Alexandre Dumas - Jehanne La Pucelle, 1429-31 (1842)
Alexandre Dumas - Jehanne La Pucelle, 1429-31 (1842)
Alexandre Dumas - Jehanne La Pucelle, 1429-31 (1842)
J^^rS
,-.^
> j^j^:y^> > -^. > >>>^:^> Jl^ >^.. 1^ > ...>.>' ^:>
.3^. ^7.^
>
>>'
^>-
__^::
^-'
'r-::a
>'^j:;2P>
-^
^^
__
^^^ )^'^
">
----2
^.JS wm
#LlBRARYOFCONGRESS.i
J
I
^^^*
JMo//....
D:C.io3
I
...M.?
J
>fe*
V>:^-^>.>V>3
_JSi ~1
).'^
>
>
v5>
)V
^
.
>
>
:>
^>
J >
'>:>:j -'.z:
O'
"^^
WmJM^y^
>
>
>
>
i)_>
_>^
j>
yym> >
-^"^>:
'^'^
>^^^
^
-s^
Ji^
>
1>I>
:]i
>:>v.''>.^s> >>
r>
>:>>
>
^^"
'"'
>
-"
>
^^-.'
>> >,)v>
>
->
ISi^ ^app
.a> .^r^iir
>^:^>
^
,ji
."^'^^
> >
:ia>
>
.1
'^^
>
>
>
>^> '>^:m>
>
>o::>>
;
.w .>>^
>
>/>
>J> ':,i>>^ZB^
>
j3>^
z ^
-
>
:>
'
!^
_^>
Z^:^-i>^
>;>'-'.^i>>
t>
Z
.:^
i:>n
;'j>
>I>>,^
>
'?*.
:^>
S>
yy
>-
-y>
:>.
^i>
":>
>^
"
r>^ !p>
jj
j
^'"3
:^j
T.>>
i>
>
>
^J>)
:^ J
>^>-x->>^_:>-^^,-.^'-
,^
>
>>l^
>I
>:
5 llg S!
,^^
>3)
^o^
JEHANNE LA PUCELLE.
JHANM LA PIICELL
1439-14:31.
^llcattire'Uumas.
tJ'
BRUXELLES.
MELINE, CANS ET COMPAGNIE.
tlBnAlRlE
,
IMPKl.nERIB ET lO.^DERlK.
1842
CSEM'ITBl l'BlMll^.
JEHANNE LA Pl'CELLE.
Le saint j our (les Rois de l'an de Notre-Seigneur 1 429, du matin, un chevalier arm de et toutes pices mont sur son cheval de bataille qui marsuivi de son coustelier et de son page
vers les dix heures
, ,
,
le vil-
Domremy, que
,
l'on
,
nommait Domremyperdu
cette
les-Qreux
et qui
:
depuis
seconde
appellation
que
A
le saint sacrifice
de
la
messe
s'arrta, descendit
son pe
ainsi
et ses
et
dsarm,
monta
les
passant de ce pas
ferme
nants
et assur
dont
la
telle sorte
que
de s'agenouiller sur
Mais,
degrs et
mme dans
le
la rue.
comme on
la porte
;
le
comprend bien,
noble
homme
,
d'armes
n'tait point
ment
reste,
du
la
au bruit rsonnant de
mme,
tants
:
et alla-t-il s'agenouiller
petite grille
si
mme
des chan-
ires, et qu'il
que
''
le sacristain et les
ses, tait
Le privilge d'entrer arm^, casqu, peronn dans chose rare en France, o Ton citerait peine
trois
ou
quatre exemples d'une pareille concession. Un des plus anciens chevaliers qui le possdassent tait un seigneur breton nomm
le sire
de Kergournadech.
lui avait t
Ce privilge
mier vque de Lyon, mort vers l'an 600, en rcompense de ce que ce chevalier s'tait offert pour tuer un serpent qui dsolait le pays. Cette maison s'est teinte dans la personne d'Olivier, sire de Kergournadech, mort sans postrit, et de Franois de Kersoason. Jeanne de Kergournadech, sa suraine, hrita de ses biens, et les porta en dot Alain de Kerhont, la condition que, tout en gardant son nom de Kerhont, il ferait prendre son fils an les armes de Kergournadech.
reusement pour
du bon chevaun peu tard, et comme la messe peine tirait sa fin au moment o il tait entr eut-il le temps de dire un pater, que le prtre pronona les paroles sacramentelles, annonant que le
les dsirs religieux
,
em-
le
quel
il
venait de communier.
chacun,
comme
c'est la
coutume,
se releva,
fit
le si-
gne de la croix, et s'achemina vers la porte, l'exception du chevalier qui, n'ayant pas termin son oraison, sans doute, demeurale dernier de tous agenouill
devant
le
chur et
d'armes
une
les
religion qui,
les
hommes
aussi
soit
que
,
paysans eus,
soit
que
la
voyant un
,
homme
noblesse
ils
du temps
du royaume
la
majorit, nonobstant
un
deux ou
durant
trois
formant par
chacun en
avait,
il
Parmi
la
ces groupes
il
y en avait
un
du
autres
lecteur.
homme de
quarante-
d'une
femme de qua-
jeune
fille.
sages; quant aux trois jeunes gens, dont les deux ans
et
dont
le
sance, on
le
aussi paraissaient-
le
damna l'homme en
enfin
,
quant
la
,
jeune
frache paysanne
dans laquelle,
adoucies de
peine,
la
femme,
et quoiqu'elle et
puissante
Quoique ce groupe
que formaient
le
rapproch de celui
che-
page,
composaient ne
yeux
les serviteurs
du
chevalier
le
la
expression
taient
allait
jusqu'
frocit
ils
se conten-
donc de
les
mand
le
l'paule de
chef de
la famille
,
Eh bien
Par
quel
la
une
si
longue
et si sainte prire
ma
me
foi
frre
Durand, rpondit
,
celui au-
tu
me
rendrais fort
service de
me rappelle
pauvre
doute
surer
il
roi Charles
VII
dans
l'glise
pour
s'as-
si les
et valaient la
Frre,
tte,
frre,
murmura Jacques
en secouant
la
quoique
de ce de-
faut, tu es toujours
prompt
et lger
de paroles
Il n'est ni
,
comme
beau
ni
si
bon de censurer ainsi sans raison la conduite du prochain, surtout quand cette conduite n'a rien donn reprendre, et, tout au contraire, s'est manifeste comme celle d'un prud'homme et d'un
pieux chevalier.
si
tu es
si
sr de sa
lui
demander
jeune des
d'o
il
vient et qui
!
est?
tait l, dit le plus
Oh
si
Jehannette
nous
le dirait
bien,
ta
elle,
Et pourquoi
lier?
penses-tu que
sur en
saurait
Non,
mon
pre,
murmura
le
jeune homme,
je
l'ait
jamais vu.
penser, dit Jacques d'un air
Et alors, qui
qui
il
te fait
eu tort
mon
pre
dit le
jeune
homme
auquel
les
premires paroles
qu'il avait
lui
;
prononces
taient chappes
comme malgr
je n'aurais pas
dire ce
que
,
j'ai dit, je le
reconnais.
En
savoir...
effet
reprit matre
Durand en
riant d'un
gros rire, en
devineresse,
visionnaire et
comme on
dit
le dit, elle
pourrait peut-tre
Silence, frre,
chef de
la famille
silence
il
tombes
dans des
l'official
oreilles
de Tout.
et
Jehanne,
Femme, continua-t-il, o est donc comment n'est-elle point ici avec nous?
l'glise, reprit celle
le
jeune
homme,
elle est
mais
maison cherre-
En
elle
mre en jetant un
gard dans
rue o
:
elle
Jacques, notre
homme,
reprit-
Et pourquoi
elle n'a rien fait
rpondit Jacques,
de mal.
la
Non
mais quelquefois tu
sa force
et,
ne conviendrait peut-tre. Ce
d'abord
,
dix-huit
cet ge
passe quelqu'il
elle
de sorte
en vouloir
si,
pendant
,
la
,
journe,
souvent
il
10
une bonne
crois ce
que
et
je te dis.
monde
se rit d'elle
mme
notre frre
qui est
quand
est tent
il y a de ces espces de voyants, qu'on de prendre tantt pour des fous et tantt
mon
pre
remarqua Pierre
la
pour apporter
bndiction
elle
du
appartien-
fr-
tes ans,
hommes
,
et les vieillards.
Je me
ment
la
tais
le
jeune
mon homme.
,
pre
rpondit respectueuse-
Pendant ce temps,
c'tait
la
jeune
fille
une
belle enfant
faite, et
dmarche
avait
et d'assur
qui n'appar-
elle tait
dans
les-
que
serrait
la taille
une corde de
au-
mme
couleur
elle portait
chaperon
cun ornement
UIVE
FAMILLE DE PAYSANS.
11
ses
elle
yeux noirs,
semblait
,
ses
cheveux blonds
la plus
et
quoique
simple de toutes
la
du village. Chacun des interlocuteurs que nous venons de mettre en scne vit s'avancer la jeune fille avec une expression de physionomie diffrente matre Durand
filles
:
si
une occasion de
se fcher, et qui la
cherche vainement; la mre, avec cette crainte silencieuse et protectrice dont Dieu a
dou jusqu'aux
,
deux frres ans avec ; insouciance ; la sur, avec une gaiet qui prouvait qu'elle n'avait rien vu de bien grave dans la petite
femelles des
les
animaux
respect
une
sainte.
Quant
famille
la
,
jeune
fille, elle
quoique
fixs sur ce
le
groupe bien-aim
nal
mouvement imprim
,
et
que, tout en
,
le
soin de la conduire
ailleurs.
Sois
;
la
bienvenue
matre
savoir
tu pourrais nous
12
Quel chevalier? demanda Jehanne, Celui qui est entr dans rpondit Dul'glise
,
rand.
dit
Jehanne.
a
fait si
grand*
que
le
Je ne Si tu ne Je
mon
l'ai
ma prire
,
et je pensais
mon
,
salut,
doucement Jehanne. Eh bien si tu ne l'as pas vu regarde car voil, reprit Durand, en lui montrant du doigt
pre, rpondit
le le
moment
,
sur
le seuil
de
la porte.
C'est Qui,
lui
s'cria
Jehanne
si
en devenant plus
comme
jambes
Jehanne.
Et quel
est ce capitaine
Robert de Beaudri-
15
,
Un
vaillant chevalier
rpondit Jehanne
lequel
la ville
tient le parti
du
gentil
de Vaucouleurs.
Et qui vous a dit toutes ces belles choses? pronnelle que vous tes
,
s'cria
Jacques ne pouvant
C'est
lui,
mon
,
pre
Par ma foi dit matre Durand j'en aurai le cur net ; et si cet enfant a dit la vrit je croirai les yeux bands, tout ce qu'il lui plaira dsormais
, ,
de
me raconter.
A
il
Durand
main
marcha
reprendre
prtait
la
la
rencontre
du
et s'ap-
monter
Le
que ce manant s'avanait avec l'intention vidente de lui parler, appuya le bras sur le pommeau de sa selle, croisa une jambe sur l'autre et attendit.
s'il
est vrai,
comme
ce
quelqu'un vient de
le
dire
nous avons
grandement entendu
que vous pardonnerez un pauvre paysan qui est armagnac du fond du cur, de vous demander si
vous ne venez pas de devers
la
Loire, et
si
vous ne
14
Charles septime.
le chevalier
le
,
Mon ami
affable
rpondit
que
la
noblesse ne
dit
mon nom ne
du
t'a
si
un
si
pauvre
parle de
si
Durand enhardi parle ton du chevalier, allait mieux depuis que M. le conntable Arthur de Richemond avait fait justice du sire de Beaulieu et avait plac prs de
mais
me
le sire
George de
la
Trmolle.
Hlas
tes encore
tte
,
tout
au contraire,
,
soin de nouvelles
en
effet
mon ami
si
vous n'en
que
de
l,
le sire
la
Trmolle a
;
fait pis
que
n'avait
fait le sire
de Beaulieu
car peine
a-t-il t
en fa-
le
conntable,
yeux de son
lui
favori,
si
matre Michel
mne
15
Mais
fier
je croyais, reprit
de
,
la
manire
affable
le roi
dont
cheva-
lier
je croyais
que
nombre
ni
pitaines qui,
comme vous, ne
,
Bourguignons
et tiennent
encore
la
campagne.
mme
bte.
mme
Vienne
la
France, et vous
les
ceaux
que diligence
fassent maintenant,
,
bien
qu'ils
ne vien-
la
Loire
et
la
mpris de
Angleterre monseigneur
point porter
tre
la
duc d'Orlans de ne
ne pouvait dfendre
dit
s'levant
aux cts de
le
dloyal fut
puni du sien.
jeune enfant se
16
de soutenir.
la
mme voix
,
modeste
mais calme
et assure
comte de Salisbury
par
l'clat
est
Et d'o
fille,
quand
moi-mme?
messire,
re-
prit
en riant
!
Oh
cria
fille
ne
faites
point attention
,
elle,
s'-
passant entre sa
Robert de Beaudricourt
une
ignorante qui ne
il
Et le st-elle, reprit le chevalier, le comte ftmort comme votre fille l'annonce brave homme car je suppose que c'est votre fille...
,
Hlas
reste-t-il
oui
murmura Jacques
et elle
nous
Eh bien
lui?
ft-il
Ne
pas
le
Guillaume de
sire
Robert Hron,
,
de Seales
Lancelot de Lille
Gladesdale
Guillaume
Et nous
gentil
17
comme
vous,
messire
et
comme
vous prts
pour
ne
le
reste-t-il
qui aime
la
France
et qui
ses
ennemis
Anglais et
les
Hlas
poir
;
hlas
Jacques au dses-
le roi
Oui
oui,
il
lui-mme n'a plus et pour croire qu'Orlans quand non-seulement la capitale, mais encore les bonnes et fortes villes de Nogent, de Fargeau,
rsistera,
de Chartres
et
mme du Mans,
;
se sont
rendues
les
unes aprs
le
les autres
quand de
a l-
il
son
fils.
le
royaume
les
sont commis.
si
grands
qu'ils soient,
18
le
Ameriy rpondit
val et
en se signant
en attendant
bonnes gens
,
ajouta-t-il
si les
Bour-
pour
piller le
de Domremy,
en toute hte
,
Robert de Beaudricourt
lier
!
et
il
faudra
foi
de cheva-
votre aide.
Dom,
remy
le faire
pi-
qua son cheval des deux et partit au grand trot par le chemin qui conduisait Vaucouleurs, suivi de ses deux serviteurs et accompagn des bndictions de tous les paysans qui le suivirent des yeux pendant tout le temps qu'ils le purent apercevoir. Lorsqu'il eut disparu, Jacques se tourna pour
gronder Jehanne de
nait de faire paratre
la
;
qu'elle vela
chercha
vainement ; Jehanne
n'tait plus l, et
proccup que
la
jeune
fille
CEM'ITBM BEV%WMEm
II
iMm
^s^Q
En
qui
effet,
vu
et
les prparatifs
le cercle
form autour de
lui,
de ce
mme
pas
heure, suivant
le
comme nous
ces de neige.
C'est
deux pou-
que
cette
jeune
fille
compagnes;
22
LES VOIX.
gneur
de
la
voil ce
d'elle
avec l'accent
du doute,
reconnaissance et de
,
Jehanne
lait
l'appe-
plus
communment
Domse
Meuse,
et situ
Son pre
nommait Jacques d'Arc et sa mre Isabelle Rome connus tous deux pour tre d'une probit
,
rputation sans
tache.
et
La nuit pendant
tait
celle
laquelle tait ne
l'an
Jehanne
qui
de l'Epiphanie de
de grce 1412,
ce qui fait
que
elle avait
ans,
fut
le ciel
une de
le
ces
:
nuits de fte
la terre
temps
ces
une douce
tout
embaume de
c'tait la fin
d'un
faisait
tendu, et
du
ciel
et traant
dans
l'air
une
bril-
maison de
LES VOIX.
25
les
Jacques d'Arc. en battant des ailes et en faisant entendre des sons inconnus, quoique l'heure o ils taient accoutums de chanter ne ft point encore venue, et chacun
,
En mme temps
coqs chantrent
si
que tous
les habitants
du
village se
mirent
dans
le
cur.
Au nombre
tait
un
fait
ce
vieux berger
rpondit
:
perdu
la
France %
femme
'
la
premire, lonore,
de Louis le Jeune, qui, rpudie par son mari, pousa en secondes noces Henri d'Anjou, roi d'Angleterre, et lui apporta en dot l'Aquitaine, le Poitou, la Touraine et le Maine, qui, runis au duch de Normandie et la comt d'Anjou, livraient le tiers
la France aux mains de son ennemi La seconde, Isabelle de France, femme d'Edouard II, qui, en transmettant son fils Edouard III les droits qu'elle prtendait avoir au trne, avait amen cette fameuse guerre qui durait
de
les batailles
de Crcy, de Poitiers et
;
mre de Charles
VII, qui
propre
fils.
Quant
la
la
France,
si
rudement
24
LES VOIX.
la
une vierge
vieille
sauvera.
On
ft
une
:
Et flores vrgineos
obscultavit.
grand vnement.
cette
heure de
d'Arc
,
accouche d'une
cette
Le lendemain
Elle eut
nom
deux parrains
et
Agns.
Malgr tous
signes
,
de prdestination qui
la
jeunesse de Jehanne
la
cou-
une chose
laquelle
on ne
ensuite, fut
bis, ni
que jamais Jehanne n'gara ni une breun mouton. Quand quelque agneau s'tait
LES VOIX.
25
le
perdu
elle n'avait
nom
qu'elle
Quand
le
elle n'avait
sa
houlette,
fleur, le
mme une
d'o
il
le bois
tait sorti.
la
bane hrditaire
que
c'tait
toujours en l'absence
tait arriv.
Jehanne
la
bn-
diction de
Dieu sur
Un
entre
jour qu'elle
tait
Domremy
et
Neufchteau gardant
ses
compagnes,
jeunes
bouquet,
ce bouquet
une
fois
elles.
Jehanne accepta
proposition et concourut
confection
du bouquet, puis
le
gagnerait, elle
vu que
jeunes
relles:
le signal
et
que
les
filles
partirent
comme une
vole de tourte-
26
ns amies
,
LES VOIX.
et cela avec
une
telle rapidit
que
ses
au bout
de cent pas,
lui criant
Jehannelte! Jehannette!
comme un
oiseau.
souleve elle-mme,
comme
dans
un rve
au but
et
ramassa
le
leva la tte,
regardant en soula
Jehanne,
courez vite
)>
maison,
Jehanne, croyant
que ce jeune
cette
homme
tait
commission pour
elle, laissa
la
et revint
prompte-
ment vers la maison ; mais arrive sur le seuil, sa mre lui demanda pourquoi elle retournait avant
l'heure accoutume, et d'o elle venait, et pour-
quoi
elle
Ne
et
,
Non, rpondit
repassa par
la
alla
dposer
longer toute
le
chemin en
Jehanne
entendre droite, du ct de
l'glise
LES VOIX.
27
la voix sor-
de cetle nue
Jehanne, tu es ne pour
la
Seigneur pour
le
rtablissement
tu prendras les
du
roi Charles
habille en
homme,
,
et tout
dans
le
royaume
le
nuage disparut,
et la
jeune
fille
demeura muette
d'un sembla-
et
immobile
pouvante qu'elle
tait
ble prodige.
lui
apparue
le
17 aot 1424,
c'est--dire le
jour
comte de Buchan,
le
le sire
Harcourt,
dour,
comte de Tonnerre,
de Roche-Baron,
le
le sire
celles
de Crcy, de Poisongeant
elle
et
elle reprit le
chemin de
la
prairie
son troupeau
s'tait
rassembl
Dames ou
tendaient y avoir vu danser de longues figures blanches, qui, toutes les fois qu'on s'approchait d'elles,
s'vanouissaient dans
l'air
ou
se perdaient
dans
la
vapeur.
Une
mme une
de
celles
y et dans
elle n'avait,
reil.
le bois
Chenuy
en grande quantit
fivre
:
les
la
se
M. Pierre de Bolemont,
seigneur de
Domremy.
la
et
une grande
dvotion
et attachant des
;
de cet arbre
ramena son
troupeau
la
maison.
Comme
un an de moins
qu'elle, garderait
:
dsormais
le
trou-
peau sa place
on
LES VOIX.
elle
29
que
la
plus
adroite
mnagre du
le
le
village.
Cependant,
venait dix fois
le
son de cette
cessamment son
oreille.
Un
jour de dimanche
monde
l'glise,
la
elle
mme
nom
elle leva la
tte, et
lui
sembla que
la
vote de
l'glise s'tait
milieu de ce nuage,
elle vit
un jeune homme
dans
il
qu'elle
la prai-
mais
comme
cette fois
comprit que
rjouie cette
Monseigneur, est-ce vous qui m'avez appele? Oui, Jehanne, rpondit l'ange, moi. Que voulez-vous de votre servante? demanda
c'est
Jehanne.
Jehanne, dit
ciel,
le
beau jeune
homme
part
je suis
roi
la
du
du
pour
te dire
royaume de France du
pour
cela,
menace.
puis-je faire
Et que
gre des
tu
l'as t
30
LES VOIX.
,
et
quand
le
temps
Marguerite et moi ; car toutes deux t'ont prise dans une merveilleuse amiti, en rcompense de la grande religion que tu as pour elles. Que la volont de Dieu soit faite , rpondit la
jeune
fille
et qu'il dispose
de sa servante quand
et
comment il voudra.
Amen!
sur
lui,
dit l'ange; et la
nue, se refermant
parut.
un rve
dans ce
c'tait
raculeuse ralit, et
tre qui avait fini
comme
la
moment
le
de dire
messe traversait
l'glise
pria de l'en-
tait
un vieux
de Jehanne,
aime cause de sa
il
modestie et de sa dvotion
puis
lui
recommanda
,
et
de
du
mais
elle
continuait
fleur des
cleste
comme une
champs,
ne
et
se manifestt
LES VOIX.
l'entourait, elle se sentait
51
cependant intrieurement
:
dans
la
grce du Seigneur
il
aussi,
souvent, lors-
lui
doucement la voix et un mode inconnu qu'elle ne pouvait plus retrouver quand cette musique cleste tait vanouie. Souvent encore quand l'hiver tait venu, quand la neige couvrait la terre, elle sortait en disant qu'elle allait cueillir un bouquet pour ses saintes c'est ainsi qu'elle nommait sainte Cathedes anges, et alors
elle levait
et
chacun
se
moquait
montrant
,
la terre toute
neigeuse, et elle
souriait
doucement
sortait
du
de Neufchteau,
de
violettes,
et revenait
de primevres
et
et
avait
cueillie
tresse
regardaient avec
tonnement,
et
et
comme
elles
ne trouvaient rien,
core, c'est
que
les
animaux
les
bondir ses
et l
comme
du
s'il
et t
perch sur
la
Pendant ces
roi et
de
la
52
LES VOIX.
le
royaume
campagnes
les bois,
;
taient dsertes,
les villages
en ruine,
et les villes
offrait
railles,
une
retraite
les villes,
mu-
il
n'y avait
l'exception d'un
trait d'arc
une
et ds qu'elle apercevait
l'ennemi
elle
sonnait le
tocsin.
ment sans s'occuper de leurs troupeaux; car les troupeaux eux-mmes avaient appris connatre ce
bruit, et ds qu'ils entendaient retentir la cloche,
ils
hommes. le commencement de l'an 1428, monseigneur Thomas de Montaigu chevalier comte de Salisbury fut commis
couvert sous la protection des
et
dput par
pour venir
en France
d'Orlans
faire la guerre.
Ce
fut alors
que
la
con-
la ville
,
de Lon-
dres depuis
bataille d'Azincourt
il
alla
comte de Salisbury
et le pria
en bon
et
LES VOIX.
loyal
35
la
ennemi
et des
le
de ne point mener
terres
domaines
comte
qu'il
n'tait
dfendre;
pass
la
le lui
promit
et
jura; et ayant
,
il
dbarqua
de
la
Calais et
la partie
France qui
Ainsi
encore conquise.
de Jehanne reparurent-
le pril
jamais t; aussi
elles.
La premire
Michel
il
tait,
comme
il
l'avait
promis
et
la
jeune
fille,
accom;
de sainte Marguerite
deux
,
saintes
la
se
nommrent d'elles-mmes
que
,
Jehanne
elles
,
et lui dirent
,
comme
France
:
elle
tait reste
pieuse
celle
bonne
et sage
Dieu
la
la tenait
toujours pour
en consquence,
le
elles lui
les
ordonnrent
et
d'aller
trouver
roi
Char-
VII
de
lui
Dieu pour
les
se faire chef
les
Franais contre
Anglais et
Bourguignons.
:
comme une
:
jeune
fille
ne pouvant
comment
que
tait-ce
donc
cur
la
plein de piti
complir
sita-t-elle,
devant
le terrible
34
et
le
LES
VOIX.
Mais Jehanne
tait
du
cur,
le
ne devaient changer
jour qu'elle tait age-
dcret de la Providence.
Un
nouille,
et btie
une
Notre-Dame le nuage
,
,
s'abaissa
et le ciel
mais
d'habitude;
du
deux
saintes, qui,
grandeur naturelle. Alors Jehanne baissa yeux, car des regards humains ne pouvaient
,
et elle entendit
lui adressait ce
reproche
Pourquoi tarder
lorsque l'ordre est
pas de l'accomplir ?
En
ton absence
la
France
est
un sang
pr-
comme
,
si c'tait l'eau
inutile et
agile
puisque
le roi
du
ciel t'a
en-
le
conseil d'obir.
, ,
LES VOIX.
35
Mais,
sais
lui dit
mme
je
voudrais partir,
comment
pourrais-je le faire? je ne
le
peuple ni
le
roi
ils
ne
me
croiront pas
,
tout le
monde
rira de
moi et avec raison car qu'y a-t-il de plus insens que de dire aux grands Une enfant dlivrera la
:
France
elle dirigera
,
son habilet
elle
ramnera
pre
inconvenant
habits
mon
si
qu'une jeune
fille
avec des
d'homme?
sens, le
A
vait
ce discours
sa-
bien puisse
puis,
comme Jehanne
impose,
il
la
mieux
mire
les
en
encore
et la
preet
lui
deux
saintes
fallait faire,
fallait
prendre, et en
quel lieu
il
Cependant,
la
soit
que
les voix,
comme
les appelait
jeune
fille,
soit
que
le
dans
la
disgrce
du Seigneur
et
voyant qu'elle
tait
abandonne par ses protectrices clestes, elle se composa une oraison pour les prier de revenir elle
36
puis
LES VOTX.
elle alla s'agenouiller
devant
l'autel
de
saitile
Catherine, et la rcita
La prire
te
tait
Je requiers Notre-Seigneur
Notre-Dame de
m'envoyer conseil
du bienheureux
sainte Marguerite.
A
que
et s'ouvrit
comme
deux
saintes. Alors
fit
Jehanne baissa
:
voix habituelle se
entendre
et
que tu
hsites, Je-
comment
dis-tu
;
Tu ne sais
les
pas le chemin qui conduit au roi, Hbreux non plus ne connaissaient pas le
les
conduire
la terre
promise
cependant
ils
se
mirent en route,
et la
colonne de
Mais
o
la
dit
Jehanne
enhardie par
la
douceur
L'ennemi que
voix
,
et
pour que tu ne
,
fasses
aujour-
LES VOTX.
57
Salisbiiry a t
le
comte de
la
sige de
bonne
ville
est prisonnier
en Angleterre,
;
de mener sacrer
car
non pas
roi.
me
la
prter aide
et secours ?
au
et l,
Tu
as raison,
Jehanne, reprit
voix; va donc
la
lieu voisin
nomm Vaucouleurs,
contre de
Beaudricourt;
viens et
il
te croira.
regarde
ressemblance de ce chevalier.
effectivement
Jehanne leva
la tte et vit
un che:
elle le
en sa mmoire
vision disparut,
les saintes,
Jehanne
ils
mais
taient remonts
au
ciel.
Ds
son
lors,
et se
prpara dans
terrible r-
cur au dpart
mais
c'tait
une
les
si
une jeune
que
fille
que
celle
de
jours se suc-
temps
pleurer.
Un jour
en larmes^
4
JEHA>NF LA PtlCFLLE.
58
elle fut surprise
LES VOIX.
elle
l'aimait
beaucoup,
aussi.
Il
beaucoup
lui
demanda
hanne
avec
lui
;
de partir
nouvelle
courait
la
elle
pouvait
offrir.
,
la
du
sige d'Orlans, et
la ville, se
le saint
jour de
les
Domremy
mier chapitre.
Ces
que
un regard sur
donc pris
la
lui
pour
le
reconnatre
elle avait
l'instant
mme,
elle
Ce^I>2TB^ TBOIilMl
m
2:M :C^T^.^:^m
mm
mE^W)'MS.^W2MSo
A
par
fait
la
route,
la
que
les
la veille
d'elle
comme
s'ils
du grain. La jeune
se rappela alors
et elle
que
sa pre-
sema, tout
d'elle le bl et le
chnevis dont.
42
LE CAPITAINE DE BEALDRICOIRT.
l'avait dit Pierre, elle tait
comme
toujours accompagne
de son escorte
se
mit chanter
En ce moment la cloche du village sonna midi ; Jehanne avait remarqu que c'tait surtout lorsque sonnaient les cloches que ses visions avaient Thabitude de lui apparatre. Elle se mit alors genoux,
comme
au
foi,
elle tait
accoutume de
et
faire ds qu'elle
en-
hommes
nom du
elle fit
Seigneur
pleine d'esprance et de
saintes sa requte acet
aux
saints et
aux
espr vai-
nement.
turent,
peine la prire
fut-elle finie,
que
les
que
la
nue
s'abaissa, et
que
ses protecteurs
Jehanne,
en nous
;
lui dirent-ils, tu as
eu
foi
en Dieu
et
sois
bnie
ordonn,
te reciel
messire
le roi
du
donnera
la
persuasion.
dois~je ainsi
Mais,
demanda Jehanne,
et
ne
me
pren-
LE CAPlTAliVE DE BEAUDRICOIRT.
43
La
genoux,
croit
en
te sois
Seigneur
t'en
hanne, car
le
moment
est
venu.
Que
A
que
la
plus
humble entre
ses ser-
nue s'envola
et
que
les
oiseaux recommencelle
Quant
Jehanne,
achevait une
filiale,
dans
la-
si elle
deman-
c'tait
un
homme
ne
lui
svre de
cur
et d'esprit
ter la
maison pour
et
se hasarder ainsi
au milieu des
hommes d'armes
Jehanne
tait
sur les
encore
qu'on l'appelait.
oiseaux qui
Durand Haxart.
Elle
comprit que
c'tait le
marcha
pleine
de confiance
et
de
srnit
44
quoique
blassent
pires.
LE CAPITAINE DE KEAUDRICOLRT.
les
encore
aux
cils
de
ses
longues
pau-
C'est
fais-tu
toi,
l,
donc
mon
mre
te
Hlas
les quitter
mon
en se-
couant tristement
ils
m'appelleront et
;
me
car je viens de
voix viennent de
me
une
pareille proposition,
ramene ton mieux garder dsormais qu'il ne l'avait fait jusqu'alors; mais aprs ce que j'ai vu de mes yeux et entendu de mes oreilles, je me sens tout dispos t'aider, ft-ce faire une foje t'eusse prise par le bras et t'eusse
lie.
dis quoi
chemin de Neuflong de
la
demeurait,
et tout le
route
narra
les
nous-mme ; de sorte que par cette raction si naturelle aux gens incrdules en arrivant la porte de sa maison, c'tait M. Durand Haxart qui soute,
LE CAP1TA.IIVE DE BEALDRICOLRT.
nat et rconfortait Jehanne.
45
il
Cependant
jugea
propos de
adopt par
faire
la
un
petit
;
changement au projet
de prvenir
le
jeune
fille
,
cder Vaucouleurs
et
capitaine
Robert de Beaudricourt de
voir
ter
:
rece-
comme Jehanne
,
seule
elle
accepta
reconnaissance.
Matre Durand partit le lendemain mais l'accueil du capitaine Beaudricourt fut loin d'tre tel qu'il l'attendait dj une femme nomme Marie Davi;
:
la
demand
fois
mais une
en sa prsence,
elle n'avait
eu une
si
en-
voy
qui
le
s'tait
point pour
il
tait rserv
France.
Or.,
comme
quelque aventurire du
de
mme
genre,
il
rpondit
folle, et qu'il
ramener
invoquant
les
voix
les
dans
les
termes accoutums
cette fois,
comme
46
LE CAPITAINE DE BEAUDRICOURT,
Jehanne
Tu as
Dieu
t'avait or-
donn
autre
:
d'aller l
toi-mme
et tu
y as envoy un
;
car c'est
toi
donn
le
don de
la
persuasion. Pars
;
tandis
que
si
Jehanne
de
l'an
la
de grce 1429;
nuit
la
:
elle arriva
Vaucouleurs
dans
l'avait
accompagne,
frappa
pitalit.
lit
La femme du charron
elle pria
mise en oraison,
jusqu'au jour.
que
lorsqu'elle
prsenter chez
sire
de Beaudricourt,
elle
refusa
command
en
effet
heures du matin,
prsenta chez
capitaine.
Comme
visite
il
tait
gaya
fort les
en ce mo-
arrivait l'instant
nomm mme
Loire
et
LE CAPITAINE DE BEAUDRCOURT,
47
Beaudricourt
Salisbury.
la
Jehanne entra
Messire Robert,
le gentil
sachez que
d'aller devers
est, et
de Beaudricourt.
que
rivera-t-il ?
Que
dauphin
me donnera dos
gens d'armes
Ne
et
calme qui
par
ma
foi, je
la
premire
fois
que je vous
me
semble,
dit le sire
de Beaudricourt en
qui
la
regardant Jehanne.
C'est
l-elle
moi, rpondit
la
jeune
fille,
le
jour
Domremy
mort du
,
comte de Salisbury
ajouta-
Le chevalier
tressaillit,
car
il
tait arriv
dans
la
48
LE CAPITAINE DE BEAIDRICOURT.
apportait;
le
capitaine
lui-mme
son doute.
Mais,
tout le
dit-il
la jeune
fille, si
tu savais avant
,
monde
le
tu
est trpass?
il
il
sire,
tait
regar-
bonne
Mesles
hommes
creva l'il
du coup,
et
est pass
de vie
trpas.
dtails taient
de
la
plus grande
exactitude. Cependant,
comme
ces rvlations
pouciel
l'enfer
que du
le
temps de
pro-
Jehanne, sans
lui rien
mettre.
Jehanne
reu,
car ses voix lui avaient dit qu'on ferait doute d'elle
mais qu' la fin Dieu lui don de la persuasion. L elle s'tablit, moins de place possible chez ces bonnes
,
gens afin de ne
les
jenant
et
com-
muniant,
et
ne cessant de rpter
LE CAPITAIIS'E DE BEAIDRICOURT.
49
duire chez
le
l, elle le
mnerait sacrer
d'Orlans
:
fait
lever le sige
elle tait si
si belle,
de
si
douces
et si chastes paroles
que
est
le
malheureux plus on
quand
une escorte de ses prires, et disant que c'tait rellement une sainte femme, et que si on la repoussait, les malheurs qui menaaient
elle sortait, lui faisant
la
France retomberaient en
mme temps
sur ceux
sire
de
mu
le
en lui-mme de ce qui
cur de Vaucouleurs, et
trouver
de
la
magie,
il
moyen de
Le
sire
s'assurer
et
si
Dieu ou de satan,
que ce moyen
de Beaudricourt accepta
proposition;
le
la
cur et
le
chambre
et
ouvrirent la
allait se
pas-
comme
elle tait, et
si
t)0
LE CAPITAINE DE BEAUDRICOURT.
elle tait
hanne, au contraire, se trana sur ses genoux jusqu'au prtre, puis baisa
les plaies
le tout
les
deux bouts de
et des pieds
l'tole, et
du
ct, des
mains
foi et
du
Christ,
le
avec tant de
de ferveur, que
cur
pas possde.
sur sur
le
fait
pour le dterminer faire ce que demandait Jehanne. Elle n'tait point possde,
n'tait point suffisante
il
est vrai
mais,
comme
le disait le
tre folie, et
que dirait-on,
le
d'ailleurs,
d'un
homme
son
vaincu
gueil.
doute, mais
lui restait
combattre
l'or-
Le lendemain de
ce jour, 'comme sa
renomme de
lages environnants,
aux vilRen d'Anjou, duc de Bar, qui depuis longtemps tait malade et que les mdecins
ne pouvaient gurir, l'envoya chercher pour
sulter sur son mal.
la
con-
Jehanne
se hta
de se rendre
prs de lui,
comme elle
faisait
du
ciel
qu'une seule
le
sige d'Orlans et de
mener sacrer Charles Yll Reims. Au reste elle lui dit de prendre bon courage et de ne plus donner
L CAPITAINE DE BEAUDRICOLRT.
ses sujets le scandale
ol
femme comme
la
il
le faisait
puis, lui
recommandant
lui
donna
Comme
le
elle rentrait
Vaucouleurs
elle
rencontra
reconnut,
alla elle, et
comme
cette
jeune
fille
une
du
sige
Ah
faire
Jehanne,
lui dit-il
serons-nous donc r-
Anglais
!
Ah
riverait
ni
cependant
si l'on
me
voulait croire
mais
malheureusement
dre
sois
le
sire
nous
fait
perje
un prcieux temps
et j'y
il
faut cependant
que
la
devers monseigneur
le
dauphin avant
mi-
carme,
duss-je user
serai
genoux
certainement
ni roi, ni
car personne au
,
monde,
ni
empereur,
duc
ni
fille
du roi royaume
prs de
;
de France
il
ma pauvre
mon ouvrage
r^2
LE CAPlTAlx^E DE BEAUDRiCOUR.
il
mais
que
je le fasse puisque
mon
Seigneur
Alors
veut.
le
ment Jehanne,
brillaient
voyant
:
la foi et
la
confiance qui
cela
Ecoutez, Jehanne,
lui dit-il, je
ne
sais d'o
me
vient, et
malheur
vous
la
si
c'est
de
l'enfer,
mais je
me
:
sens persuad de
je vous engage
vrit de ce
que
vous dites
ma
foi, si
Beaudricourt
conduite de Dieu.
siennes en signe d'en-
Et
il
mit
la
main dans
les
gagement.
Oh
de
le
le gentil
il
car aujourd'hui
mme
et
menac d'un bien plus grand encore si vous ne me conduisez ou m'envoyez en toute hte prs de lui.
est
Jehan de Novelompont touch de la foi, et tendant la main son tour, il jura de son ct
Jehanne
ainsi
qu'il ne l'abandonnerait pas non plus, que son ami, l'accompagnerait partout o il
et,
lui
plairait d'aller.
Jehanne
lait
les
elle
:
tait si
elle
vou;
mme
LE CAPITAINE DE BEALDRICOLRT.
Dif
ils
mais
ils
lui
de-
vaient
cette entreprise le
cong de
Robert.
Et
blant
la
si sire
Robert
le
refuse?
demanda en tremdeux
tait
jeune
fille.
Si sire
sir;
Robert
le
moins
notre plaiil
comme
de notre devoir de
Adieu
hanne;
elle se
donc
et
dit Je-
et tant rentre
charron,
mit en prire en
les attendant.
dit;
Comme
par
nous l'avons
messire Robert
il
tait
tait
retenu
du
et
ridicule
il
fut
deux
Novelompont
sienne couvert
amener
les
Jehanne
ensemble tous
ap-
elle
compagna chez messire Robert de Beaudricourt. Le capitaine lui demanda alors quelles choses lui taient
ncessaires
pour
les
se
lui
rpondit que
le
54
LE CAPITAINE DE BEAUDRICOURT.
rapportait lui.
On lui en
fit
:
aussitt
faire
un,
et le
surlendemain,
il
tait prt
Jehanne
si
le revtit
elle
pe
mais
elle
refusa
une auroi,
Alors
il
les
deux chevaliers
prendre pour
lui
demandrent quel
jusqu'au
qui
chemin
tait
fallait
aller
Chinon.
nous
le
je dis
s'cria Jehanne, faites ce que pourvu que vous me conduisiez devers monseigneur le dauphin soyez tranquilles nous ne rencontrerons aucun empchement sur la route.
!
Au nom de Dieu
;
et
suivirent
Arrive
qu'elle
la
porte
elle prit
embrassa affectueusement,
,
priant de l'ex-
et
une
,
joie entire,
partait avec
qu'il vien-
leur bndiction
drait
un temps o
Seigneur.
LE CAPITAINE DE BEALDRICOLRT,
^D
Un
mats
dmena
si
fort
:
que
la
chose fut
la
Menez-le prs de
du chemin. Le
,
et
peine
le
beau coursier
fut-il
devant
et
la
pol'a!
dresse de la jeune
Nol!...
lille,
criait
de tous cts
Nol
le
serment de
Jehan de Novelompont
de conduire Jehanne au
tourna vers
fois
la
et
de Bertrand de Poulangy
roi, et, ce
serment
fait, il
se
jeune
:
fille,
et la saluant
une dernire
de
la
main
Va, lui
les
dit-il, et
la
regardaient
du haut des
de-
grs
du
portail
les
Et vous
laites
pu
faire le plus
hardi et
!
le
*,
Tirez avant
Et
elle partit
dit-elle
trot,
avant
au
Naliers, et suivie
d'un messa2:er du
3IAIP3TB]
QU^TBlMlE
IV
a^
igss''ir
j^isjipiesjMo
Malgr
la
et
messire
fort
mdiocre-
ment rassurs;
peu prs
faire
ils
pour
de Vaucouleurs Chinon,
c'est--dire la moiti de la
France traverser
et
sance des Anglais et des Bourguignons. Mais lorsqu'aprs trois ou quatre jours de marche
ils
eurent
60
LE GENTIL DAUPHIN.
qu'ils n'avaient
VU
eurent vu
la
jeune
fille s'y
engager hardiment
,
et
lorsque arrivs au
ils
et
profondes,
eurent vu
gus inconnus,
sans accident,
tire
bord
en-
commencrent
et
avoir
une
elle
,
foi
dans Jehanne,
s'abandonnrent complte-
ment
pour
d'tre
quand
voulait
ses dvotions
lui
dans
les glises
ce qu'ils
ne voulaient pas
par
dnoncs
le
les garnisons.
Au
reste,
elle
conduisit
comme
et
l'toile
des mages;
et enfin
Chaumont
Loire
,
Auxerre
ils
arrivrent Gien,
sur
la
et ils apprirent la
l'on appelle la
fameuse dfaite de
Rouvray, que
sal.
o Jean
Falstaff,
rputation de grand capitaine, Jean Stuart, conntable d'Ecosse, les sires de Dorval, de Lesqot et de
Chateaubrun
hommes d'armes
qui tenaient
LE GENTIL DAUPHIN.
61
encore
le
parti de la France, et le
,
comte de Dunois
terreur tait plus
avait t bless
de sorte que
la
grandement
que
le
crdit
de Jehanne dans
car Jehan de
faite avait
lui avait
l'esprit
Novelompont
cette d-
justement eu lieu
jour
mme o Jehanne
annonc
Yaucouleurs
ver un nouveau
dommage au dauphin.
ils
se trouvaient
enfin sur
faite
franaise
et celte
besogne avait t
qu'il ft
comme
le
l'avait prdit
Jehanne, sans
ni
avenu
moindre accident
aux chevaliers,
chevaux
;
ni leurs
serviteurs, ni
mme
la
leurs
l le
bruit se
rpandit que
plir, et
prophtie de Merlin
fille
allait
s'accom-
que
la le
jeune
leusement
royaume de France
et
trouve
voulut voir
l'lue.
alors
parut
la
fentre de l'htellerie, et
hautement que
que
la
la
France
telle
et faire sacrer le
assurance, et
elle
comme un
si
instrument de
la
pleins d'humilit
l,
d'elle-mme
et
,
de
foi
en Dieu, que
comme
Vaucouleurs
faisant
le
peupl
commena
se rjouir,
ne
aucun doute
62
lE GENTIL DAUPHIN.
Le lendemain, on se remit en route, car, si fatigant que ft un pareil chemin pour une jeune fille^ qui jamais n'avait mont cheval Jehanne ne paraissait aucunement souffrir et elle insistait pour que l'on tirt le plus vite possible devers le dauphin, qui tait Chinon dans une position plus dplorable qu'aucun roi de France ne s'tait jamais trouv. En effet, on racontait que la misre du peuple tait enfin monte jusqu'au trne, et que cette misre
,
,
tait si
la
grande
dans
trsor royal,
et
que
que
du
roi
de
la sienne,
;
il
n'avait pas
sa caisse
si
Hire tant
et le roi les
ayant invits
n'avait
et
rgal
Il tait
que Jehanne
l'glise
arrivt.
voulut s^arrter en
de
un
saint lieu
Del,
elle
qui l'accompa-
pour
le
tendre
Jehanne
tait
arrivant la
LE
lerie. tandis
GEN'TIL
DALPHI^f.
63
que
ses
Mais Charles VI
comme un
roi
mal-
heureux
comme
ceux
ses meilleurs
qu'il tenait
ne pouvait
dvouement dsintress d'une trangre. Aussi fit-il grande difficult pour recevoir Jehanne,
croire au
et se contenta-t-il
d'envoyer auprs
d'elle trois
de
ses conseillers.
monseigneur
le
dauphin
non pas
eux. Mais
crt
savoir qu'elle
le
;
duire
le
dauphin Reims
bien
Jehanne
fut
deux chevaliers qui l'avaient amene et disant avec une assurance merveilleuse que le roi finirait par l'entendre, qu'elle en tait sre, et qu'ainsi ils eussent demeurer aussi tranquilles qu'elle. En effet, le troisime jour, le comte de Vendme se prsenta l'htellerie et annona Jehanne
fiance, rconfortant les
qu'il
roi.
elle
s'attendait depuis
64
tait
LE GENTIL DAUPHIN.
dme que
ses voix lui avaient dit qu'il devait venir; puis elle
il
n'y en avait
Cependant
le roi,
de se confondre parmi
les
chevaliers de sa suite,
si
et
Jehanne
le roi
s'y
ft
mme
lui,
peine la substitution
s'ouvrit et
tait-elle
faite
que
la
porte
de
car Jehanne
rences
alla droit
lui
:
Charles VII
et s'agenouillant
devant
Dieu, lui
dit-elle,
et
longue
dauphin
Vous
lui
rpondit
le roi,
mais
trne.
me
tromper, car
c'est
vous qui
dauphin
et
non un autre.
LE GE'^TiL DAIPUIIN.
Puis,
6^
courait
par rassemble
piti
;
de vous
car saint
lui et
et
de votre royaume
et
de votre peuple
Louis
,
Charlemagne sont
telle
genoux devant
,
faisant prires
s'il
je vous dirai,
vous plait
me
le roi
un
oratoire
l
:
Eh Je
Mais
si
bien, Jehanne
lui dit-il,
nous sommes
seuls; pariez.
secrtes
qu
il
n'y a
que Dieu
vous qui
aurez-vous
rpondit continua
le rai,
la
sire,
jeuue
fi^le,
u'avez-
le
jour de
la
Toussaint
du chteau de Loches
vous
qutes Dieu ?
rpondit
le roi,
66
LE GENTIL DAUPHIN.
le roi.
continua
jeune
fille.
La premire
vous n'tiez
il
si
le vritable hritier
le
du royaume de France,
vous tt
La seconde
tissait
fut
la
que
si le
sur
le suppliiez
chtiment, ce chtiment
ft-il
une
pnitence ternelle, ou
mme la
mort. Enfin,
la troi-
si
au contraire,
le
pch procdait du
le
de
le
o il tait plong
pour
rflchir, et
la
Jeune
fille.
Enfin,
sois
il
l est
vrai
Jehanne,
lui dit-il;
mais ce
que
je
part de Dieu,
faut encore
,
que mes
conseillers partagent
le
mon
opinion
trouble entre
nous, et nous
viss tels
sommes
LE GENTIL DALPflIN.
67
trois
Eh bien,
gens d'glise
,
dit
car
et je suis certaine
ma
,
requte
le
elles l'accorderont.
Alors
conseil,
tience.
les
roi
et
Jehanne
rentrrent dans
le
avec impa-
peine
yeux
que
l'on vit,
lui
sa
physionomie grave
fille
que ce que
avait fait
une profonde
pour aujourcet
impression.
Messieurs,
d'hui
;
il
rflexion; et
faut
vnement
l'avis
Quant
pour demain.
Avec
l'aide
seulement ce que
encore ce que
plira!... Et,
j'ai
mais
promis pour
main,
s'accomle
avec
la
mme
de
la
modestie et
le
mme
calme qu'elle
tait
venue.
Au moment o Jehanne
rue,
arrivait la porte
un
68
la Loire.
s'tait
LE GENTIL DAUPHIN.
Comme
le
s'ar-
rta devant
sires
,
Jehanne
et
que s'adressaient
dit-elle,
tte et le
:
de
tristesse
que de colre
es,
Hlas
malheu-
reux que tu
la mort compte de cette espce de prophtie ; mais au contraire, il s'loigna en continuant de blasphmer Dieu dans les mmes jurements, et
peut-tre tu es
si
proche de
Le cavalier ne
tint
moment o son
le
cheval buvait,
et s'lana
il
un bruit quelconque,
voulut
dans l'eau
le cavalier
ramener
con-
Le
sa
monture
et
voulut gagner
bord
la
nage
mais
soit
le surprt, soit
que ce que
le
que
il
le
temps de dire
Pardonneziprs,
moi,
mon
Dieu! Et
disparut.
Deux heures
l'cluse
d'un moulin.
Comme
lui
que Jehanne
rpondu,
cet
vnement
fut considr
comme un
LE GENTIL DAUPHIN
69
le soir
spires'en
augmenta de
telle
faon que
tout le
et
les fentres
de son htellerie
demanda
pleine de
la voir.
sauver
le roi et la
pauvre
ne
l'et t
hommes,
soir,
se retira tout
joyeux en criant
ville
Nol
Le
une
partie de la
fut
illumine en signe
d'allgresse.
Le lendemain
ce message, ne
royal, mais,
dix
heures du matin,
le roi
en-
au contraire,
suivit aussitt
tous
at-
deux arrivrent
Chteau-Chinon,
le roi les
foule
aperu Jehanne,
dans
la
chambre du
la
roi
elle
de Bourbon et de
Trmolle.
commena
interro-
elle tait,
com-
ment
la
se
nommaient
ses parents, et
de quelle manire
70
si
LE GENTIL BLPHIN.
simplement
et si
modestement que
les
auditeurs
sentirent la foi qui les gagnait leur tour. Lorsqu'elle eut fini son rcit, l'archevque
de Reims lui
demanda
s'il
quel tait
le
il
nom
de
y avait
de sa
une
fort, laquelle
fort
on voyait du
seuil
porte, et
que
Chenu.
C'est
de Bourbon
bien cela.
la
et
de
la
Trmolle, en disant
En
effet, la
jeune
fille
e neniore canuto.
Le
donc peu prs convaincus, cependant ils voulurent pousser Jehanne jusqu'au bout; en consaient
elle
Jehanne,
sire le roi
lui dit-il,
de faire connatre
de votre mfsest ce
sion par
signe?
;
nous attendons
est tel
nos yeux
et
s'il
tes
i,a
vritable envoye de
Attendez-moi, dit
prire en m'attendant.
Jehanne,
et mettez-vous
en
Alors
elle sortit et
elle se
trouva seule
elle s'agenouilla, et
qui
LE GENTIL DALPHTN.
71
Mon
mettre que
le
et les
est tou-
nom
au royaume
paroles
et
les
de France!
A
que
ces'
nuage
s'abaissa de la faon
accoutume
non-seulement l'archange et
deux
saintes,
mais encore, dans un lointain resplenfoule d'autres anges qui battaient des
dissant,
ailes et
une
du Seigneur. Jehanne
fut tellement
Tu nous
nous veux-tu?
que
dois
et
protectrices
appels
me donniez le
me
faire reconnatre
monseigneur
dauphin
et
pour
la vritable
Tu
A
coup
as foi en nous,
la
Jehanne, dit
la voix,
nous tiendrons
se dtachant
d'aile
:
faite.
un
geste, et
un ange
de
du chur
ange tenait
des profondeurs du
la
la surface
la terre
cet
72
pierreries
lE GENTIL D,\IPHIN,
si
Voil
quand
le
la
voix, et
les plus
ils
mme
cesseront de douter,
soit-il, dit
Ainsi
et
Jehanne.
se
la
Et aussitt
le
nuage
referma
et
remonta au
ciel.
la terre,
quand Jehanne
elle.
devant
L'ange alors, sans dire un seul mot, mais avec un doux sourire, fit signe Jehanne de le suivre, et la menant par la main, il marcha ou plutt glissa vers
la
porte de
roi
:
la
chambre
du
arrivs
Jehanne
et l'ange trouvrent
vu
la
jeune
fille
et
la
main
de Jehanne
et,
s'avanant vers
le roi,
peu prs,
s'inclina
devant
lui, et
remettant
la
couronne aux.
:
tes
en
la
grce
jeune
pour la dlivrance du royaume, mettez-la donc hardiment la besogne en lui donnant des
fille
pourrez runir,
et
faire
LE GENTIL DAUPHIN.
73
le
Sei-
le
Sei-
gneur.
la
couronne
qu'il avait
la terre,
impossible de distinguer,
s'il
marchait ou
volait,
il
le vit
quitter
doucement
le sol
cette
vue
la
au
ciel
mais
le
moment du
venu pour
bonheur ternel
elle.
n'tait
point
encore
Et l'envoy du
mains jointes,
un profond soupir
en
lui
au
roi
Gentil dauphin,
signe, prenez-le.
lui dit-elle
la
indiquant
la
posa
la
couronne sur
il
la tte.
A
dant
fille
partir de ce
foi
moment
fut
qu'on aurait
les conseillers
demandrent au
que
la
jeune
tait
o
7
74
la
LE GENTIL DAUPHIN.
cour du parlement
:
et plusieurs
grands clercs en
thologie
mais alors
le roi dclara
que ce
serait
;
cette ville
en consquence
la
il
lui
fit
dire le lendemain de se
allait
Jehanne demanda o on
mener,
et
il
lui fut
rpondu que
c'tait
Poi-
tiers.
Par
faire, dit
ma
foi
je sais
;
Jehanne
du moment o c'est le plaisir du roi que nous y allions. Le lendemain Jehanne partit pour la ville de Poitiers. Elle
qu'il
la
y trouva assembls et l'attendant tout ce y avait de clercs et de docteurs vingt lieues ronde ils savaient dj la grande confiance que
:
le roi avait
en cette jeune
fille, et
comme
cette con-
fiance
il
en avaient
conu un
tout au
diction
grand dpit
la faire
qu'ils eussent
voulu pour
monde
;
aussi,
comme
,
hanne
eux
mais sa pr,
sence d'esprit
Poitiers
comme
si
si
Chinon
ne
pauvre jeune
hommes
Quoique
pouvait
le
rpondre
aussi
prudemment.
la
roi, l'archevque
et
de Reims, messire
Trmolle
Charles de Bourbon
messire de
LE GEJTIL DAUPHIN.
75
le roi et les
un carme
dit
ne
lui
en
donner deux.
le
Ainsi
ferai-je,
rpondit Jehanne, et
la leve
signe
du
sige d'Or-
du
roi
si
petite quantit
que
cela soit;
Mais,
les
dit
un docteur en thologie de
si c'est le
l'ordre
plaisir
de Dieu que
la
soit, et
peut non-seulement
les faire
retourner dans
pre-
Dieu donnera
la victoire.
Et
dit frre
ma
Meilleur que
Un
le vtre,
rpondit Jehanne.
aux visions
ni
ceux
Par ma foi!
ce qu'il
dans vos
mais ce que je
sais,
76
c'est qu'il
LE GENTIL DAUPHIN.
Au
reste, Poitiers
comme
Chinon
et
comme
difiait
tout le
monde
dans l'htel de matre ; elle tait descendue Jehan Rabateau, lequel avait pous une bonne et digne femme, laquelle Jehanne avait t donne
en garde,
et
comme Jehanne
allait
si
la
vu
fille
sage et
bien
que
d'tre
soit. Il
en
tait
de
mme
de
comme
que
l'vangile
du peula
cette fois
comme, quelques
n'avaient
tomber Jehanne
ils
ni dans
fallait se fier
ce qu'elle proposait.
Le
roi,
il
non, et
laquelle
que
la
premire expdition
de
faire entrer
on l'emploierait
serait
dans
LE GENTIL DALPHIN.
77
Orlans un convoi de vivres que Ton rassemblait depuis quinze jours dans
savait
la ville
de Blois
cit
et
dont on
que
la
bonne
et fidle
d'Orlans avait
grand besoin.
CHFSTBl GNQUIMIEb
5i51
(SSSr^<
On
neuil
,
qui tait
ne
s'tait
la
somme
ti
de 200,000 cus
dont
il
avait pay
moi-
le reste sept
pas revenu
mais
s'tait-il
occup de
,
dont
il
,,
82
avait tir
il
LE CONVOI.
140,000 cus
les
si
,
avait
dgag
otages
yille
de Chinon
l'esprance
avait t
le
;
duc
et
chacun
parlait
comme
s'il
une fte. C4e fut dans ce moment que le roi et Jehanne revinrent Chinon. Le duc avait un tel dsir de venger sur les Anglais
s'agissait d'aller
la captivit
qu'il venait
qui devait
le
pa-
raissait excellent.
une
foi
Le roi aprs avoir embrass en bon parent le duc d'Alenon, sachant son grand dsir de retourner la bataille, lui donna mission de prcder Jehanne Blois, et de mettre tout en tat
fiance apparente.
pour que
le
la
duchesse, qui
si
prcipit
:
mais Jehanne
de Dieu, ma-
rconforta
la
en
lui disant
Au nom
dame
le gentil
pieuse
duc sain et sauf. La duchesse, qui tait une femme, se consola cette promesse, car elle
LE CONVOI.
tait
85
de Jehanne.
Lorsque le duc d'Alenon fut parti on s'occupa immdiatement du dpart de Jehanne. On lui donna
,
l'tat
et un chapelain. L'cuyer se nommait Jehan Daulon; le page, Louis de Comtes dit Imerget; l'un de ses hrauts, Guyenne; l'autre
Ambleville, et enfin
le
Ce premier soin accompli, le roi lui fit donner une armure complte; mais Jehanne renvoya l'pe,
disant que ce n'tait point de celle-l qu'elle devait
se servir, mais bien
le
du glaive que l'on trouverait sur tombeau d'un vieux chevalier qui tait dans une
l'glise
des chapelles de
bois.
On
lui
demanda
on reconnatrait ce
cinq fleurs de
lis
que
c'tait
On
s'informa encore
l'avoir
sait
si elle
connaissait cette
arme pour
vue
aucunement
command de
se
servir de celle-l et
non d'une
autre. L'armurier
du
roi fut
envoy Sainte-Cathe-
VII
lui fit
fleurs
d'or.
les
Cependant
jours s'coulaient
il
84
perdre,
la ville
LE CONVOI.
courage et sa
fidlit
que par
roi
le
secours miraculeux
,
qu'elle attendait.
elle partit
Le
pour
Blois,
Rayz, de
la
Maison, de Laval
,
de Poton
de laHire,
,
d'Ambroise de Lor
de l'amiral de Ceilant
trois cents
et
de
hommes d'armes
de
s'y arrter
elle
fut force
quelques jours pour attendre plus nombreuse compagnie; car, quoique Jehanne rptt sans cesse
le
nombre des
pourvu
ne voulurent pas se mettre en route sans une force un peu imposante. Jehanne fut donc force de sjourner Blois encore une semaine peu prs; ce que voyant, son grand regret elle mit le temps profit en faisant faire un tendard de soie blanche,
,
tout
parsem de
fleurs
de
le
,
lis
d'or, avec
Notre Sei-
monde dans
sa
main,
et,
en prire
les saintes
deux anges genoux et puis du ct o n'taient point peintes images, elle ft crire ces deux mots
gauche
, :
Jhesus Maria.
elle
En
et elle la
ordonna qu'une autre bannire pareille ft faite, remit aux mains de frre Pasquerel son
,
dans
l'glise
de Sainl-Sauveur de Blois.
LE CONVOI.
85
Ce ne fut pas tout encore. Pendant ce sjour forc, Jehanne dicta au frre Pasquerel une lettre que , ne
sachant point crire,
lettre tait
elle
et
nous
la
copions
,
textuellement sur
un manuscrit contemporain
et
<c
Jsus Maria
d'Angleterre, faites raison au roy
;
Roy
du
ciel
de
rendez
les clefs la
Pucelle de
:
que vous avez enforces venue de par Dieu pour rclamer le sang
de
faire paix si
vous voulez
roy d'Angle-
ne
le faites, je suis
chef de guerre; en
ne veulent obir, je
;
ou
non
prendrai mercy.
la
Croyez que
ne veulent obir,
elle vient
Pucelle vient
ciel
;
pour
les occir
de par
le
roy du
corps
et
,
vous
promet
et certifie qu'elle
fera
si
gros hahay
si
que
,
grand
si
vous ne lui
faites
raison
et
croyez fermement
elle
que
le
roy du
ciel lui
et ses
86
LE CONVOI.
et si
ne
,
le
donnez-vous de garde de
la
Pucelle
et
qu'il
mye
le
du
roy du
le fils
,
la tiendra
roy Charles
Dieu
la
l'a
donne,
en
quelque lieu que vous trouverons, nous ferirons dedans horions , et sy verrez lesquels auront meilleur droit de Dieu ou de vous, Guillaume de la Poule, comte de Suffort Jehan , sire de Tallebot , et Thomas , sire de Seales , lieutenant du duc de Betfort
,
soi disant
le
roy
d'Angleterre.
Faites rponse
;
si
cit
d'Orlans
se ainsi
,
ne
le faites, qu'il
,
vous souvienne
qui vous dites
la
de vos dommages
duc de Betfort
le
roy d'Angleterre,
Pucelle
mye
que
les
Franais feront
le
plus beau
fait
que oncques
fut fait
en
le
chrestiennet.
le
Escript
mardi en
la
grande semaine.
suscription
Au dos
u
de
Entendez
les nouvelles
de Dieu et de
la Pucelle.
Au duc de
du royaume de
France pour
roy d'Angleterre.
LE CONVOI.
Cette lettre acheve, Jehanne la remit
l'un
87
de ses hrauts
et le
chargea de
la
Guyenne, porter au
chef
du
sige d'Orlans.
si
Le jour du dpart
enfin.
L'arme
Svre,
du
sire
pendant
pagnie
prsentait
,
il
tait fort
,
et tel
que
la
pauvre
en devait recevoir un
se
et
de
quantit de btail, comme bufs, vaches, moutons, brebis et pourceaux. Au moment de partir, Jehanne
charrettes chargs de grains, et d'une grande
les
A l'heure du dpart , il y avait eu entre les principaux chefs un conseil auquel n'avait point assist
Jehanne. Toujours confiante dans sa mission,
jeune
fille
la
avait
ordonn de suivre
la rive
droite sur
,
disant
nombre
ni de leur
le
que
convoi
dans
la
ville
quelle
que
dans Jehanne,
ils
pen-
88
saient
LE CONVOI.
que
c'tait tenter
que
rive
ils
gauche
sur laquelle
ils
ne risquaient que de
traversant la
Le convoi
se
marche
portant sa bannire
les
et
chevau-
qu'elle rprimandait
,
la
et le
ses
ternels
la faire
jurements
et qui
:
ma lance;
matin
ne put
que
la
jeune
fille
lui faire
:
changer
et qui tait
Bon Dieu!
,
faites
pour
si tait le
bon
Dieu
et
que vous
fussiez la Hire.
Quant
si
elle
exemplaires
par imposer
mme
aux
soldats
qui avaient
commenc les uns par rire et les autres par murmurer de ce qu'eux habitus marcher
, ,
sous
la
chevaliers,
celle
Le troisime jour, on
LE CONVOI.
89
l'avait
trompe
et si ce n'et
un
si
grand pch
:
elle serait
mais enfin
,
elle
pensa
,
tirer le
et
comme
son ap-
proche
les
rive gauche,
Jehanne
ordonna que
le
l'on s'en
Au mme moment
l'ar-
btard d'Orlans
rive
du
un
petit bateau, et
On annona
l'en-
et se
convoi dans
la ville.
rive.
tes -vous
le
btard
d'Orlans?
demanda
lui.
continua Jehanne
la
de passer par
par
la
Beauce?
donn ce conseil parce que c'tait nonle mien, mais celui des plus sages capi,
J'ai
seulement
taines.
dit
Jehanne, car
le
con-
, ,
90
seil
si
LE CONVOI.
de Messire
que
celui des
hommes
dans Orlans
traverser.
Eh bien
la
reprit le Btard
,
il
traverser tranquillement
c'est
y a un moyen de de la remonter
mme temps
que nous,
forteresse.
on
les
chargera sous
la
protection de la
Au nom
,
de Dieu
faisons
donc
la
ainsi
dit
Jehanne
et elle se
le
remit en chemin
premire
cheval sans
quoique depuis
matin
elle ft reste
en descendre ni se dsarmer.
d'Orlans rentra dans la
De son
,
ct, le btard
ville
afin
de diriger en
le
personne
les
chteau de Checy.
Le convoi
mais
Forage depuis
le
une heure
la pluie
pas possibilit
tant
que ce vent durerait , que les barques pussent remonter le courant du fleuve. Jehanne vit le dcouragement que celle dcouverte amenait dans son
escorte
;
Ne vous ai-je pas assur au nom de Messire dit-elle, que le plaisir de Messire tait que nous mis-
LE CONVOI.
sions les vivres dans Orlans, notre aise, et
91
que
les
mme
pcher?
le
cela
rpondit
duc d'Alenon
soit
moment
promesse.
Au nom de Dieu,
vent sera
commena de
,
prier
,
et sa foi
accoutumes
et
en
avant
mme
que sa prire
les
devenu favorable
qu'ils voyaient
hommes d'armes
se regar-
il
n'y
les
Une heure
de Dieu qui
aprs
bateaux arrivrent
comme
:
si
c'tait la
remonmain
tait le
pousst
sur
le
premier
hom-
mes d'armes,
la ville.
et les
premiers parmi
les
bourgeois de
On chargea
donner au
fil
les
grains
les
animaux
et les
munila
de
la
rivire; pendant ce
temps
92
garnison
faisait
LE CONVOI.
une
Ja rive droite,
convoi
Dans le dernier btiment venait Jehanne, entre le comte de Dunois et la Hire deux cents lances les suivirent tandis que le reste de la compagnie retournait Blois pour y prd'arriver sa destination.
:
Toute
la
s'tait
fille
la
jeune
et
elle
monta
les
dj en libratrice.
Jehanne, aprs
chanta un Te
sorier
s'tre
rendue
c'tait
l'glise
l'on
Deum,
du duc d'Orlans
un brave homme,
faveur d'tre son
et
la
nomm
hte
:
qu'elle
demanda un peu de
six tranches
vin
on
lui
en apporta
coupa cinq ou
de pain,
et
ne voulut rien
manger autre chose pour son souper, puis, presque chambre avec la femme
de son hte. Bientt
avec
elle,
la
femme
se retira
mais
la fille resta
lit.
Jehanne
l'ayant prie de
partager son
fit
la
d'Orlans,
le
29
avril
LE CONVOI.
95
journal du
enthousiasme
sige
,
tel
aux bourgeois
^MJ^ITME
VI
3^
^sA^ii
5n)9^Si5^^JB3'^D
l'esprit
autant sa prsence apportait de confort aux derniers, autant elle jetait d'inquitude
ri
d'abord en appre-
98
LE SIGE U'ORLANS.
femme tait vritablement On parlait de miracles ople rappelle, on tait encore ou de superstition o l'on
, ,
et,
qu'on se
foi
,
aux choses extraordinaires soit qu'elles vinssent de Dieu soit qu'elles vinssent de Satan, soit que ce ft le ciel qui les oprt, ou l'enfer qui leur donnt naissance. Quoi qu'il en soit, Jehanne avait dit que le convoi entrerait dans Orlans et deux fois la premire en remontant et la seconde en descendant la Loire, le convoi tait effectivement
, , ,
pass
un
fait
trait d'arc
sans
moindre mouvement
si
bien que
premire prophtie de
;
il
y avait donc,
l'effet
comme nous
anglaise.
Soit
duit, soit
que
du Seigneur
pousst
le
de Gamache,
,
nes
dont
les
noms
seuls indiquaient
que ce
n'tait
,
fu-
donn
effet
le
commandement en chef de
presque prte l'emirrit
et
en
elle tait
Gamache,
de ce ton
LE SIEGE D ORLEANS.
Ull
de
commandement
,
femme
se leva
et
avait amens son avis Puisqu'on coute, dit-il, l'avis d'une pronnelle de bas lieu mieux que celui d'un chevalier tel que moi, je ne me rebifferai plus contre. En temps et lieu ce sera ma bonne pe qui parlera, et peut-tre y prirai-je. Mais le roi et mon honneur le veulent, dsor-
que Jehanne
mais je dfais
noble
t je
il
ma
bannire
et je
la
Dunois
comme nous
est
probable
mme
mission dont
Jehanne
de Gamache, disant
celui-ci qu'il
de combattre quand
et
comme
voudrait
et qu'il tait
du
roi
disant
Jehanne que ce
n'tait
et
que Ton
qu'il attendait
si
de Gamache se donnrent
il
main,
la
fort en
rechignant
est vrai;
donnrent,
c'tait tout ce
que
que
100
LE SIGE d'oRIAWS.
champ de
pro-
c'tait la
messe que
l'arrive
Dunois
qu'il partirait le
,
afin
de hter
de son ct
,
elle
voulut em-
et dicta
une
se-
conde
dans
croix
lettre adresse
les
aux chefs anglais et rdige mmes termes peu prs que la premire ;
appela Ambleville
la
,
elle
et lui
ordonna de
Guyenne
premire lettre,
,
n'tait point
encore revenu
,
et
que
bien loin de
des gens
,
le
contre
le droit
l'a-
rassura.
sa confiance orils
dinaire
va en toute scurit
car
ne
te feront
aucun mal, ni toi ni lui ; bien au contraire ne fais aucun doute que tu ramneras ton compagnon, et dis Talbotque s'il s'arme je m'armerai aussi libre lui,
:
s'il
peut
me
,
prendre,
de'
me
faire brler;
,
mais
,
si
je
le
dconfis
que de son ct
en revanche
il
fasse
Anglais.
Tout
cela ne rassurait
;
que mdiocrement
comte de Dunois
le
pau-
vre Ambleville
mais
le
lui
remit
lE SIGE d'oRLANS.
101
lettre
la
le
hrauts
lui
rpondaient de
comme Pavait prdit Jehanne Ambleville et Guyenne furent renvoys le mme soir, mais sans rapporter aucune rponse des chefs anglais aux deux
lettres qu'ils avaient reues.
et
Le lendemain aprs avoir conduit avec la Hire une bonne partie de la garnison jusqu' une lieue hors de la ville le comte de Dunois qui, ainsi
, ,
,
qu'il lui
en avait
fait
la
promesse
,
la veille
allait
monta sur
en
et s'ap-
se trouvait
,
la
,
distance de
elle
,
leur ordonna
sous peine
de malheur
et
honte
de se retirer non-seulement
sortir
de devant
la ville,
mais encore de
du royaume.
,
sir
Guillaume Gladesdale
et le
btard de Granville
,
qui
commandaient
voyant garder
les
la bastille
des Tournelles
ne rpon-
102
LE SIGE d'oRLANS.
,
taient personnelles
si
Franais
Vous mentez,
s'cria-t-elle, et
puisque vous ne
,
vous en
,
Cependant
arrivrent
le
tirait
:
vers Blois
o
le
le
lendemain au soir
ils
se prsent-
du
roi
pour remontrer
la ville avait
l'un
Beauce au
par
la
lieu
,
de passer,
et cela
comme
la
premire
fois,
;
Sologne
car
l'arme
la
du
une
telle
chroni-
que anonyme de
la Pucelle
une telle diligence pour rassembler vivres que le troisime jour de mai le second convoi se trouva prt partir. Il se mit donc en route vers les neuf heures du matin, et le soir mme coucha mi-chemin de Blois et d'Orlans, en un village que
fit
On
et soldats,
le
chroniqueur ne
nomme
LE SIGE d'oRLANS.
105
Beaugency ou Saint-Ay. Le
vers la ville
,
4,
il
dcid forcer
l'on
le
quoique,
,
dans
glais
le cas
les
An-
comme
la
ville,
il
aperut
Pucelle
avec
la
Hire et
la
en belle ordonles
nance
et
deux trou-
et laissrent ce
la ville
au premier.
Le comte de Dunois trouva la garnison renforce d'un trs -grand nombre d'hommes d'armes qui
taient arrivs la veille de Monlargis
,
de Gien
de
Chteau-Renard
teaudun
,
du pays de
Gatinois et de Ch-
de sorte qu'il fut convenu entre lui et Jehanne que ds le lendemain on reprendrait l'offensive. Jehanne tait trs-fatigue; car les deux jours
prcdents,
les
il
chez
elle
tous
notables de la
par
les
rues pour se
montrer au peuple
s'tait
puis,
la
Btard
ne revnt
point
la
le
que temps de
,
et
si
elle tait
dsarme
elle n'et
lui porter
Dunois pour
lendemain,
donc dsarmer,
se jeta tout
et s'endormit.
104
LE SIGE d'gRLANS.
la ville,
voyant
la
de ce
moment
une sor-
de gens de
trait et
du commun,
et faire
mieux
dfendues
en
effet
elle
tait
commande par un
et elle tait paret
vaillant capitaine
nomm Guerrard,
d'hommes d'armes
faitement garnie
de munitions.
;
Aussi
les
mais
comme
,
ils
s'acharnrent aux
,
mort pour combat s'engagea des deux cts avec un si terrible acharnement que depuis le commencement du sige on n'en avait point encore vu un pareil. Tout coup Jehanne qui ainsi que nous l'avons
rendant coup pour coup
le
mort
de sorte que
lit
et
s'veilla
!
en criant
A moi, mon cuyer moi, sire Daulon, moi Qu'y a-t-il? demanda Daulon en entrant vive!
ment dans
sa
chambre.
s'cria
son
Il
lit
y a,
et
il
y a que
les
bas-
me
et
y en a dj beau-
coup de tus
de blesss.
LE SIGE d'oRLANS.
105
:
Et
val
!
elle
Mon
il
che-
mon
Mais Daulon ne
la
pouvait armer
:
et aller
la fois
acheva
;
de
lui
boucler sa cuirasse
l'arrta.
,
et
voulut sortir
mais
Jehanne
Restez
armer
,
restez
lui dit-elle
achevez de vous
plus vite
;
et
chercher
j'irai
la
main^
ren-
Mon Dieu
par terre
fait
,
dit-elle
le
et
c'est
mal
:
chemin, criant
Mon
cheval
mon
de
cheval
la
Sur
jouait.
le seuil
porte
elle
tait
Ah mchant garon
!
s'cria-t-elle
le
qui ne
rpandu. Allons
vite,
mon
cheval
mon cheval
Jehanne
le
la dploya.
;
Dans ce moment on
mes,
et,
lui
,
amena son
malgr
cheval
la
jeune
comme
elle
sans
Loup,
l'esprit qui
106
rilluminait
,
LE SIGE d'oRLANS.
son cheval
qui
pareil celui de
nateur, faisait
jaillir le
rive la porte de
Bourgogne
que
elle
homme
dait le
le
de
la ville
malheureux
secouant la tte
Hlas
je n'ai jamais
vu couler le sang d'un Franais , sans que mes cheveux se dressassent sur mon front Mais bientt le bruit des armes qui se rapprochait, les cris des fuyards rappelrent Jehanne que ce
!
n'tait
pas
la
le
moment de
, ,
s'attendrir
elle s'lana
hors de
porte
qui revenaient
en grand dsordre
elle
ramens par
,
les
ennemis. Alors
,
redoubla de vitesse
:
levant sa bannire
!
en
criant
Courage
courage
voici venir la
elle tait suivie
fille
,
de Dieu
Et sans s'inquiter
si
elle s'lana
glais.
un double
les les
effet
les
Anglais s'en
pouvantrent;
geants
il
en rsulta dans
un moment
d'hsitation dont
Jehanne
ils
proflta
les
fuyards.
sa voix,
s'arrt-
En mme temps,
,
Daulon
leurs
et
parurent
porte de Bourgogne
accourant avec
hommes
LE SIGE d'oRLANS.
,
107
cun alors se rua de son mieux sur les Anglais remarquant avec tonnement que depuis l'arrive de Jehannepas un Franais n'tait bless, tandis qu'eux, au contraire semblaient porter tous coups mortels.
,
taient poursuivis de
eux dans
vit flotter
au haut de
la
mu-
Alors Talbot
qui commandait
bastide Saint;
Laurent
mais
le
comte de Dunois,
du marchal de Boussac du baron de Coulonge et d'une partie de la garnison prvenu de ce mouvement se plaa entre les Anglais et la bastide atta, ,
le
longtemps
fois
,
les
Franais n'avaient os
Et
cette
rent attaquer
de sorte que
sa victoire.
la
le
temps d'achever
En
effet, la bastille
prise
on ne
se trouva qu' la
les paisses
mu;
de sorte que
ils
les
clocher^ dont
les
se firent
une seconde
citadelle
mais
Franais les y poursuivirent avec acharnement; beaucoup furent tus dans les escaliers, beau-
la
plate-forme
;
,
si
hommes
et
108
qu'il n'y eut
LE SIGE D'ORLANS.
encore
neur de
et
l'habit
dont
taient couverts,
ordonna
ramens
la ville
comme
,
prisonniers de guerre,
J^QudLnt
la bastille
afin qu'elle
brle et
mu-
La
de toute
journe
ses voix
trouv
chemin de
la bastille
Saint-Loup
qu'elle
le lui
indi-
par sa seule
la
prsence
premire en cartant
ennemis du bois de
sa lance
ou avec la petite hache d'armes qu'elle tenait la main , chang la droute en victoire aussi , son
:
entre
comme
si
des
les
mains
et
qui clbrait
le
premier triomphe de
et
de gardeuse de vaches
de sorcire.
LE SIGE D'ORLOS.
109
Jehanne en rentrant
ne
laisst point
le soir avait
demand qu'on
les
fitant
du trouble o
le
taient,
les chefs
on
attaqut
encore
lendemain. Mais
le
de guerre firent
tait
lendemain
jour de
grande
il
fte et
que, pour
la gloire
de Notre-Seigneur,
;
tait
Jehanne
que Dieu
se
de prier Dieu
de
lui
obir, et
;
lui
elle
mais
comme
,
que
l'avis
elle
sommer une fois encore les Anglais de se rendre. En consquence elle se rendit sur le bout du pont qui tait rompu aux trois quarts peu prs et en face duquel tait une forte bastille commande par
,
Gladesdale
et l
ayant
fait
un archer de
;
la lancer
dans
les
retranchements
Lisez
ennemis
glais
en
mme
Mais au lieu de
rrent. Alors
Jehanne
Au nom
de Dieu, je
de Notre-
le plaisir
le sige et
Mais,
comme la premire
si
fois, les
,
et ces in-
jures taient
grossires et
off"ensantes,
110
et levant les
LE SIGE d'oRLANS.
mains au
ciel
,
Oh
s'cria-t-elle
sait
m-
Messire
menteries
mme
temps
ses
le
hommes d'armes
,
qui l'accom-
pagnaient
Dieu
soit lou
dit-elle
et peut-tre
pour
en
les
lendemain
attaquer celles de
la rive
gauche.
Au moment o
d'tre prise,
lendemain contre
du couchant. Mais
c'est cela,
Jehanne secoua
la tte.
C'est cela,
,
mes-
dit-elle
il
vous semble
qu'on ne doit
femme
je
me
dire, attendu
que
der un secret.
Eh
bien
je sais tout ce
le
b-
un de
ses plus
chauds amis,
l'avait prise,
rapporta
la
dtermination
telle
qu'on
lE SIGE d'oRIANS.
et
lui
111
demanda
si
elle
que
le
homme
d'armes de marcher
mme donna
muniant.
Le lendemain
principaux
et les
chefs
troupes qui
:
y avait dans la ville grand nombre de bateaux que l'on avait mis la disposition du sire de
il
comme
Gaucourt, gouverneur de
avec
la
la
ville,
le
Jehanne passa
tait
la
qui
proche de
deux autres bateaux placs en travers formrent un pont l'aide duquel on pouvait
rive gauche;
facilement gagner
la rive
l'le
rive droite
et
de
l'le
la rive gauche.
Anglais s'opposeraient
l,
ils
abandonn-
Jehan
le
Blanc,
la
brlant et
la
dsemparant pour
dans
aux Franais,
et se retirrent
Jehanne passa de
l'autre ct avec
;
une cinquantaine
d'hommes seulement
112
LE SIGE d'oRINS.
l'le,
ce qui ne pouvait se
petit
teaux.
les siens ni
elle allait
pousse par
main de Dieu,
n'taient rien
hommes
trait
pour
elle
marcha
droit
au boule-
vard
et planta sa
;
des murailles
les
cinquante ou soixante
hommes
vie.
En
;
ce
moment, un
,
cri s'leva
que
les
Anglais
du
ct de Saint-
Rive
ce cri
la
les
hommes d'armes
qui accompa-
gnaient
communes
au passage de
Loire
en retraite,
les
Anglais sorti-
rent en grand
nombre de
la bastille
Saint-Augustin,
et des
et la poursuivirent avec
de grandes hues
pa-
que si peu qu'elle eut d'hommes autour d'elle Jehanne fit volte-face et courut sus aux Anglais; alors Dieu voulut que, pour faire
roles
si
diffamantes
,
clater
la
mission cleste de
la
sainte jeune
prit fuir
devant
de son tendard,
la houlette.
comme un
les
Jehanne
LE SIGE d'0RLA>S.
115
,
et
qui tait
,
pass de
l'ile
et qui
voyant
la
se hta d'accourir
La Pucelle
se trouva
ame-
palissades;
et le sire
un Espagnol, nomme
firent
dePartada,
laquelle
Daulon y
Jehanne passa
au-dessus des pieux. Chacun se rua alors par le passage qui devint bientt une
glais
norme brche ;
il
les
Anqui
hommes
et
marchaient anims de
stant, la bastille des
la colre
que
ses gens
ne s'occupassent
piller et n'off*rissent
ainsi l'ennemi
sa revan-
Les clochers
mar-
che hroque de
la
Pucelle
comme
,
un
bas-
l'tendard sacr
que toutes
les cloches
sonn-
gens de passer
la
nuit o
ils
114
LE SIGE d'oRLANS.
le lendemain maQuant elle, comme elle s'tait blesse au pied avec une chausse-trape et qu'elle avait jen toute
la
c'tait
vendredi,
elle
rentra
dans
et
un peu
de nourriture
soutenue par
fois
la fivre
du combat,
elle
tombait la
de fatigue
et d'inanition.
il
,
Pendant
le soir,
la rsolution prise
rive gauche;
il
fut
n'empchait plus
bastilles
de Saint-Loup, de Saint-Jehan
,
Blanc et des
la ville, qui,
trois
et
moi
j'ai t
aussi
tiendra-t-il
prt de
demain
que
avec
un soupir
demain
comme
sortira
si elle
frissonnait de dou:
leur,
je
serai blesse
LE SIGE d'oRLANS.
la
115
si elle
n'en-
mais chaque
fois, la
lit,
que
les
Anglais taient
fort effrays
de ce qui ve-
nait de se passer
dans
les
Jehanne
se rassurait
un peu
,
coucher,
mmes
craintes lui
fit
Avant de
mme
fr-
lui
demanda
rpondit Jehanne.
Comme
Restez
dit le
avec nous
au lieu
d'aller
combattre
brave
homme
et
son.
le
sou-
ma part,
par
le
Anglais pour en
dit
il
pont,
faut
la
116
LE SIGE d'oRLANS.
l'aide
Avec
A
res et
la
prendrons, n'en
aucun doute.
Bourgogne
avait
elle la
,
trouva ferme
la
c'tait le sire
de
Gaucourt qui
Mais Jehanne
en vertu de
dcision
du
conseil
donn l'ordre de ne point laisser sortir Jehanne. s'cria que les ordres du conseil ne la
ordres d'un conseil
bien autrement
lui
or-
donnaient
d'aller
dehors.
Il
rsulta de ce conflit
une
le
grande meute
sire
la porte.
On
;
courut prvenir
qu'il
tion.
Le peuple alors commena murmurer en sa Le sire de Gaucourt voulut lever la voix. Vous tes un mchant homme, cria alors la Pucelle, couvrant la voix du gouverneur de la sienne
faveur.
le
hommes
d'armes
les
hommes
d'armes obiront
ma voix et non la vtre; les hommes d'armes me suivront, et gagneront la journe d'aujourd'hui, comme ils ont gagn celle d'hier et d'avant-hier.
,
Oui
les
oui
archers et
le
Et
comme
le sire
de Gaucourt
faisait
encore des
LE SIGE D*ORLA?(S.
difiBcuUs.
telle
117
avec une
on se jeta sur
Jehanne
premire,
et
Jehanne,
comme
la veille,
passa
la rivire
en ba-
elle leva
la
son tennuit
dard
ps
,
et ses soldats
cam-
avait faite
bout
Aux armes aux armes Tautre des rangs La Pucelle ne leur donna pas le temps de se refroidir, et ordonna de monter l'assaut. La bastille des Tournelles tait la plus forte de
:
-^
toutes
Gladesdale
s'y
tait-il
enferm avec
tait btie
de ses
hommes
de
la
d'armes. Elle
,
mme du
au
tiers
pont rompu
de
la
largeur de
et
lui ser-
de foss.
En
outre,
un boulevard parfaitement
fortifi, et
un
pont-levis
les
s'levait
sur
la rive
gauche
dfendant
qu'il fallait
d'abord enlever
enlev
,
boulevard
et
la
que, ce boulevard
moiti de la beso-
gne.
sa confiance
118
LE SIGE D*ORLANS.
habituelle, et bientt
mme
,
elle vit
arriver son
une
femme combattre
seule
btard d'Or-
Gamache, de
l'amiral
Thermes, de Gontaut,
;
la
Hire
de Xaintrailles
c'est--dire,
peu
En
les
voyant approcher,
sir
Guillaume Gladesdale
Azin-
ajouta-t-il,
hommes
se
et
non pas une femme. Les Anglais jurrent de montrer dignes de leurs pres et d'eux-mmes, l'assaut commena.
Au
c'tait
que
une
lutte
suprme
et mortelle
la
et
que
cette
heure de l'aprs-midi,
gues heures
les
,
pendant
trois lon-
les
les
Anglais de
cun cun
choisissait son
le
ennemi, chacun
l'attaquait,
;
cha-
les
Fran-
LE SIGE d'0RLA>S.
ais se servant surtout
119
et
de leurs pes
de leurs
,
ils
Anglais
hommes
avec de
hommes
renverss,
trois
comme nous
s'agita ainsi;
pendant
trois
dessus de toutes
les autres
!
qui criait
Courage
)>
pendant
les
heures on vit sa
,
bannires
monter,
un
pas en arrire
malgr
les efforts
:
<c
de Jehanne
qui
le dis
ils
seront tous
exemple
rempart
glais
la
,
elle
prit
une chelle
:
la
(c
dressa contre
le
et
monta
seule, criant
,
Rendez-vous, An-
rendez-vous
car
si
En
ce
moment,
du
et
trait
Jehanne
l'paule et entrant
au-dessus
sein, ressortit
pauvre Jehanne;
elle jeta
un
cri
de dou-
120
leur, descendit
LE SIGE d'oRLANS.
de
l'chelle
et
vaincue par
le foss
;
la
souf-
aussitt les
du boulevard pour
la
les
Le
sire
d'elle et
deux premiers Anglais qui essayrent de la toucher : Jehanne, lui dit-il, vous tes une brave fille et j'avais mal prsum de vous je vous en de;
en
lui ten-
main car jamais je ne vis chevalier mieux appris que vous.j Alors on emporta Jehanne une centaine de pas du boulevard, car elle avait essay vainement de monter cheval, et l, on la dsarma. Jehanne porta la main au carreau qui l'avait blesse
et s'aperut
qu'il sortait
d'un
la
femme succda
:
la faiblesse
;
la
force
et se prit pleurer
prit
yeux au ciel, son visage une expression radieuse et ses lvres murmurrent quelques paroles que personne ne comprit.
s'arrtrent, elle leva les
C'taient ses saintes qui lui apparaissaient et qui
la
venaient
consoler.
,
Jehanne se
sentit
de
nouveau
alors
carreau
:
avaient aid
la
lE STGE d'oRLANS.
121
de charmer
offrit
J'aimerais
mieux mourir,
dit-elle,
que
d'aller
cher gurir
ma
elle
la
ma
vie, et
mon
j>
ce qui la soulagea
quelque peu.
En
lui
ce
moment, Dunois
; il
venait
annoncer
songet se retirer,
la retraite tant
ordonne et les canonniers commenant dj d'emmener les canons. Alors Jehanne reprit toute sa force remit son armure remonta cheval et laissant son tendard aux mains d'un des soldats, elle s'lana au milieu des chefs, criant u Au nom de Dieu courage car nous entrerons bientt. Faites un peu reposer vos gens buvez et mangez puis retournez l'assaut et vous verrez qu'en moins d'une demi-heure tout sera en notre
,
,
pouvoir.
Mais tout
cette
le
monde
tait
tellement dcourag de
,
que
les
;
plus braves
tout
quand
coup
cher
le sire la
si
l'on voyait
mar-
le
boulevard, tout
11
122
le
LE SIGE d'oRLANS.
la suivrait,
monde
voulut
la
soldat
pour
la
porter en avant
mais
le soldat
qui
Daulon
,
lui pro-
les
Anglais
la
deux
se
:
prenant par
y conmain coururent
il
En
avant,
hommes
d'armes,
en avant
Ce qu'avait prvu
pleinement
;
le sire
s'tait retire
courage aux
,
curs
faibles, entendit
un grand bruit
elle leva la
monde
se jeta aussitt
au plus press de
reprit des
le tenait, et le
levant au-dessus
elle l'agita
magique
les
De
leur
du moins grivement
voir,
arme, vigoureuse
presque saine
et
sauve
il
amener ce
retour, et
ils
En
ce
moment pour
,
augmenter encore la confusion qui commenait se rpandre parmi eux les bourgeois d'Orlans , con,
LB SIGE d'orla:\s.
125
,
duits par le
commandeur de Girenne
par
le
vinrerft atta-
quer
la
bastille
pont.
Un
brave charpentier
vint jeter
ournelles
le
le
commandeur de Girenne
:
lana
premier
!
en criant
A mort
,
mort
les
Anet
glais
il
entendant ces
cris
craignant qu'en son absence ses gens ne se dfendissent mal et ne se laissassent surprendre par derrire, voulut courir l'endroit d'o venaient ces cris.
Jehanne
l'aide
le vit s'loigner
pour gagner
le
pont-levis
Tournelles
cria-t-elle
fait
;
lui
et
il
te sera
merci
Tu
ai
dant je n'en
des tiens
!
me
,
et
de celle
;
il
et, l'pe
la rivire,
quand donn
dont
bombarde
:
cont-e le
lui
ordonna de
faire feu
la
le
pierre
elle tait
pont,
le
il
charg d'hommes
lieu
,
midis-
et
Loire
armure. Le
ainsi
sire de Moulins et le sire de Pommier, que beaucoup d'autres chevaliers anglais, tombrent en mme temps que lui, et se noyrent avec lui.
124
LE SIGE d'oRLAWS.
la fois
sur
le
boule-
vard et dans
la
bastille
Dieu
se dclarait visible-
rarchange Michel
saint
Aignan,
le
patron de
la ville
morts ou blesss
les
en-
tendre;
la ri-
quelques-uns
,
furent tus
vel assaut,
une demi-heure ne s'tait point coule depuis le nouque le boulevard et la bastille taient nous.
Ainsi qu'elle l'avait annonc son htesse
,
Je-
la ville
par
le
pont.
elle
et encore
faits. Il est
que jamais sa miraculeuse mission n'avait si videmment clat. Tout ce qu'elle avait prdiftait
arriv
prise
,
la
bastille avait t
le
et
elle tait
revenue par
chemin
la nuit
qu'elle
avait dsign
Deum
,
fut
chant
les cloches
les
et jusles
qu'au jour
en signe de joie,
et
LE SIGE 'ORLANS.
12^
;
mais Jehanne
pour en prendre sa part ; elle mangea seulement un peu de pain, but la moiti d'un gobelet d'argent de
vin et d'eau
blessure
, ,
fit
et se
coucha.
,
A la
paisse
pointe
du
en lui
et
disant qu'on
voyait
une
fume du ct du
Jehanne
au
lieu
de sa lourde cuiet
jaque de mailles,
monta che-
En
en bataille
et
le
comte de Suffolk
comme
ils
voulaient,
,
non pas
s'en
le
hommes que
l'on chasse,
avaient mis
feu
:
un dernier
queurs.
combat
u
mais,
Jehanne qui, au
Pour
l'a-
mour
ne
les
et
s'cria-t-elle,
deman11.
126
dez rien
LE SIGE D*ORL\NS.
bon plaisir et la volont de ; car c'est le Dieu qu'on leur permette de s'en aller, s'ils veulent
partir. S'ils
ment
car,
elle
les
matres.
Alors
des
hymnes
le
accompagnes en chur
par
peuple,
l'aide de ces
deux
improvisa un autel, o
ses
et
si les
genoux.
Anglais
la fin
la
seconde
le
elle
demanda
avaient
dos ou
le
ne
Ils.
ont
dos tourn
r-
pondit-on Jehanne.
En ce cas,
d'hui.
Jehanne
rendra.
car
il
qu'on
les
combatte aujour-
Une
il
autre
fois,
Dieu vous
les
le dsir
Jehanne
y avait une telle inspiration dans la voix de que cette voix les arrta , et qu'ainsi ,
ils
qu'elle le dsirait,
tranquillement
seulement
com-
munes gens
piller les
deux
encore debout
bombardes, que
l'on
ramena Orlans.
la
Une
partie de la population et
,
garnison tout
du haut desquels
LE SIGE d'oRLANS.
ils
127
Au moment
de vue
:
on
les perdit
le
suffi
la
au
nom
de Dieu.
^^li&I'ITBl
aiiPTlMl.
VII
^mH'^MM
2E^ W^^M.Wa
Une
Jehanne
faire Orlans
aussi quitta-t-elle
si
ville qu'elle
venait de sauver
vant.
miraculeusement
et
le
Le btard d'Orlans
presque tous
la
voyant
si
la bataille, si
modeste aprs,
pieuse
tait le roi
grande
fle
132
tous
,
JARGAU ET PATAY.
mais particulirement
la
Pucelle, et c'tait
promis
promis
si
il
un chef
l'ac-
grand
pour conduire
l'instant
mme
o
le
le roi
il
Reims
di,
serait sacr
la
fut
Loire, en prenant
quelques
villes
sur cette rivire. En consquence on convoqua une grande assemble de nobles, que le roi mit sous la conduite du duc d'Alenon, en lui recommandant cependant de prendre le conseil de la Pucelle en toutes choses ; puis on marcha sur Jargau
la plus
forte
de ces
villes.
La duchesse
fois,
comme
la
premire
mari; mais,
jura qu'elle
effet pareille
comme
la
premire
Jehanne
lui
le lui
Comme
en
promesse
dj accomplie, la du-
recommandant le duc
ses prires.
,
On
menca
arriva le
et le lende-
main, qui
tait le
Saint-Barnabe, on
com
le sise.
JARGAU ET PATAY.
fe
,
153
duc d'Alenon qui en avait le commandement en chef, Jehanne, le btard d'Orlans le sire de Boussac, le sire de Gravelle, le sire de Culant, messires AmbroiseDebor et Etienne deVignoles. Quant
,
dfendue par
le
comte de Suffolk
la
si
Poole, ses
elle tait
On
le
que
bien attaque
elle serait
bien dfendue.
Ds
jour de l'arrive, on
commena
tirer
du lendemain, qui tait un samedi, on continua si bien que le dimanche au matin, la brche fut praticable, et que
contre les murailles. Toute
la journe
l'on
ordonna
l'assaut.
les
En
,
effet,
il
un renfort considrable lequel devait tre amen par le fameux sir Falstaff qui avait si cruellement battu les Franais la fameuse journe des Ha,
rengs.
La
mait.
sire
veille
Comme
le
duc d'Alenon
le
s'tait
avanc avec
le
les pierres
passaient par-dessus
rempart, Jehanne
lui cria
comme
par
le
ne l'coutait pas,
fit
elle
courut
lui, le prit
bras, et le
instant,
Au mme
le sire
feu, et
place
que
emporte. Le
12
134
'
JARGAU ET PATAY.
fort Jehaiine
,
en laquelle
avait, ds
tire,
mais
menta encore d'une reconnaissance suprme, car il n'y avait aucun doute faire qu'elle venait de lui sauver la vie. Au reste comme cet vnement s',
tait
chacun
cria
au miracle
et s'en
ment.
Au moment o l'assaut
n'taient plus ces
allait
commencer,
qui,
le
comte
mmes hommes
les
deux mois
ils
:
M
<
auparavant, attaquaient
les
Franais partout o
un
maintenant
au contraire
le
ni leur
ils
nombre
ni leurs
vitaient autant
que possible
le
combat.
mme
couter
parlementaire et
et le
Jehanne
duc dclarrent
et
,
enles
deux armes,
folk traiter
promettant de rendre
dans
quinze jours
par
le
s'il
rpondu
la
pouvait accorder
,
garnison
c'tait la vie
sauve
les
nobles ayant de
plus la permission
d'emmener
leurs
chevaux ; mais
le
m
'
proposition.
JARGA.C ET PATAY.
155
rpondit
Pucelle.
Le parlementaire
se retira.
En
Tassant
Mais
dit le
duc
croyez-vous
et
la
brche assez
praticable,
Jehanne?
que nous devrions attendre encore ? N'ayez aucun doute, reprit Jehanne,
maret
chez hardiment
Dieu. Or
,
quand
il
plat
,
allions
en avant
se tient prt
gentil
duc,
et oublies-tu
femme
le
de
le
ramener?
le
vou-
absolument
Jehanne,
voix
A l'assaut
cria-t-il;
l'assaut
Chacun
che
alors courut
mirable ardeur.
tait trop
Comme
pens
et
il
le
duc,
la
br-
haute encore
;
fallait se servir
d'chelles
facile
:
pour y atteindre
il
mais ce
n'tait
chose
car
par consquent
Anglais
attaqu,
,
un grand
et fort
arm de
toutes pices
lequel faisait
merforce
veille, tantt
mme
136
qu'aurait
le
JARGAU ET PTAY.
une machine de guerre. Alors duc d'Alenon, voyant le ravage que ce gant faisait parmi nous, alla un matre canonnier qui pasle faire
pu
sait
et, lui
montrant
l'Anglais, lui
rasser
qui se
demanda s'il ne pouvait pas le dbarde cet incommode ennemi. Le canonnier, nommait matre Jehan, et qui en effet tait
digne de sa rputation, chargea aussitt sa coulvrine, et la dirigeant contre l'Anglais, qui justement
se dcouvrait fort
en ce moment,
lieu de la poitrine si
rudement
rejet de quatre
ou cinq pas en
il
arrire, et,
de
la
brche o
la ville.
Aussitt, profitant
jet
coup avait
dit
parmi
lieu
les Anglais,
dans
le foss
une chelle au
mme
les
Anglais faisaient
En
ce
moment,
elle fut
et
l'un d'entre
une
telle force,
que
la pierre se brisa
en mille mor-
et
coup, fut contrainte de s'asseoir. Mais presque aussiavec uue nergie et une
:
plus
Montez
Irez
hardiment, montez!
vous n'y trouverez
plujs
dit-elle; et
enr
i
dedans
de rsistance
JARGAU ET PATAY.
car leur heure sonne et Messire
les a
157
ces
premire, et en
fait
un dernier
les
que tout cda devant eux, et que Anglais commencrent fuir. Les assigeants
effort,
le
les
comte
frre
de Suffolk
qui venait
comme
que
un
gentille
:
homme nomm
se retourna
le
Es-tu
ennemi.
gentilhomme? demanda
celui-ci.
comte
son
le
comte.
le
l'tre,
,
puisque
a fui devant
moi
dit le
reprit Guil-
Eh bien
seras, et de
sur
mon me,
encore...
comte
!
tu le
ma main
A genoux
et s'agenouilla
devant
le
comte
celui-ci lui
donna
,
trois
en
lui disant
Au nom
Puis
et
il
de saint George, je
lui rendit cette
te fais chevalier.
mme
pe avec laquelle
Charles, tandis
laiss
bonne nouvelle futaussitt transmise au roi que l'arme franaise, aprs avoir
158
elle
JARGAU ET PATAY.
comptait se reposer
si
et se rafrachir.
Le
roi tout
joyeux d'une
ment remerci Dieu par des messes et des processions, fit une nouvelle convocation de nobles et de gens d'armes, et comme cette heure que la fortune revenait
tous cts,
il
lui,
il
lui arrivait
des renforts de
qu'il
les
en vint
Orlans, o,
comme nous
duc d'Alenon et la Pucelle ; les principaux parmi les nouveaux arrivants taient le seigneur de Retz,
le
seigneur de Chavigny,
le
sire
de Loheac, son
frre
Guy de Laval
peine
le
et le
vergne.
duc d'Alenon
qu'il rsolut
sur-Loire,
mais
celui-ci,
ne
se
abanLes
donna
se retira
dans
la
citadelle.
gency, o commandait lord Talbot; mais, de mme que lord Scales, celui-ci n'osant point dfendre la
ville, laissa
une
qu'amenait de Paris
sir Falstaff,
Le duc d'Alenon
lorsque
la
tait
comte Arthur
et
que
l'in-
JARGAL ET PATAY.
fluence
139
du
sire
de
la
venait
le
En
effet, le
con-
ntable, qui tait jeune et brave, et de plus Franais de cur, s'tait ennuy du repos o le tenait une intrigue de cour tandis que s'accomplissaient
de
si
grandes choses
il
tait,
en consquence, parti
venait,
comme on
l'avait dit
pe fleurdelise au service du
tait, servir
besoin
La
situation
du duc d'Alenon
:
se trouvait
des
roi
plus embarrassantes
il
du
de ne pas accepter
les
secours
du conntable,
et le
pour
lui et ses
gens dans
la
duc d'Alenon tait sur le point de Quant Jehanne, comme elle ignorait parfaitement ce que c'tait que le comte de Richese retirer.
elle
pro-
clameur contre
et
beaucoup de chevaliers
et
mme
la
l'on
140
de Richement
tendu
il
JARGAU ET PATAY.
ne
fallait
at-
qu'ils prfraient
de beaucoup
conntable
du royaume.
on apprit que lord Talbot
,
Sur ces
qui
entrefaites,
ap^-
la Pucelle,
de ce qu'tait
le
conntable,
dit la
battre,
fallait se
les-
autres
en consquence,
du
roi
et le
duc d'Alenon,
la responsabilit
de cette runion
convoqua
les
premiers chefs de
lui.
En
embrasser
les
le
conn-
Jehanne,
lui dit-il,
:
on
me
la
vouliez combattre
je ne
vous venez de
je
tes
sait
de Dieu,
mon bon
vouloir
si
le
et
JARG^L ET PATAY.
141
la
manquer d'avoir lieu prochainement. Le premier effet de cette runion fut de causer un tel effroi la garnison de la forteresse de Beaugency que le sire de Gueten, qui la commandait, demanda traiter. Le lendemain une capitulation fut signe,
par laquelle chaque Anglais enferm dans
la
for-
mure
et la valeur
Jean
nous avec
rase ce
campagne
c'tait
Bretons
et les
pern'tes
sonne
la
pas venu de par moi. mais vous n'en tes pas moins
le
trs-bien venu.
Les encouragements de
point
l
;
Pucelle ne se bornaient
elle
atteindrons
Dieu nous
les
punir.
si
Et ainsi
elle allait
encoura-
monde,
de Rouvray,
pour ne
que de
celles d'Orlans et
de
de
Le duc d'Alenon
et le conntable rsolurent
142
profiter
JARGAU ET PATAY.
et
ordonnrent
les
d'eux et
choisie
les attaquer.
les
parmi
meilleurs
de Beauma-
et Xaintrailles.
La
d'elle qu'elle
le
conntable,
le
mad'Al-
bret et de Gaucourt.
On
les
se
tait
donn
cette
avant-garde d'attaquer
temps de
ranger en
bataille, notre
grand dsavanainsi
l'on savait
rencontrer
nomm
les
Coi-
loin,
lever
un
cerf.
La Hire
la
guerre,
la
JARGAU ET PATAY.
chasse,
143
que
le
lorsque, quelques
minutes aprs
cerf eut disparu dans la lisire d'un bois, on entendit de grands cris et on le vit reparatre pou-
vant
il
avait t
dire au
les
duc d'Alenon
,
venait
si
, ,
de rencontrer
la
Anglais
demand'a-
dant
comme
lui
bord
lui
elle
il
fallait
Le duc d'Alenon
le
tait prs
de Jehanne lorsque
messager vint
Jehanne,
taille
;
lui
dit-il,
voici
les
Anglais en ba-
combattrons-nous?
duc? demanda
Pourquoi cela,
vous nous retirer
et
nous
faudra-t-il fuir?
;
Non
car ce
ce sont
et le
gentil
eue
car
mon
m'a
c'est
vous demandais
vous aviez
poursuivre.
C'est
duc
;
bien,
c'est bien,
Jehanne, rpondit
le
aller
en avant?
144
JARGAU ET PATAY*
de Dieu, dit J^ehanne, car )e
qu'ils sont
Allons-y au nom
vous rponds d'avance
Et
le
nous.
la
Hire l'orcke
d'attaquer.
La Hire ne
chant pas
les
se le
si
fit
deux
fois
il
fondit
sa-
Franais
bataille
:
d'ailleurs
la dis-
les
combat
lord
sir
Jehan FalstafF
trop tard pour
du second
mais dj
il
tait
cussion s'tablit
droit
bon gr malaux Franais. Alors une autre dis: les uns voulaient combattre l'enils
mme o
afin
de s'appuyer, d'une
un
bois
comme
chacun
ceux qui
soutenaient
ils
ce dernier conseil
nombreux,
l'emportrent. Alors
sans
les
attendre
ils
augmenta en-
core, et
JARGAL ET PAT A Y.
145
il
il
en
rsulta qu'avant
que
les
hommes
ils
combattaient et qui
les
et
il
gauche,
en rsulta
la victoire
que lorsque
tait dj
le
si
en
bon
mon-
trer
btard
de Thian prirent
le
champ de bataille;
ils
ment
ais
les
de cur, voyant
de plus,
le
gouverneur de
la
voyant
que
la
ment pour
voulait lui
le roi
de se
faire Franais,
:
si
on
donner
vie et
bagues sauves
la
proposi-
bataille fut
gagne
Mais
et
l
une
ville prise.
les rsultats
PUCELLE.
146
on peut
Anglais,
le dire,
grande chez
les
abandonnrent,
sans combattre,
Meung, Montpipeau et Saint-Simon, mettant le feu aux forteresses, et se concentrant sur Paris. Quant la Pucelle, au duc d'Alenon et aux autres chefs de guerre, ils retournrent Orlans, o ils entrrent le 18 juin. Le conntable et ses Bretons restrent Beaugency, pour y attendre les ordres du roi.
GMB^tTBE HUITilMla
VIII
2,51
g^^S^^c
On avait
et c'et t
ville
bonne justice qu'il ft cet honneur une si noblement fidle ; aussi les
maisons
et les rues
comme
pour
la
Fte-Dieu
:
De
il
Sully,
vintGien,
comme
150
il
LE SACRE.
les capitaines
somma
villes
de
et
de
la Charit,
de rentrer en son
fut inutile, et les
cette
sommation
commandants de
anglais.
demeurrent
fois le roi
Jehanne
une premire
pu
faire rentrer le
M. de
la
Tre-
moifle,
que
c'tait
t servi la bataille
dePatay par un
n'avaient
pu obtenir
le
servir le roi
malgr
parti, et
all
pays,
il
tait
mettre
une seconde
,
fois
prs de
la
lui.
La nouvelle de son
fois
,
arrive fut
comme
premire
reue avec
le roi, et il
ordonna
qu'elle ft aus-
puis s'agenouil-
Trs-cher
sire
dit-elle
vous voyez
comme
LE SACRE.
affaires
151
or,
il
faut maintenant
que
comme
l'ont ci-devant
Le temps en
plat
tendu
qu'il
pour vous;
nom
mme
les
temps
N'ayez
il
ni
villes, les
chteaux
il
et les places
du pays de Champal'aide
de Dieu
et
duirons de
le
vouloir de Dieu.
Quelque
pour
jeune
se
l'entreprise
que prola
fille,
me-
ne
avait acquis
une telleinfluence que cette proposition, du plus brave et du plus haprime abord juge impra-
bile capitaine, et t de
ticable, devnt l'instant
mme
l'objet
d'un srieux
examen.
Il
152
ceux qui pensaient de Jehanne
et
LE SACRE.
qu'il fallait suivre les inspirations
dcouragement des Anglais pour porter immdiatement la guerre en Normandie le centre de leur puissance. Alors, comme chacun soutenait son parti,
,
le
tait
pour
le
sacre, proposa
pour
encore sur
la
tions.
Le
roi et plusieurs
ils
mme
Messeigneurs,
cachez point de moi
pensez.
dit
au
le dirai
accoutume,
ni le
que
je leur disais,
que vous
emde
pchement
et
tie
m'ont
dit
Fille
Dieu, va trouver
nous
;
te
serons en aide.
comme
elles
fais
aus-
sitt ce qu'elles
roles,
Jehanne
levait les
yeux au
ciel, et toute sa
LE SACRE.
lo5
d'une sublime
physionomie
exaltation.
prenait
le
caractre
le roi
dj moiti convaincu,
et le sacre
Jehanne ou alors
;
je
Pourquoi Jehanne? demanda Parce que je ne durerai gure plus d'un an,
cela,
dit
la tte.
Comment cela,
dit le roi,
et
?
qu'arrivera-t-il
Je ne
l'ont
sais,
rpondit Jehanne,
mes voix ne me
le
que
ma
sige d'Or-
lans, et
Partons
volont de Dieu.
La jeune fille parlait avec une telle conviction, que la confiance qu'elle avait en Dieu passa dans le cur de tous les assistants, et que, si difficile que
parut cette nouvelle entreprise
,
comme
il
elle tait
moindre
tout
prendre que
ferait selon
incontinent pour la
de Reims, sans
et sans
mme
de
la
villes
de Cosne
et
Charit.
154
LE SACRE.
Je roi
En consquence
les capitaines
venue de Bourges
que
l'on
n'osait
emmener ^Reims,
il
cause des
hasards de l'entreprise,
ordonna l'avant-garde,
le
il
jour
mme
et
de
la
Reims,
pays
marchant travers
comme
si le
lui appartenait.
Au
car, avec sa
bonne
chacun
tel
tait, l'occasion
du
un
empressement,
qu'on
em-
du conntable, auquel
il
tre,
que de tr-no-
vaux de
bataille,
allaient
cousteliers,
allaient
monts sur
premiers che-
vaux
qu'ils avaient
il
trouvs, et,
multitude,
un
LE SACRE.
1d5
Jehanne
sainte
tait
et
comme une
elle
,
fille
elle
chevauchait Tavant-garde,
dit,
comme
nous l'avons
,
supportant
comme un
la
capitaine de guerre,
la
dernire
la
re-
conduisant par
si
belle
Hire n'auraient pu
mieux;
aussi,
une
l'objet
ravant
maintenant menant
les affaires
du royaume,
lorsqu'en
si
s'approchant
trouvaient de
belle et
si
,
bonne
et
vie,
de
la
douce
et si
modeste conversation
qu'ils
pour prier
et
chaque mois
une
fois
au moins
le
se confessant et recevant en
communion
prcieux
Le premier
tait alle
del
c'tait
maintenir
le
pendant toute
de
faciles
et,
communications.
]^e roi
partit le lendemain,
156
LE SACRE
hanne, marcha droit sur Auxerre. Auxerre tenait pour les Anglais; aussi, en voyant arriver l'arme
franaise devant leurs murailles, les bourgeois
rent-ils
fi-
Ton n'entendt rien, disant que le roi, tant dans son royaume, n'avait qu' ordonner, et que la ville
lui ouvrirait ses portes;
mais
les
bourgeois avaient
au
sire
de
la
le
tout-puissant
ne pas s'arrter
un
perdre un prcieux temps. La proposition des bourgeois fut donc accepte, et le roi reut en manire
somme
tandis que
ce
que l'on assurait le sire de la Trmoille avait reu pour sa part plus de six mille cus. Les capitaines du conseil du roi furent trs-mcontents de cette concussion, et surtout Jehanne, qui, au moment du
dpart, n'avait
la solde arrire
un
grand besoin.
de possession,
,
Cependant,
le roi
comme pour
faire prise
demeura
devant Auxerre
et
pendant ces
puis
il
se
mit
en route,
fit
pleine
et entire obissance
il
ne
s'y arrta
LE SACRE.
157
de ses habitants,
il
partit
ne
inquiter, tant une murs et ayant une garnison anglaise de prs de mille hommes. Ce n'tait point sans raisons que le roi avait lev
laissait
pas que de
le fort
de
la ville
que
les
vinrent prsenter
ci
,
le
roi
ceux-
telle
audace,
eimemis
et, aprs
une
courte lutte,
repoussrent dans
le roi
la ville.
arriva et
campa avec
la ville,
la
ou
six jours
que
les assigs
rpondissent
La
une espce de
,
elle fut
il
y avait quatre ou
nomm
allait
frre
et
qui
pr-
chant par
le
termin tous
sermons
:
qu'il
u
avait fait
pendant
mes
frres,
158
VOUS
dans
dre
le dis,
LE SACRE.
bientt, n
la
Comme
de
lui
en appren-
grandi
mures
il
et
l'on allait se
les avait
mettre
la rcolte
:
lorsque
le roi
Charen
ds lors
tait vi-
dent que
moissonneur annonc,
et
mme
vivres,
une bonne
comme
qui avait
y avait dans
la cit
s'il
mme un
parti
arrivait
une cer-
taine
les
VII.
le roi avait
Et
en
effet
promptement
fussent,
le
le
sa majorit
ou
six
copieux qu'ils
commenaient
les
tre fort
entams; aussi
et
septime jour,
ducs d'Alenon
de Bourbon,
comte de Vendme
Reims,
on commena
LE SACRE.
avait faire.
159
,
Quant
Jehanne
;
on
l'avait carte
car,
comne
c'tait
par
s'tait
cas,
on
que
sa
ses rvla-
ne
la
de Jehanne, exposa
deur.
le
aux
paysans que
raient pays,
avaient t
de
telles
promesses
canons, ni
et la ville
,
faire venir
tait
Agin,
d'Agin Troyes
il
avait
trente lieues.
le roi
de recueillir
les
le
avait faire.
Tout
monde
roi n'avait
petite
comme
tait celle
d'Auxerre,
tait
n'arriverait jacit
une grosse
bien
arme
tous
il
et bien
dfendu
mais lorsque
l'on arriva
Manon,
seul contre
et
fallait
prendre patience
160
avez
,
LE SACRE.
entrepris ce
dans
les forces
confiance
conseil
t d-
que vous
est
mon
donc, continua-t-il
prsente
la
rsolution qu'on
prendra pour
qu'elle puisse
tion.
Comme
ment
Jehanne.
il
on heurta
forte-
Alors la jeune
aprs avoir salu
fille
fit
:
et
le roi
Sire,
si le
dit-elle,
qu'il se
:
venue
car
hommes
Soyez
lier
:
la
y a
faire
lui rpta
s'adressant
au
roi,
doute,
Jehanne, rpondit
si
LE SACRE.
161
Encore une
crue?
fois
messieurs
demanda-t-elle
serai-je
Jehanne, rpon-
Eh bien
vtre
;
que
que
si
vant
elle
seulement deux ou
dit le roi, qui
en
Mais,
Hlas
!
vous porte
me donner
aucune
cette assurance,
Jehanne
la
rpondit
jeune
la
fille,
je n'ai
mais
il
me
souvent dit
la
pour que
l'on
me
surtout quand je ne
demande
difficile
seulement
que
la ville se
C'est
la vrit
comme
tout ce
que
j'ai dit
jus-
avec tranquillit.
Eh bien
vous
le
donc
fait
comme
W%
chargez
l.
LE SACRE.
celle
Qu'on me laisse
de tout.
faire, dit
Jehanne, et je rponds
car vous parlez d'un
ton
si
Jehanne
aussitt
fit
une rvrence au
,
roi
puis
sortant
du
conseil
elle
monta
et
cheval, prit
une
des fascines
des poutres et
faciliter
approches de
la ville
,
et d'asseoir
le
plus prs
et
possible
des murailles
une
petite
bombarde
et aussi
que
de toute sa
chose que de
veillait tout le
commander des siges, ce qui mermonde et surtout les petites gens qui,
les
foi.
ayant
le
Or,
ratifs
les
grands prpa
que
eux
commencrent
s'assembler sur
murailles, et
murmurer
haute-
ment. En ce moment
ciel,
hasard , soit signe du , soit une nue de papillons blancs vint voltiger autour de l'tendard de Jehanne si nombreux qu'ils semblaient un nuage. A cette vue, les bourgeois de
,
LE SACRE.
]a ville n'y tinrent
165
,
pas davantage
et criant
au pro-
dige,
ser
ils
Dieu que de
lui, et
ils
envoye de
par
que ce
ft
ou non
le plaisir
des gens de
,
guerre,
voulaient parlementer.
De
leur ct
les
arrangement
nommrent quel-
bourgeois
les
Le
mme
soir
et
comme Jehanne
toujours ses prparatifs, Charles, son grand tonneraent, vit donc s'ouvrir les portes de
la ville
,
et
une nombreuse dputation s'avancer vers lui. Elle venait demander au roi des conditions si raisonnables, qu'elle furent l'instant
mme
acceptes; ces
que ceux de
la ville se
mettraient en l'obissance
il
mme
la
exprimer
avaient
d'tre
redevenus
Franais; et
comme
de froment,
ils
164
LE SACRE.
nombre de
parmi
roi
les
hommes
si
d'armes
et
chacun
depuis
le
dure circonstance,
elle avait
convi-
demment
la
rcompensait.
,
Le lendemain la garnison anglaise sortit par une porte tandis que les archers du roi entraient
par l'autre
rues o
leva
il
et se
les
s'-
devait passer
mais cette
les
sortie,
il
la
Anglais voulaient
,
emmener
ville
prtendant
la
qu'ils avaient
condition de sortir de
eux
et leurs
biens, et
la
que
les
prisonniers de
guerre, devenant
proprit jusqu'
ranon de
ceux qui
les
les
chevaux,
l
les
l'argent.
,
On en
tait
donc
tenant bon
et
le
roi Charles
Anglais
un prix
le
voy
somme
qu'ils
demandaient,
,
les
pauvres pri-
bnissant de grand
;
cur
la
Pucelle, laquelle
ils
LE SACRE.
et la joie tait d'autant plus
16d
mme,
comme on
,
le
com-
prend, quand
ils
Vers
les
dix heures
du matin
le
roi, les
seigneurs et les
y firent leur entre magnifiquement Quant aux gens de l'arme, comme on avait peur, vu les grandes privations qu'ils avaient souffertes, qu'ils n'occasionnassent
les
bourgeois
ils
comme
la veille,
Le lendemain
que
la
le roi
Pucelle
route de Reims
alors
en signe de possession
,
camp
comme nous
la cit
,
l'avons
en belle or-
donnance
De
leur ct
et
ceux de
serment d'tre
qu'ils tin-
bons
Et
loyaux serviteurs du
roi,
serment
devant
la ville
la
dant toute
166
la
LE SACRE.
le
poret
au-devant de
la ville
,
Tvque
notables de
faire
serment d'obissance. Le
les
comme
mais
bourgeois taient
si
drent recevoir
toyer.
les soldats
chez eux et
les fesil
En
comme
un
une
garnison.
Et
le
il
en fut autant de
la ville
de Sept-Saulx, dont
tenant
me
royale
et partit laissant
les
bourgeois libres
les
de se rendre ou de se dfendre:
bourgeois ne
joyeusement au-devant du
fut
et
roi.
Reims
il
donc convenu qu'on ne ferait que s'y reposer, que le roi en partirait le lendemain ds le matin,
t
ft
un miracle comment
l'on st
toutes choses
quels, sans
que
comment
ils
taient
venus
LE SACRE.
l,
167
et si
frais,
taient
si
riches,
si
beaux
qu'on et
dit
que le roi les y avait envoys l'avance. Le roi, attendu que l'abb de Saint-Remy coutume de remettre la sainte ampoule, dont il
gardien
,
n'a
est
le
accomplir,
le
mar-
accompagns pour
le
serment de
tait por-
Remy, l'abb
teur
;
et la prcieuse relique
dont
et
il
puis
ils
remontrent cheval
accompagn-
un coin du pole
et solennelle-
cheminait dvotement
s'il
mains
le
s'arrtrent et
de ses
mains,
et
grand
autel.
la
garde en
che-
tait confie
l'glise,
arms de toutes pices, et ne mirent pied terre qu'au chur ; encore gardrent-ils la bride de leurs chevaux la main gauche tandis
val et toujours
,
168
qu' la main
LE SACRE.
droite
ils
tenaient leur
pe nue.
Puis
le roi
pronona entre
chevalier
les
serments accoutums,
fait
par monseigneur
duc d'Alenon
,
conscration
les
sui-
crmonies et
;
si
bien
que
tin
la
et
pendant
roi fut
puis enfin
le
moment
et si
tout
pettes sonnrent en
joyeux bruit,
qu'il
la
La crmonie acheve, Jehanne se jeta aux pieds du roi, et lui baisant les genoux: Gentil roi, ditelle,
maintenant
le plaisir
et
vous avez
montr par
maintenant
que vous
le
tiez le seul
et vrai roi
de
France, et que
royaume
ma
me
permettez
de mes
donc que je
retire
j'y
dans
mon
;
village, prs
une
humble
j'aurai
et
pauvre paysanne
ce
faisant
sire
votre.
LE ACRE.
169
si
vous
la
dame de France,
aprs
Jehanne, rpondit
s'attendait cette
ce jour, c'est
y a cinq mois, pris pauvre et faible Chinon, et vous m'avez men fort et triomphant Reims ; vous
tes
donc
la
il
est vrai
il
la
crmonie
le
soit
complte,
me
plerinage de Corbigny, o
comme
vous
est
le savez, le
Marcoul, qui
ce
Hlas
dit
hlas
dit
premire
fois
que je leur dsobis et j'ai grand'crainte qu'il ne m'en arrive malheur. Le roi essaya de rassurer Jehanne; mais, sans
rpondre tout ce
qu'il
elle
de-
meura
triste
sortant de
,
cette glise,
elle tait
entre triomphante
elle
condamne. En arrivant
releva la tte et jeta
la porte,
cependant,
joie
:
elle
un grand
la
cri
de
et
elle venait
de reconnatre dans
s'tait
foule son
sauv de
Domremy
si c'tait
bien
15
, ,
170
sa sur, cette
LE SACRE.
femme dont on
,
la
France de
si
dans
ses bras
comme on
,
le
sait
Pierre tait
et passa toute la
journe avec
et
de
bnissaient qui
mieux mieux,
eut dj t
louanges
comme
si elle
et
Le soir, le roi envoya chercher le jeune homme, Jehanne l'attendit vainement jusqu' dix heures, moment o, accable de fatigue, elle se coucha. Le
son
rveil
,
lendemain,
la
premire personne
:
venait annoncer sa
partie de sa maison, et
sur qu'il faisait dsormais que, pour qu'il ft l'gal d'Ile roi lui avait
merget
ainsi
et
du
sire
de Daulon,
accord
qu'un blason
si
beau,
point son
un cu d'azur deux
la
d'or, avec
une pe d'argent
garde
Hlas
que
houlette
,
hlas
que
ma
que
les seules
touches fussent
les
,,
LE SACRE.
171
l'esprit se reti-
fit
mais sa
retraite,
dans
les circonstances
o Ton
l'ar-
se trouvait, et
me
que que
tait
son comble
si fatale
le conseil
du roi
convenu
cons-
l'on
les
Au
reste
le roi
ne voulut
si
commettre
importante
son
personne
;
le la
il fit
venir
Pucelle, et la supplia, en
nom
et
dien de
la
France, et que,
si elle
s'en allait, sa
bonne
enfin
comme
,
Charles VII
,
de nouveau
Gentil roi
fille
dit-elle
ce n'est
un puissant
que vous
le
!
dsirez
et
avienne de
tout joyeux
que
la
Quant
de
nouveau dans cette existence de guerre et de politique qu'elle voulait quitter, et, ayant vu avec grand'peine cette place, qu'en son triple
titre
la
de pair du
royaume, pour
le
elle fit
la
Flandre, l'Artois et
laisse vide
Bourgogne,
roi
au sacre du
mme
172
LE SACRE.
pour
le
noble duc
fit
Reims
cossais
une
faite
au
propre dclaration de
ait
Jehanne,
d'elle.
seule
image qui
jamais t
t
(
Jhsus Maria.
Haut
la
et
Jehanne
ciel,
du
qui
mon
le roi
de France
et
l'autre
de
bon cur
allez
entirement
,
ainsi
que doivent
faire
loyaux chrtiens
et
s'il
vous
plat
de guerroyer
humblement que
je
puis requrir,
saint
royaume de France ;
forteresses dudit
royaume. De
la
LE SACRE.
175
vous
de France
il
est prt
de
savoir de par le
,
du
ciel,
les loyaux Franque tous ceux qui guerroyent audit saint royaume de France guerroyent contre le roi Jhsus,
roi
et
du
ciel et
de tout
le
monde. Et
je vous requiers
fassiez nulle
,
bataille
vous
vos
nom-
et sera grand'piti
de
la
grand'-
rpandu de ceux qui y viendront contre nous. Il y a trois semaines que je vous ai crit et envoy de bonnes lettres par un
sera
du sang qui
du
ai
roi,
qui
en
la cit
de Reims. Je n'en
n'ai
pas eu
pas eu de nouvel-
du
hrault.
et soit
garde de vous
s'il
Dieu
qu'il
18
juillet.
)>
15.
E!P3Tmi
mmwWME,
IX
Comme le
Jehanne,
il
se rendit de
sur
le
saint Marcoul
puis cette
il
dcida
pour
se
rapprocher de Paris,
appelle encore de nos
la capitale.
l'on
Le
moment
en
effet tait
178
expdition
le
rgent tait
le
all
cardinal de Winchester
le
un raccommodement avec
hommes d'armes de
la
Picardie
venus d'eux-mmes rejoindre marche triomphante vers Reims, fait de nouveau serment de fidlit.
taient
sa
le roi
pendant
et lui avaient
Aussi peine
le roi fut-il
une
de Soissons, qu'il
:
Chteau,
sur
seule
sommation de
ren-
nom
;
et
exemple
ment,
pour
satisfaire
il
au dsir
de ses habitants
puis, de Soissons,
passa Ch-
il
En
effet,
le
24
juillet,
le
duc de Bedford
tait
amenait
tants
le cardinal
de Winchester, de sorte
qu'il
tait sorti
de
la
combat-
peu prs,
il
au-devant de l'arme; de
son ct
179
lieues
que quelques
Provins,
le roi
qui portait
le
propre
nom
un
dfi.
Le rgent
offrait
au
de France de vider,
par une seule bataille, toute cette longue et sanglante querelle. La lettre,
fut reue
comme on
le
comprend,
la
avoir
grandement
la
ft le
hraut anglais,
le roi le fit
et
entre autres
propre chane
son cou:
aura peu
le
me
le
moi qui
ici
cher-
venu de Reims
moiti
dans
le seul
rencontrer.
Alors
rait
le roi fit la
du chemin qui
les
le
spa-
de l'ennemi,
son camp,
et
lieu la
assit
convenance de tous
gens de guerre,
il
ses diligenc'tait
pour
s'y fortifier
de son mieux, et
mersi
veille
comme, au milieu de
si
braves et
expriments,
rang, donnant,
avis,
pour
les
prparatifs,
de
si
bons
Hire
et la
abandonnaient
venaient d'mettre
il
pour
se
tait
vident
180
que
lui
le
courage
la
tait
toujours
le
mme
elle
chez
la
jeune
fille,
Quand on
rpondait
:
demandait
Mais ce
fallait
il
combattre,
Sans doute,
qui disait
le roi
!
Marchez
et
il
marchez
du
ciel est
avec nous
nous donnera
la victoire
L'esprance tait demeure, mais monte au ciel. Quant au duc de Bedford, il tait
rest
dans son
camp, qui tait bien assis et bien fortifi, esprant que le roi de France, emport par la colre que ne
pouvait
manquer de
;
viens'tait
drait attaquer
mais lorsqu'il
vit
que Charles
content de faire la moiti du chemin, et se disposait son tour l'attendre derrire ses retranche-
ments,
il
comme
il
que rvolution clatt dans la capitale, il reprit le chemin de Paris, dont les Franais, par le fait de
leur position, s'taient trouvs
un
prochs que
lui.
Le roi, voyant alors son entreprise sur la capitale manque, par le retour prcipit du. duc de Bedford et le renfort de troupes qu'il avait ramen avec lui
assembla son conseil. La majorit fut
succs nouveaux causaient de
avoir
d'avis, tant la
l'tonnement sans
amen encore
la
181
sur
la
Loire.
On
avait consult,
s'tait
comme
d'habitude,
Jehanne. Jehanne
qu'elle
contente de rpondre
elle savait
y entrerait
mais
cre,
elle
et
le
comme
elle
depuis
jour du sa-
n'avait
qui avait t
En consquence, on envoya
le
le
lendemain de leur d-
une petite ville nomme Bray-sur-Seine, laquelle avait un beau pont par lequel
les
le roi et toute
habitants de cette
retraite
comme
un
si elle
prcdente,
fort
dtachement d'Anglais
s'en tait
du
fait,
Le passage
si
tait
donc rompu
et
empch,
et cela
un moment o Dieu
s'tait si
comme
16
PUCELLE,
un
et
de Bar,
les
comtes de Vendme
de Laval, Du-
bien joyeux,
et,
mme,
que
le
mme jour on
,
re-
de Chteau*, d'o
l'on
gagna Crespy-
en-Valois
d'o l'on partit pour Dammartin un peu en arrire de laquelle on logea au milieu des champs.
,
On
il
n'tait qu'
partout o
le
devant de
lui criant
Nol, et chantant
si
Te Deum
laudamus.
parfois
n'tait
Un
enthousiasme
universel rendait
Jehanne
sa force passe,
Seigneur
n'tait plus l
pour
et
la
Au
quand
nom
de Dieu,
disait-elle
Dunois
au
loyal et dvot, et
que ce
ft
dans ce pays-ci.
Alors
le
comte de Dunois
lui
demanda
183
en quel lieu ?
Non, rpondit
Jehanne, je ne
sais, el c'est la
le
moment de ma mort ne
j'ai
tait
de
de
faire sacrer le
en secouant tristement
faire. ramener
la tte, qu'il
voult bien
me
afin
prs de
mon
pre et de
ma
mre,
que
leurs brebis,
comme
telles
j'tais
accoutume
le faire.
paroles taient plus que jamais persuads qu'elle venait de Dieu, et,
comme
elle le
disait
elle-mme,
presque aussitt
ford, et
il
la
tait parti
qu'il avait
pu rassembler de troupes pour venir au-devant de nous. Tandis que Charles tait camp en avant de Dammartin, il apprit donc que le duc de Bedford venait d'arriver Mitry, et tait camp en arrire de la montagne sur laquelle est situe la ville qui les
sparait.
Alors
le roi
sortit aussitt et se
mit en
bataille
ordres de
la
184
dace accoutume
il
tait
parvenu jusqu' un
trait
et
au
roi de l'attaquer
dans
la situation
elle se
trou-
vait.
Le
donc ce
conseil, et attendit
;
que l'ennemi
vainement, et
de son camp
mais
il
attendit
le
duc
de Bedford
lui
tait
arriver,
ce
que Ton
assurait,
quatre mille
hommes de
Le
il
renfort.
bonne dfense,
se rendre.
sommer Compigne de
La sommation
son plein
effet
eut,
:
comme dans
les
de Beauvais,
crier
ils
firent encore
mieux
de
lis
car peine
aux
fleurs
qu'ils se
mirent
et
Vive Charles
un
le
nomm Pierre
sance,
qu'ils
ils
Cauchon, lequel
tait
furieux pour
nais-
mme
en fussent somms.
demeure sous
o
il
l'obis-
dans
le cas
marcherait de
nouveau sur
la capitale. 11
un
18 d
nomm Baron,
comptait
l, il
et situ
deux
lieues de cette
ville, qu'il
assaillir le
le
lendemain, lorsque,
arriv
apprit que
quatre mille
hommes dont on avait dj entendu parler. Seulement comme on le sut alors, ces quatre mille hommes, amens par Tvque de Winchester, avaient t
levs avec l'argent
les
Bohmes,
reste, le
et,
les
faible troupe,
Bohmes ou Franais,
de sorte que
le roi
or-
donna que
les
Ambroise de Lor
et Xaintrailles
recon-
nombre
et
de leur
rent aussitt,
et,
gens seulement,
parmi
les
mieux
aper-
monts,
sur
le
ils
chevauchrent
chemin de
Senlis, et qu'arrivs l,
semblait
monter jusqu'au
ciel.
Ils
dpchrent aussitt un
le
que certitude,
il
lui
186
gardes. Effectivement,
ils
avancrent encore, et
si
prs et
si
hardiment
qu'ils
reconnurent toute
Senis.
l'ar-
me
Alors,
comme
l'avaient dit,
ils
prvenu,
de Baron, o
bataille
il
se rangea en
dans
les
champs, ordonnant
la
la rivire
tour de Montpilloy.
De son
duc de Bedford
pas-
commena
Ambroise de Lor
le
pour
l'inviter
ils
attaquer
les
Anglais au
moment
Le
mme o
conseil parut
bon Charles,
fit
et
il
ordonna aussitt
rgent
Comme
il
il
tait dj
campa o
la
bord de
Nonnette, et
mme il y eut entre les coureurs des deux partis quelques escarmouches, mais sans qu'elles amenassent pour les uns ni pour les autres aucun rsultat
important.
187
Le lendemain au point du jour le roi rangea son arme en bataille ; Tavant-garde tait commande par le duc d'Alenon et le comte de Vendme ; le
corps d'arme
tait
:
et de Lorraine
un troisime corps formant l'aile de l'arme tait command par les marchaux de Broussac et de Retz ; le sire de Graville et un chevalier limousin
nomm
ter
d'elle, tait
commande par
il
le
btard d'Orlans,
la
Pucelle et la Hire
quant au
roi,
commandement,
Bourbon,
le
le
aucun duc de
seigneur de
Trmolle, et bon
nom-
Le
ant
roi avait si
le
passa et
le
comte de Clermont
et le sire
de
la
Trmolle pour
;
mais
la
en cette occasion
le
duc de Bedford
avait
choisi
une
l'abbaye de la Victoire
avait ses
la rivire
un grand tang
le
sur tout son front des pieux aiguiss des deux bouts
188
que con-
chacun
la
o Jehanne tait aux jours d'Orlans, de Jargau et dePatay, [a Pucelle n'aurait eu qu' dployer son tendard, marcher en avant et chacun l'aurait suivie, sans faire aucun doute de la victoire mais la confiance en l'abandonnant avait abandonn l'arme dont elle tait l'me, si bien que les chefs de guerre runis en conseil dcidrent que la position tait trop forte pour tre attaque, et pour que le roi risqut de
d'autres temps, l'poque
inspire,
:
En
qu'il avait
offrir
reconquis
la
On
fit
donc
;
aux Anglais
voulaient sortir
mais de leur ct
les
hommes de
ils
Crvent, de Ver-
camp, et
il
qu'ils at-
quer
de sorte que,
comme
la veille,
n'y eut
que
armes.
Le
dans leur
;
parc et
dans
l'attente
le
lendemain, car on
un
189
de Saint-Paul, seigneurs
le parti
du duc Philippe
par
vait
jour
les
camp pendant
effet,
il
:
la
route
de
la capitale.
En
tait arriv
le
de
tristes nouvelles
le roi
au duc
et tant
de Bedford
entr dans
conntable, que
ne voulait pas
de son ct,
Maine,
il
cidne et Gallerande. Il y avait plus, on disait qu'il marchait surEvreux. Ainsi ce n'taient plus les Anglais qui
menaaient
le
la
Normandie. Le retour
apprit la
du duc de Bedford
c'taient
Aumale et
Bon-Moulin
et Saint-Clerin
proche d'Alenon.
la lettre
De
mu par
de
la Pucelle, avait
les
la
part
du duc de
190
Bedford
dangers qui
hommes
Paris, distribua-t-il le
et accourut-il
dans
la
Normandie,
Rouen,
chap-
pour y tenir ses tats. Voyant que cette fois encore l'ennemi
pait, et
lui
le
ramenait
par-
Paris, le roi
au lieu de poursuivre
le
duc de Bed-
un grand embarras,
il
et
capitaine
un
gentil;
homme
de Picardie
nomm
Guillaume de Flavy
et
donns par
mettre
loger le soir
le
se souil
lui,
partit
pour
cette ville,
il
vint
mme du
jour o
avait quitt
Comle roi
pigne.
Nanmoins, pendant
avait passs
les
avait eu lieu.
le
En rponse aux
avait
:
ouvertures d'Arras,
duc de Bourgogne
Compigne
Luxembourg, l'vque d'Arras, les sires de Brimeux et de Charny ; et sur un premier change de conditions, une trve avait t conclue. Une des conditions
de cette trve
traiter
;
tait
que
les
Anglais seraient
la
admis
le roi
y avait consenti,
condi-
191
que
les
le roi
que Ton esprait tre le prliminaire d'une paix, n'tait cependant que partielle ; elle s'tendait pour
tous les pays de la rive droite de la Seine, depuis
Paris et les villes servant
la rivire
excepts
le roi
ayant
le
duc
se rservant
de
les
dfendre.
Compigne,
la
avec
all
la
politique et
vauch,
qu'un matin
s'tait
trouv
en face de
lieues de
de Chteau-Gaillard, sept
Rouen.
Comme
peine, et que le
n'avait
aucune crainte
d'tre
attaqu,
lui, la
sachant
les
le
Hire eut
les
il
profita
le
de
sommer
gouver-
neur de
faire,
se rendre. Celui-ci, se
proviste et ignorant le
nombre de ceux
la lui
avait
demanda
la vie sauve,
son
;
grand tonnement
il
vainqueurs
192
Ja
il
rendit le chteau
en
tt
La Hire
s'installa
au^i-
en son lieu
et place.
Tandis
lui
qu'il tait
trouver
un prisonnier
;
franais
cage de fer
la
nut point
le
captif,
tait
chang, mais
le
Barbazan
Melun,
renferm
et vivait
dans cette
mme tait
rive de peur
fit
La Hire en
que le rompre
vieux
qu'il vt
lui, le
un
coin, d-
prisonnier,
et
que tant
qu'il
ne serait pas
relev de sa
le faire sortir
de sa cage. La Hire eut beau lui affirmer sur son honneur que Kingston avait rendu le
chteau avec tout ce qui
tait dedans, et
quent
la
il
capitulation,
tre,
mais
qu'il
tait
193
la Rire de faire courir aprs Kingston, lequel revint dlivrer Barbazan, qui ne sortit effectivement
lui eut
rendu sa
La Hire
vers
laissa
garnison Chteau-Gaillard
et revint
s'tait
le
tous
deux
le
trouvrent Senlis,
l'en-
si
long-
le
croyait mort.
Le roi venait d'apprendre en mme temps le ddu duc de Bedford pour Bouen, et il tait rsolu de faire un mouvement sur Paris, afin de prole renfort des deux braves fiter de son absence
:
tait
en-
dans cette
suivant.
vieille
ncropole de la royaut
fut-il
:
29 aot
peine y
que toutes
Choisy,
ronnantes se soumirent
sur-Aronde, Luzarches
actes d'obissance
;
,
Creil, Chantilly,
Gournay-
Lagny
firent leurs
Montmo-
rency et de
Mouy
prtrent serment.
Tout
le roi,
allait
194
au
roi, tout
en pleurant de
grosses larmes, qu'elle sentait bien qu'elle ne pouvait plus lui tre utile, et
dit
que
que
si elle
restait
ne
lui
arriverait plus
quel tait
que malheur. Le roi lui demanda ce malheur qui devait lui arriver :
rpondit qu'elle devait tre blesse d'a-
Jehanne
bord
lui
et prise ensuite.
Mais
le roi
ne voulut entent,
et
si elle
Dieu ne plt
il
promptement,
que
si elle
tait prise,
il
royaume pour
couant
tenir
afin,
la racheter.
la tte, et
du
s'il
lui
la
arrivait
malheur, de se trouver au
moins dans
grce de Dieu.
rsolut de s'avancer vers Paris,
Le lendemain on
la
que son jeune frre la suivait portant sa lance, Daulon son tendard, lorsqu'elle aperut, suivant la mme route qu'elle, un soldat donnant le bras une femme de mauvaise vie. Jehanne avait fort dfendu, en tout temps, que les femmes de ce genre suivissent Farme : aussi lui fit-elle dire l'instant par frre Paquerel de se retirer. Mais au lieu de lui obir, la femme lui rpliqua insolemment ;
dis
et le sire et
comme Jehanne
195
la
mme,
le soldat s'lana
au-devant
d'elle
Tpe
y avait trop longtemps que de braves gens d'armes comme eux obissaient une
main, disant
qu'il
femme,
get
:
que
cela
chan-
comme
insosi
une
telle
du tranchant,
mais
si
pouvait
le tuer, elle
frappa
du
ordonnant
coup,
de se retirer
faible qu'et t le
bonne pe, qui avait tant de fois rsist des chocs bien autrement rudes tait venue, la lame vola en morceaux, et la poigne seule resta dans la main de Jehanne.
l'heure de cette
,
En
ce
moment
il
le roi
se
ment sa lame
lui
la
on
raconta ce qui
fille
:
et
s'approchant de
jeune
Jehanne,
le
lui dit-il,
non avec
elle tait
cette
bonne
Et
retirer.
elle
s'en va
comme
venue, dit
dernier
sire, c'est le
me
dit
que
je dois
me
Alors
le roi se
croire au malheur, et
la
196
lui offrit sa
propre
pe
aux Anglais,
croire aux pressentiments de quand sa rputation croissait de tout ct, et quand chacun s'adressait elle comme une prophtesse et une sainte? A Troyes plusieurs femmes taient venues la supplier de servir de
effet,
En
comment
fille,
cette
jeune
et elle
donnant
le
nom
de Jehanne aux
filles et le
nom
la
de Charles aux
chercher pour
prtre ne
garons.
A Lagny on
tait
accouru
Jehanne
les
tait
venue prs de
;
yeux,
si
bien que
le
moment
et l'avait
c'tait la
qui
tait
lui avait
crit, elle,
trois
trne de Saint-Pierre,
il
mme reconnatrait.
C'taient,
certes, l de
grands honneurs,
et
qui
197
au contraire,
jamais, car
tait plus
elle
sentait
chaque jour.
17.
CEATIT'^ B2E11M1.
^Ili?IF2^5sJ^a
Le
mme
bourg, vque de Therouenne, par un chevalier ansir Jehan Ratcliff, et par trois mille peu prs sans compter ceux des bourgeois qui, ayant pris part dans le temps au massa-
glais
nomm
hommes
cre des
Armagnacs
que
les
Anglais ce que
ne reprt point sa
,
ca-
pitale,
il
n'y aurait
202
COMPIGNE.
depuis
la
aux Pourceaux,
aujourd'hui entre
Madeleine et
L,
une batterie de canons, et tirrent plusieurs coups pour en essayer la porte. Elle tait
ils
tablirent
bonne,
jusque dans
la ville.
mu-
y avait aussi un corps de Bourguignons parmi eux; ce qui tait facile reconnatre la
il
Mais ce
l'ennemi
soir-l
il
que
de
la
l'aspect
les
la butte
aux Pourde
la
couvert de
l'artillerie
quelque
les Parisiens
jour de
la Nati-
de Notre-Dame,
et ils
les
si
pendant une
fut-elle
ils
grande
entendirent
COMPIGNE.
les cloches
203
la
messe
hurler
le tocsin, et qu'ils
la ville,
en criant
Alarme
les cris
timider
commenc,
prtendus
mais que
train
les
pour
les
Franais que
le disaient ces
du
espr soulever la
ville.
le
En
effet,
bien empars de
ils
rire, laquelle
et le sire
ils
tr
ils
dans
La Pu-
premier,
de
les
traits d'arba-
canons et
il
les
bombardes. Mais
trouva que
le
se
second
profond
et plein d'eau.
Cependant
cet obstacle
204
COMPIGNE.
du
elle
son tendard
et des
elle
appela
dsigns pour l'attaque, et qui accoururent conduits par le marchal de Retz. Alors Jehanne or-
que Ton trouverait enfin d'apte frayer un chemin solide travers cette eau et cette fange, et elle s'avana elle-mme jusqu'au bord du foss pour en sonder
la
profondeur avec
:
(c
la
Paris
car
si
vous ne
nous entrerons de
mis mort,
Mais en ce
moment mme,
un des
Jehanne tomba
car la blessure
tait cruelle, et
comme on
commena de fuir. Alors elle remit son tendard aux mains du premier soldat qui se trouvait prs d'elle, et lui commanda de monter sur le haut du foss, et de l'agiter
la
que
l'as-
Le
soldat
fit
mais,
pendant
saut
!
qu'il secouait
!
Flendard
et criait
A
;
l'assaut
un
trait
l'atteignit
au pied
il
se
la visire
de son casque
, ,
COMPIGNE.
205
Irait
mais au
l'atteignit
au visage,
mort.
En
ce
moment,
le sire
de Daulon arrivait
il
vit
le talus
du
foss
et la terre
voulut alors
la
prendre par-dessous
;
les
bras
et l'loigner
de
la bataille
qu'elle savait
lui
prendre quand
obie
faire,
mais au contraire de
les Franais.
et
de rallier
Retz, appela
rut.
si
haut
et si
,
Pendant ce temps
la plaie
;
le
vireton de
mais,
comme
elle souffrait la
hor-
riblement,
couche
mme place,
Alors,
l'on
comblt
'
le foss.
dit,
jeter
bler,
mit la besogne. C'tait, comme nous l'aune uvre presque impossible tant l'eau profonde. Toute la journe se passa donc des fascines dans le foss sans pouvoir le comet quoique blesse depuis plus de cinq heures
se
,
Jehanne
tait encore,
ordonnant l'attaque
et
ne vouvint
abandonnt
l'assaut, lorsque
un ordre du
positif
que
ft cet ordre,
y obir, disant que si l'on voulait s'entter l'assaut, on aurait Paris avant qu'il ft deux heures;
18
206
deux
mait
fois le
COMPIGNE.
enfin,
comme
il
l'ai-
jam-
un
si
merveil-
malgr cette
terrible blessure
s'apercevait-on qu'elle
La
les
dcharges
mais
de la ville, de peur des embuscades. Cela permit aux assigeants de ramener leurs morts, qui taient en grand nombre; mais comme ils n'avaient point le temps de leur creuser des fosses, ils les entassrent dans une grange des Mathurins et les y brlrent.
s'arrtrent.
s'tait
L on
,
fil
de tout ce qui
pass
lui
et le
et le
marchal de Retz
racontrent
comment
se
Jehanne
ment, o
pu pour
et lui
fit
une
forte fivre
le
de
l'a-
dcouragement qui
En voyant
le roi,
Jehanne
se
comme
que
la
si elle
ne
, ,
COMPIGNE.
207
lui dit
de gurir d'abord
et qu'ensuite
lui
qu'elle voudrait.
Le
mme
soir,
les
Jehanne
fit
former
un trophe de
et,
ses
armes,
comme
referme,
elle
la basi-
du martyr
et avoir
Vierge et
,
les saints
elle
colonne
la
plus proche de
du
demander
le
cong
promis.
Mais pendant ce temps, on avait remontr Charles quelle faute ce serait lui
que de
le
laisser s'loi-
gner au
,
moment o
le
rien
n'tait dcid
encore
celle
que tout
monde, depuis
,
premier capitaine
regardait
comme
son bon
bon
au contraire qui
la suppliait
les
de ne point
experts
que
gens
les plus
de son conseil
que
si elle se retirait,
;
mais aux
et la
connaissance qu'elle
208
avait
COMPIGNE.
du
caractre
peine perdue, et
du roi, elle vit bien que c'tait que c'tait un parti pris de ne pas
Alors
la
la laisser s'loigner.
pauvre enfant
se rsi
gna.
elle
Comme
les
la
le roi lui
offrait
comme
ment En
premire
fois
qu'elle
aux Anglais
la premire occasion
ce qu'effective-
de ce moment, et pour
le
lui
donle
roi
augmenta
Jehanne
et le
porta
:
la
hauteur de celui de
de
il
lui
permit de
faire
chevaux de main,
payer
heure,
le petit
et
un
trsor particulier
elle devait
commander en personne
elle se rsigna,
Le
que
le roi se retirerait
l'autre ct
de
excu-
Lagny, de Bray
verneurs dans
^
et
de Sens
et
les
ainsi
Ambroise de Lor demeura Lagny, Jacques de Chabannes Creil, Guillaume de Flavy Compigne, et
le
comte de Vendme
Saint-Denis et
COMPIGNE.
Senlis
;
209
quant
la
peine
les
les
envila
le
avec
un sauf-conduit de Charles
de
la
sous prtexte de
les
traiter
paix
mais lorsque
deux beaux-
duc de Bedford
du duc Philippe
la
l'ambition
sist
il
est vrai
r-
aban-
gouvernement de Normandie,
Brie et la
Champagne ;
il
mme
nouvelle rgence
il
on
tait
vident
la
ville
deux princes
retirant
se sparrent
le
duc de
Bedford se
duc Philippe revenant Bruges, pour pouser madame Isabelle, fille du roi Jean I" dei
Rouen,
et le
Portugal
d^or.
et
la
Toison
18.
210
Pendant ce temps,
Franais
ni
COMPIGNE-
comme on
le
pense bien,
la
Bourguignons ne
la
s'en
souciaient le
avait envoy
gens sous
verneur de Lagny
de Normandie
tait
;
le conseil
du
le
roi
de son ct, en
les villes
Loire, et
le sire d'Albret,
un des
Pucelle, avait
ais,
rendu un
l'avis
que, contre
de Jehanne,
marchal de
Broussac et
le sire
du mme
le
mais , par
qui commandait
la ville, et fu-
nons
core sa
renomme en
ralisant sa prdiction.
Cependant
tale et
les nouvelles
qui arrivaient de
telles
,
capi-
que
les
yeux
du
roi et
Non-seulement
es
franaises
avaient
COMPIGNE.
211
chez eux
et
remis leur
ville
au commandeur de
enfin
la
et tait
redevenu franais
faire la
,
Hire, qui
s'tait
ne cessait de
guerre en partisan,
em-
par de Louviers
jusqu'aux
mme
failli
;
prendre par
il
duc de Bedford
et
le
pillages et
c'-
comme on
le voit
pour
d'avis
du
roi Charles et
dont chacun
tait
du printemps, on
en attendant
rassembler
ple
,
reporterait la guerre de ce ct
fit
on
les
pour avoir de
Sur ces
entrefaites,
s'ourdis-
sait Paris,
quoique dcouverte
rprime, donna
le
du
roi
intelligences
dans
la capitale.
Quelques seigneurs de
et
du parlement
du Chtelet,
Dlie, tait
212
COMPTGNE.
du dehors ; mais
,
les
gardes de
la
un
il
matin, et
le
conduisirent en prison
les
comme
ne rpondait toutes
qu'il ft
ques, on
mit
la
torture o
:
la
ments lui fit tout avouer six ttes furent tranches aux halles et plus de cinquante cadavres retrouvs
,
la
Seine.
Le moment
les hostilits
;
tait
sans rencontrer
toyable capitaine,
nomm
Franquet d'Arras,
faisait,
hommes
peu prs
parti
qu'il
avait
runis sous ses ordres, les courses les plus dsas-treuses pour les bonnes gens
du
,
du
roi
,
car
il
ni
hommes
ni fem-
mes,
glais
Anpas-
ou Bourguignon
prs d'un pareil
ser
si
homme
et laisser ses
crimes
nombre
rencontra
marcha
droit lui, et
mme
quatre cents
archers
hommes
COMPIGSE.
215
fois
;
coups de flche
niais
repoussrent
les
troupes royales
la bataille
;
Jehanne
les
ramena
et enfin
de se renfermer dans
Pucelle
un
ce
petit fort
et ses
moment
commandait
dresses,
Lagny
arriva avec
une
partie de la
on
battit
en brche,
,
et aussitt
que
la
muet
ils
on donna
l'assaut.
Franquet
ses
soldats
se
battirent
en dsesprs; mais
;
une
;
au
fil
de l'pe
merci;
le
ras tait
comme
elle
tratre
De son
ct
Jehanne dclara
,
que,
comme
il
tait
son prisonnier
ne
le
ren-
drait personne,
le seiil
mais ceci
tait
devenu im-
possible
vit.
et
le
le
Sur
abandonna Franquet
:
Faites de lui ce
,
214
COMPIGNE.
Pendant ce temps, une nouvelle conspiration venait d'clater Paris, et, rprime
comme
la
pre-
fait
Un
des
prisonniers de guerre de
la Bastille,
un jour
;
le gelier
en-
la
cour
il
s'approcha alors
le
doucement de
trois
lui
et lui enlevant
trousseau de
la
la
ceinture,
il
ouvrit
prison de
de ses camarades,
et tous quatre,
arms de
les
temps de
de
l'Isle
se reconnatre,
Ja Bastille,
Adam, gouver,
faisait sa
les
accourut aux
che-
une hache
:
la
main, fendit
la tte
du chef du complot
mis
et, la
le
furent pris
prendre
chteau pour
le livrer
aux gens du
ou
roi
condamns
jets la
rivire.
comme
elle tait
Lagny, et
Paris, afin
qu'elle
elle
avait dj rsolu de
marcher sur
une autre
S ,
COMPIGKE.
21
le
importante:
duc de
Anglais,
s'tait refait
arme et avait mis le sige devant Compigne, o commandait, comme nous Tavons dit, le sire de Flavy. Jehanne rsolut d'aller au plus press elle envoya devant elle Jacques de
forte
:
une
et Xaintrailles
En
un
seul jour
pour y
la
faire
puis, la nuit
elle
venue
elle
part pour
Compigne, o
de l'obscurit
,
faveur
quoique
ft entoure pres-
que de tous
sire
de Luxembourg,
et le
le
de Noyelle,
John Montgommery
les points
duc
principaux.
ques pour y entendre la messe comme c'tait son habitude toute fois qu'elle se trouvait dans une ville.
que
l'glise se
rem-
plit
Elle tait
lant
la
regarder, sans la
fut-elle finie
,
mais peine
la
messe
que
la foule se prcipita
vers elle,
demandant
baiser
,
un
petit
anneau d'or
qu'elle portait
au doigt et sur
nom
de Jsus
216
alors
COMPIGNE.
Jehanne abandonna
ses
mains
ces bonnes
gens, et
comme un
devant
garder
elle lui
si
demandait ce
!
tristement: Hlas
et
mes
je
en toute
;
assurance
Il
y a un
homme
mon
roi ni le noble
royaume de France
lui disant
sait
,
tratre
fait
si
elle le
connais-
et
en
serait
bonne
justice. Mais
la tte
,
Jehanne
et,
se contenta
de secouer tristement
Jehanne passa
sur
la
la
journe en prire.
Comme Jsus
montagne des Ohviers, elle buvait sans doute le calice que quelque ange lui apportait. Puis
comme,
troupe qui
l'ac-
une sortie, vers les quatre heures aprs-midi, Pothon le Bourguignon, un de ses capitaines, vint l'heure convenue lui annoncer que ses gens d'armes taient prts et
compagnait de
se tenir prte faire
qu'elle.
Jehanne
tait
re-
COMPIGWE.
217
car, ainsi
qu'on
l'a
vu
elle
ne
que de
monta
puis ayant
fait
une ou deux
fois
encore
le
signe de
la regar-
la croix, et
Allons
dit-elle
l'attendait sa troupe.
,
Au mme
,
et
Jehanne
suivie de
dans
sire
la plaine, et vint
de Noy elles, au
et
bourg
l,
de plus
prs.
Rien ne pouvait
le
premier
effet
en
du
sire
Jean
con-
se
la
mit htivement
Pucelle! avait
19
La Pucelle!
JFUA>'NE LA PUCELLE.
218
retenti d'un
COMPIGJVE.
bientt des
l'tait la
masses dix
petite troupe
nire l'une
avait
men
premire
nant chaque
que
peu de dsordre ne
se
mt dans sa troupe
,
chacun
et
il
si
elle
peu de temps
fe
ses
dans
les
portes
hommes, la moiti serait toufou jete du haut du pont au fand retourna une dernire fois pour
c'tait
charger l'ennemi
recula.
la
troisime
l'ennemi
centaine
Jehanne
le
trouva que
les
;
Anglais
alors elle
fait
de
la
car c'taient
avec
la
plus brave
mais en arrivant
la barrire tait
la
que
per-
ferme
malgr ses
il
cris,
l'ouvrir.
travers
Alors
lui
;
fallut essayer
champs
elle se retira
donc
CGMPIGNE.
entre la rivire et Compigne
,
219
afln
de gagner, ou
bien
le
ouvrirait
mais quand on
la
vit ainsi
abandonne
Attaque
avec une centaine d'hommes peine, les plus lches reprirent cur et se rurent sur
elle.
Jehanne de
lutte fut
fit
la
longue
Pothon
le
Bourguignon
entre les
la tira si
violemment
lui
mme
Jehanne
;
de se
,
dfendre
elle
elle jeta
un dernier regard
pour
son
soldats
chacun
la
combattait
secourir; elle
elle,
comprit
fatale
que tout
tait
perdu pour
que l'heure
,
et elle rendit
,
son
le
pe Lionel, btard de
Vendme
se
un grand
cri
camp
nire
toute la
!
France
Jehanne
la
le
28 mai 1450.
19.
TM
W^^Bu
Ce
fut
comme on
dit
le
pense bien
que
la prise
gnons
et des
on et
que
l'on
y avait
gagn quelque
Azincourt, et
que
c'tait le roi
de France lui-mme
cette
En
efifet,
pauvre
fille,
France
conquis
ils
avaient presque
royaume
24
qu'elle avait paru,
faites et avaient
LE PROCS.
ils
n'avaient compt
les
reperdu
deux
tiers
de
France.
du sire de Luxenibourg pour voir la prisonnire que le btard de Vendme lui avait remise. Le duc de Bourgogne y vint comme les autres, et mme des
premiers
;
et
comme
il
elle,
;
nul
ne
sait
seule-
le
vaincu et
jeune
fille la
vic-
torieuse.
Et cependant le pril que courait Jehanne tait imminent; des courriers avaient t envoys au duc de Bedford, au comte de Warwick et Tvque de
Winchester, et trois jours s'taient couls peine
que
les Anglais,
ardents
la
vengeance, avaient
fait
au royaume de France,
la
sommation
suivante
u
office et
de l'autorit
le saint-sige
de Rome, nous
requrons instamment,
la foi
et enjoignons,
en faveur de
et
amener
prisonnire ladite
le droit,
elle
parle promo-
LE PROCS.
225
ni le sire
Mais ni
le
duc de Bourgogne,
de Luxemcette rquifille
obtemprer
ils
aux
Anglais, c'tait
l'instant o elle
mieux que personne que c'une noble hrone, et non pas, comme le disaient
11
ses
fut
donc
convenu entre
ne
ferait
qu'on at-
y avait un gne et le
trait
de guerre entre
le
due de Bourgo-
roi d'Angleterre,
pouvait rclamer
certains prisonniers
il
moyennant
fallait
que ce
prisonnier ft un roi,
conntable
Or,
l'arme, le
grade positif dans duc de Bourgogne pouvait s'excuser sur ce point dans le cas o, moyennant une ranon gale ou suprieure celle qu'il attendait du roi d'Angleterre,
il
la
le
Mais
Charles VII,
pauvre
fille
de
Domremy, au moment o
elle avait
voulu se retirer,
226
en
lui disant
LE PROCS.
que,
si elle
tait prise,
il
vendrait,
pour
la racheter, la
n'envoya point de
n'offrit
me messager
couronne
tait-elle affermie
l'y
avait pose.
Il
nouvelle
il
d'arme, et
pour
elle
celle
qu'il etofferte
c'est--dire dix
En mme temps
on
invitait Pierre
Cauchon,
mme
nom
qu'au
nom du
roi d'Angleterre,
quelque temps
hanne,
Anglais
tion
il
une
fois
vengeance des
s'il
innocente, et l'excra-
de
la postrit
la dclarait
coupable. L'vqu'il
que crut
en rpondant
lui-mme, prendre
LE PROCS.
l'avis
227
le
de l'universit de Paris.
;
On
pressa de pren-
mais enfin
il
com-
la
t prise dans
il
devait la rclamer et
Cambray, o
qu'elles re-
comme
;
sorcire,
un mouvement
d'intrt qui
fit
Un
mois
de de
tait-il
obtinrent
du
sire
ainsi.
le
comme on
pense bien,
mme
laquelle
il
28
parti le
et
LE PROCS.
15 juillet de Paris avec un notaire apostolique, un envoy de Tuniversit. Le 16, une seconde
sommation fut signifie au duc de Bourgogne et Jehan de Luxembourg, au nom du roi d'Angleterre :
dans cette sommation,
le
de France,
somme
peu prs 70,000 francs de notre monnaie; de plus, une rente viagre de 300 livres
assigne Lionel
,
tait
btard de
Vendme
au-
quel,
comme nous
offres
rendu son
pe.
Les
reux
tait
sa
sur
et sa
les
femme
la
On
mais
le roi
de France
restait
que
celui de racheter
une
passait son
gion
l'pe
elle ceux qui s'approchaient d'elle temps en prires et en pratiques de relipuis de ces mmes mains qui avaient mani royale et port la bannire de Dieu, elle cou,
sait et filait
comme
au temps de sa jeunesse
et
de son
LE PROCS.
229
;
et
quoique
ne
que de rsignation
,
de martyre
elle se sentait
du moins
entendues.
Enfin,
Luxembourg annona
femme
et sa
sur
qu'il
mots, se
la
pauvre
aux Anglais,
c'tait la
bourg promit
sa garde tant
que
payes, et que, tant que les dix mille livres ne seraient point payes,
il
serait libre
de traiter de son
un
Le duc de Bedford
soit
en
chargea sa femme
et sa
sur d'an-
noncer Jehanne
les
de traiter avec
Anglais
et
que
d'un
moment
deux fem20
250
LE PROCS.
flchir leur seigneur
;
mais,
fut inflexible.
cette terrible nouvelle
fallut
donc annoncer
de
et
de son isolement.
Du
,
jour de sa capti-
la
et la
femme
seule
en larmes
comme un
enfant,
ses amies,
comme
si
elle
elle avait
quitter
l'instant
mme
il
et leur dire
sortit point
cependant
indigne
ne
il
d'elle,
ne
lui
mains
Mon
Dieu!
;
mon Dieu!
car
prvenue.
)>
Le
remonte en sa chambre,
et ses saintes lui
du chteau,
schrent et
elle se
mit en prires,
apparurent. Alors,
elle
comme
tomba dans
du
Seigneur
<(
Jehanne,
te rconforter
mais
le Sei-
gneur
te
donnera
d'esprance, conserve
foi.
LE PROCS.
231
r;
sombre
et terrible
catastrophe
si
obissante
se r-
De
un
in-
un grand
La journe du lendemain
dans
les
s'coula,
comme
la
nuit,
larmes et dans
les
hanne
jet.
femmes,
effrayes, l'in-
terrogrent; mais
chose, sinon que
:
Le
accoutume;
alors,
comme
elles
chambre
baissa les
avaient
presque
colre.
,
irrit
Jehanne
le
au
Jehanne,
Dieu
qui voit
le tien tes
coupables pen-
Le martyre conduit
s'cria
mes
saintes
Jehanne
bras, j'aime
aux Anglais.
Il
232
voix
,
lE PROCS.
et ce n'est point toi disposer
!
de toi-mme. ob-
Hlas
scure dans
mon
Dieu
dit
Jehanne en sanglotant,
et
mon
village?
,
lorsque la femme du sire de Le lendemain Luxembourg, ne voyant pas descendre Jehanne, entra chez elle, elle trouva la
jeune
fille
froide, ple et
elle
tendue sur
pass
la
les dalles
de sa chambre;
avait
l'a-
vait laisse.
La dame de Luxembourg
Jehanne pour
ger leur repas
qu'elle vnt
;
fit
de vives instances
d'habitude partale
comme
;
pouvait, dsirant
communier
les
la
dame de Luxemles
bourg connaissait
elle
savait
mal-
religion
elle
redescendit
ses
s'taient faites
mais
elle les
tude de remonter.
La femme
et la
sur du
sire
de Luxembourg n'-
de
la veille
LE PROCS.
235
reste
leur inspirait.
Tout concourait au
augmenter
chez
elles ces
On
tait
tait
arriv
au commencement d'octobre;
et
le
ciel
sombre
nuageux,
comme il
Le vent
les
dans
les
seules dans
lui
un appartement
de
et indicibles
sembla tout
coup, au
cri
de sonner, qu'un
douloureux traversait
l'espace.
Toutes deux
cri
tressaillirent et coutrent;
mais ce
succda
le
vague pouvante,
jusqu'
la
aux
le
sentinelles de sortir
turne rencontra
le
corps de
la
jeune
fille
on crut
;
bientt
on s'aperut qu'elle
n'tait qu'vanouie.
On
la trans20.
254
I PROCS.
la
chambre mme de la dame de porta aussitt dans Luxembourg, o, grce aux soins que lui prodigurent les deux femmes, Jehanne reprit ses sens; comme elle Tavait dit, elle avait mieux aim mourir que d'tre livre aux Anglais, et malgr Tordre de ses voix, elle avait, dans l'esprance de fuir ou dans celle d'tre tue, saut du troisime tage de la tour ;
sans doute Dieu l'avait soutenue dans sa chute
elle
:
car
et
et
s'craser contre
le
talus
du fond,
comme nous
l'avons dit,
on
l'avait
retrouve va-
nouie seulement.
En revenant
elle,
Jehanne parut
sire
fort
repentante
de ce qu'elle avait
fait,
de Luxembourg ne
Il
craignit que,
et
ne
lui ft
;
rachat
il
10,000 livres offertes pour son dclara donc au rgent d'Angleterre qu'il
mettre Jehanne sa disposition, mais
tait prt
le procs ne comment qu' o il aurait touch le ranon de sa prisonnire. Le duc de Bedford passa par toutes les condi lions qu'il plut au sire de Luxembourg de lui impo-
qu'il
entendait que
l'heure
ser, tant
il
avait
peur que
lui.
le roi
de France n'entrt
rgent s'inquitait
en concurrence avec
Mais
le
ment
il
devait
sa couronne.
lE PROCS.
255
le
Le rgent
tats
avait
convoqu,
4 aot 1450,
les
de
la
et
il
leur avait
destines
de
la
Pucelle
ces
10,000
livres furent
vers le 20 octobre.
le
tribunal qui
En
transporte
sons d'Arras et
une cage de
fer,
encore
l'aide
d'une espce
de
L,
multitude
comme une
la
pour
la
sonnages de distinction. Le
inme, aprs avoir touch
sire
le
de Luxembourg
lui-
256
la cruelle curiosit
fois
:
LE PROCS.
la venir voir une dernire accompagn du comte de Warwick et
de
il
tait
du comte de
riant, je suis
Strafford
Jehanne,
lui
dit-il
en
il
venu pour
te
faut
que tu
fille,
me
Hlas mon
la
je sais bien
de moi,
les
Anglais
mais
il
n'auront pas ce
royaume.
ces
mots
tirait
le
il
son pe pour
l'arrta
frapper;
mais
le
comte de Warwick
au moment o
au-devant
jetait
du coup.
Et cependant toute captive, tout enferme dans
une cage de
si
fer,
qu'elle tait, la
grande terreur
lettres
qui
la
la
effet,
dans
les
derniers
LE PROCS.
elle,
2o7
la
et les soldais
la
enfin,
le
mercredi 21
f-
ordonnait que
la
gneurs
et
Terrier,
Thomas de
fut
amene pour
tre interro-
Un
une requte de Jehanne, dedu procs, il lui ft permis d'entendre une messe. L'vque et les juges dlibrrent, et dcidrent que la requte devait
huissier prsenta
mandant qu'avant
l'ouverture
tre refuse
tait diffame.
la
Jehanne attendu
les
crimes dont
elle
conduire l'instant
fut
mme
devant
le
tribunal.
amene aussitt, et le mme jour l'interrogatoire commena. Ce fut alors que Jehanne se montra vraiment grande et belle. La pauvre jeune fille, qui ne savait
Jehanne
ni lire ni crire, qui l'on avait seulement appris
coudre
pour
toutes choses,
comme
elle le disait
elfc-mme, son
238
Pater, son Ave
LE PROCS.
Maria
et
et
son Credo,
pauvre pri-
citer,
pour
cette majestueuse
prises presque
au hasard dans son interrogatoire Admoneste de jurer sur tous les saints vanen toutes choses sur
les-
Jehanne rpondit
qu'il
<c
tendu
nemis.
<t
y a
telles
choses concernant
roi
de
en-
ses
de dire
foi
catho-
ses
Domremy,
elle tait
le
chemin de
la
France,
tiers
de dire
la vrit
les rvlations
de Dieu,
et qu'elle n'avait
dt-on couper
cong du
roi Charles et
de Dieu.
et la
LE PROCS.
'
259
la
de jurer de dire
foi.
la vrit
en ce qui toucherait
les
Jehanne alors
le
se
deux
mains sur
sur
le
schoses concernant la
elle
elle
ajouta que
de ses rvlations
qui
mme
voix
Puis
:
s'adressant l'vque
et le
regardant en face
Regardez-y deux
vous faire
avant de
mon juge
car,
au
l
nom
de Dieu, je
rpond
qu'elle est
ne Domremy, qu'elle a
sait
le
Pater
VJve Maria
et le Credo,
elle
rpond que
c'tait l'ge
mme
bien gouverner
mais que
elle
la
premire
fois qu'elle
dans
le
trois fois la
semaine cette
qu
elle se htt
de partir,
et
qu'elle ferait
240
lever
LE PROCS.
le
aux Anglais
sige
d'Orlans et mnerait
Interroge
si',
quand
elle quitta
son pre et sa
mre,
Elle
elle croyait
pcher,
le
rpond
Puisque Dieu
commandait, eussfille
du
Interroge
trouva quelque
empchement
elle
sur sa route,
Elle
Interroge
Elle
du
lieu
tait le roi.
le roi
Chinon, o elle
arriva vers
qui
tait
Interroge
Elle
reconnut
de
toile
ou de drap,
c'tait
Elle
rpond que
de blanc satin.
le
cou-
rpond
Je disais
la
du chur qu'aucun
:
autre.
le
rpond
C'tait bien le
moins, tant
pre-
LE
PRX)CfeS.
241
mier
en
elle
la
peine, qu'il ft
si
le
premier l'honneur.
Interroge
ou en son tendard,
rpond
:
Elle
Dieu
et
non
ail-
leurs.
Interroge
si
ment
qu'elle ft
Elle
rpond
S'ils le
Interroge
habill,
si
nu ou
Elle
rpond
vtir?
quoi
le
Interroge
l'instigation
si
elle
fit
la
sortie
de Compigne
fosss de
de ses voix.
:
Elle
rpond
il
les
Melun,
la
mais
ne
fallait
qu'au contraire
elle prt la
chose
comme
lui
venant
du Seigneur
Interroge
et
si
que
le
Seigneur
l'aiderait.
nouvel
Elle
le
mme
:
rpond
qu'alors elle a
dans quel
lieu,
Que plusieurs fois elle l'a reu et demand quand cela arriverait et mais qu' cette demande elle n'a
le cas
jamais eu de rponse.
Interroge dans
tre prise,
Elle
si elle
elle
et su qu'elle devait
et
rpond qu
elle
ne
l'et
242
mais que
elle
si
LE PROCES.
et suivi leur
commandement
les fosss,
jusqu'
la fin.
du haut de
la
tour
de Beaurevoir dans
Elle
rpond
Il
mourir que
moyen
ont dleur a
elles
le lui
fendu, et que
dsobi.
premire
fois qu'elle
elle
croyait se
et qu'en sau-
tant elle se
recommanda
si,
Dieu.
elle fit
Interroge
de ses voix,
rpond
Ma
pnitence fut
douleur que je
me fis
Elle
en tombant.
si la
Interroge
rpond
qu'elle l'ignore,
deux ou
poucon-
voir boire ni
consose
ordonna de
qu'elle
fesser et de remercier
ne
s'tait
point tue; qu'au reste les gens de Compigne auraient secours avant la Saint-Martin d'hiver; et
elle se prit
que recommencer
manger,
et bientt
fut gurie.
LE PROCS.
243
Interroge
livre des
si
Elle
rpond que
Prends tout
chemin du paradis.
si,
Interroge
fait cette
promesse,
elle croit
damne en
enfer.
si
rpond
fermement que
;
elle tait
dj au
et
comme on
en
effet
lui disait
que
cette
tient
trsor.
elle croit
dans
la
grce de Dieu,
:
Dieu de
server.
C'tait ainsi
que
la
jeune
fille,
la foi
Thsi
que fussent
ses
rponses,
clatante
Cependant on
toutes ces
de mort, car
de
la
jeune
fille.
Ds
le
commencement du
s'tait
procs,
on
avait
introduit
nomm
Loyseleur, lequel
244
lorrain perscut et
LE PROCS.
martyr
et le
comme elle,
lequel l'avait
confession de
d'un ange
;
on n'avait rien pu
il
avait
donc
fallu
y rela
On
avait
Damune
remy, dans
sainte.
le
pays avait
tait
On
cine
,
docteurs en mde,
de vnrables matrones
et
ils
avaient
dclar l'unanimit
il
un pacte avec
tivement que
vierge.
dmon, puisque
posi-
dmon ne peut
pactiser avec
une
Tous
srables
les
subtilits
elle
refusait de se soumettre
l'glise et elle continuait porter des habits d'homme. Son refus de se soumettre tait un pige o on lui avait fait une l'avaient fait tomber ses juges
:
si
ciel, et
de
malgr
sa lucide et
prompte conception,
LE PROCS.
245
prtre
,
compris.
D'ailleurs ce misrable
qu'elle
un homme de Dieu, et dont elle dplorait la perte chaque jour, lui avait persuad que se soumettre l'Eglise, c'tait reconnatre un tribucroyait toujours
compos entirement de ses ennemis. Quant son obstination conserver les habits d'homme, elle s'explique tout naturellement plunal
:
aux violences de
encourags par
ses gardiens,
que
l'on disait
mme
le
duc de Bedford,
et elle croyait sa
chastet mieux dfendue par des habits d'homme que par des vtements de femme. Cependant plusieurs des juges avaient des remords
ils
voyaient
la
procdure se d-
Qu'est-ce
Jehanne.
lui
qu'un concile
gnral ?
demanda
Anglais.
Oh
s'cria
Jehanne,
le
diable
le
interrompit
notaire apostoli21.
246
que
:
LE PROCS.
dit-il,
mande au
de
procs- verbal.
!
Hlas
rpondit
la
jeune
fille
triste rsignation
un
est
pour.
at-
A
de
la
porte du tribunal,
;
le
comte de Warwick
en l'apercevant il s'approcha
main
main
leve
qu'il
encourait en frappant
;
un
:
ecclsiastique
il
baissa la
toute la
menace de son
geste
Pourquoi,
ferai jeter
matin cette
mchante ? Par la mort-Dieu vilain, si je m'aperois que tu veuilles l'avertir pour la sauver, je te
dans
la
Seine.
les
juges se ras;
l,
comme
ils
ponsabilit d'un
celui
auquel Jehanne
rdigrent douze
qu'ils envoyrent,
articles inexacts et
mensongers
mme
nommer
tre
l'accuse, l'universit
de Paris, au chapi-
ches et de Lisieux, et cinquante ou soixante docteurs qui avaient t assesseurs dans le procs.
La
(c
ou orgueilleusement
LE PROCS.
247
esprit;
lui
da malin
qu'elle
ordon-
d'homme,
Pendant toute
lade
;
cette enqute,
alors
l'ordre
et les
grands soins,
du monde,
elle
comte de Warwick.
le roi
ne voudrait qu
mourt de mort naturelle; il Ta achete assez cher, pour en faire ce qu'il en veut, et il entend qu'elle
soit
brle vive.
Jehanne gurit,
terre
;
comme
elle
le dsirait le roi
d'Anglefati-
et
comme
fois
gues de corps
et d'esprit qu'elle
endurait, tomber
une seconde
fut
malade
et
la
heureusement, on pressa
rendue
:
sentence
c'tait, selon
ecclsiastiques,
une dclaration
l'accuse,
comme un mem-
bre corrompu
lire.
le
cas
engageaient les
la
juges modrer
la
mort
ou
la
mutilation.
n'tait
Mais ce
connatre l'inspire que les rvlations qu'elle continuait d'avoir et qui seules lui donnaient la force
248
qui
la soutenait,
LE PROCS.
lui
venaient du
dmon
et
non de
Dieu.
pelait
On
peur de
la torture.
En
la
bourreau
et les
instruments de
si elle
On annona
la
alors
Jehanne que
ne
mettre
gne
en
mme
temps,
le
bour-
reau prparait
le chevalet.
ne
et se retour;
mais je vous
corps et
et
le
mon
mon me,
corps.
sur votre
Une
mais
comme on
,
comprend
son perscu-
teur
comme Jehanne
tait
encore trs-faible
de
la
tourments.
cette
Comme
mort
tait le
ce misrable
prtre
nomm
Loyseleur, que l'on avait dj introduit dans sa prison, sans qu'il et rien
pu
tirer
trouvt
moyen de retourner
contre
dans
le
le gelier
le
reut
comme
LE PROCS.
249
lui
le
misrable
donna
le
faite, elle
immdiatement des chanes des Anglais aux mains de l'glise. Jehanne combattit toute une
passerait
son esprit
mais enn
lui
croyant que
donnait ce conseil,
la
et
sagesse
de
celui qu'elle
elle
comme l'homme
de Dieu,
promit de
faire tout ce
qu'on voudrait.
En consquence,
tire
tire
ds le surlendemain de cette
le
promesse, c'est--dire
fut
de sa prison
et
conduite sur
place
du cimel'un
Deux chafauds y
pour
l'vque de Beauvais,
vice-inquisiteur, le cardinal
l'autre
pour Jela
hanne
et
tait
charg de
tait le
bourreau
Tout
parties
le
:
peuple de Rouen semblait divis en deux Tune qui attendait Jehanne sur la i)lace du
2d0
le procs.
;
cette
que
de
faire ouvrir
un chemin
parole, et
essaya de
non
un seul mot, paraissant tellement absorbe dans une prire mentale, qu'on eut
dit qu'elle n'entendait
mme
pas
les paroles
de
l'ora-
laume rard,
C'est
toi,
et
lui
posant
la
main sur
la
l'paule
s'cria-t-il
en secouant
jeune
fille,
c'est toi,
c'est
non-seu-
lement
toi
mais
c'est
Jehanne
se releva
du
glaive, et qui
en
rcompense
l'avait si
ma
foi,
et
ma
vie,
que ce
tien
roi
parmi
qui aime
le
mieux
la
foi et l'Eglise et
que vous
le dites.
LE PROCS.
251
taire
!
Faites-la
ensemble
Erard,
et
taire
faites-la
crirent alors
teur Massieu,
s'asla lut
prenant
la
cdule d'abjuration,
il
il
tendit la cdule
!
Abjure
Hlas
et surtout
Alors expliquez-lui ce
dpchons.
celui qui tait charg
que
c'tait
d'accompagner
candeur
les
criminels
en prison, au tribunal
cet
et l'chafaud, et la
cependant
homme
en voyant
se sentit
elle. Il
et la rsignation
de Jehanne
passion pour
donna donc
le
conseil,
au
Jehanne
ferme
:
se leva alors et
Je
selle
m'en rapporterai,
si
dit-elle, l'Eglise
univer-
pour savoir
s'cria
je doi^s abjurer
,
ou non.
le
abjure
l'instant
mme,
Dieu du
ciel, je te
qu'avant
la
Jehanne,
menace,
plit et frissonna
puis.
252
l'on vit couler
elle tait
LE PROCS.
ses joues
la
au bout de femme.
bien
!
Eh
dit-elle
en clatant en sanglots, je
le
tout
mes juges
lui
mre
dit
la sainte glise.
Alors signe,
sentant
Guillaume Erard, en
pr-
un papier qu'il prit des mains de Laurent Callot, secrtaire du roi d'Angleterre. Qu'est cela? demanda la jeune fille.
L'acte d'abjuration
laisser crotre tes
qu'on vient de
te lire, et
cheveux,
et
d'homme.
hsitant, celui
que
l'on
me
lire
me
que
celui-ci.
c'est le
Non,
mme,
le
dit
Guillaume rard,
Signe, lui
Il
et
la
main de Jehanne
:
et la
papier
dit-il,
le
fit
mme, ou
sinon...
appela
Hlas
trompez,
dit
est
tmoin que
si
vous
me
bien infme.
A ces mots, elle leva les yeux au ciel comme pour demander un dernier conseil Dieu. Puis, laissant
retomber sa
tte
sur sa poitrine,
elle fit
une croix
LE PROCS.
aS
en poussant un soupir.
C'tait,
comme on
s'en sou-
con-
de Dieu,
et la suggestion
comme
on
celle
qu'on
lui avait
;
car la
habits de
une grande clameur s'leva donc dans la foule joyeuse parmi les Franais qui voyaient Jehanne sauve, menaante parmi les Anglais qui voyaient Jehanne
chapper
la
mort.
si-
Nous
rapportons
ici
textuellement.
Tous
les
sir
et
le
de Jsus-Christ, ce quoi
il
travaille sans
JEHANNE LA PUCRLLE.
22
254
cesse
;
LE PROCS.
ce pour quoi
il
est ncessaire
ligence de rsister
prises
5
aux fausses
et dloyales entrela
comme
toi
jugement
tions par
de Jsus-Christ, sur quoi tu as t appele en vus par nous tous les points et articles
,
de ton procs
toi
les
confessions
et dites
;
rponses
et asser-
faites
et tout le procs
la
vu
fa-
et dlibr
par
les
matres et docteurs de
,
cult de
thologie de Paris
,
et
plusieurs prlats
et docteurs es droits
tant en droit
ville
canon qu'en
droit civil,
de Rouen, par
lesquels tu as
t charitablement et
longuement
et re-
com-
la
m-
Aprs
la
France
femme qui
:
t'a faite
LE PROCS.
dites cela
^^
mais non point
Jehanne,
de moi,
si
vous
le Tonlez,
de
la
Taisez-vous,
car
fait
il
n'y a pas
longtemps dj que
l'on
vous
Eh bien
rglise.
alors, dit
a t convenue,
que Ton
Jehanne, comme la chose me tire donc des mains des me mne dans les prisons de
fonde ce-
pendant sur une promesse positive, Jehanne fut reconduite dans la grosse tour. Elle y fut bientt
suivie par le vicaire de l'inquisition, et par plusieurs
de
teneur du jugement.
En consquence, on
habits de
lui
apporta
du corps
lit
la
nuit,
deux chanes
;
fixes
au pied de son
elle tait
en outre,
deux
veillaient la porte.
le
Cependant
256
sa
lE PROCS,
:
mort
aussi en portant
de son cachot,
le
comte
le roi
d'Angleterre souffrait
un
grand
dommage
de ce que Jehanne
qu'il s'en
n'tait point
livre
au supplice,
prendrait certainement
lui de la douceur
du jugement.
elle n'est
Et, au nom
rpondit l'vque
;
nous
la
retrouverons bien.
occasion,
si
En
effet, cette
impatiemment attentrois
me, comme on
tion, se
l'a dit,
la nuit
mme
de son abjura-
que
les
hommes dont
elle s'tait
quelque attentat de ce
genre,
mieux dfendre. Nanmoins, comme ses habits d'homnae, dans le cas o elle aurait renouveler une pareille lutte lui parurent de meilleurs gar,
femme
la lutte
dses-
d'homme
de sorte que
le
le
lendemain, lors-
LE PROCS.
2d7
femme
Jehanne
la
mort.
prpar, accourut
tait tout
mort
avait
pu
la
dterminer
la lutte
et ses
bras
sortit
joyeusele
ment de
il,
la
prison
et,
:
comte de Warwick
faites bonne chre, tout est fini Le lendemain, Jehanne fut conduite de nouveau
:
au tribunal
amene
dsobir l'Eglise,
raconta tout,
faits re-
x4.1ors
ce fut
Jehanne qui,
ses juges
:
de son
innocence, apostropha
la
Si j'eusse t
dans
prison ecclsiasti-
que
et
maintenant misrable
comme
je le suis.
Mais de
que
l'on
me
258
tait inutile
;
LE PROCS.
sa
mort
tait rsolue et sa
le
prtendue
meurtriers s'appuyaient
aussi, le
mercredi 51 mai,
il
fut
reconnu
repentir et de pnitence
divin
abus
le saint et
nom
de Dieu,
blasphm damnablement en
ble hrtique, qu'elle
tait
se
retombe,
montrant incorrigienfin, en
huit jours s'taient couls entre la sentence provisoire et la sentence dfinitive, et,
voit, les Anglais,
comme on
le
soutenus par
la
prsence de Pierre
la
de Beauvais,
u
de l'inquisiteur de
comptent en
cette partie
Comme
toi,
Jehanne, dite
la Pucelle, as t re-
crimes de schisme
et idoltrie
d'invocation
du
pour
toutefois, parce
LE PROCS.
o9
que
l'glise
veuleut retourner
pleine pense et de
jur
ni
et
communion de
pape,
ta
et
de notre saint-pre
le
comme
propre
est
main;
le
comme
Pour
les
nous
te
Pourquoi nous
crit
te
en sige
de justice,
en cet
dclarons que,
comme un membre
nous prions de
soit
te traiter
doucement
et
humainement
>
en perdition de
vie,
ou d'aucuns membres.
Jehanne.
Le
mme
heures du matin,
CE^MTBl DOnZlMSa
XII
Jehanne couta
la lecture
du jugement avec
tait
fait
assez
aux mains
subir de
que souvent
elle avait
invoqu
cette
mort qui
dans
la
et
on
lui
rpondit que
c'tait
au
supplice
du
feu.
264
LE MARTYRE.
cette dclaration,
redout que
supplice auquel
elle avait
encouru
la
la colre
Habitue
ne craignait point
le
lui semblait
que
c'tait
un champ de
glaive
bataille
ou de
si
la hache.
par ce
supplice
Hlas
dres
hlas
s'cria-t-elle,
rduire en cen-
mon
;
rompu
la tte.
Ah
si,
comme
je le demandais, j'eusse t
En
ce
sa pri-
Jehanne, vque, je meurs par une lourde charge que vous avez prise, entendez-vous bien, que de me faire mourir d'une si cruelle mort Puis se retournant vers un des assesseurs Oh matre Pierre, ajouta-t-elle, o serai-je
Evque,
;
vous
mais
c'est
aujourd'hui?
N'avez-vous
demanda
celui-ci.
!
Oh
si fait,
reprit-elle,
LE MARTYRE.
-bien aller
26^
aller
dans
le
paradis
mais y
par ce che-
Ayez
le
mme
si
me semble que je l'aurais, rpondit Jehanne. me donnait un bon prtre pour me confesser. Mon Dieu, messieurs, est-ce que vous me refuserez
Il
Ton
un prtre?
Les juges se consultrent entre eux,
et
il
fut con-
venu qu'on lui en enverrait un. Jehanne, en apprenant cette bonne nouvelle, les remercia grandement,
et
demanda
:
si
leur
homme
ft
un
mort.
tait
Mais
tait
tomb dans
une ou deux
fois
pntrer dans
avouer.
la
De
que
qu'on
la laisst
seule
pour
qu'elle
Au moment du
il
propre crainte,
hanne
que
bonne pen-
pour
l'assister
266
iiers
LE MARTYRE.
moments,
trois
hommes
bats, s'taient
Mes pres,
piti
de
moi
et qu'ils
Ils
me
permettent de
me confesser.
rpondit Martin
ils
ma
fille,
permettent que
Alors bni
A
la
soit
car
il
de Notre-Seigneur Jsus-Christ.
ces
mots
elle se
mit genoux o
le
elle tait,
car
un
alors,
comme elle
dans
n'taient
que
deux autres
la
assistants se retiraient
un angle de
elle les pria
prison, elle
demanda
s'ils
si
sre
de son innocence
de
la
misricorde de Dieu,
En
effet,
o Jehanne
une
vie de puret,
allait tre
termine par
le
supplice
le
hommes
minels,
LE MARTYRE.
dis qu'
et,
267
de
la
mesure
qu'elle se rapprochait
la
mort,
grand besoin.
la confession, le saint
Aprs
port sur
pendant
:
toute la
communion
pour
des agonisants
Orate
pro
e, priez
elle.
avait continu de
le
Ladvenu, entendit
compagnaient,
la foule,
le
et cette lente et
sourde rumeur de
premire.
En
ce
on
lui
dtacha
la
deux autres lui apportrent des habits de femme que Jehanne revtit humblement et chastement dans le coin le plus obscur de sa prison puis alors on lui lia les mains, et on lui passa chaque jambe un anneau de fer les deux anneaux taient runis par une
qui lui ceignait
le
corps
aussitt
chane.
le
bras de l'ap-
porte
au milieu des
cris
des injures
268
et des
'E
MARTYRE.
salurent
,
hues qui
la
Jehanne entendi
:
elle se
retourna
du
voulait
monter sur
la
les
en faveur de l'accuse
le retinrent
elle
le
mit suivre tombereau en criant : Grce, Jehanne Misricorde, Jehanne! Dieu m'accorde longue vie pour
et se
!
en marche,
chappa
expier
gale
mon
car,
crime. Grce
grce
que nous l'avons dit, elle croyait ce malheureux un saint et digne prtre. Frre Martin lui raconta alors ce qu'il en
t trahie par cet
tait, et
comment
elle avait
homme.
Frre Loyseleur,
vous
pardonne; priez Dieu pour moi. Le prtre alors tomba la face contre terre , tellement abm dans
les
remords, qu'il se voulait faire craser par les chevaux des Anglais qui escortaient Jehanne, et qu'il le fallut emporter, tant son aveu public causait
dj d'motion dans la multitude.
La charrette
tait
LE MARTYRE.
glais,
269
si^
nombreux
et
demie
tour
la
place
:
du Vieux-March. En y
est-ce
Jehanne,
la
dtourna
la tte,
lui
donna
crucifix baiser,
le
front et
pour regarder
le
bcher.
elle
devait en-
la charrette,
dont on ta
les planches, et
monta
les
la
Pierre et
A
tait
lui
Misi
commena conJehanne
tout
tre
elle
un
le christ
temps qu'il dura. Enfin le prdicateur termina sa longue diatribe par ces mots Allez en paix, l'Eglise
:
et
les
mains
tour, et lut
Jehanne pour
la
fois le
23.
juge-
^'m
270
lE MARTYRE.
le greffier lui avait
ment que
se jeta
les
Ds que Jehanne
l'eut
sistants,
tant
du
que du
trs-humblement,
lies vers
pour
elle.
Pendant ce temps,
le
ordonnait au
bourreau de s'emparer de
duire au bcher ; mais
dri par cette
la patiente et
de
la
con-
grande
dvotions
la
foi
que Jehanne
laissait voir,
le
temps
de
faire ses
avec une
telle
ardeur, dit
chronique, que
reconnaissaient le
nom
de Dieu en voyant
celle
comme
hrtique faire
fin.
il
y en
mus de
min, tant
ce
spectacle
n'en
recevaient
le
comme
voir ter-
dans
la
ville.
:
criaient-ils
de lon-
gueurs? Donnez-nous-la,
fini
avec
trois
elle.
Parmi toutes
deux
ou
LE MARTYRE.
271
criant
moyen de
retarder
les
gardes
une mitre
Hrtique, re-
du
du ct du bcher,
ils la
criant
Fais ton
office.
tendant
les
bras et
Mon pre,
donnez pas.
Le digne homme
appel;
il
n'avait point
besoin de cet
mourir,
Enfin
il
l'aida
jambes.
bourreau
,
et le prtre la soulevrent
dans
leurs bras
monta
aprs
elle, et le
bourreau monta
dernier.
il
l'attacha par le
du
se
:
bcher. Jehanne ne
faisait
aucune rsistance,
Vous
et
ici
et
le
bourreau en
il
la laissa seule,
272
siu taient rests
LE MARTYRE.
et lui criaient Bon coubon courage, et Dieu t'assistera Elle, elle rpondait Merci, bonnes gens, merci. En ce moment, le bourreau s'approcha du bcher avec une torche, et comme aux quatre coins on avait amass de la rsine et autres matires combustibles, le feu y prit rapidement. Ce feu gagna avec une telle promptitude, que matre Martin, tout oc-
au bas
rage,
Jehanne
cup de
ne s'aperut pas
qu'il
Au nom
mon
pre
la
Descen-
jusqu' ce que je
effet, le
meure
En
les
une
telle rapidit
que
Anglais se plaignaient cette heure que ce suptant attendu et tant retard, allt trop vite.
plice,
En
ce
moment, on ne
le
sait
le
de s'avan-
savez bien
:
flamme
Rouea,
Rouen, s'cria-t-elle une seconde fois, j'ai bien peur que tu ne souffres de ma mort Alors la flamme continua de gagner, tandis que la fume faisait un rideau entre la patiente et les
spectateurs
la vit les
la
put distinguer, on
entendit sa voix
yeux
au
ciel et l'on
LE MARTYRE.
273
flamme succda la fume ; on entendit une dernire fois le mot de Jsus; puis un grand cri d'angoisse retentit c'tait VElz^
qui
la
Eliy sahactani!
du Christ de
la
France.
le
bourreau
femme
comme une
ment,
et
sainte.
que
l'instru-
qui avait
que Dieu saurait distinguer l'instrument frapp du bras qui l'avait conduit. Mais ce
bourreau montant sur
l'cha-
faud,
il
vit
que malgr
l'huile, le soufre et le
char-
bon
de Jehanne,
premire
fois
que
dix-neuf ans
qu'il exerait sa
bourreau
:
bon nombre
d'autres personnes
le
au moment o
Houppeville
le
feu au
Mauchou,
Mauchou
apostolique
dclara
mme que
cela tait
si
jamais
il
larmes
qu'ij
274
avait reu
l MARTYRE.
pour
le
procs,
il
acheta
un
missel dans
lequel
il
le reste
tiente expira,
nomm Jean de la Pie, qui disait Hlas hlas mon Dieu, faites-moi la grce l'heure de ma mort de mettre mon me dans le mme lieu o est celle
de Jehanne.
Il
du
roi d'Angleterre,
nomm
Malheur nous
;
malheur nous!
une
main de
Dieu.
Mais
le rcit
qui frappa
le
que
le
jour o
elle serait
brle,
il
il
apporterait
un
fagot au bcher.
En
effet,
s'appro-
tomber genoux,
courut
qu'il avait
lui,
:
les
on
le releva,
il
on
lui
alors
ment
o'
Jehanne avait
sortir
colombe
du feu
et
monter au
LE MARTYRE.
la
275
l'me de la mar-
certitude
que
cette
colombe
tait
tyre.
Le
que
craignant
reli-
s'il
que
les
cendres de son
du bcher,
fussent jetes au
le
trentime jour de
mai 1451.
FIN.
S'
JHpE
LA PUCLLE
1429-1451.
3le1^*nl!^rc|IlumaB.
nEI
|iJubUcat0U
i0ui)ell|iJ
ANOALOUSIii^ LA PERLE
Lava/. 2 vol. in-18.-
>S
lVDA^j^S
par
LoU
\
IV. TUEUR DE DAIMS, pQF FenmOV peVj (riulmt de Tangfais. 3 yol. iii-l8. LE RHIN. L|M^REs A UN AMI, par Fictov Iiigo.^\o\>\i wiELAND on LA VOIX MYSTRIEUSE, p* Broclxden Bro
DEERSLAYER OU
Iraduit de l'anglais. 2
T.E
v^.
in-18.
,
MANOIR DE MOWT-CKCEL SUlvi de BERTRAND CYPRIF.\ {^diV Ue B^rthet. Un vol. in-i8. LE pRocuBEOR DW ROI, paj^^/f^ A. Duvid. Un vol. in N.
LAu&ENcft. par M""^ Ccm^^Podin. 2 vol. in-IS. 'GERANCE, par Mnie^igj^Mf 2 vol. in-18.
Vu
,E
^^^
lEPNER SEIGNEURIE viliAlCE, par Jlexaudre (h Lavcnjne. Un >ol. in-18. MADEj^soisELLE^DE SENNEViLirE^par I Bai'Oii de Bazaii court. Un vol. in-R. . *r l'innocence D'uN4ig|BAT sum de le PARATONNERRE, pai
ChsdeMrnatd. Cn
fiiARGUERiTE,
jfar
vol. in-18.
Ff. Scell. 2 vol. in-18. LE DOCTEUR BEBBEAU, par Jules Satideu. 2.vol, in-t^ lna par Mme C/i:'^//^t^(Tn vol. in-18.
JOSEPH RusHBROpK OU
iJfa/vjcr^.
2 vol.ftt-18;
'^C
LE NOM DE FApiLLE jpap utig, Luclfg. 2 vol. in-18. , l'merillon 7pisodei4u sige 4^ Paris , ptit"3^/
thet,\]n vol. in-18.
BASILE, par Micli^H^lasson, 2 vol. i||rl8. LE chevalier de chaville, 4)||r le Bibilophil^P. htcDh
Un
vol. in 18,
<f
s
5^
._,;'.
,^--3P-
S>
J>'
1*.*
>
'
^,
5 ? ?
-^
^:
iii
^C^
)^>^^
'^^^3
y)
Mmy.
>>
J)
.^>
)_2,
J>
>
^
C
^S3
^^ j>v
)
\:>:>
3t
SP>
1^
'^
Jt
''>)' )'^)
^ ^>^
:v>
>
:>
.
:>:3i
,>->
>^ >^
PJ
>>^
2>
>
>
>_;;3I
:>X>
>^
^
^^
i>
>
>x
j_
>v:
3 >^
>>-V'
^^-. ^
:^
1
3>
^
>^.
^-^
) X> ^ ^ _^- 3
:-^
:ifc
>
>>
.-
:2)
)\j
I1E>
3 > >>!>
>
M
.'.'*'>'
'<