Bibliographie - Théorie de L'art Comtemporain
Bibliographie - Théorie de L'art Comtemporain
Bibliographie - Théorie de L'art Comtemporain
Les audaces et les ruptures radicales de l'art contemporain sont proprement déroutantes. Voici un
éclairage n'omettant aucune forme de création. Il ne s'agit pas d'un dictionnaire de plus des arts
contemporains, mais d'un véritable système théorique articulant la multitude des propositions
artistiques contemporaines. L'Histoire générale contemporaine avec ses faits les plus troublants
(totalitarisme, génocides, guerre nucléaire, terrorisme international) est aussi prise en compte.
AGAMBEN, Giorgio, Qu'est-ce que le contemporain ?, Paris, Payot & Rivages, 2008.
AMEY, Claude, Mémoire archaïque de l'art contemporain : littéralité et rituel, Paris, L'Harmattan,
2003.
Malgré des formations sociales et culturelles diamétralement opposées aux nôtres, "l'art" dit primitif
avec ses rituels manifestent, une troublante parenté avec les arts contemporains ; notamment
plastiques et spectaculaires. L'approche ici du rituel archaïque essaye de comprendre la nature de
cette ressemblance, ce qui fait des artefacts archaïques des formes peut-être plus proches de celles
de l'art contemporain, que celui-ci n'est proche de l'art des quelques siècles qui précèdent l'art
moderne.
Les artistes sont aujourd’hui des passeurs. En recyclant des images issues des médias ou de films…ils ne
proposent plus d’œuvres – ni même d’objets d’art- mais des processus, des propositions de situations
à expérimenter en commun. On assiste ainsi à l’émergence d’hyper-œuvres, sans auteur ni linéarité
narrative, explorant l’idée que toute forme d’histoire est déjà une interprétation qui peut toujours être
reprise et réinterprétée par un spectateur qui va s’intégrer à ces processus et fabriquer lui-même une
histoire entre réalité et fiction. L’art devient expérience, l’œuvre d’art un interstice social.
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ARDENNE, Paul, Extrême: esthétiques de la limité dépassée, Paris, Flammarion, 2006.
Notre époque est émotionnelle : elle aime les sensations fortes, les défis délirants, la violence. Ces
excès en tous genres, elle se les représente volontiers sous une forme extrême, où l'accent est mis sur
ce qui chavire nos sens : l'intensité, la démesure, le moralement inadmissible, l'horreur. Un élan
destructeur au point de rendre légitime, en termes spectaculaires, une " esthétique de la limite
dépassée ". L'objet de ce livre est double. D'une part, documenter par le menu les formes d'expression
contemporaines fortes de ce désir de dépassement esthétique : spectacles superlatifs, performances
artistiques engageant la souffrance, documents d'actualité insoutenables, images de la
pornographie dure, cinéma violent, mises en scène de la scatophilie, idolâtrie de la mort et du
cadavre. D'autre part, analyser le glissement vers l'esthétique extrême que consacre, plus qu'aucune
autre, la société occidentale. Magnétique et médiatique, la représentation de l'extrême y constitue
désormais une véritable culture, un nouveau référent, un but. Fourmillant d'exemples, cet essai
s'attache enfin à apporter une réponse à ce questionnement cardinal : quel avenir, en Occident,
pour le spectacle du pire ? Car à l'esthétique extrême il y a, en bout de course, une conséquence
dramatique : l'épuisement du désir de voir. Que faire dès lors pour revivifier ce désir sinon, à plus ou
moins court terme, devoir extrêmiser l'extrême lui-même et ses représentations ?
BELTING, Hans, LʼHistoire de lʼart est –elle finie ?, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1989.
Depuis Hegel, on nous dit et redit que l'art est fini. Pourtant il continue, de façon désordonnée et
imprévisible, étonnante ou banale. Ce qui amble en revanche irrémédiablement perdu, c'est l'idée
d'un développement ordonné, l'idée d'une histoire des styles ou des formes. En ce sens, la fin de
l'histoire de l'art, c'est d'abord la fin de l'art comme histoire. Hans Belting, historien de l'art, byzantiniste,
professeur à l'université de Munich, fait le diagnostic de cette mort. Aujourd'hui, à l'époque
postmoderne de l'éclatement des pratiques artistiques, c'est une conception ouverte et pluraliste qui
doit prévaloir : il nous faut revenir de l'histoire aux oeuvres. Les rêves de grandes théories unitaires sont
nostalgiques, nous devons tenir compte d'une expérience plurielle, fragmentaire, parfois
contradictoire, qui est celle même de l'art contemporain. C'est à ce prix que non seulement peut être
surmonté le divorce entre l'histoire de l'art et l'art vivant mais que l'expérience du présent peut nous
faire voir autrement le passé L'histoire de l'art est-elle finie ? Oui, mais comme fin d'une illusion et
ouverture d'un travail.
BENJAMIN, Walter, Lʼœuvre dʼart à lʼère de sa reproductibilité technique, Paris, Allia, 2003.
C'est dans cet ouvrage que Walter Benjamin développe sa thèse sur la déperdition de l'aura. À
l'inverse des icônes qu'on voyait, par exemple, dans les églises orthodoxes, où l'emplacement et la
vibration de l'œuvre étaient uniques, propres à une communication mystique, les techniques de
reproduction de masse, notamment l'imprimerie et la photographie, ont contribué à la déperdition de
l'aura propre d'une œuvre unique, désincarnée par sa reproductibilité et sa déclinaison dans d'infinis
sous modèles. Désolidarisé des valeurs de culte véhiculées par la classe dirigeante, l'art perd ainsi son
autonomie originelle. Dans son ouvrage Benjamin propose également une analyse de l'image
cinématographique, ainsi qu'une réflexion sur la dimension politique et sociale de l'art à l'époque de
la reproductibilité technique. Cette thèse a été remise au goût du jour notamment à travers la
critique d'art contemporain, à la fin des années 1990, qui y voyait une prémonition du changement
de statut de l'œuvre d'art. Dès le début du XXe siècle, avec le dadaïsme notamment, des œuvres
éphémères et iconoclastes ont modifié la perception et le statut de l'œuvre d'art, dépouillé des
ornements classiques conférant aux œuvres d'art un statut sacré à travers leur beauté platonicienne
et leur immuabilité. Le Pop Art a consacré la sérialisation industrielle d'artefacts, sans intervention
nécessaire de l'artiste ; cette désincarnation de l'œuvre d'art a contribué par la suite à l'émergence
de la performance, forme d'expression « authentique » douée d'une aura psychique quoique
momentanée. Ainsi, Walter Benjamin anticipe un thème central de l'esthétique contemporaine, où se
retrouvent Marshall Mc Luhan ou Herbert Marcuse par exemple, L'Œuvre d'art à l'époque de sa
reproductibilité technique est un des textes majeur de l'histoire de l'art souvent utilisé comme
référence. Dans son ouvrage Benjamin effectue sa réflexion autour de trois axes, la reproduction
technique et ses conséquences sur l'art, l'image cinématographique et enfin le cinéma, art de masse
à dimension politique et sociale.
2
BOURRIAUD Nicolas, Radicant, pour une esthétique de la globalisation, Paris, Denoël, 2009.
Que peut nous apprendre l'art sur la globalisation économique? En retour, comment comprendre les
nouvelles formes de l'art contemporain à la lumière de cette mutation sociale et intellectuelle?
Appuyant son analyse sur l'expérience vécue aussi bien que sur les écrits de Victor Segalen ou les
aventures artistiques les plus novatrices aujourd'hui, Nicolas Bourriaud dresse la cartographie d'un
monde en mouvement. Entre menace d'uniformisation et tentation du retour aux racines, entre
multiculturalisme et traditionalisme qui assignent tous deux les individus à leur prétendue «identité», la
culture mondialisée est en quête d'une troisième voie qui sorte du postmodernisme pour aller vers
l'«altermodernité» dont ce livre esquisse les figures. Un organisme qui fait pousser ses racines au fur et à
mesure qu'il avance : tel est le sens du mot radicant, par lequel Nicolas Bourriaud définit cette
modernité émergente, s'opposant à la radicalité qui hanta le siècle précédent.
D'où vient cette obsession de l'interactif qui traverse notre époque ? Après la société de
consommation, après l'ère de la communication, l'art contribue-t-il aujourd'hui à l'émergence d'une
société relationnelle ? Nicolas Bourriaud tente de renouveler notre approche de l'art contemporain
en se tenant au plus près du travail des artistes et en exposant les principes qui structurent leur
pensée: une esthétique de l'interhumain, de la rencontre, de la proximité, de la résistance au
formatage social. Son essai se donne pour but de produire des outils nous permettant de comprendre
l'évolution de l'art actuel : on y croisera Felix Gonzalez-Torres, Louis Althusser, Rirkrit Tiravanija ou Félix
Guattari, et la plupart des artistes novateurs en activité.
Les artistes actuels évoluent dans un univers de produits en vente, de formes préexistantes, de signaux
déjà émis, de bâtiments déjà construits, d’itinéraires balisés par leurs devanciers. Ils ou elles ne
considèrent plus le champ artistique comme un musée contenant des œuvres qu’il faudrait citer ou
"dépasser", ainsi que le voudrait l’idéologie moderniste du nouveau, mais comme autant de magasins
remplis d’outils à utiliser, de stocks de données à manipuler, à rejouer et à mettre en scène. Comment
s’orienter dans le chaos culturel et comment en déduire de nouveaux modes de production ? La suite
d'Esthétique relationnelle.
CAILLET, Aline, Quelle critique artiste ? : Pour une fonction critique de l'art à l'âge
contemporain, Paris, LʼHarmattan, 2008.
Si l'on en croit les historiens, les critiques d'art et les philosophes, l'art ne pourrait plus à l'âge
contemporain assumer une fonction critique : intégration institutionnelle de l'art, récupération par le
capitalisme des valeurs et postures alternatives prônées par l'art des années 60/70, fin des grands
récits... Autant d'évolutions qui ajourneraient une fois pour toute le projet d'un art critique, conçu
comme praxis, à visée émancipatrice, porté par la modernité. Ce constat de clôture constitue, bien
au contraire, le nouveau point de départ à partir duquel un art critique doit être repensé. Tel est
l'essence même d'une critique artiste qui ajuste son désir de riposte au contexte et excelle dans l'art
du contre. Ce qu'invalide le contexte contemporain, c'est une forme d'art, de nature praxique,
enferrée dans des postures esthétiques et politiques solidaires d'une certaine conception de la
modernité et du projet d'émancipation ou d'autonomisation du sujet fondé sur la connaissance et la
prise de conscience. L'art critique n'est ni caduc ni obsolète, il doit simplement analyser le cadre dans
lequel il s'inscrit et repenser ses formes, ce que le présent ouvrage esquisse au travers d'un parcours
croisé, entre théories esthétiques et pratiques artistiques contemporaines.
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ème
CAUQUELIN, Anne, Les théories de lʼart, Paris, PUF, "Que sais-je ? ", 3 édition, 2007.
Les différentes théories philosophiques concernant l'art sont présentées, non pas d'une manière
chronologique, mais selon les influences qu'elles ont eues et ont encore sur la pratique artistique. Cela
donne ainsi une vision originale de l'influence de la théorie dans le domaine de l'art et permet
d'établir des comparaisons entre théoriciens, critiques, commentateurs et artistes.
CHALUMEAU, Jean-Luc, Les théories de l'art : Philosophie, critique et histoire de l'art de Platon
ème
à nos jours, éd. Vuibert, 5 édition, 2009.
Les interprétations sont des fonctions qui transforment des objets matériels en œuvres d'art : de Platon
à Clément Greenberg, aucune civilisation n'en a fait l'économie. Ces interprétations appartiennent
aux différents champs de la critique d'art, de l'histoire de l'art et de la philosophie de l'art. Toutes ces
catégories d'interprétation sont considérées ici comme des variantes de la théorie de l'art, qui
entretiennent des relations complexes les unes avec les autres. Il ne s'agit pas de savoir quelle forme
d'art il conviendrait d'aimer, mais en vertu de quels critères des penseurs cherchent à savoir, depuis
toujours, comment séparer l'art de ce qui n'en est pas, comment expliquer son évolution, comment
comprendre les relations que l'homme entretient avec celui-ci. " Les Théories de l'art " constituent
donc un ouvrage de base présentant et commentant la pensée de quelque cinquante auteurs
essentiels qui ont progressivement établi la pensée sur l'art en Occident.
Qu'il s'agisse d'œuvres vidéo, de photographies, d'installations, de performances, aussi bien que de
peintures et de sculptures, la représentation de la Vanité connaît, depuis le milieu du XXe siècle, un
véritable renouveau et fait preuve d'une étonnante actualité. Le vanités dans l’art contemporain est
né de ce constat et rend compte de la richesse et de la diversité des expressions perspectives
actuelles de ce thème classique de l'histoire de l'art. De quelle manière les artistes contemporains
investissent-ils et renouvellent-ils le thème de la Vanité ? Quels sont les enjeux et les significations à la
fois esthétiques et morales des œuvres ainsi créées ? Comment comprendre cet intérêt contemporain
pour la représentation de la fuite du temps, de l'instabilité et de la métamorphose ? C'est à de telles
questions que cet ouvrage cherche à répondre, en proposant au regard et à la lecture, réflexions et
documents.
CHATEAU, Dominique, L'art comptant pour un, Dijon, Les Presses du réel, 2009.
L'adhésion à l'art contemporain, non pas en tant que genre, concurrent de l'art classique et de l'art
moderne, mais en tant qu'il est art et quand il l'est : voilà l'idée traversière qui anime cet essai
composé de fragments plus ou moins brefs. L'auteur y défend une attitude esthétique pour laquelle
l'objectivité de l'œuvre et des sensations qu'elle procure l'emporte sur toute prétention au jugement
par avance. L'art n'est jamais donné a priori, il est à conquérir a posteriori, lorsque la rencontre entre le
donné d'un médium et la singularité d'un artiste réussit. Cela suppose qu'une visée ontologique rivalise
avec l'attraction culturelle. Cela suppose aussi que soit requalifiée la singularité de la rencontre avec
l'œuvre et grâce à elle la surprise qu'elle rend possible, son pouvoir toujours imprévisible de proposer
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une sollicitation à penser, à élaborer. Requalifier donc le pouvoir de l'œuvre : tel est le souci majeur,
dont cet ouvrage se fait puissamment l'écho, en même temps que la tâche la plus urgente dont il
représente un possible exemple.
CLAIR, Jean, De immundo : apophatisme et apocatastase dans l'art d'aujourd'hui, Paris, Galilée,
2004.
« Le temps est loin où saint Bonaventure enseignait la delectatio. Docere et delectare : l’art s’est
longtemps donné pour fin, autant qu’instruire l’esprit, de réjouir les sens. Il semble que ce soit d’un tout
autre registre que joue l’œuvre contemporaine. Le temps du dégoût a remplacé l’âge du goût.
Exhibition du corps, désacralisation, rabaissement de ses fonctions et de ses apparences, morphings
et déformations, mutilations et automutilations, fascination pour le sang et les humeurs corporelles, et
jusqu’aux excréments, coprophilie et coprophagie : de Lucio Fontana à Louise Bourgeois, d’Orlan à
Serrano, de Otto Muehl à David Nebreda, l’art s’est engagé dans une cérémonie étrange où le
sordide et l’abjection écrivent un chapitre inattendu de l’histoire des sens. Mundus immundus est ? Le
dialogue du Parménide avançait que la crasse et le poil sont deux choses pour lesquelles il n’existe
aucune Idée. Du Beau idéal de Platon à ce qu’on pourrait appeler, d’aisthesis, la sensation, et de
stercus, les excréments, une esthétique du stercoraire, que s’est-il passé ? Les écrits de Bataille et de
Sartre, dans les années 1930, placés sous le signe d’un sacer ambigu, annonçaient cette évolution. Et
le pessimisme de Freud qui disait impossible de concilier les revendications de la pulsion sexuelle et les
exigences de la civilisation semble se vérifier sous nos yeux. Le problème se pose cependant : en quoi
les responsables des grandes institutions culturelles, à Cassel, à Londres, à New York, à Paris, à Venise,
trouvent-ils leur intérêt à bénir cette ritualité d’une physiologie nue ?
CRIQUI, Jean-Pierre, Un trou dans la vie : essais sur lʼart depuis 1960, Paris, Desclée de Brouwer,
2002.
« Un trou dans la vie » est une expression forgée par l'artiste américain Robert Smithson afin de
caractériser l'expérience du spectateur de cinéma. Si elle sert ici de titre à un ensemble de textes
consacrés aux arts visuels contemporains, c'est que les oeuvres des artistes abordés travaillent toutes
à une sorte d'interruption. Cette suspension du monde est un moment fondateur où se conjuguent
l'appréhension de l'œuvre et la saisie par lui-même d'un sujet percevant.
CUIR, Raphael, Pourquoi y a-t-il de lʼart plutôt que rien ?, Paris, Archibooks + Sautereau éditeur,
2009.
Raphael Cuir invite d'éminents spécialistes de l'art, conservateurs de musées, critiques et historiens de
l'art, philosophes et artistes, à répondre à la question : «Pourquoi y a-t-il de l'art plutôt que rien ?». Tout
en situant la fonction qu'occupe l'art dans les sociétés humaines, relativement à la religion, au désir, à
la science, au langage, à l'économie ou à la mort, les auteurs rebondissent sur d'autres questions
implicites et enchâssées : pourquoi l'humanité a t-elle créé l'art ? Peut-on imaginer l'humanité sans art
? Pourquoi l'art plutôt qu'autre chose ? Et dans ce cas, plutôt que quoi ? Diverses, complémentaires
ou contradictoires, les réponses suggèrent en creux une définition de l'art. Spontanées, recueillies lors
d'entretiens réalisés par Raphael Cuir, les réponses sont traitées avec humour, engagement, ou
poésie.
La France aime-t-elle ses artistes? A en croire une polémique récente, l'art contemporain serait sans
nécessité ni avenir, sans amateurs ni acheteurs. Il y aurait d'un côté les tenants d'un bon goût et de
l'autre une élite éprise d'hermétisme. Simpliste? Sans doute. Mais les Français défilent en masse devant
les Impressionnistes et font la grimace devant l'art d'aujourd'hui. Serait-ce cela, l'exception culturelle
nationale? Critique d'art au journal Le Monde, Philippe Dagen affirme les enjeux de cette nouvelle
querelle des anciens et des modernes. Il analyse cette haine singulière de l'art, qui jadis alla jusqu'à
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l'autodafé et ne va plus, aujourd'hui, au-delà de l'indifférence. Les musées ressemblent à des
sarcophages. La monomanie du patrimoine étend son empire. L'Etat culturel restreint une aide déjà
parcimonieuse. L'influence artistique française à l'étranger s'évanouit. Au nom de la tradition, le
classique rétablit sa molle dictature. Pourquoi ce culte de ce qui fut et ce refus de ce qui est? La
société française ne demanderait-elle plus qu'une chose à ses artistes importuns: qu'ils la laissent
dormir, ou mourir, en paix?
Pourquoi l'art est-il presque impossible aujourd'hui ? Parce que la situation lui est défavorable. Parce
que la société contemporaine n'a plus de temps à consacrer à ses artistes. Elle réserve son attention
aux divertissements que diffuse chaque jour la télévision, aux messages que répète la publicité, aux
mythologies qu'exploite un cinéma dit grand public , aux spectacles sportifs, aux loisirs. Ces activités
ont pour elles l'écrasante supériorité de la facilité, du nombre, de la masse, de l'argent. On peut en
prendre son parti et capituler devant cet état de fait c'est l'attitude la plus confortable. C'est la plus
répandue de nos jours - et aussi celle de bien des artistes eux-mêmes qui, certains de n'avoir plus
qu'une audience minime, ont réduit leur champ d'action à leur atelier et au musée. Ce livre défend
l'attitude contraire. Il en appelle aux artistes vivants contre le spectacle, et à la liberté individuelle
contre la fascination collective.
DANTO, Arthur, Lʼart contemporain et la clôture de lʼhistoire, Paris, Edition du Seuil, 2000.
Arthur Danto, professeur émérite de philosophie à l'université Columbia et critique d'art, prolonge
dans ce texte une réflexion entamée en 1996 avec Après la fin de l'art. Il y reprenait à son compte
l'assertion de Hegel concernant la mort de l'art et tâchait d'en actualiser l'échéance. Il ne s'agissait
pas d'annoncer la fin des productions artistiques, mais celle de l'idée même d'art. L'objet de ce
nouveau recueil est de brosser le tableau de l'époque artistique actuelle, où « tout est possible » et où
il n'existe plus de critère permettant de dire ce qu'est une œuvre d'art visuel. A. Danto relève en
particulier que la démarche de rupture avec le passé, obligatoire pour l'artiste moderne, ne s'impose
plus à l'artiste postmoderne : il peut jouer avec le passé et l'utiliser dans ses œuvres.
Trente ans après sa publication, vingt ans après sa traduction française, un ouvrage s’est imposé dans
le rayon des classiques de la philosophie de l’art : en effet, La transfiguration du banal d’Arthur Danto
a nourri pendant nombre d’années les discussions pointues en ontologie de l’art en proposant une
redéfinition de la philosophie analytique de l’art et un regard différent sur l’histoire de l’art même.
DIDI-HUBERMAN, Georges, Devant l'image : question posée aux fins d'une histoire de l'art,
Paris, Les Editions de Minuit, 1990.
Ce livre développe une question critique posée et reposée à nos certitudes devant l'image.
Comment regardons-nous ? Pas seulement avec les yeux, pas seulement avec notre regard. Voir rime
avec savoir, ce qui nous suggère que l'œil sauvage n'existe pas, et que nous embrassons aussi les
images avec des mots, avec des procédures de connaissance, avec des catégories de pensée.
Ce livre se veut provocant. Les opinions définitives et tranchées de l'auteur sur Marcel Duchamp,
Andy Warhol, qu'il ne reconnaît pas comme des artistes majeurs de notre temps, peuvent choquer
mais on ne peut pas rester insensible à son interrogation radicale sur le "vivre". On ne peut pas, non
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plus, ne pas s'interroger sur la conception de l'art que l'auteur fustige, celle de ceux que Pierre Bergé
appelle les "faiseurs d'art contemporain".
Tombes, stèles, crânes, reliques... Autant de motifs qui hantent l'art allemand depuis 1945. Peintures
cadavériques chez Gerhard Richter, toiles maculées de cendre et de cheveux chez Anselm Kiefer,
madones noircies et déliquescentes imaginées par Anne Wenzel : en peinture comme en sculpture, le
deuil se manifeste de façon si insistante que nous pouvons légitimement y reconnaître la clef de voûte
d'une véritable esthétique outre-Rhin.
A travers 4 disciplines, (la philosophie, l'art, l'histoire de l'art et la sociologie) et selon 3 axes, les lieux de
l'expérience esthétique, les effets esthétiques, les cultures et interprétations, l'ouvrage tente de
comprendre la situation actuelle de l'esthétique artistique.
Il ne s’agit donc, en aucun cas, ni d’une histoire ni d’une théorie de ce que Michel Gauthier désigne
sous le vocable d’anarchème. Il s’agit plutôt d’une tentative pour poser quelques jalons dans la prise
en compte du singulier phénomène qu’est un régime de défocalisation appliqué à l’œuvre. Et que la
défocalisation constitue un attentat fait à l’autorité de l’œuvre d’art et que, en ce sens, le saccage
puisse, à l’occasion, être une alternative à la défocalisation, c’est évidemment aussi l’une des
perspectives que, avec le travail de Steven Parrino, ce recueil voudrait ouvrir.
GAUTHIER, Michel, Les promesses du zéro, Genève, Les Presses du réel, MAMCO, 2009.
Inaptitude à voir, sentiment de perte, absence de sens, quête du zéro, plaisir de la réification ou, au
contraire, ultime tentative pour la déjouer, telles sont les singulières données que l'ouvrage de Michel
Gauthier dégage à travers l'analyse de quelques-unes des œuvres majeures de notre temps.
GENIN, Christophe, LEROUX, Claire, LONTRADE, Agnès, Juger l'art ?, ouvrage publié avec le
concours du Conseil scientifique de l'université Paris 1, Colloque, 2005, Paris, Centre Saint-Charles
de l'université Paris 1, Paris, Publications de la Sorbonne, 2009.
Ouvrage collectif rassemblant plusieurs conférences produites lors du colloque "Juger l'art ?", du 25 au
27 novembre 2005. Il fut organisé et dirigé par Christian Denker, alors ATER à l'université Paris 1,
Christophe Genin, maître de conférences à l'université Paris 1, Claire Leroux, enseignante-chercheur à
l'ESIEA et Agnès Lontrade, maître de conférences à l'université Paris 1. Quinze auteurs reviennent sur
les concepts fondamentaux de la théorie du jugement esthétique et de la critique d'art au vu de l'art
contemporain. Ils analysent le problème de la règle du jugement esthétique, le rapport entre la
critique et la démocratie, entre l'engagement personnel et la communauté des avis ainsi que la
critique d'art aujourd'hui, ses nouvelles pratiques et ses nouveaux champs.
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GOODMAN, Nelson, Langages de lʼart : une approche de la théorie des symboles, Paris,
Hachette, 2005.
Le débat sur l'art est en général traversé par des controverses touchant à la définition du beau. Dans
ce livre devenu un classique de la réflexion philosophique sur l'art, Nelson Goodman propose une
élucidation de ce que nous appelons " objet d'art ", considéré comme une forme, particulière du
symbole, analogue à l'écriture, par exemple. Recourant à des exemples tirés des sciences, de l'étude,
de la perception ou encore de l'usage pratique des objets, il cherche à comprendre comment la
musique ou la peinture peuvent être considérés comme des langages ayant leur logique propre. Son
enquête le conduit à s'interroger sur la notion d'authenticité, sur l'esquisse ou encore sur l'émotion
esthétique. Ce livre inaugure ainsi une nouvelle manière, plus modeste, de réfléchir sur l'art, qui
conduit pas à pas le lecteur à s'interroger sur le sens des mots qu'il emploie. Professeur de philosophie
à Harvard, Nelson Goodman est l'un des plus célèbres représentants de la tradition de la philosophie
analytique anglo-saxonne. Nombre de ses ouvrages ont été traduits en français, parmi lesquels L'Art
en théorie et en action (L'Eclat, 1996).
GRENIER, Catherine, Lʼart contemporain est-il chrétien ?, Nîmes, Jacqueline Chambon, 2003.
Catherine Grenier développe ce qui apparaîtra à certains comme une provocation en commençant
par une étude détaillée de cette nouvelle iconographie. L'homme y est réinterprété comme corps
incarné, faible, en échec. Cette religion insiste sur l'ordinaire et l'accessible, elle est hantée par la
dérision, la mort et le deuil. Après une modernité désincarnée proposant ses icônes majestueuses, on
en revient à une image incarnée, une image d'après la chute. En profondeur, il se dit là un
renversement des modèles de l'art lui-même : A Prométhée succède Sisyphe ou mieux le Christ
souffrant, un homme sans modèle, sans lien, inscrit dans une condition humaine à laquelle il ne peut
échapper. Les persuasives analyses de Catherine Grenier sont menées sur un large corpus d'œuvres
d'artistes comme Hirst, Alys, Jankowski, Cattelan, Gordon, Rondinone, Wallinger, Pfeiffer, Taylor Wood,
Kulig, Meese, Serrano, Sorin, Stoll, Wearing, Delvoye, Kersels, Guilleminot, Mac Queen, Billingham,
Tuymans, Dumas, Ahtila, etc., etc.
GRENIER, Catherine, La revanche des émotions : essai sur lʼart contemporain, Paris, Edition du
Seuil, 2008.
L'art du XXIe siècle est né sous le signe de l'émotion : le pathos et le rire, les stimulations sensorielles et
l'empathie sont aujourd'hui les modes d'adresse privilégiés par les artistes. Au travers d'une analyse très
documentée de la scène artistique contemporaine, Catherine Grenier met en lumière le passage "du
concept à l'affect" dont témoignent des œuvres qui réaniment les forces vives de la tragédie, du
drame ou de la comédie. Enfants terribles de la modernité, héritiers de Goya et de Shakespeare, les
artistes convoqués par l'auteur répondent aux pulsions dépressives de notre temps par une
interpellation directe du spectateur. Le trauma, la Vanité, le grotesque, l'animalité, l'immaturité sont
les zones d'exploration dans lesquelles l'art nous invite à renouer avec une forme de connaissance
sensible : la connaissance pathétique.
Dans cet essai, Marc Jimenez s'interroge sur la création artistique contemporaine. Une création sans
cesse remise en question par ses détracteurs : controverses, polémiques, débats virulents traduisent
une certaine perplexité, une désorientation des récepteurs de ces œuvres. Ainsi, tenter d'évaluer les
normes d'évaluation et d'appréciation esthétiques s'avère plus que jamais nécessaire. Car si la
modernité artistique a bouleversé les catégories traditionnelles, c'est sur le thème de la décadence
de l'art contemporain que s'oriente la polémique depuis déjà de nombreuses années.
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JIMENEZ, Marc, L'esthétique contemporaine : tendances et enjeux, Paris, Klincksieck, 2004.
Les formes inédites de l'art contemporain, souvent provocatrices et parfois mal comprises par le
public, sont certainement à l'origine du regain d'intérêt pour l'esthétique. Dès le XIXe siècle, celle-ci
s'est trouvée confrontée aux soubresauts de la modernité artistique puis des avant-gardes et elle s'est
forgée une terminologie propre, d'origine philosophique, qui n'est pas toujours familière aux non-
spécialistes. Pour que le débat sur l'art actuel paraisse moins confus ou réservé aux seuls initiés, cet
ouvrage expose les enjeux artistiques nés avec le XXe siècle et les principales questions auxquelles
tente de répondre l'esthétique contemporaine. Marc Jimenez, philosophe et germaniste, est
professeur à l'université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il enseigne l'esthétique à l'UFR d'Arts plastiques
et sciences de l'art où il dirige le Centre de recherches en esthétique théorique et appliquée. Il est le
directeur de la Collection d'esthétique chez Klincksieck.
JOUANNAIS, Jean-Yves, Lʼidiotie : art, vie, politique, Paris, Beaux Arts éditions, 2003.
Depuis plus d'un siècle, les arts regorgent d'artistes qui jouent à faire les idiots. Des créateurs seuls et
singuliers, ni vraiment clowns, ni tout à fait mystiques, qui ont fait le choix de ne pas être compris. J.Y
Jouannais embrasse ici le destin d'artistes qui ont perdu en reconnaissance ce qu'ils ont gagné en
spiritualité.
JOUANNAIS, Jean-Yves, Artistes sans œuvres : I would prefer not to, Paris, Verticales-Phase
deux, Gallimard, 2009.
Catalogue raisonné et déraisonnable des artistes chez qui les œuvres sont « présentes partout et
visibles nulle part », ce large inventaire fait l'éloge a priori paradoxal d'un art qui n'existe qu'en creux,
de créateurs qui n'en sont qu'à peine, comme autant d'avatars plus ou moins volontaires du fameux
Bartleby.
KIHM Christophe, DURING Elie, JEANPIERRE Laurent, ZABUNIAN Dork, In actu, de lʼexpérimental
dans lʼart, Dijon, Les Presses du réel, 2009.
Un ensemble de textes inédits de vingt-six auteurs et artistes d'horizons divers pour redéfinir les
pratiques expérimentales de la culture contemporaine, au croisement des sciences, des arts et des
nouvelles technologies : un nouveau regard critique sur l'art et ses processus créatifs.
KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie, Paris, Editions Léo Scheer, 2005.
La pensée française des années 1970 a fait récemment un retour remarqué sous le nom de « French
Theory ». Avec elle, avec Deleuze, Guattari ou Foucault, viennent ou reviennent aussi les auteurs et les
disciplines qu’elle a inspirés dans le monde anglo-saxon : Judith Butler et les gender studies ou Paul
Gilroy et les postcolonial studies. A l’heure où le climat politique se fait pesant, reviennent aussi la
pratique révolutionnaire d’un Toni Negri, inspirée du marxisme hétérodoxe de Mai 68, et une critique
des industries culturelles et de la société de consommation aux accents marcusiens. Que pouvons-
nous faire de cette pensée qui a déjà plus de trente ans, dans un cas ; qui s’est développée sur un sol
américain, dans l’autre ; à des époques et dans des contextes différents du nôtre ? Ses concepts
n’ont-ils pas besoin d’être « rafraîchis », son voltage converti ? Telle est l’interrogation qui est à l’origine
de ce livre. Le lecteur trouvera ainsi dans Fresh Théorie, développées par 35 auteurs, des nouvelles
pensées du politique (« Communautés »), du corps (« Identités »), des formes (« Formes »), basées sur
une nouvelle lecture du monde (« Mutations »), qui en passent parfois par la French Theory, parfois
non, mais le plus souvent rafraîchissent la French Theory grâce à la French Theory elle-même.
9
KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie II: black album, Paris, Editions Léo Scheer, 2006.
KIHM, Christophe, ALIZART, Mark, Fresh théorie III : manifestations, Paris, Editions Léo Scheer,
2007.
Synthèse sur les différents systèmes philosophiques portant sur le beau, la création artistique,
l'appréciation esthétique, l'imaginaire, etc.
En cinq chapitres : La relation esthétique ; La saveur et la faim ; Savoir et pouvoir ; Le champ artistique
; La correspondance des arts. Avec un glossaire critique sur des notions telles qu’abstraction, critère,
empathie, génie, image ou sur des acteurs comme Dahlhaus, Duchamp, etc.
LESZEK, Brogowski, FRANGNE, Pierre-Henry, Ce que vous voyez est ce que vous voyez :
tautologie et littéralité dans l'art contemporain, Rennes, PUF, 2009.
«Ce que vous voyez est ce que vous voyez» est la formule que le peintre américain Frank Stella a
utilisée en 1964 afin de justifier sa pratique picturale abstraite que les critiques de l'époque ont
rapidement nommée «art minimal». Car il s'agissait, pour lui, d'inventer une nouvelle forme artistique
qui réduisît l'œuvre à ses éléments les plus simples, les plus matériels et les plus visibles au point de
n'être plus qu'une entité purement objectale ne s'identifiant qu'à elle-même. Par ce geste et cette
formule, l'art minimal et littéraliste de Stella mais aussi de Robert Morris, de Carl Andre ou de Donald
Judd rejetait d'un coup la définition traditionnelle de l'art comme imitation, expression, symbole ou
métaphore à interpréter. Il impliquait aussi une radicale reconsidération de l'art et de son histoire à
l'époque moderne (au moins depuis l'émergence de la photographie et de l'impressionnisme
d'Édouard Manet) que ce livre collectif entend explorer. En nouant les discours de l'esthétique, de la
critique, de la philosophie, de l'histoire de l'art et de l'art lui-même, l'ouvrage analyse les enjeux d'un
moment important de l'art du XXe siècle. Profond à force de créer des surfaces seulement visibles,
réflexif à force de vouloir réduire l'œuvre à une simple chose parmi les choses, «l'art minimal» - puis
«l'art conceptuel» - nous interroge et nous inquiète au sujet de la nature, des opérations et de la
fonction de l'art d'aujourd'hui. Leszek Brogowski et Pierre-Henry Frangne sont tous les deux
enseignants-chercheurs en esthétique à l'université Rennes 2 Haute Bretagne.
MACEL, Christine, Le temps pris : le temps de l'œuvre, le temps à l'œuvre, Paris, Blou, Centre
Georges Pompidou, Monografik éditions, 2008.
Une analyse de la façon dont certains artistes reformulent l'expérience du temps dans leurs oeuvres et
déploient de nouvelles stratégies par rapport à ceux des années 1960 et 1970. Mêlant théorie
esthétique et scientifique et histoire de l'art, elle porte sur les oeuvres de R. Hains, P. Perreno, C. Wym
Evans, J. Mancuska, M. Blazy, M. François, etc.
MANGION, Eric, DE BRUGEROLLES, Marie, LABELLE-ROJOUX, Arnaud, Ne pas jouer avec des
choses mortes, Dijon, Les Presses du réel, 2009.
A partir d'une série d'«objets» issus de performances réunissant une trentaine d'artistes internationaux,
de Paul McCarthy à Jessica Warboys, Spartacus Chetwynd ou John Bock, ce catalogue rassemble de
nombreux textes sur les pratiques performatives de 1960 à aujourd'hui. Quels que soient ses définitions,
10
ses courants ou ses acteurs, l'histoire de la performance s'est construite entre ses premiers actes
futuristes ou dadaïstes, jusqu'à la fin des années 1970, sur des principes quasi invariables liés au furtif et
au fugitif, à l'éphémère, à l'action, au geste, à la parole, au public, mais surtout au corps qui en est
l'essence et la base même. Tous ces paramètres apparaissent comme les garants d'un médium qui
refuse par définition les formes esthétiques traditionnelles. De ce fait, la performance est en principe
l'art de l'immatérialité.
MARCADE, Bernard, ll n'y a pas de second degré : remarques sur la figure de l'artiste au XXe
siècle, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1999.
Les textes réunis ici tentent chacun à leur manière de dessiner les contours mouvants de la figure de
l'artiste au XXe siècle. Ils tournent autour d'un paradoxe : l'artiste a beau se mettre à distance (critique,
esthétique ou éthique) de ses objets-sujets de considération ou de prédilection, il reste
immanquablement compromis avec eux.
Certaines parties de ce livre reprennent dans des versions originales ou remaniées des textes ou des
extraits publiés précédemment en revue (La lettre du cinéma, Art press...) ou dans des ouvrages
collectifs et des catalogues (L'Intime, Bruce Nauman, Transit...)
La situation contemporaine de l'art semble signifier la fin de tout critère esthétique et l'ère du "
n'importe quoi ". À rebours de ce constat désenchanté ou cynique, Yves Michaud revient sur la
définition de critères esthétiques pour montrer qu'on peut penser leur diversité et leur pluralité sans
tomber dans un pur relativisme. En effet, nous apprécions les œuvres d'art en fonction de critères
distincts, les uns techniques, les autres en rapport avec la thématique représentée, d'autres encore en
fonction de références internes à l'histoire de l'art. Mais cette variété peut être explicitée et discutée.
Nourrissant sa réflexion d'une fréquentation assidue du scepticisme de Hume, l'auteur retrouve
l'esthétique du XVIIIe siècle pour donner un sens nouveau à la question du goût. Un ouvrage concis
qui propose, avec une clarté rare, des clés pour la compréhension de la modernité et de la
postmodernité. Yves Michaud, philosophe, dirige l'Université de tous les savoirs. Il est l'auteur de
nombreux ouvrages de philosophie politique et esthétique, et s'est imposé comme l'un des principaux
commentateurs de l'art contemporain. Il a déjà publié, dans la collection " Pluriel ", L'Art à l'état
gazeux (2004).
Le livre d’ Yves Michaud est construit autour d'un paradoxe. Nous vivons dans le monde du triomphe
de l'esthétique. Tout est supposé être beau : les produits packagés, les corps du body-building,
l'environnement protégé et préservé, la nourriture dans les assiettes ; même les cadavres sont
emballés dans des housses plastique clean. Nous vivons dans un monde cosmétique. Mais ce
triomphe de l'esthétique s'accomplit dans un monde vide d'œuvres d'art, au sens de ces objets rares,
hyper valorisés, qu'on accrochait dans les musées et qu'on venait contempler religieusement. Les
tableaux accueillent des fragments de papier peint ou de linoléum, des collages, des éléments de
récupération, jusqu'au moment où il n'y aura plus du tout de tableau, au sens d'une surface colorée.
Ce qui remplace l'œuvre ? Des happenings, des « installations », des « performances ». Ce n'est pas la
fin de l'art et il n'y a pas lieu de crier au scandale. Mais c'est la fin du régime traditionnel de l'art, celui
où il produisait des objets
11
MOINEAU, Jean-Claude, L'art dans l'indifférence de l'art, Paris, PPT, 2001.
Jean-Claude MOINEAU a développé, dans les années 60, de nombreuses activités artistiques et
« méta-artistiques » tournées notamment vers l’art processuel, le livre d’artiste, la poésie visuelle,
l’event, la performance, le mail art, « l’art au-delà de l’art ». Puis, comme tant d’autres, dans le
contexte des années post-soixante-huit, il a interrompu toute activité artistique. Contrairement,
cependant, à beaucoup d’autres qui n’ont pas tardé à reprendre le chemin d’activités artistiques,
Jean-Claude Moineau s’est toujours, depuis, refusé à reprendre, comme si de rien n’était, son activité
artistique antérieure. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché de continuer à être attentif à l’actualité de
l’art et aux apories dans lesquelles celui-ci se débattait. Ce en quoi la démarche de Jean-Claude
Moineau est restée, malgré tout, « méta-artistique », au sens de « ce qui traite (de façon critique) de
l’art ». Depuis 1969 Jean-Claude Moineau enseigne la théorie de l’art à l’Université de Paris 8 tout en
adoptant une « attitude » (au sens où Michel Foucault parle d’ « attitude de modernité ») à la fois
prospective et critique sur l’art en train de se faire.
MOINEAU, Jean-Claude, Contre l'art global : pour un art sans identité, Maisons-Alfort, Ere, 2007.
L’art global n’est pas tant un art intégral qu’un art intégralement intégré, ayant -après l’échec de ce
qu’il pouvait encore y avoir de velléité critique dans le postmodernisme et le constat que toute visée
critique se trouve inexorablement absorbée par ceci même dont elle entend faire la critique-
abandonné toute dimension critique qui supposerait un ailleurs, s’appliquant sans relâche à faire
passer dorénavant toute ambition critique pour réactive.
MOISDON TREMBLEY, Stéphanie, Stéphanie Moisdon / Stéphanie Moisdon, Dijon, Les Presses
du réel, 2007.
MOULENE, Claire, Art contemporain et lien social, Paris, Cercle dʼart, 2007.
Certains artistes contemporains œuvrent dans le sens d'une consolidation du lien social. Ils activent
l'échange direct ou la réciprocité, initient de grands rassemblements ou créent des structures
d'accueil, dans une démarche favorisant un mieux "être ensemble". D'autres élaborent des utopies
qui interrogent et critiquent l'organisation sociale et son lot de frustrations.
NANCY, Jean-Luc, DURAND, Régis, Sans commune mesure : image et texte dans l'art actuel,
Paris, Léo Scheer, 2002.
Cet ouvrage est une réflexion autour des rapports sans commune mesure qu’entretiennent l’image et
le texte dans l’art contemporain. Il est fondé sur trois expositions (qui ouvriront à partir du 11
septembre 2002) au Centre national de la photographie (Paris), au Fresnoy Studio national des arts
contemporains (Tourcoing) et au Musée d’art moderne Lille Métropole (Villeneuve d’Ascq). Il
rassemble des textes de Régis Durand, Savine Faupin, Alain Fleischer, Charles Harrison, Jean-Luc
Nancy et Jean-Pierre Rehm et comporte de nombreuses illustrations d’œuvres d’une soixantaine
12
d’artistes dont Art & Language, Claude Closky, Walker Evans, Robert Filliou, Robert Frank, Jean-Luc
Godard, Gary Hill, Barbara Kruger, Ken Lum, Michael Snow, Lawrence Weiner... À travers un
entrecroisement de points de vue de commissaires d’expositions, critiques et théoriciens, Sans
commune mesure traite de la multiplicité et de la complexité des relations entre les images et les
textes dans l’art contemporain. Il a pour objectif d’instruire cette thématique texte-image à travers de
nouveaux regards et l’iconographie des expositions. Régis Durand, l’initiateur du projet commun
d’expositions, pose le sujet. C’est parce que l’image appartient bel et bien à un ordre différent, sans
commune mesure avec le langage, que le rapport texte-image-cellule fondamentale de la
communication - apparaît comme le premier dispositif multimédia. C’est dans un espace mince
comme une feuille que Jean-Luc Nancy oscille entre le recto du texte (sa signification) et le verso de
l’image (sa représentation) et vice-versa. De Picasso à Pierre Huyghe, en passant par l’art conceptuel,
Savine Faupin nous propose un parcours de son exposition. Charles Harrisson, lui, confronte la faillite
du Modernisme en cette fin des années soixante à l’émergence de l’art conceptuel, cet art
d’écriture ou cette écriture comme art. Pour Alain Fleisher, si les mots éclairent l’image, une fois
déterminée, elle n’en continue pas moins de briller par elle-même. Et enfin, c’est tout au long d’une
course-poursuite » que se livrent les images qui défilent et la voix off dans le film de Marguerite Duras
Les mains négatives que Jean-Pierre Rehm interroge le rapport texte-image.
NEGRI, Toni, Art et multitude : neuf lettres sur l'art, Paris, EPEL, 2005.
Cet ouvrage se présente sous forme de lettres fictives de T. Negri à des amis. L'auteur s'interroge sur la
place de l'art dans le monde actuel. Dominé par la globalisation et la saturation du capitalisme, l'art
comme le travail sont devenus abstraits. Le désir d'expression artistique est partout présent quand la
multitude agit de manière créative.
OʼDOHERTY, Brian, White cube : l'espace de la galerie et son idéologie, Zurich, JRP-Ringier,
2008.
Les quatre essais que Brian O'Doherty publia entre 1976 et 1981 et qui furent regroupés sous le titre
collectif de Inside the White Cube. The Ideology of the Gallery Space constituent l'une des plus belles
boîtes à outils dont disposent aujourd'hui artistes, critiques, curateurs et collectionneurs. Le «cube
blanc» est ainsi devenu, à travers le monde, titre d'expositions, nom de galeries et l'un des topiques les
plus répandus de l'art contemporain.
ONFRAY, Michel, Archéologie du présent : manifeste pour une esthétique cynique, Paris, Adam
Biro, 2003.
L'art contemporain, qui occupe une place de plus en plus importante dans la vie culturelle et sociale
(musées, expositions événements, aide accrue des pouvoirs publics), est aussi au cœur d'un débat, la
plupart du temps en termes très polémiques. Après Jean Clair, Yves Michaud, Philippe Dagen bien
d'autres, le philosophe Michel Onfray apporte sa contribution à cette « querelle des Modernes», mais il
le fait ici dans un esprit très nouveau. S'il reprend à son compte, avec beaucoup de talent et
d'énergie certaines des critiques faites habituellement à l'art contemporain narcissisme, hermétisme
culte de la laideur, infantilisme, provocation tournant à vide, arrogance des « experts », il refuse la
condamnation de principe, à ses yeux purement réactionnaire et conservatrice. L'art contemporain
ne doit pas être vu, et rejeté, comme un bloc homogène des artistes s'y distinguent, grenant un travail
échappant à ces critiques. Loin de toute nostalgie d'un art figé, idéalisé, Michel Onfray donne une
approche vivante politiser de certaines œuvres en cours, et parie sur leur postérité. Avec des artistes
comme Gustav von Hagens, Wim Delvoye, Hans Haacke Panamarenko ou Orlan, pour citer qu'eux, se
dessine une cartographie nouvelle de l'art contemporain l'essai de Michel Onfray, sorte de fil d'Ariane
dans le labyrinthe des créations contemporaines, propose des critères de jugement et réinscrit des
œuvres encore énigmatiques et très novatrices, dans l'histoire de l'art.
13
PONTBRIAND, Chantal, Fragments critiques 1978 – 1998, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1998.
Au-delà des débats sur la crise de l’art ou la mort de l’image qui rejouent l’interminable scène de la
fin des utopies », le présent texte voudrait établir quelques conditions d’intelligibilité du lien qui noue
esthétique et politique. Il propose pour cela d’en revenir à l’inscription première des pratiques
artistiques dans le découpage des temps et des espaces, du visible et de l’invisible, de la parole et du
bruit, qui définit à la fois le lieu et l’enjeu de la politique. On peut alors distinguer des régimes
historiques des arts comme formes spécifiques de ce rapport et renvoyer les spéculations sur le destin
fatal ou glorieux de la « modernité » à l’analyse d’une de ces formes.
On accusait hier l'esthétique de dissimuler les jeux culturels de la distinction sociale. On voudrait
aujourd'hui délivrer les pratiques artistiques de son discours parasite. Mais l'esthétique n'est pas un
discours. C'est un régime historique d'identification de l'art. Ce régime est paradoxal, car il ne fonde
l'autonomie de l'art qu'au prix de supprimer les frontières séparant ses pratiques et ses objets de ceux
de la vie ordinaire et de faire du libre jeu esthétique la promesse d'une révolution nouvelle.
L'esthétique n'est pas politique par accident mais par essence. Mais elle l'est dans la tension irrésolue
entre deux politiques opposées : transformer les formes de l'art en formes de la vie collective,
préserver de toute compromission militante ou marchande l'autonomie qui en fait une promesse
d'émancipation.
« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne
platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut
que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions
qui les y maintiennent. Pour guérir l aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent
encore le haut du pavé. L une veut montrer aux aveugles ce qu’ils ne voient pas: cela va de la
pédagogie explicatrice des cartels de musées aux installations spectaculaires destinés à faire
découvrir aux étourdis qu’ils sont envahis par les images du pouvoir médiatique et de la société de
consommation. L autre veut couper à sa racine le mal de la vision en transformant le spectacle en
performance et le spectateur en homme agissant. Les textes réunis dans ce recueil opposent à ces
deux stratégies une hypothèse aussi simple que dérangeante : que le fait de voir ne comporte
aucune infirmité ; que la transformation en spectateurs de ceux qui étaient voués aux contraintes et
aux hiérarchies de l action a pu contribuer au bouleversement des positions sociales ; et que la
grande dénonciation de l homme aliéné par l excès des images a d abord été la réponse de l ordre
dominant à ce désordre. L’émancipation du spectateur, c est alors l affirmation de sa capacité de
voir ce qu’il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. Les interventions réunies dans ce recueil
examinent, à la lumière de cette hypothèse, quelques formes et problématiques significatives de l art
contemporain et s efforcent de répondre à quelques questions : qu’entendre exactement par art
politique ou politique de l art ? Où en sommes-nous avec la tradition de l art critique ou avec le désir
de mettre l art dans la vie ? Comment la critique militante de la consommation des marchandises et
14
des images est-elle devenue l affirmation mélancolique de leur toute-puissance ou la dénonciation
réactionnaire de l « homme démocratique » ?
RUBY, Christian, Devenir contemporain ? La couleur du temps au prisme de lʼart, Paris, Edition
du Félin, 2007.
Que signifie être contemporain de quelqu'un ou de quelque chose ? " L'artiste est fils de son époque,
mais pas son disciple. " Voilà ce que notait Friedrich von Schiller dans ses Lettres sur l'éducation
esthétique de l'homme (1794-1795), voilà le point de départ d'une méditation sur la beauté moderne
et ses perspectives. Historiens de l'art et philosophes retournent sans cesse le même sablier de la
réception, inversent l'angle de pensée, défendent une position contre une autre. Le résultat ? C'est un
paradoxe. La profondeur critique s'est développée à la même vitesse que la confusion dans les
esprits. Il est urgent de penser à nouveau - et c'est ici le travail pertinent de Christian Ruby - le rapport
de l'individu à l'art et à son époque. De penser vraiment la création et de renouer avec une forme
intelligente d'engagement.
Historien de l'art, essayiste, conservateur de musée ou professeur, Didier Semin est peut-être avant tout
un regard (don d'acuité cruelle et sens du point de vue) servi par un ton d'une rare élégance et d'une
inimitable drôlerie, une culture savante et curieuse tempérée par une indépendance d'esprit que
n'impressionne plus aucune autorité.
STERCKX, Pierre, Impasses et impostures en art contemporain, Paris, Anabet éditions, 2008.
Sur quelles bases théoriques s'appuyer aujourd'hui pour séparer les excitations de la mode de ce qui
fera événement dans l'art contemporain ? Les concepts d'« histoire », de « mouvement », « style » ou «
école » ont volé en morceaux. C'est dans ce méli-mélo actuel que Pierre Sterckx passe au crible
quelques grandes stars du marché international : des reliquaires de Damien Hirst à l'illustratif et
matiériste Anselm Kiefer, de l'anamorphose visqueuse de Garouste jusqu'à la déferlante chinoise
illustrée par l'artiste Wang Du... L'auteur ne prétend pas ajouter sa voix à la sinistre chorale qui multiplie
les discours d'exécration à l'égard de l'art contemporain mais plutôt à pister, démonter
scientifiquement ce qu'il croit être des impostures et des impasses.
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STERCKX, Pierre, Les plus beaux textes de l'histoire de l'art, Boulogne-Billancourt, Beaux arts
éditions, 2009.
Des grottes de Lascaux révélées par Georges Bataille aux dessins de Cy Twombly décryptés par
Roland Barthes, écrivains, philosophes, poètes, historiens de l'art ont pris la plume pour éclairer les
œuvres et les artistes qui les inspirèrent. Ainsi, Diderot dévoile Chardin, Zola et Mallarmé défendent
Manet, Rilke rend hommage à Rodin, Arasse réinterprète la Joconde. Articles de presse, comptes
rendus de Salons, poèmes, extraits de romans, essais, la critique d'art s'écrit de mille façons. Cette
anthologie illustrée propose un florilège de 70 chefs-d’œuvre qui ont fasciné les grands auteurs et
constitue une nouvelle histoire de la critique. Sélectionnés et commentés par Pierre Sterckx, illustrés
par l'œuvre décrite, ces morceaux choisis célèbrent les noces de l'art et de la littérature.
ROCHLITZ, Rainer, Lʼart au banc dʼessai : esthétique et critique, Paris, Gallimard, 1998.
Arguant de la relativité des goûts et des plaisirs, une esthétique libérale entend prendre simplement
acte du différend des jugements, tous par nature individuels et subjectifs. Rarement, pourtant, s'est fait
à ce point sentir le besoin de critiquer, de juger, de sélectionner. R. Rochlitz nous invite à réinventer
l'esthétique ; il montre notamment la complémentarité entre esthétique et critique.
Plus de 2.000 termes constituent les entrées de ce vocabulaire. De nombreux renvois complètent les
articles. Contient un index des écoles et mouvements artistiques ainsi qu'une liste des articles traités.
SZEEMANN, Harald, Quand les attitudes deviennent forme : œuvres, concepts, processus,
situations, Kunsthalle Bern, 1969.
TRON, Colette, DURING, Elie, MONDZAIN, Marie-José, Esthétique et société : actes, Paris,
L'Harmattan, 2009.
Série de conférences sur les modes d'expression en cours pour "actualiser, transformer, critiquer,
renouveler les questionnements esthétiques". Les textes étudient l'industrie culturelle, l'apport des
appareils techniques dans la création ou le monde de l'image.
TRONCY Eric, Le colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier (textes de 1985 –
1998), Dijon, Les Presses du réel, 1998.
Le Colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier regroupe une trentaine de textes écrits
par Éric Troncy entre 1988 et 1998. Au fil de ces dix années, l’auteur esquisse une approche originale
du champ artistique, entre histoire et sociologie, et porte un regard particulièrement incisif sur
l’événement exposition. Une observation exigeante et passionnée de la production des artistes fonde
cette analyse, qui définit aussi les modalités contemporaines d’apparition de l’œuvre.
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TRONCY Eric, Le docteur Olive dans la cuisine avec le revolver - Monographies et entretiens
1989 -2002, Dijon, Les Presses du réel, 2002.
Eric Troncy livre ici (après Le colonel Moutarde...) un florilège des monographies et entretiens
consacrés aux artistes de notre époque. Plus que le portrait d'une génération d'artistes, c'est toute une
philosophie de l'activité contemporaine qui s'esquisse en filigrane, et dont l'auteur n'épargne jamais le
récit des travers et aberrations qui font aussi son identité.
Si la vitesse c'est la lumière, alors le semblant c'est le mouvant. L'auteur s'interroge ici sur les
perceptions inconscientes, sur la vraisemblance des images et sur les manipulations cinématiques
dont elles sont l'objet.
VON DRATHEN, Doris, Vortex of silence: proposition for an art criticism beyond aesthetic
categories, Milan, Charta, 2004.
17
> Théories de l’art contemporain
Sociologie/ économie de l’art
BECKER, Howard S, Les mondes de l'art, Paris, Flammarion, coll. Champs Arts, 2006.
Howard S. Becker analyse la production de toute œuvre d'art comme une action collective. L'artiste
est au centre d'une chaîne de coopération liant tous ceux qui, à des titres divers, concourent à
l'existence de l'œuvre. Il se réfère à des créateurs du passé ou de son temps; il mobilise des fabricants
de matériels, des collaborateurs, des intermédiaires diffusant l'œuvre, des critiques et des théoriciens,
des fonctionnaires pour soutenir ou censurer l'activité créatrice, des publics. Tous agissent sur la base
de conventions communes qui s'incarnent dans des savoirs, des techniques, des habitudes de travail,
des catégories de perception. L'œuvre apparaît ainsi dans le mouvement de sa genèse matérielle et
cognitive : elle est empreinte des multiples décisions et interprétations qui font du " monde de l'art "
tout entier son " auteur ". Les Mondes de l'art compte parmi les contributions les plus originales au
développement de la sociologie de l'art.
Insaisissable artiste...Il semble, en effet, fuir toute définition. Son rôle social affiche une prétention à
l'exception, il incarne une posture humaine qui ruse avec toute normalisation, et il prétend rechercher
une singularité qui ne souffre de se fixer qu'en s'inventant à chaque instant. Or, cet état à la fois de
plénitude et d'ambiguïté correspond à un moment très précis de l'histoire. Avant, le type de l'artiste
s'est formé au rythme de la spécialisation de son activité, après, à l'ère postmoderne, il semble subir
une crise qui fait peser un doute sur sa persistance. Il s'agit, dans ce livre, de retracer la courbe de
cette évolution : la montée progressive de la maturation de la posture d'artiste, jusqu'à l'apogée de
l'artiste-roi, puis sa chute, sinon attestée, du moins annoncée. Soit, entre le presque-artiste et le post-
artiste, le plein-artiste qui, outre d'avoir régné, est le fantasme que visa le premier et continuera de
hanter le second. Dominique Château est professeur d'esthétique à l'université Paris Ier Panthéon-
Sorbonne. Il a publié notamment : L'art comme fait social, L'Harmattan, 1998 ; L'Héritage de l'art.
Imitation, tradition et modernité, L'Harmattan, 1998 ; Duchamp et Duchamp, l'Harmattan, 1999 ; Arts
plastiques : archéologie d'une notion, Jacqueline Chambon, 1999 ; Qu'est-ce que l'art ? L'Harmattan,
2000 ; Cinéma et philosophie, Nathan, 2003.
DUCRET, André, L'art pour objet : Travaux de sociologie, Paris, La Lettre volée, 2006.
Comprendre, pour le sociologue, c'est remonter de l'œuvre à l'acte, du produit au procès, de l'art
déjà fait à l'art en train de faire en replaçant l'activité artistique dans son contexte de production, de
diffusion et de réception. Issus d'enquêtes empiriques comme de recherches en bibliothèque, les
textes que réunit ce recueil sont autant de tentatives de remplir ce vaste programme sans cesse
amendé et disputé par la tradition sociologique. De la question de l'écriture pour Piet Mondrian au
rôle de l'artiste dans l'espace public, de la problématique de l'industrie culturelle selon Theodor
18
Adorno à celle du polythéisme des valeurs, d'une querelle savante autour de l'objet et de la méthode
en sociologie de la musique à la polémique publique suscitée par un concours d'embellissement
controversé, ces travaux s'inscrivent depuis une décennie au cœur du débat qui anima aujourd'hui la
sociologie des arts sur ses frontières, ses méthodes et ses résultats. André Ducret enseigne la sociologie
des arts et de la culture ainsi que l'histoire de la pensée sociologique à l'université de Genève. Il est
l'auteur de Mesures. Etudes sur la pensée plastique (Bruxelles, la Lettre volée, 1990) ; L'Art dans
l'espace public. Une analyse sociologique (Zurich, Seismo, 1994) et Architecte en Suisse. Enquête sur
une profession en chantier (Lausanne, PPUR, 2003).
Les articles analysent les logiques à l'œuvre dans la création artistique. A travers la musique, le théâtre
ou le cinéma, ils montrent que l'art connaît une dimension socialisatrice permettant au créateur de se
réaliser et de se construire une identité.
HEINICH, Nathalie, Etre artiste, les transformations du statut des peintres et des sculpteurs,
Paris, Klincksieck, 2005.
Les peintres et les sculpteurs n'ont pas toujours occupé la même place dans la société : conditions de
travail, statut juridique, encadrement institutionnel, position hiérarchique, fortune, mode de vie,
notoriété, critères d'excellence, et même caractère ou aspect physique ont considérablement
changé au cours des siècles, du Moyen Âge à aujourd'hui. C'est l'ensemble de ces différentes
caractéristiques qui forme leur « statut » : celui-ci englobe donc non seulement les conditions
matérielles de leur activité, mais aussi les représentations qui y sont associées, ainsi que la dimension
symbolique des significations du mot « artiste ». Cette investigation relève donc autant d'une
anthropologie de la notion d'artiste que d'une sociologie ou d'une histoire sociale de l'art.
Ici, la sociologue s’intéresse à la place de l’artiste au sein du régime démocratique français. Partant
de l’analyse historique de la genèse de la figure de l’artiste après la Révolution comme être tout-
puissant, aussi prestigieux que les membres les plus éminents de la société, malgré leur naissance
souvent modeste et leur absence de fortune personnelle. D’une aristocratie l’autre ? D’une certaine
manière, oui, l’aristocratie des artistes s’affirmant non plus par la qualité de son sang mais par la
singularité de ses comportements et de ses créations. Écrivains, auteurs dramatiques, musiciens,
peintres, autant d’arpenteurs des marges devenus, par la magie de l’art, de véritables héros de la
société…Comment ce phénomène s’est-il développé jusqu’à aujourd’hui et comment l’expliquer ?
HEINICH, Nathalie, Faire voir : l'art à l'épreuve de ses médiations, Paris, Les impressions
nouvelles, 2009.
Les professionnels de l'art, qu'ils soient experts, critiques, conservateurs ou commissaires d'expositions,
contribuent à faire sortir les œuvres des ateliers et à les exposer. L'auteure, sociologue du CNRS,
revient sur les valeurs et les représentations des décisions d'achats par les conservateurs ou sur les
arguments utilisés par les critiques pour qualifier une œuvre.
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HILLAIRE, Norbert, Lʼartiste et lʼentrepreneur, Colloque, 2005, Nice, Université Sophia Antipolis,
Saint Etienne, Cité du design, 2008.
L'art s'intéresse à l'économie autant que l'économie s'intéresse à l'art. Toutefois, plus que d'économie
de l'art (le marché), il sera question ici de la manière dont les artistes, au cours de ces trente dernières
années, se sont appropriés la réalité économique. Comment se fait-il, en effet, qu'ils soient si
nombreux à représenter cette activité par les moyens de la photographie, de la vidéo, de la peinture
et de la sculpture mêmes, de l'installation également ? D'où vient ce désir des artistes de fonder des
entreprises, fictives ou bien réelles : de mimer à leur manière, critique ou amusée, cet aspect central
de l'activité humaine ? Si l'art se fonde sur la propension toute spécifique à lire, à comprendre et à
donner à voir ce monde que nous partageons pour le meilleur et pour le pire, alors l'économie, qui
fonde une large part du monde, ne pouvait que se soumettre au questionnement des artistes.
IVENS, Maria, Le peuple-artiste, cet être monstrueux : la communauté des pairs face à la
communauté des génies, Paris, L'Harmattan, 2002.
MENGER, Pierre-Michel, Le travail créateur : S'accomplir dans l'incertain, Paris, Gallimard / Seuil,
coédition EHESS, 2009.
La création est un acte de travail. Depuis l'élaboration de l'œuvre jusqu'à l'organisation des activités
en marchés, en professions, en relations d'emploi et en dispositifs d'évaluation, un même principe
régulateur agit: l'activité créatrice est de part en part fécondée par l'incertitude. Le travail n'est
gratifiant pour l'artiste que si son déroulement demeure surprenant. Les professionnels, les critiques et
les publics procèdent à d'incessantes comparaisons pour identifier les qualités des artistes et des
œuvres, faute de savoir comment déterminer leur valeur absolue. Les marchés gèrent par la
surproduction la recherche de l'originalité profitable. Cet ouvrage met en place un cadre théorique
d'analyse de l'action en horizon incertain, puis l'applique aux arts. Des différences considérables de
succès peuvent-elles résulter de différences minimes de talent? La catégorie du génie est-elle soluble
dans la critique sociologique? Pourquoi les inégalités présentent-elles le même profil dans les arts et
dans les sciences? Si l'offre augmente toujours plus vite que la demande, faut-il conclure que les
artistes sont les funambules du déséquilibre, et que les mondes artistiques gagent leur développement
sur les paris de ces "fous rationnels"? Avec quelles contreparties? Comment le principe d'incertitude
gouverne-t-il l'action culturelle publique? Comment une œuvre peut-elle être admirée pour son
inachèvement?
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MENGER, Pierre-Michel, Profession artiste, Extension du domaine de la création, Paris, Textuel,
coll. Conversations pour demain, 2005.
La fameuse querelle de l’argentier et du saltimbanque a fait l’objet d’une énième mise en scène à
l’été 2003 avec la grève des intermittents, réglée par l’absurde puisqu’on ne joua pas… Les
spectateurs étaient sommés de choisir leur camp entre la défense de la « Culture »… ou celle des
comptes sociaux. Refusant ce manichéisme, Pierre-Michel Menger nous adresse ici un tout autre
discours. Son propos : lutter contre les idées reçues et les conservatismes de tout poil, qu’ils tentent de
faire du financement de la culture un sanctuaire intouchable sous peine d’excommunication ou qu’ils
stigmatisent des professions artistiques jugées privilégiées et vaguement paresseuses. Pour sortir de
l’idéologie, Pierre-Michel Menger nous invite à comprendre ces réactions épidermiques comme
l’aveu d’une myopie vis-à-vis d’un monde en pleine mutation. Un monde où le travail artistique se
banalise en revêtant les caractéristiques de la flexibilité salariale et entrepreneuriale et où les notions
de créativité et de travail expressif se répandent dans le monde salarial conventionnel.
MENGER, Pierre-Michel, Du labeur à l'œuvre : Portrait de l'artiste en travailleur, Paris, Seuil, coll.
La république des idées, 2003.
Derrière la scène, l’écran ou la toile, il y a des hommes et des femmes au travail : des chanteurs, des
acteurs, des peintres, des musiciens, des metteurs en scène, des réalisateurs qui gagnent leur vie. À
quel prix ? Avec quels risques et quelles contraintes ? Quels sont les bons critères économiques
lorsqu’on s’intéresse à la création, c’est-à-dire à des objets par définition uniques et singuliers ?
Comment sécuriser les trajectoires professionnelles des créateurs ? C’est cet envers du décor
qu’explore Pierre-Michel Menger. Tel qu’il le raconte, le monde artistique est à la fois singulier et
exemplaire. Singulier parce que caractérisé par une multiplicité de risques sans équivalent dans les
autres professions. Exemplaire parce qu’il pose des questions qui sont celles du monde du travail dans
son ensemble aujourd’hui. Et si l’économie du monde artistique était la forme la plus aboutie du
nouveau capitalisme ?
Le temps n'est plus aux représentations héritées du XIXe siècle [...].Dans les représentations actuelles,
l'artiste voisine avec une incarnation possible du travailleur du futur, avec la figure du professionnel
inventif, mobile, indocile aux hiérarchies, intrinsèquement motivé, pris dans une économie de
l'incertain, et plus exposé aux risques de la concurrence interindividuelle et aux nouvelles insécurités
des trajectoires professionnelles. Comme si, au plus près et au plus loin de la révolution permanente
des rapports de production prophétisée par Karl Marx, l'art était devenu un principe de fermentation
du capitalisme. Comme si l'artiste lui-même exprimait à présent, avec toutes ses ambivalences, un
idéal possible du travail qualifié à forte valeur ajoutée.
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MOULIN, Raymonde, L'artiste l'institution et le marché, Paris, Flammarion, nouvelle réédition 2009.
L'« art contemporain », parallèlement à son institutionnalisation et à son entrée fracassante dans les
circuits académiques, suscite de nombreuses controverses entre les différents « spécialistes » (historiens
d'art, critiques d'art, conservateurs de musées, marchands d'art, sociologues...). Ce phénomène (de
société), qui est loin d'être exclusif à notre époque, se situe au cœur de la réflexion de Raymonde
Moulin dans son ouvrage L'artiste, l'institution et le marché. Dans un monde sans cesse redéfini par ses
mutations rapides, qualifié de bouleversé (et bouleversant), il importait à cette sociologue (historienne
de formation), de se pencher sur la production artistique, sphère de prédilection desdites mutations.
En abordant successivement, les différentes modalités de construction des valeurs esthétiques, les
mécanismes du marché de l'art, les paramètres de définition d'un groupe social des artistes,
Raymonde Moulin se propose de redéfinir, ou du moins d'éclaircir, ce que nous pouvons appeler, de
manière générale (donc imprécise et arbitraire), le « monde de l'art ».
MOULIN, Raymonde, Sociologie de lʼart, colloque, Marseille, 13-15 juin, Paris, Montréal (Québec),
L'Harmattan, 1999.
En novembre 2006, un tableau de Jackson Pollock, toile n°5 1948, atteignait le prix record de 140
millions de dollars. En septembre 2008, Damien Hirst court-circuitait les galeries et proposait
directement aux enchères 218 de ses œuvres. Au final ? Un chiffre d'affaires de 120 millions de dollars.
Entre janvier 2004 et 2009, la cote des artistes chinois s'est accrue de 416%. Par quelle alchimie un
morceau de toile, une installation peuvent-ils valoir plusieurs millions d'euros ? Contrairement aux biens
usuels, pour lesquels la valeur dépend de caractéristiques essentiellement techniques, la valeur d'une
oeuvre d'art contemporain résulte d'un jeu complexe d'interactions entre différents acteurs : artistes,
galeries, conservateurs, commissaires d'exposition, collectionneurs, critiques, dont les actions et les
choix sont perçus comme autant de signaux attestant de la qualité de l'oeuvre. Le talent, bien sûr,
mais aussi le hasard et les stratégies se mêlent pour donner naissance à des hiérarchies de valeurs, qui
font in fine l'objet d'un relatif consensus. Cet ouvrage propose de décrypter les rouages d'un marché
généralement considéré comme le temple de l'irrationalité. Nathalie Moureau est maître de
conférences à Montpellier III et membre du Lameta (Montpellier I). Elle a publié L'Incertitude dans les
théories économiques (avec D. Rivaud-Danset, " Repères ", 2004). Dominique Sagot-Duvauroux est
professeur à l'université d'Angers et directeur du GRANEM (UMR-MA n° 49). Il a publié L'Economie des
fusions et acquisitions (avec N. Coutinet, " Repères ", 2003). Spécialisés en économie de la culture, ils
ont publié ensemble de nombreux articles et ouvrages sur le marché de l'art.
NICOLAS-LE STRAT, Pascal, Une sociologie du travail artistique : artistes et créativité diffuse,
Paris, L'Harmattan, 1998.
En quels termes juger l'art lorsque les pratiques sont devenues si multiples et les créateurs si nombreux ?
L'entrée de l'art dans une dimension de masse pose de nombreux enjeux démocratiques. L'idée de
démocratisation culturelle convenait tant que l'art relevait encore d'une culture savante qu'il s'agissait
de diffuser dans le peuple. Face à cette vision élitiste, ce livre réfléchit à l'idée d'une démocratie
culturelle.
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PEQUIGNOT, Bruno, ANCEL, Pascale, Une représentation sociale du temps : étude pour une
sociologie de l'art, Paris, L'Harmattan, 1996.
Cette étude s'intéresse aux représentations du temps telles qu'elles sont mises en scène dans une
pratique artistique contemporaine : l'installation. L'auteur nous montre à partir du croisement de
plusieurs exemples issus de pratiques sociales différentes (sciences, travail, etc.) que le temps est une
catégorie de pensée socialement et historiquement construite, qui structure notre expérience. Elle
précise en particulier comment l'oeuvre d'art au même titre que la religion, le travail, etc. peu être un
objet et un outil de connaissance de ce qui structure la vie sociale.
SAINT JACQUES Camille, Artiste, et après ?, Nîmes, Editions Jacqueline Chambon, 1999.
ZURCHER, Bernard, LISBONNE, Karine, Lʼart avec pertes ou profit ?, Paris, Flammarion, 2007.
Afin de déterminer ce que le monde de l'art et celui de l'entreprise peuvent avoir en commun, les
auteurs interrogent la légitimité et la finalité de l'art dans le monde du travail. Ils mettent à plat la
situation française et examinent les stratégies et les méthodes entrepreneuriales des autres pays
européens. Ils analysent également les apports positifs de l'art à la vie interne de l'entreprise.
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