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Interpolation et Approximation
Bibliographie de ce chapitre
J.H. Ahlberg, E.N. Nilson & J.L. Walsh (1967): The Theory of Splines and Their Applications.
Academic Press, New York. [MA 65/4]
C. de Boor (1978): A Practical Guide to Splines. Springer-Verlag. [MA 65/141]
G.D. Knott (2000): Interpolating Cubic Splines. Birkhauser. [MA 65/431]
H.J. Nussbaumer (1981): Fast Fourier Transform and Convolution Algorithms. Springer-Verlag.
H. Spath (1995): One Dimensional Spline Interpolation. AK Peters. [MA 65/362]
Probleme (Newton 1676). Etant donnes les n + 1 points (0.1), chercher un polynome
10
p(x)
5
0
2 4 6 8 10
Solution. En inserant les conditions (1.2) dans (1.1), le probleme se transforme en un systeme
lineaire (a matrice du type Vandermonde ; ici ecrit pour n = 2)
c + bx0 + ax20 = y0 y1 y0
b + a(x1 + x0 ) =
x1 x0
c + bx1 + ax21 = y1 soustraire et diviser (1.3)
y2 y1
c + bx2 + ax22 = y2 b + a(x2 + x1 ) =
x2 x1
et, si on soustrait et divise une deuxieme fois, on trouve
1 y2 y1 y1 y0
a= . (1.4)
x2 x0 x2 x1 x1 x0
Le meme calcul a ete effectue pour n = 4 dans un manuscript de Newton datant de 1676 ; comme a
laccoutumee, Newton refusa de le publier (voir citation). Cotes le publia comme dernier chapitre
Methodus differentialis du livre Analysis per quantitatum series, fluxiones, ac differentias, Londini
1711 (voir fac-simile en figure II.2 1 ).
Definition 1.1 (differences divisees) Pour (xi , yi ) donnes (xi distincts) on definit
y[xi ] := yi
y[xj ] y[xi ]
y[xi , xj ] :=
xj xi
y[xj , xk ] y[xi , xj ]
2 y[xi , xj , xk ] :=
xk xi
y[xj , xk , xl ] 2 y[xi , xj , xk ]
2
3 y[xi , xj , xk , xl ] := etc.
xl xi
Ensuite Newton, charmant comme toujours, donne la formule suivante sans la moindre demonstra-
tion (voir citation) :
Theoreme 1.2 (formule de Newton) Le polynome dinterpolation de degre n qui passe par les
n + 1 points (x0 , y0 ), (x1 , y1), . . . , (xn , yn ), ou les xi sont distincts, est unique et donne par
y1 y0
p(x) = y0 + (x x0 ) + a (x x0 )(x x1 ) (1.7)
x1 x0
0
2 4
ou le coefficient a est a determiner. Mais il sagit du coefficient de x2 de p(x) : nous savons deja
(voir (1.4)) que celui-ci est la deuxieme difference divisee 2 y[x0 , x1 , x2 ].
Pour demontrer le cas general, nous supposons que
soit le polynome unique de degre n 1 qui passe par (xi , yi ) pour i = 0, 1, . . . , n 1. Alors,
comme auparavant, le polynome p(x) a necessairement la forme
p1 (x) p(x)
10
0
2 4 6 8 10
5
10 p2 (x)
F IG . II.3: Les polynomes p1 (t), p2 (t) et p(t) de lalgorithme dAitken-Neville
qui passe par (xi , yi) pour i = 1, . . . , n (voir figure II.3). Ensuite, on pose (Aitken - Neville, 1929,
1932 2 )
1
p(x) = (xn x)p1 (x) + (x x0 )p2 (x) . (1.8)
xn x0
Il sagit dun polynome de degre n, qui satisfait la condition (1.2) pour le point x0 (ici, le facteur
(x x0 ) est nul), pour le point xn (ici, le facteur (x xn ) est nul), et pour les points x1 , . . . , xn1
(ici, les deux polynomes p1 et p2 sont egaux a yi ). Le polynome desire est donc trouve.
En considerant le coefficient de xn dans (1.8), nous obtenons
1 n1
a= y[x1 , . . . , xn ] n1 y[x0 , . . . , xn1 ] = n y[x0 , . . . , xn ],
xn x0
ce qui demontre la formule (1.5).
xi yi y 2y 3y 4y 5y
0 1
1
2 1 3/8
5/2 77/120
4 6 17/6 167/960
6 3/4 287/9600
5 0 5/3 1/8
2/3 1/4
8 2 1/6
3/2
10 5
Exemple 1.3 Pour les donnees de la fig. II.1, les differences divisees sont presentees dans le
tableau II.1. Le polynome dinterpolation est alors donne par
3 77 167
p(x) = 1 + x + x(x 2) x(x 2)(x 4) + x(x 2)(x 4)(x 5)
8 120 960
287
x(x 2)(x 4)(x 5)(x 8) .
9600
ou mieux encore pour la programmation (ou le calcul a la main)
3 77 167 287
p(x) = 1 + x 1 + (x 2) + (x 4) + (x 5) (x 8) .
8 120 960 9600
2
Il fallait plus de deux siecles pour avoir cette idee !...
28 Interpolation et Approximation
Remarque. Lordre des {xi } na aucune importance pour la formule de Newton (1.5). Si lon
permute les donnees (xi , yi ), on obtient evidemment le meme polynome. Pour lexemple ci-dessus
et pour les {xi } choisis dans lordre {4, 5, 2, 8, 0, 10}, on obtient ainsi
17 3 167 287
p(x) = 6 + (x 4) 6 + (x 5) + (x 2) + (x 8) x .
6 4 960 9600
En observant que n y[xi0 , . . . , xin ] est une fonction symetrique de ses arguments (par exemple,
2 y[x2 , x3 , x1 ] = 2 y[x1 , x2 , x3 ], voir exercices), on peut utiliser les valeurs calculees dans le
tableau II.1.
Si x est entre 4 et 5, les deux facteurs x4 et x5 dans la formule precedente sont relativement
petits, ce qui favorise la diminution des erreurs darrondi.
yi = f (xi ), i = 0, 1, . . . , n, (2.1)
etudions alors lerreur f (x) p(x) du polynome dinterpolation p(x). Deux exemples sont donnes
dans la fig. II.4. A gauche, on voit un polynome dinterpolation pour la fonction f (x) = sin x, et
a droite pour la fonction 1/(1 + x2 ). Pour mieux rendre visible lerreur, on a dessine la fonction
f (x) en une courbe pointillee.
1
1 f (x) = sin x f (x) =
1 1 + x2
0
0 2 4 6 8
0
4 2 0 2 4
1
Les resultats suivants sont dus a Cauchy (1840, Sur les fonctions interpolaires, C.R. XI, p. 775-789,
Oeuvres ser. 1, vol. V, p. 409-424). Commencons par une relation interessante entre les differences
divisees pour (2.1) et les derivees de la fonction f (x).
Lemme 2.1 Soit f (x) n-fois differentiable et yi = f (xi ) pour i = 0, 1, . . . , n (xi distincts). Alors,
il existe un (min xi , max xi ) tel que
f (n) ()
n y[x0 , x1 , . . . , xn ] = . (2.2)
n!
Demonstration. Soit p(x) le polynome dinterpolation de degre n passant par (xi , yi ) et notons
d(x) = f (x) p(x). Par definition de p(x), la difference d(x) sannule en n + 1 points distincts :
d(xi ) = 0 pour i = 0, 1, . . . , n.
Interpolation et Approximation 29
Comme d(x) est differentiable, on peut appliquer n fois le theoreme de Rolle (voir le cours
dAnalyse I) et on en deduit que
d (x) a n zeros distincts dans (min xi , max xi ).
Le meme argument applique a d (x) donne
d (x) a n 1 zeros distincts dans (min xi , max xi ),
i i
et finalement encore
d(n) (x) a 1 zero dans (min xi , max xi ).
i i
(n)
Notons ce zero de d (x) par . Alors, on a
f (n) () = p(n) () = n! n y[x0 , x1 , . . . , xn ]. (2.3)
La deuxieme identite dans (2.3) resulte du fait que n y[x0 , x1 , . . . , xn ] est le coefficient de xn dans
p(x).
Theoreme 2.2 Soit f : [a, b] IR (n + 1)-fois differentiable et soit p(x) le polynome dinterpo-
lation de degre n qui passe par (xi , f (xi )) pour i = 0, 1, . . . , n. Alors, pour x [a, b], il existe un
(min(xi , x), max(xi , x)) tel que
f (n+1) ()
f (x) p(x) = (x x0 ) . . . (x xn ) . (2.4)
(n + 1)!
Demonstration. Si x = xi pour un indice i {0, 1, . . . , n}, la formule (2.4) est verifiee car
p(xi ) = f (xi ). Fixons alors un x dans [a, b] qui soit different de xi et montrons la formule (2.4)
pour x = x.
Lidee est de considerer le polynome p(x) de degre n + 1 qui passe par (xi , f (xi )) pour i =
0, 1, . . . , n et par (x, f (x)). La formule de Newton donne
p(x) = p(x) + (x x0 ) . . . (x xn ) n+1 y[x0 , . . . , xn , x]. (2.5)
Si lon remplace la difference divisee dans (2.5) par f (n+1) ()/(n + 1)! (voir le lemme precedent)
et si lon pose x = x, on obtient le resultat (2.4) pour x = x car p(x) = f (x). Comme x est
arbitraire, la formule (2.4) est verifiee pour tout x.
Exemple 2.3 Dans la situation de la fig. II.4, on a n + 1 = 7. Comme la 7eme derivee de sin x est
bornee par 1, on a que
1
|p(x) sin x| |x(x 1.5)(x 3)(x 4.5)(x 6)(x 7.5)(x 9)| ,
7!
par exemple
|p(4) sin 4| 0.035 ou |p(1) sin 1| 0.181.
Pour le deuxieme exemple, f (x) = 1/(1 + x2 ), la 7eme derivee est donnee par
(x + 1)(x 1)x(x2 2x 1)(x2 + 2x 1)
f (7) (x) = 8! ,
(1 + x2 )8
qui est maximale pour x 0.17632698. On obtient ainsi
1
4392
p(x) |(x2 20.25)(x2 9)(x2 2.25)x| .
1 + x2 7!
Alors, lerreur peut etre 4392 fois plus grande que pour linterpolation de sin x.
30 Interpolation et Approximation
Convergence de linterpolation.
Une grande surprise en mathematiques fut la decouverte, dabord par Riemann (1854), puis
par Weierstrass (1872), de lincroyable complexite quont certaines fonctions continues,
p. ex. , de netre nulle part differentiables ;
puis la deuxieme grande surprise : toutes ces fonctions, aussi compliquees quelles puissent
etre, peuvent etre approchees, aussi pres quon le veut et uniformement, par les fonctions les
plus simples qui existent, des polynomes (Weierstrass 1885 ; voir [HW96], III.9) ;
personne ne pensait alors que les polynomes dinterpolation, si on prend seulement les points
suffisamment proches les uns des autres, ne convergeaient pas vers la fonction donnee. La
decouverte que cela nest meme pas assure pour les fonctions rationnelles, les deuxiemes
fonctions les plus simples, (voir dessin de figure II.5), a choque enormement les mathemati-
ciens vers 1900 (en particulier E. Borel).
Carl David Tolme Runge (1856-1927), premier prof de maths appliquees de lhistoire et, en tant
queleve de Weierstrass, ayant aussi une solide formation en maths pures, fut certes lhomme
ideal pour expliquer ce phenomene de maniere claire et elegante (1901, Zeitschr. Math. u. Physik
vol. 46).
1 0 1 1 0 1 1 0 1 1 0 1 1 0 1
n=2 n=4 n=6 n=8 n = 10
1 0 1 1 0 1 1 0 1 1 0 1 1 0 1
n = 12 n = 14 n = 16 n = 18 n = 20
0 0
0 1 0 1
On trouve la reponse a cette question dans un travail de P.L. Chebyshev (transcription francaise :
Tchebychef, 1854, uvres I, p. 109) sur la conception optimale des tiges des pistons de loco-
motives a vapeur . . . . . . Entre-temps, les locomotives a vapeur sont au musee, et les polynomes de
Chebyshev sont encore et toujours des outils importants en mathematiques.
1 1 1 1
a = .00 L = 1.00 a = .60 L = .40 a = .75 L = .25 a = .90 L = .33
1 0 1 1 0 1 1 0 1 1 0 1
1 1 1 1
Le cas n = 3. Cherchons a resoudre cette question pour n = 3, i.e., posons (symetrie oblige !...)
(x) = x3 ax ou a est un parametre a trouver. Nous voyons en figure II.7 que, pour a = 0, nous
avons L = 1 ; puis cette valeur diminue quand a crot, jusquau moment ou la courbe touche la
borne +L et L en meme temps (pour a = 3/4) ; apres, L recommence de grandir. La solution
optimale est donc
3
3 (x) = x3 x . (3.3)
4
Chebyshev a vu que pour un n quelconque, le polynone optimal possede, comme on dit au-
jourdhui, une alternante de Chebyshev :
Theoreme 3.1 Le polynome (3.2), minimisant L sur [1, 1], prend alternativement les valeurs +L
et L exactement n + 1 fois.
+L +L +L +L
1 0 1 1 0 1
L L
32 Interpolation et Approximation
Demonstration. La preuve est simple : supposons, par exemple pour n = 3, que le polynome
3 (x) = x3 + . . . prenne seulement trois fois les valeurs maximales, disons, +L, puis L, puis +L
(voir dessin precedent). Il existe alors un polynome q2 (x) de degre 2, qui est > 0, < 0, et > 0 a
ces trois points. Le polynome 3 (x) q2 (x) va donc, pour > 0, diminuer en valeur absolue a
tous les trois points. Par consequent, le polynome netait pas optimal.
Par contre, pour n quelconque, il est beaucoup plus difficile de trouver des formules explicites pour
ces polynomes. Lidee suivante est due a Zolotarev :
Idee. Multiplions 3 (x) de (3.3) par 4 et posons
(cf. lequation pour la trisection de langle ; , p. 79, ou [HW97], p. 7). On voit bien
en figure II.8, que cela represente la projection dune guirlande sur un tambour x = cos , y =
sin , z = cos(3) sur le plan (x, z). Il est maintenant facile detendre cette idee au cas general :
F IG . II.8: Les guirlandes z = cos(n) autour dun tambour x = cos , y = sin et leurs projections, les
polynomes de Chebyshev, sur le plan (x, z).
T4 (x)
T3 (x)
T1 (x)
1 0 1
T2 (x)
Par les formules de Moivre (cf. [HW97], p. 45), on peut voir que, malgre cette definition etrange,
Tn (x) est un polynome en x. Mais il y a mieux : la formule
cos((n + 1)) + cos((n 1)) = 2 cos cos(n),
en posant cos = x, devient
T0 (x) = 1, T1 (x) = x, Tn+1 (x) = 2xTn (x) Tn1 (x). (3.6)
Par consequent, Tn (x) est un polynome de degre n dont le coefficient de xn est 2n1 , c.-a-d.,
Tn (x) = 2n1 xn + . . .. Les premiers sont T0 (x) = 1, T1 (x) = x,
T2 (x) = x2 1, T3 (x) = 4x3 3x, T4 (x) = 8x4 8x2 +1, T5 (x) = 16x5 20x3 +5x . (3.7)
Pour des dessins voir la figure II.93 . Les polynomes de Chebyshev sannulent en
(2k + 1)
Tn cos =0 pour k = 0, 1, . . . , n 1. (3.8)
2n
1 1
0 0
4 2 0 2 4 4 2 0 2 4
1 1
F IG . II.10: Interpolation avec des points equidistants (a gauche) et les points de Chebyshev (a droite)
Theoreme 3.3 Lexpression (3.1) est minimale parmi toutes les divisions {x0 , x1 , . . . , xn } si et
seulement si
a+b ba (2k + 1)
xk = + cos , k = 0, 1, . . . , n. (3.10)
2 2 2n + 2
Exemple 3.4 Comme dans la fig. II.4, nous considerons la fonction f (x) = 1/(1+x2 ) sur lintervalle
[4.5, 4.5]. Dans la fig. II.10, on compare le polynome dinterpolation base sur des points equidistants
avec celui base sur les points de Chebyshev. Tout commentaire est superflu !...
3
Pour une etude des courbes blanches dans la fig. II.9 (a droite) voir la page 209 du livre: Th.J. Rivlin, Chebyshev
Polynomials. 2nd ed., John Wiley & Sons, 1990 [MA 41/36]
34 Interpolation et Approximation
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4
n = 30 n = 40 n = 50
F IG . II.11: Polynome dinterpolation pour f (x) = sin x sur [0, 5] a points equidistants
Estimation importante :
|err| |x| 224 = |x| eps. (4.1)
En double precision, nous disposons de 2 32 = 64 bits, dont 12 sont utilises pour lexposant. En
resume
REAL 4, eps = 224 5.96 108
REAL 8, eps = 253 1.11 1016
REAL 16, eps = 2113 9.63 1035 .
Interpolation et Approximation 35
.3333333 0 0 1 1 1 1 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
.6666667 0 0 1 1 1 1 1 1 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
1.3333334 0 0 1 1 1 1 1 1 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
2.6666667 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
5.3333335 0 1 0 0 0 0 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
10.6666670 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32
Theoreme 4.1 Si on denote le nombre arrondi dun x 6= 0 par arr (x), alors
|arr (x) x|
eps , (4.2)
|x|
ou
arr (x) = x(1 + ) ou || eps . (4.3)
Ces formules sont la base de toute etude derreurs darrondi.
Influence des erreurs dans yi sur le polynome dinterpolation. Supposons que les donnees yi ,
pour lesquelles on devrait calculer le polynome dinterpolation p(x), soient erronees,
ou les i (x) sont les polynomes de Lagrange (voir Chap. I, formule (1.4) et Fig. II.13). On obtient
n
X
|p(x)
b p(x)| eps max |yi | |i (x)|. (4.5)
i=0,...,n
i=0
Pn
La fonction i=0 |i(x)| decrit lamplification de lerreur dans les donnees (voir figure II.14).
n 10 20 30 40 50 60 80 100
n 3.0 101 1.1 104 6.6 106 4.7 109 3.6 1012 3.0 1015 2.2 1021 1.8 1027
Sa valeur maximale n
X
n := max |i (x)| (4.6)
x[a,b]
i=0
36 Interpolation et Approximation
6 6 6 6 6 6
5 5 5 5 5 5
4 4 4 4 4 4
3 3 3 3 3 3
2 2 2 2 2 2
1 1 1 1 1 1
0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
1 1 1 1 1 1
2 2 2 2 2 2
3 3 3 3 3 3
4 4 4 4 4 4
5 5 5 5 5 5
16 16 16 16 16 16 16
12 12 12 12 12 12 12
8 8 8 8 8 8 8
4 4 4 4 4 4 4
0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0
4 4 4 4 4 4 4
8 8 8 8 8 8 8
12 12 12 12 12 12 12
16 16 16 16 16 16 16
0 (x) 1 (x) 2 (x) 3 (x) 4 (x) 5 (x) 6 (x)
sappelle la constante de Lebesgue 4 associee aux points x0 , x1 , . . . , xn et a lintervalle [a, b]. Cette
4
Pour une raison obscure ; on ne trouve dans les oeuvres de Lebesgue quun article general sur lapproximation
Interpolation et Approximation 37
Donc m (x) = 0 si
1 1 1 1 1 1
= + + ...+ + + ...+ .
x 1x 2x m1x m+1x nx
1
Car la serie harmonique diverge, on voit que x
et x 0. Ainsi, asymptotiquement,
1 1 1 1 1 1
+ + ...+ + + . . . + log n .
x 1 2 m1 m+1 n
1 1 2 3 (m1)m(m+1) n n 23/2
max |m (x)| 2 (4.8)
log n m(m!)2 log n n3/2
nn
n! 2n
en
a ete utilisee. Le facteur 2n dans (4.8) montre clairement que chaque augmentation de n par 1 fait
perdre 1 bit de precision !... Ainsi, avec les quelque 30 bits de mantisse en REAL*4, la limite est
atteinte vers n = 30 (comme on lobserve en figure II.11).
1 1 1 1 1 1
0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
1 0 (x) 1 1 (x) 1 2 (x) 1 3 (x) 1 4 (x) 1 5 (x)
F IG . II.15: Polynomes de Lagrange a points de Chebyshev pour n = 10
Points de Chebyshev. Est-il encore necessaire de mentionner que, pour les points de Chebyshev
xi = a+b
2
+ ba
2
cos( (2i+1)
2n+2
), on na pas cette horrible instabilite. Voir Fig. II.15.
(Oeuvres 3, p. 256), ou une note en bas de page discute le phenomene de Runge, qui fit fureur a lepoque. Le meme
phenomene a ete independamment decouvert par E. Borel (1905, Lecons sur les fonctions de variables reelles et les
developpements en series de polynomes, Chap. IV, p. 74-82), MA 26/49.
38 Interpolation et Approximation
(voir Figure II.16). Elle represente une fonction f (x) periodique de periode 2
Une telle fonction est determinee par ses valeurs dans un intervalle de reference, soit [0, 2], soit
[, ]. Les sommes partielles sappellent des polynomes trigonometriques.
0.15 + 0.4 cos x + 0.6 sin x . . . 0.5 cos 2x 0.4 sin 2x . . . + 0.25 cos 3x 0.5 sin 3x
1 1 1
0 2 0 2 0 2
1 1 1
Un des grand problemes des mathematiques, elucide seulement apres un lutte dun bon siecle, etait
la question si une quelconque fonction puisse etre decomposee ainsi en frequences basses et
frequences hautes (harmoniques ; voir Cours dAbalyse II).
Representation complexe. Les formules les plus simples sobtiennent en passant aux complexes.
Grace a
eix + eix eix eix
eix = cos x i sin x , cos x = , sin x = (5.3)
2 2i
la serie (5.1) devient
X
ikx
ck = 12 (ak ibk ), ak = ck + ck
y= ck e ou (k 0) ou (5.4)
k= ck = 21 (ak + ibk ) bk = i(ck ck ).
Orthogonalite. La cle fondamentale permettant le calcul des series trigonometriques a ete decouverte
par Euler (1777, Opera vol. 16, Pars 1, p. 333) :
2
Z Z 0 si 6= k
2 2 1 i(k)x
eix eikx dx = ei(k)x dx = e
= (5.5)
0 0 i(k ) 0 2 si = k .
Interpolation et Approximation 39
Grace a cette formule, il suffit de multiplier la serie (5.4) par eix et integrer terme par terme de 0
a 2. 5 Tous les termes, sauf un, disparaissent et on obtient
Z
1 2
ck = f (x)eikx dx, (k ZZ) (5.6)
2 0
1
Amplitude et phase. En ecrivant ck = 2
rk eik on a encore
i.e. les deux termes cos kx et sin kx se confondent en un terme cos kx damplitude rk = 2|ck | avec
une phase k . Ces amplitudes sont normalement representees dans un spectrogramme.
5
ce qui peut causer des problemes de legitimite ..., voir le cours dAnalyse IIA ou le cours Math. pour Info.,
Chap. VI.
40 Interpolation et Approximation
2
2 51 1 5 6 6
3 1 1 3 1 3 1 3
76543210 0 1 2 3 4 5 6 7 4 0 0 4 62 40 0 2 4 6 4 0 0 4
0 0 0 0
5 7 5 7 7 5 5 7
6 6 73 3 7 2 2
0
1
Im 1
0 Im 1
0 Im 1
0 Im
2
3 k=0 3
2
k=1 2
3 k=2 2
3 k=3
4 4 4 4
5 5 5 5
6 6 6 6
7 Re 7 Re 7 Re 7 Re
2 2 73 3 7 6 6
7 5 5 7 5 7 5 7
7531 6420 0 1 2 3 4 5 6 7 4 0 0 4 62 40 0 2 4 6 4 0 0 4
0 0 0 0
1 3 1 3 3 1 1 3
6 6 51 1 5 2 2
1
0 Im 1
0 Im 1
0 Im 1
0 Im
3
2
k=4 2
3 k=5 2
3 k=6 3
2
k=7
4 4 4 4
5 5 5 5
6 6 6 6
7 Re 7 Re 7 Re 7 Re
En parfaite analogie avec la preuve ci-dessus pour (5.6), on multiplie la somme (5.9) par eixn et
on additionne termes a termes de 0 a N 1.6 Tous les termes, sauf un, disparaissent et on obtient :
Theoreme 5.1
1 NX
1
1 NX
1 N
X 1
zk = yn eikxn = yn kn yn = zk nk
N n=0 N n=0 k=0 (5.13)
z = FN (y) y = FN1 (z) = N F N (z) .
Relation avec lalgebre lineaire. Les deux formules (5.13) representent un systeme lineaire et
son inverse. La matrice est orthogonale (ou hermitienne comme on dit dans le cas complexe) et
jouit de toutes les belles proprietes quon connat en algebre et en geometrie. En particulier, ces
systemes sont bien conditionnes (details au chapitre IV) ; ici, il ny a pas de mechants phenomenes,
tels que celui de Runge ou lexplosion des erreurs darrondi (de la section precedente).
6
sans probleme de legitimite cette fois-ci.
Interpolation et Approximation 41
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
101
spectre periode 1024
100
101
0 50 100 150
200 data periode 930
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
101
spectre periode 930
100
101
0 50 100 150
101
compression
100
101
0 50 100 150
200 decodage
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
101
lissage
100
101
0 50 100 150
200 data lissees
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
F IG . II.18: Le spectrogramme pour un son eee a 118 Hz
Exemple. Dans la premiere image de la fig. II.18, on voit la digitalisation dun son eeee prononce
par un celebre mathematicien 7 . Nous partons dune fenetre de N = 1024 donnees pour un signal
enregistre a 22000 impulsions par seconde ; nous montrons en deuxieme image le spectre |zk |.
Celui-ci est chaotique. Point de miracle : on applique une theorie pour donnees periodiques a
des donnees qui ne le sont apparemment pas, cela etant du a la coupure arbitraire apres 1024
7
les historiens de la science ne sont pas unanimes quant a son identite ; il sagit soit de Martin Hairer, soit de
G. Wanner. Une chose est certaine : tous deux etaient presents lors de lenregistrement...
42 Interpolation et Approximation
points. On constate que yN +n yn est plutot minimale pres de N = 930. On calcule donc 1024
nouvelles valeurs du signal sur une periode de 930 (par interpolation lineaire) ; leur transformee de
Fourier discrete dans la troiseme image est nettement plus claire et montre une frequence principale
(5 22000/930 118Hz), ainsi que des harmoniques (multiples de la frequence principale).
Compression des donnees. Lidee est de supprimer tous les termes de la serie de Fourier dont les
coefficients sont en dessous dun certain seuil (p.ex. 3% du coefficient maximal). Ainsi, la vraie
information contenue dans le signal ne contient que 14 nombres (au lieu de 1024 ; 4eme image de
la figure II.18) et peut toujours etre decompressee par F 1 (5eme image).
Autres applications. La transformation de Fourier permet de nombreuses autres operations sur les
signaux (filtering, denoising, repair, crossing ...) et un excellent code Amadeus II est vivement
conseille (http://www.hairersoft.com/).
(k = 0, 1, . . . N/21). Pour la transformee de Fourier directe, nous devons tenir compte du facteur
1/N et remplacer par 1 . Ainsi, nous arrivons au resultat :
1
(FN y)k = (FN/2 u)k + k (FN/2 v)k
2
(6.2)
1
(FN y)k+N/2 = (FN/2 u)k k (FN/2 v)k .
2
Cest formidable : le meme procede peut etre applique recursivement aux suites u et v, aussi
longtemps que leurs longueurs restent paires. Si lon suppose que N = 2m , lalgorithme developpe
toute sa puissance : on peut pousser les simplifications jusquau bout. Par exemple, pour N = 8 =
23 lalgorithme est presente dans le schema suivant
FN/8 y0 = y0
/
\ FN/8 y4 = y4
y0
y0 . (N/4) FN/4
y0
y4
y1 , (N/2) FN/2
y2
/
FN/8 y2 = y2
/
y2 y 4 y2
(N/4) FN/4 \ FN/8 y6 = y6
y y6 y6
3 -
N FN
y4 (6.3)
y1 . y1 / FN/8 y1 = y1
y
5 y (N/4) FN/4
y5
y6 (N/2) FN/2 3 / \
y5 FN/8 y5 = y5
y7 y y3
7 (N/4) FN/4
y7 /
FN/8 y3 = y3
\
FN/8 y7 = y7
La programmation de cet algorithme se fait en deux etapes. Dabord, on met les {yi} dans lordre
exige par lalgorithme (6.3), c.-a-d. quil faut inverser les bits dans la representation binaire des
indices: . .
0 = (0, 0, 0) 0 = (0, 0, 0)
. .
1 = (0, 0, 1) 4 = (1, 0, 0)
. .
2 = (0, 1, 0) 2 = (0, 1, 0)
. .
3 = (0, 1, 1) 6 = (1, 1, 0)
. .
4 = (1, 0, 0) 1 = (0, 0, 1)
. .
5 = (1, 0, 1) 5 = (1, 0, 1)
. .
6 = (1, 1, 0) 3 = (0, 1, 1)
. .
7 = (1, 1, 1) 7 = (1, 1, 1)
Apres, on effectue les operations de (6.2) comme indiquees dans le schema (6.3). Une explication
detaillee du code en FORTRAN ancien est donnee dans le livre Numerical Recipies.8 Les
programmeurs modernes profiteront de la recursivite (voir TP).
8
W.H. Press, B.R. Flannery, S.A. Teukolsky & W.T. Vetterling (1989): Numerical Recipies. The Art of Scientific
Computing (FORTRAN Version). Cambridge University Press.
44 Interpolation et Approximation
N N2 N log2 N quotient
25 = 32 103 160 6.4
210 103 106 104 100
220 106 1012 2 107 5 104
Pour passer dune colonne a une autre (dans le schema (6.3)), on a besoin de N/2 multi-
plications complexes et de N additions (ou soustractions). Comme m = log2 N passages sont
necessaires, on a
N
Theoreme 6.1 Pour N = 2m , le calcul de FN y peut etre effectue en log2 N multiplica-
2
tions complexes et N log2 N additions complexes.
Pour mieux illustrer limportance de cet algorithme, comparons dans le tableau II.3 le nombre
doperations necessaires pour le calcul de FN y avec ou sans FFT.
Transformee de Fourier en cosinus. Soit f (x) une fonction continue, definie sur lintervalle
[0, ]. On la prolonge en une fonction paire par f (x) = f (x) et en une fonction 2-periodique
par f (x + 2) = f (x). La serie de Fourier (5.1) dune telle fonction contient seulement les termes
en cosinus et secrit
a0 X
f (x) = + ak cos kx. (7.1)
2 k=1
Sur lintervalle [0, ], les fonctions cos kx (pour k 0) verifient la relation dorthogonalite
Z 1
Z 0 si k 6=
cos x cos kx dx = cos( + k)x + cos( k)x dx = /2 si k = 6= 0 (7.2)
0 2 0
si k = = 0.
La demarche habituelle (multiplier (7.1) par cos x et integrer terme par terme de 0 a ) nous
donne
2Z
ak = f (x) cos kx dx. (7.3)
0
et nous posons yj = f (xj ) (N = 4 dans la petite figure). Par analogie avec (7.1), nous exprimons
cette suite par (voir la fig. II.19 pour les fonctions de base cos kxj )
z0 NX1
yj = + zk cos kxj . (7.4)
2 k=1
2 NX
1
zk = yj cos kxj . (7.6)
N j=0
La valeur zk de (7.6) est le resultat de la regle du point milieu appliquee a lintegrale dans (7.3).
Transformee cosinus discrete en dimension 2. Une image digitale est donnee par un tableau
{Yi,j }, ou i parcourt les pixels verticalement et j horizontalement. La valeur de Yi,j represente le
niveau de gris (ou la couleur) du pixel (i, j). Motive par lalgorithme precedent, nous essayons
dexprimer ces donnees par
N
X 1 N
X 1
Yi,j = Zek, cos kxi cos xj (7.7)
k=0 =0
ou xj = (2j +1)/2N comme pour la transformee cosinus discrete. Pour compenser le facteur 1/2
dans (7.4), nous utilisons la notation Ze0,0 = Z0,0 /4, Zek,0 = Zk,0/2, Ze0, = Z0, /2 et Zek, = Zk, .
La relation dorthogonalite (7.5) nous permet de calculer les Zk, par la formule
4 NX 1 N
X 1
Zk, = Yi,j cos kxi cos xj . (7.8)
N 2 i=0 j=0
Les fonctions de base cos kxi cos xj (k, = 0, . . . , N 1) sont illustrees dans la fig. II.20.
JPEG (Joint Photographic Experts Group). Lutilisation de cette base dans la compression
dimages est due a Ahmed, Natarajan et Rao (IEEE 1974) 9 . On decompose limage entiere en
blocs de 8 8 pixels et on calcule pour chaque bloc la transformee cosinus discrete (7.8). Les
coefficients Zk, sont alors quantifies et ceux qui sont en-dessous dun seuil sont remplaces par
zero. Pour des images contenant des parties uniformes (par exemple : ciel bleu), seulement deux
ou trois coefficients vont rester ce qui donne un important facteur de compression.
9
Pour des explications plus detaillees et references voir JPEG still image data compression standard par W. B. Pen-
nebaker et J. L. Mitchell, New York, 1992. (Merci a Kyle Granger pour ces renseignements).
La theorie des splines a ete developpee dans les annees 1950 et 60 par I.J. Schoenberg pour servir
au calcul scientifique (approximations, integrales, equations differentielles) ; de nos jours elle est
costamment appliquee pour la representation de courbes (voir figure II.23) et surfaces en Computer
Graphics.
Mathematiquement, ce probleme peut etre formule comme suit: on cherche une fonction s :
[a, b] IR (a = x0 , b = xn ) satisfaisant
Lintegrale dans (S3) represente lenergie de la languette deformee qui, par le principe de Mauper-
tius, est supposee minimale.
48 Interpolation et Approximation
10
s(x)
5
0
2 4 6 8 10
Theoreme 8.1 Soit a = x0 < x1 < . . . < xn = b une division donnee, s : [a, b] IR et
f : [a, b] IR deux fonctions qui verifient (S1) et (S2). Supposons que
s (b) f (b) s (b) = s (a) f (a) s (a) (8.1)
et que s(x) soit un polynome de degre 3 sur chaque sous-intervalle [xi1 , xi ]. Alors, on a
Z b Z b
(s (x))2 dx (f (x))2 dx. (8.2)
a a
Demonstration. Cherchons des conditions suffisantes pour s(x) afin de satisfaire (S3). Pour ceci
nous considerons des fonctions voisines f (x) = s(x) + h(x) ou IR et h(x) est de classe C 2 et
verifie
h(xi ) = 0 pour i = 0, 1, . . . , n. (8.3)
Chaque fonction f (x) satisfaisant (S1) et (S2) peut etre obtenue de cette maniere. La condition
(S3) secrit alors
Z b Z b
2
(s (x)) dx (s (x) + h (x))2 dx
a a
Z b Z b Z b
2
=
(s (x)) dx + 2
s (x)h (x) dx + 2
(h (x))2 dx
a a a
pout tout h C 2 verifiant (8.3). En supposant s(x) 3 fois differentiable sur chaque sous-intervalle
de la division, on obtient par integration par parties que
b Z b
s (x)h (x) s (x)h (x) dx = 0. (8.5)
a a
Lhypothese (8.1) implique que la premiere expression de (8.5) est nulle. Comme s (x) est con-
stant sur (xi1 , xi ), disons egal a i , la deuxieme expression de (8.5) devient
Z b n
X Z xi n
X
s (x)h (x) dx = i h (x) dx = i (h(xi ) h(xi1 )) = 0
a i=1 xi1 i=0
par (8.3). Ainsi, (8.4) et par consequent (8.2) aussi sont verifies.
Definition 8.2 Soit a = x0 < x1 < . . . < xn = b une division de [a, b]. Une fonction s C 2 [a, b]
sappelle spline (cubique) si, sur chaque intervalle [xi1 , xi ], elle est un polynome de degre 3.
Pour satisfaire la condition (8.1), on les possibilites suivantes sont les plus utiles:
spline naturel: on suppose que
les coefficients a, b, c representent les derivees dordre 0, 1, et 2; elles sont donc les memes a droite
et a gauche de xi . La difference dun spline a droite et a gauche de xi est donc un multiple de
(x xi )3 . Si nous introduisons la fonction
(
(x xi )3 si x xi ,
(x xi )3+ = (8.8)
0 si x xi ;
alors un spline aura comme base les fonctions (voir premiere colonne de Fig. II.24)
2 1 0 1 2 2
(x 1)3+
2 1 0 1 2
1 3
6
2 1 0 1 2
1
2 1 0
1
1 2 4
6
5 B(x)
(x)3+ 7
1 12 1
2 1 0 1 2 2 1 0 1 2 4
6 c+ (x)
8
1 19 1 1
1
2 1 0 1 2 2 1 0 1 2 2 1 0 1 2
18 6 6
+ (x) 5
(x + 1)3+ 7
1 12 1
27 2 1 0 1 2 2 1 0 1 2
6
8
1 19 1
2 1 0 1 2 2 1 0 1 2
(x + 2)3+ 7
1
27 2 1 0 1 2
8
1
2 1 0 1 2
de (xxi )3+ sont a support compact (voir Fig. II.24). Notre base est donc compose des translations
de
(x + 2)3 si 2 x 1,
(x + 2)3 4(x + 1)3 si 1 x 0,
B(x) = 4 (x 2)3+ = (x + 2)3 4(x + 1)3 + 6x3 si 0 x 1, (8.9)
(x + 2)3 4(x + 1)3 + 6x3 4(x 1)3 si 1 x 2,
0 sinon
Petite difficulte. Les B-splines de (8.9) ne reproduisent pas, pour les splines naturels, les polynomes
de degre 1 en dehors des points 0, 1, . . . , n. Nous allons donc rajouter a notre base quelques
deuxiemes et troisiemes differences (en gris dans la Fig. II.24; veut dire lineaire, c veut
Interpolation et Approximation 51
dire constant en dehors des xi ; c (x) = c+ (x) et (x) = + (x) sobtiennent par symetrie)
s(x) = 0 (x) + 1 c (x1) + 2 B(x2) + . . .
+n2 B(x(n2)) + n1 c+ (x(n1)) + n + (xn)
+
c c+ (8.10)
B B B
6 6
5 5
4 4 4
1 1 1 1 1
0 1 2 3 4 5 6
Calcul du spline interpolant. Les conditions s(i) = yi, en introduisant les valeurs des B, c, et ,
deviennent des equations lineaires pour les coefficients i , que voici (pour n = 6)
6 6 0 y0
1 5 1 y
1 1
1 4 1 2
y2
1 4 1 3 = y3 (8.11)
1 4 1 4 y4
1 5 1 5 y5
6 6 6 y6
Remarque. Pour le spline periodique, il ny a que des B(x) tout au tour et la matrice dans
(8.11) na que des 1, 4, 1 avec deux 1 supplementaires dans les coins n, 0 et 0, n.
0
5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5
i.e., en seloignant de la position ou yj = 1, les i tendent vers zero comme une suite geometrique
a rapport 0.268 (une decouverte de M. Powell 1966 ; voir illustration en Fig. II.25). Pour les
splines, il ny a donc ni Phenomene de Runge, ni influence catastrophique des erreurs darrondi.
3. P.G. Lemarie, Les Ondelettes en 1989, (Lecture Notes 1438, de nombreuses applications) ;
eikx =
Elle determine les frequences, mais ne localise pas bien les sons. Prenons pour exemple trois
notes de Beethoven (sol - sol - mibemol) en figure II.26. Lanalyse de Fourier montre bien les deux
frequences dominantes (en rapport 5 sur 4), mais la localisation de ces notes est brouillee dans le
chaos des hautes frequences.
101
200 data spectre
100
100
101
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 0 50 100 150
F IG . II.26: Trois notes de la 5eme de Beethoven, la transformee de Fourier et le resultat dune trop forte
compression.
Exemple : la base de Haar. Apres le desastre des theoremes de convergence pour series de
Fourier et fonctions continues (fausse preuve de Cauchy, correction de Dirichlet, contre-exemples
Interpolation et Approximation 53
de Dubois-Reymond, H.A. Schwarz, Lebesgue et Fejer, voir cours dAnalyse II), Hilbert pose a
son etudiant A. Haar le probleme suivant : trouver (enfin) une base de fonctions orthogonales,
ou la convergence est assuree pour toute fonction continue. Le resultat de ces recherches est la
base de Haar (1910, voir figure II.27) ; la convergence (meme uniforme) nest pas trop difficile
a demontrer (voir exercices).
Mais : la base de Haar est composee de fonctions discontinues et la convergence est lente. Donc,
nous ne sommes pas au bout de nos peines. Avant de progresser, nous constatons :
2 2 2 2 2 2 2 2
1 2 3 4 5 6 7 8
1 1 1 1 1 1 1 1
0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1
1 1 1 1 1 1 1 1
2 2 2 2 2 2 2 2
Lemme 9.1 Soit (x) = 1 pour 0 < x < 12 et = 1 pour 21 < x < 1 la fonction 2 de la base de
Haar, alors toutes les autres fonctions de cette base (a lexception de 1 ) sont de la forme
Une telle fonction sappelle ondelette mere. Les valeurs de n representent des translations en
x et servent a localiser un evenement, les valeurs de m correspondent aux frequences comme
precedemment.
GRAND PROBLEME. Trouver une ondelette mere (x) (continue, differentiable, a support
compact . . .), pour laquelle toutes les fonctions dans (9.1) (pour tout n et pour tout m) forment
une base orthogonale.
Les diverses reponses a cette question (ondelettes de Meyer, ondelettes de Daubechies . . .) neces-
sitent des moyens lourds danalyse fonctionnelle (transformee continue de Fourier), seules les
ondelettes spline de LemarieBattle sont, pour nous, relativement faciles a comprendre.
Comme cest souvent le cas, il est conseille de sattaquer dabord a un probleme plus facile :
Probleme plus facile. Trouver une fonction (x) (quon appellera le pere de londelette) orthog-
onale a tous ses fonctions translatees
Z
(x n) (x m) dx = 0 pour tout n, m ZZ, n 6= m. (9.2)
54 Interpolation et Approximation
0 = 0.328294
4 1 = 0.112072
1.0 2 = 0.044784
3 = 0.019753
3
4 = 0.009199
5 = 0.004420
.5
(x) 6 = 0.002166
2
7 = 0.001076
1
.0
4 2 0 2 4
2 1 0 1 2
Calcul du pere spline de londelette. Nous partons dun spline a support compact, le B-spline.
Au lieu de la condition (9.2), cette fonction satisfait
604
d0 = 35
si n = m,
1191
d1 = 140
si |n m| = 1,
Z
6
B(x n) B(x m) dx = d2 = 7
si |n m| = 2, (9.3)
1
d3 = 140
si |n m| = 3,
0 sinon
Nous posons alors
X
(x) = 0 B(x)+1 (B(x1)+B(x+1))+2 (B(x2)+B(x+2))+. . . = k B(xk) (9.4)
k
ou nous supposons pour linstant 0 = 1. Les conditions dorthogonalite (9.2) deviennent alors,
grace a (9.3),
d0 S + d1 (S1 + S+1 ) + d2 (S2 + S+2 ) + d3 (S3 + S+3 ) = 0 (9.5)
ou
1X
S = k k = + S
2 k
ou S est la meme somme sans les termes k = 0 et k = . Nous resolvons alors les conditions (9.5)
par calcul numerique brutal en posant iterativement
d1 d2 d3
:= S (S1 + S+1 ) (S2 + S+2 ) (S3 + S+3 ) = 1, 2, 3, . . . .
d0 d0 d0
ApresRla convergence de cet algorithme en une trentaine diterations, nous normalisons les pour
avoir ((x))2 dx = 1 et nous arrivons aux valeurs presentees en figure II.28 a droite et a la
fonction recherchee.
Analyse multi-echelles.
Cette analyse (Mallat 1987) est la clef pour trouver finalement londelette mere. Lidee est de
raffiner pas a pas la resolution par un facteur 2 en remplacant x 7 2x. Commencons par le lemme
suivant :
Interpolation et Approximation 55
. . . B(x + 3), B(x + 2), B(x + 1), B(x), B(x 1), B(x 2), B(x 3), . . .
. . . B(2x + 3), B(2x + 2), B(2x + 1), B(2x), B(2x 1), B(2x 2), B(2x 3), . . .
et nous avons
X2
1 1 3 1 1
B(x) = B(2x + 2) + B(2x + 1) + B(2x) + B(2x 1) + B(2x 2) = ck B(2x k).
8 2 4 2 8 k=2
(9.6)
4 4 4
3 3 3
2 2 2
1 1 1
2 1 0 1 2 2 1 0 1 2 2 1 0 1 2
B(x) 81 (B(2x + 2) + B(2x 2)) 12 (B(2x + 1) + B(2x 1)) . . . = 43 B(2x)
F IG . II.29: Decomposition de B(x) dans la base des B(2x n).
La preuve est indiquee en figure II.29. Vers lextremite gauche B(x) = (x + 2)3 , par contre
B(2x + 2) = (2x + 2 + 2)3 = 8(x + 2)3 . Donc B(x) 18 (B(2x + 2) + B(2x 2)) a le support
reduit des deux cotes. Puis on reduit une deuxieme fois en soustrayant 12 (B(2x + 1) + B(2x 1)).
Il reste un spline en 2x dont le support est [1, +1]. Celui doit donc etre un multiple de B(2x).
Vers une base fan orthogonale de V 1 . Les fonctions (xn) forment une base orthogonale de
V 0 . Les fonctions (2x n) forment une base orthogonale de V 1 , mais elle nest pas orthogonale
a V 0 . Essayons de trouver une formule du type
X
(x) = 2 hn (2x n) , (9.7)
n=
formule qui correspond a (9.6) si on remplace B par . Nous developpons les deux cotes de cette
formule dans la base des B(2x m) :
X X XX
(x) = B(x ) = ck B(2x 2 k) = cm2 B(2x m)
,k m
pour lun, et
X X X X
2 hn (2x n) = 2 hn B(2x n) = 2 hm B(2x m)
n n, m
56 Interpolation et Approximation
pour lautre. Nous egalisons les deux termes et inserons les ck de (9.6). Cela nous donne un grand
systeme lineaire pour les hm que nous ecrivons sous la forme
1 3 1
X 1 8 m2 1 + 4 m2 + 8 m2 +1 si m est pair
0 hm = hm +
6=0 2 12 m1 + 21 m+1 si m est impair.
2 2
Vu que 0 est le terme dominant, nous resolvons ce systeme par iterations et obtenons, en une
dizaine de cycles, les valeurs
h0 = 0.7661300 h1 = 0.4339226 h2 = 0.0502017 h3 = 0.1100370
h4 = 0.0320809 h5 = 0.0420684 h6 = 0.0171763 h7 = 0.0179823
h8 = 0.0086853 h9 = 0.0082015 h10 = 0.0043538 h11 = 0.0038824 .
h12 = 0.0021867 h13 = 0.0018821 h14 = 0.0011037 h15 = 0.0009272
h16 = 0.0005599 h17 = 0.0004621 h18 = 0.0002853 h19 = 0.0002324
Theoreme 9.3 Si lon pose, avec les valeurs hn de (9.7),
X
(x) = 2 gn (2x n) avec gn = (1)n h1n , (9.8)
n=
A cause de lorthogonalite des (2x n), les trois sommes doubles se reduisent a trois sommes
simples X X X
hn hn2 hn gn2 gn gn2 .
n n n
Celle du milieu est zero par definition des gn . Car on sait que les (x n) sont orthogonaux, la
premiere somme doit etre zero. Donc la troisieme somme, qui est la meme par definition des gn ,
est zero aussi.
Interpolation et Approximation 57
h0 (x)
W0