Toccata (Schumann)

pièce pour piano de Robert Schumann

La Toccata en ut majeur, op. 7, de Robert Schumann est une pièce pour piano composée en 1830 et révisée en 1833. La pièce, dans sa version définitive, est un allegro de sonate de forme bithématique, l'une des premières réussites du compositeur dans le genre.

Toccata
op. 7
Image illustrative de l’article Toccata (Schumann)
Page de titre de l'édition Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1885.

Genre Toccata pour piano
Nb. de mouvements 1
Musique Robert Schumann
Durée approximative min 30 s
Dates de composition
  • dès 1829, jusque mai 1830 (ébauche en )
  • janvier– (version définitive)
Dédicataire Ludwig Schuncke
Création
Leipzig
Interprètes Clara Wieck

Composition

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Comparaison d'une section de la Toccata et de l'esquisse (en haut), publiée pour la première fois en 2009, par Ernst Herttrich chez Henle.

L'œuvre, à l'origine en majeur, s'intitulait « Étude fantastique en doubles sons ». L'ébauche est composée à Heidelberg dès 1829 et en mai 1830[1], alors que Schumann, âgé de dix-neuf ans est un élève en droit peu assidu à l'Université. La composition ne comptait que 184 mesures. « elle présente globalement une moindre virtuosité, et sa structure — avec de nombreux passages d’octaves et répétitions d’accords — est plus primitive que celle de la version imprimée[2]. »

L'étude ayant été refusée par deux éditeurs (Haslinger à Vienne et Breitkopf), il retravaille la composition de retour à Leipzig, entre janvier et juillet 1832 ; et la porte à 283 mesures en introduisant le second thème et lui donnant une forme sonate bithématique[3],[2], l'une des premières réussites du compositeur dans le genre[4]. Friedrich Hofmeister en assume finalement l'édition en mai 1834[5] après sa mise au propre à la Noël 1833[6]. Le manuscrit de la version définitive n'a pas été conservé. Reste seul celui de la version de 1830[6].

En 1840, Schumann publie la Toccata chez Richault à Paris, en même temps que ses arrangements d’après Paganini op. 3 et op. 10[6].

Création et postérité

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La pièce est créée en concert par la jeune Clara Wieck, le 9 septembre 1834 à Leipzig[6]. La critique est positive :

« Le dernier morceau, une Toccata de Schumann, a produit une magnifique impression […] L’œuvre est un jaillissement d’originalité et de nouveauté et, malgré son style sévère, elle a agi sur tous les auditeurs par un enchantement profond. Nous sommes convaincus que ce qu’un Séb[astien] Bach, un Beethoven, un Paganini portaient en eux se retrouve de même chez Schumann ; et même il possède peut-être encore plus que Chopin, de par ses productions les plus originales, la force de hisser jusqu’à son éclat suprême l’école musicale moderne […]. La Toccata de Schumann est tellement difficile qu’à part Schunke et Clara Wieck, ici [à Leipzig], il n’y a personne qui soit en mesure de la bien jouer. Ils la jouent l’un et l’autre différemment. Celui-là l’exécute comme une étude avec la plus grande maîtrise, la seconde sait aussi la concevoir poétiquement et lui insuffler une âme d’un bout à l’autre. »

— Der Komet. Ein unterhaltungsblatt für die gebildete lesewelt, (Supplément pour la littérature, l'art…) 26 septembre 1834.

Si en 1836, Schumann la qualifie de « pièce la plus difficile jamais écrite » et qu'elle reste à ce jour « l'une des pièces les plus férocement difficiles du répertoire pour piano », le jeune Schumann est fort étonné lorsqu'un de ses amis, avec qui il partage le logement à Leipzig, Ludwig Schuncke, pianiste de grand talent, la-lui joue sans préparation, en décembre 1833[7],[6].

« Mais quelle ne fut pas ma surprise quand il lui joua la Toccata à la perfection, m’avouant qu’il […] l’avait étudiée en silence, sans piano, qu’il avait travaillé mentalement. »

— Robert Schumann, dans la Neue Zeitschrift für Musik.

Le compositeur appose la dédicace rédigée ainsi : « à son ami Ludwig Schuncke »[3] — Schuncke lui ayant offert sa Grande Sonate en sol mineur, op. 3. Ludwig Schuncke meurt le 7 décembre l'année suivante[5].

Analyse

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Incipit de la Toccata op. 7 de Robert Schumann.

Une série d'accords alternés introduit le thème principal. Le développement comprend des octaves rapides à l'unisson et un contrepoint. On retrouve un chromatisme et une syncope avancés tout au long de l'œuvre.

Elle est en partie basée sur la Toccata en ut majeur, op. 92, de Czerny, également en double notes[3], que Clara Schumann a passé une grande partie de sa jeunesse à pratiquer. Schumann lui-même, lorsqu'il écrit à l'éditeur Haslinger, relie l'œuvre « suite aux Études de Cramer et de Kessler. »

 
Le second sujet.
 
Comparaison de la Toccata op. 7 de Robert Schumann, avec des modèles possibles : Friedrich Wieck, Czerny et Cramer.

Une interprétation typique de cette pièce (avec le signe de répétition observé) peut durer de six à huit minutes.

Éditions

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  • Robert Schumann, Toccata pour piano, op. 7 en do majeur. Alfred Cortot, éditeur. coll. Édition nationale de musique classique no 14356 Salabert, 1956 (BNF 39595576)
  • Robert Schumann, Toccata en ut majeur op. 7, versions 1830 et 1834, Ernst Herttrich, éditeur. Henle Verlag NH 201 (ISMN 979-0-2018-0201-5), 2009[8].

Discographie

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Nombre de pianistes ont enregistré l'œuvre, dans une intégrale (ou semi-intégrale), ou au sein d'un récital. Mais certains, tels Alfred Cortot, Clara Haskil, Claudio Arrau, Wilhelm Kempff, Vladimir Ashkenazy et Maurizio Pollini, ne l'ont jamais gravé. En revanche, Sviatoslav Richter en laisse une dizaine d'enregistrements de concerts, captés entre 1951 et 1986.

Références

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  1. Herttrich 2009, p. vi. Lettre à Simonin de Sire, datée du 15 mars 1839.
  2. a et b Herttrich 2009, p. viii.
  3. a b et c François-Sappey 2000, p. 517.
  4. Sacre 1998, p. 2583.
  5. a et b Draheim 2011, p. 18.
  6. a b c d et e Herttrich 2009, p. vii.
  7. Grove 2001.
  8. « Robert Schumann, Toccata en ut majeur op. 7, versions 1830 et 1834 », sur henle.de, Henle Verlag [PDF] préface en ligne p. VI-VIII.

Bibliographie

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Page de titre de l'édition Richaud, Paris 1840.

Ouvrages généraux

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Notes discographiques

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  • (en) Joachim Draheim (trad. Celia Skrine), « Robert Schumann, Complete piano works, vol. 2 : The young piano virtuoso — Florian Uhling, piano », p. 13-22, Holzgerlingen, Hänssler Classic (CD98.632), 2011 .

Liens externes

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