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UNIVERSITÉ RENNES 1

ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE RENNES

Couplages et développements pour l’agrégation


externe
Gabriel LEPETIT

2016 – 2017
2
Table des matières

1 Couplages 5
1.1 Liste de développements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Leçons d’algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Leçons d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Bibliographie commentée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.1 Les indispensables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.2 Les originaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.3 Les subsidiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2 Développements 17
1 An est simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2 SO3 (R) est simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3 Automorphismes de Sn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
4 Banach-Steinhaus et séries de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
5 Borne de Bézout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
6 Chevalley-Warning et Erdös-Ginsburg-Ziv . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
7 Décomposition de Dunford par la méthode de Newton . . . . . . . . . . . . 29
8 Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts . . . . . . . . . . . . 31
9 Deux méthodes de gradient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
10 Ellipsoïde de John-Loewner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
11 Endomorphismes semi-simples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
12 Espace de Bergman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
13 Étude de O(p, q) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
14 Formule des compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
15 Formule sommatoire de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
16 Inégalité de Hoeffding . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
17 Invariants de similitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
18 Inversion de Fourier dans S (R) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
19 Inversion de la fonction caractéristique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
20 Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q . . . . . . . . . . . . . . 59
21 Lemme de Morse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
22 Loi de réciprocité quadratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
23 Méthode de Newton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
24 Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire . . . . . . . . . . . 67
25 Nombre de zéros d’une équation différentielle . . . . . . . . . . . . . . . . 70
26 Points extrémaux de la boule unité de L (E) . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
27 Polynômes irréductibles sur Fq [X ] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
28 Processus de Poisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
29 Prolongement de Γ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
30 Quelques ordres moyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
31 Sous-groupes distingués et table de caractères . . . . . . . . . . . . . . . . 83

3
4 TABLE DES MATIÈRES

32 Surjectivité de l’exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
33 Théorème central limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
34 Théorème d’Abel angulaire et théorème taubérien faible . . . . . . . . . . 90
35 Théorème d’Artin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
36 Théorème de Carathéodory et application aux équations diophantiennes 95
37 Théorème de Grothendieck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
38 Théorème de Liapounov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
39 Théorème des deux carrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
40 Théorème des extréma liés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
41 Théorème de sélection de Helly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
42 Théorème de structure des groupes abéliens finis . . . . . . . . . . . . . . 107
43 Théorème de Sylow . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
44 Théorème de Weierstrass par les polynômes de Bernstein . . . . . . . . . 111
Chapitre 1

Couplages

SECTION 1.1

Liste de développements

Algèbre
1 An est simple pour n ¾ 5 : 103, 104, 105, 108
2 Automorphismes de Sn : 105, 108
3 Borne de Bézout : 142, 144, 152
4 Chevalley-Warning et Erdös-Ginsburg-Ziv : 120, 121, 123, 142, 144
5 Décomposition de Dunford par la méthode de Newton : 153, 155, 157
6 Endomorphismes semi-simples : 122, 153, 154, 155.
7 Étude de O(p, q) : 106, 150, 156, 158, 170, 171
8 Formule de Poisson discrète : 110
9 Invariants de similitude : 150, 153, 154, 159
10 Irréductibilité des polynômes cyclotomiques : 102, 120, 125, 141, 144
11 Points extrémaux de la boule unité de L (E) : 160, 161, 181
12 Polynômes irréductibles sur Fq : 123, 125, 141, 190
13 Réciprocité quadratique : 101, 120, 121, 123, 126, 170, 190
14 Sous-groupes distingués et table de caractères : 103, 104, 107
15 Théorème d’Artin : 125, 151, 162
16 Théorème de Carathéodory et équations diophantiennes : 126, 181
17 Théorème de structure des groupes abéliens finis : 102, 104, 107, 110
18 Théorème des deux carrés : 120, 121, 122, 126
19 Théorème de Sylow : 101, 103, 104

Analyse
1 Banach-Steinhaus et séries de Fourier : 205, 208, 209, 241, 246
2 Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts : 203, 205, 213
3 Espace de Bergman : 201, 202, 205, 208, 213, 234, 235, 243, 245

5
6 CHAPITRE 1. COUPLAGES

4 Formule des compléments : 207, 235, 236, 239, 245


5 Formule sommatoire de Poisson : 241, 246, 250
6 Inégalité de Hoeffding : 253, 260, 262
7 Inversion de Fourier dans S (R) : 236, 239, 250
8 La fonction caractéristique caractérise la loi : 261, 263
9 Méthode de Newton : 218, 223, 226, 228
10 Nombre de zéros d’une équation différentielle : 220, 221, 224
11 Processus de Poisson : 263, 264
12 Prolongement de Γ : 207, 239, 241, 245
13 Quelques ordres moyens : 223, 224, 230
14 Théorème central limite : 218, 261, 262, 263
15 Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible : 207, 223, 230, 235, 243
16 Théorème de Grothendieck : 201, 208, 213, 234
17 Théorème de Helly : 203, 229, 241, 262
18 Théorème de Liapounov : 220, 221
19 Théorème de Weierstrass par les polynômes de Bernstein : 202, 209, 228, 260, 264

Mixte
1 SO3 (R) est simple : 103, 106, 108, 160, 161, 204
2 Ellipsoïde de John-Loewner : 152, 158, 171, 203, 219, 229, 253
3 Lemme de Morse : 158, 170, 171, 214, 215, 218
4 Méthode de gradient conjugué : 158, 162, 219, 226, 233
5 Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire : 157, 162, 226, 233
6 Surjectivité de l’exponentielle : 153, 156, 204, 214
7 Théorème des extréma liés : 151, 159, 214, 215, 219
1.2. LEÇONS D’ALGÈBRE 7

SECTION 1.2

Leçons d’algèbre

101 Groupe opérant sur un ensemble. Exemples et applications.


• Théorème de Sylow
• Réciprocité quadratique
102 Groupe des nombres complexes de module 1. Sous-groupes des racines de l’unité.
Applications.
• Irréductibilité des polynômes cyclotomiques
• Théorème de structure des groupes abéliens finis
103 Exemples de sous-groupes distingués et de groupes quotients. Applications.
• Théorème de Sylow
• Sous-groupes distingués et table de caractères
• SO3 (R) est simple
• An est simple
104 Groupes finis. Exemples et applications.
• Théorème de Sylow
• Théorème de structure des groupes abéliens finis
• An est simple pour n ¾ 5
• Sous-groupes distingués et table de caractères
105 Groupe des permutations d’un ensemble fini. Applications.
• An est simple pour n ¾ 5
• Automorphismes de Sn
106 Groupe linéaire d’un espace vectoriel de dimension finie E, sous-groupes de GL(E).
Applications.
• SO3 (R) est simple
• Étude de O(p, q)
107 Représentations et caractères d’un groupe fini sur un C-espace vectoriel.
• Théorème de structure des groupes abéliens finis
• Sous-groupes distingués et table de caractères
108 Exemples de parties génératrices d’un groupe. Applications.
• SO3 (R) est simple
• Automorphismes de Sn
• An est simple
110 Caractères d’un groupe abélien fini et transformée de Fourier discrète. Applications.
• Théorème de structure des groupes abéliens finis
• Formule de Poisson discrète
120 Anneaux Z/nZ. Applications.
• Chevalley-Warning et EGZ
• Réciprocité quadratique
• Théorème des deux carrés
8 CHAPITRE 1. COUPLAGES

• Irréductibilité des polynômes cyclotomiques


121 Nombres premiers. Applications.
• Théorème des deux carrés
• Réciprocité quadratique
• Chevalley-Warning et EGZ
122 Anneaux principaux. Exemples et applications.
• Théorème des deux carrés
• Endomorphismes semi-simples
123 Corps finis. Applications.
• Polynômes irréductibles sur Fq
• Chevalley-Warning et EGZ
• Réciprocité quadratique
125 Extensions de corps. Exemples et applications.
• Polynômes irréductibles sur Fq
• Théorème d’Artin
• Irréductibilité des polynômes cyclotomiques
126 Exemples d’équations diophantiennes
• Théorème des deux carrés
• Théorème de Carathéodory et équations diophantiennes
• Réciprocité quadratique
141 Polynômes irréductibles à une indéterminée. Corps de rupture. Exemples et applica-
tions.
• Polynômes irréductibles sur Fq
• Irréductibilité des polynômes cyclotomiques
142 Algèbre des polynômes à plusieurs indéterminées. Applications.
• Chevalley-Warning et EGZ
• Borne de Bézout
144 Racines d’un polynôme. Fonctions symétriques élémentaires. Exemples et applica-
tions.
• Borne de Bézout
• Chevalley-Warning et EGZ
• Irréductibilité des polynômes cyclotomiques
150 Exemples d’actions de groupes sur les espaces de matrices.
• Étude de O(p, q)
• Invariants de similitude
151 Dimension d’un espace vectoriel (on se limitera au cas de la dimension finie). Rang.
Exemples et applications.
• Théorème des extréma liés
• Théorème d’Artin
152 Déterminant. Exemples et applications.
1.2. LEÇONS D’ALGÈBRE 9

• Ellipsoïde de John-Loewner
• Borne de Bézout
153 Polynômes d’endomorphisme en dimension finie. Réduction d’un endomorphisme en
dimension finie. Applications.
• Invariants de similitude
• Décomposition de Dunford par la méthode de Newton
• Endomorphismes semi-simples
• Surjectivité de l’exponentielle
154 Sous-espaces stables par un endomorphisme ou une famille d’endomorphismes d’un
espace vectoriel de dimension finie. Applications.
• Invariants de similitude
• Endomorphismes semi-simples
155 Endomorphismes diagonalisables en dimension finie.
• Dunford par la méthode de Newton
• Endomorphismes semi-simples
156 Exponentielle de matrices. Applications.
• Surjectivité de l’exponentielle
• Étude de O(p, q).
157 Endomorphismes trigonalisables. Endomorphismes nilpotents.
• Dunford par la méthode de Newton
• Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire.
158 Matrices symétriques réelles, matrices hermitiennes.
• Lemme de Morse
• Méthode de gradient conjugué
• Étude de O(p, q)
• Ellipsoïde de John-Loewner
159 Formes linéaires et dualité en dimension finie. Exemples et applications.
• Invariants de similitude
• Théorème des extréma liés
160 Endomorphismes remarquables d’un espace vectoriel euclidien (de dimension finie).
• SO3 (R) est simple
• Points extrémaux de la boule unité de L (E)
161 Isométries d’un espace affine euclidien de dimension fini. Applications en dimension
2 et 3.
• SO3 (R) est simple
• Points extrémaux de la boule unité de L (E)
162 Systèmes d’équations linéaires ; opérations, aspects algorithmiques et conséquences
théoriques.
• Théorème d’Artin
• Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire
• Méthode de gradient conjugué
10 CHAPITRE 1. COUPLAGES

170 Formes quadratiques sur un espace vectoriel de dimension finie. Orthogonalité, iso-
tropie. Applications.
• Lemme de Morse
• Réciprocité quadratique
• Étude de O(p, q)
171 Formes quadratiques réelles. Exemples et applications. Coniques.
• Lemme de Morse
• Étude de O(p, q)
• Ellipsoïde de John-Loewner
181 Barycentres dans un espace affine réel de dimension finie, convexité. Applications.
• Théorème de Carathéodory
• Points extrémaux de la boule unité de L (E).
182 Applications des nombres complexes à la géométrie
183 Utilisation des groupes en géométrie
190 Méthodes combinatoires, problèmes de dénombrement.
• Polynômes irréductibles sur Fq
• Réciprocité quadratique
1.3. LEÇONS D’ANALYSE 11

SECTION 1.3

Leçons d’analyse

201 Espaces de fonctions ; exemples et applications.


• Théorème de Grothendieck
• Espace de Bergman
202 Exemples de parties denses et applications.
• Théorème de Weierstrass
• Espace de Bergman
203 Utilisation de la notion de compacité
• Théorème de Helly
• Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts
• Ellipsoïde de John-Loewner
204 Connexité. Exemples et applications.
• Surjectivité de l’exponentielle
• SO3 (R) est simple
205 Espaces complets. Exemples et applications.
• Banach-Steinhaus et séries de Fourier
• Espace de Bergman
• Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts
207 Prolongement de fonctions. Exemples et applications.
• Prolongement de Γ
• Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible
• Formule des compléments
208 Espaces vectoriels normés, applications linéaires continues. Exemples.
• Théorème de Grothendieck
• Banach-Steinhaus et séries de Fourier
• Espace de Bergman
209 Approximation d’une fonction par des polynômes et des polynômes trigonométriques.
• Théorème de Weierstrass
• Banach-Steinhaus et séries de Fourier
213 Espaces de Hilbert. Bases hilbertiennes. Exemples et applications
• Espace de Bergman
• Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts
• Théorème de Grothendieck
214 Théorème d’inversion locale, théorème des fonctions implicites. Exemples et applica-
tions en analyse et en géométrie
• Lemme de Morse
• Théorème des extrémas liés
• Surjectivité de l’exponentielle
12 CHAPITRE 1. COUPLAGES

215 Applications différentiables définies sur un ouvert de Rn . Exemples et applications.


• Lemme de Morse
• Théorème des extrémas liés
218 Applications des formules de Taylor.
• Lemme de Morse
• Théorème central limite
• Méthode de Newton
219 Extremums : existence, caractérisation, recherche. Exemples et applications.
• Théorème des extréma liés
• Méthode de gradient conjugué
• Ellipsoïde de John-Loewner
220 Équations différentielles X 0 = f (t, X ). Exemples d’études des solutions en dimension
1 et 2.
• Théorème de Lyapunov
• Nombre de zéros d’une équation différentielle
221 Équations différentielles linéaires. Systèmes d’équations différentielles linéaires. Exemples
et applications.
• Théorème de Lyapunov
• Nombre de zéros d’une équation différentielle
222 Exemples d’équations aux dérivées partielles linéaires
223 Suites numériques. Convergence, valeurs d’adhérence. Exemples et applications.
• Méthode de Newton
• Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible
• Quelques ordres moyens
224 Exemples de développements asymptotiques de suites et de fonctions
• Nombre de zéros d’une équation différentielle
• Quelques ordres moyens
226 Suites vectorielles et réelles définies d’une variable réelle. Exemples et applications à
la résolution approchée d’équations.
• Méthode de Newton
• Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire
• Méthode de gradient conjugué
228 Continuité et dérivabilité des fonctions réelles d’une variable réelle. Exemples et ap-
plications.
• Méthode de Newton
• Théorème de Weierstrass
229 Fonctions monotones. Fonctions convexes. Exemples et applications.
• Théorème de Helly
• Ellipsoïde de John-Loewner
230 Séries de nombres réels ou complexes. Comportement des restes ou des sommes par-
tielles des séries numériques. Exemples.
• Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible
1.3. LEÇONS D’ANALYSE 13

• Quelques ordres moyens


233 Méthodes itératives en analyse numérique matricielle.
• Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire
• Méthode de gradient conjugué
234 Espaces L p , 1 ¶ p ¶ +∞.
• Théorème de Grothendieck
• Espace de Bergman
235 Problèmes d’interversion de limites et d’intégrales.
• Formule des compléments
• Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible
• Espace de Bergman
236 Illustrer par des exemples quelques méthodes de calcul d’intégrales de fonctions d’une
ou plusieurs variables réelles.
• Inversion de Fourier
• Formule des compléments
239 Fonctions définies par une intégrale dépendant d’un paramètre. Exemples et applica-
tions.
• Prolongement de Γ
• Inversion de Fourier
• Formule des compléments
241 Suites et séries de fonctions. Exemples et contre-exemples.
• Théorème de Helly
• Prolongement de Γ
• Banach-Steinhaus et séries de Fourier
• Formule sommatoire de Poisson
243 Convergence des séries entières, propriétés de la somme. Exemples et applications.
• Espace de Bergman
• Théorème d’Abel angulaire et taubérien faible
245 Fonctions holomorphes sur un ouvert de C. Exemples et applications.
• Espace de Bergman
• Prolongement de Γ
• Formule des compléments
246 Séries de Fourier. Exemples et applications.
• Formule sommatoire de Poisson
• Banach-Steinhaus et séries de Fourier
250 Transformation de Fourier. Applications.
• Formule sommatoire de Poisson
• Inversion de Fourier
253 Utilisation de la notion de convexité en analyse.
• Ellipsoïde de John-Loewner
• Inégalité de Hoeffding
260 Espérance, variance et moments de variables aléatoires.
14 CHAPITRE 1. COUPLAGES

• Inégalité de Hoeffding
• Théorème de Weierstrass
261 Fonction caractéristique d’une variable aléatoire. Exemples et applications.
• Théorème central limite
• La fonction caractéristique caractérise la loi
262 Modes de convergence d’une suite de variables aléatoires. Exemples et applications.
• Théorème central limite
• Inégalité de Hoeffding
• Théorème de Helly
263 Variables aléatoires à densité. Exemples et applications.
• Processus de Poisson
• La fonction caractéristique caractérise la loi
• Théorème central limite
264 Variables aléatoires discrètes
• Théorème de Weierstrass
• Processus de Poisson
1.4. BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE 15

SECTION 1.4

Bibliographie commentée

Les indispensables

GOURDON 2009a et GOURDON 2009b : incontournables sur quasiment toutes les leçons
qui portent sur l’adhérence du programme de prépa. Il faut souvent aller voir dans les exos
ou les « problèmes » à la fin de chaque partie pour avoir des résultats classiques.
ROUVIÈRE 2003 : les exercices de ce livre sont vite devenus des classiques ou des déve-
loppements qui dépassent le simple cadre du calcul différentiel.
BECK, MALICK et PEYRÉ 2005 : à l’apparence austère, ce livre est génial parce qu’il ne
donne généralement pas de démonstrations et beaucoup de résultats illustrant les notions
de manière brillante. Très utile en algèbre linéaire et en calcul différentiel notamment.
OUVRARD 2009 et BARBÉ et LEDOUX 2007 : les deux ouvrages qui font quasiment tout
en probabilités, surtout le deuxième qui est assez synthétique. Pour les choses basiques, on
a aussi OUVRARD 2007.
HIRSCH et LACOMBE 2009 : tout ce qu’il faut sur l’analyse fonctionnelle
QUEFFÉLEC et ZUILY 2013 : pas optimal sur le plan pédagogique, ce livre touffu contient
surtout beaucoup de développements potentiels, il ne peut pas vraiment servir de livre de
base pour une leçon.
B ONY 2001 : très clair sur la transformée de Fourier et les distributions, thèmes un peu
à la marge du programme depuis cette année.
BRIANE et PAGÈS 2006 : très pédagogique, incontournable sur l’intégration et en parti-
culier les probabilités
QUEFFÉLEC 1998 : un peu dans la même veine que le précédent, mais pour les leçons de
topologie : 203, 204, 205.
HAUCHECORNE 2007 : permet d’éviter de chercher des contre-exemples dans sa tête
(quelle idée...) ou dans plein de livres différents.
Les Francinou-Gianella : corrections d’exos de concours, ils ne contiennent donc souvent
rien de nouveau, mais rassemblent par thèmes des résultats d’applications utiles.
AMAR et MATHERON 2003 : à condition de combiner avec d’autres livres d’analyse com-
plexe comme TAUVEL 2006 pour éviter la théorie trop compliquée menant à la formule de
Cauchy, c’est un ouvrage remarquable, avec tout ce qu’il y a à dire sur les fonctions holo-
morphes, notamment une belle partie sur l’utilisation du théorème des résidus, et une autre
sur les produits infinis.
DEMAILLY 2006 : pour les équations différentielles, l’interpolation, l’intégration numé-
rique.
GRIFONE 2011 : indispensable pour la leçon 151 notamment, un livre qui donne propre-
ment les bases de l’algèbre linéaire, éludées dans les ouvrages plus complexes.
CALDERO et GERMONI 2013 et CALDERO et GERMONI 2015 : drôles et bien écrits, conçus
pour permettre au lecteur de briller à l’oral
PERRIN 1996 : le livre le plus synthétique sur les groupes, les anneaux, les extensions de
corps. Moins convaincant sur la géométrie.
GOZARD 1997 : pour les extensions de corps, très bien fait avec de la théorie de Galois
abordable.
RUDIN 1970 : je ne l’aime pas tellement, mais il y a plein de belles choses sur l’analyse
complexe notamment.
16 CHAPITRE 1. COUPLAGES

Les originaux
DURRETT 2010 : un livre de probabilités en anglais pour le moins éclectique, mais il y
a de belles choses à trouver dedans (notamment l’application du théorème de Helly et des
calculs de fonctions caractéristiques qu’on ne trouve pas ailleurs).
DE SEGUINS PAZZIS 2011 : la somme théologique des formes quadratiques, dont une
petite partie seulement peut être utilisée pour l’agrégation. Complet et fait proprement,
mais pas assez synthétique.
RISLER et B OYER 2006 : une preuve originale de Dunford. Utile aussi pour la leçon 120.

Les subsidiaires
FOATA et FUCHS 2003 : pour compléter les probas, surtout sur la leçon 261
COLMEZ 2011 : pour les représentations
BRÉZIS 2005 : certains adorent ce livre, je le trouve vieillot. Il contient beaucoup de
choses savantes, mais pas forcément essentielles, sur l’analyse fonctionnelle. La partie sur
Hahn-Banach est la seule vraiment indispensable.
SAINT-RAYMOND 2008 : pour compléter un peu les autres livres de topologie.
RAMIS, DESCHAMPS et ODOUX 1990 et RAMIS, DESCHAMPS et ODOUX 1995 : des manuels
bien faits pour certaines leçons comme 142 et 229
MÉRINDOL 2006 : pour le résultant.
SZPIRGLAS 2009 : idem.
Chapitre 2

Développements

An est simple

Leçons : 103, 104, 105, 108

Théorème 1
Le groupe An est simple.

Démonstration. Étape 1 : cas n = 5.


Dans A5 , les types d’éléments suivants forment des classes de conjugaison distinctes :
• l’identité ;
5×4×3
• les 3-cycles : il y en a = 20. En effet, A5 est 3-transitif : si (abc) et (a0 b0 c 0 )
3
sont deux 3-cycles, il existe σ ∈ A5 tel que σ(a) = a0 , σ(b) = b0 et σ(c) = c 0 donc
σ(a bc)σ−1 = (a0 b0 c 0 ) ;
• les doubles transpositions : une double transposition de A5 est déterminée par le choix
de l’élément x laissé fixe (5 possibilités) et par celui de la double transposition res-
treinte à J1, 5K \ {x} (3 possibilités), donc il y en a 15. Elles sont deux à deux conju-
guées car si τ = (ab)(cd)(e) et τ0 = (a0 b0 )(c 0 d 0 )(e0 ), il existe par 3-transitivité σ ∈ A5
envoyant (c, d, e) sur (c 0 , d 0 , e0 ). Par conséquent, elle envoyant également l’ensemble
{a, b} sur {a0 , b0 } et στσ−1 = τ0 .
5×4×3×2
Pour des raisons d’ordre, les classes sont bien distinctes. Par ailleurs, il y a =
5
24 5-cycles dans A5 , et cela achève le catalogue de ses éléments.
Soit H un sous-groupe distingué non trivial de A5 . Par le théorème de Lagrange, |H|
divise 60. De plus, si H contient un 3-cycle (resp. une double transposition), il les contient
tous. Il en va de même pour les 5-cycles car si H contient un élément d’ordre 5, il contient
le 5-Sylow engendré par cet élément, donc comme les 5-Sylow sont deux à deux conjugués
(théorème de Sylow), il contient tous les 5-Sylow donc tous les éléments d’ordre 5.
Étant donné que ni 24 + 15 + 1 = 40, ni 24 + 20 + 1 = 45, ni 15 + 20 + 1 = 36 ne divisent
60, il est impossible que H ne contienne que deux catégories d’éléments (et pour les mêmes
raisons, il est exclu qu’il en contienne une seule). Donc il les contient tous : H = A5 .

Étape 2 : cas général, en se ramenant à l’étape 1.


Soit n > 5, E = J1, nK, H un sous-groupe distingué non trivial de An . Soit σ ∈ H distinct
de l’identité. On peut donc fixer a ∈ E tel que b = σ(a) 6= a. Soit c 6∈ {a, b, σ(b)} et
τ = (ac b). On a τ−1 = (abc).

17
18 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Introduisons le commutateur ρ = τστ−1 σ−1 = (τστ−1 )σ−1 ∈ H. On a

ρ = (ac b)(σ(a)σ(b)σ(c)) = (ac b)(bσ(b)σ(c))

donc ρ laisse fixes au moins n − 5 éléments : quitte à ajouter des éléments à l’ensemble
F = {a, b, c, σ(b), σ(c)}, on peut supposer que c’est exactement le cas.
Soit ϕ : A(F ) −→ A(E) où u|F = u et u|E\F = id E\F . On note H0 = ϕ −1 (F ), c’est un
u 7−→ u
sous-groupe distingué non trivial de A5 car ρ|F ∈ H0 , donc selon l’étape 1, H0 = A5 .
En particulier, si u est un cycle d’ordre 3 de A(F ), alors u ∈ H0 donc u ∈ H donc comme
les 3-cycles sont deux à deux conjugués dans An (voir étape 1), H contient tous les 3-cycles
donc H = An car les 3-cycles engendrent An .

Remarque. • S’il reste un peu de temps, on peut expliquer pourquoi les 3-cycles en-
gendrent An (décomposer en produit pair de transpositions de la forme (1 i) et re-
grouper deux à deux).
• A4 n’est pas simple car 〈(12), (34)〉 est un sous-groupe distingué d’ordre 4.

Référence : PERRIN 1996, pp. 28-30.


19

SO3 (R) est simple

Leçons : 103, 106, 108, 160, 161, 204

Théorème 2
Le groupe SO3 (R) est simple.

Lemme 3

1 Les retournements (i.e. les rotations d’angle π) sont tous conjugués dans SO3 (R).
2 Le centre de SO3 (R) est réduit à {id}.

Démonstration. 1 Soient r D , r D0 des retournements de droites respectives D et D0 . Une


rotation s ∈ SO3 (R) de plan Vect(D, D0 ) bien choisie envoie D sur D0 . Donc sr D s−1 est
une rotation de droite s(D) = D0 et d’angle π, c’est à dire r D0 .
2 Si h est une rotation de droite ∆ et g ∈ Z(SO3 (R)), on a ghg −1 = h. Mais ghg −1 est
une rotation de droite g(∆) donc g fixe toutes les droites donc est une homothétie.
En dimension impaire, on a nécessairement g = id. En dimension paire, il y a aussi
−id donc en particulier, les SO2n (R) ne sont pas simples.

Démonstration (du théorème). Soit H un sous-groupe distingué de SO3 (R) non réduit à
{id}. Comme SO3 (R) est engendré par les retournements, on montrera que H = SO3 (R) en
montrant qu’il contient tous les retournements. Comme les retournements sont conjugués
dans SO3 (R), il suffit de montrer que H en contient un pour qu’il les contienne tous.
Soit h 6= I3 ∈ G et ϕ : SO3 (R) −→ R . Par continuité de la trace, ϕ est
g 7−→ Tr (ghg h )
−1 −1

continue.
Comme SO3 (R) est compact et connexe par arcs, l’image de ϕ est un compact connexe
par arcs de R, c’est-à-dire un segment.
De plus, dans une base adaptée, g ∈ SO3 (R) peut s’écrire :
 
cos θ − sin θ 0
g =  sin θ cos θ 0 
0 0 1

donc Tr (g) = 1 + 2 cos θ ∈ [0, 3].


Donc comme ϕ(h) = Tr (I3 ) = 3, l’image de ϕ est de la forme [a, 3] pour un certain
a¾0
Supposons que a = 3. Alors pour tout g ∈ SO3 (R), ghg −1 h−1 est une rotation d’angle 0
c’est à dire I3 donc h est dans le centre de SO3 (R) dont on a vu qu’il était réduit à {I3 }, ce
qui est contradictoire. π π
Donc a < 3 et on peut trouver n ∈ N∗ tel que a < 1+2 cos < 3 car 1+2 cos −−−−→
n n n→+∞
π
3. Ainsi, il existe g n ∈ SO3 (R) tel que hn = g n hg n−1 h−1 soit une rotation d’angle ± . Or,
n
comme H est distingué, hn ∈ H donc le retournement hnn est dans H, ce qui conclut.
20 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Remarque. • On peut montrer que pour tout n ¾ 1, SO2n+1 (R) est simple (cf GONNORD
et TOSEL 1998), la preuve repose sur la structure de sous-variété de cet ensemble.
• Comme le développement est un peu court, on peut expliquer, à partir du théorème
de Cartan-Dieudonné, pourquoi SO3 (R) est engendré par les retournements. Ou bien
dans la leçon 204, donner les raisons de la connexité
 de SO3 (R) : tout
 élément de ce
cos θ − sin θ 0
groupe est conjugué à une matrice de rotation  sin θ cos θ 0 .
0 0 1

Référence : CALDERO et GERMONI 2013, p. 239. Merci à Antoine Diez pour ce dévelop-
pement.
21

Automorphismes de Sn

Leçons : 105, 108

Définition 4
Un automorphisme de Sn de la forme ϕσ : τ 7→ στσ−1 est appelé automorphisme inté-
rieur. Le groupe des automorphismes intérieurs est noté Int(Sn ).

Théorème 5
Si n 6= 6, Aut(Sn ) = Int(Sn ).

On va commencer par prouver la proposition suivante :


Proposition 6
Soit ϕ ∈ Aut(Sn ). Si ϕ envoie les transpositions sur les transpositions, alors ϕ ∈ Int(Sn ).

Démonstration. Soit ϕ un tel automorphisme. On sait que Sn est engendré par les trans-
positions τi = (1 i) pour i ¾ 2. Comme les τi ne commutent pas deux à deux, il en va de
même des ϕ(τi ) donc les ϕ(τi ) ne sont pas à supports deux à deux disjoints.
Posons ϕ(τ2 ) = (α1 α2 ), alors, par exemple, ϕ(τ3 ) = (α1 α3 ). Comme pour i > 3, ϕ(τi )
ne commute ni avec ϕ(τ2 ), ni avec ϕ(τ3 ), ϕ(τi ) est de la forme (α1 αi ). De plus, les αi
sont deux à deux distincts donc {α1 , . . . , αn } = {1, . . . , n}. On a ainsi défini une permutation
α ∈ Sn . De plus, ∀i ¾ 2, ατi α−1 = (α1 αi ) = ϕ(τi ), donc ϕ est intérieur.

Démonstration (du théorème). L’idée générale est de considérer l’action par conjugaison
de Sn sur lui-même. On note c(s) le centralisateur d’un élément s.
Soit ϕ ∈ Aut(Sn ). Pour n ¾ 2, D(Sn ) = An 1 donc comme ϕ préserve les commutateurs,
il envoie An sur lui-même. Ainsi, l’image d’une transposition par ϕ est un élément d’ordre
2 donc un produit d’un nombre d’un impair k de transpositions disjointes. Si n < 6, An ne
contient pas de triples transpositions donc k = 1 ce qui conclut. Supposons à présent n > 6.
Soit τ = (a b). Alors

s ∈ c(τ) ⇔ sτs−1 = τ ⇔ (s(a) s(b)) = (a b) ⇔ s(F ) = F

où F = E \ {a, b} et E = J1, nK. Cela fournit un morphisme surjectif r : c(τ) −→ Sn−2


s 7−→ s|F
de noyau {1, τ} donc Sn−2 ' c(τ)/(Z/2Z).
Supposons que ϕ(τ) = τ0 soit un produit d’un nombre impair k ¾ 3 de transpositions
disjointes τ0 = (a1 a2 ) . . . (a2k−1 a2k ). On note τi = (a2i−1 a2 i). Les τi commutent entre eux
deux à deux donc pour tout i, τi ∈ c(τ). De plus, si N =< τ1 , . . . , τk >, N est un sous-
groupe distingué de c(τ0 ) : si s ∈ c(τ0 ), sτ0 s−1 = (sτ1 s−1 ) . . . (sτk s−1 ) donc par unicité de la
décomposition en cycles à supports disjoints, ∀i, ∃1 ¶ j ¶ k : sτi s−1 = τ j . Donc c(τ0 ) a un
sous-groupe distingué N isomorphe à (Z/2Z)k .
Par ailleurs c(τ) est isomorphe via ϕ à c(τ0 ) donc à c(τ) de sorte qu’en composant avec
r, on obtient un morphisme surjectif f : c(τ0 )  Sn−2 de noyau {1, τ0 }.

1. En effet, pour n ¾ 3, An est engendré par les 3-cycles et ceux-ci sont deux à deux conjugués, donc si
σ = (abc) est un 3-cycle, σ2 = (ac b) en est aussi un donc il existe τ ∈ An tel que σ2 = τστ−1 donc σ est un
commutateur
22 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Par théorème d’isomorphisme, f (N ) ' N /(ker( f ) ∩ N ). Comme τ0 ∈ N , ker f ⊂ N


et f (N ) ' (Z/2Z)k /(Z/2Z) ' (Z/2Z)k−1 2 . Or, comme n − 2 ¾ 5, les seuls sous-groupes
distingués de Sn−2 sont An−2 , {id} et lui-même : par un argument de cardinalité, on conclut
à une absurdité. Donc k = 1 et ϕ est intérieur.

Remarque. • La preuve peut également se faire par dénombrement en calculant le car-


dinal du centralisateur de s produit de k1 + · · · + kn cycles disjoints parmi lesquels k1
cycles d’ordre 1, ..., kn d’ordre n, en supposant que n = k1 + 2k2 + · · · + nkn .
• Comme on utilise le fait que An est le seul sous-groupe distingué non trivial de Sn
pour n ¾ 5, il faut aussi savoir le prouver !

Référence : PERRIN 1996, pp. 31-32.

2. Ici, il me semble qu’il y a une imprécision dans le Perrin qui affirme que le cas f (N ) ' (Z/2Z)k n’est pas
exclu.
23

Banach-Steinhaus et séries de Fourier

Leçons : 205, 208, 209, 241, 246

Théorème 7
Soit E espace de Banach, F espace vectoriel normé, H ⊂ Lc (E, F ). Alors soit il existe
M tel que ∀ f ∈ H, k f k ¶ M , soit l’ensemble des x ∈ E tels que sup k f (x)k = +∞ est
f ∈H
dense dans E.

Démonstration. Introduisons pour k ∈ N, Ωk = {x ∈ E : ∃ f ∈ H, k f i (x)k > k}. Le complé-


T de cette ensemble étant fermé comme intersection de fermés, Ωk est ouvert. Si
mentaire
Ω= Ωk , on remarque que ∀x ∈ Ω, sup k f (x)k = +∞.
k∈N f ∈H
Supposons qu’il existe k ∈ N tel que Ωk ne soit pas dense. Il existe x 0 ∈ E, r > 0 tel que
B(x 0 , r) ∩ Ωk = ;. Si kxk < r et f ∈ H, alors k f (x + x 0 )k ¶ k donc k f (x)k ¶ k + k f (x 0 )k.
Donc si kxk ¶ 1,
2  r x  2k 2
r f 2 ¶ r + r k f (x 0 )k.
k f (x)k =

2k 2
Ainsi, k f k ¶ + k f (x 0 )k.
r r
Sinon, tous les Ωk sont denses donc selon le théorème de Baire, Ω est dense dans l’espace
complet E donc l’ensemble des x ∈ E tels que sup k f (x)k = +∞, qui le contient, également.
f ∈H

Proposition 8
L’ensemble des fonctions continues 2π-périodiques dont la série de Fourier diverge en 0
0
est dense dans C2π .

0
Démonstration. Rappelons que C2π muni de k · k∞ est un espace de Banach. Soit, pour

n∈N ,
0
l n : C2π −→ C .
n
f 7−→ Sn ( f )(0) = ck ( f )
P
k=−n
π 1
 
+
Z
sin n 2 t
Pour tout f ∈ C2π 0
, l n ( f ) = ( f ?Dn )(0) = t
 f (t)dt donc |l n ( f )| ¶ kDn k1 k f k∞
−π sin 2
de sorte que kl n k ¶ kDn k1 .
|Dn (t)|
Pour " > 0, soit f" : t → ∈ C2π 0
. Alors par convergence dominée, comme
|Dn (t)| + "
∀", ∀t, | f" (t)| ¶ 1,
Zπ Zπ
|Dn (t)|2
l n ( f" ) = dt −−→ |Dn (t)|dt.
−π
|Dn (t)| + " "→0
−π
Donc pour tout n ∈ N, kl n k = kDn k1 .
πi h
Or, il découle de l’inégalité sin t ¶ t, valable pour t ∈ 0, , que
2
Zπ Z π   Z (n+ 12 )π
sin n + 12 t
 ‹ ‹
2 1 | sin u|
kDn k1 = sin n + t dt ¾ 2 dt ¾ du.
−π
|t| 2 0
|t| 0
u
24 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS
Z
| sin u|
Donc (kDn k1 )n∈N∗ tend en croissant vers du, par convergence monotone. Mais
R+
u
| sin u|
ϕ : u 7→ du n’est pas intégrable. En effet, elle est périodique de moyenne M =
Z 2π u
R 2πn
ϕ(u)du > 0 donc 0 ϕ(u)du = nM −−−−→ +∞ alors que dans le même temps,
n→+∞
0 R
toujours par convergence monotone, cette suite tend vers R ϕ(u)du.
+
En conclusion, le premier cas de l’alternative du théorème de Banach-Steinhaus ne pou-
vant être réalisée, il s’ensuit que l’ensemble des f ∈ C2π 0
tels que (l n ( f ))n n’est pas bornée
0
est dense dans C2π .

Remarque. Dans l’alternative du théorème de Banach-Steinhaus, le premier cas est en par-


ticulier réalisé quand il existe x ∈ E tel que sup k f (x)k < +∞.
f ∈H

Référence : RUDIN 1970, p. 130.


25

Borne de Bézout

Leçons : 142, 144, 152

Théorème 9
Soit k un corps infini et A, B ∈ k[X , Y ] de degrés totaux respectifs m et n. Alors si Z(A)
désigne l’ensemble des zéros de A, on a Card(Z(A) ∩ Z(B)) ¶ mn.

Démonstration. Étape 1 : majoration du degré d’un résultant


On sait que si (x, y) ∈ Z(A) ∩ Z(B), on a ResX (A, B)( y) = ResY (A, B)(x) = 0, donc

Card(Z(A) ∩ Z(B)) ¶ deg ResX (A, B) × deg ResY (A, B)).


p q
Écrivons A = ai (X )Y i , B = b j (X )Y j où pour tout i, deg ai ¶ m − i, pour tout j,
P P
i=0 j=0
deg b j ¶ n − j.
Le résultant ResY (A, B) est le déterminant de la matrice de Sylvester

(0) b0 (0)
 
a0
.. ..

 . . 

 . .
. .

 . a . b 
C = (ci, j )1¶i, j¶p+q =  ..
0 0 
.
 
 ap bq 

 . .. . .. .
.. 

(0) ap (0) bq
où si 1 ¶ j ¶ q, §
ai− j si 0 ¶ i − j ¶ p
ci, j = ,
0 sinon
et si q + 1 ¶ j ¶ p + q,

si 0 ¶ i − j + q ¶ p
§
ai− j+q)
ci, j = 3
.
0 sinon
p+q
Donc ResY (A, B) = "(σ) cσ( j), j . Or, si σ ∈ S p+q ,
P Q
σ∈S p+q j=1

‚ p+q Œ p+q q p+q


Y X X X
deg cσ( j), j = deg(cσ( j), j ) ¶ m − (σ( j) − j) + n − (σ( j) − j + q)
j=1 j=1 j=1 j=q+1

¶ (m − p)(q − n) + mn ¶ mn,

puisque q ¶ n et p ¶ m. Ainsi, deg ResY (A, B) ¶ mn, et symétriquement, il en va de même


de ResX (A, B). D’où Card(Z(A) ∩ Z(B)) ¶ (mn)2 .

Étape 2 : changement de variable astucieux 


xi − x j

Notons Z(A) ∩ Z(B) = {(x i , yi ), i ∈ I}, I fini. Soit E = , i 6= j, y j 6= yi qui est
y j − yi
également fini.
3. pour s’en souvenir, examiner les éléments en bas à droite des deux moitiés de la matrice correspondant
à A et B.
26 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Soit u ∈ k∗ \ E (k est infini). Si i 6= j ∈ I,


xi − x j
x i + u yi = x j + u y j ⇔ x i − x j = u( y j − yi ) ⇔ u = ou (x i , yi ) = (x j , y j )
y j − yi

ce qui est faux car u 6∈ E . Donc ϕ : (x, y) ∈ Z(A) ∩ Z(B) 7→ x + u y est injective.
Posons Ã(X , Y ) = A(X − uY, Y ) et B̃(X , Y ) = B(X − uY, Y ). Si (x, y) ∈ Z(A) ∩ Z(B),
Ã(x + u y, y) = A(x, y) = 0 et B̃(x, y) = 0, d’où ResY (Ã, B̃)(x + u y) = 0.
Ainsi, ϕ est à valeurs dans l’ensemble des racines de ResY (Ã, B̃). Selon l’étape 1, comme
à et B̃ sont de degrés totaux inférieurs à ceux de A et B, on a Card(Z(A) ∩ Z(B)) ¶ mn.

Remarque. Le « vrai » théorème de Bézout affirme que le nombre de points d’intersections


des courbes algébriques définies par A et B est égal à mn, à condition de les compter avec
une notion de « multiplicité » à définir.

Références : bricolé (merci à Adrien Laurent) à partir de MÉRINDOL 2006 et de SZPIR-


GLAS 2009.
27

Chevalley-Warning et Erdös-Ginsburg-Ziv

Leçons : 120, 121, 123, 142, 144

Théorème 10
Soit q = P
ps où p est premier et ( f a )a∈A une famille finie de polynômes de Fq [X 1 , . . . , X m ]
tels que deg f a < m. Alors si V = {x = (x 1 , . . . , x m ) ∈ K m : ∀a ∈ A, f a (x 1 , . . . , x m ) = 0},
a∈A
on a Card(V ) ≡ 0[p].

Démonstration. On note K = Fq .
Étape 1 : Soit u ∈ N et S(u) = x . Montrons que S(u) = 0 si u = 0 ou q − 1 - u et −1
P u
x∈K
sinon.
D’abord, si u = 0, avec la convention 00 = 1, on a S(0) = 1 + 1 = q = 0 dans Fq . Si
P
x∈K ×
u 6= 0, rappelons que K × est cyclique. Prenons en un générateur z, qui est donc d’ordre q,
de sorte que z u = 1 ⇔ q − 1 | u.
q−1
P ju z qu − 1
Ainsi, si q − 1 ne divise pas u, S(u) = z = u = 0 car z q = z.
j=0 z −1
q−1
Et sinon, S(u) = 1 = q − 1 = −1 dans Fq .
P
j=1


Étape 2 : soit P = 1 − f aq−1 . Si x ∈ V, P(x) = 1 et si x 6∈ V , il existe a ∈ A tel
Q
a∈A
que f a (x) 6= 0 donc f a (x)q−1 = 1, si bien que P(x) = 0. Donc la fonction x 7→ P(x) est
l’indicatrice 1V .
(deg f a )(q − 1) < m(q − 1) par hypothèse.
P
Par ailleurs, le degré de V est inférieur à
a∈A
u
Donc P est une combinaison linéaire de monômes X u = X 1 1 . . . X mum où u1 +· · ·+um < m(q−1).
Pour un tel monôme :
X X m X
Y m
Y
u u
xu = um
x11 . . . x m = xi i = S(ui ).
x∈K m x∈K m j=1 x i ∈K j=1

P i0 tel que ui0 < q − 1 donc x∈K m x = 0. Par linéarité, ∀x ∈ Fq , 0 =


P u
P Or, il existe
P(x) = 1V (x) = CardV . Comme Fq est de caractéristique p, le résultat désiré s’en-
x∈K m x∈K m
suit.

Proposition 11 (Erdös-Ginsburg-Ziv)
Soit n ∈ N∗ . Parmi 2n − 1 entiers a1 , . . . , a2n−1 , on peut en trouver n dont la somme est
divisible par n.

Démonstration. Étape 1 : pour n = p premier. Introduisons les polynômes de F p [X 1 , . . . , X 2p−1 ],


2p−1
P 2p−1 2p−1
2p−1
P1 (X 1 , . . . , X 2p−1 ) = et P2 (X 1 , . . . , X 2p−1 ) = ak X k . On a deg P1 + deg P2 =
P
Xk
k=1 k=1
2(p − 1) < 2p − 1
De plus, P1 (0) = 0 = P2 (0) donc en reprenant les notations du théorème précédent, V
est non vide donc par Chevalley-Warning, V est de cardinal au moins  p. Il existe donc x 6= 0
tel que P1 (x) = P2 (x) = 0. Or, si x = (x 1 , . . . , x 2p−1 ), P1 (x) = Card i ∈ J1, 2p − 1K, x i 6= 0
donc il y a exactement p composantes de x non nulles.
28 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

p
Donc comme P2 (x) = ak = 0, il existe ai1 , . . . , aip tels que
P P
aik soit divisible
k∈J1,2p−1K,x k 6=0 k=1
par p.

Étape 2 : pour le cas général, on procède par récurrence forte sur n.


Si n est premier, il n’y a rien à démontrer ; sinon, on écrit n = pn0 avec p premier et
n > 1. Soit E = {a1 , . . . , a2n−1 } un ensemble de 2n − 1 entiers.
0

On a 2n − 1 = 2pn0 − 1 = (2n0 − 1)p + p − 1. Selon l’étape 1, on peut trouver un ensemble


E1 de p entiers pris parmi a1 , . . . , a2p−1 dont la somme est divisible par p ; puis E2 ensemble

de p entiers pris dans a1 , . . . , a3p−1 \ E1 de somme divisible par p, etc...
On construit ainsi des ensembles deux à deux disjoints E1 , . . . , E2n0 −1 . On note Si =
P
x,
x∈Ei
et on peut donc écrire Si = pSi0 .
n0
P
0
Par hypothèse de récurrence, il existe {i1 , . . . , in0 } ⊂ J1, 2n −1K tel que Si0k est divisible
k=1
n0
P
par n0 de sorte que Sik est divisible par n. Or, par construction, cette dernière somme est
k=1
une somme de n0 × p = n éléments de E ce qui termine la démonstration.

Références : SERRE 1994 et ZAVIDOVIQUE 2013.


29

Décomposition de Dunford par la méthode de Newton

Leçons : 153, 155, 157

Théorème 12
Soit K sous-corps de C et A ∈ Mn (K). Il existe un unique couple (D, N ) ∈ Mn (K)2 tel
que A = D + N , DN = N D, avec D diagonalisable sur C et N nilpotent. De plus, D et N
sont des éléments de K[A].

Lemme 13
Si U est une matrice inversible et N une matrice nilpotente commutant avec U alors
U − N est inversible.

Démonstration. Soit m tel que N m = 0. Comme U et N commutent, (U −1 N )m = 0, on peut


donc supposer, quitte à multiplier par U −1 que U = I n . Alors
‚m−1 Œ ‚m−1 Œ
X X
N k (I n − N ) = (I n − N ) N k = In − N m = In.
k=0 k=0

Démonstration (du théorème). Notons χA le polynôme caractéristique de A. IlQ


est scindé
sur C algébriquement clos donc peut s’écrire χA = (X −λi ) . Introduisons P = (X −λi ).
Q ni
i i
χA
On remarque que P = donc P ∈ K[X ]. De plus, il existe r = maxi (ni ) tel que χA|P r
χA ∧ χA0

de sorte que P r (A) = 0 (Cayley-Hamilton).


Introduisons la suite suivante :

A0 = A
§
.
An+1 = An − P(An )P 0 (An )−1
Soit H le prédicat défini sur N par H n : « An est bien définie et dans K[A], P(An ) =
n
P(A)2 Bn où Bn ∈ K[A] et P 0 (An ) est inversible. »
• Pour montrer H0 , il suffit de vérifier que P 0 (A) est inversible. Comme P et P 0 sont
premiers entre eux, on peut fixer U, V tels que U P + V P 0 = 1. En évaluant en A, on
a V (A)P 0 (A) = I n − U(A)P(A). Comme P(A) est nilpotent, selon le lemme, P 0 (A) est
inversible.
• Soit n ∈ N, supposons H n . Il est immédiat que An+1 est bien définie et est un polynôme
en A.
Remarquons que si Q ∈ K[X ], il existe Q̃ ∈ K[X , Y ] tel que Q(X +Y ) = Q(X )+Y Q0 (X )+
Y 2Q̃(X , Y ). Il suffit, par linéarité, de le vérifier sur Q(X ) = X m . On a alors :
m  ‹
‚m−2  ‹ Œ
X m X m
(X + Y )m = X k Y m−k = X m + mY X m−1 + Y 2 X k Y m−k−2 ,
k=0
k k=0
k
ce qui donne le résultat voulu.
Appliquons cela à P : P(X + Y ) = P(X ) + Y P 0 (X ) + Y 2 P̃(X , Y ), et évaluons dans la
K-algèbre commutative K[A]. On peut trouver B̃n ∈ K[A] tel que P(An+1 ) = P(An ) −
n+1 n+1
P(An )(P 0 (An ))−1 P 0 (An ) + P(An )2 B̃n = P(A)2 Bn2 B̃n = P(A)2 Bn+1 où Bn+1 ∈ K[A] par
hypothèse de récurrence.
30 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Enfin, pour montrer que P 0 (An+1 ) est inversible, on peut utiliser le même argument que
dans l’initialisation ; ou bien écrire un développement P 0 (X + Y ) = P 0 (X ) + Y Q(X , Y )
de P 0 et l’évaluer pour obtenir P 0 (An+1 ) = P 0 (An ) + P(An )Cn avec Cn ∈ K[A] donc
comme P(An ) est nilpotent, le lemme fournit l’inversibilité de P 0 (An+1 ). Cela conclut
la récurrence
• Conclusion : Soit r ∈ N tel que P(A) r = 0. Alors si n ¾ n0 = E(log2 (r)) + 1, P(An ) = 0
donc An+1 = An : la suite est stationnaire. Comme P est scindé à racines simples dans
C et annule An0 , cette dernière matrice est diagonalisable sur C.
0 −1
nP
De plus, An0 − A = Ak+1 − Ak et Ak+1 − Ak = P(Ak )(P 0 (Ak ))−1 ∈ K[A] est nilpotent
k=0
donc An0 − A est nilpotent comme somme de nilpotents commutant deux à deux. Ainsi
D = An0 et N = A − An0 conviennent (ils commutent entre eux comme polynômes en
A).

Prouvons pour finir l’unicité : soit (D0 , N 0 ) tel que A = D0 + N 0 , D0 N 0 = N 0 D0 et N 0 est


nilpotent, D0 est diagonalisable.
Alors N 0 commute avec A donc avec N élément de K[A]. De plus, N − N 0 = D0 − D est
diagonalisable, et nilpotent comme somme de deux nilpotents commutant entre eux. Donc
N − N 0 = 0 et D = D0 ce qui prouve l’unicité.

Remarque. • L’algorithme reprend le principe de la méthode de Newton. Comme dans


le cas « ordinaire » , la convergence est quadratique : si P r (A) = 0, il faut log2 (r) étapes
pour obtenir (D, N ).
• Voici la démonstration du petit résultat cité dans la preuve du théorème : si x, y sont
deux nilpotents d’un anneau A tels que x y = y x, prenons n tel que x n = y n = 0.
2n
2n
 k 2n−k
Alors par le binôme de Newton, (x + y)n =
P
k x y et si k ∈ J0, 2nK, alors
k=0
k ∈ Jn + 1, 2nK ou 2n − k ∈ Jn + 1, 2nK donc x k = 0 ou y 2n−k = 0. In fine, (x + y)n = 0.

Références : RISLER et B OYER 2006, p. 62. L’unicité est dans GOURDON 2009a, p. 193
avec un raccourci.
31

Diagonalisation des opérateurs symétriques compacts

Leçons : 203, 205, 213

Théorème 14
Soit H un Hilbert séparable et T ∈ L (H) un opérateur symétrique (T = T ∗ ) compact
non nul. Il existe (en )n∈N base hilbertienne de H constituée de vecteurs propres de T . La
suite des valeurs propres de T , notée (λn )n∈N tend vers 0 et pour tout x ∈ H, T (x) =
+∞
λn 〈x, en 〉en .
P
n=0

Lemme 15
L’opérateur symétrique compact T admet kT k ou −kT k pour valeur propre.

Démonstration. Montrons d’abord que kT k2 est valeur propre de T 2 . On a pour tout élé-
ment x de H :

kT 2 (x) − kT k2 xk2 = kT 2 xk2 + kT k4 kxk2 − 2Re〈T 2 x, x〉kT k2


T =T ∗
= kT 2 xk2 + kT k4 kxk2 − 2kT k2 kT xk2
¶ kT k2 (kT k2 kxk2 − kT xk2 .

Prenons une suite (x n )n∈N d’éléments unitaires tels que kT (x n )k −−−−→ kT k. Comme T
n→+∞
est compact et (x n ) est bornée, quitte à extraire une sous-suite, on peut supposer que T (x n )
admet une limite y. Donc T 2 (x n ) tend vers T ( y). 
Par ailleurs, l’inégalité ci-dessus nous assure que kT 2 x n − kT k2 x n k2 n tend vers 0 car
kT k2 (kT k2 − kT (x n )k2 ) −−−−→ 0. Ainsi, kT k2 x n −−−−→ T ( y), de sorte que x n tend vers
n→+∞ n→+∞
T
x = y 6= 0. Comme T 2 x n −−−−→ T ( y) = kT k2 x, on a T 2 (x) = kT k2 x : x est un
kT k2 n→+∞
vecteur propre de T associé à kT k2 .
2

Mais T 2 − kT k2 = (T − kT k)(T + kT k) donc ou bien (T + kT k)(x) = 0 et −kT k est valeur


propre de T , ou bien x 0 = (T + kT k)(x) 6= 0 et x 0 est vecteur propre de T associé à la valeur
propre kT k.

Démonstration (du théorème). Construisons par récurrence une suite (λn )n∈N décroissante
en module de valeurs propres de T .
On pose T1 = T 6= 0. Selon la première étape, on peut trouver une valeur propre λ1
de module kT k de T . Comme T est compact, l’espace propre E1 = ker(T − λ1 id) est de
dimension finie donc fermé ; d’où, selon le théorème du supplémentaire orthogonal H =
E1 ⊕ E1⊥ .
Supposons construits λ1 , . . . , λn valeurs propres de T telles que λk est de module kTk k
k−1 ‹⊥
où Ei = ker(T − λi ) (sous-espace stable par T
L
où kTk k est la restriction de T à Ei
i=1
symétrique comme orthogonal d’un sous-espace stable). En particulier, |λn | ¾ · · · ¾ |λ1 |.
Si Tn+1 est nul, la construction s’arrête.
32 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Sinon, Tn+1 est symétrique compact non nul donc selon le lemme, il admet une valeur
n+1
propre λn+1 de module kTn+1 k. C’est également une valeur propre de T et H =
L
Ei ⊕
i=1
n+1 ‹⊥
Ei , les sommes directes étant orthogonales puisque ker(T − λn+1 ) = ker(Tn+1 −
L
i=1
 n ‹⊥
λn+1 ) ⊂
L
Ei .
i=1

Montrons que les λn forment une suite tendant vers 0 et qu’elles sont les seules valeurs
propres non nulles de T . Ceci est clair si la récurrence précédente s’arrête puisqu’il existe
N ‹⊥
ker(T − λi ) ⊂ ker T donc
L
un N ∈ N tel que
i=1

N
M
H= ker(T − λi ) ⊕ ker T.
i=1

Supposons donc {λn , n ∈ N} infini. La suite (|λn |) est décroissante et minorée donc tend
vers sa borne inférieure m ¾ 0. Si m 6= 0, prenons
 ‹pour tout n, un élément (en ) unitaire tel
en
que T (en ) = λn en . Comme T est compact et est bornée, quitte à extraire une sous-
λn
en
 ‹
suite, on a en = T −−−−→ z ∈ H. Mais comme les espaces propres associés aux λn sont
λn n→+∞
deux à deux orthogonaux, on a pour tout n 6= m, ken − em k2 = 2 : (en ) n’étant pas de Cauchy,
elle ne peut donc converger.
Ainsi, m = 0 et |λn | tend vers 0.

Maintenant, si F = En , on a F ⊥ ⊂ ker T . En effet, si T|F ⊥ était non nul, cet opérateur


L
n∈N∗
symétrique compact
admettrait
une valeur propre λ de module kT|F ⊥ k. Or, pour tout n, λn

L ¾ kT|F ⊥ k donc en faisant tendre n vers l’infini, λ = 0 ce qui est
est de module T n−1

| Ei
i=1

absurde. D’où F ⊥ ⊂ ker T , l’autre inclusion étant également facilement vérifiable.

Conclusion : par le théorème du supplémentaire orthogonal, H =


L
En ⊕ ker T , les
n∈N∗
sommes étant orthogonales. Pour tout n, En = ker(T − λn ) est de dimension finie 4 , on en
prend une base orthonormée (enm )1¶m¶Nm . En concaténant ces bases, on obtient (enm )n,m base
L
hilbertienne de En formée de vecteurs propres de T . Par ailleurs, on peut fixer une base
n∈N∗
hilbertienne (e0m )m∈N de ker T (qui est séparable car H l’est). La réunion de ces deux bases
fournit la base hilbertienne de H annoncée.

Référence : Inspiré de WILLEM 2003, pp. 38-40, mais largement remanié par Salim
Rostam (http://perso.eleves.ens-rennes.fr/~srostam/html/Agreg/index.html).

4. T|En = λn id est compact donc λn B En (0, 1) est compact, ce qui selon le théorème de Riesz ne peut se
produire que si En est de dimension finie.
33

Deux méthodes de gradient

Leçons : 158, 162, 219, 226, 233 (gradient conjugué)

On considère A ∈ Sn++ (R).


Proposition 16
La résolution de Ax = b équivaut à trouver le point qui minimise la fonctionnelle :

1 T
Φ( y) = y Ay − y T b.
2

Démonstration. Il est facile de voir que

1
∇Φ( y) = (AT + A) y − b = Ay − b. (2.1)
2
Et si x est solution du système linéaire, alors Φ( y) = Φ(x + ( y − x)) = Φ(x) + 12 ( y −
1
x) T A( y − x) i.e k y − xk2A = Φ( y) − Φ(x), où kzk2A = z T Az est la norme associée à A que l’on
2
utilisera toujours par la suite.

Définition 17
Une méthode de gradient consiste à partir d’un point x 0 ∈ Rn et à construire la suite

x k+1 = x k + αk dk (2.2)
où dk ∈ Rn est une direction à choisir et αk ∈ R.

Une idée naturelle est de choisir αk de sorte à optimiser Φ(x k+1 ) dans la direction dk ,
d
c’est à dire tel que Φ(x k + αk dk ) = −dkT rk + αk dkT Adk = 0, où −rk := ∇Φ(x k ) = Ax k − b.
dαk
On trouve :

〈dk , rk 〉
αk = (2.3)
kdk k2A
(c’est bien défini lorsque dk 6= 0 car A ∈ Sn++ (R)).

Méthode de gradient conjugué


Remarquons que pour tout k ∈ N :

rk+1 = rk − αk Adk (2.4)


et αk est choisi de sorte à ce que

〈rk+1 , dk 〉 = 0. (2.5)
Idée. Construire des directions (dk ) deux à deux A-orthogonales ; ainsi, rk+1 sera orthogonal
à Vect(d0 , . . . , dk ).
34 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Notations. Pour x, y ∈ Rn , on note x ⊥ y lorsque x et y sont orthogonaux pour le produit


scalaire euclidien et x ⊥A y lorsque x et y sont orthogonaux pour le produit scalaire donné
par A. On étend naturellement cette notation à des sous-espaces de Rn .
On pose d0 = r0 et pour k ∈ N, on construit dk+1 comme l’orthogonalisé de Gram-Schmidt
pour le produit scalaire donné par A de rk+1 relativement à Vect(dk ) :
dk+1 = rk+1 − βk dk (2.6)

〈rk+1 , Adk 〉
βk = si dk 6= 0, βk = 0 sinon. (2.7)
kdk k2A
Remarquons que si dk = 0 alors rk et dk−1 sont colinéaires et comme ils sont aussi orthogo-
naux par (2.5), rk = 0.
Lemme 18
Avec le choix (2.7), les directions (2.6) vérifient pour tout k ∈ N la propriété suivante :
si r0 , . . . , rk ne sont pas nuls alors,

1 Vect(r0 , . . . , rk ) = Vect(d0 , . . . , dk )
2 rk+1 ⊥ Vect(d0 , . . . , dk )
3 dk+1 ⊥A Vect(d0 , . . . , dk )

Démonstration. On procède par récurrence sur k ∈ N. Lorsque k = 0, 1, 2 et 3 sont vrais


grâce aux relations r0 = d0 , (2.5) et (2.6) et bien sûr r0 6= 0 sinon il n’y a rien à faire.
Supposons donc le résultat vrai au rang k − 1, k ∈ N∗ .
1 Par (2.6), on a : dk = rk − βk−1 dk−1 .
2 Par (2.5), on a déjà rk+1 ⊥ dk et si j ∈ {0, . . . , k − 1}, la relation (2.4) couplée à
l’hypothèse de récurrence 2 et 3 donne rk+1 ⊥ d j .
3 Par (2.6), on a déjà dk+1 ⊥A dk (c’est la définition) et si j ∈ {0, . . . , k − 1}, la relation
(2.6) couplée à l’hypothèse de récurrence 3 donne 〈dk+1 , Ad j 〉 = 〈rk+1 , Ad j 〉.
Montrons que Ad j ∈ Vect(r0 , . . . , rk ), ce qui conclura grâce aux relations 1 et 2 que l’on
vient de prouver. Grâce à la relation (2.4) avec k = j, il suffit de montrer que α j 6= 0.
(2.3) (2.6)
Or, α j = 0 ⇐⇒ 〈r j , d j 〉 = 0 ⇐⇒ r j = 0 puisque 〈r j , r j 〉 = 〈d j , r j 〉 + β j−1 〈d j−1 , r j 〉 =
〈d j , r j 〉 selon 2. Donc comme on a supposé r j 6= 0, on a α j 6= 0.

Théorème 19
La méthode de gradient associée aux directions (2.6) avec le choix (2.7) converge vers
la solution x du problème Ax = b en au plus n itérations.

Démonstration. Les conditions 1 et 2 du lemme précédent assurent que tant que rl 6= 0,


la famille (r0 , . . . , rl ) est une famille orthogonale donc libre. On est en dimension n donc
nécessairement l + 1 ¶ n et si rl = 0, x l est solution du système.

Méthode de gradient à pas optimal


On choisit pour direction la « plus grande pente » , c’est à dire dk = −∇Φ(x k ) = −Ax k +
b = rk .
35

Dans ce cas, dk 6= 0 tant que la solution n’est pas atteinte. La convergence découle es-
sentiellement de l’inégalité de Kantorovich :
Lemme 20 (Inégalité de Kantorovich)
En notant 0 < λ1 ≤ . . . ≤ λn les valeurs propres de A, on a pour tout y ∈ Rn ,

k yk4 4λn λ1
≥ .
2 2
k ykAk ykA−1 (λn + λ1 )2

Démonstration. On va montrer l’inégalité équivalente :


v v 2
1 tλ tλ
n 1
∀ y ∈ Rn , k yk4 ≤ + .
4 λ1 λn
On peut même supposer que k yk = 1 et commencer par remarquer :

1 = k yk2 = 〈 y, AA−1 y〉 ≤ k ykAkA−1 ykA = k ykAk ykA−1


Et dans une base orthonormale de vecteurs propres :

v‚ Œ‚ Œ v
n n u ‚X n
Œ‚ n Œ
1 λ λ Xλ
u X X
1 i 2 n 2
= λi yi2 yi2 =
t t
k ykAk ykA−1 yi yi
i=1 i=1
λ i λ n i=1
λ 1 i=1
λ i
v ‚‚ n Œ ‚ n ŒŒ
1 λ1
t X λi 2 X λn 2
≤ yi + yi
2 λn i=1
λ 1 i=1
λ i
v ‚ n  ‹ Œ
1 λ1
t X λi λn
≤ + yi2
2 λn i=1 λ1 λi

x λn
La fonction x 7→ + admet un maximum en λ1 ou en λn et il vaut dans les deux
λ1 x
λn
cas : 1 + . Ainsi,
λ1
v ‚ n  ‹ Œ v v 
1 t λ1 X λn 1 t λ n t λ1
k ykAk ykA−1 ≤ 1+ 2
yi ≤ + ,
2 λn i=1 λ1 2 λ1 λn

et le résultat suit en élevant au carré.

Et sachant que cond(A) = λn /λ1 , on obtient le résultat suivant :


Théorème 21
Avec les choix précédents et dk = rk , la suite (2.2) converge vers x avec :

λ n − λ1
kx k+1 − xkA ≤ kx k − xkA.
λ n + λ1
Plus précisément,
‹k
cond(A) − 1
Æ 
kx k − xk ≤ cond(A) kx 0 − xk.
cond(A) + 1
36 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Démonstration. La première inégalité découle directement de l’inégalité de Kantorovich.


Pour la seconde, on remarque que pour tout y ∈ Rn , λ1 k yk2 ≤ k yk2A ≤ λn k yk2 .

Avec la dernière inégalité, on voit que la convergence peut être lente lorsque la matrice
est mal conditionnée.

Référence : QUARTERONI, SACCO et SALERI 2007, pp. 138-145. Merci à Antoine Diez
pour ce développement.
37

Ellipsoïde de John-Loewner

Leçons : 152, 158, 171, 203, 219, 229, 253

Définition 22
Un ellipsoïde centré en 0 est une surface de Rn d’équation q(x) = 1 où q est une forme
quadratique définie positive. On le note Eq .

Lemme 23
Si A et B sont deux matrices définies positives et α ∈]0, 1[, alors det(αA + (1 − α)B) ¾
(det A)α (det B)1−α avec inégalité stricte si A 6= B.

Démonstration. On utilise le théorème de réduction simultanée : il existe P ∈ GLn (R) tel


que A = t P P et B = t P DP où D = Diag(λ1 , . . . , λn ), λi > 0. Ainsi, si α ∈]0, 1[ :
n
Y
det(αA + (1 − α)B) = (det P) (α + (1 − α)λi ).
2

i=1

Or, ln étant strictement concave, pour i ∈ J1, nK,

ln(α + (1 − α)λi ) ¾ α ln(1) + (1 − α) ln(λi ) = (1 − α) ln(λi ),


 1−α
n n
(α + (1 − α)λi ) ¾ λi
Q Q
d’où en sommant et en composant par exp, .
i=1 i=1
 1−α
n
α
= det P = det P λi
1−α 2α+2(1−α) 1−α 2
Q
Mais det(A) det(B) det(D) donc on a l’inéga-
i=1
lité voulue.

Théorème 24
Soit K compact de Rn d’intérieur non vide. Il existe un unique ellipsoïde centré en 0 de
volume minimal contenant K

Démonstration. On munit Rn de son produit scalaire canonique, de norme associée k · k.


On note Q (resp. Q + , Q ++ ) l’ensemble des formes quadratiques (resp. positives, définies
positives) sur Rn .
Étape 1 : calcul du volume d’un ellipsoïde centré en 0.
Soit q forme quadratique positive. Selon le théorème de réduction simultanée, il existe
une base orthonormée B de Rn (pour le produit scalaire canonique) et a1 , . . . , an ¾ 0 tels
que MB (q) = Diag(a1 , . . . , an ).
Par un premier de changement de variable envoyant (x 1 , . . . , x n ) sur ses coordonnées
dans la base B, on voit que le volume Vq de Eq est
Z
Vq = dx.
{a1 u21 +···+an u2n }
p
Donc, en posant u0i = ai ui , on obtient par un nouveau changement de variable Vq =
1
p V0 où V0 est le volume de la boule unité de Rn . Or le déterminant de MB (q) est
a1 . . . an
38 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

D(q) = a1 . . . an , et c’est une quantité invariante par changement de base orthonormée, ap-
pelée discriminant. Donc q 7→ D(q) est une application continue sur Q + , qu’on va chercher
à maximiser.

Étape 2 : minimisation du discriminant.


Soit A = {q ∈ Q + : ∀x ∈ K, q(x) ¶ 1}. On munit l’espace vectoriel Q de la norme

N : q 7→ sup |q(x)|.
kxk¶1

A est fermé : supposons que la suite (qn ) ∈ (Q + ) converge vers q ∈ Q. Alors pour tout
N

x ∈ Rn , |qn (x) − q(x)| ¶ N (qn − q)kxk2 donc qn (x) −−−−→ q(x). En particulier, q(x) ¾ 0 et
n→+∞
q(x) ¶ 1 pour x ∈ K.
A est borné : Comme K est d’intérieur non vide, on peut fixer une boule B(a, r) ⊂ K.
Donc si q ∈ A et kxk ¶ r, q(a + x) ¶ 1, de sorte que par l’inégalité de Minkowski,
Æ Æ Æ Æ
q(x) = q(a + x − a) ¶ q(a + x) + q(a) ¶ 2.

1 2 2
Ainsi, pour kxk ¶ 1, q(x) = q(r x) ¶ , soit N (q) ¶ .
r2 r2 r2
kxk2
A est non vide : en effet, on peut trouver M > 0 tel que K ⊂ B(0, M ) et q : x →
7
M2
est un élément de A .
Finalement, q 7→ D(q) est une application continue sur le compact non vide A donc elle
est bornée et atteint ses bornes en q0 ∈ Q ++ ∩A car le discriminant est nul pour un élément
de Q+ \ Q ++ . En d’autres termes, selon l’étape 1, Eq0 est un ellipsoïde centré en 0 de volume
minimal contenant K.

Étape 3 : Unicité.
Supposons que q1 soit un autre point de A où le minimum est atteint. Remarquons que
q0 + q1
A est convexe, et notons q2 = ∈ A . Alors par log-concavité stricte du déterminant,
2
D(q2 ) > D(q0 ) D(q1 ) = D(q0 ) qui est pourtant supposé maximal : c’est absurde.
p p

Proposition 25
Si G est un sous-groupe compact de GLn (R), il existe q ∈ Q ++ tel que G ⊂ O(q).

Démonstration. Soit G un sous-groupe compact de GLn (R), B la boule unité fermée de Rn


muni d’une norme euclidienne. Introduisons K = {g(x)/g ∈ G, x ∈ B}. C’est un compact
comme image de G × B par (g, x) 7→ g(x) continue. De plus, B ⊂ K donc K est d’intérieur
non vide. Soit donc Eq l’ellipsoïde de John-Loewner associée à K où q ∈ Q ++ .
Si g ∈ G, q0 : x 7→ q(g(x)) est définie positive et puisque g(K) = K, Eq0 contient K.
Classiquement, comme det est bornée sur G compact, on a | det g| = 1, donc q0 et q ont
même discriminant. Donc selon l’étape 3 de la preuve précédente, q = q0 , i.e. g ∈ O(q).
Ainsi, G ⊂ O(q).

Remarque. On peut même montrer que les sous-groupes compacts maximaux de GLn (R)
sont les O(q) avec q ∈ Q ++ .
39

Remarquons d’abord qu’il suffit de montrer que On (R) est un sous-groupe compact maxi-
mal. En effet, si q ∈ Q ++ , il existe une base de E dans laquelle la matrice de q est I n , donc
O(q) et On (R) sont conjugués.
Soit donc G compact tel que On (R) ⊂ G. Soit g ∈ G. Par décomposition polaire, on peut
écrire G = OS où O ∈ On (R) et S ∈ Sn++ (R). Donc S = O−1 g ∈ G. Mais S est diagonalisable
dans une base orthonormée donc on montre sans mal que kSk2 = ρ(S), plus grande valeur
propre de S (car les valeurs propres de S sont positives). Ainsi, les valeurs propres de S
sont toutes égales à 1 puisque sinon (S k )k∈N ou (S −k )k∈N ne seraient pas bornés. En d’autres
termes, S = I n et g ∈ On (R), ce qu’il fallait démontrer.

Références : FRANCINOU, GIANELLA et NICOLAS 2008, p. 229-232 et CALDERO et GER-


MONI 2013, p. 205.
40 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Endomorphismes semi-simples

Leçons : 122, 153, 154, 155

On se place dans E, un K-espace vectoriel de dimension finie n.


Définition 26
On dit que f ∈ L (E) est semi-simple lorsque tout sous-espace vectoriel de E stable par
f admet un supplémentaire stable par f .

Lemme 27
Soit L/K une extension de corps. Alors Π f ,K = Π f ,L .

Démonstration. C’est une conséquence de l’indépendance du rang vis à vis du corps de


base (qui provient de l’indépendance du résultat du calcul des mineurs). Maintenant, on
a déjà Π f ,L |Π f ,K et comme ces polynômes sont unitaires, il suffit de montrer qu’ils sont de
même degré pour conclure. Or, le degré du polynôme minimal de f sur L est égal au rang
de la famille (id, f , . . . , f n−1 ) dans L (E) qui est un espace vectoriel de dimension finie n2 .
Comme le rang ne dépend pas du corps de base, on en déduit l’égalité annoncée.

Lemme 28
α
Soit F un sous-espace stable par f . On note Π f = P1 1 . . . Prαr . On a :
r ”
α
M —
F= ker Pi i ( f ) ∩ F .
i=1

Démonstration. Par le lemme des noyaux, on sait que :


r r ”
α α
M M —
F= ker Pi i ( f | F ) = ker Pi i ( f ) ∩ F .
i=1 i=1

Théorème 29
Un endomorphisme f est semi-simple si et seulement si son polynôme minimal Π f est
un produit de polynômes irréductibles unitaires distincts deux à deux.

Démonstration. Étape 1. Lorsque Π f est irréductible.


On va montrer que f est semi-simple, considérons donc F un sous-espace stable par f .
Si F = E, il n’y a rien à faire. Sinon, soit x ∈ E \ F et

E x = {P( f )(x), P ∈ K[X ]}.

Clairement E x est stable par f . Pour conclure et quitte à itérer le processus, il suffit de
montrer que F et E x sont en somme directe. L’idéal I x = {P ∈ K[X ], P( f )(x) = 0} est non
réduit à 0 (il y a Π f ) et principal donc il est engendré par un unique polynôme unitaire Π x .
Comme Π x |Π f , ce polynôme est irréductible.
Soit y = P( f )(x) ∈ E x ∩ F que l’on suppose non nul. Alors P ∈
/ I x , c’est à dire que Π x ne
divise pas P et comme il est irréductible, P et Π x sont premiers entre eux. Par le théorème
41

de Bézout, on peut écrire U P + V Π x = 1. On a doncx = U( f ) ◦ P( f )(x) = U( f )( y) ∈ F car


y ∈ F , ce qui est absurde.
Étape 2. Cas général, condition nécessaire.
α
Soit f ∈ L (E) un endomorphisme semi-simple de polynôme minimal Π f = P1 1 . . . Prαr .
Supposons qu’il existe αi ≥ 2. On écrit alors Π f = P 2Q.
F = ker P( f ) est un sous-espace stable par f qui admet un supplémentaire stable noté
S. Si x ∈ S, alors Π f ( f )(x) = P( f )P( f )Q( f )(x) = 0 donc P( f )Q( f )(x) ∈ F . Par ailleurs, S
est stable par f donc P( f )Q( f )(x) ∈ S.
Finalement, P( f )Q( f )(x) ∈ F ∩ S = {0} et P( f )Q( f ) s’annule sur S.
Mais P( f )Q( f ) = Q( f )P( f ) donc par définition de F , P( f )Q( f ) s’annule aussi sur F .
Puisque F et S sont supplémentaires, le polynôme PQ annule f ce qui contredit la minimalité
de Π f .

Étape 3. Cas général, condition suffisante.


Soit f ∈ L (E) dont le polynôme minimal est de la forme Π f = P1 . . . Pr où les Pi sont des
polynômes irréductibles distincts. Soit F un sous-espace stable par f . Pour tout i ∈ {1, . . . r},
F ∩ ker Pi ( f ) est stable par f |ker Pi ( f ) . Puisque Pi est un polynôme irréductible qui annule
f |ker Pi ( f ) , c’est le polynôme minimal de f |ker Pi ( f ) . La première étape fournit l’existence d’un
sous-espace Si stable par f |ker Pi ( f ) (donc par f ) tel que ker Pi ( f ) = (F ∩ ker Pi ( f )) ∩ Si .
Il suffit d’écrire :
r ”
 r  r
M — M€ Š M
E= F ∩ ker Pi ( f ) ⊕ Si = F ∩ ker Pi ( f ) ⊕ Si = F ⊕ S
i=1 i=1 i=1
et S est stable par f qui est donc semi-simple.

Lorsque K est algébriquement clos, les polynômes irréductibles sont de degré 1 donc f
est semi-simple si et seulement si f est diagonalisable. On note maintenant M la matrice de
f dans une base et on dit qu’elle est semi-simple lorsque f l’est.
Théorème 30
Si le corps K est de caractéristique nulle, alors M est semi-simple si et seulement s’il
existe une extension L/K dans laquelle M est diagonalisable.

Démonstration. Soit K de caractéristique nulle et L/K une extension de corps. On com-


mence par montrer que M est semi-simple sur K si et seulement si M l’est sur L (ici, M est
à coefficients dans K). Le polynôme minimal de M sur K est le même que celui de M sur
L. Il suffit donc de montrer que Π M est sans facteur carré dans K[X ] si et seulement s’il est
sans facteur carré dans L[X ].
Dans un corps de caractéristique nulle, P est sans facteur carré équivaut à P ∧ P 0 = 1.
Mais comme le calcul du pgcd s’effectue dans K, le fait que P et P 0 soient premiers entre
eux ne dépend pas du corps considéré.
Prouvons le théorème : supposons que M est semi-simple dans K. Alors soit L est un
corps de décomposition de Π M ∈ K[X ]. Dans L[X ], le polynôme Π M est scindé à racines
simples donc M est diagonalisable. Réciproquement, si M est diagonalisable dans L alors M
est semi-simple dans L et on vient de montrer que ce fait était équivalent à la semi-simplicité
de M sur K.

Références : GOURDON 2009a, p. 224 et BECK, MALICK et PEYRÉ 2005, pp. 103-104.
Merci à Antoine Diez pour ce développement.
42 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Espace de Bergman

Leçons : 201, 202, 205, 208, 213, 234, 235, 243, 245

Théorème 31
Soit Ω un ouvert connexe et H 2 (Ω) l’ensemble des fonctions f holomorphes sur Ω et de
carré intégrable pour la mesure de Lebesgue
RR sur C identifié à R2 . On munit cet espace
du produit scalaire hermitien 〈 f , g〉 = Ω f (x + i y)g(x + i y)dxd y et de la norme k · k
associée. Alors :

1 H 2 (Ω) est un espace de Hilbert.


n+1 n
s
2 Si Ω = D est le disque unité, et en : z 7→ z , alors (en )n∈N est une base
π
hilbertienne de H 2 (Ω).

Démonstration. 1 Soit f ∈ H 2 (Ω), a ∈ Ω et ρ tel que D(a, ρ) ⊂ Ω. Alors selon la


1 R 2π
formule de la moyenne, f (a) = f (a + r e iθ )dθ pour tout r < ρ. Donc en mul-
2π 0
tipliant par r et en intégrant, on obtient par un changement de coordonnées polaires :

ρ 2π
ρ2
Z Z ZZ
1 1
f (a) = f (a + r e iθ )rdθ dr = f (x + i y)dxd y
2 2π r=0 θ =0
2π D(a,ρ)
ZZ
1
Ainsi, f (a) = f (x + i y)dxd y.
πρ 2 D(a,ρ)

1 1
Donc en utilisant l’inégalité de Hölder, on a | f (a)| ¶ k f kk 1 k¶ p k f k.
πρ 2 πρ
Montrons ensuite, grâce à cette inégalité, que H 2 (Ω) est complet. Soit ( f n )n∈N une
suite de Cauchy dans H 2 (Ω).
Soit K compact de Ω. La distance d de K au fermé C \ Ω, en le supposant non vide,
est donc atteinte et strictement positive.
Si z ∈ K, alors D(z, d) ⊂ Ω car d = inf x∈K, y ∈Ω/ |x − y|. Donc pour tout z dans K, pour
1
tout n, m ∈ N, | f n (z) − f m (z)| ¶ p k f n − f m k donc ( f n ) vérifie le critère de Cauchy
πd
uniforme sur tout compact, donc converge uniformément sur tout compact de Ω vers
une fonction holomorphe f 5 .
Par ailleurs, L2 (Ω) est complet selon le théorème de Riesz-Fischer, donc il existe g ∈
L2 (Ω) tel que ( f n ) converge vers g pour la norme k · k. De plus, ce même théorème
nous assure qu’il existe une sous suite ( fφ(n) )n∈N convergeant vers g presque partout.
Par suite, f = g presque partout et f ∈ H 2 (Ω), ce qui conclut.
2 D’abord, (en )n∈N est orthonormée.
En effet, si n, m ∈ N, alors
5. Ce point est moins élémentaire qu’il n’y paraît. On trouve pour tout compact d’intérieur non vide K de Ω

un certain f K holomorphe sur K qui est la limite de ( f n|K )n∈N pour la norme uniforme. Pour aboutir à la limite
f voulue, considérons une suite exhaustive de compacts de Ω, c’est à dire une suite (K p ) p∈N de compacts tels
cir c
que Ω = p∈N K p , et pour tout p, K p ⊂ K p+1 ; et posons f (x) = f Kp (x) si x ∈ K p .
S
43

ZZ v
t (n + 1)(m + 1) m
〈en , em 〉 = x + i y (x + i y)m dx d y
D
π2
p 1 2π
(n + 1)(m + 1)
Z Z
= r m+n e iθ (n−m) r dθ dr
π r=0 θ =0
0 si n 6= m
(
= n+1 1
× × 2π = 1 si n=m
π 2n + 2

Pour montrer que (en )n est une suite totale, il suffit de montrer que Vect((en )n )⊥ = {0}.
Soit f ∈ H 2 (Ω). Écrivons le développement en série entière de f autour de 0 : ∀z ∈
+∞
D, f (z) = αm z m , le membre de droite étant uniformément convergent sur tout
P
m=0
disque fermé D(0, r).
Par ailleurs, pour tout n ∈ N∗ ,

+∞
v v
t n + 1 ZZ t n + 1 ZZ X
n n
cn = 〈en , f 〉 = z f (z)dxd y = αm z z m dxd y.
π D
π D m=0

Par convergence uniforme, on a pour tout 0 < r < 1 :

ZZ +∞
X ZZ
n n
z f (z)dxd y = αm z z m dxd y
D(0,r) m=0 D(0,r)
+∞
0
x=r x , y=r y 0 X π r 2n+2
= αm r 2 r n r m 〈en , em 〉 × p = παn
m=0 (n + 1)(m + 1) n+1
.
p
παn r 2n+2 n+1 παn
s
Donc cn = lim− =p , de sorte que si ∀n ∈ N, 〈en , f 〉 = 0, alors
r→1 n+1 π n+1
f = 0.

Référence : BAYEN et MARGARIA 1986, mais surtout tiré du fichier de développements


d’Adrien Laurent.
44 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Étude de O(p, q)

Leçons : 106, 150, 156, 158, 170, 171

Prérequis : exp : Sn (R) → Sn++ (R) est un homéomorphisme, et décomposition polaire.


Définition 32
n
Le groupe orthogonalde la forme
‹ quadratique sur R représentée dans la base canonique
I 0
par la matrice I p,q = p , où p + q = n est noté O(p, q).
0 −Iq

Théorème 33
On a un homéomorphisme O(p, q) ' Op (R) × Oq (R) × R pq .

Démonstration. Étape 1 : obtention d’un homéomorphisme O(p, q) ' (On (R)∩O(p, q))×
(Sn++ (R) ∩ O(p, q)).
D’abord, O(p, q) est stable par transposition :

M ∈ O(p, q) ⇔ M I p,q t M = I p,q ⇔ M −1 = I p,q t M I p,q


−1
= I p,q t M I p,q
⇔ t M −1 = I p,q M I p,q ⇔ t M ∈ O(p, q).

Soit M ∈ O(p, q), de décomposition polaire M = OS, O ∈ On (R), S ∈ Sn++ (R). On a


S = t M M = T ∈ Sn++ (R). Soit donc U ∈ Sn (R) tel que T = exp(U). Selon ce qui précède,
2

on a de plus T ∈ O(p, q). Or,

T ∈ O(p, q) ⇔ exp(U)I p,q exp( t U) = I p,q


⇔ exp( t U) = I p,q exp(−U)I p,q = exp(−I p,q U I p,q )
U U
⇔ t U = U = −I p,q U I p,q ⇔ I p,q + I p,q = 0
2 2
 ‹  ‹−1  ‹
U U U
t
⇔ exp = I p,q exp I p,q ⇔ exp ∈ O(p, q).
2 2 2
 ‹2  ‹
U U
Mais exp = T donc par unicité de la décomposition polaire, S = exp , de
2 2
sorte que S ∈ O(p, q). Ainsi, cette décomposition fournit un homéomorphisme

O(p, q) ' (On (R) ∩ O(p, q)) × (Sn++ (R) ∩ O(p, q)).

Étape 2 :description‹ de On (R) ∩ O(p, q).


A B
Soit O = ∈ On (R) ∩ O(p, q), où A ∈ M p (R), D ∈ Mq (R). On a
C D
t
A tC
‹ t
AA − t C C t AB − t C D
‹ ‹ ‹
Ip 0 A B
t
OI p,q O = t = t = I p,q
B tD 0 −Iq C D BA − t DC t BB − t DD
AA − t C C = I p
§ t
donc en particulier t
BB − t DD = −Iq
AA + t C C t AB + t C D
t ‹
De plus, I n = OO = t
t
donc en combinant les deux résultats,
BA + t DC t BB + t DD
on a t AA = I p , t C C = 0, t BB = 0 et t DD = Iq donc A ∈ Op (R), D ∈ Oq (R) et comme X 7→
45

Tr( t X X ) est un produit scalaire sur Mn (R), C = 0 et B = 0. Ainsi, on a un homéomorphisme


On (R) ∩ O(p, q) ' Op (R) × Oq (R).

Étape 3 : description de Sn++ (R) ∩ O(p, q).


En réutilisant les calculs de la première partie, exp est un homéomorphisme entre L ∩
++

Sn (R) et Sn (R) ∩ O(p, q) où L = U ∈ Sn (R) : U I p,q + I p,q U = 0 .
 ‹
A B
Soit U = t ∈ L ∩ Sn (R), où A ∈ S p (R), C ∈ Sq (R). On a
B C
 ‹  ‹  ‹
A −B A B 2A 0
0= t + = ,
B −C − t B −C 0 −2C
 ‹
0 B
donc A = C = 0 et U = t , ce qui fournit l’homéomorphisme L ∩ Sn (R) ' R pq voulu.
B 0

En se rappelant que Op (R) et Oq (R) ont deux composantes connexes, on obtient le ré-
sultat suivant :
Corollaire 34
L’ensemble O(p, q) a quatre composantes connexes.

En guise de complément, voici la démonstration du prérequis :


Lemme 35
L’exponentielle induit un homéomorphisme de Sn (R) dans Sn++ (R).

Démonstration. • Si A ∈ Sn (R), par le théorème spectral, on peut écrire A = P DP −1 où


D = Diag(λ1 , . . . , λn ) et P ∈ On (R) donc exp(A) = P exp(D)P −1 est à valeurs propres
strictement positives, donc appartient à Sn++ (R).
• Injectivité : soient A, A0 ∈ Sn (R) telles que exp(A) = exp(A0 ). Écrivons A = P DP −1 où
D = Diag(λ1 , . . . , λn ) et P ∈ On (R). Soit Q ∈ R[X ] tel que Q(eλi ) = λi : il vérifie
donc Q(exp(A)) = A = Q(exp(A0 )). Comme A0 commute avec exp(A0 ), il commute avec
A donc A et A0 sont simultanément diagonalisables ce qui donne immédiatement par
injectivité de l’exponentielle réelle A = A0 .
• Surjectivité : Soit B = P DP −1 ∈ Sn++ (R) où D = Diag(λ1 , . . . , λn ), λi > 0 et P ∈ On (R).
Si A = P D0 P −1 où D0 = Diag(ln λ1 , . . . , ln λn ), alors exp(A) = B.
• Bicontinuité : La continuité de exp étant connue, il reste à montrer que c’est une appli-
cation ouverte. Soit (B p ) p = (exp(A p )) p suite de Sn++ (R) convergeant vers B = exp A ∈
Sn++ (R). Alors comme B est inversible, (B p−1 ) p converge vers B −1 . Ainsi, pour la norme
k · k2 , (B p ) p et (B p−1 ) p sont bornées.
Or, si M ∈ Sn++ (R), kM k2 = ρ(M ) (car M est diagonalisable en base orthonormée
à valeurs propres positives). Donc il existe C, C 00 > 0 tel que ∀p, sp(B p ) ⊂ [0, C] et
sp(B p−1 ) ⊂ [0, C 00 ] de sorte que ∀p, sp(B p ) ⊂ [C 0 , C] (où C 0 = C 00−1 ). Mais sp(A p ) =
ln sp(B p ) ⊂ [ln C 0 , ln C] donc (A p ) p est bornée.
Il reste à montrer que cette suite n’a qu’une seule valeur d’adhérence  pour conclure
à sa convergence. Si Aϕ(p) −−−−→ A0 ∈ Sn (R), alors exp Aϕ(p) −−−−→ exp(A0 ) donc
p→+∞ p→+∞
exp(A0 ) = B = exp(A), d’où par injectivité A = A0 .

Référence : CALDERO et GERMONI 2013, p. 210


46 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Formule des compléments

Leçons : 207, 235, 236, 239, 245

Référence : AMAR et MATHERON 2003, pp. 249 - 251.


47

Formule sommatoire de Poisson

Leçons : 241, 246, 250

Théorème 36
Z
Si f ∈ S (R), et fˆ : x 7→ f (t)e−2iπt x dt, alors
R
+∞
X +∞
X
∀x ∈ R, fˆ(n)e inx = f (x + n).
n=−∞ n=−∞

+∞
f (x + n).
P
Démonstration. Soit G : x 7→
n=−∞
M
• G est continue : en effet, soit M > 0 tel que | f (x)| ¶ pour |x| ¾ 1. Alors si K > 0,
x2
et x ∈ [−K, K], on a pour tout |n| ¾ K,

M M M
| f (x + n)| ¶ ¶ ¶ ,
(x + n)2 (|n| − |x|)2 (|n| − K)2

qui est le terme général positif d’une série convergente. Donc G est la somme d’une
série de fonctions continues convergeant normalement sur tout segment, donc est
continue.
f (x + n) converge norma-
P 0
• G est C 1 : en répétant ce raisonnement, on voit que
n∈Z
lement sur tout segment de R donc le théorème de dérivation terme à terme nous
+∞
assure que G est C 1 et ∀x ∈ R, G 0 (x) = f (x + n)
P 0
n=−∞
+∞ +∞
• G est 1-périodique : si x ∈ R, G(x + 1) = f (x + n + 1) = f (x + p) par un
P P
n=−∞ p=−∞
changement d’indice p = n + 1, soit G(x + 1) = G(x).
La fonction G vérifiant les conditions du théorème de convergence normale des séries
de Fourier (continue périodique et C 1 par morceaux), elle est somme de sa série de Fourier
sur R.
Mais si n ∈ Z, le n-ième coefficient de Fourier de G est

Z 1 Z +∞
1 X

cn (G) = G(x)e −2iπnx


dx = f (x + n)e−2iπnx dx
0 0 n=−∞
+∞ 1
‚Z Œ
CV normale
X
= f (x + n)e−2iπnx dx
n=−∞ 0
+∞ +∞
‚Z n+1 Œ Z
u=x+n
X
= f (u)e −2iπnu
du = f (u)e−2iπnu du = fˆ(n).
n=−∞ n −∞

+∞ +∞
f (x + n) = fˆ(n)e inx .
P P
En d’autres termes, ∀x ∈ R,
n=−∞ n=−∞
48 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Proposition 37
Si s > 0,
+∞ +∞
X
−πn2 s 1 X −πn2 /s
e =p e .
n=−∞
s n=−∞

2
Démonstration. Soit α > 0 et f : x 7→ e−αx . Si n ∈ Z,
p
π π −π2 n2 /α
Z Z s s
u= αt 1 p € Š2
2 2 1 2πn
α −
fˆ(n) =
p
e −αt
e −2iπnt
dt = p −u
e e −2iπnu/
dt = e 4 α = e
R α R
α α

(transformée de Fourier d’une gaussienne). Donc par la formule de Poisson,


+∞ +∞
X p −π2 n2 /α
X 2
παe = e−αn .
n=−∞ n=−∞

π
En posant s = , on obtient le résultat désiré.
α

Proposition 38
+∞
La distribution tempérée δZ = δn est invariante par transformation de Fourier.
P
n=−∞

+∞
Démonstration. Cette distribution est bien définie car si f ∈ S (R), 〈δZ , f 〉 = f (k)
P
k=−∞
qui est une série convergente selon la formule de Poisson.
Elle est tempérée car si f ∈ S (R),
+∞ +∞
X X 1
| f (k)| ¶ k(1 + x 2 ) f k∞ = C(k f k∞ + kx 2 f k∞ ,
k=−∞ k=−∞
1 + k 2

avec C constante. Enfin,


+∞
X +∞
X
Poisson
〈δˆZ , f 〉 = 〈δZ , fˆ〉 = fˆ(k) = f (k) = 〈δZ , f 〉,
k=−∞ k=−∞

donc δˆZ = δZ .

Remarque. • Il faut se souvenir de la transformée de Fourier d’une gaussienne (cf « In-


version de Fourier » ) :
• La deuxième application est plutôt pour la leçon 250 qui inclut la transformation de
Fourier des distributions.
+∞
ak δk est tempérée si et seulement si il existe C > 0 et N ∈ N tel
P
• La distribution
k=−∞
que ∀k ∈ Z, |ak | ¶ C(1 + |k|)N (B ONY 2001, p. 171).
• On peut déduire de la deuxième application la formule d’inversion de Fourier, c’est
dans LESFARI 2012.

Références : GOURDON 2009b, p. 277 pour le théorème et la première application,


WILLEM 1995 p. 149 pour la deuxième application
49

Inégalité de Hoeffding

Leçons : 253, 260, 262

On se place dans (Ω, F , P) un espace probabilisé.


Théorème 39
Soit (X n )n suite de variables aléatoires centrées telles que |X n | ¶ cn presque sûrement.
n n
Soit an = c 2j et Sn = X j . Alors si " > 0,
P P
j=1 j=1
−" 2
 ‹
P(|Sn | > ") ¶ 2 exp .
2an

Lemme 40
Soit X variable aléatoire centrée telle que |X | ¶ 1 presque sûrement. Alors L X (t) =
t2
E[e t X ] ¶ e 2 .
1− x 1+ x
Démonstration. Si t ∈ R et x ∈ [−1, 1] alors t x = × (−t) + × t donc par
2 2
1 − x −t 1 + x t
convexité de la fonction exp, e t x ¶ e + e.
2 2
• Appliquant ce •résultat˜ à e , on obtient, comme |X | ¶ 1 presque sûrement, L X (t) ¶
tX

1 − X −t 1+X t
˜
E e +E e = ch(t) car X est centrée.
2 2
+∞
P t 2n +∞
P t 2n t2
Enfin, ch(t) = ¶ = e 2 car (2n)! = n! × (n + 1) × · · · × (2n) ¾ 2 n n!

n=0 (2n)!
n
n=0 2 n!

Démonstration (du théorème). Soit n ∈ N∗ . Par indépendance des X j , on a en remarquant


Xj
que pour tout 1 ¶ j ¶ n, vérifie les conditions du lemme,
cj
n n n
‚ 2 2Œ
t cj
 2 
Y Y Y t an
∀t ∈ R, LSn (t) = L X j (t) = L X j (t c j ) ¶ exp = exp .
j=1 j=1
cj
i=1
2 2
Soit " > 0. Selon l’inégalité de Markov,
 
E e tSn
 
t 2 an
P(Sn > ") = P(e tSn
>e )¶
t"
¶ exp − t" .
e t" 2
t 2 an
Or ϕ : t 7→ − t" est une fonction polynômiale de degré 2 de coefficient dominant
2
"
positif et ϕ 0 (t) = t an − " donc ϕ atteint son minimum en . Ainsi,
an

" an " 2
 2   2‹
−"
P(Sn > ") ¶ exp 2 − = exp .
an 2 an 2an
En appliquant ce résultat à −Sn , on obtient
−" 2
‹ 
P(|Sn | > ") ¶ P(Sn > ") + P(Sn < −") ¶ 2 exp ,
2an
ce qu’il fallait démontrer.
50 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Proposition 41
On suppose de plus qu’il existe α, β > 0 tels que 2α − β > 0 et an ¶ n2α−β pour tout
Sn
n ∈ N. Alors presque sûrement α tend vers 0.
n
 2 2α ‹  2 β
−" n −" n
Démonstration. Selon le théorème précédent, P(|Sn | ¾ "nα ) ¶ exp ¶ exp ,
2an 2
ce dernier terme étant le terme général positif d’une série convergente (par exemple parce
1
que il est négligeable devant 2 ).
n
Sn
Donc, selon le lemme de Borel-Cantelli, α converge presque sûrement.
n

Référence : OUVRARD 2009, p. 210


51

Invariants de similitude

Leçons : 150, 153, 154, 159

Soit K corps quelconque et E, un K-espace vectoriel de dimension n. Génériquement,


u désignera un endomorphisme dans L (E) dont le polynôme minimal est noté Πu et le
polynôme caractéristique χu .
Définition 42
Soit u ∈ L (E) et soit x ∈ E. On appelle polynôme minimal de u en x l’unique générateur
unitaire de l’idéal
{P ∈ K[X ], P(u)(x) = 0}.
On le note Πu,x . On a Πu,x |Πu .

Proposition 43
Il existe x ∈ E tel que Πu = Πu,x .
Qr m
Démonstration. On écrit Πu = P i où Pi sont des irréductibles distincts. On note
i=1 i
m
Ki = ker Pi i (u) et ui = u|Ki . Par le lemme des noyaux, E = ⊕i Ki .
Montrons le résultat sur chaque sous-espace Ki . Par l’absurde, si le résultat ne tenait
m m −1
pas, alors pour tout x i ∈ Ki , Πui ,x i diviserait strictement Πui = Pi i donc diviserait Pi i par
m −1
irréductibilité. Mais alors Pi i (ui ) serait nul sur tout Ki , ce qui est impossible par minimalité
de Πui . On dispose donc d’éléments x i comme dans l’énoncé sur chaque sous-espace Ki .
Montrons que x = x 1 + . . . + x r convient. On a :
X
0 = Πu,x (u)(x) = Πu,x (x i )
i

m
donc Πu,x (u)(x i ) = 0 puisque les Ki sont en somme directe. Ainsi, Pi i = Πui ,x i |Πu,x pour tout
m
i. Puisque les Pi i sont premiers entre eux, leur produit qui est égal à Πu divise aussi Πu,x ,
ce qui conclut.

Théorème 44
Soit u ∈ L (E). Il existe une unique famille P1 , . . . , Pr de polynômes unitaires et une
famille E1 , . . . , E r de sous-espaces de E vérifiant :

1 Pr | . . . |P1
2 E = E1 ⊕ . . . ⊕ E r
3 Pour tout i ∈ {1, . . . , r}, Ei est stable par u et u|Ei est cyclique de polynôme Pi .

Les polynômes P1 , . . . .Pr sont appelés les invariants de similitudes de u.

Démonstration. Existence. Montrons le résultat par récurrence sur dim E. Il est trivial pour
dim E = 1, supposons donc dim E > 2.
Soit d = deg(Πu ) et soit x ∈ E tel que Πu,x = Πu . On note F = Vect(x, u(x), . . . , ud−1 (x)).
Clairement, F est stable par u et u| F est cyclique. On va montrer par dualité que F admet
un supplémentaire stable par u. Soit ϕ ∈ E ∗ tel que :
 
ϕ(x) = ϕ (u(x)) = . . . = ϕ ud−2 (x) = 0 et ϕ ud−1 (x) = 1.
52 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

La famille (ϕ, ϕ◦u, . . . , ϕ◦ud−1 ) est une famille libre de E ∗ et on note Φ le sous-espace vec-
toriel de E ∗ engendré par cette famille. On pose alors G := Φ◦ = { y ∈ E, ∀ψ ∈ Φ, ψ( y) = 0}
et on montre que c’est un supplémentaire de F stable par u.
• G est stable
 par u : soit y ∈ G. Par construction, on a déjà ∀k ∈ J0, d − 2K, ϕ ◦
uk u( y) = 0.. Comme le polynôme minimal de u est de degré d, on a ud ( y) ∈
 
Vect y, u( y), . . . , ud−1 ( y) et donc ϕ ◦ ud−1 u( y)) = ϕ ud ( y) = 0 par ce qui précède.
• F ∩ G = {0}. Soit y ∈ F ∩ G, alors on peut écrire y = a0 x + . . . ad−1 ud−1 (x) et en
appliquant ϕ ◦ ui pour i allant de 0 à d − 1, on trouve que tous les ak sont nuls.
• dim F + dim G = n. C’est une propriété générale de l’orthogonal au sens de la dualité :
dim Φ + dim Φ◦ = n.
De plus, Πu|G |Πu puisque Πu annule u|G . En appliquant l’hypothèse de récurrence à u|G ,
on obtient le résultat voulu.

Unicité. On suppose l’existence d’une autre famille de polynôme Q 1 , . . . , Q s donnant lieu


à une autre décomposition F1 ⊕ . . . ⊕ Fs comme dans l’énoncé. On a déjà P1 = Q i = Πu . Soit
j > 1 l’indice minimal tel que P j 6= Q j . Alors, on a d’une part :

P j (u)(E) = P j (u)(E1 ) ⊕ . . . ⊕ P j (u)(E j−1 ),

et d’autre part :

P j (u)(E) = P j (u)(F1 ) ⊕ . . . ⊕ P j (u)(F j−1 ) ⊕ P j (u)(F j ) ⊕ . . . ⊕ P j (u)(Fs ).

Mais pour i < j, on a dim P j (u)(Ei ) = dim P j (u)(Fi ) donc 0 = dim P j (u)(F j ) = · · · =
dim P j (u)(Gs ), ce qui prouve que Q j |P j et par symétrie P j |Q j . C’est absurde car P j 6= Q j .
Finalement r = s et Pi = Q i pour tout i.

Corollaire 45 (Décomposition de Frobenius)


Soit u ∈ L (E). Il existe une base dans laquelle la matrice de u est de la forme
 
C P1
..
 . 
C Pr

où C Pi est la matrice compagnon associée au polynôme Pi avec Pr | . . . |P1 . De plus, on a

χu = P1 . . . Pr .

Corollaire 46
Deux endomorphismes u et v sont semblables si et seulement s’ils ont les mêmes inva-
riants de similitude.

Démonstration (idée). Supposons u et v semblables. On considère Ei les sous-espaces cy-


cliques associés à u et ϕ tel que ϕ ◦ u = v ◦ ϕ. Alors si Fi = ϕ(Ei ), les Fi sont les sous-espaces
cycliques associés à F .

Corollaire 47
Soit A ∈ Mn (K). Alors A est semblable à sa transposée.
53

Démonstration. Il suffit de le montrer pour A matrice compagnon de la forme C P = M(e1 ,...,en ) (u)
Pn−1
où P = X n + i=0 ai X i . Le changement de base ei0 = a1 e1 + · · · + an−i en−i + en−i+1 conduit au
résultat.

Remarque. • On retrouve en particulier la décomposition de Jordan des endomorphismes


nilpotents puisque dans ce cas χu = X n : les invariants de similitudes sont donc de la
forme X ni pour ni ¶ n.
• Les invariants de similitude ne dépendent pas du corps de base.
• La théorie des K[X ]-modules donne une façon simple pour calculer les invariants
de similitude : Si U est la matrice de u ∈ L (E) dans une certaine base, alors les
invariants de similitude de u sont les facteurs invariants non inversibles de la matrice
U − X I n ∈ Mn (K[X ]).
En effet, on montre par des opérations élémentaires sur les lignes et les colonnes
qu’une matrice de la forme C P − X I est équivalente à
 
1 0
..

 . 

 1 
0 P

et on utilise la décomposition de Frobenius pour conclure.

Référence : GOURDON 2009a, pp. 289-291. Merci à Antoine Diez pour ce développe-
ment.
54 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Inversion de Fourier dans S (R)

Leçons : 236, 239, 250

Théorème 48
ˆ
Si f ∈ S (R) alors fˆ ∈ S (R) et ∀x ∈ R, fˆ(x) = 2π f (−x).
ˆ
Démonstration. L’idée phare de la preuve est d’approcher pour x donné fˆ(x) en multipliant
−"t 2 −"t 2 ˆ
par une fonction gaussienne t 7→ e . Soit donc f" : t 7→ eZ f (t)e . Zit x

Étape 1 : par convergence dominée, on remarque que f" (t)dt −−→ fˆ(t)e i t x dt
"→0
R R
−"t 2
En effet, pour tout t ∈ R, e fˆ(t)e −−→ fˆ(t)e ; de plus, pour tout " > 0, pour tout
it x it x
"→0
ˆ ˆ

t ∈ R, | f" (t)| ¶ f (t) , et f est intégrable car dans l’espace de Schwartz.

Z
Étape 2 : montrons que f" (t)dt −−→ 2π f (x).
"→0
R
Z Z Z Z 
−"t 2 −i tu i t x −"t 2
f" (t)dt = e fˆ(t)e it x
dt = f (u)e e e du dt
R R R R
Z Z  Z
Fubini 2
= f (u) e i t(x−u) −"t
e dt du = f (u)ĝ" (x − u)du
R R R
2
où g" : t 7→ e−"t . L’interversion par le théorème de Fubini est justifiée par le fait que f
et g" sont intégrables.
Par le théorème de dérivation sous le signe intégrale, on a

Z ˜+∞ Z
−v
•
−"t 2 −i t v i −"t 2 −i t v
IPP i −"t 2
∀v ∈ R, ĝ"0 (v) = (−i t)e e dt = e e − e ×(−iv)e−i t v dt = ĝ" (v).
R
2" −∞ R
2" 2"
De plus,
p
π
Z Z s
−"t 2 τ= "t 1 −t 2
ĝ" (0) = e dt = p e dt = .
R " R
"
Donc
π −(x−u)2
Z Z s
f" (t)dt = f (u) e 4"du
R R
"
p
π −v 2 p
Z Z
p p p
s
v=(u−x)/(2 ") 2
= f (x + 2 "v) e 2 "dv = f (x + 2 "v)2 πe−v dv.
R
" R

Par convergence dominée, on obtient


Z Z
p 2
f" (t)dt −−→ f (x)2 πe−v dv = 2π f (x).
"→0
R R

L’hypothèse de domination est bien vérifiée car f est bornée comme tout élément de
l’espace de Schwartz donc
p p 2 p 2
∀" > 0, ∀v ∈ R, | f (x + 2 "v)|2 πe−v ¶ k f k∞ 2 πe−v ,
de sorte que l’intégrande est dominée par une gaussienne intégrable.
55

Remarque. Le développement est probablement un peu court, on a le temps de détailler les


convergences dominées / Fubini effectuées. On peut justifier que fˆ ∈ S (R) pour terminer,
ou bien, spécialement dans la leçon 236, donner un exemple d’utilisation de cette formule
pour un calcul d’intégrales.

Référence : QUEFFÉLEC et ZUILY 2013, pp. 330-331.


56 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Inversion de la fonction caractéristique

Leçons : 261, 263

Théorème 49
Z
Soit µ mesure de probabilité sur (R, B(R) et ϕ : t 7→ e i t x dµ(x) sa fonction caracté-
R
ristique. Alors si a < b,
Z T
1 e−i t a − e−i t b
µ(]a, b[) + µ({a, b}) = lim ϕ(t)dt.
2 T →+∞
−T
it

Démonstration. Soit, pour T > 0,


Z T Z T Z 
e−i t a − e−i t b e−i t a − e−i t b i t x
IT = ϕ(t)dt = e dµ(x) dt.
−T
it −T R
it
−i t a −i t b
Z b
e −e
En remarquant que ∀t, e =
it x
e −i t y
d y ¶ b − a, on voit que le théorème

it a
de Fubini est applicable. De plus,
Z T Z T
ei t a − ei t b e−iua − e−iub
IT = ϕ(−t)dt = ϕ(u)dt = I T
−T
−i t −T
iu

par un changement de variable u = −t, donc I T ∈ R. Ainsi,

Z ‚Z T T
Z Œ Z
sin(t(x − a)) sin(t(x − b))
IT = dt − dt dµ(x) = R(x−a, T )−R(x−b, T )dµ(x).
R −T
t −T
t R

Z T
sin(θ t)
où R(θ , T ) = dt. Mais si θ > 0,
−T
t
Z T Z θT
sin(θ t) sin(x)
R(θ , T ) = 2 dt = 2 dx = 2S(θ T ),
0
t 0
x
Z x
sin x
où S(x) = . Si θ < 0, R(θ , T ) = −R(|θ |, T ) donc dans tous les cas, R(θ , T ) =
0
x
2(sgnθ )S(|θ |T ).
π
Or, S(x) −−−−→ donc R(θ , T ) −−−−→ π(sgnθ ) donc à x fixé,
x→+∞ 2 T →+∞

 0 si x < a ou x > b
R(x − a, T ) − R(x − b, T ) −−−−→ 2π si a < x < b .
T →+∞ 
π si x = a ou x = b

De plus, ∀θ , T, R(θ , T ) ¶ 2 sup y∈R+ S( y) < +∞ car S admet une limite à l’infini et est
1 1
continue sur R+ . Donc par convergence dominée, I T −−−−→ µ(]a, b[) + µ({a, b}).
2π T →+∞ 2
57

Corollaire 50
Z
Si de plus |ϕ(t)|dt < +∞, alors µ est une mesure à densité par rapport à la mesure
R Z
1
de Lebesgue, de densité f : y 7→ e−i t y ϕ(t)dt.
2π R

e−i t a − e−i t b
Démonstration. Sous cette hypothèse, si a < b, t 7→ ϕ(t) ∈ L 1 (R). Donc
it
Z ∞ −i t a Z
1 e − e−i t b 1 b−a
ϕ(t)dt = µ(]a, b[) + µ({a, b}) ¶ |ϕ(t)|dt.
2π −∞ it 2 2π R
1
En particulier, µ(]a, b[) + µ({a, b}) −−→ 0. Or, si µ({a}) > 0, on aurait ∀b > a, µ(]a, b[) +
2 b→a
1 1
µ({a, b}) ¾ µ({a}) > 0 ce qui est absurde. Donc µ({a}) = 0 pour tout a ∈ R.
2 2
Par suite, si x ∈ R, h > 0,

Z −i t x Z ‚Z x+h Œ
1 e − e−i t(x+h) 1
µ(]x, x + h[) = ϕ(t)dt = e −i t y
d y ϕ(t)dt
2π R it 2π R x
Z x+h  Z 
1
= e −i t y
ϕ(t)dt d y
x
2π R

en utilisant le théorème
 de Fubini. Donc comme B(R) est engendré par la classe stable
par intersection finie ]x, x + h[, (x, h) ∈ R2 , par le théorème de classe monotone, on en
déduit que µ a la densité annoncée par rapport à la mesure de Lebesgue.

+∞
π
Z
sin x
Remarque. • La démonstration repose sur le fait que dx = (intégrale de
0
x 2
Dirichlet), ce qui est loin d’être évident. Le fait que cette intégrale impropre converge
est élémentaire : il suffit de faire une intégration par parties. Pour sa valeur, il y a un
bon nombre de preuves différentes, dont un calcul par la transformée de Laplace (dans
Z π/2
sin((2n + 1)x)
GOURDON 2009b), une astuce pour se ramener au calcul de dx,
0
sin x
ou bien une preuve par la formule de Cauchy qui est particulièrement élégante.

O
−R −" " R

e iz
Soit f : z 7→ holomorphe. Sur le contour dessiné, on a
z
Z −" Z R Z π Z π

0= f (t)dt + f (t)dt − f ("e ) × (i"e )dθ +


iθ iθ
f (Re iθ × (iRe iθ )dθ .
−R " 0 0
58 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS
Z
sin t
Comme cos est paire, on voit que la somme des deux premiers termes vaut i dt.
"¶|t|¶R
t
Par ailleurs, l’intégrande du troisième terme est i exp(i"e iθ ) qui converge simplement
vers 1 et est de module exp(−" sin θ ) ¶ 1 donc par convergence dominée, l’intégrale
tend vers iπ quand " tend vers 0.
Z +∞ manière, le quatrième terme tend vers 0 quand R tend vers +∞.
De la même
sin t
Ainsi, dt est bien définie et vaut π.
−∞
t
• On peut montrer avec des arguments analogues à ceux du théorème que si a ∈ R, µ({a}) =
Z T
1
lim e−i t a ϕ(t)dt. Ainsi, comme les intervalles de la forme ]a, b[ constituent
T →+∞ 2T
−T
une classe stable par intersection finie, une mesure de probabilité sur (R, B(R)) est
entièrement déterminée par sa fonction caractéristique.
• Si X est une variable aléatoire telle que ∀t ∈ R, ϕX (t) ∈ R, alors X et −X ont la même
loi.
• Si X 1 ∼ N (0, σ12 ), X 2 ∼ N (0, σ22 ) et X 1 et X 2 sont indépendants, alors X 1 + X 2 ∼
N (0, σ12 + σ22 ).

Référence : DURRETT 2010, p. 105.


59

Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q

Leçons : 102, 120, 125, 141, 144

Définition 51
Soit k un corps, Kn le corps de décomposition de Pn = X n − 1. On note µn (Kn ) le groupe
des racines de Pn dans kn et µn (Kn )∗ l’ensemble de ses générateurs. Le n-ième polynôme
cyclotomique est Y
φn,k = (X − ζ) ∈ Kn [X ].
ζ∈µn (Kn )∗

On note φn = φn,Q

On rappelle que φn,k ∈ k[X ], que X n − 1 = φd,k (X ) et que φn,k est de degré φ(n).
Q
d|n

Proposition 52
On a φn ∈ Z[X ] et si k est un corps, σ : Z → k le morphisme canonique, φn,k = σ(φn ).

Théorème 53
Le polynôme φn est irréductible sur Z et sur Q.

Démonstration. Soit K corps de décomposition de φn sur Q, ζ ∈ K une racine primitive


n-ième de l’unité. Soit p premier ne divisant pas n.
Étape 1 : ζ p est aussi une racine primitive n-ième de l’unité. En effet, si up + vn = 1 est
une relation de Bézout entre p et n, on a ζ = (ζ p )u (ζn ) v = (ζ p )u .
Étape 2 : Soient f et g les polynômes minimaux respectifs de ζ et ζ p sur Q. Ecrivons la
r
α
décomposition en facteurs irréductibles de φn sur Z : φn = f i i . Comme φn est unitaire, il
Q
i=1
en va de même des f i quitte à multiplier par −1. De plus, ζ étant racine de φn , ζ est racine
d’un des f i de sorte que f i = f par minimalité de f . En particulier f ∈ Z[X ] et est unitaire
et il en va de même pour g.
Étape 3 : Montrons par l’absurde que f = g. Si ce n’est pas le cas, f et g sont premiers
entre eux donc par le lemme de Gauss, f g divise φn dans Z[X ]. De plus, g(ζ p ) = 0 donc
a
f (X ) divise g(X p ) dans Q[X ] : g(X p ) = f (X )h(X ), h ∈ Q[X ]. En écrivant h = h1 où h1
b
polynôme entier primitif, on voit en comparant le contenu de part et d’autre de l’égalité que
h ∈ Z[X ].
Réduisons maintenant modulo p : si g(X ) = as X s + · · · + a0 , alors si g est la réduction
modulo p de g, on a
p p
g(X p ) = as X ps + · · · + a0 = as X ps + · · · + a0 = (g(X )) p

par linéarité de l’extension du morphisme de Frobenius à F p [X ].


Soit ϕ un facteur irréductible de f dans F p [X ]. Alors comme g(X ) p = f (X )h(X ), on a
par le lemme de Gauss, ϕ|g(X ). Comme f (X )g(X ) divise φn , φn a un facteur double dans
F p [X ]. Mais selon la proposition préliminaire, φn = φn,Fq qui n’a pas de racine multiple dans
son corps de décomposition donc pas de facteur double. Ayant abouti à une contradiction,
on conclut que f = g.
Étape 4 : conclusion. Soit ζ0 une racine primitive n-ième de l’unité. De même que dans
r
α
l’étape 1, on a ζ0 = ζm où m est premier avec n. Ainsi, si m =
Q
pi i est la décomposition de m
i=1
60 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

en facteurs premiers, aucun des pi ne divise n. Par une récurrence immédiate s’appuyant sur
le résultat de l’étape 3, on obtient que le polynôme minimal de ζ0 sur Q est f . En particulier,
f annule toutes les racines primitives n-ièmes de l’unité donc, puisque f est unitaire entier
et divise φn , f = φn .

Il est intéressant de prolonger l’étude dans les corps finis, bien que cela dépasse le cadre
du développement proprement dit.
Proposition 54
Soit k = Fq [X ], n un entier premier avec q et r l’ordre de [q] dans (Z/nZ)∗ . Alors φn,k
est un produit de facteurs irréductibles simples, tous de degré r.

Démonstration. Le fait que φn,k est à facteurs simples a déjà été établi dans la démonstra-
tion du théorème.
Soit P un facteur irréductible de φn , s son degré. Notons K = k[X ]/(P) un corps de
s
rupture de P. Celui-ci est de cardinal qs donc ∀x ∈ K, x q −1 = 1. De plus, il contient une
racine ζ de P, donc de φn,k = φn,K . Donc ζ est une racine primitive n-ième de l’unité de K,
de sorte que n | qs − 1 puisque n est l’ordre de ζ dans K ∗ . D’où qs ≡ 1[n] et comme r est
l’ordre multiplicatif de [q], r divise s.
r
Par ailleurs, n | q r − 1 par définition de r donc ζq = ζ : ζ appartient au sous-corps L
r
de K constitué des racines de X q − X dans K (cf construction des corps finis). Comme ζ est
un générateur du groupe des racines n-ièmes de l’unité dans un corps de décomposition Kn
de X n − 1 et K ⊂ Kn , ζ engendre K ∗ , d’où K = k[ζ]. De même, L = k[ζ] donc K = L. En
particulier, Card(K) = qs ¶ q r donc s ¶ r, et finalement s = r.

Corollaire 55
Le polynôme φn,Fq est irréductible si et seulement si q engendre (Z/nZ)∗ .

Remarque. • L’exemple de φ7 = 1 + X + · · · + X 6 montre la complexité de la situation


sur les corps finis. Modulo 2, φ7 = (1 + X + X 3 )(1 + X 2 + X 3 ) n’est pas irréductible.
• Une première application est la description du groupe de Galois Gal(Q(ζ)/Q) pour ζ
racine primitive n-ième de l’unité. Une conséquence immédiate du théorème est que
φn est le polynôme minimal de ζ et [Q(ζ) : Q] = ϕ(n).
Soit le morphisme de groupes j : (Z/nZ)∗ −→ Gal(Q(ζ)/Q) . Il est injectif car
[m]n 7−→ σm : ζ 7→ ζm
si j([m]) = id, on a ζm = ζ donc ζm−1 = 1 et comme ζ est primitive, m ≡ 1[n]. De
plus, les racines de φn dans Q(ζ) = Q(Un ) sont les ζk pour k premier avec n et tout
Q-automorphisme envoie une racine du polynôme minimal φn de ζ sur une autre, ce
qui prouve la surjectivité. Ainsi Gal(Q(ζ)/Q) ' (Z/nZ)∗ .
• Pour la culture, une (lointaine) application de l’irréductibilité de φn est le théorème de
la progression arithmétique de Dirichlet, et plus généralement le théorème de densité
de Chebotarev qui s’appuie sur la structure du groupe de Galois Gal(Q(ζ)/Q).

Références : PERRIN 1996, p. 79, et DEMAZURE 2008, p. 206


61

Lemme de Morse

Leçons : 158, 170, 171, 214, 215, 218

Théorème 56
Soit U ouvert de Rn , f ∈ C 3 (U, R) telle que f (0) = 0, D f (0) = 0 et D2 f (0) est une
forme bilinéaire non dégénérée de signature (p, n − p). Alors il existe V , W voisinages
ouverts de 0 et un C 1 -difféomorphisme ϕ : V → W tels que ∀x ∈ V, f (x) = Q 0 (ϕ(x))
où Q 0 ( y1 , . . . , yn ) = y12 + · · · + y p2 − y p+1
2
− · · · − yn2 .

Lemme 57
Si A0 ∈ GLn (R)∩Sn (R), alors il existe un voisinage V de A0 dans Sn (R) et ρ ∈ C 1 (V, GLn (R)
tel que ∀A ∈ V, A = t ρ(A)A0 ρ(A).

Démonstration. Soit ψ : Mn (R) −→ Sn (R) . Cette fonction est de classe C 1 et sa


M 7−→ t M A0 M
différentielle en l’identité est Dψ(I n ) : H 7→ t HA0 + A0 H (différentielle d’une application
bilinéaire).
Donc ker Dψ(I n ) = A−10
An (R). De plus, Mn (R) se décompose en Mn (R) = A−1 0
Sn (R) +
A0 An (R). Donc selon le théorème d’inversion local appliqué à ψ̃ = ψ|A−1
−1
0 Sn (R)
, il existe U
voisinage de I n = A0 A−10
dans A−1
0
Sn (R), V voisinage de A0 dans Sn (R) tels que ψ̃ : U → V
1
soit un C -difféomorphisme.
Or, GLn (R) est un ouvert de Mn (R) donc Ũ = U ∩ GLn (R) est un ouvert (non vide car
contenant I n ). L’inverse de la restriction de ψ̃ à cet ouvert fournit une application ρ de classe
C 1 de Ṽ voisinage de A0 dans Ũ ⊂ GLn (R) vérifiant ∀A ∈ Ṽ , A = ψ̃(ρ(A)) = t ρ(A)A0 ρ(A).

Démonstration (du théorème). Notons, pour x ∈ U, H(x) la matrice hessienne de f en x.


Selon la formule de Taylor avec reste intégral à l’ordre 1, applicable car f est de classe C 2 ,
on a

1 1
Z ‚Z Œ
∀x ∈ U, f (x) = (1 − t) x H(t x)xdt = x
t t
(1 − t)H(t x) x = t xQ(x)x
0 0

H(0)
où Q est une matrice réelle symétrique et Q(0) = est une matrice symétrique inversible
2
de signature (p, n − p).
Selon le lemme précédent, il existe un voisinage V de Q(0) dans Sn (R) et ρ ∈ C 1 (V, GLn (R))
tels que ∀A ∈ V, t ρ(A)Q(0)ρ(A).
Or, x 7→ Q(x) est continue sur U puisque f est de classe C 3 donc il existe un voisinage
V0 de 0 dans U tel que ∀x ∈ V0 , Q(x) ∈ V .
Donc ψ : x ∈ V0 7→ ρ(Q(x)) est telle que ∀x ∈ V0 , Q(x) = t ψ(x)Q(0)ψ(x), d’où

f (x) = t ϕ(x)I p,n−p ϕ(x)


 ‹
Ip 0
où I p,n−p = , Q(0) = t P I p,n−p P (théorème de Sylvester) et ϕ : x 7→ Pρ(Q(x))x.
0 −I n−p
62 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Montrons finalement que ϕ : V0 → W0 = ϕ(V0 ) est un C 1 -difféomorphisme à l’aide du


théorème d’inversion locale.

∀h ∈ V0 , ϕ(h) − ϕ(0) = P(ψ(0) + Dψ(0).h + o(khk))h = Pψ(0)h + o(khk)


car Dψ(0) est une application linéaire continue. Donc la matrice jacobienne de ϕ en 0 est
Pψ(0) ∈ GLn (R), de sorte que ϕ est le C 1 -difféomorphisme local attendu.

Remarque. • Le résultat est en fait vrai pour une fonction de classe C 2 , mais la dé-
monstration est plus subtile.
• La preuve peut être faite de manière plus concise avec le théorème des submersions.

Référence : ROUVIÈRE 2003, p. 344.


63

Loi de réciprocité quadratique

Leçons : 101, 120, 121, 123, 126, 170, 190


Définition 58
·
 ‹
p−1
Soit p premier impair. Le symbole de Legendre associé à p est : a ∈ F∗p →
7 a 2 . Il
p
vaut 1 si a est un carré modulo p et −1 sinon.

Théorème 59
 ‹ ‹
p q p−1 q−1
Si p et q sont deux premiers impairs distincts, = (−1) 2 2 .
q p

Lemme 60
 ‹
a
Si a ∈ l’équation ax = 1 a 1 +
F∗q , 2
solutions.
q
 p

Démonstration. Soit X = (x 1 , . . . , x p ) ∈ Fq : x i = 1 . On va compter le nombre d’élé-
p
P 2
i=1
ments de X de deux manières différentes.
Étape 1 : dénombrement par la formule des classes.
Z/pZ agit sur X par permutation circulaire via a · (x 1 , . . . , x p ) = (x 1+a , . . . , x p+a ), les
indices étant considérés modulo p.
Le stabilisateur d’un élément x étant un sous groupe de Z/pZ, il est soit trivial soit le
groupe tout entier. Dans le second cas, cela signifie que toutes les  composantes
‹ de x sont
p
égales et que px 12 = 1 dans Z/qZ. Selon le lemme, il y a donc 1 + orbites réduites à un
q
singleton.
Ainsi, selon la formule des classes, si x 1 , . . . , x r sont les représentants des orbites non
triviales,
 ‹ X r  ‹
p p p
|X | = 1 + + i )|
≡ 1 + [p]
q i=1
|Stab(x q

Étape 2 : dénombrement « géométrique » .


¦ © p
On remarque que X = x ∈ Fq : q(x) = 1 où q(x) =
P
p
x i2 . Cette forme quadratique est
i=1
représentée dans la base canonique B par I p .
d
Introduisons la forme quadratique r : ( y1 , . . . , yd , z1 , . . . , zd , t) 7→ 2 yi zi + at 2 où d =
P
i=1
p−1 p−1
et a = (−1) 2 . Quitte à écrire ( y1 , . . . , yd , z1 , . . . , zd , t) sous la forme ( y1 , z1 , . . . , yd , zd , t),
2
on peut supposer que la matrice
 
0 1
1 0 
..
 
 . 
A= 

 0 1 

 1 0 
a
64 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

p−1 p−1
représente r dans B. Or, det A = (−1) 2 (−1) 2 = 1 donc selon la classification des formes
quadratiques dans un corps fini, r et q sont équivalentes. Si on fixe u ∈ GL p (Fq ) tel que
r = q ◦ u, on constate que u induit une bijection de X sur
¨ d
«
X
X 0 = ( y1 , . . . , yd , z1 , . . . , zd , t) : 2 yi zi + at 2 = 1 .
i=1

Il s’agit donc de dénombrer |X 0 |. Il y a deux types de points dans X 0 :


 ‹
a
• Ceux qui vérifient y1 = · · · = yd = 0 : il y en a q (choix de z) multiplié par 1 +
d
=
p
p−1 q−1
1 + (−1) 2 2 (nombre de solutions de at 2 = 1).
• Les autres : une fois choisi ( y1 , . . . , yd ) non nul (q d − 1 choix) et t (q choix), z est
d
yi zi + at 2 = 1 est celle d’un hyperplan affine de Fqd ; il y
P
déterminé par l’équation 2
i=1
a donc q d−1 possibilités pour z.
Ainsi, X 0 a pour cardinal
p−1 q−1 p−1 q−1
€ Š € Š
q d 1 + (−1) 2 2 + (q d − 1) × q × q d−1 = q d q d + (−1) 2 2 .

Étape 3 : Conclusion  ‹
p p−1 q−1
En comparant les deux calculs précédents modulo p, on a 1+ ≡ q p−1 +q d (−1) 2 2 [p]
 ‹  ‹q  ‹
p−1 q p q p−1 q−1
Or, dans F p , q d = q 2 = , et q p−1 = 1 (Fermat) donc = (−1) 2 2 , ce qui
p q p
n’est autre que la loi de réciprocité quadratique.

Théorème 61
Il y a deux classes d’équivalences de formes quadratiques non dégénérées sur Fqn , repré-
(0)
 
1
..
 . 
 où a ∈ F∗ n’est pas un carré.
sentées par I n et  q
 1 
(0) a

Référence : CALDERO et GERMONI 2013, pp. 185-186.


65

Méthode de Newton

Leçons : 218, 223, 226, 228, 229

Théorème 62
Soit I intervalle de R, a ∈ I et f : I → R de classe C 2 . Si f (a) = 0 et f 0 (a) > 0, il existe
f (x)
J = [a−h, a+h] tel qu’on ait ∀x ∈ J, f 0 (x) > 0 et que J soit stable par ϕ : x 7→ x − 0 .
f (x)
Alors si x 0 ∈ J, la suite définie par la relation de récurrence x n+1 = ϕ(x n ) converge
n n
vers a, et il existe C > 0 tel que ∀n ∈ N, |x n − a|2 ¶ C 2 −1 |x 0 − a|2
De plus, si f 00 (a) > 0 et x 0 > a, la suite (x n ) est décroissante et

1 f 00 (a)
x n+1 − a ∼ (x n − a)2 .
2 f (a)

Démonstration. Comme f 0 est continue sur I et f 0 (a) > 0, on peut trouver J = [a−h, a+h]
tel que ∀x ∈ J, f 0 (x) > 0. De plus, si x ∈ J,
f (x) − f (a) f (a) − f (x) − (a − x) f 0 (x)
ϕ(x) − a = x − a − = .
f 0 (x) f 0 (x)
Selon l’égalité de Taylor appliquée à la fonction f de classe C 2 entre a et x, il existe
z x ∈ [a, x] tel que
1 f 00 (z x )
ϕ(x) − a = (x − a)2 .
2 f (x)
0

Ainsi, si m = min | f 0 | > 0 (car f 0 est continue et strictement positive sur J compact) et
J
M = max | f 00 |, on a
J
1M
|ϕ(x) − a| ¶ |x − a|2 = C|x − a|2 .
2m
1
En particulier, si Ch2 ¶ h soit h ¶ , J est un intervalle stable par ϕ. Quitte à prendre h
C
plus petit, on suppose donc que cette hypothèse est vérifiée.
Ainsi, si x 0 ∈ J, la suite (x n )n est bien définie et vérifie ∀n ∈ N, |x n+1 − a| ¶ C|x n − a|2 .
Par conséquent, C|x n+1 − a| ¶ (C|x n − a|2 )2 donc une récurrence immédiate nous assure que
n n
−1
∀n ∈ N, |x n − a|2 ¶ C 2 |x 0 − a|2 .
En particulier, (x n ) converge vers a.

Supposons à présent que f 00 (a) > 0. Par le même argument que pour f 0 , on peut sup-
poser, quitte à remplacer J par un sous-intervalle, que ∀x ∈ J, f 00 (x) > 0. Par suite, f 0
est croissante sur J et en particulier, si x ¾ a, f 0 (x) ¾ f 0 (a) > 0 donc f elle-même est
croissante. Ainsi, ∀x > a, f (x) > f (a) = 0.
f (x)
On obtient donc ∀x > a, ϕ(x) = x − 0 < x. De plus si x ¾ a,
f (x)
1 f 00 (z x )
ϕ(x) − a = (x − a)2 ¾ 0.
2 f 0 (x)
car a ¶ z x ¶ x 6 . Par conséquent, si x 0 > a, la suite (x n ) est décroissante et ∀n ∈ N, x n ¾ a.
6. Cette inégalité exprime simplement le fait que, par convexité de f , le graphe de f est au-dessus de ses
tangentes.
66 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

De plus,
1 f 00 (zn )
∀n ∈ N, x n+1 − a = (x n − a)2 avec a ¶ zn ¶ x n ,
2 f (x n )
0

donc comme x n −−−−→ a, il en va de même pour (zn ) et par continuité de f 0 et f 00 , on a


n→+∞

1 f 00 (a)
x n+1 − a ∼ (x n − a)2 .
2 f 0 (a)

Exemple. Application à l’approximation d’une racine carrée : si y > 0 et f : x 7→ x 2 − y,


p
a = y alors si c > a et c 2 > c, l’intervalle J = [a, +∞[ est stable et si x 0 ∈ J, on a la
majoration de l’erreur
 x − a 2n
0
0 ¶ x n − a ¶ 2a .
2a
f (x) x 2 + a2
En effet, soit F : x 7→ x − = . On a
f 0 (x) 2x

(x − a)2 (x + a)2
F (x) − a = et F (x) + a = ,
2x 2x
de sorte que
F (x) − a  x − a 2
= .
F (x) + a x +a
x −a
Donc en considérant ϕ : x 7→ qui est une bijection de ] − a, +∞[ sur ] − ∞, 1[, et
x +a
G : x 7→ x 2 , on a F = ϕ −1 ◦ G ◦ ϕ.
Ainsi, si x 0 ∈ J et x n+1 = F (x n ), on a pour tout n ∈ N, x n = (ϕ −1 ◦ G n ◦ ϕ)(x 0 ), soit
‹2n
xn − a x0 − a

= .
xn + a x0 + a

D’où ‹2n x >a ‹2n


2a 2a 2a
 
0
1+ = 1+ ¾ 1+ .
xn − a x0 − a x0 − a
Une simplification immédiate nous fournit la majoration voulue.
Remarque. • Attention à bien adapter l’énoncé du théorème pour le rendre tout à fait
général, les jurys y seront attentifs puisque c’est un développement très classique.
• L’énoncé du théorème peut être résumé en disant simplement que a est un point fixe
superattractif de ϕ.
• Une généralisation existe en dimension n (et a une preuve identique) : Newton-
Raphson. Si f : U ⊂ Rn → Rn est tel que D f (a) est inversible et f (a) = 0, alors a
est un point fixe superattractif de ϕ : x → x − (D f (x))−1 . f (x). (voir DEMAILLY 2006,
p. 110).

Référence : ROUVIÈRE 2003 p. 142.


67

Méthodes itératives de résolution d’un système linéaire

Leçons : 157, 162, 226, 233

Soit A ∈ GLn (R), b ∈ Rn . On étudie le système Ax = b.


Définition 63
Si (M , N ) ∈ GLn (R) × Mn (R) est tel que A = M − N , on dit que la méthode itérative
associée à (M , N ) converge si pour tout u0 ∈ Rn , la suite de premier terme u0 et définie
par ∀k ∈ N, uk+1 = M −1 (N uk + b) converge.

Théorème 64
La méthode itérative associée à (M , N ) converge si et seulement si ρ(M −1 N ) < 1.

Commençons par montrer un lemme :


Lemme 65
Soit A ∈ Mn (C), " > 0. Alors il existe une norme subordonnée ||| · ||| telle que |||A||| ¶
ρ(A) + ".

Démonstration. Comme A est à coefficients dans C, elle est trigonalisable : on se donne


donc P inversible et T = (t i j )1¶i, j¶n triangulaire supérieure tels que A = P T P −1 .
Notons (e1 , . . . , en ) la base canonique de Cn . Pour δ > 0, on pose e10 = δ i−1 ei et Dδ =
Diag(1, δ, · · · , δ n−1 ).
On a donc
j
X X
∀j ∈ J1, nK, Te0j =δ j−1
Te j = δ j−1
t i j ei = δ j−i t i j ei0 ,
i=1 i=1

de sorte que 
t 11 δt 12 . . . δ n−1 t 1n

.. ..
. . ... 
 
Tδ := Dδ−1 T Dδ =  .

(0) ..
. δt n−1n 
t nn

On définit pour x ∈ Rn , k x k=k (P Dδ )−1 x k∞ , et on note ||| · ||| la norme subordonnée


associée. On vérifie aisément que ∀B ∈ Mn (R), |||B||| = |||(P Dδ )−1 BP Dδ |||∞ .
n
Or (admis ici), pour tout B = (bi j )i, j ∈ Mn (R), on a |||B|||∞ = sup
P
|bi j |. En choi-
1¶i¶n j=1
n
sissant δ > 0 tel que pour tout 1 ¶ i ¶ n − 1, δ j−i |t i j | ¶ ", on obtient donc, puisque
P
j=i+1
ρ(A) = sup1¶i¶n |t ii |, |||A||| = |||Tδ |||∞ ¶ ρ(A) + ".

Démonstration (du théorème). Soit u ∈ Rn tel que Au = b, c’est à dire M u = N u+ b. Posons


ek = uk − u en reprenant les notations du théorème. Alors

ek+1 = M −1 (N uk + b) − M −1 N u − M −1 b = M −1 N (uk − u) = M −1 N ek .

Ainsi, par une récurrence immédiate, ∀k ∈ N, ek = (M −1 N )k e0 . Dès lors, deux cas se pré-
sentent :
68 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

1 − ρ(M −1 N )
• Si ρ(M N ) < 1, on fixe " =
−1
et le lemme nous fournit une norme
2
subordonnée ||| · ||| telle que |||M N ||| ¶ ρ(M N ) + " < 1. Donc pour la norme k · k
−1 −1

associée, on a pour tout k, k ek k¶ |||M −1 N |||k k e0 k donc lim ek = 0 si bien que


k→+∞
(uk )k converge vers u.
• Si ρ(M −1 N ) ¾ 1, soit λ valeur propre complexe de module supérieur ou égal à 1,
et ũ = ũ1 + i ũ2 un vecteur propre associé. Comme pour tout k, (M −1 N )k ũ = λk ũ, la
méthode itérative ne converge pas pour u0 = u + ũ1 .

Décrivons maintenant quelques cas particuliers de méthodes itératives :


• Méthode de Jacobi : M = Diag(a11 , . . . , ann ) = D et N = D −A. On note J = D−1 (D −A)
• Méthode de Gauss-Seidel : M = D − E où D = Diag(a11 , . . . , ann ) et E = −Ainf , partie
triangulaire inférieure stricte de A. N = −Asup = F . On note L1 = (D − E)−1 F .
D 1−ω
• Méthode de relaxation : M = − E et N = D + F,
ω ω
‹−1 
1−ω
 ‹
D
Lω = −E D+F .
ω ω
Proposition 66
Si A est une matrice tridiagonale, ρ(L1 ) = (ρ(J))2 . La méthode de Gauss-Seidel a donc
une vitesse de convergence double de celle de la méthode de Jacobi.

Démonstration. Remarque préliminaire : introduisons pour µ 6= 0 :



b1 µ−1 c2 (0)

..
µa2 b2 .
 
A(µ) = 

 . .. . . . µ−1 c 

n
(0) µan bn
où A = A(1). Alors A(µ) = Q(µ)A(1)Q(µ)−1 où Q(µ) = Diag(µ, µ2 , . . . , µn ), donc det A(µ) =
det A(1).
Les valeurs propres de J sont les racines du polynôme caractéristique

pJ (λ) = det(D−1 (E + F ) − λI),

ce sont aussi celles de qJ (λ) = det(λD − E − F ). De même, les valeurs propres de L1 sont
les racines de pL1 (λ) = det((D − E)−1 F − λI), et celles de qL1 (λ) = det(λD − λE − F ).
Mais selon la remarque préliminaire,

∀λ ∈ C∗ , qL1 (λ2 ) = det(λ2 D−λ2 E−F ) = λn det(λD−λE−λ−1 F ) = λn det(λD−E−F ) = λn qJ (λ).

Donc les valeurs propres non nulles de L1 sont les carrés de valeurs propres non nulles
de J, ce qui permet de conclure.

Proposition 67
Le rayon spectral de Lω est strictement supérieur à |ω − 1|. La méthode de relaxation
ne peut donc converger que si ω ∈]0, 2[.
69
‹−1 
1−ω
 ‹
D
Démonstration. La matrice Lω = −E D + F est trigonalisable comme pro-
ω ω
duit de matrices trigonalisables et en notant λ1 , . . . , λn ses valeurs propres avec multiplicité,
on a

1−ω Qn 1 − ω
 ‹
n det D+F aii
Y ω i=1
ω
λi = det(Lω ) =  ‹ = Qn ai i = (1 − ω)n .
D
i=1 det −E
ω i=1
ω
Donc ρ(Lω )n ¾ | det(Lω )| = |1 − ω|n de sorte que ρ(Lω ) ¾ |ω − 1|.

Remarque. • Par des techniques similaires, on montre que si A est tridiagonale et J a


un spectre réel, la méthode de Jacobi et la méthode de relaxation pour 0 < ω < 2
1
convergent ou divergent simultanément. De plus, ω0 = est un para-
1 + 1 − ρ(J)2
p
mètre de relaxation tel que ρ(Lω0 ) est minimal.
• En 15 minutes, on peut difficilement faire tout le développement, la dernière propo-
sition est là à titre culturel.

Référence : CIARLET 1988, p. 102


70 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Nombre de zéros d’une équation différentielle

Leçons : 220, 221, 224

On considère l’équation différentielle linéaire du second ordre (E) : y 00 + q y = 0. On


Z +∞
Æ
suppose que q ∈ C 1 ([a, +∞[, R∗+ ), que q(u)du = +∞ et que q0 (x) = o+∞ (q3/2 (x)).
a
On se donne une solution y non nulle de (E) et on cherche à obtenir un équivalent à l’infini
de la fonction N : x 7→ Card {u ∈ [a, x] : y(u) = 0}.
Théorème 68
Sous ces hypothèses, on a
Z x
1 Æ
N (x) ö x→+∞ q(u)du.
π a

Lemme 69
Soient y1 et y2 deux fonctions de C 1 ([a, +∞[, R∗+ ) sans zéro commun. Alors si w =
y1 y20 − y2 y10 (Wronskien), et y1 (a) + i y2 (a) = r0 e iθ0 , il existe r, θ ∈ C 1 ([a, +∞[, R) tels
Z x
Æ w(t)
que y1 = r cos θ , y2 = r sin θ où r = y12 + y22 et ∀x, θ (x) = θ0 + dt.
a
r(t)2

Z x 0 Posons ϕ = y1 + i y2 . Par hypothèse, cette fonction ne s’annule pas donc


Démonstration.
ϕ (t)
ψ : x 7→ dt + ln r0 + iθ0 est bien définie et C 1 sur [a, +∞[.
a
ϕ(t)
0
De plus, un calcul rapide montre que ϕe−ψ = 0 donc

∀x, ϕ(x) = eψ(x) (ϕ(a)e−ψ(a) ) = eψ(x) (r0 e iθ0 × r0−1 e−iθ0 = eψ(x) .

Donc
x Z x 0
ϕ (t) ( + 0
)( )(t)
Z0
 
y 1
i y 2
y 1 − i y 2
ϕ(x) = r0 e iθ0 exp dt = r0 e iθ0 exp dt
a
ϕ(t) a
r 2 (t)
 Z x Z x 0
( + 0
)(t)

w(t) y1
y 1 y 2
y 2
= r0 e iθ0 exp i dt + dt
a
r 2 (t) a
r 2 (t)
 Z x   Z x 
w(t) w(t)
= r0 e exp i
iθ0
dt + ln r(x) − ln r(a) = r(x)e exp i iθ0
dt
a
r 2 (t) a
r 2 (t)
Z x
iθ (x) w(t)
car (r ) =
2 0
y10 y1 + y20 y2 . Donc ϕ(x) = r(x)e où θ (x) = θ0 + dt.
a
r 2 (t)

Z x
Æ
Démonstration (du théorème). Étape 1 : changement de variable : Posons τ(x) = q(u)du.
a
La fonction τ est de classe C 1 sur [a, +∞[, ∀x ¾ a, τ0 (x) = q(x) > 0 et τ(x) −−−−→ +∞,
p
x→+∞
de sorte que τ est une bijection de classe C 1 de [a, +∞[ sur [0, +∞[.
71

Posons Y = y ◦ τ−1 . On a ∀x > 0, y 0 (x) = Y 0 (τ(x)) q(x) et


p

q0 (x)
y 00 (x) = Y 00 (τ(x))q(x) + Y 0 (τ(x)) × p .
2 q(x)

Ainsi :

q0 (x) 0
0 = y 00 (x) + q(x) y(x) = q(x)Y 00 (τ(x)) + p Y (τ(x)) + q(x)Y (τ(x))
2 q(x)
q0 (τ−1 (t))
Posons pour t ¾ 0, ϕ(t) = . La fonction Y est donc solution de (E 0 ) :
2q3/2 (τ−1 (t))
Y 00 + ϕY 0 + Y = 0

Étape 2 : utilisons le lemme pour écrire Y = r sin θ , Y 0 = r cos θ . En effet, Y et Y 0 n’ont


pas de zéro commun, car sinon, selon le théorème de Cauchy-Lipschitz , Y serait nulle. Donc

Y 0 = r 0 sin θ + rθ 0 cos θ = r cos θ (2.8)

et d’autre part
Y 00 = r 0 cos θ − rθ 0 sin θ = −ϕr cos θ − r sin θ . (2.9)
L’opération (2.8) × cos θ + (2.9) × (− sin θ ) donne rθ 0 = r + ϕr cos θ sin θ , d’où θ 0 =
1 1
1 + ϕ cos θ sin θ . En particulier, comme cos θ sin θ = sin(2θ ), |θ 0 (t) − 1| ¶ |ϕ(t)|.
2 2

Étape 3 : étude asymptotique. Puisque ϕ(t) −−−−→ 0 par hypothèse, θ 0 tend vers 1 à
t→+∞
l’infini. Par intégration des équivalents, on a θ (t) ö t.
t
Notons M (t) le nombre de zéros de Y sur [0, t], montrons que M (t) ö quand t tend
π
vers +∞.
Montrons d’abord par l’absurde que M (t) < ∞ pour tout t. Si il existait t 0 tel que
M (t 0 ) = ∞, alors l’ensemble des zéros de Y dans [0, t 0 ] aurait un point d’accumulation u.
Soit (un )n suite de zéros de Y tendant vers u. Alors

Y (un ) − Y (u)
0= −−−−→ Y 0 (u),
un − u n→+∞

ce qui contredit l’absence de zéro commun de Y et Y 0 . Donc pour tout t, M (t) < ∞.
Fixons t 0 ¾ 0 tel que θ 0 (t) > 0 sur [t 0 , +∞[. Alors

M (t) ö t→+∞ Card {u ∈ [t 0 , t] : sin θ (u) = 0} = Card {v ∈ [θ (t 0 ), θ (t)] : sin v = 0}

puisque θ est un C 1 -difféomorphisme de [t 0 , t] sur [θ (t 0 ), θ (t)]. Donc

θ (t) θ (t 0 )
 ‹  ‹
M (t) ö t→+∞ Card {k ∈ Z : θ (t 0 ) ¶ kπ ¶ θ (t)} = E −E ,
π π

θ (t) t
de sorte que M (t) ö t→+∞ ö .
π π
Or, on se convainc sans mal que N (x) = M (τ(x)) donc
Z x
τ(x) 1 Æ
N (x) ö x→+∞ = q(u)du.
π π a
72 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Remarque. • Le jour de l’oral, faire le lemme technique rapidement ou l’admettre pour


avoir assez de temps pour la suite.
• Si la condition q0 = o(q3 /2) n’est pas vérifiée, le résultat n’est plus vrai. Par exemple,
1 1 1 p
si q(x) = , q 0
(x) = − , et y 00
+ y = 0 admet pour solution générale x(a +
4x 2 2x 3p p 4x
2
b ln(x)), a, b ∈ R – puisque x et x ln(x) sont solutions – qui s’annule au plus une
fois sur R+ .

Référence : QUEFFÉLEC et ZUILY 2013 p. 405.


73

Points extrémaux de la boule unité de L (E)

Leçons : 160, 161, 181

Définition 70
Un point extrémal de X est un point qui n’appartient à aucun segment [AB], où A et B
sont des points de X .

Théorème 71
Soit E espace euclidien. Les points extrémaux de la boule unité de L (E) sont les éléments
de O(E)

Lemme 72
Si X est convexe, un point extrémal de X est un point qui ne peut s’écrire comme milieu
de deux points distincts de X .

Démonstration. Supposons que z vérifie une telle propriété et que t x 1 + (1 − t)x 2 = z


1 x
où x i ∈ X \ {z}. Quitte à échanger x 1 et x 2 , on peut supposer t ¶ et alors z = 2 +
2 2
2t x 1 + (1 − 2t)x 2
ce qui est absurde.
2

Démonstration (du théorème). Étape 1 : tout u ∈ O(E) est extrémal : Comme u est une
v+w
isométrie, kuk = 1. Supposons que u = où v, w ∈ B. Soit x ∈ E de norme 1. Alors
2
1 1
1 = ku(x)k = kxk ¶ (kv(x)k + kw(x)k) ¶ (kvk + kwk) ¶ 1,
2 2
donc toutes les inégalités sont des égalités. En particulier, on a un cas d’égalité dans l’inéga-
lité triangulaire pour une norme euclidienne donc il existe λ ¾ 0 tel que v(x) = λw(x). Or,
1
comme v, w ∈ B, on a kv(x)k ¶ kxk = 1 et kw(x)k ¶ 1. De plus, (kv(x)k + kw(x)k) = 1
2
donc kv(x)k = kw(x)k = 1. Ainsi, λ = 1 et v(x) = w(x).

Étape 2 : les éléments de B \ O(E) ne sont pas extrémaux : soit u un tel élément,
soit B une base orthonormée de E et A la matrice de u dans cette base. Par décomposition
polaire, on peut trouver O ∈ On (R), S ∈ Sn++ (R) tels que A = OS.
En outre, par le théorème spectral, il existe P ∈ On (R) tel que S = t P DP où D =
Diag(d1 , . . . , dn ) avec 0 < d1 ¶ · · · ¶ dn . Comme A et O−1 sont éléments de B, S l’est aussi,
PJ1, n0 K, dk ¶ 1. En effet, si B = (e1 , . . . , en ) est une base de diagonalisation de de
0 0 0
donc ∀k ∈
S et x = ai ei , alors X
kS(x)k2 = di2 |ai |2 ¶ (max(di ))2 kxk.
i

A n’est pas orthogonale donc il existe k ∈ J1, nK tel que dk < 1. Pour simplifier, on prend
α+β
k = 1. Il existe alors α, β ∈ [−1, 1] tels que d1 = . Introduisons D0 = Diag(α, d2 , . . . , dn )
2
O t P D0 P + O t P D00 P
et D = Diag(β, d2 , . . . , dn ). On a alors A =
00
.
2
Enfin, si kX k = 1,
P,O∈On t
kO t P D0 P X k2 = X t P D0 P t OO t P D0 P X = t X t P(D0 )2 P X = t (P X )(D0 )2 P X ¶ 1
74 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

car kP X k = kX k = 1 et (D0 )2 a des coefficients diagonaux entre 0 et 1. Donc O t P D0 P et


O t P D00 P sont deux éléments distincts de B, de sorte que u n’est pas extrémal.

Remarque. Selon le théorème de Krein-Milman (ou Minkowski), la boule unité de L (E)


est donc l’enveloppe convexe de O(E).

Référence : FRANCINOU, GIANELLA et NICOLAS 2008, p. 130.


75

Polynômes irréductibles sur Fq [X ]

Leçons : 123, 125, 141, 190

Théorème 73
On note Pq (d) l’ensemble des polynômes irréductibles de degré d sur Fq . Alors si n ∈ N∗ ,
n
Y Y
Xq − X = P(X ).
d|n P∈Pq (d)

Démonstration. Soit P ∈ Pq (d). Alors K = Fq [X ]/(P) est un corps de cardinal q d donc pour
d
tout x ∈ K, on a x q = x. Mais si n = dk, k ∈ N, alors
€ Šq d
qn q dk qd
x =x = . . . (x ) . . . = x.
| {z }
k fois
n
par une récurrence immédiate.QDonc
Qen particulier avec x = X , on obtient P | X q − X .
n
Ainsi, par le lemme de Gauss, P(X ) | X q − X .
d|n P∈Pq (d)

n
Soit P un facteur irréductible de X q − X dans Fq [X ]. Comme Fqn est le corps de décom-
n
position de X q − X , P est scindé sur Fqn . Donc si x est une racine de P dans Fqn , selon le
théorème de la base télescopique, n = [Fqn : Fq ] = [Fqn : Fq (x)][Fq (x) : Fq ]. Mais comme P
est irréductible, P est le polynôme minimal de x sur Fq donc [Fq (x) : Fq ] = d, de sorte que
d | n.
n n
Enfin, X q − X est à facteurs simples : si X q − X avait un facteur double, il aurait une
n
racine double dans son corps de décomposition. Mais (X q − X )0 = −1 dans toute extension
n
de Fq (à cause de la caractéristique de Fq ) donc X q − X est à racines simples dans son corps
de décomposition 7 .

Proposition 74
n
Soit g : N∗ → C, alors si G(n) = g(d), on a pour tout n ∈ N∗ , g(n) = µ(d)G
P P
,
d|n d|n d
où µ est la fonction de Möbius.
n
Démonstration. On remarque que d | n et d 0 | si et seulement si dd 0 | n.
n P d
µ(d)G = µ(d) d 0 | n g(d ) = dd | nµ(d)g(d 0 ) = g(d 0 ) µ(d).
P P 0
P 0 P P
d|n d d|n
d
d 0 |n d| dn0
n
Or, si m 6= 1, µ(d) = 0 8 donc µ(d)G = g(n).
P P
d|m d|n d

7. Une racine double de P est une racine de P 0 dans un corps de caractéristique quelconque, mais la
réciproque n’est vraie qu’en caractéristique nulle
r r
α P β
µ(p1 1 . . . pβr r ) =
r

8. en effet, si m = µ(d) = µ(d) = (−1)|β| = k (−1) (choix de
Q P P P P k
pi i ,
i=1 β¶α β∈{0,1} r
k=0
P d|m d|m
k 1 parmi r termes) donc µ(d) = 0
d|m
76 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Corollaire 75
1 P n d qn
Si I(q, d) = CardPq (d), alors ∀n ∈ N , I(q, n) = ∗
µ q et I(q, n) ∼n→+∞ .
n d|n d n

Démonstration. La première formule est uneconséquence immédiate de l’inversion de Mö-


n d
bius. Pour la deuxième, posons rn = µ
P
q . Alors
d|n,d<n d

E ( 2n )
q E ( 2 )+1 − 1
n
X X 1
|rn | ¶ d
q ¶ q = d
−−−−→
d|n d=0
q−1 n→+∞ 1 − q
d6=n

donc en particulier, rn = o(q n ).


q n + rn qn
Ainsi, comme I(n, q) = , on a I(n, q) ∼n→+∞ .
n n

Référence : TAUVEL 2008, p. 121.


77

Processus de Poisson

Leçons : 263, 264

Soit (Ω, F , P) un espace probabilisé.


Définition 76
Un processus de comptage est une suite de variables aléatoires réelles (N (t)) t¾0 telles que

1 N (0) = 0.
2 ∀t ¾ 0, N (t) ∈ N∗ .
3 t 7→ N (t) est croissante.

Du point de vue de la modélisation, ∀0 ¶ a ¶ b, N (b) − N (a) représente le nombre de


« tops » se produisant dans l’intervalle de temps [a, b[.

Définition 77
Un processus de Poisson de densité λ > 0 est un processus de comptage (N (t)) t¾0 tel
que :

1 Le processus est à accroissement indépendants : ∀t 0 ¶ t 1 < · · · < t k , les variables


aléatoires Nt k − Nt k−1 , . . . , Nt 1 − Nt 0 sont indépendantes.
2 Pour tout (s, t) ∈ R2+ , N (s + t) − N (s) suit la loi de Poisson de paramètre λt.

Les processus de Poisson sont souvent utilisés pour modéliser des files d’attente, chaque
top représentant l’appel d’un client au guichet.
Proposition 78
Un processus de Poisson est à accroissements stationnaires : soit N1 , . . . , Nk le nombre de
tops se produisant dans les intervalles I1 , . . . , I k ; alors si τ ¾ 0, et N10 , . . . , Nk0 est le nombre
de tops se produisant dans les intervalles translatés de τ I10 + τ, . . . , I k0 , (N10 , . . . , Nk0 ) et
(N1 , . . . , Nk ) ont la même loi.

Proposition 79
Un processus de Poisson est localement continu : lim+ P(N (t + h) − N (t) ¾ 1) = 0.
h→0

Le but du développement est d’étudier le temps d’attente entre deux tops :


Théorème 80
Soit Sn = inf {t ¾ 0, N (t) ¾ n} et Tk = Sk − Sk−1 pour k ¾ 1. Alors

1 (Tn )n est une suite de variables aléatoires i.i.d. de loi E (λ) .


2 Sn = T1 + · · · + Tn suit la loi Γ (n, λ) de densité

λ
(
e−λs (λs)n−1 si s ¾ 0
fSn (s) = (n − 1)! .
0 sinon

Démonstration. Soit n ∈ N∗ .
78 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Étape 1 : Changement de variable : supposons que le vecteur aléatoire (S1 , . . . , Sn ) soit


à densité, de densité ϕ. Soit f : Rn → R continue bornée. Alors comme Sn ¾ . . . , ¾ S1 ,
par un changement de variable sk = t 1 + · · · + t k de jacobien 1 (la matrice jacobienne est
triangulaire), on a

E[ f (T1 , . . . , Tn )] = E[1Sn ¾···¾S1 f (S1 , . . . , Sn − Sn−1 )]


Z
= f (s1 , . . . , sn − sn−1 )ϕ(s1 , . . . , sn )ds1 . . . dsn
0¶s1 ¶···¶sn
Z
= f (t 1 , . . . , t n )ϕ(t 1 , . . . , t 1 + · · · + t n )dt 1 . . . dt n .
t 1 ,...,t n ¾0

Donc ψ : (t 1 , . . . , t n ) 7→ ϕ(t 1 , t 1 + t 2 , . . . , t 1 + · · · + t n ) est la densité de (T1 , . . . , Tn ).

Étape 2 : Calcul de la densité de (S1 , . . . , Sn ) :


Soit An l’évènement : S1 ∈ [s1 , s1 + h1 [, . . . , Sn ∈ [sn , sn + hn [ où 0 < s1 < s1 + h1 < s2 <
· · · < sn + hn . Alors An est la réunion des évènements :
• zéro top dans [0, s1 [ et exactement un top dans [s1 , s1 + h1 [
• zéro top dans [s1 + h1 , s2 [ et exactement un top dans [s2 , s2 + h2 [
.
• ..
• zéro top dans [sn−1 + hn−1 , sn [ et au moins un top dans [sn , sn + hn [.
Or, le processus étant à accroissements indépendants, les variables aléatoires « nombre
de tops » dans des intervalles disjoints sont indépendantes de sorte que

P(An ) = P(N (s1 ) = 0) × P(N (s1 + h1 ) − N (s1 ) = 1) × P(N (s2 ) − N (s1 + h1 ) = 0)×
P(N (s2 + h2 ) − N (s2 ) = 1) × · · · × P(N (sn ) − N (sn−1 + hn−1 ) = 0) × P(N (sn + hn ) − N (sn ) ¾ 1)
donc
P(An ) = e−λs1 e−λh1 (λh1 )e−λ(s2 −s1 −h1 ) e−λh2 (λh2 ) . . . e−λ(sn −sn−1 −hn−1 ) (1 − e−λhn )
= e−λsn λn−1 h1 . . . hn−1 (1 − e−λhn ).
Pour conclure, il suffit de remarquer que
Z s1 +h1 Z sn +hn
P(An ) = ... 10¶ξ1 ¶···¶ξn λn e−λξn dξ1 . . . dξn ,
ξ1 =s1 ξn =sn

ceci valant pour tous les pavés [s1 , s1 + h1 [× · · · × [sn + hn [, qui constituent une classe stable
par intersection engendrant B(Rn ) donc (S1 , . . . , Sn ) a pour densité 1ξ1 ¶···¶x n λn e−λξn .

Conclusion : selon la première étape, la densité de (T1 , . . . , Tn ) est


(t 1 , . . . , t n ) 7→ λn e−λt 1 . . . e−λt n 1R+n (t 1 , . . . , t n ).
En calculant les densités marginales, on constate immédiatement que f(T1 ,...,Tn ) (t 1 , . . . , t n ) =
f T1 (t 1 ) . . . f Tn (t n ) ; en d’autres termes, T1 , . . . , Tn sont indépendantes. La loi de Sn est donc
Γ (n, λ) en vertu du lemme ci-dessous.

Lemme 81
Si T1 , . . . , Tn sont n variables aléatoires i.i.d de loi E (λ), alors S = T1 + · · · + Tn suit la loi
Γ (n, λ)
79

Démonstration. Calculons la transformée de Laplace d’une variable aléatoire V suivant la


loi Γ (n, λ), en rappelant que la transformée de Laplace caractérise la loi :

∞ ∞
λ λ
Z Z
L V (u) = E[e ] =
uS ux −λx
e e (λx) n−1
dx = e−x(λ−u) (λx)n−1 dx
Γ (n) 0
Γ (n) 0

bien définie pour λ − u > 0 donc en posant y = x(λ − u), on a


Z∞ ‹n Z ∞
λ
‹n−1
λ λ λ
‹n
d 1
  
y y
L V (u) = e −y
= e y dy =
− y n−1
.
Γ (n) 0 λ−u λ − u Γ (n) λ − u 0
λ−u

Or, par le même changement de variable, si T ∼ E (λ),


+∞ ∞
λ λ
Z Z
L T (u) = e λe
ux −λx
dx = e− y d y =
0
λ−u 0
λ−u

donc comme la transformée de Laplace d’une somme de variable aléatoires indépendantes


est le produit de leurs transformées de Laplace, on a le résultat.

Remarque. • On peut aussi parler du paradoxe de l’inspection, ou paradoxe de l’auto-


bus, c’est dans le Foata–Fuchs juste après.
• Les deux premières propositions sont indépendantes du développement proprement
dit.

Références : FOATA et FUCHS 2004, pp. 28-31 et FOATA et FUCHS 2003, p. 148
80 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Prolongement de Γ

Leçons : 207, 239, 241, 245

Références : QUEFFÉLEC et ZUILY 2013 et BECK, MALICK et PEYRÉ 2005, p. 82


81

Quelques ordres moyens

Leçons : 223, 224, 230

Définition 82
Un ordre moyen de f : N → R est une fonction g : R → R telle que
X X
f (n) ∼ x→+∞ g(n).
1¶n¶x 1¶n¶x

Proposition 83
π2 π2 2
Un ordre moyen de σ : n 7→ σ(n) = x + O(x ln x).
P P
d est x 7→ x et
d|n 12 n¶x 12

Démonstration. Si x ¾ 1, on a

E(x) X (m)
x
E(x) EX E(x)
X X X X X 1  x   x  
σ(n) = d= d= d= E E +1 .
n¶x n=1 d|n (d,m)∈J1,E(x)K m=1 d=1 m=1
2 m m
dm¶x

 x   x    x n x o  x n x o   x 2 x
Or, E E +1 = − − +1 = + Ou (1) + Ou (1). 9
m m m m m m m m
Donc en sommant, on a
E(x)  E(x)
X X x 2 X x
σ(n) = + O(1) + O(x).
n¶x m=1
m m=1
m

+∞
1 π2
=
P
Or, 2
et si m ¾ 2, par comparaison série-intégrale,
m=1 m 6
Z m+1 Z m
dt 1 dt
¶ ¶
m
t2 m2 m−1
t2

soit, en sommant pour m ∈ J E(x) + 1, +∞J,


Z +∞ Z +∞
1 dt 1 dt 1
= ¶ ¶ = .
E(x) + 1 E(x)+1
t 2 m2
E(x)
t 2 E(x)

P 1 1 P 1 π2 1
 ‹
Donc 2
∼ m→+∞ , en particulier, 2
= + O .
m>x m x m¶x m 6 x
P 1
Par ailleurs, le même procédé de comparaison série-intégrale donne = ln(x) +
m¶x m
O(1) de sorte que
X π2 2 π2 2
σ(n) = x + O(x) + O(x ln(x)) = x + O(x ln(x)),
n¶x
6 6

ce qui est le résultat voulu.


9. Ou désignant une notation O uniforme par rapport à x
82 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Proposition 84
3 3
Un ordre moyen de l’indicatrice d’Euler ϕ est x 7→ ϕ(n) = 2 x 2 + O(x ln x).
P
x et
π2
1¶n¶ π
n
Démonstration. Selon la formule d’inversion de Möbius, ϕ(n) = µ(d) = µ(d)m.
P P
d|n d md=n
Donc
E ( dx )
X XX X X
ϕ(n) = µ(d)m = µ(d) m
n¶x n¶x md=n d¶x m=1
X 1 x  x   x 2 X µ(d)
= µ(d) E E +1 = 2
+ O(x ln x),
d¶x
2 d d 2 d¶x
d

la dernière égalité découlant de la démonstration précédente et du fait que µ(d) = Ou (1).


Or, si N ∈ N∗ ,
N2
‚ N
Œ‚ N
Œ N X N
X µ(d) X 1 X µ(d) m=dk X 1 X
= = µ(d) = 1
d=1
d2 k=1
k2 d=1 k=1
(dk)2
m=1
m 2
d|m

µ(d) = 1 sauf si m = 1.
P
puisque
d|m
+∞
µ(d) 6
Donc en faisant tendre N vers +∞, on a = 2 . Ainsi,
P
d=1 d
2 π
X 3x 2
ϕ(n) = 2 + O(x ln x).
n¶x
π

Référence : TENENBAUM 2015, pp. 46-47, largement complété par Adrien Laurent.
83

Sous-groupes distingués et table de caractères

Leçons : 103, 104, 107

Théorème 85
χ1 , . . . , χm ses caractères irréductibles. Alors les sous-groupes
Soit G un groupe fini et T
distingués de G sont les ker χ j quand J ⊂ J1, mK.
j∈J

Démonstration. Étape 1 : le noyau d’un caractère est le noyau de la représentation


associée.
En effet, soit (V, ρ) représentation de G de caractère χ. Comme G est fini, on sait que
ρ(g) est diagonalisable de valeurs propres λ1 , . . . , λ r où r = dim V de module 1 (ce sont
des racines du polynôme annulateur
X |G| − 1 donc des racines de l’unité).
Pr IN T Pr
Par suite, |χ(g)| = λi ¶ |λi | = dim V = χ(e) avec égalité si et seulement si
i=1 i=1
il y a égalité dans l’égalité triangulaire, c’est-à-dire si les λi sont deux à deux colinéaires
de même sens, donc si elles sont égales puisqu’elles sont toutes de même module. Donc
χ(g) = χ(e) ⇔ ρ(g) = id ⇔ g ∈ ker ρ.

Étape 2 : construction d’une représentation associée à H.


Soit H un sous-groupe distingué de G et π : G 7→ G/H le morphisme (surjectif) quotient.
On sait selon le théorème de Cayley qu’il existe un morphisme injectif ψ : G/H → S(G:H) et
de plus la représentation régulière de S(G:H) fournit un morphisme injectif θ de S(G:H) dans
GL(G:H) (C). Ainsi par composition, on obtient un morphisme ρ : G → GL(G:H) (C) de noyau
H.

π
G G/H
ψ
ρ
S(G:H)
θ

GL(G:H) (C)

Selon l’étape 1, on a donc H = ker ρ = ker χ où χ est le caractère de ρ.

Étape 3 : décomposons la représentation (V, ρ) précédemment obtenue en une somme


r
directe de représentations irréductibles V = Vi , où χi est le caractère de Vi .
L
i=1
r
Selon l’étape 1, si g ∈ G, g ∈ ker ρ ⇔ χ(g) = χ(e) = dim V = χi (g).
P
i=1
Or,
X r X r Xr Xr
χ (g) ¶ |χ (g)| ¶ |χi (e)| = |χi (e)| = dim V

i=1 i i=1 i

i=1 i=1

r r
|χi (g)| = |χi (e)| avec pour tout i, l’inégalité |χi (g)| ¶ |χi (e)| de sorte que ∀i ∈
P P
donc
i=1 i=1
r
J1, r K, g ∈ ker χi . Ainsi, ker ρ = H = ker χi .
T
i=1
84 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Proposition 86


Les sous-groupes distingués du groupe diédral D6 = r, s | r 5 = e, s2 = e, srs = r −1 sont
{e} , 〈s〉, 〈r 2 , s〉, 〈r 2 , sr〉, 〈r 2 〉, 〈r 3 〉 et D6

Démonstration. Tout d’abord, on sait que D6 a 6 classes de conjugaison donc il y a 6 carac-


tères irréductibles.
• Un caractère χ de degré 1 est déterminé par χ(r) et χ(s). Comme 1 = χ(s2 ) = χ(s)2 ,
on a χ(s) ∈ {±1}. De plus, rs est une symétrie donc χ(rs) = χ(r)χ(s) ∈ {±1}
d’où χ(r) ∈ {±1}. Ceci fournit 4 caractères linéaires de D6 (il n’est pas difficile de
se convaincre que ce sont effectivement des morphismes de groupes de D6 dans C∗ ).
• Selon la formule de Burnside, si χ1 et χ2 sont les deux caractères restants de degrés
d1 et d2 , alors 4 × 12 + d12 + d22 = |D6 | = 12 donc d1 = d2 = 1.
 ‹
i π3 0 1
Introduisons ω = e et pour h ∈ {1, 2}, ρh : D6 → GL2 (C) tel que ρh (s) = et
1 0
ω 0 ω−hk
 h ‹  ‹
0
ρh (r) = . On a donc pour k ∈ 0, 5 , ρ (sr k
) = qui est de
0 ω−h h
ωhk 0
J K
trace nulle.
Ainsi, pour le produit scalaire 〈·, ·〉 classique sur l’espace des fonctions centrales, on a
‚ 5 Œ ‚ 5
Œ
1 X hk 1 X
〈χh , χh 〉 = (ω + ω−hk )2 = 12 + ω2hk + ω−2hk
12 k=0 12 k=0

1 ω − 1 ω−12h − 1
 12h 
= 1+ + −2h = 1,
12 ω2h − 1 ω −1

ce qui prouve que χh est un caractère irréductible 10 .


• Ceci nous fournit la « table de caractères » suivante (qui n’en est pas une puisqu’on ne
donne pas les valeurs sur les classes de conjugaison), à laquelle on adjoint la liste des
noyaux des caractères.

ψ1 ψ2 ψ3 ψ4 χ1 ‹ χ2
2kπ
 ‹

rk 1 (−1)k (−1)k 1 2 cos 2 cos
3 3
sr k 1 (−1)k (−1)k+1 −1 0 0
Noyau D6 〈r 2 , s〉 〈r 2 , sr〉 〈s〉 {e} 〈r 3 〉

On constate à l’œil nu que les intersections des 6 noyaux de caractères irréductibles ne


fournissent pas d’autres sous-groupes de D6 qu’eux-mêmes et 〈r 2 〉 = ker ψ2 ∩ ker ψ3 ,
donc on a bien établi la liste voulue.

Références : ULMER 2012, p. 158 pour le théorème et PEYRÉ 2004, p. 227 pour la table
de caractères.

10. Variante : une sous-représentation de degré 1 de ρh serait une droite stable ; or une droite stable par
ρh (r) est soit l’axe (O x) soit l’axe (O y), lesquels ne sont pas stables par la symétrie ρh (r).
85

Surjectivité de l’exponentielle

Leçons : 153, 156, 204, 214

Théorème 87
Soit A ∈ Mn (C). Alors, exp(C[A]) = C[A] ∩ GLn (C). En particulier, exp : Mn (C) →
GLn (C) est surjective et un antécédent de A ∈ GLn (C) est un polynôme (complexe) en A.

Démonstration. Étape 1 : quelques résultats préliminaires


• On commence par observer l’égalité C[A]× = C[A] ∩ GLn (C) où C[A]× est le groupe
des inversibles de C[A]. Seule l’inclusion ⊃ pose question : il s’agit de voir que l’in-
verse d’une matrice M est un polynôme en M (en effet le coefficient constant de son
polynôme minimal est non nul : µ M = α + X P et M −1 = −P(M )/α). Ainsi, l’inverse
d’un élément de C[A] ∩ GLn (C) reste dans C[A] (c’est un polynôme de polynôme en
A)
• Pour tout M ∈ Mn (C), exp(M ) ∈ C[M ] : en effet, c’est une limite dans Mn (C) (pour
la norme d’algèbre) d’éléments de C[M ] qui est un sous-espace vectoriel de dimension
finie donc fermé. En conséquence, exp : C[A] → C[A]× est un morphisme de groupes.
• C[A]× = C[A] ∩ det−1 (R∗ ) est un ouvert de C[A]. Il est aussi connexe par arcs (donc
connexe) car si M , N ∈ C[A]× , la fonction z ∈ C 7→ det(zM +(1−z)N ) est polynomiale
en z et non nulle donc admet un nombre fini de zéros. 0 et 1 ne sont pas des zéros
de ce polynôme donc on peut construire une courbe z(t) ∈ C reliant 0 et 1 en évitant
ces zéros 11 . Ainsi t ∈ [0, 1] 7→ z(t)M + (1 − z(t))N est une courbe tracée dans C[A]×
reliant continûment N et M .

Étape 2 : exp est localement un difféomorphisme


Comme la différentielle de exp : Mn (C) → GLn (C) en 0 est l’identité de Mn (C), on a
aussi en restreignant exp : C[A] → C[A]× , que d exp(0) = idC[A] .
En particulier cette différentielle est bijective et le théorème d’inversion locale assure
l’existence de deux ouverts U ⊂ C[A] et V ⊂ C[A]× contenant respectivement 0 et I d tel
que exp : U → V soit un difféomorphisme. Comme exp est un morphisme de groupes, le
résultat demeure au voisinage de chaque point M ∈ C[A] : exp : M + U → exp(M )V est un
difféomorphisme.

Étape 3 : un argument de connexité pour conclure.


ouvert de C[A]× . Mais c’est aussi un
L’étape 2 implique en fait que exp(C[A]) est un S
fermé en remarquant que C[A]× \ exp(C[A]) = M exp(C[A]) (l’inclusion ⊃ se
M ∈C[A]× \exp(C[A])
×
prouve par contraposée). En vertu de la connexité de C[A] , on conclut que

exp(C[A]) = C[A]× = C[A] ∩ GLn (C).

Corollaire 88
L’image par l’application exponentielle de Mn (R) est l’ensemble

exp(Mn (R)) = {A2 , A ∈ GLn (R)}.

11. On montre même que R2 \ D où D est dénombrable est connexe par arcs
86 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Démonstration. ⊂ : Il suffit de remarquer que exp(M ) = exp( 21 M )2 ⊃ : Soit M = A2 où


A ∈ GLn (R). Il existe un polynôme P ∈ C[X ] tel que A = exp(P(A)). Comme A est réelle, on
a aussi exp(P(A)) = A = A et donc

exp((P + P)(A)) = A2 = M .

Référence : ZAVIDOVIQUE 2013. Merci à Antoine Diez pour ce développement.


87

Théorème central limite

Leçons : 218, 261, 262, 263

Théorème 89
Sn − nE(X 0 )
Si (X i )i est une suite de variables aléatoires iid et E(X 02 ) < ∞ alors p converge

n−1
en loi vers N (0, 1) où σ2 = Var(X 0 ) et Sn =
P
Xi.
i=0

Lemme 90
 zn n
Si (zn )n est une suite de nombres complexes tendant vers 0, alors lim 1 + = 1.
n→+∞ n

Démonstration. On a

n  ‹ k n  ‹
zn n n n X n |zn |k
z |zn | n
  X  ‹
1+ − 1 = = 1+ − 1.


n k=1 k nk k=1 k nk n

Onest donc R. A partir d’un certain rang, zn > −1 et


ramené au cas où ∀n ∈ N, zn ∈
zn n  zn zn zn
ln 1 + = n ln 1 + =n +o = zn + o(zn )
n n n n  zn n
Donc en passant à l’exponentielle, la limite de 1 + est bien 1.
n

X i − E(X 0 )
Démonstration (du théorème). Quitte à remplacer X i par , on peut supposer que
σ
Sn
E(X 0 ) = 0 et σ = 1. On note X = X 0 . La fonction caractéristique de p est
n
  ‹‹ n
n t
ϕSn /pn (t) = ϕX /pn (t) = ϕX p
n
par indépendance des X i .
De plus on sait que ϕX0 (0) = iE(X ) = 0, ϕX00 (0) = −E(X 2 ) = −1. Donc selon la formule
t2
de Taylor-Young à l’ordre 2 au voisinage de 0, on a ϕX (t) = 1 − + t 2 "(t) où lim "(t) = 0.
2 t→0
Donc
 n
‹‹n  ‹n
t2 t2 t2  t2
  ‹ 
t t 
ϕSn / n (t) =
p 1− + " p = 1− 1 + ‹" p 
2n n 2n  t2

n n 
n 1−
2n
2
/2
Le premier terme tend vers e−t , et selon le lemme, comme
t2
lim = 1,
n→+∞ t2
1−
2n
le second terme tend vers 1 quand n tend vers l’infini. Donc pour tout t ∈ R, ϕSn /pn (t) →
2
e−t /2 , qui est la fonction caractéristique de N (0, 1). Selon le théorème de Paul-Lévy, on a
le résultat voulu.
88 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Exemple. Dans le cadre d’un sondage pour le deuxième tour de l’élection présidentielle, on
interroge n personnes pour savoir s’ils comptent voter pour le candidat A (nA personnes)
ou le candidat B (nB personnes).Chaque personne est modélisée par une variable aléatoire
X i : Ω → {A, B} suivant la loi de Bernoulli de paramètre p. On suppose que les X i sont
indépendantes. C’est ce paramètre p qui nous est inconnu et qu’on cherche à déterminer a
posteriori à partir des données observables (les valeurs des X i ). Cela est rendu possible par
le théorème central limite.
Un intervalle de confiance à α près pour p est un intervalle aléatoire I de R tel que
P(p ∈ I) = 1 − α.
Soit G une variable gaussienne de loi N (0, 1) de fonction de répartition φ. On note
X1 + · · · + Xn n
Xn = (dans la modélisation ci-dessus, X n correspond à A ). On sait que la loi
n n
p Xn − p
de cette variable aléatoire est B(n, p) donc selon le TCL, Yn = n p converge en
p(1 − p)
loi vers G.
P
De plus, selon la loi faible des grands nombres, X n −−−−→ p donc selon le lemme de
n→+∞
L
Slutsky, (Yn , X n ) −−−−→ (G, p) de sorte qu’en composant par des fonctions continues, on
n→+∞
obtient
p p p
p(1 − p) n(X n − p) L p(1 − p)
Yn q =q −−−−→ G × p = G.
n→+∞ p(1 − p)
X n (1 − X n ) X n (1 − X n )

Donc en vertu de la caractérisation de la convergence en loi avec les fonctions de répar-


titions, pour tout a ¾ 0,

p !
n(X n − p)
P −a ¶ q ¶ a −−−−→ Ca = φ(a) − φ(−a),
n→+∞
X n (1 − X n )
 q q 
X n (1 − X n ) X n (1 − X n )
c’est-à-dire, avec I a,n = −a p + X n, a p + X n , P(p ∈ I a,n ) −−−−→
n n n→+∞

Ca .
En prenant Ca suffisamment petit, à partir d’un certain rang, P(p ∈ I a,n ) ¶ 1 − α : I a,n est
un intervalle de confiance à α près.
Complétons ce théorème par un autre théorème limite, le théorème des évènements
rares de Poisson. Il faut faire attention car la preuve du Ouvrard présente une imprécision
sur le logarithme complexe.
Théorème 91 (Théorème des événements rares)
Soit pour tout n ∈ N∗ une famille finie {An, j |1 ≤ j ≤ Mn } d’évènements indépendants.
Mn
On pose pn, j = P(An, j ) et on note Sn =
P
1An, j On suppose que la suite de terme général
j=1
Mn tend en croissant vers +∞ et que
Mn
X
sup pn, j −−−−→ 0, pn, j −−−−→ λ
1≤ j≤Mn n→+∞ n→+∞
j=1

où λ > 0. Alors la suite (Sn )n∈N∗ converge en loi vers la loi de Poisson P (λ) de paramètre
λ.
89

Démonstration. Soit t ∈ R. Par indépendance des An, j , la fonction caractéristique de Sn est

Mn
Y Mn
Y  
ϕSn (t) = (pn, j e + (1 − pn, j )) =
it
1 + pn, j (e i t − 1) .
j=1 j=1

On pose z = e i t − 1. Comme sup pn, j −−−−→ 0, il existe N ¾ 1 tel que pour n ¾ N , et


1≤ j≤Mn n→+∞
1   
j ∈ {1, . . . , Mn }, |pn, j z| <
de sorte que 1 + pn, j z = exp log 1 + pn, j z où log désigne une
2
détermination principale du logarithme complexe sur le plan fendu de Cauchy C \ R− .
Or, par la formule de Taylor avec reste intégral, si |w| < 1,
Z 1
1
log(1 + w) = w − w 2
(1 − u) du
0
(1 + uw)2
u 1
Si n ¾ N , et u ∈ [0, 1], j ∈ J1, Mn K, |1 + upn, j z| ¾ 1 − upn, j |z| ¾ 1 − ¾ , d’où
2 2
Z1
Mn Mn Mn
 –X
 ™
1 − u
X X
2 2
p du ¶ 2 p ¶ 2 sup pn, j pn, j −−−−→ 0.

j=1 n, j 0 (1 + upn, j z)2 j=1 n, j

1≤ j≤Mn n→+∞
j=1

Donc par la formule de Taylor précédente et par hypothèse,


Mn Mn Mn Z 1
X X X 1−u
log(1 + pn, j z) = z pn, j − z 2 2
pn, du −−−−→ λz.
j=1 j=1 j=1
j
0
(1 + upn, j z)2 n→+∞

Donc ‚M Œ
X n

exp log(1 + pn, j z) −−−−→ exp(λz) = exp(λ(e i t − 1),


n→+∞
j=1

fonction caractéristique
M  deM Poisson P (λ).
d’une loi
Mn
Pn Qn
log(1 + pn, j z) = exp(log(1+ pn, j z)) = 1+ pn, j z = ϕSn (t), donc selon
Q
Mais exp
j=1 j=1 j=1
le théorème de Lévy, (Sn )n∈N∗ converge en loi vers P (λ).

Remarque. Pour compléter ce développement un peu court, on peut calculer la fonction


caractéristique d’une loi normale (cf « Inversion de Fourier » ). Dans la leçon 218, il est bien-
venu de mentionner le théorème des évènements rares de Poisson plutôt que la recherche
d’un intervalle de confiance.

Références : BARBÉ et LEDOUX 2007, pp. 136-138 et OUVRARD 2009, p. 311 (évènements
rares).
90 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Théorème d’Abel angulaire et théorème taubérien faible

Leçons : 207, 223, 230, 235, 243


P
Soit an z n une série entière de rayon de convergence 1 dont la somme sur le disque
unité est notée f .
Théorème 92
π
an converge et a pour somme S. Alors si 0 < θ0 < et ∆θ0 =
P
On suppose que
 n 2
z ∈ D(0, 1) : ∃(ρ, θ ) ∈ [0, 1[×[−θ0 , θ0 ], z = 1 − ρe iθ , on a f (z) −−−→ S.
z∈∆θ
0
z→1

Démonstration. L’idée clef de la preuve est de procéder à une transformation d’Abel sur les
+∞
sommes partielles an z n . Pour tout n ∈ N, on a an = R n−1 − R n où R−1 = 0 et R p =
P P
ak
k=p+1
pour p ¾ 0. Donc si N ∈ N et z ∈ D(0, 1),

+∞
X N
X N
X N −1
X N
X N −1
X
an z n − = (R n−1 − R n )(z n − 1) = R n (z n+1 − 1) − R n (z n − 1) = R n z n (z − 1).
n=0 n=0 n=0 n=0 n=0 n=0

+∞
D’où, en faisant tendre N vers +∞, f (z) − S = (z − 1)
P
Rnz n.
n=0
Soit " > 0. Comme la suite des restes tend vers 0 par convergence de
P
an , on peut fixer
n
N ∈ N tel que ∀n ¾ N , |R n | ¶ ". Ainsi,
‚ +∞ Œ ‚ N Œ
N
1
X X X
| f (z) − S| ¶ R n z n |z − 1| + " |z|n |z − 1| ¶ |R n | |z − 1| + " |z − 1|.

n=0 n=N +1 n=0
1 − |z|
(2.10)
Étudions le second terme : si z = 1 − ρe ∈ ∆θ0 , alors

|z − 1| ρ(1 + |z|) 2ρ
= 2

1 − |z| 1 − |z| 1 − |z|2

et
1 − |z|2 = 1 − (1 − ρ cos θ )2 − ρ 2 sin2 θ = 2ρ cos θ − ρ 2 ¾ 2ρ cos θ0 − ρ 2

car |θ | ¶ θ0 . Donc si ρ ¶ cos θ0 , on a

|z − 1| 2 2
¶ ¶ .
1 − |z| 2 cos θ0 − cos θ0 cos θ0

PN  2
Si de plus, on suppose que ρ |R n ¶ " et ρ ¶ ", selon (2.10), | f (z)−S| ¶ " +
| ".
n=0
cos θ0
En d’autres termes, f (z) −−−→ S.
z∈∆θ
0
z→1

Une réciproque (partielle) de ce théorème est donnée par le théorème « taubérien faible » :
91

Proposition 93
+∞
1
 ‹
Si an = o et f (x) −−−→ an = S.
P P
S, alors a n converge et
n x→1−
n n=0
n
Démonstration. Soit 0 < x < 1. Si n ∈ N et Sn =
P
ak , alors
k=0

Sn − S = (Sn − f (x)) + ( f (x) − S).

C’est le premier terme de la somme qu’il est intéressant d’étudier pour obtenir la conver-
gence voulue. On a


n n +∞ n +∞
ka
X X X X X
k k
|Sn − f (x)| ¶ ak − ak x k + ak x k ¶ k|ak |(1 − x) + x

k=0 k=0
k=n+1 k=0 k=n+1 n

k
puisque d’une part, 0 ¶ 1 − x k = (1 − x)(1 + x + · · · + x k−1 ) ¶ k(1 − x) et d’autre part ¾1
n
si k ¾ n + 1. Ainsi, si M = sup k|ak | et L n = sup k|ak |, on a
k∈N k¾n
L n 1 − x n+1 Ln 1
|Sn − f (x)| ¶ M n(1 − x) + ¶¶ M n(1 − x) + .
n 1− x n 1− x
"  Ln n Ln

Soit " > 0. Pour tout n ∈ N , Sn − f 1 −

¶ M " + × ¶ M " + . Par hypothèse,
n n " "
L n −−−−→ 0 donc il existe N ∈ N tel que ∀n ¾ N , L n ¶ " 2 , d’où
n→+∞

" 

Sn − f 1 − ¶ (M + 1)".

n
" "
 
Or, f 1 − −−−−→ S donc il existe n0 ∈ N tel que f 1 − − S ¶ ". Par suite,

n n→+∞ n
+∞
∀n ¾ max(n0 , N ), |Sn − S| ¶ (M + 2)". Donc S =
P
an .
n=0

Remarque. • La réciproque du théorème d’Abel angulaire est fausse en général, car


+∞ +∞
1 z→1 1
(−1)n z n = (−1)n diverge.
P P
−−→ tandis que
n=0 1 + z 2 n=0
+∞
P (−1)n +∞
P (−1)n n
• Un exemple d’application du théorème : = x = lim arctan x =
n=1 2n + 1 n=1 2n + 1 x→1
π
arctan 1 = .
4
1
 ‹
• Le théorème taubérien faible est encore vrai si an = O , c’est le théorème taubérien
n
de Hardy-Littlewood.

Référence : GOURDON 2009b, pp. 253-254


92 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Théorème d’Artin

Leçons : 125, 151, 162

Théorème 94 (Artin)
Si L est un corps et H est un sous-groupe fini du groupe des automorphismes de L, alors
si L H = {x ∈ L : ∀σ ∈ H, σ(x) = x}, L/L H est une extension finie, |H| = [L : L H ] et H
est le groupe des L H -automorphismes de L.

Lemme 95 (Dedekind)
Soient σ1 , . . . , σn des automorphismes distincts de L, alors (σ1 , . . . , σn ) est libre sur L,
n
c’est-à-dire que si ∀x, λi σi (x) = 0, alors λ1 = · · · = λn = 0.
P
i=1

Démonstration (du lemme). Supposons la famille (σ1 , . . . , σn ) non libre et prenons (λ1 , . . . , λn ) ∈
n
λi σi = 0. On peut
P
L n \ {0} avec un nombre minimal r de composantes non nulles tel que
i=1
supposer sans perte de généralité que λ1 , . . . , λ r sont non nuls et λ r+1 = · · · = λn = 0.
Soit y ∈ L tel que σ1 ( y) 6= σ2 ( y). Pour tout x ∈ L, on a
r
X
λi σi (x) = 0 (2.11)
i=1

et par ailleurs,
n
X r
X
λi σi (x y) = σi ( y) σi (x) = 0. (2.12)
i=1 i=1
r
Donc en effectuant (2.12)−σ1 ( y)× (2.11), on obtient λi (σi ( y) − σ1 ( y))σi (x) = 0,
P
i=2
ce qui contredit l’hypothèse de minimalité sur r.

Démonstration. On note m = [L : L H ] (éventuellement égal à ∞) et n = |H|. On va vérifier


dans un premier temps que m = n.

1 Supposons que m < n < +∞. Fixons x 1 , . . . , x m une base de L sur L H et notons H =
{σ1 , . . . , σn }. Considérons le système de m équations à n inconnues dans L, Y1 , . . . , Yn
défini par
∀ j ∈ J1, mK, σ1 (x j )Y1 + . . . σn (x j )Yn = 0.

C’est un système surdéterminé donc il admet une solution non nulle ( y1 , . . . , yn ). Par
m
suite, pour tout x = α j x j ∈ L, où α j ∈ L H , on a
P
j=1

n n X
m m
‚ m
Œ
X X X X
σi (x) yi = α j σi (x j ) yi = αj σi (x j ) yi = 0.
i=1 i=1 j=1 j=1 i=1

n
yi σi = 0 avec les yi non tous nuls ce qui contredit le lemme d’indépen-
P
On a donc
i=1
dance de Dedekind ci-dessus. Donc m ¾ n.
93

2 Supposons que m > n. Il existe donc une famille (x 1 , . . . , x n+1 ) d’éléments de L libre
sur L H . Selon le même argument que pour le premier point, on peut trouver une
famille non nulle ( y1 , . . . , yn+1 ) ∈ L n+1 ) vérifiant

∀i ∈ J1, nK, σi (x 1 ) y1 + · · · + σi (x n+1 ) yn+1 = 0. (2.13)

Sans perte de généralité, on peut supposer que parmi toutes les solutions non nulles,
( y1 , . . . , yn+1 ) a un nombre minimal r de termes non nuls. Alors quitte à renuméroter,
on peut supposer que ∀i ¶ r, yi 6= 0 et ∀i > r, yi = 0. Ainsi, (2) se réécrit

∀i ∈ J1, nK, σi (x 1 ) y1 + · · · + σi (x r ) y r = 0.

Soit σ ∈ H, appliquons σ au système :

∀i ∈ J1, nK, (σ ◦ σi )(x 1 )σ( y1 ) + · · · + (σ ◦ σi )σ( y r ) = 0.

Comme τ 7→ σ ◦ τ est une permutation de l’ensemble fini H, on a donc

∀i ∈ J1, nK, σi (x 1 ) y1 + · · · + σi (x r ) y r = 0. (2.14)

En multipliant (2) par σ( y1 ), (2.14) par y1 et en additionnant les deux systèmes, on


obtient

∀i ∈ J1, nK, σi (x 2 )(σ( y1 ) y2 − σ( y2 ) y1 ) + · · · + σi (x r )(σ( y1 ) y r − σ( y r ) y1 ) = 0.

L’entier r étant le nombre minimal de termes non nuls d’une solution non triviale
de (2), on a ∀ j ∈ J2, r K, σ( y1 ) y j − y1 σ( y j ) = 0, soit σ( y1 y j−1 ) = y1 y j−1 donc ∀ j ∈
J2, r K, y1 y j−1 ∈ L H .
Ainsi pour tout 2 ¶ j ¶ r, il existe z j ∈ (L H )∗ tel que y j = z j y1 .
La ligne de (2) correspondant à σi = id L devient alors

x 1 y1 + x 2 z2 y1 + · · · + x r z r y1 = 0

donc comme y1 6= 0, on a x 1 + x 2 z2 + · · · + x r z r = 0, de sorte que (x 1 , . . . , x r ) est une


famille liée, ce qui contredit l’hypothèse initiale. Donc m ¶ n < +∞ et finalement
m = n.
3 Notons G le groupe des L H -automorphismes de L. Il contient H de manière évidente.
Montrons que G est fini. Soit (a1 , . . . , an ) une base de L sur L H , Π1 , . . . , Π r les poly-
nômes minimaux respectifs des ai sur L H et f = Π1 . . . Π r ∈ L H [X ]. Soit R l’ensemble
(fini) des racines de f dans L. Comme Π j (a j ) = 0 pour tout j, R contient {a1 , . . . an }.
n
De plus, si x = αi ai ∈ L, où αi ∈ L H , alors, pour tout élément σ de G, on a
P
i=1
n
σ(x) = αi σ(ai ). Cela nous assure que ψ : G −→ S(R) est injective et donc
P
i=1
σ 7−→ σ|R
que G est fini.

On a L H ⊂ L G ⊂ L par définition de G, et L G ⊂ L H ⊂ L car H ⊂ G donc L H = L G . Selon


la conclusion du deuxième point, on a |G| = [L : L H ] = [L : L G ] = |H| donc G = H.
94 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Quelques précisions supplémentaires : ce développement s’inscrit dans une théorie plus


générale, la théorie de Galois. Étant donné une extension de corps L/K, on s’intéresse à son
groupe de Galois Gal (L/K) qui est le groupe des K-automorphismes de corps de L. Le résultat
majeur de cette théorie est la correspondance de Galois entre les corps intermédiaires K ⊂
M ⊂ L et les sous-groupes H de Gal (L/K) :
Théorème 96
Si L/K est une extension galoisienne, les applications Fix : H 7→ L H et Gal : M 7→
Gal (L/M ) sont réciproques l’une de l’autre, où L H , comme défini dans l’énoncé du théo-
rème d’Artin est appelé sous-corps fixe de L associé à H.

Il est remarquable qu’en vertu du théorème d’Artin, toute extension finie vérifie Gal ◦
Fix = id.
Définition 97
Soit L/K une extension algébrique. On dit que c’est une extension galoisienne si L Gal (L/K) =
K.
On suppose à présent que K est un corps parfait, c’est-à-dire que si L/K est une extension
algébrique, alors tout polynôme de L[X ] n’admet que des racines simples dans son corps de
décomposition – L est dit séparable. La plupart des corps usuels sont parfaits : Q, R, C, les
corps finis. En revanche pour p premier, F p (T ) n’est pas parfait.
Définition 98
L’extension algébrique L/K est dite normale si tout polynôme irréductible f ∈ K[X ]
admettant une racine dans L se décompose en produit de facteurs de degré 1 dans L.

Par exemple C/R est une extension normale.


Proposition 99
Soit L/K une extension finie, alors on a l’équivalence entre :

1 L/K est galoisienne ;


2 L/K est normale ;
3 L est le corps de décomposition d’un polynôme f ∈ K[X ] ;
4 Gal (L/K) est d’ordre [L : K].

En particulier si L/K est galoisienne finie et K ⊂ M ⊂ L est un corps intermédiaire, alors


L/M est galoisienne puisque L est le corps de décomposition de f ∈ K[X ] ⊂ M [X ], ce qui
prouve la correspondance de Galois.

Remarque. • C’est un peu long pour 15 minutes, il vaut mieux démontrer le lemme de
Dedekind que le dernier point de la démonstration du théorème.
• Pour bien se souvenir du système à poser à chaque étape, retenir qu’un système sur-
déterminé, c’est plus d’inconnues que d’équations.

Références : JEANNERET et LINES 2008, p. 297. Voir également SAMUEL 1967 pour la
théorie de Galois.
95

Théorème de Carathéodory et application aux équations


diophantiennes

Leçons : 126, 181

Théorème 100 (Carathéodory)


Soit E un R-espace vectoriel de dimension n. Soit A une partie de E. Alors l’enveloppe
convexe Conv(A) est l’ensemble des combinaisons convexes de n + 1 points de A.
p
Démonstration. Soit x = αi x i un élément de Conv(A). Sans perte de généralité, on peut
P
i=1
supposer que p est le nombre minimal de termes intervenant dans une écriture comme
combinaison convexe de x. Raisonnons par l’absurde, et supposons que p ¾ n + 2.
Soit
φ: R p −→ EP ×R  .
p Pp
(λ1 , . . . , λ p ) 7−→ λ x , i=1 λi
i=1 i i

Selon le théorème du rang, le noyau de φ a pour dimension dim(E × R) − dim Im φ ¾ 1 par


p p
hypothèse sur p. Donc on peut trouver (λ1 , . . . , λ p ) 6= 0 tel que λi = 0 et λi x i = 0, de
P P
i=1 i=1
p p
sorte que ∀τ ∈ R, x = (αi + τλi )x i et αi + τλi = 1.
P P
i=1 i=1
Introduisons donc
\˜ −αi −αi
 ˜ \• •
F = τ ∈ R|∀i ∈ J1, pK, αi + τλi ¾ 0 = −∞, ∩ , +∞ .
λ <0
λi λ <0
λi
i i

α j αk αj
 
Il existe donc λ j < 0 et λk > 0 tels que F = − , − . Ainsi, τ = − ∈ F et x =
λ j λ k λ j
(αi + τλi )x i est une écriture de x comme combinaison convexe de p − 1 éléments de
P
i6= j

x 1 , . . . , x p , ce qui contredit la minimalité de p.

Corollaire 101
Soit A ∈ Mn (Z). Le système diophantien Ax = 0 admet une solution non nulle dans Nn
si et seulement 0Rn est dans l’enveloppe convexe des colonnes de A.

Démonstration. On note Ai la i-ème colonne de A. 


x1 n
.
⇐ : soit x solution non nulle dans Nn , alors 0 = (A1 . . . An )  ..  =
P
x i Ai donc en
i=1
xn
divisant par n, on obtient le résultat.
l
P
⇒ : soit l minimal tel que 0 s’écrive comme combinaison convexe à l termes x j Ai j des
j=1
colonnes de A. Selon le théorème de Carathéodory, en notant r le rang sur Q de la matrice
(Ai1 , . . . , Ail ), on a l ¶ r + 1. Mais puisqu’on a exhibé une relation de dépendance linéaire
entre ces colonnes, r < l. Ainsi r = l − 1 et par l’algorithme
 ‹ du pivot de Gauss sur Q, on
M
peut trouver P ∈ GLm (Q) tel que P(Ai1 . . . Air ) = où M ∈ M r,r+1 (Z) est de rang r.
0
96 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS
 
x1
.
Donc kerQ M est de dimension 1 sur Q et de plus M  ..  = 0 donc x 0 = (x 1 , . . . , x r ) est un
xr
vecteur directeur à coefficients positifs de kerQ M .
Or kerQ M ⊂ kerR M donc x 0 est également un vecteur directeur de kerR M , de sorte que
tous ses éléments ont leurs coefficients tous positifs ou tous négatifs. En multipliant x 0 par
un coefficient bien choisi, on peut donc trouver y 0 ∈ N r tel que (Ai1 . . . Air ) y 0 = 0. On obtient
y ∈ Nn tel que Ay = 0 en complétant y 0 avec des 0.

Corollaire 102
Si K est une partie compacte de Rn , alors l’enveloppe convexe de K est compacte.

Référence : GOURDON 2009b, p. 54 pour le théorème et la deuxième application. L’op-


timisation de la preuve et la première application sont dues à Benjamin Havret.
97

Théorème de Grothendieck

Leçons : 201, 208, 213, 234

Théorème 103
Soit (X , µ) un espace de probabilités, et S un sous-espace vectoriel fermé de L p (µ) tel
que S ⊂ L ∞ (µ). Alors S est de dimension finie.

Démonstration. Étape 1 : il existe K > 0 tel que ∀ f ∈ S, k f k∞ ¶ Kk f k p .


Soit i l’injection canonique de (S, k · k∞ ) dans (S, k · k p ). C’est une application linéaire
bijective, qui est continue car k · k p ¶ k · k∞ puisque µ(X ) = 1. De plus ses espaces de départ
et d’arrivée sont des Banach :
• D’une part car S est fermé dans L p (µ) qui est complet selon le théorème de Riesz-
Fischer ;
• D’autre part, si ( f n )n ∈ S N tend vers f dans L ∞ (µ), alors (i( f n ))n tend vers i( f ) dans
L p (µ) donc comme S est fermé dans L p , i( f ) = f ∈ S, de sorte que S est aussi un
sous-espace fermé de L ∞ (µ), donc est complet.
Par conséquent, selon le théorème d’isomorphisme de Banach, i est un isomorphisme
bicontinu ; en particulier, il existe K > 0 tel que ∀ f ∈ S, k f k∞ ¶ Kk f k p .

Étape 2 : il existe M > 0 tel que ∀ f ∈ S, k f k p ¶ Kk f k∞ .


Soit f ∈ S, on distingue deux cas :
• Premier cas : p < 2. Selon l’inégalité de Hölder,
Z  2p
p 2
p
k f k pp ¶ µ(X )1− 2
(| f (x)| p dµ(x)) p
¶ k f k2
X

si bien que k f k p ¶ k f k2 .
• Deuxième cas : p ¾ 2.
Z
etape 1
k f k pp = | f (x)| p−2 | f (x)|2 dµ(x) ¶ k f k∞
p−2
k f k22 = K p−2 k f k p−2
p
k f k22
X

donc en simplifiant de part et d’autre de l’inégalité, k f k2p ¶ K p−2 k f k22 et le résultat


s’ensuit.

Étape 3 : utilisation de ces relations de domination.


Soit ( f1 , . . . , f n ) une famille orthonormée de S. Si c = (c1 , . . . , cn ) ∈ Qn , il existe X c ⊂ X
de mesure pleine tel que
v
X n X n X n uX n
∀x ∈ X c , ci f i (x) ¶ ci f i = M1 ci2
t
ci f i ¶ M1

i=1 i=1 i=1 i=1
∞ 2

avec M1 > 0 une constante (cf étapes 1 et 2).


Donc si X =
0
S 0
X c , X est de mesure pleine et on a
c∈Qn

v
X n uX n
n 0
∀c ∈ Q , ∀x ∈ X , c f (x) ¶ M1 ci2 .
t
i=1 i i i=1

Comme Qn est dense dans Rn , le résultat vaut également pour c ∈ Rn .


98 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS
v
Pn tPn
En particulier, si x ∈ X 0 , ci = f i (x), on obtient f i (x)2 ¶ M1 f i (x)2 soit
i=1 i=1
‚ n
Œ
X
f i (x)2 ¶ M12 .
i=1

n
k f i k22 ¶ M12 soit, comme ( f1 , . . . , f n ) est orthonormée, n ¶ M12 .
P
Donc en intégrant,
i=1
Supposons que S soit de dimension infinie. On pourrait alors trouver une famille libre
de taille E(M12 ) + 1, ce qui fournirait par le procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt,
une famille orthonormée de S de cette taille : cela contredit le résultat ci-dessus. Donc S est
de dimension finie.

Remarque. Le théorème de l’isomorphisme de Banach est une conséquence du théorème


de Baire, qu’il faut donc connaître.

Références : ZAVIDOVIQUE 2013 (attention il y a une erreur).


99

Théorème de Liapounov

Leçons : 220, 221

Définition 104
Soit f : Rn → Rn une application de classe C 1 .
• Un point d’équilibre stable attractif du système y 0 = f ( y) est y0 ∈ Rn tel que
f ( y0 ) = 0 et pour tout " > 0, il existe δ > 0 tel que pour toute solution y du
système, k y(0) − y0 k ¶ δ ⇒ ∀t ¾ 0, k y(t) − y0 k ¶ ".
• Le point d’équilibre attractif stable y0 est dit asymptotiquement stable s’il existe
δ0 > 0 tel que pour toute solution y du système vérifiant k y(0) − y0 k ¶ δ0 ,
lim y(t) = y(0).
t→+∞

Théorème 105
Soit f : Rn → Rn une application de classe C 1 telle que f (0) = 0. Si A = D f (0) a des
valeurs propres de parties réelles dans R∗− , alors l’origine est un point d’équilibre attractif
asymptotiquement stable du système y 0 = f ( y).§Précisément, il existe β > 0, η > 0, C >
y 0 = f ( y)
0 tels que pour tout kxk < η, la solution y x de vérifie
y(0) = x

∀t ¾ 0, k y x (t)k ¶ C e−β t kxk.

Démonstration. Soit 〈·, ·〉 un produit scalaire sur Rn définissant la norme k · k.


On procède en trois temps :
z = Az
§ 0
Étape 1 : Étude du système linéarisé
z(0) = x
On sait que la solution z de ce système est z : t 7→ e tA x. Par le lemme des noyaux, on
l
a Rn = ker(A − λi I)αi où les λi sont les valeurs propres de A de multiplicité αi . Écrivons
L
i=1
x = x i + · · · + x l selon cette décomposition en somme directe. On a

α i −1
X (A − λi I) j
e xi = e
tA tλi t(A−λi I)
e xi = e tλi
x i = e tλi Pi (A)x i
j=0
j!

où Pi ∈ C[X ]. Ainsi, comme kx i k ¶ kxk, on a ke tA x i k ¶ e tReλi kPi (A)kkxk, d’où par inégalité
triangulaire,
‚ k Œ
X
tReλi
∀t ¾ 0, kz(t)k ¶ C̃ e kxk
i=0

où C̃ est une constante.


Donc comme les Re(λi ) sont strictement négatifs, on peut fixer a > 0 et une constante
C > 0 tels que ∀t ¾ 0, kz(t)k ¶ C e−at kxk : l’origine est un point d’équilibre attractif du
système linéarisé.

Étape 2 : Introduction d’une norme auxiliaire


Z +∞
Soit b : (x, y) 7→ 〈e tA x, e tA y〉dt. La forme bilinéaire symétrique b est bien définie
0
100 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

car, en vertu du premier point,


Z +∞ 
−2at
∀(x, y), |b(x, y)| ¶ C e dt kxkk yk.
0

tA
§ 0 car 〈·, ·〉 l’est et e est inversible pour t ¾ 0.
Elle est de plus définie positive
y = f ( y)
Soit y la solution de On note r( y) = f ( y) − Ay. On cherche à obtenir une
y(0) = x
inégalité du type q( y)0 (t) ¶ −βq( y). On a

∀t ¾ 0, (q◦ y)0 (t) = (∇q)( y(t)). y 0 (t) = 2b( y(t), f ( y(t))) = 2b( y(t), r( y(t)))+2b( y(t), Ay(t))

où r( y) = f ( y) − Ay. Or, si x ∈ Rn ,
Z +∞ Z +∞
d 
2b(x, Ax) = 2 〈e x, e Ax〉dt =
tA tA
ke tA xk2 dt = −kxk2 .
0 0
dt
p p
La norme q est équivalente à k · k donc p on peut
p fixer β 1 > 0 tel que q ¾ β1 k · k. En
outre, par Cauchy-Schwarz, |b( y, r( y))| ¶ q( y) q(r( y)). La fonction f étant C 1 , on a
r(u) = o(u), ce qui implique qu’il existe η > 0 tel que
Æ p Æ q Æ
q( y) ¶ η ⇒ q(r( y)) ¶ β12 2 q( y).

Donc en combinant ces deux résultats, si q( y) ¶ η,

β12 β12
(q ◦ y)0 ¶ −k yk2 + q( y) ¶ − q( y) = −βq( y).
2 2

Étape 3 : Résolution d’une inéquation différentielle.


Supposons que q(x) ¶ η, alors ∀t ¾ 0, q( y(t)) ¶ η. En effet, dans le cas contraire, on
peut fixer, par continuité de q( y), t 0 > 0 tel que q( y(t 0 )) = η et ∀t < t 0 , q( y(t)) < η. Alors

(q ◦ y)0 (t 0 ) ¶ −βq( y)(t 0 ) < 0,

donc pour t < t 0 proche de t 0 , on q( y)(t) > q( y)(t 0 ) = η ce qui est contradictoire.
Soit ψ : t 7→ eβ t q( y(t)). Alors

∀t ¾ 0, ψ0 (t) = eβ t (βq( y)(t) − (q ◦ y)0 (t)) ¶ 0

donc ψ(t) ¶ ψ(0) = q(x).


On en conclut que si q(x) ¶ η, on a ∀t ¾ 0, q( y) ¶ q(x)e−β t , ce qui prouve que l’origine
est un point d’équilibre attractif asymptotiquement stable du système.

Remarque. • L’étude du système linéarisé intervient de manière cruciale pour pouvoir


définir b.
• Si D f (0) a une valeur propre de partie réelle strictement positive, alors 0 est un point
d’équilibre instable.
Référence : ROUVIÈRE 2003, pp. 129–135.
101

Théorème des deux carrés

Leçons : 120, 121, 122, 126

Théorème 106
Q v (n)
Soit n = p p ∈ N∗ . Alors p s’écrit comme somme de deux carrés dans Z si et
p∈P
seulement si vp (n) est pair pour p ≡ 3[4].

Démonstration. Considérons l’anneau des entiers de Gauss



Z[i] = a + i b, (a, b) ∈ Z2

muni de N : z = a + i b 7→ a2 + b2 . Soit Σ = a2 + b2 , (a, b) ∈ Z2 = N (Z[i]).
z
• (Z[i], N ) est un anneau euclidien. En effet, si z, z 0 ∈ Z[i], alors 0 = x + i y ∈ Q[i]
z
1 1
donc en prenant a, b ∈ Z tels que |a − x| ¶ et |b − y| ¶ , on a en posant q = a + i b,
2 2
z 1 1 1

0 − q ¶ + =
z 4 4 2
donc z = qz 0 + r, où N (z) < N (z 0 ).

• Si z = a + i b ∈ Z[i]× , alors il existe z 0 ∈ Z[i] tel que zz 0 = 1 donc N (zz 0 ) = 1 =


N (z)N (z 0 ) de sorte que N (z) = 1 = a2 + b2 . Ainsi, z = ±1 ou ±i et

Z[i]× = {±1, ±i} .

• Soit p premier dans Z. Montrons que p ∈ Σ ⇔ p n’est pas irréductible dans Z[i].
En effet, d’une part, si p = a2 + b2 = (a − i b)(a + i b), p n’est pas irréductible : on ne
peut avoir a = 0 ou b = 0 puisque p est premier dans Z, donc selon la description de
Z[i]× , ni a + i b, ni a − i b ne sont des unités de Z[i].
Réciproquement, si p n’est pas irréductible, on écrit p = zz 0 avec z, z 0 6∈ {±1, ±i} donc
p2 = N (p) = N (z)N (z 0 ) avec N (z), N (z 0 ) 6= p. Par conséquent, N (z) = N (z 0 ) = p et
p ∈ Σ.

• Comme Z[i] est principal, p est irréductible dans Z[i] si et seulement si Z[i]/(p) est
intègre. Or, Z[i] ' Z[X ]/(X 2 + 1) et le morphisme canonique

Z[X ] −−−−−−−−−→ (Z/pZ)[X ] → (Z/pZ)[X ]/(X 2 + 1)


reduction mod p

se factorise en Z[X ]/(X 2 + 1) → F p [X ]/(X 2 + 1) dont on vérifie immédiatement qu’il


est de noyau (p). Donc
Z[i]/(p) ' F p [X ]/(X 2 + 1).
Ainsi, p est irréductible dans Z[i] ⇔ X 2 + 1 est irréductible dans F p [X ], c’est-à-dire
s’il n’a aucune racine dans F p [X ], soit encore si −1 n’est pas un carré modulo p. Or,
dans F p ,
−1 p−1
 ‹
p−1
= (−1) 2 = 1 ⇔ ≡ −1[2] ⇔ p ≡ 3[4].
p 2
Finalement, p ∈ Σ ⇔ p = 2 ou p ≡ 1[4].
102 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

• Pour terminer, traitons le cas général. Soit n = p vp (n) . Remarquons que Σ = N (Z[i])
Q
p∈P
est stable par multiplication car Z[i] est un anneau.
Alors si pour tout p ≡ 3[4], vp (n) est pair, on a
‚ Œ2 ‚ Œ
Y vp (n) Y
n= p 2 × p vp (n)
p≡3 p≡1 ou p=2

si bien que n ∈ Σ en tant que produit d’éléments de Σ.


Montrons la réciproque par récurrence sur n. Soit n = a2 + b2 ∈ Σ, et p ≡ 3[4] tel que
vp (n) > 0. Alors p|a2 + b2 = (a + i b)(a − i b) donc comme p est irréductible dans Z[i],
p|a + i b ou p|a − i b dans Z[i]. Dans les deux cas, comme p est entier, on a p|a et p|b,
 ‹2  ‹2
n a b
si bien que p |n. Appliquant l’hypothèse de récurrence à 2 =
2
+ ∈ Σ, on
 ‹ p p p
n
obtient que vp = vp (n) − 2 est pair, ce qui conclut.
p2

Corollaire 107
Les irréductibles de Z[i] sont, à association près, les premiers p ∈ Z tels que p ≡ 3[4] et
les entiers de Gauss z = a + i b tels que N (z) est un premier de Z.

Démonstration. • On a déjà vu que les premiers p ∈ Z tels que p ≡ 3[4] sont irré-
ductibles. Soit z = a + i b tels que p = N (z) est premier dans Z. Si z = z 0 z 00 , alors
N (z) = N (z 0 )N (z”) donc N (z 0 ) = 1 ou N (z”) = 1 c’est-à-dire z 0 ou z 00 ∈ Z[i]× .
• Réciproquement, soit z = a + i b ∈ Z[i] irréductible. Alors N (z) = zz. Soit p premier
dans Z tel que p | N (z). Alors si p ≡ 3[4], p divise z ou z dans Z[i] donc comme z
est irréductible, z = p à ±1, ±i près. Sinon, p ∈ Σ, p = a2 + b2 donc selon le premier
point, t = a + i b est irréductible. Selon le lemme de Gauss, t divise z ou z donc est
égal à z à association près.

Référence : PERRIN 1996, pp. 56-58.


103

Théorème des extréma liés

Leçons : 151, 159, 214, 215, 219

Théorème 108
Soit U ouvert de Rn , a ∈ U et g1 , . . . , g r , f ∈ C 1 (U, R) tels que (dg1 (a), . . . , dg r (a)) est
une famille libre de (Rn )∗ .
Γ = {x ∈ U : g1 (x) = · · · = g r (x) = 0}, f|Γ admet un extremum local en a ∈ Γ . Alors
il existe des uniques réels, λ1 , . . . , λ r , appelés multiplicateurs de Lagrange, tels que
r
X
d f (a) = λi dg i (a).
i=1

Démonstration. Remarquons en premier lieu que le cas n = r est évident donc on suppose
r ¶ n−1. Notons s = n− r et procédons à l’identification Rn ' Rs ×R r en notant les éléments
de Rn sous la forme (x, y). En particulier, on pose a = (α, β). On note g = (g1 , . . . , g r )
La matrice jacobienne J g(a) ∈ M r,n est de rang r donc elle admet  une matrice extraite
∂ g1 ∂g

∂ y1 · · · ∂ y1r
 . .. 
de rang r et quitte à renuméroter les variables, on peut supposer que .. .  est
∂ gr ∂ gr
∂ y1 ··· ∂ yr
inversible.
Ainsi, D y g(a) est inversible donc selon le théorème des fonctions implicites, il existe un
voisinage ouvert U de α, V un voisinage ouvert de β et ϕ : U → V de classe C 1 tels que

((x, y) ∈ U × V et g(x, y) = 0) ⇔ (x ∈ U et y = ϕ(x)) .

En particulier, ∀x ∈ U, (x, ϕ(x)) ∈ Γ .


Introduisons h : x ∈ U 7→ f (x, ϕ(x)). Par hypothèse, h est une fonction C 1 admettant
un extremum local en α. Donc
∂f ∂f ∂f ∂f
 ‹  ‹  ‹
Is Is
0 = Jh(α) = J f (a) × = ··· ··· ··· × ,
Jϕ(α) ∂ x1 ∂ xs ∂ y1 ∂ ys Jϕ(α)

de sorte que
∂f
s
X∂f ∂ ϕj
∀i ∈ J1, r K, (a) + (a) × (α) = 0. (2.15)
∂ xi j=1
∂ yj ∂ xi

Or, ∀k ∈ J1, r K, ∀x ∈ U, g k (x, ϕ(x)) = 0 donc on a une relation identique à (2.15) pour
les g k . Ainsi, si ∂f ∂f ∂f ∂f

∂ x1 · · · ∂ xs ∂ y1 · · · ∂ yr
 ∂ g1 · · · ∂ g1 ∂ g1 · · · ∂ g1 
∂ x ∂ xs ∂ y1 ∂ yr 
M =  .1 . . ..  ,
 .. .. .. . 
∂ gr ∂ gr ∂ gr ∂ gr
∂ x1 · · · ∂ x s ∂ y1 · · · ∂ yr
les s premières lignes de M sont combinaisons linéaires des r dernières, donc le rang de M
est inférieur à n − s = r. Par conséquent, les r premières lignes de M formant une famille
libre par hypothèse, la première ligne est combinaison linéaire des r dernières, ce qui est le
résultat voulu.
104 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Remarque. • Il faut absolument (surtout dans la leçon 214) avoir une idée précise de
l’interprétation géométrique du résultat. On remarque que Γ est une sous-variété de
Rn de dimension r définie par la submersion g. Si c :] − ", "[→ Γ est un chemin déri-
vable tel que c(0) = a, alors f ◦ c admet un extremum local en a donc 0 = ( f ◦ c)0 (0) =
r
d f (a).c 0 (0) donc Ta Γ ⊂ ker d f (a). Or, Ta Γ = ker dg(a) = ker dg i (a) donc un raison-
T
i=1
nement élémentaire d’algèbre linéaire nous indique que d f (a) ∈ Vect(dg1 (a), . . . , dg r (a)).
(compléter (d g1 (a), . . . , d g r (a)) en une base de (Rn )∗ et évaluer l’expression d f (a) =
n
λi dg i (a) sur la base antéduale).
P
i=1
• Le jury dit qu’il aime moins cette preuve matricielle, mais elle reste acceptable.
• Une application du théorème est donnée par la preuve de l’inégalité d’Hadamard ou
l’inégalité arithmético-géométrique (ROUVIÈRE 2003), ou encore le théorème spectral
(BECK, MALICK et PEYRÉ 2005).
Développons cette dernière. Soit (E, 〈·, ·〉) un espace euclidien, u ∈ L (E) symétrique
et f : E −→ R , g : E −→ R . Alors si S est la sphère unité
x 7−→ 〈u(x), x〉 x 7−→ 〈x, x〉 − 1
de E, S est le lieu d’annulation de g. De plus, elle est compacte donc f continue admet
un maximum sur S atteint en e1 ∈ S.
Selon le théorème des extréma liés, il existe λ1 ∈ R tel que d f (e1 ) = λ1 dg(e1 ).
Or, pour tous x, h ∈ Rn , dg(x).h = 2〈x, h〉 et d f (x).h = 2〈u(x), h〉 car u est symétrique.
Donc pour tout h ∈ Rn , 〈e1 , h〉 = λ1 〈u(e1 ), h〉 donc u(e1 ) = λ1 e1 : u admet une valeur
propre.

Références : GOURDON 2009b, p. 317 et ROUVIÈRE 2003, chapitre 7.


105

Théorème de sélection de Helly

Leçons : 203, 229, 241, 262

Théorème 109
Si ( f n )n∈N est une suite de fonctions croissantes de R dans [0, 1], il existe une sous-suite
de ( f n ) convergeant simplement vers f : R → [0, 1].

Démonstration. • Par un procédé d’extraction diagonal on obtient le résultat prélimi-


naire suivant : si E ⊂ R est un ensemble dénombrable et ( f n )n une suite de fonctions
de E dans [0, 1], alors il existe une sous-suite de ( f n ) convergeant simplement vers
f : E → [0, 1]. En particulier avec E = Q, quitte à extraire une sous-suite, on peut
supposer que ( f n ) converge simplement vers f : Q → [0, 1] sur Q. Comme les f n sont
croissantes, f l’est également.
• Soit x ∈ R. La fonction croissante f admet une limite à gauche l − et à droite l + en x.
Supposons que l − = l + = l, montrons que f n (x) → l.
Soit " > 0, fixons η > 0 tel que
∀t ∈ Q ∩ [x − η, x + η], | f (t) − l| ¶ ".
Soit α ∈ [x − η, x] ∩ Q et β ∈ [x, x + η]. On a f n (α) ¶ f n (x) ¶ f n (β) et à partir d’un
certain rang,
l − 2" ¶ f (α) − " ¶ f n (α) ¶ f n (x) ¶ f n (β) ¶ f (β) + " ¶ l + 2".
Donc l − 2" ¶ f n (x) ¶ l + 2" à partir d’un certain rang, de sorte que ( f n (x))n converge
vers l.
• Montrons que l’ensemble D des points où la limite à gauche et à droite de f diffèrent
est dénombrable. En effet, si x ∈ D, on peut fixer q x ∈ Q tel que l − (x) < q x < l + (x).
De plus, x 7→ q x est injective car f est croissante, donc l + et l − aussi. Ainsi, en utilisant
à nouveau le résultat préliminaire avec E = D, on peut extraire une sous-suite de ( f n )
convergeant simplement sur D. Comme ( f n ) converge sur R \ D, on a bien trouvé une
sous-suite convergente sur R.

Corollaire 110
Soit (µn )n∈N une suite de mesures de probabilités sur (R, B(R)). Si (µn )n est tendue,
c’est-à-dire
∀" > 0, ∃M" > 0, lim sup(1 − µn ([−M" , M" ])) ¶ ",
alors il existe une sous-suite de (µn ) convergeant étroitement vers une mesure de pro-
babilité µ.

Démonstration. Notons (Fn )n∈N la suite de leurs fonctions de répartitions. Alors selon le
théorème de Helly, il existe une fonction croissante F : R → [−1, 1] telle qu’une sous-suite
(Fnk )k∈N de (Fn ) converge simplement vers G sur R. Introduisons F = inf {G(q), q > x}.
1 F est croissante.
2 F est continue à droite en tout point :
Soit (x n )n suite décroissante convergeant vers x. Alors comme F est croissante,
G croissante
lim F (x n ) = inf F (x n ) = inf {G(q) | ∃n ∈ N : q > x n } = inf {G(q) | q > x} = F (x).
x n →x n∈N
106 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

3 (Fnk )k converge vers F en tout point de continuité x de F :


Soit " > 0, soient r1 < r2 < x < s tels que

F (x) − " < F (r1 ) ¶ F (r2 ) ¶ F (x) ¶ F (s) ¶ F (x) + ".

On a Fnk (r2 ) −−−−→ G(r2 ) ¾ F (r1 ) et Fnk (s) −−−−→ G(s) ¶ F (s) car G est croissante.
k→+∞ k→+∞

Donc si k est assez grand, Fnk (r2 ) ¾ F (r1 ) − " et Fnk (s) ¶ F (s) + ". Ainsi, par les
inégalités précédentes et la croissance de Fnk , F (x) − 2" ¶ Fnk (x) ¶ F (x) + 2" à partir
d’un certain rang.
4 lim F (x) = 0 et lim F (x) = 1 :
x→−∞ x→+∞

Soit " > 0 et r < −M" , s > M" des points de continuité de F . Alors

1 − F (s) + F (r) = lim 1 − Fnk (s) + Fnk (r) ¶ lim sup 1 − Fn (M" ) + Fn (−M" ) ¶ "
k→+∞ n→+∞

car (µn ) est tendue. En particulier, 0 ¶ lim sup 1 − F (x) + F (−x) ¶ " donc, ceci valant
x→+∞
pour tout " > 0, lim 1 − F (x) + F (−x) = 0, ce qui prouve le résultat.
x→+∞

Par le théorème des caractérisation des fonctions de répartition (points 1,2 et 4), la
fonction F est bien la fonction de répartition d’une mesure de probabilité µ. Selon le point
3, il y a bien convergence étroite de (µn ) vers µ.

Remarque. • Le théorème de caractérisation des fonctions de répartition se trouve dans


DURRETT 2010, p. 104. La clef de la preuve est de poser, F étant une fonction croissante
continue à droite de limites 0 en −∞, 1 en +∞, X (ω) = sup { y : F ( y) < ω} et de
montrer que X est une variable aléatoire sur Ω = [0, 1] de fonction de répartition F .
• La réciproque du corollaire est également vraie et se prouve de la même manière, par
contraposée. Z
• S’il existe ϕ ¾ 0 telle que ϕ(x) → +∞ et supn |ϕ(x)|dµn (x) < +∞, alors la suite
(µn ) est tendue.

Références : FRANCINOU, GIANELLA et NICOLAS 2009b, p. 166 et DURRETT 2010, pp.


103-104.
107

Théorème de structure des groupes abéliens finis

Leçons : 102, 104, 107, 110

Définition 111
Si G est un groupe abélien fini, son groupe dual est Ĝ, ensemble des morphismes de
groupes de G dans C∗ , muni de la multiplication. Les éléments de Ĝ sont appelés carac-
tères linéaires.

On sait que les caractères linéaires sont associés à des représentations de degré 1 de G
donc sont des caractères irréductibles. De plus, il y a autant de caractères irréductibles de
G que de classes de conjugaison de G, en l’occurrence |G|. D’où Irr(G) = Ĝ.
Définition 112
L’exposant d’un groupe fini G est le plus petit N tel que ∀g ∈ G, g N = e.

Théorème 113
Si G est un groupe abélien fini, et N1 est l’exposant de G, il existe N2 | . . . |Nr tels que

G ' Z/N1 Z × . . . Z/Nr Z.

Lemme 114
L’exposant N de g est égal à ppcm g∈G o(g). De plus, il existe un élément d’ordre N dans
g.

Démonstration. Il suffit de montrer que si x et y ont pour ordres respectifs n et m, il existe


z ∈ G d’ordre ppcm(n, m). Une récurrence immédiate fournira le résultat de l’énoncé.
La preuve Q
ne pose pas de difficultés
Qsi n et vm(m)
sont premiers entre eux. Dans le cas général,
vp (n)
soit k = p et l = p p . Alors k et l n’ont aucun facteur premier
p|n,vp (n)¾vp (m) vp (m)>vp (n)
commun, donc sont premiers entre eux. De plus, pour tout p premier,

vp (n) si vp (n) ¾ vp (m)


§
vp (kl) = ,
vp (m) si vp (m) > vp (n)

donc kl = ppcm(n, m). Donc comme k|a, x 0 = x n/k est d’ordre k et y 0 = y m/l est d’ordre l.
Ainsi, comme k et l sont premiers entre eux, x 0 y 0 est d’ordre kl = ppcm(n, m).

Lemme 115
ˆ
Si G est un groupe abélien fini, i : G −→ Ĝ est un isomorphisme de
g 7−→ ev g : χ 7→ χ(g)
groupes.

Démonstration. Comme G et Ĝ ˆ ont meme cardinal, il suffit de montrer que i est injectif.
Soit g ∈ G tel que i(g) = 1. Alors ∀χ ∈ Ĝ, χ(g) = 1.
On sait que les caractères irréductibles, c’est-à-dire ici les éléments de Ĝ, forment une
base orthonormée de l’espace des fonctions centrales de G dans C.
108 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

En particulier, 1 g = 〈1 g , χ〉χ et pour χ caractère,


P
χ∈Ĝ

1 X χ(g) 1
〈1 g , χ〉 = 1 g (h)χ(h) = =
|G| h∈G |G| |G|

puisque χ(g) = 1.
P χ(e)
D’où, en évaluant en l’élément neutre, 1 g (e) = = 1 donc g = e.
χ∈Ĝ
|G|

Démonstration (du théorème). Remarquons tout d’abord qu’en vertu du lemme précédent,
G et Ĝ ont même exposant. En effet si ∀χ ∈ Ĝ, χ M = 1, alors ∀g ∈ G, ∀χ ∈ Ĝ, χ(g M ) = 1
d’où g M = 1 donc l’exposant de G divise M . Symétriquement, on obtient que M divise
l’exposant de G ce qui donne l’égalité voulue.
Montrons le théorème de structure par récurrence sur |G|. Il est évident pour |G| = 1,
on suppose donc |G| ¾ 2
Notons N1 l’exposant de G et prenons χ1 ∈ N1 d’ordre N1 . Son image χ1 (G) est donc
un sous-groupe du groupe UN1 des racines N1 -èmes de l’unité, donc de la forme Ul où l|N1 .
Comme χ1 est d’ordre N1 , on a l = N1 . En particulier, on peut se donner x 1 ∈ G tel que

2iπ
 ‹
χ1 (x 1 ) = exp .
N1

L’ordre de x 1 est N1 et donc H = 〈x 1 〉 est un sous-groupe cyclique d’ordre N1 de G.

Montrons que G ' H × ker χ1 .


• On a χ1 (H) = χ1 (G) donc χ1|H est injectif pour des raisons de cardinal. En d’autres
termes, H ∩ ker χ1 = {e}.
• De plus, si g ∈ G, il existe h ∈ H tel que χ1 (g) = χ1 (h) donc gh−1 ∈ ker χ1 ce qui
assure que G = H ker χ1 .
Selon le théorème de factorisation en produit direct, on a G ' H × ker χ1 .
Enfin, il est clair que l’exposant N2 de ker χ1 divise celui de G et par hypothèse de ré-
currence ker χ1 ' Z/N2 Z × . . . Z/Nr Z donc comme H ' Z/N1 Z, on a le résultat par récur-
rence.

Référence : COLMEZ 2011, p. 252.


109

Théorème de Sylow

Leçons : 101, 103, 104

Soit p premier et G un groupe d’ordre n = pα m où p ne divise pas m.


Définition 116
Un p-Sylow de G est un sous-groupe de G d’ordre pα , ou bien de manière équivalente
un p-sous-groupe maximal de G.

Théorème 117
Soit p premier et G un groupe d’ordre pα m où p 6| m. Alors

1 G admet au moins un p-Sylow.


2 Si H est un sous-groupe de G qui est un p-groupe, il existe un p-Sylow S de G
contenant H.
3 Les p-Sylow sont tous conjugués et leur nombre k divise n.
4 k ≡ 1[p] donc k divise m.

Lemme 118
Si G admet un p-Sylow S et H est un sous-groupe de G d’ordre divisible par p, alors il
existe a ∈ G tel que aSa−1 ∩ H soit un p-Sylow de G.

Démonstration. Le groupe G agit sur l’ensemble des classes à gauche modulo S, G/S, via
g · (aS) = (ga)S (action par translation) et on vérifie sans mal que le stabilisateur de aS est
aSa−1 . Donc H agit par restriction sur G/S et le stabilisateur de aS est aSa−1 ∩ H. Fixons
a1 , . . . , a r des représentants des orbites de cette action. Selon la formule des classes,
r
|G| X |H|
m= =
|S| i=1
|ai Sai−1 ∩ H|
|H|
donc comme p ne divise pas m, il existe i ∈ J1, r K tel que p ne divise pas . Par
|ai Sai−1 ∩ H|
conséquent, ai Sai−1 ∩ H est un p-Sylow de H.

Démonstration. 1 Tout d’abord, remarquons qu’on peut supposer que G est un sous-
groupe de G = GLn (F p ). En effet,
0

ϕ : G −→ Sn et ψ : Sn −→ GL(Fnp )
g 7−→ (x 7→ g x) σ 7−→ (ei 7→ eσ(i) )
(avec (e1 , . . . , en ) la base canonique de Fnp ) sont des morphismes injectifs.
?
 
1
Or, l’ensemble T des matrices triangulaires supérieures de la forme  ..
.  est
(0) 1
2
de cardinal p × p × · · · × p n−1
=p n(n−1)/2
, alors que GLn (F p ) est d’ordre
n−1
Y
(p − 1) × (p − p) × · · · × (p − p
n n n n−1
)=p n(n−1)/2
(p n−i − 1)
i=0
110 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

donc T est un p-Sylow de GLn (F p ). Selon le lemme, G admet un p-Sylow.


2 Soit H sous-groupe de G d’ordre p i , soit S p-Sylow de G. Selon le lemme, il existe
a ∈ G tel que aSa−1 ∩ H soit un p-Sylow de H. Mais H étant un p-groupe, on a
aSa−1 ∩ H = H. Par ailleurs, aSa−1 ∩ H ⊂ aSa−1 , ce dernier groupe étant un p-Sylow
de G puisqu’il est de même ordre que S. Donc H est bien contenu dans un p-Sylow de
G.
3 Soit S 0 p-Sylow de G. Appliquons le raisonnement du 2 avec H = S 0 : on trouve que
S 0 = aSa−1 ∩ S 0 ⊂ aSa−1 ; ainsi, grâce à l’égalité des cardinaux de part et d’autre,
S 0 = aSa−1 : les p-Sylow sont tous conjugués. Par conséquent, si X est l’ensemble
des p-Sylow de G, G agit transitivement par conjugaison sur X , de sorte que selon la
relation orbite-stabilisateur, k divise n.
4 Si S est un p-Sylow de G, il agit sur X par restriction
 0 de l’action précédente. S étant
un
p-groupe,
selon un résultat bien connu, si X = S ∈ X : ∀s ∈ S, sSs = S , |X | ≡
S −1 0

X S [p].
Or, soit T ∈ X S . Introduisons (c’est l’« argument de Frattini ») le sous-groupe N de G
engendré par T et S. Le groupe T est distingué dans N par hypothèse, et de plus c’est
un p-Sylow de N (puisque N ⊂ G). Donc T est l’unique p-Sylow de N selon le point 3.
Comme S est un p-Sylow de N , l’égalité T = S s’ensuit, si bien que X S est de cardinal
1. Donc k = |X | ≡ 1[p].
Enfin, k divise m car pk + 1 et p sont premiers entre eux pour k ∈ Z.

Corollaire 119
Il n’y a pas de groupe simple d’ordre 255.

Démonstration. Soit G d’ordre 255 = 3×5×17. G admet k5 ≡ 1[5] p-Sylow d’ordre 5 et k5


divise 3 × 17 = 51. Cela est impossible si k5 6= 1 (il suffit d’énumérer les premières valeurs
possibles de k5 pour s’en convaincre). Donc G admet un unique p-Sylow d’ordre 5 qui est
donc un sous-groupe distingué.

Référence : PERRIN 1996, pp. 18-20.


111

Théorème de Weierstrass par les polynômes de Bernstein

Leçons : 202, 209, 228, 260, 264

Théorème 120
n  ‹
k
 k
Soit f : [0, 1] → C continue et Bn : x 7→ x (1 − x)
P k n−k
n f le n-ième polynôme
k=0 n
de Bernstein associé à f .
Soit ω : h 7→ sup {| f (u) − f (v)|, |u − v| ¶ h} le module d’uniforme continuité de f .
Alors
3 1
 ‹
k f − B n k∞ ¶ ω p
2 n
donc (Bn )n converge uniformément vers f sur [0, 1].
L’inégalité est optimale dans le sens où il existe f ∈ C ([0, 1] et δ > 0 telle que

1
 ‹
∀n ∈ N , k f − Bn k∞ ¾ δω p .

n

Remarquons d’abord que ω est bien définie puisque, selon le théorème de Heine, f est
uniformément continue sur [0, 1], ce qui assure de plus que ω(h) −−→ 0.
h→0

Lemme 121
La fonction ω est croissante, sous-additive et pour tout h ∈ [0, 1], pour tout λ ∈ R+ tel
que λh ∈ [0, 1], on a ω(λh) ¶ (λ + 1)ω(h).

Démonstration. La croissance de ω est évidente.


Soient h1 , h2 ∈ [0, 1] tels que h1 + h2 ∈ [0, 1]. Soient v > u tels que v − u ¶ h1 + h2 . S’il
existe i tel que v − u ¶ hi , alors | f (v) − f (u)| ¶ ω(hi ).
Sinon, on peut écrire

v − u = v − (u + h1 ) + u + h1 − u et 0 ¶ v − (u + h1 ) ¶ h1 + h2 − h1 ¶ h2

donc | f (v) − f (u)| ¶ ω(h2 ) + ω(h2 ).


On en déduit que ω(h1 + h2 ) ¶ ω(h1 ) + ω(h2 ) : ω est sous-additive.
Par une récurrence immédiate, on a pour tous h ∈ [0, 1] et r ∈ N tels que rh ∈ [0, 1], on
a ω(rh) ¶ rω(h).
Soit λ ∈ R+ tel que λh ∈ [0, 1]. Alors par croissance de ω, on a

ω(λh) ¶ ω ((E(λ) + 1)h) ¶ (E(λ) + 1)ω(h) ¶ (λ + 1)ω(h).

Démonstration (du théorème). Soit x ∈ [0, 1] et (X i )i une suite de variables aléatoires i.i.d.
de loi B(x). Alors si Sn =• X1 + ·‹˜
· · + X n , on sait que Sn suit la loi binômiale B(x, n) et par
Sn
théorème de transfert, E f = Bn (x). Ainsi,
n
  ‹    
Sn Sn
| f (x) − Bn (x)| ¶ E f (x) − f
¶ E ω x − .

n n
112 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS

Or, selon le lemme,


  ‹     
S 1 p S S 1
 ‹
n n n
ω x − = ω p ×
n x − ¶ x − + 1 ω p .

n n n n n
Donc
‹  ‹ 
1 p S 1 p S
 
n n
| f (x) − Bn (x)| ¶ ω p x − n + 1 ¶ ω pn
n
x − n + 1 .
n
n 1 2

Sn
• ˜
Or, puisque E = x, on a, par indépendance des X i ,
n
2 n n
x − n = Var Sn = 1
S 1 X x(1 − x)
 ‹ X
2
Var(X i ) = 2 x(1 − x) = .
n 2 n n i=1 n i=1 n
Donc finalement,
1 3 1
 ‹ Æ  ‹
| f (x) − Bn (x)| ¶ ω p ( x(1 − x) + 1) ¶ ω p ,
n 2 n
1 1
car si x ∈ [0, 1], x ¶ ou 1 − x ¶ .
2 2

1
Prouvons maintenant l’optimalité de cette majoration. Soit f (x) = x − . Par inégalité
2
triangulaire renversée, on a ω(h) ¶ h pour tout h.
1
Soient X 1 , . . . , X n une suite de variables de Bernoulli de paramètre indépendantes,
n
2
" j = 2X j − 1 pour tout j ∈ N∗ et Tn = " j = 2Sn − n. Les " j constituent une suite de
P
j=1
variables de Rademacher indépendantes. De plus,
 ‹  ‹  ‹
1 1 = B 1 = E − = 1 E[|T |].
Sn 1
k f − Bn k∞ ¾ f − Bn n n
2 2 2 n 2 2n
n  ‹
i
Soit Y = 1 + p " j . En utilisant l’inégalité e x ¾ 1 + x, on obtient
Q
j=1 n
v
" 2j
n t
u n t
v n
‚ n Œ
Y Y 1 Y p 1/n 1X1 p
|Y | = 1+ ¶ 1+ ¶ e = exp = e.
j=1
n j=1
n j=1
2 j=1 n
p
Donc |E[Tn Y ]| ¶ eE[|Tn |]
Mais par ailleurs, les " j étant indépendantes et centrées,

n  ‹Y ‹
X i i
E[Tn Y ] = E[" j 1 + p " j 1 + p "k
j=1
n k6= j
n
n Y ‹ Y ‹
X i i i
= E[" j ] 1 + p E["k ] + p E[" j ] 2
1 + p E["k ]
j=1 k6= j
n n k6= j
n
n
X i p
= p =i n
j=1
n

p p 1 1 1
s  ‹
n
Donc n¶ eE[|Tn |] de sorte que k f − Bn k∞ ¾ × ¾ p ω p .
e 2n 2 e n
113

Remarque. On se ramène au théorème de Weierstrass sur un intervalle quelconque [a, b]


en posant pour f : [a, b] → C continue, f˜ : x 7→ f (a + (b − a)x).

Référence : QUEFFÉLEC et ZUILY 2013, p. 518.


114 CHAPITRE 2. DÉVELOPPEMENTS
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