La Pierre Seche Mode D Emploi Ed1 v1 PDF
La Pierre Seche Mode D Emploi Ed1 v1 PDF
La Pierre Seche Mode D Emploi Ed1 v1 PDF
Christian Lassure
Ce document est la propriété exclusive de Daryl BOUABRE ([email protected]) - 27 avril 2019 à 17:26
La pierre sèche,
mode d’emploi
La pierre sèche,
Préparer son chantier • Édifier un mur • Construire une cabane • Remonter un mur de soutènement
Chantiers pratiques
ISBN : 978-2-212-13896-2
Code éditeur : G13896
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Christian Lassure
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La pierre sèche,
mode d’emploi
La pierre sèche,
Préparer son chantier • Édifier un mur • Construire une cabane • Remonter un mur de soutènement
Chantiers pratiques
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mode d’emploi
La pierre sèche,
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Crédits
Conception, coordination générale et direction d’ouvrage : PATRIBAT productions (Hervé Fillipetti, Fabienne
Sébilo)
Tous les croquis sont de Christian Lassure sauf : Myriam Burie (p. 6-7, 13, 26, 36, 38-40, 43) ; Michel Rouvière
(p. 27, 29 b., 32).
Toutes les photographies sont de Christian Lassure sauf : C.E.R.A.V. (p. 25, 51, 58) ; Jean Laffitte (p. 48 b.c. 65
b., VII h.g., VII h.d., VIII b.g., VIII b.d.) ; Jean Le Gall (p. 9, 38, 46, 50, 52 h., 57 h., 64 b.g.) ; Dominique Repérant
(p. 17, 20, 48 h., 48 b.g., 48 b.d., 53, 54 b.d., 55 b., 56, 57 b., 59-61, 63 b.d., 64 b.d., 65 h., 65 c., I, II h.d, II b.g, II
b.d., III-VI, VII b.g., VII b.d., VIII h.g., VIII h.d.) ; Michel Rouvière (p. 24, 27, 28 , 30-32, 33 h., 42, II h.g.).
Couv. de gauche à droite : Jean Laffitte (g.), Dominique Repérant (c. et d.) ; illustration : Sébastien Chebret
4e de couv. : Christian Lassure ; croquis : Myriam Burie
Éditions Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle de la pré-
sente publication, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation...) sans
le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée
par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’exploitation
du droit de Copie (CFC) – 20, rue des Grands-Augustins – 75006 PARIS.
Christian Lassure
La pierre sèche,
mode d’emploi
Troisième tirage 2014,
avec nouvelle présentation
La pierre sèche :
vie, mort et
renaissance
Très prosaïquement, la « pierre sèche », en maçonnerie, n’est que
l’emploi de la pierre, brute ou ébauchée, sans mortier à liant.
L’homme de l’art parle de « maçonnerie à pierres sèches ».
Naguère, la pierre sèche a été le matériau de choix non seulement
de murs non porteurs (de clôture, de séparation, d’épierrage) et de
murs de soutènement (de terrasses, de chemins) mais aussi de murs
porteurs (d’annexes agricoles, d’abris ruraux).
Aujourd’hui, la pierre sèche fascine, tant par sa pérennité dans le
paysage que par les perspectives ouvertes par son renouveau. Mais
elle vient de loin.
Les murailles et cabanes qui parsèment nos friches sont le conser-
vatoire des techniques de construction à sec élaborées et perfec-
tionnées par des paysans et des maçons ruraux, principalement lors
du « siècle d’or » de l’architecture de pierre sèche.
Depuis les défrichements encouragés par les édits royaux à la fin de
l’Ancien Régime jusqu’à la création de vignobles commerciaux sous
le Second Empire, en passant par le lotissement des communaux
villageois après la Révolution, la création de champs et de cabanes
alla bon train, poussée par la faim de terre liée à une démographie
galopante, et par les débouchés que procurait l’amélioration des
voies de communication.
Des techniques de couvrement, issues des architectures savantes,
furent librement adaptées à la création d’un outil de production
et d’un habitat saisonnier par ces nouveaux défricheurs-bâtisseurs,
confrontés aux masses de pierre livrées par la barre à mine : ainsi
l’omniprésente voûte d’encorbellement, ingénieusement combinée
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I
CHAPITRE
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Construire
un mur en
pierre sèche
La première étape dans l’acquisition des tech-
niques de la construction à pierres sèches est
l’édification d’un mur indépendant, non por-
teur. Il ne serait pas raisonnable, pour l’aspirant
bâtisseur, de se lancer d’emblée, sans aucune
expérience de la chose ni idée des difficultés à
surmonter, dans la construction d’une voûte en
pierre sèche.
En édifiant son mur, le bâtisseur en herbe pourra
mettre en pratique les règles de la maçonnerie
sans mortier, voir ce à quoi il excelle le mieux
– la retouche des moellons, le calage des assem-
blages –, habituer son corps à déplacer, mani-
puler et manier de lourdes charges, se rendre
compte s’il a la patience et l’endurance néces-
saires à la pratique de cet art.
Ce faisant, il prendra suffisamment confiance en
lui-même pour passer à l’étape suivante, certes
plus exigeante mais ô combien valorisante, de
la construction d’une cabane.
Le vieil adage, mille fois répété, se vérifie ici, au
sens propre : « C’est au pied du mur en pierre
sèche, qu’on voit le bâtisseur. »
Où s’approvisionner en pierre ?
Il est recommandé de faire appel à des pierres provenant de la
zone où l’on doit bâtir le mur, pour éviter que celui-ci ne dépare
les murs qui existeraient déjà. Il n’est cependant pas interdit de
faire venir des pierres d’un autre faciès géologique s’il n’y a pas
d’autres murs dans les parages. Dans l’un ou l’autre cas, le matériau
de construction pourra provenir :
• du mur pré-existant s’il s’agit d’un remontage (sans oublier que Découverte au lieu-dit Calpalmas, à
la matière du mur ne suffira pas à la tâche, certaines pierres, trop Saint-André-d’Allas (Dordogne) :
dégradées, devant être rejetées et remplacées) ; le creusement d’un talus a livré
• de structures en pierre sèche en ruine et qui ne seront pas de grandes dalles calcaires.
remontées (murs, pierriers, etc.) ;
• de bâtiments agricoles démolis dont les pierres sont vendues par
certaines officines comme matériaux de récupération ;
• d’une découverte pratiquée à proximité du chantier et d’où l’on
extraira à la barre à mine les pierres dont on aura besoin.
Dans ce dernier cas, il est vivement conseillé de s’y prendre long-
temps à l’avance pour que les pierres sèchent et durcissent suffi-
samment à l’air libre (en principe au moins une année).
10 cm La conception du mur
55 cm
Le muret sans fondation, posé directement sur un sol en
Couronnement
terre, marquant limite de parcelle et issu de l’épierrement
des champs, n’est pas abordé ici. Sa conception est en effet
contraire aux règles de la bonne maçonnerie qui exigent des
murs fondés, ne serait-ce que sur le socle rocheux, pour
éviter les effets de l’alternance du gel et du dégel. Les prin-
cipes de construction d’un mur développés dans ce chapitre
1,5 m
Semelle
La première chose à faire avant de bâtir un mur est d’en
85 cm déterminer la longueur, la hauteur et l’épaisseur.
Profil du mur. Si le mur fait plus de 60 cm de haut (assise de fondation
comprise), la règle veut que la largeur de la base soit égale
à la moitié de la hauteur, soit, pour un mur de 1,5 m de hauteur,
75 cm de largeur à la base.
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Sol
Pente initiale
Niveau horizontal
Décaissement
À FAIRE
Remblai
À NE PAS FAIRE
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Fruit Fruit
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■ Les très grosses pierres doivent, normalement, être réservées aux assises inférieures du mur. Si
leur mise en place dans l’assise de départ se fait sans difficulté, il en est autrement pour les assises
suivantes. Pour monter un très gros bloc au niveau d’une deuxième ou d’une troisième assise, il
existe une technique bien simple : il suffit de soulever le bloc d’un côté, d’y glisser une pierre, puis
de soulever le bloc de l’autre côté, d’y
glisser une autre pierre. On répète l’opé-
ration jusqu’à construire une pyramide de
pierres sous le bloc à soulever. Centimètre
après centimètre, celui-ci va être hissé jus-
qu’au niveau de son emplacement prévu,
où il suffira de le faire basculer et glisser.
Il ne reste plus qu’à enlever la pyramide
de pierres, désormais sans objet.
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La construction du mur
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• Boutisses en débord
Il est conseillé de laisser déborder de 5 cm de chaque
côté les boutisses traversantes pour qu’elles puissent
continuer à remplir leur fonction pleinement une fois
que le mur se sera tassé et élargi avec le temps.
Précautions particulières
Si l’on doit poser une pierre ayant
sa face de dessous horizontale
et sa face de dessus oblique, on
fera en sorte que cette dernière
face soit inclinée vers l’intérieur
du mur et non vers l’extérieur (ce
qui entraînerait un risque de glis-
sement pour la pierre du dessus !).
Pour rattraper le niveau horizontal,
il suffira de placer une pierre en
forme de cale par-dessus.
À NE PAS FAIRE.
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Boutisse
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■ L’entre-deux du mur
L’espace entre les deux parements du mur doit être rempli de
petites pierres plates (ou blocaille) au fur et à mesure que le mur
monte.
Autant que faire se peut, on mettra dans chaque vide une
pierre qui en épouse la forme.
Aucune pierre ne doit être posée ni en délit ni de façon
qu’elle puisse agir comme un coin poussant sur les pierres
adjacentes.
Tous les interstices seront soigneusement bouchés à la main
avec de petites pierres. Il n’est évidemment pas question de
jeter de la menue pierraille (ou mitraille) en vrac avec une
pelle. Par contre, il n’est pas interdit d’insérer les petites
pierres avec une massette de maçon.
Lorsque le mur se tassera, les petites pierres de l’entre-
deux empêcheront les pierres de parement de bouger et
les cales de tomber à l’intérieur.
Boutisse parpaigne
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II
CHAPITRE
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Remonter
un mur
de soutènement
Dans les départements du sud de la France, là où les
anciennes terrasses de culture sont encore légion,
le bâtisseur novice aura tout intérêt à se faire la
main sur un mur de soutènement en pierre sèche
plutôt que de bâtir un mur indépendant.
Il n’est pas question, cela va de soi, qu’il construise
ex nihilo un mur de soutènement, à moins de
vouloir assumer également les lourds travaux de
terrassement et de création de sol qu’impliquerait
une telle création.
Notre bâtisseur sera mieux inspiré de remonter sim-
plement une brèche dans un soutènement existant.
Il aura ainsi l’occasion de lire à livre ouvert dans les
flancs de la brèche, d’examiner la disposition des
pierres et la composition du drain, de rechercher
les causes de l’effondrement.
De ces observations, il pourra tirer parti pour
remonter le pan de mur de façon à ce que celui-ci
se marie avec ce qui existe déjà.
Et puis, quelle joie de voir un mur de soutènement
à l’abandon retrouver une nouvelle jeunesse et
réaffirmer une présence humaine dans la friche.
La préparation du chantier
24
Fsh
Fs Fsv
P
Fb P : poids du mur
Fs : résultante de la force de poussée du substrat
Fsh : composante horizontale de la force de poussée du substrat
Fsv : composante verticale de la force de poussée du substrat
R Fb : force de butée
R : réaction du sol sous la base du mur
25
Cordeau
Râteau
Seau
26
27
La reconstruction
du soutènement
Pierre de couronnement
Terrasse de culture
Cailloutis
Boutisse d’ancrage
Roche
Lit de pose
Pierre de fondation
Aire de fondation
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29
■ Le traitement du parement
Petit rappel Étant la face vue du mur, le parement témoigne du degré de qualité
des erreurs à éviter du travail chez le bâtisseur. Cette qualité s’obtient en respectant
■ le coup de sabre, succession certaines règles :
de joints verticaux super- • avec de la pierre sédimentaire plus ou moins plate, il faut toujours
posés sur plusieurs assises ; poser la pierre dans le sens du lit de carrière (situation de la couche
■ la pile d’assiettes, qui d’où la pierre est tirée, dans la carrière), avec sa face la plus plate
résulte de l’apparition de vers le haut ;
coups de sabre parallèles ; • avec de la pierre métamorphique, de forme irrégulière, on placera
■ le contre-fruit, inclinaison la pierre avec sa plus grande dimension dans le sens de la profon-
du mur vers l’extérieur, vers deur du mur.
le vide, alors qu’il devrait ■ Le comblement des vides
pencher vers l’intérieur, vers
Le comblement des interstices entre les pierres se fera assise après
la plate-bande.
assise. On y emploiera les pierres biscornues, mais en les serrant et
en les calant minutieusement.
Il est déconseillé de remplir les vides entre les
pierres par de trop petits cailloux ou du gravier,
car ceux-ci ont tendance à s’écouler à l’intérieur
du mur.
■ Le choix du couronnement
Pour le haut du mur, on choisira les pierres en
fonction de leur aptitude à former une arase ou
plan horizontal rectiligne. Selon ce qui existe de
part et d’autre de la brèche, on se bornera à cette
arase terminale ou on optera pour un couronne-
ment identique à celui observable sur le restant
du mur (rang de grandes dalles horizontales, rang
de pierres en délit et sur la tranche, etc.).
Remontage par assises d’un mur en pierres calcaires :
l’espace entre le talus et le parement est rempli de
pierres plus petites.
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■ La détermination du fruit
L’inclinaison du parement du mur à remonter
sera la même que celle du restant du mur.
Au cas où celui-ci se serait réduit avec le
temps et la poussée de l’amont, on donnera
malgré tout à la partie remontée le fruit qui
convient, quitte à ce qu’il y ait un hiatus plus
ou moins sensible dans les parties hautes.
Normalement, le fruit à imprimer au pare-
ment d’un mur de soutènement doit être
calculé en fonction de la hauteur et de
l’épaisseur prévues pour le mur : 10 à 15 cm
par mètre de hauteur est une mesure généralement conseillée Le flanc de la brèche montre
mais on peut se contenter de moins (5 cm) pour un mur de faible le fruit important donné au mur
hauteur. de soutènement et l’inclinaison non
moins marquée des dalles et des blocs
■ Les cales de pose de schiste vers le massif de terre.
Les cales de pose sont celles qui servent à compenser les dif-
formités des pierres lors de leur pose et à assurer la stabilité de
ces dernières. Ces cales doivent êtres dures et solides de façon à
pouvoir résister à l’écrasement engendré par le poids des assises
supérieures.
■ Les chantepleures
Il n’est pas nécessaire de pratiquer des chan- À éviter ! Le calage du parement
tepleures (ou barbacanes) dans un mur de
On ne confondra pas le calage de pose, qui
soutènement en pierre sèche. Il suffit en effet
est purement fonctionnel, intérieur au mur
de « desserrer » les joints verticaux à inter-
et effectué au fur et à mesure que celui-ci
valles réguliers pour obtenir des substituts
monte, avec le calage de parement, lequel
de chantepleures. On laissera donc ces dis-
est uniquement esthétique, extérieur au mur
positifs aux murs de soutènement maçonnés
et effectué lorsque celui-ci est terminé. Le
avec du mortier et, de ce fait, sans possibilité
calage de parement est généralement décon-
de drainage.
seillé car les cales, enfoncées à coups de
La seule chose à laquelle il faut veiller, c’est marteau, auront tendance à se déboîter et à
de laisser des interstices d’écoulement à la tomber par la suite, mais surtout parce qu’il
base du mur, surtout en région à fortes pré- faut qu’il y ait des interstices dégagés pour le
cipitations, car lors des grandes pluies l’eau drainage de l’eau en arrière du mur.
s’accumule derrière le mur et exerce une
poussée considérable.
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Pluie La reconstitution
du dispositif en amont
Évacuation de l’eau
Le drain en arrière du mur
Terre végétale Le vide entre la face interne du mur et le massif
de terre doit impérativement être comblé avec
Cailloutis formant drain
de la pierraille en guise de drain. S’il n’existait
pas de vide au préalable, on creusera le talus de
Socle rocheux manière à ce qu’il y en ait un puis on le comblera
avec de la pierraille.
Principe du drain. Ce dispositif est censé éviter que l’eau ne stagne derrière le mur
et ne transforme la terre de la plate-bande en boue qui pousserait
sur le mur.
Il est conseillé de réaliser le drain au fur et à mesure que le mur
s’élève, de façon à éviter tout mouvement ultérieur. Les plus gros
éléments de la pierraille seront disposés côté mur et les plus fins
côté massif de terre.
L’épaisseur du drain doit aller en diminuant au niveau des der-
nières assises du mur (en montant), de façon à former une sorte
de cuvette transversale, destinée à recevoir la terre de remblai puis
la terre végétale.
Un autre avantage du drain en pierraille est de permettre de
réserver à la plate-bande proprement dite la terre disponible,
surtout lorsque cette dernière est peu abondante.
La section du pan de mur laisse voir
l’espace important occupé par le
drain et son remplissage en arrière du Le terrassement au-dessus du drain
parement en blocs de grès.
Pour réduire les infiltrations de terre dans le drain depuis la cuvette
de terre végétale en arrière du couronnement, on peut se servir de
feuilles récupérées au sol et en tasser
AUTOCONSTRUCTION OU RECOURS une bonne couche au-dessus du drain
À UN PROFESSIONNEL ? avant d’y rapporter la terre.
Pour les murs d’une élévation supérieure Enfin, pour stabiliser le terrassement,
à 1,5 m, il est plus prudent de faire on pourra utiliser des mottes de terre
appel à un maçon professionnel enherbée.
pratiquant la maçonnerie à sec.
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III CHAPITRE
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Construire
une cabane
en pierre sèche
La construction d’une cabane en pierre sèche est
sans conteste le nec plus ultra de la construction
à sec. Plus que l’édification d’un mur indépen-
dant ou d’un mur de soutènement, elle va poser
le bâtisseur comme étant un spécialiste qui a fait
ses preuves et qui est reconnu par ses pairs. Ce
sera en quelque sorte son chef-d’œuvre compa-
gnonnique.
La nouvelle cabane sera l’aboutissement d’un
patient apprentissage, fait sans brûler les étapes,
la concrétisation des techniques de construction
précédemment découvertes.
Mais surtout, elle marquera la maîtrise de cet élé-
ment crucial et technique de l’édifice qu’est son
couvrement, avec sa voûte d’encorbellement et sa
couverture de lauses (ou bien son revêtement de
pierres). Notre maçon touche ici au domaine de
l’architecture.
Dernière satisfaction et non des moindres, le bâtis-
seur aura à sa disposition un bâtiment qu’il ne
manquera pas de regarder non sans une certaine
émotion mais aussi auquel il pourra donner une
affectation en fonction de ses besoins.
La préparation du chantier
Hache De quels outils se munir ?
On ne construit pas une cabane en pierre sèche à l’aide de ses
seuls bras. Un minimum d’outils est nécessaire :
Coupe-haie
• Un coupe-buisson, une hache, un couteau-scie, des sécateurs
Couteau-scie pour déboiser et débroussailler (si nécessaire) l’aire d’implan-
tation de l’édifice ;
• La barre à mine pour déliter les affleurements rocheux, en
Barre à mine extraire des blocs et déplacer ces derniers ;
• Une masse pour briser les plus gros blocs ainsi récupérés et
Sécateur
fournir des éléments plus faciles à mettre en place ;
• Une pioche de terrassier pour extraire du sol les pierres qui
y sont en partie enterrées ;
• Une houe à deux dents pour creuser la terre caillouteuse ;
Pioche • Le marteau de maçon – le têtu-pic –, avec sa tête plate
découpée en V et l’autre bout en forme de pic, pour obtenir
des pierres plus régulières, aplanir ou arrondir selon les besoins
la face de parement de ces dernières, ou encore casser des
Masse pierres friables pour obtenir des pierres de remplissage ;
Houe à • Un ciseau ou une aiguille, frappés à l’aide d’une massette, le
deux dents marteau de tailleur de pierre, pour dresser, c’est-à-dire aplanir,
la face vue d’une pierre (des lunettes de protection seront,
Têtu-pic dans ce cas, les bienvenues) ;
• La massette, avec ses deux têtes plates, pour caler en force
certaines pierres ou tasser un éventuel remplissage intérieur
de caillasse ;
• Un cordeau et des piquets pour tracer les fondations (si le
sol le permet) ;
• Un fil à plomb pour que le mur ait partout le même fruit. À
Cordeau défaut, une ficelle lestée d’un bout de caillou fera l’affaire ;
• Une mini-pelle ou une mini-chargeuse, louée pour l’occa-
Massette
sion, pour mettre en place le linteau et l’arrière-linteau. Mieux
vaut éviter d’utiliser la force musculaire de plusieurs interve-
nants.
Pelle • Une pelle de maçon pour recouvrir d’une couche de terre
le sommet plat ou bombé d’une cabane où l’on veut planter
des iris.
Fil à plomb
36
37
Combien de participants ?
Il ne faut pas que trop de personnes interviennent dans la pose
des pierres car l’ordonnancement de celles-ci deviendrait vite anar-
chique et il faudrait reprendre la construction.
En fait, c’est en tandem que l’on travaille le plus confortablement
et le plus efficacement, chaque partenaire faisant face à l’autre de
part et d’autre du mur de base puis du couvrement.
Les parements intérieur et extérieur, puis l’intrados de la voûte et
la couverture de lauses ou le revêtement extérieur peuvent être
montés en parallèle.
La personne à l’extérieur peut en outre se charger d’aller chercher
les pierres au fur et à mesure des besoins.
Le travail en tandem.
38
39
Comment transporter
les pierres à pied d’œuvre ?
Pour charrier les pierres à pied d’œuvre, il
existe différents moyens :
• les petites pierres sont transportées dans
un seau de métal ou encore une poubelle
en plastique ;
• les pierres de taille moyenne sont portées
sur l’épaule ou apportées sur un brancard,
ou bard, ou encore dans une brouette ;
• les très gros blocs sont déplacés sur des
rondins ou billes de bois.
La manipulation
des pierres
Il y a toujours une façon
de prendre le bloc
de pierre qui évite la
fatigue ou la blessure
éventuelle.
Le port de gants est
conseillé lorsqu’on mani-
pule de grosses pierres À FAIRE À NE PAS FAIRE À FAIRE
(cela évite d’avoir les
mains éraflées ou endolories) ou lorsqu’il fait très froid (cela évite d’avoir les doigts engourdis).
Cependant, c’est à mains nues que l’on appréhende mieux la forme des pierres plus petites et
qu’on peut les saisir le plus aisément.
40
41
La conception de la cabane
42
Déterminer le rapport
diamètre intérieur/hauteur intérieure Les étapes
de la construction
Des observations conduites sur huit cabanes lotoises en forme de
cylindre-cône, avec toiture de lauses, établissent que la hauteur
sous voûte équivaut en moyenne au diamètre intérieur multiplié
par 1,25.
En se fondant sur ce rapport, pour un diamètre intérieur de 2 m,
on donnera donc à la cabane une hauteur sous voûte de 2,5 m ;
pour un diamètre de 2,5 m, ce sera 3,12 m et pour un diamètre de 1. Creusement d’un anneau de fondation
3 m, ce sera 3,75 m.
Rien n’interdit cependant de choisir une hauteur sous voûte un peu
plus élevée de façon à avoir un encorbellement moins marqué, plus
progressif.
43
La construction de la cabane
L’édifice idéal dont nous examinons la construction dans cet
ouvrage est de plan circulaire, configuration qui est la plus cou-
4. Voir « Cas particulier : rante. Les particularités du plan quadrangulaire feront toutefois
édifice de plan carré », p. 54. l’objet d’un développement4.
11
10
QUE FAIRE
DU NOUVEL ÉDIFICE ?
Resserre pour les
outils du jardin,
débarras pour
encombrants, réserve 4 3 3’
5 4’
à bûches, abri
pour le brasero, 1’
les possibilités 1
2
ne manquent pas.
6
Encore faut-il
s’assurer que le 2’
7
couvrement soit bien 6
8
étanche... 9
44
45
46
47
■ Le couvrement de l’entrée
Pour faire office de linteau et d’arrière-linteau, on choisira des
dalles suffisamment grandes et épaisses.
Si la dalle de linteau est trop peu épaisse ou d’un matériau cassant,
elle devra être déchargée par un arc de quelques claveaux ou par
une bâtière de deux dalles affrontées ou encore par une dalle supé-
rieure plus courte reposant à ses extrémités sur des billettes. Il en
sera de même pour la dalle d’arrière-linteau, point sensible de la
construction car elle supporte le poids de la voûte au-dessus.
La pose du linteau et de l’arrière-linteau est un moment délicat
dans la construction : il s’agit en effet de hisser, à 1,6 m environ, de
très grosses dalles. Le mieux est de faire appel à un engin méca-
Le linteau est fait d’une grande nique ou bien d’établir un plan incliné de madriers sur lequel hisser
dalle de basalte arquée sur ses deux les dalles au tire-fort.
faces, forme qui dispense de recourir Si aucune dalle n’est disponible pour servir de linteau, il reste deux
à un arc de décharge. Les piédroits
solutions :
sont en gros blocs appareillés
grossièrement mais solidement • la première, ménager, aux deux tiers de la hauteur des côtés de
en besace d’angle. l’embrasure, deux encorbellements qui se rejoignent ;
• la deuxième, jeter un arc de moellons clavés au-dessus de l’entrée
et de son embrasure, ce qui suppose l’emploi d’un cintre provisoire
en bois.
Ces succédanés sont en tout cas préférables à l’emploi de poutres
en bois susceptibles de pourrir à la longue.
Ici, le maçon a opté pour un arc clavé
en lauses. Une pierre en forme de coin
sert de clé à l’arc plein cintre.
Le système de décharge du
linteau, vide formé par une
petite dalle posée sur deux
encorbellements symétriquement Le maçon a suppléé à l’absence de linteau
opposés, est une sage précaution par des deux encorbellements opposés
au vu de la minceur du linteau. symétriquement et se rejoignant au sommet.
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50
5
Parties hautes du couvrement.
4
1
2
1. Corbeau
2. Lause
3. Dalle de fermeture
4. Dalle faîtière
5. Épi de faîtage
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Pierres du revêtement
(peau extérieure)
Plaquettes du
voûtement (peau
intérieure)
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Cas particulier :
édifice de plan carré
Si jusqu’ici nous n’avons envisagé que la construction
d’édifices de plan circulaire, c’est parce que l’adop-
tion du plan carré complique singulièrement la tâche
Pierres des angles du bâtisseur, surtout si l’expérience lui fait défaut.
intérieur et extérieur
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90 cm ASTUCE : LA
CRÉATION D’UN
120 cm
Coupe PORTEMANTEAU
100 cm
Pourquoi se priver
d’un accessoire aussi
simple et pratique
qu’un portemanteau ?
Il suffit, pour s’en
confectionner un, de
Plan laisser dépasser du
parement intérieur,
à bonne hauteur, une
pierre en forme
de corne.
Le conduit de fumée se termine par un
simple trou dans le coyau de la toiture.
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■ L’éboulement du revêtement
Une plage du revêtement de pierres peut s’ébouler,
mettant à nu la queue des corbeaux de la voûte
sous-jacente et la blocaille intermédiaire.
■ Le bris des éléments de confort
Même les aménagements intérieurs (niche, jour,
cheminée, siège, etc.) connaissent leur lot de
déboires :
Une niche va voir son linteau se rompre ou la dalle
de chant formant un de ses côtés se déverser et
venir buter contre l’autre côté. La lause constituant le montant de droite du fenestron,
mal calée, a basculé vers la gauche.
Le linteau d’une cheminée, dalle trop longue
et trop peu épaisse posée sur la tranche, va se
rompre.
Des dalles saillantes, encastrées dans la paroi
intérieure pour servir de sièges rustiques, vont se
briser net au ras de la paroi sous une charge trop
lourde.
Le pillage et le vandalisme
À tous ces désordres, il faut ajouter, on s’en
doute, les sévices infligés par la cohorte des
vandales aux malheureuses constructions lais-
sées à l’abandon dans la friche ou la forêt, le
pire de tous étant l’enlèvement des lauses de
couverture (un matériau de récupération fort
prisé), avanie qui laisse à nu l’extrados de la
voûte d’encorbellement et le fait ressembler à
une pomme de pin hérissée.
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Glossaire
Appareillage : Manière dont sont disposés les matériaux qui composent une maçonnerie.
Arc de décharge : Arc disposé au-dessus d’un linteau pour le soulager en reportant les charges
vers les points d’appui.
Assise : Rangée de pierres de même hauteur, formant une couche horizontale.
Barbacane : Synonyme de chantepleure.
Bard : Solide brancard en bois porté à bras par deux hommes et servant à transporter de petits
blocs.
Bayard : Synonyme de bard.
Besace d’angle : Angle de deux pans de maçonnerie où les éléments en panneresse dans un pan
sont en boutisse dans l’autre.
Billettes : Blocs posés sur les bouts d’un linteau pour recevoir un linteau de décharge.
Blocaille : Petites pierres calées dans l’entre-deux d’un mur.
Bouffement : Déformation courbe d’une longue pièce de bois verticale ou d’un mur.
Bout (d’un moellon) : Une des deux faces les plus petites d’un moellon équarri.
Chaîne d’angle : Élément vertical destiné à renforcer les angles des murs.
Chant (d’un moellon) : Une des deux faces les plus étroites et les plus longues d’un moellon
équarri.
Chantepleure : Étroite fente verticale réservée dans un soutènement pour l’écoulement des
eaux d’infiltration.
Cintre : Assemblage en bois servant à soutenir un arc ou une voûte clavés en construction le
temps de les fermer avec une clef.
Clavé : Posé en claveaux.
Claveau : Pierre taillée en coin, utilisée dans la construction d’une plate-bande, d’un arc ou
d’une voûte.
Corbeau : Pierre faisant partie d’un mur ou d’une voûte en encorbellement.
Corps de base : Dans une cabane cylindro-conique, la partie cylindrique.
Couronnement : Rang terminal de pierres d’un mur.
Couverture de lauses : Structure reposant sur l’extrados de la voûte, directement ou par l’in-
termédiaire d’un blocage de pierres plus petites.
Couvrement : Dans une cabane en pierre sèche, l’ensemble formé par la voûte à l’intérieur, et la
toiture de lauses ou le revêtement de moellons à l’extérieur. Var. partie de couvrement.
Coyau : Égout retroussé d’une toiture de lauses.
Découverte : Couche pierreuse superficielle, très altérée, exploitée pour la maçonnerie sèche.
Démaigrir : Retailler la queue d’une pierre de sorte qu’elle ait moins de volume que ne le lais-
serait supposer sa tête.
Douelle : Pan d’un claveau faisant partie de l’intrados ou de l’extrados d’un arc ou d’une voûte.
Dresser : Rendre droit et plat la face d’une pierre.
Embrasure : Espace vide compris entre les deux parois verticales d’une baie.
Encadrement : Ensemble formé par les montants, le linteau et l’appui d’une niche, d’un fenes-
tron, etc.
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Bibliographie
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sèche en 1980 à Lablachère (Ardèche) », in L’architecture vernaculaire, t. V, 1981.
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Sites Internet
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http://pierreseche.chez-alice.fr/
www.maisonpierreseche.com/fr
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