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LE PARDÈS

Par José MOINDROT

Le PaRDèS est une méthode exégétique qui fut employée (inventée ?) par les maîtres
talmudistes et kabbalistes, les Pères de l’Eglise et jusqu’aux scholiastes. Traditionnellement
réservée aux textes sacrés, son étude permet de découvrir qu’on peut l’appliquer à d’autres
domaines, historiques, artistiques ou personnels. Après l’exposition théorique, l’exemple
classique du Cantique des Cantiques et celui plus original du Tarot qui s’y prête
particulièrement bien, nous étendrons cette méthode à trois domaines hors de l’herméneutique
habituelle. Familier de l’Egypte ancienne et du Moyen-Age, nous avons choisi la création de
l’Ordre de la Toison d’Or et l’analyse d’une fresque égyptienne célèbre (mais d’autres
exemples en d’autres époques et cultures auraient pu l’être) ainsi qu’une anecdote
personnelle.
La tradition juive voyait dans l’étude d’un texte, quatre niveaux de compréhension ou
d’interprétation, correspondant au corps, à l’âme, à l’esprit et à l’indicible ou aux quatre
Sphères de l’Arbre séphirotique et symbolisés par les quatre bras du fleuve qui sortait du
Paradis :
 le Pshat, la vision des choses, sens obvie, littéral, historique, d’un mot signifiant simple,
ordinaire, clair, facile, évident et du verbe pashot, ôter, enlever un vêtement ou une peau,
déshabiller, épouiller, écorcher ;
 le Rémèz, sens allusif, symbolique, d’une racine signifiant insinué, suggéré, faire signe,
clin d’œil, signe, et souvent illustré par des aggadoth, récits légendaires ou folkloriques ;
 le Drash (ou dérasha), interprétation homilétique parfois pointilleuse, du verbe darosh,
chercher, interpréter, examiner, commenter, expliquer, d’où dérive le mot midrashim,
légendes ou commentaires, développant les textes ;
 le Sod (secret), sens secret, mystique ;

et dont l’acronyme, petit "truc" mnémotechnique, donne PRDS, lu PaRDèS, le Paradis


(Zohar III) mot d’origine perse se trouvant dans le Talmud et en kabbale, mais non dans la
Bible.

Ils pourraient correspondre aux quatre causalités d’Aristote qui déterminera toute la philosophie
médiévale :
 causa materialis, cause matérielle ;
 causa formalis, cause formelle (forme souhaitée) ;
 causa efficiens, cause efficiente, action ;
 causa finalis, cause finale qui ne relève que de l’âme.

Qu’elle soit d’origine juive ou chrétienne, cette idée fut partagée par les Pères de l’Eglise et les
Scholastiques. Saint Thomas d’Aquin écrivait dans sa Somme :
« Il y a plusieurs sens dans les Ecritures, le sens historique ou littéral et le sens spirituel qui se
divise lui-même en trois autres : allégorique, moral, anagogique ».

« Littera gesta docet, quid credas allegoria,


Moralis quid agas, quo tendas anagogia. »
« La lettre enseigne les faits, l’allégorie ce qu’il faut croire, la morale ce qu’il faut faire,
l’anagogie ce à quoi il faut tendre » selon la célèbre citation de Nicolas de Lyre. 1

1
Après des études rabbiniques, Nicolas de Lyre (1270-1340), né près d'Evreux de parents juifs, se convertit et
entre chez les Cordeliers. Bien en cour, il fut un des théologiens les plus renommés du début du XIVe s. On peut
lire ses gloses dans la Bible offerte par le duc Jehan de Berry au pape Clément VII, vers 1390 (B.N. ms lat. 51).

1
Dante le rappelle aussi dans Il Convivio (le Banquet, II, 1) :
« Il faut savoir que les écritures se peuvent entendre et se doivent exposer principalement selon
quatre sens. L’un s’appelle littéral et c’est celui qui ne s’étend pas plus outre que la lettre (...) L’autre
s’appelle allégorique, et c’est celui qui se cache sous le manteau de ces fables (...). Le troisième sens
s’appelle moral (...). Le quatrième sens s’appelle anagogique, c’est-à-dire sur-sens ; et c’est quand
spirituellement on expose une écriture, laquelle (...) vient par les choses signifiées bailler signifiance
des souveraines choses de la gloire éternelle ».
Cette analyse était connue des premiers kabbalistes chrétiens comme en témoigne Pic de la
Mirandole dans son Apologia (1487) : « Comme il y a chez nous une quadruple interprétation possible
de la Bible, c’est-à-dire l’interprétation littérale, mystique ou allégorique, tropique ou anagogique, il
en est de même chez les Hébreux. Le sens littéral s’appelle chez eux Peschat, l’allégorique Midrach,
le tropique Sechel (inversion erronée de l’auteur) et l’anagogique, qui est le plus sublime et le plus
divin de tous, Kabbala. » 2
Nous allons ainsi du plus extérieur au plus intime, du manifeste au plus secret, de l’exotérisme à
l’ésotérisme, voire au mystique et à l’indicible. Mais cette lecture à quatre niveaux n’est pas un ordre
hiérarchique ; aucun ne doit être négligé, tous sont nécessaires et utiles, l’idéal étant de pouvoir
appréhender tous les niveaux à la fois. Privilégier le spirituel sans se préoccuper du manifesté, c’est
risquer de perdre le contact avec la réalité ; ne percevoir que l’écorce, c’est se priver de l’essentiel.

Le Tarot se prête aussi à ces quatre niveaux d’exégèse. Le second est le plus répandu dans les
nombreux ouvrages de tarologie : symbolique, couleurs, allusions mythologiques tous azimuts dans
une profusion d’informations manquant parfois de rigueur, certes satisfaisante pour l’intellect, moins
pour l’intelligence de la carte.
Le troisième, le Drash, connaissance intuitive selon le Zohar (II 36b), serait la lecture divinatoire,
mantique du jeu puisque le verbe darosh peut signifier rechercher, s’informer, interroger, consulter,
élucider, et, dans une expression, consulter les devins (darosh al ha-avoth). 3 Enfin, le niveau secret
(Sod), la signification la plus "close", serait la Kabbale des souffles et des énergies à laquelle l’étude
des images donne accès car :
« Toujours le littéral doit passer en avant, comme étant celui en la sentence duquel les autres sont
enclos, et sans lequel serait impossible et irrationnel de s’apenser aux autres (...) parce qu’en toute
chose ayant dedans et dehors, est impossible d’arriver au dedans si premier l’on n’arrive au dehors.»
(Il Convivio II, 8-9).

Si Dante insistait en ces termes sur son importance, c’est que le Pshat littéral révèle le Sod secret et
que celui-ci contient le Pshat ; ils sont étroitement imbriqués l’un dans l’autre (Gaon de Vilna, XVIIIe
siècle). Or, ce premier niveau, le plus simple, le plus littéral a souvent été négligé par les "tarologues".
Si quelques historiens de l’art se sont penchés sur les origines du tarot, peu d’auteurs ont recherché la
genèse de chaque lame, son évolution, la synthèse des différentes images dont elle est l’aboutissement.
Sans oublier la lecture alchimique que l’hébreu fait apparaître et qui affleure de façon évidente dans
les arcanes (du latin arcanum, secret) dès qu’on les compare au très riche corpus iconographique
hermétique de l’époque, et particulièrement le tarot de Marseille qui semble avoir été ré-informé et
remanié sur ce plan, redessiné comme on réécrit un texte. Elle recoupe à elle seule les quatre niveaux :
le littéral est l’opératif ; le symbolique, l’intelligence des "ymages" qu’offrent traités hermétiques et
œuvres "philosophales" mais aussi des signes du grand Livre de Nature (théorie des signatures chère à
Paracelse). Au moral, l’éthique, la probité, la vie conforme aux commandements divins puis la Charité
dont doit faire preuve l’Adepte, mais aussi le cheminement intérieur, son évolution psychologique qui
influencera l’opératif (et inversement), son "individuation" croissante selon la théorie de Jung. Enfin,
le niveau secret, l’intuition, l’état de grâce, la prière, le Donum Dei sans lequel rien n’est possible.

2
Opera, Bâle 1557, cité par G. SCHOLEM, la Kabbale et sa symbolique, où cette question est largement
développée.
3
"Recherchez (dirshou) Moi" dit IHWH (Am 5,4.6) dans le sens de "Demandez Moi, consultez Moi".

2
Commençons par la Bible.

hmlwl rwa Myrywh ryw


Shir ha-shirim asher li-shélomoh, Cantique des Cantiques, attribué selon le texte lui-même et la
Tradition au roi Salomon. "Le plus beau chant du monde" selon Rabbi Aqiva (40-135 de notre ère)
dont l'opinion fut déterminante pour la canonicité de ce texte : « L'Univers entier n'est pas digne du
jour où le Cantique des Cantiques fut donné à Israël. Tous les écrits de la Bible sont saints ; mais le
Cantique des Cantiques est saint entre tous (qodesh qodashim). »4
Nombre d'exégètes, et non des moindres, se penchèrent sur son texte : au fil des siècles, Origène,
Grégoire de Nysse (IVe s.) et Saint Jérôme, Bède, Bernard de Clairvaux, coté chrétien, et bien sûr, le
maître talmudiste Rachi de Troyes, pour ne citer que les auteurs d'avant la Renaissance ; plus près de
nous, Martin Büber, Bossuet, Renan et bien d’autres.
Poème le plus court de toute la Bible, c'est celui qui offre le plus ouvertement une lecture selon les
quatre niveaux du PaRDèS et même cinq pour ce texte puisque s'y ajoute une lecture hermétique. Il fut
écrit dans ce but, chaque mot choisi, chaque expression ciselée afin d'être lisible à chaque degré de
l'exégèse, quitte à écorner la grammaire, à bousculer la syntaxe, avec des changements de temps et de
mode ou de genre a priori injustifiés, des néologismes et des hapax, d'où résultent des expressions
inhabituelles, des passages obscurs, faisant le désespoir des traducteurs et la variété des traductions qui
ne peuvent donc être qu'approximatives.
Si la critique historique en fait un chant traditionnel lors de la cérémonie de mariage, quelques
exemples suffisent à nous convaincre qu'il ne s'agit pas là seulement d'un chant amoureux :
- "les Gazelles" (tsévaoth, 2,7 ; 3,5) évoquent évidemment le Seigneur des Armées ;
- "tes seins" (shadaïkh, 4,5) un autre nom de l'Eternel, Shaddaï ;
- "les piscines, les bassins - ou pire, les lacs" (berkhoth, 7,5) les bénédictions, bérakhot ;
- "les demeures des bergers" (mishkanoth, 1,8) et "une tente de Kédar" (âhâley, 1,5) font allusion au
Tabernacle et à la Tente du Témoignage.
Quant au verset (I, 3), "les jeunes filles (‘alamoth, pluriel de ‘alma) t'aiment", il peut être lu selon
les conseils du Talmud 5 et conformément aux quatre niveaux du PaRDèS :
"les secrets (‘alomoth, les choses cachées) t'aiment" ou
"les mondes (‘olamoth) t'aiment" et même
"‘al-mouth, jusqu'à la mort, éternellement (Ps 48,15).

Mais la polysémie propre à l’hébreu permet de lire le Cantique des Cantiques comme un traité
d’alchimie. En effet,

‫שׁ יר‬ ִ 300.10.200 shir, chant, cantique, peut être lu


‫שׁ ָאר‬
ֵ ,‫שׁ י ָר‬
ְ shéyar ou shé’ar, reste, restant, reliquat,
mais non pas dans le sens péjoratif du rebut, du superflu que l'on rejette ou néglige, mais bien au
contraire l'essentiel, ce qui est digne d'être conservé lorsqu'on a éliminé toutes les impuretés, les
scories, puisque shéar signifie aussi préférence, avantage, supériorité, prééminence, qualité,
excellence ;
‫שׁ ַאר‬ ָ 300.1.200 sha’ar, rester, demeurer; au passif, ce qui est sauvé, épargné ;
shé’ar sheérit est le reste dont parlent les prophètes Isaïe, Jérémie et
Michée, entre autres. A rapprocher de la racine
‫שׂר‬ ַ 300.200 sar ( ‫שׂ‬pointé à gauche), chef, guide, maître, prince, seigneur, noble, ange
et plus particulièrement l'archange Mikaël.
‫שׁר‬ ָ shar ( ‫ שׁ‬pointé à droite), chanteur, chantre.
Ainsi le kabbaliste contemporain Carlo Suarès, a-t-il pu traduire shir-ha-shirim par le résidu des
résidus, la quintessence des quintessences. L'alchimie n'est-elle pas appelée le travail des Grands
Jours de Salomon ? 6

4
Talmud, Yadaïm III, 5 et Bahir §174.
5
A.D. GRAD, Le véritable Cantique des cantiques.
6
Souligné par Eugène CANSELIET dans son Introduction au Mystère des Cathédrales de FULCANELLI, op. cit.

3
Plus loin, le célèbre "Je suis noire mais je suis belle" (Ct 1,5), fait évidemment allusion au Chaos
primordial, à la Pierre à l'aspect vil et méprisable en son état premier, auquel répond "Mon bien-aimé
est blanc et rouge" (Ct 5,10), nous invite à une lecture toute hermétique de ce texte exceptionnel.
"Blanc et rouge" (Tsah wé-adom),
‫ צַח‬tsah, brillant, éclatant, éblouissant, rayonnant, lumineux, blanc, d'une blancheur
éclatante ;
‫ ָאד ֹם‬adom, rouge, vermeil, pourpre, rose,
‫ א ֹ ֶד ם‬odem, rouge, rubis, pierre précieuse rouge et transparente.

Mais le texte original hébreu shéhorah ani véna’vah précise une indication essentielle et primor-
diale que, ni le latin (nigra sum sed formosa), ni même le grec (mélaina eimi kai kalé), et encore moins
nos langues vernaculaires dans leurs traductions réductrices, ne donnent. L’hébreu littéral seul permet
de passer du symbolique à l’opératif.

Le Cantique des Cantiques peut donc être lu selon le regard du lecteur, poème d'amour à
l'érotisme flamboyant ; amour de l'Eternel pour Israël dans ses tribulations, interprété par les
Chrétiens comme amour du Christ pour son Eglise 7 ; union sacrée de l'âme dans un dialogue
Créateur-créature ; et enfin, le niveau secret, Sod, de la Kabbalah des souffles et des énergies.

7
ORIGENE, Contra Celsum IV, 48 ; Cyprien, Epistulae 69, I,2 ; 74, II,2 ; Théodoret (d'après C. SUARES, Le
Cantique des Cantiques).

4
Le Tarot, quant à lui, se prête si bien à ces quatre niveaux d’exégèse qu’il
semble avoir été créé dans ce sens. Prenons les dés de la première lame, le
Bateleur, mais tout autre objet du Tarot, voile et livre de la Papesse, faux de
la Mort, lanterne de l’Hermite, quatre Evangélistes du Monde… aurait pu
convenir.

Le Bateleur manipule des objets symboles des quatre Eléments, que l’on
retrouve dans les cartes dites mineures :
- la baguette = bâtons ou  = feu 
- une coupe = coupes ou  = eau 
- un poignard = épées ou  = air 
- pièces de monnaies = deniers ou  = terre 

Sur l'étal du saltimbanque, trois accessoires souvent négligés des commentateurs, un gobelet et ses
dés. Pourtant, si avec notre vision moderne, ils ne nous apprennent rien - on imagine notre escamoteur,
Pipeur ou h asard eur de des 8 qui bien sai joer de l'es canbot , proposer au chaland de passage, un
peu naïf, une partie de bonneteau truquée ou de dés probablement plombés - le regard qu'aurait pu y
poser un badaud de l'époque est plus instructif.

Dans les rares textes médiévaux y faisant allusion, le cornet à dés porte divers noms latins dont le
plus intéressant est pyrgus (Sénèque, Juvénal) du grec
ύ purgos, tour (bâtisse, donjon), sa forme tronconique évoquant une petite tour ;
sur la racine
 pur, le feu.

Dans le contexte du tarot, cette "tour ardente, ignée" ne peut que renvoyer à la Tour foudroyée dont
on sait qu'au plan alchimique, elle dessine un athanor. Elle peut aussi évoquer un têt conique, d’où par
métonymie, le gâteau (gueuse) métallique de même forme obtenu par la fusion du minerai. C'est dire
que, d'entrée de jeu, le Bateleur dispose du nécessaire pour œuvrer : un athanor (ou un creuset selon
qu’est choisie la voie humide ou sèche), les quatre éléments symbolisés, plus le cinquième suggéré par
les dés dont la « particularité arithmétique, en concordance parfaite avec le travail, consacre
l'attribution du cube ou du dé à l'expression symbolique de notre quintessence minérale. » 9 Un dé est
représenté sur un caisson du château de Dampierre-sur-Boutonne 10 et trois, sombres et mercuriels,
dans Le livre de la Sainte Trinité (début XVe). 11

⚀⚄ Les dés semblent absents de tous les jeux antérieurs au tarot de Marseille, certains
Bateleurs semblant plutôt jouer au bonneteau, comme sur le Catelin Geofroy (1557). Si
l'étymologie savante du mot "dé" est datum, ce qui est donné, don, présent, pluriel data, les données,
au Moyen-Age et jusqu'à l'époque classique (Du Cange à la fin du XVIIe), on le rapprochait plus
volontiers de Deus, Dieu, pluriel dii ou dei, d'autant qu'on l'écrivait alors indifféremment deu ou dei,
et les dés, deis, dey, d ez ou detz. Cette double étymologie linguistique et symbolique nous rappelle le
Donum Dei, le Don de Dieu hermétique. Le lancer de dés pouvait d'ailleurs être moyen de divination
(kybomancie), comme en attestent la Somme théologique de Thomas d'Aquin et le Livre du passe-
temps de la fortune d es dez dont parle Rabelais au chapitre XI de son Tiers Livre 12 ou expression de
la volonté divine pour résoudre un différent, judicium Dei ou ordalie ludique en quelque sorte. 13

8
VILLON, Ballade de bonne doctrine.
9
FULCANELLI, Les Demeures philosophales.
10
Aritmetricha, gravure XXV du jeu de Mantegna, compte cinq pièces d'or dans sa main. Fulcanelli signale dans
ses Demeures Philosophales, un caisson du château de Dampierre-sur-Boutonne montrant une table avec un dé à
jouer laissant apercevoir les faces à cinq et six points. Sur le tarot de Marseille, un dé présente le 5, l'autre l'as.
11
Nuremberg, in ROOB, op. cit. p. 209 et VAN LENNEP p.73.
12
Paris, B.N. ms fr 14776. Cet ouvrage paru à Bologne en 1476, fut traduit en français en 1528 (Rabelais, éd.
BOULANGER, NRF la Pléiade 1934).
13
J.-M. MEHL, Les Jeux au Royaume de France, 1990.

5
Si, au Moyen-Age et à la Renaissance, les petits cubes évoquent la chance et le hasard, ce n'est pas
simplement comme à notre époque, par symbole ou analogie, mais par "armes parlantes". En effet, la
chance ou cheance (d’où échéance), du verbe choir, désigne dès le XIIe et jusqu'au XVIIe siècle, la
façon dont tombent les dés. Ce n'est qu'au XVIIIe qu'elle prendra le sens de probabilité ; chancer, c'était
lancer les dés ; chance, un coup de dés ou toute la partie, parfois un jeu spécial qui ne nécessitait
justement que deux dés (Littré).
Quant au hasard, il viendrait soit du mot "dé" en arabe, al-zahr, par l'espagnol azar, soit, selon les
Chroniques de Guillaume de Tyr (XIIe) et le Godefroi de Bouillon (XIVe), d'un château en Terre Sainte
près d'Alep, où ce jeu aurait été inventé ou pratiqué 14. Hazard ou hasart désignait donc le cube lui-
même, les dés en général ou un jeu en particulier, plus complexe à trois dés. Certains textes 15
nomment ainsi les combinaisons de points extrêmes les plus difficiles à obtenir (dont le ⚅ 6), soit
sortir précisément le 6 ⚀⚄ (ce que fait notre Bateleur). Ne pas y parvenir au premier lancer laissait
alors sa chance à l'adversaire. Hasarder, c'était jouer aux dés16. Même glissement de sens en latin :
alea désigne à l'origine un jeu de dés, de là, le destin, le sort, comme dans le mot historique de César
au Rubicon, alea jacta est, le sort en est jeté, littéralement, les dés sont jetés au sens de "les jeux sont
faits".

Ainsi, ce sont les dés qui ont donné leur nom à l'aspect aléatoire, et non le contraire comme on l'a
longtemps cru. Que ce soit par l'arabe (?), le latin ou l'ancien françois, les dés sont l'expression de la
destinée :

Fortune fait souven t tourner


les dez contre moi malement
(Charles d'ORLEANS, ballade 45)

Leur dernier aspect médiéval est... érotique ! La littérature courtoise 17 sous couvert d'une partie de
dés au vocabulaire ludique, fait souvent allusion à de tout autres plaisirs où la PAIRE de dés désigne
explicitement de virils attributs : le bonneteau ne nécessitant qu'un dé (mais trois gobelets) et la quasi-
totalité des jeux se faisant avec trois (comme le montre le tarot Jean Noblet du XVIIe siècle à la B.N.),
les deux dés du Bateleur pourraient être une allusion à la virilité suggérée déjà par le ‫ א‬et le
hiéroglyphe hermétique de l'arsenic (la baguette). Dans la tradition chrétienne, la forme en X était
devenue la croix de saint André, fort en faveur au Moyen-Age, du grec andros, homme, d’où courage,
énergie, virilité. En cartomancie, cette lame désigne un homme, notamment dans le jeu d'une femme.
Ce simple détail nous permet de mieux cerner la façon dont le Tarot fut constitué : né dans
l'aristocratie cultivée ou savante, il gagna rapidement les milieux les plus populaires. Pour des érudits,
cette connotation masculine était indiquée par l'hébreu, à défaut par le grec pour des hermétistes non
hébraïsants. Quant au petit peuple, illettré ou presque, c'est la PAIRE de dés qui l'en informait.

Souvent déformés ou disparus par la suite, ces dés résument pourtant les principaux aspects
de cette lame selon les différents niveaux du PaRDèS : outre son usage ludique (niveau
littéral), le caractère viril du Bateleur et de l'énergie qu'il représente (symbolique) ; les
données du problème, les circonstances de départ et l'aspect aléatoire de la chance et du
hasard (moral) ; l'expression de la volonté divine sous forme du Don accordé ou d'un oracle
(anagogique) sans oublier la Quintessence (alchimique) qui recoupe les autres.

14
Une tradition (Pausanias, Phoc. XXXI) attribue leur invention et celle des échecs, au héros Palamède lors du
siège de Troie.
15
Libro del ajedrez de los dados y de tablas d'Alphonse X le Sage, roi deCastille, 1283.
16
Au XVIe siècle, chez Montaigne, hasard signifie risque et hasarder, se risquer.
17
Par exemple, une chanson du duc Guillaume IX d'Aquitaine ( XIIe siècle).

6
Cette lecture sur quatre niveaux selon la méthode du Pardès
peut s’appliquer bien sûr non seulement à l’exégèse des Ecritures
et autres grands textes sacrés ou symboliques (Dante, Goethe...)
mais aussi au décryptage des légendes et contes mythologiques ou
populaires, au décodage de nos songes (et là, l’hébreu est un outil
incomparable), à une meilleure compréhension d’une discipline,
d’un art, d’une situation vécue personnellement ou à tout
événement d’importance, en général. Prenons comme illustration
historique, la création du si haut et si excellent mystere d’ordre
qu’est celui de la Toyson d’Or placé sous l’égide de Jason et des
Argonautes, puis de celle de Gédéon du Livre des Juges, patronage
jugé moins païen.

Premier niveau, l’anecdotique :


Le duc Philippe le Bon fonde le 10 janvier 1430 à l’occasion de ses noces avec Isabelle du Portugal,
le tres noble ordre de la Toyson d’Or , officiellement en l’honneur de la nouvelle épousée, mais
le bruit courut que c’eût été en fait en hommage à la blonde chevelure d’une de ces belles brugeoises
auxquelles le duc ne savait pas renoncer.

Deuxième niveau, le politique d’après Chastelain :


Le régent d’Angleterre Bedford afin de se l’assujettir plus étroitement, proposa l’Ordre de la
Jarretière au duc de Bourgogne ; la création de son propre ordre chevaleresque permettait à celui-ci,
soucieux de préserver son indépendance, de décliner poliment l’offre sans l’offenser. Aultre n’aray
(Autre n’aurait), la devise qu’il prit à cette occasion et qu’il garda par la suite, concerne évidemment
d’éventuels autres ordres de chevalerie, et non une très hypothétique fidélité conjugale. Le faste
déployé lors des chapitres de l’Ordre démontrait puissance et richesse, et l’octroi de la potence au
Bélier permettait de s’assurer de grands feudataires.

Troisième niveau, le religieux :


Très pieux et nourri de littérature chevaleresque et épique, « vrai et humble serviteur de Dieu,
prompt défenseur de la sainte foi (Chastellain), le duc souhaitait relancer la croisade, arrêter la
progression ottomane et venger la défaite de Nicopolis où son père fut fait prisonnier :

Pour maintenir l’Eglise, qui est de Dieu maison,


Jay mis sus le noble Ordre, quon nome la Thoyson.

Cette volonté s’affichera solennellement avec le Vœu du Faisan lors d’un banquet resté célèbre.

Quatrième niveau, l’hermétique :


Le mythe de la quête de Jason et des Argonautes, et plus encore l’histoire de Gédéon, surtout
lorsqu’on la lit EN HEBREU, sont tout empreints de symbolique alchimique tout comme l’est le collier
(aurea catena) de l’Ordre où alternent fusils (briquets) et pierres d’où sortent des flammes, véritables
armes parlantes, illustrant la devise de Bourgogne Ferit ante flamma micet , et soulignée encore
par celle de l’Ordre :
Precieum non vile laborum . La Toyson d’Or s’affichait bien ainsi comme le plus haut
mystere d’ordre qui se pouvoit penser .

L’Europe médiévale se voulait héritière de l’antiquité gréco-romaine ou biblique, et nombre de


villes et de pays, se basant sur une homophonie approximative, se réclamaient de dynastes
légendaires : Rome par Enée et Paris par le berger Pâris fuyant Troie assiégée, la Grande-Bretagne par
Brutus, la France par Francion, troyen ayant survécu au siège d’Ilion, Reims par Rémus que Romulus
chassa. Les princes des Baux prétendaient descendre de Balthazar et les Lévis, seigneurs de Mirepoix,

7
de la tribu de Lévy, famille de la Vierge. 18 Ces origines aussi mythologiques qu’improbables mais
prestigieuses pour de grandes maisons princières, étaient narrées dans des ouvrages comme les
Illustrations de la Gaule et singularités de Troie de Jean Lemaire de Belges (1473- +1515) ou les
Grandes Chroniques de France (1493) reprises un siècle plus tard par Ronsard dans La Franciade.
Le duc reprenait donc à son profit le mythe fondateur européen d’une quête héroïque ; tel Gédéon, il
attendait d’un signe céleste l’approbation divine, les Madianites préfigurant les Sarrasins, et s’affirmait
de surcroît héritier des preux des Croisades tels Baudoin de Flandre et Godefroid de Bouillon auxquels
il succédait comme seigneur de leurs anciens fiefs.
Ainsi le noble Ordre de la Toyson d’Or réunit-il sous le parrainage de Saint André, patron de la
Bourgogne, dans une perspective chrétienne (croisade) et un contexte féodal (serment personnel au
duc), tout empreint d’un apparat et de décorum chevaleresques et héraldiques, références biblique
(Gédéon) et mythologique (Jason).

Mais cette lecture n’est pas réservée aux grands événements ou œuvres : en témoigne cette
péripétie familiale qui ne fut vraiment comprise qu’avec la découverte quelques années plus
tard du PaRDèS et de ses éventuelles applications quotidiennes. Le lecteur voudra bien en
excuser l’aspect personnel.

Nous sommes en 1989, une de mes proches, suite à son ostéoporose, subit une prothèse totale de la
hanche. Bien que l’opération se soit parfaitement déroulée sans séquelles, vu son âge (65 ans) et sa
fatigue extrême, une biopsie est effectuée qui révèle un cancer de la moelle des os ! (Je vous rassure
tout de suite, elle va très bien, merci, et court comme un lapin… octogénaire). Analyses de sang
déprimantes, etc. L’hématologue lui annonce avec tact que, si elle ne se soigne pas, il lui reste de deux
à cinq ans à vivre. Pour un tas de raisons personnelles (âge, plus d’enfant à élever, méfiance envers le
corps médical…), elle décide de ne rien faire, juste de suivre l’évolution de la maladie. Analyse.
Au niveau du corps : étant donné la situation, sa fille qui avait des notions diététiques, prit en main
la gestion de sa maison et des repas, d’où changement du jour au lendemain de nourriture, le régime
méditerranéen remplaçant la viande rouge et la charcuterie, l’huile d’olive le beurre et la crème, eau de
source, etc.
Au psychologique : au même moment, la mère de cette dame qui entretenait avec elle des rapports
très conflictuels, est décédée, et on a pu la voir se détendre malgré ses problèmes de santé, libérée non
seulement d’obligations familiales mais d’un jugement maternel toujours négatif qui, s’il ne l’avait
jamais empêchée de n’en faire qu’à sa tête, lui pesait.
Pour ce qui concerne l’âme : ayant la foi, y compris en la réincarnation, la crainte de la mort
semblait négligeable par rapport à la peur de la déchéance, de la douleur et de la dépendance. Une
attitude confiante et "cool" à la fois de lâcher-prise et de "je-m’en-foutisme". Et advienne que pourra !
Enfin, au spirituel : cette personne a une dévotion particulière pour la Vierge ; sa fille, pour la
soutenir dans cette épreuve, lui offrit une icône connue pour accomplir des miracles et notamment des
guérisons (Marie Porte du ciel).

Et voilà en quoi le PaRDèS s’avère un excellent révélateur, non seulement de l’événement


analysé mais aussi de ceux qui l’analysent, mettant en lumière le niveau privilégié, voire
unique, où ils évoluent. Ainsi, l’amie branchée bio et orthorexique n’y voit que l’action
nutritionnelle ; la copine psy, l’attitude de lâcher-prise et le deuil maternel, tandis qu’une
vieille amie de cette dame, très pieuse, y reconnaît tout naturellement l’intervention de la
Vierge Marie.

18
E. BOURASSIN, Les Chevaliers, Paris 1995.

8
Terminons sur la beauté d’une célèbre fresque égyptienne vue selon le PaRDèS. Tous les
livres d’art reprennent ces chasses au canard dans les fourrés de papyrus : tombes de
Memna 19, de Nakht 20 ou fresque volée à une tombe désormais perdue 21. Toutes trois datent
du Nouvel Empire mais l’analyse pourrait se faire de même avec des bas-reliefs des mastabas
de l’Ancien Empire 22.

De mauvais guides y voient une scène familiale et quotidienne (niveau littéral), vision irréaliste ne
résistant pas à l’examen : embarcation trop frêle pour supporter le poids de trois personnes et surtout
pour résister aux assauts meurtriers des crocodiles et hippopotames -même si les Egyptiens avaient
une conception bien à eux de la perspective. Les personnages ont revêtu leurs plus beaux atours,
bijoux, robes de lin fin et surtout, pour l’homme, le grand collier floral ousekh réservé aux fêtes
religieuses et aux funérailles. Il s’agit donc d’une scène idéalisée, d’une vie rêvée dans le Champ des
Roseaux, l’au-delà égyptien, le sheret iarou, ces Champs d’Ialou hellénisés en Champs-Elysées
(second niveau).
Regardons de plus près cette jeune femme qui veille sur son époux telle Isis sur Osiris : parée de sa
plus belle robe, bracelets et boucles d’oreilles, d’une lourde perruque au bandeau floral, ornée de lotus
et surmontée d’un cône de parfum, elle tient un bouquet de lotus bleus d’une main, parfois des fruits
de la mandragore (tous deux psychotropes et aphrodisiaques), de l’autre (malheureusement mutilés sur
le fragment du British Museum), des instruments de musique, un sistre cintré et les boucles d’un
collier ménat, attributs d’Hathor, déesse de la féminité et de l’amour, mais aussi de la mort et de ses
renouvellements.
Tout en elle évoque "la Grande de Magie", l’Ouret Hékaou qui, par son action thaumaturgique, va
revitaliser le mort, éveiller ses ardeurs génésiques et lui permettre ainsi de passer de l’état d’Osiris à
celui solaire de Rê. Nous savons par la littérature populaire que cette grande perruque était objet
érotique 23. Erotisation rituelle de cette scène avec la jeune servante nue - jamais un serviteur - d’autant
que "aller à la chasse au canard" était un euphémisme pour, comme le disaient joliment les Egyptiens,
"se faire un jour heureux", le sexe féminin étant toujours désigné par un petit animal à plumes ou à
poil (au Moyen-Age, c’était le conil ou conin, le lapin).
Ce qui nous amène au quatrième niveau de lecture, le plus subtil. L’Osiris Untel "solarisé"
s’identifie maintenant au dieu Rê dans la barque solaire, flottant sur l’Océan primordial de la création,
le Noun, car ici tout est solaire : les lotus symboles de renaissance ; l’oie familière animal d’Amon-
Rê ; le héron cendré (ardea cinerea) est l’oiseau boïnou, l’âme de Rê qui se posa sur le premier tertre
émergé de l’Océan primordial en Héliopolis, le benben, et dont les Grecs firent le phénix (figure 4).
Pas de héron chez Memna mais, grimpant dans un fourré de papyrus, un ichneumon, petite mangouste
d’Egypte, hypostase d’Atoum-Rê (soleil descendant), Atoum dont Hathor est la parèdre (figure 1,
détail).
Mais le plus solaire de ces animaux est ici "le grand Chat qui réside à Héliopolis". Dans la
théologie héliopolitainne, il ne s’agissait pas d’un chat domestique (miéou) qui n’apparaît qu’à la XIe
dynastie, mais un antique chat sauvage dont l’hostilité aux serpents, comme la mangouste, en fit un
animal sacré lié à Rê. « Je suis ce chat de qui se fendit l’arbre-ished (perséa = Nout) à Héliopolis,
cette nuit où sont anéantis les ennemis du Seigneur de l’Univers. Qui est-ce ? Ce chat, c’est l’enfant
Rê lui-même. » Nous avons là l'illustration du § 17 du Livre des Morts où l'on voit le Grand Chat
couper la tête du serpent Apopis (figures 2 et 4). Héritiers des grands pythons (jusqu’à sept mètres !)
qui hantaient encore les rives du Nil à l'époque prédynastique, le "Serpent immense" incarne les forces
du chaos qui menacent la stabilité du monde et tout ce qui s'oppose à l'ordre divin. Chaque matin et
chaque soir, la barque solaire est menacée par l'entropie symbolisée ici par les fourrés de papyrus et les
canards sauvages qui incarnent les puissances hostiles. Crocodiles et hippopotames, animaux séthiens
peuplant l'océan primordial, y remplacent Apopis.

19
Thèbes Ouest, Cheikh Abd-el-Gournah n°69.
20
Idem n°52.
21
British Museum.
22
Ti, Mérérouka.
23
Cf. le Conte des deux frères.

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Le marécage, milieu luxuriant et imaginaire, est l'image de ce chaos primordial auquel Rê, présent
ici sous divers aspects, doit mettre bon ordre. Chez Toutankhamon, ces mêmes thèmes absents des
parois de sa tombe, se retrouvent sur les chapelles et coffrets de bois ou d'ivoire : chat (deuxième
chapelle), chasse au canard, thèmes érotiques rituels nécessaires à la renaissance du mort. A la fois
solaires et funéraires, les deux poissons - toujours deux - (chez Menna ou Nakht, absents sur fresque
du British Museum) que le défunt harponne : il s'agit des poissons abdjou et inet (voir figure 1, détail).
Le premier, le poisson abdjou (latès ou perche du Nil) évoque par jeu de mots la ville d'Abydos ; c'est
Osiris noyé et la première métamorphose du mort dans l'au-delà. Le second, le poisson inet (chromis
ou tilapia nilotica, boulti en arabe) est un symbole de renaissance solaire car, pendant leur incubation,
il garde ses œufs dans sa bouche, et après éclosion, les alevins reviennent s'y abriter en cas de danger.
Il existait des sortes de hochet en forme de tilapia, tous les objets faisant un bruit de crécelle lorsqu’on
les agite étant dédiés à Hathor (sistre, collier ménat). Il est l'ultime métamorphose du mort avant de
renaître tel Rê.
Le mort se rend ainsi maître de ses première et dernière transformations, représentant la totalité du
cycle Osiris-Rê, les poissons étant toujours symboles de résurrection (symbolique reprise par les
premiers Chrétiens). Dans la théologie solaire, abdjou et inet servent de poissons pilotes à la barque de
Rê et signalent l'approche menaçante du serpent Apopis.

Bien sûr, d’autres exemples en d’autres époques et cultures auraient pu être choisis. Ce qui
compte est d’adapter et adopter cette méthode à ses propres recherches et événements. Au
lecteur de jouer, et si cette quadruple lecture lui semble fastidieuse, qu’il pense au célèbre
kabbaliste espagnol Aboulafia (1240-1291 ?) qui lui en voyaient six !

(Texte "amélioré" d’une conférence donnée en Loge blanche le 20 avril 2004)

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Figure 1 Tombe de Memna
Ci-dessous, détails : le chat et l’ichneumon ; les deux poissons abdjou et inet

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Figure 2 Tombe de Thoutmosis III Figure 3 Tombe d'Inherkhaou

Figure 4 Tombe d'Inherkhaou

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Figure 5, Tombe inconnue (British Museum)

Figure 6, Tombe de Nakht


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