Codage de L'information

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L'informatique au lycée Chapitre 3

http://ow.ly/2xKdB

Chapitre 3
Codage de l'information
3.1. Vocabulaire
Quelle que soit la nature de l'information traitée par un ordinateur (image, son, texte, vidéo), elle
l'est toujours sous la forme d'un ensemble de nombres écrits en base 2, par exemple 01001011.
Le terme bit (b minuscule dans les notations) signifie « binary digit », c'est-à-dire 0 ou 1 en
numérotation binaire. Il s'agit de la plus petite unité d'information manipulable par une machine
numérique. Il est possible de représenter physiquement cette information binaire par un signal
électrique ou magnétique, qui, au-delà d'un certain seuil, correspond à la valeur 1.
L'octet (en anglais byte ou B majuscule dans les notations) est une unité d'information composée
de 8 bits. Il permet par exemple de stocker un caractère comme une lettre ou un chiffre.
Une unité d'information composée de 16 bits est généralement appelée mot (en anglais word).
Une unité d'information de 32 bits de longueur est appelée mot double (en anglais double word,
d'où l'appellation dword).
Beaucoup d'informaticiens ont appris que 1 kilooctet valait 1024 octets. Or, depuis décembre
1998, l'organisme international IEC a statué sur la question1. Voici les unités standardisées :
• Un kilooctet (ko) = 1000 octets
• Un mégaoctet (Mo) = 106 octets
• Un gigaoctet (Go) = 109 octets
• Un téraoctet (To) = 1012 octets
• Un pétaoctet (Po) = 1015 octets

3.2. Les bases décimale, binaire et hexadécimale

Nous utilisons le système décimal (base 10) dans nos activités quotidiennes. Ce système est basé
sur dix symboles, de 0 à 9, avec une unité supérieure (dizaine, centaine, etc.) à chaque fois que dix

1 http://physics.nist.gov/cuu/Units/binary.html

Didier Müller 3-1 août 2013


Codage de l'information

unités sont comptabilisées. C'est un système positionnel, c'est-à-dire que l'endroit où se trouve le
symbole définit sa valeur. Ainsi, le 2 de 523 n'a pas la même valeur que le 2 de 132. En fait, 523 est
l'abréviation de 5·102+2·101+3·100. On peut selon ce principe imaginer une infinité de systèmes
numériques fondés sur des bases différentes.
En informatique, outre la base 10, on utilise très fréquemment le système binaire (base 2) puisque
l'algèbre booléenne est à la base de l'électronique numérique. Deux symboles suffisent : 0 et 1.
On utilise aussi très souvent le système hexadécimal (base 16) du fait de sa simplicité
d'utilisation et de représentation pour les mots machines (il est bien plus simple d'utilisation que le
binaire). Il faut alors six symboles supplémentaires : A (qui représente le 10), B (11), C (12), D (13),
E (14) et F (15)
Le tableau ci-dessous montre la représentation des nombres de 0 à 15 dans les bases 10, 2 et 16.

Décimal 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Binaire 0000 0001 0010 0011 0100 0101 0110 0111 1000 1001 1010 1011 1100 1101 1110 1111
Hexadécimal 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 A B C D E F

3.2.1. Conversion décimal - binaire


Convertissons 01001101 en décimal à l'aide du schéma ci-dessous :

27 26 25 24 23 22 21 20

0 1 0 0 1 1 0 1

Le nombre en base 10 est 26 + 23 + 22 + 20 = 64 + 8 + 4 + 1 = 77.


Allons maintenant dans l'autre sens et écrivons 77 en base 2. Il s'agit de faire une suite de
divisions euclidiennes par 2. Le résultat sera la juxtaposition des restes. Le schéma ci-dessous
explique la méthode mieux qu'un long discours :

77 s'écrit donc en base 2 : 1001101.


Si on l'écrit sur un octet, cela donne : 01001101.

Didier Müller 3-2 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

3.2.2. Conversion hexadécimal - binaire


Pour convertir un nombre binaire en hexadécimal, il suffit de faire des groupes de quatre bits (en
commençant depuis la droite). Par exemple, convertissons 1001101 :

Binaire 0100 1101


Pseudo-décimal 4 13
Hexadécimal 4 D

1001101 s'écrit donc en base 16 : 4D.


Pour convertir d'hexadécimal en binaire, il suffit de lire ce tableau de bas en haut.

Exercice 3.1
Donnez la méthode pour passer de la base décimale à la base hexadécimale (dans les deux sens).
Exercice 3.2
Complétez le tableau ci-dessous. L'indice indique la base dans laquelle le nombre est écrit.

Bases
2 10 16
10010101102
200210
A1C416

Exercice 3.3
Écrivez en Python un programme permettant de convertir un nombre d'une base de départ d vers
une base d'arrivée a (d et a compris entre 2 et 16).

3.3. Représentation des nombres entiers


3.3.1. Représentation d'un entier naturel
Un entier naturel est un nombre entier positif ou nul. Le choix à faire (c'est-à-dire le nombre de
bits à utiliser) dépend de la fourchette des nombres que l'on désire utiliser. Pour coder des nombres
entiers naturels compris entre 0 et 255, il nous suffira de 8 bits (un octet) car 2 8=256. D'une manière
générale un codage sur n bits pourra permettre de représenter des nombres entiers naturels compris
entre 0 et 2n−1.

Exemples : 9 = 000001012, 128 = 100000002, etc.

3.3.2. Représentation d'un entier relatif


Un entier relatif est un entier pouvant être négatif. Il faut donc coder le nombre de telle façon que
l'on puisse savoir s'il s'agit d'un nombre positif ou d'un nombre négatif, et il faut de plus que les
règles d'addition soient conservées. L'astuce consiste à utiliser un codage que l'on appelle
complément à deux. Cette représentation permet d'effectuer les opérations arithmétiques usuelles
naturellement.

Didier Müller 3-3 août 2013


Codage de l'information

• Un entier relatif positif ou nul sera représenté en binaire (base 2) comme un entier naturel,
à la seule différence que le bit de poids fort (le bit situé à l'extrême gauche) représente le
signe. Il faut donc s'assurer pour un entier positif ou nul qu'il est à zéro (0 correspond à un
signe positif, 1 à un signe négatif). Ainsi, si on code un entier naturel sur 4 bits, le nombre
le plus grand sera 0111 (c'est-à-dire 7 en base décimale).
• Sur 8 bits (1 octet), l'intervalle de codage est [−128, 127].
• Sur 16 bits (2 octets), l'intervalle de codage est [−32768, 32767].
• Sur 32 bits (4 octets), l'intervalle de codage est [−2147483648, 2147483647].
D'une manière générale le plus grand entier relatif positif codé sur n bits sera 2n−1−1.

• Un entier relatif négatif sera représenté grâce au codage en complément à deux.

Principe du complément à deux


1. Écrire la valeur absolue du nombre en base 2. Le bit de poids fort doit être égal à 0.
2. Inverser les bits : les 0 deviennent des 1 et vice versa. On fait ce qu'on appelle le
complément à un.
3. On ajoute 1 au résultat (les dépassements sont ignorés).
Cette opération correspond au calcul de 2n−|x|, où n est la longueur de la représentation et |x| la
valeur absolue du nombre à coder.
Ainsi −1 s'écrit comme 256−1=255=111111112, pour les nombres sur 8 bits.

Exemple
On désire coder la valeur −19 sur 8 bits. Il suffit :
1. d'écrire 19 en binaire : 00010011
2. d'écrire son complément à 1 : 11101100
3. et d'ajouter 1 : 11101101
La représentation binaire de −19 sur 8 bits est donc 11101101.
On remarquera qu'en additionnant un nombre et son complément à deux on obtient 0. En effet,
00010011 + 11101101 = 00000000 (avec une retenue de 1 qui est éliminée).
Truc
Pour transformer de tête un nombre binaire en son complément à deux, on parcourt le nombre de
droite à gauche en laissant inchangés les bits jusqu'au premier 1 (compris), puis on inverse tous les
bits suivants. Prenons comme exemple le nombre 20 : 00010100.
1. On garde la partie à droite telle quelle : 00010100
2. On inverse la partie de gauche après le premier un : 11101100
3. Et voici −20 : 11101100

Le 4 juin 1996, une fusée Ariane 5 a explosé 40 secondes après l'allumage. La fusée et son
chargement avaient coûté 500 millions de dollars. La commission d'enquête a rendu son rapport au
bout de deux semaines. Il s'agissait d'une erreur de programmation dans le système inertiel de
référence. À un moment donné, un nombre codé en virgule flottante sur 64 bits (qui représentait la
vitesse horizontale de la fusée par rapport à la plate-forme de tir) était converti en un entier sur 16
bits. Malheureusement, le nombre en question était plus grand que 32768 (le plus grand entier que
l'on peut coder sur 16 bits) et la conversion a été incorrecte.

Exercice 3.4
1. Codez les entiers relatifs suivants sur 8 bits (16 si nécessaire) : 456, −1, −56, −5642.
2. Que valent en base dix les trois entiers relatifs suivants :
01101100
11101101
1010101010101010 ?

Didier Müller 3-4 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

Exercice 3.5
Expliquez ce rêve étrange (source de l'image : http://xkcd.com/571).

3.4. Représentation des nombres réels


En base 10, l'expression 652,375 est une manière abrégée d'écrire :
6·102 + 5·101 + 2·100 + 3·10-1 + 7·10-2 + 5·10-3.
Il en va de même pour la base 2. Ainsi, l'expression 110,101 signifie :
1·22 + 1·21 + 0·20 + 1·2-1 + 0·2-2 + 1·2-3.

3.4.1. Conversion de binaire en décimal


On peut ainsi facilement convertir un nombre réel de la base 2 vers la base 10. Par exemple :
110,1012 = 1·22 + 1·21 + 0·20 + 1·2-1 + 0·2-2 + 1·2-3 = 4 + 2 + 0,5 + 0,125 = 6,62510.
Exercice 3.6
Transformez 0,01010101012 en base 10.
Transformez 11100,100012 en base 10.

3.4.2. Conversion de décimal en binaire


Le passage de base 10 en base 2 est plus subtil. Par exemple : convertissons 1234,347 en base 2.
• La partie entière se transforme comme au § 3.2.1 : 123410 = 100110100102
• On transforme la partie décimale selon le schéma suivant :

0,347·2 = 0,694 0,347 = 0,0...


0,694·2 = 1,388 0,347 = 0,01...
0,388·2 = 0,766 0,347 = 0,010...
0,766·2 = 1,552 0,347 = 0,0101...
0,552·2 = 1,104 0.347 = 0,01011...
0,104·2 = 0,208 0,347 = 0,010110...
0,208·2 = 0,416 0,347 = 0,0101100...
0,416·2 = 0,832 0,347 = 0,01011000...
0,832·2 = 1,664 0,347 = 0,010110001...
0,664·2 = 1,328 0,347 = 0,0101100011...
0,328·2 = 0,656 0,347 = 0,01011000110...

On continue ainsi jusqu'à la précision désirée...


Attention ! Un nombre à développement décimal fini en base 10 ne l'est pas forcément en base 2.
Exercice 3.7
Transformez 0,562510 en base 2.
Transformez 0,1510 en base 2.
Transformer 12,910 en base 2.

Didier Müller 3-5 août 2013


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IEEE, que l'on


3.4.2. La norme IEEE 754
peut prononcer
«i3e»:
La norme IEEE 754 définit la façon de coder un nombre réel. Cette norme se propose de coder le
Institute of nombre sur 32 bits et définit trois composantes :
Electrical and • le signe est représenté par un seul bit, le bit de poids fort
Electronics
• l'exposant est codé sur les 8 bits consécutifs au signe
Engineers
• la mantisse (les bits situés après la virgule) sur les 23 bits restants

Certaines conditions sont toutefois à respecter pour les exposants :


• l'exposant 00000000 est interdit.
• l'exposant 11111111 est interdit. On s'en sert toutefois pour signaler des erreurs, on appelle
alors cette configuration du nombre NaN, ce qui signifie « Not a number ».
• il faut rajouter 127 (01111111) à l'exposant pour une conversion de décimal vers un nombre
réel binaire. Les exposants peuvent ainsi aller de −254 à 255.
La formule d'expression des nombres réels est ainsi la suivante :
(−1)^S * 2^(E − 127) * (1 + F)
• S est le bit de signe et l'on comprend alors pourquoi 0 est positif (−1^0=1),
• E est l'exposant auquel on doit bien ajouter 127 pour obtenir son équivalent codé,
• F est la partie fractionnaire.

Exemple
Traduisons en binaire, en utilisant la norme IEEE 754, le nombre −6,625.
• Codons d'abord la valeur absolue en binaire : 6,62510 = 110,10102
• Nous mettons ce nombre sous la forme : 1, partie fractionnaire
110,1010 = 1,101010·22 (22 décale la virgule de 2 chiffres vers la droite)
• La partie fractionnaire étendue sur 23 bits est donc 101 0100 0000 0000 0000 0000.
• Exposant = 127 + 2 = 12910 = 1000 00012

Signe Exposant Mantisse


1 1 0 0 0 0 0 0 1 1 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

En hexadécimal : C0 D4 00 00.

Le 25 février 1991, pendant la Guerre du Golfe, une batterie américaine de missiles Patriot, à
Dharan (Arabie Saoudite), a échoué dans l'interception d'un missile Scud irakien. Le Scud a frappé
un baraquement de l'armée américaine et a tué 28 soldats. La commission d'enquête a conclu à un
calcul incorrect du temps de parcours, dû à un problème d'arrondi. Les nombres étaient représentés
en virgule fixe sur 24 bits. Le temps était compté par l'horloge interne du système en dixième de
seconde. Malheureusement, 1/10 n'a pas d'écriture finie dans le système binaire : 1/10 = 0,1 (dans le
système décimal) = 0,0001100110011001100110011... (dans le système binaire). L'ordinateur de
bord arrondissait 1/10 à 24 chiffres, d'où une petite erreur dans le décompte du temps pour chaque
1/10 de seconde. Au moment de l'attaque, la batterie de missile Patriot était allumée depuis environ
100 heures, ce qui a entraîné une accumulation des erreurs d'arrondi de 0,34 s. Pendant ce temps, un
missile Scud parcourt environ 500 m, ce qui explique que le Patriot soit passé à côté de sa cible.

Didier Müller 3-6 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

3.5. Le code ASCII


La norme ASCII2 (on prononce généralement « aski ») établit une correspondance entre une
représentation binaire des caractères de l'alphabet latin et les symboles, les signes, qui constituent cet
alphabet. Par exemple, le caractère a est associé à 1100001 (97) et A à 1000001 (65).

La norme ASCII permet ainsi à toutes sortes de machines de stocker, analyser et communiquer de
l'information textuelle. En particulier, la quasi-totalité des ordinateurs personnels et des stations de
travail utilisent l'encodage ASCII. Le code ASCII de base représentait les caractères sur 7 bits (c'est-
à-dire 128 caractères possibles, de 0 à 127).

• Les codes 0 à 31 ne sont pas des caractères. On les appelle caractères de contrôle car ils
permettent de faire des actions telles que :
• retour à la ligne (Carriage return)
• bip sonore (Audible bell)
• Les codes 65 à 90 représentent les majuscules
• Les codes 97 à 122 représentent les minuscules (il suffit de modifier le 6ème bit pour passer
de majuscules à minuscules, c'est-à-dire ajouter 32 au code ASCII en base décimale).

2 American Standard Code for Information Interchange

Didier Müller 3-7 août 2013


Codage de l'information

Le code ASCII a été mis au point pour la langue anglaise, il ne contient donc pas de caractères
accentués, ni de caractères spécifiques à une langue. Le code ASCII a donc été étendu à 8 bits pour
pouvoir coder plus de caractères (on parle d'ailleurs de code ASCII étendu...). Cette norme s'appelle
ISO-8859 et se décline par exemple en ISO-8859-1 lorsqu'elle étend l'ASCII avec les caractères
accentués d'Europe occidentale, et qui est souvent appelée Latin-1 ou Europe occidentale.

Il existe d'autres normes que l'ASCII, comme l'Unicode par


exemple, qui présentent l'avantage de proposer une version
unifiée des différents encodages de caractères complétant l'ASCII
mais aussi de permettre l'encodage de caractères autres que ceux
de l'alphabet latin. Unicode définit des dizaines de milliers de
codes, mais les 128 premiers restent compatibles avec ASCII.

Dans le codage UTF-8, chaque point de code est codé sur une
suite d'un à quatre octets. Il a été conçu pour être compatible avec
certains logiciels originellement prévus pour traiter des caractères
d'un seul octet.

Didier Müller 3-8 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

Toutes ces normes différentes et leurs incompatibilités partielles sont la cause des problèmes que
l'on rencontre parfois avec les caractères accentués. C'est pour cette raison qu'il vaut mieux, quand
on écrit des courriels à l'étranger, n'utiliser que des caractères non accentués.

3.6. Codes correcteurs d'erreurs


Un code correcteur est une technique de codage basée sur la redondance. Elle est destinée à
corriger les erreurs de transmission d'un message sur une voie de communication peu fiable.
La théorie des codes correcteurs ne se limite pas qu'aux communications classiques (radio, câble
coaxial, fibre optique, etc.) mais également aux supports de stockage comme les disques compacts,
la mémoire RAM et d'autres applications où l'intégrité des données est importante.
Comment détecter et/ou corriger des erreurs ?
On peut transmettre un nombre soit en chiffres, soit en lettres :
1. On envoie « 0324614103 ». S'il y a des erreurs de transmission, par exemple si je reçois
« 0323614203 », je ne peux pas les détecter.
2. On envoie « zéro trente-deux quatre cent soixante et un quarante et un zéro trois ». S'il y
a des erreurs de transmission, par exemple si je reçois « zérb trente-deu quate cent
soixante en un quaranhe et on zéro tros », je suis capable de corriger les erreurs et de
retrouver le bon numéro.
Dans le premier cas, l'information est la plus concise possible. Dans le deuxième cas au contraire,
le message contient plus d'informations que nécessaire. C'est cette redondance qui permet la
détection et la correction d'erreurs.
Pourquoi ces codes ?
• Des canaux de transmission imparfaits entraînant des erreurs lors des échanges de données.
• La probabilité d'erreur sur une ligne téléphonique est de 10-7 (cela peut même atteindre
10-4). Avec un taux d'erreur de 10-6 et une connexion à 1 Mo/s, en moyenne 8 bits erronés
sont transmis chaque seconde...
Principe général
• Chaque suite de bits à transmettre est augmentée par une autre suite de bits dite « de
redondance » ou « de contrôle ».
• Pour chaque suite de k bits transmise, on ajoute r bits. On dit alors que l'on utilise un code
C(n, k) avec n = k + r .
• À la réception, les bits ajoutés permettent d'effectuer des contrôles.
Un exemple : le code ISBN
L'ISBN (International Standard Book Number) est un
numéro international qui permet d'identifier, de manière
unique, chaque livre publié. Il est destiné à simplifier la
gestion informatique des livres dans les bibliothèques,
librairies, etc.
Le numéro ISBN-10 se compose de quatre segments,
trois segments de longueur variable et un segment de longueur fixe, la longueur totale de l'ISBN
comprend dix chiffres (le 1er janvier 2007, la longueur a été étendue à 13 chiffres en ajoutant un
groupe initial de 3 chiffres).
Si les quatre segments d'un ancien code ISBN à 10 chiffres sont notés A - B - C - D :
• A identifie un groupe de codes pour un pays, une zone géographique ou une zone de langue.
• B identifie l'éditeur de la publication.
• C correspond au numéro d'ordre de l'ouvrage chez l'éditeur.
• D est un chiffre-clé calculé à partir des chiffres précédents et qui permet de vérifier qu'il n'y
a pas d'erreurs. Outre les chiffres de 0 à 9, cette clé de contrôle peut prendre la valeur X, qui
représente le nombre 10.

Didier Müller 3-9 août 2013


Codage de l'information

Calcul du chiffre-clé d'un numéro ISBN-10


• On attribue une pondération à chaque position (de 10 à 2 en allant en sens décroissant) et on
fait la somme des produits ainsi obtenus.
• On conserve le reste de la division euclidienne de ce nombre par 11. La clé s'obtient en
retranchant ce nombre à 11. Si le reste de la division euclidienne est 0, la clé de contrôle
n'est pas 11 (11 - 0 = 11) mais 0.
• De même, si le reste de la division euclidienne est 1, la clé de contrôle n'est pas 10 mais la
lettre X.
Le nombre 11 étant premier, une erreur portant sur un chiffre entraînera automatiquement une
incohérence du code de contrôle. La vérification du code de contrôle peut se faire en effectuant le
même calcul sur le code ISBN complet, en appliquant la pondération 1 au dixième chiffre de la clé
de contrôle (si ce chiffre-clé est X, on lui attribue la valeur 10) : la somme pondérée doit alors être un
multiple de 11.
Exemple
Pour le numéro ISBN (à 9 chiffres) 2-35288-041, quelle est la clé de contrôle ?

Code ISBN 2 3 5 2 8 8 0 4 1
Pondération 10 9 8 7 6 5 4 3 2
Produit 20 27 40 14 48 40 0 12 2

La somme des produits est 203, dont le reste de la division euclidienne par 11 est 5.
La clé de contrôle est donc 11 - 5 = 6. L'ISBN au complet est : 2-35288-041-6.
La vérification de la clé complète à 10 chiffres donne la somme pondérée 203 + 6 = 209, qui est
bien un multiple de 11.

3.6.1. La distance de Hamming


La distance de Hamming doit son nom à Richard Hamming. Elle est décrite dans un article
fondateur pour la théorie des codes. Elle est utilisée en télécommunication pour compter le nombre
de bits altérés dans la transmission d'un message d'une longueur donnée.
Richard Hamming
(1915-1998)
Exemple : la distance de Hamming entre 1011101 et 1001001 est 2 car deux bits sont différents.

Il est souhaitable d'avoir une certaine distance entre les mots envoyés, afin de détecter s'il y a eu
une erreur de transmission. Par exemple, si l'on a trois messages à transmettre de trois bits, il vaut
mieux choisir les codages qui sont à distance 2 les uns des autres, par exemple 000, 110 et 101. En
effet, si un seul bit est altéré, on recevra un message impossible. Par contre, en utilisant 000, 001 et
010, un bit altéré pourrait passer inaperçu.

3.6.2. Somme de contrôle


La somme de contrôle (en anglais « checksum ») est un cas particulier de contrôle par
redondance. Elle permet de détecter les erreurs, mais pas forcément de les corriger. Nous en avons
déjà vu un exemple avec le code ISBN-10.
Le principe est d'ajouter aux données des éléments dépendant de ces dernières et simples à
calculer. Cette redondance accompagne les données lors d'une transmission ou bien lors du stockage
sur un support quelconque. Plus tard, il est possible de réaliser la même opération sur les données et
de comparer le résultat à la somme de contrôle originale, et ainsi conclure sur la corruption
potentielle du message.
Bit de parité
Transmettons sept bits auxquels viendra s'ajouter un bit de parité. On peut définir le bit de parité
comme étant égal à zéro si la somme des autres bits est paire et à un dans le cas contraire. On parle

Didier Müller 3-10 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

de parité paire. Si la somme des bits est impair, c'est qu'il y a eu une erreur de transmission.
Exemple : 1010001 (7 bits) devient 11010001 (8 bits)
Cette approche permet de détecter les nombres d'erreurs impaires, mais un nombre pair d'erreurs
passera inaperçu.

3.6.3. Code de Hamming


Un code de Hamming permet la détection et la correction automatique d'une erreur si elle ne
porte que sur une lettre du message. Un code de Hamming est parfait, ce qui signifie que pour une
longueur de code donnée, il n'existe pas d'autre code plus compact ayant la même capacité de
correction. En ce sens, son rendement est maximal.
Structure d'un code de Hamming
• les m bits du message à transmettre et les n bits de contrôle de parité.
• longueur totale : 2n−1
• longueur du message : m = (2n−1)−n
• on parle de code x−y : x est la longueur totale du code (n+m) et y la longueur du message
(m)
• les bits de contrôle de parité Ci sont en position 2i pour i = 0, 1, 2,...
• les bits du message Dj occupe le reste du message.

7 6 5 4 3 2 1
D3 D2 D1 C2 D0 C1 C0
Structure d'un code de Hamming 7−4
Exemples de code de Hamming
• un mot de code 7−4 a un coefficient d'efficacité de 4/7 = 57 %
• un mot de code 15−11 a un coefficient d'efficacité de 11/15 = 73 %
• un mot de code 31−26 a un coefficient d'efficacité de 26/31 = 83 %
Retrouver l'erreur dans un mot de Hamming
Si les bits de contrôle de parité C2, C1, C0 ont tous la bonne valeur, il n'y a pas d'erreurs ; sinon la
valeur des bits de contrôle indique la position de l'erreur entre 1 et 7. Le code de Hamming présenté
ici ne permet de retrouver et corriger qu'une erreur.
Pour savoir quels bits sont vérifiés par chacun des bits de contrôle de parité, il faut construire le
tableau ci-dessous.
On numérote les lignes de 1 à x=2n−1 dans la colonne de droite (prenons comme exemple x=7),
puis on convertit chaque nombre en binaire et l'on écrit chaque bit dans les colonnes de gauche. On
colorie de la couleur de Ci les nombres de droite s'il y a un 1 dans dans la colonne Ci . Par exemple, 5
sera coloré en vert et en rouge, car sur la ligne du 5, il y a un 1 dans les colonnes C2 et C0.

C2 C1 C0 décimal
0 0 1 1•
0 1 0 2•
0 1 1 3••
1 0 0 4•
1 0 1 5••
1 1 0 6••
1 1 1 7•••

Didier Müller 3-11 août 2013


Codage de l'information

• C2 (en vert) colore les bits 4, 5, 6, 7. Ce sont les bits qu'il vérifie.
• C1 (en bleu) vérifie les bits 2, 3, 6, 7.
• C0 (en rouge) vérifie les bits 1, 3, 5, 7.
• On constate que chaque bit de données est coloré d'une manière différente. Cela permettra
de retrouver la position d'une erreur.
Exemple d'un code de Hamming 7-4
On souhaite envoyer le message 1010. Complétons le mot de Hamming correspondant :

7 6 5 4 3 2 1
1 0 1 0

C0 vaut 0 pour pouvoir rendre pair 1+1+0 (les bits d'indices 7, 5, 3).
C1 vaut 1 pour pouvoir rendre pair 1+0+0 (les bits d'indices 7, 6, 3).
C2 vaut 0 pour pouvoir rendre pair 1+0+1 (les bits d'indices 7, 6, 5).

7 6 5 4 3 2 1
1 0 1 0 0 1 0

Imaginons que l'on reçoive le mot 0010010 (le bit de poids fort a été altéré).
C0 a la mauvaise valeur, car 0+1+0+0 est impair, donc il y a une erreur en position 7, 5, 3 ou 1.
C1 a la mauvaise valeur, car 0+0+0+1 est impair, donc il y a une erreur en position 7, 6, 3 ou 2.
C2 a la mauvaise valeur, car 0+0+1+0 est impair, donc il y a une erreur en position 7, 6, 5 ou 4.
Écrivons le nombre binaire C2C1C0 où Ci vaut 0 si le bit de contrôle Ci a la bonne valeur et 1
sinon. On obtient ici 111, ce qui correspond à 7 en binaire. Le bit erroné est le numéro 7.

Que se passe-t-il si c'est un des bits de contrôle qui est altéré ? Imaginons que l'on ait reçu
1010011 (cette fois-ci, c'est le bit de poids faible qui a été altéré).
C0 a la mauvaise valeur, car 1+1+0+1 est impair. Il y a une erreur en position 7, 5, 3 ou 1.
C1 a la bonne valeur, car 1+0+0+1 est pair. Il n'y a pas d'erreur en position 7, 6, 3 et 2
C2 a la bonne valeur, car 1+0+1+0 est pair. Il n'y a pas d'erreur en position 7, 6, 5 et 4.
Ici, C2C1C0 vaut 001. Le bit erroné est donc le numéro 1.
Exercice 3.8
Vous voulez envoyer le mot 1011. Quels bits de contrôle devez-vous lui adjoindre et quelle
séquence transmettrez-vous alors ?
Exercice 3.9
Y a-t-il une erreur dans le mot suivant (Hamming 7−4) : 1101101 ?
Exercice 3.10
Soit un mot de Hamming 15−11 suivant :

15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
1 0 1 1 0 1 1 1 1 0 1 1 0 1 1

1. Quels sont les bits de contrôle de parité ?


2. Quelles positions contrôle chacun de ces bits ?
3. Quel est le message reçu ?
4. Est-ce que le message reçu correspond au message transmis ?

Didier Müller 3-12 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

3.7. Codage de Huffman


Le codage de Huffman (1952) est une méthode de compression statistique de données qui permet
de réduire la longueur du codage d'un alphabet. C'est un code de longueur variable optimal, c'est-à-
dire que la longueur moyenne d'un texte codé est minimale. On observe des réductions de taille de
l'ordre de 20 à 90%.
Le principe
Le principe de l'algorithme de Huffman consiste à recoder les octets rencontrés dans un ensemble
de données source avec des valeurs de longueur binaire variable.
L'unité de traitement est ramenée au bit. Huffman propose de recoder les données qui ont une
occurrence très faible sur une longueur binaire supérieure à la moyenne, et recoder les données très
fréquentes sur une longueur binaire très courte.
David A. Huffman
(1925-1999) Ainsi, pour les données rares, nous perdons quelques bits regagnés pour les données répétitives.
Par exemple, dans un fichier ASCII le « w » apparaissant 10 fois aura un code très long :
0101000001000. Ici la perte est de 40 bits (10 x 4 bits), car sans compression, il serait codé sur 8 bits
au lieu de 12. Par contre, le caractère le plus fréquent comme le « e » avec 200 apparitions sera codé
par 1. Le gain sera de 1400 bits (7 x 200 bits). On comprend l'intérêt d'une telle méthode.
De plus, le codage de Huffman a une propriété de préfixe : une séquence binaire ne peut jamais
être à la fois représentative d'un élément codé et constituer le début du code d'un autre élément.
Si un caractère est représenté par la combinaison binaire 100 alors la combinaison 10001 ne peut
être le code d'aucune autre information. Dans ce cas, l'algorithme de décodage interpréterait les 5
bits comme deux mots : 100-01. Cette caractéristique du codage de Huffman permet une codification
à l'aide d'une structure d'arbre binaire :

Un exemple d'arbre obtenu avec la phrase « this is an example of a huffman tree »

Méthode
Au départ, chaque lettre a une étiquette correspondant à sa fréquence (ou sa probabilité)
d'apparition. Il y a autant d'arbres (à 1 sommet) que de lettres.
L'algorithme choisit à chaque étape les deux arbres d'étiquettes minimales, soit x et y, et les
remplace par l'arbre formé de x et y et ayant comme étiquette la somme de l'étiquette de x et de
l'étiquette de y. La figure ci-dessous représente les étapes de la construction d'un code de Huffman
pour l'alphabet source {A, B, C, D, E}, avec les fréquences F(A)=15, F(B)=7, F(C)=6, F(D)=6 et
F(E)=5.

Didier Müller 3-13 août 2013


Codage de l'information

Le code d'une lettre est alors déterminé en suivant le chemin depuis la racine de l'arbre jusqu'à la
feuille associée à cette lettre en concaténant successivement un 0 ou un 1 selon que la branche suivie
est à gauche ou à droite. Ainsi, sur la figure ci-dessus, A=0, B=100, C=101, D=110, E=111.
Par exemple, le mot « ABBE » serait codé 0100100111. Pour décoder, on lit simplement la
chaîne de bits de gauche à droite. Le seul découpage possible, grâce à la propriété du préfixe, est 0-
100-100-111.
Ce principe de compression est aussi utilisé dans le codage d'image TIFF (Tagged Image Format
File) spécifié par Microsoft Corporation et Aldus Corporation.
Il existe des méthodes qui ne conservent pas exactement le contenu d'une image (méthodes non
conservatives) mais dont la représentation visuelle reste correcte. Entre autres, il y a la méthode
JPEG (Join Photographic Experts Group) qui utilise la compression de type Huffman pour coder les
informations d'une image.
Malgré son ancienneté, cette méthode est toujours remise au goût du jour, et offre des
performances appréciables.

Exercice 3.12
Construisez un codage de Huffman du message « ceciestuncodagedehuffman » (on a supprimé
les espaces et la ponctuation pour simplifier la construction). Il y a plusieurs codages de Huffman
possibles.
Vérifiez la propriété du préfixe.

3.8. QR Codes
Le code QR (ou QR code en anglais) est un code-barres en deux dimensions (ou code à matrice)
constitué de modules noirs disposés dans un carré
à fond blanc. Ce cours contient un QR code à
chaque début de chapitre. Le nom QR est
l'acronyme de l'anglais Quick Response, car son
contenu de données peut être décodé rapidement.
Le code QR a été créé par l'entreprise
japonaise Denso-Wave en 1994 pour le suivi des
pièces de voiture dans les usines de Toyota.
Les codes QR peuvent mémoriser des adresses
web, du texte, des numéros de téléphone, des SMS ou autres types de données lisibles par les

Didier Müller 3-14 août 2013


L'informatique au lycée Chapitre 3

smartphones et les téléphones mobiles équipés d'une application de lecture (lecteur de code QR ou
QR reader en anglais).
L'avantage du code QR est sa facilité et rapidité d'utilisation et de création. Pour lire un code QR,
il suffit de lancer l'application de lecture et viser le code dans le mobile. De nombreuses pages Web
offrent ces applications pour mobiles, généralement sans
frais.
En ce qui concerne l'écriture, il y a plusieurs sites web
qui permettent de générer librement les codes QR, par
exemple http://qrcode.kaywa.com/.
Ils peuvent stocker jusqu'à 7089 caractères
numériques, 4296 caractères alphanumériques ou 2953
octets. Par rapport au code-barres traditionnel qui ne peut
stocker que de 10 à 13 caractères, ils ont l'avantage de
pouvoir stocker beaucoup d'informations tout en étant
petits et rapides à scanner.
Le code QR est défini comme un standard ISO
(IEC18004).

Les cases noires et blanches servent à l'orientation du QR code. Grâce à ces trois carrés, l'image
peut être lue dans tous les sens.
L'information est codée selon le système Reed-Solomon et stockée dans la partie jaune. Certains
types de codes restent lisibles avec 30% de dégradation.
Dans la partie cyan se trouvent des informations sur le format.

Ce QR-Code
dessiné dans le
sable est tout à fait
valide. Essayez de
le scanner !

Idem pour ce QR-


code artistique !

Didier Müller 3-15 août 2013


Codage de l'information

Sources
[1] Dumas, Roch, Tannier, Varrette, Théorie des codes : Compression, cryptage, correction, Dunod,
2006
[2] Martin B., Codage, cryptologie et applications, Presses Polytechniques et Universitaires
Romandes (PPUR), 2004
[3] Comment ça marche, « Représentation des nombres entiers et réels »,
<http://www.commentcamarche.net/contents/base/representation.php3>
[4] Wikipédia, « International Book Standard Number », <http://fr.wikipedia.org/wiki/ISBN>
[5] Duvallet Claude, « Les codes correcteurs et les codes détecteurs d'erreurs »,
<http://litis.univ-lehavre.fr/~duvallet/enseignements/Cours/LPRODA2I/UF9/LPRODA2I-TD2-UF9.pdf>
[6] Wikipédia, « Codage de Huffman », <http://fr.wikipedia.org/wiki/Codage_de_Huffman>

Didier Müller 3-16 août 2013

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