Cours Ciment Et Beton
Cours Ciment Et Beton
Cours Ciment Et Beton
Le 9 avril 2014
Directeur de thse
Monsieur Herv SEZNEC
Jury
Je remercie tout dabord Monsieur Philippe Moretto, directeur du Centre dEtudes Nuclaires
Bordeaux Gradignan de mavoir permis de raliser cette thse en partenariat avec le CENBG.
Je tiens galement exprimer toute ma reconnaissance lensemble des membres du jury pour le
Madame Batrice LAzou, je vous remercie pour lhonneur que vous mavez fait en prsidant cette
thse. Veuillez trouver dans ce travail lexpression de mes remerciements et de mon profond
respect.
Monsieur Herv Seznec, je vous suis trs reconnaissante davoir accept de diriger cette thse.
Votre disponibilit, ainsi que la qualit et la rigueur de votre enseignement mont permis de mener
profonde considration.
Madame Catherine Hourtiguet, cest un grand plaisir de vous voir siger dans ce jury. Votre aide
dans mes dbuts professionnels ainsi que votre disponibilit mont t prcieuses durant mes annes
dtudes et plus particulirement pendant mon stage de 6me anne au sein de la Pharmacie de
Gnicart.
2
Je remercie galement Quentin de mavoir permis davancer ce travail grce ses explications
dexpert.
A ma famille,
Je ddie cette thse mes parents. Je vous remercie pour votre grand soutien et vos conseils
prcieux. Vous mavez aide me surpasser tout au long de mes tudes. Jespre que vous tes fiers
de mon parcours.
A Armelle, ma sur, Matthieu, mon frre et Hugues, mon beau frre. Je suis fire de vous avoir
A Vincent, tu mas permis dtre plus sereine pendant toutes ces annes dtude.
A Mamie Elise,
A mes amis de Pharmacie, avec qui jai pass dexcellents moments, des soires folles, de longues
sances BU, des TP houleux : Anas, Vanessa, Colombe, Marc, Laura, Emilie, Chlo, Stphanie,
Julie, Hlne, Marlne Merci tous pour votre bonne humeur. Je vous souhaite de vous panouir
Prambule ................................................................................................................... 14
4
1.2. La pyrolyse laser ............................................................................................................ 25
biomdical ..................................................................................................................................... 30
2. Protection solaire............................................................................................................ 58
6
2.1. Rappel : Anatomie de lappareil respiratoire ................................................................. 67
2.5. Pntration et accumulation : dposition des nanoparticules dans les rgions du systme
respiratoire .............................................................................................................................. 71
3. Ingestion ......................................................................................................................... 74
II. Mise en vidence du passage des nanoparticules contenues dans les dermo-cosmtiques
III. Facteurs influenant la pntration des nanoparticules par voie cutane. ................. 93
2. Etat des connaissances sur la toxicit des nanoparticules de TiO2 contenues dans les
dermo-cosmtiques............................................................................................................... 100
8
Liste des abrviations
: 1 Angstrom=10-10m
Ag : Argent
Al : Aluminium
atm : Atmosphre
Cu : Cuivre
Fe : Fer
IL : Interleukine
INF : Interfron
INRS : Institut national de recherche et de scurit pour la prvention des accidents du travail et des
maladies professionnelles
m : Mtre
nm : Nanomtre
m : Micromtre=10-6m
Pd : Palladium
Rh : Rhodium
UV : Ultra-violet
Zn : Zinc
10
Liste des figures
Figure 1: Comparaison relative de nanomatriaux avec des structures biologiques (4) .................... 19
Figure 2 : Reprsentation schmatique dun fullerne et des 60 atomes de carbone (noir) qui le
compose. Les ronds noirs symbolisent les atomes de carbone, les traits bleus reprsentent les
(2). ...................................................................................................................................................... 35
Figure 4 : Reprsentation dun liposome, vsicule constitue dun cur aqueux entour dune
Figure 5 : Reprsentation dune micelle, structure polymre de forme sphrique dont le cur est
Figure 8 : Reprsentation du march des nanoparticules dans lindustrie cosmtique (47). ............. 55
lhomme en fonction du diamtre des particules. Le sujet respirant majoritairement par la bouche
Figure 11 extraite (4) : Passage des nanoparticules travers lpithlium intestinal. Trois voies
sont suspectes : voie lymphatique, la plus documente (absorption par les cellules M), la voie
11
paracellulaire (passage entre deux cellules), et la voie transcellulaire (absorption par les entrocytes,
Mtabolisme, Excrtion) est reprsent. Les flches pleines reprsentent les hypothses confirmes
concernant les voies empruntes par les nanoparticules ; les flches pointilles les voies non
dmontres (20).................................................................................................................................. 81
Figure 13 : Coupe histologique montrant la pntration dune particule marque par fluorescence
Figure 14 : Images obtenues par microscopie lectronique transmission des kratinocytes aprs
traitement par TiO2. (A) : dtection dagglomrats de TiO2 dans lespace extracellulaire dans une
Figure 15 : Mcanisme dcrivant les rponses intracellulaires aux radicaux oxygns et azots
induits par des nitrites en prsence de dioxyde de titane sous UVA (89). ....................................... 104
Figure 16 : Evolution de la taille des tumeurs aprs injection intrapritonale de TiO2 (97) .......... 110
12
Liste des tableaux
Tableau 3 : Quantit moyenne et mdiane de produit appliqu pour chaque type de cosmtiques par
application, par jour ainsi que le nombre moyen dapplications par jour. ......................................... 87
13
Prambule
Prambule
dbut du XXIme sicle. Les nanotechnologies reposent sur la capacit manipuler la matire
lchelle la plus petite possible, de lordre du milliardime de mtre soit 10-9 m. Lutilisation des
Nombreuses sont les nations qui reconnaissent la ncessit de prendre en compte les nanoparticules
dans la rglementation du fait de limpact conomique et socital qui en dcoule. En raison de leur
concernant les effets potentiels sur la sant des utilisateurs, de nombreuses inquitudes ont merg.
2006, la France impose aux industriels depuis le 1er janvier 2013 de dclarer lAgence nationale
de scurit sanitaire la prsence de matriaux ltat nano-particulaire dans leur production. Cette
mesure permet dassurer la traabilit, linformation au public et un recensement des produits mis
sur le march.
Lutilisation des nanoparticules rend possible la cration de nouvelles classes de matriaux aux
proprits innovantes. De trs nombreux travaux ont t publis ce sujet cette dernire dcennie et
les nanoparticules suscitent toujours beaucoup dintrt dans les domaines conomique, industriel et
mdical.
A ce jour, les nanoparticules font partie de notre quotidien. De nombreuses applications industrielles
et mdicales sont en cours de dveloppement, et sont pour certaines, dj mises en uvre. Les
14
Prambule
quelques grammes par an (marqueurs dans l'imagerie biologique) plusieurs tonnes (noir de
Entre 2010 et 2015, les enjeux conomiques lis lavnement des nanotechnologies au niveau
mondial devrait atteindre 1000 milliards deuros par an tous secteurs confondus et concerner
Il est alors possible de sinterroger sur les progrs apports par ces nanoparticules par rapport aux
annes. Des tudes montrent que certaines proprits des objets lchelle nanomtrique peuvent
confrer des comportements spcifiques, exacerbant, dans certains cas, leur ractivit chimique,
leur comportement lectronique ou magntique, ou encore, leur potentiel de pntration dans les
organismes vivants.
Lessor des nanoparticules dans les produits de notre quotidien ncessite den valuer les effets sur
lhomme et son environnement. A ce jour, les donnes disponibles concernant limpact de ces
difficult de quantifier les doses prsentes dans lorganisme. De plus, les rsultats des tudes
toxicologiques ne permettent pas dtablir lheure actuelle un bilan clair de leur toxicit
potentielle.
15
Prambule
Cette thse dexercice a pour but de proposer un tat des lieux des connaissances actuelles, des
applications et progrs apports par lutilisation des nanoparticules notamment dans le domaine de
intresserons aux diffrents modes de synthse des nanoparticules, leurs proprits, ainsi qu la
les interactions entre les nanoparticules et les molcules biologiques par ltude des diffrentes
nanoparticule de dioxyde de titane (TiO2), nous recenserons les donnes actuelles concernant une
produits de soins.
16
Partie 1 : Le nanomonde
17
Partie 1 : Le nanomonde
Le prfixe nano dsigne un milliardime dunit. Un nanomtre (nm) est donc un milliardime
de mtre.
lchelle du nanomtre.
Les nanomatriaux quant eux, sont dfinis comme tant des matriaux sous forme de poudre,
Certaines nanoparticules sont dorigine naturelle cest dire issues druptions volcaniques, de feux
raffinage et de la fusion de minerais, de la combustion de matriaux fossiles par les vhicules et les
18
Partie 1 : Le nanomonde
Les nanomatriaux sont des assemblages datomes dont au moins une dimension est comprise entre
1 et 100 nm (1). La limite infrieure admise est de 1 nm afin de ne pas dsigner comme
nanomatriaux des atomes ou molcules seuls ou en petit groupe. La limite suprieure admise est de
100 nm. Cest en gnral lordre de grandeur maximal pour lequel les proprits physicochimiques
19
Partie 1 : Le nanomonde
Une classification des structures propose en 2007 par Buzea et al., repose sur un classement en
Classe 1 : Cette classe comprend les films minces et revtements de surface infrieurs 100 nm.
Classe 3 : Les nanoparticules sous forme compacte de structure polydrique ou sphrode. Cette
structure peut tre simple, telle la nanoparticule libre, ou plus complexe, et former des agrgats ou
agglomrats de nanoparticules. Les nanoparticules ont gnralement une structure cristalline et sont
Une autre classification en fonction des dimensions est aussi admise (2). Dans ce cas, les
nanomatriaux sont rpertoris et classs en quatre familles selon leurs formes dutilisation.
20
Partie 1 : Le nanomonde
renfort nanomtrique avec des proprits diffrentes du matriau massif. Les nanomatriaux
possdent des proprits spcifiques de surface qui induisent des interactions plus fortes avec la
Dun point de vue chimique, il existe deux grandes catgories de nanoparticules qui diffrent par
leur composition : les nanoparticules organiques base datomes de carbone, telles le noir de
composition mtallique (Zn, Fe, Cu) comme les oxydes mtalliques (TiO2, ZnO, SiO2) (6).
Dans ce manuscrit, seront brivement dcrites les nanoparticules les plus couramment utilises et
Il est possible de les classer en deux catgories selon leurs caractristiques physiques : souples
ou rigides (6).
est d la prsence dun ple hydrophile sorientant vers les lments aqueux et dun ple
Pour exemple, les liposomes se rvlent intressants dans llaboration de topiques dermatologiques
car les drogues incorpores dans cette structure pntreraient plus facilement dans le canal du
21
Partie 1 : Le nanomonde
follicule pileux que les molcules dun autre type de formulation en raison de leur similitude
De nombreux polymres organiques sont produits dans des dimensions nanomtriques. Pour
nanomtrique, ces composs peuvent tre, dans certaines conditions, solubiliss ou modifis
chimiquement. Plusieurs de ces polymres organiques sont mme dtre prpars sous forme de
nano-fils.
Parmi les classifications, celle de lInstitut de recherche en sant et scurit du travail canadien
implant au Qubec (IRSST), dfinit et tablit une classification des nanoparticules rigides dans son
rapport R646. Ce rapport rsume les connaissances actuelles sur les nanoparticules de synthse.
Les nanoparticules rigides sont des structures collodales de diffrentes formes et diffrentes tailles,
constitues de carbone ou dlments tels que des mtaux (or, argent), des oxydes mtalliques
22
Partie 1 : Le nanomonde
Les fullernes sont des cages constitues datomes de carbone. La forme la plus tudie, synthtise
pour la premire fois en 1985 (8), est sphrique et contient 60 atomes de carbone.
Cependant, il existe des structures contenant de 28 1500 atomes de carbone et pouvant atteindre
8,2 nm de diamtre.
Figure 2 : Reprsentation schmatique dun fullerne et des 60 atomes de carbone (noir) qui le
compose. Les ronds noirs symbolisent les atomes de carbone, les traits bleus reprsentent les liaisons
Le graphite est compos dune srie de couches superposes dun rseau hexagonal datomes de
carbone, dont chaque atome est li trois carbones voisins dans un rseau planaire. Sparer ces
couches en une monocouche, dont lpaisseur est de lordre du nanomtre, permet dobtenir des
feuillets de graphne.
Les nanotubes de carbone constituent une nouvelle forme cristalline du carbone. Ils se prsentent
sous forme de nano-feuillets de graphne. Ce sont des cylindres creux pouvant avoir des diamtres
infrieurs au nanomtre et atteindre plusieurs millimtres de longueur. Chaque extrmit peut tre
23
Partie 1 : Le nanomonde
Le noir de carbone est constitu de matriel graphitique partiellement amorphe, c'est--dire non
cristallis, dont une fraction des particules lmentaires est de dimension nanomtrique,
Les nano-fibres de carbone sont constitues de feuillets de graphne. Contrairement aux nanotubes,
elles ne senroulent pas en cylindre rgulier mais sorganisent plutt en structure en forme de cne
Des oxydes mtalliques de dimensions nanomtriques existent galement. Les plus courants, car
produits grande chelle, sont la silice (SiO2), le dioxyde de titane (TiO2) et loxyde de zinc (ZnO).
Les voies de production de ces nanomatriaux sont extrmement varies. Les nanoparticules sont
top-down ) (2). Par lapproche ascendante ou bottom-up , les nanoparticules sont construites
atome par atome ou molcule par molcule (hydrolyse ou condensation dalkoxydes). Dans
permettrait la production dune plus grande diversit darchitectures et, souvent, un meilleur
positionnement des molcules, homognit des produits). Par opposition, lun des avantages de la
mthode descendante serait une capacit de production plus volumineuse mais un contrle de ltat
Travail (AFFSET) classe les diffrents modes de synthse des nanoparticules en fonction des
procds physiques, chimiques et mcaniques (Annexe 1). Les procds les plus courants sont
1. Mthodes physiques
1.1. Evaporation/condensation
Cette mthode consiste vaporer un mtal par chauffage puis condenser la vapeur mtallique
cette technique est le contrle absolu et homogne des particules lchelle nanomtrique. Les
nanoparticules sont obtenues par refroidissement trs rapide de la vapeur mtallique. Ce procd
La pyrolyse laser est une mthode simple et efficace de synthse de poudres nanomtriques. Elle
repose sur l'interaction entre un laser CO2 et un flux de ractifs. Le transfert d'nergie provoque une
lvation rapide de temprature. Les ractifs prcurseurs sont dissocis et une flamme apparat
dans laquelle se forment les nanoparticules, qui subissent ensuite une baisse rapide de temprature
ou effet de trempe en sortie de flamme. Les poudres sont alors entranes par un flux gazeux
dans une zone de collecte. Dans la plupart des cas, cette collecte s'effectue sur poudre sche.
Cette mthode possde de nombreux avantages : une grande puret chimique des produits, une
25
Partie 1 : Le nanomonde
bonne homognit physique et chimique, une vitesse de trempe rapide et une bonne souplesse
dutilisation.
Un arosol est un ensemble de particules, solides ou liquides, d'une substance chimique donne en
suspension dans un milieu gazeux. La synthse de nanoparticules peut tre obtenue par oxydation
dans des flammes trs haute temprature ou plasma thermique partir de prcurseurs gazeux ou
La formation dun arosol ne ncessite pas un grand volume de liquide. La dure de raction est trs
Ce procd permet notamment la production de plusieurs tonnes par an de dioxyde de titane, silice
ou noir de carbone.
2. Mthodes chimiques
Le procd sol-gel permet de fabriquer un polymre inorganique par des ractions chimiques
simples, une temprature comprise entre 20 et 150C. La synthse est effectue partir
prcurseur et dpart dun groupement alkyle. Cette tape peut tre catalyse par la modification du
pH dans le milieu ractionnel. La dispersion est appele le sol . Dans un deuxime temps, il se
produit une polymrisation inorganique qui aboutit la formation du gel . Le gel est ensuite
sch afin dliminer la phase aqueuse laide dun four par exemple.
Lintrt de ce procd est lexistence de prcurseurs pour un grand nombre de mtaux et non-
26
Partie 1 : Le nanomonde
mtaux. Ils sont soit liquides soit solides, et pour la plupart, solubles dans des solvants usuels
aqueux ou organiques. Cette mthode permet un bon contrle de la morphologie des nanoparticules
La faon la plus classique de prparer des liposomes est celle dite de l'hydratation d'un film
lipidique. Ce film est souvent obtenu par vaporation d'un solvant organique dans lequel les lipides
lipidiques. L'utilisation de phospholipides naturels permet de crer des systmes qui miment les
membranes biologiques.
pression (entre 1 atm et 10 000 atm) et une temprature comprise entre 100 et 1000C au sein
dun autoclave. Cependant, le principal inconvnient d'un tel dispositif ferm est l'inertie thermique
du racteur qui doit rsister l'effet conjugu de la temprature et de la pression, et aux variations
de tempratures qui en rsultent dans le milieu ractionnel. Ces limitations peuvent tre supprimes
Un large choix de solvants possdant une temprature dbullition leve peut tre utilis.
Cette mthode solvo-thermale garantit un meilleur contrle de la taille, de la forme et une meilleure
qualit de fabrication des cristaux. Lorsque le solvant utilis est leau, on parle de mthode hydro-
Les nanoparticules sont gnralement trs bien cristallises et ne ncessitent aucun traitement
27
Partie 1 : Le nanomonde
Les nanoparticules prsentent des proprits qui sont fonction de leur composition, de leur structure
cristalline, de la surface expose ainsi que de leur procd de synthse. Cependant, quelle que soit
leur origine, les nanoparticules possdent des proprits physiques communes qui dcoulent
notamment de leur dimension. Lorsque la taille diminue, la surface spcifique augmente, le nombre
datomes en surface devenant plus important. Cela a pour consquence une modification des
catalytiques (ractivit accrue) du matriau sous forme nano-particulaire par comparaison au mme
Les proprits des nanoparticules sont pour la plupart directement lies leur petite taille ainsi qu
leur surface.
Lorsque la taille diminue, le nombre de particules par gramme de matire croit considrablement.
Ainsi, le nombre d'atomes localiss en surface, c'est--dire en contact avec le milieu environnant
augmente.
surface/masse tant beaucoup plus important pour les nanoparticules que pour les particules
La taille nanomtrique est galement susceptible de modifier les proprits lectriques de certains
(TiO2) (12). Le principe de la photo-catalyse est lactivation dun semi-conducteur par absorption
dnergie lumineuse (photon). Au sein dun semi-conducteur, le gap entre la bande de valence et de
la bande de conduction est de faible nergie. Labsorption dun photon dnergie suprieure au gap
28
Partie 1 : Le nanomonde
permet le transfert dun lectron de la bande de valence vers la bande de conduction formant un
exciton. Un exciton est une combinaison dun lectron (charg ngativement) et dun trou
(charg positivement), form par le dpart de llectron. Ces deux entits sont instables et ont
tendance se recombiner avec une espce environnante induisant la formation de radicaux libres
susceptibles de ragir avec le milieu. En effet, les nanoparticules ont une surface plus importante
processus de photo-catalyse. Parmi les photo-catalyseurs les plus utiliss, on recense les oxydes
mtalliques et plus particulirement le TiO2. Dans ce cas particulier, lnergie apporte pour
lactivation du catalyseur doit se faire sous forme de rayonnements UV. Ce procd peut tre
Les proprits optiques des nanoparticules savrent galement trs intressantes. De par leurs
dimensions infrieures aux longueurs donde de la lumire visible (380 780 nm), elles rduisent
matriaux. Sous forme de fine couche, elles apparaissent comme transparentes. Certaines
nanoparticules comme les oxydes mtalliques (ZnO, TiO2) de diamtre compris entre 30 et 80 nm
sont ainsi utilises en tant que filtres solaires grce leur capacit dabsorption des rayonnements
ultra-violets tout en restant transparentes lil nu. Ces proprits sont lorigine de leurs
Parmi les proprits des nanoparticules, notons aussi leur comportement dans un arosol, c'est--
dire en suspension dans un fluide (liquide ou gaz). Dans un fluide, le comportement dynamique des
dautant plus importante que la dimension est petite, et la sdimentation. Les particules de masse
rduite ont tendance persister dans le fluide de manire stable. Les particules de masse plus
29
Partie 1 : Le nanomonde
Les nanoparticules stabilises dans un fluide connaissent diffrents destins. Elles peuvent tout
dabord rester en suspension de manire stable ou bien se regrouper et sdimenter. Les processus de
regroupement sont induits par des forces dattraction faible (agglomration) ou forte (agrgation).
Le regroupement des particules entraine une augmentation de la masse de celles-ci conduisant leur
sdimentation dans le fluide et donc une diminution de leur concentration en suspension (11).
Enfin, les nanoparticules possdent des proprits mcaniques intressantes qui peuvent se traduire
matriaux composites sans compromettre leur ductilit, c'est--dire leur capacit se dformer
facilement (12).32-3-
secteur biomdical
Les nanotechnologies offrent la possibilit de modifier la taille, la charge de surface ainsi que les
illimites (6). Les modifications de surface apportes aux nanoparticules dpendent de lapplication
potentielle envisage.
La fonctionnalisation des nanoparticules par des polymres augmente leur stabilit en solution
collodale et leur biodisponibilit. De ce fait, il est possible de recouvrir la particule dun produit
chimique comme le polythylne glycol (PEG) afin daugmenter la stabilit et le temps de prsence
de la molcule dans la circulation sanguine (6). Cest le cas par exemple du PEG-Intron et du
Pegasys. Ce sont des interfrons alfa, c'est--dire des protines immunomodulatrices PEGyles,
utilises dans le traitement des infections chroniques au virus de lhpatite C chez lhomme (15). Le
polythylne glycol est un agent de fonctionnalisation intressant car il est soluble, de taille
30
Partie 1 : Le nanomonde
modulable, inerte et non toxique. La pgylation, c'est--dire lajout de PEG, permet ainsi daccrotre
2. Ciblage thrapeutique
Les applications possibles de la fonctionnalisation des nanoparticules dans le domaine mdical sont
par consquent trs tendues. Pour exemples, des particules poreuses renfermant des molcules
usage thrapeutique permettent de livrer des mdicaments de faon slective certains organes
(17). Aussi, des nanoparticules se comportant comme systme de dlivrance dantigne ou adjuvant
Les liposomes font partie des nanoparticules utilises dans le dveloppement des vaccins
La surface des nanoparticules peut galement tre utilise comme plateforme de fixation de ligands.
(vitamine B9) faciliteraient le ciblage des cellules cancreuses au niveau du sein et du col de
Le ciblage thrapeutique permettant une dlivrance optimale du mdicament, limite ainsi le risque
deffet systmique et diminue la toxicit des agents thrapeutiques (en particulier des drogues
anticancreuses).
3. Prvention de lopsonisation
spcifiques (opsonine) afin dinduire sa phagoctytose. Les opsonines sont donc des anticorps et
certaines fractions du complment (groupe de protines prsentes dans le srum sanguin) se liant
aux antignes de surface du corps tranger. La phagocytose quant elle est lingestion suivie de la
digestion dune substance trangre par les macrophages en vue de son limination par lorganisme.
La modification de la charge de surface des nanoparticules influence leur pntration cellulaire (20).
Les applications mdicales qui en dcoulent en dermatologie sont intressantes. Ces procds
permettent un meilleur contrle des processus suivants : pntration, profondeur des nanoparticules
au niveau du follicule pilo-sbac, dplacement, cintique ou type cellulaire cibl. Cest ainsi que
les liposomes cationiques pntreraient plus profondment le follicule que le mme liposome
charg ngativement (6). Autre exemple, des nanoparticules de latex (50-500 nm) charges
ngativement pntrent dans lpiderme alors que les particules charges positivement ou neutre en
sont incapables.
La fonctionnalisation des produits de contraste nano-particulaires par des agents fluorescents offre
la possibilit dune meilleure capacit de dtection en imagerie mdicale. Une large palette dagents
exemple, les traceurs fluorescents infrarouges possdent des proprits photo-physiques adaptes
limagerie optique du vivant. Le vert dindocyanine, notamment est utilis pour visualiser les
structures angiogniques.
Plus rcemment, les quantum dots ou boites quantiques , sont de petits cristaux semi-
32
Partie 1 : Le nanomonde
conducteurs qui prsentent des proprits lectroniques associes leur taille, et des proprits
photo-physiques dintrt majeur pour limagerie de fluorescence, avec une brillance et une stabilit
conservant ses proprits optiques ou magntiques. Concernant l'oxyde de fer, des travaux mettant
en uvre la "passivation" de la surface des nanoparticules par une couche de protines (albumine)
(22). Aussi, les nanoparticules inorganiques en dispersions collodales sont encapsules dans une
matrice polymrique par des techniques dmulsions ou dadsorption physique (23). Lobjectif est
adsorption de surfactant) est ncessaire afin damliorer la dispersion dans la matrice organique
(23).
Une mtrologie prcise est indispensable la comprhension des proprits et des caractristiques
des nanomatriaux. Il est donc important de bien mesurer et de caractriser ces matriaux. Des
travaux mens au niveau international portent sur la mise au point doutils de mesure et de
SAFE production and use of NANOmaterials a pour objectif de dvelopper des outils de
dtection et de caractrisation chimique afin de promouvoir une meilleure gestion et valuation des
33
Partie 1 : Le nanomonde
risques dans le cadre dune production industrielle scurise. Ce programme a lintention de traiter
peuvent tre collectes sur des filtres ou sur des plaques. Pour exemple, la microscopie lectronique
transmission (MET) est classiquement utilise pour dfinir la dimension et la forme des
nanoparticules. La structure cristalline des nanoparticules, quant elle, peut tre caractrise par la
mthode de diffraction aux rayons X (DRX). Aussi, la surface spcifique doit tre dtermine ainsi
que la composition chimique des nanoparticules par des techniques danalyse lmentaire. Enfin,
ltude du comportement des nanoparticules en solution se fera par ztamtrie (mesure de charges
de surface). Pour cela, les appareils existants mis au point il y a dj quelques dcennies sont
Les avantages et applications que procurent les nanoparticules sur le plan mdical, environnemental
et commercial intressent les professionnels de la sant, les industriels et les consommateurs. Les
Daprs le rapport publi en 2008 par le Conseil des acadmies canadiennes (12), les performances
particulirement recherches sont labsorption des rayons ultra-violet, lamlioration des qualits
34
Partie 1 : Le nanomonde
cosmtologie, la sant, la recherche, lhabitation, etc (9). (Annexe 2). Particulirement, le dioxyde
de titane (TiO2) est un excipient largement utilis comme colorant ou antiagglomrant (E171) par
un double objectif : amliorer les produits existants et donner naissance des techniques indites.
Pharmaceutique
Nanomatriaux 18%
34%
Chimie
(catalyseurs) 10%
Transport
nanolectronique
7%
Autre 1%
Electronique
30%
Figure 3 : Rpartition en pourcentage de limpact conomique global des nanotechnologies en 2010 (2).
35
Partie 1 : Le nanomonde
Fullernes Electronique, piles, cellules solaires, stockage des donnes et des gaz,
Graphnes Tlcommunication
combustible (Al)
Oxydes mtalliques Plastics et caoutchoucs (SiO2), crme solaire (TiO2, ZnO), pigments de
VIII. Rglementation
Les nanoparticules sont prsentes dans de nombreux produits de consommation courante (crmes
solaires, textiles, aliments) et dans des secteurs aussi varis que le btiment, lautomobile, la
chimie, la sant etc. En raison des inquitudes avances par les agences de sant, du travail et les
consommateurs, une rglementation spcifique au domaine des nanotechnologies doit tre mise en
place. Lobjectif est de quantifier lexposition des consommateurs et des travailleurs aux
nanoparticules contenues dans les produits prsents sur le march afin dvaluer les risques pour la
36
Partie 1 : Le nanomonde
population.
Les antcdents largement mdiatiss sur les OGM et le nuclaire ne font quamplifier ces
Jusqu prsent, seuls les Etats-Unis avaient mis au point une loi relative la recherche et au
dveloppement des nanotechnologies (loi publique 108-153 vote en 2003). Toutefois, nombre de
pays reconnaissent la ncessit de rglementer les nanotechnologies en raison des effets de leur
objets produits par auto-assemblage. Les directives europennes et les textes franais qui entourent
la question du risque chimique se fondent sur lvaluation de substances chimiques produites par
des procds classiques . Ainsi, cette approche est susceptible de ne pas correspondre au
La loi Grenelle 2 prvoyait le principe de la dclaration des nanoparticules. Deux dcrets, parus le
19 fvrier 2012 au Journal officiel, rendent cette obligation lgale. Les articles L. 523-1 L. 523-3
du code de l'environnement, crs par la loi Grenelle 2, prvoient l'obligation de dclarer l'identit,
les quantits et les usages des substances l'tat nano-particulaire produites, distribues ou
importes en France.
"Le dispositif a pour objet de mieux connatre ces substances et leurs usages, de disposer d'une
traabilit des filires d'utilisation, d'une meilleure connaissance du march et des volumes
commercialiss et enfin de collecter les informations disponibles sur les proprits toxicologiques
L'obligation concerne chaque fabricant, importateur et distributeur d'une substance l'tat nano-
37
Partie 1 : Le nanomonde
particulaire "en l'tat ou contenue dans un mlange sans y tre lie, ou de matriaux destins
rejeter cette substance dans des conditions normales ou raisonnablement prvisibles d'utilisation",
ds lors qu'il produit, importe ou distribue au moins 100 grammes par an de cette substance.
lies ou sous forme d'agrgat ou sous forme d'agglomrat, dont une proportion minimale des
particules, dans la distribution des tailles en nombre, prsentent une ou plusieurs dimensions
externes se situant entre 1 nm et 100 nm". Les fullernes, les flocons de graphne et les nanotubes
de carbone paroi simple prsentant des dimensions externes infrieures 1 nm sont donc d'ores et
La dclaration devra tre adresse au ministre charg de l'environnement avant le 1 er mai de chaque
anne, compter de 2013. Se rapportant l'anne civile prcdente, la premire dclaration portera
donc sur les donnes de 2012. Le dfaut de dclaration peut donner lieu une amende
administrative pouvant atteindre 3.000 euros et une astreinte journalire de 300 euros.
Les dclarations, ainsi que les donnes qu'elles contiennent, seront gres par l'Agence nationale de
Les informations relatives l'identit et aux usages des substances dclares doivent tre mises la
disposition du public chaque anne six mois aprs la date limite de dclaration. Cependant, le dcret
prvoit la possibilit pour les dclarants de demander ce que les informations restent
confidentielles lorsque leur diffusion pourrait porter atteinte au secret industriel et commercial.
38
Partie 1 : Le nanomonde
Le deuxime dcret prcise les organismes auxquels l'Anses peut transmettre les informations
qu'elle dtient. Il s'agit de l'Ansm, de l'InVS, de l'INRS, de l'Ineris et des organismes chargs de la
toxicovigilance.
Ce texte pourrait toutefois tre rvis d'ici dcembre 2014, en fonction du retour d'exprience et des
39
Partie 2 : Applications des nanoparticules en
thrapeutique et cosmtique
40
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
I. Applications mdicales
Le dveloppement des nanotechnologies offre aujourdhui des outils minuscules, dont les proprits
laboration de traitements plus srs et possibilit de ciblage thrapeutique en font des applications
antimicrobiens, et pour limagerie mdicale (imagerie par rsonnance magntique) par la mise au
sappuyant sur les progrs des nanotechnologies tente de cibler uniquement les organes et les tissus
molcules biologiquement actives jusqu leur cible (24). Pour cela, le vecteur doit rpondre de
nombreuses exigences. Il doit tre biocompatible, cest dire tolr par lorganisme, doit franchir
les barrires biologiques et protger la molcule jusqu son site daction. De plus, il ne doit pas
tre toxique pour lorganisme. Ces performances permettent de limiter les effets indsirables et la
En pigeant la molcule dans une nanoparticule appele nanovecteur , le mdicament est protg
des dfenses naturelles du corps, il chappe au systme immunitaire jusquau moment o il atteint
41
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
les tissus viss, les cellules malades, voire lintrieur mme de la cellule.
Dans ce manuscrit, seuls les principaux nanovecteurs seront brivement dcrits. Parmi ces
sinspirant des membranes biologiques. Cette organisation spontane est due au caractre
Figure 4 : Reprsentation dun liposome, vsicule constitue dun cur aqueux entour dune
10 m de diamtre et possdent deux ou plusieurs bicouches lipidiques spares entre elles par un
milieu aqueux. On retrouve galement des Small Uni-lamellar Vesicles (SUV), petits liposomes
denviron 25-50 nm de diamtre, possdant une seule bicouche de phospholipides. Enfin, les
42
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Large Unilamellar Vesicles (LUV) sont composs dune seule bicouche de taille comprise entre
50 et 500 nm de diamtre (25). Ces liposomes sont uniquement constitus du principe actif ou bien
fonctionnaliss par du polythylne glycol (PEG) voire mme par lajout de rcepteurs aux
marqueurs biologiques permettant un ciblage plus prcis de la cellule malade en cancrologie par
exemple.
Une dizaine de mdicaments transports par des nanovecteurs existent aujourdhui sur le
march. Cest le cas par exemple de lAmbisome. Il sagit dune formulation liposomale
damphotricine B, antifongique polynique large spectre actif sur les mycoses systmiques. Cette
molcule tout en conservant son efficacit. En effet, lamphotricine B, traitement phare des
Aussi, les liposomes suscitent lespoir de thrapeutiques plus cibles en dermatologie et plus
dlivrance optimale des molcules thrapeutiques ncessite la pntration de la couche corne afin
datteindre le tissu cible tout en vitant un passage systmique susceptible dtre lorigine deffets
indsirables. La structure molculaire des liposomes tant proche des lipides cutans, les molcules
internalises peuvent tre libres par fusion du liposome avec les membranes biologiques (6,25).
Les micelles se trouvent parmi les nanovecteurs dvelopps avec des applications mdicales
potentielles.
43
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Les micelles sont des nanoparticules constitues dune couronne de molcules amphiphiles c'est--
dire composes dun ple hydrophile et dun ple hydrophobe, en quilibre dynamique autour dun
cur non solide (27). En solution aqueuse, les molcules amphiphiles sorganisent spontanment en
minimisant les interactions de leurs parties hydrophobes avec lenvironnement aqueux alors quen
milieu organique les molcules amphiphiles adoptent le comportement inverse et ce sont les parties
hydrophiles qui sont orientes au cur de la micelle. Ces proprits font des micelles, des
nanoparticules intressantes car, de prparation aise, elles permettent dincorporer des molcules
Figure 5 : Reprsentation dune micelle, structure polymre de forme sphrique dont le cur est
Des tudes soulignent une protection de lopsonisation par lorganisation strique particulire de la
couronne des micelles. Lopsonisation est dfinie par lattachement des molcules du complment
la surface de la micelle, permettant ainsi daugmenter leur temps de demi-vie dans le sang (29).
Les nanocapsules sont des particules collodales constitues dun rservoir liquide ou semi-
liquide temprature ambiante dans lequel les molcules sont gnralement incorpores (30). Les
molcules peuvent aussi tre associes de faon covalente ou non la paroi polymrique (27).
44
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
entirement solide, pleines ou poreuses. Les nanosphres pleines sont des structures
biocompatibles et biodgradables, sont tudies comme vecteurs de molcules dans diffrents types
formes de plusieurs sries de branchements organiss, relis par un cur molculaire (32). Les
dendrimres sont des nanovecteurs trs intressants. Grce ce systme de branchement, ils
offrent la possibilit deffectuer plusieurs types dassociations chimiques sur diffrents groupes
terminaux. Les molcules transportes sont insres entre les branchements ou associes
chimiquement ceux-ci. Les proprits des dendrimres dpendent de la nature chimique du cur
45
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Les progrs en nanotechnologie suscitent lespoir de nouveaux traitements du cancer, plus efficaces,
mieux cibls et mieux tolrs. Les nanoparticules, de part leur taille, leurs proprits physiques et
leurs interactions avec les tissus vivants, peuvent rpondre certains critres et se concentrer un
Les nanoparticules peuvent tre utilises selon les principes suivants : (i) la dlivrance cible de
thrapie.
anticancreuse.
La chimiothrapie conventionnelle, apparue dans les annes 1940 repose sur ladministration de
Il est ncessaire de proposer de nouvelles stratgies plus cibles, bases sur des mdicaments
stratgies innovantes pour la mdecine. Elles constituent de petits chevaux de Troie permettant
offre la possibilit dun ciblage deux niveaux. Le ciblage molculaire consiste concevoir des
mdicaments capables dinteragir spcifiquement avec une cible molculaire pour neutraliser son
action (ciblage de lactivit enzymatique de protine). Le ciblage cellulaire consiste diriger lagent
46
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
sont couples des agents stabilisateurs pour permettre une diffusion prolonge dans lorganisme et
De nombreuses nanoparticules ont des utilisations possibles en oncologie. Quelques une seront
Des formulations nano-particulaires organiques, telles que les liposomes, constitus de polymres
and Drugs Administration (Etats-Unis) pour le traitement clinique de diffrents cancers. Le premier
constitue une formulation liposomale de Doxorubicine, utilise depuis plus de dix ans pour traiter le
sarcome de Kaposi, maladie opportuniste svissant chez le patient atteint du VIH (Virus
dimmunodficience humaine), le cancer du sein et de lovaire. Le second est une formulation nano-
particulaire dalbumine humaine couple au Paclitaxel. Cette formulation a montr une toxicit
rduite par rapport au Taxol dans des essais pr-cliniques de phase 1 et a permis en phase 2 et 3
dadministrer des doses suprieures en Paclitaxel amliorant ainsi lefficacit clinique, notamment
dans le cancer du sein mtastatique (17,34). Dautre part, des travaux raliss sur la souris rvlent
que leffet anti-tumoral de telles nanoparticules serait bien suprieur linjection dun mdicament
47
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
platine dot dune puissante action anticancreuse. LAroplatine a t test en phase 2 dessai
clinique chez des patients atteints de carcinome colorectal, rfractaires aux traitements
formulation liposomale est relativement bien tolre et possde une activit anti-tumorale
Les nanoparticules dor, dcores en surface par des oligonuclotides possdent des proprits
toxicit, et protection des principes actifs vis--vis de la dgradation. Ces nanoparticules dor ont
condens un complexe du platine (IV). Lactivit de ces nanoparticules a t value in vitro sur
des lignes cellulaires (ostosarcomes humains, carcinome du poumon humain, cancer des
cervicales et de la prostate). Les nanoparticules dor sont 2 10 fois plus actives que le Cisplatine
sur toutes les lignes, en raison dune meilleure pntration cellulaire et dune meilleure
biodisponibilit (36).
48
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Dautres nanoparticules dor ou dargent sur lesquelles sont greffes des molcules thrapeutiques
ont t proposes pour le traitement topique de maladie de peau comme le psoriasis ou le cancer.
Une meilleure biodisponibilit et un meilleur ciblage (tout en rduisant la toxicit des molcules)
sont les avantages mis en avant par certains auteurs concernant lutilisation de ces nanoparticules
Si de telles particules savrent prometteuses, il reste nanmoins dterminer leur toxicit long
terme car elles incluent des mtaux tels que le cobalt, le manganse ou le zinc non ncessairement
pris en charge par le mtabolisme de lorganisme. Leur utilisation chez lhomme nest donc pas
galement activables distance et schauffent sous leffet dun champ magntique oscillant haute
frquence. Introduites au sein dune tumeur, elles peuvent endommager les cellules cancreuses en
49
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Une des limitations de lhyperthermie magntique est le faible pouvoir chauffant des nanoparticules
nanoparticules doivent tre injectes localement dans la tumeur. La plupart des tudes vise donc
loptimisation du pouvoir chauffant des nanoparticules magntiques afin de rduire les doses
injectes (17,37).
potentialisation des effets des rayonnements ionisants (radiothrapie anticancreuse). Dans ce cadre,
le produit NBTXR3 de la socit Nanobiotix a reu en juin 2013 lautorisation de lANSM pour
dmarrer un nouvel essai clinique de phase 1 chez une population cible de patients atteints de
Cet essai clinique de phase 1 est une tude ouverte, non randomise, avec escalade de doses
valuant la toxicit et le profil de tolrance du produit. NBTXR3 est implant par injection intra-
Les objectifs secondaires de ltude incluent lvaluation de la rponse complte et globale par IRM
actuellement en cours dvaluation chez des patients atteints dun sarcome des tissus mous.
destruction des cellules cancreuses. Cette approche, en rduisant les doses de radiothrapie
ncessaire, limite les dommages des tissus sains et effets indsirables (39).
50
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
dmontrent lintrt que prsente lutilisation de nanoparticules dans le domaine mdical, en tant
Les agents de contraste sous forme nano-particulaire peuvent devenir des outils efficaces afin
nanoparticules savre intressante par rapport aux agents de contraste iods, baryts ou complexes
ciblage. Nanmoins, il faut garder lesprit lincompltude des donnes toxicologiques ce sujet.
Certains types de nanoparticules apparaissent depuis toujours comme agents de contraste. Cest le
Les premires nanoparticules ayant obtenu une autorisation de mise sur le march (AMM) sont des
nanoparticules base doxydes de fer (Fe2O3), dveloppes comme agents de contraste en imagerie
par rsonance magntique (IRM) chez lhomme (40). On retrouve notamment certains produits tels
que lEndorem utilis dans limagerie du cancer du foie, produit par le laboratoire Guerbet, le
limagerie du tube digestif, laboratoire Guerbet, le Combidex dans limagerie des ganglions
laboratoire Schering. Ce sont des nanoparticules constitues dun cur doxyde de fer, trs sensible
(principalement des drivs de dextran, silicone et citrate). Le dextran est le polymre le plus
galactose.
Ces systmes nano-particulaires prsentent des tailles variables qui conditionnent leur
nanoparticules doxyde de fer en deux catgories : les USPION (Ultrasmall Super Paramagnetic
possdent une taille suprieure 50 nm (applications intressantes dans limagerie par voie
diffraction de la lumire qui les rendent intressantes comme agent de contraste en imagerie.
limagerie du vivant. Lorsque ces dispositifs sont introduits slectivement au sein de cellules
enzymatique ou de sa conformation et sont coupls une ou plusieurs sondes fluorescentes dont les
proprits changent lors de la dtection de la cible. Les changements dans les concentrations
temps rel par les bio-senseurs (41). Par ailleurs, ils offrent une solution sensible et non-invasive
pour la dtection de bio-marqueurs cancreux par imagerie optique de fluorescence, palliant les
52
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Toutefois, ladministration de bio-senseurs fluorescents in vivo reste limite ce jour car elle
Ainsi les traceurs et bio-senseurs fluorescents doivent tre complexs des nanoparticules
organiques ou conjugus des nanoparticules inorganiques ou des nanotubes afin dassurer une
sapplications.
Dune part, les nanoparticules dites passives , c'est--dire transportant des agents
photosensibilisants (37). Cest le cas de la nanoparticule de silice. Il sagit dun matriau poreux
biocompatible qui met une luminescence en se dgradant permettant ainsi le diagnostic mais aussi
le traage des cellules cancreuses in vivo. Il convient ensuite de fixer des ligands de surface afin de
cibler les cellules malades et dincorporer des molcules thrapeutiques dans les pores (37,42).
Parmi les nanoparticules passives citons galement les nanoparticules dor et les polymres
biodgradables.
Dautre part, les nanoparticules dites actives comme le TiO2, elles-mmes lorigine de leffet
photo-catalytique. Ce type de nanoparticule est susceptible de gnrer des radicaux libres oxygns
trs ractifs en prsence deau et sous rayonnements UV. Ces radicaux libres entranent la
destruction des cellules malades (37). Cependant, des avances techniques demeurent ncessaires et
la toxicit de la plupart des structures tudies constitue un obstacle majeur pour leur application
chez l'homme.
Les inconvnients des cette technique comme laddition de produits chimiques organiques toxiques
53
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
les autres formes de particules dveloppes, risquent doccasionner une accumulation dans le corps
Largent tait dj utilis pour ses proprits antiseptiques dans lantiquit. Ravelin, savant franais
dmontre au XIXme sicle que largent mtal ltat divis, agit dose extrmement faible, comme
un puissant bactricide. Peu aprs, un mdecin allemand Brenno Crede met en vidence que
largent en solution collodale c'est--dire en suspension dans leau distille, limine faible dose
de trs nombreuses bactries tout en restant trs peu toxique pour lhomme dans des conditions
normales dutilisation.
Largent sous forme nano-particulaire semble aujourdhui trs prometteur en raison de ses
proprits biocides, de son action anti-inflammatoire, et des applications mdicales qui en dcoulent
(43). Les nanoparticules dargent possdent des proprits trs intressantes compares de
dallergie, les phnomnes de rsistance sont modrs et largent ninterfre pas avec les
antibiotiques (44).
La mthode de prparation la plus efficace dune solution collodale dargent est llectrolyse. Il
sagit dune raction chimique sous laction dun champ lectrique qui permet la formation dargent
mtal nano-particulaire (Ag), avec des proportions variables de cations argent (Ag+).
Sous laction du courant lectrique lanode libre des atomes dargent (Ag) sous forme de
nanoparticules, lesquelles possdent une surface active beaucoup plus importante que les atomes
bactricides.
Lobjectif est de limiter la formation de particules dargent charges positivement (Ag+), fortement
bactricides, mais trs toxiques pour certaines espces vivantes notamment les animaux sang froid
54
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Parmi les applications industrielles des nanoparticules dargent, on compte lincorporation dargent
dans des vtements comme les chaussettes afin de neutraliser les odeurs (45), mais aussi dans les
Lindustrie cosmtique tend sans cesse amliorer les proprits des produits cosmtiques : tenue,
transparence, brillance et proprits optiques. A cet effet, des tudes ciblent lutilisation de
industries cosmtiques utilisent les formes nano-particulaires de leurs ingrdients afin damliorer
la protection contre les ultra-violets, la pntration cutane, la tenue de leur produit, la couleur,
lclat etc. (47). Il est admis que les plus grandes industries cosmtiques utilisent largement les
Unilever
Procter
Henkel Gamble
55
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Le march concernant les nanoparticules destines la cosmtique en 2012 est valu 155,8
Diffrents types de nano-lments sont produits en vue dune application dans le domaine de la
cosmtique. Journal of pharmacy and Bioalled sciences en fait la synthse dans son article
Nanotechnology in cosmetic, opportunities and challenges, 2012 (47). Seules les nanoparticules les
Les liposomes. Ces structures permettent une meilleure absorption des principes actifs par la peau
Les nanomulsions. Ce sont des dispersions de gouttelettes nanomtriques. Leur petite taille fournit
une plus grande stabilit, amliore la performance des ingrdients actifs et la dure de conservation
du produit.
Les nanocapsules. Ce sont des particules nanomtriques faites dune capsule de polymre entourant
pntration de certains filtres UV dans la peau de porc compar aux mulsions classiques.
Les nanoparticules lipidiques solides. Ce sont des gouttelettes huileuses solides tempratures
corporelles et stabilises par des tensioactifs. Elles permettent de protger les ingrdients
56
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Les nanoparticules dor et dargent, peuvent galement tre intgres dans ces formulations en
Les cubosomes sont forms par auto assemblage de particules liquides cristallines et de
tensioactifs. Les cubosomes offrent une grande surface, une faible viscosit et peuvent exister
nimporte quel niveau de dilution. Ils sont capables de transporter des molcules hydrophiles ou
hydrophobes. En raison du faible cot des matires premires et de leur potentiel dans la libration
contrle grce la fonctionnalisation, ils sont un choix attractif pour le secteur cosmtologique.
Les hydrogels sont des structures en trois dimensions constitues de rseaux de polymres
hydrophiles qui peuvent shydrater et gonfler dans leau et les liquides biologiques sans dissoudre la
substance encapsule .
Enfin, les fullernes entrent dans la composition de nombreuses crmes pour le visage trs
coteuses car ils constituent un capteur de radicaux libres. Ils peuvent galement tre utiliss
comme pigments. Les compositions cosmtiques dans lesquelles les fullernes sont utilises
poudres, fonds de teint, fards joues, crmes teintes, des rouges lvres, sticks anticerne, vernis
ongles, etc.).
Dans les compositions cosmtiques, le fullerne ou les mlanges de fullernes sont gnralement
prsents en une teneur comprise entre 0,01 et 50 % en poids par rapport au poids total de la
57
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
Dnomination Codification
Noir CI 77499
Jaune CI77492
2. Protection solaire
On constate ces dernires annes une augmentation des cas de cancers cutans pithliaux et
mlanomes. L'utilisation des crmes solaires est alors propose comme un lment important de
Les crmes solaires classiques utilisent des lments chimiques organiques capables d'absorber les
rayonnements ultra-violets. Une des principales applications des nanoparticules dans le domaine
Les particules de dioxyde de titane (TiO2) et doxyde de zinc (ZnO) sont utilises depuis de
nombreuses annes dans les crmes solaires en tant que filtres anti-UV. Ces particules ont la
capacit d'absorber et de reflter les rayonnements UV confrant ainsi une photo-protection. Etant
visibles, ces particules laissaient un film blanc sur la peau. La rduction de leur taille aux
conservant leur proprit photo-protectrice (49). Les nanoparticules des TiO2 utilises en tant que
58
Partie 2 : Applications en thrapeutique et cosmtique
filtres inorganiques sont gnralement sous forme cristalline (rutile le plus souvent, anatase, ou
thermodynamiquement est la structure hexagonale compacte (de type Wrtzite). Son aptitude
rflchir la lumire UV fait du ZnO un lment de choix pour son utilisation en tant que filtre UV
Les particules formules dans les crmes solaires peuvent tre enrobes dalumine, de silice, mais
aussi de substances organiques telles que le dimthicone ou lacide stearique afin d'amliorer leur
D'autres structures nano-particulaires telles que les liposomes sont utilises d'une part pour leur
cutane aprs application apportant ainsi une photo-protection maximale la diffrence des crmes
de formulation huile/eau qui prsentent une rpartition htrogne en raison de l'orientation des
59
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition aux
nanoparticules
60
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
En raison des multiples perspectives dutilisation des nanomatriaux et de leur croissance attendue
ces prochaines annes dans des domaines tels que lindustrie, la mdecine ou encore
dtermination de ces expositions passe au pralable par lidentification de lensemble des produits
Les connaissances actuelles des effets notamment respiratoires et cardiovasculaires des particules
nanomtriques ou particules ultrafines issues de la pollution atmosphrique (51) font craindre des
incidences sur la sant dues aux nanoparticules issues des activits anthropiques et plus encore des
des proprits toxiques qui peuvent sappliquer aux nanoparticules manufactures retrouves au
sein de nombreux composs domestiques. Lors de ces expositions, il est avanc que les
nanoparticules sont susceptibles de pntrer dans lorganisme par voies cutanes, respiratoires ou
Lexposition est dfinie comme le contact dans le temps et lespace entre une personne et un ou
dfinir les cas dexposition rels ou possibles dans une population humaine ou un systme
biologique. Lexposition humaine aux nanoparticules peut avoir lieu en milieu professionnel ou
gnrale aux nanoparticules peuvent tre distingus. Dune part, les expositions dites directes
cest--dire les expositions quotidiennes aux nanomatriaux contenus dans les produits de
Dautre part, les expositions dites indirectes : les nanoparticules se retrouvant dans
lenvironnement suite lusure, la dgradation ou la fin de vie des composs contenant ces
nano-objets . Citons lexemple des nanoparticules contenues dans les pneumatiques, les encres,
les carburants, les appareils lectroniques, les textiles, les films de vitrages, les panneaux solaires,
etc. (52). Dans ce contexte dexpositions indirectes, la caractrisation des expositions humaines
nanoparticules
Les principaux facteurs dterminant la toxicologie des nanoparticules manufactures sont : les
concernant lindividu expos : susceptibilit individuelle, interaction des nanoparticules avec les
composants biologiques, volution des nanoparticules aprs leur entre dans lorganisme et les
Ainsi, dans le cas des nanoparticules, la composition chimique nest pas seule influencer leur
potentielle toxicit. Dautres proprits, notamment leur taille, jouent un rle dans celle-ci,
Limpact des caractristiques physico-chimiques des nanoparticules manufactures sur leurs effets
toxiques est loin dtre dfini et dfinitif. Cependant, les donnes obtenues sur les consquences
certains facteurs seraient impliqus dans les effets toxicologiques des nanoparticules manufactures.
Parmi ces paramtres, citons : la taille, pouvant altrer les proprits physico-chimiques des
62
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
molcules et ainsi augmenter la ractivit avec les tissus biologiques par la production de radicaux
la capacit former des agrgats ou des agglomrats ; les traitements de surface ; la structure ; la
cristallinit ; enfin, dautres paramtres tels que les mthodes de fabrication et lusure des
1. Pntration cutane
doligo-lments. La peau est lorgane du corps humain le plus tendu et le plus lourd, cest un tissu
Elle constitue la couche corporelle protectrice externe mais elle est galement implique dans
sensorielle.
Elle est constitue de trois couches : lpiderme, le derme et lhypoderme. Lpiderme est la couche
la plus externe, protectrice. Lpaisseur moyenne de lpiderme est de 100 m mais peut varier de
A la surface de la peau sont prsents des follicules pileux do mergent des poils, ainsi que des
pores o souvrent les glandes sudoripares et sbaces. Elle prsente galement des sillons formant
63
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
1.2. Lpiderme
Lpiderme est un pithlium pavimenteux pluristratifi pais, kratinis et non vascularis. Il est en
plus profonde est la couche basale ou germinative, puis vient la couche pineuse, la couche
La couche corne se compose d'environ une vingtaine de couches de cellules mortes. Cest une
corne assure plusieurs fonctions de la peau. Elle la protge contre les agressions extrieures
(chaleur, froid, scheresse, dshydratation) et agit galement comme une barrire en empchant la
La partie superficielle de la couche corne desquame progressivement au fur et mesure que ses
64
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
llimination progressive de ses parties les plus superficielles, perte compense par un
Lpiderme est compos prs de 95% de kratinocytes produisant la kratine. La kratine est une
protine fibreuse, insoluble, constitue en majorit dacides amins soufrs (cystine) formant des
ponts disulfures confrant ainsi une rigidit lensemble. Toutes les cellules de l'piderme sont
Les mlanocytes, prsents dans lpiderme, synthtisent un pigment, la mlanine (melas = noir).
Cette varit de cellules se situe plus profondment dans l'piderme, mais reste nanmoins en
contact avec les kratinocytes qui intgrent progressivement la mlanine fabrique par les
mlanocytes. Les pigments de mlanine ainsi absorbs protgent notamment lADN des cellules
pithliales contre les effets nfastes des rayonnements solaires (ultraviolets A, B et C). D'autres
varits de cellules prsentes dans l'piderme sont des cellules circulantes du systme immunitaire
La peau constitue une frontire mcanique, physique, chimique et immunologique. Elle joue le rle
thermorgulatrices (55).
65
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
La notion de barrire cutane se rfre la fonction de la couche corne qui est la couche externe
de lpiderme. Dun point de vue physiologique et fonctionnel, la fonction barrire rsulte dune
Cette barrire demeure incomplte car elle laisse passer certaines substances (cafine), certains
toxiques (alcool, acide salicylique, iode), et peut tre amoindrie par des effractions cutanes, des
maladies cutanes (psoriasis, eczma) ou encore un effet occlusif (sous un pansement ou corps gras,
par exemple).
Elle est permable pratiquement toutes les substances, seul le degr de permabilit varie.
cutan, important puisquil conditionne lionisation et la capacit dabsorption des principes actifs.
Ce pH est variable sur les divers endroits du corps, mais aussi en fonction de la sueur, des scrtions
cosmtiques appliqus peut faire varier celui-ci; lintgrit biologique de la peau : ltat de la peau
est un facteur essentiel. Une peau dont la fonction barrire est lse (brlures, cicatrices, eczma)
favorisera la pntration dagents exognes ; lge du sujet : des diffrences de permabilit sont
de glandes sbaces, dune kratinisation moins importante chez lenfant et dun amincissement de
lpiderme chez les personnes ges ; lpaisseur de la peau : lpaisseur de lpiderme et surtout
de la couche corne a un impact sur lefficacit de la fonction barrire. Pour exemple, les zones
palmoplantaires sont relativement peu permables compte tenu de lpaisseur de la couche corne
(55) ; lespce considre : par rapport aux autres espces, la peau humaine est gnralement la
66
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
L'absorption percutane correspond au transfert d'une substance travers la peau depuis le milieu
extrieur jusqu'au sang. L'tape de pntration est une diffusion passive. Elle dpend du gradient de
concentration des molcules existantes dans le vhicule et de la surface pidermique. Une fois
absorbe, la substance est distribue dans l'organisme puis, aprs avoir t ou non mtabolise,
c'est--dire transforme par lorganisme, est limine. Au sein de l'piderme, la couche corne est
Anatomiquement, deux voies sont possibles pour la pntration des particules : l'une, par diffusion
passive, travers les espaces intercellulaires de la couche corne et travers les cellules cornes
elles-mmes dite voie transpidermique ; l'autre empruntant les annexes cutanes comme les
La pntration ne s'effectue pas uniquement par l'une des voies, les deux participent au phnomne.
La pntration globale rsulte donc la fois d'un passage transpidermique et transannexiel (55).
2. Pntration respiratoire
Lappareil respiratoire est lensemble des organes dont la fonction est dassurer la respiration
permettant les changes gazeux entre lair et le sang. A lappareil respiratoire, sont annexs
Dun point de vue anatomique, lappareil respiratoire comprend les voies ariennes, les poumons, la
plvre, la circulation pulmonaire et les muscles respirateurs insrs sur la paroi thoracique.
Les voies ariennes sont divises en voies ariennes suprieures et voies ariennes infrieures. Les
67
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
voies ariennes suprieures sont situes dans la face et le cou et comprennent les fosses nasales
(annexes lolfaction), les sinus paranasaux, le pharynx (carrefour avec lappareil digestif), et le
larynx (annex la phonation) (57). Les voies ariennes infrieures sont situes dans le cou et le
thorax. Elles sont composes de la trache et de larbre bronchique jusquaux alvoles pulmonaires.
Les poumons, entours de la plvre, sont les deux organes parenchymateux o se produisent les
La paroi thoracique entoure la cavit thoracique o se situent les poumons. Elle est mobile grce
Les voies ariennes sont couvertes dun pithlium, qui est un tissu compos de cellules pithliales
jointives et solidaires les unes des autres grce des jonctions intercellulaires. Les alvoles sont
elles-mmes composes de trois couches : les cellules pithliales, linterstitium et une couche
dendothlium. Linterstitium est compos dun tissu conjonctif qui soutient les cloisons alvolaires
(58).
La muqueuse respiratoire est prsente depuis les fosses nasales jusquaux bronchioles terminales
intra-pulmonaires. Elle se compose dun pithlium, dune lame basale dune paisseur denviron
1000 et dun chorion. Le chorion est un tissu conjonctif lche constitu dlments
caractristiques : Le MALT / BALT (Tissu Lymphode Associ aux Muqueuses / aux Bronches),
macrophages ainsi que des cellules pro-inflammatoires, comme les mastocytes ou les
polynuclaires. Sont galement prsentes des glandes sreuses qui scrtent des solutions protiques
trs fluides ainsi que des glandes muqueuses qui scrtent des mucines.
68
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
pseudo-stratifi qui est un pithlium simple (une seule assise de cellules), mais qui ressemble, sur
des coupes histologiques, un pithlium stratifi (toutes les cellules sont en contact avec la lame
basale mais toutes natteignent pas le ple apical) ; lpithlium prismatique, ou cylindrique : les
cellules sont plus hautes que larges ; lpithlium cili : les cellules cilies majoritaires sont
pourvues de cils vibratiles apicaux. Ils participent lescalator muco-ciliaire, systme de clairance
sophistiqus contre les agressions des gaz et des particules de lair ambiant.
Tout dabord des moyens mcaniques. La disposition anatomique des voies ariennes et de larbre
L'pithlium respiratoire est trs actif grce des fonctions scrtoires (production de mucus), des
fonctions d'puration par clairance mucociliaire, de transport d'ions et d'autres substances, mais
Le mucus forme un revtement continu tapissant toutes les voies de conductions. Il a une triple
fonction. Il assure lhumidification de lair inspir, la protection physique des cellules pithliales et
pige les particules. Les scrtions bronchiques peuvent tre assimiles un milieu bi-phasique.
Dune part, une phase sol aqueuse, profonde et fluide (ions, lipides, protine) dans laquelle
baignent les cils. Dautre part une phase gel , viscolastique et superficielle, prsente au sommet
69
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Le mucus contient des mucines. Ce sont des macromolcules acides ou neutres de hauts poids
molculaires trs htrognes. Ces chanes polypeptidiques sur lesquelles sont fixs des groupes
glucidiques reprsentent des sites de liaison pour les adhsines bactriennes et les virus, avant leur
Des moyens physico-chimiques constituent galement un systme de dfense. Cela concerne toutes
les surfaces de contact avec lair inhal en raison de la prsence de revtements de protection des
Enfin, des moyens cellulaires. Ils jouent un rle majeur au niveau de la zone alvolaire : les
macrophages alvolaires (cellules poussires) prennent en charge les particules insolubles par
phagocytose. Ils entourent les particules, les digrent et les dirigent vers lascenseur muco-ciliaire
de particules prsentes. En effet, ce systme peut tre satur par un nombre trop important de
Les modulations physiologiques des ractions de dfense de lappareil respiratoire en rponse aux
Il peut se produire des changements de diamtre des voies de conduction : diminution du diamtre
respiratoire impliquant une oscillation de la frquence dentre des polluants ; une variation des
favorise : lpuration muco-ciliaire des particules ; les expulsions rflexes (toux, ternuements) et
70
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
lactivation des moyens de dfense cellulaire (phagocytose par les macrophages, raction immune
En rgle gnrale, ces ractions dfensives tendent empcher la pntration dun polluant (gaz
lpuration des polluants particulaires dposs sur les parois des voies de conduction.
Dans certains cas, les ractions de lappareil respiratoire prsentent des insuffisances. En particulier
si lagression est importante ou prolonge : une hyperscrtion de mucus risque dencombrer les
voies respiratoires et une inflammation chronique peut dclencher un processus de fibrose. Enfin, il
faut garder prsent lesprit que certains polluants peuvent djouer les systmes de dfense en
pntrant lappareil respiratoire sans provoquer la moindre raction (monoxyde de carbone par
exemple).
Aussi, les ractions de dfense dpendent souvent de manire importante : des variations
physiologiques entre les individus (ge, sexe ou susceptibilit gntique) ; du niveaux dactivit
obstructive) (58).
nombre considrable de nanoparticules ou particules ultrafines sous forme darosol existe dans
lenvironnement, en grande partie en raison du trafic automobile et des divers procds industriels
(20).
71
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Ltude du dpt des particules dans le systme respiratoire rvle dimportantes diffrences
concernant les sites de dposition. Le diamtre des particules inhales, en particulier entre les
particules de taille nanomtrique et les particules de taille plus importante influence grandement
leur dpt.
agissant sur les particules ; limpaction inertielle, qui caractrise le comportement des particules
massives ; linterception, qui se produit au moment o une particule entre en contact avec une
surface ; la diffusion, lie au mouvement alatoire des particules trs fines et lattraction
lectrostatique, pouvant influencer nettement le dpt pour les particules fortement charges (11).
Afin dexaminer la dposition des nanoparticules, le systme respiratoire est divis en trois rgions :
Lge, le sexe, les pathologies telles que les syndromes obstructifs (bronchopneumopathie
chronique obstructive) et restrictifs (asthme) sont des lments qui peuvent altrer le
De manire gnrale, le plus faible dpt est constat pour les particules dun diamtre denviron
300 nm. A cette taille, les particules sont trop grosses pour que le mcanisme de diffusion soit
important et trop petites pour que limpaction et la sdimentation aient un effet (11).
La figure 10 reprsente le dpt total et rgional dans larbre respiratoire des particules en fonction
de leur diamtre (compris entre 1 nm et 100 m). Ces courbes correspondent un sujet rfrent ,
c'est--dire respirant majoritairement par le nez ou la bouche et passant un tiers de sont temps assis
72
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
et deux tiers de son temps en activit lgre. Pour les particules de diamtre infrieur 300 nm, le
dpt augmente de manire significative car la diffusion devient prdominante. Les nanoparticules
de diamtre suprieur 10 nm se dposent plus de 50% au niveau alvolaire, tandis que celles
Notons quentre 10 nm et 200 nm, le mode de respiration a peu deffets sur le dpt des particules.
Ces importantes diffrences de lieux de dposition ont des consquences sur les effets potentiels des
lhomme en fonction du diamtre des particules. Le sujet respirant majoritairement par la bouche
73
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Une tude amricaine sintresse lexposition et au risque dinhalation des nanoparticules suite
lutilisation de poudres cosmtiques (blush, poudres minrales) (60). Parmi les six produits du
commerce analyss, cinq prsentent dans leur formulation des nanoparticules alors que seulement
utilise afin de dterminer la taille, la structure et lagglomration des nanoparticules alors que la
spectroscopie diffraction laser a pour but dvaluer la dispersion des nanoparticules dans lair ainsi
que leur distribution en fonction de la taille. Ltude rvle que les nanoparticules contenues dans
Afin de mimer les conditions relles dexposition aux nanoparticules contenues dans les poudres
cosmtiques, la poudre a t applique sur des visages artificiels laide du pinceau fourni par
le fabricant. La distribution des particules en fonction de leur taille et leur concentration est ensuite
dtermine. Les rsultats rvlent dans ce cas une dposition de ces agglomrats essentiellement au
niveau des voies ariennes suprieures. Les investigations doivent tre poursuivies mais cette tude
nanoparticules contenues dans les cosmtiques en vue dvaluer les risques toxicologiques lis
leur utilisation.
3. Ingestion
Le tube digestif stend de l'sophage jusquau canal anal. Il est form d'une paroi regroupant cinq
tuniques concentriques. De l'intrieur vers l'extrieur, on distingue ainsi : une muqueuse constitue
dun pithlium reposant sur un chorion (tissu conjonctif). C'est la tunique la plus interne, en
contact avec la lumire du tube digestif ; une musculaire-muqueuse, tunique fine faite de cellules
74
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
musculaires lisses ; une sous-muqueuse, constitue de tissu conjonctif ; une musculeuse, tunique
paisse constitue de cellules musculaires lisses ; une adventice faite de tissu conjonctif.
Trois types dpithlium prsentant des morphologies et des fonctions diffrentes constituent le
Lpithlium de protection mcanique est observ au niveau des deux extrmits du tube digestif
(sophage et canal anal). Il sagit dun pithlium pavimenteux stratifi. Il est non kratinis sauf
au niveau des 2/3 infrieurs du canal anal o il sagit dun prolongement de lpiderme.
Lpithlium de protection chimique est localis au niveau de lestomac. Il sagit dun pithlium
prismatique simple, c'est--dire form de cellules plus hautes que larges, alignes en mono-couche.
Ces cellules sont scrtrices et dites ple muqueux ferm. Cest un pithlium scrtoire. Le
mucus produit par cet pithlium scrtoire contribue lubrifier la paroi gastrique et la protger
appeles cryptes au fond desquelles souvrent les canaux excrteurs des glandes gastriques.
Lpithlium dabsorption est localis au niveau de lintestin. Il sagit dun pithlium prismatique
simple constitu dentrocytes et accueillant des cellules glandulaires isoles, les cellules
caliciformes. Les entrocytes prsentent une diffrenciation de leur ple apical sous forme de
sous deux formes : plateau stri encore appel bordure en brosse et strocils. La fonction des
entrocytes est labsorption digestive des nutriments (cest--dire des glucides, des protides, et des
lipides) au niveau des microvillosits. De nombreuses enzymes sont prsentes et vont permettre
75
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
dachever lhydrolyse des protides en acides amins qui seront pris en charge par des transporteurs
spcifiques de la membrane plasmique apicale. Au niveau de cet pithlium se trouvent aussi des
Au niveau de lintestin grle (duodnum, jjunum, ilon), les entrocytes sont beaucoup plus
abondants que les cellules caliciformes et leur plateau stri constitue le dernier niveau dun
la muqueuse contenant des cellules musculaires lisses et des vaisseaux sanguins et lymphatiques,
Au niveau du clon et du rectum, les cellules caliciformes sont beaucoup plus nombreuses que les
Le tube digestif exerce essentiellement trois types de fonctions : des fonctions digestives, des
Les fonctions digestives sont assures par trois constituants majeurs de la paroi digestive :
lpithlium de revtement, qui participe au transit des aliments et labsorption des nutriments ;
les glandes exocrines du tube digestif, qui protgent et lubrifient les parois du tube digestif et
participent la dgradation des aliments ; la musculature lisse du tube digestif, qui permet la
76
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Les fonctions immunitaires sont assures par les organes lymphodes du tube digestif.
Enfin, les fonctions endocrines sont assures par les cellules endocrines dissmines dans
gastro-intestinal
dans les cosmtiques et produits dhygine (rouges lvres, dentifrice), voire directement
systme gastro-intestinal aprs dglutition lorsquelles sont inhales (20). En effet, les
nanoparticules inhales se dposant sur larbre tracho-bronchique peuvent tre piges dans le
mucus qui tapisse la paroi des voies ariennes et transportes vers la cavit oro-pharynge par
mouvements mucociliaires. Ce mucus ensuite dgluti, transporte les particules vers le systme
gastro-intestinal. Notons que 98% des nanoparticules ingres sont vacues par les selles en 48
heures et une partie de la quantit restante par les urines. Cependant, un faible pourcentage de ces
nanoparticules peut diffuser travers le mucus, tre absorb par les entrocytes et gagner la
La pntration des nanoparticules est favorise par la superficie totale du tube digestif qui est
denviron 240 m2 mais dpend aussi de leur taille et de leurs proprits physico-chimiques comme
pntration des nanoparticules (62). Pour exemple, les nanoparticules de latex charges
positivement sont piges dans le mucus charg ngativement tandis que celles charges
77
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
positivement traversent le mucus et peuvent interagir avec les cellules pithliales (1,46).
Carrire et al, tudie in vitro (article en rvision) la translocation de nanoparticules de TiO2 travers
Caco2/RajiB).
Les cellules M jouent un rle immunologique car permettent lendocytose et la phagocytose. Ces
modles sont intressants car ils prennent en compte la complexit de la structure intestinale.
Cependant une des limites de cette approche in vitro est la possibilit de rupture ou de dplacement
Ces modles sont mis en prsence de nanoparticules de TiO2 sous forme cristalline (anatase, 25
nm). La translocation possible travers la barrire biologique est dtermine par microscopie
lectronique transmission, une cartographie lmentaire par XRF couple une analyse de
Les rsultats de cette tude montrent une faible accumulation de TiO2 au niveau des cellules Caco2
ainsi quune absence de leur translocation ; une accumulation importante de nanoparticules au sein
terminale de lilon c'est--dire au niveau des plaques de Peyer (jonctions intercellulaires). Ces
plaques sont composes de 10 % de cellules M (61). Labsorption des nanoparticules par ces
cellules reprsentent une voie potentielle aprs passage par le systme lymphatique pour rejoindre
les systmes sanguins et les autres organes. Dautres hypothses sont mises sur labsorption des
78
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
nanoparticules et concernent le passage travers lpithlium intestinal par voie paracellulaire voire
Figure 11 extraite (4) : Passage des nanoparticules travers lpithlium intestinal. Trois voies sont
suspectes : voie lymphatique, la plus documente (absorption par les cellules M), la voie
paracellulaire (passage entre deux cellules), et la voie transcellulaire (absorption par les
tout son sens si lon considre que labdomen constitue un second cerveau prsentant 200
apprhend. De plus, des inquitudes sont souleves par la prsence de nanoparticules dans les
79
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Afin de mettre en vidence une ventuelle toxicit des nanoparticules, il est ncessaire de
dterminer le devenir de ces lments dans lorganisme, c'est--dire leur cintique. La cintique
Dans un premier temps la substance (mdicament ou toxique) est absorbe. Cela correspond son
passage dans la circulation sanguine. Elle est ensuite distribue aux diffrents organes et peut subir
un mtabolisme (ou biotransformation) au niveau du foie. Enfin elle peut tre limine de
Pour les substances chimiques classiques , la toxicocintique peut tre prdite par comparaison
avec des analogues structuraux. En revanche, pour les nanoparticules, trop peu de donnes sont
disponibles et une tude au cas par cas serait ncessaire afin de dterminer leur devenir dans
80
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Mtabolisme, Excrtion) est reprsent. Les flches pleines reprsentent les hypothses confirmes
concernant les voies empruntes par les nanoparticules ; les flches pointilles les voies non
dmontres (20).
La principale voie dexposition aux nanoparticules est la voie pulmonaire en raison de la grande
Labsorption est la premire tape de la cintique. Concernant la voie pulmonaire, ce passage se fera
La deuxime tape de la cintique est la distribution de ces nanoparticules aux diffrents tissus ou
81
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
organes (foie, rate, cur, cerveau). Lorsque les nanoparticules atteignent la circulation gnrale,
elles peuvent interagir avec les protines plasmatiques, les facteurs de coagulation, les globules
intestinal qui rejoignent le foie (organe de la mtabolisation) par la veine porte. Cependant peu de
Llimination des nanoparticules seffectue ensuite par diffrentes voies : soit par leur porte
dentre si celles-ci ne sont pas absorbes (escalator mucocilliaire pour la voie pulmonaire) ; soit
par voie rnale ou biliaire pour les nanoparticules ayant gagn la circulation gnrale.
La cible rnale doit faire lobjet dune attention particulire, le rein intervenant majoritairement
dans le processus dlimination des nanoparticules (64). Il est donc ncessaire de sinterroger sur
limpact de la prsence de nanoparticules au niveau de cet organe dlimination. Des tudes in vitro
Bordeaux) sur des lignes cellulaires humaines issues de la partie glomrulaire (lieu de filtration) et
tubulaire proximale (lieu de rabsorption et daccumulation) des nphrons (65). Une exposition
limite (24 heures) des cellules rnales aux nanoparticules met en vidence linfluence de leurs
caractristiques physico-chimiques sur les effets biologiques alors quune exposition prolonge (28
jours) permet dvaluer limpact de la dure dexposition sur les effets toxicologiques des
nanoparticules.
La composition chimique et la libration de cations par les nanoparticules apparaissent comme des
Ltude porte sur trois nanoparticules mtalliques : le dioxyde de titane (TiO2), loxyde de zinc
82
Partie 3 : Toxicologie et voies dexposition
Les nanoparticules non dissociables de TiO2 napparaissent pas comme toxiques court terme, la
diffrence des nanoparticules de ZnO et CdS, susceptibles dengendrer des effets cytotoxiques part
la libration de cations (Zn2+, Cd2+). De plus, laugmentation de la surface des particules atteignant
Les nanoparticules de TiO2, aprs expositions rptes, forment des agglomrats pouvant tre
internaliss dans les cellules par des mcanismes encore inconnus et saccumulent dans le territoire
cytoplasmique (vacuoles) les rendant potentiellement toxiques sur des temps plus longs
dexposition.
Une corrlation directe entre formation despces ractives oxydes (ERO) et effets cytotoxiques a
pu tre tablie pour la double cible tubulaire et glomrulaire. Des ERO sont gnres de faon
indirecte par les cations mtalliques librs par dissociation des nanoparticules. Ces ERO sont
(rponse anti-oxydante, rponse au stress cellulaire, apoptose : mort cellulaire programme) sur une
courte priode dexposition. Pour les nanoparticules de TiO2, cest la suite dune exposition
longue et rpte que survient un stress oxydant lorigine deffets cytotoxiques in vitro.
Lanalyse de limpact des nanoparticules mene in vitro permet donc une approche toxicologique
83
Partie 4 : Etudes in vitro et in vivo de la
dermo-cosmtiques.
84
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
La barrire cutane protge le corps des atteintes environnementales. Alors que les molcules de
faible poids pntrent les couches cutanes vivantes de la peau, les particules plus grosses
Dans les pays industrialiss, les nanoparticules mises dans l'environnement (moteurs diesel,
pigments), augmentent les risques dexpositions internes par ingestion et inhalation. Le risque
d'absorption percutane des nanoparticules est galement davantage pris en compte. En effet, les
de teint, crmes de soin, dentifrices, rouges lvres) utiliss, contiennent dans leurs formulations de
nombreuses nanoparticules, le plus souvent sous forme de TiO2, et sont directement appliqus sur la
peau (20). Ces produits tant employs quotidiennement, lexposition est quasi-permanente. De
mme, certains textiles tels que les vtements de sport, les chaussettes, contiennent des
nanoparticules dargent vise antibactrienne (45,66). Bien que la peau constitue naturellement
une barrire protectrice, il faut mettre lhypothse que certains ingrdients puissent franchir cette
De mme, dautres produits sous forme de spray susceptibles dtre inhals, et lusage de
topiques cosmtiques sur les muqueuses, augmentent les possibilits de pntration. Cest pourquoi
il apparat essentiel dtudier les consquences sur la sant de lapplication de ces produits et de
Une premire tude a t mene en 2006 aux Etats Unis sur 360 femmes, ges de 18 69 ans
utilisant rgulirement des cosmtiques (67). Les produits inclus dans ltude se prsentent sous
85
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
diffrentes formes. Il sagit de nettoyants visage pouvant tre rincs (liquide, gel, savon) ou sans
rinage (lotion, lait) ; de shampoings ou aprs shampoings sans rinage ; de fards paupire ou
poudre.
Ces femmes ont d rapporter la frquence dapplication de ces produits cosmtiques sur deux
semaines.
population de femmes adultes des Etats-Unis afin que ltude soit reprsentative (68).
Sur les 360 sujets recruts, seuls 295, 297 et 299 ont complt respectivement ltude pour les
Une tude similaire a t effectue dans les mmes conditions auprs de 360 femmes amricaines
ges de 19 65 ans sur dautres produits tels que parfums, laques, gels coiffants, fonds de teint
Le mode dutilisation de chaque produit est diffrent. Par exemple, les nettoyants pour visage sont
utiliss par chaque sujet tous les jours de ltude voire deux fois par jour et les fards paupire en
moyenne une fois par jour avec une frquence dapplication moindre le week-end. La frquence
dutilisation de soins capillaires est quant elle plus alatoire et dpend de la frquence de lavage
susceptibles de contenir des nanoparticules, point de dpart ltude de limpact ventuel sur la
86
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
visage
paupire
liquide
transpirant
Tableau 3 : Quantit moyenne et mdiane de produit appliqu pour chaque type de cosmtiques par
application, par jour ainsi que le nombre moyen dapplications par jour.
cellulaire.
Les produits cosmtiques commercialiss contiennent dans leur formulation bon nombre de
nanoparticules, notamment du dioxyde de titane (TiO2) et de loxyde de zinc (ZnO), incorpors afin
87
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
damliorer entre autres la transparence et la tenue des produits. Le TiO2 et le ZnO, sont galement
utiliss en tant que filtres anti-UV inorganiques (ou physiques) large spectre, en raison leur
toxicit afin de dterminer limpact de ces nanomatriaux sur la sant des consommateurs (70).
transport de substances chimiques depuis la surface de la peau jusqu la circulation gnrale alors
Les nanoparticules manufactures utilises par lindustrie dermo-cosmtique peuvent tre divises
en deux catgories : les produits biodgradables (liposomes, mulsions) et les non biodgradables
Il est complexe dvaluer le passage de la barrire cutane des nanoparticules contenues dans les
dermo-cosmtiques. En effet, la pntration des nanoparticules dans les tissus vivants na pas t
clairement dtermine : de nombreuses tudes ont t ralises sur des modles in vitro mais peu
dentres elles concernent des modles in vivo. De plus, la plupart des tudes ont t ralises sur des
temps courts, avec des particules non caractrises selon les connaissances actuelles en termes de
Diffrentes mthodes danalyses ont t utilises pour la dtection du titane par exemple : analyse X
88
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Dans ce cadre, NANODERM , projet europen auquel a particip le Centre dEtudes Nuclaires
de Bordeaux Gradignan (CENBG), travaille depuis plusieurs annes sur les problmatiques lies
TiO2 aprs application de crmes solaires du commerce sur des chantillons de peau porcine et
technique STIM rvle lultra-structure du tissu tudi grce au contraste en densit naturelle de
lchantillon. La mthode PIXE (Particle induced X-Ray emission) permet une cartographie
lmentaire chimique rapide et sensible (limite de dtection de lordre de la partie par million).
de la matire organique des chantillons tudis. La combinaison des informations fournies par les
mthodes PIXE et RBS permet une mesure trs prcise des concentrations dlments traces dans
Lanalyse des chantillons par techniques STIM et PIXE met en vidence une rpartition du TiO2
lintrieur des follicules pileux (de faon non homogne) et au niveau des couches externes de la
Une tude de la FDA (Food and Drug Administration ; Sadrieh et al.) peut savrer pertinente. Des
Elles ont est menes sur le mini-porc, espce qui constitue un modle appropri pour lextrapolation
des rsultats lhomme en raison des fortes similarits de la peau entre ces deux espces en termes
de permabilit et de structure cutanes. Ce travail a t ralis sur une dure relativement longue
89
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
avec des applications rptes (application de produits 4 fois par jour, 5 jours par semaine durant 22
jours).
Ainsi, Sadrieh et al. mettent en vidence par microscopie lectronique balayage la prsence de
submicroniques (300-500 nm) dans le stratum corneum et la prsence de quelques particules isoles
de TiO2 dans le derme pour les animaux traits avec les trois types de particules. Pour ce point, les
prsence de TiO2 dans le derme. Par ailleurs, cette tude rvle des quantits statistiquement
significatives de TiO2 dans le ganglion inguinal gauche du groupe trait par des nanoparticules de
TiO2 non enrobes (forme la plus rencontre dans les cosmtiques) et dans le ganglion inguinal
droit du groupe trait par des particules de TiO2 submicroniques (300-500 nm).
Ces rsultats ne permettent pas de conclure de faon dfinitive une absence dabsorption
particules de TiO2 submicroniques (300-500 nm) dans les ganglions inguinaux. Les auteurs ne
concluent pas sur la prsence statistiquement significative de TiO2 dans les ganglions inguinaux ni
Les expriences in vivo chez lanimal et en particulier chez le porc constitue un outil indispensable
lobtention de donnes pertinentes lextrapolation lhomme. Nanmoins, seules des tudes sur
Certaines expriences pilotes ralises in vivo sur un nombre restreint dindividus mettent en
vidence, par spectromtrie de masse avec plasma couplage inductif (mthode danalyse
prsence dun taux lev de TiO2 dans lpiderme et le derme suite une application excessive de
90
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
crme solaire (73) alors que dautres travaux prouvent que le TiO2 et le ZnO sous forme micro et
nano-particulaire sont incapables de pntrer dans lpiderme (74). Ces tudes ne prennent pas en
compte des paramtres tels que les mouvements de la peau, ltat des follicules pileux, la charge des
particules ou encore lge du sujet (20). Par ailleurs Gulson et al. rapportent une augmentation du
taux zinc dans le sang et les urines aprs application de crme solaire contenant des nanoparticules
de ZnO chez une vingtaine dindividus dans des conditions normales dapplications et dexposition
solaire. Cependant, il est difficile de dterminer si le Zinc (Zn) prsent dans les urines provient des
nanoparticules de ZnO ou des ions Zn2+ dissous ayant pntr par dautre voies (75).
Dautres observations ont t ralises par microscopie rayons X aprs application de crme
solaire du commerce sur peau doreille de porc (modle considr comme prsentant des
caractristiques dintrt pour ltude de la fonction barrire cutane en rponse des stress
physiques ou chimiques (54)) et de rats anesthsis aprs dlamination de la couche corne ( tape
stripping ). Les rsultats sont en accord avec ceux noncs dans le rapport final de 2007 du projet
NANODERM et montrent que le TiO2 utilis comme filtre anti-UV est en gnral visualis en
grande concentration dans les couches les plus externes de la couche corne. Ces nanoparticules
semblent se distribuer au niveau des follicules pileux et des stries de la peau (figure n13) mais de
(76).
91
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Figure 13 : Coupe histologique montrant la pntration dune particule marque par fluorescence
cutane en raison des larges manipulations des fragments de peau au cours des tudes.
Au vue des donnes actuelles, les particules de taille suprieure ou gale 100 nm ne semblent
pas capables de franchir une barrire cutane intacte mais ces investigations se poursuivent pour
nanoparticules). Cette thmatique a permis la mise en place dtudes fondamentales, dune part
de la barrire cutane, et dautre part, de linteraction des nanoparticules avec des cellules
Des tudes par analyse chimique par microsondes nuclaires ont t ralises sur peau humaine
92
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
native issue de biopsie, puis sur peau reconstitue in vitro en vue de ltude de la diffusion de
mettent en vidence la localisation des nanoparticules de TiO2 in vitro sur des populations
Golgi des cellules exposes au TiO2 fonctionnalises par un anticorps indique une co-localisation
cutane.
Plusieurs facteurs sont susceptibles dinfluencer le passage cutan des nanoparticules. Lademann et
al. se sont concentrs sur lventuelle augmentation de la pntration des nanoparticules en fonction
de la taille des follicules pileux aprs tude du volume des follicules pileux de diffrents volontaires
sur diffrentes parties du corps (77). Le volume folliculaire le plus lev a t observ sur le front et
le mollet, compar au dos, thorax, bras, avant-bras ou cuisse. Le front regroupe une forte densit de
petits follicules pileux (duvet), la diffrence du mollet o il sagit dune faible densit de grands
follicules pileux. Le volume des follicules pileux du cuir chevelu na pas t dtermin prcisment
dans cette tude mais est susceptible dtre encore plus important que le volume du front.
Des expriences ralises in vitro par Kimura et al. laide dun modle nano-particulaire marqu
par fluorescence (Fluoresbrite : modle facilement dtectable et non soluble) sur peau de rat
hairless , mettent en vidence leffet barrire dune peau intacte aux nanoparticules fluorescentes
93
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
pntration des nanoparticules serait donc troitement corrle au diamtre des pores, la taille des
follicules pileux et ltat de la peau. Lintgrit de la peau influence donc trs certainement la
pntration des nanoparticules suite leur application au travers de produits cosmtiques (70).
Autre paramtre prendre en considration, linfluence de la taille des particules sur la pntration
cutane (76). La taille des particules retrouves dans les follicules pileux aprs application de
crmes solaires est de lordre de 100 nm (78). De plus, ltude de la pntration dans les follicules
pileux de particules (diamtre compris entre 750 et 6000 nm) marques par fluorescence sur des
coupes histologiques montrent que les particules de diamtre infrieur pntrent beaucoup plus
facilement dans le follicule pileux que celles de taille plus importante (78). Le stockage des
particules au sein des follicules pileux apparat donc comme inversement proportionnel la taille de
celles-ci. La taille des particules pntrant le follicule pileux est comprise autour de 300-600 nm, ce
qui correspond approximativement la taille des cuticules des poils (530 nm pour lhomme, 320 nm
pour le porc) (76). Cependant, les rsultats des tudes NANODERM rfutent cette hypothse
car les nanoparticules se retrouvant dans le follicule pileux taient de taille infrieure (20-100 nm)
(71).
Il apparat mme possible, aprs exprience in vitro sur peau doreille de porc, que la variation de la
taille des particules permette le ciblage spcifique de diffrents sites folliculaires (79).
fluorescentes in vitro lorsque les cosmtiques sont appliqus en massage sur de la peau doreille de
porc (80). Le mcanisme de pntration des nanoparticules seffectue par processus mcanique et
non par diffusion passive (71). Le massage semble reproduire les mouvements physiologiques des
poils in vivo, les mouvements des poils entrainant les nanoparticules au sein du follicule pileux.
Aprs leur pntration, les nanoparticules sont piges lintrieur du follicule pileux et ne sont
limines que par des processus lents tels que la croissance du poil ou lafflux de sbum (79).
94
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Les follicules pileux reprsentent une interruption au sein de la barrire cutane et peuvent se
comporter comme une porte dentre pour les nanoparticules dans certaines conditions
tre lorigine dun ventuel passage de ces lments dans la circulation sanguine.
Lincidence de la dermatite atopique ou eczma atopique est en constante augmentation (81), elle
touche prs de 20% des enfants de moins de 11 ans, et apparat le plus souvent entre 2 et 6 mois.
Cette pathologie concerne galement 5% des adultes (82). La dermatite atopique peut se dfinir
comme une affection inflammatoire de la peau avec une hyperractivit cutane due des facteurs
disparitions et rapparitions possibles des symptmes. Elle est sans gravit, non contagieuse et
disparat gnralement avec lge. Cependant, elle est souvent ressentie comme une exprience
douloureuse et pnible.
La dermatite atopique se caractrise par une xrose (scheresse cutane), du prurit et des lsions
rythmateuses. Elle se limite essentiellement la peau du visage et aux zones de flexions comme
les coudes ou les aisselles, zones o lpiderme est le plus fin. Il existe une prdisposition gntique
la dermatite atopique. En effet, elle survient sur un terrain familial allergique appel atopie (82). Il
est tabli quun enfant sur deux dont les deux parents sont allergiques dveloppe une dermatite
95
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
atopique (81).
Deux causes majeures sont responsables de la survenue de cette pathologie. Dune part, la fonction
barrire de la peau peut tre dfaillante, rendant la peau plus permable. La perte en eau est alors
augmente (scheresse de la peau) et les agresseurs (allergnes) pntrent plus facilement. Dautre
part, il peut se produire une rponse immunitaire exagre suite la prsence dun allergne et
provoquer ainsi une pousse deczma qui se traduira par une rougeur, des dmangeaisons, voire un
suintement. Chez 80% des individus atteints de dermatite atopique, une augmentation srique en
De multiples facteurs favorisent les crises : des facteurs saisonniers ou climatiques (hiver, froid) ;
des allergnes ariens (pollens), de contact (nickel...), alimentaires ; des infections (otites, rhumes,
pousses dentaires...) ; des irritations cutanes (produits cosmtiques) ; des facteurs psychologiques
(stress, motions).
Le traitement prventif consiste restaurer la fonction barrire de la peau (crmes, huiles de bain...)
et limiter voire viter le contact avec les allergnes. Pendant la crise, le traitement repose sur la
Le cancer de la peau est une tumeur maligne dveloppe aux dpens des cellules de la peau. Les
cancers de la peau existent sous trois formes : les carcinomes basocellulaires, les carcinomes de
Les cancers de la peau sont les cancers les plus frquents, mais aussi les plus gurissables sils sont
dtects et traits assez tt. Aux Etats-Unis, un million de nouveaux cas de carcinomes
(basocellulaire et des cellules squameuses) sont dtects chaque anne et lincidence des
96
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Il existe deux types de tumeurs cutanes. Les carcinomes se dveloppant partir de cellules de
lpiderme, soit de la couche basale (carcinome basocellulaire), soit des couches suprieures
(carcinome spinocellulaire). Ce sont les plus frquents, puisquils reprsentent 90 % des cancers de
la peau, dont 75 % pour les basocellulaires et 20 % pour les spinocellulaires. Les carcinomes
Chez des sujets prdisposs, plusieurs facteurs environnementaux, et plus particulirement des
expositions solaires aigus intermittentes et rptes, sont impliqus dans la formation des
carcinomes basocellulaires.
Cependant parmi les facteurs de risque essentiels, les prdispositions gntiques ne doivent pas tre
exclues, de mme que lexposition certains agents pathognes (virus du papillome humain), les
mlanine est responsable dune pigmentation brune ou rouge. La pigmentation brune confre le
bronzage et une certaine protection contre les rayonnements ultraviolets alors que la pigmentation
rouge nassure aucune protection. Les sujets qui fabriquent essentiellement des pigments rouges ne
bronzent pas et ont, de ce fait, plus de risque de dvelopper des cancers cutans. Les mlanocytes
sont normalement prsents dans lpiderme, associs aux cellules pidermiques localises en partie
profonde de lpiderme.
97
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Ces cancers sont beaucoup plus rares, mais peuvent se dvelopper chez de jeunes sujets. Il faut les
dtecter et les traiter rapidement, car ils peuvent engendrer des mtastases trs difficiles radiquer.
Le plus souvent, les mlanomes sont des tumeurs pigmentes, plus ou moins brunes (contenant la
mlanine).
L'exposition solaire excessive est le facteur essentiel responsable du dveloppement des cancers
cutans, et plus particulirement des mlanomes. Les patients peau blanche d'origine europenne
sont les principales victimes des carcinomes cutans, qui sont plus rares chez les patients peau
pigmente. Cependant, lexposition excessive aux rayons solaires nest pas le seul facteur
De nombreuses substances composant les produits cosmtiques appliqus de manire rptitive sur
la peau sont suspectes favoriser lapparition de ces cancers. En effet, selon les estimations, le
nombre de cancers de la peau progresse rgulirement avec deux fois plus de cancers tous les dix
ans, ces donnes tant contradictoires avec laugmentation de la consommation de produits solaires,
multiplie par deux en dix ans (d'aprs la Fdration des industries de la parfumerie). Depuis
certaines molcules contenues dans des produits cosmtiques usage courant. Parmi les composs
(MIT) ou les parabnes, certains filtres UV- notamment le 4-mthyl-benzylidne camphor (4-MBC)
- possdant des effets perturbateurs endocriniens- ainsi que les nanoparticules de TiO2 prsentes
dans de nombreux produits cosmtiques (crmes solaires, dentifrice) (1). Certaines tudes
98
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
mettent en vidence des effets indsirables sur la sant des composs contenus dans les crmes
solaires suite de fortes doses dexposition. Cependant, les effets de ces composs doses plus
faibles, notamment au travers dune exposition via les dermo-cosmtiques nest toujours pas
prouve.
Plusieurs hypothses sont avances mais la communaut scientifique reste divise sur le sujet. Par
exemple, les individus s'enduiraient d'une mince pellicule de crme solaire et, se croyant protgs,
Il se peut galement que laugmentation actuellement observe des cancers de la peau puisse
sexpliquer par un effet retard . En effet, 20 30 ans peuvent scouler entre le moment o un
est diagnostique. Il se pourrait donc que des mlanomes apparaissant dans les annes 1990
Les franais notamment, n'ont rellement pris en compte le risque de lexposition solaire qu' partir
des annes 1990 avec la mise en uvre de la prvention et lutilisation de la crme solaire. Aussi, le
nombre des cancers de la peau en France devrait continuer de crotre avec 6 000 7 000 nouveaux
mlanomes par an. En revanche, en Australie, une diminution du nombre de cancers serait observe
seulement depuis 4 ans, bien que leur campagne de prvention ait t engage il y a maintenant plus
de 25 ans.
A ce jour, aucune tude scientifique ne peut ni prouver ni valider ces tendances (54).
99
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Trs peu de donnes fiables (car non reproduites) sont actuellement disponibles concernant limpact
des nanoparticules manufactures (contenues dans les dermo-cosmtiques entre autres) sur la sant
de lhomme.
Ltude des effets toxicologiques des nanomatriaux a dbut ces dernires annes sur des modles
animaux (in vivo) et des cellules en culture (in vitro). De plus les lments de nanotoxicologie
rapports chez lhomme font tat dinteractions des nanoparticules avec le vivant au niveau
Dimportantes donnes provenant dexpriences ralises sur les particules ultrafines de la pollution
atmosphrique et quelques tudes effectues sur des nanoparticules manufactures suggrent que le
stress oxydant constitue un mcanisme central dans les effets toxicologiques des nanoparticules
(espces ractives oxygnes : ERO), est suprieure la capacit des systmes antioxydants de
lorganisme (enzymes tels que la superoxyde dismutase, la catalase ou encore les vitamines C et E).
Une diminution de la capacit de systmes antioxydants, avec une formation doxydants inchange,
peut galement conduire au stress oxydant. La production accrue dERO endommage les
fonctionnement cellulaire (hyper prolifration, apoptose, mutation) (2). Ces phnomnes de stress
neurodgnratives, cancers) et dans les processus de vieillissement cellulaire. Ainsi, une action
dltre du stress oxydatif sur lADN et lARN cellulaire accompagne dinactivation enzymatique
100
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Deux mcanismes majeurs aboutissent un stress oxydant aprs exposition aux nanoparticules :
premirement, une production despces ractives oxygnes (ERO) par la nanoparticule elle-mme
de transition ; deuximement, une production accrue dERO par la cellule suite au contact et/ou
Des expriences ont t menes in vitro par Jaeger et al. sur des kratinocytes HaCaT (HaCaT =
Les cellules HaCaT constituent un modle cellulaire utilis en recherche scientifique et dermo-
cosmtique. Ces cellules non cancreuses issues dune ligne cellulaire de kratinocytes humains
conservent une forte capacit de prolifration et de diffrenciation in vitro (caractre immortel). Ces
cellules offrent galement des capacits de rgnration tissulaire in vitro ("tissu in vitro") et de
transformation tumorigne.
lADN mitochondrial aprs internalisation et agrgation de nanoparticules de TiO2 par les cellules
HaCaT. La dltion observe, (perte de la paire de base 4977 appele common deletion ), est la
plus frquente et la plus caractristique des mutations de lADN mitochondrial humain. Elle est
induite par la prsence de grande quantit dERO. Les nanoparticules de TiO2 sont donc lorigine
dune augmentation du taux dERO semblable une exposition importante aux UVA. Cette
production dERO peut donc tre lorigine dun ventuel effet cytotoxique (mort cellulaire) ou
gnotoxique induit par les nanoparticules de TiO2. Cependant, des expriences complmentaires
sont indispensables afin de confirmer limpact de lusage quotidien de cosmtiques incluant des
101
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
nanoparticules sur la sant humaine. Ces tudes doivent entre autres prendre en compte les
Figure 14 : Images obtenues par microscopie lectronique transmission des kratinocytes aprs
traitement par TiO2. (A) : dtection dagglomrats de TiO2 dans lespace extracellulaire dans une
vsicule dendocytose (e) et intracellulaire (i). (B) reprsente linvagination de la membrane cellulaire
Les nanoparticules de TiO2 possdent par ailleurs des proprits photo-catalytiques potentialises
par les rayonnements UV. Cette proprit particulire peut savrer intressante en photothrapie
102
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
TiO2 contenu dans les crmes solaires et des UVA lie lexposition solaire est susceptible
daggraver les dysfonctions de la barrire cutane par production dun stress oxydatif lorigine de
Aussi, lquipe chinoise de Tu et al. met en vidence plusieurs reprises une photo-toxicit dose-
Les structures et fonctions des protines tyrosines peuvent tre altres par nitration (due la
prsence despces ractives au nitrogne) entrainant des anomalies au niveau des signaux de
brlures. Les nitrites sont prsents dans les fluides biologiques comme la sueur ou le sang et en
Les risques lis lapplication de nanoparticules de TiO2 en prsence de nitrite sous irradiations
UVA ont t valus laide de modles cellulaires de kratinocytes humains (HaCaT). Les
rsultats mettent en vidence une augmentation de la toxicit des nanoparticules de TiO2 de manire
Dune part, lapoptose (mort cellulaire programme) des kratinocytes est en lien avec la voie AIF
(Apoptosis Inducting Factor), molcule pro-apoptotique libre par la mitochondrie, qui fait suite
Dautre part, les nitrites associs au TiO2 augmentent considrablement la mort de cellules cutanes
exposes aux UVA par production de radicaux libres nitrs inhibant lactivit de la protine
cystatine A. Les caspases ne pouvant tre inhibes par la cystatine A, il se produit une augmentation
103
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
de lapoptose en raison de labsence de rgulation (88). Ces donnes sont rassembles dans la
figure suivante.
Figure 15 : Mcanisme dcrivant les rponses intracellulaires aux radicaux oxygns et azots induits
Remarque : les nanoparticules de TiO2 utilises dans les produits cosmtiques sont enrobes par des
substances organiques ou inorganiques et peuvent tre galement dopes, afin de diminuer les effets
du stress oxydant. De plus, des systmes antioxydants sont ajouts dans les formulations.
Concernant le TiO2, la forme anatase est considre comme susceptible de produire plus de stress
photo-oxydant mais les produits cosmtiques ne contiennent gnralement que le TiO2 sous la
2.2. Inflammation
Cette rponse est de type immunologique. L'inflammation est utile, car elle aide lorganisme
104
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
combattre lagression. Cependant, linflammation peut tre exagre, et alors devenir dltre. Les
nanoparticules peuvent induire une rponse inflammatoire plus importante que celle induite par des
particules de mme forme et de mme composition chimique, mais de taille micromtrique. Cette
rponse inflammatoire est troitement associe la prsence dun stress oxydant activant les gnes
une rsolution spontane de linflammation. Dans le cas contraire, la raction inflammatoire peut
entraner la dysfonction de lorgane o elle se dveloppe, et/ou affecter des organes distance,
Les nanoparticules de TiO2 ne pntrent pas facilement une barrire cutane intacte. Cependant il
est prouv que la barrire cutane de patients atopiques est altre par le processus inflammatoire
Les nanoparticules de TiO2 contenues dans les dermo-cosmtiques et produits pharmaceutiques sont
essentiellement sous forme cristallines (anatases et rutiles), notamment dans les crmes solaires
intressant dtudier limpact dinjection transdermique du TiO2 sur la maladie. Pour cela,
Yanagisawa et al. utilisent un modle murin de peau atopique (souche de souris transgnique
NC/Nga). Linjection dun allergne, lextrait de mite, mime les lsions de la dermatite atopique.
Les rsultats sont valus en fonction de scores cliniques incluant ltat de scheresse cutane, la
nanoparticules de TiO2 de trois tailles diffrentes (15, 50 et 100 nm) nentraine pas dpaississement
105
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
dosinophile par comparaison linjection dallergnes seuls. Il en est de mme pour les taux
dinterleukines (IL4 ; IL5 ; IL13) alors que lexpression dinterfron (INF) au niveau cutan au
contraire, diminue.
Ces rsultats mettent galement en vidence une augmentation significative du taux dhistamine
Par extrapolation, lorsque la barrire cutane est franchie, le TiO2 est donc susceptible daggraver
les effets inflammatoires caractristiques des allergnes cutans dans la dermatite atopique.
Lexemple des adjuvants aluminiques met laccent sur lambivalence des nanoparticules. Maquieira
et al. confirment in vivo (tude chez la souris et le lapin) limmunognicit des nanoparticules
(molcule de faible poids molculaire antignique (capable dtre reconnue par le systme
immunitaire) mais non immunogne) active une rponse spcifique du systme immunitaire (90).
linjection de vaccins contenant des adjuvants aluminiques toffent les rsultats concernant le
106
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
La myofascite macrophages (MMF) est une maladie rare identifie en 1993 et classe dans une
nouvelle catgorie de syndromes nomme pour la premire fois en 2011 sous le terme
par des manifestations systmiques (asthnie, myalgie, arthralgies, fivre) ou locales (au niveau
du site dinjection du vaccin). Les causes spcifiques ne sont pas connues mais la maladie est le
plus souvent associe la persistance dans le muscle de loxyde daluminium utilis comme
adjuvant dans les vaccins humains chez des individus ayant une susceptibilit gntique. Au niveau
Limportance des tudes humaines sur labsorption percutane du TiO2 est souligne par
Des tudes in vitro (projet NANODERM ) des effets du TiO2 (anatase, 9 nm) sont menes sur
humains immortaliss (SZ 95), fibroblastes murins immortaliss (NIH 3T3), culture primaire de
microscopique rvle : une internalisation au niveau cytoplasmique du TiO2 dans les populations
107
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
En ce sens, des analyses par microfaisceau dions sur une culture de kratinocytes (in vitro) ont t
menes au CENBG afin de dterminer si la composition chimique lmentaire des cellules cultives
en prsence de TiO2 (TiO2- P25 : 80 % anatase, 20 % rutile de diamtre compris entre 25 et 35 nm)
variait. Lanalyse quantitative lchelle cellulaire ne rvle pas de modifications majeures dans la
distribution et la composition chimique lmentaire pour la plupart des espces chimiques tudies.
Il est dfini et dcrit quune augmentation de calcium intracellulaire induit la diffrenciation des
Linduction prcoce de la diffrentiation des cellules exposes au TiO2 a t mise en vidence par
dans les couches pineuse et granuleuse de lpiderme et utilise comme marqueur dexpression
De plus, dans les cellules exposes au TiO2, le rseau dactine est trs significativement modifi
avec une organisation priphrique dans les cellules. Cette organisation est typique dune
rorganisation induite par une augmentation du calcium intracellulaire (93). Aussi, il a t constat
diminution de la prolifration cellulaire (sans mort cellulaire) rend compte de la toxicit de ces
nanoparticules (94).
108
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Concernant le potentiel cancrigne des nanoparticules de TiO2, diffrentes tudes rvlent des
Certains auteurs affirment que les nanoparticules de TiO2 contenues dans les dermo-cosmtiques ne
traversent pas la couche corne dune peau saine et nentrainent donc pas deffets systmiques pour
Bien que le titane et le TiO2 soient considrs comme inertes lchelle micromtrique, il faut
nanmoins sassurer que ces constituants sont sans danger au vue de leur utilisation cosmtique
Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a class en 2006 toutes les formes de TiO2
comme potentiellement cancrignes pour les hommes (classe 2B) sur les bases des donnes
obtenues aprs tude de linhalation de particules finement divises chez le rat et des donnes
Une tude a t mene par Furukawa et al. afin de dterminer le potentiel promoteur de
aprs application de nanoparticules de TiO2 doses croissantes nest pas significative par
comparaison aux groupes tmoins. Daprs ces rsultats, lapplication cutane de nanoparticules de
109
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
Moon et al. tudient limpact des nanoparticules de TiO2 sur la croissance in vivo de tumeurs
linjection intrapritonale quotidienne chez des souris de nanoparticules de TiO2 pendant 28 jours
lanalyse de la croissance tumorale in situ). Les donnes mettent en vidence une augmentation de
la taille des tumeurs chez les souris exposes aux nanoparticules de TiO2 par injection intra-
Figure 16 : Evolution de la taille des tumeurs aprs injection intrapritonale de TiO2 (96)
Lexprience montre galement que les nanoparticules de TiO2 peuvent perturber le dveloppement
Pour mmoire, les lymphocytes sont les cellules centrales du systme immunitaire, capables de
lorganisme. Normalement, ils ne doivent pas ragir contre les tissus de lorganisme lui-mme. Il
existe deux types de lymphocytes : les cellules B qui produisent les anticorps et les lymphocytes T
110
Partie 4 : Etudes de la pntration cutane et des effets du TiO2
possdant plusieurs fonctions (assistent les cellules B dans leur rponse anticorps, reconnaissent et
rponse immune). Brivement, les cellules Natural Killer (NK), sont quant elles, capables de
dtruire une grande varit de cellules cibles. Elles reprsentent ainsi une seconde ligne de dfense
(97).
En se basant sur ces rsultats, il est possible de suggrer que les nanoparticules de TiO2 en altrant
une augmentation de la taille des tumeurs solides comme le montre la figure n16. Ces rsultats sont
en accord avec un prcdent rapport indiquant que linjection intrapritonale dune suspension de
TiO2 sous forme de fullernes peut potentialiser la croissance tumorale (cellules de mlanomes) in
111
Conclusion et perspectives
Conclusion et perspectives
Les nanoparticules font, ce jour, partie intgrante de notre quotidien, puisque prsentes en grande
proportion dans nos produits de consommation courante et dans notre environnement. Lobjectif de
ce manuscrit est double : dune part, informer des perspectives intressantes et innovantes
quoffrent les nanomatriaux du fait de leurs proprits physico-chimiques que ce soit dans les
domaines de lindustrie ou du mdical ; dautre part, sensibiliser aux effets et interactions de ces
cible, dont lefficacit daction et la diminution des effets secondaires sont suprieures la
chimiothrapie conventionnelle.
Ces thrapeutiques nouvelles se basent sur la capacit de dlivrance et de ciblage ainsi que sur
fluorescents offre aujourdhui lespoir dun diagnostic prcoce et non invasif du cancer.
La matrise et lessor de ces diffrentes applications en imagerie et thrapie donnent une nouvelle
mdicament.
Cette thse dexercice aborde la toxicit des nanoparticules contenues dans les dermo-cosmtiques
112
Conclusion et perspectives
par le biais du TiO2. Ces nanoparticules utilises entre autres comme filtres physiques anti-UV dans
(cancers).
A travers lanalyse de diffrents travaux de recherche, une approche de cette nanotoxicit est
propose.
Plusieurs voies dexpositions aux nanoparticules sont possibles : la voie pulmonaire est la principale
en raison des quantits importantes de particules ultrafines prsentes dans lenvironnement ; la voie
digestive par lingestion de nanoparticules utilises comme additifs alimentaires, excipients dans les
formes pharmaceutiques orales, adjuvants dans les articles dhygine (dentifrice) ; enfin la voie
envisageable dans certaines conditions (pratiques hyginiques : rasage, pilation) que le TiO2 puisse
tre en contact avec les cellules vivantes du follicule pileux. De mme lintgrit cutane constitue
Au niveau cellulaire, linternalisation des nanoparticules de TiO2 par les kratinocytes entraine une
cellule est associ une diminution de la prolifration cellulaire en absence de mort cellulaire.
Linternalisation des nanoparticules de TiO2 provoque aussi une diffrentiation prcoce des cellules
113
Conclusion et perspectives
kratinocytaires.
Il a aussi t mis en vidence que la pntration des nanoparticules peut induire un stress oxydatif
Enfin, si lon considre que les nanoparticules de TiO2 altrent le systme dimmunosurveillance, il
nest pas exclu quelles aient un effet indirect sur la croissance tumorale in situ.
A ce jour, il reste difficile de se prononcer quant linnocuit de ces lments. Dautres travaux au
cas par cas sont indispensables afin de clarifier leur impact sur la sant des hommes en raison de
leur multiplicit et des diffrentes voies dexposition possibles. Ltude du devenir des
nanoparticules dans notre organisme (toxicocintique) et de leurs effets cellulaires (stress oxydatif,
Dautres points non voqus dans ce manuscrit mriteraient de faire lobjet dune attention
lenvironnement. Des recherches se poursuivent sur limpact de lapplication de crme solaire avant
la baignade et de leffet de cette pollution sur les cosystmes marins. Selon une tude de
lEnvironmental Health Perspectives (EHP), mene par le Professeur Donavaro, les crmes solaires
utilises ont une action dltre sur les rcifs coralliens. Des expriences menes dans diffrentes
mers du globe (Ocans Pacifique, Atlantique, Indien) soulignent que certains filtres anti-UV
Une alternative afin de prserver lcosystme marin serait lutilisation de crmes solaires avec
114
Conclusion et perspectives
En ce sens, une tude environnementale de limpact de ces nanoparticules laide dun organisme
modle animal de laboratoire admis pour raliser des tudes toxicologiques in vivo.
La prsence dun stress induit par les polluants ou la dsorganisation des cosystmes peuvent tre
C. elegans est un modle biologique trs intressant car il permet une premire approche lchelle
de la cellule. Il offre la possibilit dtudier le passage des nanoparticules par diffrentes voies
(ingestion, passage travers la cuticule). De plus, les effets peuvent tre observs au niveau de la
cellule, des organes, mais aussi lchelle de lindividu (embryon, larve, adulte) et sur les
gnrations successives.
Ce modle permet galement denvisager des modes dinteractions plus complexes comme la
Des tests de toxicit bass sur C.elegans ont t dvelopps afin destimer les risques co
toxicologiques au niveau des sols et de leau. Lanalyse lmentaire chimique par PIXE est une
technique non invasive adapte la dtection, localisation, suivi et quantification des nanoparticules
115
Conclusion et perspectives
chimiques (Phosphore, Soufre, Calcium). Dtection et localisation des nanoparticules de TiO 2 (images
CENBG)
Des tudes ont dj dmontr leffet toxique et dltre des nanoparticules notamment sur les
anatomiquement les diffrents organes susceptibles dtre exposs aux nanoparticules avec des
conditions dexpositions similaires. De plus, leur transparence permet un traage facile des
nanoparticules.
En conclusion, la nanotoxicologie ncessite une analyse au cas par cas, prenant en compte, la
forme, la voie dexposition, les vecteurs associs. Ce manuscrit tmoigne que le domaine des
nanotechnologies ainsi que leur impact environnemental et sur la sant humaine savrent des sujets
de recherche mergeant, puisquils bouleversent le principe mme de la toxicologie base sur leffet
de la dose. .
116
Annexes
ANNEXE 1: Tableau rcapitulant les mthodes de synthse des nanomatriaux (inspir du rapport AFSSET
juillet 2006)
Mthodes physiques
Evaporation Evaporation dun mtal par Fe, Ni, Co, Cu, Al, Pd et 20 100 nm
formes de particules
nanomtriques disperses.
fullernes, suies
carbones, etc.
dmulsion, etc.
117
plus rapide et plus homogne
du milieu.
matrices vitreuses
dops (TiO2) ou
provskites)
118
uvre lvaporation ou la
mtallique solide.
Mthodes chimiques
matriau dposer et la
physico-chimiques du milieu
(pH, temprature,
concentration, etc.).
le volume ractionnel)
119
Techniques sol-gel Production de nanomatriaux La plupart des oxydes Quelques nm
nano-pigments cristalliss ou
ractions de polymrisation
inorganiques.
llaboration du matriau
Mthodes
mcaniques
poudres
120
Consolidation et Les techniques de
partir de matriaux
pulvrulents (poudres
conducteurs et organiques).
quelques dizaines de
lextrusion, etc
121
ANNEXE 2 : Exemples de proprits recherches par lutilisation de nanoparticules dans diffrents secteurs
dactivits (2,9)
123
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SERMENT DE GALIEN
Dhonorer ceux qui mont instruite dans les prceptes de mon art et de leur
tmoigner ma reconnaissance en restant fidle leur enseignement ;
Que les hommes maccordent leur estime si je suis fidle mes promesses.
137
THESE soutenue par : GUITOU Marie-Anne
TITRE : Nanoparticules et sant : des applications aux risques potentiels.
Lexemple du TiO2.
TH. D. Pharmacie : Bordeaux/2014 ; n27
Rsum :
Les nanotechnologies constituent un champ de recherche et de dveloppement important depuis le
dbut du XXIme sicle. Elles reposent sur la capacit manipuler la matire lchelle du
nanomtre (10-9 m) voire de latome. Lutilisation des nanoparticules au niveau mondial ne cesse de
saccrotre notamment sur le plan mdical, environnemental et industriel. Elles permettent la
cration de nouvelles classes de matriaux aux proprits innovantes. Ainsi, ces nanoparticules
produites intentionnellement sont utilises dans des produits cosmtiques et dhygine, dentifrices,
additifs alimentaires, articles de sport, pneus... De plus, leurs proprits particulires en font des
outils extrmement intressants dans plusieurs domaines de la recherche fondamentale et clinique,
tels que loncologie, limagerie mdicale, le diagnostic, ladministration de mdicaments, la
fabrication de biomatriaux, ou encore la vaccination. Il est indispensable de clarifier limpact de
ces nanoparticules sur la sant en raison de leur multiplicit et des diffrentes voies dexposition
possibles. Il est ce jour difficile de se prononcer quant linnocuit de ces lments, les rsultats
tant parfois contradictoires, linstar des donnes actuelles relatives la pntration de la barrire
cutane par les nanoparticules du dioxyde de titane (TiO2) contenues dans les dermo-cosmtiques.
Ltude du devenir des nanoparticules dans notre organisme (toxicocintique) et de leurs effets
cellulaires (stress oxydatif, cytotoxicit, gnotoxicit) reste indispensable afin de garantir leur
scurit dutilisation. Ce manuscrit propose une introduction gnrale aux nanotechnologies et
leurs applications par une approche du nanomonde et ltude particulire de lventuelle toxicit du
TiO2 contenu dans les topiques cosmtiques.
Title: Nanoparticles and health: applications to potential risks. The example of TiO2
Mots cls: Nanoparticules, nanotoxicit, applications mdicales, dermo-cosmtiques, TiO2,
pntration cutane.
Keywords: Nanoparticles, nanotoxicity, medical applications, dermo-cosmetics, TiO2, skin
penetration.
UFR des Sciences Pharmaceutiques
Universit de Bordeaux
Ple Sciences de la sant
146, Rue Lo Saignat
33 076 Bordeaux Cedex
138