Cours Valorisation Des Déchets Organiques

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université de Monastir

Institut Supérieur des sciences appliquées et de Technologie


de Mahdia

La Valorisation organique, Méthanisation et


Compostage

Master Professionnel:
Gestion, Traitement et Valorisation des Déchets

Préparé par:
AYED Fakher

Année universitaire 2019-2020


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PLAN

I- Situation de la gestion des déchets dans le monde et en Tunisie

1- Les déchets dans le monde


2- Les déchets en Tunisie

2-1-Estimation des gisements nationaux


2-2-Stratégie nationale de la gestion des déchets
2-3-Cadre institutionnel de dans la gestion des déchets
2-4-Principales filières de valorisation des déchets

II- Les procédés biologiques pour le traitement des déchets organiques

1-Le compostage

1-1- Définitions
1-2- Les déchets compostables
1-3- Les paramètres du compostage
1-4-Le processus du compostage
1-5- Les étapes du compostage
1-6-Evolution microbiologique et chimique lors du compostage
1-7-Matériels et équipements nécessaires
1-8-Cadre juridique
1-9-Création d’un projet de production de compost
1-10-Intérêt du compostage

2-La méthanisation
2-1- Quelques Définitions
2-2- Les déchets concernés
2-3- Les différences entre compostage et méthanisation
2-4- Le processus de la méthanisation
2-5- L’environnement réactionnel
2-6- Les principaux inhibiteurs
2-7- Principes de fonctionnement
2-8- Les sous-produits et leurs caractéristiques
2-9- Les avantages de la méthanisation
2-10- Règlementation en matière de biogaz dans l’agriculture biologique
2-11- L’Optimisation de la durabilité de la production de biogaz

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I-Situation de la gestion des déchets dans le monde et en Tunisie
1- Les déchets dans le monde

Quantité des déchets dans le monde (2016)= 2,01 milliards de tonnes.


Quantité des déchets/personne= 0,74 kg/personne (0,11 à 4,54 kg).

Fig 1. Estimation des quantités des déchets solides produites par région.

Fig 2. Composition en % des déchets produits.

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Fig 3. Les déchets dans le monde

Fig 4. % des déchets subissant différents traitements.

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2- Les déchets en Tunisie
2-1-Estimation des gisements nationaux

Tab 1. Les déchets en Tunisie

Fig 5. Composition des déchets (%) en Tunisie

Fig 6. Les déchets solides et municipaux en Tunisie.

Les déchets solides municipaux


Pour éliminer les DSM, le pays dispose de 10 décharges contrôlées (sanitaire) avec une capacité
nominale de 1,788 millions de tonnes/an, 4 autres décharges semi-contrôlées situées dans la vallée de
Medjerda avec une capacité de 62 000 tonnes /an, 5 autres décharges d’une capacité nominale de
0,466 millions de tonnes /an en cours de construction et enfin 5 autres décharges contrôlées d’une
capacité moyenne de 0,433 millions tonnes /an qui sont planifiées.
5% des DSM sont compostés et 4 % recyclés.

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Tab 2. Les déchets solides municipaux

Les déchets verts et agricoles


Le gisement des déchets verts issus des espaces verts est estimé à 33.000 tonnes.
Les déchets verts d’agricultures sont estimés à 4 millions de tonnes/an.
La production du compost ne dépasse pas 50.000 tonnes /an.

Les déchets industriels dangereux


Les DID sont les batteries, solvants, aérosols, produits pharmaceutiques, déchets phytosanitaires… La
quantité de ces déchets est estimée à 150.000 tonnes/an, 12.000 tonnes seulement ont été collectés en
2010 et traités dans le centre de Jradou. Pour le traitement des DID, quatre unités sont construites avec
une capacité nominale de 90.000 tonnes/an. Celle de Jradou mise en service avant la révolution est à
l’arrêt suite à un litige avec la population riveraine. Des autres 3 installation de réceptionné stockage et
de traitement seuls les centres de Sfax et Gabès sont prêts à être mis en exploitation.

Les déchets industriels non dangereux


Les DIND sont collectés et transportés vers les décharges contrôlées par des opérateurs privés. La
seule information disponible sur cette catégorie des déchets c’est la quantité des DIND reçus en 2010
au niveau des dix décharges contrôlées : Tunis, Bizerte, Nabeul, Sousse, Monastir, Kairouan, Sfax,
Gabès, Médenine, et Djerba, et elle est de 116.000 tonnes /an.

Les Huiles lubrifiantes


20.000 tonnes d’huiles lubrifiantes sont générées par an et 12.105 tonnes (année 2012) seulement ont
été collectées et générées dans les installations de la seule société SOTULUB autorisée par le
Ministère chargé de l’Environnement.

Les Pneus usagées


Le gisement de ces déchets est estimé à 15.000 tonnes/an (1 million d’unité). Sur les 5 unités de
traitement qui sont agréées une seule est opérationnelle actuellement avec une capacité nominale de
21.000 tonnes /an.

Les déchets d’activités de soins


Le gisement des DAS est estimé à 16.000 tonnes par an dont 7.000 tonnes sont classés dangereux. Ces
déchets proviennent des EPS (établissements publics de santé) et des cliniques privées et le Grand
Tunis génère à lui seul 40 %. Le programme national prévoit la construction de 6 centres de traitement
par des sociétés autorisées par le Ministère chargé de l’Environnement.

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Les déchets d’emballage
Le gisement annuel de ces catégories des déchets est de 55.000 tonnes des matières plastiques, 44.000
tonnes de papier/carton et 100 tonnes d’emballage alimentaire (ou briques alimentaires); seule cette
dernière filière n’est pas bien développée.

Les déchets électriques et électroniques


Le gisement est de 90.000 tonnes/an, la quantité collectée est de 22.500 tonnes/an 6 unités de
traitement sont autorisées par le Ministère chargé de l’Environnement et ont une capacité nominale de
18.500 tonnes/an. Unenouvelle unité de traitement d’une capacité de 24.000 tonnes/an démarrera en
2014.

Les déchets de démolition et de construction


Il n’y a aucune information sur le gisement de cette catégorie des déchets.

L’augmentation accrue des déchets en Tunisie est dû à l’évolution simultanée de trois facteurs:
• La croissance économique importante que la Tunisie a enregistré au cours des dernières
décennies.
• Une forte urbanisation et par conséquent une pression accrue sur les écosystèmes et une
surexploitation des ressources naturelles.
• Le développent du niveau de vie.

Fig 7. Valorisation des déchets au niveau national

2-2-Stratégie nationale de la gestion des déchets


Stratégie Nationale du développement durable Promouvoir une gestion intégrée et durable des
déchets.
La stratégie en matière de gestion des déchets s’est fixée deux objectifs globaux :
 L’amélioration de la protection de l’environnement grâce à la mise en œuvre d’une gestion
intégrée et durable des déchets.
 La promotion de la qualité de vie du citoyen.
Pour atteindre ces deux objectifs, la stratégie s’appuiera sur deux principes de base:
 La prévention en réduisant à la source les atteintes à l’environnement causées par les déchets.
 En impliquant les différents acteurs dans les différentes étapes de la gestion des déchets depuis
la conception et la planification jusqu’à la mise en œuvre.
Ces deux objectifs globaux ont été détaillés en cinq objectifs spécifiques:
a- Réduction des quantités de déchets produits.
b- Amélioration de la collecte des déchets.
c- Promotion et généralisation des activités de valorisation et de recyclage des déchets.
d- Elimination appropriée des déchets ultimes.
e- Amélioration du recouvrement des coûts de la gestion de déchets.

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a- Réduction des quantités de déchets produits:
La réduction des quantités de déchets produits ne peut s’effectuer et se concrétiser qu’à
travers une prise en conscience généralisée des effets négatifs des déchets mais aussi de l’impact
financier d’une gestion même appropriée des déchets une fois produits. Le meilleur déchet demeure et
demeurera celui qui n’est pas produit.
La réduction des déchets sera opérée à travers un changement dans les modes de
consommation des usagers et de la population toute entière qui finira par infléchir les processus de
production et les orienter vers des procédés moins producteurs de déchets.

b- Amélioration de la collecte des déchets:


La pré-collecte et la collecte des déchets ménagers se font souvent de manière peu
respectueuse des règles de propreté, des poubelles individuelles de tout genre et qui ne sont pas
forcément adaptées à l’usage sont jetées sur les trottoirs à plusieurs moments de la journée avec des
déchets qui débordent souvent et qui finissent par se trouver éparpillés sur les différents coins de la
rue.
Une organisation plus rationnelle en concertation avec l’ensemble des acteurs est aujourd’hui
plus qu’indispensable au niveau de l’ensemble des communes de Tunisie. Des plans de gestion
intégrée des déchets doivent être développés et mis en œuvre.

c- Promotion et généralisation des activités de valorisation et de recyclage des déchets:


Un déchet, une fois produit doit être placé dans une dynamique de valorisation et de recyclage
afin de le réinjecter de nouveau dans le cycle de production économique et profiter de sa nouvelle
valeur et d’éviter en même temps les coûts additionnels de son traitement et de son élimination en tant
que déchets ultimes.
Les déchets ménagers présentent à ce titre en Tunisie et vue leur composition un gisement très
valorisable à travers la production de compost dont le sol tunisien est largement demandeur. Les
déchets industriels et ceux issus des filières offrent également de grandes possibilités de valorisation,
des progrès importants sont déjà à signaler dans ce domaine.

d- Elimination appropriée des déchets ultimes:


Les déchets qualifiés d’ultimes, c'est-à-dire ceux dont les possibilités de valorisation et de
recyclage ont été toutes épuisées doivent être éliminés conformément au troisième objectif de la loi sur
les déchets en Tunisie. Les déchets ménagers ultimes sont traités et éliminés dans des décharges
contrôlées aménagées spécialement pour ce type de déchets dans pratiquement tous les gouvernorats
du pays.
Des solutions se mettent progressivement en place pour les déchets industriels surtout avec
l’entrée en exploitation de la station de traitement de ce type de déchet installée à Jeradou. Environ
60% des déchets industriels produits en Tunisie peuvent être convenablement traités et éliminés au
cours de la prochaine période.

e- Amélioration du recouvrement des coûts de la gestion de déchets:


La problématique du financement et du recouvrement des coûts est au cœur de la stratégie de
gestion intégrée et durable des déchets.
Le succès durable de la réalisation et de l’exploitation des nouvelles installations de traitement et
d’élimination des déchets municipaux ainsi que l’encouragement de la participation du secteur privé
dans les services environnementaux urbains sont en effet fortement conditionnés par la mise en place
d’un système de financement et de recouvrement des coûts de la gestion des déchets efficace, simple
et équitable.
Il est incontestable qu’un tel système permettra aux communes et aux organismes impliqués
dans le domaine des déchets d’assumer intégralement leurs responsabilités techniques et financières
dans une gestion intégrée et durable des déchets. Les communes souffrent de difficultés financières
importantes dans le domaine de la gestion des déchets, les taxes perçues à ce titre ne permettent pas
d’assurer un recouvrement total.
Le schéma de financement mis en place dernièrement pour assurer la gestion de la post collecte et le
fonctionnement des nouvelles décharges contrôlées n’implique pas encore de manière significative les

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producteurs de déchets, à savoir les citoyens dans le cas des déchets ménagers, ce qui risque de mettre
en danger la pérennité du processus à long terme.

La stratégie nationale vise donc à


 la création de décharges contrôlées régionaux et de centres de transfert (en première phase).
 Fermeture et réhabilitation des décharges anarchiques.
 Mise en place de systèmes intégrés de gestion des déchets (collecte, tri, traitement et
valorisation, etc.).
 Développement de nouvelles filières de traitement, de recyclage et de valorisation des déchets
(en considérant la composition des déchets).

La Gestion des déchets = Secteur de développement


 Rentabilité Ecologique: Gestion appropriée et durable des déchets.
 Rentabilité sociale: Création d’emplois au niveau de la collecte, du recyclage et du tri et du
traitement.
 Rentabilité Economique: Recyclage et réutilisation des produits recyclés dans les chaines de
production industrielles.

2-3-Cadre institutionnel de dans la gestion des déchets

Ministère des Affaires Locales et de l’Environnement


- Elaboration et conduite de la politique nationale en matière de protection
de l’environnement.
- Elaboration de la réglementation afférente à la protection de l’environnement.
- Autorité de tutelle des communes et des conseils régionaux.
- Assure le suivi et l’élaboration des budgets des communes aussi bien en investissement qu’en
exploitation.

Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGed)


- Participation à l’élaboration de la stratégie et des programmes nationaux
en matière de gestion des déchets.
- Réalisation, pour le compte de l’Etat des projets et investissements dans
le domaine.
- Exploitation des infrastructures et des installations de transfert et des décharges contrôlées des
déchets non dangereux.
- Exploitation des infrastructures et des installations dédiées au traitement des déchets
industriels et spéciaux (dangereux).
- Assistance technique aux communes et aux industriels en matière de gestion des déchets.

Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE)


- Contrôle et veille à l’application de la réglementationen matière de gestion
des déchets.

Tab 3. Liste des ministères impliqués dans la gestion des déchets solides en Tunisie

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Tab 4. Les institutions impliquées dans la gestion des déchets au niveau local

2-4-Principales filières de valorisation des déchets

Principales Filières mises en place :


– Eco-Lef (emballages).

– Eco-Zit & (huiles usagées).

– Eco-filtre (filtres usagés).

– Eco-batteries (Accumulateurs à plomb usagés).

– Eco-piles.

Autres Filières :
- Gestion des huiles alimentaires usagées.
- Gestion des pneumatiques usagées.
- Valorisation des déchets organiques.
Filière en cours: DEEE
Eco-Lef (emballages) :

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ECO : pour écologie et Lef pour emballage : c'est un système public de reprise et de valorisation des
emballages usagés qui a vu le jour en 1998 suite à l'application des dispositions du décret n° 97-1102
du 02 juin 1997.

Le système ECO-Lef a été crée afin de:


* Réduire la mise en décharge des déchets d'emballage.
* Limiter l'impact négatif résultant de l'abondant des déchets d'emballages dans la nature.
* Promouvoir le recyclage et la valorisation des déchets d'emballage.
Décret n° 97-1102 du 2 juin 1997, fixant les conditions et les modalités de reprise et de gestion
des sacs d’emballages et des emballages utilisés.

Eco-Zit & (huiles usagées) :


Le système "Eco-Zit" est financé par les contributions des adhérents (producteurs et importateurs des
huiles lubrifiantes: Environ 50 milles Tonnes commercialisées). Ces contributions sont déterminées en
fonction de la gestion de chaque tonne des huiles lubrifiantes.
Principe du « pollueur-payeur »
Décret n° 2002-693 du 1er avril 2002 relatif aux conditions et aux modalités de reprises des huiles
lubrifiantes usagées.

La gestion Actuelle de la Filière :


 L’ANGed assure le contrôle, le suivi et l’évaluation des opérations de développement et de la
gestion de cette filière ainsi que la sensibilisation.
 La Société Tunisienne des Lubrifiants (SOTULUB) est chargée de la collecte, du transport, de
stockage et de la régénération des huiles lubrifiantes usagées.
 Décret n°2002-693 du 1 avril 2002 relatif aux conditions et aux modalités de reprise des huiles
lubrifiantes et des filtres à huile usagés et de leur gestion.
 Décret n°2008-2565 du 7 juillet 2008 modifiant et complétant le décret n°2002-693 du 1°avril
2002.
 Décret n° 2005-3395 du 26 décembre 2005 fixant les conditions et les modalités de collecte des
accumulateurs et piles usagés.
 Arrêté conjoint des ministres de l’environnement et du développement durable, du commerce et de
l’artisanat du 23 Avril 2008 fixant les modalités et le montant de la consigne obligatoire de la
reprise des accumulateurs usagés utilisés dans les moyens de transport et à des fins industrielles
diverses (Eco Batteries). 

Les déchets industriels non dangereux


Données Générales :
– Les quantités commercialisées: 2400 T/an.
– Moyenne de consommation: 6 unités/personne/an.
La situation Actuelle
– Installation de conteneurs pour la collecte des piles usagées dans les complexes
commerciaux et les institutions publiques.
– Préparation des journées de sensibilisation pour l’optimisation de la collecte des piles
usagées dans les écoles et quelques espaces commerciaux.

Les déchets verts et les déchets agricoles


Programme national de promotion du compostage individuel des déchets de cuisine et
des jardins ménagers
Objectifs:
• Tri sélectif des déchets organiques (68%) à la source et valorisation de 40% de ceux-ci à
l'intérieur de la maison, empêchant leur transport et leur rejet aux décharges contrôlées
(réduction des coûts).
• Réduire la taille de la corbeille à ordures ménagères, et donc réduire les patrouilles de collecte
des déchets municipaux.

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• Assurer la participation de la société civile, des citoyens et des étudiants à la stratégie
nationale de sélection sélective des déchets et de leur recyclage.

Fig 8. Organismes intervenants dans la gestion des déchets verts et des déchets agricoles

II- Les procédés biologiques pour le traitement des déchets organiques


1-Le compostage

1-1- Définitions
Sous-produit: Partie d’un animal ou matière issue d’une transformation d’une matière
première qui n’est pas l’objet principal de la production envisagée.

Résidu: Partie du végétal ou d’animal, dont on doit se débarrasser, non directement


valorisable ou réutilisable, mais susceptible de l’être.

Est un déchet… tout résidu d’un processus de production, de transformation, ou d’utilisation


de toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou
que son détenteur destine à l’abandon.

«Le compostage est un processus de décomposition aérobie et thermophile des déchets


organiques biodégradables, d’origine végétale et/ou animale, sous l’action de populations
microbiennes diversifiées sous conditions hygiéniques et stabilisées. Ce processus améliore la
qualité des sols et apporte des nutriments aux plantes » (Wilson et al., 1980).

Mustin (1987) le définit comme un « procédé biologique assurant la décomposition des


constituants organiques des sous-produits et déchets en un produit organique stable riche en
composées humiques ».

Hoitink (1995) voit dans le compostage une « technique artificielle, qui démarre et se poursuit
sous conditions maîtrisées au lieu d’accepter le résultat d’une décomposition naturelle
incontrôlée ».

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Gobat et al. (2003) le considèrent comme « un procédé de traitement intensif de déchets
organiques qui met en œuvre, en les optimisant, des processus biologiques aérobies de
dégradation et de stabilisation des matières organiques complexes ».

1-2- Les déchets compostables

Classification selon la nature chimique:


 Déchets organiques:
Riches en carbone.
Riches en Azote.
 Déchets minéraux (adjuvants de compostage):
Déchets basiques (calcaires, cendres,…).
Sels résiduaires (carbonate de calcium, sulfates, phosphates, …).

Classification suivant l’état physique:


 Déchets solides (ordures ménagères, bois, pailles, boues déshydratées );
 Déchets semi-solides (boues de stations d’épuration);
 Déchets liquides (lisiers agricoles, effluents agroalimentaires, …).

Classification selon leur origine:


 Déchets provenant de l’activité du ménage: ordures ménagères;

 Déchets organiques du commerce agroalimentaire;


 Déchets du secteur primaire:
 Déchets agricoles (fumiers et lisiers, résidus du récolte et du stockage,…).
 Déchets des industries extractrices (déchets de mines, déchets de carrières).
 Déchets provenant du traitement des effluents liquides et gazeux (boues d’épuration,
des eaux usées domestiques, des eaux résiduaires agroalimentaires).

1-3- Les paramètres du compostage


L’évolution de la matière organique en compost est régie essentiellement par les micro-
organismes et leurs actions enzymatiques.
Le compostage possède de nombreuses similitudes avec le processus de décomposition naturelle des
matières organiques dans le sol. Toutefois, le compostage se distingue de cette décomposition par le
fait qu’il est contrôlé par certains paramètres fondamentaux.
Ces paramètres sont la température, l’humidité, l’aération, le rapport C/N et le pH.

a. La température:
La température est un facteur majeur du compostage, elle le rend un processus thermique en le
délimitant aux 4 phases (mésophile, thermophile, refroidissement et maturation). C’est un paramètre
de suivi facile à mesurer, qui permet d’évaluer l’équilibre biochimique dans la matière au compostage.
En effet, la température est une mesure indirecte de l’activité microbienne. Elle reflète le régime des
échanges thermiques de la masse en compostage.
L’augmentation de la température résulte de la chaleur dégagée par l’activité microbienne et au
stockage d’une partie de cette chaleur, grâce aux propriétés isolantes des déchets organiques dans la
masse solide, l’eau et les gaz des espaces lacunaires.
L’énergie libérée sous forme de chaleur par les fermentations aérobies est à l’origine de l’élévation
thermique des masses en compostage, de la destruction des germes pathogènes et des divers parasites
ou indésirables, de l’évaporation de l’eau et de la dégradation accélérée des composés organiques.
Une température minimale est nécessaire à l’activité des micro-organismes et à la dégradation des
matières organiques.
Une température supérieure à 55°C permet l’hygiénisation, entre 45 et 55°C, elle favorise la
biodégradation et qu’entre 35 et 40°C elle améliore la biodiversité microbienne. Une température
voisine de 75-80°C inhibe, voire arrête cette activité microbienne.

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La production de chaleur par les microorganismes au cours du compostage est proportionnelle à la
masse du tas, alors que les pertes de chaleur dépendent de la surface.
L’augmentation de la température est donc d’autant plus élevée que le rapport volume/surface du tas
est grand, d’où le choix fréquent du compostage en andains.

b. L’humidité:
Le processus de compostage exige une certaine humidité. Le taux d’humidité dépend
essentiellement des matériaux de départ, un taux d’humidité de 50 à 70 % est considéré optimal pour
le compostage. L’évaporation d’eau en phase thermophile doit parfois être compensée par un ou
plusieurs arrosages du tas, il est donc difficile de définir les volumes d’eau à apporter.
L’eau peut être ajoutée tant qu’aucun écoulement n’apparaît sous le tas, et à condition de ne pas
bâcher en phase thermophile. Un échantillon présente une humidité correcte si en le pressant, on
observe un écoulement de quelques gouttes. Un excès d’eau (taux de matière sèche < 20%) peut être
néfaste pour les microorganismes, nécessitant de l’oxygène pour leur activité et conduit à des
fermentations anaérobies défavorables accompagnées de dégagement d’odeurs indésirables.
Un manque d’eau entraîne l’apparition du « blanc » (forme de résistance des actinomycètes et
champignons), qui traduit un ralentissement de l’activité microbiologique et qui apparaît déjà à 40 %
de matières sèches en moyenne du tas. Il suffit d’un apport d’eau pour que la décomposition
redémarre. En outre, un compost très sec devient poussiéreux.

c. L’ Aération:
L’aération est essentielle pour apporter l’oxygène indispensable au métabolisme des
microorganismes du compostage. C’est elle qui déclenche le processus du compostage.
Une mauvaise aération du tas du compost présente plusieurs conséquences néfastes:
- Moindre élévation de température consécutive à un ralentissement de l’activité des organismes
aérobies.
- Diminution de la décomposition et transformation différente pouvant aboutir à ce qui est appelé
«beurre noire » (résidus sombres malodorant, de texture semblable à celle du beurre donc
difficilement récupérable et non épandable).
- Perte d’azote sous forme de NH3, N2O, N2 (dénitrification).
- Perte de soufre sous forme de H2S.
Pour éviter les tassements et les zones anaérobies en bas de tas pour les fumiers on ne cherchera pas
les hauteurs supérieures à 1,5 m, ce qui conduit à réaliser des tas allongés de section triangulaire, dont
la largeur dépend des retourneurs d’andains utilisés (jusqu’à 4 m).
Il est possible de composter des tas plus volumineux mais dans ce cas l’aération doit être contrôlée par
des systèmes d’insufflation d’air, systèmes demandant trop d’investissement pour des entreprises
agricoles.
L’aération d’un tas de fumier à composter est liée à sa structure et donc à la quantité de paille
apportée.

d. Le rapport C/N
Le rapport C/N est un indicateur du type de compost, il renseigne sur la méthode d’utilisation
de ce dernier dans le cadre d’un amendement du sol. Le carbone et l’azote constituent deux éléments
fondamentaux de la décomposition microbienne. Le carbone apporte l’énergie et les principaux
matériaux pour la construction des cellules microbiennes.
L’azote est un élément décisif des protéines, acides nucléiques, acides aminés, enzymes et coenzymes
nécessaires pour la croissance et le fonctionnement des cellules microbiennes. Pour des conditions
idéales de compostage, les microorganismes ont besoin d’une proportion de carbone proportionnelle à
la quantité d’azote pour fonctionner convenablement.
Au cours de leur évolution, les substrats organiques perdent plus rapidement leur carbone (métabolisé
et dégradé sous forme de gaz carbonique) que leur azote (métabolisé ou perdu sous forme de
composés azotés volatiles tel que NH 3…). En effet, le rapport C/N joue un rôle important dans le
déroulement du compostage et la vitesse de dégradation des substrats.

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Un taux élevé de carbone augmente la durée du processus, et un taux élevé d’azote entraine sa
volatilisation ou bien une perte de nitrate. Un rapport C/N entre 20 et 30 est préféré. Lors de la phase
de fermentation aérobie active, les microorganismes consomment 30 fois plus de carbone que l’azote.
Au cours du compostage, le rapport C/N décroît constamment pour se stabiliser vers 10 (entre 8 et 15)
dans un compost fini.
En fin du processus de compostage, les rapports C/N sont variables de 9,8 (fumiers d’animaux seuls) à
13,7 (fumiers d’animaux + paille).
De façon générale, un manque d’azote implique un processus de compostage lent et un excès d’azote
ou un défaut de carbone entraînent des pertes importantes en azote.
Pour les fumiers à composter, l’optimum se situe pour un C/N de 25 à 35. Ce n’est pas tant le rapport
C/N qui est déterminant pour le déroulement du compostage, que la structure de l’andain. Ainsi, il est
préférable d’amener le carbone sous forme de paille, qui a un effet structurant, que sous forme de
sciure par exemple, qui va empêcher l’air de circuler suite au tassement. Le C/N peut être le même
dans les deux cas, mais le facteur limitant sera le manque d’oxygène dans les andains contenant la
sciure.

e. pH:
La gamme optimale de pH pour le compostage est celle qui conditionne la prolifération
optimale des microorganismes. Ainsi, le pH oriente les réactions du compostage en favorisant
certaines espèces de micro-organismes. En général, un pH compris entre 5,5 et 8,5 est optimal pour la
vie de la flore microbienne.
Un pH acide est propice au développement de bactéries et champignons en début du compostage, alors
qu’un pH basique est favorable au développement des actinomycètes et des bactéries alcalines.
La plupart des bactéries interviennent au cours du compostage, trouvent l’optimum de leur croissance
à des pH compris entre 6 et 8. Les champignons par contre tolèrent des pH situés entre 5 et 8,5
environ. A la fin du compostage, le pH tend vers la neutralité.

Fig 9. Evolution du pH au cours du compostage.

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Fig 10. Le compostage: Un équilibre entre l’air, l’eau, le carbone et l’azote (Joliet, 1994).

1-4-Le processus du compostage


Le processus de compostage comprend quatre phases, au cours desquelles plusieurs
variations (physiques, chimiques et biologiques) peuvent avoir lieu. L’évolution de la
température, qui exprime l’activité de la succession de populations microbienne liées aux
modifications du milieu, est la manifestation la plus perceptible de la dynamique du
compostage. Elle permet de distinguer quatre phases:

Fig 11. Courbe théorique d’évolution de la température au cours du processus de compostage.

a. Phase mésophile
C’est la phase initiale du compostage, elle prend lieu dans les premières 24 à 48 heures . Les
matières premières sont envahies par les micro-organismes mésophiles indigènes (bactéries et
champignons essentiellement) absorbant les molécules simples (sucres simples, acides aminés,
alcools,…) et transformant une partie des polymères (protéines, acides nucléiques, amidons, pectines,
hémicellulose, cellulose, …).
Leur activité engendre une montée en température de 10-15°C à 30-40°C, un dégagement important de
CO2 (d’où la diminution du Rapport C/N) ainsi qu’une acidification du milieu. La dégradation de la
cellulose durant cette phase est responsable de plus de 75 % de la perte de poids sec.
Au cours de cette phase, des colonies microbiennes aérobies se développent et dégradent par voie
enzymatique les matières organiques facilement biodégradables. Les réactions de dégradation étant

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exothermiques, elles provoquent une montée en température de la matière en compostage. L’objectif
de cette phase est d’atteindre le plutôt possible une température de 40°C.

b. Phase thermophile
Elle est atteinte au centre du tas, à des températures élevées (de l’ordre de 60 à 70°C) pour les
composts agricoles), auxquelles ne résistent que des microorganismes thermo- tolérants ou
thermophiles (arrêt de l’activité des champignons, développement des actinomycètes et des bactéries
thermophiles). L’énergie calorifique produite par les réactions d’oxydation est la cause de l’élévation
de la température.
L’augmentation de température provoque d’une part une auto-stérilisation de la matière avec la
neutralisation des germes pathogènes et d’autre part un assèchement du compost lié à l’évaporation de
l’eau.
Les pertes en azote minéralisé sous forme ammoniacale (NH 4+), qui peut être volatilisé sous forme
d’ammoniac (NH3) dans certaines conditions, ainsi que l’évaporation d’eau, sont plus importante au
cours de cette phase.
La libération de CO2 peut entrainer à la fin des phases thermophiles jusqu’à 50% de perte en poids sec.
Les hautes températures, caractérisant la phase thermophile, ne concerne que le centre du tas.
Les matières présentes en bordure de tas doivent être reprises par un ou deux retournements. Après un
retournement, on observe la succession des 3 phases (mésophile, thermophile, de refroidissement) ; les
températures atteintes en phase thermophile sont cependant de moins en moins élevées au fur et à
mesure des retournements.
Cette technique permet de s’assurer que tous les éléments du tas subissent les différentes phases du
compostage afin que le produit final soit homogène et entièrement assaini.
Cependant, selon le terrain et le réglage du retourneur d’andains la base du tas n’est pas toujours
correctement reprise.

c. Phase de refroidissement
C’est une phase intermédiaire entre la phase thermophile et la phase finale de maturation. Elle
prend fin avec retour à la température ambiante. Le milieu est colonisé de nouveau par des micro-
organismes mésophiles. Ils dégradent les polymères, comme la lignine, restés intacts en phase
thermophile et incorporent l’azote dans des molécules complexes.

d. Phase de maturation
Cette phase présente peu d’activité microbiologique (recolonisation par des champignons)
mais est adaptée à la colonisation par la macro-faune en particulier les lombrics lorsque ceux-ci sont
présents dans l’environnement du tas. Les matières organiques sont stabilisées et humifiées par rapport
aux matières premières mises à composter. Le pH s’équilibre vers la neutralité.
Les trois premières phases sont relativement rapides par rapport à la phase de maturation. Leur durée
ainsi que l’amplitude des variations dépendent toutefois des matériaux de départ et des conditions
techniques du déroulement du compostage. La durée de la phase de maturation est généralement
difficile à préciser, puisqu’elle varie selon les compositions des matières premières.
Il est toutefois possible de distinguer les composts des déchets ligno-cellulosiques (les fumiers) qui
peuvent être utilisés au bout de 6 semaines (phase de maturité très courte) et les compostages de
déchets ligneux (déchets verts) qui ne peuvent être utilisés, en générale, qu’au bout de 6 mois (phase
de maturité longue).
La tendance actuelle évolue vers un compostage court et une utilisation rapide pour éviter des
stockages longs qui augmentent les risques de recolonisation superficielle du tas par des graines
d’adventices et les pertes d’ions monovalents par lexiviation (K +, Na+, NO3-,…).

1-5- Les étapes du compostage


a-Choix et Collecte des reliquats organiques
Le compost élaboré doit avoir au départ un rapport C/N équilibré:
-Si le C/N < 20: Risque de perte d’azote sous forme gazeuse.
-Si 20< C/N <40: Fermentation efficace.
-Si C/N > 40: Fermentation lente, risque de trop forte augmentation de température.

17
Les différents types de déchets sont ceux des espaces verts, des gazons et des déchets ménagers après
triage.
Exemples de reliquats organiques : Grignons d’olives, paille, mauvaises herbes, bois de taille,
reliquats des cultures, reliquats des oasis, feuilles sèches, algues, sciures de bois , déchets de
l’industrie agro-alimentaire.

Tab 5. Rapport C/N de quelques déchets organiques.

Tab 6. Méthodologie de calcul du rapport C/N.

18
b- Broyage
c- Mise en place des tas : Il faut que le lieu soit ombré et non exposé au soleil, près d’une
source d’eau et accessible.
d- Homogénéisation et Retournement : Le retournement peut être manuel ou bien
mécanique
e- Fermentation
70

60

50

40

30

20

10

0
Heating phase Cooling phase Maturing phase

Fig 12. Suivi de la température (50-65°C) et de l’humidité (50-75%): Arrosage et retournement lors de
la diminution de la température.

Fig 13. Suivi de la température

19
Fig 14. Suivi de l’humidité

f- Arrosage des tas


g- Evaluation de la maturation : Température à l’intérieur du tas = Température à l’extérieur
du tas
(Odeur + Couleur)

Fig 15. Evolution du pourcentage de la matière organique au cours de la maturation du


compost (Perte de 35 à 50% de la matière organique)

h- Tamisage
i- Stockage

1-6-Evolution microbiologique et chimique lors du compostage :


a- Evolution microbiologique
Les êtres vivants actifs dans le processus de compostage sont de deux types:
-Micro-organismes.
-Macro-organismes.
95 % de l’activité du tas de compost due aux micro-organismes est réalisée par:
- Les bactéries.
- Les champignons.
- Les actinomycètes.

20
Les bactéries et les champignons sont responsables de l’accroissement de température en phase
mésophile, alors que les actinomycètes interviennent davantage en phase thermophile. Les bactéries,
présentes dans les matières premières, dominent en quantité et en diversité.
Les champignons ont la possibilité de consommer les éléments non transformés par les bactéries (la
lignine); ils sont inactifs au-delà d’une température de 55°C et se trouvent donc principalement en
périphérie du tas ou en phases de basses températures.
Les actinomycètes s’attaquent aux structures très résistantes (cellulose, lignine). Il existe aussi des
champignons lignolytiques.
5% de l’activité du tas de compost est l’œuvre d’algues chlorophyliennes (dans les 10 premiers cm du
tas à pH neutre et humidité élevée) et de cyanophycées, fixatrices d’azote atmosphérique.
Les macro-organismes interviennent lorsque la température est inférieure à 40°C, c’est-à-dire
essentiellement pendant la phase de maturation. Il s’agit essentiellement de lombrics mais aussi de
nombreuses espèces d’insectes, acariens,…

Tab 7. Nombre des organismes vivants intervenant au cours du compostage


(Zeglels et Masscho, 1999)

b- Evolution des éléments chimiques et biochimiques


L’évolution est rapide puisqu’en quelques semaines, plus de la moitié des matériaux de départ
sont transformés.
-Les sucres simples, fractions solubles contenant du carbone, et les lipides sont presque
intégralement dégradés dès la phase mésophile.
-Les hémicelluloses subissent jusqu’à 50% de perte en phases thermophile et de
refroidissement.
-La cellulose est dégradée pendant les phases mésophile, thermophile et de refroidissement
par des champignons, des bactéries et des actinomycètes.
Ces deux composés donnent des sucres utilisés par les micro-organismes comme source
d’énergie.
-La lignine subit une biotransformation sans être dégradée en petites molécules (comme la
cellulose qui est dégradée en glucose), avec inclusion d’azote dans les cycles, et déméthylation
des fonctions méthoxyl. Dans une litière naturelle, la ligninolyse est opérée essentiellement
par certains champignons ne se développant pas à des températures élevées. Elle n’intervient
donc pas durant la phase thermophile du processus.
Il s’ensuit une conservation de la lignine, très favorable à la qualité du compost, la lignine
étant un précurseur des substances humiques.

21
Fig 16.Evolution de la composition biochimique pendant le compostage en % de la matière organique
(Godden, 1995).

-L’azote organique est minéralisé sous forme ammoniacale (NH 4+), qui se trouve en général
rapidement incorporé dans la biomasse microbienne, avec en parallèle assimilation de
carbone. Cette dégradation a lieu durant la phase thermophile, d’où des risques de
volatilisation d’ammoniac au cours de cette phase.
Pendant le refroidissement, une partie est oxydée (nitrate: NO 3) par les bactéries nitrifiantes
dès que la température devient inférieure à 45°C. Une partie de l’azote va réagir avec des
sucres et autres composés carbonés pour se retrouver dans les composés humiques.
L’azote peut être perdu sous forme de N 2 si le tas renferme des zones anoxiques ou de
protoxyde d’azote même si les quantités sont faibles.

Fig 17. Evolution des formes d’azote minéral au cours du compostage.

-Les phosphates, présents dans les déchets à composter ou ajoutés à faible dose avant ou en
cours de compostage, dont incorporés lors du processus à des molécules organiques ce qui
peut améliorer leur pouvoir fertilisant.
-Le potassium, le calcium, le magnésium, le soufre, … sont contenus en quantités
généralement suffisantes pour les besoins de la majorité des sols.
Concernant les pertes de K pendant le compostage, on observe de très fortes différences en
fonction du type de fumier. En effet, les pertes en K sont essentiellement dues au manque de
structure, c’est-à-dire de paille, des fumiers. Ce rapport paille/déjections s’exprime au travers
du rapport C/N. Pour des C/N de 35, les pertes en K sont pratiquement nulles.

22
- Pendant le compostage, la matière organique est décomposée et redonnée sous forme
minérale au cycle de vie. La dégradation est très intense au début du processus. Elle se ralentit
lorsque les substances difficilement biodégradables sont à leur tour attaquées par les micro-
organismes.

Fig 18. Evolution de la matière organique au cours du compostage.

1-7-Matériels et équipements nécessaires :

Petits matériels

Remorques de transport des déchets

23
Broyeurs

Broyeurs sur prise de force

Broyeurs électriques

24
Broyeurs thermiques

Critères de choix d’un broyeur

25
26
Retourneurs

Critères de choix d’un retourneur

27
Tractopelles

Tamiseurs

1-8-Cadre juridique
 Loi n°96-41 du 10 juin 1996 relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur
élimination  complétée par la loi n°2001-14 du 30 janvier 2001 portant simplification des
procédures administratives relatives aux autorisations délivrées par le Ministère de
l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire dans les domaines de sa compétence.
 Arrêté du Ministre de l'Environnement et du développement durable du 17 janvier 2007
portant approbation du cahier des charges réglementant les conditions et les moyens
d'exercer des activités de collecte, transport, stockage et traitement des déchets non
dangereux.
 Norme tunisienne sur les spécificités et la qualité du compost NT 10.44 (2013), élaborée par
l'Institut national de la normalisation et de la propriété industrielle.
 Arrêté du ministre de l'agriculture du 28 février 2001, portant approbation du cahier des
charges type de la production végétale selon le mode biologique.
 Article 26 (Nouveau): Loi 96-41 complété par la loi 2001-14 : Est soumise à un cahier des
charges approuvé par arrêté du ministre chargé de l'environnement, tout établissement ou
entreprise assurant une ou plusieurs des activités de collecte, de tri, de transport, de stockage,
de traitement, de valorisation et d'élimination des déchets à l'exception des déchets dangereux.

28
A- Cahier de charges : Collecte, transport, stockage et traitement des DND :
Ce cahier des charges fixe notamment :
• les types et les quantités des déchets,
• les prescriptions techniques et les modalités de collecte, de transport, de tri, de
stockage, de traitement, de valorisation et d'élimination,
• les précautions devant être prises pour garantir les conditions de sécurité,
Ce cahier des charges fixe notamment :
• le site de collecte, de tri, de stockage et d'élimination,
• les mesures devant être prises pour assurer le respect des législations, des
réglementations et des normes en vigueur,
• les ressources humaines et matérielles disponibles.
Les chefs des établissements et des entreprises sus-indiqués s'engagent à appliquer les
dispositions du cahier des charges, et ce, après accomplissement, le cas échéant, des
procédures de l'approbation de l'étude d'impact conformément aux réglementations en vigueur,
et dans le cadre des plans visés à l'article 19 de la présente loi et après avis de la collectivité
locale concernée.

Cahier de charges n° I relatif aux modalités et aux conditions d’exercice des activités de
collecte et de transport des déchets non dangereux.
Cahier de charges n° II relatif aux modalités et aux conditions d’exercice des activités de
recyclage et de valorisation des déchets non dangereux.
Cahier de Charges n° III relatif aux modalités et aux conditions d’exercice des activités de
stockage et de traitement des déchets non dangereux.

B- Norme Tunisienne NT 10.44 : Domaine d’application :


La présente norme n’est applicable qu’aux matières fertilisantes organiques qui contiennent :

B-1- Modalité de contrôle des produits commercialisables


1. Analyses sur un nouveau produit ou ensemble de produits
À la création d’un produit ou d’un ensemble de produits mis sur le marché, les analyses
suivantes doivent être réalisées :
-Agronomie (MO, MS, N total, N organique non uréique, P2O5, K2O, MgO).
-Fractionnement biochimique de la matière organique.
-Minéralisation potentielle du carbone et de l’azote.
-Les Eléments Traces Métalliques (E.T.M.): As, Cd, Cr, Cu, Hg, Ni, Pb, Se, Zn.
-Agents pathogènes.
-Inertes et impuretés: Plastiques, verres, fer,…
-Les Composés Traces Organiques (C.T.O.): Fluoranthene,…
-Autres paramètres agronomiques affichés facultativement (exemple: effet alcalinisant, …).

29
C.2. Analyses en routine
Tab 8. Les analyses en routine en fonction de la capacité de production

Tab 9. Valeurs limites en E.T.M.

Tab 10. Valeurs limites en C.T.O.

30
Tab 11. Valeurs limites en agents pathogènes sur produit brut

Tab 12. Valeurs limites en inertes et impuretés

B-2-- Marquage des produits commercialisables


1- Marquage obligatoire
1) Le terme «AMENDEMENT ORGANIQUE».
2) La dénomination du type et pour les amendements organiques avec engrais, faire suivre la
mention «avec engrais» de la dénomination du type de l’engrais, de sa référence à la
réglementation engrais en vigueur pour la mise sur le marché et de la quantité apportée en
g/kg ou kg/t de produit brut.
3) La liste des matières premières représentant plus de 5 % en masse sur le produit brut avant
mélange, et/ou avant transformation, par ordre décroissant d’importance sur matière
sèche.
4) Les teneurs déclarées en matière sèche, en matière organique, en azote total et en azote
organique non uréique, exprimées en pourcentage de masse sur produit brut.
5) Le rapport C/N Total (avec C = MO/2).
6) Le pourcentage en masse de produit brut pour des teneurs supérieures ou égales à 0,5 %
de phosphore total, exprimé en P 2O5, de potassium total, exprimé en K 2O, de magnésium,
exprimé en MgO.
7) Pour les produits contenant les oligo-élements cuivre et zinc à des teneurs supérieures aux
seuils respectifs de 300 mg/kg MS et 600 mg/kg MS, doivent apparaître les teneurs sur
matière brute et la mention «produit contenant des oligo-éléments ; ne pas dépasser la
dose préconisée».
8) La(les) dose(s) d’emploi préconisée(s) exprimée(s) en masse de produit brut par unité de
surface (pour les plantations, exprimée(s) par unité de volume) et les autres indications
spécifiques d’emploi, de stockage et de manutention, notamment les consignes d’hygiène
et de sécurité. Stipuler le cas échéant «Ne pas dépasser la dose préconisée» et «non
utilisable pour cultures maraîchères».
9) Le nom ou la raison sociale ou la marque, ainsi que l’adresse du responsable de la mise
sur le marché.
10) La marque du fabricant, la marque du produit, les dénominations commerciales et, le cas
échéant, toute marque de garantie et/ou de certification.

31
2- Marquage facultatif
1) Le mode d’obtention dont le type de transformation et le traitement le cas échéant .
2) Des matières premières représentant moins de 5 % en masse sur le produit brut, avec la
mention «moins de 5 %».
3) La composition granulométrique, exprimée en pourcentage de matière sèche (expression
en % de produit passant au tamis à la maille de x mm suivant la maille du tamis
caractérisant 80 % du produit sec).
4) Les teneurs de P2O5 et K2O Total, pour des teneurs inférieures à 0,5 %.
5) Les résultats des tests sur le fractionnement biochimique de la matière organique et sur la
minéralisation potentielle du C et du N.
6) La classification agronomique du produit.
7) La masse volumique.

C- Cahier des charges de production végétale biologique

Article 9:
La fertilité et l’activité biologique du sol doivent être maintenues ou augmentées par:
2) L’incorporation dans le sol des matières organiques végétales et animales:
-compostées et provenant d’exploitations d’élevages intensifs.
-non compostées et provenant d’exploitations d’élevage biologique.

Article 10:
Pour l’activation du compost, on peut utiliser les préparations suivantes:
-préparations à base de micro-organismes ou de végétaux.
-préparations biodynamiques de poudre de roche, de fumier de ferme ou de végétaux.

32
1-9-Création d’un projet de production de compost
Les composantes d’un projet de production de compost sont:
-Construction d’un parc.
-Construction d’un espace couvert.
-Aplatir la terre ou bien la cimenter.
-Construction d’un bassin d’eau.
-Equipements et matériels de transport des déchets organiques.
-Matériels de taille des arbres.
-Broyeur.
-Retourneur.
-Tamiseur.
-Ensacheur.
-Balance.
-Matériels manuels: Brouette, tuyau, pelle, thermomètre (ou bien hygro-thermomètre),
fourchette, …
-Sacs plastiques.

33
Dans une unité de production de compost, on doit avoir:
-Un espace de réception des déchets organiques (quantité, types).
-Un espace de tri des déchets ménagers.
-Un local pour l’administration (procédures administratives).
-Parc pour les équipements et les matériels.
-Un espace pour le broyage des déchets.
-Un espace pour la fermentation des déchets organiques.
-Un espace de maturation du compost.
-Un espace de tamisage et de stockage.
-Un bassin d’eau.

Les dimensions des différents espaces dépendent de la quantité reçue, de méthode du compostage, de
matériels et équipements acquis, type du compost et sa commercialisation.
Quelle que soit la taille de la plate-forme, le type de déchet traité et les différentes techniques mises en
œuvre, la succession des étapes suivantes est commune à toutes les installations.

a- La réception :
C’est une étape importante de contrôle de la qualité des déchets entrants sur la plate-forme, qui
permet un dernier tri avant le broyage et la mise en andains et pour l’organisation de la traçabilité
(prélèvement d’échantillons, pour les boues notamment, qui seront conservés jusqu’à l’utilisation du
lot de compost correspondant).

b- Le broyage :
Il est quasiment obligatoire lorsque des déchets ligneux sont utilisés. La plupart des broyeurs
utilisés sur les plates-formes industrielles sont des broyeurs à marteaux, qui éclatent et déchiquètent
les morceaux de bois dans le sens de leur longueur, ce qui offre une surface plus importante aux
micro-organismes responsables du compostage que lorsqu’ils sont broyés avec des broyeurs à
couteaux. Ces derniers découpent les morceaux de bois en tronçons, qui sont alors plutôt destinés à
faire des plaquettes pour le chauffage.
Les petits modèles de broyeurs pour particuliers (vendus en jardineries) sont généralement des
broyeurs à couteaux, qui fabriquent un broyat fin, bien adapté au compostage de petits volumes.

c- La fermentation :
Elle correspond à la phase de montée en température, avec dégradation poussée des molécules
labiles et de la cellulose. Ce sont surtout les bactéries qui sont actives au cours de cette phase. La
moitié du carbone présent au départ dans les matières organiques est dissipé dans l’atmosphère sous
forme de CO2. La durée de cette phase est de l’ordre de quelques semaines.

d- La maturation :
La durée de cette phase est de quelques mois. En pratique, les durées de maturation ont parfois
tendance à être insuffisantes sur les plates-formes, soit pour des raisons de place (les plates-formes les
plus anciennes avaient souvent été sous-dimensionnées), soit pour récupérer du structurant par
criblage, la concurrence avec la filière bois énergie étant de plus en plus vive.

e- Le criblage :
Il consiste à tamiser le compost en fin de maturation pour d’une part pouvoir commercialiser
un compost plus adapté aux besoins agronomiques et d’autre part récupérer le refus qui sera réutilisé
pour un nouveau lot de compost. Le criblage permet également d’ôter les quelques indésirables
(ferrailles, plastiques) qui auraient échappé à la vigilance du tri au moment de la réception des déchets.

f- Le stockage :
Le mieux est de le réaliser sous hangar, ou sous bâche, car les intempéries peuvent faire perdre
de la valeur au compost produit (dessèchement ou au contraire humidité trop forte, pertes possibles de
potassium par lessivage, ensemencement de graines de mauvaises herbes apportées par le vent, …
etc.).

34
Fig 19. Exemples de plate-forme de compostage

1-10-Intérêts du compostage
a- Réduction des volumes
La réduction des volumes est de l’ordre de moitié pour le fumier ou les déchets verts. Elle est
due aux pertes de carbone et d’eau, suivies de tassements, qui ont lieu pendant le compostage. Cette
réduction des volumes permet une réduction des stocks de fumier à épandre, dans un délai
relativement court puisqu’en six semaines en moyenne ces stocks sont diminués de moitié. Notons que
l’économie de temps réalisée grâce à la diminution des volumes à épandre couvre en général le temps
nécessaire à la fabrication du compost.

b- Concentrations en éléments nutritifs


Grâce à la diminution de masse, très supérieure à celle des fumiers de dépôts de même âge,
les composts sont plus concentrés en éléments fertilisants que les fumiers.

c- Assainissement vis-à-vis des phytopathogènes et des adventices


L’élimination des pathogènes est le fait d’un ou plusieurs des facteurs suivants :
- la chaleur atteinte durant la phase thermophile,
- les antagonismes microbiens,
- la toxicité de certains composés formés durant la décomposition des matériaux,
- l’action d’antibiotiques.
Les mécanismes autres que la température (antagonismes microbiens, antibiotiques, etc.) qui sont
beaucoup plus difficiles à mesurer, expliquent que l’élimination des pathogènes et des graines
d’adventices s’observe aussi bien au centre que sur les bords du tas où la température est plus basse.

d- Assainissement vis-à-vis des agents pathogènes et parasites des animaux


Les déjections animales contiennent les agents pathogènes et les parasites des animaux
malades ou sains en état latent. Ce problème empêche bien souvent l’épandage des matières
organiques sur prairie, ce qui les prive d’une possibilité de fertilisation et réduit les surfaces
d’épandage.
Pour les troupeaux de bovins très contaminés en Salmonelles (104 à 106 Salmonelles pour 100 g) ; un
compostage de 6 semaines à 2 mois, avec 2 retournements à 7 jours d’intervalle, dans de bonnes
conditions météorologiques (pas de pluie après retournement ou protection du tas), est une garantie
d’assainissement quel que soit le type de Salmonelle concerné. L’efficacité est maximale si la
température est maintenue au-dessus de 50°C pendant 3 à 4 semaines. Il suffit en effet d’une heure à
plus de 67°C pour détruire les Salmonelles, mais la durée minimale monte à 40 jours si la température
n’est que de 41°C.
De point de vue des parasites, le compostage réduit fortement la population d’Helminthes après 1
mois, mais il reste à vérifier si elle est détruite en totalité après plusieurs mois de compostage. La
population de Coccidies est en revanche complètement éliminée.

35
 
Les analyses bactériologiques montrent que le compostage est à l’origine de la disparition de la
population d’Escherichia coli, la destruction de la population d’Entérocoques, la destruction partielle
des anaérobies sulfito-réducteurs (Clostridium) et la destruction totale des Salmonelles.

e- Destruction partielle ou totale des résidus chimiques


Des études effectuées aux Etats-Unis sur les 200 pesticides les plus courants ont révélé la
présence en fin de compostage des produits les plus rémanents (le Chlordane: insecticide contre les
termites; le Pentachlorophénol: fongicide pour le traitement du bois; le Captan, le Lindane,… etc).
L’activité de dégradation biologique au cours du compostage détruit la plupart des molécules et les
résidus sont faibles ou nuls.

f- Absence d’odeur désagréable


Le compostage conduit à un produit qui rappelle l’odeur du terreau des litières de forêt. Même
en cours de compostage, il y a peu d’émission d’odeurs désagréable. Si de telles odeurs existent, elles
traduisent une évolution incorrecte du compostage (manque d’oxygène).

g-Homogénéité du produit final


Quel que soit l’équipement utilisé, les retournements opèrent un mélange des matières à
composter. Une des caractéristiques du compost est son homogénéité, ce qui facilite son épandage.
Les déchets verts et agricoles présentent en revanche une structure fragmentaire très hétérogènes.

h- Lutte contre les maladies des plantes


Une approche qui gagne de plus en plus d’intérêt dans le contexte du contrôle biologique
intégré des maladies phytopathogènes, a concerné la valeur potentielle des composts à supprimer
plusieurs maladies. En effet, plusieurs études ont démontré que les végétaux recevant un amendement
organique comme le compost ont tendance à être moins sujets aux maladies fongiques (Fusarium spp.,
Phytophthora spp., Pythium spp., …) et aux mauvaises herbes. Ainsi, de nombreux pathogènes ont été
supprimés par des composts de divers origines.

1-11- Quelques résultats d’utilisation du compost dans le sol :

Essai d’apport du compost dans le sol :


- Compost utilisé: 66% grignon d’olive + 17% fumier ovin + 17% fumier bovin.
- Quantité: 5 tonnes /ha en Janvier dans des oliveraies biologiques dans différentes régions
de la Tunisie.
- Les paramètres:
+La M.O après une année dès le premier épandage.
+L’activité biologique du sol.

Tab. 13. Evolution de la M.O. dans le sol

36
Tab. 14. Impact du compost sur le nombre des micro-organismes (UFC/g du sol)

Tab. 15. Diversification des micro-organismes (0 - 40 cm)

Quel est l’avantage de son utilisation?


• Richesse en humus.
• Apport des substances nutritives immédiatement disponibles pour les plantes.
• Stimulation de l’activité biologique du sol et amélioration de la structure et de la texture du
sol.
• Nourrir le sol tout en enrichissant le réservoir de matière organique du sol à évolution lente.
• Effet positif sur les organismes du sol, sa structure, l’infiltration, sa capacité de rétention de
l’eau, la stabilité des agrégats et la stabilisation de pH.
• Effet suppressif contre plusieurs maladies causées par les pathogènes du sol.
• Une solution pouvant contribuer à la diminution de la pollution par les déchets ménagers à
40%.

37
2- La méthanisation
C’est un procédé à la fois ancien et nouveau. Ancien car le phénomène naturel de fermentation en gaz
inflammable dans les marais a été identifié par VOLTA en 1776. Nouveau car la mise en œuvre
industrielle de cette biotransformation remonte aux années 1950, pour la digestion de boues, et au
début des années 1990 pour les déchets.

2-1- Quelques définitions


- C’est la digestion ou encore la fermentation de la matière organique en l’absence d’oxygène
sous l’action combinée de plusieurs types de micro-organismes. Ces micro-organismes sont
naturellement présents dans la nature.
- C’est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière
organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène, donc en milieu anaérobie,
contrairement au compostage qui est une réaction aérobie.
- La méthanisation est un procédé biologique se déroulant en absence d’oxygène et au cours
duquel la matière organique est convertie en biogaz (composé principalement de méthane, CH4, et de
dioxyde de carbone, CO2). Ce sont principalement des bactéries qui réalisent ces conversions. Cette
transformation est complexe, car il s’agit dans le cas des déchets de passer d’une forme solide (par
exemple un morceau de carton) à une forme soluble (par exemple des sucres ou des protéines) qui peut
être utilisée par les bactéries.

2-2- Les déchets concernés


a- Les ordures ménagères
Plus précisément la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM). Cette fraction
peut provenir de la séparation mécanique ou de la collection sélective des déchets. La séparation de
cette fraction à l’origine génère une FFOM avec des meilleures propriétés pour la digestion anaérobie.
L’utilisation de la méthanisation pour traiter ces déchets s’est développée dans les dernières années.
Les principaux objectifs sont réduire la quantité des déchets envoyés vers d'autres traitements
de déchets solides et en même temps recycler les nutriments contenus dans ces déchets.

b- Les boues de station d’épuration


Les boues sont produites durant le traitement des eaux résiduaires urbaines ou industrielles.
Les caractéristiques des boues dépendent de l’origine des eaux traitées (municipal, industriel, etc.…).
La digestion anaérobie est utilisée pour la stabilisation et la réduction de la quantité de boues. Le
biogaz produit couvre partiellement les besoins énergétiques de la station d’épuration.
Dans le cas du traitement des eaux usées, nous pouvons distinguer 3 types de boues pouvant
être digérées par voie anaérobie.
*Les boues primaires : Elles sont issues de la décantation des eaux usées en tête de process.
Ce sont les boues les plus fermentescibles pouvant être issues d’une STEP. Cette étape de décantation
étant située en amont du traitement, les boues sont très chargées en matière organique biodégradable.
*Les boues secondaires : Elles sont issues d’une étape de décantation située en aval de
bassins d’aération. Etant donné qu’une partie de la matière organique a déjà été stabilisée au cours du
traitement réalisé dans les bassins d’aération, la digestion anaérobie de ce type de boue est moins
intéressante du point de vue du rendement énergétique.
*Les boues mixtes : C’est un mélange des deux types de boues précédentes (Iaires +IIaires).

c- Les déchets industriels


Les déchets provenant des industries papetières, agro-alimentaires et pharmaceutiques sont
susceptibles d’être traités par méthanisation avant épandage ou enfouissement. L’énergie récupérée
couvre souvent les besoins énergétiques du procédé industriel.

d- Les déchets agricoles


Provenant des activités agricoles, voir déjections animales et résidus de cultures. Les
principaux objectifs sont la production d’énergie et l’amélioration des propriétés des produits utilisés

38
dans l’épandage. C’est une alternative utilisée plus souvent dans des pays avec une densité animale
élevée.

e- La biomasse
La culture de certaines «cultures énergétiques» avec le seul objectif de produire l’énergie,
devient de plus en plus une alternative énergétique pour certains pays.

2-3- Différences entre compostage et méthanisation


a- Le bilan énergétique
Lors de la décomposition aérobie, une quantité relativement importante d’énergie est
nécessaire pour assurer l’aération du substrat. Lors de la décomposition même qui est une combustion
biologique, une quantité importante d’énergie est libérée. Cette énergie est dégagée sous forme de
chaleur, mais de température relativement peu élevée (60-70°C).
De ce fait, cette énergie ne peut qu’exceptionnellement être utilisée directement. Aucune chaleur n’est
dégagée lors de la décomposition anaérobie. Le cas échéant, le substrat doit même être réchauffé à la
température de fermentation désirée.
Le biogaz produit est, par contre, un agent énergétique de haute valeur qui peut être utilisé pour la
production d’électricité ou de chaleur ainsi que pour faire fonctionner des moteurs.
Alors que beaucoup d’énergie doit être investie lors de la fermentation aérobie, une quantité
importante d’énergie utilisable est libérée lors de la fermentation anaérobie.

b- Les produits de dégradation


Lors de la fermentation aérobie, une biomasse de micro-organismes relativement
importante est formée en plus du CO2. Lors de la décomposition anaérobie, les produits résultants
principaux sont du méthane combustible et du CO 2. La biomasse produite lors de ce processus est peu
importante.

c- Les phases impliquées lors de la dégradation


En général, quatre phases sont impliquées lors de la dégradation aérobie où l’oxygène
est indispensable. Alors que les bactéries anaérobies n’ont pas besoin de substance gazeuse comme
matière première. Le biogaz produit est un produit non nécessaire au processus lui-même.

d- L’infrastructure technique
Un réacteur isolé et étanche au gaz, ainsi qu’une infrastructure pour l’utilisation du
gaz sont nécessaire pour la méthanisation. Une telle infrastructure demande en général une
infrastructure technique plus importante qu’une installation de compostage aérobie. Par contre, la
place nécessaire pour la décomposition anaérobie est moins importante.

2-4- Le processus de méthanisation


C’est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière
organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène, donc en milieu anaérobie,
contrairement au compostage qui est une réaction aérobie.
La digestion anaérobie est une réaction biologique multi-étapes impliquant une multitude de micro-
organismes qui forment un réseau trophique. Quatre grandes étapes permettent la transformation de la
matière organique complexe en molécules simples que sont le méthane et le dioxyde de carbone :
l’hydrolyse, l’acidogenèse, l’acétogenèse et la méthanogenèse. A chacune de ces étapes, des micro-
organismes particuliers sont impliqués et les « déchets » des uns alimentent les autres.

a- L’hydrolyse
L’hydrolyse est la première étape de la digestion anaérobie. Au cours de celle-ci, les
molécules complexes sont transformées en molécules plus simples, de type monomère. Les
polysaccharides (cellulose, hémicellulose) sont ainsi découpés en sucres simples comme le glucose,
les protéines en acides aminés et les lipides en acides gras.
Les micro-organismes impliqués dans l’étape d’hydrolyse sont des bactéries à métabolisme anaérobie
strict ou facultatif. La présence d’enzymes extra-cellulaires telles que les cellulases, xylanases,

39
amylases ou lipases permet de faciliter la décomposition des matières complexes, et d’accélérer cette
étape. Dans la grande majorité des modèles cinétiques existants, l’étape d’hydrolyse est l’étape
limitante de la digestion anaérobie.

b- L’acidogenèse
Cette étape permet de transformer les monomères produits pendant l’hydrolyse en acides
gras volatils (AGV) (acétate, propionate, butyrate,…), en alcool (éthanol), en hydrogène et en dioxyde
de carbone. Elle est réalisée par des bactéries anaérobies facultatives. Cette biomasse est la même que
pour l’étape d’hydrolyse.
L’acidogenèse est un mécanisme intracellulaire qui nécessite que les molécules pénètrent
dans la membrane des bactéries. Son rendement énergétique étant élevé, cette réaction reste possible à
des concentrations en produits (AGV, alcool,…) élevées, soit à des pH faibles.
En cas de surcharge organique, l’acidogenèse peut provoquer l’inhibition totale ou partielle de la
digestion anaérobie. En effet, la cinétique de l’acidogenèse étant beaucoup plus élevée que celles des
autres étapes, elle peut provoquer une accumulation d’acides gras volatils (AGV), et par suite, une
diminution du pH défavorable à la croissance des microorganismes méthanogènes.
Ceci peut être évité à condition qu’une communauté microbienne adaptée soit présente lors du
démarrage de la digestion anaérobie.

c- L’acétogenèse
Cette étape intracellulaire regroupe l’ensemble des réactions conduisant à la production
d’acétate. Deux groupes de bactéries dites acétogènes sont impliqués lors de cette étape. Le premier
groupe impliqué est constitué des bactéries acétogènes productrices obligées d’hydrogène (OPHA :
Obligate Hydrogen Producing Acetogens).
La thermodynamique de l’acétogenèse ne permet pas une consommation spontanée des AGV (ΔG 0 >
0) à moins de réduire la pression partielle de l’hydrogène dans le milieu réactionnel, c’est-à-dire de
consommer instantanément l’hydrogène produit. Cette voie métabolique n’est donc possible qu’en
présence de microorganismes consommateurs d’hydrogène, comme les méthanogènes.
Le deuxième groupe de bactéries acétogènes est constitué des bactéries dites homoacétogènes. Elles
produisent l’acétate à partir de substrats carbonés ou de dioxyde de carbone et d’hydrogène. En
consommant l’hydrogène présent dans le milieu réactionnel, elles participent au maintien des
conditions optimales de fonctionnement des OPHA.

Fig 20. Le processus de méthanisation.

40
d- La méthanogenèse
Les micro-organismes impliqués dans cette dernière étape ont un métabolisme anaérobie
strict et appartiennent au domaine des Archaea. Elles permettent la production de méthane à partir des
produits des étapes précédentes selon deux voies métaboliques principales : la méthanogenèse
hydrogénophile et la méthanogenèse acétoclastique.
Les méthanogènes hydrogénophiles produisent du méthane à partir de dioxyde de carbone et
d’hydrogène, participant également au maintien d’une faible pression en hydrogène pour le
développement des bactéries acétogènes.
Les méthanogènes acétoclastes utilisent de l’acide acétique, du méthanol et des méthylamines pour
fabriquer du méthane. Dans un digesteur, 60% à 70% de la production de méthane provient des
méthanogènes acétoclastes.

2-5- L’environnement réactionnel


Les étapes de la digestion anaérobie se déroulent en parallèle dans un seul et même milieu
réactionnel. La grande diversité des microorganismes impliqués rend l’équilibre de ce système
biologique très fragile et sensible aux conditions physico-chimiques ambiantes.

a- La température
Plusieurs gammes de températures permettent la mise en œuvre du processus de digestion
anaérobie. Dans les conditions psychrophiles, le milieu réactionnel est maintenu à des températures
comprises entre 10 et 20°C Historiquement, ce procédé était très utilisé dans les années 1980 lorsque
le biogaz servait pour le chauffage.
Entre 20 et 45°C, on parle de digestion anaérobie mésophile qui est la plus employée de nos jours et en
particulier par les unités de méthanisation à la ferme. Généralement équipées de co-génératrices, ces
unités utilisent la chaleur produite sur site pour maintenir les digesteurs à une température comprise
entre 35 et 40°C. Au-delà de 45°C et jusqu’à 65°C, la digestion est dite thermophile. Ce type de
procédé nécessite plus d’énergie pour le maintien des conditions de température, mais présente des
avantages sanitaires, permettant l’élimination d’un plus grand nombre de germes pathogènes que les
réacteurs mésophiles et psychrophiles.
Les conditions mésophiles et thermophiles sont équivalentes en terme de rendement de méthane
produit sur une grande variété de substrats. En conditions psychrophiles en revanche, les rendements
rapportés sont plus faibles : 30% en moins pour les fumiers de bovins et 22% en moins pour les boues
de station d’épuration. Travailler en conditions thermophiles permet d’augmenter les cinétiques de
production de méthane par rapport aux conditions psychrophiles et mésophiles. Ainsi, le temps de
séjour des solides peut être raccourci et le volume de digesteur diminué. Ces conditions permettent
également de favoriser l’étape d’hydrolyse qui peut toutefois être à l’origine d’une accumulation
d’AGV (Acide Gras Volatils) et inhiber le système s’il n’est pas bien contrôlé.

b- Le pH
A chaque étape de la digestion anaérobie correspond un pH optimal de fonctionnement pour les
microorganismes impliqués. Les étapes d’hydrolyse et d’acidogenèse montrent de meilleures
performances à des pH compris entre 5,5 et 6,5. L’acétogenèse a un pH de fonctionnement alcalin
compris entre 8 et 11 et avec une production maximale d’acétate à pH 8.
La dernière étape (la méthanogenèse) trouve son optimum autour de la neutralité. Le pH optimal de la
méthanisation se situe entre 6,5 et 8,5.
Ces valeurs de pH sont à mettre en relation avec la présence de certains composés chimiques
potentiellement inhibiteurs. Un pH alcalin par exemple favorisera la formation d’ammoniac sous
forme de NH3, qui est l’un des principaux composés inhibiteurs de la digestion anaérobie).
A l’inverse, les pH faibles conduisent à la formation de sulfure d’hydrogène (H 2S), également
inhibiteur de la réaction.

c- L’alacalinité
L’alcalinité d’un réacteur, souvent assimilée à son pouvoir tampon, renseigne sur sa
capacité à maintenir un pH stable dans le milieu réactionnel au cours de la digestion anaérobie. La
force du pouvoir tampon est principalement liée à la présence du couple bicarbonate / dioxyde de

41
carbone. D’autres ions peuvent toutefois participer au pouvoir tampon, comme l’ammonium.
L’alcalinité dépend aussi du ratio substrat/biomasse introduit dans les réacteurs.
Comme pour le pH, la force du pouvoir tampon doit être judicieusement choisie. Les réacteurs avec un
pouvoir tampon élevé (entre 17,2 et 19,8 gCaCO3.L -1) supportent un taux de charge organique élevé
mais peuvent être sujets à une inhibition par l’azote ammoniacal. A l’inverse, les réacteurs avec un
pouvoir tampon plus faible (entre 1,5 et 2,0 gCaCO3.L -1) ont vu leur quantité d’AGV augmenter et
leur pH chuter jusqu’à l’inhibition du système.
Les micro-organismes de la digestion anaérobie utilisent la matière organique comme
source de carbone et d’énergie mais ont cependant besoin d’autres éléments pour se développer. Ceux-
ci sont des macroéléments, comme l’azote et le phosphore, et des microéléments, comme le fer, le
nickel, le zinc, le magnésium, le calcium, le sodium et le cobalt.

d- Les co-facteurs
Les études actuelles ne permettent pas de donner avec précision les besoins des
microorganismes concernant ces éléments, mais une carence peut causer un dysfonctionnement de la
digestion.

2-6- L’environnement réactionnel


L’équilibre physico-chimique d’un réacteur de méthanisation dépend d’un grand nombre de
facteurs. Chaque déséquilibre entraine l’accumulation de différents composés inhibiteurs et un
potentiel dysfonctionnement de la chaine trophique.

a- Les acides gras volatiles


Les acides gras volatiles (AGV) sont des intermédiaires réactionnels de la réaction de
méthanisation dont la concentration influe sur le pH des digesteurs. Parmi tous les AGV, l’acide
propionique est considéré comme le plus toxique pour la digestion anaérobie et agit principalement sur
l’étape d’hydrolyse. Pour des concentrations en acide propionique supérieures à 1 g.L -1 , un ratio acide
propionique / acide acétique inférieur à 1 est préconisé afin d’éviter de possibles inhibitions étant
donné la faible vitesse de consommation de l’acide propionique par rapport aux autres AGV. De façon
générale, l’accumulation d’AGV indique une charge organique trop importante dans un digesteur.

b- L’ammoniac
Lors de la digestion anaérobie, l’ammoniac (NH 3) est principalement produit par
dégradation de la matière organique azotée, comme les protéines ou l’urée. Pour des pH inférieurs à
9,2, on le trouve majoritairement sous sa forme ionisée, l’ammonium (NH 4+). La membrane des
microorganismes étant perméable au NH 3, cette forme est la plus inhibitrice, agissant directement sur
le pH intracellulaire et sur certaines réactions enzymatiques.
Entre 1,7 et 14 g.L-1 d’ammoniac, le volume de méthane produit diminue de 50% selon le substrat et
les conditions de dégradation imposées. Une augmentation de la température, par exemple, augmente
la toxicité de l’ammoniac. Pourtant, l’ammoniac est également un nutriment indispensable au
développement des microorganismes. Pour des concentrations inférieures à 0,2 – 0,5 g.L -1 , le manque
d’ammoniac est responsable des faibles performances de la digestion.
Les microorganismes méthanogènes ont été identifiés comme étant les plus sensibles à l’inhibition par
l’ammoniac. Cette inhibition empêche la consommation d’AGV, et en particulier de l’acétate, pouvant
conduire à leur accumulation, accompagnée d’une baisse de pH.

La baisse de pH peut elle-même permettre une transformation du NH 3 en NH4+ et donc baisser le


pouvoir inhibiteur du NH3. Un état « stable inhibé » peut donc se mettre en place grâce à l’interaction
entre l’ammoniac, les AGV et le pH. Par ailleurs, la présence de certains ions, comme le sodium, le
calcium et le magnésium, permettait d’abaisser la toxicité de l’ammoniac.

42
c- Le Sulfure d’hydrogène
Le sulfure d’hydrogène (H2S) est la forme protonée de l’ion sulfure (S2-), lui-même produit
à partir des formes oxydées du soufre (sulfate (SO 42-), sulfure (SO32-) ou thiosulfate (S2O32-)) lors de la
digestion anaérobie. Ce gaz soluble dans l’eau, à l’odeur caractéristique «d’œuf pourri», est mortel
pour l’homme à des concentrations supérieures à 700 ppm dans l’atmosphère.
Lors de la dégradation de matière organique, la réduction des formes oxydées du soufre est réalisée
par des bactéries sulfato-réductrices (BSR). Les BSR participent également à la dégradation des AGV,
de l’éthanol et de l’hydrogène, entrant ainsi en compétition avec les acétogènes microorganismes et
méthanogènes.
Cette compétition peut entrainer une pénurie d’intermédiaires réactionnels et un dysfonctionnement de
la chaine trophique, allant jusqu’à l’arrêt de production de méthane.

d- Les ions métalliques


Les ions métalliques sont nécessaires au développement des microorganismes mais peuvent devenir
inhibiteurs au-delà d’une certaine concentration. Les anions, en particulier, ont été identifiés comme
les inhibiteurs prédominants.
Cependant, pour chacun de ces ions, des phénomènes d’acclimatation des microorganismes permettent
de repousser les seuils de toxicité.

Tab. 16. Les ions métalliques inhibiteurs

2-7- Principes de fonctionnement


a- Digestion humide / Digestion sèche
Les systèmes de digestion humide présentent de grandes similarités avec les procédés de
digestion de boues d’épuration. Dans ces réacteurs, la teneur en eau est ajustée de manière à retrouver
une teneur proche de 10-15% de matière sèche. Les déchets sont préalablement mélangés dans un
réacteur pouvant éventuellement être adjoint à un traitement mécanique et/ou thermique (pulpeur), qui
permet de conférer au mélange la consistance souhaitée pour la méthanisation. Le digesteur
proprement dit est généralement une cuve agitée.
La digestion sèche est une technique qui permet de maintenir les résidus dans leur état d’origine sans
d’importants ajouts d’eau. Elle se caractérise par une teneur en eau comprise entre 20 et 40%, ce qui
confère au milieu de fermentation une consistance non pas sèche, mais pâteuse (ou semisolide), avec
une faible quantité d’eau libre.
Le prétraitement nécessaire est simplement un criblage à une taille de l’ordre de 40 mm, bien que l’on
trouve également des installations fonctionnant avec des tailles supérieures (80 voire 100 mm).

b- Mésophile / thermophile
La température influence principalement les vitesses de réaction au sens large, qu’elles
soient chimiques ou biologiques : nous trouvons ainsi des procédés mésophiles (35°C) et

43
thermophiles. La température améliore la vitesse de dégradation et de formation de méthane (mais pas
la quantité de méthane produit). Ainsi, les méthaniseurs pour la digestion de la fraction fermentescible
des ordures ménagères fonctionnent à des charges plus faibles et des temps de séjours plus longs en
mésophile qu’en thermophile. La conduite d’un réacteur thermophile permet une meilleure
hygiénisation vis-à-vis de certains germes pathogènes. Enfin, la digestion thermophile améliore la
fluidité des lipides (graisses). Cependant, elle est également réputée plus fragile face aux inhibiteurs,
notamment l’azote ammoniacal.

Tab 17. Principales différences de deux champs de températures.

2-8- Les sous-produits et leurs caractéristiques

Fig 21. Le fonctionnement d’un méthaniseur.

a- Le biogaz
Le biogaz est principalement constitué de méthane combustible et de gaz carbonique inerte.
D’autres gaz peuvent venir s’ajouter de façon minoritaire dans la composition du biogaz : hydrogène,
sulfure d’hydrogène (H2S). La teneur de ces gaz dépend étroitement du déchet traité et du degré
d’avancement de la méthanisation.
Le pouvoir calorifique d’un combustible est la quantité de chaleur dégagée par la combustion
complète de l’unité de quantité de combustible. Le PCI est le pouvoir calorifique inférieur lorsque
l’eau produite par cette combustion reste à l’état de vapeur. Le PCI du méthane à 0°C à pression
atmosphérique est de 9,94 kWh/m3.
Pour le biogaz, le PCI sera proportionnel à sa teneur en méthane (par exemple, pour un biogaz
contenant 70% de méthane, le PCI sera de 9,94 x 0,7 = 6,96 kWh/m 3).

44
Tab 18. Composition d’un biogaz.

b- Le digestat
Le résidu solide non digéré (ou digestat) est constitué de la fraction peu ou difficilement
biodégradable du déchet entrant. Dans le cas de résidus organiques, la méthanisation est analogue du
point de vue des transformations biochimiques à ce qui se passe lors de la phase de fermentation en
compostage.
Le digestat peut ainsi être post-composté et aura, après maturation, des propriétés agronomiques
analogues à celle d’un compost qui aurait été élaboré avec les mêmes produits initiaux.
Dans le cas des ordures ménagères résiduelles, qui contiennent une teneur importante en plastiques et
en métaux, la valorisation agronomique est plus problématique.
En fonction du procédé de méthanisation choisi, du type de maturation prévu et des possibilités locales
de traitements des effluents, il est possible de déshydrater le digestat pour générer une fraction liquide
(jus) qui pourront en partie être re-circulés ou qui devront être traités avant rejet au milieu naturel et
une fraction solide (gâteau) qui sera envoyé en post-compostage.

2-9- Les avantages de la méthanisation


*Le biogaz est débarrassé du CO2 et est purifié de façon plus ou moins poussée selon l’usage qu’on en
fait. Il est utilisé de plusieurs façons :
• Soit pour alimenter un moteur de cogénération et produire ainsi de l’électricité et de la
chaleur.
• Soit en chaudière pour alimenter un réseau de chaleur.
• Soit le biogaz est épuré pour avoir la même qualité que le gaz naturel: on parle alors de
biométhane. Ce biométhane peut être injecté dans le réseau de gaz naturel ou utilisé comme
biométhane carburant dans les véhicules qui roulent ou Gaz Naturel Véhicule (GNV).

*Le digestat peut être :


• Soit épandu directement selon un plan d’épandage.
• Soit séparé en deux phases : Phase solide (fumure de fond) et phase liquide (riche en
minéraux).

*Réduction des émissions de gaz à effet de serre :


Les matières organiques en fermentation dans des conditions anaérobies (sans oxygène) émettent
naturellement du méthane, dont l’effet de serre est 20 à 25 fois plus important que celui du CO 2 émis
lors de la combustion de méthane. De plus, ce CO 2 fait partie du cycle de vie naturel de la biomasse et
n’est pas d’origine fossile. En permettant de capter le méthane pour produire de l’énergie, la
méthanisation permet de contrôler les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
L’utilisation de biométhane à la place du gaz naturel permet d’économiser du gaz naturel et remplace
des émissions « artificielles » de CO2 par des émissions « naturelles ».

*Respect du cycle de vie des matières méthanisées : Pendant sa croissance, la biomasse puise des
ressources dans le sol et capte du CO 2. Après méthanisation, la matière est retournée au sol qu’elle
enrichit, limitant ainsi l’usage d’engrais chimiques

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*Production d’énergie renouvelable à l’échelle locale : L’énergie produite à partir du biogaz est une
énergie renouvelable car le méthane n’est pas d’origine fossile comme dans le gaz naturel par
exemple, mais produit à partir de déchets organiques. Plus important encore, il s’agit d’une énergie
produite localement.

*Gestion durable des déchets organiques sur le territoire

*Création d’emplois locaux non délocalisables (lors de la conception et construction de sites, puis
pour le transport, fonctionnement et maintenance).

*Réduction de l’achat des engrais par la valorisation du digestat;

*Revenus complémentaires par la production et la vente d’électricité ou de biométhane;

*Diversification de revenus pour les exploitations agricoles, et réduction des coûts d’intrants (engrais,
phytosanitaires, énergie);

*Création de revenus pour les territoires ruraux : taxes;

*Création d’une économie et d’une dynamique de marché autour de la méthanisation.

2-10- Règlement en matière de biogaz dans l’agriculture biologique

Comme règlement de base ciblant l’ensemble des agriculteurs bio de l’Union européenne
fournit quelques critères indirects relatifs à la production de biogaz sur les fermes bio, en imposant
l’obligation de minimiser l’utilisation de ressources non renouvelables et en répertoriant les substances
autorisées comme engrais sur les fermes bio.

Le groupe de l’UE de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique


(IFOAM), en sa qualité d’organisation faîtière comprenant des organisations nationales
d’agriculteurs bio, teste actuellement auprès de ses membres une version d’essai des normes
SUSTAINGAS pour une production durable de biogaz en agriculture biologique. Les normes d’essai
incluent les recommandations suivantes :

-Objectifs : La production de biogaz doit fournir à la ferme des opportunités de revenus et


être adaptée à son contexte socioéconomique. Elle doit contribuer à sa durabilité globale, ainsi qu’aux
principes d’équité, santé, écologie et soin. Elle devrait améliorer le recyclage des éléments nutritifs et
réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle ne doit pas avoir un impact négatif sur le paysage et
la biodiversité.

-Sources de biomasse : La mise en concurrence avec la production d’aliments doit être


évitée ; les principales matières premières utilisées sont les résidus des exploitations et le matériel
végétal des zones de conservation. L’utilisation de biomasse provenant de fermes non biologiques
devrait être limitée et progressivement diminuée, pour privilégier les sources locales.

Les règles relatives aux engrais et aux intrants agricoles exposées dans les règlements (CE)
n°834/2007 et 889/2008 doivent être respectées.

-L’utilisation du digestat comme engrais : La fertilité durable des sols constituant l’un
des objectifs de l’agriculture biologique, le digestat devrait avant tout être utilisé sur la ferme. Dans
l’hypothèse où le substrat proviendrait de l’extérieur, cette règle pourra être altérée en conséquence.

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Les législations de l’UE et nationales (telles que la directive sur le lisier, les règles en matière
d’hygiène, la directive sur les nitrates) s’appliquent.

-Efficacité énergétique et gaz à effet de serre : Les émissions de méthane doivent être
évitées (et maintenues bien en deçà des 5 %) grâce au recours à des cuves hermétiques et à des
installations de stockage couvertes. L’efficacité énergétique doit être optimisée, en utilisant par
exemple la chaleur résiduelle.

-Planification et construction : Dès la phase de planification, la performance


environnementale doit être prise en compte de manière systématique : les distances de transport
doivent être réduites le plus possible, l’efficacité énergétique maximale doit être recherchée et les
émissions de gaz à effet de serre évitées.

Tab.19. Aperçu des secteurs de l’agriculture et du biogaz dans quelques pays européens.

2-11- L’optimisation de la durabilité de la production de biogaz

 Donner la priorité au traitement du fumier. Ce dernier possède le plus grand potentiel en


matière de réduction des émissions.
 L’utilisation des résidus et des déchets offre une opportunité supplémentaire de convertir la
biomasse en énergie, en contrepartie d’émissions de carbone très faibles.
 Réduire la part des cultures énergétiques. Les cultures dérobées telles que le trèfle constituent
une bonne alternative associée à des effets bénéfiques sur les sols, l’eau, la biodiversité et le
bilan d’émissions de gaz à effet de serre.
 Lorsque des cultures énergétiques sont utilisées, elles doivent être cultivées sur des terres
précédemment non utilisées (afin d’empêcherle changement indirect d’affectation des terres),
à l’aide de méthodes agricoles biologiques et en prenant des mesures visant à empêcher les
effets négatifs sur la fertilité des sols et la disponibilité en eau.
 L’utilisation du matériel issu des zones de conservation (tels que les résidus de la fauche des
prairies) contribue à la protection du paysage et de la biodiversité.
 Éviter les fuites de méthane au niveau de l’installation de biogaz, étant donné qu’il s’agit d’un
gaz à effet de serre extrêmement puissant.
 Couvrir les installations de stockage. La plupart des émissions de méthane d’une installation
de biogaz émanent de cette source.

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