Police Administrative Cours L2 Droit Administratif
Police Administrative Cours L2 Droit Administratif
Police Administrative Cours L2 Droit Administratif
La police administrative
Nota bene :
1 – Ne pas s’attarder sur les rubriques intitulées « Développements additionnels utiles mais exclus des
révisions ». Elles ne feront l’objet ni d’un cas pratique, ni d’un commentaire d’arrêt, encore moins d’une
question d’épreuve orale. Nécessaires à la formation, elles sont toutefois exclues des révisions en vue des
différents examens – pour des raisons d’opportunité. Elles sont faciles à reconnaître : présentées en carac
tères plus petits, elles débutent par le sous-titre « Développements additionnels, etc. » [DÉBUT] et se termi
nent par [/FIN] et trois astérisques (***).
2 – Ne pas chercher à retenir par cœur les exemples et les citations de jurisprudence. Il s’agit de simples il
lustrations !
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Sommaire
(interactif à l’écran)
c - L’état d’urgence........................................................................................................ 34
ANNEXE .................................................................................................................................. 38
La police administrative
1. La police administrative est-elle un service public? Si oui, qu'est-ce qui la distingue des autres
services publics ?
2. La police administrative étant une notion juridique, citez deux questions majeures auxquelles son
étude devra nécessairement répondre.
3. L’autorité administrative a-t-elle le droit d’exiger des bénéficiaires du service public de la police
le paiement d’une redevance ?
4. Qu'est-ce que la police administrative ?
5. Quel rapport y a-t-il entre police administrative, définition téléologique et ordre public ?
6. Pourquoi ne peut-on définir la police administrative (notamment dans un devoir) sans détailler et
analyser le concept d'ordre public ?
7. Pourquoi assigner plusieurs buts à la police administrative ? Quels sont ces buts ?
8. Comparer l’étude du service public et celle de la police administrative au plan de la mise au jour
de leurs définitions respectives.
9. Qu’appelle-t-on la trilogie classique ?
10. La présence de scènes montrant une activité sexuelle non simulée est-elle une condition néces
saire et suffisante pour le classement «X» d’un film ?
11. L’intention pornographique de l’auteur d’un film est-elle une condition nécessaire et suffisante
pour le classement «X» ?
12. Quelle différence y a-t-il entre l’ordre moral et la moralité publique ?
13. Les conséquences juridiques qui s'attachent à la distinction police administrative – police judi
ciaire sont-elles les mêmes que celles qui découlent de la distinction service public à caractère
administratif – service public à caractère industriel et commercial ?
14. Comment, concrètement, distingue-t-on la police administrative de la police judiciaire ?
15. Quel est l’intérêt juridique de la distinction police administrative – police judiciaire ?
16. Un maire a-t-il le droit d’interdire d’une manière générale et absolue la mendicité sur la voie
publique ?
17. Pourquoi affirme-t-on que le critère juridique de la distinction police administrative – police
judiciaire n’est pas organique ?
18. Pourquoi, lorsque je rencontre un fonctionnaire de police ou un gendarme, je ne dois pas pré
sumer qu’il fait de la police administrative ou de la police judiciaire ?
19. Pourquoi soutient-on que le critère juridique de la distinction police administrative – police
judiciaire est téléologique ? Quel est-il ?
20. Pourquoi, dans le cadre de la distinction police administrative – police judiciaire, ne faut-il
pas oublier que l’infraction dont il s’agit est une infraction déterminée ?
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*****
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Questions initiales :
Réponses soutenues :
2 – Quelles sont les questions majeures auxquelles répondra ce cours sur la police
administrative ?
Chaque fois que l'on étudie une notion juridique, on a pour tâche principale et priori-
taire de s'interroger sur sa définition et sur son régime juridique. Voici donc les questions
majeures auxquelles répondra ce cours sur la police administrative:
- qu'est-ce que la police administrative ? (I-A)
- qu'est-ce que l'ordre public ? (I-A)
- comment distingue-t-on la police administrative de la police judiciaire ? (I-B)
- quelles sont les autorités administratives qui détiennent des pouvoirs de police ? (II-
A)
- comment le juge contrôle-t-il l'exercice des pouvoirs de police? (II-B)
¯ Développement ¯
Question initiale :
Qu'est-ce que la police administrative ?
Réponse soutenue :
La police administrative peut être définie de la manière suivante: c'est
une activité qui vise à assurer le maintien de l'ordre public, sans tendre à la re-
cherche et à l'arrestation des auteurs d'une infraction déterminée.
¯ Développement ¯
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A - La définition téléologique
Questions initiales :
Réponses soutenues :
¯ Développement ¯
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D’un strict point de vue logique, la police administrative peut donner lieu à deux sortes de
définitions :
- Une définition fonctionnelle ou matérielle : la police administrative désigne une certaine
activité liée à la sécurité ;
- Une définition organique ou formelle : la police administrative désigne les organes, les
personnels investis de cette activité.
* polices municipales : effectif de 11 000 agents, y compris les gardes champêtres dans les com
munes rurales ;
En vertu de la loi n° 2009-971 du 3 août 2009, la gendarmerie nationale relève d’une triple tutelle :
Nota bene : Le 2 septembre 2009, le Conseil d’Etat a annulé le décret autorisant l’emploi par les
agents de police municipale de pistolets à impulsion électrique (« Taser »). Le Conseil d’Etat a jugé que les
particularités de cette arme d’un type nouveau imposaient que son usage fût précisément encadré et contrôlé.
Tel est le cas pour son utilisation par les agents de la police nationale. Mais, faute de règles comparables,
suffisamment précises, pour les agents de police municipale, le décret autorisant leur équipement est illégal –
C.E., 2 septembre 2009, ASSOCIATION RESEAU D’ALERTE ET D’INTERVENTION POUR LES DROITS
DE L’HOMME.
[/FIN]
***
L'élément commun aux deux types de définitions (définition fonctionnelle et définition or
ganique), c'est l'activité considérée. Sa définition coïncide avec celle de la police administrative.
On retiendra donc une notion fonctionnelle (fonction= activité) de la police administrative.
Définition : La police administrative, c'est une activité qui vise à assurer le maintien de
l'ordre public, sans tendre à la recherche et à l'arrestation des auteurs d'une infraction dé
terminée.
Cette définition est dite téléologique parce qu'elle caractérise la police administrative par son
but.
Maintenir l'ordre public est le but de la police administrative. Mais comme l'ordre public
comprend plusieurs éléments, on peut également dire que la police administrative poursuit plu
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sieurs buts : maintenir l'élément 1 de l'ordre public, maintenir l'élément 2, etc. Quels sont donc les
éléments de l'ordre public que l'on présente aussi comme des buts de police administrative ?
De cet article la doctrine déduit, à la suite d’une exégèse discutable, que l’ordre public a
pour composantes :
- la sécurité publique - 1, 5, 6 et 7 - synonyme ici de sûreté publique,
- la tranquillité publique - 2 et 3,
- la salubrité publique - 4 et 5.
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Personne ne conteste que l'ordre public comprenne ces trois éléments. La doctrine admet
unanimement qu'ils constituent des buts de police administrative. C'est du reste ce que l'on appelle
la trilogie classique, objective.
L'ordre public comprend-il d'autres éléments ?
b - La moralité publique
[DEBUT]
Exemple ou simple illustration : la police du cinéma exercée par le ministre de la Culture.
1
Cf., par exemple, la loi du 29 décembre 1979 relative à la publicité, aux enseignes et préenseignes. Publicité : toute
inscription, forme ou image destinée à informer le public ou à attirer son attention ; enseigne : toute inscription, forme
ou image apposée sur un immeuble et relative à une activité qui s’y exerce ; préenseigne : toute inscription, forme ou
image indiquant la proximité d’un immeuble où s’exerce une activité donnée.
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Parallèlement, (sixième classification), le ministre a, sur le fondement des dispositions des articles
11 et 12 de la loi du 30 décembre 1975 portant loi de finances pour 1976, la possibilité d'inscrire le film sur
la liste des films «pornographiques ou d'incitation à la violence», plus communément dénommés «films X»,
ce qui les soumet, notamment, à un régime fiscal peu favorable.
Le Conseil d'Etat exerce un contrôle normal sur la décision du ministre d'inscrire un film sur la liste
des films pornographiques ou d'incitation à la violence (C.E., 13 juillet 1979, Ministre de la Communication
c/ SA Le Comptoir français, Leb. p. 322, et Sté Les Productions du Chesne, Leb. p. 332; Gaz. Pal. 1981, 1,
321, concl. Bruno Genevois).
S'agissant de la classification « X », la Commission, le ministre ainsi que le Conseil d'Etat retiennent
de nos jours deux critères, l'un principal, l'autre subsidiaire.
«Le critère principal est un critère objectif : est présumé pornographique le film qui montre une
activité sexuelle réelle, non simulée. Le critère subsidiaire a un caractère subjectif: il consiste à prendre
en considération l'intention du réalisateur, le contenu de l'ensemble du film, le sujet traité, la qualité de la
réalisation. Il peut jouer en deux sens différents,
- soit pour faire classer comme pornographique un film qui, sans faire voir une activité sexuelle
réelle, a pour seul but de montrer une accumulation de scènes érotiques,
- soit, à l'inverse, pour écarter le classement dans la catégorie «X» lorsqu'on est en présence d'une au
thentique œuvre d'art»2.
Jusqu'en 2000, la présence de scènes montrant une activité sexuelle réelle, non simulée, était une
condition suffisante au classement «X», mais non une condition nécessaire ; en cas d’absence de telles
scènes, l'intention pornographique du réalisateur suffisait à faire classer «X» le film.
De même, l'intention pornographique du réalisateur était une condition suffisante, mais non une
condition nécessaire. En cas d’absence d’intention pornographique, la présence de scènes montrant une acti
vité sexuelle réelle suffisait à faire classer «X» le film.
Les deux critères (activité sexuelle réelle et intention pornographique) n’étaient donc pas forcément
cumulatifs. Chacun d’eux était une condition suffisante mais non nécessaire pour le classement «X».
Illustration concrète n°1 : Nous sommes dans la période antérieure à 2000. Un film est soumis à
l’appréciation de la Commission.
Il y a deux hypothèses, deux casse-tête logiques dont nous donnerons chaque fois un résumé de
simplification :
1e Hypothèse : Si dans ce film les acteurs font vraiment l’amour (activité sexuelle réelle, non si
mulée, critère objectif), le film sera classé parmi les films «pornographiques ou d'incitation à la violence»,
que l’intention de l’auteur du film soit jugée pornographique ou non (critère subjectif).
On peut donc affirmer : avant 2000,
- la présence de scènes montrant une activité sexuelle non simulée était une condition suffisante
pour le classement «X»,
- l’intention pornographique de l’auteur du film n’était pas, elle, une condition nécessaire pour le
classement «X».
2e Hypothèse : Si, en revanche, les acteurs de ce film ne font pas vraiment l’amour (absence
d’activité sexuelle réelle, non simulée, critère objectif), le film ne sera pas classé «X», à moins que
l’intention de l’auteur du film ne soit jugée pornographique (critère subjectif, délicat à manier).
On peut donc dire : avant 2000,
- l’intention pornographique de l’auteur du film était, elle aussi, une condition suffisante pour le
classement «X»,
- la présence de scènes montrant une activité sexuelle, non simulée, n’était pas, elle, une condition
nécessaire pour le classement «X».
Pour clarifier et résumer : avant 2000, chacun des deux critères était une condition suffisante
mais non nécessaire pour le classement «X». Bref, pour qu’un film fût classé «X», il suffisait qu’il y eût
soit présence d’actes sexuels réels, non simulés, soit intention pornographique. Les deux critères
2
Bruno Genevois, conclusions précitées.
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n’étaient pas forcément cumulatifs. Evidemment, un film ne pouvait être classé «X» s’il n’y avait ni
présence d’actes sexuels réels, non simulés, ni intention pornographique.
Puis un revirement de perspective s'est produit tant au sein de la commission de classification qu'au
niveau du Conseil d'Etat : C.E., Sect., 30 juin 2000, Association Promouvoir et autres. (A propos du film
Baise-moi de Virginie Despentes et Coralie Trinh-Thi). La présence dans le film d'actes sexuels non simulés
tend à perdre de sa prépondérance. Elle était une condition suffisante mais non nécessaire. Elle est devenue
une condition nécessaire mais non suffisante.
Pour qu’un film soit classé «X», il faut qu’il y ait à la fois présence d’actes sexuels réels, non
simulés et intention pornographique (critères cumulatifs).
Désormais, aucun des deux critères ne constitue une condition suffisante pour le classement «X».
Illustration concrète n°2 : Nous sommes en 2009, donc dans la période postérieure à 2000. Un film
est soumis à l’appréciation de la Commission.
A nouveau, il y a deux hypothèses, deux casse-tête logiques dont nous donnerons chaque fois
un résumé de simplification :
1e Hypothèse : Si dans ce film les acteurs font vraiment l’amour (activité sexuelle réelle, non si
mulée, critère objectif), le film ne sera pas nécessairement classé parmi les films «pornographiques ou d'inci
tation à la violence». Il ne sera classé «X» que si l’intention de l’auteur est jugée pornographique (critère
subjectif, toujours délicat à manier). Un film du maître Woody Allen, même montrant une activité sexuelle
réelle non simulée, ne sera sans doute pas classé «X».
On peut donc dire : depuis 2000,
- la présence de scènes montrant une activité sexuelle non simulée n’est plus une condition suffi
sante au classement «X».
- l’intention pornographique de l’auteur du film est devenue une condition nécessaire (mais non
suffisante) pour le classement «X».
2e Hypothèse : Si, en revanche, les acteurs de ce film ne font pas vraiment l’amour (absence
d’activité sexuelle réelle, non simulée, critère objectif), le film ne sera pas classé «X», que l’intention de
l’auteur soit jugée pornographique ou non (critère subjectif délicat à manier).
On peut donc dire : depuis 2000,
- l’intention pornographique de l’auteur du film n’est plus une condition suffisante au classement
«X»,
- la présence de scènes montrant une activité sexuelle non simulée est devenue une condition néces
saire (mais non suffisante) pour le classement «X».
Pour clarifier et résumer : Depuis 2000, aucun des deux critères n’est considéré comme une
condition suffisante pour le classement «X». Les deux critères sont devenus nécessaires et cumulatifs.
Bref, pour qu’un film soit classé «X», il faut qu’il y ait à la fois présence d’actes sexuels réels, non si
mulés et intention pornographique (critères cumulatifs). Evidemment, un film ne peut être classé «X»
s’il n’y a ni présence d’actes sexuels réels, non simulés, ni intention pornographique ou l’un des deux
critères seulement.
Ajoutons qu’il va de soi que créent des préjugés défavorables certains titres, tels ceux qui sont cités
par le Conseil d’Etat dans son arrêt précité du 13 juillet 1979 - Ministre de la Culture : « Prostitution clan
destine, Les chatouilleuses, Plaisir à trois, Les théâtres érotiques de Paris, Les Grandes emmerdeuses et Le
jouisseur (sans parler du film de Virginie Despentes et Coralie Trinh-Thi…).
Pour tirer toutes les conséquences de l’annulation par le Conseil d’Etat le 30 juin 2000 du visa
d’exploitation «interdit aux moins de seize ans avec avertissement» attribué au film Baise-moi de Virginie
Despentes et Coralie Trinh-Thi (Cf. supra), le gouvernement a été conduit en 2001 à instaurer un degré sup
plémentaire d’interdiction : l’interdiction de la représentation d’un film à tous les mineurs en dehors du clas
sement «X». Il s’agit des œuvres qui comportent « des scènes de sexe non simulées ou de très grande vio
lence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité ne justifient pas » d’un clas
sement «X» - décret précité du 12 juillet 2001 (cf. supra classification n°4).
[/FIN]
***
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Aujourd'hui comme hier, les préoccupations d'ordre moral jouent un rôle déterminant dans
la classification des films. Préserver la moralité publique constitue donc un but de police admi
nistrative.
Mais il s’agit d’un pouvoir de police propre au ministre de la Culture ; et ce dernier ne dé
tient pas normalement un pouvoir de police. C’est donc une autorité de police administrative spé
ciale – Voir infra.
Par exemple, un film a reçu le visa ministériel autorisant sa projection. Un maire a le droit
d’interdire cette projection pour l’un ou l’autre des motifs suivants :
- soit la projection du film risque d’engendrer des troubles matériels : rixes…. Dans ce
cas, le maire cherche tout simplement à assurer la sécurité ou la tranquillité publiques ;
- soit elle risque de provoquer de sérieux troubles de conscience en raison de
l’immoralité du film : C.E., Sect., 18 décembre, 1959, Société “ Les films, Lutetia ”3 . Dans cette
hypothèse, la décision du maire vise à sauvegarder la moralité publique. Le Conseil d’État ne s’y est
pas trompé qui l’admet explicitement :
“ Un maire, responsable du maintien de l’ordre dans sa commune, peut donc interdire sur le territoire
de celle-ci la représentation d’un film auquel le visa ministériel d’exploitation a été accordé mais dont la
projection est susceptible d’entraîner des troubles sérieux ou d’être, en raison du caractère immoral dudit
film et de circonstances locales, préjudiciable à l’ordre public. ”
La Haute Assemblée envisage deux fondements alternatifs - ou !- à l’interdiction de la pro
jection : les troubles sérieux et le caractère immoral du film.
Le premier fondement coïncide avec l’un des éléments de la trilogie classique : la tran
quillité ou la sécurité.
Le second fondement coïncide avec la moralité publique ; la référence aux circonstances
locales témoigne seulement de son caractère relatif : ce qui est immoral dans telle commune peut ne
pas l’être ailleurs, en raison justement des particularismes locaux. Au demeurant, sans de telles spé
cificités locales, la police administrative aurait été exercée uniquement au niveau national.
Cet exemple n’a pas convaincu les auteurs - souvent anciens et toujours très minori
taires - qui niaient que la moralité publique fût un but de police administrative générale. Ils
invoquent souvent Hauriou : “ L'ordre public, au sens de la police, est l'ordre matériel et extérieur.
La police n’essaie point d'atteindre les causes profondes du mal social, elle se contente de rétablir
l'ordre matériel. En d'autres termes, elle ne poursuit pas l’ordre moral dans les idées ”. La moralité
publique était en principe envisagée comme un facteur externe à l'ordre public proprement dit, sur
lequel elle n'était susceptible de rejaillir que par le biais de risques de désordres matériels.
3
A propos du film Le feu dans la peau.
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“ Il est clair que, bien qu’elle ne soit pas formellement comprise dans la trilogie traditionnelle défi
nissant l'objet de la police municipale—à savoir sécurité, tranquillité et salubrité publiques—, la moralité
publique constitue bien également, selon votre jurisprudence, un des buts en vue desquels cette police
peut trouver à s'exercer.
C'est ainsi que vous avez toujours reconnu que les atteintes portées à la décence, sous toutes ses
formes, justifiaient l'édiction par le maire de mesures de police qu'il s'agisse de décisions frappant les lieux
de débauche ou de prostitution (Cf. par exemple: 17 décembre 1909, Chambre syndicale de la corporation
des marchands de vins et liquoristes de Paris, p. 990; 11 décembre 1946, Dames Hubert et Crepelle, p. 300
ou 30 septembre 1960, Jauffret, p. 504) de la réglementation de la tenue des baigneurs sur les plages (Cf. 30
mai 1930, Beaugé, p. 582), du contrôle du caractère décent des inscriptions portées sur les monuments funé
raires (Cf. Ass., 4 février 1949, Dame Veuve Moulis, p. 52) ou encore de la vérification de la conformité aux
bonnes mœurs de la dénomination des voies, publiques ou privées, dans la commune (Cf. 18 juillet 1919,
Dame Magnier, p. 646 et, plus récemment, 19 juin 1974, Sieur Broutin, p. 346).
Au total, et même si, compte tenu de l'évolution générale des mœurs, votre attention est moins sou
vent attirée sur ce point qu’elle ne l'était il y a quelques décennies, il est donc possible d'affirmer, comme le
fait le Professeur Chapus dans son Traité de droit administratif général p. 596, que selon la jurisprudence, la
moralité publique est la quatrième composante de la “notion d'ordre public”. Et cette conclusion est
d’ailleurs unanimement partagée par les commentateurs autorisés en la matière (Cf. par exemple, en ce sens,
l'opinion du Professeur Moreau au Jurisclasseur administratif, fascicule “ Polices administratives ”, n° 128
ou encore celle du Professeur Picard dans son ouvrage de référence sur “La notion de police administrative ”,
tome 1, p. 217). Or, il n'est pas douteux, à notre sens, et eu égard à nos développements antérieurs, que le
respect de la dignité de la personne humaine constitue lui-même l'une des composantes essentielles de la
moralité publique.”
[/FIN]
***
La controverse devait prendre fin (provisoirement ?) avec les arrêts C.E., Ass., 27 oc
tobre 1995, Commune de Morsang-sur-Orge et Ville d’Aix-en-Provence :
Question posée au Conseil d’État : un maire a-t-il le droit d'interdire l'attraction dénommée
"lancer de nain" et qui consiste à faire lancer un nain par des spectateurs ?
Réponse du Conseil d’État : un maire a le droit d'interdire un tel spectacle.
Raisonnement du Conseil d’État - éclairé, justement, par les conclusions de Patrick Frydman
citées plus haut :
1 - Il appartient à l'autorité investie du pouvoir de police municipale de prendre toute mesure
pour prévenir une atteinte à l'ordre public ;
2 - Le respect de la dignité de la personne humaine est une des composantes de l'ordre pu
blic;
3 - L'attraction de "lancer de nain" consistant à faire lancer un nain par des spectateurs con
duit à utiliser comme un projectile une personne affectée d'un handicap physique et présentée
comme telle ; par son objet même, une telle attraction porte atteinte à la dignité de la personne
humaine ;
4
Conclusions sur C.E., Ass., 27 octobre 1995, Commune de Morsang-sur-Orge et Ville d’Aix-en-Provence.
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4 - Dès lors, l'autorité investie du pouvoir de police municipale peut l'interdire. Et cette in
terdiction est légale malgré
* l'absence de circonstances locales particulières,
* le fait que des mesures de protection ont été prises pour assurer la sécurité de la per
sonne en cause,
* le fait que celle-ci se prêtait librement à cette exhibition, contre rémunération.
Moyens inopérants ou arguments sans valeur : le respect du principe de la liberté du travail
et de celui de la liberté du commerce et de l'industrie.
Auparavant, par une décision du 27 juillet 1994, le Conseil constitutionnel avait solennelle
ment érigé en principe à valeur constitutionnelle la sauvegarde de la dignité de la personne humaine
contre toute forme d'asservissement et de dégradation - Lois sur la bioéthique. Et ce principe a été
réaffirmé par une autre décision du Conseil constitutionnel en date du 19 janvier 1995 - relative à la
loi sur la diversité de l'habitat.
5
Il importe de ne pas confondre jugement de valeur et jugement de réalité.
6
Notons que la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure a inséré dans le code pénal les dispositions
suivantes : « Le fait, en réunion et de manière agressive, ou sous la menace d'un animal dangereux, de solliciter, sur la
voie publique, la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien est puni de six mois d'emprisonnement et de 3 750 EUR
d'amende. »
La police administrative 17/38
Questions initiales :
Réponses soutenues :
Si l'autorité administrative est en train ou est sur le point de constater une infraction
déterminée ou d’en rechercher l’auteur, on a affaire à une activité de police judiciaire.
Si l'autorité administrative n’est pas en train ou n’est pas sur le point de constater une
infraction déterminée ni d’en rechercher l’auteur, on a affaire à une activité de police admi-
nistrative.
Comme la définition de la police administrative, la distinction police administrative
– police judiciaire repose sur un critère téléologique (le but de l'activité considérée).
¯ Développement ¯
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2 - Le critère de la distinction
Le critère juridique de la distinction n’est pas organique. En effet, bien souvent, les
mêmes organes, les mêmes personnels agissent tantôt dans le cadre de la police administrative, tan
tôt dans le cadre de la police judiciaire. Bien entendu, cela n’exclut pas quelques cas de spécialisa
tion.
Illustration concrète : lorsque je rencontre un fonctionnaire de police ou un gendarme, je
ne dois pas présumer qu’il fait de la police administrative ou de la police judiciaire, car bien souvent
la même personne peut faire l’une ou l’autre.
Le critère juridique de la distinction ne réside pas non plus dans le clivage prévention -
répression. Certes, la police administrative a un caractère essentiellement préventif. Mais elle per
met parfois de faire cesser des « troubles » existants – Cf. article L. 2212-2 précité, n° 2, 5 et 7 ; limite :
Conseil constitutionnel, Décision n°2005-532 DC précitée du 19 janvier 2006.
Inversement, si la police judiciaire est incontestablement répressive, elle n’exclut pas toute
possibilité de prévention.
En fait, le critère juridique de la distinction est téléologique (ou « finaliste »), c’est-à-dire
en rapport avec le but de l’activité: C.E., 11 mai 1951, Consorts Baud ; personne blessée au cours
d’une traque de malfaiteurs - police judiciaire; T.C., 7 juin 1951, Dame Noualek - personne blessée
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au cours d’une opération de maintien de l’ordre, alors qu’elle se trouvait ... à sa fenêtre - police ad
ministrative.
Pour qualifier une opération d’activité de police judiciaire ou de police administrative, il faut
la considérer dans sa relation à une infraction déterminée. Si l’opération consiste à constater une
infraction déterminée ou à en rechercher (ou arrêter) les auteurs, il s’agit d’une opération de
police judiciaire. Dans le cas contraire, on a affaire à une opération de police administrative.
Une infraction déterminée est le contraire d’une infraction imprécise, vague, générale,
ou sans rapport avec l’opération à qualifier, sinon à tout moment il y aurait opération de police
judiciaire, car à tout moment, quelque part, une infraction se commet ou est sur le point d’être
commise.
On exige, pour qu’il y ait opération de police judiciaire, que l’opération à qualifier soit en
rapport avec une infraction déterminée, c’est-à-dire avec une infraction précise, reconnue délibéré
ment, à tort ou à raison, comme telle, et ayant un lien avec l’opération à qualifier.
faisaient du tapage nocturne en frappant à la porte d'un foyer de jeunes filles ; que le brigadier de police Mar
racini et le policier auxiliaire Rosa se sont rendus sur les lieux et ont interpellé M. Damez ; que pour l'emme
ner au commissariat, ils l'ont projeté dans la voiture de service, le blessant ainsi à un genou ; qu'ils l'ont en
suite frappé au cours du trajet et à l'arrivée ;
Sur la compétence :
Considérant que les fonctionnaires de police ont agi en vue de constater l'infraction qui leur avait été
signalée et ont appréhendé M. Damez qu'ils suspectaient de l'avoir commise ; qu'ils doivent, en consé
quence, être regardés comme ayant participé à une opération de police judiciaire lorsqu'ils se sont li
vrés à des sévices sur sa personne ; qu'il s'ensuit que l'action en responsabilité dirigée par M. Damez contre
l'Etat relève de la compétence des tribunaux de l'ordre judiciaire ; […] »
On le voit, l’intention de l’agent occupe une place certaine, ce qui accroît le domaine de compé
tence du juge judiciaire. Si étonnante, voire choquante, qu’elle puisse paraître, cette solution se justifie par
des considérations fondées sur la bonne administration de la justice.
Il est en effet opportun que la question de savoir si une infraction a réellement été commise soit con
fiée, non au juge administratif, mais au juge pénal, juge judiciaire ordinaire des infractions.
Naturellement, dans les exemples précédents, les fonctionnaires en cause encourent des sanctions
disciplinaires ou pénales.
Exemples :
- T.C., 22 avril 1985, M. Chadeyras : Un différend d’ordre privé ne révèle pas nécessairement
une infraction déterminée. Personne ayant formé une action en responsabilité fondée sur les brutalités dont
elle aurait été l'objet à la suite de son interpellation par une patrouille de police. L'action met en cause le
fonctionnement de la police administrative et non celui de la police judiciaire, et ce pour deux raisons.
D’une part, l'objet de cette interpellation se limitait au règlement d'un différend opposant l'intéressé à un
voisin, lequel s'était plaint de ce que l'intéressé avait confisqué le ballon de son fils. D’autre part, les agents
de police avaient seulement agi en vue du rétablissement de la tranquillité publique dans le voisinage. Com
pétence de la juridiction administrative.
- T.C., 26 mars 1990, M. Devossel. Une ronde de surveillance ou une opération de protection
n’est pas non plus nécessairement connexe à une infraction déterminée, c’est-à-dire à une infraction
précise, une infraction qui ne soit ni vague ni générale.
« Considérant que le 7 août 1984, vers 4 heures du matin, M. Devossel a été
accidentellement blessé, alors qu'il empruntait à pied le boulevard Jean-Jaurès à Bou
logne-Billancourt, par une balle de l'arme de service d'un gardien de la paix qui, avec
quatre autres gardiens, effectuait une ronde de surveillance ayant le caractère d'une
opération de police administrative ; qu'en l'absence au dossier de tout indice permet
tant de considérer que le comportement de M. Devossel a été de nature à modifier ce
caractère et à faire regarder le gardien de la paix comme participant, au moment de
l'accident, à une opération de police judiciaire, le litige qui oppose M. Devossel à
l'Etat et qui a trait à l'indemnisation éventuelle du préjudice qui a été causé à l'intéres
sée dans les circonstances susrappelées, relève de la compétence de la juridiction ad
ministrative;[…] »
- T.C., 28 avril 1980, M. Waroquier : Selon les circonstances, une vérification d'identité peut
ressortir à une activité de police administrative ou judiciaire.
« Considérant que la 24 décembre 1974 à Blois vers 21 heures 30 des fonc
tionnaires de Police qui effectuaient une patrouille ont voulu vérifier l'identité de trois
personnes occupant un véhicule en stationnement ; qu'au cours de cette vérification
l'un des occupants M. Waroquier a été bousculé et blessé par un de ces fonctionnaires ;
Considérant que, dans les conditions où elle a eu lieu, cette vérification d'iden
tité ne ressortissait pas à l'activité de la police judiciaire ; que l'action dirigée par M.
La police administrative 21/38
Waroquier contre l'Etat pour obtenir réparation du préjudice qu'il a subi est de la com
pétence des Tribunaux de l'ordre administratif ; que dès lors, c'est à bon droit que le
Tribunal de grande instance de Blois s'est déclaré incompétent pour en con
naître;[…] »
Bien sûr, elle peut se tromper. C’est au juge saisi d’en décider.
1 - Une opération de police judiciaire peut déboucher sur une opération de police ad
ministrative : enlèvement et mise en fourrière d’un véhicule - police judiciaire ; puis, à partir de la
mise en fourrière, police administrative.
Exemple :
C.E., 18 mai 1981, Consorts Ferran, précité :
« Considérant que la mise en fourrière d'un véhicule, prescrite en exécution des articles l. 25 et sui
vants du code de la route dans les conditions prévues par les articles r. 285 et suivants de ce code, a le carac
tère d'une opération de police judiciaire ; qu'il suit de la que l'autorité judiciaire est seule compétente pour
connaître des actions en responsabilité fondées sur les irrégularités dont serait entachée la mise en fourrière
et, notamment, sur celles qui se rapportent a la réalité ou à la constatation des infractions qui l'ont motivée ;
que ces actions ne relèvent de la juridiction administrative que lorsqu'elles tendent a la réparation de dom
mages imputés au fait de l'autorité administrative à qui le véhicule a été remis en exécution de la décision
de l'officier de police judiciaire ;[…] »
2 - Une opération de police administrative peut déboucher sur une opération de police
judiciaire
Exemples :
Ces fonctionnaires de police avaient également, à cette occasion, reçu la consigne d'intercepter et
d'interpeller des individus qui avaient provoqué une rixe dans un débit de boissons et s'étaient enfuis dans
une voiture dont la marque et la couleur leur avaient été indiquées.
Ils ont aperçu, au cours de la nuit, un véhicule correspondant à cette description et ont pris en chasse
ce véhicule qui cherchait à leur échapper et dont le conducteur a commis à cette occasion plusieurs infrac
tions au code de la route.
« Dans ces conditions, ils devaient être regardés comme exécutant une mission de police judiciaire
lorsqu'après avoir fait descendre les occupants de cette voiture, ils ont entrepris de les fouiller, opération au
cours de laquelle un coup de feu provenant de l'arme du gardien Roche a blessé accidentellement l'un deux,
Mlle Corinne Morvan. »
Dès lors, l'action en responsabilité dirigée par la victime et par la caisse de sécurité sociale contre
l'Etat relevait de la compétence des tribunaux de l'ordre judiciaire.
* T.C., 12 juin, 1978, Société le Profil : Une caissière est escortée par des gardiens de la paix -
police administrative. Un hold-up a lieu - police judiciaire. On le sait déjà, dans cette hypothèse, la compé
tence juridictionnelle est déterminée par l’opération qui est essentiellement à l’origine du préjudice - en
l’occurrence la mauvaise organisation de la police administrative :
« Considérant que la Société "Le Profil" demande à l'Etat la réparation du préjudice qu'elle a subi le
8 décembre 1972 du fait de malfaiteurs qui, sous la menace de leurs armes, se sont emparés d'une somme de
274 051,90 francs qu'un de ses préposés venait de retirer d'une banque en vue de la transporter dans les lo
caux de la société ; qu'au soutien de sa requête, la Société "Le Profil" fait valoir que les services de police
chargés de la sécurité de cette opération de transfert de fonds ont commis des fautes lourdes susceptibles
d'engager la responsabilité de l'Etat, d'une part, en ne mettant pas en place un dispositif de protection adé
quat, d'autre part, en ne faisant pas obstacle aux agissements des agresseurs ;
Considérant que le préjudice allégué, intervenu au cours d'une opération tendant à assurer la protec
tion des personnes et des biens, trouve essentiellement son origine dans les conditions dans lesquelles a
été organisée cette mission de protection ; qu'une telle mission relève de la police administrative ; que
les litiges relatifs aux dommages que peuvent causer les agents du service public dans de telles circonstances
relèvent de la compétence de la juridiction administrative ; […] »
* Cour de cassation, Chambre criminelle, 5 janvier 2005 (n° 04-81714) : « Attendu qu'il résulte de
l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que, le 24 août 2002, Jean-Philippe X... circulait à moto lorsqu'il a
été victime d'un accident de la circulation qui a nécessité son hospitalisation immédiate ; que les services de
police restés sur place pour rassembler ses effets personnels afin de prévenir ses proches ont découvert, dans
une pochette lui appartenant, un pistolet automatique de première catégorie et les munitions correspondantes;
qu' ils ont alors ouvert une enquête de flagrance qui a démontré que l'intéressé avait acquis un grand nombre
d'armes et de munitions de première et quatrième catégories en falsifiant un imprimé d'autorisation préfecto
rale d'acquisition et de détention établi, à l'origine, pour une seule de ces armes ;[…]
[…] l'ouverture du bagage pour rechercher des éléments d'identité du blessé ou des papiers
susceptibles de fournir l'adresse, le numéro de téléphone des personnes proches à prévenir, les traite
ments médicaux en cours, le groupe sanguin etc., constitue une opération de police administrative ren
due nécessaire pour la sécurité du blessé et la préservation de ses biens ; il est d'usage de dresser un inven
taire des effets personnels en vue de leur restitution ; ces actes ne relèvent pas d'une opération de fouille en
trant dans le cadre d'une mesure de police judiciaire ayant pour objet la recherche d'une infraction ; toute
fois, la révélation de l'existence d'un délit permet aux policiers de procéder à des opérations de police judi
ciaire, dans le cadre de la flagrance en particulier à la saisie d'une arme et des munitions afférentes en l'ab
sence d'autorisation accompagnant celle-ci ;[…] »
Illustration concrète : L’autorité administrative compétente a pris une décision. Pour savoir
s’il s’agit d’une mesure de police administrative ou d’une sanction administrative, je dois me poser
La police administrative 23/38
la question suivante : en prenant cette décision, l’autorité administrative cherche-t-elle à punir une
personne qui a commis une faute (pas une infraction sinon il y aurait police judiciaire), ou souhaite-
t-elle simplement maintenir l’ordre public ? Si elle cherche à punir une personne qui a commis une
faute, j’ai affaire à une sanction administrative. Si, en revanche, elle souhaite simplement maintenir
l’ordre public, je suis en présence d’une mesure de police administrative.
Quel intérêt y a-t-il à distinguer les mesures de police des sanctions administratives ?
Questions initiales :
Réponses soutenues :
¯ Développement ¯
Une police administrative est dite spéciale pour l’une des raisons suivantes :
a - Elle poursuit un but autre que la sécurité, la tranquillité, la salubrité et la moralité pu
bliques : par exemple la police de la chasse et de la pêche, la police de l’affichage, de la publicité,
des enseignes.
b - Elle s’exerce selon une procédure différente de celle qui s’impose à la police administra
tive générale.
c - Elle est attribuée soit à une autorité administrative normalement dépourvue de pouvoirs
de police administrative, soit à une autorité de police différente de celle qui devrait être compétente.
[DEBUT]
Exemple ou simple illustration : la police des étrangers confiée au ministre de l’Intérieur - et au pré
fet. A ce sujet, il convient de ne pas confondre l’expulsion et la reconduite à la frontière.
On relève des différences substantielles entre ces deux mesures d’éloignement :
* Au niveau des motifs : L’expulsion est prononcée à l'encontre d'un étranger dont la
présence constitue soit une menace grave à l’ordre public, soit une menace pour la sûreté de l'État ou la sécu
rité publique (nuances difficiles à déterminer !). La reconduite à la frontière vise un étranger qui est entré ou
qui séjourne irrégulièrement en France ;
* Au niveau de la compétence : Selon les cas, l’expulsion ressortit à la compétence du
préfet ou du ministre de [l'Intérieur] l’Immigration. C'est le préfet ou, à Paris, le préfet de police, qui pro
nonce un arrêté d'expulsion à l'encontre d'un étranger dont la présence constitue une menace grave à l'ordre
public. En cas d'urgence absolue (dans tous les cas) ou si la présence de l'étranger constitue une menace pour
la sûreté de l'État ou la sécurité publique, c'est le ministre de [l'Intérieur] l’Immigration qui prononce la déci
sion d'expulsion. En revanche, la reconduite à la frontière est une décision qui relève exclusivement de la
compétence du préfet ou, à Paris, du préfet de police ;
* Au niveau des effets : Aussi longtemps qu’elle n’a pas été abrogée ou annulée, la me
sure d’expulsion fait obstacle au retour de l’étranger en France. La reconduite à la frontière n’a pas un tel
effet. Dûment muni des titres requis, l’étranger antérieurement reconduit à la frontière pourra revenir en
France.
[/FIN]
***
Ce sont :
2 - Le maire : en vertu de l’article L. 2212-2 (précité) du code général des collectivités terri
toriales (CGCT), il a compétence pour veiller au maintien de l’ordre public sur le territoire de la
commune. Le maire assure la police de la circulation sur les voies communales et sur les portions de
routes nationales et départementales situées à l’intérieur de son agglomération (Voir CGCT). Ses
attributions sont amputées au profit du préfet en cas d’étatisation de la police - Cf. infra Le préfet. A
Paris, il y a partage des pouvoirs de police entre le maire et le préfet de police.
Bien évidemment, un maire n’a pas le droit d’user de ses pouvoirs de police dans le seul
dessein de faire échec à la politique des autorités de l'Etat - C.E., 6 septembre 2002, Ministre de l'inté
rieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales c/ Commune de Sangatte (Décision suspendant, pour
détournement de pouvoir, l'arrêté du maire de Sangatte, du 23 mai 2002, par lequel celui-ci avait enjoint de
fermer dans un délai de deux mois le centre d'hébergement des réfugiés de Sangatte ; finalement, sur déci
sion du ministre de l’Intérieur, le centre a été fermé).
Les mesures de police du maire sont édictées sous la forme d’actes administratifs unilaté
raux dénommés arrêtés. Arrêtés, tel est d’ailleurs le nom donné aux actes administratifs unilatéraux
pris par toutes les autorités administratives autres que le Président de la République et le Premier
ministre, et ce quelle que soit la matière (police administrative ou non) - voir Chapitre II.
Dans une commune à police d'État, certains des pouvoirs de police du maire sont transférés
au préfet d’une manière permanente.
Article L 2214-4 du CGCT :
« - Le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique, tel qu'il est défini au 2º de l'ar
ticle L. 2212-2 et mis par cet article en règle générale à la charge du maire, incombe à l'Etat seul
dans les communes où la police est étatisée, sauf en ce qui concerne les bruits de voisinage.
Dans ces mêmes communes, l'Etat a la charge du bon ordre quand il se fait occasionnelle
ment de grands rassemblements d'hommes.
Tous les autres pouvoirs de police énumérés aux articles L. 2212-2, L. 2212-3 et L. 2213-9
sont exercés par le maire y compris le maintien du bon ordre dans les foires, marchés, réjouissances
et cérémonies publiques, spectacles, jeux, cafés, églises et autres lieux publics. »
La police administrative 27/38
Illustration concrète : Une manifestation contre un projet de loi étant un « grand rassem
blement occasionnel d’hommes », c’est le préfet qui a la charge d’assurer le maintien de l’ordre au
cours de cette manifestation si elle se déroule sur le territoire d’une commune à police d’Etat.
Un lâcher annuel de taureaux étant une manifestation traditionnelle, périodique, en tout cas
non occasionnelle, la responsabilité du maintien de l’ordre au cours de ce lâcher de taureaux in
combe au maire, même sur le territoire d’une commune à police d’Etat.
Le préfet bénéficie, enfin, de pouvoirs de police administrative spéciale : par exemple, la po
lice des gares et aérodromes.
[DEBUT]
Le préfet maritime mérite une mention particulière (Toulon, Brest et Cherbourg).
Portant l’uniforme d'amiral et le titre d’amiral-préfet maritime, il assure d’importantes responsabili
tés en matière de défense civile en mer.
Son action pour la protection des populations, le maintien de l’ordre public et la préservation de
l’action gouvernementale s'exerce au niveau de la surveillance des navires étrangers, de la circulation mari
time, de l'organisation des plans d’eau, du sauvetage en mer, de la lutte contre les pollutions volontaires ou
accidentelles. Sans oublier les conflits de pêche et la surveillance renforcée des approches maritimes lorsque
le plan Vigipirate est déclanché à terre.
Seul compétent en mer, le préfet maritime dispose de moyens de commandement et de moyens hau
turiers d'intervention; si le préfet terrestre souhaite utiliser la force pour intervenir sur des bâtiments battant
pavillon français et soupçonnés de trafics (contrebande, immigration clandestine, etc.), il doit solliciter
l’autorisation du préfet maritime.
[/FIN]
Les mesures de police du préfet sont édictées sous la forme d’actes administratifs unilaté
raux dénommés arrêtés. Arrêtés, tel est, ultime rappel, le nom donné aux actes administratifs unila
téraux pris par toutes les autorités administratives autres que le Président de la République et le
Premier ministre, et ce quelle que soit la matière (police administrative ou non) - voir Chapitre II.
Dans le cas d’un concours de pouvoirs de police administrative générale, une règle
simple s’applique : l’autorité de police inférieure ne peut qu’aggraver les mesures prises par
l’autorité supérieure, si les circonstances locales le justifient ; elle ne saurait les libéraliser - C.E.,
18 avril 1902, Commune de Néris-les-Bains ; 8 août 1919, Labonne.
Exemple : Le Premier ministre limite la vitesse maximale en agglomération à 50 km/h. Un maire
peut la réduire à 30 km/h, si la situation locale le justifie ; il n’a pas le droit de la porter à 70 km/h, par
exemple.
La police administrative 28/38
Entre parenthèses, 1 262 745, tel était en 2001 le nombre de procès verbaux dressés pour ex
cès de vitesse. Au cours de la même période, 182 829 contrôles d'alcoolémie se sont révélés posi
tifs, soit un peu plus de deux usagers du réseau sur cent dépistés.
En principe, il ne devrait pas y avoir de concours entre police administrative générale et po
lice administrative spéciale. En effet, chacune a son objet propre. Mais leurs finalités peuvent être
proches. Trois hypothèses ont été réglées par le juge :
a - Une autorité dispose à la fois d’un pouvoir de police administrative générale et d’un
pouvoir de police administrative spéciale. Elle peut user du premier dans un cas où elle devrait utili
ser le second. “ Sauf si cet usage a pour objet et pour effet de ne pas respecter la procédure prévue
pour la police spéciale. ” - C.E., 22 décembre 1993, Commune de Carnoux-en-Provence ; au sujet
des établissements ouverts au public.
b - L’autorité de police administrative spéciale fait preuve de carence : dans ce cas, la police
administrative générale peut être mise en œuvre si le maintien de l’ordre public l’exige - C.E., 8
mars 1993, Commune des Molières ; concours entre le pouvoir de police du maire et celui du mi
nistre de l’Aviation civile.
c - La police administrative spéciale a été mise en œuvre : l’autorité de police administrative
générale, si elle intervient à son tour, ne pourra qu’aggraver les mesures prises au titre de la police
administrative spéciale. À condition que les circonstances locales le justifient - C.E., 20 juillet 1935,
Établissements S.A.T.A.N. ; Cf. aussi la jurisprudence relative au cinéma.
La police administrative 29/38
Questions initiales :
1 – Quelle est la nature du contrôle exercé par le juge administratif sur les mesures de police
administrative?
2 – Pourquoi doit-on distinguer les périodes normales des périodes exceptionnelles ?
Réponses soutenues :
1 – Quelle est la nature du contrôle exercé par le juge administratif sur les mesures de police
administrative?
Le juge administratif exerce un contrôle de proportionnalité sur les mesures de police. Son
raisonnement est le suivant :
a - La mesure de police administrative que l'on me demande de contrôler a été prise
pour répondre à des faits constituant une menace à l'ordre public ;
b - Cette mesure de police est-elle adaptée ? Est-elle proportionnée aux faits qui en
sont le motif ? Est-elle adéquate ? N'excède-t-elle pas ce que ces faits exigent ? L'atteinte
que cette mesure de police porte à la liberté des citoyens n'est-elle pas excessive ?
c - Si j'estime que la mesure de police est disproportionnée au regard des faits qui
l'ont motivée, je serai sans doute conduit à en prononcer l'annulation.
2 – Pourquoi doit-on distinguer les périodes normales des périodes exceptionnelles ?
On doit distinguer les périodes normales des périodes exceptionnelles pour la raison suivante
: en période exceptionnelle, l'autorité administrative peut légalement prendre des mesures de police
qui seraient jugées illégales en période normale.
¯ Développement ¯
La formule de Corneille résume l’esprit du contrôle des pouvoirs de police : “ La liberté est
la règle, la restriction de police, l’exception ” - conclusions sur C.E., 10 août 1917, Baldy.
Le contrôle du pouvoir de police résulte d’un compromis entre deux nécessités :
- celle de maintenir l’ordre public,
- celle de ne pas porter atteinte aux libertés publiques et individuelles.
Mais les termes du compromis varient selon la nature des circonstances.
La dialectique de l’ordre et de la liberté paraît instable.
Dans certaines espèces, les exigences jurisprudentielles ont été moindres. Mais, dans tous les
cas, il y a obligation de prendre les mesures nécessaires à l’exécution d’une réglementation de po
lice déjà édictée.
Le souci du maintien de l’ordre public doit être mis en balance avec le nécessaire respect des
libertés publiques - C.E., Ordonnance du Juge des Référés du 19 août 2002, Front national et Institut de
formation des élus locaux (suspension de la décision par laquelle le maire d’Annecy avait refusé, en invo
quant une menace à l’ordre public, la tenue, dans sa ville, de l’Université d’été du Front national).
L’adéquation entre la mesure de police et la menace à l’ordre public est affaire d’espèce,
d’appréciation.
La police administrative 31/38
[DEBUT]
Exemples :
1 - les affaires relatives aux "couvre-feux" pour les mineurs de moins de treize ans
2 – La prostitution
1 - Les affaires relatives aux "couvre-feux" pour les mineurs de moins de treize ans
Durant l’été 2001, motif pris de l’inflation de l’insécurité ou du sentiment d’insécurité, des maires
ont pris des arrêtés de police réglementant la circulation des mineurs sur le territoire de leurs communes (Or
léans, Etampes, etc.).
1 – Les principes : la légalité de mesures restreignant la liberté de circulation des mineurs en vue de
leur protection « est subordonnée à la double condition qu’elles soient justifiées par l’existence de risques
particuliers dans les secteurs pour lesquels elles sont édictées et qu’elles soient adaptées par leur contenu à
l’objectif de protection pris en compte ».
Que les mesures soient adaptées, cela signifie d’abord qu’elles doivent être limitées dans le temps
et dans l’espace.
En premier lieu, la période et les horaires de restriction doivent être strictement déterminés. Ainsi,
ces arrêtés doivent être limités à une période précise de l’année. Ils doivent viser les mois particulièrement
sensibles (la période estivale notamment), afin que les mesures restreignant la liberté d’aller et venir soient
nécessaires et proportionnées aux risques de troubles à l’ordre public. Les mesures à caractère général et
absolu sont ainsi prohibées.
Dans la même logique, il ressort des décisions du Conseil d’Etat que la plage horaire des restrictions
de circulation doit être comprise entre 23h et 6h, pendant laquelle sont fréquemment commis les faits délic
tueux.
En second lieu, les dispositions de ces arrêtés doivent être limitées dans l’espace.
La nature et l’étendue des secteurs concernés doivent être précisées et justifiées par la présence de
risques particuliers.
2 – L’application du principe aux espèces : les arrêtés des maires d’Orléans et d’Etampes ne sont
que globalement légaux, c’est-à-dire qu’ils sont partiellement non conformes aux principes dégagés par le
Conseil d’Etat. En effet, pour le juge administratif,
La police administrative 32/38
* l’arrêté du maire d’Orléans ne doit pas s’appliquer au quatrième secteur de la ville car dans ce
quartier "non sensible" les mineurs de moins de treize ans ne sont pas exposés à des risques justifiant
l’édiction de mesures restreignant leur liberté de circulation ;
* l’arrêté du maire d’Etampes n’a aucune raison d’être appliquée en dehors de la partie urbanisée
de la commune.
2 – La prostitution
En France, pour le moment du moins, la prostitution n’est pas, en soi, illégale, bien que la loi
« Marthe Richard » du 13 avril 1946, ait conduit à la fermeture… des maisons closes.
Sont en revanche illicites, et ce depuis longtemps, le proxénétisme et le racolage actif, c’est-à-dire
« le fait, par tout moyen, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations
sexuelles » - Article R. 625-8 du code pénal.
La loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure incrimine également le racolage pas
sif (expression qui est du reste contradictoire puisque Racolage vient du latin ad collum, qui décrit le fait de
se jeter au cou de quelqu'un) :
« Le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au ra
colage d'autrui en vue de l'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération ou d'une promesse
de rémunération est puni de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende. »7 - Article 50 de la
loi.
En 2002, plusieurs maires ont pris des arrêtés visant à interdire aux personnes se livrant à la
prostitution de stationner ou d’aller et venir sur certaines voies publiques.
L’analyse des textes législatifs et réglementaires et de la jurisprudence permet de dégager les prin
cipes suivants quant aux conditions de légalité des arrêtés municipaux relatifs à cette activité.
a. En vertu des articles L. 2212-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, le
maire peut faire usage de ses pouvoirs de police en vue d'assurer la tranquillité, la sécurité et la salu
brité publiques.
En conséquence, les arrêtés municipaux réglementant l’exercice de la prostitution sur la voie pu
blique peuvent, indépendamment des dispositions législatives précitées sur le racolage même passif, se fon
der sur des troubles matériels accompagnant cette activité :
- les risques de trouble à la sécurité et à la tranquillité publiques, qui peuvent être causés par les
rassemblements de prostituées, de clients et de curieux (rixes, altercations, nuisances sonores…) ;
- les risques pour la sécurité routière résultant des troubles apportés à la circulation par des ralentis
sements, voire des arrêts ou des stationnements inopinés d’automobilistes (clients potentiels ou simples cu
rieux) ;
- l’abandon de préservatifs usagés ou de déchets présentant des risques pour la salubrité publique.
b. La nature de l’activité de prostitution conduit également à faire appel à des considérations
liées à la moralité publique.
La jurisprudence du Conseil d'Etat a reconnu aux autorités de police administrative le pouvoir de
prendre des mesures lorsqu’une atteinte à la moralité publique est susceptible d’entraîner un trouble à l’ordre
public.
Un maire peut donc réglementer l’exercice de la prostitution sur la voie publique en invoquant, non
son sens personnel de la morale, mais l’atteinte à la moralité publique en tant qu’élément constitutif de
l’ordre public.
Ainsi le racolage actif peut-il justifier un arrêté de police visant à interdire aux personnes se livrant à
la prostitution de stationner ou d’aller et venir sur certaines voies.
7
Une interdiction implicite de la prostitution sur la voie publique ?
La police administrative 33/38
Tels sont donc les principes. Ils devraient évoluer sensiblement avec la mise en œuvre de la loi
n°2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure.
[/FIN]
***
- interdiction est faite aux débitants de boissons de recevoir les filles de joie ;
- défense est faite aux filles soumises de tenir elles-mêmes un débit de boissons et de racoler
en dehors d’une zone réservée.
Deux femmes galantes, Dol et Laurent, défèrent ces mesures de police administrative à la
censure du Conseil d’État. Motif : atteinte intolérable à la liberté du commerce. Les deux "ga
gneuses" sont déboutées. Motifs : en raison du caractère exceptionnel des circonstances et de l’état
de siège, l’autorité publique a pu valablement prendre de telles mesures de police.
b - L’état de siège
Définition : c’est un régime exceptionnel de police déclaré en cas de péril imminent, résul
tant d’une guerre étrangère ou d’une insurrection à main armée - loi du 3 avril 1878.
8
Cf. infra, Titre II, pour la définition des circonstances exceptionnelles.
9
Alinéa suivant : “ L’autorité civile continue néanmoins à exercer ceux de ces pouvoirs dont l’autorité militaire ne l’a
pas dessaisie. ”
- d’interdire les publications et les réunions qu’elle juge de nature à exciter ou à entretenir le
désordre.
On relève également une extension de la compétence des juridictions militaires.
c - L’état d’urgence
Définition : C’est un régime exceptionnel de police déclaré soit en cas de péril imminent ré
sultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et
leur gravité, le caractère de calamité publique - loi 3 avril 1955.
Pour efficients qu’ils puissent paraître, l’état de siège et l’état d’urgence présentent trois in
convénients majeurs :
- ils manquent de souplesse, leur mise en œuvre et leur prorogation résultant d’une procé
dure semée d’embûches politiques et juridiques,
- ils inquiètent autant qu’ils visent à rassurer, car ils renvoient aux heures les plus sombres
de l’histoire du pays,
Ces considérations ont sans doute présidé à la conception du plan gouvernemental d'alerte
et de prévention "Vigipirate".
Définition : Le plan Vigipirate est un dispositif d’alerte et de prévention qui vise à assurer
la protection de la population et des sites sensibles dans un contexte de menace terroriste effective
ou imminente.
Formes ou phases : Initialement, le plan Vigipirate comportait deux phases, à savoir Vigi
pirate "simple" (phase 1) et Vigipirate "renforcé" (phase 2).
Le plan Vigipirate a été appliqué en 1985 (pour la première fois) et en 1986, puis en janvier
1991 lors de la guerre du Golfe (il sera maintenu pendant quatre mois). Depuis, Vigipirate n'a ja
mais vraiment été levé ; il y a eu simplement des périodes où le dispositif a été allégé.
Voulu plus souple et fondé sur le concept de posture permanente de sécurité, le nouveau
Plan Vigipirate comporte quatre niveaux d'alerte identifiés par des couleurs :
Le plan étant classé « secret défense », la liste complète des mesures n’est pas rendue publique.
La police administrative 37/38
Depuis le début des années 90, le plan Vigipirate comporte un volet spécialisé destiné à la prévention
et à la protection contre le terrorisme biologique et chimique connu sous le nom de Piratox.
La police administrative 38/38
En 1999, un plan plus spécifique concernant le risque biologique, le plan BIOTOX, a été développé
conjointement par les ministères de l'Intérieur, de la Défense et de la Santé.
Il prévoit en particulier une étroite coopération entre les moyens civils et militaires en matière de
risque biologique.
Le plan BIOTOX comporte plusieurs phases : la prévention des risques, la veille, l'alerte, et la ges
tion de la crise.
Il a été déclenché en décembre 2001 à la suite de la découverte, aux Etats-Unis, de lettres piégées au
bacille du charbon.
Au surplus, de temps en temps sont mis en avant des projets tendant officiellement à amélio
rer l’efficacité de la police, qu’elle soit judiciaire ou administrative. Exemple : EDVIGE («Exploi
tation Documentaire et Valorisation de l’Information GEnérale») devenu (provisoirement), dans
une certaine polémique, EDVIRSP («Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information
Relative à la Sécurité Publique») – cf. C.E., Ordonnance du juge des référés du 29 octobre 2008.
*****
ANNEXE
I. - Matériels de guerre.
1ère catégorie : Armes à feu et leurs munitions conçues pour ou destinées à la guerre terrestre, navale ou
aérienne.
2ème catégorie : Matériels destinés à porter ou à utiliser au combat, les armes à feu.
*******