Chantraine Citazioni
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, 215
II.PRÉSENTSAREDOUBLE ME NT.
§ 247. — A la différence des présents thématiques radicaux, les
présents thématiques à redoublement sont tous anciens, peu
nombreux et possèdent une nuance d'aspect. Parallèles aux
aoristes thématiques à redoublement, ils comportent le degré zéro
de la racine, mais le redoublement au lieu d'être en e est en i.
Ce type est ancien et se retrouve dans lat. sislô. A grec γίγνομαι
répond lat. gignô, à ίζω lat. sïdô (de *si-sdô). La signification de ces
thèmes peut bien se déterminer lorsqu'ils se trouvent en concurrence avec un présent de type
différent. Ils sont employés lorsque
le terme du procès verbal est envisagé. A μένω « rester » s'oppose
μίμνω « rester jusqu'au bout, attendre, attendre de pied ferme » ;
μίμνω chez Homère est employé à propos du guerrier qui « tient
tête à l'ennemi ». Même opposition entre εχω et ίσχω (de *si-sghô) :
Δ 302 έχέμεν ίππους signifie « tenir les chevaux » et O 456 ΐσχειν
ίππους « les retenir ». Cette nuance d'aboutissement du procès
apparaît dans les principaux présents de ce type : γίγνομαι « naître »,
ίζω « asseoir », πίπτω « tomber », qui comporte un iota long, selon
l'enseignement des grammairiens anciens (par analogie avec ρίπτω
« j e t e r » ? cf. ρΐψις, ρΐμμα), τίκτω « mettre au monde » (de *τι-τκω,
cf. ετεκον).
Ces thèmes comportent parfois des doublets affectés de suffixes
divers : ίζ-άνω, ίσχ-άνω, μιμν-άζω, etc.
, 248 ; πεσέομαι,
La sifflante caractéristique du futur ne devait phonétiquement se maintenir que dans les radicaux de
verbes
terminés par une occlusive (ou un s) : δείξω, πείσω (de πείθω),
τελέσω. Après voyelle, dans λύσω, etc., et notamment dans les types
dénominatifs φιλήσω, τιμήσω, δηλώσω, βασιλεύσω le σ a été rétabli
par analogie de δείξω, etc., tout comme dans les aoristes sigmatiques. Toutefois le texte homérique
semble conserver quelques futurs
eii -ύω sans σ qui ont échappé à la réfection analogique : έρύουσι
(Λ 454, etc.), τανύουσι (φ 174), peut-être έξανύω (Λ 365).
L'absence de σ, tombé phonétiquement, est de règle à date
ancienne dans les futurs de racines « disyllabiques Â1. Ainsi έρέω, έρώ
de *werd1-se/0-1 qui sert de futur à λέγω ( * werd^jwrê-, cf. εϊρημαι, etc.) ;
βαλώ (cf. βέβληκα, etc.); πεσέομαι, πεσοΰμαι de *πετέομαι racine
de πίπτω, πέπτωκα ; καλέων (δ 532, Platon, Banquet 175 a) homonyme du présent καλέω, cf. le
parfait κέκλημαι, etc.
249
; έπεσον,
έπετον, 173
De vieux aoristes possèdent un vocalisme o répondant
à un ω dans d'autres temps (et à un futur à vocalisme o qui semble
également avoir exercé une influence sur la constitution de ces
thèmes) : εμολον « aller » (βλώσκω) ; επορον « fournir » (πέπρωται) ;
Ιθορον « bondir » (θρώσκω) ; ώλετο, όλέσθαι ne répond à aucun
thème à ω (mais cf. futur όλοΰμαι) ; — ώφλον « devoir » est associé
à όφλισκάνω ; la forme est déjà mycénienne : -oporo «ils ont dû».
; πέπτωκα,
, 186,
183
πέταμαι : 208
Πέτομαι : 162
L'AORISTE
§ 178. — Le grec a tiré parti de différents types d'aoristes que
possédait l'indo-européen : aoristes radicaux athématiques, aoristes
athématiques intransitifs en -*ë (-η- et -θη-), aoristes radicaux
thématiques, aoristes en -*s.
A. L'aoriste athématique
§ 179. — La catégorie des aoristes athématiques n'a cessé de se
réduire depuis l'indo-européen. La conjugaison même de ces aoristes
est gravement altérée dès les plus anciens textes et on ne trouve
plus que quelques traces de l'alternance vocalique opposant un
degré e au singulier actif à un degré zéro au pluriel, au duel, et au
moyen. A l'actif, enfin, seuls certains types de racines comportent
des aoristes athématiques : elles présentent toujours une voyelle
longue à l'actif avec parfois une brève au pluriel, qu'il s'agisse du
type εστην ou du type έ'γνων, etc.
§ 180. — Les mieux conservés de ces aoristes sont : 1) Racines
monosyllabiques en ä avec un reste de l'alternance : dor. έβδν, ion.
att. εβην, cf. skr. ägäm, avec une trace d'alternance dans le duel
hom. βάτην (A 327), thème βά-/βα- (*gwed2-jg^d2-) ; εφθην, avec
une trace d'alternance dans hom. φθάμενος (E 119, etc.) ; sans trace
d'alternance en grec dor. έσταν, ion.-att. έστην (cf. skr. aslhäm),
thème *siä- (*ste92-).
2) Racines « disyllabiques » : avec un timbre α, άνέπτάν (Sophocle,
Ant. 1307), ion.-att. έπτην, mais au moyen avec degré zéro έπτατο,
de πέτομαι ; sans trace d'alternance dor. Ιτλάν, ion.-att. έτλην (de
*iled2-), cf. τελαμών (de *lel-d2), ετάλασα (de *i°h-) ; άπέδράν (attique) cf. άποδιδράσκω.
Avec un timbre ë : attique inf. άποσκλήναι « se dessécher » (Aristophane, Guêpes 160) cf. σκληρός
et σκελετός ; hom. ξυμβλήμεναι
« se rencontrer » (Φ 578), à côté du moyen βλήτο « il a été frappé »,
de la racine de βάλλω, βέβληκα, βέλεμνον ( * ^ / ^ 1 > β λ η - ; *gu>el-d>
βελε- ; * ^ ° / - > β α λ - ) .
Avec un timbre δ : έβίων (de *gwiyedz), cf. M. Lejeune, Phonétique
grecque, § 188 ; -εβρων (Hymne à Ap. 127), cf. βιβρώσκω ; έγνων,
de γιγνώσκω.
Des aoristes présentent un û sans alternance : Ιφΰν de φύομαι
« naître, être naturellement » (cf. tat. fui) ; Ιδΰν de δύομαι « s'enfoncer » : dans ces thèmes l'û est
issu de ua.
Remarque. — Ces aoristes à voyelle longue sont volontiers intransitifs :
cela va de soi pour έβην, à quoi s'oppose toutefois un factitif έβησα ; c'est
notable pour έστην (de ϊσταμαι) ; έφϋν de φύομαι; έδύν de δυόμαι; έσκλην de
σχέλλομαι.
§ 181. — Quelques aoristes posent des problèmes particuliers.
Trois d'entre eux présentent au singulier actif un élément -κ-, le
même probablement que l'on rencontre au parfait (§ 224) : έδωκα
de δίδωμι, 3 e personne du sing, doke déjà en mycénien ; Ιθηκα de
τίθημι (cf. lat. fëcï), 3e pers. du sing, ieke déjà en mycénien ; ήκα de
ίημι (cf. lat. iëci)1. A la différence de ceux que nous avons cités
jusqu'ici ces aoristes comportent normalement l'alternance voca-
(1) Même élargissement dans le phrygien αδ-δακετ « aflîcit » et dans des
prétérits en tokharien. Mais la théorie qui fait sortir le κ d'une laryngale échappe
à toute démonstration.