Cours Contentieux Administratif, Licence AES
Cours Contentieux Administratif, Licence AES
Cours Contentieux Administratif, Licence AES
CONTENTIEUX ADMINISTRATIF
Bibliographie :
Bonichot Cassia Poujade, Les grands arrêts du contentieux administratif, édition Dalloz, 2e
édition, 2009
Chapus, Droit du contentieux administratif, 13e édition, édition non chrétien, 2008
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Introduction Générale
Parmi les règles relatives au contentieux administratif, une place doit être faite aux règles de
procédures administratives contentieuses. La procédure administrative contentieuse regroupe
l’ensemble des règles relatives à l’introduction, à l’instruction et au jugement des recours. La
procédure administrative contentieuse est autonome par rapport à la procédure civile. La
procédure administrative est inquisitoire. Elle doit également être non accusatoire. Cette
procédure est principalement écrite et contradictoire.
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L’existence des règles de contentieux sont pour l’essentiel non écrite, d’origine
jurisprudentielle. Mais elles sont aussi basées sur certains écrits. Principalement basé sur des
textes réglementaires.
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La justice administrative est née dans l’administration et elle ne s’en est distinguée que très
lentement. Malgré ce détachement progressif du juge et de l’administrateur des liens subsistent
entre la fonction de jugé et celle d’administré.
Quel juge est compétent pour régler ces litiges dont l’administration est intéressée ?
Jusqu’à l’an 8 le contentieux administratif était porté devant les administrateurs actifs (roi et
ministres). Le problème est que ce système très protecteur des intérêts de l’administration ne
l’est pas pour les droits privés. Ce système ne permet de garanti d’impartialité. Il n’offrait aux
particuliers aucunes sécurités juridiques puisque c’est dans sa propre cause que l’administrateur
est juge. Les juristes estiment que c’est la période ‘administrateur juge’.
A partir de l’an 8 sont créés les organismes consultatifs que sont le conseil d’état et le conseil de
préfecture. Ces organismes consultatifs sont chargés de participer au jugement de
l’administration. Ces derniers étaient chargés de rendre ou d’émettre un avis. La décision finale
appartenait toujours au chef d’état. On parle de ‘justice dite retenue’ parce que le conseil d’état
donne un avis et il revenait surtout au pouvoir exécutif de trancher le litige. A ce stade, on peut
distinguer la fonction active et la fonction juridictionnelle au sein de cette fonction consultative.
C’est de cette séparation des fonctions au sein de l’activité consultative qu’est née la juridiction
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administrative. Cette fonction s’étend à toutes les décisions relevant des administrateurs actifs.
Ainsi, leurs fonctions vont s’étendre aux décisions mais aussi aux décisions relevant de
l’administration active. Il reste une étape à franchir qui est de confier au conseil d’état le soin de
trancher lui-même les conflits administratifs.
C’est la loi de 1872 qui va créer une véritable justice administrative dans la mesure où on va
bousculer de la justice retenue à la justice véritablement déléguée car le conseil d’état tranche
seul les litiges administratifs. Désormais, la séparation entre la fonction de juge et celle
d’administrateur est assurée. L’arrêt du conseil d’état de 1889, Cadot, confirme ce changement
en admettant le recours direct devant lui. Le roi ou le ministre ne sont plus considérés comme
des juges. Les actes administratifs et juridictionnels se trouvent distingués.
Tout d’abord, l’existence de deux ordres de juridictions n’est pas restée sans conséquence. La
première conséquence est les conflits de compétences entre les corps judiciaires et les corps
administratifs. Autre conséquence c’est que désormais les administrateurs doivent respecter la
chose jugée par le juge administratif et non plus l’administrateur. La violation de cette règle est
considérée comme une violation de la loi. Ensuite, le juge ne peut faire acte d’administrateur, il
ne peut pas se substituer à l’administration. Cependant, la séparation des fonctions
juridictionnelles administratives n’est pas absolue. En effet, les juridictions administratives
exercent parallèlement à leurs attributions juridictionnelles certaines attributions administratives
(exemple : avis émis sur le conseil d’état sur des actes réglementaires ou des projets de lois).
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L’ensemble des juridictions administratives est bien évidemment autonome par rapport à la
juridiction judiciaire. Comme elle est autonome par rapport aux juridictions européennes ou
internationales.
Le juge administratif et le juge judiciaire appartiennent à deux ordres de juridictions différentes
parce qu’ils relèvent de deux juges suprêmes distincts. Pour la juridiction administrative il s’agit
du conseil d’état et pour la juridiction judiciaire, la cour de cassation. Le conseil d’état et la cour
de cassation ont estimées que devait être considéré comme passé en force de chose jugée tout
arrêt rendu par une instance judiciaire ou administrative. Ainsi, au titre de cette collaboration, le
juge administratif doit respecter la chose jugée par les tribunaux judiciaires. Les limites de
l’autorité de la chose jugée apparaissent dans deux domaines. Tout d’abord celui de la légalité
des actes administratifs. Ensuite, celui de la juridiction pénale.
Du fait des règles de répartition des compétences, les deux ordres de juridictions peuvent avoir
à statuer sur des questions identiques de légalité des actes administratifs. Il en résulte un certains
nombres d’hypothèses de collaboration.
Tout d’abord, l’hypothèse dit du principe. Les juges s’efforcent de respecter dans la mesure du
possible la chose telle qu’elle a été jugée par une juridiction de l’autre ordre. Ce principe ne
vaut que pour les litiges ayant le même objet et la même cause.
Ensuite, les limites de la chose jugée. Il arrive que le juge judiciaire saisit par la voie de
l’exception d’illégalité déclare un acte administratif légal. Mais que celui-ci soit ensuite jugé
illégal par le juge administratif. A contrario, il arrive que le juge judiciaire déclare illégal un acte
que le juge administratif, quant à lui, refusera d’annuler ou déclarera légal. Ces deux limites
résident d’une part dans le fait que l’autorité de la force jugée ne peut jouer parce que l’objet, la
cause ou même les parties du procès devant un ordre sont différents de ceux de l’instance dont
est saisi l’autre ordre de juridiction. D’autre part, les juridictions judiciaires ne peuvent annuler
un acte administratif mais seulement ses effets. Tandis que le juge administratif peut annuler la
décision administrative.
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Les décisions du juge pénal ont en principe autorité absolue de la chose jugée. Cette autorité est
d’ordre public. Cette autorité absolue attachée à la chose pénale est subordonnée à la réunion
de deux conditions. Tout d’abord, la juridiction répressive doit avoir statuée sur le fond de
l’action publique. Ensuite, la juridiction pénale doit s’être prononcée par une décision définitive
(insusceptible de recours). La cour de cassation reconnait une autorité du pénal sur le civil et lui
a donné une portée particulièrement forte au travers de l’arrêt de la cour de cassation, 1865,
Quertier. Cet arrêt dispose « interdiction au juge civil de remettre en cause ce qui a été jugé au
pénal ». Le juge administratif reconnait l’autorité du jugement pénal quant à la constatation des
faits mais procédera, sauf exception particulière, à sa propre qualification de ces mêmes faits.
Ce principe est issu de l’arrêt du conseil d’état du 27 juillet 2005, Ministre de la Santé. Pour
que les constatations de faits s’imposent au juge administratif, il faut qu’elles ressortent
indiscutablement de la décision pénale. A cet égard, un jugement de condamnation a
naturellement une valeur plus forte qu’une décision d’acquittement ou de relaxe. Le juge
administratif peut donc retrouver sa liberté d’appréciation. Pareillement, l’autorité de la chose
jugée au pénal ne s’impose pas lorsque les faits constatés par le juge pénal concerne une
personne différente de celle partie à l’instance administrative. Enfin, par déduction, l’autorité de
la chose jugée au pénal ne s’attache pas à l’appréciation et à la qualification juridique des faits.
Tout comme l’autorité de la chose jugée au pénal ne s’étend pas davantage aux appréciations de
droit.
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Les juridictions administratives sont celles qui relèvent par la voie de l’appel ou de la cassation
du conseil d’état. Parmi les juridictions administratives il faut distinguer les juridictions
administratives de droit commun composées du conseil d’état, de la cour administrative d’appel
et des tribunaux administratifs. Elles ont compétences pour connaitre toutes les catégories de
litige entrant dans la sphère administrative sans qu’il soit besoin d’un texte pour lui conférer ce
pouvoir. Face à cela, il existe des juridictions administratives d’attributions. Ce sont des
juridictions administratives spécialisées. Elles ont compétences que pour les litiges dont un texte
leur attribut expressément compétence. Leur compétence est limitée. Il en existe plusieurs.
Parfois, certaines statuent sans appel (statut en premier et dernier ressort), c’est par exemple la
cour des comptes. D’autres possèdent leur hiérarchie propre, par exemple les conseils
d’université.
Néanmoins, les juridictions de droit commun et d’attributions sont toutes subordonnées au
conseil d’état par la voie de la cassation. Le juge de cassation se distingue du juge d’appel. En
effet, le juge d’appel connait une seconde fois de l’ensemble du litige c'est-à-dire des faits plus
du droit. Tandis que le juge de cassation vérifie sans revenir sur les faits si aucunes erreurs de
droit n’entachent le jugement.
Institué par la constitution de l’an 8, le conseil d’état est une création de Bonaparte pour
donner à la société et à l’état des fondements juridiques. Ce conseil d’état a survécu aux
changements constitutionnels et politiques et aux évolutions économiques et sociales. Cela ne
signifie pas pour autant qu’il n’a jamais été menacé. Deux crises majeures : l’une pendant la
restauration, l’autre en 1962 ont failli compromettre l’existence du conseil d’état. Néanmoins, le
conseil d’état est toujours présent. Il a subi des réformes. Actuellement, en droit positif, le
conseil d’état est régi dans son organisation et son fonctionnement par les dispositions du code
de justice administrative aux articles L 111-1 et suivants et articles R 121-1 et suivants.
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Tous les membres du conseil d’état, sauf le vice président, peuvent être rapporteurs.
Cependant, seuls les conseillers d’état sont membres de l’assemblée générale. Les présidents de
section s’occupent, quant à eux, des relations avec les administrations.
Les auditeurs et les maitres des requêtes occupent des fonctions de rapporteurs et de
rapporteurs publics (ex commissaire du gouvernement).
Le rapporteur a pour mission d’examiner la requête, proposer le plan d’instruction de l’affaire,
d’étudier le dossier et de rédiger les visas. Il établi un rapport à l’aide de tous ces éléments dans
lequel il examine tous les problèmes posés recevables et propose des solutions qu’il justifie par
des considérations de fait ou de droit. Le rapporteur en réalité rédige un projet de décision.
Le rapporteur public, quant à lui, a pour mission d’exposer au conseil les questions que
présentent à juger chaque recours contentieux. Le rapporteur public doit faire connaitre en
formulant en toute indépendance ses conclusions. Il doit aussi formuler son appréciation sur les
circonstances de fait de l’espèce et les règles de droit applicables. En fait, il doit donner son
opinion sur les solutions qu’appelle suivant sa conscience le litige soumis à la juridiction. Les
fonctions de rapporteur public peuvent être exceptionnellement assurées par les conseillers
d’état qui viennent d’être nommés. Et ce pour une durée maximum de trois ans.
Les conseillers d’état ne sont ni rapporteurs ni rapporteurs public, ils ont un rôle d’assesseur
dans les sous sections. Ils tiennent un rôle de réviseur par qu’ils renvoient les dossiers établis
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par les rapporteurs. C’est parmi les conseillers d’état que sont choisis les présidents des sous
sections.
Elles ont toujours existées parce qu’il a toujours été admis qu’un membre du conseil d’état
puisse occuper temporairement une fonction administrative. Il faut distinguer les fonctions
cumulables avec l’emploi de conseillers d’état et les fonctions exclusives.
Sont exclusives les fonctions de parlementaires, gouvernementales, administratives
(collaborateur de cabinet de ministre uniquement). Pour exercer ces fonctions exclusives il
implique un départ provisoire du conseil d’état.
Les fonctions cumulables. Certains emplois sont cumulables avec leur activité principale. Un
conseiller d’état peut exercer des fonctions de conseiller juridique, membre de jury d’examen
ou de concours.
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Le conseil d’état se compose d’un secrétariat général et d’un greffe. Il y a également une
multitude de services. Tous ces services sont dirigés par le vice président. Mais l’exercice des
attributions administratives et contentieuses est effectué par deux formations distinctes. La
formation administrative et la formation contentieuse.
A- La section du contentieux
La section du contentieux est composée de deux catégories de membres. Tout d’abord, les
douze conseillers d’états dont 10 qui seront présidents des sous sections plus deux qui seront
présidents adjoints de la section réunie du contentieux. On y trouve aussi les maitres des
requêtes. Ensuite, la seconde catégorie de membres est les auditeurs qui sont affectés
exclusivement à la section du contentieux.
Normalement, les attributions contentieuses du conseil d’état sont exercées collégialement.
Mais il arrive parfois qu’ils puissent statuer à juge unique. Par exemple le président de section
seul peut statuer sur un sursit à exécution rendu par un tribunal administratif. Egalement pour
des situations de non lieu à statuer. Acte de désistements également. Et des irrecevabilités
manifestes.
Les sous sections sont au nombre de dix. Elles sont les organes normaux d’instruction et de
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jugement. Elles sont distinguées d’un numéro. Trois conseillers d’état composent les sous
sections. On y trouve le président et ses deux assesseurs. Chaque sous section a un rôle
d’instruction. Tout d’abord elles examinent la requête. Ensuite elles déterminent les mesures
propres à assurer la mise en cause des parties. Elles prescrivent ensuite si nécessaire des
expertises et des enquêtes. Enfin, elles préparent un projet de décision. Une sous section ou les
sous sections réunies jugent les affaires simples et les divergences de jurisprudence entre les
sous sections sont évitées par la présence des présidents de sous section dans l’assemblée du
contentieux.
Cette assemblée est composée de 12 membres sous la tutelle du vice président. Le vice
président a une voix prépondérante en cas de partage ou d’égalité des voies. Cette assemblée
est l’organe de jugement le plus solennel. Elle reçoit et juge les affaires les plus importantes. Elle
les juge sur renvoi car se sont les sections ou sous sections qui renvoient l’affaire devant
l’assemblée du contentieux.
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Le conseil d’état cumule des attributions consultatives et des attributions contentieuses. La Cour
Européenne des Droits de l’Homme depuis 1995 tend à remettre en cause ces deux
attributions.
En dehors de ses fonctions de juge d’appel et juge de cassation, le conseil d’état est compétent
pour connaitre en premier et dernier ressort des affaires particulièrement importantes. Ces
affaires on les retrouve à l’article R 311-1 du code de justice administrative. Tout d’abord se
sont les affaires sur les recours en annulation dirigées contre les ordonnances du président de la
république et les décrets. Ensuite, les recours dirigés contre les actes réglementaires des
ministres, les litiges concernant le recrutement et la discipline des agents publics nommés par le
président de la république et concernant les emplois civils et militaires de l’état, les recours
pour excès de pouvoir dirigés contre les décisions administratives prises par les organismes
collégiaux à compétence nationale (exemple : la CNIL), les litiges nés hors des territoires
soumis à la juridiction des tribunaux administratifs. Enfin, les protestations dirigées contre
l’élection des représentants au parlement européen.
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Cette fonction a été une fonction principale du conseil d’état. Depuis la création des CAA ce
n’est plus le cas. Il continue à être juge d’appel uniquement sur les litiges relatifs aux élections
municipales et cantonales. Article R 321-1 du code de justice administrative.
Le conseil d’état statut sur les pourvois en cassation formés contre les jugements et arrêts
rendus par les juridictions administratives statuant en dernier ressort. Mais aussi il statut en
dernier ressort sur les décisions ou arrêts rendus par la cour des comptes, les décisions rendus
par les cours de disciplines budgétaires et financières et aussi sur les décisions du conseil
supérieur de la magistrature. Le recours en cassation est de droit et c’est aujourd’hui la fonction
principale du conseil d’état.
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Le conseil d’état doit être saisi par une requête écrite accompagnée de la décision attaquée qui
doit comporter des indications suffisamment précises sur ce qui est demandé (conclusions)
mais aussi les raisons de fait et de droit qui justifient la demande (les moyens).
Il faut que le délai pour former un recours soit respecté. Ce délai est de deux mois à compté de
la publication de la décision. Certains textes prévoient des délais plus courts. 15 jours par
exemple pour les appels ou les pourvois contre les ordonnances de référés statuant en urgence.
Un délai d’un mois pour les appels contre les jugements statuant sur les arrêtés de reconduite à
la frontière. Ou un mois en matière électorale.
La représentation par un avocat, le ministère d’avocats, est obligatoire sauf si la loi en dispose
autrement. Ce sont en matière d’aide social et de pension.
Les pourvois en cassation font l’objet d’une procédure préalable d’admission. Si les pourvois
franchissent cette étape alors ils font l’objet d’une procédure contradictoire à l’initiative de la
sous section en charge de l’instruction du dossier. Enfin, les litiges sont jugés également par
cette sous section ou les sous sections réunies ou par l’assemblée du contentieux si l’affaire
relève d’une haute importance.
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Les tribunaux administratifs sont actuellement au nombre de 42 et trouvent leur origine dans
l’ancienne dénomination du conseil de préfecture créé en 1800. Au départ, ces conseils de
préfecture exercent principalement, essentiellement des fonctions consultatives. Puis avec le
temps on leur a attribué une compétence juridictionnelle. Mais au point de départ ils avaient
uniquement des compétences d’attribution c'est-à-dire qu’ils ne pouvaient connaitre que des
affaires que les textes leur attributs. Une réforme en 1926 va étendre leur compétence en leur
conférant certaines affaires qui relevaient du conseil d’état. Très rapidement la procédure qui va
être instituée devant les conseils va prendre une forme juridictionnelle avec publicité, audience,
débat. Les principes anciens posés par les lois de 1865 et 1889 demeurent le fondement des
règles de procédure devant les actuels tribunaux administratifs. Ces principes du législateur ont
donc été repris d’abord dans le code des tribunaux administratifs devenu en 1988 le code des
tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel. Et en 2000 ces principes ont été
repris dans le code de justice administrative.
Chaque tribunal comprend un nombre variable de chambres. La chambre est présidée par un
vice président qui est lui-même assisté par, généralement, deux conseillers. Le TA de Paris est
divisé en section et non en chambre. Il y a également la présence d’un rapporteur public,
anciennement dénommé commissaire du gouvernement, il est affecté auprès de chaque
chambre. Dans les tribunaux administratifs de plus de deux chambres, le code de justice
administrative en son article R 222-20 crée une formation élargit à mi-chemin de la chambre et
de la formation plénière. Cette formation dite élargit est sous la responsabilité du président du
tribunal et comprend les membres de la chambre à laquelle appartient le rapporteur de
l’affaire. Cette formule est plus souple que la formation plénière mais plus solennel qu’une
chambre. Cette formation traite d’affaires qui ont une importance certaine. Les affaires les plus
importantes sont quant à elles traitées par la formation plénière. Cette réunion en formation
plénière est très exceptionnelle et sous cette forme plénière le tribunal comprend tous les
membres. Enfin, il y a la présence d’un greffe qui est membre du corps du personnel de
préfecture.
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Il exerce d’abord des fonctions dites administratives. Il dirige les services du tribunal. Il veille,
pour cela, au respect des règles d’organisation du tribunal. Principale tâche qui lui incombe
c’est que le président doit établir chaque année un rapport sur l’activité juridictionnelle de son
tribunal qu’il adresse au ministère de l’intérieur.
Le rôle juridictionnel : le président du TA est juge et juge dans la procédure des référés
administratifs. Il peut également par ordonnance prononcer le non lieu à statuer ou bien rejeter
des conclusions irrecevables…
Sa principale fonction se retrouve à l’article R 222-13 qui reconnait au président du TA le
pouvoir de juger seul certains litiges. Il statut alors à l’instar d’une formation de jugement. Ces
litiges sont le contentieux lié aux édifices menaçant ruine, le contentieux relatif aux impôts
locaux, le contentieux lié aux contraventions de grandes voiries, ceux relatifs au permis de
construire, ceux relatifs à la redevance audiovisuelle… Ce sont des affaires simples.
Il instruit les affaires, demande la communication des pièces nécessaires. Il dirige la marche du
procès et pour cela il est chargé de rédiger le projet de jugement. Il ne peut être dessaisi d’un
dossier que sur sa demande.
Ils exercent des fonctions consultatives. Ils rendent des avis sur des questions qui leurs sont
soumises par les préfets de départements. En réalité, ce travail dépend de la relation
qu’entretien le TA avec l’administration préfectorale. Les avis seront donnés par une formation
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collégiale ce qui renforce la pertinence et la qualité juridique du travail. Ensuite, ils ont le
pouvoir de nommer des enquêteurs publics. Enfin, l’article L 211-4 du CJA prévoit la faculté
pour les TA d’exercer une mission de conciliation, arrêt de la CAA de Marseille, « Société
transmontagne », 2000. Ce n’est pas une obligation. Le TA peut refuser lui-même de faire la
conciliation.
Les tribunaux administratifs sont les juges de droit commun du contentieux administratif. En
procédure civile le tribunal compétent est en principe celui du domicile du défendeur. La
procédure administrative n’a pas opté pour ce principe. « Pour les affaires administratives, le
tribunal territorialement compétent est en principe celui dans le ressort duquel à légalement
son siège l’autorité qui soit en vertu de son pouvoir propre soit par délégation a pris la décision
attaquée ou a signé le contrat litigieux », article R 312-1 du code de justice administrative. Face à
ce principe, une série d’exception est venue le compléter dont principalement, articles R 312 et
suivants :
- Les litiges relatifs à la reconnaissance d’une qualité (combattant, évadé, interné…), dans
ces litiges il apparait logique que relève de la compétence du TA dans le ressort duquel
le candidat bénéficie des dispositions de résidences
- Les litiges relatifs aux décisions individuelles prises à l’encontre de personnes par les
autorités administratives dans l’exercice de leur pouvoir de police. Ces litiges relèvent de
la compétence du TA du lieu de résidence de la personne.
- Les litiges relatifs au remembrement ou affectation des immeubles, liés au permis de
construire, au classement et inscriptions de monuments et sites relèvent de la
compétence du TA dans le ressort duquel se trouvent les immeubles.
- Les litiges d’ordre individuels (y compris d’ordre pécuniaire) intéressant les
fonctionnaires ou agents d’état mais aussi personnes des collectivités publiques relèvent
du TA dans le ressort duquel se trouve le lieu d’affectation du fonctionnaire.
- Les litiges relatifs aux législations régissant des activités professionnelles notamment les
activités agricoles, commerciales et industrielles et les litiges relevant de la
réglementation des prix et la réglementation du travail relèvent de la compétence du TA
dans le ressort duquel se trouve l’établissement ou l’exploitation.
- Les litiges relatifs aux marchés, aux contrats ou concessions relèvent de la compétence
du TA dans le ressort duquel ces marchés sont exécutés.
Les TA sont territorialement compétents pour connaitre des demandes accessoires, incidentes
ou additionnelles dont relève la demande principale. Le tribunal saisit d’une demande entrant
dans sa compétence territoriale est également compétent pour connaitre d’une demande
connexe. Les recours en interprétation ou en appréciation de légalité relèvent aussi de la
compétence du TA territorialement compétent. Les jugements rendus par les TA sont
susceptibles d’appel soit devant les cours administratives d’appel soit, de façon plus
exceptionnelle, devant le conseil d’état. Les TA statuent eux-mêmes en appel en matière de
référé fiscal et statuent même en dernier ressort lorsqu’ils prononcent une majoration.
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La loi de 1987 est venue créer ces cours administratives d’appel. Le but premier de cette
création est de désengorger le conseil d’état. Les premières CAA mises en service l’ont été en
1989. Actuellement la France compte 8 cours administratives d’appel. Ces cours sont à la tête
de vastes ressorts territoriaux et la compétence territoriale des CAA est d’ordre public c'est-à-
dire qu’elle est compétente dans le ressort dans laquelle est situé le siège de la juridiction dont
le jugement est frappé d’appel.
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requête motivée. L’appel n’est pas suspensif sauf si la cour prononce le sursit à exécution du
jugement. L’appel est soumis au ministère obligatoire d’avocats et ce à peine d’irrecevabilité.
Même si le litige de première instance en a été dispensé. Depuis l’entrée en vigueur d’un décret
de 2003 seuls les litiges suivants sont dispensés du ministère d’avocats :
- Les contraventions de grande voirie
- Les demandes d’exécution des jugements et arrêts
- Les recours pour excès de pouvoir exercés par les agents publics et liés à leur situation
personnelle
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L’organisation juridique de la cour des comptes est codifiée aux articles L 111-1 et suivants du
code de la juridiction administrative. Cette cour des comptes, anciennement dénommée
chambre des comptes, a été créée en 1807.
La cour des comptes juge les comptes de comptables publics sous réserve de la compétence qui
est attribuée aux chambres régionales et territoriales des comptes. Elle statut sur les appels
formés contre les décisions juridictionnelles rendu par les chambres régionales ou territoriales
des comptes. Elle juge les comptes des comptables publics qu’elle a déclaré comptables de faits
(exemple : un Maire qui octroie la comptabilité à la place du comptable de la collectivité). La
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cour des comptes juge les ordonnateurs qui se sont rendus coupables d’une gestion de fait.
L’action en déclaration de gestion de fait est prescrite pour les actes commis plus de dix ans
après le fait. La cour des comptes vérifie sur pièce, également sur place, la régularité ou non des
recettes et dépenses décrites dans la comptabilité publique. Elle doit s’assurer ensuite du bon
emploi des crédits, des fonds et des valeurs gérées.
La cour des comptes assure également la vérification des comptes des établissements publics à
caractère industriels et commercial. Elle contrôle également les comptes et la gestion des
entreprises nationales. Egalement des sociétés d’économie mixte et certaines sociétés anonymes
dans lesquelles l’état possède du capital. Elle contrôle aussi les institutions de la sécurité sociale.
Les arrêts de la cour des comptes sont rendus en séance non publique. Ces arrêts sont
revêtus de la formule exécutoire et ont autorité de la force et de la chose jugée. Il n’y a pas de
sanction « personnelle » sur l’ordonnateur, simplement elle déclare le comptable soit quitte
(aucune irrégularité) soit en avance (trop d’argent) soit un débet (manque). Enfin, les décisions
de la cour des comptes sont susceptibles d’être déférées devant le conseil d’état par la voie de la
cassation.
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L’organisation, le fonctionnement de cette cour a été codifié aux articles L 311-1 et suivants du
code des juridictions financières. La cour de discipline budgétaire et financière est de création
assez récente, en 1948. Elle a pour mission de sanctionner les fautes de gestion commises par
les agents publics. C’est donc une institution associée à la cour des comptes. Cette cour est
composée de membres de conseil d’état et des membres de la cour des comptes. Elle
comprend sous la présidence du premier président de la cour des comptes un vice président en
charge d’une section et un nombre égal de conseillers d’états et de conseillers de la cour des
comptes.
La cour sanctionne les inobservations aux règles relatives à l’exécution des dépenses et des
recettes. Les personnes justiciables sont tous les agents civils et militaires de l’état mais aussi les
agents des établissements publics et tous les agents des collectivités territoriales et leurs
groupements. Toutefois, ne sont pas justiciables de la cour, à raison des actes accomplis dans
l’exercice de leurs fonctions, les administrateurs élus et non rémunérés d’organisme de
protection sociale, également les administrateurs des associations de bienséance et surtout les
membres du gouvernement et toute personne disposant d’un mandat électoral.
Les séances de la cour sont non publiques. Toutefois, les décisions sont publiées au journal
officiel et les arrêts qui prononcent une condamnation sont définitifs. Les arrêts sont revêtus de
la formule exécutoire, de la force de la chose jugée et sont sans appel. Néanmoins, ils peuvent
faire l’objet d’un recours en cassation devant le conseil d’état.
Il existe des juridictions ayant pour objet d’assurer la discipline les membres d’un corps ou d’un
ordre. Ce sont des juridictions disciplinaires. Il y a une juridiction spécialisée pour l’ordre des
médecins, pour le corps des magistrats, pour l’éduction nationale… par exemples.
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Une frontière doit être établie entre la compétence des juridictions administratives et la
compétence des juridictions judiciaires. On parle de délimitation de la compétence du juge
administratif et juge judiciaire. La complexité du tracé de cette délimitation rend nécessaire
l’existence d’une procédure de solution des conflits permettant ainsi de régler les litiges de
compétence qui peuvent surgir entre les juridictions.
La juridiction administrative connait de l’activité administrative. Mais elle n’a pas un monopole
en la matière. Des abandons de compétence du juge administratif ont été consentis vers, pour
le juge judiciaire. Ces abandons de compétence ont eu lieu au cours du 19ème siècle. Au cours du
20ème siècle, ces abandons ce sont poursuivis notamment par la création d’organismes
administratifs. Leur contentieux ressort en partie ou en totalité de la compétence du juge
judiciaire. C’est particulièrement le cas en matière économique avec le droit de la concurrence.
On peut poser la règle suivante : l’activité administrative, par principe, relève du juge
administratif et par exception l’activité administrative peut être soumise au juge judiciaire.
En règle générale, l’activité des personnes publiques relève dans son ensemble des juridictions
administratives. Pour que le juge administratif soit compétent l’action en justice doit être dirigée
contre une personne publique. Ainsi relèveront du juge administratif des actions menées par
des personnes privées contre l’administration, des différends entre les agents publics eux-
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mêmes ou même entre deux personnes publiques ou enfin un litige entre un agent public et
son administration.
Ce critère organique constitue pour la jurisprudence une présomption de compétence des
juridictions administratives. A contrario, le juge administratif n’a pas compétence pour
connaitre des litiges entre des personnes privées. Mais deux exceptions législatives ont été
apportées à cette règle. Première exception de 1790 vient dire que les litiges entre
entrepreneurs de travaux publics et les tiers relèvent du juge administratif, loi de 1790 et
confirmé par l’arrêt du tribunal des conflits de 1960, Caisse régionale Rhône Alpe . La
deuxième exception est issue de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état. Les litiges
relatifs à l’attribution des biens cultuels mobiliers ou immobiliers relèvent du juge administratif.
B- Une activité exercée par une personne privée chargée d’une mission de service
public
La règle veut que le juge administratif ne connaisse que de l’activité des autorités administratives
françaises. Il est donc incompétent pour connaitre d’une action en responsabilité dirigé contre
une entreprise exécutant un travail public sur le territoire d’un état autre que la France et pour
le compte d’une personne publique étrangère. Sauf pour les actes détachables qui peuvent
relever de la juridiction administrative. Exemples d’actes détachables : les extraditions décidées,
Conseil d’état en assemblée, 1993, Saniman, les extraditions refusées, Conseil d’état, 1994,
Confédération Elvétique. S’agissant des traités, le conseil d’état et la cour de cassation ont
conjointement estimé pendant longtemps que le problème de la conformité de la loi aux traités
relève de la compétence du conseil constitutionnel en raison des termes de l’article 55 de la
Constitution. Mais dans un arrêt fondamental, Nicolo de 1989 le conseil d’état est venu
modifier sa doctrine et sa théorie. Il a d’abord étendu aux directives communautaires puis à
tous les autres textes de droit international son champ de compétence. Enfin, le juge admet
l’invocabilité directe des conventions internationales sous réserve qu’elles créent des droits au
profit des particuliers. Le juge administratif se reconnait également compétent pour interpréter
lui-même tout traité international autre que les traités communautaires mais les traités non
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clairs. En effet, pour les traités communautaires, la cour de justice des communautés
européennes, ordre juridique propre, est compétente pour interpréter les dispositions qu’elles
soient clairs ou non.
La règle veut que le juge administratif soit incompétent. C’est au conseil constitutionnel
qu’appartient la compétence d’interpréter les lois, les dispositions constitutionnelles, les
règlements, les résolutions… Toutefois, les litiges d’ordre individuel opposant les fonctionnaires
des assemblées à leur administration et les actions relatives au dommage causé par les services
des assemblées relève du juge administratif.
C- Le contentieux électoral
Les élections aux assemblées ou autres organes locaux relèvent de la compétence du juge
administratif. Par contre pour les élections présidentielles, législatives ainsi que les référendums
il existe un partage entre le conseil d’état et le conseil constitutionnel.
Le juge administratif est compétent seulement pour connaitre des contestations portant sur les
actes et mesures préparatoires ou préalables à ces élections.
Le conseil constitutionnel est compétent pour connaitre des contestations sur les résultats des
élections, votes ou sur les actes et mesures préparatoires susceptibles d’avoir une incidence sur
les résultats.
Le juge administratif est compétent pour connaitre des mesures relatives à l’organisation des
services judiciaires. Mais il est incompétent pour connaitre des mesures relatives au
fonctionnement des services judiciaires. Des exemples d’organisation où il est compétent : le
recrutement, la notation, la mutation…
Les actes de gouvernement émanent de l’administration, ils sont soumis au contrôle du juge
administratif. Mais il existe certains actes qui ne se soustraient pas à ce contrôle. Ils ne peuvent
être censurés par aucune juridiction. Ce constat a été posé par l’arrêt du conseil d’état de 1962,
Rubin de Servance. Cette théorie des actes du gouvernement est une création jurisprudentielle.
A l’origine de cette création le juge n’a pas osé contrôler certains actes importants. Dès lors
qu’un tel acte est inspiré par un mobile politique le conseil d’état estime qu’il s’agit d’un acte de
gouvernement, donc soumis à aucun contrôle.
Le premier acte de gouvernement en France a été la décision prise en 1961 de mettre en
application l’article 16 de la Constitution (les pleins pouvoirs) et cette décision a été considérée
par les juges comme présentant le caractère d’un acte de gouvernement dont il n’appartient au
conseil d’état ni d’apprécier la légalité ni de contrôler la durée de l’application.
Pour autant, la catégorie des actes de gouvernement n’est pas délimitée. Le juge de par son
pouvoir discrétionnaire se réserve la possibilité de faire varier le contenu de la liste.
Actuellement, figure dans la liste des actes de gouvernement des actes essentiels relatifs au
fonctionnement des pouvoirs publics. Il y a les actes du président de la République : la
soumission d’un projet de loi au référendum, l’amnistie, le droit de dissolution, la nomination
de trois membres au conseil constitutionnel et enfin la décision de reprendre les essais
nucléaires.
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L’activité administrative relève du juge judiciaire en vertu de la théorie de la gestion privée, aussi
par application du principe réservant à l’autorité judiciaire la protection des droits et libertés, et
enfin par l’application de lois spéciales.
En bref, il semble que le droit public et donc la compétence du juge administratif régisse les
questions d’organisation d’ensemble d’un SPIC et qu’à contrario le droit privé et donc la
compétence du juge judiciaire régisse les activités du service industriel et commercial.
Ce sont des textes particuliers qui consacrent la compétence des tribunaux judiciaires pour
connaitre des litiges relatifs à l’état des personnes. L’article 29 du code civil pose ce principe,
« la juridiction civile de droit commun est seule compétente pour connaitre des contestations
sur la nationalité française ou étrangère des personnes physiques ». De manière plus générale,
la jurisprudence a consacré une compétence générale du juge judiciaire en la matière. Ainsi, est
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soumis au juge judiciaire les litiges relatifs aux actes d’état civil, les litiges concernant la famille,
les litiges relatifs au nom notamment les recours en rectification, les litiges relatifs à la
nationalité. Cependant, le code civil ne vise que les personnes physiques. On peut en déduire
que le juge administratif est quant à lui compétent pour connaitre des litiges relatifs à la
nationalité des personnes morales. Enfin, les litiges concernant la capacité des personnes et
l’électorat, c'est-à-dire l’inscription ou la radiation sur les listes électorales, relève du juge
judiciaire.
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Le tribunal des conflits est un organe neutre car il se situe en dehors des deux ordres de
juridiction. Créé pour trancher les conflits, le tribunal des conflits est organisé selon une
conception arbitrale de par sa structure paritaire dans la mesure où les deux ordres de
juridiction y sont représentés de manière égale. Dans son effectif au complet, le tribunal des
conflits compte 9 titulaires et 2 suppléants. La cour de cassation et le conseil d’état désignent en
leur sein chacun 3 membres (trois conseillers d’état et trois conseillers de cassation). Ces 6 juges
nomment ensuite les deux membres manquants et les deux suppléants. Le 9ème est le président
du tribunal des conflits. Cette présidence est attribuée au garde des sceaux, ministre de la
justice.
Cette règle de la présidence a été critiquée. Certains considérants que le garde des sceaux
membre du gouvernement risque d’être hostile au pouvoir judiciaire. En réalité, ce danger est
limité puisque la présidence du tribunal des conflits n’est effective que dans deux hypothèses.
Tout d’abord lorsqu’il y a un partage des voix, très rare en pratique car c’est une majorité qui se
dégage. La seconde hypothèse est le renouvellement triennal du tribunal. En réalité et en
pratique la présidence est exercée par le vice président élu par les huit membres titulaires. Pour
éviter toute prise de pouvoir la présidence est alternative. Le vice président est nommé au
scrutin secret à la majorité absolue des voix. Un vote est effectué.
Les membres du tribunal des conflits sont soumis à réélection tous les trois ans. Ils sont
indéfiniment rééligibles.
Enfin, le principe paritaire est très important et s’applique aussi au choix des rapporteurs
publics. Il sera choisi de manière alternative. Dans chaque affaire, un rapporteur est désigné et
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Le conflit positif a donc lieu lorsqu’une juridiction judiciaire saisie d’une demande se déclare
compétente et que l’administration conteste cette compétence en estimant que c’est elle qui est
compétente. Pour cela l’administration se fonde simplement sur le fait que le litige relève de sa
compétence. Dan ce cas, elle décline la compétence judiciaire non pas au profit de sa propre
compétence mais en vertu d’une immunité totale de juridiction.
Remarques : le particulier qui a saisi le tribunal judiciaire est relégué au second plan. Le conflit
positif a un caractère unilatéral. En effet, seule l’administration peut contester la compétence
judiciaire. C’est une arme qui permet à l’administration de lutter contre les possibles
empiètements du pouvoir judiciaire.
L’administration ne peut pas utiliser arbitrairement cette procédure. L’ordonnance de 1928
toujours en vigueur a mis fin aux abus en organisant une procédure en deux stades :
L’élévation du conflit
Le jugement
Seul le préfet du département dans lequel le litige a pris naissance a qualité pour agir. Il agit en
tant que représentant de l’exécutif. Le conflit positif peut être élevé tant que n’est pas intervenu
un jugement définitif sur le fond. Il peut être élevé dès l’introduction de l’instance. Il n’y a
jamais élévation du confit devant la cour de cassation.
1- Le déclinatoire de compétence
Ce déclinatoire de compétence est le premier acte de procédure du conflit positif. Il faut que le
déclinatoire de compétence soit parvenu à la juridiction judiciaire avant qu’elle n’ait statué sur le
fond. Le préfet du département présente ce déclinatoire de compétence. Ce préfet ne peut
présenter successivement deux déclinatoires de compétence devant la même juridiction.
La loi n’impose aucune forme. Pour s’opposer le préfet peut soit rédiger un mémoire, soit
rédiger un rapport ou une simple lettre. Tous ces éléments valent déclinatoire de compétence.
Ce déclinatoire est adressé par le préfet au ministère public. Ce ministère public fera connaitre
au tribunal la demande formée par le préfet et requerra le renvoi si la revendication lui parait
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fondée. Aucun délai n’est précisé par la loi. La transmission doit simplement se faire dans un
délai bref.
Ce déclinatoire est l’acte par lequel le préfet demande aux tribunaux judiciaires de décliner leur
compétence et donc de se dessaisir de l’affaire. Ce déclinatoire oblige le tribunal judiciaire à
statuer sur sa compétence et non sur le fond de l’affaire. Il ne peut sursoir à statuer. Le tribunal
répond en statuant sur ce déclinatoire. Première réponse soit il est d’accord avec le préfet. Le
tribunal rend un jugement d’incompétence et l’affaire est clause. Dans le cas contraire, c'est-à-
dire s’il s’estime compétent, il ne décline pas sa compétence et prend un jugement rejetant ce
déclinatoire. S’il rejette, deux sous hypothèses s’ouvrent :
Le préfet peut suivre l’argumentation du tribunal. Dans ce cas, l’affaire s’arrête à
nouveau.
Le préfet reste sur sa démarche. Il doit prendre dans les 15 jours suivant la notification
du jugement un arrêté de conflit.
2- L’arrêté de conflit
Pendant le délai de 15 jours, le tribunal judiciaire ne peut prendre aucune décision sur le fond.
L’arrêté de conflit est un acte d’administration qui n’est soumis à aucune forme particulière. La
seule obligation est que cet arrêté de conflit doit être obligatoirement motivé et déposé au greffe
du tribunal.
L’arrêté motivé rend évident l’existence du conflit. On oblige à sursoir à statuer. Cet arrêté
motivé est transmis au tribunal judiciaire puis transmis au tribunal des conflits. Une fois
transmis au tribunal des conflits, s’ouvre alors la procédure du jugement.
L’arrêté de conflit transmis au tribunal des conflits entraîne automatiquement sa saisine et ouvre
en conséquence la procédure de jugement. Il est fait obligation pour le tribunal des conflits de
statuer dans un délai de trois mois. Un mois après l’expiration de ce délai de trois mois si le
tribunal n’a pas statué, le sursit à statuer qui pèse sur le tribunal judiciaire est levé. Ce dernier
peut reprendre l’examen normal de l’affaire. A contrario, si le tribunal des conflits apporte une
réponse dans le délai de trois mois, le jugement de l’affaire devant le tribunal judiciaire est
toujours suspendu. La décision du tribunal des conflits peut être de deux sortes :
Confirmer l’arrêté de conflit. Arrêté qui décide de l’incompétence des tribunaux de
l’ordre judiciaire. Dans cette hypothèse, le tribunal judiciaire est totalement dessaisi de
l’affaire. Le plaideur est fondé à en déduire que la juridiction administrative est
compétente. L’arrêt rendu n’apporte aucune précision positive pour le plaideur.
Annulation de l’arrêté de conflit. Le tribunal initialement saisi peut juger l’affaire. La
question de compétence reste toutefois posée. Le jugement du tribunal des conflits peut
se voir être frappé d’appel.
La compétence judiciaire ou l’incompétence est définitivement consacrée de par la loi de
l’appel et le procès peut reprendre son cours.
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Il y a conflit négatif lorsque deux juridictions, l’une de l’ordre judiciaire, l’autre de l’ordre
administratif, se sont déclarées incompétentes pour juger un même litige.
Une première condition apparait au travers ces éléments. Il faut tout d’abord que les
deux juridictions saisies se soient déclarées incompétentes c'est-à-dire qu’un plaideur porte son
litige devant un tribunal judiciaire qui se déclare incompétent parce qu’il estime que le litige
relève du juge administratif. Le plaideur saisit alors le juge administratif qui de même se déclare
incompétent estimant que c’est au juge judiciaire de statuer.
Il faut donc que les déclarations d’incompétences soient fondées sur la compétence de
l’autre ordre juridictionnel.
Le déni de justice émane de deux juridictions différentes saisies d’un même litige.
Pour résoudre et résorber ce différent, le décret de 1960 a ouvert la porte à la procédure de
renvoi.
Avant 1960, l’intervention du tribunal des conflits ne pouvait avoir lieu qu’une fois que les deux
décisions d’incompétences aient été rendues. On demandait simplement l’annulation d’une des
deux décisions. Cette procédure est apparue trop longue tant le législateur que le pouvoir
judiciaire. Ainsi le décret de 1960 a réformé quelque peu ce système en instituant la technique
de la procédure de renvoi. Il a pour conséquence principale de rendre quasiment inexistant le
conflit négatif. Ce décret a mis en place deux renvois : le renvoi obligatoire et le renvoi
facultatif.
Il faut que deux décisions d’incompétences soient intervenues, qu’il y ait conflit sur un même
litige. Depuis 1960, en présence d’un jugement d’incompétence qui n’est plus susceptible
d’appel, le plaideur porte l’affaire devant le tribunal de l’autre ordre. Si celui-ci considère que le
premier jugement est erroné parce qu’il estime que c’est lui qui est incompétent, il doit depuis
1960 obligatoirement renvoyer l’affaire au tribunal des conflits. Il ne doit plus prendre le
jugement d’incompétence qui était demandé. Néanmoins, cela permet un léger gain de temps.
Depuis la réforme, c’est le tribunal et non le plaideur qui saisit le tribunal des conflits. La
décision de renvoi tant obligatoire, elle est insusceptible de recours. En imposant la seconde
juridiction de saisir directement le tribunal des conflits, le décret permet de hâter la solution et a
donc pour résultat d’éliminer la plupart des conflits. La procédure du conflit négatif peut
encore parfois jouer principalement en cas d’erreur, de mauvaise appréciation de la première
juridiction saisie.
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faire remplir au tribunal des conflits une fonction régulatrice dans le partage de compétence en
dehors de tout conflit.
Dans les deux hypothèses de renvoi, le tribunal des conflits statue de manière identique. La
règle veut que dès qu’il est saisit il doit statuer. Une fois statué, il renvoi l’affaire devant la
juridiction qu’il estime compétente. Le tribunal des conflits tranche donc définitivement la
question de la compétence et il annule en conséquence les décisions rendues antérieurement
qui vont à l’encontre de l’attribution de compétence qu’il a effectué. Cette décision s’impose
aux deux ordres de juridiction. Si la juridiction judiciaire a été choisie pour statuer au fond, la
juridiction administrative ne peut plus élever le conflit positif.
Le législateur a posé des bases strictes et à la fois il faut remplir des conditions de fond et de
forme. Une décision du tribunal des conflits de 2000, Monsieur Ratinet, a résumé ces
conditions : « …les décisions rendues par les juridictions de l’ordre administratif et les tribunaux
judiciaires dans les instances introduites devant ces deux ordres de juridiction pour des litiges
portant sur le même objet peuvent être déférées au tribunal lorsque les dites décisions présentes
une contrariété conduisant à un déni de justice ; que ce dernier existe au sens de la loi lorsqu’un
demandeur est mis dans l’impossibilité d’obtenir une satisfaction à laquelle il a droit par suite
d’appréciations inconciliables entre elles portées par les juridictions de chaque ordre soit sur
des éléments de fait soit en fonction d’affirmations juridiques contradictoires… ».
Première condition de forme : la requête devant le tribunal des conflits est présenté dans les
mêmes conditions de forme que le recours en matière de recours négatif.
Deuxième condition : les parties doivent introduire leur recours dans le délai légal des deux
mois.
Troisième condition : les deux ordres de juridiction se sont reconnus compétents et ont statué
au fond.
Quatrième condition : il s’agit de deux actions relevant de deux compétences mais qui tendent
au même objet.
Cinquième condition : il y a un déni de justice tenant à la contradiction des juges.
Première condition : les décisions doivent être définitives, elles ne peuvent plus faire l’objet
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d’un recours.
Deuxième condition : le requérant doit justifier l’existence de deux décisions juridictionnelles.
Troisième condition : les deux décisions doivent être rendues sur le même objet et
normalement tendant au même but.
Quatrième condition : les deux décisions rendues sont contradictoires sur des éléments de faits
ou des éléments juridiques.
Cinquième condition : les deux décisions rendues doivent avoir statuées au fond ce qui permet
d’évincer les jugements qui portent uniquement sur la compétence.
Sixième condition : il faut un déni de justice qui résulte soit d’une appréciation contraire des
faits soit sur une qualification juridique différente ou soit sur des positions jurisprudentielles
opposées.
Le tribunal des conflits n’est soumis à aucun délai pour statuer. Il tranche souverainement le
litige. Le juge du tribunal des conflits connait de tous les aspects de l’affaire. Il peut ordonner
des mesures d’instructions. Il déclare nul et non avenu le jugement qu’il censure. Enfin, comme
il juge au fond, sa décision peut comporter un règlement des dépens. Le jugement du tribunal
des conflits met fin de façon définitive le litige entre les parties. Aucun recours n’est possible à
l’encontre de la décision du tribunal des conflits.
Le juge n’a fait que de rares utilisations de ce conflit au fond car il est réticent et il estime que
c’est le rôle premier des ordres judiciaires et administratifs.
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L'intervention du juge ne se légitime que parce qu'une question litigieuse se pose. L'existence
d'une contestation donne un but à l'instance, à l'action en justice et lui confère son caractère
litigieux.
Il existe deux types de contestation : objective et subjective.
Cette notion de contestation dite subjective est principalement caractérisée par une opposition
de point de vue de droit ou de fait. La contestation est également existante lorsqu'une personne
proteste contre l'application, la mauvaise application ou la non application d'une loi, d'un acte,
d'un règlement par l'administration. Toutefois, les juridictions administratives comme judiciaires
sont tenues de sursoir à statuer lorsqu'une question d'interprétation ou d'appréciation de la
validité d'un acte, qu'il soit unilatéral ou bilatérale, relève de la compétence de l'autre ordre.
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En procédure administrative, comme pour la procédure civile, le juge ne peut se saisir lui-
même d'une contestation. Seules certaines personnes sont susceptibles de se défendre. Les
parties au rapport juridique qu'est l'instance demandeur comme défendeur doivent être dans
une situation juridique particulière à l'égard de la contestation. Si le demandeur ne peut
prétendre à une action, la requête est irrecevable. Idem pour le défendeur, il est empêché par
le juge s’il n'a pas l'intérêt pour agir. Le but est d'éviter la prolifération des recours. Pour cela, la
notion d'intérêt pour agir ou qualité à agir doit être envisagée sous deux aspects.
Le requérant doit, d'une part, justifier d'une relation entre sa situation juridique et l'objet de la
contestation. C'est l'exigence d'un intérêt direct et personnel. Il doit d'autre part justifier du but
de l'instance. C'est-à-dire qu'il doit démontrer qu'il est de son intérêt matériel ou moral que ce
recours soit accueilli.
On est face à un individu qui prétend former une demande d'annulation contre un acte en étant
un tiers à cet acte. Pour que ce tiers puisse avoir un intérêt pour agir, deux conditions
cumulatives doivent être remplient. Tout d'abord, le requérant doit se trouver dans une
situation juridique particulière. Deuxième condition, l'acte administratif doit, par son objet,
concerner cette situation. Si le requérant répond à cette double existence, il a un intérêt direct
et personnel.
L'individu lié à l'activité administrative a la possibilité de faire valoir dans un recours les droits
qu'il tient de ses relations avec l'administration. Tout acte qui par son objet entre dans le champ
des relations préexistantes entre l'administration et le particulier peut être attaqué par ce dernier
sans qu'on puisse objecter son intérêt direct et personnel.
La loi et la jurisprudence ont admis dans certains cas qu'une personne physique ou morale
puisse agir sans avoir un intérêt direct et personnel. Il y a trois exceptions.
La première est tirée du droit civile, article 1166 du code civil, les créanciers peuvent exercer
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tous les droits et actions de leur débiteur « à l'exception de ceux qui sont exclusivement attaché
à la personne ».
L'article L-2132-5 du code général des collectivités territoriales prévoit que « tout contribuable
inscrit au rôle de la commune à le droit d'exercer tant en demande qu'en défense à ses frais et
risques les actions qu'il croit appartenir à la commune ».
La loi de 1920 admet que les syndicats « peuvent devant toutes les juridictions exercer tous les
droits réservés à la partie civile ». Il s'agit là des syndicats de la profession qu'ils représentent. La
jurisprudence applicable au syndicat du Conseil d'Etat du 28 décembre 1906, Syndicat des
patrons coiffeur de Limoge, cette jurisprudence a été étendu aux associations et à toutes les
personnes morales.
B- Un intérêt né et actuel
Le plaideur doit justifier que son intérêt est né et actuel. Le rôle du juge est de trancher des
litiges nés et non pas à venir.
La notion d'actuel ne doit pas être confondue avec celle d'un préjudice effectivement réalisé. La
jurisprudence admet la recevabilité des demandes lorsque l'intérêt n'est pas encore né mais
s'avère déjà certain. Arrêt du conseil d'état de 1958, Abisset. En revanche, l'absence de toute
certitude sur la naissance future d'un intérêt rend le recours irrecevable. Conseil d'état du 05
juillet 2000, Tête.
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La personne formant un recours doit être juridiquement capable d'agir ou être représenté par
un organisme habilité à agir ou avoir reçu délégation pour ester en justice.
A- Les mineurs
Les mineurs ne peuvent agir qu'avec l'autorisation de leurs représentants légaux. Cependant, le
mineur émancipé est capable d'agir comme un majeur.
B- Les héritiers
Les héritiers succèdent aux actions du défunt d'après la jurisprudence du Conseil d'état de
1942, Chanterelle. Cette jurisprudence est valable même si l'introduction d'instance est
postérieure au décès. Même si le défunt avait manifesté clairement son intention avant la mort
d'introduire l'instance, Conseil d'état 1974, Garrigue. Dans le cas contraire, les héritiers ne
pourront prétendre à reprendre l'instance au nom du défunt.
Ce sont les règles du droit commun qui s'applique au travers des articles 488 à 514 du code civil
sur la représentation des incapables avec les mises sous tutelle ou sous curatelle.
E- Les créanciers
L'article 1166 du code civil prévoit que « les créanciers peuvent exercer tous les droits et actions
de leurs débiteurs à l'exception de ceux qui sont exclusivement attachés à la personne ».
Juridiquement il s'agit de l'action oblique. Cette action oblique donne ainsi qualité à une
personne qui normalement ne possède pas un intérêt direct et personnel. Cet article a été
confirmé par la jurisprudence au travers de l'arrêt du Conseil d'état de 1957, Banque
commerciale privée et entreprise techno trame. Le créancier qui exerce l'action oblique au nom
et pour le compte de son débiteur n'est pas fondé à exiger que la personne prétendue
responsable à l'égard dudit débiteur soit condamné à verser directement au créancier, arrêt de
la cour administrative d'appel de Bordeaux, 1995, Pasquier.
En règle générale, les personnes morales de droit privé sont représentées par des personnes
habilitées conformément à la loi et surtout au statut des régissants. La représentation des dites
entreprises est très souvent décidées et validées par délibérations de l'assemblée générale du
conseil d'administration.
Les parties doivent être représentées devant le conseil d'état par un avocat à la cour de cassation et/ou
au conseil d'état et devant les cours administratives d'appel et les tribunaux administratifs par un
avocat inscrit au barreau local ou au conseil d'état. Toutefois, l'article R431-2 du code de justice
administrative dispense du ministère d'avocat devant seulement les tribunaux administratifs et cours
administratives d'appel les litiges suivants : en matière de travaux public, les contrats relatifs au
domaine public, les contraventions de grandes voiries, les litiges en matière de contribution directe, de
taxes, les litiges d'ordre individuel concernant les fonctionnaires face agent de l'état ou des
collectivités territoriales...
Devant les tribunaux administratifs, les cours administratives d'appel et le conseil d'état, l'état peut
être dispensé du ministère d'avocats soit en demande soit en défense. Lorsque le ministère d'avocats
est obligatoire, le recours ou les mémoires signés par les requérants sont irrecevables mais la
régularisation est possible en cours de procédure, CE, 1933, Sherer. Malheureusement cette règle ne
s'impose pas au conseil d'état statuant en dernier ressort. En effet, la régularisation est impossible et
la requête introductive d'instance sans ministère d'avocats dans une matière où celle-ci est obligatoire
est irrecevable, CE, 1988, Cadilhac. Enfin, la partie qui estime que son avocat a outre passé les
limites du mandat qu'elle lui a donné ou n'a pas exécuté ledit mandat, cette partie peut former contre
lui une action en désavoue (procédure particulière).
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Cette règle prend tout son sens dans le recours de plein contentieux. En effet, dans le recours
pour excès de pouvoir l'exigence de décision préalable est remplie par le fait même que le
requérant attaque un acte administratif. En revanche, dans un recours en indemnité, le
requérant doit avant de former l'instance demande à l'administration de se prononcer sur sa
prétention. Dans ce contentieux, il n'y a pas d'acte à déférer. Un accident, par exemple, est un
fait matériel et non un acte juridique. Alors il faut provoquer un tel acte. L'intéressé va
demander une indemnité à l'administration. L'action en indemnité s'introduit sous la forme
d'une protestation contre une décision préalable refusant cette indemnité. /!\ Toute décision
même préalable prise par l'administration ne lie pas nécessairement le contentieux. En effet,
certaines décisions, mesures, sont insusceptibles de recours devant le juge administratif
(exemple : un vœu, une mesure d'ordre intérieur, les décisions administratives individuelles
défavorables non motivées...).
Il peut arriver que l’administration pose inertie c'est-à-dire qu’elle reste silencieuse face à la
demande, à la réclamation du requérant. Dans un tel cas de figure, la loi du 12 avril 2000,
relative aux droits des citoyens dans leur relation avec les administrations, dispose que le silence
gardé par l’administration plus de deux mois vaut décision de rejet. En cas de recours
contentieux, pour prouver le silence de l’administration il faut adresser la réclamation par lettre
recommandée avec accusé de réception. Ce délai est la règle de droit commun d’expiration.
Seul un texte expresse peut prévoir d’autres types de délais. Ce délai n’est pas un délai franc et
il ne peut donc être prorogé.
Ce délai est également impossible d’être prorogé parce que ce n’est pas un délai franc. Le
bénéficiaire d’une décision implicite d’acceptation a droit sur demande expresse à obtenir de
l’autorité compétente, une attestation de décision implicite d’acceptation.
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Tous les recours formés devant la juridiction administrative doivent être introduits dans un
certain lapse de temps relativement bref. La règle du délai est applicable à toutes les juridictions
administratives (tribunaux, cour administrative d’appel ou conseil d’état). Cette règle a un
caractère d’ordre public c'est-à-dire que le juge doit soulever d’office la fin de non recevoir tiré
de l’expiration du délai. Le défendeur ou la partie défenderesse peut, quant à elle, l’invoquer à
tout stade de la procédure. Néanmoins un bon avocat doit l’étudier dès le début. Cette règle du
délai n’est pas applicable dans le domaine des travaux publics comme énoncé à l’article R 421-1
du code de justice administrative (CJA). Cette exception en cette matière ne concerne que les
litiges de plein contentieux. Elle ne concerne pas les recours pour excès de pouvoir qui agit
contre un acte administratif intervenu dans le domaine public. Autre exception en matière
d’établissements classés.
I- La durée du délai
Le délai de recours est en principe de deux mois. Mais des textes particuliers ont introduits des
délais spéciaux :
Le délai de recours est de un an pour les oppositions à des changements de nom
Quinze jours pour le déféré préfectoral en matière électorale
Dix jours pour les élections régionales ou européennes
Cinq jours pour contester les élections des conseillers généraux ou municipaux
Quarante huit heures pour la contestation de reconduite à la frontière des étrangers en
situation irrégulière
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Contentieux Administratif L3 AES
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La première forme substantielle requise est que les mentions figurant sur la requête
doivent être rédigé en langue française.
Le requérant doit indiquer le nom des parties, forme codifiée à l’article R 411-1 du
code de justice administrative. Le requérant doit donc désigner le ou les défendeurs ou
parties défenderesses que le juge mettra en cause. Dans le recours pour excès de
pouvoir, il s’agira de l’autorité représentant la personne morale.
Le requérant doit, à peine d’irrecevabilité, exposer dans sa requête les faits. C’est un
principe général de procédure applicable sans texte, applicable devant toutes les
juridictions administratives. Arrêt du Conseil d’Etat de 1956, Ministre des finances
contre Rayssiguier.
D’après l’article R 411-1 du code de justice administrative, le requérant doit également à
peine d’irrecevabilité, sauf régularisation avant l’expiration du délai de recours, énoncer
les moyens de sa requête c'est-à-dire la motivation du recours. N’est pas considéré
comme suffisamment motivé une requête invoquant un moyen par référence à un autre
recours ou à un autre moyen ; Conseil d’état, 1939, Comité de défense des
propriétaires du quartier de la Marine. En revanche, est considéré comme motivé le
recours dont le mémoire ne comporte l’exposé d’aucuns faits ni l’énoncé d’aucuns
moyens mais qui est accompagné de différentes lettres ou de réclamations adressées aux
autorités concernées mais ces lettres comprennent les différents éléments évoqués
auparavant.
La requête doit contenir des conclusions. Celles-ci revêtent une importance
considérable puisque c’est d’elles que va dépendre la nature du contentieux : excès de
pouvoir, plein contentieux ou interprétation… et par suite l’étendue des pouvoirs du
juge saisie. Les conclusions constituent la demande c'est-à-dire que le requérant réclame
au juge, par exemples l’annulation d’un acte administratif, la réformation d’un contrat
administratif ou la condamnation d’une personne ou une indemnisation…
La requête doit être signée du requérant. Cette signature manuscrite est exigée à peine
de nullité. Toutefois, elle peut être régularisée en cours de procédure.
Il appartient au requérant de produire la décision attaquée en la joignant à son mémoire
introductif d’instance. Dans le cas d’une décision implicite, il convient juste de joindre
les éléments de fait ou on le crée. Dans tous les cas, la requête peut être régularisée à
tout moment de la procédure.
Les requêtes doivent, à peine d’irrecevabilité, être accompagnées de copies en nombre
égal à celui de l’autre partie.
Cette requête doit être écrite sous peine d’irrecevabilité. Les requêtes verbales ou
téléphoniques sont irrecevables. Pour les requêtes (demande) et mémoires (défense)
transmis par télécopie, elles sont recevables à la double condition que la télécopie soit
revêtue d’une signature manuscrite apposée sur la feuille après réception et qu’elle soit
accompagnée d’un mémoire.
Les requêtes peuvent comporter outre les mémoires dont l’existence est obligatoire des
pièces jointes en annexe de la décision attaquée.
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La distinction des qualités de demandeur et défendeur s’opère dans l’ordre chronologique des
présentations au juge c'est-à-dire que la personne qui saisie le juge est le demandeur, également
appelé partie demanderesse. Celui qui est appelé par ce dernier est le défendeur ou la partie
défenderesse. C’est donc au demandeur de soulever la demande principale voire les demandes
incidentes.
Les éléments objectifs sont l’objet, la cause et subsidiairement les moyens. Cela forme la
demande. Au sens large, objet et cause ne constituent une seule et même notion à savoir le
terrain sur lequel se place le demandeur. Distinguer ce que le demandeur demande, c'est-à-dire
l’objet, et le fondement juridique qu’il assigne à cette demande, c'est-à-dire la cause, marque
leur liaison et leur interdépendance. Parfois la cause engendre l’objet quand le demandeur
estime avoir raison sur un point de droit. Parfois la cause procède de l’objet quand le
demandeur veut que sa prétention soit satisfaite et chercher tous les arguments possibles pour
appuyer sa demande. Et à l’intérieur de la cause, au sens large, on peut distinguer la cause et les
moyens. Les moyens sont les soutiens de la prétention, éléments de fait ou de droit qui tendent
à constituer la cause ou du moins en démontrer l’existence. Les moyens servent dans la plupart
des cas à donner un fondement à la cause. Les moyens sont parfois de purs faits. La difficulté
est de distinguer les moyens de la cause car les deux concourent à un même but : fonder la
demande. La demande fixe les limites du débat judiciaire, contentieux.
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La demande initiale ou principale caractérise le débat. La jonction avec d’autres demandes doit
être justifiée par une parenté avec la demande principale qui est soumise au juge. Donc la
demande incidente ou additionnelle doit satisfaire à deux exigences :
elle ne doit pas étendre démesurément le débat sinon elle va venir compliquer la tâche
du juge ;
elle ne doit pas surprendre la partie défenderesse.
On a trois cas de demande incidente : demande connexes du demandeur, demandes formées
par les autres parties volontaires ou forcées.
Les droits de la défense exigent que la partie adverse du demandeur non seulement puisse faire
valoir des arguments ayant pour objet le rejet de la requête mais aussi qu’elle puisse soumettre
des demandes incidentes le saisissant d’une prétention nouvelle et tendant à la condamnation
du demandeur. Il s’agit donc de demandes reconventionnelles. L’existence de ces dernières
demandes permet de rétablir un équilibre entre les parties. La demande reconventionnelle est
soumise aux conditions de droit commun. Liée à la demande principale, elle est irrecevable.
Aucunes conditions de connexité ne sont exigées entre la demande reconventionnelle, la
défense de l’action principale et la demande initiale elle-même. Néanmoins la connexité existe
parfois entre les demandes. Le lien entre la demande reconventionnelle et la demande
principale apparait dans de nombreux cas lorsqu’il s’agit d’une demande reconventionnelle en
dommages et intérêts fondée exclusivement sur le préjudice causé au défendeur par la
demande principale abusivement formée. Dans cette situation, la demande reconventionnelle
n’est possible que parce qu’il y a eu une demande principale.
B- L’intervention volontaire
L’intervention est l’acte par lequel une personne qui n’est ni partie ni représentée ni mis en
cause s’introduit dans une instance. L’intervenant se trouve alors placé dans une situation
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C- L’intervention forcée
Une autre forme d’intervention permet à une partie, à une instance d’y introduire des
personnes auxquelles elle souhaite rendre la chose jugée à l’instance opposable. C’est
l’intervention dite forcée. Dans un tel cas de figure, l’intervenant doit formuler ses conclusions
par voies de requête principale. Il doit formuler une requête introductive d’instance soumise au
ministère d’avocats dans les mêmes conditions que la requête principale. L’intervenant doit
s’introduire spontanément dans l’instance. A défaut, son action qui serait une mise en cause
apparaitrait comme une défense et serait traité comme telle. L’intervenant doit justifier des
conditions de droit commun de recevabilité des recours c'est-à-dire d’un intérêt pour le recours
d’excès de pouvoir et d’un droit pour le recours de plein contentieux. Comme toute demande
additionnelle, elle doit justifier d’un lien avec la demande initiale et donc se trouve dépendante
de celle-ci. Elle est en principe recevable que si la demande principale l’est aussi. Le
désistement du demandeur éteint la demande principale et par connexité la demande
additionnelle. En revanche, s’il s’agit d’une intervention en défense le désistement du
demandeur doit être accepté par l’intervenant. En effet, car il peut avoir pour effet de faire
échec à la défense.
L’intervention forcée est un incident de procédure par lequel une partie à l’instance demande
au juge l’intervention d’un tiers pour lui rendre la chose jugée opposable. Il existe trois formes
d’intervention forcée :
la mise en cause qui est du fait du demandeur ayant pour objet la condamnation d’un
tiers en raison d’une obligation générale
par l’appel en garantie qui est fait du défendeur a pour objet la condamnation d’un tiers
tenu à une obligation de garantie
l’appel en déclaration de jugement qui a pour objet d’introduire un tiers dans l’instance
en lui rendant la chose jugée opposable
L’intervention forcée peut être contenue dans la demande initiale, dans le mémoire en défense
ou être faite en cours d’instance. Attention, la jurisprudence précise qu’elle ne doit pas avoir
pour but et unique but de retarder le jugement, Conseil d’état, 1902, Médard. Parce que si c’est
le but et que le juge s’en aperçoit, la demande ne sera pas recevable. Ce tiers intervenant
devient une partie à l’instance.
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L’instruction des recours est la phase procédurale destinée à mettre les procès en état d’être
jugés.
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Le juge peut ou ne peut pas accepter des pièces comme il dispose aussi la faculté de rouvrir
l’instruction. Cette réouverture de l’instruction n’est pas susceptible de recours (article R 613-4
du code de justice administrative). Par contre cette décision de rouvrir l’instruction doit être
notifiée par ordonnance aux parties. La plupart du temps la réouverture de l’instruction résulte
soit d’un jugement d’une autre affaire liée ou résulte de mesures d’investigations et ordonnant
un supplément d’instructions. Bien évidemment, les mémoires qui auraient été produit pendant
cette période entre la clôture et la réouverture sont communiquées aux parties. La découverte
de moyen d’ordre public après clôture de l’instruction entraîne la réouverture de plein droit de
l’instruction.
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La loi du 30 juin 2000 relative aux référés administratifs est venue combler les lacunes de la
juridiction administrative. Cette loi est venue remanier les procédures d’urgences en opérant
une véritable révolution. Cette loi est l’aboutissement d’un long processus d’une demande
unanime des praticiens et doctrinaires (avocats et juristes). Cette loi a principalement supprimé
la distinction entre le sursit à exécution et le référé. Ce dernier étant absorbé au moyen du
référé suspension. La réforme vise à accélérer le cours de la justice en cas d’urgence mais aussi
urgence liée à des conditions cumulatives. Cette réforme recherche également une plus grande
adéquation entre les mesures que le juge décide et la réalité avec laquelle elles vont être
appliquées. Il existe trois grandes catégories de référés :
les référés dits ordinaires : référé instruction, provision, constatation
les référés dits spéciaux : référé exercé dans le cadre de déférés préfectoraux, en matière
de marché public, en l’absence d’étude d’impact…
les référés dits urgents : le référé liberté et le référé suspension
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A- L’urgence
Effectivement, il doit y avoir urgence pour pouvoir ouvrir droit à introduire une action en
référé. Il doit y avoir un lien direct entre la situation urgente et les mesures ordonnées. Si ce
lien existe, cette urgence permettra au juge d’ordonner des mesures provisoires. C’est une
mesure provisoire mais il faut pour cela que l’on se trouve en situation de risque. C'est-à-dire
une situation risquant de devenir par la suite irréparable. Cette mesure est ordonnée par le juge
provisoirement est destinée à régler la situation urgente jusqu’au jugement définitif. La requête
en référé ne prolonge pas le délai des recours contentieux. Ce principe a été posé par la
jurisprudence dans un arrêt du Conseil d’Etat de 1999, Guerrerot. Ladite urgence doit être
établie par le demandeur en référé, article R 522-1.
Cette deuxième condition n’est pas répertoriée dans le code de justice administrative car elle est
d’évidence. Le litige né et actuel, condition de recevabilité urgente, n’implique pas forcément
une instance déjà introduite devant les juges. Il suffit qu’il existe des difficultés sérieuses entre
d’une part le demandeur en référé et une autre personne et que cette difficulté sérieuse soit
susceptible de donner lieu à une instance contentieuse. Le référé a pour objet de préparer ou
éventuellement prévenir. Cette instance en référé et la possible instance principale qui peut
arriver derrière ne se confondent pas. L’une tend à mettre fin au litige, l’autre vise à réparer un
dommage ou du moins le limiter.
En règle générale et dans la pratique on retrouve le plus souvent le référé en cours d’instance.
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C- L’utilité
Elle n’est pas codifiée, elle est issue de la jurisprudence d’un arrêt de principe de 1958, arrêt
Garnier, « une mesure est utile si elle est de nature à sauvegarder ou à protéger un droit », un
droit du demandeur.
A- Le référé suspension
D’après l’article L 521-1 du CJA « quand une décision administrative même de rejet fait l’objet
d’une requête en annulation pour réformation, le juge des référés saisie d’une demande en ce
sens peut ordonner la suspension de l’exécution de cette décision ou de certains de ses effets
lorsque l’urgence le justifie et qu’il est fait état d’un moyen à créer un doute sérieux sur la
légalité de la décision ».
Pour être recevable, une requête en référé suspension doit être jointe à une requête en
annulation ou réformation. Le référé suspension est une procédure complémentaire. L’une des
innovations principales est la possibilité pour le demandeur de solliciter la suspension d’une
mesure de rejet. Toute décision de l’administration même négative est susceptible de
suspension. En ordonnant la suspension d’une mesure négative, le juge met à la charge de
l’administration une véritable obligation de faire reconnaitre une qualité, soit octroyer une
autorisation qu’elle avait refusé, ouvrir un établissement. La suspension du rejet vaut injonction
de faire.
Le champ d’application du référé suspension n’est plus limité au seul contentieux d’excès de
pouvoir.
A travers cet article, le référé suspension est subordonné à deux conditions cumulatives. La
première est l’urgence qui doit exister au moment de l’introduction de la requête et également
persister durant le cours de l’instance. Seconde condition, un doute sérieux quant à la légalité
de la décision. Ce doute doit naitre de l’un des moyens invoqué et doit apparaitre en l’état de
l’instruction. Le juge a l’obligation d’indiquer dans son jugement le ou les moyens servant au
fondement de la décision. L’audience est dispensée de conclusions du rapporteur public. Si la
suspension est accordée par le juge, elle prend fin au plus tard lorsqu’il est statué sur la requête
en annulation ou en réformation. L’octroie de la mesure de suspension a pour effet d’interdire
provisoirement l’application de l’acte administratif concerné. Si l’administration exécute une
décision qui a fait l’objet d’une suspension, l’administration commet une voie de fait1.
B- Le référé liberté
Selon l’article L 521-2 du CJA « si une demande justifiée par l’urgence saisi le juge. Ce dernier
peut ordonner toute mesure nécessaire à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle
une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de gérer un service
public aurait porté une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se prononce
1
Voie de fait : tirée de l’article du tribunal des conflits de 1956, Guyard
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dans un délai de 48 heures ». C’est le référé le plus innovant et le plus important. Le code
subordonne la faculté de saisir le juge administratif d’un référé liberté à la réunion de deux
conditions cumulatives. La première est l’urgence. La seconde est la sauvegarde d’une liberté
fondamentale qui serait menacée. Atteinte portée par une personne publique. Par exemples : la
liberté d’aller et venir, le droit d’asile, la libre administration des collectivités locales ou la libre
expression du suffrage sont considérés comme des libertés fondamentales. En revanche, la
possibilité d’accéder à une formation universitaire de 3ème cycle, la continuité du service public,
l’égalité de l’enseignement public ne sont pas considérées comme des libertés fondamentales.
Le juge n’a pas hésité à qualifier de fondamental des libertés non constitutionnellement
proclamées.
En résumé, l’atteinte à ladite liberté doit être grave et manifestement illégale. C'est-à-dire que le
juge doit se trouver dans une situation de flagrance2 mais sans pour autant constituer une voie
de fait3. Si les conditions sont réunies il y a une atteinte à la liberté fondamentale. La loi confère
au juge le pouvoir de prendre toutes les mesures nécessaires puisque le but est de rétablir la
liberté menacée dans le délai le plus court. Le juge pourra adresser et ordonner des injonctions
de faire ou de ne pas faire à l’administration.
A la différence du référé suspension, le référé liberté peut être introduit de façon autonome,
c'est-à-dire sans qu’il soit nécessaire qu’un recours ait été déposé en fond contre l’acte
administratif contesté.
2
Situation de flagrance : violation de la liberté est évidente
3
Voie de fait : erreur de l’administration qui renvoi devant le juge judiciaire
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Contentieux Administratif L3 AES
I- L’intervention du juge
Le juge administratif n’estime pas nécessaire que le requérant fasse la preuve entière des faits
qu’il allègue. Le juge exige simplement que le demandeur apporte des éléments de nature à
faire penser que la décision de l’administration n’est peut être pas justifiée. Il faut créer le doute
dans la tête du juge. C’est dans cette logique que la charge de la preuve incombe au requérant.
Dans ce cas là, si le doute est créé, le juge administratif use de ses pouvoirs d’instruction.
Effectivement, une fois le commencement de preuves apportées par le requérant, le juge
administratif va demander à l’administration de porter à sa connaissance l’ensemble des faits et
documents dans le cadre duquel se situe l’action administrative. Cette obligation qui pèse sur la
personne publique s’étend à la production de toute pièce. Si l’administration justifie son acte, le
juge rejette la demande du requérant. Si les éléments fournis au juge ne sont pas pertinents ou
si l’administration ne peut ou ne veut répondre à la demande, le juge va censurer l’acte
administratif en considérant que les allégations du requérant sont exactes.
A- L’expertise
Le juge n’a pas une compétence d’ordre technique. La capacité demandée est juridique. Le
juge peut se décharger pour déceler la signification de faits sur des personnes compétentes, des
experts qui procèderont à des constatations. L’expertise doit avoir pour seule finalité d’informer
le juge sur l’appréciation matérielle des faits. L’expertise ne doit pas avoir pour objet de
trancher une question de droit. C’est pour cette raison que le juge et la doctrine ont hésité à
admettre l’expertise en matière de recours en excès de pouvoir dans la mesure où le domaine
de prédilection de cette matière est de constater ou pas la légalité d’un acte. Cependant, le
conseil d’état a finalement admis le recours à l’expertise dès lors que la légalité de la décision
contestée dépend d’éléments de fait et non pas de pure droit, CE, 1956, Demoiselle Dubreuil.
L’expertise constitue donc une procédure incidente qui ne trouve pas sa fin en elle-même. Le
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juge n’est jamais tenu d’ordonner une expertise sur demande des parties. Il est donc libre de
décider si l’expertise est utile ou pas. Cependant, il entacherait sa décision d’irrégularité en
commettant une erreur de fait par suite d’un refus d’une expertise alors que celle-ci était
logiquement nécessaire. Procéduralement, l’expertise comporte trois étapes :
La désignation d’un ou de plusieurs experts par le président de la juridiction
L’expert accomplis sa mission
Rédiger le rapport d’expertise : un seul rapport est rédigé
Néanmoins, les parties peuvent répliquer au rapport. Et le juge peut ordonner un supplément
d’instruction. Malgré l’expertise demandée par le juge, ce dernier n’est pas lié par le rapport de
l’expert. Il peut également ordonner une nouvelle expertise ou une contre expertise. Une
nouvelle expertise intervient sur des points différents de la première. Une contre expertise
remet en cause la première expertise. La charge financière de l’expertise incombe à la partie
perdante. Ce sont les dépends.
Cette enquête ne cherche pas à parer l’insuffisance technique du juge mais cherche à parer
l’insuffisance d’information du juge. Elle consiste à recueillir des témoignages. La procédure est
particulière. Elle peut être demandée par les parties mais le juge n’est pas obligé d’y faire droit.
On appelle cette procédure un jugement avant dire droit (jugement préparatoire). Ce jugement
ordonne l’enquête et indique les faits et les personnes sur lesquelles elle portera. Il est notifié
aux parties qui doivent alors faire comparaitre leurs témoins. Ces témoins doivent à peine de
nullité prêter serment de dire la vérité. Les liens de parenté ou d’alliance et les incapables ne
peuvent témoigner. Un procès verbal d’enquête est ensuite dressé. Ce procès marque la fin de
ce jugement avant dire droit. On reprend ensuite l’instance principale.
Cette visite permet au juge de se rendre compte de manière précise du lieu et de la situation des
faits c'est-à-dire de l’état et de la configuration de la chose objet du procès. On la retrouve dans
les contentieux de travaux publics. Les parties peuvent le demander, le juge n’est pas obligé d’y
faire droit. Le juge décide de faire une visite des lieux, il a le pouvoir souverain et suprême, il
détermine le jour et l’heure de la visite et la notifie aux parties. Après cette visite un procès
verbal est dressé et est inclus au dossier.
Dans le contentieux administratif la preuve écrite est prédominante. Les vérifications d’écritures
tendent à faire reconnaitre en justice l’écriture ou la signature d’actes sous seing privés. La
vérification d’écritures n’est pas obligatoire pour le juge. Il ne va user de cette preuve que si il y
a vraiment contestation et s’il l’estime utile. La preuve se fait par experts. Si la sincérité est
établie, l’acte sous seing privé sera alors considéré comme ayant une valeur authentique. Il ne
pourra plus être contesté. En pratique, cette preuve est très rarement utilisée en droit
administratif.
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III- Le désistement
Article R 636-1 du CJA. Le désistement émane du demandeur. Il existe deux sortes de
désistements :
le désistement d’instance : utilisé lorsque l’instance a été mal engagé (devant un juge
incompétent par exemple), il ne vaut que pour l’instance en cours et n’interdit pas que
la prétention soit reprise devant une autre instance.
le désistement d’action donne la possibilité à la partie qui s’aperçoit que sa prétention
est mal fondée (souvent le demandeur) d’y renoncer avant que l’instance n’arrive à son
terme. Tout en éteignant l’instance en cours, éteint également le droit.
Le désistement d’instance et d’action exige un acte écrit obligatoire, on ne peut se désister par
oral. Cette condition est issue de la jurisprudence, CE, 1940, Birae. Le désistement d’instance
ou d’action peut intervenir à tout moment de l’audience. A la clôture de l’instance, pendant
l’audience voire même après si le tribunal décide de rouvrir l’instruction.
L’article L 611-23 du code de justice administrative prévoit un cas de désistement automatique
en cas de non présentation d’un mémoire complémentaire devant le conseil d’état et dans le
délai imparti (3 mois). Devant les tribunaux et les cours administratives d’appel, si le
demandeur malgré la mise en demeure n’a pas non plus produit un mémoire complémentaire,
le tribunal ou la cour administrative d’appel prononcera également acte de désistement.
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La différence entre la cour administrative d’appel et le conseil d’état est que le premier peut
faire une mise en demeure contrairement au conseil d’état.
En règle générale, l’acceptation du désistement par la partie adverse signifie que cette dernière
ne voit aucun intérêt à la poursuite de l’instance. Si le défenseur refuse le désistement sans
raison, le tribunal doit donner acte de désistement. C’est la jurisprudence qui a admis la validité
d’une telle forme de désistement.
IV- L’acquiescement
Article R 612-6 du code de justice administrative.
L’acquiescement émane du défendeur. C’est un acte unilatéral provenant du défendeur et par
lequel celui-ci se soumet soit aux prétentions de la partie adverse soit aux dispositions du
jugement.
L’acquiescement se distingue du désistement d’une part parce qu’il a toute son efficacité sans
avoir besoin d’être accepté, d’autre part parce que l’acquiescement4 peut intervenir après la
clôture de l’instance par un jugement, alors que le désistement s’exerce toujours lorsque
l’instance est en cours.
L’acquiescement se retrouve souvent en pratique quand le défendeur n’a pas produit de
mémoire malgré la mise en demeure. Dans cette condition, on dira que la partie défenderesse
est réputée avoir acquiescée aux faits exposés dans la requête et donc il ne pourra plus contester
les faits tels que rapportés par le demandeur. Ce dernier est alors dispensé d’apporter les
preuves et donc le juge est dispensé de les vérifier.
Tout comme le désistement, la partie qui acquiesce peut limiter son acquiescement à une partie
du jugement. On dit que l’instance ne sera éteinte que dans les limites fixées par la partie
défenderesse. Le juge devra juger ce qui n’est pas éteint.
On remarque que l’acquiescement ne peut provenir que du titulaire du droit à jour.
Les effets de l’acquiescement sont absolus c'est-à-dire que la partie qui a acquiescé ne peut plus
agir dans le cadre de l’instance dans lequel elle a exercé son acquiescement. Si la partie qui a
acquiescé l’a fait pendant l’instance, on dira que cette partie ne sera pas recevable à former un
appel du jugement d’acquiescement.
Tout comme pour le désistement, l’acquiescement du jugement donne à ce dernier chose jugée
et donc une autorité définitive.
4
Ne pas faire appel
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Section 5 : Le jugement
Tout procès se termine par un jugement. La phase du jugement se déroule en plusieurs phases.
A l’audience, que ce soit devant le conseil d’état, la cour administrative d’appel ou le tribunal
administratif, les parties doivent être informées du jour où l’affaire sera portée en séance. La
règle veut qu’en cas d’urgence, ce délai d’audience soit de deux jours francs. Sinon ce délai est
de 4 ou 7 jours.
La convocation à l’audience est normalement obligatoire. Cette convocation doit se faire par
lettre recommandée avec accusé de réception, article R 711-2 du code de justice administrative.
L’audience est en population publique et elle revêt trois formes :
Avant l’audience, on publie e rôle (déroulé de la journée avec les heures de passage)
Pendant l’audience, il y aura publicité du jugement
Après l’audience, par la publicité de la lecture du jugement
L’audience se décline en trois temps :
Prise de parole du président (ou du rapporteur), lequel donne lecture du rapport
Prise de parole par les parties. On parle d’audience diverse. La juridiction ne peut
refuser de les entendre sauf devant de conseil d’état où seuls les avocats peuvent plaider
par les parties. Mais en pratique, spécificité du droit administratif français. Ce sont les
avocats seuls qui plaident et la plaidoirie se fait par écrit.
Les conclusions du rapporteur public : le rapporteur public a pour fonction de dire son
sentiment sur les solutions qu’appelle le litige. Le rapporteur public n’intervient pas en
matière en référé. Il prend la parole en dernier et personne ne peut lui répliquer.
Le délibéré débute immédiatement avec le commencement des conclusions du rapporteur
public. Plus aucune pièce, ci aucun mémoire ne sont recevables.
B- Le délibéré et le jugement
1- Le délibéré
Après la fin de l’audience, les conclusions du rapporteur public, le jugement entre en délibéré
hors de la présence des parties. Ce délibéré est obligatoire c'est-à-dire qu’aucun jugement ne
peut être rendu sans délibéré. Ce délibéré peut être plus ou moins long.
Tous les membres de la formation au jugement doivent participer au délibéré. La jurisprudence
en 1996, élections municipales de Chantilly, a confirmé le secret du délibéré étant une règle
générale de procédure et surtout a qualifié ce secret du délibéré comme un principe général du
droit public.
2- Le jugement
Conformément aux articles R 741-1 et R 741-2, le jugement doit être lu. Toutefois, cette lecture
peut ne pas être intégrale et donc se limiter à un résumé destiné à faire connaitre le sens de la
décision. Le jugement doit obligatoirement contenir les mentions suivantes, sinon il est nul :
Indiquer le nom de la juridiction qui rend le jugement
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Ensuite, il y a les motifs qui constituent la partie la plus longue de la décision et permettent de
comprendre la conclusion. Ces motifs sont des motivations et sont obligatoires en matière de
contentieux. Le juge doit motiver sa décision et il doit répondre à tous les moyens soulevés par
les parties si ceux-ci sont protestés régulièrement.
Les décisions (jugements) doivent être notifiées par lettre recommandée avec accusé de
réception aux personnes présentes ou appelées dans l’instance, ainsi qu’aux ministères
d’avocats.
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se réaliser sous l’impulsion du juge. En effet, le juge administratif a le droit de demander des
communications aux parties, si les parties refusent de déférer à son injonction de décider qu’il y
a non lieu à statuer en l’état.
Hormis ce cas, dans le domaine de la clôture au fond de l’instance, le juge donne à sa
conviction force juridique grâce à l’autorité de la chose jugée. Cette formulation juridique
s’impose aux parties à l’instance. Elle met donc un terme à l’instance et au litige. Le juge est
donc libre de donner au litige la solution qu’il estime la meilleure. Il dispose de pouvoirs très
important. Les pouvoirs discrétionnaires du juge. Mais ces pouvoirs sont parfois limités.
Dans le contentieux de l’excès de pouvoir, le juge ne peut que prononcer l’annulation de l’acte
qui lui est déféré ou refuser de prononcer l’annulation. En recours de plein contentieux, le juge
peut prononcer des astreintes c'est-à-dire des condamnations à des entreprises d’argent en cas
de retard ou refus d’exécuter la décision, que ce soit envers les personnes publiques ou envers
les personnes privées. On retrouve aussi ces astreintes en recours pour excès de pouvoir. Si
l’administration ne retire pas l’acte. Mais ce n’est pas une demande d’indemnisation que l’on
retrouve uniquement en RPC.
La chose jugée a force de vérité légale. Elle a donc autorité et elle s’impose à tous. Elle est une
présomption de vérité. Cette présomption s’étend à tous les actes juridictionnels qui émanent
de toute juridiction. La chose jugée n’est attachée qu’au jugement définitif. Par exemple les
jugements d’avant dire droit n’ont pas force jugée. La chose jugée ne joue que dans les limites
de l’instance c'est-à-dire qu’elle est inopposable en dehors de ce cadre c'est-à-dire que l’autorité
de la chose jugée n’a lieu qu’à l’égard de ce qui est l’objet du jugement.
La jurisprudence en 1927 dans l’arrêt Begoc dit que l’autorité absolue de la chose jugée est
seulement admise pour les arrêts d’annulation intervenus sur recours pour excès de pouvoir.
L’arrêt rendu s’impose à tous les membres de la société. Les décisions rendues en matière
électorale sont également dotées d’autorité absolue de la chose jugée. Avec le jugement, le juge
épuise son pouvoir, la chose jugée dessaisie le juge. La chose jugée est donc la manifestation
d’un pouvoir propre du juge en réponse à celui dont dispose le demandeur d’introduire
l’instance. Le demandeur crée l’instance et le juge met fin à l’instance. On peut donc dire que la
chose jugée consacre le dessaisissement du juge. Pour autant, l’instance n’est pas totalement
éteinte malgré le jugement du juge car il existe les voies de recours, la demande ou la défense.
La chose jugée en première instance n’est pas définitive. Effectivement, dans le but de protéger
l’intérêt des justiciables, il est possible de soumettre à un second examen l’affaire déjà jugée ou
conférant à un juge supérieur le pouvoir de réformer le jugement du premier juge.
L’appel est la voie de réformation ouverte aux parties en première instance. Par cette voie de
recours, la partie qui s’estime lésée par un jugement défère celui-ci au juge supérieur afin qu’il
réexamine l’affaire.
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Tout d’abord, cette voie d’appel n’est possible que dans un délai de deux mois qui court à
partir de la réception de la notification de la décision de première instance adressée à la partie
et non à son avocat.
Deux mois : délai général / 15 jours : pour les référés.
L’appel n’a pas d’effet suspensif, sauf pour les conseillers municipaux ou généraux. Les
demandent doivent porter sur le même objet qu’en première instance et les nouvelles
demandes seront irrecevables. Le juge d’appel est saisi de l’ensemble du litige par l’effet
dévolutif de l’appel et donc le juge est investit de l’intégralité des pouvoirs du juge de première
instance. Le juge d’appel peut tenir compte d’éléments nouveaux survenus depuis le jugement
de première instance (exemples : réforme, loi nouvelle, acte administratif nouveau).
B- La cassation
Le recours en cassation est formé devant le conseil d’état. Il est formé à l’égard des jugements
formés en dernier ressort. Le juge va contrôler la légalité du jugement. Ce juge suprême veille à
l’interprétation de la règle de droit. Il assure aux parties une égalité dans l’application de la loi.
Le recours en cassation est recevable que contre des jugements ou des arrêts rendus en dernier
ressort. L’acte attaqué n’est pas l’acte administratif mais l’acte juridictionnel (jugement ou arrêt).
Ce jugement doit être définitif, ce qui exclu les jugements avant dire droit et également ce
jugement doit être rendu en dernier ressort c'est-à-dire user de toutes les voies de réformation
possibles. Un arrêt du conseil d’état de 1954, Montagne confirme cette règle. Ce recours en
cassation doit être formé dans un délai de deux mois à compter de la notification ou de la
signification du jugement attaqué aux parties. Aucun recours gracieux ni hiérarchique ne peut
prolonger le délai. Egalement, les recours en cassation doivent être obligatoirement fait par
ministère d’avocats.
Devant le juge de cassation, les moyens nouveaux sont déclarés irrecevables. Le juge contrôle
l’interprétation de la règle de droit. Pour cela, il vient à vérifier, à contrôler s’il n’y a pas la
présence d’un vice qui serait susceptible d’entraîner la cassation. Il contrôle s’il n’y a pas des
vices de formes ou de fond. Les vices de formes : une violation de la règle générale de
procédure c'est-à-dire l’application stricte du contentieux au regard du code de justice
administrative (exemple : absence de motivation). Le vice de fond : violation de la règle de droit
sur une erreur de droit ou de faits.
Les conséquences de ce vice de forme ou de fond sont que tout d’abord, le conseil d’état, juge
de cassation, peut opérer une substitution de motifs lorsque le dispositif de la décision apparait
juridiquement correct. Hormis cette situation, si le juge constate un vice de fond ou de forme, il
sera obligé de casser la décision. La cassation d’une décision a pour effet l’anéantissement de
cette décision et, dans un tel cas, le juge est obligé de remettre le jugement définitif à un autre
juge. On appelle cela juridiquement le juge de renvoi.
Le renvoi se fait soit devant la même juridiction mais de composition différente ou soit on
renvoi cette affaire devant une autre juridiction. La juridiction de renvoi n’est pas tenue de
suivre la position du conseil d’état et peut donc rejeter la cassation. Si un deuxième pourvoi en
cassation intervient, le conseil d’état statuera définitivement en fond.
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On entend par recours tout moyen mis à disposition d’une personne pour faire redresser une
situation choisie par une autorité publique par un acte administratif. Le recours est donc un
mode de réclamation juridiquement organisé. Il existe différents recours et le requérant doit
insérer son action dans un de ces différents recours en se pliant à des règles strictes.
Les recours ouverts aux personnes qui entendent contester une décision administrative se
répartissent en deux grands groupes. D’une part, les recours administratifs portés devant
l’administration active (administration qui a pris l’acte) et, d’autre part, les recours contentieux
portés devant le juge.
Aussi, l’administration, en pratique, use de ne pas répondre aux demandes via à un recours
administratif.
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