Pic Petrolier

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Pic pétrolier 1

Pic pétrolier
Un pic pétrolier désigne le sommet de la courbe qui caractérise la production pétrolière d'un puits ou d'un champ
pétrolier ; par extension le « pic pétrolier mondial » (abrégé en Peak Oil en anglais) désigne le moment où la
production mondiale de pétrole plafonnera puis commencera à décliner du fait de l'épuisement des réserves de
pétrole exploitables.
Le géologue Marion King Hubbert avait, dans les années 1950, pronostiqué avec succès pour certains[1] ,[2] mais pas
pour d'autres[3] le pic de la production de pétrole américaine (cf. le Pic de Hubbert).
À la fin des années 1990 plusieurs professionnels du monde du pétrole, fondateurs de ASPO, s'appuyant notamment
sur les travaux de Hubbert, constatent que les réserves des gisements découverts chaque année depuis les années
1970 représentent un volume de pétrole inférieur à la production annuelle. Extrapolant la date à laquelle la
production mondiale de pétrole déclinerait, ils tentet d'alerter responsables politiques et pouvoirs publics sur la
survenue prochaine du pic pétrolier mondial. La majorité des acteurs du secteur, notamment les compagnies
pétrolières et l'AIE, ont réfuté le phénomène en argumentant que les avancées techniques permettraient dans le futur
une meilleure récupération du pétrole des gisements existants et l'exploitation de nouvelles sources d'hydrocarbures
telles que les sables bitumineux ou l'offshore profond. À l'appui de cette thèse, ils soulignent que les réserves de
pétrole disponibles s'étaient jusque là maintenues à quarante fois la consommation annuelle.
La production de pétrole, tirée par la consommation, a augmenté régulièrement au cours des décennies passées. De
1997 à 2007, la consommation annuelle de pétrole a augmenté de 12 %. Elle est passée de 3480 à 3906 millions de
tonnes (soit de 72,2 à 81,5 millions de barils par jour)[4] , [5] . L'envolée du prix du pétrole en 2008 interrompue par la
crise économique a contribué à un revirement d'une fraction significative des spécialistes et dirigeants du secteur
pétrolier. Ceux-ci reconnaissent que le déclin de la production de pétrole est un phénomène inéluctable.
En revanche, les avis divergent fortement sur la date du pic. En effet celle-ci dépend de nombreux facteurs, dont
certains ne peuvent être qu'extrapolés (coût de l'énergie, progrès techniques, mise en production des nouveaux
gisements), tandis que d'autres sont tenus cachés par certains des acteurs (réserves pétrolières non évaluables du
Moyen-Orient). Les spécialistes les plus optimistes situent le pic pétrolier entre 2020 et 2040 ; à l'inverse, les tenants
de la théorie du Pic l'ont situé plutôt dès 2010 ou ont annoncé que la date avait déjà été franchie. Ils font valoir que le
déclin des gisements de pétrole conventionnel est plus avancé que ce qui est officiellement annoncé et que la mise en
production du pétrole non-conventionnel (sables bitumineux), qui supplée dès maintenant le pétrole conventionnel,
se fera plus lentement que prévu et portera sur des volumes annuels qui resteront limités. L'AIE, qui a longtemps nié
le sujet, a déclaré en 2009 que le pic viendra peut-être vers 2020 mais qu'il pourrait aussi intervenir en 2010 si la
demande mondiale dépasse l'offre.

Définitions

Pic pétrolier
Le pic pétrolier d'un gisement (par exemple le gisement de la mer du Nord) est atteint lorsque la production de
pétrole extrait de celui-ci commence à diminuer après avoir atteint son niveau maximum. Par extension le pic
pétrolier mondial sera atteint lorsque la production mondiale de pétrole commencera à décliner.
Les principes généraux qui sous-tendent l'existence d'un pic pétrolier mondial sont les suivants :
• Le pétrole est une ressource limitée, qui ne se renouvelle qu'à une échelle de temps géologique. Il est le produit de
la décomposition de matière organique qui s'est accumulée puis transformée sous de fortes pressions sur des
périodes s'étalant sur plusieurs millions d'années.
• L'homme a prospecté une grande partie de la planète et les découvertes de nouveaux gisements, y compris de
pétrole non conventionnel, deviennent rares. Les dernières grandes découvertes remontent aux années 1970
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(Alaska, mer du Nord). Depuis des découvertes continuent à être faites mais elles portent sur des volumes
beaucoup plus faibles, inférieurs à la production depuis le début des années 1990.
• Le pétrole non conventionnel, malgré les énormes réserves disponibles (schistes bitumineux, pétrole extra-lourds,
clathrates), ne pourra pas prendre le relais du pétrole car la capacité de production même à long terme est limitée
par plusieurs facteurs : investissements nécessaires, volume des entrants nécessaires (dont énergie), complexité
des processus de transformation.

Pic de la demande pétrolière


A l'opposé du pic de l'offre ci-dessus, les organismes spécialisés (OPEP, EIA, IEA) considèrent en 2010 que le
marché se caractérise par un pic de la demande, c'est-à-dire que la consommation va baisser avant que puisse se
produire une faiblesse de la production. En effet, l'augmentation brutale du prix du baril constatée en 2008 (147
USD/bbl), les préoccupations environnementales et la volonté d'une majorité de consommateurs d'utiliser des
automobiles moins consommatrices (la Toyota Prius fut la voiture la plus vendue au Japon en 2009) contribuent à
faire chuter la demande. L'intensité énergétique, qui mesure la quantité d'énergie consommée par unité de PIB, est en
baisse sur le long terme ; en ce qui concerne le pétrole seul, cet indice chute de 2% par an depuis une dizaine
d'années, et la demande en pétrole des pays européens stagne depuis les années 1980[6] .
Tony Hayward, président de BP, confirme cette approche en considérant que les pays développés ont franchi leur pic
de demande pétrolière en 2007[7] .

Allure du pic
Il ne semble pas certain que les évènements suivent une courbe régulière (montée, sommet, descente). Plusieurs
spécialistes (cf. paragraphe 8.8) parlent d'un plateau dont les irrégularités (reprises et récessions successives) peuvent
rendre difficile toute appréciation et donc toute datation précise d'un « pic ».

Pics différenciés
Le pétrole conventionnel classique (le plus facile à extraire) pourrait avoir atteint un sommet en 2005. Le déficit a
été comblé par un pétrole plus couteux à extraire, provenant principalement de gisements en eau profonde et de
l’exploitation des sables bitumineux canadiens. Il est plus difficile d’évaluer les pétroles non conventionnels, qui
incluent les sables bitumineux et le pétrole lourd, le pétrole en eau profonde, celui des régions polaires et les liquides
à base de gaz naturel, mais le pic "toutes catégories" pourrait avoir été atteint en 2008.[8]
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Cycle de vie de l'exploitation d'un gisement de pétrole et pic pétrolier


La durée du cycle de vie d'un gisement de pétrole
donné est très variable. Dans tous les cas il s'étale sur
plusieurs décennies à partir de l'année de la première
découverte.
La mise en production d'un nouveau gisement de
pétrole intervient après un intervalle de temps compris
entre quelques années et quelques décennies après sa
découverte. Ce délai peut être particulièrement long si
son exploitation nécessite l'apparition de techniques
nouvelles comme ce fut le cas du pétrole issu de
l'offshore profond. Aujourd'hui ce délai est également
lié à la nécessité de construire des infrastructures
lourdes et coûteuses car les gisements découverts
récemment sont souvent situés dans des zones
difficiles d'accès (offshore profond, Sibérie,…),
nécessitent d'énormes installations pour l'extraire
(plateformes offshore, pipelines, installations spéciales
pour les sables bitumineux...) et pour le rendre
commercialisable (raffineries spécialisées pour les
pétroles lourds, installations de transformation pour
les sables bitumineux…).

La production de pétrole d'un gisement, elle-même


L'extraction d'un gisement se produit en plusieurs phases.
s'étale généralement sur plusieurs décennies : les
premiers puits des gisements de la mer du Nord sont
entrés en production en 1970 et la dernière goutte de pétrole devrait jaillir vers 2050. Le volume de pétrole produit
au cours du temps peut être représenté par une courbe en forme de cloche. Entre le début et l'arrêt de la production,
la production passe par un maximum qui correspond à peu près au moment où la moitié du pétrole a été extrait. La
phase de déclin est beaucoup plus longue que la durée écoulée entre la mise en production du gisement et son pic.
Au début de la production, le pétrole jaillit spontanément du puits (technique de récupération dite primaire utilisée
pour environ 40% de la production[9] ). Dans une deuxième phase, il faut forcer le pétrole à jaillir en introduisant de
l'eau ou du gaz (technique de récupération secondaire utilisée pour moins de 60% de la production) ce qui nécessite
une dépense en énergie croissante. En dernier ressort des techniques encore plus coûteuses comme l'injection de
vapeur chaude pour augmenter la fluidité du pétrole peuvent être dans certains cas utilisées (technique de
récupération tertiaire utilisée pour moins de 2 % de la production). La production est arrêtée lorsque l'énergie
nécessaire pour extraire un litre de pétrole dépasse celle contenue dans ce même litre en tenant compte des autres
coûts d'exploitation (maintenance, coûts humains, transport). Durant la phase de déclin, la production décroît à un
rythme qui dépend de la géologie du gisement et des méthodes d'extraction utilisées : la moyenne est de 4% (soit 25
ans pour épuiser le gisement après son pic) mais le déclin constaté est semble-t-il beaucoup plus rapide sur les
gisements exploités récemment du fait des techniques mise en œuvre. Lorsque la production est arrêtée, il peut rester
de 15 à 99 % de pétrole (en moyenne 65 %[10] ) en place dans le gisement, non récupéré.
On peut tenter d'accélérer la récupération du pétrole avec des techniques coûteuses comme le forage horizontal mais
celles-ci semblent réduire le taux de récupération.
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Principaux jalons de l'exploitation de quelques gisements


Gisement pétrolier Découverte Mise en production Pic Fin de production
estimée

Mer du Nord 1960 1971 1999 vers 2050?

Cantarell (Mexique) 1977 1979 2003 2020?

Texas oriental 1930 1930 1993 vers 2010 ?

Taux de récupération
Le taux de récupération d'un gisement, c'est-à-dire le rapport entre le pétrole contenu dans le gisement et ce qui peut
être effectivement extrait dans des conditions économiques viables, dépend à la fois de la configuration géologique
du gisement et des techniques de récupération employées. Une des explications fournie par les « optimistes » sur la
bonne tenue des réserves malgré la faiblesse des découvertes durant ces dernières décennies est que l'évolution de la
technique a permis d'améliorer constamment le taux de récupération. Ce taux serait ainsi passé en une cinquantaine
d'années de 20 % à 35 %. Les « pessimistes » indiquent que les techniques qui font leur preuve existaient déjà il y a
longtemps et que l'amélioration des techniques de récupération n'a fait progresser le taux de récupération que de
manière marginale et sur un nombre de gisements restreint.

Énergie retournée sur énergie investie (EROEI)/ Retour énergétique de l'énergie (REE)
La production de pétrole conventionnel nécessite de l’énergie durant une grande partie du cycle de vie de
l'exploitation d'un gisement. Lorsque celui-ci arrive en fin de vie, l'énergie nécessaire pour extraire un litre de pétrole
finit par dépasser celle contenue dans ce même litre : le rapport énergie retournée sur énergie investie est inférieur à
1 (abrégé en anglais en EROEI ou EORI Energy Returned On Energy Invested). Le gisement n’est alors plus une
source mais un puits d'énergie et son exploitation pour le pétrole-énergie n'est plus rentable. (par contre elle peut
l'être en cas de forte pénurie pour le produit-matière première si le prix des produits dérivés croit fortement).
Le pétrole non-conventionnel nécessite beaucoup d'énergie : pour pouvoir l'extraire (pétroles lourds), le fabriquer
(éthanol, pétrole obtenu à partir du gaz ou du charbon), pour le rendre utilisable (schistes bitumineux, pétroles
lourds). La valeur du coefficient EROI joue un rôle critique pour déterminer si la mise en exploitation du gisement
est économiquement viable. Ce coefficient est notamment au centre des débats sur l'éthanol produit à partir du maïs
car sa valeur s'établit, en fonction des sources scientifiques, entre 1,3 et 0,7 (puits d'énergie).
Les projections statistiques de production de pétrole non-conventionnel devraient fournir des volumes de production
net de l'énergie consommée dans la mesure où cette dernière provient de ressources elles-mêmes non renouvelables
(gaz naturel pour les sables bitumineux du Canada).

EROEI de quelques sources de pétrole


Source pétrole Localisation/période EROEI Commentaires

Pétrole États-Unis (1970) 100 Gisements importants, installations à terre, extraction de type primaire ou
secondaire

Pétrole États-Unis (2005) 15 Gisements plus petits, offshore profond, extraction de type tertiaire, arctique

Sables Canada 3 ==> Bitume


bitumineux

Sables Canada 1,5 ==> Syncrude (carburant synthétique)


bitumineux

Biomasse à partir de la canne à sucre 7à8


(Brésil)
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Biomasse à partir de céréales (États-Unis) 0,7 à pas de consensus sur l'EROEI


1,3

Charbon Afrique du Sud 3

Les différentes catégories de pétrole


Chaque gisement donne un pétrole dont la composition est différente. Les deux critères principaux qui déterminent
sa valeur économique sont la proportion de carbone et la teneur en soufre. Les pétroles les plus prisés sont les
pétroles légers (faible proportion de carbone) contenant peu de soufre car ils peuvent être transformés à faible coût
en produits de haute valeur (carburants de bonne qualité). À l'autre bout de l'échelle, le pétrole extra-lourd est
difficile à extraire et à transporter (fluidité faible) et la trop faible proportion d'hydrogène requiert des traitements
coûteux et des installations industrielles adaptées pour qu'il soit utilisable. Le condensat est un pétrole
particulièrement léger, à l'état de gaz dans le gisement, et qui se condense (d'où son nom) à l'état liquide une fois
porté à la pression ambiante. De par sa nature, il est constitué de composants mieux valorisés, souvent utilisés en
pétrochimie. Quand il est en faibles quantités, on se contente de l'utiliser pour diluer des pétroles plus lourds.
Ces dernières années, la proportion des pétroles les plus recherchés est en diminution par rapport aux pétroles
atypiques lourds, extra-lourds (sables bitumineux) et aux condensats. La mise sur le marché de ces pétroles est liée
au déclin des ressources en pétrole de qualité (les gisements d'Arabie saoudite mis en production en 2008 fournissent
majoritairement du pétrole lourd ou comportant une proportion de soufre importante).
Certains hydrocarbures sont disponibles en grande quantité dans la nature sous une forme qui n'est pas directement
utilisable : ce sont les schistes bitumineux (un pétrole qui n'a pas achevé sa genèse) et les hydrates de méthane (aussi
appelés clathrates) qui sont des ressources comprenant du méthane piégé dans de la glace d'eau. La production
d'hydrocarbures utilisables à partir de ces ressources n'a pas atteint aujourd'hui au stade industriel mais certaines
prévisions les incluent dans les réserves ou dans les productions futures.
À côté de ces pétroles naturels, on trouve des pétroles synthétiques réalisés à partir de la biomasse (maïs, canne à
sucre…), du charbon ou du gaz grâce à des processus industriels nécessitant beaucoup d'énergie et généralement très
polluants. Les hydrocarbures produits ainsi représentent une faible part de la production mondiale.
Toutes ces ressources, lorsqu'elles sont évaluées globalement, sont désignées dans les statistiques sous l'appellation «
tous liquides ».

État des réserves pétrolières


L'estimation de la date du pic pétrolier repose sur la connaissance des réserves de pétrole identifiées dans le sous-sol
et accessibles. Or le volume de ces réserves déclarées par les pays producteurs et les compagnies pétrolières
internationales s'est maintenu jusqu'à ces dernières années à un volume représentant environ 40 ans de la production
annuelle : cette évolution, qui semble contredire la raréfaction des découvertes, est utilisée par les « optimistes » qui
mettent en avant que l'évolution des techniques permettra de compenser l'épuisement des gisements et de repousser
régulièrement l'échéance du pic pétrolier.
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Le coefficient volume des réserves/production annuelle (R/P) semble constant depuis 3


décennies (chiffres EIA)
Année Réserves de pétrole Production Nombre d'années
(R) (P) de
Mds barils Mds barils production (R/P)

1987 910,2 22 41

1997 1069,3 26 41

2007 1237,9 30 41

Si l'estimation du nombre d'années de production actuelle tient compte de l'accélération prévue de la consommation
mondiale, malgré des réserves estimées à 1258 Mds de barils en 2008, elle baisse donc à 35 ans, voire moins.
Selon le géologue D. Laherrère, cette représentation de l'évolution des réserves est fausse car le volume des réserves
déclaré n'est généralement pas le reflet de la réalité géologique mais répond d'abord à des considérations financières,
réglementaires et politiques ; celles-ci ont conduit au moment de la découverte des principaux gisements, il y a
plusieurs dizaines d'années, à sous-déclarer le potentiel des gisements et de nos jours, dans un contexte différent,
favorisent plutôt des déclarations surévaluées tablant sur des taux de récupération peu réalistes sur les gisements
anciens et des volumes trop importants sur les découvertes. Les milieux pétroliers n'ont normalisé que récemment les
méthodes d'évaluation des réserves contenues dans les gisements. Certains producteurs entretiennent volontairement
la confusion sur la nature de pétrole contenu dans leurs réserves. Selon le cas, ceux-ci intègrent ou pas le pétrole non
conventionnel alors que sa récupération suppose des avancées techniques incertaines à ce jour avec un bilan
énergétique pouvant être nul ou négatif.
Ces différentes problématiques aboutissent à des estimations fortement divergentes sur les réserves restantes. Si les
spécialistes sont d'accord sur le pétrole déjà extrait (environ 1000 milliards de barils), l'estimation du pétrole
conventionnel réalisée par 3 fournisseurs d'informations pétrolières cités par D. Laherrère s'échelonnait fin 2006
entre 1144 et 1317 milliards de barils. [11]
Suite à son nouveau rapport établi en 2009, l'AIE estime, par la voix de son chef économiste Dr Fatih Birol au
quotidien The Independant[12] , que les réserves de pétrole se vident à une vitesse nettement supérieure aux
prévisions antérieures. D'après l'AIE, c'est la première fois qu'une telle étude, large, précise et détaillée, est menée,
car les précédents rapports ne se fondaient que sur des hypothèses. Ces données sont incluses dans le World Energy
Outlook 2009, dont la parution est fixée le 10 novembre 2009[13] . L'Agence reconnaît de ce fait avoir nettement
sous-estimé la baisse de production des champs pétrolifères : elle est révisée à 6,7 % par an en 2009, au lieu de 3,7 %
en 2008[14] . Elle conteste les surestimations de réserve des pays producteurs ; les trois-quarts des sites d'extraction
pétrolière auraient déjà dépassé leur maximum de capacité. Ainsi, plutôt que vingt ans de réserves suffisantes, la
demande à l'échelle planétaire n'aurait plus que dix ans d'approvisionnement adéquat.

Les méthodes d'évaluation des réserves


L’estimation des réserves disponibles d'un gisement est faite initialement lors de sa découverte : il s’agit au départ
d'une estimation de géologues et d’ingénieurs. Ces réserves sont les réserves initiales, celles sur lesquelles on se
base pour calculer le prix de vente du gisement, l’investissement nécessaire pour sa mise en exploitation, la valeur
d’une entreprise. Ce premier type d'estimation est assez peu fiable, non en raison de l'avancement de la science, mais
en raison des enjeux financiers : ainsi, en 1988, lors de la découverte du champ pétrolifère de Cusiana, en Colombie,
la compagnie américaine Triton (aujourd'hui Amerada Hess) a estimé son potentiel à 3 milliards de barils, une
quantité importante qui a fait remonter le cours de son action. Mais BP a fait une nouvelle estimation du gisement
après avoir commencé d’extraire le brut à Cusiana : 1,5 milliard de barils. Des experts de l’ASPO pensent que ce
gisement ne dépasse pas 800 millions de barils.
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En partant des données fournies par les géologues qui ont par différents moyens pris la mesure du gisement, on
extrapole différentes valeurs caractérisant les réserves :
• la première, appelée réserves prouvées ou 1P, est la quantité de pétrole qui sera exploitée avec les moyens
actuels avec une probabilité de 90 % ;
• la deuxième, appelée réserves probables ou 2P, est la quantité de pétrole qui sera produite, mais avec une
probabilité de 50 % ;
• la troisième, appelée réserves possibles ou 3P, est la quantité de pétrole très hypothétiquement produite, si le prix
de vente augmente de façon à absorber les coûts d'extraction qui seront très élevés, avec une probabilité de 10 %.
Au cours du cycle de vie du gisement, ces différentes valeurs sont régulièrement actualisées : des réserves probables
deviennent des réserves prouvées, les informations obtenues dans le cadre de l'exploitation ou d'explorations
complémentaires donnent lieu à des révisions à la hausse ou à la baisse de ces différentes valeurs, etc.
Ainsi, pour l'Algérie, on a 1P égal à 1,7 milliard de tonnes, 2P évalué à 6,9 milliards de tonnes et 3P estimé à 16,3
milliards de tonnes (données publiées par l'United States Geology Survey, dont la mission est d'informer le ministère
de l'Intérieur états-unien). Ces probabilités de découverte servent à juger de l'assise financière d'un pays ; mais les
gouvernements comme les banques utilisent en général une valeur médiane des trois, soit 7,7 milliards de barils, qui
a moins d'une chance sur deux d'être finalement découverte.

Des déclarations de réserve non normalisées


Les pays producteurs ou les compagnies pétrolières internationales ne déclarent généralement qu'une partie des
informations dont elles disposent sur leurs réserves :
• Les compagnies pétrolières cotées aux États-Unis, pour se conformer aux préconisations boursières, déclarent des
réserves de pétrole qui correspondent en fait aux seules réserves prouvées en cours d'exploitation (1P). Aussi ces
réserves croissent régulièrement en l'absence de découverte de nouveaux gisements, puisque viennent
progressivement s'y ajouter les réserves probables 2P au fur et à mesure de l'avancement de la production. Ce
phénomène explique en grande partie le maintien des réserves à un niveau stable durant ces dernières décennies.
• La majorité des producteurs hors OPEP et US fournissent comme volume de réserves les réserves prouvées et
probables (1P+2P), ce qui se rapproche le plus de ce qui sera effectivement produit.
• Les membres de l'OPEP déclarent également officiellement leurs réserves prouvées (1P). La forte croissance de
ces réserves serait due, selon le géologue Laherrère, à l'incorporation progressive des réserves probables dans les
réserves déclarées sans que le changement de mode de déclaration soit annoncé.
• La Russie (et l'Inde) déclarent la somme des réserves prouvées, probables et possibles (1P+2P+3P) ce qui conduit
généralement à une surestimation de ce qui pourra être effectivement extrait.
• Le Venezuela, inclut dans ses réserves une partie des pétroles non conventionnels (bitumes) de l'Orénoque dont la
production ne sera peut être jamais économiquement viable.
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Réserves officielles et réserves techniques


Le volume des réserves est devenu un sujet extrêmement sensible pour
les pays producteurs de pétrole : ainsi une loi votée en 2002 par la
Douma russe, punit toute personne ayant divulgué des informations sur
les réserves de gaz et de pétrole russe d'une peine pouvant aller jusqu'à
7 ans d'emprisonnement. Les quotas des pays de l'OPEP dépendent des
volumes des réserves ce qui a eu un impact certain sur leurs
déclarations. La capacité d'emprunt des pays vivant essentiellement du
pétrole est conditionnée par le volume de pétrole restant dans le sol.
Les seuls pays qui acceptent que des experts indépendants vérifient les Les réserves officielles sont très différentes de
chiffres de réserve sont, en 2008, la Norvège, la Grande-Bretagne et les celles déterminées par l'évaluation technique
(source Jean Laherrere)
États-Unis. La manipulation des chiffres est un exercice d'autant plus
facile que les réserves sont désormais détenues à plus de 80 % par des
compagnies nationales.

• En 1970, l’Algérie, probablement sous l'influence russe, a augmenté ses « réserves prouvées », qui jusque-là se
situaient aux alentours de 7-8 milliards de barils, pour les porter à 30 milliards. Deux ans plus tard, ce chiffre
passe à 45 milliards. Puis les volontés politiques changent et, après 1974, le pays retourne à des chiffres inférieurs
à 10 milliards de barils (fait rapporté par Jean Laherrère).
• La Pemex (compagnie d’État du Mexique, qui a le monopole de l'extraction du pétrole dans le pays) a, en
septembre 2002, revu ses réserves à la baisse de 53 %, passant de 26,8 à 12,6 milliards de barils. Peu après, elle
les a relevés sensiblement, à 15,7.
• la société Shell a annoncé le 9 janvier 2004 que 20 % de ses réserves devaient passer de prouvées à possibles
(c'est-à-dire incertaines). Cette annonce a fait chuter le cours de l’action et valut à la société un procès, la valeur
de la société ayant ainsi été frauduleusement surévaluée. Depuis, elle a de nouveau révisé ses réserves trois fois,
les faisant diminuer à 10 133 millions de barils (contre 14 500 millions). Son président, Phil Watts, a dû
démissionner.
• Bien sûr, il existe aussi des exemples où les réserves sont sous-estimées. En 1993, les réserves de la Guinée
équatoriale se limitaient à quelques gisements insignifiants ; l’Oil And Gas Journal les estimait à 12 millions de
barils. Deux gisements géants et plusieurs de taille moindre ont été découverts par la suite, mais la valeur
annoncée resta inchangée jusqu’en 2003. En 2002, le pays avait toujours 12 millions de barils de réserves d’après
le journal, alors qu'il produisit 85 millions de barils dans l'année ! De même, les réserves de l’Angola sont restées
à 5,421 milliards de barils (quatre chiffres significatifs, ce qui donne l’impression d’une très grande précision) de
1994 à 2003, malgré la découverte de 38 nouveaux gisements de plus de 100 millions de barils chacun.

Le cas des producteurs de l'OPEP


Les pays producteurs de l’OPEP ont décidé en 1985 de limiter volontairement leur production totale pour soutenir le
prix du pétrole : chaque membre de l'OPEP avait désormais le droit de produire un pourcentage de cette production
proportionnel au volume de ses réserves. Cette mesure déclencha des réévaluations à la hausse de réserves de
plusieurs producteurs, afin d’obtenir des droits de production supérieurs. La modification des réserves déclarées a
également permis à l'époque à certains de ces producteurs d’obtenir des prêts bancaires plus élevés et de meilleurs
taux. C’est cette dernière raison qui explique l'augmentation en 1983 des réserves estimées de l'Irak, alors en guerre
contre l'Iran. Le tableau des estimations suspectes, détaillé dans l'article Réserves pétrolières#Estimations suspectes
de certains pays de l'OPEP, est résumé dans le tableau suivant.
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Déclarations de réserves avec augmentations suspectes (en milliards de barils) d'après Colin Campbell, SunWorld, 80'-95

Année Abou Dabi Dubaï Iran Irak Koweït Arabie saoudite Venezuela

1980 28,00 1,40 58,00 31,00 65,40 163,35 17,87

1981 29,00 1,40 57,50 30,00 65,90 165,00 17,95

1982 30,60 1,27 57,00 29,70 64,48 164,60 20,30

1983 30,51 1,44 55,31 41,00 64,23 162,40 21,50

1984 30,40 1,44 51,00 43,00 63,90 166,00 24,85

1985 30,50 1,44 48,50 44,50 90,00 169,00 25,85

1986 31,00 1,40 47,88 44,11 89,77 168,80 25,59

1987 31,00 1,35 48,80 47,10 91,92 166,57 25,00

1988 92,21 4,00 92,85 100,00 91,92 166,98 56,30

1989 92,20 4,00 92,85 100,00 91,92 169,97 58,08

1990 92,20 4,00 93,00 100,00 95,00 258,00 59,00

1991 92,20 4,00 93,00 100,00 94,00 258,00 59,00

1992 92,20 4,00 93,00 100,00 94,00 258,00 62,70

2004 92,20 4,00 132,00 115,00 99,00 259,00 78,00

Le total des réserves déclarées par les pays de l'OPEP est de 701 milliards de barils, dont 317,54 paraissent douteux à
certains observateurs.
1. L'évolution des réserves traduit visiblement une surenchère entre
les membres de l'OPEP : le Koweït s'étant attribué 90 milliards de
barils de réserves, Abou Dabi et l'Iran ont répondu avec des chiffres
très légèrement supérieurs, afin de se garantir un quota de
production similaire. L'Irak a répliqué avec un chiffre arrondi à 100.
2. Selon leurs déclarations, les pays producteurs semblent affirmer que
les découvertes de nouveaux gisements remplacent, année après
année, exactement ou presque exactement les quantités produites,
Le Koweit a maintenu la valeur de ses réserves
puisque les réserves disponibles de ces pays ne varient quasiment malgré les destructions opérées par l'armée
pas d'une année sur l'autre. Par exemple, l'Arabie saoudite extrait 3 irakienne sur ses champs pétroliers
milliards de barils par an, on devrait logiquement voir les réserves
diminuer d'autant. De même, Abou Dabi déclare exactement 92,2 milliards de barils depuis 1988, alors qu'en 16
ans, 14 milliards en ont été sortis de terre. Une explication avancée est que les pays du Golfe incluent le pétrole
déjà produit dans les « réserves ».

D'autres faits incitent à une extrême vigilance sur les chiffres officiels des réserves des pays de l'OPEP :
• en janvier 2006, la revue Petroleum Intelligence Weekly a déclaré que les réserves du Koweït étaient en fait égales
à seulement 48 milliards de barils, dont seulement 24 « pleinement prouvés », s’appuyant sur des « fuites » de
documents confidentiels koweïtiens. Il s'agit d'une division par deux du chiffre officiel, ce qui va encore plus
loin que les allégations de l'ASPO. Il n'y a pas eu de démenti formel des autorités koweïtiennes.
• Les réserves revendiquées par le Koweït avant et après la guerre du Golfe sont les mêmes, 94 milliards de barils,
bien que les immenses incendies des puits déclenchés par les forces irakiennes avant de se retirer aient détruit
environ 2 milliards de barils.
Pic pétrolier 10

Les réserves de pétrole non conventionnel


Le pétrole non conventionnel n'est pas inclus officiellement dans les
réserves hormis les sables bitumineux du Canada qui sont désormais
comptabilisés dans certaines statistiques à hauteur d'environ 170
milliards de barils (ce qui représente entre 10 et 20% des réserves
totales selon la valeur retenue pour ces dernières).
Pour les intervenants les plus optimistes, qui s'appuient sur une
approche essentiellement économique, le renchérissement du prix du
pétrole va permettre progressivement d'intégrer dans les réserves le
pétrole non conventionnel, jusque là trop coûteux à produire. L'EIA Réserves disponibles en fonction du coût de
estimait ainsi en 2005 que près de 3000 milliards de barils (schistes production selon l'EIA (2005) : la montée du coût
du baril donnera accès à d'énormes réserves selon
bitumineux + sables bitumineux + récupération tertiaire) rejoindraient
cet organisme faisant partie du clan des «
les réserves dans les décennies à venir (cf. schéma). optimistes »

Les nouvelles sources de pétrole


Les nouvelles découvertes de pétrole dit conventionnel vont en se raréfiant. Aujourd'hui les champs pétroliers
découverts sont généralement situés dans les zones les plus difficiles d'accès et sont de taille de plus en plus réduite;
le pétrole fourni par ces gisements est coûteux à produire. Compte tenu de la raréfaction des découvertes, beaucoup
d'espoirs sont placés dans des sources, qui n'avaient jusqu'à présent pas été retenues parce que beaucoup plus
coûteuses et qui sont regroupées sous l'appellation de pétrole non conventionnel : sous cette appellation sont
regroupés le pétrole ultra-lourd nécessitant des traitements complexes, le pétrole synthétique fabriqué à partir de la
biomasse, du gaz ou du charbon ainsi que les schistes bitumineux. La production de pétrole non conventionnel
représente aujourd'hui une très faible proportion de la production totale (moins de 4%) et les prévisions les plus
optimistes situent sa part à long terme (2030) entre 10 et 20%.

Le pétrole conventionnel
Le pétrole conventionnel (95 % de ce qui a été exploité jusqu’ici) est
défini comme étant « le pétrole qui peut être produit dans des
conditions techniques et économiques satisfaisantes ».
Traditionnellement on fait rentrer dans cette définition assez vague les
pétroles extraits depuis les terres émergées en (excluant les pétroles
atypiques (condensats, sables bitumineux...) et la récupération tertiaire
sur les gisements de pétrole conventionnel...) et les pétroles extraits Le volume des découvertes de pétrole
depuis des plateformes en mer (offshore) lorsque la profondeur est conventionnel (inclut l'offshore profond et le
pétrole arctique) décroît depuis les années 1970.
inférieure à 500 mètres. Grâce aux progrès techniques qui ont rendu
leur production économiquement rentable on y inclut désormais
également le pétrole en provenance de l'offshore profond et celui issu des régions arctiques.

Les découvertes de gisements pétroliers conventionnels ont atteint un pic dans les années 1960 : depuis cette date le
volume de pétrole découvert chaque année est, en moyenne lissée, décroissant. Il est passé en dessous de celui de la
production annuelle au début des années 1980. Ces dernières années on ne découvre plus qu'un baril de pétrole
conventionnel pour 3 consommés.
Pic pétrolier 11

Le pétrole « subconventionnel »

Ce terme utilisé par le géologue Alain Pérrodon regroupe le pétrole


dont la production est devenu économiquement viable depuis quelques
années :
• le pétrole extrait de gisements en « offshore profond » situés en mer
jusqu'à 3000 mètres de profondeur sont désormais exploitables
grâce à la mise au point d'installations de production sous-marines
automatisées. Les principaux gisements de ce type sont situés au
large de l'Angola, du golfe du Mexique, du Nigéria et du Brésil. Évolution de la production du pétrole offshore
Une estimation datant de 2004 table sur un pic de production en ultra-profond selon l'ASPO (avril 2007)
2012 avec un volume 6 millions de barils par jour (7% de la
production quotidienne mondiale actuelle)[15] .
• le pétrole issu de gisements dit « polaires » situés dans l'océan Arctique ou sur son pourtour dont l'exploitation est
rendue difficile par la menace des icebergs et les conditions climatiques extrêmes. Le plus gros gisement de cette
catégorie situé en Alaska est en exploitation depuis deux décennies mais est en voie de déclin rapide. Le potentiel
global de cette région serait selon l'avis de la plupart des géologues faible. Les conditions de production
constituent un challenge technique difficile à relever car contrairement à l'Alaska, la production devra être réalisée
en offshore dans des mers envahies par les glaces. Bien que les ressources de l'Antarctique soient protégées par
traité, il est probable que la pression de la demande contribuera à assouplir cette position auquel cas le pétrole
produit relèverait de la même catégorie que le pétrole arctique. Mais là également les géologues estiment que les
réserves sont limitées.
La complexité technique de l'extraction du pétrole subconventionnel nécessite des moyens financiers et techniques
gigantesques. L'entrée en production de certains de ces gisements pourrait être plus tardive que prévue et donc ne pas
assurer la relève partielle du pétrole conventionnel avant le pic pétrolier mondial. La rentabilité de ces gisements
peut être également mise en doute : un économiste mentionnait que la rentabilité de la production du grand gisement
découvert par le Brésil en 2008 nécessitait un pétrole à au moins 240 $ le baril.[16]

Le pétrole non conventionnel


Le pétrole non-conventionnel rassemble tous les pétroles qui ne sont
pas produits par les techniques classiques de forage. Pour pouvoir être
viable la production du pétrole non conventionnel doit faire face à
plusieurs contraintes : coût, bilan énergétique négatif, dégâts
écologiques, utilisation de ressources critiques (céréales). Ce type de
pétrole représente une part croissante de la production de pétrole (de
l'ordre de 10% actuellement[17] ,[18] ) et est amené à prendre en partie
le relais du pétrole conventionnel dans les années qui viennent.
L'apport passé et futur des différentes régions
Toutefois, certains experts estiment que les quantités de pétrole
pétrolières et des pétroles non conventionnels
non-conventionnel produites seront toujours secondaires, car la selon l'ASPO (schéma datant de 2004)
production de ce pétrole restera toujours très coûteuse, lente (car
nécessitant beaucoup de capitaux) et elle consomme beaucoup d'énergie en entrée. L'extraction et le traitement va
accroître dans des proportions considérables le CO2 produit par les activités humaines.
Pic pétrolier 12

Les pétroles non conventionnels occupent une place modeste dans les prévisions même à long
terme
[19]
Prévisions fin 2007 de l'agence de l'énergie américaine (EIA)

Source du pétrole Production de pétrole non conventionnel dans le scénario prix du pétrole élevé
hors condensats et récupération tertiaire (chiffres en millions de barils par jour)

2006 2010 2015 2020 2025 2030 commentaires

Biomasse 0,6 1,3 2,1 3 3,7 4,2 En 2030 Brésil 1,5 Mb. (canne à sucre) États-Unis 1,2
Mb.(maïs)

Sables bitumineux 1,2 2 4,1 6,1 7,5 8,7 Canada

Pétrole extra-lourd 0,6 0,9 1,2 1,6 1,9 2,3 Vénézuela

Pétrole synthétisé à partir du 0,1 0,2 0,4 0,8 1,5 2,7 En 2030 États-Unis 1,2 Mb., Afrique du Sud 0,7 Mb., Chine 0,5
charbon Mb.

Pétrole synthétisé à partir du gaz 0 0,1 0,4 0,6 0,7 0,7 En 2030 Qatar 0,4 Mb., Afrique du Sud 0,1 Mb.

Schistes bitumineux 0 0 0 0 0,1 0,2

Production totale de pétrole 84,2 88,7 89,7 91,7 95,2 99,3

% de la production totale 3% 4,2% 9,4% 13,4% 16,4% 19%

Le pétrole extra-lourd
Le pétrole extra-lourd est un pétrole qui a été dégradé par des bactéries et qui est constitué de molécules
d'hydrocarbures très lourdes où prédominent le carbone. Très visqueux, son extraction est difficile, coûteuse en
énergie. Sa transformation en sous-produits utilisables (carburant…) nécessite la mise en œuvre de procédés
industriels également coûteux et consommateurs d'énergie. On trouve des gisements de pétrole extra-lourds un peu
partout sur la planète avec des volumes considérables. Les gisements les plus importants sont situés au Venezuela et
au Canada. La production tournait en 2007 aux alentours de 1,5 million de barils /jours (moins de 2% de la
production mondiale de pétrole).

Les sables bitumineux du Canada

Le site de sables bitumineux le plus important est situé au Canada (aux


bord du lac Athabasca dans l'Alberta) . Le pétrole contenu dans ces
champs se présente sous forme de bitume, qu'il est possible de
transformer en carburant. Les réserves sont estimées sur la base
d'hypothèses plutôt conservatrices à 180 milliards de barils (plus de
15% des réserves mondiales de pétrole).

La production à partir du gisement de l'Alberta est en plein essor et a


atteint 1 million de barils par jour en 2007. La production visée est de 2
millions de barils/jour en 2010 et de 4 millions en 2020. Mais le Le gisement de sables bitumineux de l'Alberta est
procédé nécessite une grande quantité de gaz, environ 30 m³ par baril entré dans une phase d'exploitation à grande
produit. Pour atteindre les objectifs de 2020, il faudrait utiliser la échelle

totalité de la production de gaz canadien actuelle (au détriment de la


consommation industrielle et domestique) alors que les gisements canadiens sont aujourd'hui en déclin et que les
réserves seront épuisées d'ici 8 ans. Il est envisagé de faire venir du gaz de l'Alaska mais on se heurte à des
problèmes de coûts (construction du gazoduc) et le gisement de gaz qui serait utilisé ne permettrait de traiter que 3
Pic pétrolier 13

millions de barils par jour. Il est également envisagé de construire une dizaine de centrales nucléaires pour suppléer à
la pénurie de gaz, mais une fois la décision prise il faudrait attendre au moins une décennie avant que ces centrales
deviennent opérationnelles[20] .

Le pétrole extra-lourd du Venezuela


Le deuxième grand gisement de pétrole extra-lourd est situé dans le bassin de l'Orénoque. Le pétrole exploité au
Venezuela est moins dense que celui du Canada. En 2005 il était produit environ 0,5 million de barils/jour. Mais la
situation perturbée du pays freine l'exploitation de ces gisements qui nécessitent beaucoup de capitaux et des
capacités techniques (raffinage...) disponibles essentiellement en Amérique du Nord.

Réserves et perspectives
Selon P.R. Bauquis[21] , en partant de l'hypothèse que les problèmes d'énergie nécessaires en entrée et d'émission de
CO2 soient résolus (utilisation de l'énergie nucléaire,...), les réserves exploitables pour ces deux pays se situeraient
aux alentours de 600 milliards de barils distribués à égalité entre ces deux pays. Toujours selon le même auteur, la
production totale de pétrole à partir de ce type de gisement pourrait atteindre 6 millions de barils/jour en 2020 (8%
de la production actuelle) et 10 millions de barils/jour en 2050 avec la montée en puissance à cette date de nouveaux
producteurs comme la Russie et la Chine.

Les schistes bitumineux

Les schistes bitumineux contiennent du kérogène, un précurseur du


pétrole qui n'a pas achevé le cycle qui transforme la matière organique
en pétrole. Le kérogène peut être converti en pétrole par pyrolyse. Mais
les tentatives pour exploiter ces réserves, qui remontent à plus d'un
siècle, restent aujourd'hui à l'état d'expériences pilotes. Le seul emploi
à l'échelle industrielle est l'utilisation en tant que combustible dans les
centrales thermiques (70 % de la production mondiale en Estonie).[22]
Historique extraction des schistes bitumineux
(1880-2000)
Des procédés d'extraction encore expérimentaux

Les procédés d'extraction et de transformation en pétrole expérimentés


aujourd'hui sont confrontés à des problématiques de EOREI (rapport
énergie utilisée/énergie récupérée), pollution et utilisation intensive des
ressources hydriques. Le procédé le plus connu, mis en œuvre par la
compagnie Shell dans le Colorado, en donne un bon aperçu :
C'est un processus in situ c'est-à-dire que les schistes bitumineux sont
Le site expérimental de transformation des
transformés en pétrole dans le gisement sans être extraits ce qui permet
schistes bitumineux en pétrole in situ de Shell
de récupérer une plus forte proportion des réserves en place. On dans le Colorado
commence par isoler le gisement des eaux souterraines environnantes
en l'entourant d'un mur de glace créé en forant sur la circonférence du gisement des puits profonds de 610 mètres
tous les 2 mètres dans lesquels on fait circuler un liquide réfrigérant qui fait descendre la température du sous-sol à
-50°C. Dans le périmètre ainsi circonscrit on fore des puits tous les 12 mètres dans lesquels sont insérés des systèmes
de chauffage qui portent la température des schistes à 340°C : celui-ci se transforme alors lentement en pétrole et en
gaz. Ce chauffage doit être maintenu durant environ 4 ans. À l'issue de cette période le pétrole et le gaz sont pompés.
Selon Shell le processus a un EOREI compris entre 3 et 4[23] .
Pic pétrolier 14

Réserves et perspectives
Les réserves mondiales de schiste bitumineux sont estimées à 2600 milliards de barils de pétrole potentiellement
exploitables (2 fois les réserves de pétrole conventionnel), dont la moitié aux États-Unis[24] .
Selon P.R. Bauquis la production de pétrole à partir de schiste bitumineux ne pourra fournir de volumes significatifs
qu'après 2020 avec une production de 5 millions de barils en 2050 en ayant sans doute recours à l'énergie nucléaire et
si les hypothèques environnementales ont pu être levées.[25]

Les pétroles synthétiques

Les agrocarburants

Les agrocarburants tels que le biodiesel et le bioéthanol sont produits à


partir de la biomasse (déchets, céréales). On parle aussi de
biocarburants, comprendre des carburants issus de productions
vivantes. En 2007, 22 millions de tonnes de biodiesel et de bioéthanol
ont été produites essentiellement par les États-Unis (12 Mt) et le Brésil
(11Mt)[26] . La brutale accélération de la production d'agrocarburants
aux États-Unis à partir du maïs a contribué à faire flamber le cours
mondial des céréales et a prouvé que la contribution de cette filière
comportait des risques pour la production alimentaire mondiale et Usine de fabrication d'éthanol dans l'Iowa
l'accès alimentaire des plus pauvres (au Brésil, la production d'éthanol (États-Unis)

utilise des résidus de cannes à sucre et n'entre pas en compétition avec


la filière alimentaire). De plus, la production en masse d'agrocarburants est accusée de contribuer à l'accentuation de
la destruction des forêts tropicales, de porter atteinte à la biodiversité comme à la qualité des sols et des eaux du fait
d'une monoculture intensive et de l'usage d'intrants agro-chimiques.

La transformation du charbon et du gaz naturel


La charbon et le gaz naturel peuvent être transformés par le Procédé Fischer-Tropsch pour fournir des pétroles
synthétiques. L'Afrique du Sud est le principal producteur de cette filière avec 0,16 million de barils/jour produit à
partir du charbon (Coal to Liquid) et 0,045 à partir du gaz (GTL Gaz to Liquid) [27]

La récupération tertiaire sur les gisements de pétrole conventionnel


La récupération tertiaire du pétrole des gisements de pétrole (en anglais E.O.R. Enhanced Oil Recovery) permet
d'augmenter le taux de récupération des gisements existants en utilisant des procédés technologiques variables pour
relancer la production de gisements en déclin. Aujourd'hui la récupération tertiaire est utilisée sur 2% des gisements.
Le principal procédé utilisé aujourd'hui est l'injection de vapeur chaude pour fluidifier le pétrole et permettre sa
migration vers les puits. Les spécialistes « optimistes » placent beaucoup d'espoirs dans l'amélioration des techniques
de récupération tertiaire : les gains espérés font partie intégrante des réserves de pétrole non conventionnel. La bonne
tenue des réserves durant les 3 dernières décennies a en partie été mise au crédit de l'amélioration des techniques de
récupération tertiaire, à tort selon le géologue Laherrère. Selon ce dernier il ne faut pas attendre non plus de gains
significatifs de cette technique dans le futur.
Pic pétrolier 15

Les hydrates de méthane


L'hydrate de méthane est du méthane piégé dans la glace. Cette source d'hydrocarbure est considérée comme
inexploitable avec la technologie actuelle et n'est pas prise en compte dans les prévisions de production
d'hydrocarbure à moyen terme. On le trouve en abondance au fond des océans et dans le pergélisol des régions
continentales les plus froides (Sibérie, Nord du Canada). Les projets pilotes menés entre autres par le Japon se sont
jusqu'à présent révélés infructueux (faible concentration des hydrates). La mise en production pourrait par ailleurs
libérer d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère contribuant à accélérer le réchauffement climatique (le
méthane est 20 fois plus actif que le CO2 dans ce domaine). C'est une source d'hydrocarbure qui reste aujourd'hui
très hypothétique.

Une capacité de production qui a du mal à suivre l'augmentation de la


consommation
La capacité de production est le volume de pétrole que l'ensemble des producteurs peuvent produire en utilisant tous
les puits opérationnels. Jusqu'à récemment les producteurs pris dans leur ensemble (mais en particulier l'Arabie
saoudite) disposaient d'une capacité de production supérieure à ce qui était mis sur le marché ce qui permettait de
faire face aux à-coups de la demande mondiale de pétrole. Cette marge est devenue pratiquement nulle en
2007/2008. Malgré l'existence de réserves représentant plusieurs décennies de consommation la mise en production
des nouveaux gisements n'arrive pas à compenser l'augmentation de la demande et la diminution de la production des
gisements matures :
• La faiblesse du prix du pétrole jusqu'il y a quelques années a entraîné une baisse des investissements de l'industrie
pétrolière qui est difficile à rattraper.
• La mise en production de nouveaux gisements demande aujourd'hui des moyens financiers, techniques et humains
très importants car le pétrole qui subsiste est généralement difficile d'accès et les gisements plus petits nécessitent
de renouveler beaucoup plus souvent les investissements. Malgré la pression de la demande la mise en production
des nouveaux champs est étalée pour pouvoir faire face aux difficultés des projets et mobiliser les investissements
nécessaires.
• Une fois le gisement en exploitation, la capacité de production de certains gisements est limitée par des
contraintes particulièrement fortes (pression environnementale, disponibilité d'entrants) : les sables bitumineux
canadiens représentent aujourd'hui dans les statistiques environ 20% des réserves. Il est prévu que la production
actuelle soit de 3 millions de barils/jour en 2020 (4% de la production actuelle) et 4 millions en 2030.[28]
• Dans de nombreux pays producteurs, le rapport entre les compagnies pétrolières internationales et les pays
producteurs - Venezuela, Russie, Nigeria, Kazakhstan… - s'est fortement détérioré (nationalisations plus ou
moins larvées, révisions des clauses financières) ce qui a ralenti ou bloqué les investissements et les chantiers de
mise en production.
• La relance très forte de l'exploration pétrolière, consécutive à la montée du prix du pétrole entraîne une pénurie de
moyens techniques et humains. La flotte de navires de forage est réservée sur plusieurs années et les chantiers
navals qui fabriquent ce type de bâtiment ont des carnets de commande pleins.[29]
Pic pétrolier 16

Le pic pétrolier des principales régions de production


Si la détermination du pic pétrolier mondial est un exercice difficile compte tenu du nombre de paramètres à prendre
en compte, le pic pétrolier de la production d'un pays donne généralement lieu à moins de polémique (sauf cas
particuliers de certains pays du Moyen-Orient).
En 2008, un grand nombre de nombreux pays producteurs ont déjà franchi le pic de production. Parmi les principaux
on peut citer les États-Unis (1970) (autrefois premier producteur mondial), la Libye (1970)[réf. nécessaire], l’Iran
(1976)[réf. nécessaire], le Royaume-Uni (1999), la Norvège (2000), le Mexique (2005). Début 2008 les seuls pays
producteurs importants (parmi les 30 premiers) qui n'ont pas dépassé le pic pétrolier sont [réf. nécessaire] l'Arabie
saoudite (controversé), le Koweït (controversé), l'Irak, l'Angola, l'Algérie, et le Kazakhstan.
La production des quatre plus grands gisements de pétrole - Ghawar (Arabie saoudite), Cantarell (Mexique), Burgan
(Koweït) et Daqing (Chine) - serait aujourd'hui entrée en phase de déclin.

Principaux pays producteurs de pétrole dans l'ordre décroissant de leurs exportations (en millions de barils/jour)

Pays [31] Part de Date Production Évolution [32]


Production Exportations Réserves 2007
[30] marché pic pétrolier 2008 production
2007 (milliards de barils)
exportation prévue

Arabie saoudite 10,41 8 (est) xx 2008-2014 12 (2009) 264,2

Russie 9,98 7 xx 2007-2015 79,4

Émirats arabes unis 2,92 2,5 (2006) xx 5 (2014) 97,8

Iran 4,44 2,6 xx 1974 5 (2010) 138,4

Venezuela 2,61 2,2 xx 1970 [33]


87

Nigéria 2, 36 2,15 xx 1979 4 (2010) 36,2

Norvège 2,56 2 (est) xx 2001 en déclin 8,2

Koweït 2,63 2,1 xx 2013 101,5

Algérie 2 1,84 (2006) xx 12,3

Mexique 3,48 1,79 (2006) xx 2003 12,2

Irak 2,15 1,6 xx 2018 115

Angola 1,72 1,5 2016 1,7 2 (2010-2016) 9

Libye 1,85 1,5 xx 1970 2 3 (2010-2013) 41,5

Kazakhstan 1,49 1,2 xx 39,8

Quatar 1,20 1,1 (est) xx 2004 27,4

Canada 3,41 1,02 xx [34]


179 (2006)

Azerbaïdjan 0,87 0,7 xx 7

Oman 0,72 0,6 (est) xx 2000 -7% 5,6

Guinée équatoriale 0,36 0,35 (est.) xx 2

Équateur 0,52 0,35 (2006) xx 2004 diminution 4,3

Soudan 0,46 0,32 (2006) xx 1 6,6

Colombie 0,56 0,3 (est) xx -5% 1,5

Argentine 0,70 0,28 xx 0,77 0,76 2,6

Tchad et Cameroun 0,28 0,25 xx >2

Malaisie 0,76 0,25 (est.) xx -13% 5,4


Pic pétrolier 17

Congo 0,22 0,2 xx 4,1

Gabon 0,23 0,2 xx 2

Égypte 0,71 0,2 xx 1987 4,1

Côte d'Ivoire 0,09 0,07 xx

Brésil 2,4 0 0 2,6 12,6

Principaux pays producteurs et importateurs par ordre décroissant de production

États-Unis 6,88 0 0 1971 29,4

Chine 3,74 0 0 15,5

Grande-Bretagne 1,64 0 0 1999 3,6

Inde 1,04 0 0 1997 5,5

Les principaux pays exportateurs


• Arabie saoudite :Selon Matthew Simmons, qui a exercé un rôle d’expert auprès de la Task Force présidée par
Dick Cheney et chargée de définir la politique énergétique des États-Unis , l’Arabie saoudite aurait également
passé son pic en 2004. Pour ce qui concerne le plus grand champ pétrolier de la planète, le gisement de Ghawar,
plusieurs spécialistes estiment qu’il est proche du pic, même si les officiels le contestent. Selon la compagnie
nationale, un certain nombre de petits gisements doivent entrer en production dans les années 2010 et sont censés
officiellement plus que compenser le déclin du gisement géant de Ghawar. La très forte croissance de la
consommation intérieure contribue à diminuer rapidement la part des exportations.
• Russie : L'URSS a atteint un premier pic de production en 1984 à
11,2 millions de barils/jour. La production s'est effondrée à la suite
de l'éclatement de l'Union soviétique à 6 millions de barils en 1995
puis a commencé à remonter en Russie à compter de cette date (en
parallèle la production dans d'anciennes républiques soviétiques
s'est fortement développée). En 2007 elle semble plafonner à la
valeur de 9,8 millions de barils/jours. Les réserves en Russie sont
estimées début 2008 selon les auteurs entre 70 et 170 milliards de
barils[35] . La fourchette basse conduit à un pic de production
imminent tandis que si la valeur moyenne est retenue, la plus
probable, le pic serait atteint d'ici 2015 avec une valeur de
production quotidienne légèrement supérieure à la valeur actuelle.
Mais les gisements qui doivent prendre le relais des zones de
Part de marché des différents pays producteurs en
production actuelles nécessitent des investissements
2007. La couleur précise si la production future
particulièrement importants (Arctique, Sibérie orientale) et les devrait croître (verte), décroître (rouge) ou est
compagnies pétrolières russes, sévèrement taxées par l'État, controversée (orange).
pourraient manquer de moyens. On attend une forte croissance de la
demande intérieure (explosion du parc automobile privé) qui devrait également réduire la part des exportations.
[36]

• Émirats arabes unis :


• Koweït : Très récemment, le 12 novembre 2005, une nouvelle (publiée entre autres par AME Info et reprise par
de nombreux médias dont Kuwaittimes.net) a stupéfié beaucoup d’experts : le champ de Burgan, situé au Koweït,
2e champ pétrolier de la planète par sa capacité a atteint son pic de production. Les experts pensaient extraire 2
Mbbl/jour pendant encore 30 à 40 ans, mais il plafonne désormais autour de 1,7 Mbbl/j malgré tous les efforts
entrepris pour maintenir son débit initial.
Pic pétrolier 18

• Mexique : Le complexe de Cantarell, qui fournit les 2/3 de la production mexicaine, a atteint son pic en 2006,
amorçant ainsi le déclin rapide de la production pétrolière mexicaine. L'agence américaine de l'énergie dans une
analyse datée de 2007 estime que la production tombera à 3 millions de barils/jour en 2012 avec une remontée
possible en 2030 au niveau de 2007 (3,5 millions de barils). La compagnie nationale PEMEX qui assure de
manière exclusive l'exploration et la production du pétrole mexicain pourrait manquer de capitaux -du fait de
prélèvements trop importants de l'État mexicain- pour mettre en exploitation les nouveaux gisements en eau
profonde qui doivent prendre en partie le relais des gisements déclinants[37] .
• Iran :
• Canada : la production est en forte croissance grâce à l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta qui fait
plus que compenser le déclin des gisements de pétrole conventionnel.[réf. nécessaire] Le scénario moyen prévoit une
production de 3,5 millions de tonnes en 2010, 4 en 2015, 4,5 en 2020 et 4,5 en 2030 (respectivement 2, 3 , 3,5 et 4
pour les sables bitumineux). Les variantes de ce scénario ajoutent ou enlèvent 1 million de barils/jour à partir de
2020.[38] . La capacité de production est limitée par la nécessité de disposer de beaucoup d'énergie pour
transformer les sables bitumineux et de limiter les atteintes à l'environnement. Compte tenu des énormes réserves
de sables bitumineux (180 milliards de barils à ce jour), le pic du pétrole se situe à une échéance lointaine non
définie.
• Émirats arabes unis
• Venezuela : le pays dispose d'un énorme potentiel de production grâce aux gisements de pétroles extra-lourds.
Mais la situation intérieure ne permet pas de développer ces gisements qui demandent beaucoup de capitaux et
une forte expertise technique détenue principalement par les États-Unis.
• Norvège : la production décline régulièrement.
• Nigeria : en 2008 le pays dispose d'un gros potentiel de croissance qui ne peut se concrétiser à cause des désordres
intérieurs.
• Irak : l'Irak dispose des troisièmes réserves mondiales de pétrole, mais sa production n'arrive pas à progresser à
cause du conflit en cours.
• Angola : le pays a adhéré à l'OPEP en 2008 et dispose d'un quota de 2 millions de barils/jours qu'il devrait
pouvoir maintenir jusqu'à 2016 grâce à la mise en production de gisements en offshore profond dans les années à
venir. Une partie des gisements se situe sur le territoire de Cabinda : des mouvements armés réclament
l'indépendance de cette région, séparée du territoire principal par le Zaïre, depuis l'indépendance de l'Angola. [39]
• Brésil : la production du Brésil devrait fortement augmenter dans les
années à venir grâce à des gisements situés en offshore profond
• Kazakhstan : Production en croissance rapide mais des gisements
difficiles à exploiter (présence de soufre...) occasionnent des retards
• Azerbaïdjan : la production de ces deux anciennes républiques
devrait croître fortement dans les années qui viennent.
• Argentine, Égypte, Équateur, Malaisie, Colombie : la production de
tous ces pays décline
Le Royaume-Uni a passé son pic pétrolier en
1999 et est devenu importateur de pétrole en
2007.
Pic pétrolier 19

Les principaux pays producteurs et importateurs


• États-Unis : la production décroît rapidement tandis que la demande se maintient.
• Chine :
• Inde:
• Grande-Bretagne

Contexte économique et géopolitique

Croissance et élasticité de la demande de pétrole


La demande de pétrole est en croissance régulière. La demande émanant des pays européens et de l'Amérique du
Nord s'est stabilisée mais elle croit fortement ailleurs, particulièrement en Chine, en Inde ainsi que dans les pays
exportateurs de pétrole.
L'énergie (le pétrole en fournit 35%) contribue à hauteur de 50% à la formation du PNB mondial. Dans pratiquement
tous les secteurs économiques, les produits dérivés du pétrole (plastiques...) sont devenus indispensables et il n'existe
généralement pas de substitut. Les carburants tirés du pétrole représentent 97% de l'énergie utilisée par les transports
dans le monde[40] , qui jouent un rôle vital dans le fonctionnement de l'économie moderne. L'agriculture est
complètement dépendante du pétrole : engrais, insecticides, engins agricoles; les rendements agricoles élevés, qui ont
permis de faire face à la forte croissance de la population mondiale, sont pratiquement entièrement liés à l'utilisation
du pétrole.
• Le remplacement du pétrole par d'autres sources de carbone ou d'énergie sera difficile : la demande de pétrole a
une faible élasticité. Une fois le pic franchi et si l'économie et même la société ne s'y est pas préparée, le prix se
fixera à des sommets très élevés.
• La production est actuellement régulée par la demande ; quand ce sera l'inverse, les économies nationales devront
accomplir une mutation importante.

Évolution de la consommation mondiale de pétrole (en Mb/j)[41]


année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

consommation 76,8 77,7 79,1 81.8 83,1 83.8 84.9 84.5

variation +1.2% +1.8% +3.4% +1.6% +0.8% +1.3% -0.5%

La relation pays producteurs / pays consommateurs


Jusqu'à aujourd'hui les principaux producteurs exportateurs ont généralement répondu aux augmentations de la
demande par une augmentation de la production (dans la mesure ou ils disposaient de la capacité à le faire) et par une
accélération des projets de mise en production. Il est probable que la montée des prix et la diminution des réserves va
désormais inciter certains des pays producteurs exportateurs à limiter leur production ou en tout cas de ne pas tenter
de suivre la demande en accélérant les projets de mise en production.
• Avec un prix du baril élevé, les pays producteurs disposent d'entrées financières équivalentes avec un volume de
pétrole produit réduit.
• Les pays producteurs ont intérêt à prolonger la période durant laquelle ils pourront bénéficier de la manne
financière du pétrole.
Pic pétrolier 20

Les outils d'évaluation du pic pétrolier

La courbe de Hubbert
Le géophysicien Marion King Hubbert suggéra dans les années 1940
que la production d'une matière première fossile donnée, et en
particulier du pétrole, suivait une courbe en cloche parallèle à celle des
découvertes mais décalée dans le temps. Cette courbe, en particulier la
date à laquelle la production culminerait, le volume des réserves totales
et la valeur de la production maximale atteinte au moment du pic,
pouvait se déduire de la quantité de pétrole déjà extraite et de
l'estimation des réserves totales. La courbe atteint son sommet lorsqu'à
peu près la moitié des réserves ont été extraites. La courbe de Hubbert propose une modélisation
de la production de pétrole en forme de cloche
En 1956, lors d'un meeting de l'American Petroleum Institute à San avec des jalons qui sont fonction de la production
passée et des réserves prouvées
Antonio, au Texas, Hubbert fit la prédiction que la production globale
de pétrole aux États-Unis atteindrait son maximum aux alentours de
1970, avant de commencer à décroître[42] . Il devint célèbre quand on
s'aperçut qu'il avait raison, en 1970. La courbe qu'il employa dans son
analyse est connue sous le nom de Courbe de Hubbert, et le moment où
elle atteint son maximum le Pic de Hubbert.

Au lendemain du pic de production domestique des États-Unis, ses


travaux reçurent un intérêt renouvelé car la date de ce pic (1970)
coïncidait bien avec la prévision effectuée 15 ans plus tôt. Hubbert
avait prédit en utilisant sa méthode que le déclin de la production
mondiale se produirait en 2000. Mais les deux chocs pétroliers de 1973
et 1979 ont considérablement déformé la courbe de production (en
ralentissant la progression de la demande), éloignant la courbe
consolidée de la production du modèle théorique établi par Hubbert. L'évolution de la production de pétrole en
Norvège s'inscrit presque parfaitement sur la
La courbe de Hubbert est donc bien adaptée à l'étude d'un ensemble de
courbe de Hubbert
gisements pendant une période économique stable ; elle ne permet pas
à elle seule de faire des prédictions à long terme sur l'ensemble de la
planète.

Utilisation contemporaine de la courbe de Hubbert


Plus récemment, la disponibilité des moyens de calcul personnels ont permis à de nombreux spécialistes du domaine
de travailler sur la problématique du pic pétrolier à l'issue de la période 1985-2000, très homogène sur un plan
économique.

La courbe d'écrémage
La courbe d'écrémage est un graphique qui met en relation le volume des réserves découvertes par rapport au nombre
de forages d'exploration réalisés (ou de plates-formes de forage en opération). C'est un moyen indirect de déduire le
déclin d'un gisement : lorsque celui-ci s'épuise il faut réaliser un plus grand nombre de nouveaux forages pour
produire la même quantité de pétrole. La diminution du ratio réserves découvertes/nombre de forages sur une période
significative indique que la probabilité de découvrir dans le futur de nouvelles réserves va en s'amenuisant. Cette
courbe est généralement utilisée à l'échelle d'un gisement.
Pic pétrolier 21

Le ratio réserves sur production (R/P)


Le ratio réserves sur production (R/P) est le rapport entre le volume des réserves de pétrole et le volume de la
consommation de pétrole sur un an. Il est aujourd'hui proche de 40 ans. Malgré un volume de découvertes inférieur à
la production il a progressé au cours des dernières décennies et ne régresse que depuis quelques années. L'évolution
de ce ratio est un des arguments utilisé par les optimistes (les réserves s'accroissent quand le besoin s'en fait sentir).
Pour les pessimistes, l'évolution du ratio est faussée car le volume des réserves déclarées n'était pas jusqu'à
récemment une information reposant sur les données techniques. Pour D Laherrère, le ratio diminue depuis les
années 1980. Par ailleurs le ratio ne prend pas en en compte l'augmentation régulière de la consommation.

Les acteurs du débat et leurs avis


Les diverses organisations qui ont
essayé de déterminer la date du pic
pétrolier n'ont pas les mêmes opinions
sur la date à laquelle le déclin de la
production pétrolière doit s'amorcer :
1. Les plus optimistes (les
économistes, les gouvernements
états-unien et des pays de l'OPEP,
certaines compagnies pétrolières)
annoncent officiellement qu'il surviendrait vers 2020 ou à une date postérieure ;
2. Les experts de l'ASPO (Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier) donnent la date de 2010, voire 2008
(bulletin officiel de l'ASPO [43], traduit en français). Cette association publie annuellement une courbe effective
de la production pétrolière mondiale, et la présente lors de séminaires internationaux.
L'augmentation de la consommation de pétrole de la Chine et de l'Inde, liée à leur forte croissance économique,
incite à penser que la production ne pourra pas augmenter aussi vite que la demande dans les années qui viennent.
En 2006, selon les chiffres du Departement of energy américain, la production mondiale de pétrole brut (et
condensats) a décliné de 200 000 barils/jours comparée à celle de 2005, tandis que la production « tous liquides »
(qui inclut les pétroles non conventionnels tels que l'éthanol et le pétrole issus des schistes bitumineux), restait stable.
En particulier, la production saoudienne a diminué de 8%.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE)


L'Agence internationale de l'énergie est une organisation destinée à coordonner les politiques énergétiques des pays
occidentaux industrialisés. Créée en 1974 à l'initiative des États-Unis à la suite du premier choc pétrolier, elle
supervise le dispositif permettant de pallier une pénurie temporaire et coordonne les politiques énergétiques de ses
membres. L'AIE faisait partie des acteurs « optimistes » : jusqu'à récemment elle niait l'existence d'un pic pétrolier.
Fin 2007 l'AIE a toutefois reconnu que, à l'horizon 2015, le déclin des gisements aujourd'hui en production (- 23,9
millions de barils/jour) et la croissance de la consommation de pétrole en Chine et en Inde (+13,6 millions de
barils/jour) imposaient un rythme de croissance de la production pétrolière qui serait difficile à tenir (+37,5 millions
de barils/jour). Compte tenu des projets en cours de développement il manquerait à cette date 12,5 millions de
barils/jour pour faire face à la demande si de nouveaux gisements n'étaient pas découverts et si des mesures
d'économie d'énergie n'étaient pas prises.[44] Pour finir, l'Agence avance en 2009 qu'une inadéquation entre la
demande et l'offre de pétrole à partir de 2010 pourrait introduire une « crise énergétique » qui compromettrait tout
espoir de sortie de « crise économique », reconnaissant par là que le problème d'une sur-consommation précéderait
(ou s'ajouterait à) celui du Pic pétrolier, qu'elle avoue ne pas savoir situer précisément.
Pic pétrolier 22

Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO)


L'Association for the Study of Peak Oil and Gas c'est-à-dire l'association pour l'étude du pic pétrolier et gazier
rassemble des spécialistes du pétrole et du monde de l'énergie dont plusieurs géologues ayant occupé des postes de
responsabilité dans les compagnies pétrolières internationales. L'association fondée par Colin Campbell et présidée
par Kjell Aleklett a été créée pour alerter les décideurs et l'opinion publique de l'imminence du pic pétrolier. Elle
préconise des mesures économiques rapides incluant la reconversion vers des énergies alternatives pour éviter un
effondrement économique.
L'ASPO est le porte-parole des « pessimistes » : selon son analyse, les prévisions de production sont surévaluées
pour des raisons à la fois boursières et politiques. Début 2008, l'ASPO prévoit un pic pétrolier vers 2010 et un pic
gazier vers 2020. En particulier, Jean Laherrère, membre fondateur de l'ASPO, a étudié les réserves des 20 000
gisements de pétrole dans le monde, et prévoit le pic pétrolier mondial vers 2015, avec une fourchette comprise entre
2010 et 2020.

Le département de l'énergie américain (USDEA/EIA)


En 2005, le Département de l'Énergie des États-Unis a publié un rapport intitulé Peaking of World Oil Production :
Impacts, Mitigation, & Risk Management (pic de la production mondiale de pétrole : impacts, atténuation, et gestion
des risques). Connu sous le nom de rapport Hirsch, il affirmait, « Le pic de la production mondiale de pétrole pose
aux États-Unis et au monde un problème de gestion des risques sans précédent. Alors que le pic approche, les prix du
pétrole et la volatilité des prix augmenteront considérablement, et, sans une atténuation appropriée, les coûts
économiques, sociaux, et politiques seront sans précédent. Des solutions d'atténuation viables existent à la fois sur
l'offre et la demande, mais pour qu'elles aient un impact substantiel, elles doivent être engagées plus d'une décennie
avant le pic. »
Conclusions du rapport Hirsch
Le rapport Hirsch a abouti à un certain nombre de conclusions :
• Le pic pétrolier mondial va se produire - certains prévisionnistes le prévoient dans la décennie, d'autres plus tard.
• Le pic pétrolier pourrait coûter cher aux économies - particulièrement à celle des États-Unis.
• Le pic pétrolier représente un défi unique - les transitions précédentes étaient progressives et évolutives ; le pic
pétrolier sera brutal et révolutionnaire.
• Le problème réel est le pétrole pour le transport - véhicules à moteur, avions, trains, et bateaux n'ont pas
d'alternative disponible.
• Les efforts d'atténuation demanderont beaucoup de temps - un effort intense pendant des décennies.
• À la fois l'offre et la demande demanderont de l'attention - une plus grande efficience peut réduire la demande,
mais il faudra produire de grandes quantités de fiouls de substitution.
• C'est une question de gestion des risques - une atténuation précoce sera moins dommageable qu'une atténuation
retardée.
• Il faudra une intervention des gouvernements - sinon les conséquences économiques et sociales seraient
chaotiques.
• Un bouleversement économique n'est pas inévitable - sans atténuation, le pic provoquera un bouleversement
majeur, mais avec un délai suffisant, les problèmes sont solubles.
• On a besoin de plus d'informations - une action efficace demande une meilleure compréhension d'un certain
nombre de problèmes.
Trois scénarios
Le rapport liste trois scénarios possibles :
• attendre que la production mondiale de pétrole atteigne son maximum avant de déclencher un programme
d'urgence laisse le monde avec une pénurie significative de pétrole pour plus de deux décennies ;
Pic pétrolier 23

• lancer un programme d'atténuation d'urgence dix ans avant le pic pétrolier mondial aide considérablement mais
provoque encore une pénurie de pétrole environ une décennie après le moment où la production aura atteint son
maximum ;
• ou lancer un programme d'atténuation d'urgence vingt ans avant le pic semble offrir la possibilité d'éviter une
pénurie mondiale pour la période de prévision.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)


L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a été créée en 1960 à l'initiative du Shah d'Iran et du
Venezuela pour pallier la baisse du prix du baril (moins de 5 dollars américains à l'époque). Son objectif principal est
de coordonner les politiques de production de ses membres en fixant des quotas, afin de maintenir le cours du
pétrole. Certains pays exportateurs ne font pas partie de l'organisation : il s'agit de la Russie, la Norvège, le Mexique,
le Canada et le Soudan.

Les compagnies pétrolières internationales


Les compagnies pétrolières internationales ont longtemps été l'acteur principal du marché pétrolier. À la suite de la
nationalisation de la production de pétrole par les principaux pays producteurs, leur part dans la production est
devenue minoritaire. Les 7 principales compagnies qui réalisaient 62 % de la production mondiale en 1971 en
réalisent 15 % aujourd’hui [45] et détiennent 3% des réserves [46]

Les compagnies pétrolières nationales


La production de pétrole est aujourd'hui largement entre les mains des compagnies nationales : ARAMCO pour
l'Arabie saoudite, PEMEX pour le Mexique, etc. Elles ont généralement une position extrêmement optimiste, à
l'image du PDG d'Amramco qui estimait en 2008 que le pic pétrolier n'était pas un souci et que moins de 10% des
réserves étaient utilisées à ce jour [47] .

Synthèse des arguments des optimistes et des pessimistes

Thème Optimistes Réalistes

Réserves Les réserves déclarées par les producteurs Les réserves, en particulier celles de l'OPEP, sont surestimées et ne correspondent
sont fiables pas aux réserves techniques.

Incidence des L'évolution durant ces dernières décennies Le coefficient R/P a longtemps été sous-évalué car les réserves déclarées ne
progrès du coefficient R/P (réserves de pétrole correspondaient pas aux réserves techniques. Il est aujourd'hui surévalué car
techniques mondiales divisée par la production certains pays déclarent des réserves qu'ils n'ont pas pour des raisons à la fois
annuelle) prouve indirectement que politiques et financières.
l'industrie du pétrole arrive à repousser
régulièrement l'échéance

Incidence du L'augmentation du prix du pétrole rend Les gisements qui deviennent accessibles grâce à l'élévation du prix du baril sont de
prix rentable de nouveaux gisements ou permet plus en plus petits et les réserves découvertes tendent à devenir marginales.
des prospections plus poussées ce qui
permet in fine de maintenir les réserves

Part du pétrole Le pétrole non-conventionnel va prendre Le pétrole non-conventionnel ne représentera toujours qu'une faible fraction de la
non progressivement le relais du pétrole consommation actuelle : il nécessite d'énormes investissements, son EROEI est
conventionnel conventionnel souvent très faible, pour différentes raisons malgré la grande taille des réserves, la
production de ce type de pétrole plafonnera. La plupart des filières de pétrole
non-conventionnel sont très polluantes (importantes émissions de CO2,
consommation d'eau, émission de mutagènes et de cancérigènes) et entrent en
conflit avec les objectifs de réduction de l'émission de gaz à effet de serre.
Pic pétrolier 24

Schistes La planète comporte d'énormes réserves de Les expériences pilotes n'ont jusqu'à présent pas abouti. L'EROEI est mauvais et la
bitumineux schistes bitumineux qui une fois les pollution très importante.
techniques mises au point permettront de
produire des quantités significatives de
pétrole

Hydrate de La planète comporte d'énormes réserves L'hydrate de méthane est trop dispersé pour permettre une utilisation viable. Sa
méthane d'hydrates de méthane qui une fois les collecte pourrait conduire à une catastrophe climatique en libérant de grandes
techniques mises au point permettront de quantités de méthane dans l'atmosphère.
produire des quantités significatives de
pétrole

Découvertes L'Arctique et l'offshore profond n'ont été Les réserves potentielles sont à peu près connues et ne représenteront qu'un apport
explorés que de manière superficielle et marginal. Le développement de ces gisements nécessite des investissements
recèlent des réserves significatives gigantesques et sont pour l'Arctique au-delà de nos capacités techniques actuelles.
Le pétrole produit sera très cher.

Taux de Les techniques vont progresser et permettre La progression du taux de récupération au cours des dernières décennies est
récupération la récupération d'un taux croissant de contestable (il s'agit plutôt d'une convergence entre réserves officielles et réserves
pétrole dans les gisements (aujourd'hui techniques). Le taux de récupération est essentiellement dépendant de la géologie et
35%). Ce coefficient a d'ailleurs fortement les progrès techniques n'ont que peu d'incidence.
progressé par le passé

Pic ou Plateau ?
Le 11 février 2006, Kenneth Deffeyes, professeur à l'Université de Princeton et expert pétrolier ayant travaillé entre
autres pour Shell, annonce[48] que pour lui le pic pétrolier a été atteint en décembre 2005 avec 1000 milliards de
barils produits depuis le début de l'ère du pétrole.
Pour certains spécialistes (Jean Laherrère[49] ) le pic pétrolier pourrait prendre la forme d'un plateau « en tôle ondulée
» caractérisé par des prix chaotiques associés à des cycles de récession économiques.
"En ce qui concerne le pétrole conventionnel, nous sommes actuellement sur un plateau, qui se manifeste par une
importante fluctuation des prix liée à l’incertitude de l’offre à venir face à la demande toujours croissante". Kjell
Aleklett, Président de l'ASPO.
Le saoudien Sadad Al-Husseini, ancien responsable de l'exploration à la Saudi Aramco, a apporté[50] en 2007 son
propre point de vue : pour lui la production de pétrole a atteint son maximum, et jusqu'en 2020 environ la production
restera à peu près stable. Il s'agit donc plus d'un plateau de production que d'un pic. Après cette date, il pronostique
une baisse assez forte de la production. Il estime également que les réserves mondiales sont surestimées d'environ
300 milliards de barils (soit dix ans de production) et que les grands gisements du moyen orient ont déjà livré 41%
de leurs réserves initiales (jusque mi-2007). Ces estimations sont proches de celles fournies depuis plusieurs années
par l'ASPO mais leur confirmation par une personnalité ayant exercé des fonctions dirigeantes au sein de la
compagnie nationale saoudienne constitue une première.

Conclusion
En 2007, la production journalière de pétrole a été de l'ordre de 81,53 millions de barils (hors pétrole synthétique) ce
qui la situe au même niveau que les deux années précédentes[51] , concrétisation pour certains du pic pétrolier.
L'existence de celui-ci n'est plus aujourd'hui un véritable objet de polémique. Mais alors que certains considèrent que
le pic de production mondial a déjà été atteint, d'autres estiment que le pic interviendra dans la décennie 2010 ou
2020, avec une valeur comprise entre 100 et 120 millions de barils par jour. Ces variations considérables s'expliquent
par des évaluations divergentes des spécialistes sur les principaux paramètres :
• les réserves des gisements de pétrole en production et la rapidité du déclin de ces mêmes gisements
• la vitesse de la mise en production des nouveaux gisements
Pic pétrolier 25

• l'apport du pétrole non conventionnel et subconventionnel (Arctique, Offshore profond)


Par ailleurs plusieurs facteurs exogènes peuvent jouer un rôle crucial :
• les pays exportateurs peuvent être tentés de ralentir ou de stabiliser leur production pour préserver une partie de
leurs réserves.
• la situation intérieure des pays producteurs peut réduire la capacité d'exportation du fait de l'instabilité (situation
actuelle au Nigeria et en Irak) ou en créant un climat peu propice aux investissements (Iran, Russie, Venezuela).
Pour les pays cités, un retour à la « normale » pourrait par contre remettre sur le marché des capacités de
production considérables.
• la croissance de la consommation et l'influence d'une montée du prix du pétrole sur celle-ci.

Conséquences sur l'économie


Aujourd'hui la polémique s'est en partie déplacée sur les mesures à prendre dans le domaine économique pour
préparer le futur déclin de la production du pétrole.
La prise de conscience du pic pétrolier et surtout de l'avènement global de la période décroissante de la courbe, celle
de la déplétion, impose une redéfinition généralisée du mode de vie induit par un pétrole bon marché dont la
production se calait constamment par rapport aux besoins.
Les plus pessimistes considèrent qu'il y aura plusieurs crises successives qui seront les chocs géologique (prise de
conscience de la finitude des réserves), économique (fin du pétrole bon marché) puis sociale (évolutions nécessaires
pour résoudre la dépendance au pétrole) amenant une probabilité assez forte de tensions ou de conflits
internationaux.

Citations
• « Demandez à un cadre dirigeant du monde pétrolier dans combien de temps les deux milliards d'Indiens et de
Chinois vivront comme un Français actuel. Avant toute réponse, vous obtiendrez un grand éclat de rire. »
Jean-Marc Jancovici[52]
• « Si on n’augmente pas le prix de l’énergie, on se dirige droit vers une dictature. » Marcel Boiteux, directeur de
L'EDF de 1967 à 1987.[53]

Annexes

Bibliographie

Livres
• (fr) Pétrole: la fête est finie ! (Avenir des sociétés industrielles après le pic pétrolier) de Richard Heinberg,
éditions Demi-Lune, 2008 (ISBN 978-2-917112-05-2) paru sous le titre original : The Party is Over. Oil, War and the
Fate of Industrial Societies. « Dossier de présentation de l'ouvrage », en ligne ici. [54]
• (fr) La Vie après le pétrole, Jean-Luc Wingert, éditions Autrement, 2005, (ISBN 2746706059)
• (fr) Pétrole apocalypse, Yves Cochet, Fayard, 2005, (ISBN 2213622043) .
Pic pétrolier 26

Articles connexes
• Géologie pétrolière
• Pic de Hubbert
• Pic gazier
• Régions pétrolières
• Géopolitique du pétrole
• Choc pétrolier
• Troisième choc pétrolier
• Alternatives et économie pétrolière
• Algocarburant
• Biocarburant
• Energie solaire
• Dépendance au pétrole
• Ressources et consommation énergétiques mondiales
• Taxe carbone
• Ville en transition
• Gestion des risques

Liens externes
• (fr) l'association ASPO [55] A popularisé le concept de pic pétrolier et gazier et tenté de sensibiliser les décideurs
• (fr) Site Oleocene.org [56] avec une synthèse des dates prévisionnelles du pic pétrolier
• (en) L'Agence internationale de l'énergie (IEA) [57] Créée à la suite du choc pétrolier de 1973 par les pays de
l'OCDE, fournit des analyses et des conseils sur la politique énergétique à ses membres
• (en) L'Agence Américaine de l'Energie (EIA) [58] Fournit des analyses et des projections détaillées de la
production mondiale
• L'Institut Français du Pétrole [59] Acteur de premier plan du monde pétrolier fournit des analyses de l'évolution du
marché
• (en) Statistiques production 2007 Bristish Petroleum (BP) [60] Une des principales compagnies pétrolières fournit
chaque année des statistiques de production mondiales détaillées

Références
[1] (en) Oil and Energy Alternatives, Jill Sherman, (ISBN 978-1-60453-110-7) p.23
[2] (en) Oil: The Economics of Fuel, Joann Jovinelly 2008 (ISBN 978-1-4042-1915-1) p.29
[3] (en) Oil Panic and the Global Crisis: Predictions and Myths, Steven M. Gorelick (ISBN 978-1-4051-9548-5)
[4] 1 baril de pétrole = 159 litres
[5] Statistiques production de pétrole 2007 (http:/ / www. bp. com/ liveassets/ bp_internet/ globalbp/ globalbp_uk_english/
reports_and_publications/ statistical_energy_review_2008/ STAGING/ local_assets/ downloads/ pdf/ oil_section_2008. pdf) British Petroleum
(BP).
[6] (en) Christopher Johnson, Reuters, «  World's demand for oil nearing its peak (http://www.montrealgazette.com/business/World+
demand+ nearing+ peak/ 2691154/ story. html) », 17. Consulté le 17 mars 2010
[7] Alex Lawler, «  Oil demand has peaked in developed world: IEA (http:/ / www. reuters. com/ article/ idUSTRE60R5R720100128) », 28.
Consulté le 17 mars 2010
[8] Contre Info, "Pic pétrolier : l’AIE connaît les faits depuis 1998", Colin Campbell
[9] Les réserves de pétrole ou en est-on ? (http:/ / www. ifp. fr/ content/ download/ 56456/ 1245251/ file/ IFP_ReservesDePetrole_OuEnEstOn.
pdf) Institut français du pétrole juin 2006
[10] Laherrère 2006
[11] La Fin du pétrole bon marché (http:/ / aspofrance. viabloga. com/ files/ MinesdeParis-22Mai08. pdf) D. Laherrère - mai 2008
[12] http:/ / www. independent. co. uk/ news/ science/ warning-oil-supplies-are-running-out-fast-1766585. html Les réserves pétrolières
s'épuisent plus vite que prévu, The Independent 03/08/2009
Pic pétrolier 27

[13] http:/ / www. worldenergyoutlook. org/ Perspectives mondiales de l'énergie


[14] http:/ / www. dailymotion. com/ video/ x838pp_pic-du-petrole-monbiot-rencontre-fa_news Interview de Fatih Birol pour The Guardian,
15/12/2008
[15] La Vie après le pétrole de Jean-Luc Wingert (2007) Ed. Autrement/Frontières (ISBN 2-7467-0605-9)
[16] Interview de Stephen Leeb (http:/ / www. businessandmedia. org/ articles/ 2008/ 20080616190017. aspx) CNN le 16/6/2008]
[17] Demand for unconventional oil and gas on the increase (http:/ / www. energybulletin. net/ node/ 479)
[18] Unconventional Oil 2008 (http:/ / www. heavyoilinfo. com/ feature_items/ unconventional-oil-2008-reprint_2. pdf/ at_download/ file)
[19] International Energy Outlook 2008 :Liquids Production Projections (http:/ / www. eia. doe. gov/ oiaf/ ieo/ pdf/ ieopol. pdf) EIA (Agence de
l'énergie US)
[20] : Les sables bitumineux du Canada : la dernière addiction des drogués du pétrole (2ème partie)2 (http:/ / canada. theoildrum. com/ node/
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[53] LA TAXE CARBONE, SVP (http:/ / agora-grenelle. fr/ spip. php?article234. grenelle-environnement)
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