Renouvellement Urbain A Bab Ezzouar
Renouvellement Urbain A Bab Ezzouar
Renouvellement Urbain A Bab Ezzouar
N dordre :..
Srie :
Membres du jury:
Prsident :
Rapporteur :
Examinateur :
Examinateur :
Prof
Dr
Dr
Dr
SAHNOUNE Tayeb
FOURA Yasmina
MEGHRAOUI Nacera
ROUAG Djamila
-2010-
Professeur
M. Confrences
M. Confrences
M. Confrences
U.M.C
U.M.C
U.M.C
U.M.C
Glossaire :
AADL : Agence dAmlioration et de Dveloppement du Logement
ANRU : Agence Nationale pour la Rnovation Urbaine
APC : Assemble Populaire Communale
CDC : Caisse des Dpts et Consignations
CERTU : Centre dEtude sur les Rseaux, les Transports et les Constructions Publiques
CIAM : Congrs International darchitecture Moderne
CNERU : Centre National dEtudes et de Ralisations Urbaines
COMEDOR : Comit permanent dEtudes et de Dveloppement dOrganisation et
damnagement de lagglomration dAlger
DDE : Direction Dpartementale de lEquipement
DIV : Dlgation Interministrielle la Ville
GIP : Groupement dIntrt Public
GPV : Grand Projet de Ville
GPU : Grand Projet Urbain
GUP : Gestion Urbaine de Proximit
HBM : Habitation Bon March
HLM : Habitation Loyer Modr
ILN : Immeuble Loyer Normal
OPGI : Office de Promotion et de Gestion Immobilire
PIC : Programme dInitiative Communautaire.
SEAAL : Socit des Eaux et dAssainissement dAlger
RGPH : Recensement Gnral de la Population et de lHabitat
TOL : Taux dOccupation par Logement
TOP : Taux dOccupation par Pice
USH : Union Sociale pour lHabitat
ZHUN : Zone dHabitat Urbain Nouvelle
Sommaire :
Introduction gnrale .
Problmatique......
II
Mthodologie dapproche
VIII
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Conclusion.
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4.5.2. Stratgie dintervention sur les grands ensembles dhabitat Alger : bilan des
oprations vcues..
Conclusion
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5.4.2.3. Priode pour laquelle les mnages veulent rester dans leur logement.
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5.4.6.1. Les lments pouvant amliorer la cit : Des attentes diverses mais
complmentaires.
5.4.6.2. Les lments pouvant amliorer limmeuble : Lenjeu des espaces
intermdiaires.
5.4.6.3. Opinions concernant la pose ventuelle dune clture pour la cit
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5.4.6.4. Opinions concernant la mise en place dun systme de tri slectif des
dchets.
5.4.7. Les formes de participation : Une citoyennet prsente mais peu visible..
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5.4.8. Les relations aux puissances tutlaires : Des prrogatives mconnues et des
responsabilits ignores
5.4.8.1. Responsabilit de lentretien de la cit.
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Conclusion ....
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6.2. Options
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6.3. La rsidentialisation : une opportunit pour le passage dune gestion classique une
gouvernance urbaine stratgique et de proximit...
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223
Conclusion gnrale.....
225
Bibliographie....
229
Annexe...
233
Intitul
Le Corbusier, les trois tablissements humains.
Lunit dhabitation horizontale de Le Corbusier.
Lunit dhabitation de Firminy-Vert (France).
Lunit dhabitation verticale de Le Corbusier.
Immeuble Nid dabeille Casablanca, (Maroc) en 1952.
La cit de la Muette Drancy (France) lpoque de sa construction la fin des
annes 1930.
La cit du Haut du Livre Nancy (France), les deux barres les plus longues de
France.
La ligne crnele dun Tanji Pusan (Core du Sud), grand ensemble monumental.
La cit Diar El Mahoul.
La cit Diar Essaada.
La cit Climat de France, Bab El Oued, Pouillon.
la cit La Concorde, Birmandrais.
Une des barres de la cit les Dunes, El Harrach.
Les tapes de la rsidentialisation.
Schma dune unit rsidentielle.
Le fil Vert. Source : Plan local durbanisme /Ville de Grenoble.
Principes de la rsidentialisation de lilot des Buttes Teisseire, Grenoble.
Plan initial en 1997.
Plan densemble du projet.
Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers.
Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers.
Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers.
Aulnay-sous-Bois, Quartiers Nord / La cit de la Rose des Vents rsidentialise.
Vue arienne du quartier avant les dmolitions.
Master plan du projet.
Londres.Stonebridge.
Berlin.Marzahn
Barre (R+4)
Tour (R+7,R+9)
Plan F3 9me tage (tour)
Plan Plan F3 4me tage (barre)
Plan F2 7me tage (tour)
Plan F4 3me tage (barre)
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n
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Intitul
Situation du programme de logements en 1977
Statut juridique des terrains Bab Ezzouar
Caractristiques des immeubles
Caractristiques du logement
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Intitul
Evolution du TOL de 1966 2009
Nombre de logements par cit
CES des diffrents quartiers de Bab Ezzouar
COS des diffrents quartiers de Bab Ezzouar
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Intitul
Situation du village retour de la chasse. Source
Bab Ezzouar en 1870
Bab Ezzouar entre 1870 et 1962
Bab Ezzouar entre 1962 et 1968
Bab Ezzouar entre 1984 et 1995
Limites et accessibilit la ZHUN de Bab Ezzouar
Caractristiques du sol Bab Ezzouar
Situation des deux cits dans la ZHUN de Bab Ezzouar
Plan masse de la cit Soummam
Plan masse de la cit Rabia Tahar
Relation des cits leur contexte urbain
Rseau viaire de Bab Ezzouar
Equipements et activits Bab Ezzouar
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Intitul
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Introduction gnrale :
Sans nul doute, l'un des moteurs essentiels de la production de la ville algrienne contemporaine
rside dans l'rection sur une vaste chelle de cits dhabitat collectif inspires du modle des
ZUP franaises et rebaptises ZHUN, terme aujourdhui charg dun pouvoir rpulsif certain.
Pourtant, il parait rducteur daffirmer aujourdhui que les ZHUN taient une mauvaise solution
bien que cette allgation comporte une large part de vrit, car le problme de lhabitat en
Algrie trouve ses origines dans un processus complexe caractris par une convergence de dfis
voire de difficults auxquels les pouvoirs publics devaient faire face avec des moyens limits.
La conjoncture de crise du logement qui a prvalu ds les premires annes de lindpendance et
qui na cess de saggraver depuis a plac la production du logement dans une logique
implacable durgence exclusivement quantitative, les ensembles collectifs caractre social
raliss postindpendance et qui sinscrivent dans la ligne du plan de Constantine sont
aujourdhui rejets pour leur densit de population ,leur aspect sale et dgrad ,lexigit de leurs
logements, ltat dabandon dans lequel se trouvent les espaces extrieures et le dficit en
quipements.
La particularit des difficults que posent les grands ensembles dhabitat collectif en Algrie
rside dans le fait que la conception architecturale et urbaine a vis une occidentalisation de
lhabitat par la gnralisation de son industrialisation introduite de faon brutale par lutilisation
de procds et de techniques importes avec une typification excluant ainsi toute spcificit du
modle culturel et du mode de vie algriens et dfiant parfois mme climat et site.
Si la grande majorit des grands ensembles se caractrise par le dnuement et la dsolationavatars du mouvement moderne-elle se distingue aussi et surtout par une conception sgrgative
o le bti est form surtout de barres organises de faon discontinue entre lesquelles se
dploient de nombreux vides urbains caractriss par labsence damnagement et donc de
repres.
La ralisation depuis les annes soixante-dix, des zones dhabitat urbain nouvelles, de
conception
une question majeure qui doit tre au centre des proccupations des politiques, techniciens et
autres citoyens et qui sont partie prenante dans la construction dun vritable projet de socit
avance socialement et prospre conomiquement.
Cette question est dautant plus prgnante quelle est dactualit, car si nombre de quartiers
rencontrent des problmes dordre urbain, conomique et social et constituent une vritable
bombe retardement linstar du modle des ZHUN -entre autres lorigine de la rvolte
populaire dOctobre 1988- nous voici encore aujourdhui devant un phnomne analogue o le
schma se rpte inlassablement. En effet, les nouvelles cits AADL ont reproduit quasiment les
mmes effets formels et fonctionnels nfastes de la procdure ZHUN, et mme si la crise du
logement a t attnue, quasiment toutes les cits souffrent de leur non achvement et de
labsence de structures daccompagnement : manque flagrant dinfrastructures scolaires, de
centres culturels de proximit, de centres de formation professionnelle pour les jeunes chmeurs,
despaces vertsetc. Dans ce mme registre, les promoteurs privs, nouvel acteur collectif
sur le march de l'habitat, avancent de nombreux arguments pour justifier l'impossibilit de
proposer des logements corrects: main-duvre peu qualifie, dfaillance des entreprises de
ralisation, absence de suivi et de contrle, etc.
Ds lors la question de la dgradation et de la spirale de dqualification se pose aussi bien pour
les cits construites dans les annes soixante-dix que pour les nouveaux programmes dhabitat.
A ltranger, la situation des grands ensembles dans leur berceau dorigine nest gure plus
enviable, ces formes urbaines qui semblaient la meilleure solution la crise du logement sont
moins adapts aux volutions rcentes de la socit. En effet les dysfonctionnements dordres
urbain et social qui taient sous-jacents mergent aujourdhui avec force.
Larchitecture de ces quartiers fait donc lobjet de nombreuses critiques, cette forme -considre
comme rvolue- a donc motiv de premires formes d interventions urbaines en sattachant en
particulier rhabiliter le bti indpendamment de la question sociale, ces actions trop cibles,
nont pas apport les rsultats attendus et lon sest mis afficher des objectifs trs significatifs
en engageant de nouvelles vagues de rhabilitation qui ne sont plus axes sur le logement luimme, mais bien sur le logement dans son environnement.
Ces interventions ce sont donc engages dans un processus dvolution particulier de la pratique
urbanistique : le concept de rsidentialisation.
Problmatique :
En France, le terme de rsidentialisation apparat la fin des annes 1990 (dans certaines
revues spcialises ds le milieu de la dcennie) et se dveloppe normment partir de 2000
NORDEMANN.F, REBOIS.D, Rhabilitation, des centres anciens aux grands ensembles , TA n 348, JuinJuillet 1983, p.118.
Lhypothse urbaine : qui affirme sa volont de dpasser les handicaps lis la formation des
grands ensembles en assumant leur possible intgration la ville, moyen et long terme.
Considrer lpisode des grands ensembles comme un moment dans lhistoire du tissu des
villes : celui-ci est alors vu comme un morceau de ville, qui se dveloppe ensuite par addition,
substitution, dtournement assumer lide que celui-ci a pu marquer positivement le
dveloppement urbain.
Dans cette optique, diffrentes pratiques damnagement urbain se sont dveloppes sur le
terrain, ces dernires annes dans de nombreux pays, elles sont motives par une mme
proccupation, la recherche de solutions aux problmatiques socio conomiques et structurelles
des espaces dqualifis des grands ensembles.
Aprs une
qui prtendaient
rsoudre les problmes de pratiques et dusages sociaux en les rduisant une question de forme
en soulevant au passage de srieux doutes : est-ce vraiment en transformant physiquement
les ensembles de logements collectifs quon peut esprer rparer les erreurs du pass et
redonner droit de cit ces espaces dvaloriss. ?3 , lon a finalement consacr le recours la
rsidentialisation comme remde possible la spirale de dqualification que connaissent
les
quartiers des grands ensembles et au malaise de ceux qui y vivent . Nanmoins, le constat perdure de
linfinie varit des situations observes et de la difficult den tirer une conception (et donc une
politique) porte gnrale.
La conception des grands ensembles comme des plaques tectoniques autistes leur environnement,
monofonctionnelles et rsistantes la transformation, en a empch toute volution naturelle et
adaptation un contexte social et urbain spcifiques. LAlgrie, nest pas en reste quant aux
difficults souleves par ces quartiers, consquence directe dune politique qui est aujourdhui
considre comme un chec rdhibitoire. Le lourd hritage de cette inertie doit tre gr
aujourdhui, dans un temps marqu par la pnurie de logements.
cet gard, il est utile dnumrer les carences et les manques lorigine du rejet de cette forme
urbaine qui pourtant a suscit beaucoup despoirs.
En effet, alors quils taient lorigine conus comme des lieux privilgis de lexpression des
relations sociales, les espaces publics des grands ensembles de dimensions inhumaines,
indiffrencis et sans identit sont aujourdhui dlaisss, rejets, non appropris ou au contraire
excessivement appropris, appartenant la fois tous et personne.
3
Dun autre cot, labsence de rgles de vie collective et culturelle ainsi que le repli des habitants
stigmatisent des relations sociales de moins en moins harmonieuses notamment cause de la
restriction voire la disparition despaces communautaires favorisant le partage et le respect
mutuel. De fait, lapparition dune logique de scurisation par la mise en place de systmes
dfensifs et dissuasifs (barreaux aux fentres, cltures, portes dimmeubles scurises) vient
corroborer ce propos.
Enfin, Linefficacit des modes de gestions qui sexpriment par une dfaillance dentretien et des
interventions isoles qui ne sinscrivent pas dans une dmarche globale articulant diffrentes
chelles et prenant en compte les court et long termes constitue une entrave supplmentaire la
prennit des interventions.
La dmarche de rsidentialisation tente dapporter des rponses ce type de problmes et des
solutions visant amliorer le cadre de vie dans les quartiers des grands ensembles, mais elle ne
trouve utilement place que dans un projet global. En accompagnement doprations de
restructuration dun quartier, de rhabilitation, de transformation dusage, elle saffirme comme
un des facteurs dune dmarche de requalification qui saura entretenir la diversit de ses moyens
dintervention et demeurer capable dvolutions comme de continuits.
Daucuns y voient un processus de clture, visant sparer physiquement lespace public,
extrieur, et un espace privatis , proximit immdiate de limmeuble dhabitation, et
rserv ses occupants. Cependant la question est plus complexe et les buts poursuivis sont
multiples. La requalification de limage, que ce soit celle de btiments ou, globalement, dun
quartier en est une motivation profonde. Les grands ensembles pourront alors tre compris
comme composantes part entire de la ville de demain.
Les projets de rsidentialisation dvelopps au cours de ces dernires annes ont connu des
destins divers, parfois heureux, parfois caricaturaux, voire dramatiques et ont, dans certains cas,
livr une image drisoire dun processus plus complexe. Les expressions de la rsidentialisation
sont certes multiples, mais elles nont de sens quattaches une situation locale et ses
dimensions urbaine et sociale propres cette situation.
Le projet de rsidentialisation est un des leviers dune transformation profonde et durable de
lespace du quartier et de ses relations avec le contexte urbain. Elle trouve galement de
nouvelles rsonances dans la globalit de lespace urbain.
Rinventer, au sein de chaque grand ensemble, la diversit des lieux, dans leur nature, leur
perception, leur usage est une juste proccupation, condition den reconnatre les dimensions
vritables.
La conjugaison dobjectifs si diffrents dans leur nature et si proches par leurs interactions fait de
la rsidentialisation une dmarche dlicate mettre en uvre. Lobservation critique des
premires ralisations de ce genre nest donc pas superflue, dautant que de nombreux projets
devraient dvelopper lavenir cette conception.
De fait, si la rsidentialisation en tant que principe damnagement reste inconnu de la pratique
urbanistique en Algrie, il nen reste pas moins que ces dernires annes, une prise de conscience
relle et les prmices dune politique nationale damlioration du cadre bti orientes vers les
pratiques du renouvellement urbain commencent se mettre en branle.
Nanmoins, si ces actions se concentrent encore sur une conception assez limitative
de
lintervention urbaine sur les quartiers dhabitat collectif (il sagit en gnral de projets ponctuels
de
densification
dcids
au
gr
dopportunits
foncires,
ou
encore
doprations
dembellissement du cadre de vie sans relle assise stratgique) et sont considres comme de
vastes oprations de repltrage qui ne prennent pas en considration les dimensions sociales et
mme environnementales dont la rsidentialisation est intrinsquement porteuse , il y a fort
parier que ce concept finisse par se frayer une place de premier ordre au sein des futures
politiques urbaines en Algrie.
Ainsi, face aux problmes que posent aujourdhui les grands ensembles, il est fondamental de
sinterroger sur les options dadaptation de projets de rsidentialisation en vitant une
application standardise et transposable linfini dans le processus de requalification des
cits dhabitat collectif dans le contexte algrien.
Objectifs :
Ce travail fait le point sur un concept la rsidentialisation-une procdure dernire ne du long processus
de rflexion engage depuis plus de trente ans ltranger sur le devenir dune forme urbaine aussi
emblmatique que sont les grands ensembles, cette recherche porte donc sur une tentative dclairage et
de comprhension des principes daction constituant les pratiques de rsidentialisation au sein de projets
de renouvellement urbain en tentant dvaluer les possibilits dadaptation et dlaboration dune
approche spcifique de rsidentialisation un contexte aussi particulier et complexe que peut ltre la
situation algrienne, et ce comme tentative de rponse lchec de la politique des ZHUN, cette
dautres termes il sagit dun travail thorique dans un souci de vulgarisation dun concept qui
nest pas si nouveau que a mais qui na pas encore trouv dcho dans notre pays.
Nanmoins, ceci na pas pour seule finalit de produire des recettes ou dinventorier des normes,
Il ne sagit pas, de produire une vision rglementaire de la rsidentialisation, mais de sattacher
confrer du sens un terme et des pratiques que lon peut considrer comme composantes de
dmarches de projet urbain. De fait, lobjectif de ce travail est de produire un point de vue
critique et prospectif.
En effet, llaboration dune approche de renouvellement urbain axe sur la rsidentialisation
relve dune complexit extrme qui ne peut tre traite de faon exhaustive et aboutie dans le
cadre de cette recherche, cest pourquoi, il est ncessaire de la restreindre des aspects qui
permettent de dfinir les axes importants que comporte la mise en uvre de toute opration de
rsidentialisation.
En effet, plusieurs objectifs, non limitatifs, peuvent tre avancs autour de lide de
rsidentialisation :
La clarification des enjeux, des modes de faire, des rles et des responsabilits, au
travers dexemples tangibles.
Partager et resituer les acquis, et les doutes aussi, dont peuvent tmoigner tous les acteurs
de la rsidentialisation dans des contextes o ce concept a pu tre mis lpreuve de la
ralit du terrain : municipalits, lus et services techniques, services de ltat, urbanistes
et architectes
Faciliter
Mesurer les impacts des actions de rsidentialisation sur les habitants et notamment leur
degrs dimplication et dappropriation de leur nouveau cadre de vie posteriori.
Hypothses :
1. La rsidentialisation apporte-t-elle une valeur ajoute aux stratgies qui lont prcde, et
quelles sont les conditions incontournables pour sa mise en uvre efficiente afin que les
projets de rsidentialisation puissent constituer le fondement dune nouvelle approche
visant transformer lchec des grands ensembles en moindre mal en misant sur une
politique urbaine qui sinscrit dans une vritable continuit et une cohrence densemble.
En effet, Face la constatation de la massification du discours sur la ncessit de renouveler les
modalits dintervention, les exigences pour que les amnagements raliss soient prennes et
contribuent la qualit urbaine des cits doivent tre anticipes, car chaque projet ncessite une
connaissance fine du site, il requiert un rel travail de terrain permettant de recenser dune part
les dysfonctionnements urbains et dautre part les pratiques et les usages sociaux. De plus de
nombreuses interventions conduisent des rsultats insuffisants car menes par coups et de
manire isole voire cloisonne.
2. Limplication des usagers et la participation citoyenne engagent-t-elles la russite dun
projet de rsidentialisation en favorisant le sentiment dappartenance, de chez soi et donc
la contribution la vie du quartier ?
Touchant au contexte immdiat de lespace domestique, le processus de rsidentialisation ne
peut se passer dune relation profonde lhabitant. Celle-ci sexprime dabord dans lobservation
et la connaissance objectives qui prennent en compte les pratiques quotidiennes des habitants, au
prsent mais aussi, dans une certaine mesure, au futur. Car lvolution inluctable des modes de
vie en gnral ou de ceux induits par le projet restent anticiper.
3. Les acteurs en charge de la gestion urbaine sont-ils en mesure dassumer les exigences de
qualit et de prennit que le processus particulier de rsidentialisation requiert.
Lorganisation et la coordination des diffrents acteurs publics et privs sont-elles
envisageables notamment au contact mme des ralits du quotidien et de la proximit ?
En effet une gestion urbaine de proximit inhrente au projet de rsidentialisation est une
opportunit pour la remise en cause des pratiques ayant actuellement cours. Elle mobilise une
pluralit dacteurs avec des domaines comptences diffrencis mais toujours en interaction.
Ainsi, chaque partenaire doit dvelopper ses propres stratgies dactions en fonction de sa
culture professionnelle, de son organisation interne, de ses capacits dadaptation mais doit
galement tre en mesure de travailler en partenariat de faon transversale et dcloisonne.
Mthodologie :
Trois angles dapproche pourraient guider cette dmarche de questionnements sur les possibilits
et les conditions dune mise en place efficace de la dmarche de rsidentialisation dans un
contexte aussi spcifique que peut ltre le contexte algrien, le projet urbain permet dinscrire
les dmarches de rsidentialisation sur le long terme pour aboutir finalement une relle
volution et un renouvellement de ces espaces en prenant en compte leurs traitements dans une
triple dimension : sociale, urbaine et gestionnaire.
Dans un premier temps, dun point de vue thorique, il sagit dentreprendre une brve
rtrospective en effet lhistoire des grands ensembles constituant le matriau pour la
construction dun sujet de recherche autonome- de lmergence du phnomne des grands
ensembles, leurs caractristiques, leur volution, leur remise en cause et enfin la place quils
occupent dans le paysage urbain daujourdhui, cet aspect des choses bien que maintes fois
explor, trouve toute son utilit et savre ncessaire une analyse conceptuelle autour des
questions lies au terme de rsidentialisation en tant que telle : utopies sociales, habitat collectif,
dysfonctionnements urbains et sociaux, requalification, renouvellement urbain, gestion urbaine
de proximitetc.
Aprs ce premier niveau de rflexion, et dans un souci de cohrence, le travail sest orient sur
lexploration des alternatives mises en place pour tenter denrayer le phnomne de
dqualification et de dsaffection que subissent les grands ensembles et dont le plus important
est le renouvellement urbain avec en perspective lengagement dune rflexion approfondie sur
ce qui constitue le cur de cible de ce travail ; savoir une diffusion du concept de
rsidentialisation travers ses origines, ses objectifs, ses enjeux et le potentiel de renouveau dont
il est porteur.
Dans un troisime temps, sur le plan pratique et dans le souci de rpondre aux questionnements
soulevs plus haut, la recherche est circonscrite au contexte algrien en faisant ressortir les
spcificits de la problmatique des ZHUN dans le vaste champ des difficults communes cette
forme urbaine universelle. Cette partie constitue un complment indispensable qui dresse le
cadre de ltude travers une recherche analytique sappuyant sur un cas dtude en
loccurrence la ZHUN de BAB EZZOUAR-pour esquisser une valuation de la situation au
niveau local par rapport aux objectifs thoriques fixs et aux rsultats obtenus en termes de
rsidentialisation pour des oprations phares et qui constituent une rfrence pour les
professionnels de lamnagement.
De fait, il sagit dune pratique volutive axe sur une analyse thorique que vient complter un
travail de terrain.
Afin de pallier une documentation assez restreinte, le recours lenqute directe auprs des
diffrents habitants, et lobservation en site auront t ncessaires.
Cela fait, ltape suivante aura t le dpouillement et lorganisation des donnes recueillies
prsentes ensuite sous formes de photos, de tableaux et de figures pour tre ensuite exploites
dans une modeste tentative de proposition pour la rsidentialisation du cas dtude.
Enfin, en dernier lieu la synthse de cette recherche se veut une amorce de rflexion la lumire
de laquelle il est souhait une prise de conscience quant aux dbats contemporains qui agitent
les diffrents acteurs et parties prenantes dune bonne gouvernance urbaine et dont
la
lurbanisme
moderne.
Ainsi, les grands ensembles ne parviennent plus faire ensemble, en manque durbanit, ils se
distinguent par une structure architecturale et urbaine atypiques et singulires qui polarise de
nombreux dysfonctionnements urbains et sociaux.
En effet, trs rapidement ces nouveaux quartiers en rupture totale avec lurbanisation
environnante perdent leur crdit dorigine et se voient refuser le statut de ville.
De fait, le rejet des barres et des tours est la partie la plus vidente du malaise engendr par une
forme urbaine et architecturale qui, paradoxalement, a fait lobjet dun accueil enthousiaste.
Demble, il est possible de stigmatiser de nombreuses carences apparues ds la priode de
construction de ces grands ensembles. Cest dans lurgence que leur dification sentame, sans
rflexion approfondie et en nenvisageant quune fonction essentielle de lhabitat : loger. Ctait
occulter quavoir un toit na jamais suffi pour habiter, cest--dire pour investir ses propres
valeurs et expriences en vue dune appropriation de lespace de vie.
Pour tenter de comprendre les mcanismes de cette volution dune situation de consensus
idologique et dune convergence politique une situation de dgradation et de crise, un bref
rappel historique constitue un pralable indispensable pour situer le contexte conomique, social
et politique de lpoque de leur construction dans un premier temps, ainsi que lidentification des
facteurs ayant prcipit lapparition des indigences qui sy sont dveloppes par ailleurs . Ce
faisant, il permet de saisir la complexit des relations quentretiennent une socit et son
environnement bti.
Il sagit ici dune tentative circonscrite aux lments les plus significatifs susceptibles
dapporter un clairage par rapport aux objectifs de cette recherche- de comprhension du
concept de grand ensemble afin de permettre danticiper leur volution et le rle qui leur sera
dvolu dans la ville de demain.
BOUCHERIT.S. Lutilisation du projet urbain dans la requalification des grands ensembles (un passage dune
gestion traditionnelle vers une gestion stratgique). Magistre en Urbanisme et Architecture. Constantine :
Universit Mentouri de Constantine, 2005,p.5.
5
FREITAG.M, Architecture et socit. Bruxelles : Saint Martin Lettre vole, 1992, in SAIDOUNI.M. Elments
dintroduction lurbanisme : histoire, mthodologie, rglementation, Alger: Casbah, 2000, p.252.
6
Mouvement philosophique qui domine le monde des ides en Europe au XVIIIe sicle.
dun certain nombre ,ces initiatives se fondent en un tissu compact qui na cependant t ni
prvu ni planifi7
Sur les plans politique et intellectuel, la ville de lge industriel est le lieu dun riche
foisonnement dides mais aussi de conflits sociaux naissants, en effet, elle constitue le lieu
privilgi o se ctoient les symboles du dveloppement et de la modernit, mais aussi les
retombes ngatives des grandes mutations tant conomiques que techniques de la socit :
lexplosion dmographique, la pousse brutale de lurbanisation, le changement du rapport au
temps et au travail, la mercantilisation des rapports sociauxetc.
Laccumulation des effets pervers du progrs entrainera rapidement la dgradation des
conditions sanitaires et dhygine de populations entasses dans des bouges8, la prolifration
dpidmies meurtrires qui ont ravag lEurope occidentale font prendre conscience de la
prcarit des conditions de vie dans les quartiers populaires et ont donn lieu de vifs dbats
idologiques sur la ncessit et les modalits dintervention susceptibles dendiguer le
phnomne.
1.1.1. Les idaux hyginistes : Avnement des utopies urbaines
Dans le contexte chaotique de la ville de lge industriel, intervenir devient une ncessite et
polarise lattention des intellectuels en premier lieu, ainsi sont apparues les utopies urbaines du
dix-neuvime sicle.
Les efforts des personnes prives en faveur du logement ouvrier permettent des avances
considrables. Le mouvement philanthropique exprimente de nouveaux modes doccupation,
comme la cooprative dhabitation, et institue les premires socits but non lucratif.
Cest ainsi que les utopistes de la fin du XVIIIe jusquau dbut du XXe sicle ont propos
dabord des organisations spatiales innovantes pour la collectivit. Pour ce faire, la normalisation
de lespace, le contrle de la ville travers le rglement urbain deviennent une proccupation de
premier plan exprime notamment dans les uvres de Fourier, Owen, Cabet ou encore Godin et
Garnier et qui tmoignent dun vif dsir dun espace standardis et dune ville fortement
rglemente, saine et maitrise.9
Paralllement la recherche de lhygine physique, se dveloppe la notion dhygine sociale ou
morale. Un habitat sain pour tous devrait garantir la formation et lducation de la masse des
citadins. Les cits ouvrires ou patronales cristallisent la notion de plan type : lespace fait de
7
parcelles alignes sur un mode rcursif et marqu par quelques btiments centraux symboliques
garantit un minimum de vie en communaut.
Au vingtime sicle, ce mme schma prend une toute autre ampleur. Les problmes quantitatifs
imposent limmeuble collectif sous forme de cits jardins, dHabitations Bon March (HBM)
ou dHabitation Loyer Modr (HLM), pour finalement aboutir aux grands ensembles
dhabitat, alliant la rglementation et les procds techniques industrialiss.
Plus tard, la crise du logement engendre par le contexte historique conscutif la fin du
deuxime conflit mondial a prcipit les vnements en justifiant la mise en application grande
chelle des principes fonctionnalistes exprims dans la Charte dAthnes dans un style
totalisant, paternaliste et rglementaire .10
10
CASTRO.R, in RIBOULET.P. Quelles nouvelles formes urbaines et architecturales pour les grands ensembles,
Actes du sminaire de lassociation URBAPONTS tenu le 9 Novembre 2000.p.13.
11
JEANNERET.C-E dit LE CORBUSIER La charte dAthnes. Paris : Seuil, 1971in TOBELEM-ZANIN.F. La
qualit de vie dans les villes franaises. Rouen : Publications universitaires Rouen-Havre, 1995, p.24-30.
vie urbaine et ses vnements forts nest voqu dans le systme sauf sous la forme de grands
parcs urbains.12 .
Dans les annes trente et quarante, en France, en Italie, aux Pays Bas et mme en Grande
Bretagne, les programmes de logements de ce type se multiplient.
Au sortir du deuxime conflit mondial, de grands travaux de reconstruction des villes dtruites
par les bombardements et lurgence de production de logements prcipitent lapplication massive
des prceptes de la charte dAthnes, de nouveaux procds dans le domaine de la construction
sont mis au point : la prfabrication et lindustrialisation en sont la pierre angulaire.
Cette conjonction de facteurs historiques conomiques et socitaux a donc favoris la naissance
de cits en barres et en tours amnages en priphrie, assujettie la logique rigide dun zoning
spatial bas sur une discrimination des activits humaines : travailler, circuler, habiter, se
distraire, chaque fonction rclamant son espace propre. La rue traditionnelle fait place un
amnagement d'units largement ouvertes, sur des espaces libres o la nature fournira le cadre
ncessaire au dveloppement de la personne humaine. Les espaces verts reprsenteront eux
seuls 72 % de la surface du terrain utilis. La voie d'accs y pntrera pour s'y intgrer, et non
pour y matrialiser comme autrefois, l'alignement des immeubles. Dans cet ensemble baign de
lumire et o la libert de vie reste entire, la densit d'occupation sera plus forte que dans
certaines de nos villes, o le contour au sol des immeubles s'aligne sur les irrgularits de forme
12
Ibidem.
des lots. Et cependant la famille y trouvera le cadre naturel le plus propice son
panouissement. Tels sont les signes tangibles d'un humanisme moderne 13
1.1.3. Le grand ensemble : De lidologie au pragmatisme
Les grands ensembles sont la matrialisation de la convergence
de plusieurs doctrines
urbanistiques qui ont trouv chez les dcideurs et les professionnels de lpoque un cho
extraordinaire. Toutefois, les conceptions du mouvement moderne ont t accapares et
dvoyes de leurs objectifs premiers, il en est sorti une vulgate de lespace moderne devenu le
paradigme de toute dmarche urbanistique .14
Pour certains les thses de Le Corbusier ont avant tout servi les penses technicistes offrant
ainsi aux pouvoirs publics et autres acteurs de la ville un argumentaire implacable, car
indubitablement, les grands ensembles sont le produit non pas dun libralisme conomique mais
ont bien vu le jour dans des contextes o le rle de ltat est prminent, en effet, les logiques de
contrle et de planification de la part de la puissance publique ont systmatiquement prsid
leur construction. De plus, ils apparaissent comme une solution arrivant point nomm dans des
contextes de destruction lie des conflits, de crises importantes, de pnurie de logement. Ils
cristallisent, enfin, la foi un refus de la pauvret et de la misre sociale et une aspiration des
conditions de vie acceptables .15
13
SPINETTA.A : secrtaire dtat franais la construction et au logement de1956 1957 , extrait du discours
prononc lors de la visite de lunit de voisinage de Beaulieu, Saint-Etienne, 1953, in PAQUOT.T, FOURCAUT.A.
Les mmoires des trente glorieuses , Urbanisme, Janvier-Fvrier 2002, n322, p.39.
14
DUFAUX.F, FOURCAUT.A. Le monde des grands ensembles, Paris: Craphis, 2004, p.56.
15
Ibid.
16
Limite fixe pour les Zone Urbaniser en Priorit (ZUP) en France en 1959.
PAQUOT.T, FOURCAUT.A, op.cit., p.40.
18
CHOAY.F, MERLIN .P. Dictionnaire de lurbanisme et de larchitecture, Paris : PUF, 2005, p.320.
17
19
BERNIER.N, Les espaces extrieurs des grands ensembles ; comment assurer larticulation entre espaces publics
et privs dans les oprations de renouvellement urbain, Master en Urbanisme et Territoires, Paris : Paris XII, 2007,
p.21.
20
CHOAY.F, MERLIN .P, loc.cit.
21
Ibid. p.142.
distribution de lespace en secteurs consacrs une vocation unique, la ville, son histoire ses
rapports sociaux en sont dfinitivement exclus.
Ainsi, les tissus composant les grands ensembles caractriss par la juxtaposition dunits bties
et du rseau viaire sopposent radicalement limbrication et la cohsion du bti et du non bti
des tissus de la ville classique.
Le grand ensemble : Un paradigme nouveau
Les grands ensembles sont le rsultat dun processus de rationalisation qui rompt avec les
techniques, matriaux et styles du pass, faisant table rase de la dimension historique et de
lhritage du phnomne urbain : Les grands ensembles sont des modles architecturaux de
type nouveau, sans aucune rfrence historique22 .
Par souci dhygine dordre et de fonctionnalit, les reprsentants du mouvement moderne ont
instaur leurs principes propres en matire darchitecture et durbanisme, ceux-ci constituent
lexpression dune volont dinnovation absolue sillustrant par :
La ville est alors un objet dont les composants standardiss sont rpartis dans lespace selon un
ordre fonctionnel et gomtrique, cette idologie de la table rase -o la ville fonctionnelle
devait se substituer lobsolte ville classique- bien quissue dune rflexion scientifique et non
dnue dintrt sapparente plus une approche planificatrice qu une vritable composition
urbaine.
22
BOUCHERIT.S., op.cit.,p.10.
CAPANNANI.L. Habitat collectif mditerranen et dynamique des espaces ouverts, Laboratoire ACS-Universit
de Paris VIII, 2002, p.5.
23
Elle
consiste
essentiellement
disposer
des
lments
cubiques
ou
La question du logement ayant pris une place primordiale pour les raisons voques plus haut,
lon esquisse la structure des premiers grands ensembles en privilgiant le modle dhabitat
propos par Le Corbusier. Celui-ci dtermine un lment initial : la cellule dhabitation faisant
partie dun ensemble : lunit dhabitation. Les immeubles se dveloppent en hauteur ils
comportent toujours un minimum de quatre niveaux au dessus du rez-de-chausse, et sont
souvent disposs en querre, en quiconque ou en toile.
Lalignement le long des voies de communication est aboli, librant ainsi le sol dautres fins, la
rue et le parcellaire disparaissent au profit des barres et des tours. Les espaces extrieurs doivent
tre libres car est privilgi lespace de la vue dgage depuis le logement, assurant la
circulation de lair, de la lumire, du soleil Lespace doit tre libr sous limmeuble supprimant
ainsi les logements en rez-de-chausse et le rapport du passant est rduit la simple
contemplation Il ny a donc pas de transition entre lespace extrieur et limmeuble.
La sparation des flux : Primat de lautomobile
En 1963, un rapport du Ministre britannique des transports a galement eu une influence
dterminante sur les concepteurs des grands ensembles28. Il propose lassociation du plan masse
et du trafic, travers une sgrgation des trafics et une hirarchisation des voies. Il tablit la
ncessit de sparer, dans les secteurs forte valeur urbaine, le trafic des automobiles de celui
des pitons, dans une perspective de rationalit et de scurit. Les pitons et les cycles sont en
consquence moins pris en compte dans la conception des quartiers. Ce dispositif - le plus
souvent termin en impasse dans des parkings ciel ouvert -influe directement sur les flux de
circulation en sparant les voies rapides des rues de desserte des quartiers mais aussi et surtout
en rservant des itinraires spcialiss, souvent dnivels aux pitons.
Lautomobile constitue dlibrment le seul accs aux grands ensembles et le seul lien entre les
logements et le monde extrieur pour des quartiers conus sans pitons, sous linfluence dun
modle amricain associant automobile et modernit29.
Toute ville est la trace de modles urbains historiques lis aux conditions culturelles ,techniques
,conomiques de leur production, mais surtout porteurs de signification ,capables de servir dans
le temps des usages trs diffrents. Malgr leurs carences, les grands ensembles nchappent
pas cette rgle. Mais , la diffrence des autres quartiers dune ville, leur sens nest pas
rechercher dans un systme de valeurs urbaines et architecturales que le temps et lusage auraient
valids (un modle qui aurait pris),mais justement il se rduit signifier ses conditions de
production sans avoir permis lappropriation du projet appropriable, avec le temps.
Le modle du grand ensemble ne se donne pas tant lire travers son rseau despaces publics
dans la richesse des relations entre dedans et dehors ,dans les squences dvnement urbains
quil provoque ,mais il se donne lire comme une trame de zonage simple lusage du
planificateur ,comme un plan masse homogne refltant la prsence dun architecte en chef,
comme une rptition architecturale rentable pour les bureaux dtudes et efficace pour les
pouvoirs publics, comme un assemblage de panneaux lourds aux joints grossiers facilement mis
en place par une main duvre dqualifie.
Une premire carence est sans doute sa coupure du reste de la ville, son indiffrences vis--vis
des autres quartiers, son plan masse autonome, sans continuit avec le tissu qui lentoure. Ce
sont des quartiers conus de manire autarcique
30
lenvironnement urbain et dont la seule fonction est dhabiter. Ces cits dortoir pour pouvoir
accder dautres activits nont aucune autre possibilit que de communiquer avec les
alentours. Ce sont des poches immenses de quartiers privs, entours par la ville, ses voies, ses
espaces, qui ont un statut public. Il ny a rarement pas plus dune entre par grand ensemble. Une
grande voie irrigue la priphrie du grand ensemble et les voies de distribution ne sont que des
boucles et des impasses, la voirie nobit aucun dessin rationnel. Les voies priphriques de
ces grands ensembles sont une vritable frontire entre deux mondes ; on ne les traverse pas,
mais on les contourne ou on sy perd .31
Une seconde faiblesse est celle de sa volumtrie ,et du jeu spatial limit quelle induit :une
logique rptitive de barres et de tours discontinues dont la liaison est assure par des dessins en
plan de grandes figures gomtriques simples (carr, rectangle,.) qui le font ressentir
comme une succession dobjets poss cote cote ,sans capacit induire des espaces publics,
des continuits bties, des squences urbaines. La ville classique est une dialectique de pleins et
de vides, le grand ensemble est un grand vide indiffrenci sur lequel sont poss les btiments.
30
GONIN.J. La rsidentialisation des grands ensembles, Rapport de Mmoire de fin dtudes en architecture et
urbanisme. Marseille : ENSA de Marseille-Luminy, 2006, p.19.
31
Ibid.
32
Ibid. p.21.
BONACORSI.G, Lanalyse urbaine : morphologie et architecture, Actes du colloque international tenu Oran
en Dcembre 1987, Alger: ENAG, 1989, p.286.
33
Ainsi, le processus de rationalisation a laiss dans la ville et dans les grands ensembles la
trace physique de ses limites :
Lmergence dun espace continu, monotone et sans qualit, sans rfrences historiques.
La monotonie est bel et bien prsente et les diffrents volumes ny changent rien. Il est vrai qu
lchelle dune maquette ces blocs ne sont pas monotones, mais cest lchelle du piton que
sont perue la monotonie des faades, la pesanteur quelles dgagent par leur taille, et non le
skyline quelles dcrivent. Dsormais au lieu de linconvnient de la salet et du dsordre,
nous avons maintenant lennui de lhygine. Le taudis matriel a disparu, cest fait, mais quest
ce qui la remplac ?rien que des milliers de nulle part organiss et personne ne sent quil
est quelquun dhabitant quelque part 34
1.2.3. Monumentalisation et gigantisme
Constituant jusqu' 80 % du parc de logements de certains pays 35 et marquant visuellement de
leur monumentalit les banlieues contemporaines, les grands ensembles sont des constructions
caractrises par une taille importante des programmes-souvent plus de mille logements-qui fait
figure d'exception dans l'histoire du logement social, autant que par leur architecture de tours et
barres.
34
35
VAN EYCK .A, in JENKS.C. Mouvements modernes en architectures. Wavre : Mardaga, 1987, p.463.
GEOFFROY.G, ODDOS.E. La rsidentialisation en questions, Lyon : CERTU, 2007, p.91.
PINSON.D. La monumentalisation du logement, larchitecture des ZUP comme culture .Les cahiers de la
recherche architecturale, 1996, n38-39, p.15.
37
GEOFFROY.G, et al., loc.cit.
correspond un espace urbain. Cette logique de schmatisation extrme a provoqu donc une
fragmentation de lespace de la ville, qui se conoit dsormais par la juxtaposition de zones
monofonctionnelles. Dans ce contexte, les grands ensembles sont souvent coups de la ville.
1.2.5. La notion de quartier : Une ide vide de sa substance
Par leur logique de production, dorganisation et leur degr dquipement, les grands ensembles
nont pu intgrer la notion de quartier. Cette dernire renvoie essentiellement la diversit des
services proposs, qui lui procure une certaine autonomie par rapport au centre de
lagglomration, la notion de proximit dans lusage et la diversit fonctionnelle et formelle.
Dans ce sens, le vritable confort des logements, la richesse et la quantit des espaces libres,
les facilits de dplacement lintrieur des nouveaux quartiers de la ville et surtout de ceux qui
sont mieux quips, plus anims, particulirement au centre ville.. 38
Dans ces quartiers, les quipements ont en gnral t peu nombreux au dpart. Destins
uniquement lhabitat, leurs espaces nont bnfici que de quelques quipements
daccompagnement. Ces derniers sont souvent issus de programmes administratifs et grilles
dquipement ne prsentant aucune diversit fonctionnelle, ni animations.
Des amliorations progressives ont eu lieu mais les localisations sont frquemment
illogiques et les choix inadapts aux besoins et aux usages.
Une carence supplmentaire est souligner : lhtrognit entre quipement et logement. On
trouve des variantes sur la manire dont leur rapport a t conu. Quelquefois les quipements
sont regroups lextrieur des logements, coups par une route sur un modle de sgrgation
pure et simple. Dautre fois, la technique du saupoudrage a conduit disperser les logements.
Mais il ny a jamais de liaison physique, structurelle, entre lquipement et lespace rsidentiel.
Une mme htrognit se retrouve dans la manire dont les espaces libres sintgrent au
bti.
1.2.6. Le parcellaire : Ou lincohrence pour principe
Les modes de production de lhabitat de type collectif exigent dnormes terrains pour favoriser
la construction en masse de logements par lutilisation du chemin de grue, limplantation de
rseaux divers..etc.
Le parcellaire est une contrainte car il est dcoup et redcoup, pour pouvoir construire de
grandes oprations il faut tenter de sen affranchir en combinant les lots pour en crer de plus
38
MICHEL.J-B, Architecture de lhabitat urbain (la maison, le quartier, la ville). Paris : Bordas, 1980, p .93.
vastes. Dans le cas spcifique des grands ensembles ces parcelles accueillent en plus des
btiments, des voies, des espaces extrieurs, et dautres dispositifs issus du domaine public.
Lorganisation foncire est souvent passe par plusieurs stades successifs. Avant la construction
du grand ensemble, le foncier tait en gnral dcoup selon lusage du sol qui
prexistait, en
39dues notamment aux emprises trop proches des btiments interdisant toute intervention.
On est loin de la situation du tissu urbain classique dans lequel chaque espace correspond
un usage dfini et o la proprit du sol appartient celui qui en a lusage.
La question foncire a souvent t dlaisse voire oublie lors de la ralisation des grands
ensembles. Cela sexplique par la volont de leurs concepteurs de faire table rase du modle
antrieur. Ils ont conu ces quartiers comme des ensembles autonomes, sans tenir compte de leur
environnement.
En prsence dun foncier complexe, flou et illogique, toute intervention devient un
vritable casse-tte et permet difficilement une volution du bti autre quune reconstruction
lidentique et rend donc extrmement malaise la densification ou le changement
daffectation par exemple .
Consquence dune opration contrle totalement
souvent
informe et
informel.
Il
ne
comporte pas
PINSON.D., loc.cit.
CHOAY.F, Histoire de la France Urbaine, la ville aujourdhui, Paris: Seuil, 1985, in BERNIER.N, op.cit., p.27.
41
Ibid.
40
dailleurs ce que rclament parfois les habitants42 . Ces espaces manquent donc souvent de
sens. Lusage du sol ny est pas toujours affect.
On observe dans ces quartiers des squences vides dhabitants et danimation urbaine.
Ce sont des espaces ni plants, ni affects dautres usages, composant un espace
rsiduel devenu qui nest pas lespace du public mais un vide urbain.
1.2.7.1. Un maillage qui ne permet pas une lecture aise des espaces
Linsuffisance ou lillogique du maillage des voies contribue rendre ces espaces difficiles
lire. Le rseau viaire est souvent rduit aux voies dites primaires. Dans de nombreux cas
de figure , les voies traversant ou bordant les quartiers sont de trop grande ampleur et
font plutt rfrence, par leur gabarit, leur clairage, leurs chausses trs larges et leurs
trottoirs exigus et mal dfinis, la voirie routire qu des voies urbaines. Les voies
modernes sparent le proche pour relier le distant 43.
Les voies secondaires et tertiaires sont souvent en impasse ou en boucle et nirriguent pas assez
les curs dlots, notamment quand ceux-ci sont surdimensionns Luniformit du profil
des voies et de leur quipement fait quaucune hirarchie nest lisible. De plus, la voirie et le
stationnement sont rarement spars et se confondent mme souvent.
La voirie principale est dans certains cas trop illogique pour structurer les cheminements pitons.
Trs souvent ils suivent des tracs orthogonaux et ne correspondent pas aux tracs les plus
courts, do des parcours sauvages sur les espaces verts.
Quand la rue disparat, la ville devient illisible , chaque btiment nest pas soumis la
logique collective de la rue, son trac, la dictature de lalignement , et ignore le
rapport au sol .
En plan masse lespace est extrmement tal, les surfaces bties sont organises le long de vides
cres par les rues, ou autour de vides cres par les places. Le bti est ainsi structur, mais surtout
contraint une certaine surface et un certain volume.
En revanche, le grand ensemble est souvent construit par une succession dimplantations de
btiments dissmins sur son territoire , sans structuration du quartier par la voirie . Les
lieux majeurs et les quipements ne sont pas caractriss ni diffrencis et les immeubles
dhabitat peinent structurer seuls lespace. Le reprage est donc difficile pour les habitants et
pour les personnes qui viennent de lextrieur. Il impose un apprentissage.
42
43
obstacle lappropriation des ces espaces et mme celle de limmeuble par les habitants, cest
aussi un facteur dexacerbation des conflits.
En raison
44
MOLEY.C, Les abords du chez soi : en qute despaces intermdiaires, Paris : La Villette, 2006, in GONIN.J,
op.cit., p.34.
45
PEILLON.P, loc.cit.
auteurs une des cls du dysfonctionnement des ces espaces intermdiaires 46, do les
difficults des rgulations sociales,
face notamment
exclusive. Pour que le collectif ait des chances dmerger, il faut a minima que les
gens qui le composent se sentent bien dans un environnement quils ne subissent pas comme
une vaste nuisance.
Les espaces extrieurs des grands ensembles ne sont pas pour autant abandonns par les
habitants. Ils sont mme appropris par certains dentre eux. Des espaces extrieurs qui sont
aussi appropris, parfois pour un usage exclusif, lespace extrieur est en fait souvent
partag physiquement et dans le temps. Certains lieux sont investis par les enfants, dautres par
les personnes ges, dautres encore par des adolescents ou de jeunes adultes. Parfois ce sont
les mmes lieux qui sont appropris par des groupes diffrents en fonction des heures de la
journe. Lespace semble toutefois surtout utilis par les enfants qui jouent entre les voitures ou
sur les terrains vagues.
Certains usages peuvent souvent tre considrs comme bnfiques et on peut vouloir les
favoriser. Dautres usages posent par contre problme, essentiellement quand certains
tendent monopoliser lespace extrieur et se lapproprient leur usage exclusif.
Pour les adolescents et les jeunes adultes, la rue apparat comme un espace de
stagnation, voire de rsidence, elle devient leur chez-eux, vritable espace rfrentiel,
lieu de construction de lidentit culturelle autour de la culture de lentre-jeunes, en
labsence dadultes. On observe une vritable appropriation du territoire par les groupes de
jeunes qui linvestissent au point de la dfendre contre toutes les intrusions47.
Sans organisation, lespace extrieur est monopolis par les plus forts qui peuvent en
exclure les autres occupants, moins prsents ou plus faibles. Les formes dappropriation
des uns, surtout des jeunes, se heurtent presque ncessairement alors lhostilit des autres
et crent un sentiment de rejet qui conduit la volont de supprimer bancs, jeux de ballons,
contribuant ainsi lappauvrissement des espaces extrieurs.
De fait, lon observe dans beaucoup de grands ensembles une baisse du respect accord
lespace public. On assiste un recul symtrique du caractre inviolable de lespace
priv. Cela se manifeste par des dpts intempestifs dobjets encombrants sur les trottoirs, par
des dgradations volontaires sur les faades, dans les halls et les escaliers (tags, graffitis, lampes
46
LEVY-VROELANT.C, DUSSART.B, FREY.J-P, Les enjeux de la rsidentialisation des cits HLM, analyse des
usages des espaces intermdiaires, dans une cit de Seine-St-Denis, Rapport final pour le ministre de la culture et
de la communication, (mission du patrimoine ethnologique), Juillet 2003, p.193.
47
PETITCLERC.J-M, Jeunes des cits, la rue fleur de peau , Urbanisme, Mars/Avril 2007, n 353, p.61.
casses, etc.). Cela donne aux quartiers une image dgrade et leurs habitants un sentiment
dabandon.
1.2.8. La Vgtation : une proccupation de second plan
Si ce qui tait mis en avant dans la doctrine urbanistique du mouvement moderne tait lespace
vert, la nature, on saperoit trs vite que cet espace vert est simplement une soustraction de
lespace bti et de la voirie par rapport la grande parcelle. Cette nature prsente sur le
terrain est fortement dgrade par limportante mise en uvre de la construction qui laisse autour
de ces barres une terre pele ne donnant plus aucun rapport dchelle entre le btiment et son
contexte.
Lespace vert se dcomposera par la suite en jardin, espaces de jeux, etc., et comprendra mme
tous les espaces rsiduels au centre des voies et en priphrie, faussant donc tout calcul objectif
de ces surfaces. Les seuls caractristiques quil est possible den donner sont quils sont
visiblement publics, non hirarchiss et continus, en opposition avec la majorit des espaces
verts en ville qui sont privatifs et discontinus.
En fonction de leur destination ces espaces verts bnficient de plus ou moins dentretien, ce qui
a pour consquence la cration despaces nus de toute vgtation et dlaisss. On comprend
alors que ces zones taient autrefois des espaces verts qui avec le manque dentretien sont
vite devenus impraticables.
La doctrine voulait que les espaces extrieurs restent libres et deviennent un espace vert de
dtente. Certes des arbres ont t plants, des aires de jeux installes. Mais dans certains
cas on nest pas all jusquau bout. La priorit a t donne aux logements et les
plantations ont t tardives voire incompltes.
Parfois des oprations nont pas t termines et des secteurs importants sont rests ltat de
friches. Quand les espaces verts sont finalement importants, le patrimoine vgtal est souvent
dgrad, faute de renouvellement, en raison de la plantation darbres croissance rapide mais
vieillissant mal.
La logique de production, centre sur la valeur conomique des btiments et la quantit de
logements a donc relgu les espaces verts au second plan et ils ont t oublis.
1.2.9. Un stationnement envahissant
On remarque trs bien aujourdhui que la voiture est prsente partout dans les grands ensembles
mme l o ne lattend pas. Elle a, au fur et mesure des annes, grignot sur la vgtation et
elle a fait virer le vert au noir , car cest vraiment de noir quil sagit au regard du bitume qui
envahit peu peu ces espaces. 48
Dans la pense moderne lautomobile est utilitaire, et synonyme de nuisance, pollution,
danger.etc. et ne doit pas saccager la nature et le calme des grands ensembles. Elle est
donc rejete en priphrie dans de grands parkings car elle ne sert qu circuler. La rue nexiste
plus, mais est remplace par des autostrades49, ce qui exclut la prsence du piton dans lespace
public : Y a-t-il beaucoup de portes de maisons dans la ville ? Hlas dans la ville actuelle oui.
Une porte de maison dessert dix douze appartements, donc trente six soixante douze
habitants. Dans de telles conditions, le problme de lautomobile est inorganisable ; les portes
des maisons sont les unes ct des autres [...] lauto doit stopper devant toutes les portes, la
chausse doit donc tre devant toutes les portes [...] les maisons sont donc sur la chausse. [...]
Dans la ville radieuse une porte dessert 2700 habitants. La porte est donc un port. Un port
dautomobiles ; on entre dans le port de la porte ; lauto quitte la chausse (qui est un fleuve
rgulier de la circulation) et entre dans le port devant la porte. Au lieu de 75 portes sur rue, il
ny a quune porte, loin de la rue. La rue nest plus. Lautostrade la remplace, dbit continu.
Jamais une voiture ny stationne. Une voiture e arrte au bord de la chausse trangle le dbit,
paralyse la circulation. Ici, quy ferait-elle arrter? Rien. Personne ne peut accder
lautostrade. Le piton ne peut quitter le sol naturel de la ville que pour monter sur la
plateforme des autoports (il ny a pas plus de 100m parcourir pied) l o stationnent les
voitures. Le piton quitte lascenseur des immeubles pour trouver, devant sa porte, le parking
des autos. 50
Aujourdhui il est bien normal que les habitants veuillent stationner au plus prs de leur
logement, comme le font les habitants du centre-ville. Vu la qualit de la plupart des espaces
verts, le parking en priphrie perd fortement de sa crdibilit. Le problme engendr par le
dveloppement de lautomobile est le stationnement.
Afin dy faire face,
des poches ont t cres dans des espaces libres ce qui cre un
stationnement plus diffus. Leur conception est dailleurs souvent mdiocre car trs peu
performante et le stationnement sauvage, aujourdhui sur le bord des voies en est une preuve
cinglante dautant plus que ces voies sont largement dimensionnes.
48
Lespace nest pas celui du public mais celui des voiture 51. Lespace accord
lautomobile est trs largement dimensionn (voirie et parkings) et bnficie dun traitement
trs pauvre du point de vie qualitatif. Le stationnement est devenu encore plus envahissant
quand lespace extrieur lui est rest ouvert par manque dentretien ou par labsence de voiries
secondaires.
Autant dire que la question du stationnement est cruciale pour de nombreux quartiers,
notamment les plus anciens, compte tenu de la motorisation grandissante des mnages. A
cela , il faut ajouter et la volont des habitants de se garer au plus prs de leurs fentres
pour surveiller leurs voitures. Le taux de congestion et la frquence du stationnement
illicite sont donc importants, surtout la nuit, mais aussi le jour.
1.2.10. Linscurit ou la stigmatisation des grands ensembles
Il est tonnant de noter que les grands ensembles ont t dabord prsents comme le rsultat
dune
volont
de
rationalit
applique
lespace
devenue action
de
domination
la tranquillit sont
pas
uniquement les
facilitatrice et les y expose plus fortement. Cette inscurit nest pas toujours le fait de jeunes
51
du quartier ,mais cest surtout lorganisation des espaces, leur ouverture tous, la
multiplicit des accs, qui expliquent quils concentrent les rencontres, les jeux ou les
trafics55. Sont aussi points du doigt la conception des btiments, en particulier les passages
et les espaces traversant, la trame viaire en cul-de-sac et la distinction des flux voiture/piton.
De plus, la perception des grands ensembles est diffrente la nuit. Les rseaux et les appareils
dclairage sont souvent vtustes et inadapts. La conception des installations a privilgi
lorigine un clairage de type routier pour les voiries alors que lclairage des
cheminements pitons tait souvent nglig56. Dans la plupart des cits, les routes sont claires
par des mts de grande hauteur, ce qui accentue le contraste entre les voies de circulation et les
autres espaces. Lclairage ne
donne pas
de
sens aux
lanimation lumineuse y est absente. Ainsi, les grands ensembles sont aujourdhui au cur de
limage repoussoir de certains quartiers. Ils sont associs linscurit et constituent des
blocs anonymes et menaants par leur effet de masse.
Conclusion
La comprhension des grands ensembles aura ncessit un effort de rtrospective sur un objet
qui nest pas simple, dautant que la situation de la recherche historique sur les grands
ensembles est rendue complexe du fait quils sont considrs aujourdhui, avec les politiques
publiques qui les ont programmes comme une vaste erreur collective. En seraient responsables
en bloc, letat, les technocrates et les architectes fonctionnalistes.57
Adors puis bruls, lvolution du phnomne des grands ensembles a en effet, t marque par
deux phases distinctes : la premire incarne la russite et lapplication linfini de limmeuble
barre, la seconde est synonyme de remise en cause au travers des diffrentes oprations de
rhabilitation, de requalification de restructuration et enfin de rsidentialisation.
La question de lavenir des grands ensembles est de premire importance car la mise en
perspective des expriences menes dans de nombreux pays permet daffirmer que lhabitat de
masse a connu une success story mondiale , se dveloppant dans un vaste contexte la fois
conjoncturel et intellectuel dont les squences temporelles sont difficiles dterminer, variables
55
Ibid.
CERTU, Le paysage lumire : approches et mthodes pour une politique lumire dans la ville, Lyon :
CERTU, 2004, p.77.
57
FOURCAUT.A, DUFAUX.F. Faire lhistoire des grands ensembles, bibliographie 1950-1980, Lyon : ENS
ditions, 2003, p.5.
56
selon les pays, et produisant des ralits diffrentes qui toutes, leur manire, traduisent
ltonnant succs de ces formes.
Toutefois, face aux nombreuses difficults quelles ont engendres, certains considrent que la
seule alternative leur manque durbanit est leur destruction pure et simple et reprennent
paradoxalement leur compte le principe de la table rase, lui mme lorigine de la construction
des grands ensembles.
Dautres au contraire trouvent quils jouissent de qualits morphologiques indniables ainsi que
dune certaine valeur patrimoniale, dun point de vue raisonn, cette approche apaise et surtout
raliste quant aux options qui soffrent pour le renouvellement des grands ensembles considre
quils sont porteurs datouts quil est ncessaire dexploiter pour en faire le support de nouvelles
formes durbanisation et des quartiers part entire intgrs la ville.
Pour ce faire, le grand ensemble doit se reconstruire sur lui mme et se transformer.
Ainsi, la lumire dune histoire qui peut contribuer viter de reproduire les erreurs passes et
aider la dcision, des choix contemporains simposent : intgrer, rnover, remodeler ou au
contraire dmolir, quel est lavenir des grands ensembles?
Ces annes de dveloppement grande chelle, domins par lesprit de dfi, ne sont pas
trangres lhistoire rcente du pays ; lultime exprience accomplie par lAlgrie remonte la
veille de lindpendance, au fameux programme de reconqute du plan de Constantine.
Ce plan durgence tmoigne de la disponibilit dun modle de production du logement pour le
plus grand nombre qui sera repris aprs lindpendance pour faire face une pnurie de
logements sans prcdent dans lhistoire du pays.
58
BENATTA.F. Lappropriation de lespace Alger aprs 1962, Alger : SNED, 1978, p.92
En effet, dans la cit Climat de France ralise en 1954, larchitecte Fernand Pouillon conoit la
ville comme un rseau despaces publics aux ambiances diffrentes auxquels il doit donner une
forme, les immeubles doivent tre disposs de faon dfinir ou contribuer dfinir un espace
public, de fait la perception de limmeuble et celle de lespace public se confondent et
sharmonisent.
59
Cette cit possde une diversit despaces urbains et une cohrence entre lespace bti et lespace
public absolument remarquables.
Dans le mme esprit, dans la
cit La Concorde ralise en
1956 Alger, les architectes
Daure
et
Beri
crent
une
Le bti est implant de manire former un espace public dlimit permettant ainsi une diversit
dans le traitement et lutilisation de lespace.61
62
DELUZ.J-J. Lurbanisme et larchitecture dAlger, aperu critique, Wavre : Mardaga, 1995, p.161.
BENATTA.F, op. cit., p.96.
64
OUAGNI.Y. Algrie, les signes de la permanence. Rome : Centro analisi progetti, 1993, in Les cahiers de
lEPAU, n7-8, Octobre 1998, p.95.
65
FOURA.Y, op .cit., p.192.
63
aux
populations
avec
ces
2000
bains
publics,
mosques .. .etc.
Le cas de la cit La Concorde
Birmandrais
cite
plus
haut-
DELUZ.J-J, loc.cit.
MEGHRAOUI.N. Quel habitat pour lAlgrie : production-conception-ralisation., Doctorat en architecture et
Urbanisme, Constantine : Universit Mentouri de Constantine, Avril 2004, p.15.
67
particulirement les grandes villes du nord. Reprsentant peine 25% en 1962, le taux
durbanisation est pass 41% en 1978 (7.095.000 habitants) 68 . En 1980, le taux
atteignait les 44%, de l sont nes les premires disparits rgionales.
3) La croissance dmographique : Avec un taux daccroissement naturel de 3.2% par an
(lun des plus levs au monde), les consquences sont directes sur la crise de lhabitat.
4) lhabitat, une non priorit : Les autorits ont complaisamment compt sur lexistence
dun parc de logements disponibles aprs le dpart des colons europens pour reporter
la mise en place dune politique de lhabitat. Ce secteur na pu bnficier que de
ressources trs limites dans la structure des investissements publics. Entre 1966 et
1977, les rythmes des ralisations de nouvelles habitations par rapport aux prvisions
t faible dautant plus que les objectifs taient largement au-dessous des besoins en
logements du pays. Sur 400.814 logements programms 138.535 ont t livrs soit
34%. Estim 600000 logements en 1966, le dficit sest accentu danne en anne
pour passer environ 1.5 million en 1977 69
68
69
Ibid. p.16.
Ibid.
action dans ce secteur . 70 Pour ce faire, le recours une politique planifie des actions
entreprendre apparaissait comme la panace pour concrtiser ces objectifs, cette politique
sillustre par quatre plans nationaux de dveloppement :
un plan triennal 1967-1969
deux plans quadriennaux 1970-1973 et 1974-1977
un plan quinquennal 1980-1984
Nanmoins, et ne pouvant ignorer plus longtemps la situation prcaire-en termes dhabitat- dans
la quelle se trouvait des milliers dalgriens, quelques initiatives balbutiantes ont vu le jour dans
lattente dhypothtiques succs engags par la gestion administre du pays.
De 1962 1969 sous la houlette de la commission interministrielle de lhabitat cre en 1965,
les efforts se sont concentrs sur la reprise et lachvement des chantiers du plan de Constantine
abandonns par les colons et qui reprsentaient 38.000 logements urbains et 4.000 logements
ruraux avec des taux de finition variant de 3 65%.71
La construction de nouveaux logements a t sans cesse diffre afin que les efforts et les
moyens puissent tre concentrs sur la ralisation de projets directement productifs. En
dautres termes, le dveloppement en Algrie, cest dabord et essentiellement, la mise en uvre,
de manire cohrente, dans le cadre dune politique planifie, des actions ncessaires pour
parvenir concrtiser les objectifs historiques que le socialisme, se propose datteindre 72
la veille du premier plan national de dveloppement de 1967, le surpeuplement des habitations
et la prolifration de bidonvilles constituaient la triste ralit des conditions de vie des
populations.
Daprs les recensements gnraux de la population et de lhabitat des annes 1966 et 1977, le
taux doccupation par logement na cess de crotre au fil des ans pour passer de 6.77en 1966
7.4 voire 8.5 personnes par logement en 1977.73
Lhabitat a commenc faire lobjet des proccupations des pouvoirs publics partir du
deuxime plan quadriennal (1974-1977). Lindustrialisation du btiment permettant des gains au
niveau des cots et surtout des dlais, a trouv un cho favorable au regard de la situation
durgence laquelle le jeune tat algrien tait confront.
Malheureusement le manque dtude dadaptabilit et de prparation des choix, qui
caractrise la dmarche qui a prvalu et qui a consist importer toutes les technologies
disponibles sur la march mondial (mme celles qui nont pas fait leurs preuves), ont fait de la
construction nationale un vritable laboratoire. 74
En effet, les pouvoirs publics ont fait appel une conception et des techniques de
prfabrication et dindustrialisation du btiment importes. Les socits nationales ou trangres
qui taient charges de leur production utilisaient donc des procds de prfabrication lourde
et /ou lgre pour rpondre aux commandes.
Sur le plan technologique, le choix est marqu par la mcanisation de certaines oprations sur le
site de construction (substitution du coffrage-tunnel compos de tables et de banches, au coffrage
traditionnel, matriels de transport et de levage .) et la fabrication en srie dlments de
construction.
Sur le papier, lon comptait produire (car il sagissait bien de produits) 300.000 logements avec
une moyenne de 60.000 logements/an- dans les faits, les retards saccumulent et mme avec le
concours de compagnies trangres, seulement 15.000 logements par an arrivent tre livrs.75
En dpit des efforts dploys, le bilan est plutt maigre. Si lors du 2me plan quadriennal
1974-1977 le nombre de logements programms sest relativement amlior (402 814
logements), par rapport au 1er plan triennal 1967-1969 ; les ralisations nont pas t la
hauteur des prvisions (138 535 logements), dautant plus que les objectifs taient largement au
dessous des besoins en logements 76 . A la fin de lanne 1977 ; le taux de ralisation des
programmes, cest--dire le ratio logements achevs /logements inscrits atteignait peine 25%.77
Tableau 1 : Situation du programme de logements en 1977
74
71 768
Logements livrs
30 000
Taux dachvement
24.76%
Taux de livraison
10%
Source : BOUBEKEUR.S.
78
ZUCHELLI.A, Introduction lurbanisme oprationnel et la composition urbaine, Alger: OPU, 1984, p.69.
rsoudre les problmes qui se posent dans limmdiat en matire damnagement des zones
dhabitat nouvelles. .80
La procdure ZHUN tait obligatoire pour toute opration de plus de 1000 logements ou
exceptionnellement pour un groupement de 400 logements et plus. Les zones dhabitat urbain
nouvelles avaient pour principaux objectifs :
1) Dvelopper les capacits daccueil des villes au moyen de :
La ralisation de travaux dinfrastructure ;
Le reprage de terrains adapts lurbanisation lintrieur du primtre urbain ou
dans les zones dextension prvues par le dispositif dexcution du PUD court et
moyen terme ;
Les dblocages des oprations foncires ;
2) Coordonner la planification des investissements notamment ceux inscrits dans le plan de
modernisation urbain (PMU) concernant :
Les infrastructures (VRD) ;
Les superstructures (quipements de niveau urbain et daccompagnement de
lhabitat) ;
3) intgrer les oprations dhabitat lenvironnement urbain existant par :
une judicieuse utilisation des quipements projets ;
la recherche de solutions qui puissent optimiser les relations fonctionnelles :
dplacements vers les zones dactivit, accs aux loisirsetc. ;
une programmation des infrastructures qui prend en compte aussi certains besoins des
zones limitrophes ;
4) la recherche de solutions aux problmes du nouvel espace socio-physique algrien :
sagissant de la conception urbanistique et architecturale, rechercher des solutions
qui peuvent tmoigner dun murissement progressif des rponses possibles aux
problmes du nouvel espace algrien. 81
Nayant quun statut directif, le Plan dUrbanisme Directeur (PUD), ntait pas assez prcis dans
lintervention urbanistique, il fallait donc faire appel un autre instrument durbanisme
oprationnel qui veillerait la ralisation de vastes programmes dhabitat dans des dures
optimales.
80
81
Pour plus defficacit, la procdure des ZHUN suivait des principes prcis dlaboration et pour
plus de rapidit et de rentabilit, elle faisait appel des techniques modernes de prfabrication.
Les ZHUN constituait lapanage de ltat dont lunique proccupation tait la quantit, occultant
ainsi toute participation des habitants.
2.2.5.2. Principes dlaboration des ZHUN
Les ZHUN constituaient un cadre organis pour les tudes architecturales et elles devaient
permettre aux dcideurs de procder rationnellement linscription des programmes, le choix
des terrains dassiettes ..etc.82
De fait, les ZHUN sont le fait de plusieurs maitres douvrage selon la nature du chantier, chacun
dans son aire dinfluence : ministre de la sant pour un hpital, Office de Promotion et de
Gestion Immobilire (OPGI) pour le logement.etc.
Quant aux tudes, elles incombent plusieurs maitres duvre. Cependant, elles faisaient partie
des prrogatives de la CADAT, qui tait charge des tudes des ZHUN pour lensemble du
territoire (selon les dispositions arrts par la circulaire n336 du 19 fvrier 1980)83, plus tard, le
Centre National dEtudes et de Ralisations Urbaines (CNERU) devait prendre la relve aprs sa
dissolution.
Le CNERU prend en charge les tudes et les propositions du PUD et de toute nouvelle
orientation pendant que la Direction de lUrbanisme, de le Construction et de lHabitat (DUCH)
soccupe du suivi, de la ralisation et du contrle technique et lgal des projets proposs.
Enfin, la ralisation en est confie des entreprises nationales ou trangres.
Llaboration de la procdure ZHUN suivait toujours le mme schme organique, ce dernier
dfinissait la destination des lotissements et prcisait les voies de communication et les rseaux
divers.
Ltude des ZHUN dbute en gnral par des missions prliminaires, ayant pour objectif la
quantification des besoins urbains et la vrification de lopportunit de la ZHUN : sa taille et le
site possible pour son implantation, ensuite des tudes sont tablies selon trois phases, chaque
phase est conclue par la constitution dun dossier : dossier de cration, dossier damnagement et
enfin dossier dexcution.
82
83
Ibid. p.150.
Ibid.
Ce choix quantitatif reposera sur la production en srie, sur la norme europenne par
lutilisation gnralise du plan type ainsi quune typologie de btiments rectilignes quadrillant
lespace consistant en une succession dimmeubles collectifs de niveaux diffrents (des tours et
des barres). (..) Bien que la programmation intgrt les quipements daccompagnement, la
priorit donne aux logements ainsi que dautres contraintes lies leur ralisation aura pour
consquence de lui donner un cachet de cit dortoir dans un chantier permanent o les
quipements sont insuffisants ou inexistants et o les espaces extrieurs sont des terrains
vagues. 85
Par sa logique de production, la ZHUN tait une procdure fragile, base essentiellement
sur le volontarisme de ltat et un financement intgralement public, elle reprsentait un
quilibre instable expose aux fluctuations de la rente ptrolire ;
Le cadre urbain engendr par cette procdure est mdiocre, en labsence dune identit
architecturale et urbanistique.
Lexclusion des habitants tous les niveaux du processus de production a fait avorter les
projets, car considrs par des pratiques bureaucratiques comme des donnes
dmographiques ;
85
87
88
89
Ibid.
conditions semblent tre runies en vue d'une implication active du promoteur immobilier priv
dans la construction et la matrise d'ouvrage du secteur de lhabitat.90
Cest dans cette optique que le programme quinquennal 2005-2009 a vu le jour, dont lambitionpour le moins optimiste-est la ralisation dun million de logements en apportant une qualit
meilleure tant techniquement quarchitecturalement.
Le bilan des ralisations enregistres fait tat au 30 juin 2006 dun volume de lancement
avoisinant les 68% du programme et dun volume dachvement reprsentant 16% du
programme.91
Laccroissement projet pour la priode 1999-2009, serait en augmentation de 50% par rapport
celui enregistr durant la priode 1988-1998.
Premier effet attendu de cette politique : la baisse graduelle du TOL, en effet il est prvu quil
passe sous la barre symbolique de 5 en 2009 pour atteindre le niveau moyen de 4.87 en prenant
en considration lachvement du programme .92
Graphique1:Evolution du TOL de 1966 2009
7,9
8
7
6,4
6,1
5,7
4,87
5
4
TOL
3
2
1
0
1966
1977
1987
1998
2009(prv)
Source : Boubekeur.S
90
CRASC, op.cit.
BELBACHA.C, op.cit., p.17
92
Ibid. p.18.
91
Il est intressant de remarquer que malgr un objectif affich des pouvoirs publics damliorer
les conditions de logements des populations en termes de qualit architecturale et urbanistique
sentend-, le discours officiel sattache toujours marteler
AMIRCHE.M, La question des espaces urbains publics dans les grands ensembles Constantine.
Magistre en architecture et urbanisme, Constantine : Universit Mentouri de Constantine, 2000, in H.MEBIROUK,
A.ZEGHICHE, K.BOUKHEMIS, Appropriations de lespace public dans les ensembles de logements collectifs,
forme dadaptabilit ou contournement de normes ? , Norois, [En ligne], 195 | 2005/2, mis en ligne le 07/08/ 2008.
94
95
ZERDOUMI-SERGHINE.Y. Lappropriation des espaces publics de proximit dans les grands ensembles
Constantine., la gestion en question, Magistre en Architecture et urbanisme, Constantine : Universit Mentouri
de Constantine, 1996, in AMIRCHE.M, et al., op.cit.
ignores,
prsentent
une
organisation globale, abstraite car souvent non rapporte au contexte et caractrise par une
absence darticulation relle aux niveaux infrieurs qui strilise les possibilits de croissance
et dappropriation ultrieures 96.
La politique des ZHUN a donn naissance une forme durbanisation o la primaut
des fonctions circulatoires a engendr un surdimensionnement des voies, et gnralement
une sparation par niveaux des voitures et des pitons qui constituent la fois un obstacle
lvolution de ces espaces en vrais tissus urbains, et une source de dpenses ou de conflits entre
partenaires multiples : communes, organismes bailleursetc.
Le dnuement de leur conception face aux attentes des habitants et leur inadaptation aux besoins
de ces derniers en partie pourquoi ce modle fait lobjet de vives critiques.97
La mauvaise qualit des btiments construits trop vite et bas prix sous la pression de lurgence,
linadaptation des logements aux modes de vie, la rptitivit et la pauvret des formes et des
matriaux ont men la condamnation de la barre et du bton98. Ces problmes communment
poss par les grands ensembles touchent donc galement les ZHUN mais avec plus dacuit.
Ce cadre de vie nglig et cette illisibilit du paysage urbain ont contribu altrer durablement
limage que se font les habitants de leur cadre de vie.
96
SABLET.M.de, Des espaces urbains agrables vivre : places, rues, squares et jardins. Paris : Le Moniteur,
1991, in H.MEBIROUK, et al., op.cit.
98
MANGIN.D, PANERAI. Ph, Le temps de la ville, lconomie rsonne des tracs urbains, 1988, in
H.MEBIROUK, et al., op.cit.
daustrit et dune certaine immobilit), et de cohrence. Mais en ralit, la ZHUN expose une
physionomie radicalement diffrente. Elle donne une impression de dsordre urbain, despace en
chantier (inachev), despace flou tant dans sa dlimitation physique (limites incertaines,
extensibles, incontrlables) que dans ses caractres (o sentremlent des formes durbanit et de
ruralit, et des lments de centralit et de marginalit).
Parmi les autres caractristiques reconnaissables, on ne peut pas ne pas citer la dgradation
avance du cadre bti (dlabrement d au mauvais entretien des immeubles) et non bti, et
linsalubrit des lieux. La prsence damas dordures et de dcharges sauvages proximit des
immeubles, la stagnation des eaux mnagres dverses lextrieur, lcoulement des eaux
uses mme la surface faisant irruption partir des vides sanitaires ou de canalisations
extrieures dgouts ventres, sont autant de facteurs qui dgradent chaque jour un peu plus le
rapport de habitants leur cadre de vie .
Limage des ces ZHUN est dautant plus repoussoir que les espaces vagues et dnuds
constituent le seul horizon pour des habitants indiffrents. Par ailleurs, on remarque que les
espaces extrieurs se transforment en
lt 99. Avec linvasion du bton, la part de la surface verte est fortement rduite. Labsence
et/ou la dgradation des panneaux de signalisation et du mobilier urbain viennent accentuer le
caractre dsolant du cadre de vie des habitants des ZHUN algriennes.
99
et de liens entre les objets btis .Les units dhabitation (barres et tours) sont parpilles et ont
une densit de population trs leve. 100
De fait, les btiments prsentent pour la plupart dentre eux des infiltrations, les murs de faades
sont lpreux et les peintures dfraichies.
Les diffrents rseaux eux aussi prsentent des signes patents de dgradation, la voirie est le plus
souvent dfonce cause de la mauvaise excution, les rseaux dassainissement non adapts
une charge de population dpassant de loin les chiffres de prvisions sont priodiquement
et laisss tels quels.
Le mobilier urbain, lorsquil existe fait lobjet doutrages rpts (dgradation, tags..etc.)
La rapidit dexcution, lconomie dans le financement, la qualit mdiocre des matriaux
utiliss et la primaut de la quantit sont autant dattributs qui caractrisent les modalits dans
lesquels les ZHUN ont t produites et qui ont finalement favoris le vieillissement prmatur de
ces cits.
2.3.3. Une gestion dfaillante et disparate
La gestion du parc de logements constitu depuis lindpendance a elle aussi connu diffrentes
phases au gr des changements de politiques, globalement ingale et diversifie cause
notamment de :
Une maitrise douvrage assure (jusquen 1988) par des structures pour le compte des
organismes auxquels la gestion de ce patrimoine revient en dernier ressort.
Plusieurs transformations, visant lunification des structures et des rgles de gestion ont
t opres dans les statuts des organismes gestionnaires.
Cette instabilit dans lorganisation et le fonctionnement de ces structures est lune des causes du
dsquilibre constat dans le dveloppement du secteur de lhabitat.
A partir de 1962, la gestion du patrimoine immobilier public a t assure par environ une
centaine dorganismes composs essentiellement de :
100
Coopratives dHLM
Socits conventionnes
Cette gestion diversifie a engendr des consquences ngatives et ont pouss les pouvoirs
publics prendre plusieurs mesures visant unifier progressivement cette gestion au sein dune
seule structure.
Cest ainsi qu partir de 1976, la gestion du patrimoine immobilier a connu plusieurs rformes
notamment avec la dissolution des offices HLM et la cration des OPGI par lordonnance
n76 /93 du 23 Octobre 1976.
Lgrement attnue, compare la situation avant 1976, une diversit de gestion existait encore
cette poque. Cette diversit tait constate notamment sur le plan des rgles et mcanismes de
dtermination et daffectation des ressources tires des loyers.
Les rformes se sont donc poursuivies et partir de 1985, il a t dcid de transformer les OPGI
en tablissements caractre conomique dans le but de soustraire ces structures des
contraintes administratives rigides. Cest ainsi que la maitrise douvrage des programmes de
logements a t transfr aux OPGI.
Aprs quoi, partir de 1991, les OPGI ont connu successivement la libration des loyers des
locaux usage autre que dhabitation, la promulgation en 1997 dun dcret entrinant la vente
au prix coutant des biens immobiliers usage dhabitation, et enfin la mise en uvre dun
nouveau rgime des loyers des logements mis en exploitation aprs 1998.
Lobjectif des mesures les plus rcentes dmontre une volont affiche des pouvoirs publics de
transformer progressivement les organismes bailleurs en structures commerciales.
Si les diffrentes actions entreprises par les pouvoirs publics ont permis denregistrer une
amlioration sensible de la gestion immobilire, lquilibre en matire de financement na t
que prcaire.
Ce dsquilibre constat en matire de financement du logement social a donc servi dargument
la volont de ltat de privatiser le parc de logements sociaux et introduire une gestion prive
en lieu et place dune gestion publique.
De fait, la promulgation en date du 07 Fvrier 1981 de la loi 81/01 portant cession des biens de
ltat constitue un vnement important dans la gestion des biens immobiliers du secteur public.
Cette loi, qui a t suivie par une batterie de textes modificatifs et complmentaires, tait
prsente comme un moyen permettant la mobilisation de lpargne des mnages pour financer
de nouveaux programmes de logements.
La ralit sur le terrain est tout autre, elle se caractrise par :
Conclusion :
Ce survol historique et chronologique des tenants et des aboutissants dune problmatique aux
interfrences diverses et complexes qui a lentement mais surement faonn limage de lhabitat
de masse apparaissait comme une ncessit, contribuant ainsi mettre en lumire les causes
profondes du mal qui le ronge.
En effet, la question de lhabitat en Algrie est intrinsquement lie son histoire, des premires
expriences du mouvement moderne aux dernires oprations de communication dun pouvoir
en qute de lgitimit (le dernier plan quinquennal) en passant par les ralisations du plan de
Constantine et lpisode dramatique des ZHUN , elle est reste de manire rcurrente sur le
devant de la scne, ltat sest donc vu oblig de trouver des solutions renouveles tout au long
de lvolution de sa politique conomique et sociale.
Partant du statu quo des premires annes postindpendance et arrivant 'la nouvelle politique
de l'habitat'', les rformes successives et conjugues en matire d'habitat et de stratgies urbaines,
ont favoris l'mergence de nouveaux espaces urbains constitus pour l'essentiel de logement,
alors mme que les demandes de logements se sont multiplies.
Aujourdhui encore, la stratgie applique dans la conception et la ralisation du logement de
masse est la mme que dans les ZHUN des annes soixante-dix, ce qui en fait une question
dactualit de la plus haute importance.
Par ladoption du modle urbain des grands ensembles, lon a homognis sur un plan formel le
paysage urbain (.) si nous regardons nos priphries ,que ce soit au nord ou au sud, lest
ou louest ,nous pouvons affirmer que nous avons ralis notre unit nationale , en effet en
traversant le territoire national, on na aucune impression davoir voyag. Tout le paysage
urbain est le mme 101
101
mmes maux tant dans leurs manifestations que de leurs dterminants. Dsormais, ils marquent
dune empreinte indlbile le paysage urbain algrien cest pourquoi il est urgent dorienter la
rflexion sur les moyens dintervention afin dendiguer le phnomne de dqualification et de
dgradation dont ils souffrent.
la
rhabilitation ,
le dsenclavement ,
la
avoir
examin ce que recouvre ce nologisme et tent den dterminer les enjeux sous-jacents.
Comment dfinir le concept de rsidentialisation ? Dans quel contexte a-t-il merg ?
Quelles sont ses origines ?
et dfenseurs
DAUNE.F, in BACQUE.M-H, FOL.S. La cit Salvador Allende, Saint-Denis . Urbanisme, NovembreDcembre 2002, n 327, p.21.
103
En Europe notamment
104
Architecte et urbaniste franais
le statut des diffrents espaces et leurs modes de gestion 105 . On comprend l que le terme
a une forte connotation spatiale et quil est en rapport avec les domaines du foncier et de
gestion. Il renvoie surtout lide de clarification du statut des espaces.
Ce serait plus prcisment laction par laquelle on tablit ou on retrouve une
distinction claire et opratoire entre lespace public et lespace priv 106. La rsidentialisation
semble en effet se distinguer des modes opratoires antrieurs de requalification des grands
ensembles par la volont de donner des statuts juridiquement clairs, public ou priv
donc, aux espaces extrieurs, en intgrant dsormais leur matrise foncire et en
procdant des dcoupages parcellaires qui rorganisent la domanialit et tablissent
des espaces entre les immeubles et les espaces publics ou rues crs 107
La rsidentialisation se traduit essentiellement par des actions composante spatiale : une
sectorisation de lespace, une redfinition des statuts et usages des espaces extrieurs ainsi
que des modes de gestion qui sy rattachent . Elle cherche amliorer lidentification de
lespace public, clarifier les domanialits, et recompose ces quartiers monolithiques en
petites rsidences.
Cest aussi une rflexion sur un quartier et son fonctionnement afin de crer des units
rsidentielles plus restreintes et redonner aux habitants limpression dtre chez eux . Il
sagit donc dune recherche de lappropriation des espaces collectifs privs par les rsidents,
permettant un contrle social et un partage des rgles collectives dusages des espaces.
Ses objectifs sont finalement trs larges si on croise les diffrentes approches. Elle chercherait,
en plus de clarifier les statuts, amliorer la scurit et crer des relations de voisinage moins
anonymes et plus harmonieuses lchelle de lunit rsidentielle, chelle laquelle on cherche
dvelopper une identit propre chaque rsidence.
Ses grands principes sont fragmenter, dsenclaver, diversifier, paysager et hirarchiser. Cest
dans ce cas une action globale touchant au spatial, au paysage, lurbain dans ses diffrentes
composantes.
105
Circulaire franaise UHC/IUH2 /6 n 2003-21 du 21 mars 2003 relative la mise en uvre de la politique du
logement la programmation des financements aids de lEtat pour 2003, in SINGET.A, MARTIN.S, et al., La
rsidentialisation. Lyon : CERTU, 2009, p.8.
106
DURAND.D, BASTIDE.C, De la cit la rsidence, Repres pour la rsidentialisation, Paris :
UNFOHLM/USH/PUCA, 2004, in BERNIER.N, op.cit., p.43.
107
MOLEY.C, Les abords du chez-soi : en qute despaces intermdiaires, Paris : La Villette, 2006, in
GONIN.J, op.cit., p.23.
diagnostic mettant en lumire des difficults , suivi dun projet de requalification urbaine et
enfin une concertation avec les habitants pour permettre des ajustements.
La rsidentialisation est-elle novatrice voire rvolutionnaire? Certains y veulent voir une
vritable innovation. Dautres ont une position plus mesure : ni confortation ni
bouleversement, ce serait simplement une nouvelle voie.
Faire voluer le grand ensemble en le banalisant :
La rsidentialisation traduit une dmarche rpondant au souci dabolir ce qui distingue
les grands ensembles dhabitat social du tissu urbain banal : fractionner de grands
btiments en petites units rsidentielles, diffrencier les fonctions et les statuts des
espaces et raffirmer les limites entre le sol municipal vocation despace collectif et le
foncier priv lusage plus individuel dune entre, dun immeuble ou dune unit de
voisinage 109. Ce serait alors une dmarche de retour en arrire, de retour la ville classique,
en quelque sorte de raction. On serait alors loin de linnovation.
En effet, la mise en uvre de la banalisation des grands ensembles fut appele de leurs vux
par les professionnels ds le dbut des annes quatre vingt dix110.
Philippe Panerai est le plus ardent dfenseur de lide de retrouver le jeu banal du tissu
urbain . il dveloppe lide que lenjeu fondamental pour les grands ensembles est leur
capacit dvolution dont la rponse dpend de notre capacit crer un tissu urbain
et passer du btiment au lot 111. Pour lui, il est ncessaire de penser le btiment habit et le
territoire qui lui est associ comme bases du concept dunit rsidentielle() le lieu dune
action collective et le cadre de transformation du bti, consquence de son appropriation 112.
Ce serait alors une mutation et une anticipation.
Si lon a autant de mal saisir ce que recouvre le concept de rsidentialisation cest quil est le
fruit dinfluences multiples.
3.1.1. Lmergence du concept : Un croisement dinfluences
108
Au cours des premires oprations de rhabilitation quont connu les grands ensembles vers le
milieu des annes soixante-dix en Europe (particulirement en France avec le programme
Habitat et Vie sociale113). Le regard tait essentiellement port sur les logements et non sur
lespace commun. Lamlioration des espaces extrieurs se rduisait la cration de nouveaux
quipements. Cette politique fut surtout celle des organismes bailleurs, sans forte implication
des communes. Lobjectif tait essentiellement un changement dimage 114 , par la mise en
couleur des faades, la ralisation de fresques, etc.
Face au relatif chec de cette politique, laction et la rflexion se sont concentrs plus tard,
plus sur lespace que sur le bti. Les programmes suivants intgreront une reprise de lespace
public mais avec une approche formaliste et toujours le mme objectif dimage.
Il sagissait de redonner aux espaces traits leur fonction symbolique travers la qualit
architecturale 115.
Ces oprations esthtiques et symboliques furent rapidement remises en cause. Est ensuite
apparue la ncessit dentreprendre des actions plus globales et radicales visant transformer
le cadre de vie et le mode dorganisation spatiale des quartiers. Les actions ont t prsentes
comme de la requalification urbaine, montrant ainsi une volont dinsuffler de la qualit l
o il ny en avait pas, dagir sur les images, les reprsentations et les charges symboliques
attaches ces quartiers.
Les projets se concentrrent ainsi sur la transformation de lorganisation spatiale des quartiers.
Le discours dominant jusqualors, celui du dsenclavement , a peu peu laiss la
place celui de sectorisation. On parlera toujours de diffrencier les espaces mais
laccent est progressivement mis sur la dlimitation des espaces privs 116 et le dcoupage
despaces protgeant les immeubles.
La rsidentialisation est laboutissement dune succession de revirements dans les
interventions sur les grands ensembles. Cette volution semble tre le rsultat dinfluences
croises, la fois dune monte de la proccupation scuritaire et de lindividualisme, de la
remise en valeur de la notion despace public et du retour en grce de la ville classique.
3.1.1.1. Lmergence dun urbanisme scuritaire
Une mise en pratique de lespace dfendable
113
ensembles120.
Une influence plus complexe
Linfluence directe des auteurs anglo-saxons est aujourdhui remise en question. Elle nest
en effet pas forcment dmontre. Cette influence est sans doute indirecte via les
rsidences scurises sur le modle des gated communities amricaines ralises par les
promoteurs privs121. Lobjectif de scurisation apparat en tout tat de cause de plus en plus
prgnant. Et la proccupation de la scurit semble bien lorigine de la plupart des oprations
de rsidentialisation.
La question de scurit a pris une place grandissante dans le dbat sur les grands ensembles et
les zones urbaines sensibles. Aprs une premire priode de la politique de la ville, pendant
laquelle la fusion entre dveloppement
social
des quartiers et
la prvention de
la
dlinquance fut envisage, puis une seconde priode marque par une marginalisation de la
prvention au sein de la politique de la ville, la question de la scurit sest rcemment
autonomise, notamment avec la mise en place en France et en Allemagne des Contrats
117
locaux de scurit (CLS), devenus un volet des Contrats de ville 122. La scurit est donc
revenue en force, dans le dbat politique comme dans les actions menes.
Mais paralllement cette monte en puissance de lurbanisme scuritaire, dautres
courants se sont imposs au sein de la cration architecturale et de la pense urbanistique.
Lmergence de la notion d espace public et de la clture
Aujourdhui le discours des professionnels est pour une large part ax sur laffirmation du
public : la requalification des espaces publics, la reconstruction dquipements publics, la
revivification des services publics 123. Le retour lespace public conventionnel et lurbanit
doit passer selon eux par la promotion de la rue borde dun trottoir, le boulevard plant, la
place, qui redistribuent les logements.
De plus, le dveloppement de la clture est aussi considr comme la matrialisation sans
ambigut de la sparation du domaine public et du domaine priv.
Lmergence dune architecture urbaine
Le retournement opr chez la plupart des architectes, partir des annes soixante-dix et
correspondant au choc ptrolier de 1973 et le dbut de lessoufflement des conomies des pays
industrialiss illustre parfaitement la pense de lpoque: la ville prime dsormais sur
logement. Les
vertus
dune
architecture
urbaine, cest--dire
pense
comme
le
partie
122
MARCUS.M, Politique de la ville et scurit urbaine : vers le divorce ? , Urbanisme, Mars-Avril 2002,
n 323, p.42.
123
PANERAI.P, LANGER.J, op.cit., p.7.
124
CASTEX.J, et al. , op.cit. , p.178.
substitues, dans les annes quatre vingt dix , lide despace intermdiaire de larchitecture
urbaine 128, sous linfluence de critiques sur la rduction de lhabitat une simple cellule et sur la
disparition des limites.
La monte de lindividualisme et dune conception personnelle de lhabitat
Le terme de rsidentialisation a t construit partir de celui de rsidence, qui est
caractristique de la commercialisation prive. Lide de rsidence, en tant quimmeuble de
qualit pour les professionnels de limmobilier, est donc une rfrence issue du parc priv
qui est dsormais applique au parc social.
Il faut aussi remarquer que les configurations propres la promotion prive sont
clairement
dentre et jardin de devant. La rfrence la promotion prive, aussi bien sur le plan de la
scurit que sur celui de limage, cache en quelque sorte une mise distance de lespace public.
Il est alors possible de considrer
que
de
125
serait partage entre rsidents, au niveau des pratiques, que comme une reprsentation, pour
eux-mmes et pour linvit, de leur statut privilgi de possdants 131.
Lappropriation de lhabitat serait donc un ensemble de pratiques et en particulier des marquages
qui lui confrent les qualits dun lieu personnel, et certains lieux deviendraient en quelque
sorte partie de soi. La rsidentialisation renvoie probablement aussi ces thories.
Mais au-del du dbat sur ses origines, la rsidentialisation est aussi lobjet de rflexions
sur ses applications pratiques.
131
Ibid.
132
Lon peut distinguer deux ples entre lesquels toutes les variantes sont possibles : les oprations
menes par les organismes bailleurs dans lobjectif est de scuriser leur patrimoine et dviter
des circulations. En effet, une grande partie des oprations menes a consist essentiellement
fermer des passages.
linverse, les oprations menes conjointement par les Villes133 et les bailleurs manent plutt
de projets urbains. dans ce cas, on travaille dabord sur lespace public avant de sintresser
lespace priv alors que dans lautre registre, cest dabord lespace priv quon requalifie et, si
certaines conditions sont runies, on sattelle lespace public.
Entre ces deux ples, on trouve tout ce qui va tre fait avec les habitants dune part et les
gestionnaires de lautre. L encore, les pratiques peuvent varier normment. Dans le premier
cas, on essaiera de crer des espaces que les gens pourront sapproprier, pour y faire par exemple
des jardins privatifs, tandis que, sur une logique de scurisation, on fera plutt de lamnagement
paysager, avec un recours parfois exagr aux grilles de telle sorte que les habitants passent par
le seuil mais sans sy arrter, dans un souci de rationaliser les circulations qui nest pas toujours
bien vcu.
133
voire
plusieurs
immeubles) ;
la cage descalier.
limmeuble
(notamment
pour
un
de
combiner
ces
diffrents
Certains ont rflchi la taille optimale de lunit rsidentielle, en prenant en compte les
objectifs de sociabilit, dappropriation et de gestion : une chelle de 50 120 logements
favorise la constitution dune identit collective de voisinage 135.
Pas de taille idale donc mais il semble que les petites units rsidentielles prsentent
beaucoup davantages. Mais ce constat se heurte souvent des situations difficilement
traitables, tel point que beaucoup ont avanc lide que la rsidentialisation ne pouvait
pas tre applique sur tous les grands ensembles.
3.3.2. La rsidentialisation doit tre adapte chaque situation
Ce leitmotiv est rcurrent chez la plupart des acteurs. Il nexiste aucune recette applicable
quel que soit le quartier, la ville ou encore le pays. Les bailleurs sociaux tiennent un discours
similaire.
Chaque projet doit sadapter un contexte urbain prcis : hauteur des immeubles,
implantation de ceux-ci par rapport la voirie, espaces amnageables disponibles, etc. Il
134
semble surtout essentiel de revenir sur les enjeux de chaque opration, mais la difficult
rside dans la multiplicit de ces derniers, lie aux logiques souvent diffrentes des acteurs.
Le dimensionnement rsidentiel est souvent alatoire car il rpond des logiques trs instables
et parfois excluantes, par exemple un projet urbain bas sur une trame viaire et la gestion urbaine
conduit au primat de la sectorisation du gardiennage et du fonctionnement social idal li au
nombre de logements. Les premires valuations, qui sont surtout le fait des bailleurs, sont
bases sur des indicateurs techniques (taux de rotation, taux de vacance) et des enqutes
auprs des habitants. Tous les enjeux ne sont pas forcment pris en compte. Les enjeux, bien
que contradictoires, doivent tre mls, sinon le risque dinadaptation est trs grand.
une modification
et
une
adaptation
de
la
gestion
de
proximit
apparaissent plus que ncessaires. La rsidentialisation est loccasion de remettre plat cette
gestion, tant au niveau de loffre de service que de lorganisation.
Rsidentialisation et gestion sont intimement lies. La rsidentialisation constitue une
occasion
de repenser
et
damliorer
la gestion
de
coordination. La GUP a ainsi pour objectif de prenniser les investissements, autrement dit
faire en sorte que ds la conception dun projet dquipement ou damnagement, la gestion
soit prvue 136.
La rsidentialisation est plus frquemment loccasion de renforcer et dajuster une prsence de
proximit ou parfois mme de la mettre en place lorsquelle est inexistante, en partant du
terrain, des petites units de vie et de gestion, en mettant en place une organisation une chelle
plus grande. Le temps du projet urbain permet galement de sortir de lurgence et de prparer en
amont la gestion future, en prenant appui sur la nouvelle organisation des espaces publics et
privs et en valuant aussi les prestations.
Enfin, la gestion urbaine de proximit permet aussi une amlioration rapide et visible de la
situation face la longueur de lattente pour les grands amnagements.
3.4.1. Les effets facilitant de la rsidentialisation sur la gestion
136
LELEVRIER. C, in LACROIX.D. Pratiques de la gestion urbaine de proximit chez un bailleur social. Master en
Urbanisme et Territoires. Paris : Paris XII, 2008, p.21.
Incontestablement, la rsidentialisation produit des effets qui facilitent la gestion des quartiers
sur lesquels elle porte :
La diminution, voire la suppression des problmes dappropriation des parties communes
et du vandalisme qui les accompagne procure des conomies de gestion.
La requalification des lieux (espaces extrieurs et entres des immeubles) amliore
lattractivit des patrimoines et par l la commercialisation des logements rendant
possible des politiques dattribution en direction de catgories plus exigeantes.
La dlimitation des espaces clarifie les interventions des gestionnaires qui sont ainsi
mieux responsabiliss sur la tenue de leurs territoires respectifs.
La satisfaction des habitants est plus forte lgard de leur cadre de vie et les relations
sociales sen trouvent amliores.
spontanment un ordre dusage mais peut gnrer du dsordre, appelant la mise au point de
nouvelles rgles prcisment l o le no mans land antrieur nen ncessitait aucune.137
Au del des questions dusage, la rsidentialisation pose de nouvelles exigences aux
gestionnaires :
La plus grande satisfaction des habitants lgard de leur cadre de vie ne rduit pas leurs
attentes sur la qualit de la gestion mais plutt tendance les amplifier (la qualit
appelle la qualit)
Lentretien et la maintenance des quipements et des espaces rsidentialiss ncessitent
des comptences particulires de gestion spatiale peu prsentes dans la culture
immobilire traditionnelle des bailleurs.
Enfin, la hausse des couts dentretien et de maintenance pose des problmes de prise en
charge par les locataires (si ces couts sont rpercuts en tout ou partie dans les charges
locatives et/ou par les gestionnaires).
137
Id. p.101.
COPPE.G. Autour de Teisseire : un projet qui sinscrit dans la dure , in GEOFFROY.G, ODDOS.E, op.cit.,
p.77.
138
Cest en sappuyant sur ses atouts quen 1995, la municipalit dcide de transformer Teisseire,
les rhabilitations successives avaient montr leurs limites, les institutions se sont donc obligs
inventer. LOPHLM139 est rapidement partie prenante du projet municipal.
La dmarche de conception se dcompose en trois tapes :
En 1996, la ville sassure les services du cabinet Arpenteurs, spcialis dans la conduite
de dynamiques participatives, pour tablir un schma directeur ainsi que des
recommandations urbaines et sociales ;
Lancer une nouvelle opration de rhabilitation ne paraissait pas suffisant au regard des enjeux.
Le mode de travail adopt permet de remodeler le quartier en une dizaine dannes mais
galement de manire durable. A cette fin, Ph. Panerai a reconstitu, immeuble par immeuble, un
parcellaire, qui dans limmdiat comme lchelle des dcennies, favorise lvolution urbaine
par substitution. La cration dunits rsidentielles reprsente laboutissement du processus de
rflexion autour du projet et non son pralable. Le moyen est ainsi donn Teisseire de sortir du
statut dexception que lui confrait sa morphologie foncire pour se transformer par strates,
linstar de la ville banale . En effet, lobjectif premier ntait pas de rsidentialiser mais que
le grand ensemble entre dans le droit commun et se fonde dans la masse de la ville 140, le projet
sest structur autour de quelques grandes ides directrices.
139
Rorganiser la trame viable en ouvrant de nouvelles rues permet de retrouver les principales
directions qui orientent la ville du nord au sud et de crer des liaisons vers les quartiers
limitrophes. Les matriaux et le mobilier urbain sont les mmes que ceux du centre ville :
bordures en calcaire, trottoirs en enrob ou en chape de bton, bancs, fontaines.inscrivent
Teisseire dans la norme Grenobloise. Teisseire est de plus travers par le Fil Vert. Ce
cheminement pour les pitons et les cycles, protg de la circulation automobile. Limplantation
des nouveaux quipements est dfinie de manire conforter cet esprit douverture.
La transformation des espaces extrieurs est loccasion de clarifier les limites et les chelles. Le
continuum indiffrenci est remplac par une succession despaces qui peuvent tre nomms :
place, jardin, square ou cur dilot sont clairement dlimits et dots dune forme identifiable.
Leur statut devient pleinement public grce galement la cration, en regard, de parcelles
prives : les units rsidentielles. Elles associent un immeuble autonome des places de parking,
un jardin collectif destination de lensemble des locataires et des jardins individuels
destination des appartements du rez-de-chausse. Elles sont dlimites par un muret surmont
dune grille de ferronnerie ; mais lentre est libre, sans portail. Elles permettent darriver chez
soi avant le logement pour reprendre les termes de Ph. Panerai. La clture est symbolique et
nenferme pas les habitants. Si elle participe la scurit publique, cest en favorisant
lappropriation et en clarifiant les usages, grce la dfinition systmatique des limites entre ce
qui appartient tous et ce qui relve du domaine des rsidents.
Au del dune relation la rue remodele grce aux units rsidentielles, les logements sont
linstrument dune politique de fond pour accroitre la diversit morphologique et sociale du
quartier. Afin dviter les actions brutales, parti est pris de dmolir le moins possible. Les
dmolitions ne dpassent pas donc 20% du parc et sont rserves aux impratifs de maillage
urbain. Par ailleurs, la rhabilitation des logements est systmatique : extensions de cuisine,
cration de terrasses, changement de menuiseries, rfection des enduits sont autant
damliorations du confort et de limage du chez soi. Les constructions neuves permettent
dintroduire de nouveaux types btis Teisseire comme des petits collectifs de quatre ou dix
logements, ou des maisons familiales en bande. Certaines oprations sont mises sur le march de
laccession aide ou de laccession libre de manire attirer une population nouvelle.
La diversification de la population est encore renforce grce une opration connexe, la ZAC
Teisseire/Jeux Olympiques qui, outre un parc dun hectare, accueille 320 logements en accession
la proprit et 80 logements sociaux. .
Cest au cours de ces deux premires annes que se dessine, partir des enseignements de ces
initiatives, un dispositif dinformation et de concertation prenne.
Depuis 2001, le dialogue est plus structur et se recentre sur des modalits prcises, modules en
fonction de lchelle du projet en cours. Une anne environ avant le dmarrage des travaux de
chaque immeuble, une enqute sociale est mene porte porte en vue de recueillir les attentes
des habitants sur la rhabilitation de leur logement. De trois cinq rencontres sont ensuite
organises lchelle de chaque immeuble pour prsenter le programme de rhabilitation et de
cration de la future unit rsidentielle. Les runions lchelle de lilot (regroupant de quatre
sept immeubles) traitent de la mise au point de lamnagement des espaces publics de proximit.
Enfin une grande runion fait le point deux fois par an sur lavancement des travaux de
lensemble de Teisseire. La ville et les bailleurs organisent ces runions en troite collaboration.
A partir de 2005, les enjeux de gestion de la rsidentialisation impliquent une monte en charge
du rle des bailleurs dans la participation. Au-del de la question du remodelage des espaces, la
requalification de Teisseire est en effet un projet de gestion. Cre des units rsidentielles dun
cot et des espaces publics identifiables comme tels de lautre, permet de clarifier les
responsabilits respectives des bailleurs et de la ville.
Une douzaine dannes aura t ncessaire pour renouveler physiquement Teisseire. Au fil du
temps la cit est entre dans le fonctionnement banal de la ville. La scurit et lagrment
retrouvs des espaces publics et le tmoignage des habitants, constituent les premiers indices
dune russite.
3.5.2. La Thibaude: une dmarche de requalification pour toute la ville
Le quartier de la Thibaude Vaulx-en-Velin prs de Lyon a t jug prioritaire dans le cadre de
la mise en place du GPU en 1994. Un projet urbain a t labor pour rpondre aux
problmatiques du secteur, en intgrant plusieurs dimensions. La rsidentialisation a t un des
points forts du projet.
des espaces extrieurs ,manque de lisibilit des fonctions des diffrents espaces,
quartier rsidentiel ,prsence dun groupe scolaire dans le quartier ,local
collectif rsidentiel au cur du quartier ,destin accueillir des animations
associatives ou des ftes familiales.
Restructuration
stationnement
du
stationnement :
surleves
dmolition
(stationnement
en
des
dalles
surface
de
+boxes
chantier a galement t missionn par la Maitrise dOuvrage pour veiller ce que le chantier
occasionne le moins de gne possible pour les habitants du quartier.
3.5.2.6. Enseignements et cls de russite :
Une clarification de la fonction des diffrents espaces :
141
amnagements ce qui reprsente un trs bon taux de satisfaction. Les espaces verts, et
notamment les jardins familiaux sont particulirement apprcis et sont porteurs dune image
positive pour le quartier. Les habitants ont nuanc cette satisfaction en jugeant le montant des
charges trop lev.
Le stationnement est jug satisfaisant 50.7%142, la propret des nouveaux parkings et le bon
fonctionnement de lclairage sont trs apprcis. En revanche, le nombre de places de
stationnement est jug insuffisant sur une partie du quartier. Pour rpondre ce besoin nouveau,
une poche de stationnement complmentaire a t ralise depuis lenqute.
141
Source : GOBILLARD.C, La transformation dun grand ensemble, lexprience de la Thibaude Vaulx-enVelin , in GEOFFROY.G, et al., op.cit. , p.99.
142
Idem.
Figure 20 : Aulnay-Sous-Bois, les Merisiers : Le quartier est caractris par une structure polygonale
irrgulire accueillant en son centre, ds son origine, des quipements publics.
Le bailleur, propritaire de 4 400 logements situs de part et d'autre de lautoroute, a construit les
450 logements de l'ensemble des Merisiers ds les annes soixante. Les six btiments R+4 de cet
ensemble forment un hexagone dimension humaine dont le square central est occup par des
espaces verts et des quipements communaux (cole maternelle et primaire, PMI et parc de
jeux).
Trois btiments ont leurs entres depuis
le centre de l'lot ; les trois autres
immeubles sont desservis de l'autre ct,
le long de la voie prive qui fait le tour
de la rsidence et o se trouvent les
parkings.
L'occupation sociale sur ce secteur est
plus ancienne et stable que sur le reste
du quartier et indique la fois une
mixit
des
catgories
Il n'y a pas non plus de problme significatif de suroccupation ou de vacance sur les Merisiers.
Le bailleur tait propritaire de la totalit du foncier et des voiries du site avant les oprations de
rsidentialisation.
s'effectue par badge magntique. Les revtements de sol et l'clairage viennent galement
renforcer cet aspect rsidentiel de l'ensemble.
143
Dnomination franaise dsignant le nombre de pices dans les logements sociaux. (T1 : cuisine+chambre, T2 :
cuisine +2pices)
urbaines,
de
dissimuler
certaines
erreurs
architecturales
difficilement
transformables, et dembellir lespace tout en amliorant la scurit, en crant des limites et des
barrires le plus souvent symboliques et en comblant les espaces labandon et les vides urbains
souvent angoissants.
De fait, globalement, ce sont sans aucun doute, les impacts des ramnagements urbains ou des
constructions ralises qui demeurent aujourdhui les plus visibles et les plus valoriss car ils
contribuent la requalification de limage du quartier.
Les temps forts dans le droulement des projets ont souvent permis-grce aux dispositifs de
participation-de redynamiser la vie sociale. En effet, les actions damnagement relatives aux
units rsidentielles semblent toujours renforcer les liens avec la population car la
rsidentialisation saccompagne dun vritable souci de la faire contribuer la qualit urbaine de
ces quartiers et une sociabilit locale amliore qui contribue garantir la fois le sentiment
dappartenance, de chez-soi, et la participation la vie du quartier de la ville.ela tant, de
manire plus pragmatique, il est possible de reprer quelques facteurs de russite ou
enseignements, tirs de lanalyse de ces projets. Ainsi, si la dmarche semble toujours rpondre
des critres morphologiques, immdiatement apparents, elle se situe toutefois au croisement de
plusieurs enjeux impossibles dissocier. Les cls du succs de ces projets rsident donc dans une
articulation ajuste, en fonction des contextes et dans la dure dactions relevant de ces diffrents
enjeux quils soient de qualit urbaine, de gestion et dusage des espaces ou encore de suret et
de scurit.
Conclusion
Les premires oprations de rsidentialisation avaient pour principal objectif de donner une
identit rsidentielle aux grands ensembles en redcoupant lespace, en assurant de
meilleures transitions entre les espaces privs et les espaces publics et en recrant une forme
durbanit.
Toutefois, ces projets ont connu des destins contrasts, pour les uns retrouvant quelques
caractristiques positives de la ville classique, pour dautres plus dramatiques, jardins grillags
semblables des cours de prison ou pathtiques haies aux pieds d'immeubles. Actions drisoires
qui donnent limage d'un processus qui s'arrte la pose dune barrire.
Cela montre bien quil y a deux aspirations dans la rsidentialisation : dabord, cest le
prolongement dune rflexion sur lamnagement des espaces modernes, lautre axe a trait ce
quon qualifie de faon un peu brutale de prvention situationnelle144 tendant prouver quil
existe un certain dterminisme des formes urbaines autrement dit, que lon peut rduire la
dlinquance aussi par lamnagement.
In fine, il sagit bel et bien damliorer la convivialit, de renforcer le lien social et la scurit et
dassurer une meilleure gestion sur ces espaces partags par les habitants et souvent dlaisss.
144
Concept dsignant une srie de rflexions et dactions menes dans les annes 1980 dans les pays anglo-saxons.
Aujourdhui la rsidentialisation est mise en avant par de nombreux acteurs pour tre une bonne
solution aux dysfonctionnements des grands ensembles. Il existe plusieurs types dautres
rponses, mais dans ltat actuel des choses, elle semble tre la solution la plus viable, car au
travers de la rsidentialisation, il importe de saisir la fabrication dun morceau de ville, au
croisement de nombreuses politiques urbaines et sociales, envisageant un avenir prometteur.
Ce faisant, la russite de ces oprations rside dans la capacit les intgrer dans un projet
densemble de renouvellement urbain conjuguant interventions sur le bti, amnagements
urbains, gestion urbaine de proximit, renforcement de la prsence humaine et participation des
habitants-citoyens.
Plus largement et pour conclure, la rsidentialisation peut tre considre comme un bon
catalyseur dun certain nombre de transformations en cours. Elle oblige repenser lhorizon des
grands ensembles dont un certain nombre de processus participent esquisser la figure, et
conduit sinterroger sur la nature de leur urbanit pour les rtablir dans la considration.
Ainsi donc La rsidentialisation ne doit pas tre une fin en soi mais un levier d'une volution
profonde et durable.
Au-del de limage cliche de cages lapins, le manque de qualits urbaines de lespace des
grands ensembles est plus souvent reconnu comme une consquence que comme un facteur des
carences qui y rgnent. Certes, il convient de ne pas sous estimer les problmes des populations
qui y rsident : chmage des jeunes, inadaptation des quipements socioculturels etc. Mais
les interventions sur lespace engendrent, en mme temps quelles rvlent une revalorisation de
la vie dans les cits et par l, une revalorisation des habitants.
On envisage aujourdhui leur transformation comme un vritable enjeu de la socit urbaine
future ; cest en fait, dautant des projets urbains quil sagit. Chaque cit pose en effet, par son
contexte, sa localisation, son histoire, sa ralit physique et sociale, des problmes spcifiques
dont lidentification, lnonc et la reconnaissance contribuent dj la mutation de ces
urbanisations modernes vers leur deuxime ge.
145
Ibid.
Par une suite dactions ponctuelles mises en perspective sur la longue dure du dveloppement
urbain, une transformation est possible, qui conserve ltat originel et le prolonge :objets , traces
dobjets ,voies, limites , servent le projet urbain en lui fournissant un cadre restructurer au
moyen de destructions , dextensions, de substitutions..La transformation des grands
ensembles passera ainsi par les rgles de formation de la ville o toute intervention procde du
projet sur lexistant, modifiant lquilibre entre lobjet de lintervention et son extension,
fabriquant un nouvel quilibre.
Ces transformations en profondeur marqueront ensuite limage de ces quartiers nouveaux, dont
les habitants se sentiront linstar de leur quartier, rhabilits et par l, revaloriss.
4.2.2. Quelles procdures pour des transformations ?
Le fait dentreprendre des transformations sur les grands ensembles semblent se heurter des
obstacles insurmontables :
Resistance de la forme existante : une forme trop contraignante peut appeler
dimportantes dmolitions, souvent perues comme autant de signes de gchis matriel
et conomique. Un travail de reconstruction peut tre ressenti comme une rnovation
traditionnelle, associe son train dexpulsions, ou encore, une redensification
inacceptable.
Rsistance du mandre des dcoupages fonciers de la maitrise douvrage, qui interdirait
tout redcoupage ou toute liaison spatiale nouvelle
Resistance des administrations, dont les moyens techniques et rglementaires seraient
mal adapts la prise en charge de projets urbains
Rsistance des habitants qui redouteraient une nouvelle forme durbanisme qui leur serait
inflige ou qui les exclurait.
Autant dobstacles qui semblent pouvoir tre levs deux conditions :
Considrer les grands ensembles au mme titre que dautres quartiers de ville et leur
appliquer des procdures similaires bien quadaptes leur spcificit- qui permettraient
la transformation progressive et contrle de ces quartiers autour de projets cohrents et
de volonts sociales.
Appuyer une volont politique sur un large consensus des habitants et des responsables et
sur des scnarii urbains ralistes.
Ces conditions peuvent tre obtenues par la mise en place dun vaste dbat sur le projet humain
et ses enjeux. Ce dbat pourra tre pris en charge par des procdures de consultation informe,
articule autour de questions pertinentes cas par cas , et nourrie dexpriences caractre de
rfrence et dincitation. Quelques questions peuvent ainsi amorcer le dbat, repris par des
dessins, des projets :
A la question faut-il ou non dmolir ? ne faut-il pas rpondre par une autre question : que
dmolir et comment ?, il apparat en effet que la vtust et labandon de certains
btiments, lis aux couts de la rhabilitation, permettent denvisager leur destruction.
Mais lvaluation de la dmolition doit se mesurer lchelle dun projet alternatif. Il est
hors de question de refaire tabula rasa sur le site des grands ensembles, mais de ngocier
la transformation en respectant les enjeux urbains point par point ;
Le projet urbain peut-il devenir support de dbat ? il sagit de proposer un projet urbain
dessin, capable dinformer le dbat, et dtre loutil dune rflexion concerte pralable
aux transformations ; la reprsentation dun problme pos sur un quartier, mise en forme
comme lillustration dalternatives apparat comme une mthode permettant de poser les
enjeux avant toute dcision urbaine ;
Comment concilier la dimension unitaire du projet urbain (repenser le grand ensemble
dans la totalit de la ville) sans figer son volution et la ncessaire fragmentation des
oprations ? des tudes urbaines consquentes et approfondies dboucheraient sur des
propositions de restructuration de quartier en dfinissant des priorits qui feraient lobjet
doprations ponctuelles dont le sens serait li une volont densemble,
Comment ne pas reproduire des rapports entre maitrise duvre et maitrise douvrage qui
enferment les acteurs dans des rles striles ? la concertation doit pouvoir jouer
certainement aux diffrentes tapes, de la rflexion sur le programme la ralisation du
chantier,
Comment viter enfin quune exprience isole exemplaire serve dalibi linertie
dautres situations ?des oprations exprimentales ponctuelles ,si elles sont programmes
avec prcision et concentres sur des problmes pertinents ,pourront servir de support au
dveloppement dune vritable politique ambitieuse long terme ;
Enfin, un travail de restructuration des franges de la ville existante et des grands ensembles
reprsente la cristallisation dune volont dchanges : priorit fondatrice durbanit.
Ces propositions sont autant doccasions de dpasser lurbanisme fig des rglements et des
normes, pour permettre un dveloppement consquent des cits ; au-del des mots pour le
dire.des ralits construites.
147
gographique ainsi que ltat des territoires concerns. Les oprations varient de la
restructuration dun espace public, la rhabilitation des quartiers en difficult ou une
opration denvergure.
Si certains chercheurs interprtent les proccupations du renouvellement urbain comme suit :
la question du devenir, de la requalification, de la recomposition de la ville existante
dans le cadre de projets urbains plus ou moins ambitieux ainsi que la question de
lamlioration de sa gestion et de sa maintenance au quotidien
la question de la ville qui continue de stendre, fabriquant de nouveaux territoires 149
Il est alors possible de dire que le renouvellement urbain est un phnomne de mutation qui
rclame des choix politiques, ainsi que la mise en place dactions spcifiques , allant de la
dmolition-reconstruction des quartiers dhabitat social la question des formes de
dveloppement des territoires qui oppose la densification ltalement urbain.
Ainsi, lon peut distinguer deux formes de dveloppement : urbanisme de renouvellement et
urbanisme dextension. Le renouvellement urbain travers ses dmarches et objectifs, se
distingue totalement de lurbanisme dextension. Ce dernier, qui a longtemps contribu la
diffusion spatiale des villes et laugmentation de la population et de la mobilit, a eu des
rpercussions nfastes sur lenvironnement tant bti que naturel, ainsi que sur les habitants.
Lintrt porte prcisment sur le changement radical qua connu la rflexion sur la ville avec la
dmarche de renouvellement urbain et que lon peroit distinctement dans le commentaire des
professionnels : lurbanisme dextension (processus de conversion des terres agricoles en
terres urbaines aptes la construction) et lurbanisme de renouvellement o la vision et la
problmatique sont radicalement opposes 150
De fait, le renouvellement urbain sapparente alors aux notions de rgnration, restructuration
urbaines, et englobe les deux notions de rhabilitation et de rnovation qui ont des dfinitions
plus prcises en termes daction sur la ville. Dans tous les cas, on a bien lide de mutations
urbaines qui participent la production de la ville et sa reproduction, ce mode sopposant au
mcanisme dexpansion urbaine et ses drives.
Toutefois, le renouvellement urbain apparait galement au mme titre que le dveloppement
durable ou la mixit sociale, comme une notion fourre tout 151 . Avec des mots communs et
149
Ibid. p.217.
Ibid.
151
Expression emprunte Sylvaine Le Garrec.
150
familiers et une forte puissance vocatrice, elle permet de dire beaucoup sans dtails ou
justification et chacun peut lapprcier selon sa propre dfinition.152
En tout tat de cause, aujourdhui il ne sagit pas seulement dun outil de communication. Au fil
des annes le renouvellement urbain a pntr le champ des politiques publiques au point de
devenir un objectif politique, de donner son nom des dispositifs publics et dtre incorpor
larsenal lgislatif de plusieurs pays. Lon se retrouve donc devant une notion la fois politique,
juridique et oprationnelle qui recouvre des programmes et des enjeux concrets.
4.3.2. Le renouvellement urbain, une action spontane de lvolution urbaine ?
En termes daction sur la ville, le renouvellement urbain nest pas nouveau, la restructuration de
la ville sur elle mme est un phnomne naturel qui sopre depuis toujours dans la constitution
du phnomne urbain. On a toujours dmoli pour mieux reconstruire, titre dexemple, les villes
chinoises font table rase et sont reconstruites en totalit.
Le renouvellement est lun des deux modes de production de la ville, le second tant ltalement
urbain. Jusquau XIXe sicle, la ville se construisait par linitiative prive dans une logique de
march qui ntait soumise aucun droit.
Le droit de lurbanisme et plus globalement lintervention de lacteur public (lurbanisme
oprationnel) dans lamnagement de la ville remonte la fin du XIXe sicle, notamment avec
des objectifs de salubrit et de scurit, ainsi lacteur priv est celui dont laction sur la ville est
la plus ancienne et mme la plus courante dans la construction et lamnagement dune ville.
Par consquent, il existe bien un renouvellement de la ville qui est spontan et qui se fait par le
libre jeu du march.
4.3.3. Le renouvellement urbain, une action volontariste des pouvoirs publics :
Penser et agir pour le renouvellement urbain, cest observer quun certain nombre de quartiers ne
se renouvellent pas ou se renouvellent mal (ils sont fortement marqus et sont durablement pris
dans une spirale ngative), que les modes et les moyens daction des pouvoirs publics pour y
remdier ne donnent pas les rsultats escompts, ne gagnent pas la course poursuite entre la
spirale de la dqualification et la dynamique de la requalification. Cest aussi constater que cette
situation est de moins en moins tolre par les habitants et par lensemble de la population et en
consquence, il est indispensable de renouveler objectifs, mthodes et moyens daction des
pouvoirs publics sur ces territoires.
152
LE GARREC.S, Le renouvellement urbain, gense dune notion fourre tout, Universit de Paris XII, coll :
recherches n160, Fvrier 2006, p.39.
Pour quil y ait renouvellement urbain, deux conditions doivent tre imprativement runies, des
espaces dqualifis, voire hors march et une politique volontariste de transformation.
En ces sens, le renouvellement urbain dsigne plus un renouveau des politiques urbaines, en
raction aux logiques dprciatives sur certains territoires153 . Il est une raction des pouvoirs
publics face lchec du renouvellement spontan.
Enfin, ce qui semble caractriser les oprations de renouvellement urbain, cest moins leur
caractre couteux et complexe, bien quil existe une obligation de travailler en nuances 154,
ds lors que lon tudie des espaces dj construits, que la modernisation du cadre bti, le
renouvellement des fonctions urbaines vers une plurifonctionnalit. On en revient lide de
rupture dj nonce et une globalit des projets urbains imaginer qui rsultent du contexte des
espaces traiter155.
En dfinitive, quelle que soit lchelle de laction sur la ville et les territoires mais surtout
lchelle du projet urbain touchant au quartier, laction publique ne peut tre dtache des
logiques dagents et des jeux dacteurs sur lesquels va se fonder laction de la collectivit ou
tout le moins les prendre en compte.
4.3.4. Champs dintervention du renouvellement urbain :
Comme soulign prcdemment, le renouvellement urbain a pour vocation damliorer la qualit
de vie en ville, mais aussi dhomogniser ses composantes afin de retrouver une cohsion
spatiale et sociale.
De par la diversit des villes et de leurs composantes, mais aussi de par la nature gographique et
lhistoire diversifie de ses lieux, les oprations de renouvellement urbain interviennent sur des
sites et des situations souvent varis et complexes, nanmoins, il est possible de dgager les
grandes catgories qui font lobjet doprations de renouvellement urbain :
des quartiers rsidentiels anciens dgrads, connaissant des processus de dqualification
et/carts des processus de valorisation
des quartiers (et souvent des morceaux de villes) anciens et mixtes surtout du XIXe sicle
associant de lhabitat souvent modeste et vtuste et des activits industrielles notamment,
qui priclitent et/ou se dlocalisent, quartiers dont la valorisation est particulirement
difficile.
153
NARRIG.P. Une action la mesure des enjeux .Urbanisme n 308, Septembre-Octobre 1999, p.58.
Ibid.
155
Id.
154
Oprant dans la ville et pour les habitants, le renouvellement urbain regroupe un ventail
dactions multiples, allant de la plus petite intervention sur un espace rduit aux oprations les
plus complexes. Ces oprations peuvent varier dun contexte un autre mais leurs objectifs
restent les mmes, sintressant quatre volets principaux:
4.3.6.1. La modernisation du Parc bti :
Les oprations de renouvellement urbain comportent des actions dintervention sur limmobilier
prexistant qui sont parfois radicales, parfois minimales :
Radicales : oprations de rsorption de lhabitat insalubre, grandes dmolitionsreconstructions..etc.
Minimales : ce cas se prsente beaucoup plus dans les secteurs sauvegards o les
dmolitions sont trs slectives.
Le degr de conservation du parc bti est un paramtre essentiel danalyse et de dcision, qui ne
peut tre connu lavance de faon dfinitive tant donn quil constitue souvent lun des
paramtres faisant lobjet de discussions voire de controverses pendant toute la dure des
mutations.
Mme en labsence de dmolitions, la plupart des btiments auront subi une modernisation forte
afin de les adapter dans la dure aux exigences de leurs futurs occupants ou usagers. Il sagit de
se tourner vers le futur et dapprcier si, et quelles conditions des btiments peuvent vivre
encore au moins trente ans, dlai minimum pour amortir de faon raisonnable certains travaux
lourds portant sur le gros uvre ;
4.3.6.2. Lintgration la ville :
Elle commence par un travail sur la trame urbaine, cest vident pour les grandes parcelles qui
seront morceles. Cette intgration est concrtise par un certain nombre dactions comme les
mthodes de traitement des espaces publics ou encore la cration de lignes de transport en
commun dun niveau de service suprieurs.etc.
Lensemble de ces actions doit redonner au secteur considr de vritables potentialits afin quil
puisse, lui aussi bnficier de tout ou partie des processus de valorisation urbaine luvre dans
le reste de lagglomration.
4.3.6.3. Le renouvellement des fonctions urbaines
Toute action de renouvellement urbain dbouche sur un enrichissement des fonctions urbaines
locales, comme sur une place retrouve dans lagglomration concerne.
En effet, les oprations sur le logement se traduisent par une plus grande diversit de statut et
mme des changements dusage faible incidence quantitative comme par exemple de
logements vers le commerce, peuvent dboucher sur une augmentation sensible de la valeur
urbanistique des ensembles de logements concerns.
Ces oprations ont des rpercussions trs importantes par le fait du passage dun quartier dlaiss
un quartier recherch qui modifie lquilibre de lhabitat dans lagglomration.
4.3.6.4. La banalisation de la gestion urbaine
Toute dmarche de projet doit dboucher sur des ralisations grables, de fait la volont de
banalisation de la gestion urbaine peut tre un fil directeur pour reprer les dispositions
physiques comme administratives ou juridiques qui sopposent de fait une mise en gestion
normale des territoires concerns. Cest pourquoi le projet urbain pourrait, la limite tre dfini
comme une mise en gestion normale des territoires concerns, accompagne des actions
dinvestissement ncessaires cet effet.
Le critre dcisif sera toujours la qualit dusage, comprenant la fois qualit du domaine bti,
bonne gestion de proximit et accs lensemble des services publics ncessaires.
Les actions de renouvellement urbain portent sur des territoires complexes et composites,
impliquant
de
multiples
dimensions
oprationnelles
(urbaines,
techniques,
sociales,
conomiquesetc.).
La mise en place dune quipe de projet dote de comptences diversifies est un maillon
indispensable au bon fonctionnement de lensemble de la chaine du renouvellement urbain. Cette
quipe doit tre capable de passer de la vision stratgique, au projet, tout en sachant linscrire
dans les dispositifs et procdures permettant laccs au financement. Elle doit savoir animer et
suivre toutes les tudes et travaux pr-oprationnels, y compris la contribution linformation et
la communication sur le projet. Il faut galement mettre en place ds que possible, une quipe
dument mandate et reconnue par lensemble des acteurs concerns.
Cette quipe doit tre adapte lampleur du projet, dfinir les difficults mobiliser les
oprateurs qualifis pour raliser les diffrentes actions, ainsi qu trouver une bonne articulation
entre eux. Il convient de se proccuper, le plus en amont possible, de la dtermination de la
recherche des oprateurs dont les comptences devront se conjuguer pour la mise en uvre du
projet. Il parait ncessaire dassurer des changes rguliers entre les diffrents maillons de la
chaine, constitus de la maitrise douvrage, la direction de projet, et les oprateurs et de dfinir le
plus en amont possible, la configuration oprationnelle du projet.
Quels oprateurs doivent agir et quel est le rle de chacun ? Pour des oprations complexes, la
maitrise douvrage pourra utilement mettre en place un oprateur ensemblier ayant en charge
dorganiser, danimer et de faire suivre les diffrents oprateurs.
4.3.7.3. Des changements ncessaires au sein des acteurs publics
Une des conditions sine qua non de russite de la politique de renouvellement urbain rside dans
lassociation et la mobilisation des diffrents partenaires tout au long de la chaine, avec une
proccupation trs forte dimplication, douverture et de transparence.
Le renouvellement de lorganisation administrative et technique des collectivits savre
ncessaire. Il faut en particulier renforcer et encourager la mise en place de directions de projets
avec des dispositifs de moyens et de rsultats.
Privilgier le travail en mode projet par ladaptation de lorganisation, du mangement interne
et des diapositifs de formation des collectivits locales : procder la reconfiguration des
services et articulation avec la direction du projet, rechercher la transversalit et clarifier le rle
respectif des structures intercommunales et des communes.
4.3.7.4. Habitants et acteurs privs : partenaires part entire
Les acteurs publics doivent dvelopper la communication du projet, en vue de mobiliser lintrt
et ladhsion de toutes les parties concernes. Ils doivent apprendre dialoguer et construire des
partenariats, tant avec la population quavec tous les acteurs conomiques.
Dvelopper avec dtermination et professionnalisme les conditions dune implication, forte et
constante de la population pour une appropriation des projets et leur russite, et favoriser
limplantation dentreprises et de services en mobilisant le plus en amont possible, les acteurs
privs capables de modifier limage et de renverser les tendances dvolution des territoires des
projets de renouvellement urbain.
4.3.8. Le dveloppement durable : Une exigence du renouvellement urbain :
Le dveloppement durable est dsormais devenu une orientation forte de lamnagement, le
point de dpart est vident : prendre en compte dans les actions de construction et
damnagement, diffrents aspects lis au respect de lenvironnement comme souci
dconomiser la fois des matriaux, de lnergie et de lespace. Des mthodes mergent peu
peu pour les oprations de construction stricto sensu et donnent des indications de mthodes
pour les btiments construire, puis pour les btiments rnover. Leur transposition lchelle
des oprations damnagement semble dores et dj prometteuse.
Mais une optimisation globale sous langle du dveloppement durable ne peut rsulter de la
somme des sous-optimisations. Cest pourquoi, juste titre, les dbats tournent in fine autour des
formes urbaines compatibles avec le dveloppement durable. Or, sur ce point le consensus ne
nexiste pas. A titre dexemple exemple, une certaine tradition latine prne la ville dense ,
compacte. Tout un courant fondamentaliste, considrant que toute ville est source de pollution
sappuie sur ce point de vue. Dans dautres pays, loptimisation se fait en pensant dabord au
contact avec la nature, puis en recherchant sur ces bases le moyen dassurer le maximum de
fonctions collectives sans gaspiller lespace.
changements radicaux des annes quatre vingt : jusqualors le logement social dpendait
essentiellement des municipalits. Les villes, ayant constitu historiquement des parcs sociaux
assez importants, prenaient en charge leur gestion tout en bnficiant des aides de lEtat, qui
imposait en contrepartie des directives assez prcises, telles que lobligation dans les annes
daprs-guerre demployer des procds de construction industrialise. Le virage libral des
annes quatre vingt voit lEtat se dsengager du financement de la construction et de
lentretien du parc social.
A la mme poque, les grands ensembles se dtriorent considrablement, du fait de problmes
constructifs ; ils se vident des occupants qui ont les moyens de partir et concentrent des
populations faibles ressources. Prives de financement, les municipalits les cdent des
Housing associations 156 , seules structures pouvant dsormais recevoir des aides dEtat. Ces
associations but non lucratif peuvent engager des dmolitions/reconstructions et, pour
aider
les
financer, peuvent
construire
et commercialiser
des
programmes
divers,
156
157
des habitants. Ils ont galement ralis la premire phase des travaux dans la partie Sud du
quartier.
Figures 26 et 27 : Londres.Stonebridge, les barres rases sont remplaces par des maisons en bandes avec
quelques petits collectifs aux angles des rues. Source Lachaise.N
Les deux premires phases du nouveau Stonebridge rinterprtent les terraced housing
(habitat en bande) traditionnels de Londres : les rues sont constitues de maisons de largeur gale
(mais aux plans et aux hauteurs varies), ponctues aux angles par des plots de petit collectif qui
permettent de varier les effets spatiaux. Des jardins plants confortent lchelle domestique et
intgrent des parkings.
Cette opration a permis de renouer avec une pratique de projet urbain qui avait presque disparu.
Et elles ont favoris la constitution dagences darchitecture spcialise dans la conception
sociale et spatiale de quartiers, ces actions traduisent un nouvel lan des pouvoirs publics
pour promouvoir la qualit architecturale non pas par des prescriptions imposes aux autorits
locales, comme dans le pass, mais par des actions de sensibilisation et de soutien aux projets
novateurs 158.
HINSLEY.H, in LACHAIZE.N. Les grands ensembles, une histoire qui doit continuer. Mmoire de fin dtudes
en architecture et urbanisme. Marseille : ENSA de Marseille-Luminy, Juin 2007, p.80.
Cependant, les problmes techniques dus la mauvaise qualit des constructions saggravaient
et, dans une premire phase, de lourds travaux de rparation ont t engags. La situation
financire des organismes gestionnaires a commenc se dgrader et ce dsquilibre sest
encore accru avec lexode des habitants vers lOuest.
LEtat a dabord tent de remdier au phnomne en rhabilitant les logements pour y
apporter plus de confort puis en proposant aux habitants de racheter les appartements ce qui
aurait allg le dficit des socits de logement social. Mais les procds de prfabrication
industrielle gnraliss en RDA rendaient les remodelages et les dmolitions partielles
hasardeux.
Et le manque de savoir-faire des bureaux dtudes chargs des rhabilitations a conduit des
rsultats trs mdiocres, les techniciens se contentant dintervenir sur le chauffage ou les
sanitaires, sans ce soucier de la qualit des espaces.
La recherche de nouveaux concepts sest alors engage, afin de voir comment la ville des
grands ensembles peut fonctionner aujourdhui.
4.4.2.1. Berlin, Marzahn :
Vitrine de lAllemagne de lEst, le quartier de Marzahn Berlin totalise environ 60 000
logements, construits entre 1977 et 1987 selon des procds industrialiss159. Aprs la chute du
Mur et louverture du march du travail, les bailleurs ont eu pour principal souci de stopper le
dpart des locataires. Entre 1991 et 1994, deux programmes ont bnfici de subventions
publiques, sur lamlioration des espaces publics, puis sur la mise aux normes de confort
des btiments.
Parmi les premires rhabilitations, quelques unes densifient ponctuellement les grands
ensembles pour y crer des ambiances propres la ville classique (lot, rue). Le systme
constructif des immeubles empchant les remodelages radicaux, des projets ont ajout des
btiments aux barres ; dautres ont cherch valoriser le modle des tours par un travail sur les
soubassements qui amliore leur rapport avec lespace extrieur (accs, commerces).
Lobjectif de toutes ces actions est de crer un sentiment dappartenance des habitants un
lieu identifi.
Ces initiatives nayant pas suffi stopper lexode, les nouveaux projets sinscrivent dans le cadre
du programme publique de dmolition/reconstruction. Lide est de personnaliser les barres, les
rendre moins anonymes et adapter leur organisation intrieure aux modes de vie des habitants,
qui ont en majorit entre 40 et 50 ans. Des barres sont arases pour passer de douze quatre ou
159
Ibid. p.84.
cinq niveaux, avec un maximum de dix logements par cage descalier. Les appartements,
plus petits, sont dots dune profusion de terrasses, balcons et jardins privatifs.
Figure 28 et 29 : Berlin. Marzahn, amlioration des espaces publics, mise aux normes de confort des
logements et des btiments, cration de rues lambiance plus traditionnelle en ajoutant des immeubles bas
qui amliorent le accs et apportent des commerces. Source : Lachaise.N
RAHMANI.C, et al., Alger, capitale du 21e sicle. Alger : Mate /Urbanis, 1997, p.117.
La stratgie ainsi nonce devait procder une classification typologique pralable des grands
ensembles dhabitat :
Immeubles urbains anciens datant davant 1948, ceux la ont t construits avant le plan
durbanisme de 1948. Ils sont en partie constitus de lotissements priphriques
construits la suite de la premire crise du logement survenue Alger, notamment aprs
la premire guerre mondiale, ils souffrent de vieillissement naturel.
Les grands ensembles161 sociaux des annes 50-60, cette priode est dite re des grands
ensembles, le plan durbanisme de 1948 avait rserv des zones dhabitat modestes
depuis que les vnements politiques avaient provoqu une immigration urbaine
importante vers la capitale. Les immeubles construits en cits dortoirs sont actuellement
sur occups du fait des surfaces habitables minimales, non adaptes la structure
familiale algrienne.
Cits post indpendance, conu selon les prceptes du plan type et labsence presque
totale de penses architecturale et urbanistique
162
vieillir, ni sans doute celui de naitre compltement. Visiblement, tous les espaces
communs et publics sont labandon et subissent linopportune abrogation du rglement
de coproprit qui permettait une gestion directe de lhabitat collectif.
urbaine et la mise en place dune structure de gestion adquate permettant la participation des
habitants et de toutes les institutions locales et centrales.163
Une deuxime approche dintervention sur les grands ensembles dhabitat est propose en 1998
par le maitre duvre164. Similaire celle de 1997 et sappuyant sur des tudes sociologiques,
elle conclut la ncessit dune dmarche plus soucieuse de lamlioration du cadre de vie du
citoyen partir des constats suivants :
La structure urbaine existante nest pas adapte lvolution du mode de vie et des
besoins des habitants
Lapproche du maitre duvre, essentiellement sociologique, optait pour une restructuration des
grands ensembles, centre sur la revalorisation des liens familiaux et sociaux internes et externes.
Laspect morphologique nest abord quen tant que support dorganisation des rapports sociaux
permettant lindividu de sy rfrer, de sy reprer et de sy identifier sur les plans
psychologiques et moral, culturel et spatial.
Par consquent, lintervention devait concerner le cadre de vie, dinsertion de lhabitat collectif
lchelle locale (du quartier) puis lchelle urbaine (de lagglomration).
4.5.2.2. Principes dintervention :
Concernant la rhabilitation des grands ensembles dhabitat, les deux approches soulignaient la
ncessit de ltude spcifique du cas par cas. Car si la dmarche systmatique prsidant leur
ralisation (plan-type, prfabrication, implantation alatoire..etc.) a t juge inadquate et
insuffisante, elle ne saurait dicter les mesures de traitement curatif prendre.
Afin de corriger les deux insuffisances majeures de ces cits, (exclusion par rapport la ville,
fonction rsidentielle exclusive), deux actions taient proposes :
La lecture des fiches techniques relatives chaque cit voque quelques remarques :
La recherche de points de repre forts sexprime travers une redfinition des voies de
liaison, lamnagement paysager et limplantation dquipements inter quartiers.
163
Ibid.
Bureau dEtudes de Restructuration et de Prservation des Quartiers Anciens, journe dtudes de la
rhabilitation des immeubles et grands ensembles de la capitale-Alger le 25 Mars 1997, document pdagogique
EPAU-PG.
164
La rhabilitation proprement dite des immeubles dhabitat : les entres, les btiments et
les espaces collectifs extrieurs.
Ibid.
Ibid.
167
AROUA.N. La gestion du cycle de projet . Vie des villes n2, printemps 2005, p.54.
166
du projet fait lobjet dun suivi et dune valuation rappelant ses objectifs, le plan adopt et les
rsultats obtenus. Ainsi, au lieu de subir les contraintes dune planification prvisionnelle rigide,
la mise en uvre du projet est continuellement ajuste et conceptualise grce un relev
systmatique des observations notes au fur et mesure de lavancement du projet.
En 1997, lexprience du BEREP a par ailleurs fait douter de lefficacit dune quipe
nombreuse sur le terrain et confirm la ncessit dencourager la participation des habitants,
conditionnelle du succs de telles oprations travers notamment la rhabilitation des comits de
quartiers. Dans ce cas, nanmoins, il est de la plus haute importance de dfinir les rles et taches
de chaque intervenant sur la base dun consensus gnral et des comptences avres de chacun
dans le cadre dune coopration de type participatif. Celle-ci exige la dfinition pralable de la
mission de chaque acteur, les objectifs quil doit atteindre ainsi que sa responsabilit par rapport
au cycle du projet.
Ainsi, lexprience du GPU est trs rvlatrice de la prise de conscience sur la ncessit du
renouvellement de lapproche dintervention urbaine en Algrie, qui doit dsormais intgrer les
nouveaux dfis et les nouvelles ralits de positionnement, du rle de la qualit urbaine dans le
dveloppement, et la recherche dune gestion stratgique base sur le partenariat et louverture.
Conclusion :
La ville se transforme en permanence, se renouvelle sans cesse , et les modalits de penser la
ville galement : si la ville vers laquelle nous allons nest ni lancienne , ni la moderne mais
travers une consolidation de la premire et une modification de la seconde quelque chose
comme une troisime ville jouant des deux la fois (),si nous sommes fascins par lune et
prisonniers de lautre incapable de revenir la ville dautrefois et assurs que la disparition
des villes ne se produira pas-alors cette autorisation que nous nous donnons aujourdhui de
jouer avec leur forme et avec leur mmoire pourrait tre un trait capital168.
Les enjeux actuels et les mutations venir incitent donc moins lattentisme qu
lintensification des actions de toute nature qui peuvent contribuer une anticipation la plus
pertinente possible de ces volutions et une meilleure matrise des risques quelles gnrent,
dans le cadre dune approche densemble incluant les facteurs structurants de lorganisation
urbaine. Les politiques durbanisme, dhabitat, de transport, trouvent ici leur place, lchelle de
lagglomration tout entire. Certes elles ne guriront pas elles seules tous les maux, mais elles
ne sont pas neutres et peuvent favoriser la construction dun meilleur quilibre social.
Car, en priphrie, la ville continue stendre lencontre des principes du dveloppement
durable. Mais de nombreux autres secteurs urbains restent bloqus. Ils poursuivront leur dclin,
voire leur dprissement, en labsence de lexpression et de la mise en uvre dune volont
politique suffisante pour enclencher un processus dadaptation et, dans la mesure du possible, de
revalorisation. Le renouvellement urbain, pour devenir (ou redevenir) terme un mcanisme
rcurrent dadaptation suppose une dmarche volontaire permettant dinitier une transformation
de grande ampleur de ces territoires. Des rhabilitations classiques ne sont pas suffisantes pour
inverser les tendances, il convient dengager des projets densemble portant sur tous les registres
afin de rinsrer ces quartiers dans le fonctionnement densemble de la ville.
Organiser et piloter le renouvellement urbain, le rendre crdible et le ractiver l o il nest pas
spontan, le concevoir selon lobjectif de produire un environnement mieux adapt aux besoins
et attentes des habitants, tels sont les enjeux essentiels des politiques urbaines pour les dcennies
qui viennent. La russite de la reconstruction de la ville sur elle -mme ncessite de combiner
une action de rgulation permanente et des impulsions fortes de nature rendre possible
ladaptation progressive de lensemble des secteurs urbains. Dores et dj, certaines quipes
durbanistes ont mis leurs comptences au service de cette ambition : lessentiel de leur rle ne
rside plus dans le dessin dun projet urbain au sens classique du terme, mais dans la capacit de
proposer une stratgie dvolution urbaine et de dfinir les conditions de sa mise en uvre selon
des tapes successives. Il ne sagit ni dactions de rnovation urbaine brutale, ni de plans
durgence ou doprations ponctuelles dsordonnes. Au contraire, la dmarche de projet doit
permettre lensemble des acteurs publics et privs de partager la fois une perspective
dvolution long terme du territoire concern (qui pourra impliquer des transformations
168
10.1.
La ville dAlger a connu un rythme de croissance dmographique soutenu ainsi que de fortes
mutations qui ont conduit au dsquilibre de sa structure urbaine.
Ce constat a ncessit un remodelage pour pouvoir surmonter ces dsordres qui ont men a une
extension notamment vers lest o un programme de ZHUN a t cre ,ce type dhabitat a
constitu des ples dchange et des centres secondaires de la ville dAlger ,la commune de Bab
Ezzouar illustre parfaitement cet tat de fait.
En effet, ltat avait mis en place le COMEDOR qui proposait dans son plan dorientation
gnrale lextension de la ville dAlger vers lest par la ralisation dune ZHUN pour rsorber
limmense dficit en logements de la capitale, pour ce faire un grand plateau foncier a t
dgag : Bab Ezzouar.
.. partir des annes soixante-dix ,le COMEDOR proposait dans son plan dorientation
gnral ,lextension dAlger vers lest ,cest dans cet lan que cette zone allait connaitre un
essor considrable aussi bien en infrastructures routires ,parc logement quen grands
quipements dont le rayonnement dpasse largement la zone de Bab Ezzouar ,sinscrivant
beaucoup plus dans une trame urbaine dun ordre suprieur ,en bref, il sagissait de dgager un
immense plateau foncier pour rsorber les problmes dexcroissance poss la ville, ces
problmes sont aussi bien dus aux pousses dmographiques quau mouvement de populations
en direction de la ville dAlger. 169
Les tudes de planification de lagglomration dAlger ralises par le COMEDOR prsentent :
Le schma de structure de la wilaya dAlger o figurent les grandes options stratgiques
damnagement fixant les caractristiques durbanisme de la rgion compte tenu de sa
population lhorizon 2000.
Le plan dorientation gnrale de lagglomration dAlger (P.O.G) o sont dtermines
les directives de dveloppement et les structures spatiales de la nouvelle organisation et
configuration de la capitale. Ce plan constitue le cadre de rfrence de la politique de
programmation urbaine, le P.M.U170
Les phases de dveloppement o interviennent les notions de court et moyen terme, avec
les oprations durbanisation envisages pour chaque priode.171
En 1968, Oscar Niemeyer proposa son tour une extension de lagglomration dAlger vers la
Mitidja au travers doprations de prestige avec notamment la construction dune universit dont
le rayonnement dpasserait les frontires dAlger et mme du pays.
dans le pass, la zone de Bab Ezzouar tait fondamentalement une zone rurale trs
marcageuse, durant la colonisation, dimportants travaux de drainage furent entrepris, cest un
primtre agricole trs riche dont la vocation principale tait la culture maraichre, le cadre
bti principal tait de type rural. 172
Ainsi, la ZHUN de Bab Ezzouar a t cre par dcision du ministre de lhabitat et de la
construction et dont la procdure se base sur de une tude prliminaire qui comporte un bilan des
programmes de logements, les besoins en surfaces urbaniss, le programme de la construction et
le schma dmnagement de principe. (..) Ctait une nouvelle faon de voir lurbanisme, il
en dcoulait une chelle nouvelle jusqualors ignore, et une attitude tout aussi nouvelle, dont la
mthode consiste prconiser une structure urbaine globale jouant le rle darmature ou de
toile de fond dans laquelle sinscrivent toutes les oprations ultrieures avec la cascade
dchelles que cela implique. 173
169
TAHARI.M. Stratgie dhabitat et cohrence urbaine, Actes du sminaire international tenu Alger en 1990,
p.64.
170
Plan de Modernisation Urbaine
171
ZUCCHELLI.A, op.cit., p.69.
172
TAHARI.M, loc.cit.
173
Ibid.
10.2.
La commune de Bab Ezzouar est issue du dcoupage administratif de 1984, de par sa situation
elle constitue la porte dentre Est de la capitale.
Ancienne zone agricole, elle se situe entre le Sahel et la Mitidja, son urbanisation est
rcente, et rentre dans le cadre de lextension dAlger vers lest.
Transform aujourdhui en une foret de masses de bton, elle est compose principalement de
tours et de barres regroupes en cits anonymes penses et conues en tant quentits spares
pour plus dautonomie et dintimit174 ,ce qui na en fait , fait quaccentuer leur isolement et
brouiller leur structure.
Les infrastructures routires et la voie ferre qui ont contribu lurbanisation de la zone
constituent finalement une entrave supplmentaire dautant que le raccordement au quartier nest
pas envisag.
Malgr un dficit patent en quipements daccompagnement
Bab Ezzouar est surtout connue pour
abriter sur son territoire luniversit
des sciences et technologie Houari
Boumediene (USTHB), nanmoins le
face face sans transition entre
luniversit et le reste du tissu
engendre une coupure, un vide, aux
rives du domaine universitaire qui
empche les ctoiements et les
brassages
qui
recomposent
le
Photo 1 : Vue arienne de lUSTHB, .Source : (Institut National de
Cartographie)
La population atteint le chiffre de 92157 habitants avec une densit de 11200 habitants /Km
Son ancienne appellation retour de la chasse fait rfrence au petit noyau originel et aux
grandes tendues de terrains agricoles trs haute potentialit, loign du centre urbain mais qui
a finalement t englouti par lurbanisation galopante qua connu la capitale depuis plus quarante
ans.
174
175
crer
lquilibre entre
ces
deux
avec celui qui rejoint la plaine du Sahel-Fort de leau (actuel RN n24) cre lembranchement
qui reut ldification du noyau originel en 1870, le village dnomm retour de la chasse.
Implant sur une zone marcageuse o pendant la priode coloniale dimportants travaux de
drainage ont t entrepris pour faire de celle-ci une riche zone agricole.
Dans le mme temps et depuis 2001, Bab Ezzouar a vu la mise en place dun nouveau
programme de logements AADL, avec la construction de deux nouvelles cits constitues de
tours de 15 tages : la premire AADL 1qui na pas encore reu dappellation officielle, et la
deuxime AADL2, baptise cit de la rconciliation nationale. Elles comportent 1600 logements
chacune, la livraison des logements a dbut en 2004 et se poursuit encore aujourdhui.
Le programme dhabitat lanc dans la ZHUN de Bab Ezzouar en 1978 a volu selon un rythme
plus ou moins soutenu, il est noter que la priode allant de 1978 1984 a enregistr le plus fort
taux de ralisation.
10.2.2. Situation et accessibilit :
La commune de Bab Ezzouar situe lEst dAlger, se trouve 15Km du centre-ville et 5Km
de laroport international dAlger elle est limite :
Au nord par la commune de Bordj El Kiffan, dlimite par la RN 24
Au nord-ouest par la commune de Mohammadia, dlimite par des terres agricoles
Au nord-est par la commune de Bordj El Kiffan, dlimite par la RN 5 E
A louest par le cimetire Al Alia
Au sud par la commune de Oued Smar, dlimite par la voie ferre
A lest et au sud par la commune de Dar El Beida,dlimite par la RN 5 E
Au sud-ouest par la commune de Oued Smar
Lon y accde :
En venant dAlger par la RN 5, ainsi que lautoroute en prenant lchangeur qui alimente
la RN 5 E
En venant de laroport, Rouiba, Reghaia et les communes de lest dAlger par la RN5
ainsi que lautoroute en empruntant lchangeur qui alimente la RN 5E et le CV1 en
passant par Oued Smar
Du nord par la RN 24
La gestion des transitions se pose, lchelle du primtre largi, accs et points de contact,
principalement en termes fonctionnels mais aussi en termes dimage. Laccs la commune qui
se fait par un changeur ou une bretelle dautoroute pose le problme de lamnagement dune
transition lchelle de lensemble de la ville, car le schma des liaisons internes est dpendant
des dispositions arrtes lchelle de cette dernire : points daccs sur les grands itinraires,
dessertes.. 176
Limage de Bab Ezzouar, perue par les autres habitants dAlger depuis lautoroute, travers des
rserves foncires pose le problme de la continuit urbaine et des transitions entre la ville et ses
extensions (en dautres termes : sa permabilit).
Lensemble de ces facteurs : lautoroute, le manque de pntrantes et les diffrentes servitudes
constituent des ruptures dans la continuit du tissu urbain.
Lintgration du quartier la ville implique donc que le primtre incluse les franges o se
trouvent les zones de pntration, et de transition.
Les coupures qui enfermrent et excluent les cits, les relations complexes entre le centre et les
quartiers priphriques, labsence daxe structurant et lisible font lobjet dun besoin prminent
en termes daccessibilit.
Toutefois, toutes les coupures spatiales ne sont pas des obstacles aux pratiques sociales, de fait,
les branchements dun quartier sur une voie trafic important ou sa traverse sils sont bien
traits sont des facteurs certains de dsenclavement.
176
TAHARI.M.L, loc.cit.
Lgende
de
116 349
La densit brute de la ZHUN est de 17,57 logements /Ha, cette densit est juge plutt faible par
rapport dautres quartiers de lagglomration algroise.
Il est noter que les plus hautes valeurs du CES179 sont prsentes dans les anciens quartiers et les
lotissements en raison de leur forte consommation en foncier (de 30% 60%) alors que les cits
de la ZHUN ne consomment que 15 20% de la surface foncire.
Graphique 3: CES des diffrents quartiers de Bab Ezzouar
Pour les gestionnaires, la faible densit due la dispersion des constructions induit un linaire de
voierie important et des surfaces de sol paysag trs vastes. Pour les habitants, la densit issue de
177
la faible emprise au sol des btiments de grande hauteur peut tre synonyme de promiscuit et de
nuisances.
Nanmoins, il est peu significatif de comparer les coefficients doccupation au sol consomm par
la ZHUN en raison de labsence de parcellaire et du dcoupage souvent atypique des ilots.
Les plus grandes valeurs du COS 180se concentrent dans les cits o le gabarit est important, cest
le cas de la cit 2068 logements comportant plusieurs tours de R+9 ainsi que le quartier Sidi
Mhamed qui consomme 60 66% de lespace foncier.
Ainsi,
lempilement des planchers nest pas compens, en termes durbanit, par lespace
disponible qui nest ni affect ni qualifi, [] lorsquon est en prsence dun dcoupage en
ilots, on observe des coefficients doccupation du sol des ilots dhabitat des grands ensembles
qui sont peu diffrents de ceux du centre ville o les immeubles de hauteur moyenne sont aligns.
En revanche, les mmes calculs rapports des secteurs plus tendus font apparaitre des
valeurs beaucoup plus leves en ville que dans les grands ensembles.181
Graphique 4:COS des diffrents quartiers de Bab Ezzouar
La dispersion de lhabitat sans rfrence la rue, mais aussi la surface attribue par les normes
aux quipements sont les causes dune forte consommation de lespace par ce type
durbanisation.
Lespace est peu occupe, labsence de constructions le long des voies accentue le vide urbain et
nourrit le sentiment dinscurit.
180
181
Toutefois, lespace libre peut aussi constituer un potentiel pouvant permettre de finir la ville
inacheve et dapporter dans les des activits, des quipements lchelle de la commune, des
commerces qui redonnent un visage urbain aux voies des cits en contribuant crer un
mouvement entre la ville et ses quartiers.
Si les comparaisons sont ncessaires, il faut conclure avec prudence, car tous les tissus nont pas
la mme logique et la notion de densit recouvre des ralits diverses : (..) Dans la ville
traditionnelle, la densit nest pas un problme, cest au contraire parce quelle rassemble les
gens que la ville a t le creuset des civilisations, des inventions, quelle accueille luniversit et
que les arts sy dveloppent 182
Ce nest donc pas la densit relle qui est en cause, mais la densit perue, qui est lie la
morphologie urbaine et au type dorganisation des cits.
10.2.4. Parcellaire et statut du sol :
Lapproche purement programmative qui a prsid la construction des cits de Bab Ezzouar a
t encourage par les disponibilits foncires de lpoque et en particulier par lobtention de
grands domaines agricoles par le biais de rserves foncires communales ou provenant
doprations dexpropriation. Le parcellaire dj trs large lorigine, a t remembr mais na
pas t redfini en fonction des nouvelles constructions ou pas assez finement. La confusion des
statuts juridiques se superpose au parcellaire monolithique pour rendre encore plus complexe
toute intervention sur le bti comme sur le non bti.
Labsence de parcellaire est une des causes de la rigidit du cadre bti des cits Bab Ezzouar,
sa reconstitution ou dfaut, la dlimitation symbolique dune zone privative en pied
dimmeuble est la base dune recomposition ncessaire lintgration au reste du tissu urbain.
182
CERTU-DIV, Entre les tours et les barres : restructurer les espaces publics des grands ensembles, Lyon:
CERTU, 1996, p.68.
Dsignation
Les
8 Les
des terrains
cits
lotissements
centre
Nature
tatique
priv
Priv
juridique
6 Bab
Ezzouar Le
Mahmoud
except Priv
Mhamed
except Priv
pour :
quelques
quelques
-supermarch
terrains
terrains
except
-bureaux PTT
-sige dAPC
-cole
fondamentale
-suret urbaine
et Dara
-BEREG
-agence foncire
Source : fiches denqute de la direction durbanisme (CNERU) 2008
nettoiement des parties communes des immeubles par son propre personnel
ou en sous-traitance des PME.
La municipalit (arrondissement) :
Inspection de lurbanisme :
Cette structure rcemment cre est rattache la circonscription du dernier dcoupage
administratif. Sa mission consiste veiller au maintien et au rtablissement de lordre urbain
(appropriation despaces, travaux sans autorisation,).
Subdivision de lhydraulique :
Ces prrogatives consistent en la rnovation des rseaux (assainissement et AEP).
Entreprise de gestion et de distribution de leau potable SEAAL :
F2 :422 DA/mois
F3 :510DA/mois
F4 :589 DA/mois
F5 :739DA/mois
Niveau des loyers du march (en sous location ou en location) : 15000 25000DA/mois183 pour
le F3.
Prix de vente des logements :
Le prix officiel (le prix de cession par lOPGI au profit du locataire sil opte pour lacquisition de
son logement) :
F3 :240 000 00DA
F4 :290 000 00DA
Valeur au march libre : 4 000 000 00DA184
Frais de fonctionnement des logements :
Le montant des charges est arrt forfaitairement 210DA comportant assurances, taxes et
autres frais consentis pour les parties communes des btiments.
Problmes de gestion des espaces extrieurs :
Les difficults dentretien et une certaine atonie prserver les amnagements raliss par les
services de lAPC lors doprations ponctuelles de viabilisation font que les espaces extrieures
ont recouvr rapidement leur tat initial. Pour remdier cette situation, les interventions
priodiques et dsordonnes se multiplient en vue dembellir les cits sans rsultats rellement
visibles et surtout durables et un cycle infernal sest install peu peu.
De fait, cette dfaillance de gestion observe Bab Ezzouar est un problme de fond qui plonge
ces racines dans le fait que les communes et les organismes bailleurs sont investis dattributions
et de taches quils ne sont vraisemblablement pas en mesure dassumer tant financirement que
dun point de vue logistique (manque de personnel des services de la commune, manque doutils
et de moyens..etc.).
Si lon considre que chacun des lments urbains constituant le systme dynamique quest un
quartier ou un morceau de ville a une influence plus ou moins importante sur les autres ,
labsence ou le dysfonctionnement dun ou plusieurs de ces lments perturbe toute la chaine et
provoque des difficults de gestion qui lorsquelles saccumulent deviennent insurmontables et
grvent le processus complexe ddification de lurbanit des quartiers en gnral et de Bab
Ezzouar en particulier.
183
184
sur la
participation citoyenne travers le lancement de projets pilotes dans plusieurs wilayas du pays :
le projet de la cit Soummam de Bab Ezzouar en est une illustration non dnue dintrt.
Un schma de planification du projet (SPP) a t tabli pour le projet suivant la mthode
ZOPP185 qui sappuie sur une planification par objectifs.
185
Ladoption de la mthode participative (ZOPP) comme cadre gnral dorientation rejoignait les
nouveaux objectifs de ltat Algrien dinciter le citoyen penser son quotidien social et urbain;
et agir davantage en ce sens.
Cette approche a t dveloppe dans les annes quatre vingt par la GTZ (agence de
coopration allemande) alors devenue entreprise prive pour la mise en uvre de ses projets,
comme une mthode de planification participative (avec les populations cibles par
lintervention).
Le but de ZOPP est de mettre en uvre la recherche participative tout au long du cycle de projet,
grce une srie dateliers runissant les parties concernes afin de dresser une matrice de
planification.
Dans le contexte algrien, il est possible daffirmer que cette approche rpond aux attentes des
parties intresses du fait quelle est dfinie comme :
La dmarche de projet mis en uvre Bab Ezzouar, axe sur la recherche participative, sest
appuy sur des donnes socio-conomiques, obtenues partir dune enqute, avec pour objectif
de collecter des renseignements sur les comportements des citoyens vis--vis de leur cadre de
vie, de se
participation, sur les problmes sociaux rencontrs; et enfin sur les aspirations et les attentes
concernant lamlioration de leur cadre de vie.
La mthode ZOPP critique en interne comme en externe, pour lutilisation mcaniste et
faussement participative qui en a t faite na de fait pas produit les rsultats escompts et ce
projet a connu un suces mitig. Il nen reste pas moins quil a obtenu un excellent retour auprs
de habitants qui -selon les responsables concerns (au niveau de lOPGI de Dar El Beida et de
lAPC de Bab Ezzouar)-se sont dans un premier temps prts de bonne grce lexercice de
lenqute, et ont dans un deuxime temps manifest un vif intrt quant au droulement de la
phase de ralisation de la requalification en elle mme.
De fait, si aujourdhui, les effets visibles de lamlioration se sont estomps et que la cit offre
de nouveau un aspect dgrad et dqualifi, les raisons peuvent en tre imputs plus un vice
dans la procdure elle mme et une mauvaise gestion post oprationnelle qu un rel
dsintressement ou une absence totale de conscience citoyenne de la part des habitants.
10.3.
plusieurs variables
Les critres de dtermination des deux cits sur lesquelles a port cette tude sont multiples et
prennent en considration des facteurs de temps et de logistique aussi bien quune
reprsentativit relative dont les rsultats pourront tre ventuellement appliqus mais avec
prcaution aux autres cits de la ZHUN.
Cela tant,
La disponibilit de linformation
Le nombre dhabitants
En fonction de ces critres, deux cits ont t retenues : La cit Soummam et la cit Rabia Tahar.
5.3.1. Droulement de lenqute :
Dans un premier temps, la mthode dinvestigation privilgie a t lobservation systmatique
sur le terrain de faon participante mais pas volontairement, ou du moins, pas dans les intentions
de dpart ; en effet cette premire phase de travail consistant en la prise de notes et de photos a
veill sinon lintrt, du moins la curiosit de certains habitants.
Lanalyse par lobservation est ncessaire mais reste insuffisante, indispensable en ce qui
concerne les pratiques de lespace, les modes et les degrs dappropriation, elle constitue un
premier niveau danalyse, toutefois, certaines observations sont difficiles interprter sans
interroger les intresss.
En complment de lobservation, un second instrument de recherche a donc t employ : Le
questionnaire, dclin en deux types suivant la population-cible :
La rdaction du questionnaire denqute adress aux habitants sest appuye dune part sur les
objectifs de recherche fixs en amont et les hypothses de travail, et la somme dinformations
compulses durant la phase analytique du travail par rapport aux enjeux sous tendus par le
concept de rsidentialisation. De fait le questionnaire a pris la forme de questions fermes
totalisant 31 questions numrotes rparties 8 en thmes :
Spcificits du peuplement
Parcours rsidentiel
Aspects de la rsidentialisation
latitude pour sexprimer a t laisse aux personnes interroges, les donnes recueillies ont servi
ultrieurement linterprtation et aux commentaires des rsultats globaux de lenqute.
Si dans lensemble la demande concernant la distribution des questionnaires a trouv un cho
favorable, et compte tenu du climat de mfiance engendr par la dcennie noire vcue par la
population ainsi que la monte de linscurit dans certaines poches de la ZHUN de Bab
Ezzouar, certaines cibles de lchantillon slectionn se sont toutefois montres peu enclines
participer lenqute et les requtes concernant la prise de photos ainsi que les relevs a souvent
fait lobjet de refus catgoriques. Pour pallier ces manquements, le recours une simple
observation partir de lextrieur du logement cibl par lchantillon, ou encore faire appel une
chaine de connaissance afin de faciliter lentre en contact avec les personnes ont constitu des
alternatives appropries.
Concernant le traitement des questionnaires, la mthode utilise a t celle de tabulation qui
consiste tablir un tableau pour chaque question afin de procder une analyse univarie dans
des donnes dans un premier temps pour faire ressortir des pourcentages.
Aprs quoi, il a t procd au croisement dun ensemble de variables de mme thme , classes
et regroupes selon lordre des rubriques du questionnaire , et ce pour les deux cits tudies.
Les donnes prsentes sous formes de tableaux et dhistogrammes ont permis une lecture
comparative des rsultats.
Enfin , Il est prciser que le nombre de questionnaires raliss dans le cas des deux cits
choisies, reste restreint et ne rpond pas pleinement aux normes prconises par la pratique de
lenqute dans les disciplines rompues ce genre dexercice telles que les sciences sociales, cest
donc consciente du fait que le thme de recherche ncessite lappui dune tude socio-spatiale
beaucoup plus tendue que cet chantillon a toutefois servi de base pour lexploitation des
rsultats dans cette premire tape dans le cadre dun travail acadmique, et qui aura permis
essentiellement de maitriser les techniques de lenqute en apportant, partiellement il est vrai,
des rponses aux doutes et aux questionnements soulevs par la problmatique.
Cit Soummam
cit Rabia Tahar
1025
1238
426 280
Population
Logements
Densits (habitants/Ha)
186
Carte 8 : Situation des deux cits dans la ZHUN de Bab Ezzouar. Traitement : Auteur.
Carte n10 : Plan masse de la cit Rabia Tahar .Source : CNERU (2009)
La RN 5 : elle joue un triple rle de desserte rgional, urbain et local, les pitons la
traversent par ncessit en tous points et ces caractristiques gomtriques et
morphologiques sont totalement inadaptes aux rles multiples qui lui sont dvolus.
Certaines contraintes peuvent tre releves par rapport aux chelles de la voirie et aux
infrastructures cites plus haut : en effet, celles-ci constituent des sparations formelles qui
donnent le sentiment dun morcellement de la ZHUN et des cits qui la composent. Elles sont
considres comme des coupures dans la mesure o elles entravent la continuit du bti, les
activits et les ples dattraction ainsi que les pratiques de dplacement.
Cest lchelle des cits que ces dysfonctionnements sont le plus mal vcus, les axes routiers
sont perus comme des cassures, des barrires difficiles franchir, des plaies qui entravent la
ZHUN, des frontires qui isolent les cits les une des autres.
Cela tant, la spcificit la plus pnalisante et la plus gnrale reste le manque de permabilit
interne et externe.
La cit Soummam est accessible partir de la RN 5 et de la voie inter quartier menant vers
Beaulieu, elle est donc plus ou moins facilement accessible par le nord et louest en revanche le
rseau interne la reliant aux autres cits de la ZHUN (notamment la cit 5 Juillet) est trs
enchevtr et sa lecture est malaise car il est discontinu et en cul de sac. La cit Rabia Tahar
quant elle souffre dun enclavement vident et laccs en est trs difficile au regard des
multiples dtours effectuer pour entrer ou sortir. Lon y accde partir du boulevard dit des
Saoudiens seulement reli la RN5 au Nord. Le problme constat plus haut par rapport au
rseau interne et la liaison avec les autres quartiers de la ZHUN se pose avec la mme acuit
pour cette cit.
Carte n11: Relation des cits leur contexte urbain. Traitement : Auteur.
Des voies tertiaires assurent la circulation des vhicules lintrieur des cits
Quant aux voies en impasses trs nombreuses au niveau des deux cits, elles constituent un
systme ferm dont on peut rsumer les principaux dysfonctionnements comme suit :
Un systme non volutif : ce type de desserte ne peut convenir qu de lhabitat
et sa desserte en transports collectifs est impossible. Il ne permet donc pas de
faire voluer le programme.
Photos 5 et 6 :Une voirie interne dlabre ponctue de nombreux nids de poules. Source :Auteur (2009).
Le constat concernant la circulation automobile est peu prs le mme, dans la mesure o les
vhicules traversent les espaces rservs aux pitons et espaces verts, au lieu de faire les dtours
imposs par le rseau viaire et les aires de stationnement sauvage en cul de sac.
Quant aux amnagements pour les deux roues (les motocyclettes sont trs apprcies des jeunes
et les bicyclettes sont des objets de dilection des enfants), ils sont purement et simplement
inexistants, que ce soit du point de vue circulation (couloirs pour les deux roues) ou du point de
vue stationnement (les habitants font monter leurs deux roues dans leurs appartements via les
escaliers ou les ascenseurs -sils sont fonctionnels- par souci de scurit).
Le manque dentretien, labsence dans certains cas damnagement de voirie secondaire et
labsence de parkings conus en tant que tels ouvrent la quasi-totalit de lespace public au
stationnement.
Enfin notons qu lintrieur des cits, la signalisation verticale du code de la route est rare quant
la signalisation horizontale, elle est inexistante.
Photos 9 et 10 :Le stationnement envahit tous les espaces .Source : Auteur (2009)
Photos 11 et 12 : Rptitivit des blocs de btiments, vides urbains et absence de repres, inexistence des
trottoirs. Source : Auteur (2009)
Photos 13 et 14 : Des espaces rsiduels vides, disproportionns et dqualifis o samonclent dtritus, sacs
plastics..etc. Les usagers dsorients, se voient obligs de les traverser mais ne sy arrtent jamais.
Source : Auteur(2009)
Il est utile de rappeler que les conditions dans lesquelles ont t riges les cits Soummam et
Rabia Tahar-cette analyse peut tre tendue toutes les cits que comprend Bab Ezzouar-et qui
se caractrisent par lurgence et le manque de moyens financiers ont donn la priorit aux
logements ( caser les populations pour tre plus prcis) et a de fait relguer au second plan les
autres aspects qui donnent de la qualit un habitat.
En consquence, la composition densemble est sans schma apparent, ne permettant aucune
lecture prcise et dfiant toute logique urbaine, chaque cit ayant t conue en tant quentit
isole et indpendante, elles sont finalement juxtaposs les unes aux autres, sans liens apparents,
ce qui au final engendre un certain isolement et une absence de vie urbaine.
10.3.3.1. Le plan masse : Entre absence de composition et dstructuration
A linstar des cits de toutes les cits de la ZHUN de Bab Ezzouar, les cits Soummam et Rabia
Tahar ne prsentent
La structure urbaine des cits Soummam et Rabia Tahar na lvidence pas t pense dans sa
globalit. En effet, le plein et le vide, les diffrentes lments structurants du bti, de la voirie,
des quipements ou encore des espaces urbains extrieurs doivent tre imbriques et conus les
uns par rapport aux autres de manire crer leur unit, Bab Ezzouar, ces diffrents lments
semblent avoir t conus sparment brisant ainsi tous les liens qui participent construire et
faonner lidentit dun quartier.
Auteur (2009)
exclusivement voue lautomobile et la circulation constituant une source de danger pour les
enfants.
Eclat et sillonn par des voies mcaniques largement dimensionnes ,peu entretenu et envahi
par le stationnement ,lespace public -ou du moins lespace qui nest pas priv -noffre ni
repres, ni hirarchie ni lieux symboliques qui pourraient le qualifier.
10.3.3.1.2. Les espaces extrieurs : Des surfaces vertes mal identifies
Les seuls critres pris en compte Bab Ezzouar lors de la conception des espaces extrieurs sont
dordre fonctionnel, lespace non bti est rduit ltat de rsidu et il nexiste aucune forme de
hirarchisation ni dorientation de lespace extrieur (..) Dans ce type de production
despace, les seules contingences prises en charge dans llaboration du projet sont dordre
architectural au sens le plus rducteur du terme, ce qui conduit invitablement une vision
unilatrale : lespace non bti ntant quun espace rsiduel, il manque de fait de dfinition,
dchelle, et de niveau dappropriation. La logique qui sous tend une telle conception est une
logique hyginiste qui ne prend en considration que les forces intrieures inhrentes au produit
architectural. 188
Tous les espaces extrieurs sont caractre public, la cit Soummam, ils sont surdimensionns
et non amnags, des terrains vagues envahis par les dtritus et des objets en tous genres
(matelas en ponges, objets en plastique, peaux de mouton..etc.) sont lgion. De plus les
rseaux dfectueux et le caractre marcageux de la zone transforment ces espaces en priode
hivernale en tendue boueuse impraticable.
Quant aux diverses plantations, elles constituent un point positif dans le paysage des deux cits.
En effet, celles-ci ont bnfici doprations de reboisement et sont dotes de plantations de
Peupliers et de Pins remarquablement prservs ainsi que de lapport des habitants cultivant en
pieds dimmeubles toutes sortes de plantes (laurier, jasmin, acaciaetc.), ceci est
particulirement marqu la cit Rabia Tahar.
188
Auteur (2009)
saisit le processus, lon ne peut quanticiper des fatalits qui opreront un changement non
ngligeable sur la pauvret du paysage qui prvaut 189
10.3.4. Equipements et activits :
10.3.4.1. Equipements : Une offre rpondant trs faiblement aux besoins
Lachvement des premires cits programmes Bab Ezzouar la fin des annes quatre-vingt a
donn lieu un bilan maigre en termes dquipements, en effet les rsultats sont trs loin des
prvisions ,comme partout ailleurs , le rythme de production des logements et des quipements
nest pas respect ,et la ralisation de nombres dquipements remise plus tard ,ce qui a eu
pour effet dengendrer un dficit qui na cess de saggraver avec laugmentation du nombre
dhabitants et notamment les quipements de premire ncessit devant prendre en charge les
besoins vitaux de la ZHUN.
vu la priorit accorde aux oprations de logement et la logique arithmtique qui les sous
tend, les programmes dquipement qui eux interviennent sur un autre registre ont t quelque
peu dlaisss, cela a conduit a une situation intenable aboutissant un dficit considrable en
matire dquipements. 190
Toutefois, ce manque a suscit une prise de conscience de la part des pouvoirs publics mais qui
sest encore une fois borne aborder le problme dans son aspect quantitatif en crant des
quipements sans une logique globale dimplantation et surtout sans complmentarit dans les
programmes.
.en effet, il y a injection dun certain nombre dquipements, mais ils ne rpondent
aucune vision globale, on opre par coups ne sinscrivant dans aucune toile de fond
apprhendant le phnomne dans sa totalit, non seulement nous voyons la une occasion rate
de rorganiser voire rhabiliter, mais aussi une aggravation dun tat de fait dj assez entam,
lon aboutit donc une stratification des problmes qui gagnent davantage en complexit 191
La planification de lhabitat Bab Ezzouar na pas t accompagne par linstallation des
quipements et des commerces indispensables au bon fonctionnement du quartier. Face un tel
dficit, plus tard lon a assist dune part une reconversion des rez-de-chausse des immeubles
en locaux commerciaux qui couvrent les besoins de premire ncessit, dautre part certains
immeubles dhabitat ont t compltement convertis en quipements (lon peut citer titre
dexemple : le service technique de lAPC, la SUCH..etc.).
189
TAHARI.M.L, op.cit.p.65.
ZAKOUR.A. Les urbanisations nouvelles en Algrie-bilan et constat-, Actes du colloque algro-franais tenu
Tizi-Ouzou du 15 au 18 Avril 1995, p.17.
191
Ibid.
190
Les autres types de commerce ont une faible densit, tels que les commerces de grande surface
(marchs couverts) ce qui a engendr la prolifration de lactivit informelle sous forme de
baraques mobiles
Lactivit commerciale qui se concentre aux rez-de-chausse des barres surtout dans la cit
Soummam est assez dveloppe et rpartie de faon quilibre sur tout le territoire de la cit ce
qui contribue entretenir une relle animation tout au long de la journe. Les commerces ne
prsentent cependant pas une grande diversit (commerces de consommation courante).
En revanche la cit Rabia Tahar, en raison de la prsence dun supermarch inscrit dans la
grille dquipements, les commerces se concentrent en rez-de-chausse des immeubles qui se
trouvent sur la longueur du boulevard longeant la voie secondaire menant vers la cit 5
Juillet, et mesure que lon senfonce lintrieur de la cit, le nombre de tours augmentant, les
commerces deviennent plus rares confrant un certain cachet rsidentiel aux quartiers situs
en cur de cit.
192
Les structures sanitaires de Bab Ezzouar accueillent les habitants des communes limitrophes notamment celle de
Dar El Beida. (Source : direction de la sant de Bab Ezzouar)
Toutefois, il est souligner quun grand nombre dappartements accueillent aujourdhui des
cabinets de mdecin, dentistes et autres services relevant du secteur priv.
Toujours concernant le volet offres de services Bab Ezzouar, il est noter que le transport
collectif est un moyen de dplacement privilgi par les habitants de Bab Ezzouar, de ce point de
vue, le quartier est plutt bien desservi en termes de frquence (surtout en dbut de matine, aux
heures creuses et en fin daprs-midi des jours ouvrables), et surtout vers les autres
agglomrations dAlger. Les difficults se situent plutt au niveau de la localisation des arrts de
bus, en effet , concentrs en priphrie des cits cause dune conception de plan masse ne
prenant pas en compte les possibilits de desserte des transports collectifs , les usagers se voient
obligs de parcourir plusieurs centaines de maitres avant de pouvoir atteindre un arrt de bus.
De plus la desserte interne entre les diffrentes cits est quasi inexistante, le seul moyen de se
dplacer lintrieur de la ZHUN est la marche pied ou lutilisation de taxis clandestins.
Quant la gare ferroviaire de Bab Ezzouar, elle sest vue ferme en 2001, la suite de plusieurs
actes dincivilits et dagression mettant aux prises des bandes de jeunes rivales.
10.3.5. Typologies du cadre bti : Prminence de la tour et de la barre
La typologie dominante dans les deux cits est les tours et les barres, cette constante implique
une grande htrognit et une discontinuit visuelle et morphologique assez marque.
En consquence, la cit Rabia Tahar comme la cit Soummam souffre dun manque patent
didentit car les btiments et les logements conus selon des procds industrialiss
(prfabrication lourde : table et banches) offrent une succession itrative et monotone.
..la plupart des btiments sont de type barres et tours desservies par des cages descaliers ;
ces btiments comportent des pignons aveugles aux extrmits, il ny a aucune diffrence de
traitement des faades, si ce nest laccs la cage descalier, les notions de devant et de
derrire des btiments ne trouvent leur sens quen rapport avec le statut de lespace urbain que
les faades dlimitent. 193
10.3.5.1. Les barres :
Les btiments sont de forme rgulire, limplantation est conforme aux prceptes hyginistes
(soleil, lumire), les espaces alentour constituent des rsidus du bti. Laccs la barre se fait
partir de voies secondaires ou encore partir de cheminements pitons tracs par les habitants,
quant laccs aux logements, il se fait par un palier distributeur desservi par une cage descalier
commune. Il existe une associativit barre-barre par juxtaposition non rgulire car elle dpend
193
ZAKOUR.A., loc.cit.
du trac sinueux de la voirie. Cette associativit se fait par des murs pignons formant des
groupements linaires offrant la possibilit damnager des commerces en RDC mais limite
lamnagement despaces extrieurs communs, ou encore des groupements en L offrant cette
fois une possibilit damnager un espace privatif commun, cependant cette option est rarement
exploite. Les RDC sont occupes par des logements ou des commerces alors que les tages
suprieurs sont exclusivement dvolus aux logements.
10.3.5.2. Les tours :
Au niveau des tours laccs aux logements se fait par un palier distributeur desservi par une cage
descalier commune et un ascenseur. Lassociation entre les tours se fait par une juxtaposition
irrgulire dpendant de lorientation de celles-ci. Les quatre faades ne sont pas aveugles, ce
qui rend lassociativit indirecte, elle se fait donc au travers de lespace public (espaces
extrieurs). Cette organisation est due la structure des chantiers (chemin de grue) ainsi qu la
standardisation de blocs rptitifs. Les RDC des tours sont gnralement occups par des
logements, rarement par des activits commerciales ou de services alors que les tages sont
vous aux seuls logements.
Dimensions
des immeubles
(m)
barres
Surface
moyenne par
typologie (m)
Gabarits
Nombre de
logements par
paliers
L=20
l=15
H=15
F1
F2
F3
F4
F5
F1
F2
F3
F4
F5
L=20
l=18
H=31
10
54.6
30
5.5
46
62-74
85
95
Barre
R+3, R+4
tour
barres
02
02/03
tours
05
05
Mdiocre (faades
tanchit)
Moyen
tours
Structure
typologique
(%)
Cite Soummam
20
62.3
12
5.7
46
62-74
82
93
Idem
si elle
194
Il est noter galement que les problmes dinscurit et de dlinquance poussent les
propritaires poser des barreaux de fer aux fentres tous les niveaux, mais sans aucune
homognit ou forme de consensus quant aux motifs ou la couleur de la ferronnerie, ce qui
cre un dsquilibre rel et une nette altration de laspect des faades.
Par ailleurs, linstallation de rservoirs individuels deau en raison des pnuries deau et des
coupures rptes laquelle sajoute le phnomne des antennes de rception satellite se sont
gnralises ces dernires annes (certains foyers en possdent plusieurs) envahissant toits et
balcons et parent la quasi-totalit des faades dans les deux cits. Il est nanmoins souligner
que ce problme semble avoir veill les proccupations des pouvoirs publics, en effet, durant
lanne 2009, plusieurs quartiers dAlger ont fait lobjet de compagnes de nettoyage195 des
faades en enlevant systmatiquement tous les dispositifs mis en place par les habitants pour
laccrochage de paraboles. La mairie de Bab Ezzouar prvoirait un projet similaire selon les
propos recueillis auprs de la direction de lurbanisme et de lquipement.
A noter galement, qu la cit Soummam, le linge tendu en faade et la literie suspendue aux
balcons leur donnent un aspect chaotique en les surchargeant, nuisant ainsi leur esthtique.
Ce phnomne na cependant pas t observ Rabia Tahar.
195
Photos 27 et 28 :Matelas , linge tendu, et paraboles ornent les faades des immeubles cause notemment de
labsence de terraces accessibles dans la conception.Source : Auteur (2009)
(notamment au niveau des joints) sont lorigine dinfiltration des eaux et de manque disolation
thermique et phonique.
Les frquentes pannes dascenseurs ou leur interdiction dusage (condamnation) cause de
pannes rptes (au niveau des tours) crent galement certaines difficults aux usagers
notamment les plus gs dentre eux ou les handicaps.
Les parties communes souffrent de dgradation et dun manque dentretien. Les dchets
samoncellent dans les cages descalier alors que les vide-ordures sont purement et simplement
condamns. Certains vide sanitaires sont galement investis, transforms en logements et
occups illgalement.
196
DELUZ.J-J., loc.cit.
Cite Soummam
10.5
18
16
8.5
7.5
2.8
2.8
Couloir
6.14
Idem
6.02
TOP
1.92
1.8
Faades (balcons/loggias)
Technique de construction
Balcon + loggia
Industrielle
Idem
Idem
Surface
moyenne
pices (m)
Surface
moyenne
sjours (m)
Surface
moyenne
cuisine (m)
Hauteur s.p.
(m)
Elment organisateur
TOL
Taille
Un premier type concerne les rorganisations des espaces internes au logement. Ces
modifications ne sont pas sans effet sur larchitecture extrieure mais il sagit plus dune
consquence que dun effet recherch, laspect ou le vocabulaire architectural de la faade ne
fait pas lobjet dinvestissements volontaires. Ces modifications consistent en la dmolition
de cloisons pour les reconstruire ou leur changer dpaisseur , fermer un espace ou louvrir
sur un autre espace selon la fonction ou la surface dsireetc.
Un deuxime type de transformations trait aux adjonctions et modifications sur les parties
externes du logement : transformations qui cherchent la fois renforcer la protection de
lintimit et la scurit. Il sagit dadjonctions de balcons et de loggias, dagrandissement ou
au contraire rduction de la taille ou dplacement dune ouverture, de la pose de ferronneries
aux fentresetc.
(.) dans la ralit, des espaces initialement destins des fonctions prcises, se voient
investis par dautres fonctions, dautres usages que ceux qui taient prvus, dans le mme
mouvement, les formes qui marquaient cette destination se retrouvent subverties, transformes
rappropries. Ces investissements, loin dapparatre comme des bricolages anarchiques et
individuels interviennent souvent de manire massive et rgulire, ils offrent des convergences
qui empchent de les rduire des phnomnes isols et obligent reconnatre leur caractre
collectif, social197.
10.3.6.2. Relations intrieur /extrieur : Des pratiques la limite de la lgalit
A la cit Soummam, il a t observ que des parcelles de terrain, en bordure des immeubles
(attenant au logement) sont cltures et amnages en dpt, atelier, petit potager ou simplement
en jardin privatif par les locataires du rez-de-chausse, bien que cela soit illgal et souvent
inesthtique. Cette pratique peut aller de la simple dlimitation laide dune clture lgre
grillage (en fil de fer)
laurier..etc.) la construction de murs ou murets en dur (le plus souvent des pices de
parpaings empiles et scelles par du mortier).
Ce type dappropriation a galement t observ au niveau de Rabia Tahar mais dans la plupart
des cas pour amnager de petits jardins lusage de tous les locataires de limmeuble.
Dautres locataires des logements en rez-de-chausse vont mme jusqu percer le balcon de la
cuisine, de la loggia du sjour ou la fentre de la chambre, pour agrandir leurs appartements ou
amnager des garages ou des locaux pour une quelconque activit conomique tout aussi
illgale.
197
Auteur (2009)
Ces deux formes dappropriation ne sexcluent pas lune lautre mais dpendent pour une large
par du fait quil sagisse de la faade principale ou de la faade postrieure198.
Dans la premire situation, lespace de devant sert de garage affect au stationnement de
vhicules, comme il peut tre utilis comme espace vert (plantes ordinaires), plantations d'arbres
fruitiers ou encore de dpt d'objets domestiques encombrants.
Dans la seconde situation, lespace arrire est dvolu aux plantations de lgumes (potager) et
d'arbres fruitiers ainsi qu
boucsetc.).
Ainsi lon observe donc une forte tendance lappropriation exclusive, voire la privatisation
d'une partie de lespace public attenant l'immeuble, au bloc, voire au logement du rez-de-
198
chausse, qui devient de fait, soit un espace collectif de voisinage qu'impose une association de
locataires, soit un espace exclusivement priv, inaccessible aux autres voisins, donc individuel.
Ces pratiques sont troitement corrles lorigine rurale de certains habitants, de fait, il y a
une rupture trs nette entre le mode de vie et lespace, support de ce mode de vie. Ainsi, il est
possible dexpliquer ces formes dappropriation par certaines permanences du modle dhabitat
traditionnel plus adapt au mode de vie et que les habitants essaient de reproduire lorsque les
conditions sy prtent : lappropriation despaces produits dans des filires de production
excluant lhabitant et lui offrant des dispositifs spatiaux nouveaux , inconnus de ce dernier
(.)donnait voir des mcanismes dappropriation et de rejet de populations transplantes dun
tissu urbain traditionnel un habitat collectif moderne et fonctionnel. 199
De plus, la conception du modle dhabitat collectif tel que propos -impos- aux habitants des
cits Soummam et Rabia Tahar ne prsente aucune hirarchie des espaces notamment le passage
progressif du public au priv, aggrave par labsence damnagement et les dfaillances de
gestion.
Il semble donc que le souci majeur des habitants soit de procder la dlimitation de lespace
extrieur de proximit, de crer un espace de transition (entre l'appartement et lespace public).
Dautres espaces dits intermdiaires ne sont pas en reste, en effet , certaines catgories
sociales dveloppent des comportements dappropriation excessive, notamment les jeunes
chmeurs surtout-qui monopolisent certains espaces rsiduels entre les btiments et qui
deviennent carrment interdits daccs aux autres habitants, ou encore-phnomne plus rcent et
surtout observ la cit Soummam-les attroupements dans les cages descaliers des immeubles
lors des soires dhiver et jusque trs tard dans la nuit, occasionnant une gne vidente pour les
locataires.
Ces pratiques sont dautant plus rpandues quelles sont facilites par labsence du contrle
dusage au regard de limmensit des espaces dont il est question.
10.3.6.3. Formes de rsidentialisation : Des initiatives balbutiantes
Lobservation la cit Rabia Tahar a rvl un phnomne intressant. En effet une des formes
que peut prendre la rsidentialisation (c'est--dire la clture) a fait son apparition pour certains
espaces au niveau de la cit Rabia Tahar. Le thme de la scurit et de la tranquillit motive trs
certainement ce genre de pratiques.
199
Ibid.
Photos 39 et 40 :Pose de clture autour dun immeuble ou dun groupe dimmeubles la cit Rabia
Tahar.Source :Auteur (2009)
En effet, les espaces en pied dimmeubles, de statut public sont du point de vue de ceux qui les
habitent, un espace stratgique qui ne devrait pas tre accessible nimporte qui. En rserver
lusage ou en donner lusage privilgi ceux qui habitent limmeuble ou le groupe
dimmeubles contribue rassurer les habitants (protger les enfants qui jouent de la circulation,
avoir sa voiture lil.etc.) et leur permet de retrouver un peu de maitrise sur leur espace de
vie quotidien.
Ces interventions bien que peu nombreuses, contribuent largement transformer laspect voire
limage de la cit (la cit Rabia Tahar est rpute tre la plus sre dans la ZHUN).
Photos 41 et 42 : La cloture dlimite et marque la transition vers les espaces intmdiaire et permet
lamnagement dun parking lusage des locataires du groupe dimmeubles.Source :Auteur (2009)
les enfants il sagit de les traverser pour aller lcole ou pour jouer ,et l labsence
dinfrastructures pour les prendre en charge en dehors des heures dcole les pousse
sapproprier les terrains vagues pour leurs jeux sexposant ainsi toutes sortes de dangers.
A la Soummam comme Rabia Tahar, lespace public est envahi par le stationnement et les
parkings sauvages, rues, terrains vagues et autres espaces rsiduels entre les btiments sont
investis par la jeunes et les adolescents pour les sports collectifs (principalement le football) et
par les enfants pour leurs jeux.
Photos 43 et 44 :Les espaces xtrieurs ou rsiduels sont investis par des baraques pour la vente de cigarettes ou encore
linstallation de petits quipements payants de loisirs pour les jeunes (babyfoots). Source :Auteur(2009)
10.4.
70%
62%
59%
52%
48%
41%
38%
Cit Soummam
30%
Famille
compose
Famille
nuclaire
Origine
(urbains)
Origine (ruraux)
Source: Auteur (2009)
61%
62%
Cit Soummam
21%
24%
14%
9%
6%
3%
1 2 pers
3 5 pers
6 7 pers
7 pers et plus
Source: Auteur (2009)
A la lecture de ces deux histogrammes, lon constate que le taux de mnages nuclaire est
suprieur aux structures largies de type traditionnel ou polynuclaire.
Il y a peut tre aussi une mutation ou une volution du mode de vie de la socit.
Cela sexplique par le fait que lors de lattribution des logements, les autorits ont accord 1
logement 1 famille nuclaire, () dfaut dadaptation du logement la famille, cest la
21%
20%
19%
17%
15%
15%
14%15%
16%
14%
13%
Cit Soummam
12%
0-9 ans
10-19 ans 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59ans60 ans et plus
Source: Auteur (2009)
La tranche de population la plus reprsente est celle des 20-29 ans pour les deux cits, ainsi
quune reprsentation plus large des 50-59 ans pour la cit Rabia Tahar. Globalement, les
tranches dge reprsentant la part active de la population sont plus leves que les tranches de
population inactive encore en formation. En revanche les 60 ans et plus prsentent le taux le
plus faible.
200
Lamnagement des cits et le niveau dquipements ne prennent pourtant pas en charge les
besoins spcifiques de chaque groupe dge dans leur vie quotidienne (la cit Soummam par
exemple ne compte pas dtablissement moyen-CEM- et aucune crche), et ce constat vaut
galement pour lorganisation interne des logements (manque ou exigit des espaces de travail,
tudes, jeux, modularit des espaces en fonction de lvolution de la famille).
31%
26%
23%
19%
19%
15%
13%
Cit Soummam
10%
6%
Moyen
Secondaire Universitaire
Le tableau ci-dessus montre un bon niveau dinstruction dans les deux cits avec un taux lev
de 31% duniversitaires Rabia Tahar, ce taux sexplique par lattribution dune part importante
de logements au milieu des annes quatre vingt aux enseignants de luniversit des sciences et
technologies de Bab Ezzouar qui se trouve proximit (bien quune part dadministratifs soit
galement prsente).
Cit Soummam
3%
2%
Sans emploi
28%
17%
52%
Sans emploi
Fonctionnaire, s
alari
37%
22%
Fonctionnaire, salari
39%
Profession libralecommerants
Retraits
Lon observe un taux de chmage assez lev, notamment pour la cit Soummam avec prs de
22% de chmeurs, cette catgorie assez fortement reprsente donc, ne jouit pourtant daucune
prise en charge par lamnagement titre dexemples dquipements de loisirs ou despaces
accueillant des activits lui permettant dvacuer son nergie ou sa frustration, ce qui se traduit
au mieux par lapparition dactivits illicites au sein des cits (amnagement de petites tables
pour la vente de cigarettes ou organisation de parties de billard ou de babyfoot payantes..) et
au pire par des comportements beaucoup plus dangereux , tels que la toxicomanie ou la petite
dlinquance.
Quant la population occupe, les fonctionnaires (qui reprsentent une part importante des
destinataires des logements sociaux de Bab Ezzouar lors de leur attribution) ne reprsentent
aujourdhui que 39 52% des occupants, alors que les professions librales et surtout les
commerants sont en net progrs atteignant pratiquement les 37% la cit Soummam.
La mixit des catgories sociales reprsente donc un phnomne bnfique pour les habitants.
Le niveau dinstruction plus lev au niveau de la cit Rabia Tahar peut constituer un lment de
rponse quant au fait que la dqualification (notamment des espaces extrieurs, des faades et
des espaces intermdiaires) soit nettement moins marque au niveau de celle-ci.
De plus les niveaux de revenus par rapport aux catgories socio-professionnelles constituent un
indicateur complmentaire quant la volont de participer financirement une quelconque
opration damlioration de leur cit.
10.4.2. Parcours rsidentiel :
10.4.2.1. Statut doccupation du logement : La location, une formule encore trs
rpandue
Statut doccupation
Cit Soummam
24%
3%
73%
Propritaire
Logement de fonction
Locataire chez le priv
Locataire chez lOPGI
Le taux de cession reprsente une moyenne de plus de 27%, cette proportion est largement
reprsente par les locataires dorigine ayant rachet leur logement lOPGI et qui en sont
devenus propritaires. Une tranche beaucoup moins importante
personnes ayant achet leur appartement en deuxime main et surtout au prix rel du march
(surtout pour un usage professionnel : cabinets de mdecins, dentistes, notairesetc.).
Le statut doccupation du logement constitue un indicateur prcieux par rapport lcho que
peut trouver une opration de rsidentialisation chez les habitants. En effet, il est possible
daffirmer que lintrt des propritaires est plus facile capter sagissant de lamlioration et de
lentretien de leur cit.
10.4.2.2. Sdentarit /mobilit: Une population installe depuis longtemps
76%
67%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
21%
24%
9%
3%
Moins de 10 ans
Entre 10 et 15 ans
15 ans et plus
Lenqute rvle une sdentarit des mnages assez prononce (plus de 71% des mnages des
deux cits occupent leur logement depuis plus de 15 ans), nanmoins certaines tendances de
mobilit sont remarques la cit Rabia Tahar avec plus de 3% des mnages qui habitent depuis
moins de dix ans, cela peut sexpliquer par laspiration plus de confort (vers une typologie
Pour toujours
Pour une priode dtermine
Quitter le plus vite possible
Cit Soummam
0%
62%
38%
Le tableau ci-dessus indique que trs peu dhabitants veulent rester dans leur appartement
(environ 9% pour la cit Rabia Tahar), la majorit projette un dmnagement aprs une priode
dtermine ( plus ou moins long terme) tandis que 38% des habitants de la Soummam et peu
prs un quart des personnes enqutes de Rabia Tahar souhaitent quitter le plus rapidement
possible. Deux arguments peuvent tre avancs pour expliquer le dsir de quitter plus ou moins
long terme : le premier est la dgradation du cadre de vie et qui constitue une raison vidente au
regard de ce qui a t avanc lors de lobservation en site propre, le deuxime argument rside
dans le fait que dans limaginaire collectif, le rve pavillonnaire 201 est une aspiration que
nourrissent -avec plus ou moins despoirs de relle concrtisation- tous les algriens et en
particulier les habitants des cits de logements collectifs.
10.4.3. Les formes de sociabilit:
10.4.3.1. Relations de voisinage : Une proximit sans intimit
Cit Soummam
86%
85%
14%
15%
Source : Auteur (2009)
Lon constate que les relations de voisinage sont pour la plupart des relations considres comme
des relations damiti ou du moins de proximit (une moyenne de 85% environs pour les deux
cits contre moins de 15% de relations superficielles) et ce malgr les contraintes spatiales et
201
202
72%
64%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
27%
21%
7%
Lieu public
Domicile
9%
Autre
Source: Auteur(2009)
Les rencontres et les discussions se droulent beaucoup plus dans les domiciles que dans les
lieux publics, qui en gnral, concernent la proximit de limmeuble ou un caf du quartier. Le
pied dimmeuble constituant un espace intermdiaire entre le domaine public et le domaine
priv.
Le domicile reste donc dvolu une certaine intimit et est donc ouvert des relations atteignant
un certain degr de proximit (amis proches qui ne sont dailleurs pas forcment des voisins).
Il est aussi possible daffirmer que les lieux de rencontre dpendent galement du sexe, et du fait
quau sein du mnage hommes et femmes nont pas damis en commun, cela limite les
possibilits de rencontres au domicile pour les hommes alors que dans le mme temps les
femmes nont aucune alternative pour voir leurs amies que lespace confin du logement
(domicile).
10.4.3.3. Sentiment de solidarit : Une valeur trs ancre
Cit Soummam
93%
38%
3%
Le sentiment de solidarit est trs enracin dans les deux cits avec une moyenne de prs de 92%
de personnes interroges qui se dclarent solidaires de leurs voisins de palier. Les relations
dentraide et de solidarit sont donc trs importantes.
Lon remarque nanmoins que les relations sociales dans la plupart des cas sont des rapports de
coexistence fonds sur la proximit spatiale. En effet plus on sloigne du logement (palier,
immeuble, cit) moins les liens sont forts et le sentiment de solidarit diminue de fait.
Les relations de voisinage sont dcrites en fonction dune image idale et normative() Deux
rfrences sont prendre en compte, tantt elles saffrontent, tantt elles se renforcent en
fonction du vcu et de linterprtation qui en est faite. La premire est religieuse : on se rfre
au coran dont lenseignement est sans quivoque, la seconde est sociale et reflte le dsir de se
conformer au concept de quant--soi qui signifie la fois, le respect, la discrtion et une
certaine limitation volontaire des changes. 203
Le sentiment de solidarit est li lexistence dune vie communautaire, nanmoins il est
difficile daffirmer dans que les habitants de la cit Soummam ou mme de Rabia Tahar forment
une communaut. En effet, les modalits par lesquelles saffirme la solidarit expriment la mise
en place de relations individuelles indniables, mais des niveaux plus organiss, plus structurs
apparaissent rarement.
203
Ibid.
83%
76%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
24%
17%
Dans la cit
Dans la ZHUN
Source: Auteur (2009)
Pour une immense majorit de la population enqute (plus de 79% en moyenne), lachat de
provisions quotidiennes de premire ncessit se fait dans leurs cits, car quipes de commerces
de proximit au niveau des rez-de-chausse des immeubles, elles sont le lieu de
rapprovisionnement privilgi.
Quant la part de personnes enqutes et qui dclarent effectuer leurs achats de tous les jours
dans la ZHUN de Bab Ezzouar (21%) elles voquent le fait quelles doivent ncessairement se
dplacer pour atteindre leur lieu de travail et profitent de leurs trajets pour faire leurs courses,
dautres soulignent encore que les deux plus grandes cits ( savoir la cit 8Mai 1945 et la cit 5
Juillet 1962) offrent une plus grande varit de produits et un meilleur choix de qualit (
prsence de marchs non sdentaires). Lusage dominant que les habitants rattachent au
quartier comme globalit est celui li la frquentation des commerces et services offerts ou
spontanment cres sur place () la conjugaison de ces lments renforce laspiration des
services de proximit permettant une gestion quotidienne maitrise et favorisent ainsi le
sentiment dappartenance au quartier (.)Labsence de sentiment dappartenance quelque
chose qui serait de lordre du territoire est certes contrebalance par un lien fonctionnel fort
avec des points prcis de cet espace et notamment avec des espaces de commerces et
dactivits. 204
10.4.4.2. Stationnement du vhicule : Le royaume de la dbrouille
204
Ibid., p.45.
Parking de la cit
Dans les rues avoisinantes
Parking dune autre cit
Cit Soummam
93%
7%
Le stationnement des vhicules particulier constitue le vritable nerf de la guerre pour les deux
cits , en effet , nayant ni lune ni lautre de parking intgr dans leur conception, les usagers
investissent lespace public pour parquer leurs voitures ,les abords des immeubles et les rues
avoisinantes constituent les lieux privilgis par les habitants, ils avancent comme argument le
cot pratique, c'est--dire la proximit et la possibilit de surveiller leurs voitures par les fentres
de leur logement, ce qui ne manque pas de crer des conflits et des tensions compte tenu de
laugmentation du taux de motorisation grce laccession des crdits autos (ces crdits ont
toutefois t supprims en 2009). Quant ceux qui prfrent se tourner vers les parkings des
cits voisines (notamment la cit 5Juillet 1962-la plus proche pour les deux), ils atteignent le
taux de 18% la cit Rabia Tahar contre seulement 7% la Soummam, ils voquent le fait quils
rentrent trop tard pour pouvoir trouver une place libre dans leur propre cit ou encore la
tranquillit que procure le fait de payer un gardien la nuit pour la surveillance de leur vhicule.
10.4.4.3. Lieu ou se droulent les loisirs : Privilge du domicile
Le logement
La cit
Autre
Cit Soummam
79%
14%
7%
La plupart des loisirs se pratiquent dans le cadre intime du logement, lon cite : regarder la
tlvision, bricoler, lire (journaux, revues..etc.).
Linsuffisance des quipements joue un rle non ngligeable dans les difficults dtablissement
dune vie sociale active en dehors des proches voisins dans les cits. La frquentation des
mmes lieux et le partage des loisirs favorise les contacts et nourrit le sentiment dappartenance
un groupe et donc lappropriation de lespace dans lequel se droule la vie de quartier qui se
dfinit pour chacun travers les lieux qu'il frquente quotidiennement (pour les courses, les
loisirs.. etc.) : Habiter cest quotidiennement parcourir les mmes trajets, frquenter les
mmes lieux, croiser les mmes personnes. Cest reprendre chaque jour les mmes trottoirs, au
mtre prs, traverser les mmes rues, sattarder devant les mmes vitrines de magasins. Cest
non seulement acheter son pain et ses journaux aux mmes endroits, mais cest galement garer
son vhicule la mme place.205
10.4.5. Perception et image du cadre de vie :
10.4.5.1. Opinions concernant la cit : Des cits dprcies
Cit Soummam
97%
82%
18%
3%
Insatisfait
Satisfait
Source: Auteur (2009)
Les taux dinsatisfaction exprime sagissant de la cit sont extrmement levs pour les deux
cits, lopinion dfavorable plafonne prs de 97% des personnes enqutes pour la cit
Soummam. Les causes du mcontentement le plus souvent cites sont : la salet, le manque
despaces de loisirs et de rencontres, labsence damnagement urbain (bancs, luminaires, alles
plantesetc.), linscurit.
205
CHALAS.Y. Loralit sociale, coute, traitement et restitution de la parole urbaine quotidienne. Paris : CNRSURA, 1996, p.53.
Cit Soummam
86%
70%
30%
14%
Insatisfait
Satisfait
Source: Auteur (2009)
Lopinion concernant limmeuble (globalement) connat une mince amlioration par rapport
linsatisfaction que suscite lespace global de la cit, avec un taux dapprciations positives
atteignant les 30% la cit Rabia Tahar, alors que 12% de mcontents la Soummam dplorent
ltat de leur immeuble, lon voque encore et toujours la salet, laspect extrieur dgrad, les
cages descaliers et les ascenseurs ravags, lobscurit..etc.
10.4.5.3. Opinions concernant le logement : Des logements investis
Cit Soummam
73%
66%
34%
27%
Insatisfait
Satisfait
Source: Auteur (2009)
Le taux dopinions favorables au logement (taux de satisfaction) est trs nette la cit Rabia
Tahar avec prs de 73% de satisfaits, cette tendance se confirme mais reste plus nuance
sagissant de la cit Soummam avec un taux de satisfaction avoisinant les 66%.
Les causes dinsatisfaction voques lors des entretiens viennent renforcer le constat tabli
prcdemment auquel sajoutent les problmes dexigit des surfaces, des problmes disolation
phonique , ainsi que du fonctionnement des services (usage de la cuisine, de la salle de bains ou
encore laccomplissement des taches lies lentretien comme la lessive, le schage du linge ou
encore labsence dendroits pour sortir lensemble des tapis, matelas et autres couvertures au
moment du mnage). Ainsi les motifs dinsatisfaction exprims lgard du logement touchent
plus rarement au modle intrieur dorganisation de lespace.
Nanmoins, il ya indubitablement une part de subjectivit et daffect dans le jugement que les
habitants portent sur leur logement, ils y habitent dans leur immense majorit depuis longtemps,
y ont investi de largent, enfin lespace du logement reflte leurs gots, leur mode de vie et leur
culture.
La synthse des trois graphiques ci-dessus indique que les opinions favorables concernant la cit,
limmeuble et enfin le logement augmentent progressivement mesure que lon passe du public
au priv. Cela peut sexpliquer par le fait que lappropriation est le corollaire dune opinion
positive par rapport un espace donne. De fait, plus les habitants se sentent chez eux et ont un
rapport dintimit avec lespace plus ils lapprcient, linverse plus on sloigne de ce que lon
peut considrer comme un rapport de proximit avec lespace moins ils se sentent concerns et
linsatisfaction augmente logiquement.
86%
91%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
14%
Oui
9%
Non
Source: Auteur (2009)
Erection de cloisons
Abattage de cloisons
Changement des portes ou de
leur sens douverture
Percement ou obturation des
fentres
Annexion de loggias /balcons
Rajout de placards
Changement de revtement
(faences, carrelages.)
Cit Soummam
17%
21%
52%
12%
38%
6%
69%
31%
88%
39%
86%
91%
fermeture de la loggia avec une moyenne de prs de 79% des cas, ce qui vient tayer les propos
dune majorit dhabitants se plaignant du manque despace et de lexigit des surfaces.
Dans lexpression de modles de faits et de rfrences des habitants, toutes les transformations
nont videmment pas le mme statut. Certaines expriment un refus de lespace propos, alors
que dautres apparaissent comme des finitions et des perfectionnements.206
Il est noter que la notion de chez-soi joue certainement un grand rle quant aux motivations
de ces transformations. Les habitants se sentent chez eux ds lors quils peuvent s'approprier
leur gr l'espace de leur habitat par des interventions qui leur permettent d'y apposer leur marque,
de le marquer comme leur espace. Ces interventions se font par des pratiques d'amnagement et
d'entretien qui leur permettent de dfinir le statut priv des espaces de leur habitat. Le chez-soi,
c'est donc l'espace que l'on peut s'approprier en toute libert et dans lequel on matrise aussi ses
relations aux autres en particulier en dfinissant ce que l'on veut pouvoir soustraire aux regards
des voisins.
10.4.5.6. Sentiment de chez soi : Une difficult dappropriation trs marque
Devant limmeuble
Dans lescalier ou lascenseur
Sur le palier
Cit Soummam
10%
21%
76%
206
Ibid. p.68.
93%
76%
67%
55%
Cit Soummam
45%
33%
24%
7%
Globalement, linscurit ou le sentiment dinscurit reste assez ancre dans les deux cits avec
une moyenne de 39% des personnes enqutes qui ne se sentent pas en scurit dans leur
quartier, ce taux grimpe prs de 83% sagissant de la scurit la nuit, les raisons voques lors
des interviews mettent frquemment en cause les cambriolages et les menus larcins (vols de
paraboles, dquipements de voituresetc.) et les agressions physiques et verbales. Il est
possible daffirmer galement que le sentiment dinscurit est largement nourri par les
contrecoups du climat global de peur qui a rgn au plus fort des annes de terreur (la ZHUN de
Bab Ezzouar a plusieurs fois t le thtre dactes de terrorisme dont le plus rcent est lattaque
du commissariat de la cit du 5 Juillet en Avril 2007 ainsi que lexistence de no mans land ,
vritables chasses gardes de bandes organises dont le plus connu est le quartier dit Dallas
situ au niveau de la cit El Djorf et qui fait rgulirement lobjet darticles dans la presse faisant
tat dactes de dlinquance (rixes, toxicomanie, prostitution et trafics en tous genres).
Il est noter que le sentiment de peur mme le jour reste plus lev la cit Soummam alors
mme que cette cit ne se dmarque pas particulirement par un taux de dlinquance plus lev
quun autre quartier de Bab Ezzouar. Linscurit est difficile dcrire, tant elle dpend la
fois de faits objectifs et dun ressenti. Il semble nanmoins possible de dfinir le sentiment
dinscurit par la visibilit de linscurit. Touchant aussi le logement social, la non-
tranquillit peut senvisager sous plusieurs formes, auxquelles les rponses ne sont pas
toujours apportes par les autorits lgitimes. 207
La question de la scurit peut donc servir de fer de lance pour une stratgie de communication
autour dun ventuel projet de rsidentialisation, car elle reprsente, faut-il le rappeler, un aspect
non ngligeable de la dmarche.
10.4.6. Aspects de la rsidentialisation : Des espaces amendables
10.4.6.1. Les lments pouvant amliorer la cit : Des attentes diverses mais
complmentaires
Cit Soummam
97%
7%
73%
70%
52%
67%
31%
24%
Plus de commerces
3%
3%
Amliorer le transport
14%
12%
Nettoiement et entretien
Ralisation dun parking
Amnagements (bancs,
kiosques, plantations, alles
pitonnes poubelles,
clairage.)
Cration de lieux danimation
et de rencontre (jardins
publics, terrains de sport,
aires de jeux)
Plus dquipements (socio
ducatifs, culturels, de
santetc.)
Les personnes interroges nont pas toutes formul des rponses prcises. La majorit des
aspirations concerne le nettoiement et lentretien avec une moyenne de 88% pour les deux cits
viennent ensuite divers amnagements (plantations, mobilier urbain.etc.) avec 70% des
demandes, pour finir avec la ralisation de lieux danimation et de sociabilit (60%).
On voit donc se dgager une double demande, lune tourne vers des dispositifs matriels visant
amliorer et requalifier les espaces physiquement, lautre tourne vers les comportements et
voquant la ncessit de plus de collectif .Pour schmatiser , il ya donc
deux types
daspirations : celles mettant dabord en avant les qualits dusage des lieux, et celles considrant
que ces lieux doivent, pour bien fonctionner, tre porteurs de plus de dialogue, plus de
convivialit.
207
OBLET.T. Dfendre la ville. Paris : PUF (Coll. La ville en dbat), 2008, p.16.
Cit Soummam
93%
97%
41%
31%
72%
64%
36%
12%
79%
58%
14%
21%
Source : Auteur (2009)
Les travaux dentretien courant qui incombent lOPGI, ou encore certaines rhabilitations
concernant des problmes dtanchit ou de joints de faade (surtout pour la cit Soummam)
arrivent en tte des priorits pour une amlioration de limmeuble, nanmoins lon peut
distinguer une nette tendance (beaucoup plus marque la cit Rabia Tahar) vouloir amliorer
laspect extrieur de limmeuble (avec une moyenne de plus de 34% pour un embellissement de
lentre et plus du tiers des personnes enqutes qui dsirent embellir la faade). Le plbiscite est
quasi gnral (une majorit crasante avec 95 % des cas) pour lamnagement dun jardin
privatif lusage nanmoins non exclusif des locataires de limmeuble. Il est possible
dinterprter ces donnes par une certaine volont damliorer limage de limmeuble (linterface
entre le domaine public et le priv : jardin en pied dimmeuble, entre, faade.etc.) aussi bien
que pour un agrment personnel que pour les trangers.
75%
66%
56%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
25%
Pour
Contre
Une majorit de personnes enqutes (75%) la Soummam pense que leur cit doit tre clture.
cela sexplique certainement par le fait quune une cit dlimite est rassurante, la clture avec
sa signification symbolique contribue attnuer la peur et le sentiment dinscurit et changer
les habitudes de vie dans une cit, notamment dans lusage qui est fait des espaces extrieurs
pour les jeux, les loisirs et la dtente.
Ainsi les rponses qui reviennent le plus souvent lors des interviews quant la ncessit de
clturer sont en premier lieu : la scurit des enfants, ensuite un souci de dlimiter pour pouvoir
prserver et enfin dlimiter pour pouvoir surveiller.
Alors que dans le mme temps les dtracteurs de la clture justifient leurs positions par les
arguments suivants : la clture rappelle la prison, la clture risque disoler la cit par rapport
son environnement, et enfin le cot dun tel amnagement.
Il est prciser que les opinions dfavorables la pose dun clture peuvent tre inflchies par
rapport aux types de cltures proposes, () selon la forme quelle peut prendre (la clture),
elle peut constituer un lment de qualification avec des matriaux de qualit, un dessin, un
socle maonn ou encore une vgtation soigneetc. 208
208
10.4.6.4. Opinions concernant la mise en place dun systme de tri slectif des
dchets
67%
59%
41%
33%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
Les populations enqutes des deux cits prsentent des attitudes antagonistes quant la volont
de procder la collecte slective de leurs dchets. En effet, une majorit de personnes interroges
la cit Rabia Tahar (prs de 67%) se dclare favorable la mise en place dun systme de tri
slectif, la tendance sinverse nettement quant aux habitants de la cit Soummam avec seulement
41% dopinions favorables. Le paradoxe rside dans le fait que lorsquon approfondit la question
avec eux, les pour et les contre se rejoignent sur le fond de la question : sur le principe tout le
monde est daccord pour faire un effort-si infime soit il- pour tenter de prserver
lenvironnement et pas seulement celui qui les concerne directement (c'est--dire lespace de la
cit), reste que la faisabilit sur le terrain se heurterait probablement au manque de moyens de la
commune (lcologie nest pas encore une priorit ), ainsi que la bonne volont et le civisme des
habitants qui ne sont pas toujours garantis.
Enfin pour ceux qui sont carrment contre le principe invoquent le manque de temps et laspect
fastidieux de la tche.
10.4.7. Les formes de participation : Une citoyennet prsente mais peu visible
10.4.7.1. Appartenance une association, comit de quartier, club sportif ou
autre
67%
52%
48%
33%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
Oui
Non
Source: Auteur (2009)
Globalement, le mouvement associatif prsente un bilan mitig au sein des deux cits, avec 60 %
de personnes interroges la cit Rabia Tahar qui dclarent faire partie dune association, la cit
Soummam quant elle compte prs de 52% de lchantillon ayant une activit de ce type.
Les associations les plus largement reprsentes comptent les APE209 en large majorit (72% de
moyenne pour les deux cits) suivies des associations religieuses (57%).
Lorsquon utilise le concept de mouvement associatif, cest lexpression dune forte
mobilisation consciente et organise de groupes sociaux, pour des revendications prcises
envers ltat, en vue de transformations et dinfluences sociales. ce titre, le mouvement
associatif devient un partenaire incontournable des pouvoirs publics pour rgler les problmes
de la socit et amliorer les conditions de vie de la population. Ce nest pas encore le casen
Algrie. 210
Les comits de quartier ou dhabitants, en tant quassociation spontane de personnes qui
sorganisent pour dfendre leurs conditions de vie au quotidien ou valoriser leur environnement
local reprsentent la forme dassociativit la moins reprsente avec moins de 4% ce qui
constitue plutt une entrave aux possibilits de montage doprations de rsidentialisation qui
sappuient normment sur le facteur participatif aussi bien en amont quen aval des projets.
209
210
Le champ dactivits lies la prise en charge de lespace public trouve ses limites dans la
conviction dune majorit dhabitants que les problmes damnagement et de fonctionnement
du quartier ont une dimension publique minente, cette perception dtermine chez les uns le
sentiment quils nont pas le droit de sen mler mais chez dautres, majoritaires, quils nont
pas sn occuper et quil sagit dune obligation des pouvoirs publics leur gard.211
10.4.7.2. Volont de participation la requalification de la cit :
79%
85%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
21%
15%
Non
Oui
Source: Auteur (2009)
La majorit des habitants dans les deux cits (une moyenne de 82% pour les deux cits)
affirment vouloir participer lamlioration de leurs cits, les autres sont diviss entre ceux qui
ne peuvent pas participer (le manque de temps est encore une fois la principale raison invoque)
et ceux qui nont pas confiance en ladministration.
Nanmoins, lamlioration des conditions dhabitat et du
proccupations majeures de la plupart des habitants interrogs.
211
86%
73%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
27%
14%
Participation active
participation financire
Source: Auteur (2009)
75%
62%
38%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
25%
Non
Oui
Source: Auteur (2009)
A peine 38% Rabia Tahar et seulement un quart la Soummam de personnes dclarent vouloir
participer une ventuelle rsidentialisation de leur cit.
Les rponses cette question apportent une nette nuance aux conclusions quil est possible de
tirer quant ladhsion des habitants que suscite la perspective de participer des oprations de
requalification urbaine.
En effet, il semble que cette volont concerne des initiatives dj mises en place ou lances, mais
ds lors quil sagit de prendre part une opration de rsidentialisation en amont (c'est--dire
ds les premires phases du montage du projet) et que cela implique plus dinvestissement en
termes de temps, de participer aux runions publiques et aux votations, de faire face aux lenteurs
administratives ou encore de lever des fonds, lopinion des habitants est beaucoup plus rserve.
En consquence et malgr une volont affirme dtre des acteurs non passifs de la vie de leurs
cits ,le constat fait plus haut peut susciter de srieux doutes quant la maturit du citoyenusager Bab Ezzouar par rapport sa participation et sa contribution dans le montage, la
ralisation et la gestion dun projet aussi complexe que peut ltre une opration de
rsidentialisation.
90%
82%
Cit Soummam
Cit Rabia Tahar
18%
10%
Oui ( a vot)
10.4.8. Les relations aux puissances tutlaires : Des prrogatives mconnues et des
responsabilits ignores
10.4.8.1. Responsabilit de lentretien de la cit
Les habitants
La commune
LOPGI
Cit Soummam
7%
17%
76%
Les habitants
La commune
LOPGI
Cit Soummam
18%
3%
79%
Le croisement des donnes conjugues des deux tableaux ci-dessus indiquent que la perception
par les habitants de lorganisme bailleur (lOPGI) et de la commune (APC de Bab Ezzouar)
quant leurs responsabilits et leurs attributions respectives sont assez imprcises voire errones.
En effet, pour une majorit de personnes interroges (plus de 64,5% en moyenne au niveau des
deux cits), lentretien de la cit incombe lOPGI seul. En revanche ils sont plus de 82 % en
moyenne estimer que le bailleur est responsable de lentretien des parties communes de
limmeuble.
De plus, et bien que le taux de cession des logements atteigne respectivement 24% et 30% la
cit Soummam et la cit Rabia Tahar, il semble que les habitants ne soient pas conscients que le
fait de devenir propritaire de leur logement leur donne le droit de jouir librement de leur bien
mais implique galement pour eux tout une srie dobligations en relation avec le systme de
coproprit.
Globalement le flou, la dilution voire le chevauchement des responsabilits ont contribu
semer la confusion et le doute dans les esprits.
De fait, la mconnaissance des missions de chacun a des implications diffrents niveaux.
Lhabitant-usager est rarement peru comme un acteur positif de la relation quil entretient avec
un organisme public et encore moins comme partenaire potentiel. Dans cette perspective, la
difficult est que les diffrents acteurs en charge de la gestion urbaine Bab Ezzouar se trouvent
dans une situation paradoxale. Dune part, ils ont pour mission de lutter ou du moins de rguler
la dgradation des espaces et des biens, mais dautre part, ils en sont les coproducteurs par leur
manque de lisibilit, daccessibilit et de communication, plus globalement leur inadaptation.
mieux (..) Le quotidien des habitants cest de marcher dans la boue en hiver et attraper
une insolation lorsquon se dplace de sa voiture son logement en t.
Pour un reprsentant de lorganisme gestionnaire, le patrimoine bti est lui aussi en
cause : Etant donn ltat de dgradation avance du parc actuel et la lourdeur des charges
de fonctionnement et les problmes lis aux recouvrements des loyers et au personnel et sa
qualification, nous nous efforons de parer au plus urgent en mettant sous la rubrique des
travaux programmables pour lanne suivante, tout ce que nos moyens limits ne permettent
pas dengager dans limmdiat. . Il est noter que lorsque les pratiques de gestion sont mises
en cause, un certain consensus se fait sur le constat que les diffrentes structures concernes sont
impuissantes assumer les taches qui leur incombent au quotidien cause notamment de
problmes financiers et du manque de personnel qualifi. Pour autant, ces structures ne sont pas
compltement inertes et tentent de trouver des solutions, Selon le responsable du service de la
rnovation au niveau de la direction de la rnovation et de lamnagement urbain : On
enregistre un mouvement dans la commune avec des amnagements par ci et par l, mais le
problme prend des allures importantes vu quon on est devant une situation critique, cest le
cumul des annes prcdentes. En effet, outre les initiatives ponctuelles des services de lAPC
et les interventions sur le bti par lOPGI (essentiellement des rhabilitations techniques), Bab
Ezzouar a connu au cours des annes 2000, plusieurs oprations denvergure, les plus notables
sont le projet damnagement du boulevard urbain de lhtel Mercure ou encore le projet de
coopration algro-allemande initi par le ministre de lhabitat sur plusieurs sites pilote dont la
cit Soummam. Dix ans plus tard, les objectifs damlioration du cadre de vie des habitants des
grands ensembles sont loin dtre atteints, pire encore, ces projets se sont solds par des checs
cuisants avec au mieux un retour la situation initiale. Un lment de rponse rside dans le
caractre durgence quont sembl revtir ces oprations. En effet, Pris par lurgence, les
pouvoirs publics nont eu de cesse de promouvoir des rponses rapides, partielles et ponctuelles
(mme si ces rponses peuvent prendre la forme de dispositifs appels programmes ou plans
urbains). Ces politiques publiques de dveloppement et damlioration urbains, loin dtre des
rponses et des solutions sont gnratrices de nouvelles contradictions.
Aux mmes causes, les mmes effets : ces cits ont t construites pour parer au plus urgent
et donner un toit aux gens, et vingt ans plus tard, lon a refait la mme btise en essayant de
les amliorer, car il fallait des rsultats rapidement pour justifier certains arbitrages
politiques .
Ainsi, pour tenter de comprendre et dexpliquer la situation mise au jour par lenqute et ltat
des lieux fait prcdemment dans ce chapitre quant aux nombreux dsordres et
dysfonctionnement dont souffrent les cits Soummam et Rabia Tahar et les carences de tous
ordres releves, les acteurs concerns offrent un diagnostic assez lucide et circonstanci en
remettant clairement en cause la gestion qui en a t faite.
Aux questions 3, 4 , 5 et 6 lies limpratif de la participation citoyenne , les rponses
convergent vers la ncessit dimpliquer les habitants dans lamlioration de leur cadre de vie :
Ce qui est certain, c'est qu'il faut qu'on ait en face de nous des habitants, il faut qu'on
travaille avec eux, on ne peut pas mener bien un projet sans recueillir, sans dialoguer avec
les habitants ; s'il y a une demande des habitants, il faut en tout cas qu'on sache l'couter
; je crois qu'ils attendent beaucoup qu'on les coute, et qu'on prenne en compte un certain
nombre de demandes qui relvent souvent du bon sens et auquel on peut accder ,
Nanmoins, la participation est une injonction constitutive de la politique de la ville212, sans que
lon ait vraiment pu constater un rel inflchissement dans les pratiques vers une meilleure
association des habitants. On peut attendre que la rsidentialisation qui est faite pour eux ne soit
pas faite sans eux, mme si certains arguments sont mis en avant pour justifier la difficult
dassocier rellement les habitants cause notamment de leurs proccupations souvent
prosaques ,de lchelle de leurs attentes et de leurs capacits dexpertise : Contrairement aux
ides reues , beaucoup de gens se proccupent de leur logement et de leur quartier ; leurs
inquitudes [les habitants] se limitent de petits problmes et il nest pas garanti quils aient
les capacits de jugement ncessaires une chelle qui dpasse le logement ou la cage
descalier de limmeuble. ; Les locataires ne sont pas des professionnels, donc ils peuvent
avoir un point de vue erron. . Cela sexplique certainement par le fait que lexpression de la
demande sinscrit dans un rapport o le demandeur rgle ses attentes en fonction de la
reprsentation quil se fait de ce que ses interlocuteurs (en loccurrence les reprsentants des
pouvoirs publics locaux) peuvent lui concder. La mdiocrit des questions souleves par les
usagers est en fait lexpression de leur manque de culture en matire de dmocratie participative
car elle constitue un vritable acquis culturel dont le dveloppement ne peut rsulter que de
processus dapprentissage progressifs, autant de la part des responsables politiques que des
citoyens concerns. Ce dveloppement ncessite de transformer les demandes individuelles,
ncessairement rductrices, en enjeu collectif. Cela exige de dpasser lexpression des intrts
individuels (sans pour autant les nier) pour contribuer la formation de lintrt gnral. Mais
cette formation ne peut rsulter que dun processus de construction, il nest bien entendu pas
spontan.
212
Cf. Annexes
Ainsi mme si imparfait, mme si partiel et souvent partial, ce processus dimplication des
habitants doit dabord passer par la mise en place de dispositifs de concertation et dinformation
car mettre au courant des projets que lon envisage dentreprendre est une premire ouverture de
la dcision vers lextrieur : Il faut que linformation utile soit toujours disponible,
accessible ; la diversit des acteurs en prsence ncessite un niveau dinformation collectif
extrmement lev et partag en temps rel ; Les explications qui leur [les habitants]
seront donnes les aideront comprendre lopration.
La question de la prsence dinterlocuteurs est elle aussi mise en avant comme outil permettant
de rendre effective cette participation : Pour demander lavis des habitants, il faut dabord
trouver qui parler (..), il faudrait dabord ractiver et relancer le dynamisme des
associations, des comits de quartiers, des relais dhabitants..etc. ; Cest une manire
dencourager les associations travailler dans la dure. Cependant, le fait dtre constitu en
association nest pas une garantie de reprsentativit.
Ainsi, la lumire des tmoignages recueillis, la participation savre tre une question vaste et
complexe, qui revt plusieurs significations et les actions relevant de ce champ dintervention
sont larges : elles peuvent aller dune vritable coproduction avec des instances comme les
conseils
de
dinformation servant dalibi certaines dcisions. Dans cette optique le tissu associatif peut
devenir une force de proposition implique dans la bataille du dveloppement, aux cts des
pouvoirs publics.
Aux questions 7, 8, 9 et 10 lies aux obligations de partenariats, elles interpellent les
responsables, et quasiment tous conviennent de la ncessit de la mise en place de mthode de
travail privilgiant le partenariat dans le traitement des politiques damlioration urbaine car
chaque projet damnagement comprend un ensemble de dcisions plus ou moins importantes et
qui recouvrent plusieurs domaine de comptences : Tout projet damnagement est compos
dune multitude de dcisions et
responsabilits. , en effet, chaque intervenant agit selon ses aptitudes, ses intrts, les moyens
financiers quil peut mobiliser, et le risque encouru est que lintervention sur un espace donn
soit incohrente.
Le vritable enjeu auquel sont confronts les acteurs, consiste donc faire travailler ensemble
des partenaires dont les objectifs et les mthodes dintervention divergent souvent : Par
manque de clarification ou par mconnaissance des rles de chacun en matire dentretien
dun quartier, le travail ralis est souvent inefficace. .Nanmoins, la question du partenariat
pose le problme de la multiplicit des intervenants, en effet, la liste des acteurs concerns par la
gestion urbaine est longue car les primtres sont flous et variables en fonction des aires
daction de chacun: De nombreux acteurs interviennent dans la gestion urbaine : Les OPGI,
les collectivits locales, la DUC, les entreprises de services publics et privs . etc. Lidal
se serait que tout le monde travaille ensemble sur un projet pour voir ce que a donne , de
fait la dmarche exige une plus grande coopration avec, pour effet, une meilleure organisation
de leurs interventions pour agir en continu, de manire concerte et coordonne. Pour ce faire,
Le premier indicateur pour valuer les possibilits relles de construire ce partenariat reste
lexistence sur le terrain dactions coordonnes. Selon plusieurs personnes interroges, cela ne
semble pas encore de mise : On repeint les trottoirs ou on refait les revtements de chausse,
et la semaine daprs, la SEAAL ou la SONELGAZ arrivent et cassent tout pour rparer une
conduite ! ; Cest difficile de faire un travail complmentaire pour la bonne raison que
personne na de cahier de charges prcis, tout se fait au jour le jour. .
Ainsi, laccent est mis sur limportance dobtenir une synergie entre les acteurs en charge de la
gestion urbaine. Cette qute dune mthode de travail, qui permettrait de surmonter les
invitables intrts contradictoires en jeu dans ce domaine est donc primordiale : Cest une
nouvelle culture de dmarche partenariale quil faut russir acqurir. . Cela dit, joindre les
faits aux discours et mettre en uvre le partenariat nest pas chose aise, dans un premier temps,
les partenaires doivent tre en mesure de raliser un constat partag sur les possibilits
opratoires de chacun en identifiant et en clarifiant les responsabilits prcises et les capacits
dintervention de chaque acteur , et il semble quavant mme de sintresser ses partenaires,
chacun doive rinterroger son organisation et son fonctionnement, ainsi selon un responsable
lOPGI interrog , certains claircissements de responsabilits sont le pralable la mise en
ouvre du partenariat, A mon avis , dj avant de travailler ensemble , il faut que chacun fasse
son boulot , parce que tout le monde ne sait pas qui doit faire quoi et comment.. ; Il faut
prciser les rles et se renseigner sur les manires de travailler des autres. . Il sagit donc
dune phase de connaissance et de reconnaissance des comptences et des potentialits de chaque
acteur pour penser un travail commun et sinscrire dans une dynamique de projet.
Aprs la ncessaire clarification des rles, se pose la question du pilotage : Le partenariat
permet de coordonner laction cest sur, mais qui coordonne le partenariat ?, en dfinitive il
faut quelquun (ou quelque chose) pour superviser tout a, et qui il faut se rfrer en dernier
lieu.
Cela tant, certains blocages et des conflits peuvent surgir, dabord des enjeux de pouvoir
peuvent entraver le partenariat : partir du moment o les dcisions concernant un quartier
sont de nature politique, a devient intenable. , cette dimension politique est une source de
frustration pour des techniciens lorsque la politique sen mle : Les lus ne pensent quaux
lections et ce quils pourront tirer comme avantages pour leur image.
Ensuite, mettre autour dune table, des personnes dfendant souvent des points de vue divergents
conduit invariablement lapparition de contentieux : Le responsable du service de lurbanisme
et de lquipement de lAPC de BEZ le confirme : Les conflits sont permanents entre nos
diffrents services alors imaginez ce que a donne si lon est amens travailler avec dautres
partenaires.
A la question 11 lie au financement des actions damlioration et de gestion urbaine,
considrant que lamlioration du cadre de vie et la gestion de celui-ci doivent tre des processus
concerts qui impliquent plusieurs partenaires dont les intrts diffrent , le portage financier est
un bon moyen pour concrtiser dune part le partenariat et dautre part la participation et sert
galement la coordination du financement. Cest pourquoi il est ncessaire de dfinir les couts
des mesures programmes et de les rpartir sur les acteurs concerns. Toutefois sagissant des
taches de gestion courante, chaque organisme fonctionne en essayant de faire face ses propres
contraintes budgtaires , un responsable lOPGI de Dar El Beida le confirme : Au quotidien,
nous fonctionnons sur nos fonds propres qui comprennent le montant des charges locatives, le
taux affect lentretien et aux rparations de grande envergure est de 0.09% de la valeur
dimmobilisation (calcule suivant les textes rgissant la cession), mais tant donn ltat de
dgradation avance du parc actuel et la lourdeur des charges de fonctionnement, le taux
voqu ci-dessus arrive peine couvrir les frais dautant plus que nous rencontrons
beaucoup de difficults percevoir les loyers qui sont de toute faon trop bas.
La situation au niveau de lAPC nest gure plus reluisante, en effet leste de prrogatives
quelle nest pas en mesure dassumer et notamment par les instances dchelon suprieur
(wilaya), elle est investie de missions de gestion difficiles assumer au regard de ses capacits
financires On dpend trs largement de la mobilisation des ressources locales, mais cest
difficile de trouver un quilibre vu quon nest pas une commune trs riche, ici ce nest pas
lAPC de Hassi Messaoud. !.
Nanmoins, lorsquil sagit doprations denvergure limage du projet de partenariat algroallemand, des sources de financement par des acteurs institutionnels sont plus facile trouver
avec par exemple ltablissement dune convention de financement signe conjointement par
lorganisme bailleur et la Caisse Nationale du Logement ou encore les subventions FONAL213 ,
213
patrimoine
immobilier. ; Un dialogue rgulier avec les habitants, cest ncessaire pour viter les
dgradations par une gestion quotidienne, parce quils sont aux premires loges. .
Dautre part, la prise en charge de tous les lments constitutifs dun quartier parait
essentielle : Traiter uniquement la dimension habitat ne suffit pas, il ya galement des
enjeux forts intervenir sur les espaces extrieurs et les quipements.
des
responsables
institutionnels
(services
dcentraliss,
organismes
sous
tutelles.etc.) ainsi que de nouveaux modes gestion en sont des conditions incontournables.
Conclusion :
Cette enqute aura tent danalyser de prs les aspects sociaux et spatiaux des
dysfonctionnements constats aussi bien au niveau de lespace global de la ZHUN quaux
chelles plus fines des cits Soummam et Rabia Tahar, soit dune part le peuplement pour
vrifier lexistence ventuelle de spcificits qui peuvent contribuer expliciter ces difficults,
et dautre part les caractristiques et les dynamiques des lieux.
Les besoins de territorialit ou didentification et dorientation ainsi que les besoins dintimit se
trouvent non satisfaits et les habitants-usagers en conoivent de la frustration et un certain
ressentiment. Nonobstant, leurs interventions restent limites en raison notamment de labsence
de cadres organisant et coordonnant laction.
Lorsquon interroge les habitants sur leurs perceptions des diffrents espaces qui constituent leur
habitat, les enseignements qui peuvent, tre tirs de ces rponses indiquent clairement que les
revendications damliorations dusages et une revalorisation des lieux par lesthtique et
lagrmentation constituent des priorits.
Dans cette optique, il est primordial de rendre les cits plus lisibles, avec leur identit propre et
des lments qui leur donnent du caractre : recomposer et requalifier les espaces extrieurs,
crer une hirarchie des espaces, matrialiser les limites, introduire des quipements qui animent
et entretiennent la vie de quartier ou encore agir sur le paysage et les ambiances urbaines sont
autant de moyens qui, diffrents dans leur nature et les outils quils requirent convergent vers
une mme finalit : la reconqute de lespace du quartier par ses habitants.
Pour ce faire, il faudrait agir cit par cit, presque rue par rue afin de prserver et valoriser les
particularits et les aspects positifs dont chaque quartier est intrinsquement porteur.
En effet, contrairement aux grands ensembles dhabitat dans un certain nombre de pays, les
habitants des ZHUN algriennes -et cela vaut galement pour les cits Soummam et Rabia Tahar
Bab Ezzouar- partagent les mmes rfrences culturelles et les modes de vie se rejoignent sur
plusieurs aspects, ce qui constitue un atout supplmentaire favorisant la cohsion sociale et la
formation de communauts condition que le cadre spatial sy prte par des interventions
opportunes et efficientes.
Lautre aspect important prendre en compte est dassurer la prennit des amnagements par
une gestion des cits efficace et de proximit en rinventant les modes de faire et en intgrant
une culture de partenariat et de transversalit. La conjugaison de stratgies et de moyens si
diffrents tourns vers un objectif commun-en somme donner une nouvelle urbanit aux citsreste complexe raliser, la rsidentialisation en est un levier important.
Ce redcoupage permet de grer la transition entre le public et le priv ainsi que le rapport au sol
des btiments.
Amnags en cohrence avec le rseau maill, les cheminements pitons permettent laccs de
lespace public vers les entres dimmeubles, sans dtours.
Le maillage permet lvolution des quartiers et la cration despaces semi-privatifs qui sont
favorables une ventuelle appropriation. Il permet galement dorganiser des units
rsidentielles et la cration despaces de proximit qui facilitent la naissance de rseaux de
sociabilit.
De plus la rorganisation du rseau viaire facilite laccs aux nouvelles fonctions urbaines
introduire, quelles soient commerciales, de services ou des quipements daccompagnement, cela
saccompagne ncessairement par la rhabilitation de la voierie, en effet refaire les bitume,
ramnager les trottoirs et le pavage ou encore crer des passages pitons et rserver des
cheminements pour dautres types de circulation telles que les pistes cyclables ne sont pas des
actions spcifiques des projets de rsidentialisation, elles constituent nanmoins une condition
indispensable la revalorisation de limage des cits.
Les diffrents rseaux techniques (assainissement, eau, gaz, lectricit, tlphone) se trouvant le
long des voies principales pour la plupart des cits de la ZHUN ne constituent pas un obstacle
la cration du maillage. Celui-ci concerne uniquement les voies de desserte en impasses, le cas
de dplacement couteux de certains rseaux ne risque donc pas de se poser.
6.4.2. Lespace de lhabit : Qualifier lespace de voisinage
6.4.2.1. Diversifier loffre dquipements, commerces et services :
Les espaces de lhabit dclines selon divers usages allant du stationnement du vhicule, aux
achats quotidiens en passant par les lieux o se droulent les loisirs et la frquentation des
quipements permettent dans une certaine mesure de juger de la qualit de lespace urbain de
voisinage.
Dans cette optique la demande dquipements socioculturels reflte une proccupation lgitime
(31 % la cit Soummam et 24% la cit Rabia Tahar) de la part des habitants et permet entre
autres de faire vivre ces cits dortoir. A ce titre, les commerces sont des lments danimation
urbaine et favorisent les changes, cest pourquoi il semble vident de les conforter l o ils
fonctionnent dj, par la cration de petit complexes commerciaux ou par la revitalisation de
lexistant linstar du supermarch de la cit Rabia Tahar. Ce faisant, de nouveaux commerces
peuvent apparatre et se transformer.
Un premier niveau daction consiste au changement dusage dune partie des appartements de
pied dimmeuble peut permettre de rpondre en partie la demande des habitants, en contenant
des services de proximit, comme des locaux associatifs, des services sociaux, mdicaux ou
encore permettre limplantation de petites entreprises. Lanimation des quartiers Bab Ezzouar
doit trouver des lieux dexpression au sein des espaces communautaires des immeubles et des
quipements daccueil, notamment pour les jeunes.
Ce faisant, il est ncessaire de rompre avec le principe du zoning et dopter pour la localisation
des diffrents quipements de proximit et autres activits diffrents niveaux pour assurer la
capacit darticulation entre les cits en fonction des disponibilits foncires. Le choix doit
galement se faire imprativement en fonction des dficits relevs par lenqute et certains
besoins exprims par les habitants : titre dexemple, lon relve au niveau de la cit Soummam
lexistence dune seule cole primaire et aucune crche pour une population des 0-9ans
atteignant les 15% , le constat est identique en ce qui concerne le moyen et le secondaire avec
des 10-19 ans qui reprsentent 17% de lchantillon enqut et le raisonnement peut tre
poursuivi pour les quipements sanitaires, de sport, de loisirs..etc. Ainsi, programmer des
quipements scolaires permet donc dallger la charge sur les coles des cits environnantes et
ramener la taille des effectifs des standards sinon internationaux, du moins plus acceptables.
Cela tant, certains quipements ne doivent pas concerner uniquement les cits Soummam et
Rabia Tahar, et ce afin de favoriser la mixit sociale et fonctionnelle. Si le quartier doit souvrir
physiquement lextrieur avec un maillage des voies, il doit galement crer un change avec
les autres quartiers proches et attirer, par des animations, les non rsidents. Pour ce faire, les
quipements doivent tre situs de manire stratgique afin dassurer des jonctions avec les
quartiers limitrophes. A titre dexemple, la construction dun quipement culturel phare
proximit de lUSTHB tel quune maison de quartier intgrant une garderie, une mdiathque,
une ludothque, des salles de runion ainsi quune salle polyvalente, avec une programmation
attractive et des vnements intressants, peut venir complter lexistence dune activit
commerciale et de services dj importante sur ce tronon (en effet, la proximit du plus grand
centre commercial dAlgrie en termes de surface draine dj des flux de visiteurs venant de tous
les quartiers dAlger).
6.4.2.2. Rorganiser le stationnement :
Cest galement un point crucial dans la mise en uvre dune opration de rsidentialisation car
il occupe une part importante de lespace. Le vhicule priv cristallise toutes les
problmatiques de
la rsidentialisation :
scurisation,
privatisation,
responsabilit de
gestion Cest une question rcurrente Bab Ezzouar, o loffre est, on la vu, dficitaire
avec 93% des personnes interroges la cit Soummam qui se garent dans les rues avoisinantes,
Rabia Tahar ce mme taux atteint les 82%.
Il est possible dviter les grandes nappes de stationnement amnages sur les terrains libres
disponibles en privilgiant par exemple des poches de taille limite, lies des btiments
autonomes, qui
favorisent la mutabilit et
derniers peuvent tre dailleurs des lments intressants pour matrialiser des limites.
En matire de stationnement, la clarification des usages, et la lutte contre lenvahissement par la
voiture passe par un minimum de contraintes car les habitudes sont difficiles changer lorsque
les surfaces accessibles sont immenses comme cest le cas Bab Ezzouar.
Les parkings amnags doivent ncessairement bnficier dun traitement paysager pour
minimiser leur impact. Dautre part, ils posent galement des problmes concernant leur gestion
courante et le gardiennage. De ce point de vue, il est possible de sappuyer sur des pratiques
observes sur le terrain aussi bien la cit Soummam qu la cit Rabia Tahar, savoir la
surveillance des vhicules par les jeunes du quartier moyennant rtribution , et ce en impliquant
dune part la tranche de population de jeunes adultes inoccups et nayant pas de diplmes et
qui atteint en moyenne un taux de 18% (en croisant les donnes de lenqut concernant les
tranches dges, les niveaux de formation et les catgories socioprofessionnelles) et dautre part
les pouvoirs publics travers les services communaux (APC) pour inscrire cette activit dans un
cadre lgal et viter ainsi les conflits avec les habitants rcalcitrants.
6.4.2.3. Amnager des espaces de dtente et de loisirs
Comme voqu prcdemment, les demandes damliorations pour lespace global des cits
couvrent des dispositifs permettant une requalification physique (73%
la Soummam
concernent divers amnagements allant des bans aux plantations en passant par lclairage) sous
tendant un deuxime niveau de lecture, la recherche de plus de convivialit. En effet, 67% des
demandes exprimes pour la cit Rabia Tahar portent sur la cration de lieux danimation sous
quelque forme que ce soit.
En effet, bien que la plupart des personnes interroges lors de lenqute estiment entretenir de
bonnes relations avec leurs voisins avec une moyenne de 85% dentre elles qui les considrent
mme comme des relations damiti , il nen reste pas moins que ces relations ont du mal
sexprimer cause notamment de contraintes spatiales dues au manque despaces ou
damnagements qui favorisent le dveloppement de liens sociaux plus forts que ceux bass
uniquement sur une proximit physique qui nest du reste pas choisie.
De plus, le lieu privilgi pour les rencontres avec les amis/voisins (72% la Soummam et 64%
Rabia Tahar) ou encore la pratique dune quelconque activit de loisir (79% pour la Soummam
et 67% pour Rabia Tahar) reste lespace confin du domicile ce qui entrave lmergence de la
sociabilit. En effet, la frquentation des mmes lieux et le partage des loisirs favorise les
contacts et nourrit le sentiment dappartenance un groupe et donc lappropriation de lespace
de la cit.
Dans cette optique, les espaces de dtente et de loisirs doivent rpondre des attentes diverses et
permettre des usages multiples. Iles peuvent tre destines spcifiquement aux loisirs : aires de
jeux pour enfants, terrains de sport pour adultes et adolescents ou des terrains sans affectation
particulire mais qui se prtent des activits ludiques.
Il est indispensable dloigner des immeubles les espaces de jeux bruyants pour ne pas crer de
gne pour les habitants. Les espaces de dtente et de rencontre peuvent tre situs aussi bien en
cur de cits sous forme de places placettes, terrasses, squares amnags ou en priphrie des
cits sous forme de parcs et de jardins publics.
La cration de ces lieux ne signifie pas pour autant faire table rase des espaces existants, les
lments de repres se trouvent souvent au centre des amnagements dj existants ; il est
ncessaire de sappuyer sur les pratiques des habitants pour renforcer les chances
dappropriation. A titre dexemple, le parc Tito situ la jonction des cits Soummam et 5
Juillet, important en surface et laiss labandon ne requiert quun minimum damnagements
pour tre nouveau exploit, il constituerait un parc urbain lusage non seulement des
habitants des cits limitrophes mais peut se transformer galement en un vritable pole
dattraction pour lensemble de Bab Ezzouar. Cet espace peut accueillir des activits de loisirs
au quotidien pour les catgories de population sans emploi qui reprsentent respectivement 22 et
17% de lchantillon enqut la Soummam et Rabia Tahar et dans une moindre mesure les
catgories ges de 60 ans et plus , la retraite (2% la Soummam et 3% Rabia Tahar) qui ne
disposent pas despaces destins les accueillir.
De plus, le modle culturel et la spcificit du mode de vie dans le contexte algrien sont autant
dindices qui peuvent orienter certains choix damnagements qui constituent le rceptacle pour
nombre de rites et pratiques entravs par un modle dhabitat inadapt, cest le cas par exemple
pour certains rites religieux (sacrifice du mouton de laid) ou encore les clbrations ou les
rassemblements (mariages, enterrements..etc.). Il est donc pertinent de prvoir des espaces
destines accueillir ces pratiques qui nourrissent la culture et lidentit, conditions
indispensables lmergence de la citoyennet et de la conscience sociale des habitants des cits.
6.4.3. Lespace rsidentiel : Rhabiliter, recomposer, dlimiter..
6.4.3.1. Reconstruction et rhabilitation du bti :
La rhabilitation du patrimoine bti des deux cits est appele de leurs vux par les habitants :
72% dentre eux la Soummam estiment que cela contribuerait certainement amliorer leur
immeuble.
De fait, le constat de dgradation physique dun certains nombre de btiments au sein des deux
cits ncessite dans un premier temps la mise en place dun ventail dactions de rhabilitations
techniques faisant partie des attributions courantes de lOPGI : Travaux dtanchit, revtement
et peintures des faades et des cages descalier, rfection des rseaux techniques dfectueux ou
encore lamnagement de locaux techniques. Ces actions peuvent constituer un moyen efficace
dintgrer progressivement les problmatiques du dveloppement durable par lutilisation de
matriaux performants sur le plan nergtique ou encore de techniques et des procds
permettant des conomies dnergie et dargent.
La rhabilitation est donc ncessaire, mais une restructuration dune partie des logements est
fortement conseille afin de diversifier loffre.
Les propositions de construction ou de rhabilitation privilgient galement dautres modles de
logements, afin denrichir loffre et les typologies rsidentielles. A titre dexemple, la diversit
des plans de logements peut se faire par le prolongement de lappartement vers lextrieur avec
des jardins privatifs dans les appartements du rez-de-chausse ou encore laugmentation des
surfaces des appartements en tage par ladjonction des balcons-il est rappeler que lenqute a
mis en relief une exigit des surfaces du logement qui a pouss 88% des personnes interroges
Rabia Tahar et 69% la Soummam annexer balcons et loggias en raison notamment dun
TOL atteignant en moyenne les 6.08- , ainsi ces excroissances du logement permettent de
marquer les entres dimmeubles ,de crer une volumtrie sur une faade plane ,de recouper
visuellement une barre trop longue ou de donner de la varit une faade monotone ,il faut
prciser que ce nest pas la varit qui est vise pour elle mme ni le camouflage qui est
recherch ,mais la perception dune chelle et la possibilit dun reprage qui sont surtout
considrs. Il sagit donc de jouer sur les paisseurs de faade, concept absent lors de la
Pour clarifier cette limite il faut la matrialiser, en crant une hirarchie de la voirie jusqu
lentre du btiment. Cest cet aspect qui manque cruellement Bab Ezzouar, passant
directement lentre de limmeuble. Il sagit dagir de faon donner une chelle humaine cet
espace public par une gradation dans les quipements et dans les vgtaux.
En effet, lespace public comprend la voirie qui permet la circulation dans les cits, mais aussi de
les traverser. Cette voirie saccompagne dune bande de stationnement. Elle permet de stationner
devant les logements mais aussi de ralentir le trafic routier et de mettre un filtre entre piton et
automobiliste, ce qui est un point positif pour la scurit. Des alignements de plantations crent
la continuit de lespace public ce qui rompt totalement avec les anciennes configurations de
trac. Les plantations alternent avec lclairage public qui permet lclairage de la voie et du
trottoir. Le trottoir passe au plus prs des btiments desservant ainsi lespace priv.
La dlimitation de lespace priv se fait laide dlments ajours comme des cltures ou des
combinaisons de cltures et murets, toujours dans un souci de lire lespace en continu mais en
faisant apparatre clairement les limites. Des jardins amnags en pied de btiments permettent
de desservir les logements par le biais de portillons.
La vgtation bnficie dun traitement particulier ainsi que les revtements de sols et clairages.
Ceci dans le souci de renforcer laspect rsidentiel. Pour les habitants des tages suprieurs, les
halls dentre sont ramnags et restructurs.
Le rapport au sol peut tre gr de deux faons diffrentes. La premire se propose de crer des
espaces de jardins rsidentiels ou privatifs en pieds dimmeubles. La seconde consistant
paissir le socle permet de rpondre au besoin de locaux dactivits. Un traitement courant
souligne lunit et lchelle du btiment tandis que quelques lments le ponctuent et tablissent
des lments didentification lchelle du quartier.
Les choix des matriaux, et des lments de fonctionnement rsidentiel comme les grilles de
cltures, les containers pour les dchets (qui permettent aux poubelles de ne plus envahir les
pieds dimmeubles), sont des rflexions qui doivent tre menes avec les habitants, car ce sont
ces objets qui vont donner limage des cits.
6.4.4. Revaloriser limage du quartier : Rtablir la considration
6.4.4.1. Penser la requalification par le paysage
La ZHUN de Bab Ezzouar en gnral et les cits Soummam et Rabia Tahar en particulier sont
incontestablement porteuses dune image repoussoir, dvalorisante pour leurs habitants et
dprcie par le regard extrieur. En effet, les opinions favorables exprimes par rapport la cit
sont tout fait minoritaires avec une moyenne pour les deux cits atteignant peine 11% de
rpondants qui se dclarent satisfaits.
Preuve en est la volont exprime de dmnager plus ou moins longs termes avec 38% des
rpondants qui dsirent quitter le plus vite possible la cit Soummam et 67% de personnes
interroges la cit Rabia Tahar voulant rester seulement pour une priode dtermine. Bien que
plusieurs paramtres entrent en compte dans le dsir de mobilit des habitants, limage ngative
qui mane de ces cits et un cadre de vie nglig et dqualifi exacerbent trs certainement ce
dsir. Il est donc ncessaire de rflchir une revalorisation de cette image pour faire rester les
habitants et en attirer dautres pour lesquels le fait dhabiter Bab Ezzouar nest pas seulement
une situation transitoire en attendant de trouver mieux .
Cela passe dans un premier temps par la requalification par le paysage : les espaces extrieurs
des cits Soummam et Rabia Tahar importants en surface ouverts et dnuds donnent une
impression de vide, et ne protgent pas en t des grandes chaleurs ni du froid et du vent en
hiver.
Ces importantes surfaces libres permettent de diversifier les traitements en espaces verts et de
rpondre des besoins varis.
Le vgtal contribue structurer lespace et le rendre plus lisible dans ses fonctions et ses
usages. Des alignements darbres peuvent souligner les frontires des voies et dfinir lespace
rue, cest un moyen pour border et dlimiter un espace ou marquer la variation de plusieurs
espaces, il peut contribuer sparer un flux piton dune voie mcanique, cest un excellent
moyen de requalification de lespace, il se prte divers objectifs : fractionner, embellir,
diffrencier .etc. Sans compter le rle climatique que peut jouer la vgtation en fonction des
saisons et son apport bnfique pour faire baisser les taux de pollution surtout au moment des
grandes chaleurs et assainir lair.
Leur emplacement doit garantir leur insertion afin den faire des espaces collectifs utilisables par
diffrentes catgories dhabitants, pour ce faire diffrents types despaces verts sont amnager :
les espaces verts ombrags pour les loisirs tranquilles et la dtente, les aires de jeux amnages
pour
les
enfants,
les
jardins
publics,
squares,
les
plantations
dalignement
et
daccompagnement.etc.
La requalification par le paysage est une aspiration relle des habitants bien quelle ne sexprime
pas de faon prcise, en effet 70 73% des opinions exprimes la Soummam et Rabia Tahar
estiment que des plantations darbres amlioreraient efficacement lespace de leurs cits tandis
que 52 67% estiment que lamnagement de jardins publics serait bnfique.
Il reste que des choix qualitatifs entranent souvent une prestation dentretien coteuse et
complexe , en effet , augmenter la niveau de qualit des espaces rsidentiels ncessite plus
dassistance comme par exemple tailler et entretenir la vgtation car les types despaces
verts choisis ont un impact important au niveau de la gestion. Nanmoins, il est possible de
formuler lhypothse quun espace requalifi pourra compter sur le concours des habitants pour
le prserver comme le montre lenqute avec respectivement 27% et 14% des personnes
interroges Rabia Tahar et la Soummam se dclarant prtes simpliquer dans lentretien de
leur cits par le biais notamment dune participation financire et si en gnral, les actions
suivent rarement les paroles , les catgories sociales ayant des revenus permettant effectivement
cette participation financire (en moyenne les fonctionnaires reprsentent 45% de lchantillon
social
enqut
pour
les
deux
cits
et
les
professions
librales
30%)
pour des actions de vandalisme et de dgradations volontaires en font des dispositifs qui ne
peuvent tre envisags dans limmdiat.
6.4.6. Prenniser les actions de rsidentialisation : Assurer la participation et grer
efficacement
6.4.6.1. Ractiver, organiser et accompagner le mouvement associatif
La rsidentialisation modifie les comportements des habitants et engendre la transformation du
rapport quils ont leur environnement. Toutefois, la persistance de certains comportements peut
impacter ngativement un projet. Il est alors ncessaire de crer une nouvelle dynamique
participative.
Sassurer ladhsion des habitants pour faciliter lappropriation et donc la prennit des
amnagements dune opration de rsidentialisation des cits Rabia Tahar et Soummam
constitue un enjeu crucial. En effet, la participation des habitants en tant quindividus nest pas
garantie au regard de la faiblesse du mouvement associatif constat, toutefois, il nest pas
inexistant, de plus la volont de participer la requalification de leur cit sexprime sans
quivoque avec prs de 82% dhabitants en moyenne dsirant jouer un rle sous une forme ou
une autre dans des dmarches de ce type. Il est donc possible de partir de lexistant (associations
en tous genres) pour organiser la participation des citoyens au sein de coproprits en dsignant
des reprsentants des habitants pour chaque cit et pour chaque immeuble,.etc. Pour ce faire,
il est possible de sappuyer sur la cration dun poste de charg de gestion dont lune des
missions principales est la mise en place et le suivi des comits de rsidents lchelle de chaque
unit rsidentielle cre . Cela se concrtise par lorganisation dune succession de runions,
rsidence par rsidence, ces rencontres permettent daboutir la dsignation dun rfrent
(reprsentant) par unit rsidentielle. A ce titre, le niveau dinstruction relativement lev relev
lors de lenqute avec une moyenne de prs de 25 %
de
lchantillon enqut est un atout supplmentaire pour le choix de ces personnes relais porteuses
de la parole collective et qui seraient les interlocuteurs privilgis des diffrents organismes en
charge de la gestion des cits Soummam et Rabia Tahar.
Ce faisant, des actions spcifiques peuvent galement tre conduites avec les habitants comme la
participation une compagne de propret (il est rappeler que 97% des rpondants la cit
Soummam et 82% Rabia Tahar considrent le nettoiement et lentretien comme actions
prioritaires pour lamlioration de leur cit), la dnomination des rsidences ou encore la
rdaction dune charte de voisinage coproduite avec les habitants et affiche lentre de
chaque unit rsidentielle.
le consensus autour du projet urbain fait parfois place une srie de demandes
spcifiques sans plus de liens avec le diagnostic initial de rsidentialisation, souvent lies des
opportunits politiques, conomiques ou
quantitatifs et techniques trs loigns des intrts spcifiques des quartiers et de leur
environnement.
Le projet de rsidentialisation est donc difficile laborer. Il doit faire lobjet dun vritable
consensus de la part de lensemble des acteurs.
6.5.2. Une dmarche qui ne peut tre que partenariale et qui doit tre pilote
Le partenariat est envisager comme le pivot de laction. En effet, la rsidentialisation se
caractrise par une forte dimension partenariale parce quelle intgre diffrentes thmatiques et
sapplique des chelles spatiales diffrencies,
lchelle de la ville ou du quartier, et centr sur des enjeux urbains. Il prend insuffisamment
en compte le fonctionnement quotidien de proximit et le potentiel dappropriation par les
habitants. Le diagnostic est en gnral pauvre sur les logiques dusage.
Les lments pnalisant la gestion et encourageant les usages ngatifs ainsi que lanalyse des
besoins sont gnralement ngligs.
A contrario, la mise en place de la rsidentialisation ncessite de comprendre les modes
dhabiter, et notamment le degr dattachement des habitants au site. A titre dexemple, les
cartes mentales214 ralises par les habitants peuvent tre trs riches en renseignements ou
encore ltude dimpact qui trouve ici toute son utilit car elle dresse un tat des lieux prcis de
la situation urbaine et architecturale, du fonctionnement social et de la gestion, elle permet de
confronter les diffrentes tudes, de les actualiser, de dvelopper des aspects jusque l mis de
ct. Nanmoins elle reste insuffisante si les tudes pralables sont trop peu nombreuses ou
imprcises. Cest malgr tout un bon outil de partage du diagnostic.
Cela tant, le diagnostic demeure un exercice difficile. Une analyse reste difficilement
objective. Il y a bien sr intrt prendre en considration les observations de terrains ainsi
que celles des habitants.
De fait, ltat des lieux initial doit permettre de srier des thmatiques et d'identifier les lieux
dont l'usage pose problme aux habitants, aux agents de terrain ou aux dcideurs. Une des
difficults est de rendre compte de la ralit d'un territoire et des attentes des habitants sans
tomber dans une vision caricaturale. Pour cela, l'approche doit tre multiple :
Apprciation des sources d'insatisfaction, pour identifier les causes relles qui
provoquent le mcontentement des usagers (ex. : difficult de ramassage des objets
encombrants ou des ordures mnagres, ce qui provoque un sentiment d'abandon).
214
De langlais Mind Mapping : diagramme reprsentant les connexions smantiques entre diffrentes ides,
technique daide la visualisation dorganisations complexes dides, utilise notamment pour capitaliser les
entretiens avec les habitants dans les champs de lurbanisme de participation.
rencontre de personnes relais telles que des associations, des chefs de projet, soit sur la
ralisation d'enqutes spcifiques, toutes gnrations confondues. A ce titre, l'analyse des
informations ainsi recueillies reste fonction de la mthode : savoir qui s'occupe de quoi,
qui est responsable de quoi.
Une analyse plus prcise sur le qui finance quoi :lvaluation du cot et des moyens
mis en uvre ainsi que des possibilits contributives de chacun, la rpercussion des cots
de gestion.
Les besoins d'investissement sur le patrimoine bti et les espaces, pour une gestion plus
efficace.
Pour conserver au diagnostic sa validit, il y a lieu de l'alimenter, par la suite, des volutions du
quartier et donc de rflchir la mise en place de structures prennes pour le faire vivre. Pour
assister ce travail, il est utile de faire appel un intervenant extrieur ou une quipe
pluridisciplinaire dont le rle est d'tre garant de la mthode valide au dpart par les acteurs.
Il s'agit aussi de s'inscrire dans une dmarche dynamique : ds le dbut de ce processus de
travail, des actions immdiates peuvent tre entreprises pour rgler un problme ou un manque
vident, sans attendre l'laboration complte d'un projet. En effet, des actions rapides et
relativement conomiques peuvent avoir, auprs des habitants, un impact immdiat trs
important.
Enfin il semble essentiel de faire partager le diagnostic si on ne veut pas quil soit sans cesse
contest par les diffrents acteurs ayant leurs propres logiques. Le diagnostic doit donc tre
enrichi et partag.
6.5.4. Formaliser lengagement des partenaires
La formalisation des engagements travers une convention est l'aboutissement dun diagnostic
partag.
De fait, ltape de la contractualisation (laboration puis signature) apparat dterminante dans le
processus menant une rsidentialisation ambitieuse et efficace. En effet, les conditions dans
lesquelles elle se fait impactent inluctablement la manire dont les professionnels sapproprient
la dmarche et la mettent ensuite en place concrtement.
La contractualisation peut prendre diffrentes formes, lessentiel est de dboucher sur un
document fixant les orientations et les priorits partages entre les partenaires. Il est important de
finaliser les engagements sous la forme dun contrat. La valeur ajoute de la contractualisation,
sous quelque forme que ce soit, est dasseoir et de former un partenariat. La contractualisation
valide durablement les objectifs et donne une reconnaissance et une lgitimit au partenariat,
susceptible de rsister au changement de personnes.
Elle fixe le diagnostic, le programme d'intervention, la description des actions, les financements
et le mode de pilotage.
A titre dexemple la formalisation du partenariat peut se faire sous forme de fiches-actions qui
permettent de faire le point sur quelques passages obligs, et notamment de sinterroger sur les
modes de gestion durant la phase chantier et laprs travaux, et de dfinir quelques indicateurs en
vue de lvaluation de la dmarche de rsidentialisation. La contractualisation doit ainsi faire
figurer les lments suivants :
Il sagit de prsenter les intentions et les objectifs retenus par lensemble des partenaires. Ils sont
dtermins partir daxes privilgis et de priorits issues du diagnostic partag. Les objectifs du
projet pourront tre rappels afin de montrer leur articulation avec la convention.
Celui-ci fait tat du commencement et de la dure a priori des actions mener. Comment
peuvent-elles saccorder dans le temps, aux dmarches entreprises dans le cadre du projet ?
Les rgles de fonctionnement formalisant la concertation avec les habitants doivent tre
clairement nonces:
Sur quels critres se base le recrutement des habitants (volontariat, tirage au sort) ?
A quelle tape du projet doivent-ils tre associs ?
Quel rle jouent-ils dans llaboration du projet (consultatif, participatif) ?
Par quelle instance se prennise la concertation (conseil de quartier, rencontres
informelles) ?
Quels moyens, en termes d'information, d'expression et de formation leur sont
attribus pour intervenir dans la dcision publique ?
Il assure en permanence le suivi des actions grce au partenariat et aux acteurs de terrain. Le
suivi doit permettre au dispositif de pilotage de procder des rajustements en vue de la mise
en place des actions futures. Il repose sur une articulation entre des instances de dcisions
oprationnelles et territorialises et la mise en place doutils de suivi des actions engages et de
mesure de limpact sur la vie quotidienne du quartier.
6.5.5. Une dmarche progressive et volutive
Le projet doit tre affin progressivement, en partant du projet urbain jusqu lchelle de
lunit rsidentielle, pour prendre en compte les usages et la gestion. Cependant llaboration du
projet ne se fait pas rellement par un processus linaire. Des va-et-vient sont ncessaires entre
les principes gnraux et leurs consquences pratiques, donc entre les diffrentes chelles,
avec une dmarche de mise en uvre commune et itrative.
donc
limpact
de
leurs
propositions,
qui
gestionnaires. Dautre part, le fait que le projet puisse tre affin progressivement et donc
modifi en fin de processus, pendant la phase de travaux, implique de prvoir un budget pour
raliser des correctifs aprs la livraison des chantiers, lorsque des difficults apparaissent.
La qualification globale du quartier savre limite quand on est confront laspect parfois
inachev des amnagements publics sur certains sites, li notamment aux dcalages en
termes de phasage entre interventions sur lespace public et sur lespace priv. Espaces public
et priv doivent donc tre raliss conjointement pour que chacun des deux bnficie de la
qualification de lautre. Sinon lobjectif damlioration dimage du quartier sera difficilement
atteint. De plus, le fait dintgrer lexprimentation dans la dmarche, donc de faire participer
les habitants, est une condition ncessaire pour que le projet rponde aux objectifs gnraux
comme aux besoins des habitants.
6.5.6. Une participation indispensable pour russir le projet
Les projets entrepris doivent tre le reflet dune demande sociale, car toute reconqute spatiale
est indissociable de lintgration sociale.
Le succs dun projet est tributaire de lusage quen feront les utilisateurs: communiquer autour
de celui-ci peut contribuer viter des ractions de rejet ou dindiffrence. Dvelopper avec
dtermination et professionnalisme les conditions dune implication, forte et constante de la
population pour une appropriation des projets et leur russite na de sens que si les acteurs
travaillent de concert, structurs autour de dispositifs prennes de pilotage et de coordination, et
veillent dvelopper les modalits de participation des habitants puisquils sont les destinataires
des actions de rsidentialisation.
Une gouvernance urbaine stratgique doit tre conue en prenant en compte les remarques des
habitants depuis la hirarchisation des problmes traiter, leur rsolution, et lvaluation des
actions mises en place. La parole des habitants permet de cibler durant la phase de diagnostic
leur degr de proccupation sur les thmatiques du cadre de vie et ainsi pour les techniciens de
ne pas oublier les finalits des dmarches damlioration de la gestion urbaine. Cela passe par :
Structurer et mettre en uvre, avec les habitants, la valorisation des actions ralises
(recherche de lieux de diffusion, communication, intgration aux dmarches
patrimoniales locales ou rgionales...)
Renforcer ladhsion et la mobilisation des usagers sur les projets de faon mieux
prendre en compte leurs besoins en initiant des actions de formation dhabitants et/ou
cadres associatifs pour une meilleure prise en compte de la vie sociale et du vivre
ensemble .
Toutefois, travailler avec les habitants reste difficile car les projets urbains sont souvent abstraits.
Il faut donc produire des images du projet. Limage, en servant de rvlateur aux
divergences de points de vue, devient outil de projet. On doit aussi travailler avec les
habitants sur des aspects concrets du projet pour ne pas les dmobiliser (beaucoup de
projets naboutissent jamais) et parce quil est plus facile pour eux de se projeter.
Au-del de la pdagogie, il semble surtout enrichissant de faire participer les habitants en
les faisant travailler, en en faisant deux des coproducteurs du projet. Les habitants doivent
tre considrs comme une vritable matrise dusage .
A titre dexemple ,une campagne des sensibilisation la propret peut constituer une
premire tape car elle permet de produire un consensus collectif autour des normes de
comportement sur les espaces communs : des rglements intrieurs peuvent tre repris ou
des chartes de propret labores. Un travail collectif autour du vivre ensemble parat
indispensable.
Il semble galement que la notion de participation volue de plus en plus vers celle
de la responsabilisation du locataire dans la gestion de son logement, de son immeuble
voire de sa cit . On met ainsi lhonneur lhabitant citoyen ou responsabilis acteur de
la transformation de son habitat et de son quartier.
6.5.7. Structurer la dmarche dans le temps
La notion de temps ou de dure est une dimension essentielle dans la russite dun projet, ceci
est dautant plus vrai lorsquil sagit doprations de rsidentialisation ; citons limportance de
lhabitude dans lappropriation de lespace, la ncessit de pouvoir mrir un avis il est
ncessaire de choisir un rythme dlaboration et utiliser le temps pour construire le projet. Il faut
donc, savoir sadapter pour inscrire lopration dans la dure.
Il faut galement reprer les diffrentes phases du processus, dlimiter le temps quil faudra pour
les raliser. Les personnes associes doivent connatre le temps dont elles disposent pour
rflchir au problme. Ltablissement de dates butoirs constitue donc des repres utiles.
Dautre part, le choix du rythme de travail a une influence sur la construction du projet; deux
cueils sont viter : un calendrier trop serr ou un calendrier trop lche. Un calendrier trop
serr ne laisse pas aux acteurs le temps de maturation ncessaire la comprhension des
problmes qui leur sont prsents. En effet, il est important de permettre aux gens de pouvoir
prendre du recul par rapport linformation qui leur est donne et de se constituer un avis Il faut
donc permettre aux personnes dassimiler ce quelles ont appris. Un certain temps de maturation
doit leur tre accord cet effet. A contrario, dans certaines situations, il est important davoir
des rsultats immdiats, la rapidit avec laquelle la situation sera amliore influencera beaucoup
sur la crdibilit de la dmarche.
Dautre part, lorsque lon prvoit le calendrier de llaboration du projet, il faut articuler des
rythmes de travail trs diffrents. En effet, les rapports au temps peuvent tre trs diffrents.
Pour llu, le calendrier lectoral joue un rle important. Pour les techniciens, le temps
ncessaire aux tudes doit tre pris en compte.
Toutes ces temporalits diffrentes doivent tre prises en compte lorsque lon prvoit le
calendrier dun projet.
6.5.8. Assurer une gestion post-oprationnelle efficiente
Autant que le projet de rsidentialisation lui-mme, laprs projet revt un impact tout aussi
important. En effet ds lors que ces amnagements sont raliss, leur fonctionnement et leur
entretien doivent mobiliser et retenir lattention et les proccupations de tous les acteurs de la
gestion urbaine. La rsidentialisation dun quartier dqualifi constitue une dcision pertinente,
cette pertinence suppose quil ne soit pas rapidement dgrad et quil puisse fonctionner dans la
dure. Les politiques qui sous-tendent la ralisation de ces amnagements reprsentent des
efforts dinvestissements publics trs importants, il est donc crucial de prserver leur prennit
pour conserver des capacits daction politique dans dautres domaines.
Pour ce faire, une gestion post oprationnelle efficace doit cibler les volets thmatiques suivants :
La gestion technique
La maintenance du bti : rhabilitation, entretien courant, rparations,
Lenvironnement du bti : entretien des espaces verts, mobilier urbain,
Les services du gnie urbain : clairage, voirie, stationnement, ramassage des dchets,
tri slectif.
La gestion de proximit
La gestion et lorganisation des espaces et quipements collectifs : terrains de sport,
maisons de jeunes..etc.
Laccessibilit et les mobilits ville/quartier : desserte par les transports collectifs,
circulation intra-quartier, mails pitonniers,
Services commerciaux,
Services daccueil, gardiennage, tranquillit, scurit.
La gestion sociale
Accessibilit et offre de services publics et sociaux : Poste, cole, police, services de
sant,
La gestion locative (gestion des impays, contrat de location, informations sur le
dtail des charges locatives),
Informations et communication avec les habitants.
Animation et vie associative.
Soutien aux initiatives des habitants,
Insertion et accompagnement des publics en difficult notamment les chmeurs.
En effet, le volet gestion urbaine de proximit dune opration de rsidentialisation est l'occasion
de mettre en place et de dvelopper une politique de mise en commun de moyens,
La rsidentialisation fait le lien entre le projet urbain et la gouvernance urbaine, ces notions sont
intimement lies puisque cest loccasion pour amliorer la gestion de proximit, son
organisation et sa coordination, mais aussi les possibilits pour la gestion urbaine dalimenter les
actions du renouvellement urbain.
Instaurer la gouvernance urbaine dans une dmarche de projet permet de prciser les priorits
dintervention sur les diffrentes thmatiques lies la gestion de lhabitat et du cadre de vie,
comme le traitement des rclamations, la gestion technique ou la prise en compte des attentes des
habitants. Larticulation de la gestion urbaine et de la rsidentialisation suppose aussi de les
associer durant les phases de conception, de ralisation et de suivi des projets.
Durant la conception, les problmatiques de gestion urbaine doivent tre intgres dans les
projets dinvestissement afin dassurer leur prennisation long terme. Les diagnostics de GUP
sont censs nourrir les projets en leur donnant des lments spcifiques sur les usages des lieux,
lidentification des problmes de gestion rsultant de conceptions inadaptes, les responsabilits
de gestion et la capacit intervenir des diffrents acteurs. De mme, la prise en compte de la
gestion urbaine durant les phases de travaux est capitale et, une fois le projet achev, il sagit de
faire en sorte que les investissements soient durables en ayant envisag la gestion ultrieure et
programm en amont les cots dentretien futurs.
Introduire dans la gestion une chelle de proximit, cest donc abandonner une gestion
centralise, parfois indiffrente aux lieux, une gestion o le grand ensemble devient un tout, une
gestion o les conomies dchelle favorisent luniformit et la banalit, une gestion au fil de
leau qui consiste en des tches que les organismes bailleurs matrisent le mieux, cest dire la
gestion technique du patrimoine sous la forme dinterventions au coup par coup.
Une gouvernance urbaine stratgique et de proximit balaierait des orientations et des objectifs
plus vastes. Il sagit aussi de se poser la question de la finalit des actions entreprendre de sorte
ce quelles soient ralistes, valuables et ajustables dans le temps.
La rsidentialisation constitue donc une opportunit et offre le support adquat pour faire
voluer les modes dintervention et dorganisation de la gestion des quartiers dhabitat collectif
vers une vritable gestion de proximit.
Conclusion gnrale
215
216
La rflexion engage sur les potentialits dadaptation dune dmarche porteuse despoir et qui
prsente un bilan positif en matire de requalification et damlioration du cadre de vie quest la
rsidentialisation, doit donc sorienter -sagissant de la ralit algrienne- vers lexamen
minutieux et le recensement des opportunits et du potentiel urbain des quartiers dhabitat
collectif afin den dgager les forces et les aspects positifs pour amliorer le cadre de vie et
recrer une vie de quartier dans son acception la plus absolue.
Cette approche constitue lopportunit de conduire des oprations de rsidentialisation en faisant
voluer les pratiques dintervention urbaine dune juxtaposition dactes unilatraux et isols vers
une culture de partenariat fonde sur de rels engagements rciproques.
Ainsi, la question de la transposition du concept de rsidentialisation au contexte algrien
travers une volont relle damlioration et de requalification, ne peut se faire qu travers
lacquisition dune culture de travail
rflexion :
Dabord, il ressort clairement que la dmarche de rsidentialisation tend aller au-del dun
simple dispositif damlioration des dysfonctionnements constats sur le terrain. Elle
saccompagne galement dun vritable souci de contribuer la qualit urbaine des quartiers et
une sociabilit locale amliore. Elle apparat donc comme une solution idale car en apparence
simple mais elle est en ralit extrmement complexe mettre en uvre. Elle constitue donc un
vritable levier dintervention et de transformation sur les quartiers dans toutes ses dimensions
urbaine, sociale et gestionnaire mais en aucun cas rsoudre toutes les difficults surtout si elle est
applique aveuglment, sans cohrence ni vision densemble
Dans un deuxime temps, cette recherche a confirm que la participation des habitants nest plus
considrer comme un ajustement ncessaire mais comme une mthode dlaboration du projet
pour adapter les oprations aux besoins des usagers et en faciliter lappropriation.
Encore faut-il que la pense dominante lui permette, autrement que par la condescendance, dtre
connue et reconnue. Il faut lvidence faire en sorte que la participation ne soit pas un leurre,
pas plus quun alibi ou un exutoire aux diverses formes de mauvaise conscience.
En effet, la dmocratie, telle quelle est exerce aujourdhui en Algrie, constitue une entrave
une mobilisation et une participation active des citoyens cause notamment de labsence de
mcanismes permettant de dvelopper les pratiques participatives (information, consultation,
prise de dcision..etc.).
Il est utile de rappeler que la socit civile, reprsente notamment dans les
diverses
associations na pas une grande influence sur les institutions publiques pour amliorer le cadre
de vie des citoyens et ce pour les raisons suivantes :
Le mouvement associatif est encore jeune, il a merg, il ya peine une vingtaine dannes
avec lapparition du multipartisme et lenclenchement des rformes librales la fin des
annes quatre vingt.
Le peu de mobilisation des citoyens dans ces associations puisque souvent, celles-ci nont
pas daudience relle auprs des citoyens lexclusion des associations religieuses ou
sportives.
Le non diffusion de valeurs citoyennes dans le milieu ducatif notamment lcole pour
valoriser la vie en collectivit.
De fait, les citoyens ne se sentent nullement concerns par la participation la vie publique
car ils nont pas la possibilit de faire porter leurs revendications aux responsables et donc de les
satisfaire.
En dernier lieu, il a t incontestablement tabli que llaboration et la mise en uvre dune
dmarche de rsidentialisation sont complexes, par le nombre et la diversit des acteurs et des
organisations et par le contenu des projets, ncessairement transversaux. Chaque partenaire se
place dans une stratgie spcifique au fonctionnement de son institution. Dans ce champ, les
logiques d'acteurs peuvent tout fait diffrer. Les lus ont le plus souvent une vision qui couvre
la dure de leur mandat, les organismes bailleurs ont une logique plutt patrimoniale qui consiste
principalement grer leur parc immobilier et les habitants pris individuellement, ont des
demandes trs ponctuelles court terme.
La rsidentialisation gnre des problmes spcifiques de gestion qui sont lis aux nouvelles
exigences quelle induit. De fait, les oprations prsentent des risques de dgradation rapides qui
sont lis au dficit de prise en compte de la gestion urbaine. Ainsi, les mmes processus de
dgradation quont vcus les premiers quartiers ayant fait lobjet doprations de rhabilitation
peuvent se reproduire. Ceci est d aux dysfonctionnements des organismes assurant la gestion
urbaine, qui interagissent avec lensemble des problmes affectant ces quartiers, et les rticences
engager des processus de transformation durables. Sagissant du contexte algrien, il faut
souligner que les textes portant organisation et fonctionnement des communes nont jamais t
adapts la ralit du terrain ce qui engendre des carences dans la gestion des collectivits
locales.
De plus, nombre de problmes auxquels font face ces mmes collectivits contrarient les vises
du projet en opposant les logiques dacteurs. En effet, celles-ci sont souvent divergentes ce qui
entraine lapparition de conflits de toutes sortes qui freinent alors le dveloppement de toute
forme de partenariat ou de concertation. De plus, la plupart des acteurs ont une reprsentation
fonctionnelle de la gestion urbaine selon laquelle il sagit dactivits pratiques et techniques :
nettoyer, entretenir, ramasser les dchets Pourtant limpact du dficit de la GUP sur la
dvalorisation des quartiers nest plus dmontrer.
Ainsi, face la complexit et la diversit des situations, laccumulation des obstacles et
limmensit de la tche, la rsidentialisation tente dapporter dune manire raliste et surtout
prenne les solutions les plus oprantes pour une transformation positive et surtout durable des
grands ensembles.
Cela passe invitablement par une rvision des stratgies actuelles pour lamlioration et la
maitrise de la gouvernance urbaine et arriver enfin dpasser le stade des proccupations
centres sur une approche purement quantitative et intgrer de nouvelles pratiques de recherche
formelle, dintervention durable et de solutions innovantes.
En effet, il faut mettre en place une vritable gouvernance urbaine locale, porte par une
politique globale de dveloppement urbain et social avec pour ambition affiche la
requalification des quartiers dhabitat collectif et leur insertion dans la ville et ainsi crer de la
continuit urbaine pour renforcer les liens sociaux. Cette politique serait le cadre commun o une
multitude de projets de rsidentialisation ponctuels propres chaque quartier sintgrerait les uns
aux autres sans difficult pour reconstruire une vritable cohsion sociale et urbaine.
Bibliographie
Ouvrages :
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DUNOYER.de SEGONZAC, DURAND.D, BASTIDE.C. De la cit la rsidence, Repres
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Rsum :
Les grands ensembles dhabitat qui semblaient la meilleure solution la crise du logement sont
moins adapts aux volutions rcentes de la socit.
En effet les dysfonctionnements
urbains et sociaux
Summary:
New residential areas which seemed to be the best answer to the housing crisis are less suitable
to the development of the society.
Nowadays, the underlying urban and social dysfunctions strongly rise out.
These dysfunctions justify the first actions on the social housing areas particularly focusing on
the rehabilitation of the developed site apart from the social side , these actions too much
targeted , didnt have the expected results so their actors had to undertake renewed process.
At the, end of the 1990s, changes in thinking on the developpement of new residential areas and
the gradual emergence of urban renewal saw the introduction , alongside redeveloppement and
demolition-reconstruction projects, of the concept of rsidentialisation projects.
A polysemous concept, encompassing various types of initiative, rsidentialisation has now
become one of the options for social housing neighborhoods. There are, nonetheless, many
questions that still need to be asked concerning the key issues involved (transforming public and
private spaces, integration with urban planning projects, local urban and social management,
residents associations and security, etc).
Once a concept grows up quickly, one had to be wise to distinguish the right aims from the first
realizations of its expectations and the in effect followed by a succession of hazardous
interpretations and vague answers.
The rsidentialisation showed some persuasive experiences but when there is lack of necessary
reflexions, then it could spread like a stereotyped outline.
The rsidentialisation project is one of the controls of a deep and lasting change one on the hand
of the area and on the other hand of its relationships with the urban context. It is also a part of the
new echoes in the whole urban space. It appears as one of the factors in the requalification
approach which will maintain various intervention means and remain able of evolutions as well
of continuity.
Then the new residential areas could be admitted as full part of the future city.
Key words:
Residentialisation, new residential areas, ZHUN, urban governance, urban renewal, citizen
participation, requalification, partnership.
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