Économie Internationale - 8e Éd
Économie Internationale - 8e Éd
Économie Internationale - 8e Éd
internationale
8e édition
© Dunod, 2016
5 rue Laromiguière, 75005 Paris
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-07ŚŚŝş-Ś
Table des matières
Avant propos ;,
Introduction 1
VI • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
III. Les échanges de différenciation 78
A. Les divers types de différenciation 79
B. Le commerce intrabranche 79
C. Commerce intrabranche, comportements de demande
et revenus par tête 83
D. La thèse de la préférence pour la variété
et l’échange international 85
IV. Géographie et échange international 89
A. Le modèle de gravité 90
B. Effets-frontières 90
C. Géographie et technologie 91
D. Le « Home market effect » 92
E. L’économie géographique : commerce et localisation 94
V. Échanges de biens intermédiaires et segmentation internationale
des processus productifs 98
A. La chaîne globale de production 99
B. Les effets de la segmentation 102
VI. Hétérogénéité des firmes et commerce mondial 106
A. Firmes exportatrices et firmes non exportatrices 107
B. Hétérogénéité des firmes et théories de l’échange
international 109
C. Produits exportés et pays de destination 110
Exercices
Questions 111
Exercices d’application sur Excel 113
Corrigés 114
4. Les effets du protectionnisme 117
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Bibliographie 379
Ouvrages 379
Revues et publications périodiques 381
Index 383
X • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Avant-propos
Ce manuel aborde l’ensemble des questions d’économie internationale, qu’il
s’agisse de commerce ou de macroéconomie ouverte. Il s’adresse aux étu-
diants de licence et master des universités, aux élèves des grandes écoles et
à toutes celles et tous ceux qui désirent comprendre la nature et les effets des
relations économiques entre pays dans la période contemporaine. À la fin de
chaque chapitre, des exercices et leurs corrigés sont proposés.
Comme l’édition précédente, ce manuel est organisé en neuf chapitres.
Les cinq premiers traitent des questions de commerce international et
d’investissements directs étrangers. Les quatre suivants sont consacrés à la
macroéconomie internationale. Tout en conservant cette structure générale,
nous avons introduit de nombreux développements nouveaux, avec le triple
souci de simplifier certains aspects théoriques, d’accorder plus d’importance
aux travaux empiriques et de montrer comment les économistes s’efforcent
de prendre en compte les mutations qui caractérisent la mondialisation des
années 2000. Les données factuelles ont, bien entendu, été actualisées.
Pour permettre de mieux apprécier la pertinence des deux modèles de base
de l’échange (avantages comparatifs et dotations factorielles) présentés dans
les chapitres 1 et 2, cette nouvelle édition indique plusieurs voies qui témoi-
gnent de leur portée et de leurs limites. Ainsi, l’introduction d’un continuum
de biens dans le modèle des avantages comparatifs (chapitre 1) permet de
mieux comprendre le rôle du salaire dans les choix de spécialisation.
L’impact de facteurs explicatifs autres que les seules dotations factorielles sur
le commerce (progrès technique, nature de la concurrence, comportements de
consommation) est à présent analysé, de même que la question du lien entre
ouverture et inégalités des salaires dans les pays du « Sud » et dans les pays
avancés qui est développée de manière plus approfondie (chapitre 2).
Le chapitre 3, qui présente les nouvelles théories de l’échange, a aussi fait
l’objet d’importants remaniements. Le cas des économies d’échelle externes
est présenté de façon plus simple, le lien entre commerce intrabranche et
revenu par tête est analysé en détail et l’impact de la géographie sur les
échanges est beaucoup plus développé que dans les versions précédentes. Il
occupe désormais une section entière de ce chapitre. De plus, le phénomène
Avant-propos • XI
contemporain de la segmentation des processus productifs, déjà largement
présent dans la 7e édition, est réexaminé à la lumière de nouvelles données
statistiques et sa modélisation est présentée de façon simple.
Le chapitre 4, qui aborde la question des instruments de la protection, s’est
enrichi d’un développement sur une nouvelle approche, celle du commerce
administré.
Dans le chapitre 5, quatre domaines ont été profondément « revisités » :
l’impact de l’ouverture sur la croissance, l’évaluation des effets de création
et de détournement de commerce engendrés par les unions régionales, l’émer-
gence de nouveaux accords entre pays au XXIe siècle et l’impact de l’inves-
tissement direct étranger sur l’emploi dans les pays développés et dans les
pays en voie de développement. Dans tous les cas, des références à des études
nouvelles ont été introduites dans le texte.
Le chapitre 6 expose les nouveaux principes de construction de la balance
des paiements d’un pays, fixés par le Fonds monétaire international dans la
6e édition du Manuel de la balance des paiements, et ceux de la position exté-
rieure globale adoptés par la France en 2014. Ces nouveaux principes trans-
forment profondément la présentation des données. Ce chapitre décrit en
détail la logique de cette nouvelle architecture, analyse la situation de la
France et les déséquilibres mondiaux révélés par l’observation des balances
des principaux pays en long terme.
Dans le chapitre 7, qui étudie les déterminants de la balance courante d’un
pays, la section I a fait l’objet d’importantes modifications visant principale-
ment à alléger la modélisation et à introduire certaines données récentes. Pré-
cisément, on se recentre sur les éléments essentiels du modèle intertemporel
et des critères de soutenabilité de la dette et on fait référence à des éléments
factuels récents sur les avoirs nets ou les dettes nettes des principaux acteurs
de l’économie mondiale.
Les données statistiques des chapitres 8 (Politiques économiques) et 9
(Taux de change) font l’objet d’actualisations. De plus, dans le chapitre 9,
des compléments sont introduits sur les modèles de crise et sur les difficultés
que connaît la zone euro dans les années 2010-2015.
http://www.dunod.com/contenus-complementaires/economie-internationale
Avant-propos • XIII
Introduction
La dimension internationale de l’activité économique est aujourd'hui un fait
acquis. Le panier de la ménagère contient des biens produits à l’étranger.
Telle firme importe des matières premières et des produits semi-finis. Telle
autre exporte une partie de sa production. Toutes deux gèrent des avoirs en
devises liés à leurs opérations avec l’extérieur. Il leur arrive de s’endetter ou
de faire des placements sur les marchés financiers internationaux. Les
banques interviennent de plus en plus sur ces marchés, soit comme intermé-
diaires, soit pour leur propre compte. L’État agit quand il juge bon de
défendre certains secteurs menacés par la concurrence étrangère et quand la
situation des paiements extérieurs et/ou du taux de change lui paraît inquié-
tante.
Ainsi, l’activité économique de la nation est-elle étroitement dépendante
de l'environnement international. Appréhender les interrelations entre les
comportements et les décisions des agents économiques d’un pays et le
contexte extérieur est une étape indispensable dans la formation
d’économiste.
Le but de ce manuel est de fournir les éléments de base permettant la com-
préhension des mécanismes qui gouvernent l’organisation des relations éco-
nomiques internationales. Conformément à une tradition bien établie, nous
analysons séparément le commerce international (dans les chapitres 1 à 5) et
les relations macroéconomiques internationales (dans les chapitres 6 à 9).
L’analyse économique du commerce international vise à répondre aux
questions suivantes :
– Dans quels biens un pays doit-il se spécialiser et quels biens a-t-il
intérêt, en contrepartie, à importer ?
– L’ouverture sur l’extérieur, la spécialisation et l'échange, sont-ils
bénéfiques par rapport à l'autarcie ?
– Comment un pays se protège-t-il de la concurrence extérieure et
quels sont les effets des mesures de protection sur le bien-être de la
collectivité nationale et sur l’utilisation des facteurs de production au
niveau mondial ?
Introduction • 1
– Quelles sont les modalités et les conséquences du multilatéralisme ou
de la formation d’une union économique sur les échanges et sur le bien-être
des pays membres et des pays tiers ?
Les théories de l’échange international apportent des réponses à plu-
sieurs de ces interrogations, en particulier à celles concernant les effets de
l’ouverture sur le bien-être des coéchangistes et sur les types de spécialisa-
tion souhaitables. Les théories traditionnelles se réfèrent aux avantages com-
paratifs et aux dotations en facteurs primaires des pays, alors que les théories
modernes, qui justifient également l’ouverture, montrent que les spécialisa-
tions dépendent, au moins en partie, de la technologie, des économies
d’échelle et de la différenciation des produits. Les risques liés aux effets de
l’ouverture n’en existent pas moins. La question des formes et des effets des
interventions étatiques dans l’organisation des échanges de marchandises
n’en revêt que plus d’intérêt. Cette question est abordée sous l’angle des
modalités et des effets des politiques commerciales pour les pays dont les
États interviennent et pour les pays étrangers.
La seconde partie, consacrée à la macroéconomie internationale, a pour
objet l’étude globale des échanges de biens et services, de titres et de mon-
naies et des relations entre ces échanges et les variables macroéconomiques
et financières : revenu national, niveau général des prix, taux de change,
masse monétaire, dépenses publiques, soldes de la balance des paiements.
L’offre et la demande de biens et services sont prises en compte, mais de
façon globale et non pas différenciée, comme dans la première partie. La
question, en effet, n’est plus de savoir quels types de biens sont exportés et
importés, mais quelle est la valeur du solde courant et quelles relations exis-
tent entre ce solde et les variables macroéconomiques et financières du pays.
Le taux de change, prix d’une monnaie en termes d’une autre monnaie, tient
une place centrale tout au long de cette seconde partie.
Le chapitre 1 expose le principe des avantages comparatifs et ses généra-
lisations. Il indique les méthodes empiriques susceptibles de permettre de
repérer ces avantages.
Le chapitre 2 explicite le modèle des dotations factorielles dans lequel la
spécialisation repose sur les dotations en facteurs primaires et les technolo-
gies. Il analyse les possibilités d’étendre les conclusions du modèle à la situa-
tion dans laquelle le nombre de facteurs et de produits est supérieur à deux,
ainsi que la conformité des résultats aux faits observés. Dans le prolongement
de cette approche qui précise la nature du lien entre ouverture et rémunéra-
tions des facteurs, ce chapitre aborde le problème controversé de l’impact du
commerce sur les salaires des pays développés et des pays en développement.
Dans le chapitre 3 sont exposées les théories contemporaines de
l’échange, qui font appel à des déterminants autres que les dotations
factorielles. Ces thèses reposent sur l’innovation, les rendements d’échelle
2 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
croissants et la différenciation des produits. La capacité d’innovation d’un
pays lui permet de prendre des positions sur le marché mondial pour certains
biens, indépendamment de ses avantages de dotations. La présence de rende-
ments d’échelle croissants est également une source de commerce, la possi-
bilité de produire pour un marché plus vaste permettant de supporter un coût
moindre, donc d’être plus compétitif. La recherche de biens différenciés, dont
la consommation accroît l’utilité collective, nourrit un nouveau type de
commerce, le commerce intrabranche. Le développement du commerce de
biens intermédiaires révèle l’existence d’un processus croissant de division
des processus productifs et atténue la portée des thèses des chapitres 1 et 2
qui ne considèrent que des biens de consommation. L’économie géogra-
phique, qui privilégie les distances entre pays et la dynamique des terri-
toires, permet de mettre en lumière le rôle de facteurs autres que les coûts
et les dotations factorielles. La présence de firmes hétérogènes, certaines
concentrant l’essentiel des exportations tandis que d’autres ignorent le
marché mondial, nécessite aussi de revoir certains présupposés des théo-
ries traditionnelles.
Le chapitre 4 étudie les effets du protectionnisme sous ses diverses formes
(droit de douane, restriction quantitative, subvention) sur le bien-être collectif
du pays dont l’État intervient et sur la situation des pays étrangers. Ces effets
dépendent des structures de marché, la concurrence impliquant des pertes
pour tous, alors que la présence de pays ou de firmes disposant d’un pouvoir
de monopole ou situées sur un marché oligopolistique, ouvre la possibilité de
gains, si la politique commerciale est bien choisie. Les arguments en faveur
d’interventions étatiques sur le commerce extérieur du pays prennent appui
sur certaines de ces analyses ou sur la défense d’intérêts particuliers.
Le chapitre 5, consacré à l’organisation des échanges mondiaux, décrit le
rôle des institutions multilatérales (GATT et OMC) dans le processus
contemporain de libéralisation du commerce et présente des éléments factuels
sur la question controversée du lien entre, d’une part, l’ouverture et la crois-
sance et, d’autre part, l’ouverture et les inégalités. Il expose les principaux
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit.
Introduction • 3
macroéconomiques et analyse les déséquilibres globaux qui marquent la
période actuelle.
Le chapitre 7 envisage les facteurs qui agissent sur la balance des paie-
ments courants (marchandises et services), en faisant référence aux choix
intertemporels concernant les décisions de consommation et d’investissement
de la société et en prenant en compte les effets-prix (taux d’inflation et varia-
tion du taux de change) et les effets-revenus (variation des revenus nationaux
du pays et des pays étrangers). Ces développements permettent de préciser
les conditions dans lesquelles un pays peut gérer ses déséquilibres courants
sur plusieurs années et explicitent les mécanismes qui lient l’inflation, les
variations du change et les fluctuations de l’activité à l’excédent ou au déficit
de la balance courante.
Le chapitre 8 traite des relations entre, d’une part, la balance des paie-
ments dans sa globalité (balance courante et mouvements d’actifs financiers)
et, d’autre part, les variables d’activité, les taux d’intérêt, les masses moné-
taires et le taux de change. Il aborde la question des effets de la politique
budgétaire et de la politique monétaire en courte période sur l’activité inté-
rieure et sur les soldes de la balance des paiements, dans les divers régimes
de change (change fixe et change flexible), à partir du modèle de Mundell-
Fleming. L’extension de ce modèle, dans un cadre de longue période, permet
d’intégrer dans l’analyse la flexibilité des prix et des salaires et de montrer
en quoi cette flexibilité affecte l’impact des politiques économiques en éco-
nomie ouverte.
Le chapitre 9 analyse le fonctionnement du marché des changes, les théo-
ries explicatives de la formation des taux de change (parité de pouvoirs
d’achat, parité des taux d’intérêt, théorie monétaire, surajustement). Il pré-
sente les modèles qui cherchent à apporter des explications aux crises de
change des années 1990 et du début du XXIe siècle. Il expose la théorie des
zones monétaires optimales qui permet d’évaluer l’opportunité de la consti-
tution d’une union monétaire entre différents pays. Ce cadre théorique est
ensuite utilisé pour analyser les difficultés auxquelles la zone euro est
confrontée dans la période 2010-2015.
4 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
1. L’échange
international
et les avantages
comparatifs
S
elon la théorie des avantages comparatifs, la spécialisation des
pays en économie ouverte repose sur les coûts relatifs en travail
et apporte un gain à tous les partenaires. Ceci peut être montré
dans un modèle à deux biens et reste vrai si l’on considère un nombre
quelconque de biens. Dans ce cas, le rapport des salaires joue un rôle
crucial dans le partage des biens en deux classes, les biens exportés et les
biens importés. La prise en compte d’un continuum de biens permet de
mettre en évidence les conséquences de certains phénomènes, en parti-
culier les coûts de transport, sur le commerce. Les tests empiriques indi-
quent que les coûts en travail expliquent en partie les échanges. Divers
indicateurs statistiques permettent de révéler les avantages (et les désa-
vantages) qui caractérisent le commerce d’un pays.
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Pays A Pays B
Blé 2 5
Voiture 3 4
Ce sont donc les coûts relatifs, 4/5 et 3/2, et non les coûts absolus, qui
déterminent les avantages de l’échange. Ces avantages sont qualifiés
d’avantages comparatifs.
6 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
B. Le prix de l’échange dans le modèle des avantages
comparatifs
La détermination de la position précise du prix de l’échange nécessite de dis-
poser d’autres éléments que les coûts. Dès lors en effet que l’on connaît la
taille des pays (nombre total d’unités de travail disponibles) et les comporte-
ments de consommation, il est possible de préciser toutes les caractéristiques
de l’échange, en particulier le prix.
Supposons que le nombre d’unités de travail disponibles dans le pays A
soit de 6 000 et que celui du pays B soit de 10 000. Nous désignons par p le
prix de la voiture en termes de blé (p = nombre d’unités de blé à payer pour
obtenir une voiture). Le blé étant choisi comme numéraire (son prix vaut un),
le revenu national évalué en blé dans un pays est défini par la relation
suivante : production de blé + p (production de voitures) = revenu national.
On admet par ailleurs que les consommateurs consacrent 50 % de leur revenu
aux achats de blé et 50 % aux achats de voitures.
• Autarcie
En autarcie, le prix relatif de la voiture en termes de blé est égal au rapport
des coûts en travail : dans le pays A, ce prix est égal à 3/2 = 1,5 et dans le
pays B, il s’élève à 4/5 = 0,8. En autarcie, le revenu est égal à la production
maximum possible de blé : en A le revenu national vaut donc 3 000 unités de
blé et, en B, il s’élève à 2 000 unités de blé. Les quantités consommées et
produites de chaque bien correspondent à ces revenus nationaux :
• consommation de blé en A = production de blé en A = 0,5 × revenu de
A = 0,5 × 3 000 = 1 500 unités de blé ;
• consommation de voitures en A = production de voitures en A = 0,5 ×
(revenu de A) / 1,5 = 0,5 × 2 000 = 1 000 voitures ;
• consommation de blé en B = production de blé en B = 0,5 × revenu de
B = 0,5 × 2 000 = 1 000 unités de blé ;
• consommation de voitures en B = production de voitures en B = 0,5 ×
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Pays A Pays B
R p = 1,2
2 000
importations
1 000
F
importations
N S voitures
0 1 250 2 000 0' 1 250 2 500
1 000 voitures
exportations
Figure 1.1 – Autarcie et libre-échange dans le modèle ricardien
• Libre-échange
Supposons maintenant que les deux pays échangent. Comme aucun des deux
n’élève d’obstacle à l’entrée des importations et comme il n’existe aucun coût
de transport, le prix relatif p de l’échange entre A et B est identique au prix
relatif qui s’établit à l’intérieur de chaque pays. Ce prix va se situer nécessai-
rement entre les prix relatifs d’autarcie : 4/5 < p < 3/2 . Si, en effet, p était
supérieur à 3/2, les producteurs de A et de B seraient conduits à ne produire
que des voitures (puisque leur prix serait supérieur à celui d’autarcie dans les
deux pays), et il n’y aurait aucun blé disponible sur le marché pour répondre
à la demande des consommateurs. Symétriquement, si p était inférieur à 4/5,
les producteurs de A et de B seraient conduits à ne produire que du blé (car
le prix relatif du blé 1/p serait supérieur à 5/4, c’est-à-dire aux deux prix rela-
tifs d’autarcie, 2/3 et 5/4) et il n’y aurait aucune voiture disponible sur le
marché pour répondre à la demande des consommateurs.
La position du prix p dans la fourchette des prix d’autarcie dépend des
coûts, des tailles des pays et des comportements de consommation. En effet
les spécialisations dépendent des coûts comparatifs, les quantités produites
sont liées à la taille des pays (nombre de travailleurs) et les consommations
reposent sur les revenus (qui dépendent eux-mêmes des productions). Tous
ces éléments contribuent à la formation de l’offre ou de la demande sur
chaque marché, donc participent à l’établissement du prix.
8 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Dans notre exemple, le prix est strictement compris dans la fourchette des
prix d’autarcie : 4/5 < p < 3/2 . Montrons-le. Pour ce faire, partant de l’hypo-
thèse que p est conforme à cette condition, nous déterminons son niveau qui se
révèle être compatible avec les contraintes de l’échange international, c’est-à-
dire avec l’égalité entre exportations et importations sur chaque marché.
Puisque p est intermédiaire, le pays A se spécialise totalement dans la pro-
duction de blé, car son prix relatif 1/p est supérieur à celui d’autarcie qui vaut
2/3. De même le pays B se spécialise totalement dans la production de voi-
tures dont le prix relatif p est supérieur au prix d’autarcie qui vaut 4/5. A
produit donc 3 000 unités de blé et aucune voiture, tandis que B produit 2 500
voitures et aucune unité de blé. Le revenu national évalué en blé s’élève à
3 000 dans le pays A et à 2 500p dans le pays B. La consommation de blé en
A est égale à 0,5 × 3 000 = 1 500 unités de blé et celle de B vaut 0,5 ×
2 500p = 1 250p unités de blé. Puisque les pays échangent, l’exportation de
blé par A est égale à l’importation par B : 3 000 – 1 500 = 1 250p. Le prix p
se fixe donc à 1 500 / 1 250 = 1,2. Ce prix est bien conforme à l’hypothèse
de départ puisqu’il est compris entre 4/5 et 3/2. La connaissance de ce prix
permet de préciser toutes les caractéristiques de l’équilibre international.
Celles-ci figurent dans le tableau 1.2.
Blé Voitures
ou Importation (–)
ou Importation (–)
Revenu national
Exportation (+)
Exportation (+)
Consommation
Consommation
évalué en blé
Production
Production
Conclusion
Dans le modèle des avantages comparatifs, si le prix relatif de
l’échange est strictement compris entre les coûts relatifs :
– chaque pays est totalement spécialisé dans la production du bien qui
bénéficie d’un avantage comparatif ;
– cette spécialisation permet à chaque partenaire d’obtenir un gain par
rapport à l’autarcie.
➙ Remarques
a) Il est possible, pour certains comportements de consommation, que
le prix de l’échange soit confondu avec le coût relatif d’un des deux
pays. Dans ce cas, le pays pour lequel cette coïncidence a lieu ne reçoit
aucun gain par l’échange, alors qu’à l’inverse, l’autre bénéficie d’un
gain maximum, du fait que le prix international est alors dans la posi-
tion la plus éloignée possible de son prix d’autarcie. Si, par exemple,
la préférence pour le blé s’accroît, le prix de libre-échange de la voiture
en termes de blé diminue, s’approche du prix d’autarcie de B (4/5), et,
éventuellement, lui est égal. Dans notre exemple, on peut montrer que
si les consommateurs consacrent au moins 60 % de leur revenu à
consommer du blé, le prix de l’échange est égal à 4/5. Le pays B ne
gagne rien par l’échange, alors que le gain de A est maximum. Si la
collectivité de B est consciente de cette absence de gain et refuse
l’échange, alors chaque pays reste en autarcie et l’opportunité d’obtenir
un gain maximum échappe au pays A.
b) Le gain de chaque pays a été apprécié à partir du surcroît de
consommation du bien importé rendu possible par l’ouverture. On peut
proposer une autre mesure de ce gain faisant référence à la variation
du revenu national à prix constants. Supposons que l’on mesure le
revenu de chaque pays, dans les deux états (autarcie et ouverture) avec
le système de prix d’autarcie. En autarcie, le revenu de A est égal à
3 000 unités de blé et en économie ouverte, il s’élève à : consommation
de blé + (3/2) × (consommation de voitures) = 1 500 + (3/2) ×
1 250 = 3 375 unités de blé. Or 3 375 > 3 000. Il y a donc bien accrois-
sement de revenu à prix constants. On aboutirait au même type de
10 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
résultat pour le pays B et la conclusion serait inchangée si l’on utilisait
le prix de libre-échange (1,2) à la place des prix d’autarcie.
-----B- < ----- < -----B- , le symbole π ij désignant la productivité du travail (inverse
π2 s B π1
du coût) dans la branche i et le pays j.
On constate donc que lorsque les deux pays sont totalement spécialisés
selon leurs avantages comparatifs et échangent entre eux, le rapport des
salaires d’économie ouverte est strictement compris dans la fourchette des
productivités relatives. Le bien dont la productivité relative est inférieure
au rapport des salaires est importé par le pays et celui dont la productivité
relative est supérieure au rapport des salaires est exporté par le pays.
12 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
dans la valeur de la production totale pour pondérer chaque productivité.
Dans notre exemple (tableau 1.3), la productivité moyenne du pays A en
autarcie, compte tenu du système de prix d’autarcie et de la répartition de sa
production, vaut : 0,2 × 0,5 × 4 + 0,3 × 3 × 5 + 0,5 × 1 × 2 = 5,9 unités du
bien nourriture.
Tableau 1.3. Productivités absolues et relatives du travail dans les pays A et B
Supposons que les deux pays s’ouvrent au commerce sans mettre aucun
obstacle, et que leurs tailles et les comportements de consommation soient
tels que, compte tenu de ces productivités, le rapport du salaire de A au
salaire de B s’établisse à 1,5 (compris entre 1,25 et 2). On sait que cette posi-
tion du salaire relatif implique que le pays A se spécialise totalement dans la
nourriture et que le pays B se spécialise totalement dans les deux autres biens,
l’électroménager et le transport. Puisque A ne produit que de la nourriture,
sa productivité moyenne, devient égale à celle de la branche nourriture soit
2 unités de nourriture. Elle est inférieure à celle d’autarcie.
On constate donc qu’il est possible qu’un pays subisse une baisse de sa
productivité moyenne du fait de l’ouverture, s’il est conduit par les conditions
du marché à se spécialiser dans certains biens pour lesquels sa productivité
absolue est faible et à abandonner certains autres pour lesquels sa producti-
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vité absolue est plus élevée. Ce résultat, qui ne plaide guère en faveur du
libre-échange, dépend en partie du système de prix choisi pour convertir les
productivités et d’une caractéristique spécifique du modèle ricardien, à savoir
l’existence de spécialisations totales, une fois l’ouverture instaurée. Or, beau-
coup de pays maintiennent des productions souffrant de désavantages com-
paratifs, ce qui modifie le niveau de la productivité moyenne par rapport au
modèle. De plus, la concurrence externe stimule l’innovation, ce qui améliore
le niveau moyen de productivité du pays.
Il n’est donc pas certain que les effets négatifs de la spécialisation sur la
productivité absolue moyenne l’emportent sur d’autres sources de progrès
dues à l’ouverture. Celle-ci, en provoquant la disparition de certaines
entreprises et en augmentant l’efficacité de celles qui se maintiennent, est
Le fait de considérer un continuum de biens (et non plus des biens sépa-
rés) permet de présenter de façon simple le modèle ricardien dans un cadre
général (plus de deux biens). De plus, il offre la possibilité de faire apparaître
l’influence sur le commerce des barrières (coûts de transport). Nous repre-
nons ici la présentation du modèle du continuum de R. Dornbush, S. Fisher
et P.A. Samuelson2.
14 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
du pays étranger par rapport au pays est défini par la variable A(z)=a*(z)/a(z).
z est une variable continue (ce qui revient à supposer qu’il existe une infinité
de biens) appartenant à l’intervalle [0,1]. On suppose que tous les biens sont
ordonnés de façon telle que, quand z augmente, le pays voit son avantage
comparatif diminuer continuellement par rapport à l’étranger : le coût relatif
de l’étranger diminue quand z passe de zéro à un. La fonction A(z) est donc
une fonction monotone décroissante comme indiqué sur la figure 1.2.
16 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
pays (L et L*) et des comportements de demande (fonction ) permet de
déterminer complètement les caractères de l’équilibre.
A(z)g
18 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
IV. Les tests empiriques des avantages
comparatifs
20 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
qu’un élément parmi d’autres de la compétitivité des États-Unis par rapport
à certains pays développés, dans la période contemporaine. Les estimations
de Golub et Hsieh sont d’ailleurs caractérisées par de faibles niveaux des
coefficients de corrélation, ce qui montre bien que ces variables « ricar-
diennes » n’expliquent qu’une part limitée des variations des performances
commerciales.
Tableau 1.4 – Tests des avantages comparatifs des États-Unis (EU) par rapport à certains
pays développés pour les biens manufacturés
*La productivité est égale au rapport de la quantité de travail à la valeur ajoutée de la branche dans chaque pays.
**Le coût salarial unitaire est égal à l’inverse de la productivité multiplié par le salaire de la branche.
*** Les conversions des valeurs ajoutées et des salaires dans une même monnaie se font grâce à un taux de
change à la parité de pouvoir d’achat calculé pour les biens manufacturés.
Source : GOLUB S. et O.T. HSIEH (2000), « Classical Ricardian Theory of Comparative Advantage Revisited »,
Review of International Economics, vol. 8(2), pp. 221-234.
éléments explicatifs des performances d’un pays par rapport à un autre sur
les marchés extérieurs. D’autres facteurs sont à prendre en compte : les dota-
tions en capital, les ressources naturelles, la capacité d’innover, la qualité et
la nouveauté des produits, la présence d’économies d’échelle. Ces facteurs
seront analysés dans les chapitres suivants.
22 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
pour i si –1 ≤ ACRSij < 0. Si le pays j n’exporte pas du tout le bien i
ACRSij = –1 et si le pays j est le seul pays à exporter le bien i ACRSij est très
proche de 1 (car XiW est proche de zéro).
Le troisième indicateur est celui du CEPII (Centre d’études prospectives
et d’informations internationales) qui caractérise la spécialisation d’un pays
à partir des soldes des branches et non pas à partir des seules exportations.
L’indicateur utilisé compare chaque solde de branche (exportations - impor-
tations) rapporté au PIB du pays avec le solde global, également rapporté au
PIB, mais pondéré par le poids des échanges du bien dans le commerce total
du pays. En désignant par Mij les importations du pays j en bien i et par MTj
les importations totales de j, on définit un indicateur d’avantage pour le bien
i et le pays j :
Conclusion
Ce chapitre a présenté un modèle à deux biens et un modèle à plus de
deux biens permettant de mettre en évidence le rôle des avantages com-
paratifs – qui reposent essentiellement sur les productivités relatives du
travail – dans les choix de spécialisations. Ces spécialisations sont censées
apporter des gains à tous les consommateurs. La comparaison du rapport
des salaires entre deux pays avec les rapports des productivités du travail
(branche par branche) permet de déterminer les biens exportables par cha-
cun. Ce qui est exporté et ce qui est importé par chaque pays dépend aussi
d’autres éléments que les productivités, comme la taille des pays et les
comportements des consommateurs, car ces paramètres influencent les
Questions
Question 1
Supposons que la production d’une tonne de riz nécessite 10 heures de travail aux États-
Unis et 15 heures de travail en Chine, tandis que la production d’une tonne de maïs
demande 12 heures de travail aux États-Unis et 25 heures de travail en Chine. Quel est
l’avantage comparatif de chaque pays ? La Chine et les États-Unis décident de commer-
cer ensemble, au prix d’une tonne de maïs contre 1,5 tonne de riz. Quel est le bien
exporté par chacun et pourquoi cet échange est-il bénéfique pour les deux ? En quoi
l’avantage absolu n’a-t-il pas d’effet sur les spécialisations ?
Question 2
On considère deux pays, le Nord (N) et le Sud (S), qui produisent deux biens 1 et 2, avec
du travail L. Le coût en travail du bien i dans le pays j (nombre d’unités de travail
nécessaires à produire une unité de bien i) est noté cij : c1N = 2 c2N = 4 c1S = 3 c2S = 12.
Les pays disposent des dotations suivantes en travail : LN = 4 000 et LS = 9 000. On
désigne par yij la production du bien i dans le pays j, par dij la consommation du bien i
dans le pays j et par yj le revenu national du pays j exprimé dans le bien 1, choisi comme
numéraire. p est le prix du bien 2 en termes du bien 1. Les comportements de consom-
mation sont les mêmes dans les deux pays : d1j = 0,5yj et d2j = 0,5 (yj/p).
1° Donner toutes les caractéristiques d’autarcie de chaque pays. Représentation graphique.
2° Quel est l’avantage comparatif de chaque pays ? Les deux pays pratiquent le libre-
échange. Quel est le prix de l’échange ?
3° Quelles sont les niveaux des productions des consommations et des échanges à ce
prix ? Donner une représentation graphique. Comment apprécier le gain de l’échange ?
4° Que valent les salaires en économie ouverte ? Comment sont-ils situés par rapport aux
productivités du travail ?
Question 3
L’objectif de cet exercice est d’analyser les effets de l’introduction du sous-emploi dans
le modèle des avantages comparatifs. Deux pays le nord (N) et le sud (S) produisent deux
biens, le bien 1 de basse technologie et le bien 2 de haute technologie grâce à du travail
uniquement. Les coûts unitaires sont fixes. Le bien 1 est choisi comme numéraire. On
désigne par le coût unitaire du bien i (i = 1 , 2) dans le pays j (j = N,S), par la
24 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
production du bien i dans le pays j, par la consommation du bien i dans le pays j, par
la valeur du revenu national du pays j évaluée dans le numéraire 1, par p le prix du
bien 2 en termes du bien 1 et par le stock de travail disponible dans le pays j.
Le système productif est caractérisé par :
. On se trouve au plein emploi dans les deux pays.
Les fonctions de consommation sont différentes entre pays :
Question 4
On se place dans le cadre du modèle du III (continuum de biens). Quels sont les effets
sur l’équilibre (rapport des salaires et nombre de biens exportés par chacun des deux
pays) de l’augmentation de la taille du pays étranger par rapport à celle du pays domes-
tique (hausse de L*/L), tous les autres paramètres restant identiques ? Commentez le
résultat.
EAE-1
Cet exercice présente une maquette du modèle simple des avantages comparatifs de
Ricardo à deux pays et deux biens, identique à celle du I du chapitre 1. L’exercice
consiste à utiliser cette maquette pour procéder à des simulations. Celles-ci permettent
d’analyser les effets sur les spécialisations et sur les gains de l’échange du contexte dans
lequel les pays acceptent de s’ouvrir : progrès technique différent selon les secteurs,
croissance de la demande mondiale de certains biens, différences de taille entre pays par-
tenaires.
26 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Corrigés
Question 1
Les États-Unis possèdent un avantage comparatif dans la production du maïs par rapport
au riz, car le coût relatif du maïs est plus faible aux États-Unis qu’en Chine :
12 ⁄ 10 = 1 ,2 < 25 ⁄ 15 = 1 ,67 La Chine possède un avantage comparatif pour le riz par
rapport au maïs, car le coût relatif du riz est plus faible en Chine qu’aux États-Unis :
15 ⁄ 25 = 0 ,6 < 10 ⁄ 12 = 0 ,83 . Il faut payer 1,5 tonne de riz pour obtenir une tonne de
maïs, ou encore payer 2/3 de tonne de maïs pour obtenir une tonne de riz. Les États-Unis
(EU) exportent le bien pour lequel ils possèdent un avantage comparatif, c’est-à-dire le
maïs. En autarcie, quand ils déplacent des travailleurs de la branche « maïs » vers la
branche « riz », les EU obtiennent, en renonçant à une tonne de maïs, 1,2 tonne de riz.
En économie ouverte, en exportant une tonne de maïs (qui devient non disponible pour
la consommation nationale), les EU obtiennent 1,5 tonne de riz, ce qui est mieux qu’en
autarcie. La Chine exporte le bien pour lequel elle dispose d’un avantage comparatif,
c’est-à-dire le riz. En autarcie, quand elle déplace des travailleurs de la branche « riz »
vers la branche « maïs », elle obtient, en renonçant à une tonne de riz, 0,6 tonne de maïs.
En économie ouverte, en exportant une tonne de riz, elle obtient 2/3 = 0,67 tonne de
maïs, ce qui est mieux. Il y a donc bien gain pour les deux pays. Ce sont les coûts relatifs
qui déterminent les avantages et non les coûts absolus. Même si un pays possède des
coûts absolus plus bas dans les deux branches par rapport à son partenaire, il exportera
un seul bien, celui pour lequel il détient un avantage relatif. Ainsi les EU ont des coûts
absolus plus bas que ceux de la Chine (10 < 15 pour le riz et 12 < 25 pour le maïs) et
néanmoins ils n’exportent que le bien pour lequel ils disposent d’un avantage relatif, le maïs.
Question 2
1° Le prix relatif de 2 en termes de 1 en autarcie est égal au coût relatif de 2 par rapport
à 1 dans chaque pays : p N = 4 ⁄ 2 = 2 et p S = 12 ⁄ 3 = 4 . Le revenu national évalué
en bien 1 au N est défini par yN = y1N + pNy2N = y1N + 2y2N. Par ailleurs le plein- emploi
du travail est réalisé : 2 y 1 N + 4 y 2 N = 4 000 . Donc y N = 4 000 ⁄ 2 = 2 000 . D’où
y 1 N = d 1 N = 0 ,5 y N = 1 000 et y 2 N = d 2 N = 0 ,5 y N ⁄ p N = 500. La même démarche
vaut pour le sud. Le calcul permet d’établir que : y S = 3 000 y 1S = d 1S = 1 500
y 2S = d 2S = 375 . L’autarcie est représentée sur la figure 1.5 par les points E (pour le
nord) et E’ (pour le sud).
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exportations
Pays N Pays S
2 000 A
p=3
1 500 F F'
1 500 E'
importations
1 000 p=3
E
importations
B D
0 500 1 000 y2N 0' 375 750 y2S
500
exportations
Figure 1.5 – Échanges entre le nord et le sud
Bien 1 Bien 2
ou Importation (–)
ou Importation (–)
Revenu national
évalué en bien 1
Exportation (+)
Exportation (+)
Consommation
Consommation
Production
Production
L’équilibre de libre-échange est représenté sur la figure 1.5 par les points B (production
de libre-échange de N), F (consommation de libre-échange de N), C (production de libre-
échange de S) et F’ (consommation de libre-échange de S). Les échanges sont, bien
entendu, équilibrés. Le gain de N et de S peut être évalué par l’accroissement de consom-
mation du bien importé par rapport à l’autarcie : 500 unités de bien 1 au nord et
125 unités de bien 2 au sud.
28 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
4° Le salaire de N s N évalué en bien 1 est égal au rapport du revenu national sur le
nombre d’unités de travail : s N = 3 000 ⁄ 4 000 = 0 ,75 . De même au S
s S = 3 000 ⁄ 9 000 = 0 ,33 . Par ailleurs les productivités du travail dans les branches i
( i = 1 ,2 ) et les pays j ( j = N , S ) sont égales à l’inverse des coûts : π 1 N = 1 ⁄ 2
π 2 N = 1 ⁄ 4 π 1S = 1 ⁄ 3 π 2S = 1 ⁄ 12 . On observe donc que, conformément au point A
de la section II, le rapport des salaires est compris entre le rapport des productivités, la
productivité relative de 1 au N étant inférieure à la productivité relative de 2 au N,
puisque N a l’avantage pour 2 :
π1 N sN π2 N
- = 1 ,5 < -----
-------- = 2 ,25 < --------
- = 3.
π 1S sS π 2S
Question 3
1° Le coût relatif du bien 2 par rapport au bien 1 est égal, au Nord à 4,5/1,5 = 3 et au
Sud à 10/2=5. Le Nord possède donc un avantage comparatif pour la production du bien
2 et le Sud pour la production du bien 1.
2° Supposons que le prix p soit intermédiaire : 3 < p < 5. Dans ce cas, le Nord se spé-
cialise totalement en bien 2 et le Sud en bien 1. Les productions du Nord s’élèvent à
et . Le revenu national du Nord évalué en bien 1 vaut
donc et sa consommation de 1 est égale à : 0,4.1000.p =
400p. Cette consommation est intégralement assurée par les importations en provenance
du Sud.
Les productions du Sud s’élèvent à : et . Le revenu natio-
nal du Sud évalué en bien 1 vaut et sa consommation de bien 1 vaut
0,6.4500 = 2700. Le Sud exporte le surplus de bien 1 (4500-2700 = 1800) vers le Nord.
Le prix p est tel que le marché du bien 1 est équilibré : 400p = 1 800. Le prix p vaut
donc 4,5. Ce prix d’équilibre est bien compris entre 3 et 5.
3° À partir du prix de 4,5, il est possible de déterminer la valeur de toutes les variables
restantes. L’ensemble de la situation d’équilibre est décrite dans le tableau qui suit.
En comparant la situation de chaque pays avec celle d’autarcie, on constate qu’il y a gain
pour les deux. Le Nord consomme autant de bien 2 (600 unités) mais plus de bien 1
(1 800 unités au lieu de 1 200). Le Sud consomme autant de bien 1 (2 700 unités) mais
plus de bien 2 (400 unités au lieu de 360).
4° Comme le prix est intermédiaire, le Nord ne produit que du bien 2 mais avec une main
d’œuvre réduite : . D’où son revenu national et sa consommation de
bien 1 intégralement importée : et .
D’où (1)
Si le taux de chômage γ au Nord augmente, p* augmente (p* est une fonction croissante
de γ). Cela s’explique par le fait que l’offre mondiale de bien 2 se réduit si le taux de
chômage au Nord augmente (car cette offre provient uniquement du Nord tant que p* est
intermédiaire) alors que l’offre mondiale de bien 1 reste constante (4 500 unités pro-
duites par le Sud). Si le Nord souffre incontestablement de ce chômage croissant (qui fait
baisser le volume de sa production), en revanche, il bénéficie d’un gain croissant dû à la
hausse du prix du bien qu’il produit et qu’il exporte. La question suivante aborde la ques-
tion de savoir quel effet l’emporte.
La situation limite est celle dans laquelle p*=5 (prix égal au prix d’autarcie du Sud).
Dans ce cas, le Sud n’est plus en spécialisation complète, mais produit les deux biens.
Ses consommateurs ne gagnent plus rien par rapport à l’autarcie. D’après (1) ce prix
correspond à un taux de chômage au Nord de . p* ne peut se fixer au-
dessus de 5 car pour de tels niveaux de prix, les deux pays seraient totalement spécialisés
en bien 2, ce qui est impossible (car les consommateurs ne trouveraient alors aucune
unité du bien 1 sur le marché).
5° En autarcie .
En spécialisation totale, la demande de bien 1 par le Nord est égale à :
. On observe que, quelle que soit l’ampleur
du chômage, le Nord consomme toujours la même quantité de bien 1. Ceci provient du
fait que son revenu national évalué en bien1 est stable (et égal à 4 500 unités de bien 1,
comme en économie ouverte sans chômage).
En revanche la quantité consommée de bien 2 par le Nord est affectée par le taux de
chômage :
30 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
situation, le Nord consomme 1 800 unités de bien 1 et 540 unités de bien 2. Son utilité
collective est donc inférieure à celle du 3° (elle vaut 873,97 au lieu de 931,12). Le Nord
supporte le double désavantage de connaître du sous-emploi et de gagner moins par
l’échange que s’il n’y avait pas de sous-emploi. En résumé :
Utilité N autarcie < Utilité N ouverture et chômage < Utilité N ouverture et plein emploi
Question 4
La hausse du rapport L*/L affecte la position de la courbe B(z) mais nullement celle de
la courbe A(z). D’après la relation (4) du cours, pour un z donné, la hausse du rapport
L*/L engendre la hausse de δ, ce qui signifie que la courbe B(z) se déplace vers la gauche
(mais elle passe toujours par l’origine). La nouvelle position de B(z) est B’(z) (figure 1.6).
Comme la courbe A(z) reste identique, le nouvel équilibre E’ est caractérisé par un salaire
relatif du pays plus élevé que dans l’équilibre initial représenté par E ( > ) et par
un bien « frontière » plus petit que précédemment ( < z ), comme l’indique la figure
1.6. Le pays domestique profite donc de la plus grande taille de son partenaire (son
salaire relatif augmente) mais il produit un ensemble plus réduit de biens. Que s’est-il
passé ?
Dans la situation initiale ( z , ), la hausse de la taille du pays étranger engendre une
hausse du revenu mondial, donc une hausse de la valeur de la demande globale adressée
aux biens produits par le pays domestique. La valeur de la production du pays domes-
tique augmente donc (relation (4)) et cela engendre une hausse du salaire w par rapport
à w*, ce qui provoque une perte d’avantages comparatifs de ce pays pour certains biens,
ceux pour lesquels le rapport a*/a est situé juste au-dessus du rapport initial w/w*. On
aboutit bien à une situation finale dans laquelle le salaire relatif du pays a augmenté mais
le nombre de biens dans lesquels il est spécialisé a diminué. Le nombre de biens dans
lesquels l’étranger est spécialisé a donc augmenté.
d
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L
e modèle HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson) ou théorie des dota-
tions factorielles prolonge la théorie ricardienne, à partir d’un
cadre reposant sur des techniques flexibles et la présence d’au
moins deux facteurs de production. Dans ces nouvelles hypothèses, la
spécialisation dépend des dotations factorielles des pays, l’échange est
toujours source de gain et l’ouverture engendre des modifications dans
la répartition du revenu national. Les vérifications empiriques révèlent
que les dotations factorielles expliquent partiellement les spécialisations
des pays et leur évolution dans le temps. D’autres facteurs interviennent
également, en particulier les écarts technologiques et les préférences des
consommateurs. Les effets de l’ouverture sur les salaires prévus par le
modèle sont sujets de débats, compte tenu des évolutions observées, en
particulier dans les pays en développement.
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34 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
w
—
r
Γ k2
(—wr )γ k1
(—wr )a
(—wr )β
est générale : dans le modèle HOS, en autarcie, plus un facteur est abondant
par rapport à l’autre et plus sa rémunération relative est basse (plus la rému-
nération relative de l’autre facteur est élevée).
Comme le prix p est fonction croissante de w/r, l’augmentation de k cor-
respond aussi à l’accroissement de p, c’est-à-dire à la diminution de 1/p, prix
relatif du bien 1 par rapport au bien 2. On constate donc que, dans le modèle
HOS, en autarcie, plus un facteur est relativement abondant, plus le bien qui
utilise ce facteur de façon relativement abondante, est bon marché, par rap-
port à l’autre bien. Dans l’exemple précédent, lorsque k augmente, c’est la
branche 1, la plus capitalistique ( k 1 > k 2 ), dont le prix relatif 1/p diminue.
36 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Bien 1
pa
B
pβ
A
pγ
I
0 C Bien 2
A. Spécialisation et gain
Supposons que le prix du marché mondial p auquel le pays se soumet soit
supérieur au prix d’autarcie p a . L’augmentation du prix relatif du bien 2 par
rapport au bien 1 provoque, conformément à ce qui a été montré dans la
section I point C, une augmentation de la production du bien 2 et une dimi-
nution de la production du bien 1.On passe, sur la figure 2.3, du point A au
point Q E . Les quantités produites en économie ouverte sont égales à y 1E et
y 2E . Tous les points de la droite Q E E′ sont a priori accessibles pour les
consommateurs, grâce à l’échange avec l’extérieur.
Parmi tous ces complexes de biens consommables, celui qui va faire
l’objet d’une consommation effective est celui qui maximise l’utilité collec-
tive. Cette maximisation correspond au point de contact entre la droite Q E E′
et la courbe d’indifférence collective I’ la plus éloignée de l’origine. Les
quantités consommées s’élèvent donc à d 1E et d 2E . Le pays exporte le bien 2
pour un montant d 2E y 2E et importe le bien 1 pour un montant d 1E y 1E .
Le passage de l’autarcie au libre-échange augmente le bien-être du pays,
puisque la courbe d’indifférence collective I’ correspondant à l’économie
ouverte est située au-dessus de celle d’autarcie I.
38 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Bien 1
d E1 CE
B I
I'
Importations
p
A
pα
y E1
QE
pγ
Exportations
E'
d E2 y E2 C Bien 2
Figure 2.3 – L’équilibre du petit pays en économie ouverte
en bien 1 (il produit au point B sur la figure 2.3) et le rapport des rémunéra-
tions reste constant et égal ( w ⁄ r ) β (figure 2.4). Si p β < p < p γ , le pays pro-
duit les deux biens et le rapport des rémunérations est variable et compris
entre ( w ⁄ r ) β et ( w ⁄ r ) γ . Si p > p γ , le pays est totalement spécialisé en bien
2 (il produit au point C sur la figure 2.3) et le rapport des rémunérations est
constant et égal à ( w ⁄ r ) γ . Ainsi la courbe qui représente la relation entre p
et w/r en économie ouverte n’est pas la courbe Γ dans sa totalité mais la
courbe ZUVZ’ (figure 2.4).
Le passage de l’autarcie au libre-échange se traduit par la modification du
prix relatif des biens p, donc du rapport w/r. Dans notre exemple, la hausse
de p (qui passe de p a à p ) engendre une augmentation de w/r, donc de k 1 et
Z' V (—wr )γ
k1
U Z
(—wr )β
p pγ p pa pβ 0 k k1, k2
40 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
C. L’effet de la croissance sur la spécialisation :
le théorème de Rybczynski
L’analyse en termes de dotations factorielles permet d’appréhender les effets
de la croissance économique sur le commerce international. Le petit pays,
ouvert sur l’extérieur, est supposé connaître une augmentation de sa dotation
en travail ou en capital. Le théorème de Rybczynski concerne l’effet de cet
accroissement sur les spécialisations.
Il s’énonce ainsi :
En spécialisation partielle, le prix relatif des biens étant donné, la crois-
sance de la dotation d’un des facteurs provoque l’augmentation de la pro-
duction du bien qui utilise relativement plus ce facteur et provoque la
contraction de la production de l’autre bien.
au point (figure 2.5). p est le prix relatif de 2 qui correspond à cette pro-
duction. Il est égal à la valeur absolue de la pente de la tangente à la frontière
des possibilités de production (courbe BC) en . D’après le théorème de
Rybczynski, l’accroissement de la quantité disponible de travail provoque
l’augmentation de la production du bien 2 (relativement plus utilisateur de
travail) et la réduction de celle du bien 1 (relativement plus utilisateur de
capital). Le nouveau point de production correspond à ces variations
(moins de bien 1 et plus de bien 2). De plus, la nouvelle frontière des possi-
bilités de production (B’C’) est telle qu’en le prix p est le même qu’en
. La frontière se déforme donc, de façon que le gain de production soit
beaucoup plus marqué pour le bien 2 que pour le bien 1 (figure 2.5). On
montre que tous les points tels que (correspondant à des quantités
42 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
relatif p au rapport w/r, en autarcie, est la même dans les deux pays
puisqu’elle dépend d’éléments identiques, les fonctions de production. Elle
est représentée par la courbe Γ de la figure 2.4. Par ailleurs, comme on l’a vu
dans la section I, le rapport w/r, en autarcie, dépend de la dotation relative du
pays k = K/L. La liaison est la même en A et en B, car elle repose sur les
fonctions de production et les préférences qui sont identiques. Comme cela a
été vu dans la section I elle est telle que plus k est élevé, plus w/r est élevé :
une abondance relative croissante du capital fait baisser r/w. Puisque le pays
A est relativement mieux doté en capital que le pays B, le salaire relatif
d’autarcie de A est plus élevé que celui de B, et comme la relation entre w/r
et p d’autarcie est croissante, le prix d’autarcie de A, p A , est plus élevé que
le prix d’autarcie de B, p B .
Lorsque les deux pays échangent, le prix d’équilibre p* qui s’établit est com-
pris entre les deux prix d’autarcie : p B < p∗ < p A. Le passage de l’autarcie au
libre-échange dans le pays A se traduit par une diminution du prix de 2 en
termes de 1, donc par une augmentation du prix relatif de 1 par rapport à 2, ce
qui conduit le pays A à se spécialiser dans le bien 1 et à l’exporter. Or le bien 1
est le bien le plus utilisateur, en termes relatifs, de capital. Le pays A se spécia-
lise donc dans le bien qui utilise relativement plus le facteur relativement abon-
dant (le capital). Symétriquement, dans le pays B, le prix relatif de 2 augmente,
dans la transition autarcie – libre-échange. Il en résulte que le pays B se spécia-
lise dans le bien 2, bien le plus utilisateur, en termes relatifs, de travail. Or le
pays B est relativement mieux doté en travail que le pays A.
Pays A Pays B
Prix de l'échange
PA Prix de l'échange
IA
CB
I*B
Autarcie
CA Autarcie IB
HA Prix d'autarcie
I*A
Prix HB PB
d'autarcie
OA Bien 2 OB Bien 2
A produit en PA et consomme en CA B produit en PB et consomme en CB
Dans notre exemple, lorsque les deux pays échangent, le pays A se spécia-
lise en bien 1 et l’exporte en échange du bien 2 qu’il importe (figure 2.6).
L’ouverture lui procure un gain : les consommateurs bénéficient d’un accrois-
sement d’utilité, illustré par le passage de la courbe d’indifférence collective
d’autarcie I A à la courbe d’indifférence collective d’économie ouverte I A* .
Symétriquement, le pays B se spécialise en bien 2 qu’il exporte, en
échange de bien 1. Le passage de la courbe d’indifférence collective d’autar-
cie I B à celle d’économie ouverte I B* traduit l’existence du gain à l’échange.
Les échanges sont, bien entendu, équilibrés : le volume exporté du bien 1 par
A est égal au volume importé du bien 1 par B ; il en est de même pour le bien
2 : le volume de bien 2 exporté par B est égal au volume importé de 2 par A.
44 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
correspond à p* est identique dans les deux pays et vaut (w/r)* (figure 2.7).
Les intensités factorielles sont également identiques et s’élèvent à k 1* et k 2* .
Comme les rémunérations absolues dépendent uniquement des intensités fac-
torielles, ces rémunérations sont égales dans les deux pays : le salaire de A
est égal au salaire de B et la rémunération du capital en A est égale à celle
de B.
On peut donc énoncer le théorème d’égalisation des rémunérations
factorielles :
On constate donc que le seul libre-échange des biens, sans aucune circu-
lation possible des facteurs entre pays, suffit à permettre l’égalisation du
salaire et de la rémunération du capital entre les deux pays, donc l’égalisation
des niveaux de vie. La réalité est, certes, assez éloignée de ce modèle idéal.
Il reste que celui-ci peut servir de cadre pour analyser certains phénomènes
contemporains liés au commerce entre pays du nord et pays du sud, comme
nous le verrons dans la section V.
Si l’un des pays au moins est en spécialisation totale en libre-échange,
alors l’égalisation des rémunérations factorielles n’a plus lieu. Si, par
exemple, le prix de libre-échange est égal à p**, le pays A est en spécialisa-
tion partielle et sa rémunération relative se fixe à ( w ⁄ r ) A** , tandis que dans
w/r
Γ k2
Pays A
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(w/r)**
A
k1
Pays B (w/r)γB
(w/r)*
Pays A
Pays B
46 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
p d le prix domestique d’autarcie et par p e le prix étranger d’autarcie, que :
( p e ⁄ p d ) avions < ( p e ⁄ p d ) voitures < ( p e ⁄ p d ) réfrigérateurs < ( p e ⁄ p d )
ciment < ( p e ⁄ p d ) blé.
En termes de prix d’autarcie, le pays domestique possède donc l’avantage
le plus grand pour le blé et un avantage de plus en plus faible, en allant du
blé vers les avions. La situation du pays étranger est symétrique : son avan-
tage est maximum pour les avions et décroît lorsque l’on se déplace vers la
droite. Si l’on compare cette échelle des avantages avec les dotations relatives
et les intensités factorielles, on constate que chaque pays possède un avan-
tage d’autant plus important pour un bien que ce bien est fortement utilisa-
teur du facteur dont il est relativement abondamment doté.
On retrouve donc une liaison très proche de celle mise en évidence dans
le cadre de deux biens et deux facteurs. Mais la présence d’un nombre de
biens supérieur à deux fait naître une question qui n’existait pas dans le cas
de deux biens : quel est le point exact de partage entre les deux classes de
biens, celle des biens exportés par d et celle des biens exportés par e ? Ce
point de partage dépend des préférences des consommateurs. Dans le cas que
nous étudions, il se peut que le pays domestique exporte du blé et du ciment
et importe, depuis le pays étranger, des réfrigérateurs, des voitures et des avi-
ons. Mais d’autres situations sont à prendre en compte, par exemple celle
dans laquelle le pays domestique exporterait également des réfrigérateurs, en
plus du ciment et du blé.
B. Le modèle HOV
L’échange international de biens est, indirectement, un échange de facteurs
de production, puisque, pour produire les biens exportés, les pays utilisent du
travail, du capital et des ressources naturelles. Dans le modèle à deux biens,
deux facteurs, deux pays, de la section III le pays A exporte le bien 1, bien
intensif en capital et importe le bien 2 bien intensif en travail. Il est donc
exportateur net de capital et importateur net de travail, le pays B étant dans
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
la situation inverse. Ainsi une relation peut être établie entre les dotations
relatives et les contenus factoriels des échanges : chaque pays exporte une
quantité plus grande du facteur relativement abondant qu’il n’en importe et
importe une quantité plus grande du facteur relativement rare qu’il n’en
exporte.
Cette relation reste vraie dans un cas plus général, comme le montre le
modèle HOV (Heckscher-Ohlin-Vanek) qui prolonge le modèle HOS, en
supposant que le nombre de biens et de facteurs est supérieur à deux.
Ce modèle définit la dotation relative du pays j dans un facteur k comme
le rapport de sa dotation en k à celle du monde entier et établit une
relation entre cette dotation relative et le contenu factoriel des échanges de j.
48 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Le modèle HOV peut donc être résumé ainsi :
C. Le paradoxe de Leontief
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Travail
182,3 170,0
(en hommes-années)
Travail/Capital
(en hommes-années par
71,5 55,0
million de dollars de
capital)
Source : LEONTIEF W. (1954), « Domestic production and foreign trade ; the american capital position
reexamined », Economia internazionale, vol. 7, n° 1, févr., pp. 3-32.
50 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
– Des études font aussi remarquer que certaines hypothèses du modèle
HOV ne sont pas conformes à la réalité, ce qui implique que la liaison
entre dotations et contenus factoriels des échanges n’a plus de raison
d’être conforme à la théorie. Divers éléments sont invoqués : présence
de droits de douane, fonctions de consommation différentes aux États-
Unis et à l’extérieur, technologies à renversements d’intensités facto-
rielles, présence d’un excédent de la balance commerciale des États-
Unis dans l’année du test (alors que le modèle HOV suppose l’équi-
libre).
pour l’année 1983, avec 9 facteurs et 33 pays. Il calcule l’écart entre d’une
part le contenu factoriel des exportations nettes, d’autre part la différence
entre la dotation effective et la dotation théorique du pays pour le facteur
considéré (la dotation théorique est égale à la part du pays dans le PIB
mondial multipliée par la dotation mondiale). Les résultats de Trefler mon-
trent que cet écart est souvent élevé, et qu’une fois sur deux, le contenu fac-
toriel n'est pas du même signe que la norme, ce qui indique, à nouveau,
combien la thèse est mal vérifiée empiriquement. De plus on relève que, le
plus souvent, les contenus factoriels sont, en valeur absolue, bien inférieurs
à la norme, ce qui traduit l’existence d’un « manque » de commerce par rap-
port à ce que prévoit la théorie HOV.
52 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
1) Écarts technologiques et biens non échangés
Pour Davis et Weinstein1, la présence d’écarts technologiques entre pays et
de biens non échangés (en raison notamment des obstacles, tels que les coûts
de transport et les barrières protectionnistes) explique une bonne partie du
missing trade. Les auteurs s’appuient sur des données concernant dix pays de
l’OCDE, 34 branches et trois années, 1984, 1985 et 1986. Ils montrent que
l’intensité capitalistique (capital par travailleur) diffère, pour une même
branche, entre pays et que celle-ci est d’autant plus élevée que la dotation
relative du pays en capital est élevée. Il n’y a donc pas totale indépendance
entre les technologies et les dotations, comme le supposent les modèles HOS
et HOV. Au contraire, mieux un pays est doté en capital, plus les diverses
branches utiliseront des technologies plus capitalistiques que les pays parte-
naires. De plus, la présence de biens non échangés accentue ces écarts. En
introduisant dans le modèle HOV ces éléments, les auteurs calculent le
contenu factoriel des échanges prévu par le modèle ainsi amendé et le com-
parent au contenu factoriel effectif. Même si celui-ci est encore inférieur au
contenu prévu (le rapport est d’environ 80 %) l’écart est beaucoup plus faible
que dans l’étude de Trefler. Le missing trade s’explique donc en partie par
les différences de technologie entre pays et par les obstacles au commerce.
54 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Tableau 2.3 – Élasticités-revenus et intensités en travail qualifié par branche (2004)
Source : CARON J., FALLY T., MARKUSEN J.R. (2014), « International Trade Puzzles : a Solution linking
Trade and Preferences », The Quarterly Journal of Economics, vol. 129, page 1530
pitre). En s’appuyant sur cette analyse, on peut montrer que les pays du Sud
devraient connaître une réduction de l’écart entre les salaires des travailleurs
qualifiés et les salaires des travailleurs non qualifiés si leurs échanges avec
le Nord s’intensifient. L’observation de certains faits des années 1980 et
1990 ne conforte pas cette hypothèse, ce qui incite à introduire d’autres élé-
ments, à côté de l’ouverture, dans les déterminants de leur inégalité salariale.
Pour ce qui concerne les pays du Nord, les inégalités augmentent bien, mais
l’impact des échanges avec le Sud doit être relativisé.
que soient les rémunérations factorielles, les technologies sont telles que le
bien h utilise relativement plus de travail qualifié et le bien b utilise relative-
ment plus de travail non qualifié. On désigne par le salaire des tra-
vailleurs qualifiés du Nord, par le salaire des travailleurs non qualifiés
du Nord, par le salaire des travailleurs qualifiés du Sud et par le
salaire des travailleurs non qualifiés du Sud.
Compte tenu des hypothèses sur les fonctions de production (à rendements
d’échelle constants et identiques entre pays), les deux salaires sont liés par la
même relation au Nord et au Sud et cette relation est décroissante (courbe (C)
sur la figure 2.8). Lorsque le Nord et le Sud se trouvent en autarcie, leurs
salaires sont déterminés uniquement par l’abondance relative factorielle (cf.
I.B). La rémunération de chaque facteur est moins élevée dans le pays rela-
tivement mieux doté que l’autre pays pour ce facteur. Le Nord rémunère donc
moins bien ses travailleurs qualifiés que le Sud et rémunère mieux ses tra-
vailleurs non qualifiés que le Sud : et (figure 2.8).
Si le Nord et le Sud s’ouvrent au commerce, ils vont se spécialiser selon
la loi de proportion de facteurs : le Nord produit plus du bien de haute tech-
nologie et le Sud plus du bien de basse technologie. Conformément à ce qui
a été indiqué dans le III.B de ce chapitre, cette spécialisation entraîne des
réallocations de facteurs entre les branches h et b et ces réallocations engen-
drent des variations de salaires dans chaque pays. Au Nord, le facteur relati-
vement plus utilisé dans la branche h (le travail qualifié) voit sa rémunération
augmenter et le facteur relativement plus utilisé dans la branche b (le travail
non qualifié) voit sa rémunération diminuer : augmente et diminue.
Au Sud, on observe l’inverse : diminue et augmente. On doit même
aller, en principe, jusqu’à l’égalisation totale : et
(point E sur la figure 2.8).
56 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Figure 2.8 – Salaires des travailleurs qualifiés et non qualifiés dans le modèle HOS
Dans les pays du Sud, on devrait observer une réduction de l’inégalité sala-
riale dès lors que ces pays acceptent de réduire leurs barrières commerciales
vis à vis des pays du Nord. Les études menées sur l’évolution de la prime de
qualification ( ) dans certains pays émergents, dans les phases qui
ont suivi l’adoption d’une politique de libéralisation des échanges, montre
qu’il n’en n’est rien. La prime de qualification augmente dans tous les pays
étudiés dans la période qui suit le choix en faveur d’une plus grande ouver-
ture (tableau 2.4).
La hausse de la prime de qualification dans ces pays du Sud révèle les
limites du modèle HOS, sans le disqualifier totalement. Plusieurs explications
ont été avancées pour justifier l’évolution observée des salaires. En premier
58 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Sud utilisant des technologies moins utilisatrices de travail non qualifié que
les firmes locales.
60
50
40 Imports de manufacturés
depuis les PED/PIB (%)
30
Écart entre salaire des
20 diplômés et salaire des
non diplômés (%)
10
0
1973 1979 1989 2000 2007 2011
Source : BIVENS J. (2013), « Using Standard Models to Benchmark the Cost of Globalization for American
Workers without a College Degree », Economic Policy Institute, March 22, 2013.
Figure 2.9 – Part des PED dans les importations de produits manufacturés
des États-Unis et prime de qualification aux États-Unis
1. BIVENS J. (2013), « Using Standard Models to Benchmark the Cost of Globalization for
American Workers without a College Degree », Economic Policy Institute, March 22, 2013.
2. SCOTT R.E. (2012), « The China Toll », Economic Policy Institute, Briefing Paper, n° 345.
3. EDWARDS L., LAURENCE R.Z. (2010), « US Trade and Wages : the Misleading Implica-
tions of Conventional Trade Theory », National Bureau of Economic Research Working
Papers Series, n° 16106, June 2010.
60 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
tions n’est pas celui stipulé par HOS, car les biens produits par les États-Unis
sont différents des biens importés depuis le Sud, en sorte que les travailleurs
non qualifiés américains ne se trouvent pas en concurrence directe avec les
travailleurs non qualifiés des pays en développement. L’accroissement de la
prime de qualification proviendrait donc d’autres phénomènes propres au
pays : le progrès technique qui demande de plus en plus de travail qualifié et
le changement de goûts des consommateurs qui augmentent, dans leur bud-
get, la part consacrée aux biens et aux services nécessitant plus de travail
qualifié.
Krugman1 souligne qu’il y a consensus sur le fait que dans les années
1990 l’impact de l’ouverture aux importations des pays en développement a
eu un faible effet sur l’inégalité, mais est peut-être plus déterminant dans les
années 2000, aux États-Unis, comme dans les autres pays développés. Mais
dans cette période, le fait que les pays développés externalisent une partie
croissante de leur processus vers des pays émergents transforme la nature
même des importations venant de ces pays émergents car, bien souvent, ce
ne sont plus des biens totalement issus de leur système productif. Cette seg-
mentation qui sera étudiée dans le chapitre 3 nécessite de reconsidérer la rela-
tion entre commerce et salaire aux États-Unis et, plus généralement, dans les
pays du Nord.
Conclusion
Le modèle des dotations factorielles permet de montrer que les stocks
de facteurs détenus par les pays conditionnent en partie leur spécialisation.
Les tests qui mettent en relation les contenus factoriels des échanges avec
les dotations relatives de chaque pays révèlent que d’autres déterminants
interviennent également : les écarts technologiques, les préférences des
consommateurs, les obstacles au commerce. L’introduction de ces élé-
ments dans le modèle permet d’améliorer nettement ses performances
empiriques. L’analyse des effets du commerce sur l’inégalité entre le
salaire des travailleurs qualifiés et le salaire des travailleurs non qualifiés
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. KRUGMAN P.R. (2008), « Trade and Wages, Reconsidered », Brooking Papers on Econo-
mic Activity, Spring 2008.
Question 2
Le pays A dispose de 200 unités de capital et de 250 unités de travail et le pays B de 100
unités de capital et de 100 unités de travail. Le pays A, qui dispose de plus de capital que
le pays B, a intérêt à exporter des automobiles, bien fortement utilisateur de capital, et à
importer du textile, bien fortement utilisateur de travail, mais le pays B n’a aucun intérêt
à échanger avec le pays A puisqu’il dispose d’autant de travail que de capital. Vrai ou
faux ? Justifier.
Question 3
Deux biens, le textile t, et l’électronique e, sont produits grâce à deux facteurs de pro-
duction, le travail non qualifié, L et le travail qualifié H. Les fonctions de production
sont : y t = H t0 ,4 L t0 ,6 et y e = H e0 ,6 L e0 ,4 ; le textile est choisi comme numéraire, on
désigne par p le prix de l’électronique en termes de textile, et par wh et wl respectivement
le salaire des travailleurs qualifiés et des travailleurs non qualifiés en termes de textile.
1° On note h i = H i ⁄ L i le nombre de travailleurs qualifiés par travailleur non qualifié
dans la branche i. Exprimer h t et h e en fonction de w l ⁄ w h ainsi que p en fonction de
w l ⁄ w h . Ces relations doivent être établies à partir de l’égalisation des productivités mar-
ginales en valeur pour chaque facteur, entre les deux branches, et de l’hypothèse selon
laquelle la rémunération de chaque facteur est égale à la valeur commune de ces produc-
tivités. Justifier la démarche, interpréter et illustrer graphiquement.
2° Le monde est formé de deux zones, la zone Nord et la zone Sud et les fonctions de
production dans la zone Nord et la zone Sud sont identiques et conformes à celles défi-
nies ci-dessus. Les dotations factorielles de chaque zone j sont désignées par H j pour le
travail qualifié et par L j pour le travail non qualifié : H N = 1 535 ; L N = 2 670 ;
H S = 440 ; L S = 2 200 .
Dans quel intervalle est compris w l ⁄ w h pour chaque zone ? Quel est, pour chaque zone,
l’intervalle de prix associé à une spécialisation incomplète ? Illustrer graphiquement.
3° Les préférences des consommateurs sont identiques dans les deux zones et les fonc-
tions de demande sont d tj = 0 ,5 y j et d ej = 0 ,5 ( y j ⁄ p ), d ij désignant la demande de bien
i dans la zone j et y j le revenu de la zone j en termes de textile. Déterminer pour chaque
zone les niveaux d’autarcie de w l , w h et de p sachant que la relation prévalant en autar-
cie entre le prix relatif des facteurs de production et la dotation relative en travail qualifié,
h = H ⁄ L est w l ⁄ w h = h .
4° Le libre-échange étant instauré entre les deux zones, le prix relatif de l’électronique
en termes de textile s’établit au niveau p = 1,2. La loi des proportions de facteurs est-elle
vérifiée sous la forme « quantité » ? Sous la forme « prix » ? Comparer les rémunérations
des facteurs de production dans les deux zones.
5° On considère ici que, partant de la situation d’autarcie décrite à la question 3, les
travailleurs non qualifiés émigrent vers la zone où la rémunération est la plus élevée.
Aucun échange n’a lieu pendant cette phase d’adaptation et ces flux de main-d’œuvre
prennent fin lorsque les salaires des travailleurs non qualifiés s’égalisent dans les deux
zones. Quel volume de travail non qualifié s’est déplacé ? Les deux zones ont-elles, une
fois réalisés ces transferts de main-d’œuvre, intérêt au commerce international ? Quels
sont, dans cette situation, les salaires des deux catégories de travailleurs dans chaque
zone ? La situation serait-elle la même si les travailleurs qualifiés avaient émigré vers la
zone qui offre le salaire le plus élevé ? Comparer à la situation de libre-échange décrite
dans la question 4.
EAE-2
Cet exercice porte sur l’évolution des spécialisations par branche de la France en long
terme et sur ses déterminants structurels. Cet exercice prend appui sur les trois indica-
teurs d’avantages comparatifs présentés dans la section V du chapitre 1. Il utilise les
données de la base Chelem du CEPII. L’objectif est de calculer ces indicateurs, d’analy-
ser leur évolution et de rechercher si certaines informations qu’ils révèlent peuvent être
reliées aux facteurs de spécialisation présentés dans les chapitres 1 et 2.
Corrigés
Question 1
Faux. La loi des proportions de facteurs ne contredit pas le principe ricardien mais fournit
une explication des avantages comparatifs autre que les différences de productivité rela-
tive du travail. Cette loi établit que ce sont les différences dans la richesse relative des
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pays en facteurs de production qui expliquent les différences de prix d'autarcie, et donc
la structure des avantages comparatifs.
Question 2
Faux. Ce qui importe, ce sont les dotations relatives en ressources productives et non les
dotations absolues. Le pays B est, par rapport au pays A, relativement riche en capital :
K B ⁄ L B = 100 ⁄ 100 = 1 > K A ⁄ L A = 200 ⁄ 250 = 0 ,8 . Le pays A est relativement riche
en travail : L A ⁄ K A = 250 ⁄ 200 = 1 ,25 > L B ⁄ K B = 100 ⁄ 100 = 1 . Si toutes les hypo-
thèses du modèle sont satisfaites (fonctions de production et conditions de demande iden-
tiques), le pays B a intérêt à importer du textile, et le pays A à importer des automobiles.
Question 3
1° La productivité marginale d’un facteur en valeur dans une branche est égale à la déri-
vée partielle de la fonction de production de la branche par rapport à ce facteur, multi-
2 w 3 w 9
soit, h t = --- ------l ; h e = --- ------l et h e = --- h t
3 wh 2 wh 4
L’électronique est relativement plus utilisatrice de travail qualifié que le textile, ceci
quelle que soit la rémunération relative du travail non qualifié. De plus,
0 ,6h t0 ,4 w l ⎞ – 0 ,2
⎛ -----
p = ----------------
0 ,6- soit p = ⎝
- :
0 ,4h e w h⎠
le prix relatif de l’électronique est d’autant plus élevé que la rémunération relative des
travailleurs qualifiés est importante par rapport à celle des travailleurs non qualifiés.
2° h N = H N ⁄ L N = 1 335 ⁄ 2 670 = 0 ,5 > h S = H S ⁄ L S = 440 ⁄ 2 200 = 0 ,2. La
zone Nord est relativement mieux dotée en travail qualifié que la zone Sud.
– Zone Nord
• spécialisation totale en électronique, h e = h N = 0 ,5 et w l ⁄ w h = ( 2 ⁄ 3 )h N = 0 ,33 .
• spécialisation totale en textile, h t = h N = 0 ,5 et w l ⁄ w h = ( 3 ⁄ 2 )h N = 0 ,75 .
Les prix correspondants sont p = 0 ,33 –0 ,2 ≅ 1 ,06 et p = 0 ,75 –0 ,2 ≅ 1 ,25 .
En conséquence,
p ≤ 1 ,06 → w l ⁄ w h = 0 ,75 : la zone Nord est totalement spécialisée en textile
1 ,06 < p < 1 ,25 → 0 ,75 > w l ⁄ w h > 0 ,33 : la spécialisation de la zone Nord est incom-
plète
p ≥ 1 ,25 → w l ⁄ w h = 0 ,33 : la zone Nord est totalement spécialisée en électronique.
– Zone Sud
• spécialisation totale en électronique, h e = h S = 0 ,2 et w l ⁄ w h = ( 2 ⁄ 3 )h S = 0 ,13 .
• spécialisation totale en textile, h t = h S = 0 ,2 et w l ⁄ w h = ( 3 ⁄ 2 )h S = 0 ,3 .
Les prix correspondants sont p = 0 ,13 –0 ,2 ≅ 1 ,50 et p = 0 ,3 –0 ,2 ≅ 1 ,27 .
En conséquence,
p ≤ 1 ,27 → w l ⁄ w h = 0 ,3 : la zone Sud est totalement spécialisée en textile
1 ,27 < p < 1 ,50 → 0 ,3 > w l ⁄ w h > 0 ,13 : la spécialisation de la zone Sud est incomplète
p ≥ 1 ,50 → w l ⁄ w h = 0 ,13 : la zone Sud est totalement spécialisée en électronique.
La figure 2.7 illustre ces résultats.
3° L’équilibre d’autarcie est illustré sur la figure 2.7 par les points AN et AS :
wl ⁄ wh ht he p wl wh
Zone Nord (AN) 0,5 1/3 0,75 1,15 0,39 0,78
Zone Sud (AS) 0,2 0,13 0,3 1,38 0,26 1,4
64 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
4° Étant donné les résultats déterminés à la question 2, le prix d’équilibre de libre-
échange p = 1,2 implique la spécialisation totale du Sud en textile et la spécialisation
partielle du Nord en électronique. La zone Sud, où le travail non qualifié est relativement
plus abondant que dans la zone Nord en termes physiques, est spécialisée en textile, bien
relativement intensif en travail non qualifié ; l’inverse vaut pour la zone Nord. Par
ailleurs, en autarcie, le travail qualifié est relativement moins cher dans la zone Sud que
dans la zone Nord. Ce facteur y est donc relativement abondant en termes économiques.
La loi des proportions de facteurs est vérifiée, que ce soit en termes d’abondance phy-
sique ou en termes d’abondance économique.
L’équilibre de libre-échange est illustré sur la figure 2.7 par le point E : par rapport à
l’autarcie, le prix relatif du travail non qualifié augmente dans la zone Sud et s’établit à
0,3 alors qu’il diminue dans la zone Nord pour se fixer à 0,4 :
s
– zone Sud : h t = h = 0 ,2 ; w l = 0 ,31 ; w h = 1 ,03
– zone Nord : h t = 0 ,27 ; h e = 0 ,6 ; w t = 0 ,36 ; w h = 0 ,9
Dans la zone Nord, spécialisée en électronique, les travailleurs qualifiés voient leur
salaire s’élever, tandis que le salaire des travailleurs non qualifiés est réduit du fait de la
concurrence du textile importé du Sud ; l’inverse vaut pour la zone Sud où le commerce
bénéficie aux travailleurs non qualifiés. Ici, du fait de la spécialisation totale de la zone
Sud, le commerce international réduit l’écart des rémunérations, mais n’assure pas leur
égalisation internationale.
5° Les travailleurs non qualifiés se déplacent du Sud vers le Nord pour y recevoir une
rémunération plus élevée. Les flux migratoires cessent lorsque w l , et donc w h , attei-
gnent le même niveau dans les deux zones. Or, la relation d’autarcie w l ⁄ w h = H ⁄ L
prévaut pour les deux zones, les flux migratoires cessent donc lorsque H S ⁄ L S = H N ⁄ L N
avec H S = 440 , H N = 1 335 (puisque les travailleurs non qualifiés ne se déplacent
pas) et L S + L N = 2 200 + 2 670 = 4 870 .
we/wh
ht
0,75 he
Zone Nord
AN
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0,50
E 0,40
0,33
0,30
AS
Zone Sud 0,20
0,13
66 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
3. Les nouvelles théories
de l’échange
international
L
a théorie ricardienne et le modèle des dotations factorielles
n’introduisent pas explicitement dans leurs hypothèses certains
phénomènes qui, manifestement, jouent un rôle important dans
l’orientation des spécialisations contemporaines, comme le progrès tech-
nique, les économies d’échelle, la différenciation des produits et la dis-
tance entre territoires nationaux. De plus ces thèses ignorent deux faits
majeurs, de mieux en mieux documentés, la division verticale des proces-
sus productifs entre pays et l’hétérogénéité des firmes au regard de
l’activité d’exportation. Les nouvelles théories de l’échange introduisent
certains de ces phénomènes. Ce chapitre présente leurs fondements et
leurs principales conclusions.
I. La technologie,
facteur d’échange international
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans le modèle HOS, les pays utilisent la même technologie, puisque leurs
fonctions de production sont identiques. Or, en fait, il existe des écarts de
technologie, créateurs d’avantages à l’exportation pour les pays innovateurs.
68 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
interviennent également comme la présence de filiales à l’étranger, l’organi-
sation de la chaîne de valeurs au niveau mondial ou le dynamisme de la
demande adressée aux pays exportateurs. Ainsi, la Chine, malgré son retard
en termes de niveau de R&D et de nombre de chercheurs par rapport aux pays
développés (retard qu’elle s’efforce de combler à marche forcée), devient le
premier exportateur de biens de haute technologie en ce début de siècle. A
contrario les États-Unis, leaders en termes d’indicateurs d’efforts à l’innova-
tion, ne cessent de perdre des parts de marché (voir figure 3.1).
3 600
2,5 500
2 400
1,5 300
1
200
0,5
100
0
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
L’avance croissante de la Chine par rapport aux États-Unis pour les expor-
tations de biens de haute technologie (électronique-informatique, aérospatial,
pharmacie, matériel électrique et instruments de précision) peut surprendre.
Elle s’explique en partie par l’effort de rattrapage technologique de la Chine
(figure 3.1), mais elle dépend aussi d’un autre phénomène, qui n’est pas lié
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
70 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
D. Limites et intérêt de la thèse du cycle du produit
R. Vernon reconnaît, dans une contribution postérieure1, que sa thèse initiale
doit être reconsidérée à la lumière des événements qui se sont déroulés dans
les années 1970. Depuis cette période, en effet, les processus caractérisant
l’exportation des biens et la délocalisation du capital ont subi de grandes
modifications.
1. Le processus d’innovation, d’exportation et d’investissement à l’étran-
ger s’est beaucoup accéléré. Ainsi, Vernon et Davidson montrent que l’inter-
valle de temps qui sépare le moment de l’introduction d’un nouveau produit
aux États-Unis de sa première production à l’étranger s’est considérablement
raccourci, de 1945 à 1975.
2. Les conditions particulières favorisant l’innovation aux États-Unis ten-
dent à disparaître à travers le temps, les pays d’Europe et le Japon devenant
des lieux de lancement de produits nouveaux, grâce, notamment, à un revenu
par tête beaucoup plus proche de celui des États-Unis que vingt ans aupara-
vant. L’innovation n’est donc plus l’apanage de ce seul pays.
3. Certaines firmes multinationales se développent selon un schéma dif-
férent de celui prévu par la thèse du cycle. Elles n’adaptent pas leurs produits
selon la séquence États-Unis – Europe – PED, mais produisent des biens stan-
dardisés, directement à l’échelle mondiale, le processus de production étant
réparti entre les divers pays et les ventes s’effectuant, d’embleé, sur tous les
marchés.
Le principe sur lequel repose la thèse du cycle garde un bon pouvoir expli-
catif. Il est en effet clair que la production et l’exportation d’un bien s’inten-
sifient lorsque le produit atteint sa maturité, donc bénéficie des rendements
d’échelle et est demandé par le plus grand nombre. Mais le cycle peut démar-
rer ailleurs qu’aux États-Unis, le temps entre les diverses phases se réduit et
la production par les filiales à l’étranger apparaît, bien souvent, sans phase
intermédiaire d’exportation par les sociétés-mères.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Encadré 3.1
Durée du cycle de vie et protection de la propriété
intellectuelle
On peut considérer que la thèse du duits en tant que tels mais aux techno-
cycle de vie ne s’intéresse pas aux pro- logies qui sont incorporées dans les
1. VERNON R., (1979) « The product cycle hypothesis model of international trade : US
exports of consumer durables », Oxford Bulletin of Economics and Statistics, vol. 41,
novembre, pp. 255-68.
Équipement électronique
Composants électroniques
Médicaments
Produits texles
Véhicules
Engins et turbines
0 2 4 6 8 10 12
Figure 3.2 – Durée de vie moyenne des technologies par secteur en nombre d’années
72 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
II. Échange international
et économies d’échelle
1. Le modèle présenté ici est une version simplifiée de celui exposé par ETHIER W. (1982),
« Decreasing costs in international trade and Frank Graham’s argument for protection »,
Econometrica, vol. 50, pp. 1243-68.
1 1 9 81 1/9
2 2 8 64 1/8
3 3 7 49 1/7
4 4 6 36 1/6
5 5 5 25 1/5
6 6 4 16 1/4
7 7 3 9 1/3
8 8 2 4 1/2
9 9 1 1 1/1
10 10 0 0 Non défini
74 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
Si le blé est le numéraire, le revenu national d’autarcie est égal à la quan-
tité maximum de blé qui peut être produite, comme cela a été indiqué dans
le chapitre 1. Supposons que le stock de travail disponible dans les deux pays
soit égal à 10 unités, ce qui permet de produire au maximum 10 unités de blé.
Le revenu de chaque pays en autarcie vaut donc 10 unités de blé. Supposons
que les deux pays consacrent la même part de leur revenu à la consommation
de blé (60 %) et à la consommation de voitures (40 %). Ils consomment cha-
cun 0,6.10 = 6 unités de blé et 0,4(10).(1/4) = 16 unités de voitures, du fait
que le prix relatif des voitures en termes de blé est égal, pour une production
de blé de 6, à ¼ (le coût relatif de la voiture).
Comme les prix relatifs d’autarcie des deux pays sont parfaitement sem-
blables (1/4), ils n’ont a priori, aucune raison d’échanger, du moins en rai-
sonnant dans le cadre du chapitre 1 ou du chapitre 2. Néanmoins, l’intuition
nous suggère que si au moins l’un des deux se spécialise, même partielle-
ment, dans la production de voitures, il va faire baisser le prix de celles-ci
pour tous les consommateurs et que cela va engendrer des gains pour les deux
pays.
Montrons sur un exemple que cette intuition est juste. Supposons que le
pays domestique se spécialise totalement en blé et que le pays étranger pro-
duise à la fois du blé et des voitures. Le pays domestique produit 10 unités
de blé et aucune unité de voitures. Le pays étranger est supposé produire
2 unités de blé et 64 unités de voitures, c’est-à-dire plus de voitures qu’en
autarcie, ce qui fait baisser le prix de la voiture. Comme le pays étranger est
le seul à produire les deux biens, le prix de l’échange est égal à son prix, soit
1/8 (tableau 3.1). Le revenu national du pays domestique est, comme en
autarcie, de 10 unités de blé. Avec ce revenu, ce pays consomme 0,6.10 =
6 unités de blé et 0,4(10)(1/8) = 32 unités de voitures. Ces voitures sont
importées depuis le pays étranger. La consommation de blé par le pays
domestique est identique à celle d’autarcie mais celle de voitures a crû, pas-
sant de 16 unités à 32 unités. Le pays domestique est donc gagnant.
Le pays étranger dispose désormais d’un revenu national égal à la valeur
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Néanmoins on constate dans un pareil modèle que si les gains peuvent exis-
ter, ils n’apparaissent pas dans tous les cas, les spécialisations possibles étant
multiples. Si, par exemple, les tailles des deux pays sont dissemblables, alors
l’échange peut correspondre à une diminution de bien-être pour le grand pays,
si celui-ci se spécialise dans la production du bien sans rendements croissants.
Ainsi, il n’existe pas nécessairement d’avantage à disposer d’une grande taille.
76 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
par la relation : C = F+cn. Le coût moyen d’un bien C/n est égal à F/n+c. Il
décroît lorsque n augmente et s’approche du coût marginal c quand le volume
produit devient très élevé. Pour des coûts fixes donnés, chaque entreprise a
donc intérêt à produire le plus possible.
Cette course à la grande taille va faire disparaître beaucoup d’entreprises
qui ne peuvent s’adapter. Dans chaque pays, en autarcie, à l’issue de ce pro-
cessus, ne restera qu’un nombre limité de firmes, voire une seule firme.
L’ouverture sur l’extérieur va donc mettre en contact les quelques firmes des
divers pays partenaires. La concurrence internationale supprime un certain
nombre de ces firmes (effet pro-concurrentiel de l’ouverture), celles dont le
coût de production est trop élevé, par rapport aux concurrents étrangers. La
disparition des firmes non efficaces et le maintien des firmes aux coûts les
plus faibles apportent un gain aux consommateurs de tous les pays parte-
naires, car, en principe, la réduction des coûts moyens due à la concurrence
se traduit par une baisse des prix. En effet, dans les pays où des firmes ont
disparu, les consommateurs importent le bien et paient un prix plus bas
qu’auparavant. Dans les pays où les firmes se sont maintenues, les consom-
mateurs achètent également à un prix plus faible qu’en autarcie, puisque les
firmes survivantes produisent un volume plus élevé, donc à coût plus faible.
Le gain pour tous est-il vraiment assuré ? Ceci n’est pas garanti. En effet :
– Rien n’assure que les facteurs utilisés par les firmes qui n’ont pas résisté
à la concurrence externe, trouvent, dans leurs pays, la possibilité d’être
réemployés ;
– Rien n’assure non plus que les firmes qui se sont maintenues ne forment
pas une entente débouchant sur une hausse sensible des prix, dont pâti-
ront alors tous les consommateurs.
78 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
donnée mais de marques différentes, automobiles d’une puissance et d’une
marque donnée, mais de couleurs différentes. L’existence de produits diffé-
renciés engendre des courants d’échanges internationaux, alors même que les
pays peuvent être proches, en termes d’avantages comparatifs.
Nous étudierons ici la nature de la différenciation, ses manifestations dans
l’échange et ses déterminants.
B. Le commerce intrabranche
1) La mesure par l’indicateur de Grubel et Lloyd
L’échange croisé de produits proches (mais différenciés) entre un pays et le
reste du monde est un phénomène qui traduit la recherche de diversité, donc
concerne surtout les pays à hauts revenus où les besoins élémentaires sont
satisfaits. Il est statistiquement repérable par l’intensité des flux exportés et
importés, par un pays, dans une catégorie de biens donnée, par exemple les
précédent, est compris entre zéro et l’unité. Si, pour tous les biens k, le
pays i exporte vers j une valeur strictement égale à celle qu’il importe depuis
j, vaut un et l’intrabranche est maximum. Si, à l’inverse, le pays i
exporte certains biens vers j (mais ne les importe pas du tout depuis j) et en
importe d’autres depuis j (mais ne les exporte pas du tout vers j) vaut
zéro. On se trouve alors dans la configuration de l’échange interbranche
du modèle HOS du chapitre 2. Plus le nombre de branches où les flux
d’exportations et d’importations sont proches est élevé, plus l’indicateur
s’approche de l’unité.
2) Disparités et évolution
D’après les calculs de Brülhart1, en long terme, le commerce mondial est de
plus en plus un commerce de type intrabanche : dans une nomenclature
1. BRÜLHART (2009), « An Account of Global Intra-Industry Trade, 1962-2006 », The World
Economy, pp.401-460
80 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
0,8
0,7
0,6
0,5
avec le monde
0,4
avec les économies
0,3 développées
0,1
Source : OMC
Figure 3.3 – Coefficients de Grubel et Lloyd en 2011
marqué par la nécessité d’importer massivement des biens qu’il ne peut pro-
duire, donc qu’il ne peut exporter, et par sa relative faible ouverture aux
importations de biens manufacturés dans lesquels il est lui-même spécialisé.
Comme l’indique la figure 3.3, les pays émergents possèdent des coeffi-
cients inférieurs à ceux des pays avancés, mais plus élevés que certains pays
très spécialisés dans la production et l’exportation de biens primaires, comme
la Russie ou l’Algérie.
Les informations apportées par l’indicateur de Grubel et Lloyd peuvent
être complétées par la prise en compte des deux types d’échanges distingués
dans le III-A de ce chapitre (encadré 3.2).
82 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
plus et atteint le quart des échanges mières relations bilatérales de ce type
mondiaux dans les années 2000. Le ont lieu entre pays européens, la
commerce intrabranche est un phéno- France et l’Allemagne prenant une
mène qui concerne principalement les large place. Le commerce bilatéral
relations bilatérales entre pays déve- intrabranche vertical concerne des
loppés, surtout au sein de l’Europe : couples non exclusivement européens
86 % des échanges entre l’Allemagne et, ceci n’est pas une surprise, des
et la France sont de ce type et 74 % couples de niveaux de développement
entre les États-Unis et le Canada. Ceci différents, comme la République
reste vrai si l’on isole le commerce tchèque avec l’Allemagne ou les États-
intrabranche horizontal : les cinq pre- Unis avec le Mexique.
2) Tests empiriques
Les études empiriques confortent certaines intuitions, mais apportent parfois
des résultats inattendus. Le test sur les échanges entre le Royaume-Uni et
chacun de ses partenaires de l’Union européenne en 19881 montre que la part
de l’échange intrabranche horizontal dans le commerce bilatéral diminue si
l’écart entre les revenus par tête s’accroît. Ceci conforte la thèse de Linder
fondée sur le commerce de similitude entre pays développés, à niveaux de
vie proches. Mais ce test indique aussi qu’il existe une corrélation négative
entre la part du commerce intrabranche vertical dans le commerce bilatéral et
l’écart des revenus, ce qui va à l’encontre de la thèse de l’intensification du
commerce vertical avec des partenaires à niveau de vie plus faible.
Pour ce qui concerne le commerce vertical du Japon avec ses partenaires
d’Asie de l’Est, sur la période 1988-20002, le résultat est un peu différent. Il
y a diminution du commerce intrabranche vertical du Japon avec les pays
d’Asie de l’est lorsque l’écart des revenus par tête augmente jusqu’au seuil
de 10 000 dollars. Si l’écart dépasse 10 000 dollars, ce type de commerce
augmente lorsque l’écart s’accroît. Il apparaît donc que l’intensification du
commerce intrabranche du Japon portant sur des biens de qualités différentes
n’a lieu qu’avec des pays à niveaux de vie très différents de celui du Japon.
L’étude plus récente3 portant sur le commerce bilatéral des pays de
l’Union européenne avec chacun de leurs partenaires sur quatre années (1995,
1997, 1999 et 2002) et 93 branches indique à nouveau que la part du com-
merce intrabranche horizontal diminue si l’écart des revenus par tête aug-
mente, ce qui constitue le résultat attendu. Mais, pour ce qui concerne le
commerce intrabranche vertical, la corrélation entre l’intensité de celui-ci et
l’écart des revenus par tête est positive si l’on ne considère que les partenaires
à revenus par tête élevés, et négative si l’on ne considère que les partenaires
à revenu par tête faibles. On observe le même résultat avec l’écart des dota-
tions factorielles (capital par travailleur) comme variable explicative.
Ainsi, le commerce intrabranche vertical des pays européens se comporte
de façon attendue (intensification si l’écart des niveaux de vie ou des dotations
1. GREENAWAY D., MILNER C. et ELLIOTT J.R. (1999), « UK Intra-Industry Trade with the
EU North and South », Oxford Bulletin of Economics and Statistics, vol. 61, n° 3, pp. 365-384.
2. FUKAO K., HISHIDO H., et ITO K (2003), « Vertical Intra-Industry Trade and Foreign Direct
Investment in East Asia », Rieti Discussion Papers Series, 03-E-001.
3. CABRAL M., FALVEY R. et MILNER C. (2013), « Endowment Differences and the Compo-
sition of Intra-Industry Trade », Review of International Economics, vol. 21, n° 3, pp. 401-418.
84 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
relatives s’accroît) seulement pour le groupe des partenaires proches, en termes
de niveaux de vie (à l’inverse de ce qui avait été trouvé pour le Japon). Pour
les pays plus éloignés (« pays du Sud »), le commerce intrabranche vertical
est d’autant plus faible que la distance économique s’accroît entre le pays
européen et son partenaire. L’intrabranche vertical européen est donc beau-
coup plus un commerce avec des pays de même modes de vie qu’un échange
avec des pays moins développés hors Europe.
86 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
b
firme, b le coût marginal, et e l’élasticité-prix : p ⁄ w = ----------------------- . Suppo-
1 – (1 ⁄ e)
sons que e soit une fonction décroissante de c et que lorsque c est nulle l’élas-
ticité e tende vers plus l’infini. Dans ces conditions, p ⁄ w = b pour c = 0
et p ⁄ w est une fonction croissante de c. La relation entre p ⁄ w et c est repré-
sentée par la courbe PP sur la figure 3.4.
p Z
— Z'
w
(—
p
w
) 0
A
B
(—
w)
p
1
Z
P Z'
b
c1 c0
O c
N'
n1 N
n0
L
—
a N
n
Figure 3.4 – Le modèle de préférence pour la variété
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
88 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
L’utilité individuelle est donc soumise à deux effets contraires. Dès lors
que v diminue peu lorsque c se réduit (ce qui correspond aux hypothèses
faites sur la fonction v), l’effet lié à l’accroissement du nombre de variétés
l’emporte : l’utilité individuelle augmente dans la transition entre autarcie et
échange. L’échange entre pays ne repose aucunement sur des différences
dans les conditions de production, puisque ces différences n’existent pas. Le
commerce est un commerce de différenciation : chaque pays exporte la moi-
tié de la production de chaque variété vers l’autre pays.
Ainsi deux pays ayant les mêmes dotations factorielles, utilisant les
mêmes technologies à économies d’échelle internes pour produire des
biens différenciés, seront conduits à échanger, malgré leur parfaite simili-
tude dans les conditions d’offre. Cet échange de différenciation résulte de
la préférence des consommateurs des deux pays pour la variété.
L’ouverture des économies engendre les effets suivants :
– le nombre de variétés disponibles augmente ;
– il existe un effet pro-compétitif : le taux de marge d’une firme
quelconque (taux qui reflète son pouvoir de marché) diminue ;
– il existe un effet de rationalisation de la production : le nombre de
firmes présentes sur le marché diminue dans chaque pays ;
– les économies d’échelle sont mieux exploitées, les firmes restantes produi-
sant des séries plus longues, ce qui réduit le coût de production donc le prix ;
– l’utilité des consommateurs augmente, l’échange avec l’étranger
permettant de consommer un plus grand nombre de variétés.
, avec : et .
Le commerce bilatéral est supposé être d’autant plus important que les
tailles des pays sont élevées et d’autant plus faible que la distance entre eux
est élevée. Comme le coût du transport s’accroît avec la distance on com-
prend que le flux diminue si la distance augmente. Pour ce qui concerne
l’impact des PIB, on peut justifier le fait qu’ils influencent positivement le
commerce en observant que plus un pays possède une taille économique éle-
vée, plus sa capacité d’importation est grande (plus son marché est vaste) et
plus sa capacité d’exportation est élevée (son appareil de production bénéfi-
cie d’économies d’échelle et est probablement plus diversifié). La constante
capte des phénomènes spécifiques aux deux pays et non pris en compte
par les trois autres variables, en particulier des facteurs de compétitivité qui
ne sont pas liés à la taille des pays. Les paramètres , et sont des élas-
ticités : elles mesurent l’impact relatif de chaque variable sur le flux bilatéral.
Plusieurs études de cas sur l’utilisation de ce modèle pour analyser le com-
merce de la France sont proposées dans les compléments numériques accom-
pagnant ce manuel.
B. Effets-frontières
La distance géographique n’est pas le seul élément à l’origine de la limitation
du commerce. Les barrières institutionnelles sont également restrictives. En
font partie les obstacles tarifaires et non tarifaires (qui se cumulent souvent
avec le facteur d’éloignement, les accords commerciaux étant plus facilement
signés entre voisins qu’entre pays lointains) et les obstacles liés à la législa-
tion, à la culture et à la langue. Pour caractériser l’ensemble de ces obstacles
quantitatifs et qualitatifs, on parle d’effets-frontières.
Ceux-ci ont notamment été mis en évidence, à partir du modèle de gravité,
pour le commerce entre les États-Unis et le Canada1. Le commerce bilatéral
entre les provinces du Canada est de 16 à 22 fois plus grand que le commerce
entre chaque province canadienne et chaque État américain, toutes choses
égales par ailleurs. Ce résultat suggère qu’il existe des effets-frontières : le
commerce entre deux espaces géographiques ayant le même poids et séparés
1. MC CALLUM J. (1995), « National Borders Matters : Canada-US Regional Trade Pat-
terns », The American Economic Review, vol. 85, n° 3, pp. 615-623.
90 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
par la même distance est beaucoup plus faible si les flux doivent franchir les
frontières.
De fait, le modèle de gravité a souvent été enrichi par l’introduction de ces
effets-frontières. Ainsi, Bergstrand et Baier1 qui introduisent dans le modèle
de gravité basique les écarts de prix, les coûts de transport et les droits de
douane, montrent que 50 % de la variation des échanges bilatéraux entre
pays de l’OCDE entre 1958-60 et 1986-88 sont expliqués par ce modèle de
gravité amélioré. Anderson et Van Wincoop2 montrent que les effets-fron-
tières sont en partie dépendants d’un phénomène ignoré jusque-là : l’écart de
taille entre les partenaires. Plus le pays possède une taille économique
réduite par rapport à son partenaire, plus son commerce est marqué par des
effets-frontières élevés.
C. Géographie et technologie
Les analyses qui se rattachent strictement au modèle de gravité se centrent
sur la distance géographique et institutionnelle et sur la taille. Elles laissent
de côté les écarts de technologie et les coûts des facteurs. Eaton et Kortum3
intègrent tous ces phénomènes dans un modèle d’inspiration ricardienne (un
seul facteur primaire, le travail). Chaque pays est caractérisé par son avantage
absolu (son niveau moyen d’avance technologique par rapport aux autres
pays), par ses avantages comparatifs (sa structure de coûts relatifs), par ses
barrières (dont fait partie la distance géographique avec ses partenaires) et par
des fonctions de consommation qui reposent sur la préférence pour la variété
(cf. III-D de ce chapitre). Le coût de production moyen ci des exportations
d’un pays i dépend du salaire de i wi et du prix des biens intermédiaires uti-
lisés pi selon une fonction Cobb-Douglas : le paramètre , com-
pris entre 0 et 1, étant identique pour tous les pays. On désigne par Ti le
niveau d’avantage absolu du pays i (son niveau de productivité moyenne) et
par le degré de variabilité des productivités relatives des branches à l’inté-
rieur de chaque pays. Ce degré est supposé identique dans tous les pays. Il
diminue si la variabilité augmente. On désigne par Mni les importations du
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
pays n depuis le pays i, par Dn la demande totale du pays n (en biens domes-
tiques et en biens importés) et par dni la distance (géographique et institution-
nelle) entre n et i. On montre que :
1. BERGSTRAND J.H. et BAIER S.L. (2001), « The Growth of World Trade : Tariffs, Transport
Costs and Income Similarity », Journal of International Economics, vol. 53, n° 1, pp. 1-27.
2. ANDERSON J.E., VAN WINCOOP (2003), « Gravity with Gravitas : a Solution to the Border
Puzzle », The American Economic Review, vol. 93, n° 1, pp. 170-192.
3. EATON J. et KORTUM S. (2002), « Technology, Geography and Trade », Econometrica,
vol. 70, n° 5, pp. 1741-1779.
– le prix des biens intermédiaires utilisés par i Pi est faible par rapport à
ceux utilisés par n Pn ;
– la distance entre i et n est faible.
Plus la distribution des avantages comparatifs est élevée (plus est
faible), moins les désavantages liés au salaire relatif, au prix relatif des biens
intermédiaires et à la distance ont de conséquences négatives pour le pays i.
Donc, pour un niveau donné des avantages absolus des deux pays (Ti et Tn),
des salaires et des prix des biens intermédiaires, la part de marché de i dans
le pays n est d’autant plus grande que le spectre des avantages comparatifs
(identique dans tous les pays) est étendu. Ainsi, l’analyse de Eaton et Kortum
intègre des éléments de compétitivité macroéconomique (avantage absolu),
ricardienne (structure des avantages comparatifs) avec des caractéristiques
géographiques au sens large, pour expliquer les parts de marché (tous biens
confondus) des pays à l’étranger.
Les auteurs, appliquent ce modèle aux pays de l’OCDE (données de 1990)
et montrent que le Japon est alors le pays le plus compétitif, devant les États-
Unis, la Belgique et la Grèce se situant en fin de classement. La distance
géographique agit fortement sur le commerce, son impact négatif étant un peu
atténué par l’existence d’une langue commune entre partenaires.
92 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
prix et hors prix donc d’exporter plus. Le « home market effect » est en par-
tie lié aux facteurs géographiques (taille du pays, distance, attractivité). À
court terme, comme cela sera vu dans les chapitres 7 et 8, l’accroissement du
PIB d’un pays engendre des importations supplémentaires sans que les expor-
tations ne profitent, au moins dans l’immédiat, de l’augmentation de la taille
du marché domestique. C’est donc en moyen-long terme que devrait se révé-
ler cet effet.
2) Tests empiriques
La mesure de l’effet est délicate et cela explique que les résultats des tests
empiriques puissent différer selon les études. Pour Davis et Weinstein1, il y
a « home market effect » si l’accroissement de la demande adressée à la
branche du pays engendre une augmentation plus que proportionnelle de la
production de celle-ci. Leur test concerne les pays de l’OCDE dont les
échanges sont ventilés par branche, sur les périodes 1970-75 et 1976-85 et
les auteurs montrent qu’en moyenne l’effet est bien présent.
Behrens, Lamorgese, Ottaviano et Tabushi2 adoptent une méthode diffé-
rente. Pour eux, si l’effet existe, la taille des pays influence directement la
taille des branches où règne la concurrence monopolistique, car celles-ci ne
peuvent se développer dans un pays que si son marché domestique est vaste.
Le classement des pays en fonction de la taille relative d’une branche doit
donc ressembler fortement au classement des pays par la taille de leur PIB.
À partir de cette méthode qu’ils appliquent aux pays de l’OCDE, sur des don-
nées de 1990, les auteurs concluent que les flux de commerce sont bien liés
aux tailles des branches par pays, après prise en compte des coûts du com-
merce, ce qui valide à nouveau l’hypothèse du « home market effect », en
particulier pour les échanges entre membres de l’OCDE.
Crozet et Trionfetti3 aboutissent à des conclusions plus nuancées. Les
auteurs considèrent que si l’effet existe il doit se traduire par le fait qu’en
moyenne, l’écart entre la part de la demande adressée à un secteur dans un
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
pays par rapport à la part moyenne mondiale pour ce secteur doit engendrer
un plus grand écart de la part produite par le pays pour ce secteur par rapport
à la moyenne mondiale. Sur un échantillon de 25 secteurs, sept années (1990-
96) et 25 pays (représentant 70 % du commerce mondial et 78 % du PIB
1. DAVIS D.R., WEINSTEIN D.E. (2003), « Market access, economic geography and compa-
rative advantage », Journal of International Economics, vol. 59, pp. 1-23.
2. BEHRENS K., LAMORGESE A.R., OTTAVIANO G., TABUSHI T. (2004), « Testing the Home
Market Effect in a Multicountry World : A Theory Based Approach », Working Paper,
November 22, 2004.
3. CROZET M., TRIONFETTI F. (2008), « Trade Costs and the Home Market Effect », Journal
of International Economics, vol. 76, n° 2, pp. 309-321.
94 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
intermédiaires et de la demande de travail, ce qui accroît les prix des intrants
et les salaires, donc restreint le profit.
Pour déterminer la répartition des activités dans l’espace, il faut donc
prendre en compte ces deux ensembles de forces et faire intervenir, au sur-
plus, le coût de transaction. Un coût de transaction élevé limite la tendance à
l’agglomération, les entreprises qui seraient tentées de se regrouper dans un
centre devant supporter des frais pour desservir les marchés de la périphérie.
Si ce coût s’abaisse, il arrive un moment où il devient avantageux de se dépla-
cer vers ce qui va devenir un centre, pour profiter des externalités positives
qui naissent au centre et qui compensent ce coût.
S1
100 %
S1 = S2
50 %
S2
0
cM coût de
transaction
Figure 3.5 – Le diagramme de bifurcation des équilibres spatiaux
96 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
vers l’agglomération de toutes les entreprises dans une seule région : S1 ou S2
est égale à 100 %. Quand c est suffisamment bas le basculement a lieu. Le
point exact de bifurcation dépend de tous les paramètres (technologies, ren-
dements d’échelle, préférences). Le fait que l’agglomération se fasse en 1 ou
2 reste indéterminé.
pays) et non pas de l’autre pays. Si, dans le pays qui concentre l’activité
industrielle (appelé centre), le salaire monte trop, les entreprises industrielles
repartent vers l’autre pays (la périphérie). Dans ces hypothèses, les auteurs
montrent que pour un coût de transport faible, la répartition de l’activité
industrielle se fait de façon égale entre les deux pays. Si le coût atteint un
certain seuil il y a déplacement de l’industrie vers un centre, mais sans que
celui-ci n’absorbe la totalité de l’activité industrielle, sauf pour une gamme
limitée de valeurs du coût. Si le coût de transport continue d’augmenter, les
firmes industrielles repartent vers la périphérie, le coût de transport et le coût
1. KRUGMAN P. et A. VENABLES [1995], « Globalization and the Inequality of Nations », The
Quarterly Journal of Economics, vol. 10, N° 4, pp. 857-880.
98 • ÉCONOMIE INTERNATIONALE
auquel il manque encore certains éléments pour être opérationnel). Grâce à
ce commerce de biens intermédiaires, les firmes organisent leurs processus
productifs à l’échelle du monde entier, utilisant au mieux les facteurs dispo-
nibles dans les divers pays.
Ce processus, qualifié de « chaîne globale de production » (Global Sup-
ply Chain) implique tous les pays, transforme la nature de leur commerce et
celle des biens qui deviennent multinationaux, du fait de l’externalisation de
certaines tâches.
son aptitude à exporter sa propre valeur ajoutée ? On peut penser que l’exter-
nalisation des processus constitue a priori une source d’écarts.
C’est effectivement ce que révèlent les calculs effectués par l’OCDE1 : la
part des principaux exportateurs dans les exportations de valeur ajoutée dif-
fère nettement de celle qu’ils ont dans les exportations brutes (tableau 3.3).
Tableau 3.3 – Valeur ajoutée exportée et exportations brutes en 2009
1. OCDE (2013-a), Interconnected Economies, Benefiting from Global Value Chains, OCDE
200
180
160
140
Déficit des États-Unis en
120 brut en milliards de
100 dollars
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. OCDE (2013-b), Mesurer les échanges en valeur ajoutée : une initiative conjointe de
l’OCDE et de l’OMC, OCDE
Encadré 3.3
Un exemple de segmentation du processus :
l’i-Pod d’Apple
Lancée sur le marché en 2005, la cin- sées dans plusieurs pays et utilisent
quième génération de l’i-Pod d’Apple, parfois de la main-d’œuvre à l’exté-
le Video i-Pod, est l’exemple type rieur du pays où est situé leur siège
d’une production d’un pays (en social. La quasi-totalité du coût de
l’occurrence les États-Unis) qui utilise fabrication provient d’activités asia-
presque exclusivement des ressources tiques et plus de la moitié de ce coût
des pays étrangers. Plusieurs entre- d’une activité localisée en Chine
prises, le plus souvent non améri- (disque dur, tests et assemblage). Cet
caines, sont responsables de la exemple illustre bien la position de la
production d’un des éléments qui Chine, devenue en quelques années le
entrent dans le produit final et ces premier pays exportateur de produits
entreprises elles-mêmes sont disper- de haute technologie.
1. YI K.M. (2003), « Can Vertical Specialization Explain the Growth of World Trade ? »,
The Journal of Political Economy, vol. 111, n° 1.
2. ESCAITH H., N. LINDENBERG et S. MIROUDOT (2010), « International Supply Chains and
Trade Elasticity in Times of Global Crisis », WTO, Economic Research and Statistics Divi-
sion, Staff Working Papers, ERSD-2010-08, février.
3. BÉNASSY-QUÉRÉ A., Y. DECREUX, L. FONTAGNÉ et D. KHOUDOUR-CASTÉRAS (2009),
« Economic Crisis and Global Supply Chains », CEPII Working Papers n° 2009-15, juillet.
pensent que le processus de learning by exporting est trop brutal et que trop
peu d’entreprises résisteront à ce choc, ils attendront que quelques entreprises
gagnent en productivité pour abaisser les barrières aux échanges du pays.
Dans l’autre cas, ils prendront le risque du choc de la concurrence extérieure,
pariant sur le fait que les entreprises désireuses d’exporter seront contraintes
d’augmenter rapidement leur niveau de productivité.
Pour éclairer le débat en recourant à des éléments factuels, on compare
deux populations d’entreprises à travers le temps. Certaines demeurent non
exportatrices pendant toute la période. D’autres (que l’on qualifiera de jeunes
exportatrices) sont non exportatrices au début de la période puis le devien-
nent. Les tests qui empruntent cette démarche mesurent la productivité
moyenne de chaque population soit à partir de la seule productivité du travail
mouvement de sortie des firmes les moins productives à la fois dans les
branches à avantages et à désavantages, mais plus fortement dans les
secondes. Le différentiel de croissance de productivités entre branches
s’accroît, ce qui amplifie l’avantage lié à l’abondance factorielle et renforce
le gain à l’échange.
Dans le processus de libéralisation, l’accroissement de la productivité
moyenne de toutes les branches abaisse les prix des biens, ce qui accroît le
1. MELITZ M. (2003), « The Impact of Trade on Intra-Industry Realloacation and Agregate
Industry Productivity », Econometrica, vol. 71, pp. 1695-1725.
2. BERNARD A. B., REDDING S. J. et SCHOTT P. K. (2007), « Comparative Advantage and
Heterogeneous Firms », Review of Economic Studies, vol. 74, pp. 31-66.
Conclusion
Les théories exposées dans ce chapitre visent toutes à apporter des éclai-
rages nouveaux par rapport au principe des avantages comparatifs et/ou à la
thèse des dotations factorielles, en intégrant des éléments issus de l’observa-
tion du système productif ou des comportements de consommation : progrès
technique, économies d’échelle, différenciation des produits, distances entre
pays, décomposition verticale des processus, dynamique intrasectorielle. Elles
apparaissent plus comme des compléments par rapport à ces thèses de réfé-
rence que comme des théories alternatives. Elles s’appuient sur l’analyse de
données statistiques de plus en plus riches et de plus en plus fines. Elles res-
tent fondées implicitement ou explicitement sur l’hypothèse de libre-échange
Questions
Question 1
On considère parfois que la théorie de l’écart technologique (ou théorie néo-technolo-
gique) est assez proche de la théorie ricardienne. Comment peut-on justifier ce
jugement ?
Question 2
L’objectif est de confirmer (ou de relativiser) la thèse de l’écart technologique, à partir
de certains éléments statistiques. On propose ici de rapprocher des données sur les efforts
d’innovation des principaux pays exportateurs de produits de haute technologie avec
leurs performances à l’exportation, dans le début des années 2000. Quelles conclusions
peut-on tirer de la lecture des données du tableau 3.6 quant à la pertinence de la thèse ?
Tableau 3.6 – Indicateurs d’efforts à l’innovation et exportations
de haute technologie, 1997 et 2009
Question 4(*)
Dans le IV-D, le modèle de la concurrence monopolistique montre que l’ouverture accroît
le bien-être des consommateurs en raison de l’abaissement des prix et de la multiplication
des variétés offertes. Sans faire référence explicitement au bien-être des consommateurs,
cet exercice se propose d’étudier une situation du même type.
On s’intéresse à un marché de dimension égale à S et sur lequel les n entreprises sont en
concurrence monopolistique pour produire des biens similaires. Toutes les entreprises
sont dotées de la même technologie, en sorte que le coût total de production Ci d’une
entreprise i quelconque, pour produire la quantité qi, est indépendant de i. Ce coût est
égal à un coût fixe de 100, sachant que le coût marginal est égal à 2 : (1),
quel que soit i. Chaque entreprise est confrontée à une fonction de demande définie par :
(2). Dans cette relation, le prix proposé par l’entreprise i est
EAE-3
Cet exercice porte sur l’analyse du commerce intrabranche de la France avec l’Alle-
magne, le Japon et l’Argentine en 2013. Il utilise les données de la base Chelem du
CEPII. Il permet de mettre en lumière les différences entre les coefficients d’intrabranche
de la France selon les pays partenaires, en lien avec les distances géographiques et éco-
nomiques (cf. sections III et IV du chapitre 3).
EAE-4
Cet exercice porte sur l’analyse de l’évolution du commerce intrabranche de la France
avec l’ensemble du monde sur le très long terme (1967-2014). Il utilise les données de
la base Chelem du CEPII. Il permet d’étudier les liens entre coefficient d’intra-branche
et solde commercial.
EAE-5
Cet exercice porte sur le commerce intrabranche bilatéral de la France avec 82 parte-
naires en 2013. Il utilise les données de la base Chelem du CEPII. Il permet d’étudier le
lien entre intensité de l’échange intrabranche et distance économique (cf. sections III et
IV du chapitre 3)
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
EAE-6
Cet exercice porte sur le modèle de gravité (cf. section IV-A du chapitre 3). Il montre
comment ce modèle peut être utilisé pour évaluer le commerce potentiel de la Pologne
avec les pays de l’Union européenne en 2000, au moment où ce pays n’en fait pas encore
partie, mais est sur le point d’y entrer.
Question 2
Si la thèse était pleinement vérifiée, on devrait observer une relation positive entre d’une
part l’effort de R&D et le nombre de chercheurs de chaque pays, d’autre part les perfor-
mances à l’exportation de ce pays dans les produits qui réclament le plus de technologie.
Les données du tableau indiquent que la relation est loin d’être pleinement vérifiée. La
part des dépenses de R&D dans le PIB de la Chine et le nombre relatif de ses chercheurs
restent nettement en deçà des niveaux atteints par les États-Unis, le Japon et les pays
d’Europe, en moyenne sur la période. Néanmoins, la Chine devient le premier exporta-
teur de biens de haute technologie, loin devant l’Allemagne, les États-Unis et le Japon.
En fait entre 1997 et 2009, tous les pays accentuent leur effort d’innovation, mais la
progression est beaucoup plus considérable pour la Chine, ce qui se traduit par le fait
qu’en 2009, la R&D de la Chine est en pourcentage du PIB encore en dessous de celles
des autres pays, mais en niveau absolu (milliards de dollars) prend la deuxième place
derrière les États-Unis. Ce processus de rattrapage a certainement contribué à la percée
chinoise sur les marchés de haute technologie. D’autres facteurs doivent être également
invoqués : le rôle d’atelier de transformation de la Chine, dont les exportations de haute
technologie vont de pair avec des montants très élevés d’importations de ces mêmes
biens, la faiblesse du yuan qui réduit les coûts et la forte demande des États-Unis qui
ouvre des débouchés aux productions réalisées sur le sol chinois. Les efforts d’innovation
des autres pays (qui se voit dans le fait que leurs indicateurs augmentent dans la période)
n’ont pas pu endiguer la poussée chinoise sur les marchés d’exportation. Leurs propres
firmes, en utilisant la main-d’œuvre chinoise, ont d’ailleurs contribué à la croissance des
flux exportés par la Chine.
Question 3
Si le monde entier produit 100 unités de voitures et 10 unités de blé, les échanges se font
au prix d’une unité de voiture contre 0,1 unité de blé. Le pays totalement spécialisé en
blé dispose d’un revenu national égal à 10 unités de blé et le pays totalement spécialisé
en voiture d’un revenu national égal à 0 + (0,1)100 = 10 unités de blé également. Le
revenu mondial est donc égal à 20 unités de blé. Or, les deux pays consacrent 60 % de
leur revenu au blé. La demande mondiale de blé est donc de 12 unités (0,6 20), alors
que la production mondiale est de 10 unités. Le marché du blé n’est pas équilibré et, de
ce fait, celui des voitures non plus. Face à cette demande excédentaire de blé, les pro-
ducteurs vont se mettre à produire plus de blé et moins de voitures, ce qui va faire monter
le prix de la voiture en termes de blé jusqu’à atteindre l’équilibre décrit dans le cours
avec un prix de 1/8 = 0,125 unité de blé par voiture.
1° Si tous les prix sont identiques, d’après (2) , autrement dit, toutes les entre-
prises produisent la même quantité égale à la dimension du marché divisée par le nombre
d’entreprises. Le coût moyen de toutes les entreprises est le même et est égal à
coût moyen est faible, toutes choses égales par ailleurs. Plus le nombre d’entreprises est
élevé, pour une dimension donnée du marché, plus le coût moyen de l’entreprise est élevé
puisque, la concurrence augmentant, chaque entreprise produit moins. Or, le coût moyen
est une fonction décroissante de la production (les rendements à l’échelle sont crois-
sants).
2° La recette marginale de l’entreprise est égale à la dérivée de la recette totale par
rapport à soit . Comme la variation de prix a lieu dans une situation voi-
tion (2) dans laquelle on suppose que le prix varie seul (S, n et sont fixes) :
. La recette marginale vaut donc : . Comme l’entreprise maximise
son profit, elle égalise sa recette marginale et son coût marginal (qui vaut 2). Le prix est
vaste, plus les entreprises peuvent produire et abaisser leur coût moyen, ce qui fait baisser
le prix. Certes le degré de concurrence augmente puisque n augmente, mais n augmente
moins vite que S. L’effet de taille du marché l’emporte.
4° Si S = 500, alors n = 50. Il y a 50 entreprises donc 50 variétés consommées. Le prix
(égal au coût moyen) est égal à 12. Ces deux valeurs sont les coordonnées du point A,
point d’intersection entre la droite de coût moyen d’équation 0,2n + 2 et de la courbe de
J M
V’
F A’ G’ V
E A G U’
B C U W
S M’
D’
O O’
S1 S2 D2 D1 Quantités M2 M1 Quantités
Figure 4.1 – Effets d’un droit de douane (petit pays)
les consommateurs sont prêts à payer la première unité OD. Pour cette première
unité, ils bénéficient d’un surplus égal à OD – OE = ED. Pour les unités sui-
vantes, le prix qu’ils sont prêts à payer diminue (puisque DD’ est décroissante),
mais tant qu’il reste supérieur à OE, ce qui est vérifié sauf pour la dernière unité,
il y a surplus. Le surplus global des consommateurs, égal à la somme des sur-
plus élémentaires, vaut la surface du triangle DEG quand le prix est OE. Quand
le droit de douane est instauré, le prix passe à OF et le surplus des consomma-
teurs ne vaut plus que DFG’. La réduction du surplus des consommateurs pro-
voquée par le droit de douane est donc mesurée par la surface FG’GE.
Les producteurs bénéficient également d’un surplus, égal au surcroît de
prix par rapport au coût marginal qu’ils supportent sur chaque unité produite.
Si le prix est OE, le coût marginal de la première unité produite est OS, par
Bien 1
pE pE (1 + t)
pE (1 + t)
P I' I
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P'
C'
H'
C
H
(L')
pE
(T) (L'')
(L)
Bien 2
Encadré 4.1
L’efficacité des RVE en question :
le cas des RVE des États-Unis sur les automobiles
japonaises
Malgré ce supplément de coût, les RVE sont largement utilisées dans les
années 1980 et 1990, car, résultant d’un accord, elles sont acceptées par les
firmes exportatrices. Le pays importateur ne risquant pas de subir des actions
de représailles, son choix se portera vers les RVE, de préférence à d’autres
formes de protection
Prix
Offre et demande nationales
D
S’
T’
A
F
C a b
E
B
S
Quantités
O S1 S2 D2 D1 D’
Figure 4.3 – Droit de douane et subvention à la production
D
S'
T R
P'
P Q
L M N
D2 D1 S1 S2 D' Quantités
4) Le dumping
Il y a dumping lorsqu’une entreprise vend sur les marchés étrangers à un prix
inférieur au prix domestique ou inférieur au coût de production. Contraire-
ment aux droits de douane, à certaines restrictions quantitatives et aux sub-
ventions, le dumping ne résulte pas d’une décision de l’État, mais d’un
comportement des firmes. Comme les instruments de politique commerciale,
Encadré 4.2
Les obstacles non tarifaires
2500
2000
1500
1000
500
0
SPS OTC Andumping RQ
SPS initiées presque quatre fois supé- menace fait clairement partie de la
rieures aux SPS appliquées. Cette politique commerciale des pays.
Les marchés proposés par l’État et les collectivités publiques d’un pays
sont réservés, en général, aux entreprises nationales, les firmes étrangères
étant écartées, quelles que soient leurs conditions de prix. Il y a bien là action
protectionniste.
Il existe un autre moyen de réduire le volume importé : il consiste à déva-
luer la monnaie nationale. Ce procédé, étudié dans la suite de ce livre, diffère
des mesures passées en revue précédemment pour deux raisons : il s’applique
à l’ensemble des importations, alors que les autres politiques sont sélectives,
et il a des incidences à la fois sur les importations qu’il freine et sur les expor-
tations qu’il stimule, alors que les autres mesures concernent soit les
importations, soit les exportations.
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Encadré 4.3
Industries naissantes : une protection plus forte dans
les PED que dans les pays développés
25
20 Cameroun
Côte d'Ivoire
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15 Brésil
Inde
10 Chine
Union Européenne
5
Etats-Unis
Japon
0
Produits Machines non Machines Matériel de
chimiques électriques électriques transport
*Le droit NPF (« nation la plus favorisée ») est le droit de douane appliqué par le pays à tous les autres membres
de l’OMC, avec qui aucun accord particulier n’a été signé
Source : OMC
Figure 4.5 – Taux de protection douanière appliqués en 2010 (droits NPF* en %)
Si le pays possède une taille importante, l’étranger fait varier le prix proposé en
fonction de l’offre qu’il est susceptible d’écouler sur le marché du pays. La courbe
d’offre étrangère, qui était une droite horizontale dans le cas du petit pays (droite
EG ou UU’ de la figure 4.1), devient une droite oblique à pente positive : plus le
prix du marché augmente, plus l’offre étrangère s’accroît. En libre-échange, cette
courbe d’offre est la droite RS (figure 4.6). L’instauration du droit de douane
déplace cette courbe vers le haut, en HF, car chaque quantité offerte l’est à un prix
plus élevé, pour les consommateurs du pays, obligés de payer le prix étranger
(donné par RS) augmenté du droit de douane.
La demande d’importation du pays adressée à l’étranger est, comme dans
le cas d’un petit pays, représentée par une courbe décroissante (droite MM’
de la figure 4.6).
En libre-échange, l’équilibre du marché a lieu en N : le pays importe de
l’étranger OM1 et paie le prix OP. L’instauration du droit de douane déplace
l’équilibre en N’. Les importations se réduisent et valent OM2. Le prix
domestique de celles-ci est OW, le prix étranger vaut OL et le droit de douane
s’élève à WL, la différence entre prix domestique et prix étranger. Celui-ci
s’est abaissé par rapport à son niveau de libre-échange OP à cause du
comportement des offreurs étrangers, mais le prix domestique est au-dessus
de son niveau de libre-échange (W est au-dessus de P) en raison du droit de
douane. Les recettes fiscales de l’État sont égales au produit des importations
finales par le droit de douane WL (surface WN’L’L). Le solde commercial
s’améliore, puisque le volume importé diminue, ainsi que le prix à l’impor-
tation (avant prélèvement douanier).
N'
W S
P' N
P
L L'
H
R
M'
O M2 M1 Quantités
Figure 4.6 – Les effets d’un droit de douane dans le cas du grand pays
on se trouve dans la situation inverse. Ainsi, le gain net croît, passe par un
maximum puis décroît et est remplacé par une perte nette, lorsque le droit de
douane passe du niveau zéro au niveau maximum (où il y a suppression de
toute importation).
On peut montrer que le niveau optimal du droit de douane correspondant
à un gain net maximum pour le pays est tel que le taux de protection (droit
de douane rapporté au prix étranger) est égal à l’inverse de l’élasticité-prix
de l’offre étrangère. Si cette élasticité est infinie (cas du petit pays), le droit
de douane optimal est nul, ce qui signifie que tout droit de douane engendre
une perte, comme cela avait été prouvé dans la section I. Si cette élasticité est
non infinie, il existe une valeur particulière du droit de douane qui apporte
un gain net maximum au pays.
3) La protection de l’emploi
Dans un contexte de sous-emploi du travail, lié à l’imperfection des marchés
(hypothèse écartée implicitement ou explicitement dans la section I), la pro-
tection apparaît comme une solution, au moins temporaire, pour défendre
l’emploi de branches menacées par la concurrence étrangère. Les mesures
adoptées doivent être temporaires et permettre au pays de se reconvertir en
douceur, en réduisant progressivement l’activité des branches vieillissantes
(sidérurgie, cuirs, textile dans les pays développés, depuis le premier choc
pétrolier). Le risque est que le pays ne s’engage pas suffisamment vite dans
le processus de reconversion et garde des branches non concurrentielles.
La défense de son emploi par un pays se traduit par la fermeture de ses
frontières, donc par la réduction de l’activité de ses fournisseurs. En se pro-
tégeant, on risque d’appauvrir les partenaires qui, produisant moins, impor-
tent moins. Le pays reçoit ainsi, du fait de sa politique commerciale
restrictive, un choc en retour sur ses exportations donc sur sa production. Il
n’est donc pas sûr que cette politique soit bonne, car, en longue période, des
effets de diffusion et d’interaction négatifs conduisent finalement à la réduc-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
tion des revenus nationaux du pays et des partenaires (cf. l’analyse du multi-
plicateur en économie ouverte du chapitre 7).
Sur un marché de concurrence imparfaite, il existe des rentes que les
producteurs se partagent, selon des modalités dépendant des stratégies qu’ils
adoptent. On montre que, dans ce contexte, certaines actions de politique
commerciale mises en œuvre par l’un des gouvernements, peuvent permettre
d’accroître les rentes des producteurs domestiques et, de ce fait, d’augmenter
le bien-être de la collectivité nationale. Il y a là, on le voit, une justification
au protectionnisme unilatéral (section III).
1. MAGEE S. [1978] « Three Simple Tests of the Stolper Samuelson Theorem »,
P. OPPENHEIMER (ed), Issues in International Economics, London, Oriel Press.
L’analyse économique, fondée sur l’évaluation des avantages et des coûts des
politiques commerciales interventionnistes, n’est pas le seul élément pris en
compte par les États. Ceux-ci peuvent appuyer leurs décisions sur d’autres
critères que ce simple calcul, en particulier sur la défense de l’indépendance
nationale et le maintien de secteurs, qui, bien que peu compétitifs, apparais-
sent comme indispensables au maintien de l’équilibre politique, sociologique
et écologique de la nation. L’économie politique de la protection, qui sera
étudiée dans le chapitre 5, considère que les choix gouvernementaux en
1. BOWN C. (2012), Global Antidumping Data
Encadré 4.4
Le conflit Boeing-Airbus
restant au coude à coude avec lui en groupe spécial et, en 2015, le conflit
termes de commandes. n’est toujours pas dénoué, chaque
partie considérant que l’autre est la
En octobre 2004 Boeing fait déposer seule à apporter des subventions
une plainte par les États-Unis à l’OMC prohibées.
Libre-échange Subvention
D. Le commerce administré
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans les années 1990, une nouvelle doctrine apparaît aux États-Unis, visant
à justifier l’aide de l’État à des secteurs de haute technologie, dans le contexte
d’une course à l’innovation de plus en plus tendue. Cette doctrine, qualifiée
de commerce administré (managed trade), repose sur l’idée que le niveau des
coûts et des risques afférant au lancement de technologies nouvelles est tel
que l’initiative privée ne peut s’y engager seule. Les interventions publiques
apparaissent donc comme indispensables, sous des formes diverses : taxa-
tions, subventions, protections. Le secteur de l’espace, dont les découvertes
sont sources d’externalités positives pour le reste de l’économie, est
l’exemple type de la branche dont le commerce doit être administré.
Comme la PCS, le managed trade se place dans un contexte de concur-
rence imparfaite où existent des oligopoles, des rendements croissants et des
Conclusion
Les effets des interventions de l’État sur le commerce extérieur du pays
dépendent des conditions dans lesquelles celles-ci ont lieu. Dans un monde
proche de la concurrence, sans économies d’échelle et sans pays capables
de peser sur les prix mondiaux, le protectionnisme donne naissance à des
pertes nettes pour la collectivité du pays. Dans un monde de concurrence
imparfaite, ces interventions peuvent être bénéfiques, à condition que les
autres États s’abstiennent de toutes représailles.
Question 2
Dans le cas de la subvention à l’exportation, étudier la situation où les consommateurs
s’adressent directement au marché mondial pour satisfaire leur demande.
Question 3
On considère le marché de la moto dans un petit pays. La fonction de demande nationale
s’écrit p = 15 – 15q et celle d’offre nationale p = 1 + 20q . p est le prix d’une moto
en kiloeuros (1 kiloeuro = 1 000 euros) et q est la quantité de motos en millions.
a) Représenter graphiquement la fonction de demande (courbe DD’) et la fonction
d’offre (courbe SS’), en mettant q en abscisse et p en ordonnée. Quelles sont les carac-
téristiques d’autarcie ?
b) Le pays s’ouvre sur l’extérieur. Le prix sur le marché mondial de la moto est
4 500 euros. Quelles sont les quantités demandées et offerte par le pays ? Quelle est la
quantité importée ? Représentation graphique.
c) L’État du pays prélève un droit de douane sur les importations d’un taux t = 1 ⁄ 3 .
Quel est le prix domestique ? Quelles sont les quantités demandée, offerte et importée ?
Représentation graphique.
d) Quelles sont les variations de surplus des différents groupes du pays quand le pays
passe du libre-échange à la protection ? Quelle est la variation de bien-être du pays ?
e) Quel est le taux de droit de douane qui maximise les recettes douanières de l’État,
sachant que le prix mondial est toujours de 4 500 euros ? Quelles sont les quantités
demandée, produite et importée ? Représentation graphique. Y a-t-il coïncidence entre
l’intérêt de l’État et l’intérêt de la collectivité nationale ?
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
f) L’État remplace le droit de douane par un quota égal au volume importé correspondant
au droit de douane de taux t = 1 ⁄ 3 , le prix mondial étant égal à 4 500 euros. Expliquer
ce qui se passe. Même question avec une RVE.
EAE-7
Cet exercice présente une maquette du modèle simple à un seul marché du I-A-1 du cha-
pitre 4. Il permet de quantifier les effets d’un droit de douane ou d’un quota sur les varia-
tions de surplus des consommateurs, des producteurs et de l’État du pays où cette
politique commerciale est mise en œuvre. Il s’appuie sur les données de la question 3 de
ce chapitre, mais introduit aussi les effets des modifications des pentes des droites d’offre
et de demande.
Corrigés
Question 1
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Le prix domestique du bien produit nationalement s’aligne sur le prix du bien importé
parce que les deux biens sont supposés parfaitement substituables, totalement identiques
sur le plan des caractéristiques.
Question 2
Si les consommateurs achètent sur le marché mondial, ils paient le prix OP (figure 4.4)
et ne subissent aucune perte de surplus par rapport au libre-échange. Les producteurs
exportent la totalité de leur production et reçoivent une subvention de PP′ par unité
exportée. Leur gain de surplus est PNRP′ . Comme toute la production est exportée, le
montant total de la subvention payée par les contribuables est PQRP′ . La collectivité
subit donc une perte nette égale à PQRP′ – PNRP′ = NQR . Cette perte est plus petite
que celle mise en évidence dans le cours car, dans ce cas-ci, les consommateurs ne subis-
sent aucune perte. Quand les consommateurs payaient OP′ , la perte collective était
LMT + NQR .
15 D
S'
A'
6 F G'
A
4,5 E G
B C
1
S
D'
0 0,175 0,4 0,6 0,7 1 q (en millions de
0,25
motos)
Figure 4.8 – Effets d’un droit de douane
tique) + 350 000 (quota) soit 600 000, ce qui correspond exactement à la demande. Ce
sont les intermédiaires importateurs et non l’État qui perçoivent la rente égale au volume
du quota multiplié par la différence de prix, soit
350 000 × ( 6 000 – 4 500 ) = 525 000 000 euros. La perte nette collective du pays est
la même qu’avec le droit de douane, soit 131 250 000 euros.
Si l’État établir une RVE, la hausse de prix est la même, les variations de surplus des
producteurs et des consommateurs également, mais la rente échoit aux exportateurs
étrangers, car ceux-ci vendent le bien au nouveau prix sur le marché domestique. La perte
collective du pays est donc plus grande qu’auparavant. Elle est mesurée par la surface du
trapèze A′G′GA . Elle vaut 656 250 000 euros.
Question 4
a) Le pays est grand puisque l’offre d’importation par l’étranger est une fonction crois-
sante du prix.
22,4(1 + t) A
————— qs
1,4 + 0,4t
16 D B A'
C
B'
8
0 20 36 q
28 – 8t (millions
—————
1,4 + 0,4t d'automobiles)
Figure 4.9 – Effets de la protection d’un grand pays
– 200
Conformément à l’un des résultats de la question c), t < 3 ,5 = 350 %. Si t tend vers
350 %, la perte du pays tend vers 200 milliards de dollars. Le taux de protection optimale
pour le pays est celui qui maximise G. C’est donc t∗ = 43 ,75 %. À ce taux correspon-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
dent une importation de 15,56 millions de voitures, un prix mondial de 14 222 dollars,
un prix domestique de 20 444 dollars et un gain du pays égal à 17,78 milliards de dollars
(figures 4.10 et 4.11).
qs*
qs
A
20,44
16 D B A'
14,22
C B'
11,5
8
0 15,56 20 36
q (millions
d’automobiles)
Elle vaut donc ( 16 – 14 ,222 )15 ,56 + 0 ,5 ( 16 – 14 ,222 ) ( 20 – 15 ,56 ) = 31 ,61 milliards
de dollars. Le monde entier (pays + étranger) est perdant, car la perte de l’étranger
DA′B′C surcompense le gain brut du pays DBB′C , pour le montant BA′B′ = 3 ,95
milliards de dollars. À cette perte, il faut ajouter la perte brute du pays soit AA′B = 9 ,87
milliards de dollars. La perte totale du monde est donc de
BA′B′ + AA′B = AA′B′ = 13 ,82 milliards de dollars.
Question 5
a) La fonction de réaction de l’entreprise domestique est telle que le profit
π = px – C ( x ) soit maximum, pour y donné. Ici π est égal à :
[ 100 – 0 ,25 ( x + y ) ]x – 500 – 25x .
Une condition nécessaire pour que π soit maximum est que sa dérivée première par rap-
port à x soit nulle, ce qui conduit à la fonction de réaction R x : y = 300 – 2x . La même
démarche pour l’entreprise étrangère permet de déterminer la fonction de réaction de
celle-ci R y : y = 150 – 0 ,5x . Ces fonctions de réaction sont représentées sur la
figure 4.12. Le point d’intersection de R x et de R y correspond à l’équilibre de Cournot-
Nash. Les quantités produites valent x = y = 100 avions et le prix p d’un avion s’élève
à 50 millions de dollars.
b) Le coût de la firme domestique est donné par la relation 500 + 25x . Comme
x = 100 , le coût s’élève à 3 000 millions de dollars (3 milliards). Les ventes de la firme
domestique valent px soit 50 × 100 = 5 000 millions de dollars. Le profit de la firme
domestique vaut donc 5 000 – 3 000 = 2 000 millions de dollars. Les valeurs sont
identiques pour la firme étrangère, puisqu’elle produit la même quantité, vend au même
prix, et possède la même fonction de coût.
c) Le profit est augmenté de la valeur de la subvention :
π = [ 100 – 0 ,25 ( x + y ) ]x – 500 – 25x + sx . La maximisation de π, à y donné, fournit la
300
Rx
150 Ry
100 N
4s N'
100 – —
3
x
0 100 150 300 (Nombre d'avions)
8s
100 + —
3
Figure 4.12 – Subvention à l’exportation et duopole de Cournot
300 Rx
Γ1
150 Ry π augmente
Γ2
N
75
S
ΓC
ΓS x
0 150 300
Figure 4.13 – Équilibre de Stackelberg
L
es accords multilatéraux contribuent à l’expansion du commerce
dont les effets sur la croissance et les inégalités sont controversés
(section I). Dans ce contexte de libéralisation des échanges, l’éco-
nomie politique de la protection s’interroge sur les forces économiques
et politiques qui expliquent les résistances contemporaines au libéralisme
(section II). La solution du régionalisme apparaît comme une voie médiane,
permettant d’échapper aux solutions extrêmes que sont l’isolement total
ou le libre-échange intégral (section III). L’investissement direct étranger
contribue, comme le commerce auquel il est intimement lié, à l’organi-
sation des processus productifs au niveau mondial (section IV).
I. La libéralisation du commerce
Depuis 1945 les pays se sont engagés dans un processus d’abaissement de
leurs barrières aux échanges en acceptant de signer des accords multilatéraux.
Cette libéralisation a certainement favorisé la croissance du commerce mon-
dial. En revanche ses effets sur la croissance des pays et sur les inégalités font
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
l’objet de débats.
1) Le GATT
Signé en 1947 entre 23 pays, le GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade, Accord général sur les droits de douane et le commerce) repose sur
les trois principes suivants :
– la réciprocité : les pays contractants doivent s’accorder mutuellement
des avantages ;
– la non-discrimination (clause de la nation la plus favorisée ou clause
NPF) : tout avantage accordé à un co-contractant doit être appliqué à
tous les autres ; cette disposition est au cœur du système nouveau et
définit le multilatéralisme ;
– le traitement national : les marchandises importées doivent être traitées
sur le territoire national comme les marchandises nationales (pas de dis-
crimination de type fiscal ou réglementaire).
Dès son lancement le GATT doit faire face à une difficulté : certains pays
d’Europe souhaitent fonder une union régionale dont les droits de douane
internes sont plus faibles que ceux pratiqués à l’égard des pays tiers. Le
GATT accepte le principe de ces unions, bien que leur existence soit contraire
à la clause de non-discrimination.
Entre 1947 et 1994, des cycles (ou « rounds ») débouchant sur des
accords commerciaux multilatéraux d’abaissement des obstacles aux
échanges sont organisés, dans le cadre du GATT. Le Kennedy Round (1964-
1967) et le Tokyo Round (1973-1979) se concluent par des concessions
importantes, en termes quantitatifs, mais limitées aux droits de douane sur les
produits manufacturés, les obstacles non tarifaires et l’agriculture restant très
largement hors du champ des négociations. Sur le long terme cependant, la
protection régresse nettement : entre 1947 et 1980 le niveau moyen des droits
est divisé par plus de 12.
Pour autant le protectionnisme n’a pas totalement disparu. Les pays en
développement gardent encore des niveaux de protection élevés et les pays
industrialisés, touchés par la crise des années 1970 (premier et deuxième
chocs pétroliers), tout en acceptant les principes du Tokyo Round, rétablis-
sent de façon unilatérale des formes diverses d’obstacles au commerce
(contingents, restrictions volontaires à l’exportation, normes, subventions).
C’est en particulier le cas des États-Unis, qui utilisent tout l’arsenal des bar-
rières autorisées (enquêtes, droits antidumping, droits antisubventions) dans
le Trade Act de 1974 et l’Omnibus Trade and Competitiveness Act de 1988.
pays sont adoptées, plus efficaces et plus complètes que celles du GATT.
Dans le système de l’OMC, les panels d’experts jouent un rôle central, car
leurs avis sont systématiquement adoptés par le Conseil général de l’OMC
(l’Organe de règlement des différends ou ORD), sauf en cas de vote unanime
contraire, ce qui ne peut arriver que très rarement. De plus un organe d’appel
est créé.
Source : OMC
Figure 5.1 – Droits de douane NPF appliqués en 2013 par certains pays (en %)
sants, le mouvement est encore plus marqué. Ceci explique, au moins en par-
tie, l’accélération de la segmentation des processus productifs (chapitre 3,
section V) : le taux moyen passe de 8,1 % en 1994 à 3,0 % en 2013.
Les droits moyens NPF appliqués en 2013 sont moins élevés pour les pays
développés que pour les pays émergents et les pays pauvres (cf. figure 5.1) :
souvent supérieurs à 10 % pour les PED, ils sont inférieurs à 6 % pour les
pays développés.
4) De l’utilité du GATT et de l’OMC
La question de savoir si le fait qu’un pays adhère au GATT ou à l’OMC
accroît significativement ses échanges avec l’extérieur a été étudiée par Rose
(2002)1 à partir d’un modèle de gravité, appliqué au commerce de 175 pays
sur 50 ans. L’auteur aboutit à un résultat paradoxal et inattendu : l’apparte-
nance au GATT ou à l’OMC n’a aucun effet sur le volume du commerce
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bilatéral qui dépend d’autres facteurs, en particulier les PIB des deux pays,
leur distance, leurs conditions géographiques, leur histoire commune, les
accords de commerce spécifiques qui les unissent. Mais ce résultat est lié au
fait que les groupes de pays et de produits qui font partie de l’échantillon de
Rose sont hétérogènes et connaissent des évolutions différentes pouvant se
compenser lorsque l’on considère l’ensemble. C’est ce que mettent en évi-
dence Subramanian et Wei (2003)2. Ceux-ci montrent que les échanges entre
1. ROSE A.K. (2002), « Do We Really Know that the WTO Increases Trade ? », NBER
Working Paper, n° 9273.
2. SUBRAMANIAN A. et S.J. WEI (2003), « The WTO Promotes Trade Strongly But
Unevenly”, NBER Working Paper, n° 10024.
Encadré 5.1
La crise de 2008 a-t-elle engendré un regain
de protectionnisme ?
La crise de l’automne 2008 a suscité NPF, mais par un indicateur plus com-
quelques mesures protectionnistes, plexe l’OTRI (Overall Trade Restricti-
malgré les déclarations du G20 de veness Index) qui prend en compte les
novembre 2008, mettant en avant les droits NPF, les droits bilatéraux (qui
dangers d’un repli sur soi généralisé dépendent d’accords particuliers) et
semblable à celui de 1929. En fait, les droits antidumping. D’après leurs
seuls certains pays ont opté pour des calculs, les nouvelles mesures de pro-
hausses de droits sur des produits tection se traduisent par des hausses
majeurs, comme la Russie, l’Argentine, de l’OTRI d’environ 1 % pour la Russie
la Turquie ou la Chine. Les États-Unis et l’Argentine, de 0,5 % pour les États-
et l’Union européenne ont poursuivi Unis et de 0,1 % pour l’Union euro-
leurs actions antidumping, mais sans péenne. La chute globale du com-
excès. L’ampleur exacte des nouveaux merce mondial provoquée par ces
obstacles et des conséquences de nouvelles mesures protectionnistes
ceux-ci sur le commerce varie selon les atteint 43 milliards de dollars, ce qui
études, mais reste, dans tous les cas, ne représente que 2 points de pour-
très limitée. Kee et al. (2010)1 mesu- centage dans la baisse totale de 12 %
rent le degré de protection d’un pays enregistrée pour l’année 2009, qui
non pas par les seuls droits de douane s’explique par le repli de la demande
1. KEE H.L., C. NEAGU et A. NICITA (2010), « Is Protectionism on the Rise? Assessing Trade
National Policies during the Crisis of 2008 », World Bank, Policy Research Working Paper
n° 5274, avril.
160
140
120
100
Exportaons
80
PIB
60
40
20
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Source : OMC
Figure 5.2 – Croissance en volume des exportations mondiales et du PIB mondial de 2000
à 2013 (base : 100 en 2000)
On s’attend à ce que l’ouverture, qui concerne tous les pays (figure 5.3),
favorise la croissance, du fait que le marché s’agrandit (économies d’échelle),
que les pays s’orientent vers les productions les plus efficaces et que l’inno-
vation est stimulée par la concurrence. Les tests empiriques confirment plutôt
cette intuition.
Dans un article pionnier, Sachs et Warner ont affirmé, à partir d’une étude
portant sur 135 pays, dans la période 1970-1985, que les pays ouverts ont un
taux de croissance du PIB par tête supérieur, en moyenne, de 2,4 % par rap-
port aux pays fermés. Leur méthode a fait l’objet de critiques mais leur
démarche a ouvert la voie à un très grand nombre de recherches sur le lien
entre ouverture et croissance.
Dans les 18 études de corrélation recensées par Newfarmer et
Sztajerkowska1, qui concernent principalement la période 1970-2000, et qui
mesurent le degré d’ouverture par le rapport commerce/PIB, 17 d’entre elles
concluent qu’il existe une relation positive entre le degré d’ouverture et la
croissance et une seule conclut à la non significativité de la relation. La plu-
part considèrent un vaste échantillon de pays (le plus souvent supérieur
à 100) et toutes introduisent d’autres variables explicatives, à côté du taux
d’ouverture de chaque pays, telles que l’importance du capital humain, le
taux d’investissement, les facteurs géographiques et institutionnels (degré de
40
35
30
25
20 1990
15 2014
10
Banque mondiale
Source :
Figure 5.3 – Taux d’ouverture des pays (exportations de biens et services + importations
de biens et services)/2PIB en % en 1990 et en 2014
Que l’ouverture soit bénéfique ou non, que les protections soient nécessaires
ou dommageables, le fait est que les politiques commerciales perdurent, les
États cherchant à garder, dans une certaine mesure, la main sur leurs
échanges, tout en acceptant le principe du multilatéralisme. La demande de
protection émane de ceux qui en bénéficient directement (salariés et déten-
teurs du capital) et l’offre repose sur le comportement des décideurs poli-
tiques, animés par des considérations électoralistes, mais aussi par le souci de
l’intérêt général. À la différence des analyses du chapitre 4, dont la démarche
est normative (les protections doivent être refusées si elles engendrent des
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pertes collectives) l’optique est ici positive (quels sont les comportements des
acteurs ?). Ce courant est qualifié d’économie politique de la protection. Le
développement de ce type d’analyse coïncide avec l’intérêt porté, dans la
période 1970-2011, aux effets de l’ouverture sur l’emploi, les salaires et les
profits dans les pays industrialisés. Ces effets sont analysés par les modèles
de base du commerce international (A) et intégrés dans des analyses de choix
politiques résultant soit de choix spécifiques de certains individus (B), soit
d’un arbitrage entre intérêts particuliers et intérêt collectif (C). L’observation
des comportements réels des lobbies relativise la portée de certaines analyses
théoriques (D).
Préférence de
Recettes de l’État = Revenus de l’individu pour la PC
revenus de transfert l’individu
qui maximise son utilité
Le lobbying agricole existe dans tous les pays développés et se traduit prin-
cipalement par des aides ou des prix garantis qui soutiennent les producteurs,
mais pénalisent doublement les consommateurs (en tant que contribuables et
en tant qu’acheteurs). Mais le faible poids de la consommation agricole dans
la consommation totale de ces pays rend ce coût supportable. Olper (1998)1
indique que pour huit pays de l’Union européenne, entre 1975 et 1989, la
protection agricole s’abaisse si la part de la consommation agricole se réduit,
ce qui révèle que les gouvernements tiennent compte du coût de la protection
pour le consommateur, comme l’indiquent les modèles de soutien politique.
Hansen (1991)2, dans son étude de la politique agricole américaine sur le
long terme (1919-1981), affirme que les lobbies ont essentiellement un rôle
informationnel. Gawande (2005)3 analyse le lobbying agricole aux États-
Unis, entre 1991 et 2000, durant cinq cycles d’élections au Congrès. Parmi
les quelque 200 lobbies actifs que sont les PAC (Political Actions
Comittees), un très petit nombre verse l’essentiel des contributions aux par-
lementaires (tableau 5.1).
Tableau 5.1 – Parts des quatre plus gros contributeurs PAC dans les versements
aux membres du Congrès des États-Unis (1991-2000)
Coton 91,7
Lait 85,8
Blé 93,6
Sucre 65,0
Légumes 48,1
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Les PAC concentrent leurs versements sur les membres les plus influents
du Congrès et sur les sénateurs et les représentants issus d’États à forte voca-
tion agricole. Les sommes attribuées sont modestes (entre 5 et 7 millions de
1. OLPER A. (1998), « Political Economy Determinants of Agricultural Protection Levels in
EU Members States : An Empirical Investigation », European Review of Agricultural Econo-
mics, vol. 25.
2. HANSEN J.M. (1991), Gaining Access : Congress and the Farm Lobby, 1919-81, University
of Chicago Press
3. GAWANDE K. (2005), « The Structure of Lobbying and Protection in US Agriculture”,
World Bank, Working Paper n° 3722, septembre.
(a) (b)
MA MA
pC(1 + t) 2 3
2 3
pC(1 + t)
pB 7 5 6 pB 7 5 6
pC
pC 1 4
1 4
MA' MA'
qC qB Quantités qC qB Quantités
Figures 5.5 – Effets sur le bien-être des consommateurs de l’entrée dans l’union douanière
Ainsi pour les consommateurs du pays qui entre dans l’union, il peut y
avoir détérioration ou amélioration de leur bien-être : la perte de recettes
fiscales due à l’abandon de l’ancien partenaire commercial peut être supé-
rieure ou inférieure au gain de surplus lié au fait que le pays s’approvi-
sionne auprès du nouveau partenaire, membre de l’union.
Cette analyse, très simple, reste fortement dépendante des hypothèses sur les-
quelles elle repose : concurrence pure et parfaite, absence de rendements
d’échelle décroissants. Si le pays B avec qui A forme une union produit le bien
avec des rendements d’échelle décroissants, le coût marginal qu’il supporte aug-
mente lorsque la quantité vendue augmente. Pour maximiser leurs profits, les
entreprises de B vendent au prix domestique proposé pour les produits en pro-
venance de C, soit p C ( 1 + t ) . Si, pour ce prix, B ne peut répondre à la totalité
de la demande de A, alors le pays C fournit le complément. Dans ce cas, le pays
A est certainement perdant car les consommateurs paient le même prix qu’aupa-
ravant (pas de gain de surplus) et une partie des recettes fiscales disparaît
puisque seules les importations en provenance de C font l’objet d’une taxation.
Il faut d’abord citer les économies d’échelle. Si, dans le pays B, il existe
des rendements croissants à l’échelle, l’intégration entre A et B permet, en
suscitant une production accrue en B, de mieux exploiter ces économies
d’échelle, donc d’abaisser les coûts et les prix. Ces diminutions constituent
des sources de gains pour tous les consommateurs de l’union et pour ceux
restés en dehors, si les pays de l’union, par leurs gains de compétitivité,
exportent vers les pays tiers les produits en question.
Des effets bénéfiques du même type sont liés aux économies de gamme :
la production pour un marché plus vaste est à l’origine de l’augmentation du
nombre des variétés produites, ce qui accroît l’utilité collective (section III du
chapitre 3).
CEI
Importaons des pays
Union européenne hors de l'ACR
Exportaons des pays
Mercosur hors de l'ACR
Commerce intra ACR
ALENA
ASEAN
3) Le commerce intra-régional
80
70
60
50
40
30
20
10 Exportaons
0
Importaons
(figure 5.7), l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie, les quatre autres zones
commerçant relativement peu avec elles-mêmes. On observe néanmoins,
depuis 1990, un mouvement de recentrage du commerce de toutes les zones
vers elles-mêmes. Contrairement à l’Europe et à l’Amérique du nord,
l’ensemble de l’Asie ne dispose pas d’un accord d’une portée comparable aux
deux autres, l’accord de l’Asean ne concernant qu’une petite partie de l’Asie,
dans laquelle on ne trouve ni la Chine, ni la Corée, ni le Japon, trois « poids
lourds » du commerce mondial1. Le commerce intra-régional asiatique, qui
dépasse les 50 % du commerce total de l’Asie, repose donc principalement
1. En 2013 la Chine est la première exportatrice de marchandises avec 11,7 % des exporta-
tions mondiales et ces trois pays représentent 18,5 % des exportations mondiales.
Encadré 5.2
Le TTIP et le TPP
Ces accords qui englobent tous les aspects de l’activité sont de deux types,
les accords qualifiés de « OMC+ » qui prolongent les dispositions de l’OMC
et les accords « OMC-extra » qui ajoutent des dispositions hors des
domaines de l’OMC (concurrence, IDE). Parallèlement à ces accords glo-
baux, on assiste à l’explosion des traités bilatéraux sur l’IDE qui ne traitent
que de l’IDE : en 2014, on en recense environ 2 500 soit 6 fois plus que
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1) Évolution
En termes de flux annuels, en 2005-14, les IDE valent moins de 10 % du
commerce mondial de biens et services commerciaux (transport, tourisme,
services divers). Mais, en termes de stocks, qui mesurent la présence des
capitaux contrôlant la production à l’extérieur des frontières nationales, le
Formation brute de capital fixe mondial en prix courants 2 798 5 102 18 784
rapport entre IDE et exportations mondiales est d’un autre ordre : il vaut envi-
ron 1,1 en 2014.
Dans le contexte actuel de mondialisation croissante des économies, l’IDE
joue un rôle important dans la stratégie des firmes. Mais, comme le choix en
faveur de l’implantation à l’étranger est porteur de risques, les opérations
d’investissement sont beaucoup plus irrégulières que celle propres au com-
merce. On observe, à cet égard, une véritable explosion des flux d’IDE dans
la période 1996-2000, la croissance moyenne annuelle s’élevant alors à 38 %,
contre 1,3 % pour la production mondiale et 3,6 % pour les exportations
mondiales. En revanche l’IDE régresse en 2001, 2002 et 2003, le niveau de
2003 représentant 47,5 % de celui de 2000, avant de repartir à la hausse de
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Figure 5.8 – Répartition du stock mondial d’IDE entre régions et pays (%) en 2014
1. MUNDELL R.A. [1957], « International Trade and Factor Mobility », The American Econo-
mic Review, Vol. 47, June, pp. 321-335.
proches, plus les firmes ont intérêt à être des FMN horizontales. On peut
remarquer que ce résultat est contraire à celui qui était obtenu dans le cas des
firmes verticales : plus les dotations relatives entre pays sont éloignées, plus
il y a de chances que des FMN verticales apparaissent (cf le b)).
Le fait que certaines caractéristiques macroéconomiques des pays d’ori-
gine et d’accueil puissent influencer le type d’activité des filiales a suscité
des recherches empiriques. Si, en effet, la filiale est horizontale, les ventes de
celle-ci doivent croître avec les PIB des deux pays, doivent diminuer lorsque
l’écart des PIB s’accroît et doivent diminuer lorsque l’écart entre les
dotations relatives en travail qualifié s’accroît. Si la filiale est verticale, la
taille des PIB et leur écart ne devraient pas avoir d’influence sur les ventes,
2) IDE et emploi
Les firmes multinationales qui créent et développent des filiales à l’extérieur
du pays de la société-mère sont souvent accusées d’être responsables du sous-
emploi des pays du Nord et de la dégradation des conditions de travail dans
les pays du Sud. La diversité des situations et la multiplicité des méthodes
d’investigation donnent des résultats peu convergents.
le pays d’origine ;
– La baisse des coûts rendue possible par les activités externes permet la
diminution des prix dans le pays domestique, dont profitent les consom-
mateurs, ce qui augmente la demande réelle donc l’activité ;
– La hausse de compétitivité, stimule les exportations donc favorise
l’emploi du pays.
Ces arguments sont souvent considérés comme discutables pour trois
raisons :
– L’effet positif sur l’emploi, s’il a lieu, demande du temps, alors que la
non création ou la suppression des portes de travail est immédiate ; le
choc sur l’emploi est donc bien visible ;
Conclusion
En ce début de XXIe siècle, le processus de libéralisation des échanges
semble marquer le pas, l’OMC s’avérant impuissante à faire aboutir les
négociations commerciales en cours. Il est vrai que depuis 60 ans le degré
d’ouverture des économies n’a jamais été aussi élevé, ce qui explique, à la
fois, la croissance exceptionnelle de certaines régions (en particulier
l’Asie) et les résistances protectionnistes de certains groupes d’intérêt dont
le revenu est menacé par la mondialisation. L’économie politique de la
protection, qui cherche à analyser les comportements de lobbying face à
des États plus ou moins défenseurs de l’intérêt général, ouvre une voie de
réflexion prometteuse dont l’enrichissement se fera par de nouvelles
études empiriques sur les comportements des acteurs. Si le multilatéra-
lisme est aujourd’hui en panne, c’est aussi parce que les pays se tournent
de plus en plus vers les accords régionaux, voire bilatéraux, dont les signa-
taires attendent plus d’avantages que ceux qui pourraient être obtenus dans
des négociations à l’OMC. Toutefois la multiplication de ces accords com-
plexifie la situation de chaque pays au regard de ses relations commer-
ciales et peut faire naître un protectionnisme de zone qui se substituerait à
un protectionnisme national. L’investissement direct étranger, dont la
croissance, bien qu’instable, est, en moyenne, nettement supérieure à celle
du commerce, provient d’une stratégie de recherche de coûts plus faibles
et de marchés porteurs. Certains pays du Nord, dans le contexte de crise
de 2008-2011, remettent en cause cette externalisation massive des proces-
sus productifs considérée comme principale responsable des difficultés du
moment. Les études empiriques sur les années 1990 et 2000 incitent
cependant à des jugements beaucoup plus nuancés. L’entrée de capital
étranger dans les pays du Sud n’est bénéfique à leur croissance – donc à
leur emploi – que si d’autres conditions sont remplies.
Question 2
Dans un livre où se confrontent les points de vue de Suzan George (membre d’ATTAC)
et de Martin Wolf (ancien économiste à la Banque mondiale et chroniqueur au Financial
Times) sur la mondialisation (S. GEORGE et M. WOLF, La Mondialisation libérale, « Pour
& contre », Paris, Grasset, Les Échos, 2002), Suzan George affirme :
La mondialisation engendre tous les jours davantage d’exclusion.
Commenter cette appréciation à la lumière des développements des chapitres 1 à 5.
Question 3
Le modèle de Grossman-Helpman (exposé dans le titre C de la section II) ne prend pas
en compte l’existence des biens intermédiaires. Cadot, De Melo et Olarreaga, dans une
Question 4
La question concerne les IDE (section IV). E.M. Mouhoud (2011) décrit le phénomène
de relocalisation du capital, c’est-à-dire le fait que certaines entreprises, après avoir délo-
calisé tout ou partie de leur processus productif, décident de rapatrier des activités de
production sur le sol national. Ce mouvement remonte aux années 1970 et concerne sou-
vent la filière électronique-informatique et les services. Quels peuvent être les détermi-
nants de cette relocalisation ?
Corrigés
Question 1
n
tj – ∑ Aij t i
i=1
1° Le taux effectif vaut ----------------------------
- , avec t j = taux nominal de la branche j, t i = taux
n
1– ∑ Aij
i=1
nominal de l’intrant i utilisé par j et A ij = valeur du bien i utilisé pour produire une unité
monétaire de j. On peut ainsi calculer le taux effectif de l’agriculture T A :
t A – ( 0 ,2t E + 0 ,4t I + 0 ,15t S ) ,5 – ( 0 ,2 × 0 + 0 ,4 × 0 ,25 + 0 ,15 × 0 ,1 -)
- = 0-------------------------------------------------------------------------------------------------
T A = --------------------------------------------------------------------
1 – ( 0 ,2 + 0 ,4 + 0 ,15 ) 1 – 0 ,75
= 1 ,54 = 154 %
La même démarche permet d’établir les autres taux effectifs : T E = – 61 ,7 %,
T I = 60 % et T S = 0 %.
2° Les taux effectifs sont ordonnés de la même façon que les taux nominaux
(T A > T I > T S > T E et t A > t I > t S > t E ) mais les écarts sont beaucoup plus élevés en
termes de taux effectifs qu’en termes de taux nominaux. L’agriculture, branche la plus
protégée nominalement, bénéficie d’une protection effective beaucoup plus importante
(154 % contre 50 %) car elle utilise des intrants peu protégés ou non protégés (l’énergie).
L’industrie est dans une situation comparable, bien que moins marquée, l’un de ses
intrants, l’agriculture, ayant une protection nominale plus forte que la sienne. Les ser-
vices ont un taux effectif nul car l’influence des taux nominaux sur ses intrants compense
Question 2
On propose le plan suivant.
La mondialisation en tant que processus d’ouverture des pays aux marchandises et aux
capitaux étrangers est, aux yeux de S. George, dangereuse pour certains pays et certains
groupes qui se retrouvent dans une situation de perdants. Les théories du libre-échange
(chapitres 1, 2 et 3) affirment qu’il n’existe que des gagnants, donc nient que l’exclusion
puisse provenir de la mondialisation. Mais les risques de l’ouverture existent, justifiant
certaines protections, à condition que celles-ci soient temporaires et/ou que les politiques
commerciales soient coordonnées au niveau régional et mondial (chapitres 4 et 5).
I. La négation de l’exclusion : les théories du libre-échange
A. Les gains pour tous en statique comparative : avantages comparatifs fondés sur le tra-
vail, dotations factorielles ; accroissement du bien-être des consommateurs entre l’autar-
cie et l’ouverture ;
B. Les gains pour tous en dynamique : diffusion des innovations, économies d’échelle,
suppression des firmes inefficaces, réduction des rentes de monopoles, stimulation de la
différenciation des produits et échanges de produits différenciés, segmentation des pro-
cessus productifs (qui réduit les coûts) ;
C. Les conditions pour que ces mécanismes fonctionnent : flexibilité des appareils pro-
ductifs, diversification des structures d’exportations, spécialisations dans des biens dont
les prix mondiaux sont stables ; conditions non conformes à la réalité des pays émergents
et des pays les moins avancés.
II. Les moyens de se protéger contre les dangers de la mondialisation
A. Les situations dans lesquelles les protections semblent incontournables : les industries
naissantes ; le contexte de crise mondiale ; les secteurs sénescents ; la protection des
revenus de certains groupes pénalisés par l’ouverture ; les protections fondées sur des
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Question 3
Les pays développés possèdent des structures industrielles plus riches que les pays en
développement, au sens où la production de biens intermédiaires nécessaires à la production
de biens manufacturés y est plus complète et plus diversifiée. Chaque branche est donc
reliée à beaucoup d’autres situées sur le sol national, alors que les pays en développement
Question 4
Deux ensembles de facteurs peuvent être invoqués :
– Le progrès technique et l’organisation du travail : si la société-mère découvre des pro-
cédés économisant du travail (automatisation, robotisation, meilleure organisation interne
du travail), il se peut que l’économie soit suffisamment importante pour permettre de
remplacer le travail à l’étranger par des procédés mis en œuvre sur le territoire national ;
exemple : dans l’électronique grand public ce rapatriement a pu avoir lieu (cas de l’Alle-
magne dans les années 1980), la part du coût salarial dans le coût total étant passée de
30 % à 4 % entre la décennie 1970 et la décennie 1980.
– L’adaptation à la demande : l’accroissement du niveau de vie dans les pays développés
a favorisé la recherche de produits différenciés (cf. chapitre 3), pour lesquels le prix
compte moins ; de plus la recherche d’un produit ciblé devient un élément important de
la demande ; dans ce contexte de demande versatile la rapidité des délais de livraison et
la capacité d’adaptation aux goûts changeants sont des éléments importants de la com-
pétitivité ; produire dans son propre pays, rester proche de la demande domestique
devient impératif ; exemple : en France des relocalisations ont lieu en horlogerie, lunet-
terie, confection dans les années 1990.
L
’ensemble des transactions d’un pays avec le reste du monde,
échanges de biens et services et flux financiers, est enregistré dans
un document comptable, la balance des paiements (section I). Celle-
ci fait apparaître les soldes caractéristiques des relations du pays avec
l’extérieur et constitue un instrument utile pour juger de l’ampleur et de
la nature des déséquilibres mondiaux (section II). Ceux-ci dépendent des
liaisons entre le revenu national, le solde courant et les composantes de
la demande globale, consommation, investissement et dépenses
publiques (section III). Ces déséquilibres sont également affectés par le
système monétaire international, dont les principaux éléments (mon-
naies utilisées au niveau international, régimes de change) évoluent à
travers le temps (section IV).
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A. Définition
La balance des paiements est un état statistique qui retrace sous forme
comptable l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre
les résidents d’un pays et les non résidents au cours d’une période donnée.
C’est un compte de flux et non de stocks. On y trouve la variation des avoirs
et des dettes d’un pays au cours d’une période donnée, et non le montant de
ces avoirs et dettes.
Le terme de résident désigne les personnes physiques, quelle que soit leur
nationalité, qui ont leur domicile principal dans le pays, à l’exception des
fonctionnaires étrangers, ainsi que les personnes morales, françaises ou étran-
gères, ayant un établissement dans le pays, à l’exception des représentations
diplomatiques et consulaires. Le terme de non-résident désigne les autres per-
sonnes physiques et morales. Il résulte, par exemple, de cette règle que les
transactions entre sociétés mères et filiales des firmes multinationales sont
comptabilisées comme transactions internationales et apparaissent dans les
balances des paiements des pays d’implantation des filiales et du pays où est
installée la société mère.
Débit
Figure 6.1 – L’enregistrement des données dans le compte des transactions courantes
et dans le compte de capital
+ –
Recee Dépense
Crédit (Par exemple : exportaon, récepon d’un (Acquision de biens lors d’une
Transacons
dividende ou d’une prestaon.) transacon de négoce internaonal 1.)
courantes
Dépense
Débit
(Par exemple : importaon, envoi de fonds.)
Solde Excédent Déficit
Légende :
La contrepare est une entrée de capitaux.
La contrepare est une sore de capitaux.
Source : Méthodologie « La balance des paiements et la posion extérieure de la France », Banque
de France, 2015.
1 Pour l’enregistrement des opérations de négoce international, se référer à l’encadré 6.1.
1. S’il n’y a pas de changement de propriétaire, ce type d’échange n’est pas considéré comme
du négoce international. En effet, le sous-traitant peut éventuellement assurer un service
d’assemblage d’intrants détenus par un tiers (le constructeur) contre rémunération.
2. Les transactions sont évaluées au prix de transaction convenu entre les parties et non au
prix FAB.
Crédit Débit
Numéraire 100 0
Les opérations des résidents avec les non-résidents sont regroupées par type
d’actifs concernés et, éventuellement, par type d’agents concernés. Pour cha-
que groupe d’opérations, le pays présente un excédent ou un déficit, reflet de
désajustements internes et traduction de déséquilibres mondiaux.
1. Lorsque le transfert gratuit est un don destiné à financer tout ou partie d’un investissement
(grands projets de travaux publics, etc.), le flux est enregistré dans le compte de capital, dans
la rubrique « dons pour investissements ».
Le compte de capital
L’intitulé de ce compte peut prêter à confusion. En effet, il ne concerne pas
les mouvements de capitaux qui sont enregistrés dans le compte financier. Ce
compte enregistre les acquisitions et cessions d’actifs non financiers non pro-
duits, tels que les acquisitions et cessions liées aux ressources naturelles (ter-
rains, droit d’exploitation des sous-sols, etc.), les ventes de baux et licences
ainsi que les transferts en capital, définis par des situations où sont fournies
des ressources à des fins de transactions en capital sans échange de valeur
économique. Exemple : la remise de dette est un transfert en capital : l’annu-
lation d’une dette consentie à un pays étranger correspond à un transfert en
faveur d’un agent non-résident et elle est inscrite au débit du compte de
capital du pays qui accorde la remise de dette. Cette annulation diminue
les avoirs des résidents et à ce titre est inscrite dans les avoirs du compte
Le compte financier
Le compte financier recense l’ensemble des mouvements de capitaux liés à
l’acquisition et à la cession nettes d’actifs et passifs financiers. Il est ventilé
en cinq rubriques, selon la nature des flux financiers :
– Investissements directs : selon la définition du FMI, un investissement
direct est un investissement transnational dans lequel un résident détient
le contrôle ou une influence importante sur la gestion d’une entreprise
non-résidente. Par convention, une opération d’investissement direct est
établie dès qu’un investisseur détient 10 % du capital social de l’entre-
prise investie. En deçà de ce seuil, les opérations sur titres sont classées
dans les investissements de portefeuille ;
– Investissements de portefeuille : ce poste concerne l’ensemble des
opérations sur des titres de créances ou des actions qui relèvent d’une
simple logique de placement et non d’une volonté de contrôle de
l’investisseur sur l’entreprise émettrice. Ces transactions sont ventilées
par type d’instrument : actions, obligations et instruments du marché
monétaire ;
– Produits financiers dérivés : cette rubrique regroupe toutes les opéra-
tions sur produits financiers dérivés (contrats à terme, primes sur
options, etc.) ainsi que certaines opérations comme les intérêts sur
swaps ;
– Autres investissements : les autres investissements sont une catégorie
résiduelle. On y trouve les classes d’actifs suivantes : les autres partici-
pations, les numéraires et dépôts, les prêts (y compris utilisation des cré-
dits du FMI et prêts du FMI), les crédits commerciaux et avances, etc. ;
– Avoirs de réserves : ce sont les actifs extérieurs que les autorités moné-
taires contrôlent et dont elles peuvent disposer immédiatement pour
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NB : en raison des écarts d’arrondis, les agrégats peuvent ne pas être exactement égaux au total des composantes.
Source : Banque de France 2015, Balance des paiements et position extérieure.
Source : Banque de France. Balance des Paiements. Données annuelles (version rapports annuels 2015, 2014 et
2013)
NB : en raison des écarts d’arrondis, un agrégat peut ne pas être exactement égal au total de ses composantes.
45000
35000
25000
15000
5000
-5000 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
-15000
-25000
-35000
-45000
Encadré 6.2
La position extérieure de la France
1 2 3 4 = (2+3) 5 =(1+4)
Investissements 409 21 23 44 453
directs (b)
Investissements -737 -7 -88 -95 -832
de portefeuille
Produits finan- -62 -24 27 3 -59
ciers dérivés
Prêts et -85 -1 -13 -14 -99
emprunts
Avoirs de réserve 105 1 12 13 118
Position -369 -11 -38 -49 -418
extérieure
En % du PIB -17,5 -19,6
(a) Comme dans la balance des paiements, un signe positif correspond à un accroissement des avoirs sur l’étran-
ger et un signe négatif à une augmentation de la dette vis-à-vis de l’étranger.
(b) Les investissements directs font l’objet de deux types d’estimations, en valeur comptable et en valeur de
marché. L’estimation retenue ici est la valeur de marché.
NB : en raison des écarts d’arrondis, un agrégat peut ne pas être exactement égal à la somme de ses compo-
santes.
Source : Banque de France « Balance des paiements et position extérieure » Rapport annuel 2014.
d’excédents et de déficits ?
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs systèmes monétaires
internationaux se sont succédé, centrés sur l’or et la livre sterling, puis sur le
dollar. L’alternance des régimes de change, tantôt fixes, tantôt flexibles,
reflète les difficultés des gouvernements à choisir entre deux systèmes pré-
sentant chacun des avantages et des inconvénients.
d’or (une once d’or vaut 35 dollars). Les parités sont donc fixes : le prix
d’une monnaie en une autre est égal au rapport des quantités d’or ou de
dollars qui caractérisent chacune d’entre elles.
La convertibilité du dollar en or n’est pas prévue explicitement par les
accords, mais les États-Unis vont s’engager, après la signature, à convertir les
avoirs en dollars détenus par les banques centrales, en or, au taux de
35 dollars l’once. Le texte prévoit en revanche la mise en place d’une nou-
velle institution, le Fonds monétaire international (FMI), qui reçoit des
quotes-parts des états membres et prête ces fonds aux pays qui connaissent
des difficultés passagères de balances des paiements.
1,7
1,6
1,5
1,4
1,3
1,2
1,1
1
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
janv.-99
janv.-00
janv.-01
janv.-02
janv.-03
janv.-04
janv.-05
janv.-06
janv.-07
janv.-08
janv.-09
janv.-10
janv.-11
janv.-12
janv.-13
janv.-14
janv.-15
dans tous les pays atteignait 5,6 % du PIB mondial selon les calculs du FMI.
Les déséquilibres mondiaux ont ensuite diminué de presque un tiers en 2009
alors que la récession mondiale était à son maximum. Malgré un petit pic en
2010, les déséquilibres se sont à nouveau réduits et représentent globalement
3,6 % du PIB mondial en 2013.
Comme le montre le tableau 6.13, le déséquilibre global des dix plus
grands pays déficitaires a reculé de 2,3 % à 1,2 % lorsqu’on compare les
années 2006 et 2013. La valeur correspondante pour les dix plus grands pays
excédentaires a également baissé de 2,1 % à 1,5 %.
0,5
0
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
-0,5
-1
-1,5
-2
par les États-Unis sur l’extérieur. Une baisse du dollar a donc pour effet de
stabiliser automatiquement la dette extérieure nette des États-Unis. Pour donner
un ordre de grandeur, en 20043, les avoirs bruts des États-Unis sur l’extérieur
représentaient environ 80 % du PNB, dont les deux tiers libellés en monnaie
étrangère : une dépréciation du dollar de 10 % représentait une réduction de la
dette extérieure nette des États-Unis de 0,1 × 0,8 × 2/3, soit plus de 5 % du PIB
des États-Unis, ce qui correspond à peu près à la taille du déficit courant des
1. IMF World Economic Outlook, octobre 2014.
2. P.R. LANE, G.M. MILESI-FERRETTI (2014), « Global imbalances and external adjustment
after the crisis », IMF, working paper, août.
3. CESIFO (2006), EEAG Report, p. 54.
Quel a été le rôle des déséquilibres mondiaux dans la crise ? Au-delà des
défauts dans la régulation et la supervision financière et des excès produits
par l’innovation financière, la crise trouve-t-elle son origine profonde dans
les déséquilibres macroéconomiques mondiaux qui se sont développés depuis
le début des années 2000 ? Cette question fait l’objet d’un débat nourri.
Certains considèrent que les déséquilibres sont à la racine de la crise : les
déséquilibres globaux et la crise financière sont « intimement connectés1 »
ou, vision plus radicale, « les déséquilibres macroéconomiques globaux sont
1. OBSTFELD.M et ROGOFF.K (2009), « Global imbalances and the financial crisis: products
of common causes », CEPR, Discussion Paper n° DP7606.
Questions
Question 1
On considère une balance des paiements simplifiée :
Tableau 6.14
Crédit (+) Débit (–) Solde
A - Compte des transactions courantes
A1 Biens
A2 Services
Avoirs Engagements Net
B - Compte financier
B1 Flux financiers hors avoirs de réserve
B1-1 Investissements directs
B1-2 Investissements de portefeuille
B1-3 Autres Investissements
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B2 Avoirs de réserve
Indiquer les écritures correspondant aux opérations suivantes (n° du poste, crédit ou débit) :
1-1. Des résidents vendent des marchandises à l’extérieur et accordent aux acheteurs un
crédit de 6 mois ;
1-2. Des résidents installent un équipement à l’étranger et se font immédiatement payer
en dollars qu’ils déposent dans une banque résidente ;
1-3. Des résidents importent des marchandises allemandes et se font accorder un crédit
de 3 mois ;
1-4. Une entreprise française achète des actions émises par une firme américaine et paie
en dollars en tirant sur son compte dans une banque résidente, ce qui se traduit par une
baisse des avoirs officiels en devises du pays. Cet achat est un placement et ne vise pas
à prendre le contrôle de la firme émettrice.
Question 3
Au cours de l’année écoulée, les transactions d’un pays avec l’extérieur, mesurées dans
la monnaie du pays, ont été les suivantes :
Le pays a vendu à l’extérieur des marchandises (1 000), des services (500) et des actifs
financiers (500) sous forme d’investissements directs. Ces ventes ont été en partie finan-
cées par des crédits commerciaux (1 000). Le paiement comptant s’est traduit par une
augmentation des avoirs en devises sur des comptes bancaires (200) et par une augmen-
tation des réserves officielles en devises (800).
Le pays a acheté à l’extérieur des marchandises (1 200), des services (300) et des actifs
financiers (700) sous forme d’investissements directs. Ces achats ont été partie financés
par des crédits commerciaux (1 100). Le paiement comptant s’est traduit par une dimi-
nution des avoirs en devises sur des comptes bancaires (480) et par une diminution des
réserves officielles en devises (620).
Établir la balance des paiements. Calculer le solde du compte des transactions courantes,
le solde de la balance globale et le solde du compte des avoirs de réserve.
EAE-8
Cet exercice porte sur l’enregistrement de dix opérations dans la balance des paiements
(cf. I. de ce chapitre). Il permet le calcul de la capacité ou du besoin de financement de
l’économie, de la position extérieure globale (PEG) et de la dette extérieure brute avant
et après l’enregistrement de ces opérations (cf. II de ce chapitre).
Corrigés
Question 1
Rappel : Dans le compte de transactions courantes, les flux qui sortent du pays s’inscri-
vent en crédit (+), tous les flux qui entrent s’inscrivent en débit (-). S’agissant des opé-
rations en avoirs et en engagements du compte financier, un signe positif reflète une
Question 2
En raisonnant sur les soldes de la balance précédente, l’équilibre comptable implique
A = B1 + B2
Un solde de la balance globale A – B1 > 0 avec A < 0 implique B1 < 0 avec, en valeur
absolue |B1| > |A| : le solde du compte financier (hors avoirs de réserve) est négatif. Le
secteur privé est donc emprunteur net. L’emprunt est supérieur au déficit de la balance
courante.
Le solde des avoirs de réserve B2 = A – B1 est positif : les avoirs de réserve ont aug-
menté.
Question 3
Tableau 6.15
La balance des transactions courantes est équilibrée. Du fait d’un excédent du compte
des flux financiers hors avoirs de réserves (les emprunts ou sorties de capitaux, engage-
ments l’emportent sur les prêts ou entrées de capitaux, avoirs), les avoirs de réserve
augmentent de 180. Le solde de la balance globale formé du solde des transactions cou-
rantes et du solde des opérations financières, déduction faite des variations d’avoirs sur
compte bancaire (ici 200 en augmentations d’avoirs et 480 en diminutions d’avoirs, soit
un solde net de – 280) et des variations d’avoirs de réserve (+180), s’élève à +100.
I. La balance courante
et le commerce intertemporel
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C1 Y1
C 0 + ----------
- = Y 0 + ----------
- (7-1)
1+i 1+i
L’équation (7-1) est la contrainte budgétaire intertemporelle : elle repré-
sente l’ensemble des consommations présente ( C 0 ) et future ( C 1 ) réali-
sables étant donné le taux d’intérêt du marché mondial (i) et les niveaux
présent et futur de production ( Y 0 et Y 1 ). Cette contrainte est représentée
(figure 7.1) par une droite de pente – ( 1 + i ) .
L’optimum (figure 7.1) est atteint au point E, où la contrainte budgétaire
est tangente à la courbe d’indifférence la plus élevée possible. En ce point, la
pente de la contrainte budgétaire est, en valeur absolue, égale au taux margi-
nal de substitution intertemporel.
UA
UE
A
Y1
E Pente = -(1+iA)
C1
Pente = -(1+i)
Déficit du
Compte courant
C0 Consommation présente C0
Y0
2) Le rôle de l’investissement
Dans le modèle du 1) l’investissement est absent, ce qui ne correspond pas à
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➙ Remarques
– Cette démarche possède des points communs avec celle du modèle HOS
du chapitre 2 : dans HOS on prend en compte le TMS de deux biens
différents consommés dans la même période, alors que dans ce modèle
on considère le TMS entre le bien consommé aujourd’hui et le bien
consommé demain ;
réponses qui s’appuient sur un modèle simple. Nous exposons ces critères de
soutenabilté avant d’en montrer les limites.
(7.2)
l’horizon du temps s’éloigne de plus en plus (t tend vers l’infini). Dans ce cas
la dette nette actuelle augmentée des intérêts est égale à la somme des soldes
commerciaux futurs actualisés.
La dette nette actuelle d’un pays est soutenable si sa valeur (augmentée
des intérêts sur la dette nette) est égale à la somme des soldes commer-
ciaux futurs actualisés au taux d’intérêt actuel sur un long horizon de
temps. Cette règle implique que le pays puisse bénéficier d’excédents
commerciaux au moins certaines années et qu’en long terme, la somme des
excédents actualisés l’emporte sur la somme des déficits actualisés.
➙ Remarques
– Comme le pays possède un endettement net aujourd’hui, est
négatif. Il faut donc nécessairement que certains soldes commerciaux
futurs soient positifs et que ces soldes positifs l’emportent sur les
soldes négatifs (car la somme des soldes actualisés est précédé dans la
relation (7.2) d’un signe moins) ; pour réduire son endettement net le
pays est donc conduit à faire des efforts de redressement (moins
d’importations donc probablement plus d’austérité et/ou plus d’exporta-
tions dans le futur) ;
10
-10
-20
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-30
-40
-50
-60
-70
40
35
30
25
20
15
10
5
0
-5
-10
-15
manifeste un déclin graduel, aussi bien pour les pays avancés que pour les
pays en développement, les résultats initiaux de Feldstein et Horioka demeu-
rent robustes. La question qui reste très controversée est celle de la validité
de l’interprétation de la corrélation entre l’épargne et l’investissement domes-
tiques comme indicateur d’un faible degré de mobilité internationale des
capitaux. On peut aussi avancer que les travaux menés jusqu’à présent intè-
grent mal la situation actuelle marquée par de forts déséquilibres des balances
1. FELDSTEIN M. et HORIOKA C. (1980), « Domestic Saving and International Capital Flows »,
Economic Journal, n° 90, juin, pp. 314-329.
2. APERGIS N., TSOUMAS C. (2009), « A survey of the Feldstein-Horioka Puzzle : what has
been done and where we stand », Research in Economics, vol. 63, n° 2, pp 64-76.
1. On néglige ici les revenus de facteurs et les transferts courants, ainsi que la distinction entre PIB
et PNB ou revenu national : Y désigne indifféremment la production nationale ou le revenu national.
Encadré 7.1
Compétitivité-prix et compétitivité hors-prix :
le cas de la France
De 1999 à 2013, en raison des perfor- taux de change entre eux) l’évolution
mances des pays émergents dans le du coût salarial unitaire de l’ensemble
commerce mondial, les parts de mar- de l’économie (salaire horaire divisé
ché de tous les pays développés subis- par la productivité horaire du travail)
sent une forte érosion. Le recul de la influence l’évolution des flux exportés
France est particulièrement marqué, à condition de prendre en compte
sa part en valeur sur les marchés des également la croissance du PIB du
biens et services passant de 5,4 % à pays exportateur, c'est-à-dire un fac-
3,3 %, soit une baisse de 40 %, com- teur d’offre. Les auteurs concluent :
parable à celle du Japon (45,9 %) mais « Au sein de la zone euro les évolu-
bien supérieure à celle de l’Allemagne tions contrastées de coûts constituent
qui ne perd que 8,7 %. Les détermi- une explication partielle mais impor-
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➙ Remarques
a) Si la balance commerciale est initialement déficitaire, la condition
ML ne garantit pas l’amélioration. L’effet prix négatif s’applique à des
importations dont le volume est, au départ, beaucoup plus important
que celui des exportations. Toutefois, si le déficit est limité en termes
relatifs, et si les élasticités sont assez élevées, la dépréciation peut
redresser le solde commercial.
b) Dans un régime de change fixe, la dévaluation, dite compétitive,
puisque destinée à redresser la compétitivité des produits nationaux,
peut être mal acceptée par les partenaires commerciaux. Si ceux-ci
répliquent par une dévaluation de leur propre monnaie, le gain initial
de compétitivité peut être sévèrement entamé.
c) Les raisonnements précédents supposent que les prix nationaux
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une explication en est que la mesure des flux commerciaux inclut les produits
énergétiques et les services dont la demande est très peu élastique aux prix,
ce qui peut conduire au niveau agrégé à affaiblir la valeur des élasticités prix.
Par ailleurs, il faut noter que les élasticités prix de court terme (dont les
valeurs ne sont pas indiquées dans tableau 7.1) sont très généralement faibles,
avec une somme nettement inférieure à l’unité : sur un horizon inférieur à six
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mois, la variation de prix relatifs induite par une variation du taux de change
a très peu d’effets sur le volume du commerce extérieur.
La portée de l’analyse en termes d’élasticités prix demeure limitée :
– elle ignore les facteurs autres que les variations de prix relatifs qui affec-
tent le solde commercial, en particulier les effets des variations de
revenu national (ci-après point C) ;
– elle suppose des adaptations sans délai des prix et des volumes échangés
aux modifications du cours du change.
Ces hypothèses vont être examinées dans les points suivants.
3) La courbe en J
Si les modifications du taux de change se répercutaient rapidement sur le
solde commercial, on constaterait dans les mois qui suivent la dépréciation
une amélioration du solde. Or, on a observé, dès la fin des années 1960, que
les dévaluations et les dépréciations sont suivies d’une dégradation du solde,
puis, après un délai variable pouvant dépasser l’année, d’un redressement, le
profil d’évolution évoquant un J majuscule (figure 7.4) :
0
Temps
l’euro. Le solde commercial contri- primé leurs prix en euros pour cher-
buant positivement à la croissance, ces cher à maintenir leurs parts de
évolutions sont parallèles et on peut marché. Cette baisse du prix des
observer une configuration analogue exportations a sans doute permis une
à une courbe en J inversée. L’apprécia- moindre dégradation de la compéti-
tion de l’euro aurait eu un impact vité-prix, mais n’a pas suffi à compen-
légèrement bénéfique sur la crois- ser les effets négatifs de l’appré-
sance en 2002. Deux raisons sont avan- ciation de l’euro qui se manifestent
cées pour expliquer que, dans cette dans la deuxième partie de la courbe.
1re partie de la courbe, l’effet positif La réaction en volume du commerce
soit très peu prononcé : la forte hausse extérieur aurait entrainé une perte de
du prix du pétrole a freiné la baisse du croissance de 0,7 % de point de PIB en
prix en euros des importations. Par 2003, et, en prévision, l’impact est
ailleurs, les exportateurs ont com- maximum en 2004 avec une croissance
Conclusion
Le modèle intertemporel et l’analyse de l’impact des variables macro-
économiques sur le solde courant apportent des éléments d’explication
complémentaires sur l’évolution de ce solde, déterminé à la fois par les
possibilités de transfert des flux financiers, par l’évolution des taux de
change et par les écarts de conjonctures entre pays. Ce chapitre a montré
que la permanence d’excédents et de déficits courants n’est que partielle-
ment expliquée par le modèle intertemporel qui fournit un cadre de
réflexion utile mais améliorable, eu égard à l’hétérogénéité des situations
concrètes. Il a été également indiqué que les fluctuations du taux de change
réel d’un pays ont une incidence sur son solde courant, mais que cette inci-
dence dépend des élasticités-prix, des vitesses d’adaptation des agents et
des comportements de marge, en sorte qu’une dépréciation n’est pas
nécessairement source d’amélioration du solde du pays, tout au moins à
court terme. En revanche, le sens et l’ampleur des effets-revenus sont bien
établis empiriquement : si un pays connaît un taux de croissance supérieur
à ceux de ses partenaires, il connaît, toutes choses égales par ailleurs, une
dégradation de son solde courant. Symétriquement il bénéficie d’une amé-
lioration de son solde en cas de croissance plus élevée chez ses partenaires
que dans son pays.
avec
Questions
Question 1
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Question 2
Le prix d’un panier de biens de référence est aux États-Unis de 200 dollars et de 220
euros en Europe.
2-1. Quel est le prix en dollars d’un panier européen si le cours du dollar est de
0,90 euro ? Quel est dans ce cas le prix relatif d’un panier européen en termes de panier
américain ? Quelle est la relation entre ce prix relatif et le taux de change réel ?
2-2. Comment varie ce prix relatif si le dollar passe à 1,10 euro en même temps que le
prix du panier de biens en Europe augmente à 230 euros ?
2-3. Quels effets peut-on en attendre sur les échanges commerciaux entre l’Europe et les
États-Unis ?
Question 3
On considère un pays pour lequel sont donnés et fixes le taux de change, le niveau de
prix et le taux d’intérêt, ainsi que l’environnement international : prix étranger et produc-
tion étrangère. Le taux de change réel vaut 1.
La consommation et les importations du pays sont liées au revenu national :
C = cY + 10 avec c = 0,8 et Z = zY avec z = 0,2
L’investissement est I = 10, les dépenses publiques G = 10 et les exportations X = 10.
3-1. Illustrer graphiquement la fonction de demande globale en portant en abscisse la
production nationale (Y) et en ordonnée la demande globale (Yd). Quelle est sa pente ?
3-2. Quel est le niveau d’équilibre de la production ? Pourquoi ? Calculer le solde de la
balance commerciale.
3-3. L’État augmente les dépenses publiques de ΔG = 5 . Illustrer le nouveau niveau
d’équilibre de la production. Exprimer le multiplicateur ΔY ⁄ ΔG en fonction de c et
z. Comparer ce multiplicateur à celui d’une économie fermée. Quel est l’effet de l’aug-
mentation des dépenses publiques sur le solde de la balance commerciale ?
3-4. On part de l’équilibre initial mais on suppose cette fois que ce sont les exportations
qui augmentent de ΔX = 5 . Calculer le multiplicateur ΔY ⁄ ΔX . Comment varie le solde
de la balance commerciale ? Comparer au cas de la question précédente.
Question 4
La hausse du cours de l’euro entre 2003 et 2014 a été considérée, par beaucoup de com-
mentateurs, comme une des principales causes de la faible croissance des exportations
françaises durant cette période. Certains demandaient alors à la BCE de provoquer la
baisse de la monnaie européenne. Au printemps 2014, la tendance se retourne : entre le
15 avril 2014 et le 16 mars 2015 le taux de change de l’euro passe de 1,38 dollar pour
Question 5
On étudie la situation d’un pays dont la balance courante est initialement équilibrée.
En variation, la balance courante s’écrit :
[α X Y· * – αZ Y· ]
avec e· R = e· + P· – P· ∗
Une variable surmontée d’un point désigne le taux de variation de cette variable. Ex :
Y· = dY ⁄ Y = taux de croissance de la production nationale.
ε X (négatif) et ε Z (positif) désignent respectivement l’élasticité des exportations et des
importations par rapport au taux de change réel.
a X (positif) et a Z (positif) désignent respectivement l’élasticité des exportations par rapport
à la production étrangère et l’élasticité des importations par rapport à la production nationale.
La balance courante du pays étudié est initialement équilibrée.
Les élasticités sont :
α X = 3 , α Z = 3 , ε X = – 1 ,5 , ε Z = 0 ,5
5.1 Quel serait l’impact d’une dévaluation du taux de change nominal sur la balance cou-
rante : dégradation ou amélioration ?
5-2 À l’extérieur, le taux de croissance ( Y· ∗ ) est de 3 % et le taux d’inflation ( P· ∗ ) de 1,5 %.
Déterminer la relation entre Y· , e· et P· associée au maintien de l’équilibre de la balance
courante.
Représenter cette relation dans le repère ( e· , Y· ) si le taux d’inflation national P· est de
4,5 %. Interpréter. Quel est le taux de croissance maximum du revenu national compa-
tible avec l’équilibre de la balance courante pour le taux de change en vigueur ? Quels
sont les moyens de desserrer cette contrainte ?
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EAE-9
Cet exercice porte sur la simulation de la suite des soldes courants et de la position exté-
rieure globale (appelée position extérieure nette dans ce chapitre 7) d’un pays sur une
période de 20 ans. Les taux de croissance des exportations et des importations sont don-
nés ainsi que le taux d’intérêt auquel le pays doit emprunter s’il est déficitaire.
Le taux d’intérêt réel d’autarcie est tel que le taux marginal de substitution (TMS) de
la consommation présente à la consommation future est égal au prix relatif
D’où
La contrainte budgétaire est illustrée dans le repère (C0 ,C1) par une droite de pente -1,02.
1-4 Les consommations présente et future sont celles qui maximisent l’utilité en respectant
la contrainte budgétaire : le point de consommation optimum est tel que le TMS (calculé
à la question 1-1) est égal à la pente (en valeur absolue) de la contrainte budgétaire :
La situation d’autarcie est illustrée par A. L’équilibre d’économie ouverte est représenté
par E, situé sur une courbe d’indifférence plus élevée que A.
Consommation future
C1
Pente = -(1+0,102)
1080 A
E
1039,6
Pente = -(1+0,02)
Déficit du
Compte courant
(une reconnaissance de dette) pour un montant de 39,6, qui s’inscrit en augmentation des
engagements vis-à-vis de l’extérieur de la ligne « crédits commerciaux » du compte
financier : le solde du compte financier est de -39,6. Le pays enregistre un déficit de la
balance courante associé à un déficit du compte financier.
À la période 1 le pays exporte 1080-1039,6 = 40,4 unités de biens qui correspondent au
remboursement de l’emprunt de la période 0 : le capital emprunté (39,6) + les intérêts
. Les exportations s’inscrivent en crédit sous la rubrique « biens » et
les intérêts en débit sous la rubrique "revenus". Le remboursement de l’emprunt s’inscrit
en diminution des engagements sur la ligne « crédits commerciaux » du compte finan-
cier (signe moins dans la colonne "engagements"). À la période 1, le pays enregistre un
excédent de la balance courante qui vient compenser le déficit de la période 0.
Question 2
2-1. Le prix du panier de biens européen exprimé en dollars est de 220/0,9 = 244 dollars.
Le prix relatif du panier européen, en termes du panier américain est de
244 ⁄ 200 = 1 ,22 . On retrouve donc la définition du taux de change réel eR = eP/P*
avec e = 1/0,9 = 1,11, P = 220 euros et P* = 200 dollars.
230 - = 1 ,04 . La dépréciation
2-2. Le prix relatif du panier français diminue à e R = ---------------------
( 1 ,1 )200
nominale de l’euro l’emporte sur la hausse des prix intérieur. L’euro connaît une dépré-
ciation réelle
2-3. On peut prévoir une augmentation des exportations à destination des États-Unis, et
une réduction des importations européennes.
Question 3
3-1.
Demande globale
[G
[ = 15]
E1
[G
[ = 10]
Yd (Y)
+5
pente = c – z = 0,6
E0
45° Production
100 112,5 nationale
Figure 7.7 – Déterminants de la production nationale en économie ouverte
Question 4
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D’après l’encadré 7. 3, l’élasticité des exportations françaises vers les pays hors de la
zone euro par rapport au taux de change réel de l’euro, calculée sur les données de 1995-
2010, est de 0,75. Sachant que les exportations vers ces pays représentent environ la moi-
tié des exportations totales de la France, si les effets prix jouaient pleinement et jouaient
seuls, on devrait constater, pour une dépréciation nominale de 23 % de l’euro, une
hausse des exportations totales d’environ 0,5 8,6 %. On constate que
l’effet réel est bien plus modeste, l’accroissement n’étant que de 2,2 %. Plusieurs causes
peuvent être invoquées se référant à des mécanismes exposés dans ce chapitre 7 :
– Le comportement de marge des entreprises exportatrices qui peuvent être incitées à
accroître le prix en euros pour reconstituer leurs marges ; ce phénomène est renforcé par
le fait que ces entreprises utilisent pour produire des biens importés dont le coût aug-
mente du fait de la dépréciation de l’euro ;
– Le fait que la demande d’exportation par les importateurs étrangers ne réagit qu’avec
retard à la baisse des prix ;
Question 5
5-1. e· < 0 ⇒ dBC > 0 . Une dévaluation améliore la balance courante. Les élasticités
sont assez élevées (la condition de Marshall-Lerner est satisfaite : – 1 ,5 + 0 ,5 = 2 > 1 )
pour que l’effet de volume, favorable, l’emporte sur l’effet de valeur, défavorable.
5-2. Le maintien de l’équilibre de la balance courante implique :
dBC = PX [ ( – 1 ,5 – 0 ,5 + 1 ) ( e· + P· – 0 ,015 ) ] + ( 0 ,09 – 3Y· ) ] = 0
1 0 ,105 – P·-
soit Y· = – --- e· + ----------------------
3 3
1
Pour P· = 0 ,045 , il vient Y· = – --- e· + 0 ,02 .
3
.
Y
réduction
du taux d'inflation
.
0 e
6%
Figure 7.8 – Croissance, inflation et variation du change nominal
➙ Commentaire
Le différentiel d’inflation (taux d’inflation national > taux d’inflation étranger) dégrade
la compétitivité prix, ce qui, pour un taux de change fixe, ( e· = 0 ) limite à 2 % la crois-
sance compatible avec le maintien de l’équilibre de la balance courante, ou « croissance
maximale autorisée ».
Les deux moyens de desserrer cette contrainte sont :
– une dévaluation ( e· < 0 ⇒ Y· max > 2 % ) ,
– une réduction du taux d’inflation, ou désinflation : ( P· < 4 ,5 % ⇒ Y· max > 2 % ) .
Dans les deux cas, la droite ( Δ ) qui représente la contrainte d’équilibre de la balance
courante se déplace vers la droite (figure 7.8).
On trouve ici une illustration de l’arbitrage dévaluation compétitive/désinflation compé-
titive.
L
’analyse macroéconomique envisage les implications globales de
l’ensemble des transactions avec l’extérieur telles qu’elles sont
recensées dans la balance des paiements, transactions qui portent
non seulement sur des biens et services, mais aussi sur des actifs finan-
ciers. Dans une perspective keynésienne le modèle Mundell-Fleming
(section I) permet d’évaluer l’impact des chocs macroéconomiques sur
l’activité interne, le solde extérieur et le taux de change. Ce cadre théo-
rique suppose que les prix sont rigides. On envisagera ensuite (section II)
une extension de l’analyse sur un horizon assez long pour que les prix
réagissent aux fluctuations du niveau de production.
et régimes de change :
le modèle Mundell-Fleming
Le modèle Mundell Fleming est l’extension du schéma IS-LM au cas d’une
économie ouverte. Il s’agit d’un cadre théorique simple qui permet d’analyser
l’impact des politiques économiques et des chocs externes sous différents
régimes de change, et dans différents cas de figures concernant la mobilité
internationale des capitaux.
IS [G, Y*, e]
Hausse de MS/P
Hausse de G ou de Y*
LM[MS/P] baisse de e
Y
Figure 8.1 – Courbes IS et LM
r
Excédent de la BdP (ΔR > 0)
(ou excès de demande
sur le marché Déficit de la BdP (ΔR < 0)
des changes) ou excès d'offre sur
le marché des changes
hausse de Y*
baisse de e
baisse de r*
CC
[Y*, e, r *]
Y
Figure 8.2 – Équilibre du marché des changes (ou de la balance des paiements)
Encadré 8.1
Cas particuliers : mobilité parfaite
et absence de mobilité des capitaux
4) L’équilibre global
L’équilibre global est la situation dans laquelle les relations (8.1) (8.2) et
(8.3) sont simultanément satisfaites.
Tableau 8.2 – L’équilibre dans le modèle Mundell-Fleming
Variables Variables
Modèle
endogènes exogènes
IS CC
E
r1
r0 A
LM
LM0
Y1 Y0 Production nationale
Figure 8.3 – L’équilibre dans le modèle Mundell-Fleming
Actif Passif
- Réserves en or et devises - Masse monétaire en circulation
- Créances sur l’économie
- Créances sur l’extérieur
1. Dans la réalité, le passif de la banque centrale contient également les réserves libres et
obligatoires des banques de second rang, c’est-à-dire des banques créatrices de monnaie. Cet
aspect a été négligé ici dans la mesure où le système bancaire national se résume à la banque
centrale dans le modèle Mundell-Fleming.
r0
E0
r1 E1
CC0 A
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CC1
Y0 Y1 Production nationale
Figure 8.4 – Politique monétaire en change fixe et en change flexible
Instauré en 1979, le Système monétaire cette hausse alors que leur situation
européen (SME) avait pour objectif de intérieure appelait plutôt une baisse
créer une zone de parités fixes et de des taux d’intérêt pour relancer des
jeter les bases d’une future monnaie économies affaiblies par la progres-
européenne. Le mécanisme de change sion du chômage. La France a essayé
était un système de parités fixes de baisser ses taux en dessous des taux
ajustables : les cours pivots des mon- allemands mais les sorties de capitaux
naies sont fixés 2 à 2 et les autorités l’ont contrainte à renoncer à toute
sont tenues de maintenir le taux de autonomie en matière monétaire.
change à l’intérieur des marges de fluc- L’asymétrie du fonctionnement du
tuations autorisées, fixées initialement SME a fini par réduire sa crédibilité aux
à ± 2,25 % ; les changements de parité,
yeux des marchés financiers dans la
dévaluations ou réévaluations sont
mesure où les objectifs de politique éco-
décidés par négociation entre les pays
nomique de l’Allemagne entraient en
membres.
contradiction avec ceux des autres
Au début des années 1990, le Système pays, et la libéralisation totale des
monétaire européen était devenu un mouvements de capitaux rendait pro-
système asymétrique où l’Allemagne blématique la stabilité des taux de
occupait une position privilégiée. Dans change.
sa conception originelle, le SME plaçait
Les premières attaques se manifestent
les monnaies des pays membres sur un
fin 1992, la spéculation touche la livre,
pied d’égalité, sans privilège particulier
la lire et le franc, et elles reprennent
pour l’une d’entre elles. Cette symétrie
de plus belle en juillet 1993. La Banque
a été démentie par le fonctionnement
de France vend à elle seule plus de
du système. La plupart des pays euro-
50 milliards de deutschemark pour
péens ont vu dans l’ancrage sur le
défendre le franc et ses avoirs officiels
deutschemark l’avantage d’importer la
de réserve sont quasiment épuisés.
crédibilité de la politique anti inflation-
Mais le franc n’est pas dévalué, et le
niste de l’Allemagne. Le deutschemark
s’est imposé comme monnaie dominante 2 août, les marges de fluctuations
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et l’Allemagne s’est trouvée dans une autorisées au sein du SME sont élargies
position qui lui permettait d’échapper de ± 2,25 % à ± 15 %.
au triangle d’incompatibilité. La Cette crise concrétisait le choix difficile
défense de la parité étant reportée sur entre autonomie monétaire, fixité du
les autres pays membres, l’Allemagne taux de change, et ouverture du mar-
pouvait mener une politique centrée ché des capitaux. Il fallait, comme
sur les objectifs internes, sans renoncer l’illustre la diversité des solutions
à la libre circulation des capitaux, ni à adoptées, renoncer à l’un des som-
l’appartenance à un régime de parités mets du triangle d’incompatibilité :
fixes. – le Royaume-Uni a renoncé au régime
La réunification a provoqué une mon- de change fixe en se retirant définiti-
tée des taux d’intérêt en Allemagne, vement du SME pour laisser flotter sa
et les autres pays européens ont subi monnaie ; ce fut aussi le cas de l’Italie
LM0 LM0
CC0 CC0 CC1
Y0 Y1 Y Y0 Y1 Y
a) Change fixe : faible mobilité des capitaux b) Change flexible : faible mobilité des capitaux
r IS1 IS'0
r IS1
IS0 A IS0 A
E1 CC1
E1
r1 r1
r0 E0 r0 E0
CC0 CC0
LM0 LM0
LM1
Y0 Y1 Y Y0 Y1 Y
a) Change fixe : forte mobilité des capitaux b) Change flexible : forte mobilité des capitaux
Figures 8.6 – Politique budgétaire en forte mobilité des capitaux
EG
E0
EM
IS[Y*, r*, G]
Y
Figure 8.7 – Politique budgétaire et monétaire en change flexible
avec mobilité parfaite des capitaux
r LM r
LM
E1
E1
E0 E0
r* CC r* CC
IS IS
Y Y
Y1 Y0 Y0
Change fixe Change flexible
r LM r
LM
E1
E1
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E0
r* CC r* CC
E0
IS
IS
Y Y
Y1 Y0 Y0 Y1
Change fixe Change flexible
Figures 8.9 – Impact d’une hausse du taux d’intérêt extérieur sur l’activité du pays
Taux d'intérêt
Chômage Inflation CC
et excédent IS et excédent
LM
IS
E IS
LM
IS LM
LM
Chômage Inflation
et déficit et déficit
1. Les choses se sont ensuite améliorées : en 2013, le déficit public américain ne représentait
plus que 5,67 % du PIB grâce à une hausse de rentrées fiscales due à la reprise de l’activité,
des coupes sévères dans les dépenses publiques (budget de l’armée et prestations sociales) et
par le remboursement de dizaines de milliards de dollars par Fannie Mae et Freddie Mac, orga-
nismes de refinancement de prêts immobiliers renfloués par l’État fédéral pendant la crise des
subprimes.
2. Malgré l’effet conjugué de la dépréciation du dollar et du ralentissement de la croissance
provoqué par la crise financière.
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
-2
-4
-6
-8
-10
-12
-14
d’un montant insuffisant pour couvrir aux pays adoptant des plans de rigueur
le besoin de financement de l’État ; de dégager des excédents commer-
– en change flexible via l’appréciation ciaux ? Là encore, le modèle de Mun-
du taux de change nominal. Dans le dell-Fleming permet de comprendre
cas limite de mobilité parfaite des les mécanismes à l’œuvre :
capitaux, l’épargne et l’investissement – en change fixe, le plan de rigueur
demeurent inchangées, l’augmentation budgétaire est à l’origine d’une
du déficit budgétaire est compensée contraction de l’activité qui, en rédui-
par une dégradation équivalente du sant la consommation, freine les
solde commercial. importations ;
Depuis la crise de 2008 et consécutive- – en change flexible, cette même
ment aux divers plans de relance contraction de l’activité se traduit à la
budgétaires destinés, notamment, à fois par la baisse des importations et
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1. John BLUEDARN et Daniel LEIGH (2011), "Revisiting the twin Deficit Hypothesis: The
Effect of Fiscal Consolidation on the Current Account", IMF Economic Review, vol. 59, n° 4,
pp. 582-602.
A. Hypothèses
Tout comme dans le modèle Mundell-Fleming, le cadre retenu ici est celui
de la petite économie ouverte. Cependant, et contrairement à ce qui se passe
(8.5)
avec
(8.6)
– à « court terme » : le niveau général des prix est rigide. Le marché des
biens n’est pas en équilibre. La production effective est déterminée par
la demande de biens conformément au modèle Mundell-Fleming pré-
senté dans la section I ;
– à « long terme » : la flexibilité du niveau général des prix assure l’équi-
libre entre l’offre et la demande de biens.
On prendra pour situation initiale un équilibre de long terme.
eR
yS (offre)
E0 et ELT
eRLT
Hausse baisse de e
de P e ECT
RCT
IS (demande)
Y
YLT YCT
P
LM ELT
PLT
ECT
P0
LM’
E0
Hausse de MS
Y
YLT YCT
Conclusion
Dans un environnement économique où les prix et les salaires nomi-
naux ne s’ajustent pas immédiatement, c’est-à-dire dans une optique de
court terme, les politiques économiques destinées à stimuler la demande
ont des effets réels pendant toute la période de l’ajustement. L’impact des
politiques monétaire et budgétaire est variable selon le régime de change
et selon le degré de mobilité internationale des capitaux. Ces effets réels
sont d’autant plus durables (et donc d’autant moins négligeables) que les
processus d’ajustement des prix et des salaires sont lents et difficiles. Or
ces processus résultent des caractéristiques structurelles et institutionnelles
de l’économie domestique. Ainsi, l’ampleur et la durée des effets d’une
politique économique peuvent varier d’un pays à l’autre, précisément
parce que les pays en question n’ont pas les mêmes caractéristiques.
Toutefois, et à plus long terme, lorsque l’offre globale est supposée rigide,
les prix et les salaires s’ajustent à la hausse et toutes les politiques desti-
nées à stimuler la demande deviennent inefficaces, et ceci quel que soit le
régime de change. Il apparaît ainsi que seul un choc affectant positivement
l’offre globale est susceptible de réduire durablement le chômage et le taux
de change réel, permettant ainsi d’améliorer la compétitivité de long terme
de l’économie domestique. C’est ce qui se produirait, par exemple, si la
productivité s’améliorait suite à l’ouverture commerciale du pays. Nous
retrouvons ici les effets positifs de l’échange international abordés dans les
trois premiers chapitres de cet ouvrage.
Question 2
La politique de réduction d’impôts mise en œuvre aux États-Unis au début des années
1980 par l’administration Reagan s’est traduite par une augmentation du déficit budgé-
taire, une importante dégradation de la balance commerciale et une forte appréciation du
dollar. Le modèle Mundell-Fleming permet-il d’interpréter cet épisode de la conjoncture
américaine ?
Question 3
Cet exercice utilise le modèle Mundell-Fleming pour comparer l’impact de chocs
internes, monétaires et réels, en régime de change flexible et en régime de change fixe.
On considère une petite économie ouverte en situation de chômage keynésien caractéri-
sée par les relations suivantes :
C = 0 ,75Y + C 0 ; I = – 1 000r + I 0 ; M d = P ( 0 ,25Y – 1 000r + L 0 )
P
H = – 0 ,5e ------ – 0 ,25Y + 0 ,15Y ∗ ; F = α [ r – r∗ ] + F 0
P∗
C 0 , I 0 , L 0 , F 0 et α sont des paramètres positifs
Les prix nationaux et étrangers sont fixes et égaux à 1 ( P = P∗ = 1 )
On supposera dans tout l’exercice que, pour l’économie étudiée, l’environnement inter-
national est caractérisé par une "faible" mobilité des capitaux, ce qui implique :
0 < α < 1 000
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EAE-10
Cet exercice présente une maquette du modèle de Mundell-Fleming identique à celui
exposé dans le I de ce chapitre. L’exercice consiste à utiliser cette maquette pour com-
parer l’efficacité des politiques budgétaires selon le régime de change. Puis, à partir
d’objectifs donnés en termes de revenu et de ratio solde budgétaire/revenu, il permet de
déterminer quelle est la politique mixte qui permet d’atteindre ces objectifs, selon le
régime de change.
EAE-11
Cet exercice porte également sur le modèle de Mundell-Fleming. À l’aide de la maquette
Excel, il permet d’étudier les effets d’une fuite soudaine des capitaux sur l’économie
d’un pays, ce dernier ayant choisi un régime de change fixe vis-à-vis du reste du monde.
Il permet également d’illustrer les effets d’une variation de la demande étrangère sur
l’économie d’un pays ayant opté pour un régime de change flexible vis-à-vis du reste
du monde.
Corrigés
Question 1
La réduction des dépenses publiques engendre une réduction du niveau d’activité, et donc
des importations, ainsi qu’une baisse du taux d’intérêt.
Si la mobilité des capitaux est faible, l’effet récessionniste est plus important en régime
de change flexible. En effet, l’effet dominant est celui de la baisse des importations qui
crée un excès de demande sur le marché des changes. Dans un régime de change fixe,
les interventions de la banque centrale se traduisent par une expansion de la masse moné-
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taire qui, en réduisant le taux d’intérêt, vient atténuer l’effet récessionniste. En revanche,
en régime de change flexible, l’appréciation de la monnaie viendrait, en dégradant la
compétitivité, accentuer la récession.
Le résultat est inversé en cas de forte mobilité des capitaux. L’effet dominant est la baisse
du taux d’intérêt, qui en provoquant des sorties de capitaux, crée un excès d’offre sur le
marché des changes. Dans un régime de change flexible, la dépréciation de la monnaie
contribue à atténuer la récession.
Question 2
Il suffit de se reporter à la figure 8.6b qui illustre l’impact d’une politique budgétaire
expansionniste dans le cas de forte mobilité des capitaux : le déficit budgétaire créé par
la réduction d’impôts s’accompagne d’une appréciation de la monnaie nationale et d’une
dégradation de la balance commerciale provoquée conjointement par la hausse de l’acti-
vité et par la dégradation de la compétitivité.
A
E1
LM1 E0
LM0
CC1
CC0
Y
Figure 8.13 – Impact d’une hausse exogène de la demande de monnaie
en change flexible
IS1
A
E0
E1
LM0
CC1
CC0
Y
Figure 8.14 – Effet d’une réduction exogène de la consommation en change flexible
Comme la mobilité des capitaux est faible, le 1er mouvement l’emporte, créant sur le marché
des changes une situation d’excès de demande (A est au-dessus de CC0), la monnaie nationale
s’apprécie (2e déplacement de IS vers la gauche et déplacement de CC vers le haut). La com-
pétitivité prix se dégrade, ce qui vient accentuer la récession. Finalement, Y baisse, e
augmente ; l’effet sur le taux d’intérêt est ici sans ambiguïté : comme la masse monétaire est
inchangée, la baisse de Y s’accompagne d’une baisse de r. L’équilibre final se situe au point E1.
2.2. Ces résultats confirment les raisonnements présentés ci-dessus : les muliplicateurs
∂Y ∂r-
--------- et -------- sont positifs : la baisse de C0 engendre une baisse de Y et de r. De plus,
∂C 0 ∂C 0
∂e
pour α < 1 000, le multiplicateur --------- est négatif : la réduction de C0 engendre une
∂C 0
hausse du taux de change.
3. Pour le niveau existant de la masse monétaire, l’augmentation de la demande de mon-
naie déplace (figure 8.15) la courbe LM vers le haut, l’économie passe initialement,
comme en change flexible, de E0 en A. La baisse du revenu et la hausse du taux d’intérêt
se conjuguent pour créer une situation d’excès de demande sur le marché des changes
(ou un excédent de la balance des paiements : A est au-dessus de CC0). La banque cen-
trale intervient en vendant la monnaie nationale contre devises, ce qui engendre une
expansion de la masse monétaire (déplacement de LM vers le bas). Ces ajustements se
poursuivent jusqu’à ce que l’augmentation de la masse monétaire satisfasse exactement
l’augmentation de la demande de monnaie : l’économie revient en E0. Y et r sont inchangés.
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LM1 E0
LM0
CC0
Y
Figure 8.15 – Impact d’une hausse exogène de la demande de monnaie en change fixe
A
E0
E1
LM0
LM1
CC0
Y
Figure 8.16 – Effet d’une réduction exogène de la consommation en change fixe
Le choix n’est donc pas si simple, d’autant que d’autres considérations entrent en jeu,
comme l’efficacité de la politique gouvernementale, la hiérarchie des objectifs de la poli-
tique macroéconomique, ou les effets des fluctuations du taux de change sur le commerce
international…
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A. Les intervenants
La clientèle privée (particuliers, entreprises) n’intervient en général pas direc-
tement elle-même sur le marché, mais passe des ordres d’achat (ou de vente)
d’une devise A contre une devise B à des banques ou à des courtiers.
Les banques répercutent les ordres de la clientèle privée et agissent pour
leur propre compte. Un nombre limité de banques réalise des opérations dont
l’impact est suffisamment important pour donner au marché le sens de son
évolution. Ce groupe d’intervenants est qualifié de market makers. Ceux-ci
proposent pour toutes les grandes devises (en particulier le dollar, l’euro, le
yen) un prix acheteur (prix auquel ils sont prêts à acheter la devise contre celle
de leur pays) et un prix vendeur (prix auquel ils sont prêts à vendre la devise
contre celle de leur pays). Le prix vendeur est toujours supérieur au prix ache-
teur et la différence (spread) apporte un revenu aux banques, qui obtiennent
ainsi une rémunération de leur activité d’intermédiaire sur le marché.
Les courtiers (brokers) interviennent seulement en tant qu’intermédiaires :
ils n’agissent pas pour leur propre compte. Ils mettent en relation des agents
à besoins complémentaires et préservent leur anonymat.
1. À titre de comparaison, la hausse avait été de 20 % entre 2007 et 2010.
2. Comme chaque transaction est un échange entre deux monnaies, la prise en compte de
toutes les monnaies conduit à un total de 200 % et non de 100 %. Source : Banque des règle-
ments internationaux (2013), Triennial Central Bank Survey of Foreign Exchange and Deri-
vatives Market Activity.
B. Les comportements
Une entreprise ou une banque possède, à chaque instant, des avoirs et des
engagements en devises. Les avoirs sont des actifs libellés en devises, possé-
dés ou à recevoir à des dates certaines, et les dettes sont des devises emprun-
tées ou des engagements à verser des devises à des tiers à des dates certaines.
La différence entre avoirs et engagements constitue la position de change de
l’agent. Si les créances l’emportent sur les dettes, on dit que la position est
longue. Dans le cas inverse, on qualifie la position de courte.
Trois types d’opérations permettent d’agir sur la position de change : la
couverture (hedging), la spéculation et l’arbitrage.
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1) La couverture
Le caractère imprévisible des variations de taux de change (et de taux d’inté-
rêt) fait courir des risques aux intervenants qui, pour se protéger, peuvent réa-
liser des opérations de couverture.
Un agent se couvre lorsqu’il prend sur le marché une position inverse de
celle engendrée par l’opération qu’il veut couvrir. Ainsi, un importateur fran-
çais qui doit payer ses achats à l’étranger en dollars (200 000 dollars) dans trois
mois supporte une dette en euros dont le montant est aléatoire, puisqu’il varie
1. C’est dans cette catégorie que l’on trouve les gouvernements.
2) La spéculation
Contrairement à l'opérateur qui se couvre, le spéculateur prend volontairement
un risque, dans l’espoir d’obtenir un gain, du fait de l’évolution des cours. Ainsi,
un agent qui anticipe une hausse du dollar en termes d’euros, achète du dollar
contre euros et attend que la monnaie américaine augmente pour la revendre
contre euros et recevoir un bénéfice, en euros, égal à la différence des cours. En
cas d’évolution contraire, il y a perte. Le gain spéculatif, quand il existe, peut
être considéré comme la rémunération du risque pris. L’anticipation faite par la
majorité des spéculateurs fait évoluer le taux de change dans un sens conforme
à cette anticipation, sauf si les banques centrales interviennent pour contrer cette
évolution. Si la majorité des spéculateurs pense que le dollar va monter vis-à-vis
du yen, les achats de dollars contre yen l’emportent sur les ventes, et cette
demande excédentaire de dollars sur le marché fait monter le prix du dollar en
termes de yen. Ainsi, l’anticipation majoritaire de hausse provoque la hausse.
3) L’arbitrage
Les opérations d’arbitrage sont celles qui proviennent des imperfections du
marché liées, en particulier, aux coûts de transaction et aux coûts d’informa-
tion. Les agents qui repèrent certains écarts de cours et/ou certains écarts de
taux d’intérêt (rapportés par des actifs libellés dans des monnaies différentes)
peuvent tirer profit de ces écarts par des opérations d’arbitrage. Celles-ci, en
modifiant les caractéristiques des marchés (taux de change et taux d’intérêt)
font disparaître les écarts qui leur ont donné naissance. Lorsque les écarts
disparaissent, l’arbitrage cesse. Cette notion sera reprise et explicitée dans la
section II ci-après, quand sera étudiée la parité des taux d’intérêt.
1. Une variable surmontée d’un point désigne la variation relative de cette variable :
P· = dP ⁄ P , P· ∗ = d P∗ ⁄ P∗ , e· = d e ⁄ e .
Encadré 9.1
La parité de pouvoir d’achat et l’indice Big Mac
Tableau 9.1
États-Unisa 4,79 - -
Australie 3,92 1,11 - 18
Royaume-Uni 4,51 0,64 -6
Canada 4,54 1,22 -5
Chine 2,74 3,55 - 43
Danemark 5,08 7,22 +6
Indonésie 2,29 6,367 - 52
Israël 4,63 3,65 - 3.3
Japon 2,99 77.24 - 38
Pologne 2,54 2,00 - 47
Russie 1,88 22,34 - 61
Suisse 6,82 1,36 + 42
Suède 5,13 9,12 +7
Thaïlande 3,17 22,55 - 34
Zone eurob 4,05 0,77 -5
(a) : Moyenne du prix pratiqué à New York, Chicago, Atlanta et San Francisco. (b) : Moyenne pondérée des prix
dans la zone euro
* Au taux de change courant. ** Cotation du dollar au certain : 1 dollar US = e unités de monnaie locale, excepté
pour l’euro et pour la livre sterling : 1 euro ou 1 livre = e’ dollar
Source : The Economist, juillet 2015, situation en juillet 2015.
local en dollar par le prix aux États-Unis port à l’étalon Big Mac. Cependant,
(P*/eP = ePPA/e) indiquent en pourcen- comme le souligne The Economist, il
tage la déviation des taux de change convient de se garder d’interpréta-
bilatéraux courants par rapport à la tions trop hâtives. En effet, l’indice Big
PPA : par exemple, le pourcentage de Mac est un outil de comparaison rela-
surévaluation du dollar australien par tivement fiable pour des pays qui ont
rapport au dollar américain est [(3,92/ des niveaux de revenus semblables. En
4,79) – 1] x 100 = -18 % en arrondissant. revanche, pour des pays très différents
1. Dans le « Major currencies dollar Index » de la Réserve fédérale qui est indice de référence
de la valeur du dollar US par rapport à des devises de référence, on trouve les monnaies sui-
vantes : l’euro, le dollar canadien, le yen, la livre sterling, le franc suisse, le dollar australien
et la couronne suédoise.
Encadré 9.2
Écarts des taux de change yen/dollar et euro/dollar
par rapport aux taux de change de PPA * (en %)
90
70 Yen/dollar
50
Euro/dollar
30
10
–10
–30
–50
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995
Figure 9.1 – Écarts (en %) par rapport à la PPA
*Un chiffre positif signifie une surévaluation nominale du dollar.
Source : D. BOROWSKI et C. COUHARDE, « La compétitivité relative des États-Unis, du Japon et de la zone euro »
Architecture financière internationale, Conseil d’analyse économique (CAE), La Documentation française, Paris
1999, annexe, p 183-194.
Dans le très long terme, la PPA retrouve un certain intérêt. Des travaux
récents, en utilisant des séries très longues (de la fin du XIXe siècle à la fin du
XXe) et en recourant à des méthodes statistiques élaborées montrent que la
PPA relative représente une bonne hypothèse pour rendre compte des mou-
vements de très longue période des taux de change.
πE
*1 – α ] -----
1–α π 1–α
soit eP = [ P E*α PNE - ou eP = P * -----E*- < P* .
π E* πE
· · ·
e·R = e· + P· – P * = ( 1 – α ) ( π·E – π E* ) soit π·E – π E* > 0 ⇒ e·R > 0 .
Au fur et à mesure que la croissance s’affirme, les gains de productivité
sont majoritairement réalisés dans le secteur exposé, dominé par l’industrie
manufacturière, où le prix est imposé par la concurrence internationale. Ils
se traduisent par des hausses de salaires, sans perte de compétitivité. Mais,
ces hausses se transmettent au secteur abrité (services) où la productivité
1. Une variable surmontée d’un point désigne la variation relative de cette variable :
dP · dP * · = d----e-
P· = ------ , P * = --------
-, e .
P P* e
Encadré 9.3
PPA et comparaisons internationales
des niveaux de vie
1. ROGOFF. K. (1996) « The purchasing power parity puzzle », Journal of Economic Litera-
ture, vol. XXXIV, pp. 647-668.
Pays PIB en milliards PIB en milliards PIB par tête en PIB par tête
de dollars au taux de dollars au dollars au taux de en dollars
de change courant taux PPA change courant au taux PPA
États-Unis 17 419 17 419 54 597 54 597
Chine 10 380 17 617 7 589 12 880
Japon 4 616 4 751 36 332 37 390
Allemagne 3 860 3 722 47 590 45 888
Royaume-Uni 2 945 2 549 45 653 39 511
France 2 847 2 581 44 538 40 375
Brésil 2 353 3 264 11 604 16 096
Inde 2 050 7 376 1 627 5 855
Russie 1 857 3 565 12 926 24 805
Afrique du Sud 350 705 6 483 13 046
Monde 77 302 107 921 10 736 14 989
Source : FMI, World Development Outlook Database, avril 2015.
NB : La population mondiale est estimée à 7,2 milliards d’individus en 2014.
Il importe de noter que cette relation vaut seulement si les agents sont
neutres vis-à-vis du risque1. En effet, le rendement obtenu sur le placement
en monnaie domestique (r) est connu, alors que celui que procure l’actif
étranger est aléatoire, puisque le taux de change futur est inconnu. Si les
agents ont une aversion pour le risque, un rendement anticipé supérieur sur
l’actif étranger peut être requis pour compenser le risque de change : il y a
alors une prime de risque. Dans ce cas, les taux d’intérêt domestique et étran-
ger peuvent différer non seulement en raison de la variation anticipée du taux
de change, mais du seul fait de la prime de risque.
La PTINC est une relation d’équilibre entre 4 variables, les taux d’intérêt,
domestique et étranger, (r et r*), le taux de change courant (e) et le taux de
change futur anticipé (ea). Cette relation permet de mettre en évidence les
déterminants de court terme du taux de change :
ea – e ea + – +
r = r∗ – ------------ - soit e = e ( e a, r∗, r )
- ⇔ e = ---------------------------
e 1 + ( r∗ – r )
r'0
E'0 r'0
LM E'0
LM' Y
– YD e'0 e1 e0 e
Y
Figure 9.2a Figure 9.2b
Figure 9.2 – Le processus de surajustement du taux de change nominal
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
–
e0
e–1
e'0
t0 Temps t0 Temps
Figure 9.3a – Taux de change nominal Figure 9.3b – Taux de change réel
en surajustement en surajustement
B. La contagion
Les crises de change sont aujourd’hui caractérisées par leur tendance à
se diffuser et à s’étendre au-delà du pays où elles ont éclaté. Ce phéno-
mène est appelé effet de contagion.
en 1981). De la même manière, la peseta espagnole rejoint le SME en juin 1989 et l’escudo
portugais en avril 1992 alors que les deux pays avaient adhéré à la CEE en 1986. Enfin, parmi
les trois derniers adhérents à l’Union en 1995, seule la Suède est toujours demeurée en dehors
du SME : le shilling autrichien a rejoint le SME en 1995 et le markka finlandais en octobre 1996.
2. Les 19 pays membres de la zone euro sont : l’Allemagne (1999), l’Autriche (1999), la
Belgique (1999), Chypre (2008), l’Espagne (1999), l’Estonie (2011), la Finlande (1999), la
France (1999), la Grèce (2001), l’Irlande (1999), l’Italie (1999), ), la Lettonie (2014), la Litua-
nie (2015), le Luxembourg (1999), Malte (2008), les Pays-Bas (1999), le Portugal (1999), la
Slovaquie (2009) et la Slovénie (2007).
3. Depuis 2013, l’UE compte 28 membres : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie,
Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande,
Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République
tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède.
Faisabilité de la
monnaie commune
était de faire converger les économies des pays candidats les unes vers les
autres de façon à réduire le risque d’apparition de chocs asymétriques
(cf. IV.A.1). Le traité contient un certain nombre de critères dits « critères de
convergence » dont l’observation rendait un pays éligible à l’entrée dans la
zone euro. Vingt ans plus tard, deux de ces critères sont au centre de la crise
de la dette européenne : la limitation du déficit public à 3 % du PIB et la
limitation de la dette publique à 60 % du PIB.
En l’absence de politique budgétaire européenne commune, les politiques
budgétaires nationales constituent le seul instrument de politique en cas de
récession. Pour autant, les gouvernements ne peuvent pas creuser leurs défi-
cits budgétaires de manière illimitée au risque de provoquer la défiance des
marchés financiers. Pour ne pas susciter l’inquiétude des agences de notation
(2014)2, la chute du PIB grec serait la cinquième plus forte crise depuis la
deuxième moitié du XIXe siècle. À ce stade, la baisse du PIB grec serait
comparable à celle de la « Grande Dépression » de 1929 aux États-Unis
(– 28,6 %). Enfin, et selon les dernières prévisions du FMI, la Grèce ne
devrait pas retrouver son pic d’activité d’avant-crise avant 2020.
3) Et maintenant ?
La crise de la dette de la zone euro alimente un débat qui oppose les partisans
d’une politique économique européenne prônant l’austérité (limitant de fait
le recours au déficit et à l’accroissement de la dette publics) à ceux qui mili-
tent pour une politique de relance et un assouplissement de la rigueur.
Les prix Nobel Joseph Stiglitz et Paul Krugman s’opposent à la rigueur et
dénoncent la rigidité de la position allemande. Ils partent du constat qu’une
trop grande austérité est un frein à la croissance et maintient les pays dans la
crise. Ils mettent en avant les politiques de relance mises en œuvre après la
crise financière aux États-Unis et en Grande-Bretagne et qui, en effet, ont
alimenté la croissance et se sont traduites par une baisse importante du chô-
mage. En septembre 20151, Stiglitz affirme que, « loin d’être un frein à la
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Conclusion
Les théories du taux de change permettent d’éclairer les interdépen-
dances complexes qui concourent à la détermination des changes. Mais
elles trouvent leurs limites dans leur incapacité à prévoir l’évolution à
court terme des parités. Dans un monde dominé par la flexibilité, certains
pays ont cherché à se protéger de l’incertitude liée à la variabilité des taux
de change en maintenant des zones de stabilité. Les crises de change des
années 1990 ont sévèrement mis en cause la viabilité de ces stratégies. Un
certain nombre de pays européens ont alors opté pour une voie plus radi-
cale en choisissant le 1er janvier 1999 de supprimer les taux de change et
de se doter d’une monnaie commune, l’euro. Cette décision a été prise en
dépit de différences profondes entre les pays membres de la zone. Cette
hétérogénéité est telle que l’Union économique et monétaire ne peut pas
encore être qualifiée de « zone monétaire optimale ». La crise de la dette
dans la zone euro a le mérite de faire apparaître au grand jour les pro-
blèmes de gouvernance et le manque de solidarité qui sont encore trop sou-
vent une des caractéristiques du fonctionnement politique et économique
de l’Union. À ce titre, l’absence de traitement européen de la question des
migrants fuyant des pays en guerre est tout aussi révélatrice.
Question 2
La parité de pouvoir d’achat : version relative.
En 1975, un dollar valait 2,46 deutschmarks. En 1995, il ne valait plus que 1,43
deutschmark. Sur la période 1975-1995, le taux d’inflation a été en moyenne annuelle de
6,5 % aux États-Unis et de 3,36 % en Allemagne. Ces données sont elles compatibles
avec la théorie de la parité de pouvoir d’achat ?
Question 3
La parité de pouvoir d’achat et la comparaison internationale des niveaux de vie.
En 1984, selon la Banque mondiale, le PNB par habitant du Japon était égal à 69 % de
celui des États-Unis. En octobre 1986, un article de première page de l’Economist annon-
çait que le Japon avait désormais un revenu moyen supérieur de 12 % à celui des États-
Unis. Pourtant, les données sur les taux de croissance réels des deux pays n’avaient pra-
tiquement pas changé entre 1984 et 1986.
En octobre 1986, le dollar avait tellement baissé qu’il fallait 33 % moins de yen pour
acheter un dollar qu’en 1984.
Interpréter et commenter.
(Adapté de P. H LINDERT et T. A. PUGEL, Économie internationale, 10e éd., (traduction
française), Economica, 1997, p 527).
En janvier 2008, le Financial Times écrivait : « Pour la première fois depuis 1999, la
taille de l’économie britannique est inférieure à celle de la France en raison d’un recul
de la livre sterling ».
(Extrait de Bulletin ICP, Banque mondiale, mars 2008, p. 11)
Interpréter et commenter.
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Question 4
La parité non couverte des taux d’intérêt
Le 16 janvier 2009, le taux de change de l’euro était 1 euro = 1,33 dollars. Le taux d'inté-
rêt à 3 mois était de 2,45 % dans la zone euro, et de 1,14 % aux États-Unis.
4-1. Quel est, à l'horizon de 3 mois, le taux d'appréciation ou de dépréciation anticipé de
l'euro si la parité non couverte des taux d'intérêt est satisfaite ?
4-2. À la suite de très mauvaises nouvelles sur l'économie des États-Unis, les opérateurs
révisent leurs anticipations et prévoient, que, dans les 3 mois à venir, l'euro s’appréciera
de 1 % par rapport au dollar. En supposant les taux d'intérêt invariants, quelles pressions
s'exercent sur le taux de change actuel de l'euro ?
Question 5
Le surajustement du taux de change.
Corrigés
Question 1
• Non, si vous attendez de recevoir votre héritage pour le convertir en euros : vous ignorez
aujourd’hui quel sera le taux de change au comptant du dollar dans 90 jours. Si il est inférieur
à 1 dollar = 345 000/300 000 = 0,87 euro, vous ne pourrez pas payer votre appartement.
• Oui, si vous prenez la précaution de vous couvrir sur le marché à terme, et si le taux du
dollar au terme de 90 jours est aujourd’hui égal ou supérieur à 0,87 euro : vous êtes certain,
en vendant aujourd’hui les 345 000 dollars d’obtenir dans 90 jours au moins 300 000 euros.
Question 2
La version relative de la parité de pouvoir d’achat implique que le taux de variation du taux
de change du dollar ( e· ) est égal à la différence entre le taux d’inflation en Allemagne
et le taux d’inflation aux États-Unis, soit à P· ∗ – P· = 3 ,36 % – 6 ,5 % = – 3 ,14 %.
Sur la période considérée, le taux de variation annuel moyen effectif du taux de change
du dollar par rapport au DM est, e· tel que ( 1 + e· ) 20 = 1 ,43 ⁄ 2 ,46 , soit
( 0 ,581 0 ,05 ) – 1 = 0 ,973 – 1 = – 0 ,0267 , donc un taux de dépréciation moyen annuel
d’environ 2,7 % par an, assez voisin du taux de dépréciation de 3,14 % impliqué par
la PPA. La parité de pouvoir d’achat rendrait donc assez bien compte de la tendance
de long terme à la dépréciation du dollar vis à vis du deutschmark sur la période considérée.
Question 3
Interprétation : la croissance apparente du revenu par tête au Japon, telle que l’estime
l’Economist, provient très certainement de l’utilisation du taux de change courant de
1986, très différent de celui utilisé en 1984 par la Banque mondiale.
1984 : États-Unis : revenu réel par tête : yt, Prix Pt, taux de change e t (1 $=e yen),
Japon : revenu réel par tête : y*t, Prix P*t.
y t* P t*
D’après la Banque mondiale : -------------- = 0 ,69 .
yt Pt et
1986 : D’après The Economist (en utilisant le taux de change de 1986) :
y t*+ 2 P t*+ 2
---------------------------------
- = 1 ,12 .
yt + 2 Pt + 2 et + 2
Question 4
4-1. La parité non couverte des taux d’intérêt implique
1 + 0,0114
------------------------- = 1 + 0,245, soit e· a = – 0, 0127 , donc un taux de dépréciation anticipé de
1 + e·
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a
l’euro de 1,27 %.
(En utilisant l’approximation r = r∗ – e· a , on aurait obtenu, e· a = 0,0114 – 0,0245
= – 0,0131 soit un taux dépréciation anticipé de 1,31 %)
4-2. Si les opérateurs anticipent une augmentation du taux de change futur de l’euro, le
rendement anticipé des placements en Europe devient supérieur au rendement des place-
ments aux États Unis, ce qui élève la demande d’euros contre des dollars et engendre une
pression à la hausse du taux de change actuel de l’euro.
Question 5
Avant le choc, (équilibre de long terme), la parité non couverte des taux d’intérêt est
satisfaite : r = r∗ – e· a avec e· a = P a – P· a = M· ∗ – M· = 0 . L’évolution anticipée du
· *
taux de change, est conformément à la PPA, gouvernée par celle des taux d’inflation
anticipés, elle même dictée par les taux de croissance des masses monétaires.
1,8
1,63
t Temps
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Bibliographie • 381
Index
A Chaîne globale de production 99
Absorption 225 Commerce manquant 52
Alena 183 Compensation 213
ALENA (Accord de libre-échange Conférence de Gênes 230
nord-américain) 178 Conférence de Paris 232
Anticipation 328 Contingent 123
Antidumping 127, 138, 193 Contingentement 117, 122, 123
Arbitrage 328 Courbe en J 270, 271, 272
Asean 183 Coûts absolus 6
Coûts de transaction 328
B Coûts de transport 14, 17, 89, 94, 97
Baht 358, 360 Coûts relatifs 6, 10
Baldwin 186, 366, 367, 368 Couverture 327
Crise asiatique 357, 358
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Bhagwati 145
Biens non échangeables 17, 338 Crise de 1929 231
Bowen 52 Crise de 2008 164, 369
Brander et Spencer 141, 142 Crise de la dette en Europe 234, 362,
365, 368, 369, 370
Bretton Woods 231, 240, 243, 298,
349, 355 Crise mexicaine 356
Brokers 326 Croissance 165, 166, 167
Bulles spéculatives 354 Cycle du produit 70
C D
Call 330 Déficits jumeaux 226, 303, 308
Cambistes 329 Demande de différence 79
Index • 383
Désinflation compétitive 268 Grossman-Helpman 174
Dette de la Grèce 370 Grubel et Lloyd 79
Différenciation horizontale 79
Différenciation verticale 79 H
Dilemme du prisonnier 135, 144 Heckscher-Ohlin 42, 43, 46, 49, 50
Dornbusch 349 Heckscher-Ohlin-Samuelson 33
Droit de douane optimal 133, 134 Heckscher-Ohlin-Vanek 47
Dumping 126, 127, 128, 138 Helpman 194, 195
Dunning 193
Duopole 141, 142 I
Industrie naissante 130, 131
E Inégalités 55, 57, 59, 60
Eaton et Grossman 142 Innovation 68
Économies d’échelle 73, 76, 77, 86,
89, 130 K
Économies de gamme 181
Krugman 85, 95, 97
Effet Balassa-Samuelson 337, 339
Effet domino 182
L
Élasticités critiques 266, 267, 278
Ethier 73 Leamer 52
Leontief 49, 50
F Licences d’importation 117, 123
Linder 83
Facteurs spécifiques 135, 137
List 130
Firmes multinationales (FMN) 189,
190, 191, 195, 197, 198 Lobbies 140
Fonds monétaire international (FMI) Loi du prix unique 331, 332
188, 207, 231
Forward 329 M
Future 330 Magee 137
Marche au hasard 354
G Marché commun 178
Gain 6, 9, 10, 38, 40, 44, 76, 117, Marché unique 178
119, 120, 129, 130, 133, 134, Marchés publics 117, 128
142, 181 Market makers 326
Gold Exchange Standard 231 Marshall-Lerner 266, 275
Grèce 371 Matière noire 242
P S
Pair 230, 231 Solde commercial 132, 219, 223,
Panier de devises 358 255
Paradigme OLI 193 Solde courant 223, 227, 249
Paradoxe de Leontief 49, 50 Spéculation 328, 331
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Index • 385
Tariff-jumping 192, 193 U
Taux de déport 346 Union douanière 178, 179
Taux de préférence pour le présent Union économique et monétaire 222
250 Union européenne 140, 178, 182
Taux de report 346 union européenne et monétaire
Taxe optimale 142 (UEM) 273
Théorie HOV 52 V
Théorie monétaire du taux de
change 348 Vernon 70, 71
Tokyo Round 120 Viner 179, 180
Transatlantic Trade and Investment Z
Partnership 187 Zone de libre-échange 178
Transpacific Partnership 187 zone euro 222, 234, 272, 273, 336,
Trefler 51, 52 340
Triangle des incompatibilités 298, zone monétaire optimale 360, 362,
299 363, 364, 365, 366, 368