Les Actes Et Les Faits Juridiques

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Les actes et les faits juridiques

Les actes et les faits juridiques

I. DEFINITION DE L’ACTE ET DU FAIT JURIDIQUES

1. Définition de l’acte juridique


L’acte juridique est une manifestation de volonté dont les effets (ou conséquences) juridiques
sont voulus par l’auteur de cette manifestation de volonté.
Les effets juridiques de l’acte peuvent être, par exemple, la création, la constatation, la
modification, la transmission, l’extinction d’un droit ou d’une obligation.

Exemples d’actes juridiques :


 Le contrat : il crée des droits et des obligations pour les parties contractantes,
 Le testament : il a pour effet juridique la transmission d’un droit ou d’un bien
successoral,
 La remise de dette : elle a pour effet juridique l’extinction totale ou partielle d’une dette.

2. Définition du fait juridique


Le fait juridique est un événement ou un comportement dont les effets juridiques résultent de la
loi et non de la volonté de l’auteur du fait.
Les effets juridiques du fait sont ceux de l’acte juridique, à savoir : la création, la constatation,
la modification, la transmission, l’extinction d’un droit ou d’une obligation.

Exemples de faits juridiques :


 Le décès d’une personne : il a pour effet la transmission du patrimoine du défunt à ses
héritiers,
 Un accident de la circulation : il a pour effet l’obligation de réparer le préjudice causé à
la victime,
 L’infraction : elle a pour effet des sanctions pénales et civiles à l’encontre de son auteur.

II. LA DISTINCTION ENTRE ACTES ET FAITS JURIDIQUES


Cette distinction peut être faite sur les points suivants :

1. La source des effets juridiques


 Dans l’acte juridique, les effets juridiques ont été voulus par l’auteur de l’acte,
 Dans le fait juridique, les effets juridiques sont imposés par la loi à l’auteur du fait,
contre la volonté de celui-ci.

2. L’auteur du fait ou de l’acte juridique


 L’acte juridique a toujours pour auteur une personne physique ou morale, seule capable
d’exprimer une volonté,
 Le fait juridique peut être dû à une personne, à une chose ou à un phénomène naturel.

3. Le caractère volontaire ou involontaire


 L’acte juridique est toujours accompli de manière volontaire par son auteur,
 Le fait juridique peut être volontaire ou involontaire.

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III. LA CLASSIFICATION DES ACTES ET FAITS JURIDIQUES

A. LA CLASSIFICATION DES ACTES JURIDIQUES


Les principaux types d’actes juridiques sont les suivants :

1. L’acte unilatéral
C’est un acte juridique qui résulte de la manifestation de volonté d’une seule personne.
Exemples : le testament, la remise de dette, la reconnaissance d’enfant, les statuts de l’EURL
ou de la SASU.

2. L’acte synallagmatique
C’est un acte qui résulte de la manifestation de volonté d’au moins deux personnes.
Il est également appelé acte bilatéral, multilatéral, plurilatéral, contrat, convention ou accord.
Exemples : contrat de travail, contrat de société, traité, convention ou accord international.

3. L’ acte à titre gratuit


C’est un acte accompli dans une intention purement libérale, c’est à dire sans recherche de
contrepartie.
Exemple : la donation ou libéralité.

4. L’acte à titre onéreux


C’est un acte accompli avec l’idée de contrepartie, c’est à dire sans intention libérale.
Exemple : le contrat de vente comporte pour le vendeur une contrepartie qui est le prix de
vente, et pour l’acheteur le bien vendu.

5. L’acte sous-seing privé


C’est un acte établi par les parties elles-mêmes ou par leurs représentants, sans l’intervention
d’un officier public tel que le notaire.
Exemples : le contrat de travail, le contrat de vente, le contrat de location sont en principe des
actes sous-seing privé.

6. L’acte authentique
C’est un acte établi par un officier public habilité par la loi à le faire, comme par exemple le
notaire.
Exemples : le contrat de vente d’un immeuble, le contrat de mariage doivent être notariés, c’est
à dire établis par un notaire.

7. L’acte entre vifs


C’est un acte qui doit normalement produire ses effets juridiques du vivant de ses auteurs.
Exemples : le bail d’habitation, le contrat de travail, la vente d’un bien.

8. L’acte à cause de mort


C’est un acte qui est fait en considération du décès de son auteur et qui ne produira ses effets
juridiques qu’au moment de ce décès.
Exemples : le testament, le contrat d’assurance-vie.

9. L’acte de gestion ou d’administration


C’est un acte qui a pour objet d’améliorer, de conserver ou de faire fructifier un patrimoine.
Exemple : la vente d’un terrain pour acheter un logement.

10. L’acte de disposition ou d’aliénation


C’est un acte qui a pour effet de sortir un bien du patrimoine ou de diminuer la valeur de ce
bien.
Exemple : la donation d’un bien, la vente d’un bien avec ou sans réinvestissement du prix, le
bail commercial ou l’hypothèque sur un immeuble.

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11. L’acte abdicatif


C’est un acte qui a pour effet juridique l’extinction d’un droit existant.
Exemple : la remise de dette, la renonciation à une succession.

12. L’acte constitutif


C’est un acte qui crée un droit nouveau ou une obligation nouvelle.
Exemple : le contrat de vente crée pour l’acheteur un droit de propriété sur la chose vendue.

13. L’acte déclaratif


C’est un acte qui se borne à constater ou à préciser un droit dont l’origine est antérieure à cet
acte.
Exemple : le partage successoral ne fait que reconnaître sur les biens de la succession le droit
de chaque héritier qui remonte au jour du décès de son auteur.

14. L’acte translatif


C’est un acte qui opère la transmission d’un droit d’une personne à l’autre.
Exemple : par le contrat de vente, la propriété du bien vendu est transmise du vendeur à
l’acheteur

B. LA CLASSIFICATION DES FAITS JURIDIQUES

Les principales catégories de faits juridiques sont les suivantes :

1. Le fait de la nature ou fait naturel


C’est un fait dû à des phénomènes naturels.
Exemples : tremblements de terre, naissance ou décès d’une personne, intempéries
(tempêtes, inondations, etc.).

2. Le fait de l’homme
C’est un fait dû à un être humain.
Exemples : les infractions (contraventions, délits, crimes).

3. Le fait des choses


Exemples :
 Explosion d’une chaudière,
 Effondrement d’un immeuble,
 Intoxication ou pollution par des produits.
On est responsable du fait des choses dont on a la garde.

4. Le fait personnel
C’est un fait dont on est auteur.
En principe, chacun est responsable de son propre fait.

5. Le fait d’autrui
C’est un fait commis par autre personne que soi. On peut être responsable du fait d’autrui.
Exemples :
 Les parents sont responsables des faits commis par leurs enfants mineurs sous leur
garde,
 Les employeurs sont responsables des faits commis par leurs salariés dans l’exercice
de leurs fonctions.

6. Le fait des animaux


On est responsable du fait des animaux dont on a la garde.

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7. Le fait volontaire et le fait involontaire


On est responsable de son fait volontaire ou involontaire.

IV. LA PREUVE DES ACTES ET DES FAITS JURIDIQUES

A. L’IMPORTANCE DE LA PREUVE EN DROIT


Les droits et les obligations d’une personne résultent tous d’actes ou de faits juridiques.
En cas de contestation, il faudra apporter au juge la preuve de l’existence du droit ou de
l’obligation en cause.
Cela revient à prouver l’existence de l’acte ou du fait juridique créateur de ce droit ou de cette
obligation.
En l’absence d’une telle preuve, le droit ou l’obligation invoquée n’a pas d’existence juridique.
D’où l’expression « Pas de preuve, pas de droit ».
Une simple affirmation ne constitue pas une preuve.
En droit, le mot preuve a deux sens :
 C’est la véracité ou la fausseté d’un acte ou d’un fait juridique,
 C’est aussi le ou les moyens permettant d’établir, de démontrer la véracité ou la
fausseté d’un acte ou d’un fait juridique.
Prouver, c’est donc, par un ou plusieurs moyens, établir, démontrer la véracité ou la fausseté
d’un acte ou d’un fait juridique.

B. LA CHARGE DE LA PREUVE
La charge de la preuve, c’est l’obligation de prouver, de faire la preuve de quelque chose.
Devant les juridictions, sur qui pèse la charge de la preuve ?
En d’autres termes, quel est le rôle des parties en litige et du juge dans l’administration de la
preuve ?
La réponse à la question dépend du système de preuve appliqué dans chaque pays.
On distingue principalement trois systèmes de preuve :
 Le système accusatoire,
 Le système inquisitoire,
 Le système mixte.

1. Le système accusatoire
Dans ce système, la charge de la preuve incombe aux seules parties en litige. Chacune d’elles
doit prouver les faits qu’elle invoque à l’appui de ses prétentions.
Dans ce système le rôle du juge consiste seulement à apprécier la pertinence des éléments de
preuve produits par les parties en litige. Il ne participe pas à la recherche de la preuve
nécessaire à la solution du litige.

2. Le système inquisitoire
Dans ce système, le juge est tenu de participer à la recherche des éléments de preuve
nécessaires à la solution du conflit.
Ainsi la charge de la preuve incombe à la fois aux parties en litige et au juge dans ce système.
Pour rechercher les preuves, le juge peut donc, avec ou sans l’accord des parties en litige,
décider des mesures d’instruction telles que des expertises, perquisitions, comparutions ou
auditions de témoins, etc.

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3. Le système mixte
C’est la combinaison des deux systèmes accusatoire et inquisitoire.
C’est le système appliqué en France et dans la plupart des autres pays.
Dans ce système, les parties ont en principe la charge de la preuve, mais le juge est parfois
tenu de participer à la recherche de la preuve.
En France, la participation du juge à la recherche de la preuve est obligatoire dans certains cas
et facultative dans d’autres cas.
Ainsi par exemple, en matière pénale, l’instruction est toujours obligatoire pour les crimes, alors
que pour les délits et les contraventions elle n’est obligatoire que si une loi l’impose.
Cette instruction est faite par un juge d’instruction, qui doit instruire à charge et à décharge,
c’est à dire qu’il doit rechercher les éléments de preuve favorables à la culpabilité et à
l’innocence de la personne objet des poursuites pénales.
Par contre, dans les matières non pénales, c’est le système accusatoire qui est appliqué en
France.
Dans les matières non pénales, les parties en litige ont donc seules la charge de la preuve, la
participation du juge étant en principe facultative.
C’est donc à celui qui réclame l’exécution d’une obligation ou qui prétend être titulaire d’un
droit, de prouver l’existence de cette obligation ou de ce droit.
De même, celui qui prétend être libéré d’une obligation doit prouver l’extinction de cette
obligation.
Outre sa charge, la preuve en justice doit être faite selon des modes ou moyen prévus par la
loi.

C. LES MODES OU MOYENS DE PREUVE


Ils sont principalement les suivants :

1. La preuve écrite ou littérale


C’est une preuve par écrit, c’est à dire une preuve qui résulte d’une suite de signes ou de
symboles dotés d’une signification intelligible quels que soient leur support et leurs modalités
de transmission.
Exemples de signes ou de symboles : lettres, caractères, chiffres.

a) Le support de l’écrit
L’écrit peut avoir un support papier, un support électronique ou tout autre support.
Depuis la loi du 13 mars 2000, l’écrit sur support électronique a la même force probante que
l’écrit sur support papier s’il est établi et conservé dans des conditions de nature à garantir son
intégrité et si son auteur peut être identifié.
La signature électronique permet d’identifier l’auteur d’un écrit électronique.
Lorsqu’elle est créée dans des conditions prévues par décret, la signature électronique est
présumée fiable jusqu’à preuve du contraire.

b) L’acte authentique et l’acte sous-seing privé


La preuve écrite peut résulter :
 D’un acte authentique : acte établi par un officier public (exemple un notaire),
 Ou d’un acte sous-seing privé : acte établi et signé par les parties ou leurs
représentants sans l’intervention d’un officier public.

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2. La preuve testimoniale ou par témoin


C’est une preuve qui résulte de témoignages, c’est à dire des déclarations faites en justice par
des personnes sur des faits dont elles ont eu personnellement connaissance.
Le témoignage peut être oral ou écrit.

3. Les présomptions de preuve


On distingue les présomptions légales et les présomptions de fait.

a) Les présomptions légales de preuve


Ce sont les présomptions qui résultent d’un texte de loi. Elles constituent une inversion de la
charge de la preuve, lorsqu’elles sont des présomptions simples, c’est à dire avec possibilité de
preuve contraire.
Exemple : la loi présume que l’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari de la mère
(article 312.C.Civ).
Ainsi, d’un fait connu, la loi déduit la preuve d’un fait à prouver.
La présomption légale peut être irréfragable, c’est à dire avec possibilité de preuve contraire.

b) Les présomptions de fait


Ce sont les présomptions tirées par le juge d’un ensemble de faits ou d’indices qui rendent
vraisemblables des faits à prouver.
Pour être retenus par le juge comme probants, ces faits ou indices doivent être graves, précis
et concordants.

4. L’aveu
C’est la reconnaissance par l’une des parties en litige, du bien fondé des prétentions de son
adversaire.
L’aveu peut être judiciaire ou extra-judiciaire :

a) L’aveu judiciaire
C’est un aveu fait en cours de litige devant le juge ou dans des conclusions remis au juge par
exemple.

b) L’aveu extra-judiciaire
C’est un aveu fait en dehors du litige, ou dans des documents non destinés au juge (exemple,
dans une lettre à la partie adverse ou à un tiers.)

5. Le serment
C’est l’affirmation solennelle devant être faite par l’une des parties en litige, de l’exactitude de
ses propres allégations (ou prétentions).
Le serment peut être décisoire ou supplétoire.

a) Le serment décisoire
C’est un serment qui est fait à la demande de l’autre partie en litige. Il s’impose au juge comme
preuve du bien fondé des prétentions de l’auteur du serment.

b) Le serment supplétoire
C’est un serment qui est fait à la demande du juge et qui ne s’impose pas à lui comme preuve.

Mais tous ces modes ou moyens de preuve dont dispose le justiciable ne sont pas admis de la
même façon.
En effet, leur admissibilité varie en fonction de la nature ou de l’objet du litige.

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D. L’ADMISSIBILITE DES MODES DE PREUVE


Il faut distinguer selon qu’il s’agit de prouver un acte juridique ou un fait juridique.

1. La preuve des actes juridiques


La preuve des actes juridiques est régie par un principe qui est l’absence de la liberté de
preuve, principe comportant des exceptions.

a) Le principe « pas de liberté de preuve » pour les actes juridiques


En principe, la preuve des actes juridiques n’est pas libre, les seuls modes de preuves admis
étant les suivants :
 L’écrit authentique ou sous-seing privé,
 L’aveu judiciaire (écrit ou non),
 L’aveu extra-judiciaire écrit,
 Le serment décisoire.
Ces quatre modes de preuve sont considérés comme des modes de preuve parfaits.

b) Les exceptions au principe


Par exception, la preuve des actes juridiques est libre, c’est à dire possible pour tous moyens
de preuve dans les cas suivants :
 Les actes juridiques dont la valeur n’excède pas un montant fixé par décret (5000 F
pour 2001),
 Les actes juridiques de commerce quel que soit leur montant. Ce sont des actes entre
commerçants pour les besoins de leur commerce,
 Les actes juridiques pour lesquels il existe un commencement de preuve par écrit.
Exemple : un contrat ou une lettre non signé constitue un commencement de preuve
par écrit qui pourra par exemple être complété par des témoignages.
 Les actes juridiques dont les originaux n’ont pas été conservés et pour lesquels il existe
des copies fidèles et durables,
 Les actes juridiques pour lesquels il a été matériellement ou moralement impossible de
se procurer une preuve écrite,
 Les actes juridiques dont on a perdu la preuve écrite par suite d’un cas fortuit ou d’un
cas de force majeure.

Mais la loi est beaucoup plus souple quant à la preuve des faits juridiques.

2. La preuve des faits juridiques


Elle est régie par le principe de liberté de preuve, assorti d’exceptions.

a) Le principe de la liberté de preuve


En principe la preuve des faits juridiques est libre, c’est à dire possible pour tous moyens de
preuve (écrit, témoignage, aveu, serment, présomptions, etc.).

b) Les exceptions au principe


En effet, pour certains faits juridiques, la loi exige un mode de preuve déterminé.
Exemple : la preuve de filiation ne peut être faite que par l’un des moyens suivants :
 Les actes de naissance inscrits au registre de l’état civil,
 La possession d’état,
 Les présomptions légales ou de fait.

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