Reconstitution D'un Violon
Reconstitution D'un Violon
Reconstitution D'un Violon
DOSSIER HISTORIQUE.
DOSSIER TECHNIQUE.
I. RECONSTITUTION DU CONTOUR.................................................................................... 55
Postulat de la recherche............................................................................................................. 56
Restitution des décorations......................................................................................................... 57
Analyse des proportions et tracé de l’instrument.......................................................................... 62
La grande basse d’Andrea Amati................................................................................................74
II. FABRICATION................................................................................................................... 81
La couronne d’éclisse................................................................................................................ 83
Le fond et la table......................................................................................................................89
La tête et le manche..................................................................................................................102
Assemblage et finitions........................................................................................................... 106
Le vernis................................................................................................................................. 112
Conclusion.............................................................................................................................115
Remerciements...................................................................................................................... 116
Bibliographie.........................................................................................................................117
INTRODUCTION.
LES ORIGINES
DU VIOLONCELLE.
Archive de la ville de
Crémone. Fond notarial
de Giovanni Baptista
Bonetti daté du 27
février 1539.
f. 1130 #617 - Charta
Locationis.
HISTORIQUE Andrea Amati à travers les archives de la ville de Crémone
CONTEXTE POLITIQUE.
Catherine de Médicis.
Henry II.
François II.
Charles IX.
Portrait de Charles IX peint par François
Clouet en 1561.
atherine de Médicis profite du jeune âge de Charles IX (10
C ans) pour se saisir du pouvoir. Avec adresse, elle ne demande
pas le titre de régente qui exigerait un débat au parlement. Elle
s'adjuge celui de "gouvernante de France" qu'elle crée pour la
circonstance. Aussitôt, elle
Contexte politique HISTORIQUE
Massacre de la michelade, à
Nîmes, perpétré par des
émeutiers protestants faisant 80
à 90 victimes catholiques.
HISTORIQUE Contexte politique
CONTEXTE MUSICAL.
Musique vocale.
Josquin Des Prés.
La chanson polyphonique.
Musique religieuse.
Musique instrumentale.
Les instruments solistes, luth et claviers :
La musique d’ensemble :
Les danseries :
MYTHE OU REALITE ?
L’analyse purement historique de cette commande ne permet pas
d’en prouver la véracité car, à ce jour, aucun document d’archive ne rend
compte de cet achat et les dits instruments n’apparaissent pas dans les deux
inventaires des instruments de la chambre du roi effectués en 1673 et 1729.
François Lesure.
Il est en effet troublant que la première trace qui ait été trouvée
dans la littérature remonte à 1780, soit plus de deux siècles après la
date supposée de la commande. Elle représente quelques lignes
glissées dans l’Essais sur la musique de J.B de Laborde : « Les
meilleurs violons que nous ayons encore sont ceux que Charles IX, roi
de France, fit faire à Crémone par le fameux Amati, et que (sic) ce sont
encore les plus beaux modèles possibles ». Pour monsieur Lesure,
« tout commence […] avec ces quelques lignes ». Cet extrait est repris
presque au mot à mot dans l’Art du faiseur d’instrument publié dans
l’En
Mythe ou réalité ? HISTORIQUE
ne permettent pas non plus d’affirmer comme notre auteur que tout est
une pure invention de la fin du 18ème siècle. On ne peut en effet,
s’appuyer sur l’absence de preuve authentifiant la commande pour
démontrer que cette dernière n’a jamais eu lieu.
Il nous faut maintenant nous pencher sur la critique que
monsieur Moens fait des « pièces à convictions » que représentent les
instruments conservés.
Karel Moens.
’ « analyse des instruments conservés » se veut être « un
L examen approfondi et critique ». Karel Moens se penche sur
huit instruments attribués à Andrea Amati et décorés aux
armes et devise de Charles IX. L’auteur démontre que tous les
instruments sont faux en s’appuyant sur une description minutieuse et
la comparaison des instruments entre eux.
Il me semble qu’il n’est pas nécessaire ici de reprendre en
détail l’analyse de chaque instrument, d’autant plus que ce sont les
mêmes arguments qui reviennent tout au long de l’article. Aussi me
contenterais-je de traiter l’argumentation de l’auteur en présentant les
raisons principales qu’il donne à sa réfutation de l’authenticité des
instruments conservés.
Violon d’Oxford
Violon de Crémone
Mythe ou réalité ? HISTORIQUE
Violon de Crémone
Violon d’Oxford
Les différences ne me
semblent pas non plus
significatives.
HISTORIQUE Mythe ou réalité ?
Si l’on compare
maintenant les violons
d’Oxford et de Carlisle, on
peut relever quelques
différences, mais celles-ci
Violon d’Oxford sont très légères. Les anges Violon de Carlisle
du violon d’Oxford ont les
ailes peintes et le cordon doré
alors que ceux du violon de
Carlisle ont les ailes dorées et
le cordon peint. Le médaillon
au dessous du cordier
entourant le blason du violon
d’Oxford est entouré d’un
Violon de Carlisle liseré qui n’existe pas sur le Violon d’Oxford
violon de Carlisle.
Mis à part ces détails, les peintures sont identiques. L’alto
d’Oxford et le violoncelle de monsieur Schmitt partagent également
ces décorations avec toutefois les quelques différences discrètes qui
rendent chaque instrument unique.
Violoncelle de
M. Schmitt
Alto d’Oxford
Selon Moens, « les ouïes ont été recoupées pour leur donner un
aspect archaïque ». Cet argument est repris à l’analyse de chaque
instrument et vise à remettre en question l’attribution des instruments à
Andrea Amati. Ici, Moens va plus loin que la simple remise en
question de la commande de Charles IX, il veut démontrer qu’il
n’existe plus aucun instrument original d’Andrea Amati. Il s’oppose
alors à tous les experts qui reconnaissent dans ce modèle d’f un
élément caractéristique du luthier.
Les différents modèles d’f des instruments présentés sont très
ressemblants et il est presque certain que le même modèle ait été
utilisé dans la construction des trois violons.
Par ailleurs, il me paraît fort peu probable que l’on ait pu
obtenir un tel f par recoupage d’un autre modèle qui aurait
nécessairement
Mythe ou réalité ? HISTORIQUE
Instrument témoin :
Table Fond Différences Violon Table Fond Différences
a 354,6 355 0,4 de
Crémone
b 167,5 166,3 1,2
a 351 351 0
c 105,5 104,9 0,6
b 163 162,5 0,5
d 203,4 205 1,6
c 105 107,5 2,5
Violon de Domenico Montagnana, Venise,
XVIIème siècle. d 199 200 1
I. RECONSTITUTION DU CONTOUR
RECONSTITUTION DU CONTOUR Postulat de la recherche
Postulat de la recherche.
Par chance, les décorations sont en très bon état. Leur restitution
permettra de retrouver la largeur originale du violoncelle au niveau des cc
et d’établir une première approximation du contour de l’instrument avant
recoupage.
Une analyse des proportions du résultat ainsi obtenu devrait alors,
grâce aux recherches de monsieur Denis, conduire à une reconstitution
assez précise du contour original de l’instrument.
Restitution des décorations RECONSTITUTION DU CONTOUR
RESTITUTION
DES DECORATIONS.
Analyse.
omme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, ce
C violoncelle n’est pas le seul instrument construit pour Charles
IX qui ait été conservé. Les décorations du violon de Carlisle
par exemple, sont particulièrement bien préservées :
Mise en œuvre.
P our reconstituer les peintures, j’utilise une photo dont j’ai pris
soin au préalable de vérifier la fiabilité en lui superposant le
scan d’un plan de l’instrument dessiné à l’échelle par John
Pringle.
RECONSTITUTION DU CONTOUR Restitution des décorations
Préambule.
« Avec la fin du XVIème siècle, les fondements des mathématiques
héritées de la tradition grecque sont remis en question. Les conditions
théoriques préalable au développement industriel sont alors réunies. Au
cours du siècle suivant, de nouvelles pratiques commencent à se diffuser
dans le monde de l’artisanat, et dès le XVIIIème siècle, le chemin parcouru
achève d’effacer les dernières traces d’un passé devenu trop lointain.
Quand les violes et les violons apparaissent, ces changements ne se
sont pas encore produits. Les artisans d’alors travaillent selon des
principes qui n’ont pas été modifiés par le progrès des sciences… »
François Denis – Traité de lutherie
1. La notion de mesure.
2. La proportionnalité.
Soit D = G – M et D’ = M – P. Comme G = M + P, on a D = P.
Analyse des proportions et tracé de l’instrument RECONSTITUTION DU CONTOUR
• La section arithmétique :
• La section géométrique :
• La section harmonique :
• La section sous-harmonique :
Section géométrique :
Section harmonique :
Section sous-harmonique :
Analyse des proportions et tracé de l’instrument RECONSTITUTION DU CONTOUR
3. L’ordonnance.
Longueur = 782 mm
Largeur de la partie haute = 391 mm
Largeur au niveau des cc = 277 mm
Largeur de la partie basse = 489 mm
Plus petit écart entre les ff = 163 mm
Plus grand écart entre les ff = 293 mm
LA GRANDE BASSE
D’ANDREA AMATI.
II. FABRICATION
La couronne d’éclisses FABRICATION
LA COURONNE
D’ECLISSES.
Le moule.
Serrage à la ficelle.
FABRICATION La couronne d’éclisses
Montage « en l’air ».
Gabarits de Stradivari.
L es éclisses sont alors pliées sur le fer en ayant pris soin de les
humidifier légèrement à l’aide d’une éponge au niveau des
contre-courbes des coins et sur toute la longueur des cc. Si
elles sont trop humides, elles risquent de gondoler ou de casser. En
effet, à cause de l’évaporation rapide de l’eau qu’il contient, le bois se
rétracte rapidement et craque ou se déforme suivant sa nervosité. A
l’inverse, si le bois n’est pas humidifié, il n’est pas assez souple pour
encaisser les contre-courbes des coins et des cc.
Une fois les éclisses collées, les becs de coins sont mis de
longueur au rabot.
La couronne d’éclisses FABRICATION
Les contre-éclisses.
LE FOND
ET LA TABLE.
Les Joints.
Le tracé du contour.
L’ébauchage.
Préparation du filetage.
Filetage.
Violon de
Auguste Sébastien Bernardel - 1851
Filets en érable et ébène.
Basse de viole
de Pieter Rambout - 1742
Filets en fanons de baleine.
FABRICATION Le fond et la table
Une fois les trois brins collés, les plaques de filets sont
débitées au trusquin.
Je trace ma mortaise au
trusquin à deux lames à
l’exception des onglets qui sont
marqués à la gouge. Je
coupe alors la mortaise au canif
avant de l’évider à l’aide d’un
petit bédane.
La gorge.
L’arête de la gorge se
décalait naturellement lors du
roulage du bord.
Il en résultait un
amincissement des bords sauf au
niveau des coins et du talon qui
demeuraient plus épais.
Ceci explique pourquoi le
point le plus profond de la gorge
se trouve après le filet : on
comprend bien que si, comme sur
la plupart des instruments
construits avec la méthode
française, ce point était au niveau
du filet, l’épaisseur du bord serait
trop fine pour une même
profondeur de gorge.
Ragréage « à la française » :
Le fond et la table FABRICATION
Les voûtes.
Voûte originale :
La barre.
LA TÊTE
ET LE MANCHE.
Sculpture de la tête.
Le collage du manche.
ASSEMBLAGE
ET FINITIONS.
Coffrage.
Tasseau original d’un violoncelle de
Stradivari.
La touche.
usqu’au 18ème siècle, c’est avec la touche que l’on réglait le
J renversement. Cela ne signifie pas nécessairement que le plat de
manche était dans le prolongement du bord de table. Une partie
du renversement pouvait très bien être obtenue par inclinaison du
manche.
Le degré d’inclinaison du manche était très variable et il
n’existait pas de standard.
Roulage de bord.
Taille du manche.
LE VERNIS.
La teinte de fond.
Préparation du bois.
Vernissage.
Séchage de la laque de
garance.
CONCLUSION
Au cours de mon apprentissage à l’Ecole Nationale de Lutherie, j’ai
pu aborder divers aspects du métier de luthier, de la fabrication à la
réparation. Cette formation a été considérablement enrichie par les
différents stages que j’ai pu effectuer ces deux dernières années, et sans
lesquels mon projet de fin d’étude n’aurait pas été possible.
C’est donc avec ce projet que s’achève cette troisième année, toute
immergée dans l’étude d’un auteur et d’un instrument replacés dans leur
contexte historique et musical. J’ai voulu rendre l’histoire bien présente
dans ce dossier, ne pouvant me résoudre à établir des frontières nettes entre
partie historique et partie technique, tant l’aspect « reconstitution » de ce
projet me poussait à les faire dialoguer.
La fabrication d’un violoncelle m’a fait découvrir un format
nouveau avec les contraintes qui y sont attachées. La démarche de
reconstitution que j’ai menée au cours de cette année, m’a permis d’aborder
le « montage baroque ». Enfin, le choix d’un instrument hors standard m’a
conduit à devoir redéfinir chaque cote et, ce faisant, à mieux les
comprendre. Je suis heureux d’avoir pu réaliser un projet personnel complet,
allant du dessin de la forme à la réalisation.
REMERCIEMENTS
« Un corpo alla ricerca dell’anima… » Ente Triennale Internaionale degli Strumenti ad Arco.
Cremona, 2005
« A Genealogy of the Amati Family of violin Makers, 1500 – 1740 ». Carlo Bonetti, trad.
Daniel Draley, 1989
Magazine The Strad, Août 2000, « Artistic alliance » par Roger Hargrave