Cours Hydrogeologie L3 2017 01

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Université de Saïda - Dr Moulay Tahar

Licence hydraulique

Cours d’hydrogéologie

2017-2018

Benikdes Aïssa
Définition
L’hydrogéologie (du grec hydra : l’eau, ge : la terre et logos : le discours) peut être définie comme la
science qui traite de l’eau souterraine. Cependant, l’eau est une entité : eau des précipitations, eaux
de surface, glaces, eaux souterraines participent à un cycle continu. L’hydrogéologie est donc
indissociable de l’hydrologie de surface, de la climatologie, de la géologie, de la géographie. De plus,
comme toutes les sciences modernes, elle fait appel aux innombrables domaines de la physique, de
la chimie et de la biologie.
C’est une discipline des sciences de la terre qui a pour objectifs l’étude du rôle des matériaux
constituant le sous-sol et les structures hydrogéologiques (aquifères) et, par acquisition de données
numériques par la prospection ou l’expérimentation sur le terrain, de permettre la planification des
captages, ainsi que l’exploitation et la gestion de l’eau souterraine.
L’hydrogéologie se spécialise dans la recherche et l’exploitation des eaux souterraines à usage
domestique ou industriel et étudie comment les matériaux géologiques influencent la circulation et
la qualité des eaux souterraines. Outre des connaissances géologiques, l’hydrogéologue doit
posséder de bonnes connaissances en hydraulique. Il intervient en effet dans la recherche et
l’exploitation de gisements de nappes aquifères, dans l’étude de la qualité des eaux ainsi que dans
leur protection. L’hydrogéologue doit être capable d’estimer la quantité et la qualité de l’eau et
prédire son comportement dans les aquifères.

1 Hydrogéologie générale, cycle de l’eau : les différentes phases, volumes, flux, vitesses
1.1 Quelques chiffres sur l'eau
Le stock d'eau sur la terre est réparti inégalement en six grands réservoirs qui totalisent un volume
d'environ 13,9.108 milliards de m3. L'eau douce ne représente que 2,9 % de ce volume, soit 0,4.108
milliards de m3 d'eau. Ces six réservoirs sont :
- Océan : constitue le moteur principal du cycle de l'eau. Il joue un rôle très important dans la
circulation et l’évaporation de l'eau, et dans l'homogénéisation de la température du globe. Il
constitue le réservoir principal, réparti sur une superficie d'environ 361 millions de km2.
- Glaces : localisées au niveau du réservoir des calottes glaciaires et des neiges éternelles (régions
polaires : Mer Arctique au Nord et Mer Antarctique au Sud).
- Eaux souterraines : la capacité du réservoir souterrain est estimée à 24.106 d'eau entre les
profondeurs 0 et 2000 m.
- Eaux de surface : elle est représentée par les lacs et les cours d'eau superficiels.
- Eau atmosphérique : contenue dans l'enveloppe gazeuse qui entoure le globe terrestre.
- Eau biologique : c'est l'eau contenue dans les êtres vivants animaux et végétaux.

Réservoir % du volume total de % du volume total de


l’eau de l’hydrosphère l’eau douce du globe
Océan 96,4 0
Glaces 1,72 60
Eaux souterraines 1,72 38,78
Eaux de surface 0,013 0,22
Eau atmosphérique 0,001 0
Eau biologique 0,0001 0

-2-
L'eau en Algérie
La pluviométrie moyenne annuelle en Algérie du nord est évaluée entre 95 et 100.109 m3. Plus de
80.109 m3 s’évaporent, 3.109 m3 s’infiltrent et 12,5.109 m3 s’écoulent dans les cours d’eau.
Dans l’Algérie du nord, l’apport principal vient du ruissellement. Les eaux de surface sont stockées
dans les barrages.
Les potentialités globales sont évaluées à 19,4 milliards de m3/an dont seulement 12 milliards sont
mobilisables :
- 6,8 Milliards au Nord (5 Milliards de m3/an pour les eaux de surface, 1,8 Milliards de m3/an pour
les eaux souterraines).
- 5,2 Milliards dans les régions Sahariennes.
Ces potentialités correspondent actuellement à un taux de 600 m3/hab/an qui passera à 400
m3/hab/an à l’horizon 2020.
De ce fait, l’Algérie se situe dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques au regard
du seuil de rareté fixé à 1000 m3/hab/an.
1.2 Propriétés de l’eau
- Molécule rigide et liaison hydrogène
- Masse volumique de 999.8 kg/m3 à 0 °C et 958.4 kg/m3 à 100 °C.

1.3 Les différents types d’eau


Une roche contient de l’eau sous différentes formes :
- Eau de constitution entrant dans la structure cristalline des minéraux (le gypse par exemple a
pour formule (CaSO4.2H2O)) ;
- Eau adsorbée à la surface des minéraux par des interactions électrostatiques ;
- Eau libre circulant dans les pores et les fissures.

1.4 Les origines des eaux souterraines


Eaux météoriques : La plupart des eaux souterraines ont une origine météorique, c’est à dire
proviennent des précipitations (pluie, neige) et de leur infiltration dans le sous-sol. Dans les
aquifères de grande taille, l’eau peut provenir de périodes où le climat était différent et peut donc
servir d’indicateur de paléoclimats (anciens climats).
Eaux connées : Les eaux que l’on trouve en profondeur dans la croûte terrestre (à partir de 1 à
2 km) sont dérivées de réservoirs d’eaux météoriques qui ont réagi avec les roches environnantes.
Souvent ces eaux sont relativement salées. Les eaux connées peuvent contribuer à l’hydrologie de
formations géologiques qui se sont enfouies très récemment (Gulf Coast aux USA) ou bien rester
piégées dans des roches dont la perméabilité est très faible et dont toute l’eau n’a pas été expulsée.
Souvent cette eau est présente depuis la formation de la roche (SASS : Chott Chergui).
Eaux juvéniles : Ces eaux sont libérées directement par des processus magmatiques en profondeur.
Elles sont difficilement distinguables des eaux situées en profondeur, par exemple l’eau remplissant
le forage profond (11 km) dans la péninsule de Kola en Russie. Les processus magmatiques peuvent
relâcher, en plus de l’eau, des composés gazeux (CO2) par exemple.

1.6 Systèmes et temps de résidence


Un sous-système est une partie discrète d’un système plus grand. Par exemple, un océan est un sous-
système du cycle hydrologique global. On parle généralement du temps de résidence de l’eau

-3-
dans un sous-système particulier. Si ce sous système est très grand et la vitesse d’échange de l’eau
avec les autres sous-systèmes est lente, le temps de résidence d’une molécule d’eau sera élevé. À
l’inverse, si la vitesse d’échange est grande et le sous-système petit ; le temps de résidence sera faible.
On définit ainsi :
temps de résidence = volume du sous-système / vitesse d’échange
Par exemple, le volume total des océans est d’environ 1,35.109 km3. La vitesse d’échange avec
l’atmosphère et les rivières est d’environ 3,7.104 km3 par an. Le temps de résidence est donc de
l’ordre de 36500 ans. Le volume de l’eau dans l’atmosphère est d’environ 1,3.104 km3. Le flux moyen
annuel d’évaporation est de 4,2.105 km3. Cela donne un temps moyen de résidence de 0.031 année
soit 11 jours.
Ce concept est important en hydrogéologie car un aquifère est souvent de grande taille et les flux
vers d’autres aquifères ou vers la surface sont relativement faibles. Cela signifie que les eaux
souterraines ont des temps de résidence variant entre quelques jours à plusieurs milliers d’années.
En comparaison, les rivières et l’atmosphère ont des temps de résidence de quelques jours à
quelques semaines. Ainsi, il est beaucoup plus facile et rapide de dépolluer une rivière qu’un
aquifère où il faudra plusieurs années pour chasser les polluants.

1.7 Le cycle hydrologique


Le cycle hydrologique décrit le constant mouvement de l’eau sur et sous la surface de la terre. L’eau
passe des états solides, liquides et gazeux dans ce cycle. La condensation, l’évaporation et la
solidification se produisent lors de variations climatiques. L’énergie solaire est la source d’énergie
du cycle qui permet une évaporation intense à la surface des océans et à moindre niveau à la surface
des continents. La gravité complète le cycle en ramenant les précipitations sur la surface puis dans
les ruissellements.

Figure 1 : Cycle de l’eau


Quand elle s’infiltre dans le sol, l’eau rencontre différentes régions :
- La zone non saturée (ZNS) où les pores sont remplis partiellement d’eau et partiellement d’air.
- La frange capillaire où l’eau remonte de la zone saturée vers la zone non saturée. Cette région
correspond à la partie inférieure de la zone sous saturée.
- La zone saturée (ZS) (phréatique)

-4-
Figure 2 : Différentes zones dans un sol humide
2 Nappes et eaux souterraines
2.1 Notion d’aquifère
On appelle nappe aquifère l’ensemble de l’eau circulant dans un milieu perméable et sa surface
piézométrique est la surface supérieure d’équilibre. Cette limite est réelle dans le cas de nappes
libres et virtuelles dans le cas de nappes captives.
Un aquifère à nappe libre est une nappe souterraine dont la surface supérieure est à pression
atmosphérique : c'est la surface piézométrique. Le niveau de l'eau dans un forage indique la surface
piézométrique ou surface à pression atmosphérique. Exemple : les alluvions de la Crau.

Figure 3 : Aquifère à nappe libre


Un aquifère à nappe captive ou aquifère confiné est une nappe souterraine dont la surface
supérieure est au contact d'un matériau imperméable qui confine les eaux. Le niveau de l'eau dans
un forage indique toujours la surface piézométrique qui dans ce cas est supérieure à la limite haute
de l'aquifère. Exemple : les sables Albiens du bassin parisien.
La côte piézométrique est donc donnée par la somme de la côte altimétrique et de la pression de
confinement.

Figure 4 : Aquifère à nappe captive (confinée)

-5-
L'aquifère bicouche met en exergue le phénomène de drainance qui permet à l'aquifère du dessous
d'alimenter l'aquifère au-dessus.
La surface piézométrique correspond à la pression hydrostatique de la colonne de l’eau. La limite
supérieure de l’aquifère peut également être recouverte par une couche moins perméable : on parlera
alors du toit de la nappe. La limite inférieure d’un aquifère est donnée par une formation géologique
à relativement faible perméabilité. Si le corps même de 1’aquifère est de nature particulaire (sable,
gravier, cailloux...) et le fond est formé par une masse rocheuse massive on appellera ce fond
« substratum imperméable ». Il est important de noter que le terme « aquifère » peut être associé à
n’importe quelle formation géologique selon l’intérêt hydrogéologique et pratique. La formation
rocheuse massive peu perméable désignée auparavant « substratum imperméable » peut devenir
l’aquifère d’intérêt dans un contexte diffèrent (par exemple absence d’autres formations plus
perméables).

Figure 5 : Aquifère bicouche


Dans les aquifères plus profonds, les eaux souterraines peuvent être emprisonnées dans des
formations hydrogéologiques perméables, entre deux formations imperméables fixes : le substratum
à la base et le toit au sommet. La surface piézométrique se situe alors généralement au-dessus de la
zone saturée (ZS) de cet aquifère, il s’agit d’une nappe captive.
S’il s’agit d’un aquifère peu profond, cet aquifère affleure probablement à un niveau plus élevé, et
c’est le niveau de l’affleurement qui déterminera la pression hydrostatique de la colonne d’eau
(surface piézométrique).
S’il s’agit d’un aquifère profond, la pression exercée sur les eaux contenues dans les pores sera
contrôlée par la pression exercée par le poids des couches superposée, voir l’exemple du bassin de
Paris. Un toit imperméable se trouve donc au-dessus de la nappe, la nappe est contrainte par cette
couche imperméable. L’eau est au niveau du toit imperméable et ce niveau est inférieur à celui de la
pression hydrostatique (surface piézométrique) ; la nappe est contrainte de rester « en bas » vu
l’impossibilité de passer à travers la couche imperméable.
Les réserves d’un aquifère ainsi que les débits de pompage admissibles varient donc fortement en
fonction de la nature de l’aquifère. On distingue :
- La zone de ruissellement : Écoulement de l’eau non canalisé en surface ou en sous-sol. Les eaux
de ruissellement atteignent finalement une nappe phréatique, un cours d’eau ou un plan d’eau ;

-6-
- La zone d’infiltration de l’aquifère où l’eau percole à travers la zone non saturée (ZNS) vers la
zone saturée (ZS) ;
- La zone d’alimentation est identique à la zone d’infiltration sauf s’il s’agit d’une alimentation
souterraine d’une nappe phréatique ;
- Les zones d’émergences de l’aquifère où celui-ci atteint la surface du sol (sources de trop plein
ou sources artésiennes...) et
- Les zones de mélange avec d’autres aquifères, eaux de lac, eaux salées...
Généralement l’eau contenue dans l’aquifère s’écoule vers une zone plus profonde ou un déversoir
(source). Il faut donc introduire des notions tenant compte des directions et des vitesses
d’écoulement.
2.2 Aquifères fluviatiles
L’eau s’écoule dans les matériaux déposés par un cours d’eau ancien ou actuel (généralement
alluvions). Le substratum imperméable en dessous de ces matériaux est formé :
- soit par la roche compacte en dessous de la formation alluviale perméable.
- soit par des dépôts d’argile dans les alluvions sous forme de lentilles. Il y a possibilité de
superposition de lentilles, sans échange d’eau entre les compartiments. Dans ce cas on aura
plusieurs aquifères superposés, avec des caractéristiques chimiques (charge ionique) et surtout
physiques (charge hydrostatique) différentes (aquifère « bicouche » ou « multicouche »).

Types de sources en milieu fluviatile :


- Sources de débordement (ou sources de trop plein). La nappe libre affleure aux endroits où sa
surface atteint le niveau du sol.
- Sources artésiennes : Existent uniquement en cas de nappe captive sous charge. La surface
piézométrique (et donc la pression hydrostatique) se situe au-dessus du sol. L’eau est contrainte de
circuler en sous-sol vu la présence d’un toit imperméable (argile, limons...). Une conduite traversant
la couche imperméable implique donc une source jaillissante.

-7-
3 Propriétés pétrophysiques des roches
- Roche : agrégat de cristaux ou fragments de roches constitutifs de l’écorce terrestre.
- Sédiment : assemblage de grains déposés par l’eau, l’air ou la glace. Ces roches peuvent être
caractérisées par la taille des grains et leurs propriétés physiques (gravier, sable) ou par le
mécanisme de formation (alluvion).
- Sol : interface entre la roche et l’atmosphère. Cette couche contient souvent un mélange de matières
minérales et organiques sur lequel pousse la végétation.
3.1 Porosité – Perméabilité
3.1.1 Porosité (n, )
Porosité = n, = Vvides / Vtotal x 100%
où Vtotal est le volume total de la roche et Vvide le volume des vides qu’elle contient.
On définit aussi la porosité efficace, e, qui correspond à la porosité connectée. La porosité dépend
principalement de :
- la forme des grains : sphériques, allongés, angulaires ;
- la distribution des tailles ;
- l’intensité de la cimentation de la roche.
Exemple : arrangement cubique de grains sphériques (chaque grain touche six autres grains).
volume d’une sphère = (4/3) pi r3
volume d’un cube = (2r)3
Porosité = 47.64 %
Pour l’arrangement cubique le plus compact, la porosité chute à 25.95 %.
3.1.2 Perméabilité (k)
La perméabilité est la capacité d’une roche à transmettre un fluide. Les facteurs intervenants sont la
taille et la forme des grains, la porosité, et le gradient de pression du fluide. Tandis que la porosité
décrit les espaces dans lesquels le fluide peut se déplacer, la perméabilité intrinsèque (k) et la
conductivité hydraulique (K) décrivent la facilité qu’a un fluide de se déplacer dans une formation.
La porosité et la perméabilité ne sont pas reliées directement. Les argiles peuvent avoir une porosité
élevée (30 à 80%) mais des perméabilités très faibles tandis qu’un sable a une porosité plus faible (30
à 40%) mais une perméabilité forte. L’unité de perméabilité est le m2, on utilise cependant une
valeur plus faible, le Darcy (1 Darcy = 10-12 m2). La valeur de la perméabilité intrinsèque ne dépend
que de la roche et pas du fluide.
La perméabilité du sol est un facteur important en ce qui concerne les infiltrations. Si l’eau ne peut
s’infiltrer, son accumulation à la surface peut provoquer des inondations. C’est ce qui arrive dans
les régions froides à la fonte des neiges. Le sol est encore gelé et possède une perméabilité faible.
Toute l’eau de fonte des neiges et les pluies ruissellent donc uniquement à la surface et augmentent
la probabilité des crues et inondations.
3.1.3 Conductivité hydraulique (K)
La conductivité hydraulique, K, est reliée de manière étroite à la perméabilité. Contrairement à la
perméabilité qui n’est fonction que de la roche, la conductivité hydraulique dépend à la fois de la roche
et du fluide qui y circule. L’unité de la conductivité hydraulique est le m/s.
K=k f g /

-8-
= viscosité dynamique du fluide (1000 kg/m.s = Pa.s pour l’eau),
f = densité du fluide (1000 kg/m3 pour l’eau pure),
g = constante de la gravité (9.81 m/s2)
k = perméabilité intrinsèque (m2) ou Darcy (1 Darcy = 10-12 m2)

- Un fluide plus visqueux diminue la conductivité hydraulique.


- Un fluide plus dense (plus lourd) augmente la conductivité hydraulique.
- Une roche plus perméable possède une conductivité hydraulique plus élevée.
- Des fluides avec des compositions différentes (eau, eau salée, hydrocarbures) peuvent induire des
conductivités hydrauliques différentes dans une même roche.
- Selon le type de roche (peu perméable ou très perméable), la conductivité hydraulique peut varier
entre 10-14 m/s et 10-1 m/s).

Voici quelques exemples de valeurs de la porosité associées à celles du coefficient de conductivité


hydraulique :
Sol Porosité Conductivité hydraulique (m/s)
Sable grossier 27% 3 x 10-3
Sable moyen 32% 5 x 10-4
Sable fin 34% 1 x 10-4
Silt (sable très fin) 40% 2 x 10-6
Argile 50% 10-8

3.2 Milieu isotrope - anisotrope


Un milieu est isotrope lorsque ses caractéristiques physiques (perméabilité, granulométrie en
particulier) sont constantes dans les trois directions de l’espace. Dans le cas contraire le milieu est
anisotrope. La définition d’isotropie est dépendante de la taille du réservoir considéré. A l’échelle
millimétrique un aquifère formé de cailloux centimétriques est anisotrope. A l’échelle métrique ce
même aquifère aura un comportement parfaitement isotrope. La définition d’un volume unitaire
d’écoulement doit donc être assez grande par rapport aux dimensions des vides où l’eau circule afin
de permettre la continuité de l’écoulement.

-9-
Dans un milieu isotrope, la conductivité hydraulique est identique dans toutes les directions de
l’espace (x, y, z). Dans un milieu anisotrope, la conductivité hydraulique varie selon certaines
directions préférentielles, par exemple les couches sédimentaires.

3.3 Conductivité hydraulique moyenne


Il est souvent utile de combiner la conductivité hydraulique de plusieurs formations adjacentes et
de définir une conductivité équivalente, par exemple quand un aquifère est constitué de plusieurs
couches aux propriétés différentes. Selon que le flux est perpendiculaire ou parallèle au courant on
obtient les conductivités équivalentes :

- Conductivité moyenne lorsque le flux est parallèle à une série de couches d’épaisseur mi et de
conductivité Ki :
<Kparallèle> = miKi / mi
- Conductivité moyenne quand le flux est perpendiculaire aux couches :
<Kperpendiculaire> = mi / mi/Ki)

4 Transport d’un fluide en milieu poreux


L’eau des rivières se déplace à des vitesses de 5 à 15 kilomètres par heure. Dans un aquifère l’eau se
déplace à une vitesse de quelques centimètres par jour (soit quelques mètres par an) à quelques
mètres par jour (SIERG par exemple). L’eau souterraine ne se déplace que s’il existe une différence
de pression (ou un gradient hydraulique non nul) entre deux points et si la porosité de la roche est
suffisamment bien connectée. La valeur du gradient hydraulique détermine à quelle vitesse l’eau
circule d’un point à un autre.

4.1 Expérience de Darcy


En 1856 Henri Darcy a publié une expérience de transfert d’eau à travers un milieu poreux dans un
livre intitulé « Les fontaines publiques de la ville de Dijon ». Dans son expérience il a mesuré le
flux d’eau à travers un filtre composé de sable. Darcy a relié le flux à la section (aire) du filtre et au
gradient hydraulique. Il a appelé conductivité hydraulique la constante qui relie ces paramètres.

Surface

Niveau de référence

Figure 6 : Dispositif l’expérience de Darcy


Les résultats de l’expérience de Darcy sont les suivants :
1. Q est proportionnel à la surface A (A0) du filtre.
2. Q est proportionnel à h  h1 – h2  .

- 10 -
3. Q est inversement proportionnel à L S la longueur du filtre.
4. La constante de proportionnalité (k) dépend du matériau poreux. k dépend de la taille des
grains et de la connectivité des pores.
Plus généralement cette loi s’écrit :

Q  k.i.A (1)

h
Q  k. .A (2)
S
On définit enfin la transmissivité qui est le produit entre la conductivité hydraulique et l’épaisseur
de l’aquifère :

T  k.H m2 s  (3)

Figure 7 : Application de la loi de Darcy sur le terrain. Calcul du gradient hydraulique, i, avec deux
puits d’observation, 1 et 2.

Limites de la loi de Darcy : En général, la loi de Darcy considère que l’eau se propage dans un milieu
homogène et continu, et que la structure des particules solides est microscopique par rapport au
champ d’observation. La loi de Darcy ne s’applique donc pas à l’écoulement en milieu fissuré.

4.2 Mesures du gradient hydraulique


Un piézomètre est un tube enfoncé sous terre et qui mesure la hauteur de la surface hydraulique en
un point donné. Le gradient hydraulique est égal à la différence de hauteur de cette surface divisée
par la distance entre deux points de mesure.
La perméabilité des matériaux peut varier sur au moins 14 ordres de grandeur. Ce paramètre est
mesuré in situ ou au laboratoire par des perméamètres. Il y a cependant deux problèmes avec les
mesures de laboratoire. Le premier, d’ordre purement technique, est que les conditions ne sont pas
les mêmes qu’en profondeur et il faut donc recompacter la roche. Le second problème est qu’on
trouve en laboratoire des valeurs de perméabilité 10 à
1000 fois plus faibles que dans la nature. Ceci résulte souvent du fait que le milieu naturel est bien
plus grand que l’échantillon de laboratoire et peut contenir une porosité secondaire dans des
fractures.

- 11 -
4.3 Application de la loi de Darcy

4.3.1 Calcul de la ligne piézométrique


Considérons le schéma de la figure suivante, où la position de la ligne piézométrique est définie
par y et l’axe des abscisses représente la distance entre deux aquifères communicants.

Figure 8 : Ligne piézométrique entre deux aquifères.

Il est nécessaire de faire des hypothèses avant d'appliquer la loi de Darcy :


- Le gradient hydraulique i est faible et donc ds = dx,
- La vitesse verticale est négligeable (conséquence de la première hypothèse)

Le profil vertical de vitesse est uniforme, la vitesse horizontale est constante selon la direction
verticale. Le gradient hydraulique s'écrit alors :

dy dy (4)
i  ds  dx

En régime permanent, le débit unitaire s'exprime :


dy
Q  k.y. (5)
dx
d'où, par séparation de variable :

R H
dy
Q  k.y.  Q.dx  k.y.dy (6)
dx 0 h

R H
dy
Q  k.y.  Q.dx  k.y.dy (7)
dx 0 h

 h2 
k
Q H 2
(8)
2R
Cette relation nous permet, par exemple, d'évaluer le débit d'une galerie filtrante, parallèle à une
rivière.
L'équation de la ligne piézométrique peut alors s'écrire en fonction des seuls paramètres
géométriques h, H et R. En remplaçant Q par l'expression précédente et en utilisant les conditions
aux limites, on obtient :

- 12 -
R.  y 2  h 2 
x
H 2 2 h (9)
x
y H 2
 h  h
2 2

R
4.3.2 Puits en nappe libre

Figure 9 : Puits en nappe libre.

À partir d'un pompage Q en régime permanent dans une nappe libre de hauteur H, nous observons
un rabattement h, stabilisé à long terme. L'affaissement de la nappe est appelé cône d'affaissement
et l’on définit par débit spécifique le rapport Q/∆h et par rabattement spécifique, le rapport ∆h/Q.
Selon la loi de Darcy :

Q  k.i.A (10)

où A est l'aire d'alimentation à une position x, équivalente à l'aire d'un cylindre circulaire de
rayon x et de hauteur y. Donc cette surface s'évalue par :

A  2.x.y (11)

avec les mêmes hypothèses que précédemment, quant à l'applicabilité de la loi de Darcy :
dy
Q  2.k . .x.y. (12)
dx

en séparant les variables et en intégrant :


R H H
dy Q y.y
  dx   2.k . .y.dy  Q.ln x  2.k . .
R
Q  2.k . .x.y. (13)
dx r x h
r
2h

D’où, finalement :

k. .  H 2  h2 
Q  (14)
 
ln R r

- 13 -
Le rayon R n'a pas de limite théoriquement définie en raison de la forme asymptotique du cône. En
régime permanent toutefois, le rayon d'influence R est considéré comme l'endroit où l'affaissement
ou rabattement est négligeable. Le fait de ne pas connaître avec précision cette limite n'a pas une
influence forte sur la valeur du débit. En effet, le rapport R/r est peu sensible puisqu'il agit par son
logarithme. En pratique, on évalue le rayon d'influence par la formule empirique de Sichardt
(attention c’est une formule empirique et non mathématique) :

R  3000 H  h k (15)

Discussion de la formule de Dupuit


L'augmentation du diamètre du puits augmente la capacité en débit du puits. Cependant
l’évaluation de cette augmentation ne peut se faire sans tenir compte de l’évolution de la hauteur
piézométrique dans le puits ni du rayon d’influence :
- Le débit est directement proportionnel à la perméabilité.
- L'épaisseur H de la nappe augmente la capacité de pompage du puits.

Conditions d'exploitation d'un puits


Le débit de pompage ne peut être forcé au-delà d'une limite où il crée un écoulement tellement
intense près du puits lui-même que les grains du sol les plus petits se déplacent vers les vides et
ainsi diminuent la perméabilité du sol à cet endroit. Il s'agit d'un colmatage irréversible. Sichardt a
établi la limite de la vitesse de filtration comme étant une vitesse critique à ne pas dépasser :
k
v
c
m s (16)
15

Le débit critique se calcule en fonction du rayon du puits :

2. .r.hc k
Q 
c
m s  appelé aussi condition de Sichardt 
3
(17)
15
k étant en m/s et r et h en m.
Le débit critique peut être augmenté par l'augmentation proportionnelle du rayon du puits. Si on
porte en graphique la formule de Dupuit en mettant en relation le débit et le rabattement, et la
condition de Sichardt, on visualise la zone d'exploitation.

Figure 10 : Zone d'exploitation d'un puits.

- 14 -
En pratique, en prenant des précautions, on peut augmenter la perméabilité autour du puits en
dépassant Qc pour une courte période de temps. De par la nature des sols à granulométrie variée,
on peut essayer d'entraîner les particules fines ; il s'agit d'un pompage de formation.
4.3.3 Puits artésien ou en nappe captive

Figure 11 : Puits en nappe captive


De même que précédemment pour les nappes libres, selon la loi de Darcy :

Q  k.i.A (18)

où A est l'aire d'alimentation à une position x, équivalente à l'aire d'un cylindre circulaire de
rayon x et de hauteur e, l'épaisseur de l'horizon poreux. Donc cette surface s'évalue par :

A  2.x.e (19)

avec les mêmes hypothèses que précédemment, quant à l'applicabilité de la loi de Darcy :
dy
Q  2.k . .x.e. (20)
dx

en séparant les variables et en intégrant :


R H
dy Q
  dx   2.k . .e.dy  Q.ln x
R H
Q  2.k . .x.y.  2.k . .e.y (21)
dx r x h
r h

D’où, finalement :

2.k. .e.H  h


Q (22)
 
ln R r

Donc Q est directement proportionnel au rabattement (H - h). Dans la pratique cette formule est
limitée aux cas où :
He
Hh (23)
4

Les conditions de vitesse et de débit critiques et ce qui en découle restent les mêmes que pour le
cas des nappes libres.
4.3.4 Évaluation de la transmissivité et de la perméabilité d'une nappe aquifère
On définit la transmissivité d'une nappe par les produits :

- 15 -
T  k.e : pour une nappe captive  m2 s 
(24)
T  k.H : pour une nappe libre  m2 s 

C'est une mesure de diffusibilité de l'eau dans le sous-sol. Si le rabattement (H - h) est faible la
formule suivante s'applique en nappe libre dans toute la zone du cône de rabattement :
y H Hy
Q  2,73.T.  2,73.T.
x R (25)
log 10   log 10  
R
   x 

En portant sur papier semi-logarithmique des mesures piézométriques H - y prises à des positions
x du centre du puits, on obtient le graphique suivant.

Figure 12 : Détermination du rayon d'influence, de la perméabilité et de la transmissivité à partir


de mesures piézométriques.
De la relation précédente, on tire :
R
Q.log 
10  
T  x  (26)
2,73.H  y 

Dans un cycle logarithmique 10 - 100, log10(R/x ) = 1 et la différence de hauteur piézométrique ∆H


est mesurée à partir des valeurs correspondant respectivement à x =10 et x = 100, donc la
transmissivité T s'écrit :

Q (27)
T  2,73.H

la perméabilité devient donc :

T (28)
kH

et le rayon d'influence R est lu sur le graphique à l'endroit où la droite logarithmique intercepte


l'abscisse (voir figure 12).

Il est aussi possible de déterminer le coefficient k sur le terrain, à partir de deux mesures
piézométriques y1 et y2 prises en s'éloignant du puits à des positions x1 et x2. À partir des formules
(24) et (26), on tire :

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- en nappe libre :

log 10 x2 x

  (29)
k  0,73.Q. 1

 y  y 
2 2
2 1

En nappe captive :

k  0,73.Q.
 
log 10 x2 x
1 (30)
2.e.  y 2  y1 

Figure 13 : Positions et hauteurs piézométriques

- 17 -
6 Définitions
Un aquifère est une région du sous-sol saturée en eau.

Un aquifère confiné (= nappe captive) est une formation saturée limitée par deux couches
imperméables qui restreignent les mouvements de l’eau. Quand on pompe dans un tel aquifère, le
niveau de l’eau change rapidement, puis est restauré quand le pompage cesse.

Un aquifère libre (ou nappe libre) est limité par une couche imperméable à sa surface inférieure,
mais reste libre sur sa surface supérieure.

Un aquifère perché se forme quand une lentille de roche peu perméable se situe au-dessus de la
surface piézométrique régionale. La roche imperméable bloque l’infiltration en profondeur de l’eau.

La conductivité hydraulique décrit la vitesse (distance par unité de temps) à laquelle l’eau se
déplace à travers un sol ou un aquifère. Cette vitesse varie selon le type de roche, la porosité, la pente
de la surface piézométrique et le degré d’interconnexion des pores.

Un cône de dépression est un rabattement du niveau piézométrique autour d’un puits ou d’un
groupe de puits en réponse à un pompage.

L’eau souterraine est l’eau qui occupe les vides, fractures et tout autre espace entre les particules
solides de la roche.

La frange capillaire est la partie inférieure de la zone non saturée où l’eau remonte par capillarité
depuis la zone saturée.

Le gradient hydraulique est la pente de la surface piézométrique. L’eau se déplace toujours par
gravité des régions de surface piézométrique élevée vers les creux de cette surface.

La recharge est l’eau qui s’infiltre dans le sol et atteint éventuellement la région saturée. La recharge
varie considérablement selon la quantité d’eau qui tombe sous forme de précipitations, les
circulations superficielles (irrigation, lac, rivière), le type et l’importance de la végétation, la
fréquence d’alimentation et la perméabilité et profondeur de la zone non saturée.

La perméabilité est la propriété d’une roche ou d’un sol poreux qui contrôle la facilité du
déplacement d’un fluide. Graviers ou grés ont une perméabilité élevée tandis que marnes et argiles
ont une perméabilité faible.

La porosité est le pourcentage de vides dans une roche ou un sol. Elle détermine la quantité d’eau
qui peut être stockée. Par exemple un aquifère de 100 mètres d’épaisseur et de 20% de porosité peut
stocker une lame d’eau de 20 mètres d’épaisseur.

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La zone saturée est la portion du sous-sol dont toute la porosité est remplie par de l’eau et ne contient
pas d’air.
La zone non saturée est la partie du sous-sol située entre la surface et la zone saturée et dont les
interstices sont remplis d’un mélange d’air et d’eau.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIE

[1] ASTIER. J. L. 1971. Géophysique appliquée à l’hydrogéologie.

[2] BANTON O., BANGOY L.M. 1997. Hydrogéologie. Multiscience environnementale des eaux
souterraines.

[3] DOMENICO P.A, SCHWARTZ F.W. 1990. Physical and chemical hydrogeology.

[4] de MARSILY, G. 1981. Hydrogéologie quantitative, Masson.

[5] RAMADE F.1998. Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’eau.

[6] ROCHE M. F.1986. Dictionnaire français d’hydrologie de surface.

[7] RENARD F., 2014, Cours d’hydrogéologie

[8] HISCOCK, K. 2005. Hydrogeology : Principles and practice. Blackwell Science.

[9] CASTANY G., Hydrogéologie. Principes et méthodes. Coll. Sciences sup., Dunod, Paris, 238 p.,
1998.

[10] VAUBOURG P., MARGAT, J. 1997. Lexique d’hydrogéologie.

[11] GILLI É., MANGNAN Ch., MURDY J.,

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