La Maitrise Des Maladies Infectieuses PDF
La Maitrise Des Maladies Infectieuses PDF
La Maitrise Des Maladies Infectieuses PDF
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Imprim en France
c 2006, EDP Sciences, 17, avenue du Hoggar, BP 112, Parc dactivits de Courtabuf,
91944 Les Ulis Cedex A
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pays. Toute reproduction ou reprsentation intgrale ou partielle, par quelque procd que ce soit,
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lusage priv du copiste et non destines une utilisation collective, et dautre part, les courtes citations justies par le caractre scientique ou dinformation de luvre dans laquelle elles sont
incorpores (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la proprit intellectuelle). Des photocopies payantes peuvent tre ralises avec laccord de lditeur. Sadresser au : Centre franais
dexploitation du droit de copie, 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris. Tl. : 01 43 26 95 35.
ISBN 2-86883-888-X
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Le Comit interministriel du 15 juillet 1998, linitiative du ministre de lducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, a con lAcadmie
des sciences ltablissement du rapport biennal sur ltat de la science et de la
technologie.
Pour rpondre cette demande, lAcadmie des sciences a mis en place en
son sein le Comit Rapport Science et Technologie (RST), charg de choisir
les sujets dtude et de suivre les travaux.
Chaque thme retenu est conduit par un groupe de travail anim par un
membre ou un correspondant de lAcadmie, entour dexperts.
Chaque rapport est soumis au Comit RST, un Groupe de lecture critique,
et lAcadmie des sciences.
Entre 1999 et 2006, vingt-trois rapports ont ainsi t dits et remis au ministre dlgu la Recherche.
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Michel FARDEAU
Correspondant de lAcadmie des sciences Professeur au Conservatoire national des arts et mtiers, directeur mdical et scientique lInstitut de myologie
(Hpital de la Piti Salptrire)
Jules HOFFMANN
Vice-prsident de lAcadmie des sciences Directeur de lInstitut de biologie
molculaire et cellulaire de Strasbourg
Jean-Pierre KAHANE
Membre de lAcadmie des sciences Professeur mrite luniversit ParisSud Orsay
Daniel KAPLAN
Membre de lAcadmie des sciences Directeur de la socit Fastlite
Henri KORN
Membre de lAcadmie des sciences Professeur honoraire linstitut Pasteur
et directeur de recherche honoraire lInstitut national de la sant et de la
recherche mdicale
Nicole LE DOUARIN
Secrtaire perptuelle de lAcadmie des sciences Professeur honoraire au
Collge de France
Jean-Louis LE MOUL
Membre de lAcadmie des sciences Physicien lInstitut de physique du
globe de Paris
Franois MATHEY
Membre de lAcadmie des sciences Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientique, professeur lcole polytechnique
Ren MOREAU
Membre de lAcadmie des sciences Professeur lInstitut national polytechnique de Grenoble
Olivier PIRONNEAU
Membre de lAcadmie des sciences Professeur luniversit Pierre-et-MarieCurie
Jean-Pierre SAUVAGE
Membre de lAcadmie des sciences Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientique
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Moshe YANIV
Membre de lAcadmie des sciences Professeur lInstitut Pasteur et directeur
de recherche au Centre national de la recherche scientique
Coordination ditoriale :
Jean-Yves CHAPRON
Directeur du service des Publications de lAcadmie des sciences, assist de
Jolle FANON
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AVANT-PROPOS
NICOLE LE DOUARIN
Professeur honoraire au Collge de France
Secrtaire perptuel de lAcadmie des sciences
Les maladies infectieuses, provoques par les virus, les bactries et les eucaryotes parasites, constituent un problme de sant publique qui se prsente,
depuis ces dernires dcennies, avec une ampleur et des caractristiques nouvelles. Cest pour cette raison que les responsables et le Comit des Rapports sur
la Science et la Technologie de lAcadmie des sciences ont jug utile quune
rexion approfondie soit conduite sur ce sujet.
En effet, ce problme se rappelle nous par des alertes qui revtent de multiples formes : lmergence de maladies contagieuses jusque-l inconnues et fort
dangereuses comme le Sras (syndrome respiratoire aigu svre), les vres fatales provoques par les virus Ebola, Marburg et autres, la pandmie de sida
qui, depuis 1980, a fait plus de vingt millions de victimes, sans oublier la panique plantaire induite par la survenue ventuelle dune pidmie de grippe
dorigine aviaire qui fait resurgir le souvenir des trente millions de morts de la
grippe espagnole au dbut du XXe sicle.
Il ne sagit l que des frayeurs les plus aigus car elles correspondent des
surprises que nous a rserves lvolution du vivant. Les grands maux plus anciens comme la tuberculose, le paludisme, les maladies respiratoires et diarrhiques, les infections parasitaires schistosomioses, bilarzioses, maladie de
Chagas continuent de svir. Ils tuent des millions dtres humains chaque
anne, essentiellement dans lhmisphre Sud, car, jusquici, lingniosit et la
diligence de la socit humaine ne sont pas parvenues les contrler.
Lhygine et des antibiotiques ont constitu des armes dune remarquable efcacit dans la matrise des maladies infectieuses. Celle-ci, cependant, savre
de plus en plus difcile exercer lheure o la globalisation dissmine rapidement sur lensemble de la plante des agents infectieux nouveaux ou devenus
rsistants aux moyens de lutte disponibles. Les difcults rencontres dans le
combat contre les maladies quils provoquent sont aggraves par la pauvret
qui svit dans de nombreux pays. La misre des populations dnues de tout y
entretient des foyers infectieux difciles neutraliser pour des raisons la fois
scientiques et conomiques.
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Sil est vrai que ces problmes relvent pour une large part de prises de
positions politiques et humanitaires, ils ne peuvent tre rsolus sans le secours
de la science.
Les progrs de la biologie permettent dsormais de comprendre la nature des
rapports entre hte et parasite jusqu un niveau de complexit et de profondeur
jamais atteint. Les nouvelles connaissances ainsi acquises ont dj permis, entre
autres, la production de mdicaments antiviraux qui ont radicalement modi le
pronostic du sida. Elles sont de nature apporter bien dautres armes dans le
combat difcile contre la maladie.
Le rapport, prpar sous la direction de Philippe Sansonetti et Grard Orth
envisage les divers aspects des problmes poss par les maladies infectieuses et
les efforts qui doivent tre accomplis pour sen protger et en limiter lexpansion.
Lide de les radiquer, entretenue dans le pass, ne parat plus tre un but
quil sera un jour possible datteindre. Les avances de nos connaissances des
micro-organismes et de linterdpendance qui existe entre les diffrentes espces
vivant sur la plante nous ont enlev cette illusion.
Comme lcrit Claude Combes dans un des chapitres de ce rapport qui place
les maladies infectieuses dans le contexte gnral de lvolution du vivant : Tout
dmontre quil existe un renouvellement constant de ce que lon peut appeler
(. . .) la biodiversit des maladies infectieuses . Le d est donc que la socit
humaine, solidaire, se mobilise contre un au sans cesse renouvel. Dans cette
lutte, la science et les biotechnologies sont appeles jouer un rle majeur.
Ce rapport a mobilis pendant de longues heures des chercheurs qui ont
considr comme de leur devoir dtablir un tat objectif et document de cette
question dune trs grande importance.
Je tiens les remercier davoir rpondu notre appel et jespre que leur
message, clairement exprim dans les Recommandations sera entendu et
suivi de mesures constructives.
Le 25 dcembre 2005
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Philippe SANSONETTI
Membres du groupe
Jean-Franois BACH
Gilles BRCKER
Andr CAPRON
Guy BLAUDIN de TH
Marc BONNEVILLE
Michel BRAHIC
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Andr BRYSKIER
Olivier CERF
Claude COMBES
Pascale COSSART
Vincent DEUBEL
Bernard DUJON
Jean-Marc DUPLANTIER
Muriel ELIASZEWICZ
Jrme TIENNE
Alain FISCHER
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Didier FONTENILLE
Laurent GUTMANN
ric HERNANDEZ
Jules HOFFMANN
Yannick JAFFR
Vincent JARLIER
Professeur des universits-praticien hospitalier Directeur de lunit de Recherche exprimentale, pidmiologique et molculaire
pour la rsistance aux antibiotiques
(UFR 965) Hpital Piti-Salptrire
Universit Pierre-et-Marie Curie
Michel KAZATCHKINE
Henri KORN
Ccile LAHELLEC
Paul-Henry LAMBERT
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Sylvain LEHMANN
Yves LEFORBAN
Robert MNARD
Jean-Baptiste MEYNARD
Xavier NASSIF
Michel SETBON
Bernard TOMA
Bernard VALLAT
Simon WAIN-HOBSON
Coordonnatrice
Nicole LE DOUARIN
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Avant-propos
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Introduction
PARTIE I
CHAPITRE 1
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CHAPITRE 2
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1. tat de lart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.1. Sant animale : importance conomique et mdicale
des maladies infectieuses et parasitaires des animaux . . . . . .
1.2. Maladies infectieuses humaines et vtrinaires : les zoonoses . .
1.3. Le gnie des maladies infectieuses . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4. Les maladies mergentes et rmergentes . . . . . . . . . . . .
1.5. Barrires despces et zoonoses . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.6. Les nouvelles donnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. La situation en France en matire de surveillance, de lutte
et de recherche sur les maladies infectieuses . . . . . . . . . . . . . .
2.1. Les forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2. Les faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. Les grands ds et enjeux pour le futur . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1. Une frontire de plus en plus poreuse entre maladies animales
et maladies humaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2. Une mondialisation de la surveillance et de la lutte . . . . . . .
3.3. Barrires despce et principe de prcaution . . . . . . . . . .
CHAPITRE 3
Virus mergents
1. tat de lart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2. Facteurs contribuant lmergence et la rmergence .
2. Situation en France, forces et faiblesses . . . . . . . . . . . .
2.1. Faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2. Forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. Grands ds et enjeux pour le futur . . . . . . . . . . . . . .
3.1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2. Veille des maladies mergentes . . . . . . . . . . . . . .
3.3. Recherches fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . .
3.4. Vers une communication claire et non alarmiste . . . . .
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CHAPITRE 4
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xvii
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Lhomme en cause
SOUS-CHAPITRE 8.1
153
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171
. . . . . . . . . 172
. . . . . . . . . 186
Maladies infectieuses
et bioterrorisme
191
. . . . . . . . . . . 202
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220
220
221
222
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La recherche fondamentale
SOUS-CHAPITRE 9.1
229
Les ds de la microbiologie
fondamentale : connaissance
du monde microbien, gnomique,
physiologie-mtabolisme, parois
231
SOUS-CHAPITRE 9.2
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1. tat de lart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.1. Immunit inne et adaptative anti-infectieuse : gnralits . . .
1.2. Immunit adaptative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3. Dialogue entre effecteurs de limmunit inne et adaptative . .
2. Efcacit du contrle immunitaire des infections . . . . . . . . . . .
2.1. Paramtres requis pour linduction dune protection immune
efcace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2. Dfaut de contrle immunitaire des infections . . . . . . . . .
3. Recherches en immunit anti-infectieuse menes en France :
forces et faiblesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1. Immunit inne : effecteurs cellulaires et rcepteurs inns . . .
4. Cellules dendritiques dialogue entre immunit inne et adaptative
5. Cellules lymphodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1. Cellules NK et lymphocytes T non conventionnels . . . . . . .
5.2. Lymphocytes T conventionnels . . . . . . . . . . . . . . . . .
6. Immunogntique des maladies infectieuses . . . . . . . . . . . . .
7. Immunit anti-infectieuse vtrinaire . . . . . . . . . . . . . . . . .
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SOUS-CHAPITRE 9.4
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CHAPITRE 10 Lenseignement
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Recommandations
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Recommendations
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I NTRODUCTION
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Le temps nest pas loign o lon pensait que les maladies infectieuses seraient matrises grce la gnralisation des mesures dhygine et lutilisation des antibiotiques et des vaccins. Les progrs scientiques et technologiques
laissaient mme croire une possible radication, celle de la variole la n
des annes 1970 par la vaccination gnralise en ayant t le symbole. Cet
espoir a malheureusement t du. On assiste une rsurgence des maladies
infectieuses et des parasitoses et lmergence rgulire de nouveaux agents
infectieux (Geddes, 2005). Les faits sont loquents : permanence de lendmie
dans les pays en voie de dveloppement et son corollaire, risque de pathologies
dimportation d lexplosion des voyages intercontinentaux et la globalisation du commerce, rsistance des microbes aux antibiotiques, sida et hpatites B
et C devenus endmiques, infections dorigine alimentaire, infections acquises en
milieu hospitalier, menace de catastrophes conomiques dues la rsurgence
dpizooties, risque croissant de transmission lhomme de zoonoses, risque
plausible du bioterrorisme, impact du rchauffement global de la plante sur
les agents infectieux, leurs rservoirs et leurs vecteurs. Mieux vaut donc sonner
lalarme, reconnatre la part de responsabilit de lhomme dans cette situation
et, surtout, se convaincre de ce quil y aura toujours des maladies infectieuses.
Car les bactries, virus, champignons et parasites sont ubiquitaires ; ils nous dpassent largement en nombre, en plasticit gnomique et leur adaptation est
rapide. De plus, nous connaissons encore mal leur terrain , cest--dire, nous
et les animaux qui nous entourent, dont le patrimoine gntique dtermine la
sensibilit ou la rsistance ces agents.
La notion dmergence domine largement le concept de recrudescence des
maladies infectieuses (Desenclos et De Valk, 2005). Lmergence est a priori un
vnement imprvisible et ncessite un tat de prparation permettant de le grer collectivement. La recherche fondamentale est garante de lacquisition dun
socle de connaissances dont la qualit et la diversit doit largement assurer cet
tat de prparation. Les maladies infectieuses offrent la recherche fondamentale dexcellents paradigmes dapproches intgres et transdisciplinaires pour
ltude de processus biologiques complexes. Seule la recherche fondamentale
est capable de gnrer linnovation dans les domaines de lpidmiologie, du
diagnostic, de la thrapeutique et de la vaccination. Au cours des dix dernires
annes ont t labors les outils diagnostiques qui ont pratiquement limin le
risque de contamination transfusionnelle ; dans le sillage du sida et des hpatites, le champ de la recherche dagents antiviraux sest largi ; de nouveaux
vaccins efcaces contre les mningites, les infections respiratoires et entriques
ont t dvelopps. La gnomique nous ouvre la voie de progrs soutenus dans
ce domaine (Rappuoli, 2004). Cest la recherche qui permettra de rduire la
marge dincertitude qui existe dans lapprciation du risque infectieux et sur
laquelle se fonde lapplication du principe de prcaution. Enn, lpidmiologie, objet dun rcent rapport RST (Acadmie des sciences, 2006-b), a fait des
progrs majeurs en matire de procdures de veille, de recueil de donnes, de
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Avec une mortalit de prs de 15 millions chaque anne, les maladies infectieuses et parasitaires sont responsables de 26,3 % des dcs causs par lensemble des maladies et des traumas survenant sur la plante (OMS, 2002-a).
Les principaux types dinfections responsables de dcs sont les infections respiratoires aigus (3,9 millions par an), le sida (2,9 millions par an), les maladies
diarrhiques (2 millions par an), la tuberculose (1,6 million par an) et le paludisme (1,1 million par an). La rougeole cause encore 745 000 dcs en dpit
de lexistence dun vaccin efcace, bien tolr et abordable. Plus de 90 % des
maladies infectieuses humaines surviennent dans les pays en voie de dveloppement, particulirement chez les enfants, dans les rgions les plus dshrites,
o lhygine gnrale et individuelle est insufsante et o les politiques de prvention sont inexistantes, inadaptes ou insufsamment nances. Cependant,
le dveloppement industriel gnre aussi dans nos socits de nouvelles conditions dmergence infectieuse, comme les infections alimentaires par des agents
prenant avantage de la chane du froid ou de lindustrialisation de la chane
alimentaire, les infections nosocomiales survenant dans un environnement hospitalier de plus en plus complexe, alors que la multirsistance va croissant, les
infections opportunistes chez les patients immuno-compromis et les infections des
voyageurs, quillustrent les 7 000 cas annuels de paludisme observs en France.
Bien que de moindre prvalence dans les pays industrialiss, les maladies infectieuses y sont encore responsables dune mortalit non ngligeable. En France
par exemple, toutes causes confondues, 66 000 dcs annuels peuvent tre attribus des maladies infectieuses, soit 12 % de la totalit des dcs (Pquignot
et al., 2002).
Sur cette toile de fond se superposent lmergence et la rmergence. Il peut
sagir de maladies infectieuses classiques mais rapparaissant sous une forme
diffrente ou gagnant des rgions gographiques nouvelles, souvent plus svres, du fait de la multirsistance de lagent infectieux, comme dans le cas de
la tuberculose. Il peut aussi sagir de maladies rellement nouvelles, dtiologie
auparavant inconnue, qui explosent du fait de conditions socio-conomiques,
cologiques et climatiques changeantes. Une srie dexemples rcents illustre le
rle que joue dans lmergence la transmission dinfections animales lhomme
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Les faiblesses sont cependant importantes et proccupantes : dcit en nancement tant public que priv ; manque de vision long terme permettant ltablissement de programmes pertinents de soutien, dimpact rgulirement valu ; fragmentation des programmes existants par sous-discipline et par pays ;
insufsante intgration entre recherche fondamentale et applique ; manque
dexpertise dans certains domaines ; insufsance et retard de dveloppement
des plates-formes technologiques ; insufsante mobilit des scientiques et des
mdecins ; comptences trop souvent disperses et non partages ; manque global de visibilit et dattractivit de la discipline ; transfert trop lent des avances
fondamentales vers la mdecine, particulirement dans le domaine des agents
anti-infectieux et des vaccins. Malheureusement, un foss inquitant se creuse
entre lEurope et lAmrique du Nord o les budgets ddis la recherche en
microbiologie et en maladies infectieuses, humaines et animales, ont t augments de manire astronomique. Le National Institute of Allergy and Infectious
Diseases a dpens, en 2003, 1,6 milliard deuros pour la bio-dfense, 1,2 milliard deuros pour la recherche sur le VIH et 750 millions deuros pour lensemble des autres maladies infectieuses. Ces investissements massifs donnent
par ailleurs au citoyen la perception de limportance vitale du problme.
La biologie molculaire est largement ne de ltude des bactries, des bactriophages et des virus animaux et humains. Les techniques molculaires ont
rvolutionn la microbiologie dans nombre de ses aspects comme la taxonomie et la phylognie, tablissant ainsi les bases dune meilleure connaissance
du monde microbien et offrant dindispensables outils pour le diagnostic microbiologique et lpidmiologie molculaire. Ces approches ont aussi permis de
mieux comprendre les bases molculaires de la virulence, le mode daction des
agents anti-infectieux et les mcanismes de rsistance ces agents. Combines
la biologie cellulaire et limmunologie, elles permettent de dchiffrer avec prcision les mcanismes des infections et de dnir les bases des rponses immunitaires de lhte, innes et spciques. Enn, la connaissance des gnomes de
la plupart des organismes pathognes, des virus aux parasites, offre lespoir du
dveloppement de nouveaux agents anti-infectieux et de nouveaux vaccins. Loin
de prtendre lexhaustivit, il semble que les efforts de recherche entamer
pourraient sinscrire dans huit grands axes, largement intriqus, reprsentant
des problmatiques dominantes et, donc, autant de ds.
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mcanismes de rplication, de division, de transcription/traduction, de scrtion, dassemblage des composants de surface. Un effort renouvel est indispensable concernant ltude et lenseignement de la physiologie et du mtabolisme
des micro-organismes, procaryotes et eucaryotes, qui offrent dincomparables
modles de biologie intgre.
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soustractives) an damliorer les capacits didentication dun nouveau pathogne, en particulier viral ou bactrien, en condition pidmique. Lobjectif
est aussi de dcouvrir des agents inconnus responsables de maladies aigus ou
chroniques, surtout inammatoires ou cancreuses, comme cela fut le cas pour
la dcouverte des virus de lhpatite C et du virus du sarcome de Kaposi. Enn,
des efforts sont indispensables pour dvelopper et faciliter lutilisation de tests
diagnostiques de haute performance, utilisables au lit du patient, au cours des
tudes de terrain ou dans la surveillance systmatique de maladies. Ce type de
tests, reposant sur des technologies mergentes comme les nanotechnologies,
permettrait damliorer la qualit des soins, la rapidit de lisolement des patients infects et la mise en route dun traitement adapt. Veillons nanmoins
ne pas perdre notre connaissance de la microbiologie traditionnelle et de ses
mthodes.
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troite de la microbiologie, de limmunologie et de la gntique est une condition de la comprhension et de la matrise des maladies infectieuses et parasitaires. Il faut aussi encourager lintgration de la microbiologie avec les autres
sciences fondamentales, comme la biologie cellulaire, dautant plus importante
pour ltude des virus que ces agents infectent en gnral des cellules spcialises, la physiologie, la biologie du dveloppement, la biologie structurale et
des disciplines cousines, comme les neurosciences et la cancrologie. Dans cet
esprit, des efforts sont indispensables pour modliser des tapes cls des processus infectieux comme le passage des grandes barrires de lorganisme. Il est
tout aussi indispensable de comprendre les mcanismes homostatiques permettant le dveloppement et la tolrance des ores commensales au sein dcosystmes aussi surveills que la peau, la cavit naso-pharynge et le tube digestif,
portes dentre majeures des agents pathognes (Hooper et al., 2000). Dans
des domaines comme celui de limmunit inne, les modles infectieux alternatifs, tels que Drosophila melanogaster, Caenorhabditis elegans et le poisson
zbre, doivent continuer tre dvelopps. De mme, la souris doit tre gntiquement adapte an de mimer des processus infectieux causs par des pathognes spciques de lhomme. Cependant, il convient aussi de revisiter lhistoire
naturelle des infections et des mcanismes de dfense chez lhte naturel, quil
sagisse des maladies animales, pour lesquelles lInra sest dot des moyens permettant dexprimenter sur lanimal pertinent, ou de maladies humaines, pour
lesquelles il nexiste souvent pas de modles animaux. Un effort est aussi ncessaire concernant limagerie non invasive en temps rel des processus infectieux
chez lanimal et lhomme infects.
3.5 Franchissement de la barrire despce
Les maladies mergentes reprsentent une menace pour la sant humaine
et pour lconomie mondiale. La plupart ont pour origine la transmission
lhomme dun agent infectieux, gnralement un virus, infectant un animal. Leur
mergence a ncessit un franchissement de la barrire despce que constitue
la spcicit, souvent troite, que prsentent les virus pour leur hte naturel. Pour
merger dans la population humaine, un virus doit franchir plusieurs tapes : se
xer sur une cellule humaine, y pntrer et sy multiplier, infecter dautre cellules,
perturber la mise en place de la rponse immunitaire, quitter son hte, et tre capable de transmettre linfection un autre individu. Les nombreuses interactions
inuant sur la rplication et la transmission virale ne sont que trs imparfaitement comprises. Il en est de mme des changements molculaires qui permettent
certains virus de surmonter les obstacles qui sopposent au franchissement de
la barrire despce.
Il sagit dun domaine de recherche essentiel que les progrs mthodologique
rcents rendent accessible. Lune de ses composantes a dj t voque : la
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plasticit des virus, en particulier celle des virus ARN, dont le virus grippal
reprsente un paradigme. Par laccumulation de mutations ponctuelles ou par
des vnements de recombinaison ou de rassortiment, cette plasticit engendre
une diversit gntique qui peut confrer un avantage slectif des variants
viraux. La taille rduite des gnomes permet le squenage de nombreux isolats
et se prte lanalyse de lvolution des virus. La gntique inverse, lanalyse
de linteractome des protines virales et celle du transcriptome et du protome
des cellules ou des tissus infects sont autant dapproches qui permettent de
progresser dans la comprhension des mcanisme de la spcicit despce et,
partant, de ceux du franchissement de la barrire despces. La comprhension
de ces mcanismes est lun des lments de lanticipation de lmergence.
Mais comment prdire lmergence sans connatre les microbes infectant les
animaux domestiques ou la faune sauvage ? Ceci suppose que des recherches
soient consacres des agents potentiellement pathognes pour lhomme mais
qui ne reprsentent pas des priorits de sant publique. Et lon ne saurait oublier que les bouleversements sociaux, conomiques et cologiques qui ont accompagn lvolution rcente de nos socits jouent galement un rle majeur
dans lmergence de nouvelles maladies infectieuses et que ces maladies doivent
aussi tre un domaine de recherche pour les sciences sociales et humaines.
3.6 Rsistance aux agents anti-infectieux
La France et lEurope sont en premire ligne face la crise de la multirsistance aux antibiotiques et notre pays a rarement t un bon lve dans ce
domaine. Lmergence alarmante et lextension de la rsistance chez les bactries pathognes les plus communes se dveloppent sous la pression slective
de lutilisation, souvent excessive, des antibiotiques, la fois chez lhomme et
chez lanimal. Ce phnomne rpond la slection de mutations adaptatives,
au transfert horizontal de dterminants gntiques ports par des plasmides ou
des transposons, enn lexpansion clonale des souches ayant acquis la rsistance. La dissmination despces bactriennes multirsistantes comme Streptococcus pneumoniae, Staphylococcus aureus, Entrocoques, Entrobactries,
Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumanni et Mycobacterium tuberculosis, reprsente une grave menace et nombre dtudes ont conrm le plus
mauvais pronostic dinfections causes par des bactries rsistantes. Cest en
particulier le cas pour M. tuberculosis et les agents dinfections nosocomiales,
comme les souches de S. aureus rsistantes la mthicilline. Un exemple extrmement proccupant de cette situation est lmergence rcente, chez des
patients hospitaliss, de souches de S. aureus ayant acquis, en plus de la rsistance la mthicilline, la rsistance la vancomycine par un transposon
venant dEnterococcus. Laugmentation globale de la rsistance, telle quelle est
actuellement observe chez Helicobacter pylori, le VIH et le virus grippal, et
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laugmentation de la rsistance chez les champignons et levures qui ne bncient que de peu de mdicaments anti-infectieux adapts, ne font quaccrotre
le niveau du d. La rsistance aux anti-infectieux a t place au premier rang
des proccupations de la Commission europenne et de lOMS1 .
La recherche devrait tre en mesure dapporter les connaissances fondamentales ncessaires au dveloppement de rponses appropries lmergence de
la rsistance, y compris le dveloppement de nouveaux agents susceptibles de
la contourner. On peut identier un certain nombre de sujets prioritaires. Mieux
comprendre les mcanismes de rsistance, lcologie et la dynamique de dissmination des micro-organismes rsistants et des gnes de rsistance, linteraction entre phnotypes de rsistance et de virulence, leffet des facteurs environnementaux sur le dveloppement et la persistance de la rsistance. Encourager
la recherche acadmique et la recherche industrielle cooprer pour la conception et le dveloppement de nouveaux anti-infectieux an de traiter les pathognes multirsistants. Dans ces domaines, les jeunes pousses de biotechnologie,
souvent issues du secteur acadmique, jouent un rle croissant, particulirement
pour la recherche de cibles pertinentes. Il faut promouvoir des tudes pidmiologiques intgrant les nouveaux outils molculaires et la modlisation mathmatique, an de mieux comprendre, surveiller et prdire lmergence des gnes
de rsistance et des clones rsistants dans les populations humaine et animale
ou dans les rservoirs environnementaux. Il faut dvelopper des tudes visant
valuer le poids conomique et de sant publique attribuable aux infections
par des pathognes rsistants en milieu hospitalier ou communautaire. Il faut
mieux introduire les sciences humaines an dapprhender des aspects essentiels comme le comportement des mdecins dans le processus de prescription, la
demande du patient et la rponse aux rgles de prescription dictes.
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t faits rcemment. Aprs linitiative mondiale pour lradication de la poliomylite sous lgide de lOMS, des efforts importants ont t rcemment cibls
sur trois grandes maladies : sida, tuberculose et paludisme. Ces efforts, soutenus par les crdits europens du 6e Programme cadre, se sont accompagns de
la mise en place dune plate-forme pour les essais cliniques. La France est trs
implique dans ces actions, particulirement lInstitut Pasteur, lInserm, lANRS,
lIRD et le Cirad, pour ce qui concerne les volets de recherche et dintervention
sur le terrain. Cet effort doit tre prennis en sassurant si possible doptimiser
lintgration de ces diffrents organismes. Il faut cependant tre conscient que,
quel que soit le poids en sant publique de ces trois maladies, particulirement
sur le continent africain, elles ne rsument malheureusement pas les pathologies
qui y prvalent et dont certaines rmergent, comme les infections respiratoires
aigus, les maladies diarrhiques et les dysenteries, les mningites, les leishmanioses, la maladie du sommeil, les larioses et la bilharziose. En Amrique du
Sud, la maladie de Chagas est loin dtre contrle et tend mme stendre de
nouveau dans certaines rgions. Ces maladies marginalises acquirent de fait
le statut de maladies ngliges et, de rares exceptions prs, ne bncient pas
des efforts quelles mritent en recherche fondamentale ou applique au dveloppement doutils diagnostiques, de thrapeutiques et de vaccins innovants et
utilisables dans ce contexte. Il est urgent dinverser ce courant dont les consquences long terme risquent dtre funestes. Noublions pas, par exemple,
quen Afrique les infections (trachome, oncocercose) sont la premire cause de
ccit.
Tout aussi importantes par leur impact sur la sant publique et sur lconomie dans les pays en voie de dveloppement sont les maladies infectieuses et
parasitaires animales. La morbidit et la mortalit du btail et des volailles dans
des conomies rurales fragiles, comme la pripneumonie contagieuse bovine et
les infections parasitaires en Afrique, ont des consquences dsastreuses pour
lalimentation humaine, sans parler du risque de transmission lhomme, directement ou par lintermdiaire de vecteurs. Par ailleurs, la mtasurveillance
microbiologique de la faune tend devenir un lment important de la veille
lmergence faisant suite des passages de barrire despce. Une fois de
plus, on nanticipe bien que sur ce que lon connat et comprend (Torres-Velez et
Brown, 2004). La France a de nombreux atouts faire valoir dans ce domaine
avec le Rseau international des instituts Pasteur et les organismes de recherche
chargs de la coopration scientique et technique. Noublions pas par ailleurs
que lOIE (Organisation mondiale de la sant animale) est base Paris (King,
2004). Cet organisme et la FAO ont dcid de combiner leurs efforts an dtablir un rseau global dinformation sur les nouveaux virus susceptibles de sauts
de barrire despce de lanimal lhomme. Il a fallu attendre la menace dune
pandmie due au virus de la grippe aviaire pour que soit mis en place trs rcemment un plan mondial de lutte contre la grippe, coordonn par lOMS, la
FAO, lOIE et la Banque mondiale.
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des individus, un cadre haute valeur ajoute scientique en matire de recueil, danalyse et dexploitation des donnes doit tre cr, an de rendre nos
services hospitaliers plus attractifs pour la ralisation de ces essais cliniques.
Comme pour la vaccinologie prventive, la mise en place de programmes de
vaccination thrapeutique (hpatites B et C, papillomavirus gnitaux, VIH, ...)
permettra de mieux cerner les rponses immunitaires de lhomme.
Il convient enn de rinsister sur deux aspects importants de la recherche
clinique :
la recherche clinique dans les pays du Sud doit se dvelopper dans le
mme cadre mdical, scientique, technique et thique que dans les pays
du Nord, comme le stipule la charte de lANRS. La mise en place, soutenue par lUnion europenne, de plates-formes dessais cliniques dans
le Sud est une excellente initiative. Elle devrait sinscrire dans le cadre
de programmes intgrs prenant en compte les maladies, leur pidmiologie, leur poids en sant publique, leur dimension socioculturelle et
conomique, ainsi que les problmes spciques que posent leurs diagnostic, traitement et prvention. Cest loccasion exceptionnelle dagrger
autour de ces programmes cibls les comptences ncessaires, du Nord
comme du Sud, permettant une formation mutuelle et prennise. Rinsistons nanmoins sur la ncessit de coordonner les actions des organismes,
an dobtenir la masse critique, donc limpact que seule peut offrir la mutualisation des moyens et des personnels ;
la recherche clinique nest pas uniquement humaine, elle est aussi vtrinaire. Nous avons, dj, insist sur la ncessit de mener de pair ces deux
recherches, au Nord comme au Sud.
Conclusion
Les chapitres de ce rapport reprendront en dtail des points abords dans
cette introduction et bien dautres. Par ailleurs, deux rapports importants ont
rcemment examin la situation de la microbiologie et des maladies infectieuses
humaines (Raoult, 2003) et de la recherche sur lanimal et la sant de lhomme
(Cner, 2003), en France. Notre propos est avant tout denvisager lapport de
la recherche dans la lutte contre les maladies infectieuses et de souligner la
ncessit dintgrer ses diffrents acteurs, partant de la notion de bon sens quil
y aura toujours des maladies infectieuses. Mais cela suppose aussi une meilleure
ducation de la population, an de laider percevoir, comprendre et matriser
le risque infectieux.
Force est en effet de constater que les maladies infectieuses ont accompagn
et, sans doute, en partie faonn lvolution de lespce humaine (McMichael,
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Malgr le coup de frein apport par les mesures dhygine rationalises par
Pasteur et la dcouverte des vaccins et des anti-infectieux, nous sommes entrs,
en fait, dans une nouvelle priode, celle de la globalisation, avec une majorit
de populations en croissance dmographique. Lurbanisation, des conditions
dhygine prcaires, lilltrisme, la pauvret et un accs limit aux soins et aux
vaccins, exposent ces populations et le reste de la plante un risque permanent dmergence et de dveloppement de maladies infectieuses. Lmergence
du VIH en Afrique et sa diffusion pandmique en constituent un exemple dramatique. On peut penser, par ailleurs, que la poursuite de la dforestation par des
populations en qute despace vital et de revenus court terme, en Afrique, en
Amrique latine et en Asie, produira un nombre croissant dvnements dmergence, en mme temps que le dveloppement de llevage indispensable lalimentation de ces populations.
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Le tableau nest pas ncessairement plus optimiste pour les pays industrialiss.
Non seulement ceux-ci se trouvent confronts directement au risque de transmission des maladies infectieuses prvalentes dans les pays les plus pauvres, du fait
de la globalisation des transports et du commerce, mais le dveloppement engendre aussi, probablement, un tat de plus grande fragilit aux infections, du
fait du vieillissement, et aux maladies allergiques, du fait de la diminution de la
stimulation continue du systme immunitaire par les pathognes et les parasites.
Il gnre aussi son propre lot dinfections lies lalimentation industrielle, la
complexit des univers architecturaux modernes, lhpital, source de microorganismes rsistants, et des comportements risques, comme la toxicomanie
avec ses maladies transmises par la seringue. Entrerons-nous rapidement dans
une nouvelle re, celle de la matrise des maladies infectieuses et parasitaires ?
Il ne tient qu nous de nous en donner les moyens. Dveloppement, ducation,
recherche, indissociables dune volont politique, sont les matres mots de ce
succs souhait, sinon annonc.
Charles Nicolle lavait parfaitement anticip, ds 1930, dans Naissance, vie
et mort des maladies infectieuses (Nicolle, 1930). Il avait mme su en tirer une
conclusion humaniste et optimiste La connaissance des maladies infectieuses
enseigne aux hommes quils sont frres et solidaires . Puisse-t-il tre entendu !
Rfrences bibliographiques
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CNER (Comit national dvaluation de la recherche) (2003). Recherche sur
lanimal et la sant de lhomme. La Documentation Franaise.
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Communicable diseases in complex emergencies : impact and challenges.
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Desenclos JC., De Valk H. (2005). Les maladies infectieuses mergentes : importance en sant publique, aspects pidmiologiques, dterminants et prvention. Md. Mal. Infect., 35 : 49-61.
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Geddes A. (2005). The future of infectious diseases. Antibiotiques, 7 : 75-76.
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PREMIRE PARTIE
La situation actuelle :
un d global pour les pays
industrialiss et les pays
en dveloppement
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CHAPITRE
Lpidmiologie et la sant
publique Veille sanitaire
et politique de matrise
GILLES BRCKER
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En France
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facteurs de risque. Ces cohortes sont rares en France ; elles sont plus longues
et plus coteuses que les tudes cas-tmoins. Elles sont peu utilises dans le
champ des maladies infectieuses, et essentielles dans le champ des risques lis
lenvironnement.
Dans le cadre de cette pidmiologie analytique, lpidmiologie gntique
dans le domaine des maladies infectieuses apporte aujourdhui des lments
de rponse indispensables la variabilit de la relation de lhte vis--vis dun
agent infectieux.
Parmi les facteurs de risque individuels vis--vis du dveloppement de la maladie infectieuse, les facteurs gntiques apparaissent parfois comme dterminants. Ainsi, dans le cadre de la tuberculose, seulement 10 % des sujets infects
dveloppent une symptomatologie : vis--vis du VIH on sait quil existe une
grande variabilit de progression de la maladie lie des facteurs de lhte,
allant jusqu labsence de dcit immunitaire malgr un portage chronique du
virus trs prolong ( long term survivor ).
Lpidmiologie gntique permet de rpondre aux variations observes dans
diffrentes populations de la rponse hte-agent infectieux. Elle ouvre des voies
nouvelles pour le contrle des maladies infectieuses.
Ainsi, lpidmiologie apparat aujourdhui comme une dmarche essentielle
en sant publique : elle permet la surveillance des maladies, lanalyse de leur
volution, le dclenchement dune alerte sanitaire en cas dpidmie, lidentication des modes dacquisition et de transmission, la dnition des stratgie
les plus efcaces, ou les plus efcientes (cot/bnces), et lvaluation de leur
impact.
Elle permet une modlisation des risques et aide la dcision en sant
publique.
La surveillance des risques et des menaces pour la sant constitue la dmarche commune des agences de scurit sanitaire au service dune politique
de gestion et de prvention des risques. En ce qui concerne lAfssaps (Agence
franaise de scurit sanitaire des produits de sant), cette surveillance porte
sur lensemble des produits de sant. LAfssa (Agence franaise de scurit sanitaire des aliments) a pour mission la surveillance des risques lis lalimentation.
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Cette surveillance est un modle particulier danticipation des risques lis aux
pandmies grippales. Il sagit chaque anne disoler au plus tt le virus suppos
tre celui de la prochaine pandmie et dadapter le vaccin en modiant en
consquence sa composition.
La grippe aviaire
La situation de la grippe aviaire dans le monde (H5N1) en 2003/2005
fait redouter la survenue dune pidmie humaine par recombinaison du virus
aviaire avec une souche transmissible lhomme.
Lextrme gravit de la grippe aviaire, en particulier en Asie, na gnr
la date de septembre 2005 quune centaine de cas sporadiques chez lhomme,
sans transmission interhumaine directe rellement dmontre. La surveillance de
ces cas constitue llment de base du dclenchement possible des diffrentes
phases du plan de lutte contre une telle pidmie de grippe.
Ces cas humains de grippe aviaire dont plus de la moiti sont dcds, sont
rpartis sur quatre pays (Vietnam, Cambodge, Thalande, Indonsie).
Les experts internationaux saccordent pour penser que le risque dune pandmie humaine de grippe aviaire est important, ds lors quune mutation de ce
virus, ou surtout sa recombinaison avec un virus humain permettrait une haute
contagiosit interhumaine.
Ainsi le plan national de lutte contre une pandmie grippale a pour objet
de contrler la diffusion dun nouveau virus grippal, et dorganiser une rponse
adapte au systme de sant devant laugmentation rapide des besoins de prise
en charge.
Lampleur de ce dispositif, et sa rigueur en cas de menace avre, vise rpondre la gravit de la menace dune nouvelle pandmie pour laquelle lInVS
a tabli des modlisations possibles, calcules sur la base des donnes disponibles des pidmies grippales antrieures : les taux dincidence (variant entre
15 et 35 %), les taux dhospitalisation et la ltalit ont t retenus partir des
donnes de la littrature concernant les pandmies passes, ainsi qu partir
des opinions dexperts. Ces taux ont permis de calculer, sous diffrentes hypothses, le nombre de cas, dhospitalisations et de dcs attendus et den tablir
la distribution selon lge et lappartenance ou non un groupe risque.
En labsence dintervention, et pour ces taux dincidence, le nombre de cas
en n dpidmie varierait entre 9 et 21 millions, le nombre dhospitalisations
entre 455 000 et 1,1 million et le nombre de dcs entre 91 000 et 212 000.
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Deux populations-cibles particulires protger en priorit ont t identies : la population des personnes ncessaires la prennit de fonctionnement des services de base (professionnels de sant, de secours ou de scurit,
services publics ou privs indispensables. . .), et la population risque lev de
complications en cas de grippe (personnes ges ou vivant en institution, femmes
enceintes, sujets atteints de maladie chronique, enfants de moins de 2 ans). Les
effectifs de ces populations ont t estims respectivement 3,6 et 8,7 millions.
Surveillance de la tuberculose
La surveillance de certaines maladies transmissibles ncessite la mise en
uvre dun signalement prcoce lautorit sanitaire en vue dune action de
contrle. Le cas de la tuberculose est en ce sens exemplaire. La dcouverte
dun cas de tuberculose, en particulier bacillifre, ncessite une intervention de
proximit dans lentourage des cas an de dpister dune part les ventuels cas
secondaires, dautre part le cas index lorigine des cas dpists. Lexpertise
collective mene en 2004 par lInserm a permis une rexion actualise sur les
stratgies de contrle de la tuberculose.
La proximit du contact avec un sujet tuberculeux adulte (bacillifre) est llment dterminant du risque dinfection par M. tuberculosis. Le dpistage actif
concerne donc essentiellement lentourage dun cas de tuberculose. En France
mtropolitaine, le taux moyen dincidence de la tuberculose est 10 fois suprieur chez les personnes de nationalit trangre. La question de maintenir une
obligation vaccinale par le BCG pour toute la population a t pose.
En France, lincidence de la maladie a baiss tout au long du XXe sicle de
faon rgulire. Lirruption du sida dans les annes 1980 a gnr un plateau
dans cette dcroissance en raison de limmunodpression induite par le VIH qui
constitue un facteur majeur du dveloppement de la tuberculose. Avec le contrle
du dveloppement du VIH par les trithrapies la n des annes 1990, la baisse
de lincidence de la tuberculose a repris.
Actuellement, le nombre de cas dclars annuellement est autour de 6 500
(6 714 en lan 2000), mais il faut noter limportance des disparits rgionales.
Ainsi, alors que lincidence nationale est de 11/100 000, elle atteint 50 pour
100 000 Paris. Ces disparits soulignent le rle des personnes en situation de
prcarit, surtout originaires des pays de fortes endmicits tuberculeuses. Pour
lle-de-France, lanalyse des donnes en 2001 montre que les personnes les
plus touches sont originaires dun pays dAfrique subsaharienne. De plus, prs
des trois quarts sont des formes pulmonaires cest--dire transmissibles. Dans
prs de 15 % des cas tests, la srologie VIH tait positive (cette co-infection est
moiti moins frquente dans les autres rgions).
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Les TIAC sont dclares par les mdecins ou les biologistes la Ddass. Celleci assure linvestigation pour cerner lorigine des cas ; cette dmarche seffectue
en lien avec la Direction dpartementale des services vtrinaires (DDSV) et la
DDCCRF (Direction dpartementale de la concurrence, la comsommation et la
rpression des fraudes).
Malgr le dveloppement important de mesures de contrle sanitaire, en particulier dans le domaine vtrinaire, les infections dorigine alimentaire continuent davoir un impact important en France en termes de morbidit et de
mortalit.
En France, une tude a estim la morbidit et la mortalit dorigine alimentaire en France dans les annes 1990, pour 23 agents infectieux (13 bactries,
2 virus et 8 parasites) partir des diffrentes sources de donnes disponibles
recenses : le nombre total annuel dhospitalisations pour une infection dorigine alimentaire se situait entre 10 188 et 17 771. Les salmonelloses en taient
la premire cause (5 691 10 202 cas hospitaliss par an). Les infections bactriennes sont responsables de la majorit de ces dcs (84 94 p. 100).
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Les hpatites A et E
Elles sont surtout lies lhygine, et obissent une transmission fco-orale.
Pour lhpatite A, on estime 10 millions le nombre de cas annuels dans le
monde. En France lincidence varie suivant les dpartements de 3 pour 100 000
21 pour 100 000. Cette hpatite A touche surtout les enfants mais dautres
groupes sont exposs : personnels de soins en pdiatrie, techniciens de laboratoire, employs des gouts et des stations dpuration, touristes en rgion de
forte endmie, et encore dtenus, toxicomanes ou homosexuels masculins. Ces
groupes exposs font lobjet de recommandation pour la vaccination. Le problme pidmiologique actuellement en France est li un dplacement de la
maladie vers des ges plus levs (adolescents ou adultes) o la maladie est plus
svre (la ltalit passe ainsi de 0,2 % chez lenfant 2 % aprs 40 ans).
En 2005, an de renforcer la politique de surveillance et de contrle de
lhpatite A, cette maladie devient dclaration obligatoire.
Lhpatite E est endmique en Asie, Afrique et Amrique latine. Elle est lie
des problmes dhygine (eau, aliments). Des pidmies svres ont t dcrites
avec des taux dattaque 3 % et une mortalit 25 % chez les femmes enceintes
(pidmies du Tchad ou du Soudan). En France, ce virus circule largement
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puisque des enqutes de prvalence signalent 15 50 % des populations possdant des anticorps anti-VHE. Aucun vaccin nest actuellement commercialis.
Les hpatites B et C
Elles sont les plus importantes en termes de mortalit. Elles peuvent toutes les
deux passer la chronicit et conduire une cirrhose puis un cancer.
Lhpatite B cest sans doute la plus rpandue dans le monde, avec 350 millions de personnes porteuses chroniques de ce virus. La transmission du virus se
fait par voie sexuelle, maternoftale et parentrale.
La France est un pays de relativement faible prvalence. Une tude rcente
de lInVS en 2003-2004 permet de mesurer les taux de prvalence du portage
de lantigne HBs chez les assurs sociaux entre 18 et 80 ans. Ce taux est de
0,68 %, ce qui permet destimer 300 000 le nombre de porteurs chroniques.
Ce taux est sensiblement plus lev chez les hommes (1,19 % contre 0,16 % chez
les femmes). Il existe une forte inuence de la prcarit sociale, le taux tait trois
fois plus lev chez les bnciaires de la CMU.
Par ailleurs, depuis 2003, lhpatite B aigu symtomatique est dclaration obligatoire. Les premiers rsultats de cette surveillance renforce permettent
destimer au moins 500 le nombre de nouvelles contaminations annuelles.
Cette estimation est trs infrieure celle fournie 10 ans auparavant par le
rseau sentinelles (1 200 8 000 cas par an. . .). Limpact de la vaccination
apparat majeur, notamment du fait de la rgression importante de lincidence
chez les jeunes adultes.
La gravit de cette hpatite tient deux formes particulires :
lhpatite fulminante qui complique environ 1 % des hpatites aigus B
symptomatiques ;
le passage la chronicit qui survient dans 5 10 % des cas ; 20 % de
ces hpatites chroniques conduisent la cirrhose, et parfois au cancer.
Le carcinome hpatocellulaire est ainsi en frquence le huitime cancer le
plus rpandu dans le monde.
Lhpatite C partage avec lhpatite B la transmission par voie parentrale.
En revanche elle est peu transmissible par voie sexuelle. Elle touche prs de
3 % de la population mondiale (soit 170 millions de personnes). Elle est redoutable par son passage la chronicit, cirrhogne et cancrogne. En France sa
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Lhpatite D (delta)
Il sagit dun virus dont linfection est dpendante de la prsence de lHBV.
On estime 5 % la proportion des porteurs de lAg-HBs infects par lHDV.
Sa transmission peut se faire par voie parentrale (prvalence leve chez les
usagers de drogues Ag-HBV+) ; cependant il est frquemment rencontr sur le
pourtour mditerranen, et sa transmission en zone endmique parat relever
de facteur dhygine et de promiscuit. La co-infection avec lHBV peut rendre
compte dhpatites aigus parfois svres, 5 % des patients co-infects voluent
vers la chronicit.
Ainsi la surveillance de ces hpatites bncie en France de deux CNR : le
CNR des virus des hpatites transmission entrique (A et E) (Pr. lisabeth.
Dussaix, Hpital Paul-Brousse, Villejuif), et celui des hpatites B, C et Delta
(Dr Valrie Thiers, Facult de mdecine Necker, Paris).
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immunologique et virologique dans le champ des professions de sant ; organisation de ples spcialiss de prise en charge, notamment des hpitaux de jour
ncessaires au suivi rgulier clinique, biologique et thrapeutique.
Les infections chroniques gnrent des problmes cliniques et immunologiques particuliers dont tmoignent linfection VIH et les virus oncognes.
Linfection VIH constitue un modle dmonstratif des problmes dinfection
chronique. De nombreuses particularits sont prendre en compte dans la surveillance des patients vivant avec le VIH.
Limmunodpression a pour consquence premire la survenue dinfections
opportunistes (IO) initialement rvlatrices de la maladie (notamment la pneumocystose). Ainsi, la surveillance des IO contribue-t-elle au suivi pidmiologique du sida, de mme que le suivi de la tuberculose. Dautre part, limmunodpression induite est lorigine de la survenue de diffrents cancers, en
particulier les lymphomes, mais aussi, par le biais des infections HHV8 associes, au sarcome de Kaposi.
Les cancers viro-induits constituent une complication de mieux en mieux identie au travers des infections rptes ou chroniques : on estime que 15 % des
cancers chez ltre humain sont associs des virus.
Il y a prs dun sicle que loncogense virale est connue (1908, virus de la
leucmie aviaire ; 1911, sarcome de Rous chez le poulet). Depuis, une cinquantaine de virus transducteurs, cest--dire capables de gnrer une tumeur, ont
t identis chez les animaux.
Chez lhomme, on retient surtout les virus des hpatites B et C (voir ci-dessus)
mais encore les papillomavirus (cancer du col de lutrus), le HTLV1 (leucmie T),
le virus dEbstein Barr (lymphome B) et le HHV8 (Kaposi).
La cancrogense lie aux papillomavirus permet de faire du cancer du col
une maladie sexuellement transmissible dont la prvention repose sur les mesures de contrle des IST, mais galement sur les stratgies de dpistage et de
traitement prcoces des lsions de stade 1. Loncogense de ces virus est variable
en fonction de leur gnotype (classs haut risque ou bas risque de cancer).
La prvalence des gnotypes impliqus dans le cancer du col de lutrus varie
selon les zones gographiques.
Cette approche pidmiologique permet de souligner limportance de la surveillance virologique y compris dans les sous-types de virus pour valuer les
stratgies de prvention ou de traitement et identier les populations les plus
exposes.
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Dautres pays ont cr une liste dvnements inhabituels avec des algorithmes oprationnels au niveau clinique, pidmiologique et de laboratoire,
permettant dexclure progressivement les diagnostics jusqu conrmer une maladie donne.
Dans ce contexte, ladoption par lOMS du nouveau rglement sanitaire international, en 2005, constitue un enjeu majeur. Il vise substituer au principe
de dclaration internationale de maladies appartenant une liste dnie, la dclaration de tout cas de maladie, mme non identie, susceptible de constituer
une menace pour la sant publique.
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Conclusion
Plus que jamais, les maladies infectieuses, par leur capacit dvolution,
dadaptation, de transformation au sein du monde vivant, apparaissent comme
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une menace pour la sant humaine. Malgr les immenses progrs de la science
et de la mdecine, malgr les innovations thrapeutiques et immunologiques, le
risque infectieux demeure une ralit permanente. Le franchissement de la barrire despce, les transformations technologiques de notre environnement, les
pratiques de soins invasives, les modications de la rceptivit de lhte, les migrations humaines et animales apparaissent comme autant de facteurs de risque
pour lmergence, et la diffusion, dagents pathognes lchelon plantaire.
Aussi, le contrle des maladies infectieuses ne peut plus reposer sur des seules
stratgies thrapeutiques et vaccinales isoles. La matrise de tous ces risques infectieux ncessite des systmes de surveillance en mdecine humaine et en mdecine vtrinaire. Ces systmes doivent sappliquer aux populations exposes
pour lidentication et la prise en charge des cas, aux agents pathognes pour
analyser leurs volutions, leur cosystme, leur sensibilit aux anti-infectieux.
Cette surveillance permanente ncessite une dmarche coordonne et complmentaire des cliniciens, des biologistes et des pidmiologistes, non seulement
au plan national, mais galement au niveau europen, et lchelon mondial.
Recommandations
Malgr les progrs immenses accomplis tout au long du XXe sicle pour la
matrise des maladies infectieuses, la situation pidmiologique demeure proccupante, et les risques infectieux constituent toujours une proccupation absolument prioritaire dans le champ de la sant publique.
Lapparition de nouveaux agents pathognes, le franchissement de la barrire despce, le dveloppement de la rsistance des micro-organismes aux
thrapeutiques, mais aussi les migrations des populations ou le dveloppement
de technologies nouvelles favorisant la dispersion des agents infectieux, sont
lorigine de nouveaux risques regroups dans le cadre des maladies dites
mergentes .
La matrise de ces risques suppose le dveloppement des stratgies de
contrle, et en particulier les mesures suivantes :
1. Renforcer la mise en place des systmes de surveillance des maladies
humaines et animales, avec le dveloppement de systmes de transmission
informatique scurise et harmonise.
2. Renforcer la coordination de la surveillance des maladies animales et humaines au niveau national et notamment au niveau des agences de scurit sanitaire, et par une troite concertation des administrations centrales.
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CHAPITRE
Maladies infectieuses
en mdecine humaine
et vtrinaire, passage
des barrires despce
GILLES BRCKER, YVES LEFORBAN ET BERNARD VALLAT
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Introduction
Du point de vue zoologique, lhomme na que peu de particularits par
rapport aux autres espces de mammifres et il nest donc pas surprenant
quhommes et animaux partagent beaucoup de maladies et, en particulier, celles
dorigines parasitaire ou infectieuse. Pourtant mdecine vtrinaire et mdecine
humaine ont eu des dveloppements trop souvent spars et les interactions
travers les tudes de pathologie compare sont assez rcentes.
Les maladies animales revtent une importance conomique considrable en
raison des pertes conomiques directes et des entraves au commerce international des animaux et produits animaux quelles occasionnent. Ces dernires
annes ont vu le public se familiariser travers les mdias avec les noms des
grandes maladies animales, telles que la vre aphteuse ou lencphalite spongiforme bovine (ESB ou maladie de la vache folle). Lpisode de vre aphteuse
en 2001 au Royaume-Uni, avec deux foyers secondaires en France, est un bon
exemple des consquences catastrophiques et des crises que peuvent entraner
les maladies animales. Lon ne saurait oublier, non plus, limpact mdiatique
de maladies humaines mergentes dorigine animale, comme les vres hmorragiques africaines (Ebola ou Marburg), le nouveau variant de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) ou le syndrome respiratoire aigu svre (Sras).
On distingue, en effet, parmi les maladies animales, celles qui peuvent toucher lhomme et les animaux les zoonoses ou maladies zoonotiques et
celles ne relevant que de lart vtrinaire. La plupart des zoonoses nentranent
que des pertes conomiques limites chez les animaux et leur importance tient
donc leur caractre zoonotique. On peut considrer que les zoonoses correspondent aux premiers franchissements connus de la barrire despce entre
animal et homme. Le danger que reprsentent pour lhomme certaines zoonoses
a t trs tt identi et de nombreuses pratiques sociales ou alimentaires sont
bases sur cette connaissance empirique du danger de transmission de maladies de lanimal lhomme (tabous sur la consommation de la viande de porc,
par exemple).
Mais lexception de ces zoonoses historiques, depuis longtemps identies,
il tait admis que la plupart des bactries et des virus taient adapts lhomme,
une espce ou un groupe despces animales et que cette situation tait relativement stable. Ce nest que depuis quelques dcennies, avec lapparition de
maladies nouvelles comme le sida ou les maladies prion, que lon sest interrog sur la validit du concept de barrire despces. Celui-ci nest pas nouveau
en soi, mais il tait auparavant considr comme un phnomne rare, rsultant
dune lente adaptation au mme titre que les autres processus dvolution.
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tat de lart
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Pour ce qui concerne les mthodes de lutte, laspect conomique est pris en
compte ; ainsi labattage des animaux infects est la mthode de choix car ils
sont la source principale de virus et ils constituent souvent des non-valeurs conomiques mme sils gurissent ultrieurement. La vaccination contre les maladies
pizootiques est le plus souvent utilise pour limiter leur propagation. Des zones
tampons de vaccination sont ainsi tablies dans ce but entre les zones infectes
et les zones indemnes.
Parmi les maladies parasitaires ayant un impact socio-conomique considrable, citons les trypanosomiases animales. Elles reprsentent dans lAfrique
intertropicale un des freins majeurs au dveloppement de llevage.
1.2 Maladies infectieuses humaines et vtrinaires :
les zoonoses
Parmi les maladies zoonotiques, on peut distinguer les zoonoses historiques , cest--dire connues avant le XXe sicle, telles le charbon et la rage,
de celles de dcouverte ou de constatation plus rcente, telles que les encphalites spongiformes subaigus transmissibles (ESST), les vres hmorragiques, le
syndrome respiratoire aigu svre (Sras) ou la grippe aviaire.
On trouve, entre les deux, toute une srie de maladies zoonotiques dcouvertes au cours du XXe sicle sans que lon sache sil sagit de nouvelles apparitions chez lhomme ou de maladies qui existaient et dont on a seulement identi
lagent. On a aussi parl de zoonoses mineures quand latteinte de lhomme
tait rare et ne se traduisait que par une maladie bnigne : ainsi, par exemple,
linfection humaine par le bacille du rouget du porc ou la maladie de Newcastle
de la poule et, jusqu rcemment, par lorthomyxovirus de linuenza aviaire
hautement pathogne (HPAI).
La n du XXe sicle a vu lapparition de nouvelles maladies majeures (sida,
vres hmorragiques, maladies prions) ou la rapparition dautres dans certaines rgions (recrudescence de la rage en Afrique, de la vre typhode et
de la tuberculose dans certains pays dEurope de lEst). Limpression qui prvaut aujourdhui dans le public est quon assiste non une rgression mais, au
contraire, une recrudescence des maladies (humaines et animales) et que le
danger des maladies nouvelles est plutt devant nous. Est-ce leffet dune amplication mdiatique ou la ralit ? Cest ce que nous essaierons de clarier.
1.3 Le gnie des maladies infectieuses
Dans un essai intitul Naissance, vie et mort des maladies infectieuses
Charles Nicolle (1866-1936) dessine un panorama des maladies dans le temps,
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Les conditions cologiques et environnementales, elles-mmes lies au climat, contribuent aussi dterminer le potentiel pidmique des zoonoses mergentes. Quand les conditions environnementales sont favorables, les populations
de rongeurs, et lincidence des maladies humaines qui en dpendent, peuvent
augmenter de faon spectaculaire. On a ainsi observ chez lhomme, au cours
des dernires annes, lmergence du syndrome pulmonaire Hantavirus et la
rmergence de la peste et de la tularmie aux tats-Unis. Ces vnements nous
rappellent les risques dpidmies zoonotiques que peut induire une rupture de
lquilibre cologique entre lanimal et lhomme.
Depuis le milieu des annes 1970, plus de vingt maladies infectieuses transmises par les tiques ont t identies chez lhomme. Plusieurs ont des rservoirs
animaux. Pour diverses raisons, lhomme est de plus en plus expos aux tiques
vectrices et aux agents pathognes associs. La maladie de Lyme, transmise
par des tiques du genre Ixodes, en est un bon exemple. Au dpart maladie
rare, elle est devenue endmique dans plusieurs parties du monde, y compris
en France dans certaines zones. Cette mergence est due principalement des
conditions cologiques favorables une forte augmentation des populations de
rongeurs hbergeant les tiques vectrices. Outre lhomme, cette maladie semble
toucher aussi cliniquement dautres espces animales dont les bovins. Lehrlichiose, due Anaplasma phagocytophilum, identie chez les bovins, parat
constituer aussi un risque de zoonose mergente (Archimde, 2003).
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Nom de la maladie
Ov
Cp
Pc
Cer
Eq
Car
Rage (a)
Fivre
charbonneuse (b)
Stomatite vsiculeuse
Brucellose (d)
Cowdriose
Fivre catarrhale
(blue tongue)
Tuberculose (f)
Cp
Anaplasmose
Dermatose nodulaire
Encphalopathie
spongiforme bovine
Pripneumonie contagieuse
Septicmie hmorragique
Thilriose
Trypanosomose (g)
Maladie de Nairobi
Pleuropneumonie
contagieuse
Tremblante
Maladie hmorragique
pizootique (cerf)
Maladie vsiculeuse
des suids
Tableau 2.1
Liste des maladies rputes contagieuses.
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Nom de la maladie
Paralysie contagieuse
(mal. de Teschen)
Anmie infectieuse
des quids (j)
Dourine
Encphalite quine
vnzulienne
Encphalite japonaise
Lymphangite pizootique
Mningoencphalomylites
virales (k)
Mtrite contagieuse
des quids (l)
Morve
Peste quine
Surra
Acariose
Loque amricaine
Loque europenne
Nosmose
Varroase
Ncrose hmatopotique
infect. (q)
Septicmie hmorragique
virale (r)
Tableau 2.1
Suite.
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(n) Linuenza aviaire (autrefois inscrit sous la dnomination de peste aviaire) est MRC sous
toutes ses formes, dans toutes les espces doiseaux. Pour tre reconnue MRC, la maladie doit
toutefois tre provoque par un virus grippal de type A ayant, chez les poulets gs de six
semaines, un indice de pathognicit intraveineuse suprieur 1,2, ou par un virus grippal
de type A de sous-types H5 ou H7 pour lesquels le squenage des nuclotides a prouv la
prsence dacides amins basiques multiples au niveau du site de coupure de lhmagglutinine
(arrt du 8 juin 1994).
(o) La maladie de Newcastle est MRC sous toutes ses formes, dans toutes les espces doiseaux.
Pour tre reconnue MRC, la maladie doit toutefois tre provoque par une souche aviaire
dun Paramyxovirus du groupe 1, ayant chez le poussin dun jour un indice de pathognicit
intracrbrale suprieur 0,7 (arrt du 8 juin 1994).
(p) Lanmie infectieuse du saumon est MRC chez le saumon atlantique (Salmo solar).
(q) La ncrose hmatopotique infectieuse est MRC chez toutes les espces de salmonids et le
brochet (Esox lucius).
(r) La septicmie hmorragique virale est MRC chez toutes les espces de salmonids,
lombre (Thymallus thymallus), le corgone (Coregonus sp), le brochet (Esox lucius), le turbot
(Scophthalmus maximus) et le blackbass (Micropterus salmodes).
(Cours de lgislation et rglementation sanitaires vtrinaires gnrales de Jean-Pierre GANIERE (ENV Nantes) (mise jour : 17 fvrier 2004.)
Tableau 2.1
Suite.
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Pripneumonie contagieuse bovine (OIE)
ESST5
Leucose bovine
Brucelloses (FAO-OIE)
Zoonoses (OMS)
Tuberculose et paratuberculose
(FAO-OIE)
Brucellose,
tularmie
et charbon
(CNR associ)
Tableau 2.2
Laboratoires de rfrence de lAfssa en sant animale. Les maladies zoonotiques ou potentiellement zoonotiques apparaissent en gras.
LERPBHV (Lyon)
LERPAZ (Maisons-Alfort)
LERC (Niort)
Pestes porcines
Mycoplasmoses aviaires(OIE)
OIE/FAO/OMS4
Mycoplasmoses aviaires
LCR3
Aujezsky (OIE)
Gumboro (OIE)
CNR2
LNR1
LERAP (Ploufragan)
Laboratoires de lAfssa
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Rage (OIE)
OIE/FAO/OMS4
50
Tableau 2.2
Suite.
Rsidus antibiotiques
Rage (srologie)
CNR : Centre national de rfrence (dsign par la direction gnrale de la sant, DGS).
Rage
LERMVD (Fougres)
LERRPAS (Nancy)
LCR3
Maedi-Visna (mouton)
Maladies des abeilles
CNR2
LERPRA (Sophia-antipolis)
LNR1
LERPE (Dozul)
Laboratoires de lAfssa
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et a dni les missions dalerte des pouvoirs publics face tout risque ou toute
menace pour la sant des populations.
La surveillance des maladies infectieuses en mdecine humaine repose sur
plusieurs types de systmes. Le plus important est celui de la dclaration obligatoire (DO) des maladies par les mdecins ou par les biologistes qui en font le
diagnostic. Vingt-six maladies sont DO et six dentre elles sont des zoonoses :
charbon, brucellose, rage, tularmie, salmonelloses, listriose.
Pour la plupart des maladies DO, le processus est double : il comporte tout
dabord un signalement immdiat du ou des cas lautorit sanitaire (Ddass),
puis une notication sous la forme dun document crit prcisant les caractristiques pidmiologiques du ou des cas.
Le principe du signalement direct permet linvestigation autour dun ou plusieurs cas an de matriser la situation pidmique. Cette dmarche ncessite
souvent la concertation indispensable entre les rseaux de surveillance dans les
domaines vtrinaire et mdical et la coordination avec les instances charges
de la scurit alimentaire (Afssa, DGAL) et de la scurit des consommateurs (Direction gnrale de la concurrence, de la consommation et de la rpression des
fraudes, DGCCRF). LInVS dveloppe ou soutient des rseaux de surveillance, en
fonction des pathologies, des populations concernes et des agents pathognes.
Ces rseaux dbordent largement le seul cadre des malades DO. Cest le cas
des rseaux de surveillance pour la grippe (rseau des mdecins sentinelles, Inserm U 707 ; rseau Grog), de surveillance pour la toxoplasmose et la rubole
vis--vis des risques congnitaux, ou de surveillance des syndromes hmolytique
et urmique (VTEC) chez lenfant.
Ces rseaux de surveillance clinique (identication des cas) ncessitent une
articulation troite avec les laboratoires susceptibles didentier et de caractriser lagent pathogne. Les centres nationaux de rfrence (CNR) sont les laboratoires dexcellence indispensables cette politique de surveillance. Au nombre
de 46, actuellement, les CNR sont coordonns par lInVS (arrt du 29 juin
2001). Ils rpondent quatre objectifs : expertise microbiologique, contribution
la surveillance, alerte et conseil du ministre de la Sant.
Les CNR ont galement un rle essentiel dans le dveloppement de la recherche. Ils sont le plus souvent rattachs des units Inserm, lInstitut Pasteur
et, parfois, des CHU. Certains CNR ne sont pas ddis un seul agent pathogne mais une famille (CNR des vres hmorragiques virales) ; ils peuvent
aussi tre ddis la surveillance de la rsistance aux traitements anti-infectieux.
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La recherche mdicale
Il nentre pas dans les objectifs de ce chapitre de passer en revue les recherches menes sur les maladies virales, bactriennes et parasitaires, et sur
leurs agents, dans les organismes de recherche publics lInserm et le dpartement des sciences de la vie du CNRS et lInstitut Pasteur (qui hberge
21 CNR).
Il faut aussi mentionner les travaux raliss dans dautres institutions : dpartement des sciences de la vie du Commissariat lnergie atomique (recherches sur les prions, en relation avec lAfssa, lInra et le CNRS) ; Institut pour
la recherche et le dveloppement (travaux sur les agents infectieux tropicaux, en
particulier les maladies transmises par des vecteurs, comme la malaria et les trypanosomiases humaines et animales) ; universits et coles vtrinaires (thmes
lis la sant humaine et animale, souvent en association avec lInra, lInserm
et le CNRS).
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fois, des scientiques nomms par lAfssa, des hauts fonctionnaires (des services
nationaux, rgionaux et dpartementaux) et des conomistes.
La cration de groupes de rexion et dobservatoires communs sur les zoonoses pourrait aussi tre suggre, en partant des rseaux existants, grs par
les ministres de lAgriculture et de la Sant. Une premire dmarche pourrait
tre la comparaison des listes de maladies animales et humaines rglementes
et/ou dclaration obligatoire, le recensement des besoins de surveillance pour
chaque zoonose ou maladie dorigine alimentaire, le recensement des rseaux
de surveillance correspondants en matire mdicale et vtrinaire et la dtermination conjointe des priorits en matire de surveillance mdicale et vtrinaire.
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En plus des rseaux franais, des rseaux fonctionnent au niveau international ou rgional. Ils permettent davoir, en temps rel, une information sur les
risques dintroduction de certains pathognes et, donc, dorienter la surveillance
nationale en fonction des alertes.
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titre dexemple, lpisode dinuenza aviaire svissant en Asie fait lobjet dune attention particulire (Sims et al., 2005). La souche virale H5N1 qui
svit chez les volailles ne se rvle pour linstant quexceptionnellement pathogne pour lhomme, en dpit de son impact considrable sur les populations
doiseaux domestiques et des millions de contacts entre animaux malades et populations humaines. Il est nanmoins important pour les laboratoires de lOIE et
de la FAO de transmettre en temps utile aux rseaux de lOMS les prlvements
effectus sur les animaux pour parer toute ventualit an de pouvoir dvelopper rapidement un vaccin humain adapt aux souches animales risque. Linterconnexion des rseaux grs par lOIE et par lOMS est donc extrmement
importante car personne nest capable de chiffrer la probabilit dune mutation ou dun rassortiment gntique dfavorable du virus aviaire, qui pourrait
conduire une pandmie.
3.3 Barrires despce et principe de prcaution
Les systmes de prdiction relatifs lmergence ou la rmergence de zoonoses sont encore balbutiants, ce qui ne facilite pas la tche des gestionnaires
du risque. Les modles de prdiction les plus labors concernent les maladies
vectorielles. Ils sont bass sur lanalyse des phnomnes climatiques en cours
(ou prdits par les experts climatologistes) et de leurs consquences sur la dynamique spatiale des vecteurs. Ils peuvent tre particulirement utiles pour des
vecteurs comme celui de la vre de la valle du Rift. lexception de ce cas
particulier, les modles mathmatiques permettant de fournir des probabilits
chiffres aux gestionnaires du risque sont encore du domaine de la recherche.
Compte tenu des nombreux exemples mentionns auparavant, il pourrait
sembler que le concept de barrire despces nexiste plus et quen consquence
la plupart des infections et maladies des animaux pourraient potentiellement devenir zoonotiques. Des mesures de prcautions devraient tre prises vis--vis de
ce risque. Cependant, le principe de prcaution doit sappliquer avec discernement dans ce domaine comme dans dautres (CNER, 2003). Une valuation
de ce risque doit tre entreprise au cas par cas pour hirarchiser les probabilits de passage lhomme de germes ou de maladies animales considres
jusque-l comme inoffensifs pour lhomme. Cette valuation doit se baser sur
des donnes scientiques (variations du gnome des micro-organismes, rcepteurs, . . .), pidmiologiques et climatiques. Des tudes sur le risque de passage
de barrires despce sont en cours lInra et lAfssa pour certains virus et
hmatoparasites. Une coopration entre quipes mdicales et vtrinaires est
ncessaire.
Une situation de plus en plus frquente concerne des infections asymptomatiques chez lanimal et transmissibles lhomme en occasionnant une maladie
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Conclusion
Les politiques de surveillance des maladies infectieuses, chez lhomme et chez
lanimal, ont connu des dveloppements importants au cours de ces dix dernires annes. La mise en place des agences de scurit sanitaire y a largement
contribu. Le dveloppement de lexpertise et de la gestion des risques infectieux
permet aujourdhui une identication plus prcoce et plus efcace des risques
mergents, ainsi que des interventions de contrle sur les animaux et sur les
produits alimentaires. Dans les pays industrialiss, en France notamment, les
analyses pidmiologiques montrent globalement une rgression de lincidence
de nombreuses zoonoses, comme les listrioses ou les salmonelloses.
Cependant, les technologies nouvelles et la mondialisation des changes
ont conduit lmergence, de plus en plus frquente, dagents nouveaux, notamment par franchissement de la barrire despces. Le dveloppement des
changes favorise la circulation de ces agents, dont le pouvoir pathogne peut
savrer extrmement dvastateur.
Toutes ces considrations soulignent la ncessit de promouvoir nos recherches sur lvolution de ces agents infectieux et sur la modlisation des pidmies venir. Il faut, aussi, renforcer la concertation internationale pour le
contrle de ces maladies.
Les programmes de recherche cibls sur les pathognes aptes franchir la
barrire despces ne semblent pas constituer une priorit sufsante de la recherche franaise, mme si des travaux sont en cours. Lorigine animale des pathognes mergents justie, pourtant, une meilleure mobilisation et une meilleure
coordination des tablissements travaillant sur les maladies zoonotiques. Les
moyens publics consacrs cette thmatique ( lexception des ESST) sont en dcalage croissant par rapport dautres pays, mme dans lUnion europenne.
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Recommandations
Les recommandations mises en 2003 par le Comit national dorientation de la recherche (CNR, 2003) doivent tre soutenues. Nous retiendrons en
particulier :
1. la ncessit daccorder plus de place et de valeur dans la hirarchie des
disciplines lpidmiologie compare et aux travaux des scientiques
dans ce domaine ;
2. le besoin dun rapprochement des connaissances issues de la mdecine
vtrinaire et de la mdecine humaine ;
3. la ncessit de favoriser les recherches actives et la veille scientique sur
les zoonoses tropicales ou intertropicales grce au rseau de comptences
constitus notamment par lInstitut Pasteur, lIRD et le Cirad en concertation
avec les organismes internationaux (OMS, OIE, FAO) ;
4. la ncessit dtre attentif lmergence de nouvelles maladies animales,
en particulier celles faisant partie du groupe des zoonoses et prvoir un
enseignement sur les zoonoses dans les programmes de formation initiale
des mdecins et pharmaciens.
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Rfrences bibliographiques
Afssa (2004). Rapport du CES de lAfssa du 7 septembre 2004 sur les maladies
animales rputes contagieuses, maladies animales dclaration obligatoire. http://www.afssa.fr
Anonyme (2002). Les maladies infectieuses des animaux sauvages : dtection,
diagnostic et gestion. Rev sci tech Off int Epiz, 21 : 400-401.
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CHAPITRE
Virus mergents
VINCENT DEUBEL
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V IRUS MERGENTS
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tat de lart
1.1 Introduction
Les maladies infectieuses mergentes sont dues des infections nouvellement
identies ou demeures rares, dont le micro-organisme causal tait prcdemment inconnu, qui posent une srieuse menace de Sant publique localement ou
lchelle plantaire (Morse, 1995 ; Girard, 2000 ; Blancou et al., 2005). Au
fur et mesure que la socit, la technologie et lenvironnement changent, les
pathognes apparaissent, voluent et se propagent, dant les mesures prventives et les traitements existants. Sida (Syndrome dimmuno-dcience acquise),
Sras (Syndrome respiratoire aigu svre), grippe aviaire, vre hmorragique
Ebola, variole du singe, hpatite C, dengue, sont autant de maladies transmissibles connues, dont lhistoire se calque sur celle des hommes.
Les maladies rmergentes sont des maladies infectieuses connues, dont
lagent causal a t identi grce des techniques nouvelles, et qui rapparaissent parfois avec des formes pathologiques diffrentes, causant des
pidmies massives la faveur de nouvelles conditions climatiques, socioconomiques, dimportation dun nouveau variant, ou de mutations du pathogne chappant aux thrapeutiques habituelles (Morse, 1995 ; Blancou et al.,
2005). Lencphalite virus West Nile en France, ou la dengue dans les
Carabes ou les les du Pacique sont des viroses qui rmergent aprs plusieurs
annes de silence ou dextinction (Gubler, 2002).
Les rcentes maladies virales mergentes incluent les maladies respiratoires
mortelles causes par des virus comme un en 1992 (virus transmis par un rongeur et apparu chez les indiens Navajo en Arizona), un coronavirus humain
apparu en 2002 (Sras en Chine), ou celui de la grippe aviaire (H5N1) dtect
pour la premire fois Hong Kong en 1997 (Bio Economic Research Associates,
2005). Quatre sous-types viraux diffrents de virus grippal aviaire ont dj t
isols de cas humains. Les virus nouvellement dcouverts lorigine dencphalites et transmis par les chauves-souris, comme les virus Hendra, Nipah ou
les lyssavirus sont connus depuis seulement une dizaine danne (Halpin et al.,
1999). Le virus du sida a t identi il y a 20 ans, et le virus Ebola il y a
peine 30 ans. De nouveaux variants de virus West Nile mortels pour lhomme
sont apparus en 1996 en Roumanie et en Afrique du Nord, en 1998 en Isral
puis en 1999 aux tats-Unis (Malkinson et al., 2002). Toutes ces maladies mergentes sont lorigine de zoonoses issues dun contact plus troit de lhomme
avec leurs rservoirs naturels loccasion dun passage inattendu mais efcace
de lanimal lhomme travers la barrire despce (Karesh et al., 1995). Les
rservoirs animaux de ces virus ne prsentent gnralement pas de symptmes
cliniques. La distribution des maladies rete la dynamique des populations de
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leurs htes rservoirs. Ces virus demeurent, des niveaux diffrents, de grands
ds pour la mdecine moderne, soit parce quil nexiste pas de vaccins ou de
traitements, soit parce que des variants chappant aux anti-viraux sont apparus.
Les maladies, longtemps considres comme des aux divins assigns de faon individuelle ou collective, sont prsent considres comme un continuum
en perptuel changement, avec leur propre dynamique dmergence ou de rmergence quil nous faut considrer dans un contexte global.
Laugmentation proccupante du nombre de maladies mergentes est en partie due une ngligence des moyens lmentaires de prvention et du dsintrt
gnral pour les maladies transmissibles (les antibiotiques et les vaccins avaient
fait oublier les grandes pandmies). Les maladies du voyageur, lapparition du
Sras, le risque de pandmie li la transmission interhumaine de la grippe
aviaire, et la menace du bioterrorisme ont certainement favoris cette prise de
conscience qui stimule laction (Faucy, 2001). Il est urgent de restaurer et de renforcer la vigilance an de se protger des maladies transmissibles. Les progrs
de la science nous donnent un espoir dy parvenir si une stratgie internationale
est dcide et si les moyens sont dbloqus.
et la rmergence
Les facteurs favorisant lmergence ou la rmergence des viroses ont t
largement tudis et sont rassembls dans le tableau 3.1 (Morse, 1995).
Nous rappellerons ces facteurs et les citerons la lumire des nouveaux vnements en les classant en trois grandes catgories.
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V IRUS MERGENTS
Dmographie et comportement
humain
Changements environnementaux
Dforestation ; plantations,
changement dcosystmes,
inondations, scheresse,
famine
changes internationaux
Changement et adaptation
microbiennne
Tableau 3.1
Facteurs contribuant aux maladies mergentes et rmergentes.
virus Lassa ou Ebola en Afrique, grippe ou Sras en Asie. Dans certains pays,
le manque de diagnostic ou de diagnostic able pour dtecter les virus HIV,
HBV ou HCV dans les banques de sang sont des sources de contamination notoire, comme cela sest rvl il y a quelques annes dans toute une province de
Chine.
Laugmentation de la rapidit et de lintensit des transports internationaux :
La rcente pidmie de Sras a rvl ce facteur de faon criante : en quelques
semaines, le virus avait diffus de lAsie lEurope et au Canada. Lintroduction
du virus West Nile New York en 1999 en provenance du Moyen-Orient, dans
des conditions mystrieuses (moustique infect, individu virmique, oiseau ou
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animal exotique infect import illicitement. . . ?), nest quun vnement parmi
de nombreux qui se reproduisent annuellement, comme le virus de la dengue en
Asie, en Amrique du Sud ou dans les les du Pacique. Il se peut que lagent
responsable de la maladie ne soit pas lui-mme directement responsable de
lamplitude de lmergence, mais que le vecteur ou le rservoir soit import
et risque dtre lorigine des pidmies. La prsence actuelle de moustiques
Aedes albopictus potentiellement vecteurs de la dengue dans le bassin mditerranen, ou leur importation aux tats-Unis dans des containers de pneus
rechapper en 1985 sont des facteurs de risque pidmique. Le tourisme, et notamment le tourisme vert, en direction des sites exotiques reculs des rgions du
Sud sans prcaution sanitaire particulire sont des sources dinfection et dintroduction de virus nouveaux dans les pays dorigine des vacanciers.
Les contacts accrus des individus avec des animaux vecteurs ou rservoirs de
virus : En gnral, on se tourne vers les sources animales qui ont ces dernires
annes prouv leur rle de rservoir ou damplicateur de virus. Les exemples
sont nombreux, comme le virus Nipah transmis des chauves-souris au porc puis
lhomme en Malaisie, le virus du Sras en Chine pour lequel la civette, met
apprci des chinois, a jou un rle certain, le virus West Nile transport par
les oiseaux migrateurs introduit aux tats-Unis et qui se propage en Amrique
du Sud et dans les Carabes, et prsent le virus de la grippe aviaire qui menace
la population mondiale dune pandmie, transport par les oiseaux sauvages
migrateurs et amplis par les poulets ou les canards dlevage. En Afrique, les
populations affames se trouvent au contact danimaux sauvages porteurs de
virus dangereux, comme le virus Ebola.
Lintroduction illicite danimaux chappant aux contrles vtrinaires : Les
services douaniers des aroports spcialiss dans la contrebande ont rcemment dcouvert des oiseaux vivants dans des valises. Ces oiseaux taient placs
dans des tubes qui les rendaient invisibles aux systmes de contrles radiographiques. Lintroduction illgale en Belgique en 2004 de deux aigles infects par
le virus de la grippe aviaire aurait pu avoir des consquences redoutables pour
la population. De mme limportation illicite en 2004 de rats de Gambie aux
tats-Unis, infects par le poxvirus du singe, de la mme famille que le virus de
la variole, a provoqu une pizootie chez plusieurs espces animales dun marchand danimaux exotiques et la transmission du virus plusieurs individus. Trs
rcemment, il a t rapport la transmission plusieurs personnes du virus de la
choriomningite lymphocytaire par des petits rongeurs animaux de compagnie
(cochon dInde, hamsters, souris) causant des encphalites mortelles.
La promiscuit et les grands rassemblements de population : Ils peuvent
engendrer des pidmies causes par des virus inconnus ou rares, comme
cela sest trouv plusieurs reprises au plerinage de la Mecque ou les virus
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immune et propagation par la voie sanguine, lymphatique, cellulaire), et la capacit dinfection et de destruction dun tissu particulier (virus des hpatites, virus
capables de traverser la barrire hmato-encphalitique responsables dencphalites, virus grippaux infectant les cellules pithliales du poumon et responsables dinfections respiratoires basses aigus). Certains virus provoquent des
infections chroniques qui peuvent aboutir chez certains patients des cancers,
sans que les facteurs gntiques de lhte ne soient identis, empchant tout
pronostic ou prvention. Trs souvent, un virus peut infecter lhomme sans causer de symptmes svres ou graves, soit parce que la souche virale nest pas
ou peu virulente, soit parce que le tissu sensible nest gnralement pas atteint.
Lexemple du virus West Nile est typique puisquil existe des variants gntiques
non neuro-invasifs peu virulents pour les animaux ou lhomme alors que dautres
souches sont trs virulentes.
La transmission interhumaine dune zoonose : Un virus mergent chez
lhomme en provenance dun rservoir animal peut tre ou non transmissible
un autre individu. La notion de transmissibilit se base sur plusieurs critres
lis aux caractristiques intrinsques du virus, en particulier sa concentration,
sa stabilit dans lair, son degr de rsistance aux agents chimiques (dtergents,
solvants) et physiques (ultraviolets du soleil) et sa voie de pntration dans lorganisme. Un des critres les plus redouts de transmission interhumaine est la
voie arienne. La transmission du virus grippal par arosol est bien connue.
Elle est lie en saison hivernale son degr de rsistance aux tempratures
basses, la promiscuit des individus dans des lieux conns sans aration,
son tropisme pour les cellules cillies du nez. Apparemment, le virus de la grippe
aviaire, qui a infect plus de 70 personne en contact direct avec des oiseaux,
poulets ou canards infects, na gnralement pas t transmis dun individu
un autre. Sans doute parce que le tropisme du virus nest pas bien adapt
lhomme. Mais au cours de lvolution du virus chez lhomme ou de ses slections par des oiseaux ou dautres animaux (les chats, civettes, furets et autres
animaux sont sensibles au virus), le virus pourrait acqurir un tropisme plus afn
pour les cellules pithliales et dendritiques humaines et infecter efcacement la
population rceptive.
La prdisposition dvelopper une maladie : Mme pour des virus rputs
virulents, il existe des gradients de svrit chez les animaux ou lindividu. Les
virus West Nile ou de lencphalite japonaise provoquent des encphalites chez
environ un sujet sur 300 infects. La dengue hmorragique apparat chez moins
de 1 % des enfants ou des adultes qui possdent des anticorps croiss acquis
lors dune infection prcdente par un autre srotype. Mais il semble que la
population noire soit moins sujette cette forme de maladie. Des facteurs gntiques de prdisposition aux avivirus sont certainement lis aux diffrences
pathologiques observes dun individu lautre. Les souris de laboratoire ont un
allle mut dans le gne de la protine 2-5-oligoadnylate-synthtase (OAS)
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2.1 Faiblesses
Nous devons faire le constat pessimiste dune prparation insufsante vis-vis de lmergence de nouvelles maladies : les mesures de veille des virus
mergents, les mthodes de diagnostic rapides et ables, ltude molculaire
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le travail sur les virus mergents prsentant un risque pour lhomme et/ou
pour lenvironnement, il demande des infrastructures lourdes et onreuses,
de type P3 et P4, et une formation sur la bioscurit en rapport avec le
risque de manipulation de ces virus. La France ne possde quun laboratoire P4 (lAllemagne va bientt en possder 3), gr par une institution
prive jusquen 2004, et lenseignement sur la bioscurit demeure limit.
Les contraintes de scurit biologique et administratives imposes pour la
manipulation de ces virus, notamment sur les animaux, ralentissent considrablement les recherches ;
il y a en France une relle coupure entre la recherche acadmique et les
socits de dveloppement. Mme si une nouvelle culture de la proprit
intellectuelle et de la cration dentreprise se dessine en France, il reste
que les entreprises prives ne sont pas incites investir dans des projets
touchant les maladies mergentes, car juges non rentables pour les raisons cites plus haut. Il faut reconnatre que le principe mme de maladie
mergente pose le problme de sa prennit et du risque de disparition ou
de sa rcurrence des intervalles trs grands, ne pouvant justier la mise
au point de moyens prophylactiques ou thrapeutiques, ne serait ce que
par limpossibilit de vrier en phase III lefcacit de produits acceptables en phase II, et par le faible risque dpidmie. Cest actuellement
le cas pour le vaccin contre la grippe aviaire qui protge les animaux de
laboratoire mais dont lefcacit chez lhomme pourrait tre compromise
par une volution rapide du virus chappant de ce fait la protection
induite par le vaccin ;
enn, il faut entrevoir une explication culturelle autant quconomique la
pauvret de la recherche acadmique franaise en matire de virologie.
Dans un pays o le vaccin contre la rage a t mis au point, o le virus
du sida a t dcouvert, la virologie nattire pas les jeunes gnrations
et ne fait pas recette. Mme les grandes pathologies virales qui tuent encore en France car il ny a pas de vaccin, comme le sida ou lhpatite C,
nont pas sufsamment mobilis la recherche fondamentale, qui reste trs
limite par rapport dautres pays europens ou amricains. Les postes
de recherches sur les maladies mergentes, considres comme exotiques,
demeurent pour le moment moins attractifs ;
les recherches sur les pathologies virales les plus meurtrires comme lhpatite B ne sont plus subventionnes car il existe un vaccin et un traitement,
alors que des variants chappant aux deux prophylaxies apparaissent et
que le mcanisme de cancrisation nest toujours pas compris. Cela pose
le problme gnral de la perte du savoir lors de la rsurgence ou lapparition possibles de pathologies proches des virus dlaisss ;
la reconnaissance et lvaluation scientiques des chercheurs travaillant
sur des virus zoonotiques sont soumises des commissions scientiques
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qui basent leur apprciation sur des critres bibliographiques. Or les facteurs dimpact des journaux de virologie sont infrieurs ceux de journaux
dans lesquels les travaux de virologie sont plus difcilement accepts. Ces
procds dvaluation sont peu attractifs pour des jeunes chercheurs soucieux de leur volution de carrire. .
2.2 Forces
La France a cependant plusieurs avantages par rapport dautres pays pour
se positionner aux premires places de la recherche sur les maladies virales
mergentes :
les centres nationaux de rfrence sont des centres dexpertise uniques
qui reposent sur un rseau de mdecins hospitaliers et privs, sur un ou
des laboratoires de diagnostic en alerte permanente. Le Rseau rgional
dobservation de la grippe (Grog) en est un exemple concret. Ces centres
appliquent la fois les techniques standard et des techniques molculaires,
et sont associs en gnral un laboratoire de recherche de pointe dans
le domaine des virus intressant le centre. Mais les activits de diagnostic
se font souvent au dtriment des activits de recherche, surtout en priode
dpidmies ;
ces centres sont pour la plupart centres collaborateurs OMS, ce qui leur
permet dchanger les informations et les ractifs, et dtre plus ractifs
lannonce ou la dcouverte dun pathogne nouveau ;
la France possde plusieurs organismes de recherche ou des instituts associs implants en zone tropicale et dmergence des pidmies. Il sagit
souvent de zones dfavorises en terme dhygine et de sant publique.
Des organismes franais tels lInstitut Pasteur, lIRD, le Cirad, reprsentent
des laboratoires avancs uniques au monde car leurs missions humanitaires et scientiques au service de la sant publique apportent un rel
soutien aux populations confrontes aux mergences et rmergences de
nombreux pathognes. Mais ils constituent galement des antennes pour
la vigilance des pidmies, en apportant un soutien logistique pour lidentication rapide de nouveaux pathognes et leurs tudes. Le rseau constitu de ces organismes permet de raliser des recherches sur les isolats
microbiens ainsi obtenus ;
par le biais daccords bilatraux daide militarise, la France est galement prsente dans des zones recules instables politiquement dAfrique,
du Moyen-Orient ou dEurope. La surveillance mdicale trs troite des
militaires en mission est souvent loccasion disolement, chez ces individus, dagents viraux parfois insouponns dans les rgions rurales ou
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forestires. Les isolats viraux sont alors analyss dans les laboratoires spcialiss du Service de sant des armes plutt bien quips ;
en amont, ou plutt en appui de ces antennes sentinelles, la France na
que peu de laboratoires de pointe aptes tudier les virus isols dans
leurs structures installs dans les pays dmergence, tel point que ce patrimoine scientique a t livr pendant de nombreuses annes aux pays
anglo-saxons pour y tre tudi. Pour pallier ces problmes, la France
a entrepris un large programme de coopration pour la formation et le
transfert de technologie en matire de recherche, avec plusieurs pays
francophones dAfrique et dAsie. Les programmes FSP (Fonds de solidarit prioritaires) sont un exemple de coopration mene par le ministre
des Affaires trangres, qui par ailleurs, soutient de nombreuses actions
de coopration scientique inter-tat par le biais des ambassades et des
consulats.
La France a par consquent beaucoup datouts mais manque de stratgie et
de coordination pour la veille, le contrle et la prvention de nouvelles maladies
virales, notamment dans les zones dmergence des pays du Sud.
3.1 Introduction
La question pose concerne la matrise des maladies infectieuses et nous lenvisagerons dans un contexte dmergence au niveau franais, mais sappliquant
au niveau mondial, car les virus nont pas de frontire. Plusieurs cas de gure
peuvent se prsenter pour les maladies virales, couvrant un large spectre de
syndromes, allant de linfection incubation courte et symptmes aigus caractristiques, une incubation longue ou une premire phase dinfection
non caractrise conduisant des maladies chroniques ou des cancers. Si
les instituts de veille sanitaire associs aux centres de rfrence sont en mesure
didentier lmergence dune pathologie virale aigu comme le virus West Nile
ou la rage, lapparition dun virus comme lpoque celui du sida ou de lhpatite C demeure pour le moment un d difcilement contrlable. Pour chacune
de ces maladies, la vigilance est une priorit absolue pour la sant publique.
3.2 Veille des maladies mergentes
La veille microbiologique doit reposer sur un rseau de comptences multidisciplinaires dirig au niveau national par lInVS, mais support par un organisme interministriel, impliquant la Sant, la Recherche, lAgriculture, les
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Affaires trangres, la Dfense. Cet organisme doit proposer une stratgie prcise et attribuer des missions prcises, aux cliniciens (hospitaliers et cabinets
de consultation et dispensaires), aux chercheurs des grands organismes de recherche comme lInserm, le CNRS, lIRD, lInra, lAfssa, le Cnes, lInstitut Pasteur. . . (cologistes, climatologues, entomologistes, mammalogistes, pidmiologistes, vtrinaires, biologistes, virologues. . .).
Ces missions sont de reconnatre rapidement des maladies mergentes et
rmergentes et de comprendre les facteurs impliqus dans lmergence, la prvention et llimination des agents causals. Plus prcisment, il sagit de :
dvelopper des mthodes dinvestigation clinique, utilisant le plus possible
limagerie mdicale. Adopter une mthode standard denregistrement des
signes cliniques et de transmission de linformation vers une banque de
donne nationale ;
prvoir et identier des infrastructures hospitalires permettant la prise en
charge de malades contaminants et ncessitant leur isolement. Intensier
la formation sur la bioscurit du personnel mdical et scientique pour la
manipulation et le transport des malades et des prlvements biologiques,
sur les risques de transmission des agents infectieux et sur les moyens de
se protger ;
rechercher les facteurs pidmiologiques connus pour inuencer lmergence : changement et adaptation des virus, changement dmographique
et comportement culturel ou social, volution technologique et industrielle,
dveloppement durable, changements cologiques ds aux exploitations
de la terre (agricole, forestire, hydrologique), au commerce international,
aux voyages, ou aux conits ;
dvelopper la surveillance satellitaire des phnomnes climatiques et de
leurs impacts sur lenvironnement, la densit vectorielle, la migration des
oiseaux etc. Le Cnes et de nombreuses organisations contribuent dj
la surveillance des virus West Nile, de la vre de la valle du Rift ou
de la dengue au moyen de satellites, de prlvements sur le terrain et de
donnes pidmiologiques et climatologiques ;
dvelopper de nouvelles mthodes de dtection, la fois plus larges pour
identier de nouveaux agents infectieux, mais aussi plus spciques pour
caractriser rapidement des sous-types viraux. Ces techniques doivent
galement tre adaptes au terrain, ou dans des laboratoires sentinelles
qui adresseront les prlvements suspects aux quelques laboratoires spcialiss. Les techniques actuelles sorientent vers des systmes damplication de gnomes en employant des mlanges damorces (types multiplex
PCR) et des systmes de PCR en temps rel. Lavenir se tourne vers les
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Recommandations
La progression des maladies semble actuellement aller plus vite que les rponses qui sont apportes pour les combattre. Des recherches sont ncessaires
pour augmenter la capacit de notre pays ragir rapidement en cas de nouvelles pidmies ou dattaque bioterroriste et combattre les maladies infectieuses mergentes. Communication, interaction, innovation, et recherche et dveloppement doivent prvaloir dans les appels doffre pour la recherche. Les
appels doffre sur les maladies infectieuses transmissibles, en particulier virales,
doivent tre pris en compte et initis rapidement pour relever le niveau scientique des recherches dans les domaines comprenant la structure des pathognes, le mcanisme de leur pathognie, les vaccins et la thrapeutique issue
des mdecines traditionnelles ou immunitaire (vaccins thrapeutiques, thrapie
cellulaire), et le dveloppement de moyens simples et prcis de diagnostic. Ces
appels doffre devront inciter les chercheurs de diffrentes disciplines synergiser leurs efforts et leurs comptences sur les maladies mergentes en proposant
des actions communes sur les pathognes, leurs htes et leurs interactions, et sur
les moyens de contrler les risques dpidmies. L encore des moyens nanciers sufsants doivent tre engags rapidement.
La France manque de laboratoires de haute scurit de type P4 et P3 pour des
recherches sur les virus mergents et sur leurs modles animaux. Les essais thrapeutiques ou les vaccins sont raliss en grande partie dans des laboratoires
amricains, alors que le savoir-faire au niveau fondamental est trs largement
prsent en France. Le manque de personnel comptent en bioscurit dune part
et en manipulation sur les animaux dautre part doit tre combl durgence.
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Une formation spcialise diplmante dans ces domaines doit tre instaure rapidement. Plus de vtrinaires, dentomologistes, dpidmiologistes doivent tre
rapidement forms pour la recherche sur les zoonoses.
Il manque en France un service de coordination et daccompagnement de la
recherche, au niveau interministriel, rellement au service de la recherche sur
les virus dangereux, et notamment sur les virus mergents. Ce service devrait cooprer avec les organisations europennes et internationales pour intervenir sur
les sites dmergence en dehors de France, il devrait installer des cellules dintervention durgence pour la dtection des agents pathognes, la prise en charge
des malades, et les propositions de rponse au niveau national, europen et
mondial.
Le dveloppement de la recherche doit tre soutenu, pour que la recherche
amont soit utile et utilise, en poursuivant les efforts de partenariat entre recherche acadmique et laboratoires privs de production, et en apportant aux
chercheurs les moyens de dvelopper eux-mmes le produit de leur recherche.
Lessor des biotechnologies et des bio-incubateurs doit contribuer exploiter les
fruits de la recherche franaise pour le bnce de la sant publique. Ce soutien
devrait contribuer rendre la recherche franaise attractive et la renforcer, tout
dabord en retenant les chercheurs franais et ensuite en attirant les chercheurs
trangers de qualit.
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CHAPITRE
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Introduction
On stonne parfois que, malgr les immenses progrs de la mdecine, la
menace des pathognes demeure dramatiquement prsente alors que lhomme
a limin la menace de ses anciens prdateurs. Si le risque que reprsentaient
les loups et les ours aux temps prhistoriques ne relve plus que de lanecdote,
la lutte contre les pathognes na jamais cess et relve encore dune brlante
actualit. Mme si lon suit Alain Prochiantz (2001) quand il afrme que le langage et la culture ont projet lhumain hors de la nature, ils ne lont pas mis
labri des maladies infectieuses, hrites de son origine animale. . . Contre lours
des cavernes, la simple conception du javelot par les hommes de Lascaux (ou
leurs anctres !) reprsentait dj une thrapeutique dissuasive. Contre les pathognes, la culture a produit dautres armes, lentement dabord par lutilisation
dune pharmacope dorigine empirique prise dans le monde alentour, puis de
plus en plus rapidement lorsque la biologie et la mdecine ont pris leur essor.
Do vient alors que nous demeurions vulnrables devant daussi minuscules
ennemis ? La rponse est que le paysage microbien se renouvelle vite, trs vite.
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que lvolution gnre sans cesse de nouvelles adaptations pour rpondre aux
adaptations des espces concurrentes, bien plus que pour rpondre des changements de lenvironnement physique : si des espces partagent, ft-ce partiellement, les mmes ressources spatiales ou nergtiques, et si lune dentre elles
accrot la qualit de son adaptation, les autres nont dautre alternative que
dacqurir un plus adaptatif ou de disparatre. Les espces qui sadaptent
modient leur tour la qualit de ladaptation des autres. Ainsi de suite, dit Van
Valen, dans un mouvement perptuel et auto-entretenu qui se maintient depuis
lorigine du vivant ; lhomme et la bactrie diffrent dans leur complexit, mais
ne sont pas mieux adapts lun que lautre leur environnement.
Laffrontement entre les organismes libres et les agents des maladies infectieuses prsente des caractristiques originales. En effet, quand un prdateur
dvore une proie, linformation gntique de la proie disparat : les molcules
dacides nucliques qui en sont le support matriel sont digres avec toutes les
autres molcules de la victime. En revanche, lorsque un virus, une bactrie, un
champignon, un parasite sattaquent un hte, une interaction durable sinstalle
entre les gnomes de lagresseur et de la victime, par phnotypes interposs. Ce
sont les modalits de cette interaction durable (Combes, 2001) qui expliquent
la gravit des maladies infectieuses et la difcult que lon prouve contrler
certaines dentre elles.
Linteraction entre le pathogne et le malade repose en effet sur une vidence
que lon oublie quelquefois : celle que les tres vivants sont tous parents, comme
latteste luniversalit du code gntique et les ressemblances des voies mtaboliques ou des processus biophysiques. Entre un pathogne, quel quil soit,
et un hte, quel quil soit galement, existe un cousinage : un anctre leur
est commun quelque part dans le pass. La consquence est que des signaux
peuvent tre changs entre des organismes dont lanctre commun remonte
des milliards dannes. Le pathogne peut ainsi utiliser et manipuler son prot
les processus biochimiques de son hte. Ce qui a chang tout au long de lvolution, cest la complexit des organismes, non les bases de leur fonctionnement,
et surtout pas la nature des signaux molculaires. Les rexions sur lvolution de
la complexit (Gell-Mann, 1995) montrent combien les pathognes, y compris
ceux qui nous paraissent les plus simples, se situent dans un palier de complexit
dangereusement proche du ntre.
Les agents des maladies infectieuses possdent plusieurs armes qui leur sont
propres. Lune delles, particulirement redoutable, est leur temps de gnration trs court, hrit des premiers ges de la vie, do dcoule une production
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de gnes muts leve, inniment plus leve que celle des htes. . . Ceux-ci
supportent en effet lune des contraintes les plus lourdes de consquences que
lvolution ait imposes aux organismes pluricellulaires, celle du temps de gnration long.
La pluricellularit a t lune des transitions majeures de lhistoire du vivant, au sens de Maynard Smith et Szathmary (1997), car elle a permis quune
division du travail apparaisse entre des cellules gntiquement identiques mais
diffremment positionnes (et capables de connatre cette position au cours
du dveloppement, la division du travail rsulte alors de lexpression diffrentielle des gnes). Cependant, cette pluricellularit a eu pour corollaire un invitable accroissement de la taille do a dcoul une contrainte tout aussi invitable : lallongement du temps de gnration. Alors que le temps qui spare
deux divisions donc deux opportunits de mutation/slection se compte
quelquefois en minutes chez les bactries, beaucoup de pluricellulaires nacquirent la capacit de se reproduire donc de muter utilement quau bout
de plusieurs annes. Les mutations somatiques qui peuvent survenir au cours du
dveloppement et de la vie post-embryonnaire sont non transmises et donc sans
utilit pour lvolution.
Lavantage de la variation
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chez les cellules bactriennes et a fortiori les virus ; les volutionnistes pensent
mme que lune des raisons dtre de la recombinaison gntique au cours de
la miose serait de maintenir, ft-ce partiellement, des changes de gnes entre
pluricellulaires. . .
Dans le monde non eucaryote , les changes accroissent considrablement
et rapidement la diversit des gnomes. Les bactries sont capables dintgrer
leur gnome des fragments dADN libres et dacqurir des fragments de
chromosome ou mme des plasmides entiers partir dautres bactries de mme
espce ou despces diffrentes. Les changes de plasmides, souvent porteurs
des gnes qui confrent la rsistance aux antibiotiques, revtent une importance
particulire. Les bactriophages, de leur ct, sont capables de vhiculer des
gnes dune cellule bactrienne une autre tandis que des lments mobiles
dADN concourent la production de rarrangements du matriel gntique en
place.
Cet norme potentiel dvolution du monde bactrien nest videmment pas
sans inuencer leur effet pathogne. Les bactries peuvent acqurir des lots
de gnes qui amplient leur virulence (les gnes de virulence sont ceux qui
permettent aux bactries dadhrer aux cellules, dy pntrer, dy survivre en
dpit des mcanismes de dfense, et de sy multiplier). Ces gnes sont souvent
regroups dans des zones particulires du gnome bactrien ou des plasmides,
appeles lots de pathognicit. Ceux-ci sont mobiles grce leurs capacits
dexcision et dintgration et peuvent faire lobjet dchanges entre bactries
despces diffrentes. Heesemann et al. (1999) ont rsum cette proprit en
disant que les micro-organismes acquier pathogenicity in quantum leaps .
Par exemple, lvolution des bactries des genres Salmonella (les typhodes. . .),
Yersinia (la peste. . .), entre autres, est bien documente ; on sait quelle sest faite
par acquisition successive dlots de pathognicit et de plasmides. La mobilit
des lots de pathognicit peut aussi les faire disparatre et rapparatre, ce
qui explique peut-tre lexistence de processus cycliques responsables du mode
pidmique de nombreuses maladies infectieuses.
La forte biodiversit des agents infectieux est paralllement une arme de dfense car la variation antignique dans lespace (les foyers de transmission) et
dans le temps (les pidmies successives) protge une partie de la population
infectante contre les dfenses immunitaires des htes. Pour reprendre une comparaison maintes fois utilise, les pathognes ne prennent pas dix fois le mme
billet la loterie de lvolution, mais plutt dix billets diffrents. Parfois mme
des processus lis lexpression des gnes permettent de faire varier les molcules de surface dans le cours dune mme infection. Cela nempche pas que,
dans des conditions environnementales favorables, une explosion clonale et rapide des populations virales ou bactriennes puisse donner lieu des pidmies
dvastatrices.
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Lhypothse de la Reine rouge fournit la meilleure explication de laffrontement sans cesse poursuivi entre les pathognes et leurs htes. Elle permet dexpliquer dune part la rapidit du changement chez les pathognes, dautre part
la slection chez les pluricellulaires de rponses efcaces : les gnomes mutent
moins souvent certes, mais ils sont beaucoup plus riches ; et surtout les gnomes
des pluricellulaires sont devenus capables de gnrer de la diversit additionnelle par des rarrangements de lADN, des incorporations de nouvelles squences, des dcalages des cadres de lecture, un vritable bricolage sur les
gnomes, pour reprendre lexpression de Jacob (1977). Le concept de mutation
change ainsi de contenu : on passe de la simple erreur de rplication la mise
en place de processus nouveaux.
Ces innovations ne vont dailleurs pas sans contraintes. Ainsi, la distinction
entre soi et non-soi devient de plus en plus subtile et difcile quand la sophistication des dfenses saccrot : le cot du risque auto-immunitaire est lev et
sans doute est-ce l lun des paramtres qui imposent une limite lvolution
des mcanismes de dfense vers une efcacit encore plus grande. Les volutionnistes sont familiers du concept des compromis entre les cots et les bnces
des adaptations. On comprend quAlain Fischer parle de limpossible tche
du systme immunitaire .
Lissue des confrontations entre gnomes (par phnotypes interposs) a repos pendant 3,5 milliards dannes sur la slection de nouveaux gnes et de
nouvelles combinaisons de gnes.
La mdecine, produit de lvolution culturelle des hommes, complte aujourdhui laction de nos gnes par de multiples ressources vaccinales et thrapeutiques. Cette irruption de la connaissance donc de lintention constitue
pour le monde des pathognes un vnement aussi important que lont t dans
le pass les vnements qui ont conduit aux grandes extinctions de la faune
et de la ore. Vu par le gnticien, le rsultat de la lutte contre linfection est
daugmenter articiellement le nombre dhtes rsistants dans la population :
tout se passe comme si une personne traite par un vaccin ou un antibiotique
tait un mutant porteur dun gne de rsistance. Au-dessus dun certain taux
de rsistants dans une population, les modles mathmatiques prdisent que la
transmission du pathogne est ralentie puis sinterrompt.
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Deux difcults font toutefois que le mot extinction, appliqu aux agents infectieux, nest peut-tre pas le plus appropri. . .
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Enn, toute lutte efcace contre les microbes libre des niches par dpression de la comptition, de telle sorte que lon peut se demander si le recul de
certains pathognes nouvre pas des boulevards lvolution dautres espces.
Limprdictibilit de lavenir
Quels que soient les progrs de la biologie, lvolution des maladies infectieuses demeure un monde aussi imprdictible que celui des changements mtorologiques long terme. Les chercheurs sont confronts la contingence de
lvolution, chre Gould. Sans doute des lois sous-jacentes existent-elles, mais
les sries causales qui se croisent sont trop nombreuses et complexes pour que
toute prdiction soit possible : non seulement le monde infectieux demeurera
menaant dans le futur, mais en plus il se modiera souvent de manire soudaine. Il nest pas jusqu la virulence des agents pathognes qui varie suivant
des rgles que lon nentrevoit que partiellement, parce que labondance des
variables rend fragile toute laboration de lois gnrales (Frank, 2002). Les
modles thoriques indiquent que la virulence saccrot de gnration en gnration jusqu ce que tout accroissement supplmentaire de cette virulence soit
contrebalanc par une baisse de la valeur slective du pathogne. Inversement,
elle peut diminuer si la virulence se situe un moment donn au-dessus de
loptimum. Il sagit l dune application de la loi classique des compromis : le
pathogne exploite son hte jusquau seuil o son taux instantan de transmission est optimis (lexploitation de lhte quivaut leffort reproducteur chez les
espces libres). Mais dautres facteurs interviennent : par exemple, la virulence
peut augmenter au cours de linfection dun unique individu par suite dune comptition aveugle et suicidaire entre souches gntiquement distinctes dun mme
pathogne : illustration originale de la Tragedy of the commons (Hardin,
1968) que lon peut traduire ici par vue court terme sur lexploitation dune
ressource commune .
Un certain nombre dvnements rcents tels que le franchissement de la barrire despce par des pathognes danimaux donne parfois limpression que le
danger vient essentiellement de ces transferts. En ralit, les transferts latraux
de pathognes sont des banalits quand on se place lchelle de lvolution :
il est probablement peu de pathognes de lhomme et plus gnralement des
primates qui ne soient le rsultat de transferts plus ou moins anciens. Simplement, au cours des derniers sicles, la domestication (voire la manie de lanimal bizarre) sest ajoute la diversit des rgimes alimentaires (voire leur
exubrance) pour augmenter grandement la frquence de ces vnements. Les
transferts dclenchent alors une cascade deffets potentiellement inquitants :
notamment, llargissement des spectres dhtes provoque des rencontres entre
des pathognes de nature diffrente, lesquelles rencontres peuvent conduire,
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nous lavons vu, des changes de segments dADN entre les gnomes. Cest
l un processus bien plus courant quon ne le pensait il y a encore quelques
annes, et tout ce qui conduit des rapprochements nouveaux ne peut que le
rendre plus frquent et plus suspect. Cest encore de limprvu en perspective.
Conclusion et recommandations
Tout dmontre quil existe un renouvellement constant de ce que lon peut
appeler pour utiliser un terme la mode la biodiversit des maladies
infectieuses. Si le divers est rgulirement clbr quand il est question des
civilisations, des langues et des arts, le divers des maladies infectieuses, issu
de la slection naturelle, est une menace qui pose et posera priodiquement de
nouveaux ds aux chercheurs et aux professionnels de la sant. Le bilan chiffr,
lchelle plantaire, entre les pathognes disparus durant le dernier sicle et
les pathognes rcemment apparus, na rien de rassurant.
Il y a plus dun demi-sicle, le philosophe mathmaticien Alfred Korzybski
(1933) caractrisait lhomme (par rapport lanimal) par sa capacit danticiper, comportement quil a quali de time-binding . Contre les maladies
infectieuses, et tout spcialement contre les maladies mergentes, lessentiel est
damplier au maximum cette capacit danticipation. Celle-ci doit reposer sur
un immense effort de recherche : plus les mcanismes qui sous-tendent lvolution des pathognes seront dissqus et connus, plus il sera possible de ragir
rapidement. Peut-tre dailleurs le monde de la sant et celui de lvolution, bien
quils se soient rcemment beaucoup rapprochs, ne se parlent-ils pas encore
sufsamment ?
Les recherches ne doivent pas se limiter une chelle de perception particulire. On sait bien aujourdhui que la manire dont linformation gntique
inuence le phnotype des tres vivants implique des rseaux dinteractions, de
rtroactions, de hirarchies et de rgulations qui sont autant de verrous complexes dcrypter ; les approches doivent tre multi-chelles et multiformes ;
lobjectif est quelles dbouchent sur des structures de veille capables de tirer
plus vite que lennemi.
On peut se demander si lenseignement et la diffusion des connaissances en
ce domaine nont pas pris du retard. Lhritage de Pasteur est toujours prsent
dans les mesures dhygine, des informations sont diffuses sur les maladies
dont parlent les mdias, des lignes bien crites mais que la majorit des destinataires lisent distraitement sont diffuses par les agences de voyage. . . Tout
cela va dans le bon sens mais ne devrait pas dispenser dun enseignement cohrent et structur sur les maladies infectieuses, et qui serait rgulirement mis
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jour lintention des enseignants : un effort qui devrait tre coordonn aux
niveaux national, europen et mondial, avec une attention particulire, bien sr,
pour les pays en dveloppement.
Le d que reprsentent aujourdhui comme hier les maladies infectieuses
nest pas limit certaines zones ou populations du globe. Il est le rsultat de la
confrontation de lhumain avec limprdictibilit qui caractrise depuis toujours
lvolution du vivant. Cette imprdictibilit, qui nest pas synonyme dindterminisme, est le prix payer pour la complexit des processus interactifs de la vie.
Elle impose que le progrs des connaissances en cette matire ne soit jamais
teint dun excs doptimisme.
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CHAPITRE
Dynamiques et limites
socio-anthropologiques
des stratgies de prvention
et de contrle des risques
infectieux dans les pays
en dveloppement
YANNICK JAFFR
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Il nest pas inutile de rappeler que, pour la plupart, les pathologies infectieuses se dploient dans des contextes de grande pauvret. Ainsi, le continent
africain, particulirement touch par ce type daffections, compte 29 pays parmi
les 35 pays considrs comme tant faible dveloppement humain , dont
les 22 derniers de la liste (Banque mondiale, 2000).
Certes, ces chiffres ne peuvent entirement rsumer une vitalit humaine et
culturelle difcilement quantiable. En ces pays, lpret des conditions de vie
oblige une inventivit sexprimant notamment dans le partage du travail et la
gestion des activits informelles.
Mais ce continent, o le contexte gographique lie un milieu naturel propice
au dveloppement de nombreux micro-organismes des donnes humaines
complexes et difcilement matrisables urbanisation rapide, inadaptation des
habitats urbains aux climats et aux structures familiales, complexe gestion des
dchets (Prost, 1989) , conjugue bien des difcults.
En Afrique subsaharienne et pour nous limiter quelques larges indicateurs le taux moyen danalphabtisme oscille entre 20 et 50 % et les taux nets
de scolarisation des lles sont les plus faibles du monde (Lange, 1998), alors
que plusieurs tudes soulignent que le niveau dducation des femmes entrane
une baisse de la mortalit prinatale et infantile (Caldwell et al., 1991 ; Frost
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chroniques qui ont des effets dstabilisateurs dans tous les domaines. Il ne peut
y avoir de sant publique sans paix (Amat-Roze, 2000 : 33).
Ces quelques remarques ainsi que des recherches dpidmiologie historique montrant que la baisse importante de la mortalit enregistre depuis deux
sicles grce au recul des principales maladies infectieuses, notamment de la
tuberculose, a eu lieu avant la mise au point de thrapies efcaces (McKeown,
1979 ; Barnes, 1995) incitent souligner limportance de rponses globales
en termes daide au dveloppement.
On promeut la sant, rduisant ainsi dautant le risque, en amliorant une
dlivrance cohrente des biens publics (agriculture, habitat, ducation, administration) qui en sont les principaux dterminants.
De mme, en aval, il importe de lutter contre les dispositifs accroissant les
ingalits, notamment dans laccs aux traitements (Castro et al., 2005 ; Farmer,
2003). Quil sufse ici dvoquer limportance de lassouplissement des rgles
du brevet des mdicaments.
Utilisons une premire variation dchelle et illustrons, par une pratique hospitalire, ces questions liant lconomique au risque infectieux :
Mlanger des maladies cancreuses avec des maladies infectieuses, ce nest
pas lidal, mais il se trouve que pour des raisons de disponibilit des lits et pour
des raisons nancires, on a t oblig daller a, tout en faisant quand mme
attention certaines pathologies (. . .). Cest un gros problme qui nous proccupe parce quil y a dautres infections qui peuvent tre transmises facilement
des gens fragiles, les diabtiques, les cancreux et les sujets VIH. . . (propos
recueillis au Mali, auprs dun mdecin, chef de service).
Dans des mondes o ltat ou un collectif construit et rgi par une rglementation stable sappliquant tous ne peut assurer un minimum de protections sociales, lindividu nest aid quen fonction de sa participation directe
des communauts naturelles famille, voisinage, collgues. . . exerant
une fonction de protection rapproche (Jaffr, 2002).
Les consquences pratiques de cette situation sont importantes : les possibilits
de traitements reposent, le plus souvent, sur une entraide familiale quil faut solliciter pour chaque pisode pathologique. Cet aspect dramatiquement alatoire
des prises en charge et de lobservance du traitement ainsi que lobligation pcuniaire duser prfrentiellement de pharmacies par terre o les logiques de
production (souvent illicite), dachat et dutilisation des produits correspondent
un dramatique merchandising (usage des produits en fonction de la couleur des glules, de leffet immdiatement visible du mdicament , etc.),
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construisent le lit des arrives tardives dans les services de sant, des checs thrapeutiques et des rsistances mdicamenteuses (Fassin, 1985 ; Jaffr, 1999).
Ctait une femme qui avait une tuberculose. Nous avons commenc son
traitement, et puis son mari a dcid que ctait trop long et la ramene au
village. . . Nous ne savons pas o elle est maintenant. . . (propos recueillis en
Guine auprs dun inrmier dans un service de pneumophtisiologie).
Autrement et plus largement dit, les pathologies infectieuses rvlent une crise
du sous-dveloppement, et, au plus intime de la souffrance, cette confrontation
des possibilits techniques offertes par les civilisations industrielles avec celles
dites du Sud constitue une intolrable misre.
Je suis toujours touch. Le problme cest la prise en charge. Le traitement
commence, et il ny a pas de rgularit, a fait mal. On ne peut pas dire au
malade quil va gurir. On ne peut faire que ce que nous pouvons. longueur
de journes, des diagnostics sont poss, mais lordonnance ne peut tre achete.
Je me sens impuissant, on a fait lessentiel, mais pas lutile. (Inrmier et interne
maliens, Jaffr, 2002).
Notre monde jouxte et inclut maintenant ces pratiques. Plus encore, la persistance dchanges conomiques ingaux et les tendances dmographiques soulignent combien il est vain de conserver lillusion que le mur de la prosprit
et de la puissance technique protgera les peuples nantis, que les rvoltes de
la misre resteront tenues lextrieur (Balandier, 2003). Conclusion claire :
la principale rponse ce problme mdical est sociale. Elle concerne notamment la question de lexistence et de lefcacit de ltat et de la persistance de
zones gographiques non administres.
Cest pourquoi, minima, laide aux pays en dveloppement peut tre considre comme une sorte dindispensable contrat dassurance ; idalement
comme la mise en uvre dune politique de lesprance ne caractrisant
pas des continents uniquement par des manques de capital, dquipement,
de cadres, demplois, desprit dentreprise, etc. mais soulignant que pour les
pays du tiers monde le besoin de ne pas tre la copie pauvre des socits actuellement quipes est aussi imprieux que le besoin de mieux tre (Balandier,
2003 op. cit. : 136). Concrtement, il importe plus de codnir et coproduire
des actions sanitaires que de les initier voire les imposer de lextrieur , selon des modles abstraits.
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La question sanitaire est donc incluse dans celle, beaucoup plus gnrale,
du fonctionnement dtats capables dassurer des conditions de vie dcentes,
une rglementation et un systme de protection sociale leurs citoyens (Castel,
2003).
Mais il faut agir, sans attendre que toutes ces conditions soient runies pour
se proccuper de prvention et de soins.
Cependant, presss par une relle urgence et une lgitime volont dtre immdiatement utiles, les projets de dveloppement et particulirement de dveloppement sanitaire veulent trop souvent transformer des mondes quils nont
pris le temps ni dtudier ni de comprendre (Olivier de Sardan, 1997). De l
bien des errances, difcults, et dpenses inutiles.
Certes, on ne peut rgir simplement des conduites sanitaires ou des socits
humaines. Cependant, six vastes principes de base doivent tre respect
pour construire des stratgies de prvention adaptes des contextes sociaux
complexes.
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concrtes et adaptes
Mais il ne sagit pas uniquement dinformation, de comprhension et de volont individuelle. Connatre les mesures prventives ne signie pas automatiquement les accepter ni pouvoir les mettre en uvre. Ladoption de nouvelles
conduites implique toujours une ngociation invisible entre diverses contraintes
(conomiques, culturelles, familiales, etc.) et des reprsentations de la maladie.
Par exemple, dans le domaine de la dermatologie et notamment de la gale,
dialoguer avec les populations implique darticuler une conception normative de
lhygine (promouvoir les hygines, lutter contre la promiscuit, . . .) avec une attitude comprhensive des conduites et des modes de vie locaux : anthropologie
du corps et manires de lit , modalits culturelles de la honte et de la pudeur, etc. (Green, 1992). De mme, bien des interruptions de traitements (TBC,
HIV) sexpliquent parce quune stigmatisation sociale incite une dissimulation
de son tat et donc sloigner des services de sant ds lors que la douleur
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nempche plus un vivre en commun (Goldin, 1994). Enn, de manire plus prosaque, la prvention de la bilharziose soppose la ncessit de cultiver du riz,
et lusage des moustiquaires est limit par la chaleur rgnant dans les nouveaux
logements urbains aux toits de tles inadapts aux contextes tropicaux (Jaffr,
2002d).
Bref, dans la plupart des cas, le risque correspond une tentative de concilier
des injonctions sanitaires, conomiques, affectives, etc. contradictoires. Et
cest pourquoi, plutt que de dnir des populations risque , il importe de
comprendre quels agencements peuvent construire des contextes risque et
conduire voire obliger certaines populations devenir risque .
Par ailleurs, ce type danalyse des conduites des acteurs en fonction des
contraintes adverses quils ont concilier est indispensable si lon souhaite lier
des programmes de sant des actions collectives de base comme lassainissement ou lhydraulique villageoise. En effet, et pour ne prendre quun exemple,
la gestion des points deau ne se limite aucunement des questions techniques,
mais engage particulirement les quilibres entre les divers pouvoirs locaux :
qui assure le paiement de leau ? Qui prote de ces nouvelles ressources nancires ? qui appartiennent les installations et qui doit les entretenir ?
Les luttes politiques locales autour de ces questions entravent souvent lutilisation des nouveaux quipements. Cest pourquoi les quipes de sant ne peuvent
se limiter une seule approche technique et ngliger les modalits de lappropriation sociale des nouvelles technologies. Un seul chiffre pour sen convaincre :
au Mali environ 30 % des installations dhydraulique villageoise sont en panne
aprs une anne dinstallation (Bierschenk et al,. 1998 ; Olivier de Sardan,
2000).
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les programmes
Mais sous peine de faire porter la culpabilit de conduites risque ceux
qui sont dj les plus dmunis il ne peut uniquement sagir dune pratique
langagire navement nomme sensibilisation . Il faut proposer des solutions
concrtes.
Pour cela, de nombreuses actions de sant se prsentent sous la forme de
projets utiles, mais malheureusement aussi nombreux que verticaux (cibls sur une pathologie ou une seule action). Ces programmes qui parfois,
malgr leur volont daider, dsorganisent le fonctionnement quotidien du systme de sant confrontent les populations la question de la possibilit
concrte de leur application et de la synthse de leurs diverses propositions
(Jaffr et al., 2002).
Par exemple, il nest pas rare que les recommandations sanitaires soient inapplicables (laver son visage et ses mains rgulirement l o leau est rare,
utiliser des moustiquaires l o on dort une dizaine par chambre. . .), ou que
des femmes, tentant deffectuer des synthses entre les messages partiels dont
elles sont les cibles , pensent tre vaccines contre le paludisme, ou craignent
dtre strilises par des antignes.
Bien des checs des actions de sant sexpliquent autant par les dysfonctionnements internes des projets sanitaires que par ce que lon prsuppose dune
ignorance des populations.
En fait, plus que de rcurrentes et naves sensibilisations , il importe de
penser les rapports entre des savoirs technico-scientiques, standardiss, uniformiss et formaliss avec des savoirs techniques populaires, localiss, contextualiss et empiriques. Une fois de plus, la description anthropologique doit
accompagner laction sanitaire.
Mais, plus encore, il faut, autant que possible, intgrer les programmes
de lutte et dducation, y compris scolaire, contre les maladies infectieuses
an dviter la redondance voire la discordance des moyens humains
et matriels et les incohrences dans les informations diffuses. Noublions pas
que la vaccination contre la rougeole est la premire action de prvention de la
ccit, quun travail dhygine agit autant contre les maladies diarrhiques, le
trachome et certaines dermatoses. . .
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et les populations
Les dysfonctionnements techniques et relationnels dans les services de
sant sont malheureusement attests par de nombreuses observations. Au cur
de lacte thrapeutique, dindispensables actes mdicaux ne sont pas raliss
comme ils le devraient. Les normes et les conduites prescrites ne sont quingalement mises en uvre.
Le plus souvent il ne sagit pas, ou tout au moins pas uniquement, dincomptences techniques. Plutt dune dissociation de lacte technique de la volont
sociale qui devrait en guider laccomplissement. Lacte thrapeutique est disjoint de sa raison altruiste et morale et la dontologie noriente pas lacte de
soin. Autrement dit, on ne fait pas ce que lon sait devoir faire pour le bien du
patient (Jaffr et al., 1993 ; Jewkes et al., 1998).
Plus que les normes ofcielles, les services fonctionnent selon un ensemble
de normes pratiques . Au plus banal, de multiples tiraillements entre des
tches accomplir (nettoyages, soins du corps, etc.) et leurs connotations sociales conduisent des carts entre les fonctions ofciellement dnies et les
pratiques rellement effectues. Par ailleurs lautorit statutaire est souvent mise
mal par les prrogatives que confrent traditionnellement lge et lalliance
(Jaffr et al., op. cit., 2002).
En fait, loin des organigrammes ofciels, le vritable pouvoir est souvent htronome aux services et, plus quune relle gestion, lconomie informelle de la
corruption rgit ces services de sant (Olivier de Sardan, 1999). Ces multiples
dysfonctionnements sociaux ont, lvidence, de nombreuses consquences sanitaires tant pour ce qui concerne laccs aux services de sant que la qualit
des soins.
Ils concernent aussi la mise en uvre dune hygine hospitalire qui ne se
limite aucunement identier des micro-organismes pathognes et codier
des gestes et des procdures techniques : faire correctement des gestes techniques implique, en amont, une thique professionnelle et les moyens de
lappliquer. . . (Jaffr, 2002b).
Les habituels sminaires aussi bavards quinefcaces, ou de vastes rformes qui ne sont souvent que de papier ne peuvent modier ces conduites
uides, largement partages, ressenties comme lgitimes et vcues par les personnels comme des sortes de rexes socioprofessionnels .
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sociale
Dans les pays du Nord, ltat assure une structure assurantielle ayant principalement la forme dun service public mettant la disposition du plus grand
nombre des biens essentiels qui ne peuvent tre pris en charge par des intrts
privs (Ewald, 1986).
Pour assurer une quit des soins, la question se pose de savoir quel mode
de protection sociale mettre en uvre dans les pays en voie de dveloppement,
et de nombreuses expriences allant de mutuelles des systmes de sant
communautaire sont mises en place, souvent une chelle locale (BrunetJailly, 1997 ; Criel, 2002).
Cette dimension conomique est fondamentale. Certes parce quelle peut apporter une certaine prennit dans les actions de sant et de prvention. Mais
aussi puisque pour que lindividu puisse rellement faire des projets, passer
des contrats ables, il doit pouvoir prendre appui sur un socle de ressources
objectives. Pour pouvoir se projeter dans le futur, il faut disposer au prsent dun
minimum de scurit (Castel, op. cit., 2003 : 76).
Mme dans des situations de pauvret, lamlioration de loffre de sant
devrait inciter les populations transfrer la sant des ressources souvent
affectes des crmonies sociales (obsques, baptmes, dot). Il sagit donc
autant de supports pcuniaires et matriels que de qualit ressentie des soins,
et donc de reconnaissance et de dignit retrouver dans les centres de sant.
Prvenir le risque infectieux est aussi une question dconomie morale (Sen,
1987 ; Kessel, 2003).
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Lutter contre les pathologies infectieuses ne peut se faire sans les populations,
et, outre leurs comptences techniques, les personnels de sant se prsentent
aussi comme des passeurs de modernit. Leur formation doit permettre de
faire que tout contact avec un service de sant soit loccasion dun rel dialogue ducatif avec les populations.
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CHAPITRE
Perception et gestion
du risque
MICHEL SETBON
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En matire de risques sanitaires, la connaissance et le jugement sont dterminants pour dcider de laction correctrice. Si la connaissance scientique y tient
une place dterminante, la perception que le public profane a des risques reprsente une dimension irrductible qui, de faon implicite ou explicite, psera sur
les choix relevant de la gestion des risques. la diffrence de lapproche scientique du risque qui vise dcrire ou prdire ltat du monde rel, la perception
du risque mobilise plusieurs lments comme des croyances, des connaissances,
des attitudes et des sentiments qui convergent vers un jugement de valeur sur
limportance ou lestimation du risque. Ce jugement subjectif sexprime par un
certain degr dacceptabilit ou de tolrabilit du risque et des opinions quant
ce qui doit tre fait pour y rpondre.
La gestion du risque regroupe lensemble des dcisions et des actions susceptibles de le rduire ou de le supprimer. Cette tape est laboutissement dun
processus visant tablir la ralit du risque, son importance et lincertitude
qui laccompagne. Les gestionnaires administratifs et politiques du risque sont
confronte une double exigence qui prend parfois lallure dun dilemme :
fonder rationnellement laction publique, ce qui suppose, dune part de tenir
compte de lapproche scientique, et dautre part de ne pas ngliger la perception quen a le public, corrle une demande sociale de protection. En mme
temps, la gestion du risque a des consquences politiques : elle satisfera certains
et pourra mcontenter dautres (Pidgeon, 1992). La gestion du risque est donc
politique et elle est un problme politique, dans la mesure o en plus de lincertitude, il sagira de rpartir de faon diffrencie, donc ingale, des bnces et
des cots selon la caractrisation du risque (Setbon, 1996). La connaissance des
facteurs de risque dlimite les populations sur lesquelles laction publique devra
porter et va lencontre dune rpartition gale sur lensemble de la population,
sans grand effet.
Tout en sinscrivant dans ce cadre gnral, le risque infectieux se singularise
par un certain nombre de caractristiques qui psent sur sa perception comme
sur sa gestion. Par sa nature transmissible, via les comportements et les produits usage humain, le risque infectieux relve de sources multiples auxquelles
correspondent autant de niveaux de perception que de modalits de gestion.
Paradoxalement, lidentication des facteurs de risque, souvent rapide et peu
controverse, ne suft pas dterminer des programmes prventifs consquents,
ni rduire de faon satisfaisante sa propagation. Ce qui pose la question rcurrente de la relation entre la connaissance et laction ou plus prcisment
celle du changement de comportement, point de rencontre entre perceptions et
gestion du risque.
partir de ces constats et assertions, plusieurs questions se posent : quest-ce
qui diffrencie lapproche scientique du risque de lapproche perceptive ? Sontelles inconciliables ? Comment en rendre compte ? Quels enjeux sy attachent ?
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Quels sont les impacts des perceptions sur la gestion du risque, en particulier
sur le risque infectieux ? Comment intgrer de faon rationnelle la perception du
risque dans le processus danalyse ? Quel est ltat de la recherche en France et
lchelle internationale ? Ce chapitre sattachera proposer des lments de
rponse issus des rsultats de la recherche internationale.
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ne constituent pas des risques sanitaires. Le problme est quun danger identi comme tel un moment peut cacher un risque qui, faute de surveillance ou
de consquences cliniques visibles, ne peut tre identi et caractris comme
risque ; ce peut tre le cas de substances toxiques, ce fut le cas de lamiante pendant de nombreuses annes, le risque dencphalopathie spongiforme subaigu
transmissible (ESST) partir de lESB, etc.
La contestation de cette distinction entre risque (observ) et danger sest dveloppe partir de ses insufsances, tant prendre en considration certains risques non observables ou reports (cas des risques hypothtiques faiblement tays), qu permettre une anticipation prcoce de risques difciles
caractriser. Avec pour effet une tendance considrer la plupart des dangers comme des risques. Lavnement du principe de prcaution correspond
ce point aveugle. En termes de perception, la distinction entre risque et danger,
propre lapproche scientique, napparat pas pertinente au public profane
(Freudenbourg, 1988). Un danger peut tre peru comme un risque important,
tandis que bien des risques ne sont pas perus comme dangereux, cest--dire
ne retiennent pas son attention. Ce qui fait de lacceptabilit (ou de linacceptabilit) des risques sanitaires une construction sociale progressive au cours de
laquelle se distinguent lvaluation issue de la dmarche scientique et celle
dtermine par la perception sociale du risque. Chacune possde sa propre
lgitimit et ses limites.
Longtemps nglige pour sa nature subjective, la perception du risque est aujourdhui admise comme une forme lgitime dvaluation des risques sanitaires.
Elle est devenue un objet dtude scientique dans la mesure o elle sest impose la fois comme une approche concurrente et comme une variable pertinente
de lintervention publique. La plupart des travaux sur la perception du risque
montrent que ses dterminants sont multiples, quils varient en fonction de la
nature du risque et que les valeurs y tiennent une place dcisive (Dake, 1991),
telles lacceptabilit de nouvelles technologies, le jugement moral, le souci de
lenvironnement et celui des gnrations venir.
La difcult majeure est de dnir la place accorder aux perceptions dans le
processus danalyse du risque et dans les dcisions. Faut-il utiliser cette connaissance sur les perceptions, par ailleurs volatile, pour les modier (objectif auquel
correspond le dveloppement du champ de la communication sur le risque) ou,
au contraire, lintgrer dans les dcisions publiques, selon le modle de dmocratie sanitaire ? Autrement dit, face une hypothse de risque fortement peru
par une grande partie du public (cas des OGM), les choix de gestion retenus
peuvent relever de deux logiques diffrentes, scientique ou politique. La question ds lors ne se limite plus lapprciation du risque (y a-t-il un risque pour
la sant ? de quelle magnitude ? quel niveau dexposition ?), mais stend
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risque peut tre peru (estim et jug) comme insigniant et dboucher nanmoins sur des comportements de protection injustis au regard de son inconsistance nonce (Setbon et al., 2002). Dautres variables dterminantes savrent
ncessaires prendre en compte. En bref, limportance accorde certaines
variables qualitatives singularise le risque peru et le distingue du risque estim
par lpidmiologie.
Deux grands courants se partagent lapproche du risque peru. Ils correspondent deux conceptions des processus par lesquels se construisent les perceptions : le courant individualiste appuy sur lapproche psychologique et le
courant socioculturel labor sur la base de thories culturelles et socitales.
Le premier actuellement dominant, lapproche psychomtrique, sest construit
sur la base denqutes empiriques partir desquelles a t progressivement
labor un cadre thorique capable de rendre compte des dterminants de la
perception du risque. Les chelles de risques reprsentent loutil mthodologique
de prdilection de cette approche. Elles permettent de faire reprsenter par les
individus sur une chelle gradue (en gnral de 0 20) leur niveau destimation dun nombre important de risques de toute nature. Ainsi, il a t montr
que les risques sont dautant plus redouts et lobjet de demande de rgulation
quils sont effrayants, nouveaux et exposants de larges populations (Fischhoff
et al., 1978). En fait, ces variables en recouvrent de multiples qui sont corrles : effrayant = consquence catastrophiques et/ou fatales et chappant au
contrle des individus ; nouveau = inconnu (de la science), inobservables et aux
effets adverses retards. Ainsi, se retrouvent frquemment en tte de classement
par le public, aux tats-Unis lnergie nuclaire, ou en France les produits chimiques dans lalimentation et les OGM. La source du risque, savoir lactivit
ou le produit qui est peru comme lorigine du risque, vient complter en la
complexiant la grille explicative du jugement subjectif port sur les risques. Le
caractre immoral ou non naturel dune activit, tel le risque de vMCJ li lencphalopathie spongiforme bovine (ESB) en est larchtype via la dnonciation
conjointe de la transformation de vaches herbivores en carnivores et du prot
conomique lorigine dun tel changement (Sjberg et Torell, 1993). Plus largement, le jugement port sur la source du risque traduit une vision politique de
la socit dans laquelle le risque, avr ou suppos, est utilis comme levier pour
en dnoncer les travers et promouvoir de nouveaux modles sociaux (Slovic et
Peters, 1998). Ici, lexpression du caractre inacceptable du risque est soude
au jugement qui qualie dinacceptable sa source. La demande de protection
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sur ces bases devenant de fait une demande de rgulation (modication, suspension, interdiction) du produit ou de lactivit-source.
Le second courant est gur par les approches culturelles et socitales. Elles
postulent que les approches purement individuelles (psychologiques) du risque
ne permettent dexpliquer quune part de la perception du risque et que lappartenance des individus des groupes sociaux spciques est un facteur dterminant et discriminant de la faon dont ils peroivent les risques. La thorie
culturelle dveloppe par Mary Douglas (1990) distingue les segments de la
socit qui peuvent avoir une attitude prvisible vis--vis de la perception du
risque. Trs sommairement, les galitariens , proches des mouvements cologistes, sont en faveur du risque zro , alors que les individualistes sont plus
enclins adopter des comportements risqus. Une thorie intermdiaire plus
rcente est celle dveloppe par Roger Kasperson (1992) sur lamplication sociale du risque. Elle est base sur le principe que des personnes sont des stations damplication positive ou ngative du risque , ltrant les signaux mis
vers la socit en les attnuant ou en les augmentant. Ces interactions positives
ou ngatives sont prvisibles, et sont la rsultante de dterminants socioculturels.
Cette thorie qui pourrait lavenir trouver des dveloppements stochastiques ou
probabilistes prsente lavantage dunier les prcdentes approches culturelles
et celles des psychologues. Nanmoins, cette thorie qui postule lexistence dun
certain nombre de paramtres souffre des difcults la fonder empiriquement.
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de comportement, mais de le rendre compatible avec des pratiques plus protectrices (accs des seringues striles pour les usagers de drogue par voie
intraveineuse). La diminution de lincidence de lhpatite C chez les usagers de
drogues semble conrmer la pertinence oprationnelle de cette approche.
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lui sont ddies. Une telle situation condamne les chercheurs franais, essentiellement en sciences sociales, soit dans la plupart des cas dserter ce champ,
soit pour les rares chercheurs convaincus de son intrt publier en langue anglaise, au prix de contraintes supplmentaires peu valorisantes. Or, en dpit de
la nature universelle de la plupart des risques (infectieux), les contextes nationaux, les caractristiques sociocomportementales des populations concernes et
les choix de la gestion publique dterminent les perceptions et les comportements
qui les prolongent. En consquence, il est la fois important de dvelopper des
recherches nationales et de les inscrire dans le cadre thorique et mthodologique international le plus fcond. Cest ces conditions quil sera possible
de dvelopper des approches comparatives, seules en mesure de faire merger
les variables nationales spciques ct des variables universelles. Un gros
effort dorientation de la recherche franaise est ncessaire et il est urgent de
lorganiser.
Conclusion
La perception du risque est llment central travers lequel sexpriment tant
les demandes sociales de protection face au risque que les comportements prventifs individuels. La meilleure dnition actuelle du risque peru est quil se
prsente sous la forme dun jugement intuitif sur le risque dans lequel se mlangent une estimation quant son ampleur et des sentiments quil suscite. Que
ces motions ne soient pas dlement lies au risque observable nest ni une
raison den dnoncer lirrationalit, ni moins encore den sous-estimer les consquences sur sa gestion. Trop longtemps, le dbat sest focalis sur sa distorsion
en regard du risque observ ou du danger et en consquence sur son caractre
lgitime. Cest un fait humain et social, et ce titre il doit tre tudi scientiquement au lieu dtre voqu, comme cest trop souvent le cas, pour tre
dnigr.
La recherche sur la perception du risque apparat dans cette perspective
un enjeu stratgique dautant plus urgent relever que le retard accumul en
France depuis trois dcennies nous isole tout en nous rendant dpendant des
travaux raliss dans dautres pays. Lenjeu du dveloppement de ce champ de
recherche est double, national et international. Au plan national deux objectifs
gnriques lui sont assigns : dune part, identier ses dterminants an den
prdire les volutions dans la population, dautre part rendre compte des relations entre risque peru et gestion du risque, tant lchelle comportementale
quen termes daction publique. Sur le plan international, lambition raisonnable
est de prendre place dans un dbat scientique dont la richesse et lintrt ne
fait plus aucun doute (Kahneman, 2002). De plus, la ncessit dintgrer le
risque peru dans le processus danalyse du risque suppose des liens troits
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CHAPITRE
Succs et checs
dans le contrle
dune pidmie :
lexemple du sida
MICHEL KAZATCHKINE
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Lorsque la menace du sida fut reconnue sur la cte Ouest des tats-Unis
au dbut des annes 1980, la maladie svissait dj en Afrique depuis des
annes, et probablement des dcennies. LAfrique subsaharienne reste de loin
la rgion du monde la plus affecte. On y estime que 25,4 millions de personnes
y vivent infectes par le VIH, que 3,1 millions de personnes ont t nouvellement
infectes et que 2,3 millions de personnes sont dcdes du sida en 2004. On
dnombre en Afrique treize femmes infectes pour dix hommes, et cet cart
tend saccentuer ; dans la population adulte la plus jeune de 15 24 ans, on
estime plus de trente le nombre de femmes infectes pour dix hommes infects.
De nombreuses femmes, parmi celles qui se sont rcemment infectes, lont t
alors quelles vivent depuis des annes une relation de couple stable. Lpidmie
revt des visages diffrents selon les rgions en Afrique : elle continue de crotre
en Afrique australe, la rgion la plus atteinte du monde, dans laquelle prs
dune femme enceinte sur trois est sropositive. LAfrique de lEst et la rgion
des grands lacs ont vu la prvalence de linfection diminuer dans plusieurs pays
pour atteindre et se maintenir en Ouganda 5-6 %. Les taux dinfections sont
gnralement plus bas en Afrique de lOuest que dans le reste du continent
africain, et se maintiennent relativement stables. Les pays du Sahel sont les moins
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ds lors que les parents, les ans des enfants, les membres de la famille qui sont
la source des revenus, meurent. Les pays perdent une part importante de leur
capital humain et se dbattent pour accrotre leurs budgets dvolus la sant et
aux services sociaux. Lappauvrissement des familles saccrot avec les dpenses
mdicales auxquelles elles doivent faire face, et la diminution des ressources
quelles consacrent la nourriture ou aux frais de scolarit. Les enfants quittent
lcole pour soccuper des membres de la famille qui sont malades ou pour travailler pour subvenir aux besoins de la famille. Les lles et les femmes deviennent
particulirement exposes linfection, du fait des ingalits socio-conomiques
qui peuvent les contraindre des relations sexuelles pour de largent. Le mariage
et la vie en couple stable et dle ne protgent plus de linfection, dans la mesure
o, dans ces couples, de plus en plus de femmes sinfectent avec leur partenaire
dont la sropositivit nest pas connue. La crise suscite par le nombre croissant
des orphelins du sida revt une particulire acuit. On estime actuellement
12 millions le nombre dorphelins du sida en Afrique subsaharienne, chiffre qui
devrait atteindre 18 millions en 2010. Les orphelins sont exposs la faim, la
violence, lexploitation et labsence de scolarisation, ce qui accrot, en retour,
leur vulnrabilit vis--vis du VIH.
Si le visage de lpidmie sest vritablement transform dans les pays riches
depuis lavnement des trithrapies antirtrovirales, le nombre des nouvelles
infections na pas diminu, et de nouveaux ds la prvention et au traitement sont apparus dans les dernires annes. On dnombre ainsi 1 million le
nombre des personnes infectes en Amrique du Nord et 1,6 million le nombre
de personnes infectes en Europe occidentale. En France, on estime 100 000
le nombre des personnes sropositives et lincidence de linfection 3 000
5 000 nouveaux cas par an. Les infections nouvellement diagnostiques dans
les pays riches concernent des populations vulnrables (migrants, minorit noire
dfavorise aux tats-Unis) et plus jeunes ; les nouveaux cas continuent de survenir en grande partie chez des homosexuels masculins dans un contexte de
relchement de la prvention et de banalisation de la maladie que lon observe depuis le dbut des annes 2000. Il ne survient pratiquement plus de
nouvelles infections chez les usagers de drogue, tmoignant de lefcacit de la
prvention qui repose sur les politiques de rduction des risques.
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des lymphocytes CD4 dcrot progressivement du fait la fois dune destruction progressive des cellules par apoptose induite ou par cytotoxicit cellulaire
anticorps-dpendante et cytotoxicit CD8-dpendante classe Irestreinte vis-vis de cellules infectes, et, dautre part dune incapacit relative produire de
nouveaux lymphocytes CD4 du fait de linfection par le VIH de la mlle osseuse et du thymus. Le dcit fonctionnel cellulaire acquis, de mcanisme complexe, porte sur les cellules dendritiques, lymphocytes TC4 et TCD8. Au cours
de cette phase de latence clinique, la rplication virale systmique et dans les
organes lymphodes est ralimente par la libration de nouveaux virus depuis
des rservoirs cellulaires qui se sont constitus ds les premiers jours qui
suivent linfection. Le dcit immunitaire qui va en saggravant rsulte la fois
de la rduction progressive du nombre des lymphocytes TCD4, associe un
dcit fonctionnel de ces cellules et linadaptation progressive de la rponse
immunitaire cellulaire spcique aux mutants dchappement. Ce dcit immunitaire expose au risque de co-infection, parfois prcoce, par M. tuberculosis
et la surinfection ventuelle par dautres souches de VIH. La tuberculose apparat de loin comme linfection opportuniste la plus frquente dans le monde en
dveloppement.
La phase tardive de la maladie se caractrise par un dcit immunitaire
svre, marqu, en particulier, par un nombre absolu des lymphocytes TCD4
circulants infrieur 200/L et le risque progressif de survenue dinfections
opportunistes pathognes intracellulaires parasitaires (pneumocystose, toxoplasmose), bactriennes (infection mycobactries atypiques) ou virales (cytomgalovirus, infections herptiques, infections par les HPV), ou de tumeurs
(en particulier de lymphomes non hodgkiniens, ou du sarcome de Kaposi). Le
spectre des complications qui caractrisent le sida dpend largement du contexte
de linfection, de la rgion du monde o elle survient et de laccs un systme
de soins.
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Les perspectives de dveloppement dun vaccin prventif court terme demeurent trs faibles. La recherche sur les microbicides ou sur la prvention mdicamenteuse par les antirtroviraux de la transmission sexuelle du VIH suscite
des espoirs mais na pas encore apport de rsultats transposables en sant
publique. Lintensication des efforts de prvention apparat donc plus que jamais comme une priorit essentielle. Les interventions de prvention, dont lefcacit a t prouve, ne sont pas menes lchelle impose par la situation
pidmique. Linfection par le VIH et la sant reproductive partagent de nombreux facteurs de risque, parmi lesquels les ingalits ayant trait au genre, la
pauvret et la marginalisation des groupes vulnrables de population. Mene
large chelle, la prvention du VIH pourrait avoir un impact important sur le
contrle des maladies sexuellement transmissibles et la tuberculose, les ingalits
hommes-femmes, lducation, et les systmes de sant.
3.2 Le d du traitement
La mise disposition des antiprotases et des triples combinaisons dantirtroviraux en 1996 a radicalement modi lvolution et limpact du sida dans
les pays industrialiss. Entre 1995 et 1997, la mortalit et la morbidit lies
linfection par le VIH ont diminu de plus de 85 % aux tats-Unis et en Europe,
et la demande dhospitalisation a dcru dans les mmes proportions.
Une vingtaine de mdicaments antirtroviraux sont actuellement disponibles
sur le march appartenant quatre grandes classes : les inhibiteurs nuclosidiques de la transcriptase inverse (parmi lesquels la Zidovudine (AZT), la
Lamivudine (3TC), la Didanosine (ddI) et le Tenofovir) ; les inhibiteurs non nuclosidiques de la transcriptase inverse, Efavirenz et Nevirapine ; les inhibiteurs
de la protase du VIH (parmi lesquels lIndinavir, le Ritonavir, le Nelnavir, le Saquinavir, lAmprenavir et lAtazanavir) ; enn, les inhibiteurs de lentre du virus
dans les cellules cibles, dont linhibiteur de fusion T-20 est le premier reprsentant. Combins en trithrapies ou ttrathrapies, ces mdicaments ont largement prouv leur efcacit inhiber la rplication du VIH, induire une restauration immunitaire et amliorer signicativement le bien-tre et lvolution clinique
des personnes traites. Un nombre relativement important de nouveaux mdicaments est en cours dessais, parmi lesquels de nouveaux inhibiteurs dentre
bloqueurs du corcepteur CCR5 sont maintenant en phase III de dveloppement.
Le premier essai contrl de trithrapie ralis la n de lanne 1995, associant Indinavir, AZT et 3TC, avait clairement dmontr que lassociation de trois
mdicaments antirtroviraux appartenant deux classes diffrentes, permettait
dabaisser la quantit dARN du VIH circulant ( charge virale ) au-dessous
du seuil de dtection de la mesure, chez prs de 95 % des personnes traites.
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en dveloppement
En 2003, lOrganisation mondiale de la sant appelait une mobilisation
nouvelle avec lobjectif de traiter trois millions de personnes par les antirtroviraux dans le monde en dveloppement (soit 50 % du nombre des personnes
estimes avoir besoin dun traitement) avant la n de lanne 2005. Lobjectif
ne sera malheureusement pas atteint et les 1,5 ou 1,8 millions de personnes qui
recevront un traitement cette date ne reprsenteront que 15 20 % de la couverture des besoins, avec une rpartition de laccs au traitement trs ingale
dune rgion lautre, et dun pays lautre au sein dune mme rgion.
Les progrs dans laccs la prvention et aux traitements ont nanmoins t
considrables dans les cinq dernires annes. Ces progrs tiennent aux donnes apportes par la recherche dmontrant la faisabilit et le bien-fond de
ladministration des traitements antirtroviraux large chelle dans le contexte
des pays pauvres, la mobilisation politique des pays concerns et celle de
la communaut internationale permettant laccs des fonds spciques importants multilatraux et bilatraux ddis la lutte contre le sida.
Leffort de recherche dans les pays en dveloppement aura t multidisciplinaire : recherches sociologiques et anthropologiques sur les liens entre la maladie et sa perception sociale et sur limpact de lintroduction des traitements sur
la prvention, essais thrapeutiques de combinaisons de prises simplies de
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mdicaments antirtroviraux, essais thrapeutiques de prvention de la transmission du virus de la mre lenfant, suivi de cohortes de patients traits,
pour valuer lefcacit et la tolrance des traitements dans les contextes des
pays pauvres, recherches en conomie de la sant sur les dterminants et la dynamique des prix des mdicaments et le rapport cot-efcacit des traitements
pour les pays en dveloppement. Ces recherches ont apport les bases scientiques largumentaire politique en faveur de laccs au traitement et largumentaire refusant la sparation articielle, et longtemps prne par certains, de
la prvention et du traitement.
Le nancement de la prvention et du traitement du sida a considrablement
volu avec la cration, aprs lAssemble gnrale extraordinaire sur le sida
des Nations unies en 2001 et les sommets du G8 dOkinawa et de Gnes, du
Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. En juin
2005, ce Fonds multilatral aura dj engag plus de trois milliards de dollars
en nancement de programmes dans 130 pays du monde, 60 % des crdits
allant au nancement de la lutte contre le sida, et 60 % environ allant au nancement de programmes en Afrique. En deux ans, le Fonds est galement
devenu la principale source de nancement du traitement de la tuberculose
dans le monde. ct du Fonds mondial, dautres nancements importants
sont apparus, en particulier les programmes de la Banque mondiale ddis au
sida, et linitiative bilatrale amricaine appele Pepfar . Ces programmes
ont accru de faon trs signicative laccs au traitement dans les pays en dveloppement en permettant en moins de deux ans, prs de 700 000 nouveaux
malades de recevoir des traitements antirtroviraux. Si la recherche de nancements prennes pour ces programmes demeure une proccupation importante
sur lagenda international, dautres difcults apparaissent qui freinent le passage lchelle dans le monde en dveloppement, en particulier linsufsance
des ressources humaines, et les problmes lis au cot et lapprovisionnement
en mdicaments.
Les prix de mdicaments antirtroviraux pour les pays en dveloppement ont
diminu une premire fois de prs de 50 % en 2000, avec linitiative appele
Access de lOnusida et des grandes rmes pharmaceutiques productrices
dantirtroviraux, la veille de la Confrence internationale sur le sida de Durban. Mais cest surtout la comptition gnrique venue en particulier du Brsil
et de lInde qui a permis laccs des prix rduits de 90 % par rapport aux prix
des mdicaments dans le Nord , que nous connaissons actuellement. Une
trithrapie de premire intention est ainsi accessible environ 150 300 dollars/patient/an dans la plupart de pays en dveloppement aujourdhui, pour
un cot de ce traitement denviron 10 000 12 000 dollars dans les pays industrialiss. Il demeure cependant que laccs aux mdicaments gnriques
faible prix nest possible que pour un nombre limit de mdicaments et de combinaisons de mdicaments (xed dose combinations, particulirement adaptes
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aux traitements de premire intention). Par ailleurs se pose de faon aigu, notamment pour les cohortes de patients traits les plus anciennes (au Brsil), le
problme de laccs aux traitements coteux de deuxime ou de troisime ligne
(de 3 000 6 000 dollars/patient/an) qui se heurte aux limites de la production
de gnriques quimposent les rgles de lOrganisation mondiale du commerce
mme revue dans le cadre de la dclaration de Doha, ou la pratique daccords
bilatraux que certains pays riches signent avec des pays en dveloppement et
qui imposent des exclusivits dachat de mdicaments (accords dits TRIPS + ).
La prvention de la transmission du virus de la mre lenfant (PTME) est lun
des domaines thrapeutiques (et prventifs) qui a vu, dans les cinq dernires
annes, des progrs importants avec la simplication des protocoles thrapeutiques (par exemple avec la Nevirapine en une prise), ou lamlioration de leur
efcacit en termes de prvention dinfection chez lenfant ou de survenue de
rsistance chez la mre brivement expose aux antirtroviraux (bithrapies
Nevirapine-Zidovudine ou Lamivudine). Il reste que ces interventions pourtant
dmontres comme tant cot-efcaces, mme dans le contexte des pays conomiquement les moins avancs, sont loin dtre ralises lchelle laquelle
elles pourraient ltre. Ainsi, moins de 10 % seulement des femmes enceintes en
Afrique subsaharienne ont-elles accs la PTME ce jour. Les soins de lenfant,
le traitement antirtroviral chez lenfant infect, ne sont raliss actuellement que
dans des sites pilotes.
3.4 Le d de la recherche
En vingt-cinq ans defforts internationaux, la recherche a permis de modier
le visage de la maladie, depuis lidentication du VIH en 1983 lInstitut Pasteur, jusqu llaboration des derniers mdicaments inhibiteurs de fusion. Elle
a apport lespoir aux populations. Elle a su tre multidisciplinaire et couvrir
lensemble des champs concerns, des sciences biologiques fondamentales la
recherche oprationnelle valuant lefcacit des interventions de soins sur
le terrain dans les pays en dveloppement. Quatre grands champs prioritaires
se dessinent en 2005 :
1. la recherche physiopathologique, essentielle pour dcrypter les mcanismes molculaires encore insufsamment compris du dcit immunitaire
li linfection par le VIH ;
2. la recherche thrapeutique, pour identier de nouvelles cibles cellulaires
et virales pour les mdicaments, et mettre au point des mdicaments antiviraux plus simples prendre, mieux tolrs, efcaces sur des virus sauvages et rsistants, et de nouvelles stratgies (par exemple limmunothrapie) visant lradication virale ;
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La sant nest apparue que tardivement comme un champ ncessaire dinvestissement pour le dveloppement. Lpidmie du VIH/sida a jou un rle
considrable dans le changement de concept sur les liens entre sant et dveloppement survenu dans les vingt dernires annes. Dans les annes 1980-1990,
la pousse dmographique, lurbanisation, la crise conomique, les maladies
infectieuses et, en particulier, limpact croissant du sida, contribuent une forte
dgradation sanitaire dans les pays du Sud. Trop porte sur la politique hospitalire, loffre de soins se rvle inadapte aux besoins des populations. Face
aux contraintes lies aux politiques dajustement structurel, le secteur de la sant
reste le laiss-pour-compte des priorits gouvernementales. Les annes 1990
voient progressivement le secteur de la sant sortir de son isolement technique
pour tre intgr dans une vision systmique du dveloppement fonde sur linterdpendance des secteurs dintervention (eau, droit, ducation, gouvernance).
la n des annes 1990, les dbats autour de la relation entre pauvret et
ingalit renforcent davantage lintgration de la sant dans les politiques de
dveloppement. Les annes 2000, avec la prise de conscience tardive de ltendue et de limpact de lpidmie, constituent un nouveau point de changement
avec lintgration de la lutte contre les trois maladies, dont le sida, pour la
premire fois, lagenda du G8 dOkinawa, et la tenue dune Assemble gnrale extraordinaire des Nations unies sur le thme du sida (juin 2001). La
monte en puissance du thme de la sant sous la pression du sida, aura ainsi
replac la sant au cur de lagenda politique de la lutte contre la pauvret
et du dveloppement (Objectifs du Millnaire). Elle aura galement suscit une
nouvelle gouvernance de la sant, plus ouverte, qui mobilise les Nations unies,
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les acteurs bilatraux, les mdecins et les chercheurs, les ONG, les partenariats
public-priv et les reprsentants des malades. Dans le contexte dun monde globalis, la question de laccs aux mdicaments est devenue un enjeu politique
de premier plan.
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CHAPITRE
Lhomme en cause
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SOUS-CHAPITRE
8.1
Introduction
Linfection nosocomiale se dnit comme une infection non communautaire
acquise en milieu de soins, quelle soit iatrogne, cest--dire directement lie
aux soins (exemple : infection du site opratoire) ou non (exemple : infection
urinaire non lie au sondage chez le sujet g en long sjour). Linfection nosocomiale est devenue aujourdhui une proccupation de sant publique dans
tous les pays industrialiss. Les progrs de la mdecine ont t un facteur daugmentation du risque dinfections nosocomiales, en raison du recours de plus
en plus frquent aux mthodes invasives, soit pour explorer les patients, soit
pour les soigner : dispositifs intravasculaires, assistances ventilatoires, sondes
urinaires. Elles avaient t ngliges en France jusquaux annes 1980, alors
que des pays comme la Hollande, la Suisse, les pays nordiques et les tats-Unis
en avaient dj fait une de leurs priorits. Ce retard pourrait tre expliqu en
admettant que notre premier objectif a t pendant longtemps de simplement
soigner les maladies infectieuses, que ce soit en ville ou lhpital. Linstitution
ne voyait pas encore limportance que pouvait reprsenter un type dinfection
qui semblait inluctable.
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Lcole dinfectiologie franaise, en particulier celle qui a t associe lInstitut Pasteur, a, depuis le XIXe sicle, t lorigine de la dcouverte de nombreuses maladies infectieuses, de leurs agents, de leurs modes de transmission,
de la mise au point de nombreux vaccins qui peuvent les prvenir et maintenant
de ltude de la physiopathologie et des aspects molculaires qui y sont associs. Pourtant dans les faits, ceci ne sest traduit que par la mise en place rcente
et institutionnalise dans notre systme de sant, dinstruments de mesure et de
contrle des pidmies. Cette absence de vritable politique de contrle des
pidmies a sans aucun doute t un frein la mise en place du contrle des
infections nosocomiales. Un des facteurs rcents qui a favoris la mise en place
de ce type de mesures de prvention a t la survenue du sida. Cette maladie a
amen les pouvoirs publics prendre des mesures dinformations et de contrle
de sa diffusion qui ont beaucoup servi de modle par la suite. En un sens, on a
rappel la ncessit, pour tout type dinfection capable de diffuser, de dclarer
les cas, de les compter, dinformer et dduquer les patients et les soignants,
ddicter des rgles de prvention et de traitement et de mettre en place les mesures de contrle. Finalement, les pouvoirs publics se sont mobiliss en mettant
en place des forces vives et dimportants moyens nanciers, pousss la fois
par la ralit de la maladie et les associations de malades.
Un rle dcisif en matire dinfections nosocomiales a t jou dans notre
pays par les ranimateurs. Premiers pourvoyeurs dinfections nosocomiales iatrognes du fait mme des modalits de soins quils utilisent, ils ont aussi t
ds la n des annes 1990 le moteur de la mise en place des bases dune politique de contrle de ces infections. Cet lan a favoris la mise en place des
Comits de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), suivi de lintroduction
dinstances rgionales qui coordonnent les Clin (CCLIN) et dune instance nationale (CTIN). Ces structures ont introduit des mthodologies communes, ont
permis la formulation de recommandations et la mise en place de programmes
de contrle et de surveillance. En sappuyant aussi sur les rseaux de microbiologistes, ce maillage est maintenant capable de donner tous les niveaux,
locaux, rgionaux et aussi national et en particulier nos instances, lInstitut de
veille sanitaire (InVS) et la Direction gnrale de la sant (DGS), les informations ncessaires aux prises de dcisions. En clair, linstrument est maintenant
en place pour gnrer les informations, les analyser et dnir les mesures de
prvention des infections nosocomiales.
Tous ces changements se sont accompagns de nets progrs culturels. titre
dexemple, il a fallu accepter les faits suivants :
les patients porteurs de germes pathognes risque de diffusion pour
les autres patients (exemple : staphylocoques dors multirsistants ou Staphylococcus aureus rsistant loxacilline (Sarm) doivent tre clairement
identis) ;
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bactries multirsistantes, sont citer les entrobactries productrices de nouvelles enzymes inactivant de nombreuses -lactamines ou BLSE (un cinquime)
et les bacilles pyocyaniques rsistants aux -lactamines, aux aminosides ou aux
uoroquinolones.
Ces souches multirsistantes retrouves quasi exclusivement en milieu hospitalier et rarement isoles en ville , deviennent donc aprs quelques jours
dhospitalisation, lhte des ores commensales dune partie des patients. La
transmission est croise partir de patients qui eux-mmes lavaient acquise
dautres patients au cours dune chane ininterrompue de transmission. Ces
souches multirsistantes isoles des patients hospitaliss le sont plus frquemment
sils sont admis dans certains services risque (ranimation, long sjour). Elles
menacent cependant lensemble du systme hospitalier, car les malades coloniss se dplacent au sein de lhpital (examens dans dautres services, transfert
dun service lautre. . .), mais aussi vers dautres tablissements o les patients
sont transfrs (retour vers lhpital dorigine aprs ranimation par exemple,
etc.). Le dernier facteur favorisant la transmission de ces bactries multirsistantes est le nombre lev dacteurs en contact avec ces patients et limplication
de ces acteurs dans plusieurs services du mme hpital ou de plusieurs hpitaux.
Ce nest probablement pas un hasard si de telles bactries multirsistantes
sont apparues dans les hpitaux franais. Lutilisation non contrle des antibiotiques et labsence de recommandations claires pendant des annes ont permis
la slection de ces bactries. Il nest pas question de dire ici que les antibiotiques ne devaient pas tre utiliss, mais que leur utilisation aurait d tre mieux
encadre ds le dpart. En outre la prise de conscience tardive de la ncessit
de matriser les infections nosocomiales a permis la diffusion des bactries ainsi
slectionnes. Les pays qui ont pleinement considr le problme ds son mergence ont vu apparatre ces mmes bactries multirsistantes, car ils devaient
eux aussi multitraiter des patients avec des pathologies lourdes. Nanmoins en
les dtectant, et surtout en prenant les mesures prventives vis--vis de leur dissmination (isolement, recherche des cas contacts, etc.), ils en ont vit ou ralenti
la diffusion. Pour un pays comme le ntre o ces bactries multirsistantes sont
maintenant endmiques, leffort fournir pour en diminuer lincidence est considrable. Les premiers programmes tablis en ce sens permettent certains espoirs,
comme le montrent les premiers rsultats obtenus dans les hpitaux de lAssistance publique de Paris (BEH, juillet 2004). Ces programmes devraient surtout
permettre dempcher la diffusion de nouvelles bactries multirsistantes.
De nombreux rapports ont t crits sur le sujet, dont deux sont particulirement importants :
les Cent recommandations pour la surveillance et la prvention des infections nosocomiales (ministre de la Sant, 1999) ;
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2.1 Forces
La mise en place progressive depuis 15 ans dun ensemble de structure et
dacteurs responsabiliss tous les niveaux a considrablement amlior la
prise en charge des infections nosocomiales, depuis leur dtection jusquaux
recommandations de prvention. On citera les correspondants des Clin dans
les services cliniques, le rle des Clin dans les tablissements, le rle interrgional des CCLIN qui encadrent et conseillent les Clin de leur interrgion, le
rle national de lInstitut de veille sanitaire (InVS), du Programme national et
de la cellule DGS/DHOS o est plac le CTIN (Comit technique des infections
nosocomiales). Ces diffrentes structures ont labor de nombreuses recommandations nationales (par exemple, les Cent recommandations, cf. supra), interrgionales ou locales diffuses lensemble des acteurs et ont mis en place des
programmes daction pour la prvention. Dans ce contexte, on doit citer :
le rseau Raisin, qui regroupe les structures sus-cites, pour dvelopper
un programme de surveillance et dalerte sur des thmes prioritaires rgulirement dnis (exemple : infections du site opratoire, bactries multirsistantes, bactrimies, accidents dexpostion au sang, infections en
ranimation) ;
un ensemble trs complet de Centres nationaux de rfrence (CNR) qui
ont chacun en charge la surveillance dun ou plusieurs micro-organismes
particuliers ;
lOnerba (Observatoire national de lpidmiologie de la rsistance bactrienne aux antibiotiques) qui fdre de nombreux rseaux de microbiologistes qui se consacrent la surveillance de la rsistance aux
antibiotiques ;
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la formation des personnels de sant a fait des progrs grce des enseignements sous forme de diplmes universitaires ou interuniversitaires
organiss dans toutes les rgions ;
le ratio dun mdecin hyginiste pour 800 lits et dune inrmire hyginiste
pour 400 lits est accept, mais sa mise en uvre doit tre maintenant
acclre dans les hpitaux publics et ncessitera la mutualisation des
moyens dans les petits tablissements privs ;
le nombre dquipes hospitalires publiant sur le sujet est important, que
ce soit dans le cadre dpidmies ou de mesures de contrle.
2.2 Faiblesses
Le retard la mise en place des mesures de prvention des infections nosocomiales a permis la diffusion de certains organismes multirsistants (exemple :
Sarm) qui sera malgr tout difcile juguler.
Il persiste une insufsance de dveloppement au sein des personnels de sant
dune forte culture pidmiologique et dun enseignement de lpidmiologie
pratique, mme si des efforts ont t faits dans le domaine. Un enseignement
dpidmiologie applique la vie mdicale quotidienne serait utile en n de
cursus pour en montrer limportance aux jeunes mdecins confronts la ralit
clinique. Un tel enseignement sous forme de DU ou de DIU demande aujourdhui
une dmarche volontariste non intgre dans le cursus mdical.
Lapplication est encore insufsante pour certaines mesures de base telles
que :
lhygine des mains ;
linclusion dinformations spciques sur la colonisation ou linfection par
des bactries multirsistantes dans le dossier mdical et le rsum dhospitalisation : ces procdures permettant didentier, leur radmission, les
patients dj connus comme porteurs de bactries multirsistantes ;
les chambres individuelles en nombre sufsant pour faciliter les mesures
disolement.
Lobstacle prsent par le principe de prcaution est pouss son extrme.
titre dexemple, lnergie et les moyens nanciers considrables dpenss pour
la prvention dinfections nosocomiales relativement rares (lgionelloses) ou exceptionnelles (prions) ne sont bien sr plus disponibles pour la prvention des
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Recherche
Recherche clinique et oprationnelle
Le problme nest pas celui du diagnostic, qui est certainement laspect le plus
tudi et le mieux standardis. Le nombre dquipes hospitalires qui publient
sur les infections nosocomiales en recherche clinique et diagnostique est relativement important en France. Cependant, les aspects concernant lvaluation
des stratgies de prvention, leur rapport cots/efcacit et leur rendement sont
encore peu dvelopps. Cela sexplique car les tudes de ce type demandent
beaucoup de temps et de moyens (nombreux malades, recueils de donnes trs
lourdes, etc.) et le personnel de recherche clinique (assistants de recherche. . .)
dvolu cet effet est encore insufsant. Des PHRC spciques pourraient tre
utilement consacrs ces thmes.
Enn, certaines disciplines mdicales comme les maladies infectieuses, la mdecine interne et la chirurgie nont pas encore sufsamment investi le champ des
infections nosocomiales dans leurs activits de recherche clinique.
Recherche fondamentale
Si la recherche fondamentale sur linfection nosocomiale se rsumait la
comprhension et lidentication des mcanismes de rsistance, la France
pourrait tre considre comme trs bien place au plan international. En revanche, les mcanismes physiopathologiques de linfection, associant microbes,
tissus humains et matriaux des dispositifs mdico-chirurgicaux font lobjet de
peu de recherches fondamentales en France.
Certaines des questions inhrentes aux infections nosocomiales sont cependant abordes indirectement par quelques quipes travaillant sur les dfenses
immunitaires, les biolms, ladhrence aux cellules et aux matriaux. Deux
thmes proches des infections nosocomiales font lobjet de nombreux travaux :
dune part la mucoviscidose et les germes qui lui sont associs, en particulier les
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Pseudomonas et, dautre part, les infections urinaires dues aux Escherichia coli.
De manire intressante, il nexiste pas en France, ni dans le monde, dunits de
recherche dont lintitul principal comporte les mots infection nosocomiale et
qui se consacrent exclusivement ces infections.
On pourrait dcliner un ensemble de thmes de recherche qui mriteraient
dtre approfondis sur les bactries responsables dinfections nosocomiales :
le potentiel pidmique de certaines espces bactriennes et des clones
prdominants dans ces espces ;
les mcanismes impliqus dans leur survie dans lenvironnement hospitalier ;
les facteurs mtaboliques associs leur persistance et lexpression des
gnes ncessaires leur adaptation diffrentes conditions de vie. Leffet
des antiseptiques sur ces diffrentes conditions ;
leur capacit dadhrer diffrents tissus ou diffrents matriaux utiliss
chez lhomme ;
leurs capacits dadaptation et limpact sur leur capacit de coloniser les
diffrents tissus en fonction de leur volution vers la rsistance aux antiinfectieux ;
linverse, le rle de ces diffrents milieux et matriaux dans lvolution
vers la rsistance de ces bactries aux anti-infectieux ;
les facteurs microbiens dterminant la rponse de lhte contre la colonisation et linfection (susceptibilit gntique de lhte linfection).
Recommandations
1. Extension des programmes de prvention des infections nosocomiales aux
procdures de soins ralises en ville ou en ambulatoire.
2. Formation de tous les personnels de sant en matire dinfections nosocomiales et de prvention au cours de leur cursus initial. Mise en place de
crdits denseignements obligatoires sur ce sujet dans les formations
continues, ds quelles seront institues pour les mdecins hospitaliers.
3. Mise en place dindicateurs de qualit permettant :
des comparaisons pertinentes entre hpitaux et entre services ;
la recherche des causes dventuelles diffrences entre les structures
(benchmarking) ;
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L ES INFECTIONS NOSOCOMIALES
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Rfrences gnrales
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http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/infect_nosoco181104/sommaire.htm
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SOUS-CHAPITRE
8.2
Introduction
Les aliments destins la consommation humaine peuvent tre de simples
vecteurs de micro-organismes, mais ils peuvent aussi servir de milieu de dveloppement beaucoup de ces derniers, en particulier aux bactries. Ce dveloppement peut avoir des consquences redoutables, tant par les pertes alimentaires occasionnes que par leur incidence pour la sant des consommateurs
(Bourgeois et al., 1996).
Des techniques ancestrales, toujours utilises, dont le principe repose soit sur
la destruction des micro-organismes (par exemple par la chaleur) soit sur linhibition de leur croissance (par lacidication, la rduction de la teneur en eau disponible par schage ou augmentation de la concentration en sel ou en sucre, le
fumage, laddition de conservateurs comme le nitrite de sodium, etc.) permettent
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produisent des toxines. Leur nombre et leur varit sont levs, mais on ne dispose de mthodes de dtection que pour quelques-unes. On se limitera citer
laatoxine et la fumonisine produites sur des graines (bl, mais, riz), lochratoxine sur des fruits.
Les virus transmis par les aliments prsentent une diversit plus limite, mais
sont nanmoins la cause dun grand nombre de gastro-entrites, gnralement
bnignes (par exemple, norovirus) ou dhpatites (par exemple, VHA). Les produits de la mer sont la source la plus frquente de ces virus, qui ont aussi des
vgtaux comme vecteurs.
Enn, il convient de ne pas oublier les parasites, notamment des genres tels
Cryptosporidium, Anisakis, Diphyllobothrium, Echinococcus, Fasciola, Taenia,
Toxoplasma, Trichinella.
Le tableau 8.2-1 prsente une brve description des maladies infectieuses
dorigine alimentaire qui sont les plus frquentes en France.
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Campylobacter spp.
Yersinia spp.
Clostridium perfringens
Staphylococcus aureus
Clostridium botulinum
51 269-81 927
22
373-747
3 257-10 422
2 790-8 928
655-1 909
12 796-13 322
304
30 598-41 139
191-652
0-1
0-1
2-8
4-10
13-16
78
92-536
Morbidit annuelle
Mortalit annuelle
dorigine alimentaire dorigine alimentaire
Tableau 8.2-1
Principaux dangers microbiens transmissibles par les aliments et risques associs (estimations, daprs InVS, 20041 ).
Toutes bactries
Listeria monocytogenes
Symptmes
Bactries
Nom
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Norovirus
Tableau 8.2-1
Suite.
Tous parasites
64 494
Taenia saginata
36-37
35
n.d.
176
51 655
70 600
70 194
406
Morbidit annuelle
Mortalit annuelle
dorigine alimentaire dorigine alimentaire
Parasites
Tous virus
Hpatite A
Symptmes
Virus
Nom
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par ensilage peut constituer un facteur daccroissement du risque lorsque lacidication du fourrage est insufsante.
Llevage implique lutilisation dantibiotiques pour prvenir ou soigner les
pathologies. En outre, des antibiotiques sont utiliss faible concentration
comme additifs aux aliments des animaux an damliorer la croissance de
ces derniers (leur usage est dj limit en Europe et sera interdit ds 2006,
mais ils restent autoriss dans dautres pays). Ces trois catgories dantibiotiques contribuent une volution des rsistances bactriennes qui peut avoir
des consquences redoutables pour la sant publique, au mme titre que lutilisation non matrise des antibiotiques par certains mdecins. Lexemple des
Salmonella enterica multirsistantes est lun des plus connus.
Les matires premires sont transformes ensuite par un nombre variable
dacteurs qui jouent tous un rle dans la chane de causalit. Ainsi les animaux
passent par des abattoirs, puis les carcasses sont dcoupes, et elles peuvent tre
dbites directement par des bouchers, ou bien la viande peut servir de matire
premire la fabrication de multiples produits carns, de charcuteries ou de
salaisons, par des procds comportant des tapes sensibles o des apports de
micro-organismes et/ou leur multiplication sont possibles.
De mme que les pratiques dlevage ou des volutions technologiques ont
des consquences sur la sant publique, elles peuvent en avoir sur la sant
animale. Lexemple qui vient en premier lesprit est celui de lencphalopathie
spongiforme bovine, qui fait lobjet dun chapitre de cet ouvrage.
Ce qui caractrise actuellement les lires de transformation est la persistance
de petites structures (artisans, trs petites entreprises et PME) et laugmentation
de la taille des grands groupes dont les marchs ne sont plus seulement nationaux, mais europens ou mondiaux. Moins il y a dusines, plus les circuits de
distribution sallongent, plus la dure de vie des produits doit aussi tre longue.
Il est vident que les consquences sanitaires rsultant dun produit dfectueux
commercialis dans toute lEurope sont visibles : or, la perte dimage de marque
pour les grandes entreprises est une relle proccupation, aussi mettent-elles en
uvre des politiques dhygine efcaces, plus svres que celles de la plupart
des entreprises de plus petite taille.
Dans la distribution aussi cxistent petites et grandes structures. Ces dernires ont davantage de possibilits dagir pour combattre les dangers microbiens.
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La proposition de position franaise est envoye au Secrtariat gnral du comit interministriel (SGCI) qui se charge de la validation interministrielle formelle avant transmission la Commission. De son ct, la Commission (Direction
gnrale Sant et protection des consommateurs, DG Sanco, Bruxelles) procde
galement toutes les consultations ncessaires : Autorit europenne de scurit des aliments (AESA, Parme), conformment au rglement 178/2002, et
les fdrations europennes (agriculteurs, industrie, consommateurs). Deux procdures dadoption doivent tre clairement distingues. Les textes gnraux, de
porte stratgique ou politique, sont adopts selon la procdure dite de codcision par le Conseil des ministres (en gnral ceux chargs de lAgriculture) qui
statue la majorit qualie, et par le Parlement europen. Les textes techniques
(modalits de mise en uvre des prcdents) sont adopts par la Commission,
aprs vote des experts des 25 tats membres runis au sein du comit de rglementation, qui en loccurrence est le Comit permanent de la chane alimentaire
et de la sant animale (CPCASA). Cest le cas du projet de rglement sur les
critres microbiologiques.
1.3.4 La mondialisation
La nouvelle rglementation europenne sinspire fortement des normes publies par le Comit du Codex alimentarius pour lhygine des aliments (CCFH)2 .
En effet, depuis la signature de lAccord sur lapplication des mesures sanitaires
et phytosanitaires (Accord SPS, 1994)3 de lOrganisation mondiale du commerce, ces normes sont devenues les rfrences internationales sur lesquelles
peuvent sappuyer les arbitres de Genve en cas de conit. La France participe activement leur laboration. La dlgation franaise est compose de la
DGAL (sous-direction de la scurit sanitaire des aliments) et de la DGCCRF.
Des observateurs (organismes professionnels) sont galement prsents. Comme
prcdemment, des avis peuvent tre demands lAfssa. Le SGCI coordonne
ce travail avec celui des correspondants aux autres comits du Codex alimentarius, et informe ofciellement le Conseil des ministres europens. En France,
pour des dossiers horizontaux intressant plusieurs comits du Codex, cest le
SGCI qui assure directement leur suivi. LUnion europenne veille harmoniser
ses positions sur chacun des points de lordre du jour du CCFH (il en va de mme
pour toutes les instances du Codex alimentarius), en se fondant sur sa propre
rglementation. Sur les sujets de comptence communautaire exclusive, cest le
reprsentant de la Commission qui sexprime et vote au nom des tats membres
de lUnion prsents en sance.
2 http://www.codexalimentarius.net/web/index_en.jsp.
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dorigine alimentaire sont les moins levs. Toutefois le dispositif de surveillance comporte des lacunes (voir 2.1.4).
Les ds
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scientique qui permettra aux autorits franaises dadopter leurs positions tant
au niveau des instances communautaires que dans les diffrentes organisations
internationales FAO, OMS, OIE, ainsi quau Codex alimentarius.
2.2 La gestion des risques
Les entrepreneurs du secteur alimentaire ont rduire la prvalence et la
concentration des dangers biologiques (par exemple, bactries pathognes),
chimiques (substances toxiques) et physiques (corps trangers) dans les aliments : cest la gestion des dangers au moyen de mesures de matrise
(voir 1.3.3).
De par la signature de lAccord sur lapplication des mesures sanitaires et
phytosanitaires (voir 1.3.4), les autorits sanitaires, dans leur mission de protection de la sant publique, veillent ce que le niveau appropri de protection
sanitaire 9 (Alop) de leur pays ne soit pas dpass du fait de limportation
daliments, danimaux ou de vgtaux. Ce niveau doit donc tre tabli pralablement par chaque pays, de faon caractriser sa situation sanitaire. Laction
des autorits pour maintenir ou amliorer ce niveau sappelle la gestion des
risques . Les gestionnaires du risque appuient leurs dcisions sur les valuations
scientiques du risque faites par des experts indpendants (voir 2.1).
Connatre lAlop rend possible de dterminer des objectifs de scurit des
aliments (FSO), dnis ainsi : la frquence et/ou la concentration maximale
dun danger dans un aliment au moment de la consommation qui procure le
niveau appropri de protection sanitaire ou y contribue . Pour passer de lAlop
au FSO, il faut connatre la probabilit de maladie en fonction de la quantit de
danger ingre, cest--dire la relation dose-rponse. ce jour, peu de relations
dose-rponse sont connues, et elles ne le sont quavec une forte incertitude (L.
monocytogenes, Salmonella, Escherichia coli O157:H7). partir du FSO, les
entreprises devraient pouvoir cibler avec prcision leurs mesures de matrise des
dangers.
Le niveau appropri de protection sanitaire est la base de la politique future
de scurit des aliments. Les autorits sanitaires franaises ne lont pas encore
dni de faon explicite. En outre, les relations dose-rponse, instruments qui
permettent de transcrire le niveau de protection sanitaire de la population en
objectif de scurit des aliments, sont insufsamment connues et demandent
un effort de recherche important. En particulier il faudrait clarier la notion
de dose minimale infectieuse et ceci selon quel type de populations (immunocomptentes, immunodprimes, ges extrmes, etc.) : existe-t-il un seuil
9 Les
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dpidmiosurveillance
Celle-ci est vidente si lon compare des pays. Il faut penser aussi aux disparits internes aux pays. Ainsi la France dispose dune des meilleures surveillances
des listrioses. En revanche pour les campylobactrioses, les parasitoses ou les
viroses transmises par les aliments, la surveillance est loin dtre au mme niveau. Le systme franais dpidmiosurveillance na donc pas une cohrence
satisfaisante et les informations sont incompltes.
Recommandations
ducation et information
Enseigner aux enfants et aux professionnels (sans ngliger les immigrs)
les rgles de base de lhygine des aliments est la condition ncessaire pour
que les pratiques dhygine deviennent automatiques (ou instinctives) et que les
consignes et messages transmis par ladministration et les mdias soient compris
et suivis deffet.
Cela est difcile parce quil faut enseigner simultanment quil nexiste pas
dactivit sans risque pour la sant publique. Une pdagogie spcique devrait
tre mise au point.
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La recherche scientique
Du fait de la manire moderne daborder la gestion des risques, la recherche
scientique doit mettre de plus en plus laccent sur les approches quantitatives.
La recherche devrait donc porter particulirement sur :
les techniques rapides de dnombrement (et pas seulement de dtection),
cibles spciquement sur les souches virulentes au sein de populations
microbiennes complexes. Les efforts pourraient se concentrer sur les applications des puces acides nucliques. Les progrs de lhygine, en diminuant la concentration des bactries dans les aliments, rendront ncessaire le dveloppement des techniques bases sur lestimation statistique
du nombre le plus probable ;
la dtermination des relations dose-rponse tablissant la probabilit
de maladie en fonction de la quantit de micro-organismes ingrs. La
concertation entre mdecins, pidmiologistes et microbiologistes des aliments est indispensable ;
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les mthodologies de dnition des groupes risque. En effet, les mthodes actuelles prennent en compte les notions dge et de sexe mais pas
limportance et la diversit des situations pathologiques ou des sensibilits
physiologiques au sein des populations.
La mycologie ( cause des effets long terme des mycotoxines), la virologie
(on estime que les virus provoquent au moins autant de maladies que les bactries) et les parasites (les estimations leur imputent plus de morbidit quaux
bactries et aux virus runis) ne devraient plus tre des parents pauvres de la
microbiologie des aliments.
Rfrences bibliographiques
Bourgeois C., Mescle JF., Zucca J. (1996). Microbiologie alimentaire. Tome I.
Aspect microbiologique de la scurit et de la qualit des aliments. Lavoisier
Tec&Doc, Paris (France).
Haeghebaert S., Le Querrec F., Vaillant V., Delarocque Astagneau E., Bouvet P.
(2001). Les toxi-infections alimentaires collectives en france en 1998. Bulletin
pidmiologique hebdomadaire n15/2001, 249-253.
Institut de veille sanitaire (2003). Surveillance des toxi-infections alimentaires
collectives depuis 1987 : impact des mesures de contrle et de prvention.
Rapport annuel, Saint-Maurice.
Mead PS., Slutsker L., Dietz V., McCraig LF., Bresee JS., Shapiro C., Grifn
PM., Tauxe RV. (1999). Food-Related Illness and Death in the United States.
Emerging Infectious Diseases 5 (5).
Sutra L., Federighi M., Jouve JL. (1998). Manuel de bactriologie alimentaire.
Polytechnica, Paris (France).
Vaillant V., de Valk H., Baron E. (2004). Morbidit et mortalit dues aux maladies infectieuses dorigine alimentaire en France, Institut de veille sanitaire,
Saint-Maurice.
Vernozy-Rozand C., Montel MP. (2005). Escherichia coli 0157 :H7. Lavoisier
Tec & Doc, Paris (France).
Rglements 178/2002, 852/2004, 853/2004, 854/2004.
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http://www.vie-publique.fr/dossier_polpublic/securite_alimentaire/
index.shtml
http://www.efsa.eu.int/index_fr.html
http://www.eurosurveillance.org
http://www.codexalimentarius.net/
Eurosurveillance
Codex alimentarius
Tableau 8.2-2
Sites Internet utiles.
http://www.fao.org/es/ESN/food/risk_mra_en.stm
http://www.who.int/foodsafety/micro/jemra/en/
http://sc8.vesinet.inserm.fr :1080/
http://www.invs.sante.fr/publications/2004/inf_origine_alimentaire/
http://www.invs.sante.fr
Organisations
Europe
France
http://www.afssa.fr
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SOUS-CHAPITRE
8.3
Maladies infectieuses
et bioterrorisme
PATRICE BINDER, RIC HERNANDEZ, HENRI KORN ET JEAN-BAPTISTE MEYNARD
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actuelles, mais galement sur les risques venir, consquences ngatives de progrs, par ailleurs bnques, en biotechnologie et dans les sciences du vivant.
Ces progrs sont aujourdhui accessibles tous, grce notamment, aux vecteurs
modernes de linformation. Do au moins deux risques. Le premier est celui
dune dsinformation, le second est de permettre une prolifration non matrise
de recettes destines servir des projets illgitimes et des luttes de pouvoir.
Toutes les tudes prcites insistent sur limportance de la surveillance des maladies infectieuses, de lorganisation de lalerte, de la prise en charge de la
prvention et des soins, de la formation et de linformation dans la prparation
des contre-mesures et des capacits dtenir pour lutter contre le bioterrorisme.
Ces proccupations sont galement celles des services et des autorits de tous
les tats concerns.
Deux aspects du dispositif mettre en place apparaissent particulirement critiques ; ce sont : la surveillance pidmiologique, qualie de cl de vote du
dispositif et les moyens de dtection (et de diagnostic) prcoces. Ne doivent
pas tre pour autant oublies les capacits de prvention-prtraitement et de
traitement. cet gard, des antibiotiques sont aisment disponibles, mais les
antiviraux efcaces sont rares et coteux, les antidotes antitoxines (anticorps et
inhibiteurs dactivit) peu efcaces et les vaccins, quand ils existent, sont difciles utiliser, dune part en labsence de menace caractrise et, dautre part,
en raison de leurs effets secondaires (variole). Face au bioterrorisme, les vaccins sont donc davantage des auxiliaires de traitement en cas de crise que des
moyens de prvention grande chelle.
Ce chapitre sera volontairement limit au bioterrorisme dont la cible est
lhomme. Traiter du bioterrorisme conomique visant essentiellement les ressources agroalimentaires ncessiterait des dveloppements dpassant largement
le cadre imparti (voir larticle de Thill et Ricci, 2004, consacr au rle des vtrinaires en biodfense). Toutefois une tude sur le bioterrorisme impose denvisager les dispositifs rglementaires et lgislatifs concernant dune part la limitation
ou la dissuasion des risques et de la prolifration des armes, et, dautre part, le
dveloppement et lacquisition de capacit pour la conduite des plans durgence
(tel que le Plan Biotox). Cet aspect sera brivement voqu en conclusion.
Perception du bioterrorisme
En 1984, il a fallu plus dun an pour dcouvrir lorigine provoque de lintoxication alimentaire de 750 habitants de la petite ville de Dalles dans lOregon.
Des adeptes de la secte Rajneesh avaient contamin avec des salmonelles les
salad-bars de la ville, an de crer un climat dinscurit propre peser sur les
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rsultats des lections locales. Cet pisode, qui entrana lhospitalisation dune
quarantaine de personnes, provoqua localement un climat de peur connant
la panique qui aboutit des comportements irraisonns dans la population. Il
fallu plus de deux ans pour conrmer lorigine de la contamination.
Lattentat meurtrier perptr Tokyo, en 1995, laide du gaz sarin1 par
la secte Aum Shinri Kyo t 12 morts et 5 500 blesss, dont un grand nombre
conserveront des squelles graves. Au cours des mois qui prcdrent, cette
secte avait tent, deux reprises dutiliser des agents biologiques pathognes.
La premire fois, en 1990, elle avait dissmin de la toxine botulinique A
proximit du Parlement japonais, puis quelques mois plus tard, du Bacillus anthracis (Takahashi, 2004). En 1992, des membres de la secte avaient mme
tent de se procurer, lors dune mission au Zare, des souches de virus Ebola
(Christopher, 1997).
En 1998, dans une confrence prononce au Snat amricain, David Franz2
constatait que le spectre des agents pouvant tre utiliss par des terroristes est
trs tendu. Par exemple, sur les 395 toxines les plus connues, et sur la base
de leur toxicit, 17 auraient un intrt militaire potentiel, 73 pourraient servir
des actes de sabotage en ambiance conne, et 305 seraient utilisables par des
terroristes.
Au dbut de 2001, des scientiques australiens dcrivaient les consquences
ltales inattendues de linsertion du gne de linterleukine 4 (IL-4) dans le virus
mousepox (qui provoque chez les rongeurs une pathologie non mortelle ressemblant la variole). Selon les auteurs de cette construction, le but poursuivi
tait de rendre striles les souris infectes et non de les tuer. Par ailleurs, en
juillet 2002, un microbiologiste de luniversit de New York dcrivait la synthse
in vitro de lADN dun poliovirus. Enn, on sait aujourdhui que le virus camelpox, non pathogne pour lhomme, ne diffre de celui de la variole que par trois
gnes. Ces trois exemples soulignent le caractre inquitant de certaines drives
potentielles qui pourraient rsulter de lusage non contrl du gnie gntique
et biomolculaire.
Toutefois, si isoler une bactrie du charbon par pression de slection ou lui
introduire un gne de rsistance un antibiotique est aujourdhui accessible
un stade artisanal , faire, en revanche, de la biologie molculaire sur un virus
tel que le virus de la variole ncessite des connaissances plus labores et une
infrastructure plus coteuse. On entre ici dans la logique du crime organis.
1 Gaz
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Recommandations
Il existe actuellement des instances en charge de lvaluation des risques et
des menaces, et de leur prvention. Dautres sont en charge de lorganisation
des secours. Ces instances manquent toutefois de visibilit, car les outils pertinents danalyse et daide la dcision, les outils de prparation la gestion de
crise manquent le plus souvent.
Pour rpondre ces besoins, il faudrait :
disposer dune institution ddie aux tudes sur le terrorisme NRBC, disposant de bases de donnes scientiques sans cesse ractualises en charge
deffectuer rgulirement des synthses sur le sujet ;
encourager les recherches en sciences sociale et en gestion sur les processus dcisionnels et de conduite ncessaires face des crises majeures ;
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Classe A
Variola major (variole)
Bacillus anthracis (charbon)
Yersinia pestis (peste)
Virus des vres hmorragiques Marburg-Lassa-Ebola
Francisella tularensis (tularmie)
Classe B
Brucella species (brucellose)
Burkholderia mallei et B. pseudomallei (morve)
Chlamydia psittacii
Clostridium perfringens toxin
Salmonella, shigella, Escherichia coli
Coxiella burnetii (vre Q)
Ricine
Rickettsia prowazekii (typhus) et R. rickettsii
Encphalites virales
Menaces pour la scurit de leau (par exemple lagent du cholra)
Classe C
Maladies infectieuses mergentes (par exemple, Hantavirus)
Tableau 8.3-1
Liste du Center for Disease Control (CDC) des principaux agents du bioterrorisme.
de remarquables outils de recherche en biologie et certaines ont des applications en thrapeutique dont les indications ne cessent de slargir. La toxine botulinique A (Botox), initialement prescrite pour traiter des blpharospasmes et des
cas de torticolis rcidivant, a aujourdhui des indications qui sont moins mdicales qu esthtiques : llimination des rides. La ricine a t exprimente depuis de nombreuses annes dans des systmes immunotoxines pour dtruire
des cellules cancreuses. Il nest pas utopique denvisager que certaines neurotoxines, par exemple des agonistes ou des antagonistes de rcepteurs associs
des canaux ioniques, des phospholipases A2, des inhibiteurs de cholinestrases,
mais galement des toxines actives sur les facteurs de la coagulation, aient un
jour des applications pharmacologiques. Les possibilits de dtournement des
toxines protiques, lies la facilit de leur production aprs clonage dans des
vecteurs appropris (levure ou baculovirus par exemple) et la puissance de
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Recommandations
Les agents dune ventuelle menace bioterroriste appartiennent des listes
bien connues. Il est lgitime que les efforts portent dabord sur les moyens
de prvenir et de traiter les maladies dues aux agents jugs les plus crdibles . Ne doivent pas tre ngligs pour autant, les recherches visant mieux
connatre ces agents et le potentiel dagents nouveaux, issus dun dtournement
toujours possible de techniques mises au point des ns lgitimes, en particulier
des toxines.
Il convient donc de poursuivre des tudes en priorit sur :
les indicateurs prdictifs lis aux agents et leurs cibles telle la physiopathologie des maladies infectieuses, en particulier celle de la catgorie A
du CDC ;
la gnomique comparative, la protomique et les transcriptomes de ces
agents, notamment pour mieux adapter les dmarches thrapeutiques et
tablir des liations en cas de ncessit ;
les facteurs environnementaux favorisant lmergence des maladies infectieuses.
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Seuls des indicateurs non spciques, mais pertinents, permettent de rpondre au besoin de surveillance efcace et rapide pour faire face un acte
bioterroriste. De tels indicateurs de sant ont t appliqus la reconnaissance
prcoce dpidmies ou pour matriser les cots de la sant. Leur exploitation
est facilite par lintroduction de nouvelles technologies pour amliorer lextraction des donnes, leur transmission et leur analyse. Le concept de surveillance
syndromique est directement issu de cette approche : elle consiste recueillir et
exploiter en temps rel des donnes sanitaires individuelles et collectives avant
que des diagnostics conrms ne soient disponibles (Mandl, 2004).
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San Francisco, est assez critique cet gard. Il est donc encore prmatur de
proposer ces systmes comme outils daide la dcision en sant publique, y
compris dans un cadre dual. Ils compltent les systmes de surveillance traditionnels, mais ne doivent en aucun cas les remplacer totalement (Bravata, 2004).
Recommandations
La surveillance des maladies lies au bioterrorisme sera dautant plus efcace et donc crdible, que les mthodes de recueil et danalyse seront ables et
discriminantes. Cela ncessite :
damliorer les algorithmes dcisionnels, intgrant des informations
dordre pidmiologique, gographique, sociologique. . . Divers scnarios
dnir doivent servir valider ces programmes ;
de poursuivre les tudes de modlisation en pidmiologie des maladies
infectieuses, en particulier pour les maladies contagieuses ;
de faire appel aux outils de lintelligence articielle dans une perspective
de surveillance en temps rel.
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La dmarche analytique aboutissant la caractrisation taxinomique et phylognique de lagent prsomptif est rigoureuse et obit des rgles de bonne
pratique allant du prlvement la communication et larchivage des rsultats.
Les prlvements, qui doivent tre conditionns et identis de manire
assurer leur traabilit, sont orients soit par le renseignement, soit par les signes
cliniques observs. Chez lhomme, aprs exposition ou allgation dexposition,
ils sont bien codis. Des chantillons en provenance de lenvironnent, y compris
de la faune sont indispensables en cas dallgation dacte terroriste. Ils servent
la fois la surveillance des zones risque et au balisage des zones de
danger .
Les protocoles analytiques raliss avec ces prlvements suivent un schma
classique de bonnes pratique allant de lexamen direct ltat frais et aprs
coloration (des bacilles Gram positif et bout carr voqueront le B. anthracis)
des techniques de recherche dantignes et de caractrisation de squences
nuclotidiques beaucoup plus spciques.
La recherche dantignes viraux, bactriens ou de toxines est possible laide
de nombreux tests (immunouorescence, cytomtrie de ux, immunotransfusion,
Elisa, Elifa. Une nouvelle gnration de tests immunochromatographiques sur
bandelettes, simples et pratiques, a t dveloppe pour le diagnostic de certains agents bactriens comme la peste ou le charbon et de toxines comme celle
du botulisme et la ricine. Ces tests, peu encombrants et de faible cot, nont de
valeur que sils sont positifs.
Lidentication de squences nuclotidiques est la fois plus sensible et plus
spcique. Cest grce lidentication statique et dynamique de ces marqueurs
bactriens ou viraux, et galement en provenance des cellules de lhte infect,
que les innovations les plus spectaculaires sont prvoir. La raction de polymrisation en chane qualitative (PCR) permet actuellement le diagnostic en
24 heures. Des techniques PCR multiplexes ont t exprimentes sur le terrain. Des protocoles de PCR existent pour les principaux agents du bioterrorisme
tels que B. anthracis (mise en vidence des plasmides pXO1, pXO2) (Ramisse,
1996), Y. pestis, les Brucella, F. tularensis, les Burkholderia, les poxvirus y compris la variole, et les virus de certaines vres hmorragiques ou de certaines
encphalites. La recherche dARN exige une tape de transcription inverse (RTPCR). Indispensable pour certains virus, elle sapplique galement la recherche
des ARN messagers qui permet de suivre lexpression trs prcoce des gnes du
cycle de rplication. La capture dhybrides qui consiste rechercher par immunochimioluminescence des hybrides ADN/ARN est une autre faon dexploiter
la spcicit de reconnaissance de squences nuclotidiques complmentaires.
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Dans un proche avenir, seront disponibles des techniques miniaturises automatisables et rapides telles que les microsenseurs optiques ou pizo-lectriques,
les puces ADN . La technologie des puces ADN (ou microchips) permet de miniaturiser et dtendre lexploitation des techniques didentication de
squences dacides nucliques. Il est en effet possible denvisager la caractrisation prcoce de la rponse cellulaire une infection. Le temps de rponse de
ces puces est bref, quelques dizaines de minutes, au dtriment de leur sensibilit qui est pour le moment limite (par exemple, environ 105 -107 organismes/L
pour Y. pestis ou B. anthracis). Les cDNA microrrays devraient conduire des
rsultats intressants comme signatures dtats prcliniques. Ainsi des rsultats
ont t obtenus chez lanimal en rponse diffrents agents, dont lentrotoxine
staphylococcique B. Dans le cas dactes bioterroristes, cette approche pourrait
savrer utile an de suivre des sujets impliqus et de grer de manire adapte les traitements avant lapparition des premiers symptmes (Stenger, 2002).
Le gnotypage est indispensable an de dterminer lappartenance clonale
et lorigine gographique des souches de micro-organismes suspectes. Cette caractrisation peut donc avoir un intrt stratgique et juridique. Les mthodes
disponibles sont nombreuses (Ribotypie, RFLP, squenage) mais la dtermination de squences minisatellites (variables tandems repeats ou VNTR) est
actuellement la plus prcise. Cette technique est oprationnelle pour le bacille
du charbon, la peste et la tularmie (Le Fleche, 2001).
Enn, les laboratoires rfrents doivent pouvoir accder un souchier scuris volutif an dtre en mesure de procder des comparaisons et mettre au
point ou valuer de nouvelles techniques correspondant la fois ltat de lart
et celui de la menace. Cela exige des structures et des procdures conformment larrt ministriel du 15 janvier 20045 .
Recommandations
La dtection, le diagnostic prcoce, la caractrisation gnotypique des microorganismes sont des champs scientiques dinvestigation prioritaires pour la
prise en compte des risques bioterroristes. Il convient donc de dvelopper des
plates-formes technologiques pouvant offrir toute la gamme des outils disponibles cet effet et damliorer ces techniques en faisant appel des lires
pluridisciplinaires innovantes.
5 Arrt relatif la mise en uvre, limportation, lexportation, la dtention, la cession titre gratuit ou onreux, lacquisition et le transport de certains agents responsables de maladies infectieuses,
micro-organismes pathognes et toxines.
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Il faut donc :
entretenir des ples de comptences capable de prparer et de dvelopper des outils susceptibles de dtecter et didentier les agents majeurs (liste A) laide de mthodes ables, accessibles et adaptes aux
contraintes demploi sur le terrain et au diagnostic rapide des pathologies
quils entranent ;
disposer de laboratoires ayant la matrise des techniques de recherche
et didentication dagents microbiologiques mergents ; ces structures
doivent disposer de souchiers accessibles aux laboratoires rfrents
concerns ;
favoriser les approches multidisciplinaires portant la fois sur les caractristiques des agents identier, mais galement sur les mthodes dingnierie et danalyse du signal ;
promouvoir les tudes conduisant au diagnostic des affections en cause,
ds les premires ractions de lorganisme lagression.
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faire face un risque dextension pidmique aprs un acte dlibr dont lorigine a t identie et si le vaccin existe (variole par exemple) (Binder, 2003,
Hilleman, 2002). Lassociation aux vaccins de molcules spciques, telles que
cytokines ou adjuvants de nouvelle gnration, dans le but daccrotre limmunit
locale (Yuki, 2003) et de rduire les dlais de rponse, permettra de renforcer et
dorienter la rponse du systme immunitaire. Mais les consquences indirectes
de ces pratiques (neuro-endoriniennes par exemple) ne sont pas ngliger.
La prophylaxie passive et la thrapeutique laide danticorps humains ou
humaniss sont des voies prometteuses (Casadeval, 2002). Conceptuellement, cette approche est intressante du fait de son action immdiate, mme
si elle est limite dans le temps. Les anticorps restent ici loption thrapeutique
la plus raisonnable face aux toxines car il nexiste pas dantidotes spciques
(que ce soit celles du botulisme, du charbon ou la ricine). La conception dantidotes des interactions molcules-cibles en utilisant des techniques de chimie
combinatoire et de simulation informatique est un domaine qui reste encore trs
largement au stade de la recherche.
La recherche de principes actifs nest quune des facettes de la satisfaction
des besoins en moyens de prvention et de traitement. Pour de raisons de cot
et dinnocuit, il est ncessaire de rduire les quantits danti-infectieux ou dantidotes administrs. Par ailleurs, la voie dadministration est un des facteurs cls
du succs dun traitement de masse . Aussi, la prise unique de mdicament
par voie transdermique, arosol ou orale est privilgier ; la mise en uvre
de nanoparticules charges en antibiotiques a dmontr son efcacit, par voie
orale, dans des cas de salmonellose exprimentale murine.
Recommandations
La mise disposition de moyens de prvention et de traitement pour faire
face aux consquences dactes bioterroristes doit tre une priorit. La rdaction
par lAgence franaise de scurit sanitaire des produits de sant (Afssaps) de
ches thrapeutiques ne rsout pas toutes les difcults. La mise au point de nouveaux mdicaments (vaccins antivarioliques de seconde et troisime gnration,
srums antitoxines botuliniques ou contre la ricine, vaccins usage thrapeutique contre la maladie du charbon, antiviraux) est galement un d relever.
Elle dpend dune part de contraintes scientiques et techniques et, dautre part,
de dispositions rglementaires et thiques qui imposent, de manire tout fait
comprhensible, des tapes et des contrles rigoureux engendrant des dlais de
plusieurs annes avant la mise sur le march dun nouveau mdicament. Il est
donc important :
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Conclusion
La plupart des grands pays industrialiss saccordent sur la ncessit de disposer de moyens, doutils et de procdures destins rduire leur vulnrabilit
face la menace bioterroriste et anticiper les risques. Ils sinterrogent sur la
meilleure stratgie adopter an dviter des cueils tels que le caractre rduit
des fonds publics disponibles et la difcult dintgrer, dans lordre des priorits nationales, une menace classe un niveau trs bas dans lchelle des
probabilits.
Les tats-Unis ont choisi de consacrer depuis plusieurs annes des sommes
considrables leur politique de lutte contre le bioterrorisme travers notamment linitiative Bioshield (6 milliards de dollars) (Fox, 2003), et ce malgr
la dgradation de leur systme de sant publique. Des centres de recherche
universitaires pour la biodfense ont t crs (Le Center for Civilian Biodefense
Strategies de luniversit de Pittsburgh, par exemple6 ) ainsi quun bureau fdral de supervision (National Science Advisory Board for Biosecurity) an de
coordonner les recherches et celles des CDC. Enn, une agence dtat charge
dharmoniser les actions a t mise en place, le Homeland Security Department.
En Europe, aprs le 11 septembre, la Commission europenne a pris des initiatives destines, entre autres, amliorer les procdures dalerte et tablir
des mthodes de dtections standardises. Le Health Security Commitee (HSC) a
6 http://www.upmc-biosecurity.org/
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chapitre III du Code de la sant publique est consacr la gestion des menaces
sanitaires graves. Pour amliorer la veille sanitaire, il cone un rle dterminant
lInstitut de veille sanitaire et aux centres nationaux de rfrence (CNR). Lencadrement de la manipulation et de la circulation des micro-organismes et des
toxines gurera au titre III de ce code. En somme, la France dispose dun arsenal juridique non ngligeable et elle met sur pied un programme de recherche
et dveloppement interministriel qui comporte un plan daction ddi aux recherches consacres aux principales maladies infectieuses et toxines concernes
par le bioterrorisme. Ce programme, encore insufsant, doit maintenant tre nanc et coordonn par un comit interministriel ayant pour mission de veiller
la cohrence des actions entreprises par rapport lobjectif capacitaire clairement afch. Ces recherches sont par essences duales et ne peuvent donc se
concevoir en dehors dune forte implication civilo-militaire travers un rseau
dquipes associes.
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SOUS-CHAPITRE
8.4
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biochimique, ces deux formes ont une squence en acides amins identique mais
diffrent par leur conformation qui leur confre des proprits biochimiques diffrentes. La PrPSc produite dans les ESST saccumule principalement dans le systme nerveux central (SNC) sous une forme agrge et rsistante aux protases,
une proprit dailleurs utilise pour sa dtection des ns de diagnostic.
Lhypothse des prions, qui formalise lexistence dun agent infectieux protique, a t trs controverse initialement car elle allait lencontre de lide
prvalente du rle dune particule virale encore inconnue dans lorigine de ces
affections. Aux cours des vingt dernires annes, de nombreuses dcouvertes
sont venues tayer cette hypothse qui est maintenant gnralement admise par
la communaut scientique. Les ESST restent cependant des maladies dont les
mcanismes molculaires sont encore peu compris et qui, constamment fatales,
ne bncient pas actuellement de moyens diagnostiques prcoces ou de traitements efcaces.
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de lESB lhomme, ce qui a dclench une crise majeure avec une dance
du consommateur et un embargo europen sur les produits bovins dorigine britannique, ce fut la premire crise de la vache folle. Cette proccupation pour la
sant publique tait lgitime au vu des millions de personnes ayant t exposes par voie alimentaire lagent infectieux. Compte tenu des incertitudes en
termes de sensibilit de la population, de dose infectante ou de dure dincubation, les fourchettes destimation du nombre de personnes atteintes, trs larges
initialement, nont pu tre prcises quavec un suivi pidmiologique associ
des modlisations mathmatiques plus afnes. Au 1er aot 2005, on comptait
un total de 157 cas de vMCJ en Angleterre et 14 cas en France (gure 8.4-1).
Tous les patients atteints sont homozygotes pour un polymorphisme de la PrP
au codon 129 (M129), tout comme 40 % de la population sans que lon sache
avec certitude si les autres gnotypes dvelopperont galement la maladie. Les
tudes les plus rcentes prdisent quil y aura au total de lordre de quelques
centaines de patients atteints de vMCJ en Grande-Bretagne. Linterprtation de
ces donnes rassurantes doit cependant tre nuance. En effet, dautres donnes sont plus inquitantes. Il sagit dabord dtudes rtrospectives, ralises
en Grande-Bretagne, qui ont port sur la dtection de la PrPsc sur un chantillon important de biopsies damygdales ou dappendices et qui indiquent que
plusieurs milliers de personnes pourraient tre en phase dincubation du vMCJ
(Hilton, 2004). Par ailleurs, deux cas de transmission du vMCJ suite une transfusion sanguine (Llewelyn, 2004, Peden, 2004) ont t observ en Angleterre
(dans un cas le receveur tait htrozygote M/V). Ces observations conrment
les craintes qui avaient t prcdemment exprimes concernant le tropisme
lymphode du vMCJ. En effet, aprs 1996, il est apparu rapidement que chez
les patients atteints du vMCJ, la diffrence de ce qui est observ classiquement
avec les formes sporadiques ou gntiques, les organes lymphodes priphriques contenaient des taux importants de PrPSc et dagent infectieux. Cette caractristique physiopathologique suggre fortement la prsence de prions dans
la circulation sanguine et donc un risque transfusionnel.
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Figure 8.4-1
Le nombre de cas annuels dESB en Angleterre (courbe au premier plan) montre un pic en 1992 avec une
valeur de 36 682 (correspondant la valeur dordonne 100). La diminution du nombre de cas dESB aprs
1992 est la consquence du retrait des farines de lalimentation des bovins effectu cinq ans auparavant (ce
qui correspond environ la priode dincubation de la maladie chez les bovins). La courbe au second plan
reprsente le nombre de cas de MCJ au niveau mondial. Cette courbe atteint un maximum en 2000 avec
28 cas (correspondant la valeur dordonn 100. Tous les cas de MCJ sont dun gnotype particulier
(Met129 homozygote) qui est prsent chez 40 % de la population caucasienne. Il est possible que les autres
gnotypes dveloppent la maladie avec une incubation plus longue et/ou des signes cliniques diffrents.
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Linterdiction des farines animales dans lalimentation des ruminants (en 1988
en Angleterre et en 1990 en France, avec un renforcement en 1996) a conduit
un dclin trs signicatif de lpizootie dESB dans ces deux pays (voir gure 8.4-1 pour la Grande-Bretagne). Cependant, un petit nombre de cas a
t enregistr aprs ces interdictions (cas NAIF, pour ns aprs linterdiction des
farines), trs probablement en raison de la contamination de la nourriture des
bovins par des farines destines dautres animaux de rente. Pour prvenir le
passage dans la chane alimentaire humaine de tissus infects par lagent de
lESB, les principaux organes susceptibles de contenir des prions ont t retirs
de la consommation (matriaux risques spcis, mesure prise en 1989 en
Grande-Bretagne et en 1996 en France). En 1996, cette mesure a t renforce
en Grande-Bretagne par le retrait de la consommation de tous les animaux gs
de plus de 30 mois.
la n de lanne 2000, a clat la deuxime crise de la vache folle quand
il est apparu vident que lpizootie stait tendue lensemble de lEurope.
Ce deuxime pisode, fortement mdiatis en France, a provoqu une nouvelle
baisse de la consommation de viande bovine. Elle a conduit la Commission
europenne mettre en place un programme de dpistage systmatique des
bovins gs de plus de 24 mois (ge port ultrieurement 30 mois) labattoir.
Lapparition de cas dESB hors de lEurope (Japon 2001, Canada 2003) a jet
ces pays dans des crises comparables celles survenues en Europe entre 1996
et 2000 et a conduit de nombreux autres pays adopter des politiques de
prvention et de dtection de lESB.
Par ailleurs, la souche ESB vient dtre identie chez la chvre (Eloit, 2005),
montrant que les petits ruminants pourraient reprsenter un nouveau rservoir
pour cet agent. Si les souches classiques de tremblante non ESB ne semblent
pas dangereuses pour lhomme (pas dassociation vidente entre tremblante clinique et MCJ), on ne peut en dire autant de cette nouvelle souche. Ceci est
dautant plus inquitant que, chez ces animaux, les ESST peuvent se transmettre
de faon horizontale et endmique, ce qui a conduit dbuter des programmes
de dpistage des ESST chez les petits ruminants ( partir de 2002) an den
estimer sa prvalence dans les cheptels. La mise en place de ces tests rapides a
permis de mettre en vidence de trs nombreux cas de tremblantes atypiques
(Buschmann, 2004). Ces dernires touchent mme des moutons rsistants gntiquement aux formes classiques de tremblante (moutons dont la slection est
en cours dans le cheptel) et il est encore trop tt pour valuer le risque que
reprsentent ces formes pour la sant animale ou humaine.
Enn, les programmes de dpistage de lESB ont identi de trs rares cas
dESST bovine qui sont diffrents de lESB (autre souche, cas sporadique ?).
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dabattoirs pour fabriquer les farines animales, puis en 2000, linterdiction totale des farines dans lalimentation animale, font partie des mesures ayant des
consquences conomiques majeures. Les mesures de prvention de lESB dont
elles font partie reprsentent en fait deux tiers du cot global de la lutte contre la
maladie (estim en France 835 millions deuros en 2001). Elles comprennent :
le retrait des matriels risque spcis (MRS), la transformation de ces MRS
et des cadavres et des saisies dabattoirs en farines qui seront incinres ou
stockes. Il existe galement des cots indirects lis aux consquences de linterdiction de lutilisation des farines (non-valorisation de ces produits) et leur remplacement par des produits dorigine vgtale. Lautre partie importante du cot
conomique de ESB est lie aux mesures de surveillance et dradication. Celleci comprend principalement les rseaux dpidmiosurveillances, la traabilit
et le dpistage systmatique labattoir, dont le cot slevait 140 millions
deuros en 2001.
Compte tenu de ces lments qui rvlent en particulier que les farines animales reprsentent un problme conomique et environnemental majeur dans
la prise en charge de lESB, un rapport commun de lAcadmie de mdecine
et de lAcadmie des sciences vise encourager une rexion allant dans le
sens dune leve, sous certaines conditions, de la suspension dutilisation de ces
farines pour lalimentation des animaux non ruminants (Parodi, 2004).
et de sa transmission
La caractrisation de lagent infectieux des ESST est, depuis la dmonstration
de la transmissibilit intra- et inter-espce de ces maladies, un sujet particulirement important. En France, lappellation ATNC (agent transmissible non conventionnel), encore utilise pisodiquement, illustre bien les incertitudes initiales lies
des proprits uniques de rsistance de lagent aux radiations ionisantes ou
aux mthodes de dcontamination plus classiques (chaleur, dtergents, solvants
organiques.). La thorie du prion, un agent infectieux de nature protique, est
maintenant communment accepte et est soutenue par la description, chez les
levures, de protines ayant des comportements de type prion (changement transmissible de conformation). Par ailleurs, des bres amylodes infectieuses ont pu
tre gnres partir de protines PrP recombinantes (Legname, 2004) ce qui
apporterait un argument quasi dnitif en faveur de cette thorie si ces rsultats
venaient tre conrms par dautres quipes. Il reste cependant de nombreuses
interrogations par exemple concernant la fonction de la PrPC : quel est son rle
dans la dfense contre le stress oxydant et dans la survie neuronale ? Quelle est
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la relation exacte entre la PrP et les acides nucliques ? Quelles molcules interagissent physiologiquement avec la PrP ? De mme, des questions persistent
propos des mcanismes molculaires des prions : quelle est la conformation de
la PrPSc ? Est-elle bien le support molculaire des souches de prions ? Comment
le changement conformationel de la PrPC vers la PrPSc se droule-t-il et avec
quels cofacteurs ?
La transmissibilit (orale ou par inoculation priphrique ou centrale) qui diffrencie les ESST des autres amylodoses reste galement un sujet de questionnement. Comment les prions initient-ils linfection dun organisme et se propagentils jusquau systme nerveux central (SNC) pour sy accumuler ? Les modles
dtudes animaux disponibles (souris, hamsters, primates. . .) nous permettent
davoir une ide trs prcise quant au droulement de linfection. En priphrie, les prions se multiplient au niveau des organes lymphodes secondaires, en
particulier dans les cellules dendritiques folliculaires (Collinge, 2001). La transmission vers le SNC se fait gnralement par des bres nerveuses sympathiques
jusqu la moelle pinire puis le cerveau. Une transmission par voie sanguine
est galement possible par lintermdiaire de cellules circulantes sans que lon
ait de certitude sur leur identit (cellules dendritiques circulantes ?). Ces tudes
sont essentiellement descriptives et les mcanismes cellulaires de la propagation
(de cellules cellules ?..) restent encore incompltement identis. De mme les
paramtres qui dictent la sensibilit cellulaire individuelle la propagation et
la toxicit des prions sont inconnus.
2.2 Diagnostic et thrapeutique des maladies prions
Le diagnostic de certitude des maladies prions repose sur lanalyse histopathologique du cerveau mais les tests rapides utiliss en routine sont fonds sur
la mise en vidence de la PrPSc par des techniques immunologiques (immunorplique, Elisa) en tirant partie de sa rsistance la digestion par des protases
par rapport la PrPc. La sensibilit de cette dtection sest grandement amliore suite la mise en place des programmes de dpistage de lESB. Malgr cela,
les tentatives de diagnostic bases sur des liquides physiologiques facilement accessibles (urine, sang) restent peu convaincantes. Par ailleurs, le seul marqueur
indirect de la maladie dintrt disponible ce jour est la prsence de la protine 14-3-3 dans le liquide cphalo-rachidien (Zerr, 1997), une consquence
de la mort neuronale rapide associe la MCJ. Un effort de recherche important est en cours pour amliorer la dtection prclinique des maladies prions
permettant une thrapie prcoce et la prvention dune transmission secondaire.
Les maladies prions sont des affections neurodgnratives pour lesquelles il
existe des modles animaux qui reproduisent compltement la physiopathologie
des formes humaines (ce qui nest pas le cas dautres affections comme les maladies dAlzheimer ou de Parkinson). Cependant, malgr de nombreux travaux,
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de contrle pigntique
La mise en vidence de protines ayant un comportement de type prion
chez la levure a donn une dimension nouvelle et physiologique au concept de
transmission dune information base sur la conformation des protines (Tuite,
2003). En effet, plusieurs protines de levures et de champignons peuvent exister sous deux conformations diffrentes, lune tant capable de transmettre sa
conguration lautre, tout comme la PrPSc semble le faire pour la PrPC . Des
informations de plus en plus pertinentes sur les mcanismes molculaires de
cette conversion entre deux conformations protiques dcoulent de ces modles
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dits analogues (Tuite, 2003). Il apparat ainsi que les phnomnes prions
font clairement partie des mcanismes pigntiques de transmission hrditaire dune information indpendamment du matriel gntique. Dans le cas
des levures, ces prions ne sont pas associs une pathologie, ce qui laisse
envisager chez les organismes eucaryotes lexistence de protines autres que la
PrP ayant un comportement prion dans le cadre de leur fonction physiologique.
Dores et dj, le modle prion a t propos comme support de la mmoire
long terme (Shorter, 2005) et lavenir validera peut-tre le mcanisme prion
comme un lment majeur du contrle pigntique.
3
en France
Avant que les prions ne deviennent un sujet mdiatique impact conomique
et socital majeur, seul un petit nombre de groupes franais travaillaient sur
la biologie de ces agents. En 1986, lESB tait dcrite et seul un petit nombre
de scientiques sinquitait du risque de passage lhomme de cette affection. Dix ans plus tard, le 20 mars 1996, le gouvernement britannique rvlait lexistence dune nouvelle forme de la MCJ, justement lie lESB, dclenchant ainsi la premire crise de lESB . Sen suivit la mme anne en
France, la cration du Comit interministriel dexperts (Comit Dormont) et
du Comit de coordination interministriel (CCI) sur les prions, visant organiser et nancer les recherches dans ce domaine. Ces deux structures
sont maintenant dissoutes et il revient au comit dexperts spcialiss ESST de
lAfssa de donner des avis concernant lESB, et au GIS Infections prions ,
cr en 2001, de soccuper du nancement des programmes de recherche
(http://infodoc.inserm.fr/serveur/Prions.nsf).
De 1996 2004, des fonds importants destins nancer les recherches sur
les prions ont t allous dans le cadre dappels doffres lancs par le CCI puis
par le GIS prion. De nombreux laboratoires franais ont initi des recherches
grce ces programmes incitatifs. Cest le cas du laboratoire SPI du CEA Saclay,
dans son domaine de comptence de production danticorps monoclonaux. Ce
laboratoire est lorigine du test de dpistage de lESB le plus performant et le
plus utilis ce jour et il fournit aux laboratoires de recherche franais des ractifs essentiels pour la poursuite de leurs travaux. Notons galement quen 2000,
la suite de la seconde crise de lESB, des crdits importants supplmentaires
ont t dbloqus par le gouvernement franais qui ont permis le nancement
de nouvelles infrastructures (laboratoires protgs et animaleries prions).
En suivant les publications scientiques dans le domaine des prions, on
constate globalement une forte augmentation de leur nombre entre 1989 et
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L ES MALADIES PRIONS
Pays / Priode
1995-1996
1997-1998
1999-2000
2001-2002
2003-2004
Allemagne
4,6 %
5,5 %
5,5 %
4,3 %
7,2 %
Espagne
0,4 %
0,8 %
0,7 %
0,9 %
1,8 %
France
4,2 %
5,2 %
7,8 %
7,4 %
7,3 %
Italie
2,0 %
2,3 %
3,0 %
3,4 %
4,3 %
Royaume-Uni
7,0 %
9,4 %
11,9 %
14,0 %
13,8 %
tats-Unis
21,6 %
21,1 %
20,3 %
20,1 %
20,5 %
Autres pays
60,3 %
ou articles sans
indication sur
le pays dorigine
55,7 %
50,8 %
49,9 %
45,0 %
Nombre de
publications
comptabilises
1 049
1 298
1 687
1 821
812
Note : Le critre utilis pour la recherche des publications dans la base de donnes bibliographique PubMed est : (prion OR scrapie OR creutzfeldt) NOT creutzfeldt [AU]. Avant 1995,
les donnes de PubMed nont pas t utilises car le champ Adresse ninclut que rarement
le pays dorigine du laboratoire.
Tableau 8.4-1
Rpartition entre diffrents pays des publications scientiques sur les prions.
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222
Notons en premier lieu que les maladies prions humaines sont, depuis le
19 septembre 1996, des maladies dclaration obligatoire et sont suivies depuis 1992 par un rseau dpidmiosurveillance coordonn par lunit 360 de
lInserm. Cet institut, intress au premier plan par ces affections, a mis en place
en 2001 une Action thmatique concerte prions avec un budget consquent,
an de coordonner ses recherches et de complter pour ses quipes les nancements interministriels. Une telle approche na nanmoins pas t suivie par
le CNRS qui pourtant possde des quipes sintressant aux prions dans tous
ses domaines de comptence (biophysique, chimie de protines, modles analogues, biologie fondamentale, ingnierie. . .). Le CEA de son ct, fort de lacquis du laboratoire de Dominique Dormont, a fait un effort important, tourn en
particulier vers des tudes sur la transmission des ESST et sur le dveloppement
de mthodes diagnostiques et de dcontamination.
En ce qui concerne la sant animale, les laboratoires du Cneva, intgrs
lAfssa lors de sa cration, ont d rpondre des missions capitales comme
laboratoires de rfrence pour le dpistage de lESB et pour son suivi pidmiologique. Il est notable que des travaux de recherche de premier ordre sont issus
de ces laboratoires. LInra, quant lui, a fourni logiquement un effort important pour les recherches sur les prions par lintermdiaire de crdits et de postes
chs vers cette thmatique et par le nancement danimaleries ou encore lorganisation de confrences. On remarquera que de nombreux laboratoires de
lInra dans des domaines divers de recherche sur les prions (biophysique, modles cellulaires et animaux) ont acquis ces dernires annes une renomme
internationale.
Sans quil ny ait de programmes clairement afchs sur les prions, des recherches dans le domaine sont galement prsentes dans beaucoup dautres
structures (coles vtrinaires, Institut Pasteur, universits, CHU), parfois en collaboration avec les EPST (UMR, EA). Enn, les nancements mis en place par
des laboratoires privs concernent surtout les domaines du diagnostic et de la
dcontamination qui prsentent un intrt conomique important.
en France
La recherche franaise, en particulier aux niveaux des EPST, a trouv dans
les programmes cadres europens FP4, FP5 et FP6 une source importante
de nancement. Diffrentes quipes de recherches de lInserm du CNRS, de
lInra ou encore du CEA ont t impliques comme coordinateurs ou partenaires de nombreux programmes permettant le nancement de personnels et de
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L ES MALADIES PRIONS
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projets de recherche (voir notamment linventaire fait par la commission europenne en 2001 http://europa.eu.int/comm/research/quality-of-life/pdf/tsenalreport.pdf).
Dans le FP6, un rseau dexcellence nomm Neuroprion , coordonn par
le CEA et comprenant 52 partenaires, a t mis en place pour une priode de
cinq ans partir de septembre 2003. Ce rseau vise intgrer la recherche
sur les prions au niveau europen en menant des actions concertes dans le
domaine de la formation, du partage des connaissances, de la recherche et du
dveloppement industriel.
Ce point prsente une analyse base notamment sur les donnes exposes
dans les parties prcdentes. Il est notable que les recherches sur les ESST ont
t conditionnes et stimules ces vingt dernires annes par deux lments :
les interrogations sur la nature et les proprits uniques de leur agent
infectieux ;
lapparition de lESB avec les risques qui y taient associs.
Contrairement ce que lon pourrait penser, ces deux lments sont toujours
dactualit car il persiste de nombreuses questions sur les risques futurs lis
la transmission des ESST, sur la nature exacte des prions et sur les mcanismes
molculaires de leur propagation. Par ailleurs, les recherches sur les prions ont
eu ces dernires annes deux champs majeurs dextension. Dune part, les affections lies au changement de conformation et lagrgation des protines
(Alzheimer, Parkinson, amyloses. . .) dont les ESST sont un exemple particulirement dmonstratif. Dautre part, ltude des mcanismes de transmission pigntique bass sur le mcanisme prion qui reprsente un bouleversement dans la
comprhension des phnomnes particuliers de rgulation physiologique.
Les programmes incitatifs franais (CCI, GIS, ATC. . .) ont permis le dveloppement de la thmatique prion dans de nombreuses quipes qui ne travaillaient pas sur ce sujet auparavant, parfois au dtriment dautres thmatiques.
La France a ainsi favoris la diversit plutt que la concentration des nancements sur un petit nombre dquipes, comme cela semble avoir t plutt le cas
en Angleterre ou en Allemagne. Cette politique peut tre payante si les nouveaux groupes sinvestissent pleinement et long terme dans une thmatique
nouvelle pour eux. En effet, il faut quelques annes pour acqurir le savoir et les
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L ES MALADIES PRIONS
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DEUXIME PARTIE
La rponse au d : un effort
sans prcdent et coordonn
de recherche, denseignement
et dactions en sant publique
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CHAPITRE
La recherche fondamentale
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SOUS-CHAPITRE
9.1
Les ds de la microbiologie
fondamentale : connaissance
du monde microbien,
gnomique,
physiologie-mtabolisme,
parois
BERNARD DUJON ET SIMON WAIN-HOBSON
Considrations gnrales
La diversit microbienne est sans aucun doute trs suprieure ce que lon
en connat. Les squences de lADN nous suggrent que le nombre despces
de micro-organismes serait au moins 100 1 000 fois plus grand que celui des
espces actuellement dcrites. titre dexemple, plus de 200 nouvelles espces
de levures ont t identies en 2005 partir du tube digestif dune seule espce dinsectes (Boekhout, 2005), chiffre comparer aux quelque 700 espces
ofciellement rpertories aprs plus dun sicle de recherches traditionnelles.
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mthodes gntiques. Ctait le cas du VHC par exemple (Choo et al., 1989). Le
virus du Sras a t compltement squenc avant mme la n de la courte pidmie ! Au cours des trois dernires annes, trois nouveaux virus respiratoires de
lhomme ont t identis sur la base de nos connaissances de gnomique. Cest
un progrs considrable tant donn lurbanisation acclre qui augmente les
chances de transmission des virus respiratoires.
lheure actuelle, on sinquite beaucoup, juste titre, de la grippe aviaire.
Cest grce ltude des gnomes viraux que les rservoirs animaux et les
routes de transmission des virus ont t identis et suivis. Cest aussi ltude des
gnomes qui montre lincroyable capacit de ces virus muter ou changer
des segments dARN. loppos, le virus de Chikungunya semble, au moins
pour le moment, tre une vieille connaissance. Il est possible que lpidmie, qui
svit en ce moment la Runion, rete davantage une dynamique saisonnire
inhabituelle du moustique quun nouveau variant du virus.
Le cas du VIH est exemplaire. En dpit defforts considrables, il ny a toujours pas de vaccin. Dune faon gnrale dailleurs, les vaccins faciles ont
videmment dj t produits il y a longtemps. Ceux qui nous restent dcouvrir
sont les cas difciles , comme le sida ou le paludisme. Le consensus, dans la
communaut des spcialistes, est que seule la recherche fondamentale permettra
de progresser. Ce besoin de recherche fondamentale ne sera jamais sufsamment rpt. De nouvelles relations imprvues apparaissent quand les donnes
augmentent. Par exemple, cest un partenariat inattendu, entre des chimistes organiques travaillant sur des analogues synthtiques de purines et de pyrimidines
et des biochimistes, qui a abouti une mthode ultrasensible de dtection du
VIH et du VHC.
Avec les technologies gnomiques actuelles, la possibilit didentier des facteurs gntiques, qui confrent rsistance et sensibilit divers composs, devient systmatique. Le lien entre la drpanocytose et la rsistance au paludisme
en est le modle classique. Au cours de la dernire dcennie, toute une panoplie
de gnes humains qui interfrent avec les infections par les papillomavirus, le
VIH ou le bacille de Koch a t identie (Altare et al., 1998 ; Ramoz et al.,
2002 ; Samson et al., 1996). Un tel rsultat tait inaccessible avant la rvolution
gnomique. Il est maintenant incontournable pour tout scientique ou mdecin
qui soccupe de pathogense.
Recommandations
1. Actuellement, beaucoup de limitations anciennes ont t leves et des technologies trs performantes existent. En revanche, il est impratif que les
chercheurs franais aient accs, en temps voulu et lchelle ncessaire,
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SOUS-CHAPITRE
9.2
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corps entier. Cette microbiologie tissulaire est, au mme titre que la plonge
subcellulaire dj mentionne, le grand challenge saisir. Au-del de lintrt purement cognitif de mieux comprendre les mcanismes extraordinairement
complexe du dialogue molculaire tabli entre les pathognes et leur hte et
de ltonnement procur par lobservation de la sophistication des mcanismes
labors sous pression slective mutuelle par des dizaines de milliers dannes
de co-volution, il est un enjeu de taille, celui de la matrise des maladies infectieuses. On attend en effet de ces approches les outils innovants de cette matrise,
tant en matire de diagnostic que de traitement, de vaccination et dimmunothrapie. Par ailleurs, dans le cadre dune mdecine qui deviendra de plus en
plus molculaire, gntique et prdictive, lanalyse des mcanismes des maladies infectieuses procure une grille de lecture pour la connaissance des bases
gntiques de la sensibilit ces infections.
Il est apparu que les grandes disciplines composant ce que recouvre le terme
gnral de microbiologie ne partageaient pas ncessairement des niveaux et
des logiques de dveloppement similaires, leurs points forts et leurs points faibles
ne sont pas ncessairement homologues. Pour cette raison, nous avons demand
trois experts de traiter indpendamment, sous forme de trois sous-chapitres,
bactriologie, virologie et parasitologie.
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maladies infectieuses, ont aussi t dcouvertes (Legionella pneumophila, Helicobacter pylori) qui, trs rapidement aprs leur dcouverte, ont aussi fait lobjet
dtudes molculaires.
Ds la n des annes 1980, et sans doute grce laide et lexprience
des spcialistes des toxines bactriennes, les microbiologistes ont commenc
utiliser aussi des cultures cellulaires pour analyser leurs diffrents mutants et
la complmentarit entre la microbiologie et la biologie cellulaire est alors apparue incontournable dans ltude des bactries pathognes. La microbiologie
cellulaire tait ne et des dveloppements sans prcdents ont abouti une explosion des connaissances molculaires et cellulaires des infections bactriennes.
Les phnomnes dadhrence bactrienne, dinvasion cellulaire, la manipulation
du cytosquelette par les bactries, les vnements de signalisation intracellulaire
au cours de linfection ont alors fait et font encore lobjet de recherches intenses.
Dans tous les modles analyss, les approches gntiques globales ou cibles
se sont rvles dune puissance indiscutable. Des concepts gnraux sont apparus tels que lexistence dlots de gnes de pathognicit ou lutilisation de
machines molculaires particulirement bien adaptes pour une infection efcace, tels que les systmes de scrtion/translocation de facteurs de virulence
appels de type III ou de type IV.
Une nouvelle re commena avec le squenage complet des gnomes bactriens la n des annes 1990. Ceux-ci apportaient un arrt sur image
dans notre apprhension du patrimoine gntique des bactries pathognes
sans pour autant apporter des rponses directes dans llucidation des mcanismes permettant ltablissement et le maintien dune infection. La gntique
rverse a alors dmarr dans la plupart des cas de faon dsordonne, et peu
systmatique, en mme temps quil apparaissait vident que la connaissance
dun gnome bactrien tait un point de dpart plutt quune arrive. En effet,
les donnes actuelles montrent que la variabilit gntique au sein despces
que lon croyait homognes est assez grande, clairant dun jour nouveau notre
vision de la complexit des nombreux facteurs pouvant contribuer une infection. La connaissance des gnomes a permis aussi de dmarrer des tudes
globales dexpression de gnes, donnant accs des rseaux de rgulation difcilement atteignables par les approches classiques utilises jusqualors, bases
sur lutilisation de fusion de gnes par exemple.
Lautre rvolution post-gnomique rcente est laccs des puces haute
densit contenant des milliers de gnes humains ou murins et permettant des
analyses dun type tout fait nouveau. En effet, la faon dont les cellules sentent
et ragissent linfection en ajustant leurs programmes de transcription et de traduction est une composante majeure dans notre comprhension des infections.
Les voies conduisant par exemple lapoptose ou lanti-apoptose peuvent tre
reprogrammes, de mme que celles rgulant le cycle cellulaire ou les rponses
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conscientes des normes efforts fournis par dautres pays (tats-Unis, Canada,
Allemagne, Royaume-Uni) dans ce domaine.
Trop peu de centres dexcellence, regroupant des groupes sintressant tous
aux mcanismes molculaires des maladies infectieuses et travaillant en synergie, existent en France. Par ailleurs, certaines bactries qui sont pourtant responsables de maladies trs importantes en particulier de maladies nosocomiales
ne sont pas assez tudies. Cest le cas de bactries gram positif et bas
GC % telles que les staphylocoques et les streptocoques. Des petits groupes commencent sy intresser.
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Recommandations
Renforcer les structures permettant le squenage des gnomes et mtagnomes bactriens.
Renforcer les plates-formes danalyse de puces ADN.
Stimuler la cration danimaleries de taille importante.
Renforcer les plates-formes danalyse par microscopie en particulier la
cryo-lectrotomographie.
Attirer les bio-informaticiens lanalyse des maladies infectieuses.
Stimuler la synergie entre immunologistes et microbiologistes.
Stimuler les rapprochements entre cliniciens, pidmiologistes et microbiologistes.
Renforcer tous les aspects de la recherche fondamentale sur les bactries
pathognes.
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dorientation dans plusieurs laboratoires. Les consquences de ces appauvrissements ont des rpercussions au niveau acadmique, mais aussi au niveau pratique. Mme sil est tout fait justi de mobiliser les nergies sur un problme
majeur comme le sida, il faut tre conscient des consquences long terme. Par
exemple, la cration du GIS Prions pour rpondre lpidmie dencphalite
spongiforme bovine a amen lInra fermer un excellent laboratoire qui tait
le seul en France travailler sur les coronavirus. Quelques annes plus tard,
lpidmie de Sras a fait dplorer que le pays nait pas de comptences dans
le domaine. Les priorits donnes une recherche trs sectorise peuvent avoir
dautres effets pervers, en particulier quand elles sont phmres. La cration du
GIS Prions a amen plusieurs laboratoires investir massivement, y compris par
la construction de grands quipements de scurit biologique, dans ce domaine
fascinant. Larrt du GIS en 2005, justi par le fait que lpidmie dencphalopathie bovine tait contrle en Europe et que lincidence du variant de la
maladie de Creutzfelt-Jakob chez lhomme avait t probablement survalue,
aboutit un gaspillage extrmement regrettable.
La virologie en France prsente plusieurs points positifs. Tout dabord la virologie mdicale concernant le sida est excellente. Elle est considre par les
experts comme une des meilleures au monde. Ensuite, les tudes structurales
des protines virales se sont considrablement dveloppes au cours des dernires annes. Des centres forts existent maintenant Gif-sur-Yvette, Grenoble
et Marseille. Des ples de virologie regroupant plusieurs laboratoires travaillant
sur des virus diffrents et avec des approches complmentaires existent, en particulier lInstitut Pasteur et Lyon. Dautres centres se constituent, par exemple
Marseille.
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Recommandations
Encourager la mise au point de nouvelles mthodes de diagnostic des
infections virales.
Encourager la mise au point de nouveaux modles animaux. Faciliter la
cration danimaleries pour animaux infects avec des pathognes transmissibles.
Intgrer les tudes de virologie avec celles portant sur lorgane infect.
Dvelopper les mthodes intgratives dtude de la pathogense, entre
autres limagerie molculaire.
Crer un centre de vaccinologie.
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cibles et de survie intracellulaire. Le deuxime est ltude du parasitisme proprement dit, et notamment des mcanismes de manipulation du systme immunitaire
de lhte. Avec le dveloppement de nouveaux outils et linux de nouveaux
chercheurs, de nombreux autres axes sont en train dmerger qui visent explorer les aspects les plus originaux de la biologie des parasites (par exemple
la division cellulaire par endodyogamie, le rle du plastide des apicomplexes,
la dynamique membranaire induite dans la cellule infecte, le contrle pigntique de linterconversion de stade, etc.).
3.3.2 Quels outils ?
En parasitologie comme dans dautres domaines, lheure est la gnomique descriptive , avec le squenage des gnomes (et leur annotation) et
lidentication des transcriptomes et protomes des divers stades parasitaires
(Cooke et Coppel, 2004). Mais les parasites sont phylogntiquement lointains
des organismes modles dj squencs, et loriginalit des parasites rside probablement dans la partie hypothtique de leur gnome sur laquelle les approches in silico ne sont pas informatives. Une comprhension des mcanismes
dinfection impose de revenir des approches exprimentales et rductionnistes,
laide doutils de gntique molculaire et de tests adquats permettant danalyser la subtilit des phnotypes et la complexit des interactions.
Le premier but des approches de gntique molculaire sera de permettre
lidentication des produits parasitaires essentiels, que le but soit de comprendre
les mcanismes des infections ou de dcouvrir de nouvelles cibles thrapeutiques. Les outils de mutagense alatoire des gnomes de parasites sont encore
peu efcaces ou inexistants, et sont de toute faon limits par la grande taille de
ces gnomes (en moyenne plus de dix fois plus grands que celui dune bactrie).
Lavenir est probablement aux approches de mutagense systmatique (comme
des systmes navettes de recombinaison homologue ou lARN interfrence) de
groupes de gnes dintrt slectionns sur la base de critres gnomiques,
comme une particularit structurale ou un prol dexpression. Les approches
de type IVET (In vivo Expression Technology) ou STM (Signature-Tagged Mutagenesis), qui ont t si utiles pour lidentication chez les bactries des produits
essentiels au processus infectieux in vivo, devront aussi tre adaptes ltude
des parasites. Bien sr, les outils de bio-informatique continueront de jouer un
rle important dans la dsignation des gnes dintrt, par lannotation des
gnomes et la gnomique comparative, ainsi que les approches globales par
microarrays et protomique. Concernant ces dernires techniques, la question
sera de savoir si elles peuvent tre plus que de simples mthodes didentication gnique et apporter une vision rellement nouvelle et globale de la cellule
parasitaire. Mais les parasites ne sont pas des organismes modles comme les
bactries ou la levure, et il nest pas sr que leur culture difcile et leur croissance
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Recommandation
La parasitologie de demain sera une recherche multi/transdisciplinaire manant de plus en plus de centres spcialiss ayant une masse critique en parasitologie et disposant des plates-formes techniques ncessaires (microarrays,
protomique, bio-informatique, imagerie, ARN interfrence, insectariums. . .).
Elle gagnera donc tre coordonne, lintrieur et entre ces centres spcialiss. Certains efforts ont t initis lchelle europenne (comme la cration du
rseau dexcellence plasmodium FP6/BioMalPar ou avec le rseau Cost
Action), ou lchelle dInstitutions (comme le Grand programme horizontal de
lInstitut Pasteur sur la transmission de Plasmodium par lanophle). Il est urgent
de crer de tels rseaux lchelle nationale, si lon veut tirer prot de la qualit
de la recherche franaise en parasitologie.
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SOUS-CHAPITRE
9.3
Immunit anti-infectieuse
inne et spcique
Immunogntique
MARC BONNEVILLE, ALAIN FISCHER, JULES HOFFMANN
tat de lart
gnralits
Tout processus infectieux dclenche chez lindividu des mcanismes de dfense qui tendent assurer llimination et/ou le contrle de la dissmination de
lagent infectieux. Ces mcanismes recouvrent deux types de rponses complmentaires, participant respectivement limmunit inne et adaptative.
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la rapidit de mise en uvre et lintensit sont peu prs comparables chez les
individus dune espce donne, quils aient t ou non pralablement exposs
lagent dclenchant (Medzhitov et Janeway, 1998). Les effecteurs cellulaires
de limmunit inne sont dorigine tissulaire varie, et regroupent plusieurs catgories de globules blancs (polynuclaires, macrophages, cellules Natural Killer
(NK), . . .) ainsi que diverses cellules pithliales en contact direct avec le milieu
externe. Ces cellules sont actives aprs reconnaissance de motifs trs conservs, partags par de nombreux pathognes (bactries, parasites, virus) mais
trs gnralement absents des cellules de lorganisme (Medzhitov et Janeway,
1998 ; Akira et al., 2001 ; Hoffmann, 2003). Les effecteurs inns peuvent tre
galement activs par des signaux endognes dits de danger , induits par
un stress cellulaire (par exemple associ une infection) ou produits par des
cellules mourant par ncrose (Matzinger, 2002). La reconnaissance de ces motifs conservs est assure par plusieurs familles de rcepteurs philogntiquement conservs dnomms Pattern Recognition Receptors (PRR). Ces PRR
regroupent plusieurs familles de rcepteurs (Toll-like, Nod, scavenger receptors,
lectines membranaires. . .), dont certaines sont retrouves non seulement chez
lensemble des mammifres tudis mais galement chez des organismes plus
simples, comme les insectes ou les nmatodes (Medzhitov et Janeway, 1998 ;
Akira et al., 2001 ; Hoffmann, 2003).
Les cascades de signalisation induites aprs engagement des PRR activent des
mcanismes de dfense varis, pouvant se traduire par :
la production de matrices biologiques (par exemple, mucus) emprisonnant
lorganisme tranger ;
lingestion ou phagocytose des agents infectieux par les effecteurs dorigine mylomonocytaire, suivie de leur destruction intracellulaire dans des
compartiments subcellulaires spcialiss (notamment lysosomes) ;
le relarguage dans lenvironnement intra- et/ou extracellulaire de composs toxiques ou inhibiteurs de la rplication microbienne (radicaux libres
oxygns, granzymes et granulysines, peptides microbicides. . .) ;
la production de protines du complment mme dinduire une lyse
directe des agents microbiens et/ou de stimuler leur phagocytose par les
cellules macrophagiques ;
la production de facteurs pro-inammatoires et chimiotactiques mme
dinhiber la rplication virale (par exemple, interfrons), de favoriser le
recrutement sur le site infectieux dautres effecteurs inns et adaptatifs et de
stimuler leur activit cytotoxique et inammatoire (interfrons, interleukine12, TNF, chimiokines. . .).
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ngligeable de ces Ac dits naturels ragit vis--vis de motifs glucidiques rpts, retrouvs dans des constituants de la paroi de nombreuses bactries
Gram ngatif, et jouent un rle central dans le contrle des infections impliquant ce type de bactries. La production dAc par une autre sous-population
de lymphocytes B, dnomms B-2, requiert lactivation concomitante des lymphocytes T. Ces rponses humorales thymodpendantes sont pour lessentiel induites par des composs de nature glycoprotique. Elles se caractrisent par la
production dAc hautement spciques, dont la forte afnit rsulte dun processus biologique ( maturation dafnit ) requrant un dialogue troit entre
lymphocytes T, lymphocytes B et une sous-population de cellules mylomonocytaires dnommes cellules dendritiques folliculaires (Banchereau et Steinman,
1998). Ces Ac peuvent confrer une protection immunitaire efcace vis--vis de
pathognes intracellulaires, et notamment divers virus.
la diffrence des Ac, les rcepteurs T, quelques exceptions prs, ne reconnaissent pas directement les composs trangers sous leur forme native. Ceuxci doivent tre pralablement ingrs et digrs par des cellules spcialises
(dites prsentatrices dantignes ), puis prsents en surface sous forme de
peptides, troitement associs des rcepteurs polymorphiques cods par des
gnes du complexe majeur dhistocompatibilit (molcules CMH classiques)
(Guermonprez et al., 2002). La frquence de clones T reconnaissant un complexe CMH/peptide donn est trs faible au sein dun rpertoire naf (de lordre
de 105 ). Elle est considrablement augmente aprs stimulation antignique,
certains clones T pouvant reprsenter jusqu plusieurs pour cent du rpertoire T
priphrique chez des individus sensibiliss. Ces lymphocytes T conventionnels participent au contrle immunitaire de nombreuses infections intracellulaires (bactriennes, virales et parasitaires). Certaines sous-populations de lymphocytes T, dits non conventionnels , reconnaissent des antignes de nature
non peptidique, qui peuvent tre des protines ou des structures non protiques
reconnues sous forme native (dans le cas des lymphocytes T ), ou des glycolipides reconnus en association avec les molcules CD1, rcepteurs monomorphiques apparents aux produits dhistocompatibilit classiques (Bendelac
et al., 2001)). Ces sous-populations T partagent avec les lymphocytes B-1 plusieurs caractristiques qui les rapprochent des effecteurs inns, telle leur frquence leve chez des individus nafs , leur statut practiv et leur capacit
reconnatre des antignes trs conservs, partags par de nombreux organismes et/ou surexprims dans les cellules mammaliennes en situation de stress
ou dinfection. Le rle jou par les lymphocytes T non conventionnels au dcours
dinfections nest pas clairement tabli. Ces cellules contribuent trs certainement
limmunit protectrice vis--vis dagents infectieux intra- et extracellulaires.
Ces lymphocytes pourraient galement participer la polarisation fonctionnelle
des rponses T conventionnelles (cf. ci-aprs), et jouer un rle majeur dans le
contrle de linammation et la prvention des processus immunopathologiques
associs une suractivation du systme immunitaire.
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et adaptative
Les cellules dendritiques (CD), sous-population de cellules mylomonocytaires
largement distribues dans la plupart des tissus de lorganisme, jouent un rle
cl dans lactivation de limmunit spcique anti-infectieuse (Banchereau et
Steinman, 1998 ; Guermonprez et al., 2002 ; Kapsenberg, 2003). Premirement, les CD combinent trois proprits permettant une prsentation efcace
dun trs large ensemble de dterminants dorigine endogne et exogne aux
lymphocytes T. Elles possdent une forte activit phagocytaire et micropinocytaire. Elles expriment une grande varit de rcepteurs participant la reconnaissance et linternalisation des organismes trangers natifs ou modis (rcepteurs pour les Ac, rcepteurs pour le complment, scavenger receptors. . .).
Enn les CD expriment des taux levs de molcules dhistocompatiblit et possdent la machinerie enzymatique requise pour la prsentation dantignes
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2.2.2 Li lhte
Il existe de trs nombreuses situations mdicales o les dfenses de lhte
contre les micro-organismes sont affaiblies. Le recours croissant des agents
immunosuppresseurs action diversie dans le traitement de maladies autoimmunes, inammatoires et du rejet de greffe (agents cytotoxiques, neutralisation de cytokines. . .) est lorigine dune nouvelle pathologie infectieuse.
Rappelons que la malnutrition et les infections parasitaires chroniques rendent
compte de la svrit des infections virales et bactriennes usuelles chez lenfant,
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inns
Plusieurs quipes franaises bnciant dune excellente visibilit internationale travaillent sur limmunit inne dorganismes phylogntiquement plus
anciens que les mammifres, et sont retrouves principalement Strasbourg
(UPR 9022), Marseille (U 136) ainsi quen le-de-France (UPR 2167, Institut
Pasteur). Une vingtaine dquipes localises notamment sur Marseille (U 136),
Lille (U 547) et la rgion parisienne (U 479, U 507, UMR 8147) sintresse la biologie des effecteurs inns mammaliens (polynuclaires, monocytes/macrophages). Plusieurs groupes travaillent en outre sur la rgulation des
rponses innes des mammifres par plusieurs familles de rcepteurs inns nouvellement identis (rcepteurs Toll-like et Nod) ainsi que sur la caractrisation
de rcepteurs pour divers pathognes exprims par les cellules mylomonocytaires. Ces quipes sont retrouves dune part en le-de-France sur lInstitut Pasteur (E 336, U 389), sur les sites Necker (UMR 8147, U580), Cochin
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Cellules lymphodes
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Les travaux dans le domaine ont abouti lidentication dun trs large
ensemble dantignes, dont plusieurs font lobjet dvaluations dans des protocoles vaccinaux internationaux auxquels de nombreuses quipes franaises
participent (par exemple Cochin (U 547), La Piti (U 543), Necker (U 370) ou
Lyon). Plusieurs quipes ont par ailleurs contribu au dveloppement de mthodologies innovantes permettant une prslection des antignes vaccinaux et
limmunomonitorage dessais vaccinaux et immunothrapeutiques. Peuvent tre
ainsi mentionns la production de souris transgniques pour les molcules dhistocompabilit humaines (Pasteur Paris), la mise au point de nouvelles techniques
et outils dimmunomonitorage dsormais largement exploits lchelon international (E 215, U 277, U 580, U 601, U 643), etc. Des plates-formes technologiques performantes, qui exploitent la plupart de ces approches, ont t mises
en place notamment sur le site de Cochin/Pasteur. La processivit encore limite
de ces structures ne permet cependant pas de couvrir les besoins de monitorage des essais vaccinaux actuellement mens en France ou en collaboration
avec des quipes internationales. On peut par ailleurs regretter le faible nombre
dquipes franaises travaillant sur limmunit adaptive antifongique ou dirige
contre des pathognes mergents ( lexception des travaux mens Lyon sur
plusieurs virus de type P4).
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immunit mucosale) (UMR 483) ainsi que sur ltude des rponses immunitaires vis--vis de divers pathognes des ruminants, de la volaille et des lapins
dorigine bactrienne, virale et EST (paratuberculose, tremblante du mouton,
toxoplasmose du mouton, chlamydioses, cryptosporidioses, salmonelloses, coccidioses, maladie de Marek, etc.) (UR 918 et UE 993). Ces quipes bncient
dun accs privilgi plusieurs plates-formes dexprimentation animale (A1,
A2, A3 pour animaux de rente et de laboratoire) localises sur le site de Nouzilly, qui prsentent une excellente visibilit europenne (plusieurs programmes
Fair, Strep et Rex en cours).
Au-del de limportance conomique des travaux mens dans le domaine de
limmunobiologie vtrinaire, plusieurs questions abordes et modles dinfection dvelopps par les quipes susmentionnes prsentent une certaine pertinence pour les pathologies infectieuses humaines (pathologies EST, nombreux
virus tropisme mucosal, salmonelloses et cryptosporidioses. . .), justiant un
renforcement des collaborations entre ces quipes Inra et les units Inserm et
CNRS sintressant limmunit anti-infectieuse chez lhomme.
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On doit encourager des travaux dpidmiologie descriptive des infections svres responsables dune morbidit/mortalit importante notamment aux ges
extrmes de la vie : infection nonatale par le streptocoque B, infection par
Neisseria du jeune enfant (mais aussi de ladolescent), encphalites virales, infections pulmonaires et crbrales des personnes ges. Ces tudes peuvent
servir de base aux tudes gntiques de population et de familles susceptibles
de mettre en vidence des facteurs gntiques de prdisposition. Il en est bien
sr de mme des grandes pathologies infectieuses endmiques.
Ces travaux et la poursuite de lanalyse des prcieux modles des dcits
immunitaires hrditaires (variants rares), en confrontation avec lapproche
infectieuse exprimentale dans des modles murins (souris dont lexpression de
tel ou tel gne est inactive et des modles gnrs par mutagense) (cf. ci-aprs)
devraient savrer trs fructueux.
Deux corollaires pratiques :
il serait sans doute souhaitable dencourager la mise en place dun plus
grand nombre dquipes comptentes pour les tudes de gntique de
prdisposition aux pathologies infectieuses ;
il faut favoriser la mise en place danimaleries adaptes aux expriences
dinfection. Celles-ci sont trop peu nombreuses en France actuellement.
On peut sinterroger sur labsence de centre de mutagense chez la souris en
France (problme qui dpasse linfectiologie. . .) mme si plusieurs quipes sont
impliques dans des projets en collaboration internationale (cf. ci-aprs).
Au-del dun soutien cibl des programmes de recherche voqus ci-dessus,
il faudrait se donner les moyens daccomplir les sauts technologiques requis
pour une valuation globale et systmique des rponses immunitaires vis--vis
dagents infectieux. Plusieurs options complmentaires sont proposes :
il faudrait par exemple rapprocher certaines quipes qui exploitent des
technologies sophistiques (imagerie confocale dynamique, microscopie
intravitale) pour rpondre des questions dimmunologie fondamentale,
avec celles dveloppant des modles dinfection in vivo et in vitro. Ceci
pourrait permettre dvaluer de faon dynamique et dans un contexte totalement physiologique les interactions entre hte et pathogne et leurs
consquences immunologiques. Il faudrait paralllement encourager la
production de nouveaux modles animaux adapts au suivi des rponses
immunitaires in vivo (par exemple, souris exprimant des transgnes uorescents sous le contrle de promoteurs spciques de sous-populations
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SOUS-CHAPITRE
9.4
Infections, cancers
et maladies de limmunit
JEAN-FRANOIS BACH, GUY BLAUDIN DE TH ET GRARD ORTH
Introduction
Le bilan dress par lOrganisation mondiale de la sant sur le poids des
maladies infectieuses en termes de morbidit et de mortalit lchelle globale,
environ 15 millions de dcs en 2001, soit 28,5 % de la mortalit globale, est
dramatique. Ce bilan salourdit, encore, si lon prend en compte des maladies
qui constituent des consquences long terme dune infection (OMS, 2002).
Il est, en effet, maintenant bien tabli que des agents infectieux constituent
lune des principales causes de cancer et quune infection virale, bactrienne
ou parasitaire joue un rle causal dans le dveloppement de prs de 20 %
des cancers. Ces cancers ont t responsables denviron 1 500 000 dcs en
2001 et les pays en dveloppement ont pay le tribut le plus lourd (plus de
75 % des cas) (Pagano et al., 2004 ; Parkin et al., 1999 ; Parkin et al., 2005 ;
Kleihues et Stewart, 2003). Et, pourtant, cette tiologie infectieuse rend possible
la prvention de ces cancers.
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Non moins important est le rle tiologique plausible que jouent des infections dans la gense des maladies auto-immunes, une cause trs importante de
morbidit dans les pays industrialiss (Fairweather et al., 2001). Mais, de manire paradoxale, les infections pourraient aussi jouer un rle protecteur contre
les maladies auto-immunes et inammatoires. Cest ce que suggre laugmentation de lincidence de ces maladies qui accompagne la diminution de celle des
maladies infectieuses dans les pays dvelopps (Bach, 2002).
Ce chapitre est consacr un bilan de nos connaissances dans ces domaines
et aux enjeux que reprsentent, pour la recherche et la sant publique, les consquences long terme des infections virales, bactriennes ou parasitaires.
Infections et cancers
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Carcinome hpatocellulaire
Hpatite C (HCV)
(Flaviviridae, ARN)
Leucmie/ lymphome T
Sarcome de Kaposi
Maladie de Castleman
Lymphome des cavits
HTLV-1
(Retroviridae, ARN)
HHV-8
(Herpesviridae, ADN)
Tableau 9.4-1
Agents infectieux non viraux associs des cancers humains.
Carcinome cutan
(pidermodysplasie verruciforme)
Directs (Tax)
Indirects
Gntique
Immunosuppression, tabac,
contraception orale, gntique
Aatoxines, alcool
Aatoxines, alcool
Gntique, alimentation
Directs (LMP1,2)
Directs (HBx, prS2),
indirects
Gntique, environnement
Immunosuppression (VIH, allogreffe)
Cofacteurs
?
Directs (EBNA 1-6, LMP1-3)
Mcanismes
(oncognes viraux)
280
HPV5
Carcinome hpatocellulaire
Hpatite B (HBV)
(Hepadnaviridae, ADN)
Lymphome de Burkitt
Maladies lymphoprolifratives B
Maladie de Hodgkin
Carcinome du rhino-pharynx
Cancer
Epstein-Barr (EBV)
(Herpesviridae, ADN)
Virus
(famille, gnome)
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Agent
Bactrie :
Helicobacter pylori
Parasite :
Schistosoma haematobium
Opisthorchis viverrini
Clonorchis sinensis
Cancer
Mcanismes
Carcinome de lestomac
Lymphome B gastrique
Indirects
Carcinome de la vessie
Indirects
Cholangiocarcinome
Indirects
Tableau 9.4-2
Agents infectieux non viraux associs des cancers humains.
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Plusieurs caractres sont communs aux infections pouvant conduire au dveloppement dun cancer (Pagano et al., 2004). Ces infections sont gnralement
acquises trs tt dans la vie et sont trs rpandues. Ainsi, dans toutes les populations, plus de 90 % des adultes prsentent des anticorps contre le virus EBV,
la suite dune infection acquise le plus souvent au cours des trois premires
annes (en Afrique) ou durant ladolescence. Dans les pays occidentaux, ce virus est lagent de la mononuclose infectieuse, une maladie bnigne dont la
gurison est due une raction cytotoxique spcique mdiation cellulaire.
Linfection par les papillomavirus gnitaux est une consquence usuelle, souvent asymptomatique, de lactivit sexuelle. Helicobacter pylori est lorigine
de lune des infections bactriennes les plus communes ; cette bactrie est
lorigine de lulcre peptique. Les modes de transmission de ces infections sont
divers : de la mre lenfant (EBV, HBV, HTLV-1), par voie sexuelle (HPV, HBV,
HTLV-1, HHV-8) ou digestive (H. pylori), ou par la salive (EBV) ou le sang (HBV,
HCV). Une grande latence (dcades) spare linfection du dveloppement du
cancer. Ce dveloppement rsulte dun processus tapes multiples. Ainsi, par
exemple, le dveloppement dun cancer du col utrin est-il prcd de celui de
lsions intra-pithliales (dysplasie, carcinome in situ). Le carcinome hpatocellulaire constitue une complication des hpatites chroniques (HBV, HCV) et de la
cirrhose qui en rsulte. Une gastrite chronique, une atrophie, une mtaplasie
et une dysplasie de la muqueuse sont les prcurseurs de ladnocarcinome de
lestomac (Orth, 2005 ; Kleihues et Stewart, 2003).
Bien que les infections associes un risque de cancer soient trs rpandues,
seule une minorit des personnes infectes souffrira dun cancer. Ainsi, une leucmie T nest observe que chez 5 % des personnes infectes par le virus HTLV-1
au Japon. Si la grande majorit des femmes a t, un moment, infecte par
un HPV potentiellement oncogne, leur risque de dvelopper un cancer cervical
nexcde pas 1 %. Le risque de dvelopper un cancer du foie est de lordre de 5
20 % chez des patients souffrant dune infection chronique par le virus HCV.
Lincidence du sarcome de Kaposi (HHV8) est trs faible dans les rgions non
endmiques, en labsence dinfection par le VIH (Pagano et al., 2004).
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Cofacteurs
Des cofacteurs de natures diverses inuencent le risque de cancer la suite
dune infection.
Au premier plan de ceux-ci gurent les facteurs immunologiques. Linfection
par le virus de limmunodcience humaine est un facteur dterminant pour
lexpression du potentiel oncogne de lHHV-8 et de lEBV. Lincidence du sarcome de Kaposi est multiplie par un facteur suprieur 1 000 chez des patients
infects par le VIH par rapport la population gnrale. Les multitraitements antirtroviraux efcaces ont entran une forte diminution de lincidence de cette
maladie dans les pays industrialiss. Mais le sarcome de Kaposi reprsente
un problme de sant publique important en Afrique orientale et centrale. De
mme, linfection par le VIH est associe une forte augmentation du risque de
lymphome non hodgkinien et, un degr moindre, de la maladie de Hodgkin.
La frquence de la dtection du gnome de lEBV dans ces tumeurs varie en
fonction de leur type. Le virus EBV est aussi lorigine de maladies lymphoprolifratives observes chez les patients immunodprims en raison dune allogreffe
dorgane (Pagano et al., 2004).
Les facteurs gntiques et des facteurs de lenvironnement jouent galement
un rle dans le dveloppement des tumeurs qui prsentent un caractre endmique, en dpit de la distribution globale des infections. Cest le cas, en particulier, du carcinome du rhinopharynx et du lymphome de Burkitt associs
lEBV ou de la leucmie T de ladulte cause par le HTLV-1. Le polymorphisme
des gnes de classe I ou de classe II du complexe majeur dhistocompatibilit
(des gnes mis en jeu dans la rponse immunitaire spcique) inuencerait la
sensibilit ces tumeurs. De mme, certains haplotypes des gnes de classe II
ont un effet, positif ou ngatif, sur la probabilit de dvelopper un cancer du col
de lutrus. Le polymorphisme de gnes de cytokines pro-inammatoires (interleukine 1, TNF) inuerait le risque du dveloppement dun cancer gastrique
au cours dune infection chronique par H. pylori. En fait, les facteurs gntiques restent trs incompltement dnis. Ils jouent, vraisemblablement, un rle
trs important dans les variations interindividuelles de la rponse linfection :
latence ou maladie, gurison ou chronicit, risque de dveloppement dun cancer. Ltude de deux maladies gntiques monogniques, le syndrome lymphoprolifratif li au chromosome X et lpidermodysplasie verruciforme associe
un risque lev de cancer cutan, a montr que la sensibilit un cancer induit
par un virus peut rsulter dune seule mutation dans un seul gne : le gne SAP
(sensibilit lEBV) ou les gnes EVER1 et EVER2 (sensibilit au HPV5).
Des facteurs de lenvironnement sont galement mis en jeu dans les cancers
endmiques : linfection chronique par lagent de la malaria dans le cas du
lymphome de Burkitt ; des substances contenues dans des aliments traditionnels
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(poissons sals) ou des plantes mdicinales dans le cas du carcinome du rhinopharynx en Chine. Les aatoxines cancrognes dorigine fongique constituent
un cofacteur alimentaire de la cancrogense hpatique dans certains pays
dAfrique et dAsie. Lusage du tabac et la contraception orale augmentent,
modrment, le risque de cancer du col de lutrus chez des femmes infectes
par un HPV oncogne (Orth, 2005 ; Pagano et al., 2004 ; Kleihues et Stewart,
2003).
1.1.2 Les mcanismes conduisant de linfection au cancer
Les infections associes au dveloppement de cancers humains sont trs diverses. En particulier, les virus mis en jeu sont trs diffrents par la structure de
leur gnome, leur mode de rplication, et leur tropisme cellulaire. La plupart des
tumeurs associes un virus sont monoclonales. Le gnome viral persiste dans
les cellules tumorales sous une forme libre, pisomique (EBV, HHV-8), ou sous
une forme intgre au gnome cellulaire (HPV, HTLV-1, HBV). Lintgration peut
tre une tape du cycle viral (HTLV-1). Elle peut aussi reprsenter un cul-de-sac
pour le virus (HPV, HBV) mais joue, alors, un rle essentiel dans la cancrogense. En rgle gnrale, les produits de certains gnes viraux sont mis en
vidence dans les cellules tumorales (Nevins, 2001).
Les virus EBV, HPV, HTLV-1 et HHV-8 ont la capacit dimmortaliser ou de
transformer, in vitro, des cellules normales de mme origine que les cancers
auxquels ils sont associs. Ce nest pas le cas des virus HBV et HCV. Lexpression cible de certaines protines de ces virus entrane, cependant, la formation
de tumeurs hpatiques chez des souris transgniques. La capacit de certains
virus dinduire une immortalisation ou une transformation cellulaire, in vitro, rsulte directement de la fonction de gnes (oncognes) viraux. Certains de ces
gnes sont dorigine inconnue (gnes E6 et E7 des HPV, Tax du HTLV-1, LMP-1
et LMP-2 de lEBV) ; dautres drivent dun gne cellulaire, comme cest le cas
du gne v-GPCR du HHV-8 apparent au gne dun rcepteur de chimiokine
et dont le produit est lquivalent dun rcepteur activ. Certains de ces gnes
viraux jouent un rle essentiel dans le cycle du virus. Ainsi, la fonction des protines E6 et E7 des HPV est dactiver la machinerie de synthse de lADN et
dinhiber lapoptose, an de permettre la rplication virale dans des kratinocytes qui ne se divisent pas car engags dans un processus de diffrenciation
terminale. Dans le cas des HPV gnitaux oncognes, les oncoprotines virales
interagissent avec les protines pRb (E7) et p53 (E6) et entranent linactivation de protines cellulaires jouant un rle crucial dans la rgulation du cycle
cellulaire et le maintien de lintgrit du gnome cellulaire. Lexpression de ces
oncoprotines virales dans des kratinocytes, ex vivo, entrane leur immortalisation. La fonction de la protine LMP1 du virus EBV est celle dun rcepteur activ
de la famille du rcepteur du TNF ; cette protine virale joue un rle majeur dans
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ltablissement de la latence du virus dans des lymphocytes B mmoire quiescents, en pervertissant la biologie de la cellule hte (Nevins, 2001, Orth, 2005,
Pagano et al., 2004 ; Thorley-Lawson, 2005).
Les mcanismes par lesquels une infection peut mener au dveloppement dun
cancer sont directs ou indirects, selon lagent (tableaux 9.4-1 et 9.4-2) (Nevins,
2001 ; Pagano et al., 2004).
Mcanismes directs de carcinogense
Il est maintenant admis que certains virus, les papillomavirus oncognes (en
particulier le HPV 16 et le HPV 18) et les virus HHV-8 et HTLV-1, sont la cause
primaire des cancers auxquels ils sont associs. Ainsi, les odds ratios dnissant le risque de cancer du col de lutrus chez des femmes infectes par un
HPV oncogne sont trs levs (des valeurs comprises entre 66 et 419, selon
le gnotype). Ces virus utilisent des stratgies varies pour aboutir deux mcanismes gnraux de stimulation de la division cellulaire. Le premier est une
activation constitutive de voies de signalisation mitognes. Cette activation peut
rsulter, par exemple, de lactivit de protines virales ayant la fonction dun rcepteur activ (HHV-8, EBV) ou de protines ayant la capacit de trans-activer
de nombreux gnes cellulaires, comme cest le cas de la protine Tax du virus HTLV-1, mise en jeu dans linitiation du processus tumoral. Le deuxime
mcanisme consiste en linterfrence directe de protines virales (comme les oncoprotines E6 et E7) avec des protines cellulaires rgulant la transition entre
les phases G1 et S du cycle cellulaire et lapoptose (Nevins, 2001). La progression tumorale met en jeu lactivation ou linactivation de nombreux gnes, la
suite dvnements gntiques ou pigntiques affectant le gnome cellulaire.
Les virus peuvent y contribuer en engendrant des dfauts de la rparation de
lADN cellulaire (protine E6 des HPV) ou des anomalies de la duplication des
centrosomes et une aneuplodie (protine E7 des HPV), qui sont lorigine dune
instabilit gntique, ou en activant lexpression de gnes contribuant linvasion ou la mtastase. cela sajoutent les diverses stratgies quutilisent les
virus pour sopposer aux ractions immunitaires, innes ou spciques, de leur
hte (Pagano et al., 2004).
Des inconnues subsistent quant au rle que joue le virus EBV dans la plupart
des tumeurs auxquelles il est associ (Thorley-Lawson, 2005). Cest le cas, en
particulier, du lymphome de Burkitt de lenfant. Le gnome viral nest dtect que
dans environ 20 % des cas survenant dans les pays occidentaux, la diffrence
des cas africains, et seul le gne requis pour le maintien des pisomes viraux
(EBNA-1) est exprim dans les cellules tumorales. Quel que soit son statut viral,
le lymphome de Burkitt se caractrise par des translocations chromosomiques
qui placent le gne c-myc sous le contrle du promoteur des gnes des chanes
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lgres ou des chanes lourdes des immunoglobulines. Lactivation du gne cmyc qui en rsulte constitue le mcanisme molculaire principal lorigine du
lymphome de Burkitt, dont le virus EBV ne serait quun cofacteur. En revanche,
plusieurs gnes susceptibles de provoquer une prolifration cellulaire (dont le
gne LMP 1) sont exprims dans les carcinomes du rhinopharynx et dans les
dysplasies qui en constituent le prcurseur ; la totalit de ces gnes le sont dans
les maladies lymphoprolifratives associes une immunosuppression acquise
(VIH) ou iatrogne (allogreffe dorganes) (Pagano et al., 2004).
Les virus HBV et HCV nont pas la capacit de transformer des cellules,
in vitro. Il est cependant vraisemblable que certaines protines virales participent
directement au processus de cancrogense. Cest le cas de la protine HBx
du virus HBV, capable de trans-activer de nombreux gnes cellulaires (Pagano
et al., 2004).
Le rle des virus dans la progression tumorale est moins bien dni. Cette progression met en jeu lactivation ou linactivation de nombreux gnes, la suite
dvnements gntiques ou pigntiques affectant le gnome cellulaire. Les
virus peuvent contribuer la progression tumorale en engendrant des dfauts
de la rparation de lADN cellulaire (protine E6 des HPV), en induisant des
anomalies de la duplication des centrosomes et une aneuplodie (protine E7
des HPV) ou, encore, en activant lexpression de gnes contribuant linvasion
et la mtastase (Pagano et al., 2004). En dpit des grandes similarits entre la
pathogense des hpatites chroniques associes aux deux virus des hpatites,
ltude gntique de tumeurs a rvl que les mutations du gne p53 sont frquentes, et celles du gne de la -catnine rares, dans les cancers associs au
virus HBV, alors quune situation inverse est observe pour les cancers associs
au HCV. Cela suggre que les virus HBV et HCV jouent des rles diffrents dans
la cancrogense hpatique (Pagano et al., 2004).
Mcanismes indirects de carcinogense
Ce sont les infections chroniques engendres par certains agents infectieux
ou parasitaires qui entranent un risque du dveloppement dun cancer. Il en est
ainsi des hpatites chroniques causes par les virus des hpatites B et C et de la
gastrite chronique provoque par la colonisation de la muqueuse gastrique par
H. pylori, laquelle contribuent des protines bactriennes (CagA, VacA, . . .)
(Blaser et Atherton, 2004). Il en est de mme de linfestation chronique de la vessie ou des canaux biliaires intra-hpatiques que provoquent certains parasites,
endmiques dans certains pays dAsie ou dAfrique (tableau 9.4-2). Il en rsulte
des rponses inammatoires ou immunitaires qui aboutissent la production
despces ractives de loxygne ou de lazote (neutrophiles, macrophages activs), et sont lorigine deffets gnotoxiques, de phnomnes apoptotiques ou
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de lactivation de lexpression de gnes. Par les dommages tissulaires quelles induisent, ces inammations locales entranent une rgnration chronique et une
potentialisation des effets gnotoxiques (Pagano et al., 2004). Le lymphome
gastrique rsulte dune stimulation de la prolifration de lymphocytes B de la
muqueuse gastrique par des lymphocytes T spciques dantignes dH. pylori.
Aux premiers stades de la maladie, une radication de linfection entrane une
rgression du lymphome (Blaser et Atherton, 2004 ; Pagano et al., 2004).
1.2 Perspectives dans les domaines de la prvention
et du traitement
Lassociation dune fraction importante des cancers une infection (prs de
20 % lchelle mondiale) rend thoriquement possible leur prvention. Elle
devrait aussi permettre des approches thrapeutiques spciques.
1.2.1 Prvention primaire
La prvention primaire a pour objectif dempcher les infections qui entranent
un risque de survenue dun cancer. La vaccination prophylactique reprsente, en
thorie, une stratgie idale. Un vaccin efcace, sans danger, permet de prvenir linfection par le virus HBV. Un programme de vaccination systmatique
du nouveau-n, institu Taiwan en 1984, a rduit lincidence du cancer hpatocellulaire chez des enfants gs de 6 14 ans, apportant une preuve du
rle causal du virus HBV (Chang et al., 1997). Le vaccin contre lhpatite B a t
intgr dans les programmes nationaux dimmunisation des pays en dveloppement. Un vaccin efcace contre les papillomavirus les plus frquemment dtects
dans les cancers du col de lutrus, HPV16 et HPV18, vient dtre mis au point
et sa mise sur le march est attendue dans un futur proche. Une vaccination
systmatique contre ces deux virus devrait, en thorie, permettre de prvenir
70 % des cancers du col de lutrus (Cohen, 2005 ; Orth, 2005). Le dveloppement dun vaccin contre lhpatite C est difcile en raison de lhtrognit
gntique du virus. Cependant, les mthodes permettant de dtecter ce virus
ont pratiquement permis dliminer le risque dinfection par transfusion dans les
pays industrialiss. Un vaccin exprimental contre le virus EBV a t dvelopp,
mais ni ce vaccin et ni un vaccin contre le virus HTLV-1 ne constituent une priorit pour lindustrie pharmaceutique, devant lurgence de dvelopper un vaccin
contre le VIH. Aucun vaccin contre H. pylori nest disponible, pour linstant. Un
tel vaccin permettrait non seulement de prvenir une proportion importante des
cancers gastriques (dont le pronostic est mauvais) et le lymphome gastrique.
Il faut souligner quun vaccin contre le virus de la maladie de Marek de la
poule a permis lradication de cette maladie et quun vaccin contre le rtrovirus
de la leucmie du chat est disponible.
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annuel de ces cancers a t estim 7 976 nouveaux cas et 5 069 dcs pour
le cancer de lestomac, 5 976 nouveaux cas et 7 850 dcs pour le cancer du
foie, 3 337 nouveaux cas et 1 004 dcs pour le cancer du col de lutrus,
9 908 nouveaux cas et 5 243 dcs pour les lymphomes malins non hodgkiniens et 1 367 nouveaux cas et 220 dcs pour la maladie de Hodgkin (Institut
de veille sanitaire, 2003). En fait, on ne dispose pas des donnes pidmiologiques qui permettraient de connatre la fraction de ces cancers rellement
attribuable une infection. Cette fraction est proche de 100 % pour les cancers du col de lutrus : la frquence de dtection dun HPV a t de 97 % et
celle du HPV16 et du HPV18, de 55,8 et 13,2 %, respectivement, dans une
tude ralise lInstitut Curie sur 545 cancers cervicaux invasifs (de Crmoux
et Sastre-Garau, communication personnelle). La fraction des cancers du foie
attribuables aux virus des hpatites serait de lordre de 70 % et celle des cancers gastriques attribuables H. pylori, de lordre de 80 % (carcinomes de type
intestinal et de type diffus).
Des incertitudes persistent galement sur lincidence et la prvalence des infections et des pathologies dorigine infectieuse qui entranent un risque de cancer. Une premire estimation de la prvalence des marqueurs du virus HBV, les
anticorps anti-HBc (8,8 %) et lantigne HBs (0,68 %), et une estimation de la
prvalence des anticorps anti-HCV (0,8 %) nont t publis que trs rcemment. Ces taux de prvalence sont nettement plus levs en cas de prcarit
sociale. Les porteurs de lantigne HBs, stigmate dune infection chronique par
le HBV susceptible dtre transmise et dvoluer vers la cirrhose et le cancer,
seraient donc au nombre de 300 000, environ, en France mtropolitaine (Institut de veille sanitaire, 2005). Des tudes restent ncessaires pour prciser les
rles respectifs de chacun des virus des hpatites et de lalcool dans la cirrhose
et le cancer primitif du foie. De mme, il reste dterminer lincidence et la
prvalence des infections gnitales par les diffrents gnotypes de HPV potentiellement oncognes (une quinzaine) et leur part respective dans les noplasies
intra-pithliales de haut grade (dysplasie svre, carcinome in situ) au sein
desquelles gurent les prcurseurs des cancers invasifs (Orth, 2005). Dune manire gnrale, ces donnes pidmiologiques sont indispensables pour valuer
limpact des campagnes de dpistage ou de vaccination.
La prvention des cancers associs une infection est, en thorie, possible.
Force est de constater que des efforts restent faire en France. une vaccination massive contre le virus HBV entre 1994 et 1998 a succd une chute
dramatique de la couverture vaccinale, en raison de la dance, non justie,
de certains mdecins et du public lgard du vaccin. Ceci est d la suspicion dun rle de cette vaccination dans le dclenchement de cas de sclrose
en plaques, alors quune association causale nest en rien dmontre (Agence
nationale daccrditation et dvaluation en sant, 2003). La prvention du carcinome hpatocellulaire ne pourrait que bncier dune vaccination universelle
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des nourrissons contre le virus HBV et dune amlioration du dpistage des infections chroniques par les virus des hpatites. De mme, le dpistage cytologique
des lsions prcancreuses est une arme efcace pour lradication du cancer du
col de lutrus, condition que ce dpistage soit organis et valu. Or, une enqute rcente a montr que 34 % des femmes franaises nont pas bnci dun
frottis entre 1994 ou 1995 et 2000 ou 2001 (Rousseau et al., 2002). Ladjonction dun test de dtection des HPV la cytologie devrait permettre daugmenter
la sensibilit du dpistage. Et, dans le futur, le test virologique pourrait servir de
crible pour slectionner les femmes devant bncier de la cytologie (Agence
nationale daccrditation et dvaluation en sant, 2004). Mais la prvalence
des infections asymptomatiques est leve chez ladolescente et la femme jeune
et il faudrait disposer des donnes pidmiologiques propres la France pour
dterminer lge partir duquel ces stratgies pourraient tre mises en place
avec une spcicit sufsante. Il faut mentionner, enn, que le groupe dtudes
franais des Helicobacter a recommand, en 2003, dlargir le dpistage de
la bactrie et de traiter linfection, an de prvenir la survenue des cancers
gastriques.
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1.3.3 Recommandations
Force est de constater que les groupes travaillant sur divers aspects des relations entre un agent infectieux particulier et des tumeurs humaines le font,
en gnral, sans interagir avec des groupes intresss par dautres agents et
dautres cancers. Et pourtant, ce qui devrait les rapprocher, la convergence des
mcanismes de cancrogense ou des approches mthodologiques et limpact
potentiel de leurs recherches en sant publique, est plus important que ce qui les
loigne, la disparit des agents pathognes et de leurs cibles tissulaires. Do la
ncessit de faire des cancers dorigine infectieuse un domaine de recherches
reconnu. On peut esprer que la cration rcente de sept cancroples, dans le
cadre du Plan Cancer, permettra cette prise de conscience.
Les recommandations suivantes ont pour objets de dvelopper les recherches,
de nature fondamentale, applique, clinique ou mdico-conomique, sur les
cancers dorigine infectieuse et leurs agents (connus ou dcouvrir), leur prvention et leur traitement :
susciter la fdration des quipes travaillant sur le thme agents infectieux et cancer humain et favoriser son caractre multidisciplinaire, par
le biais dappels doffres englobant lensemble de la thmatique et par
lorganisation de colloques permettant den valuer limpact ;
mener en parallle, dune part, des recherches faisant appel aux approches drives de la gnomique et ralises directement partir de
tumeurs associes une infection et de leurs prcurseurs et, dautre part,
des recherches sur la biologie des agents responsables et sur lanalyse des
mcanismes de cancrogense laide de modles ;
promouvoir une recherche clinique sur lhistoire naturelle des infections,
en particulier sur les rponses immunitaires et leur rle dans la pathogense des cancers, et une recherche pidmiologique sur ces infections et
les pathologies associes et sur les cofacteurs, en particulier, les facteurs
gntiques prdisposant ;
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Cette augmentation commence aussi se faire jour dans les pays en voie de dveloppement, paralllement aux progrs de la pratique mdicale et de lhygine
(Bach, 2002).
Plusieurs ordres darguments laissent penser que cet accroissement est secondaire la diminution de la frquence des maladies infectieuses et, peut-tre
plus encore, lamlioration des conditions dhygine qui rduisent la charge
infectieuse environnante, telle que celle quotidiennement apporte par leau de
boisson ou les aliments mal conservs.
Lanalyse de la distribution gographique de ces maladies indique lexistence
dune corrlation positive entre le niveau socio-conomique et la frquence des
maladies en question, corrlation retrouve non seulement au niveau rgional
(hygine collective) mais aussi un moindre degr au niveau familial (hygine
individuelle). Des corrlations ont galement t observes entre la frquence de
ces maladies et les conditions sanitaires. Sagissant des maladies allergiques,
latopie, qui en est le substrat biologique, est augmente aprs des traitements
antiparasitaires dans des zones dendmie ou aprs llimination de certaines
infections par la vaccination. Les modles animaux apportent des arguments
encore plus directs : le diabte insulinodpendant auto-immun ne se dveloppe
chez la souris non obese diabetic (NOD) que dans des levages sans germes.
Linfection dlibre de souris gntiquement prdisposes dvelopper un diabte ou un lupus rythmateux dissmin par des bactries, des virus ou des
parasites varis prvient la survenue de la maladie. Ces modles exprimentaux permettent lanalyse des mcanismes sous-jacents qui sont potentiellement
multiples. Les infections peuvent, en effet, supprimer les ractions allergiques et
auto-immunes et, plus gnralement, la prolifration lymphocytaire qui leur est
associe selon plusieurs mcanismes :
les rponses immunitaires anti-infectieuses peuvent entraner une comptition antignique avec les rponses allergiques ou auto-immunes pour les
signaux homostatiques (tels que des interleukines, notamment lIL-7, ou
la reconnaissance des peptides du soi dans le contexte des molcules du
complexe majeur dhistocompatibilit) ;
la rponse anti-infectieuse peut aussi engendrer des cellules rgulatrices,
par un mcanisme de proximit bien lucid au niveau cellulaire ;
enn, les infections peuvent stimuler la production de diverses cytokines
immunosuppressives, comme le Transforming Growth Factor (TGF ),
par le biais de rcepteurs non spciques des antignes comme les rcepteurs Toll et, de faon plus inattendue, certains rcepteurs de virus comme
le virus de lhpatite A.
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Toutes ces considrations sont importantes pour la comprhension de lpidmiologie des maladies immunitaires. Elles pourraient dboucher sur des perspectives thrapeutiques nouvelles sil se rvle possible de substituer une vaccinothrapie efcace et sans effets secondaires aux infections du pass.
2.3 La recherche franaise dans le domaine
Alors quil existe dexcellentes recherches en virologie et bactriologie mdicale et en immunologie applique lauto-immunit, il est regrettable que trs
peu dactivit soit consacre en France au problme important de ltiologie
infectieuse des maladies auto-immunes. La situation est un peu meilleure pour
ce qui concerne leffet protecteur des infections, mais les recherches en cours
concernent essentiellement les modles exprimentaux. Il serait important que
notre pays sintresse, de faon active, ces problmes. La dimension pidmiologique est essentielle. Il faudrait en convaincre les quipes franaises dpidmiologie et les mettre en relation avec les bactriologistes, les virologues et
les immunologistes. Les problmes sont complexes et doivent tre abords de faon multidisciplinaire sur des cohortes importantes de malades. La participation
des rseaux internationaux existants pourrait tre explore, en faisant valoir
la spcicit franaise ventuelle des facteurs de risque environnementaux. On
pourrait imaginer la cration de groupes de travail sur ce sujet, comme il en
existe Paris et dans le Nord, sur le rle des bactries dans le dclenchement
des maladies inammatoires de lintestin. Dautres recherches pourraient tre
encourages, utilisant des modles exprimentaux de maladies auto-immunes
induites ou protges par les infections. terme, ces recherches pourraient
tre lorigine de nouvelles orientations thrapeutiques (vaccination contre les
agents infectieux en cause ou vaccinothrapie pour pallier linsufsance des
stimulations immunitaires lies au dclin des infections). Des recherches intressantes pourraient se dvelopper dans cette direction, tant au niveau exprimental que dans le domaine clinique.
Rfrences bibliographiques
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de consensus sur la vaccination contre le virus de lhpatite B (site :
www.anaes.fr).
Agence nationale daccrditation et dvaluation en sant (2004). valuation de
lintrt de la recherche des papillomavirus (PVH) dans le dpistage des lsions prcancreuses et cancreuses du col de lutrus (site : www.anaes.fr).
Bach JF. (2002). The effect of infections on susceptibility to autoimmune and
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SOUS-CHAPITRE
9.5
Typhus, rickettsioses, peste, onchocercose, loase, lariose de Bancroft, maladie du sommeil, maladie de Chagas, leishmanioses, dengue, vre jaune, vre
de la valle du Rift, vre virus West Nile, paludisme, encphalites tiques,
vres hmorragiques tiques, etc. Cet inventaire la Prvert , montre la
place importante des maladies dites vecteurs parmi les maladies infectieuses touchant lhomme.
Si certaines de ces maladies relvent maintenant plus de limaginaire collectif (typhus), dautres restent dactualit (paludisme), rmergent (maladie du
sommeil) ou sont en expansion (dengue, vre virus West Nile). Lentomologie mdicale tudie les mcanismes de la transmission dagents pathognes
lhomme, par des insectes ou acariens vecteurs, an de prvenir la maladie.
Pour y parvenir, les recherches sorientent vers la comprhension ne des relations entre les vecteurs, les agents pathognes et les htes vertbrs, et vers le
dveloppement de stratgies de rduction prenne de la transmission et de la
nuisance, et ce dans un environnement en volution (changements climatiques,
modications anthropiques, etc.). Lentomologie mdicale contemporaine doit
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tat de lart
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Puces
Tiques
Dengue
Virus de la dengue
Virus CCHF
Rickettsia sp.
Yersina pestis
Simulie
Moustiques
Glossines
Aucun
Aucun
Aucun
Mammifres
Nombreux mammifres
Rongeurs
Rongeurs
Rongeurs
Rongeurs, petits
ruminants, oiseaux
Oiseaux
Aucun
Singes
Rservoir
animal
Tableau 9.5-1
Quelques exemples de spcicit maladies humaines vecteurs rservoirs (daprs Rodhain et Perez, 1985).
Onchocercose
Onchocerca volvulus
Moustiques Anophles
Paludisme
Filariose lymphatique
Plasmodium
Leishmaniose
Leishmania sp.
Wuchereria bancrofti
Phlbotomes
Maladie du sommeil
Triatomes
Borrliose
Maladie de Chagas
Borrelia sp
Trypanosoma cruzi
Poux, puces
Tiques Ixodidae
Moustiques Culex
Moustiques Aedes
Moustiques Aedes
Fivre jaune
Principaux
vecteurs
Maladie
Piqres
Piqres
Piqres
Piqres
Piqres
Piqres
Morsures
Morsures
Djection
Morsures
Piqres
Piqres
Piqres
Mode de contamination
par larthropode
Agent
pathogne
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devait tre ralis, le paludisme, avec plus dun million de morts par an arriverait probablement en tte (Greenwood et al., 2005). Les recherches sur cette
maladie sont dailleurs relativement abondantes puisque le mot cl malaria
donne 1 888 entres pour une recherche bibliographique dans la base de donnes Medline pour la priode 1/5/2004 30/4/2005 (dont 256 pour
malaria vector ). La dengue, transmise par Aedes aegypti est en augmentation constante anne aprs anne. On estime son incidence 60 80 millions
de cas annuels dont 30 000 dcs. Parmi les dix grandes maladies retenues
par le programme spcial pour la recherche et la formation sur les maladies
tropicales de lOrganisation mondiale de la sant (OMS-TDR), sept sont transmises par des vecteurs. Trois sont considres comme mergentes ou rmergentes et non contrles (trypanosomiase africaine, dengue et leishmanioses),
une pourrait tre sous contrle car des stratgies de lutte existent, mais sont insufsamment efcaces (paludisme), et pour deux lOMS pense que llimination
pourrait tre envisage (onchocercose et lariose lymphatique). Des maladies
vecteurs svissent, ou ont t prsentes, galement sous des latitudes tempres.
La France est confronte au problme dun triple point de vue : dans ses dpartements et territoires tropicaux, en France continentale par des cycles de zones
tempres (maladie de Lyme, leishmanioses, vre virus West Nile, etc.), et
par limportation et lventuelle installation dagents pathognes ou de vecteurs
dues lintensication des changes internationaux et aux changements environnementaux et climatiques.
Depuis quelques annes, les entomologistes tendent sapproprier de nouveaux outils tels que la gntique molculaire, la gnomique structurale et fonctionnelle et la bio-informatique. Des avances importantes ont t accomplies
dans les trois grands champs de lentomologie mdicale : la systmatique et la
phylognie, la biologie des populations, et la lutte antivectorielle.
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petit que la plupart des vecteurs appartenaient des complexes despces morphologiquement similaires mais gntiquement diffrentes et reproductivement
isoles. Les anophles vecteurs de Plasmodium ont t ce titre particulirement tudis. Parmi les 484 espces danophles reconnues en 2004, plus de
90 appartiennent des complexes despces jumelles comprenant des espces
vectrices et non vectrices (par exemple les complexes Maculipennis en Europe,
Gambiae en Afrique, Dirus en Asie, Quadrimaculatus en Amrique). La reconnaissance des espces dans un complexe nest pas quun simple exercice
acadmique de taxonomiste, mais est importante pour mesurer le rle jou par
chacune delles dans la transmission, en particulier en zone de sympatrie, et
pour lutter contre les bonnes cibles . Des logiciels didentication entres
multiples ont t dvelopps, supplant aux dciences et la subjectivit des
cls dichotomiques classiques. Des outils molculaires essentiellement bass sur
la PCR (raction de polymrisation en chane) ont t labors permettant lidentication dune majorit de taxons. Ainsi en Tanzanie et en Afrique du Sud, alors
que des moustiques persistaient aprs traitement insecticide, on a cru un chec
du contrle dAnopheles funestus. Il sest avr, aprs ralisation de tests PCR,
que seuls des individus dAn. parensis, dAn. rivulorum ou dAn. vaneedeni, appartenant au mme groupe mais exophiles et non vecteurs, staient maintenus.
Enn le squenage dADN ribosomique, dADN mitochondrial, ou dintron et
exons de gnes nuclaires, a permis dafner la phylognie et la phylogographie de nombreuses espces de vecteurs autrefois uniquement bases sur des
caractres phnotypiques.
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lis aux comportements humains (dplacements, levage, types de maison et nature de lenvironnement pridomestique). En rponse une demande socitale
de plus en plus forte danticipation des changements, des modles pidmiologiques et environnementaux, forte composante entomologique, commencent
tre dvelopps, intgrant la spatialisation dinformations issues dimages satellites et de donnes de gographie physique et humaine. Cest le cas de systmes dinformations gographiques et de modles sur la maladie du sommeil
en Afrique australe, la dengue en Amrique du Sud, la leishmaniose en Afrique
de lEst, les encphalites tique en Europe (Randolph et al., 2004).
1.3 La lutte antivectorielle
Lhistoire de la lutte antivectorielle est parseme de succs et dchecs, dont
on doit tirer les leons pour imaginer le contrle des annes venir. Un des principaux succs est sans aucun doute le programme de lutte contre lonchocercose
en Afrique de lOuest (Hougard et al., 1997). Une parfaite connaissance des
espces de simulies vectrices et de leur biologie, une stratgie de rotation dinsecticides adapte au dbit des cours deau, soutenue par des efforts nanciers
et humains considrables pendant plus de 30 ans ont permis de contrler la
transmission et de faire en sorte que la maladie ne soit plus dsormais un problme de sant publique. Inversement, la tentative dradication mondiale du
paludisme par la lutte antivectorielle conduite de 1955 1968 sest solde par
un chec qui a conduit lOMS rajuster sa stratgie vers des objectifs plus
ralistes de contrle de la maladie par diffrentes mthodes intgrant la lutte
antivectorielle. Les bons rsultats obtenus en zones tempres, en Europe en
particulier, o le paludisme tait rpandu jusquau dbut du XXe sicle, rsultent
de la combinaison dactions coordonnes damnagement de lenvironnement
et damlioration du niveau de vie, dune campagne soutenue de lutte contre le
parasite dune part, et contre les anophles dautre part, dans un contexte de
transmission gnralement faible et saisonnire. Dautres vastes campagnes de
lutte nont eu quun effet temporaire. Ae. aegypti avait, semble-t-il, t radiqu
de la plupart des pays dAmrique du Sud, lors des campagnes conduites contre
la vre jaune entre 1916 et les annes 1970, par la fondation Rockefeller puis
par la PAHO. Larrt des campagnes de lutte contre les vecteurs suite la gnralisation du vaccin anti-amaril a inexorablement conduit la recolonisation de
tout le continent par cette espce, maintenant galement vecteur de dengue. Le
contrle des vecteurs sest par ailleurs compliqu avec lapparition et la diffusion
des rsistances aux insecticides. La premire tude sur la rsistance des insectes
aux insecticides date de 1914. En 2001, plus de 540 espces, dont 198 dintrt mdical, montraient une rsistance au moins une classe dinsecticide.
Dans le mme temps, des considrations de cot, dacceptabilit, de scurit,
et plus rcemment de respect de lenvironnement ont conduit les industriels et
lOMS de nouvelles approches. De nouvelles molcules sont apparues, telles
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que des insecticides dorigine biologique (Bacillus thurigiensis efcace contre les
simulies et certains moustiques, B. sphaericus contre les moustiques des genres
Culex et Ochlerotatus), ou les pyrthrinodes, peu toxiques contre les homothermes. De nouvelles formulation et mthodes dutilisation de ces produits ont
progressivement t intgres dans les programmes de lutte. Pour certains insectes endophiles, les pulvrisations intradomiciliaires restent la rgle (Triatomes,
puces), mais, dans le cas du paludisme par exemple, des matriaux imprgns
longue dure de vie (rideaux, moustiquaires) permettent dtre plus efcaces
un coup moindre et de transfrer la lutte au niveau communautaire. Des crans
attractifs imprgns sont galement utiliss pour lutter contre les glossines. Enn, des vtements imprgns de pyrthrinodes ou de rpulsifs, et rsistants
plusieurs lavages, sont au stade de lvaluation. Ces diffrentes mthodes plus
spciques, ainsi que des rotations ou mlanges dinsecticides, permettent de
limiter la pression de slection et donc de limiter les rsistances. La gestion
des rsistances passe cependant par leur caractrisation. Des progrs considrables ont t raliss ces dernires annes concernant la comprhension de
leurs mcanismes gntiques. Si les rsistances dues des mutations ponctuelles
de cibles sont connues dans lensemble (type knock down resistance ou Acthylcholinestrase insensible), les rsistances dorigine mtabolique restent encore imparfaitement comprises (type surexpression des mono-oxygnases, des
estrases, des Glutathione-S-transfrases).
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Dans lavenir, les recherches sur les insectes visant une meilleure matrise de maladies infectieuses transmises par vecteurs devront non seulement
intgrer les progrs rcents des techniques et concepts, mais surtout prendre
en compte les volutions de lenvironnement plantaire, des modes de vie et
des aspirations des socits. Les changement globaux rcents ; climatiques (rchauffement, pluviomtrie, saisonnalit), environnementaux (dforestation, urbanisation, agriculture) et socitaux (dmographie, pauvret, dplacements),
inuencent des systmes vectoriels issus dune lente co-volution. Des maladies
mergent, dautres voient leur aire de distribution se modier, certaines maladies
historiques, comme le paludisme, sont en recrudescence ces dernires annes.
Les recherches futures sur les vecteurs devront sarticuler autours de quelques
grands thmes :
la connaissance des mcanismes gntiques de la transmission vectorielle ;
lvaluation du risque entomologique ;
le dveloppement de stratgies de contrle de la transmission moins polluantes, plus cibles et durables.
3.1 Comprendre ce quest un vecteur
Au regard du nombre despces dArthropodes, les vecteurs dagents pathognes ne constituent quune inme minorit. Les tudes de systmatique, utilisant les donnes morphologiques, morphomtriques, biologiques, comportementales, gntiques et de gnomique, devront se poursuivre, en particulier
lintrieur des complexes despces. Lidentication plus prcise des espces
lintrieur des complexes permet de mieux cibler la priode et le lieu de contrle.
Le dveloppement de rseaux de collaborations internationales, la gnralisation et la simplication des outils taxonomiques actuels (logiciels gnriques
didentication, kits didentication molculaire) devront pallier la rarfaction
des entomologistes mdicaux taxonomistes.
La capacit vectorielle (abondance, dure de vie, contact avec lhomme, frquence des repas de sang, . . .) dun arthropode hmatophage est dpendante
de lenvironnement dans lequel il vit. Les relations de linsecte avec son milieu
(comportement et spcicit trophique, comportement reproducteur, recherche
des gtes de pontes et de repos, comptence vectorielle, susceptibilit aux symbiontes et pathognes dinsectes, etc.) devront tre tudies avec plus de prcision et laide de nouveaux outils (analyses multivaries, modles environnementaux). Les bases gntiques de ladaptation au milieu seront recherches.
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vectorielle
Les importants changements globaux modient ou vont modier la distribution des vecteurs, leur capacit vectorielle et leur contact avec les parasites et les
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htes. Ces changements peuvent augmenter ou diminuer lincidence dune maladie transmission vectorielle. Certains vecteurs sont ainsi en expansion dans le
monde, tel Ae. Albopictus, vecteur potentiel des virus de la dengue. Cette espce
dorigine asiatique est maintenant prsente sur tous les continents, transporte
passivement par route et par mer. Dautres vecteurs pourraient voir leur aire de
distribution se dplacer, induisant une disparition de la maladie par endroits
et une apparition ailleurs. Ce pourrait, par exemple, tre le cas de la leishmaniose cutane L. tropica, transmise dans des foyers semi-arides du pourtour
mditerranen par le phlbotome P. sergenti (cf. Rioux et de la Roque, 2003.
Changements climatiques, maladies infectieuses et allergiques). Lexpansion du
virus West Nile en Amrique du Nord, transmis par moustiques, suscite une inquitude justie en Europe, suite lmergence dpisodes dans plusieurs pays
(Roumanie, France, . . .). Face un catastrophisme parfois peu rationnel, les
recherches en entomologie mdicale devront permettre dapprhender les effets
possibles de ces modications et les moyens dy faire face. Pour cela, des tudes
pluridisciplinaires devront tre entreprises et les modles pidmiologiques et
cologiques devront mieux prendre en compte les paramtres sur la biologie
des vecteurs.
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et des tats. Lducation sanitaire devra tre renforce. Concernant les voyageurs, des solutions simples et efcaces devront tre proposes, associant vtements imprgns et rpulsifs longue dure daction. La gestion de la rsistance
aux insecticides est une priorit. Ceci ncessite de poursuivre les recherches sur
les mcanismes gntiques, en particulier concernant les rsistances dorigine
mtabolique. La connaissance des structures gntiques, des population de vecteurs et des ux gniques devra permettre de prvoir, et limiter, la diffusion de
ces rsistances. Des outils de dtection de la rsistance, plus faciles dutilisation
et adapts au terrain (kits PCR ou immuno-enzymatiques, voire puces ADN)
devront tre dvelopps. Enn, il faudra attacher une attention particulire aux
facteurs socio-anthropologiques de slection des rsistances, et aux liens entre
lutilisation des insecticides en agriculture et en sant publique.
Un des objectifs de la recherche sur la lutte antivectorielle sera dvaluer des
mthodes de contrle non chimiques. Mme si, dans limmense majorit des
cas, la lutte biologique contre les vecteurs sest rvle dcevante (le succs majeur venant de lutilisation de toxines dorigine biologique issues de Bacillus), il
est ncessaire de poursuivre des recherches dans ce domaine (autres bactries,
virus, champignons, parasites, prdateurs). Les donnes de terrain de biologie
des populations et les rsultats issus des tudes de gnomique devront tre mis
prot pour imaginer de nouvelles mthodes de contrle. Les comportements
trophiques particuliers (absorption de sucs vgtaux par exemple) pourraient
tre utiliss pour faire ingrer aux insectes des substances antivirales ou antiparasitaires. Une meilleure connaissance du choix du partenaire sexuel, du gte
de repos et du gte larvaire, lidentication de gnes impliqus et la comprhension des mcanismes de leur expression pourraient permettre de dvelopper des
leurres olfactifs ou visuels.
La connaissance des mcanismes gntiques de reconnaissance et de contrle
des parasites par les vecteurs ouvre des voies prometteuses pour le contrle.
LOMS, la fondation Bill et Melinda Gates, parmi dautres, soutiennent la recherche de nouvelles mthodes de lutte gntique. Trois approches sont actuellement poursuivies :
la technique de lcher massif de mles striles pourrait tre rvalue. Cette mthode a t utilise avec succs sur la mouche myasigne
Cochliomyia hominivorax, avec un succs localis sur les glossines
Zanzibar (alors que les rsultats oprationnels taient dcevants sur le
continent africain au Nigeria, en Tanzanie et au Burkina-Faso), mais a t
un chec sur les anophles. De nouveaux projets de lchers de mles striles dAn. arabiensis et de Glossina sp. sont en cours dlaboration par
lAgence internationale de lnergie atomique, tenant compte des checs
prcdents ;
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Recommandations
Quelques recommandations peuvent tre faites en vue de mieux contrler les
maladies infectieuses transmises par vecteurs, et an de prenniser et renouveler
les comptences.
Revenir aux tudes de terrain, en intgrant les nouveaux outils disponibles : gntique des populations, gnomique et protomique de ladaptation au milieu, gomatique et modlisation.
Dvelopper de nouvelles mthodes de contrle de la transmission. Amliorer les mthodes qui ont fait leurs preuves et dvelopper des mthodes
innovantes partir des rsultats de la recherche (rpulsifs, attractifs, combinaisons). Imaginer de nouvelles approches (lutte gntique).
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Intgrer de nouvelles disciplines. Alors que les partenaires traditionnels de lentomologiste mdical taient le clinicien, lpidmiologiste, lingnieur sanitaire, les recherches associant des gnticiens, des spcialistes de gnomique, des bio-informaticiens, des socio-anthropologues,
des gographes, doivent tre renforces.
Dvelopper les collaborations internationales. La diminution de lexpertise en entomologie mdicale nest pas propre la France. Il est donc
urgent dunir les comptences, naturellement travers les rseaux historiques francophones, mais galement par des rseaux europens.
Dvelopper la formation. Dans le contexte actuel de rforme des lires
de lenseignement suprieur, lentomologie mdicale est peu visible. Des
formations internationales doivent se mettre en place, associant les universits du Sud. Laccueil de chercheurs et post-doctorants trangers, doit
tre favoris.
Assurer des dbouchs. Paradoxalement alors que la demande socitale
est forte, peu de dbouchs sont offerts en France. Seule une augmentation des postes offerts par les instituts de recherche (Institut Pasteur, IRD, Cirad), les universits (franaises ou trangres), les organismes de contrle
(Ddass, etc.), les organisations internationales (ONG, OMS, . . .) rendra
de nouveau attractive cette profession.
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SOUS-CHAPITRE
9.6
Vers de nouveaux
antibiotiques
ANDR BRYSKIER
Introduction
Avons-nous besoin de nouveaux agents antibactriens ? La rponse nest pas
univoque :
les bactries totalement rsistantes tous les agents antibactriens disponibles sont encore peu frquentes ;
le problme de laccroissement du nombre de souches cliniques polyrsistantes se posera dans une dizaine dannes, du fait des courbes daccroissement de la rsistance bactrienne, devant atteindre dans la majorit des
cas un plateau plus ou moins lev rendant inoprant les traitements de
premire intention utilisant un ou plusieurs antibiotiques.
Pour cette dernire catgorie de souches bactriennes, une recherche intensive de nouveaux composs usage thrapeutique doit tre rapidement entreprise an dtre prt rpondre cette demande en 2010-2015, en favorisant
plusieurs voies pour essayer demble de prvenir une adaptation trop rapide
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des agents bactriens. partir de cette constatation, les questions poses sont
multiples : quels seront les problmes de rsistance venir, comment les anticiper, comment les dtecter, comment y apporter une solution ; quels sont les
problmes non rgls (exemple les souches de staphylocoques rsistantes la
mticilline, MRSA) ?
Dtection
La dtection des problmes venir est trs complexe et fait appel aussi bien
lapprciation de la sensibilit bactrienne travers les tudes pidmiologiques
par des mthodes standardises, qu la propension de ces bactries se multiplier, garder leur potentiel de virulence (cot pour la bactrie) et surtout se
rpandre dans lcosystme.
antibiotiques
Ces voies sont nombreuses et certaines ont dj port leurs fruits . On peut
grossirement distinguer quatre voies principales :
la voie la plus ancienne est le criblage des mtabolites des microorganismes, des protines de dfense des plantes, des mammifres, des
amphibiens, des insectes. Citons les dfensines qui proviennent de lendolymphe des insectes, des plantes, du revtement cutan des amphibiens.
Certaines dentre elles ont t modies chimiquement et sont en cours
dvaluation. La plupart sont destines dans un premier temps un usage
topique, du fait de leur instabilit chimique dans lorganisme et des difcults non encore contrles de leur administration par la voie parentrale. Tel est le cas des magainines et des protgrines :
la fermentation dirige est aussi une des voies explores pour obtenir des
drivs plus actifs et pour mieux explorer le potentiel de certains microorganismes ;
plus classique est la modication chimique dentits molculaires connues ;
la recherche plus rcente de nouvelles cibles et de nouveaux composs
grce la gnomique et la protomique na cependant pour linstant
pas permis de dcouvrir de nouvelles molcules anti-infectieuses.
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Premire priode
Avant cette priode, suite aux travaux mens New York par le Franais
Roger Dubos en 1939 sur la thyrocidine, la premire tape a t pendant prs
de vingt ans de tenter de dcouvrir de nouvelles entits thrapeutiques permettant de rsoudre les problmes millnaires de certaines infections comme la
vre typhode (chloramphnicol) et la tuberculose (streptomycine, isoniazide,
rifampicine). La deuxime tape, partir des annes 1960, fut radicalement
diffrente. Elle a consist en ltude des produits de fermentation microbiens. Si
elle sest avre peu rentable en matire de nouveaux mdicaments, elle a t
trs productive en quantit de nouvelles entits molculaires dcouvertes.
Deuxime priode
La nature de cette recherche change doptique, il faut rpondre plusieurs
problmes et souhaits du corps mdical et des consommateurs :
trouver des modications chimiques permettant de contourner les rsistances bactriennes. Cette qute a permis ainsi la naissance des cphalosporines prsentant un spectre et une activit antibactrienne largie ;
rpondre aux besoins pharmacocintiques de bonne absorption par la
voie orale des antibiotiques existants comme la pnicilline G, donnant
ainsi naissance la pnicilline V ou celle de lrythromycine permettant
la semi-synthse des macrolides 14 et 15 chanons comme la roxithromycine, la clarithromycine ou lazithromycine. Moins vidente est lamlioration des rythmes dadministration et des posologies quotidiennes quel
que soit ltat physiologique du patient. Ceci na pu tre ralis que partiellement avec le cfotaxime. Labsence de mtabolites a t une voie
de recherche pour obtenir des composs chimiquement et biologiquement
stables, ce qui a pu tre obtenu en connaissant mieux les proprits chimiques des molcules ;
dans certaines infections de larbre respiratoire comme celles quil est possible dobserver dans la mucoviscidose, dans les surinfections des bronchites chroniques ou des bronchiectasies, ladministration dantibactriens
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par inhalation sous la forme darosols est utilise avec succs. Les bactries les plus frquemment retrouves sont les bacilles Gram ngatif
comme Pseudomonas aeruginosa ou les cocci Gram positif comme
Staphylococcus aureus. Les antibactriens les plus utiliss sont les aminoglycosides, la colistine ou les -lactamines. Un effort de rationalisation (dose, rythme dadministration) au moyen de formulations galniques
adaptes a t ralis avec certains antibactriens comme la tobramycine
(Cole, 2001) ;
pour rpondre aux attentes des consommateurs, une recherche pour amliorer leur confort a t entreprise, masquer lamertume de certaines
formes orales par des mlanges avec des sels divers comme le propionate
de josamycine, la rduction du nombre dadministrations quotidiennes
une seule prise, comme par exemple linjection dune dose quotidienne de
ceftriaxone permettant daccrotre ladhrence des patients leur traitement, la rduction en ville de la dure du traitement. Ceci a t tent avec
certains macrolides comme lazithomycine ou certaines cphalosporines
orales comme le cefpodoxime-proxtil.
Troisime priode
partir des annes 1980, lobjectif change, car il faut rpondre lmergence croissante et rampante de la rsistance bactrienne qui, si elle existait ds
la conception des antibactriens, devient un facteur dominant dans la thrapeutique anti-infectieuse :
les problmes lis la rsistance bactrienne ne sont pas nouveaux et
trs rapidement il fallut se rendre lvidence que les bactries pouvaient sadapter et se dfendre : citons deux exemples classiques, celui des agents antituberculeux et de la pnicilline G et S. aureus. Dans
le premier cas, la rponse fut thrapeutique par ladministration dassociation dagents antituberculeux comme la streptomycine et lacide paraaminosalicylique ; ce mode dadministration est toujours ralis mais avec
des mdicaments plus efcaces. Pour rpondre la production de lactamases par S. aureus, une modication chimique de la structure des
pnicillines conduisit la mticilline et loxacilline et ses drivs. La
recherche pharmaceutique jusquau milieu des annes 1980 a toujours
pu rpondre lmergence de ces rsistances, mais actuellement la recherche se heurte des difcults croissantes et de nombreux problmes
restent sans solution acceptable ;
les annes 1980 voient apparatre un autre phnomne li une amlioration des connaissances amenant la mise en vidence dagents
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Priode actuelle
Cette ide a t poursuivie, mais avec un autre objectif : prserver le mcanisme daction de base inhrent une famille donne dagents antibactriens et
y adjoindre un mcanisme complmentaire permettant de conserver une activit
sur les souches devenues rsistantes. Souvent, ladjonction dun mcanisme supplmentaire a permis de transformer une srie de molcules bactriostatiques en
composs bactricides. Citons trois exemples de ce type de modications dont
une des molcules est devenue un mdicament, la tlithromycine :
la tlithromycine est le rsultat dune double action chimique : retrait du
L-cladinose, comme ce qui existe dans une molcule naturelle, la narbomycine et substitution par une chane carbamate du noyau lactonique.
Ceci a permis dobtenir une molcule possdant le mcanisme daction
de lrythromycine A et en supplment un autre mode dinteraction avec
lARN 23S du ribosome, lensemble permettant une activit sur les souches
de pneumocoques rsistantes lrythromycine A et ses drivs ;
le deuxime exemple est loritavacine. Il sagit dun glycopeptide bactricide, obtenu par substitution du sucre vancosamine par un groupement
bi-phnyle. On obtient alors une molcule active et bactricide sur les
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souches de cocci Gram positif rsistantes la vancomycine. Ce rsultat est le fait de ladjonction dun mcanisme daction par rapport celui
de la vancomycine sur la synthse du peptidoglycane (D-ala-D-ala) ; elle
agit, en effet, en supplment sur la transglycosylation au moment de la
synthse du peptidoglycane. Elle agit deux niveaux de la biosynthse :
transpeptidation et transglycosylation ;
le troisime exemple est la tigcycline (GAR-936). Cette molcule drive de la minocycline est active sur les souches bactriennes rsistantes
la minocycline, notamment les rsistances dues un phnomne defux. Cette molcule, en plus du mcanisme classique des ttracyclines,
empche lextrusion de la molcule grce lencombrement strique d
au substituant volumineux en position 9 de la molcule et elle possderait
un deuxime site de xation.
Une voie moins connue est lutilisation comme point de dpart de molcules
antibactriennes usage vtrinaire et agricole. Il en existe plusieurs exemples,
mais lun est devenu un mdicament usage humain. Il sagit des oxazolidinones qui furent utilises lorigine pour le traitement des infections des tomates
dues Agrobacterium tumefaciens. Aprs beaucoup de recherches et de dboires, un mdicament a t introduit en pratique mdicale : le linzolide, actif
sur les cocci Gram positif comme les staphylocoques ou les entrocoques. Un
autre exemple : les pleuromutilines, qui sont utilises en mdecine vtrinaire,
comme la tiamuline et dont un driv est en cours dexploration comme antibiotique topique chez lhomme. Deux drivs de la pleuromutiline, SB-247386 et
SB-268091 ont t prslectionns (Rittenhouse et al., 1999).
Une autre voie est la cration dhybrides molculaires ou de chimres. Les
hybrides molculaires ont donn naissance, sous linspiration de Woodward en
1976, aux pnmes. Il sagit dun hybride chimique entre les cphmes (fonction
namine) et les pnmes (Bryskier, 1995). Dans cette classe, aprs beaucoup de
dconvenues, une molcule a t introduite en pratique mdicale au Japon, le
faropnme, mais du fait de la mauvaise pharmacocintique ncessitant une
administration toutes les 8 heures et du nombre important dtapes pour sa
synthse, il na pas t dvelopp en Europe et en Amrique du Nord. Il ne
faut pas les confondre avec les carbapnmes qui sont dorigine naturelle puis
modis par semi-synthse comme le fut la thinamycine, donnant naissance
limipnme. Actuellement, les carbapnmes sont totalement synthtiques.
Les chimres comme lassociation dune molcule de uoroquinolone et dune
molcule de -lactamines (Bryskier, 1996), ou doxazolidinone (Hubshwerlen
et al., 2003) nont pas eu de suite en termes de dveloppement. Lide sousjacente tait de donner une double potentialit la molcule en crant une
synergie.
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Le criblage systmatique des librairies chimiques des laboratoires pharmaceutiques, souvent trs importantes du fait de plusieurs dcades de recherche et
de travail de synthse, sans ide prconue sur la cible intrabactrienne mais
diriges sur des bactries test Gram positif ou Gram ngatif, permet de
dcouvrir et de prslectionner une srie molculaire et de loptimiser. Cette mthode de criblage empirique partir dune librairie chimique est complmentaire de celles des mtabolites bactriens. Un exemple est la mise en vidence
de lactivit antistaphylococcique de certains drivs htrocycliques contenant
un rsidu de type ure (Kane et al., 2003). Il faut connatre les limites de cette
recherche, notamment sur le plan industriel. La connaissance des structures optimises des cphmes pourrait permettre en thorie de produire une cphalosporine idale. Or, le blocage vient de la synthse lchelle industrielle, comme
cela fut dmontr avec une cphalosporine de type catchole comme RU 59863,
qui, sur de petites quantits de principe actif synthtis dans un laboratoire de
recherche, sest avre trs prometteuse, mais le passage au niveau industriel
fut impossible. Un autre exemple est la prparation de HR 790, une -lactamine
monocyclique uore, dont linsertion de latome de uor sur la chane oxime
sest avre dangereuse sur le plan industriel et fut donc abandonne malgr
ses qualits antibactriennes intrinsques.
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Lun des moyens les plus efcaces de dfense pour les entrobactries et un
certain nombre de bacilles Gram ngatif non fermentaires est la production
denzymes comme les -lactamases. Les enzymes large spectre comme TEM1, TEM-2 ou SHV-1 taient bloqus par des molcules de type suicide tel lacide
clavulanique et les pnicillines sulfones (sulbactam, tazobactam). Cependant,
lvolution du monde enzymatique par lintermdiaire de mutations est lorigine de laugmentation du nombre des -lactamases. Le monde de ces enzymes
comporte des centaines de molcules, rpertories en quatre classes A, B, C,
D. La mise au point de molcules inhibant lactivit des mtallo-enzymes (classe
B) est rendue difcile par la diversit de ces enzymes. Aucune molcule permettant un usage thrapeutique na t dveloppe. En revanche, des molcules
ayant un potentiel inhibiteur sur les -lactamases de type srine de classe A et
de classe C sont actuellement en cours dvaluation.
Parmi les drivs inhibant la dihydrofolate rductase, un driv, liclaprime,
est en cours dvaluation sur S. aureus. La rsistance au trimthoprime chez
S. aureus est due la substitution dun seul acide amin (Phe 98 Tyr) au
niveau de la dihydrofolate rductase de S. aureus. Cette substitution, entrane
la perte dune liaison hydrogne entre le groupement amin en position 4 du
trimthoprime et le groupement carbonyle de la leucine 5 (Dale et al., 1997).
La recherche de demain
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Vient ensuite, le plus souvent, le criblage sur une cible donne des milliers
de molcules que comportent les librairies chimiques des diffrents laboratoires
pharmaceutiques. Si une ou plusieurs molcules mettent des signaux dactivit mme faibles, des modications chimiques permettront doptimiser la ou les
molcules candidates. Cette tape, si elle savre positive, sera suivie de tous les
tests permettant une prslection puis une slection pour le dveloppement.
En dehors des librairies chimiques, on sadressera des molcules naturelles
dorigines diverses comme celles des plantes, des mammifres, des produits de
la mer, des insectes.
Des difcults doivent tre surmontes, car le criblage de produits dorigine
naturelle ncessite un procd de synthse fort rendement, parfois difcile
obtenir comme cela a t dmontr avec les squalamines obtenues partir de
Squalus acanthias (requin) dont la synthse est longue et coteuse. Les squalamines sont des molcules multipotentes agissant sur les bactries, les parasites,
les champignons et les cellules cancreuses (Khabnadideh et al., 2000).
Les outils actuellement disponibles permettent une avance importante en chimie mdicinale. Deux exemples : les macrolides 14 et 15 chanons dont certains groupements ne peuvent tre acquis que par gnie gntique. Deuxime
exemple qui drive de ladjonction de constituants dans le milieu de fermentation, la urithromycine par apport dun atome de uor comme lment isostre
en position 8 du noyau rythronolide A et la daptomycine dont la chane lipidique a t obtenue par lintermdiaire dune fermentation spcique. Cette
mme problmatique se retrouve au niveau des modications structurales des
streptogramines par mutasynthse.
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Dformylases
Chez les bactries, la synthse des protines est initie par la Nformylmthionine. Le peptide naissant est transform en protine mature par
lintermdiaire dun retrait squentiel du groupement N-formyl et de la mthionine par une dformylase peptidique (PDF) et une mthionine aminopeptidase
(Mazel et al., 1994). Cette enzyme est absente dans les cellules des mammifres.
La production de la protine dformylase est gouverne par deux gnes chez
les cocci Gram positif (def A et/ou def B) mais seulement un gne semble impliqu pour celle de E. coli (def A). Ces gnes sont essentiels pour la croissance
bactrienne (Margolis et al., 1999a, b). Le gne def A chez E. coli est sous
le contrle du gne tol C qui peut rguler le niveau de lexpression de PDF en
faisant varier les concentrations en arabinose. La viabilit des cellules dpend
du produit du gne fmt (produit du gne, ARNt-mthionyl formyltransfrase). La
protine dformylase est une mtallohydrolase. Deux molcules sont en cours
de dveloppement (LMB 415, et BB 83698).
GTPase
Era (E. coli Ras-like protein) est une GTPase prsente chez les bactries
Gram positif et ngatif et chez les mycoplasmes. Cest une enzyme essentielle.
Un inhibiteur de cette enzyme a t synthtis, mais malgr sa bonne afnit
enzymatique, il pntre mal la paroi bactrienne. Un driv de cette tte de
srie possde une grande afnit (CI50 : 0,01 2 mg/l) et des CMI de lordre
de 1,6 32 mg/l (Snyder et al., 2000).
3.3 ADN
Hlicases
Les hlicases sont prsentes dans tous les micro-organismes. Il sagit denzymes ubiquitaires impliques dans la formation des brins dacides nucliques.
Chez E. coli, douze hlicases ADN ont t identies. Elles agissent en hydrolysant le triphosphate nuclosidique permettant la sparation de brins dADNADN, dADN-ARN, ou dARN-ADN (Singleton et al., 2002).
DnaA est une hlicase possdant une grande afnit pour lATP qui agit sur
la rplication de lADN par inhibition de la xation de lATP. Des inhibiteurs
comme les drivs bisindole ont t dcrits.
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Thymydine phosphatase
La thymydine phosphatase catalyse la phosphorylation de la thymydine. Des
drivs du type hydrazine carboxamide ont un pouvoir inhibiteur de cette enzyme chez E. coli (Mc Nally et al., 2003).
3.4 Mtabolisme
Le blocage des mcanismes de transport des soluts dagents antibactriens par lintermdiaire dosmotransporteurs comme des inhibiteurs de
la glycine btaine (Cosquer et al., 2004) est une des voies de recherche. Ces
osmotransporteurs empchent la pntration de toxiques dans la bactrie et leur
blocage permet de faon indirecte dintoxiquer la bactrie.
Les pompes efux, que lon a mis en vidence chez de nombreuses
bactries, sont un moyen physiologique pour ces dernires dliminer les xnobiotiques comme les agents antibactriens. Des recherches se poursuivent actuellement an dassocier des molcules actives pour les expulser de la bactrie
avec des composs bloquants leur sortie. Des propositions ont t faites pour
associer la lvooxacine un inhibiteur pour P. aeruginosa ; ce type de molcules a t propos pour les entrobactries comme Enterobacter aerogenes
(Chevalier et al., 2004). Des recherches plus complexes ont dmontr que le mcanisme dexpulsion peut tre diffrent dans une mme famille dantibiotiques
(macrolides et entrobactries).
Le mtabolisme lipidique est complexe et reprsente une voie potentielle pour
lactivit de nouveaux antibiotiques. La biosynthse des acides gras est ralise
par un ou des systmes ubiquitaires nomms FAS. Il existe deux systmes FAS I
et FAS II.
La biosynthse des acides gras est ralise au travers de plusieurs tapes qui sont catalyses par divers systmes enzymatiques permettant
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3.5 Virulence
Adhrence
Ladhrence des bactries peut se faire par lintermdiaire des pilis pour les
bacilles Gram ngatif ou des protines positionnes covalentement en surface
par les sortases pour les bacilles Gram positif.
Des pilicides ont t synthtiss, ils sont de type -lactamines, mais ils diffrent
de la structure pnames par la prsence dune liaison C-C au lieu de C-N en
position 6 du core central et par une strochimie diffrente des pnames. Les
sortases de tous les bacilles Gram positif contiennent le motif LPXTGX, ce qui
pourrait reprsenter une cible universelle chez ces bactries.
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Quorum Sensing
Le quorum sensing est un systme de communication entre les bactries qui
est rgul par un ensemble gntique et sous la dpendance dhomosrines
lactones qui sont auto-induites en situation de dtresse et qui sembleraient tre
inhibes par les macrolides. Ce phnomne serait une des explications de leur
activit dans la mucoviscidose. Le quorum sensing modie et rgule la virulence
bactrienne, la production de mtabolites secondaires, la formation du biolm,
module le passage en phase stationnaire de la croissance bactrienne.
Des inhibiteurs de lhomosrine lactone sont ltude, peut-tre pour tre
administrs en association des antibactriens connus.
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Dna K
Lassemblage des diffrentes protines ribosomales donne les sous-units 50S
et 30S. Lassemblage apparent et spontan se fait avec la participation de protines dnommes chaperonines qui facilitent et acclrent lassemblage. Le
couple DnaK/DnaJ et GroEls est impliqu dans la partie terminale de lassemblage des ribosomes de E. coli. DnaK acclre le processus de conversion des
particules 21S en sous-units 30S, et des particules 32S et 45S en sous-units
50S.
Cette molcule en association avec des antibactriens agit sur lassemblage
du ribosome bactrien qui pourrait de faon importante inuencer lactivit de
ces molcules en acclrant le processus dinhibition.
Lipide A
Le lipide A ou endotoxine est spcique des bactries Gram ngatif. Cest
un ensemble comprenant des disaccharides phosphats sur lesquels viennent se
xer des chanes dacides gras. Il fait partie intgrante du lipopolysaccharide
(LPS) dont la partie hydrophe est responsable de la toxicit. Sa biosynthse ncessite au moins lintervention de neuf systmes enzymatiques dont la deuxime
tape (LpxC) semble la plus sensible laction des inhibiteurs de sa synthse.
La biosynthse du lipide A est ncessaire la croissance de E. coli. Un certain
nombre de drivs sont actifs sur E. coli mais non sur P. aeruginosa. Cette enzyme est une mtallo(zinc)-amidase qui serait inhibe par des composs de type
L573655 et L 161240. Ces drivs sont galement actifs in vivo dans un modle murin dinfection exprimentale. Dautres drivs comme E-5532 agissent
sur la sortie du TNF. BB-78484 et BB-78485 sont des drivs de lacide -(R)
aminohydroxamiques et ils possdent une bonne activit inhibitrice de LpxC
(Clements et al., 2002).
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Conclusion
Le monde des agents anti-infectieux ne sarrte pas aux agents antibactriens, mais une recherche intensive a t entreprise dans le monde des agents
antifongiques, et beaucoup plus difcile apprhender est celui des agents antiprotozoaires. Ce dernier est vaste et complexe. Il est urgent de trouver des
agents contre Plasmodium falciparum, mais galement daugmenter le nombre
dagents actifs sur Leishmania donovani, Trypanosomia gambiense et de trouver
des mdicaments actifs contre la maladie de Chagas ou dapporter de nouvelles
molcules contre Gardia lamblia.
Moins de 20 % des cibles bactriennes sont exploites comme site daction
des agents antibactriens, laissant de lespoir pour lavenir, mme si la dcouverte et lexploitation de nouvelles entits mdicamenteuses restent difciles,
longues et alatoires.
Actuellement, la situation nest pas encore critique en ce qui concerne les
agents antibactriens, mais pourrait le devenir si rien nest trouv rapidement.
Des difcults sont souvent lies au dveloppement et le dlai entre sa synthse,
sa slection et sa mise la disposition du corps mdical demande environ six
ans, rarement moins.
En dehors des mdicaments, une approche importante est celle de la vaccination, qui malheureusement a ses limites en ce qui concerne le monde bactrien
du fait de la complexit des structures antigniques. De plus, il a t possible
de constater que les vaccins polyvalents comme ceux utiliss contre Streptococcus pneumoniae ne rglent pas toujours les problmes thrapeutiques et pourraient tre un facteur favorisant lmergence dun srotype rsistant, notamment
si celui-ci nest pas inclus dans le vaccin, ou est peu immunogne (srotype 19
par exemple). Cependant, les vaccins sont une des voies complmentaires de
lutte contre lmergence de souches rsistantes.
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Inhibition de
Peptidoglycane
MurA
Molcules synthtises
MurB
Thiazolidinones
MurC
Phosphinates
MurD
MurE
Phosphinates
MurF
MraY
MurG
Ramoplanine
Drivs bis-indoles
pol#IIIc
Drivs uracile-6-aniline
Thymidine phosphatase
Hydrazine carboxamide
Purine phosphatase
Formycine A
ADN gyrase B
Topoisomrase IV
Ribosome
Site A
Azpane aminoglycosides
ARN-t synthtase
SB 219383, Phnylthiazoloure
Facteurs dinitiation
Facteurs dlongation
Kirromycine
Site peptidoglycane
GTPase
Mtabolisme
Osmotransporteurs
Glycine btane
Tableau 9.6-1
Recherche de nouvelles cibles et molcules.
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Inhibition de
Molcules synthtises
Ribosome
Pompes defux
Biosynthse lipidique
Actyl CoA synthtase
Moiramide B
FabH
Diazaborines
FabI
Acylamides
Mtabolisme du fer
Valine 5-uorouridine
Virulence
Pili
lactamine-like
Quorum sensing
Lipide A LpxC
L-573655, L 161240
Biolm
CDI-538
Hydroxamates
Tableau 9.6-1
Suite.
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SOUS-CHAPITRE
9.7
Nouvelles approches
vaccinales : quels ds ?
PAUL-HENRI LAMBERT
Introduction
La vaccination est lapproche prventive qui se rvle en gnral la plus efcace et la moins coteuse pour le contrle dune maladie infectieuse. Elle est
donc particulirement adapte la situation des pays en dveloppement et
la solution de grands problmes mondiaux de sant publique. La vaccination a
fait ses preuves en permettant dviter 3 millions de morts chaque anne par la
prvention de maladies telles que poliomylite, coqueluche, diphtrie, ttanos
et rougeole (Plotkin, 2005). La recherche en matire de vaccins est cependant
loin davoir atteint son terme. Un programme bien conduit aurait le potentiel
de dvelopper des outils vaccinaux permettant de sauver annuellement des millions de morts et de rduire signicativement la morbidit lie aux grands aux
infectieux. Cela demande une intervention du secteur public car on ne peut attendre de lindustrie des investissements sufsants pour dvelopper des produits
de relativement faible rentabilit commerciale.
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Figure 9.7-1
Cause de mortalit infantile (0-4 ans) dans le monde, selon le rapport annuel de lOMS.
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Afrique et, de faon trs surprenante, prs de 2 % en Europe (OMS, 2004). Ces
chiffres retent limportance non seulement des stratgies vaccinales et des systmes dadministration de vaccins (Clemens, 2005) mais aussi de linformation
approprie du public. Il est frustrant de noter que les principaux rservoirs
europens de rougeole se situent en Suisse, en Italie, en Allemagne et en France.
2.2 Priode nonatale
La priode nonatale, de 0 28 jours dge, pourrait tre une premire
cible pour de nouvelles stratgies vaccinales. Les infections par pneumocoques
et streptocoques du groupe A dominent le tableau dans les pays en dveloppement tandis que les nouveau-ns de pays industrialiss sont plus souvent exposs
au risque dinfection par streptocoques du groupe B, de virus respiratoire syncytial (VRS), cytomgalovirus (CMV) et herps de type 2. Cependant, les stratgies
vaccinales de lenfance nont gure de chance dinuencer ces maladies vu le
dlai ncessaire pour linduction dune rponse protectrice. Cest donc la vaccination maternelle qui serait la mieux adapte ces problmes. Aujourdhui,
cette approche est utilise avec succs pour la prvention du ttanos nonatal et,
dans certaines rgions, la grippe, mais son application aux autres infections
nonatales cibles causes par le pneumocoque, le VRS ou le CMV ncessite un
important effort de recherche.
2.3 Priode post-nonatale
La priode post-nonatale prcoce (0-6 mois dge) reprsente une autre
cible trs actuelle pour la recherche vaccinale. On estime que 2 2,2 millions denfants meurent chaque anne la suite de maladies infectieuses touchant cette priode de vie. Cela rete une fentre de vulnrabilit lie au dclin
de limmunit dorigine maternelle dans un contexte de maturation progressive
du systme immunitaire de lenfant (Siegrist, 2001). Trois groupes de maladies
cibles caractrisent cette priode de vie :
infections respiratoires aigus ;
maladies diarrhiques ;
formes infantiles de malaria, tuberculose et VIH.
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conjugu ) existe pour la prvention des infections pneumococciques chez lenfant, ce vaccin ne comporte quun nombre limit de srotypes et ne protge
donc que partiellement dans le contexte de la diversit antignique du pneumocoque et de la variation de la distribution de ces srotypes selon les rgions gographiques concernes. En outre, il apparat maintenant que limmunit confre par le vaccin pourrait inuencer lpidmiologie du pneumocoque
et, moyen terme, permettre lmergence de srotypes non couverts par le
vaccin (Lambert, 2005). Ce phnomne de remplacement implique la ncessit
dune adaptation rgulire du vaccin aux changements pidmiologiques locaux et reprsente un d non ngligeable. La porte reste donc ouverte pour de
nouveaux vaccins, ventuellement protiques, susceptibles dchapper ou dtre
plus facilement adapts lvolution pidmiologique. La recherche de nouvelles approches vaccinales pour le pneumocoque demeure certainement une
priorit de sant publique.
Par ailleurs, il faut noter limportance croissante de la coqueluche du nourrisson, qui apparat avant lge habituel de la vaccination et prend la forme
dune maladie svre et parfois ltale. Le nombre de cas de coqueluche svre
observs dans les premires semaines de vie aux tats-Unis et en Europe a augment de plus de 60 % en 10 ans (Tanaka, 2003). Cela rete les modications
pidmiologiques lies une diminution de limmunit dorigine maternelle. La
coqueluche du nourrisson est donc une cible rmergente pour de nouveaux
vaccins. Cette priorit est globale car on note encore ce jour 48 millions de
cas annuels de coqueluche dans le monde et lon estime 295 000 la mortalit
qui y est associe dans les six premiers mois de la vie (Crowcroft, 2003). La
recherche de nouvelles stratgies vaccinales qui permettraient dinduire une immunit partielle ds les premires semaines de vie devrait apporter une solution
ce problme.
Un autre d important est celui du VRS. Ce virus est une des premires
causes dhospitalisation du jeune enfant, mais il ny a pas de vaccin efcace
contre cette infection. Les deux tiers des enfants hospitaliss ont moins de 6 mois.
Tant limpact humain que la charge nancire sont donc considrables (2,6 milliards de dollars par an aux tats-Unis). Il est noter que des donnes rcentes
suggrent que le VRS affecte galement de nombreux pays en dveloppement.
Le VRS est une des premires causes dhospitalisation infantile en n de saison
humide tant en Gambie (Weber, 2002) que dans des zones rurales dIndonsie
(Djelantik, 2003).
2.3.2 Maladies diarrhiques
Bien que leur morbidit et mortalit demeurent leves, limpact global des
maladies diarrhiques de lenfant a diminu au cours des 20 dernires annes.
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La mortalit annuelle est ainsi passe de 4 600 000 en 1980 2 197 000 en
2002 (Bryce, 2005). Cela rete une meilleure prise en charge des malades car
la mortalit est plus affecte que la morbidit lie ces maladies (Kosek, 2003).
Les causes principales sont :
les infections par rotavirus (111 millions de cas, 2 millions dhospitalisations, 440 000 morts annuellement (Parashar, 2003) ;
les shigelloses ;
les E. coli pathognes. Plusieurs vaccins contre le rotavirus sont actuellement un stade avanc de dveloppement et leur efcacit protectrice
est trs prometteuse. Les vaccins contre les shigelloses (Sansonetti, 2004)
et les infections E. coli sont encore au stade de recherche et leur dveloppement reprsente une priorit essentielle en sant publique. La disponibilit de vaccins efcaces permettrait de complter le succs relatif
des approches thrapeutiques et de rduire encore le fardeau sanitaire et
conomique li aux maladies diarrhiques.
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Figure 9.7-2
Couverture vaccinale (% denfants vaccins) au Mali et en thiopie pour des vaccins donns la naissance
(BCG), 4-6 mois (3e dose du vaccin combin diphtrie-ttanos-coqueluche, DTP3), ou 9 mois (rougeole).
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Figure 9.7-3
Approches actuelles visant au dveloppement dun nouveau vaccin contre la turberculose.
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Figure 9.7-4
Stratgie de vaccinologie rverse pour le dveloppement de nouveaux vaccins.
dapplication des vaccins contre les hpatites B et C. Dautres vaccins anticancer , visant galement la prvention de linfection qui en est le facteur
tiologique majeur, sont en voie de dveloppement. Il est trs stimulant de voir
les rsultats prliminaires obtenus avec des candidats-vaccins contre le virus du
papillome (HPV). Ceux-ci semblent exceptionnellement efcaces dans la prvention des stades initiaux du cancer du col utrin. De mme, un vaccin contre
Helicobacter pylori pourrait avoir un impact signicatif sur lapparition de cancers gastriques.
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des rponses anticorps induites par un vaccin et par une restriction du rpertoire
de cellules T capables de participer ces rponses. Des recherches sur loptimisation des stratgies vaccinales dans ces groupes dges sont essentielles pour
limiter limpact des infections qui les affectent.
Conclusions
La vaccination a pris une place essentielle en sant publique car cette approche permet de contrler des maladies infectieuses avec un rapport cotefcacit infrieur celui de toutes les autres stratgies disponibles. Cela est
particulirement vrai dans la situation critique de nombreux pays en dveloppement mais cest galement le plus souvent applicable dans les pays industrialiss. On peut se rjouir de voir aujourdhui un nombre croissant de maladies
prvenues par la vaccination. On est cependant trs loin de raliser le potentiel
offert par la recherche dans ce domaine. long terme, seuls des vaccins permettront dintervenir efcacement contre le sida, paludisme ou la tuberculose ou
de prvenir le au pdiatrique majeur que reprsentent les infections respiratoires aigus et les diarrhes causes par des shigelles ou des rotavirus. Seuls
des vaccins nous permettront darrter lvolution des pandmies attendues dinuenza ou dautres maladies mergentes. Il serait donc quasi suicidaire de ne
pas investir dans la recherche ncessaire la ralisation des objectifs majeurs
en vaccinologie. Cela ncessite une participation active du secteur public tant en
recherche fondamentale quen recherche applique, et une collaboration troite
avec le secteur priv.
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CHAPITRE
10
Lenseignement
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SOUS-CHAPITRE
10.1
Lenseignement lUniversit
et lInstitut Pasteur
JEAN-FRANOIS BACH ET XAVIER NASSIF
Introduction
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transmissibles est effectu lors dune deuxime partie qui regroupe une centaine
dheures denseignement magistral et qui porte sur tous les aspects des maladies transmissibles. Ce module permet un enseignement intgr avec un volet
microbiologique qui introduit les grandes notions fondamentales en bactriologie, virologie et parasitologie. Mais cet enseignement reste trs clinique et porte
sur les diffrents aspects des maladies infectieuses, savoir les infections ORL
et pulmonaires, les infections cutanes, osseuses, du systme nerveux central,
digestives, urinaires et nonatales, mais aussi les septicmies, endocardites, les
maladies sexuellement transmissibles, les infections dorigine animale ou par piqre et les infections chez les immunodprims. Laspect thrapeutique est bien
entendu envisag sous langle la fois prophylactique et curatif. Il permet dintroduire lensemble des notions de pharmacologie ncessaires la prescription
des anti-infectieux. Enn, des enseignements dirigs peuvent venir complter cet
enseignement magistral et portent volontiers sur des grands problmes en pathologie infectieuse, telles que les infections nosocomiales et la transmission des
agents infectieux lhpital, le maniement des antibiotiques. . .
Enn, au sein des facults de mdecine, cet enseignement obligatoire peut
tre complt par diffrents modules optionnels, qui donneront la possibilit ltudiant de venir complter un aspect particulier de cet enseignement,
par exemple, linfection VIH, la prescription dantibiotiques, la mdecine du
voyage.
1.2 Enseignement des maladies infectieuses
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Pasteur
Lenseignement est une des missions de lInstitut Pasteur, qui a toujours occup une place importante dans lenseignement fondamental ou appliqu de
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Enseignement de limmunologie
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en microbiologie, il existe la fois un enseignement de M1 scientique, dispens sur une anne et un enseignement de M1 sant rparti sur 2 ans. Ces
deux enseignements de M1 comptent plus de 15 heures spciquement consacres limmunologie anti-infectieuses, indpendamment des autres cours plus
fondamentaux, o limmunit anti-infectieuse apparat de faon sous-jacente.
Sagissant du M2, enseign Paris en commun pour les scientiques, les mdecins, les pharmaciens, les vtrinaires et les lves de grandes coles, trois
modules (9 ECTS) sont consacrs limmunit anti-infectieuse (un pour limmunit antibactrienne, un pour limmunit antivirale et un pour limmunit antiparasitaire).
Limmunologie est galement enseigne lInstitut Pasteur, l aussi comme
en microbiologie, en troite concertation avec les universits Paris V, VI et VII.
Lensemble des tudiants de M2 se retrouve lInstitut Pasteur pour un enseignement commun pendant deux semaines (6 ECTS) ou les bases approfondies
de limmunologie fondamentale leur sont prsentes. Selon leur choix, les tudiants peuvent ensuite sorienter vers les modules naliss mentionns plus haut
ou continuer lenseignement fondamental de lInstitut Pasteur, avec une place
importante donne aux travaux pratiques.
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SOUS-CHAPITRE
10.2
Lenseignement
dans les coles
vtrinaires
BERNARD TOMA
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le dveloppement de maladies vectorielles, en relation avec des modications climatiques (linfection virus West Nile, la vre catarrhale ovine,
etc.) ;
enn, lattention croissante porte la pathologie infectieuse humaine
conditionne par lalimentation dorigine animale : les salmonelles,
Campylobacter, Escherichia coli O157 :H7, Listeria, Mycobacterium
paratuberculosis, etc., sont et seront de plus en plus traqus dans lalimentation humaine et lorigine de mesures de prvention trs coteuses.
Ces diffrents ds conduisent envisager lorganisation dun change dinformations entre les diffrents partenaires qui interviennent dans lenseignement des vnements se droulant de ltable lhpital et la mutualisation des
moyens disponibles, en vue dune meilleure efcacit.
Recommandations
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de linstauration dun rseau des units denseignement de la pathologie infectieuse des facults de mdecine et des coles vtrinaires, en vue
dune meilleure connaissance rciproque, de ltablissement de relations
entre collgues et, ventuellement dinterventions ponctuelles et bien cibles, croises.
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RECOMMANDATIONS
Grard Orth et Philippe Sansonetti
Il y aura toujours des maladies infectieuses. Des infections animales, les zoonoses, jouent et joueront un rle croissant dans lmergence des infections humaines. Nous avons les moyens de relever le d si nous donnons aux maladies
infectieuses le statut de Grande Cause nationale et internationale. Cette ambition ncessite de mobiliser des ressources nancires, humaines et technologiques sans prcdent au service dune recherche multidisciplinaire en biologie,
en pidmiologie, en sciences sociales, humaines et conomiques.
Cet effort est seul garant de lacquisition des connaissances indispensables
la matrise. Ceci implique :
une collaboration approfondie entre une recherche acadmique de pointe
et la recherche industrielle ;
une meilleure coordination des systmes nationaux et transnationaux de
veille, dalerte et dintervention ;
une prise de conscience de la ncessit dintgrer lensemble de la pathologie animale et humaine dans un concept global denseignement et de
recherche ;
une meilleure ducation de la population an de laider percevoir, comprendre et matriser le risque infectieux.
Lmergence des maladies infectieuses est par dnition imprvisible. Seul un
effort global de recherche, portant en particulier sur la virologie, en raison du
rle majeur des virus dans lmergence, permettrait dassurer la transition de
lapproche ractive actuelle vers une approche anticipatrice et proactive.
Un certain nombre de recommandations plus spciques nous semblent indispensables :
1. Dvelopper de nouveaux outils diagnostiques, agents anti-infectieux et
vaccins. Ceci ncessite une liaison troite entre la recherche acadmique
et lindustrie pharmaceutique, an de renouveler leur intrt pour ces
champs essentiels de recherche et de dveloppement.
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R ECOMMANDATIONS
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RECOMMENDATIONS
Grard Orth and Philippe Sansonetti
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R ECOMMENDATIONS
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CNRS
Ren BAILLY
Cirad
Patrice DEBR
CEA
Jacques GRASSI
Bruno HOEN
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Inra
Bernard CHARLEY
Inserm
Franois VANDENESCH
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des interactions entre milieux et activits des htes. Lexistence dun chapitre
entirement ddi aux zoonoses faciliterait lidentication de leur spcicit et
permettrait aussi une meilleure prise en compte des problmatiques propres aux
maladies naffectant que les animaux, qui sont distinctes de celles des zoonoses,
tout en clariant le chapitre 2 et certains aspect du chapitre 1. On pourrait dans
ce cadre mieux discuter la hirarchie des grands axes de recherche.
Concernant la recherche, le rapport souligne juste titre la ncessaire implication des CNR et LNR dans les activits de recherche. Les consquences
organisationnelles de ce positionnement, largement entam mais qui devrait
continuer tre encourag, mriteraient un dveloppement plus important que
celui (excellent) qui gure dans le chapitre Virus mergents (chapitre 3). En effet,
la question souleve pour les maladies mergentes et rmergentes dorigine virale, quant la faon de dnir et de choisir les priorits et les questionnements
de recherche affrents, se pose pour toutes les maladies infectieuses quelquen
soit ltiologie. Une approche combinant des abords bottom-up et top-down
permettrait probablement une ractivit et une pertinence accrues des efforts de
recherche en dpassant les clivages quelquefois contraignant qui peuvent exister
entre recherche nalise et recherche acadmique, comme le montre lactualit
en matire dinuenza aviaire.
De la mme faon, un renforcement des liens existant entre laboratoires et rseaux traitant des mmes pathognes chez lhomme et les animaux, lexemple
du rseau europen Med-Vet-Net devrait permettre de dvelopper des synergies signicatives, aussi bien pour la dnition que la mise en uvre des programmes de recherche.
En ce concerne lenseignement suprieur, lAfssa sassocie pleinement aux
conclusions du chapitre 9.5 (vecteurs et contrle) puisquelle a pu mesurer les
difcults lies la pnurie dentomologistes et la ncessit de leur expertise, notamment pour valuer les risques dmergence (par exemple dans le cadre du
rchauffement climatique) ou les consquences dune mergence russie (par
exemple pour la vre catharrale ovine) des maladies transmises par les Arthropodes.
Il apparat en outre la lecture du chapitre 10 (consacr lenseignement) la
ncessit de redonner une place signicative une vritable cole de pense en
matire de microbiologie et dpidmiologie des maladies transmissibles dans
une perspective multidisciplinaire (pathologie compare) qui permettrait au pays
de Claude Bernard, Louis Pasteur, Gaston Ramon et Charles Nicolle, de retrouver au cours du XXIe sicle la place quil occupait au dbut du sicle prcdent.
Dans ce cadre, un vritable effort national en termes denseignement suprieur
et de recherche parat ncessaire, il pourrait inclure un investissement signicatif
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en termes dvaluation et de retour dexprience en matire de contrle des maladies infectieuses. Lexprience acquise dans ce domaine, notamment pour les
zoonoses, quelles soient pour lhomme dorigine alimentaire (listriose) ou non
(rage), est relle et mriterait probablement, pour amliorer sa lisibilit, principalement au plan europen, un effort spcique en matire denseignement et
de recherche.
Lensemble des constations, rexions et propositions contenues dans ce rapport devraient contribuer de faon trs signicative la construction de stratgies de connaissance et de matrise des maladies infectieuses du prsent et de
lavenir.
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La recherche des maladies infectieuses est effectue en France dans de nombreuses institutions telles notamment les EPST quintressent une recherche fondamentale (CNRS) ou applique (Inserm, Inra, CEA), dautres qui ont vocation
intervenir au Sud telles IRD, Cirad, et des agences sanitaires (InVS, Afssa),
des agences de programmations de recherches (ANR, ANRS), des institutions
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mergentes et rmergentes
La mobilisation de diffrents acteurs pourrait se faire autour dun ou des programmes ddis aux maladies infectieuses et aux causes de leur mergence.
La proposition faite par le Comit dinitiative sur les maladies mergentes
lAgence nationale de recherche, pour la cration dun programme particulier,
est cet gard exemplaire. Leffort devrait tre poursuivi dans ce sens et soutenu
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C OMMENTAIRE DU C IRAD
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par les agences de programmation travers une rexion commune telles lANR
et, pour le sida et les hpatites, lANRS. De tel(s) programme(s) doit(vent) favoriser la collaboration entre quipes, car la faiblesse que peut reprsenter la diversit des approches, peut aussi tre une force dans une action intgre comme
lest aujourdhui celle ddie au cancer. Dans ce cadre, une attention plus particulire doit tre porte ltude des relations htes/pathognes dune part,
et celle des facteurs favorisant lmergence des maladies infectieuses dautre
part, qui sont pour prs des deux tiers dues une zoonose.
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chelle, aux multiples paramtres cliniques et biologiques qui caractrisent lvolutivit des maladies infectieuses.
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C OMMENTAIRE DU C IRAD
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Les pays tropicaux sont aujourdhui des lieux dmergences ou de rmergences des principales pidmies mondiales. La mondialisation des enjeux sociaux, conomiques, environnementaux, sanitaires, montre combien il est important de renforcer ces recherches dans le cadre dune vritable stratgie gopolitique incluant les recherches sur les maladies infectieuses dans le cadre de
celles dvolues au dveloppement. Il sagit en effet dune recherche stratgique
au cur de relations Nord-Sud : les pays dvelopps voluent vers une conomie o la connaissance et ses processus de diffusion revtent une importance
stratgique. Compte tenu des ravages crs par les grandes pidmies telles
par exemple le sida, la tuberculose et le paludisme, la recherche des maladies
infectieuses reprsente lun des facteurs cls du dveloppement.
Or, les transferts de technologies ne sufsent plus car la production des
connaissances, qui seffectue pour lessentiel dans les pays du Nord, nest pas
sufsamment oriente vers les besoins des PED et, quand les comptences locales sont insufsantes, leur mise en application est peu efcace. Il est donc essentiel que les pays en dveloppement soient partie prenante des programmes
concernant les maladies infectieuses qui sont conduits chez eux. Ils doivent tre
normalement associs et bnciaires, cest--dire en tirer partie pour le dveloppement et pour la consolidation de leurs dispositifs scientiques.
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Les nombreuses disciplines concernes, la multiplicit des approches fondamentales, cliniques, biologiques, etc., ncessitent un bon cheminement des
connaissances, des confrontations rgulires, et plus gnralement une information scientique partage entre spcialistes du domaine. Mais, au-del, la
prise en compte des problmes en recherche et sant poss par les maladies
infectieuses, et la mise en place dune politique de recherche ambitieuse par
les dcideurs, lgitiment un relais pour que la socit franaise toute entire
se sente concerne par ces recherches et fasse sienne leur stratgie. Il apparat
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C OMMENTAIRE DU C IRAD
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ainsi important de mettre en interaction le monde scientique, politique et administratif autour des maladies infectieuses qui pourraient ds lors devenir une
grande cause nationale dans un effort de solidarit. Cette valorisation de la
recherche doit ainsi dpasser les scientiques pour stendre un publique plus
large, capable de sintresser aux diffrents aspects de ces recherches, quelles
soient pidmiologiques, cliniques ou plus fondamentales. Ltude des maladies
infectieuses pourrait ainsi tre, laube du XXIe sicle, lorigine dune nouvelle
rvolution pasteurienne, scientique et de socit.
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CONTRIBUTION DE LA DIRECTION
DE LHOSPITALISATION
ET DE LORGANISATION DES SOINS
MINISTRE DE LA SANT ET DES SOLIDARITS
Jean Castex
Directeur de lHospitalisation et de lorganisation des soins
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Forces et faiblesse
Forces
LOnerba est une association et non pas une structure publique. Elle nest pas
au mme niveau que le Raisin ou les CNR.
Faiblesses
Le principe de prcaution est loin dtre un obstacle ; les crdits dgags en
2001 et 2002 pour la prvention du risque de transmission interhumaines des
maladies prions ont permis une progression sans prcdent de la qualit de la
strilisation, de la dsinfection des endoscopes (plus de 2 millions dactes par an)
et le renforcement des quipes dhygine hospitalire. Cela a galement permis
un renforcement des Drass par la cration des postes transversaux en charge de
lencphalopathie spongiforme bovine (ESB) et de la scurit sanitaire.
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Recommandations
On trouvera ci-dessous, au regard de chacune des quatre premires recommandations qui concluent le chapitre, les principales actions mises en place.
Formation
Une mission est en cours sur le sujet. Par ailleurs, si le sujet doit encore se
dvelopper, un certain nombre de dispositions existent :
introduction de notions de base dhygine lors du stage inrmier ralis
par les tudiants en mdecine (1995) ;
cration dun module de sant publique dans les tudes conduisant au
diplme de cadre de sant (1995) ;
introduction du thme infections nosocomiales dans le programme du
concours de linternat (1996) ;
formation sur les infections nosocomiales prvue dans lenseignement de
deuxime cycle des tudes mdicales (1997) ;
modication du concours de praticien hospitalier permettant aux pharmaciens non biologistes daccder aux postes en hygine (1999) ;
augmentation de 20 heures du module Hygine hospitalire et prvention des infections nosocomiales (100 heures 120 heures) dans
la formation conduisant au diplme dtat dinrmier de bloc opratoire
(2001) ;
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cration du diplme de prparateur en pharmacie hospitalire comprenant un module Hygine hospitalire qui traite des infections nosocomiales, de lorigine et la propagation des biocontaminations ainsi que de
la prvention et le traitement des biocontaminations (2001) ;
inscription du thme Principes de la strilisation et prvention des infections nosocomiales aux preuves de vrication des connaissances des
aides opratoires (2002) ;
inscription du thme Hygine, infections nosocomiales aux concours
daccs au corps des directeurs de soins (2002).
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Contexte
Les maladies transmissibles ne connaissent pas les frontires. Cet adage rpt lenvi est particulirement vri dans le domaine des maladies mergentes infectieuses (MEI) dont une des caractristiques est sa dimension internationale. Ces maladies, par dnition, ne sont pas connes dans leurs zones
gographiques dorigine. Les MEI originaires des zones tropicales peuvent tre
importes et parfois se dvelopper dans les zones tempres (la peste aviaire,
la vre catarrhale ovine). linverse, les MEI originaires de zones tempres
semblent moins enclines se disperser dans les zones tropicales (encore quun
biais puisse exister du fait de la frquente absence dun systme de surveillance
performant). Dautres MEI se manifestent la fois en zones tempres et tropicales (West Nile, la grippe, . . .). Les MEI concernent, de fait, lensemble de la
plante.
Les zones de la surface du globe riches en biodiversit, y compris en termes
dagents pathognes, se situent en zones tropicales. Lmergence des MEI est
souvent un fait dobservation locale, dans le sanctuaire naturel de lagent pathogne ou sur ses marges, en relation avec son rservoir ou son vecteur. Il en
dcoule que les recherches ncessaires tant sur les maladies mergentes que sur
lmergence des maladies doivent tre intgratives, avec une forte implication
des pays du Sud. La thmatique des MEI reprsente une opportunit autour de
laquelle peut se construire un modle de collaboration internationale. Cest par
la constitution dun rseau transdisciplinaire et multinational quune recherche
pourra tre crative et la hauteur des enjeux.
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Propositions
Lmergence de maladies nouvelles est un phnomne complexe et dynamique qui amne sintresser aussi bien aux maladies elles-mmes, quaux
conditions de leur mergence et de la diffusion des agents infectieux responsables. Au cur de ces mergences, on saccorde considrer le rle majeur
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jou par les changements, de tous ordres, sans doute sans prcdent, qui interviennent dans les socits et leurs environnements. La croissance dmographique, le vieillissement de la population, la concentration de sous-populations
dans des niches a priori risque, laugmentation des voyages internationaux,
le tourisme, lurbanisation incontrle sont des changements rcents des socits, en lien avec lmergence des maladies. Les mcanismes qui sous-tendent
lmergence restent mal connus, mais il est tabli quils sont en relation avec des
changements de pratiques et avec des modications de lenvironnement. Les besoins de recherche sont importants pour apprcier les impacts ou valuer des
options de gestion.
La question de lmergence impose une approche interdisciplinaire, pluricentrique et comparative. Interdisciplinaire parce que les approches isoles, quelle
soient pidmiologique, biologique, ou de sciences sociales ne sont pas mme
de rendre compte du caractre toujours multifactoriel de lmergence. Pluricentrique et comparative, parce que les niveaux de dveloppement, les contextes
naturels, sociaux et culturels, sont trs diffrents, et que la comparaison des processus dmergence est un moyen dclairer de faon originale ceux qui sont
en cours, et de conduire, parfois, vers des solutions communes. Cette recherche
couvre schmatiquement trois domaines prioritaires relevant conjointement des
sciences du vivant et des sciences sociales et humaines :
la comprhension des dterminants, paramtres et mcanismes dintroduction, de maintien, de diffusion et dvolution des agents infectieux
diffrentes chelles spatiales et temporelles et diffrents niveaux dorganisation dans les cosystmes ;
les recherches nalises dvelopper en amont des phnomnes dmergence (pidmiosurveillance, dtection dvnements rares ou inattendus,
biotechnologies idoines) ;
lanalyse des consquences cologiques, sociales, politiques et conomiques.
Remarque conclusive
Les maladies mergentes infectieuses posent des questions lchelle de la
plante. Une rponse purement locale dans les pays du Nord, mme si elle est
la bienvenue dans le cadre dun besoin de gestion de crise, ne saurait avoir
un caractre exhaustif. La collaboration internationale et un fonctionnement en
rseau constituent probablement la seule option organisationnelle cohrente des
quipes de recherche et se place sinon en amont des crises, au moins en complment indispensable de leur gestion.
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La France, avec ses traditions sculaires douverture au Sud, garde une position privilgie pour jouer un rle prominent. Les relations que nouent lIRD,
le Cirad, le Rseau international des instituts Pasteur et dautres organismes de
recherche comme lAfssa, ou de surveillance comme lInVS, dans la zone tropicale, y compris dans la France doutre-mer, constituent des atouts exploiter et
valoriser.
La mobilisation et le positionnement dune part signicative de la recherche
franaise sur cette thmatique, mene en partenariat avec dautres recherches
nationales ou internationales, mais surtout menes avec les acteurs de la recherche des pays tropicaux, devraient trouver dans les maladies mergentes
infectieuses un champ dactivit dont bncieraient la fois le dveloppement
des pays du Sud et nos rgions du Nord.
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de longue date et considrs jusqualors comme matriss, voient leur importance saccrotre. Les maladies lies ces agents infectieux mergents peuvent
avoir des consquences majeures en termes de sant publique, de scurit sanitaire, dquilibre de lires agroalimentaires et dchanges conomiques. Elles
inuent dj fortement sur les dcisions politiques locales, nationales ou internationales, alors que les stratgies et les outils spciques adapts ces aux
sont peu efcaces ou nexistent pas.
Ces maladies mergentes constituent un cadre nosologique particulier. Elles
correspondent :
soit au dveloppement dune maladie nouvelle, consquence dun agent
pathogne nouveau, dans sa nature mme, dans son mode de transmission, dans son expression et/ou son adaptation aux espces htes ;
soit une maladie prcdemment identie mais dont les manifestations
sont nouvelles, associes une augmentation brusque de lincidence, de
la gravit ou de laire gographique dans un pas de temps allant de
quelques semaines/mois une ou plusieurs dcennies. Cette dnition
inclut donc la rsurgence de maladies endmiques dans des populations
plus sensibles ou moins surveilles et lapparition de formes dagents pathognes rsistants aux traitements.
Pour illustrer limportance et lactualit des maladies mergentes infectieuses
(et sans insister sur la pandmie de sida qui a tu au cours de ces 25 dernires
annes plus de 25 millions de personnes), rappelons que :
le Sras (syndrome respiratoire aigu svre), avec 10 000 cas humains
dont un peu moins de 1 000 dcs, a eu un cot global estim plus de
100 milliards de dollars pour lconomie mondiale ;
lventualit dune pandmie de grippe aviaire transmission interhumaine interpelle les responsables du monde entier ;
lpidmie de la vache folle a entran 182 500 cas conrms dencphalite spongiforme bovine au Royaume-Uni et lembargo sur les produits
dorigine bovine ;
le virus de la panachure jaune du riz, la principale maladie qui affecte
la riziculture irrigue en Afrique et Madagascar, peut dtruire la quasitotalit dune rcolte.
Lmergence de maladies nouvelles est un phnomne complexe et dynamique qui amne sintresser aussi bien aux maladies elles-mmes quaux
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conditions de leur mergence et de la diffusion des agents infectieux responsables. Au cur de ces mergences, on saccorde considrer le rle majeur jou par les changements, de tous ordres, sans doute sans prcdent, qui
interviennent dans les socits et leur environnement. Les mcanismes de ces
phnomnes restent mconnus et les besoins de recherche sont importants pour
apprcier les impacts ou valuer des options de gestion.
Une particularit des maladies mergentes rside dans la difcult dapprciation des risques qui y sont associs. On constate parfois leur faible importance en sant humaine, vtrinaire ou agronomique et leur impact considrable
sur lconomie mondiale et sur les mentalits et les peurs collectives. linverse,
la sous-estimation de la dangerosit des mergences constitue un facteur aggravant le danger. Cette spcicit inquite les responsables intervenant dans
le cadre de dispositifs lgaux prcis, contraints de se rfrer au principe de
prcaution (inscrit dans la Constitution franaise depuis mars 2005).
Objectifs
Lobjectif du programme de recherche sur les maladies mergentes et les
mcanismes impliqus dans lmergence est de dvelopper nos connaissances
scientiques en sappuyant sur une recherche transdisciplinaire la fois fondamentale et nalise. Ce programme doit permettre terme damliorer la
surveillance et la lutte contre ces maladies, en intgrant les partenaires conomiques et industriels impliqus dans le diagnostic, la production de mdicaments
et de vaccins, et la gestion des espces htes et de leurs milieux.
Cest par la constitution de ce rseau transdisciplinaire quune recherche
pourra tre crative et la hauteur des enjeux pour ces maladies plantaires
impliquant videmment les zones tropicales.
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Prsidente de lInra
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en mthodes thrapeutiques ncessite leur transfert vers les secteurs biotechnologique et pharmaceutique. En matire de diagnostic et de vaccins, lInstitut
Pasteur entretient des relations avec de grands groupes industriels, dont certains
sont danciennes liales. Tous les organismes de recherche poursuivent leurs efforts pour se rapprocher davantage du monde industriel et en nourrir le tissu
par des crations dentreprises. LInserm, pour sa part, sest dot dun Comit
dorientation stratgique et de suivi des essais cliniques . Celui-ci a pour mission essentielle de soutenir des projets de recherche prclinique et clinique issus
des recherches menes lInserm ventuellement dans un contexte europen
et dinteragir avec les partenaires nanciers et institutionnels concerns.
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animaux de rente, lanatomie pathologique des espces dlevage, la parasitologie vtrinaire, lentomologie mdicale, ou encore lpidmiologie. En outre,
des espces animales dlevage, de compagnie ou de la faune sauvage sont aujourdhui encore considres comme orphelines en labsence de recherches
physiopathologiques et pharmacologiques. Enn, la recherche publique franaise en pharmacologie vtrinaire reste peu dveloppe, ce qui est dautant
plus proccupant que lindustrie pharmaceutique europenne dlaisse aujourdhui ce secteur.
Une des conditions essentielles pour assurer le dveloppement de la recherche
en infectiologie animale repose sur le renforcement de la formation par la recherche des vtrinaires, et sur la capacit de les inciter simpliquer dans la
recherche. Dores et dj, diffrentes mesures ont t prises dans ce sens, notamment avec la cration dunits de recherche Inra au sein des coles nationales
vtrinaires et leur renforcement par le recrutement de trente-deux chercheurs
par lInra en 2001 et 2002. Enn, lintgration dune formation la recherche
des vtrinaires dans le cursus des coles nationales vtrinaires devrait aussi
contribuer cette volution.
Une autre condition de lessor de la recherche en infectiologie animale est
le rapprochement de toutes les disciplines scientiques microbiologie, immunologie, biologie structurale et haut dbit, pharmacologie et leur mise en
synergie dans un dispositif coordonn et reconnu au niveau europen. Enn,
la volont publique de renforcer la scurit sanitaire, pour faire face laccroissement des menaces infectieuses animales et des zoonoses, exige aujourdhui plus que jamais daccrotre la coordination entre les acteurs de la recherche, les agences de sant, telle lAfssa, et les dcideurs politiques. De fait,
une convention-cadre a t signe entre lInra et lInstitut Pasteur, et lInra a
appos son label des units de recherche de lInstitut Pasteur.
Au niveau europen, par ailleurs, le rapprochement des laboratoires comptents dans le domaine des maladies mergentes est une priorit majeure pour
mieux couvrir le spectre, particulirement tendu, de cet important champ de
recherches.
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lUnion europenne. Force est de constater que peu de thmatiques transversales aux mondes mdical et vtrinaire sont afches dans le programmecadre. Dans le champ de linfectiologie humaine, lInstitut Pasteur est impliqu
dans dix-huit projets europens ; il est coordonnateur de cinq dentre eux, dont
un rseau dexcellence sur le paludisme. LInserm, pour sa part, coordonne
trois projets, dont un rseau dexcellence consacr ltude des rsistances aux
mdicaments antiviraux, un projet ddi ltude des rsistances aux agents antibactriens et un projet ddi aux nouvelles approches thrapeutiques. LInserm
est galement partenaire de plusieurs projets europens. Sur lensemble de ces
projets, un certain nombre associe lInstitut Pasteur et lInserm.
Ainsi, les thmatiques du 6e programme-cadre apparaissent plutt orientes
sur la scurit alimentaire et sur des typologies pathologiques humaines trs
spciques, au dtriment de la recherche en sant animale. Pour autant, limplication de lInra dans les programmes europens est relle, mme si elle reste
insufsante. Ainsi, dans le champ des maladies infectieuses, lInra participe six
projets nancs dans le cadre du 6e PCRD. Il est coordonnateur de lun de ces
projets. LAfssa et le Cirad, quant eux, sont chacun coordonnateurs dun projet.
Cette situation tmoigne lvidence de la dispersion institutionnelle franaise
dans ce domaine de recherche en sant animale, peu de coordination existant
entre ces programmes.
Autre outil important inscrit dans le 6e PCRD, lEDCTP (European and Developing Countries Clinical Trials Partnership), est un programme de partenariat
long terme entre lEurope et les pays en dveloppement. Quatorze pays de
lUnion europenne et la Norvge y sont engags, dont la France qui est activement reprsente par lANRS, lInserm, lInstitut Pasteur et lIRD. Lobjectif de
ce programme est daccrotre lefcacit des investissements europens dans les
essais cliniques dans les pays en voie de dveloppement, essais concernant, en
particulier le sida, le paludisme et la tuberculose. Il serait souhaitable que le prochain PCRD inscrive de nouvelles actions dans la continuit de ce programme
ddi aux essais cliniques sur les maladies infectieuses lies la pauvret. Parmi
ces actions, le soutien des recherches transdisciplinaires, fondamentales et
thrapeutiques, lchelle europenne, semble une priorit majeure. Au-del,
le 7e PCRD pourrait contribuer renforcer la visibilit de la discipline auprs
des futurs chercheurs et mdecins de lUnion europenne, notamment par la
promotion de lenseignement sur les maladies infectieuses.
ct des programmes europens sajoutent des actions spciques des organismes de recherche, citons, notamment, la cration, par lInserm, de laboratoires europens, le premier ayant t ouvert Heidelberg en 1993. Par ailleurs,
8 des 23 instituts Pasteur du Rseau international des instituts Pasteur sont situs
en Europe (France, Belgique, Italie, Grce, Roumanie, Bulgarie, Russie) et ont
entrepris de constituer un sous-ensemble rgional particulier.
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Conclusions
Le nancement par ltat franais des recherches sur les maladies infectieuses
manquait de visibilit, notamment du fait de la multiplicit des acteurs qui sy
consacrent et de leurs statuts : agence, instituts privs subventionns en partie
par ltat, EPST, universits. . . Ce manque de visibilit sur les moyens engags peut constituer un obstacle majeur la mise en uvre dune politique de
pilotage national des actions. Nanmoins, le nancement de programmes nationaux de soutien, notamment rcemment par lANR, a dores et dj permis
de renforcer les ponts entre les disciplines et les organismes, et de dvelopper
des rexions interorganismes sur des thmatiques de pointe. Rendre prenne
cette politique de nancement conduira, lvidence, lessor du domaine de
linfectiologie, en France.
Au-del de moyens budgtaires supplmentaires quimposent les ralits
pidmiologiques et qui supposent, en particulier, une recherche clinique de
qualit, cest aussi dans la structuration des tissus de la recherche et de lenseignement suprieur quil convient de rechercher des voies pour optimiser le
dispositif national actuel. Le projet de loi dorientation et de programmation de
la recherche, prsent au Parlement par le gouvernement, en 2005, reprsente
aujourdhui une opportunit unique de donner un nouvel lan la recherche
franaise, dans tous les domaines scientiques y compris celui des maladies
infectieuses.
LEurope est plus que jamais une dimension essentielle des politiques de recherche, car seule la mobilisation, son chelle, des efforts de recherche et des
moyens permettra de faire face au d majeur de sant de ce XXIe sicle que reprsentent les maladies infectieuses. lheure de llaboration du 7e PCRD,
la France doit tre force de propositions pour faire voluer la structuration
des appels doffres et, en particulier, limiter les dualits recherche fondamentale/recherche applique et humain/animal. Lobjectif est aussi de simplier
les procdures administratives et le saupoudrage de moyens observs dans le
6e PCRD. Le domaine des maladies infectieuses est lun de ceux o la France
peut jouer le rle moteur auquel elle peut prtendre dans le dveloppement de
lEspace europen de la recherche. condition, bien videmment, quelle sen
donne ou quon lui en donne les moyens.
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Prsentation lAcadmie
des sciences
par Bernard Malissen
Membre de lAcadmie des sciences
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lintensication de llevage du btail et des volailles a t blme et rendue systmatiquement responsable de lapparition de nouvelles pathologies (encphalite spongiforme bovine ou ESB) ou de la rapparition de maladies radiques
(vre aphteuse). Cependant, bien que la concentration des animaux constitue
un facteur de diffusion des bactries et des virus lorsquils sont introduits, cest
linverse le retour aux mthodes plus traditionnelles comme llevage de plein air
qui constitue le plus grand risque de contamination partir de la faune sauvage
pour certaines pathologies comme linuenza aviaire ou la brucellose porcine.
Ltude de la susceptibilit gntique dune espce linfection par un virus
reste encore trs mal connue et doit tre fortement encourage. La restriction
dhte est un phnomne qui englobe la voie de pntration (respiratoire, cutane, parentrale, sexuelle, sanguine), le tropisme viral, et la capacit dinvention de lorganisme (chappement la dfense immune et propagation
par la voie sanguine, lymphatique, cellulaire). Il est galement soulign que,
dans le cas des pays industrialiss, un vieillissement de la population entrane
aussi un tat de plus grande fragilit aux infections. Dornavant, une veille sanitaire effective dans le domaine des maladies infectieuses humaines ncessite
de conforter le Rseau national dpidmiosurveillance vtrinaire et dintgrer
les systmes de surveillance en mdecine vtrinaire et humaine.
Le sida
Un chapitre rsume les succs et les checs dans le contrle de lpidmie de
sida. La recherche sur le vaccin prventif anti-VIH se heurte toujours des ds
considrables avant tout dordre scientique. Ces recherches exigeraient une
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mise en commun des efforts dans une vritable entreprise globale sur le modle
de ce quavait t le regroupement des chercheurs autour de la caractrisation
du gnome humain dans les annes 1990. Dans ltat actuel des connaissances,
il semble quun vaccin qui ne protgerait pas de laffection mais en attnuerait le
cours volutif soit mis au point dans un premier temps. Il sagirait dun nouveau
concept vaccinal, le vaccin se plaant ds lors comme lune des interventions
possibles dans larsenal des interventions de prvention plutt que comme un
instrument de prvention et dradication terme de la maladie.
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mesure o les travaux de pointe dans le domaine des prions ncessitent bien
souvent des approches multidisciplinaires (biochimie, biophysique, biologie cellulaire. . .), ainsi que la mise au point de modles qui ncessitent de travailler
dans des laboratoires et animaleries protges.
Un regard sans complaisance montre galement quun tel programme incitatif
sest mis en place au dtriment dautres thmatiques. Un exemple particulirement diant est mentionn dans lun des chapitres : ainsi la cration du GIS
Prion, pour rpondre lpidmie dencphalite spongiforme bovine, a conduit
lInra fermer lun de ses laboratoires qui tait le seul en France travailler sur
les coronavirus. Quelques annes plus tard, lpidmie de Sras a fait dplorer
que le pays nait pas de comptences dans le domaine ! Les priorits donnes
une recherche trs sectorise peuvent donc avoir des effets pervers en particulier lorsquelles sont phmres. Ceci souligne la ncessit dune recherche
virologique diversie et de qualit.
Aprs avoir fait un point sur la situation actuelle, les deux derniers chapitres
du rapport analysent les rponses mdico-scientiques apporter au d que
prsentent les maladies infectieuses. Face aux ds incessants que constituent
les maladies infectieuses, ces derniers chapitres illustrent bien le fait que seule
la recherche fondamentale peut permettre dacqurir un socle de connaissances
permettant de se prparer des vnements dmergence ou de rmergence
de maladies infectieuses.
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complmentaires de biologistes molculaires, biologistes cellulaires et immunologistes ainsi que de cliniciens, zoologistes, et vtrinaires. La recherche en entomologie mdicale et vtrinaire en France, comme ailleurs dans le monde, a
subi ces vingt dernires annes une baisse dactivit. Ainsi trs peu de chercheurs franais se consacrent encore ltude temps plein de la systmatique
des insectes dintrt mdical, alors que lon dcouvre que la taxonomie mme
des groupes dinsectes a priori les plus connus est rviser. Lentomologie est
une composante importante de lco-pidmiologie qui tudie les relations entre
les vecteurs, les agents pathognes et les htes vertbrs. Une notion capitale est
apparue dans les dernires annes : un vecteur nest pas un simple transporteur
dagents pathognes. Comme montr dans le cas du paludisme et de lanophle,
ce dernier dveloppe une immunit vis--vis du pathogne quil hberge.
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infectieuses, et an de neutraliser les variations dues des gnes modicateurs, ces modles souris devraient driver de lignes ES dorigine
C57Bl/6 et tre de statut sanitaire standardis (SPF ou SOPF) ;
3. dencourager des approches de gntiques classiques visant gnrer
de nouveaux phnotypes par mutagense chimique (ENU).
Par ailleurs, la valorisation de nouveaux modles animaux pertinents en immunologie infectieuse ne pourra tre pleinement ralise qu condition de
les associer des plates-formes dvaluation physiologiques ambitieuses. Ces
plates-formes devraient permettre le criblage concomitant de trs nombreux paramtres immunologiques sur un grand nombre de lignes en situation saine,
ou confrontes divers pathognes et ce sous forme standardise et intgre
aux efforts europens en cours au travers de rseaux dexcellence tels que
Eumorphia ou Mugen. La structuration de quelques plates-formes nationales
dimmunomonitorage des rponses anti-infectieuses devrait tre encourage,
sur la base de critres dvaluation constitus par la processivit, lexhaustivit
des techniques dimmunomonitorage, louverture la communaut scientique,
et la qualit des quipes scientiques auxquelles elles seraient adosses.
Infections et cancers
Les cancers potentiellement associs une infection virale ou bactrienne reprsentent prs de 10 % des nouveaux cas observs en France. Un chapitre dcrit ainsi comment les rponses anti-infectieuses peuvent entraner des cancers.
Les mcanismes conduisant de linfection au cancer semblent rsulter de la production despces ractives de loxygne ou de lazote par les neutrophiles et les
macrophages activs impliqus dans les rponses inammatoires. Par les dommages tissulaires quelles induisent, ces inammations locales entranent une
rgnration chronique et une potentialisation des effets gnotoxiques. Des approches vaccinales ont t dveloppes pour la prvention de cancers associs
des infections. Il est ainsi trs encourageant de voir les rsultats prliminaires
obtenus avec des candidats vaccins contre le virus du papillome (HPV). Ceuxci semblent en effet exceptionnellement efcaces dans la prvention des stades
initiaux du cancer du col utrin.
De manire paradoxale, les infections peuvent avoir un effet protecteur dans
le cas des pathologies allergiques. Plusieurs ordres darguments laissent penser
que laccroissement des maladies allergiques est secondaire lamlioration des
conditions dhygine qui rduisent la charge infectieuse environnante, telle que
celle quotidiennement apporte par leau de boisson ou les aliments mal conservs. Ces modications de la charge infectieuse pourraient favoriser lmergence
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Lenseignement
Le dernier chapitre du rapport analyse comment seffectue lenseignement des
maladies infectieuses et de limmunologie aux tudiants en mdecine (humaine
et vtrinaire) et en master. De nouveau, il est soulign limportance de dvelopper un concept global denseignement des maladies infectieuses, articulant les
enseignements de la microbiologie, de limmunologie, et de la gntique. Des
collaborations doivent galement se dvelopper entre enseignants de mdecine
humaine et vtrinaire. Il est galement suggr dintgrer lensemble de ces
enseignements au niveau de lespace europen et de mettre en place une cole
suprieure dinfectiologie.
Conclusions
En conclusion, et face aux ds incessants que constituent les maladies infectieuses, ce rapport illustre le fait que seules des recherches fondamentales et multidisciplinaires (biologie, zoologie, sciences humaines et conomiques) peuvent
permettre dacqurir un socle de connaissances permettant de se prparer des
vnements dmergence ou de rmergence de maladies infectieuses. Ce rapport aboutit un ensemble de recommandations extrmement spciques dont
la mise en application devrait permettre de relever le d que posent les maladies infectieuses. Je terminerai en disant que nous sommes en prsence dun
document remarquable, que je recommande chaleureusement notre compagnie pour publication.
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au niveau europen que la prvention de ces maladies tait une des mesures
ayant le meilleur rapport cot-efcacit (M.J. Struelens). Alors que lanne de
vie gagne grce au dpistage du cancer du col en Grande-Bretagne cote
14 300 dollars et pour le dpistage du cancer de sein, environ 90 000 dollars, celle gagne par la prvention des maladies nosocomiales est de lordre
de 5 000 dollars (Cookson). La prise de conscience de la gravit du problme
a t plus lente en France que dans dautres pays europens, nanmoins des
efforts importants ont t faits depuis 15 ans. la suite de plusieurs rapports
auprs du ministre de la Sant, les Clin ont t cres, ce qui est une excellente mesure, des recommandations pertinentes ont t faites, peut-tre en trop
grand nombre et sans les hirarchiser. Des moyens signicatifs ont t attribus
en termes de mdecins hyginistes et dinrmires, au prorata de limportance
des tablissements. Un plan de lutte a t labor en France en 1992 ; la premire enqute effectue en 1996 avait montr une prvalence de 7,5 %, de ces
infections parmi les malades hospitaliss. Dans la seconde, effectue en 2001 et
dont les rsultats viennent dtre publis, la prvalence est inchange 7,5 %,
soit environ le double de celle rapporte dans quelques pays, par exemple en
Allemagne. Cependant, il faut tre prudent dans linterprtation des comparaisons internationales car les enqutes nont pas t standardises et la dnition
des maladies nosocomiales varie dun pays lautre. Nanmoins, il semble
quon puisse distinguer trois groupes de pays : ceux basse incidence de maladies nosocomiales (Allemagne, Sude, Norvge), ceux incidence moyenne
(Grande-Bretagne, France, Espagne, Italie), et ceux frquence leve (Grce,
Turquie, pays du Maghreb). Les rsultats du plan de lutte contre la dissmination des bactries multirsistantes commencent se faire sentir et, lAPHP par
exemple, la prvalence des staphylocoques rsistants la mticilline diminue rgulirement depuis quelques annes, particulirement dans les services de soins
intensifs o le problme tait le plus grave et o les mesures de contrle ont t
mises en uvre en premier. Nanmoins, lassurance de qualit et lvaluation
mriteraient dtre systmatises dans tous les tablissements.
En France, la prvalence des infections nosocomiales varie fortement dun
tablissement lautre. La majeure partie de ces variations est lie lge des
malades, latteinte de leur tat gnral et la gravit des traitements effectus ;
cependant, la nature des prcautions prises joue galement un rle. Le ministre de la Sant vient de rendre obligatoire pour tous les tablissements de
sant la fourniture annuelle des indicateurs permettant dtablir un tableau
de bord de leffort entrepris dans le domaine de la lutte contre les infections
nosocomiales et la dissmination des bactries multirsistantes. Les premiers rsultats qui viennent dtre publis serviront de base pour mesurer les progrs qui
doivent tre accomplis dans les annes venir.
La mesure essentielle est videmment lhygine des mains. Il suft dun bref
sjour dans un hpital pour voir que celle-ci varie beaucoup parmi le personnel
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tablissement, on discute ouvertement de tous les cas non pour sanctionner mais
au contraire pour comprendre, grce la coopration de ceux qui ont commis
des erreurs, comment on aurait pu les viter.
Une proportion importante du personnel hospitalier a compris que les maladies nosocomiales ne sont pas une fatalit. Mme si la survenue dune fraction
dentre elles restera toujours un risque qui ne pourra pas disparatre, on peut en
prvenir beaucoup ; mais ceci ncessite la participation active de tout le personnel cette lutte. Comme dans toute chane des soins, le manque de prudence
dun seul des maillons de la chane altre lensemble des rsultats. Leffort entrepris doit donc samplier et se poursuivre.
Enn, on ne saurait trop insister sur la remarque faite dans le paragraphe 2.2
du chapitre 8.1 du rapport et qui est fondamentale : lobstacle reprsent par
le principe de prcaution pouss son extrme. titre dexemple, lnergie et
les moyens nanciers considrables dpenss pour la prvention dinfections nosocomiales relativement rares (lgionelloses) ou exceptionnelles (prions) ne sont
bien sr plus disponibles pour la prvention des infections les plus frquentes
(infections sur les dispositifs mdico-chirurgicaux) et pour la lutte contre les pidmies. Comme dans toute activit humaine, la bonne gestion repose sur la hirarchisation des objectifs . Elle exige aussi des moyens humains et nanciers
la hauteur des enjeux, ce qui est pas toujours le cas dans nos hpitaux.
Remerciement : Lauteur remercie Antoine Andremont (F), B. Cookson (GB) et
JM. Struelens (B) pour les documents quils ont bien voulu lui communiquer.
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