Recherches Augustiniennes Volume XV - 1980
Recherches Augustiniennes Volume XV - 1980
Recherches Augustiniennes Volume XV - 1980
AUGUSTINIENNES
VOLUME XV
TUDES AUGUSTINIENNES
3, rue de !'Abbaye
75006 PARIS
1980
ISBN 2-85121-032-7
Melaniana
NICOLE i110INE
4. Une rapide synthse est esquisse par N. MOINE, Mlanie !'Ancienne, Mlanie
la Jeune, dans Dictionnaire de Spiritualit, fasc. LXVI-LXVII, 1978, c. 955-965.
5. RAMPOLLA DEL Tl:NDARO, Santa Melania Giuniore, senatrice romana, Documenti
contemporanei e note, Roma, tip. Vaticana, 1905, in fol. LXXlX-306 p., p. 104-105.
C. BUTLER, The Lausiac History of Palladios, Text and Studies 6, t. II, The Greek
Text edited with Introduction and Notes, Cambridge, 1904, p. 227-228. Dresser
une liste exhaustive des rfrences serait une tche presque dmesure: il n'est gure
d'auteurs, qui, au dtour d'une phrase sur les familles snatoriales du lve sicle
ou les querelles ecclsiastiques de ce temps, n'aient voqu Mlanie !'Ancienne;
elle serait surtout assez vaine, car le monumental ouvrage de Rampolla rend le
plus souvent caduques (ou au mieux confirme) les solutions de ses prdcesseurs
et inspire celles de ses successeurs, qui lui ont emprunt ses rsultats ou qui ont
d confronter leurs hypothses aux siennes. Notons du moins qu'A. CHASTAGXOL,
Les Fastes de la Prfecture de Rome au Bas Empire, tudes prosopographiques II,
Paris, 1962, p. 155, a maintenu la date traditionnelle.
6. F. X. MURPHY, Melania the Elder : A Biographical Note, dans Traditio, 5,
1947, p. 59-77. Le titre de l'article indique assez quelles taient les intentions de
l\furphy, mme s'il insista dans les premires lignes sur le rle important tenu
par Mlanie dans l'histoire de l'glise (p. 59).
7. E. SCHWARTZ, Palladiana, dans ZNTW, 36, 1937, p. 166-167, note ro.
8. The Prosopography of the Latcr Roman Empire I, by A. H. M. Jones, J. R. Martindale, J. Morris, Cambridge, 1971, p. 592.
9. F. X. MURPHY, Rufinus of Aquileia (345-411). His Life and Worl~s, Washington,
1945, p. 39, note 45 : Curiously Schwartz places the date of the birth of Melania in
340 .
10. F. X. MuRPHY, Melania ... , p. 62 : Melania ... was born in 341 or 342 This date
runs counter to current concepts, which place her birth a full decade later . Rufinus
of Aquileia and Paulinits of Nola, dans R.E. Aug., 2, 1956, p. 79, note 5 : Born
in 341 /342 . Melania die Altere, dans Lexicon fr Theologie und Kirclie VII, Frei
burg, 1962, c. 249-250 : 342 Rom- 409 Jerusalem . Melania the Eider, dans New
Cathotic Encyclopedia IX, 1967, p. 624-625 : b. Rome, 342 .
MELANIA NA
l.
Seul un examen dtaill des sources fera comprendre sur quelles bases
fragiles reposent toutes les constructions chronologiques. Et pourtant
les textes ne font pas dfaut : outre plusieurs allusions disperses dans
l'uvre d'vagre le Pontique, Jrme, Rufin d'Aquile, Paulin de Nole,
Palladios, nous disposons de deux vritables biographies, d'une part
les chapitres 46, 54 et 55 de l'Histoire Lwusiaque11 , d'autre part d'une
longue digression insre dans une lettre de l'vque de Nole Sulpice
Svre12 : 1' envoi de pallia en poils de chameau et de la Vie de Martin,
Paulin rpond en adressant son ami une tunique d'agneau et un autre
rcit difiant, l'histoire de Mlanie. Il est d'autant plus rempli de son
sujet que Mlanie est sa parente13 et qu'elle vient de lui rendre une visite
fort spectaculaire14 . Une lecture synoptique de ces deux biographies
autorise quelques affirmations.
Paulin et Palladios ont tous deux mis en valeur dans cette carrire
fminine, qu'ils envisagent et dcrivent d'ailleurs de manire bien diffrente, les trois mmes vnements marquants :
La mort d'tres chers bouleversa l'existence de Mlanie l'Ancienne
et entrana son dpart pour l'Orient. Si toutes nos sources s'accordent
encore pour discerner dans ce malheur la main de Dieu, dsireux d'attirer
lui Mlanie15 , Paulin, et avant lui Jrme, furent surtout frapps par
II. C. BUTLER, op. cit., II, p. 134-136 et 146-149; C. H. TURNER, The Lausiac
History of Palladius, dans ]. Th. S., 6, 1905, p. 321-355, avait apport une contribution dcisive pour l'attribution Mlanie l' Ancienne du chapitre 55 (cf. p. 353354 et P. DEVOS, Silvie la sainte plerine, I, en Orient, dans A .B., 1973, p. 108, note 2).
Il faut maintenant s'appuyer sur R. DRAGUET, Les formes syriaques de la matire
de l'Histoire Lausiaque, Scriptores Syri, t. r69, 170, 173, 174, Louvain, 1978 : Les
trois chapitres correspondant aux 46, 54, 55 grecs constituent un bloc unique
(t. r74, p. 196-200) et ont mme t accompagns d'une doxologie, absente du
grec, prouvant que l'ensemble a circul isolment dans la tradition syriaque (p. 200,
note r).
I2. PAULIN DE NOLE, Epistula 29, d. G. de Hartel, C.S.E.L., 29, Vienne, r894,
p. 24 7-26r. Sur le rapprochement de Mlanie avec Martin, p. 252, 1. r-6.
13. Ep. 29, 5, p. 251, 1. 11-13: tmdetedignioruisaest, cuiusfidesillimagisquam
noster sanguis propinqnat.
14. P. FABRE, Saint Paulin de Nole et l'amiti chrtienne, Paris, 1949, p. 312-317,
a bien compris que la lettre 29 ne peut s'expliquer que si l'on voit dans l'loge
de Mlanie, ou plus exactement dans le rcit de sa visite Nole, le sujet principal .
Mlanie apparat ds le 5 (p. 25 r) ; la biographie proprement dite couvre les 8-1 l
(p. 253-258), la visite Nole les 12-14 (p. 258-261).
15. PAULIN, Ep. 29, 8, p. 254, 1. 1-2 et 6-10 : sed ea felicitate mortalinm non
longum potita est, ne diu terrena diligeret... Sed et de malormn nostrorum seminibus
causas bonorum caelestium nobis domino prouidente pietatem diuinam per humanae
pietatis damna concepit. Misera facta est, ut efficeretur beata; percussa est, ut
sanaretur ... . Jf:RME, Ep. 39, 5, p. 82, 1. 3-6 (in Saint Jrme, Lettres, t. 2, texte
tabli et traduit par J. Labourt, coll. des Universits de France, Paris, 195 l) :
Iiacrimae gutta non fluxit; stetit inmobilis et ad pede::; aduoluta Christi, quasi
NICOLE MOINE
~psum
teneret, adrisit : ' expeditius tibi seruitura sum, Domine, quia tanto me
iberasti onere ' ! L'interprtation divergente du mme vnement par deux
chrtiens au temprament dissemblable montre assez les obstacles qui se dressent
devant l'historien dsireux de cerner la mentalit des femmes antiques. PALLADIOS,
HL, 46, p. r34, 1. 4-5.
I6. PAULIN, Ep. 29, IO, p. 257, 1. I3-r9; JRME, Ep. 39, 5, p. 82, 1. IO : Hierosolymam nauigauit.
17. PAULIN, Ep. 29, II, p. 257, 1. 23-26 et p. 258, 1. I, IO-II.
18. PALLADIOS, HL, 46, p. r34, 1. !6-18 et p. r35, 1. I-3, 6-8. Mlanie est arrte,
puis relche aprs ses dclarations aa tribunal.
MELANIANA
NICOLE MOINE
MELANIANA
NICOLE MOINE
IO
de Nole, sous cette forme assez recherche : post quinque lustra 31 visait
moins la prcision qu' exprimer, en insistant sur la longueur de la sparation, la vertu de cette femme exceptionnelle, insrer des ides qui
lui taient chres et insinuer dj le bonheur et l'clat des retrouvailles ;
mais l'cart se creuse bien davantage, quand on observe que Paulin
enferme dans ce quart de sicle toute la priode d'exil oriental de Mlanie.
La longue mditation sur le renoncement au fils et aux richesses, o
Anne, Salomon et Abraham sont attests comme de glorieux prdcesseurs32, s'achve sur l'image d'une navigation qui conduit Mlanie
Jrusalem. Le circuit gyptien et l'tape palestinienne sont ngligs.
Pis encore, sur la dure de l'exil de Mlanie, un dcalage de plus de dix
ans apparat entre le tmoignage de Paulin et celui de Palladios, celui-l
mme que Butler et ses successeurs ont voulu nier pour concilier des
sources discordantes et sauvegarder ainsi des donnes chiffres, d'autant
plus prcieuses l'historien de 1'Antiquit qu'elles sont plus rares.
Puisque chez Paulin comme chez Palladios les voyages constituent
les points forts de l'existence de Mlanie, on aurait avantage les dater
sans faire appel aux textes voqus ci-dessus. Un grand progrs serait
alors accompli, car la prfrence accorde l'un ou l'autre document
serait fonde ; il deviendrait galement possible d'aboutir une chronologie absolue et peut-tre de fixer 1' anne de naissance de Mlanie l' Ancienne.
Or pour cette recherche nous disposons apparemment de toutes les
informations ncessaires.
II.
3I. PAUI,lN, Ep. 29, 6, p. 251, 1. 23-24. Nous attribuons videmment lustrum
le sens de priode quinquennale. R. f:TIENNE, Bordeaux Antique, Bordeaux, 1962,
p. 335-336, pense qu'Ausone donnait lustre une valeur de quatre ans; il s'appuie
pour cela sur AUSONE, XVII, 34, d. C. Schenkl, MGH, V, pars posterior, Berlin,
1883, p. 80
In tumulum sedecenuis matronae
Omnia quae longo uitae cupiuntur in aeuo
ante quater plenum consumpsit Anicia lustrum .. .,
mais cette interprtation me parat fort contestable : ge de seize ans Anicia aurait
accompli dj son quatrime lustre! En outre pour une priode de quatre ans Ausone
use souvent (cf. Parentalia) des olympiades.
32. PAULIN, Ep. 29, 9-ro, p. 256-257. Les exemples bibliques choisis par Paulin
pour valoriser le renoncement de Mlanie aux affections les plus lgitimes et aux
biens terrestres sont suggestifs et d'une application aise. Il convient aussi de
rappeler que, depuis Philon, Abraham est le modle par excellence de tous les
adeptes de la ev11:eia: cf. De A brahamo, Introduction, traduction et notes par J. Gorez,
Paris, 1966, 62-67 (p. 48-51), 170 (p. 92-93), 196 (p. roo-ro3).
MELANIANA
II
nach Athanasius' Tod Bekennern des Nicaenums die Einreise nach Alexandrien
verbieten. So wird Melanium dem alexandrinischen Kapitan als Reiseziel nicht
Alexandrien, sondern Palistina angegeben und in Alexandrien das Schiff heimlich
verlassen haben . La premire remarque concernant Valens est peut-tre acceptable.
En revanche cette ruse de Mlanie parat bien peu vraisemblable, puisque Palladios
la prsente son arrive Alexandrie vendant ses biens, puis pendant des mois
se promenant son gr en gypte, en rpandant sa fortune aux pieds des moines.
Pour avoir voulu sauver une incise, l'ardent dfenseur de Palladios soulve de
nouvelles et de plus embarassantes difficults.
34. R. HELM, Eusebius Werke. Die Chronik des Hieronymus, GCS, 47, Berlin,
1956, p. 248 ab : JYiulti monachorum Nitriae per tribunos et milites caesi. Valens
lege data, ut monachi militarent, nolentes fustibus iussit interfici.
35. RUFIN D'AQUILE, Histoire Ecclsiastique, II, 3, PL 21, c. 5ro-5II; SOCRATE,
HE, IV, 20 (Aussi longtemps qu'Athanase vcut, Valens, conscient de la popularit
de l'vque s'abstint de molester Alexandrie et l'gypte) et 21, PG 67, c. 507;
SozoMNE, HE, VI, 19-20, d. J. Bidez et G. C. Hansen, GCS 50, Berlin, 1960, p. 260,
l. II p. 263, 1. 5 (cf. spcialement, p. 260, 1. 13-14); THODORET, HE, IV, 21, d.
L. Parmentier et F. Scheidweiler, GCS 19, Berlin, 1954, p. 246-249 (cf. p. 246,
1. 24 ; p. 247, 1. 8). Notons que les quatre historiens ont profit de l'occasion, qui
leur tait ainsi offerte, pour ouvrir une parenthse plus ou moins tendue sur les
vertus et pratiques des moines gyptiens.
L'imprcision relative des sources antiques s'est rpercute chez les auteurs de
manuels : G. BARDY, Histoire del' glise, sous la direction de A. Fliche et V. Martin,
t. III, Paris, 1936, p. 262-263 : En gypte Valens attendit la mort d'Athanase
pour perscuter les catholiques... Sa mort donna le signal d'un retour agressif
I2
NICOLE MOINE
1'.fELANIANA
13
14
NICOLE MOINE
MELANIA NA
15
il est clair que leur datation dpend de celle que l'on attribue soit
l'arrt de Jrme dans la capitale syrienne, soit au retour d'Euagrios
dans sa patrie. L'clatement et la dispersion presque simultane du petit
groupe d'amis qui s'tait constitu Aquile, l'attraction exerce par
le monachisme et l'Orient sur ses membres les plus fervents sont bien
connus. F. Cavallera a cru, non sans exprimer quelques doutes 55 , devoir
placer l'automne 374 l'arrive de Jrme Antioche et dans la deuxime
moiti de 375 l'change de lettres que nous venons d'voquer. Ses conclusions sont fondes en grande partie sur deux arguments plus ou moins
explicites : Pensant dcouvrir une allusion la mort d'Auxence, vque
de Milan, qui eut lieu probablement l'automne 374 56 , dans l'Epistula I,
15 o Jrme, tout la joie de citer le nom de son ami Euagrios, qui est
intervenu auprs de l'empereur Valentinien en faveur de l'adultre de
Verceil, interrompt son rcit et s'crie : quis enim ualeat digno canere
l'absence de Rufin dans la ville sainte. Cavallera a appuy sa dmonstration sur la
frquence et la rapidit des relations Jrusalem-Antioche. Sur les communications
maritimes ou terrestres entre les deux villes il est bon de se reporter D. GORCE,
Les voyages, l'hospitalit et le port des lettres dans le monde chrtien des .l Ve- ve sicles,
Poitiers, 1925 ; H. PTR, thrie, Journal de voyage, texte latin, introduction et
traduction, Sources Chrtiennes zr, nouveau tirage, Paris, 1971; J. ROUG, Recherches
sur l'organisation du commerce maritime en Mditerrane sous l'Empire Romain,
Paris, 1966, p. rn3 sqq; R. CHEVALLIER, Les Voies romaines, Paris, 1972, p. 16016r. On peut remarquer que Florentinus, Rufin et Bonosus (dont la vie asctique,
mene dans une le dserte, fait l'objet de toute la seconde partie de la longue Epistula 3 Rufin) sont nouveau associs par Jrme dans Chronique 377, p. 248 g,
o toutes les autres notices de l'anne se rapportent des vnements de politique
extrieure : Florentinus, Bonosus et Rufinus insignes nionachi habentur; mais
l'interprtation chronologique de certaines phrases de la Chronique se rvle souvent
fort dlicate: cf. dj, pour 374, p. 247 f: Aquileienses clerici quasi chorus beatorum
habentur, o Rufin est srement impliqu.
55. F. CAVALLERA, op. cit., t. 2, p. 13 : Tout cela est encore tudier de prs .
F. THLAMON, Modles de monachisme oriental selon Rufin d'Aquile, dans Antichit
Altoadriatiche 12, 1977, p. 325, note 6, accepte aussi les rsultats de Cavallera.
Il est vrai que dans cet article (p. 323-352) les questions chronologiques importent
beaucoup moins que la recherche des deux formes de monachisme, en apparence
inconciliables; le cnobitisme basilien et l'anachortisme gyptien, vulgariss
par Rufin en Occident.
56. JRME, Chronique, p. 247e : Post Auxenti seram mortem Mediolanii
Ambrosio episcopo constituto omnis ad fidem rectam Italia conuertitur ...
La date de l'lection d'Ambroise Milan, la suite des travaux de H. VON CAMPENHAUSEN, Ambrosius von JYI ailand als Kirchenpolitiker, Berlin, 1929, p. 90-92, de
J. R. PALANQUE, Saint Ambroise et l'Empire Romain, Paris, 1933, p. let p. 484-487
( = Appendice III), de F. H. DUDDEN, The Life and Times of St Ambrose, Oxford,
1935, t. r, p. 68 et note 5, fut dplace au 7 dcembre 373 (pour Palanque, Auxence
serait mort en octobre 373) ; mais la chronologie traditionnelle fut immdiatement
dfendue par F. HALKIN, C.R. de J. R. Palanque, Saint Ambroise, dans AB, 52,
1934, p. 400, et semble aujourd'hui partout admise : cf. M. MESLIN, Les Ariens
d'Occident (335-430), Paris, 1967, p. 44: nous savons qu'Au:x:ence mourut, toujours
vque, l'automne de l'anne 374 et note 71; Ambroise de Aiilan, XV.le Centenaire de son lection piscopale, Paris, 1974, p. 1 l (Y.M. DUVAL), p. 229-230 (P. NAU
TIN) ... Ce dernier, dans les tudes de chronologie hironymiEnne, dans RE Aug. 20,
1974, p. 283-284 a montr que la manire dont Jrme comptait les annes d'empire
excluait 3 73 pour la conscration piscopale d'Ambroise.
16
NICOLE MOINE
MELAN JANA
17
r8
NICOLE MOINE
H. LIETZMANN, Apollinaris von Laodicea und seine Schule, TU, Tbingen, 1904,
p. XIV, 14, 50-51 et p. 54; P. BATIFFOL, Le Sige apostolique (359-451), Paris, 1924,
p. 99 (le mme auteur plaait au milieu de 373 le retour du clerc antiochien et
au dbut de 374 la rdaction de l'Epistula 138 : L'Ecclsiologie de Saint Basile,
dans chos d'Orient, 21, 1922, p. 23 et note I); R. J. DEFERRARI, Saint Basil, The
Letters II, with an English Translation, The Loeb Classical Library, London, 1950,
p. 319, note let p. 322, note l ; E. Amand DE ME)l'D!ETA, Damase, Athanase, Pierre,
Mlce et Basile. Les rapports de communion ecclsiastique entre les glises de Rome,
d'Alexandrie, d'Antioche et de Csare de Cappadoce (370-379) dans l'glise et les
glises I, Chevetogne, 1954, p. 266 (en particulier, note 2); IDEM, Basile de Csare
et Damase de Rome : les causes de l'chec de leurs ngociations, dans Biblical and
Patristic Studies in Memory of R. P. Casey, Fribourg, 1963, p. 127-128; P. P. JoANNOU, op. cit., p. 183 ; W. D. HAUSCHILD, op. cit., p. 14 et p. 165, notes II6-rr7;
Y. COURTONNE, Un tmoin du IVe sicle oriental, Saint Basite et son temps d'aprs sa
correspondance, Paris, 1973, p. 195 ; J. TAYLOR, St Basil the Great and Pope St
Damasus, The Downside Review, 91, 1973, p. 198. Aprs F. Cavallera (mais son
raisonnement est irrecevable, cf. supra, notes 59 sqq), V. GRUMEL, Saint Basile
et le Sige Apostolique, dans chos d'Orimt, 21, 1922, p. 285 et R. DEVREESSE.
Le Patriarcat d'Antioche depuis la paix de l'glise jusqu' la conqute arabe, Paris,
1945, p. 30, Ch. PIETRI, Roma Christiana, note, p. 804-805, a dfendu la date de
374 aussi bien pour le voyage d'Euagrios que pour la lettre de Basile.
66. JRME, Ep. 3, 2, p. II, 1. 20-23 : quidam Alexandrinus monachus, qui
ad Aegyptios confessores et uoluntate iam martyres pio plebis fuerat transmissus
obsequio ...
67. RUFIN, Histoire Ecclesiastique, II, 4, PL 21, c. 511, 271 C: Quae praesens
uidi loquor : et eorum gesta refera, quorum in passionibus socius esse promerui.
68. JRME, Ep. 3, 3, p. 12, 1. 28-29 : Erat nobiscum et Hylas sanctae Melaniae
famulus ...
69. PALLADIOS, HL 61, p. 156, 1. rr-12 ; Vie de sainte Mlanie, texte grec, introduction et notes par D. Gorce, SC 90, Paris, 1962, chap. 8, p. 142.
MELANIANA
19
c. 415.
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MELANIANA
ZI
la toison 77 Mais avant lui d'autres avaient rapport l'pisode : la recension grecque de !'Historia Monachorum in Aegypto, 21, 15-16 78 , compte
rendu d'un voyage effectu par quelques moines en 394-395, qui attribut
le mme miracle Macaire l'gyptien79 , montre le familier des btes
froces80 rendant la vue toute une porte atteinte de ccit, se faisant
un tapis de la grande peau d'un fort blier que l'hyne dposa ses pieds,
et prcise : cette peau jusqu' maintenant est conserve chez l'un des
frres ))81 . Le silence de la version latine, que Rufin aurait ralise partir
d'un original grec distinct de celui dont nous disposons aujourd'hui82
et qui prsente par rapport ce dernier plusieurs additions ou omissions
importantes, est d'autant plus remarquable que le traducteur connaissait
bien et les milieux monastiques d'gypte et Mlanie !'Ancienne, surtout
si l'on songe que dans son Histoire Ecclsiastique, aprs avoir averti le
lecteur qu'il a dcrit en tmoin oculaire la vie anglique mene par certains en gypte83 et nomm parmi les moines qu'il y rencontra les deux
Macaire84 , il rapporte son tour le touchant pisode85 ; le cadre narratif
diffre quelque peu de celui du texte grec de !'Historia Monachorum :
Nous voyons une lionne - et non pas une hyne - apporter ses petits
aux pieds du saint, sans obliger ce dernier la suivre jusqu' sa grotte ;
en outre Rufina restitu Macaire d'Alexandrie la paternit du miracle,
multipli les cadeaux (pelles ouium lanatas plurimas) et omis d'voquer
le sort qui leur advint.
mme pagination).
83. RUFIN, Histoire Ecclsiastique, II, 4, PL 21, c. 511, 271 BC: les deux Macaire
sont cits.
84. Rufin, HE, II, 8, c. 517, 278 BC : Ex quibus interim quos ipsi uidimus
et quorum benedid manibus meruimus, hi sunt Macarius de superiori eremo, alius
Macarius de inferiori. ..
8;i. RUFI:-!, HE, II, 4, c. 512, 272 B,
22
NICOLE MOINE
doute la bonne foi de l'auteur dans les rcits, mme lorsqu'il rapporte les miracles
les plus absurdes, car il ne faut rien comprendre aux gens de ce temps l pour leur
attribuer la moindre dose d'esprit critique !
89. J. BROCHE'.!', La correspondance de saint Paulin de Nole et de Sulpice Svre,
Paris, 1906, p. 30 : Nous ne nous arrterons pas l'argument puril et si souvent
ressass, qui fait placer l'arrive de Mlanie avant la mort d'Athanase, parce qu'elle
aurait reu de sa main la peau de mouton dont l'ermite Macaire se couvrait !
90. F. X. MuRPHV, Melania ... , p. 68 : Nor is there any indication that Melania
ever met the great Athanasius , avec la rfrence Bu'.l'r,ER, t. I, p. 179.
91. Ibidem, p. 68 et p. 75 : Besides the story of Melania, he sent him as a gift
the pelt which Melania had received from Macarius .
92. PAI,l,ADIOS, HL, 18, p. 57, 1. n-12 et PAUI;IN, Ep. 29, 5, p. 251, 1. 6 et 8.
MELAN JANA
93. Si cette solution devait tre nanmoins adopte, il faudrait en mesurer les
consquences : la place de la notule ddie Mlanie dans la Chronique, juste avant
celle de l'lection piscopale d'Ambroise, obligerait fixer la date du dpart de
Mlanie peu avant le 7 dcembre 374 (cf. au dbut de l'hiver >l) et son arrive
en Palestine pas avant la seconde moiti de 375 (comme nous l'avons dj not, c'est
pour l'anne 375 que Jrme dcrit la perscution de Valens contre les moines).
L'Ep. 4, qui dbute par une srie de compliments de Jrme Florentinus propos de
la gnrosit de ce dernier (cf. aussi Chronique, a 377, p. 248 g) et suppose, peut-tre
tort, que Mlanie a gagn Jrusalem, ne saurait tre place avant la fin de cette
mme anne. Nous retrouverions alors, par un autre chemin, une chronologie
proche de celle chafaude par Cavallera. Quoi qu'il en soit les quelques lignes de la
PLRE, p. 592, sur ce sujet sont aussi ambigus qu'inadmissibles : she sailed
to Alexandria ... and then went on to Palestine ... Pall., HL, 46 ; J er., Chron., a 377
(sic !). The date of this was c. a. 374, Cavallera, II, r3 >l !!
94. PALLADIOS, HL, 46, p. r35, 1. I8.
95. RuFIN, HE, II, 13, c. 522 : Per idem tempus in Orientis regno Gothorum
gens sedibus suis pulsa, per omnes se Thracias infudit, armisque urbes et agros
uastare feraliter coepit. Tune uero Valentis bella quae Ecclesiis inferebat, in hostem
coepta conuerti, seraque poenitentia episcopos et presbyteros re~axari exiliis, ac de
metallis resoh monacbos iubet. Cf. G. BARDY, Histoire de l'Eglise, III, p. 275 ;
A. PIGA:>TIOL, L'Empire .. ., p. r84.
96. JRME, Chronique a 378, p. 249 b; E. SCHWARTZ, art. cit., p. r66 : Nach
der Katastrophe von Adrianopel, 378, restituierte Gratian alle verbannten Bischfe
und die agyptischen Konfessoren kehrten heim ; Melanium lie13 sich dauernd
in Jerusalem nieder und grndete dort ein Nonnenkloster . C'est aussi l'avis
auquel semble se ranger H. CHIRAT, C.R. de la Vie de Sainte Mlanie, dans RSR, 38,
1964, p. 99, quand il crit: en 378, l'ann,e mme oit Mlanie !'Ancienne se retirait
au Mont <les Oliviers >l,
NICOLE JfOINE
Helenopolis : A Party and ifs Supporters in the Church of the Late fourth Century,
dans ] Th S, 24, r973, p. 456-480.
ror. P. PEETERS, Unr vie copte de S. jean de Lycopolis, dans AB, 54, r936, p. 370
sqq ; il nonce, p. 38 r, cette refle:x:ion dsabuse : Le rcit de Palladios ne gagne
pas tre examin de trop prs ... on serait conduit mettre en cause !'Histoire
Lausiaque dans son ensemble. Certes rcemment D. F. BUCK, The Structure of
the Lausiac History, dans Byzantion, 46, r976, p. 292-307, a essay, contre Peeters,
de rhabiliter I'Histoire Lausiaque et de reconstituer le canevas autobiographique qui
MELANIANA
25
Fixer la date du voyage qui ramena Mlanie en Italie parat une tche
plus aise.
la sous-tend. Cette tude. qui n'apporte gure de nouveau sur les Mlanie, ne fournit
pas d'argument dcisif contre les critiques, nos yeux toujours valables, du Bollandiste. De plus R. Draguet a fortement contribu, dans une srie d'articles publis dans
le Museon entre r944 et 1955. faire natre de cruels soupons sur la rigueur et
mme l'honntet intellectuelle de C. Butler, l'diteur longtemps incontest de
!'Histoire Lausiaque. Rappelons que le texte de l'HL dont nous disposons est une
cration du bndictin anglais (il n'existe dans aucun manuscrit), qui croyait avoir
reconstitu l'original, tel que Palladios l'avait compos. Butler estimait aussi que
Palladios n'avait puis aucune source, alors que Draguet, en faisant appel essentiellement des textes coptes, a tent de montrer quel point Palladios fut un
plagiaire. Citons en particulier : Butler et sa Lausiac History face un Ms de l'dition, le Wake 67, dans Le Museon, 63, 1950, p. 205-230 et Butleriana, une mauvaise
cause et son malchanceux dfenseur, ibid., 68, 1955. p. 239-258. Le plus grave dfaut
de l'article de F. X. Murphy est sans doute d'avoir accord trop gnreusement
sa confiance Butler
et derrire l'diteur anglais, Palladios
: c< Butler had
already vouched for the authenticity of the numerals in the text. Hence we
can but conclude ... (Melania .. ., p. 64).
roz. F. X. MURPHY, Melania .. ., p. 70.
ro3. Cf. supra, note 73.
ro4. Cf. supra, note 99.
26
NICOLE MOINE
ribus et litteris tuis, ut ad eos potissimum dies no bis frater Victor occurreret, quibus
sanctam ipsam ex Hierusalem post quinque lustra remeantem excepimus.
ro7. Ep. 29, 14, p. 261, 1. 21-25 : Martinum enim nostrum illi studiosissimae
talium historiarum ipse recitaui. Quo genere te et uenerabili episcopo atque doctissimo Nicetae, qui ex Dada Romanis merito admirandus aduenerat, et plurimis dei
sanctis in ueritate non magis tui praedcator quam mei iactans reuelaui.
ro8. Ainsi J. FONTAINE, Vie de Saint Martin, t. I, SC 133, Paris, 1961, Introduction, p. 18-19, s'appuie sur 1'Epistula r l de Paulin, accusant rception de la biographie
de Martin, pour fixer en 397, du vivant mme du hros, l'anne de diffusion de la
Vita Martini.
ro9. P. FABRE, Essai sur la chronologie de l'uvre de saint Paulin de Nole, Paris,
1948. Ce livre n'tait pas encore publi, lorsque F. X. Murphy crivait son article pour
Traditio.
llO. P. FABRE, Essai .. ., p. 33-34 et p. 45. Il s'agit des lettres 23, 24 et 29.
III. PAULIN, Carmen, 27, d. G. de Hartel, CSEL 30, Vienne, 1894
v. 333, p. 277
uenisti tandem quarto mihi redditus anno ;
v. 150-151, p. 268 ... quia cum Felicis honore / Nicetam reuehis, ... ;
v. 190-194, p. 270 Nicetam rursus coram Felicis in ipso / natali uisu simul
amplexuque tenerem / atque iterum sub eo canerem mea
debita, Felix, / auditore tibi...
Ncetas participait donc de nouveau, trois ans aprs sa premire visite, aux clbrations anniversaires, qui se droulaient autour du tombeau de Flix.
ll2. P. FABRE, Essai ... , p. 30 et 34; PAULIN, Ep. 23, 2, p. 159, 1. 23-24: {( longum
tibi multa dilectio fecit mora hiemis a nobis silere . Dans l'Epistula, 28, 3, p. 244245, Paulin avertit Svre qu'il a gard auprs de lui Victor plus longtemps que de
coutume et que dsormais ce serait l'hiver qui venait Ptimu)iacnm le messager des
deux amis (cf. P. FABRE, Essai ... , p. 41).
MELAN JANA
27
28
NICOLE MOINE
n8. La critique unanime reconnat dans les premiers vers du Carmen 2r (p. r58r59) une allusion la bataille de Fiesole et la mort de Radagaise. Le pome est
ainsi dat du r4 janvier 407 : P. FABRE, Essai..., p. 39 ; P. CouRCELI,E, Histoire
Littraire des grandes invasions germaniques, 3 d., Paris, 1964, p. 4r.
u9. PAUUN, Carmen, 21, v. 6-8, p. r58. Ch. PIETRI, Concordia Apostolorum et
renouatio Vrbis, Culte des martyrs et propagande papale, dans M AH, 73, r96r,
p. 275-322, a montr avec finesse que les martyrs sont pour Paulin de Nole, comme
d'ailleurs pour Prudence ou Damase, les vritables hros civiques.
120. Carmen, 21, v. 2ro-2r5, p. 165.
I2L A. CHASTAGNOI,, Les Fastes .. ., p. 159
122. Notre Apronianus est bien l'honneur de la gens Turcia (v. 2ro). Son fils
rpond au surnom d'Asterius, sa fille est une Eunomia.
r23. PAUI,IN, Carmen, 21, v. 216-217, p. 165 : huic propinquat socius aequali
iugo /aeuo minore Pinianus, par fide ... ;et v. 288-291, p. r67: !< u.m patre Paulino
MELANIA NA
29
<< entre 375 et 380 )), mais ce jugement nous semble excder les donnes
des sources ; tout au plus pouvons-nous garantir que sa naissance se
situe entre 355124 et les annes 380 et, si l'on prend au srieux le souci
de Paulin de se dmarquer, quant l'ge, de son visiteur, plus prs de
la seconde date. Il ne faudrait pas non plus se laisser garer par l'opinion
htive d'A. Chastagnol, lorsqu'il fixe en 402 le mariage d'Apronianus et
d'Auita: la rfrence Rampolla, p. rro, suffit expliquer cette mprise,
le cardinal plaant en 402 le retour de Mlanie et voquant ce propos
l'union de ses neveux125.
En 407 Apronianus et Auita avaient deux enfants, qui participrent
aux ftes de Felix ; leur fils Asterius avait t vou Dieu ds l'ge le
plus tendre :
Ast aliud mihi par lumen in Asterio est,
quem simul unanimes uera pietate parentes
infantem Christo constituere sacrum,
ut tamquam Samuel primis signatus ab annis
cresceret in sanctis uotus alente deo12 6 ))
NICOLE MOINE
30
nomine murmura soluit, / et do mini nomen prima loquella fuit ... >l
l3I. PALLADIOS, HL, 61, p. r57, 1. ro-r5.
r32. A. M. MALINGREY, Introduction, Jean Chrysostome, Lettres Olympias,
2e d., SC 13 bis, Paris, 1968, p. 33 ; ces incertitudes chronologiques se marquent
dans les variantes proposes par le mme historien : Ch. PIETRI, Roma Christiana ...
p. l3IO : Palladios arrive sans doute en septembre 404 Rome >l et p. 1312, o
la formule dubitative a disparu : en septembre, Palladios gagne Rome ; idem,
Esquisse de conclusion ... , p. 301 : Palladios qui se rfugie Rome en 405 pour mobiliser l'Occident en faveur de Jean >l.
133 PALLADIOS, HL 41, p. 129, 1. 9-II ; Asterius n'est pas mentionn.
134. BUTLER, op. cit., p. 128 : The text of this and other passages not found
in P W T is constructed out of B by means of 1, only the words attested by 1 being
retained ... In su ch passages the te:x:t can be no more than an approximation to the
original >l.
135 R. DRAGUET, Les Formes, t. 174, p. 192.
MELA.NI ANA
(p. 129, 1. 8-10). L'enchainement n'est pas trs satisfaisant, malgr l'identit de
lieu (Rome), car Palladios a orient son rcit dans une autre direction (les femmes
et les hommes nouvellement catchiss), prenant soin toutefois de placer en tte
l'pouse, alors que dans le chapitre 54, centr sur les hauts faits de Mlanie, c'est
Apronianus, le nouveau converti, qui est dsign le premier.
137 E. SCHWARTZ, Palladiana, p. 196.
138. PALLADIOS, HL, 41, p. 129, 1. 13-15; R. DRAGUET, L'Histoire Lausiaque,
une amvre crite dans l'esprit d' vagre, dans RHE, 41, 1946, p. 321-364 et RHE,
42, 1947, p. 5-49 (en particulier, p. 22, n 217 et p. 30, n 254-259).
139 PALLADIOS, HL, 54, p. 147, 1. 1-2: (( 'Anpovmvv ... Ka'tTJXT]cre ... ttcracra a'tOV Kai yKpa'tEUEcrat ei: i:f\ !Oia yuvauc ;HL, 55, p. 149, 1. 17-18 : \j/EUOWVU
ou yvrocrero .eu0epro0efoa ... "; HL, 41, p. 129, 1. 12-14: ro ivnKpU e'ta'te0f\vm
ni i:f\v vapewv Kai yKpai:f\ no.t'teiav, Kai:ato:iOvi:e tv 1:061:01 Kai 'tf\ v Xptcr'ti\>
Kotiicrero, f;.eu0epro0V'tE v itacrT} aapna, V'tO of; Kai yvrocrero yevevot ... "
140. Mlanie est dite (l-IL, 55, p. 149, 1. rr-20), lire avec assiduit Origne, Gr-
goire et Basile. On connait aussi l'itinraire d'vagre le Pontique, qui, aprs avoir
reu le lectorat des mains de Basile, fut ordonn diacre par Grgoire de Naziance
envers qui il manifesta toujours une grande reconnaissance. C'est auprs d'eux
32
NICOLE MOINE
nataire, qui vit Rome141 , une femme, visiblement l'pouse d'Apronianusl42, militent assez en faveur de cette thse.
M. Simonetti, qui a utilis pour composer les Regesta Rufiniana, placs
en tte de son dition des uvres de Rufin, les travaux de F. X. Murphy143 ,
a situ en 398-399, Rome puis Aquile, l'poque o ces quatre traductions furent ralises. Or il est clair qu' ce moment Apronianus, auquel
Rufin manifeste sans cesse un vif attachement - Aproniane fili carissime144 - est chrtien : c'est lui, le petit-fils et fils de prtres paens,
qui a demand Rufin de traduire les Homlies de Basile145, c'est en
raison de leur valeur morale qu'il reut celles d'Origne146 ; surtout
sa compagne, qualifie par Rufin de religiosa filia mea14 1, est deux fois
prsente comme soror in Christo tua148 . Il est peut-tre audacieux de
voir dans cette expression, encore qu'elle soit frquemment utilise
en ce sens149 , une allusion la vie continente mene par les deux poux
qu'il s'initia l'uvre d'Origne, avant d'tre accueilli Jrusalem par Mlanie,
qui l'envoya ensuite chez les moines orignistes d'gypte (A. GUILLAUMONT, Les
Kephalaia Gnostica ... , p. 4 7-64).
l4r. RuFIN, Praefatio in Omelias Sancti Basilii, p. 237, 1. r-4 : Sancti Basilii
Caesareae Cappadociae episcopi aliqua tibi in latinum uerti olim poposceras, Aproniane fili carissime : quod ex parte aliqua feci in praesenti dum in Vrbe essem,
sed et nunc aliquantum addidi 1) ; Pracfatio in Sexti sententias, p. 259, 1. 8 : qui
apud uos id est in urbe Roma ... 1). Dans !'Histoire Lausiaque, 41, p. 129, 1. 6-15
et 54, p. 146, 1. 20-22, p. 147, 1. l-13, Palladios associe, lui aussi, Rom et Apronianus
(A. CHASTAGNOL, Les Fastes .. ., p. rn5-rn7 et 156-159).
142. RUFIN, Praefatio in Omelias Sancti Basilii, p. 237, 1. 16-18 : Habet autem
et in hoc maiorem gratiam, quod eius lectio etiam religiosis feminis et praecipue
admirandi studii matronae tuae filiae nostrae inuenitur aptissima ... 1)
143. M. SlMONETTI, op. cit., p. X.
144. L'expression se retrouve dans chaque ddicace : p. 237, 1. z; p. 251, 1. 5;
p. 255, 1. l-2 ; p. 259, 1. 3.
145 Cf. supra, note l4I.
146. RUFIN, Prolo gus in Explanationem Origenis super Psalmos, 36, 37, 38, p. 25 l,
1. 1-9 : Quoniam ... expositio tota moralis est, instituta quaedam uitae emendationis ostendens, et nunc conuersionis ac paenitentiae, nunc purgationis et profectuum
semitam docet, idcirco tibi eam, Aproniane fili carissime, in nouem oratiunculis, ...
uelut in uno corpore digestam in Latinum transtuli, ut intra unum codicem conlectam haberes dictionem, quae ad emendationem uel profectionem morum tota
respiceret. 1)
147. M. SIMONETTI, op. cit., p. 251, 1. 14; p. 259, 1. 3 et mme p. 237, 1. lJ-18.
148. RuFIN, ibid., p. 251, 1. I4 et Praefatio in Sexti Sententias, p. 259, 1. 4; RAMPOLLA, op. cit., p. 202, s'est laiss garer, quand il a suppos que c'est l'initiative
d'une sur par le sang que Rufin traduisit les Sentences de Sextus (sur cet ouvrage,
H. CHADWICK, The Sentences of Sextus, Texts and Studies ,NS, V, Cambridge, 1959,
et l'intressant article de P. M. BoGAERT, La Prface de Rufin aux Sentences de
Sexte et une uvre inconnue - Interprtation, tradition du texte et manuscrit remembr de Fleury, dans Rev. Ben., 82, 1972, p. 26-46, qui tous deux soulignent la parent
de pense entre Sextus et vagre).
149. Pour rester dans la famille, citons seulement l'exemple tir de la Vie de
sainte MJlanie, 8, p. 140 : Ti v mcapia Me.UVTJ 6 O DTJ .ornov oe.cpo v
Kupiqi ITtvtav6 ... )). BUTLER, op. cit., note 95, p. 228; MURPHY, Rufinus .. ., p. IIZ ;
MELANIANA
33
34
NICOLE .VIOINE
tua dans celle des Homlies d'Origne sur les Psaumes ; il en conclut
que ces deux premires uvres datent de 398-399 et que << between the
first two of these references Rufinus must have heard that Apronianus
et Auita have decided to live together as brother and sister ... Palladios
informs us that it was Melania the Elder who converted Apronianus
to live in continence with his wife... The translation of the Sentences
of Sextus must therefore be dated to 400, the year of Melania's return,
or not long after, that of Origen on Psalms 36-38, perhaps to 4or 158 ii.
Le procd est habile ; est-il vraiment satisfaisant ? Sans doute C. P.
Hammond a-t-il replac, avec finesse et de manire suggestive, la politique
de traductions engages par Rufin en Occident aprs 397 dans le contexte
thologique et polmique de cette fin du rve sicle, mais il n'a pas respect
tout fait la lettre sinon l'esprit du chapitre 54 de Palladios : celui-ci
rendait bien Mlanie responsable de la continence pratique par Apronianus et Auita, mais il dclarait explicitement qu'elle avait catchis et
converti ce neveu paen, alors que pour C. P. Hammond, comme nagure
pour Murphy, Mlanie n'tait que l'instrument de la progression dans
la vie parfaite : << He was further instructed in the Christian faith by
Melania after her return to the West and converted by her to a life of
continence with his wife ))159 . Il est craindre qu'une fois encore le
dsir lgitime d'obtenir une chronologie prcise n'ait contribu masquer
les difficults que rencontre l'utilisateur de !'Histoire Lausiaque.
z. Si l'pisode de la conversion d'Apronianus se rvle chronologiquement dcevant, l'embarras s'accrot encore lorsque le lecteur veut prendre
en considration les autres informations donnes par le chapitre 54.
D'aprs Palladios, en effet, Mlanie aurait t, au moment de son retour
Rome, une femme de soixante ans160 , or, peu de temps auparavant,
elle avait effectu un voyage terrestre, qui la conduisit de Jrusalem
Pluse161 , au cours duquel elle escorta en compagnie de Jubin et de
Palladios, selon les rgles de la courtoisie alors en vigueur1 62 , une noble
158. Ibid., p. 386-387.
159 Ibid., p. 379.
160. PALLADios, HL, 54, p. 146, l. 20: "rpcovw -r&v ypa vsf3a/..ev au-ri]v e
1tOOV l> ; R. DRAGUE'!', Les Formes ... , t, 174, p. 198-199.
l6r. HL, 55, p. 149, !. 6 : " 0upcm on T]KOO''tOV i.yro -ro -rfi i)tKla ... >> ;
Comme l'a bien vu P. DEVOS (Silvie ... , I, p. r14-u5), E. D. HUNT, St Silvia of
Aquitaine, The Raie of a Theodosian Pilgrim in the Society of East and West, dans
]Th S, 23, 1972, p. 356, a eu. raison et de rejeter la thse de Schwartz (art. cit.,
p. 167-168) selon laquelle Mlanie aurait au cours du mme voyage accompagn
Silvie puis regagn Rome, et de montrer que l'anecdote cadrait mieux avec un
cheminement poussireux par voie de terre (eueiv) . Nous savons que dix mansiones ou tapes journalires sparaient Pluse de Jrusalem (P. DEVOS, La date du
voyage d' grie, dans AB, 85, 1967, p. 186).
162. E. D. HUNT, St Silvia .. ., p. 355 : Following the correct procedu.re, Melania
would escort her guest, on leaving J erusalem, on the next stage of her journey ... >l.
L'auteur cite les exemples de Paula escorte par Paulin d'Antioche, d'grie qui fit
MELANIANA
35
plerine Silvie163 . L'auteur de !'Histoire Lausiaque n'hsite pas s'exprimer la premire personne et, peu avare de dtails sur son compte, fait
souvent appel son exprience ou ses rencontres personnelles, au point
qu'un article rcent de D. F. Buck a tent de montrer que Palladios
<< constructed The Lausiac History upon an autobiographical framework164 )). Certes depuis que R. Draguet a publi le dossier syriaque et
prouv que non seulement le syriaque donne accs des tats du grec
bien antrieurs ceux dont tmoignent les manuscrits grecs, mais qu'il
nous reporte au del de la rdaction palladienne primitive en transmettant
des rcits qui, ns dans l'gypte bilingue, servirent de source Palladios
dans la premire moiti de son uvre165 )), cette thse devient pour le
moins difficilement acceptable166 . Toutefois avant que les historiens
n'aient compltement repris l'tude de la chronologie de Palladios, nous
pouvons affirmer que si ce dernier a vraiment assist la magistrale
leon d'austrit donne par Mlanie son jeune compagnon Jubin, trop
proccup de ses aises, il n'a pu le faire qu'avant sa conscration comme
vque d'Helenopolis. Or nous savons qu'au printemps 400, au synode
de Constantinople runi autour de Jean Chrysostome, fut dcid l'envoi
de trois enquteurs, parmi lesquels Palladios d'Helenopolis, chargs
de vrifier la validit des accusations portes contre Antoninos d'phse167 .
Nous ne disposons l que d'un terminus ante quem et c'est pourquoi nagure
D. Hunt avait pu proposer l'anne 394 pour la rencontre de Mlanie et
de Silvie168 , mais il ne fut pas suivi: P. Devos souligna le nombre d'hypothses invraisemblables que cette opinion entranait et lui reprocha
surtout d'avoir nglig un passage essentiel des chapitres 54-55, attestant
que<< dans la mme anne Mlanie accomplit ces deux prestations, accompagner Silvie de Jrusalem en gypte, quitter la Palestine pour retourner
NICOLE 1',;lOJNE
MELANIANA
37
solution, le premier avec la logique et l'assurance nes d'une inbranlable confiance dans la vracit de l'Histoire Lausique, le second estimant
aussi que cette chronologie rendait moins draisonnable le droulement
des vnements qui aboutirent au dpart de l\Ilanie pour la Terre Sainte.
Schwartz tablit donc un systme o Mlanie, ne en 340-341, devenait
veuve en 362 - ctKOCJ'rv EU't'Epov iyoucra. iho portant exclusivement
sur X11PE0cra.cm - et attendait plus de dix ans
l'anne 373 pour l'auteur - avant d'abandonner Rome et son fils, lequel aurait t alors g
d'environ douze ans177 . Cette interprtation soulve quelques difficults
qu'il convient de relever.
Jrme et Paulin ont montr avec leur sensibilit propre que des morts
successives et rapproches furent pour Mlanie l'occasion de renoncer
aux joies prissables pour s'attacher au Dieu ternel. Peut-on imaginer
que Jrme ait conu une si vive admiration pour une femme qui aurait
mis tant d'annes entendre l'appel divin tout quitter, alors qu'il l'a
dpeinte, aprs ce triple dcs, riant et remerciant le Seigneur de l'avoir
dlivre du fardeau qui l'empchait de le servir178 . On comprend d'ailleurs
mal dans cette conjecture le voyage prcipit en hiver, saison o la
navigation faisait courir de grands risques, cette hte gagner Alexandrie,
puisque Mlanie aurait eu plus de dix ans pour prparer son expdition.
Ne serait-il pas un peu tonnant que le parent de Mlanie, qui a longuement dcrit les circonstances du dpart de Rome et avou la farouche
opposition de ses proches179 , ait choisi pour mieux la louer, devant des
lecteurs qui ne pouvaient tre dupes, l'exemple d'Anne qui remit Yahv
son fils peine sevr ? Notons que Paulin qualifie le jeune Publicola de
parwulus, injans, au moment du veuvage de sa mre180 et utilise des
expressions quivalentes, lors de son embarquement pour Alexandrie :
<< ut unicum suum a pectore suo abscidit et in sinum Christi iactauit,
ut eum ipse Dominus enutriret ... , paruulus181 )). Certes l'usage des termes
concernant les tapes de la vie humaine n'est rglement par aucune
thorie prcise et un mme auteur, comme l'a montr P. Hamblenne
pour Jrme, peut donner des valeurs en annes fort variables aux mots
injans et paruulits, depuis l'ge du ftus jusqu' dix ou mme vingt-cinq
ans182 , toutefois ne trouve-t-on pas un peu trange que Paulin ait compld'ge o commenait chez une femme sa respectabilit parfaite (r, Tim., 5, 9)
Palladios, pour honorer Mlanie, l'aurait dote d'un ge qu'elle tait loin d'avoir
atteint !
177 E. ScHWAR'.l'Z, Palladiana ... , p. 166-167 (en particulier, note 10).
178. Cf. note 15.
179 PAULIN DE Nor,E, Ep. 29, 9-10, p. 256, 1. 4-5 et p. 257, 1. I l sqq.
180. Ep. 29, 8, p. 254, 1. 5 et 1. 24.
r8r. Ep. 29, 9, p. 255, 1. 22-23 et p. 256, 1. 5
182. P. HAMBLENNE, La longvit de Jrme : Prosper avait-il raison ?, dans
Latomus, 28, 1969, p. 1081-1u9, surtout p. 1088-1089. Avant lui, mais de manire
moins exhaustive, P. PEE'.l'ERS, C.R. de AVAI,LERA, Saint Jrme .. ., dans AB,
NICOLE 1VIOINE
tement pass sous silence les dix annes qui sparrent les deuils familiaux
et l'abandon de Publicola, et qu'il n'ait point laiss entrevoir, au moins
par un vocabulaire mieux adapt, que le petit garon avait grandi ?
En outre il n'est pas certain que ce systme prsente de rels avantages.
Schwartz et Murphy pensaient en effet que la chronologie qu'ils adoptaient
avait le mrite de rendre plus humaine, plus vraisemblable la conduite
de Mlanie : cc manchem wird es nicht unwillkommen sein zu lernen, da13
die fromme Dame den Entschlu13 Nonne zu werden erst fa13te, als ihr
einziger Sohn nicht mehr ein hilfloser Saugling, sondern ein Bub von etwa
r2 J ahren war183 , ou encore : There has always been a feeling of uneasiness on the part of historians who had to date Melania's birth in the
35o's, her widowhood in 372, and the abandonment of her infant son
immediately thereafter184 )), Ce raisonnement me parat doublement
erron, d'abord parce qu'il suppose acquis qu'en 372 Publicola tait un
nourrisson ; ensuite parce qu'il ne tient pas assez compte de la mentalit
des auteurs asctiques des rve-ve sicles.
C'est justement parce qu'il tait scandaleux et dchirant que l'abandon
de Publicola fut considr comme exemplaire et jug digne d'tre mentionn. Faut-il rappeler que dans un libellus destin consoler Eustochium
de la mort de sa mre, Jrme loua aussi le dtachement absolu qu'avait
manifest cette dernire : non domus, non liberorum, non familiae,
non possessionum, non alicuius rei quae ad saeculum pertinet, memor185
et peignit avec dlectation la douleur de ses deux derniers enfants, encore
fort jeunes186 , qu'elle laissait en Italie:" Paruus Toxotius supplices manus
42, 1924, p. 182-183 et P. DE GHEI,I,INCK, Iuuentus, graititas, senectus, dans Stud.
mediaeu. in han. R.]. Martin, Bruges (s. d.), p. 39-59, avaient dj tent de cerner
le contenu de ces termes chronologiques.
183. E. SCHWARTZ, Palladiana ... , p. 167, note IO.
184. F. X. MuRPHY, Melania ... , p. 65.
185. JRME, Epistula, 108, 6, d. Labourt, t. 5, Paris, 1955, p. 163, 1. 26-28.
186. L'ane des cinq enfants de Paula, Blesilla, avait vingt ans (JRME, Ep.
39, I, p. 71, 1. 20-zr: quis enim siccis oculis recordetur uiginti annorum adulescen
tulam ... >l) lorsqu'elle mourut la fin de 384, quelque temps aprs son pre, dcd
peut-tre en 38r (P. NAUTIN, tudes .. ., dans RE Aug. 18, 1972, p. 2r8). Jrme
laisse entendre que Paula, qui aima son mari (Ep. 108, 5, p. r62, 1. 29 - p. 163,
1. r : postquam uir mortuus est, ita eum planxit, ut prope ipsa moreretur ) ne
se soumit longtemps au devoir conjugal que pour enfanter le fils que Iulius Toxo
tius dsirait tant (Ep. ro8, 4, p. 162, 1. 25-28 : ut intellegeres eam non diu seruire
uoluisse officia coniugali, sed mariti desiderio, qui mares optabat liberos, oboedisse >l). L'imprcision des termes (paruus, diu), l'horreur pathologique qu'prouvait
Jrme pour la vie sexuelle, mme quand elle tait tourne vers la procration
(de semblables sentiments taient dj partags par TATIEN, Discours aux Grecs,
34, d. E. Schwartz, TU, 4, r, Leipzig, 1888, p. 35, 1. 28-29 et p. 36, 1. 14, qui estimait
qu'Eutychis avait atteint le comble de l'incontinence en mettant au monde trente
enfants ! R. M. GRANT, The Heresy of Tatian, dans ]Th S, 5, 1954, p. 62-68 ;
G. F. HAWTHORNE, Tatian and his Discourse to the Greeks, dans H Th R, 57, 1964,
p. 166) ne facilitent pas les calculs, mais on ne doit gure se tromper en supposant
que, lors du dpart de sa mre, le jeune Toxotius avait entre cinq et treize ans.
MELANIA NA
39
NICOLE MOINE
filii...
>)
r94. PALLADIOS, HL, 54, p. 146, 1. 16 : (( 6 !:crxe 1rn:i 'l'KV 060 )). La version
syriaque est plus explicite encore : il eut deux enfants, un garon et une fille
(DRAGUE'.!', Les Formes .. ., t. 174, p. 198, 1. 3). Le rcit de Gerontios n'apporte gure
d'claircissement: non seulement la version latine est totalement muette sur ce frre
de Mlanie la Jeune, mais l'acharnement des parents vouloir marier leur fille pour
assurer la continuit de la famille, en dpit de ses violentes rticences, ne s'explique
vraiment que si, cette poque, elle tait leur unique hritire ; en revanche le texte
grec est plus ambigu, puisqu'il prtend que Publicola avait t souponn de vouloir
vendre les biens du jeune couple pour les attribuer wi ot 'l'KVOt (Vie,
12, d. Gorce, p. 150-151); ce pluriel est d'ailleurs gnant, car il contredit l'information donne par Palladios, moins de supposer que ce fils tait mari ! Comment
expliquer alors qu'aucune de nos sources ait port le moindre intrt ce frre
de Mlanie la Jeune ? : le biographe, qui sans doute ne connut la fille de Publicola
qu'aprs son installation en Palestine, n'en aurait-il pas entendu parler ? Le garon
se serait-il compromis avec la grand-mre ? En tout cas il n'est plus possible de
voir dans le grec HL, 54, p. 147, 1. 16-17: Kai 'l'OV IIourrtKOU (ou IIourrtKOua)
o utov 'l'OV vech'tepov K'l'TJXJcrac;a fiyayev rri 'l']V LtKBiav , une allusion un fils
de Publicola et d' Albine, car toute confusion est exclue du syriaque (quant son
fils qui tait un jeune homme, elle l'instruisit et le mena en Sicile >l, DRAGUET,
ibid., 1. 29-31), comme del' Heraclidis Paradisus ( Filium quoque admodum iuuenem
consilio docuit et ad Siciliam usque perduxit , PL 74, chap. 42, c. 328 A). Ou
Palladios s'est tromp en attribuant Publicola la descendance de sa fille Mlanie
la Jeune (La Vie lui attribue en effet deux enfants, une fille puis un fils, mais Palladios contredit cette affirmation, HL, 61, p. 155, 1. 8-9 : " ysvovrov yp a'!'ij
rrmOirov ppvmv ouo J> = Draguet, p. 217, 1. 16), ce que pensait RAMPOLLA,
op. cit., p. u5, ou ce garon sur lequel nous n'avons aucun autre tmoignage explicite, est mort prmaturment (D. GoRCE, Introduction la Vie de Sainte Mlanie,
SC 90, Paris, 1962, p. 33-35 et p. 39, note 3, par une autre voie i.boutit "u mme
rsultat).
MELANIA NA
Mlanie (la ] eune), rdige par Gerontios, nous apprend que la fille
de Publicola se maria vers quatorze ans195 et donc naquit srement avant
386. Quand sa fille vint au monde, Publicola ne devait gure avoir moins
de dix-huit ans : les nombreuses tudes dmographiques qui fleurirent
sur la priode antique dans les annes soixante, ont suscit bien des rserves de la part des spcialistes196 . Nanmoins grce une utilisation
combine du matriel pigraphique avec les textes littraires, juridiques
ou mdicaux, l'accord s'tablit sur quelques points, en particulier sur
la prcocit des mariages, tant chez les paens que chez les chrtiens,
surtout dans les familles aristocratiques, galement sur l'habituelle et
parfois importante diffrence d'ge qui existe entre maris et femmes197 .
195 Vie, 1 (latine), d. Rampolla, p. 5, 1. 1-2 : uiolenterque iuncta matrimonio annorum circiter quattuordecim ; (grecque), d. Gorce, p. 130 :
" ei- nofj f3ia crovanwoow ot"i}v np yaov i-fii aimpifii ot"fj vopi
Ilivtav(ji ... i-ecrcrapecrKattKaOV yoiicrv w . L'Histoire Lausiaque, 61, tant dans
l'dition grecque (Butler, p. 156, 1. 4) que syriaque (Draguet, p. 217, 1. 31) lui accorde
treize ans l'poque de son mariage.
196. Deux thmes ont surtout aliment la controverse : la possibilit de calculer,
partir d'un matriel pigraphique, la dure moyenne de vie des hommes et des
femmes de l'Empire Romain ; l'existence et les motifs d'une surmortalit juvnile
des femmes, qui a t releve par tous les commentateurs d'inscriptions funraires.
Retenons parmi une abondante bibliographie : les pages critiques des trois articles
de L. HENRY, La mortalit d'aprs les inscriptions funraires, dans Population,
12, 1957, p. 151; L'ge au dcs d'aprs les inscriptions funraires, ibid., q, 1959,
p. 329; Dveloppements rcents de l'tude de la dmographie du pass, xre Congr.
intern. Sc. Hist., Rapports, I, Stockholm, 1960, p. 89 ; et les tudes stimulantes
d'un point de vue mthodologique de A. R. BuRN, Hic breue uiuitur. A Study
of the Expectation of Life in the Roman Empire, dans Past and Present, + 1953,
p. 1-3 l ; K. HOPKINS, The Probable Age Structure of the Roman Population, dans
Population Studies, 20, Nov. 1966, p. 245-264 (avec bibliographie des travaux
parus avant 1965) : Unfortunately, therefore, my main conclusion is that ancient
inscriptions can not be used as the basis for calculations of mortality, absolutely
or even relatively ! ; I. KAJAN'l'O, On the Problem of the Average Duration of Life
in the Roman Empire, dans Annales Accademiae Scientiarum Fennicae, ser. B,
t. 155, 2, Helsinki, 1968; B. BOYAVAL, Remarques propos des indications d'ges
des tiquettes de momies, dans ZPE, 18, 1975 p. 49-74; Idem, Surmortalit et fcondit
fminines dans l'gypte grco-romaine, ibid. 28, 1978, p. 193-200.
197 G. HARKNESS, Age at Marriage and at Death in the Roman Empire, dans
TA Ph A, 17, 1896, p. 35-72; H. NORDBERG, Biometrical Notes. The Information
on Ancient Christian Inscriptions /rom Rome concerning the duration of life and
the dates of birth and death, dans Acta Inst. Rom. Finland., II, 2, Helsinki, 1963
(p. 66-68 : ge normal du mariage, pour les femmes entre 15 et 18 ans, pour les
hommes entre 18 et 25 ans) ; id., Biomtrique et mariage, dans les Commentaires
du Sylloge Inscriptionum Christianarum Veterum Musei Vaticani, Helsinki, 1963,
p. l85-2ro (mmes conclusions, p. 202-203); C. VoGEL, L'ge des poux chrtiens
au moment de contiacter mariage d' aprh les inscriptions palochrtiennes, dans Rev.
Dr. Can., 16, 1966, p. 355-366 (p. 361 : les jeunes chrtiennes se mariaient entre
12 et 16 ans ; p. 366 : pour les hommes la courbe prsente des fluctuations avec
une pousse maxima vers la trentaine); M. K. HOPKINS, The Age of Roman Girls at
Marriage, dans Population Studies, 18, 3, March 1965, p. 309-327, souligne la banalit
des mariages trs prcoces pour les filles (p. 317-318, en citant le cas de Mlanie
la Jeune) et termine son article par ces remarques pertinentes : The girl was less
valued than the boy ; at an early age she married a man considerably older than
42
NICOLE MOINE
herself, a man whom she did not choose, but could perhaps refuse. There was
a considerable chance of her husband's early death and of her own and also that
any child born to her would not survive to adolescence. No study of Roman
marriage or of the Roman family will stand up unless it takes these factors into
consideration (p. 327) . Les pages d'E. PATLAGEAN sur ce sujet, Recherches sur
les pauvres et la pauvret dans l'Empire Romain d'Orient (IV-VIIe sicles), Thse
13 /1 /1973, Lille, p. 343-35 I, ne font que reprendre les rsultats des articles cits cidessus.
198. Q. Aurelii Symmachi quae supersunt edidit O. Seeck, MGH, VI, pars prior,
Berlin, 1883, p. L-LI; A. CHASTAGNOL, Les Fastes ... , p. 219; J .-P. CALLU, Symmaque,
Lettres, t. r, coll. des Un. de Fr., Paris, r972, p. r2 et p. r67, note 4, ne croit pas que
l' Ep. 2, 22 se rapporte la naissance de l\Iemmius et retarde donc celle-ci d'un
an.
r99. Ep. 29, 8, p. 253, !. 29 : in teneris adhuc annis nuptias passa et breui
mater ... , et p. 254, !. 2-3 : nam praeter alias orbitates, quas inrito in fetibus
abortiuis labore adhuc marito participe defleuit ...
200. RAMPOLLA, op. cit., nota nr, p. r r2, qui va jusqu' avancer que Mlanie fut
marie huit ou neuf ans, sous-entendant un intervalle relativement long entre les
grossesses, ce que nous ignorons absolument.
20!. RAMPOLLA, op. cit., nota IV, p. I 14 ; E. SCHWARTZ, art. cit., p. 167, note IO
(suite). Le texte de Paulin ne doit pas tre pris la lettre, car celui-ci souhaitait
opposer le bonheur donn puis enlev par Dieu et regroupait donc dans une mme
phrase tous les malheurs de Mlanie ; nanmoins les fausses-couches semblent bien
avoir suivi les naissances. B. BOYAVAL, Surmortalit ... , p. 195-197, pense que la
fcondit fminine chute assez tt et que la priode maximale est situer avant
vingt ans.
202. JRME, Ep. II8, d. J. Labourt, t. 6, Pllris, 1958, :p. 87-97.
203. JRME, Chronique ... , p. 247, 1. 11-12.
MELANIANA
43
commentateurs204 ,
Tours, a gn les
de sorte qu'en dpit d'une tradition
manuscrite unanime Vallarsi corrigea l'ablatif praetore en un datif, mais
sa proposition fut lgitimement repousse par ceux qui, comme Schwartz,
savaient que la tutelle des incapables tait partage entre le praetor
tutelaris et le Prfet de la Vi11e 205 . On se trouve alors devant un prteur
urbain d'un ge bien tendre, mme si l'on remarque avec A. Chastagnol,
intress par ce cas, cc que la dsignation des prteurs dcide dix ans
l'avance entre 370 et 372 n'a impos l'ge minimum de dix ans qu' partir
de 380-382 206 )). Il n'en reste pas moins que le choix du Snat, soucieux
de ne pas voir le fils de l'un de ses membres les plus fortuns chapper
aux coteuses dpenses de la prture, s'explique mieux si Publicola n'tait
plus en 372 (ou 374) un tout petit enfant. Nous esprons avoir montr
qu'il n'tait pas absolument ncessaire de faire natre Mlanie en 340
pour que cette condition soit ralise.
Murphy formulait une nouvelle proposition en faveur de sa thse :
cc she was then close to thirty years old herself, a much more likely age
for setting out on the dangerous type of journey she was contemplating ... 207 )). Faut-il comprendre que les risques invitables du voyage ou
les rticences, somme toute fondes, de sa famille auraient t attnus
par la longue attente laquelle Mlanie aurait consenti ? Au tmoignage
de Palladios, Mlanie avait conserv la disposition de richesses importantes : nous la voyons transporter ses biens meubles Alexandrie
et les changer en or, dposer aux pieds de Pamb, insensible ce cadeau,
des trsors d'argenterie, entretenir de nombreux moines perscuts par
Valens, accueillir pendant plus de vingt ans les plerins qui se rendaient
] rusalem et, son retour, liquider en Italie ce qui lui restait. Doit-on
vraiment en dduire que ces victoires sur la peur ou la convoitise exigent
de la part d'une femme un ge minimum ? N'y aurait-il pas plutt chez
le biographe le dsir de louer la force de caractre et 1' aide de la grce
divine ?
3. L'Histoire Lausiaque fournit une dernire assertion sur le retour
de Mlanie Rome en valuant vingt jours le temps coul entre son
dpart de Csare et son arrive dans la capitale. Cette indication n'a
pas troubl les spcialistes des voyages antiques, qui la citent sans ton204. GRGOIRE DE TouRS, I, 40, dans Scriptoies Rerum Merovingicarum, t. l,
pars l, d. B. Krusch et W. Levison, Han., 1951, p. 27, 1. 23 : Vrbano filio Romae
relicto; J. LABOURT, Saint Jrme, Lettres t. 2, p. 82, note l : Mlanie confia son
fils Urbain la tutelle du prteur !
205. A. CHASTAGNOL, Observations sur le consulat suffect et la prture du Bas
Empire, dans Rev. Hist., 219, 1958, p. 221-253 ; I.D. La Prfecture Urbaine Rome
sous le Bas Empire, Paris, 1960, p. 112-115 ; E. SCHWARTZ, p. 167, note, fut amen
une correction radicale du texte de la Chronique, qui n'a pas t retenue par ses
successeurs.
206. A. CHASTAGNOL, Observations .. ., p. 246-247, et La Prfecture .. ., p. 280-28!.
207. F. X. MuRPHY, Melania .. ., p. 65.
44
NICOLE MOINE
MELANIANA
45
dre fixer la dure du trajet de retour de Mlanie, mais il semble bien que
la quinzaine de jours dont nous disposons220 soit insuffisante, mme si
les conditions de la navigation avaient t juges trs favorables 221 .
Une fois encore un examen un peu critique de l'Histoire Lausiaque oblige
abandonner d'illusoires prcisions.
IV.
NICOLE MOINE
MELANIANA
47
NICOLE MOINE
MELANIANA
49
prophties, mais dj en 398 238 et au moment de Pollentia l'opinion prvoyait de grands dsastres 239 En tout cas, il est bien clair que pour Palladios l'uvre apostolique de Mlanie se droula avant 4ro et qu' cette
date elle et les siens avaient quitt Rome.
En revanche il est plus alatoire de fixer le moment o Mlanie effectua
ses conqutes pour le Christ. Remarquons nanmoins qu' cette occasion
Palladios procde une numration qui distingue nettement trois
groupes : Apronianus et Auita sont cits en tte ; puis interviennent
Mlanie la Jeune et Pinien, auxquels est associe leur mre et belle-mre
Albina : l'aeule est dite les avoir prpars vendre leurs biens et attirs
loin de Rome. Au chapitre 6r, nous voyons bien, en effet, le jeune couple
renoncer au monde, rpandre ses richesses, arraches ainsi la convoitise
d' Alaric, puis Mlanie et Albine habiter en Sicile et en Campanie 240 ;
l'influence de Mlanie l'Ancienne semble cependant, dans ce chapitre,
moins efficace et dcisive qu'elle ne l'tait au chapitre 54 : certes l'pouse
de Pinien s'appuyait sur l'exemple et l'enseignement de sa grand-mre
- celle-ci n'intervenant pas directement - pour diriger son mari dans
la voie du dpouillement, mais l'entreprise ne fut pas aise et lors du
passage de Palladios Rome Pinien aurait encore rsid dans la capitale ;
le texte est d'ailleurs ici d'interprtation dlicate, car le lecteur ne parvient
pas dterminer si Palladios remmore, en fin de chapitre, un souvenir
personnel, sans se soucier d'introduire une cohrence chronologique dans
son rcit - et en ce cas le pluriel fai110av ... varra(mavn: 241 inclurait
Mlanie la Jeune
ou s'il affirme que seul Pinien et ses compagnons
menaient Rome une existence monastique, alors que Albine et sa fille
s'taient dj loignes de la Ville. Quoiqu'il en soit, en 404-405, Mlanie
1' Ancienne ne devait pas non plus y vivre, car il est invraisemblable
NICOLE MOINE
50
que Palladios ait nglig de signaler sa prsence 242 . Enfin, aprs une
longue parenthse sur les sinistres prophties que brandissait 1' aeule
pour dtacher ses proches des convoitises terrestres, le dernier parmi
les conqutes apostoliques de Mlanie est mentionn Publicola : Quant
son fils Publicola, qui tait un jeune homme, elle l'instruisit et le mena
en Sicile ))243 . Au chapitre 6I Publicola n'est d'ailleurs voqu qu'
l'occasion du mariage de sa fille, mais ne joue plus aucun rle par la
suite, comme s'il avait disparu ou n'avait pas voulu raliser ce que le
christianisme maternel exigeait de lui.
Ces divergences s'expliquent peut-tre par les adhsions plus ou moins
rapides et enthousiastes des proches de Mlanie au programme austre
qu'elle proposait, srement par le changement d'hrone d'un chapitre
l'autre : en HL, 54, l'auteur veut dpeindre l'attraction irrsistible
exerce par la grand-mre ; en HL, 6r, il fait triompher la petite-fille
de toutes les attaches qui entravaient sa marche vers le Christ, mais
elles peuvent aussi reflter les incohrences de la narration palladienne
et donc rendre fragiles les vellits de construction chronologique. C'est
pourquoi plutt que de procder une synthse trompeuse, nous avons
prfr prsenter un tableau rcapitulatif, qui mette en valeur les quelques
points de repre faciles dater et qui fasse ressortir d'un simple coup
d'il la position-cl de trois vnements: la conversion de Pinien, l'abandon par Mlanie la Jeune et Albine (avec ou sans Pinien) de la Ville de
Rome, le dpart de Publicola pour la Sicile.
Histoire Lausiaque 54
Histoire Lausiaque 6r
242. C. P. HAMMOND, The Last Ten Years .. ., suppose que Rufin quitta Aquile
pour Rome ds 403, encourag par la prsence de Mlanie !'Ancienne et la mort
d'Anastase (p. 397) et que Palladios les y rencontra (p. 398, note I), mais choisit
de n'en point parler : he had no whish to mention the controversy stirred up by
Rufinus in Rome . Nous refusons cette dernire conjecture, car si les prcautions de
Palladios taient concevables en 404-405, elles perdent de leur intrt quinze ans plus
tard au moment de la publication de !'Histoire Lausiaque, d'autant que tout l'ouvrage
est imprgn sinon d'un strict orignisme, du moins de l'enseignement d'Evagre et
que l'auteur n'a jamais hsit louer les partisans de son matre.
243. Traducion R. DRAGUET, Les Formes .. ., t. r74, p. r98 (texte grec, Butler,
p. r47, l. I6-r7). 'O VEltEpo dsigne ou qualifie Publicola dans !'Histoire Lausiaqi,
54, p. r46, 1. r4 et p. 147, l. r6.
MELANIANA
51
conversion de Pinien; M. la J. a
vingt ans (donc avant 407)
pieuses pratiques de M. la J. :
dons de vtements prcieux
NICOLE MOINE
MELANIA NA
53
54
NICOLE MOINE
E. DEMOUGEO'I', Sur les lois du 15 novembre 407, dans RHDFE, 28, 1950, p. 403-412.
O. PERLER, Les voyages .. ., p. 266 sqq.
257. V. GRUME!,, Trait d' tudes byzantines, I, La Chronologie, Paris, 1958,
p. 242. P. Fabre n'a pas utilis le mme comput: les dates de Pques qu'il a adoptes
sont avances de deu:x: ou trois jours par rapport celles de Grumel.
258. AUGUSTIN, Ep. 95, CSEL 34, 2, Vienne, 1898, p. 506-513.
PERI,ER,
Les voyages .. ., p. 70 ; P. COURCELI.E, La Correspondance .. ., p. 582.
259. PAULIN, Ep. 45, 2, p. 380, 1. 26.
260. Ep. 45, 3, p. 382, 1. 15.
26r. Ep. 45, 3, p. 38r, 1. u-r2.
262. Ibid. p. 382, 1. 6-8.
263. P. CouRCEI,I,E, La Correspondance .. ., P 582 et notes 4 et 5.
o.
MELANIA NA
55
puisque la version latine ne porte que ces quelques mots : Defunctus est interea pater
eius (Rampolla, p. 7, 1. 9), alors que la version grecque transmet ici les dernires
paroles du dfunt (Gorce, p. I38-140), qui ne seront au contraire relates qu'au
chapitre I2 de la Vie latine. L'antriorit du dcs par rapport l'entrevue avec
Serena est en tout cas admise sans contestation par nos deux documents.
267. Vie, IO (Gorce, p. I44-I46 ; Rampolla, p. 8, 1. 32 et p. 9, 1. I) et I I (Gorce,
p. 146). Des diffrences incontestables existent dans le droulement du rcit, mais
dans les deux cas c'est le soulvement des esclaves de banlieue, vivant auprs du
jeune couple, qui dtermine leur intervention auprs de Serena.
268. Vie, I4, Gorce, p. I54 Le texte latin, Rampolla, p. II, 1. 15-I6, est moins
prcis : Primo enim domum quam in urbe Roma habebant uenundare uolentes .
269. Cf. Appendice D.
270. Les autres sources confirment cette impression : chez Paulin comme chez
Palladios, Albina ne quitte pas Mlanie la Jeune, aussi bien du vivant de Publicola
(en 400, lors du retour de Mlanie l'An,cienne) qu'aprs sa mort (en Afrique et en
NICOLE MOINE
que Mlanie la Jeune continua de vivre, aprs son mariage, dans la maison
paternelle, demeurant soumise ses parents : elle n'allait aux bains que
sur leurs ordres 271 ; malgr son dsir, elle consentit ne pas participer
dans la basilique la vigile de saint Laurent et fut dcouverte dans son
oratoire par les eunuques que son pre avait envoys pour la surveiller272 ;
le lendemain matin, de bonne heure, elle tait accompagne jusqu'au
martyrium par sa mre 273 ; mme aprs la mort de leurs deux petits
enfants les parents n'acceptrent pas de voir Mlanie et Pinien quitter
leurs prcieux vtements2 ' 4 , de sorte que ceux-ci songrent s'enfuir.
Dans ce contexte on comprend mal que Pinien ait pu dilapider sa fortune
foncire du vivant de Publicola.
Quant l'expression de Gerontios, juge savoureuse, il nous semble
hasardeux d'y attacher une grande importance, puisque, sans parallle
dans la version grecque, elle n'est peut-tre qu'une maladresse de l'adaptation latine.
2. L'absence du nom de Publicola dans le Carmen 2I, que Paulin
rdigea la gloire de Flix, mais aussi de la famille des Mlanie, ne
signifie pas en effet ncessairement que Publicola fut dj mort en janvier
407, mais si nous regardons de prs ce pome, nous constatons que Pinien,
illustre descendant du premier consul Valerius Publicola, qui libra ses
concitoyens de la royaut, est lou, lui dont le beau-pre portait prcisment ce nom, par Paulin pour avoir accompli une autre libration,
l'affranchissement de nombreux esclaves 27 5, action mritoire, que la Vie
confirme bien, mais situe de nouveau aprs la mort de Publicola.
MELAN JANA
57
NICOLE MOINE
284. P. FABRE, Saint Paulin de Nole ... , p. 236; P. COURCELLE, La Correspondance ... , p. 561-563.
285. Vie, 21, Gorce, p. 170; Rampolla, p. 14, l. 7-ro.
286. AUGUSTIN, Ep. 124, d. Goldbacher, CSEL 44, Vienne, 1904 p. 12. Le frre
d'Albina, Volusianus, fut galement un correspondant d'Augustin, Ep. 132, 135-138,
ibid. p. 79-80 et p. 89-148.
287. R. THOUVENOT, Saint Augustin et les paens, d'aprs Ep., XLVI et XLVII,
dans Hommages ]. Bayet, Bru:x:elles, 1964, p. 682-690 ; il a t suivi par A. MAN
DOUZE, Saint Augustin .. ., p. 562, note I.
288. R. THOUVENOT, art. cit., p. 683-684.
289. LE NAIN DE TlLI,EMONT, Mmoires pour servir l'Histoire Ecclsiastique
des six premiers sicles, t. 14, Paris, 1709, p. 241, avait aussi choisi de placer en
407 le dcs de Publicola ; or fixer cette date est d'une extrme importance pour
la chronologie de Mlanie la Jeune, comme 1' a bien compris Rampolla, nota r, p. 99103, qui tablit ses calculs, accepts d'ailleurs par la majorit de ses successeurs
qui en ont un peu oubli l'origine, sur cette base fragile,
MELANIANA
59
Melanies nicht die Rede ist, die Hflinge das Paar vielmehr anschlieBend nach
Hause geleitet haben (V.M .. r3) >l.
295. O. SEECK, Regesten .. ., p. 306 et p. 3r2-3r+
296. RAMPOI,I,A, op. cit., p. IOII03.
60
NICOLE MOINE
297. PAULI:S- DE NOLE, Carmen 21, v. 203-209; 251-265 (p. 164-165 et 166),
rdig pour janvier 407.
298. P. COURCELLE, La Correspondance .. ., p. 578 : entrevue qui se laisse dater de
juin-juillet 404 ,>.
299. P. COURCELLE, ibidem, p. 573-576.
300. E. DAMOUGEOT, De l' Unit ... , p. 288 : L'incident ( = visite de Mlanie
Serena) eut lieu au printemps ou l't de 404 car le pre de Mlanie mourut au
dbut de l'anne et la sainte avait attendu cette mort pour faire vu de pauvret J>.
(la rponse de saint Augustin l'Ep. 45 de Paulin n'est pas Ep. 45, cf. note 327 !).
3or. Vie, 12, Rampolla, p. IO, 1. 3-5 : Venite, uidete quam ante hos quattuor
menses uidistis in huius saeculi gloria praefulgentem, nunc autem propter Christum
in sapientia senescentem. '>
302. Sur cei; vnements, Ch. PrE;TRI, Roma Christiana, p. 1305-1310.
MELANIA NA
61
ment que les quatre vques 303 du parti de Jean, qui remirent au Pape
Innocent les lettres et la synodale charges de disculper leur ami et de
renforcer sa cause par l'appui prestigieux de l'vque de Rome, aient t
en nombre suffisant et aient eu le loisir de s'immiscer dans les affaires
mondaines pour tre confondus avec ceux que la Vie latine dpeint :
Serena en effet brlant du dsir de voir Mlanie qui s'tait convertie,
lui expdiait saepissime matronas senatorum et l'invitait per multos ac
beatos episcopos3o4.
L'examen de la situation politique lors de 1' entretien entre Mlanie
et Serena, sans apporter d'lments vraiment dcisifs se rvle galement
plutt dfavorable la thse de Rampolla : Certes l'influence que Serena
aurait exerce au profit de ses protgs ne surprendrait pas en 404, poque
o le rgent Stilicon - dont le nom ou l'action ne sont toutefois pas cits
dans la biographie - se trouvait au sommet de sa puissance, ayant ralli
lui toute l'aristocratie nationaliste de Rome 305 ; mais prcisment,
comme l'ont montr A. Demandt et G. Brummer 306 , les mesures prises
par le jeune couple, avant l'intervention de Serena puis la suite de ses
encouragements, ne pouvaient que dplaire aux snateurs et aux patriotes :
1' animosit du Snat est d'ailleurs signale aussi bien dans l' Histoire
Lausiaque, o 1' on voit Mlanie l' Ancienne, aprs la conversion de ses
petits enfants, combattre les snateurs comme des btes sauvages3 7 ,
que dans la Vie o les parents de Mlanie la Jeune et de Pinien appartenant au Snat s'opposent leurs dcisions et sont menacs de chtiments
par Serena308 . La dispersion d'une fortune gigantesque qui aurait pu
revenir au trsor public 309 , comme plus tard la dlivrance de captifs
303. Ch. PIETRI, ibidem, p. 1301, ne cite pas Eugne de Phrygie (PALI,ADIOS,
Dialogues I, d. Coleman-Norton, p. 7, 1. 26-29 : 'Euy!':vw q>puyia, 1. 29).
304. Vie, II, Rampolla, p. 9, 1. 15 et 1. 13.
305. E. DEMOUGEOT, De l' Unit ... , p. 285 sqq.
306. A. DEMANDT et G. BRUMMER, Der Prosess ... , p. 479-502. Dans cet intressant
article qui tudie la condamnation de Serena, les auteurs utilisent les informations
recueillies dans la Vie de Sainte Mlanie et numrent les motifs conomiques,
politiques, sociaux et religieux, qui expliquent la mort de l'pouse de Stilicon.
307. HL 54, Butler, p. 147, 1. 8-ro; Draguet, p. 198, 1. 21-23 (avec rfrence
I Co 15, 32).
308. Vie, 12, Gorce, p. 152 ; Rampolla, p. 10, 1. 15-16. Vic latine, 19, Rampolla,
p. 13, 1. 20-2r. Dans la version latine Serena propose aux jeunes gens de faire punir
ceux qui mettaient des obstacles la ralisation de leurs projets : Si est uoluntas
uestra, modo faciam eos condemnari et substantiam eorum publica auctoritate
subiugari (!. 17-18); dans la version grecque seul Svre, le frre de Pinien, est
menac.
309. Vie grecque, 19, Gorce, p. 166; Vic latine, 34, Rampolla, p. 18, 1. 27 sqq. :
Un Prfet de la Ville, paen, identifi avec Gabinius Barbarus Pompeianus, en
accord avec le Snat, dcida que les biens du couple seraient confisqus. Sur cet
pisode, A. CHASTAGNOI,, Les Fastes ... , p. 266 et A. DEMA:N"D'l' et G. BRUMMER,
qui en contestent la chronologie (art. cit., p. 49r sqq.); S. lYIAZZARINO, La conversione
del Senato, dans Antico, tardoantico ed ra costantiniana, I, Citt di Castello, 1974,
62
NICOLE MOINE
par des tractations directes avec les Barbares 310 , qui rappelle d'une
certaine manire la conduite de Stilicon, forant le Snat livrer quatre
mille livres d'or Alaric, en dpit de l'hostilit de la plupart de ses membres
des versements aussi coteux et humiliants 311 , devaient dplaire aux
dfenseurs de l'ordre ancien et entraner la chute de Serena, alors que
cette dernire ne partageait peut-tre pas la fin de sa vie les opinions
de Stilicon, mais s'tait rapproche d'Honorius 312 et fut certainement
innocente du crime de haute trahison dont on l'accusa313 .
Notre rfutation de Rampolla serait videmment affermie, si nous
pouvions dmontrer que l'hypothse d'une audience palatine en 407-408
explicite des points demeurs jusqu'ici obscurs. Or nous pensons que
cette solution prsente effectivement plusieurs avantages : elle ne nous
oblige pas bouleverser l'ordre chronologique d'un document o beaucoup
ont voulu voir un tmoignage exceptionnel sur la fin du monde antique 31 4 .
P. Courcelle, qui avait repris la date de 404 pour la visite Serena, tait
contraint d'accuser Gerontios et plus encore Rampolla d'tablir ((un
strict synchronisme >> entre cet vnement et la mort de Publicola ; dsormais nous disposons de plusieurs mois, sinon de quelques annes, priode
pendant laquelle Mlanie et Pinien apprirent se dtacher des richesses,
suivre une ascse de plus en plus rigoureuse et commencrent vendre
leurs biens 315 . Quant C. P. Hammond, dont le raisonnement nous
parat s'appuyer sur une mauvaise lecture de !'Histoire Lausiaque, puisqu'il admet que Publicola eut un fils 316 , il dnonce le schma<< tendancieux
et artificiel de la V ie 317 , en se fondant sur Le Nain de Tillemont318 ,
p. 383-388 ; La notice de R. VON HAELING, Die Religionszugehori.gkeit der hohen
Amtstrager des romischen Reiches seit Constantins I Alleinherrschaft bis zum Endc
der Theodosianischen Dynastie (325-450 /5 n. Chr.), Antiquitas, Reihe 3, Band 23,
Bonn, 1978, p. 402-403, ne modifie pas la vision traditionnelle de l'pisode (contra
Ch. PIETRI, Roma Christiana ... , p. 443-444).
310. Vie grecque, I9, Gorce, p. I68; Vie latine, 34, Rampolla, p. 19.
31r. ZOSIME, Historia Noua V, 29, d. L. Mendelssohn (Leipzig, 1887 = Hildesheim, 1963), p. 253, l. 8-22 - p. 254, l. 1-16; PHOTIUS, Bibliothque, 80 ( Olympiodore), d. R. Henry, coll. des Un. de France, t. I, Paris, 1959, p. I68, 1. 17-25.
L'tude des sources de Zosime a t effectue par J. F. MATTHEWS, Olympiodorus
of Thebes and the History of the West, dans ]RS 60, 1970, p. 79-97 et F. PASCHOUD,
Cinq tudes sur Zosime, Paris, 1975, p. I39 sqq.
312. ZOSIME, V, 28, p. 251, l. l-5 ; V, 29, p. 254, 1. 4-9; V, 35, p. 262, 1. 8-10.
S. MAZZARINO, Serena e le due Eudossie, dans Quaderni di Studi romani, VII, Donne
di Roma Antica, Rome, 1946, p. 10-13; E. DEMOUGEOT, De l'Unit ... , p. 372 sqq,
critique l'opinion du savant italien, qui cependant a t reprise sous une forme
diffrente par A. DEMANDT et G. BRUMMER, art. cit., p. 48r.
313. ZOSIME, V, 38-29, p. 265-267.
314. A. CHASTAGNOL, La Prfecture ... , p. 15.
315. Vie, 7-10.
316. Art. cit., p. 417 et notre note 194.
317. Ibidem, p. 417, note 5.
318. Mmoires ... , t. IO, Paris, 1705, p. 824 : Sur le temps de la mort de Publicola ... ~
MELAN JANA
dont les mrites furent incontestables, mais qui disposait d'un texte
dfectueux 319 et qui avait construit une chronologie des Mlanie aujourd'hui largement dpasse.
De plus les divergences entre la Vie grecque et la Vie latine, particulirement graves et abondantes cet endroit, trouvent peut-tre dans
cette nouvelle lecture un dbut d'explication : on sait en effet que dans
son discours au palais Serena admirait le changement d'existence de
celle qui brillait nagure dans le monde, et que le texte latin de Rampolla
porte quatre mois l o le texte grec crit quatre ans 320 . Au cas o la
premire mention serait bien confirme dans une dition soigneusement
tablie, on pourrait se demander si l'un des deux adaptateurs n'a pas
modifi l'original, parce qu'il suspectait ce dernier d'avoir mal dat l'entrevue avec Serena. ]'aurais d'ailleurs tendance donner raison la source
grecque, Serena ayant eu le loisir de contempler Mlanie la Jeune Rome
en 404, avant qu'elle ne se soit dpouille de ses somptueux vtements,
ayant eu maintes occasions d'apprendre sa conversion et de souhaiter
avec ardeur la rencontrer, alors que la version latine se montre bien emphatique cc iam ex mitlto tempore ualde cupiebat et desiderabat uidere beatissimam 321 )). A. d'Als avait dj accord sa prfrence au grec, mais son
argumentation, admise et simplifie par Gorce 322 ne nous convainc
gure : cc Si l'on rflchit toutes les choses qui ont d se passer depuis
la dernire apparition de Mlanie la Cour, on estimera que le laps de
temps de quatre mois, indiqu en latin, ne peut pas suffire 323 )) ; en effet
la plupart des vnements rpertoris par cet auteur (grossesse, deuils,
luttes avec Publicola) nous semblent devoir tre situs avant que Mlanie
n'ait manifest au monde ses ambitions d'une vie diffrente.
Ainsi accepter de placer en 407-408 la dmarche de Pinien et de Mlanie
la Jeune auprs de la nice de Thodose et continuer d'accorder sa confiance au rcit de Gerontios nous amnent trois conclusions un peu
inattendues.
r) Publicola dt mourir en 405 ou 406 et nous choisirions volontiers
cette dernire anne, qui est bien adapte la chronologie des lettres
changes entre Paulin et Augustin sur ce sujet.
2) A cette poque Mlanie !'Ancienne vivait encore, mais dsormais
nous perdons sa trace. Si son passage en Afrique fut bien une tape sur
la route du retour Jrusalem (Publicola l'aurait accompagne jusqu'en
319. D. GORCE, Introduction, p. 20 et p. 45-54.
320. Vie, 12, Rampolla, p. IO, 1. 3 ; Gorce, p. 148.
32r. Vie latine, II, Rampolla, p. 9, 1. ro-r r. Un peu plus loin (1. 12) l'auteur
parle d'une subita conuersio. L'expression convient assez bien, si l'on admet que la
mort de Publicola fut un vnement dcisif, favorisant les dcisions spectaculaires
des jeunes gens.
322. Note, 8, p. 148-149.
323. Art. cit., p. 408-409.
NICOLE
~MOINE
MELAN JAN
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NICOLE MOINE
APPENDICE A
EvAGRIOS D'ANTIOCHE
330. Il est amusant de constater que, pour Palladios, Olympias fut une disciple de
:Mlanie l' Ancienne et un modle pour Mlanie la Jeune, qui se dpouilla de ses
soieries comme l'avait fait aussi la servante du Christ Olympias >l. En outre Mlanie
la Jeune fut accueillie Constantinople par Lausus, puis rencontra Thodose, Eudocie (Vie, 53 sqq), alors que son oncle Volusianus, envoy l-bas comme ambassadeur
(A. CHASTAGNoL, Les Fastes .. ., p. 276-279), y mourait. Ch. PIETRI, Esquisse .. .,
p. 288-305 a insist juste titre sur l'importance des relations entre Occident et
Orient, la fin du rv et au dbut du ve sicles, et bien montr comment elles furent
facilites par les dplacements et les liens de parentle des riches aristocrates.
MELANIANA
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MELANIA NA
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NICOLE MOINE
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7I
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NICOLE MOTIVE
des mrites de l' Antiochien : << Cui us ego pro Christo laborem si arbitrer
a me dici posse, non sapiam, si penitus tacere uelim, uoce in gaudium
erumpente non possim )) (p. 8, 1. 26-29 et p. 9, 1. r) et il s'crie alors :
<<Quis enim ualeat digno canere praeconio ... ,,, dvoilant l'action contre
Auxence et celle en faveur de Damase, regrettant avec une citation de
VIRGILE, Gorgiques, IV, r47-r48, de ne pas pouvoir s'tendre sur ces hauts
faits (p. 9, 1. 7-8). Furent-ils contemporains de la dmarche d'Euagrios
auprs de !'Empereur pour obtenir la femme de Verceil la libert ?
Furent-ils antrieurs ou postrieurs ? Toute la construction chronologique
de Ch. Pietri repose sur le postulat du synchronisme (avant lui, J. WITTIG,
Papst Damasus .. ., p. 3r) : un de ses arguments pour dater le procs de
Damase en 374 vient de ce que Jrme signale en mme temps la dfaite
d' Auxence, qui meurt l'automne 374 et la victoire de Damase (p. 420,
note I). Il situe l'intervention contre Auxence 1' occasion d'un sjour
de Valentinien Milan et comme l'Empereur ne fut prsent dans cette
ville qu'en 364, 368 et dans les premiers mois de 374 (fvrier; cf. O.
SEECK, Regesten .. ., p. 218, 234 et 244), prfre cette dernire date, rfutant
l'objection qu'il formule lui-mme, qu'Euagrios aurait pu rencontrer
Valentinien Trves (contra P. Courcelle), en faisant remarquer qu'vagre
dfendait << une autre cause auprs de !'Empereur '' et que<< juridiquement
l'affaire qui parat assez rcente .. ., assez banale, ne mritait pas un long
voyage et ne permettait pas un appel ; elle se dnoue en Italie du Nord,
Milan, sur une intervention d'vagre, qui capte au bon moment, peu
de temps aprs l'excution manque, 1' attention et la bienveillance
impriales'' (p. 804, note). Or notre avis, F. CAVALLERA, Saint J rome .. .,
I, p. 22, note r, a raison de penser que l'action en faveur de la femme
de Verceil est assez ancienne : les expressions utilises par Jrme, les
rserves qu'il formule avant de rdiger cette lettre semblent bien supposer
<< un certain recul '' (Ep. r, r, p. 2, 1. 5-8 : << Saepe a me ... postulasti ut de
eius rei miraculo quae in nostram aetatem inciderat non tacerem. Cumque
ego id uerecunde et uere, ut nunc experior, negarem ... )). C'est pourquoi
la traduction de J. Labourt: << Praesentis tantum rei fine contentus sum ))
(p. 9, 1. 9) : <<il me suffit de dire comment se termina l'vnement actuel)),
j'eusse prfr << 1' affaire prsente )) (= celle qui fait 1' objet de la lettre).
Avouons en outre notre surprise de voir qualifier de << banale' mme
si les procs d'adultre sont frquents, l'histoire merveilleuse et invraisemblable d'une innocente, longtemps inaccessible aux atteintes du bourreau
et qui, frappe mort, ouvre les yeux, alors qu'elle allait tre mise en terre,
puis est sauve par un dguisement masculin (cf. CAVALLERA, op. cit.,
p. 27 : une extraordinaire aventure, un vrai conte, digne des plus fameux
que rapportait la fable et pourtant vrai. .. )) !! ; Y. M. DuVAL, Ambroise,
de son lection sa conscration, dans Ambrosius Episcopus, II, Milan,
r976, p. 260-261 : << cette lettre est trop romance pour qu'on puisse en
extraire autre chose que des obiter dicta ... )).
Il est amusant de constater que ni M. DELCOURT, Le complexe de Diane
dans t'hagiographic r:!ir#ienne, df;l,ns RHR, l5J, 1958, p. l-33, rli E;. PATI.A-
MELAN/ANA
73
APPENDICE C :
LE CHAPITRE 28 DE LA ((VIE DE SAINTE MLANIE)) (LA JEUNE)
Nous nous demandons si Gerontios n'a pas donn lui-mme une explication son trange mutisme sur Mlanie 1' Ancienne. Au chapitre 28,
voulant prouver le zle pour la foi orthodoxe qui atiimait l\!lanie la
74
NICOLE MOINE
MELANIANA
75
(Vie, 35, Gorce, p. 192; Rampolla, p. 20, 1. 18), puis, aprs un sjour
en gypte, Mlanie la Jeune habita bien sur le Mont des Oliviers, mais
dans une cellule qu'elle avait commande sa mre (Vie, 37, Gorce, p. 196 ;
40, Gorce, p. 202, Rampolla, p. 22, 1. 32-p. 23, 1. l) ; en outre ils rendirent
visite, Bethlem, l'implacable adversaire de Mlanie 1' Ancienne,
Jrme : la rencontre eut lieu quelques annes seulement aprs que le
moine de Bethlem eut accus avec une haine et un mpris tenaces les
principaux partisans d'Origne, dont beaucoup pourtant avaient cess
de vivre (JROME, Ep. 133, 3-4, d. J. Labourt, t. 8, p. 53-54). Si nous
ajoutons que Palladios crit vers 419-420 comme s'il ignorait que Pinien
et son pouse avaient quitt l'Italie, rsid en Afrique, puis gagn la
Palestine, alors que l'arrive du couple, mme appauvri, dut faire grand
bruit Jrusalem, et partir de cette ville cosmopolite, dans tout l'Orient,
on peut s'interroger sur ce revirement.
Plusieurs historiens ont t sensibles ce problme (Citons, par exemple,
J. BROCHET, S. Jrme et ses ennemis, tude sur la querelle avec Rufin
d'Aquile et sur l'ensemble de son uvre polmique, Paris, 1905, p. 477,
note 3, qui aperoit l'influence apaisante qu'Augustin aurait exerce
sur la jeune femme, dont il fait d'ailleurs la fille de Pinien (sic!), lors de
son sjour africain; P. ANTIN, Essai sur S. ]rome, Paris, 1951, p. 217,
se plait croire cc que l'amiti noue avec Mlanie la Jeune et son poux
Pinien, passs l'asctisme, semble une rconciliation avec les ombres
abhorres de Mlanie l' Ancienne et de Rufin... et que le pardon des
injures montait dans l'me de Jrme comme une mare ... n, tandis que
D. GORCE, Introduction, p. 67, estime que le silence de Gerontios, ou
plutt de Mlanie la Jeune, ne cache peut-tre que cc la paix profonde
d'une me qui est parvenue dpasser, oublier ... les rivalits, les violences, les injustices; C. P. HAMMOND, The Last Ten Years .. ., p. 383,
pense qu'il y eut dj Rome, autour de 404, une rconciliation entre
les deux camps antagonistes et crit de son ct : cc That the younger
generation Albina, Pinian and Melania, were anxious to put an end to
the quarrel is shown by the fact that they established good relations
with Jerome after their arrival in Palestine ... ). Mais leurs explications,
un peu moralisantes et toujours optimistes, ne nous satisfont pas pleinement : pourquoi le biographe, si soigneusement inform de bien des faits
et gestes de Mlanie, a-t-il galement nglig de rappeler le dbat que
celle-ci avait accept pour ramener Plage dans l'orthodoxie (AUGUSTIN,
De gratia Christi et de peccato originali, d. C. Urba et J. Zycha, CSEL 42,
Vienne, 1902, p. 125-206 = B. A ug. 22, Paris, 1975, p. 52-269) et la
visite qu'elle rendit en 419 (J. N.D. KELLY, Jerome .. ., p. 328) Jrme
(Ep. 143, z, d. J. Labourt, t. 8, p. 99, 1. I4-l6: cc Sancti filii communes
Albina, Pinianus et Melania plurimum uos salutant ), alors que plus tard
il n'a pas craint de dcrire les bonnes relations qu'elle avait noues avec
Paula la Jeune (Vie, 40, Gorce, p. 204; Rampolla, p. 23, 1. 7 et Vie, 68,
Gorce, p. 265 ; Rampolla, p. 39, 1. 14) sinon parce que Mlanie aurait,
dans certaines circonstances, qu'il serait bon de prciser, dcid de renier
l'hritage de son aeule ?
NICOLE MOINE
MELANIANA
77
APPENDICE D
LA (( DOMUS V ALERIORVM
IN
CAELIO ))
NICOLE MOINE
l'oi!ELANIANA
79
domus.
Il n'en reste pas moins que le texte grec attribue explicitement la
possession de cette demeure Pinien. Dans l'tat actuel de la discussion
sur l'anciennet et la valeur des deux versions, grecque et latine, de la Vie,
cette mention nous semble dcisive : il serait bien sr intressant de
vrifier si l'un ou l'autre manuscrit latin confirmait cette attribution,
et en cas de rponse ngative de chercher les mobiles qui ont pouss l'un
ou l'autre adaptateur ajouter ou retrancher cette prcision.
Nicole MOINE
Sr
Much critical opinion of the last three decades has held that Augustine
did indeed affirm the Incarnation in 386 2 . But here, Madec's point is
applicable: that he affirmed the Incarnation does not tell us what mingling
of dogma and N eoplatonist philosophy took place in that affirmation.
That he confessed the Incarnation does not tell us how he understood it.
Sorne confusion on these two points, the 'that' and the 'how,' has
occurred in scholarly work. One senses that the long-sought demonstration of Augustine's adherence to the \Vord-made-flesh has sometimes
overridden the matter of how doctrine and philosophy combined in his
thinking. l\Iore particularly, Augustine's admission that he held a
' Photinian ' view of Christ' s person as late as the spring or summer,
386 (Confessions VII, 19, 25), has sharpened the interest in his avowal of
the Incarnation just a few weeks later. His sudden acceptance of the
Word-made-flesh has tended to push aside questions of how 'philosophical' his reading of the Incarnation was, or of possible carry-overs from
the Photinian outlook. Thus, J. J. O'Meara has seen the doctrinal
acceptance of Incarnation as thorough and sudden, and heavily contrasting to Augustine's previous view :
The interval of Platonist presumption, when Augustine felt himself one of
the few, and rejccted Christ as the way of authority for the many, was quickly
succeeded by subrnission to Christ and a lifetime of confession'
82
WILLIAM MALLARD
WILLIAM MALLARD
Yet the point is not whether one could ' pass for Christian. ' As Augustine recalls his own struggle, he would have had very little comfort
in 'passing for Christian.' We know that the Photinian issue was a
serious matter to Ambrose, and surely to Augustine himself (as the
passage just quoted from Confessions VII, I9, 25 remembers it) 12
Rather the point of interest, historically and theologically, is not whether
Augustine was technically Catholic, but what-as a matter of fact-he
did at this point believe.
T. Van Bavel, in his noted work on Augustine's Christology, is an
exception to the approaches cited above, for he takes care to assess the
early Christological passages and is not content to see them simply as
conventional indicators of a full Christian confession13 That is, he
admits that the early statements are part of an evolution towards ' une
pntration complte de la thologie chrtienne, ' and therefore do
not reveal Augustine's mature ' attitude personnelle envers le Christ14 . '
The ' how ' of the confession, with its mingling of philosophical and
doctrinal elements, is significant-in the sense that it is undeveloped.
Van Bavel's chief aim is consequently to acknowledge and account
for the peculiarities in the early formulations :
" ... nous ne nions pas qu'il y ait des aspects plus importants dans le Christianisme, ni mme qu'Augustin ne saura que plus tard saisir leur importance. Mais
s'il les a passs sous silence, est-ce ncessairement par dfaut de Christianisme
ou par mconnaissance de la doctrine chrtienne ? [Or again :] ... est-ce si mal
pour quelqu'un qui vient de se convertir et qui n'est encore qu'un lac ?15 ,,
Thus Van Bavel is finally not helpful for analyzing and evaluating the
young convert's particular combination of doctrine and platonizing
thought. Rather, his interest is simply in defending Augustine as being
within the Catholic faith, despite his inchoate Christological formulations.
The platonizing is of no interest in itself, but is only a source of possible
embarrassment that Van Bavel feels justified in excusing the young
catechumen. The point, however, is not to argue that the 'how' of his
understanding can be classified ' Christian ' (a point Madec declares laid
to rest), but to ask via Christian theological criteria what the ' shape '
of his understanding actually was. Within what broadly may be called
a Christian conversion, numerous variations are possible of attitude,
conceptual structure, and intent. Those variations are highly important
for indicating the growth of the convert and also for shedding light
upon the notion of ' Christian, ' within which the variations occur.
Probably the most critical evidence for the ' shape ' of the recent
convert's Incarnational understanding occurs in the dialogues at Cassiciacum, which must now be reviewed.
II
Much scholarly attention has already been paid three particular passages
from Cassiciacum, referring obYiously to the Incarnation. In the first
of these, Augustine has just been lauding the Platonic tradition in philosophy, now seen to include the wisdom of Aristotle as pertains to the
soul.
" ... Non enim est ista huius mundi philosophia, quam sacra nostra meritissime
detestantur, sed alterius intelligibilis, cui animas multifonn.ibus erroris tenebris
caecatas, et altissinris a corpore sordibus oblitas, nunquam ista ratio subtilissima
revocaret, nisi summus Deus populari quadam clementia divini intellectus
auctoritatem usque ad ipsum corpus hum.anum declinaret, atque submitteret,
cujus non solum praeceptis, sed etiam factis excitatae animae redire in semetipsas et respicere patriam, etiam. sine disputationum concertatione potuissent16. "
In the second passage, Augustine has just made reference again to the
accord between ' true ' philosophy and the authoritative ' mysteries ',
with authority enabling us to know the philosophie First Principle
specifically as God-Father, Son, and Holy Spirit. He then goes on :
" ... Quantum autem illud sit, quod hoc etiam nostri generis corpus tan tus
propter nos Deus assumere atque agere dignatus est, quanto videtur vilius,
tanto est clem.entia plenius et a quadam ingeniosorum superbia longe lateque
remotius 1 7 "
r6. Contra Academicos III, 19, 42 ; B.A., 4, p. 198.
17. De Ordine II, 5, 16 ; B.A., 4, p. 390. Solignac and O'Meara hold that a pre
yious phrase in this passage, speaking of tb,e Firs1; Principle and the intellect that
86
WILLIAM MALLARD
dwells therein ( ... quod sit omnium rerum princ1pmm sine princ1p10 quantusque
Madec has already spoken well to the point in responding to these lines.
He rightly insists Augustine did not later indict in the Confessions an
Antiochean Christology, in indicting his own former view. Rather
he indicted 'la mconnaissance du mystre du Verbe incarn, la rduction
de la personnalit du Christ sa dimension humaine ' 21 . Also, Madec
finds the three crucial passages cited above hardly consistent in summoning up an Antiochean logos-anthrpos outlook :
<< Si l'on tient cataloguer les textes de cette faon, le premier d'entre eux
prsenterait plutt une form.ule du type alexandrin du Logos-sarx :
... nisi surnmus Deus populari quadam clementia diuini Intellectus auctoritatem usque ad ipsum corpus humanum declinaret, atque sununitteret ...
De mrne, le second texte parle de l'assorn.ption d'un corps par Dieu, sans
mentionner l'me ou l'esprit humain : ... quod hoc etiam nostri generis corpus
tantus propter nos Deus adsumere atque agere dignatus est ...
En devrions-nous conclure qu'Augustin est maintenant apollinariste avant
de redevenir photinien quelques heures plus tard ?
Illa ergo auctoritas diuina ... ipsum hominem agens ostendit ei, quousque se
propter ipsum depresserit.
On peut estimer avec A. Grillmeier que les premires formules christologiques
d'Augustin sont tellement insatisfaisantes qu'un esprit rn.al dispos pourrait
trouver dans ses crits des erreurs totalement opposes. 22 ,,
Madec has shown without question that O'Connell has wrongly molded
these three passages into a single 'Antiochean' view. How they could
be seen as coinciding with Confessions VII, 19, 25, is indeed difficult to
fathom. In addition, we may sympathize with the comment included
above from Grillmeier and with the observation by Van Bavel, which
Madec quotes :
Il ne serait pas non plus bien difficile d'interprter plusieurs de ces termes
[i.e., hominem suscipere, hominem agere, corpus agere, etc.] dans un sens
htrodoxe ! Contentons-nous donc de constater qu'il n'est pas question ici
d'htrodoxie ...
.
On the other hand, it is not necessary for Madec to combine with his
criticism the implication that the three passages are Christologically
formless and offer no doctrinal consistency at all. The inapplicability of
refined standards of orthodoxy does not mean we are at a loss for a
Christological profile in these passages. The initial question is not
one of orthodoxy, but asking in a mu ch simpler and more elementary
fashion the form and imagery by w hi ch the view of Christ is expressed.
If the sentence summarizing Augustine's ' Photinianism' is recalled
2r. Confessions VII, p. 126.
22. Confessions VII , pp. 125-126. C:f. A. GRILLMEIER, S. J ., Christ in Christian
Tradition, trans. by J. S. Bowden (London : A. R. :Mowbray, 1965), p. 321.
23, Recherches, p. 7.
WILLIAJI MALLARD
88
for a moment, the contrast with the Cassiciacum material will better
appear:
" ... quia itaque uera scripta sunt, totum hominem in Christo agnoscebam, non
corpus tantum hominis aut cum. corpore sine m.ente anim.um., sed ipsum. hominem., non persona ueritatis, sed magna quadam naturae humanae excellentia
et perfectiore participatione sapientiae praeferri ceteris arbitrabar 24 "
' ... by a certain great excellence of human nature and a more nearly
perfect participation in wisdom, to be preferred ... ' If in this Confessions
passage Augustine accurately recalls his unwitting ' Photinian ' error,
then we have a pre-conversion view to contrast with the post-conversion
expressions at Cassiciacum25 . Evidently the key term in the ' Photinian' passage above is 'participatione, ' (' by participation, ' ' by sharing
in'). The excellence of this real human being, this whole human being, is
by 'participatione' in wisdom, i.e., in ultimate, divine truth. As
Solignac has put it :
" ... Augustin ne voyait pas dans le Christ la Vrit par essence, la 'personne de la
Vrit, 'c'est--dire la Vrit devenue accessible aux hommes par l'Incarnation
du Verbe, mais seulement un sage par participation, encore que le mode de cette
participation fut minent. 26 "
If with this 'participatione' in mind the three Incarnational passages
from Cassiciacum are once again considered, it is clear that the form
and agency of participation have been exactly reversed from the ' Photinian' passage. (' ... unless the most High God should bring down and
submit the authority of the divine intellect all the way to a human body
itself... ' ' ... that so great a God for our sakes counted it worthy to
assume and activate even this body of our kind ... ' ' ... that authority
is said to be divine which ... activating a true man, shows him to what
extent it has brought itself low for his sake ... ') Here the picture is
not of a man rousing himself to excellence by participating in divine
authority, but rather the opposite : God is acting to participate downward
in bodily human life. The agency or ' act-or ', and thereby presumably
the initiative, has completely shifted ' round. This shift in agency from
the man participating 'upward' to God participating 'downward' is
24. Les Confessions VII, 19, 25 ; B.A., 13, p. 632.
25. I am assuming that the 'aliquanto posterius' of Confessions VII, 19, 25,
referring to the time that elapsed before his Photinian error was identified to him,
does not carry past the time of the garden conversion, and probably not past the
conversation(s) with Simplicianus. Cf. COURCELLE, Saint Augustin ' Photinien' ,
p. 71, his view of the Simplicianus conversation. Also, cf. references to Courcelle,
du Roy, and Mandouze in MADEC, Confessions VII , p. 107, n. r37, in his response
(pp. 107-108) to O'CoNNELL, Early Theory, pp. 261-267, on the 'aliquanto posterins '.
26. In La christologie d'Augustin au temps de sa conversion , Note complmentaire, Les onfessions, B,A ., r3, pp, 697-698, f, MADEc, onjessions VII,
p.
109,
quite enough to say that a cornerstone of thought has changed for Augustine. A unique ' downward' initiative of singular divine agency could
not emerge within Augustine's strictly philosophical milieu. Undoubtedly, these passages are evidence that Augustine has affirmed the essential
outline of ' verbum caro factum est, ' the Catholic biblical teaching on
the Incarnation2 7
An extra-Neoplatonist factor is thereby most clear in Augustine's
imagery of the unique divine initiative. In this regard, the three christological passages harmonize usefully with the description in Confessions VII, 21, 27, of Augustine's reading the scriptures in contrast to
the N eoplatonist books, and finding there the added element of ' grace ' :
" Itaque auidissime arripui uenerabilem stilum spiritus tui et prae ceteris
apostolum Paulum ... et inueni, quidquid illac uerum legeram, hac cum conmendatione gratiae tuae dici, ut qui uidet non sic glorietur, quasi non acceperit
- quid enim habet quod non accetiit ? ... quis eum liberabit de corpore mortis
huius nisi gratia tua per Iesum Christum dominum nostrum, quem genuisti
coaeternum et creasti in principio viarum tuarum, in quo princeps huius mundi
non inuenit quicquam morte dignum, et occidit eum ... ? hoc illae litterae non
habent". "
It is of considerable interest whether 'illae litterae, ' the Neoplatonist
books that did not ' ha\'e ' grace in them, included some of the work of
Porphyry, or only of Plotinus. Acceptance of the self-humbling Incarnation as a departure from, or supplement to, Plotinus is clear. That is,
Plotinus' view of the ' fall ' and ' return ' of the soul hardly included a
self-abasement of the divine to make the return possible. If Augustine
were reacting also to Porphyry, elements very similar to Christian belief
could have comeinto play, even if only to be refuted. Porphyry's concern
for a via universalis for the purification and liberation of the souls of
the masses is well known, and much discussion has ensued as to whether
Augustine was familiar with this Porphyrean notion prior to his baptism29. Courcelle argues it was the influence of Porphyry's Philosophy
/rom Oracles that suggested to Augustine his unconsciously ' Photinian'
notion of Christ in Confessions VII, 19, 25. Were this the case, then
27. The question may be raised as to whether the three passages offer a proper
outline of Augustine's views on the Incarnation at Cassiciacum -a question of
bath their brevity and their place in the dialogues. Are they merely a conventional addition ? Or, to the contrary, are they an understatement of something
strongly held ? Everything argues the latter, since we know that because of
the nature and purpose of the dialogues, Alypius pressed for exclusion of the name
of Christ in them altogether (cf. Les Confessions IX, 4, 7; B.A., 14, pp. 82-84).
\Vhatever Augustine permitted to stand there would be probably the minimum of
his view rather than a conventional overstatement.
28. Les Confessions VII, 2r, 27; B.A. r3, pp. 638-640.
29. Initial guidance to the literature on the subject appears in SOLIGNAC,
Introduction, pp. ro9-rr2, and in E. TESELLE, Porphyry and Augustine,
Augustinian Studies, 5 (1974), p. rr3, n. r,
90
WILLIAM 1\/IALLARD
Quod autem. subtilissima ratione persequendum est (ita enim jam sum affectus,
ut quid sit verum, non credendo solmn, sed etiam intelligendo apprehendere
impatienter desiderem) apud Platonicos me interim quod sacris nostris non
repugnet reperturum esse confido 1 "
' I want ... to grasp what is true, not only by believing, but also by
understanding'
which goal he has not yet achieved. The doctrine of
the Incarnate Christ, which he has recently corne to accept, comprehends
much that is not yet elucidated. Nevertheless, Augustine even now
understands enough such that 'I am confident ... I am going to find
with the Platonists what does not contradict our sacred mysteries. '
The Incarnation markedly distinguishes Christianity, but is not simply
opaque to reason : He sees sufficient light in the Word-made-flesh to
feel confident that that special philosophy, Platonism, will not finally
contradict his Christian views. Indeed, he is inspired to seek understanding of what he now believes on authority, an understanding surely cast
along Neoplatonist lines.
He has not only accepted the Incarnation beyond the Neoplatonist
philosophers, he has also made some sense of that doctrine - a sense
that promises not to contradict N eoplatonist theory ! How is this
possible ? Evidently, he is distinguishing between the N eoplatonist
teachers, with their omission of Christian grace and Incarnation, and
the fundaments of their thought, which he in principle accepts - as
30. Courcelle's case is found in Saint Augustin ' Photnien' , pp. 63-7r. A
specific phlologcal lnk is offered between Porphyry's Philosophy from Oracles
and Augustine's opening statements t the Confessions passage (pp. 68-69). The
phlological method bears its own limitations, however ; it may be noted in this
case that though several terms are the same, the two sentences make two quite
divergent statements : ... un sage qui a mrit, par faveur divine, de gagner l'immortalit ( ... " prae adipiscenda immortalitate, diitina pro no bis cura tantam auctortatem magisterii meruisse ), (p. 69).
3r. Contra Academicos III, 20, 43; B.A., 4, p. 200,
9I
far as they go. One is reminded of the ambivalent and evasive comment
in the Soliloquia, also at Cassiciacum, that if the statements of Plato
and Plotinus concerning God are true, it does not necessarily follow that
they really knew those things 32 . And his own pressing motivation is
precisely to know God (and the soul). The implication is that essential
Neoplatonist principles concide with certain Catholic biblical teachings,
but that the full scope of the latter will transcend the former, will offer
rich content over and above the views that the Neoplatonists and the
Catholics share.
How then does his grasp of the Incarnation indeed invite platonistlike reflection, despite the doctrine's extra-Neoplatonist role ? For
one thing, the context of the first of the three passages above (Contra
Academicos III, rg, 42) so indicates. There, just prior to the Incarnation
reference, Augustine alludes to the happy issue of certain new and discerning discussions of philosophy :
" ... eliquata est, ut opinor, una verissimae philosophiae disciplina. Non enim
est ista huius mundi philosophia ... sed alterius intelligibilis, cui animas multifonnibus erroris tenebris caecatas, et altissimis a corpore sordibus oblitas, nunquam ista ratio subtilissim.a revocaret ... "
That is, the most subtle reasoning would never have recalled blinded
souls to that one true philosophy (of the intelligible world) had not, as
we have seen, the most high God submitted the authority of the divine
intellect to the human body. The Incarnation thereby serves as God's
gracious self-humbling means to an end that is Neoplatonist - or better,
an end on whose general nature Neoplatonist principles and Christianity
do not contradict. In fact, the Incarnation is the manifestation on
earth, in a human body, of the Neoplatonic nos, i.e., 'the authority
of the divine intellect. ' In an illuminating study of this entire passage,
R. Halte concludes :
"A propos des diverses dfinitions du tlos, ce texte atteste directement qu'Augustin, la suite d'une longue tradition patristique, a identifi le vou,-intellectus
no-platonicien avec le Christ, qui est galement considr comme porteur du
mundus intelligibilis 33 .
"
92
WILLIANl MALLARD
93
94
WILLIAM MALLARD
tonist vs. Catholic, in a current form, and then attempt to make the
Augustinian material answer that current question. For example,
was the young convert a believing Christian who employed select Neoplatonist concepts in speaking of his faith ? Or was he a CiceronianNeoplatonist philosopher who permitted himself certain symbolic,
legendary, Christian expressions ? The latter question certainly challenges the integrity of Augustine's conversion to Catholic membership,
and the integrity of his nascent theology (not to mention the validity
of the account in Confessions VII-VIII).
Yet the integrity of theology today, as assumed in the above questions,
means its distinction from essentially philosophical, or liberal-cultural
modes of thought. The integrity of theology in the late 4th to 5th
centuries lay rather in its resistance to a broad, pagan, polytheistic
residue, just under the veneer of a Christian baptism of the Empire.
The issue for Augustine was not therefore, whether the essence of Neoplatonism would synthesize with Catholic doctrine (with one or the other
tending to gain the upper hand) 41 . The issue was whether the residual
pagan world, or the Catholic world, was going to claim as its own the
elements of simple, eternal truth found in the Neoplatonist books. The
line of reasoning was of this sort : One single, eternal Truth of God persists forever. A disclosure of that Truth appears in Catholic-biblical
teaching ; an important abstraction, or partial-saying, of the same Truth
appears in the Neoplatonist writings. Yet the very Neoplatonist authors,
especially Porphyry, resisted Christian faith, while allowing theurgic
practice and acknowledgement of demons. Will the Truth of God be
mingled with pagan practice, by indulgence of its own authors ? Or
will the Truth of God be claimed by the biblical-Catholic world, where
it rightly belongs ? The gold of God's Truth endures, wherever found,
and whether or not abused by ' Egyptians ' ; one will therefore daim
the gold as one's own, without at the same time succumbing to the
' Egyptian food ' associated with it (idolatrous paganism residual in the
Empire and in the Neoplatonist thinkers; cf. Confessions VII, g, 15).
This Augustinian issue of claiming God's single Truth, as contrasted
with present-day theological concerns, may be summarized as follows :
r. A primary theological issue for Augustine was the opposition between,
on the one hand, polytheism. and associated philosophies, and on the other
hand, a reasoned Christian faith at once apologetic and confessional.
z. The question of Neoplatonist truth was whether it would be claim.ed and
appropriated by polytheism or by Christian faith (where Augustine thought it
belonged).
4r. Cf. G. MADEc, Christus, Scientia et Sapientia Nostra , Recherches Augustiniennes, X (r975), p. 78 : ' ... on conclut couramment qu'Augustin s'est livr
une entreprise de synthse entre le noplatonisme et le christianisme. Or cette
formule me parat doublement ambigu ... Il s'applique prciser l'identit et la
diffrence entre les deux doctrines ; il ne s'occupe pas d'en faire le mlange et la
synthse.
95
96
WILLIAM MALLARD
towards the world. Thus one may reflect on Godin a platonizing manner
without contradicting his self-giving nature in the Incarnation. The
' God is One' of the platonizing books fits into the richer, more complex,
and typically Augustinian scheme, 'God is Love.'
Within this seemingly useful resolution -a gleam of illumination
within the Incarnational teaching- a certain problem remained. That
problem concerned the person of Christ and the relation of his two natures,
divine and human, within his person. We are already informed by
Van Bavel, to be sure, that Augustine had no early grasp of persona as a
metaphysical concept within Christology, but only as a borrowed image
from the theater.
... Au temps du jeune Augustin, le mot persona tait loin d'avoir atteint la
signification fixe d' individu rationnel subsistant,, ... La signification qui
s'impose ici est apparente l'usage classique de persona dans le sens de masque
de thtre ... "
Augustine therefore did not employ the tenn ' person ' effectively or
centrally in his early Christological comments. Van Bavel notes, for
example, an instance in which Augustine oddly refers to the Incarnation
as the' bearing [by the WordJ of a lower person, i.e., of the human '4 6 .
Augustine stands prior to the Chalcedonian definition ; therefore, it
would be inappropriate to judge his relationship to the Catholic faith
and church of his day by his approach to persona. Van Bavel issues a
characteristic warning :
" ... Qu'on ne cherche pas de spculations sur la manire d'union dans le Christ
[i.e., in the early Augustine] 47 ,,
But Van Bavel closes the door too tightly. Sorne note of the relation
between the two natures is profitable, even at this early stage -though
not by seeking careful definitions, but (as has been said above) by considering the force of imagery. Where was Augustine's 'mind's eye' in
his first Christological references ?
The answer, initially, is that when Augustine writes of the Incarnation
in the Cassiciacum Dialogues, his ' mind's eye' is on the divine nature
of Christ Jesus, not the human nature. As Van Bavel says :
" L'humain parat tre c01nm.e une manifestation extrieure, une forme rvlatrice de la Sagesse.
45. VAN BAVEL, Christologie, p. 7.
46. ... susceptionem naturae inferioris personae, id est humanae. De Genesi
contra Manichaeos II, 24, 37 : Migne, Patrologiae ... Latina (1887) XXXIV, 215
(erroneously states par. 57). VAX BAVEL, Christologie, pp. 6-7.
47. Christologie, p. 6.
97
... Si la Sagesse a assum une ' personne' humaine, c'est que l'humanit du
Christ est la manifestation extrieure de la Sagesse, Verbe de Dieu 48 ,,
Interestingly, such a preoccupation with the divine nature constitutes
a direct reversal of Augustine's pre-conversion state (Confessions VII
19, 25), where his mind's eye was on the man, Jesus, who 'participated
in ' ultimate wisdom. Obviously, at Cassiciacum, the teaching on
Incarnation, as a break with the Neoplatonist philosophers, has taken
firm hold of his imagination.
In another sense, however, a common element with his former ' Photinian ' view does persist, namely, a certain separateness between the
Logos and the human being. In the ' Photinian ' view, focus is upon
a man, attended by divine wisdom. In the Cassiciacum view, focus is
upon God as Logos, submitted to a human body. In each instance,
one element or nature tends to displace the other in the imagery and the
articulation. Even with the avowal of Incarnation, the old problem
-how does the immutable join with the mutable ?- persists in shadow, if not in force49.
Augustine has affirmed the Incarnation. Yet rather than seeing
Christ's person as a simple unity, his intellectual ' eye' is caught by
the divine nos in its self-abasing role ; the ' flesh ' that is assumed,
the full human being of J esus, does not find emphasis. His preoccupation is with a ' neoplatonic ' Logos that could humble itself. The role
of Christ's persan in the conversion therefore remains unclear and will
have to be sought outside this article by other means than comparing
the Cassiciacum passages with his pre-conversion views. Clearly, the
church's later assertion of the persona of Christ as a 'subsisting, rational
individual ' did not intend to introduce a new reality into Christian
faith, but to bring to expression a reality implicit in Christian faith
from the first. In that case, was there in Augustine's conversion to
the Incarnation the implicit force of Christ's persona, essential to Christian
experience ?
p. 98).
98
WILLIAM MALLARD
Such an inquiry into the soteriology of the conversion would not assume,
to be sure, that Christ's person is constituted by a soteriological fonction,
as if the ' person ' were in actuality the ' work. ' For the young Augustine, the work of the Incarnation is most clear, aside from the person.
Rather, the person must be sought out as the indispensable ' other side'
of the work, an essential object within soteriology that sets the horizon
of Christ's saving action.
To summarize in conclusion : The conversion of Augustine significantly
involved the doctrine of the Incarnation, not only in that he accepted it,
but in the manner of his conceiving of it. Furthermore, the most searching question to ask of his concept of the Incarnation is not whether
it was adequate to include him within the Catholic church of his day.
Rather, one asks in principle the shape and substance of his view and
how Catholic teaching and Neoplatonist reflection related to it. Study
of the Cassiciacum passages in comparison with the Photinian admission
of Confessions VII shows that he has crossed a genuine boundary of
belief in affirming the divine participation ' downward ' in human
affairs. Such a repudiation of the Neoplatonist philosophers coincidentally gives rise, however, to a new appropriation of platonizing
reflection within the framework of the Word-made-flesh; namely, the
immutable perfection of deity is now named as an eternal clemency
or mercy, sealed in the self-humbling of Incarnation. Immutability = perfection = perfect goodness = mercy = its actualization in
self-abasement.
Augustine thus did not abandon reason in order to accept authority
in his conversion, but took hold of a new relation between reason and
authority at the very point of the Incarnation doctrine. His reasserted
platonizing thought, in the midst of Christian authority, shielded him
from a brusque sacrijicium intellectus. At the same time, he did not
see clearly the unity of the two natures in Christ's person. The implicit
role of Christ's person in the soteriology of his conversion will have to
be further investigated.
William MALLARD
Candler School of Theology
Emory University
Atlanta, Georgia
IOO
BASIL STUDER
Toutefois il n'est pas inutile d'interroger de notre point de vue actuel les
auteurs anciens, en particulier des thologiens aussi fconds que saint
Augustin. Mme si nous n'arrivions qu' constater qu'ils n'ont pas
exploit toutes les implications de leur pense ou expliquer peut-tre
les raisons pour lesquelles ils n'ont pas approfondi certaines de leurs
donnes, nous clairerions davantage la force de leurs positions thologiques. Certes, il n'est pas vain de se demander pourquoi Augustin
qui pourtant tait trs intress par l'imitas personae du Christ n'tait
pas encore mme de formuler le dogme de l'union hypostatique 3 .
Il n'est pas non plus purement acadmique de chercher les motifs qui
l'ont empch d'appliquer sa notion trs originale de sacrifice, acte
suprme d'amour, la passion du Christ lui-mme 4 D'ailleurs, comme
nous le verrons, dans la question de la justice du Christ, Augustin nous a
laiss une pense non seulement trs riche, mais aussi assez claire, mme
si l'on ne s'en rend pas compte premire vue5.
Pour rpondre la question, savoir ce que signifie pour Augustin
Jsus, l'unique juste pour nous, il faut naturellement tenir compte
de la complexit del' uvre augustinienne 6 D'une part, en effet, Augustin
envisage la justice de Dieu et de l'homme et en particulier celle du Christ
sous des angles trs diffrents. Dans la polmique anti-manichenne
qui le proccupait avant tout pendant les premires annes de son activit
littraire, il aborde le thme de la justice spcialement en vue du problme
du mal, de la valeur de la Loi vtrotestamentaire ou du Dieu qui punit
les hommes 7 La discussion sur l'glise vraiment catholique et sur l'administration des sacrements laquelle les donatistes l'obligeaient jusqu' 412
et mme aprss, l'a conduit non seulement approfondir le rle sanctificateur que l'glise joue dans la justification des hommes, mais aussi
prciser les rapports entre la justice et la charit diffuse dans 1es membres
vivants de l'unique corps du Christ9 Personne ne sera surpris par le fait
3. Voir T. VAN BAVEL, Recherches sur la christologie de saint Augustin. L'humain
et le divin dans le Christ d'aprs saint Augustin (Paradosis, 10) Fribourg 1954,
spcialement 177 s, et W. GEERLINGS, Christus exemplum. Studien ::ur Christologie
und Christusverkndigung Augustins (Tbinger Theologische Studien, 13) Mainz
1978, II8-125.
4 . Voir mon article qui paratra dans les Mlanges C. Vagaggini : Das Opfer
Christi nach Augustins De Civitate Dei , X, 5-6.
rnr
I02
BASIL STUDER
20. Voir C. Faustum XXII (ML 42, 401-466) : la loi et l'ordo naturalis au temps
des patriarches; C. duas ep. Pelag. III, 4, 13 (BAug 23, 496 ss) : la connaissance du
pch au moyen de la lex bona et iusta; ep. 145, 3 (CSEL 44, 268): la loi pdagogique;
C. Faustum XVII, 6 (ML 42, 344) ; la charit, accomplissement de la loi; Spir.
lit. 9, 15 (ML 44, 208 s): la loi et les prophtes qui ont manifest la justice de Dieu.
2r. Voir De bono coniugali (ML 40, 373-396), spcialement, 25, 33-36, 34 (395 s)
et Nupt. concup. (ML 44, 413-474). On notera aussi qu'Augustin traite dj dans
la controverse manichenne les thmes de la justice parfaite et de Jsus, vrai homme,
mais sans pch (avec Rom 8, 3). Voir C. Faustum XVI, 15 (ML 42, 324 s) et XXII, 27
(ML 42, 418 s).
22. Voir C. Faustum XXII, 53 et XXXIII, 9 (ML 42, 433 et 417 s) ; sermo 160, 2
(ML 38, 873 s); Quaest. Simpl. I, 2, 2 (BAug ro, 442 ss). A ce propos, A. MANDOUZE,
S. Augustin. L'aventure de la raison et de la grce, Paris, 1968, 440 s, et note ro dans
BAug 72, 483.
23. Ce principe hermneutique se comprend de soi. Son application consquente
exigerait, cependant, une confrontation plus approfondie de la notion de justice dans
les crits plagiens avec celle d'Augustin.
24. Voir Div. quaest. 83, 31 (BAug IO, 88 ss); Trin. VIII, 6, 9 (BAug 16, 54),
avec la note compl. rr in BAug 16, 583 s; Civ. Dei XIX, 21 s (BAug 37, 138-146).
A ce sujet, H. HAGENDAHL, Augustine and the latins classics (Giiteburg, 1967),
543-545.
25. En. Ps. 145, 15 (CChL 40, zu6). Pour valuer ce texte-ci et d'autres semblables, il faudrait tudier davantage la version latine de la terminologie juridique de
la Bible et spcialement des Psaumes.
26. De ordine II, 7, 22 (BAug 4, 398 ss); De musica VI, 15, 50 (BAug 7, 460 ss).
Voir J. RIEF, Der Ordobegriff des jungen Augustinus, 274 ss.
rn3
entre le sens juridique (antique) et le sens religieux (biblique) de la justice, avec les
textes.
3r. L'importance des Psaumes en particulier ne doit aucunement tre sousestime. Voir ce sujet, l\-I. PONTET, L'exgse des. Augustin prdicateur, Paris, 1945,
387-5 r 4, spcialement 468.
32. Il n'est pas possible d'entrer ici dans la question du paulinisme d'Augustin.
Si l'on voulait prciser en quelle mesure la polmique anti-plagienne a oblig
Augustin recourir davantage aux lettres pauliniennes, il faudrait avant tout tudier
les rapports entre les interprtations de l'ptre aux Romains et des autres lettres
qu'Augustin et les Plagiens nous ont laisses. Voir ce sujet A. SouTER, Pelagius'
Expositions of thirtecn Epistles of St. Paul, London, 1922 /26; P. PLATZ, Der Romerbrief in der Gnadenlehre Augustins, Wrzburg, 1938.
33. Les te:ii:tes les plus importants sont les suivants : Rom l, 17 3, 25 ss 4, 3 ss
5, 5 8, 29 s IO, 3 13, 9 s; Gal 2, 21 5, 6. 14; r Cor l, 30 s; 2 Cor 5, 20. Il est d'ailleurs
remarquable qu'Augustin, plusieurs reprises, a tch d'expliquer avant tout
les grandes lettres pauliniennes qui exposent la doctrine sur la justice de Dieu et de
l'homme.
34. On notera surtout l ]n l, 8-2, 2, 2, 29, 3 IO 4, 7-15.18. Voir ce sujet
D. DIDEBERG, S. Augustin et la Premire pitre des. jean, Paris, 1975, r73-20I.
BASIL STUDER
I.
LA
105
JUSTICE DE r:HoMME
106
BASIL STUDER
107
63. Voir Lib. arbit. I, 12, 25 (BAug 6, 184); I, 17, 27 (BAug 6, 186-190); Ag.
christ. 7, 7 (BAug 6, 384 ss); Peccat. merit. rerniss. II, r8, 30 (ML 44, 169) ; C. duas
ep. Pelag. I, 3, 7 (BAug 23, 324 ss).
64. Voir J. J\IAUSBACH, Die Ethih des hez'ligen Augustinus (Freiburg, 1929 2),
176 s, avec Civ. Dei XIV, 6 s (BAug 35, 368-376).
65. Sermo 70, 3 (ML 38, 444). Voir En. Ps. 48, II, 8 (CChL 38, 572).
66. Voir surtout En. Ps. rn5, 4 (CChL 40, 1555 s), o Augustin explique les
significations diverses du binme iudicium et iustitia. Il en distingue trois : les
deux termes sont synonymes ; ils dsignent soit le juste jugement, soit la juste
action ; la justice se fait actuellement, tandis que le jugement ne se fera qu' la
fin des temps. En outre En. Ps. 93, 18 (CChL 39, 1318); En. Ps. 96, 5 (CChL 39,
1357 s); En. Ps. 98, 7 (CChL 39, 1384 s); En. Ps. II8, 26, r-2 (CChL 40, 1752 ss).
67. Voir En. Ps. 98, 7 (CChL 39, 1384).
68. Voir Civ. Dei XX, 2 (BAug 37, 184 ss); En. Ps. 31, II, 25 (CChL 38, 242 s).
69. Voir Civ. Dei XX, 2 (BAug 37, 186); C. Faustum XVI, 21 (ML 42, 329;
En. Ps. 32, n/r, r-2 (CChL 38, 247 s).
70. En. Ps. 36, III, 5 (CChL 38, 371). Voir En. Ps. 32, II, 2 (CChL 38, 247);
Trin. XIV, 9, I2 (BAug I6, 380); VIII, 9, 13 (BAug 16, 68).
7r. Voir En. Ps. 98, 7 (CChL 39, 1384); En. Ps. 36, III, 8 (CChL 38, 373 s).
72. Voir En. Ps. 31, II, 25 (CChL 38, 242); En. Ps. roo, 6 (CChL 39, 1410 s);
En. Ps. 124, 9 (CChL 40, 1842). Au sujet de la doctrine augustinienne sur le cur
en gnral, note compl. 55, BAug 22, 835 ss (bibliogr.).
73. Comme nous l'avons dj vu, le personnage de Job, le Juste de l'AT, a fait
l'objet d'une discussion remarquable entre Augustin et les Plagiens. Mais nous
retrouvons ce modle moral mme en dehors de textes proprement anti-plagiens.
Voir p.e. En. Ps. 36, II, IO (CChL 38, 353) ; ep. 140, 13, 34 (CSEL 44, 184).
74. Voir De musica 6, 15, 50 (BAug 7, 462); En. Ps. q3, 6 (CChL 40, 2077);
Civ. Dei XIX, 4, 4 (BAug 37, 68); Peccat. merit. remiss. II, 22, 36 (ML 44, 172 s);
De ordine 7, 22 (BAug 4, 398 ss); Lib. arbit. III, rr, 32 ss (BAug 6, 386-390).
rnS
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109
IIO
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Cette justice dont l'homme est revtu n'est pas cependant une chose
purement humaine. Par sa justice, l'homme juste participe plutt la
justice de Dieu100 qui a fait la justice que nous possdons101 . Par consquent, la justice humaine, bien qu'elle soit multiple dans les hommes,
est unique en tant que tous les justes participent la mme justice de
Dieu10 2 Participant cette justice unique, le juste prend part la justice
qui gouverne le monde103 et qui est l'origine de toute paix104. Son
me est le trne de la sagesse ternelle105 . Sa vie est ainsi rgle par
la justice qui est la mesure de toutes choses106 . Son cur est droit par
la rectitude de Dieu lui-mme107 . Il faut mme dire que plus l'homme
est uni Dieu, plus il est juste108 . C'est d'ailleurs en ce sens qu'Augustin
rapproche la justice de l'homme justifi de la dification ou de l'adoption
filiale de l'homme109 Dans cet ordre d'ides se comprend ensuite tout ce
que dit Augustin de la justice-vie110 , de la justice, principe de tout
progrs spirituel111 , et avant tout de la iustitia-salus, savoir de la
justice qui constitue le bien-tre de l'me humaine112 Enfin, il va de
soi que l'homme qui participe la justice de Dieu lui ressemble113 . Par
sa justice il est un titre spcial l'image de son crateur et reflte d'une
manire singulire la beaut de son matre114.
1rr
puissant qui jaillit de la iustitia qua iusti sumus ne peut que s'achever dans
les opera iustitiae115 . La bona voluntas, enracine dans la volont du
crateur, est par elle-mme presse de produire de bonnes uvresll6.
D'une manire gnrale Augustin voit cette action juste dans le fait
que l'homme ne pche pas, soit en tolrant les injustices, soit en s'abstenant d'actes injustes117 . Quand il reste sur ce plan ngatif, il prcise
en plus que l'homme juste accomplit la loi en se sparant de ce sidells,
qu'il s'accuse de ses pchs119 et qu'il combat toutes ses inclinations
mauvaises120 . Dans un sens plus positif, Augustin, pour dcrire les opera
iustitiae, reprend le trinme biblique du jene, de l'aumne et de la
prire121 . En raison de sa haute estime pour la charit il va de soi qu'il
considre avant tout les uvres charitables comme opera iustitiae122.
Suivant le langage de la Bible, il prsente ces actes de la justice comme
sacrificium iustitiae123 , ou parle plus d'une fois tout simplement de
f acere iustitiam124 .
Tout ce que nous avons dit jusqu'ici sur l'attitude, sur la condition
permanente et sur l'action de l'homme juste ne reoit sa signification
plnire que si nous nous rendons compte que pour Augustin c'est un
idal que l'homme ne parvient jamais rafer par ses propres forces.
De fait, ds son enfance, Augustin a senti le poids de la mortalit qui
empche l'homme d'tre juste. Trs tt il s'est appropri le cri de l'aptre:
<<Malheureux homme que je suis ! Qui me dlivrera de ce corps qui me
voue la mort ? ii (Rom. 7, 24) 125 . Toutefois, comme il est bien connu,
115. Voir Perj. iust. 8, 18 (BAug 21, 152 ss). Pour saisir toute la porte de ce
texte, il faut tenir compte qu'il s'agit dans le Perf. iust. de dmontrer que l'homme,
mme baptis, ne peut rester sans pch dans cette vie. Tout en tant devenu
juste par la rmission des pchs, le baptis ne l'est pas parfaitement. Il doit donc
avoir faim de la justice parfaite et actualiser ce dsir par des uvres de justice.
Cf. en outre C. duas ep. Pelag. III, 7, 20 (BAug 23, 524); En. Ps. II8, 26, I (CChL
40, I 753).
116. A ce propos J. lHAFSBACH, Die Ethik des hl. Augustinus, l, 175.
n7. Voir En. Ps. 64, 8 (CChL 39, 831); sermo 159, 6, 7 (ML 38, 871); En. Ps.
48, II, 8 (CChL 38, 572).
II8. Voir sermo 125, 7 (ML 38, 694).
119. En. Ps. 84, 16 (CChL 39, rr75).
120. Voir En. Ps. 143, 6 (CChL 40, 2077).
12r. Voir En. Ps. 42, 8 (CC!zL 38, 481).
122. Voir En. Ps. 49, 12 (CChL 38, 586); ep. 145, 6 (CSEL 44, 271 s).
123. Voir En. Ps. 50, 23 (CChL 38, 615); En. Ps. 4, 7 (CChl 38, 16 s); ep. 140,
33, 77 (CSEL 44, 225).
124. La formule facere ii1stitia1n est typiquement biblique. Elle se rencontre au
Ps 105, 3 et dans I ]n 3, 7. Il n'est donc pas surprenant qu'Augustin lui-mme
l'utilise assez souvent. Voir En. Ps. 105, 4 (CChL 40, 1556); En. Ps. u8, 6, 1 (CChL
40, 1679); Spir. lit. 3, 5 (ML 44, 203); Tract. in ep. Ioan 4, 3 (SChr 75, 222), etc.
125. Voir Confess. VII, 21, 27 (BAug 13, 640); VIII, 5, 12 (BAug q, 32). En
outre Div. quacst. 83, 66, 5 (BAug IO, 246 ss); Div. quaest. ad Simpl. I, I, 14 (BAug
IO, 430).
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BASIL STUDER
n3
134- Voir Peccat. merit. remiss. II, 17, 26 (ML 44, 167); I, 36, 67 (ML 44, 148 s);
En. Ps. 106, 4-5 ( CChL 40, 1572 s). Pour bien saisir la porte de l'antithse de
ignorantia et infirmitas, il convient de se rfrer deux autres : celle de iudicium
et iustitia, p. e. En. Ps. 105, 4 (CChL 40, 1555 s), et celle de sapientia ad disciplinam
et virtus (iustitia) ad opcrationem, voir Mor. Eccl. Cath. 16, 27 (BAug I, 178).
135 Voir En. Ps. 2, ro (CChL 38, 6); Nat. grat. 22, 24 (BAug 21, 286), avec
la note compl. 30 (BAug 21, 600 s).
136. Voir B. STUDER, Soteriologie, 170, avec En. Ps. 18, 14 (CChL 38, rr2);
En. Ps. 58, II, 5 (CChL 39, 748 s); ep. 155, 4, 13 (CSEL 44, 443 s); Trin. 8, 8, 12
(BAug 16, 62-66).
137 Voir En. Ps. 31, II, l (CChL 38, 225); En. Ps. 58, l, 7 (CChL 39, 733 s).
138. Voir Peccat. merit. remiss. II, 27, 26 (ML 44, 167).
139 Voir Spir. lit. 9, 19 (111L 44, 208 s); ep. q5, 3 (CSEL 44, 268 s).
140. C'est une des thses principales qu'Augustin oppose aux Plagiens. Voir
avant tout Perf. iust. (BAug 21, 126-218), et C. duas cp. Pelag. III (BAug 23, 462544), avec la note compl. 39 in BAug 23, 806 ss).
l4r. Voir En. Ps. 140, 14 (CChL 40, 2036); En. Ps. 69, 6 s (CChL 39, 936 ss);
sermo 131, 7, 7 (ML 38, 732 s); Peccato. merit. remiss. II, 13, 18 (ML 44, 162);
ep. 153, 4, 4 (CSEL H 409 ss).
142. Voir sermo 158, 4, 4 (lvJL 38, 864); ep. 185, 9, 39 (CSEL 57, 34 s); Peccat.
merit. remiss. II, 28, 46 (J\.JL 44, 178 s).
II4
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jidelisI43. J\fais la poena n'a pas encore t abolie par le baptme. Les
reliquiae mortalitatis n'ont pas cess d'alourdir l'existence du chrtienl44.
n5
155. Voir avant tout l'expos sur la justice de la terre et du ciel : C. duas ep.
Pelag. III, 7, 17-23 (BAug 23, .5I2-536); Pe1j. iust. 8, I8 (BAug 2I, r52 ss); Grat.
Christi I, 48, 53 (BAug 22, ISO ss); Tract. in ep. Joan. 4, 8 s (SChr 75, 234-23e),
et dj C. Faustum XXII, 53 (ML 4~, 433 s).
156. Voir Peccat. merit. remiss. II, 31, so - 32, 52 (ML 14, rE'I s).
157. Voir G. B. LADNER, The Idea of Reform (Cambridge Mass., 1959), 153283.
158. Voir Y. CoNG1'R, Introduction g,~nrale aux Traits ctnti-donatistes in BAug
28, 85 s) : textes sur I'Ecclesia mixta.
159. Vnir sermo ISI, 5, 7 (ML 38, 982); Perf. iust. 15, 35 (BAug 2I, I92 ss).
I6o. Voir entre autres En. Ps. II8, I9, 7 (CChL 40, 1729): Civ. Dei XIX, 27
(BAug 37, I68).
r6r. Pour ce qui concerne l'exemrle de Job, voir note compl. 24 in BAug 2~,
597. Quant l'exemple de Paul, on constate chez Augustin une certaine volution.
Ds 4I8, il se sent oblig << expliquer en quel sens Paul a pu crire en son nom
personnel ' ce gmissement des saints en lutte contre les concupiscences char
nelles' 1). Voir M.-F. BERROUARD, in BAug 72, 37 S.
I62. Voir En. Ps. 77, 28 (CChL 39, I089); En. Ps. 90, r, 2 (CChL 39, I255 s);
avant tout Perf. iust. II, 23-28, I6, 37 (BAug 2I, I68-I78 I96 ss).
I63. Voir C. Faustum XXII, 20 (ML 42, 4I I s). Textes anti-plagiens, eu partie
encore de teneur anti-manichenne : sermo I69, I3, I6 (ML 38, 924 s) (ca 416);
sermo 154, 3, 3 4, 7 (ML 38, 834 ss) (418); En. Ps. 3I, II, IO (CChL 38, 232 s);
Peccat. merit. remiss. II, 13, 20 (ML 44, r63 s); Grat. Christi I, 39, 43 (BAug 22,
132); Nat. orig. anim. 8, I2 (BAug 22, 598 ss); C. duas ep. Pelag. I, IO, r7 - II, 24
(BAug 23, 348 360).
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II6
II.
rr7
IIS
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ment que tous les hommes n'appartiennent pas la justification, mais que
personne n'est justifi, si ce n'est par le Christ178 . Dans ce sens il avait
cependant dj affirm bien avant que la vraie justice n'existe qu'en
Dieu, et que cette justice n'est devenue la ntre que par l'incarnation
dans laquelle le Fils unique de Dieu, sagesse et justice du Pre, a t
fait sagesse et justice pour nous (I Cor. r, 30 s) 179 . Vouloir attribuer la
justice la nature humaine, ce serait non seulement nier la grce de
Dieu, mais aussi mettre en question l'incarnation du Verbe, avoir honte
de la croix180. La venue de la justice divine dans le Christ, savoir l'apparition du Soleil de justice181 , a t tellement constitutive pour le salut
des hommes que mme avant l'incarnation aucun des justes n'avait
obtenu la justice de Dieu sans la foi en Jsus-Christ1s 2 Comment en
effet, la culpa et le reatus du pch d'Adam auraient-il t effacs, si
le Christ n'tait pas venu pour nous apporter la justice et l'immortalit1B3 ?
Plus souvent encore, Augustin prsente la doctrine sur la ncessit de
la grce du Christ avec une tournure ecclsiologique1B4. Il rappelle qur,
personne n'est juste par sa propre justice, mais qu'on est juste la seule
condition de rester dans le corps du Christ juste1B5. Dans la mme ligne
ecclsiale, il commente aussi un de ses textes favoris : cc Celui qui n'avait
pas connu le pch, il l'a fait pch pour nous, afin qu'en lui nous devenions
justice de Dieu n (II Cor. 5, zr). In ipso signifie en effet, selon lui, que
nous ne sommes justice de Dieu que dans le corps qui est l'glise et dont
le Christ est le chef186 . Cette dclaration vaut d'autant plus qu'elle termine
les dveloppements sur la grce du Nouveau Testament17B. C'est d'ailleurs
dans le mme sens ecclsial qu'Augustin explicite la thse fondamentale
178. Ep. 193, 3, 6 (CSEL 57, IJI). Il s'agit ici de la thse principale du Nat.
grat. Voir r, r ; 2, 2; 40, 47 - 41, 48 (BAug, 21, 244 ss 248 332-336). Voir aussi ep.
186, 3, 8 s (CSEL 57, 51 s); En. Ps. rr8, 12, 5 (CChL 40, 1704).
A retenir
179 Voir avant tout ep. 120, 4, 19 ( CSEL 34 /z, 720 s (de l'anne 4ro).
en outre les textes, antrieurs 41 l, qui sont cits par M. F. BERROUARD dans
BAug 72, 34 s.
180. Voir entre autres sermo r6o (ML 38, 872-877).
r8r. Voir p.e. En. Ps. 25, II, 3 (CChL 38, 143); En. Ps. 142, 3 (CChL 40, 2061);
En. Ps. 93, 3 (CChL 39, 1304); En. Ps. 71, 8-ro (CChL 39, 976-979).
182. Voir ep. 190, 2, 8 (CSEL 57, 143 s); ep. ad Hilarium 3, 14 (BAug 21, 60 ss),
avec la note compl. 5 in BAug 21, 586); Grat. Christi II, 26, 31 (BAug 22, 222 ss),
avec la note compl. 16 in BA ug 22, 728 s) ; ep. ad Optatum 2, 6 (BA ug 22, 338 ss).
183. Voir sermo 171, 3, 3 (ML 38, 934); En. Ps. 58, l, ro (CChL 39, 736 s).
184. Voir avant tout ep. 185 (CSEL 57, r-44), o Augustin unit ses rflexions sur
la justification et sur la justice une polmique anti-donatiste, en leur donnant
ainsi une orientation foncirement ecclsiologique.
185. Ep. 185, 9, 42 (CSEL 57, 36 s). Voir aussi ep. 185, 9, 40 (CSEL 57, 35);
ep. 33, 3 (CSEL 34, 20) (avant 396), o Augustin attribue la correctio fraterna au
Christ, le juste, qui vit dans l'glise.
186. Voir ep. 140, 30, 73 (CSEL 44, 221 s).
187. La lettre 140 date du dbut de la controverse plagienne, mais n'a pas de
caractre proprement polmique, Voir Retract, II, 23 (BAug 12, 514).
n9
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195. Voir M. LiiHRER, Der Glaubensbegriff drs hl. Augustinus in seinen ersten
Schrijten bis zu den Confessiones, Einsiedeln, 1955, 185-203.
196. A retenir spcialement les textes qui expliquent le symbole baptismal
ou qui dveloppent l'ide de la Pque, passage au Pre. Voir p.e. En. Ps. 138, 8
(CChL 40, 1994-1997); En. Ps. 140, 25 s (CChL 40, 2043 ss).
197. Voir sermo 160, 5 (ML 38, 876).
198. Voir En. Ps. rr8, 26, 4 (CChL 40, 1754 s); Tract. Joan. 98, 3 (CChL 36, 578).
199. Voir En. Ps. 148, l (CChL 40, 2165 s).
200. Voir Tract. Joan. 26, l (BAug 72, 480-484).
2or. Voir sermo 143, 4 (ML 38, 786 s) ; sermo 144 (ML 38, 787-790) ; En. Ps.
!09, 8 (CChL 40, 1607 s); Tract. Joan. 95 (CChL 36, 564-563).
202. Sermo 144 (ML 38, 787-790). Voir A. KUNZELMANN, Die Chronologie der
Sermones des hl. Augustinus, in Miscellanea Agostiniana II (Roma, 1931), 467.
203. Sermo 144, 2, 2 (ML 38, 788).
204. Sermo 144, 2, 2 (ML 38, 788),
io,:. Sermo 144, 2, 3 (ML 38, 788 s).
r21
de Dieu en lui (II Cor. 5, zr) 206 . En un mot, la justice que Dieu communique dans le Christ tous ceux qui croient en lui est fonde sur la rsurrection dans laquelle le chef a prcd tous ses membres. Sans la foi
dans le Christ ressuscit, l'homme ne peut donc obtenir la justice de
Dieu.
D. L'amour de la justice ne peut provenir que de l' Esprit-Saint.
Si la justice est impossible sans la foi en Jsus-Christ et spcialement
sans la foi dans sa rsurrection, elle est dj par cela mme un don de
Dieu, puisque cette foi est impossible sans la grce de Dieu. Toutefois
la raison la plus profonde de sa gratuit rside dans la justice elle-mme.
De fait, comme nous l'avons vu, la justice consiste essentiellement
dans l'amour de Dieu et des hommes 207 . Cet amour qui est la plnitude de
la Loi ne s'accomplit cependant qu'avec la grce de 1'Esprit-Saint208 .
Mais il y a plus. La justice elle-mme est comme un acte d'amour. Elle
n'existe qu' condition qu'elle soit anime d'amour, qu'elle soit aime
pour elle-mme2 0 9 . Il ne faut pas seulement la prfrer aux plaisirs du
corps ou de l'esprit, mais il faut l'aimer avec un amour qui exclut la
peur et qui est mme plus grand que l'amour de tous les plaisirs210 .
Or, cet amour tout singulier de la justice ne peut tre que l'uvre de la
grce de Dieu 211 . C'est seulement si Dieu nous adoucit que nous arrivons
aimer la justice212.
Par la grce de Dieu, Augustin entend plus exactement la grce du
Christ. C'est dans ce sens qu'il explique, en effet, la prire du psalmiste:
concupivi mandata tua)) (Ps u8, 40). L'homme ne trouve donc l'amour
pour les commandements de Dieu qu'en Dieu lui-mme, savoir dans
le Christ qui est la justice de Dieu et qui s'est fait notre justice (I Cor.
r, 30 s)21a.
Plus souvent encore, la suavitas et la dulcedo sans lesquelles on n'aime
pas la justice de Dieu sont attribues la prsence de l'Esprit-Saint.
De fait, quand Augustin parle de la caritas, donc mme de 1' amor iustitiae,
206. Sermo 144, 3, 4 - 5, 6 (ML 38, 789 s), en particulier : Si enim non in ipso
(2 Cor 5, 21), nullo modo iustitia. Si autem in ipso, totus nobiscum vadit ad Patrem,
et haec implebitur in nobis perfecta iustitia.
207. Voir les textes cits dans la Premire partie, notes 77-84.
208. Voir ep. 157, 2, 4 (CSEL 44, 451).
209. Voir surtout sermo 53, 10, l r (ML 38, 369), et Civ. Dei XXI, r6 (BAug
37, 446).
210. Voir sermo 159, 2, - 6, 7 (ML 38, 868-871); sermo 178, ro, rr (ML 38, 965).
21r. Voir avant tout Civ. Dei XIII, 5 (BAug 35, 262). En outre Tract. Joan.
26, r (BA ug 72, 480-484).
212. En. Ps. 127, 7 (CChL 40, 1872); sermo 145, 2-5 (lvIL 38, 791-794); En. Ps.
32, II/r, 6 (CChL 38, 252 s); Civ. Dei XXI, 24, 5 (BAug 37, 478 ss).
213. En. Ps. rr8, 12, 5 (CChL 40, 1704).
BASIL STUDER
122
JUSTICE DE JSUS-CHRIST
123
BA SIL STUDER
232. Outre le sermon cit, voir En. Ps. 87, 5 (CChL 39, l2IO); En. Ps. IOO, 6
(CChL 39, 1411) : avec Mt 26, 38; Tract. Joan. 41, 7 (CChl 36, 361).
233. Voir En. Ps. 125, 2 (CChL 40, r&46); Civ. Dei IX, 17 et ro, 24 (BAug 34,
398 ss et 508 ss).
234. Voir C. Faustum XIV, 4 (ML 42, 297); Conjess. IO, 43, 68 (BAug 14, 264);
aussi En. Ps. 30, II, 6 (CChL 38, 195).
235. Voir le texte ancien du Lib. arbit. III, 31 (BAug 6, 382 ss). A ce sujet la
note compl. 41 in BAug 6, 534 s, qui rfre Trin. XIII, 12, 16-19 (BAug r6, 306320), et aux discussions en question. En outre, Enchiridion 28, I08 (BAug 9, 300 ss).
236. Voir avant tout Trin. IV, 13, 16-18 (BAug 15, 378-386). En outre, sermo
130, 2 (ML 38, 726); sermo 134, 3, 4 - .5, 6 (ML 38, 744-747).
237. Voir Trin. IV, 2, 4 (BAug 15, 344). En plus, Trin. XIII, 14, 18 s (BAug
16, 314-318); Trin. XIII, 16, zr (BAug 16, 324); Peccat. merit. remiss. 30, 49 (ML
44, r8o s).
238. Voir Trin. IV, 12, 15 (BA ug 15, :i78). A ce propos, il faut retenir avant tout
les textes o Augustin explique 2 Cor 5, 21, voir p.e. Enchiridion 13, 41 (BAu15
9, 180); C. duas ep. Pelag. III,6, 16 (BAug 23, 5IO). D'autres textes chez St. LYONNE'!' I,. SABOURIN', Sin, Redemption, and Sacrifice, 211-215. Voir aussi BAug
22, 238 s - 178; D. ZXHRIN'GER, Das kirchliche Priestertum nach dem hl. Au;;ustinus
(Farsch. z. Christi. Literatur-und Dogmcngeschichte, 17, l /2, Paderborn, 1931), 20-23.
239. Voir Tract. Joan. 41 (CChL36, 360); en outre, Trin. IV, 14, 19 (BAug 15,
386 ss); Enchiridi:on IO, 33 (BAug 9, 164 ss); Grat. Christi pec, orig. II, 26, 31
(BAug 22, 222).
125
SS.
248. Voir B.
STUDER,
SS.
126
BASIL STUDER
contrent dans les textes qui parlent de son exemple. De fait, Augustin
prsente le Christ non seulement comme exemple d'humilit et d'obissance, mais aussi et avant tout comme exemple de patience. Or, il est
vident que sous ces aspects le Christ s'est avr en mme temps comme
sans pch, comme juste jusqu' la fin 249 . Surtout l'exemple de la patience
ne signifie rien d'autre, sinon que Jsus a accept en juste parfait toute la
volont de son Pre 250 . D'ailleurs, Augustin n'oublie pas l'exemplum
amoris251 . Mais quand il regarde l'uvre salvifique du Christ sous l'aspect
de l'amour, il y voit encore davantage la commendatio dilectionis Dei2 52 ,
en l'opposant parfois l'exemplum humilitatis25 3 .
B. La manifestation de la justice dans la rsurrection du Christ.
Toute l' uvre salutaire de Jsus-Christ a donc t conditionne par le
fait que l'homme Jsus tait exempt de tout pch, obissant jusqu'au
bout, plein de justice. Mais cela n'est pas tout. L'action salvifique de
l'unique juste a constitu plutt en elle-mme une apparition de sa
justice. Cela est vrai en premier lieu de la rsurrection, dans laquelle
le Christ nous a communiqu sa justice ternelle.
De fait, Augustin ne se lasse pas de recourir au thme paulinien de
la justification par la rsurrection. Suivant le verset de l'ptre aux
Romains : <<livr pour nos fautes et ressuscit pour notre justification>>
(Rom. 4, 25), il le fait en opposant la rmission des pchs la justification. Tandis qu'il rattache la mort de Jsus la libration du pch,
la crucifixion du vieil homme, il voit dans sa rsurrection la cause de
notre justification254 Plus souvent cependant, Augustin considre la
passion de Jsus comme exemple de patience, tout en maintenant le
rapport entre la rsurrection du Christ et notre justification. Ainsi dit-il
dans un sermon sur l'esprance chrtienne que Jsus nous a montr
par l'exemple de la passion avec quelle patience il nous faut le suivre,
tandis qu'il nous a confirms par sa rsurrection en ce qu'il nous faut
attendre avec patience (patienter exspectare : Rom. 8, 25). Mais il ne
249. Voir avant tout C. Iulianum V, 15, 57 (ML 44, 815); en outre, En. Ps.
60, 3 (CChL 39, 766); En. Ps. 125, r (CChL 40, 1844).
250. Voir avant tout En. Ps. 6r, 22 (CChL39, 790); Sermo 157. 3, 3 (ML 38, 860 s);
En. Ps. 56, 5 (CChL 39, 698); En. Ps. 67, 29 (CCh 39, 890).
25r. Voir En. Ps. 56, l (CChL 39, 693 s).
252. Voir surtout Cat. rud. 4, 8 (BAug rr, 34). On trouvera d'autres textes sur
la commendatio amoris Dei chez O. SCHEEL, Die Anschauung Augustins ber Christi
127
manque pas de prciser que ce qu'il faut esprer c'est notre justification
que nous obtiendrons dans notre rsurrection25 5.
L'ide que nous avons t justifis par la rsurrection du Christ et
qu'aprs avoir vcu dans la justice du Christ nous arriverons un jour,
au moment de notre rsurrection, la justice parfaite, appartient sans
doute aux thmes principaux de la controverse plagienne2 5 6 Toutefois
nous en trouvons dj l'essentiel dans certains crits anti-manichens.
Ainsi lisons-nous dans le Contra Felicem : Et c'est dans ce qu'il a revtu
qu'il a souffert ce qu'il voulut en vue d'un exemple de patience. Et
c'est ce qu'il a revtu qu'il a restaur en vue d'un exemple de justice 25 7
D'aprs le contexte, il s'agit dans ce passage, comme dans le sermon
que je viens de citer, de l'antithse: quid sustinendum-quid sperandum25s.
Cela veut dire qu'en ressuscitant de la mort, le Christ a rform l'homme
assum par la justice qui sera pleinement notre justice dans la rsurrection259.
Cela est confirm par un dveloppement du Contra Faustum dans lequel
Augustin, en rfutant l'exgse manichenne de Deutronome 2r, 23 et de
Galates 3, r3, explique en quel sens le Christ peut tre considr comme
maudit et en quel sens comme bni. Tout en acceptant d'tre maudit
pour nous, dit-il, le Fils de Dieu est rest vivant dans sa justice, c'est-dire que, tout en tant maudit cause de nos pchs, il n'a pas cess
d'tre bni dans sa justice260 . Et tout cela, comme l'affirme une lettre
difficile dater, pour nous faire participer sa justice ternelle26I.
Dans un texte fameux du De Trinitate enfin, postrieur aux textes
anti-manichens mais probablement antrieur la polmique antiplagienne, Augustin, dans un expos d'allure assez synthtique sur
255. Voir serina 157, 3 (JWL 38, 860) : dans le cadre d'une exgse de Rom 8, 24 s,
avec les paroles : per patientiam exspectamus , Augustin exhorte ses auditeurs
l'espoir. En outre, serina 279, 8 (ML 38, 1279 s); En. Ps. 70, II, IO (CChL 39, 968ss}.
256. Voir surtout Peccat. inerit. reiniss. II, 17, 26 (JWL 44, 167): rponse la
troisime question, savoir pourquoi il est impossible de rester sans pch dans
cette vie. Cette question fait d'ailleurs l'objet principal du Perf. iust. Voir aussi
note compl. 39 in BAug 23, 806-808 (avec d'autres textes}. A ajouter ep. 140, 5, 14
(CSEL 44, 165 s).
257. Voir C. Felicein II, 17 (BAug 17, 742).
258. Voir C. Felicein II, 17 (BAuf! 17, 742); voir aussi C. Felicein II, I I (BAug 17,
728 ss); serina 157, 3 (ML 38, 860) (cit au-dessus}.
259. Voir aussi C. Faustuin XXII, 27 (ML 42, 418).
260. C. Faustuin 14, 6 (ML 42, 298); voir aussi C. Faustuin XVI, 15 (ML 42,
325); 22, 27 (ML 42, 418 s). Pour ce qui concerne l'arrire-plan de cette exgse
d'Augustin, voir W. GEERLrnGS, Christus exeinplum, 246, qui cite le psaume manichen avec les mots
0 gesegneter und gerechter Mann .
26r. Ep. 264, 3 (CSEL 57, 637) (aprs 395); voir aussi Canfess. X, 43, 68 (BAug
14, 264) (cit au-dessus); C. Faustum XVI, 29 (ML 42, 336) o Augustin, propos
der Cor 15, 50-53, rfre le potestates exemplavit de la version latine l'exemple
de la rsurrection du chef qui sera complte dans la victoire finale du corps de
l'glise, c'est--dire dans la dernire rsurrection; serina 231, 5, 5 (ML 38, 1107).
1z8
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129
268. Voir J. PLAGNIEUX, Le binme iustitia-potentia dans la sothiologie augustinienne et anse/mienne, in Spicileg. Beccense, I (Paris, 1959), qr-154; le mme,
Heil und Heiland, Paris, r969, 54-6r.
269. Voir ce propos A. SCHINDLER, Wort und Analogie in Augustins Trinit<itslehre, 208 s, et G. l\Ll.DEC, Christus, scientia et sapientia nostra. Le principe de
cohrence de la doctrine augustinienne in RchAug IO (r975) 77-85.
270. Trin. XIII, IO, I3 (BAug I6, 300).
27r. Trin. XIII, II, 15 (BAug r6, 304 ss).
272. Trin. XIII, 12, r6 (BAug r6, 306).
273. Trin. XIII, r3, 17 (BAug r6, 3ro).
27+ Trin. XIII, r3, r7 (BAug 16, 310 ss).
130
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132
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288. Il est remarquable que c'est ds le second sicle, savoir chez JUSTIN,
Dialogue avec Tryphon, 98-107, qu'on rencontre une exgse technique et trs
dveloppe de ce Psaume messianique. Voir J. DANr:f:LOU, Le psaume 21 dans
la catchse patristique, in La Maison-Dieu 49 (1957) 17-24.
289. Ep. 140 (ad Honoratum) (CSEL 44, 155-234), crite dans l'hiver 411 /2.
Pour la date, voir ep. 139, 3 (CSEL 44, 153).
290. Voir les remarques d'Augustin lui-mme : Retract. II, 36 (BAug 12, 514).
29r. Ep. 140, 4, 12 (CSEL 44, 164) : il est remarquable que le dveloppement
de la doctrine sur l'unit personnelle du Christ concide avec le dbut de la controverse plagienne.
292. Ep. 140, 5, 14 (CSEL 44, 165 s).
293. Ep. 140, 6, 15 (CSEL 44, 166).
294. Ep. 140, 6, 18 (CSEL 44, 168); voir aussi Peccat. merit. remiss. II, 29, 47
(ML 44, 179), et I, 37, 68 (ML 44, 149 s).
295. Ep. 140, 7, 19 (CSEL 44, 169 s); Ep. 140, 15, 35 (CSEL 44, 184 s): la prire
des martyrs.
296. Ep. 140, IO, 27 - II, 28 (CSEL 44, 177 ss).
297. Ep. 140, 22, 54 (CSEL 44, 200). I,e contexte parle de la caritas perfecta
dans laquelle on aime la justice du timor castus. Comme Augustin le suggre plus
loin : ep. 140, 24, 59 (CSEL 44, 205), c'est le timor dont le Sauveur lui-mme nous
a donn l'eX:emple la croix.
133
134
BASIL STUDER
135
pas d'indiquer l'amour par lequel Jsus s'est livr la mort pour ses
frres comme mesure de notre amour. Jsus n'a pas seulement enseign,
mais aussi vcu cet amour suprme. C'est l'amour qui apparat dans les
psaumes qui chantent la passion du Christ 31 3 .
Jsus s'est donc montr comme l'unique juste, en persvrant dans la
justice divine jusqu' la mort. Tout cela, cependant, il l'a fait pour
nous. En inculquant ce pro nabis, Augustin pense sans doute en premier
lieu l'exemple du Christ 314 . Spcialement dans son agonie, Jsus nous a
donn l'exemplimi iusti'tiai: 315 . Toutefois, pour Augustin, le pro nabis
signifie galement que le Christ nous a efficacement prcd dans la
justice. Il ne nous a pas seulement enseign la voie de la justice, mais
il nous l'a aussi ouverte 316 . En s'identifiant avec nous dans toute sa
vie et finalement dans sa passion, il a pour ainsi dire anticip la justice
de tous ceux qui croient en lui 31 7.
Ces deux aspects apparaissent mme la fois. Ainsi dans les textes qui
runissent l'ide de la voie avec celle de la grce. Dans le De natura et
gratia, en effet, Augustin, suivant le langage des psaumes, prsente le
Christ comme la via iusta (Ps 2, rr ss et Jn I4, 6). En insistant sur la
ncessit de la grce, il dit de cette voie que le Seigneur doit nous la
montrer et nous y faire entrer 318 . Ailleurs, aprs avoir rappel le pardon
que le Christ entirement juste nous a obtenu du Pre, Augustin affirme
que le crucifi a march le premier sur la voie de la justice, voire sur
la voie de la charit, en priant pour ses ennemis 319 . Le texte le plus
clair, cependant, se trouve dans l'Enarratio sur le Psaume 87. En combinant l'exemple du Christ dont parle la Prima Petri (2, 2r) et son amour
pour les frres dont il est question dans la Prima Ioannis (3, r6), Augustin
propose le Christ comme le chantre aux intonations duquel le chur des
croyants rpond par sa propre charit 320 .
cits Rom 8, 35-39 et l Cor l, 3r. A noter galement que dans ce texte Augustin
identifie l'amour pour le Christ avec l'amour pour Dieu. Voir ce propos BAug
24, l68.
313. Voir En. Ps. 57, 14 (CChL 39, lzr8): explication de Ps 87, 15. Voir aussi
En. Ps. 56, l (CChL 39, 693 s) (cit au-dessus) et surtout Trin. VIII, 7, ro (BAug
16, 58). A ce sujet, note compl. 12 in BAug 16, 584 ss : Lavera dilectio .
314. Voir w. GEERLINGS, Christus exemplum.
315. Voir En. Ps. 32, n/1, 2 (CChL 39, 247 s): explication de Ps 32, r. En outre
En. Ps. 147, 3 (CChL 40, 2140); En. Ps. 68, l, 12 (CChL 39, 912); En. Ps. 33, II, 17 s
(CChL 39, 293 s).
316. Voir En. Ps. 33, I, 4 (CChL 39, 276) o il s'agit de l'imitation du Deus humilis.
317. Voir les textes cits qui parlent de Jsus, soumis la volont du Pre en notre
nom.
318. Nat. grat. 32, 36 (BAug 21, 310-314); cf. Doct. Christ. I, 17, 16 (BAug
II, 200).
319. Tract. ep. Joan. r, 8 s ( SChr 75, l 30-136); cf. En. Ps. 61, 22 ( CChL 39, 790 s):
il est question du sanguis iusti, de l'exemplum patientiae et de l'exemplum humilitatis.
320. En. Ps, 87, l (CChL 39, 17.07 s); voir aussi En. Ps. 87, 3 (CChL 39, 1210).
BASIL STUDER
32r. Voir Trin. 4, 3, 6 (BAug 15, 350); En. Ps. 78, r7 (CChL 39, rrrr).
322. Voir En. Ps. 68, r, 2 (CChL 39, 902 s) : explication du titre du psaume. En.
Ps. 68, r, 3 (CChL 39, 903 s) : suite du texte qu'on vient de citer : la commutatio
est un transitus amarus que le Christ a anticip la croix. Voir aussi En. Ps. 79, l
(CChL 39, lIII).
323. Voir En. Ps. Go, 3 (CChL 39, 766) (avec tout le coutexte); Trin. IV, r3, 17
(BAug 15, 380 ss).
324. Voir En. Ps. 21, II, 4 (CChL 38, 123 s); En. Ps. 31, II, 26 (CChL 38, 243 s).
325. Voir C. Iulianum V, 15, 55 (ML 44, 815) (dans le contexte : explication
de Rom 8, 3). A comparer avec Peccat. merit. rcmiss. 23, 37 (ML 44, 173 s).
326. Voir En. Ps. 31, II, 26 (CChL 38, 243 s); En. Ps. 33, II, 3 (CChL 38, 192)
(dans le contexte, allusion Mt 26, 38).
327. Voir En. Ps. 69, 1 (CChL 39, 930); En. Ps. 68, r, 3 (CChL 39, 903 s); En.
Ps. 67, 30 (CChL 39, 891); Peccat. merit. remiss. II, 31, 51 (ML 44, 181 s).
328. Voir En. Ps. 21, II, 3 (CChL 38, 123): explication de Ps 21, 2. En. Ps. 34, II, 5
(CChL 38, 315).
329. Voir En. Ps. 40, 6 (CChL 38, 454); Peccat. merit. remiss. II, 29, 48 (ML
44, r8o): sur I'ignorantia et l'infirmitas de l'enfant Jsus.
330. En. Ps. roo, 6 (CChL 39, l4II), comparer avec En. Ps. 87, 3 (CChL 39,
1209 s). Voir ce sujet T. VAN BAVEL, Recherches sur la christologie de s. Augustin,
spcialement 128 s.
33r. Voir les textes nombreux cits par T. VAN BAVEL, op. cit., 85-93.
332. En. Ps. 60, 3 (CChL 39, 766).
333. Voir En. Ps. 68, II, 5 s (CChL 39, 920 ss): il u'a pas trouv de consolateurs;
En. Ps. 87, 3 (CChL 39, 1209).
J34 Voir En, f's, 68, r, 7 (CChL 39, 907); E:n, f's, ,56, 5 (CChL 39, 697 s),
137
BASIL STUDER
et s'est uni lui dans une union qui dpasse toute union entre Dieu et
la crature343 Mme si Augustin ne dispose pas d'une terminologie philosophique qui suffise exprimer le mystre de l'union hypostatique, il
a donc saisi le noyau de ce mystre, savoir lefait qu'en Jsus, le Fils de
Dieu lui-mme a t juste pour nous.
La seconde affirmation thologique, celle de la solidarit du Christ
avec nous, n'est pas moins importante. D'aprs Augustin, en effet, en se
faisant homme, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte identifi avec
les hommes. Il s'est uni avec eux au point de pouvoir les reprsenter
et agir en leur nom. Il constitue dsormais avec eux quasi una persona 344 .
Il est vrai que les expressions transfigurare, suscipere personam, personam
sustinere et praefigurare et autres, reprises de l'exgse antique, semblent
quelquefois n'exprimer qu'un rapport trs extrieur, purement logique
entre le Christ et les chrtiens 345 . Mais comme dans le cas de l'unit personnelle du Christ, l'identification du sujet des affirmations soit divines,
soit humaines (una persona - unus atque idem), dpasse le niveau logique,
de mme les rapprochements du Christ et des hommes, du chef et de
son corps, ont plus qu'une signification simplement symbolique ou
exgtique. Cela rsulte du simple fait qu'Augustin lui-mme compare
l'union du Verbe et de l'homme assum, avec l'union du Christ et des
fidles 346
Le sens fort de cette identification est d'ailleurs confirm par les thmes
trs frquents de l'inclusion dans le Christ 34 7 ou du deuxime Adam 34B.
343. Voir J. PLAGNIEUX, Heil und Heiland, 59, n. r, qui se rfre C. serm.
Arianorum 7 (ML 42, 688) (voir tout le contexte avec la doctrine sur l'una persona
et sur la communication des idiomes).
344. Voir En. Ps. r42, 3 (CChL 40, 2062); en outre, En. Ps. 41, I (CChL 38, 460);
68, II, l ICChL 39, 917) (avec l'explication entire de ce psaume). Regarder ce
propos M. PONTET, L'exgse de s. Augustin prdicateur (Thologie, 7), Paris, s.d.,
395-4II, et T. VAN BAvEL, Recherches sur la christologie des. Augustin, lr8.
345. Voir les textes respectifs chez T. vAN BAYEL, Recherches sur la christologie
de s. Augustin, r r6 ss. Tout le complexe de l'usage de la terminologie exgtique
en christologie demanderait de nouvelles recherches et surtout une synthse complte. Dans un approfondissement ultrieur de la question, il faudrait tre bien
attentif la valeur symbolique de cette terminologie (voir p.e. Expos. Propos.
Rom. 32 ss (NIL 35, 2069), mais on devrait aussi faire attention au fait que ce langage
exgtique s'applique aussi l'identification de Pierre et de l'glise, aussi bien qu'
celle de Judas et des juifs (voir En. Ps. ro8, l (CChL 40, 1585).
346. Voir Peccat. merit. remiss. I, 31, 60 (NIL 44, 144 s). A ce sujet, note compl.
84, BAu15 71, 927 s: Jn 3, 13 et l'unit du Christ total.
347. Voir entre autre ep. 140, 16, 18 (CSEL 44, 169); En. Ps. 90, II, l (CChL
39, 1265). Dans ce cadre, on retiendra avant tout les textes dans lesquels Augustin,
en se rfrant Rom 6, 6, insiste sur Je fait que notre vieil homme a t crucifi
avec le Christ. Ainsi, entre autres, En. Ps. 142, 9 (CChL50, 2066). - En. Ps. 140, 5 s
(CChL50, 2029): Rom 6, 6 avec Ps 2r, 2 ; Trin. III, ro, 20 (BAug 15, 3r4); Trin.
IV, 3, 6 (BAug 15, 352).
Il est cependant remarquable que, au moins d'aprs les indices de BAug 2r-24,
ce verset de Rom 6, 6 ne soit pas cit dans les crits anti-plagiens. A propos du
thme de l'inclusion voir E. lVIERSCH, Le corps mystique dii Christ. tiides de thologie
historique, II, Louvain, 1933, rr9-r22 et passim.
139
De fait, ce sont des thmes qui tous les deux sont profondment enracins
dans la tradition biblique. Ils ne prsupposent donc pas seulement l'ide
platonisante de l'image, savoir du rapport intime qui existe entre
l'original et la copie, mais ils refltent galement et mme plus les ides
archaques qui caractrisent toute la pense biblique du lignage d'Adam
et de la solidarit de tout le genre humain349.
En vue de cette solidarit sans doute ontique du Christ avec les hommes,
il serait insuffisant de vouloir rduire la justice de l'homme Jsus
l'exemplum iustitiae et d'opposer cette justice humaine la justice divine,
comme si celle-ci seule tait le sacramentum iustitiae 350 . Il est bien vrai
qu'Augustin a tendance mettre en opposition le modle moral qui
nous a t donn dans l'humanit de Jsus et la source de la grce qui
jaillit de la divinit du Verbe ternel3 51 Toutefois, abstraction faite de
sa doctrine sur l'union personnelle du Christ, Augustin reconnat dans la
justice mme de Jsus quelque chose qui dpasse le simple modle,
l'exemple imiter. Il y voit un prcdent, comme dans l'exemplum
resurrectionis 352 . C'est une via iitstitiae sur laquelle Jsus a march le
premier pour entraner tous ceux qui croient en lui 353 . On dira mme
que la justice de Jsus a t un premier pas de conversion, le principe
du retour l'ordre ternel de Dieu, la vertu d'un homme vritable dans
laquelle la justice divine est devenue notre justice. En d'autres termes,
non seulement la rsurrection du Christ a t le dbut de la justification
de l'glise qui sera parfaite dans la rsurrection des morts 354 , mais
aussi sa mort a t exemplum iustitiac au sens fort d'un modle qui
emmne tous ceux qui le suivent. A la croix elle-mme, a commenc le
mouvement de la bona volimtas avec laquelle tous les hommes qui croient
en Jsus-Christ s'insrent dans l'ordre de la justice tablie par la volont
ternelle et toute sage de Dieu.
348. Voir Grat. Christi pecc. orig. II, 24, 28 (BAug 22, 2rn ss); II, 29, 34 (BAug
22, 230); Trin. XIII, 16, 21 (BAug 16, 326); Trin. XIII, 18, 23 (BAug 16, 328 ss);
C. Iulianum op. impf. VI, 22 (ML 45, 1553), etc. Pour ce qui concerne en particulier
la typologie double d'Adam/ve et du Christ/glise, voir note compl. 69, BAug
71, 914 ss : Le nouvel Adam et son uvre .
349. Voir p.e. J. SCHILDENBERGER, Adam, I, 3 : ((Adam l) u. das Ziel der
Heilsgeschichte, in LTHK l (1957) 127 ss.
350. Voir W. GEERLINGS, Christus exemplum, 209-228.
351. Voir W. GEERLINGS, Christus exemplum, 215-222 ss.
352. Voir B. STUDER, Sacramentum et exemplum i> chez s. Augustin, in RchAug
IO (1975) I08 s, et W. GEERLINGS, Christus exemplum, 212.
353. Voir Tract. in ep. Joan. l, 9 (SChr 75, 136) (cit n. 319). Voir aussi J. PLAG::-nEux, Heil und Heiland, 57 s, 11. 5.
354. Voir C. Faustum XVI, 29 (ML 42, 336).
BASIL STCDER
CONCLUSION
141
142
BASIL STUDER
comme ceux qui croient sa parole. Certes, il n'est pas difficile d'carter
toute sorte de changement moral de sa vie. Augustin lui-mme l'a fait,
en excluant toute commutatio de Jsus et en insistant sur le pro nabis.
Mais il tait encore plus facile de s'abstenir de parler de la justice humaine
de Jsus, quand on entendait viter tout malentendu sur la question.
La tradition nicenne, peu encline analyser la vie intrieure de Jsus,
n'a d'ailleurs certainement pas encourag Augustin s'intresser aux
mouvements spirituels qui constituent le fond positif d'une conversion
ou d'un retour Dieu. Voil une autre raison qui nous fait comprendre
le rle plutt marginal de la justice de Jsus dans la pense augustinienne.
Enfin, il ne faut pas oublier le poids de certains textes pauliniens auxquels
Augustin aime recourir ds sa conversion la foi chrtienne. Parmi
ces passages-cl il y en a qui l'ont amen rattacher la justification
des croyants plutt la rsurrection, c'est--dire, l'attribuer plutt
la puissance divine du Christ. On pensera avant tout Romain 4, 25 :
livr pour nos fautes et ressuscit pour notre justification )) 3 56. De fait,
c'est en ce sens qu'Augustin, dans les textes antrieurs, dclare que
Jsus nous a communiqu la justice divine laquelle il n'a jamais cess
de participer, mme pas la croix 357 . On se souviendra galement du
iustus et iustijicans (Rom 3, 26) que l'Aptre dit de Dieu et qu'Augustin
son tour attribue au Christ-Dieuass.
Toutefois, mme si Augustin n'a pas fait de la justice humaine de
Jsus le pivot de sa sotriologie, il nous a laiss des affirmations remarquables sur Jsus, l'unique juste sur cette terre. De fait, il n'a pas seulement insist sur l'impeccabilit, savoir sur la justice du Christ, sous
des aspects sotriologiques assez divers. Il ne s'est pas non plus content
de dfendre la justice singulire de Jsus contre les plagiens. Il a aussi
cherch approfondir thologiquement le fondement plus profond de
la justice de Jsus en dveloppant l'ide de l'unit personnelle du Christ.
Mme s'il n'a pas analys ultrieurement la diffrence entre la justice
parfaite des martyrs, justes, mais justifis, et la justice parfaite du Fils
de Dieu, devenu homme parfaitement juste, mais jamais justifi, il
a nanmoins ouvert la voie une rflexion ultrieure sur le Deus mortuus
pro nobis, c'est--dire sur la solidarit avec les pcheurs dans laquelle
Dieu lui-mme s'est engag par l'incarnation de son Fils. Enfin et avant
tout, en partie sous l'influence de sa mditation sur les psaumes, en
partie stimul par la ncessit de dfendre la grce du Christ, Augustin
a t amen prsenter Jsus comme l'unique Juste qui s'est totalement
soumis la volont du Pre et qui par son exemple nous a efficacement
entrans marcher avec courage sur la voie de la justice de Dieu. Cette
356. A noter que ce verset n'a pas d'importance dans la controverse plagienne,
dans laquelle par contre le thme de la justice de l'homme Jsus prend une place
importante.
357. Voir C. Faustum XIV, 6 (ML 42, 298).
358. Voir n. 223.
143
STUDER, osB
2.
145
10
]AiVIES ]. O'DONNELL
Hereafter,
JAMES ]. O'DONNELL
that this compendious form of reference will encourage readers to check my conclusions against the original data catalogued by Hagendahl.
10. Hagendahl's catalogue contains a substantial number of authors for whom
there is not evidence of direct contact in Augustine's writings (e. g. poets cited here
and there through the intermediacy of Terentianus Maurus). I omit such authors
from my catalogue as irrelevant to the purposes of this study. For clarity, I will now
give a list of those authors, using the forms of names appearing in Hagendahl :
Annianus, Asper, Caecilius, Catullus, Cornu tus, ' Declamatio anonymi ', Donatus,
Ennius, Marius Victorinus, Naevius, Pacuvius, Petronins, Plautus, ' Poetae incogniti ', Pomponius Bononiensis, Pomponius Secundus, Pompeius Trogus, Valerius
Maximus, and Valerius Soranus.
Ir. To be sure, Hagendahl exercised prudence in his selection of tr stimonia,
often omitting unduly far-fetched parallels spotted by over-eager earlier researchers.
This combination of breadth and prudence makes his work the ideal foundation for
my own study.
12. ' Citation ' will be used in this paper as a catchall term to cover al! the kinds
of phenomena (from verbal echo to verbatim quotation) catalogued by Hagendahl.
every stage in this catalogue, I assume the reader has access to Hagen dahl's catalogue of testimonia to check my assertions13 .
r. APULErus14 : Clearly an author whom Augustine read directly
and quoted at length and ad verbum. According to the accepted chronology, Augustine knew Apuleius only by reputation in 408/9 15 , then
appears to have corne into possession of a codex. of bis works by 412 /3,
but to have studied it selectively. Thus he knows of the Apologia,
but does not cite it textually ; he quotes and refutes the De deo Socratis
extensively in D.C.D. VIII-X (415 /7); he has exactly one quotation
from the De mitndo in D.C.D. IV (413 /5) ; of course he uses the pseudoApuleian Asclepius from the same codex extensively in D.C.D. VIII
(415 /7) ; he has a sketchy knowledge of the contents of the M etamorphoses in D.C.D. XVIII (c. 425 ?). The one apparent echo of the De
deo Soc. in De Genesi ad littcram III, 9, r3, is probably a deliberate rectification inserted at the last moment before ' publication ' (that work
seems to have occupied Augustine until 414 or 415), as the form of introducing the allusion (Non ignora ... ))) seems to indicate.
A pattern then emerges. Augustine came into possession of Apuleius
c. 412, and read through the whole codex to see what was there. That
he employed his new knowledge first in Epp. 137-38 (to Volusianus
and Marcellinus) makes it very likely that the works were current in
precisely the circles whence the impetus for writing D.C.D. came in
the first place. This is full and sufficient explanation for the central
role accorded the Apuleian texts in D.C.D. VIII-IX and further illuminates the genesis of that work's structure. Thus Augustine restudied
the De deo Soc. and the Asclepius (or perhaps merely had recourse to
extensive notes taken at the time of first reading) when he came to
the appropriate point in the composition of D.C.D. 16
r3. For convenience, I have generally accepted the dates assigned to Augustine's
works by S. ZARB, Chronologia operum S. Augustini (Rome, I934l. reprinting a
series of articles originally appearing in Angelicum IO (r933) 50-IIO; 26r-285;
359-396; 478-5r2; II (1934) 78-91; and for the sermons, the dates of A. KUNZELMANN, JV!iscellanea Agostiniana 2 (1931) 417-520.
Significant departures from
their conclusions will be noticed explicitly.
14. HAGENDAHL, 17-33, including the entry (29-33) on pseudo-Apuleius .
1_5. Our argument concerning Augustine's knowledge of Apuleius is valid however
one chooses to date Ep. 102, even with ZARB, Angelicum ro (1933) 296-97, to A. D.
408 or 409. But Zarb's only reason for dating the work thus is its priority to the
De peccatorum meritis, which he can date no more closely than to 411 /12. But
the form of the citation of Apuleius in Ep. IOZ is very close to the form used by
Marcellinus at Ep. 136. l (412). It is probable, therefore, that Ep. Io2 should
be related to early 4r2 and shoulcl be read more closely as part of Augustine's
anti-pagan polemics of the years immediately following the sack of Rome.
(GOLDBACHER [CSEL, vol. 58, indices] dates Ep. 102 more loosely to 406 /12, solely
on the order of the Retractationes, and hence off ers no contradiction to my suggestion.)
16. It is the merit of J.-C. Guv, ['nit et structure logique dans la Cit de Dieu
e sqint Augustin (Paris, 1961 ), to have s4own conclsively tha,t this k;itid of detai!ed
JAMES ]. O'DONNELL
probable (I incline to the former), but that one of them is true seems
to me virtually certain17 .
CORNELIUS CELSUS18 . Two testimonia (one a quotation, one a
description of his work on all the philosophical sects in six books) from
opposite ends of Augustine's career : the Soliloquia (386 /7) and the De
haeresibus (429) 19 . The first quotaton is merely a copybook defintion
of wisdom as the summum bonum, dolor corporis as the summum malum.
This may have corne through the Hortensius of Cicero (my guess) or
through any other philosophical handbook. That he would remember the
man and his work forty years later is evidence that they worked their
way into Augustine's memory in a moment of striking impression.
2.
Since there is no reason to think that Celsus made that impression directly
(else he would appear as the source for some of Augustine's many other
min or excursions into the history of philosophy, notably in D .C .D. VIII),
is it not most likely to assume that it was indeed the Hortensius that
brought Celsus so memorably but trivially to Augustine's attention ?
3. CicERo 20 : The most difficult case of all because of the depth
of Augustine's familiarity with Cicero from an early age and because
here a couple of crucial works have largely disappeared. I continue to
follow Hagendahl for the list of testimonia, while preferring Testard's
interpretation of the data on several points 21 ; I wlll summarize the data
for each work of Cicero.
a. General references : From the whole range of Augustine's career as
writer. The only point worth observing is the passage in Ep. n8, 9
(4ro, to young Dioscorus in response to his questions about Cicero-this
letter is the source of a disproportionately large number of Augustine's
Cicero testimonia, not because Augustine had been reading Cicero but
because Dioscorus made him talk about Cicero), where Augustine took a
haughty posture of disdain towards those things which he learned in
his youth ; but even in that stylized disdain, there is the almost hidden
concession that << aliqua ex eis in animis eorum nimia consuetitdine >>
might still be found, even in bishops. (The plain meaning of Augustine's
daim in the same passage that he did not have access even to a manuscript
of Cicero might be impugned precisely on grounds of the stylization of the
passage; but it stands as a tempting hint that Augustine either did not
have, or did not choose to make use of, access to books of classical authors
at all times in his episcopacy.) For the rest, Hagendahl's general references only sho-vv that Augustine was aware of who Cicero was, when he
lived, and what were the broad outlines of his political and literary
career.
b. Pro Archia. Ep. 231, 3 (429) has one anecdote about Themistocles,
identical in content to one in the oration but completely different in
wording. Even if the speech is the source, the allusion is not likely the
result of any recent reading of the text itself.
c. Pro Caelio. This oration provides a good opportunity to classify
two of the most common types of citation in Augustine. The earlier
allusion cornes in the De utilitate credendi (392) ; for there are many
allusions to classical literature in the philosophical and theological
works Augustine wrote in the five years or so following his conversion.
(In the case of Vergil, for example, we shall see that one-fifth of all
allusions in Augustine corne from this period, another half coming from
D.C.D., and all other works providing the remainder.) I shall not attempt
20. HAGENDAHL, 35-r69.
zr. M. TESTARD, Saint Augustin et Cicron (Paris, 1958); see also his remarks on
flagendahl in }?e11w des rtudes augustiniennes 14 (1968) 47-67.
]A1vIES ]. O'DONNELL
to establish any strict chronology of readings for this early period, but
will content myself with observing the presence of such citations. Augustine clearly did not set aside his memories or his books from his professorial
career until he finally made the entry into public ecclesiastical life at
Hippo in 39r. One assumes that his memories were so fresh at this period
that a larger number of citations than would be the case later would be
strictly a matter of memory, and another large portion would be found
in the books themselves at the urgent prompting of memory. There
are a few cases where Augustine seems to have set himself down to
confront a whole text afresh, but those occasions are strictly limited;
my surmise is that his examination of Cicero's Academica (see below)
for the composition of his Contra Academicos is the only significant
such case.
The other echoes of the Pro Caelio occur at precisely the other end
of Augustine's career, in his Contra }ulianum (423). Here (and in
the Opus imperjectum contra ]ulianum [429 /30J) Augustine was confronted with a controversialist who quoted the classics himself frequently and
ostentatiously22 Augustine was concerned to show himself undismayed
by this show of erudition and he seems to have done some very sketchy
browsing in his library. In one instance, he corrects the wording of a
quotation from Terence (Test. 630); once he picks up Julian's use of the
trite << 0 !empara, 0 mores ! )) and caps it with a more recondite allusion to
the Pro Caelio (Test. 80). The best reason for disbelieving in any serious
review of classical literature in preparation for writing the works against
Julian is precisely in the breadth and superficiality of the allusions made;
one would have to imagine Augustine digesting a perfectly immense
corpus of Latin literature and extracting from it only very isolated bits of
verbiage. Easier to assume the use of memory and a superficial flipping
of the pages-and perhaps ancient notebooks (more on this hypothesis
at the end of my section on Cicero).
d. In Catilinam I-IV. Echoes in the early works (386 /gr) ; the
C. ]ul. (423) ; D.C.D. II, III, and XIV (4r3 /r8) ; an undated letter;
and the De consensu evangelistarum (a single line later to appear in
D.C.D. -on the date of the De cons. evang. see appendix below; the conventional date is c. 400).
e. Pro rege Deiotaro. Apart from the De beata vita (386), there is only
one line cited, in the Contra Faustum (397 /8), epigrammatic in form
and specifically attributed by Augustine to memory (C. Faust. XXI, r6,
Test. 95).
f. Divinatio in Caecilium. One memorable line appears in the
treatises on the gospel of John (Zarb assigns this particular treatise to
4r8), together with another line from the Orator. In both passages
22. A separate study of the pattern of classical allusions in Julian's works is
one of the many tasks tha,t need qoing if we 1lre to ,nderst<1nd this qista,nt figure mon;
~.rntely,
153
(Philosophical W orks)
1. General references occur only c. 386-gr or in the Confessions (referring to the period before 386) and Retractationes (referring to the Contra
A cademicos).
rn. Academica posteriora (= ac. I). As one rnight expect, there
is a burst of echoes and lengthy direct qnotations in the Contra Academicos (386). A single line eulogizing Varro is quoted more than once in
D.C.D. (Test. 124). There are three logical possibilities for the generation of this last citation, which are worth making explicit for purposes
of showing their comparative likelihood ;
154
JAMES ]. O'DONNELL
a) The line may have been attached somehow to Augustine's copy of Varro's
A ntiquitates, a note jotted there many years before, perhaps even attached by
r55
JAMES ]. O'DONNELL
in D.C.D. (from the whole range of that work, books II to XXII) and
in Ep. 138, concerning the genesis of D.C.D. Clearly, this work was
read with care and attention at the outset of Augustine's work on the
magnum opus et arduum.
w. Timaeus (Cicero's translation). Frequently and carefully cited
and mentioned in D.C.D., starting with book VIII (415 /17). Other
allusions all occur in works concerning whose date there is doubt : De
cons. evang. (see appendix) ; De trin. IV (whole work finished 416 /9,
perhaps even early books ernended at that time) ; and Sermon 241 (405 /ro,
according to Kunzelmann). The last item deals extensively with the
thought of Porphyry ; hence the concidence of quotations and allusions
between that sermon and D.C.D. VIII-X does not permit resolution of
the two works' relations. Sermon 241 may well be contemporary with
D.C.D. VIII-X (my belief), but D.C.D. may have derived those citations
from the sermon. At any rate, we can assume the Timaeiis was read
with care sornetime shortly before it began to be used in D.C.D. I will
tentatively assign the reading to 412 /13.
x. Tusculan Disputations. Apart from one epigram cited in the
Confessions (and repeated inD.C.D. IV), there are no testimonia which can
be conclusively dated after 391 and before 410 /12. The borrowings
in D.C.D. (they occur in books I, V, VIII, IX, XIV, and XXII) are not
as extensive and serious as the ones from works like De re publica and
De fato, and may indicate a slightly less attentive reading. Much of
what appears frorn this work is of the nature of definition and doxographical information. Once again, it is good to note, a definition occurs in
D.C.D. VIII which had already (?) occurred in De cons. evang. in slightly
fuller form ; see appendix.
(Rhetorical Treatises)
y. General references are of no import.
z. De inventione. Apart from early reminiscences and a lengthy
quotation defining virtus taken over in the De diversis quaestionibus
LXXXIII (388-95-we may associate this with the 'early' citations
for the moment), there are only a handful of borrowed definitions :
De doct. christ. (396 /426) ; De trin. XIV (416 /9 ?) ; Sermon 150 (413 /14) ;
and C. Jitl. (423). In the rhetorical works we should be more hesitant
than ever in assuming direct dependence, since so many definitions and
bits of expression would have been so thoroughly ingrained in Augustine
in his early years.
aa. De oratore. Much the same pattern of definition /citation occurs.
A single epigram pursues a wandering course from the C. Acad. (386)
to the C. Cresc. (405-6) to D.C.D. IX (415 /17), certainly passing the
intervening years lodged in memory rather than in a library.
bb. Orator. Sorne definitions appear in De doct. christ. IV (426) ;
bits of fh:tff and definition show up elsewhere, most memontbly the descrip-
157
(Letters)
cc. All that remains of all of Cicero's letters in Augustine's works
are three echoes; the only two datable ones corne from 427 and 429.
No significance should be attached to these.
dd. Fragments unplaced. In perfectly predictable places : Ep. r43
(4r2-when preparing D.C.D.) ; D.C.D. itself; Ep. ro4 (to Nectarius) ;
C. J ul. (423), in the latter case both quotations originally being made by
Julian himself.
It is worth pausing briefly to summarize \Vhat we have learned of Augustine's contacts with Cicero. It seems probable that whatever deficiencies
we insist on imparting to memory were more likely to have been made
up through the medium of some lost intermediate ' secondary ' source,
such as the home-made florilegiitm hypothesized above. The triviality
of the allusions and their wide distribution over both Cicero's works and
Augustine's makes it altogether unlikely that Augustine pursued any
course of serions readings in Cicero other than the limited one he undertook in preparation for De civitate Dei. From that preparation, only
six works emerge as having been restudied; I will give them in descending
order of the importance Augustine attributes to them in his work (and
probably of the attentiveness and effort which he devoted to their reexamination) : De re publica, De jato, Timaeus, Tusculan Disputations, De finibus bonorum et maloritm, and De natura deorum. Did Augustine eYer
seriously reread any of his Cicero other than those works on that occasion ? Only my suspicion of occasional reference to the Hortensius
and the possibility of some sketchy dipping into the rhetorical works in
426 when De doctrina christiana was being finished can give any indication
of that. I would certainly sicle with Testard against Hagendahl in assuming that the speeches went unread after about 39r (though copies
of them were probably available for verifying references).
4. CLAUDIAN 23 : It is notorious that three lines of Claudian, abridged
(to leave out mention of a pagan god, some suppose) to two by Augustine,
appear in D.C.D. V (4r5) and are picked up later at Orosius, VII, 35, 2r,
similarly abridged. The tantalizing feature of these lines is that they
were not written until 395, so Augustine must have encountered them
for the first time after that date. I am not inclined, however, to believe
Augustine was reading Claudian directly in extenso, if only because he
would have quoted the three lines intact, precisely because he was attempting to underline the paganism of Claudian. The quotation seems rather
to have corne to Africa as part of a package of information on events
23. HAGEXDAHL,
r69-70.
JAMES ]. O'DONNELL
of 394 (and what some Christians of the time, and the more credulous
of modern scholars, believed to be the ' pagan revival ' associated with the
usurpation of Eugenius) 24 ; this information may very well have corne to
Augustine's attention in discussing the pagan-Christian issues made
relevant after the sack of Rome in 4ro with some of the cultured Italian
refugees whose perplexities were the impetus for writing D.C.D. It is
worth noting that the passage recurs in Orosius in precisely the same
isolation in an account of the events of 394. If Orosius had had more
of Claudian at hand, he certainly could (and would) have used him.
5. EuTROPIUS25 : Only appears in D.C.D. III-V (413 /15), with sufficiently precise verbal parallels in at least one of the testimonia to indicate
that Augustine consulted the work, directly but perhaps intermittently,
while working on D.C.D.
176-79.
27. HAGENDAHL, l 79-84.
28. HAGENDAHL, 184-90.
26. HAGENDAHL,
159
Marius.
Test. 427 : Ep. 138 (412), quoting verbatim nine lines of the sixth satire, con-
trasting the virtues of the republic with the vices of the empire.
Additional observation : D.C.D. I, 2 (413) : "Quo modo ergo colebatur, ut
patriam custodiret et cives, quae non valuit custodire custodes ? " (Cf. Juvenal
6, 347-48 or 6,o 31-32)
I venture to suggest that if these echoes do not corne from memory
(verified in the second instance by a check of the exact text), then they
might be attributed to an abortive intent to use the satirist for material
for D.C.D. Note that the testimonia give warrant for attributing certain
29. HAG:I;:NDAHI<, 190-92.
30. HAGENDAHI.,, 193.
160
JAMES ]. O'DONNELL
32. Viz., distinguishing gods as good and evil (e.g., D.C.D. II, 11); naming
Plato a semidtus (D.C.D. II, 14); identifying demons with angels (D.C.D. rx, r9);
narrating an anecdote on reincarnation (D.C.D. XXII, 28).
33. HAGE'.';DAHL, 195-206.
11
162
JAMES ]. O'DONNELL
JAMES ]. O'DONNELL
That he barely uses the Historiae even after taking time to consult it
c. 412 is evidence of the limitations on time and energy which constrained
his research at that time. As elsewhere, we see here evidence of a few
texts read carefully then, but a larger number only dipped into hastily.
22. SENECA RHETOR 45 : The one echo (in D.C.D.) is most likely a
semi-proverb half-remembered from the rhetorician's classroom. One
cannot seriously imagine Augustine, in his busy years as bishop, deliberately sitting down to read the elder Seneca's drivel.
23. SENECA PHILOSOPHUS 46 : The most substantial presence of Seneca
is in the solid chunks of De superstitione quoted in D.C.D. VI (415 /17).
In addition there are five lines on Fate in D.C.D. V (415) from Ep. 107
(including the famous line, (( Ducunt volentem fata, rzolentem trahunt n).
If we go so far as to imagine Augustine reading the whole of Ep. 107
(hardly necessary in my estimation), there is still nothing to force us to
believe he read any more of the philosopher's letters than that. The
passage was sufficiently famous and pertinent to later debates to attract
even a bishop's attention.
More puzzling and intriguing are the two clear echoes which survive
of Seneca's tragedies, in direct quotation, but without attribution :
one occurs in the Contra Faustum (397 /98), the other in Sermon Frangipane VIII (24 June 401 : Kunzelmann). They comprise barely two
and one-half lines, from two different plays. To me even the temporal
juxtaposition of the citations is still insufficient evidence to indicate
that Augustine had been reading bombastic poetry in his spare time ;
some coincidences, after all, are only that : coincidence.
2+ SLINUs 4 7: Used for ten natural wonders described inD.C.D. XXI;
like Pliny the elder (v. my comments supra), he occurs only as a reference
source superficially consulted late in D.C.D.
HAGENDAHI,,
HAGENDAHI;,
HAGENDAIII.,
HAGENDAHI.,
244.
245-49.
249-52.
252-54.
r65
(c) Eunuchus : 386 (De beata vita, De ordine) ; 397 /401 (Conf.) repeated
in 409 (Ep. 91) and in 413 (D.C.D. II): 423 (C. ]ul., twice); 425 /27 (D.C.D. XIX) ;
(d) Hautontimorninenos : 401 /5 (C. litt. Petil.); 413 /14 (Ep. 155) repeated
in 421 (C. ]ul.) ;
(e) Phormio : 386 (De ordine) ; 397 (.Ep. 40) ; 397 /401 (Con/.) repeated in 429
(Opus imper/. c. jul.) ; 413 /14 (Ep. r 55).
27. VARR0 51
nme are :
Of
150
The
50. One of the echoes in De beata vita recurs in De doct. christ. II (396) and En.
Ps. IIS (418); the other echo in De beata vita recurs in. De trin, XIII (416/19) and
D.C.D. XIV (417 /20).
166
JAMES ]. O'DONNELL
First group : A ntiquitates rerum divinarum, books I, XIV, XV, XVI (though
Augustine has at least seen the disposition of subjects for the whole of the
Ant.), usedfromD.C.D. Ilonwards; and theDe cultudeorum (usedinD.C.D. VII
only). These works were studied carefully c. 413 /15.
Second group : De gente populi Romani (used in D.C.D. XVIII) ; De philosophia (D.C.D. XIX). These works were either studied carefully along with
the others (413 /15) and the notes saved for use later (c. 425 /27 ?) ; or the
works themselves were postponed for serious study during the later period.
28. VERGir, 52 : More testimonia in Hagendahl than for any other author
except Cicero. By my count, Hagendahl gives 251 occasions on which
Augustine quoted or alluded to approximately 156 specific passages of
Vergil. Of those 251 occasions, 53 occur in the early years, while Augustine was still mainly an ex-professor of Latin ; II5 occur in D.C.D. for
polemical effect. Only 83 occur in all the rest of Augustine's works,
spread unevenly oYer his entire career. The other citations tend to
bunch up in the 41o's, but no decade is without representatives (the
De div. quaest. LXXXIII and the Exp. incho. in Rom. for the 39o's,
the C. Cresc. and varions letters in the 4oo's ; Ench. and De cura mort.
ger. for the 42o's). As I will defend in detail later, I hold that the overwhelming number of these citations (and virtually all those not in D.C.D.)
can be attributed to memory.
To summarize this catalogue, and to take the game of counting and
weighing one (perhaps permissible) step further, the following table of
numbers of pages may be useful :
Begin with the pages in Hagendahl's catalogue :
359
Remove pages of Apuleius:
16
and Varro:
51
This leaves
292
Remove the authors of the quadriga M ess1:i
Cicero
134
Sallust
I9
Terence
IO
Vergil
59
This leaves
70 pages
Seventy pages of testimonia from all the other authors of classical antiquity, equaling a little less than one-fifth the bulk of the whole catalogue ; this should be a salutary reminder of the limitations on Augustine's parade of classical erudition, as we turn to the questions of what
books he read ; when he read them ; how carefully he read them ; and
what books he only remembered.
It is not easy to provide clear-cut categories for the different ways in
which Augustine may be concluded to have read the classics during
52. HAGENDAHL, 316-75.
167
54. Hence I exclude cases where the same line is iterated half a dozen times in a
single book of D.C,D., a common rhetorical practice for Augustine.
JAMES ]. O'DONNELL
168
Aen. r.279-285
Test. 834
Aen. 2.61
Test. 869
A en. 6.278-79
Test. 903
Test. 942
Test. 951
Georg. r .75
How often, once again is the question, was Augustine reading Vergil ?
And if he was reading him so frequently, is it not strange that the same
lines kept striking his attention ? Such iteration of allusion is surely
more probably the result of memory than of close reading.
The same demonstration can be made with Cicero allusions, at much
greater length. I will give examples only for three of the orations (or
groups thereof)
Pro Caelio
In Catilinam I-IV
dix)
D.C.D. II, III (413)
Ep. 167 (415)*
D.C.D. XIV (417 /20)
De patientia (418)*
Contra ]ulianum (423)*
Opus imper/. c. Jul (429)
(*The same passage rec~Ue<i
f9r work::>)
in all
169
I70
JAMES ]. O'DONNELL
r. Celsus (on the outside possibility that this knowledge did not
5 lines
44 lines
46
14
2
33
II
19
7
15
II
3
38
196
17
27
488 lines
171
then it is not all unlikely that Augustine's citations from these authors
could have been owed strictly to memory.
I therefore conclude that the results of the extended catalogue of
readings given above can be given as follows, including all ' class two '
and 'class three ' readings, but omitting all 'class one' readings (which
are, strictly speaking, not readings at all, but exercises in the verification of memory) :
412
by 413 /15
by 415 /17
413 /19
413 /17
413 /27
425 /27
426
419/29
What should be clearest is that, with the exception of the last two items,
all of this reading was done in preparation for D.C.D. There is no
evidence that Augustine ever devoted time and energy to serions reading
of the classics (any 'class three ' readings) other than for this single
purpose.
The obverse of this conclusion, however, is that he did not banish
them from his memory, either. He was willing to go on remembering
the classics, using them to impress correspondents, and adorning his
style with their eloquence occasionally. It is interesting, however,
to consider the list of occasions on which he took the trouble to do this ;
it will emerge that audience and circumstance governed his use of classical
adornment, not any autonomous impulse. The following list of such
occasions is inevitably subjective, but I have tried to include all cases
where the echoes of the classics seem at all significant.
n.d.
397/401
397
400 ?
401 /5
172
JAMES ]. O'DONNELL
Sermon 241 (but see above fs.v. Cicero, Timaeus] on date of this
sermon)
Ep. u8 (to Dioscorns, the young man full of questions about
Cicero)
Epp. 153, 155 (to Macedonius, a man of the world)
Ep. 167 (to Jerome)
De trin. XIII-XIV (contemporary with D.C.D. in the most 'philosophical' and secular books of the De trin.)
C. ]ulianum
Opus imperfectuin c. ] ulianum (Julian was himself full of classical
allusions)
Ep. 231 (to Darius, imperial commissioner in Africa)
As always, Augustine showed himself willing to trundle out his arsenal
of classical missiles when they suited his opponent. What is amusing
(but perhaps a little pathetic) about this catalogue is the way in which
Jerome keeps cropping up. To the picture of grudging respect and
ill-concealed hostility between these two men, we can add an image of
Augustine attempting constantly to prove himself before the somewhat
older and more distinguished Christian scholar. But above all, once
again, note how few are the occasions on which Augustine found even
trivial use for all his classical knowledge.
This infrequency of use has long been noted, if not always appreciated ; what I have demonstrated in this paper is the even greater infrequency of the classical readings which fueled Augustine's erudition
in his years in the church. He was not afraid of the classics, he did
not turn from them in contempt and derision ; but he had passed beyond
such things 59 . He could return to them when need arose, but only
reluctantly (witness the sketchiness of his research for D.C.D., particularly in the historians but even in Ciceronian works like De natura deomm),
for a particular polemical purpose. Bits and pieces of the classics survived in his memory, but they were not honored guests.
59. It is in that context that Augustine's famous remarks to Dioscorus (Ep. II8. g)
should be read : " episcopis exponenda ea mittcre cogaris : quasi vero cpiscopi isti,
etiamsi adolescentes, eodem quo tu raperis animi ardore, vel potius errore, quasi aliquid
magnum haec discere curarunt, usque ad canas episcopales, et USCfUe ad cq,thedrqs eccle.
>ftfas, eq, ibi in memoriCf d71rq,re patffent11r ...
173
Appendix
JAMES ]. O'DONNELL
174
testimonia involving the work should prove helpful. I give, for each
testimoniitm, a listing of all the other places in Augustine's works where
the same passages were on his mind ; or identifies the testimonia which
are exclusive to that work ( hapax))).
De cons. evang.
I, 12, 18
I, 22, 30
Hagendahl
918a
672
I, 23, 31
I, 23, 33
939a
673
954a
216b
289a
91a
949
674
I, 23, 34
902b
I, 23, 32
220
675
I, 27, 42
I, 30, 46
939b
902c
676
474
I, 33, 51
102
I, 33, 53
l08a
271a
L 25, 38
Alibi
Also at Ench. (421 /23)
See1us to be evidence of familiarity with
the same passage alluded to by Test. 703
D.C.D. IV [413 /15) and
Test. 791 (D.C.D. XIX [425 /27 ?J)
Also occurs 4 times in D.C.D. I-VI (413 /15)
Same as 672 above
Also occurs twice in D.C.D. IV (413 /15)
Also atEp. 17 (391) andD.C.D. VII (415 /17)
Also in D.C.D. VIII (415 /17)
Also in D.C.D. II-III (413 /15)
hapa:t:
hapax, but alludes to a passage of Varro's
De gente populi Romani, with which Augustine does not otherwise show familiarity
before D.C.D.
Also at Ep. 17 (391), D.C.D. I (413), VII
(415 /17), XVIII (425 ?)
hapax ; but note that Hagendahl admits
(cf. his note ad lac.) that the allusion is
not cogent ; and that it is to a section of
De nat. deor. particularly frequently cited
in D.C.D. I-X
This is not evidence of any borrowing from
Varro ; merely a mention of his name
Same as 939a above
Same as 902b above
Essentially the same as 672 above
hapax ; but note that there is only one
other echo of Lucan before 410, and that
one is very early: in the De Genesi c. Manichaeos (388 /89)
hapax : the only Augustinian echo of
Cicero's Pro Quinctio
Also at D.C.D. II (413)
Also at De trin. IV (401 /19). No other
quotation from Cicero's Timaeus translation can be proven to fall before 410.
Testimonia 102 and 949 are the only passages (z of 21) that do not give
rise to some more or less concrete suspicion that at least the first book
was composed or revised substantially after 4ro. (Only the last three
books contain the substance of the work's comparison of the gospels ;
the first book is deliberately and distinctively apologetic in tone.) Those
175
two testimonia are merely neutral ; there are no testimonia which indicate
any definitely pre-410 date 63 .
Such coincidence is not conclusive. But the consistency of the pattern
is strong enough, I hold, to make us at least admit the possibility of late
composition /revision and to broaden the range of dates to which the
work can be provisionally assigned 64 .
James J. O'DNNELI,
Cornell University
63. COURCELLE, Late Latin Writers, 173-75, uses De cons. evang. I. 23, 35 to
establish a connection between Plotinus, Enn. V, r, 4-7, and Conf. IX, 10, 24.
Unfortunately this connection depends on dating De cons. evang. to 398 (though on
p. 176 Courcelle switches the date to 400) and hence on abandoning the one firm
datum for the date of De cons. evang., the entry in the Retractationes. In any event,
the alleged connection is remote and tenuous in the ex:treme - too feeble to
mean anything.
64. I am grateful to G. MADEC for reference to his article, Tempora Christiana >),
Scientia Augitstiniana : Festscltrijt Adolar Zuinkeller (\Vrzburg 1975), II8, n. 34,
011 the date of De cons. evang.
G. Madec remains unconvinced of any need to
postpone the date of completion of that work much past 404. I am not convinced
that the parallels I have suggested in citation patterns between De cons. evang.
and De civ. Dei can be explained away 011 grounds of similarity of subject. If
a definite answer to this problem is to be found, it lies in the careful study of the
pattern of apologetic works as a whole (including letters and sermons) which
Augustine produced in the years immediately after 410. Astonishingly, no such
thorough study exists, so readily have we assumed that the circumstances of the
composition of De civ. Dei are self-evident from the work itself ; the truth is far different. For another implication for the dating of one of Augustine's works, see
footnote 15 above.
177
une conduite chrtienne et la foi ? >>En outre, il avouait s'tre ennuy luimme par un sermon long et morne au lieu d'instruire celui qui il
s'adressait et les autres auditeurs (De cat. rud. l).
Augustin se rjouit de pouvoir aider son correspondant, et pour le
rassurer il affirme connatre les mmes difficults, parce que celles-ci,
en ralit, sont inhrentes au discours lui-mme lent, long et fort diffrent
de l'clair rapide de la pense intuitive. L'attention des auditeurs et,
pour Deogratias, les demandes nombreuses qu'on lui adresse, indiquent
que le discours dplat moins ceux qui l'coutent, - et mme leur
est utile - , qu' celui qui le prononce. Le catchiste cependant doit
prendre plaisir enseigner et dcouvrir la joie (hilaritas) qui vient de
Dieu (De cat. rud. 2-4).
Pour donner satisfaction aux demandes du diacre de Carthage, Augustin
expose d'abord la mthode suivre dans la narratio (De cat. rud. 5-10).
Celle-ci doit commencer avec le premier verset de la Gense et se poursuivre jusqu'aux temps actuels, en retenant les vnements les plus
remarquables pour mettre en lumire l'unit de l'histoire du salut. L'Ancien Testament annonce la venue du Seigneur; celle-ci est la manifestation suprme de l'amour de Dieu et doit inciter l'homme s'enflammer
d'amour pour celui qui l'a aim le premier, et aimer le prochain
1' exemple de celui qui s'est fait le prochain de l'homme, en 1' aimant
lorsque ce dernier errait loin de lui. Les dispositions de l'auditeur ne
sont pas indiffrentes, et le catchiste cherchera les connatre pour les
redresser avec douceur si cela est ncessaire, mais ordinairement celui
qui dsire devenir chrtien prouve un sentiment de crainte qui le dispose
recevoir les oracles des saintes critures.
Augustin explique ensuite comment donner des prceptes et faire
des exhortations (De cat. rud. n-13). Aprs la narratio, il faut annoncer
l'esprance de la rsurrection et l'attente du jugement dernier, le chtiment des impies et le bonheur des justes; puis prmunir l'auditeur
contre les erreurs des paens, des juifs et des hrtiques, et contre le
scandale des mauvais chrtiens ; enfin lui rappeler les prceptes d'une
vie chrtienne et honnte, et l'inviter ne pas mettre son esprance
dans les hommes. Si celui qui dsire tre chrtien possde dj une certaine
culture biblique et chrtienne, une rcapitulation sommaire de ses connaissances peut suffire, mais accompagne d'nne mise au point autorise
sur les lectures qui l'ont conduit la foi. S'il s'agit d'un grammairien
ou d'un rhteur, il faut l'exhorter l'humilit, qui lui permettra de
goter la simplicit des critures.
La prsentation des moyens d'acqurir la joie (De cat. rud. 14-22)
constitue la partie la plus originale du trait. Le dgot, prouv par le
catchiste dans 1' exercice de son ministre, peut avoir six causes diffrentes et pour chacune d'entre elles Augustin propose les remdes propres
remplacer la tristesse par la joie dans l'esprit de celui qui doit faire
dcouvrir aux nouYeaux convertis la charit de Dieu. Dpassant ici le
cas particulier de Deogratias, l'vque d'Hippone, partir de son exp-
12
JEAN-PAUL BOUHOT
ALCUIN ET LE
cc
DE CATECHIZANDIS RUDIBUS"
179
180
181
z ; P.J.,,$., 4, 1 39,5
182
JEAN-PAUL BOUHOT
]EAN-PACL BOUHOT
Ce dernier sermon doit tre examin part. Il est sans doute antrieur
la srie des quatorze, dans laquelle il se retrouve comme source de la
cinquime pice. Pez l'a imprim <l'aprs le manuscrit de Melk, Stiftsbibl.
597 (Q. 52), x1e sicle, ff. u4-u5 : <<Incipit ammonitio siue praedicatio
sancti Bonifacii episcopi de Abrenuntiatione in baptismate - Audite,
fratres, et attentius cogitetis ... / / ... ad aeternam beatitudinem feliciter
peruenire23 l>; dans ce volume, le sermon Audite fait partie d'une petite
collection copie la suite des Homlies sur les ptres du Pseudo-Bde,
comme dans le manuscrit de Munich, Staatsbibl. 6264, x1e sicle, Freising,
f. 102rv. Une autre forme de ce texte, anonyme et plus courte, se trouve
dans le manuscrit du Vatican, Bibl. Apostolica, Pal. lat. 485, crit
Lorsch avant 875 selon B. Bischoff, f. 91n : <c Predicatio - Audite fratres
... / / ... quantum praeparauit deus diligentibus se, quod ipse praestare ...
saeculorum. Amen" D'aprs ces tmoins, J. Schlecht24 en a procur
une nouvelle dition et a voulu dmontrer qu'il avait pour source principale une ancienne version latine de la D1:dach, diffrente de celle
qu'il a lui-mme publie 25 . Mais ngligeant l'indication : <c Ex dictis
Sancti Augustini )), transcrite sous forme de note marginale, cet diteur a
augment le sermon Audite d'une finale emprunte saint Augustin :
cc Haec est fides, quae paucis uerbis tenenda in symbolo nouellis christianis datur, quae pauca uerba fidelibus nota sunt, ut credendo subiugati
recte uiuant, recte uiuendo cor mundent, corde mundato quod credant
intelligant26 )). En outre, le paragraphe : << Hoc etiam moneo uos fratres
carissimi, quia natalis domini imminet ... / / ... et in futuro ad aeternam
beatitudinem feliciter peruenire ,,, qui reproduit exactement la finale
d'un sermon de Csaire d' Arles 27 , constitue une addition la forme
originale du sermon conserve dans le manuscrit du Vatican28 Ce texte
23. Cf. F. X. FUNK, Zur altcn lateinischen Uebersetzung der Doctrina apostolorum &,
in Theologische Quartalschrift, t. 68, 1886, pp. 650-655. - Pour la date du manuscrit
de Melk, voir : W. RORDORF et A. TUILIER, La doctrine des douze Aptres (Didach)
(Sources chrtiennes, 248), Paris, 1978, p. 203 sqq.
24. J. SCHLECHT, Doctrina XII Apostolorum. Die Apostellehre in der Liturgie
der katholischen Kirche, Freiburg im Breisgau, 1901, pp. 123-126.
25. Il s'agit du texte intitul : De doctrina apostolorum, qui correspond Didach
r, r-3a et II, 2 - vr, l, mais qui en ralit a t traduit sur l'une des sources de cet
antique ouvrage; cf. W. RORDORF et A. TUILIER, o.c., p. 22 sqq., rr6 sqq., 203-2ro.
26. AUGUSTIN, De /ide et symbolo 25 ; C.S.E.L., 41, p. 32, lig. 12-16. Contrairement
l'affirmation de Rordorf et Tuilier (o.c., p. 205, note 3), ce fragment est conserv
dans le manuscrit de Munich, d'o Schlecht l'a tir; il se trouve galement dans
le manuscrit de Melk, f. rr5v. - Avec cette finale augustinienne, le sermon Audite
a t dit par F. HECHT, Das Homiliar des Bischofs von Prag (Beitrage zur Geschichte
Bhmens, Abtheilung l, Quellensammlung, Band r), Prag, 1865, p. 66, d'aprs le
manuscrit de Prague, Universitni Knihovna III.F.6 (509), xne s., ff. r7r-r72v,
qui a certainement emprunt ce texte un exemplaire e la collection ajoute aux
homlies du Pseudo-Bde.
27. CSAIRE, Serm. r88, 6; C.C.L., 104, p. 769-770.
28. Dans la collection de quatorze sermons, le cinquime dpend de cette forme
primitive dn {lermon Il uditr.
186
JEAN-PAUL BOUHOT
min, qui mesurent 240 ~< 198 mm, et forment 17 quaternions, dont
les 14 premiers sont signs de B P, auxquels s'ajoutent les deux premiers folios ( = ff. 137-138) d'un cahier mutil ; 1' criture longues
lignes, raison de 24 26 lignes par page, date du xe sicle. Il contient
les textes suivants :
- ff. l-98v : Collectio Dacheriana (du nom de son premier diteur Dom
Luc d'Achery, Spicilegium, t. II, Paris, 1672, pp. 1-200; 2e d., Paris,
1723, t. 1, pp. 510-564), sous sa forme primitive3 3 ; la perte du premier quaternion a entran la disparition de la prface De utilitate poenitentiae et de 72 capitula dans la table du premier livre. Dans ce manuscrit,
la table du troisime livre comporte seulement 151 capitula, au lieu de
158 dans l'dition; la suite du texte du l51e chapitre on trouve trois
Epistolae decretales 34 , conserves galement dans la collection Hispana 35
(ff. 8rv-84 : cf. Hispana, Epist. decret. 70, 77, 90), puis le texte des chapitres 153 158 de la Dacheriana, enfin un nouveau groupe de lettres des
papes 36 (ff. 85-98v : cf. Hispana, Epist. decret. 79, 81, 92, 95, 98, loo,
102, lol).
- ff. 98v-rozv: Sermo sancti Augustini, de eo quod scriptum est: Confitebor
tibi, pater, domine caeli et terrae - Sanctum euangelium cttm legeretur,
audiuimus exultasse dominum Ihesum in spiritu ... / / ... et ab inimicis
suis salui erant.
AVGVS'l'IN, Serm. 67, l-9 ; P.L., 38, 433-437.
- ff. 102v-129 : Incipiimt sermones sancti Bonifacii episcopi et martyris.
Sermo de fide recta - N ecessarium est fratres karissimi.
BONIFACE, Serm. r-14; P.L., 89, 843-870.
- ff. 129-138 : De baptismo - Baptisma grecum nomen est quod in
latina lingua ... / / ... et dicimus eis : effeta, quod est aperire in odorem
suauitatis 37 Il
ANONYME, Instruction sur le baptme, dite par Martne; cf. Rev. t.
aug., t. 24, 1978, pp. 295-296.
33. Cf. G. LE BRAS, Les deux formes de la Dacheriana, in Mlanges Pait! Fournier,
Paris, 1929, pp. 395-414, voir p. 405.
34. Le chapitre 152 de l'dition est emprunt la premire de ces lettres.
35. P.L., 84, 627-848.
36. Fr. MAASSEN, Geschichte der Quellen und der Literatur des canonischen Rechts,
Gratz, 1870, p. 849, a remarqu que la lettre de saint Lon, place en tte de ce
groupe, a conserv le numt'.ro d'ordre qu'elle avait reu dans la collection Hadriana :
Capitula XLVIII!; la mme remarque s'applique un autre tmoin de la Dacheriana, le manuscrit de Paris, B.N., lat. 2341, rx sicle.
37. Comme le dernier cahier du manuscrit est mutil, la fin du quatrime lment
de l'instruction manque, c'est--dire : AMALAIRE, Epist. de scrutinio et baptismo
32-54, 57; d. HANSSENS, t. l, PP 244-251.
188
JEAN-PA cL BOUHOT
dignetur, qui nos cr<eauit Ihesus Ch)ristus dominus noster, qui regnat
cum Patre in unitate Spiritus Sancti Deus per onmia saecula saeculorum.
Amen.
BONIFACE, Serm. r4, fin; P.L., 89, 869 D, lig. r5 - 870 A.
ff. rr_25v: De babtismo - Baptisma grecum nomen est quod in latina
lingua ... / / ... quia caritas operit multitudinem peccatorum.
ANONYME, Instruction sur le baptme, dite par Martne; cf. Rev. t.
aug., t. 24, r978, pp. 295-296.
- ff. 25v-73 : Incipit hoinelia sancti Eligii episcopi
Rogo uos fratres
karissimi et cum grande humilitate admoneo, ut intentis animis auscultare in beatis, quae uobis pro salute uestra suggerere uolo ... / / ... ad
regna caelestia trepudiantes peruenire possitis, prestante domino nostro
Ihesu Christo, qui cum Patre et Spiritu Sancto uiuit <per) cuncta saecula
saeculorum. Amen. Explicit.
LOI DB NOYON ("! 660), Praedicatio de supreino iudicio ; M. G.H., Script.
rer. merou., t. 4, pp. 75r-76r.
190
JEAN-PAUL BOUHOT
Le manuscrit du Vatican, Bibl. Apostolica, Reg. lat. 457, crit au xne sicle
en Germanie et peut-tre Mayence (A. Wilmart) contient principalement
des textes hagiographiques 43 , mais entre la Vita Remigii d'Hincmar
et la Vita Martini de Sulpice-Svre, un groupe de pices homiltiques
a t insr; il comporte deux homlies pour la fte de tous les Saints 44,
et ff. IIr-r29, sous le titre : Incipiunt sermones sancti Bonifatii martiris ll, les dix premiers sermons attribus Boniface, sauf la seconde
partie du dixime. Cette srie de sermons a t reproduite (peut-tre
incompltement), dans un autre recueil hagiographique 45 du Vatican,
Bibl. Apostolica, Reg. lat. 562, copi au xvre sicle. Enfin cette mme
srie de sermons se retrouve partiellement, sous une forme trs remanie
et bouleverse sans doute par un accident dans la transmission du texte,
dans le manuscrit de Paris, B.N., lat. 340, ff. 53-64 en criture du xne
sicle 46 .
Comme le sermon Audite, les quatorze pices de la collection attribue
Boniface, offrent de nombreux points de comparaison avec les prdications
de Csaire d'Arles, mais souvent leurs '>ources peuvent tre dsignes
avec davantage de prcision. Le premier sermon (P.L., 89, 844 D 845 A) cite sans le nommer Gennade, De eccl. dogm., c. r ; le quatrime
(P.L., 89, 850-852 A, lig. 4) reproduit un sermon ancien, connu par
un manuscrit du xue sicle (Prague, Universitni Knihovna III.F.6 (509),
ff. r67-r69) et publi par F. Hecht 47 ; le cinquime (P.L., 89, 852-855)
est une amplification de la seconde partie du sermon Audite, concernant
les promesses faites au baptme 48 ; le sixime (P.L., 89, 855-856) est une
copie un peu abrge d'un sermon 49 compos l'aide de la partie finale
de l'homlie cc Necessarium est enim unicuique homini l>, dont nous
avons fait mention aprs avoir tudi l'opuscule attribu Firmin;
191
LETTRES D'AI,CUIN
Le manuel pastoral attribu Firmin et les sermons transmis sous le
nom de Boniface n'indiquent pas quel enseignement prparatoire au
baptme donnaient au vrne sicle les missionnaires en pays germanique ;
peut-tre aucun. Alcuin, en effet, en 796 a demand avec tant d'insistance de prvoir et d'organiser un tel enseignement, afin d'viter dans
la christianisation des Avars l'chec qu'a rencontr nagure celle des
Saxons, qu'il semble avoir propos et fait accepter une nouvelle conception
de l'vanglisation et des mthodes inaccoutumes.
Les Avars
souvent confondus avec les Huns - taient installs dans
la portion centrale de la valle du Danube et faisaient peser de srieuses
menaces sur la Bavire et le Frioul, aux frontires du royaume de Charle50. L'authenticit des sermons de Boniface, longuement discute, est gnralement
rejete; les s::wants qui l'ont dfendue se sont attachs montrer que de nombreux
traits de l'histoire de saint Boniface pouvaient s'accorder avec certains dtails des
sermons, mais la banalit de ceux-ci et leur utilisation de sources nombreuses
affaiblissent les rapprochements proposs.
192
JEAN-PAUL BOUHOT
5r. Cf. L. HALPHEN, Charlemagne et l'empire carolingien (L'volution de l'humanit), ze d., Paris, r968, pp. 77-82.
52. A. KLEINCLAUSZ, Alcuin, Paris, I948, p. 129.
53. ALCUIN, Epist. IIO; M.G.H., Epist., t. 4, pp, 157-159; cf. A. KLEINCLAUSZ,
o.c., pp. 129-130.
193
son ascension aux cieux, son avnement futnr pour juger tous les peuples,
la rsurrection de nos corps et l'ternit des peines pour les mchants et des
rcompenses pour les bons, enfin (mox), comme nous l'avons dit, l'me nouvelle
doit dr;nner l'assurance de la fidlit. Fortifi par cette foi l'homme est prt pour le
baptme.
13
194
JEAN-PAUL BOUHOT
est celle que nous avons anlyse et qui contient une rfrence au De
catechizandis rudibus, si bien que l'opuscule ou Ordo sur la catchse
prparatoire au baptme qui en drive, a trs probablement vu le jour
dans l'entourage d'Arno de Salzbourg vers la fin de l'anne 796 : ce sera
du moins notre hypothse de travail.
De son ct Alcuin n'a pas beaucoup tard tenir sa promesse en
envoyant Arno une longue lettre sur la ncessit et la manire de
catchiser les adultes avant de les baptiser5 6 . Si les thmes dvelopps
rejoignent ceux que contiennent la lettre Charlemagne ou d'autres57
dans lesquelles Alcuin traitait de la mme question, ici le De catecliizandis
rudibus de saint Augustin n'est pas mentionn ni cit. Le conseiller
de Charlemagne n'a donc pas emprunt sa conception de la catchse
prcisment ce trait augustinien, qui d'ailleurs avait un objet trs
limit et ne constituait pas un manuel de prparation au baptme,
mais il en a utilis le titre 58 , qui aurait pu tre celui d'un ouvrage plus
gnral, pour proposer au roi, avec autorit, une nouvelle mthode d'vanglisation59, et par consquent il ne peut tre le rdacteur de l'Ordo
de catechizandis rudibus, dont l'ouvrage d'Augustin est la source principale.
UN ''ORDO DE CATECHIZANDIS RUDIBUS
>>
195
196
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197
1370,
/.
JY
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198
1,7) Cnr catecmninus acdpiat salem,
Ces questions, dont les termes mmes sont souvent transcrits, ont
visiblement dtermin la composition de l'Ordo que transmet le manuscrit
1370 de Vienne et qui se dveloppe selon le plan suivant. (Les rubriques
du manuscrit sont transcrites en italique.)
f. rv
f. 3v
f. 4v
f. 5
f. ,.,I
f. 7v
f. rov
f. II"
f. I2
f. r2v
f.
f.
f.
.f.
13
r3v
r3v
r3v
f. I 5"
f. IO
f. 16
f. lov
f. 17"
I99
200
JEAN-PAUL BOUROT
Plutt que de trois formes d'un mme ouvrage, il vaut mieux parler
de trois opuscules composs, le second partir du premier et letroisime
partir du deuxime, chacun dans une intention particulire, mais
tous les trois dans l'entourage et sous l'inspiration d'Arno de Salzbourg7 1.
Celui-ci a commenc sa carrire dans le clerg du diocse de Freising
en Bavire, o il a reu 1' ordination sacerdotale en 776 ; il a fait profession
monastique en l'abbaye de Saint-Amand, dont il est devenu abb le
26 mai 782; en 785 il a reu l'vch de Salzbourg, avant d'tre promu
la dignit d'archevque en 798 ; il est mort le 23 janvier 821. L'Ordo
de catechizandis rudibus (texte du manuscrit de Rouen), n'est pas l'uvre
d'Alcuin, qui ne cite le titre du trait augustinien, comme nous l'avons
dj expliqu, que pour donner du poids sa propre conception de
la catchse, ni celle de Charlemagne, qui tenait personnellement pour
une autre mthode d'vanglisation, mais plutt celle d'un clerc de
l'entourage d' Arno de Salzbourg, lequel avait instamment demand
son ami Alcuin la composition d'un ouvrage sur ce sujet et n'avait
reu en attendant qu'une copie de la lettre Charlemagne, dont la partie
traitant de la catchse constitue le cadre de l'Ordo 72 Cet opuscule a
sans doute t compos dans les premires annes du rxe sicle, puisqu'il
cite le De /ide sanctae et indiuiduae Trinitatis d'Alcuin, dont la lettre
d'envoi l'empereur semble dater de 802, mais la publication de ce
trait pourrait tre antrieure son envoi Charlemagne, ou 1' extrait que
contient l'Ordo avoir t ajout la rdaction primitive, qui remonte
peut-tre la fin de l'anne 796. Une quinzaine d'annes plus tard, quel
autre archevque qu' Arno de Salzbourg pouvait insister dans sa rponse
1' enqute de Charlemagne sur certains aspects du baptme administr
aux adultes, en reprenant un texte inspir par une lettre d' Alcuin ?
Enfin, il est vident que l'instruction sur le baptme connue par le
manuscrit de Munich, drive d'une copie de la rponse l'enqute impriale, sans doute communique par Arno son suffragant de Freising.
Ces trois opuscules, qui attestent la diffusion des ides d' Alcuin, auxquelles
ils apportent la garantie de la tradition de l'glise, puisqu'ils sont entirement composs d'extraits d'ouvrages patristiques, mritent d'tre
dits, et surtout le premier d'entre eux, l'Ordo de catechizandis rudibus,
dont nous prsenterons d'abord l'unique tmoin actuellement connu.
Capitularia, t. l, Hannouerae, 1883, p. 235; puis, f. 133. un court morceau intitul:
In ordine totius missae septem orationes continentur ; enfin, ff. 134-142, l'Ordo
de catechizandis rudibus dit par Burn.
JI. Sur Arno de Salzbourg, voir : H. PLA'I'ELLE. Le temporel de l'abbaye de SaintAmand des origines 1340, Paris, 1962, pp. 54-55.
72. La lettre d'Alcuin a peut-tre eu d'autres lecteurs que le roi et l'vque de
Salzbourg; mais qui, comme ce dernier, ayant la charge de l'vanglisation des
Avars, aurait demand Alcuin un e:ii:pos sur la prdication aux paens ? car
l'Ordo manifeste une entire confiance, - et mme exagre en ce qui concerne la
rfrence au De catechizandis rudibus d'Augustin -, l'gard d'un texte provenant
d' Alcuin, en mm~ t~mps qu'i+r+ SOH\:i <;"vident dt;s prob!nies poss par l baptme de&
ad.i+ltl'~.
20!
heresibus.
202
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204
porte douze extraits du commentaire, dont trois sont mis sous le titre :
Albinus in epistola sua 79 )), cinq sont simplement prcds de la mention:
<< Albinus)) et quatre sont anonymes; mais comme le rdacteur n'a
pu identifier de si brves citations si son modle, l'Ordo de catechizandis
rudibus, ne lui fournissait aucune indication, faut-il croire que le texte du
manuscrit de Rouen est dfectueux sur ce point, alors que les nombreuses
autres rfrences qu'il donne sont exactes ? Une autre explication parat
plus vraisemblable : le rdacteur de l'Ordo a utilis le commentaire
anonyme Primo paganus; plus tard, un lecteur a remarqu que ces
extraits, ou du moins quelques-uns d'entre eux, se trouvaient galement
dans une lettre d' Alcuin (Epist. 134 ou 137) et a not la rfrence, en
marge sans doute ; ces indications ont t mises profit par le rdacteur
de la rponse 1' enqute impriale du manuscrit de Vienne, mais toutes
ne sont pas parvenues au copiste du manuscrit de Rouen. Selon cette
hypothse, les titres : << Albinus in epistola sua)) n'appartiendraient
pas la rdaction primitive de l'Ordo : nous les avons donc placs entre
crochets dans notre dition.
Sigles et abrviations
Manuscrits
R
Rouen, Bibl. Mun. 469 (A. 214)
v = Vienne, Nationalbibl. 1370
ditions
Burn
C.C.L.
C.S.E.L.
Gamber
G.C.S.
M.G.H.
P.G.
P.L.
P.L.S.
79. Les trois titres : Albinus in epistola sua >l conservs dans le texte de l'Ordo,
prcdent les mmes fragments du commentaire Primo paganus dans la rponse
l'enqute impriale du manuscrit de Vienne : le rdacteur de cet opuscule se
montre donc parfaitement fidle son modle, qui, sans doute plus complet que
celui de notre manuscrit de Rouen, lui a galement fourni, grce aux mentions
explicite:> dn nom tllb1:nus, l'identification de plusienrs autres fragments.
205
1. Cf. ALCUIN, Epist. l IO; M. G.H., Epist., t. 4, p. 158, lig. 15-20: Illud quoque
maxima considerandum est diligentia, ut ordinale fiat praedicationis officium et
baptismi sacramentum, ne nihil prosit sacri ablutio baptismi in corpore si in anima
ratione utenti catholicae fidei agnitio non praecesserit. Dicit itaque Apostolus :
Omnia uestra honesta cum ordine fiant; et ipse Dominus in euangelio discipulis
suis praecipiens ait : Ite docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris et
Filii et Spiritus Sancti.
(a) l Co 14, 40.
(b) Mt 28, 19-20.
2. ALCUIN, Epist. IIo, d. cit., p. 158 lig. 20-28. (a) JJh{ME, ln Matheum,
IV, 28, 19-20, lig. 2001-20!0 ; C.C.L., 77, p. 282.
3. Cf. AUGUSTIN, De cat. rud., XIV, 20, lig. 23-27; C.C.L., 46, p. 145: Nemo enim
melius ordinat qu.id agat, nisi qui paratior est non agere qu.od diuina potestate
prohibetur, quam cupidior agere quod humana cogitatione meditatur. Quia multae
cogitationes sunt in corcle uiri, consilium autem Domini manet in aeternu.m. ~
- (a) Pr 19, 2I.
(b) Ps. 32, II.
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207
maior inuitatio ad Deum quam amor eius purus ac uerus. 8. Quia ergo caritati
nihi14 aduersius quam inuidentia, mater autem inuidentiae supergia est :
idem dominus Ihesus Christus deus et homo et diuinae in nos indicium est,
et hurnanae apud nos humilitatis exemplum, ut magnus tumor noster maiore
contraria medicina sanaretur. Magna est enim miseria superbus homo sed
maior misericordia humilis Deus. Hac ergo dilectione tibi tamquam fine praeposito quo referas omnia quae dicis, quicquid narras ita narra, ut ille cui loqueris
audiendo crcdat, credendo speret, sperando amet.
De ipsa etian1 seueritate Dei, qua corda mortalium saluberrimo terrore
quatiuntur, caritas aedificanda est, ut ab eo quem timet amari se gaudens, eum
redamare audeat, eiusque in se dilectioni etiamsi impune posset, tamen displicere
uereatur. Rarissime quippe accidit, immo uero mmquam, ut quisquam ueniat
uolens fieri christianus, qui non sit aliquo t:nore perculsus. Si enim aliquod
commodum spectando ab hominibus, quibus se aliter placiturum non putat,
aut aliquod ab hominibus incommodum deuitando, quorum offensionem aut
inimicitias refonnidat, uult fieri christianus, non fieri uult potins quam fingere.
Fides enim non res est salutaris corporis, sed credentis animi. Sed plane adest
misericordia Dei per ministerium catecizandis, ut sermone commotus, iam
fieri uelit quod decreuerat fingere. Quod cum uelle coeperit, tune eum uenisse
deputemus. Et occultum quidem nobis est quando ueniat animo, quem iam
corpore uenientem uidemus. Sed tamen sic cum eo debemus agere, ut fiat
in illo haec uoluntas etiamsi non est. 9. Utile est sane ut praemoneamur antea si
fieri potest ab iis qui eum norunt, in quo statu animi sit, uel quibus causis
commotus ad suscipiendam religionem uenerit. Quod si defuerit alius a quo
id noucrimus, etiam ipse interrogandus est ut ex eo quod responderit ducamus
sermonis exordium. 1 O. Ouod si forte diuinitus admonitum uel territum se
esse responderit ut fier;t christianus, laetissimum nobis ad exordiendum
sermonem aditum praebet.
Niceta in libro prinio ad competentes : 11. Instructiones igitur necessarias
ad fidem currentibus opus est explorare, quas et rusticae animae possint
aduertere pariter et tenere, non ex proprio ingenio compositas sed ex diuinarum
scripturarum praedicatione collectas, quibus edocentur ad baptismmn electi,
ut quid dimiserint sciant, et quid desiderant magis intelligant, et quid accepturi
sint uel quid obseruare debeant certius recognoscant : quia magnum est quod
desiderant, grande est quod inchoant, sine Deus inspirauit sine homo comm.onuit
et suasit. Qui hoc beneficium praestitit melius aliud prouiderc non potuit.
Quid autem potest esse melius hoc consilio, cum homo de infideli efficitur fidelis,
de peccatore fit iustus, de scruo liber, de extraneo domesticus, de inimico
4 nihil] nichil R
8. AFGUSTIN, De cat. rud., IV, 8, lig. 71 - V, 9, lig. 18 ; C.C.L., 46, pp. 128-129.
De cat. rud., V, 9, lig. 21-25 ; C.C.L., 46, pp. 129-130.
10. AUGUSTIN, De cat. rud., VI, IO, lig. l-3; C.C.L., 46, p. 130.
11. NICTAS DE RMSIANA, Instructio ad competentes, Fragm. l ; P.L.5., 3, 189190. - La premire partie de ce fragment a t dite par M. Denis, puis par A. Mai
( = P.L., 52, 875 C) ; la seconde partie a t dcouverte dans le manuscrit 469 de
Rouen et dite par G. Morin (Rev. Bn., t. J 4, 1897, p. 99) ; le fragment dans
sa totalit a t dit par Ilurn, p. 6 (d'o le texte de P.L.S.) et par Gamber, p. 17,
n 2-5, - (a) Col 3, 9-10.
ll. AUGUSTIX,
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208
CATECIZANDI
14. <Igitur ille ordo in docendo uirum aetate perfectum diligenter, ut arbitror,
obseruandus est, quem beatus Augustinus ordinauit in libro, cui De catecizandis
rudibus titulum praenotauit 5 ). Primo instruendus est homo de animae immortalitate6 et de uita futura et de retributione bonorum malorumque. Postea pro
quibus peccatis et sceleribus poenas cum diabolo patiatur aeternas, et pro quibus
bonis uel benefactis gloria cum Christo fruatur sempitema. Deinde fides sanctae
Trinitatis diligentissime docenda est et aduentus pro salute humani generis
Filii Dei domini nostri Ihesu Christi in hune mundum exponendus ; et de
5 Igitur... praenotauit V oin R
6 animae immortalitate V immortalitate animae R
209
14
210
JEAN-PAUL BOUHOT
18. Dorninus ait in euangelio : Amen, amen dico uobis, quia qui uerbnm
meum. audit et credit ei qui misit me, habet nitam aeternam. et in iudicium non
nenit, sed transiet de morte ad uitama. Et alibi : Oues meae uocem meam, audiunt, et ego cognosco eas, et sequuntur8 me : et ego uitam aeternam do eis, et
non peribunt in aeternmnb. Et iterum : Qui amat animam suam perdet eam",
id t:st concupiscentias camis mortificet et corpus animae dominationi subiciat.
Nam qui odit animam suam in boc mundo, in uitam aeternam inueniEt eamd.
Nam etde iudicio dicit: Ibunt ii, id est peccatores, in suppliciumaet emum, iusti
autem in uitam aetername, et multa alia his similia in euangelio reperies.
Et apostolus Paulus ad Romanos : Habetis fructum uestrum in sanctificationem, finem uero uitam aeternamf. Et iterum : Existimo enim quod non sunt
condignae passiones huius temporis, ad fntnram gloriam quae reuelabitur in
nobisg. Et ad Corinthios : Scimus enim quia si terrestris doums nostra huius
habitationis dissoluatur, quod aedificationem ex Deo habemus domum non
manufactarn sed aeternam in caelish. Et alibi idem A postolus : Non enim habemus hic manentern ciuitatem sed futuram inquirimusi.
Et Johannes in epistola prima : Et uidimus et testarnur et annunciarnus uobis
uitam aeternam1. Et in eadem epistola : Qui autem facit uoluntatern Dei,
manet in aeternum 1. Et iterurn : Karissirni, nunc filii Dei sumus, et nondum
apparuit quid erirnus. Scirnus quoniam cum apparuerit similes ei erimus, quoniarn uidebimus eum sicuti estm. Et iterurn : Haec scribo uobis : ut sciatis
quoniam habetis uitam aeternam qui creditis in nomine Filii Dei. Et scimns
quoniam Filius Dei uenit et dedit nobis sensum ut cognoscamns Deum uernm,
et sirnus in uero Filio eius. Hic est uerus Deus et uita aeternan. Et in apocalypsi :
Et absterget Deus omnem lacrimam ab oculis sanctorum, et mors ultra non
erit neque luctus neque clamor neque dolor erit ultra, quae prima abierunt.
Et dixit qui sedebat in throno : Ecce noua facio omnia 0 . Multaque talia in
nouo testamento inueniuntur.
Gregorius in inoraliis I ob in libro 9 .xxxv 0 : 19. Septenario numero perfectio
aeternitatis innuitur, cum dies septimus in requiem Dornini sanctificatus uocatur, cui iam uespera non dicitur, quia internae beatitudinis requies nullo termino
coartatur.
A u{{ustinus in libro quarto de sancta Trinitate : 20. Non enim proprie uocatur
aeternnm, quod aliqua ex parte mutatur. In quantum igitur mutabiles sumus,
8 sequuntur] secuntur R
9 libro .xxxv0 .] libro .xxxvi0 R
18. Scriptura sancta. (a) Jn 5, 24.
(b) Jn 10, 27-28.
(c) Jn 12, 25,
avec une glose : id est( ... ) subiciat .
(d) Jn r2, 25.
(e) Mt. 25, 46.
(f)
Rm 6, 22.
(g) Rm 8, rS.
(h) 2 Co 5, r.
(i) Hb 13, 14.
(k) l Jn r, 2.
(1) Jn 2, r7.
(m) l Jn 3, 2.
(n) l Jn 5, 13, 20.
(o) Ap 2r, 4-5.
19. GRGOIRE LE GRAND, Moralia in lob, XXXV, r6; P.L., 76, 758 C, lig. 3-8.
20. AUGUSTIN, De Trinitate, IV, XVIII, lig. lS-32; C.C.L., 50, pp. 191-192. (a) Jn 17, 3.
ZII
DE
ro quantumlibet] quantolibet R
II erudiendum] eruendum R
21. ALCUIN, De fide sanctae et indiuiduae Tri11itatis. III, 2r ; P.L., l::n, 53 C,
lig. I2 - D, lig. S
22. ISIDORE DE SVILLE, Sententiac, III, LXI, r-3, 5-7; P.L., 83, 735 C, lig. 3-I3,
736 A, lig. I I - B, Hg. 8.
23. Cf. AUGUSTIN, De cat. rud., XVI, 24, lig. I r-13 ; C.C.L., 46, p. 149 : Nam
et in hac uita homines magnis laboribus requiem quaerunt et securitatem, sed
prauis cupiditatibus non inueniunt.
212
JEAN-PAUL BOUHOT
potest, (24) quia dicit Isaias propheta : Omnis caro foenum et omnis gloria eius
ut /los foeni. Foenum aruit, /los decidit; uerbum autem Domini manet in aeternuma. Ideo qui ueram requiem et ueram felicitatem desiderat, debet tollere
spem suam de rebus mortalibus et praetereuntibus, et eam collocare in verbo
Domini, ut haerens ei quod manet in aeternum, etiam ipse cum illo maneat in
aeternum.
25. Tu autem quia ueram requiem quae post hanc uitam christianis promittitur quaeris, etiam hic eam inter amarissimas uitae huius molestias suauem
iocundamque gustabis, si eius qui eam promisit praecepta dilexeris. Cito enim
senties dulciores esse iusticiae fructus quam iniquitatis et uerius atque iocundius gaudere hominem de bona conscientia inter molestias, quam de mala
inter delicias, quia non sic uenisti coniungi Ecclesiae, ut ex ea temporalem
aliquam utilitatem requireres.
non sentit.
28. AUGUS'l'rn, De cat. rud., XVII, 27, lig. 31-33 ; C.C.L., 46, p. r52. - (a) I Co 2, 9.
29. AUGUSTIN, De cat. rud., XXV, 46, lig. 16-25 ; C.C.L., 46, p. 170.
213
poris conditionem pro meritis iniquitatis, non quae mortem soluatnr, sed
quae materiam sempiternis doloribns praebeat.
Item de retributione bonorum malorumque A UfiUStinus in libro suprascripto :
30. Fuge ergo per immobilem fidem et mores bonos, fuge, frater, illa tormenta,
ubi nec tortores deficiunt, nec torti moriuntur, quibus sine fine n;ors est, non
posse in cruciatibns mori ; et exardesce am.ore atque desiderio sempiternae
uitae sanctorum, ubi nec operosa erit actio nec requies desidiosa. Laus erit
Dei sine fastic1io, sine defectu : nnllnm in animo taedinm, nullus labor in corpore, nulla indigentia ; nec tua cui subneniri desideres ; nec proximi cui subnenire festines. Omnes deliciae Deus erit et societas sanctae ciuitatis in illo et
de illo sapienter beataeqne ninentes. Efficiemnr enim, sicut ab illo promissnm
speramns et expectamus, aequales angelis Dei et cum eis pariter illa Trinitate
perfnlemur iam per speciem, in qua nunc per /idem ambulamusa.
31. Haec sunt quippe et his similia peccata, quae si non pcr poenitentiam
dignam et per confessionem puram. pcr elemosinarnmque largitatem sen per alia
bona misericordiae opera deleantur, pro quibus poenas cum diabolo iniqui
patiuntur aeternas : superbia, gula, fornicatio, auaritia, ira, accidia, tristitia,
nana gloria, inoboedientia, praesumptio, pertinacia, contentiones, hereses,
inepta laeticia, scurrilitas, uanitas, uaniloquium, immunditia corporis, instabilitas mentis, ebrietas, libido, petulantia, odium mandatorum Dei, negligentia, inuidia, furta latrocinia, homicidia, mendacia, periuria, rapinae, uiolentiae,
inquietudo, iniusta iudicia, contemptus ueritatis, futurae beatitudinis obliuio,
aemulatio mala, obduratio cordis, tmnor mentis, rixae, contumeliae, praecipitatio, blasphemiae, somnolentia, pigritia, murmuratio, inaniloquia, malicia,
pusillanimitas, amarituc1o, desperatio, discordia, hypocrisisl2 et alia his similia.
32. Deinde etiam pro istis bonis perseuerantes in eis gloria cum Christo
perfruantur aeterna, id est caritas quod est uera dilectio Dei et proximi, fides
recta, spes finna in Deum, humilitas, abstinentia, castitas, scientia boni,
patientia, lenitas, mansuetudo, misericordia, largitas, humanitas, benignitas,
iusticiae amor atque perfectio, hospitalitas, oratio assidua, ieiuniorum sancta
discretio, uigiliarum actio in Deum, frequentatio ecclesiae, obseruatio mandatorum Dei, elemosinan1m largitas et pauperum ac peregrinorum cura propter
amorem Dei non propter uanae gloriae appetitum, timor Dei sanctus et castns
ac totius boni perseuerantia uoluntaria, quoniam per talia et his similia bona
gloriam et beatitndinem coram Deo consequi mereantur aeternam.
33. Deinde hoc modo cetera contexenda.
12
hypocrisis] ypochrisis R
30. AUGUSTIN, De cat. rud., XXV, 47, lig. 26-38; C.C.L., 46, p. 170. (a) Cf.
Co 5, 7.
31. Cf. Libellus precum, ex ms. Floriacensi (Orlans, Bibl. Mun. r84, s. IX 1 ) ;
P.L., IOI, 1410 D, lig. I - r411 A, lig. 7.
32. Source non identifie.
;)~, AUGUSTIN, /)e rat, ru., XXVI, ~1 1 lig. 33-;31; .C,L., 46, p. r74,
2
214
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34. Vere, frater, illa magna et uera beatitudo est, quae in futuro saeculo
sanctis promittitur. Omnia uero uisibilia transeunt et omnis huius saeculi
pompa et deliciae et curiositas illteribunt, et secum ad interitum trahunt amatores suos; a quo interitu, hoc est a poenis sempiternis, Deus rnisericors uolens
homines liberare, si sibi ipsi non sint inimici et non resistant rnisericordiae
creatoris sui, misit unigenitu..n.1 Filium suum, hoc est Verbum suurn aequale sibi,
per quod condidit omnia ; nec in aliquo mutatus, assurnendo tarnen hominem et
in came mortalis hominibus apparendo uenit ad homines, ut quernadmodum
per unum hominem qui primus factus est, id est Adam, mors intrauit in genus
hurnanurn, quia consensit mulieri suae seductae a diabolo, ut praeceptum Dei
transgrederentur ; sic per unum hominem qui etiam Deus est, Dei Filius, Ihesum
Christurn, deletis omnibus peccatis praeteritis, credentes in eum onmes in
aeternam uitam ingrederentur.
Omnia enim quae nunc uides in Ecclesia Dei et sub Christi nomine per toturn
orbem terrarum, ante saecula iam praedicta sunt, et sicut ea leginms ita et
uidemus, et inde aedificamur in fidem. Factum est aliquando diluuium per
totam terram ut peccatores delerentur ; et tamen illi qui euaserunt in arca,
sacramentum futurae Ecclesiae dernonstrabant, quae nunc in fluctibus saeculi
natat, et per lignum crucis Christi a submersione liberatur. Praedicturn est
Abrahae seruo Dei fideli uni homini, quod de illo esset populus nasciturus qui
coleret unum Deum inter ceteras gentes quae idola colebant : et omnia quae illi
populo uentura praedicta sunt. Prophetatus est in illo populo etiam Christus rex
omnium sa11ctonm1 et Deus uenturus ex semine ipsius Abraham secnndum
camem quam asSlh'Ilpsit, ut etiam omnes filii Abrahae essent, qui fidem eius
imitarentur; et sic factum est. Natus est Christus de Maria uirgine, quae
ex illo geuere fuit. Praedictum est per prophetas, quod in cruce passurus esset
ab eodem populo Iudaeorum, de cuius genere secundum camem ueniebat ;
et sic est factum. Praedictum est, quod resurrecturus esset; resurrexit, et
secundum ipsa praedicta prophetarum ascendit in caelum ; et discipulis suis
Spiritum Sanctum misit. Praedictum est non solum a prophetis, sed etiam
ab ipso domino Ihesu Christo, quod Ecclesia eius per uniuersum orbem terrarum
esset futura, per sanctorum martyria passionesque disseminata ; et tune praedictum quando adhuc nomen eius et latebat gentes, et ubi notum erat irridebatur; et tamen in uirtutibns miraculorum eius, sine quae perse ipse, sine quae
per sernos suos fecit dum annunciantur haec et creduntur, iam uidemus quod
praedictum est esse completum, regesque terrae ipsos qui antea persequebantur
christianos, iarn Christi uornini subiugatos. Praedicturn est etiarn, quod schismatasl3 et haereses ex eius Ecclesia essent exiturae, et sub eius nomine per
loca ubi possent suam non Christi gloriam quaesiturae; et ista cornpleta sunt.
Nunquid ergo illa quae restant non sunt uentura ? Manifesturn est, quia
sicut ista praedicta uenenmt, sic etiam illa uentura sunt. Quaecumque iustorum
adhuc tribulationes restant ; et iudicii dies quae separabit omnes impios a
iustis in resurrectione mortuon1m, et non solurn eos qui sunt extra Ecclesiam,
sed etiarn ipsius Ecclesiae paleas quas oportet ut usque ad nouissimam uentilationern patientissime snfferat, ad ignem debitum segregabit.
13 schismata] scismata R
34. AUGUSTIN, De cat. ritd., XXVI, :;2 - XXVII, 54, lig. 43; C.C.L., 46, pp. 174-176.
215
DE RESVRRECTIONE
35. Qui autem irrideut resurrectionem putantes quod caro ista quia putrescit,
resurgere non potest, ad poenas in ea resurrecturi sunt ; et ostendet eis Deus
quia qui potuit haec corpora facere antequmn essent, potest ea uno momento
restituere sicut erant. Omnes autem fideles regnaturi cum Christo, ita resurgent
in eodem corpore, ut etiam commutari mereantur ad incorruptionem angelicam
ut fiant aequales angelis Dei sicut Do'.ninus ipse prornisita, et laudent eum sine
aliquo defectu et sine aliquo fastidio, semper uiuentes in illo et de illo, cnm
tali gaudio et beatitudine, qnalis nec dici nec cogitari ab homine potest.
Gregorius in homiliis14 Ezechielis prophetae : 36. Forte snnt aliqni in Ecclesia
qui mirantur qualiter caro reuiniscere possit ex pulnere. Quare non mirantur
quomodo potuit Deus omnia quae sunt ex nihilol 5 facere ? Minus est enim id
reparare quod erat, quam ex nihilol5 facere qnod non erat. Ipsa ergo mundi
elementa, imaginem nobis praedicant resurrectionis. Sol cotidie nostris oculis
moritur, cotidie resurgit. Stellae matutinis horis nobis1 5a occidnnt, uespere
resurgunt. A.rbusta aestiuis temporibus plena foliis, floribns fructibusque uidemus, quae hyemis te'11pore nnda foliis, floribus ac fructibus quasi arida remanent. Sed uerno redennte, cmn a radice hmnor surrexerit, suo iterum decore
nestiuntur. Cur ergo de hominibus diffiditnr quod fieri in ligno uidetnr ?
Sed si puluerem putrescentis carnis aspiciunt, dicunt : Unde ossa et medullae,
unde caro et capilli poterunt in resurrectione reparari ? Haec itaqne requirentes,
parua semina ingentimn arborum uideant atque, si possint, dicant : Ubi in
eis latet tanta moles roboris, tanta dinersitas ramorum, tanta multitudo et
uiriditas foliorum, tanta species florum, tanta ubertas, sapor atque odor fructuum ? Numquid semina arborum odorem uel saporem habent quem ipse
post arbores in snis frnctibns proferunt ? Si ergo ex semine arboris produci
potest quod uideri non potest, cnr de puluere carnis humanae diffiditnr, quod
ex eo reparari forma ualeat quae non uidetur ?
Saepe autem obicere inane111 quaestiunculam solent, qua dicunt : Carnem
ho:ninis lupus comedit, lupum leo denorauit, leo moriens ad puluerem rediit.
Si pnluis ille suscitatur, quomodo caro hominis a lupi et leonis carne diuiditur ?
Quid ergo bis aliud est respondendum, nisi ut prius cogitent qualiter in hune
mundum nenerunt, et tune inuenient qualiter resurgant ?
ITEM _\ VGVSTINVS IN I,IBRO DE CATECIZANDIS RVDIBVS, DE IVDICIO FVTVRO,
ET DE AETERNIS GAVDIIS BONORVM SIVE POENIS IMPIORVM, AC DE RESVRRECTIONE
37. Per omnia igitur quae futura dibantur et praesentia iam uidentur,
aedificamur ad fidem, nt etiam illa quae restant, sustinentes et perseuerantes in
14 homiliis] omeliis R
5 nihilo] nichilo R
l5a nabis] nubes R
l
3;'). AUGLJS1'IX, De cat. ritd., XXVII, 54, lig. 43-53; C.C.L., 46, pp. 176-177.
(a)
Cf. Mt 22, 30.
36. Auteur inconnu, Sermo de resurrectione (qui utilise : GRGOIRE I,E GRAND,
Hom. in Ezechielem, II, 8) ; P.L.S., 4, 1585-1586, lig. 3.
37. AUGUSTIN, De at. rud., XXIV, 45, lig. 19 - :'\XV, 46, lig. 16; C.C.L., 46, pp. 168170,
JEAN-PAUL BOUHOT
2I6
f?-41,
217
Augustinus in libro .-K-iii 0 de ciuitate Dei, quales primi homines conditi fuerunt,
1tel qua!es resurrecturi sunt sancti in die iudicii : 39. Non nobis uidetur absnrdum
2I
ibunt] uiuunt R
quod] quoniam R
quod] quam R
resurrectionem] resurrectione R
nihil] nichil R
39. AUGUSTIN, De ciuitate Dei, XIII, 19, lig. 56 - 20, lig. 23 ; C,C,L., 48,
403. - (a) f, Ps. I,5, 19.
(b) l o 15, 44.
pp.
4oz
JEAN-PAUL BOUHOT
218
22 menti] mentis R
23 ualetudine] ualitudine R
2 4 ullis] illis R
p. 405.
C.C.L., 48, p. 405.
42. AUGUSTIN, De cat. rud., XIII, 18-19, lig. 23-48 ; C.C.L., 46, PP 142-143.
40. AUGUSTIN', De ciu. Dei, XIII, 22, lig. l-6, 20-23 ; C.C.L., 48,
41. AUGUSTIN, De ciu. Dei, XIII, 23, lig.
1-IO;
219
sione succurrere, quanquam sine dubitatione melius fiat, ubi decenter fieri
potest, aut a principio sedens audiat. Longeque consultius in quibusdam ecclesiis
transmarinis non solum antistites sedentes loquuntur25 ad populum, sed ipsi
etiam populo sedilia subiacent, ne quisquam infirmior stando lassatus a saluberrima intentione auertatur, aut etiam cogatur abscedere. Et tamen inter
multum est, si se quisquam de magna multitudine subtrahat ad reparandas
uires, qui iam sacramentormn societate deuinctus2 6 est, et si ille discebat, quod
plerumque ineuitabiliter urgetur ne interiore defectu uictus etiam cadat, qui
primitus est imbuendus : et pudorem non dicit cur eat, et im becillitate stare non
sinitur.
43. His igitur haec uerba audientibus sununa est diligentia perpendendum,
qnaliter intenti sint ea quae audierint uerba suscipere, atque post haec interrogandus est utrum ista credat et intelligat et utrum christianus esse desideret.
Quod si diuino compunctus amore uel etiam terrore aliquo uel amore commotus
responderit uelle se christiamun fieri, insinuanda ei est fides sanctae Trinitatis,
sicut in sanctorum apostolorum symbolo continetur. Et si se talia credere
uel recipere uelle promiserit, dicendum est ei idem symbolum pleniter ac
firmiter memoriae commendare, similiter e.t orationem dominicam atque
signaculum quo se contra diabolum muniat, praeparetque se ad sanctae christianae conuersationis certamina. Postea uero cum ista memoriter teneat,
dicendum est ei breuiter et aperte, qualiter idem symbolum intelligere, nel
etiam corde ad iusticiam credere et ore confiteri debeat ad salutema.
EXPOSI'.I'IO FIDEI
44. Credo in Deum Patrem omnipotentem, qui Deus est et Pater est, Deus
potestate, Pater bonitate. Quam felices sumus, qui Deum nostrum Patrem
inuenimus ! Credamns ergo in eum et omnia nobis bona de ipsius misericordia
promittamus, quia omnipotens est. Omnipotens est ad facienda maiora et
minora, caelestia et terrestria ; omnipotens est ad facienda mortalia et immortalia, corporalia et spiritualia, uisibilia et innisibilia ; o:nnipotens est ad facienda
omnia quaecmnque uoluerit.
Et in Ihesum Christum Filium eius unicum dominum nostrum, Patri coaequalem per omnia, in nullo dissimilem ; eiusdem substantiae cuius est Pater,
eiusdern omnipotentiae, eiusdem maiestatis et magnificentiae, Patri coaeternum
et coessentialem. Ideo unicus dicitur, quia solus uerus Deus de Deo uero Patre est
genitus, per quem omnia quae sunt facta sunt. Qui conceptus est de Spiritu
Sancto, natus ex Maria uirgine, id est Spiritu Sancto cooperante uerum sibi
corpus assumpsit ex uirgine. Homo uerus factus est Deus uerus, ut humanum
25 loquuntur] locuntur R
26 deuinctus] deuictus R
(a) Cf. Rm IO, IO.
43. Rdaction du compilateur.
44. Expositio fidei; d. C. Caspari, Alte und neue Quellen zur geschichte des Taufsymbols und der Glaubensregel, Christiania, I879, pp. 283-285. Cette explication
du Symbole des Aptres utilise : AUGUS'l'IN, Serm. 2I3, I-2 (P.L., 38, I06o-rn6r);
Serm. ad catech. de symbolo, c. II, r2, 14, I6 (C.C.L., 46, pp. I95-I99); Serm. 215, 8
(P.L., 38, rn76). - (a) r Co 3, r7.
220
JEAN-PAUL BOUHOT
genus eriperet saluaret. Factus est ho:no propter huinem, assumendo quod
non erat, id est humanttatem, non perdendo quod erat, id est diuinitatem.
Factus est nobis unicus redemptor, unicus saluator, qui quanuis omnia habuisset
in potestate quae in caelo sunt et in terra, proprio nos sanguine suo redemit,
ut hic subditur.
Passus sub Pontio Pilato, crucifi:i:us, mortuus et sepultus. Passus est humanitate et mortuus, irnpassibilis et irnmortalis permanens in2 7 deitate. Ecce
passus pro nobis, docuit nos ut o:nnia nobis aduersa quaecumque contigerint
patienter pro eius nomine toleremus. Sepultus carne, anima cum diuinitatis
potentia descendit ad inferna. Pastor ille bonus loca nostrae miseriae uisitauit,
et nos oues suas inuentas ad angelica consortia reuocauit. Quo enim ceciderat
homo reus, illuc descendit misericors Deus, ut deucta nequitia deceptoris,
iustificaretur anima peccatoris.
Tercia die resurrexit a mortuis. Resuscitauit Deus unigenitus carnem suam,
ut confirmaret Ecclesiam suam. Debitum nostrae actionis, ipse sine peccato
natus mortuusque p,o;rsoluit, et nos ab omni uinculo iniquitatis absoluit. Mortuus
est ut nos a debito mortis liberaret, resurrexit ut nos sua donatione ditaret2B.
Resurgens autem in caelos ascendit, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis.
Descendens nos quaesiuit in terris, ascendens nos euexit in caelis, ibique nobis
locum praeparauit cum angelis. Dextera ergo Dei Patris aeterna beatitudo
aeterna gloria intelligitur, sine ulla miseria. l nde uenturus est iudicare uiuos et
mortuos, in eadern forma qua particeps nostrae factus est mortalitatis. Viuos
dicit qui superfuerint, mortuos qui praecesserint. Potest et sic intelligi : uiuos
iustos, mortuos p::ccatores ; utrosque enim iudicat, sua cuique retribnens,
niuos aeterna uita re:nunerat, mortuos aeterna supplicio damnat.
Credo in Spiritum Sanctwn, ex Patre et Filio procedentem, non aliud utique
quam uerum cu:n Patre et Filio Deum unum. Simul enim naturaliter unns est
Deus sancta Trinitas, cuius una est2 9 diuinitas, aequalis aeternitas, inuicta
potestas et immensa maiestas Patris et Filii et Spiritus Sancti. Et sicut de
uero Patre, uerus natus est Filius, ita de uero Patre et uero30 Filio, uerus procedit
Spiritus Sanctus ; et unde est ei naturaliter aeterna processio, ibi est illi naturaliter aeterna permansio. Ergo in personis distinctio uera est, quia non qni
Pater est in persona, Filins idem est aut Spiritus Sanctus, sed Pater Pater est et
Filius se:npr Filius est et Spiritus Sanctus semper Spiritus Sanctus est ; tamen
non tres dii sed unus est Deus, Pater et Filius et Spiritus Sanctus.
Sanctam Ecclesiam catholicam3 1 , sanctorum communionem. Hic superius
demonstratus est Dns et Christi natiltas ac dispensatio eius, nunc demonstratur et templum eius. Teinplum enim Dei sanctum est, quod estis uosa, ait
Apostolus. Ipsa est Ecclesia sancta, Ecclesia unica, Ecclesia uera, Ecclesia
catholica, id est uniuersalis, quae una fide, spe et caritate per uniuersum orbem
consistit. Remissionem peccatorum. Ergo nonnisi in Ecclesia catholica remissio
peccatorum percipitur; et non solum in ablutione baptismatis, sed et32 in
hnmilitate poenitentiae et in oratione dominica et cotidiana. Garnis resurrec-
27 in R am V
28 sua donatione ditaret V ad caelos elenaret R
una est V
est una R
30 et uero R
neroque V
31 catholicam add et R
29
3J et V om R
22I
tionem et uitam aeternam. Per Christum enim remissionem percipimus peccatorum, per ipsum resurrectionem credimus carnis in qua nunc uiuimus, per
ipsum uitam speramus aeternam.
Isidorus in libro officiorum, 45. catecuminos audientes nominat. 46. Catecumini sunt, qui primum de gentilitate ueniunt, habentes uoluntatem credendi
in Christum3 3 , ut unum agnoscant Deum, relinquant errores uarios idolorum.
Item ipse in libro ethimologiarum : 47. Catecuminus dictus, pro eo quod adhuc
doctrinam fidei audit, nec dum tamen baptismum recepit. Nam catecumiuus
graece, auditor interpretatur. Co-:npetens uocatur, quia post instrnctionem fidei
competit gratiam Christi : inde et a petendo34 competentes uocati. Niceta
in libro primo ad competentes: 48. Catecuminus, quasi hospes et uicinus fideliurn,
cle foris audiens mysteria nec intelligens ; audiens gratiam nec aduertens ;
ex hoc uero fidelis incipit appellari. Iunilius in libro secundo : 49. Catecumini
typum gerunt Adae paradyso exclusi, ex conscientia delictorum. [De quibus
dicit Albinus in epistola sua] : 50. Primo paganus catecuminus fit, accedens
ad baptismum ut renuntiet maligno spiritui et omnibus damnosis eius pompis.
DH SCRV'l'I-"'IO
33 christum V
christo R
34 et a petendo] ab appetendo R
35 corde defixerit] cordi affixerit R
a petendo V
corde defixerint V
4. ISIDORE DE SVILLE, De eccl. off, II, XXI, I, lig. IO-II; P.L., 83, 814
c.
46. ISIDORE DE SfWILLE, De ceci. off, II, XXI, l, lig. 4-6, II-12 ; P.L., 83, 814 C.
47. ISIDORE DE SVILLE, Etyinol., VII, XIV, 7-8; P.L., 82, 294 C.
48. NIC'I'AS Dl~ R~:MSIANA, Instructio ad coinpetentes, Fragm. 2 ; P.L., 52,
873 C-D; Burn, p. 7; Gamber, p. I8, n I2.
41). Cf. IUNILIUS AFRICANUS, Instituta regularia diuinae frgis, II, XVI ; P.L.,
68, 33 C, lig. 1 I-IS : Da praeteritorum typos. - Ut est catechumenorum humilitas;
typum enim gerunt Adae paradiso exclusi, et ex conscientia delictorum diuinum
metuentis aspectnm, propter quod et per publicum capitibus tectis incedunt.
O. Cf. ALCUI::-;, Epist. I34; M.G.H., Epist., t. 1 p. 202, lig. q-15.
l. Rdaction du compilateur.
o Cf. ALCUIN, Epist. I34, d. cit., p. 202, lig. 20-zr.
222
JEAN-PAUL BOUROT
DE SYMBOLO
DE ABRENVNCIATIONE
Accipite
52, 876 A;
3-6; P.L.,
52, 873 D -
223
62. Post haec quoque interrogandus est, sicut sanctus Augustinus dicit,
an haec credat atque observare desideret. Quod cum responderit sollemniter
utique signandus est et Ecclesiae more tractandus. De sacramento sane quod
accipit, cum ei bene commendatum fuerit, signacula quidem rerum diuinarum
esse uisibilia, sed res ipsa inuisibiles in eis honorari42, nec sic habendam esse
illam speciEm benedictione sanctificatam, quemadmodmn habetur in usu
quolibet. Dicendum etiam quid significet et sermo ille quem audiuit, quid in
illo condiat, cuius illa res similitudine111 gerit.
Item sanctus Augustinus in libro de catecizandis rudibus : 63. Dicendun;.que
est ei : Tu itaque credens in Deum firmiter, eumque ex toto corde, ex tata anima,
ex tata uirtute diligea, in eius quoque uoluntate persistere. Cane temptationes,
quia diabolns quaerit qui secmn pereant, ut non solum per eos qui extra Ecclesiam snnt sine pagani sine Iudaei siue hcretici, non te hostis ille seducet, sed
etiam quos in ipsa Ecclesia catholica nideris male niuentes, aut imn10deratis
uoluptatibus uentris et gutturis aut impudicos aut uanis cnriositatibus uel
39
40
41
42
acu] aquo R V
et V
oin R
subsidat] subsidit RV
honorari] honorare R
61. NICTAS DE R.MSIANA, Instructio ad competentes, Fragm. 4 ; P.L., 52, 875 A B, lig. 3 ; Burn, p. 8, lig. l-6 ; Gamber, p. l 12, n 8.
62. AUGUSTIN, De cat. rud., XXVI, 50, lig. l-IO ; C.C.L., 46, p. 173.
63. AUGUSTIX, De cal. rud., XXVII, 55 ; C.C.L., 46, pp. 177-178 : Tu itaque
credens ista, caue tentationes, etc. - (a) Cf. Mc 12, 33.
(b) Cf l Tm 2, 5.
(c) Cf. Mt 22, 37-40.
(d) Cf. l Co IO, 13.
JEAN-PAUL BOUROT
224
illicitis deditos, siue spectaculorum, siue remediorum aut diuinationum diabolicarum, siue in pompa et typho 43 auaritiae atque superbiae, siue in aliqua
uita qua'll lex damnat et punit, non eos imiteris ; sed potius coniungaris bonis,
quos inuenturus es facile si et tu talis fueris ; ut simul colatis et diligatis Deum
gratis : quia totum prae:nium nostrum ipse erit, ut in iUa uita bonitate eius et
pulchritudine perfruamur. Sed amandns est, non sicut aliquid quod uidetur
oculis, sed sicut amatur sapientia et ueritas et si quid aliud tale dicitur : non
quemadmodum sunt ista44 in himinibus, sed quemadmodum sunt in ipso fonte
incorruptibilis et incommutabilis sapientiae.
Quoscumque ergo uideris haec a...'Uare, ilis coniungere, ut per Christum qui
ho:no factus est, ut esset mediator Dei et hominumb, reconcilieris Deo. Hon:ines
autem peruersos, etiamsi intrent parietes Ecclesiae, non eos arbitreris intraturos in regnum caelorum, quia suo tempore separabuntur, si se in melius non
commutauerint. Homines ergo bonos imitare, malos tolera, omnes ama, quoniam
nescis quid cras futurus sit qui hodie malus est. Nec eorum aines iniustitiaiu,
scd ipsos ideo ama ut apprehendant iusticiam ; quia non solum dilectio Dei
nobis praecepta est, sed etiam dilectio proximi : in quibus duobus praeceptis
tota lex pendet et prophetaec. Quam non implet nisi qui donum acceperit
Spiritum Sanctum, Patri et Filio utique aequalem, quia ipsa Trinitas Deus est,
in quo Deo spes o:nnis ponenda est. In homine non est ponenda, qualiscumque
ille fuerit. Aliud est enim ille a quo iustificamur, aliud illi cum quibus iustificamur. Non solnm antem per cupiditates diabolus temptat, sed etiam per terrores 45
insnltationum et dolornm et ipsius mortis. Quicquid autem homo passns fuerit
pro nomine Christi et pro spe uitae aeternae et permanens tolerabit, maior ei
merces dabitur, quia si cesserit diabolo, cum illo damnabitur. Sed opera misericordiae cum pia hu;nilitate impetrant a Domino, ut non permittat seruos
suos temptari plus qua:n possunt sustinercct.
CVR CATECVl\IINVS EXSVFFT,ATVR
43 typho] tipo R
44 ista] ita R
45 terrores] errores R
(a) Za
ALCUIN ET LE
cc
DE CATECHIZANDIS RUDIBUS,,
225
71. Ut qui usque tune temporis per errorem et insipientiam seu per peccatum Deo erat insipidus, per sal quod dulcedinem sapientiae designat, Deo
condiatur, ut beatus Beda in Tractatu euangelii secundum i\!larcum dicit : Ut
corpus suum et anima:J:J. a uitiis emundando, per sal diuinae sapientiae et
per amore.11 Sancti Spiritus Deo consecretur ; quia 11ullum opus bonum est, quod
11011 sal sapientiae ab o:nni corruptione pristinae iniquitatis, ceterisque51
prauis cogitationibus expurgat. 72. Accipitcatecuminus sal, ut putrida et fluxa
eius peccata sapientiae sale diuino munere mundentur.
46
47
48
49
50
sr
homilia] omelia R
per exorcismi gratiam V
exorcismi gratia R
uel V
am R
recedat V
recedant R
exorcizatur... uero V am R
ceterisque V
a ceteris R
15
JEAN-PAUL BOUHOT
226
DE
BAPTISMO
semper Christi R
73. BDE, Hom., II, 6, lig. 38-41, 80-92; C.C.L., 122, p. 221, 222. - (a) 2 Co 2, 15.
(b) Jb 27, 3-4.
74. Cf. ALCUIN, Epist. 134; d. cit., p. 202, lig. 21-25.
7o. lSIDOl DE SVILLE, Etymol., VI, XIX, 43-49 ; P.L., 82, 256. -- (a) Ct 8, 5.
(b) Mt 28, 19.
(c) Cf. Gn I, 2.
227
Sanctum purificatur et animus, cuius sanctificatio ita est. Inuocato enim Deo
descendit Spiritus Sanctus de caelis, et medicatis aquis sanctificat cas de se'1:1etipso et accipiunt uim purgationis ut in eis et caro et anima delictis inquinata
mundetur.
Augustinus in libro quarto de baptismo : 76. Sicut in illo latrone quod ex
baptismi sacramento defuerat co:npleuit omnipotentis benignitas, quia 1101154
in superbia uel contemptu sed necessitate defuerat, sic in infantibus qui baptizati moriuntur eadem gratia o:unipotentis implere 55 credenda est, quod 11011
ex impia uoluntate deest in cis, sed ex aetatis indigentia : nec corde credere
ad iusticiam possunt, nec oi'e confiteri ad salutema. Ideo cum pro eis alii respondent ut impleatur erga eos celebratio sacramenti, ualet utique ad eormu consecrationem, quia ipsi respondere non possunt. /d si pro eo qui respondere potest,
alius respondeat, non itidem ualct. Ex qua regula illud in euangelio dictum est,
quod omnes cum legitur naturaliter mouet : aetatem habtt, ipse pro se loquaturb.
Item in libro primo de baptismo : 77. Quid est enhn renasci pcr baptis.mum,
nisi a uetustate renouari ? Quomodo autem renouatur a uetustate, nisi quia,
peccata praeterita dimittuntur ?
A tftanasius in libro primo : 78. Audi in hoc admirabile ac regale decretum
in quo omne sacramentum in deitate Trinitatis uniter continetur. Qui dixit
in nomine euidenter unam deitatem in Trinitate consistere declarauit. Et quod
prosecutus est Patris et Filii et Spiritus Sancti, per singula nomina, singulas
personas inesse distinxit.
Item in libro primo : 79. In his tribus personis in baptismo uita aeterna
credentibus tribuitur, in qua spe omnes nos uocati sumus. Quae spes fidei
nostrae haec est, ut in baptis!no unitum diuinitatis nomen prius confitearis,
ut remissa5 6 peccatorum in his personis consequi merearis.
[A lbinus in epistola sua] : 80. Et sic in no:nine sanctae Trinitatis trina submersione baptizatur. Et recte homo, qui ad imaginem sanctae Trinitatis conditus
est, per inuocationetn sanctae Trinitatis ad eandem renouatur imaginem ; et qui
tercio gradu peccati, id est consensu, cecidit in mortem, tercio eleuatus de fonte,
per gratiam resurgat ad uitam.
Leo papa in suis decretis capitula .ix 0 . inter alia : 81. Dum in baptismatis
regula et mors internenit interfectione peccati, et sepulturam triduanam imitatur trina demersio, et ab aquis eleuatio resurgentis instar est de sepulchro.
54 non V
addinR
55 omnipotentis implere V
56 remissa V
implere omnipotens R
remissam R
lig. 12. -
JEAN-PAUL BOUROT
228
87. Sic corpore et sanguine dominico confirmatur, ut illius sit membnun, qui
pro eo passus est et resurrexit.
57 nihil] nichil R
58 quae V
om R
Epist., 98, 2; C.S.E.L., 34, p. 521, lig. r6-r8, p. 521 lig. 21 lig. 2.
83. ORIGNE, Comment. in epist. ad Rom. (trad. de Rufin), V, 8 ; P. G., 14, 1039 A,
82. AUGUSTIN,
522
lig. r-6.
8!. Cf. ALCUIN, Epist. 134; d. cit., p. 202, lig. 29 - 203, lig. 2. Rm 12,
(a) Cf. I Pt 2, 9
I.
85. Jn 6, 54-55.
86. AUGUSTIN, De 1?eccatorum meritis et remissione et baptismo paruulorum, I, XXIV,
34; C.S.E.L., 60, p. 33, lig. 19-23, p. 34, lig. 6-7.
87. Cf. ALCUIN, Epist. 134; d. cit., p. 203, lig. 3-4.
229
DE CONSVETVDINE CONFIRMATIONV:\1
Beda in hamilia 5 9 die sancta Theophaniae : 93. Sicut ergo baptizatus Dominus
mox ieiunium quadraginta dierum exercuit, nos profecto docuit et suo informauit exemplo, ut post acceptam in baptismo rernissionem peccatorum, uigiliis,
ieiuniis, ::>rationibus ceterisque spiritus fructibus operam demus, ne nobis
torpentibus minusqne sollicitis, Lnmundns spiritns qui de corde nostro in
baptismo cxpnlsns fnerat, redcat.
59 homilia] omelia R
88. Scriptura sancta.
2I ;
(b) Ac 19, 6.
C.5.E.L., 51, p.
2I2,
(c) Ac 8, 17.
C.C.L., 9, p. 203.
!ll. Cf. AI,CUIN, Epist. 134 ; d. cit., p. 203, lig. 4-6.
!l2. ISIDORB DB SJ.;vILLB, Etymo/., VI, XIX, 54 ; P.L., 82, 256 CD.
TZ,
122,
p. 85.
230
JEAN-PAUL BOUHOT
94. Et sic tempore oportuno saepius euangelica praecepta danda sunt per
sedulae praedicationis officium, donec accrescat in uirum perfectuma et <ligna
efficiatur Spiritui Sancto habitatio, et sit perfectum filins Dei in operibus
misericordiae, sicut Pater noster caelestis perfectus estb.
94. ALCUIN, Epist. IIO; d. cil., p. 159, !ig. IO-r3. Mt 5, 48.
(b)
>>
231
JEAN-PAUL BOUROT
Alcuin, Epist. I 10
(Ordo, n 14)
Ordo, Section 2,
Sous-titres et divisions
20).
PQle,
233
234
JEAN-PAUL BOUHOT
235
JEAN-PAUL BOUROT
CONCI,USION
lingienne.
237
JEAN-PAUL BOUHOT
du salut. Alcuin a rompu en quelque sorte avec cette tradition en proposant une catchse fonde sur la prise de conscience du destin individuel
de l'me et sur une approche thologique du mystre du salut, mais
sa rfrence au De catechizandis rudibus n'tait pas moins insolite et
dpourvue d'antcdents que sa conception de la catchse. Toutefois,
cette simple mention d'un titre a donn une couleur ancienne et une
autorit incontestable aux audacieuses propositions du conseiller de
Charlemagne, dont la mise en uvre dans l'Ordo de catechizandis rudibus
est pour nous plus prcieuse que les rfrences augustiniennes qu'il
contient.
Jean-Paul BouHo'r
APPENDICE
Sous forme de tableau, en indiquant tout d'abord (1re colonne) les passages
emprunts l'Ordo de catechizandis rudibus, nous corn.parons la rponse
l'enqute de 811/812 transcrite dans le manuscrit 1370 de Vienne (ze colonne),
et l'instruction sur le baptme du manuscrit de Munich 6325 d'aprs l'dition
procure par A. E. Bum (3e colonne). A cette fin, le texte de ces deux opuscules
a t divis en sections numrotes de faon continue, ru.ais de longueur trs
ingale puisque chacune d'entre elles correspond, corn.me les divisions introduites dans notre dition de l'Ordo, un extrait patristique ou scripturaire,
ou l'lment d'origine indtermine situ entre deux de ces extraits.
L'instruction du manuscrit de Munich suit exactement le mme plan que
la rponse du manuscrit de Vienne, qu'elle abrge simplement de faon considrable en conservant surtout l'explication des rites liturgiques. La rponse
l'enqute sur le baptme, au contraire, qui emprunte son plan, comme nous
l'avons prouv, au questionnaire propos par Charlemagne, ne respecte aucunement l'ide directrice et la construction de l'Ordo, mais transcrit littralement
les lments textuels qui lui conviennent. Il est videmment impossible,
partir du texte le plus court et le moins structur, de retrouver l'Ordo de catechizandis rudibus dont le plan reproduit les termes d'une lettre d'Alcuin,
ou bien la rponse exactement conforme au questionnaire sur le baptme.
ORDO
r -2
14
nl
121
I.
2.
3
4
ORDO
61
Cf. 43
44
om.
om.
5
6
om.
om.
DE SCRUTINIO.
DE ABRENUNTIA'l'IONE.
59a
60
DE SCRUTINIO.
12.
13.
14.
r 5.
16.
A brenuntio ...
7
9
DE ABRENUN'l'IA'tIONE.
IO
II
12
DE SIMBOI,O.
DE SIMBOI,O.
53
55
54
56
14
15
57
58
69
Cf.64
67
68
(70)
239
om.
om.
22.
Simbolum grece .. .
23. Sirn.bolum enim .. .
16
17
18
19
creatura dei infantibus exorcizatur aut exsufflatur, sed ille sub quo sunt omnes qui cmu
peccato nascuntur. Est enim princeps peccatonuu.
26. Cur exorcizatur ...
2 7. Nam sacerdotes ...
28. Exorcizatur ...
om.
om.
om.
20.
JEAN-PAUL BOUROT
ORDO
73
74
om.
DE T. NAR. ET AUR.
om.
20
74
2 r.
om.
22
74
om.
23
om.
74
24
DE BAPTISMO.
DE BAl'TISMO.
75 1
36.
3 7.
38.
39.
25
26. In infantibus ...
27. ( ... ) culpae.
om.
om.
om.
28
om.
76
82
77
78
79
80
81
Cf. 85
86
87
40.
4r.
42.
43.
om.
30
CUR C. ET S. D. CONF.
MATUR.
31
om.
om.
29
DE CNS'rITUTIONE CONFIRMATIONIS.
88
89
90
91
50.
5r.
52.
53.
UT SE QUISQUE
93
9-t
CUSTODII<~T
DE CONFIRMATIO'.NE.
om.
om.
32
Dominus
Spiritus sanctus ...
Simili modo ...
Nouissime ...
33
PER BAPTISMA.
UT SE Q. CUST. P. B.
34
35
Le dossier augustinien
du Periphyseon de Jean Scot (livres I-II)
PP
SC
Libri I-II, Edited by I. P. Sheldon-Williams with the Collaboration of Ludwig Bieler (Scriptores Latini Hiberniae, vol. VII
et IX, Dublin, 1968, 1972)
Sources Chrtiennes, vol. 151 : Jean Scot, Homlie sur le prologue de Jean; vol. 180 : Commentaire sur l'vangile de jean,
dits par douard J eauneau, Paris, 1969 et 1972
I. P. Sheldon-Williams.
S.-W.
GOULVEN MADEC
LIVRE
36, 2rss ; 441B5ss : << diuisio naturae per quattuor differentias ... >>
Sauf erreur, c'est Henry Bett, Johannes Scotus Erigena. A Study in
Medieval Philosophy (Cambridge, 1925), p. 21, que revient le mrite
d'avoir signal que le <<germe de cette division se trouve en De ciu. dei,
V, 9, 4 (PL 41, r5r) : <<Causa itaque rerum quae facit nec fit deus est;
aliae uero causae et faciunt et fiunt, sicut sunt omnes creati spiritus
maxime rationales ; corporales autem causae, quae magis fiunt quam
faciunt, non sunt inter causas efficientes adnumerandae >i. Cf. S.-W.,
PP I, p. 222, n. IO.
38, 4 ; 442B1-2 : <<in primordialibus causis >>
S.-W., PP I, p. 223, n. II, s'est fi au Du Cange pour signaler que la
formule se trouve, pour la premire fois, chez Ammien Marcellin. Mais
Augustin l'emploie aussi en De Gen. ad litt. VI, IO, r7 (PL 34, 346) : in
seminibus in quibus rursus quasi primordiales causae repetuntur >>. Cf.
Ibid., VI, 6, 9 (342) : ex ... inuolucris primordialibus n ; VI, II, r9 (347) :
in rationibus primordialibus ii. Cf. aussi Bde, De natura rerum, r
(PL 90, 188-189) : <<ex eiusdem creaturae seminibus et primordialibus
causis totius saeculi tempus naturali cursu peragitur ii.
38, 9 ; 442B8-9 : << lux mentium n
Voir DP, Epil. 30; Jeauneau, SC 180, p. 350-352, n. 2.
38, 25-26 ; 443B3-4 : ipse namque omnium essentia est qui solus uere est ii
Jean Scot s'inspire de Denys qu'il cite tout de suite. Cependant, S.-W.,
PP I, p. 223, n. r7, renvoie De trin. V, 8, 9 (PL 42, 917) pour la traduction de 'usia' par essentia. Voir aussi De trin. V, 2, 3 (912) et VII,
5 IO (942) : ita ut fartasse solum deum dici oporteat essentiam. Est
enim uere solus, quia incommutabilis est . Cf. DP 2, 89-91 : causa
omnium ... ipsa est prima uniuersitatis essentia >>.
38, 31-40, r ; 443BII : in secretissimis (sinibus) creaturae
Je ne sais si l'omission de sinibus par S.-W. est justifie. Jeauneau,
SC r5r, p. 282, n. 2, cite De trin. III, 9, 16 (PL 42, 878) : <<ut ea quae
secreto naturae sinu abdita continentur erttmpant . Cf. aussi Epist. r90,
5, 16 (PL 33, 862) : in abditissimis naturae sinibus latent >i. Je ne
mentionne que la premire occurrence de cette formule ; voir . J eau-
2 43
>i
46, rr-r3 ; 446Br2-r4 : << Quis enim, inquit, intellectum domini cognouit ?
Et alibi : Pax Christi quae exsuperat omnem intellectum >>
A la suite de la rfrence Rom. II, 34, S.-W., PP I, p. 46, note vaguement : << intellectum Aug. semel )). De fait, c'est la leon de De Gen. ad
litt. II, 8, r8 (PL 34, 270). A.-M. La Bonnardire a bien voulu me prciser
qu'elle se trouve aussi en De cons. euangelistarum, III, r3, 48 (PL 34,
rr88), mais que la leon habituelle d'Augustin est sensum, quelquefois
mentem. Pour la citation de Phil. 4, 7, voir ma note DP 2, rr3-r14.
Pour la traduction de nos, voir R. Roques, Libres sentiers vers l'rignisme (Roma, r975), p. r14-rr5 en note.
46, 20-22 ; 446C9-rr : << Quas theophanias in angelica creatura sanctum
Augustinum ante omnium generationem inferiorum se uisas non incongrue dixisse credimus ))
Jean Scot distingue les rationes, qui excdent toute intelligence comme
la cause de toutes choses, et leurs apparitions : rationitm theophanias
(46, 17 ; 446C4-5), saisissables par la nature intellectuelle. Est-ce parce
qu'Augustin ne fait pas cette distinction que S.-W. s'est dispens de
tout renvoi ? P. Lucentini, Studi medievali, 3a s., XVII, r976, p. 4rr,
cite De Gen. ad litt. IV, 24, 4r, texte que je viens de rapporter dans ma
note p. 44, 27ss ; 446A4ss.
48, 3-4; 447A6 : <<imago imaginis ))
S.-W., PP I, p. 48, aligne diverses rfrences. Il faut ajouter Augustin,
De mus. VI, II, 32 (PL 32, rr8o), texte auquel Jean Scot fera nettement
allusion en 659C8-ro.
245
cc
56, 4-15 ; 450Brn-Crn : A. Video admodum quid suadere uis. Sed utrum
sancti patris Augustini uerbis conuenire possint non satis clare perspicio.
- N. Attentior igitur esto et ad eius uerba quae primo posuimus redeamus. Sunt autem haec, ut aestimo, in uicesimo secundo de urbe dei ;
fer corpor<i, qu<i,e gestabimus in omni orpore quodunque uidebimus
relatiue
>>
uelle
>>
S.-W., PP I, p. 230, n. 82, cite De trin. VI, 5, 6 (PL 42, 914) ; cf. DP 2,
39-40.
72, 24-27 ; 457D6ss : cc utrum omnes categoriae, cum sint numero decem,
de summa diuinae bonitatis una essentia in tribus substantiis et de tribus
substantiis in ea<lem una essentia uere proprieque possint praedicari >>
Cf. De trin. V, l, 2 - 9, IO (PL 42, 9rr-918).
72, 30 ; 458A7 : cc nam exsuperat omnem intellectum
Cf. Phil. 4, 7. Voir p. 46, rr-13 ; 446B12-14.
>>
cc
cc
GOULVEN MADEC
248
cc
no, r5-r8 ; 474C4-9 : cc Omnis enim spiritus, siue rationabilis siue intellectualis sit, per se ipsum informis est. Si uero conuersus fuerit ad causam
suam, hoc est ad uerbum per quod facta su nt omnia, tune formatur ... i>
Cf. De Gen. ad litt. I, 5, IO (PL 34, 249-250) : cc Creatura uero, quamquam
spiritalis et intellectualis uel rationalis ... potest habere informem uitam ...
Formatur autem conuersa ad incommutabile lumen sapientiae, uerbum
dei... >>
n8, 9 ; 478A6 : cc recta ratione >>
La formule se trouve aussi chez Augustin. Par exemple, De lib. arb. II,.
r8, 50 (PL 32, r267) ; III, 5, r4 (r278) ; De ut. credendi, I2, 27 (PL 42, 85)
r26, 33-35 ; 482B9-II : <c Numerus enim locorum et temporum, ut ait
sanctus Augustinus, praecedit omnia quae in eis sunt i>
S.-W., PP I, p. r26, renvoie De mus. VI, r7, 58 (PL 32, rr92-3) ;
mais Augustin parle seulement d'une priorit des cc nombres temporels >l
sur les cc nombres locaux 1>.
r28, rr-r2 ; 482Cr2 : cc uox (praecedit) uerbum ii
Cf. De Gen. ad litt. I, r5, 29 (PL 34, 257) : cc Si enim quaeratur utrum
uocem de uerbis an de uoce uerba faciamus, non facile quisquam ita
tardo ingenio reperitur qui non potins uerba fieri de noce respondeat.
Voir 699Br3-r4 et ma note DP 9, r54-r59.
r28, 29 ; 483Ar2 : cc terminos suae naturae
Voir ma note DP I8, r24-r26.
>i
>i
r34, r7-2r ; 485C6-n : <c Siue enim angelica natura rerum inferiorum se
diffinitiones contineat, ut Augustino uidetur placere, nam et angeli
inferiora se creduntur administrare, sine ad superiora se semper intendat,
id est ad causas rerum aeternas, huic rationi non obstat... i>
S.-W., PP I, p. r34, renvoie De Gen. ad litt. IV, 24, 4r (PL 34, 3r3) ;
cf. ci-dessus, notes p. 44, 27ss ; 446A4-rr et p. 46, 20-22 ; 446C9-rr
r34, 32-33 ; 486A4-5 : deum qui intellectus omnium dicitur >i
Cf. De ord. II, 9, 26 (PL 32 1 J:002) JeaiJne<=1,u, SC :i:8o, p. r39, n. r5,
et m::i, not\: ~ DP 21 49-~01
n.
r64, 29; 499B5-6 : << Utendum igitur est, ut opinor, ratione et auctoritate ... ii
S.-W., PP I, p. r64, renvoie C. acad. III, 20, 43 (PL 32, 957) : << Nulli
autem dubium est gemino pondere nos impelli ad discendum, auctoritatis
atque rationis >>. Cf. aussi De ord. II, 5, r6 (ibid. roo2) : << Duplex enim
est uia quam sequimur, cum rerum nos obscuritas mouet, aut rationem
aut certe auctoritatem i> ; II, 9, 26 (roo7) : <<Ad discendum item necessario
dupliciter ducimus, auctoritate atque ratione ; tempore auctoritas, re
autem ratio prior est n ; De moribits, I, 2, 3 (PL 32, r3rr) : << Vnde igitur
~:x:orqia,r ? Ab auctorit<i-te att a, ra,tiorie ? Natqqe quidern ordo ita se
250
habet ut, cum aliquid discimus, rationem praecedat auctoritas ... n Sur
l'importance de ce couple dans la doctrine rignienne, voir R. Roques,
Remarques sur la signification de Jean Scot rigne n, Miscellanea
Andr Combes (Rome, r967), I, p. 265-267, et mes <<Observations sur le
dossier augustinien du ' Periphyseon' n, dans les Actes du Colloque de
Fribourg en Brisgau.
r66, r8 et 26 ; 499D6-7 ; 500Arr : << Deus ... forma omnium >>
Cf. DP 2, 93 : << ipsa (causa omnium) est forma omnium summa n,
et ma note ad locum.
r68, r6ss ; 500Cro-r3 : << Sanctus Augustinus in libris Confessionum
informem materiem esse asserit mutabilitatem rerum mutabilium omnium
formarum capacem >>
Conf. XII, 6, 6 (PL 32, 828).
r68, 27-28 ; 5orA3-5 : << Sine itaque infonnis materia mutabilitas sit
formarum capax secundum Augustinum atque Platonem ... >>
Voir note prcdente.
r70, r2 ; 5orBr5 : << ex luce et corpore umbra nascitur 1>
Cf. En in ps. 67, zr (PL 36, 826) : <' Constat autem umbra lumine et
corpore n.
r70, 29-30 ; 5orD9 : << Ex forma enim omnium, unigenito uidelicet patris
uerbo ... >>
Voir ma note DP 2, 9r-95.
r78, 5-8 ; 504Crrss : << Sanctus item Augustinus in Exemero suo de
diuino motu disserens haec uerba protulit : Spiritus quidem ... >>
De Gen. ad litt. VIII, 20, 39 (PL 34, 388) ; cf. DP 8, 148-r50, et PP,
889A ; roooD.
r84, 28 ; 507Cr5 : << cetera uero nouem genera accidentia esse dicuntur n
S.-W., PP I, p. r84, fait rfrence Cat. decem, 20-2r (Aristoteles
latinus, I, r-5, p. r37-r38 = cap. 3, PI, 32, 1422) ; mais je ne sais pourquoi. Voir plutt ibid. 5r (p. r44 = cap. 8, PL 32, 1425) : << reliquae
uero nouem ' symbebkota ' (id est accidentia) sunt n.
r88, 4ss ; 508D4ss : << Nunc enim nobis ratio sequenda est ...
Voir ci-dessus, note p. r64, 29; 499B5-6.
>>
251
Audi Apostolum dicentem : Lac uobis potum dedi non escam (r Cor. 3,
2). In hoc enim diuina student eloquia ut, de re ineffabili, incomprehensibili, inuisibilique, aliquid nobis ad nutriendam nostram fidem cogitandum tradant atque suadeant >>
Cf. De trin. I, I, 2 (PL 42, 820-82I) : << sancta scriptura paruulis congruens nullius generis rerum uerba uitauit ex quibus quasi gradatim
ad diuina atque sublimia noster intellectus uelut nutritus assurgeret ;
nam et uerbis ex rebus corporalibus sumptis usa est cum de deo loqueretur... >>. Augustin cite aussi I Cor. 3, I-2, au ~ 3 (ibid.). Voir aussi De
Gen. ad litt. V, 3, 6 (PL 34, 323) ; Conf. XII, 27, 37 (PL 32, 84r).
r88, r8ss ; 509Br : << Siquidem de deo nil aliud caste pieque uiuentibus
studioseque ueritatem quaerentibus ...
Cf. De qu. animae, r4, 24 (PL 32, ro49), cit en 587D6-588A2 ; voir
Jeauneau, SC I5I, p. 252, n. 2.
r90, 3r ; 5rnBn : quoniam superat omnem intellectum
Cf. Phil. 4, 7. Voir p. 46, II-I3 ; 446Br2-I4.
GOULVEN MADEC
252
S.-W., PP I, p. 243, n. 226, fait rfrence Conf. XI, 30, 40 (PL 32,
826). Voir plutt De Gen. ad litt, V, 5, I2 (PL 34, 325).
r98, II-I2 ; 5r3C3-5 : cr prius ratione utendum ... ac deinde auctoritate >>
S.-W., PP I, p. r98, fait ici rfrence De ord. II, 9, 26. Cf. ci-dessus,
notes p. r64, 29 ; 499B5-6 et p. r96, 35-36 ; 5r3B3-+
206, 7-8 ; 5r6D8-5r7Ar : cum in ipso omnia sint, immo cum sit ipse
omnia >>
Cf. De ord. II, 9, 26 et ma note DP 2, 49-50.
208, r3 ; 5r8A5-6 : numerus sine numero n
Cf. De Gen. ad litt. IV, 4, 8 (PL 34, 300) et ma note DP 2, 97.
2ro, 6-7 ; 5r8Cr3-r4 : rr Non aliud itaque deo esse et uelle et facere ...
Voir notes DP 2, r9-20 et 2, 54-56.
2r2, 26 ; 520Br : rr eum omnia appetunt >>
Cf. DP 2, 93-95. Voir ci-dessus, note p. 50, 37 ; 448C7-8.
2r6, r9ss ; 52rD3-4 :
Cf. DP 3, r70-r80.
<<
>>
LIVRE II
253
De uera rel. 55, II3 (PL 34, 172). Cf. Jeauneau, SC 180, p. 306, n. 5,
et ma note DP 3, 175-176.
20, 7 ; 531C15 : <<in senaria quadam perfectione ))
Cf. De Gt:n. ad litt. IV, 2, 2-6 (PL 34, 296-9) et IV, 7, 13-14 (301) ;
De ciu. dei, XI, 30 (PL 41, 343-344).
20, 23ss ; 532B3-4 : Nam si primus homo non peccaret, naturae suae
partitionem in duplicem sexum non pateretur
S.-W., PP II, p. 220, n. 64, fait rfrence De Gen. ad litt. X, 3, 6
(PL 34, 4II), en se fiant probablement H. Bett, Johannes Scotus Erigena
(Cambridge, 1925), p. 67 et n. 2 : <<If man had remained in Paradise,
that is, if human nature had retained its integrity, it would not
have suffered the severance into sexes, in the likeness of irrational animals, but man would have multiplied in an angelic fashion >>. Le texte
auquel Bett voulait renvoyer doit tre De Gen. ad litt. IX, 3, 6 (PL 34,
395) : << non uideo quid prohibere potuerit, ut essent eis etiam in paradis0
honora biles nuptiae et torus immaculatus ... ut sine ullo inquieto ardore
libidinis, sine ullo labore ac dolore pariendi fetus ex eorum semine gignerentur . Mais on voit qu'Augustin estime que la diffrence des sexes
n'est pas une consquence du pch. Cf. De Gen. ad litt. III, 22, 34 (293-4)
1)
>)
36, 23ss ; 540A6-8 : '' de spiritualibus ad corporalia, de aeternis ad temporalia, de incorruptibilibus ad caduca, de summis ad ima
Cf. De uera rel. 20, 38 (PL 34, 138).
l)
254
cc
prope nihil
50, 21-22 ; 546Dr : << est enim, ut ait Augustinus, informe prope nihil >>
Conf. XII, 6, 6 (PL 32, 828).
255
72, 8-9 ; 557A6-7 : << simul enim Pater et sapientiam suam genuit et in
ipsa omnia fecit l>
GOULVEN MADEC
S.-W., PP II, p. 230, n. 248, renvoie De Gen. ad litt. IV, 33, 52-34, 55
(PL 34, 318-320). Mais il n'y est pas question de la simultanit de la
gnration du Verbe et de la cration (fecit) de toutes choses dans le
Verbe. Dans sa rponse Ad Orosium contra Priscillianistas et Origenistas,
8, 9 (PL 42, 674), Augustin relve l'improprit de pareille formule :
cc Vnde illud quod aiunt in eius sapientia iam fuisse facta omnia, antequam in istas formas et modos proprios proferentur atque in suis ordinibus apparerent, non sobrie dicitur. Facta enim quando essent, antequam facta essent ? Sed in dei sapientia omnium faciendarum rerum
rationes esse potuerunt, non tamen factae. >>
72, 22-23 ; 557Bro : superat omnem intellectum ))
Cf. Phil. 4, 7 ; voir note I, p. 40, I I ; 443C12-13.
74, 3oss ; 558Br5ss : cc tempora saecularia -- tempora aeterna ))
J. Scot fait allusion 2 Tim. l, 9. S.-W., PP II, p. 230, n. 254, renvoie
De Gen. ad litt. V, II, 27 (7 est une erreur; PL 34, 330) ; mais son
appel de note est mal plac ; cf. note suivante. Sur la distinction en
question, voir Jeauneau, SC 151, p. 235, n. 4.
76, 2ss ; 558C7ss : cc sed ante tempora saecularia in qui bus ... ))
Ici conviennent les rfrences donnes par S.-W., PP II, p. 230, n. 254
et 256, De Gen. ad litt. V, II, 27 (PL 34, 330) et IV, 33, 52-34, 55 (318320), passage concernant les deux moments augustiniens de la cration :
la prima conditio et 1' administratio.
76, 9-ro ; 558D2-3 : cr in uerbi enim dei dispensatione, ut ait Augustinus,
non facta sed aeterna sunt ))
S.-W., PP II, p. 76, renvoie justement Bde le vnrable, De natura
rerum, l (PL 90, l88A1). Cf. 640B et DP 3, 222. L'attribution Augustin
tient au fait que J. Scot a lu un exemplaire du De natura rerum, dont le
premier chapitre avait pour titre : cc De quadrifario dei opere ex opusculis
Augustini episcopi )) (cf. ed. Ch. W. Jones, Corpus Christianorimi
CXXIIIA, p. 192).
76, l3ss ; 559A3-8 : cc Idem alibi : uerbum dei, inquit ... n
Voir De trin. IV, l, 3 (PL 42, 888). Cf. 640Bc; Jeauneau, SC l5I,
p. 245, n. 3 ; 246, n. l-2 ; DP 9, r30-r34.
76, 17 ; 559A10 :
cc
Sur cette ponctuation, voir H. Bett, Johannes Scotus Erigena (Cambridge, 1925), p. 198, et Jeauneau, SC 151, p. 242, n. 3. Voir aussi De
Gen. ad litt. V, 14, 31 (PL 34, 332).
76, 21-22 ; 559A15 :
cc
257
17
GOUL VEN
AfADEC
>>
259
260
Sermo 361, 16 (PL 39, 1607) ; voir aussi DP 4, 147 ; 18, 125.
122, 23-24 ; 580A14 ; tt non imago dei est, sed ad imaginem dei condita ... n
Cf. De diu. qu. 83, qu. 51, 4 (PL 40, 33) ; De trin. VII, 6, 12 (PL 42,
946) ; Retr. I, 26 (PL 32, 626).
126, II ; 581C9 : tt imagines imaginum ))
Voir ci-dessus, note I, p. 48, 3-4; 447A6.
126, 3oss ; 582A15ss : tt in ipso quippe generali et uniuersali homine ad
imaginem dei factum omnes homines... conditi su nt et in ipso omnes
peccauerunt >>
Cf. DP 16, 70-73.
128, II-12 ; 582C6-7 : tt Prius enim, ut arbitror, ad se ipsum quam ad
deum conuersus atque ideo lapsus >1
Cf. Solil. I, l, l (PL 32, 870) : tt Deus a quo auerti cadere, in quem
conuerti resurgere >> ; De lib. arb. II, 19, 53 (1269) ; III, 24, 72 (1307) :
(( Vnde autem haec auersio, nisi dum ille cui bonum est deus, sibi ipse
uult esse bonum suum, sicuti sibi est deus ? >> ; De Gen. c. manich. II,
16, 24 (PL 34, 208) : tt Ab ea ergo ueritate quisquis auersus est et ad se
ipsum conuersus ...
128, 26-29 ; 583A7-10 : (( Ipsa enim causa omnium, quamuis non per
se ipsam, quoniam immutabilis est, sed per suhditam sibi creaturam
uniuersitatem naturae a se conditae creet, moueat, gubernet ... >>
Cf. De Gen. ad litt. VIII, 23, 44 (PL 34, 389) : (( Vernm quia omnino
incommutabilis est illa natura trinitatis et ob hoc ita aeterna ut ei aliquid coaeternum esse non possit, ipsa apud se ipsam et in se ipsa sine
ullo tempore ac loco, mouet tamen per tempus et locum sibi subditam
creaturam >> ; ibid. VIII, 27, 49-50 (302) : tt per sibi subditam creaturam ...
per subditam ei creaturam H.
134, 8 ; 585B7 : (( omnem intelligentiam exsuperans ))
Cf. Phil. 4, 7 ; voir note I, p. 40, II ; 443C12-13.
140, 5-8 ; 587D6-588A2 : tt Fieri enim non potest, ut ait sanctus Augustinus ... >>
S.-W., PP II, p. I40, note tt cf. Aug. Di; Trin. XV, 2, l ad init. )). Il y a
bien une analogie : <t Deus quippe ipse quem quaerimus adiuuabit ))
(XV, 2, 2 ; PL 42, ro57). Mais J. Scot cite littralement De qu. animae,
14, 24 (PL 32, ro49), comme l'a not Jeaunean, SC 151, p. 252, n. 2.
144, 28-29 ; 590A15ss :
tt
261
262
Cf. En. in ps. 36, s. 1, 1 (PL 36, 355) : Sic autem quodam genere locutionis nescire filius dicitur quod non docet, id est : nescire dicitur quod
nescire nos facit .
158, 30 ; 596B1 : deus itaque malum nescit
Le mal est non-tre et, ce titre, ne peut tre qu'objet de nescience;
cf. De ciu. dei, XII, 7 (PL 41, 355) : << nesciendo sciuntur ll, cit en DP IO,
104-123 ; 15, 186-192 ; cf. G. Madec, L'augustinisme de Jean Scot dans
le' De praedestinatione' )), jean Scot rigne et l'histofre de la philosophie,
(Paris, 1977), p. 187ss.
r58, 31-32 ; 596B3s : Diuina siquidem scientia omnium quae sunt causa
est ... ))
Voir ci-dessus, note II, p. 76, 26-29 ; 559B7-n. Cf. H. Bett, Johannes
Scotus Erigena (Cambridge, 1925), p. 28 et n. r.
r62, 25-27 ; 597Drss : Nam quod sancti patres, Augustinus dico et
Dionysius, de deo uerissime pronuntiant, Augustinus quidem : qui
melius, inquit, nesciendo scitur ... ))
De ord. II, 16, 44 (PL 32, 1015) ; cf. Jeauneau, SC r8o, p. r26, n. 20.
Voir aussi II, p. 162, 33 ; 598A3-4 ; et p. 164, 2-3 ; 598 An.
164, 3rss ; 598D3ss : una essentia in tribus substantiis ... uel secundum
usum romanae linguae dicendum : una substantia in tribus personis et
tres personae in una substantia >>
Cf. De trin. V, 8, IO (PL 42, 917-8). Voir ci-dessus, II, p. 94, 16ss ;
567B8ss.
r72, 7 ; 6orC5 : lux mentium >>
Voir note I p. 38, 9 ; 442B8-9.
r72, 2oss ; 602A1ss: Non enim ille qui quaeritur quaerentes se deserit ... ))
Cf. Soli!. I, 1, 6 (PL 32, 872) : Tu enim si deseris, peritur ; sed non
deseris, quia tu es summum bonum quod nemo recte quaesiuit et non
inuenit ... )) ; De qu. animae, r4, 24, cit en II, p. qo, 5-8 ; 587D6ss.
r74, r7ss ; 602C14ss : 11 quantitatem nunc dico non ipsam corpoream ... ))
S.-W., PP II, p. 246, n. 489, fait rfrence De qu. animae, 3, 4 (PL 32,
1037).
r74, 27ss ; 603A4ss : Spiritus sanctus ... est donum utriusque, quoniam
ex patre per filium donatur, et est amor utriusque, patrem et filium
iungens, ut sanctus edocet Augustinus in libris quos de summa ac sancta
MADEC
B.
266
SMINAIRE E.N.S.
I. COMPLMENTS A L'INVENTAIRE
a. Nouveaux tmoins manuscrits
AULNE
S: catalogue du xvne s. (Bruxelles, Bibl. des Bollandistes, 98, f. 316v).
CONFLANS-SAINTE-HONORINE
S: table du manuscrit Paris, B.N., lat. 13774, f. Av (xn-xme s.)
Vita beate Pelagie peccatricis.
LOBBES
S : catalogue du xvne s. (Annales de la fdration archologique et
historique de Belgique, 5, 1890, p. 135).
PARIS, Collge des Cholets
S: catalogue du xvne s. (Paris, B.N., lat. 13068, f. 225, n XLV).
C: Vitae Patrum.
ROUGE-CLOTRE
S : catalogue du XVIe s. (Wien, ONB, s.n. 12694, f. 399v).
c. Nouveaux abrgs
r6r.
5. Identification des sigles d'aprs la table publie par P. LEHMANN, Alte Vorlaufer
des Gesamtkatalogs, dans Erforschung des lvlittelalters, t. 4, Stuttgart, r96r, p. 178180,
SMINAIRE E.N.S.
268
d. Corrections 6
Par suite d'un lapsus, nous avions omis de signaler, parmi les lments
caractristiques de la rfection A', l'incipit et l'explicit du rcit Ra'
(art. cit, p. 282) :
- Inc. Sacratissimus episcopus Antiochiae ciuitatis conuocauit ad se
omnes prope se consistentes episcopos. Des. sanctae reliquiae eius portatae
a sanctis patribus.
- sr.
6. On rtablira aussi l'orthographe correcte dans les notes consl\cres l\UX ml\nus
critii 61 ; A.ltzelle ; 7,1 : Le6n ; 87 : Schitftlarn; 94 : Rohr,
IS
29
sr
53
ror
109
rro
SMINAIRE E.N.S.
CLASSEMENTS TRADITIONNELS
et ubique -
271
SMINAIRE E.N.S.
1.5. Texte rcrit sur l'ide de praeda (au lieu de pridem) : ne ferns ...
fartasse reperiat quo me malis tcneat in ius praedae (uel uix praedet
uel ius praedet) quod absit inuoluat :
4 tmoins : 11 79 101 165 [Italie du Nord]
r.6. Egalement avec le verbe teneat, un texte trs condens : ne ferus ...
f ortasse reperiat quo me magis teneat :
6 tmoins: 32, 99, 107, 108, 117, 118 [liber de natalitiis cistercien].
2.r .... ne ferus ... repperiat quo me malis illis actibus ut iam pridem ita
cor meu11i inuolitat
16 tmoins: 40, 59, 64, 72, 73, 80, 103, 105, 112, 114, 115, 119, 120,
123, 136, 138 [ms. hispaniques et franais].
2.2.
273
18
SMINAIRE E.N.S.
274
IO et 7
0,69791
2.
2.
2.
I.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
15.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
3.
o.
o.
I.
I.
o.
o.
o.
o.
o.
4
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
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o.
o.
o.
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o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
o.
I.
Dans l'exemple ci-dessus z tmoins ont la leon r dans les deux lieux
variants, r5 ont la leon I dans le L.V. IO et la leon 2 dans le L.V. 7,
etc.
20. C. F. ES'l'ABROOK, An information theory model for character analysis, dans
Taxon, 16, 1968, pp. 86-97.
275
.5
4
7
6
3
b
2
B
2r. J. C. GoWER, Some distance properties of latent root and vector methods used
in multivariate analysis, dans Biometrika, 53, 1966, pp. 325-338.
22. K. A. CARLSO~, A method for identifying homogeneous classes, dans Multivariate Behavioral Research, 7, 1972, pp. 483-488 (la citation est prise la p. 484).
SMINAIRE E.N.S.
277
Sondage A
7 groupes
Sondage B
7 groupes
II
12
16
15
25. De mme, nous avons considr que la variation morte /mortem n'tait pas
pertinente, et nous avons, sans doute tort, nglig l'alternance reperiat /reperiet.
Dans les cas, heureusement rares, de manuscrits corrigs, nous avons de prfrence
pris en compte la leon ante corrcctionem.
26. Mais non pas les singular readings >l qui apparaissent l'intrieur d'un
lieu dtermin par d'autres variantes.
27. Sur ce problme dlicat, voir les rflexions de J. DUPI,ACY dans La pratique
des ordinateurs .. ., pp. 29-31 et de J. I1uG01~, ibidem, p. 267; cf. aussi AMPHOUX,
art. cit, pp. 263-+
28. Voir par exemple le lieu variant 33 o la variante principale porte sur relatio freuelatio, mais o le choix des qualificatifs et les variations dans l'ordre des
notes introduisent de8 sous-variantes. I,a terminologie est emprunte J. DuPI,ACY,
a.rf, cit, p. 30,
t-:>
--.l
OO
Toi.
lnf.
0,05
68,44%
0,10
68,73%
0,33
68,73'.'b
FI
Le
La
Pr
Al
Rh
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37 ms
9 ms
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35 ms
13 ms
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0,05
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(5)
( 6) ( 7) (10) (12)
(9) (11)
t:t-J,
~
.....
.....
~
0,33
68,87%
i--J.-...t
0
20ms
Gms
i---1--f
llms
i--1--1
i--J.-...t
17 ms
12ms
37 ms
t":t1
t":t1
24 ms
279
Nous les prsentons suivant l'ordre dans lequel ils apparaissent dans
le schma de la page 278 (sondage A). L'astrisque aprs le numro d'un
manuscrit indique que celui-ci est retenu pour l'apparat critique de
l'dition.
29. Elles seront dsormais dsignes par leur numro d'ordre l'intrieur d'un
sondage, lui-mme caractris par le nombre des groupes qu'a produits le calcul.
Par exemple, A3 /r6 sera le troisime groupe produit par le calcul qui a partag
l'chantillon A en r6 groupes (tolrance : 0,05 ~). Les numros des constellations
figurent sur le schma qe la P 278,
SMINAIRE E.N.S.
280
116
281
15 51 169
3r. quasi nudus manns habens super caput intextas: quasi nudus manibus
h. s. c. intextis 39 149 quasi nndis manibus super caput intextis 51 169
quasi ad nudis manibus 15
Le La Pr
Ces trois groupes sont caractriss par une grande lacune aux paragraphes 7-8 atque ex imo - placu pulchritudo que tous les manuscrits
sauf 87, 155 et 161 comblent par l'insertion de poster1 uero erigens se
uenerabilis episcopus ait.
Les deux premires constellations se laissent regrouper en une famille
plus vaste Lz, dont l'anctre avait d perdre le feuillet contenant la
fin du texte : pour complter le rcit, on a eu recours un manuscrit du
texte A', d'o le changement au 43 sine mora concessit (= B) / qui
(siue atque) dicit ad me(= A').
Lz est caractris par beaucoup d'autres variations, ainsi :
r8. numquarn ad ecclesiam ueniebat post peccatorum multitudine praegrauata transp.
28. scimus quod (sermo dei est) : sanctissimus enim
42. post ab ea add. illa autem abierat Ierosolimam et construxerat ibi
cellulam ubi clausa sola die noctuqne dominnm adorabat (ex A').
Groupe A r3 /r6 : 49, 63, 167, 172, 50, 76, 171, 168.
Groupe B r /r5 : 172, 49, 62, 167, 171, 76, 168, 60, 65, 50, 1.
Sondage a: r.2. a, ~ et partie de y. - Textes B /A'2 et 3.
Les manuscrits prsents dans les deux groupes (49, 50, 76, 167, 168,
171, 172) appartiennent une collection hagiographique bien connue, le
lgendier autrichien, compose peu aprs rr8r 3 0.
Les quatre autres manuscrits regroups par B (1, 60, 62, 65) sont tirs
30. Voir par exemple vV. LE\'ISOX, Conspectus codicum hagiographicorum, dan;;
M. G,H., Scriptores rerum merovingicarum, t. 7, r920, pp. 534-535.
SMINAIRE E.N.S.
282
Groupe A r /I6 : 62, 23, 143, 60, 41, 153, 87, 33, 66, 1.
Groupe B 8 /I5 : 142, 143, 23, 111.
r2 /r5: 33, 41, 87, 153,
SJHNAIRE E.N.S.
compleantur om.
50. post monachum add. quae ita nomen mutauerat ne posset agnosci.
impeditaret
xn
83* Mnchen, Clm 5513 (Diessen)
xv
94 Mnchen, BSB, Clm 23816 (Rohr ?)
Variantes : 4 pennirantibus (adm- ceteri) ; 15 squalorem
(-res) ; 46 ora (oret), etc.
. iterum irretiret
L'anctre de ce groupe a t contamin par un manuscrit de type Lz
comme suffit le montrer l'addition en 42 du passage de A' interpol
(illa - adorabat ; voir plus haut p. 281) :
a. Texte pur
F. ro (Ochsenhausen)
Cod. 47 (Irsee)
Le passage manque dans 3, m.ais ce tmoin va souvent
avec 58 ; cf. les variantes cites supra, et au 4 obnixe
38 81 83 92 94 : et obnixe 3 58 om. 88 89 91
b. Texte des manuscrits de Tegernsee
XIV
91 Mnchen, BSB, Clin 18938
1469
89 Mnchen, BSB, Clm 18161
88 Mnchen, BSB, Clrn 18093
1474
XII
XIV-XV
58
3 Augsburg, Stadtbibl.,
20.
2
diabolus inretisset
xn
100 Oxford, Bodl. Libr., Laud. Mise. 457 (Eberbach)
Texte B contamin par A' partir de 3 una uero.
Il y a des traces de texte alpin dans les manuscrits 87 (voir p. 283)
et 44 et 45 (voir p. 291).
Rh : manuscrits rhnans (18)
Groupe A 4 /16 : 55, 148, 7, 5, 4, 31, 54, 18, 125, 6, 19, 28, 61, 122, 13.
14/16: 53, 109, 56.
Groupe B 4/15: 5, 13, 31, 6, 55, 148, 4, 122, 7, 12S, 109, S4, 61, 53, 28,
56, 19.
Sondage a : 3. - Texte standard.
La prsence de 18 dans le groupe A 4 /16 est un rat du calcul : ce
tmoin appartient manifestement au type Fl (voir p. 279). Il faut en
revanche ajouter 36 qui par suite d'une information trop fragmentaire
(le manuscrit est souvent illisible), a t soit agglomr Nz (tri A 4/7),
soit laiss de ct (tris A /16, A /rr et B).
Le groupe rhnan est caractris par un grand nombre de petites
modifications :
I. saluberrhna : satis uberrima
4. asinum (siue asellum) : asinam
28. diaconissam : abbatissam
.:86
SMINAIRE E.N.S .
287
1460
56 KOln, Evang. Bibl., s.n. (Cologne, Sainte-Barbe)
1464
109 Paris, B.N., latin 5615 (Pays-Bas)
Variante : tunica
tricina id est cilicina en 41 ( = A')
XII-XIII
13 Brugge, Stadsbibl., 134 (Thosan)
Garde la division en paragraphes ; a aussi uelut in oratione
iacentem (+8) ; le manuscrit A' qui a servi pour la contamination appartenait au groupe u (26, 137, etc).
75, 30, ll, 32, 165, 108, 117, 118, 107, 79, 99, 101,
141, 74.
Groupe B 5 /II : 79, 99, 32, 101, 117, 118, 107, 108, 11, 74, 165, 75.
Manuscrits d'Italie du Nord (7) : Ni
Groupe A 5 /16: 30, 75, 79, 101, 11, 165, 74, 141.
Groupe B 5 /15 : 11, 74, 165, 75.
:
mimarum -
erat pompa) :
SMINAIRE E.N.S.
288
ro. bene sibi seruientibus uulgo (sic 30) : semientibus sibi 74 75 bene
seruientibus sibi 79 bene seruienti sibi 101 165 Na bene seruientem sibi 11
3r. (manus habens) super capu.t intextas uulgo 74 75 101 : s. c. extentas
79 165 Na extentas 11 superintextas 30.
D'aprs ces exemples et d'autres, la source de Na devait tre proche
de 165, et des manuscrits apparents : 79 d'un ct, 11 et 101 de l'autre :
xu
79* Milano, Bibl. Ambros. H 224 inf. (Milan)
Nombreuses fautes singulires, ainsi : 25 pedibus om. ;
27 diaconibus om.
11* Brescia, Bibl. Queriniana, B. VI. 13 (Iesi ?)
1247
101 Paris, B.N. latin 2867 (or. italienne)
XIII
165 Verona, Bibl. corn. 575-8 (Saint-Znon de Vrone)
XV
Fautes communes: 33 cum mea 30 74 75 79: comota 11
165commota101 Il 44 dictum mihi 74 75 79pc: dignum
mihi 79ac 11 165 mihi dignum 101.
Sont nettement spars les deux manuscrits de San Benedetto Po :
XII
74 Mantova, Bibl. corn., 238
75 Mantova, Bibl. corn., 457
Dans le dernier manuscrit, forte contamination avec A',
et mme interpolation d'un long passage tir d'un manuscrit de la classe a comme 9 ou 158 32
I,e manuscrit de Morimondo (30 : Corno, Seminario 6; XII-XIII) dbute
comme Ni, puis offre un texte italianis n partir du paragraphe IO.
Dans le texte de Na une place part revient 99 (New York, Union
Theol. Sem. 4; xv; Saint-Alban prs Trves), recueil tardif de Vitae
Patrum, manifestement interpol :
17. qui consurgens -- praedicare uulgo (sic Ni 99) : om. Na
33. cum mea existeres uulgo: oin. Na commota uanis terroribus 99 (cf. 11
101 165).
Les lgendiers se partagent en deux groupes 33 , d'un ct :
variante diptica en 20 (cf. Ni 99)
xu
32* Dijon, Bibl. mun. 642 (Cteaux)
variante uerba
xn 2
117*
118
xrnin
108
107
XIII
Paris,
Paris,
Paris,
Paris,
289
177)
8. super genua om. It'.
19
290
SMINAIRE E.N.S.
2. nam in Tabennensiotarum 1nonasterio n1orabatur post ex monacho add.
It praeter 17 151 (cf. 152 161 qui textum adfinem praebent), post pontifex
add. G E 17 151 37.
xv
157
291
15 39 51 149 169)
4r. post cilicimun add. quod (quem 139) ab episcopo occulte postulauerat
SMINAIRE E.N.S.
292
Groupe A 8 /16 : 147, 163, 173, 80, 132, 27, 138, 82.
Groupe B 9 /15 : 163, 147, 27, 132, 84, 82, 80.
Sondage a: 2, let 3. - Texte standard et B 3
173 ne figure pas dans le tri B parce que son microfilm nous est arriv
trop tard, 84 dans le tri A parce qu'il est lacunaire. 138 est agglomr par
B au groupe wisigothique (B 13 /15).
Cette constellation regroupe en fait trois groupes de manuscrits qui
se sparent sur des lieux variants essentiels, ainsi :
2. (ex monacho) in Tabennenensiotarum monasterio commorans 80 132
138 (= Rh) nam in Tabennensiotarum monasterio morabatur 82 147
163 ( = Tt) nam - morabatur post pontife:x: transp. 27 173
G E).
a. DelL'C manuscrits sont proches du rcit wisigothique, et plus particulirement de 138, le moins pur de tous les tmoins hispaniques :
xn
80 Montpellier, Bibl. mun. 16 (Saint-Guilhem-du-Dsert)
XII-XIII
132 Roma, BN, 1501 (Nonantola ?)
Variantes : ro caelis : caelum 80 132 138 Il l l secreta :
secretum 80 132 138 Il 13 ego ergo iam in caelo loquar in
terris destitutum me uideo et numquam mandatorum
tuorum custodiui praecepta 80 132.
b. Deux manuscrits du centre de la France offrent un texte souvent
retouch:
xr
173 Angers, Grand sminaire, s.n. (valle de la Loire)
xm
27 Clermont-Ferrand, Bibl. mun. 146 (Saint-A.Hyre)
293
II
/16: 59, 40, 64, 103, 115, 120, 123, 119, 114, 72, 73, 144,
112.
Groupe B 13 /15 : 73, 64, 138, 5,9 144, 119, 120, 105, 103, 72, 123, 115,
294
SMINAIRE E.N.S.
295
xvn
114
112
296
SMINAIRE E.N.S.
mm~
dex
nou
Information
0,05
36, 72~t
Jt'
Lt
SMINAIRE E.N.S.
298
DE
L'APPARAT
CRITIQUE
299
42. Un exemple montrera notre faon de calculer. Dans le lieu variant 22, la
leon in hoc saeculo est atteste dans II5 manuscrits; 13 omettent ces mots; 3
ne sont pas disponibles. L'apparat complet qui signale l'omission nous donne
accs au texte de u5 + 13 = 128 manuscrits, soit 97 %, de l'information totale.
S'il n'y a pas d'apparat, seul le texte tabli est pris en considration. Fond ici
sur II5 manuscrits (sur 131), il reprsente 87 % des donnes.
SMINAIRE E.N.S.
300
SONDAGE A {32 manuscrits, 34 variables, 3 facteurs}
Tolrance '"
0,05
.Fll-0,15)
.La (-0, 11)
.Le E;
1-0,051
,Nz 1-0,0S)
Git
I0,03)
Al10,241
Rh.
I0,451
,w;(-0,27)
ADDENDA
r. Un nouveau manitscrit
301
APPENDICE
Texte de rfrence
Magnas 1 semper2 domino gratias 3 referre debemus 4 qui non uult
peccatores perire in morte 5 , sed 6 omnes paenitentia 7 conuerti cupit
ad uitams. Igitur 9 miraculum quod gestum est in diebus nostris uisum
est mihi peccatori Iacobo scribere uobis 10 fratribus sanctisll utl2 audiendo
uel legendo13 credatis et animabus uestris maximum 14 consolationis
auxilium15 acquiratis. Misericors enim deus16 qui17 nullum uult hominem18 in hac mortalitate uitae huius19 perire 20 statuit21 in hoc saeculo22
ut per satisfactionem delicta donentur23 quia24 in futuro iustum iudicium25
erit 26 quo 27 recipiat unusquisque secundum opera sua28 . Nunc ergo 29
silentium mihi praebete 30 et intuemini cum 31 omni diligentia cordis32
quia relatio nostra 33 compunctione saluberrima plena est 34 .
Variantes
I.
I (121) magnas
2
(4)
3 (2)
IO
2.
5.
magnam
magnifie as
2 (2)
9 (13)
(56)
(3)
(46)
(1)
(10)
(1)
7 (9)
IO
4.
semper dcal
omission
IO
domino gratias
in domino gratias
deo gratias
deo nostro gratias
gratias deo
gratias deo totius consolationis
gratias ... ei
7.
(15)
(5)
(108) sed
(10) sed magis
sed ut
3 (8
IO (5)
I
per paenitentiam
paenitentia
ad paenitentiam
in paenitentiam
paenitentiam
omnium paenitentiam
paenitentiam agentes
peccatores
IO
(67)
(13)
(23)
(6)
(2)
(2)
(13)
(1)
(4)
(67)
I
2
3
4
5
6
7
8
(5)
3 (2)
4 ( 1)
IO
(4)
(17)
(4)
3
4
5
6
3 (12)
4 (18)
5 (1)
6.
3.
(79)
(4)
I (112) semper
IO
SMINAIRE E.N.S.
302
9.
2 (17)
3 (3)
4 (11)
5 (8)
6 (2)
7 (1)
8 (2)
9 (10)
IO (10)
conuerti cupit
conuerti ad uitam
conuerti
ut ... conuertantur ad uitam
reuerti ad uitam
reuocare ... cupit ad uitam
uocare in paenitentiam
cupit ad uitam
I (80)
(37)
3 (6)
4 (1)
5 (1)
6 {1)
IO (5)
igitur
audite igitur
audite ergo
auditum ergo
ideo
si
IO.
4 (1)
5 (8)
6 (2)
IO (4)
II.
(107)
(3)
3 (1)
4 (1)
5 (10)
I
6 (1)
7 (2)
8 (1)
9 (1)
IO (4)
12.
I3.
6 (1)
14.
15.
fratribus sanctis
fratribus meis sanctis
sanctis fratribus
spiritualibus fratribus
fratribus
omnibus sanctis
sanctis
ut ... scripturis sanctis
opera diuinae miserationis
I6.
4 (5)
5 (1)
6 (1)
I7.
I8.
I (118) qui
9 (10) omission
IO (3)
I (108) nullum... hominem
2
(9)
3 (5)
4 (1)
5 (1)
6 (1)
9 (3)
IO (3)
I9.
I (13)
(13)
3 (38)
4 (33)
5 (2)
6 (14)
7 (2)
9 (9)
20.
I (81)
(10)
3 (10)
2
4 (1)
5 (1)
6 (3)
7 (16)
8 (1)
9 (3)
IO (5)
2I,
4 (6)
5 (1)
consolationis auxilium
auxilium consolationis
consolationis gaudium
9 (4)
IO (3)
22.
I (103) statuit
(12) sed statuit
sed
3 (2)
I (114) 1naxi111.um
9 (14) omission
IO (3)
(86)
(3)
3 (1)
IO (7)
IO (3)
IO (5)
consilium
consolationis ... affectum
consolationis ... effectum
IO (3)
uobis scribere
scribere no bis
nobis scribere
scribere
scire no bis
I (117) ut
qua tin us
2 (6)
ad
3 (1)
omission
9 (3)
IO (4)
I (100)
2 (20)
3 (1)
4 (3)
5 (1)
4 (1)
5 (21)
6 (16)
sed magis
et ... statuit
omission
IO (3)
23.
I (100)
2 (14)
3 (2)
4 (1)
5 (1)
6 (9)
7 (1)
10 (3)
delicta donentur
delicta condonentur
delicta deleantur
delicta donari
delicta sanentur
donentur delicta
debita delicta donentur
5 (3)
6 (1)
7 (1)
9 (6)
IO (1)
3I.
24.
I (116)
2 (11)
9 (1)
IO (3)
25.
r
2
3
4
(107)
(11)
(6)
(1)
5 (1)
6 (1)
7 (1)
9 (1)
IO (2)
26.
27.
9 (7)
IO (2)
28.
I (118)
2 (8)
3 (1)
9 (1)
9 (1)
IO (2)
29.
9 (27)
IO (1)
32.
9 (6)
IO (2)
33.
I (117)
(1)
3 (1)
4 (2)
5 (3)
2
9 (6)
IO (1)
quo
in quo
quo cl
qui
omission
I (79)
(40)
(1)
(2)
(1)
2
3
4
5
I (81)
2
3
4
5
(122) erit
omission
9 (7)
IO (2)
3 (10)
4 (1)
I (81)
2 (20)
3 (1)
4 (1)
quia
eo quocl
omission
I (79)
2 (32)
I (79)
2 (14)
3 (25)
4 (1)
6
7
8
9
IO
34.
(10)
(13)
(1)
(1)
(1)
(14)
(1)
(7)
(2)
I (83)
2
(17)
3 (3)
4 (5)
5 (2)
nunc ergo
nunc uero
non ergo
ergo
ego
omission
6 (1)
7 (1)
8 (7)
9 (6)
IO (6)
303
SMINAIRE E.N.S
Apparat critique
L'apparat est tantt positif, tantt ngatif. Les groupes sont cits dans
l'ordre It (It', It), Wi, Rh, Lz (Le, La), Fl, Al, Nz (Ni, Na). GE viennent
aprs It ou Lz s'ils supportent leurs leons, sinon en tte.
Les nombres correspondent aux numros des variantes. Un astrisque aprs
un sigle indique que la leon du groupe n'est pas unanime. Les croix dsignent
les leons qui sont gardes dans l'apparat critique pur.
r. magnam gratiam Al
2. semper om. Wi
3. t domino It G E Wi Rh : deo
Fl Al om. Nz
4. referre debemus gratias Rh
t qui : ei qui Nz
t perire peccatores : peccatores perire GE mortem peccatoris La Al
5. t morte siue mortem
in morte om. La Al Nz
6. sed + ut La sed
+ magis Fl
7. t per paenitentiam It 2 * E Rh Lz Fl : paenitentia Jt 1 It 2 * G ad paenitentiam
Wi Al p. agentes Nz
t conuerti cupit : cupit It 1 conuerti Al (sed ut...) conuertantur La
8. t ad uitam om. Wi Al
9. t igitur : audite igitur Wi Rh Al
IO. scribere uobis : uobis scribere Al scire uobis Wi* uobis fratribus om. G
II. sanctis am. Al meis sanctis Rh*
12. ut: quatinus Na
13. ut - legendo : audiendum et legendum ut Ni
t uel : et La Fl
15. t auxilium acquiratis : acquiratis affectum
14. maximum om. Wi
(siue effectum) Lz E Fl
16. enim am. Ni
17. qui am. Na
18. nullum ... hominem : non ... ullum
hominem Fl
uult om. N z
19-2r. t mortalitate uitae huius (u. h. m. It 2 ) perire It G : uita mortali (m. u.
Rh Nz) perire (uult add. Ni uult sed magis add. Na) Rh Lz E Fl Nz perire in hac
mortalitate sed Wi
22. in hoc saeculo am . Vz
23. delicta donentur : d. condonentur Nz donentur
d. Fl
24. quia : eo quod N~
25. iustum iudicium : iudicio Nz
26. erit om. Na
27. t quo : in quo Rh Al om. Na
recipiet Rh alii
21. opera : facta Al
29. t nunc ergo : ego Ni* nunc
est om. Na
30. mihi silentium praebete It
s. pr. m. Fl. s. m. praedixi Ni
3r. t cum : mecum Rh om. lt' Ni
32. t cordis om. Lz Fl Al
t relatio :
reuelatio Le Ni
33. nostra : ista Wi om. Rh
saluberrima : satis uberrima Rh
34. compunctio saluberrima est Ni
L~
20
GUY BOUCHARD
l.
cc DE LA DIALECTIQUJt2 n
308
GUY BOUCHARD
cc De celui qui parle celui qui coute, c'est--dire du locuteur l'auditeur : les Stociens n'ont pas ignor la dimension communicative 5 .
Et Aristote ? Todorov se rfre un passage bien connu du trait
De l'interprtation :
"Les sons mis par la voix sont les symboles des tats de l'me, et les mots
crits les symboles des mots mis par la voix. Et de mme que l'criture n'est
pas la mme chez tous les hommes, les mots parls ne sont pas non plus les
mmes, bien que les tats de l'me dont ces expressions sont les signes
309
inundiats soient identiques chez tous, comme sont identiques aussi les choses
dont ces tats sont les images'. ,,
Parlant des tats d'me )), Aristote, dit Todorov, parle donc des locuteurs. On en conclurait tout aussi bien qu'il parle des auditeurs. Le langage, en effet, est ici rfr ses utilisateurs, les hommes, sans distinction explicite entre locuteur et auditeur, mais en impliquant manifestement l'un et l'autre. Dans sa Rhtorique, et mme si le ~ontexte
a une porte restreinte, Aristote est beaucoup plus explicite : trois lments constitutifs sont distinguer pour tout discours : celui qui parle,
le sujet sur lequel il parle, celui qui il parle 7 )). Aristote, pas plus que les
Stociens, n'ignorait la situation de communication dans laquelle s'inscrit
le langage. I,' originalit d'Augustin, ds lors, est d'inscrire expressment
et clairement cette situation dans la dfinition mme du signe linguistique
en gnral, au lieu de la laisser en veilleuse dans le contexte ou de ne
la formuler qne dans le cadre d'une utilisation particulire (le discours
de l'orateur) du langage.
310
GUY BOUCHARD
(ommentaire de Todorov
Les quatre termes qu'utilise Augustin proviennent d'un amalgame.
Comme l'a montr J. Ppin, dictio traduit lexis ; dicibile est l'quivalent
exact de lekton, et res peut tre l pour tughanon ; ce qui dmmerait un calque
latin pour la tripartition stocienne entre signifiant, signifi et chose. D'un
autre ct, l'opposition entre res et verba est familire ... la rhtorique de
Cicron et Quintillien. Le tlescopage des deux terminologies cre un problme,
caron dispose alors de deux termes pour dsigner le signifiant, dictio et verbum. "
(TS, p. 36).
Remarques
A. Sur le plan terminologique, posons d'abord quelques conventions de
niveau smiologique. Dans son Cours de linguistique gnrale, Ferdinand
de Saussure criYait :
Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et
une image acoustique. Cette dernire n'est pas le son matriel, chose purement
3rr
312
GUY BOUCHARD
riens. Pourtant ces discussions, en tant que telles, n'chappent pas la dialectique". "
Cela prcis, Augustin poursuit
Mais les mots sont les signes des choses quand c'est d'elles qu'il tirent leur
force, tandis que ceux dont on discute ici sont les signes des mots. En effet,
puisque nous ne pouvons parler des mots sans le secours des mots, ni parler
sans parler de quelque chose, l'esprit voit que les mots sont les signes des choses,
sans cesser d'tre des choses eux-mmes.
Ainsi quand un mot sort de la bouche, s'il sert son sujet, c'est--dire pour
une demande ou une discussion sur le mot lui-mme, il est bien lui-mme la
question, la chose dont il s'agit, celle qui est en discussion; mais cette chose,
s'appelle mot 13 . [Or, dans un mot, tout ce qui est peru, non par l'oreille, mais
par l'esprit, et que l'esprit garde en lui-mme, se nomme le dicible, dicibile.
Mais quand le mot sort de la bouche, non pas son sujet, mais pour signifier
quelque autre chose, il se nomme expression, dictio.] Quant la chose elle-mme
qui n'est plus le mot ni la conception du mot dans l'esprit, qu'elle ait un mot
qui puisse la signifier, ou qu'elle n'en ait point, elle ne s'appelle que de son nom
propre : objet. [Il y a donc ces quatre choses distinguer : le mot, le dicible,
l'expression et l'objet]. Ce que j'appelle mot est un mot et signifie un mot; ce
que j'appelle dicible est aussi un mot, il ne signifie pourtant pas le mot, mais
ce qui est compris d&"1s le mot et contenu dans l'esprit; ce que j'appelle expression est aussi un mot, mais un mot tel qu'il signifie deux choses la fois, savoir
le mot lui-mme, et ce qui se passe dans l'esprit au sujet du mot 14 ; ce que
j'appelle objet est un mot qui, outre les trois dernires significations que nous
venons d'exprimer, signifie encore tout ce qui reste exprimer 15 . (B,p. 15;
les passages entre crochets sont ceux que cite Todorov; c'est moi qui souligne
les expressions latines).
Suit l'exemple du mot arma. Or l'explication d'Augustin est d'autant plus
difficile saisir qu'il utilise le mot verbum pour dfinir les trois autre
termes de la srie. Essayons pourtant de rassembler les caractristiques de
chacun des lments :
- Verbum : mot profr (ore procedit) s'autodsignant (propter se procedit),
signifiant un mot (verbum significat).
- Dicibile : ce qui est peru non par l'oreille mais par l'esprit et que l'esprit
garde en soi; il signifie ce qui est compris dans le m.ot (quod in verbo intelligitur ...
significat) et contenu dans l'esprit ; c'est le mot compris et saisi par l'esprit
avant l'nonciation (sed cum anima sensa sunt, ante vocem dicibilia erunt).
12. Rsum propos par Jean PPIN dans Saint Augustin etla dialectique Villanova
University Press, The Saint Augustine Lecture Series, 1976, p. 9-rn.
13. but the thing in this case is called a verbum (DJ, p. 89). Darrell Jackson
conserve, dans sa traduction, les quatre termes latins : verbum, dicibile, dictio et res.
14. 'Dictio ' is also a word, but it signifies both the first two, that is, the word
itself and what is brought about in the mind by means of the word . (DJ, p. gr)
15. 'Res' is a word which signifies whatever remains beyond the three that
have been mentionned. ;> (DJ, p. 91)
313
- Dictio : mot profr dsignant autre chose que soi (cum vero verbum procedit non propter se sed propter aliud aliquid significandum) ; il signifie et le mot
et ce qu'il emmne dans l'esprit (et ipsum verbum et quod fit in anima per verbum
significat) ; c'est le mot manifest au dehors par la voix (cum autem ... proruperunt in vocem, dictiones factae su nt).
- Res : elle n'est ni le mot (quae iam verbum non est) ni la conception du
mot dans l'esprit (neque verbi in mente conceptio) ; elle signifie tout ce qui n'est
ni verbum, ni dicibile, ni dictio (quod praeter illa tria quae dicta sunt quidquid
restat significat).
GUY BOUCHARD
2 I.
GUY BOUCHARD
316
dsigner ce npiya est .t:K't6V, adjectif verbal que dicibile rend de la faon
la plus exacte ... ; quant au crT)avov sonore, il rejoint la dictio dont il est dit
(... ) qu'elle sort de la bouche propter ... aliquid significandum ; aussi bien les
stoiciens, pour dsigner la voix articule par opposition au simple son, usaient-ils
du mot 1.,t, dont dictio constitue une traduction adquate et atteste 24
Trois des quatre termes d'Augustin quivalent donc la conception
triadique du signe linguistique chez Aristote et chez les Stociens. Schmatiquement25
AUGUSTIN
ARISTOTE
STOCISME
dictio
dibile
res
ovoa
Myo
npiya
cr]aivov
cr]mv6evov- npiya - BK't"OV
wyxuvov
27. A propos du son, Ppin parle du signifiant>) ; mais, en toute rigueur, le signifiant n'est jamais sonore : c'est donc bien au sinsigne que correspondent le mot
parl (Aristote), le crT)atvov stocien. et la dictio (Augustin).
317
Remarques
Pour comprendre la porte du chapitre qu'Augustin consacre la
force >l des mots, il faut le situer dans l'ensemble du plan du trait.
De la dialectique devait comprendre quatre grandes parties 28 : la premire
aurait port sur les mots simples (de loquendo) ; la seconde, sur les phrases
ne prtant pas discussion (de eloquendo) ; la troisime, sur les jugements
concernant les phrases simples (de proloquendo) ; et la quatrime, sur les
jugements concernant la liaison des phrases (de proloquiorum summa).
La partie consacre aux mots simples se serait, son tour, subdivise en
quatre sections : de verbis, de dicibilibus, de dictionibus, de rebus. Et la
section consacre aux verbis devait se proccuper de quatre problmes :
l'origine des mots, leur force, leur dclinaison et leur arrangement 2 9.
Le chapitre traitant de la force des mots se subdivise, toujours selon
cc
28. Je reprends la division que fait ressortir Jean Ppin (opus cit., p. 26-27).
29. Cette dernire subdivision pose un problme. Verbum, oppos dictio, dicibile
et res, dsigne les mots qui se dsignent eux-mmes, c'est--dire les mots au sens
restreint. Mais les chapitres qu'Augustin consacre l'origine et la force des mots
portent, on le voit par les exemples, sur les mots au sens large. Par ailleurs, a.u chapitre traitant de la force des mots on rattache habituellement les trois derniers chapitres
de l'ouvrage inachev, chapitres ayant trait l'obscurit et l'ambigut.
GUY BOUCHARD
319
Cela nous permet de conclure qu'il n'est pas question, dans le texte
d'Augustin, d'une double signification des mots, mais plutt de deux
faons d'envisager leur force, selon qu'elle tient, comme 1' a expliqu
la premire partie du chapitre, au mot lui-mme ou sa signification.
Que si l'on devait concder qu'il s'agit de deux significations, rien n'autoriserait assimiler, con11ne le fait Todorov, l'une au<< sens ii et l'autre la
force. Enfin, la dfinition mme de la force du mot comme tant sa
capacit d'mouvoir l'auditeur montre bien qu'il ne s'agit pas ici du
rapport entre le signe et la pense ou la chose, mais du rapport pragmatique
du signe au rcepteur.
II. ((
DE L'ORDRE 31 ))
" L'homme ne pouvant avoir de socit solide avec l'homme sans le secours
de la parole, par la.quelle il fait passer en quelque sorte son me et ses penses
en autrui, la raison comprit qu'il fallait d01n1er des noms aux choses, c'est--dire
certains sons pourvus de signification, afin que, faute de pouvoir percevoir
sensiblement l'esprit, les hommes se servissent, pour unir leurs mes, des sens
comme autant d'interprtes '' (II, XII, 35 : TS, p. 37).
En tentant d'expliquer la terminologie stocienne utilise par Augustin
dans De la dialectique, Todorov suggrait un double lieu du sens, qui
appartiendrait la fois au processus de communication et celui de
dsignation. Dans De l'ordre, ajoute maintenant Todorov, le compromis
est formul de faon diffrente : << la dsignation devient un instrument
de la communication)) \TS, p. 36).
Remarq1.ie~
On notera en premier lieu que le texte cl' Augustin porte sur l'origine
des signes linguistiques, et non sur celle des signes en gnral. Au point
de vue de la constitution dn signe linguistique, trois lments sont relis :
les noms, les penses et les choses ; cette conception ne diffre pas de
celle du trait De la d1:alectique, o d'une part le mot tait dfini comme
le signe d'une chose, mais o, d'autre part, le signe impliquait tout le
moins une dualit entre lui-mme et ce qui tait montr l'esprit. De
plus, s'agissant du signe linguistique, la co-prsence de la relation de
dsignation et de la relation de communication ne saurait surprendre.
J\fais y a-t-il, cette fois, subordination de la premire la seconde ?
Il importe de souligner que le passage que cite Todorov s'insre dans
un dveloppement portant sur la raison et sur ses uvres, parmi lesquelles,
3 r. Trad. R.
GUY BOUCHARD
320
outre la parole, Augustin mentionne l'criture, la grammaire, la dialectique, l'loquence, la musique, la posie, etc. Tout ce contexte est fortement tlologique. De plus, la communication elle-mme est ici subordonne la sociabilit ; le membre de phrase qui prcde immdiatement
celui que cite Todorov est en effet clair ce sujet : ce qu'il y a en nous
de raisonnable, c'est--dire ce qui use de la raison et produit ou suit ce qui
est conforme la raison, a t contraint de s'associer, par une sorte
de lien naturel, aux tres avec lesquels il possde la raison en commun .
Enfin, la parole n'tant ici qu'un cas parmi d'autres, dans le cadre d'une
dmonstration allogne la problmatique linguistique, l'importance de
ce passage ne peut tre que secondaire.
III.
<<
Du
MATRE 32 "
Remarques
A. L'ensemble du De M agistro portant sur les signes, et particulirement
sur les signes linguistiques, l'utilisation restreinte qu'en fait Todorov
est d'autant plus surprenante que le texte se prsente comme un dialogue,
parfois pig, dont on ne peut se contenter d'extraire quelques phrases
sans tenir compte du contexte. Nous allons donc rsumer la premire
32. Trad. F.- J. Thonnard, Paris : Descle De Brouwer, 194r.
321
partie du dialogue. Nous reviendrons ensuite sur les bribes que cite
Todorov, mais en les situant dans leur contexte. Puis nous soulignerons
certains lments thoriques qui peuvent contribuer prciser la conception augustinienne du signe.
B. La premire partie du dialogue comprend deux sections. De la
premire section, l'tape initiale tablit d'abord que l'on parle soit
pour enseigner, soit pour rappeler. tant ensuite entendu que les mots
sont des signes et qu'un signe ne peut tre tel s'il ne signifie quelque
chose (nisi aliquid significet), la discussion se tourne vers ce qui est signifi
par les mots et distingue trois cas : si la demande porte sur des signes,
on peut les montrer par d'autres signes, tandis que si elle porte sur
des choses (rebus), qui ne sont pas des signes, on les montre en les accomplissant aprs la demande ou en donnant des signes attirant sur elles
1'attention.
La seconde tape dveloppe longuement le cas des signes que 1' on
montre par des signes. En premier lieu, certaines notions sont prcises :
- Les mots signifient soit les mots mmes, soit d'autres signes (v.g. les
mots 'gestes' et' lettres'), soit une chose (aliquid aliud) qui n'est pas un signe
(v.g. le mot' pierre'). Ce dernier cas ne sera pas discut dans la prsente section,
qui s'en tiendra aux signes montrant les mmes signes ou d'autres signes.
- Les mots s'adressent l'oue, les gestes, la vue; les mots crits ne sont
pas des mots, mais des signes de mots. Le mot est donc ' ce qui est profr comme
un son de voix articul avec une signification ' (quod cum aliquo significatu
articulata voce profertur). En crivant un mot, on prsente aux yeux un signe
par lequel le mot qui s'adresse l'oreille, nous vient l'esprit.
- Le nom signifie ce par quoi chaque chose s'appelle (id scilicet quod quidque
appeltatur), comme Rome, Romulus, vertu, fleuve, etc. Ces quatre noms signifient; entre eux et les objets (res) qu'ils signifient (quae significantur), la diffrence est que les noms sont des signes, mais pas les objets ; on appellera signifiables (significabilia) ces objets susceptibles d'tre dsigns (significari)
par un signe sans tre un signe.
Ces quatre noms peuvent tre signifis par d'autres signes (visibles) :
les mots crits. Ils peuvent aussi l'tre par d'autres signes audibles, conune le
mot nom. Celui-ci est signe audible d'autres signes audibles, tandis que les
premiers sont signes audibles d'objets (rerum) visibles (v.g. Rome) ou intelligibles (v.g. vertu).
Ces notions prcises, la discussion examine quatre cas : d'une part les
signes qui ne se dsignent pas mutuellement, d'autre part ceux qui se
dsignent mutuellement et qui ont soit une valeur quivalente, soit
une valeur non quivalente, soit une valeur identique. Le mot 33 tant
tout ce qui est profr comme un son articul avec une signification, et le
33. Verbum. Le traducteur utilise, en franais, le mot parole, ce qui embrouille
la discussion, puisque Augustin se contente de reprendre ici la dfinition mise e
place dans les notions prliminaires.
21
322
GUY BOUCHARD
nom tant ainsi profr, le nom est un mot. Le terme mot pouvant
dsigner un nom, le nom fleuve dsignant une chose visible, et le terme
nom >> tant signe du terme fleuve ll, quelle est la diffrence entre
le signe du nom, qui est un mot, et le nom dont il est le signe ? Celle-ci,
que tous les noms sont des mots, mais que tous les mots ne sont pas des
noms; c'est la diffrence entre le signe d'un signe portant sur une chose qui
ne dsigne pas un autre signe, et le signe d'un signe portant sur une chose
qui en dsigne une autre. D'une faon plus gnrale encore, tout mot est
un signe, mais tout signe n'est pas un mot. Or tous les signes ne dsignent
pas, comme le mot animal, autre chose qu'eux-mmes. Le mot signe ll,
par exemple, dsigne tous les autres signes, et lui-mme, car c'est un
mot, et tous les mots sont des signes. Il en est de mme pour les termes
mot >> et nom ll. Certains signes se dsignent donc eux-mmes parmi
les objets qu'ils dsignent. Mais tel n'est pas le cas du mot'' conjonction ll,
qui est un nom mais ne dsigne pas un nom. Certains signes, donc, ne se
signifient pas mutuellement ('' conjonction>> signifie ''si ll, <( car ll, ''ou ll,
etc., mais n'est pas signifi par ces mots), tandis que d'autres se signifient
mutuellement : par exemple, '' nom >> et '' mot >> sont deux noms, et deux
mots, qui se dsignent l'un par l'autre. Or, parmi les signes qui se dsignent
mutuellement, les uns n'ont pas une valeur quivalente; par exemple,
le terme signe >> dsigne tout ce qui signifie quelque chose, alors que
le terme '' mot >> ne dsigne que les signes mis comme son de voix articul,
bien que le signe soit dsign par un mot et le mot par un signe ; '' signe >>
a une plus grande valeur que mot ll. Par contre, le mot et le nom
pris en gnral, ont une valeur quivalente ; en effet :
<' toutes les parties du discours sont aussi des noms, car on peut leur adjoindre
des pronoms, et on peut dire de toutes ces parties qu'elles servent nommer
quelque chose; et il n'y en a aucune qui ne puisse, en s'unissant au verbe,
constituer un nonc parfait>> (vrr, 20, p. 65).
quivalente, la valeur de <( mot n et de <l nom >> n'est cependant pas
identique, car ce n'est pas pour les mmes raisons que l'on utilise ces deux
termes :
le premier a t invent pour marquer l'action de frapper l'air, et l'autre,
pour marquer la mmoire de l'me (Ibid.).
Enfin, la valeur identique de deux signes qui ne se distinguent que par le
son des lettres se retrouve dans les termes nom n et ovoa.
C. La seconde section de la premire partie dveloppe le cas laiss
en suspens dans la section prcdente, celui des signes qui dsignent non
d'autres signes, mais des c' signifiables >>.
Une premire tape tablit qu'il est faux qu'on ne puisse enseigner sans
recourir des signes. A prime abord, on pourrait penser le contraire. Si 1' on
veut discuter, en effet, telle est la loi : quand les signes sont entendus
l'attention se porte vers les choses signifies>> (ad res significatas). Par
323
GUY BOUCHARD
discussion of the ways in which ' speech also signifies itself along with other
thin.gs"' "
Voici quelques;indices du caractre douteux de cette argumentation visant
tablir que tout mot est un nom et tout nom, un mot, donc que ces deux
termes ont une valeur quivalente, mais non identique. Pour prouver leur
non-identit, Augustin recourt un argument tymologique (cit par
Todorov) : verbum driverait de verberare, et nomen, de noscere. Or, an
tout dbut du chapitre VI du De dialectica, Augustin, dclare :
"On cherche l'tymologie d'un mot, quand on s'enquiert de l'origine de
sa formation; recherche trop curieuse mon avis et peu ncessaire ... S'il y
avait plaisir et agrment dvelopper l'origine d'un mot, ce serait une folie
d'entreprendre ce dont la poursuite serait pour ainsi dire infinie. Car qui pourrait
trouver, dans tout ce qui a t dit, la raison pourquoi cela a t dit ainsi ? "
(B, p. 56).
L'un des exemples de cette qute infinie et des dsaccords qu'elle suscite
est prcisment celui de verbum. Quant nomen, qui driverait de connatre
(noscere), ne doit-on pas tenir compte, en lisant cette tymologie, de la
thse centrale de la seconde section, savoir que les mots n'enseignent
rien ? Le caractre douteux de toute cette argumentation devrait donc
nous inciter ne pas en isoler des fragments. Bien plus : on peut contester
que les passages auxquels se rfre Todorov aient trait la force "
des mots. Le contexte gnral de cette discussion est, rappelons-le, celui du
rapport entre les signes et les choses qu'ils signifient. Celles-ci sont soit des
signes, soit des<< signifiables >>. S'il s'agit de signes, ou bien il y a dsignation mutuelle, ou bien il n'y a pas dsignation mutuelle et, dans le premier
cas, leur valeur est quivalente, non quivalente ou identique. Les
termes principaux de cette problmatique sont : signe (signum), choses
(res), signifiables (significabilia) dsigner (significare) et valeur (valere).
Le mot << force>> n'intervient que dans le troisime passage que cite
Todorov : Telle est la loi, doue naturellement d'une trs grande force :
quand les signes sont entendus, l'attention se porte vers les choses signifies n. Or le mot 11 force>> est ici le fait de la traduction, puisqu'en latin,
c'est le verbe valere qui est utilis : ea scilicet regula, quae naturaliter
plurimum valet, ut auditis signis ad res significatas feratur intentio
(vm, 24, p. 76). De plus, la force (ou valeur) en question est celle de la loi
nonce, et non un attribut ou une partie de la signification. Enfin, ce
troisime passage ne provient plus de la premire section, mais de la
seconde, qui examine le cas des signes qui dsignent des << signifiables n, et
non plus des signes. Ds lors, on ne voit gure ce que peut vouloir dire
Todorov lorsqu'il affirme que dans Du matre << les deux significations
semblent devenir des proprits soit du signifiant, soit du signifi n.
Il n'est pas du tout question, ici, de deux significations, mais du rapport
entre le signe et son dsign.
34.
MARKUS,
GUY BOUCHARD
..... l
obscurits (z)
interprtation
signes ........... .
ambiguts (3)
expression (.+)
Todorov ajoute :
327
Remarques
A. I/articulation du trait propose par Todorov est << gnrative :
elle en produit le contenu partir de trois oppositions : signes-choses,
GUY BOUCHARD
dcouverte
-- choses (I)
.
\ ignors (II) 37
, -- signes
f ambigus (III)
expression (IV)
L'opposition entre les choses et les signes est beaucoup moins centrale,
ici, que dans le schma de Todorov. Cela, comme nous allons le constater,
aura certaines consquences.
B. La thse centrale de Todorov est que, dans La doctrine chrtienne,
il n'y a plus de sens que vcu, le rfrent s'vanouissant : si le monde
se divise en signes et en choses selon que l'objet de perception a une
valeur transitive ou non, la chose participe du signe en tant que signifiant,
non en tant que rfrent.
Voyons d'abord comment Augustin lui-mme prsente l'opposition
entre signes et choses :
"Toute science a pour objet soit les choses, soit les signes, mais c'est par les
signes qu'on apprend les choses 38 Or je viens d'appeler choses, les objets qui
ne sont pas employs pour tre les signes de quelque chose : par exemple, le
bois, la pierre, le btail et autres objets analogues, Il ne s'agit pas, toutefois,
de ce bois que Mose, lisons-nous, jeta dans les eaux amres pour dissiper leur
amertume (Exode xv, 25) : ni de cette pierre sur laquelle Jacob reposa sa tte
(Gen, XXVIII, II), ni de ce blier qu'Abraham immola la place de son fils
(Gen, :<{XII, 13). Ces objets-l, de fait, sont des choses, mais en la circonstance,
ils sont, par surcrot, les signes d'autres choses. Or, il y a d'autres signes qui ne
servent qu' signifier, comme c'est le cas pour les mots. Car personne n'use
des mots que pour signifier une chose. On comprend par l ce que j'appelle
37. L'tude des signes ignors ne commence qu'avec la seconde section du livre II;
la premire contient des considrations gnrales, dont la thorie des signes.
38. Cette dernire proposition s'oppose radica,Iement ht thse contraire prsente
dans Du matre.
signes, savoir les objets (res eas) qu'on emploie pour signifier quelque chose
(quae ad significandum aliquid adhibentur). C'est pourquoi tout signe est aussi
une chose, sans quoi il ne serait rien du tout. Mais, par contre, toute chose
n'est pas en mme temps un signe. Et voil pourquoi, quand, dans cette division
des choses et des signes, nous parlerons des choses, nous le ferons de telle manire
que mme si quelques-unes d'entre elles peuvent tre e:tnployes comme signes,
elles ne gnent pas notre plan qui est de parler d'abord des choses, ensuite
des signes. Souvenons-nous fermement que, pour l'instant, nous avons considrer dans les choses ce qu'elles sont en elles-mmes, et non ce qu'elles signifient
d'autre, en plus de leur sens propre. (I, n, 2, p. 183).
L'opposition entre les signes et les choses n'est donc pas, ce texte le
montre l'vidence, tranche au couteau. C'est une division beaucoup
plus fonctionnelle qu'ontologique, et qui articule trois lments plutt
que d'eux: d'une part les choses purement choses, d'autres part les signes
purement signes, et entre les deux les choses qui peuvent aussi servir
de signes. Or les signes purement signes sont tout de mme des choses
sans quoi ils ne seraient << rien du tout : on peut donc lire dans le texte
une classification des choses en trois catgories. Par ailleurs, les signes
sont dfinis comme des choses qu'on emploie pour signifier quelque chose:
dfinition identique celle que nous avons rencontre dans Du matre,
et o le dsign (le rfrent, la << chose ) est expressment mentionn ;
or pour que ce dsign ne corresponde pas aux choses (res), il faudrait
soutenir que tous les signes ou bien se dsignent eux-mmes, ou bien
dsignent d'autres signes : thse qu'on ne peut imputer Augustin.
Il est donc inexact de prtendre que, dans La doctrine chrtienne, la
<<chose>> s'vanouit en tant que rfrent. La<< chose n, au contraire, demeure
un rfrent et c'est pourquoi << c'est par les signes que l'on apprend les
choses n.
C. De l'opposition entre user et jouir, qui est tout fait secondaire
du point de vue de la thorie des signes puisqu'elle articule les choses,
nous dirons seulement que Todorov a tout fait raison d'en dduire
que Dieu est la seule chose n'tre absolument pas signe 39 .
D. Au texte qui prsente l'opposition entre mots et choses fait cho
1' ouverture du second livre :
" crivant sur les choses, j'ai averti au pralable, qu'on ne portt son attention que sur ce qu'elles sont et non pas sur ce qu'elles signifient d'autre en
dehors d'elles-mmes. Traitant en retour des signes, je prviens qu'on ne
39. Unique et souveraine Ralit, dit Augustin (I, v, p. r85).
40. ... non etiam si quid aliud praeter se signijicant . Le texte du livre I disait :
non quod aliud praeter seipsas significant . Les deux formules sont galement
ambigus. L'interprtation normale>> serait que, dans le cas des choses qui peuvent
aussi tre des signes, on les considre, lorsqu'on fait abstraction de leur imension
smiologique, pour ce qu'elles sont en elles-mmes. Mais dire qu'on ne s'occupe
pas de ce qu'elles signifient d'autre en dehors d'elles-mmes, cela peut impliquer
qu'elles se signifient elles-mmes. Ds lors, de mme que tout signe est aussi une
330
GUY BOUCHARD
porte plus son attention sur ce que les choses sont, mais au contraire, sur les
signes qu'elles reprsentent, c'est--dire sur ce qu'elles signifient". Un signe est,
en effet, une chose qui, en plus de l'impression qu'elle produit sur les sens, fait
venir, d'elle-mme, une autre ide la pense. Par exemple : la vue d'une
trace nous jugeons qu'un animal, dont elle est l'empreinte, est pass ; la vue
d'une fume, nous apprenons qu'il y a du feu dessous ; l'audition de la voix
d'un tre anim, nous discernons le sentiment de son me ; une sonnerie
de trompette, que les soldats savent s'il faut avancer ou reculer ou faire toute
autre manuvre exige par le combat. " (II, I, r, p. 239).
A propos de cette dfinition, Todorov, on l'a vu, note seulement qu'elle
est fort voisine de celle prsente dans De la d1:alectique, et il cite un autre
texte, plus explicite ll, qui met l'accent sur la communication. Peut-on
s'autoriser de ces deux textes pour conclure, encore une fois, que la
dsignation s'est vanouie au profit de la communication ?
Si 1' on s'en tient la dfinition elle-mme, telle qu'elle apparat en
traduction franaise, on pourrait croire que le dsign en est absent.
:M.ais le contexte immdiat de la dfinition modifie cette impression.
Premier indice : Augustin y emploie le verbe significare qui, comme
nous avons pu le constater en maints autres textes, exprime la relation
de dsignation. Second indice : les exemples de ce que signifient les
signes, tel le feu, correspondent des dsigns. Troisime indice : antrieurement celle-ci, Augustin a propos une autre dfinition du signe, o
la prsence du dsign est explicite; <<j'appelle signes ... les objets qu'on
emploie pour signifier quelque chose ii. Ds lors, ou bien les deux passages
du livre II se contredisent, ou bien Todorov n'a pas raison d'y lire la
disparition du dsign. Or Augustin ne se contredit pas. Markus, paraphrasant la dfinition d'Augustin, crit :
)l
chose, sous peine de ne pas exister, toute chose (fors Dieu ?) serait aussi un signe,
au moins d'elle-mme.
4 r. .. . sed potius quod signa sunt, id est, quod significant .' Traduction plus
littrale : mais plutt sur le fait qu'elles sont des signes, c'est--dire qu'elles signifient >l.
42. St Augustine on Signs ,p. 74.
33I
The second relation must, however, be inferred, for in the two defining chapters
Augustine never says that signs signify res. Rather he uses the vague terms
" aliquid " and " aliud aliquid ". In this he is similar to Cicero, who uses
" quidam " in his definition. Quintillan, on the other hand, does speak of
alia res which are understood by signs. The reason the second relation can
be inferred with res as the second term is that what is signified, the " something
else ",must be ares in at least the improper sense if it is to be anything at ail.
In De doctrina Augustines does not investigate further the logical qualities
of this relation ... No more can be said about the something signified from these
two chapters (I, II and II, r, 1), except that all the examples given are of the
signification of rather concrete things ......
Plus prudente que celle de Markus, l'interprtation de Darrell Jackson
n'en souligne pas moins, elle aussi, la pertinence du dsign. Mais Raffaele
Simone va beaucoup plus loin en adoptant une position contraire celle
de Todorov ; signalant l'importance du cadre social, c'est--dire de la
relation de communication, dans la conception augustinienne du signe,
il ajoute : cc A mesure que baisse l'intrt smiologique d'Augustin, ... ce
sont galement les termes de sa dfinition du signe qui s'affadissent et
se banalisent: la dfinition qui nous est offerte dans le De doctr. christ. perd
compltement l'ide du cadre social prsente dans les premires uvres
45 . On peut donc conclure que les interprtations courantes de la
dfinition augustinienne ne confirment pas la disparition du dsign.
Conclusion que le texte mme d'Augustin permet d'amplifier. Le second
livre du trait s'ouvre, nous l'avons dj signal, par des considrations
gnrales qui incluent la thorie du signe. Or cette thorie comporte
deux volets. Le premier, que nous connaissons dj, est consacr la
dfinition du signe. Le second procde une double classification des
signes: d'une part les signes sont naturels ou cc conventionnels (data
signa), d'autre part ils s'adressent la vue, l'oue ou aux autres sens.
cc Les signes naturels sont ceux qui sans intention ni dsir de signifier
font connatre, d'eux-mmes, quelque chose d'autre en plus de ce qu'ils
43. A sign is a res. In Book One Augustine gives two meanings to the term
' res '. First, it refers properly to that which is not used to signify something else
(quae non ad significandum aliquid adhibentur, I, II, 2, 2f.), such as wood, stone,
cattle, and so on. Second, it refers improperly to anything whatsoever that is
(I infer this from quod enim nulla res est, omnino nihit est, 13 f.). Anything not
a res in the improper sense is nothing at all. In this latter sense ' res ' may be
applied to such things as words and the stone which Jacob slept on, which in addition
to being something also signify something (4-10). Clearly a sign, like everythingelse that exists, is a res in this second and improper sense, for it must be if it is to
signify. But a sign is ares only in the improper sense, for in addition to e:x:isting
it signifies>. (B. DARRELL JACKSON, The Theory of Signs in De doctrina Christiana >
in Augustine (Markus ed.), p. 94).
44. Ibid., p. 94-95.
45. Raffaele SIMONE, Smiologie augustinienne, in Semiotica VI (1972) p. 16,
n. 2I. Cette interprtation est tout aussi e:x:agre que celle de Todorov. Les deux:
ont en commun de ne pas distinguer clairement ce qui vaut pour le signe linguistique
et ce qui vaut pour le signe en gnral.
332
GUY BOUCHARD
sont eux-mmes. C'est ainsi que la fume signale le feu (II, r, 2, p. 239).
Quant aux signes conventionnels , ce sont cc ceux que tous les tres
vivants se font les uns aux autres pour montrer, autant qu'ils le peuvent,
les mouvements de leur me (motus animi sui), c'est--dire tout ce qu'ils
sentent et tout ce qu'ils pensent (vel sensa, aut intellecta quaelibet) .
(II, n, 3) Le passage cit par Todorov et qualifi de plus explicite >>
suit immdiatement cette dfinition. Il en rsulte que la relation de
communication mise en vidence dans ce passage concerne non les signes
en gnral, mais une classe particulire de signes : les data signa. Tout
signe, en tant que tel, est par dfinition en relation a\'ec un dsign.
Mais certains signes se caractrisent en outre par le fait qu'ils sont produits
intentionnellement par les vivants pour montrer les mouvements de leur
me. Que cela n'implique pas que ces mouvements de l'me 46 soient
sans rapport avec quelque dsign, le texte ne tarde pas l'tablir :
cc Les btes 47 aussi ont entre elles des signes par lesquels elles dvoilent le
dsir de leur me. Car et le coq, quand il a trouv de la nourriture, le signale
de la voix la poule, pour la faire accourir ; et le pigeon appelle d'un roucoulement la femelle ou est appel par elle en retour ; et on remarque d'habitude
de nombreux faits analogues. >> (II, II, 3, p. 241).
Au fait, les signes sont ou propres ou figurs. On les appelle propres quand
ils sont employs pour dsigner les objets (rebus), en vue desquels ils ont t
crs. Par exemple nous disons " un buf >> quand nous pensons l'animal
que tous les hommes de langue latine appellent avec nous de ce nom. Les signes
sont figurs quand les objets (res) mmes que nous dsignons par leurs termes
propres sont employs pour dsigner un autre objet (aliud aliquid). >>(II, x, 15,
p. 259).
Cette fois, le mot res est employ pour exprimer le dsign, et le fait
qu'il soit remplac, la fin du texte, par aliud aliquid indique clairement
quel sens nous devons donner cette expression dans les autres passages
du trait.
Le De doctrina christiana n'vince donc pas, au profit de la relation
de communication, celle de dsignation.
46. Aristote, on s'en souvient, parlait ici d' tat d'me et sa dfinition met
expressment en cause le dsign.
47. Raffaele Simone (art. cit., p. 14) n'a donc pas raison de soutenir que les data
signa sont propres au:x: hommes .
V.
<<
333
Remarques
La catchse des dbutants se compose d'un court prologue et de deux
parties. La premire partie, qui est une mthode thorique d'enseignement
religieux, se subdivise en trois sections : comment conduire le rcit (de
l'crituresainte), comment donner des prceptes et faire les exhortations,
comment acqurir la bonne humeur. Quant la seconde partie, elle
donne des modles de sermons. Par rapport aux deux dmarches indiques
dans La doctrine chrtienne, savoir dcouvrir, quant aux choses et quant
aux signes, ce qu'il y a comprendre dans 1'.criture, puis l'exprimer,
le contenu du prsent trait s'inscrit entirement dans la seconde et
par consquent prsuppose la premire. S'tonnera-t-on, ds lors, que
l'accent soit mis ici sur la communication ? Mais que le passage cit
par Todorov ne mentionne pas la relation de dsignation, cela n'implique
pas qu'il la nie. A plusieurs reprises nous avons pu constater qu'Augustin
donnait, du signe, une dfinition binaire n'articulant que le signe et
la chose dsigne: il ne s'ensuivait pas pour autant qu'il niait la pertinence,
pour une dfinition intgrale du signe, du niveau de la pense, ni que
certains signes puissent servir communiquer.
48. Trad. Combs et Farges, Paris : Descle De Brouwer, 1949.
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L'unique passage cit par Todorov se situe dans le prologue. l,e frre
Deogratias lui ayant demand de lui crire sur la manire de catchiser
les dbutants, et s'tant plaint par ailleurs de l'impression de dgot
que suscitent en lui ses propres sermons, Augustin, avant d'accder sa
demande, dclare qu'il prouve lui aussi la mme impression, et entreprend
d'expliquer celle-ci. La problmatique ainsi amorce est celle du discours
oral; et ce qui vaut pour ceh-ci ne vaut pas ncessairement pour tout
signe en gnral. Qu'Augustin ne parle pas de la relation de dsignation
en expliquant pourquoi il est parfois insatisfait de ses discours, cela
n'implique donc pas, mme si on concdait sa non-pertinence au niveau
des signes linguistiques, quelle soit galement non pertinente pour le
signe en gnral, ou pour d'autres sortes de signes.
En terminant, signalons que le texte que cite Todorov, en opposant
les empreintes aux signes, mentionne d'une part les signes exprims
parla voix)), d'autre part les signes penss par l'esprit)): ce qui pourrait
correspondre, encore une fois, la distinction entre sinsigne et<< signifiant ll.
CONFESSIONs49 J>
Todorov se contente de noter au passage que la thorie du signe prsente dans De la Trinit est un dveloppement de celle de la Catchse
et de celle du livre XI des Confessions. (TS, p. 41).
Remarques
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336
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vagues, les fleuves et les astres que j'ai vus, l'ocan auquel j'ai ajout foi, je
ne les voyais l'intrieur, dans ma mmoire, avec d'aussi vastes dimensions
que si je les voyais l'extrieur. En les voyant, cependant, je ne les ai pas
absorbs, quand je les ai vus des yeux ; ce ne sont pas eux qui sont en moi, mais
leurs images, et je sais ce qui s'est inlprim en moi, et par quel sens de mon
corps.)) (X, VIII, 15, p. 169).
Mais si le dsign est une chose intellectuelle, la situation est diffrente.
La mmoire conserve bien toutes les connaissances des sciences librales,
mais ce ne sont plus leurs images, mais les choses elles-mmes, que je
porte en moi l> (X, IX, 16, p. 169) :
<<quand j'entends qu'il y a trois espces de questions : Une chose est-elle ?
qu'est-elle ? quelle est-elle ? sans doute des sons qui constituent ces mots je
retiens les images ; ils ont travers l'air en vibrant et ne sont dj plus, je le
sais. Mais les choses elles-nimes, signifies par ces sons, je ne les ai atteintes
par aucun sens corporel, je ne les ai vues nulle part au-del de mon esprit ;
et j'ai seni dans ma nimoire non pas leurs images mais elles-mmes. " (X, x,
17, p. 171).
D'o viennent donc ces choses non sensibles ? Elles taient dj dans
ma mmoire, mais si profondment enfouies que, << sans quelqu'un pour
m'avertir de les en arracher, je n'aurais peut-tre pas su les penser >>
(X, x, 17, p. 173). Apprendre ces notions, c'est rassembler par la rflexion
les lments contenus dans la mmoire l'tat dispers et dsordonn,
et les placer<< porte de la main i> dans cette mmoire (X, XI, 18, p. 173).
Il en est de mme dans le cas des nombres et des mesures.
"J'ai dans l'oreille les sons des mots qui les signifient, quand on discute sur
elles ; mais autre les sons, autre les choses elles-mmes. De fait, les mots ont
d'autres sons en grec, d'autres sons en latin, mais les choses ne sont ni grecques
ni latines, ni d'un langage d'autre sorte.,, (X, XII, 19, p. 175).
Quant aux passions de l'me :
Qui consentirait ... parler de ces choses, si chaque fois que nous prononons le mot de tristesse ou de crainte, chaque fois nous tions contraints de
nous attrister ou de craindre ? Pourtant, nous n'en parlerions pas, si nous ne
trouvions en notre mmoire, non seulement les sons des mots d'aprs les images
imprimes par les sens corporels, mais encore les notions des choses elles-mmes;
ces notions, aucune porte de la chair ne les a fait pntrer en nous, mais c'est
l'esprit qui les a ressenties par l'exprience de ses propres passions et confies
la mmoire, ou encore la mmoire qui les a retenues d'elles-mmes sans qu'on
les lui et confies. ,, (X, XIV, 22, p. 181).
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dans le cas des nombres, c'est eux-mmes, et non leurs images, qui sont
dans ma mmoire (X, xv, 23, p. 181-182).
L'ensemble de ces textes distingue clairement le signe (dans notre
terminologie, le sinsigne) de son image (le << signifiant >>). Du ct du
dsign, il y a d'une part les choses extrieures sensibles, dont on peut
parler en leur absence grce leurs images conserves par la mmoire,
et d'autre part les choses intrieures; parmi celles-ci, les unes, comme
la sant, peuvent tre absentes, et alors c'est aussi grce leurs images
que nous pouvons en parler, tandis que les autres, tels les nombres, sont
prsentes en elles-mmes dans la mmoire. Ces considrations, jointes
celles de la section prcdente, nous permettent de conclure que, dans
les Confessions, ce n'est pas le processus de communication qui est approfondi, mais la thorie gnrale du signe.
VII. ((LA
TRINITfr-50 ))
50. Trad. Mellet et Camelot (vol. I, livres I-VII) et P. Agasse (vol. II, livres VIIIXV), Paris : Descle De Brouwer, 1955.
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"Il nous faut donc parvenir jusqu' ce verbe de l'honun.e ... qui n'est ni
profr dans un son, ni pens la manire d'un son, qui est ncessairement
impliqu dans tout langage, mais qui, antrieur tous les signes dans lesquels
il se traduit, nat d'un savoir immanent l'me, quand ce savoir s'exprime
dans une parole intrieure, tel quel. (XV, XI, 20; TS, p. 42).
L'ensemble de ce processus humain d'expression et de signification est
analogue au Verbe de Dieu, dont le signe extrieur n'est pas le mot mais
le monde; et les deux sources de connaissance n'en forment qu'une,
puisque le monde est le langage divin (apparition de la doctrine du symbolisme universel) :
" Le verbe qui sonne en dehors est donc le signe du verbe qui luit au dedans
et qui, avant tout autre, mrite ce nom de verbe. Ce que nous profrons de la
bouche n'est que l'expression vocale du verbe : et si, cette expression, nous
l'appelons verbe, c'est que le verbe l'assume pour la traduire au dehors. Notre
verbe devient donc en quelque faon voix matrielle, assumant cette voix
pour se manifester aux hommes de faon sensible : comrne le Verbe de Dieu,
assumant cette chair pour se manifester lui aussi aux hommes de faon sensible. " (XV, XI, 20 ; TS, p. 42).
En terminant, Todorov propose en rsum un schma qui se rpte,
symtriquement invers, chez le locuteur et l'allocutaire :
savoir
immanent
puissance
divine
verbe
intrieur
verbe
extrieur
pens
verbe
extrieur
profr
objets de
connaissance/
Il souligne quel point le rapport mot-chose se trouve charg de mdiations successives, et conclut qu'en ce qui concerne la thorie smiotique,
1a doctrine matrialiste des Stociens, centre sur la dsignation, se
trouve, chez Augustin, progressivement vince par une doctrine de
la communication.
Remarques
A. Essayons de replacer les passages que cite Todorov dans leur contexte. Dans son introduction au premier volume, E. Hendrikx rappelle
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p. 485).
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une espce (TS, p. 9). Dans cette histoire, Augustin apparat comme
l'auteur cc du premier ouvrage proprement smiotique )). Mais pour que
son rle, dans l'histoire de la smiologie, occupe la place qui lui revient,
il importe de prsenter, de sa conception du signe, une vritable image,
non un simple fantasme. Or la description que donne Todorov de cette
conception s'apparente plutt, ainsi que nous l'avons montr, au fantasme,
et ce, pour trois raisons principales : parce qu'elle ne tient pas suffisamment compte du contexte <les passages qu'elle cite ; parce qu'elle omet
d'autres passages, tout aussi pertinents que les premiers, mais aiguillant
l'interprtation sur d'autres pistes; et parce qu'elle a tendance attribuer
sans prcaution, au signe en gnral, des considrations qui ne valent
que pour certaines espces de signes, en particulier les signes linguistiques.
Une fois dgage de ces distorsions, la conception augustinienne du
signe, malgr les accents divers que lui impriment les diffrents contextes
dans lesquels elle est prsente, apparat comme relativement homogne.
Sans doute certains passages donnent-ils l'impression que cette conception est dyadique. Tel est le cas de la dfinition du De dialectica :
<<un signe est ce qui se montre soi-mme au sens, et qui, en dehors de soi,
montre encore quelque chose l'esprit )\. En commentant cette dfinition,
nous avons suggr la possibilit d'y trouver non seulement deux, mais
trois termes, ce qui est montr l'esprit tant et le signe, et quelque chose
d'autre; le signe en tant qu'il se montre l'esprit, ce serait la prfiguration de ce que certains textes postrieurs nommeront le verbe extrieur
pens, c'est--dire le cc signifiant>> . La dfinition articulerait donc trois
termes : le signe en tant qu'il se montre au sens, c'est--dire le sinsigne,
le signifiant)), et<< quelque chose>> (aliquid). Ce ((quelque chose)), est-ce
le signifi >> ou le dsign ?. Ou les deux ? tant donn la nette distinction
que fait le trait, an niveau du signe linguistique, entre signifi et dsign;
tant donn aussi le fait que la dfinition du signe jouxte une dfinition
de lares, c'est--dire du dsign; tant donn enfin que le quelque chose))
est montr l'esprit ; - il nous semble que la meilleure hypothse est
la dernire. En ce sens, la conception du signe propose par le De dialectica
serait ttradique.
Dans Dit matre, sont signes cc tontes les choses en gnral qui en dsignent une autre)): la relation semble dyadique, entre la chose qui dsigne
et la chose dsigne ; mais nous avons montr que, du moins dans le cas
des signes linguistiques, qui en constituent le centre d'intrt, le texte
tient galement compte du cc signifiant>> et du cc signifi>>; ici encore, donc,
la conception serait ttradique.
Dans La doctrine chrtienne, la premire dfinition propose est dyadique et articule le sinsigne et le dsign : j'appelle signes ... les objets
qu'on emploie pour signifier quelque chose )). La seconde dfinition
est aussi dyadique, mais articule <'ette fois le sinsigne et le signifi : un
signe est ... une chose qui, en plus de l'impression qu'elle produit sur
les sens, fait venir, d'elle-mme, une autre ide la pense)). I,a diffrence
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1' on tient compte d'une part des cas. relativement frquents, o Augustin
omet un lment important d'une dfinition parce qu'il ne sert pas la
discussion en cours (tel le dsign dans La catchse des dbutants), d'autre
part de ce que la distinction entre le signe et son image interne correspond,
pour Augustin, deux modalits d'existence du signe qu'il n'est pas
toujours ncessaire d'opposer, - on peut conclure que sa conception
du signe, mme si certaines formulations n'en tmoignent pas expressment, est foncirement ttradique. En cela, elle s'apparente la conception saussurienne :
Conception
augustinz"enne
signe
image du signe
pense
chose
Conception
saussurienne
sinsigne
signifiant
signifi
dsign
Dans la conception augustinienne, le signe est une entit simple qui peut
exister sous deux tats : comme chose sensible, ou comme image ; et
la pense reste extrieure et antrieure au signe, par rapport auquel elle
est autonome. Par contre, dans la conception saussurienne, le signe est
une entit psychique deux faces ; et la pense est intrieure au signe
ainsi conu, elle n'est pas, par rapport lui, autonome. A notre avis,
les notions de signifiant et de signifi devraient tre rseryes cette
dernire conception, pour bien marquer la dualit interne du signe qui
la caractrise. Que le signe soit en relation avec un second lment, par
exemple avec des choses dsignes, cela ne suffit pas en faire une entit
deux faces ; autrement, il faudrait soutenir que, dans cette formulation
dyadique, la chose fait partie du signe, ce qui n'est manifestement pas
le cas ; et dans une formulation triadique, o la pense s'ajoute au signe
et la chose, il faudrait considrer le signe comme une entit trois faces,
ce qui n'est pas non plus le cas ; en fait dans la conception ttradique
d'Augustin, le signe reste rnonofacial, et ce n'est que dans la conception
saussurienne qu'il est bifacial 60 .
La conception augustinienne du signe est prcise, comme nous avons
pu le constater, par une thorie de 1' engendrement de la pense et par
une thorie du dsign (matriel ou intellectuel ; prsent ou reprsent
par son image). Elle s'accompagne aussi d'une classification des signes
en naturels et << conventionnels ll, ceux-ci tant ensuite subdiviss en
60. Un meilleur exemple d'une conception bifaciale antrieure serait celui de
la logique de Port-Royal : quand on ne regarde un certain objet que comme en
reprsentant un autre, l'ide qu'on en a est une ide de signe, et ce premier objet
s'appelle signe ... Ainsi le signe enferme deux ides, l'une de la chose qui reprsente,
1' autre de la chose reprsente ; et sa nature consiste exciter la seconde par la
premire (ARNAULD et NICOLE, La logique ou l'art de penser, Paris: P.U.F., I965,
p. 53 ; je souligne).
GUY BOUCHARD
fonction des cinq sens de faon faire ressortir la particularit des signes
linguistiques. Ceux-ci sont leur tour subdiviss en deux catgories,
selon qu'ils dsignent des choses ou d'autres signes (linguistiques ou non
linguistiques) ; et s'ils dsignent d'autres signes linguistiques, plusieurs
cas sont distingus, selon que ces signes se dsignent mutuellement ou non,
selon que leur valeur est quivalente ou non, identique ou non.
C'est sur le fond de cette thorie gnrale des signes que se dessine
la proccupation personnelle d'Augustin pour le discours religieux, proccupation dont les deux volets principaux sont la manire de comprendre
l'criture et la manire d'exprimer ce qu'on en a compris. I,a thorie
augustinienne du signe Mbouche donc sur l'analyse dtaille d'un type
de discours et rejoint, par l aussi, la proccupation contemporaine
qui s'exprime dans la smiologie des discours. Mais son intrt pour
cette forme particulire d'expression n'a pas empch Augustin de concevoir la problmatique du signe dans toute son ampleur (dans le De
doctrina, il fait mme allusion la communication animale) ; aussi peut-on
se plaire supposer qu'il n'aurait pas t de ceux qui restreignent le
champ smiologique des << codes d'intrt drisoirell 61 et qu'il aurait pu
rpter, propos <le la science des signes, ce qu'il affirmait de leur connaissance d'usage, en soulignant
" la beaut d'un savoir qui enferme la connaissance de tous les signes et l'utilit
d'un art qui pemiet aux homm<>s de se communiquer leurs penses, ce qui
empche que la vie en socit ne soit plus pesante que n'importe quelle solitude,
comme ce serait le cas si le langage ne leur permettait d'changer leurs penses62.
>l
Guy BOUCHARD
Universit Laval, Qubec
80-98
99-143
144-175
Le Directeur: G.
FoLLIE'l'