Examen Régional: Académie de Tanger-Tétouan (Session: Juin 2011)
Examen Régional: Académie de Tanger-Tétouan (Session: Juin 2011)
Examen Régional: Académie de Tanger-Tétouan (Session: Juin 2011)
Je m'approchais de mon père. Il se débarrassa des deux poulets. Il les posa à même le sol. Ils
avaient les pattes liées par un brin de palmier. Ils se mirent à battre des ailes, à pousser des
gloussements de terreur. Mon père m'intimidait. Je le trouvais changé. Son visage avait pris
une couleur terre cuite qui me déconcertait. Sa djellaba sentait la terre, la sueur et le crottin.
Lorsqu'il passa ses mains sous mes aisselles et me souleva à la hauteur de son turban, je repris
entièrement confiance et j'éclatai de rire. Ma mère sortit de sa torpeur. Elle rit comme une
petite fille, s'empara des poulets pour les emporter à la cuisine, revint aider mon père à vider
son capuchon qui contenait des œufs, sortit d'un sac de doum un pot de beurre, une bouteille
d'huile, un paquet d'olives, un morceau de galette paysanne en grosse semoule. Prise d'une
fièvre d'activité, elle rangeait nos richesses, soufflait sur le feu, allait, venait d'un pas pressé
sans s'arrêter de parler, de poser des questions, de me gourmander gentiment.
Installé sur les genoux de mon père, je lui racontais les événements qui avaient meublé notre
vie pendant son absence. (...)
Les voisines faisaient à haute voix des vœux pour que notre bonheur soit durable et notre
santé prospère.
Des you-you éclatèrent sur la terrasse. Des femmes venues des maisons mitoyennes
manifestaient ainsi, bruyamment, la part qu'elles prenaient à notre joie. Ma mère ne cessait de
remercier les unes et les autres.
2) Pour situer ce texte, dites si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses :
6) En vous référant au texte, dites à qui ou à quoi renvoient les pronoms soulignés :
a. Une métaphore
b. Une répétition
c. Une comparaison
Relevez dans le texte deux énoncés qui montrent ce qu'elles font dans ce sens. (0,5 x2) 1 pt
b) Pourquoi ? (0,25x2) 1 pt
On dit que les voisins, aujourd'hui, ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois : ils aidaient les
vieux, les veuves et se comportaient bien avec les enfants.
Développez votre réflexion en vous appuyant sur des arguments et des exemples précis.
Lors de la correction, on tiendra compte des indications contenues dans le tableau suivant :
Pourcentage Barème de
Critères d'évaluation
alloué notation
Zineb, partie faire une commission, revint tout essoufflée. Tout le monde l'entendit crier de la
ruelle.
- Mère Zoubida! Mère Zoubida! Je t'apporte une bonne nouvelle, une bonne nouvelle !
Ma mère s'arrêta de vitupérer contre moi. Zineb, suffoquée par l'émotion se planta au milieu
du patio, tenta sans y parvenir d'expliquer ce dont il s'agissait. Personne ne comprit le motif de
son excitation. Les femmes avaient abandonné leur ouvrage. Elles regardaient qui par une
lucarne, qui par une fenêtre, Zineb gesticuler au milieu de la cour. Je quittai ma cachette.
Zineb s'immobilisa épuisée. Toutes les femmes se mirent à l'interroger. Elle releva la tête en
direction de notre chambre et parvint à dire enfin :
Rahma le rompit :
-Si ce que raconte Zineb est vrai, nous en sommes toutes très heureuses et nous souhaitons au
Maâlem Abdeslem bon retour.
Ma mère ne disait rien. Elle me rejoignit dans notre chambre et restait au milieu de la pièce
les bras ballants. Elle avait quitté la terre, elle nageait dans la joie au point de perdre l'usage
de sa langue.
- Passe, Maâlem Abdeslem. Aujourd'hui est un jour béni. Dieu t'a rendu aux tiens, qu'il en soit
loué, répondit Kanza la voyante.
- Dieu te comble de ses bénédictions, dit mon père.
QUESTIONS
Pour répondre, vous pouvez choisir parmi les informations suivantes : 1905, 1915, 1984,
2004, à Fès, à Oujda, « Le Chapelet d'ambre », « Partir ». 1 pt
b) Pourquoi ? (0,5x2) 1 pt
3) D'après votre lecture de l’œuvre, pourquoi le mari de Zoubida a-t-il quitté sa famille ? 1
pt
4) D'après votre lecture de l'œuvre, pourquoi Sidi Mohamed s'est-il caché ? 0,5 pt
5) a) Relevez dans le texte quatre termes appartenant au champ lexical d'une habitation.
(0,5x4)
Rédigez un texte dans lequel vous expliquerez comment doit être une bonne mère.
NB: Lors de la correction de la production écrite, il sera tenu compte des éléments suivants :
Ma mère me calma :
Elle leva les yeux au ciel et se tut, confondue par tant de niaiserie.
Je crois n'avoir jamais mis les pieds dans un bain maure depuis mon enfance. Une vague
appréhension et un sentiment de malaise m'ont toujours empêché d'en franchir la porte. A bien
réfléchir je n'aime pas les bains maures. La promiscuité, l'espèce d'impudeur et de laisser-aller
que les gens se croient obligés d'affecter en de tels lieux m'en écartent. Même enfant, je
sentais sur tout ce grouillement de corps humides, dans ce demi-jour inquiétant, une odeur de
péché. Sentiment très vague, surtout à l'âge où je pouvais encore accompagner ma mère au
bain maure, mais qui provoquait en moi un certain trouble.
Dès notre arrivée nous grimpâmes sur une vaste estrade couverte de nattes. Après avoir payé
soixante quinze centimes à la caissière nous commençâmes notre déshabillage dans un
tumulte de voix aiguës, un va-et-vient continu de femmes à moitié habillées, déballant de
leurs énormes baluchons des caftans et des mansourias, des chemises et des pantalons, des
haïks à glands de soie d'une éblouissante blancheur. Toutes ces femmes parlaient fort,
gesticulaient avec passion, poussaient des hurlements inexplicables et injustifiés.
Je retirai mes vêtements et je restai tout bête, les mains sur le ventre, devant ma mère lancée
dans une explication avec une amie de rencontre. Il y avait bien d'autres enfants, mais ils
paraissaient à leur aise, couraient entre les cuisses humides, les mamelles pendantes, les
montagnes de baluchons, fiers de montrer leurs ventres ballonnés et leurs fesses grises.
Je me sentais plus seul que jamais. J'étais de plus en plus persuadé que c'était bel et bien
l'Enfer. Dans les salles chaudes, l'atmosphère de vapeur, les personnages de cauchemar qui s'y
agitaient, la température, finirent par m'anéantir. Je m'assis dans un coin, tremblant de fièvre
et de peur. Je me demandais ce que pouvaient bien faire toutes ces femmes qui tournoyaient
partout, couraient dans tous les sens, traînant de grands seaux de bois débordants d'eau
bouillante qui m'éclaboussait au passage.
1)
-Remplissez le tableau ci –dessus en vous référant à l’œuvre d’où le texte est tiré. (0,25x4)
2) D'après votre lecture de l’œuvre, quel métier (activité) exerce chacun de ces
personnages ? (0,5x2)
Vrai Faux
-Mettez une croix dans la case qui convient en vous référant au texte. (0,25x4)
b) Dés notre arrivée, nous grimpâmes sur une vaste estrade couverte de nattes.
-Précisez le mode d'énonciation (le système énonciatif) utilisé dans chacun des deux énoncés
ci-dessus. (0,5x2)
9) D'après votre lecture du passage, quelle idée vous faites-vous du narrateur ? (1 pt)
Sujet:
De nos jours, les jeunes préfèrent quitter leur maison familiale après leur mariage, pour aller
habiter ailleurs. Qu’en pensez-vous ?
Rédiger un texte dans lequel vous exprimez votre point de vue en l’illustrant par des exemples
précis.
Examen régional : Académie du Gharb-
Cherarda-benihssen (session : Juin 2011)
TEXTE :
Mon père, rassasié, but une gorgée d’eau, s'essuya la bouche, tira à lui un coussin pour
s'accouder et demanda : - Avec qui t'es-tu encore disputée?
La phrase a eut sur ma mère un effet magique .Elle cessa de pleurer, releva la tête et, avec une
explosion de fureur, s'adressa à mon père :
- Mais avec la gueuse du premier étage, la femme du fabricant de charrues ! Cette dégoûtante
créature a souillé mon linge propre avec ses guenilles qui sentent l'étable .Elle ne se lave
jamais d’ordinaire, elle garde ses vêtements trois mois, mais pour provoquer une querelle, elle
choisit le lundi, mon jour de lessive, pour sortir ses haillons. Tu connais ma patience, je
cherche toujours à aplanir les difficultés, je ne me départis jamais de ma courtoisie coutumière
; je tiens cela de ma famille, sous sommes polis. Les gens qui nous provoquent par des paroles
grossières perdent leur temps .Nous savons conserver notre calme et garder notre dignité. Il a
fallu cette pouilleuse ...
- Pouilleuse ! Moi ! Entendez-vous, peuple des Musulmans ? La journée ne lui a pas suffi, les
hommes sont maintenant dans la maison et pourront témoigner devant Dieu qui de nous deux
a dépassé les limites des convenances.
Ce qui se passa après ne peut être décrit par des mots, Ce furent d'abord des cris aigus et
prolongés, des vociférations, des sons sans suite et sans signification .Chacune des
antagonistes, penchée hors de sa fenêtre, gesticulait dans le vide, crachait des injures que
personne ne comprenait, s'arrachait les cheveux .Possédées du démon de la danse, elles
faisaient d'étranges contorsions .Voisins et voisines sortirent de leurs chambres et mêlèrent
leurs cris aux cris des deux furies. Les hommes, de leur voix graves, les exhortaient au calme,
insistaient pour qu'elles maudissent solennellement Satan, mais ces sages conseils les
excitaient davantage.
Le bruit devient intolérable. C'était une tempête, un tremblement de terre, le déchaînement des
forces obscures, l'écroulement du monde.
Je n'en pouvais plus .Mes oreilles étaient au supplice, mon cœur dans ma poitrine heurtait
avec force les parois de sa cage. Les sanglots m'étouffèrent et je m'écroulai aux pieds de ma
mère, sans connaissance.
3) « Avec qui t'es-tu encore disputée ? » D'après cette phrase, est-ce que Lalla Zoubida est :
a) Tolérante.
b) Querelleuse.
c) Patiente. (1 pt)
5) Dans le texte, Lalla Zoubida ressent une fierté par rapport à sa voisine. Quelle est
l'origine de cette fierté ? (1 pt)
a) Croissante.
b) Décroissante. (1 pt)
8) Quel est l'effet recherché par l'utilisation de cette figure de style ? (1 pt)
9) L'intervention des hommes a-t-elle réussi à faire revenir le calme à la maison ? Justifiez
votre réponse à partir du texte. (0,5x2)
Il arrive que certains parents se disputent devant leurs enfants sans trop se soucier des
conséquences de leurs actes.
À partir de votre expérience personnelle, rédigez un texte argumentatif où vous montrerez les
effets de ces scènes de ménage sur l'éducation des enfants et les relations familiales.
Examen régional : Académie de Taza-
Hoceima-Taounate (Session : Juin 2011)
Texte :
Ma mère se leva pour se préparer .Elle changea de chemise et de mansouria, chercha au fond
du coffre une vieille ceinture brodée d’un vert passé, trouva un morceau de cotonnade blanche
qui lui servait de voile, se drapa dignement de haïk fraichement lavé.
C’était, en vérité, un grand jour, j’eus droit à ma djellaba blanche et je dus quitter celle de
tous les jours, une djellaba grise, d’un gris indéfinissable, constellée de taches d’encre et de
ronds de graisse.
Lalla Aicha éprouva toutes sortes de difficultés à s’arracher du matelas ou elle gisait.
J’ai gardé un vif souvenir de cette femme, plus large que haute, avec une tête qui reposait
directement sur le tronc, des bras courts qui s’agitaient constamment. Son visage lisse et rond
m’inspirait un certain dégoût. Je n’aimais pas qu’elle m’embrassât. (…)
Enfin, tout le monde s’engagea dans l’escalier .Nous nous trouvâmes bientôt dans la rue.
Les deux femmes marchaient à tout petits pas, se penchant parfois l’une sur l’autre pour se
communiquer leurs impressions dans un chuchotement. À la maison, elles faisaient trembler
les murs en racontant les moindres futilités, tellement leurs codes vocales étaient à toute
épreuve ; elles devenaient, dans la rue, aphones et gentiment minaudières.
Parfois je les devançais, mais elles me rattrapaient tous les trois pas pour me prodiguer des
conseils de prudence et de des recommandations. Je ne devais pas me frotter aux murs : les
murs étaient si sales et j’avais ma superbe djellaba blanche, je devais me moucher souvent
avec le beau mouchoir brodé pendu à mon cou, je devais de même m’écarter des ânes, ne
jamais être derrière eux car ils pouvaient ruer et jamais devant car ils prenaient un malin
plaisir à mordre les petits enfants
QUESTIONS :
3) « C’était, en vérité, un grand jour.» Pourquoi l’enfant qualifie-t-il ce jour de grand ? (0,5
pt)
b) Relevez dans le texte deux indices pour justifier votre réponse. (0,5 pt)
7) « À la maison, elles faisaient trembler les murs en racontant les moindres futilités,
tellement leurs cordes vocales étaient à toute épreuve ; elles devenaient, dans la rue, aphones
et gentiment minaudières. »
-montrer un contraste - critiquer Lalla Aicha - valoriser les deux femmes. (0,5 pt)
8) a)- Relevez dans le texte les trois conseils donnés à l’enfant par les deux femmes. (1,5
pt)
b)- Quel est le verbe qui introduit ces conseils dans le texte ? (0,5 pt)
9) Le texte vous parait-il amusant ? Dites pourquoi en une phrase. (1,5 pt)
SUJET :
Certains parents font des travaux à la place de leurs enfants (devoirs / exercices / chambre /
lit…)
Rédigez un texte argumentatif dans lequel vous donnerez votre point de vue sur ce sujet.
Important : il sera tenu compte lors de l’évaluation de votre production des points suivants :
Texte :
Mon père me parlait du Paradis. Mais, pour y renaître, il fallait d'abord mourir. Mon père
ajoutait que se tuer était un grand péché, un péché qui interdisait l'accès à ce royaume. Alors,
je n'avais qu'une solution : attendre ! Attendre de devenir un homme, attendre de mourir pour
renaître au bord du fleuve Salsabil. Attendre ! C'est cela exister. À cette idée, je n'éprouvais
certainement aucune frayeur. Je me réveillais le matin, je faisais ce qu'on me disait de faire.
Le soir, le soleil disparaissait et je revenais m'endormir pour recommencer le lendemain. Je
savais qu'une journée s'ajoutait à une autre, je savais que les jours faisaient des mois, que les
mois devenaient des saisons, et les saisons l'année. J'ai six ans, l'année prochaine j'en aurai
sept et puis huit, neuf et dix. À dix ans, on est presque un homme. À dix ans, on parcourt seul
tout le quartier, on discute avec les marchands, on sait écrire, au moins son nom, on peut
consulter une voyante sur son avenir, apprendre des mots magiques, composer des talismans.
En attendant, j'étais seul au milieu d'un grouillement de têtes rasées, de nez humides, dans un
vertige de vociférations de versets sacrés.
L'école était à la porte de Derb Noualla. Le fqih, un grand maigre à barbe noire, dont les yeux
lançaient constamment des flammes de colère, habitait la rue Jiaf. Je connaissais cette rue. Je
savais qu'au fond d'un boyau noir et humide, s'ouvrait une porte basse d'où s'échappait, toute
la journée, un brouhaha continu de voix de femmes et de pleurs d'enfants. La première fois
que j’avais entendu ce bruit, j’avais éclaté en sanglots parce que j’avais reconnu les voix de
l’Enfer telles que mon père les évoqua un soir.
Ma mère me calma :
-Je t'emmène prendre un bain, je te promets une orange et un œuf dur et tu trouves le moyen
de braire comme un âne !
Elle leva les yeux au ciel et se tut, confondue par tant de niaiserie.
a) Placez chacun des noms suivants dans la case qui convient : (1 pt)
Le personnage principal :
Son père :
Sa mère :
Une voisine :
b) Parmi les affirmations suivantes, une seule est vraie, laquelle ? Recopiez-la (0,5pt)
a) Combien le narrateur doit-il attendre pour devenir « presque un homme » ? (0,5 pt)
b) Sur quoi la mère veut-elle insister en employant cette figure de style ? (0,5 pt)
Sujet :
Vous avez certainement vu dans votre entourage des enfants trembler de peur devant leur
parents. A-t-on vraiment besoin de faire peur aux enfants pour les éduquer ?
LEXIQUE
I-COMPREHENSION
II-PRODUCTION ECRITE
Elle (ma mère) tira de sa robe une chaînette de cuivre rongée de vert-de-gris et me la tendit :
— Ajoute ceci à tes merveilles, me dit-elle.
Ma chaîne se changea en bijou d'or. Je l'enroulai autour de mon poignet pour en admirer l'effet
: je la tenais par les deux bouts, me l'appliquais sur la poitrine, sur le front, je m'en faisais un
bracelet. Je sortis ma Boîte. J'étalai toutes mes richesses sur une couverture.
Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais
seul le secret, se muèrent en joyaux.
Absorbé dans la contemplation de mes trésors, je n'avais pas vu entrer le chat de Zineb. Il
ronronna tout contre moi. Je ne le craignais pas. Je décidai de l'associer à ma joie, de lui
ouvrir les portes de mon univers. Il s'intéressa gravement à mes discours, allongea la patte
pour toucher mon cabochon de verre taillé, regarda avec étonnement ma chaîne d'or. Je lui en
fis un collier. Il se montra d'abord tout fier. Il essaya ensuite de l'arracher. Elle ne céda pas à
ses coups de griffes. Il se mit en colère ; s'affola et partit en flèche, la queue hérissée, les yeux
dilatés d'inquiétude. Je courus derrière lui pour récupérer mon bien. Le maudit chat resta
sourd à mes appels. Il ne voulait rien avoir de commun avec moi, il grimpait les marches de
l'escalier, crachait des menaces.
J'alertai ma mère, demandai secours à Fatma Bziouya, à Rahma et même à mon ennemie
Zineb, la propriétaire de ce démon quadrupède. Tout le monde se précipita sur la terrasse mais
le chat, ne sachant pas pourquoi on le poursuivait, s'usait les griffes à grimper le long d'un
mur d'une hauteur vertigineuse. J'étais furieux contre le chat. Les femmes essayèrent de me
consoler.
Zineb! Zineb! C'était elle qui l'avait chargé de venir se frotter contre moi, abuser de ma
gentillesse et me voler mon plus beau bijou. Je suffoquais de colère et d'indignation. Ma rage
se déchaîna ; je me précipitai sur Zineb. Je lui enfonçai les ongles dans les joues, lui arrachai
les cheveux par touffes, lui envoyai de formidables coups de pieds dans le ventre. Elle se
défendit, la brute, avec violence, me tira les oreilles, me renversa par terre, me marcha sur la
poitrine. Les femmes criaient, essayaient de nous séparer et recevaient des coups de poing et
des coups de tête des deux adversaires.
Enfin, ma mère réussit à me maîtriser. Elle m'amena dans la chambre, me plongea la tête dans
un seau d'eau, m'essuya le visage avec un torchon et m'intima l'ordre de me coucher
6. Relevez deux indices qui montrent que l'enfant caractérise le chat de manière négative. 1
point
7. Les deux enfants échangent des coups avec la même violence. Relevez les deux phrases qui
le montrent. 1 point
8. « Le chat...s'usait les griffes à grimper le long d'un mur d'une hauteur vertigineuse. »
Nommez la figure de style contenue dans cet énoncé. 1 point
9. Quelle réaction du chat cette figure de style traduit-elle ? 1 point
10. D'après votre lecture de l'oeuvre, la réaction de Sidi Mohammed dans ce passage
correspond-elle à son caractère et à ses habitudes ? Justifiez votre réponse. 1 point
Sujet :
Dans ce passage, Sidi Mohammed a usé de la violence pour régler ses problèmes avec Zineb.
Pensez-vous que le recours à la violence soit le moyen le plus efficace pour résoudre les
problèmes de la vie quotidienne ?
- Et puis, dit ma mère, elle est si jolie ! Toujours souriante, toujours vive. Son mari peut
remercier Dieu de lui avoir fait présent d'une brune si délicieuse. N'aimes-tu pas cette peau
hâlée au grain si fin, ces grands yeux qui rient ? N'est-ce pas qu'elle possède une jolie bouche
aux lèvres fermes, un peu boudeuses ?
- Fatima, ma voisine d'en face, n'a pas été non plus oubliée par le Créateur. De jolis yeux
noyés de douceur ! Des sourcils d'une courbe parfaite ! Un teint ambré ! Mais je n'aime pas le
tatouage de son menton.
Immobile dans mon coin, j'écoutais. Je m'étonnais d'entendre ma mère rendre justice à la
beauté de nos deux voisines. Cette beauté je la sentais, mais je ne pouvais la traduire par des
formules concrètes. J’étais reconnaissant à ma mère d'exprimer, avec des termes précis, ce qui
flottait dans mon imagination sous forme d'images vagues, confuses, inachevées.
4) Lisez le passage : « Elle faisait l’éloge… un peu boudeuses ? » (Lignes 4 à 10) (1 pt)
A- une comparaison
B- une personnification
C- une antithèse
6) Quelle est la réaction de Lalla Aicha aux propos (paroles) de son amie ? Justifiez votre
réponse à partir du texte. (1 pt)
a). Relevez une phrase comportant une caractérisation valorisante du personnage décrit.
b). Relevez une phrase comportant une appréciation dévalorisante du personnage décrit.
8) Sur quel aspect la mère insiste-t-elle en décrivant les deux personnages ? Justifiez votre
réponse à partir du dernier paragraphe. (1 pt)
Sujet:
Certaines personnes trouvent du plaisir à dire du mal des autres. Qu’en pensez-vous.
Rédigez un texte dans lequel vous donnez votre point de vue en le justifiant par des arguments
précis.
Brusquement, mon père me déposa à terre et disparut dans la foule. Son absence dura. Des
cris s’élevèrent à l’autre bout du souk. Ils dominaient le tumulte, éclataient comme un orage.
De grandes ondulations parcoururent cette mer humaine. Des explosions de colère fusaient çà
et là, reprenaient quelques pas plus loin, se transformaient en tintamarre.
Voici que tous les gens du souk se mirent à courir ; Fatma Bziouya et ma mère répétaient «
Allah ! Allah ! », se plaignaient à haute voix de leurs douleurs de pieds que la foule écrasait,
essayaient de retenir leurs Haïks emportés par le courant.
Enfin, passèrent mon père et le courtier se tenant mutuellement par le collet. Le souk leur
faisait cortège. Les deux hommes avaient les yeux rouges et de l’écume au coin des lèvres.
Mon père avait perdu son turban et le dellal avait une tache de sang sur la joue.
Ma mère, la voisine et moi, nous nous mîmes à pleurer bruyamment. Nous nous précipitâmes
au hasard, à leur poursuite. Nous débouchâmes au souk des fruits secs. Aucune trace des deux
antagonistes ni de leur cortège. Je m’attendis à voir des rues désertes, des étalages
abandonnés, des turbans et des babouches perdus dans la panique générale. Je fus déçu.
Aucune trace de la bagarre n’avait marqué ces lieux. On vendait et on achetait, on plaisantait
et de mauvais garnements poussaient l’indifférence jusqu’à chanter des refrains à la mode.
Notre tristesse devenait étouffante dans cette atmosphère. Nous sentions tout notre isolement.
Ma mère décida de rentrer.
Il ne sert à rien, ajouta-t-elle, de courir dans toutes les directions. Rentrons pour attendre et
pour pleurer.
3) Relevez dans le texte un indice qui montre que le narrateur est un enfant.
4) Dans la liste suivante, quels sont les deux mots qui n’appartiennent pas au champ lexical du
bruit ?
A. Une métaphore.
B. Une comparaison.
6) Il ne sert à rien, ajouta-t-elle, de courir dans toutes les directions. Rentrons pour attendre et
pour pleurer.
B. Discours indirect ?
7) Dans ce texte, il ya :
9) Que pensez-vous de l’utilisation des mots arabes tels que Haïks dellal dans le texte ?
10) Quel sentiment ressentez-vous à la lecture de ce récit ? Exprimez les raisons de votre
réaction.
Sujet :
« Personnellement diriez-vous que vous vous entendez avec vos parents : très bien, assez
bien, pas très bien, pas du tout ? »
Vous exprimerez votre jugement en vous appuyant sur des arguments précis.
Me voila devenu un homme ! J’étais complètement réveillé. J’avais hâte de partir à l’école.
Les vêtements, les chaussures, tout était neuf. Plein de dignité et d’assurance, je précédai mon
père dans l’escalier.
L’appel d’un mendiant nous arrivait de la rue. J’entendais le bruit de sa canne. C’était
sûrement un aveugle.
Je perdais mes babouches tous les trois pas. Mes parents voyaient grand. Ni les vêtements, ni
les chaussures n’étaient à ma taille. Mais j’étais heureux.
Une fois dans la rue, mon père me glissa dans la main une pièce de cinq francs et me mit entre
les bras le cierge dont nous avions fait l’acquisition. C’étaient mes cadeaux de nouvel an pour
le maître d’école.
Les passants que nous rencontrions me souriaient avec bienveillance. Les boutiques étaient
ouvertes, les rues éclairées. Je faisais de terribles efforts pour retenir mes babouches. De loin,
j’aperçus les fenêtres à auvents de notre école.
Je hâtais le pas. Les voix des élèves montaient claires dans la fraîcheur du matin. Elles
rivalisaient de gaîté avec les dizaines de petites flammes qui dansaient dans leur bain d’huile
et d’eau teintée des couleurs de l’arc-en-ciel. Cette impression de fête fabuleuse s’accentua
lorsque je poussai la porte du msid. J’entrai dans un univers de rêve. Je n’étais plus le prince
unique au gilet de drap amarante. Je devenais un membre d’une congrégation de jeunes
seigneurs, tous richement vêtus, sous la direction d’un roi de légende des cantiques
d’allégresse et des actions de grâce.
- à l’auteur et au narrateur.
5) a)-Choisissez dans la liste suivante, les deux champs lexicaux dominants dans le texte :
b)- À partir du texte, relevez dans ce tableau, deux mots de chacun des deux champs lexicaux
choisis :
b)- quel effet le narrateur veut-il produire par l’emploi de cette figure de style ?
10) a)- Dans ce texte, le narrateur exprime une vision positive ou négative sur son école ?
b)- Cette vision est-elle celle qui domine dans toute l’oeuvre ? Justifiez votre réponse par un
exemple.
Sujet : certains pensent que la fête en famille ou entre amis(es) ne sert à rien car c’est une
perte de temps et d’argents. Partagez-vous cette opinion ?
Développez votre point de vue en vous appuyant sur des arguments et des exemples
pertinents.
examen de fès 2010
Texte 1 :
Le MARDI, jour néfaste1 pour les élèves du Msid, me laisse dans la bouche un goût
d'amertume2. Tous les mardis sont pour moi couleur de cendre. (…)
Le matin, je me rendis au Msid selon mon habitude. Le fqih avait son regard de tous les
mardis. Ses yeux n'étaient perméables à aucune pitié. Je décrochai ma planchette et me mis à
ânonner3 les deux ou trois versets qui y étaient écrits.
Je devais, selon la coutume, réciter les quelques chapitres du Coran que j'avais appris depuis
mon entrée à l'école. À l’heure du déjeuner, le maître me fit signe de partir. J’accrochai ma
planchette. J'enfilai mes babouches qui m’attendaient à la porte du Msid.
5- la fragilité : la faiblesse.
Texte 2 :
Des équipes furent de nouveau constituées, chaque groupe avait sa spécialité. Je devins un
personnage important. Je fus nommé chef des frotteurs. On procéda au lavage du sol. Une
vingtaine d’élèves, chargés d’énormes seaux, faisait la corvée d’eau. Ils allaient la chercher à
la fontaine d’une zaouïa située à cinquante pas de notre école.
Le sol fut inondé1 Je pris très au sérieux mon travail et pour donner l’exemple, je maniai avec
énergie ma balayette. J’en avais mal aux reins. De temps à autre, je me redressais tout rouge.
Les muscles des bras me faisaient mal. Au repos, je les sentais trembler. Dans l’eau jusqu’aux
chevilles, pieds nus, bousculé par celui-ci, insulté par celui-là, j’étais heureux ! Adieu les
leçons, les récitations collectives, les planchettes rigides, rébarbatives2, inhumaines ! Frottons
le sol en terre battue, incrusté de poussière et de crasse3, orné d’énormes étoiles de chaux4,
qui résistaient à notre brossage énergique. (…)
2-les planchettes rébarbatives : qui découragent par leur contenu difficile ; ennuyeuses.
4-Les étoiles de chaux : les gouttes du liquide blanc utilisé pour blanchir les murs.
5-je me vantai de mes exploits : j’énumérai mes réalisations d’une manière très valorisante.
1) Lisez attentivement les deux textes puis complétez le tableau suivant après l’avoir reporté
sur votre copie : (1 point)
a-Titre de l’oeuvre
b-Nom de l’auteur
d-Siècle
TEXTE 1 :
3) D’après le 1er paragraphe, le souvenir du mardi au Msid est resté gravé dans la mémoire du
narrateur, devenu adulte. Pour le montrer relevez : (1 pt)
b)-À partir des sentiments éprouvés par le narrateur, indiquez si la tonalité dominante dans le
texte est tragique, pathétique ou comique. (0,5 pt)
TEXTE 2 :
5) a)-D’après le texte, pour quelle tâche principale les élèves ont-ils constitué (formé) des
équipes ? (0,5 pt)
b)-Que devaient faire les élèves pour mener à bien cette tâche ? Citez deux actions pour
répondre. (0,5 pt)
7) a)-Le narrateur avait-il envie de garder encore le souvenir des leçons apprises et récitées
collectivement devant le fqih ? (0,5 pt)
b)-Relevez dans le texte une expression qui justifie votre réponse. (0,5 pt)
8) a)-À la fin de la journée, dans quel état physique se trouvait le narrateur ? (0,5 pt)
b)-Relevez la phrase qui le montre puis précisez s’il s’agit d’une comparaison, d’une
hyperbole ou d’une personnification ? (0,5 pt)
9) Comment jugez-vous le comportement du fqih envers ses élèves dans le premier texte ?
Expliquez pourquoi en peu de mots. (1 pt)
10) D’après vous, le fqih a-t-il bien fait de charger ses élèves des travaux cités dans le texte 2?
Justifiez brièvement votre réponse par un argument. (1 pt)
Sujet : Certains affirment que l’école est faite uniquement pour les études (cours d’histoire-
géographie, de langue, de maths…). D’autres, au contraire, pensent que l’école devrait aussi
accorder de l’importance aux activités parascolaires (activités de théâtre, ateliers de peinture,
clubs de cinéma, compétitions sportives, séances de jardinage, excursions…)
Laquelle des deux opinions partagez-vous ? Développez votre point de vue en le justifiant à
l’aide d’arguments pertinents.
-Respecter la consigne (en exprimant votre point de vue personnel sur les activités
parascolaires. (1 pt)
-Bien organiser votre texte (prévoir une introduction, un développement et une conclusion /
employer les liens logiques pour relier les parties du texte et les arguments). (2 pts)
ANTIGONE : - Non, je ne me tairai pas ! Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi,
pour être heureuse. Tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. Vous dites que
c'est si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
ANTIGONE : - Oui, j'aime Hémon. J'aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et
fidèle, comme moi. Mais si votre vie, votre bonheur doivent passer sur lui avec leur usure, si
Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en
retard de cinq minutes, s'il ne doit plus se sentir seul au monde et me détester quand je ris sans
qu'il sache pourquoi, s'il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s'il doit appendre à dire
" oui ", lui aussi, alors je n'aime plus Hémon.
ANTIGONE : - Si, je sais ce que je dis, mais c'est vous qui ne m'entendez plus. Je vous parle
de trop loin maintenant, d'un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre
sagesse, votre ventre. (Elle rit.) Ah ! Je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout
d'un coup ! C'est le même air d'impuissance et de croire qu'on peut tout. La vie t'a seulement
ajouté ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.
ANTIGONE : - Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que tu sais que j'ai raison ? Tu crois
que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j'ai raison, mais tu ne l'avoueras
jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.
ANTIGONE : - Vous me dégoûtez tous, avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer
coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance
pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite -et que ce soit
entier- ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit
morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau
que quand j'étais petite -ou mourir.
CREON, le tient plus fort : -J'ai tout essayé pour la sauver, Hémon. J'ai tout essayé, je te le
jure. Elle ne t'aime pas. Elle aurait pu vivre. Elle a préféré sa folie et la mort.
HEMON, crie, tentant de s'arracher à son étreinte : -Mais, père, tu vois bien qu'ils
l'emmènent ! Père, ne laisse pas ces hommes l'emmener !
CREON : -Elle a parlé maintenant. Tout Thèbes sait ce qu'elle a fait. Je suis obligé de la faire
mourir.
LE CHOEUR, s'approche : -Est-ce qu'on ne peut pas imaginer quelque chose, dire qu'elle est
folle, l'enfermer?
CREON : -Ils diront que ce n'est pas vrai. Que je la sauve parce qu'elle allait être la femme de
mon fils. Je ne peux pas.
LE CHOEUR : -Est-ce qu'on ne peut pas gagner du temps, la faire fuir demain ?
CREON : -La foule sait déjà, elle hurle autour du palais. Je ne peux pas.
CREON : -Si, Hémon. Si, mon petit. Du courage. Antigone ne peut plus vivre. Antigone nous
a déjà quittés tous.
2) Mettez en ordre chronologique les événements suivants selon leur apparition dans l’oeuvre :
a) le face à face entre Créon et Antigone,
b) la tentative d’Antigone d’enterrer son frère Polynice,
c) la condamnation d’Antigone,
d) la capture d’Antigone.
3) Le texte est-il une scène d’ouverture, une scène de fermeture ou une scène qui prépare le
dénouement ? Justifiez votre réponse.
4) a). Dans cet extrait, que cherche Hémon auprès de son père ?
b). Dans sa dernière réplique, s’adresse-t-il aux sentiments ou à la raison de son père ?
5) Quel est le sentiment exprimé dans les didascalies relatives à Hémon ?
6) Créon refuse ce que lui demande Hémon en justifiant ses propos par des arguments. Citez-en
deux.
7) En faveur de quel personnage intervient le choeur ? Que propose-t-il ?
8) « La foule … hurle autour du palais » : identifiez la figure de style utilisée dans cet énoncé.
Quel en est l’effet recherché ?
9) Quel registre de langue domine dans le texte ? Relevez dans le passage « Elle a parlé…la faire
fuir demain » une phrase qui le justifie.
10) Dans cette scène, comment trouvez-vous le personnage de Créon ?
CRÉON : -Tu l’apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant
qui joue à vos pieds, un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir
devant sa maison. Tu va me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la
consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n’est peut-être tout de même que le bonheur.
ANTIGONE : - Non, je ne me tairai pas! Je veux savoir comment je m'y prendrai, moi aussi,
pour être heureuse. Tout de suite, puisque c'est tout de suite qu'il faut choisir. Vous dites que
c'est si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
Les gardes sont sortis, précédés par le petit page. Créon et Antigone sont seuls l’un en face de
l’autre.
ANTIGONE :- Non.
ANTIGONE : -oui.
CREON : -Alors, écoute : tu vas rentrer chez toi, te coucher, dire que tu es malade, que tu n’es
pas sortie depuis hier. Ta nourrice dira comme toi. Je ferai disparaître ces trois hommes.
ANTIGONE, doucement : -je le devais tout de même. Ceux qu’on n’enterre pas errent
éternellement sans jamais trouver de repos. Si mon frère vivant était rentré harassé d’une
longue chasse, je lui aurais enlevé ses chaussures, je lui aurais fait à manger, je lui aurais
préparé son lit…Polynice aujourd’hui a achevé sa chasse. Il rentre à la maison ou mon père et
ma mère, et Étéocle l’attendent. Il a droit au repos.
( ... ) Le guichetier prit les précautions d'usage pour s'assurer de moi, puis me conduisit dans
une petite cellule vide, et absolument démeublée, qui avait une fenêtre grillée, mais une
véritable fenêtre à hauteur d'appui, et à travers laquelle on apercevait réellement le ciel.
- Tenez, me dit-il, d'ici vous verrez et vous entendrez. Vous serez seul dans votre loge comme
le roi. Puis il sortit et referma sur moi serrures. Cadenas et verrous.
La fenêtre donnait sur une cour carrée assez vaste, et autour de laquelle s'élevait des quatre
côtés, comme une muraille, un grand bâtiment de pierre de six étages. Rien de plus dégradé,
de plus nu, de plus misérable à l'oeil que cette quadruple façade percée d'une multitude de
fenêtres grillées auxquelles se tenaient collés, du bas en haut, une foule de visages maigres et
blêmes, pressés les uns au-dessus des autres, comme les pierres d'un mur et tous pour ainsi
dire encadrés dans les entrecroisements des barreaux de fer. C'étaient les prisonniers,
spectateurs de la cérémonie en attendant leur jour d'être acteurs. On eût dit des âmes en peine
aux soupiraux du purgatoire qui donnent sur l'enfer.
Tous regardaient en silence la cour vide encore. Ils attendaient. Parmi ces figures éteintes et
mornes, ça et là, brillaient quelques yeux perçants et vifs comme des points de feu.
( ... ) Midi sonna. Une grande porte cochère, cachée sous un enfoncement s'ouvrit
brusquement; une charrette, escortée d'espèces de soldats sales et honteux, en uniformes
bleus, épaulettes rouges et à bandoulières jaunes, entra lourdement dans la cour avec un bruit
de ferraille. C'était la chiourme et les chaines.
Au même instant, comme si ce bruit réveillait tout le bruit de la prison, les spectateurs des
fenêtres, jusqu'alors silencieux et immobiles éclatèrent en cris de joie, en chansons, en
menaces en imprécations mêlées d'éclats de rire poignants à entendre. On eût cru voir des
masques de démons. Sur chaque visage parut une grimace; tous les poings sortirent des
barreaux, toutes les voix hurlèrent, tous les yeux flamboyèrent, et je fus épouvanté de voir tant
d'étincelles reparaître dans cette cendre.
Cependant les argousins, parmi lesquels on distinguait à leurs vêtements propres et à leur
effroi, quelques curieux venus de Paris, les argousins se mirent tranquillement à leur besogne.
L'un d'eux monta sur la charrette et jeta à ses camarades les chaînes, les colliers de voyage, et
les liasses de pantalons de toile. Alors ils se dépecèrent le travail; les uns allèrent étendre dans
un coin de la cour les longues chaînes qu'ils nommaient dans leur argot les ficelles ; les autres
déployèrent sur le pavé les taffetas, les chemises et les pantalons; tandis que les plus sagaces
examinaient un à un, sous l'oeil de leur capitaine, petit vieillard trapu, les carcans de fer qu'ils
éprouvaient ensuite en les faisant étinceler sur le pavé.
Questions
2) À la suite de quel événement se situe ce texte? (Référez-vous à l'oeuvre d'où est extrait ce
passage) (1 point).
4) Dans le 5ème paragraphe («la fenêtre donnait ... sur l'enfer»), les prisonniers sont décrits
comme étant marqués physiquement.
a. Relevez dans ce paragraphe deux adjectifs qui le montrent.
6) Relevez dans le texte quatre indices montrant le renforcement des mesures de sécurité dans
les cellules. (1 point)
Sujet
La mode conduit parfois les jeunes à s'habiller ou à se coiffer de manière bizarre: piercing,
tatouage, cheveux hérissés, pantalons rapiécés ...
Vous sentez-vous concerné(e) par cette tendance ?
Dans un texte d'une vingtaine de lignes, vous préciserez votre point de vue en l'appuyant à
l'aide d'arguments pertinents et d'exemples tirés de votre expérience personnelle.
Examen régional : Académie de Marrakech-
Tansift-Haouz (session : Juin 2010)
Tant que j’ai marché dans les galeries publiques du Palais de Justice, je me suis senti presque
libre et à l'aise; mais toute ma résolution m'a abandonné quand on a ouvert devant moi des
portes basses, des escaliers secrets, des couloirs intérieurs, de longs corridors étouffés et
sourds, où il n'entre que ceux qui condamnent ou ceux qui sont condamnés.
L’huissier m'accompagnait toujours. Le prêtre m'avait quitté pour revenir dans deux heures: il
avait ses affaires.
On m'a conduit au cabinet du directeur entre les mains duquel l'huissier m'a remis.
C'était un échange. Le directeur l'a prié d'attendre un instant lui annonçant qu'il allait avoir du
gibier à lui remettre, afin qu'il le conduisît sur-le-champ à Bicêtre par le retour de la carriole.
Sans doute le condamné d'aujourd'hui, celui qui doit coucher ce soir sur la botte de paille que
je n'ai pas eu le temps d'user.
- « C'est bon, a dit l'huissier au directeur, je vais attendre un moment; nous ferons les deux
procès verbaux à la fois, cela s'arrange bien».
En attendant, on m'a déposé dans un cabinet attenant à celui du directeur. Là, on m'a laissé
seul, bien verrouillé.
Je ne sais à quoi je pensais, ni depuis combien de temps j'étais là, quand un brusque et violent
éclat de rire à mon oreille m'a réveillé de ma rêverie.
J'ai levé les yeux en tressaillant. Je n'étais plus seul dans la cellule. Un homme s'y trouvait
avec moi, un homme d'environ cinquante-cinq ans, de moyenne taille; ridé, voûté, grisonnant;
à membres trapus; avec un regard louche dans des yeux gris, un rire amer sur le visage; sale,
en guenilles, demi-nu, repoussant à voir.
Il paraît que la porte s'était ouverte, l'avait vomi, puis s'était refermée sans que je m'en fusse
aperçu. Si la mort pouvait venir ainsi!
Nous nous sommes regardés quelques secondes fixement, l'homme et moi; lui, prolongeant
son rire qui ressemblait à un râle; moi, demi-étonné, demi-effrayé.
- « Qui êtes-vous? Lui ai-je dit enfin.
-Drôle de demande! a-t-il répondu. Un friauche.
- Un friauche ! Qu'est-ce que cela veut dire?
-Cela veut dire, s'est-il écrié au milieu d'un éclat de rire, que la taule jouera au panier avec ma
sorbonne dans six semaines, comme il va faire avec ta tronche dans six heures ».
(1) Ma sorbonne : ma tête.
QUESTIONS