
tenaires et le gouvernement tchadien. L’analyse faite se base sur une étude documentaire et une série de rencontres tenues
du 17 au 28 Février 2012 dans la zone d’intervention et à Ndjamena avec les bénéficiaires (usagers et chefs de canton), les
structures de mise en œuvre (GERPO, GIE, ONG et entrepreneurs), les entités compétentes de l’État (Directions Nationales
et Délégations Régionales du Ministère des Infrastructures), l’administration territoriale (niveau Gouvernorat et Sous-
préfectures), d’autres acteurs intéressés (programmes et organisations de coopération au développement) et la DDC.
Auteur: Roger Schmid, Skat Consulting SA, Vadianstrasse 42, 9000 St. Gallen, Switzerland, +41 71 228 54 54,
[email protected]
Date: Juillet 2012
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