Edition Du Jeudi 21 Novembre 2013

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LES ANNONCES DE LA SEINE

Jeudi 21 novembre 2013 - Numro 65 - 1,15 Euro - 94e anne

Barreau de Mulhouse

Sance solennelle de Rentre - 7 novembre 2013


VIE DU DROIT

Rentre Solennelle
- La culture de lesprance par Anne-Sophie Willm ............................ 2
- Le silence : cet autre de la parole! par Lynda Blarbi ...................... 6
- Notre avenir se dcline-t-il au fminin ? par Nathalie Haas ........... 7
l Compagnie des Avocats Conseils de Paris - Ile-de-France
- Lavocat au cur de la socit civile par Philippe Rochmann ..... 12
- Lavocat face la solidarit citoyenne par Christiane Fral-Schuhl .... 13
l Cour Administrative dappel de Bordeaux
Signature de la convention Tlrecours ..................................... 15
l Salon du livre du Barreau de Paris, .................................... 16
l French American Bar Association ........................................ 19
l Confrence des Btonniers
1ers Etats Gnraux des Ordres ...................................................... 30
l

VIE DU CHIFFRE
l
l

4mes Etats Gnraux de lAutorit des Normes Comptables ..... 9


Louis Gallois, invit du cabinet ARC .................................................... 11

JURISPRUDENCE
l

Paris-La Dfense : un projet au cur de lactualit lgislative


Cour de cassation - 1re chambre civile, Pourvoi 12-21152 ...... 17

ANNONCES LGALES ................................................... 20


DCORATION
l

Anne-Sophie Willm Chevalier de la Lgion dhonneur ............. 31

est au Kinpolis que la Btonnire


Anne-Sophie Willm a ouvert lAudience
Solennelle de Rentre du Barreau de
Mulhouse, elle y a accueilli ses prestigieux
invits au premier rang desquels Madame le Premier
Prsident de la Cour dappel de Colmar ColetteBrenot
ainsi que son Procureur Gnral Jacques Dormieux.
Cest la premire fois que les laurats du concours
dloquence oratoire ont eu le privilge de discourir
devant dminents reprsentants des juridictions
locales mais aussi face de hautes personnalits
issues des mondes judiciaire, juridique, politique,
conomique et universitaire. On a notamment pu
relever la prsence de Christian Charrire-Bournazel,
Jean-Luc Forget et Marc Bollet. La Confrence du
Jeune Barreau de Mulhouse est donc ne en 2013 grce
aux actions conjugues dAnne-Sophie Willm et du
Btonnier dsign Sophie Pujol-Bainier ; en revanche
il sagit de la deuxime Rentre de lhistoire du Barreau
de Mulhouse, la prcdente ayant eu lieu en 2009.
Lynda Blarbi et Nathalie Haas, respectivement
premire et deuxime Secrtaire de la Confrence
du Jeune Barreau de Mulhouse, ont prononc les

discours dusage sur Le silence : cet autre de la


parole et Notre avenir se dcline-t-il au fminin?,
nous leur adressons nos vives flicitations car elles
se sont livres, avec talent et humour, une brillante
joute oratoire avant de recevoir la mdaille du Barreau
de Mulhouse des mains de lancien Prsident du
Conseil National des Barreaux (Christian CharrireBournazel) et du Prsident de la Confrence des
Btonniers (Jean-Luc Forget).
Pralablement aux interventions du Jeune Barreau
de Mulhouse, Anne-Sophie Willm a remerci
les membres du Conseil de lOrdre pour leur
efficacit, leur dvouement, leur motivation et
leur dtermination ; puis elle a dress le bilan de
sa gouvernance riche en vnements et voqu
les sujets dactualit intressant sa profession
notamment laction de groupe.
Rendant hommage au Btonnier Steinel en exercice
aprs la libration de lAlsace en 1945, elle a exhort
ses confrres se respecter dans lunit et la paix afin
quelle prouve le sentiment du devoir accompli
avant de fermer le livre de sa mandature .
Jean-Ren Tancrde

J OURNAL O FFICIEL D A NNONCES L GALES - I NFORMATIONS G NRALES , J UDICIAIRES ET T ECHNIQUES


bi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15


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FONDATEUR EN 1919 : REN TANCRDE - DIRECTEUR : JEAN-REN TANCRDE

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Marc Bollet, Jean-Luc Forget, Lynda Blarbi, Christian Charrire-Bournazel,


Nathalie Haas, Anne-Sophie Willm et Sophie Pujol-Bainier

LES ANNONCES DE LA SEINE


Sige social :
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Rentre solennelle
Anne-Sophie Willm

Etablissements secondaires :
4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST
Tlphone : 01 34 87 33 15
1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNE
Tlphone : 01 42 60 84 40
7, place du 11 Novembre 1918, 93000 BOBIGNY
Tlphone : 01 42 60 84 41
1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROI
Tlphone : 01 45 97 42 05

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Directeur de la publication et de la rdaction :


Jean-Ren Tancrde
Comit de rdaction :
Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet Bernards
Franois-Henri Briard, Avocat au Conseil dEtat
Agns Bricard, Prsidente de la Fdration des Femmes Administrateurs
Antoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon Sorbonne
Marie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droit
Andr Damien, Membre de lInstitut
Philippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon Sorbonne
Bertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens,
ancien Btonnier de Bordeaux
Dominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de Paris
Brigitte Gizardin, Magistrat honoraire
Rgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassation
Chlo Grenadou, Juriste dentreprise
Serge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-Assas
Franoise Kamara, Conseiller la premire chambre de la Cour de cassation
Maurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation
Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - Entrepreneurs
Jean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-Assas
Christian Lefebvre, Prsident Honoraire de la Chambre des Notaires de Paris
Dominique Lencou, Prsident dHonneur du Conseil National des Compagnies
dExperts de Justice
Nolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne Ministre
Philippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-Assas
Jean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptes
Grard Pluyette, Conseiller doyen la premire chambre civile de la Cour de cassation
Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPL
Yves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de Paris
Ren Ricol, Ancien Prsident de lIFAC
Francis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de Paris
Carol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International
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Commerciale :

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Frdric Bonaventura

Commission paritaire : n 0718 I 83461


I.S.S.N. : 0994-3587
Tirage : 13 376 exemplaires
Priodicit : bi-hebdomadaire
Impression : M.I.P.
3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

2012

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la priode du 1er janvier au 31 dcembre 2013, par arrts de Messieurs les Prfets :
de Paris, du 27 dcembre 2012 ; des Yvelines, du 31 dcembre 2012 ; des Hautsde-Seine, du 31 dcembre 2012 ; de la Seine-Saint-Denis, du 27 dcembre 2012 ;
du Val-de-Marne, du 27 dcembre 2012 ; de toutes annonces judiciaires et lgales
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Paris : 5,48
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Val-de-Marne : 5,48
B) Avis divers : 9,75
C) Avis nanciers : 10,85
D) Avis relatifs aux personnes :
Paris : 3,82
Hauts-de-Seine : 3,82
Seine-Saint Denis : 3,82
Yvelines : 5,23
Val-de-Marne : 3,82
- Vente au numro :
1,15
- Abonnement annuel :
15 simple
35 avec supplments culturels
95 avec supplments judiciaires et culturels
COMPOSITION DES ANNONCES LGALES
NORMES TYPOGRAPHIQUES

Surfaces consacres aux titres, sous-titres, lets, paragraphes, alinas

Titres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (ou
majuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm.
Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps
6 points Didot, soit 2,256 mm.
Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse
(minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm.
Les blancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.
Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un let 1/4 gras. Lespace blanc
compris entre le let et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit
2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le let sparatif.
Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des lets maigres centrs. Le blanc
plac avant et aprs le let sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.
Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire an de marquer le dbut dun paragraphe o dun
alina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces dnitions typographiques
ont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeur
retiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

La culture de lesprance
par Anne-Sophie Willm

ous clbrons la Rentre Solennelle du


Barreau de Mulhouse.
Notre histoire dbute en aot 1859, au
moment de la disparition du Tribunal
de Premire Instance dAltkirch.
Six avocats, parmi lesquels un Btonnier, tous
issus du dfunt Barreau dAltkirch, formaient alors
ensemble le premier Tableau de lOrdre du Barreau
de Mulhouse.
6 avocats en 1859 ; 232 lheure o je vous parle.
Que de chemin parcouru.
Un chemin marqu par lannexion de lAlsace
lempire allemand, o le Barreau a t dissous
en 1878 et o les rares avocats qui ont continu
dexercer jusquen 1913 en portant alors le titre
davocat-avou, taient au nombre de 24.
Un chemin qui, aprs cette priode sombre, verra
le 20 mai 1922 renatre le Barreau loccasion de la
premire assemble gnrale des avocats se tenant
au Tribunal Rgional de Mulhouse, o 15 confrres
taient alors prsents, dont Lon Nordmann
qui plaida durant lannexion pour de nombreux
alsaciens devant les Conseils de guerre allemands.
Un chemin une nouvelle fois marqu par la douleur
avec la Seconde Guerre mondiale :
l o, lors de la dernire runion du Conseil de
lOrdre, le 5 juin 1940, le Btonnier Gustave Steinel
indiquait ses confrres avoir mis les dossiers
personnels des membres du Barreau en sret,
l o le Barreau cessa dexister par suite de
lintroduction de la lgislation allemande,
l o deux avocats sont morts en dportation:
LonBraun et Philippe Hausswirth et un troisime,
PaulDreyfus, a t tu le 4aot1944 dans le Vercors.
Cinquante ans plus tard, en 1992, lors de la fusion
des professions dAvocats et de Conseils juridiques,
le Barreau voit ses effectifs passer de 86 126au
Grand Tableau, et comptabilise 7 inscrits au
Tableau du Stage.
Aujourdhui, lon peut dire que le Barreau compte
un dput, Madame Arlette Grosskost, que je
remercie de sa fidlit et de ses actions au service de
la profession, et un snateur, qui a t maire de notre
ville, dput, secrtaire dEtat et Ministre, Monsieur

Jean-Marie Bockel, qui nous assure toujours de son


soutien.
Voil lidentit du Barreau de Mulhouse.
Monsieur Jean-Franois Beynel, Directeur des
Services Judiciaires, aurait d tre des ntres.
Des discussions lAssemble Nationale sur le
budget lobligent rester Paris, tout comme
dailleurs Madame le Dput Arlette Grosskost.
Monsieur Beynel regrette ce contretemps.
Aussi, son propos, je vous confie que lestime que
je lui porte est la hauteur de la considration quil
ma tmoigne en me proposant la distinction qui
pare ma robe.
Je sais que par ce geste il a non seulement voulu
honorer ma personne, mais galement entendu
rendre hommage aux Btonniers qui tous les
jours oeuvrent afin que Lavocat, cet homme de
lautre, tmoigne toujours et partout dune culture
de lesprance .
Monsieur le Btonnier Christian CharrireBournazel se reconnatra dans ces mots qui sont
les siens.
En mon nom et au nom de tous les avocats de mon
Barreau, je len remercie.
Monsieur le Btonnier Christian CharrireBournazel, Monsieur le Prsident,
Quelle fiert pour mes confrres de vous savoir des
ntres.
Quelle fiert pour moi davoir reu de vos mains les
insignes que je porte.
Quel privilge encore de pouvoir vous rendre
hommage.
Monsieur le Prsident, vous avez t une voix.
La voix des 58000 avocats de France.
Votre voix que lon a entendue :
l quand, sagissant de nos confrres turcs arrts et
emprisonns en novembre 2011 puis en juin 2013,
vous avez tmoign Istanbul du soutien de tous
les avocats en appelant courageusement lEtat turc
agir pour le respect de la dfense, de la personne
et du secret professionnel,
l lorsque suite la dcision du Conseil
constitutionnel dclarant conformes la
constitution les dispositions instituant la taxe de
150 pour chaque procdure dappel et celle de
35 destine abonder laide juridictionnelle, vous
avez livr bataille jusqu ce que Madame la Garde

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Rentre solennelle
je fais le vu que nous parvenions dfinitivement
mettre un terme tout ce qui divise.
Nous en sommes capables, mais la condition de ne
jamais oublier que le Conseil national des barreaux
est lunique lieu o notre profession doit toujours
avoir la certitude de pouvoir se rassembler.
Monsieur le Prsident, tout lheure vous remettrez
le prix du Barreau de Mulhouse Matre Lynda
Belarbi, Premire Secrtaire de la Confrence.
Vous avez t Premier Secrtaire de la Confrence
des Avocats du Barreau de Paris.
Un de vos secrtaires se trouve dailleurs dans cette
salle : Monsieur le Btonnier Jean-Michel Paulus
que je salue.
Vous pouvez donc sans peine imaginer lmotion
qui habite en ce moment notre confrre.
Pour la voix des avocats de France que vous avez
t, pour votre prsence chez nous, pour lintention
que vous avez exprim mon gard, pour les mots
que vous prononcerez tout lheure en honorant
la Premire Secrtaire de la Confrence, je vous dis
Merci.
Mulhouse accueille ce soir un autre homme
dexception. Monsieur le Prsident de la
Confrence des Btonniers.
Cher Jean-Luc Forget, quel privilge pour les
160Btonniers des rgions de France davoir pu
exercer leurs fonctions sous votre prsidence.
Vos ralisations, celles de la Confrence et de ses
membres ici prsents pour certains, Monsieur le
Premier Vice-Prsident Marc Bollet, Madame
le Btonnier Christine Laissue-Saint Avopodis,
Monsieur le Btonnier Yves Mahiu, sont
considrables.
La dernire en date, la mise en place dun processus
scuris et dun site de conservation de lacte
davocat constitue une avance extraordinaire pour
le dveloppement de cet acte.

Les travaux de la Confrence sur lavocat


et lconomie, sur les consquences de la
dmatrialisation sur les activits de lavocat, sur
les Ordres et lEurope, sur la valorisation de la
prestation davocat, sont des outils formidables
pour les avocats du 21me sicle que nous sommes.
Vous aussi vous tes une voix.
La voix des Ordres, que vous aimez.
Vos engagements :
l inscrire laction de la Confrence au bnfice des
161 Ordres,
l renforcer la place des Ordres dans tous les lieux
o la rflexion doit tre mene et les propositions
imagines,
l assurer aux Ordres ce quils ont de plus noble:
la reprsentation de la dfense, faire respecter
les droits et liberts des dfenseurs et ceux des
justiciables,
sont vos combats, les convictions dun homme
ptrit de valeurs, dun homme profondment
investit pour la profession.
Quil sagisse du projet de loi relatif la scurisation
de lemploi, permettant notamment aux expertscomptables dintervenir comme conseils juridiques
auprs des organisations syndicales, ou du projet de
loi ALUR, o il est question dcarter la profession
au bnfice des notaires de la rdaction des actes de
cession de parts des Socit Civiles Immobilires
ou prpondrance immobilire, vous avez, avec
le Conseil national des barreaux, exprim notre
agacement.
Une colre non pas dirige contre nos amis
experts-comptables et notaires avec lesquels
nous collaborons depuis toujours dans lintrt
de nos clients, mais une exaspration lgard de
la dfiance que lEtat semble marquer envers la
profession.
Ferions-nous peur ?
Lavocat est pourtant loin dtre une menace.

Photo Jean-RenTancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

des Sceaux annonce, en janvier 2013, devant les


161 Btonniers de France et dOutre Mer, la
suppression de la taxe de 35,
l le jour o, aux termes dune lettre ouverte au
Procureur de la Rpublique du Tribunal de Grande
Instance de Grenoble, vous avez rappel haut et
fort que lorsquun avocat fait tat dune difficult
mdicale, il doit tre cru sur parole,
l lorsquen pleine affaire Cahuzac, vous vous tes
insurg contre lide quun avocat, parce quil entre
en politique, ne puisse plus continuer exercer son
mtier en mme temps que sa mission dlu,
l lorsquau sujet du projet de loi relatif la lutte
contre la fraude fiscale et la grande dlinquance
conomique et financire, vous avez condamn les
atteintes poses par ce texte au regard des liberts
publiques,
l lorsque vous avez dit haut et fort que les avocats
naccepteraient jamais lide de taxation de leur
chiffre daffaires comme solution de financement
de laide juridictionnelle,
l lorsquenfin, le 6 juillet 2013, lAssemble Gnrale
du Conseil national des barreaux a rappel que
laccs du citoyen au droit et la justice doit tre
garanti par lEtat.
Vous avez t un grand Prsident.
Un Prsident dans lequel nous nous sommes
retrouvs.
Un Prsident de terrain, proche de ses confrres.
Et du Conseil national des barreaux, je soulignerai
le travail ralis par celles et ceux qui sigent au sein
de linstitution.
Je pense en particulier Madame le Btonnier
Christine Ruetsch, ancien Btonnier de Strasbourg,
Monsieur le Btonnier lu de Strasbourg, JeanFranois Brun et vous, Monsieur le Prsident de
la Confrence des Btonniers, qui tous nous faites
lhonneur de votre prsence.
A propos enfin du Conseil national des barreaux,

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Rentre solennelle

Monsieur le Prsident de la Confrence


Interrgionale des Btonniers du Grand Est,
Monsieur le Btonnier Jean-Michel Arcay,
Ce soir, je nutiliserai pas le vouvoiement en
madressant toi.
Je ne connaissais pas la Confrence Interrgionale
avant le 1er janvier 2012.
Tu la prsides depuis cette date et ton mandat
sachvera avec le mien.
Durant ces presque deux annes, tu as russi
dvelopper entre les 24 Btonniers du Grand Est

Lynda Blarbi, Sophie Pujol-Bainier, Anne-Sophie Willm et Nathalie Haas

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Et la valeur de libert quil endosse ne doit jamais


faire craindre.
Sur la question de laide juridictionnelle, les
Btonniers savent que la Confrence participe
avec dtermination la concertation ouverte sur
la rforme de laccs au droit.
Le Barreau de Mulhouse a dailleurs t source de
propositions dans cette grande rflexion.
Ctait mme un devoir pour lOrdre, parce que
tous les jours nous pouvons compter sur celles et
ceux qui sont la voix des plus dmunis.
Il me semble enfin important de revenir sur un sujet
notamment voqu par la Garde des Sceaux lors
de lAssemble Gnrale Extraordinaire du Conseil
national des barreaux du 4 octobre dernier.
En rappelant la profession que le texte de loi
sur laction de groupe tait issu dun compromis,
Christiane Taubira a annonc quelle allait
personnellement veiller, compte tenu de la technicit
procdurale ncessaire, ce que cette action relve
du Tribunal de Grande Instance, garantissant ainsi la
reprsentation obligatoire par avocat.
Si la nouvelle est bonne, elle nest peut-tre pas
satisfaisante et nous ne souhaiterions pas quelle
devienne inquitante.
Parce quen effet, la Garde des Sceaux a fait mention
de juridictions spcialises pour le traitement de ces
procdures, comme il en existe dj sur les pratiques
restrictives de concurrence, sur les brevets et la
proprit intellectuelle.
Nous ne voudrions pas, en Alsace, une nouvelle
fois nous trouver dpouills au profit de quelquesuns qui seraient dsigns comme tant seuls
comptents pour statuer et pour postuler.
Le souci de spcialiser les magistrats et les tribunaux
est lgitime.
Notre profession a bien des spcialistes.
Mais dans chaque Tribunal de Grande Instance
nous trouvons dj des professionnels de rfrence
capables de donner une rponse judiciaire de qualit.
Ces propos pour que lon entende bien que si lide
de transfrer une nouvelle fois les comptences
dune juridiction au bnfice dune autre devait se
concrtiser, elle ne serait alors pas comprise.
Elle aurait, tout le moins, le got de linjustice.
Une injustice o quelle soit est une menace pour la
justice partout , crivait Martin Luther King.
Nous naccepteront pas que nos juridictions
deviennent des coquilles vides.
Je compte sur vous pour porter ce message.
Monsieur le Prsident, votre successeur ici prsent,
Marc Bollet, que japprcie dj pour sa disponibilit,
mais aussi parce quil sinscrit dans la continuit
de ce que vous avez construit et enfin parce quil
fourmille dides au service des Ordres, va donc
porter une Confrence dynamique, structure,
travailleuse, courageuse et respecte.
Quil soit assur du soutien du Barreau de Mulhouse.
Monsieur le Prsident, vous tes un modle et je suis
heureuse et fire que la deuxime Secrtaire de la
Confrence, Matre Nathalie Haas, reoive de vos
mains le prix du Barreau de Mulhouse.

un sentiment dunit, je devrais dire damiti.


Pour ton implication forte au sein de la Confrence,
je te remercie.
Mes Chers Confrres du Grand Est, cest un
honneur et un plaisir de vous recevoir Mulhouse.
Demain, nous nous retrouverons Colmar, au sein
de la Cour dappel, pour un colloque sur la place de
lavocat dans la justice du 21me sicle et pour tenir
notre Confrence.
Je men rjouis dj.
La Cour dappel de Colmar.
Rassurez-vous, je ne vais pas revenir sur des rivalits
de clocher dun autre temps.
Les quatre Btonniers dAlsace ont mieux faire et
cest une mme dynamique qui nous anime avec
nos confrres de Moselle.
La rforme des Cours dappel est en effet lance,
comme celle de la justice de premire instance.
Lon nous dit quelle est ncessaire.
Mais que nos gouvernants lentendent : nous
dfendrons de manire inconditionnelle le
maintien de nos Cours dappel Colmar et Metz.
Notre socle : lhistoire de nos dpartements et
le droit local que le Conseil constitutionnel a
dailleurs rig en valeur constitutionnelle.
Nos raisons : nos Cours rpondent aux exigences
dquilibre gographique, de proximit,
daccessibilit ainsi quaux attentes des justiciables.
Elles sont aussi et surtout les seules garantir les
spcificits juridiques exclusivement applicables
dans leur ressort.
Nous ne nous rallierons donc pas cette rforme
comme un destin si elle devait nous porter
prjudice.
l Madame la Premire Prsidente,
Cela fait un peu plus dun an que nous nous
connaissons.
Avec vous, les Btonniers du ressort ont formalis
la convention relative la communication
lectronique civile et commerciale qui sapplique
depuis le 1er janvier 2013 entre la Cour et les
Barreaux.
Lors des discussions, vous aviez assur aux
Btonniers de toujours prserver laccs au juge,
bien consciente que dans notre systme de droit,
lavocat a le devoir sacr de porter la parole de
lindividu devant les juridictions qui manent du
corps social et le reprsentent .

Vous tes profondment respectueuse de lavocat.


Votre prdcesseur, Monsieur Jacques Marion,
nous avait dj habitus cette qualit, qui est
lapanage des grands magistrats.
Cest donc en confiance que les reprsentants des
Ordres travaillent avec vous et il faut souligner que
notre Btonnier rfrent la Cour dappel, Matre
Pierre-Jean Dechriste, est un fin interlocuteur.
Rcemment, vous mavez fait part de votre intrt
marqu pour les modes alternatifs de rglement
des conflits.
Vous aurez toute votre place, et jy compte, dans
le grand Centre de mdiation et darbitrage que
nous sommes entrain de construire ensemble,
les Btonniers de Colmar, Saverne, Strasbourg
et Mulhouse, avec, et je rends hommage ces
partenaires des Ordres, la Chambre de Commerce
et dIndustrie dAlsace et les Juges consulaires.
Ce Centre sera le point de synergie de toutes nos
comptences au service de nos concitoyens.
l Monsieur lAvocat Gnral,
Cher Monsieur Doremieux,
Nous nous sommes peu rencontrs, mais nous
avons souvent chang.
Votre disponibilit et votre coute de lautre sont
les signes forts que le Parquet Gnral a tmoigns
au Barreau. Je vous en remercie ainsi que Monsieur
le Procureur Gnral que vous reprsentez ce soir.
Madame le Prsident du Tribunal
de Grande Instance, votre arrive, je vous ai de
suite assur de lentier soutien du Barreau dans
vos engagements.
Vous vous tes attache favoriser les conditions
dune parfaite entente dans nos rapports et vous
avez veill renforcer le lien de confiance tiss par
votre prdcesseur, notamment au travers de nos
rencontres et en me donnant, vous aussi, la parole
votre audience de rentre.
Notre volont commune uvrer la ralisation
de nouveaux projets a t relle.
Dailleurs, votre participation prochaine au colloque
sur la mdiation, votre intrt marqu pour la
Journe Prison du 27 novembre, sont des exemples
parmi dautres de ce partenariat constructif.
Nous nous sommes galement attaches veiller
ce que les avocats et les magistrats entretiennent des
relations de qualit ; le Barreau poursuivra toujours
dans cette voie, soyez en assure.

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Rentre solennelle
Monsieur le Procureur de la Rpublique,
Le Barreau ne peut que se fliciter de ses relations
avec le Parquet. Disponible et gnreux, vous
veillez encourager les conditions dune coute
rciproque de respect.
Votre considration pour les avocats est sincre et
je vous en remercie chaleureusement.
Je salue galement lensemble des fonctionnaires du
greffe. Je sais quils travaillent dans des conditions
souvent difficiles.
Les avocats les respecteront toujours pour le service de
justice quils rendent et auquel nous sommes sensibles.
2012 et 2013 ont t marques par la volont des
Juges consulaires et des avocats de mettre laccent
sur les modes alternatifs de rglement des conflits.
Ce projet, engag dans lintrt vident du justiciable,
se concrtisera pleinement avec la mise en oeuvre
du grand Centre de Mdiation et dArbitrage.
Travailler avec les Juges consulaires a t un rel
enrichissement.
Lexcellence des changes partags avec le Conseil
de Prudhommes de Mulhouse doit galement
tre souligne. Elle a t lessence dune exigence
rciproque que nous avons su cultiver.
Monsieur le Prsident, je vous remercie pour ce
partenariat constructif et respectueux, guid par le
souci de mettre fin des antagonismes que nous
savons ne pas tre un progrs pour luvre de justice.
Dautres partenaires ne seront pas oublis :
l les experts-judiciaires, qui sont prcieux au juge et
lavocat dans la recherche et la comprhension de
la vrit technique,
l les huissiers de justice,
l la Maison darrt de Mulhouse, trs implique, aux
cts des avocats notamment la mise en uvre
dune manifestation autour de la Journe Prison
du 27 novembre,
l les forces de police et de gendarmerie, que nous
avons associes la convention daide aux victimes

dinfractions pnales signe cet t,


l et vous, Monsieur le Maire.
Parce que les avocats sont des acteurs de la socit
civile, ils participent aujourdhui pleinement aux
ct des lus, de lEtat, du Parquet, des Forces de
Police et de Gendarmerie, de la population, aux
rflexions et actions de prvention de la dlinquance
engages par vous dans notre Ville.
Monsieur le Maire, la place que vous nous confiez
pour mener bien cette mission difficile exprime
lgard accord la profession.
Je vous en remercie.
Un Btonnier ne peut pas tout faire.
En revanche, il peut uvrer sereinement quand il
a la chance dtre paul par un Conseil de lOrdre
dtermin, responsable, efficace, dvou, motivant.
Et il peut faire encore plus lorsquil a le bonheur
dtre accompagn dune quipe de jeunes confrres
dynamiques et volontaires dans lengagement.
Cette belle quipe, la voila: la Confrence des
Avocats du Barreau de Mulhouse.
Les 14 avocats inscrits au concours dloquence ont
donn naissance cette anne la Confrence.
Dans quelques instants, deux jeunes confrres vont
discourir devant nous.
Il sagit de Matre Lynda Belarbi, Premire Secrtaire,
et Matre Nathalie Haas, Deuxime Secrtaire,
toutes deux vainqueurs de la comptition
qui a galement oppos Matres Marie-Odile
Hubschwerlin, Aude Pierrevelcin, Aurore Gabriel,
Laurence Koerper, Virginie Herrgott et Adeline
Kempf.
Je les flicite encore toutes pour leur participation
cette rude preuve.
Lexprience professionnelle et humaine vcue
par lensemble de ces jeunes confrres durant la
prparation au concours na pas dquivalent dans
la vie dun avocat.
Les acquis sont et resteront jamais ancrs en eux.

Ils possdent dsormais un plus, ce plus qui les fait


rentrer dans la cour des grands orateurs et de ceux
qui sappliquent lever les valeurs et traditions de
la profession.
Je remercie :
Monsieur le Btonnier Pierre See,
Monsieur le Btonnier Alfred Vonarb,
Monsieur le Btonnier Philippe Bergeron,
Monsieur le Btonnier Jean-Michel Arcay,
Matre Franois Roth,
et Matre Emmanuelle Rallet, Premire Secrtaire
en 2009, pour lenseignement et les valeurs
transmises, pour leur investissement fort au service
du Barreau.
Madame le Btonnier dsign, Chre Sophie, ce
soir tu as install la Confrence qui prendra place
demain tes cts.
Dans quelques semaines tu prsideras le Conseil de
lOrdre et tu reprsenteras le Barreau.
Les actions que tu inscriras dans le registre de notre
histoire natront du lien fort qui tunit tes confrres.
Tu seras un bon Btonnier.
Conclusion
Le livre de ma mandature va bientt se fermer.
Ce soir, je ddierai la dernire page de mon discours
mes 231 confrres.
Le 29 septembre 1945, lors de la premire assemble
gnrale des avocats aprs la libration de lAlsace, le
Btonnier Steinel a dit son Barreau :
Au moment de rentrer dans lanonymat, jexprime
un seul dsir, celui qui a dict mon attitude et mes
dcisions durant ces longues annes, de voir maintenir
dans notre Barreau lunit et la paix, la paix entre les
gnrationsbase sur le respect de la personnalit du
confrre, mme et surtout lorsquil nest pas model
sur la mme forme que soi mme.
Je fais miennes les paroles du Btonnier Steinel.
Et quand je vous vois rassembls et heureux comme
ce soir, jai alors le sentiment du devoir accompli.

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Rentre solennelle
Le silence :
cet autre de la parole!

e vous demande de vous taire xxxxxxxxxx


apostrophe rendue clbre loccasion dune
chance prsidentielle, souvent reprise par les
magistrats qui au cur des palais invectivent
lavocat volubile qui cherche attirer lattention
que le juge ne lui accorde pas.
Jean de La Bruyre dj, alors quil sintressait
lloquence des avocats, dnonce le silence impos
par les juges en disant :
La fonction de lavocat est pnible, laborieuse et
suppose dans celui qui lexerce un riche fond et de
grandes ressources. Il nest pas seulement charg,
comme le prdicateur, dun certain nombre doraisons
composes avec loisir, rcites de mmoire, avec
autorit, sans contradicteurs, et qui avec de mdiocres
changements lui font honneur plus dune fois : il
prononce de graves plaidoyers devant des juges qui
peuvent lui imposer silence, et contre des adversaires
qui linterrompent ; il doit tre prt sur la rplique,
il parle en un mme jour dans divers tribunaux de
diffrentes affaires. [...] .
Lavocat rduit au silence, inhib dans sa pulsion de
parole, comme quand lcole son instituteur lui
vocifrait taisez-vous .
Depuis lenfance, ce silence est synonyme de
punition, dinterdit, voire de soumission :
on baillonne,
on rduit au silence,
on impose le silence.
De cette frustration serait peut tre n le dsir ardent
de discourir et dentrer dans la lice judiciaire.
Musel, le futur avocat en proie sa premire
injustice et en qute de rsilience, aurait promis de
sexprimer avec intensit et libert, affranchi de toute
autorit et de tout pouvoir, ne faisant allgeance qu
son seul serment, au cur duquel lindpendance
refuse toute forme de subordination.
Qui songe en effet lavocat, pense son art
oratoire? Lloquence, ennemi de la grandiloquence
emprunte de prsomption, serait donc le Graal de
lhomme en robe dont la qute de justice, ancre
dans une vocation souvent prcoce, commande
celui qui aspire la dfense de persuader et de
convaincre avec aisance.
Le port majestueux de la robe se conjugue la
virtuosit de lavocat, qui se distingue au sein de son

Lynda Blarbi
barreau par sa verve et sa persuasion. Lloquence,
caractre du grand orateur, se reconnait par cette
aptitude subtile et naturelle de manier habillement le
verbe pour emporter la conviction de ceux qui jugent.
La parole serait donc le ressort indispensable pour
branler lme de nos auditeurs, tous nos auditeurs
mme ceux de justice, qui ne doivent pas sabstenir
dentendre quand ils exigent le silence.
Le locuteur fort de ses mots, baumes puissants des
maux des justiciables, doit chercher plaire.
Robert Badinter nous a prvenus si vous navez pas
su plaire et mouvoir, vous ne saurez convaincre .
Mais sduire ne peut suffire. Par son talent, lorateur
doit atteindre les ressorts des passions.
Accusation et dfense sappuient sur la parole.
Maisalors,seullelangagearticulseraitaptelloquence
de lavocat, habile manipulateur de la langue dEsope ?
Tant elle peut adoucir la douleur et servir la cause, mais
aussi maudire ou semer la discorde.
Et cet autre de la parole ? (Silence)
Celui que vous venez dentendre !
Le silence !
Ne serait-il pas la quintessence de la parole ?
Silence et loquence ? Doux oxymore pour
lhomme dont la parole est libre, quon a coutume
dappeler le bavard, pour ne pas dire argotiquement
le baveux.

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Remise du prix du Barreau de Mulhouse


par Christian Charrire-Bournazel Lynda Blarbi

Etrange expression au demeurant probablement


due lexcs de salive produit loccasion de joutes
oratoires, qui telle la bave du crapaud atteint parfois
la blanche colombe que je ne suis plus, quoi que..
Mais le bavard nest pas avocat.
Il abuse du bavardage pour lutter obstinment
contre le silence en oubliant la pause dans le
discours, il saccapare lchange.
Peu importe lindigence de son propos, son
bavardage rime avec ennui et impatience.
Il assaille de tant de dtails, que le juge sastreint
la contrainte polie de lcoute. Seule lapparence de
lattention subsiste. Alors face au bavard, le silence
devient une valeur inespre.
Parce que mme le fou sil se tait passe pour sage !
Message ceux qui soliloquent.
Lconomie de la parole serait finalement utile
au commerce des mots. Ces mots du palais qui
appellent la rplique ont alors pour cho le silence
du bavard.
A ce stade de mon bavardage, chacun se rappelle
ladage bien connu Qui ne dit mot consent .
Mais alors, le silence ne serait-il que la prrogative
de celui qui na rien dire ?
Ne pourrait-il pas y avoir de matire signifiante dans
le silence ?
Le silence a pourtant son mot dire : cela va sans
dire !!!
Le silence de mes confrres ne saurait tre quun
fait physique.
Cette absence de sons articuls peut, doit tre
entendue ! Sa mesure lui donne le poids que la parole
ne saurait lui confrer.
Pascal ne disait-il dj pas : Il y a une loquence du
silence qui pntre plus que la langue ne saurait faire.
Daucuns sauront en tirer quelque leon, qui peut
sen servir, on offre son silence !
Magistrats, saurez-vous entendre ce silence ?
Quand au comble de largumentation, la parole
finalement berce et que le juge sendort
Le silence serait- il dor ?
Le silence alors en dit long et devient assourdissant,
la pause impose devient alors le pouvoir de
lorateur. Le silence se fait autorit.
Il surprend, tonne, voire mme rveille, oblige
lautre sy soumettre, cartant toute tentative de le
rompre. Quand le langage se perd car les mots ont
dj t trop dits, trop entendus, et que la pulsation
du discours sacclre, son architecte en freine le

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

par Lynda Blarbi

Rentre solennelle
flux avec des silences qui sectionnent comme des
bornes.
Le silence devient le lien ncessaire et invite lautre
tendre loreille. Comme une riposte quand ce
que nous avons dire nest pas prt tre entendu.
Lorsquon a tout dit et que rien na t entendu, le
silence prend sa place.
Sa forme sonore soppose au refus de lcoute, surpris
par le mutisme soudain, le juge assoupi sursaute,
le silence devient suspension pour transformer
le prtoire en lieu de dbat contradictoire, lieu
o somme toute, nous avons tous un silence en
commun : le secret professionnel.
Il y aurait donc effectivement, mme pour lavocat,
un temps pour se taire et un temps pour parler.
En effet, le contradicteur bavard, appelle le discrdit
en condamnant la parole linanit, alors, face
linflation des mots du bavard, le silence est la
riposte sa parole touffante.
Sous la robe, il faut alors linviter enfiler ses
bas de contention, contention des mots conte
lhmorragie verbale.
Etre avocat nest pas dire nimporte quoi, nimporte
quand haranguant le prtoire et se bornant des
poncifs transformant le discours en longue logorrhe.
Non, nous ne sommes pas que des baveux bavards !
Notre silence nest pas quune pause !
Il nest mme pas un crime de lse- loquence!!!
Il est polysmique, silence complice, silence
acquiescement, silence dfense, silence rsistance,
voire silence mpris.
Garder le silence nest de loin pas synonyme de
se taire . Il est lautorit de celui qui ne dit pas un
mot en trop, celui dont les mots nont pas vocation
au seul tat ornemental de celui qui rsiste et reste
digne quand linjonction vient dun interlocuteur
zl, protestation et refus se font alors entendre.
Matre Moro Giafferi un Prsident de Cour

dAssises interrompant la parole Albert Naud


ripostait Il est trs grave que la parole soit retire
un dfenseur. Si nous tolrions que la ncessaire
autorit de la justice pt nous museler, nous sentirions
nos pitoges salourdir comme des chaines.
Le pnaliste dont le client est nourri de sries a fait
sien le droit au silence.
Ne parler que sous lempire de la ncessit
devient vertu ou garantie. Le silence nencourt
jamais le reproche quand la parole peut trahir. La
Convention europenne des Droits de lhomme lui
confre dailleurs valeur de libert fondamentale.
Il est le Droit de ceux qui plbiscitent le silence
comme un moment de rsistance et qui nous
apprennent que garder le silence, sert faire
entendre la voix de celui qu on ne veut pas couter
sans toutefois que ce silence ne devienne la caisse
de rsonnance de ceux qui lexigent.
Le symbole orn de silence devient message ou
rvolte linstar de Tommie Smith et John Carlos.
Poing lev, tte baisse, symboles pour lhistoire.
Alors que vous tes de permanence, vous tes
souvent en charge de la dfense de quelquun que
vous venez peine de rencontrer dans le bureau
du juge dinstruction.
Le seul droit que vous pouvez exercer pleinement
ne serait-il pas alors le droit au soupir?
Car rappelons le, le premier droit de la dfense
est le droit au silence et souvent le seul efficace en
cette circonstance pourvu que celui quon dfend
ne subisse pas la loi du silence.
Le poids du silence, comme des mots qui cognent,
rien dire ? pas si sr !
Le silence entre quatre murs devient bruit dont le
fracas assourdissant branle lavocat qui tenu au
secret peut seul entendre.
Nombreux, jen suis certaine, me diront quils
regrettent leur discours mais jamais leur silence.

A condition que ce silence ne soit pas un ordre du


magistrat !
Qui de plus en plus frquemment nous ordonne de
conclure quand il estime en avoir assez entendu !
Faut-il rappeler que nous sommes auxiliaires de
justice !
Ce silence intim reflte parfois la dfiance entre
deux cultures qui signorent encore.
Aux magistrats que la loi constitue, gardiens des
intrts de la socit, notre silence rappelle notre
serment dindpendance et notre insoumission.
Lavocat fut-il le plus talentueux, svertue
vainement
sil sadresse un juge qui ne veut pas entendre.
Pour qui la vie du palais serait plus douce si les
impnitents dfenseurs prenaient cur de se
taire jamais.
Faut-il rappeler que chacun droit ce que sa cause
soit coute sinon entendue ?
Lavocat novice que je suis aurait pu choisir
cinqminutes de silence.
Un long moment de silence pour dmontrer que
lAvocat, qui on reproche frquemment son peu
dhumilit, sait observer et entendre.
Mais vous, ici, auditeurs qui mavaient dj trop
coute et qui tes accoutums juger du mrite
dun discours, dans cet univers de verbalisation o
le silence est exception, auriez pens : Elle na rien
dire . Il fallait donc bien que je vous parle.
Il est toutefois temps de conclure car le silence est
aussi la fin du discours.
Une chose est sre : Si on est matre de ses mots
avant de les dire, on est leur esclave aprs .
En conclusion Mesdames et Messieurs : permettez
moi le tutoiement :Tais-toi ou dis quelque chose
de meilleur que le silence car de tous ceux qui
nont rien dire, les plus agrables sont ceux qui se
taisent Coluche.

Notre avenir
se dcline-t-il au fminin ?

Nathalie Haas

par Nathalie Haas

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

i je vous demandais le point commun entre :


Yahoo, lAllemagne, le Brsil, le FMI, le
Ministre de la Justice, les Barreaux de ParisMulhouse...
Que me rpondriez-vous ?
A leur tte... une femme.
Et la liste pourrait encore tre longue, car enfin, les
femmes accdent de grandes fonctions.
Alors aujourdhui je vous le demande:
Notre avenir se dcline-t-il au fminin ? .
Messieurs rassurez-vous lheure de la domination
fminine na pas encore sonne.
Nous nallons pas devenir des Mosuo!
Vous savez, cette ethnie au fin fond de la Chine o les
hommes nont droit rien et je dis bien rien... Pas
de proprit, pas dhritage, pas dautorit parentale...
rien du tout!
Si a en laisse beaucoup rveuses, ce nest pas pour
tout de suite!
Alors, Messieurs ...nayez pas peur!
Nous sommes encore loin dinstaurer une Journe
de lhomme!
Bien quentre la journe de leau, la journe de lEurope,
la journe de tout et de nimporte quoi il ne serait pas
ais de trouver une date pour vous.
Le moment venu, je suggrerais, le 8mars!

Nous nen aurons plus besoin, puisque lavenir se


dcline au fminin.
Vous en doutez et exigez des preuves?
Alors regardez autour de vous, tout se fminise,
Mme vous, Messieurs!!!
Jentre-aperois quelques regards interloqus :
Comment ? Nous ? Nous nous fminisons ?

Evidemment!
Messieurs , osez avouer combien de temps vous est
ncessaire pour assortir votre chemise avec votre
montre et vos chaussures?
Combien de temps passez-vous dans votre salle de
bains?
Car oui lhomme daujourdhui prend soin de lui :

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du droit
et je ne parle pas uniquement de tenues vestimentaires
... Non.
Une femme doit ainsi tre comptente, productive,
bonne mre, bonne pouse... et si elle rentre dans un
36 cest pas trop mal!
Porter la robe permet dailleurs de rgler ce petit
problme puisque celle-ci cache les rondeurs
merveille.
Notre robe devient ainsi notre meilleure amie.
Ah la robe! Ce vtement fminin par excellence,
symbole pour notre mtier dgalit et dhomognit.
A croire que lavocature tait prdispose faire la part
belle aux femmes.
Dailleurs tre avocat nest ce pas convaincre? Sduire?
La sduction est au cur de notre profession. Et qui
mieux quune femme pour cela?
Pensez Messieurs ces centaines deuros de budget
initial transforms, sans mme que vous ne vous
en soyez rendus compte, en milliers deuros pour le
dernier sac mains la mode!
Souvenez-vous qui a su jouer de sa persuasion pour
convaincre ce cher et faible Adam de croquer la
pomme ?
Voil le pouvoir des femmes: des sicles de savoirfaire, des secrets remontant lorigine du monde!
Tout cela au profit de notre profession ...
Les points forts des femmes sont enfin connus et
reconnus alors que par le pass personne ne sy
intressait.
Alors certes,du chemin reste parcourir, mais ne
luttons plus contre les hommes.
Ils doivent tre nos allis pour que notre place soit
plus grande encore dans cet avenir qui nous tend
les bras, laissons derrire nousles clivages dun autre
temps. Les aigris qui smeuvent encore de voir une
femme btonnier dun grand Barreau ou Prsident
dune juridiction.
Regardons autour de nous : les femmes sont l au
mme titre que les hommes, elles ont conquis la place
qui leur revenait.
Alors, notre prsence nous toutes nest-elle pas
la preuve que les combats, dOlympe de Gouges,
Benote Groult, Simone de Beauvoir sont achevs?
Nous ne pouvons que les remercier et les honorer
non pas en multipliant les lois, les colloques, les
dclarations de bonnes intentions et autres Think
tank , associations...
Non.
Car rien ny fera tant que la volont dy arriver,
ensemble, homme et femme, ny sera pas!
La cl, elle, est en vous, en nous, car je vous le rappelle:
Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et
il dpendra de nous. Il est moins dcouvrir qu
inventer.
2013-797

Il spile, se fait des gommages et se met de la crme...


Non pas celle de sa compagne... non aujourdhui
lhomme les collectionne.
Crme anti-rides mais aussi contour des yeux,
masques dcongestionnant, hydratant, purifiant.
Vous riez? Mais quiconque osera soutenir le contraire
devrait faire un tour dans les salles de bain de tous ces
mtro-sexuels que nous ctoyons quotidiennement...
Enfin, bien y rflchir plus tant que cela, car il faut bien
se rendre lvidence, lhomme est une espce en voie
de disparition dans les couloirs du Palais.
Qui en est responsable ?
La Fminisation, encore !
Et les chiffres ne mentent pas :
Leffectif des femmes avocats en France sest accru de
51% de 1997 2007 et en 2009 pour la premire fois, la
proportion de femmes a dpass celles des hommes...
Je nose dailleurs voquer les magistrats qui taient
bien en avance sur le sujet.
Le phnomne devrait dailleurs samplifier.
Bientt, les femmes reprsenteront plus de 75% des
membres des professions juridiques !
Ce jour-l, des lois instaurant des quotas dhommes
seront votes, des associations de protection du genre
masculin verront le jour et les Femen cderont la place
aux Men-men ...
Alors doutez-vous encore ?
Ntes-vous toujours pas convaincu que lavenir cest
au fminin quil se dcline...
Vous aurez bien compris que dans mes propos
dclinaison relve de la prsence de la femme dans
toutes les sphres sociales.
Il va de soi que je ne parle pas de dcliner au sens
de saffaiblir ou perdre ses forces.
Loin de moi lide de soutenir cette croyance
saugrenue selon laquelle fminisation rimerait avec
pauprisation.
Il est regrettablement vrai, pourtant, qu1/3 des
femmes quittent la profession dans les dix premires
annes...
Toutefois, 1/5me des hommes font de mme mais ce
chiffre apparemment nintresse personne.
Des leons sont en tirer, cest incontestable.
Mais peut tre dautres que le prtendu handicap li
la grossesse dans cette premire dcennie dactivit.
Car contrairement ce que certains continuent de
penser : non en accouchant nous nexpulsons pas
notre cerveau !

Les femmes sont parfaitement capables de sortir du


triptyque : dodo, bobo, petits pots.
Alors certes, toutes ne font pas du Dati mais les
chiffres vont lencontre de cette ineptie puisqu1/4
des jeunes mamans nont pas pris de cong maternit
ou lont rduit au minimum...
Comble de lironie lorsque lon pense aux rcentes
revendications des hommes de se voir octroyer le
droit un cong paternit, alors quils naccouchent
mme pas !
Encore heureux, vous allez me dire dans la mesure o
ils appellent leur petite maman chrie pour un mal de
ventre et quils meurent dune migraine.
Il va de soi que jamais, non jamais, ils ne
supporteraient daccoucher !
Vous laurez bien compris, cette fameuse grossesse
est un faux problme, mais certainement, une vraie
excuse.
Dailleurs, en parlant dexcuse, une autre a la vie dure
pour justifier quen se fminisant notre profession se
pauprise :
Les femmes seraient relgues aux domaines moins
rmunrateurs : AJ, commissions doffice et autres
ADCP. Rducteur comme raisonnement !
Et tout aussi passiste que nos livres de lecture dans
lesquels nous apprenions que : Papa fume la pipe et
Maman fait la vaisselle .
Cela voudrait dire que seraient rservs aux hommes
les domaines les plus lucratifs : droit des affaires en tte !
Que nenni, discours dun autre ge !
l Examinez les bancs de certaines filires telles le
DJCE...
l Souvenez vous Baker & McKenzie, lun des plus
grands cabinets davocats daffaires au monde, tait
dirig il ny a pas si longtemps encore, par une femme !
l Ou pensez Madame le Btonnier de Paris qui a fait
de linformatique son domaine de prdilection alors
que linformatique, cest bien connu, les femmes ny
comprennent rien ! Alors, pourquoi encore douter
des comptences fminines ?
Daucuns vous diront que les femmes sont trop
douces. Et il est vrai quune femme quand elle est
douce on ne la croit pas comptente et quand elle est
comptente on ne la croit pas douce...
Bref un vrai casse-tte. Que dis-je ? Un dilemme.
Et voil tout le problme...
Les femmes doivent toujours sadapter - changer en
fonction des heures de la journe...

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Remise du prix du Barreau de Mulhouse par Jean-Luc Forget Nathalie Haas

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du chiffre

Autorit des Normes Comptables


4mes Etats Gnraux - Paris, 14 et 15 novembre 2013
Cest la Maison de la Chimie que Jrme Haas, prsident de lAutorit des Normes Comptables (ANC), a reu chercheurs,
universitaires, entreprises, analystes, investisseurs, professionnels du chiffre et du droit les 14 et 15 novembre 2013, pour faire
le point sur la normalisation comptable nationale et internationale mais aussi dbattre du sujet majeur de linformation
non financire.
Jean-Ren Tancrde

En sens inverse, lorsque subsistent des divergences,


lANC sexprime, en parfaite harmonie avec les
entreprises et les professionnels franais: sur la
rvision du cadre conceptuel qui ne restaure pas le
principe de prudence et surtout porte atteinte au
principe de fiabilit; sur la complexit de normes
reconnues inapplicables, lchelle mondiale
(IFRS11relative aux consolidations; IFRIC 21,

Jrme Haas

D.R.

a 4medition des Etats Gnraux de


lAutorit des Normes Comptable a
t ouverte par Jrme Haas sur deux
messages forts :
l dune part, les normes franaises connaissent
un dploiement quantitatif et qualitatif
impressionnant : nombreux travaux
daccompagnement des nouveaux textes de
rgulation financire, cration de cadres
comptables dans des domaines nouveaux
(monnaie lectronique, financement de prts
aux entreprises par les assureurs...), production
de textes comptables innovants pour trouver
lquilibre entre les meilleures pratiques
franaises et internationales, adaptation de
ces textes selon les besoins des entreprises,
dans lesprit qui domine dsormais dans tous
les pays du monde qui nadoptent les normes
internationales que pour les socits cotes en
Bourse. Dans une optique de service public
moderne, les normes franaises, utilises par
une vaste majorit dentreprises en France,
permettent donc de rpondre leurs besoins,
qui sont trs diffrencis.
l dautre par, les contributions, propositions et
autrestravauxdelANC,ontpermisdecrerledbat
et dinitier un mouvement en matire de normes
comptables internationales. Cest ainsi que de
nombreux projets voluent dans le sens souhait
par lANC, commencer par lallgement des
annexes aux comptes, que plus personne ne lit:
en ce domaine, le normalisateur international
(IASB) a rejoint toutes les propositions de lANC
(articules, en bonne part, conjointement avec
son homologue britannique). La notion de
modle conomique , mise en avant pour
mieux ancrer les normes dans la ralit plutt
que les concepts, avance aussi considrablement,
avec la publication dun document (conjoint
avec le Royaume-Uni) sur ce sujet ainsi quune
modification radicale, sous la pression de pays
dAsie, de la norme sur les activits agricoles,
rebours de lapproche actuelle reposant
uniquement sur une approche de march
(en fair value). LANC soutient galement
le modle de lIASB pour la dfinition des
provisions bancaires, sujet sur lequel le G20
na pas encore reu de rponse complte faute
daccord mondial.

sur les impts, par exemple) ou encore sur le


projet concernant les assurances, qui ne permet
toujours pas, malgr quelques progrs, de lire dans
le rsultat net des compagnies la ralit de leur
performance. Au total, lANC ralise son objectif
stratgique: dplacer le centre de gravit de la
normalisation internationale pour laborer une
norme mondiale moins fonde sur des concepts
a priori et refltant donc au mieux les ralits
conomiques.
LANC a ensuite fait le bilan de troisans de
soutien la recherche comptable et a prsent
les travaux raliss ou soutenus cette dernire
anne. Une discussion sest instaure sur le sujet.
En matire de recherche fondamentale, une
piste trs prometteuse pour lANC et la recherche
franaise consiste dvelopper une approche
non comptable de la comptabilit, travers des
angles diffrents, et notamment lconomie, qui
sest jusquici peu intresse au sujet. Cest ainsi

que JeanTirole, Prsident de lEcole dEconomie


de Toulouse, a prsent ses travaux en cours,
dans le cadre du partenariat conclu entre lANC,
la Caisse des Dpts et Consignations et lInstitut
dEconomie Industrielle de Toulouse.
Laprs-midi du 14novembre a t loccasion
de dbattre de la place de lEurope dans la
normalisation internationale et de son rle
dans la gouvernance comptable mondiale.
MichelPbreau, Prsident dhonneur de BNP
Paribas, a ouvert ce dbat, partir du Rapport
Mdef-AFEP (juillet 2013) pour rappeler que
si les IFRS constituent un acquis europen
partir duquel il faut travailler, elles ne rpondent
pas totalement aux besoins de lconomie
europenne. Philippe Maystadt, Ancien
ministre belge des finances, Conseiller spcial du
Commissaire Michel Barnier sur les questions
dinformations financires et de comptabilit,
a pris le relais via une longue intervention

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du chiffre
Jacques Attali

D.R.

financier, membre du directoire dEurazo,


vice-prsident de la DFCG, Pascal Imbert,
Prsident du Directoire de Solucom,
prsident de Middlenext, et Marie-Pierre
Peillon, Directrice de la recherche de
Groupama Asset Management, prsidente
de la Socit Franaise des Analystes
Financiers (SFAF) - qui se sont exprims
sur leurs demandes en matire dinformation
non financire et leurs craintes : contrainte
supplmentaire, pertinence de linformation
produite, bilan plus long, gestion lourde,
manque de benchmark Jrme Haas a
conclu cette table ronde en soulignant que
ce dont nous parlons est plus quune mode,
cest un mouvement qui est l pour durer.
Naturellement il comporte des risques dexcs.
Il faut donc tirer les enseignements de notre
exprience en matire de comptabilit : que le
mode dlaboration des rgles en ce domaine
soit dmocratique et permette le consensus ;
que les chiffres produits soient fiables, robustes,
comme en matire comptable. Les acteurs
franais doivent tre plus prsents dans ces
dbats cruciaux pour lavenir.

gnral de la Chaire responsabilit globale et


capital immatriel de lIAE de Paris. Le dbat a
ensuite laiss la parole aux acteurs conomiques
- Philippe Audouin, Directeur administratif et

Ren Ricol

La matine du 15 novembre a t ddie


linformation non financire. Depuis quelques
annes mergent en ce domaine des initiatives
internationales de plus en plus nombreuses et
multiformes : projets de socit, produits de
reporting, textes lgaux franais et europens,
et droit souple. LANC a prsent un panorama
trs complet de ces initiatives avec un certain
nombre de chercheurs dont Ccile Renouard,
Directrice du programme de recherche CODEV
Entreprises et Dveloppement de lInstitut
ESSEC Irn, et Jean-Claude Dupuis, Dlgu

10

2013-798

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

D.R.

filme, pour prsenter son rapport (discut le


lendemain, le 15/11 au Conseil Ecofin) tabli
dans le cadre de ses rflexions pour renforcer la
contribution de lUnion europenne aux IFRS
et amliorer la gouvernance des institutions
qui les laborent. Philippe Maystadt a propos
dagir sur troisleviers : maintenir une procdure
dadoption norme par norme, incluant la
possibilit daccepter ou de refuser une norme
produite par lIASB; rorganiser la gouvernance
de lEFRAG en accroissant sa lgitimit et sa
reprsentativit (comme souhait depuis deux
ans par lANC et ses homologues allemands,
italiens et britanniques) et renforcer le dialogue
en Europe (entre lARC et lEFRAG) afin
dinfluencer plus efficacement les activits
de lEFRAG et de lIASB. Anne-Franoise
Melot, Chef adjoint, Unit Comptabilit et
Information financire la DG MARKT de
la Commission europenne, tait par ailleurs
prsente en tribune et a ainsi pu changer
avec la salle et souligner nouveau que
Michel Barnier avait entendu la ncessit pour
lEurope de sappuyer sur des normes fiables qui
rpondent aux besoins de ses entreprises.

Ren Ricol a fait valoir quil sagissait en effet


dune revanche de lhumain sur largent-roi
et il a appel la prolongation de ce dbat, qui
doit avoir lieu lANC. Jacques Attali a expos
que la situation actuelle, en matire de normes
comptables, refltait le besoin de renforcer
les fonctions dEtat face au march, lchelle
globale. Il a exprim la ncessit de construire
des indicateurs prcis, rendant mieux compte
de lensemble des performances des entreprises,
dans la droite ligne des deux propositions quil
avait consacres ce sujet dans son tout rcent
rapport Pour une conomie positive.

Vie du chiffre

Louis Gallois, invit du cabinet ARC

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Comment retrouver de la comptitivit? - Paris, 19 novembre 2013

Denis Le Boss, Louis Gallois, Krine Tran et Jean-Marc Sylvestre

ouis Gallois, Commissaire gnral


linvestissement, tait, le 19novembre
dernier, linvit de Denis Le Boss,
Prsident du Cabinet ARC, pour un
petit-djeuner dbat anim par Jean-Marc
Sylvestre. Ce rendez-vous fut loccasion de
commenter les rsultats du Baromtre annuel
ARC/IFOP sur la situation conomique
gnrale des entreprises et la perception de leur
volution mais aussi dimaginer des solutions
pour retrouver de la comptitivit.
Ce petit-djeuner sinscrit dans la continuit
de ceux organiss par le Cabinet ARC depuis
troisans et auxquels ont particip des experts
tels que Messieurs Ricol, Arthuis, Novelli,
Lorenzi, Sapin ou encore Baroin et Drouin.
Louis Gallois leur a succd notamment pour
commenter les rsultats du Baromtre annuel
Cabinet ARC/IFOP dvoil lors de ce petitdjeuner. Un an aprs la publication de son
rapport et la mise en place des mesures du pacte
de comptitivit, il tait linterlocuteur idal pour
contribuer au dbat Comment retrouver de la
comptitivit?.
Denis Le Boss a ouvert la discussion sur un
constat: Les entreprises sont moins pessimistes
aujourdhui quil y a sixmois sur la situation
conomique franaise. Mais pour autant, elles
ne pressentent pas encore damlioration de
leur activit ou de leur trsorerie. Un constat
partag par Louis Gallois qui considre que
lindustrie franaise se trouve un palier aprs
une baisse rgulire entre 2008 et 2011 .
Denis Le Boss et Louis Gallois expliquent le repli
de linquitude des entreprises par les diverses
mesures prises par le Gouvernement. Dune part,

le CICE avec ses 720millions deuros accords


au titre du prfinancement en octobre2013
qui ont apport une relle bouffe doxygne,
surtout pour les PME note Denis Le Boss.
Dautre part, la Loi Consommation, dite Loi
Hamon, qui devrait permettre de rquilibrer
les pouvoirs parmi les acteurs conomiques du
march: prcision sur les dlais de paiement
prvus par la LME, amendes administratives,
renforcement des contrles de la DGCCRF,
rle des commissaires aux comptes Louis
Gallois a complt cette explication par deux
lments: labondement de 300millionsdeuros
du Fonds de dveloppement conomique et
social (FDES) annonc rcemment par Arnaud
Montebourg mais aussi le rle de lEurope et
plus particulirement de la BCE qui conserve
une capacit demprunt intacte. La relance va
venir de lEurope a soulign Louis Gallois.
Dans le prolongement de cette introduction,
Krine Tran, juriste du Cabinet ARC, a prsent
les rsultats du Baromtre et de nombreux
thmes ont ainsi t abords : activit,
trsorerie, recouvrement de crances, dlais de
paiement, gestion du poste clients, utilisation
du CICE, mesures annonces dans la Loi de
Consommation
Il en ressort que les entreprises restent en
difficult face aux dlais de paiement avec une
hausse du nombre de retards: 59% desPME
et 69% des grandes entreprises paient avec un
retard allant de 110jours. Et une tendance se
dgage: les retardataires paient plus vite mais
sont plus nombreux.
Louis Gallois a dailleurs soulign limportance
de ce problme en France et prne la

ncessit dune modification de fond des


comportements notamment pour amener les
acteurs conomiques respecter la LME. En
effet, le nombre dentreprises qui notent une
hausse des litiges non fonds visant droger
la LME a doubl sur deux ans (46% en2013
contre 21% en2011).
Louis Gallois remarque toutefois quune
volution des comportements concernant les
dlais de paiement est dores et dj enclenche
dans le domaine industriel o les grands groupes
se proccupent de plus en plus de leur chane
fournisseur, linstar dAirbus ou de Safran.
Malgr ces efforts, le crdit fournisseur (24%)
reste aussi stratgique que le crdit bancaire (27%).
Enfin, il a insist sur limportance de la communication
autour des dispositifs daccompagnement mis en
place par les pouvoirs publics qui restent trop
mconnus: 51% des entreprises interroges
ne connaissent ni le mdiateur du crdit, ni les
commissaires au redressement productif, ni le
mdiateur inter-entreprises.
Pour conclure et la lumire de ces rsultats, la
sance de questions a notamment t marque
par le tmoignage dun Directeur administratif
et financier soulevant le bon fonctionnement du
prfinancement du CICE mais aussi limportant
dsengagement des assureurs crdit.
Loccasion pour Denis Le Boss daborder ce
dsengagement ainsi que celui des banques et
pour Louis Gallois dappeler faciliter laccs
des PME aux marchs financiers: Lconomie
devra moins compter sur les banques et il faut
que les marchs nanciers prennent le relais.

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

2013-799

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Vie du droit

Compagnie des Avocats Conseils


de Paris - Ile-de-France
Dner annuel - Paris, 18 novembre 2013
Cest nouveau au Pavillon Le Doyen que sest droul le traditionnel dner de la Compagnie des Avocats Conseils de Paris Ile-de-France, le Prsident Philippe Rochmann a accueilli le 18novembre2013 les nombreux reprsentants des syndicats et ordres
professionnels. Il a abord cinq sujets dactualit intressant particulirement les avocats, notamment la rforme de la gouvernance
et la refonte de laide juridictionnelle, avant de remercier Madame le Btonnier Christiane Fral-Schuhl pour son action mene au
Barreau de Paris qui a contribu positionner diffremment la profession au sein de la socit civile.
Christiane Fral-Schuhl sest exprime sur les cinq thmes voqus par Philippe Rochmann puis a remerci son tour la Compagnie
des Avocats Conseils de Paris - Ile-de-France pour son implication et son soutien dans toutes les instances de la profession.
Jean-Ren Tancrde

Lavocat au cur
de la socit civile

Philippe Rochmann

par Philippe Rochmann

1. LAVOCAT ET LES AUTRES


PROFESSIONS REGLEMENTEES
Madame le Btonnier, vous avez eu le courage
de vous attaquer aux braconniers et autres
flibustiers du droit. Vous menez les actions
contentieuses que nous attendions tous, vis-vis des sites internet et autres organismes
qui vendent du droit comme dautres de la
lessive. Vous avez aussi nou un partenariat
avec lOrdre des experts-comptables qui na
pas toujours t compris par nos confrres
qui sont confronts en permanence des
professionnels rglements qui exercent,
disent-ils, ces matires titre accessoire, mais qui
salarient des juristes pour vendre des prestations
juridiques compltes, alors que nous, les avocats,
ne sommes pas habilits tenir des comptabilits
mme titre accessoire.
Il existe l une distorsion de concurrence que
nous ne pouvons faire semblant de mconnatre
ni de minimiser.
Nous pensons, la Compagnie, quau dl
des indispensables contentieux, le dialogue
peut permettre davancer et souhaitons que ce
partenariat institutionnel que vous avez initi,
permette Monsieur le Btonnier dsign daller
plus loin dans la dfense de nos comptences.
2. LAVOCAT ET LA POLITIQUE
Nous exerons une merveilleuse profession
que beaucoup nous envient, notamment
les femmes et les hommes qui exercent une
carrire politique. Vous le savez, beaucoup nous
rejoignent lors des alternances dmocratiques.
Alors, comment expliquer quune fois de
nouveau lu au parlement ou nomm au
gouvernement, ces confrres nous oublient

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Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

e souhaite vous adresser quelques mots et en


particulier aborder cinq thmatiques, avant que
Madame le Btonnier ne prenne aussi la parole :
l Lavocat et les autres professions reglementes;
l Lavocat et la politique ;
l Lavocat et le lobbying ;
l Lavocat, le Barreau de Paris et le CNB ;
l Lavocat et laide juridictionnelle.

et pire encore, parfois attaquent la profession


qui les a accueillis ? Que fait un notaire ou un
expert-comptable quand il est appel des
fonctions suprieures? Le plus souvent, il
dfend ses confrres qui resteront toujours ses
confrres. Que fait un avocat dans les mmes
circonstances? De faon certaine, il nous oublie!
Pouvons-nous citer plus de cinq confrres de
renom qui ont entendu et aid la profession
aprs leur accession une responsabilit
politique importante ?
De faon plus inattendue et rcente, des
confrres ont pu mme attaquer la profession
quils ont exerce. Lt dernier et cet automne,
dans le cadre de la discussion sur le projet de
loi relatif la fraude fiscale, nous avons entendu
plusieurs dputs, anciens et/ou futurs confrres
pourfendre notre profession parce quelle
neffectuerait aucune dclaration de soupon et
attaquer nos CARPAs parce quelles pourraient
tre des institutions facilitant les mouvements de
fonds dorigine incertaine.
Voil un phnomne intressant, une forme de
haine de soi. Mais pourquoi nous ne nous

aimons pas? Voil, nen pas douter, de quoi


organiser un colloque sur ce qui fait que nous
sommes moins bons que les autres professions
rglementes pour faire valoir nos points de vue.
3. LAVOCAT ET LE LOBBYING
Je ne vise pas ici les nouvelles activits de lavocat
mais bien le rle que doivent avoir nos institutions
vis--vis des pouvoirs publics pour expliquer nos
positions et dfendre nos analyses.
Madame le Btonnier, jai t vos cts avec
dautres confrres quand il a fallu se battre pour
expliquer le rle de nos CARPAs et dfendre
les avocats fiscalistes souponns dtre les
principaux instigateurs de la fraude fiscale dans
notre pays. Vous lavez crit Cela suffit! Oui,
cela suffit que notre profession soit stigmatise ;
cest une hypocrisie, une diversion trop facile pour
ne pas soccuper des vraies difficults que de faire
croire que la lutte contre la fraude fiscale, cest cela.
Mais cela ne nous suffit pas. Nous devons nous
interroger : Comment un esprit intellectuellement
honnte peut considrer que les CARPAs
peuvent faciliter la fraude alors que cest justement

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du droit
linverse! Vous le savez, les CARPAs, notamment
celle de Paris, aident tous les jours nos confrres
viter des piges que pourraient tenter de nous
tendre quelques clients esprant nous manipuler.
Combien davocats ont finalement t condamns
aprs dhumiliantes perquisitions et gardes vue?
Une infime minorit, ma connaissance, qui ne
permet pas de gnraliser et de vilipender toute
une profession!
Il est indispensable que nos institutions se dotent
de services Affaires Publiques dignes de ce nom,
dabord pour expliquer et ensuite pour convaincre.
Monsieur le Btonnier dsign, ce sujet a t un de
vos thmes de campagne et je sais que vous voulez
aller trs vite sur ce sujet. Au nom de la Compagnie,
soyez en remerci car le temps presse !
4. LAVOCAT, LE BARREAU
DE PARIS ET LE CNB
Nous sommes toujours sur le sujet de porter
un discours homogne et construit auprs des
pouvoirs publics. Madame le Btonnier vous
avez souhait lt dernier que lOrdre que vous
dirigez et qui reprsente lune des composantes
importantes du CNB puisse se faire entendre
et que, tout au moins, ses propositions soient
analyses. Vous aviez convaincu le prsident
du CNB de ce dialogue ncessaire. Le prsident
du CNB na pas t suivi par son bureau. Nous
connaissons la suite.
Cet pisode fut particulirement violent. Je
tiens ce soir rendre un hommage particulier
au Btonnier Christian Charrire-Bournazel
qui a navigu pendant 18mois par gros temps,
au milieu dintrts contradictoires, souvent
dconnects des vrais soucis des avocats. Il a
souhait seffacer sans pour autant avoir dmrit.
Le bateau semblait alors ingouvernable.
Madame le Btonnier, vous avez lanc un pav
dans la mare. Il fallait le faire car le systme est
bout de soue. Mais tout cela naura de sens
que si cette institution se rforme bref dlai.
Monsieur le Prsident du CNB, cher Jean-Marie
Burguburu, vous tes aux commandes. Cest
vous quil revient de faire voluer notre CNB pour

une profession unie et donc plus forte.


Nous comptons sur vous pour trouver la
meilleure voie. Le temps presse dautant plus
quune nouvelle mandature sans rforme
de la gouvernance continuerait davantager
nos concurrents, qui se frottent les mains de
nos discordes de villages gaulois, nesprant
quempiter sur nos domaines dactivit et pour
qui la scurit juridique que lon doit au citoyen
nest pas une priorit.
5. LAVOCAT ET LAIDE
JURIDICTIONNELLE
Il existe l un vrai paradoxe. Personne ne conteste
que laccs au droit est un pilier de la dmocratie
et que laide juridictionnelle est essentielle pour
aider les plus dmunis faire valoir leurs droits.
La France, on le sait, est un des mauvais lves
de laccs au droit. Au Royaume-Uni, en 2011,
un milliard de livres a t consacr laide civile
et un milliard de livres laide pnale !
Cela nempche pas lEtat de rester sourd aux
propositions de la profession. Pire, il envisageait,
dans le projet de loi de finances pour 2014, une
dmodulation de lunit de valeur alors que la
rmunration des avocats est dj largement
infrieure un SMIC horaire. Cet pisode sest
heuresement sold par le retrait de cette mesure
particulirement injuste pour nos confrres les
plus en difficult. Mais il illustre encore notre
difficult expliquer et faire entendre nos
points de vue. Nos instances ont dcouvert le
projet quelques semaines avant sa prsentation
publique. Notre objectif devrait tre de proposer
en amont les solutions idoines afin dviter tout
simplement quun tel projet puisse tre imagin.
Jajoute que cette dmodulation de lunit
de valeur aurait permis lEtat dconomiser
15 millions deuros : une goutte deau pour
nos finances publiques, tout au plus une toute
petite niche fiscale, mais on sait quel point il est
difficile de toucher intelligemment un systme
fiscal compliqu et souvent injuste.
Permettez-moi encore deux mots. Madame
le Btonnier, vous allez achever votre mandat

dans 42 jours. Vous avez su nous positionner


diffremment au sein de la socit civile: je pense
la cration du fonds de dotation et votre
action avocat dans la cit, grce laquelle
3000 consultations gratuites ont t donnes en
5jours sur le parvis de la Mairie de Paris.
Vous avez aussi voulu rapprocher lOrdre des
confrres en ajoutant au caractre rgalien
de linstitution des services indispensables
notre activit, je pense lassurance perte de
collaboration, la mise en place du barreau
entrepreneurial, indispensable outil pour
sinstaller, sassocier ou se sparer et aussi la
centrale de rfrencement Praeferentia que vous
avez voulu nationale en associant notre barreau
la Confrence des Btonniers.
Je sais que votre successeur compte poursuivre
ces actions. Cest la force de notre Ordre et des
femmes et hommes qui se succdent pour le
diriger, que de poursuivre les ralisations de leurs
prdcesseurs utiles et ncessaires la profession
et de savoir porter sur des fonds baptismaux de
nouveaux projets.
Madame le Btonnier, votre mandat ne fut pas
un long fleuve tranquille et tant mieux pour
nous: merci de votre implication constante,
jusquau bout pour notre profession.
Je souhaite le meilleur votre successeur et
son Vice-Btonnier. Ils le savent, et jai eu
loccasion de le leur dire, que la Compagnie a
toujours t fidle aux Btonniers successifs,
par sa participation active aux travaux de divers
organes techniques et concernant le droit des
affaires et la fiscalit. Pierre-Olivier et Laurent,
permettez- moi de vous lassurer, vous pouvez
compter sur la Compagnie!
Je ne saurais terminer mes propos, en cette
priode trouble, sans assurer Madame la
Garde des Sceaux notre soutien. Nous sommes,
nous, avocats, rpublicains et dmocrates,
attachs au respect de lautre, dniant toute
lgitimit ceux qui dtruisent notre socit
en utilisant le racisme comme mode abject
dexpression de leurs incomprhensions de
lvolution de leur environnement. (...)

Lavocat face
la solidarit citoyenne

e dner de la Compagnie, votre dner, est


devenu au fil des ans un des vnements
importants de la vie de notre Barreau.
Il est devenu le rendez-vous auquel vos
invits ont plaisir se rendre.
Au-del dun rendez-vous gastronomique que
personne ne veut manquer, nous sommes tous
heureux de nous retrouver avec vous.
Votre Compagnie est le plus ancien syndicat
de conseils juridiques devenu par leffet de
la rforme le plus ancien syndicat davocats
parisiens et, grce au travail de vos membres,
vous avez toujours su allier tradition, prospective
et modernit. Votre analyse des textes en
prparation nous est prcieuse.
Nous nous flicitons aussi de la prsence et de
limplication de vos membres dans toutes les
instances de la profession : la Caisse des
Rglements Pcuniaires des Avocats (CARPA),
lUnion Nationale des Carpa (UNCA), lEcole de

Christiane Fral-Schuhl

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

par Christiane Fral-Schuhl

13

Vie du droit
Formation au Barreau (EFB) et, depuis sa cration,
Praeferentia.
Vous et les vtres tes toujours prsents au service
et la cause de votre Btonnier, quel quil soit,
quand il vous la demand.
Soyez-en remercis au nom de notre Barreau !
Je marrte un instant ici, cher Philippe, pour
vous remercier davoir particip depuis lorigine
laventure Praeferentia, den avoir t la cheville
ouvrire, en quelque sorte celui sans qui rien
naurait t possible.
Merci, Monsieur le Prsident, davoir retenu cinq
sujets. Nous nous sommes attaqus aux braconniers
du droit. Notre action, vous le savez, ntait pas
protectionniste, elle allait dans le sens dune action
citoyenne et permettait dviter les consultations
juridiques donnes par de non-professionnels.
Il en va ainsi dans toutes les professions rglementes.
Le but ntait pas de dfendre un monopole. Nous
souhaitions simplement viter que nimporte qui
fasse nimporte quoi.
Cest notre exprience, notre obligation
permanente de formation continue et notre
dontologie protectrice du client, qui nous
permettent daccomplir une prestation de
qualit, une prestation qui protge le citoyen
consommateur quand il a besoin de nous.
Concernant les autres professions rglementes,
dont le mtier est de faire du droit titre principal
ou accessoire, je laisserai mon successeur le soin
de continuer le dialogue avec leurs reprsentants
afin que les comptences des avocats soient
reconnues dans tous les domaines qui le justifient.
Pour ce qui est de lavocat homme politique ou
lavocat lobbyiste, vous avez raison. Les derniers
exemples le prouvent.
Le Barreau de Paris et lensemble de la profession
se sont mobiliss contre le projet de loi obligeant les
CARPA dnoncer les confrres sans passer par le
filtre du Btonnier.

Heureusement, sachez que nous avons trouv


auprs des avocats parlementaires une aide
prcieuse, mme si elle tait inattendue, pour
prsenter les amendements prpars par lUNCA
et les reprsentants de la profession, et viter ainsi
que les confrres ne se dtournent des CARPA,
tandis que les avocats trangers eux-mmes
reconnaissent aujourdhui leur intrt au point
dadopter notre systme de rglement pcuniaire
et de crer une association internationale pour
promouvoir cet outil qui apporte la scurit.
Vous avez parl ensuite des syndicats, des Ordres et
du Conseil National des Barreaux (CNB).
Nous abordons ici le sujet dlicat de la
gouvernance quil appartiendra mes successeurs
de grer comme jai tent moi-mme de le faire.
Le Barreau de Paris a dbattu sur le sujet depuis
trois ans dj. Jai invit la Confrence des
Btonniers en la personne de ses Prsidents, actuel
et futur, dbattre de la gouvernance devant le
Conseil de lOrdre, laissant ainsi mon successeur
et avec son accord, une feuille de route.
Nous savons tous quil est urgent dagir et je
ne doute pas que notre profession soit assez
responsable pour privilgier lintrt collectif
avant tout intrt particulier.
Quant laide juridictionnelle, nous avons vit de
justesse une dmodulation de lunit de valeur. Et
nous y sommes parvenus grce la mobilisation de
la profession.
Notre ministre nous a compris et entendus.
Nous savons tous la ncessit de permettre aux
plus dmunis daccder au droit et la justice
et nous savons que cet accs ne passe pas
par de pareils procds dont seuls les avocats
supporteraient la charge sans cesse croissante.
Puisque lcotaxe est devenue un acte citoyen qui
fait son chemin, le timbre cotaxe ou quels
que soient son nom et sa forme quil faudrait
apposer sur tous les actes juridiques de la vie

civile ou commerciale, ne peut-il voir le jour afin


dapporter la manne ncessaire cet accs au droit
que lon veut plus juste ?
Bien sr, les autres professions du droit ou les
professionnels qui rdigent ou accomplissent des
actes juridiques, quels quils soient, contribueront
laide juridictionnelle.
Puisquil est de notre devoir de dfendre et de
conseiller les plus dmunis, ne soyons pas les seuls
en assumer la charge financire puisque nous en
acceptons dj la charge professionnelle.
Ce que jnonce est bien plus quune piste
de rflexion puisque le Btonnier Christian
Charrire-Bournazel en a dvelopp lide
pendant son mandat, tandis que mon
prdcesseur a travaill sur ce sujet.
Dautres professionnels du droit ont alors accompli
un fort lobbying afin que cette proposition reste en
ltat larv et de ne pas participer cette solidarit
qui doit tre citoyenne.
Mais est-ce bien normal de ne pas tre solidaires
dune charge source de progrs social dans une
socit qui se veut plus gale et toujours plus juste?
Deux annes, cest long et trs court la fois.
Je ne doute pas, Monsieur le Prsident, cher
Philippe, que les ides que nous partageons
ensemble permettent aujourdhui et permettront
demain de progresser pour que notre profession
soit plus forte et davantage heureuse et quelle
rponde toujours lattente de celles et ceux qui
nous font confiance puisque notre devoir est
avant tout de servir. Tel est et restera le sens de
lengagement de notre serment.
Je nen dirais pas plus. Cependant, je ne rsiste pas
au plaisir de vous dire celui que jai eu en lisant le
Journal Officiel du 15novembre et loccasion
qui mest donne de vous fliciter publiquement
pour ce superbe ruban bleu qui rcompense un
grand serviteur de la profession.
2013-800

Au l des pages

Code de procdure pnale 2014

14

C
Gilbert Azibert

omme chaque anne, nous ne pouvons


pas manquer dadmirer le travail
de Monsieur le Procureur gnral
GilbertAzibert dans lactualisation du
Code de Procdure Pnale. Depuis des dcennies,
lesprance dune pause lgislative et rglementaire
nest pas au rendez-vous. Celui de 2014 progresse
par rfrence 2013, non pas de 200pages mais
de 74 pages.
Le plan de louvrage demeure :
l premire partie: lgislative,
l deuxime partie: dcrets en Conseil dEtat,
l troisime partie: exercice de laction publique et
de linstruction,
l onze annexes : les Droits de lHomme, les
juridictions des mineurs, la lgislation militaire,
un code de lorganisation judiciaire, soit 925pages.
Elles sont suivies de la table des textes modificatifs

D.R.

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

26me dition - LexisNexis

(74pages) et dun index alphabtique (26pages)


compltant une table des matires (40pages).
Un travail de bndiction qui permet aux praticiens
de trouver le fil dAriane de leur recherche.
Sans cet ouvrage, il est impossible de matriser
cette matire en perptuelle volution, dont le
verso rapelle les nouveauts intervenues depuis
le 26juillet2013.
2013-801
Source : Lexis Nexis

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du droit

Signature de la convention Tlrecours


Cour administrative dappel et Tribunal administratif de Bordeaux - Barreau de Bordeaux
Bordeaux, 20 novembre 2013

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

u mme titre que les juridictions


judiciaires (civiles et pnales), la
juridiction administrative sengage
rsolument dans la voie de la
dmatrialisation.
Le dcret n2012-1437 du 21 dcembre 2012
relatif la communication lectronique devant
le Conseil dEtat, les Cours administratives dappel
et les tribunaux administratifs consacre dans le
Code de Justice Administrative, dont il modifie
un certain nombre de dispositions, la possibilit de
la dmatrialisation des changes entre les parties
par lintermdiaire dune nouvelle plateforme
lectronique de communication dnomme
Tlrecours.
Les spcificits techniques de cette plateforme
ont t fixes par larrt du 12 mars 2013.
Cest dans ce cadre que le 20 novembre Bordeaux
a t signe entre la Cour administrative dappel
de Bordeaux, reprsente par sa Prsidente Anne
Gurin, et le Tribunal administratif de Bordeaux,
reprsent par son Prsident Jean-Franois
Desram, dune part, et dautre part, lOrdre des
avocats de Bordeaux, reprsent par Bernard
Quesnel, la convention, dclinant localement celle
du 5 juin 2013 conclue entre le Conseil dEtat et le
Conseil national des barreaux (Les Annonces de
la Seine du 10 juin 2013 page 14) dengagement de
dvelopper lusage et lapplication de Tlrecours.
Au terme dune phase pilote qui a concern le
Conseil dEtat depuis le 2 avril 2013 et les Cours
administratives dappel de Nantes et de Nancy ainsi
que des tribunaux de leur ressort depuis le 3 juin
2013, lutilisation de lapplicationTlrecours va
tre gnralise lensemble des contentieux et
toutes les juridictions administratives de mtropole,
compter du 2 dcembre 2013 (Les Annonces de
la Seine du 17 octobre 2013, page 20).
Cette application informatique est dveloppe
sur un site internet ddi cet usage pour

assurer lchange de tous les actes de la procdure


administrative contentieuse entre, dune part, les
juridictions administratives et, dautre part, les
avocats ou les personnes morales de droit public
ainsi que les organismes de droit priv chargs de
la gestion dun service public.
Ainsi dans le but dassurer le dveloppement dun
usage effectif des procdures dmatrialises
devant les juridictions administratives, lOrdre
des Avocats de Bordeaux sengage inciter les
avocats qui interviennent auprs des juridictions
administratives sinscrire dans lapplication
Tlrecours et en faire un usage effectif. Il sengage
relayer, cet effet, la diffusion des documents
de sensibilisation et dinformation dits par le
Conseil dEtat, la Cour administrative dappel
de Bordeaux ou le Tribunal administratif de
Bordeaux, ainsi que des modes demploi et des
guides explicitant les modalits dinscription
dans lapplication Tlrecours et son usage.

Il sengage galement par les moyens quil


estimera les plus appropris, assurer lui-mme
la promotion de lapplication Tlrecours en son
sein.
La Cour administrative dappel de Bordeaux et
le Tribunal administratif de Bordeaux sengagent
quant eux dvelopper lusage de lapplication
Tlrecours et rduire, autant quil est possible,
linstruction sous forme de communications crites
traditionnelles des procdures dans lesquelles un
avocat inscrit dans lapplication est constitu.
La Cour administrative dappel de Bordeaux et
le Tribunal administratif de Bordeaux sengagent
galement adresser aux avocats inscrits dans
lapplication Tlrecours les communications et
notifications qui manent de la seule juridiction,
et en particulier les avis daudience, sous forme
lectronique, y compris pour les dossiers enregistrs
avant la mise en oeuvre de lapplication.
2013-802
Jean-Ren Tancrde

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Alexis Gaucher-Piola, Jean-Franois Desram, Anne Gurin, Bernard Quesnel et Ludovic Valay

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

15

Vie du droit

Barreau de Paris
1re dition du Salon du livre - Htel de Harlay, 20 novembre 2013

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

e barreau de Paris organisait


hier la premire dition du
Salon du Livre, la Maison
du Barreau. Au carrefour du
droit et de la littrature, cet vnement
indit, orchestr et organis par
Emmanuel Pierrat et la Commission
Culture du Conseil de lOrdre, a mis
lhonneur des auteurs, avocats ou non,
ayant contribu, de lessai la fiction,
la promotion et la dcouverte du
monde juridique.
Cet vnement, suivi par le dner des
Bibliophiles du Palais, fut loccasion
de confrences et de sances de
ddicaces. Plus de 20 auteurs taient
prsents, avec notamment Franois
Sureau, Olivier Akerman, Lionel

16

Paul Lignires, Jean-Claude Beaujour, Thierry Lvque et Mathieu Delahousse


Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Christian Huglo, Jean-Robert Bouyeure, Sabine Forestier, Olivier Akerman et Xavier Chiloux

Jung Allegret, Claude Ducouloux


Favard, Kamel Yahmi, Christian
Gury, Jean-Franois Niort, JeanClaude Beaujour, Dominique
Inchauspe, Patrice Haffner, Jacques
Sals, Claude Klein, David Forest
et Gautier Kaufman, Thibault
Verbiest, Herv Temime, Sabine
Forestier, Christian Huglo, Mathieu
Delahousse et Paul Lignres.
2013-803
Jean-ren Tancrde

Au premier plan et gauche :


Jacques Sals,
Lionel Jung-Allgret
Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Jurisprudence

Paris-La Dfense : un projet au cur


de lactualit lgislative

Des tours jumelles au dtournement de la procdure


Cour de cassation - 1re chambre civile- 2 octobre 2013 - Pourvoi 12-21152
Une association peut, mme hors habilitation lgislative et en labsence de prvision statutaire expresse quant lemprunt des
voies judiciaires, agir en dfense dintrts collectifs. Son action nest cependant recevable quautant que ceux-ci entrent dans son
objet social. Lassociation qui fait obstacle ldification des Tours jumelles du quartier de La Dfense, ntablit pas que les actes
litigieux portent atteinte aux intrts collectifs quelle reprsente, elle ne dispose donc pas dun intrt lgitime agir.

La Cour de cassation, premire Chambre civile, a rendu larrt suivant :


Sur le moyen unique :
Attendu, selon larrt attaqu (Paris, 3 mai 2012), que lassociation Vivre
La Dfense (lassociation) a assign la socit Axa France collectives, la
socit dHLM Logis transports et la SNC Les Locataires en annulation
de lacte authentique du 2 juillet 2001 par lequel la premire a vendu
des immeubles la deuxime et de la promesse de vente en date du
13dcembre 2007 que celle-ci a consentie la troisime, portant sur
les mmes immeubles ;
Attendu que lassociation fait grief larrt de dclarer irrecevable son action,
alors, selon le moyen :
1. Que, mme hors habilitation lgislative, et en labsence de prvision
statutaire expresse quant lemprunt des voies judiciaires, une association
peut agir en justice au nom dintrts collectifs ds lors que ceux-ci entrent
dans son objet social ; quen dclarant irrecevable laction de lassociation
Vivre La Dfense aux motifs que lexercice dune action en justice ntait
pas expressment prvue par les statuts et ne figurait pas au nombre des
moyens dont disposait lassociation, la cour dappel a viol larticle 31 du
code de procdure civile, ainsi que les articles 1er et6 de la loi du 1er juillet
1901, ensemble le principe du droit un recours effectif consacrs par les
articles 6 et 13 de la Convention de sauvegarde des droits de lhomme et
des liberts fondamentales ;
2. que, mme hors habilitation lgislative, et en labsence de prvision
statutaire expresse quant lemprunt des voies judiciaires, une association
peut agir en justice au nom dintrts collectifs ds lors que ceux-ci entrent
dans son objet social, peu important que les intrts individuels de tous
les membres ne soient pas lss ; quen dclarant irrecevable laction de
lassociation Vivre La Dfense aux motifs que les personnes dont les
intrts seraient lss et pour la dfense desquels lassociation a intent
laction ne regroupent pas tous ses membres puisquil sagit uniquement des
occupants des trois immeubles concerns par la cession de 2001, la cour
dappel a viol larticle 31 du code de procdure civile, ainsi que larticle
1er de la loi du 1erjuillet1901, ensemble le principe du droit un recours
effectif consacrs par les articles 6 et13 de la Convention de sauvegarde
des droits de lhomme et des liberts fondamentales ;
3. que la contradiction de motifs quivaut une absence de motifs ; quen
adoptant expressment les motifs des premiers juges qui avaient retenu que
lassociation Vivre La Dfense ne pouvait agir pour assurer la protection
des habitants du quartier de La Dfense face la destruction urbanistique
de leur quartier et la mise en pril conscutive de leur cadre de vie puisque
cela ne ressortait pas de son objet social, tout en constatant, par motifs
propres, que laction diligente par lassociation tait conforme au but
nonc larticle 2-1 de ses statuts consistant sintresser lamlioration
des conditions de vie des riverains, de sjour des actifs ou des visiteurs du
quartier de La Dfense, de les runir et de dfendre leurs intrts, la cour
dappel a viol larticle 455 du code de procdure civile ;

4. que lintrt agir nest pas subordonn labsence dautres voies de


recours ; quen dclarant irrecevable laction de lassociation Vivre La
Dfense aux motifs que le projet durbanisme contest ncessitait lobtention
dun permis de dmolir et de construire qui pourraient tre ultrieurement
dfrs devant le tribunal administratif, la cour dappel a viol larticle31 du
code de procdure civile, ainsi que les articles 6 1, 11 et 13 de la Convention
de sauvegarde des droits de lhomme et des liberts fondamentales ;
5. que lintrt agir nest pas subordonn ce que le but poursuivi par
laction soit dfinitivement atteint ; quen dclarant irrecevable laction de
lassociation Vivre La Dfense aux motifs que lannulation des actes de
vente ne serait pas de nature, terme, faire obstacle la modification du
paysage urbain de la dfense, la cour dappel a viol larticle 31 du code de
procdure civile, ainsi que les articles 6 1, 11 et 13 de la Convention de
sauvegarde des droits de lhomme et des liberts fondamentales ;
Mais, attendu que, si une association peut, mme hors habilitation
lgislative et en labsence de prvision statutaire expresse quant
lemprunt des voies judiciaires, agir en dfense dintrts collectifs, son
action nest cependant recevable quautant que ceux-ci entrent dans son
objet social ; quindpendamment du motif erron mais surabondant
selon lequel lexercice de laction de lassociation devait tre prvue par
ses statuts, cest par une apprciation souveraine quaprs avoir relev que
lassociation tendait faire obstacle au projet ddification de deux tours,
la cour dappel a retenu, eu gard lobjet social qui tait la reprsentation
et la dfense des locataires et occupants des immeubles du quartier de
La Dfense lgard, dune part, des propritaires et/ou copropritaires
runis en syndicat ou non ou des tiers, personne physique ou morale de
droit priv, dautre part, de toute administration, collectivits territoriales
ou des tiers, personne de droit public ou para-publique, que lassociation
ntablissait pas que les actes litigieux portaient atteinte aux intrts
collectifs quelle reprsentait et, partant, ne disposait pas dun intrt
lgitime agir ; quelle a, ainsi, par ce seul motif, excluant tout motif
contraire des premiers juges, lgalement justifi sa dcision ;
Par ces motifs :
Rejette le pourvoi ;
Condamne lassociation Vivre La Dfense aux dpens ;
Note par A. Coriolis
1. Une jurisprudence bien tablie
Par acte introductif dinstance du 23 aot 2010, lassociation Vivre la Dfense a assign la
socit Axa France Collectives, la socit dHLM Logis Transports et la SNC Les Locataires en
annulation de lacte authentique du 2 juillet 2001 par lequel la premire a vendu des immeubles
la deuxime et de la promesse de vente en date du 13 dcembre 2007 que celle-ci a consentie
la troisime, portant sur les mmes immeubles.
Par arrt en date du 3 mai 2012, la cour dappel de Paris a confirm le jugement qui avait
dclar irrecevable laction intente par lassociation.
Le pourvoi pose la question des conditions de recevabilit dune action engage par une association
rgie par la loi de 1901, au regard des exigences de larticle 31 du code de procdure civile[1].

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

17

Jurisprudence
La jurisprudence de la Cour de cassation est cet gard constante. Elle considre que les juges
du fond doivent sattacher avant tout se rfrer lobjet social de lassociation, afin dapprcier
le droit dagir. Ils doivent rechercher si la demande en justice entre dans le cadre de lobjet
social donnant mission ladite association de prendre toute initiative judiciaire ncessaire
la dfense des intrts collectifs de ses membres. Si la violation allgue cause lassociation
un prjudice collectif, direct et personnel, ds lors que cette violation contrevient aux intrts
collectifs et individuels de ses membres quelle tait charge de dfendre dans le cadre de son
objet, la recevabilit de laction est admise.
La Cour de cassation juge que mme hors habilitation lgislative, et en labsence de prvision
statutaire expresse quant lemprunt des voies judiciaires, une association peut agir en justice
au nom dintrts collectifs ds lors que ceux-ci entrent dans son objet social sans quil soit,
en outre, ncessaire que, pour ce faire, les statuts prvoient lexercice dune action en justice.
Les juges du fond apprcient souverainement le dfaut dintrt agir dune association[2].
Cependant, il lui incombe dtablir que lacte quelle critique porte atteinte aux intrts collectifs
quelle reprsente.
En lespce, il tait constant, dune part, que, selon ses statuts, lassociation Vivre la Dfense
avait pour objet : la fdration, la gestion et la dfense des intrts des locataires et occupants
des immeubles du quartier de la Dfense, - la reprsentation et la dfense des intrts des
locataires et occupants des immeubles du quartier lgard dune part des propritaires et/ou
copropritaires runis en syndicat ou non ou des tiers, personne physique ou morale de droit
priv, dautre part, de toute administration, collectivits territoriales ou des tiers, personne de
droit public ou para public ; - lassistance et linformation aux locataires et en priorit pour
ses membres, lorganisation de runions ou de toute manifestation dintrt collectif pour
eux, et, dautre part, que, au soutien de son action, cette association faisait valoir que les
deux actes litigieux taient contraires lobjet social de la SNC Les Locataires et avaient t
conclus en violation des rgles relatives au bail dhabitation et aux logements sociaux et que
son action avait pour but, la fois, de faire reconnatre lillgalit des deux actes notaris au
regard des dispositions dordre public rgissant, dune part, le statut des socits anonymes
dHLM et, dautre part, le droit du logement et de lhabitat et de dfendre ainsi lintrt collectif
des membres de lassociation relevant du champ de la citoyennet, et, face la destruction
urbanistique de leur quartier, dempcher lviction des habitants de ce quartier, viction
motive par un projet de promotion immobilire.
Le pourvoi est lvidence cart en ce que le but recherch nest, en ce type de litige, que de
nuire aux intrts des parties engages dans ce projet. Les procdures abusives et dilatoires en
retardent, de faon prjudiciable, le bon droulement. Ce quoi le lgislateur tente de remdier.
2. Une lgislation en devenir
La multiplication des normes lgislatives et rglementaires, aggrave par les modifications
successives dont elles font lobjet, fragilise les projets en les rendant vulnrables aux actions
contentieuses. La procdure actuelle favorise le dpt de recours en raison de sa souplesse,
de son caractre plutt favorable aux requrants et dun calendrier judiciaire excessivement
long (entre deux et quatre ans).
Le sujet des recours contre les permis de construire est toujours dactualit et revient
rgulirement sur le devant de la scne lgislative. Il a pris ces dernires annes une tournure
inquitante en raison de leur augmentation et de leur caractre mafieux pour certains. Ne
faut-il pas encadrer plus strictement lexercice de recours en matire de permis de construire
afin de lutter contre lacharnement procdural qui sexerce depuis de nombreuses annes
dans ces domaines ?
Les communes sont de plus en plus victimes de recours abusifs qui ralentissent les chantiers
de plusieurs annes et freinent le dveloppement conomique, social et urbanistique. Les
recours abusifs nuisent la bonne administration de la justice. En encombrant inutilement nos
tribunaux, ils mettent mal le droit dtre jug dans un dlai raisonnable.
Afin de limiter ces recours, des rgles spcifiques ont t introduites, mais il savre que ces
dispositions sont insuffisantes pour prvenir les procdures abusives, notamment du fait que
lamende est rarement prononce par le juge lencontre de lauteur dune requte abusive.
Il est du devoir du lgislateur de renforcer la procdure afin de responsabiliser les requrants
dans la prsentation de leurs recours.
Le Gouvernement, particulirement sensible aux enjeux de lurbanisme, a demand
un groupe de travail constitu autour du prsident Daniel Labetoulle, de formuler des
propositions pour lutter contre les recours abusifs tout en veillant la prservation du droit
au recours des requrants. Le rapport de ce groupe de travail a t remis le 25 avril 2013.
Parmi les propositions faites, certaines sont de nature acclrer le traitement contentieux
des autorisations durbanisme, comme la possibilit, pour le dtenteur de lautorisation de
demander au juge de fixer une date au-del de laquelle des moyens nouveaux ne pourront plus
tre invoqus, ou lattribution dune comptence de premier ressort aux cours administratives
dappel pour les projets importants. Dautres visent lutter contre les recours frauduleux.
Dans le prolongement de ces travaux, et sur la base de la loi dhabilitation n 2013-569 du
1erjuillet 2013, le Conseil des ministres du 17 juillet 2013 a adopt une ordonnance relative au
contentieux de lurbanisme. Le Gouvernement doit prendre une srie de sept ordonnances pour
faciliter la ralisation doprations damnagement et acclrer la construction de logements.
Pour lutter efficacement contre les recours malveillants, lordonnance encadre lintrt agir
du requrant dans le temps et dans lespace. Ainsi, un recours ne sera recevable qu partir
de la date daffichage du permis de construire en mairie et que si la construction est de nature
affecter les conditions doccupation des biens du requrant. De plus, lordonnance permet
au juge de condamner le requrant de mauvaise foi verser des dommages et intrts au
bnficiaire dun permis de construire, sil estime que celui-ci a subi un prjudice excessif.
Autres aspects :
-Si en principe rien ne soppose lengagement des travaux en cas de recours contentieux
contre un permis de construire, en ralit les travaux sont souvent gels dans lattente de la
purge des recours. Cela tient en partie dans le risque de dmolition qui pse sur le projet en
cas dannulation du permis. Or, il nest pas logique de faire peser ce risque sur le ptitionnaire
qui a rgulirement obtenu un permis de construire, alors que lillgalit du permis relve
de la responsabilit de la ville qui la dlivr. Il est donc propos que laction contre une
construction difie conformment un permis de construire soit restreinte une action en
dommages-intrts. Laction en dmolition continuerait en revanche se justifier dans le cas
des constructions sans autorisation.
-Pour des projets importants de construction de logements, compte tenu de lintrt public
qui sattache leur ralisation rapide, le dlai de traitement des contentieux serait rduit
en confiant la procdure, en premier et dernier ressort, aux cours administratives dappel.

18

Cette mesure serait rserve aux oprations de plus de 1 500 m et aux communes de plus de
50000habitants. La liste des communes concernes serait fixe par dcret.
Outre ces pistes de rforme, il serait galement intressant de permettre un contrle
systmatique de la recevabilit des requtes. La mesure que prvoit le gouvernement de limiter
lintrt agir des tiers est la bienvenue, mais si la recevabilit est examine au moment
du jugement, cette mesure ne permettra pas de rapprocher le temps judiciaire du temps
conomique qui est au cur de la proccupation des professionnels de limmobilier. Cest
par voie dordonnance que le nouveau cadre des recours abusifs sera fix. Elle devrait tre
adopte dici fin 2013.
Lide est de reprendre, pour les requrants individuels, ce qui a dj t fait pour les
associations en fixant des dlais pour lapprciation de lintrt pour agir. La proposition tend
galement insister sur la notion dintrt ls pour viter que le seul voisinage entraine une
prsomption de recevabilit du recours.
Il est ainsi propos dinsrer dans le Code de lurbanisme un article L. 600-1-2 ainsi rdig :
Une personne physique ou morale autre quune association nest recevable former un
recours pour excs de pouvoir contre une autorisation dlivre en application du prsent code
que si la construction, lamnagement ou les travaux sont de nature affecter directement
les conditions doccupation, dutilisation ou de jouissance du bien quelle dtient ou occupe
rgulirement ou pour lequel elle bnficie dune promesse de vente ou de bail. Sauf pour le
requrant justifier de circonstances particulires, cet intrt sapprcie la date daffichage
en mairie de la demande du ptitionnaire .
Les requrants qui souhaitent faire durer la procdure diluent leurs moyens dans des jeux
dcriture successifs. Le groupe de travail prconise linstitution dune procdure souple de
cristallisation des moyens.
Il est donc propos dintgrer dans le Code de lurbanisme un article R. 600-4, aux termes
duquel : Saisi dune demande en ce sens, le juge devant lequel a t form un recours contre
un permis de construire ou damnager peut, pour tenir compte des effets dune prolongation
de linstance sur la situation du bnficiaire de lautorisation, fixer une date au-del de laquelle
des moyens nouveaux ne peuvent plus tre invoqus.
Le groupe de travail prconise galement lintroduction de deux dispositions :
Remplacer lactuel article L. 600-5 du Code de lurbanisme par les dispositions suivantes :
Le juge administratif qui, saisi de conclusions diriges contre un permis de construire ou
damnager, estime, aprs avoir constat que les autres moyens ne sont pas fonds, quun
vice naffectant quune partie du projet peut tre rgularis par un permis modificatif, peut
limiter cette partie la porte de lannulation quil prononce et, le cas chant, fixer le dlai
dans lequel le titulaire du permis pourra en demander la rgularisation.
Aprs larticle L. 600-5, crer un article L. 600-5-1 ainsi rdig :
Le juge administratif qui, saisi de conclusions diriges contre un permis de construire ou
damnager, estime, aprs avoir constat que les autres moyens ne sont pas fonds, quun
vice entranant lillgalit de cet acte est susceptible dtre rgularis par un permis modificatif,
peut surseoir statuer jusqu lexpiration du dlai quil fixe pour cette rgularisation. Si un tel
permis modificatif intervient dans ce dlai, il est notifi au juge qui statue aprs avoir invit les
parties prsenter leurs observations .
Aprs avoir rappel que, dans le cadre du recours pour excs de pouvoir, des conclusions
reconventionnelles ne peuvent tre prsentes pour obtenir la condamnation du requrant
des dommages et intrts pour procdure abusive, le rapport prconise lintroduction dune
telle possibilit en matire de contentieux de lurbanisme. Il est donc propos dinsrer dans
le Code de lurbanisme un article L. 600-7 ainsi rdig :
Lorsque le droit de former un recours pour excs de pouvoir contre un permis de construire
ou damnager est mis en uvre dans des conditions qui excdent la dfense des intrts
lgitimes du requrant et qui causent un prjudice anormal au bnficiaire du permis, celui-ci
peut demander au juge administratif saisi du recours de condamner lauteur de celui-ci lui
allouer des dommages et intrts.
Gageons que dans sa grande sagesse le lgislateur sempresse dassainir un contexte procdural
dltre et nuisible aux intrts conomiques dun secteur gravement touch par la crise actuelle.
[1] Laction est ouverte tous ceux qui ont un intrt lgitime au succs ou au rejet dune prtention, sous
rserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit dagir aux seules personnes quelle qualifie pour lever ou
combattre une prtention, ou pour dfendre un intrt dtermin.
[2] Cass. civ. 1re, 14 Novembre 2000 : Bull. civ. 2000, I, no 289 : Vu larticle 31 du nouveau Code de procdure
civile ; Attendu que la socit Editions Albin Michel a annonc la publication, le 1er octobre 1998, dun livre
ayant pour coauteurs Mme Rheims et M. Bramly, intitul INRI, sur la couverture duquel figurait limage dune
femme nue crucifie, surmonte de linscription INRI ; que, faisant valoir que lexposition publique de cette
couverture tait de nature heurter les sentiments religieux dun certain nombre de croyants, lassociation
Alliance gnrale contre le racisme et pour le respect de lidentit franaise et chrtienne (AGRIF) a demand
linterdiction, sous astreinte, de la mise en vente, dfaut de lexposition publique, du livre en ce quil comportait
une telle couverture ; Attendu que, pour dclarer lAGRIF irrecevable en son action, larrt attaqu retient que
lexposition publique de la couverture du livre litigieux ne porte atteinte aucun des intrts collectifs que
cette association a statutairement vocation dfendre ; Attendu quen statuant ainsi, alors quil rsulte des
statuts de lassociation quelle avait un intrt lgitime agir contre une publication qui, selon elle, porte
atteinte aux sentiments religieux de ses membres quelle sest donn pour objet de protger, la cour dappel
a viol le texte susvis.
Cass. civ. 2me, 21Juillet1986 : Bull. civ. 1986, II, no 119 Mais attendu que si une association dclare peut
rclamer en justice la rparation du prjudice quelle prtend avoir subi, ce nest qu charge dtablir que lacte
quelle critique porte atteinte aux intrts collectifs quelle reprsente ; Et attendu que cest dans lexercice
de son pouvoir souverain que la cour dappel retient que lUCIA et lUDCIA, regroupant non seulement des
commerants mais encore des industriels et des artisans, ntablissaient pas que louverture dun magasin de
meubles le dimanche portt atteinte aux intrts collectifs quelles reprsentaient et, par suite, devaient tre
dclares irrecevables en leur action .
Cass. civ. 2me, 25 Mars 2010 : pourvoi no 09-12.781 : Attendu, selon larrt attaqu (Paris, 28janvier2009),
que soutenant que la campagne publicitaire tlvise effectue par la socit Monsanto agriculture France pour
la promotion du dsherbant dnomm Roundup comportait des allgations, indications ou prsentations
fausses et de nature induire en erreur sur les qualits substantielles et les conditions dutilisation de ce produit,
lassociation des utilisateurs et distributeurs de lagrochimie europenne (lassociation ) la fait assigner devant
un tribunal de grande instance afin que soit ordonne la modification du message publicitaire et la diffusion
dun rectificatif ; Attendu que lassociation fait grief larrt de dclarer irrecevable son action ; Mais attendu
que sous le couvert du grief de manque de base lgale au regard de larticle31 du code de procdure civile,
le moyen ne tend qu remettre en discussion devant la Cour de cassation lapprciation souveraine de la
cour dappel qui, par une dcision motive, a retenu queu gard au contenu et la destination du message
publicitaire incrimin, ainsi qu lobjet de lassociation, celle-ci ne disposait pas dun intrt lgitime agir....
2013-804

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Vie du droit

French American Bar Association

Agenda

Cabinet Hogan Lovells - Paris, 12 novembre 2013


Le mardi 12 novembre 2013, la French American Bar Association (FABA) organisait
une nouvelle confrence Paris, dans les salons de rception du cabinet Hogan Lovells,
sur le thme Donnes personnelles, enjeux et pratiques.
Benjamin Andr, Isabelle Falque-Pierrotin, Cline Bondard et Winston Maxwell
SYNDICAT NATIONAL DES MAISONS
DE VENTES VOLONTAIRES
Commissaires-priseurs et Experts
au cur du march de lart
Le 25 novembre 2013
Automobile Club de France
6, place de la Concorde
75008 PARIS

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Renseignements : 01 45 72 67 39
[email protected]

2013-806

ASSOCIATION PALAIS SUD-OUEST


Dner dautomne
Le 25 novembre 2013 20 heures
Aux Produits du Sud-Ouest
21, rue dOdessa
75014 PARIS
01 46 34 84 84
[email protected]

2013-807

COMMISSION FRANCO-ALLEMANDE
DU BARREAU DE PARIS - ASSOCIATION
DES AVOCATS ALLEMANDS ETABLIS
EN FRANCE (AAF)
Journe Franco-Allemande

rs active depuis sa cration New


York en 2007, grce cinqavocats
aux Barreaux de ParisetNewYork,
la FABA a tendu ses activits en
sinstallant galement Paris en 2011.
Depuis, la FABA a organis et continue
dorganiser de nombreux vnements,
confrences, vnements de networking,
formations continues, dners, wine tasting
La vocation de cette association est de favoriser
les relations entre professionnels du droit franais
et amricains, quils soient juristes, avocats,
professeurs, magistrats
A la fois un forum dexpression cross-border,
un endroit o discuter du march et du droit
amricain, et o faire du networking lamricaine,
de faon chaleureuse, cartes de visites la main.
Lvnement du mardi 12novembre abordait
un thme particulirement fdrateur, qui
touchait spcialistes de la question et non
spcialistes, car tout avocat travaillant pour des
entreprises est concern, par lintermdiaire de
ses clients, par la question de la gestion (voire la
commercialisation) des donnes personnelles
quelle rcupre.
Prs de 70avocats sont venus assister cette
discussion, o sont intervenus : Isabelle
Falque-Pierrotin, Prsidente de la Commission
Nationale de lInformatique et des Liberts
(CNIL), Hlne Legras, Correspondante
Informatique et Liberts chez Arva, Matre
Winston Maxwell, associ chez Hogan Lovells,

et Benjamin Andr, fondateur de la start-up


CozyCloud. Cet vnement fut anim par
Cline Bondard, avocat pratiquant le droit
de la proprit intellectuelle et des affaires, et
Prsidente de la FABA en France.
Chaque intervenant a donn sa perspective sur
des questions aussi diffrentes que:
Qui est propritaire de donnes personnelles?,
Comment grer les donnes personnelles dans
un grand groupe?,
Comment se prparer la nouvelle
rglementation europenne alors que nous ne
savons pas si celle ci va ou pas tre adopte?
2013-805
Jean-Ren Tancrde

A propos de la FABA
Les membres sont :
Matre Cline Bondard (Co-fondatrice et
Prsidente en France), Carole Sabbah (VicePrsidente et Trsorire), Matre Jessica
Dillon (Secrtaire Gnrale), Matre Esther
Hagge (Directrice des Relations publiques),
Matre Brendan Berne (Directeur Comit
de Publication), et Matre Rassa Bambara
(Directrice Comit des Evnements).
Pour rejoindre lassociation et assister aux
vnements crivez [email protected]
Le prochain dner de Thanksgiving est prvu
le jeudi 28novembre 2013.

Le 26 novembre 2013
Maison du Barreau
2, rue de Harlay
75001 PARIS
Renseignements : 01 44 32 48 08
[email protected] 2013-808

LEGITEAM - VILLAGE DE
LA JUSTICE - LAW IN FRANCE
11me Journe de la proprit
intellectuelle & numrique
Le 26 novembre 2013
UICP - Espace Congrs
16, rue Jean Rey
75015 PARIS
Renseignements : 01 70 71 53 80
[email protected]

2013-809

AUTORIT DES MARCHS FINANCIERS


Comment redonner
du sens la nance ?
Entretien le 28 novembre 2013
Palais Brongniart
28, place de la Bourse
75002 PARIS
Renseignements : 01 53 45 60 34
[email protected]

2013-810

LEADERS LEAGUE
13e Edition des Trophes du Droit
Le 28 novembre 2013
Pavillon dArmenonville
Alle de Lonchamp
75016 PARIS
Renseignements : 01 70 22 50 90
[email protected]

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

2013-811

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

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Annonces judiciaires et lgales

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

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Vie du droit

Annonces
lgales

Confrence des Btonniers


1ers Etats Gnraux des Ordres
Maison de la Chimie - Paris , 3 octobre 2013

(1) En septembre 2013, la Cour de justice de lUnion europenne le 15 et


19septembre a rendu une quarantaine darrt dont 80 % relatifs au droit
de lentreprise (droit de la concurrence, des marchs publis, des marques,
des aides de ltat, de la politique agricole)... Un arrt du 4 juillet concerne la
lgislation fiscale, et le rgime de limpt sur les socits, mme observation
concernant les arrts rendus le 26septembre (droit de lentreprise, Marque,
TVA, droit des Socits).
(2) A Douai dans les annes davant guerre et daprs guerre, le Btonnier
Meign tait le matre reconnu de ce savoir faire. Au magistrat de dire
le droit, lavocat de dire le fait, de son expos magistral dcoulait la
solution de droit.

30

dentreprises, de celles des Maires et


de la socit civile. Il rpond leurs
proccupations, pourquoi ?
Dans notre socit daujourdhui
o tout est droit, le juriste doit, tout
connatre, du droit national (une
diarrhe lgislative) des normes de
cette inflation dnonce par le Conseil
dEtat, et les plus hautes autorits
laquelle sajoute la connaissance des
directives communautaires, de la
jurisprudence de la Cour de justice
de lUnion europenne, de la Cour
europenne des droits de lhomme,
des autorits administratives
indpendantes comme lAMF, en
un mot des rgles poses par la
mondialisation, en particulier dans
celui de lentreprise.
Simaginer comme certains que par
le net on sait tout est une dangereuse
illusion.
Dans le domaine de lentreprise mme
sur le plan national, le chef dentreprise
ne peut ignorer le Conseil de la
concurrence, la jurisprudence de la
chambre spcialise de la Cour de Paris,
celle de la Cour de justice(1). A cette
question de lapplication de la rgle
de droit au cas despce, la situation
de fait, Anne Lauvergeon a rpondu:
nos juristes doivent faire appel des
avocats. Au CNB le 4 octobre, mme
rponse dans un autre domaine de
la part des maires de Grenoble et de

Montpellier. Les collectivits locales


en dpit de leurs services juridiques
internes, doivent faire de mme,
en raison de linscurit de la loi
notamment en matire durbanisme
et du droit de lenvironnement.
Il en est ainsi dans toutes les disciplines
du droit.
Franz-Olivier Giesbert, le 4 octobre
la dit pour celui de la presse, dont la
libert dexpression ne peut ignorer la
jurisprudence de la Cour europenne.
Aucune discipline ny chappe mme
en droit de la famille (dclaration
le 4 octobre de Monsieur Franois
Fondard, Prsident de lUnion
nationale des associations familiales),
et en droit de la consommation et du
dommage corporel.
La difficult en prsence dune
lgislation nationale et europenne est
dappliquer au vu de la jurisprudence la
rgle de droit(2).
Seul lavocat y rpond, telle est la
conclusion que nous faisons de ces
journes.
Les organisateurs Jean-Luc Forget, et
Jean-Marie Burguburu peuvent tre
fiers de cette russite.
La conclusion rpond la question
que se pose la profession davocat
relative sa place dans la socit civile
daujourdhui.
2013-812

Marc Bollet et Jean-Luc Forget

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

A. Coriolis

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

es Annonces de la Seine ont


publi le 7 octobre dernier,
le discours du Prsident
du Conseil National des
Barreaux, Jean-Marie Burguburu et le
14 octobre 2013, celui du Btonnier
Jean-Luc Forget Prsident de la
Confrence des Btonniers et deux
sur quatre des rapports savoir :
l La valorisation de la prestation de
lavocat par Pascal Eydoux et Manuel
Ducasse.
l Les Ordres et lEurope par Roland
Gras et Michel Bnichou.
Un de nos collaborateurs qui a assist
aux travaux des 3 et 4 octobre, des
Etats Gnraux des Ordres et des
tables rondes du CNB nous a fait
part, des rapprochements entre dune
part le rapport du 3 octobre aux Etats
Gnraux de Monsieur le Btonnier
Marc Bollet, 1er Vice Prsident de
la Confrence des Btonniers et de
Bernard Chambel, ancien Prsident,
intitul: LAvocat et lconomie
dautre part.
En coutant Marc Bollet et Bernard
Chambel, ainsi que les grands tmoins
en particulier Anne Lauvergeon,
il a acquis la conviction que ces
communications rpondent
linterrogation de la place de lavocat
dans la socit daujourdhui.
LAvocat est le seul apporter la
rponse aux proccupations des chefs

Dcoration

Anne-Sophie Willm
Chevalier de la Lgion dhonneur
Mulhouse, 7 novembre 2013

Vous avez t lue par votre Barreau


le 6 dcembre 2011. Je ne crois pas aux
concidences. Elles sont un signe du destin :
cest, en effet, un 6dcembre que Corneille cra
le Cid, que Thomas Edison effectua le premier
enregistrement dune voix humaine et que les
femmes obtinrent le droit de vote en Turquie.
Vous incarnez, en effet, le magistre de la parole,
vous partagez avec Chimne le sens de labsolu
et vous avez assum le rle minent de la femme
au Barreau en devenant, non pas la premire
femme Btonnier Mulhouse, mais, tant
femme, le premier Btonnier de Mulhouse issu
des conseils juridiques.
Avec lhumilit des tres rares, vous dites que
votre parcours na rien dexceptionnel et vous
en ddiez le succs la chance.
Quelle chance ?
Celle, dites-vous, dtre bien entoure et davoir
rencontr des personnes qui ont suscit en moi
des centres dintrt .
Vous nchapperez pas lvocation, dont
lhonneur me revient, de vos multiples mrites.
Mais commenons par rendre ceux qui vous
sont chers, lhommage qui leur est d.
Vous avez t leve par Anne-Marie Dreyfus,
votre mre, et par votre beau-pre, Roger Lvy,
quelle avait pous en 1983. Ils vous ont enseign
ne jamais baisser les bras, regarder lavenir
sans crainte et ne retenir du pass que les leons
utiles. En avant, calme et droit ! comme disent
les cavaliers. Telle pourrait tre votre devise.
Vous devez vos parents louverture de votre
esprit la musique, lopra, aux arts, en mme
temps quils vous ont permis de voyager et de
dcouvrir des pays tels que la Grce, le Sngal,
lInde et le Maroc.
Vous dites de votre beau-pre quil tait exigeant
dans le travail et gnreux dans la vie. Il vous
a profondment imprgne des valeurs quil
servait, mais non pas dune manire rhtorique
et abstraite.
Il vous a initie la vie professionnelle active
puisque vous avez commenc travailler dans
son cabinet dexpertise-comptable aprs que
vous ayez obtenu votre matrise en droit priv
Besanon.
Il aimait parler avec vous de droit, de la
profession davocat et de la sienne. Votre lection
au btonnat lui a procur une joie profonde.
Nul doute quil aurait ressenti aujourdhui une
motion intense lheure o la Rpublique vous

Anne-Sophie Willm

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

est au Kinpolis de Mulhouse que


le Btonnier Christian CharrireBournazel a remis sa consoeur
Anne-Sophie Willm les insignes
de Chevalier de la Lgion dhonneur ;
lOfficiant sest exprim, face de nombreuses
personnalits, en ces termes :

distingue. Hlas! Il vous a quitte dans le mois


prcdant celui de votre nomination.
Charles Pguy faisait dire Jehanne, parlant la
Meuse de son enfance : Quand nous reverronsnous ? Et nous reverrons-nous ? .
Je demeure persuad que nous ne sommes pas
pour toujours spars de ceux qui nous ont le plus
aims et de qui nous avons tant reu.
Cette ouverture au droit et au mtier davocat,
vous la tenez aussi de votre grand-mre
maternelle qui a veill sur votre ducation
comme sur celle de votre frre Pierre.
Elle aurait voulu tre avocat. Elle a t couturire,
dites-vous. Ce nest pas rien que daccomplir,
dans la ligne de ceux qui nous ont lev, le rve
quils avaient conu pour eux-mmes. Il sincarne
dans des signes forts : vous portez aujourdhui
encore la robe quelle vous avait offerte.
Votre vie professionnelle a commenc en
1990 en qualit de conseil juridique. Trois
ans plus tard, vous avez intgr le Cabinet du
Btonnier Ren-Jean Zimmermann. En 1993,
la fusion entre les professions davocat et de
conseil juridique date de deux ans.
Le Btonnier Zimmermann fut de ces esprits
ouverts qui comprirent tout de suite que cette
rforme devait offrir nos contemporains une
palette largie de comptences et mettre un terme
la division entre le judiciaire et le juridique.
Vous lui tes redevable de la confiance quil
fit aux jeunes conseils juridiques dil y a vingt
ans en les intgrant dans son cabinet pour les
former au mtier davocat. Cest ainsi quil vous

conduisit la prestation de serment le 9 mai


1995 devant les magistrats de la Cour dappel
de Colmar. Pendant neuf annes, vous avez t
avocate au sein de la SCP Zimmermann, Samuel
Weis&Bialek o vous avez appris votre mtier.
En septembre 2002, vous avez intgr le cabinet
Fidal dans lequel vous exercez toujours.
Vous tes lexemple mme de ce dsir dunit
sans lequel la nouvelle profession ne se serait
pas panouie.
Elle doit beaucoup des confrres ans comme
votre ancien Directeur, Matre Adrien Eber,
fondateur du Barreau Mulhousien et avocat
spcialis en droit fiscal, qui vous a intresse
la vie de votre Barreau. Cest lui qui vous a
pousse vous prsenter au Conseil de lOrdre
en 2005 et vous avez bien fait.
Vous avez souhait que soit rendu hommage
Matre Adrien Eber dont la largeur de vue
mrite dtre salue. Il vous a incite intgrer
le Centre de mdiation et darbitrage de
Mulhouse, vous a ouvert dautres horizons du
droit et de la pratique professionnelle en vous
initiant notamment aux modes alternatifs de
rglement des conits.
Et comme toujours, les grands matres sont ceux
qui manifestent une confiance forte en leurs
collaborateurs. Il est vrai aussi que pour ce qui
vous concerne, ils ne se trompaient pas.
Cest en 2010 que votre prdcesseur, Madame
le Btonnier Marie-Thrse Stah, vous a pousse
vous prsenter la fonction de Btonnier.

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

31

Parce que vous tes trs naturellement


davantage proccupe de rendre service que
de jouir dune gloire, vous avez longuement
rflchi. Vous avez, ce sujet, une formule
particulirement heureuse: Ma rexion a
t longue et mon acte de candidature assez
douloureux, jusquau jour o je me suis sentie
pleinement investie .
La Chimne de notre confrre Corneille
sexclamait:
Maudite ambition, dtestable manie,
Dont les plus gnreux souffrent la tyrannie !
Honneur impitoyable mes plus chers dsirs,
Que tu vas me coter de pleurs et de soupirs ! .
(Le 6 dcembre de votre accession au btonnat,
comme je le disais tout lheure, est aussi celui
de la cration de Chimne !).
Mais le sacre transforme et vous faites partie de
celles et ceux qui, tous les matins, investis de cette
charge exceptionnelle, songent la faon dtre,
tout au long du jour, la hauteur de lhonneur
que lon leur a confi.
Vous avez donc commenc votre travail
en mettant en uvre des rformes dans le
cadre de laudience civile et en travaillant
au rtablissement de bonnes relations entre
magistrats et avocats. Vous lavez fait dans
un partenariat marqu du souci de lcoute,
empreint de confiance et de respect mutuel
avec les Prsidents du Tribunal de grande
instance, Monsieur Jean-Franois Beynel puis
Madame Franoise Bardoux, et le Procureur
de la Rpublique, Monsieur Herv Robin. Je
les salue avec toute la considration quils
mritent comme vous tenez le faire vousmme en cette solennelle occasion.
Vous voquez comme une chance dtre
merveilleusement entoure - ce sont
vos propres mots - par un conseil de lOrdre
dynamique et responsable, des prdcesseurs
toujours disponibles, gnreux et prcieux
dans leurs conseils, des homologues avec
lesquels vous partagez des moments de pure
amiti, des collgues qui vous sont chers et un
Barreau qui vous motive tous les jours. Je ne
fais que paraphraser ce que vous men avez dit.

32

Photo Jean-Ren Tancrde - Tlphone : 01.42.60.36.35

Dcoration

Christian Charrire-Bournazel et Anne-Sophie Willm


Enn, vous tes connue pour votre dlicatesse,
votre modration et votre dsintressement qui
vont de pair avec une intense implication dans
votre rle en faveur des deux-cent cinq avocats
mulhousiens, comme pour la profession
toute entire au sein de la Confrence des
Btonniers.
Votre prsence au Conseil National des Barreaux
a confirm les minentes qualits que je suis
heureux, mon tour, de saluer.
Vous y joignez le sens de la modernit. Aucun
sujet ne vous rebute : ni celui de lavocat salari,
ni celui de lavocat en entreprise, ni la prsence
de lavocat partout o le droit est en question
puisque le respect de sa dontologie et de son
thique le rendent prfrable tout autre.
Je nai parl que de lavocat et du Btonnier. Jai
peu parl dAnne-Sophie Willm et de sa relation
avec la vie.
Elle est pourtant intense et belle.

Mais, toujours modeste et pudique, vous ne


parlez pas de vos mrites. Vous tes toujours
davantage proccupe de clbrer les autres.
Je dois Madame le Btonnier Marie-Laure
Schott-Riesemann den avoir appris un peu
plus sur vous.
Elle souligne avec une trs grande force les
qualits dont vous faites preuve : la dignit de
la femme avocate, la pleine mesure de votre
responsabilit et votre conscience professionnelle;
votre indpendance lgard de tous, - magistrats,
reprsentants de la profession, pouvoirs publics -,
de sorte que vous tes, par excellence, le dfenseur
du Barreau de Mulhouse, de ses valeurs
universelles et de ses particularismes propres ;
lhumanit que vous manifestez dans lcoute
attentive de tous vos confrres, sans mnager ni
votre temps, ni votre peine.

Vous tes habite par lamour de lart, la


passion des autres et la recherche spirituelle.
Plus jeune, vous avez suivi des cours de te
traversire et de violon.
votre amie Marie-Laure qui vous demandait
si vous rentriez chez vous aprs une longue
journe de travail, vous avez rpondu que vous
vous rendiez des cours de guitare.
Vous aimez le piano, le violoncelle et les voix.
Vous citez parmi vos compositeurs de prdilection:
Bach, Mahler, Tchakovski, Rachmaninov,
Debussy, Ravel, Stravinsky et Verdi, dont vous
meut particulirement le Requiem.
Mais vous tes aussi sensible au sport sous
des formes multiples : la danse classique, la
gymnastique, la natation, le handball et la course
pieds lorsque vous avez un peu de temps.
Tout cela spanouit dans la lumire discrte
dune qute spirituelle jamais acheve.

Vous ne concevez pas le btonnat comme


une rcompense mais comme un service, une
vocation. Vous avez forc le respect de tous
ceux et de toutes celles qui vous connaissent
dans votre Barreau et dans le ressort de la
Cour. Mon ami le Btonnier Jean-Michel
Paulus me la lui-mme confirm.

leve dans une famille juive non pratiquante,


ne dun pre protestant, vous tes catholique.
Une de vos tantes est religieuse missionnaire en
Afrique. Vous tes alle faire un sjour en mission
au Sngal et vous avez accompli plusieurs
tronons du plerinage de Saint-Jacques de
Compostelle.

Votre recherche mystique double dune


soif de vivre dans le souci des autres et
le culte de la beaut fait irrsistiblement
penser Pguy :
Que le spirituel couche toujours dans le lit de
camp du temporel !
Que le spirituel ne manque point du charnel !
Que Dieu ne manque point de sa cration ! .
Ce Dieu auquel nous aspirons et qui nous semble
trop souvent distant et silencieux a des motifs
dtre content de vous.
Les autres, bien rels et bien vivants, vous ddient
leur reconnaissance et leur fiert. Ce sont ces
hommes et ces femmes qui, tous les jours, croisent
votre route et qui vous faites don du meilleur
de vous-mme.
Il tait donc naturel que la Rpublique vous
marque sa haute estime et sa reconnaissance.
Quajouter aux loquents propos de lancien
Prsident du Conseil National des Barreaux ?
La rcipiendaire est une femme rflchie
et moderne dont les nombreux mrites
ont t lgitimement mis en lumire par la
Rpublique. Anne-Sophie Willm a prt
serment le 9 mai 1995 et a commenc sa
brillante carrire en qualit de conseil juridique
ds 1990, elle a ensuite men de nombreux
combats, avec clairvoyance et dtermination,
pour dfendre les intrts de ses confrres et
de leurs clients, notamment depuis son lection
le 6 dcembre2011 en qualit de Btonnier de
Mulhouse.
Cette brillante avocate sait couter et conseiller,
elle inspire confiance et ses comptences
refltent son ouverture desprit et forcent
le respect de ceux qui ont la chance de la
connatre.
Sa passion pour les autres na pour gale que sa
permanente qute dexcellence.
Nous adressons nos amicales et chaleureuses
flicitations celle qui exerce avec passion,
authenticit, loyaut et courage son mtier.
Conjuguant avec talent comptence et
simplicit, elle honore ainsi sa profession.
2013-813

Les Annonces de la Seine - jeudi 21 novembre 2013 - numro 65

Jean-Ren Tancrde

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