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gies (0,1 MeV à 3 MeV), permettant uniquement des traitements en surface (limi-
tés à quelques millimètres de profondeur).
Les accélérateurs d’électrons de haute énergie (10 MeV) et les installations
gamma (fort pouvoir de pénétration du rayonnement), développés depuis, sont
adaptés pour des traitements sur des épaisseurs beaucoup plus importantes
allant de la taille d’un carton (plusieurs centimètres) à celle d’une palette (1 m),
permettant le traitement de produits directement dans leur emballage.
Ce sont les traitements industriels réalisés sur plastiques au moyen de tels
équipements qui sont décrits dans les pages suivantes, tant du point de vue de
leurs effets que de leur mise en œuvre industrielle et de leurs applications. Le
traitement de réticulation des plastiques par les rayonnements ionisants (appelé
radioréticulation) est plus particulièrement approfondi car il est aujourd’hui le
plus appliqué.
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Unités de mesure des radiations L’action des rayonnements ionisants peut provoquer des ruptures
Quel que soit le rayonnement β οu γ, on appelle dose la quan- de chaînes macromoléculaires. Les polymères porteurs d’halogènes
tité de rayonnement reçue par la matière. Cela correspond à une (fluor, chlore), tels que le polychlorure de vinyle (PVC) ou le poly-
quantité d’énergie absorbée par unité de masse de la matière tétrafluoroéthylène (PTFE), sont sensibles aux rayonnements.
irradiée. Elle s’exprime en grays (symbole Gy, 1 Gy = 1 J/kg).
Dans l’industrie, on utilise principalement son multiple, le kGy Réaction de dégradation (coupure de chaîne) :
(103 Gy) ou encore le mégarad (Mrd), une ancienne unité de B B B B B B
+
dose (1 Mrd = 10 kGy). A A A A A A A A
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En présence d’oxygène et dans le temps, les radicaux libres se — des films et des supports plastiques à propriétés modifiées
recombinent en donnant des fonctions peroxydes : (pour l’adhésion de peinture par exemple, des plaques plastiques de
microtitration sur lesquelles sont fixées des molécules réactives,
2H+ prêtes à l’emploi et utilisées dans les tests de laboratoire) ;
B B B B
A A A A A OOH — des filtres à base de membranes échangeuses d’ions ;
— des textiles antiseptiques, antibactériens, antialgues, anti-
+ 2O2 + statiques...
HOO B B
A A A
1.3.4 Réactions de durcissement de résines
Une première application est la dégradation du PTFE (Teflon®)
dans le but d’obtenir une poudre présentant de bonnes propriétés
de lubrification ou de réduire sa masse moléculaire et faciliter ainsi Les rayonnements ionisants peuvent amorcer en profondeur les
sa micronisation dans le cadre de son recyclage. réactions de durcissement de résines lors de la fabrication de com-
Une autre application est la dégradation par irradiation de la cel- posites à base, par exemple, de résines uréthanes-acrylates ou
lulose pour améliorer les rendements de fabrication et réduire les époxy-acrylates, même en présence de charges telles que des fibres
volumes de solvants nécessaires dans le cadre de sa transformation de carbone.
en viscose (fibre, film, enveloppe). Réaction de condensation
A A A
1.3.2 Réactions de polymérisation
B B B A
+C D
A A A B
Les rayonnements ionisants peuvent amorcer la polymérisation
B + B B D D A
des monomères dans le cas de polyadditions [22]. Le monomère,
porteur de fonctions insaturées telles que les fonctions allyliques ou A A A C C B
+C D
acryliques, peut alors polymériser en l’absence d’amorceurs classi- B B B A
ques de polymérisation par voie chimique (peroxydes) ou photochi- A A A B
miques (photoamorceurs) [21]. A
Réaction de polymérisation
Ces réactions trouvent des applications dans le domaine de
B l’aéronautique et de l’aérospatiale, grand utilisateur de structures
nA B A n composites.
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Tableau 1 – Polymères pouvant donner lieu à une réticulation sous rayonnements ionisants (1)
Thermoplastiques Élastomères thermoplastiques Élastomères
Polyéthylènes (PE-HD, PE-BD...) TPO (PP/EPDM/EVA, PP/PE/EPDM) EPDM
Copolymères de l’éthylène (EVA...) TPE-S (ex. : SBR) EPR [4]
PVC TPU (éther / ester) Polyéthylène chlorosulfoné (Hypalon®) [5]
Polyamides (PA 6, 6-6, 6-10...) TPE-chlorés (PVC/NBR) NBR [5], HNBR [3]
PBT TPE-E (copolymère éther-ester) Silicones (PDMS) [4] [6]
Polymères fluorés (PVDF, ETFE, ECTFE [3])
(1) Se reporter au glossaire en début d’article pour les noms des polymères
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Dureté Shore A
100 80 Hypalon
(polyéthylène chlorosulfoné)
80 75
N
70 33 % A
60
65
40 AN Butadiène -
60 20 % Acrylonitrile (AN)
N
20 55 %A
50
0 50
0 50 100 150 200 250 300 350 400
45
Dose (kGy)
40
0 200 400 600 800
Figure 1 – Évolution du taux de gel du polyéthylène, dans le xylène,
en fonction de la dose [10] Dose (kGy)
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Figure 4 – Évolution de la résistance à la traction du polyéthylène Figure 6 – Température de fléchissement sous charge (0,45 MPa)
réticulé (contrainte à la rupture, module, allongement) en fonction du PE-HD (Hostalen GC 7260) selon la norme ISO 75-1 en fonction
de la dose [13] de la dose [14]
30 1 000
25
100
20
15 10
10
1
5 160 180 200 220 240 260 280 360
Température (°C)
0
0 100 300 PA 6 Témoin
Dose (kGy) PA 6 rayonnement β (100 kGy)
PA 6 rayonnement γ (100 kGy)
Mode flexion encastrée simple, fréquence de 1 Hz, amplitude
Figure 5 – Évolution de la résistance au choc du polyéthylène de 10 mm, montée en température de 3 °C/min
réticulé (Hostalen GC 7260) en fonction de la dose [14] Comparaison avant et après réticulation par les deux types
de rayonnements β et γ
— température d’utilisation : elle peut, dans des conditions d’uti- Figure 7 – Analyse mécanique dynamique du polyamide 6 Frianyl
lisation en pointe, être repoussée au-dessus du point de fusion du B63 VN GV30 (chargé 30 % fibres de verre) [13]
polymère (figures 7, 8 et 9) ;
— comportement au feu amélioré (figure 10).
On note sur les figures 7 et 9 que les deux types de rayonne-
1,2
Pénétration (mm)
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350
Température (°C)
— au niveau supérieur se trouve l’accélérateur d’électrons, cons-
800 titué d’un générateur d’électrons et d’une section accélératrice,
600 enfermé dans une casemate de béton de 2 m d’épaisseur ;
— au niveau inférieur se situe la cellule de traitement, également
400 constituée de murs de béton de 2,8 m d’épaisseur, où se trouve le
200 cornet de balayage placé dans le prolongement de la section accélé-
ratrice. En fonctionnement, le faisceau d’électrons peut balayer une
0 largeur allant de 40 cm à 1,20 m (voire 2 m). Le faisceau d’électrons
0 70 100
est donc orienté et focalisé sur le produit à traiter.
Dose (kGy)
Le principe des générateurs d’électrons est celui du tube cathodi-
Figure 10 – Test du fil incandescent (Norme CEI 60695-2-1) que. Les électrons sont arrachés à un filament en tungstène soumis
sur polyamide réticulé à différentes doses : polyamide 6 Frianyl à une forte tension électrique (150 kV à 10 MV), puis accélérés dans
B63 VN GV30 (chargé 30 % fibres de verre) [15] une enceinte maintenue dans un vide poussé (de l’ordre de
10 −6 mm Hg).
L’accélération des électrons dans la section accélératrice est réa-
(0)
lisée au moyen d’une différence de potentiel entre deux électrodes,
Tableau 4 – Déformation rémanente en compression (DRC) combinée, dans le cas des accélérateurs d’électrons d’énergie
de trois TPE soumis à une déformation de 25 % pendant 10 MeV, à une onde de type haute fréquence (HF), émise par un
24 h, à 100 ˚C et à 125 ˚C [17] [18] générateur d’onde et permettant une très forte accélération.
Les électrons sont concentrés en un faisceau de quelques milli-
Conditions d’essai Nature du TPE mètres de diamètre au moyen de bobines électromagnétiques. Une
fenêtre en titane isole la source d’électrons des produits qui seront
DRC Dose PVC/NBR Base PA TPO
(kGy) traités à pression atmosphérique (ou sous azote si nécessaire) et à
température ambiante.
0 65 % 90 % 100 % Le béton permet une protection vis-à-vis des électrons émis par
24 h à 100 ˚C
150 43 % 40 % 40 % l’accélérateur et des rayons X générés lorsque les électrons vien-
0 80 % 93 % nent frapper des parties métalliques (effet usuellement appelé
24 h à 125 ˚C Bremstrahlung).
150 60 % 43 %
Le système de convoyage utilisé pour les installations β est géné-
ralement un convoyeur à rouleaux ou à plateaux (pour les plus gran-
des largeurs), ou encore un système dérouleur-enrouleur dans le
3. Aspects industriels cas du traitement de câble ou de tube (associé généralement à des
accélérateurs d’énergie 5 MeV ). Il assure le défilement en
de la réticulation par continu des produits sous la fenêtre en titane du cornet de balayage
les rayonnements β et γ
(figure 11), ainsi que le transfert des produits entre l’intérieur et
l’extérieur de la cellule de traitement. La géométrie à chicane de la
cellule en béton assure le confinement du rayonnement, tout en per-
mettant le défilement continu des produits.
3.1 Installations industrielles
d’irradiation 3.1.2 Installations γ
Pour la mise en œuvre industrielle des rayonnements ionisants, la Les installations γ (figure 12) consistent en une source radioac-
législation permet l’utilisation des rayons γ du cobalt 60 et, plus rare- tive de cobalt 60 (ou, moins répandue, de césium 137), confinée
ment, du césium 137 (pour la recherche) et des électrons accélérés dans une casemate en béton avec des murs de 2 m d’épaisseur qui
dont l’énergie est inférieure ou égale à 10 MeV. protège l’environnement extérieur des photons émis par la source.
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■ Pouvoir de pénétration
Les photons γ n’ont ni masse, ni charge, leur pouvoir de péné-
tration est donc supérieur à celui des électrons, particules chargées,
ce qui explique que, dans le cas du rayonnement γ, on peut traiter
des produits d’un volume allant jusqu’à la taille d’une palette, tandis
qu’on ne traitera qu’un volume de la taille d’un carton ou d’une cou-
che de cartons dans le cas du rayonnement β.
■ Puissances des sources et débit de dose
● Le débit de dose est déterminé par la puissance de la source de
rayonnement. Il correspond à la dose absorbée par la matière par
unité de temps (temps d’exposition au rayonnement).
● La puissance d’une source de rayons γ est donnée par son acti-
Figure 11 – Cornet de balayage de l’accélérateur d’électrons vité exprimée en curies (Ci) (1 Ci est égal à 37 × 109 désintégrations
d’énergie 10 MeV de Ionisos-Orsay (source Ionisos) par seconde ou alors à 37 × 109 becquerels).
L’activité des sources industrielles varie entre 105 Ci et 3 à
5 × 106 Ci pour les installations les plus importantes.
Les débits de doses compris entre 1 et 5 kGy/h conduisent à des
Enceinte de Source Convoyeur temps d’exposition de quelques heures à plusieurs dizaines d’heu-
protection d'irradiation
res selon les doses à atteindre.
● La puissance d’un faisceau d’électrons est égale au produit du
Déchargement
courant du faisceau par la tension accélératrice [encore égale à
l’énergie des électrons exprimée en MeV (cf. § 1.1)].
Comme le faisceau est orienté et focalisé sur une zone limitée, les
débits de dose sont donc très élevés (plusieurs centaines de kilo-
grays par minute) et les temps d’exposition très courts (de l’ordre de
quelques secondes).
Piscine
3.2 Dosimétrie et contrôle
de la radioréticulation
Chargement Poste de commande
Le contrôle de la dose est assuré au moyen de dosimètres basés
Figure 12 – Installation de traitement γ de Ionisos-Dagneux (source
sur une détection colorimétrique. Ce sont des films ou des plaques
Ionisos)
en polymères (PVC, PMMA) dont la couleur varie avec la dose. Le
changement de couleur est mesuré par un spectrophotomètre UV et
un étalonnage permet de relier la variation à la dose.
Le système source est constitué de crayons contenant le Le contrôle de la réticulation peut se faire par mesure de taux de
cobalt 60, disposés sur un panneau. La casemate abrite également gel, par analyse mécanique dynamique (DMA) [25] ou par un test de
une piscine de stockage des panneaux de source. Remplie d’eau, pénétration d’une pointe ou d’une bille portées en température.
cette piscine de plusieurs mètres de profondeur (7 à 8 m) est desti-
née à la protection biologique lorsque la source n’est pas en posi-
tion de « travail » : en position de repos, la source est immergée au 3.3 Applications
fond de la piscine ; en position de « travail », la source est suspen-
due dans la cellule.
3.3.1 Avantages
Un convoyeur aérien, porteur de containers (encore appelés
balancelles), assure la circulation des produits à traiter autour de la À travers les améliorations décrites ci-dessus, les polymères réti-
source, ainsi que le transfert des produits entre l’intérieur et l’exté- culés sous rayonnements ionisants présentent de nombreux avan-
rieur de la casemate. Les installations les plus performantes peu- tages, mis à profit aujourd’hui dans des secteurs variés : emballage,
vent permettre de traiter dans toute sa profondeur une palette automobile, électricité, électroménager, électrotechnique, électroni-
complète, sans dépalettisation. que, etc.
Les photons émis par la source rayonnent dans tout l’espace de la En effet, la radioréticulation dote les polymères de caractéristi-
cellule, d’où une géométrie et des dimensions de cellule soigneuse- ques identiques sinon supérieures à celles des matériaux tradition-
ment étudiées. Là aussi, la géométrie à chicane assure le confine- nels (verre, métal...), à des coûts inférieurs.
ment du rayonnement, tout en permettant le défilement continu des
Ainsi, les principaux avantages des plastiques radioréticulés
produits.
sont :
— d’alléger les matériaux (cas du remplacement du métal par un
3.1.3 Caractéristiques des installations plastique réticulé) ;
— d’économiser la matière utilisée, tout en conservant des carac-
Nous avons pu constater, précédemment, que les deux types de téristiques équivalentes (cas du remplacement d’un polymère stan-
rayonnement β et γ avaient les mêmes effets en radioréticulation (cf. dard par un polymère de même nature, mais réticulé et dans une
§ 2.2). Néanmoins, ces rayons diffèrent sur deux points qui peuvent quantité moindre) ;
s’avérer essentiels dans le choix du procédé : — de bénéficier des avantages de la mise en œuvre des thermo-
— le pouvoir de pénétration ; plastiques et, notamment, des cadences élevées de celle-ci :
— la puissance de la source et le débit de dose. • cas du remplacement du métal par un plastique réticulé ;
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• cas du remplacement d’une résine thermodurcissable par un capot moteur, telles que des fixations d’écran thermique, certains
thermoplastique réticulé ; corps de filtres...
• cas du remplacement du caoutchouc par des élastomères Des éléments extérieurs ou sous chassis sont aussi fabriqués en
thermoplastiques (TPE) réticulés ; polyamide 6 et 6-6 réticulés pour leur tenue au chlorure de zinc
— de bénéficier des coûts de matière inférieurs des plastiques remarquable après radioréticulation, et des joints élastomères réti-
d’usage général (commodités comme les polyéthylènes et le PVC culés sont aussi utilisés dans les systèmes du circuit carburant pour
par exemple) ou des plastiques techniques courants (par exemple, leurs propriétés barrières accrues aux vapeurs d’essence après trai-
les polyamides 6 et 6-6, le PBT), comparativement à des polymères tement par les rayonnements.
très techniques tels que le polyamide 12, le polyamide 4-6, les poly-
amides aromatiques (ou polyphtalamides), les polymères sulfoni- La connectique automobile fait également appel à du polyamide
ques (PSU), le poly(oxyphénylène) (PPO), les polymères à cristaux ou à du PBT réticulés pour remplir les exigences de tenue thermique
liquides (PCL), les polyéthercétones (tels le PEEK ou le PEK), les en environnement moteur.
polyimides (PI), etc. ; Enfin, des travaux sont actuellement en cours pour mettre en évi-
— d’éviter d’appliquer des traitements de fluoration ou des revê- dence les potentialités pour l’utilisation des polymères radioréticu-
tements par les résines fluorées, chers, difficiles et dangereux à lés dans des environnements encore plus difficiles tels que l’huile
mettre en œuvre ; chaude, le liquide de frein, le liquide de refroidissement, les grais-
— d’augmenter les cadences d’injection des TPE vulcanisés : le ses, les carburants, etc.
TPE (un joint surmoulé par exemple) est amené à un taux minimal
de réticulation par voie thermique, dans le moule lors de l’injection, ■ Électrotechnique
puis la réticulation est achevée en dehors du moule, par irradiation Dans ce domaine, la radioréticulation concerne les polyamides et
de la pièce finie. le PBT. Elle confère à des pièces moulées dans ces matières, suscep-
C’est pourquoi, la réticulation sous rayonnement β (électrons tibles d’être en contact avec des arcs électriques, des propriétés
accélérés) ou γ connaît aujourd’hui un fort développement dans les d’infusibilité auparavant obtenues avec des résines thermodurcissa-
secteurs pour lesquels des exemples sont donnés dans le bles. Les pièces en question sont, par exemple, des porte-contacts
paragraphe 3.3.2, notamment pour les quatre derniers : emballage, ou des contacteurs.
automobile, électrotechnique, électronique.
■ Électronique
Là encore, le PA et le PBT sont radioréticulés, notamment pour
3.3.2 Secteurs et activités concernés deux applications :
— connecteurs montés sur des cartes électroniques entrant dans
■ Câbles et tubes des procédés de soudure sans plomb ou de type CMS (composants
La réticulation de gaine de câble, de gaine thermorétractable et de montés en surface), avec passage dans des fours de refusion qui
tube constitue la première application de la radioréticulation déve- mettent en œuvre des températures de 240 à 270 ˚C, c’est-à-dire
loppée dans les années 1960 et 1970. supérieures aux points de fusion des polymères non modifiés par
ionisation ;
Dans la fabrication de câble, ce sont essentiellement le — composants électroniques fabriqués selon la technologie 3D-
polyéthylène et certains élastomères (caoutchoucs et TPU) qui sont MID (Three Dimensional Moulded Interconnect Device, systèmes
radioréticulés pour améliorer la tenue de la gaine en température d’interconnexion injectés), c’est-à-dire à partir d’un support plasti-
(test d’allongement à chaud), au feu, à l’abrasion et parfois aux hui- que qui peut être métallisé ou subir des découpes laser sans altéra-
les. tion.
Les propriétés de thermorétractabilité de gaine polyéthylène sont
obtenues de la même façon.
Enfin, dans le cas du tube, le polyéthylène est réticulé pour lui
apporter une tenue en température en continu à 85 ˚C et en pointe à
110 ˚C, pour des utilisations en tant que tube sanitaire (eau froide/
4. Conclusion
chaude) et tube pour chauffage par le sol ou encore pour le transport
de fluides industriels. Les plastiques radioréticulés constituent une solution matériau
■ Emballage innovante, qui présente de nombreux avantages, tant du point de
vue des performances techniques de la matière que d’un point de
Dans ce secteur, le polyéthylène est le plastique le plus concerné. vue économique.
En effet, la radioréticulation est utilisée depuis de nombreuses
années pour réticuler du film thermorétractable. Dans ce cas, le trai- Les aspects pratiques du radiotraitement (par carton ou par
tement peut être réalisé sur les bobines complètes par rayonnement γ. palette) permettent d’appliquer la technologie de radioréticulation à
Depuis peu, elle est utilisée aussi pour améliorer la tenue chimique des pièces volumiques, injectées, alors qu’elle restait limitée,
de flacons en polyéthylène pour le conditionnement de dérivés jusqu’au début des années 1990, à des produits présentés en lon-
organiques (additifs pour huiles moteur par exemple). Elle est mise gueur dans les secteurs du câble, du tube et de la gaine extrudés.
en œuvre comme alternative à une opération de fluoration. Cette évolution, associée au développement de nouveaux
On peut également appliquer cette technique à des joints de bou- polymères (PA, PBT) radioréticulables adaptés (de grade injection
chons obturant les conteneurs de pétrole, pour assurer à la fois notamment), explique l’essor considérable que connaît aujourd’hui
leurs tenues chimique et thermique (stockage extérieur). cette technologie dans des secteurs industriels importants tels que
l’emballage, l’automobile, l’électrotechnique et l’électronique.
■ Automobile
Le secteur automobile est aujourd’hui celui qui utilise le plus de
polymères radioréticulés. Leur première application dans ce secteur Remerciements
a été les fils et câbles électriques, principalement en polyéthylène, L’auteur remercie très sincèrement, pour leurs conseils et leur
radioréticulés pour obtenir de meilleures tenues en température et aimable soutien, Monsieur le Professeur Adolphe Chapiro et
au vieillissement. Depuis, la radioréticulation s’est étendue à des Monsieur le Professeur Jacques Foos (CNAM), qui ont effectué
pièces à base de polyamide, constituant certains équipements sous la relecture du manuscrit.
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