Cours Distillation PDF
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DISTILLATION
Savoir S.3 : Opérations unitaires
S.3.5.2 Distillation :
Objectif de formation :
1. INTRODUCTION
La distillation est une opération de transfert de matière ayant pour but de séparer les
constituants d’un mélange liquide, homogène ou hétérogène. Elle consiste en l’ébullition d’un
mélange liquide suivie de la condensation des vapeurs obtenues, en un liquide « pur » ou en
fractions liquides plus ou moins riches en constituants du mélange vaporisé.
La rectification est l’opération de distillation qui consiste à séparer plusieurs constituants d’un
mélange liquide par échange de matière entre une phase vapeur et une phase liquide au moyen
d’une série de vaporisations et de condensations entre ce liquide et cette vapeur qui cheminent
à contre-courant dans une colonne.
3. MÉCANISME DE LA RECTIFICATION
L1 V1
Ce liquide entrera en ébullition au point L1 et la
T1
vapeur émise de composition y1. Si on
condense cette vapeur V1 elle donnera un
liquide de composition identique : y1=x2
L2
T2
TM M On voit que de proche en proche, après une
x série de vaporisation - condensation, le liquide
0 x0 y0, x1 0.5 y1, x2 xD 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide condensé s’enrichit en volatil.
Cette séparation, à partir du binaire initial M, peut se traduire sur la courbe d'équilibre :
y
y4 1
y3
Titre molaire en + volatil dans la phase vapeur
y2
y1
y0
0 x
0 x0 x1 x2 x3 x4 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide
4. SCHÉMATISATION DE LA DISTILLATION
Elle consiste à rectifier une charge déterminée d'un mélange binaire ou à constituants
multiples, dans une colonne et à recueillir les constituants en tête de colonne, suivant leurs
différences de volatilité jusqu'à vaporisation presque complète du mélange. Il n'y a pas
d'alimentation en mélange initial, ni d'élimination du mélange résiduel, au cours de
l'opération. Elle est applicable lorsque la quantité de mélange à traiter est faible.
Rappel : Les courbes d’équilibre sont tracées pour des TITRES MOLAIRES, et la plupart
du temps les bilans matières sont effectués avec des titres massiques. Il faut donc savoir
passer de l’un à l’autre rapidement et facilement.
Soit l’alimentation A constituée d’un mélange binaire de deux produits P1 et P2, de titre
massiques respectifs w P1/A et w P2/A et de masses molaires M P1 et MP2
w P1/A w P2/A
M P1 M P2
x P1/A = et x P2/A =
w P1/A w P2/A w P1/A w P2/A
+ +
M P1 M P2 M P1 M P2
À l’inverse il est parfois utile de passer d’un titre molaire à un titre massique, soit le distillat
D constituée d’un mélange binaire de deux produits P1 et P2, de titre molaires respectifs
x P1/D et x P2/D et de masses molaires MP1 et MP2
x P1/D M P1 x P2/D M P2
w P1/D = et w P2/D =
x P1/D M P1 + x P2/D MP2 x P1/D M P1 + x P2/D M P2
Bilan matière:
A. Rectification continue:
Le constituant le moins volatil se concentre en bas de colonne d'où il est éliminé en continu. Il
s'établit dans l'appareil un régime stationnaire, ce qui simplifie considérablement l'étude du
procédé par rapport à la rectification discontinue où tous les paramètres varient en fonction du
temps.
Il existe plusieurs méthodes pour déterminer le nombre de plateaux nécessaire pour effectuer
une séparation donnée à partir d'un mélange connu et dans des conditions définies. La plus
utilisée est la méthode de Mac Cabe et Thiele ; bien que peu rigoureuse, elle présente
l'avantage de la simplicité et de ne nécessité que peu de données. En effet, il est souvent
illusoire de déterminer le nombre de plateaux théoriques avec une grande précision, car
l'efficacité d'un plateau réel n'est pas toujours bien connue, ce que l'on recherche c'est un ordre
de grandeur et l'habitude est de prévoir quelques plateaux supplémentaires, afin d'avoir une
certaine marge de sécurité.
Écrivons le bilan matière dans la région délimité par la frontière entre le plateau n et le haut
de colonne (sortie distillat) :
Ln +1 D
D'où : yn = xn +1 + xD
Vn Vn
Ln +1 D
D’après (1) on a : yn = xn +1 + xD
Ln+1 + D Ln +1 + D
La méthode de Mac Cabe et Thiele consiste à considérer que les débits molaires de liquide et
de vapeur dans la colonne sont constants, ce qui implique que Ln+1 = R
R D
yn = xn +1 + xD
R +1 R +1
R
En faisant intervenir le taux de reflux: TR =
D
TR x
yn = xn +1 + D
TR + 1 TR + 1
TR x
Ce qui est souvent simplifié par l’expression suivante : y = x+ D
TR + 1 TR + 1
TR
coefficient directeur de la droite (pente) =
TR + 1
xD
ordonnée à l'origine =
TR + 1
TAUX DE REFLUX MAXIMUM (reflux total) : Une colonne fonctionne à reflux total
lorsque toute la vapeur condensée en tête de colonne est renvoyée dans la colonne,
c’est à dire lorsque l'on ne soutire pas de distillat ! Dans ce cas l’équation de la
droite opératoire est yn = x n+1
TRmini xD
Équation de la droite opératoire : y= x+
TRmini + 1 TRmini + 1
1
Droite opératoire d’enrichissement à D
taux de reflux minimum O
Titre molaire en + volatil dans la phase vapeur
ymini
0.5
0 x
0 xS 0.5 xA xD 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide
TRmini xD
C’est une droite opératoire minimum donc elle est de la forme : y = x+
TRmini + 1 TRmini + 1
TRmini xD
On a donc pour ymini : y = 0+ (ici x=0 car on a pris ymini justement à
TRmini + 1 TRmini + 1
l’intersection de l’axe des ordonnées et de la droite opératoire minimum)
XD
Ainsi : TRmini = −1
Ymin i
TAUX DE REFLUX OPTIMAL : Pour une séparation donnée, le taux de reflux doit être
choisi entre le taux de reflux maximum et le taux de reflux minimum, à une valeur
qui sera la plus économique. Le taux de reflux optimal se situe en général, près de la
valeur minimum à 1.2 à 1.5*TRmini .
TR = K *TRmini
TR x x
yopt = *0 + D = D
TR + 1 TR + 1 TR + 1
1
D
0.5
yopt
0 x
0 xS 0.5 xA xD 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide
Le bilan matière dans le tronçon d'épuisement, permet de montrer que l'équation de la droite
opératoire d'épuisement est :
T +T T -1
ym = a R xm+1 − a xS
TR + 1 TR + 1
Elle peut être exprimée aussi en faisant intervenir le taux de rebouillage Tv (rapport du débit
molaire de vapeur produite dans le bouilleur au débit molaire de soutirage des lourds en pied
de colonne).
T +1 x
ym = V xm+1 − S
TV TV
Il ne faut pas oublier que le bouilleur compte pour un plateau réel, donc dans notre
exemple ici la colonne ne fait que 3.7 plateaux théoriques.
1
1
D
I
3
0.5
yopt
Ici le plateau n’est pas complet
S seulement 0.7
0 x
0 xS 0.5 xA xD 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide
B. Rectification discontinue
RESPIRATION
COLONNE CALORIFUGÉ
V23
Vapeur
Vide
Eau
V27
V28
V26
V10
V4
V1
V13
V16
V19
V12
V8
V2
V20
V15
V18
V14
V17
V21
V5
V11
Dans le cas d’une distillation discontinue il n’y a qu’un tronçon enrichissement. Mais au
cours de la distillation discontinue la composition du bouilleur évolue au cours du temps, il
est donc nécessaire de faire varier le taux de reflux pour garantir une composition de distillat
constante.
Si le taux de reflux est maintenu constant, la composition du distillat sera variable. Ces deux
façons d’opérer présentent chacune des avantages et des inconvénients et c’est surtout la
vitesse de rectification entre les deux méthodes qui doit être prise en considération.
Pour connaître le taux de reflux à appliquer à la colonne on se met dans les deux cas
extrêmes :
Le taux de reflux évoluera entre ces deux extrêmes un taux de reflux de démarrage et un taux
de reflux dans les conditions finales plus élevé.
Il n’y a ici qu’une seule droite opératoire, celle d’enrichissement. La détermination du taux de
reflux est donc identique au cas
1
1
D
2
Titre molaire en + volatil dans la phase vapeur
ymini
Droite opératoire d’enrichissement à
taux de reflux minimum dans les
conditions finales
0 x
0 xS 0.5 xA xD 1
Titre molaire en + volatil dans la phase liquide
Il ne faut pas oublier que le bouilleur compte pour un plateau théorique, donc dans notre
exemple ici la colonne ne fait que 3.3 plateaux théoriques.
Un étage théorique ne constitue pas un plateau réel car en réalité les phases qui quittent un
plateau ne sont pas en équilibre; les durées de contact au niveau du plateau pour la surface de
contact disponible sont insuffisantes pour que l'équilibre soit atteint.
On définit donc une grandeur pour connaître le nombre de plateaux réels à utiliser connaissant
le nombre de plateaux théoriques (NET) : c'est l'efficacité. L'efficacité exprimée en % vérifie
la relation :
Cette grandeur n'a de sens en théorie que pour une séparation de deux constituants donnés
sous des conditions de pression et de débits de vapeur déterminés.
Dans le cas de colonnes à garnissage, il n'y a pas de zones de mélange où les phases sont à
l'équilibre. Il n'y a pas non plus de zones de séparation dans les parties constituées du
garnissage. Les phases sont en permanence en contact sans jamais être à l'équilibre. Leurs
compositions évoluent donc de manière continue.
Remarque : une colonne à garnissage est remplie d'éléments étudiés pour laisser à la fois le
maximum de volume libre et le maximum de surface de contact. Le liquide constitue une
phase dispersée qui descend lentement sous forme de gouttelettes ou de film du fait d'un
chicanage important.
On se ramène à l'exploitation graphique de Mac Cabe et Thiele en définissant la HEPT qui est
la hauteur d'un garnissage donnée équivalente à un plateau théorique. On détermine par la
construction graphique le NET et connaissant la hauteur du garnissage, on déduit la HEPT :
Hauteur de garnissage
HEPT =
NET
La HEPT est valable dans les mêmes conditions restrictives que l'efficacité.
Les rectifications azéotropique et extractive sont deux procédés utilisés en vue de séparer des
constituants d'un mélange lorsque les méthodes de rectification ordinaire ne conviennent pas.
Ces procédés sont employés, notamment pour des mélanges azéotropiques et pour des
mélanges dont les constituants ont des volatilités très voisines. Le principe de ces méthodes
consiste à ajouter au mélange une substance qui modifie la volatilité relative des constituants,
leur permettant ainsi d'être séparés.
A. Rectification azéotropique :
Cette opération consiste, comme on l'a indiqué, à séparer un composant d'un mélange au
moyen d'un tiers-corps ou entraîneur, qui forme un azéotrope, appelé azéotrope auxiliaire,
avec le constituant considéré. Cet entraîneur doit remplir certaines conditions pour que
l'opération soit possible:
Chimiquement stable.
B. Rectification extractive :
Elle est utilisée, comme la rectification azéotropique, dans le cas où l'on a affaire à des
mélanges hétérozéotropiques ou des mélanges hétéroazéotropiques
Le principal intérêt de l'opération est l'élimination du bouilleur, ce qui constitue une économie
et un avantage si les produits sont corrosifs ou encrassants.
L'élimination d'impuretés volatiles de certains produits thermosensibles n'est pas possible par
une distillation classique, même en abaissant la pression à 1 mmHg en tête de colonne, ce qui
est pratiquement la limite des opérations industrielles de distillation. L'introduction dans le
système d'une vapeur incondensable dans les conditions opératoires de la colonne abaisse la
pression de vapeur des constituants du mélange liquide et permet leur évaporation à une
température inférieure à la température d'ébullition du mélange sous la pression considérée.
C'est ainsi que l'on améliore le rendement des distillations sous vide des colonnes pétrolières
par injection de vapeur en pied de colonne ou que l'on élimine les traces de solvant dans les
huiles végétales. Cette opération s'appelle dans ce cas entraînement à la vapeur d'eau.
L'entraîneur est un gaz ou une vapeur. Il doit être inerte vis-à-vis du produit à stripper, avoir
une masse molaire faible et être peu coûteux. Les entraîneurs utilisés sont le plus souvent la
vapeur d'eau et l'azote, quelquefois l'air.
Colonne à plateaux
Deux autres grands types de plateaux existent : les plateaux à cloches et les plateaux à clapets.
Dans les plateaux à cloches la calotte force la vapeur à barboter dans le liquide et un trop
plein assure l’écoulement du liquide. Le principe des plateaux à clapets est identique mais au
lieu d'être fixés les organes permettant le barbotage (les clapets) sont mobiles. Ces plateaux
sont plus légers que ceux à cloches. Les plateaux peuvent être en verre, en métal ...
Colonne à garnissage
La colonne est remplie d’objets de forme déterminée disposés en vrac (selles de Berl, anneaux
Raschig ...). ou empilés régulièrement selon une structure (treillis métallique par exemple).
Les matériaux utilisés sont divers: grès, métal, verre, graphite, plastique ... Le graphite permet
notamment la rectification de produits chimiques agressifs.
Les éléments de garnissage sont posés sur des grilles étudiées pour laisser le maximum de
passage libre. La colonne est souvent composée de plusieurs tronçons de garnissage entre
lesquels on intercale des recentreurs chargés de ramener le liquide vers le centre de la colonne
(il a naturellement tendance à se rassembler sur les parois). Des grilles de calage sont
également utilisées pour empêcher les éléments de garnissage d'être soulevés et déplacés sous
l'effet d'une brusque poussée de vapeur de bas en haut.
Procédé discontinu
Procédé continu
bouilleur: il est assez petit mais de taille suffisante pour vaporiser le «lourd».
Souvent un échangeur tubulaire vertical est relié au bouilleur (système de
thermosiphon). Le niveau de liquide est maintenu constant dans le bouilleur : le
résidu est soutiré par trop-plein ou par une vanne de régulation.
condenseurs: voir procédé discontinu
Le procédé discontinu est réservé plutôt à de faibles productions, à des productions différentes
ou lorsque le nombre de constituants à séparer est important. Il nécessite un investissement
moindre car il est plus simple à mettre en œuvre.
Le procédé continu a un coût d'investissement beaucoup plus important. Il est par contre d'un
coût de fonctionnement beaucoup plus faible quand les productions sont importantes. Il est
par contre assez sophistiqué ce qui le rend peu adapté à des productions différentes.
On choisit le type de colonne en fonction des avantages et inconvénients des plateaux et des
garnissages :
Garnissage
coût moindre
perte de charge plus faible
Les colonnes à garnissage sont donc intéressantes en discontinu, sous pression réduite et en
cas de besoin d'un nombre d'étages assez faible.
plateaux
coût élevé
perte de charge importante à cause de la couche de liquide sur le plateau
rétention forte (le liquide reste souvent en fin d'opération sur les plateaux)
grand nombre d’étages disponible
Les colonnes à plateaux sont donc plus intéressantes en continu, sous la pression
atmosphérique ou sous une pression élevée et en cas de besoin d'un nombre d'étages
important.
Parmi les plateaux possibles, les plateaux perforés sont les moins chers et ont la plus faible
rétention. Ils ont l'inconvénient de poser des problèmes au démarrage es colonnes en raison
d'un débit minimum de vapeurs à atteindre pour éviter le reflux du liquide à travers les trous.
Les plateaux à clapets sont moins coûteux que les plateaux à cloches (ils peuvent être
resserrés davantage) et provoquent également une perte de charge plus faible. On réserve
donc généralement les plateaux à cloches à des usages particuliers.