Le Coaching Scolaire Comme Nouvelle Prat PDF
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Soufiane Er-Razine,
Mohammed Jawad Toumi,
Laboratoire linguistique générale et didactique du FLE, Faculté des Lettres et
Sciences Humaines d’Oujda, Université Mohamed Premier, Complexe
Universitaire, Oujda, Maroc
Doi:10.19044/esj.2019.v15n29p60 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2019.v15n29p60
Résumé
Le coaching scolaire est une pratique en marge de l’école qui a su se
démarquer et a montré des résultats prometteurs dans l’accompagnement et la
gestion de la vie scolaire des apprenants. Cet article a pour but d’approcher le
travail du coach scolaire à la pratique de classe, afin de faire profiter les
enseignants des théories et outils que le coaching scolaire a adoptés.
L’instrument de mesure a été administré auprès de 154 lycéens dont l’âge
moyen est 16,77 (±1,529). Il s’agit d’un questionnaire se composant de cinq
parties divisées en seize questions. La première partie concerne les
informations personnelles des répondants, la deuxième traite les méthodes
d’enseignement selon les apprenants, la troisième partie examine les stratégies
et méthodes d’apprentissage, la quatrième étudie les objectifs postbac et la
dernière partie est une évaluation de l’école par les répondants. Les résultats
marquants se résument en trois : un problème majeur au niveau des stratégies
d’enseignement, particulièrement la quasi absence de l’utilisation du canal
kinesthésique. Les enseignants se préoccupent rarement des procédures
méthodologiques et des stratégies d’apprentissage cognitives et
métacognitives. L’orientation scolaire et celle universitaire sont souvent
basées sur des préjugés. En conclusion, la posture d’un coach scolaire en
classe qui aspire à se focaliser davantage sur les capacités des apprenants,
permettra une meilleure appropriation du savoir et acquisition des
compétences par ces derniers.
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Soufiane Er-Razine,
Mohammed Jawad Toumi,
Laboratoire linguistique générale et didactique du FLE, Faculté des Lettres et
Sciences Humaines d’Oujda, Université Mohamed Premier, Complexe
Universitaire, Oujda, Maroc
Abstract
School coaching is an aside practice of the school that has
distinguished itself and has shown promising results in supporting and
managing the school life of learners. This article’s main aim is to come up
with what a school coach can add to classroom practices, so as to provide
teachers the tools and theories that school coaching has adopted. The survey
is based on a five-part questionnaire divided into sixteen questions. The first
part deals with the personal information of respondents, the second part
concerns teaching methods according to learners, the third part examines
learning strategies and methods, the fourth part treats the after-baccalaureate
objectives, and the last part is an assessment of the school by respondents. This
measuring instrument was administered to 154 high school students with an
average age of 16.77 (±1,529). The remarkable results can be summed up in
three points: a major problem in terms of teaching strategies, especially the
virtual absence of the use of the kinesthetic channel. Teachers rarely care about
methodological procedures and cognitive and metacognitive learning
strategies. Academic orientation that concerns both schools and universities is
often based on prejudice. To conclude, the position of a school coach in the
classroom who aspires to focus more on the abilities of learners, will allow the
latter’s a better acquisition of skills and knowledge.
Introduction
Dans une ère où le savoir est en perpétuel évolution, l’école ne doit plus
se limiter à un lieu d’acquisition de connaissances et de compétences
disciplinaires. L’élève de demain est un apprenant qui doit être en mesure de
s’adapter, s’intégrer, s’autoformer ; par conséquent l’enseignement
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Apprendre à apprendre
Comme l’enseignement, toute profession a ses outils, et l’apprentissage
c’est le métier des élèves, par conséquent il nous semble évident de montrer à
chaque élève le chemin qu’il doit prendre avant qu’on lui demande
d’apprendre et surtout avant de le blâmer pour ses mauvais résultats.
L’apprenant est la finalité de tout système d’enseignement, cependant cet
élève censé être apprenant sait-il comment apprendre ? (Meirieu, 2012, p.47).
Le concept « apprendre à apprendre » n’est pas nouveau, mais qui pense à
outiller nos élèves avant d’intégrer les écoles ? « Il y a des élèves qui
n’apprennent pas, par ce qu’ils exercent leurs métiers n’importe comment ou
pour d’autres raisons. Certains ne veulent pas apprendre et se contentent de
faire les gestes du métier, la tête ailleurs. » (Perrenoud, 2013, p.13).
Mais puisque dès les premiers jours à l’école l’apprenant est censé
apprendre, ces deux exercices peuvent s’accompagner : tout en apprenant de
nouvelles connaissances et construire de nouvelles compétences l’élève doit
aussi apprendre à apprendre, pour qu’il devienne, petit à petit, un expert de
son métier.
Apprendre à apprendre implique que « l'apprenant sache organiser son
cheminement d'apprentissage. Ainsi, l'apprenant doit savoir prendre toutes les
décisions nécessaires à un apprentissage réussi : définir des objectifs, choisir
des contenus et des supports, choisir des techniques de travail, gérer le
déroulement de son travail (notamment en termes de temps, horaires et durée)
et aussi évaluer son apprentissage, à la fois en termes des éléments acquis (les
objectifs ont-ils été réalisés ?) et des procédures utilisées (comment ces
objectifs ont-ils été réalisés1 ?) » (Gremmo, 1995, p. 11). Apprendre à
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apprendre est une action, comme les autres, qui implique une prise de décision.
Les meilleurs élèves sont, tout simplement, ceux et celles qui arrivent à faire
le bon choix.
Savoir apprendre, c’est posséder la connaissance et la capacité de mise
en œuvre pratique de ces connaissances qui permettent de définir, réaliser,
évaluer, et gérer un apprentissage. Mais ces connaissances et capacités ne sont
pas innées : elles doivent être acquises (Holec, 1990, p.82). Dans ce sens,
s’intéresser aux stratégies d’apprentissage est la première importante mission
d’un enseignant-coach.
Ce travail d’accompagnement procurera à l’élève une autonomie qui le
rendra capable d’assurer son apprentissage sans la présence nécessaire d’un
tuteur. Cette indépendance est le départ vers une motivation intrinsèque «
dépendante de l’individu lui-même. L’individu se fixe ses propres objectifs,
construit des attentes, et le renforcement est obtenu par l’atteinte des objectifs
qu’il s’est lui-même fixés » (Pollet, 2015, p.03). En conséquence, la
motivation intrinsèque fait que l’apprenant aborde chaleureusement son métier
d’écolier et l’aime pour ce qu’il est (Gottfried, 2019, p.72). Cette conception
de la motivation intrinsèque en total harmonie avec le coaching garantira par
la suite, un apprentissage efficient et durable.
Cet objectif d’apprendre à apprendre est ce qui permet de répondre à
deux questions fondamentales : puisque le coach n’est pas un enseignant de
soutien scolaire, comment il aide son élève à comprendre ? et si le coach aussi,
n’est pas là pour expliquer une leçon, alors quel est son rôle ? Autonomiser
l’apprenant est le facteur décisif qui sépare le travail du coach de celui de
l’enseignant, et qui sera par la suite ce qui diffère ce dernier de l’enseignant-
coach.
Confirmations pratiques
Le coaching scolaire se présente depuis quelques années, vu son succès
dans différents pays, comme une solution incontournable pour la majorité des
dysfonctionnements des systèmes éducatifs, surtout qu’il place, à l’instar de la
majorité des nouvelles approches d’enseignement, l’élève dans son centre
d’intérêt et comme principal acteur. Cependant, de peur de se hâter vers une
solution qui pourrait s’avérer trompeuse, il est de notre devoir en tant que
chercheurs dans le grand champ de l’éducation de rester vigilant avant de
confirmer ou d’infirmer ce qui se dit autour du coaching scolaire.
C’est alors dans un contexte de crise d’enseignement et d’émergence du
coaching qui, en quelques années a su se vulgariser et cherche à se
démocratiser de plus en plus, que nous présentons ce travail à travers lequel
on espère répondre à plusieurs questions qui aideraient dans le développement
du système d’enseignement marocain.
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Méthodologie
Cette enquête vise à diagnostiquer l’utilité du coaching scolaire en tant
que nouvelle pratique pédagogique de classe. Elle se base sur un questionnaire
se composant de cinq parties divisées en seize questions. La première partie
concerne les informations personnelles des répondants, la deuxième traite les
méthodes d’enseignement selon les apprenants, la troisième partie examine les
stratégies et méthodes d’apprentissage, la quatrième étudie les objectifs
postbac et la dernière partie est une évaluation de l’école par les répondants.
L’échantillon se compose de 154 lycéens dont 86 filles avec une
moyenne d’âge de 16,77 ±1,529. La fiabilité et la consistance du questionnaire
ont été vérifié par l’outil SPSS (alpha=0,8), ainsi qu’une phase de pré-test
devançant son administration. Nous ne traitons pas tous les résultats dans ce
travail mais on se focalise sur les plus pertinents.
Tableau 1 : Répartition de l’échantillon selon le sexe, le niveau et la filière
Sexe Masculin 44,16%
Féminin 55,84%
Niveau Tronc commun 24,61%
1ère année 17,73%
2ème année 57,66%
Filière Lettre 56,39%
Science 43,61%
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Pour le sexe, nous adoptons une approche égalitaire. Pour les niveaux
on vise plus les élèves de la terminale vue qu’ils ont passé au moins trois
années au secondaire qualifiant et ils sont plus concernés par l’orientation
universitaire, alors que pour les filières nous représentons les pourcentages
selon les statistiques officielles publiées par le ministère de l’éducation
nationale.
« J’ai souvent été frappé du fait que les professeurs ne comprennent pas
qu’on ne comprenne pas. Ils imaginent que l’esprit commence comme une
leçon, qu’on peut toujours refaire une culture nonchalante en redoublant une
classe, qu’on peut faire comprendre une démonstration en la répétant point par
point » (Bachelard, 1971, p. 18). Même si cette citation date un peu, ce genre
d’enseignants existe encore, quoi qu’ils soient considérés comme agents
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d’apprentissage, ils ne maitrisent pas ou n’ont pas une idée claire de ce que
"apprendre" est. Le coach scolaire est entrain de dépasser l’enseignant dans le
paradigme lié à l’apprentissage en concentrant son travail sur les stratégies et
méthodes que doit mettre en œuvre les élèves, alors que les enseignants sont
beaucoup plus focalisés sur le processus et stratégies d’enseignement.
Les coachs scolaires profitent aujourd’hui des nouvelles théories liées à
la pédagogie comme la Programmation neurolinguistique. Par
programmation, on entend dire que nos comportements sont régis selon des
programmes que le cerveau a emmagasinés. Le terme « neuro » nous rappelle
que nos pensées et actes dépendent, en grande partie, de notre système
nerveux. La linguistique fait référence au langage qui gouverne nos pensées et
nos actions. A noter aussi que John Grinder, l’un des précepteurs est linguiste
d’où le mot « linguistique » et Richard Bandler, le deuxième fondateur de la
PNL est à la fois psychologue et informaticien d’où les mots « neuro »
et « programmation » (Jakobowicz, 2016, p. 8).
La PNL concerne le fait d’identifier et d’évaluer les différences
individuelles et les styles de pensées personnels, elle affirme également que
nous pouvons apprendre des expériences d’autres personnes parce que nos
systèmes nerveux comportent des similitudes fondamentales (Dilts, 2004,
p.3).
Dans la retranscription d’un de leurs séminaires des années 70, Bandler
et Grinder décrivent comment ils aident une personne à repérer sa stratégie de
mémorisation de l’orthographe. Dès cette date, Bandler définit les problèmes
d’apprentissage en termes de stratégies et non de canal. La stratégie de
mémorisation utilisée est une visualisation du mot suivi d’une vérification
kinesthésique de l’exactitude du mot.
Selon Thiry (2014), François Loiselle à l’université de Monction au
Canada a réalisé une expérimentation qui valide l’impact de cette stratégie de
mémorisation en PNL sur la performance orthographique et démontre
également l’effet de l’usage des accès oculaires. Il a constitué quatre groupes
à qui il a montré une liste de mots en leurs donnant des consignes légèrement
différentes. Au groupe témoin il n’a demandé que de « mémoriser ». Au
deuxième groupe de « visualiser ». Au troisième de « visualiser en haut à
gauche » et au dernier de « visualiser en bas à droite ». Par rapport au groupe
témoin le groupe « visualiser » obtient une petite amélioration de 10%. Alors
que le groupe « visualiser en haut à gauche » obtient les meilleures
performances au test et post-test (amélioration de 20-25%). Quant au groupe
« visualiser en bas à gauche », il obtient les plus mauvais résultats (diminution
de 15%). (p.35)
Il semblerait donc que la direction, appelée en PNL les accès oculaires,
dans laquelle un apprenant oriente son regard lorsqu’il cherche à revoir ce
qu’il a perçu au tableau ou sur son livre, ait une importance. Ainsi, le fait de
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Parmi les théories utilisées par les coachs scolaires et qui se base aussi
sur la variété des méthodes d’enseignement et l’individualisation de
l’apprentissage, c’est la théorie des intelligences multiples. Une enquête
concernant cette théorie a été effectuée auprès de 112 étudiants lituaniens, de
différentes facultés et de différentes spécialités apprenant une ou plusieurs
langues étrangères en option. À l’issue de cette recherche, il a été constaté que
les trois intelligences dominantes sont : l’intelligence intra personnelle (31 %
des sondés), inter personnelle 27% et visuelle 21% (Kazlauskaitė, et al. 2015,
p.101), ce qui nécessite une variété de méthodes de travail pour répondre à
l’hétérogénéité des apprenants, et cesser de considérer le groupe classe comme
« une seule et unique personne » (Renaud, 2013, p.25).
La conclusion majeure de ces résultats c’est le déclassement des
intelligences linguistique et logico-mathématique, ce qui impose de nouvelles
méthodes et pratiques enseignantes, puisque la majorité des approches
traditionnelles sont focalisées sur ces deux intelligences qui se sont avérées
inférieures chez la majorité des étudiants.
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Conclusion
Cette enquête a permis de constater qu’il y a effectivement des lacunes
dans le système éducatif que le coaching scolaire est susceptible de
compenser, néanmoins il y a encore beaucoup d’efforts à fournir pour que cette
pratique soit signifiante dans le parcours scolaire de nos élèves et qu’elle
atteigne les objectifs escomptés dont principalement, la formation du citoyen
de demain. Or, un enfant est aussi un citoyen, il faut qu’il puisse s’imprégner
des valeurs et surtout être indépendant dès son plus jeune âge.
La conclusion fondamentale de notre travail est que les pratiques dans
les classes sont encore dirigées vers un paradigme d’enseignement ; le prouve
les résultats démontrant que l’acteur principal d’un paradigme centré sur
l’apprentissage qui est l’élève est quasiment absent de la planification, gestion
et évaluation réalisées par l’enseignant. Lorsque ce dernier remarque qu’un
élève ne suit pas le cours, est ce qu’il a le réflexe de crier sur cet apprenant ?
ou bien remet-il en premier lieu sa pratique en se demandant : pourquoi cet
élève ne porte pas son attention vers la leçon ? telle est la grande différence
entre un enseignant et un enseignant-coach.
La seconde partie de cette enquête a démontré que l’école n’a pas su
autonomiser les apprenants qui manquent vraisemblablement de compétences
stratégiques et n’ont pas conscience de leurs points forts et points faibles. Ces
élèves, futurs étudiants, trouveront comme ceux et celles qui les ont précédés
des difficultés à s’intégrer dans le monde universitaire où ces compétences
deviennent « vitales ».
Au terme de cet article, nous rappelons que notre objectif était de
démontrer l’utilité du coaching scolaire comme pratique pédagogique vu qu’il
a déjà su se démarquer comme un accompagnement en marge de l’école. Par
ceci nous voulons tracer des pistes menant tout d’abord à une évolution, pour
ne pas dire révolution, du système d’enseignement puis vers un
développement humain garant du développement socio-économique.
Nous sommes convaincus que même en résistant au changement, le
coaching scolaire finira par s’imposer, car nous pensons que la cause
principale de l’échec de plusieurs politiques liées au secteur de l’éducation est
que nous présentons encore une école du 20ème siècle pour une génération du
troisième millénaire. Quoi que le coaching aussi retrouve ces racines dans le
siècle précédent, le coaching scolaire n’est apparu que dans les débuts des
années 2000 en Europe, et la plupart de ses outils n’ont intégré la sphère
éducative que tardivement.
Ce problème de décalage est accentué par le désengagement de nombreux
enseignants et la résistance aux changements. Il est grand temps de voir les
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choses dans leur globalité, et appliquer une approche systémique pour mieux
cerner les problèmes qui touchent notre système d’enseignement pour « mieux
faire, faire mieux et faire différemment » (Mathieu, 2014, p.58).
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