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CHAPITRE 6 QUADRIPOLES

Samuel J. Mason (1921-1974). Ingnieur lectricien diplm de Rutgers University, il succda Ernst Guillemin et devint professeur de thorie des circuits au MIT de 1954 sa mort. On lui doit davoir introduit de nombreuses notions, notamment sur les graphes de fluence. Il dirigea galement le groupe de traitement cognitif de linformation chez AT&T et travailla sur le scanner et la reconnaissance des caractres. Le Prof. Mason tait reconnu pour ses qualits de pdagogue enthousiaste.

Le quadriple (Fig. 6.1) a dj introduit au chapitre 1. Nous en avons galement reparl au chapitre 4, pour introduire la notion de fonction de transfert.

Fig. 6.1 Quadriple

Trs souvent, le quadriple est en fait un triple, en ce sens qu'une borne de l'entre et une borne de la sortie sont relies par un court-circuit interne. On le reprsentera dans ce cas par la Fig. 6.2. Ces bornes communes sont le plus souvent mises la terre. Le conducteur commun 1' 2' est appel masse.

Fig. 6.2 Triple

QUADRIPOLES

Les quadriples jouent un rle fondamental dans l'analyse de nombreux systmes, spcialement en tlcommunications ou en automatique. Dans ce chapitre, nous en tudierons plus compltement les proprits.

6.1 Matrices reprsentatives des quadriples


On appelle entre l'accs 11' et sortie l'accs 22'. On a suppos la Fig. 6.1 que le courant sortant des bornes 1 et 2 sont identiques ceux entrant en 1 et 2. Cette hypothse implique en fait que le quadriple est utilis en tant que biporte1. Cette condition est peu contraignante : en gnral, on place un diple (source) lentre 11 et un autre diple (charge) en 22. De mme quun diple possde deux grandeurs aux accs dont une seule est indpendante, un quadriple possde 4 grandeurs aux accs, dont seulement deux sont indpendantes. On ne peut en effet pas imposer simultanment la tension et le courant lun quelconque des accs. Si les lments qui composent le quadriple sont linaires, les relations qui lient les deux grandeurs dpendantes P1 et P2 aux deux grandeurs indpendantes R1 et R2 sont elles-mmes linaires et peuvent tre mises sous la forme gnrale (oprationnelle2):

P Q11 ( p ) Q12 ( p ) R1 ( p ) 1 ( p) P ( p ) = Q ( p ) Q ( p ) R ( p ) 2 21 2 22

(6.1)

Comme il y a 6 faons de choisir deux grandeurs indpendantes parmi 4, lexpression (6.1) peut tre dcline en 6 versions. Nous verrons plus loin quelles prsentent toutes un intrt spcifique lorsquon procde lassociation de quadriples.

6.1.1Matrice dimpdance
La matrice dimpdances est dfinie par (6.2).

U1 ( p ) Z11 ( p ) Z12 ( p ) I1 ( p ) U ( p ) = Z ( p ) Z ( p ) I ( p ) 2 21 2 22

(6.2)

On mesure la valeur des lments de cette matrice en imposant une source un accs et laissant lautre en circuit ouvert (Fig. 6.3). Ainsi par exemple si la sortie est circuit ouvert, lquation (6.2) se rduit :

Z11 ( p) =
De mme :

U1 ( p ) I1 ( p) I

(6.3)
2 =0

1 On devrait en toute rigueur parler le plus souvent de biportes (two-ports) plutt que de

quadriples. Le terme de quadriple est cependant le plus frquent dans la littrature francophone.
2 Il est clair que dans le cas dun fonctionnement en rgime sinusodal, les grandeurs

oprationnelles se rduisent des grandeurs complexes, voire des grandeurs relles dans le cas dun rgime continu.

QUADRIPOLES

Z12 ( p) =

U1 ( p ) I 2 ( p) I =0
1

(6.4)

ou

ou

Fig. 6.3 Mesure de Z11 (gauche) et Z12 (droite)

Et ainsi de suite pour les autres lments. Il sensuit que Z11 est appele impdance d'entre circuit ouvert et Z 22 impdance de sortie circuit ouvert. De faon similaire, Z12 et Z 21 sont les impdances de transfert circuit ouvert. Exemple 6.1
Les quadriples de la Fig. 6.4 ont respectivement pour matrices dimpdances :

Z Z= Z

Z Z

et

Z + Z2 Z= 1 Z2

Z2 Z2

(a) Fig. 6.4 Deux quadriples trs simples

(b)

Exemple 6.2
Limpdance dentre vide dun amplificateur oprationnel idal mont en isolateur dimpdance (Fig. 6.5) est donne par :

Z11 =

U1 I1

I2 =0

Or on a :

U1 ( Ri + Ro + ARi ) I1 = 0

QUADRIPOLES
Il vient donc :

Z11 = Ri + Ro + ARi (1 + A) Ri ,

ce qui constitue une valeur trs leve (bien

plus leve que la valeur de limpdance en boucle ouverte Ri).

+ U1 U2 U1

+ I1

Ri u

Ro

I2

U2 Au

(a)

(b)

Fig. 6.5 Ampli op. en isolateur dimpdance et quadriple quivalent

6.1.2 Matrice dadmittance


La matrice dimpdances est dfinie par (6.5).

I1 ( p ) Y11 ( p ) Y12 ( p ) U1 ( p ) I ( p ) = Y ( p ) Y ( p ) U ( p ) 2 21 2 22

(6.5)

La matrice Y est videmment linverse de la matrice Z. Elle nexiste donc pas toujours (il faut que Z, si elle existe, soit inversible)3. On mesure la valeur des lments de cette matrice en imposant une source un accs et en mettant lautre en court-circuit (Fig. 6.6).

ou

Fig. 6.6 Mesure de Y11 (gauche) et Y12 (droite)

Ainsi par exemple si la sortie est en court-circuit, lquation (6.5) se rduit :

Y11 ( p ) =
De mme :

I1 ( p) U1 ( p ) U

(6.6)
2 =0

3 De mme, Z nexiste pas toujours.

QUADRIPOLES I1 ( p ) U 2 ( p) U =0
1

Y12 ( p ) =

(6.7)

Et ainsi de suite pour les autres lments.

Y11 est appele admittance d'entre en court-circuit et Y22 admittance de sortie en court-circuit. Y12 et Y21 sont les admittances de transfert en court-circuit.
Exemple 6.3
Le quadriple en shunt de la Fig. 6.4(gauche) na pas de matrice dadmittance : Z nest pas inversible. Par contre le quadriple de la Fig. 6.7 a pour matrice dadmittance :

Y Y= Y

Y Y

Il ne possde pas de matrice dimpdance (Y est non-inversible).

Fig. 6.7 Un quadriple trs simple

Exemple 6.4
Ladmittance de sortie en court-circuit dun amplificateur oprationnel idal mont en isolateur dimpdance (Fig. 6.5) est donne par :

Y22 =

I2 U2

U1 = 0

Il vient facilement :

Y22 =

1 1+ A 1+ A + , Ri Ro Ro

ce qui constitue une valeur trs leve (bien

plus leve que la valeur de ladmittance en boucle ouverte R0).

6.1.3Matrices de chane
Si les deux grandeurs indpendantes sont relatives au mme accs, la matrice est appele matrice de chane T (de transmission). On l'crit sous la forme :

U1 A B U 2 = I1 C D I 2
ou sous la forme :

(6.8)

U 2 a b U1 = I 2 c d I1
pour la matrice de chane t.

(6.9)

QUADRIPOLES

Exemple 6.5
Le quadriple en shunt de la Fig. 6.4(gauche) a pour matrice de chane :

1 T= 1/ Z

0 1

Pour le transformateur idal, T est donn par :

n 0 T= 0 1/ n

6.1.4 Matrices hybrides


Les matrices hybrides correspondent au cas o les variables indpendantes sont de nature diffrente, un courant et une tension, relatives des accs diffrents :

U1 h11 = I 2 h21 I1 g11 = U 2 g 21

h12 I1 h22 U 2 g12 U1 g 22 I 2

(6.10)

(6.11)

Contrairement aux matrices d'impdance et d'admittance, les lments des matrices hybrides ne sont videmment pas homognes. Deux lments n'ont pas de dimensions et sont des coefficients de transfert en courant ou en tension. Les deux autres ont l'un la dimension d'une impdance, l'autre celui d'une admittance. Exemple 6.6
Le quadriple en shunt de la Fig. 6.4.a a pour paramtres hybrides :

h11 = 0, h12 = 1, h21 = 1, h22 = 1/ Z


Le transformateur idal n'a ni matrice d'admittance, ni matrice d'impdance. Ses paramtres hybrides sont :

h11 = h22 = 0, h12 = n, h21 = n

6.2 Relations entre matrices


On peut tablir des relations entre tous les lments de ces matrices. Ainsi par exemple, les lments de H sont exprimables en fonction des paramtres Z et Y. Pour U2=0, il vient en effet :

U =h I 1 11 1
1 Y11

I =h I 2 21 1

(6.12)

De la premire quation on dduit :

h11 =

(6.13)

et de la seconde :

h21 = Y21 / Y11

(6.14)

Nous n'entrerons pas dans les dtails ; tous les rsultats sont rassembls dans le tableau ci-dessous.

QUADRIPOLES
Z Y h g T

7
t

Z11
Z

Z12

Y22 Y
Y21 Y

Y12 Y

h h22
h21 h22

h12 h22 1 h22 h12 h11

1 g11 g21 g11 g g22


g21 g22

g12 g11

A C 1 C D B 1 B

T C D C
T B

d c T c a b t b

1 c a c 1 b

Z 21 Z 22 Z
Y

Z 22
Z12 Z

Y11 Y Y12 Y22


Y12 Y11

g g11 g12 g22 1 g22


g12 g

Y11 Y21

1 h11 h21 h11


h11

Z 21 Z

Z11 Z

h h11
h12

A B

c a

Z Z 22
h

Z12 Z 22

1 Y11

g22 g
g21 g

B D
1 D

T D C D T A B A

b a t a c d

1 a

Z 21 Z11

1 Z 22
Z12 Z11

Y21 Y11 Y Y22


Y Y11 Y12 Y22 1 Y22


h21 h22 h

h22 h12 h

g11 g g12 g22

c a
1 d

1 Z11
g

g11 g21

C A
1 A

Z 21 Z11 Z11 Z 21
T

Z Z11 Z Z 21 Z 22 Z 21 Z Z12

Y21 Y22 Y22 Y21


Y Y21

h21 h

h11 h

t d d t c t

b d b t a t

1 Y21 Y11 Y21 1 Y12


Y22 Y12

h h 11 h21 h21 h22 h21

1 g21 g11 g21


g22 g21 g g21

1 Z 21

1 h21

Z 22 Z12
t

Y 11 Y12
Y Y12

1 h12

h11 h12
h h12

g g 22 g12 g12 1 g11 g12 g12

D T C T

B T A T

a c

b d

1 Z12

Z11 Z12

h22 h12

Tableau 6.1 Equivalences entre lments des matrices reprsentatives des quadriples

6.3 Association de quadriples


Nous avons vu prcdemment que tout quadriple (passif ou actif, quel que soit le nombre dlments quil comprenne) est compltement caractris par les 4

QUADRIPOLES

lments dune de ses matrices reprsentatives. Lintrt du quadriple rside essentiellement dans la compacit de ces reprsentations matricielles. Il est alors facile de construire des quadriples plus volus, en associant des quadriples plus simples.

6.3.1 Quadriples en parallle


La mise en parallle de deux quadriples Q et Q est illustre la Fig. 6.8. Les tensions aux accs des deux quadriples sont imposes gales (ce qui caractrise une mise ne parallle dlments). Chaque quadriple est caractris par ses quations :

I ' = Y 'U '


Et comme on a :

I '' = Y ''U '' U = U ' = U ''


avec Y = Y '+ Y ''

(6.15)

I = I '+ I ''
I = YU

(6.16)

Il vient alors immdiatement : (6.17)

Fig. 6.8 Mise en parallle de quadriples

La relation (6.17) nest cependant valable qu deux conditions4 :


que Y et Y existent que la mise en parallle maintienne chaque quadriple (autrement dit, (respectivement b, c, d) soit bien gal I2, I2). Les quations (6.15) ne sont en le fonctionnement en biporte de que le courant sortant en a au courant I1 (respectivement I1, effet vrifies que dans ce cas l.

Cette deuxime condition peut ne pas tre vrifie si la mise en parallle fait apparatre des courants de circulation tels que ceux indiqus la Fig. 6.9 .

4 Il nest videmment ni impossible ni illicite dassocier en parallle deux quadriples ne respectant

pas ces conditions.

QUADRIPOLES

Fig. 6.9 Courants de circulation

La vrification de cette condition porte le nom de test de Brune. Ce test est bas sur le principe de superposition. En effet, pour vrifier que la mise en parallle ne provoque aucun courant de drivation, dans le cas gnral o on place des sources aux accs 11 et 22 du quadriple rsultant, il suffit de vrifier que cest bien le cas lorsquon impose une source (par exemple une source de tension) laccs 11 et que lon annule la tension laccs 22 (Fig. 6.10.a, o le courant de circulation est not Ic ; une valeur nulle de Ic implique en effet que les deux quadriples fonctionnent en biportes). Le test de Brune consiste donc mesurer la tension U aux bornes de linterrupteur de la Fig. 6.10.b : si cette tension est nulle, le courant Ic aprs fermeture de linterrupteur sera nul lui aussi. On rpte ensuite lopration en imposant la tension de sortie et en court-circuitant les entres. En pratique, videmment, la mesure de U peut tre obtenue par calcul. On impose des sources oprationnelles U1(p) et U2(p) et on calcule U(p) dans les deux cas (U1=0 et U2=0). U(p) doit tre identiquement nul chaque fois pour que (6.17) soit applicable.

Ic

(a) Fig. 6.10 Courant de circulation dans le test de Brune

(b)

Notons pour terminer que la mise en parallle de quadriples possdant une masse commune vrifie toujours le test de Brune. En effet, la mise en courtcircuit spare des accs quivaut leur mise en court-circuit conjointe (Fig. 6.11)

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QUADRIPOLES

Fig. 6.11 Mise en parallle de quadriples masse commune

6.3.2 Quadriples en srie


La mise en srie de deux quadriples Q et Q est illustre la Fig. 6.12. Le courant sortant de la borne 1 (2) de Q est celui entrant dans la borne 1 (2) de Q (ce qui caractrise bien la mise en srie dlments). Chaque quadriple est caractris par ses quations :

U ' = Z 'I '


Et comme on a :

U '' = Z '' I '' I = I ' = I ''

(6.18)

U = U '+ U ''

(6.19)

Il vient alors immdiatement :

U = ZI

avec Z = Z '+ Z ''

(6.20)

Fig. 6.12 Mise en srie de quadriples

A nouveau cette dernire relation nest applicable qu deux conditions :


que Z et Z existent

QUADRIPOLES

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que la mise en srie maintienne le fonctionnement en biporte de chaque quadriple (autrement dit, que le courant sortant en a (respectivement b, c, d) soit bien gal au courant I1 (respectivement I1, I2, I2). Les quations (6.15) ne sont en effet vrifies que dans ce cas l.

La vrification de cette seconde condition correspond au test de Brune dans le cas srie. Pour vrifier que la mise en srie ne provoque aucun courant de drivation, dans le cas gnral o on place des sources aux accs 11 et 22 du quadriple rsultant, il suffit de vrifier que cest bien le cas lorsquon impose une source (par exemple une source de courant) laccs 11 et que lon annule la courant laccs 22 (Fig. 6.10.a, o le courant de circulation est not Ic ; une valeur nulle de Ic implique en effet que les deux quadriples fonctionnent en biportes). Le test de Brune consiste donc mesurer la tension U aux bornes de linterrupteur de la Fig. 6.10.b : si cette tension est nulle, le courant Ic aprs connexion fermeture de linterrupteur sera nul lui aussi. On rpte ensuite lopration en imposant le courant de sortie et en laissant les entres en circuit ouvert.

Fig. 6.13 Mise en srie de quadriples

Ic

(a) Fig. 6.14 Courant de circulation dans le test de Brune

(b)

6.3.3Quadriples en cascade
On remarquera que l'inversion de signe d'un des courants dans (6.8) permet d'obtenir aisment la matrice rsultant d'une mise en cascade de deux

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quadriples, c'est--dire de la connexion de l'entre de l'un la sortie de l'autre ' selon la Fig. 6.15. Grce ce choix de signe, il vient en effet I 2 = I1" , et donc :

U1' A ' B ' A" ' = " I1 C ' D ' C

" B" U 2 " " D I2

(6.21)

I'1

- I' 2 =

I" 1

- I" 2

Fig. 6.15 Mise en cascade de quadriples

La matrice de chane de deux quadriples en cascade est donc le produit des matrices de chanes partielles. Comme la multiplication matricielle n'est pas une opration commutative, il faut prendre garde l'ordre dans lequel les quadriples sont connects. L'emploi de la matrice T plutt que t permet de ranger les matrices dans le mme ordre que les quadriples. Exemple 6.7
La matrice de chane du quadriple de la Fig. 6.16(gauche) est donn par :

n 0 1 T= 0 1/ n 1/ Z

0 n 0 = 1 n / Z 1/ n

Cest galement celle du quadriple de la Fig. 6.16(droite). Il sagit ici dun cas particulier (en gnral, T change).

Fig. 6.16 Deux cascades de quadriples simples, dans des ordres inverss

La mise en cascade de quadriples nest soumise aucune condition particulire. Chaque accs continue en effet de fonctionner en biporte.

6.3.4Quadriples en srie-parallle
Il est clair que l'addition de deux matrices hybrides correspond la mise en srie de deux accs et la mise en parallle de deux autres, pourvu que les quadriples entrant dans la connexion vrifient le test de Brune correspondant. La Fig. 6.17 donne un exemple de ce test pour une connexion mixte o l'on additionne les matrices.

QUADRIPOLES

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Fig. 6.17 Srie-parallle de quadriples et test de Brune correspondant

6.4 Fonction de transfert vide


Dans les chapitres prcdents, la notion de transfert vide d'un biporte a t introduite :

H ( p) =

U2 U1

(6.22)
I2 =0

A partir des diverses matrices reprsentatives du biporte, on peut dresser le tableau 13.19 qui donne la fonction de transfert vide en fonction des lments des matrices.

Z Y
h

H ( p ) = Z 21 / Z11 H ( p ) = Y21 / Y22 H ( p ) = h21 / h H ( p ) = g 21

g T t

H ( p) = 1/ A H ( p) = t / d

Tableau 6.2 Lien entre H(p) et les lments des matrices reprsentatives des quadriples

Il est clair quen gnral la mise en cascade de deux quadriples Q et Q (Fig. 6.15) nest pas quivalente au produit de leur fonctions de transfert. En effet, mme si on suppose que la cascade est vide (I2=0), cela nest pas le cas en

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QUADRIPOLES

gnral du quadriple de gauche (I20). La tension U2 en sortie du premier quadriple nest donc pas donne par H(p)U1. Le calcul complet de la fonction de transfert rsultante est donn par :

A B A ' B ' A " B " = C D C ' D ' C " D " 1 1 H ( p) = = A A ' A "+ B ' C " 1 1 = A ' A" 1 + B ' C " A ' A"
Dou lon tire finalement :

(6.23)

1 H ( p) = H '( p) H "( p) 1 1+ Z Y " ' 11 22

(6.24)

Rappelons (Fig. 6.18) que Z11 est limpdance dentre de Q vide (I2=0) et que Y22 est ladmittance de sortie de Q en court-circuit (U1=0).
Y22 Z11

Fig. 6.18 Z11 et Y22

On en conclut que, pour que la cascade de deux quadriples corresponde peu prs au produit de leurs fonctions de transfert, il faut que limpdance dentre ( vide) du second quadriple soit la plus leve possible, que limpdance de sortie (en court-circuit) du premier soit la plus petit possible, ou en tous les cas que la premire soit beaucoup plus leve que la seconde. Lorsquon veut assurer tout prix cette condition, on insre entre Q et Q une amplificateur oprationnel (idal) de fonction de transfert unitaire (Fig. 6.19), utilis en isolateur dimpdance (parfois aussi appel amplificateur suiveur). Nous avons vu en effet (Exemple 6.2 et Exemple 6.3) que ce montage conduit une forte impdance dentre et une faible impdance de sortie.

+ -

Fig. 6.19 Isolation dimpdance par ampli op.

QUADRIPOLES

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6.5 Quadriple sur terminaisons


Un quadriple est utilis d'habitude en le refermant sur des diples. Les diples considrs sont les terminaisons du quadriple. Une situation trs commune est celle de la Fig. 6.20 o l'une des terminaisons est une charge ZL et o la source est reprsente par son biple quivalent de Thvenin. Notons que les terminaisons peuvent elles-mmes tre constitues partir de quadriples. En pratique, beaucoup de circuits sont constitus par une cascade de quadriples. On peut tudier chacun d'entre eux en considrant tous les quadriples gauche et droite comme deux diples (par application du thorme de Thvenin), et retomber sur le cas de la Fig. 6.20.

Zin

Zout

Eg ZL Zg

Fig. 6.20 Quadriple sur terminaisons

Quand il est termin, le quadriple constitue un circuit dont on peut calculer les grandeurs caractristiques car, aux deux quations liant U1, U2, I1 et I2, viennent s'ajouter les quations :

U1 = Eg Z g I1
U 2 = Z L I2
Parmi les grandeurs que lon peut alors importance particulire : les impdances sortie du quadriple termin ses autres dexercice que ces grandeurs sont dfinies

(6.25)

On dispose donc d'un systme linaire de quatre quations quatre inconnues. calculer, il en est deux qui ont une (ou les admittances) d'entre et de accs, Zin et Zout. On montrera titre par les relations suivantes5 :

Z in = Z11
Z out

Z12 Z 21 Z 22 + Z L
(6.26)

Z Z = Z 22 12 21 Z11 + Z g

Application : adaptation dimpdance Imaginons que lon cherche adapter une charge une source, de faon maximiser le transfert de puissance moyenne, et que la charge est connecte

5 Il existe bien entendu des relations similaires entre Z in et Zout et les autres matrices

reprsentatives du quadriple.

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QUADRIPOLES

la source travers un quadriple (comme la Fig. 6.20). Le rapport entre la puissance moyenne absorbe par la charge, PL, et la puissance moyenne fournie par la source, Pg, est donn par :

PL PL P2 P 1 = Pg P2 P P 1 g

(6.27)

o P1 est la puissance absorbe par la porte dentre du quadriple, et P2 est la puissance fournie par sa porte de sortie. Il convient ds lors que les deux portes du quadriples soient adaptes :

Z in = Z g

Z out = Z L

(6.28)
*

et que le quadriple dissipe le moins possible dnergie. On utilisera typiquement des quadriples non dissipatifs (L,C).

6.6 Quadriples passifs Rciprocit - Symtrie


Nous avons vu jusquici que le comportement dun quadriple quelconque, tant quil fonctionne en biporte, est compltement dtermin par les quatre lments dune de ses matrices reprsentatives. On peut se demander si ces quatre lments sont toujours indpendants. On admettra ici quun quadriple passif (excluant explicitement les sources dpendantes) est toujours rciproque. Un quadriple est dit rciproque si, lorsquon place une source de tension son entre et quon mesure le courant de court-circuit sa sortie, on obtient le mme rsultat quen branchant la source la sortie et en mesurant le courant de court-circuit lentre. Il vient alors immdiatement, vu la dfinition des admittances de transfert (Fig. 6.6) :

Y12 = Y21

(6.29)

On en dduit facilement, en partant des relations entre matrices reprsentatives, les autres relations suivantes :

Z12 = Z 21
A = 1 a = 1 h12 = h21
(6.30)

g12 = g 21
On constate donc quun quadriple passif (fonctionnant en biporte) est caractris par trois grandeurs indpendantes seulement. Un quadriple est dit symtrique si la permutation des deux accs entre eux ne modifie pas le quadriple, mme lorsque lexcitation et la rponse sont de mme nature (source de tension ou courant). Il est clair que cette condition est plus large que la condition de rciprocit. Il est facile de voir quon a alors en plus :

QUADRIPOLES

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Z11 = Z 22 Y11 = Y22 A= D a=d h = 1 g = 1


(6.31)

Un quadriple possdant une symtrie verticale interne est videmment symtrique par nature. On constate donc quun quadriple symtrique (fonctionnant en biporte) est caractris par deux grandeurs indpendantes seulement. Exemple 6.8 Treillis symtrique
La matrice dimpdance du treillis symtrique de la Fig. 6.21 est donn par :

Z11 = ( Z1 + Z 2 ) / 2 = Z 22 Z12 = ( Z1 Z 2 ) / 2 = Z 21
Le calcul de la matrice d'admittance fournit de mme :

Y11 = (Y1 + Y2 ) / 2 = Y22

Y12 = (Y1 Y2 )/ 2 = Y21

Fig. 6.21 Treillis symtrique

6.7 Circuits quivalents un quadriple


Lorsquon cherche dterminer le comportement dun circuit contenant un ou plusieurs quadriples dont on ne connat que les matrices caractristiques, il peut tre utile de remplacer le quadriple par un circuit quivalent (ce qui permettra par exemple dcrire les quations de maille ou de nuds du circuit complet).

6.7.1 Circuits drivs de la matrice Z


Lexamen des relations (6.2) conduit immdiatement au circuit de la Fig. 6.22.a.

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QUADRIPOLES

Z11 Z12 I2

Z22 Z21 I1

Z11-Z12 Z12

Z22-Z12

a Fig. 6.22 Circuits drivs de la matrice Z (a. Cas gnral ; b. Quadriple rciproque)

Dans le cas dun quadriple rciproque, on peut lui substituer le circuit de la Fig. 6.22.b. Exemple 6.9
Il est immdiat, vu ces reprsentations quivalentes, que la matrice dimpdance du quadriple de la Fig. 6.23 est donn par :

Z a + Z11 Z= Z 21

Z b + Z 22 Z12

Za

Z11 Z 21

Z12 Z 22

Zb

Fig. 6.23 Cascade avec des impdances en srie.

6.7.2 Circuits drivs de la matrice Y


On trouve de la mme faon (en partant de (6.5)) les circuits de la Fig. 6.22.

Y12 I2 Y11

Y21 I1 Y22 Y11+Y12

-Y12 Y22+Y12

a Fig. 6.24 Circuits drivs de la matrice Y (a. Cas gnral ; b. Quadriple rciproque)

Exemple 6.10
Il vient tout aussi simplement, pour la matrice dadmittance du quadriple de la Fig. 6.25 :

QUADRIPOLES
Y12 Ya + Y11 Y= Yb + Y22 Y21

19

Za

Y11 Y12 Y Y 21 22

Zb

Fig. 6.25 Cascade avec des impdances en shunt (parallle).

6.7.3Circuits drivs de la matrice g


Le circuit driv de la matrice g est donn la Fig. 6.26.a. Notons que, sur ce graphique, g11 a la dimension dune admittance, et g22 celle dune impdance. Cette reprsentation est souvent utilise lorsque le quadriple se comporte comme un amplificateur de tension. En particulier, si il ny a aucun retour de la sortie sur lentre, g12=0, ce qui conduit au circuit unilatral de la Fig. 6.26.b

g12 I2 g11 g21 U1

g22 g11 g21 U1

g22

a Fig. 6.26 Circuits drivs de la matrice g (a. Cas gnral ; b. Quadriple unilatral)

Exemple 6.11
Modlisons un amplificateur de tension unilatral, dont la rsistance dentre vaut 100 k, dont le gain vide vaut 100 en basse frquence et dcrot de 20 dB/dcade partir de 1000 rad/s, et dont la rsistance de sortie vaut 1 k. Il vient immdiatement que g11=10-5, g22=103, g12=0, et g21(p) doit tre une fonction de transfert possdant un ple (videmment gauche de laxe imaginaire) dont le module vaut 103, et un gain BF de 100 :

105 g = 105 3 p + 10

0 3 10

6.7.4 Circuits drivs de la matrice h


Le circuit driv de la matrice h est donn la Fig. 6.27.a. Notons que, sur ce graphique, h11 a la dimension dune impdance, et h22 celle dune admittance. Cette reprsentation est souvent utilise lorsque le quadriple se comporte comme source de courant commande en courant, ce qui est typiquement le cas

20

QUADRIPOLES

dur transistor. En particulier, si il ny a aucun retour de la sortie dur lentre, h12=0, ce qui conduit au circuit unilatral de la Fig. 6.27.b

h11 h12 U2

h21 I1 h22 h11

h21 I1 h22

a Fig. 6.27 Circuits drivs de la matrice h (a. Cas gnral ; b. Quadriple unilatral)

Exemple 6.12
Modlisons un transistor metteur commun en petits signaux, dont le circuit quivalent a dj t mentionn la section 2.5 (Fig. 6.28).

collecteur base

base ib

collecteur

ib

metteur

metteur

Fig. 6.28 Circuit quivalent au transistor en petits signaux

Il vient immdiatement que h11=0, h22=0, h12=0, et h21=.

Exercices
Exercice 6.1
Trouver lexpression des matrices dimpdance et dadmittance du quadriple en T de la figure ci-dessous :

Za Zc

Zb

Solution

QUADRIPOLES

21

Z + Zc Z= a Zc Y=

Zb + Z c

Zc

Zb + Z c 1 Z a Zb + Zb Z c + Z a Z c Zc

Zc Za + Zc

Exercice 6.2
Trouver la matrice d'admittance des deux quadriples ci-dessous.

Solution

g + gc Y = a gc g
Exercice 6.3

gc gb + g c

= g a + gb g Y g gb

gb g c + gb

Trouver lexpression de la fonction de transfert oprationnelle du quadriple en double T de la figure ci-dessous. Montrer que son diagramme de Bode (asymptotique et rel) est quivalent un circuit bouchon (blocage dun frquence).

C R/2 2C

Solution
Aprs vrification du test de Brune pour les quadriples en parallle ( !), on obtient facilement :

H ( p) =

p R C + 1 p R C + 4 pRC + 1

22

QUADRIPOLES
Cette fonction de transfert possde une paire de zros complexes conjugus la pulsation

0 =

1 RC

et deux ples rels dont le produit vaut

0 . On a donc :

x a

0 dB o

w0

x b

log

Remarque : Ce circuit est donc quivalent (en terme de fonction de transfert) au circuit bouchon plus simple de la figure ci-dessous :

0 =

1 RC

Mais si on impose (typiquement) C=1F et que lon cherche obtenir une coupure 50 Hz, il vient : L 10H, ce qui est videmment inacceptable en pratique. Le quadriple en double T prsente lavantage de ne pas ncessiter dinductance (on cherche souvent les viter, vu leur faible prcision et leur encombrement).

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