Atelier Esprit Scientifique
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Atelier Esprit Scientifique
»
Galeries de Paléontologie et d’Anatomie Comparée,
Muséum national d’Histoire naturelle
Encadrants :
Margot Michaud - doctorant MNHN, morphométrie/phylogénie
Paul Zaharias - doctorant MNHN, phylogénie moléculaire
Thomas ARBEZ - doctorant MNHN, phylogénie/paléontologie
Qu’est-ce que la Science, qu’est qu’une science ?
En cours vous étudiez différentes matières. Certaines sont qualifiées de « sciences » , tandis
que d’autres non.
Par exemple, est-ce que la physique est une science ? L’histoire ? La musique ? Les
mathématiques ?
Tentez d’y répondre avec une argumentation, on y répondra une fois la science définit.
Qu’est-ce que la Science, qu’est qu’une science ?
Mais qu’est-ce que ces matières ont en commun pour être qualifiée de scientifiques ? Et
qu’est ce qui les distingues des matières qui ne sont pas dites scientifiques ?
Avant tout, il faut définir ce qu’est la Science, et ils en existe plusieurs selon le
contexte :
Avant tout, il faut définir ce qu’est la Science, et ils en existe plusieurs selon le
contexte :
Deux possibilités :
2) Vous n’êtes pas malade, votre idée Vérification
initiale semble correct. Cela vous
permets de proposer une théorie : ce Non
Est-ce que les faits
type fruit semble comestible. Votre idée Mauvaise idée….
soutiennent l’idée?
est maintenant une théorie car votre
hypothèse a été vérifié. Cette théorie va Nouvelle
vous permettre de mieux comprendre le théorie
monde qui vous entoure : si vous
trouvez d’autres fruits du même type, ils Utiliser cette théorie pour
mieux comprendre le monde
doivent être comestible aussi, et donc
vous n’hésiterez pas à en manger.
La démarche scientifique
Idée
L’étape qui suit est de faire de
nouvelles observations, afin de rendre
votre théorie plus sûr et/ou plus Vérification
complète. En effet, ce n’est pas parce
qu’une observation (ici manger un Non
Est-ce que les faits
fruit) soutient une théorie que celle-ci soutiennent l’idée?
Mauvaise idée….
est juste. Il se peut que la réalité soi
beaucoup plus complexe que votre Nouvelle
hypothèse. théorie
Ici, faire de nouvelles observations
serait de manger plus de ce type de Utiliser cette théorie pour
fruits par exemple. mieux comprendre le monde
Nouvelles observations
Nouvelle
théorie
Nouvelles observations
Oui
Sont elles en accord avec le théorie?
La démarche scientifique
Idée
Si après avoir mangez plusieurs de ces
fruits, vous vous sentez mal, alors il
faudra revoir votre théorie. Ce fruit Vérification
peut-être en fait toxique mais à haute
dose. Ainsi en manger seulement un ne Non
Est-ce que les faits
vous fera rien, mais en manger plusieurs Mauvaise idée….
soutiennent l’idée?
vous rendra malade.
Nouvelle
théorie
Nouvelles observations
Oui Non
Sont elles en accord avec le théorie?
La démarche scientifique
Hypothèse : proposition
Idée
d’explication testable
importantes
Non
Est-ce que les faits
Mauvaise idée….
soutiennent l’idée?
Théorie : explication
fondée sur une/plusieurs
hypothèses qui ont été Nouvelle
testées et retenues théorie
Nouvelles observations
Oui Non
Sont elles en accord avec le théorie?
La démarche scientifique
Pour que la démarche soit scientifique il y a aussi 3 « piliers » à respecter :
La répétabilité : les expériences et les observations sont répétables, plus on répète nos
tests plus on est sûrs de la solidité de la théorie.
La réfutabilité : les hypothèses que l’on propose doivent être réfutables. Prenons deux
exemples : 1) l'affirmation « tous les corbeaux sont noirs » pourrait être réfutée en
observant un corbeau blanc, tandis que 2) « tous les humains sont mortels » est non
réfutable, et donc non scientifique, parce qu'il faudrait attendre un temps infini pour
conclure négativement (constater l'existence d'un humain immortel) et que l'observateur,
un humain, même s'il observait la mort de tous ses semblables, ne pourrait conclure
positivement qu'après sa propre mort.
Retour sur les différentes disciplines
La physique est bien une science, elle utilise la démarche scientifique et respecte ses
trois piliers.
Pour la musique tout dépend ce qu’on entend par ce terme : jouer de la musique
n’est pas faire de la science. Mais il existe une discipline scientifique de l’étude de la
musique : la musicologie.
Les mathématiques ne sont pas une Science, car leur objet d’étude n’est pas réel, ne
s’observe pas ni se mesure (les nombres, les fonctions, la géométrie... n’existent pas
« à l’état naturel ») mais sont une construction artificielle.
Quel est le but de la science ?
« But » de la science : proposer une explication aux phénomènes observables et
mesurables, explication qui soit rationnelle et collective (≈objective). La méthodologie
scientifique ne peut s’appliquer qu’a ce type de phénomène.
Plus largement, le but est de proposer une explication d’un phénomène réel et de
confronter les résultats à cette réalité.
Attention aux notions « d’observable » et « mesurable : n’est relative qu’aux faits, il est
possible de proposer des hypothèses et explications sur ce qui n’est plus observable ni
mesurable (ex. un évènement historique) mais cette explication doit se baser sur des
observations actuelles (ex. ruines, fossile...).
De plus, dans le cadre scientifique ces notions sont à prendre au niveau collectif. Quelque
chose est observable et/ou mesurable si tout le monde peut le faire (avec les outils
adéquats selon les cas). On ne peut faire de science avec quelque chose dont vous serez le
seul à être en capacité de l’observer (ce qui ne sous entend pas que cette chose n’existerait
pas, juste qu’elle est hors du champ de la science)
Quel est le but de la science ?
Prenons un exemple
graphique simple : ici les
points représentent les
données que nous avons
collectées sur le monde.
C’est-à-dire, tout ce qui a pu
être observé et mesuré
jusqu’à maintenant.
©HygièneMentale
Quel est le but de la science ?
©HygièneMentale
Quel est le but de la science ?
La recherche scientifique
cherche à trouver une
explication aux données qui
n’en ont pas (=trouver une
théorie qui permette de
l’expliquer) ET de trouver des
moyens de faire des
observations là où les
théories prévoient quelque
chose.
©HygièneMentale
Quel est le but de la science ?
©HygièneMentale
Exemple appliqué
Je vous demande maintenant de vous mettre dans la peau d’un chercheur !
Vous êtes un Amazonie, et un fermier vient vous voir en vous disant qu’il a abattu un animal
inconnu qui était dans son champ. Nous voulons savoir quel est le régime alimentaire de cet
animal.
Régime alimentaire ?
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Qu’avons-nous pour répondre à ça ?
- Le corps de l’animal, donc accès à ses caractéristiques anatomiques
- La zone géographique (Amazonie)
- Le témoignage d’un fermier disant qu’il a vu l’animal en train de manger un tapir
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Que pouvez-vous dire à partir de ça ?
- L’animal ressemble à un loup, donc ressemble à un carnivore
- L’animal a des crocs, donc ressemble à la dentition d’un carnivore
- L’animal a mangé un tapir, donc c’est un carnivore
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Hypothèse : l’espèce est exclusivement
carnivore
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Ce que vous venez de faire ici est appelé l’abduction, c’est-à-dire que par une séries
d’observations vous proposez une hypothèse qui semble la plus parcimonieuse. C’est un
peu un raisonnement à la Sherlock Holmes.
©Joel Sartor
Exemple appliqué
MAIS dans le cadre d’une démarche scientifique, notre raisonnement ne s’arrête pas ici !
Il faut maintenant tester l’hypothèse que l’on vient de proposer.
Ici, comment feriez-vous pour mettre à l’épreuve cette hypothèse ? C’est-à-dire trouver
une méthode qui puisse donner des résultats invalidant l’hypothèse et prouver qu’elle
est fausse (et non pas vouloir démontrer à tout prix qu’elle est juste !).
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Quelques propositions :
- Faire plus d’observation, en ajoutant par exemple des pièges photographiques dans la zone
- Etudier l’anatomie interne de l’animal, par exemple le tube digestif
- Etudier le contenu de l’estomac de l’animal
- Aller voir la carcasse du tapir
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Voilà ce que nous avons découvert :
- Faire plus d’observation → - Sur les caméras on découvre
des images d’animal en train de manger de petites proies, mais
surtout des fruits
- Regarder l’anatomie du tube digestif → Ressemble à ceux
des omnivores
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Si l’on étudie toutes les preuves, on peut dire que le régime alimentaire de l’animal se
compose de 50% de fruit, 3% de racine, et 48% de viande.
50% 47 %
3%
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Que peut-on dire par rapport à notre hypothèse de départ ? Elle semble être fausse, nous
rejetons donc l’hypothèse de départ « l’espèce est carnivore » et propose une nouvelle
hypothèse « omnivore ». Ce n’est donc pas parce que notre hypothèse paraissait plausible,
que c’était la bonne explication ! Il ne faut donc pas s’arrêter au raisonnement « Sherlock
Holmes ».
50% 47 %
3%
©Joel Sartor
Exemple appliqué
Mais cela ne s’arrête pas ici ! Maintenant que l’on a une nouvelle hypothèse, il faut
recommencer le processus, et de nouveau proposer des tests afin d’essayer de réfuter cette
hypothèse !
Cette dernière étape est appelle l’induction. L’ensemble de ces 3 étapes forme ce qu’on
appelle le raisonnement hypothético-déductif que l’on utilise en science.
50% 47 %
3%
©Joel Sartor
Etape 1 : abduction
Etape 2 : déduction
Etape 3 : induction
Raisonnement hypothético-déductif
Exercices
Multispecies incroyabilis
Q3 Q1
Triceratops Lucy
Q3
Q4
T.rex Smilodon
Q3
Bonus
Unenlagia Plesiosaurus
Q2
Limule
CORRECTION
« Comment était positionnée la queue du diplodocus ? »
N°0
Mais alors, pourquoi le squelette de Diplodocus en Galerie est représenté avec la queue au
sol ? Eh bien parce qu’il s’agit de la représentation qu’on avait les scientifiques à l’époque
du montage du squelette, en 1908, lorsque les dinosaures étaient globalement vu comme
« de gros lézard » et représentés comme tels. Depuis la représentation que s’en font les
scientifiques a changé mais changer le montage du squelette présent en Galerie serait bien
trop complexe et cher pour que ce soit fait. Il est cependant expliqué sur les panneaux et la
statuette qu’elle est la posture aujourd’hui acceptée. N’oubliez pas, la science aussi
évolue !
« Lucy avait-elle des poils ? »
N°1
Aucun poil fossile d’Australopithèque (dont fait partie Lucy) n’a été retrouvé à ce jour.
Cependant, tous les primates actuels possèdent des poils, ainsi que tous les mammifères
en général (bien que plus ou moins, mais par exemple on retrouve des poils chez les
dauphins au niveau de l’évent). Ainsi il semble plus raisonnable (plus parcimonieux)
d’imaginer que Lucy en avait. Cela peut se représenter très facilement : « présence de
poils » est un caractère commun à l’ensemble des mammifères actuels (c’est une
synapomorphie).
Primates
Présence de poils
Mammifères
« Lucy avait-elle des poils ? »
N°1
Considérer que Lucy avait des poils (ou tout autre mammifère fossile), n’implique aucun
évènement supplémentaire, tandis que considérer que Lucy n’en avait pas, implique qu’il y
aurait un évènement de perte des poils. Sans éléments en faveur d’un tel évènement, il n’y
a pas de raison de penser que Lucy aurait perdu ses poils. D’autant que l’absence de poils
retrouvés s’explique facilement par les processus de fossilisation : on sait via les quelques
fossiles de mammifères où des poils ont été préservés, que cela nécessite des conditions
de fossilisation très particulières et rares.
Absence de poils
Primates
Présence de poils
Mammifères
« Lucy avait-elle des poils ? »
N°1
Souvenez-vous du schéma avec les points de données recouverts par les théories (ou
non). Ici on est typiquement dans le cas d’une prédiction théorique, c’est-à-dire quelque
chose qui semble plausible mais dont on n’a pas d’observation directe permettant de le
montrer ni d’observation qui s’y oppose. Peut-être qu’un jour trouvera-t-on un squelette
d’Australopithèque avec des poils fossiles. Peut-être pas.
Prédiction théorique - Exemple du Sphinx
N°1
Etoile de Madagascar
Angraecum sesquipedale
Prédiction théorique - Exemple du Sphinx
N°1
Oui, comme toutes les espèces, les limules évoluent au cours du temps. L’idée que ce sont
des « fossiles vivants » vient du leur apparences très particulières et l’existence de fossiles
similaires... mais seulement de manière superficielle ! Si l’on regarde le détail des fossiles, on
se rend compte qu’il y a des différences entre les espèces fossiles et actuelles de limules.
« Les limules ont elles évolué ? »
N°2
Ici ce qui interpelle est ce petit papier présent dans la vitrine de la Galerie et disant que
les limules ont peu évolué. Tout comme la position du Diplodocus, ce texte est un vestige
de ce que l’on pensait il y a longtemps et ne représente plus du tout l’état actuel des
connaissances. Attention donc, de le remettre dans son contexte historique malgré sa
présence dans un Muséum.
Le « Bedford Level Experiment » est une série d’observations souvent mises en avant par
les partisans actuels de la « Terre Plate ».
La « Old Bedford River » dans le Comté de Norfolk au Royaume-Uni, est un canal de 6
miles (9,7km) totalement rectiligne. En 1838, Samuel Birley Rowbotham positionna un
petit télescope à 20cm de la surface de l’eau afin d’y observer l’éloignement d’un petit
bateau où était accroché un drapeau rouge en haut de son mât de 90 cm.
De part ses observations, le bateau reste visible tout au long du canal, alors que d’après la
longueur du canal, la taille de la Terre et sa circonférence, le bateau ne devrait plus être
observable, car passant sous la ligne de mire du télescope. En faisant des calculs, il trouve
qu’au bout du canal, le bateau devrait se trouver à 3,4m sous la ligne de mire.
« Bedford Level Experiment » – Terre Plate
N°2
Il publia ses observations dans un article en 1849, puis dans un livre en 1865 sous le titre
“La Terre n’est pas un globe” (Earth Not a Globe) en disant prouver que la terre est plate
et non une sphère. Y a-t-il une erreur dans les calculs ? Ou les observations seraient-
elles fausses ? Non, les observations et calculs ont été refaits par d’autres personnes en
donnant les mêmes résultats et observations.
« Bedford Level Experiment » – Terre Plate
N°2
Ces résultats et ce livre ne reçurent que peu d’attention, jusqu’en 1870 lorsque John
Hampden (un soutien de Rowbotham) fit le pari de pouvoir reproduire publiquement
l’expérience de Rowbotham, et donc de prouver que la Terre est plate. Il proposa aussi
la somme de £500 en guise de défi, à quiconque arriverait à prouver qu’il se trompe et
que la Terre est ronde.
« Bedford Level Experiment » – Terre Plate
N°2
Sir Alfred Wallace accepta le pari et démontra que le fait
que le bateau soit visible d’aussi loin malgré la
circonférence de la Terre est due au phénomène de
réfraction atmosphérique. La température de l’air
Alfred Russel Wallace variant le long de la ligne de mire, cela courbe les rayons
lumineux, et ainsi le bateau est vu plus haut qu’il ne l’est
vraiment (on peut faire la comparaison avec les mirages
dans les déserts). Ceci peut être démontré en plaçant
plusieurs bouées à la surface de l’eau le long du canal :
en les observant au télescopes, les bouées ne sont pas
alignées mais décrivent une courbe. La réfraction de l’air
ne compense pas exactement la courbe de la Terre, ce
qui n’est visible que si on observe simultanément
différent objets à différentes distances et non un. Ainsi,
Alfred Wallace remporta le pari !
Phénomène de réfraction atmosphérique
« Bedford Level Experiment » – Terre Plate
N°2
A – Le Tyrannosaurus rex
B – L’Unenlagia
C – Le Triceratops
« Lequel de ces animaux est le plus féroce ? »
N°3
A – Le Tyrannosaurus rex
B – L’Unenlagia
C – Le Triceratops
« Lequel de ces animaux est le plus féroce ? »
N°3
Eh bien, aucun ! Ou du moins on ne peut répondre, car pour cela il faudrait au moins
définir ce qu’on entend par férocité et avoir les moyens et un protocole pour la mesurer.
Ce qui n’est pas le cas ici. Et il est d’autant plus dur d’évaluer un comportement avec des
fossiles...
Ici certain vont être tenter de répondre car la question est compréhensible, il est facile de
s’imaginer ce que peut signifier « féroce » pour un dinosaure. Mais on peut voir que chacun
y va de sa propre interprétation pour argumenter son choix, car n’ayant aucune définition
claire ni moyen de comparer la férocité des dinosaures.
Ce qu’on veut montrer avec ce petit « piège » est qu’il faut faire attention au contexte de
l’utilisation de certains mots. Ici, il s’agirait de se demander : est-ce que « féroce » à un
sens en science ? Est-ce que j’ai les moyens de répondre avec les informations mises à
disposition ?
Raisonnement non scientifique – Pseudosciences
N°3
Ces techniques sont souvent utilisées par les « pseudosciences », c’est-à-dire des
croyances ou méthodes qui sont présentées sous des apparences scientifiques mais qui ne
parviennent pas à respecter les principes de la méthodologie scientifique. On reconnait
généralement les pseudosciences par : 1) leur argumentation débutant souvent avec une
conclusion puis cherchant des « faits » pouvant la soutenir ; 2) le fait de considérer
seulement une partie des faits (ex. Bedford Level Experiment comme argument en faveur
de la Terre Plate, dont on ne tient pas compte de la démonstration de Wallace ou d’autres
observations ne s’expliquant que part une Terre sphérique) ; 3) l’utilisation d’un jargon
mal défini, évasif et/ou mauvais usage de termes scientifique (comme précédemment) ; 4)
des expériences non-reproductible, impossible à tester ; 5) l’absence de sources appuyant
ce qui est énoncé.
Sans plus d’élément le texte est compréhensible, et semble même plausible. Mais si l’on
considère que ce texte est présenté comme une démonstration scientifique de quelque
chose, c’est plus problématique. On peut se demander alors, qui sont ces « nombreux
experts » ? Dans un document scientifique, il y aurait au moins une source et les noms des
personnes, or ici non. De même, quelles sont ces « lois de la probabilité » ? Sans cela, on ne
peut comprendre en quoi une « telle quantité de fossiles dans une seule zone » s’y oppose.
Et de même, est-ce qu’une concentration de fossile considéré comme improbable, ne peut
s’expliquer que par « de probables contrefaçons ou des efforts d’implantation localisés » ?
Improbable, ne veut pas dire impossible après tout. Comme « rend crédible » ne veut pas
dire que c’est ce qui s’est passé.
Raisonnement non scientifique – Pseudosciences
N°3
Ce texte provient d’un livre intitulé « The Flat Earth Conspirancy » (« Le complot de la Terre
Plate »), qui contrairement à ce qu’indique son titre, cherche à « démontrer » que la Terre
est Plate et – entre autres – que les fossiles de dinosaures sont artificiels.
Un exemple d’utilisation abusive de son autorité est le cas du Pr Luc Montagnier. Celui-ci a
reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi pour la
co-découverte du virus du SIDA (en tant que responsable d’équipe). Depuis, il abuse de
l’autorité de sa profession et de ce prix pour promouvoir plusieurs « thèses » qui n’ont
pourtant aucune preuve et sont aujourd’hui considérés comme fausse. Par exemple,
l’existence de la « mémoire de l’eau », qui serait la capacité de l’eau à conserver une
« empreinte » des éléments avec lesquels elle a été en contact.
Cette hypothèse a été proposé par Jacques Benveniste mais les
résultats sur lesquels il se base serait dû à un artefact
expérimental ou à une fraude. En tout cas la reproduction des
expériences de Benveniste n’ont jamais redonné les résultats de
ce dernier (non reproductibilité des résultats). Quand à Luc
Montagnier, il prétend avoir pu téléporter une molécule d’ADN
entre la France et l’Italie en se basant sur cette mémoire de l’eau
(là aussi, l’expérience est non reproductible). Si cela peut faire
sourire, ce comportement peut être dangereux lorsqu’il prend
des positions « anti-vaccins » ou déclarant que les antioxydants
présents dans la papaye suffisent pour guérir du cancer.
« A quel groupe Multispecies incroyabilis est-il apparenté ? »
N°5
Multispecies incroyabilis n’est apparenté à aucun de ces groupes car étant... une chimère !
C’est-à-dire un squelette créé ici en assemblant les parties de différents squelettes. Le
crâne est celui d’un lézard (Ouroborus cataphractus), la cage thoracique est celle d’un lapin
et les pattes, celles d’un oiseau.
« A quel groupe Multispecies incroyabilis est-il apparenté ? »
N°5
Ici cette chimère se veut être une blague, que l’on peut reconnaître par le nom de
l’animal : Multispecies incroyabilis signifie littéralement « plusieurs espèces incroyables ».
Cependant il est arrivé que des chimères ait été créé dans le but de tromper les gens...
Fraude scientifique – Homme de Piltdown
N°5
C’est le cas de « l’homme de Piltdown », un crâne découvert en 1899 par Charles Dawson
(un archéologue et paléontologue amateur) et décrit comme Eoanthropus dawsoni en 1912
par Arthur Smith Woodward, président de la Société de géologie de Londres et
conservateur du département d'histoire naturelle au Musée d'histoire naturelle de
Londres.
Ce crâne fascine, car il présente à la fois des caractères humains par sa boîte crânienne
mais aussi des caractères simiens par sa mandibule et ses dents. Ainsi il est présenté
comme « le chaînon manquant entre l’Homme et le Singe », qui démontrerait la parenté
entre les primates et l’Homme.
Cependant il s’avéra que ce crâne était une chimère, composé de reste d’une boîte
crânienne humaine datée du Moyen-âge, d’une mandibule d’Orang-outan et dents de
chimpanzé limées.
Moyen-Âge
Crâne d’humain
A – L’absence de preuve, n’est pas preuve d’absence, donc son existence est crédible
B – Pas de preuves de son existence, donc pas de raison de penser qu’il existe
« Monstre du Loch Ness : on a aucune preuve de son existence, ni de son
Bonus absence... »
A – L’absence de preuve, n’est pas preuve d’absence, donc son existence est crédible
B – Pas de preuves de son existence, donc pas de raison de penser qu’il existe
« Monstre du Loch Ness : on a aucune preuve de son existence, ni de son
Bonus absence... »
On a aucune preuve de l’existence du Monstre du Loch Ness donc aucune raison de penser
qu’il existe. Naturellement l’absence de preuve, n’est pas preuve d’absence, mais cela ne
rend pas en conséquence l’existence de quelque chose crédible !
Appel à l’ignorance (moisissure argumentative n°5)
Bonus
Ce procédé est ce qu’on appelle un « appel à l’ignorance », un procédé qui consiste à dire
qu'une proposition est vraie parce qu'elle n'a pas été démontrée fausse. Cet argument est
magnifiquement utilisé par Raël (fondateur et chef du mouvement raëlien, reconnu comme
une secte) dit avoir été enlevé par les extra-terrestres et disait à ses détracteurs qu’ils ne
pouvaient prouver qu’il avait tort. Cependant, cela ne renforce pas son propos, surtout que
c’est à celui qui avance quelque chose de prouver son exactitude, et ce d’autant plus si ce
qui est avancé est extraordinaire.
Il est impossible de prouver que je n’ai
pas été enlevé par des extraterrestres.
Donc j’ai été enlevé par des
extraterrestres.
Conclusions
Revenons à notre point de départ. Nous avons vu ensemble ce qui fait qu’une science est
Science via ses principes et ses objectifs. Et pourquoi est-ce important de savoir ça ? Et
quel lien avec l’esprit critique ?
Les arguments scientifiques sont souvent utilisés pour justifier une position car font
office d’argument de poids, qu’on ne peut remettre en question si vous n’êtes pas
légitime dans la discipline scientifique (ex. « c’est prouvé scientifiquement » ...). Et
comme nous l’avons vu il est facile de détourner un propos scientifique, que ce soit de
façon intentionnel ou non-intentionnelle (par défaut de connaissance), d’utiliser des
arguments fallacieux ou des biais de raisonnement. Malheureusement ces situations sont
fréquentes et peuvent avoir de lourdes conséquences (ex. débat sur la vaccination).
Notamment avec internet où l’on peut trouver le meilleur, comme pour le pire (ex. les
théories du complot, pseudosciences...).
Conclusions
Cependant il ne s’agit pas non plus de rejeter d’office tout ce qui nous parait un tant soit
peu étonnant ! Beaucoup phénomènes sont encore inexpliqués. L’étonnant et le
mystérieux se trouvent partout dès que l’on cherche un peu, aussi bien aux confins de
l’Univers qu’a deux pas de chez nous (ex. il y a des phénomènes météorologiques encore
inexpliqués) !
Et donc pour être en mesure de reconnaître ce qui est vraiment une explication
scientifique (ou un phénomène encore non expliqué par la science) de ce qui est une
utilisation abusive des sciences, il est important de savoir comme fonctionne la Science !
Mais aussi de rester curieux et de garder un esprit critique à ce que l’on peut voir ;)