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B 183
Syphilis primaire
et secondaire
Épidémiologie, diagnostic, traitement
DR Michel JANIER
Centre clinique et biologique des maladies sexuellement transmissibles, hôpital Saint-Louis, 75475 Paris Cedex 10.
Points Forts à comprendre par an. Depuis 1999, on assiste, cependant, à une légère
remontée de l’incidence, traduisant un relâchement de la
prévention. La Russie et les pays de l’ancien bloc
• La syphilis est une maladie sexuellement communiste de l’Europe de l’Est gardent une incidence
transmissible. À ce titre, elle est souvent associée élevée de syphilis primo-secondaire (environ 100 cas
à d’autres maladies sexuellement transmissibles pour 100 000 habitants par an). Celle-ci peut atteindre
qu’il faut impérativement dépister 1 000 pour 100 000 habitants par an en Afrique noire, en
(virus de l’immunodéficience humaine, Amérique du Sud et en Asie.
hépatite B, Chlamydia).
• La fréquence de la syphilis a fortement diminué
depuis 10 ans en France mais l’affection reste
fréquente en Europe de l’Est et dans les pays
Maladie sexuellement transmissible
du tiers monde. La syphilis est une maladie sexuellement transmissible
• La syphilis évolue en 3 phases cliniques stéréo- (MST). Elle traduit une sexualité à risque de contracter
typées (primaire, secondaire, tertiaire) séparées d’autres maladies sexuellement transmissibles : gono-
par des phases totalement asymptomatiques. coccie, infections à Chlamydia trachomatis, hépatite B,
• Le diagnostic sérologique est difficile : infection par le virus de l’immunodéficience humaine
impossibilité de différencier syphilis (VIH)… La transmission de la syphilis se fait à partir de
et tréponématoses non vénériennes, difficulté lésions syphilitiques érosives ou ulcérées : chancre pri-
d’affirmer la guérison, fausses sérologies maire, syphilides érosives, plaques muqueuses. Elle peut
(faux VDRL). donc se faire à l’occasion de rapports de pénétration mais,
• La gravité de la syphilis tient au risque également, lors des rapports bucco-génitaux, voire par le
de neurosyphilis. baiser profond.
• Le traitement est simple : pénicilline G retard
en intramusculaire.
Généralités
La syphilis est une tréponématose vénérienne due à Évolution
Treponema pallidum. Le réservoir est exclusivement
humain et la transmission sexuelle. Le dépistage et le La syphilis évolue en 3 phases dont la définition est
traitement doivent empêcher la survenue des compli- clinique : syphilis primaire (chancre syphilitique), syphilis
cations graves de la phase tertiaire. secondaire (manifestations cliniques de la septicémie
syphilitique avec atteinte cutanée, ganglionnaire, voire
viscérale), syphilis tertiaire (gommes syphilitiques paren-
Épidémiologie chymateuses essentiellement cérébrales, cardiaques et
cutanées). Ces 3 phases se succèdent selon une chronologie
précise déjà définie par Ricord au début du XXe siècle.
Incidence
L’incidence de la syphilis a diminué de manière très Incubation
importante en Europe occidentale, depuis une dizaine
d’années, du fait des modifications du comportement Elle dure, en moyenne, 21 jours. Elle est en fait extrê-
sexuel induites par l’arrivée du sida. L’incidence se situe mement variable mais généralement longue. Elle sépare
en France autour de 10 nouveaux cas pour 100 000 habitants le rapport sexuel contaminant de l’apparition du chancre
syphilitique (J0 étant défini par le début du chancre). En s’accompagnant après 4 à 5 j d’une adénopathie uni-
l’absence de traitement, le chancre syphilitique guérit latérale, indolore, non inflammatoire. L’ensemble
spontanément en 3 à 6 semaines. La syphilis secondaire chancre plus adénopathie constitue le complexe primaire ;
survient inconstamment à partir de la 6e semaine. Elle les adénopathies sont le plus souvent inguinales (organes
est caractérisée par une première floraison (roséole) génitaux externes, anus), plus rarement, intra-abdominales
entre la 6e semaine et le 3e mois, puis, par une seconde (col utérin, rectum).
floraison (syphilides papuleuses) entre le 3e et le 12e mois. • Le siège du chancre est, le plus souvent, muqueux et
Toujours en l’absence de traitement, l’évolution naturelle génital (gland, sillon balano-préputial, méat chez
de la syphilis secondaire se fait vers la disparition spon- l’homme ; vulve, col utérin, vagin chez la femme). Mais
tanée, à laquelle succède une phase de latence, puis un le chancre peut également être anorectal (quelquefois
risque de syphilis tertiaire d’environ 10 % dans les douloureux), labial, amygdalien, voire siéger en dehors
années qui suivent (jusqu’à 30 ans après le chancre). Les des muqueuses. Le chancre syphilitique est, le plus
phases asymptomatiques de la syphilis (la période muette souvent, unique.
séparant la 1re phase de la 2e, celle qui sépare la 2e phase • De nombreuses formes atypiques sont possibles :
de la 3e et celle qui concerne les patients syphilitiques ne chancre profond, douloureux, non induré, inflammatoire,
faisant pas de syphilis secondaire) s’appellent syphilis surinfecté, chancres multiples, d’où la règle devant toute
latente ou sérologique. Lorsque le chancre syphilitique, ulcération génitale de rechercher systématiquement une
en cours de guérison, coexiste avec le début de la phase syphilis au même titre qu’un herpès génital et un
secondaire, on parle alors de syphilis primo-secondaire. chancre mou.
2. Diagnostic
Diagnostic de certitude Il repose sur la recherche des tréponèmes au microscope
à fond noir (ultramicroscope).
Il repose sur la découverte du tréponème pâle (Treponema • Le prélèvement de la sérosité est déposé dans du
pallidum) mis en évidence dans les lésions primaires ou sérum physiologique entre lame et lamelle. Il permet de
secondaires, érosives ou ulcérées. Le diagnostic peut, reconnaître les spirochètes brillants et mobiles. Cet examen
également, reposer sur la sérologie syphilitique (TPHA, est, cependant, difficile et nécessite de l’expérience. Il
treponema pallidum hæmagglutination assay ; VDRL, peut, par ailleurs, être négatif en cas d’applications
veneral disease research laboratory ; FTA-abs test, fluo- d’antiseptiques ou de prises d’antibiotiques. La présence
rescent treponema absorption test) dont l’interprétation de spirochètes saprophytes dans la cavité buccale rend
est difficile (impossibilité sur les seules sérologies de impossible la recherche de tréponème pâle dans cette
différencier une syphilis d’une tréponématose non véné- localisation.
rienne, difficulté de déterminer si la syphilis est évolutive • La sérologie syphilitique se positive vers le 5e j du
ou guérie). Ces sérologies syphilitiques deviennent posi- chancre. Le 1er test devenant positif est le test d’immuno-
tives avec retard par rapport au début du chancre et peu- fluorescence (FTA-abs test). Le TPHA se positive vers
vent devenir négatives en l’absence de traitement après le 7e jour du chancre. Enfin, le VDRL se positive vers le
de nombreuses années. 10e jour du chancre. Le titre des anticorps augmente
progressivement ensuite pour atteindre un maximum
lors de la phase secondaire (voir : Pour approfondir).
Risque majeur Le test de Nelson n’est plus utilisé.