Extrait Guide Methodologie Juridique

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LE GUIDE DE LA
MÉTHODOLOGIE
JURIDIQUE

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PRÉFACE
Guide ultime pour réussir en DROIT, ce document de méthodologie a été
spécialement conçu pour vous permettre une bonne maîtrise des exercices du cas
pratique, de la dissertation juridique, du commentaire de texte, de la fiche d'arrêt
ainsi que du commentaire d'arrêt. Chacune de ces méthodologies étant suivie
d'exemples illustratifs. Avec des méthodologies clairement expliquées et illustrées
par des schémas, ce manuel va vous garantir une réussite dans vos différents
exercices de réflexion juridique.

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Ce document numérique est soumis à des droits d'auteur.

La loi n° 96-564 du 25 juillet 1996 relative à la protection des œuvres


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Cliquez sur l'une de ces méthodologies pour la consulter :

LA MÉTHODOLOGIE

DU CAS PRATIQUE

LA MÉTHODOLOGIE

DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

LA MÉTHODOLOGIE

DU COMMENTAIRE TEXTE

LA MÉTHODOLOGIE

DE LA FICHE D'ARRÊT

LA MÉTHODOLOGIE

DU COMMENTAIRE D'ARRÊT

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LA MÉTHODOLOGIE
DU CAS PRATIQUE

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MÉTHODOLOGIE : LE CAS PRATIQUE

Exercice très formateur, le cas pratique est souvent inspiré de faits réels ou divers.
Sa méthode d'élaboration peut se concevoir selon les différents points du sommaire
ci-dessous proposés.

A- Généralités sur le cas pratique

Comme son nom l'indique, le cas pratique est un exercice qui a pour objet de
soumettre à l’étudiant une situation ou une question concrète à laquelle on voudrait
le voir donner une solution concrète.

Il s'agit d'un fait ou d'un ensemble de faits auxquels l'étudiant doit trouver des
solutions fondées en droit. Résoudre, donc, un cas pratique revient à appliquer le
droit à une situation concrète afin de proposer une solution. Son travail consiste
alors à analyser la conformité des faits qui lui sont soumis à la loi et d’en tirer la
conséquence qui s’impose

Ici, l'étudiant doit être impartial et objectif. Il ne doit pas prendre position suivant
sa conviction, mais il doit analyser les faits à la lumière de la règle de droit y
correspondant. Ce n’est donc pas un travail de naturaliste, de défenseur ou
d’avocat qui est demandé à l’étudiant.

Le travail préalable consiste alors à :

- Lire attentivement le texte proposé et souligner les mots-clés,

- Relever le ou les problème(s) du cas pratique en les traduisant sous leurs


expressions juridiques adéquates,

- Rechercher les textes applicables, et si possible la tendance jurisprudentielle


adéquate ainsi que les courants doctrinaux y relatifs ;

- Et enfin, dégager les solutions applicables aux problèmes que pose le cas pratique.

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B- Présentation du devoir

Il faut une introduction suivie du développement.

1. L'introduction

Elle doit contenir les éléments suivants :

- Le résumé des faits : ils doivent être représentés dans leur chronologie propre et
être composés des idées essentielles. Les détails et les répétitions d'idées ne sont
pas nécessaires pour le résumé.

- La qualification juridique des faits (domaine) : Les faits, une fois résumés,
doivent faire l'objet de qualification juridique, c'est-à-dire les intégrer dans la
réalité juridique à laquelle ils renvoient.

Exemple 1 : les faits tels que présentés sont relatifs à l'intégrité du consentement
dans la conclusion du contrat.

Exemple 2 : les faits ci-dessous exposés sont relatifs à l'acquisition et la perte de la


personnalité juridique.

NB : certains enseignants exigent qu’on commence par présenter le domaine,


c’est-à-dire situer les faits avant de les exposer. Ainsi, on commence par : «
l'exercice soumis à notre analyse est un cas pratique. II porte sur l'acquisition de la
personnalité juridique. Des faits, il ressort que...». Pour d'autres enseignants, il faut
commencer directement par présenter le résumé des faits suivi de la qualification
juridique des faits. Ainsi, l'introduction commence par : « M. X, un commerçant a

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vendu un........... qui finalement n’est pas de bonne qualité. Les faits tels qu'exposer
sont relatifs au vice de consentement en matière de conclusion de Contrats ».

Dans l’un ou l’autre cas, les éléments de l'introduction du cas pratique demeurent
les mêmes. Seul leur emplacement change. Il faut donc pouvoir s'y adapter sans
que cela ne vous déroute.

- Le ou les problème(s) de droit : ils doivent être posés clairement à la suite des
faits. Si des questions sont posées assez clairement par l’exercice, l’étudiant doit
leur trouver une formulation personnelle en conformité avec les cadres juridiques
ordinaires.

- Le plan : Il y a autant de parties qu'il y a de problèmes à résoudre.

NB : Le plan peut être fait en fonction des différentes personnes citées dans les
faits tout comme il peut être fait en fonction des actes juridiques commis ou des
problèmes à résoudre.

2- La rédaction du corps du devoir

Il faut à chaque étape :

- Rappeler les faits nécessaires à la compréhension du titre formulé ;

- Poser le problème résultant de ces faits ;

- Évoquer la règle de droit applicable aux faits ;

- Dire si oui ou non les faits correspondant à la règle exposée pour ainsi déduire la
solution qui s'impose.

NB : une conclusion générale n’est pas utile.

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3- Le schéma du cas pratique

Introduction : Exposer les faits :

 Dans l’ordre chronologique

 En procédant à leur qualification juridique

 En se limitant à ceux qui soulèvent un problème de droit

 Poser le problème de droit

 Annoncer le plan.

Développement

Question 1 :

- Résumé des faits à traite

- Problème de droit tiré des faits

- Règle de droit applicable

- Solution concrète au problème de droit

- Exception possible si le principe ne résout pas totalement le problème de droit


tiré des faits.

Question II : même raisonnement

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C- Récapitulons

Le cas pratique nécessite, outre la maîtrise des connaissances de base, de mener un


raisonnement juridique rigoureux en trois étapes. Il s'agit de l'analyse de la
situation, la détermination du droit applicable et de la proposition d'une solution.

Concernant l'analyse de la situation, il s'agit, d'une part, de procéder à une prise de


connaissance des faits, suivie d'une qualification juridique des faits et de poser le
problème qui en résulte.

La prise de connaissance des faits repose sur le fait que le lecteur doit se mettre à
l’idée que tous les éléments du cas sont, a priori, importants. En effet, certains
détails peuvent conduire à exclure l’application d’un texte ou conditionner la
reconnaissance d'un droit ou d’une obligation. Il s’agit ici, après une lecture
attentive du cas, de savoir distinguer l’essentiel qu’il faut retenir des futilités qu'il
faut exclure.

Exemple : “M. Silla avait épousé une belle femme, aux traits fias, dont le seul
regard est enivrant, à l'allure de gazelle. Il s'affinait de tout son cœur ; mais malgré
cette dévotion, le couple a été obligé de se retrouver après 6 ans de vie conjugale,
devant le juge pour le prononcé du divorce”.

Le juriste retiendra de tout ce qui précède que le couple légalement marié est en
instance de divorce après 6 ans de vie conjugale. Il ne s’intéressera pas à la
description physique de la femme, car cela n’a pas d’incidence juridique.

Ensuite, après avoir résumé les faits, il faut pouvoir procéder à leur qualification.
Les activités humaines étant diverses, le droit s’efforce de leur donner des
qualifications devant lui permettre de les cerner. Ainsi, le droit a élaboré de
grandes classifications afin de déterminer un régime, c'est-à-dire, un ensemble de
règles applicables, propre à chacune des activités humaines. Par exemple : actes ou
faits juridiques : actes de commerce ou actes civils ; meubles ou immeubles, faute
civile ou faute pénale, etc.

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Pour mieux analyser une quelconque situation à la lumière du droit, le juriste ou
l'étudiant en droit se doit de la qualifier, de déterminer la catégorie juridique dans
laquelle les faits peuvent être classés afin de déterminer, naturellement et à juste
titre, quelles sont les règles applicables.

Enfin, il faut poser le problème. Le problème désigne la question de droit à


laquelle il faut répondre, et ce, conformément au droit. Si l'analyse des faits doit,
bien sûr, conduire à formuler un problème de droit, le problème de droit, comme
son nom l’indique, doit avoir sa réponse en droit, et donc relever du domaine
juridique. Il ne s'agit pas de s'interroger de façon vague et incongrue.

Il faut poser une question qui a un sens en droit parce que sa réponse est prévue par
le droit. En définitive, il doit exister un lien de connexité (un rapport direct) entre
les faits, la question ou les questions que soulèvent ces faits et le droit qui
s’applique à ces faits.

La deuxième étape consiste à pouvoir déterminer le droit applicable. Il existe en


droit une diversité de sources du droit. La référence aux seuls textes de loi est
souvent insuffisante. Les décrets, les conventions collectives, les usages, les textes
de droit national ou communautaire ( UEMOA, OHADA, CEDEAO, etc.) ou la
jurisprudence, peuvent également conduire à la proposition de la solution. Il faut
pouvoir déceler parmi cette multitude de règles laquelle s'applique au cas étudié.
Une fois trouvé, il faut appliquer la règle.

Parfois, la règle trouvée s'applique directement et exactement à la situation en


cause. Parfois, au contraire, il faudra se demander si l’on ne se trouve pas hors du
champ d'application de la règle. Lorsque l’on fait référence à la jurisprudence, il
convient de se demander dans quelle mesure on peut s’en prévaloir.

Et enfin, une fois la règle de droit appliquée, il faut arriver à retenir une solution
qui est la réponse à la question posée dans les faits.

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Répondre strictement aux questions posées est la règle de base. Il ne s'agit pas de
faire un exposé de connaissances. Ce qui veut dire qu'il est formellement interdit à
l'étudiant ou au juriste de procéder à cette étape de l’exercice à la récitation écrite
de son cours, d'un ouvrage ou de plusieurs textes ayant un lien avec le problème
posé.

Ce qu’on attend de lui, c'est de dire concrètement qu’est-ce qu’on retient


finalement comme solution à la lumière du droit applicable en la matière. La
solution doit être argumentée. Lorsque plusieurs solutions semblent possibles, le
choix de l’une d'elles doit être justifié.

D- Exemple de cas pratique corrigé

Pour une meilleure compréhension de la méthodologie du cas Pratique, lisez


attentivement le texte ci-dessous et la correction proposée. Il s’agit du sujet de
droit civil de la licence 1 année de droit de l’université de Cocody Abidjan ; sujet
de la session de décembre 1992.

"Monsieur BAGNON BOGOSS a vu le jour à GAGNOA le 05 février 1960. Dès


l’âge de 20 ans, il s'est follement épris de Mademoiselle TINCLERE AWLABA
alors âgée de 18 ans. Le 12 juin 1986 est née des œuvres de BAGNO BOGOSS et
de TINCLERE AWLABA, un enfant de sexe féminin, dénommée BAGNON
Trésor, tel que l'atteste son extrait de naissance établi sur déclaration du père.

Le couple BAGNON BOGOSS et TINCLERE AWLABA, bien que non mariés et


ayant des domiciles distincts, vivait en parfaite harmonie. Malheureusement, le 15
mars 1991, la mort arracha TINCLERE AWILABA à l'affection de sa fille et de
son concubin.

Encore sous le poids de cette douleur insurmontable qu'il tente vainement de noyer
dans l'alcool et la musique assourdissante des boîtes de nuit, monsieur BAGNON
sera soumis à une nouvelle épreuve à travers la requête en date du 19 octobre 1991,

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présentée par la demoiselle TINCLERE WEREWERE, sœur aînée de la défunte,
aux fins d'obtenir la garde juridique de BAGNON Trésor.

Monsieur BAGNON entend résister aux prétentions de Mademoiselle TINCLERE


WEREWERE.

Les deux protagonistes viennent vous voir. Que leur conseillez-vous ?

PROPOSITION DE CORRECTION DU SUJET

Monsieur BAGNON BOGOSS et Mademoiselle TINCLERE AWLABA sont des


concubins, majeurs, et parents de la mineure BAGNON Trésor qu'ils ont reconnue.
Suite au décès de sa concubine, monsieur BAGNON BOGOSS mène une vie de
débauche. Aussi, la sœur aînée de sa concubine, mademoiselle TINCLERE
WEREWERE, mène contre le gré de monsieur BAGNON une demande en justice
aux fins d’obtenir la garde de sa fille.

La question de droit qui se pose en l'espèce est celle de savoir si une tante peut
obtenir la garde de sa nièce contre le gré du père naturel. Afin de conseiller
utilement les deux protagonistes, il convient, dans un premier temps, d'affirmer le
droit pour monsieur BAGNON d’assurer la garde de sa fille, puis dans un second
temps, d’examiner la possibilité d'un transfert de ce droit à mademoiselle
WEREWERE.

I- MONSIEUR BAGNON, TITULAIRE DU DROIT DE GARDE DE SA


FILLE

Le droit pour monsieur BAGNON d'avoir la garde de sa fille trouve son fondement
dans la puissance paternelle et ses limites dans l’intérêt de l’enfant. Pour les

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enfants nés hors mariage (cas de BAGNON Trésor). L’article 9 de la loi n° 70-483
du 3 août 1970 sur la minorité prévoit que la puissance paternelle appartient, en
principe, à celui des deux parents qui a reconnu en premier l’enfant : en l’espèce,
BAGNON Trésor a été reconnu par son père dès la naissance. C'est donc monsieur
BAGNON qui en principe exerce la puissance paternelle.

Or la garde de l’enfant est l’un des attributs de la puissance paternelle. Le droit de


garde revient donc en principe à monsieur BAGNON BOGOSS. Certes, l’article 9
de la loi du 3 août 1970 sur la minorité dispose que “le juge des tutelles peut
toutefois, si l'intérêt de l’enfant l’exige, confier la puissance paternelle à celui des
parents qui n’en est pas investi par la loi”.

Mais la notion de parents doit s’entendre ici du père ou de la mère de l’enfant


mineur. Aussi, la garde de l’enfant mineure BAGNON Trésor qui serait confiée à
sa tante ne saurait trouver un fondement juridique dans l’article 9 alinéa 6 de la loi
précitée.

Il est cependant possible, eu égard aux faits de l'espèce, de transférer à


mademoiselle TINCLERE WEREWERE la garde de sa nièce BAGNON Trésor.

II- LE TRANSFERT POSSIBLE A MADEMOISELLE TINCLERE DU


DROIT DE GARDE SUR LA MINEURE BAGNON TRESOR

Deux possibilités :

- L’assistance éducative ;

- La déchéance de monsieur BAGNON et le retrait partiel de ses droits de la


puissance paternelle.

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A- L'ASSISTANCE EDUCATIVE (article 10 de la loi)

- Le comportement de Monsieur BAGNON (vie de débauche) compromet la


sécurité, la moralité et l’éducation de BAGNON Trésor.

- Le juge des tutelles peut confier la garde de BAGNON BOGOSS à sa tante


(placement du mineur)

- Monsieur BAGNON BOGOSS sera cependant obligé de continuer à entretenir sa


fille en versant une pension alimentaire (article 12).

B- LA DECHEANCE ET LE RETRAIT DES DROITS DE LA PUISSANCE


PATERNELLE (article 20 à 26 de la loi sur la minorité)

- Déchéance facultative qui interviendra à la demande de la tante, en dehors de


toute condamnation pénale, parce que monsieur BAGNON compromet la sécurité
et la moralité de sa fille (article 21 alinéa 7).

- Monsieur BAGNON pourra à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la


décision, intenter une action en restitution de ses droits.

NB : cette correction propose les réponses évidentes aux questions que soulèvent
les faits exposés dans le cas pratique. Traiter intégralement le sujet consiste à aller
au-delà des tirés pour faire une analyse complète de la situation. Cette correction
expose tout de même les étapes du raisonnement de la méthodologie du cas
pratique.

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DEUXIÈME EXEMPLE DE SUJET DE CAS PRATIQUE (DROIT PÉNAL)

"Un jeune délinquant dénommé ISMO SAYA est réputé dans le vol de biens dans
les véhicules de transport commun. Un jour, il eut l’idée d’emprunter le Bus n°49
dans l’intention de voler des téléphones portables et autres objets de valeur
appartenant aux usagers du bus qui sont en général des étudiants en partance pour
l’université de Cocody.

Une fois dans le Bus, il aperçut un étudiant dont la poche du pantalon par sa
rondeur donnait l’impression de contenir un téléphone portable. Malheureusement
pour lui, il s’agissait d’un gris-gris.

Lorsqu’il mit lentement la main et se saisit de l’objet, l’étudiant poussa un cri, se


saisit aussitôt de sa main et lui demanda : “espèce de voleur, que cherche ta main
dans ma poche ?

Ah, tu voles aussi les porte-bonheur ?” Surpris, il n’a eu pour motifs que de
dire ”non dès, je n’ai pas voulu voler ton gris-gris. Je voulais plutôt voler ton
portable”. Et les étudiants saisirent la balle au rebond.” Donc c’est toi qui voles nos
portables dans Ie bus ? Allons, on va régler ça au campus”. En chemin, ISMO
préparait un coup pour échapper à la punition des étudiants.

À quelques mètres du quai du Bus, il fit semblant d’être évanoui. Au moment où


les étudiants affolés s’activaient à le ramener à la vie, il se leva brusquement,
bouscula trois d’entre eux pour se frayer un chemin, se saisit du téléphone portable
de l’un d’entre eux et s’échappa aussitôt à pas de course. Arrêté quelques instants
après par la police, ISMO déclare qu’il n’a rien volé dans le Bus, mais qu’il
reconnaît avoir volé un portable au quai du bus. A-t-il vraiment raison ? Justifiez
votre position.”

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NB : Ce qu’il faut noter, c’est que le cas pratique repose sur des faits à analyser.
Les faits posent des problèmes. Il revient à l’étudiant ou juriste de déceler les
différents problèmes de droit qui sont d’ailleurs des cas de manquements au droit
dont les responsabilités doivent être situées conformément au droit, ou encore des
situations qui doivent être réglées en conformité au droit.

Ainsi, l’objectif de l’exercice de cas pratique est d’apprendre à l’étudiant à déceler


des situations susceptibles de porter atteinte au droit ou qui le sont déjà et
d’envisager la règle de droit qui peut éviter la situation préjudiciable ou la réparer.
Le cas pratique, tel que présenté, se distingue de la consultation juridique, malgré
quelques similitudes entre ces deux types de sujets.

TROISIÈME EXEMPLE DE SUJET DE CAS PRATIQUE (DROIT CIVIL)

CAS PRATIQUE

Monsieur MELESS DIDIRO, jeune étudiant en Sciences et Technique, âgé de 25


ans, a été l'un des premiers étudiants ivoiriens à obtenir en 1963 une bourse pour
faire des études d’ingénieur en France.

Deux semaines avant son voyage, le 07 août 1963, il a contracté, avec l’accord de
la grande famille, un mariage coutumier avec sa cousine AKPA MARIE JEANNE,
jeune couturière âgée de 22 ans.

Ce mariage, célébré conformément à la coutume Adjoukrou, ethnie de M.


MELESS et de Mlle AKPA, a été déclaré à l’officier de l'état civil de la mairie de
DABOU. Un enfant est né de cette union le 17 mai 1964, MELESS ESSIS
GAETAN.

À la fin de ses études, M. MELES de retour en Côte d’Ivoire le 6 juin 1970, est
nommé Directeur Général de la société d’exploitation minière de l'Afrique de
l’Ouest.

Lors de ses missions à l’intérieur, M. MELESS tombe amoureux d’une sage-


femme, Mlle POKOU MARIE LAURE, âgé de 20 ans.

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Cette dernière était fiancée depuis deux ans à M. Honoré Henri ABLO, instituteur
à San-Pédro. Au cours de ces fiançailles, M. ABLO avait offert à la jeune fille une
chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 F, il avait également assuré pendant un an
les frais de scolarité de la jeune fille dans un lycée privé.

Depuis quelques mois, les fiancés ont découvert qu'ils n’ont pas la même
conception du mariage. Très attaché aux traditions, M. ABLO rêve de vivre avec
les nombreux neveux et nièces dont il a la charge. Il rêve également d’avoir au
moins sept enfants. Quant à Mlle POKOU, elle rêve d'un foyer à l’européenne.

Eu égard à cette divergence de conception, M. ABLO et Mlle POKOU, décident


d’un commun accord de rompre leurs fiançailles.

Après cette rupture douloureuse, Mlle POKOU accepte la demande en mariage de


M. MELESS DIDIRO et le 25 février 1990, leur mariage est célébré à la mairie de
San-Pédro en présence du père de la mariée qui a donné son consentement
oralement.

Deux enfants sont nés de cette union : Reine née le 5 décembre 1991 et julien né le
10 août 1992.

En apprenant la nouvelle de ce mariage, deux personnes viennent vous voir :

- M. ABLO qui veut intenter une action en responsabilité contre Mlle POKOU
pour rupture abusive des fiançailles. Il voudrait également que celle-ci lui restitue
la chaîne stéréo et les frais engagés pour sa scolarité.

- Mlle AKPA Marie-Jeanne, mariée coutumièrement le 7 août 1963 avec M.


MELESS, voudrait annuler ce second mariage. Elle voudrait également connaître
la situation des enfants nés du second mariage par rapport à son fils.

- Mlle POKOU Marie-Laure, qui vient juste d'apprendre l'existence de ce premier


mariage, voudrait à son tour demander la nullité de ce mariage, par la disposition
de la loi sur le mariage.

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Quels sont les problèmes juridiques posés dans ce cas pratique et leurs
solutions ?

Correction du cas pratique

Résumé des faits

M. MELESS DIDIRO a contracté un mariage coutumier le 7 août 1963 avec sa


cousine AKPA Marie Jeanne conformément à la coutume Adjoukrou : ce mariage
a été déclaré à l'officier de l'état civil de la mairie de Dabou. Un enfant est né de
cette union le 17 mai 1964.

Le 25 février 1990, M. MELESS a contracté un second mariage à la mairie de San-


Pédro avec Mlle POKOU Marie Laure, 20 ans, en présence du père de la mariée
qui a donné son consentement oralement. Mlle POKOU ignorait l'existence du
premier mariage. Deux enfants sont nés de ce second mariage en 1991 et 1992.

Avant ce mariage, Mlle POKOU était fiancée à M. ABLO, instituteur, lequel a


assuré les frais de scolarité de la jeune fille et lui a offert par ailleurs une chaîne
stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA. Par la suite, le couple a rompu les
fiançailles d'un commun accord en raison de leur divergence de conception de la
vie.

En apprenant le mariage de M. MELESS et de Mlle POKOU, M. ABLO veut


intenter contre celle-ci une action en responsabilité pour rupture abusive des
fiançailles et obtenir la restitution des cadeaux offerts à celle-ci.

Quant à Mlle AKPA, la première épouse, elle voudrait annuler le second mariage.
Il en est de même de Mlle POKOU qui demande la nullité du premier mariage par
application de la loi sur le mariage.

Problèmes juridiques :

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- 1er Problème : La rupture des fiançailles engage-t-elle la responsabilité de
Mlle POKOU ? Quelles sont les conséquences de cette rupture notamment en
ce qui concerne les cadeaux offerts ?

- 2e Problème : Il concerne la validité des deux mariages contractés par M.


MELESS.

I- LA RUPTURE DES FIANÇAILLES

En l'espèce, M. ABLO et Mlle POKOU ont rompu leurs fiançailles d’un commun
accord en raison de leur divergence d'opinion. Cette rupture engage-t-elle la
responsabilité de Mlle POKOU (A) et quelles en sont les conséquences en ce qui
concerne les cadeaux (B) ?

A- Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité de Mlle POKOU

- Énoncé du principe : Liberté de la rupture des fiançailles puisqu'il s’agit d'un


simple fait juridique. Par application du principe, la rupture des fiançailles ne peut
engager la responsabilité.

- Exception : La rupture fautive : C’est le cas lorsque l'auteur de la rupture a rompu


à quelques jours du mariage ou lorsque celle-ci est fondée sur des motifs
illégitimes (Article 1382 du Code Civil).

- En l'espèce, la rupture n'émane pas uniquement de Mlle POKOU. Elle a eu lieu


d'un commun accord des fiancés. Elle ne revêt donc pas par conséquent un
caractère fautif. Elle ne peut donc entraîner la mise en œuvre de la responsabilité
de Mlle POKOU. Nous appliquons en l’espèce le principe.

B- Le sort des cadeaux

- Un principe :

Restitution des cadeaux de valeur : appréciation => eu égard au train de vie, à la


fortune du donateur.

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- Application du principe :

Les frais de scolarité plus la chaîne stéréo d’une valeur de 800 000 FCFA ne
peuvent être considérés comme de menus cadeaux. Eu égard au salaire d’un
instituteur (environ 150 000 FCFA), il s’agit de cadeaux de valeur qui donnent lieu
à restitution, peu importe que la rupture soit fautive ou non => Mlle POKOU devra
restituer à M. ABLO les sommes dépensées pour sa scolarité et la somme de 800
000 FCFA représentant la chaîne stéréo.

II - LA VALIDITÉ DES MARIAGES CONTRACTES

Deux mariages :

 Le premier avec Mlle AKPA le 7 août 1963 (A)

 Le deuxième avec Mlle POKOU, le 25 février 1990 (B).

A- La validité du premier mariage

Sera examinée au regard des articles 11 et 10, confère mariage coutumier antérieur
à 1964 : (loi 64-381 sur le mariage).

1) Validité du mariage coutumier antérieur à 1964 eu égard aux coutumes


applicables

Condition de l’Article 11 : "La validité au fond, des mariages visés à l'Article


précédent, s’appréciera conformément aux coutumes en vigueur à l’époque à
laquelle ils auront été contractés".

- Application en l’espèce

Il est indiqué dans le cas pratique que ce mariage a été contracté conformément à la
coutume Adjoukrou, ethnie des deux époux => validité du mariage.

2) Validité à l’égard de l'Article 10

22
=> Enoncé des conditions prévues par l’Article 10.

Le mariage coutumier antérieur à 1964 a les mêmes effets qu’un mariage conclu
sous l'empire de la loi de 1964 lorsque ce mariage a été :

- Soit déclaré à l’officier de l'état civil ;

- Soit constaté par le jugement transcrit sur les registres de l'état civil.

=> Position de la jurisprudence depuis 1976

Les formalités alternatives prévues par l’Article 10 n’ont pas seulement une valeur
probante, elles conditionnent la validité même du mariage coutumier.

=> Application des dispositions de l’Article 10 et de la jurisprudence postérieure à


1976.

Le mariage de MELESS et de Mlle AKPA, ayant été déclaré à l’officier de l'état


civil de Dabou, il constitue un mariage valable surtout qu’il a été conclu
conformément aux coutumes Adjoukrou comme le prévoit l’Article 11. Si le
premier mariage est valable, par conséquent le second est nul.

B- La nullité du second mariage

Mariage contracte par Mlle POKOU plus MELESS.

1) Causes de la nullité

a) Causes exclues

Mlle POKOU a 20 ans : Elle a atteint l’âge requis par la loi pour se marier (article
1er de la loi sur le mariage).

Mais à 20 ans, Mlle POKOU est mineure : Cause de nullité exclue également
puisqu'il est indiqué que le Père de Mlle POKOU a donné son consentement
oralement lors de la cérémonie.

b) Cause de nullité retenue : La bigamie

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Ne peut contracter de mariage celui qui est dans les liens d’un premier mariage non
dissous soit par divorce, soit par décès => cas de M. MELESS.

2) Les conséquences de la nullité du second mariage

a) Effets normaux de la nullité : rétroactivité

Anéantissement du mariage aussi bien dans le passé que dans l'avenir tant en ce qui
concerne les époux que les enfants.

b) Exception à la rétroactivité : le mariage putatif

Définition : Le mariage putatif est un mariage nul, mais sans les effets rétroactifs.

Conditions de la putativité :

Pour bénéficier en principe de la putativité, il faut être de bonne foi.

- La bonne foi s'apprécie au moment de la célébration du mariage => démontrer


qu'on ignorait en ce moment la cause de nullité du mariage.

- Application à Mlle POKOU : Au moment de la célébration de son mariage, elle


ignorait que M. MELESS était déjà marié. Elle ne l'a appris que par la suite à
l’occasion de la demande en nullité de la première épouse.

- Situation de l’épouse de bonne foi : concerne les effets produits par le mariage
dans le passé, le mariage ne disparaît que pour l’avenir : ainsi, Mlle POKOU
conserve la qualité d’époux pour le passé. Elle pourra ainsi invoquer l’existence de
son mariage pour la liquidation du régime matrimonial.

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Puisqu’elle est de bonne foi, Mlle POKOU conservera sa qualité de mère légitime
envers les deux enfants du mariage.

L'exception : Les enfants issus du mariage nul, conservent la qualité d'enfants


légitimes, peu importe la bonne ou la mauvaise foi de leurs parents.

Application : les deux enfants issus du second mariage MELESS-POKOU


conservent la qualité d’enfants légitimes au même titre que l'enfant né du premier
mariage.

25
LA MÉTHODOLOGIE
DE LA DISSERTATION JURIDIQUE

26
MÉTHODOLOGIE : LA DISSERTATION JURIDIQUE

Pour une personne ayant déjà effectué des études secondaires, le mot « dissertation
» lui est bien familier. Cette personne a d’ailleurs tendance à croire que toute
dissertation obéit au même plan et à la même méthode de raisonnement.

Mais la dissertation juridique s'inscrit en faux contre une telle perception des
choses. Contrairement à l’essai littéraire ou dissertation littéraire tout comme à la
dissertation philosophique, la dissertation juridique est soumise à une série de
règles bien particulières.

Ici, l’on demande à l’étudiant en droit ou au professionnel de droit de montrer sa


capacité à adapter ses connaissances tirées du cours et de ses lectures personnelles
à une question théorique.

Généralement pour comprendre le sujet, l’impétrant doit successivement :

- lire attentivement le sujet ;

- rechercher le lien qu’il y a entre le sujet et ses connaissances juridiques ;

- faire une synthèse de ses connaissances de sorte à n’exprimer que celles qui ont
un apport direct avec la question posée à travers le sujet de dissertation ;

- éviter de se précipiter sur sa copie d’examen et dire tout ce qu’il pense, réciter ou
recopier aveuglement la partie de son cours qui est en relation avec le sujet ;

- montrer qu’il est capable de raisonner en droit à partir de ce qu’il sait.

Il ne s’agit donc pas d’un bavardage inutile sur une copie, d’une tricherie
irréfléchie, mais de prouver qu’on est un juriste éclairé, qu’on sait faire la
distinction entre l’essentiel et l’accessoire, ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.

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